WARCRY: THE ANTHOLOGY [AoS]

Bonjour et bienvenue dans la revue critique de Warcry : the Anthology, un recueil de nouvelles dédié, de manière trèèèès originale, au jeu d’escarmouche chaotique récemment sorti par Games Workshop. Se déroulant en périphérie de la Varanspire, dans ce qui peut être considéré comme les Désolations Nordiques du Vieux Monde pour Age of Sigmar, Warcry remet au goût du jour de vieux (Mordheim), voire très vieux (Path to Glory), voire carrément anciens (Chaos Marauders1) concepts de GW, qui, s’il a souvent insisté sur la nature belliqueuse et autodestructrice du Chaos, a généralement préféré donner à ce dernier des adversaires appartenant à d’autres factions plutôt que d’explorer les guerres intestines et incessantes opposant ses fidèles les uns aux autres.

Comme beaucoup de vétérans nostalgiques (pléonasme ?) je pense, j’ai accueilli l’annonce de la sortie de Warcry avec une curiosité bienveillante, le parti pris de GW de développer un pan entier du fluff des Royaumes Mortels en mettant le projecteur sur des bandes d’adorateurs de l’octogramme, et personne d’autre (du moins dans un premier temps), apparaissant à la fois comme une décision un peu osée et une déclaration d’intention envers les plus vieux fans de la maison, sans doute plus sensibles à cet appel du pied venant flatter leur attachement au background du Chaos (l’une des rares constantes fluff ayant survécu à la disparition du Monde qui Fut) que les nouveaux venus biberonnés aux Stormcast Eternals, Sylvaneth et autres Idoneth Deepkin. Maintenant que le produit est entre nos mains fébriles, et alors que les premières parties sont jouées et les premières campagnes organisées, je n’avais guère le choix que de donner sa chance à l’anthologie accompagnant la première vague de plastique siglé Warcry afin d’ajouter ma petite pierre au cairn du retour d’expérience, plutôt positif à ce qu’il m’a semblé, de la communauté.

Warcry_The Anthology (AoS)

Comme d’habitude, il s’agira pour moi de vous faire découvrir le contenu des six nouvelles (une pour chacune des bandes d’adorateurs du Chaos que compte le jeu à son lancement) de ce recueil, autant au niveau de leur intrigue que de leurs apports en termes de background (ce qui est particulièrement intéressant pour Warcry, dû au fait que le jeu ne dispose que d’un livret de règles pour poser les bases de son « univers »). Vous aurez également la chance ou le déplaisir de connaître mon avis sur ces courts formats, rédigés par six auteurs que les habitués de la BL connaissent bien, mais qui ont fait pour certains d’entre eux leurs premiers pas sous les soleils des Royaumes Mortels avec cet omnibus. Gardant ce contexte en tête, je m’efforcerai d’établir pour chaque soumission si elle répond de manière convenable aux attentes que le hobbyiste est en droit de nourrir à son égard, à savoir : communication d’éléments sur le background de la faction mise en avant, éclairage sur ses motivations à se rendre dans le Bloodwind Spoil, relations avec les autres bandes baguenaudant dans le bac à sable d’Archaon, ou encore rapports entretenus avec le concept de Chaos, sensé être le dénominateur commun entre culturistes en scaphandre de combat, barbares zoophiles, artistes martiaux masqués ou encore ornithologues ravagés du bulbe. Prenez donc place, le direct pour Carngrad est sur le point de partir…

: Bon, ok, c’était un jeu sur un Warboss Orc essayant de montrer au monde qu’il avait la plus grosse… armée. Mais le nom est tout à fait dans l’esprit.

Warcry_The Anthology

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The Harrower – D. Annandale :

INTRIGUE:

Nous suivons Gravskein, Bienheureuse Unmade menant sa petite bande de cannibales écorchés dans les désolations du Bloodwind Spoil à la recherche de la mythique Tour Festive (Tower of Revels). Si Gravskein tient tant à mettre la main faucille sur ce bâtiment en particulier, c’est que ce dernier occupe une place centrale dans les croyances de sa faction, ayant été conquis il y a de cela fort longtemps par le légendaire Roi Ecorché, qui initia son peuple de bobos intellos coincés aux joies de l’automutilation après une virée sauvage dans les Eightpoints. Ayant malheureusement omis de prendre une carte avec eux dans ces temps héroïques, les Unmade ne connaissent plus l’emplacement de cet HLM mythique et chargent donc leurs guerriers les plus prometteurs d’en retrouver le chemin. Persuadée qu’elle sera celle qui parviendra à ramener la Tour dans le giron des résidents de Tzlid, Gravskein suit donc les visions qu’elle reçoit de temps à autre lorsqu’elle passe en mode veille (difficile de dormir quand on n’a plus de paupières), accueillant chaque nouvelle déconvenue et rencontre mortelle avec fatalisme et bonne humeur. Voilà pour le cadre de notre histoire.

Après avoir bénéficié d’un flashback inaugural, permettant au lecteur de découvrir la façon dont l’héroïne a gagné ses galons et ses moignons1, suite à un accrochage sanguinolent avec une bande de morts vivants menés par un Dragon de Sang et son loup funeste de compagnie, nous accompagnons nos joyeux masochistes dans leurs tribulations désertiques, leur goût pour la chair humaine leur permettant de se sustenter en toutes occasions dès lors que l’un d’entre eux éprouve un petit coup de mou. Guidée par une précédente vision, l’enjoignant à rechercher le poison, Gravskein décide d’interpréter cet augure en remontant le cours aride d’une rivière polluée, malgré les soupirs défaitistes de son second, le (finalement pas très) Joyeux Bulsurrus. Etant parvenu à tracer l’origine de l’onde amère, les Unmade s’engagent dans une prairie herbeuse et très inhospitalière, du fait de la nature carnivore de sa végétation. Fort heureusement, la formation et l’équipement de derviche tondeuse de leur meneuse, qui se met à tourner sur elle même en fauchant la verdure comme une moissonneuse batteuse de Khorne, permettent aux survivants de se sortir de ce gazon maudit, et d’arriver dans les ruines d’une cité, où ils trouvent les cadavres d’une autre bande Unmade. Après un petit buffet froid pour se remettre de leurs émotions, Gravie (qui a looté un cor relique sur la dépouille du chef des défunts2) et ses sidekicks poursuivent leur route, la rasade prise par cette grande folle de Bienheureuse à la fontaine empoisonnée de la ville lui ayant apporté une nouvelle vision des plus encourageantes.

Leur chemin les mène à travers une sorte d’arène jonchée de cadavres et d’armes abandonnées, où ils tombent bien évidemment dans une embuscade. Ce sont ces fourbes de Splintered Fang qui leur tombent sur la couenne, et l’usage pas vraiment fair play de lames empoisonnées prélève un lourd tribut dans les rangs des Unmade. Encore sous l’effet de sa potion magique, lui ayant donné une immunité à toutes les substances toxiques moins agressives que le Novitchok, Gravskein aux mains d’argent prend ses responsabilités et démarre l’enchaînement de Flashdance jusqu’à rester seule maîtresse du dance floor (ce qui prend assez peu de temps quand on a des lames et pas des pattes d’ef au bout des jambes). Réduite à un trio, la bande de guerre finit cependant par (enfin) arriver en vue de son objectif. Léger problème, la Tour Festive est occupée par une garnison Splintered Fang, et les Unmade plus assez nombreux pour pouvoir espérer les déloger.

