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BLACK LIBRARY GAMES DAY ANTHOLOGY 2012/13 [Recueil]
Bonjour et bienvenue dans cette revue de la Black Library Games Day Anthology 2012-2013. <reprend son souffle> Comme son prédécesseurs, que l’on appellera seulement la BLGDA1112 pour des raisons de praticité, ce petit volume fut publié par la maison d’édition de Nottingham à seule fin d’être distribuée pendant les Games Days (un événement que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…), avec un tirage ridiculement faible de 3.000 copies. Il n’en faut pas plus pour expliquer pourquoi il s’agit probablement de l’une des anthologies les plus confidentielles de la GW-Fiction, que votre humble serviteur n’a lui-même découvert que tout récemment – et pourtant, j’étais déjà actif au moment de la sortie de ce volume…
Nous sont proposées sous cette couverture aussi impressionnante que mensongère (pas de Rubric à signaler dans les nouvelles qui suivent, désolé) six nouvelles inédites – pour l’époque – et tirées des trois franchises majeures de la BL. De manière assez prémonitoire, le ratio de Warhammer Fantasy Battle/40K penche en faveur du lointain futur (1 pour 4, tout de même), signe avant-coureur du tragique destin qui attendait le Monde qui Allait Être (vous m’avez compris), et si l’Hérésie d’Horus est logée à la même enseigne que WFB, on peut faire remarquer que cette franchise s’est toujours faite rare dans les recueils « généralistes » de la BL.
Au niveau des contributeurs, c’est du lourd (Abnett, Dembski-Bowden, Josh Reynolds) et/ou du connu (Sanders, Farrer, Anthony Reynolds), et si la majorité des nouvelles sélectionnées de la BLGDA1213 peuvent être lues sans effort de contextualisation particulier, signalons tout de même que ‘Perihelion’ signait le grand retour aux affaires de deux personnages majeurs de la GW-Fiction, les Inquisiteurs Gregor Eisenhorn et Gideon Ravenor, dont on était sans nouvelles depuis plusieurs années à ce stade. Cette présence de VIP, réels et fictifs, est-elle une raison suffisante de tenter de dénicher cette relique introuvable in our days and age ? On ne va pas tarder à le savoir…
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Distant Echoes of Old Night – R. Sanders [HH] :
INTRIGUE :
Alors qu’elle était tranquillement en train de ravager un bout d’Imperium très rural, un biocide à la fois (et en variant les agents pathogènes, ce qui est la marque des vrais artisans), la force commandée par Vitas Phorgal croisa la route d’une frégate Imperial Fists, le Xanthus, en route vers le système solaire. Bien que les renégats eussent la haute main lors de l’affrontement spatial, et provoquèrent l’écrasement du vaisseau adverse sur la lune d’Algonquis, le prudent Phorgal décida d’envoyer quelques hommes sur le terrain, s’assurer que le travail avait été fait correctement et qu’aucun survivant ne risquait de… sauver la forêt primaire et la biodiversité locale ? Je ne vois pas vraiment quel autre impact les loyalistes rescapés auraient pu avoir dans le grand ordre des choses, mais après tout, les fils de Mortarion sont méticuleux, tout le monde sait ça.
Il revient donc au Chapelain Murnau (et à son fat casque) de mener à bien cette mission d’une haute importance, tellement d’ailleurs que Phorgal lui annonce dès son arrivée dans le bourbier littéral qu’est devenu Algonquis suite aux déprédations méphitiques de la Death Guard, que le Barbarus’ Sting s’en va traquer un convoi de vaisseaux loyalistes un peu plus loin dans le système. Mais, qu’il ne s’en fasse pas : le taxi reviendra les prendre, lui et l’escouade Destroyer du Sergent Grull Gorphon, dès que les combats seront terminés. Charge à eux de finir le boulot d’ici là.
Après avoir envoyé ses ardentes salutations par message radio à son adversaire du jour, le Capitaine Latham, Murnau patauge pesamment dans la gadoue jusqu’au bout d’épave où ses hommes sont engagés dans une fusillade très sale avec un groupe de survivants de la frégate. Les défenseurs peuvent en effet compter sur un macro canon remis en état (mais d’usage assez peu pratique, c’est certain) pour envoyer des grandes gerbes de boue sur leurs adversaires. Les Destroyers, quant à eux, ont amené leur arsenal radioactif, mutagène et reprotoxique habituel, ce qui a surtout pour effet (additionnel s’entend, ça reste de la munition explosive) de tuer des mouches et de faire tomber les cheveux. On comprend mieux pourquoi Fulgrim s’est opposé à l’utilisation d’armes aussi terrifiantes pendant la Grande Croisade.
La situation pour les Imperial Fists est désespérée, et le Sergent Gorphon est donc heureux d’empêcher les défenseurs de s’échapper de l’épave alors que cette dernière est en train de couler au fond du marigot. Cette approche raisonnable, efficace et économe en vie de Space Marines est toutefois battue en brèche par le bouillant Murnau, qui tient à vérifier de ses yeux que ses ennemis sont tous morts, et dans les plus brefs délais. Un assaut est donc lancé contre la position loyaliste, et les Destroyers parviennent à acculer les derniers Imperial Fists dans un coin du vaisseau, non sans avoir subi quelques pertes au passage1. Décidé à régler l’affaire, Gorphon ordonne à ses hommes de balancer quelques grenades au phosphex dans la soute où sont retranchés les jaunards, ce qui leur sera fatal dans de courts délais. C’était sans compter sur Murnau, qui décide qu’il est absolument essentiel de contempler les cadavres adverses de visu, et entraîne donc ses ouailles dans une plongée dans un environnement corrosif. Sans casque bien sûr, sinon c’est pas du jeu.
Cette décision absconse nous permet toutefois de faire la connaissance d’un possible Space Wolf (il s’appelle Varskjøld, je ne veux pas faire de la discrimination mais c’est pas Fist comme blaze) possiblement devenu Chevalier Errant (dur à dire comme le phosphex attaque la peinture des armures), et possiblement responsable de la défense acharnée des loyalistes malgré la mort de Latham. Varskjøld a le temps de faire deux choses avant que Murnau lui fende le crâne avec son crozius : abattre le pauvre Gorphon et donner le signal à un de ses hommes de déclencher l’explosion qui précipite l’engloutissement de l’épave du Xanthus dans le bayou. Aucun des Death Guards ne sortira à temps pour échapper à la mort, ce qui permettra à Morgax ‘Premier Degré’ Murnau de mourir avec le sentiment du devoir accompli. A.U.C.U.N. S.U.R.V.I.V.A.N.T.
1 : On apprend aussi que le pauvre Latham a vécu un faceplant fatal pendant la dislocation du Xanthus sur Algonquis, et n’est dont plus en charge de quoi que ce soit. C’est dommage, Murnau avait vraiment pondu un freestyle de qualité au début de la nouvelle.
AVIS :
On ne m’enlèvera pas de l’idée que Rob Sanders avait sans doute vu plus grand que les événements couverts dans ‘Distant Echoes of Old Night’, mais que les hasards de la vie ont fait que seule cette nouvelle a été finalement publiée. J’en veux pour indice (« preuve » serait un peu trop fort) l’importance qu’il accorde à certains personnages, dont la participation au déroulé de l’histoire est pourtant très minime (Vitas Phorgal, dont Sanders ne prend pas la peine d’expliquer le statut de Moritat, qui ne va pourtant pas de soi, et Varskjøl), voire absolument nulle (Oriel Latham). Comme s’ils avaient eu une importance bien plus grande au cours d’événements relatés précédemment, et méritaient donc qu’on s’intéresse à nouveaux à eux. De même, un tel scénario rendrait plus compréhensible le choix de l’auteur de terminer son propos sur un twist final aussi inefficace (« Et le gentil en chef était un Chevalier Errant… et il est mort. Cool. »). Comme Sanders a déjà prouvé qu’il était capable de bien mieux, je suis prêt à lui laisser le bénéfice du doute sur ce coup-là.
Je serai en revanche moins conciliant sur le reste de ‘Distant Echoes of Old Night’, qui oscille entre cliché grand guignolesque (Murnau qui se fend d’un monologue de grand méchant… pour le bénéfice d’un ennemi qui ne l’écoute sans doute pas… alors qu’il n’est même pas à portée des combats…), combats peu inspirés, et décisions tout bonnement injustifiables, faisant passer Murnau et ses Destroyers pour des crétins finis. Décider d’aller se suicider avec son propre phosphex pour s’assurer qu’il n’y aura pas de survivants, alors que 1) tout le monde sait que le phosphex est mortel, 2) l’épave est en train de sombrer dans le marais, 3) même en considérant que la frégate de transport soit très rapide dans sa mission d’interception, il lui faudra au minimum plusieurs heures (ou jours) pour faire l’aller-retour jusqu’à Algonquis, ce qui laisse le temps nécessaire aux Death Guards pour monter une stratégie digne de ce nom et 4) les loyalistes qui survivraient par miracle à tout ça se retrouveraient isolé sur une lune hostile, sans moyen de contacter leurs alliés ; c’est un niveau de débilité qui m’interroge. Rien que pour ça (et franchement, c’est déjà beaucoup), je condamne ‘DEoON’ à une quarantaine de quelques millénaires, le temps que son taux de radioactivité stupidité redescende à un niveau acceptable.
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Extinction – A. Dembski-Bowden [40K] :
INTRIGUE :
On ne le sait que trop, les lendemains de cuite sont difficiles. Quand la tournée des bars en question a duré sept ans, impliqué des centaines de milliards de participants sur des milliers de planètes, dont quelques dizaines ont brûlé au passage, et s’est terminée par un projet X débridé dans la maison familiale avec le capitaine de soirée qui s’étouffe dans son vomi sur la banquette arrière de sa Kangoo défoncée, il est somme toute logique d’avoir, très, mais alors trèèèèèèèèèèèèèèès mal aux cheveux pendant quelques temps. Surtout quand on s’appelle Ezekyle Abaddon, et qu’on a un goût immodéré pour les manbuns en palmier1. Nous reviendrons sur le cas de ce mauvais sujet un peu plus tard.
‘Extinction’ place donc son propos dans la période trouble qui succède à l’Hérésie d’Horus, qui, si elle n’a pas été une partie de plaisir pour l’Imperium, n’a pas été de tout repos non plus pour les Astartes rebelles, réfugiés dans l’Œil de la Terreur et en proie à de bien compréhensibles dissensions internes en l’absence d’un grand chauve costaud pour claquer le beignet aux éléments perturbateurs. Mais, comme l’éructe Borge Grassens, Prince Démon poète à la moustache remplie de Nurglings : « Or sous les cieux sous vergogne//C’est un usage bien établi//Dès qu’il s’agit de rosser des Sons of Horus//Tout le monde se réconcilie2 ». Tel le chouchou de la maîtresse ayant rappelé à cette dernière qu’elle avait oublié de ramasser les expressions écrites de la classe deux minutes avant la sonnerie, les guerriers de feu le Maître de Guerre se retrouvent en butte à l’hostilité non dissimulée de leurs petits camarades de jeu, qui leur reprochent, non sans raison, d’être responsables de la galère dans laquelle ils se trouvent désormais.
Nous faisons donc la rencontre, pour beaucoup d’entre eux juste avant une capture infamante, un décès prématuré, ou pire, de quelques fistons d’importance, alors qu’ils se retrouvent entraînés dans des explications de texte sans fin avec leurs cousins issus de germain. Le Sergent Kallen Garax peine à trouver les mots justes (pas facile quand on parle Chtonien et le gonze d’en face Nostraman) pour apaiser un gang de bikers Night Lords. Le Techmarine Sovan Khayral insiste impuissant à l’incendie de son véhicule de fonction des mains huileuses d’une bande de Death Guard désœuvrés. Le Capitaine Nebuchar Desh finit par rendre l’âme après une séance un peu trop soutenue avec son/sa Dominatrice Emperor’s Children, qui devra se trouver d’autres chats à fouetter. L’humble frère Zarien Sharak, coursé par une meute de World Eaters souhaitant lui voler son goûter (quand on n’a pas de monde à manger, il faut bien compenser), signe un bail de sous-location mal avisé avec un Démon mal élevé qui le met fissa à la porte de son âme à son corps défendant (ou le contraire). Erekan Juric, Capitaine Reaver, se fait incendier par la bande à Kahotep sur le chemin de la maison. Même la fameuse Kangoo d’Horus traîne son mal-être depuis la disparition du patron, remisée qu’elle a été dans un quelconque parking sous-terrain de l’Œil par ce galopin d’Abaddon.
C’est par un aparté dévolu à ce diable d’Ezekyle que se termine Extinction. Ayant tout bonnement pris un congé proprement sabbatique pour se ressourcer et faire le point sur sa vie, et voyageant de planète en planète pour visiter les attractions touristiques qu’elles ont à proposer (une pyramide ici, un mausolée là, un temple plus loin… c’est une sortie culturelle), Abby regarde de loin ses anciens frères se faire mettre la tête dans la cuvette des toilettes chimiques de leurs Rhinos, guère intéressé par les déboires de sa Légion. Quelque chose me dit toutefois que cela ne durera pas éternellement…
1 : Ça irrite le cuir chevelu comme pas possible et c’est très mauvais pour le bulbe.
2 : La rime est pauvre mais l’argent ne fait pas le bonheur.
AVIS :
Prologue à sa saga consacrée aux origines de la Black Legion, cette Extinction permet à Dembski-Bowden d’afficher sa maîtrise de la nouvelle d’ambiance. Il ne se passe en effet pas grand-chose dans ce court format, la succession de vignettes illustrant les déboires de la marmaille horusienne permettant seulement de prendre la mesure de la mauvaise passe que cette dernière traverse, orpheline de Primarque, traumatisée par sa défaite sur Terra, n’ayant plus d’objectif autre que la survie et ciblée à outrance par ses partenaires de crime. Pour autant, Extinction reste l’une des lectures les plus agréables de Croisade & Autres Récits, la patte d’ADB rendant chaque passage intéressant, chaque personnage attachant, et préparant parfaitement le terrain pour le début de la geste Abaddonienne, que le lecteur aura envie d’approfondir après en avoir terminé avec cet amuse-gueule, je gage. Il est fort l’animal, il est fort.
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Master of Mourkain – J. Reynolds [WFB] :
INTRIGUE :
Tout le monde n’utilise pas des moyens aussi conventionnels qu’un réveil ou une alarme de téléphone portable pour commencer sa journée. Prenez Ushoran par exemple : depuis qu’il a été chassé de Lahmia puis de Nagashizzar, et a trouvé refuge dans la cité de Mourkain, le prince déchu est réveillé par les murmures d’une voix passionnée par deux choses : la mort et les maths (ce qui est souvent la même chose). Les esprits chagrins feront remarquer que le Monde qui Fut n’était de toute façon pas aussi technologiquement avancé que le nôtre, mais vous reconnaîtrez sans mal la faiblesse de cet argument.
Ushoran, déjà à moitié bestial à ce point de sa non-vie, ne s’intéresse guère à l’origine de cette voix, mais est incapable de résister à ses injonctions. Et comme sa speakerine mentale l’incite à se rendre sans délai dans le palais du nécromancien Kadon, qui règne en maître pourrissant sur la cité montagnarde depuis des siècles, il s’enfile un petit espressanguino pour la route et file dare dare en direction de la grossière pyramide que le despote a fait construire par ses fidèles sujets. Ce n’est pas une visite de courtoisie qui l’amène, mais un combat pour la ceinture, ou plutôt à la couronne, de Mourkain, que la Voix lui a promise. Bien que Kadon soit toujours un mage formidable, sa frêle enveloppe corporelle est en train de partir en cacahouète, donnant une chance au vampire sauvageon de lui dérober son bien. Les esprits chagrins feront remarquer que ça ne sert pas grand-chose de porter couronne lorsque le seul autre accessoire qu’on arbore est un slip sale, mais encore une fois, ce sont des fâcheux.
Attiré par son ami imaginaire, qui fait aussi GPS pour se repérer dans le dédale minéral du palais Kadonal, Ushoran arrive dans la salle du trône, où son futur adversaire l’attend tranquillement. Comptant sur l’élément de surprise pour remporter la victoire (car, de son propre, aveu, Ushoran n’est pas courageux), Papa Stryge se renfrogne, mais lève tout de même la griffe sur le vieillard cacochyme qui bave devant lui… et se fait renvoyer dans ses 22 d’un simple geste. Kadon est en effet toujours gaillard, et surtout, il peut compter sur les pouvoirs de la couronne de Nagash, car c’était elle, qui ceint son front ridé. Cette même couronne, apparemment lassée de son porteur, a aiguillé la convoitise d’Ushoran pour qu’il vienne tenter sa chance à la galette des rois (Mourkain style), mais comme elle ne semble pouvoir émettre que sur une seule fréquence, Kadon a tout entendu et est bien sûr fou de jalousie.
Tout règlement à l’amiable étant impossible, le combat reprend et Ushoran finit par porter un coup de croc sérieux à la jugulaire de son adversaire, dont les sortilèges et les gardes du corps squelettiques ne suffisent pas à terrasser le vampire mort de faim. Comme tout boss de fin sentant son dernier PV lui échapper, Kadon s’enfuit comme un drama king à travers les corridors de son palais déserté, descendant au cœur de son cromlech jusqu’à arriver devant une dalle de pierre, marquant l’entrée d’une salle scellée. Retardé par sa sale manie de regarder les dessins sur les murs des couloirs (on n’est pas au Louvre, que diable), Ushoran arrive trop tard pour empêcher sa Némésis de tracer de son sang une formule de pouvoir sur la dalle. Bien que l’effort se révèle fatal à Kadon, qui s’effondre raide mort avant qu’Ushoran ait eu le temps de lui mettre une dernière mandale, le mal est fait et une présence aussi ténébreuse qu’imposante se matérialise devant le vampire au moment où il allait ramasser la couronne de Big Nag…
Début spoiler…Le nouvel arrivant n’est autre que le possesseur légitime (si on peut dire) de l’artefact : Alcadizaar, ou plutôt son esprit vengeur. Si vous vous souvenez de vos courts de 5ème (version de WFB), le souverain déchu de Khemri erra sans but après avoir découpé Nagash en sashimi grâce au katana de malepierre remis par ses alliés Skavens, la couronne de son ennemi à la main. Cette dernière fut récupérée par un jeune Kadon bien plus tard, et il semblerait que le futur nécromancien ait tenu à rendre hommage à ce cadavre aussi providentiel que bien stuffé en lui construisant un tombeau dans les niveaux inférieurs de son palais. Sympa, vraiment.
Comme on peut s’y attendre, l’apparition ne porte pas les vampires dans son (absence de) cœur, et envoie un gros stop enflammé à Ushoran, qui bat prudemment en retraite plutôt que de finir carbonisé, laissant la couronne au véritable maître de Mourkain, comme Reynolds nous le présente. En lot de consolation, Usho’ pourra toujours prendre le trône de la cité, ce qui n’est pas mal non plus. Enfin, tant qu’une horde d’Orques ne débarque pour faire du tourisme, bien sûr, mais je m’avance sans doute un peu…Fin spoiler
AVIS :
Il n’y a que Josh Reynolds pour s’amuser à mettre en scène une rencontre entre deux personnages assez mineurs du fluff de Warhammer Fantasy Battle1, et terminer son propos par un twist final reposant lui aussi sur une figure de second plan2 (et sans formellement nomme ce dernier, sinon c’est pas drôle et trop facile). Cela fait de ‘Master of Mourkain’ une lecture à réserver aux fluffistes et/ou Reynoldistes acharnés – les deux catégories se confondant souvent, il est vrai – plutôt qu’une histoire à mettre entre toutes les mains, comme cet auteur a prouvé qu’il savait les écrire. Considérant que cette nouvelle est certainement une commande de la BL pour garder l’attention des fans sur les travaux vampiriques de notre homme (‘Nefarata’, ‘Master of Death’, ‘Ghoul King’), il faut modérer ses attentes et juger ce probable filler pour ce qu’il est probablement : un filler (je répète pour ne pas vous perdre, je suis plus sympa que Reynolds sur ce coup-là). Moyen moyen.
1 : Par mineur, j’entends « hors du top 5 des personnages nommés de la faction considérée », et je crois qu’on peut tomber d’accord sur le fait qu’Ushoran et Kadon ne jouent pas dans cette ligue.
2 : Ce n’est pas pour manquer de respect à Alcadizaar, mais tout le monde considère que Settra a été le souverain (vivant) le plus emblématique de Khemri.
