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SHADOWS OF TREACHERY [HH]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue critique de Shadows of Treachery, connu en nos vertes contrées sous le titre des Ombres de la Trahison, ce qui est une traduction littérale mais tout à fait appropriée. Plutôt que d’argumenter sur la qualité de la version française, que je n’ai de toutes façons pas lue, je vous propose de partir à l’exploration de ce 22ème tome de l’Hérésie d’Horus, qui, de l’aveu même de son éditeur, constitua un tournant pour cette tentaculaire saga : nous sommes en effet en présence de la fin du commencement1, la suite de la série étant placée sous des auspices, tant organisationnels que marketing, différents de ceux de ses débuts. Ce changement de braquet eut un impact certain sur la constitution de cette anthologie, dont la mise sur pied a répondu à des besoins bassement pratiques de la part de la Black Library.
Devant faire face à l’ubiquité imprévue du brave Sigismund2 et au lambinage des Night Lords dans la Croisade de Thramas, les pontes de Nottingham chargèrent John French et Aaron Dembski-Bowden de colmater les brèches narratives dans des délais assez courts, ce qui donna ‘The Crimson Fist‘ et ‘Prince of Crows‘. Comme cela ne faisait jamais que 250 pages, les fonds de tiroir furent consciencieusement raclés pour arriver à une taille convenable, ce qui explique l’intégration sous format écrit de trois audio dramas originellement sortis en 2007, au tout début de l’Hérésie, et donc un peu déconnectés des nouvelles du front de 2012. Ceci est particulièrement vrai de ‘The Dark King’ et ‘The Lightning Tower’, qui donnent un certain éclairage à l’une des inimitiés primarquielles les plus discrètes de l’Hérésie. Quant à Raven’s Flight, il s’agit du premier acte de la geste aviaire de Corax, telle qu’initiée par le bon Gav Thorpe en cette époque reculée.
Enfin, les deux dernières pièces de ce patchwork, toutes deux signées de Graham McNeill, au four et au moulin dans ce recueil, avaient déjà été publiées entre 2007 et 2011, la première (‘The Kaban Project’) dans les pages saintes de ‘Collected Vision’, et la seconde (‘Death of a Silversmith’) dans le Black Library Games Day Anthology 2011/2012, recueil à petit tirage contenant généralement des nouvelles un peu plus fantaisistes qu’à l’accoutumée… ce qui est le cas ici. Nécessité a donc fait loi pour l’objet littéraire considéré aujourd’hui. Il nous appartiendra donc de trancher si Shadows of Treachery demeure une oeuvre intéressante, et surtout, cohérente avec le reste du corpus, ou bien si les ficelles sont tellement grosses que le plaisir de lecture s’en trouve gâché. Prenez garde à vous, Nick Kyme et Christian Dunn ! Le « grand » méchant chroniqueur arrive, et il sait tout de vos petits secrets honteux3…
1 : Le commencement de la fin, lui, se fera encore attendre quelques années.
2 : Envoyé vers Isstvan par James Swallow à la fin de ‘The Flight of the Eisenstein’ et convoqué sur Mars par McNeill dans ‘Mechanicum’.
3 : On peut remercier pour cela Laurie Goulding, qui a signé la postface de la dernière version (2016) de ‘Shadows of Treachery’. Ça balance sévère entre collègues, tout de même.
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The Crimson Fist // Le Poing Écarlate – J. French :
INTRIGUE:
Où sera posée la question : faut-il toujours suivre ses ordres ? L’élève John French, se rappelant ses cours de philo du lycée, saisit son crayon d’une main fébrile et commence à digresser sur le thème, utilisant ses quatre heures1 pour nous raconter ce qu’il est advenu de la flotte de la VENGEANCE !!! envoyée par Rogal Dorn mettre des baffes énergétiques à ce petit sacripant de Horus lorsque la trahison de ce dernier lui a été caftée par cette balance de Garro (‘The Flight of the Eisenstein‘). Notre histoire commence cependant par quelques vers de T. S. Elliott, un proverbe sado-masochiste, et une citation de Solomon Voss, histoire que le public/correcteur de ‘The Crimson Fist’ comprenne que l’ami French a bien révisé avant de passer son bac. Puis, nous avons droit à un petit flashback dans lequel est présenté le héros du jour, Alexis Polux. On le découvre ainsi en PLS à écouter du Pink Floyd sur la face sombre de la lune d’Inwit, un petit peu blessé et un petit peu gelé par la randonnée sauvage qu’il a entreprise avec son frère jumeau, Helias, pour rallier la base des Imperial Fists et ainsi gagner le droit de rejoindre la Légion. Cette dernière n’aimant pas les petites natures, l’épreuve est évidemment très dure et dangereuse, comme notre chochotte d’Alexis l’a découvert à ses dépends. Il a ainsi fait la connaissance d’un lemming d’Inwit aux dents longues et à l’appétit féroce, qui lui a mordillé la cuisse quelque temps auparavant et le traque depuis pour finir le job. Dure la vie. Heureusement, Alex peut compter sur son frère pour le remettre sur pied et dans la bonne direction, et affronter la bête du Gévaudan au corps à corps à sa place. Tout cela aurait été parfait si la planchette japonaise envoyée par le plus doué des frères Polux pour expédier l’insistant rongeur dans une crevasse salvatrice ne s’était pas retournée contre son instigateur, le lemming réussissant à balroguer Helias dans sa chute, et donc à l’entraîner avec lui en contrebas. Bien sûr, Alexis réussit à retenir son frère pendant une demi seconde à bout de bras avant de laisser tomber, dans tous les sens du terme, son pauvre jumeau. Fin de la parenthèse-traumatisante-qui-explique-pourquoi-les-Crimson-Fists-s-appellent-comme-ça2. Rassurez-vous, il y en aura d’autres.
Nous voilà maintenant dans le système de Phall, en compagnie de la flotte de la VENGEANCE !!!, ou de ce qu’il en reste. Car des 561 navires et 30.000 Space Marines envoyés par Dorn porter ses sentiments les plus sincères à Horus, il ne reste plus que 200 vaisseaux et 20.000 Astartes, les autres ayant été victimes des tempêtes Warp qui ont frappé l’expédition dès son départ vers Isstvan. Faisant partie des survivants, Alexis Polux prend la suite de son défunt mentor Yonnad, passé par-dessus bord avec l’eau de son bain, après avoir été sauvé d’une mort indigne, piégé dans une armure à 1% de batterie flottant dans un vaisseau plus vraiment étanche, par ses petits camarades. Polux aurait préféré que l’honneur échoisse (???) à quelqu’un d’autre, mais il était le meilleur élève de Tonton Yoyo, lui-même meilleur amiral des Imperial Fists, ce qui en fait le profil rêvé pour ce poste. « Et Sigismund ? » me demandent ceux d’entre vous qui se souviennent encore de la fin de ‘The Flight of the Eisenstein’, « Il est parti faire un bowling ? ». Eh bien non, sagaces lecteurs, mais c’est tout comme. Le fier Premier Capitaine a en effet demandé à Dorn de l’accompagner sur Terra, ce que le Prétorien a accepté sans rechigner ni questionner les motivations de son assistant de direction. Bref, c’est sur les larges épaules de Popol que repose maintenant le sort de l’expédition, et c’est pourquoi ce dernier, suspectant dans cet encalminage suspect un piège, ordonne à ses vaisseaux de se mettre en position de combat autour d’une des planètes du système, afin de parer à toute éventualité. Sage précaution qui rendra une fière chandelle aux jaunards dans peu de temps, comme vous pouvez vous en douter, mais qui ne va pas sans susciter quelques froncements de sourcils de la part de certains Capitaines au tempérament plus nerveux, comme Amandus Tyr (et non pas Amanda Lear), qui voudraient que Polux reparte vers Isstvan pour y accomplir sa mission, chose que la persistance de la drache warpienne rend impossible.
Nous partons ensuite sur Terra, où Dorn s’occupe à fortifier le Palais Impérial et à encaisser les mauvaises nouvelles avec stoïcisme, comme il sait si bien le faire. Au fil des petites vignettes intégrées dans le récit, nous le voyons donc envoyer Sigismund mettre du sucre dans le réservoir des Magos sécessionnistes de Mars, apprendre le désastre d’Isstvan V de la bouche d’Armina Fel pendant qu’il était en train de discuter carrelage avec son vieux poto Vadokh Singh3, et finalement, renier secrètement Ziggie après que ce dernier lui ait appris les vraies raisons de son refus de mener la flotte de la VENGEANCE !!!. Une rencontre fortuite avec Euphrati Keeler sur le Phalanx, assortie d’une vision de l’avenir pas tip top qui l’attendait en cas de départ pour Isstvan, ont en effet persuadé le Premier Capitaine que sa place était aux côtés de son papounet sur Terra, et pas dans un champ d’astéroïdes quelconque, sans gloire ni honneur. Evidemment, cela ne plaît pas du tout à Dorn, qui attend que chacun de ses fils fasse son devoir sans broncher. Plutôt que de faire un scandale et de réprimander publiquement ce garnement de Sigismund, le Prétorien le conserve dans ses fonctions, mais lui inflige une cuisante blessure psychologique en lui révélant qu’il a été adopté à la naissance. Ou quelque chose comme ça. En tout cas, il n’est plus son père et ne le sera jamais plus, et ça, c’est triste.
Ces parenthèses bassement Terra-terre expédiées, nous voilà de retour à Phall, où… il ne s’est rien passé de bien intéressant pendant près de cinq mois (141 jours pour être précis). Les Imperial Fists ont bien subi une petite attaque psychique qui les a fait saigner du nez, et repêché un satellite psyker dans les océans de la Phall-1, les confortant dans leurs soupçons que quelqu’un les a piégés, mais à part ça, les journées ont été longues, en opposition avec la vie des Astropathes de la flotte, écourtée sans état d’âme par Polux pour tenter de contacter Terra, en vain. Cependant, cette longue attente touche bientôt à sa fin, car une flotte Iron Warriors conséquente débarque à l’improviste et ouvre le feu sans sommation sur ses cousins. À la tête de l’ost renégat, on trouve Perturabo en personne, qui s’est fait tuyauté par le Maître de Guerre sur la localisation de la flotte envoyée par son frère détesté. Bien qu’étant au courant que Roggie est resté sur Terra servir de concierge à son Pépé, le Primarque de Fer, qui vient juste de mettre le feu à l’Olympia, est bien décidé à frapper là où ça fait mal et à utiliser Sigismund comme mannequin de test pour ses prochaines expérimentations pyrotechniques. Secondé par l’obséquieux Berossus, Perturabo fond donc sur les Fists comme la misère sur le monde, bénéficiant du triple avantage de la surprise, du nombre et de son intelligence supérieure. Cela provoque bien sûr des pertes importantes chez les loyalistes… au moins au début. Car la formation défensive ordonnée par Polux et maintenue par ses capitaines pendant tous ces millénaires d’attente est tellement bien conçue et gérée par son créateur qu’elle permet aux Imperial Fists de riposter de façon efficace, et même de prendre l’avantage sur leurs assaillants. Bravo Perturabo. Le tempérament mercuriel du surhomme de fer joue même des tours à ses propres fils, comme peut en témoigner le pauvre Berossus, qui se prend un enchaînement uppercut/jumping side-kick pour avoir osé apprendre à son boss que Sigismund n’était pas sur la feuille de match, et qu’un péquenaud ayant le même nom que le chien du Manège Enchanté est en train de le mettre minable à Battlefleet Galactica. Gageons que notre malheureux sous-fifre pourra se mater en boucle Le Diable s’habille en Prada dans son caisson de Dreadnought pour les dix millénaires à venir.
Tout va donc raisonnablement bien pour les Imperial Fists, qui se permettent même d’envoyer une bonne partie de leurs forces aborder l’Iron Blood pour faire sa fête à Porte-Rhubarbe. C’est le bouillant Capitaine Tyr qui s’y colle, et qui passe à deux doigts de réussir… n’eut été la réception d’un message taggé important et urgent, avec demande d’un accusé de réception et de lecture de la part de Terra4. Il s’agit d’un ordre de Rogal Dorn qui demande à ses fistons de plier les gaules et de rentrer au bercail séance tenante. Casse-tête pour le brave Polux, qui ne peut pas se désengager proprement d’une bataille spatiale de cette envergure. La solution la plus logique et profitable pour l’Imperium consistant à remporter la bataille, affaiblir le plus possible les Iron Warriors, voire tuer leur Primarque, puis repartir vers Terra, il ne faut alors pas s’étonner que notre héros décide de faire exactement l’inverse, et ordonne une retraite générale, qui se transforme bientôt en déroute, puis en débâcle. Abandonnant les derniers assaillants de l’Iron Blood à leur triste sort – Tyr aura tout le temps de réfléchir à la sagesse d’El Condor Pasa (surtout le passage où il est dit qu’il vaut mieux être un marteau qu’un clou) lors de sa rencontre avec Perturabo5 – Polux sauve les meubles comme il peut en dérobant le vaisseau du Capitaine Golg, alors que les forces de ce dernier abordent sa Tribune, perdant la main gauche au passage (nouveau-clin-d-œil-au-futur-nom-des-Crimson-Fists) mais transformant le Trident adverse en fourche, voire en fourchette, dans l’opération. Notre nouvelle se termine finalement par l’arrivée des derniers rescapés dans le système solaire, beaucoup plus plasbétonné qu’il ne l’était qu’à leur départ. Dommage qu’on n’ait pas eu le droit au debriefing entre Dorn et Polux, cela aurait été savoureux…
1 : Chapeau s’il a réussi à pondre une novella de plus de cent pages dans le temps imparti.
2 : La main faible d’Alexis étant en effet maculée de sang au moment du drame, du fait d’une nouvelle morsure de la bestiole affamée.
3 : Qui occupe l’honorable profession de ‘War Masson’, ce qui lui donne le droit d’utiliser une truelle à cran d’arrêt et des parpaings en uranium appauvri. Il peut aussi appeler Dorn « Roger », ce qui crispe ce rigoriste de Sigismund.
4 : Ils sont facilement reconnaissables car ils font léviter, puis brûler vifs les Astropathes qui les reçoivent. On comprend pourquoi leur usage est limité aux circonstances les plus graves.
5 : Petit cliffhanger terminant cette séquence, on apprend qu’au moins un des Terminator ayant accompagné Tyr est encore vivant une fois que Perturabo a fini de jouer au golf avec les Fists. Il se pourrait donc qu’un certain Navarra revienne plus loin dans l’Hérésie.
AVIS:
Quelques années après la première publication de cette novella, les éditeurs de la BL révélèrent que cette dernière avait été commandée à John French pour justifier la non-présence de Sigismund à la tête de la flotte vengeresse des Imperial Fists. Cette rustine narrative se révèle cependant être bien plus que cela, French parvenant à intégrer à son récit pas mal de fluff, tant hérétique que contemporain, sur les Imperial Fists, leurs descendants et leurs personnages nommés (les Iron Warriors bénéficiant dans une moindre mesure de ces largesses françaises). En plus de cela, le format généreux de cette histoire permet à son auteur de mettre en scène de façon assez prenante une bataille méconnue, mais importante d’un point de vue stratégique de l’Hérésie… au moins jusqu’au premier tir de torpilles. Car le plus gros point noir de ce The Crimson Fist reste pour moi la façon ni réaliste, ni crédible, dont la bataille en question est menée. En plus des approximations d’ordre purement physiques (comme la flotte Iron Warriors qui attaque par surprise l’adversaire, alors qu’une transition hors du Warp est décrite comme laissant les vaisseaux incapables de faire autre chose que de relancer leurs systèmes et de baisser leur vitesse pendant plusieurs heures), le fait qu’un simple Capitaine puisse tenir la dragée haute à un Primarque réputé pour son intellect supérieur au cours d’un affrontement où le second dispose de tous les avantages me semble un peu exagéré. Quand au choix de Polux de repartir vers Terra au pire moment possible, cela fait passer le Nelson de la Grande Croisade à celui des Simpsons en termes de brillance tactique. Mais il fallait bien sauver les miches de cet empoté de Perturabo, sinon le cours de l’Hérésie en eut été bouleversé, pas vrai ? Bref, à trop vouloir cirer les pompes des fils de Dorn, faction pour laquelle il révélera par la suite un attachement certain (‘Praetorian of Dorn’, ‘The Solar War’), French fragilise quelque peu sa soumission, qui se révèle sinon être très convaincante et plaisante à lire.
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The Dark King // Le Roi Sombre – G. McNeill :
INTRIGUE:
Ça se bouscule dans le crâne de Konrad Curze, Primarque des Night Lords. Visionnaire sociopathe et dépressif, notre ami a bien du mal à rentrer dans le rang de la fratrie, et à se faire accepter par ses frangins. Demandez à Rogal Dorn par exemple : une petite dispute de rien du tout après un différent mineur à propos de la pacification pas si pacifique que ça d’une planète qui jouait les kékés devant Pépé, et ça se finit dans les larmes, le sang, et les larmes de sang. C’est en tout cas en position compromettante que ce fayot de Sigismund trouve le Nighthaunter au début de la nouvelle, juché sur la forme prostrée du pas encore Prétorien de Terra, qu’il a agressé violemment pour une raison encore indéterminée. Boys will be boys, comme on dit en Albia.
Enfermé dans sa chambre dans l’attente de son jugement prochain, pendant que cette mauviette de Dorn réapprend doucement à manger avec une paille, Curze a tout le temps de repenser aux derniers événements l’ayant mené droit à la case prison. Au commencement était donc la campagne de mise en conformité de Cheraut, menée de concert avec les Imperial Fists et les Emperor’s Children. Malgré la victoire remportée par les impériaux, les techniques de soumission un peu trop extrémistes des Night Lords, consistant à exécuter froidement tous les prisonniers adverses plutôt que de leur mettre une tape sur les fesses (ou l’inverse dans les cas des Emperor’s Children, mais on s’égare) et de les laisser partir, provoqua l’ire de Rogal Dorn. Arrivé sur place en gueulant « Curze ! », ce qui n’était pas un bon signe avant-coureur, comme tous les employés polyvalents du monde peuvent en témoigner, Mellow Yellow tenta de faire comprendre à son frère pourquoi il fallait mieux la jouer plus cool auprès des locaux, sans parvenir à convaincre ce dernier des avantages du management bienveillant. Et Curze de démonter la logique fraternelle en remettant un bolter et un totem d’immunité à un prisonnier, le premier réel et le second factice. Sans doute inspiré par la dernière saison de Koh-Lanta, le Jean-Bernard Moundir du Segmentum crut toucher le gros lot en faisant feu sur le Primarque qui lui avait tourné le dos, mais ne toucha en fait que le grelot du bonnet de Curze, qui lui décolla les gencives d’une mandale bien sentie pour lui apprendre 1) la vie, 2) à viser un peu mieux et 3) les conséquences d’une opposition à l’Imperium. Conclusion : il y a vraiment des baffes (énergétiques) qui se perdent. Cette démonstration graphique de la faiblesse du caractère humain ne convaincant pas Dorn non plus, les Night Lords acceptèrent de partir regarder le dernier Batman dans leur vaisseau avant que la bande à Jauni ne commence à faire du vilain. Grosse ambiance parmi la smala impériale, donc.
La tension aurait pu redescendre n’eut été la mauvaise idée de ce cafardeur de Fulgrim d’aller raconter les dernières visions macabres de Curze à ce psychofrigide de Dorn, qui accueillit très mal le délire de persécution et les allégations de (futures) maltraitances que le Nostradamus de Nostramo proféra à l’égard de son paternel dans ce moment de faiblesse. Et le secret médical alors, Fulgrim? Malheureusement pour le Chevalier Blanc Jaune de l’Imperium, ce n’était pas le moment de venir chercher des noises au Nighthaunter, qui lui tomba dessus with extreme prejudice comme on dit en Merica. Vous connaissez la suite.
« C’est bien beau tout ça, mais j’ai d’autres chats à écorcher » se dit alors Curze, qui résout donc de s’évader, peu enclin qu’il est d’aller s’expliquer de ses actes sur Terra d’une part, et soucieux d’aller remettre un peu d’ordre sur sa planète, transformée en zone de non droit depuis son départ en croisade d’autre part. Bien évidemment, sa piaule est étroitement surveillée par des Templiers et des Gardes Phénix, mais ce n’est pas un problème pour un Primarque, et encore moins un Primarque en armure (parce que oui, on lui avait laissée…), qui s’amuse donc sous peu à trucider ses matons en faisant du pole dance autour des colonnes de sa chambre. Quand les renforts arrivent, il est déjà trop tard…sauf pour essayer de récupérer la moquette, qui s’est prise quelques litres de sang dans la trame. Ça leur apprendra à être à l’heure.
Un peu plus tard, nous retrouvons Konrad, toujours accompagné de son écuyer Shang1, engoncé dans sa magnifique cape de patagium2, sur le pont du Nightfall, à deux pas de Nostramo. Après avoir fini de tirer ses cartes, qui donnent toujours la même prédiction funeste à base de colombe monstrueuse et de lune royale, Curze passe en mode méchant de série B et ordonne la destruction de sa planète, non sans avoir consulté une dernière fois les statistiques, très détaillées, de la criminalité locale. Ça n’allait peut-être pas fort sur la fin, mais l’INSEE de Nostramo continuait à faire son boulot de façon superlative. Puisque personne n’en parle, il faut bien que je le fasse. Bref, clap de fin pour notre histoire, le petit Konrad s’étant mué en grand méchant Nighthaunter, ou la peur incarnée dixit lui-même. On comprend mieux pourquoi Dorn n’a jamais pu passer de sa veilleuse…
1 : Je dis toujours car il était venu rendre visite au parloir à son patron sur Cheraut, mais ne sert tellement à rien dans l’histoire que je n’ai pas trouvé comment l’introduire avant cela.
2 : Googlez le terme, et représentez vous le style de notre bonhomme. Heureusement qu’Aaron Dembski-Bowden l’a forcé à passer la main (de façon littérale) à Sevatar dans le rôle du fidèle Capitaine, sinon on aurait été marron.
AVIS:
N’en déplaise à Brassens, le temps fait quelque chose à l’affaire, en tout cas en ce qui me concerne et quand je lis (et relis) des nouvelles de l’Hérésie d’Horus. Prenons (au hasard) le cas de The Dark King : lors de ma première lecture, il y a quelques années, j’avais plutôt apprécié cette présentation de Konrad Curze, alors au pic de sa sociabilité et de sa santé mentale. Je pense que ce sentiment aurait été encore plus marqué si j’avais pris connaissance de ce texte au moment de sa première publication, en 2007. Il s’agissait alors d’une des toutes premières plongées dans une Hérésie encore naissante, et peuplée de figures mythiques mais connues uniquement par le fluff des suppléments de jeu. Voir pour la première fois des Primarques se tirer la bourre, et vivre aux premières loges un épisode aussi crucial que la destruction de Nostramo, voilà une expérience peu commune pour un lecteur de l’époque !
Cependant, avec le recul apporté par plus d’une décennie, et des centaines de contributions à la série, je dois dire que mes retrouvailles avec ce texte historique ne se sont pas révélées très satisfaisantes. Si j’ai apprécié la tentative de McNeill d’intégrer dans son récit une dimension philosophique (Imperium solidaire vs Imperium tortionnaire, pour résumer), comme il le refera quelques temps plus tard dans The Last Church, je trouve que l’auteur a péché dans sa mise en contexte du sujet traité, qui donne l’impression que Curze a pris la décision de détruire sa planète sur un coup de tête1, ce qui colle assez mal avec l’image du prophète torturé qu’il avait (justement) essayé de dépeindre quelques pages auparavant. Passé ce moment, Curze devient un méchant en armure énergétique2 des plus classiques, comme la BL en comptait déjà des dizaines avant cela (certains créés par McNeill en personne). Le Nighthaunter reste un personnage intéressant, certes, mais on est loin de la profondeur qu’il gagnera sous la plume d’Aaron Dembski-Bowden, et il ne faut pas compter sur les autres protagonistes pour l’aider à briller (mention spéciale à Shang, qui a autant de personnalité et de répondant qu’un paquet de Chips). Bref, encore un cas de sénescence littéraire, ce qui est logique pour les œuvres les plus anciennes de l’Hérésie, mais pas une fatalité non plus (The Lightning Tower, ou The Last Church d’ailleurs…). Dommage pour notre Roi Sombre.
1 : Franchement, le dialogue avec Curze qui amène à ce basculement est d’une banalité confondante. On dirait que le Primarque demande quel temps il fait là-bas, ou qui a gagné la dernière coupe du monde de curling. Voire (encore pire), qu’il attendait que Nostramo parte à vau l’eau, ce qui est précisément la pire chose qui pouvait lui arriver.
2 : On soulignera d’ailleurs le génie des Imperial Fists et des Emperor’s Children d’avoir laissé son armure à un Primarque ayant failli tuer Rogal Dorn à mains nues dans l’attente de son procès.
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The Lightning Tower // La Tour Foudroyée – D. Abnett :
INTRIGUE:
Sur la Terra impériale du 31ème millénaire, la trahison d’Horus, Primarque, Maître de Guerre et fils favori de l’Empereur, est encore fraîche que ce dernier, jamais à repousser à la décennie suivante ce qui peut être fait cette année, ordonne à son manœuvre portugais inwittien de fiston de fortifier son Palais, en préparation d’un siège qu’il voit déjà se profiler à l’horizon, bien que ce qui deviendra l’Hérésie d’Horus n’en soit encore qu’à ses prémisses. S’exécutant sans broncher, Rogal Dorn, car c’était lui (quelle surprise), se met au travail avec ardeur, bien qu’il lui en coûte de devoir construire des casemates et des miradors sur un site classé au patrimoine galactique de l’humanité. Les considérations esthétiques du Primaçon, habituellement aveugle à toute beauté, ne manquent pas de surprendre ses collègues de truelle (Vadok Singh, le Contremaître de Guerre) et proches collaborateurs (Sigismund, pas encore disgracié, et Archamus, pas encore empalé) parmi lesquels on compte heureusement un psychiatre homologué en la personne de Malcador le Sigilite.
Ayant surpris Rogal traîner sur les remparts du Palais dans le pyjama en pilou qu’il tient de son grand-père1 (un signe manifeste de déprime), le Premier Seigneur de Terra comprend qu’il est de son devoir d’intervenir, et invite donc le rejeton de son boss à une consultation privée dans ses appartements. Ne pouvant décemment pas partir sur le complexe d’Oedipe avec la moitié des Primarques déjà décidés à tuer le père, Malcador opte pour une approche un peu différente, et demande à son interlocuteur ce qui l’effraie, afin de comprendre d’où vient le spleen persistant du Prétorien. Fort à propos, la question avait déjà été soumise à Dorn quelque temps auparavant, lui laissant le temps de considérer le sujet. Ayant décrété qu’il ne craignait personne, le Primarque tente de se donner l’air profond en répondant qu’il avait peur de ce qu’il ne comprenait pas, comme les règles de la belote, la communication de la Black Library ou encore les causes ayant poussé la moitié des Légions impériales à rejoindre la cause d’Horus. Malheureusement pour lui, il en faut plus pour berner le Sigilite, qui sort de ses tiroirs un jeu de cartes ayant appartenu à Konrad Curze, frère ennemi ayant failli tuer Dorn sur Cheraut après une dispute. Voyant son patient tourner au flave2, Malcador enchaîne sur une thérapie accélérée et tire les cartes à ce dernier, avec des résultats plutôt inquiétants. Mais évidemment, ce n’est qu’un jeu, haha. Ça fera 83 €.
La nouvelle se termine sur un Rogal Dorn un peu plus gaillard depuis sa discussion cathartique avec son prof principal, qui se prépare à repousser les assauts des traîtres avec un petit jeu de tower defence. Surpris par son Père en train de niaiser au lieu de faire ses devoirs, le Primarque dissipé jure toutefois qu’il ne laissera pas tomber son Pôpa, qui repart donc sur le Trône l’esprit tranquille mais le colon obstrué (la constipation, quel fléau). Rendez-vous dans sept ans pour que ça commence à vraiment chier sur Terra.
1 : Qui devait s’appeler Hodor pour que sa robe de chambre aille à son petit fils naturel. Je ne veux pas penser à l’alternative.
2 : C’est un jaune pâle. Non, je ne connaissais pas ce terme avant d’écrire cette chronique. Oui, je vais dès à présent tenter de le placer discrètement dans autant de conversations que possible.