Gravskein est toutefois allée trop loin pour faire demi-tour maintenant, et se lance donc à l’assaut en hurlant comme une banshee. Zigzagant entre les flèches, elle finit par se jeter dans la rivière qui coule jusqu’au pied de la tour, Bulsurrus à sa suite, et parvient à retenir sa respiration assez longtemps pour déboucher jusqu’au niveau inférieur de cette dernière, malgré le pH non euclidien et les substances innommables du cours d’eau. S’étant sans doute insensibilisée en nageant dans la Seine étant petite, Gravskein s’extrait du bassin intérieur, et réalise que la mythique Tour Festive est en fait une vulgaire station de traitement des eaux, qui fonctionne assez mal maintenant qu’elle est squattée par les cultistes du Splintered Fang. Comme quoi, la réalité est toujours enjolivée. Mais maintenant qu’elle est là, autant finir le boulot. Laissant cette petite nature de Bulsurrus cracher ses poumons près du pédiluve, la Bienheureuse se fraie un chemin sanglant jusqu’au sommet de la Tour, en prenant le soin d’initier les cultistes qu’elle croise aux joies du toboggan hématique (c’est comme un toboggan aquatique, mais avec du sang, généralement le vôtre), non sans avoir effectué quelques réglages de bon aloi dans la salle des machines auparavant. Pas pour rendre aux eaux de la rivière leur pureté originelle, bien sûr (on n’est pas chez les Sylvaneth ici, baby), mais pour diminuer la léthalité du poison qui y coule, afin que ceux qui en boivent puissent expérimenter la glorieuse souffrance qui est le lot des Unmade. Bref, diarrhée pour tout le monde !

Ceci fait, Gravskein redescend ramasser Bulsurrus, qui a bien mérité de passer sa retraite (2 jours) avec un panorama digne de ce nom sur le Bloodwind Spoil. C’est un bonheur bien fugace cependant, une nouvelle bande de guerre se présentant rapidement à la porte de la Tour pour en prendre possession, sûrement pas content de l’état dans lequel les bidouillages de Gravskein ont mis leurs pantalons. Qu’importe, la Bienheureuse a accompli sa destinée, et accueille les challengers avec la fameuse Horn Intro de Modest Mouse avant de lancer Dancing Queen sur sa boom box. Let’s jive, boys & girls.

: La philosophie Unmade se rapprochant assez de celle de l’Adeptus Mechanicus, en délestant ses adeptes de leurs parties charnues au fur et à mesure qu’ils progressent dans la hiérarchie. La différence principale étant le refus catégorique du recours à l’anesthésie des Unmade.

2 : Dont on se demande bien comment elle arrivera à en sonner. À côté de ça, jouer du violon avec des gants de boxe, c’est easy peasy.

AVIS:

Sur la lancée de sa Danse des Crânes, Annandale continue de progresser et d’impressionner le lecteur dubitatif envers sa prose que j’étais. Je n’ai en effet pas pu prendre en défaut The Harrower par rapport au cahier des charges que je m’étais défini pour cette première anthologie Warcry. Du fluff sur les Unmade ? On en a, et plutôt deux fois qu’une. Sont abordés les sujets de la philosophie particulière de cette faction de masochistes cannibales (et comme vous vous en doutez, il y a des choses à dire) ainsi que leurs motivations à déambuler paisiblement dans les étendues du Bloodwind Spoil. En bonus, et contrairement à la majorité de ses camarades, David Annandale fournit quelques éléments sur l’histoire de ses petits favoris, menés sur le chemin de la déchéance et du don d’organes par la figure tutélaire du Roi Ecorché. De l’action « chaotique » (à ne pas confondre avec de l’action chaotique, la spécialité de notre ami Andy Smillie) ? Là aussi, la maison Annandale régale, les tribulations de Gravskein et consorts portant la marque – sans doute gravée au fer rouge, vu les penchants coupables des Unmade pour la simulation synaptique – des Dieux Sombres, cocktail entêtant de sang, de fanatisme et de folie. La petite bande d’écorchés vifs s’en prend plein la poire du début à la fin de sa quête, ce qui leur donne pleinement l’occasion de mettre en pratique les tenants de leur foi douloureuse.

En outre, dans sa construction elle-même, The Harrower tient bien la route, la quête mystique de Gravie & Cie bénéficiant de la dizaine de pages additionnelles par rapport à la longueur classique d’une nouvelle BL pour gagner en profondeur (flashback à l’appui) en intensité et en variété. Le grand final dans la Tour Festive ne vole ainsi pas son nom, le lecteur ayant été convenablement préparé par l’auteur à cette ultime épreuve attendant les survivants Unmade, et n’a donc pas l’impression que la quête de ces derniers a duré 2h35, ce qui arrive assez souvent lorsque les lignes viennent à manquer. Finalement, l’ouverture qui vient terminer le récit, parce qu’elle souligne toute la vacuité des agissements des suivants des Dieux Sombres, achève sur une touche grimdark tout à fait bienvenue cette soumission fort solide.

On passera avec indulgence sur certains aspects pratico-pratiques (certains diront secondaires) non explicités par Annandale, comme la mobilité et la dextérité merveilleuse de son héroïne, dont l’absence de mains et de pieds devrait pourtant compliquer bien des choses, comme le simple fait de se mettre debout et manger, sans parler de jouer du cor (allez jeter un œil sur la figurine de Blissful One pour vous en convaincre). C’est cette même Gravskein qui a soloté un Vampire à cloche-pied cela dit, ce qui en dit long sur sa motivation et son acharnement. Ces quelques incohérences sont toutefois très mineures par rapport au reste de la soumission de David Annandale, qui fixe avec The Harrower son record personnel de lisibilité. Vous pouvez fav.

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The Method of Madness – P. McLean :

INTRIGUE:

The Method of MadnessQuittant le confort de ses quartiers de Nochseed, le Thrallmaster Vignus Daneggia entraîne ses Hands of Darkness (qui ne sont pas un groupe de doom metal) jusque dans les bas-fonds de Carngrad, afin de mettre en œuvre le plan subtil que son esprit malade a concocté pour attirer l’attention d’Archaon. Désireux d’obtenir le poste convoité de maître espion et chef des assassins de l’Elu des Dieux, Daneggia a grand besoin de gagner en visibilité auprès de ce dernier, ses innombrables envois de candidatures spontanées (on est civilisé à Nochseed) étant restées sans réponses à ce jour. C’est ainsi que le Thrallmaster et son staff entrent dans la cité pillarde, et se fraient (difficilement, les rues étant trop étroites pour la limousine du boss) un chemin jusqu’à une forge du district de la chair, où ils sont accueillis à bras ouverts crucifiés par le maître des lieux, qui accepte rapidement de leur laisser la pleine jouissance de ses locaux. Las, la réception n’est pas partout aussi chaleureuse pour les exilés d’Hysh, une bande de coureurs de toits ne trouvant rien de plus malin que d’arroser la petite troupe de carreaux alors qu’elle explore les environs, ce qui donne l’occasion à la Mirrorblade de Vignus, Calcis, et à ses apprentis, de s’illustrer de bien sanglante façon. Ce petit interlude permet également au Thrallmaster de commencer à réseauter, et à identifier les puissants de Carngrad, qui pourront l’aider à se mettre en relation avec le Haut Courtisan Claudius Malleficus, pour lequel il a un cadeau un peu particulier…