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The Blessing of Iron – A. Reynolds [40K] :
INTRIGUE :
La lune pénitentiaire de Penatora IV est en proie à une émeute terrible depuis qu’un malheuruex incident technique a déverrouillé la totalité des cellules de ce complexe accueillant plus d’un million de prisonniers (pour 32 places disponibles). Soumis à la légendaire rigueur des maisons de correction du 41ème millénaire, renforcée ici par la nécessité de remplir les quotas de production fixés par l’Adeptus Mechanicus, les Penatorans ne laissent pas passer l’occasion d’exprimer leur mécontentement directement aux oreilles du personnel pénitentiaire, avec des conséquences fatales pour les malheureux matons se trouvant sur leur route. Bref, there’s a riot going on in cellblock number 9, mais malheureusement pour les détenus dissipés, ce n’est pas Dr. Feelgood que les autorités impériales envoient remettre de l’ordre dans cette pagaille, mais une escouade d’Iron Hands riants comme la porte de la prison qu’ils sont venus purger.
La caméra se braque sur le Frère Dolmech, qui hait tout le monde et méprise le reste, alors qu’il participe à la défense d’un des centaines de rouages (les unités de production de Penatora) aux côtés de gardes lambda et d’un duo de Skitarii. Malgré l’efficacité clinique dont il fait preuve dans l’exercice de ses fonctions, sa position ne tarde pas à être submergée par les vagues d’assaillants qui s’abattent sans discontinuer sur l’atelier, forçant l’impassible mais pas impassable cyborg à battre en retraite en compagnie de l’unique être humain pour lequel il éprouve un peu de respect, le Beneficiari Armicus. En charge de la direction du rouage 349 depuis 17 ans, Armicus a toujours mis un point d’honneur à respecter les consignes de ses supérieurs, et a donc continué de travailler pour honorer les objectifs de production d’œil bionique (sa spécialité) fixés par la direction de Penatora alors que le complexe était en proie à un marasme monstre. Ce flegme à toute épreuve a impressionné Dolmech, qui décide de donner la Bénédiction du Fer à ce contre-maître méritant. Un insigne honneur pour un simple mortel, mais pour cela, il faut que le duo mal assorti parvienne à rejoindre le point de ralliement fixé par le Sergent Haldaarn, à plusieurs kilomètres de là.
Comme on peut s’y attendre, le chemin est jonché d’embuches et de mauvais sujets impériaux à mettre hors d’état de nuire. Malgré la froideur caractéristique dont fait preuve Dolmech envers son nouveau protégé, ce dernier parvient à briser (un toooouuuut petit peu) la glace en faisant remarquer à son nouveau gros copain que l’œil bionique qu’il porte a été confectionné ici-même, au rouage 349. La galaxie est vraiment toute petite. Armicus révèle également au Space Marine qu’il s’attendait plutôt à ce que ce dernier l’abatte sans sommation plutôt qu’il ne le sauve, à cause de sa connaissance d’informations compromettantes au sujet des responsables de la guerre civile ayant déferlé sur Penatora IV. En étudiant les flux de données depuis son poste de travail, Armicus a en effet réalisé que le déverrouillage généralisé a été causé par des Space Marines…
Début spoiler…Dénégation formelle de la part de Dolmech, dont l’escouade n’a rien à voir dans ce boxon. Et pour cause, ce sont encore une fois ces fripons de Dark Angels qui sont responsables du malheur d’autrui, mais trop maladroits ou arrogants pour dissimuler leurs traces. Leur traque des Déchus les a en effet amené à créer une émeute généralisée sur Penatora pour pouvoir kidnapper tranquillement un prisonnier en possession d’informations (peut-être) utiles à la capture d’un des membres du Hall of Shame de la Première Légion. La fin >>> les moyens, on connaît la chanson.
Un Chapelain encapuchonné et ses deux porte-flingues en armure vert sapin embusquent ainsi Dolmech et Armicus alors qu’ils sortent de l’ascenseur les ramenant vers le point de rendez-vous des Iron Hands, et demandent à avoir « une petite discussion » avec le superviseur, qui pourrait mettre leur Chapitre de fourbes dans l’embarras s’il venait à partager ses connaissances. Pas dupe du caractère hautement suspect de cette demande (mais pas au courant de la duplicité des nouveaux venus), Dolmech refuse catégoriquement de remettre son nouveau copain à ces bullies de Dark Angels, et l’histoire aurait pu mal se finir si l’Iron Hand n’avait pas révélé le destin qu’il réserve à son protégé, et si le Chapelain Interrogateur, si antipathique qu’il soit, n’avait pas eu la culture nécessaire pour savoir ce que cela impliquait pour l’heureux élu. Les fils du Lion laissent donc finalement partir leur cousin et son sidekick, ce qui n’augure pas grand-chose de bon pour le pauvre Armicus…
Début spoiler 2…Et en effet, une fois la mission des Iron Hands menée à bien (sans aucune perte à déplorer de leur côté), l’escouade Haldaarn repart sur sa Barge de Bataille, et Armicus reçoit la fameuse Bénédiction de Fer, qui consiste à être transformé en Serviteur. S’il s’agit d’un sort enviable pour les Space Robots, dont l’attirance pour la pureté de la machine n’est plus à démontrer, il est probable qu’Armicus avait un tout autre avis sur la question, mais personne ne lui a demandé. Upgradé dans sa chair et lobotomisé dans son esprit, c’est une longue carrière de (plus tellement) homme à tout faire qui s’offre à notre chanceux héros. C’est une bonne position, ça, Serviteur ?Fin spoiler
AVIS :
Pour ne rien vous cacher, et puisqu’on se dit tout (moi en tout cas), je dois vous avouer que jusqu’aux dernières pages de ‘The Blessing of Iron’, je m’étais préparé à attribuer un retentissant « BHÔFH » à cette nouvelle au moment d’émettre mon avis sur icelle. Une Space Marinade aussi bourrine et inimaginative ne mérite pas mieux à mes yeux, même si on pourrait me répondre que cela correspond tout à fait à l’état d’esprit de ce brave Frère Dolmech et à son reste de Chapitre de poètes, et qu’Anthony Reynolds nous a donc servi une habile mise en abyme. J’aurais alors répondu « Naaaaaaaaaaaaaaaaaaah fam tho » et on en serait resté là.
Pour une fois, l’arrivée de random Dark Angels (évidemment en train de traquer du Déchu, parce que c’est tout ce qu’ils faisaient dans la GW-Fiction à cette époque) dans une intrigue ne vient pas affaiblir ou affadir cette dernière, et permet au contraire de piquer l’intérêt du lecteur, auquel il est demandé de choisir les « gentils » à qui il préfère mettre des baffes. Et je peux vous dire que l’hésitation a été réelle de mon côté. Le twist final très grimdark et assez réussi de Reynolds (même si la révélation sur le destin d’Armicus est éventée un chouilla trop tôt par une technique narrative manquant de percussion) a achevé de me convaincre de ne pas jeter ‘The Blessing of Iron’ dans la pile du franchement dispensable de la littérature 40K, qui n’avait pas besoin de ça pour surplomber de très haut le contenu véritablement appréciable. C’est même une des meilleures soumissions que j’ai lues de cet auteur pour cette franchise le lointain futur1… Ce qui n’est pas non plus démentiel, mais je me devais de le souligner.
1 : A date, je n’ai lu que deux nouvelles d’Anthony Reynolds se déroulant au 41ème millénaire, ‘Torment’ (qui était franchement bien) et ‘The Blessing of Iron’. Par contre, les trois nouvelles qu’il a signées pour l’Hérésie d’Horus et que j’ai lues (‘Scions of the Storm’, ‘Dark Heart’ et ‘Children of Sicarus’) sont vraiment moyennes.
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The Memory of Flesh – M. Farrer [40K] :
INTRIGUE :
Sur la lune de Regnan Drey, l’escouade d’Iron Hands du Sergent Vétéran Dolmech (déjà croisé dans ‘The Memory of Flesh’) est de corvée de xenocide. Les Space Marines les plus ironiques de la galaxie chassent le Breg-Shei, une race mineure d’alien dont la principale caractéristique est d’utiliser des armes à décharge synaptique au combat, ce qui inflige des syndromes Gilles de la Tourette carabinés à leurs victimes organiques, et fait disjoncter les circuits imprimés de leurs cibles mécanisées. Bien que l’affrontement ne soit qu’une formalité pour les Astartes, dont la constitution, le matériel et le mental, tous d’acier trempé, compensent sans mal la vitesse et les effectifs de leurs ennemis, Dolmech a des objectifs minutés à atteindre, et décide donc de ruser pour nettoyer son périmètre en vitesse. Ayant compris que les Breg-Shei sont capables d’intercepter et de comprendre les communications radio des Iron Hands, le Sergent ordonne au Serviteur chargé du pilotage du Rhino de ravitaillement de l’escouade de rejoindre la ligne de front. Il sait en effet qu’un groupe de Xenos a contourné la position avancée de ses hommes, et espère bien qu’ils ne résisteront pas à l’opportunité de détruire un véhicule faiblement défendu. (Roulement) habile.
Le Serviteur en question est une autre vieille connaissance : le Beneficiairi Armicus (déjà croisé dans ‘The Memory of Flesh’, pour changer), transformé par les bons et douloureux soins du Dolmecano en créature lobotomisée, répondant au doux nom de Jothael-004. En matière d’ouverture ou d’étroitesse d’esprit, les Iron Hands suivent une doctrine simple : la data, oui ; le doute, non. Obéissant aux instructions qui lui ont été communiquées, Jothael remonte à bord, se met au volant et passe la première, sans évidemment se douter le moins du monde que son véhicule de fonction bourré de matériel et de munitions est sur le point de subir un assaut en règle de la part d’une bande de Breg-Shei patibulaires.
Si le blindage épais du char et l’intervention rapide (il arrive en jet pack) de Dolmech permettent de limiter les dégâts au strict minimum, l’armement particulier des Xenos a un effet imprévu sur le placide Serviteur. Le choc synaptique efface une partie des protocoles d’asservissement que son créateur lui avait très littéralement mis en tête, et lui redonne une (petite) partie de son ancienne personnalité ainsi que quelques souvenirs, malheureusement centrés autour de sa désastreuse rencontre avec Dolmech sur Penatora IV. Bien que cet émoi aussi soudain que profond ne se manifeste que par des bouts de phrases sans queue ni tête débitées sur le Discord de l’escouade (ce qui fout une honte terrible à Dolmech, dont le corps de métal dissimule de gros problèmes d’estime personnelle), le mal est bien plus profond que cela, et lorsque le Sergent furibard ordonne au Serviteur en roue libre de se garer sur le bas-côté pour un contrôle technique rapide…
Début spoiler…Jothael ouvre le feu sur son créateur avec l’armement du Rhino, causant d’abord plus de peur surprise que de mal chez le coriace Iron Hand. L’insistance colérique de Dolmech signera toutefois sa perte, Jothael déclenchant l’explosion du stock de munitions qu’il transportait lorsque ce qu’il lui restait de cerveau détermine que le Space Marine en rut en train de fracasser la porte du véhicule à main nue ne peut être neutralisé par d’autres moyens. La nouvelle se termine sur un gros plan dramatique sur le visage inanimé de Dolmech, et sur l’œil bionique dont Armicus avait supervisé la construction dans son autre vie…Fin spoiler
AVIS :
Simple, direct et efficace. Matthew Farrer prend la suite d’Anthony Reynolds et de son ‘The Blessing of Iron’ et clôt d’une manière convaincante l’arc Master & Servant de l’impitoyable Dolmech et de sa recrue devenue création, Armicus/Jothael-004. La comparaison entre ces deux histoires est clairement favorable à ‘The Memory of Flesh’1, et Farrer remporte sans contestation possible le derby australien (eh oui) de la BL. Il a déjà fait mieux par le passé, c’est sûr, mais on reste sur de la GW-Fiction de haut de panier.
1 : J’avais regretté la technique narrative hésitante de Reynolds dans mon retour sur ‘The Blessing of Iron’, dont la conclusion aurait gagné à être plus percutante pour maximiser le choc du destin d’Armicus pour le lecteur. Par un heureux hasard, Farrer donne un bon exemple de comment finir une nouvelle d’une manière efficace dans sa propre copie.
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Perihelion – D. Abnett [40K] :
INTRIGUE :
Des nouvelles du front aussi immense que ridé de ce brave Gregor Eisenhorn. Des décennies ont passé depuis que l’Inquisiteur le plus crâneur de Gudrun s’est radicalisé et a disparu des radars, sans doute motivé par son passage sur la liste des Most Wanted du sous-secteur pour connivences un peu trop appuyées avec l’Archennemi, au moins en ce qui concerne les moyens employés pour accomplir ses objectifs. C’est vrai qu’avoir son propre Possédé, c’est assez dur à justifier auprès de la hiérarchie (mais n’oublions pas que Greg a commencé dans l’Ordo Xenos, qui ne traite pas vraiment de ces choses). Poussé par une nostalgie bien compréhensible, Eisenhorn décide de tenter le diable et de se rendre, sous déguisement bien sûr, au conclave réuni dans le manoir de feu Bader Vecum, souverain de l’Islande gudrunaise et grand lettré devant l’Eternel Empereur, pour liquider l’imposant bibliothèque que le défunt, et ses ancêtres avant lui, avaient accumulé au fil des siècles. Le but de notre héros encapuchonné sous sa falsehood est de parvenir à échanger quelques mots avec son ancien pupille et ami, l’homme frigo Gideon Ravenor, lui aussi tombé en disgrâce auprès de ses chefs après le Slight incident, comme on l’appelle avec tact.
La famille Vecum étant entrée en possession de quelques volumes un peu trop lestes au goût des Ordos, le conclave a pour but de décider du sort des ouvrages légèrement tendancieux de la collection : soit leur mise à l’index, soit leur versement aux collections des fameuses bibliothèques de Shurfath. Le processus est assez long et ennuie rapidement Eisenhorn, qui en bon radical libertarien aurait dit amen à tout et serait parti s’en jeter un petit avec les copains depuis belle lurette, mais les événements prennent un tour particulier au bout d’une heure de plaidoiries passionnées, lorsqu’un garde de la maison Vecum décide de ficher le côté aiguisé de sa hallebarde de cérémonie dans le torse du garde du corps de l’un des Inquisiteurs présents. L’importun hérite d’une rafale de lasers dans le buffet en punition de son impertinence, mais pour un Psyker aussi affuté qu’Eisenhorn, il ne fait aucun doute que le malheureux a agi sous la contrainte d’un esprit puissant, et l’embrochage de l’Inquisiteur Karnot Vesher par un autre quidam, là encore sans aucune raison valable, vient confirmer sa suspicion.
Tout le monde n’étant pas aussi perceptif que le vieux Greg, l’assemblée dégénère très rapidement en pugilat sans queue ni tête, le Psyker anonyme sautant d’hôte en hôte pour continuer ses ravages sans que les participants au colloque ne comprennent trop ce qu’il se passe. Pensant être la cible de cette attaque, Eisenhorn et son gros égo décident de filer à l’anglaise, mais se font surprendre par le mystérieux assaillant, très surpris de découvrir que cette ancienne gloire déchue se trouve sur son terrain de jeux. Après une petite session de karaoké Whosienne en diable, Papy Horny parvient à arracher à son adversaire deux fragments d’information : Grael Ochre et le Roi en Jaune. Vexé de s’être fait avoir par un vioque, le télépathe inconnu fait revivre à Eisenhorn la totalité des événements traumatiques et douloureux de sa longue existence en l’espace d’une seconde, sonnant le paria et rappelant au bon souvenir du lecteur les moments marquants de la trilogie ‘Eisenhorn’. Un mal pour un bien.
Le hasard faisant bien les choses, cette joute mentale a pris place dans la pièce où Ravenor s’était lui aussi réfugié, et le perceptif Gideon engage la conversation avec son ancien maître une fois que ce dernier a repris ses esprits. L’accueil qu’il lui fait est beaucoup moins enthousiaste que ce à quoi Eisenhorn s’attendait, mais il y a de quoi : jugé pendant quinze longues années par ses pairs après sa traque cataclysmique de Zigmunt Molotch, Ravenor a eu le choix : être retiré du service actif et condamné à ne plus utiliser ses pouvoirs psychiques, ou accepter de traquer le tristement célèbre Eisenhorn pour le compte des Saints Ordos. Ayant refusé de se retourner contre son mentor, Gigi R. vit dans un placard au sens propre et figuré depuis des décennies. Le temps doit lui paraître un peu long.
Malgré les différends qui les séparent, les deux hommes ont toutefois un point commun, en ce qu’ils sont tous deux persuadés que le mystérieux agent du Roi en Jaune est venu pour leur régler leur compte (Ravenor pensant que c’est un moyen de l’inciter à utiliser ses pouvoirs, et ainsi donner une raison à ses ennemis de lui tomber sur le caisson). Comprenant que son ancien disciple boude méchamment, Eisenhorn prend congé sans demander son reste, laissant ses anciens collègues gérer l’incident psychique de leur côté. Bien qu’il ne s’attende pas à recroiser la route de Ravenor par la suite, il se trouve qu’il se fourvoie totalement sur ce Point…
AVIS :
Nouvelle teaser par excellence, ‘Perihelion’ (titre stylé mais que ne veut rien dire de particulier dans ce contexte) permet à Abnett de remettre sur le devant de la scène ses anciens héros Eisenhorn et Ravenor, et de les confronter à leur Némésis commune, le fameux Roi en Jaune. C’est à peu près tout ce qu’on peut retenir de cette petite histoire, qu’Abnett essaiera tant bien que mal de relier au reste de son corpus inquisitorial dans un second temps1. Nul doute que sa lecture a dû vous faire très plaisir si elle a pris place au moment où Abnett a annoncé qu’il bûchait sur la conclusion de son tricycle inquisitorial (‘Eisenhorn’, ‘Ravenor’, ‘Pequin Bequin’), mais si vous êtes tombé dessus des années après les faits, il est très possible que la vacuité du propos vous ait refroidi. C’est mon cas. Aurait pu se donner plus de mal, franchement.
1 : L’Interrogateur Voriet, ici rattaché à l’Inquisiteur Cyriaque (et ne servant absolument à rien dans la nouvelle) sera un personnage important de ‘The Magos’.
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Et voilà qui termine cette revue de la BLGDA1213, qui sera heureusement le dernier recueil affublé d’un nom aussi imbittable par les génies du marketing de la Black Library. Comme d’habitude, du bon et du moins bon, mais surtout une sorte de malédiction ayant frappé la plupart des contributeurs de ce petit livret. Sur les six auteurs au sommaire, seul l’inoxydable Abnett est en effet encore fermement engagé aux côtés de la maison d’édition de Nottingham dix ans après la sortie de cette anthologie, tous ses collègues ayant tourné cette page (see what I did here ?) ou pris un congé sabbatique depuis cette période pas si lointaine. Je n’ai aucune explication à vous fournir, mais comme ce n’est pas toujours facile de trouver quoi dire à ce moment de la chronique, je n’allais pas laisser passer cette occasion. À la prochaine !
BLACK LIBRARY GAMES DAY ANTHOLOGY 2011/12 [Recueil]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue imprévue de la Black Library Games Day Anthology 2011/12. Pourquoi « imprévue » ? Eh bien, parce que je n’étais seulement pas au courant de l’existence de ce petit recueil (6 nouvelles) il y a quelques jours. Il aura fallu un enchainement assez improbable de circonstances, de pages et de liens du Lexicanum pour me faire découvrir cet obscur opus, publié par la Black Library pour distribution exclusive lors des Games Days (anglophones j’imagine) des années 2011 et 2012. Comme on peut le voir sur la couverture, Nottingham s’enorgueillit d’un tirage limité à 3.000 exemplaires1, rendant l’acquisition de cette curiosité compliquée il y a une décennie, et à la limite de l’impossible à l’heure actuelle. Fort heureusement, les histoires mis au sommaire de la BLDGA1112 (c’est peut-être pas mieux, mais c’est plus court) ont été republiées depuis cette époque héroïque, rendant sa critique par procuration possible.
Vous avez peut-être suivi ma tentative de retracer le contenu des Summer of Readings de la Black Library au cours des dernières semaines (c’est là). Cette tâche étant désormais accomplie du mieux de mes capacités, je cherchais un nouvel objectif littéraire, si possible varié en termes de franchises abordées (je ne me sens pas de m’enquiller un recueil pur 40K/AoS/WFB/HH pour le moment) : la découverte de cette série – car oui, il y en a d’autres – s’est donc produit à un moment très opportun.