AVIS:
À l’heure où cette chronique est écrite, The Lightning Tower affiche plus d’une décennie au compteur, faisant partie des premiers textes écrits pour l’Hérésie d’Horus lorsque le projet fut initié par la Black Library en 2007, ce qui ne nous rajeunit pas. Pour ceux qui ont vécu l’épopée littéraire que constitue cette saga, cette nouvelle occupe sans doute une place particulière, le témoin d’une époque où le lecteur, probablement enthousiaste, mais peut-être dubitatif, devant cet OLNI, se demandait à quelle sauce il allait être mangé. Ayant sans doute voulu assurer le coup, la BL avait fait le sage choix de confier le début de la série à des contributeurs expérimentés, l’incontournable Dan Abnett en tête. Et force est de constater que, comme son Horus Rising pour les romans de l’Hérésie, The Lightning Tower a parfaitement accompli sa mission, c’est à dire fournir des fondations solides et inspirantes aux publications qui suivirent (qui se comptent aujourd’hui en centaines pour les nouvelles). Bénéficiant de la maîtrise narrative et de la patte littéraire du Wordmaster, cette soumission demeure à mes yeux l’une des meilleures introductions disponibles à cette franchise dans la franchise qu’est l’Hérésie d’Horus. En une vingtaine de pages, elle parvient ainsi à poser les bases de l’intrigue (une trahison monumentale mettant en péril le règne du bon Roy Empereur), présenter quelques personnages cruciaux, donner un aperçu satisfaisant de l’univers et de l’atmosphère de cette fin de 31ème millénaire, et esquisser la perte d’innocence que se révélera être ce conflit galactique. Si, en plus, le lecteur connaît ses classiques, il aura droit en sus à quelques détails fluff assez sympathiques, variant du cool-à-savoir-mais-pas-vraiment-important (la barboteuse de Rogal) au cryptique-mais-probablement-lourd-de-sens (le tirage de Malcador). Bref, véritablement la pierre sur laquelle la Black Library a construit sa cathédrale, et une « relique » de l’Hérésie à laquelle il convient de rendre hommage.
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The Kaban Project // Le Projet Kaban – G. McNeill :
INTRIGUE:
Sur la planète rouge, les masses industrieuses s’activent pour fournir à la Grande Croisade de l’Empereur les armes, armures, munitions et selfie sticks (très important) nécessaires à la conquête des étoiles. Notre héros, Pallas Ravachol, fait sa part en réparant les circuits imprimés des Serviteurs de son nouveau patron, l’Adepte Lukas Chrom. Entre deux insertions de cartes à puce, cet employé modèle décide toutefois de faire une petite pause dans l’arrière-salle du temple, où patiente sous très bonne garde un projet ultra secret : Kaban. Non pas que les huiles du Mechanicum se soient lancés dans la confection textile (après tout, à quoi servent les cabans quand on n’a pas de mer ?), mais plutôt dans des recherches pas très consensuelles, qui ont abouties en une machine intelligente et consciente. Comme Ravachol ne l’ignore pas, ce type de robot autonome n’est pas du tout du goût de l’Empereur, sans doute à cause d’un incident malheureux avec un Roomba un peu trop zélé en des temps très anciens. Il a même porté la nouvelle à son boss après s’être convaincu que le talent certain de Kaban de le vanner sur sa coupe de cheveux ne venait pas d’une banque de réponses pré-programmés très développée, pour découvrir que Chrom n’ignorait rien de l’entourloupe, mais avait obtenu la permission du Maître de Guerre Horus pour poursuivre son projet.
Ravachol, qui s’est entiché de Kaban et lui a appris à jouer à Magic the Gathering en cachette, est toutefois déchiré entre sa relation privilégiée avec l’énorme robot de combat qui trône dans la remise de Chrom, et sa fidélité envers l’Empereur, qui devrait le pousser à dénoncer l’expérimentation haram aux autorités compétentes. Le dialogue qui s’engage ce jour là avec Kaban est l’écho de ce mal-être intérieur, et n’est interrompu que par l’arrivée d’une escouade de Protectors, envoyé par ce petit fifou de Chrom mettre l’homme qui bricolait à l’oreille des cyborgs en retraite anticipée. Ce sort peu enviable lui est toutefois évité grâce à l’esprit d’initiative de Kaban, qui prend sur elle de flinguer les sbires de l’Adepte pour sauver la vie de son copain. Si c’est pas beau ça. Reconnaissant, mais passablement effrayé par la situation et inquiet de l’autonomie de la machine, qui s’est royalement assise sur les trois lois de la robotique, Ravachol décide de prendre congé de son patron, réquisitionnant au passage un quatuor de Serviteurs de combat pour lui servir de garde du corps. Et il en aura besoin car Chrom, alerté de l’échec de sa tentative de meurtre, met l’Assassin chevronnée et héliportée Remiare à ses trousses, avant d’aller apprendre la vie (artificielle) à cette petite rebelle de Kaban…
Début spoiler…La fuite éperdue de Ravachol et de ses gorilles sur chenilles finit par les mener jusqu’à la Basilique de l’Algorithme Béni, où notre héros trouve l’oreille (façon de parler) attentive d’un vieux prêtre pour vider son sac. Coup de bol, le cureton à piston est un impérialiste convaincu, qui l’enjoint donc à faire ce qui est en son pouvoir pour alerter l’Empereur de cette menace technologique. La Vache Folle décide donc d’aller porter l’affaire à son ancien mentor, l’Adepte Malevolus, dont il a quitté le service pour rejoindre ce traître de Chrom. Il espère ainsi pouvoir bénéficier du droit d’asile que Mars n’a toujours pas aboli, et donc être protégé des représailles de son ex-employeur.
Le chemin jusqu’au temple forge de Malevolus est toutefois très embouteillé, ce qui laisse largement le temps à Remiare de rattraper sa cible, même si elle a pris auparavant le temps d’aller torturer désosser le confesseur de Ravachol, par pur vice semble-t-il. Décidément, les prêtres de Graham McNeill ont bien du mal à finir ses histoires en un seul morceau1. Bien heureusement, les Serviteurs de notre héros font leur office, et arrivent à mourir suffisamment lentement pour permettre à leur protégé de se jeter sur le parvis du temple et de demander asile en ce lieu, après avoir plongé ses mains dans le bidon d’huile de vidange qui sert de bénitier aux fidèles, j’imagine. Et contre ça (et surtout contre le champ de force protecteur qui se déclenche immédiatement), même Remiare ne peut rien faire.
Un peu plus tard, et après avoir été accueilli par ce vieux Malevolus, pas rancunier pour un sou, Ravachol bénéficie d’une petite visite des ateliers de son ancien maître, spécialisé dans la construction des armures des Space Marines. Mal’ tient absolument à montrer à son invité ce qu’il considère comme être son chef d’œuvre, une armure Terminator flambant neuve et d’un noir de jais, qui se révèle être destinée à, je vous le donne en mille, Horus. Glups.
Car Malevolus faisait aussi partie de la conspiration des séides de Siri, ou quelque chose comme ça, et il annonce jovialement à Ravachol qu’il est re-re-tombé dans un piège, mouahahahahaha, pendant que Remiare fait des loopings maléfiques au plafond. Laissant son dernier serviteur se faire massacrer par la tueuse au tournevis, Ravachol tape son meilleur sprint vers la sortie, espérant contre toute attente échapper une nouvelle fois à ses poursuivants… et tombe nez à pare-choc avec Kaban, à laquelle Chrom a monté des roulettes de fauteuil, et qui peut désormais se déplacer. La machine intelligente s’est toutefois fait convaincre par son créateur que Ravachol voulait l’envoyer à la casse (ce qui n’est pas faux), perspective de carrière qui n’enchante absolument pas Mr Robot. Il n’est donc guère étonnant que notre histoire se termine sur le jet d’un bon saut de dés (Kaban étant armé comme un Titan Reaver), mettant notre pauvre réparateur de grille-pain à -23.743 PV. C’est ça aussi que d’être un rétrograde. ♫Is there (artificial) life on Maaaaaaars? ♫Fin spoiler
1 : Voir ‘The Last Church’ dans ‘Tales of Heresy’.
AVIS:
On tient sans doute avec The Kaban Project la nouvelle de la BL qui traite le plus intelligemment du sujet de l’intelligence artificielle, trope central de la science-fiction. Si la GW-Fiction fait généralement l’impasse sur cette question pour des raisons fluffiques1, McNeill réussit à mettre la plume dans la porte de façon assez convaincante à travers la relation ambivalente et interdite entre Ravachol et sa Kaban au fond du jardin temple, ce qui lui permet de poser les questions intéressantes de ce sujet archi classique : fallait-il le faire ? Quelle sera la suite des événements ? Faut-il considérer l’autre comme un égal, un inférieur ou une menace ? Si les réponses apportées ici ne sont pas à mettre au même niveau, tant d’un point de vue intellectuel que stylistique, que celles des maîtres du genre que sont Asimov ou Dick, McNeill ne s’en sort toutefois pas si mal que ça pour une nouvelle de 50 pages devant s’intégrer dans un univers grimdark, avec des combats à gogo, des méchants très méchants, et, surtout, la nécessité de relier le bouzin à ce petit détail de l’histoire qu’on appelle l’Hérésie2. En plus de ça, on a le droit a pas mal de fluff martien, remontant jusqu’aux premiers temps de la colonisation de la planète (ce qui est l’occasion d’un autre clin d’œil aux pères fondateurs, ici Robinson et sa trilogie Mars), et donnant également quelques détails sur les relations, pas forcément très apaisées, entre Pépé et ses mécanos. Il ne s’agit pas de cracher dessus (ça fait rouiller).
D’un autre côté (et comme à chaque fois que je relis du McNeill, j’ai l’impression) je me suis pris à soupirer devant des faiblesses dans la construction et l’intrigue de la nouvelle, que je n’avais pas forcément repérées la première fois. Ainsi, je ne comprends pas/plus pourquoi le projet top secret méga sensible supra hérétique de Chrom et de ses copains a été mis sous le nez d’un adepte de bas niveau spécialisé dans la réparation des Thermomix. C’est quand même courir d’énormes risques pour pas grand-chose. Autre grief, la facilité un peu stupide de certaines péripéties, comme l’assassin qui s’en va torturer un prêtre juste pour le fun (de son propre aveu), alors qu’elle a une cible prioritaire à neutraliser de tout urgence. Cela permet certes de montrer à quel point cette époque est cruelle, mais ça reste tout de même assez concon dès lors qu’on réfléchit deux minutes.
Cela étant dit, The Kaban Project reste une soumission des plus intéressantes, à la fois pour la littérature hérétique/40K, et pour Graham McNeill, dont l’une des forces par rapport à certains de ses petits copains d’écritoire est de ne pas hésiter à tenter des trucs, et à envoyer des clins d’œil (à d’autres que lui, s’entend) au corpus SF dont la BL est plus ou moins lointainement apparentée.
1 : « L’IA, c’est mal. Moi Président, je l’interdirai. » Pépé, après avoir vu Terminator en M2.
2 : Jusqu’à quel point, je ne saurai le dire. Je n’ai rien vu passer jusqu’ici qui remettait au goût du jour Kaban ou ses descendants dans la série, mais je n’ai pas tout lu.
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Raven’s Flight // Le Vol du Corbeau – G. Thorpe :
INTRIGUE:
Perturbé depuis une semaine par des rêves de corbeaux enflammés, le Praefactor Marcus Valerius de l’Armée Impériale tente d’interpréter comme il peut ces visions inquiétantes. Malheureusement, les indices sont ténus. Nous savons seulement que lui et son régiment ont été affectés au service de la Raven (ça veut dire corbeau) Guard et postés sur Deliverance, la lune natale de Corvus (ça veut dire corbeau) Corax (çA VeUt DiRe CoRbEaU), qui, selon toute logique, est arrivé avec le gros de sa Légion dans le système d’Isstvan pour punir la trahison du Maître de Guerre depuis une semaine. Ah, et le même Corax a dit à Marcus avant de partir faire son devoir que, je cite, « s’il avait besoin de lui, il l’appellerait ». Ah là là, cette énigme est vraiment trop complexe.
Convaincu par un échange avec son page Pelon pendant sa cérémonie d’habillage et de nattage (parce que notre empoté de héros ne sait pas faire ça tout seul apparemment) d’aller porter sa sinistre suspicion au Commandant Branne, que Corax a laissé en concierge de Deliverance avec quelques centaines de Marines pendant son absence, Marcus monte jusqu’au bureau de ce dernier, qui le reçoit très simplement en pantoufles et poncho1 beaucoup trop petit, qu’il a dû piquer à un aspirant pas encore changé en armoire à glace. Bref, la discipline a pris un coup dans le bec depuis le départ du patron sur Isstvan. Après un début de conversation un peu malaisant2, Marcus finit par cracher le morceau à son interlocuteur : il pense que quelque chose s’est mal passé lors de l’interpellation d’Horus, et il demande qu’on l’autorise à se rendre sur place pour en avoir le cœur net. Branne, qui a reçu des ordres stricts de la part du Primarque, refuse tout net de laisser de simples humains aller mettre leur nez dans une affaire ne regardant que les Astartes, et nous en restons donc là pour le moment.
Sur Isstvan V, pendant ce temps là, la situation est légèrement désespérée pour Corax et ses corbeaux. La Raven Guard est tombée dans le piège du Maître de Guerre et de ses alliés, et le Primarque emo (et pas émeu) a été contraint de donner l’ordre de la retraite générale, laissant les Salamanders et les Iron Hands mourir avec honneur dans leur coin. Ayant réussi à regrouper 4.000 Marines autour de lui, et sans possibilité de quitter la planète ni d’alerter le reste de l’Imperium de la traîtrise à l’œuvre, Corax se résout à tuer le temps en faisant ce qu’il sait faire de mieux : des embuscades. Ce sont les Iron Warriors qui goûtent les premiers à la colère du corbeau, une de leurs colonnes blindées étant assaillie par les survivants de la XIXème Légion. On voit alors le Primarque à turbines au turbin, ses capacités sur-surhumaines lui permettant sans mal d’enfoncer un flanc des renégats à lui tout seul, bien aidé par sa résistance impressionnante (encaisser un tir direct de canon laser : ✓ ; encaisser les tirs de bolters de 80 Iron Warriors : ✓) et son grand fouet énergétique (qui, si on y réfléchit, est tout de même l’arme la moins pratique du monde pour un type spécialisé dans les assauts aériens furtifs).
Heureusement d’ailleurs, car en termes de leadership, Coco est une vraie bouse, ou fiente. Du style à dire à ses hommes sans sourciller que sa garde personnelle ne sert à rien (super pour le moral), ou encore à mentir à ses Capitaines sur la teneur de ses plans. Ah, et il lui prend aussi de partir en vadrouille solitaire pendant plusieurs jours, laissant les rescapés se débrouiller tout seuls en son absence. La raison de ces excursions secrètes ? Aller prendre des renseignements dans le camp adverse, qu’il peut pénétrer sans problème grâce à son super pouvoir d’invisibilité suggérée. En gros, s’il pense très fort qu’il est invisible, il le devient. Pourquoi ça me rappelle quelque chose… Ce qui est très pratique pour éviter de se faire accoster dans la rue par des militants d’Amnesty International, ou, dans le cas qui nous intéresse, d’aller verser une petite larme sur l’honneur souillé des Spess Mehreens (les dizaines de milliers de morts dans sa Légion, par contre, ça lui en touche une sans lui faire bouger l’autre3). Et le lecteur a le droit à un petit bout de fluff avec de l’Empereur dedans, donc on va laisser passer cette escapade.
Retour sur Deliverance, où la situation n’a pas progressé d’un iota. Marcus a toujours ses terreurs nocturnes, Branne refuse toujours de le laisser partir, et commence même à penser que la bougeotte du Praefactor est motivée par des sentiments séditieux. Qu’à cela ne tienne, Marcus rassemble son régiment, le fait embarquer dans ses vaisseaux, et se prépare à voguer vers Isstvan, sans la permission de Branne si besoin est. Sauf que ce dernier a en sa possession un petit gadget très rigolo appelé station de défense orbitale, et qu’il peut réduire les déserteurs en confetti en appuyant sur un bouton. Ce qu’il compte bien faire lorsqu’il est averti que la manœuvre pas si furtive que ça de Valerius. S’engage alors un dialogue absolument puéril, à base de « Ce que je m’apprête à faire, c’est de ta faute. » « Non, c’est toi. » « Chips. » « Contre-chips. », entrecoupé par de nouveaux arguments fallacieux de Marcus « Et si j’avais raison et que tu avais tort ?» Valerius, qui ne convainquent pas vraiment Branne. Pas que ce dernier soit capable de mettre le doigt sur les nombreuses faiblesses du raisonnement de son vis-à-vis, hein, mais plutôt qu’il tienne à suivre les ordres, et ne veuille pas avoir l’air d’un pigeon auprès de son Primarque (qu’il idolâtre tellement que sa chambre est recouverte de ses posters) si les rêves du Praefactor devaient s’avérer bidon. Alors que la tension est à son comble et que Branne se prépare à anéantir les contrevenants au couvre-feu, nous retournons sur Isstvan V. MAIS QUEL SUSPENSE MES PETITS AMIS !!!
Presque 100 jours se sont écoulés depuis le massacre du parking du Super U, comme l’histoire retiendra cet événement fondateur. Malgré tous ses efforts de subterfuge, fausses adresses et non réponse au téléphone, Corax se retrouve bel et bien coincé dans les plaines de Ghular par ces gueulards de World Eaters, menés par Angron en personne. Tout à fait convaincu qu’il va se faire démembrer vif par son psychopathe de frère, le Seigneur Corbeau harangue une dernière fois ses troupes en l’espace d’une seconde et demie, et attend tout bêtement de se faire cueillir par la patrouille. Prenant exemple sur leur père génétique, les quelques 3.000 Raven Guards survivants se pressent en rangs d’oignons à ses côtés, et se font donc pulvériser en grand nombre par les tirs de Whirlwinds ennemis. C’est pas comme si vous étiez sur une plaine qui s’étendait sur des centaines de kilomètres carrés, les oisillons. Est-ce la fin des harricorbeaux ? NON ! Car, semblant crever le ciel et venant de nulle part, surgit un Stormbird noir. C’est bien sûr la flotte de secours de Branne et Valerius qui est enfin arrivée, permettant aux derniers des pélicans de prendre leur envol, au nez et à la barbe d’Angron. EH BAH DIS DONC, JE NE L’AVAIS PAS VU VENIR CELLE-LA. Voilà donc comment la Raven Guard a réussi à se dépêtrer des filets d’Horus, et à quitter Isstvan V en un seul, mais tout petit, morceau. La suite dans Deliverance Lost…
1 : En vrai, c’est un tabard, mais encore plus en vrai, c’est la même chose.
2 : « Comment allez-vous, cher Commandant Branne ? »
« C’est dans cette pièce que j’ai tué mon premier homme. J’étais tout jeune à l’époque. Corax était là, et je me souviens l’avoir vu arracher le cœur d’un garde de sa poitrine, et écraser le crâne d’un autre à main nue. »
« … »
« Je dois avouer que je m’ennuie un peu ces temps-ci. »
3 : De rémiges, hein. Evidemment.
AVIS:
Signant à la fois l’entrée de Gav Thorpe dans l’Hérésie d’Horus et le début de son cycle consacré à la Raven Guard, Raven’s Flight se situe dans la droite ligne des travaux de notre homme : globalement passable, mais parsemé d’éléments et de détails variant du peu abouti au franchement risible. Ici, c’est la partie consacrée aux divagations de Valerius et de Branne qui récolte le gros lot en matière de crispation, tant les échanges entre le Praefactor devin et le pragmatique Commandant laissent à désirer. On se croirait plongé dans un mauvais film catastrophe, avec Valoche dans le rôle du scientifique qui joue la Cassandre de service, et Branne dans celui du Président/PDG qui ne veut pas entendre les avertissements du trublion avant qu’il ne soit (presque) trop tard. Le pire dans tout ça, c’est que Thorpe n’explique même pas de façon convaincante comment le premier a fini par convaincre le second de la validité de ses idées. Alors que, au hasard, une petite vision reçue par Branne également aurait permis de plier l’affaire de manière facile et adéquate. Au lieu de ça, on doit se contenter de penser que l’inflexible Space Marine a fini par avoir un gros doute, et qu’il a donc désobéi à ses ordres sur ce seul motif. Bref, c’est décevant.
D’un autre côté, les passages sur Isstvan V, s’ils ne sont pas exempts de toute critique, sont bien plus intéressants. Au-delà des exploits martiaux d’un Corax increvable, c’est la caractérisation de ce Primarque discret qui fait tout le sel de ces parties, Thorpe ayant choisi, et c’est une bonne chose, de ne pas peindre un personnage sans failles, un simple super Space Marine engagé dans une bataille inégale contre les vilains traîtres d’en face. Au contraire, Corax apparaît comme asocial, distant, pessimiste, et parfois méprisant envers ses hommes, ce qui lui forge une personnalité plus mémorable que celle dont bénéficie certains Primarques loyalistes sans le moindre défaut. Le discret caméo de l’Empereur (et ses yeux bleus, information capitale) en milieu de nouvelle est également une addition bienvenue, tant au niveau du fluff que du service des fanboys. Au final, si on peut très bien se passer de la lecture de ce Raven’s Flight (et de toute la littérature touchant à la Raven Guard et aux Légions Brisées, si je force un peu le trait) dans la prise en compte de l’Hérésie au sens large, il s’agit néanmoins d’un texte potable, et qui fait figure d’introduction utile aux éléments de Deliverance Lost.
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Death of a Silversmith // Mort d’un Orfèvre – G. McNeill :
INTRIGUE:
Dans ses quartiers du Vengeful Spirit, un vieux Commémorateur, spécialisé en orfèvrerie, se débat futilement contre la mort qui approche. Sa trachée a en effet été écrasée par un de ses clients quelques minutes auparavant, pas parce que ce dernier était mécontent de son travail, mais plutôt parce qu’il ne souhaitait pas laisser de témoins de sa commande (on suppose qu’il a pris les tickets de caisse avec lui également). Avant d’apprendre le pourquoi du comment de cette tragique histoire, notre héros agonisant passe en revue les étapes les plus marquantes de sa longue vie, qui l’ont mené depuis le sol de Terra jusqu’à la moquette du Vengeful Spirit.
Destiné depuis son plus jeune âge aux travaux manuels, dans la droite ligne de son grand-père, également orfèvre, notre homme (que nous appellerons Bobby, parce que pourquoi pas) a eu la chance de commencer sa carrière à la fin des guerres d’Unification, et dans une région du monde déjà sous la coupe de Pépé, ce qui lui a permis d’éviter de se manger une botte de Guerrier Tonnerre dans le ventre, ou de voir sa cité rasée jusqu’aux fondations par les armées conquérantes de l’Empereur, ce qui est un plus pour assurer une continuité de l’activité professionnelle. Son talent lui permit en outre de travailler pour les grands de ce monde, confectionnant d’exquis bijoux, gardes d’épée, stylos, ou encore reliquaires, comme celui réalisé pour un Général ayant été récompensé de ses loyaux services par un bout de bannière Iron Hands, remise par le Primarque1 en personne, qui n’avait plus de cash sur lui à ce moment là.
De fil en aiguille, et sa réputation ne cessant de croître, Bobby fut approché par un vieux monsieur à l’épaisse crinière blanche, qui souhaitait le recruter pour son projet d’artistes couvrant la future Grande Croisade de l’Empereur. Après avoir poliment décliné l’offre du noble vieillard, qui lui remit malgré tout une enveloppe avant de partir, Bobby finit par accepter l’offre de Malcador (car c’était lui), sans doute convaincu par les menaces de mort et les dessins suggestifs que contenaient le pli. Il faut ce qu’il faut. Bref, voici notre orfèvre en route pour le Palais Impérial, et de là, pour le Vengeful Spirit d’Horus2 et des Luna Wolves. Le début de deux siècles de péripéties galactiques, de rencontres marquantes (coucou Ignace Karkasy) et de réalisations grandioses, dont certaines commandées par d’illustres clients. Ce fut le cas d’Hastur Sejanus, qui tenait à faire réaliser des chevalières pour les membres du Mournival, mais qui oublia d’aller chercher les bagouzes une fois ces dernières confectionnées. L’ultime réalisation de Bobby fut cependant réalisée pour un Légionnaire patibulaire, qui souhaitait obtenir un moule pour tirer des médailles représentant un loup et une lune. Travail facile pour notre héros, qui plia l’affaire en deux-deux, et se retrouva pris au dépourvu lorsque son client lui broya le larynx en guise de paiement, le laissant suffoquer sur le sol comme un poisson hors de l’eau, justifiant son acte par un cryptique « J’peux pas dire » à l’oreille de sa victime, avant de repartir.
Même si Bobby finit par être secouru par Sejanus, qui dans son empressement écrasera par mégarde l’anneau réalisé pour lui par ce dernier sous sa semelle énergétique – présageant le triste destin de ce membre du Mournival – il est trop tard pour le vieil orfèvre, qui n’aura que le temps de souffler la réplique assassine de Serghar Targost (car c’était lui) à son sauveteur. Mais que fait la Miviludes ?
1 : Ce qui voudrait dire que Ferrus Manus a combattu pendant les guerres d’Unification… ou que McNeill a sauté depuis le haut de la troisième corde sur le fluff de la Grande Croisade. Au choix.
2 : Ce qui voudrait dire qu’Horus avait déjà rejoint son Père avant le début de la Grande Croisade… ou que McNeill… (voir ci-dessus).
AVIS:
Petite nouvelle d’ambiance, sans aucune conséquence sur l’histoire avec un grand H de l’Hérésie, mais apportant une nouvelle perspective sur quelques uns des personnages et événements clés du début de cette dernière, Death of a Silversmith1 est à réserver aux inconditionnels de McNeill, qui trouve encore le moyen de se balancer un petit clin d’œil (mention de la dernière église de Terra, au-delà du « pont argenté », que l’Empereur a faite détruire…) mais surtout celui de massacrer le fluff en convoquant des Primarques dans son récit de façon totalement anachronique. Et on ne peut même pas l’excuser en mettant en avant la date d’écriture de cette nouvelle, car cette dernière date du début des années 2010, époque à laquelle l’Hérésie comptait déjà une bonne dizaine d’ouvrages, dont plusieurs écrits de la main du Mac. Ce gros et indigne fail est un peu rattrapé par le suspens que l’auteur laisse planer sur l’identité du tueur, que de petits indices permettront toutefois au lecteur attentif d’identifier sans trop de difficultés. On apprend également que les Loges n’étaient pas à la fête même avant Davin, ou en tout cas tenaient plus à leur confidentialité qu’à la vie d’un pauvre civil innocent. Pas de quoi réécrire l’histoire de l’Hérésie, mais intéressant tout de même.
1 : Je me demande encore aujourd’hui si ce titre est un hommage aux Kinks ou aux Smiths.
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Prince of Crows // Le Prince des Corbeaux – A. Dembski-Bowden :
INTRIGUE:
Coup de théâtre à Thramas ! Après des mois à s’échanger des insultes sur le Discord primarquiel (qui mérite donc bien son nom), Lion El’Jonson et Konrad Curze en viennent (à nouveau, remember ‘Savage Weapons’) aux mains. Et, cette fois-ci, ce duel se termine de façon sans équivoque par une victoire de Simba, qui égorge, étripe, empale, épile (à sec) et ébouriffe son frangin jusqu’à ce que l’ultime PV de ce dernier commence à choper un rhume. Après un moment de grâce tragique pendant lequel le temps suspend son vol, et à peine gâché par le refus du Nighthaunter de se mettre en PLS malgré les injonctions de son frère1, le seigneur de la nuit (pas Michou hein) s’écroule finalement au sol dans un « Gasp ! By jove ! Par Toutatis ! Mama mia ! Ventre saint gris ! Je suis mouru ! » lourd de conséquence. Un petit selfie duckface avec le presque cadavre, et Lionel décale, convaincu d’avoir enfin vaincu cet ennemi tenace.
Notre histoire passe ensuite dans une pièce enténébrée de l’Excoriator, vaisseau Night Lords où se trouve le salon d’esthétique de Curze. À l’intérieur, trois mystérieux individus discutent de sujets graves. Il s’agit des survivants du Kyroptera, le Mournival de la 8ème Légion, qui se réunit traditionnellement dans l’obscurité2, et qui doivent désormais décider du devenir de cette dernière. Si Kurze a été récupéré en plus ou moins un seul morceau de la surface de Shoel, son état est en effet désespéré, et ses forces ont subi une correction mémorable de la part des Anges. Pour l’heure, la seule option qui reste aux survivants est de se replier dans les ténèbres pour panser leurs plaies, avant de pouvoir songer à revenir stalker les loyalistes. Ces sombres – à tout point de vue – conciliabules sont toutefois interrompus par l’arrivée inespérée d’un autre membre du club, le Premier Capitaine Sevatar, mis en retard par son action d’arrière-garde ayant permis à d’autres rescapés de s’enfuir du champ de bataille. Un vrai héros, lui. Comme à son habitude, Jago ne mâche pas ses mots, et annonce tout net la couleur à ses collègues du Comex : il est hors de question qu’il laisse la Légion guéguerroyer plus longtemps contre les lionceaux, et qu’importe ce qu’en dit l’honneur. Ne trouvant pas d’oreille attentive ni d’épaule amicale vers lesquelles se tourner, il s’en va en grommelant, non sans avoir balancé sa célèbre lance sur la table de la réunion, ce qui surprend un peu le Capitaine Var Jahan. Il sait en effet que cette arme contient une balise de téléportation dans son manche, et… feinte du Père Lafeinte ! Une escouade de Terminators de l’Atramentar arrive sans crier gare, et flingue sans ménagement les pauvres Malithos et Cel Herec. Var Jahan, qui était champion de 50 mètres dans son ancienne vie, parvient à sortir de la salle, et est épargné par un Sevatar magnanime, mais bien décidé à reprendre en main la Légion. Il s’octroie donc les pleins pouvoirs, et nomme son propre Kyroptera parmi ses « potes » Légionnaires, incluant même un Raven Guard renégat et aphone dans l’auguste assemblée. Voilà une politique diversité dont bien des Conseils d’Administration du CAC 40.000 devraient s’inspirer.