Au fil des jours qui suivent, les séides de Vignus lui taillent un empire dans son district d’adoption, à coups de glaive et de chakrams pour le trio de Mirrorblades, et à grand renfort de bombinettes à fumée hallucinogène pour sa Luminate (Palania). De son côté, le Thrallmaster déballe son matériel d’alchimie et s’emploie à concocter un cocktail des plus relevés, à destination de ce cher, mais pour le moment inatteignable, Mauvais Ficcus. Ce n’est qu’après avoir atteint la barre des trois chiffres sur le compteur de massacre que Calcis et ses padawans finissent par mettre la main sur un individu digne d’intérêt, extrait manu militari d’une maison de jeu au bec et au jabot de la Cabale Corvus. Notre homme, un digne marchand d’esclaves du nom de Nasharian, est invité à une dégustation privée des dernières concoctions de Vignus, pour lesquelles il ne peut que fondre (littéralement). Le but de la manœuvre, pour notre intrigant Thrallmaster, est de récupérer la peau du visage de son hôte, dont le malheur était d’avoir ses entrées au Palais des Serres, afin d’usurper sa place et d’introduire le Cypher Lord à ses amis hauts placés. Ceci fait, Vignus retourne prestement dans son QG, où il doit préparer le baril de vin de feu de Nochseed qu’il a promis au minordome de Malleficus pour le soir même.

Un peu plus tard, et ayant troqué son masque de chair par son, beaucoup plus seyant, masque d’argent, Vignus retourne au Palais avec son précieux chargement de sangria, qu’il présente à la majordome (il a gagné en importance) du Haut Courtisan. Advient alors une cocasse mésaventure, lorsqu’Alfreda exige qu’il goûte devant elle le cru afin qu’elle puisse s’assurer qu’il n’est pas empoisonné (comme dit le proverbe, il faut le boire pour le croire). Vignus, qui pensait que la recommandation de feu Nafarian suffirait pour que son présent soit accepté, commence à suer sous son argenterie, n’ayant pas prévu d’ingérer sa propre création, dont il connaît trop bien les effets secondaires indésirables. Sans autre échappatoire, il siffle donc un petit verre et s’en retourne fissa à son laboratoire, où il passe la plus longue nuit de sa vie à concocter un antidote au poison, luttant contre la folie qui menace de l’engloutir à tout instant. Saleté de delirium tremens.

Ce menu désagrément valait toutefois la peine pour Vignus, puisqu’il reçoit quelque jour plus tard la visite de la majordome de Malleficus, qui l’implore de lui fournir un nouveau baril afin de satisfaire l’addiction que son maître a développé pour le nectar de Nochseed. Le Thrallmaster accepte, encaissant quelques espèces sonnantes et trébuchantes au passage, et finit par obtenir l’audience qu’il convoite auprès du Haut Courtisan lors du deuxième passage de réapprovisionnement du staff de ce dernier, dont la dépendance envers le vin de feu va croissante. Introduit en tant qu’hôte de marque dans la cour de Malleficus, à présent épave avinée, hallucinée et incontinente grâce à la potion magique du Thrallmaster, Vignus n’a plus qu’à tendre la main pour que lui soit remis le bâton de général des armées du Courtisan. Sa première action est de rendre une visite de courtoisie au squat de ces pestes de cabalistes, responsables entre autres maux de la mort de l’un des apprentis Mirrorblades des Hands of Darkness, en compagnie de ses nouveaux copains. Une fois les corbeaux plumés, Vignus accomplit à Carngrad ce que Ra’s al Ghul n’a pas pu faire à Gottham : empoisonner le réseau d’eau courante avec son poison hallucinogène, pour des résultats sans doute spectaculaires (la nouvelle s’arrête à ce moment, sur une petite comptine récitée par le Thrallmaster, qui avait sans doute besoin de repos), mais peut-être pas. On est à Carngrad après tout, tout le monde est déjà fou…

AVIS:

Des six nouvelles que compte l’anthologie Warcry, je dois reconnaître que The Method of Madness s’est avérée être ma préférée. Comme pour les autres soumissions de cet ouvrage, la présentation détaillée de la bande confiée à McLean par ce dernier a évidemment joué dans mon ressenti, et je ne pourrais trop conseiller au hobbyiste souhaitant en savoir plus sur les mystérieux Cypher Lords de s’atteler à la lecture de cette nouvelle. Du misérable Mindbound au majestueux Thrallmaster, en passant par les Mirrorblades et les Luminates, McLean décrit en détail le rôle que chacun joue dans l’écosystème bien réglé qu’est une bande de guerre de Nochseed. L’agenda poursuivi par les envoyés d’Hysh est également explicité, et la quête entreprise par ce vieux brigand de Daneggia n’en apparaît que plus capitale. Au fil des victoires et des obstacles que rencontrent les Hands of Darkness à leurs grands projets d’ascension sociale, McLean réussit en outre à nous les rendre plutôt sympathiques, la fibre familiale de Calcis et le coup de folie passager de Daneggia humanisant quelque peu des individus par ailleurs totalement abjects. On peut également noter que les fameuses méthodes utilisées par la cabale masquée (ohé ohé), parce qu’elles diffèrent profondément de ce qu’on a l’habitude de voir et de lire de la part de séides des Fab Four, risquent fort de piquer l’intérêt du lecteur même le plus blasé. On savait de longue date que Jean-Kévin Chaos cartonne en EPS (surtout en boxe française en escrime médiévale), on sait maintenant qu’il se débrouille aussi en physique-chimie, et que ses ateliers œnologie et rhétorique sur l’heure du midi ont également porté leurs fruits.

En plus de cela, la bonne idée de Peter McLean aura été d’offrir au lecteur une visite guidée de la cité de Carngrad, métropole chaotique placée sur la carte à l’occasion de la sortie de Warcry (à ma connaissance), et reflet perverti des Hammerhal, Greywater Fastness et Excelsis sigmarites. Pour qui s’intéresse au fluff d’Age of Sigmar, l’existence de Carngrad est une information capitale, et une des clés à la réponse de nombreuses questions « pratiques » se posant pour les hordes du Chaos, dont l’existence même n’était pas sans poser d’épineux problèmes démographiques, économiques et logistiques depuis les temps reculés de Warhammer Fantasy Battle. Savoir qu’il existe des agglomérations affiliées aux Dieux Sombres permet ainsi de limiter le recours au TGCM, ce qui est toujours appréciable. Les nombreux éléments de fluff donnés par McLean sur la cité pillarde permettent en outre de se faire une image assez précise et colorée de cette dernière, qui sera je l’espère complétée et enrichie par les publications des GW et de la BL dans les années à venir.