Si on se penche sur la BLDGA1112, on constate qu’il s’agit d’un pur produit de présentation de la gamme couverte par la Black Library à l’époque, un modèle qui sera repris par la suite pour les recueils Black Library Celebration. On a ainsi droit à une nouvelle de l’Hérésie d’Horus (plus tard intégrée à ‘Shadows of Treachery’), deux nouvelles Warhammer Fantasy Battle (ça faisait longtemps…) et trois nouvelles Warhammer 40.0002. Du côté des contributeurs, du classique et de l’éprouvé : McNeill, Wraight, Thorpe, Chambers, Werner et Kyme. On sentait que la BL voulait faire bonne impression. A-t-elle réussi ? On va voir ça.
1 : Et 1.000 en format numérique. Si si. Games Workshop n’avait pas encore compris internet en 2011 (pas sûr qu’ils l’aient compris aujourd’hui, c’est vrai)
2 : Dont ‘Emperor’s Deliverance’, que je pensais être un pur inédit au moment où je l’ai découverte dans l’ultime numéro de Hammer & Bolter, mais j’ai maintenant un gros doute… Ça n’a rien changé pour moi au final, mais j’aurais été un peu marri d’avoir payé un numéro qui ne contenait pas que de nouveautés.
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Death of a Silversmith – G. McNeill [HH] :
INTRIGUE :
Dans ses quartiers du Vengeful Spirit, un vieux Commémorateur, spécialisé en orfèvrerie, se débat futilement contre la mort qui approche. Sa trachée a en effet été écrasée par un de ses clients quelques minutes auparavant, pas parce que ce dernier était mécontent de son travail, mais plutôt parce qu’il ne souhaitait pas laisser de témoins de sa commande (on suppose qu’il a pris les tickets de caisse avec lui également). Avant d’apprendre le pourquoi du comment de cette tragique histoire, notre héros agonisant passe en revue les étapes les plus marquantes de sa longue vie, qui l’ont mené depuis le sol de Terra jusqu’à la moquette du Vengeful Spirit.
Destiné depuis son plus jeune âge aux travaux manuels, dans la droite ligne de son grand-père, également orfèvre, notre homme (que nous appellerons Bobby, parce que pourquoi pas) a eu la chance de commencer sa carrière à la fin des guerres d’Unification, et dans une région du monde déjà sous la coupe de Pépé, ce qui lui a permis d’éviter de se manger une botte de Guerrier Tonnerre dans le ventre, ou de voir sa cité rasée jusqu’aux fondations par les armées conquérantes de l’Empereur, ce qui est un plus pour assurer une continuité de l’activité professionnelle. Son talent lui permit en outre de travailler pour les grands de ce monde, confectionnant d’exquis bijoux, gardes d’épée, stylos, ou encore reliquaires, comme celui réalisé pour un Général ayant été récompensé de ses loyaux services par un bout de bannière Iron Hands, remise par le Primarque1 en personne, qui n’avait plus de cash sur lui à ce moment là.
De fil en aiguille, et sa réputation ne cessant de croître, Bobby fut approché par un vieux monsieur à l’épaisse crinière blanche, qui souhaitait le recruter pour son projet d’artistes couvrant la future Grande Croisade de l’Empereur. Après avoir poliment décliné l’offre du noble vieillard, qui lui remit malgré tout une enveloppe avant de partir, Bobby finit par accepter l’offre de Malcador (car c’était lui), sans doute convaincu par les menaces de mort et les dessins suggestifs que contenaient le pli. Il faut ce qu’il faut. Bref, voici notre orfèvre en route pour le Palais Impérial, et de là, pour le Vengeful Spirit d’Horus2 et des Luna Wolves. Le début de deux siècles de péripéties galactiques, de rencontres marquantes (coucou Ignace Karkasy) et de réalisations grandioses, dont certaines commandées par d’illustres clients. Ce fut le cas d’Hastur Sejanus, qui tenait à faire réaliser des chevalières pour les membres du Mournival, mais qui oublia d’aller chercher les bagouzes une fois ces dernières confectionnées. L’ultime réalisation de Bobby fut cependant réalisée pour un Légionnaire patibulaire, qui souhaitait obtenir un moule pour tirer des médailles représentant un loup et une lune. Travail facile pour notre héros, qui plia l’affaire en deux-deux, et se retrouva pris au dépourvu lorsque son client lui broya le larynx en guise de paiement, le laissant suffoquer sur le sol comme un poisson hors de l’eau, justifiant son acte par un cryptique « J’peux pas dire » à l’oreille de sa victime, avant de repartir.
Même si Bobby finit par être secouru par Sejanus, qui dans son empressement écrasera par mégarde l’anneau réalisé pour lui par ce dernier sous sa semelle énergétique – présageant le triste destin de ce membre du Mournival – il est trop tard pour le vieil orfèvre, qui n’aura que le temps de souffler la réplique assassine de Serghar Targost (car c’était lui) à son sauveteur. Mais que fait la Miviludes ?
1 : Ce qui voudrait dire que Ferrus Manus a combattu pendant les guerres d’Unification… ou que McNeill a sauté depuis le haut de la troisième corde sur le fluff de la Grande Croisade. Au choix.
2 : Ce qui voudrait dire qu’Horus avait déjà rejoint son Père avant le début de la Grande Croisade… ou que McNeill… (voir ci-dessus).
AVIS :
Petite nouvelle d’ambiance, sans aucune conséquence sur l’histoire avec un grand H de l’Hérésie, mais apportant une nouvelle perspective sur quelques uns des personnages et événements clés du début de cette dernière, Death of a Silversmith1 est à réserver aux inconditionnels de McNeill, qui trouve encore le moyen de se balancer un petit clin d’œil (mention de la dernière église de Terra, au-delà du « pont argenté », que l’Empereur a faite détruire…) mais surtout celui de massacrer le fluff en convoquant des Primarques dans son récit de façon totalement anachronique. Et on ne peut même pas l’excuser en mettant en avant la date d’écriture de cette nouvelle, car cette dernière date du début des années 2010, époque à laquelle l’Hérésie comptait déjà une bonne dizaine d’ouvrages, dont plusieurs écrits de la main du Mac. Ce gros et indigne fail est un peu rattrapé par le suspens que l’auteur laisse planer sur l’identité du tueur, que de petits indices permettront toutefois au lecteur attentif d’identifier sans trop de difficultés. On apprend également que les Loges n’étaient pas à la fête même avant Davin, ou en tout cas tenaient plus à leur confidentialité qu’à la vie d’un pauvre civil innocent. Pas de quoi réécrire l’histoire de l’Hérésie, mais intéressant tout de même.
1 : Je me demande encore aujourd’hui si ce titre est un hommage aux Kinks ou aux Smiths.
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The March of Doom – C. Wraight [WFB] :
INTRIGUE :
Meet Mathilde. Mathilde a été pendant une bonne partie de sa vie la femme d’un forgeron, et la mère de neuf enfants, quelque part dans le Middenheim profond. Après que son village se soit retrouvé sur la trajectoire d’une harde d’Hommes Bêtes décidés à faire du vilain, Mathilde est devenue la veuve d’un forgeron, et la mère de neuf enfants morts dans d’atroces souffrances. Comme on peut aisément le concevoir, l’expérience n’a pas été facile, et les premiers temps du deuil ont été difficiles (surtout la partie où il a fallu s’enfuir seule dans la forêt pour échapper aux bêtes chaotiques). Mais dans son épreuve, Mathilde a eu la chance de faire une belle rencontre : un homme bon, sincère et passionné, qui lui a donné confiance en elle, une marque de comète sur le front et un hachoir rouillé. Cet homme, c’est Luthor Huss, et maintenant Mathilde vit sa meilleure vie avec ses copains Flagellants, alors qu’ils accompagnent Huss dans la purge d’un bout de la Drakwald. Mathilde n’a pas mangé depuis trois jours, dort à même le sol et empeste comme une charogne, mais Mathilde est reconnaissante. Be more like Mathilde.
Après une première bataille brillamment boueusement remportée contre quelques centaines d’Hommes Bêtes stationnés sur un terre-plein, pendant laquelle Mathilde démontre la fortitude de sa foi et Luthor celle de sa force (car il est vraiment très fort, il arrive à manier son arme lourde à une main quand ça l’arrange), on en apprend plus sur le but de cette croisade de pénitents, ou procession funeste. Deux semaines plus tôt, Huss avait plaidé sa cause auprès du Margrave de Kohlsdorf, un gros plein de soupe confiant en l’épaisseur de ses murs et guère emballé par l’idée du Prêtre Guerrier d’aller faire quelques prélèvements de gros gibier à l’extérieur des murailles de la ville, quand bien même les hameaux alentours tombaient les uns après les autres sous les coups des pillards bestiaux. Révolté par le manque de foi (compensé par une abondance de foie, il faut dire) de son interlocuteur – Bors von Aachen – Huss prit l’affaire en main et partit avec son embryon d’armée botter quelques croupes poilues dans l’arrière-pays. Bien que les conditions soient éprouvantes et la biodiversité franchement hostile, les vertueux et pouilleux croisés se révélèrent digne de Sigmar et firent place nette devant eux. Continuellement renforcés par les réfugiés des communautés détruites par leur ennemi, les Flagellants prirent finalement le chemin du retour vers Kohlsdorf, tous les rapports indiquant que le bourg serait la prochaine cible de la harde principale.
À leur arrivée, la partie est déjà pliée pour les défenseurs impériaux, dépassés par la furie sanguinaire de leurs adversaires. Après avoir attendu vingt longues minutes en contemplant la ville suppliciée, pour savourer le seum immense du Magrave indélicat sans doute, Huss ordonne à ses fidèles de chasser le bétail enragé de Kohlsdorf, ce qui ne se fait pas sans violence, vous pouvez me croire. À la pointe des combats, le Prophète de Sigmar mène l’assaut sur le temple de son Dieu, seul édifice encore défendu par les citadins, et tue en combat singulier le Seigneur des Bêtes commandant la harde, provoquant la retraite de cette dernière. Malheureusement, Mathilde n’est pas aussi chanceuse que son idole et compte parmi les morts glorieux de la journée, causant une vague de tristesse et de fierté dans l’âme de notre inflexible héros à la vue de son cadavre bien amoché, mais entouré d’ennemis. Cette communion post mortem est hélas interrompue de la pire des façons…
Début spoiler…Par une tentative de corruption de la part de cet incapable de Bors von Aachen, qui est prêt à récompenser Huss pour son intervention, mais seulement avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Le bougre trouve de plus le moyen de fouler au pied le corps de la pauvre Mathilde en faisant sa proposition mal venue, ce qui met l’incorruptible mais soupe au lait prêtre d’humeur massacrante. Plutôt que de lui enfoncer la tête dans les épaules d’un coup de marteau, comme sa nature profonde le lui conseillait, Huss opte pour une solution plus magnanime : recruter von Aachen dans la procession funeste, de gré ou de force. Première étape : un marquage au fer rouge sur le front. Ça pique un peu au début, mais comme le dit Luthor le Breton à son futur collègue, la gloire, elle, est éternelle (comme la cicatrice)…Fin spoiler
AVIS :
Très bonne soumission de la part de Chris Wraight, qui donne ses lettres de noblesse à deux symboles impériaux rarement croisé jusqu’alors dans les pages de la GW-Fiction : Luthor Huss et les Flagellants. ‘The March Doom’ nous plonge de manière viscérale dans le quotidien pour le moins intense d’une croisade de zélotes, confrontée à un ennemi à peine plus bestial et sauvage qu’eux, et le destin tragique de Mathilde, pauvre mère au foyer transformée en virago écumante et moins facile à effrayer qu’un Space Marine, s’avère un choix narratif payant pour Wraight. Huss de son côté se révèle égal à lui-même : un guerrier austère et formidable, dont l’humanité est réelle mais distordue par son crédo sigmarite pour le moins radical. Sur cette trame solide, l’auteur plaque quelques scènes de bataille très honnêtes et une conclusion satisfaisante (même si pas très surprenante) : c’est un sans faute en ce qui me concerne, et une lecture que je recommande à tous les fans de l’Empire.
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The Curse of Shaa-Dom – G. Thorpe [40K] :
INTRIGUE :
Gav Thorpe nous propose ici une histoire en deux actes, ce qui est ambitieux pour une nouvelle de 14 pages, mais on (enfin vous, moi c’est fait) jugera sur pièce. Dans la première partie de la nouvelle, on suit le Prophète Blanc Beige1 Elemenath dans l’accomplissement d’une corvée que lui ont filé ses collègues plus expérimentés : rapporter une relique teintée par le Chaos, le Scarabée de Jade de Neimenh, jusqu’à la fameuse Bibliothèque Interdite, où elle sera étudiée et détruite par les meilleurs experts en la matière. Il est accompagné par un quatuor de mercenaires, les Rangers Anithei et Khai-lian, le Corsaire Syllion et le pilote Zain Jalir (à ne pas confondre avec Jain Zar, bien sûr).
Après un voyage sans encombre à travers la Toile, la petite troupe arrive devant le portail de la Bibliothèque, attend qu’on vienne lui ouvrir, remet le colis soigneusement emballé dans son caisson anti-psy, et… repart. On ne parle pas assez des trains qui arrivent à l’heure, ou des remises de Colissimo où le livreur fait vraiment l’effort de sonner, c’est vrai. Entracte.
Sur le chemin du retour vers le vaisseau, Anithei entend soudainement une sorte de chant plaintif qui s’élève de la paroi de la Toile. Les autres non, mais je suppose qu’ils sont plus âgés et ont perdu l’audition des fréquences élevées. Une rapide inspection des lieux permet de localiser le cadavre d’une Druchii morte depuis longtemps, quelques dégâts dans la structure de la galerie de Toile à proximité de la défunte (comme un dégât des eaux, mais c’est le Warp qui dégouline des murs), et c’est tout. Enfin presque. Grâce à son ouïe affutée, Anithei est attirée jusqu’à une gemme de la taille de son poing, d’où semble provenir la mélopée entêtante. Sans trop savoir pourquoi, elle la range dans sa besace sans que les autres, trop occupés à remplir le formulaire de constatation des dommages, ne le remarquent, ou du moins le pense-t-elle.
On ne dupe en effet pas si facilement un Prophète Blanc, même junior, dont la spécialité est de détecter et de contrôler le Chaos. Elemenath sollicite donc un tête à tête avec la Ranger une fois tout ce petit monde rentré au vaisseau, afin qu’elle lui permette d’examiner sa trouvaille. Seulement, n’est pas Gandalf qui veut et sa demande désintéressée cause une réaction violente chez Anithei, déjà tombée sous la coupe de son présssssieux. Elle fracasse le crâne d’œuf du Prophète d’un coup de gemme dans la tempe, avant de se faire trancher la gorge quelques instants plus tard par Syllion, lui aussi brainwashé par le bibelot maléfique. De fil en aiguille et de meurtre en meurtre, c’est Zain Jalir qui hérite de la gemme après la mort du reste de la bande. On apprend alors que le pilote était en fait un Eldar Noir sous couverture, œuvrant à la reconquête de la cité engloutie (dans le Warp) de Shaa-Dom. Par un heureux hasard, la gemme est une clé permettant d’accéder aux ruines de cette métropole, et Zain Jalir se voit déjà monter une expédition grâce aux espèces sonnantes et trébuchantes que vont lui rapporter la vente des pierres des âmes de ses défunts camarades…
Début spoiler…Malheureusement pour lui, son choix d’utiliser des petites routes de la Toile pour rentrer à Commoragh au lieu des canaux principaux pour ne pas attirer l’attention va lui être fatal. Son chemin croise en effet celui d’une meute d’Ur-ghuls, qui décident de se faire un bon gueuleton aux dépends du pauvre ZJ. Abandonnée parmi les reliefs de ce repas sanglant, la clé de Shaa-Dom attendra encore un peu d’être ramassée par un porteur digne d’elle…Fin spoiler
1 : Il est novice (et donc pas encore tout à fait blanc), et l’appellation « prophète gris » est déjà prise.
AVIS :
J’ai la tenace impression qu’une évaluation impartiale de ‘The Curse of Shaa-Dom’ ne peut être faite que par un lecteur s’étant enquillé les deux trilogies Aeldari (‘Path of the Eldar’ et ‘Path of the Dark Eldar’) commises par Gav Thorpe et Andy Chambers dans leur jeune temps, tant l’histoire qui narrée ici semble compléter un ou plusieurs arcs de plus grande envergure. Et, devinez quoi ? Je ne n’ai ni le temps ni l’envie de m’atteler à cette tâche, aussi il faudra faire sans.
On se retrouve donc confronté à une histoire assez banale d’objet maléfique provoquant la mort de ses porteurs successifs en attisant chez eux leurs pires sentiments, à peine inspirée par un livre obscur commençant par « L » et se terminant par « e Seigneur des Anneaux » (vous êtes pardonnés si vous ne connaissez pas, après tout cette nouvelle ne date que de 2011). D’une manière étrange, cette histoire est imbriquée dans une autre histoire assez banale d’objet maléfique, provoquant la mort de ses porteurs successifs en attirant sur eux le courroux de nobles mais pragmatiques gardiens1. Nuance. Si vous vous dîtes que c’est étrange d’avoir doublé le quota d’artefact néfaste dans une nouvelle de moins de 15 pages, rassurez-vous, Gav Thorpe aussi. Ça ne sauve pas ‘The Curse…’ du ridicule mais au moins, c’est marrant.
Finalement, la seule qualité indéniable de ce texte est son apport généreux en fluff Eldar, et notamment le voyage qu’il nous offre jusqu’à la mythique Bibliothèque Interdite, qui a tout de même donné son nom à la maison d’édition de Nottingham. Pour le reste, c’est soit très quelconque, soit très parcellaire (pour ne pas dire cryptique) : je ne considère pas que cette lecture soit des plus essentielles.
1 : L’un de ces objets disparaîtra pour toujours de la GW-Fiction après cette courte mise en lumière, et l’autre a peut-être un discret retour dans un roman obscur de la BL.
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The Treasures of Biel-Tanigh – A. Chambers [40K] :
INTRIGUE :
L’Archon Yllithian a décidé, en son insondable sagesse et/ou son incommensurable ennui, de récupérer une relique gardée sous clé dans un des endroits les plus secrets de la galaxie : la Bibliothèque Interdite (Biel-Tanigh en langue locale). Comme regarder les gangs rivaux lui ayant juré allégeance s’étriper pour lui montrer qui a la plus grosse (fidélité) lui prend tout son temps, il charge deux de ses sbires, les jumeaux Vyriadh et Xyril, de la sale besogne. Après leur avoir donné des indications d’une précision absolue1, Yllithian retourne comater devant l’Intervilles de Commoragh, et les twins se mettent en chasse.
Les quelques pages qui sont nécessaires à couvrir la distance entre le palais de l’Archon et l’entrée du campus de Biel-Tanigh permettent à Chambers de nous apprendre que les jumeaux, développés à partir d’une seule cellule par un Haemoncule, jouissent d’une symbiose tellement forte qu’ils sont capables de communiquer télépathiquement, ce qui serait très pratique si ce n’était pas interdit sur Commoragh, comme toute forme de gaminerie psychique d’ailleurs. En contrepartie de ce don inutil(isabl)e, la mort de l’un causera un tel choc à l’autre qu’il est possible qu’il meure de catatonie quelques heures ou jours plus tard. Comme on dit chez les Araignées Spectrales : « de grands pouvoirs entraînent de grandes responsabilités, mais toi t’as vraiment pas eu de chance mon lapin » (ça rend beaucoup mieux en runes eldar, je vous assure). Retenez ça, il est probable que l’auteur ait voulu nous préparer à quelque chose de manière subeuh-tileuh. Ah, et tout aussi subeuh-tileuh-mengue, Chambers nous glisse que ses héros ont le super pouvoir de détecter les objets chargés d’énergie psychique à distance (ça s’appelle la psychométrie), ce qui est pratique pour éviter de perdre du temps à explorer le moindre recoin d’une sous-dimension de l’espace-temps à la recherche du galet commandé par Yllithian. Il a vraiment pensé à tout2.