Nous suivons pendant quelques jours la nouvelle vie de Sevatar, rythmée par des visites régulières à l’infirmerie où Curze passe son temps à rebooter ses systèmes, au grand désarroi des Apothicaires de garde, des discussions stratégiques avec ses pairs quant au futur des Night Lords, que le Premier Capitaine voudrait fortement décentraliser, et des prises de bec avec Ekra Trez, le Mange-Pêché personnel du Nighthaunter3, qui, de son aveu même, n’a pas super bien fait son travail récemment. À la fois confident, thérapeute et Xanax humain du Primarque, Trez a pour fonction de vider la tête de Curze de ses idées et rêves les plus noirs, ce qui lui avait permis de fonctionner plus ou moins normalement jusque là. Les derniers temps ont toutefois été difficiles, comme en témoignent les monceaux de cadavres défigurés et démembrés qui jonchent les quartiers privés de Konrad, ce qui n’empêche pas Sevatar de les squatter pour organiser ses petites réunions de direction. On apprend à cette occasion que le nouvel surhomme fort de la Légion souffre d’une affliction secrète, contre laquelle il lutte en s’empêchant de dormir. Et ce n’est pas l’énurésie. Et, bien qu’il trouve la tendance de Trez à l’appeler par son petit nom au lieu de lui donner du Premier Capitaine, comme le voudrait le protocole, totalement crispante, il épargne toutefois l’agaçant psyker pour tenter une expérience visant à tirer Kurze de sa cadavérique catalepsie. Il lui faudra pour cela « ouvrir des portes qu’il ne pourra plus refermer »…
Début spoiler…Car Sev’ est un psyker qui ne s’assume pas, mais qui accepte de sortir son potentiel du placard dans lequel il l’avait relégué pour entrer en contact avec l’esprit de son père. Cette plongée dans les abysses lui permet ainsi de revivre l’enfance pour le moins difficile du petit Konrad, alternant entre lectures de Kant, Hobbes et Machiavel et séances de torture, meurtre et cannibalisme. La projection s’arrête au moment où le Batman de Nostramo reçoit la visite de Pépé et de quatre de ses frères, et où il s’aperçoit de la présence d’un voyeur dans ses souvenirs. Ayant menacé Sevatar de lui révéler sa destinée, ce que le Capitaine souhaiterait éviter, si possible, et taillé le bout de gras avec son fils préféré, ou en tout cas, le moins détesté, à propos de la déchéance de sa Légion, Curze éjecte l’apprenti sorcier de sa psyché au moment même où sonne l’alerte générale. Les Dark Angels ont retrouvé la trace de leurs cousins, et ils ne sont (toujours) pas contents.
Les Night Lords n’étant pas vraiment en position de livrer la belle (de nuit) en l’état, Sevatar ordonne la dispersion générale de la Légion, dont le destin sera de ne plus jamais se rassembler. Pendant que ses frères partent faire des bêtises dans le Warp, notre héros rassemble cinquante vaisseaux autour du Nightfall et fonce sur l’ennemi pour gagner du temps. Son but est de transpercer la flotte adverse pour pouvoir s’éclipser à son tour pendant que les Dark Angels feront une marche arrière… et cela fonctionne presque. Un grain de sable aux cheveux gras et aux dents effilées du nom de Konrad Curze, enfin réveillé, décide en effet de venir se glisser dans les rouages de ce plan bien huilé, forçant son vaisseau à se diriger droit sur l’Invicible Reason pour un safari suicidaire. Ne pouvant pas laisser son père se faire tuer sans réagir, Sevatar n’a d’autre choix que d’ordonner à l’Atramentar de se téléporter sur le vaisseau amiral des Dark Angels, pendant que lui se retrouve à faire du stop pour se rendre sur place. La lose. Heureusement, il peut compter sur le soutien sans faille de la chef d’escadron Taye Karenna, possible cousine éloignée du héros, qui l’autorise à enfourcher son starfighter pour une traversée mouvementée jusqu’au pont d’atterrissage des loyalistes. Une fois sur place, et après avoir nettoyé le vomi dans son casque, le Prince des Corbeaux4 trace une route sanglante dans les coursives du vaisseau ennemi, et parvient enfin à rejoindre ses hommes et son Primarque, engagés dans un dernier carré furieux au milieu de la salle de collection de bigoudis du Lion.
Ce combat inégal et peu réfléchi ne pouvant se terminer que d’une seule façon, Sevatar se retrouve finalement au trou, en compagnie des quelques survivants Night Lords de l’échauffourée. Seule consolation pour les renégats, Curze a réussi à disparaître dans les profondeurs de l’Invicible Reason en utilisant ses super pouvoirs de lâche. C’est déjà ça. La situation reste tout de même compliquée et précaire pour Sevatar et ses ouailles, mais comme le dit la chanson : « ♫ Noir c’est noir, il me reste l’espoir… ♫ »Fin spoiler
1 : C’est assez drôle en fait. Même si j’en doute, je pense que la VF aurait dû traduire ça par « Tombe. Tombeuuuuh ! »
2 : Cela remonte à l’époque héroïque où les premiers Night Lords avaient oublié de payer leur facture d’électricité au Mechanicum. Une tradition fondatrice.
3 : Là aussi, c’est plutôt comique.
4 : Un titre dont il a hérité du fait de son attachement pour ces oiseaux, qu’il nourrissait du temps de sa jeunesse sur Nostramo avec des petits bouts de p…équenauds. Le pain blanc est très mauvais pour eux, c’est bien connu.
AVIS:
Poursuivant sur sa lancée nocturne, Aaron Dembski-Bowden met sa plume au service d’une Légion délaissée de l’Hérésie, et livre un tableau sans concession des Night Lords à la fin de la Croisade de Thramas. Pour le dire simplement, tout dans de Prince of Crows est plus abouti, plus fouillé et plus passionnant que l’amuse-bouche que constituait Savage Weapons (et qui était déjà très bien, c’est dire le niveau). En plongeant dans les arcanes de cette Légion semblable à nulle autre et mettant sur le devant de la scène les personnages tragi-comiques – dans le sens littéral du terme – de Sevatar et Konrad Curze, ADB joue habilement des sentiments du lecteur envers ces antihéros absolus, qui, malgré leurs tendances au meurtre, à la torture et à la tromperie, restent toutefois très attachants. Ceci est particulièrement vrai du Premier Capitaine Night Lords, aussi bien capable de faire assassiner de sang froid ses rivaux pour une simple divergence de point de vue, ou de tuer des enfants pour en nourrir ses corbeaux de compagnie ; que de rester en arrière-garde pour permettre à ses frères de s’enfuir, ou à risquer sa vie pour secourir son Primarque. Si on ajoute à cela son sens de la répartie et son goût pour les blagues absurdes, on tient sans doute l’un des Space Marines les plus intéressants de la GW-Fiction, loin devant les fades paladins loyalistes clonés en masse par la BL. De son côté, Kurze est dépeint en monstre sensible, dont les motivations honorables ont été perverties par l’environnement impitoyable dans lequel il a grandi. En ceci, le Nighthaunter est peut-être l’incarnation parfaite du futur Imperium de son Père : un cauchemar sanguinaire où la fin justifie toujours les moyens. Dernier personnage d’importance, la pilote Taye Karenna (et ses copains voilés) apporte un éclairage bienvenu sur l’organisation de la Légion, qui malgré sa réputation effroyable et ses crimes atroces, peut compter sur le support d’une foule de serviteurs et suivants humains. Si ADB ne prend pas ici le temps d’explorer en détails ce paradoxe, il donne envie d’en apprendre plus sur la mentalité et les motivations du personnel non Astartes des Night Lords, qui devrait avoir toutes les raisons du monde de la galaxie pour déserter, et ne l’a pourtant pas fait.
Si Prince of Crows brille grâce à ses personnages complexes et fascinants, cette novella vaut aussi le détour en matière de fluff. Écrite pour réaliser la jonction entre la fin de la Croisade de Thramas et l’arc de l’Imperium Secondus, elle se paie également le luxe de poser les bases de l’organisation (ou plutôt, la non-organisation) des Night Lords au cours des millénaires suivants, et, surtout, donne un aperçu passionnant de la terrible enfance de Konrad Curze sur Nostramo, des méthodes qu’il a utilisées pour faire revenir l’ordre sur sa planète, et sa rencontre fatidique avec l’Empereur et ses frères. En quelques dizaines de pages, Dembski-Bowden brosse un portrait fouillé et nuancé du Primarque justicier, être perverti et torturé… mais qui bénéficie de circonstances atténuantes. Un des aspects les plus intéressants de ce flashback fondateur, qui aurait eu sa place dans un roman Primarques, est à mes yeux la discussion entre Sevatar et son père génétique à propos de la déchéance des Night Lords, qui ne serait que le miroir de celle de son commandant. Cette relation d’amour-haine entre Primarque et légionnaires est caractéristique de l’approche d’ADB des Légions qu’il aborde dans ses écrits (cf le dialogue entre Khârn et Argel Tal dans Betrayer), et lui permet de donner une profondeur supplémentaire à des factions que d’autres auteurs présentent comme de simples vilains en armure énergétique.
Derniers aspects positifs à mettre en avant, la construction et le rythme de l’histoire donnent vraiment envie de savoir comment cette dernière se poursuit et se termine, faisant d’ADB un publicitaire de talent pour les travaux de ses petits camarades. Si Abnett n’avait sans doute pas besoin de ce coup de pouce pour son The Unrembered Empire (bien qu’il ne s’agisse pas de son meilleur bouquin, si on en croit les retours), Haley (Pharos), Thorpe (Angels of Caliban) et Annandale (Ruinstorm) peuvent remercie leur petit camarade pour ce relais efficace, qui a je pense dû les aider à vendre quelques copies de leurs bouquins. Bref, une des meilleures novellas de l’Hérésie, qui peut justifier à elle seule l’achat de toute anthologie dans laquelle elle figure. C’est dit.
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Et c’est ainsi que se termine cette revue de ‘Shadows of Treachery’, recueil faisant figure de conclusion du premier segment de l’Hérésie, d’après le postface de Laurie Goulding. Ce dernier permet de mieux comprendre la genèse particulière de cet ouvrage composite, dont la raison d’être principal fut de servir d’écrin aux deux novellas nécessaires à la bonne progression de la série. Si ces dernières valent tout à fait le déplacement (ou l’achat) et la lecture, avec une mention spéciale à ‘Prince of Crows’, le reste des soumissions s’avère être plus inégal, et assez anachronique par rapport au déroulé de l’Hérésie au moment de la sortie de ce tome #22. Nous sommes en effet après la bataille de Calth et la campagne de Signus Prime, et juste avant le lancement de la Croisade des Ombres (Betrayer) et l’apothéose de Fulgrim (‘Angel Exterminatus’). Partant, ‘The Dark King’, ‘The Lightning Tower’, ‘The Kaban Project’ et ‘Death of a Silversmith’ apparaissent déjà comme des reliques d’un passé lointain (comme ‘Deliverance Lost’ est sortie la même année que ce recueil, on peut à l’inverse considérer que l’inclusion de ‘Raven’s Flight’ est pertinente). Cela fait de ‘Shadows of Treachery’ une anthologie un peu particulière, et destinée en premier lieu aux lecteurs déjà familiers et intéressés par les arcs narratifs Iron Warriors/Imperial Fists et Night Lords/Dark Angels, et/ou les amateurs de courts formats hérétiques, qui seront enchantés par la présence de quelques nouvelles de très bonnes factures au sommaire de ce bouquin.
Rendez-vous prochainement, loyaux ou hérétiques lecteurs, pour l’analyse de ‘The Primarchs’, regroupement de quatre novellas consacrées à… (je vous laisse deviner), et précurseur probable de la série parallèle (presque) du même nom.
MARK OF CALTH [HH]
Bonjour et bienvenue dans cette critique de l’anthologie Mark of Calth, ou La Marque de Calth en français, car l’objet du délit eu la chance d’être traduit peu après sa sortie initiale en 2013. Après m’être mis à l’ouvrage avec Tales of Heresy, le choix d’aborder le cinquième recueil de la série s’est davantage révélé être une conséquence purement pratique qu’une décision mûrement réfléchie. Tel Roboute Guilliman, dérivant dans l’espace après avoir reçu un colis piégé de la part de son fourbe de frère, il m’a fallu faire avec ce que j’avais sous la main. Ayant lu ‘Know No Fear’ // ‘La Bataille de Calth’ de Dan Abnett il y a quelques mois (le bouquin où il est entre autres expliqué ce qu’est la Marque de Calth1), j’étais de plus relativement confiant en ma capacité de raccrocher les wagons avec les événements et personnages couverts dans les tomes précédents de l’Hérésie. Cela allait être aussi facile que repousser la Croisade des Ombres, j’en étais certain…
Constitué de huit nouvelles signées d’auteurs bien connus de la Black Library, mais dont certains (Guy Halley, David Annandale, John French) ont fait leurs débuts, ou pas loin, dans la série avec cette publication, Mark of Calth est sans doute l’anthologie la plus thématique de l’Hérésie, puisqu’elle se concentre sur le déroulé et les à-côtés de la bataille du même nom. On a même droit à une série d’interludes reliant une nouvelle à l’autre, donnant à l’ouvrage une impression d’unité que l’on ne retrouve nulle part (à ma connaissance) dans les autres regroupements de courts formats de la série… et qu’il me fallait évidemment parodier sans vergogne. Au programme, le récit des batailles opposant les Ultramarines et les Word Bearers, bien sûr, mais également une approche plus large de ce conflit majeur qu’a été la guerre souterraine, avec le brave Abnett profitant de l’exercice pour faire avancer son histoire de Pious Ollanius, le perpétuel intermittent (how ironic) de la saga. Sans plus attendre, partons à la découverte de cette autrefois pittoresque planète d’Ultramar, transformée en No Go Zone par ces voyous de Word Bearers. À votre marque, prêts…
1 : Deux sens possibles. Soit cela correspond au repère temporel marquant le début de l’attaque sur Calth par les Word Bearers, soit il est fait mention du discret bronzage que les vétérans de ce conflit arboreront avec fierté jusqu’à leur mort, sans doute causée par l’exposition radioactive responsable dudit bronzage. À ne pas confondre avec le Marc de Calth, qui était maître nageur à la piscine municipale de Numinius au moment des faits.
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Interlude #1 :
– Bonjour à tous chers auditeurs d’Ultradio – ♫Ultraaaaa-diooooo♫ –, la radio #1 dans les 500 mondes ! Ce matin, j’ai la chance d’être en compagnie de l’auteur à succès Guilliman Musso, qui vient nous parler de son prochain livre, ‘In Plenitudine Temporis’. Succès populaire en vue pour Guilliman, comme à chaque fois que vous prenez la plume j’ai envie de dire ! Merci de nous accorder quelques minutes dans votre emploi du temps très chargé. En quelques mots pour nos auditeurs, de quoi va parler ce nouveau livre ?
– Merci de m’avoir invité Marius. C’est toujours un plaisir pour les auditeurs de m’écouter. ‘In Plenitudine Temporis’ est un livre coup de poing, dont l’idée m’est venue lorsque je dérivais dans l’espace, au début de la bataille de Calth. Je me suis dit « Gui, ce serait un super sujet pour un petit essai de trois mille pages ». Le but était d’expliquer comment j’allais m’y prendre pour expliquer la rébellion d’Horus. C’est donc le début d’une série, que j’espère avoir fini dans les quelques siècles à venir.
– On vous le souhaite en tout cas, cher Guilliman Musso. Et vous pouvez compter sur nous pour suivre avec intérêt vos prochaines publications. Avant d’enchaîner avec vos cinquante minutes de lecture de ‘Towards a Union of Theory and Praxis’ par Roboute Guilliman en personne, je rappelle que sort ce mercredi ‘In Plenitudine Temporis’ dans toutes les bonnes libraires du Segmentum, aux éditions Guillimard !
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The Shards of Erebus // Les Fragments d’Erebus – G. Haley :
INTRIGUE:
Les romans de l’Hérésie d’Horus ont beau relater avec de nombreux détails les événements capitaux de cette période charnière de l’Imperium, le lecteur peut toutefois se retrouver avec des zones d’ombre persistantes quant aux faits et gestes de ses personnages favoris. Prenez Erebus par exemple : quand il ne chante pas des berceuses à Lorgar avec sa voix de fausset, ou ne complote pas pour insérer des objets pointus et souillé dans le Maître de Guerre, que fait donc le Premier Chapelain Word Bearers de ses journées ? En voilà une question qu’elle est bonne. Heureusement, les nouvelles permettent d’y répondre, et c’est donc dans les quartiers privés d’Abribus dans le Destiny’s Hand que notre histoire commence. Nous y retrouvons notre garnement en train d’organiser un rituel un peu spécial en compagnie de quelques collègues et d’une bande de prêtres groupies. Au centre de toutes les attentions, et bientôt de l’enclume consacrée qu’Erebus a fait installer dans sa chambre, se trouve l’Anathamé volé à l’Interex, et utilisé par notre anti héros pour poker Horus sur Isstvan. Croyez le ou non, mais notre spirituel Word Bearer a décidé de se mettre à la métallurgie1 païenne, et parvient, à grands renforts d’outils maudits et de sacrifices humains, à détacher huit fragments de la lame démoniaque, qu’il confie à son chef Warpsmith pour qu’il fasse pousser de nouvelles armes depuis ces boutures. Après tout dans le Warp, tout est possible. Une fois les couteaux rituels réalisés, il parvient par un habile tour de passe passe à les déposer incognito dans les quartiers de leurs destinataires, qui se trouvent être d’éminents membres de la Légion impliqués dans le plan de Lorgar d’attaquer Calth dans quelques semaines. Malgré le petit mot gentil attaché à chaque poignée, les cadeaux ne sont toutefois pas bien reçus par la plupart de leurs cibles. Après tout, ne dit-on pas que les couteaux coupent l’amitié, déjà bien rare parmi les gros bonnets du XVIIème ? C’est donc en grommelant que six huiles de la Légion se rendent dans la salle de réunion où Erebus les a convoqués, afin de lui rendre la monnaie de sa pièce.
Auparavant, notre fieffé coquin de Chapelain s’est offert un petit congé totalement sabbatique sur Davin, et est parti sac au dos retrouver sa vieille comparse Akshub, qui l’avait aidé à convertir Horus au Chaos après son tête à tête avec Eugen Temba… et un tout petit peu égorgé au passage, ce dont il lui tient rigueur. Cependant, c’est avec humilité qu’Erebus aborde la vieille chamane, car il a besoin d’elle pour apprendre à utiliser les pouvoirs les plus subtils des athamés qu’il a apporté avec lui. Et pour être subtils, ils sont subtils. Un peu comme le poignard subtil de La Croisée des Mondes, pour les gens culturés parmi vous. Pour les autres, voici ce qu’Ephèbe Russe voudrait apprendre à faire : fendre la « paroi » du Materium pour accéder au Warp, et pouvoir ainsi voyager aussi rapidement et discrètement qu’un message envoyé sur Periscope. Pratique pour aller chercher un colis à la Poste sans devoir poser une demi-journée de RTT. Mais également pour gagner un marathon sans se fouler. Ou encore, pour les plus grands maîtres, prendre des bières dans le frigo de la cuisine sans se lever de son canapé. Pour Erebus, cela permettra de glisser ses cadeaux directement dans les piaules de ses collègues, et montrer ainsi à ces derniers à quel point il est trotro mystérieux et über cool… Mais également à s’éclipser rapidement en cas de pépin pendant l’attaque de Calth. À chacun ses motivations.
Bien qu’Atchoum la chamane ne soit pas franchement emballée par le retour du gros tatoué, elle s’attendait à ce dernier et accepte donc de lui apprendre cet art délicat. Que l’élève moyennement doué Ducobus arrive à maîtriser au 64ème jour (wink wink), après avoir probablement sacrifié l’équivalent de la population de Vesoul dans ses tentatives laborieuses. Qu’importe, une fois qu’il a enfin chopé le pli, il ne se gène pas pour multiplier les sorties scolaires et solaires, allant jusqu’à éteindre son radio réveil dans sa cabine du Destiny’s Hand (merci pour les voisins) alors que le vaisseau naviguait dans le Warp. Ça gère la fougère, comme on dit sur Caliban. Ceci fait, il ne reste plus à notre zéro qu’à trucider consciencieusement sa prof, comme cette dernière s’y attendait (aussi). Elle n’oppose donc aucune résistance à son bourreau, qui réalise toutefois au moment de grignoter le palpitant de sa tutrice qu’Akshub avait reçu la visite d’un être encore plus trotro mystérieux et über cool que lui. Erebus est donc colère. Mais au moins, il a des athamés consacrés et la capacité de les utiliser pour faire des sick tricks. C’est déjà ça.
Ce petit flashback expédié, nous retrouvons la salle de réunion des Word Bearers, où le ton est rapidement monté entre les augustes invités de ce meeting surprise. Après que Kor Phaeron ait bien fait comprendre à tout le monde qu’il était spécial et différent et supérieur2, et déclenché une guéguerre d’égo et de gogos avec le tout aussi antipathique Quor Vondar, Archiviste en chef de la Légion, les Space Marines rassemblés ont la bonne idée de sortir leur engin pour le comparer à celui des copains. Et là, surprise, il y en a des droites, des tordues, des ondulées, et même, dans un cas que nous laisserons anonyme pour ne pas stigmatiser son possesseur, des fourchues. Il faudrait penser à consulter. Sur ces entrefaites, Erebus arrive avec un modeste Sergent, auquel il remet le septième athamé, au grand outrage des autres présents. Il en faut cependant plus pour décontenancer notre Chapelain, qui annonce enfin le sens de ce don si particulier… Ou pas. On devra donc se contenter d’un « la force est puissante avec vous », ou l’équivalent 40K. Le plus important pour Erebus, et pour Haley, est que les couteaux à fromage soient en la possession des bons individus avant que l’attaque sur Calth ne commence. Le reste est entre les mains de la destinée…
1 : Ou plus précisément, au plastique fou, la lame de l’Anathamé n’étant ni en métal, ni en pierre.
2 : J’en suis au point où je ne lis plus Kor Phaeron mais Karen Phaeron. C’est typiquement le gars qui demande à parler au Primarque lorsque la réponse du Capitaine lui déplait.
AVIS:
Exemple typique d’une nouvelle de l’Hérésie ayant « mal vieilli », The Shards of Erebus est handicapé par la présence de personnages de niche dans son casting (les participants de la session tupperware d’Erebus, ce dernier et Kor Phaeron mis à part), et le choix de l’auteur de nous survendre du mystère et du mystique pour au final ne pas nous révéler grand-chose. Conséquence : à moins de connaître sur le bout des doigts le déroulé de la bataille de Calth, pendant laquelle certains des Word Bearers identifiés ici joueront un rôle prépondérant avec leurs rites et leurs couteaux, le lecteur se trouve en face d’une nouvelle certes sympathique, mais assez cryptique en termes de conséquences pour la suite de l’histoire. Le trip chamanique d’Erebus sur Davin, s’il permet d’en finir avec un personnage mineur des premiers temps de l’Hérésie, tient également plus du détail que de la révélation. Rien de rédhibitoire au final, mais la manière dont Haley fait monter la sauce pendant vingt pages pour au final nous planter là (ironique pour une nouvelle consacrée à des couteaux) m’est restée en travers de la gorge, comme le coupe chou d’Akshub pour Erebus. Mettons cette petite déception sur le coup de la « timidité » d’un Haley qui faisait ses débuts dans la série, et voulait sans doute assurer en prenant la suite de l’intrigue d’Abnett dans Know No Fear, et passons à autre chose.
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Interlude #2 :
« …on doit alors se soumettre à l’analyse la plus profonde de l’idiosyncrasie théorique afin de parvenir à un alignement conjoncturel et structurel avec la matérialité pure de la pratique, comme je l’ai déjà souligné dans mon livre ‘De Pluribus Unum’, et-«
-KRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR-
Ceci est un communiqué de la FACHO, la Fraternité Amicale du CHaos Onirique. Rejoignez la lutte, camarades !
♫ Imagine there’s no heaven ♫
♫ Your Emperor is a lie ♫
♫ The Warp below us ♫
♫ You go there when you die ♫
♫ Imagine all the cultists ♫
♫ Becoming deamon hoooosts… Aha…♫
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Calth That Was // La Calth Qui Fut – G. Mcneill :
INTRIGUE:
Ce n’est pas parce que Roboute Guilliman a arraché une égalité aux Word Bearers à la fin de Know No Fear, et décrété qu’il avait mieux à faire que de terminer les dernières poches de résistance à la surface (et en dessous) de la planète dévastée que la guerre pour Calth s’est arrêtée comme par magie. Contrairement au vieil adage terran, le départ des chats-patrons n’est pas synonyme de gigue endiablée pour les souris-sous fifres, et il revient donc à McNeill, Remus Ventanus et Hol Beloth d’apporter une suite à ce qu’Abnett, Guilliman et Kor Phaeron ont commencé. Tout un programme.
Notre histoire reprend donc le fil de l’arc Ultramarin (à défaut d’être ultra-marrant) à la fin du roman susnommé, Ventanus ayant été catapulté par la force des événements commandant en chef du théâtre de Calth. Accompagné d’une pléthore de personnages nommés dans Know No Fear1, dont aucun n’est vraiment indispensable à la compréhension de cette nouvelle, l’héroïque Capitaine de la 4ème Compagnie des Ultramarines (hmm… cela me dit quelque chose…) commence par nous gratifier de ses sentiments vis-à-vis de ses adversaires, qui sont peu charitables. C’est bien simple, il a juré d’être celui qui tuerait le dernier Word Bearer de Calth, et d’une façon prohibée par la Convention de New-Geneva. Il a les boules, il a les glandes (progénoïdes), il a les augmétiques qui pendent… et pour montrer à quel point il reste un beau gosse héroïque, il tend une embuscade stupide à une colonne de 600 Word Bearers totalement dépenaillés (ils n’ont même pas de quoi tirer sur leurs assaillants2) avec 200 de ses survivants, réfugiés dans l’Arcologie X avec des centaines de milliers de civils. Pourquoi stupide, vous entends-je demander à travers l’espace-temps ? Eh bien parce que Ventanus dispose de la puissance de feu démentielle des plateformes orbitales de Calth, repassées sous contrôle loyaliste à la fin des événements de Know No Fear. Il n’a donc qu’à demander à son méca-crush, Tawren, d’appuyer sur un gros bouton pour vitrifier avec impunité n’importe quel point du globe. Et au lieu de ça, ce gros rageux de Ventanus préfère exposer ses hommes aux radiations de la surface de la planète et gâcher ses munitions pour massacrer quelques traîtres en état de choc. Théorie : c’est un rageux. Pratique : ça fait badass.
Malgré ce rapport de force totalement déséquilibré, Ventanus est tout de même soucieux. Car il sait qu’en face se trouve l’infâme Foedrall Fell, un stratège redouté disposant d’une armée encore suffisante pour donner un intérêt à cette nouvelle. Vent d’anus veut donc éviter que son adversaire attire à lui les autres bandes rescapées de l’ost Word Bearers, ce qui… serait plutôt une bonne chose pour les défenseurs puisque cela leur permettrait d’annihiler les traîtres en un seul endroit. Ou pas. En tout cas, son statut de héros vengeur lui demande d’agir pour se mettre en valeur. Il monte donc une opération de grande envergure pour attaquer le bastion ennemi, entraînant avec lui la majeure partie des défenseurs de l’Arcologie X.