En conclusion, The Method of Madness est une vraie bonne nouvelle (haha), qui justifierait à elle seule l’achat de cette anthologie. McLean ne rate décidément pas ses débuts dans Age of Sigmar, et démontre qu’il est un des nouveaux auteurs sur lesquels on peut et devra compter pour porter haut les couleurs de la BL. Affaire à suivre…

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The Devourer’s Demand – B. Counter :

INTRIGUE:

Fraîchement débarqués depuis leur savane natale dans le Bloodwind Spoil, les guerriers Untamed Beasts de la tribu du Venom Fang livrent bataille à une cohorte d’Unmade dont le tort aura été d’ériger des murets autour de leur camp de base. Car les murets, comme toutes les constructions en dur d’ailleurs, C’EST PAS CHAOTIQUE. C’est en tout cas le credo des Beasts, qui vénèrent le Chaos sous la forme du Dévoreur, une sorte de Taz haïssant les tours, les murs et les couronnes. Chacun son trip. Parmi les combattants Venom Fang, la caméra se braque sur notre héros, le jeune gringalet Thornwinder, toléré dans l’expédition car il fallait bien que quelqu’un meure en premier, et quitte à tout prendre, autant que ça soit lui (grosse ambiance chez les Untamed Beasts). Bien décidé à prouver sa valeur, Thornwinder se rue à l’assaut des écorchés vifs, et parvient à terrasser leur meneur en lui grignotant la trachée, ce qui lui vaut le respect du reste de la tribu et lui permet d’obtenir son pins de blood courser, décerné par l’Ancien (28 ans) Speartongue en personne.

Quelques mois plus tard, nous retrouvons Thorny en pleine chasse d’une proie un peu particulière, le drac de sang Harrow. Cette créature mythique autant qu’hémophile est considérée par les Untamed Beast comme une incarnation du Dévoreur, et c’est donc tout naturellement que notre héros, toujours poursuivi par son complexe d’infériorité, souhaite la buter pour prouver ses talents de chasseur. Si la traque en elle-même n’est pas compliquée, les flaques de sang et les arbres renversés par le gros lézard permettant de suivre sa trace sans difficultés, Thornwinder sait bien que Harrow est plus malin qu’il n’y paraît, et qu’il lui faudra une stratégie imparable pour espérer triompher. Ayant rattrapé sa proie et pris une position idéale pour lui balancer sa sagaie dans les branchies, le blood courser a toutefois la désagréable surprise de voir son gibier réussir son test d’Initiative (et au vu des conséquences de ce dernier, il a du faire -39 au dé), attraper sa lance au vol et la recracher avec une moue dédaigneuse. Gloups. Les rôles étant inversés, Thornwinder réussit in extremis à échapper à son destin de poche à sang pour Harrow en plongeant dans une cascade scintillante, dont le glitter le rend à moitié aveugle.

Littéralement repêché par ses comparses alors qu’il flottait le ventre à l’air dans son bassin, Thornwinder se requinque doucement au campement du Venom Fang, mais ses problèmes de d’énervement lui jouent un vilain tour lorsque, vexé de se faire gourmander par l’Ancien (28 ans et 4 mois) Speartongue, qui voit d’un mauvais œil la chasse d’une espèce protégée, Thornwinder pique une crise et lui fait une tête au carré. Je précise bien au carré, et pas au cube, car quand il en eut finit avec Papy Mougeot, le contenu de la boîte crânienne de l’ancêtre était étalé en deux dimensions. Banni par sa tribu en punition de ce méfait, Thorny erre dans les étendues sauvages du Bloodwind Spoil jusqu’à ce que ses visions enfiévrées le ramènent à l’endroit de la bataille contre les Unmade, et à la tête du champion qu’il a vaincu, laissée à pourrir sur une pique. De façon tout à fait naturelle, cette dernière commence à lui parler, ranimant la flamme de sa motivation, et faisant même office de potion de vie (un peu galère à ouvrir, ceci dit), permettant à notre héros, complètement aliéné à ce stade, de reprendre la chasse de Harrow, et, cette fois, d’en venir à bout (d’une façon particulièrement peu subtile et gore).

Fort de ce haut fait, et bénéficiant manifestement du patronage d’une quelconque entité démoniaque, Thornwinder retourne frapper à la porte (façon de parler, ce n’est pas une technologie qu’ils maîtrisent) des Venom Fang, et s’impose rapidement comme le chef de la tribu, massacrant tout ceux qui osent se mettre sur son chemin (et allant jusqu’à déterrer le cadavre de l’Ancien – 28 ans, 4 mois, 2 jours, 12 heures, 23 minutes et 8 secondes – Speartongue pour se faire une ceinture avec sa peau). Son règne sanguinaire s’achève toutefois brutalement lorsqu’au cours d’un accrochage avec une bande d’Iron Golems ayant eu le malheur de vouloir bâtir une résidence secondaire dans le Bloodwind Spoil, il réalise brusquement que le simple concept de tribu est déjà trop organisé pour le Dévoreur, et qu’il est de son devoir d’y remédier. Ce qui le conduit à massacrer aussi bien ses alliés que ses ennemis, qui finissent par faire front commun pour mettre hors d’état de nuire ce psychopathe, même du point de vue, pourtant assez tolérant, de suivants des Dieux Sombres. Ce n’est toutefois pas tout à fait la fin pour Thornwinder. À son tour reconditionné en tête parlante fichée sur une lance, il reçoit en effet la visite d’une chef de tribu Untamed Beasts engagée dans la traque d’une autre bête légendaire du coin… Apéro !

AVIS:

Je commence à sérieusement penser que la prise de recul de Counter par rapport à son activité d’auteur pour la Black Library a eu des répercussions positives sur la qualité de son travail. Non pas que je fisse parti des détracteurs les plus véhéments de notre homme à l’origine, notez, mais j’avais comme tout un chacun je pense, expérimenté quelques lectures peu mémorables (ou trop, à l’inverse) de son fait, et considérait donc ses soumissions avec les précautions d’usage. Cette réserve est en train de fondre au fur et à mesure que je parcoure les derniers travaux BLesques de Mr Counter, qui s’avèrent d’une robustesse enviable, surtout quand ils sont comparés à ceux de certains ses successeurs, dont on pourrait dire bien des choses (et c’est d’ailleurs ce que je fais assez souvent). Cette introduction évacuée, passons aux choses sérieuses : pourquoi que c’est bien ?