Vyriadh et Xyril finissent par arriver sur les lieux du casse, et les ennuis commencent pour les Lannister aux oreilles pointues. Des ennemis aussi terribles que du lierre, un Guerrier Fantôme, un projecteur, du lierre, une tour à escalader (en évitant le lierre), des mono-filaments très coupants, sans oublier du lierre, se dressent en effet sur leur route, mais les jumeaux triomphent de toutes ces embuches pour arriver pile au bon endroit, comme les grands professionnels qu’ils sont. Mais au moment où Xyril s’empare de la relique convoitée par son boss, un quatuor d’Arlequins (je crois) se manifeste pour lui demander de s’arrêter, comme le légendaire Ay-dew’Aar Bhalad’Uhr en son temps. Sans surprise, les cambrioleurs refusent de s’exécuter, et une fusillade s’engage entre les étagères de bouquins et les armoires à trophées. Sans surprise non plus, la pierre ramassée par Xyril possède sa volonté propre (celle des milliers d’habitants de la cité de Shaa-Dom, engloutie par le Warp il y a fort longtemps), et ordonne à sa nouvelle « propriétaire » de se carapater en vitesse, laissant derrière elle le pauvre Vyriadh se sacrifier pour la cause.
Traumatisée par la perte de son âme sœur et handicapée par l’interdiction qu’elle a reçue de lâcher la pierre, ne serait-ce que pour la mettre dans sa poche3, Xyril parvient malgré tout à sortir de la Bibliothèque Interdite et à retourner dans la Toile, mais meurt (de chagrin, sans doute) avant d’être revenue à Commoragh, abandonnant la relique dans un coin paumé du périphérique aeldari. Alerté du décès, et plus grave encore, de l’échec de ses nervis par sa montre connectée, Yllithian s’autorise un profond soupir d’énervement avant de commander la petite sœur (même si dans ce cas, le pluriel serait plus adapté) à son Haemoncule personnel, Syiin. La persistance – des autres, hein, fôpadékoné non plus – c’est la clé de la clé.
1 : « Alors vous allez à l’endroit là où le fleuve rencontre une espèce de terrain vague immense, et il y aura un portail caché quelque part qui vous emmènera jusqu’à Biel-Tanigh. Là, vous vous démerdez pour me trouver une pierre de la taille d’un poing, avec peut-être des points de lumière qui apparaissent à sa surface (mais c’est pas sûr et de toute façon, on s’en fout). Ah et faîtes gaffe parce qu’il y aura des gardiens. J’ai vraiment trop la flemme de vous expliquer qui ils sont, mais si vous les croisez, vous êtes morts. Voilà, bisous. »
2 : Sauf peut-être au fait que la grande majorité des reliques de la Bibliothèque Interdite sont des chargés psychiquement, d’une manière ou d’une autre…
3 : Une consigne que la relique ne donnera plus à ses porteurs dans la nouvelle ‘The Curse of Shaa-Dom’ (Gav Thorpe), qui suit celle-ci. Si même un caillou peut apprendre de ses erreurs, il y a de l’espoir pour vous.
AVIS :
On sent qu’Andy Chambers ne s’est pas donné beaucoup de mal sur ce coup-là, mais comme il est probable que ‘The Treasures of Biel-Tanigh’ n’a été écrit que pour figurer dans un recueil introductif tiré à quelques milliers d’exemplaires1, et dont l’un des buts était de faire vendre la trilogie ‘Path of the Dark Eldar’ (où Yllithian joue le premier rôle), cette attitude je m’en foutiste peut se comprendre. Cela ne rend pas la lecture de cette nouvelle vraiment bâclée agréable pour autant, mais comme Chambers n’en a pas fait des caisses et plie les gaules avant la barrière psychologique des 15 pages, je ne crierai pas au scandale, d’autant plus que la première partie du récit contient quelques ajouts de fluff sur Commoragh que j’ai trouvé intéressants.
1 : Pour vous donner une idée du niveau d’amateurisme de la démarche, l’histoire qui se déroule juste après ‘The Treasures…’ a été placée avant cette dernière dans le recueil. C’est du grand art.
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Plague Priest – C. L. Werner [WFB] :
INTRIGUE :
Dans la vie, tout est affaire de préparation. C’est vrai pour réussir à faire une tarte aux pommes ou à passer son bac, mais aussi pour lancer une épidémie qui ravagera la plus grande nation du Monde Connu, l’Empire. Il n’est donc pas étonnant que les Skavens, responsables de cette (future) calamité, peaufinent leur approche en réalisant quelques tests grandeur nature sur des villages témoins. Dans le rôle du superviseur aussi attentif que discret, on retrouve l’affable Skritsch, bras droit et rat à tout faire du Seigneur Nashqik du Clan Filch. Son maître lui a confié la mission de glisser quelques sacs de céréales préparés par ses nouveaux alliés du Clan Pestilens dans la cargaison destinée au Baron von Greitz, qui règne en maître sur le village Morberg et ses environs. Bien que ni les serfs chargés de convoyer les sacs jusqu’à l’entrepôt seigneurial, ni les gardes en faction à l’entrée de Morberg, ne soient du genre à effectuer des contrôles du chargement (un manque de motivation qui peut coûter cher quand un ennemi invisible est prêt à utiliser des armes bactériologiques contre vous), cette opération bien montée se trouve mise en échec par la vigilance d’une sœur de Shallya, Kathryn, dont l’odorat plus développé que la moyenne et/ou les pouvoirs surnaturels lui permettent de repérer le sac de grain empoisonné avant qu’il ne soit déchargé.
Ironie de l’histoire, ce n’est pas l’autorité naturelle de la prêtresse ni la prière de dépistage/imposition des mains qu’elle réalise qui convainc le bailli du Baron de détruire la cargaison avariée, mais un accroc bien placé dans la tunique d’un des deux portefaix, révélant à la populace que ce dernier est porteur d’une variante de peste bubonique. Il n’y a pas à dire, l’Empire du XIIème siècle était vraiment très macho. Homme pratique et radical, le bailli décide de purifier par les flammes le grain et ses livreurs, ignorant leurs protestations d’innocence et les appels à la compassion de la brave Kathryn, qui a décidemment du mal à faire entendre sa voix. Bien que le spectacle d’un autodafé lui réjouisse le cœur, Skritsch doit se rendre à l’évidence : l’opération est un échec, et c’est à lui que revient la tâche peu enviable d’apprendre la nouvelle à Nashqik.
De retour dans le Gouffre de Slashcratch, quartier terrier général du Clan Filch, l’espion à moustaches est surpris par le manque de peps dans la démarche des compatriotes Skavens qu’il croise dans les galeries. Son flair affûté et sa paranoïa naturelle ne mettent pas longtemps à lui faire réaliser que les membres du Clan ont été contaminés par le même mal que celui que la petite délégation du Prêtre de la Peste Puskab Foulfur, émissaire spécial du Clan Pestilens, a concocté pour les habitants de la surface. Ce n’est évidemment pas ce qui avait été prévu dans le pacte conclu entre les deux puissances mineures (à l’époque), et Skritsch réalise rapidement que cette information pourrait lui permettre de rester dans les bonnes grâces de son patron, si elle véridique bien sûr. Le fouineur décide donc d’aller jeter un œil sur les activités des dévots ratons, installés dans une ancienne nurserie désaffectée (mais loin d’être désinfectée).
Sans surprise, les soupçons de Skritsch se révèlent fondés. Il est témoin de la contamination du grain destiné au Clan Filch par des scalps humains infestés de puces porteuses de bacille pesteux, crime monstrueux que Puskab a dissimulé aux nez sensibles de ses hôtes par l’usage généreux de… parfum (sans doute le fameux Numéro 13 de Rannel). Si le but de cette traîtrise reste mystérieux à notre héros, il ne fait aucun doute que Nashqik doit en être prévenu afin de prendre les mesures qui s’imposent. Malheureusement pour Skritsch, Puskab dispose de pouvoirs cachés, au premier rang desquels une vision inf🐀rouge, qui lui permet de repérer l’espion alors qu’il était planqué dans un tunnel d’aération, et une conju🐀ion de friabilité du sol, qui fait s’effondrer la paroi de la planque de l’infiltré. Skritsch ne manque toutefois pas de répondant, et parvient à se frayer un chemin dans les rangs dépenaillés et pas très coordonnés des Moines de la Peste que Puskab lance à ses trousses. Sorti de ce mauvais pas, il n’a plus qu’à filer porter la funeste nouvelle au Seigneur du Clan, et à le laisser déchainer sa fureur sur ses traîtres alliés…
Début spoiler…Seulement, la gloutonnerie de Nashqik lui a joué un tour pendable, et lorsque Skritsch arrive dans les quartiers du despote, il ne peut que constater que ce dernier est déjà rendu au stade terminal de la maladie, sa consommation de grain contaminé ayant causé sa perte. La situation de notre héros n’est guère plus enviable, car comme lui fait remarquer Puskab une fois qu’il l’a rattrapé (essayez de courir avec une surcharge pondérale, des poumons pleins de glaires et une chasuble miteuse), son bref contact avec les dévots du Rat Cornu a été suffisant pour développer à son tour une infection dont le nom ne tardera pas à résonner à travers tout l’Empire : la terrible peste noire…Fin spoiler
AVIS :
Autre nouvelle d’accompagnement de sa trilogie dédiée aux Guerres Skavens, ce ‘Plague Priest’ de C. L. Werner partait sur des bases intéressantes avec le récit de l’infiltration presque réussie (comme la plupart des plans skavens) par un Homme-Rat d’un village impérial. Cette approche novatrice laisse cependant rapidement la place à un propos bien plus classique, et donc moins palpitant, lorsque Skrit retourne à son terrier et démasque la conspiration de Puskab. Comme cette dernière ne laisse guère de doutes et que la conclusion ne présente aucune surprise, la nouvelle se termine de façon que j’ai trouvé franchement décevante.
Je pensais que Werner profiterait de ‘Plague Priest’ pour présenter quelques personnages importants des romans, et c’est seulement partiellement vrai. Si Puskab Foulfur peut être considéré comme l’antagoniste (ou le héros, ça dépend de votre faction de cœur j’imagine) des Guerres Skavens, ni Kathryn ni Skritsch ni Nashqik ne feront d’apparition dans la suite de ce prologue à la trilogie de l’homme au chapeau. Très dispensable.
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Emperor’s Deliverance – N. Kyme [40K] :
INTRIGUE :
‘Emperor’s Deliverance’ catapulte le lecteur sur Armageddon, le Geoffroy Guichard du Segmentum Solar (comprendre qu’il s’agit d’un lieu très animé où les prolos de l’industrie lourde et la couleur verte règnent en maîtres), pour un épisode de Faîtes Comme Chez Vous ! d’un genre un peu spécial. Voici le pitch : notre héroïne, la Sœur Sourire Scalpel Athena s’efforce d’apporter le peu de réconfort et de chaleur humaine aux milliers d’âmes perdues réfugiées dans le camp qu’elle dirige avec sa stagiaire (Betheniel), un homme de ménage philippin (Sanson) et le fils de la gardienne (Kolber). Malheureusement pour tout ce petit monde, leur fragile écosystème, jusque-là à peu près préservé des déprédations des ultras Stéphanois (les Verts, pour ceux qui ne suivent pas) se retrouve mis à mal quand la gardienne (le Colonel Hauptman) en question accepte une mutation à la droite de l’Empereur après un craquage de fumigènes mal négocié. La demande de remplacement du personnel dûment envoyée par Athena à la copro se solde par l’arrivée d’un duo de gorilles pas vraiment amènes (Nemiok et Varik, intérimaires Marines malveillants, malvoyants et malpolis, placés sur le poste par l’agence Manlpower locale), adeptes convaincus du itsnotmyjob-isme et jamais les derniers pour faire le coup de feu avec les footix du coin quand l’occasion se présente, sans considération pour le confort et la sécurité de leurs charges, ni pour les pétunias de Mme Ledoux, puisqu’il faut dire les choses. Ayant tenté, sans succès, d’obtenir une coopération plus active de la part de son nouveau service d’ordre, Athena finit par laisser les Marines malotrus vaquer à leurs occupations, encaissant de manière stoïque la surcharge de travail générée par la défection de ces malappris.
La situation finit toutefois par tout à fait dégénérer lorsque les Magic Fans décident de faire une virée dans la propriété, profitant du portail laissé ouvert par les malavisés Nem’ et Var’. Dans le chaos qui s’ensuit, tout le staff d’Athena finit à l’hôpital (section morgue), cette dernière ne devant son salut qu’au retour tardif des Marines mal-embouchés, qui finissent par bouter les ultras hors de la place à grand renfort de gomme cogne et de grenades de désencerclement, dont l’usage inconsidéré et indiscriminé ne fait qu’ajouter à la confusion en plus de faire grimper le nombre de blessés (dont la pauvre Betheniel, élevée grande maîtresse de l’ordre de Rémi Fraisse après une rencontre malheureuse avec un flashball grognon). Hors d’elle, Athena enguirlande vertement (un comble !) les Marines malfaiteurs, et manque à son tour de se faire molester par ces derniers, n’étant sauvée que par le crochet du droit de Varik à Nemiok, le premier ayant manifestement jugé que son comparse était effectivement un malfrat.
La situation ayant fini par s’apaiser et les Magic Fans ayant écopé d’une interdiction de stade pour le prochain match, les Marines malfaisants sont convoqués à l’agence par le responsable (Capitaine Vinyar) pour s’expliquer sur les évènements. Loin de s’offusquer des débordements constatés, le maléfique individu se révèle au contraire tout à fait satisfait par la tournure prise par les évènements, la dérouillée subie par les Verts justifiant à ses yeux les sévices endurés par les quidams pris entre deux feux1. Ayant renvoyé ses malabars vaquer à leur manœuvres malsaines, Vinyar à la surprise d’entendre frapper à la porte peu de temps après leur départ, et décide de manière malavisée d’ouvrir. Entre alors nul autre que Jean-Claude Tu’shan, vert de rage et noir d’humeur d’avoir appris les déprédations commises par les Marines maladroits. Ne pouvant plus rien pour les innocentes victimes de ce carnage inutile, le Tu’sh les venge en (probablement, voir ci-dessous) maltraitant et malmenant malicieusement Vinyar pour malfaçon. Malaisant.
1: Vinyar, arière-arrière-arrière78 petit fils de Jan-Meeshail Awlath, le fameux magnat Franc du début du IIIème millénaire ? C’est une piste sérieuse.
AVIS :
Kyme ne fait décidément rien comme les autres auteurs de la BL. Ayant pris le parti, comme certains avant lui, de développer un bout de fluff officiel pour lui donner souffle et vie, il choisit de se pencher sur une péripétie tout à fait mineure1 de l’histoire de son chapitre fétiche, et de s’arrêter, un peu comme son comparse Hoare dans ‘The Last Charge’, au moment où les choses commençaient à devenir intéressantes pour le fan-boy sommeillant en chacun de nous, c’est-à-dire l’explication de texte entre le défenseur des Droits de l’Hominidé (parce qu’il ne faut pas oublier les Ratlings, les Squats et les Ogryns) et Super Connard. Cette franche algarade aurait pu déboucher sur quelque chose d’intéressant, du fait du pedigree des participants, de la rareté de la situation et de l’incertitude qui plane sur le résultat de la confrontation. On a beau supposer que Tu’shan, en tant que gentil et Maître d’un chapitre bien connu, l’emporte sur Vinyar, qui n’est « qu’un » méchant Capitaine d’un chapitre très obscur, la tournure de la phrase sur laquelle Kyme a bâti sa nouvelle évoque simplement un échange de coups entre nos deux compaings, ce qui pourrait tout aussi bien signifier une égalité, voire la victoire de Vinyar sur son Bisounours de collègue. Ça, ce serait cool. Et ça aurait pu l’être, si Kyme n’avait pas perdu de précieuses pages à disserter sur les avanies d’Athena et Cie, ce qui sert bien entendu à exposer la vilénie des Marines Vol au Vent, mais ne méritait peut-être pas de constituer le corps du propos. Et quand bien même on garderait l’intégralité d’Emperor’s Deliverance’, les 15 pages de la nouvelle auraient pu en accueillir 5 de plus sans problème, laissant à Nick assez de place pour dépeindre la controverse de Waaaghadolid de manière convaincante et imaginée. Pour une fois que je shippais une baston entre SM, il faut que l’on me la retire, destin cruel. Que t’ai-je dont fait, Pépé ?
Conclusion tronquée mise à part, il faut reconnaître que Kyme se sort honorablement de l’exercice, sa tendance à sombrer dans le ridicule à force de vouloir rendre ses scènes d’actions le plus cool possible, sans se soucier ni de la vraisemblance, ni des conséquences, ayant plus d’une fois desservi notre homme. Rien de tout ceci dans ‘Emperor’s Deliverance’ donc, seulement du bon vieux BL-style, croustillant mais insipide, comme les galettes de riz complet bio Björg. C’est pas du lembas Nick, mais faute de grives2…
1: Introduite en une demi-ligne dans l’Index Astartes dédiée aux Salles à Manger, si je ne m’abuse.
2: « …mangez de la brioche. » (Roboute Robuchon). C’est plus une phrase de conclusion, c’est un cadavre nerdxquis. Vivement que ça s’arrête.
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Et c’est tout pour cette revue de cette relique d’un temps pas si lointain, mais aujourd’hui je l’espère totalement révolu (et tant mieux, restreindre l’accès à du contenu que des gens seraient prêts à payer pour avoir, juste pour créer un peu de buzz, je ne trouve ça ni malin, ni honnête). Comme la fameuse clé de Shaa-Dom dont les nouvelles de Thorpe et Chambers parlent, cette anthologie aurait toute sa place dans la Bibliothèque Interdite, mais pas forcément pour les raisons que l’on peut croire (à vous d’interpréter ce message cryptique). Comme il ne s’agit que de la première publication d’une série s’étant perpétuée jusqu’en 2020, vous pouvez vous attendre à ce que les opus suivants soient aussi disséqués sur ces pages dans les semaines à venir…
TYRANID INVASION 2023 [40K]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue de la Tyranid Invasion Week 2023, série de cinq nouvelles inédites sorties par la Black Library en septembre en guise de rentrée littéraire, placée sous le signe de la Grande Dévoreuse. Après avoir fait la part belle à d’autres factions de Warhammer 40K au cours des mois précédents (voir par exemple l’Inquisition Week 2021 et l’Astra Militarum Week 2023), il était assez logique que Nottingham braque les projecteurs sur les « grands méchants » de cette V10, à l’occasion de la sortie de leur nouveau Codex.
Si les Tyranides font partie de l’univers grimdark tel que nous le connaissons depuis un bon paquet d’années, ils jouissent d’un statut à part au sein de la GW-Fiction, du fait de l’impossibilité de raconter des histoires depuis leur point de vue, pour des raisons aussi évidentes qu’insurmontables. En raison de cela, nos chers Tytys ont été relégués au rang d’antagonistes décérébrés mais implacables pendant des décennies, illustrant par leur caractère insatiable et impitoyable tout le nihilisme du 41ème millénaire. Certes, le développement de la faction « filiale » des Cultes Genestealers a permis de nuancer un peu ce portrait simpliste1, mais il n’en reste pas moins que l’Esprit de la Ruche reste encore à ce jour une des grandes inconnues de 40K, que l’on peut contempler indirectement mais non comprendre au même titre que les motivations des autres races de cette turbulente galaxie.
Partant, le projet de la Black Library de donner à cinq auteurs (dont deux nouveaux venus : Tammy Nicholls et Richard Swan) carte blanche pour disserter sur cette menace Xenos ne pouvait qu’être accueilli favorablement par votre humble serviteur, toujours friand de contenus et de concepts un tant soit peu novateurs entre deux (cents) histoires de Space Marines et de Stormcast Eternals. Entre clin d’œil à des histoires classiques du répertoire BLesque (‘The Fall of Malvolion’) et nouvelles idées empruntées aux derniers soubresauts du fluff, il y a de quoi faire pour ces braves scribes : voyons maintenant si leur rencontre avec l’Ombre dans le Warp s’est bien déroulée…
1 : Je me permets de faire remarquer ici que ce développement a été beaucoup plus rapide du côté de la fiction que de celui du jeu de figurines. Le premier recueil de nouvelles 40K publié par l’ancêtre de la Black Library en 1990, ‘Deathwing’, contenait en effet une histoire d’infiltration d’un Culte Genestealer par une Assassin Callidus (‘The Alien Beast Within’).
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The Long and Hungry Road – A. Tchaikovsky :
INTRIGUE :
Si vous lisez ces lignes, il y a de fortes chances pour que vous sachiez déjà ce qui attend un monde impérial n’ayant pas la chance de compter sur d’importantes réserves de scénarium (natives ou importées, comme par exemple celles dont les Ultramarines font leurs armures) lorsqu’une flotte ruche tyranide affamée – pléonasme – arrive en orbite. Mais comme c’est Adrian Tchaikovsky qui fait office de narrateur, on ne va pas bouder son plaisir et écouter lire cet auteur confirmé mais nouveau-venu relatif au sein de l’écurie de la BL (au moment où cette nouvelle est sortie) donner sa version de ce grand classique du grimdark.