De leur côté, les fistons de Lorgar ne se tournent pas non plus les pouces. Nous suivons plus particulièrement un autre chef de guerre de la XVIIème Légion, l’ambitieux Hol Beloth, que sa défaite des mains bleues de Guilliman a plongé dans une dépression post-humaine. Heureusement, il peut compter sur le soutien psych(olog)ique de l’Apôtre Noir Maloq Kartho, qui lui a servi de coach de vie au cours des derniers mois. Beloth se doute bien que Kartho a ses propres plans (normal avec un nom pareil, me direz-vous), mais ce dernier semble avoir acquis une puissance telle que le Capitaine préfère faire sagement ce que son conseiller personnel lui dit de faire. Et Kartho a de la ressource et du vice. Il coordonne notamment les attentats atomiques perpétrés par les fraternités de cultistes encore présentes sur la planète, qui piochent parmi l’arsenal nucléaire disponible à même le sol de Calth pour annihiler des camps de réfugiés, et ainsi faire grimper son compteur d’atrocités. On a par exemple droit à une scène très drôle pendant laquelle une mère courage dépenaillée insiste pour donner un pendentif en forme d’aquila à un Capitaine Ultramarines, qui l’accepte malgré les ordres qu’il a reçus lorsque la madone lui indique qu’Elle (la Sainte) tient à ce qu’il reçoive ce symbole. À la seconde où notre vétéran pose la main sur le bijou, il gagne +40 en perception, repère un convoi suspect, se précipite vers ce dernier… et meurt en même temps que les deux millions de réfugiés entassés dans sa grotte lorsque le Chaos-mikaze fait tout de même détonner sa bombe. MERCI LA SAINTE, HEIN3.
Retour à Ventanus et ses petits copains, qui attaquent la forteresse en carton de Foedrall Fell, et s’étonnent de ne croiser personne dans les ruines fumantes de cette dernière, une fois que Tawren a dit le mot magique. Serait-ce une nouvelle manigance de l’ennemi ? Réponse : oui, mais comme ce dernier est aussi intelligent que les Ultramarines, inutile de s’inquiéter pour nos héros. À l’intérieur d’un temple frigorifique, miraculeusement épargné par la déflagration, Ventanus trouve des centaines de Word Bearers empalés dans motif d’étoile à huit branches, avec le redoutablement retors Fell au centre du macabre motif. Empalé aussi (sinon c’est pas drôle), par le bâton de Maloq Kartho. But de l’opération : permettre à des démons de posséder les cadavres des Astartes renégats. Petit problème : les démons en question ne savent pas utiliser les armes de leurs hôtes, et se contentent donc de charger comme des gnous les Ultramarines, qui, après avoir été surpris pendant les vingt secondes réglementaires, les taillent en pièces sans trop de problèmes. On a cependant droit à un petit duel, se finissant en quinquel, entre Ventanus et Fell 2.0, également possédé mais rapidement pulvérisé par le fidèle Telemechrus, qui accomplit ici son petit caméo de rigueur. Voilà un superbe usage d’un bon millier de Space Marines de la part des Word Bearers, suicidés et ranimés pour se battre à nouveau de façon complètement sous-optimale. Et après, on s’étonne qu’ils n’aient pas été foutus de conquérir Calth avec l’élément de surprise.
Revenons en donc à Kartho, qui a entre-temps récupéré une bombe virale de la part de son réseau de cultistes, et a insisté pour monter en haut d’un immeuble en ruines avec cette belette de Beloth, soi-disant pour admirer la vue. Nos deux vilains sont donc aux premières loges pour assister à la pulvérisation de la base de Fell par les gros flingues des loyalistes, et Kartho en profite pour révéler à son compagnon que c’est lui qui a tout manigancé, et au lecteur sa gueule de porte bonheur, signe manifeste que l’élévation démoniaque n’est plus très loin. Encore un peu essouflé par l’ascension d’un kilomètre (de dénivelé positif) auquel il a eu droit, Beloth se jure de tuer l’Apôtre à la première occasion (apparemment, c’est tendance chez les Word Bearers de se trahir entre frères), mais n’a pas le temps de mettre son projet à exécution que la ruine branlante sur laquelle ils se trouvent se fait souffler par la déflagration ayant annihilé la forteresse en papier mâché de Fell. Nos deux pieds nickelés tombent donc comme des pierres jusqu’à un lac souterrain, échappant miraculeusement à la mort qui leur était promise.
C’était encore une manigance de Kartho, dont le plan est d’évoluer en Karthotho en massacrant les réfugiés de l’Arcologie X grâce à sa bombe sale, gentiment véhiculée pour lui par son Dreadnought possédé d’agrément, Zu Gunara. Grâce à un coup de bol tout à fait opportun, Beloth trouve un accès menant à la cave loyaliste en revenant à lui, et notre bande d’affreux (Kartho a également invité une escouade de Terminators amphibies à la fiesta) arrive bientôt devant un portail fortifié par les Ultramarines. L’Apôtre Noir ne faisant pas les choses à moitié, cette difficulté est négociée sans problème par l’intervention décisive d’un ingénieur travaillé au corps à l’esprit par Kartho au cours des semaines précédentes, et qui ouvre donc la porte aux chaoteux pendant une transe cauchemardesque, juste avant d’être bolterisé par l’escouade Ultra de faction. Il est toutefois trop tard pour empêcher les assaillants de faire leur entrer dans le camp adverse, laissé dégarni par l’assaut de Ventanus. La résistance démentielle des traîtres leur permet d’avancer sans trop de mal jusqu’au centre de la caverne, où Kartho, dont la transformation en démon frôle les 97%, veut faire exploser sa bombe. De son côté, Beloth s’est mis lui aussi à muter (pour des raisons inconnues), mais a emprunté la voie de l’Enfant du Chaos. Est-ce la fin des haricots pour les fidèles de l’Empereur ? NON ! Car l’impayable Ventanus arrive au dernier moment, grâce au noble sacrifice d’un Land Speeder brutalisé. Le combat s’engage avec Beloth, qui, malgré son physique de déménageur de l’Oeil de la Terreur, finit en bio-compost, victime de son propre athamé que Ventanus lui subtilise et retourne contre lui en désespoir de cause. Il ne reste plus à notre héros qu’à éviter de perdre sa base, ce qu’il fait en précipitant l’empoté Zu Gunara et son précieux chargement à travers la faille vers le Warp que Kartho a ouverte pour s’échapper une fois sa métamorphose complète. C’était moins une.
Bilan des courses : les Word Bearers ont perdu bêtement deux personnages nommés au combat, près de deux mille Space Marines (dont la majorité s’est petite-suicidée), et un Apôtre Noir a décidé de devenir free lance. Les loyalistes quant à eux n’ont à déplorer la perte que de quelques seconds couteaux, deux Land Speeders et les jambes du pauvre Selaton. À ce rythme là, la bataille de Calth sera finie avant ce soir…
1 : Kiuz Selaton, Lyros Sydance, Ankrion, Barkha, Eikios Lamiad, Telemechrus, Meer Edv Tawren… J’en passe et des meilleurs de l’Empereur. C’est bien simple, McNeill s’est fendu d’un Dramatis Personae en début de nouvelle pour nous aider à nous y retrouver.
2 : À moins que ces derniers approchent à moins de six pas, auquel cas ils pourraient leur cracher leur salive acide au visage.
3 : Hypothèse, Bruscius (le Capitaine) a mal entendu. Ce n’était pas « la Sainte » mais « l’absinthe » qui a motivé ce don.
AVIS:
Calth That Was est une nouvelle qui n’avait pas vraiment lieu d’exister. J’en veux pour preuve l’intrigue grossipide (un mélange de grotesque et insipide) que nous sert McNeill dans ce beau pavé, dans lequel pas grand-chose ne fait sens. L’auteur semble avoir pris le parti de pousser la kioulitude au maximum, sans se soucier des conséquences, souvent stupides et généralement risibles, que ce morceau de bravoure aurait sur l’équilibre et la vraisemblance de sa nouvelle. C’est bien simple, on dirait que McNeill s’est donné pour défi de reprendre tous les persos SM de son copain Abnett, pour continuer sur la lancée de ce dernier une histoire déjà convenablement terminée par l’intéressé et Meer Edv Tawren à la fin de Know No Fear. Handicapé par le cul de sac narratif dans lequel il s’est lui-même embourbé, l’auteur se rabat sur son amour démesuré pour les Ultramarines (ki son tro cool é tro for é détaist lé Word Béreur mé cé logik), généreusement étendu aux loyaux citoyens d’Ultramar (si courageux ! si disciplinés ! si productifs !), et concentré dans le personnage de Ventri…Ventanus, dont la soif de revanche, pour pure et logique qu’elle soit, le mène à prendre des décisions à la limite de la connerie profonde. En face, les Word Bearers, enfin, Kartho, s’en sort un peu mieux, mais son mode opératoire est tellement coûteux en vie de Space Marines que les loyalistes seraient bien inspirés de laisser leurs adversaires se massacrer entre eux plutôt que de s’embêter à les attaquer. Bref, c’est grossier, clownesque et peu inspiré, et vous pouvez largement vous contenter de Know No Fear, même (surtout) si vous avez apprécié les personnages Astartes d’Abnett.
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Interlude #3 :
– Excusez-nous chers auditeurs pour l’interruption intempestive de cette passionnante lecture. En attendant la prochaine leçon de notre bien-aimé Primarque, je vous propose de passer par notre standard téléphonique afin de recueillir quelques témoignages de citoyens d’Ultramar. Et nous avons un de nos fidèles auditeurs au bout du fil ! Comment allez-vous, et que souhaitez-vous partager sur Utradio – ♫Ultraaaaadiooooo♫ – ?
– Ouais bah moi c’est Riton de Calth, le sud de Calth d’ailleurs. J’appelle parce que depuis quelques jours, ça ne va pas du tout. D’abord les Word Bearers qui bombardent à tout va, qui invoquent des démons qui font leurs besoins partout, et qui balancent des cochonneries dans le soleil par-dessus le marché ! C’est simple, avec ma femme on ne peut plus sortir de chez nous ! Et malgré ça, aucune nouvelle de la part de Guilliman. L’ÉTAT D’URGENCE, C’EST POUR QUAND MON PETIT PÈRE ? J’AI UNE ENTREPRISE A FAIRE TOURNER MOI, ET LES FACTURES VONT PAS SE PAYER TOUTES SEULES ! IL FAUDRAIT QUE TU BOUGES TES GROSSES FESSES BLE-
– Merciiiiiiiiiiiii Riton pour votre intervention sur notre antenne ! Nous enchaînons sans plus tarder sur le bulletin météo, présenté par le frère Stratocumulus.
Dark Heart // Cœur Sombre – A. Reynolds :
INTRIGUE:
« Hello les aminches ! C’est moi, Marduk, votre héros favori ! – silence de mort – Mais si, vous savez bien, le jeune cadre dynamique des Word Bearers, qui a grimpé les échelons de la promotion sociale et chaotique dans la trilogie que m’a dédié Anthony Reynolds, l’auteur le plus populaire de la Black Library ! – silence de mort – O-ok. Bon, la salle n’est pas facile ce soir je vois ! Pas grave, j’avais prévu de vous régaler d’une de mes passionnantes histoires personnelles, et, coup de chance, celle qui me vient en tête explique en bonne partie qui je suis et d’où je viens. Je suis sûr que ça va vous plaire. Magnéto, Sergent !
Donc là, c’est moi, en beaucoup plus jeune évidemment. C’était au temps béni de l’Hérésie, et je n’avais encore que quelques décennies de service sous le plastron. D’ailleurs tout le monde m’appelait « petit », ou « Mhinabble » ou « Kraitain » (des titres honorifiques en colchisien), et j’étais la coqueluche de la Légion. J’en voulais déjà, j’avais la grosse niaque ! Suite à la purge ordonnée par notre estimé Primarque Lolo, j’avais corrigé du loyaliste à tour de bras, et obtenu une recommandation de la part de mon professeur principal de l’époque, M. Jarulek, qui m’avait envoyé rejoindre Kor Phaeron en personne juste avant le début de notre assaut sur Calth. Ah là là, j’étais fier ! Kor Phaeron, c’est un peu le Dumbledore des Word Bearers : un vieux monsieur impressionnant avec un vrai niveau en magie. Je l’ai vu une fois sortir un Nurgling du casque d’Abaddon, c’était grandiose. Bref, j’étais gonflé à bloc pour mon initiation aux mystères du Warp, mais on m’a affecté le Capitaine Bel’Ashared comme mentor. Et là, j’ai tout de suite compris que ça n’allait pas le faire. Le type était nul, mais nul ! Il passait son temps à lire ses présentations PowerPoint en séance de tutorat, et enseignait encore comme durant la Longue Nuit. Toutes mes idées d’expérimentations un peu audacieuses étaient rejetées les unes après les autres, et je passais mon temps en heures de colle. Comme je ne pouvais pas me permettre de retaper ma première année, j’ai dû prendre une décision radicale, et j’ai donc fait un pacte avec un démon rencontré dans une soirée déguisée organisée par l’amicale des stagiaires et alternants de la XVIIème Légion. Le deal était simple : il me donnait une formule magique pour me débarrasser de ce vieux schnoque de Balais Charrette (c’est comme ça qu’on l’appelait avec les copains), et moi je lui dégottais un petit pied à terre sympa dans le Materium. Echange de bons procédés.
Vous vous dîtes sans doute : « mais c’est vraiment aussi simple de faire un pacte avec un démon ? », et la réponse est oui ! Je suis rentré dans ma piaule d’étudiant, j’ai pris mon marqueur et une bonne latte de chichon, et paf ! Lorsque j’ai émergé, je me suis rendu compte que j’avais écrit une formule à l’intérieur de mon casque. C’est pas pratique comme endroit pour positionner une anti sèche, mais avec un petit miroir sous les optiques, ça passait crème. Le lendemain, c’était visite de terrain dans une station spatiale de Calth tenue par ces poseurs d’Ultramarines, avec Balais Charrette et Sorot Tchure. Nous devions saisir l’installation pour la grande gloire du Chaos, et c’est ce que nous avons fait ! Comme d’habitude, mon bien-aimé mentor s’est débrouillé pour m’envoyer loin de lui, et j’ai fini par rejoindre l’escouade du Sergent Dralzir, et mon poto Burias. Il a tendance à faire le fifou et à se mettre dans la ligne de tir (déjà que je suis pas super bon en balistique), mais sinon, il est cool. En tout cas, à l’époque.
Bref, nous voilà engagés dans un échange de bolt avec un duo d’Ultramarines, et Dralzir se fait tuer dans la bagarre. Pas de chance. Après avoir planté mon athamé dans la carotide de son meurtrier, je me suis dit « autant nous amuser un peu ». Et j’ai tenté de le faire posséder par un petit démon. J’avais passé quelques soirées à pratiquer sur mon hamster Hubert, et j’avais plutôt bien réussi (même si Hubert avait fini par mettre le feu à sa roue). J’aurais pu réussir là aussi, et ça aurait bien épaté Burias, si Balais Charrette n’était pas arrivé à ce moment là avec ses gardes du corps. Et là, ce fut le drame. Et que ça me sermonne sur la pureté des rites et mon approche iconoclaste, et que ça menace de me renvoyer chez Jarulek, et que ça me balance des coups de boule pour m’intimider. Mais je savais que j’avais raison, que Bel’Ashared était un plouc qui n’arriverait jamais à rien, et surtout pas à rejoindre les Gal Vorbak, comme il l’espérait. Quand je lui ai dit, il est devenu tout gris, tout rouge, et m’a envoyé une mandale qui m’a fait sauter quelques dents. Il m’aurait découpé en rondelles, l’animal, si je n’avais pas utilisé ma formule pour le mettre hors d’état de nuire. Je lui ai dit « Ceukipanskekornétunandouilledizkoa ». Il a dit « Quoi ? », et pouf… Il a explosé. Du beau boulot.
Évidemment, j’ai dû aller m’expliquer auprès de Kor Phaeron après ça. Ce que je ne savais pas, c’était que Balais Charrette était un Cœur Sombre, la secte personnelle du patron. J’étais dans de beaux draps. Heureusement, j’ai réussi à le convaincre que mon mentor était une bille, et que je ne voulais que parfaire ma connaissance du Warp avec un vrai professeur, comme lui par exemple. Ca a plutôt bien marché, et Kor Phaeron m’a même autorisé à venir avec lui accueillir Guilliman lorsqu’il a abordé notre vaisseau. Il s’était mis sur son trente-et-un pour le recevoir, avec aura néfaste et lévitation funeste, et avait sorti son plus bel athamé pour l’occasion. Malheureusement, ça n’a pas suffit. Quand il a dit à ce grincheux de Roboute « tire une carte », ce dernier a gueulé « Deux de cœur ! » et lui a arraché le palpitant. À ce moment là, j’ai reçu un coup sur la tête et quand j’ai repris mes esprits, j’ai vu les copains et les bleusailles engagés dans une grande partie de tir à la corde, avec Kor Phaeron dans le rôle de la corde. On a gagné, mais on a préféré ne pas s’éterniser, et Tchure a secoué son orangina warpique pour nous transporter en sécurité. Quelle affaire, les aminches ! Mais ce n’était que le début de l’histoire pour moi, et comme ça a l’air de vous intéresser, je vous invite à acheter mon omnibus, que je me ferai un plaisir de vous dédicac- Oh, où vous allez comme ça ? Revenez, mais revenez ! «
AVIS:
Anthony Reynolds et les Word Bearers, c’est une histoire d’amour qui prédate l’Hérésie d’Horus de plusieurs d’années. Partant, il n’est guère étonnant de voir cet auteur s’arranger pour intégrer son personnage de Marduk à la grande histoire de 40K, et de lui faire faire ses débuts (ainsi qu’à d’autres protagonistes de sa série) au cours de la bataille de Calth, rien de moins. Si vous n’êtes pas familier, ou attaché à Marduk, ce qui, soyons honnête, sera le cas de la majorité des lecteurs, il est probable que cette histoire vous passe un peu au dessus de la tête, et je ne pourrais pas vous en blâmer. Les déboires estudiantins de cet anti-héros carriériste au possible ne sont pas particulièrement intéressants ni bien écrits par un Reynolds qui parvient à donner, peut-être à son corps défendant, une vibe Star Wars à son histoire, avec Marduk dans le rôle d’un Anakin Skywalker peu doué mais tout à fait tête à claque, Bel’Ashared en Darth Tyranus du pauvre, Kor Phareon en Palpatine en armure et Burias en Jar Jar Binks. Si l’expédition sur la station spatiale de Calth frôle le néant absolu en termes d’intérêt, la rencontre entre Kor Phaeron et Guilliman sur l’Infidus Imperator aurait pu permettre à Reynolds d’apporter un nouvel éclairage à ce duel de légende. Aurait seulement, car il ne se passe rien que l’on ne savait déjà avant. Quand au « Cœur Sombre » qui baptise la nouvelle, mis à part une petite explication de la part du Maître de la Foi, on restera également sur notre faim (ce qui est dommage car j’aurais bien aimé apprendre comment fonctionne la team croûton des Word Bearers). Enfin, je reste dubitatif sur la manière dont Reynolds traite la simili-possession dont Marduk bénéficie. À moins que le sujet soit couvert plus en détail dans un autre texte, on dirait ici que l’aspirant se contente de regarder fixement une étoile à huit branches pour activer le mode Warp. Le Chaos pour les Nuls en quelque sorte. Et par les Nuls aussi, pourrais-je ajouter…
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Interlude #4 :
– Chers auditeurs, c’est à un moment historique auquel nous vous invitons maintenant. Les équipes de l’Institut Ultramarin de l’Audiovisuel ont terminé la restauration d’une communication envoyée par la Barge de Bataille Constellation of Tarmus quelques instants avant le début de la bataille de Calth. Il s’agit d’une part essentielle de notre patrimoine culturel de loyaux sujets du Prim- de l’Empereur, dans lequel jaillira, j’en suis persuadé, toute la noblesse et la grandeur d’âme ayant fait la légende de la XIIIème Légion. Je vous invite donc à vous recueillir avec moi, et à méditer les mots de nos glorieux héros.
-KRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR-
« Ouais Biloute, c’est Ruben de la Constipation of Tarmus – chui con parfois muéhéhé – . Ché pas ce qui c’est passé là, mais c’est la merde. Coupure de courant généralisée, on n’y voit plus rien. C’est noir comme le derche d’un Dark Angels ma gueule. Un coup des Orks, tu crois ? En tout cas ce serait sympa de nous envoyer une équipe de techniciens, et pas dans cinq semaines, comme la dern-
Woh, c’était quoi ça ? On s’est fait tirer dessus ? MAIS QU’EST-CE QUE C’EST QUE CETTE MERDE ! TU L’AS EU TON PERMIS, C*NN*RD ? DANS UNE POCHETTE SURPRISE ? Raaaah, mais quelle bande de pignoufs ces Word Bearers alors… Gibus, sors moi le constat à l’amiable. Oui, dans la boîte à g-
RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH, MAIS QUELLE BANDE d’*#@[\& ! ILS ONT BOUSILLE LE SONS OF ULTRAMAR ! Il va beaucoup moins bien marcher maintenant. Cubitus, mets moi en direct avec ces anachorètes, j’ai deux mots à leur dire.
EH DITES DONC LES CULS BENIS, ON VOUS A PAS APPRIS À FAIRE UN CRENEAU SUR COLCH- »
-KRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR-
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The Traveller // Le Voyageur – D. Annandale :
INTRIGUE:
Jassiq Blanchot n’a pas connu des jours faciles. Fonctionnaire peinard dans le fort orbital Veridian Maxim, il a subi de plein fouet, comme tous ses collègues, la trahison des Word Bearers en ouverture de la bataille de Calth. Contrairement à ses collègues, en revanche, Blanchot a survécu à l’incident, et est parvenu à gagner la surface de Calth malgré les chasseurs renégats dégommant les navettes d’évacuation, puis à rejoindre une arcologie avant d’attraper un coup de soleil carabiné. Depuis, et bien que sa vie se résume à creuser un tunnel avec ses camarades pour gagner un peu d’espace vital et rejoindre d’autres cavernes plus spacieuses, tel un Lemming Nazi, il est tenu en haute estime et grande révérence par la Lieutenant Narya Mellisen, qui pense dur comme fer qu’il a été épargné par l’Empereur pour accomplir de grandes choses.
Tout pourrait donc aller pour le « pas top mais pas pire non plus » pour Blanchot, s’il n’avait commencé à entendre de sinistres voix par intermittence, tenir des propos à glacer le sang du type « Tuer tuer tuer tueeeeeeer » « Teckel Lily » ou encore « Les produits laitiers sont vos amis pour la vie ». Ayant un temps considéré aller consulter l’unique médecin traitant des rescapés, un vétéran grisonnant du nom de Tal Verlun, capable de soigner n’importe quel problème du moment qu’il faille couper des membres à la tronçonneuse et/ou faire des pansements avec des chiffons, il renonce à se faire expertiser en détail devant la réponse peu empathique du praticien. Grave erreur évidemment, car notre skizophrène en puissance ne tarde pas à sombrer dans les abîmes de l’auto-diagnostic, et prend en grippe l’assistant contrefait de Verlun, Igor Krudge, qu’il se met à considérer comme étant responsable de ses hallucinations auditives par sa simple proximité. Ces dernières allant croissant, tant en fréquence qu’en menace, Blanchot se résout à porter son problème et exposer ses soupçons au Major Devayne, l’autorité compétente locale, qui l’accueille aussi froidement que le Doc’ avant lui. C’est alors que l’inspiration frappe : Blanchot est témoin d’une nouvelle éructation de haine pure de la part des voix dans sa tête, et prédit une catastrophe imminente, qui prendra la forme d’une explosion. Et c’est le jackpot pour le Nostradamus troglodyte, confirmé dans ses prédictions par la détonation des charges et grenades cachés dans la grotte par Verlun, qui aurait dû penser à lui au lieu de panser les autres.
Enseveli vivant par un éboulis, Blanchot est excavé de sa prison minérale quelques heures plus tard par Mellisen et d’autres survivants, qui le considèrent comme le porte-bonheur officiel de Calth du fait de cette deuxième survie miraculeuse. Cependant, les voix, elles ne sont pas parties. Bien au contraire…
Début spoiler 1…Qu’à cela ne tienne pour notre prophète des tunnels, qui commence par désigner le hideux Krudge, qui a survécu lui aussi, comme cible de la vindicte populaire. L’assistant bancal se fait courser dans les coursives par la foule en colère, mais parvient à échapper à un lynchage sommaire en disparaissant dans le système d’aération de l’arcologie. Son problème de voix n’étant toujours par résolu par l’éloignement de sa némésis, Blanchot prend alors sur lui de se livrer au test de l’ensemble des survivants de la grotte, considérant que les émetteurs d’ondes négatives sont de mèche avec les Word Bearers. Mi-Jeanne d’Arc(ologie), mi-détecteur de métal, Blanchot passe en revue ses compatriotes, désignant les « traîtres » à Mellisen et sa bande de volontaires pour exécution préventive. Au bout d’un assez long moment, l’ayant vu condamner à mort environ 80% de la population locale par cet infaillible mécanisme de tri, le héros de l’Imperium demande une pause syndicale bien méritée, et tombe dans un sommeil réparateur.
À son réveil, seulement gardé par la fidèle Mellisen, il a la surprise et la douleur de réaliser que les voix sont de retour, plus ordurières, cryptiques et sanguinaires que jamais. Il comprend donc que c’est son acolyte qui est responsable de ses hallucinations, et lui saute dessus pour mettre fin au problème. Ce qui aurait dû être son dernier move en toute logique, Blanchot n’étant qu’un employé de bureau bedonnant et désarmé, confronté à un soldat entraîné et disposant d’un pistolet laser, débouche sur un corps à corps désespéré, quelque chose ayant épargné au prophète de se manger un tir de laser dans le buffet. Et, lorsque Krudge refait son apparition depuis les canalisations de la pièce pour prêter main forte au Lieutenant, il semble fort que la messe soit dite pour notre héros…
Début spoiler 2…Qui peut toutefois compter sur des ressources insoupçonnées (mais pas forcément insoupçonnables) pour se tirer de ce mauvais pas. La voix démoniaque dans sa tête prend le contrôle de son corps, ce qui lui permet de vaincre sans mal ses assaillants. Relégué en mode spectateur, l’esprit de Blanchot comprend alors que sa survie miraculeuse n’a été due qu’à l’intervention du Voyageur, une entité du Warp dont la spécialité est de passer d’hôte en hôte grâce à la communication orale. C’est niche, mais diablement efficace comme vecteur de propagation, vous le reconnaîtrez. Ce même Voyageur qui est entré dans le système de Veridian à bord du Campanile, le vaisseau de pélerins utilisé par les Word Bearers comme boule de bowling spatiale dans le jeu de quilles du parking orbital de Calth (Know No Fear). Blanchot est devenu porteur (plus ou moins) sain lorsqu’il a reçu la dernière communication du Campanile, et a permis au Voyageur de poursuivre sa route jusqu’à la surface de la planète. Désormais tout à fait impotent, notre héros ne peut que constater le massacre des ultimes survivants de l’arcologie par son alias démoniaque, et l’arrivée trois jours plus tard d’une force de secours menée par un Ultramarine… qui a la mauvaise idée d’engager le dialogue avec le babtou fragile jonché sur un tas de cadavres. À tous les voyageurs en direction d’Ultramar, correspondance immédiate en gare de Calth, trois minutes d’arrêt !Fin spoiler
AVIS:
Petite nouvelle d’horreur1 ma foi fort sympathique, et qui le serait à mon humble avis encore plus sous format audio drama (if someone in Nottingham is reading this…), The Traveller2 n’apporte pas grand-chose à la guerre souterraine mais a pour elle une intrigue bien pensée et mise en scène, et un lien fort (même si vraiment très spécifique, et facile à manquer à moins d’avoir lu Know No Fear très récemment) avec le déroulé de la bataille de Calth. Annandale s’est montré très inspiré au moment de l’écriture de ce court-format, que je place facilement parmi ses meilleures productions horrifiques à ce jour. Un cinéphile expert pourrait sans doute décortiquer toutes les influences de l’auteur pour l’écriture de cette nouvelle (pour ma part, je me contenterais d’une référence au Témoin du Mal – le méchant qui parvient à poursuivre sa route incognito sans que le gentil ne puisse rien faire – en conclusion), mais quoi qu’il en soit, c’est une soumission solide que The Traveller, qui souligne une fois encore que les miracles du lointain futur ne sont que très rarement causés par des entités recommendables…
1 : Six ans avant le lancement de Warhammer Horror, dont il est devenu l’un des piliers. On comprend mieux pourquoi à présent.
2 : J’en veux un peu à Annandale de ne pas avoir nommé son récit ‘The Passenger’, ce qui m’aurait ouvert des perspectives démentielles en termes de références foireuses.
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Interlude #5 :
– On se retrouve juste après ces quelques annonces publicitaires !