Premièrement, Counter, comme la plupart de ses camarades de cri de guerre, parvient à rendre justice à la mentalité et à la culture de la bande qu’il traite, ici les farouches Untamed Beasts, chasseurs des grandes plaines de Ghur aux tendances anarchistes développées. Si vous cherchiez les héritiers du défunt parti Chasse Pêche Nature et Traditions, n’allez pas plus loin, vous avez trouvé à qui parler, ou feuler, avec ces ours mal léchés. La tentation pour l’auteur non inspiré aurait ici été de dépeindre ces survivalistes ossus en vulgaires barbares assoiffés de sang et de pillages, dans la droite ligne des maraudeurs du Chaos de feu WFB, auxquels je dois bien admettre qu’ils ressemblent fortement. Cette solution de facilité, Counter ne l’a heureusement pas choisie, et ses Venom Fang en sortent renforcés et crédibilisés. En insistant dès le départ sur le paradoxe auquel les Untamed Beasts sont confrontées (chercher la faveur du type dont le job est d’unifier les factions du Chaos et qui vit dans la plus grande forteresse des Royaumes Mortels, est-ce raccord avec la position nihiliste du Dévoreur ?), et amenant son héros à réaliser que ce dernier est impossible à résoudre, avec des conséquences sanglantes et définitives, l’auteur parvient, à mon sens mieux que les autres contributeurs de l’anthologie, à illustrer la fondamentale inhumanité du Chaos. Thornwinder a beau se plier aux exigences draconiennes de sa ligne philosophique (un mot qu’il ne connaît sans doute pas, et qu’il aurait du mal à prononcer à cause de son grand nombre de syllabes) avec diligence et application, force-lui est de constater que seule la folie et la mort l’attendent au bout du chemin, comme ce sera probablement le cas de la pauvresse qui termine la nouvelle en lui prenant la tête. Telle est la nature du Chaos, qui n’a que faire du devenir de ses suivants, et dont les dons ne pourront que retarder l’inévitable descente aux enfers qui attend ceux qui empruntent le sentier octuple. Ce message, peut-être le plus fondamental du lore des univers GW, Counter l’a parfaitement compris, et arrive à le transmettre de bien belle manière dans son The Devourer’s Demand1.

Passée cette réflexion de fond, on peut également souligner que cette nouvelle, de par son approche exhaustive de la saga funeste de Thornwinder, depuis ses débuts prometteurs dans le Bloodwind Spoil lorsqu’il n’était qu’un gringalet chétif mais énervé, jusqu’à son apothéose sanglante quelques années plus tard, alors qu’il n’avait toujours pas résolu ses problèmes d’emportement mais avait fréquenté la salle de muscu’ de façon assidue dans l’intervalle, possède un souffle épique, digne (à sa petite échelle) des sagas de Beowulf ou de Siegfried, avec lesquelles il partage la présence d’un gros monstre pas beau en guise de Némésis du héros. Sur cette trame assez peu commune pour un court format de la BL, Counter déroule son propos avec compétence et sérieux, faisant de la lecture de The Devourer’s Demand une expérience à la fois intéressante et gratifiante. Counter, le conteur de la Black Library ? Ca commence à prendre forme…

1 : En prenant en compte le tout aussi excellent The Gods’ Demand de Josh Reynolds, je commence à me dire que les nouvelles contiennent ce terme sont naturellement bonnes. La loi de l’offre et de la demande, sans doute.

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Proving Ground – S. Cawkwell :

INTRIGUE:

Il est temps pour Lock, Spire Stalker de la Cabale Corvus, de voler de ses propres ailes. Ayant reçu la bénédiction de sa chef de volée de lancer sa Grande Chasse, qui lui permettra de faire ses preuves aux yeux du Grand Amasseur, l’impétrant décide que sa Bar Mitzvah se fera aux dépends de ces serpents de cultistes du Splintered Fang. Il vient justement de régler leur compte à trois des leurs, plus à leur aise à ramper dans les rues de Carngrad qu’à poursuivre l’agile rôdeur sur les toits de la cité. Pour attirer les reptiles au sang froid hors de leur trou, Lock a un plan infaillible : faire courir le bruit que la Lance de Nagendra, une relique sacrée aux yeux fendus de ses adorateurs, a été retrouvée, et se trouve en possession d’une caravane esclavagiste de la Cabale, de retour vers Carngrad. Ayant reçu la confirmation que le Fang, mené par l’ambitieuse Prêtresse Ophidia, est tombé dans le panneau1, Lock invite quelques amis à le seconder dans son expédition initiatique.

Malheureusement pour nos Spring Breakers, leur virée dans la banlieue bucolique de la cité pillarde tourne rapidement au fiasco. Sous prétexte de gagner du temps en empruntant un raccourci, Lock et ses comparses débouchent dans un quartier très mal famé, et reçoivent un accueil acerbe de la part des Furies qui squattent les lieux. Bien que réussissant au final à se dépêtrer de ce mauvais pas, les cabalistes sortent de l’altercation très affaiblis, avant même d’avoir trouvé la piste de leurs proies. C’est ballot. La prochaine fois, il faudra suivre scrupuleusement les indications du GPS, hein. Déterminé à mener sa mission à terme, Lock entraîne les survivants dans un mortel jeu de cache-cache aux dépends des cultistes du Splintered Fang, qui disparaissent les uns après les autres au grand énervement d’Ophidia. La confrontation finale prendra place dans le bosquet de la Mère, lieu sacré pour la Cabale où Lock aura l’avantage du terrain…

1 : Se faire pigeonner par des corbeaux, c’est navrant.

AVIS:

Le retour de Sarah Cawkwell en tant que contributrice de la Black Library et ses débuts dans les nouveaux mondes d’Age of Sigmar ne pouvaient sans doute pas mieux se passer (enfin, si, mais on ne va pas exiger la perfection à tous les coups). La Hot New Talent de la BL, révélée par les Hammer & Bolter de l’année I, m’avait laissé une impression assez peu favorable, ses histoires de Space Marines s’étant avérées être d’une systématique incongruité. Il avait fallu attendre sa dernière soumission (Born of BloodHammer & Bolter #21), cette fois ci rattachée à WFB, pour constater une progression dans sa prose. Depuis, plus rien… jusqu’à ce Proving Ground, qui est donc la bonne surprise de l’anthologie.

Au titre des satisfactions que je tire de la lecture de cette longue nouvelle, on peut d’abord citer l’absence d’éléments abscons dans le déroulé de cette dernière. Vous me direz que cela devrait aller de soit. Je vous inviterais à jeter un œil à mes chroniques consacrées à la série Silver Skulls de notre autrice (il paraît que ce mot existe) pour réaliser le chemin parcouru depuis 2012. À aucun moment, Proving Ground n’a provoqué de face palm chez votre serviteur, ni ne lui a donné envie de jeter sa tablette par la fenêtre. Victory, sweet victory. Deuxième amélioration notable par rapport à l’historique Cawkwellien, un rapport apaisé et normalisé envers le background. Un problème récurrent des écrits de Sarah Cawkwell était en effet son utilisation malhabile des concepts sous tendant le fluff de 40K, comme ce terrible The Pact où la race Eldar a failli. Born of Blood dénotait déjà des signes d’amélioration sur ce sujet, ce qui m’avait amené à conclure que Cawkwell était plus une contributrice WFB que 40K, ce qui aurait pu s’entendre. Proving Ground poursuit sur cette lancée, en livrant une vision intéressante, et, de ce qu’il m’a semblé, juste, des deux factions qu’elle met en scène. On pourrait rétorquer que Warcry est tellement neuf qu’il aurait été difficile de violer son lore, à l’inverse des innombrables textes écrits pour 40K depuis trente ans, et on aurait raison. On pourrait également arguer que Cawkwell, comme les autres contributeurs à Warcry : The Anthology, a probablement été briefé en détail par les concepteurs du jeu sur l’ancrage de ce dernier dans Age of Sigmar, et a sans doute brodé quelques détails de son cru sur cette base plutôt que de se lancer dans une création totale de fluff. On aurait probablement encore raison. Reste que le résultat est plutôt satisfaisant (même si en deçà de ce que les autres auteurs du recueil ont pu faire, l’historique et les motivations de la Cabale restant assez flous), et que je me devais de le souligner.