Nous suivons donc les dernières heures de (la biosphère de) la planète Chertes, placée pour son plus grand malheur sur le trajet d’une flotte tyty par le symbiote Waze de cette dernière, à travers les yeux de plusieurs personnages plongés dans cet événement cataclysmique. Du côté des défenseurs, le Capitaine Joal du croiseur Emperor’s Avenging Blade, le Techno-Prêtre Ashblend, et les membres des Forces de Défense Planétaire Walsh, Kirn et Burrows, donnent tout ce qu’ils ont pour tenter d’enrayer l’implacable fringale Xenos. Du côté des attaquants, le Magus Bartilam emmène ses fidèles participer à l’apocalypse qu’il n’espérait pas avoir la chance de vivre (et à laquelle il n’aura pas celle de survivre non plus). Dire que tout est bien qui se termine bien est une affaire de point de vue, et je laisserai chacun juger en son âme et conscience. En tout cas, la nouvelle se termine sur une satiété générale, et ça, c’est déjà appréciable.
AVIS :
17 ans après le maître Abnett et son classique ‘The Fall of Malvolion’, un autre talent prometteur de la BL se penche sur le trope de « l’invasion-tyranide-qui-finit-mal », qu’il remet au goût du jour et du fluff moderne dans ‘The Long and Hungry Road’1. À l’époque en effet, point de Cultes Genestealers pour jouer les trouble-fêtes, et pas d’humour non plus dans la narration de cet épisode hautement tragique (et puis le personnage principal étant un Garde de Fer de Mordian, des calembours auraient été déplacés), deux additions qu’Adrian Tchaikovsky ajoute avec réussite à sa version de ce « mythe » de la littérature grimdark2.
Évidemment, il n’y a aucun suspens dans cette histoire, mais comme cela ne fait pas partie du cahier des charges, on n’en tiendra pas rigueur à l’auteur, qui se tire assez adroitement de cet exercice pas si facile que ça, et nous donne un nouveau mètre-étalon dans ce sous-genre de niche. Souhaitons lui la même longévité et postérité que ‘The Fall of Malvolion’, et rendez-vous en 2040 pour voir si cela a été le cas…
1 : Ça vaut ce que ça vaut, mais le clin d’œil à une chanson des Beatles dans le titre de nouvelles dédiées aux cafards de l’espace pourrait être un moyen pour Tchaikovsky de filer la métaphore entomologique.
2 : On aurait aussi pu s’attendre à ce qu’il nous décrive par le menu les 39 nouvelles entrées du bestiaire tyranide depuis les temps reculés de la V4. Heureusement, il n’en est rien ici et ce n’est pas plus mal.
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The Convocation – T. Nicholls :
INTRIGUE :
Chargée de maintenir l’ordre sur le Gethsemane, l’escouade de Navy Breachers à laquelle appartient le Sapeur Halik est convoquée en urgence par le Sergent Boxer après que le contact ait été perdu avec le capitaine du vaisseau. Soucieux de faire leur devoir de manière optimale, les hardis agents de sécurité partent en mission (sans leur C.H.A.T., je le précise car Nicholls le fait aussi) afin d’investiguer sur les raisons de ce silence radio des plus inquiétants. En plus du rêveur – c’est littéralement son seul « trait de personnalité » – Halik et de la froide et gelée Boxer, nous faisons la connaissance de Sirius, le copain mutique et costaud du premier, et de l’Astrobrouilleuse et probable crush (toujours du même Halik) Cleilia, qui nous serviront de personnages principaux dans cette déambulation corridoresque.
Au bout de quelques minutes de progression, au cours desquelles Halik se fait mollement assaillir par un roi de rats (eh oui, c’est très spécifique mais ça ne débouchera sur rien de plus), l’escouade parvient jusqu’au pont du Gethsemane, où le capitaine les attend sur son trône, raide mort. C’est la tuile. Dépassée par les événements, Boxer décide d’aller demander conseille au légendaire Sergent-Chef Patersen, chargé de la sécurité d’une autre section du vaisseau sinistré. Ce trajet-ci se passe un peu moins bien, des membres d’équipage à la calvitie dérangeante attaquant les Sapeurs en chemin, et leur Grenadier se faisant négligemment croquer par un Genestealer (bleu à tête violette, je le précise car Nicholls le fait aussi) qui passait dans le coin.
Au bout du compte et d’une autre embuscade sanglante, le contact est établi avec le mythique Patersen, qui ne trouve rien de plus pressé que de réaliser l’imposition des mains la plus mortelle de l’histoire de la Black Library sur la tempe de la pauvre Boxer, qui décède d’un accès de fangirlisme aigu après avoir croisé le magnifique regard ambré de son supérieur. À l’arrière-plan, ce fragile de Halik est pris d’un malaise soudain, sans doute consécutif à son ingestion récente de champignons avariés, et l’ellipse brumeuse permise par le coup de moins bien expérimenté par le personnage principal permet à Nicholls de régler son compte à tous les PNJ restants de l’escouade (et celui du Spectocrâne, qui lui avait un nom) et de catapulter Halik, Sirius et Cleilia hors de portée des griffes du Culte Genestealer qui a pris possession du Gethsemane, car oui, c’était bien de cela dont il s’agissait. Quelle surprise.
Le trio décide de retourner sur le pont pour, je cite, « évaluer ses options », mais surprise : le cadavre du capitaine a été remisé en soute et les lieux ont été investi par le Patriarche du Culte, qui en avait sans doute marre d’être confiné dans les niveaux inférieurs du vaisseau (et on le comprend). Malgré, ou peut-être à cause (c’est confus), des signaux énergiques de la mini gargouille officiant à la porte1, Halix et Cie entrent dans le saint des saints et tombent sous la coupe psychique de l’abomination Xenos, accompagnée l’inénarrable Patersen. Serait-ce la fin pour nos héros ?
Début spoiler…Non. Enfin pas tout de suite, et pas pour tout le monde. Réussissant enfin un test de Commandement, Halik parvient à se défaire de l’influence néfaste du Patriarche, et son exemple inspire ses camarades qui regagnent également leur libre arbitre. Pendant que le brave Sirius reste en arrière-garde pour cribler de chevrotine les cultistes, Halik et Cleilia s’échappent du traquenard et décident d’envoyer le vaisseau s’écraser à la surface de la planète la plus proche (car oui, ils en avaient une sous la main, c’est pratique) avant que le Patriarche ne vienne les gourmander de leur vilenie. Grâce à la magie du scénario, nos deux tourtereaux – ils finissent la nouvelle en se tenant la main, c’est très hot– parviennent à accomplir ce tour de force en l’espace de quelques secondes, donnant leur vie pour annihiler la menace Xenos infestant le Gethsemane. Seule la mort, blablabla…Fin spoiler
1 : À ce stade, plus rien ne m’étonnait mais ça ne veut pas dire pour autant que je comprenne ce que l’auteur voulait dire par là.
AVIS :
Débuts compliqués dans la GW-Fiction pour Tammy Nicholls, qui nous donne à lire une histoire à la fois simple au niveau « macro » (Navy Breachers vs Cultes Genestealers, dans un format Kill Team), et confuse au niveau « micro ». ‘The Convocation’ contient en effet beaucoup d’éléments pas ou peu expliqués ou contextualisés par l’auteur, suffisamment mineurs pour qu’ils ne gênent pas la compréhension de l’intrigue, mais assez perturbants pour le lecteur quoi qu’il en soit. On a ainsi le droit à plusieurs mentions des rêves perturbants de Halik au cours de la nouvelle, sans que ces derniers ne soient jamais présentés alors qu’il aurait été simple pour Nicholls de faire commencer son histoire sur ces fameux cauchemars1.
Autre exemple, Boxer demande à Halik de lui décrire précisément le Xenos qui a attrapé le Grenadier de l’escouade, ce qui semble indiquer qu’elle est en mesure d’identifier un Genestealer, et pourra donc agir en conséquence grâce à l’information donnée par le Sapeur… Sauf que non, en fait. Je suis peut-être vieux jeu là-dessus, mais j’ai tendance à penser qu’aucun détail de cet ordre ne doit être donné « gratuitement » par l’auteur : si ce n’est pas utile à la suite de l’intrigue, il n’y a aucun besoin de s’y attarder. Malheureusement pour moi, Nicholls semble avoir un tout autre avis sur la question, et les incongruités narratives telles que celles décrites ci-dessus parsèment sa soumission. Je sors donc assez peu favorablement impressionné de la lecture de ‘The Convocation’, et espère que la suite sera d’un niveau plus abouti.
1 : Mais alors, vraiment simple.
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The Devouring Void – D. Ware :
INTRIGUE :
Alors qu’il était tout content de ramener un gros Psyker (Surkho) bien juteux à son Pépé après près de deux ans de traque, l’Inquisiteur Xaime Benita est confronté à des perturbations d’un genre un peu particulier lors du retour vers le système solaire. Le Vaisseau Noir sur lequel lui et sa troupe d’acolytes (le Garde vétéran Gana Munhir, l’Interrogateur flegmatique Caspar Melgaard et la Techno-Adepte Chiara d’Ursel) ont pris place pour regagner leurs pénates se retrouve brutalement expulsé du Warp à cause de l’Ombre dans l’icelui, conséquence de la présence d’une flotte ruche à proximité immédiate1.
Sitôt découvert, sitôt abordé par quelques essaims chitineux avides de biomasse fraîche, le vaisseau impérial se retrouve fortement compromis. Pour l’orgueilleux et résolu Benita (qui est malgré tout travaillé par une dépression carabinée, comme l’attestent les voix dans sa tête qui passent leur temps à lui répéter qu’il est un gros nul), il est hors de question de laisser quelques insectes sans gêne se mettre au travers de sa route vers Terra, et sa première réaction est de rassembler tout son staff à proximité de la cellule où est retenu Surkho pour… tirer dans le tas ? C’est en tout cas tout ce que le quatuor inquisitorial parvient à faire, parvenant à maintenir les Tyranides à distance, mais guère plus.
La situation prenant rapidement un tour désespéré, Benita finit par accepter la proposition de son prisonnier, qui se déclare capable de purger les coursives de leurs visiteurs non désirés pas la seule force de son esprit, pour peu qu’on le débarrasse des entraves psychiques qui pèsent sur lui depuis son arrivée sur le vaisseau. Laissant le Psyker sous la surveillance de Melgaard, l’Inquisiteur et ses deux sbires restants piquent leur meilleur sprint pour entraîner les Xenos jusqu’à l’endroit où le Vaisseau Noir a été transpercé par les tentacules du vaisseau ruche le plus proche, le but de la manœuvre étant d’expulser tous ces corps étrangers par ces orifices non désirés avant de refermer ces derniers afin d’éviter une dépressurisation fâcheuse. Un plan audacieux, pour dire le moins, mais en l’absence de solutions moins tarabiscotées, il faut bien faire avec ce qu’on a…
Début spoiler…Et ce stratagème désespéré va fonctionner, au moins en partie. Si les pouvoirs de Surkho, a.k.a. le Monsieur Propre des coursives, expulsent les Tyranides du vaisseau, ils envoient aussi valdinguer dans l’espace Benita, Munhir et d’Ursel. Un regrettable accident, sans doute ? Eh bien pas du tout : le fruit d’un pacte secret entre le Psyker et l’Interrogateur, qui convoitait apparemment la place de son patron et lui annonce dans l’oreillette avant d’appuyer sur la chasse d’air qu’il a commis une impardonnable hérésie en utilisant les pouvoirs d’un Psyker renégat. Après la promotion canapé, la promotion catapulté (dans le vide spatial) : décidément, on n’arrête pas le progrès.Fin spoiler
1 : Ce qui me paraît un peu étrange du fait de la nature totalement intangible et non-euclidienne de l’Immaterium (comment peut-on être près d’un point qui n’a pas de position précise ?), mais il faut bien poser le cadre de cette nouvelle.
AVIS :
Danie Ware fait une infidélité à ses chères Sœurs de Bataille et revient à ses secondes amours (ex aequo avec les Orks) tyraniques dans ce très simple ‘The Devouring Void’. Il est en effet possible de condenser l’intrigue de cette nouvelle de 15 pages en 5 sans perdre grand-chose d’intéressant au passage, à moins d’être un fan absolu de bruits de couloir (ce n’est même pas du bolt porn, techniquement parlant), ce qui je l’espère n’est pas votre cas. En panne d’inspiration pour meubler son récit entre l’élément déclencheur et la conclusion – qui contient un petit mais assez bizarre1 retournement de situation, ce qui est… appréciable, je suppose – Ware multiplie les fusillades entre la fine équipe de Benita et quelques essaims tyranides peu motivés pour arriver à son quota. Ce manque de fantaisie est d’autant plus dommage que le théâtre de l’affrontement se prêtait au contraire à des péripéties extravagantes au possible, ce que les collègues de Danie Ware ne se sont pas privés de faire en pareille situation2.
Au moins, on peut savoir gré à la créatrice de l’implacable et invincible Augusta Santorus d’avoir respecté l’opposition, et de n’avoir pas fait des Tyranides de malheureux punching balls sur lesquels ses héros peuvent se défouler sans aucune conséquence sur leur intégrité physique, comme cela a été le cas par le passé (‘The Crystal Cathedral’). Même si les bestioles affamées s’avèrent être relativement discrètes dans cette histoire, leur degré de létalité n’est pas galvaudé, ce qui est heureux. Enfin, notons/regrettons que Danie Ware n’a pas fait le lien entre ses différents travaux inquisitoriaux (ou alors de manière tellement subtile que ça m’a échappé, mea culpa), alors que les personnages de la nouvelle ‘The Book of Change’ aurait pu se voir donner une seconde jeunesse ici. Tout le monde n’est pas aussi fan de recyclage de side kicks que Dan Abnett, il faut croire.
1 : Personnellement, je ne vois pas ce que gagne Caspar dans la manœuvre, car au bout du compte, il est toujours dans un vaisseau attaqué par une flotte ruche (qui a quelques tentacules gonflés, certes, mais ils s’en remettront), et ne doit son salut qu’à la coopération d’un Psyker renégat qui n’a aucune raison de l’épargner. Certains héros de la Black Library se sont sortis de pétrins plus profonds, mais ils avaient un Bac Pro boulangerie et/ou une aura d’invincibilité du fait de leur statut de personnage nommé, ce qui n’est pas le cas de cet ambitieux Interrogateur.
2 : Côté 40K, voir ‘The Stuff of Nightmares’ de Steve Lyons, et côté Hérésie d’Horus, on peut s’intéresser à ‘The Voice’ (James Swallow) et ‘Abyssal’ (David Annandale).
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Devilhunter – N. Wolf :
INTRIGUE :
La planète O’Tash’Var, située dans la nébuleuse Undama, est passée sous domination T’au depuis quelques années, et tout irait pour le mieux dans la plus éclairée des dictatures si de nouveaux venus affamés n’avaient également posé les yeux sur ce petit coin de la galaxie. Des vaisseaux éclaireurs d’une flotte ruche tyranide ont en effet été localisés dans le système, et le Bien Suprême ne sait que trop bien qu’il est dans son intérêt bien compris de les neutraliser avant qu’ils n’attirent le reste de la smala à un banquet de biomasse. Fort heureusement, le jeune empire Xenos peut compter sur des spécialistes reconnus pour mener à bien cette mission capitale : les chasseurs du Shas’vre Takka, aussi connu sous le titre de Devilhunter, expert en extermination de cafards de l’espace.
Nous suivons la mission de Takka et de son équipe à la surface de O’Tash’Var à travers les yeux de Mason, un humain originaire du monde d’Andar Prime et forcé de rejoindre le camp des vainqueurs après que les T’au aient annexé cette lointaine colonie impériale. Bien qu’il ne porte pas les bleus dans son cœur, Mason est suffisamment pragmatique et soucieux du bien-être de sa famille pour ne pas s’arc-bouter sur ses principes xénophobes, et a mis ses compétences de trappeur au service de Takka. L’autre membre « alien » de cette fine équipe est le traqueur Kroot Sick, soupçonné par une bonne partie de ses camarades à sabots d’avoir bravé l’interdit portant sur la consommation de viande tyranide, et dont le comportement pour le moins erratique n’incite pas vraiment à la confiance.
De l’autre côté du ring, on retrouve un unique Lictor bien décidé à profiter de sa villégiature sur O’Tash’Var pour goûter le plus de pâtés de tête possibles avant d’être rappelé au bercail. La capacité du Xenos tentaculaire à se fondre avec son environnement ne tarde pas à faire tourner en bourrique et mourir par paquet de douze les membres de l’expédition, en dépit de la flexibilité tactique de Takka, jamais le dernier à changer son fusil d’épaule pour tenter de prendre sa proie par surprise. Au bout de quelques heures aussi intenses que sanglantes, il ne reste plus au Devilhunter qu’une poignée d’auxiliaires complètement traumatisés et/ou délirants pour mener à bien sa mission, tandis que le Lictor se fait de plus en plus retors et mortel grâce aux informations glanées dans le cortex de ses victimes. Il va falloir faire quelque chose…
Début spoiler…Malheureusement pour Mason, il n’aura pas le même succès que Schwarzie face au Predator dans ce reboot futuriste de ce grand classique du survivalisme, et finira à son tour dégusté comme un œuf à la coque après que le Lictor lui ai posé les grappins dessus. Takka, seulement accompagné par un Sick de plus en plus baveux et de moins en moins lucide, abattra sa dernière carte en hurlant « Promizoulin, finissons-en !!! » comme l’homme le T’au de goût qu’il est et chargeant dans la première clairière venue… seulement pour se rendre compte que son acolyte est tombé sous la coupe du Lictor, et a donc une forte envie de lui picorer la jugulaire. Si son statut de personnage principal permet au Devilhunter de sortir vainqueur de ce duel inter-espèce, il ne l’emportera toutefois pas au paradis : son ultime recours d’ordonner un bombardement orbital sur sa position lorsque le prédateur bondissant se présente enfin à lui échouant lamentablement à cause de l’absence de réseau au moment fatidique, ou autre avanie technique similaire. Ces jeunes (races) et leurs gadgets, alors…Fin spoiler
AVIS :
Nouvelle intéressante de la part de Nicholas Wolf, ‘Devilhunter’ emprunte beaucoup au ‘Predator’ de John McTiernan, avec une couche de coopération (plus ou moins facile) inter-espèce typique de la littérature T’au pour faire bonne mesure. Si le déroulé de l’intrigue est assez classique, on peut saluer l’effort d’innovation stylistique de l’auteur, qui fait mourir son narrateur principal aux trois quarts de l’histoire, battant en brèche le concept du « protagoniste invulnérable » traditionnellement utilisé dans les publications de la Black Library. Sympathique.
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Blood Harvest – R. Swan :
INTRIGUE :
Sur l’agrimonde de Raphaela, l’Imperium cherche à faire barrage à une invasion tyranide menaçant les rations d’innombrables soldats de la Garde de ses appétits gloutons. Les hommes et le matériel ont afflué des secteurs environnants pour défendre la précieuse planète (190 millions de soldats, tout de même), mais le projecteur ne se braque pas sur ces valeureux immigrés, mais bien sur la main d’œuvre locale, elle aussi mise à pied d’œuvre pour participer à l’effort de guerre.
Nous faisons donc la connaissance de Mukta Lim, employé de bureau quarantenaire à la condition physique aussi affutée que son moral est solide, c’est-à-dire : non. Affecté à un régiment de réserve des FDP, il vit avec bonheur horreur son baptême du feu, sa position se faisant submerger en l’espace de quelques secondes par une marée de chitine agressive autant qu’affamée. Réfugié dans un des tracteurs laissés à l’abandon dans les champs de Raphaela avec une autre camarade de lutte (Altovi), Lim ne doit sa survie qu’à l’intervention décisive d’un Scion du 43ème Régiment des Dragons Iotans (Tessarik), dont la Valkyrie a été abattue à proximité des tranchées « tenues » par la brigade de notre fringant héros.
Après avoir fait montre de ses capacités et de son armement en tout point supérieurs à ceux des bouseux raphaeliens en dégommant négligemment quelques Termagants et Gargouilles un peu trop curieux, Tessarik entraîne ses nouveaux amis (après les avoir équipé du matériel du reste de sa défunte escouade) dans un trail en direction du garage agricole le plus proche, guidé en cela par les indications des deux autres survivants que le serviable Garde a également sauvé d’une mort atroce (et que je ne nommerai pas car ils ne servent à rien dans l’histoire). La source de cet empressement est facile à comprendre : les Scions avaient été chargés de remettre un message urgent au commandement militaire de la zone, mais sans aéroplane ni radio en état de marche, un bon vieux camion reste le moyen le plus rapide de mener à ben cette mission.