♫ULTRAAAAAAAAA-DIIIIIII-OOOOOOO !♫ INFO TALK & MUSIQUE, THEORIE & PRATIQUE ! ULTRADIO !♫
« Pff, en ce moment, il n’y a rien qui me tente, je me sens vraiment pas bien… »
Un coup de mou passager ? Une chute de productivité passagère ? Un vague à l’âme persistant ? Venez-vous divertir en famille au festival de Calth, dans l’Arcologie X ! Au programme, concours de terrassement, torture de cultistes, rencontre avec Remus Ventanus, dégustation de spécialités locales et tour de Dreadnought pour les enfants ! Sans oublier l’élection du meilleur film de propagande impériale de M31, choisi par un jury ultra-qualifié ! N’hésitez plus et venez nous rendre visite !
SousréservedeladisponibilitéduCapitaineRemusVentanusetdeTelemechrusetdelabsencedeconflitarméaveclesWordBearers.
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A Deeper Darkness // Des Ténèbres Plus Profondes – R. Sanders :
INTRIGUE:
Dans la vie, tout le monde n’a pas la chance d’avoir un nom original, comme Alphonse, Christofle ou Roboute. C’est le cas de notre héros, Hylas Pelion, surnommé Pelion le Pelos1 en référence à un autre Pelion, qui a mieux réussi que le nôtre apparemment. Pelion a pourtant des états de service tout à fait honorable, et pour cause, il a réussi à devenir l’Honorarius de la 82ème Compagnie des Ultramarines, ce qui… est cool pour lui, j’imagine ? Pris dans les événements de Calth avec le reste de ses frères, il lutte depuis pour sécuriser les arcologies shotgunnées par le Tétrarque Tauro Nicodemus au cours de la guerre souterraine, tout en tentant de se guérir de son addiction pour le jeu. Il commence d’ailleurs la nouvelle en utilisant son dernier bolt comme dé à jouer, c’est dire à quel point il est accro.
Pelion a un naturel conquérant, et un beef en cours avec un Apôtre Noir Word Bearers, du nom d’Ungol Shax. Ayant failli lui régler son compte pendant la bataille de Komesh, Pelion nourrit une haine profonde et singulière envers le Shack, qui motive puissamment ses vélléités d’expansions militaristes. Cependant, le sage Nicodemus préfère conserver les trois arcologies qu’il pense être capable de tenir sans trop de difficultés plutôt que de débusquer tous les traîtres à portée de gourdin énergétique, ce qui frustre notre héros. Après avoir mené une opération de nettoyage2 dans un bastion ennemi à proximité du QG loyaliste, et failli écoper d’un blâme de la part de l’omniprésent Nico’ à cause de son choix de tenter de soutirer des informations à un Word Bearer fait prisonnier3 plutôt que de l’exécuter sur le champ, Pelion voit la chance lui sourire lorsqu’un autre Space Marine renégat fait son apparition, depuis les profondeurs d’une mare souterraine. Sans doute un apnéiste de haut niveau. Chose étrange, le nouveau venu, lui aussi capturé sur le champ, a eu les yeux arrachés, et porte la marque du Chapitre d’Ungol Shax sur le front, ce qui ravive l’intérêt du rancunier Pelion.
Ayant convaincu son boss d’interroger le captif, Pelion est frustré dans son interrogatoire par l’exécution sans sommation du traître par le service de sécurité, après qu’il ait fait mine de prononcer le mot qui tue en présence de Nicodemus. Mot qui tue commençant par « Penetral- ». Chargé par le petit Tetraque (à ne pas confondre avec le grand Tetras) de sceller l’accès de la caverne ainsi purgée pour éviter que les affreux d’en face ne vienne faire une surprise aux braves gens de Calth, Pelion découvre par un gros coup de bol qu’un réseau de tunnels à moitié submergés est relié au lac local, et que ce réseau s’appelle Penetralia. Il n’en faut pas plus pour que notre bouillant héros aille de nouveau plaider sa cause auprès de Nicodemus, qui consent à lui donner deux frères de bataille (Daesenor et Phornax, un ancien Archiviste) et une escouade de miliciens sous le commandement du Sergent Grodin, en plus de la sapeuse Ione Dodona, pour aller faire un peu de spéléo de reconnaissance. Grâce au talent de bricolage de cette dernière, la fine équipe prend place dans une rame de métro plus ou moins étanche, et part dans les profondeurs du lac, où s’enfoncent les rails du réseau ferroviaire local. Ayant échappé de peu à une noyade qui aurait été des plus comiques, notre bande de bras cassés arrive dans la Penetralia, où Pelion est persuadé de trouver sa Némésis…
Début spoiler…Et ce sera bien le cas (aaaaah !), même si Shax n’est pas en mesure de lui opposer une farouche résistance (oooooh…), transformé qu’il a été en statue de ténèbres cristallisées, ou quelque chose comme ça, comme tous les cultistes et Space Marines que Pelion et ses hommes croisent au cours de leur reconnaissance. Instruit par Phornax qu’une présence maléfique rôde dans les parages, et ayant déjà perdu quelques sous-fifres, dont Daesanor et ce gredin de Grodin sous les coups de cet ennemi insaisissable, qui semble être capable de cristaliser subitement quiconque pose les yeux sur lui, l’Honorarius décide de se la jouer beau gosse et ordonne à Phornax et Dodona, les derniers personnages dignes d’être nommés de son équipe, de retourner jusqu’au sous-marin jaune bleu pour aller prévenir Nicodemus de ce nouveau danger, pendant que lui retiendra ce démon le plus longtemps possible. Notre paladin en céramite n’étant pas le dernier des abrutis, il prend soin de se plonger dans les ténèbres en désactivant le système optique de son casque, s’épargnant ainsi le sort de son ennemi juré, pétrifié par l’aspect monstrueux de la créature qu’il a invoquée sans pouvoir la contrôler. Une solution moins radicale que celle du Word Bearer s’étant arraché les yeux avant de se lancer dans son expédition de canyoning mal avisée, mais satisfaisante tant sur le plan théorique que pratique. Le combat qui s’engage est, comme vous pouvez vous en douter, des plus confus, l’absence d’éclairage contraignant Pelion à utiliser son ouie pour sabrer l’horrible bestiole, et le lecteur à faire preuve d’imagination pour se représenter cette lutte épique entre un Space Marine aveugle et un ragondin obèse (eh, ça pourrait être ça).
Dégouté par la résistance de cet adversaire, le démon décide au bout d’un moment de se rabattre sur des proies un peu plus coopératives, et s’en va donc en Velib (eh, ça pourrait être ça) à la poursuite de Phornax et Dodona, laissant Pelion errer un bon moment dans la sombre noirceur obscure, jusqu’à ce qu’il parvienne à son tour à retrouver le chemin du lac. Là, il ne peut que se rendre compte qu’il est trop tard pour Phornax, changé en verre fumé par le prédateur des ombres. Lui vient alors l’idée géniale d’utiliser la laideur abjecte du monstre contre lui-même, ce qu’il fait en éclairant subitement la salle avec son Iphone en mode torche, après avoir demandé à Dodona de piquer une tête. Et ça marche : ayant commis l’erreur de contempler son reflet, l’horreur finit victime de son regard vitreux et finit vitrifiée. Cela ne change cependant pas grand-chose pour Dodona, dont le fragile esprit humain se brise à la simple vue de l’indescriptible bestiole4. Ayant lu son Lovecraft, comme l’homme de culture qu’il est, Pelion n’est pas affecté et doit mainteant décider comment il va utiliser son dernier bolt : pile, il flingue la méduse, et face, il flingue la gorgone. Faîtes vos jeux…Fin spoiler
1 : The Lesser en VO.
2 : Et pour cause, les démons de compagnie des Word Bearers ont fait leurs besoins dans les nappes phréatiques.
3 : Ce grand couillon ne savait pas nager, et a donc attendu de se faire cueillir par les Ultramarines sur le bord du lac local.
4 : Je pense qu’elle avait la formule cabalistique « ∞/0 » tatouée sur le front, ce qui expliquerait beaucoup de choses.
AVIS:
Sanders se frotte à l’indescriptible lovecraftien dans un univers grimdark dans cette nouvelle assez intéressante, mais handicapée, comme la plupart des textes voulant surfer sur la grande idée du reclus de Providence, par la notion même d’indescriptibilité. Il n’y a guère que Lovecraft qui arrive à faire peur avec des êtres non euclidiens, et Sanders n’a ni l’espace, ni le style nécessaires pour arriver à un résultat comparable ici. On se contentera donc d’apprécier son idée d’adapter le mythe de la méduse dans l’Hérésie d’Horus, et le rythme particulier qu’il réussit à instiller à son propos, la double confrontation initiale avec les Word Bearers ne présageant en rien la deuxième moitié du récit.
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Interlude #6 :
– Et nous retrouvons un de nos auditeurs pour partager ses astuces de jardinage ! Ce n’est pas parce que nous sommes sous terre que l’on ne peut pas faire pousser de belles plantes, pas vrai Crocus ?
– Tout à fait Marius. En ce moment, c’est le bon moment pour planter des tulipes de Magnesi. Attention cependant à son ennemi juré, la galinette cendreuse !
– Ah oui, la fameuse galinette cendrée.
– Cendreuse. Une saloperie ça. 2 mètres au garrot, des gueules hérissées de crocs, et ça crache des flammes par tous ses orifices. Et vous savez pas le pire !
– Ah bon ?
– Ouais, le pire c’est que la saison est pas ouverte ! Ces nuisibles se sont reproduites commes des lapins, ça pullule dans toutes les arcologies, mais il y a une bande de bobos de Macragge qui s’est piquée de « conservation de la biodiversité » et « d’équilibre des écosystèmes »… Du coup, on n’a pas le droit de tirer dessus avant trois semaines. Heureusement, on a quand même le droit d’utiliser des méthodes naturelles pour s’en débarrasser.
– Ah oui ? Dîtes nous en plus.
– C’est un truc que j’ai acheté sur JD.com, « le remède miracle de Herr Rebus » que ça s’appelle. C’est de la poudre à répandre sur les zones infectées en respectant le schéma de la boîte. Ca prend un peu de temps mais c’est radical, vous allez voir. Une fois que le bouzin est tracé, il faut juste prononcer le mot magique…
– S’il vous plaît ?
– Non non, ça change tout le temps et c’est écrit petit en plus… Où est-ce que j’ai mis mes lunettes ? Ah, les voilà. Bon, cette fois ci c’est un truc comme « khr- » … Non. « Khgsdkly-»… Ah, c’est pas facile ! « Khgsdkyzrgeqhedqndbcsbgf’dsfkhk fsdkqhk’kjh » ! Voil-
-RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGHHHHHHHHHHHHHHHHH-
– Allo, allo Crocus ? On ne vous entend plus du tout… Bon, rappelez nous quand vous aurez le temps !
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The Underworld War // La Guerre Souterraine – A. Dembsky-Bowden :
INTRIGUE:
Calth, J+2.441. Cela fait donc plus de six ans que Word Bearers et Ultramarines jouent à cache-cache (ou dans notre cas, Calth-Calth) dans le dédale souterrain de la planète martyrisée. Personne n’a dit à notre héros, le Sergent Jerudai Kaurtal, dernier survivant connu du Chapitre de la Twisting Rune, que l’Hérésie était terminée. En même temps, le réseau passe mal sous terre, c’est connu. Pour tromper son ennui et tuer le temps, Kaurtal peut compter sur sa vie intérieure riche, du fait de la colocation qu’il a engagé avec le démon Nerkhulum, avec lequel il s’est pacsé quelque temps avant l’attaque peu aboutie de Kor Phaeron contre les Ultra-Schtroumpfs. Notre Gal Vorbak trouve toutefois que les journées sont longues, et, persuadé que Lorgar et le reste de la Légion sont passés à autre chose, s’est donné pour nouvel objectif de recenser toutes les pertes subies par les Word Bearers1 afin d’offrir aux dizaines de milliers de légionnaires ayant donné leur vie pour la (dam)nation l’hommage qu’ils méritent. Un vaste programme, qui l’entraîne logiquement à la surface irradiée de Calth (après avoir euthanasié son vieux poto Thuul, qui voulait continuer la lutte à six pieds sous terre2), où les premiers combats de cette interminable bataille ont eu lieu.
Confiant en la capacité de sa moitié, certes un peu groggy à la suite de la rencontre fortuite entre notre petit couple et un Archiviste Ultramarine quelques mois plus tôt pendant une virée shooting dans les galeries (sans doute pas Lafayette, mais sait-on jamais), de compenser les effets débilitants du grand soleil de Calth, Kaurtal volète de charnier en massacre, inspectant les cadavres de l’équipe rouge pour déterminer leur pedigree, et ramassant de temps à autre une relique irradiée en guise de memento. Cette saine occupation est toutefois interrompue lorsque notre commémorateur amateur est apostrophé par un des macchabées auquel il rendait visite, ce qui n’est pas naturel du tout, même lorsqu’on est un possédé. C’est toutefois le moment que choisit Nerkhulum pour se sortir les doigts (je vous laisse imaginer d’où), reprendre contact avec son coloc et enfin commencer la chimiothérapie salvatrice qui permettra à son hôte de continuer ses tournées. D’abord persuadé que les hallucinations dont il a été victime ont été causées par les tumeurs cérébrales qu’il a développées au cours de son escapade, Kaurtal doit déchanter lorsque les cadavres joignent le geste à la parole et se mettent à le courser dans les ruines de Dainhold, en lui reprochant d’avoir abandonné la Légion…
Début spoiler 1…Le crime d’apostasie étant puni de mort, le Gal Vorbak carbonisé cherche logiquement à prendre son envol, mais découvre que Nerkhulum est d’humeur proprement massacrante, ce qui ne présage rien de bon pour notre héros. Cloué au sol par la perte de son aile avant droite, Kaurtal se fait plaquer sans pitié par les revenants, et plaquer sans remords par cette mijaurée de Nerkhulum, qui décide finalement qu’il n’est pas digne de ses attentions. Poggo tragique à Colombey, 1 mort.
Si c’est la fin de notre héros, dont le devoir de mémoire restera inachevé, ce n’est cependant pas celle de notre histoire. Nous retournons quelques années en arrière, peu de temps après Isstvan, au moment où Kaurtal s’est vu offrir une promotion par Argel Tal en récompense de ses bons et renégats services. Le premier des Gal Vorbak a en effet reçu l’ordre de la part de Lorgar de recruter de nouveaux disciples pour le programme Erebus (c’est comme Erasmus, mais avec des démons au lieu des Suédoises) qu’il a initié, et Kaurtal est un candidat rêvé pour le poste. Brave, dévoué, pieux et sans peur, Argel Tal est certain qu’il arrivera à lui trouver un match sans problème dans l’Empyrean. Kaurtal est bien de cet avis, et décide de prendre possession de son démon (ou l’inverse) le plus rapidement possible, comme le Cardinal Rouge l’a fait avant lui. Le procédé est simple : il suffit de mourir dans un coin du vaisseau non protégé par les champs de Geller quand le vaisseau est dans le Warp. Dont acte. Kaurtal se fait proprement empaler par la grande épée custodienne d’Argel Tal, meurt… et reste mort. Gag.
Début spoiler 2…Bien embêté par ce nouvel échec, qui porte son taux de réussite à un piteux 18,75% (alors qu’un succès aurait été synonyme d’un beau 25%3), Argel Tal patiente une bonne heure auprès du cadavre, jusqu’à ce que Lorgar vienne passer une tête. La discussion qui s’engage entre le père et son fils favori permet au second de réaliser qu’il devrait plutôt choisir des candidats ultra motivés (à tuer des Ultras) que la crème de la crème de la Légion, et au lecteur de réaliser que tout ce que Kaurtal a vécu n’était en fait qu’un test de personnalité organisé par Nerkhulum pour juger de la qualité de son futur hôte, test qu’il a complètement raté en choisissant de partir en goguette cueillir des athamés à la surface de Calth au lieu de persévérer à cogner du loyaliste au troisième sous-sol. Le futur que le démon a révélé au Sergent n’aura donc pas lieu, ou en tout cas pas avec lui, puisque Kaurtal est mort avant d’avoir pu le vivre. Mind-blown. Notre nouvelle se termine avec une idée géniale et une remarque assassine de Lorgar : 1) faire venir un Dreadnought au jardin d’acclimatation démoniaque pour essayer d’appâter ce farceur de Nerkhulum, dont les « trolololos » résonnent comme une douce musique dans le Warp aux oreilles du Primarques, et 2) passe la seconde mon petit Argel, il me faut 2.000 Gal Vorbak d’ici à Calth. Il va falloir déclencher un PPV4, c’est certain…Fin spoiler
1 : Que l’on découvre aussi être des Time Keepers, ce qui est un talent utile.
2 : Et a donc été exaucé.
3 : Je vous laisse me donner le nombre de candidats castés par Argel Tal, et le nombre de morts parmi ces derniers en conséquence. Vous voyez bien que vos cours de maths de 3ème servent dans la vraie vie.
4 : Plan de Possession Volontaire.
AVIS:
Aaron Dembski-Bowden rappelle aimablement pourquoi il est un des meilleurs auteurs de la Black Library avec The Underworld War, dont l’unique défaut aura été un titre sans grand rapport avec le propos de l’histoire1 qu’ADB nous livre. Dès les premières pages, le ton est donné avec un personnage principal vraiment intéressant, du fait de ses questionnements envers sa cause et son Primarque, mais résolument fidèle à sa Légion, et une quête vraiment spéciale, permettant à l’auteur d’entraîner son lecteur dans un inconnu des plus plaisants. Dès lors que l’apostat Kaurtal décide d’aller faire son devoir de mémoire à la surface de Calth, tout peut (et va) arriver, incertitude narrative qui se doit d’être savourée, au vu de la tendance de la BL à publier des histoires prévisibles des années lumières à l’avance.
On retrouve également les relations complexes et symbiotiques unissant l’hôte au démon, que Dembski-Bowden fait apparaître comme une entité certes féroce et cruelle, mais également rationnelle et coopérative lorsque les circonstances le nécessitent, déjà bien décrites dans Le Premier Hérétique. L’inclusion d’Argel Tal et de Lorgar, personnages centraux de ce roman, fait donc totalement sens, en plus de paver magnifiquement la voie à la conclusion de The Underworld War, que je n’aborderai pas ici (sauf pour dire qu’elle est superbement trouvée et amenée) pour ne pas spoiler et spolier outre mesure le lecteur. Fascinants mélanges de bienveillance et de corruption, le Cardinal Rouge et l’Urizen sont de parfaites figures d’anti-héros, bien plus intéressants à suivre que les autres personnages nommés des Word Bearers (Erebus et Kor Phaeron en tête). Pour finir, ADB nous offre une solide rasade de fluff, portant à la fois sur l’organisation de la XVIIème Légion, les rituels de possession permettant la création des Gal Vorbak, et la vision que Lorgar avait de l’assaut sur Calth. Bref, c’est du beau boulot sur tous les tableaux, et une des meilleures nouvelles de Mark of Calth, sans contestation possible2.
1 : Il y a dû avoir un échange avec ‘Calth That Was’ de McNeill, qui a le même « défaut » au moment de l’impression, je ne me l’explique pas autrement.
2 : Pour une fois, nous (francophones) avons de la chance car cette nouvelle est proposée, en VF et à l’unité, sur le site de la BL. 3,49€, ça reste cher, mais par rapport à la qualité moyenne des courts formats de la maison, on ne s’en tire pas trop mal.
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Interlude #7 :
– Nous retrouvons maintenant le Capitaine Fabriste Alcaeus, en direct de Ghaslakh, la planète dont la purge de la population d’Orks a été repoussée indéfiniment à la suite de l’incident de Calth. On peut toutefois compter sur notre envoyé spécial pour nous tenir au courant des nouvelles sur ce théâtre un peu particulier. Vous nous entendez bien Fabriste ?
– Chhhhhhhhhhhhhhhhhhhhht ! Moins fort Marius, ils vont nous entendre !
– Oh, pardon. Je pensais que vous attendiez en orbite et que vous n’aviez pas engagé le combat.
– Bah oui, mais après trois semaines sans rien faire et plus de séries à mater, on s’est dit avec les copains qu’on allait tenter notre chance. Avec le recul, on aurait dû rester peinard.
– Ah ? Les féroces hordes Orks vous donnent tant de fil à retordre ?
– Nooooooooooon, ça c’était easy peasy, Leman Russ squeezy. À vrai dire, il ne restait que trois pauvres Grots en soins palliatifs quand on est arrivé à la surface.
– Ne me dîtes pas que les Légions renégates vous ont tendu un piège à vous aussi ? Ce serait vraiment perfide de leur part !
– On aurait préféré au final, mais ils sont tombés sur plus forts et plus malins qu’eux. Leurs cadavres étaient déjà froids lorsqu’on les a découverts. Je pense qu’ils ont été leurs premières victimes…
– Attendez attendez, j’ai peur de comprendre… Ils ont invoqué un ost de démons qui s’est retourné contre eux ?
– Hein ? Non, pas du tout. Les démons ont été bannis en tentant de défendre leurs maîtres !
– Par le Primarque, mais qu’est-ce qui a pu causer un tel massacre ?
– Et bien voilà, on s’est rendu compte qu’il y avait une forte population d’émeux sur Ghaslakh. Dès qu’ils nous ont vus, ça a été le carnage. J’ai perdu la moitié de ma Compagnie vingt minutes après le premier contact. Meurtre à côté, c’était claquettes-chaussettes !
– Des… émeux ?
– Je sais ce que vous vous dîtes Marius, mais j’ai consulté les archives de la Légion, et elles sont formelles, les émeux ont failli provoquer l’extinction de l’espèce humaine en M2 ! Ils ont transformé l’Australie en désert avec leurs armes nucléaires, il y a des preuves !
– Eh bien… Que pouvons-nous faire pour vous aider, mon cher Fabriste ?
– Dîtes au Primarque de déclencher l’Exterminatus sans tard-
Oh. Oh non non non non nooooooon ! ILS NOUS ONT ENTENDUS ! JE LES VOIS QUI ARRIVENT ! FUYEZ, FUYEZ POUR VOS V-
– Fabriste ? Fabriste, vous êtes là ?
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Athame // Athamé – J. French :
INTRIGUE:
Où ne sera pas abordé l’art délicat du rémoulage, mais où ça aurait pu être le cas. Car le personnage principal n’est autre qu’un couteau en silex, que le destin a changé en athamé impie, alors que ses collègues se sont contentés de découper des bavettes de mamouths jusqu’à ce que casse s’en suive. À quoi tient la grandeur, parfois ? Notre ustensile chaotique voit le jour dans la préhistoire profonde, et commence immédiatement son parcours sanglant en se faisant voler des mains raidies par la mort de son créateur par un nommé Gog1, attiré par le potentiel chaotique de cette lame de pierre. Car Gog est un adepte primitif (dans tous les sens du terme) des Dieux Sombres, et n’est pas du genre à hésiter à verser le sang pour obtenir ce qu’il veut, surtout celui des autres. Consacré par ce premier meurtre, l’athamé restera en possession d’Hannibal Pierrafeu pendant quelques millénaires, les pactes impies noués par son porteur lui accordant une très longue vie. Il faudra attendre le Moyen-Âge pour que Gog consente à passer l’arme à gauche, après une rencontre fortuite avec un monarque anglais dans une tour abandonnée. Le portrait de l’individu (armure d’or, cheveux bruns, calme imperturbable, pouvoirs psychiques, capacité à repousser le Chaos et à faire tomber des éclairs) correspondant assez à celui d’un certain Big E, on peut raisonnablement suputer que son Altesse Serenissime a failli hériter du surin magique après que son précédent propriétaire se soit donné la mort. Mais le futur Empereur laissera sagement la relique moisir à côté du cadavre de Gog, ne jugeant pas ce loot digne de son auguste personne.
Quelques millénaires plus tard, et à l’aube de la Grande Croisade, le couteau est enfin redécouvert par l’archéologue stagiaire Jakkil Hakoan, alias Deagol, et promptement récupéré par sa collègue Magritte, alias Smeagol2, lors de fouilles organisées dans les tréfonds de la ruche ayant absorbé l’Angleterre. On dit coucou au passage à Kasper Hawser, dont la peine doit être profonde pour venir cachetonner dans cette nouvelle. Magritte est une Cognitae, et donc un peu chaotique sur les bords, et s’embarque dans un périple galactique qui finira par la mener sur Tharn, où elle s’esquintera les quinquets à regarder dans les flammes pour communier avec ses divinités. Ce qui est un peu comme regarder Canal + sans décodeur : ça ne marche pas des masses. Finalement, les errances de la vieille Magritte dans les cavernes de son monde d’adoption la mèneront jusqu’au trône de crânes de Khor-d’Anacreon, Apôtre Noir des Word Bearers, qui, jaloux de son intimité, éventrera sa visiteuse avec son propre couteau, avant de l’ajouter à sa collection personnelle.
De là, l’athamé passera à Xen, un autre fils de Lorgar, après qu’Anachreon se soit fait plasma-pranker par un civil dont il était en train de massacrer les concitoyens pour leur apprendre à respecter de l’autorité impériale (personne n’aime les fayots). Après qu’il ait servi à départager les deux candidats short listés par le Word Bearer pour devenir majir de la Confrérie du Couteau, l’athamé échoit au vainqueur, un certain Criol Fowst, qui en fera mauvais usage jusqu’à ce qu’un direct dévastateur de Graft, le Serviteur d’Oll Persson, envoie le cultiste au tapis pendant la bataille de Calth. Notre histoire s’achève avec le départ du Perpétuel et de sa petite bande de survivants de la planète condamnée par le portillon Warp obligemment ouvert par le vétéran, dont les talents de survivalisme laisserait pantois Mike Horn en personne. Attention, ça va couper !
1 : Descendant de Bob, père de Lol, et lointain ancêtre de Wow.
2 : Ceci n’est pas une référence gratuite.
AVIS:
John French enfile sa casquette de fanboy d’Abnett et livre une petite nouvelle assez inventive sur la forme, retraçant de façon linéaire la « vie » d’un athamé, dont le destin aura été, assez ironiquement, de n’être manié que par des seconds couteaux au cours de sa longue existence. Derrière l’influence du Seigneur des Anneaux (un objet maléfique doué d’une conscience propre, qui choisit ses possesseurs et les mène à leur perte), l’auteur multiplie les cliens d’œil à l’œuvre du saint patron de 40K, en intégrant Kasper Hawser (Prospero Burns), le Cognitae (Ravenor), Criol Fowst et Oll Persson (Know No Fear) à son propos, sans apporter beaucoup d’informations supplémentaires sur ces personnages et éléments du daniverse. Nous sommes clairement dans l’hommage, et pas dans l’innovation, mais le tout est suffisamment bien mené (et assez court) pour qu’on ne tienne pas rigueur à French de son approche « périphérique ». L’Empereur lui-même se permet un petit caméo sans conséquence, mais qui permet au moins d’identifier une partie de l’emploi du temps très fragmenté de Pépé pendant les millénaires ayant précédé son avènement. En somme, Athame se lit vite et bien, et accompagne (plus que ne complète) l’histoire de Know No Fear, donc pourquoi pas ?
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Interlude #8 :
– Et nous retrouvons enfin notre bien aimé Primarque pour cinquante minutes de lecture de Roboute Guilliman par Roboute Guilliman et pour Robo- vous, chers auditeurs ! Avec encore une fois toutes nos excuses pour l’interruption sauvage de tout à l’heure. Cher Guilliman, c’est à vous.
– Merci Marius. Comme je le disais donc, la nécessité de résoudre l’impératif théorique dans un substrat conjoncturel pratique, peut aussi être envisagée sous le prisme d’un épiphénomène tangent à sa propre dualité, et-
-KRRRRRRRRRRRRRRRRRR-
Hého les potos, revoilà la FACHO ! À bas la bleusaille, rejoignez les ouailles !
♫ Quitte à tout prendre, prenez mes glandes et la télé ♫
♫ Ma brosse à dents, mon bolter, le speeder ça c’est déjà fait ♫
♫ Avec mon cœur auxiliaire ♫
♫ Prenez mes livres, mon athamé ♫
♫ Tout c’qui fait d’moi un Légionnaire ♫
♫ Qui défendait l’humanité ♫
♫ Avec un zèle trop exemplaire…♫
♫ Lorgar est un type raisonnable ♫
♫ Avec lui, on peut s’arranger ♫
♫Pépé s’est mis la tête dans sable
♫ Et n’oubliez pas…♫
♫ Roboute est un enc- BAM
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Unmarked // Sans Repères – D. Abnett :
INTRIGUE:
Nous avions quitté ce bon vieil Oll Persson dans Know No Fear après qu’il ait pris la porte, ou plutôt le portail Warp, de Calth, escorté par cinq autres survivants rencontrés en chemin. Nous retrouvons notre petite troupe sur un autre monde, où la terre est si ronde, et la lune et si blonde, que ce soir, les trompettistes abondent. Ceci est l’exacte réalité, et le début d’une randonnée d’un genre un peu particulier pour notre bande, qu’il convient de présenter même si la plupart de ses membres ne servent pas à grand-chose : Oll Persson, Perpétuel croyant, ancien pote de John Grammaticus et soldat à la retraite, Zybes, un ouvrier agricole qui travaillait pour lui de temps à autre, Katt, une mystérieuse jeune femme (ahem…*Psyker*) croisée en chemin, Graft, son Serviteur manutentionnaire, et les soldats impériaux Rane et Krank. Grâce à l’athamé récupéré auprès d’un cultiste du Chaos trop prosélyte pour son intérêt, et les cours particuliers pris par Persson au long de son interminable vie, le sextuor est capable de passer de monde en monde, suivant le compas mystique du Perpétuel à la recherche de ce qu’on appellera simplement des carrefours d’espace-temps. Après un arrêt peu sympathique sur la planète des trompettistes, sorte d’autruches-sirènes géantes, qui rappellent à notre héros la foi où il était marin sur l’Argos, et où Orphée lui cassait les oreilles à jouer Wonderwall sur sa lyre pour essayer de choper Médée, Persson trouve le chemin d’un monde un peu particulier.