Enfin, on peut certainement attribuer le plein mérite de la construction et du déroulé de l’intrigue à Cawkwell, qui signe quelques passages intéressants, comme cette introduction en traveling, depuis Varanspire jusqu’à Carngrad. Ca pêche par contre à certains endroits, comme durant l’accrochage avec les Furies en dehors de la ville, qui n’apporte pas grand chose au récit et bénéficie d’une ellipse commode pour justifier la victoire des cabalistes contre leurs ennemis ailés (à moins que le mot Avenge les ait fait passer en god mode). Au final, vous l’aurez compris, c’est une soumission plutôt qualitative que nous recevons de la part de Sarah Cawkwell, et la meilleure qui m’ait été donnée de lire de sa part à ce jour. Ce qui veut tout dire.

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Eight-Tailed Naga – D. Guymer :

INTRIGUE:

Réveillé par le contact déplaisant d’un serpent lui rampant sur le visage, Malik à la désagréable surprise de découvrir qu’il a été jeté au fond d’un puits rempli de rampants, ce qui ne colle pas du tout avec le souvenir qu’il avait de sa journée précédente. Par chance, il n’est pas le seul dans cette galère, les cris stridents de sa femme le menant très logiquement à… chercher où il a mis son couteau. Malik semble en effet avoir un petit problème avec la gent féminine, comme nous le verrons plus tard. En attendant, et toujours au fond du trou, Malik voit sa chère et sèche (on n’est pas tendre dans le Deepsplinter) se faire mordre par une des bestioles avec lesquelles ils partagent la fosse, avec des conséquences définitives pour la pauvre fermière. De son côté, il s’en sort mieux, non pas qu’il réussisse à passer entre les gouttes de venin des serpents avec lesquels il cohabite, mais en survivant à leur morsure, et en étant gratifié en sus d’une vision prophétique, l’enjoignant à se rendre dans les Collines de Cuivre à la recherche du Naga aux Huit Queues.

À son (deuxième) réveil, Malik apprend de la bouche de son nouveau sidekick, Klitalash, qu’il fait maintenant parti du Splintered Fang, sa résistance au poison du serpent sacré Blan Loa l’ayant désigné comme un disciple de Nagendra. Il a aussi gagné un nouveau nom dans l’opération, et se fera désormais appeler Ma’asi (Ma’anon étant un prénom féminin). Après avoir grignoté un bout de Khaga pour se remettre de ses émotions, Ma’asi emboîte le pas de son guide et traverse le campement du Fang, qui a squatté sans gêne le hameau de Malik après s’être débarrassé de ses occupants, jusqu’à la tente du chef de la bande, Yaga Kushmer, affectueusement nommé Papa Yaga par ses ouailles. Yaga, en tant qu’émissaire des Coiling Ones, a pour charge de guider le culte en suivant les visions envoyées par Nagendra, mais son accoutumance aux diverses drogues ingérées, inhalées, étalées ou absorbées de façon quotidienne par les adeptes du Splintered Fang a eu des effets néfastes sur sa « réceptivité » aux signaux de sa divinité, et il se montre donc très intéressé par le potentiel chamanique de sa dernière recrue. Cette dernière, après avoir un peu râlé pour la forme, accepte de coopérer avec Papa Yaga, bien aidée en cela par la correction infligée par le Pureblood de la bande en punition de sa mauvaise volonté.

Ma’asi guide donc ses nouveaux amis jusque dans les Collines de Cuivre, malgré les conditions climatiques épouvantables s’abattant sur la petite troupe pendant le voyage1. Problème, la zone est vaste, et la vision peu précise. Heureusement, une embuscade d’Untamed Beasts, eux aussi sur la piste d’un gros gibier, permettra au Splintered Fang, après avoir repoussé les belliqueux naturistes (et massacré une Femen vindicative dans le cas de Ma’asi – quand je vous disais qu’il n’aimait pas les femmes –), de s’attacher le service d’un guide compétent, en la personne de Thruka, Heart-Eater et ultime survivant des malheureux assaillants. La bande arrive donc en périphérie d’un campement Grotkins, très occupés à miner les riches filons de cuivre dont les Collines tirent leur nom, qu’ils parviennent à valoriser grâce au venin corrosif d’une grande bête parquée dans un enclos non loin2. Persuadés d’avoir trouvé le fameux Naga de la prophétie, Papa Yage entraîne ses guerriers à l’attaque de la colonie peau-verte…

Début spoiler…Et doit vite déchanter, quant, à l’ouverture de l’enclos, ce n’est pas un serpent qui s’en extrait, mais une Arachnarok copieusement mutée (elle pue tellement des pieds que ses pattes sont venimeuses, c’est dire) et de très méchante humeur. Spécialisé dans les bêtes squameuses et pas chitineuses, le Splintered Fang paie très cher sa méprise, et perd nombre de guerriers dans la bataille qui s’en suit. Finalement, c’est Ma’asi qui s’en sort le mieux, le venin de l’Arachnarok lui permettant d’atteindre le grade de Trueblood en trois battements de cœur, et la disgrâce de Papa Yaga de rallier à lui les survivants du Fang pour débuter sa propre bande. Le malheur des uns…Fin spoiler

1 : Quand il pleut des hallebardes sur le Bloodwind Spoil, vous pouvez être certains que ce n’est pas au sens figuré.

2 : On remarquera aussi qu’ils font un grand usage d’éoliennes, ce qui est au fond logique. Qui mieux qu’un Grot pour utiliser de l’énergie verte ?

AVIS:

La vision (un concept important ici, comme vous l’aurez compris) que David Guymer a du Splintered Fang s’avère être à part égale déroutante et satisfaisante. Je ne m’attendais en effet pas à l’inspiration Les Cavaliers de la Mort qu’on trouve dans la nouvelle, avec un protagoniste s’initiant et s’intégrant progressivement à la culture de ses ennemis, jusqu’à devenir un champion de ces derniers. Si le roman d’Abnett était bon, la nouvelle de Guymer, faute d’espace, parvient moins à entraîner son monde, mais réussit toutefois à singulariser les cultistes du Fang par rapport aux autres factions chaotiques du Bloodwind Spoil, beaucoup plus restrictives en termes d’admission. La mentalité assez inclusive des scions de Nagendra est un bon révélateur de la diversité des sociétés chaotiques, pas forcément « mauvaises » au dernier degré dans leur rapport au monde, ou en tout cas pas sur tous les sujets. Tant qu’on discute (ou en tout cas, que je parle) de l’approche choisie par l’auteur, notez qu’il est également le seul à avoir joué la carte de l’humour dans son récit, encore que légèrement (et c’est tant mieux, ayant tendance à penser que les Chaoteux se fendent la tronche de façon littérale plutôt que figurée la plupart du temps). En témoigne le personnage de ce roué de Papa Yaga1, fidèle dévoué mais pragmatique, qui fait confiance à son Dieu surtout quand ça l’arrange. De même, la mention de l’art délicat du silans, ou le talent de ne pas faire de bruit, me semble être un petit clin d’œil de Guymer à son lectorat à travers le quatrième mur.