Comme on s’en doute, ce Blablacar improvisé en pleine invasion tyranide n’est pas sans danger, et Tessarik devra s’employer à plusieurs reprises pour repousser les assauts de bioformes trop entreprenants, bien aidé en cela par ses nouvelles recrues (ils sont vraiment nuls, tous autant qu’ils sont). Mais enfin, le camp fortifié se présente à l’horizon, et le Scion peut enfin faire son rapport à ses supérieurs… sans que cela ne serve à quelque chose. Ces délais supplémentaires ont en effet rendu caduque l’information transmise par Tessarik, les forces tyranides ayant frappé un point faible de la ligne impériale et massacré quelques deux cent mille défenseurs avant que ces derniers n’aient eu le temps de se redéployer. Ce sont les aléas de la guerre, voilà tout. The end.
Début spoiler Pardon ? Et Mukta Lim dans tout ça, vous entends-je demander ? Ah oui, c’est vrai. Il n’est pas mort mais comme il n’a pas joué un grand rôle dans l’histoire à part se brûler les bras tout seul en manipulant un lance plasma, je l’avais oublié.
Toujours accompagné de sa fidèle Altovi, Lim a été réquisitionné par la Commissaire Brun pour effectuer une tâche digne de ses hautes capacités : creuser de nouvelles tranchées en préparation de la deuxième vague d’assaut tyranide. Alors qu’il se morfond sur les dommages à long terme qu’auront les spores qu’il respire à plein poumons, Lim a toutefois la surprise de voir revenir Tessarik, inexplicablement attiré par l’énorme (absence de) charisme de ce brave gratte-papier, et qui vient à nouveau lui prodiguer ses sages conseils avant que le barrage d’artillerie et les tirs de la flotte impériale en orbite ne viennent pulvériser les premières lignes des Xenos en approche. S’il n’est pas certain que nos héros survivent aux prochaines minutes, leur franche camaraderie devant l’adversité ne manquera pas de réchauffer le cœur du lecteur et de l’Empereur, et c’est bien cela l’essentiel, pas vrai ? The end (pour de vrai cette fois).Fin spoiler
AVIS :
Pour sa première incursion dans le lointain futur, Richard Swan nous livre une nouvelle bizarrement optimiste compte tenu de la condition des protagonistes et de la nature de leur ennemi, mais après tout le grimdark est décliné en plusieurs saveurs. Cette petite vignette d’un conflit beaucoup plus large m’a remis en tête certaines de premières nouvelles 40K jamais écrites, telles que ‘Devil’s Maraudeurs’ (William King) ou ‘Emperor’s Grace’ (Alex Hammond), dans lesquelles on suit des personnages pas vraiment attachants alors qu’ils tentent de survivre à des situations très mal embarquées pour eux – généralement, ce sont des Gardes Impériaux, il n’y a pas de hasard. Une fois de temps en temps, ça passe, mais cette « naïveté » narrative semblera sans doute étrange au lecteur vétéran de la BL, habitué à une approche beaucoup plus cynique et pragmatique de la guerre éternelle du 41ème millénaire. Il faudra voir dans le futur si Swan se fond dans le moule ou arrive à maintenir sa singularité assez rafraichissante (à défaut d’être totalement appréciable, en tout cas je réserve mon jugement pour le moment), par rapport aux canons de la maison.
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Et voilà qui termine cette revue de la Tyranid Invasion Week 2023, qui s’est révélée assez classique en matière de nouvelles proposées par le quintet d’auteurs rassemblé par la Black Library. J’aurais bien aimé un peu plus d’audace de leur part pour enrichir le corpus tyranique, qui reste donc peu varié à l’issue de cette semaine thématique, mais avec deux soumissions solides et deux nouveaux auteurs à suivre dans le futur, ce mini recueil thématique n’est pas indigent pour autant. À la prochaine !
WORDS OF BLOOD [40K]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue du recueil ‘Words of Blood’, publié par la Black Library en 2002 et consacré au côté 40K de la GW-Fiction. Comme la plupart des anthologies de cette époque, celle-ci est constituée en majorité de nouvelles éditées quelques années plus tôt dans les pages du bimensuel Inferno! (entre les numéros #19 et #28, pour être précis). La proverbiale exception venant confirmer la règle se trouve être ‘Ork Hunter’, petite abnetterie inédite venant compléter le sommaire.
En plus de ce célèbre (à l’échelle du Zhobby, tout du moins) contributeur, on retrouve un trio d’auteurs vétérans signant comme Papa Gaunt – même si c’est plutôt Gregor Eisenhorn qui est de sortie cette fois-ci – deux entrées chacun dans ce ‘Words of Blood’ : Ben Counter, à qui nous devons la nouvelle éponyme, Gav Thorpe et Graham McNeill. Le line up est renforcé par trois noms qui évoqueront peut-être des souvenirs aux connoisseurs ou aux plus anciens des lecteurs de cette chronique : Andy Chambers, Simon Jowett et Jonathan Curran (ici rebaptisé Curren). Côté personnage majeur de la GW-Fiction, mis à part le grumpysitor précédemment nommé, on remarque la présence d’un jeune et prometteur Sergent Ultramarines dénommé Uriel Ventris, qui aura peut-être la chance de faire une carrière littéraire dans les années qui suivent, et celle du taulard au cœur d’or (non) Kage… Le cadre étant planté et les protagonistes introduits, il est temps de saisir l’objet du délit à bras le corps et de commencer à numéroter ses abattis. Ça va saigner.
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Words of Blood – B. Counter :
INTRIGUE :
Sur la planète quasiment abandonnée d’Empyrion IX, le Commandeur Athellenas des Black Templars doit relever un défi de taille : empêcher une armée de 6.000 cultistes de Khorne de s’emparer du seul spatioport de ce monde minable, ce qui permettrait aux hordes dépravées et mal fringuées du terrible Manskinner de fondre sur Macharia pour y commettre un génocide. Le tout avec seulement trente Space Marines à disposition. Le rapport de force n’est pas en faveur de l’Astartes, mais Athellenas a… un plan (et pour un Black Templar, c’est déjà beaucoup). Le seul problème, c’est que ses frères risquent de ne pas l’apprécier du tout, ce qui va le contraindre à jouer très finement la partie1.
Du côté adverse, les préparatifs vont bon train pour ce qui ne devrait être qu’un massacre en bonne et due forme entre deux factions peu réputées pour leur tactique d’évitement. Le Manskinner, qui a reçu de sa divinité tutélaire le don démoniaque « parole de sang », ce qui lui permet de plonger son audimat dans une folie furieuse (et non pas de se mordre la langue à chaque fois qu’il prononce une phrase), prononce une petite causerie d’avant-match qui met ses ouailles de bonne humeur, et envoie sa cavalerie (si si) à l’assaut des positions retranchées des Marines. Il se doute que les fringants hussards ne feront pas long feu face à l’arsenal des Black Templars, mais cela devrait laisser le temps nécessaire au gros de ses forces d’arriver à portée de charge.
Conformément à ses pronostics, la brigade légère du bien nommé Die(ss) tombe glorieusement au champ d’honneur, sur le score sans appel de 210 morts à trois doigts tranchés. C’est alors que le rusé Athellenas dévoile la profondeur insondable de son génie stratégique, en ordonnant la retraite. Stupeur et bégaiements chez les meilleurs de l’Empereur, qui n’ont pas pour habitude d’abandonner du terrain à l’ennemi, à plus forte raison un temple millénaire à la gloire de Pépé, comme celui qu’ils occupent actuellement. Il faut donc claquer quelques PC au Commandeur pour passer le stratagème « Y a pas de mais », permettant un repli en bon ordre jusqu’à la ville voisine où une nouvelle position défensive est installée sans tarder.
Si cette manœuvre n’a pas fait consensus chez les Black Templars, elle a cependant compliqué la situation du Manskinner, dont l’emprise sur les éléments les plus foufous de son armée commence à s’effilocher. Malgré son éloquence sans pareille – en même temps, la plupart de ses suivants ont perdu l’usage de la parole, donc la compétition n’est pas féroce – Manski’ ne parvient pas à empêcher un de ses lieutenants, le Caporal Recoba, de partir à la chasse aux Marounes sans attendre les retardataires. L’ennui est que le charismatique officier embarque avec lui deux mille copains, divisant l’armée des cultistes en deux. Comme on peut s’y attendre, cet empressement à porter le combat à l’ennemi sera fatal pour Recoba et ses suivants, qui tomberont sous les bolts et les coups des Space Marines lors d’une embuscade savamment orchestrée par Athellenas et ses Sergents.
Cette nouvelle victoire est cependant rapidement ternie par la décision de Big A. de battre à nouveau en retraite, cette fois-ci pour une défense sur la ligne (ici le spatioport d’Empyrion IX). Cette annonce dévaste le Devastator Valerian, qui menace de se faire renégat plutôt que de commettre la forfaiture de la marche arrière, et n’accepte finalement de se plier aux instructions de son supérieur qu’après s’être fait menacer de sanctions disciplinaires dans cette vie et dans la suivante.
De son côté, le Manskinner enrage (comme d’hab’ vous me direz) de la couardise manifeste de ses adversaires, qui rend son armée sevrée de violence de plus en plus difficile à contrôler. Ayant compris qu’il s’agit d’un stratagème pour désorganiser ses forces, il tente de calmer les ardeurs de ses cultistes en exaltant les valeurs de la vengeance et de la patience, mais se fait brutalement interrompre par son dernier sous-fifre (Kireeah) avant d’avoir pu terminer son sermon. Bien que l’impoli paie son impudence de sa tête, proprement séparée de son corps par la paire de ciseaux géants que le Manskinner arbore à la place de son bras droit – c’est pratique pour inaugurer les bâtiments, je me demande pourquoi Charles III ne s’en est pas déjà équipé – le mal est fait et les Khorneux se lancent dans un sprint éperdu en direction du spatioport. Après avoir tenté de remettre un semblant d’ordre dans la horde en cisaillant de droite et de gauche, Manski’ décide de se joindre à la fête car après tout, les Marines n’ont plus nulle part où aller et l’avantage numérique est toujours largement en faveur des rouges…
Début spoiler…Mais c’était sans compter sur le besoin pathologique des Khorneux de cogner sur quelque chose ou quelqu’un dans les plus brefs délais, qui va jouer un bien mauvais tour aux hérétiques. Alors qu’ils ne sont plus qu’à quelques dizaines de mètres de leurs cibles, leur soif de sang finit par se retourner contre eux et l’armée du Manskinner se transforme en battle royal géante, de laquelle seuls quelques survivants confus et blessés émergent à la fin des combats pour tomber aussitôt sous les coups des Marines. C’était ce sur quoi comptait Athellenas, qui a interdit à ses frères d’ouvrir le feu pour ne pas permettre aux cultistes de se reconcentrer sur leurs priorités. Malin. Ce qu’il l’aurait été encore plus, ce serait d’avoir partagé son plan avec ses hommes pour s’assurer que tout se déroule bien, plutôt que de compter aveuglément sur la discipline et la loyauté vacillante de ces derniers. Mais comme Athellenas l’explique doctement à Valerian une fois la bataille remportée, les meneurs n’ont pas à se justifier auprès des exécutants. Ce n’est pas avec une telle mentalité que notre héros gagnera le prix de camaraderie, mais les résultats parlent d’eux-mêmes, et c’est plus qu’assez au 41ème millénaire…Fin spoiler
1 : Je choisis de penser qu’il s’est équipé d’un poing énergétique (qu’il n’utilisera pas une fois de la nouvelle, malgré ce que l’illustration grimdark à souhait laisse penser) pour donner l’impression à ses bourrins de collègues qu’il serait le premier à sauter dans la mêlée. Mais la moufle ne fait pas le moine de l’espace…
AVIS :
‘Words of Blood’ fait partie des nouvelles écrites pour explorer une situation paradoxale ou problématique si on se réfère au background canon de univers de Games Workshop1, ici : « que se passerait-il si le seul moyen pour des Black Templars de remporter une bataille était de battre en retraite ? ». Je précise qu’à l’époque où cette histoire a été écrite, les zélés fils de Dorn prenaient leur serment de défense de l’Imperium de manière beaucoup plus littérale – certains esprits chagrins pourraient dire « basse du front », mais il ne faut pas écouter ces vils persifleurs – que maintenant. Sur ces prémisses intéressantes, en tout cas plus qu’une vulgaire empoignade entre Space Marounes et mutants/hérétiques/Xenos (rayer la ou les mentions inutiles), Ben Counter développe un propos qui, s’il accuse aujourd’hui sérieusement son âge, mérite encore la lecture à mon sens.
En effet, si on fait abstraction des quelques éléments surannés de ‘Words of Blood’ (le serment de non-reculade des Black Templars, les attaques de cavalerie…), la trame de l’histoire reste solide. Mieux encore, cette nouvelle présente un parallélisme aussi élégant que satisfaisant entre les dilemmes tactiques et managériaux auxquels sont confrontés les deux commandants ennemis. Tant Athellenas que le Manskinner doivent en effet réfréner les penchants naturels de leurs troupes pour espérer l’emporter, et composer avec la mauvaise volonté de ces dernières à obéir à des ordres avec lesquels elles ne sont pas en phase. À ce petit jeu, la discipline naturelle des Space Marines finit par l’emporter (mais de très peu), provoquant la fin des hordes hérétiques de la manière la plus Khorneuse qui soit. Le vieux fluffiste qui sommeille en moi a d’ailleurs failli verser une larme (de sang) en lisant la harangue de la dernière chance faite par le Manskinner à ses troupes indisciplinées juste avant qu’elles ne piquent leur sprint fatal vers le spatioport d’Empyrion IX. Car oui, Khorne était dans l’archéofluff une divinité plus complexe que l’immonde bourrin qu’il est devenu au fil des versions2, et Counter mérite une accolade pour avoir reflété ces fifty shades of red dans sa nouvelle.
Boni appréciables, il s’est également donné la peine de développer un minimum sa galerie de personnages (les plus intéressants étant le Manskinner philosophe et ses lieutenants exaltés), et se révèle plutôt généreux en termes de fluff Black Templar, même s’il est permis de douter de la validité de ces informations plus de vingt ans après l’écriture de cette nouvelle (à l’époque, cette faction ne disposait pas de son propre Codex, et on pouvait donc y aller franco sur leur background). Pour ne rien gâcher, la nouvelle se termine par un petit twist final, un peu ruiné par le TGJSUO (Ta Gu*ule Je Suis Un Officier) que l’aimable Athellenas décoche au pauvre Valerian, mais on n’en tiendra pas rigueur à l’auteur. Bref, même si ‘Words of Blood’ a un peu vieilli depuis sa sortie (en 2000, on peut être miséricordieux), il elle ça se laisse lire sans problème encore aujourd’hui.
1 : Marc Gascoigne indique dans son introduction de l’anthologie ‘Let the Galaxy Burn’ que la Black Library a été (au moins en partie) créée à cette fin. C’est dire si ce « genre » est important.
2 : Quand on voit les dernières entrées du Codex World Eaters, on ne s’étonne pas que le mot « subtilité » s’écrive avec neuf lettres, et non pas huit…
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Raptor Down – G. Thorpe :
INTRIGUE :
Nous retrouvons le Commandant Jacques Jaeger de l’escadron Raptor, après les évènements couverts dans ‘Acceptable Losses’, et la prise de fonction compliquée et sanglante de notre héros à l’occasion d’une bataille spatiale contre un Rok Ork. 18 mois plus tard, le Divine Justice, croiseur impérial auquel les Raptors sont rattachés, est passé à autre chose, et fait partie de la flotte d’invasion du système de Mearopyis, que l’Imperium cherche à reprendre aux Noctal après quelques millénaires d’atermoiements (saleté de bureaucratie). Ayant eu largement le temps de se familiariser avec son nouveau poste, de se faire accepter par ses hommes et de terroriser les nouvelles recrues venues remplacer les pertes subies au cours de la campagne précédente, Jacques le Fataliste1 supervise les opérations de soutien du déploiement de la Garde Impériale au sol, qui consistent surtout à aller bombarder les cibles les plus juteuses à la surface de la planète capitale du système, tâche grandement facilitée par l’absence de chasseurs à capacité de projection spatiale dans le camp d’en face, ce qui permet aux Maraudeurs de frapper avec une impunité assez totale.
Chargés d’une nouvelle mission de démolition de l’infrastructure militaire locale, les escadrons Raptor et Storm, accompagnés de leurs écrans de chasseurs (pour une fois qu’ils sont là, ces vole au flanc) quittent leur vaisseau mère pour ce qui ne semble être qu’une formalité pour ces pilotes aguerris. Malgré la tentative malheureuse d’interception de la part des Noctal, prestement contrecarrée par le professionnalisme et les gros flingues impériaux, tout semble baigner dans l’huile de moteur pour Jaeger et ses hommes, jusqu’à ce que ce dernier ait la malheureuse et déplorable idée de… prendre une initiative. Ahlàlà. Pour sa défense, son projet d’attaque d’une colonne blindée Noctal, repérée par l’esprit de la machine d’un missile2, et dont l’utilisation fourbe de la géographie locale avait permis d’échapper aux scanners de la flotte jusqu’ici, partait d’une bonne intention : protéger l’avance des bidasses de la Garde et les empêcher d’être pris en tenaille par les défenseurs. Malheureusement, les grands projets de canyoning de Jaeger, pour prometteurs qu’ils aient semblé sur le papier (en voilà une activité de team building qu’elle est bonne !), se trouvent rapidement et violemment contrariés par la puissance de feu des assaillis. Et même si Thorpe ne se donne pas vraiment la peine de décrire la manière dont les Noctal parviennent à dégommer l’invincible armada de manière aussi brutale, le résultat de l’accrochage n’est pas franchement en faveur des Impériaux. Bien que ces derniers aient pu larguer quelques missiles sur zone, le bilan est très lourd, et même Jaeger ne s’en sort pas indemne, son appareil étant lui aussi abattu en plein vol, forçant l’impulsif et inconstant Commandant3 à évacuer la carlingue en compagnie de ses hommes. Se réveillant avec une jambe cassée dans le désert de Mearopyis, Jacquou le Croqueur de feuille de match doit maintenant digérer les conséquences humaines et matérielles de son coup de sang : avec deux tiers de ses Maraudeurs et la moitié des Thunderhawks passés en perte et profit, le bilan est lourd pour Herr Jaeger. Cela en valait-il la peine ? C’est sur cette question lourde de sens que nous quittons notre héros, qui pourra attendre d’être secouru en dessinant des faucons. C’est ça d’être une buse.
AVIS :
Suite de l’acceptable Acceptable Losses, Raptor Down donne l’occasion à Gav Thorpe de nous tenir au courant de l’évolution de carrière ce bon vieux commandant Jaeger, et met l’escadron de ce dernier aux prises avec un nouvel ennemi et sur un nouveau théâtre d’opérations. Après l’espace froid et mortel qui a vu les Raptors aller au casse-pipe contre un Rok, nous sommes donc témoins d’une excursion atmosphérique dans les déserts de Mearopyis, ce qui illustre bien la versatilité des Maraudeurs impériaux. Sur la forme, la nouvelle de Thorpe se révèle être d’un niveau sensiblement égal à ses œuvres « spatiales » précédentes, c’est-à-dire très correct. Si on peut critiquer la prose de notre homme à bien des égards, il faut lui reconnaître une capacité à dépeindre un engagement aéronautique/spatial de manière convaincante et intéressante, beaucoup mieux que la plupart de ses collègues en tout cas. Sa maîtrise des unités (tant spatiales4 que temporelles5) et des facteurs propres à ce type de combat, comme la vitesse et la direction du vent, ou le niveau de carburant et des munitions embarqués rendent la lecture des péripéties aériennes de l’escadron Raptor plutôt prenante. Thorpe fait même du zèle en intégrant en début de récit une retransmission d’un affrontement spatial entre la flotte impériale et son homologue Noctal, que le supérieur de Jaeger se repasse en boucle comme d’autres matent un top 10 NBA. Petit plaisir coupable, que nous lui pardonnons sans mal puisque le résultat est là aussi assez qualitatif.