Et pour cause, il s’agit de Terra, ou plutôt de la Terre comme elle était appelée à l’époque, qui se révèle être Mars 1991, en pleine guerre du Golfe, à laquelle Persson a participé également, du côté de Saddam Hussein (Persson n’est parfait, comme on dit). Suspectant l’intervention d’un tiers dans ce tirage, qui permet toutefois aux randonneurs de l’extrême de se requinquer en pillant les réserves de nourriture et d’eau d’un T-62 éventré, Persson aperçoit également le nom de M’kar griffoné sur la carcasse du char. Il semblerait que quelqu’un veuille lui faire passer un message…
Début spoiler…Et ce quelqu’un, c’est son vieux camarade John Grammaticus, avec lequel il est en froid depuis quelques temps (entre Perpétuels, on ne compte pas). C’est lui qui a mis Persson sur le départ à Calth, et lui qui a guidé son homologue immortel dans son errance, qui a fini par l’amener jusque sur le front de Verdun en pleine 1ère Guerre Mondiale. C’est lui enfin qui le prévient que le M’kar auquel il a fait référence si souvent au cours des dernières heures, de façon un peu subliminale il faut dire, est l’envoyé des Dieux du Chaos en quête de l’athamé dérobé par le très ancien militaire. Un peu troll sur les bords, Grammaticus refuse de dire ce qu’est M’kar, et se contente de conseiller à son comparse de jouer la montre et faire profil bas, le traqueur ayant été mis sur deux missions par ses boss et ne pouvant pas se permettre de passer l’éternité à courser les fugitifs.
Bien évidemment, il faudra tout de même qu’une confrontation ait lieu entre les forces en présence, rencontre rendue inévitable par le détraquage soudain du compas de Persson, l’empêchant de quitter le créneau horaire millénaire où il a fini par entraîner sa troupe, et la réalisation que les pouvoirs de Katt agissent comme une balise GPS pour leur poursuivant. Fort heureusement pour cette dernière (et le reste de l’équipe de volley de coach Persson), le M’kar en question, qui se trouve être Maloq Kartho (Calth That Was) démonifié et hodorisé1, préfère embarrasser ses victimes en leur faisant venir à l’esprit leurs pires souvenirs plutôt que…je ne sais pas moi, les réduire en bouillie avec ses pouvoirs surnaturels ? Pour sa défense, la forme démoniaque de M’kar n’avait pas encore été débloquée à ce moment là, la nouvelle prenant place avant (si cela veut dire quelque chose pour une histoire passant du Pliocène au 30ème millénaire d’une page à l’autre) l’apothéose de l’Apôtre Noir sur Calth. C’est d’ailleurs pour recoller les morceaux avec lui-même que l’indicible M’kar fausse compagnie à ses victimes avant d’avoir pu les faire mourir de honte. Pour Persson et sa bande, le voyage vers Terra, où Grammaticus leur a fixé un rencard, ne fait cependant que commencer…Fin spoiler
1 : Maloq Kartho. Un coup de chance qu’il ne soit pas fait rebaptiser Mo, ça aurait été difficile d’instiller la terreur dans le cœur des mortels avec un blaze pareil.
AVIS:
Prenant la suite de son Know No Fear immédiatement après qu’Oll Persson et son petit groupe ait pris la poudre d’escampette, Unmarked permet à Abnett, en plus de faire légèrement avancer l’intrigue d’un personnage amené à joué un rôle dans le dénouement de l’Hérésie1, de se livrer à une réflexion intéressante sur les liens entre le 30ème millénaire et notre propre connaissance de l’histoire, en plus de lui permettre d’utiliser à nouveau « OK » dans ses écrits. À travers la véritable odyssée2 spatio-temporelle à laquelle s’adonnent la vieille personne et ses compagnons de route, l’auteur exploite à fond les possibilités narratives et fluffiques offertes par le Père Paituel qui lui sert de héros, et qui a roulé sa bosse depuis son Irak natal jusqu’à la lointaine Calth, en participant, de près ou de loin, à quelques épisodes majeurs de l’histoire humaine entre les deux. Argonaute, soldat romain sur le mur d’Hadrien, poilu dans les tranchées de Verdun, tankiste pendant la guerre du Golfe… Persson a littéralement vécu mille vies, et on est toujours preneur de sa perspective sur des événements qui nous sont, pour une fois, bien familiers. La GW-Fiction n’a jamais vraiment exploité les possibilités que son positionnement futuriste (en comparaison avec un Star Wars par exemple, qui se déroule dans un espace temps différent) lui ouvre, ce qui est compréhensible mais un peu dommage à mon avis. Abnett corrige un peu le tir ici, en revisitant notre passé plus ou moins lointain sous le prisme de 40K. L’ensemble peut être vu comme un gros clin d’œil en direction des fanboys et fluffistes acharnés, et n’apporte pas grand-chose à la trame de l’Hérésie en tant que tel, mais comme il y a des centaines de livres et nouvelles qui sont positionnés sur ce créneau, cette petite excentricité est la bienvenue.
Unmarked répond également à Calth That Was de Graham McNeill, en donnant (enfin) une utilité et, si j’ose dire, un supplement d’âme au personnage de Maloq Kartho, antagoniste principal de la nouvelle en question. Même si cela ne suffit pas pour racheter à mes yeux la copie de McNeill, plus bourrine et premier degré que la soumission de son compère, ces liens permettent au moins de donner davantage de cohérence à une anthologie qui en manquait jusqu’ici. Là encore, c’est trop peu et trop tard en ce qui me concerne, mais je comprends le choix de Laurie Goulding d’avoir terminé Mark of Calth avec cette histoire. Au final, c’est une nouvelle qui démontre pleinement les facilités d’Abnett en termes d’imagination, de mise en scène et de style par rapport à ses petits camarades de la BL, sans qu’il ait eu trop besoin de forcer son talent (j’en veux pour preuve « l’affrontement » « final » entre le chœur gospel du Révérent et révérant Persson et un M’kar en retard à sa propre ascension, qui est assez quelconque en termes d’intensité dramatique). Il a fait mieux ailleurs, mais c’est déjà très bien.
1 : Les légendes disent que cette brave âme a demandé à Horus s’il avait la ligma avant que l’Empereur ne l’engage sur le Vengeful Spirit.
2 : Je m’attendais qu’Abnett nous révèle que Persson a également participé à la guerre de Troie, et ait soufflé à Ulysse – à moins qu’il ne se soit agi d’un de ses alias – sa fameuse réplique à Polyphème : « Mon nom est Persson ». Ca aurait été fendard.
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Et nous en finissons ainsi avec Mark of Calth, anthologie unique dans son genre, et un peu grossière dans sa réalisation, il faut le reconnaître. Au-delà des différences qualitatives entre les nouvelles qui la compose, j’ai en effet trouvé que l’ensemble manquait d’une véritable direction éditoriale, ce que le postface de Laurie Goulding (l’éditeur en question) semble reconnaître à mi-mots. Il apparaît que ce volume a été mis en chantier pour répondre aux multiples ramifications scénaristiques amorcées par Dan « deal with it » Abnett dans Know No Fear, lorsque le principal intéressé a botté en touche quand Goulding lui a demandé s’il avait prévu de conclure des boucles, fermer des arcs et boucler des portes (et réciproquement) dans ses prochains romans hérétiques. C’est ainsi qu’une taskforce fut mise en place pour colmater les brèches, ou au minimum renforcer les fondations, des travaux d’Abnett ; ce Mark of Calth n’étant qu’une partie du résultat final.
Pour intéressante que soit cette genèse, l’impression dominante à la lecture de l’objet en question n’est pas celle d’une cohérence magistrale. Certaines histoires rebondissent sur des éléments développés par Abnett dans son bouquin, d’autres ne font que développer un détail de l’histoire qu’il raconte, sans vraiment s’intéresser à faire progresser l’intrigue globale, et Reynolds se paie même le luxe d’intégrer son personnage de 40K dans l’Hérésie de façon scandaleusement gratuite, ce qui est cool pour lui sans doute mais s’inscrit mal dans la logique décrite par Goulding en conclusion de Mark of Calth. Au fond, il n’y a que les inséparables buddies McNeill et Abnett (Abneill ? McNett ?) pour avoir travaillé de concert sur le fond, la soumission de French, pour vassale qu’elle soit des évènements de Know No Fear, n’apportant pas d’éléments repris par les autres auteurs. Bref, malgré son thème central, ses interstitials d’ambiance et les affirmations de Laurie Goulding, on a ici affaire à un recueil du même calibre que Tales of the Dark Millenium, Invasion ! ou Vaults of Obsidian, c’est-à-dire regroupant des textes vaguement liés les uns aux autres par un thème central. Ce qui n’est pas honteux, mais un peu décevant, quand on sait combien la BL s’enorgueillit de la manière dont elle déroule l’Hérésie d’Horus. Je terminerai (enfin) par cette recommandation, qui résumera je l’espère mon ressenti : on peut très bien lire Know No Fear sans enchaîner sur Mark of Calth, mais l’inverse sera plus compliqué…
TALES OF HERESY [HH]
Bonjour et bienvenue dans cette chronique de Tales of Heresy, premier recueil de nouvelles consacrées à la couverture de l’Hérésie d’Horus par la Black Library, publié en 2009 et traduit en français dans la foulée sous le titre de Chroniques de l’Hérésie. Une chronique de chroniques hérétiques… mais qui ne le sont pas vraiment au final. Eh oui, c’est ce que nous avons au menu aujourd’hui les amis. Car une des particularités de cette première anthologie, occupant la 10ème place dans la série de l’Hérésie, est que toutes les histoires qu’elle regroupe se sont déroulées avant qu’Horus ne décide de mettre les doigts dans la prise1. Cela en fait un ouvrage à part de cette saga tentaculaire, à placer aux côtés de l’Ascension d’Horus, qui dépeignait aussi « l’avant » du grand cataclysme sur le point d’engloutir l’Imperium et le rêve de l’Empereur. On pourrait presque rebaptiser ce volume Chroniques de la Croisade, et annoncer plus fidèlement la couleur. Laissons cependant ces considérations sémantiques de côté pour nous concentrer sur la composition de cet objet.
Regroupant sept nouvelles se déroulant d’un bout à l’autre de la galaxie, depuis cette bonne vieille Terra jusqu’à lointaine Nuceria, et convoquant aussi bien des Primarques que des Sœurs du Silence, des Custodiens que des Space Marines, des civilisations perdues et d’infâmes Xenos pervertis, avec même une apparition apocalyptique de cette HoE de Mom2, ces Chroniques brassent large et laissent une ample place à leurs contributeurs pour esquisser un portrait de l’Humanité à la toute fin de ce qui peut être considéré comme son âge d’or. Le nombre limité d’histoires intégrées dans ce volume permet en effet aux plus prolixes de ces auteurs de soumettre des récits tenant plus de la novella que de la nouvelle, la longueur moyenne de ces (pas si) courts formats approchant les soixante pages. Les Chroniques de l’Hérésie ont pu compter sur l’expertise de quelques noms bien connus de l’habitué de la Black Library, depuis l’omnipotent Dan Abnett3 jusqu’aux fidèles Gav Thorpe et Graham McNeill, mais également sur la collaboration d’auteurs plus rares, voire absents, de la suite de l’Hérésie, de Matthew Farrer à Mike Lee. On peut donc s’attendre à ce que le résultat soit un peu moins « maîtrisé » que les dernières sorties hérétiques, qui ont bénéficié d’un niveau de contrôle éditorial sans précédent de la part de la BL.
Et maintenant, partons dans une galaxie lointaine, il y a fort longtemps notre galaxie, dans 28 millénaires…
1 : Et surtout, qu’Erebus ne décide de mettre un athame dans Horus.
2 : Soit ‘Him on Earth’ et ‘Master of Mankind’. De là à dire que l’Empereur est un cougar, il y a une ligne franchement hérétique à franchir. Remarquez, cela permet aux renégats de recycler facilement la devise du bro code à leur avantage : « Je me suis détourné de la lumière de l’Empereur parce que bros before hoe, man ».
3 : Qui après avoir signé le premier roman de la série, trouve le moyen de signer la « première » nouvelle également. Gros bonnet.
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Blood Games // Parties de Chasse – D. Abnett :
INTRIGUE:
C’est camping ce soir pour notre héros, un individu mystérieux plus enclin à partager avec le lecteur ses voyages pendant les dix derniers mois, qui l’ont vu parcourir une bonne partie de l’Eurasie dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et en suivant le vol des hirondelles d’Afrique chargées de noix de coco, qu’à révéler les raisons qui l’ont poussé à entreprendre ce périple singulier, ni pourquoi il est persuadé d’être recherché par les autorités locales. Au fur et à mesure que les anecdotes s’enchaînent, signe manifeste de la vie intérieure très riche du personnage, qui ne parle pas mais se souvient beaucoup, nous prenons la mesure du bonhomme, et comprenons qu’il n’est pas venu pour rigoler, en témoignent les trois migous junkies que Mr X a froidement abattu lorsque ces derniers ont fait mine de lever la main sur lui pendant un deal de résine qash1, sur les contreforts d’un Palais Impérial en grands travaux de renforcement. Si le migrant inconnu tenait tant à récupérer la précieuse substance, c’est qu’il a besoin des effets paralysants de cette dernière pour duper les scanners biologiques qui protègent le Palais, et feint donc la mort derrière un tas de gravier transporté par une grue pour déjouer les mesures de sécurité entourant sa cible. Car il ne fait guère de doute après ces quelques pages introductives que notre héros est un assassin, et que sa future victime se terre quelque part dans l’immensité baroque de la baraque de fonction de Pépé.
Négociant les obstacles les uns après les autres grâce à ses talents naturels, un changement fréquent d’identité et de profession, et l’aide de quelques petits gadgets très utiles, comme un champ de déplacement pour camoufler sa stature massive, et une feintecapuche2 pour disparaître totalement, tel un Harry Bolter de deux mètres dix sous sa cape d’invisibilité, le stalker parvient jusqu’au Hall de Leng, où il surprend Rogal Dorn en train de palucher un grimoire massif à des heures indues. S’arrêtant à peine pour noter la beauté des mains du Primarque, le tueur se rue sur cette pauvre et frêle chose qu’est le Prétorien de Terra, la dague aux lèvres et la bave à la main…
Début spoiler…Mais voit sa lame empoisonnée être repoussée au dernier moment par un Custodien, qui s’était lui aussi planqué sous une cape VPN pour éviter d’être repéré. Bien que parvenant à se défaire de cet adversaire, puis des deux autres qui lui tombent sur le râble immédiatement après (pendant que Rogal Dorn, vraiment imperturbable, finit sa petite affaire dans son coin), l’assassin décide sagement de s’échapper de ce traquenard, mais se retrouve cerné à la sortie du Hall par un quintet de Custodiens en armure complète, qui lui font comprendre qu’une reddition immédiate serait charitable de sa part. Jeté en prison comme un malpropre sans avoir pu mener à bien sa mission, notre héros reçoit la visite de Constantin Valdor en personne, qui, plutôt que de le soumettre à la torture pour lui arracher ses secrets, le félicite pour le nouveau high score qu’il a réussi à établir pour cet exercice rafraîchissant que sont les Parties de Chasse (Blood Games) de l’Adeptus Custodes. Car notre surineur masqué capé n’était pas un Assassin retourné par Horus, ou un Alpha Légionnaire en goguette sur Terra, mais Amon, Custodien du 1er Cercle, et son run presque réussi va permettre à ses frères d’armes de perfectionner encore un peu plus la sécurité du Palais, dont il a exposé les failles3.
Ce malentendu dissipé, il est temps pour notre vaillant infiltrateur de reprendre ses fonctions normales, qui consistent à détecter et déjouer tous les complots menaçant l’ordre impérial et la sécurité de l’Empereur sur Terra et dans ses environs. Bénéficiant d’un matériel de pointe et de pouvoirs très étendus, mais pas absolus, car même au zénith de la Grande Croisade, le Monde Trône n’était pas totalement sous le contrôle de Pépé, les Custodiens occupent donc leurs journées à maintenir la pax imperialis, ce qui les conduit parfois à monter des opérations que n’aurait pas dédaigné Tom Cruise à son époque Mission Impossible4. Pour Amon, qui est parti crapahuter dans la pampa avant que la nouvelle de la trahison d’Horus ne soit révélée, il faut se remettre au travail sans tarder après ces quelques mois de randonnée itinérante (l’équivalent d’une période de congés pour un Custodien, sans doute). Il demande donc à Valdor de superviser le dossier Sichar, du nom de l’influent seigneur du Hy Brasil, soupçonné d’entretenir des contacts détournés avec des éléments félons de l’Armée Impériale.
Jamais le dernier à mettre les mains dans le cambouis, Amon recrute son vieux pote (façon de parler, les Custodiens sont tous des asociaux) Haedo pour infiltrer le territoire de son suspect, usant à nouveau de sa science du maquillage et de la postiche pour se faire passer pour un VRP en granit, ou équivalent, tandis que son collège adopte le rôle de son garde du corps. Le hic, c’est que cet impatient d’Amon n’a pas attendu le mandat demandé à ses supérieurs pour se rendre sur place, et a poussé le zèle jusqu’à tenter de hacker le pare-feu de Sichar en utilisant des lombrics espions (it’s complicated). S’il se fait gauler, ce sera un beau merdier diplomatique, mais comme notre héros est un vrai professionnel hautement entraîné… il se fait gauler. Je crois que la bonne formule était « autrement entraîné ». Pour ne rien arranger, Amon se fait griller sous sa perruque par le soupçonneux garde du corps du frère de Sichar avec lequel il taillait le bout de gravier, un Lucifer Black auquel on ne l’a fait pas. Cependant, la tentative grossière de la team Custo’ ne se solde pas par un échec complet, les derniers vers inquisiteurs d’Amon lui ayant permis de prouver que ce petit fripon de Sichar a bien été en contact régulier avec le Vengeful Spirit au cours des derniers mois.
Abandonnant toute discrétion, les deux Custodiens se font livrer leurs armes et armures par un téléporteur Über Cheat, et partent en direction du Parlement de Hy Brasil, où se trouve leur suspect, le Lucifer Black de garde du frangin d’icelui sur les talons. Grâce à la magie des feintecapuches, ils parviennent toutefois à portée de lance gardienne de l’agent double, révèlent leur présence, et le somment de se rendre sans jouer au héros…
Début spoiler 2…Cette interpellation sans histoire est cependant complexifiée par l’arrivée soudaine d’une escouade de Huscarls Imperial Fists, menée par Rogal Dorn en personne. Devant le refus des deux Custodiens de baisser leur arme, le Primarque est contraint de leur expliquer la situation : Sichar a bien été en contact avec Horus, mais c’est parce qu’il était un agent double au service de Terra. Et maintenant que sa couverture a été atteinte, il faudra trouver aux loyalistes un nouveau moyen de suivre les faits et gestes du Maître de Guerre félon. Bravo les Custos. Et Amon de faire remarquer à son interlocuteur qu’il faudrait vraiment que Space Marines et Custodiens collaborent de façon plus soutenue à l’avenir, afin d’éviter ce genre de résultats contre-productifs, conséquences logiques d’un travail en silo. Avant que Dorn ne puisse donner son avis sur la question, le Lucifer servant de garde du corps à Sichar, qui lui était un véritable traître, fait péter une bombe dans l’enceinte du Parlement, tuant son ancien employeur pour lui apprendre à être une balance. Il faudra à Amon encore s’employer pour rattraper le fâcheux et l’empêcher de faire exploser une autre bombe, bien plus dévastatrice, au dessus de la patinoire géante servant à refroidir les réacteurs de Hy Brasil, ce qui aurait eu des conséquences dévastatrices. Une petite téléportation du véhicule piégé en orbite, et l’affaire est réglée. Cependant, il va falloir que les surhommes rivaux apprennent à coopérer d’ici l’ouverture du siège de Terra si Pépé veut espérer l’emporter…
Début spoiler 3…Spoiler : ils n’y arriveront pas des masses.Fin spoiler
1 : Grossière erreur qu’ils ont payé de la même manière, c’est-à-dire cash.
2 : Je suis quasiment sûr que falsehood n’a pas été traduit comme ceci en VF, mais ma version a vraiment trop la classe.
3 : « Et Dorn dans tout ça ? » demanderont les lecteurs Imperial Fists, avec raison. Et bien le Primarque est chill avec le concept d’un deux trois scalpel dont il est la cible de la part des Custodiens, apparemment. Notamment parce qu’il avait repéré Amon depuis un petit moment, et ne se sentait pas vraiment menacé par un avorton maniant un couteau à huître.
4 : À ne pas confondre avec ‘Maçon Impassible’, qui est le sobriquet dont les Custodiens ont affublé ce pisse-vinaigre de Dorn.
AVIS:
Fascinante immersion dans le quotidien trépidant des encore plus meilleurs de l’Empereur, Blood Games fait mouche sur tous les plans importants pour une nouvelle de GW-Fiction. En matière de forme, Abnett parvient, comme à son habitude, à plonger son lecteur dans une intrigue passant de palpitante à intéressante, grâce à sa maîtrise de l’exposition parcellaire, qui lui permet de laisser son public dans une méconnaissance savamment étudiée de la situation dans laquelle son héros se trouve, jusqu’au rebondissement (pas tout à fait) final venant faire toute lumière sur les pages précédentes. Le bougre a beau être connu pour l’utilisation de ce genre d’effet, ce dernier marche toujours à plein à la première lecture, et c’est tant mieux. En plus de ce masterclass en termes de construction, Abnett convoque les souvenirs de ses trilogies inquisitoriales pour effectuer un remarquable travail de contextualisation de son propos, décrivant avec une foule de détails bien sentis la situation de Terra au début de l’Hérésie. Ce qui n’était alors « que » le Monde Trône se dévoile alors dans toute sa complexité, rappelant au lecteur qu’il n’y a pas forcément besoin de convoquer des armées titanesques s’affrontant sur des centaines d’années lumières pour intéresser le chaland.
Sur le fond, Abnett fait également fort en creusant quelques thèmes intéressants, comme le rôle et l’organisation des Custodiens, leurs rapports avec les autres protecteurs de Terra, et la situation géopolitique de la planète à HH-1. Et, si la vision qu’il donne de ces sujets peut surprendre de prime abord, il introduit ces nouveaux éléments de fluff avec une telle autorité et maestria que l’on ne peut qu’accepter sans la contester sa vision des choses, alors que beaucoup d’autres auteurs moins doués ont peiné à convaincre leur public de la validité de leur raisonnement et ajouts au background hérétique. Mine de rien, les apports de ces quelques dizaines de pages sont loin d’être anodins (notamment la mainmise assez fragile que l’Empereur a sur sa propre capitale, alors qu’il vient de conquérir la galaxie), et un certain nombre de publications postérieures capitaliseront sur ces derniers, à commencer par les propres soumissions d’Abnett (retour des Lucifer Blacks dans Légion, par exemple).
Finalement, le seul reproche que je ferai à cette nouvelle porte sur sa conclusion au goût d’inachevé, l’ultime cabriole d’Amon pour arrêter la Zamboni piégée de l’assassin de Sivar (dont la mort, racontée par une mention de deux lignes après une ellipse ayant projeté l’intrigue de la discussion tendue entre Amon et Dorn à la course poursuite du premier, est également bizarrement traitée) ne faisant pas le poids face à la qualité des pages précédentes. Pour le reste, c’est de l’excellent boulot de part de Dan Abnett, et une des meilleures nouvelles de tout le corpus hérétique que vous tenez dans les mains.
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Wolf at the Door // Dans la Gueule du Loup – M. Lee :
INTRIGUE:
Sur la planète de Kernunnos, siège de l’empire humain ayant fédéré le sous-secteur de Lammas, les forces de la 954ème Force d’Expédition en terminent enfin, après sept ans de durs combats, avec la résistance farouche mais futile des Tyrans locaux. Passant à travers les ruines désolées de la capitale, et progressant jusqu’à la gated community où les dirigeants de Kernunnos se sont repliés pour monter leur dernier carré, les Dragons Arcturan sont rejoints sur le parking de la résidence Beau Séjour par un Stormbird aux couleurs des Space Wolves. À la tête des féroces loulous, nous retrouvons le Seigneur Bulveye et ses Lieutenants Halvdan Bale-Eye (surnommé Coco Bel Œil par les Dark Angels) et Jurgen Toukour, les trois officiers supérieurs de la 13ème Grande Compagnie de la Légion de Russ. En attendant que leurs hôtes viennent leur ouvrir la porte, massive et quelque peu endommagée par le bombardement orbital sévère subi par la région au cours des derniers jours, Bulveye nous briefe rapidement sur la particularité de sa Compagnie, composée1 des frères d’épées du Primarque ayant insisté pour boire un coup de Canis Helix à l’arrivée de l’Empereur sur Fenris, en dépit des conseils paternels prodigués par l’Allfather. La gnôle de Pépé s’étant révélée un peu trop forte pour ces flippettes de Fenrisiens, 99% se sont écroulés après avoir demandé s’il y avait de la pomme2, ne laissant que Bulveye et une quarantaine de gaillards accompagner leur lige dans l’espace. Un résultat malgré tout impressionnant.
Ces souvenirs émus sont interrompus par l’arrivée des forces adverses, venues offrir leur reddition à leurs vainqueurs. Une fois les soldats, esclaves, femmes, enfants et Tyrans sortis de leur trou et prostrés dans la poussière devant les impériaux, Bulveye démontre son infinie magnanimité en ne tuant ni n’urinant sur personne, à la grande surprise des vaincus. À la place, il leur explique que les mondes du sous-secteur vont être finalement rattachés à l’Imperium, et qu’il vaudrait mieux pour les petites fesses flageolantes des Tyrans qu’ils ne lui donnent pas de raison de revenir sur Kernunnos de sitôt. Ceci fait, et de retour vers son vaisseau, il apprend de la bouche d’un des ses huskarls l’arrivée de deux messages sur son boîte mail neuf.fr3 : le premier est une convocation de toute la Légion sur Telkara, en vue d’un petit voyage sur Prospero, où Magnus aurait fait du vilain. Le second l’informe de la découverte d’un dernier monde humain dans le sous-secteur, auparavant coupé du reste de la galaxie par des tempêtes Warp. Prenant très à cœur le fardeau du loup blanc et la mission d’unification confiée par l’Empereur à ses Légions, Bulveye décide d’aller tuer le temps nécessaire au rassemblement de sa flotte dans ce patelin perdu, pour honorer la promesse faite à Leman Russ de finir la map à 100%.
Venus en petit nombre, les Space Wolves atterrissent sur une planète qui semble s’être mangée une guerre atomique en bonne et due forme au cours de son histoire, transformant 90% des terres émergées en désert radioactif. Accueillis par une délégation d’adulescents impressionnés par la carrure et la mâle prestance des nouveaux venus, Bulveye et son escorte sont amenés en Kangoo4 jusqu’au Sénat local, constatant pendant qu’ils patientent dans les bouchons que la population semble se préparer pour une catastrophe imminente. Introduits dans le saint des saints d’Antimon (le nom de la planète), les Space Wolves reçoivent un accueil très froid de la part des augustes sénateurs, très occupés à s’abreuver d’injures à propos d’un quota et d’une loterie, dont le sens échappe à leurs hôtes. Sans doute l’organisation de la kermesse de la fin d’année. L’honorable Président du Sénat, Gérard Larch-Javren Santanno, va même jusqu’à traiter ses hôtes de « sales furries puant de mes deux », ou quelque chose comme ça, en introduction de l’entrevue, forçant Bulveye à puiser dans ses réserves de self-control pour éviter de rentrer dans le lard des Antimoniens. À la place, il sort sa plus belle saga, et raconte pendant des heures les circonstances ayant mené à la Grande Croisade et à la fondation des Space Wolves, pour finir par une offre d’adhésion à l’Imperium de l’Humanité, évidemment non assortie d’une période d’essai sans conditions, parce que, reconnaissons-le, vous n’êtes pas en position de dire non. Le test de persuasion si longuement préparé par notre héros s’immobilisant sur un échec critique après avoir roulé sur le bureau de Javren, ce dernier traite tout bonnement son visiteur venu d’ailleurs de menteur, ce qui aurait pu très mal finir si les Harrowers n’avaient pas choisi ce moment pour faire leur grand retour sur Antimon. Que sont les Harrowers, vous entends-je me demander ? Voici.