L’histoire en tant que telle est assez convaincante, l’intégration d’antagonistes un peu exotiques, par l’intermédiaire d’une tribu de Grots très loin de chez elle, mais assez bien accompagnée, permettant de varier un peu des affrontements fratricides qui sont la norme dans l’anthologie (à raison, ceci dit, et Eight-Tailed Naga ne fait d’ailleurs pas exception). On pourra toutefois reprocher à Guymer son manque de clarté en ce qui concerne la prophétie éructée par son héros après que son épreuve de Fort Boyard se soit mal terminée. En ce qui me concerne, je n’ai pas compris qui faisait figure de naga à huit queues, ni pourquoi. Peut-être ai-je mal lu un paragraphe important, mais si la clarté n’est pas la qualité première de toute vision prophétique qui se respecte, il est en revanche important que le lecteur puisse saisir sans équivoque possible le fin mot de l’histoire, sans quoi l’auteur passera pour un jambon. Si quelqu’un à une interprétation définitive des élucubrations de Ma’asi, c’est volontiers que je prendrais connaissance de cette dernière.

Enfin, Guymer fait le job au niveau de l’éclairage du background du Splintered Fang, avec un soin particulier apporté à la description de la société qu’entretiennent les cultistes, sorte de Woodstock perpétuel à la fois sanglant et tolérant. En plus de quelques notions culinaires, on en apprend également plus sur Nagendra et les Coiling Ones, ce qui est toujours bon à prendre. En revanche, les motivations du Fang envers Archaon restent assez floues, et je vois mal le Maréchal de l’Apocalypse tolérer qu’une caravane de drogués viennent squatter devant la Varanspire s’ils n’ont pas de solides arguments à faire valoir2. Il va falloir bosser votre présentation les gars.

1 : Dont le nom seul est suspect. Lorsqu’une nouvelle commence par « papayagapapayagapapayaga », on est en droit de se demander si la Reine de la Nuit ne va pas pointer le bout de son nez quelques pages plus loin.

2 : Et « t’en veux ? » n’en fait à mon avis pas partie.

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The Iron Promise – J. Reynolds :

INTRIGUE:

Vos Stalis, Dominar démotivé1, est envoyé avec sa bande de guerre par son cousin germain Mithraxes, s’enquérir de la raison de l’arrêt du versement de la dîme due aux Iron Golems par leurs alliés Duardin du Chaos. Traversant à pied les dangereuses Skullpike Mountains, territoire de chasse de Harpies affamées et de Polypes cristallins… déterminés, les Légionnaires finissent par arriver devant les portes du bastion de Khoragh Ar-Nadras Has’ut (à vos souhaits), où, devant l’absence de réponse à leurs coups de sonnettes, ils décident de camper en attendant qu’on vienne leur ouvrir. Parce que oui, on peut ressembler à une bouche d’incendie adepte de black metal, et avoir des manières. D’ailleurs, nos bidasses étaient en train de se livrer à leur activité favorite, le bivouac-philo, quand la grille de la forteresse s’est ouverte, invitant les hommes de main du parrain de Chamon à entrer.

Là, Vos et ses sous-fifres doivent d’abord faire face aux assauts patauds des nains de jardin d’un genre un peu spécial que leur hôte a disposé dans sa cour pour décourager les démarcheurs à domicile. Membre historique du FLNJ2, le fier Dominar n’a aucun mal à calmer les ardeurs tiédasses des Fyreslayers zombifiés de Droghar, qui finit par se présenter devant ses racketteurs protecteurs, escortés de deux Ocorps en guise de gardes du gors. Ou l’inverse. Bref. Droghar explique à l’envoyé de Mithraxes qu’il est tout à fait prêt à honorer sa parole et délivrer le chargement de minerai de fer dû aux Iron Golems, si ces derniers voulaient bien l’aider à venir à bout d’une nuisance étant venue nicher dans les niveaux inférieurs de sa forge. Malgré l’énergie employée, et les cohortes de sbires envoyées sur place, pour régler le problème, le monstre en question n’a pu être vaincu, ne laissant pas d’autres choix au maître des lieux que de condamner les issues de son propre bastion, et d’attendre l’arrivée de la Légion pour venir à bout de l’intrus. Poussé à agir par les piques envoyées par le roué nabot, Vos accepte de ramener la tête de l’empêcheur de forger en rond et entraîne sa fine équipe dans les ténèbres de la forteresse de Droghar, sans trop savoir ce qui les attend à l’intérieur…

Début spoiler…La surprise sera donc (presque) totale lorsque la bête en question se révélera être un Prosecutor (je pense, mais je ne suis pas expert en Stormcast Eternals) bien amoché, s’étant matérialisé dans la place à la suite de l’excavation par Dragoth d’une relique sigmarite dans les niveaux inférieurs de sa forteresse, autrefois siège d’une Loge Fyreslayers. Bloqué sur place, mais pas découragé pour autant de propager le message de Sigmar en ce lieu de ténèbres, Prozy s’est livré à une guérilla sanglante contre les contremaîtres et mercenaires de Droghar, libérant les esclaves de ce dernier au passage, et foutant suffisamment le boxon pour que ce dernier décide de boucler le périmètre pour arrêter les frais. Confronté aux Iron Golems, il repart vaillamment à l’assaut, mais finira par rendre l’âme sous les horions de la Légion, non sans avoir prélevé un lourd tribut parmi ses adversaires.

Cette sale besogne accomplie, Vos boitille jusqu’à la sortie, où le vil chipotage de Droghar, qui lui fait remarquer que comme le Stormcast s’est évanoui dans la nature et que le Dominar n’a pas de tête à rapporter pour prouver ses dires, il n’a pas tenu sa parole et l’arrangement conclus avec les Iron Golems ne tient donc plus (nananèr-reuh), ne trouve pas une oreille compréhensive chez les Légionnaires éprouvés. Puisant dans ses dernières réserves, Vos concasse les gros bras du fourbe Duardin, avant de balancer ce dernier dans sa propre rivière de lave pour lui apprendre à chercher à entourlouper son monde. Ceci fait, il prend officiellement possession de la forteresse au nom de Mithraxes, car après tout, on n’est jamais mieux serti que par soi-même.Fin spoiler

1 : Il commence la nouvelle en poussant littéralement un soupir d’ennui.

: Front de Lamination des Nains de Jardin. La Libération, ce sera pour plus tard.

AVIS:

Comme à son habitude, Reynolds rend une copie propre et plutôt qualitative, permettant au lecteur de se familiariser avec les éléments saillants du fluff des Iron Golems. Occupant le créneau de la faction des gros balèzes en armure de l’écosystème de Warcry, un archétype chaotique des plus connus, le travail de contextualisation à réaliser pour cette bande était sans doute moins important que pour d’autres, mais si Josh Reynolds l’a joué relativement sobre et classique ici (à supposer qu’il ait eu son mot à dire), il a aussi pris le soin de ne pas laisser le lecteur en terrain totalement familier. Apprendre que les Golems, malgré leur apparence frustre et leur organisation militariste, philosophent de concert le soir au coin du feu, permet de leur donner un début d’originalité dans l’esprit du lecteur, ce dont ils ont sans doute plus besoin que les Unmade ou la Cabale Corvus.