L’intrigue et la construction de Raptor Down, en revanche, s’avèrent être moins satisfaisantes. La première est une variation sans originalité du scenario d’Acceptable Losses (un escadron de Maraudeurs chargé d’une mission où rien ne se passe comme prévu), ce qui n’est en soit pas un gros problème puisque la possibilité de Thorpe d’innover sur le sujet est passablement limitée (un Maraudeur, ça maraude, poingue). Ce qui est moins acceptable à mes yeux est la manière dont l’auteur fait passer Jaeger de Mr Baillezeubouque à Dr Folamour en l’espace de deux paragraphes, le chef d’escadre précautionneux se muant en tête brûlée sans qu’aucun élément préalablement établi par Thorpe sur le caractère de son personnage ne puisse laisser augurer ce changement radical de tempérament. Autre point plutôt mal géré par le Gav, le raid des Maraudeurs sur la colonne blindée, torché en même pas une page, et qui tient plus du tir au pigeon que de l’attaque en rase-motte. Le fait qu’on ne voit même pas à qui les impériaux sont confrontés, ce qui ne permet pas de comprendre pourquoi ils se font ainsi décimer par un adversaire totalement à leur merci sur le papier (à moins que les Raptors aient eu la malchance de tomber sur un convoi DCA Noctal), annihile toute tension narrative, les (bol)os des as se faisant canarder (un comble pour des raptors6) en l’espace de quelques secondes. Finalement, la conclusion même de la nouvelle ne m’est pas apparue comme particulièrement maîtrisée, les états d’âme douloureux de Jaeger alors qu’il se retrouve isolé avec ses hommes en territoire ennemi, ne suscitant qu’un distrait « so what ? » chez votre serviteur. À titre personnel, je pense que Thorpe a laissé ainsi la porte ouverte à un nouvel épisode (à ma connaissance jamais écrit), et que cette fin n’en était en fait pas vraiment une. Pas de chance, cela n’a débouché sur rien, et la dernière image que le lecteur emportera du commandant Jaeger sera celle du matelot du radeau de la Méduse fixant l’horizon d’un œil torve, le menton dans la main. Ce qui n’est pas commun, avouons-le.
1 : Il reconnaît lui-même qu’il n’est jamais heureux. Sauf quand il vole. Et encore, il stresse tellement que j’ai du mal à voir quel plaisir il tire de l’expérience. Pauvre bonhomme.
2 : On peut remercier le Techno-Adepte Ferrix, l’homme qui murmurait à l’oreille des (AGM-119) Pingouins.
3 : Pour un gars qui avait passé la nouvelle à ressasser son amour des plans qui se déroulent sans accrocs et la nécessité de se conformer aux règles établies, surtout quand elles touchent à la Santé & Sécurité, décider de se la jouer berzerk à la première colonne blindée, c’est assez surprenant.
4 : Quand on est un pilote de Maraudeur, 150 kilomètres, c’est proche.
5 : Quand on est un pilote de Maraudeur, 3 minutes, c’est long.
6 : ‘Rapace’ en anglais. Rien à voir avec les dinosaures donc.
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Chains of Command – G. McNeill :
INTRIGUE :
Engagé dans la campagne de pacification de Thracia avec un contingent d’Ultramarines placé sous le commandement du Capitaine Idaeus, le Sergent Uriel Ventris a été chargé de mener l’assaut sur le pont 2-4, tenu par les rebelles ayant eu l’audace de se soulever contre le bienveillant Empereur, et qu’il convient de faire sauter pour éviter que la contre-attaque de la Garde Impériale en direction de la capitale planétaire ne soit prise de flanc. Après quelques paragraphes de « mes sens sont vraiment trop développés lolilol » #ImTheBest #YouCantWriteAstartesWithoutStar, qui expliquent en grande partie pourquoi personne n’aime les Ultramarines, Ventris accomplit sa mission, déclenchant un assaut en règle de ses petits copains bleu pervenche et vert sapin sur la position adverse. Désespérément surclassés, les défenseurs se font hacher menu, et les meilleurs de l’Empereur s’organisent pour tenir le pont assez longtemps pour permettre au vénérable Techmarine Tomasin de placer les explosifs qui permettront de faire écrouler l’ouvrage d’art dans la gorge en contrebas.
Nous faisons la connaissance du Capitaine Idaeus, un officier vétéran et proche de ses hommes, connu pour son approche distanciée du saint Codex Astartes, ce qui n’en finit pas de sidérer le rigoriste Ventris. Ce même Idaeus a d’ailleurs fait montre de ses tendances libertaires en menant la charge contre un nid de bolters lourds, au lieu d’attendre le soutien du reste de ses hommes, comme ce planqué de Guilliman l’avait pourtant préconisé dans ses écrits. Depuis cinquante ans qu’ils combattent ensemble, Idaeus n’a pas réussi à convaincre son bras droit de l’avantage de s’écarter de temps en temps du manuel d’utilisation de la guerre écrit par le Primarque, et ce n’est pas aujourd’hui que ça va ch… Ah, on me dit dans l’oreillette que c’est précisément l’objet de cette nouvelle. Bigre.
Comme tous les vétérans dignes de leurs médailles, Idaeus fait confiance à son instinct, et ce dernier lui hurle (il est un peu sourd) que quelque chose en tourne pas rond, malgré le fait que la mission se déroule jusqu’ici parfaitement comme prévu. Ce malaise le conduit à mener une mission d’inspection de l’autre côté du pont, Ventris à ses côtés, pour juger du boulot effectué par les Scouts déployés par les Ultramarines en territoire ennemi. Et, évidemment, il s’avère qu’une importante colonne blindée progressait discrètement (c’est possible si on met des patins sur les chenilles) en direction du pont, ce qui va devoir forcer le vénérable Tomasin à se bouger les vénérables miches, ce qui n’est pas facile quand on est plus refait qu’un Iron Hands en fin de carrière (souvenir d’une rencontre torride avec un Carnifex entreprenant sur Ichar IV). Tout aussi évidemment, rien ne se passe comme prévu à partir de ce moment, les Scouts, le Thunderhawk qui devait évacuer les Ultramarines, et le vénérable Tomasin tombant tous sous le feu de l’ennemi, ce qui force Idaeus et ses compagnons à monter une défense désespérée du pont, le temps que 1) un autre transport arrive, et 2) quelqu’un trouve une idée brillante pour faire péter la passerelle, ce qui reste tout de même l’objet principal de la mission de nos marsouins énergétiques.
Je vous passe les longues scènes de baston dont nous gratifie McNeill, et qui permettent à Ventris de montrer qu’il en a dans le slibard, pour aller directement au moment où notre futur héros réalise qu’il suffit de déclencher une charge de démolition à proximité des explosifs posés par l’irrécupérable Tomasin pour déclencher une réaction en chaîne qui devrait provoquer les résultats escomptés. Petit problème, l’escouade de Space Marines d’Assaut envoyés réaliser cette mission se fait pincer en chemin par les Night Lords qui coordonnent la rébellion chaotique, et les incapables finissent crucifiés sur le pare chocs des Rhinos des fils de Curze pour leur apprendre la vie. Devant ce spectacle insoutenable, Idaeus et Ventris sont très colère, et cette rage leur permet de repousser l’assaut des renégats au prix de lourdes pertes. Alors que le deuxième Thunderhawk approche de la position intenable des Ultramarines, l’heure des choix arrive pour la bleusaille…
Début spoiler…Le noble Idaeus décide de partir faire exploser le pont à la mano, malgré ses chances de réussite quasi nulles, et ordonne à Ventris de mener les quatre rescapés de cette folle nuit, ainsi que son épée énergétique de maître, jusqu’au point d’extraction. Les cœurs gros, le Sergent s’exécute, et est témoin de l’héroïque sacrifice de son mentor dans les poutrelles et les travées du pont 2-4, la bande de Raptors laissée en garnison par les Night Lords ne parvenant pas à lui régler son compte avant que le Capitaine fasse feu avec un pistolet plasma dérobé à l’ennemi sur une charge de démolition laissée négligemment sur place1. C’est donc une victoire indéniable pour l’Imperium, et le début de la saga d’Uriel Ventris, qui héritera du commandement de la 4ème Compagnie à la suite de la campagne de Thracia.Fin spoiler
1 : On pourrait aussi se demander pourquoi les Night Lords n’ont pas détaché les explosifs laissés par le vénérable Tomasin sur les piliers du pont quand ils en avaient l’occasion. Encore une preuve que l’abus de Chaos est mauvais pour le cerveau.
AVIS :
Si l’idée de lire une nouvelle d’action dont le héros est un Ultramarines peut sembler intrinsèquement barbante à un lecteur de 2020, qui a sans doute pu pratiquer l’exercice à de nombreuses reprises grâce/à cause de l’obsession de la Black Library pour ce genre de productions, il faut être juste avec Graham McNeill et Uriel Ventris, et rappeler que ‘Chains of Command’ a été à sa sortie (2001) une des premières et plus abouties Space Marinades (saveur vanille) qui soient. Les innombrables ersatz et proxys publiés depuis ne l’ont pas aidé à bien vieillir, ni le style de l’auteur, ni les personnages mis en scènes, ni l’intrigue exposée n’étant particulièrement dignes d’éloges, mais le résultat n’est pas indigne pour autant. À l’époque où il est attendu d’un héros Space Marines un peu plus qu’un grade de Capitaine et une vague tendance à se poser des questions existentielles (ce qui était suffisant il y a 15-20 ans), je laisse le soin au lecteur de décider si une figure comme Uriel Ventris est toujours pertinente, ou bien s’il est temps d’accorder une retraite bien méritée à l’aïeul de tous les héros d’action énergétique de la Black Library.
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Loyalty’s Reward – S. Jowett :
INTRIGUE :
Notre histoire commence par une scène tendue à l’arrière de l’honorable établissement du Cochon PFendu, taverne située à proximité du spatioport de Praxis, cité prospère d’Equus III. Mikhail Kravi, jeune loup à l’ambition féroce et bras droit d’un des Protektors affiliés à la puissante Maison Gaudi, est venu avec quelques gros bras de ses amis « persuader » le marchand Leon Kleist, un peu trop porté sur la dive bouteille pour son propre bien, d’offrir un superbe présent au nouveau Graf Gaudi lors de son intronisation prochaine. Cela serait un moyen judicieux de faire oublier à ce dernier les mots un peu lestes qu’un Leon rond comme une queue de pelle a eu à son égard il y a quelques jours, et dans une cité mise en coupe réglée par de puissants gangs depuis des siècles, s’attirer l’inimitié d’un Graf n’est pas une perspective attrayante. Convaincu par l’argumentaire de Mikhail autant que par son solide crochet du gauche, Leon le Persiffleur se fait un honneur de remettre à Viktor Gaudi une babiole hors de prix dès le surlendemain, lors de la cérémonie durant laquelle le jeune héritier prend officiellement le titre et la place de feu son grand-père Bruno.
Alors que Papi Gaudi préférait maintenir des relations cordiales et éviter les affrontements larvés avec les autres Maisons de Praxis, Viktor nourrit des rêves de conquêtes urbaines. Bien que sa faction compte parmi les plus puissantes de la ruche, elle n’est pas de taille à affronter frontalement tous ses rivaux… jusqu’à ce qu’un marchand (Brek) se présente avec une occasion en or : une cargaison de catapultes shuriken reconditionnées, qu’il est prêt à céder à vil prix au Graf ambitieux. C’est le début d’une OPA agressive sur les territoires des autres Maisons, dans laquelle Mikhail s’illustre particulièrement en organisant l’assassinat du Graf Reisiger, abattu avec ses conseillers les plus proches alors qu’ils dînaient dans un kebab de luxe. Récompensé par l’élévation au rang de Protektor, Mikhail est convié avec tous ses collègues à une petite soirée au manoir Gaudi, et se réveille le lendemain matin dans son appartement, nu comme un ver, couvert de sang et pris d’une gerbe carabinée. La nuit a dû être bonne !
Début spoiler…Les quelques souvenirs qui finissent par lui revenir après s’être envoyé une demi-bouteille de cointreau pour se remettre les idées en place ne sont cependant pas très sympathiques. Il a de vagues réminiscences de litanies prononcées dans une langue inconnue, en direction d’un bloc d’obsidienne couvert de runes bizarres. N’ayant pas atteint sa position en étant complètement obtus, et étant un croyant convaincu et pratiquant du culte impérial (comme la plupart des habitants de la pieuse Equus III), Mikhail comprend vite qu’il a assisté à des activités encore plus prohibées que la moyenne, et qu’il est de son devoir d’en alerter les autorités compétentes l’Ecclesiarchie. Il sèche donc le nouvel afterwork organisé par Viktor Gaudi et son pote Brek pour aller se confesser dans le temple le plus proche, espérant que sa coopération désintéressée (en partie tout du moins) lui permettra d’échapper au jugement réservé aux cultistes, même involontaires.
Le hasard faisant bien les choses, un Inquisiteur de l’Ordo Malleus (Belael) passait dans le coin, en même temps qu’un contingent de Chevaliers Gris. Tout ce petit monde débarque fissa à la casa Gaudi, et pas pour causer modernisme catalan, croyez-le bien. Au terme d’une opération rondement et prestement menée, tous les membres de la cabale de Tzeentch sont passés par le bolter, scellant la fin de la Maison Gaudi. Et la balance Mikhail, me direz-vous ?
Début spoiler 2…Bien qu’il se voie déjà pardonné, ordonné Prêtre et oint Cardinal sur un monde très lointain en reconnaissance de son impeccable probité, Belael avait d’autres idées en tête lorsqu’il lui a promis une « juste récompense » en échange de sa collaboration totale. Ayant été infecté par une présence démoniaque pendant sa soirée blackout chez Totor, comme tous les Protektors invités, Mikhail n’héritera donc que d’un rituel de purification (privé, c’est déjà appréciable) et d’un bolt dans la tête. Ce n’est pas pour rien qu’on parle du fardeau et non du bonheur de la loyauté…Fin spoiler
AVIS :
Bien des années avant le lancement de Warhammer Crime et de son approche résolument urbaine et quotidienne du 41ème millénaire, Simon Jowett signait avec ‘Loyalty’s Reward’ une très bonne nouvelle dans ce registre low-key. Librement inspirée du Parrain de Coppola, et relevée d’un zeste de conspiration chaotique à la Eisenhorn dans sa seconde moitié, cette histoire démontre qu’il est tout à fait possible d’intéresser le lecteur sans avoir besoin de mettre en scène des batailles gigantesques ou des machinations à l’échelle galactique. L’immersion est réussie, l’intrigue se déroule de manière fluide et parfois assez inventive pour de la GW-Fiction (petit Mcguffin réussi avec le tabassage du pauvre Leon en introduction) : c’est un travail soigné auquel on a droit. Mon seul petit regret porte sur le choix de Jowett du Chaos comme antagoniste, alors que les symptômes éprouvés par Mikhail le lendemain de sa « cuite » faisaient plutôt penser à une infestation Genestealer, ce qui aurait été (à mes yeux) encore plus viscéral – à tous niveaux. Top qualité.
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Deus Ex Mechanicus – A. Chambers :
INTRIGUE :
L’arrivée sur Naogeddon, monde mort et terne par excellence, de l’ingénieur et Techno-Prêtre (double cursus, t’as vu) Lakius Danzager et de son acolyte Osil manque de très mal se finir pour nos deux personnages, embarqué à bord d’un vaisseau à l’autopilote très bas de gamme. En chute libre depuis l’atmosphère haute de la planète, la navette occupée par les envoyés du Mechanicus est rebootée à temps par le dégourdi Lakius pour éviter un crash mortel à la surface désertique de ce roc sans vie, mais accueillant des ruines très anciennes qu’un Magos Explorator (Egal) souhaite étudier. En tant que spécialiste de la cryo-stase, Lakius dispose d’une expertise précieuse en matière de compréhension de technologie Necron (à ce stade, vous aviez sans doute déjà deviné qu’on prenait ce chemin…), et Egal l’a donc réquisitionné pour assister sa petite équipe de super geeks.
A peine remis de leur atterrissage mouvementé, Lakius et Osil doivent encaisser une nouvelle expérience traumatisante : l’attaque du camp du Mechanicus par quelques escouades de Guerriers Necrons, vomies comme toutes les six heures par la Necropole encore endormie qu’Egal a commencé à explorer. Bien que l’effet de surprise ne soit pas de leur côté, et que les servants de l’Omnimessie puissent compter sur une cohorte de Prétoriens ainsi que de solides fortifications pour les défendre, les robots squelettiques vendent chèrement leur châssis, forçant les adeptes à partir à la découverte de la crypte exhumée par le Magos avec une protection réduite.
De manière très prévisible, la progression du petit groupe (Egal, Lakius, Osil et quelques personnages secondaires à l’espérance de vie très limitée) rencontre une résistance qui va croissant, depuis des marches très hautes qui obligent les Prétoriens à rouler à deux à l’heure, jusqu’à des champs magnétiques générateurs de trouille, ou plus prosaïquement des vagues de Scarabées kamikazes. Au bout du compte, Lakius et Egal se retrouvent seuls dans la salle des bornes de chargement sarcophages de la Nécropole, tandis qu’Osil, qui s’est pris quelques échardes dans la fesse gauche pendant l’expédition indoor, a été ramené au campement de base par le dernier Pretorien pour désinfection et pose de pansement. La tension est à son comble…
Début spoiler…Commençons par évoquer le destin d’Osil, que son maître a chargé d’une mission simple mais capitale : réveiller au plus vite l’Assassin Eversor qui végète dans la soute de leur vaisseau. Lakius soupçonne en effet que la Necropole est en train de se réveiller, et que seule l’intervention d’une machine à tuer bourrée de Red Bull a une chance d’enrayer cette trajectoire menaçante. Malheureusement, la navette du Techno-Prêtre s’est fait coloniser par une nuée de… barnacles (vous croyiez que les Necrons s’en étaient tenus aux scarabées ? erreur) métalliques pendant l’absence de ses propriétaires, empêchant l’acolyte de sortir le tueur de sa torpeur. Voilà qui est dommage.
De leur côté, Lakius et Egal récupèrent un « Bâton de Lumière » dans le sarcophage (vide) du probable Phaëron du lieu, avant de prendre à leur tour le chemin de la sortie. Bien que le Magos assure à son compagnon que cette relique a le pouvoir de tenir à distance les gardiens de la Nécropole, Lakius décide de jouer la carte de la sécurité et de détruire le générateur de phase qui a ouvert le portail permettant d’accéder à l’intérieur du complexe, une fois les deux explorateurs sortis de ce dernier. Egal n’est pas d’accord, et la dispute académique dégénère rapidement en duel de carabine laser, au cours duquel Lakius colle un tir à pleine puissance en pleine tête de son estimé confrère, avant de réduire le générateur en cendres. Une conclusion regrettable, mais la fin justifie les moyens…
Début spoiler 2…Sauf qu’Egal refuse de rester au sol, et pour cause. Sous le fond de teint soigneusement appliqué, c’était un C’tan qui avait revêtu les robes écarlates du Mechanicus. On ne saura jamais ce qu’il cherchait à faire sur Naogeddon, à part troller quelques pauvres adeptes qui n’avaient rien demandé, bien sûr, mais comme on peut s’y attendre, les tirs désespérés de Lakius le font doucement rigoler. Beau joueur, il laisse ce dernier s’enfermer avec Osil dans le laboratoire installé par les chercheurs, avant de frapper doucement à la porte pour essayer de leur vendre des boîtes de biscuits pour financer sa classe de neige et/ou des bons du trésor moldave. Lorsque la paroi finit par céder sous ses coups, le C’tan s’aperçoit que ses proies n’ont pas été oisives, et ont bricolé une étrange machine avec les composants qu’ils avaient sous la main. That’s cute, but too little, too late…
Début spoiler 3…Eh non. La machine en question était un générateur de stase, qui emprisonne fissa la truculente Echarde dans une bulle atemporelle. Fin. Comment, vous trouvez ça un peu tiré par les cheveux ? Mais qu’attendiez vous d’une histoire qui s’appelle presque Deus ex Machina, enfin ? Fin spoiler
AVIS :
Les nouvelles d’exploration de Nécropoles Necron, un sous-genre assez populaire de la littérature 40K, ne sont pas vraiment ma tasse de thé. J’ai toujours l’impression de lire la même histoire, basée autour d’un faux suspens (« eh non, ils ne dormaient pas en fait… SHOCKING ») et finissant généralement par une course effrénée vers la sortie de la petite bande de héros ayant eu la mauvaise idée de faire de l’archéologie chez les grands anciens galactiques. Ce ‘Deus Ex Mechanicus’ a pour lui de proposer des variations assez intéressantes à cette base éculée (l’intervention d’un C’tan transformiste1, la presque intervention d’un Assassin Eversor), ce dont je sais gré à Andy Chambers.