Cette race de Xenos a pris le parti de venir passer des vacances régulières sur la planète il y a de cela deux siècles, lorsque les tempêtes Warp déchirant la galaxie se sont un peu calmées. Bénéficiant d’une technologie très avancée et d’un goût prononcé pour la torture, ils se sont mis à prélever une dîme parmi les habitants d’Antimon à chacun de leurs passages, et ont construit de grandes (5 km de haut tout de même) tours défigurant le paysage pour abriter leurs vacanciers. D’abord combattus par la caste de guerriers locaux, les armigers, les Xenos déversèrent le feu et la fureur sur la planète en représailles d’une embuscade ayant coûté la vie à 20 d’entre eux, exterminant des centaines de millions de locaux. Suite à cet événement, le Sénat décida de dissoudre les armigers, et de mettre en place un système de bénévolat en pro bono, envoyant aux envahisseurs un contingent de leur population de leur propre chef pour préserver le reste. Tout cela a marché plutôt correctement au cours des dernières décennies, mais le retour précipité des vacanciers tortionnaires fait souffler un vent de panique parmi la population locale, qui, comme aurait pu le dire Illidan Hurlorage, n’est pas prête. Voila ce qui justifiait les débats de quota et loterie5 surpris par les Space Wolves à leur arrivée. Ces derniers, pris également au dépourvu par le débarquement des Eldars Noirs (car oui, si vous n’aviez pas fait le rapprochement, je ne peux plus rien pour vous), qui a forcé leur barge de bataille à se retirer de l’orbite (ou à s’écraser sur la planète, au choix), décident de faire contre mauvaise fortune bons cœurs, et de défendre leurs congénères des déprédations des Drukhari, bien que rien ne les y oblige.
S’ensuit alors une campagne de guerilla inspirée, montée par un Bulveye très à l’aise dans l’exercice. Ayant exprimé leur manifeste de farouche défiance à l’encontre des Xenos puants (littéralement puants, leurs sens développés de Space Wolves manquant d’être submergés par l’infâme fumet dégagé par les envahisseurs) en massacrant sans sommation la petite bande envoyée par l’Archonte Darragh Shakkar collecter la dîme de chair déposée par les Antimoniens à proximité de leur capitale, les Space Marines passent les semaines suivantes à organiser des opérations coup de poing contre les Eldars, leur infligeant de lourdes pertes et minant l’autorité de l’Archonte sur ses pillards. Soutenus dans leurs efforts héroïques par les dons de victuailles de la population, et leur capacité à faire du camping dans les plaines irradiées de la planète pour échapper à leurs poursuivants, Bulveye et ses hommes finissent par être contactés par Andras Santanno, fils de feu Javren, et résistant de la première heure avec ses copains armigers, dont ils ont maintenu la tradition martiale en vie malgré l’interdiction des autorités. Andras pouvant leur permettre d’accéder à une des spires Eldars en dérobant un Raider laissé sans trop de surveillance, Bulveye accepte le principe d’une collaboration, et la team humains prend donc le chemin du pied à terre Xenos…
Début spoiler…Sur place, les assaillants parviennent à se frayer un chemin jusqu’au cristal réacteur, et à poser leurs ultimes charges à fusion sur ce dernier. Bonus appréciable, ce chacal de Shakkar finit également par se joindre à la fête, comme prévu par Bulveye. Au cours d’un combat accroché, et bien aidé par la distraction apportée par Andras, le Seigneur Loup finit par envoyer son adversaire par-dessus la troisième corde, directement sur le cristal en question, ce qui le vaporise sans autre forme de procès (les amateurs de catch appellent ça une Palpatine), et surcharge le réacteur, déclenchant une réaction en chaîne catastrophique menant à l’explosion du centre de vacances Drukhari. Évidemment, nos héros ont réussi à s’enfuir à la dernière seconde de l’édifice condamné, sinon c’est pas drôle.
Se préparant à livrer un dernier carré dans les ruines du Sénat, les survivants apprennent quelques heures plus tard l’arrivée de la flotte de secours des Space Wolves, ayant mis en fuite les vaisseaux Xenos et effectivement remporté la victoire pour l’Imperi… Wait. Andras, en digne fils de son père, n’est vraiment pas chaud pour rejoindre la joint venture vendue par Bulveye, qui espérait pourtant que l’héroïque action d’arrière-garde de ses hommes inciterait leurs hôtes de give peace Big E a chance. Ayant bien compris qu’il n’arriverait pas à convaincre son nouveau frère de la validité de sa démarche, c’est les cœurs lourds que notre héros se trouve forcé de hacher menu son compagnon et les derniers armigers, et d’ordonner à ses renforts de se lancer dans une petite mise en conformité sur le pouce, pendant qu’il prend la route de la rout. ♫ Signé Bulveye… ♫Fin spoiler
1 : En partie, sinon la « Grande » Compagnie ne pèse que quarante nobles vieillards, ce qui est peu.
2 : Et l’Empereur de répondre « Y en a. » selon la formule consacrée.
3 : Comme tous les vieux, Bulveye n’est pas à l’aise avec la technologie, et a donc un préposé aux e-mails et au pack Office qui lui prépare ses présentations Power Point.
4 : Dont la flexibilité offerte par ses sièges rabattables et sa puissance sous le capot impressionne même ce blasé de Bulveye.
5 : Bonne chance pour vendre des tickets en porte à porte avec un grand prix aussi pourri que celui-là.
AVIS:
Longue nouvelle à haute teneur en action space marinée, et adaptation assez réussie de Papy(s) fait de la résistance à la sauce M31, Wolf at the Door se révèle plus intéressante par ce qu’elle dit de la réalité de la Grande Croisade que par la guérilla menée par Bulveye et ses Bulv-ouailles contre des Xenos à l’hygiène corporelle douteuse. Confronté au classique dilemme opposant devoir et éthique, le Seigneur Loup devra trancher (c’est le cas de le dire), bien qu’il lui en coûte. Un bon point à l’élève Lee pour avoir traité cet aspect de la reconquête galactique par les armées de Pépé, et ne pas s’être contenté d’une happy end à la Star Wars1 comme d’autres auteurs auraient pu le faire.
En plus de cela, on apprend pas mal de chose sur la 13ème Compagnie des Space Wolves, et sur la figure semi-connue de Bulveye2, qui reviendra jouer les seconds couteaux dans la novella Leman Russ : Le Loup Suprême de Chris Wraight. On notera également que la diction3 du Wulfen, utilisée par Bulveye comme special move pour vaincre l’Archonte adverse, semble avoir été mise sous contrôle par les Longues Barbes depuis les événements de Dulan. Au temps où cette nouvelle a été écrite, je doute que la BL ait été aussi stricte dans son contrôle éditorial qu’elle ne l’est aujourd’hui, et il est donc heureux que les pièces du puzzle continuent à s’agencer sans trop de friction après toutes ces années.
On regrettera toutefois que les Eldars Noirs convoqués par Mike Lee pour donner le change aux fiers loulous aient été dépeints par l’auteur comme de frêles et grêles brêles, facilement mis en échec par une poignée de Space Wolves déterminés (la palme revenant au Frère Ranulf, qui a défendu en solo le Raider de l’équipe contre des vagues de Xenos sans aucun problème). Cela permet certes de recontextualiser le potentiel des Astartes, mais un peu plus d’équilibre dans le rapport de force aurait été appréciable.
1 : Il aurait été marrant que les Ewoks refusent également de rejoindre la Résistance après le banquet d’Endor, et se soient faits massacrer par la flotte rebelle en représailles. Mais cette galaxie fort lointaine a toujours été des plus gentillettes…
2 : Petit problème de continuité fluffique, dans l’œuvre de Wraight, Bulveye a été démis de ses fonctions de Seigneur Loup et n’est plus que le bras droit de Jorin Bloodhowl. L’âge de la retraite avait-il sonné pour notre vieux guerrier ?
3 : Non pas que les performances ortophoniques de ces petits êtres poilus soient au cœur des débats, mais je ne peux pas trancher s’il s’agit d’une béné- ou d’une malé-diction.
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Scions of the Storm // Les Descendants de la Tempête – A. Reynolds :
INTRIGUE:
J+30 après Monarchia pour la 47ème Flotte d’Exploration impériale. Menée par Lorgar et ses Word Bearers, l’expédition a atteint un monde humain prestement renommé 47-16 par les scribes du bord. Envoyé à la surface de la planète pour prendre le pouls de la convertissabilité des autochtones, Kor Phaeron, Premier Capitaine de la Légion, a émis un jugement sans appel sur les ploucs en question à son retour en orbite : des païens indécrottables, dont on ne pourra jamais rien tirer. Sans savoir que le père adoptif et confident de Lolo, qui boude dans sa chambre depuis qu’il a reçu une paire de mandales paternelles sur Monarchia1, suit son propre agenda (HelloKitty), l’idéaliste Capitaine Sol Talgron s’oppose à l’approche génocidaire préconisée par Kor Phaeron, et le duel de regards qui s’ensuit n’est interrompu que par le susurrement d’Erebus, qui informe le conseil de guerre des Porteurs de Moe que le Primarque devra être consulté sur ce point. À peine le temps pour les Capitaines rassemblés de sortir de la pièce et de se diriger vers leurs quartiers respectifs que ce coquinou de Premier Chapelain re-convoque tout son monde, et explique à l’assemblée que Lorgar a donné son feu vert pour annihiler la civilisation en contrebas (qui pourtant avait accueilli plutôt favorablement le projet de rejoindre l’Imperium), sous prétexte que l’Empereur souhaite désormais que la 17ème Légion accélère son rythme de mise en conformité. Interloqué par cette décision, Sol Talgron se plie toutefois sans broncher à cette dernière, et s’en va préparer ses hommes au prochain assaut.
Après une journée de bombardements intensifs, ayant fait chuter la démographie de 47-16 de 98%, il est temps pour les Astartes d’aller finir le job de plus près, le temple-capitale de la planète étant protégé par un champ de force trop puissant pour que les macro-canons de la flotte puissent en venir à bout. Et c’est là que les ennuis commencent pour les Word Bearers, dont le zèle ardent n’est cependant pas tempéré de beaucoup de sens tactique, ce qui leur posera les problèmes que l’on sait pendant la Croisade des Ombres. Nous suivons donc Sol Talgron et sa Compagnie lors de leur approche de l’objectif, pendant que les autres forces d’assaut impériales convergent sur l’ultime bastion adverse dans la confusion la plus totale. Certains par Stormbirds, d’autres par Drop Pods, on voit également des tanks lourds et des Titans se joindre à la curée, pendant que la flotte impériale continue de bombarder la cité. La définition même d’un overkill, même si dans ce cas précis, ce sont les impériaux qui paient le plus lourd tribut. Les défenseurs peuvent en effet compter sur leur maitrise de la foudre et de la robotique pour mettre des bâtons dans les roues et des éclairs dans les joues des assaillants, leurs marcheurs de combat montés sur trépied se révélant aussi coriaces que mortels pour les Word Bearers et leurs alliés. Cela n’empêche pas Sol Talgron et ses compagnons de l’escouade de vétérans Helikon2 de se frayer un chemin jusqu’au périmètre extérieur du temple, notre héros se mangeant quelques décharges bien juteuses en chemin. Grâce à l’éclair de génie (haha) du Sergent Kal Badar, il parvient tout de même à pénétrer dans le saint des saints adverse, le sabotage de quelques uns des paratonnerres locaux affaiblissant momentanément le bouclier protecteur et permettant à nos héros de se jeter (littéralement) à l’intérieur…
Début spoiler…Une fois remis de leurs émotions, Sol et ses hommes se dirigent vers le cœur du complexe, s’arrêtant en chemin pour émettre des jugements peu aimables sur la statue géante du dieu de la foudre vénéré par les locaux. Dans l’espèce de pyramide centrale sont réfugiés les survivants de 47-16, qui occupent leurs dernières heures à vénérer leur déité païenne sous le commandement d’un prêtre rabougri. Cherchant à mettre fin au massacre de façon diplomatique, Sol Talgron engage la conversation avec ce dernier, et ne tarde pas à réaliser, copie du Lectitio Divinatus locale à l’appui, que la population de la planète vénérait bien l’Empereur, sous la forme d’un dieu des tempêtes. Après tout, le symbole de Pépé n’est-il pas un éclair ? Bon, ça ne pardonne pas l’utilisation par les auto-proclamés Descendants de la Tempête de robots autonomes, une faute lourde dans le règlement intérieur de l’Imperium, mais Sol est convaincu que le malentendu peut être réglé à l’amiable (enfin, un amiable ayant fait près de 200 millions de morts, tout de même), si l’aimable vieillard consent à le laisser expliquer la situation à ses collègues et à désactiver son bouclier. Ce dernier accepte, après avoir reçu la promesse de la part du Capitaine que ses derniers fidèles seront épargnés par les Word Bearers.
Au bout de quelques minutes d’attente la 1ère Compagnie de la Légion se téléporte en full armure Terminator dans le temple, suivie de Lorgar et d’Erebus. La simple vue du Primarque fait blémir l’ayatollah local, sans doute capable de percevoir la corruption grâce à ses super pouvoirs de personnage secondaire qui va mourir dans les minutes qui vont suivre sans pouvoir prévenir le héros. Ce dernier, transporté par la présence de l’Urizen, aussi appelé le Doré, aussi appelé l’Oint par ses fils (et Ouin Ouin par ses frères), sous ses abords débonnaires et prévenants, semble bien trop satisfait de lui-même pour tromper le lecteur sur la fin de la nouvelle. Et en effet. Après une courte promenade avec Sol Talgron, il ordonne à Erebus d’égorger le prêtre et à Kor Phaeron de descendre les Descendants, avant d’annoncer à notre héros, un peu ébêté, qu’il aura besoin de son absolue loyauté dans le futur, et qu’il est en train de finir un nouveau bouquin, beaucoup plus abouti que le Lectitio Divinatus, dont le titre de travail est le Livre de Lorgar (en toute simplicité). Il ne manque plus qu’un petit éclat de rire maléfique pour faire comprendre au vraiment très gentil Sol Talgron que son boss n’est plus le même. En tout état de cause, il est plus que probable que l’intègre Capitaine ne finisse pas l’Hérésie en un Sol morceau…Fin spoiler
1 : Au moment où Reynolds a écrit cette nouvelle, l’affaire n’avait pas encore été mise en scène comme l’humiliation publique et générale subie par la Légion dans son ensemble, sous la plume d’Aaron Dembski-Bowden (Le Premier Hérétique). De même, aucun Custodien ne viendra pointer le bout de son casque ici, ce qui aurait peut-être permis aux quaranteseptseiziens de mieux s’en tirer…
2 : Appelée ainsi en hommage à l’instrument dont joue Lorgar dans la fanfare primarquielle.
AVIS:
Difficile de juger cette très ancienne nouvelle traitant des Word Bearers au moment de leur basculement du côté sombre du Warp sans la comparer à ce qui a suivi, et qui est à mes yeux de bien meilleure facture. Au-delà des éléments fluff qui ont été modifiés ou réécrits depuis, et desquels Anthony Reynolds n’est pas responsable1, le récit du martyr de 47-16 n’apparaît pas comme particulièrement intéressant, à l’image de Sol Talgron, héros bien brave et bien honnête, qui passe son temps à tomber du ciel et des nues. Si la révélation finale permet au moins d’acter la déchéance consommée de Lorgar, elle se trouve amoindrie, comme le reste de la nouvelle, par des considérations logiques venant mettre à mal les efforts de l’auteur pour nous vendre du rêve et du mystère. Ainsi, j’ai du mal à m’expliquer comment une planète décrite comme ayant été isolée du reste de l’humanité pendant…un certain temps2 a réussi à récupérer une copie bootleg du Lectitio Divinatus, et à se convertir au culte de l’Empereur (en construisant des statues d’un kilomètre de haut pour marquer sa foi) dans l’intervalle de quelques décennies séparant l’écriture du bouquin et l’arrivée de Lorgar. Bref, ça tient globalement la route, et Reynolds se fend d’un petit coup de théâtre conclusif, ce qui est toujours appréciable, mais il ne s’agit pas d’aller trop dans les détails de ce Scions of the Storm si on veut que l’illusion opère.
1 : Bien qu’un esprit joueur pourrait lui sortir la phrase qu’il a mis dans la bouche de Kor Phaeron dans cette histoire : « l’ignorance n’excuse pas le blasphème ».
2 : Première phrase : « for countless millenia ». Deuxième phrase : « for over four thousand years ». À ce rythme, on en aurait fini sur un « depuis jeudi dernier » si cette nouvelle avait été un roman. C’est peut-être anodin pour l’histoire en elle-même, mais ça ne fait pas très sérieux.
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The Voice // La Voix – J. Swallow :
INTRIGUE:
Sur l’Aeria Gloris, l’ambiance est lourde et la parole rare. Ceci est notamment dû à la fonction de ce vaisseau et à la nature de son équipage, respectivement assurer le ramassage solaire des Psykers sauvages de l’Imperium, et Sœurs du Silence, mais pas que. L’expérience horrifique vécue par nos héroïnes, la novice Leilani Mollitas et sa maîtresse d’alternance Amendera Kendel sur Luna il y a quelques semaines, où elles ont vu la lune de l’agent infectieux ramené par cet arriviste de Garro après sa fuite éperdue d’Isstvan, pèse en effet sur leur conscience, tout comme la nouvelle de la trahison du Maître de Guerre. Et, si Kendel, en sa qualité d’Oblivion Knight, ne peut s’épancher sur cette expérience traumatisante1, Mollitas, qui n’a pas encore prêté le Serment de Tranquilité, est libre de vider son sac, ce qu’elle ne se prive pas de faire. Car la jeunette est bavarde, ce qui risque de compliquer la suite de son parcours professionnel, mais passons. La séance thérapeuthique est toutefois interrompue par l’arrivée de Thessaly Nortor, adjointe de direction de Kendel, qui permet à Swallow d’en venir aux faits de sa nouvelle. L’Aeria Gloris a été envoyé s’enquérir du destin du Validus, autre Vaisseau Noir ayant cessé de donner des nouvelles depuis plusieurs semaines, et donc supposé perdu corps et biens (et âmes). Le Validus étant chargé à ras bord de Psykers au moment de sa disparition, les autorités compétentes n’ont rien voulu laisser au hasard et la mission des Dagues de Tempête de Kendel est de localiser, sécuriser ou oblitérer le vaisseau égaré ou damné. Fait rare, et à la limite du blasphématoire pour les muettes à chignon, la dernière transmission du Validus contenait un message audio dans lequel on entend une Sœur parler et mettre en garde ses auditeurs contre « La Voix… LA VOOOÂÂÂÂÂ !!! ». Voilà qui est bien étrange et sinistre.
Au prix d’une entourloupe fluffique ayant pour but de renforcer l’ambiance lourde de son récit, Swallow enchaîne en permettant à l’Aeria Gloris de localiser sa proie dans le Warp et de s’amarrer à ce dernier dans le Warp (toujours), après une savante manœuvre visant à la mise en commun des champs de Geller des deux vaisseaux. Je ne suis absolument pas convaincu que cela soit possible, mais sinon, la nouvelle se termine sur une photo de Kendel en train de faire : ¯\_(ツ)_/¯, alors on lui fera grâce pour cette fois. Téléportée avec son escouade sur le Validus, Kendel ne met pas longtemps à se rendre compte que quelque chose de pas très funky s’est passé sur le vaisseau, comme démontré par la poutre d’acier vieille de plusieurs millions d’années que la taskforce trouve sur son chemin vers l’animalerie de bord. OK, ce n’est qu’un signe parmi le tombereau de manifestations flippantes que les Sistas croisent lors de leur balade dans le cargo abandonné, mais c’est le premier alors autant commencer par là.
Etant parvenues jusqu’au pont de commandement, après avoir euthanasiées par le feu un mastiff charognard et constaté que certains membres de l’équipage ne sont pas morts, mais en état végétatif, Kendel et son crew se repassent les dernières entrées du capitaine de bord, et apprennent que le Validus a pris position dans le Warp, étrangement calme à cet endroit, suite à la réception d’un ordre siglé S.O.S2, un peu bizarre dans sa formulation, mais néanmoins tout à fait valide. Malheureusement, l’expérience a eu des effets indésirables sur la cargaison de Psykers, dont certains ont été libérés par des interventions mystérieuses, et foutus un boxon monstre à l’intérieur du vaisseau. Ce constat angoissant est encore renforcé de la découverte par Mollitas des astropathes de bord, pendus dans leur studio. Il en faut toutefois plus pour décourager Kendel d’enquêter sur le sort de l’équipage de Sœurs du Validus, placé sous le commandement de son ennemie intime, cette pimbêche d’Emrilia Herkaaze. Les Jeannettes reprennent donc leur route dans la joie et la bonne humeur, en chantant (dans leur tête évidemment), Un Kilomètre À Pied.
Après avoir réchauffé un cryokene complètement givré (en même temps…) en chemin, Kendel et ses oies finissent par localiser une Sœur isolée, plongée dans une méditation profonde au milieu d’un couloir. Ô surprise, il s’agit de Herkaaze, qui émerge de sa transe à l’arrivée des renforts, et leur explique qu’elle a ordonné à ses suivantes d’établir un cordon anti-psy dans le vaisseau pour empêcher le Gestalt, ou l’agglomérat de psykers, situé un peu plus loin d’accéder au pont de commandement. Maintenant que les renforts sont arrivés, l’autoritaire Serre Blanche, qui en veut toujours à Kendel du souvenir cuisant de leur opération commune sur Sheol Trinus, est déterminée à régler le problème une fois pour toutes, même s’il faut pour cela laisser la fidèle Nortor faire des salutations à la lune en arrière garde pour ne pas briser le périmètre de sécurité…
Début spoiler…Kendel, Mollitas et Herkaaze parviennent, après de durs combats contre la ménagerie de Psykers perturbés errants dans les couloirs, jusqu’à leur objectif, que l’on peut littéralement décrire comme un groupe de parole. En effet, une assemblée de Psykers contrôlés par le même esprit est en train de danser un an dro dans un hangar, faisant signer à Herkaaze la phrase fatidique (mais attendue avec ferveur par votre serviteur). Contrairement à ses petits camarades de jeu, le Gestalt, ou la Voix, ne semble pas intéressée par l’annihilation des Nulles l’ayant débusquée dans sa tannière. Au contraire, elle insiste qu’elle doit communiquer un message très important à rien de moins que l’Empereur, car elle vient d’un futur pas vraiment lointain mais définitivement en guerre, que ses révélations pourraient permettre de contrecarrer. Déjà pas franchement encline à l’écoute bienveillante d’un ramassis de Psykers à la mentalité d’un banc de sardines, Herkaaze manque de s’étouffer dans son fluff lorsque la Voix déclare qu’elle est en fait la manifestation psychique de Mollitas, qui a trouvé un moyen de voyager dans son passé pour tenter de circonscrire l’Hérésie d’Horus. C’en est trop pour la puritaine Herkaaze, qui pourfend Mollitas jeune en hurlant signant ~C’EST PAS SUR TARAAAAAAAAN !!!!~, provoquant une réaction en chaîne spatio-temporelle menant à une…extinction de Voix (badum-tss). Dans la panique générale qui s’en suit, Kendel tombe dans un trou et se cogne la tête, tombant dans une inconscience bien pratique pour insérer une petite ellipse.
Et comme par hasard, lorsqu’elle revient à elle, c’est dans une cuve de bacta de l’Aeria Gloris. Face à elle, cette voyeuse d’Herkaaze, ayant elle aussi survécu au voyage retour, a l’amabilité de la briefer sur la fin de l’expédition. Secourue par Nortor, qui l’a ramenée au prix de sa propre vie sur l’Aeria Gloris, Kendel a passé plusieurs jours à récupérer de sa mauvaise chute. Herkaaze et quelques unes de ses Serres Blanches ont réussi à s’échapper du Validus, détruit par une vague de senescence accélérée en utilisant des capsules de survie3. Toujours choquée par le meurtre de sa novice de la main de sa rivale, Kendel l’est encore plus par la prise de parole de cette dernière, qui ce faisant brise son Vœu de Tranquilité. Herkaaze semble avoir été durement éprouvée par l’expérience du Validus, et s’en va en murmurant sur la nature divine de l’Empereur, autre signe manifeste d’un esprit dérangé. Kendel aura tout loisir de régler ses comptes avec sa collègue une fois qu’elle aura décuvé…Fin spoiler
1 : Durant laquelle elle a failli prendre la mouche.
2 : Sisters of Silence, évidemment.
3 : Qui doivent donc disposer de leurs propres champs de Geller (à moins qu’une Sœur du Silence suffise à le remplacer).
AVIS:
Étrange nouvelle que ce The Voice, dans laquelle James Swallow parvient à faire du très bon comme du très mauvais. Parmi les bons points, mettons au crédit de l’auteur l’ambiance angoissante savamment instillée et maintenue pendant les trois quarts de son récit, ainsi que les nombreux éléments de fluff touchant à l’organisation des Sœurs du Silence et des Vaisseaux Noirs égayant ce dernier. À l’inverse, Swallow prend parfois des libertés excessives avec ce même fluff pour faire tenir son intrigue, et son utilisation d’une boucle spatio-temporelle en guise de rebondissement final m’est apparue comme assez grossière. Outre le fait que ce genre de procédé génère invariablement des paradoxes et questions que même les plus grands esprits de la SF (catégorie à laquelle James Swallow n’appartient pas) ont du mal à cadrer de façon satisfaisante, la nature même de la voyageuse temporelle vient encore complexifier l’opération décrite par l’auteur. En l’état, mon ressenti à la deuxième lecture (la première ayant suscité une réaction bien plus tranchée de ma part) de The Voice est que Swallow en a trop ou pas assez dit sur cette histoire de voyage temporel. Il s’agit typiquement d’un sujet qui devrait être couvert dans un roman, et pas dans une nouvelle d’une soixantaine de pages (dans laquelle cette révélation occupe royalement cinq pages au total, qui plus est). Peut-être que la suite des aventures de Kendel (pas encore lue de ma part au moment de l’écriture de cette chronique) a vu James Swallow creuser un peu cette histoire, mais pour l’heure, c’est trop nébuleux pour mériter un pouce vert.
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Call of the Lion // L’Appel du Lion – G. Thorpe :
INTRIGUE:
Notre propos commence par l’arrivée, aussi lente que vigilante, d’une Flotte d’Exploration commandée par Astelan des Dark Angels dans un système solaire quelconque. Car, mine de rien, même une armada de supers vaisseaux remplis jusqu’à la gueule de super soldats a la tête dans le Warp à son retour dans le Materium. Ayant réussi leur insertion dans l’espace réel du système DX-619, les inflexibles croisés se dirigent posément vers le soleil local, où les attend peut-être une civilisation humaine à ramener dans l’ample giron de l’Imperium. Astelan, qui en a vu d’autres, ne se berce pas de grandes illusions quant aux chances de découvrir une planète colonisée si loin du centre galactique, mais il reste de son devoir d’investiguer le moindre indice et signal radio capté par les auspex impériaux. Aussi, lorsque la confirmation tombe enfin qu’une des planètes de DX-619 accueille bien une vie intelligente, c’est l’effervescence parmi les Übermen in Black. C’est également l’occasion pour Astelan d’inviter à bord de sa barge de bataille son homologue Belath, que le haut commandement de la Légion lui a collé dans les pattes il y a seulement deux semaines.