La véritable de trouvaille de Reynolds repose toutefois dans son choix d’antagoniste, et dans la manière dont ce dernier est introduit dans le récit. Si le lecteur devine assez rapidement que le briefing lapidaire, laconique et lacunaire d’Hatshoum cache quelque chose de pas très net, et que les indices parsemés en cours de récit permettent de cerner l’identité du coupable, l’arrivée finale de ce dernier fait tout de même son effet, et place l’observateur dans une situation aussi paradoxale que savoureuse, en remettant en cause son « allégeance » à Vos et ses Légionnaires, suffisamment dépeints comme des braves types au cours des pages précédentes pour que leur décès ne nous soit pas agréable, mais restant au demeurant des servants des Dieux Sombres, et ne pouvant donc revendiquer une supériorité morale sur leur adversaire (c’est même plutôt l’inverse). De là, l’installation d’une tension narrative certaine, quand les autres nouvelles du recueil en étaient plutôt dénuées (crevez tous, chiens du Chaos !). Contributeur prodigue de la littérature d’Age of Sigmar, on peut vraiment dire avec The Iron Promise que Reynolds boucle la boucle, en ayant trouvé le moyen de faire endosser au héros la pelisse du méchant, et de façon assez réussie je dois dire.

Pour le reste, on n’est pas sur un travail remarquable en termes de parti pris narratif ou d’exécution littéraire, Josh Reynolds se reposant sur ses très solides acquis pour dérouler son histoire d’enquête de voisinage dans l’environnement bigarré du Bloodwind Spoil. Comme toujours, ça se lit très bien, et on sort de The Iron Promise sans avoir l’impression d’avoir perdu son temps. C’est déjà ça.

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Alors, que retenir de cette anthologie Warcry au final ? De mon côté, beaucoup de bien, et la certitude que la Black Library devrait définitivement publier davantage de ce genre d’ouvrage thématique1, et si possible, en privilégiant le format des « longues nouvelles » (une trentaine de pages minimum), qui permet aux auteurs de proposer des récits bien plus détaillés et ambitieux que la soumission classique de la maison. En parlant de ces derniers, le fait que les contributeurs choisis pour Warcry : The Anthology soient tous des vétérans (Peter McLean mis à part, mais la qualité de sa nouvelle démontre amplement qu’il a plus que pris la mesure de son sujet) de la collaboration avec GW a certainement aidé à hausser le niveau et l’intérêt de cet opuscule. Il aurait été étonnant que la BL mette des rookies sur ce genre de projet, notez, le niveau de connaissance relatif au background d’Age of Sigmar d’une part, et au concept du Chaos d’autre part, nécessaire à la réalisation d’un travail correct étant significativement plus élevé qu’à l’ordinaire. Mais s’il y a une chose qu’on ne peut pas enlever à la maison d’édition de Nottingham, c’est sa capacité à sortir des sentiers battus et à faire des choix que d’aucuns pourraient considérer comme curieux, voire stupides dans certains cas. Ici, la BL a joué la carte de la sécurité, et la qualité du livrable s’en ressent fortement.

Variant du très solide au franchement excellent, les six nouvelles de ce recueil remplissent pleinement leur office, et introduisent avec succès le lecteur au background des factions de Warcry. Je peux révéler ici que lorsque la liste des auteurs sélectionnés pour ce livre a été révélée, l’intégration de certaines de mes têtes d’Orruk au casting m’a fait craindre le pire. En cela, j’avais tort, Annadale et Cawkwell (pour les citer) réussissant à tenir leur rang, et à livrer ce que je considère comme étant leurs meilleurs travaux à ce jour et à ma connaissance. Doit-on y voir la preuve de la puissance des Dieux du Chaos ? Je vous laisse seuls juges, mais sors en tout cas content de cette lecture, qui n’a pas révélé de mauvaises surprises, à la grande mienne. La question est ouverte de savoir si ce succès n’est pas à mettre au crédit, au moins en partie, des concepteurs du lore de Warcry, qui ont défini les caractéristiques de chacune des bandes chaotiques et ont fait un travail absolument remarquable en cela. Un simple regard aux figurines suffit à s’en convaincre, et un auteur professionnel un minimum compétent n’aura aucun mal à faire fructifier ces bases d’une excellente qualité pour en tirer un récit digne d’intérêt. Je n’ai pour ma part aucun problème à partager le mérite entre créateurs et rédacteurs, auxquels je tire donc mon chapeau.

Comme toujours dans un ouvrage collectif, certaines pièces sont plus abouties que d’autres, les travaux les plus réussis à mes yeux parvenant, en plus de mettre en exergue la culture et l’histoire de la bande traitée, à faire comprendre les motivations de cette dernière à s’aventurer dans les terres internationales du Chaos et la manière dont elle compte s’y prendre pour gagner les faveurs d’Archaon, qui est bien souvent révélatrice de la « philosophie » chaotique qu’elle entretient. À ce petit jeu, The Method of Madness et The Devourer’s Demand sortent clairement du lot, la première en offrant une visite détaillée de Carngrad et de sa gouvernance complexe, tout en déroulant une histoire à rebondissements sur les desseins de grandeur d’un Cypher Lord et de sa clique, la seconde en poussant jusqu’à son terme la réflexion sur la nature destructrice, voire nihiliste et donc fondamentalement inhumaine, du Chaos.

Pour conclure, je recommande donc la lecture de ce Warcry : The Anthology, à tous les lecteurs (anglophones seulement à ce jour) amateurs d’Age of Sigmar, qu’ils viennent pour l’intrigue ou pour le fluff. J’irai même plus loin en étendant cette recommandation aux enthousiastes chaotiques, quelle que soit leur franchise favorite. Même les mordus du lointain futur pourront trouver leur bonheur dans cet ouvrage, qui, parce qu’il met le Chaos au centre des débats, leur parlera sans doute plus que les aventures de Stormcast Eternals. Enfin, je place cette anthologie au sommet de la liste de lecture de tous ceux qui souhaiteraient débuter dans le monde, parfois merveilleux, parfois ingrat, mais toujours distrayant, des courts formats de la Black Library. Quitte à se lancer dans l’aventure, autant commencer par une valeur sûre, et vous tenez entre vos mains un futur classique du (sous-sous-sous-sous) genre. Il n’y a plus qu’à espérer que le jeu fonctionne assez bien en termes de ventes pour que GW commissionne une suite à cet ouvrage. Après tout, deux des Royaumes Mortels n’ont toujours pas « leur » faction chaotique résidente connue à ce jour2, sans compter les Skavens, les Hommes-Bêtes et les Guerriers du Chaos (les factions non chaotiques étant à mes yeux moins intéressantes à couvrir). Bref, il y a largement de quoi faire. All praise the Dark Lords !

1 : J’ai donc hâte de voir ce que ‘Vaults of Obsidian’, le recueil consacré à Blackstone Fortress, va donner. Rendez-vous en Novembre pour le savoir !

2 : Aqshy et, d’un potentiel fluffique beaucoup plus important, Azyr. On ne me fera pas croire que Sigmarland est totalement imperméable au Chaos, les gens n’étant, après tout, jamais contents de leur sort, même quand ils ont la chance de vivre dans des dictatures militaristes éclairées.

À propos de Schattra

Égoïstement optimiste, çapourraitêtrebienpirologiste assumé. Selfishly optimistic, proud itcouldbemuchworsologist

Publié le août 11, 2019, dans Chronique, et tagué , , , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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