À son arrivée, Belath est contraint de briefer son vieux collègue sur les dernières tendances de la mode calibanite, qu’Astelan (qui est Terran) n’a pas suivi d’un œil attentif. Une fois expliqués son héraldique et sa couleur de fond d’écran d’épaulière, certes moins austères que la moyenne, Belath emboîte le pas de son hôte jusqu’au Strategium de la Spear of Truth, où les deux officiers supérieurs doivent mettre de côté leurs approches divergentes – Astelan plaidant pour une approche discrète et conciliante, Belath pour un assaut frontal en bonne et due forme – pour accoucher d’un mode opératoire cohérent. Sur le chemin, Astelan ne résiste pas à la tentation de frimer en montrant à son collègue les portes en bois gravé qu’il a fait installer à l’entrée de la salle de réunion, et qu’il a réalisées de ses propres mains. On s’en fout certes, mais c’est tout de même une information ESSENTIELLE. Après moultes palabres, le vétéran parvient à convaincre le jeunot de monter une opération de reconnaissance furtive, dont le but sera de capturer quelques locaux pour leur extorquer des informations sur leur planète. Cette dernière semble en effet dépourvue d’une autorité centrale, compliquant la tâche des missionnaires de Pépé. Heureusement, le lion sait aussi se faire renard quand l’occasion le nécessite…
Début spoiler…Mais un renard myope, comme Astelan, qui a tenu à être le premier à prendre pied sur ce nouveau monde, tel un Christophe Colomb à deux cœurs ou un Neil Amstrong en armure énergétique, ne tarde pas à le découvrir. Car la petite ville à côté de laquelle les Astartes se sont posés en mode sneaky1 se révèle être un camp militaire, qui réagit comme tout camp militaire digne de ce nom à cette intrusion : par une attaque massive. Bien que les Space Marines, d’abord surpris par le tour pris par les événements, réussissent sans trop de mal à repousser les assauts des bidasses en furie2, et à retourner en orbite pour réviser leurs plans, cette opération a été un monumental fiasco, qui risque de compliquer fortement la réception du message pacifiste prôné par Astelan. De son côté, Belath piaffe d’impatience à l’idée de conquérir son premier monde, et il faut tous les talents d’orateur d’Astelan, ainsi qu’un bon front contre front pour asseoir sa domination, pour give peace (another) chance, comme le chantaient les Nonnes Jaunes (le groupe préféré de Lionel). Bien que Belath accepte une nouvelle fois l’approche non-violente (en tous cas, pas intentionnellement) de son collègue, le courant est rompu entre les deux hommes, le Calibanite menaçant ouvertement le Terran d’aller le cafter auprès du Primarque.
Après quelques jours passés à organiser une entrevue entre les impériaux et le Comité des Nations de Byzanthis (les Dark Angels auront au moins appris quelque chose pendant leur séjour), Astelan et Belath reçoivent enfin l’autorisation de se rendre, seuls et sans armes, devant l’auguste assemblée pour plaider leur cause. Si le premier tente de faire amende honorable pour convaincre ses interlocuteurs de la méprise ayant conduit la Légion Etrangère à massacrer quelques milliers de soldats locaux, et de présenter l’Imperium de l’Humanité sous un jour attrayant, Belath n’appuie pas vraiment les efforts de son coéquipier. Pire, il devient rapidement clair qu’il a ordonné à ses propres vaisseaux de se placer en orbite basse au dessus des grandes villes de Byzanthis, ce qui a déclenché une paranoïa bien compréhensible de la part des délégués. Et lorsque l’une d’entre elles appelle le service d’ordre pour emprisonner les Dark Angels afin de pouvoir négocier leur libération avec les Impériaux, Belath se fait une joie d’inviter ses potes Terminators, avec des conséquences tragiques pour le Comité. Pris de court par les événements, Astelan ne peut qu’ordonner à ses troupes d’assister celles de Belath dans la mise en conformité de Byzanthis, de la façon la plus sanglante qui soit. Ce n’est cependant pas la fin des emmerdes pour notre héros, à qui son homologue révèle en conclusion de la nouvelle qu’il l’a balancé à l’IGPN de la Légion, et peut donc s’attendre à une enquête approfondie sur son cas dans les mois qui viennent. Ah, les tensions dans les familles recomposées…Fin spoiler
1 : Tellement sneaky que la première chose qu’ils ont fait a été d’envoyer des jet bikes et des Land Speeders vrombir aux alentours. C’est un peu comme vouloir aller observer la nature en 125.
2 : La bataille se terminera sur le score sans appel de 2780 morts à 3.
AVIS:
Construit autour d’une idée intéressante, même si pas vraiment originale1, Call of the Lion réussit à être par moment très bien fichu (l’approche de la flotte, qui permet à Thorpe de rappeler à tout le monde que les manœuvres hyper véloces à la Star Wars n’ont pas lieu d’être dans les ténèbres de notre lointain futur) et pertinent (la confrontation des points de vue entre les deux Commandants, qui souligne une des causes ayant pu mener à la scission des Dark Angels pendant l’Hérésie, et illustre les difficultés pour les Légions Space Marines de former un tout cohérent après la découverte de leur Primarque et l’intégration de « ses » guerriers), et assez quelconque le reste du temps (la bataille de Saivrémenpadbôl, qui occupe un bon tiers du récit). À trop vouloir intégrer le propos de cette nouvelle dans son arc Dark Angels (Astelan étant l’un des personnages principaux d’Angels of Darkness, publié trois ans plus tôt par la BL), et notamment sa rivalité avec Belath, Thorpe affaiblit la fin de son histoire, qui semble se terminer sur un cliffhanger plutôt que sur une ouverture – ce que Lee avait réussit à faire dans Wolf at the Door. Cela étant, l’ensemble reste assez solide, en particulier quand on le compare au standard habituel de Thorpe, qui démontre une fois encore qu’il est le maître de la contextualisation des voyages et manœuvres spatiaux, un talent malheureusement assez peu répandu parmi les contributeurs de la Black Library. Notons pour finir que le titre de la nouvelle est passablement trompeur, Lionel n’apparaissant nulle part dans l’intrigue, ni ne décrochant son téléphone pour passer un coup de fil aux héros. Peut-être est-ce cette balance de Belath qui a réussi à joindre le Primarque pour cafarder sur son camarade, mais dans ce cas là, il aurait été plus juste de parler de l’Appel au Lion (poil au croupion).
1 : Mike Lee ayant eu la même pour son Wolf at the Door, qui malheureusement pour Gav, précède sa nouvelle dans Tales of Heresy.
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The Last Church // La Dernière Église – G. McNeill :
INTRIGUE:
Il n’est pas loin de minuit dans l’Eglise de la Pierre Foudroyée, comme le constate le Père Uriah Olataire en allumant les cierges du saint lieu. Un seul coup d’œil au coucou suisse cassé qu’il a volé à son propriétaire légitime lors de sa folle jeunesse suffit à notre héros pour se rendre compte que l’heure est grave, très précisément minuit moins deux sur l’horloge de l’apocalypse. Lorsqu’elle se mettra à sonner, l’a prévenu l’horloger auquel il a dérobé l’artefact, cela chauffera dans les chaumières. En attendant, Olathaire se prépare à célébrer la messe de minuit dans une profonde solitude, aucune de ses ouailles n’ayant jugé bon de braver la tempête sévissant cette nuit là pour monter au sommet du Ben Nevis1 assister au sermon de notre écclésiastique. Plus que sur les conditions climatiques ou le denivelé, il faut mettre cette désertion sur le compte des commandements laïques édictés par ce soi-disant Empereur, ayant conquis presque tout Terra pour y imposer son joug athée. Résolu à accomplir tout de même son office, Uriah est interrompu par l’arrivée d’un visiteur, se présentant sous le nom de Révélation, et venu avec quelques amis patientant tranquillement sur le parvis, discuter avec le prêtre de la dernière église terrane avant que cette dernière ne soit réduite en cendres. Du tourisme de l’apocalypse en quelque sorte…
Début spoiler 1…Ravi d’avoir un peu de compagnie, Uriah engage la discussion avec l’intrigant voyageur, qui ne met pas longtemps à exprimer ses vues résolument séculières et rationnelles à son hôte. S’engage alors une joute enfiévrée voyant les deux hommes échanger leurs arguments sur les mérites et les dangers de la foi. Guère convaincu par l’exhibition de la pierre sacrée dont l’église tient son nom, Révélation se montre cependant disposé, après un petit whiskey, à écouter Uriah lui raconter le soi-disant miracle dont il a été témoin lors de sa jeunesse, et qui l’a poussé à endosser le surplis. Notre prêtre était de son propre aveu une canaille en son jeune temps, et s’était piqué de voyager à la recherche de contrées pas encore assujetties au règne de l’Empereur, qui avait à cette époque déjà conquis la majeure partie de l’Europe. N’ayant réussi à rien d’autre qu’à se faire jeter d’une falaise italienne par un Guerrier Tonnerre dont il avait traité la maman de gorille, l’infernal Ecossais était revenu chez lui pour un temps, avant de repartir pour se faire soldat dans toute armée de résistance à la tyrannie impériale qui voudrait bien le prendre. Et, comme de juste, il avait trouvé avec qui parler en se rendant en France (Franc dans le texte), un Etat connu dans le monde entier pour la belligérance de ses habitants. C’est ainsi qu’il s’était retrouvé mêlé à un soulèvement local, vite écrasé dans le sang par la patrouille de Guerriers Tonnerre de la région. Seul survivant du massacre, Uriah avait repris connaissance dans une forêt et vu une figure lumineuse s’approcher de lui pour tenir à peu près ce langage : « Yo dog, we cool now ? ». Transporté par cette expérience extraordinaire, il avait abandonné sa vie de marginal pour obéir au commandement divin qu’il était certain d’avoir reçu dans cette clairière abandonée.
Cette émouvante anecdote ne convainc cependant pas Révélation de baisser sa garde, et il continue à critiquer les ravages de la religion2 à travers l’histoire avec tant de hargne que le bon prêtre finit par lui montrer la porte. Comprenant qu’il a épuisé la patience de son hôte, le visiteur laisse alors tomber le masque et se révèle être…
Début spoiler 2…L’Empereur en personne. Sous sa forme néon de cabine d’UV, qui plus est. Il ne faut pas longtemps à Uriah pour réaliser que c’est lui qu’il a vu dans la forêt il y a toutes ces années, et qu’une mauvaise interprétation a conditionné toute sa vie jusqu’à ce moment. C’est la lose. Un peu hébété par cette…épiphanie, le prêtre accepte de suivre Pépé à l’extérieur de l’église, et d’enfin souscrire à sa vision du monde… jusqu’à ce que l’Empereur lui révèle son grand projet de conquête de la galaxie, à laquelle Uriah ne croit pas du tout. Et lorsque le puissant monarque répond à la question « pourquoi ? » par un pauvre « parske-euh », le charme est définitivement rompu. Uriah préfère donc retourner dans son église, incendiée par les Guerriers Tonnerre amenés en renfort par leur boss, plutôt que de donner la satisfaction d’une victoire morale à son contradicteur. Ainsi brûle la dernière église de Terra, au son prophétique du coucou de l’apocalypse…Fin spoiler
1 : Pure supposition de ma part, mais McNeill, qui s’est donné pour mission de vendre son Écosse natale dans l’univers de 40K, donne quelques indices supportant cette thèse.
2 : On apprend à cette occasion qu’au 30ème millénaire, les gens se souviennent encore de Béziers. C’est tout de même la classe.
AVIS:
Je ne sais pas si la GW-Fiction sera un jour considérée comme autre chose que de la littérature de gare (ou de spatioport, pour rester dans l’ambiance), mais je peux déjà m’avancer en plaçant The Last Church parmi les « classiques » de ce sous-sous-sous-sous-genre. Car McNeill réussit ici à livrer un texte aussi surprenant qu’intéressant et profond (toute proportion gardée, bien entendu), et justifie ainsi son positionnement parmi les meilleurs contributeurs de la Black Library… quand il s’en donne les moyens1.
Cette nouvelle est surprenante, car elle est (presque) totalement non-violente, et place le lecteur dans une situation des plus inhabituelles pour la littérature millénariste de Games Workshop : foin d’héroïques Space Marines, de courageux soldats impériaux, d’inflexibles Inquisteurs, ou de civils apeurés2 ici, seulement un vieux prêtre et son visiteur inattendu, dialoguant des mystères de la foi et des conséquences, aussi positives que négatives, que cette dernière a eu pour l’humanité depuis l’aube des temps. Si les arguments convoqués par les débatteurs ne sont pas à placer au pinacle de la réflexion philosophique ni au sommet de l’art oratoire, il faut tout de même reconnaître que McNeill réussit à faire passer cet échange de façon distrayante et parfois instructive pour le lecteur, ce qui n’était pas couru d’avance pour un auteur spécialisé dans l’art délicat du grimdark d’action. Autre surprise et prise de risque, à mes yeux concluante, de Graham McNeill, son utilisation du personnage le plus central et intouchable de l’univers de 40K, Pépé 1er. La véritable identité de Révélation sera comprise par le lecteur plus ou moins tôt dans la nouvelle, en fonction de sa connaissance du fluff et de son attention aux petits indices égrénés par McNeill, mais la véritable surprise demeure ce choix de mettre l’Empereur à hauteur d’homme le temps d’une nouvelle, et de le laisser s’exprimer assez longuement au cours de cette dernière, alors que la norme avait jusqu’ici été de cantonner MoM à l’élément de décor3, balançant de temps à autres une phrase d’une infinie sagesse pour le bénéfice du fanboy transi. Ici, ce dernier en aura vraiment pour son argent, et The Last Church constitue encore à ce jour l’un des textes où Big E est le plus disert, ce qui en fait un passage quasi obligé pour tout citoyen impérial qui se respecte.
Cette nouvelle est également intéressante, car elle couvre de nombreux aspects des Luttes d’Unification, sorte de préhistoire impériale pendant laquelle de nombreux événements ont été mis en branle qui trouveront leur conclusion dans les siècles et millénaires suivants. Qu’il s’agisse de détails géographiques, historiques ou personnels, l’éclairage apporté par les souvenirs du Père Olathaire est précieux pour le fluffiste acharné, ou simplement curieux d’en apprendre un peu plus sur la manière dont Pépé a enfin tapé du poing énergétique sur la table pour réaliser son rêve galactique. En matière de construction narrative, McNeill parvient également à tirer son épingle du jeu en maintenant du suspens jusqu’à la fin de son récit. Comment Olathaire va-t-il réagir à sa propre révélation, lorsqu’il comprendra que son miracle personnel, sur lequel sa foi s’appuie, n’était en fait qu’une rencontre furtive entre un survivant en état de choc et un Empereur parti faire un tour en forêt ? Tout se joue dans les dernières lignes de la nouvelle, faisant de cette dernière une des plus abouties de McNeill de ce point de vue.
Enfin, cette nouvelle est profonde, et confine parfois à l’ironie, à travers le discours tranché livré par Révélation sur la religion et ses méfaits. Quand on sait comment l’histoire se termine, ou en tout cas se poursuit après cet ultime incendie d’église par un païen à cheveux longs4, la laïcité militante de l’Empereur apparaît comme le plus gros You had ONE job de l’histoire de l’humanité, tout comme son horreur absolue de l’Inquisition… Encore plus intéressant est le renversement de situation opéré par McNeill dans les dernières pages de la nouvelle, lorsque le jusqu’ici très rationnel Empereur ne peut justifier son projet de conquérir la galaxie par un « je sais que j’ai raison » assez minable, qui vient ruiner tout son argumentaire nocturne, et pousse finalement son interlocuteur à demeurer fidèle à sa foi, et à prendre son congé en prévenant Révélation qu’il deviendra sûrement ce qu’il s’était juré de détruire. Warhammer 40.000 étant un univers reposant à bien des égards sur de profonds paradoxes, l’exposition d’un des plus centraux de ces derniers prouve, si besoin était, l’excellente compréhension que Graham McNeill a du cadre dans lequel il évolue. Cela peut certes sembler banal pour le lecteur, mais la BL a connu son lot de soumissions ratées à cause de connaissances trop légères de la part de ses contributeurs : il faut donc reconnaître un auteur « bien (in)formé » quand on en croise un. En définitive, The Last Church se positionne très sérieusement comme l’une des meilleures nouvelles signées McNeill de l’Hérésie d’Horus, et peut-être même de sa production totale pour le compte de la Black Library.
1 : Car il y a tout de même beaucoup de scories dans sa production, vous ne m’en ferez pas démordre.
2 : Probablement parce qu’ils ont tendance à tomber comme des mouches dès lors que les trois autres catégories de personnages sont présents.
3 : Du genre luminaire, si on doit en croire sa propension à générer des flashs aveuglants.
4 : C’était bien la peine d’exterminer les Scandinaves pour leur piquer leurs traditions ancestrales.
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After Desh’ea // Après Desh’ea – M. Farrer :
INTRIGUE:
Un sombre sentiment étreint les cœurs du fier Khârn et de ses compagnons War Hounds alors qu’ils patientent dans la salle d’attente du Conqueror. Pas de la peur, non (après tout, ils ne peuvent pas ressentir cette émotion, pas vrai ?), mais une certaine appréhension à l’idée de rencontrer pour la première fois leur Primarque perdu, le colérique Angron, que l’Empereur a téléporté chez ses fils en coup de vent avant de repartir vers sa Grande Croisade, justifiant son départ précipité pour Aldebaran par la nécessité de ne pas rater sa correspondance avec la 37ème. Le tout griffoné sur un post-it maculé de sang et collé sur la porte de la salle où Angron fait les cent pas et les quatre cents coups. Les tragédies causées par les parents démisionnaires…
Par le jeu des successions déclenché par le massacre systématique de tous les émissaires envoyés par les War Hounds se présenter au Primarque, Khârn est maintenant en charge de réussir là où ses supérieurs et camarades ont échoué au cours des heures précédentes. Faisant fi des conseils de prudence de ce planqué de Dreagher, le Capitaine toque à la porte, entre discrètement, et s’avance de quelques pas pour essayer d’apercevoir son père génétique. S’ensuit une conversation honnête et amicale entre Angron, toujours un peu jet lag depuis son départ de Nuceria, et celui qui ne tardera pas à devenir son Ecuyer. Hum. En fait, pas vraiment. Reprenons : Khârn entre, scrute les ténèbres de la pièce jonchée de cadavres mutilés, et… SE FAIT DEFONCER DANS LES GRANDES LARGEURS par un Angron toujours aussi grognon. Entre deux rebonds sur les murs, fractures, dislocations et hémorragies internes, Khârn, en grand professionnel qu’il est, tente de faire passer quelques infos capitales à son nouveau chef, comme qui il est vraiment, ce que sont les War Hounds, pourquoi ces derniers, à la grande frustration du Primarque, ne se sont pas défendus lorsqu’il leur est tombé sur le râble, ou encore comment se servir de papier toilette. Tout un programme, que seuls sa constitution renforcée de Space Marines et le bonus de résistance offert par son statut de personnage nommé lui permettent de dérouler de façon presque posée.
Angron, de son côté, s’il a tendance à évacuer sa légitime frustration d’avoir été forcé d’abandonner ses compagnons d’armes à leur destin sur Nuceria en utilisant le Capitaine comme ballon de foot, ne perd pas une miette de ce que son sous-fifre cherche à lui inculquer. Il peut également initier ce dernier à la culture martiale de sa planète d’adoption, où il exerçait la noble et utile profession de gladiateur jusqu’à ce qu’il réussisse à s’évader avec quelques collègues. Lui et ses Eaters of Cities s’étaient alors livrés à une orgie de pillages et de destruction dans l’arrière-pays de Desh’ea, vainquant l’une après l’autre les armées envoyées par les high riders pour écraser les rebelles. Coup de chance pour l’Empereur, Nuceria a été approchée juste au moment où les derniers gladiateurs étaient sur le point de livrer une ultime bataille contre les forces de l’ordre. Déveine pour Angron, recruté manu militari par son paternel pour sa Grande Croisade, même s’il ne souhaitait rien d’autre qu’une mort glorieuse aux côtés de ses frères et soeurs d’armes. La première confrontation orbitale entre le Père et le fils s’étant soldée par la mort atroce d’un des précieux Custodiens du premier, Pépé a donc décidé qu’il était too old for this shit1 et laissé son garnement de rejeton faire mumuse avec les chiens. Khârn apprend ainsi ce qu’est la Corde de Gloire, les Crocs du Boucher, ainsi que l’intégralité des techniques de soumissions, étranglements et self-defense pratiquées sur Nuceria auprès d’un professeur émérite, qui, sous ses abords de brute épaisse, se révèle redoutablement intelligent et…profondément timide (en effet, il ne lui est pas venu un instant à l’esprit qu’il avait la possibilité de sortir de la pièce dans laquelle l’Empereur l’avait confiné).
C’est toutefois la description par un Khârn au bord du KO (le Chaos viendra plus tard) de la campagne de Nove Shendak, à laquelle les War Hounds ont participé aux côtés des Iron Warriors de Perturabo et de l’Empereur en personne, qui achève de calmer Angron. Le récit des exploits vermifuges des Légions Space Marines, menées par le Maître de l’Humanité en personne, captive le Primarque au point qu’il se met à mimer les affrontements relatés par le Capitaine comateux, et la confirmation par ce dernier que Pépé est un grand guerrier n’hésitant pas à mouiller le maillot en compagnie de ses troupes, et pas un dirigeant dédaigneux laissant aux autres le sale boulot, comme l’étaient les high riders, pèse d’un certain poids dans la décision d’Angron de calmer sa colère, et d’engager la conversation honnête et amicale dont nous parlions précédemment avec ses fistons. Sa première décision, une fois ce pas franchi, sera de renommer les War Hounds World Eaters, en hommage aux camarades dont il n’a pu, à sa grande honte, ni accompagner dans la mort, ni commémorer le trépas en dotant sa Corde d’un tour funèbre avec la poussière de Nuceria. Une manière comme une autre de bien montrer à sa nouvelle famille qu’elle ne pourra jamais remplacer, ni rivaliser, avec la chaude camaraderie de l’arène. Mais c’est déjà mieux que rien…
1 : Se rappeler qu’Angron a été le 17ème Primarque découvert, et que l’Empereur en avait certainement par-dessus la tête des biberons et changements de couches à ce stade.
AVIS:
Je dois reconnaître que mon appréciation de cette nouvelle de Matthew Farrer a évolué au cours du temps. Lors de ma première lecture, j’avais été un peu déçu par ce qui m’était apparu comme une histoire simpliste, mettant en scène des personnages l’étant tout autant (un Primarque éructant de rage en mode Hulk, et un Space Marine encaissant les coups en lui refaisant son éducation). À présent, et même si je comprends toujours ce qui m’a poussé à émettre ce premier jugement, j’ai une vision plus favorable de ce After Desh’ea, que j’ai trouvé être plus complexe qu’il n’y paraissait.
Pour remettre en contexte le boulot effectué par Farrer, un auteur plutôt doué de la BL, avec cette nouvelle, il faut se rappeler que nous étions au tout début de l’Hérésie, dont les personnages étaient donc moins caractérisés qu’ils le sont aujourd’hui. Pour Angron, je pense même qu’il s’agissait de sa première apparition dans la série comme personnage de premier plan1, avant qu’ADB (entre autres) ne vienne s’occuper de son cas. Le fluffiste savait juste que ce Primarque avait été secouru contre son gré par l’Empereur d’une mort certaine à laquelle il était résigné, et que ce ressentiment allait le pousser à se rebeller contre son « sauveur » des années plus tard. Tout l’enjeu était d’expliquer de manière satisfaisante comment un gladiateur aux tendances homicidaires établies avait pu donner la patte à un maître honni pendant une période de temps assez longue, et n’était pas entré immédiatement en conflit avec son supérieur hiérarchique. Sur ce brief vraiment casse-gueule, Farrer est parvenu à livrer une copie relativement propre, ou en tout cas bien conçue, qui pemet au lecteur de suivre la progression émotionnelle et intellectuelle du Primarque, depuis sa téléportation sauvage en orbite, jusqu’à l’acceptation de ses nouveaux rôle et statut. D’abord convaincu d’avoir échappé à une tyrannie pour une autre, il finit par comprendre pourquoi les War Hounds n’ont pas cherché à riposter à ses attaques, et trouver une raison de respecter un Empereur très peu favorablement mis en avant dans cette nouvelle, lorsqu’il apprend que son père est un guerrier qui mène ses hommes à la bataille. La transition du point A au point B n’est certes pas facilitée par les caprices et tics nerveux du Primarque, qui use du pauvre Khârn comme un sac de frappe pour réguler son humeur mutine, mais on sent que Farrer avait à cœur de donner une justification logique à un ralliement peu évident, pour dire le moins.
Khârn, de son côté, est dépeint pour la première fois comme un individu sensé et sensible (qualificatifs ne s’appliquant plus guère à la fin de sa carrière), ce qui a dû surprendre plus d’un lecteur s’attendant sans doute à ce que Farrer prenne le pas de King à cet égard. Presque quinze ans plus tard, et grâce aux romans et nouvelles s’étant inscrit dans la droite ligne de ce choix de Matthew Farrer, cette divergence notable est parfaitement digérée, et, si je ne peux pas parler pour l’ensemble des hobbyistes, je suis en ce qui me concerne très satisfait de la profondeur du personnage, qui justifie à lui seul mon intérêt pour cette Légion de brutasses. Bref, si vous avez aimé le guerrier badass engagé dans une bromance déchirante avec ce vieil Argel Tal2, le combattant implacable animé par un sens du devoir chevillé au corps ayant maintenu les World Eaters à peu près dans les clous (du Boucher) pendant une bonne partie du mandat de PDG (Primarque Découpeur Général) d’Angron, et le fils dévoué prêt à se damner pour garder son père parmi les siens, vous pouvez remercier Matthew Farrer d’avoir établi ces fondations dans sa nouvelle, comme Perturabo l’a fait pour la digue impériale sur Nove Shendak. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de souligner que l’auteur donne également quelques éléments fluffiques dignes d’intérêt, tant au niveau micro (les traditions martiales de Nuceria) que macro (l’origine des noms de la 12ème Légion) et même meta (Big E est vraiment un très mauvais père) dans son récit, ce qui doit également être mis à son crédit.
Finalement, After Desh’ea a permis de poser de nombreuses bases de l’héritage « hérétique » des World Eaters, depuis la personnalité complexe de son Primarque et le rapport ambivalent de ce dernier avec ses fils génétiques, qu’il placera toujours en-dessous de ses premiers compagnons d’armes, jusqu’à l’adoration masochiste des World Eaters pour Angron, qui a poussé les premiers à des sacrifices toujours plus importants pour gagner l’amour et le respect du second. Il pose également Khârn comme l’excellent personnage que nous connaissons aujourd’hui, un guerrier réfléchi et pragmatique, qui finira par embrasser sa destinée et sombrer dans une folie meurtrière dont les écrits de Bill King et sa description dans le fluff de 40K se font écho (ce qui lui donne une profondeur tragique indéniable). Voilà pourquoi je considère que cette nouvelle a, au minimum, eu un impact fort sur le reste de l’Hérésie, au moins en ce qui concerne la 12ème Légion, et mérite donc la lecture à ce titre seul, mais peut également être appréciée pour la description que l’auteur fait d’Angron, tout à la fois une bête de guerre sanguinaire devant lutter contre les Clous du Boucher en permanence, un guerrier honorable et fidèle à ses compagnons, et un être à l’intelligence supérieure capable d’intégrer rapidement les informations que lui livre Khârn sous ses abords de primitif balbutiant. Bref, il y a du potentiel ici, peut-être pas superbement exprimé par Farrer3, mais présent tout de même. Dommage que l’auteur en soit (presque) resté là pour l’Hérésie d’Horus, un roman de sa main sur les World Eaters aurait été très intéressant…
1 : Je fais abstraction de son rôle de taupe de choc dans ‘Galaxy in Flames’.
2 : Et qui accomplira le rêve de tous les lecteurs de l’Hérésie d’Horus en bottant les fesses de ce faux jeton d’Erebus en one to one.
3 : Et peut-être affaibli par la traduction en français (que je n’ai pas lue). Difficile de transcrire dans une autre langue les borborigmes d’Angron de façon satisfaisante. En tous cas, j’ai trouvé qu’en anglais (et peut-être est-ce dû au fait que ce n’est pas ma langue natale) cela passait plutôt bien.
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Et voilà qui conclut cette chronique de chroniques, premier recueil de nouvelles de l’Hérésie d’Horus et donc point de départ logique pour se lancer dans cette entreprise. Plus de dix ans après la sortie de cet opus, et alors que la fin s’approche pour ce cycle majeur, je pense que cette anthologie mérite toujours une lecture si ce dernier vous intéresse. Bénéficiant de quelques travaux réellement uniques, ou peu s’en faut dans la production de la BL, d’une grande variété de personnages et de théâtres1, d’une dose de fluff beaucoup plus généreuse que ce à quoi les recueils 40K nous avait habitués, Tales of Heresy est également porteur d’une vision assez unique de la galaxie au moment où l’Humanité était encore sûre de sa force, ou persuadée que le caprice d’Horus pourrait être réglé de façon rapide. L’étude des prochains volumes permettront de déterminer si nous sommes en présence d’une perle rare, ou d’une copie conforme au standard hérétique. Quoi qu’il en soit, préparez-vous : la suite risque d’être saignante…
1 : Pour les intrigues en revanche, c’est un peu plus uniforme. On peut toutefois noter qu’il y a une constante au 30ème millénaire quand on est une planète redécouverte par l’Imperium : que l’on soit pour (‘Scions of the Storm’), contre (‘Wolf at the Door’) ou bien au contraire (‘Call of the Lion’) au sujet d’une intégration à ce dernier, on a de grandes chances de finir la tête au fond des chiottes.