Malheureusement pour ce dernier, il ne suffit pas d’avoir des idées innovantes pour accoucher d’une nouvelle réussie : encore faut il les intégrer à l’intrigue et en soutenir le développement de manière un tant soit peu crédible, ce qui n’est pas le cas ici. On ne saura donc pas comment un Techno Adepte du Mechanicus a pu se retrouver en possession d’un Eversor (l’Adeptus Assassinarum n’étant pas vraiment connu pour sa générosité), comment le C’tan transformiste a pris la place d’Egal (ou pourquoi il s’est donné le mal de revenir sur sa planète natale avec des acolytes humains, si le Magos n’a toujours été qu’une couverture), ou ce qu’il se passe après que cette divinité en vadrouille se soit retrouvée piégée dans un champ de stase (ce qui pourrait sans doute intéresser l’Inquisition, et impacter fortement le fluff de Warhammer 40,000… mais je dis ça comme ça). Ou même à quoi sert la scène initiale de la nouvelle (le quasi-crash du vaisseau de nos deux lurons), dont il ne sera plus jamais fait mention par la suite et qui aurait pu être remplacée par une arrivée sur site des plus classiques sans que cela ne change rien à la suite. Trop brouillon.
1 : Qui avec le recul ressemble fortement à Trazyn l’Infini, dans le genre boute en train avide de connaissances. Vu l’âge canonique de cette nouvelle, cette similitude ne peut être autre chose qu’une coïncidence troublante…
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Barathrum – J. Curran :
INTRIGUE :
Lorsque l’Inquisiteur Anselm est appelé par un vieil ami sur la planète de Barathrum pour élucider la série de morts violentes ayant endeuillé l’expédition de l’Adeptus Mechanicus en charge de l’excavation de la cité souterraine découverte à la surface de ce monde mort, il ne s’attendait pas à recroiser la route de son ancien mentor, Grogan. Les deux hommes se sont séparés en mauvais terme après une enquête bâclée sur Tantalus il y a bien des années de cela, à la suite de laquelle le puritain Grogan a déclaré un Exterminatus que son élève trouvait bien précipité. Guère enchanté par la présence de son collègue et néanmoins rival sur cette affaire sordide (rapport aux cadavres horriblement mutilés laissés par le tueur) et poussiéreuse (rapport aux interminables tunnels que nos héros passent la moitié de la nouvelle à parcourir), Anselm fait contre mauvaise fortune bon cœur et collabore en bonne intelligence avec Grogan, que le passage du temps n’a pas du tout adouci.
Une analyse poussée des victimes permet à Anselm, dont l’une des spécialités semble être la médecine légale, d’établir que ces dernières ont toutes été amputées d’un membre ou d’un organe différent, avec une précision chirurgicale qui plus est. Cette conclusion des plus sinistres passe au second plan lorsque les deux fins limiers des Ordos sont alertés par le Magos Explorator en charge de l’expédition (Eremet) qu’un portail gigantesque a été découvert par ses équipes. Scellé et couvert d’inscriptions écrites dans une langue indéchiffrable (à court terme tout du moins), l’édifice est également protégé par un champ électrique qui carbonise le premier Technoprêtre ayant eu la mauvaise idée d’y poser la méchadendrite. Pour le bouillant Grogan, cet incident est la preuve irréfutable que le Chaos est à l’œuvre sur Barathrum, et il s’empresse de suspendre les fouilles, au grand désespoir d’Eremet. Connaissant les méthodes employées par son ancien boss, Anselm se doute que les malheureux archéologistes ne tarderont pas à être soumis à un interrogatoire serré dont pas un ne sortira indemne. Cherchant à éviter à son vieil ami Cantor ce sort peu enviable, il poursuit donc les recherches de son côté… en piquant un somme. Dans un rêve que l’on peut qualifier de prémonitoire, il est mis en présence de l’Empereur en personne, fièrement juché sur sa chaise percée plaquée or, mais les traits aquilins du Maître de l’Humanité se transforment en ceux d’une hyène, et très mauvaise actrice avec cela1.
Ce pénible cauchemar est heureusement interrompu par l’arrivée d’Eremet, qui apporte à son hôte le résultat de l’expertise (expresse) réalisée par les savants de l’Inquisition sur le texte mystérieux gravé sur le portail récemment mis à jour. Comme on peut s’en douter, ce n’est pas la recette de l’aligot que les précédents habitants de Barathrum ont tenu à transmettre aux générations futures, mais un avertissement sans frais sur l’indicible (et illisible) menace dormant dans la crypte ainsi condamnée. Car ce n’est rien de moins que le Prince Démon Szarach’il qui patiente dans la cité morte, enfermé dans ce tombeau par les efforts de l’Inquisiteur Amaril il y a des milliers d’années. Grogan avait donc raison ! Mais d’ailleurs, où est-il ?
Eh bien, sur les lieux du crime pardi. Ayant surpris Cantor bravant le couvre-feu qu’il avait déclaré, l’Inquisiteur a suivi discrètement le Technoprêtre réfractaire jusqu’au portail interdit, et l’a chopé en train de se livrer à un rituel passablement chaotique. Il s’avère que le servant du Dieu Machine s’est fait hacker par l’esprit néfaste de Szarach’il, qui compte bien profiter de l’arrivée de l’expédition pour se faire la malle. Mais notre démon est très exigeant : alors qu’il aurait pu se contenter de posséder le premier humain passant à sa portée, comme le pauvre Cantor, il cherche également à se venger d’Amaril en infiltrant les rangs de l’Inquisition, et a pour cela besoin qu’un représentant des saints Ordos tombe sous son influence. Et tant qu’à faire, Anselm, qui est plus jeune et plus swag (il ne porte pas de moustaches) que ce vieux tromblon de Grogan, serait le candidat idéal. Tout cela nous est longuement raconté par un Szarach’il dont la passion pour le monologue de grand méchant ne présage rien de bon pour le succès de son entreprise…
Pour l’heure, Grogan croise le fer avec la terrible créature que Cantor a mis sur pied avec les organes de ses collègues… et l’abat sans trop de difficulté. Ce n’était toutefois qu’une diversion, permettant à un Cantor lévitant de desceller le portail et de libérer le terrible Démon… ou en tout cas son essence, qui s’empresse de posséder Grogan (Cantor s’écrase sur le sol comme une bouse et meurt après avoir présenté ses plus plates excuses). Sur ces entrefaites, Anselm arrive in da club et un (court) duel s’engage entre les deux Inquisiteurs. Ayant réussi à reprendre le contrôle de son corps pour un instant, Grogan décharge son hellgun sur le plafond en lave mi-cuite de la crypte, provoquant son enfouissement en même temps qu’incinération sous quelques tonnes/mètres cube de magma coagulé. Son sacrifice altruiste autant que le coup de moins bien de Szarach’il, qui ne parvient plus à sauter d’hôte en hôte comme il l’avait fait précédemment, permet de mettre un terme à cette escapade démoniaque, et de préserver l’Imperium d’une (sans doute) terrible menace.
1 : N’ayant qu’une version papier de cette nouvelle à disposition, je ne peux pas faire de capture d’écran pour prouver mes dires, mais sachez que l’apparition démoniaque interpelle notre héros somnolent de la sorte : “Anselm ! Anselm my servant, you have come to me. Anselm ! Anselm, Anselm ! Open the door!”
AVIS :
La tentative de Jonathan Curran de dépeindre les activités inquisitoriales ne s’avère guère probantes dans ce ‘Barathrum’ très moyen, qui explore plusieurs ambiances (slasher, thriller, roman noir, horreur…) sans réussir à s’en approprier aucune. Cette base bancale est de plus handicapée par le manque de maîtrise du lore de 40K par Curran, qui semble considérer les Inquisiteurs comme des détectives privés de choc, envoyés par leur hiérarchie enquêter en solitaire sur des affaires étranges. Pour ne rien arranger, les machinations de l’antagoniste sont inutilement complexes, et l’auteur ne semble même pas avoir pris le soin de se relire1. Ça fait beaucoup de problèmes pour une nouvelle qui peut être mis en comparaison avec les travaux inquisitoriaux, autrement plus réussis, de Dan Abnett, publiés pour les premiers d’entre eux à la même époque que ‘Barathrum’. Comme la nécropole d’où elle tire son nom, cette histoire mérite l’oubli profond dans lequel elle a été plongée depuis des millénaires.
1 : “The Inquisition is a tool” (Grogan, p. 9). “The Inquisition is not a tool” (Grogan, p. 23).
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Missing in Action – D. Abnett :
INTRIGUE :
À peu près remis de son aventureuse traque du Necroteuch (‘Xenos’), au cours de laquelle il a débloqué le skin exclusif Buster Keaton, Gregor Eisenhorn a été remis en service actif par les Saints Ordos, qui lui ont donné une mission bidon sur Sameter pour lui remettre le pied à l’étrier en douceur. Comme quoi, on peut ordonner des Exterminatus sans sourciller et gérer ses subalternes avec une profonde humanité. L’affaire n’ayant rien donné, les enquêteurs s’apprêtent à plier bagage lorsqu’un ministre du gouverneur sollicite une audience pour avoir l’avis d’un expert reconnu sur une série de meurtres qui ont tout l’air d’être l’œuvre d’un culte chaotique. Les quatre victimes identifiées à ce jour ont en effet toutes eu les mains, les yeux et la langue enlevés (voire plus si affinités). Flairant un défi digne de ses talents, Greg’ accepte de reprendre le dossier, et commence sa petite enquête de voisinage en compagnie de ses associés (la Paria fashion victim Bequin, l’ex-Arbites Fischig, le pilote Betancore et le Savant Aemos).
Les interrogatoires des voisins, l’examen des cadavres des victimes et d’un suspect trop lent, les informations déterrées par Aemos et le flair éprouvé d’Eisenhorn ne mettent que quelques heures/pages à identifier une piste prometteuse, qui mène nos héros sur les traces d’un régiment de Sameter ayant combattu sur Surealis il y a une vingtaine d’années. Marqués autant par les horreurs du Chaos que par les rayons UV des soleils de ce système, les vétérans qui ont regagné leurs pénates lorsque le régiment a été débandé auraient basculé dans la psychose et se seraient mis à fliquer en douce leurs compatriotes, en faisant disparaître les individus suspectés d’hérésie. C’est l’hypothèse qui reçoit les faveurs grimaçantes d’Eisenhorn en tout cas, et qui le mène jusqu’au lieu de conscription du régiment en question, laissé depuis longtemps à l’abandon…
Début spoiler…Et où une trentaine de vétérans, se sachant traqués à titre préventif par les Arbites locaux après que l’Inquisiteur se soit ouvert de ses soupçons, se sont regroupés pour se rappeler le bon vieux temps. Le petit cœur sensible de Greg saigne devant le spectacle des délaissés de Sameter, abandonnés comme des vieilles chaussettes par l’Imperium à la fin de leur service, sans même une réserve de biaffine suffisante pour traiter leur peau carbonisée. Beau joueur, notre héros décide donc de raisonner ces brebis égarées et trop bronzées, mais fait un jet critique sur son jet de persuasion et l’affaire tourne rapidement au méchoui. Trop coriace pour être mis en difficulté par une bande de mobs de bas étage, Eisenhorn perd tout de même sa main gauche dans la bagarre, victime d’un tir de sniper à gros doigts malhabiles. L’affaire est toutefois résolue, et l’Inquisiteur peut retourner sur Gudrun avec la satisfaction du devoir accompli, et un sale goût de grimdark au fond du gosier.Fin spoiler
AVIS :
Petit interlude inquisitorial comme Abnett en a signé quelques uns au cours de l’écriture des trilogies ‘Eisenhorn’ et ‘Ravenor’, ‘Missing In Action’ voit Greg le missionnaire mener une enquête en deux temps trois mouvements en compagnie d’une bonne partie de sa clique (il manque Harlon Nayl et Kara Swolle, sans compter la barquette Ravenor), dans une ambiance empruntant plus au film noir qu’à la SF « spectaculaire » (pouvoirs psychiques et Xenos en folie). C’est simple, on pourrait assez facilement adapter cette histoire à notre époque, pour en faire un récit policier tel que Grange, Vargas ou Cohen pourraient en écrire. Tout cela est plus sympathique qu’essentiel, et permet de constater, si besoin était, que Dan Abnett est un auteur plus accompli que la plupart des auteurs de la BL, et est tout à fait capable de signer une nouvelle à la fois sans prétention et de très bon standing. À savourer sans modération pour les lecteurs familiers de la série, et à découvrir sans réserve par ceux qui ne le sont pas (encore).
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Liberty – G. Thorpe :
INTRIGUE :
À la suite des événements couverts dans le premier tome de la saga des Last Chancers (‘13th Legion’), le Colonel Schaeffer passe en coup de vent sur la planète prison de Ghovul pour y mettre au frais le seul survivant du concours de survie organisé par l’intraitable et intuable officier ces trois dernières années : Kage. Ce dernier, officiellement pardonné à la fin du roman mais ayant raté sa réinsertion en trucidant quelques officiers un soir de beuverie, s’est vu accordé une Lastest Chance par Schaeffer, bien conscient du potentiel de cette machine à tuer. Comme on peut s’en douter, cet épisode carcéral ne va pas se dérouler sans anicroche.
Outre le fait que la tour que partage Kage avec 200 autres gibiers de potence n’a rien à envier à la Talaudière, et que son compagnon de cellule, le velu et vorace Marn1, ronfle comme un Squig enrhumé, c’est surtout le manque d’activité physique et le sentiment d’abandon qu’il ressent au bout de quelques semaines qui fait péter les plombs à notre héros. Quand un de ses codétenus insiste lourdement pour avoir son tour avec le sac de frappe que l’ex-Légionnaire Pénal martyrise depuis trente minutes à grands coups de latte, Kage saute à la gorge du faquin et lui administre une correction terminale, fracassant quelques os chez les matons qui essaient de s’interposer au passage. L’administration pénitentiaire tenant à conserver le monopole de la violence (pas forcément légitime) dans son établissement, ce déchainement de violence vaut à Kage seulement quelques coups de knout, Schaeffer ayant explicitement ordonné au gouverneur Skandlegrist de trop endommager cet élément prometteur pendant son absence.
Cela ne décourage pourtant pas le K. de persévérer dans ses comportements séditieux. Dès que son dos en lambeaux a suffisamment cicatrisé pour lui permettre de regagner sa cellule, il commence à organiser une tentative d’évasion. Ayant récupéré une cuillère laissée sans surveillance à la cantine, il passe quelques nuits à l’aiguiser en secret sur les murs de sa cellule, avant de passer à l’action d’une façon aussi brutale que court-termiste (sa signature). Après avoir à moitié étouffé Marn avec son oreiller (bien fait) et perforé le poumon avec son scalpel de fortune pour faire croire aux matons que son compagnon de cellule faisait un œdème pulmonaire, Kage se fraie un chemin sanglant à travers les malheureux gardiens dépêchés dans sa cellule, puis grimpe jusqu’en haut de la tour en faisant monter son body count à un niveau stratosphérique. Seul point d’échappatoire du vincularum, le sommet est l’endroit idéal pour passer à l’étape suivant de cette grande évasion un peu improvisée, et fausser compagnie aux sbires de Schaeffer…
Début spoiler…Sauf que dans un Impérium d’un million de mondes, il est tout à fait possible de construire des prisons sur des planètes absolument vides. C’est ce dont Kage se rend compte lorsqu’il contemple le paysage lunaire et désolé de Ghovul qui s’étend jusqu’à l’horizon. N’ayant littéralement nulle part où aller, il se rend sans faire d’histoires lorsque la huitième vague de gardes chiourmes le met en joue, et se met à espérer du fond du cœur que Schaeffer vienne lui rendre visite sans tarder. Putain qu’il est blême, le HLM…Fin spoiler
1 : Qui s’appelle comme ça car il engloutit ses repas en trente secondes montre en main. D’où l’expression « Marn l’a avalé ».
AVIS :
Petite nouvelle de transition entre ‘13th Legion’ et ‘Annihilation Squad’, ‘Liberty’ nous offre une sorte de seul en scène de Kage, qui démontre de manière probante qu’il est vraiment un très sale type. La narration à la première personne et le ton décalé utilisés par Thorpe rendent toutefois son anti-héros assez sympathique, et le récit de ses mésaventures carcérales se lit sans problème. La conclusion de l’histoire ne surprendra pas les lecteurs familiers de la série, mais Thorpe garde son propos suffisamment court et rythmé pour que cette absence de suspens ne soit pas rédhibitoire. Ça passe.
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Ork Hunter – D. Abnett :
INTRIGUE :
La première mission de l’unité du Caporal Ondy Scalber dans la ceinture équatoriale d’Armageddon se passe assez mal. Déployés avec les Chasseurs d’Orks vétérans du Boss Keyser (les Ecorcheurs), les propres sur eux Jopalliens comprennent rapidement que leurs alliés ne les voient au mieux comme des appâts à peaux vertes, au pire comme des poids morts dont ils n’hésiteront pas une seconde à se débarrasser si la situation l’impose. Le Capitaine Lorit lui-même en fait l’amère expérience lors d’une pause en pleine jungle, le non-respect de la consigne de silence absolu donnée par Keyser lui valant d’abord un étranglement de la part d’un Ecorcheur, puis un direct dans la gorge décoché par Keyser en personne lorsqu’il fait mine de se plaindre de cette agression.
Les méthodes des Ecorcheurs ne manquent cependant pas d’efficacité, et leur affinité avec l’enfer vert dans lequel ils évoluent depuis des années leur permet de surprendre une colonie d’Orks sauvages s’étant acclimatée aux mangroves étouffantes d’Armageddon1. L’affrontement est aussi violent et sanglant que l’on peut se l’imaginer, et bien qu’Ondy gagne le respect, ainsi que le surnom de Bon Œil (et un véritable œil d’Ork en trophée), des Ecorcheurs grâce à son engagement total dans cette lutte sans merci, la plupart de ses camarades de Jopall ne passent pas l’épreuve du feu2, ou commencent à le regarder bizarrement. Qu’importe pour Ondy Bon Œil, qui speedrun son passage de Garde Impérial BCBG à vétéran psychotique en l’espace d’un après-midi, terminé par un combat singulier entre Keyser et le Boss Ork de la colonie décimée par les Ecorcheurs. Vous parlez d’une expérience marquante…
1 : On peut considérer que Dan Abnett a prophétisé l’arrivée des Kruleboyz près de vingt ans avant que la première figurine de cette faction ne soit commercialisée. Quel cador.
2 : Ou se font euthanasier de manière préventive par leurs chaperons au premier signe de détresse psychologique venu. C’est ainsi que le pauvre (Mishell) Rokar se prend une dague dans le sternum après avoir initié une partie de chat perché au mauvais moment. En même temps, il était plus taillé pour la banquise que pour la jungle…
AVIS :
Dan Abnett qui écrit une histoire de Gardes Impériaux, c’est assez banal. Dan Abnett qui écrit une histoire de Gardes Impériaux qui ne soient pas des Fantômes de Gaunt1, en revanche, c’est plutôt rare (il y a eu ‘The Fall of Malvolion’ et je crois que c’est à peu près tout). On sent tout de même que notre homme évolue en territoire connu dans ce sympathique ‘Ork Hunter’, qui semble être un petit exercice de style pour cet auteur vétéran : mettre en scène des Gardes d’élite, mais complètement antipathiques (alors que Gaunt et ses ouailles sont – à part Rawne, et encore, et Lijah Cuu – des crèmes). Le pari est réussi, et donne même envie de suivre la descente aux enfers (verts) du Caporal Scalber sur le long terme. Et comme Abnett ne rechigne jamais à relier a posteriori ses vieux one-shots avec le reste du Daniverse (de manière plus ou moins naturelle et élégante, il est vrai) il se pourrait que cela se produise un jour…
1 : Mais qui se déplacent tout de même comme des éclaireurs de Tanith, parce que certaines habitudes ont la vie dure.
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Business as Usual – G. McNeill :
INTRIGUE :
Trois mois après la victoire de l’Imperium sur la Flotte Ruche Leviathan sur le monde de Tarsis Ultra, la vie a retrouvé un cours plus ou moins normal dans la capitale planétaire, Erebus (rien à voir avec l’affreux vieillard ridé et son couteau tout chelou). Pour Snowdog et son gang de trafiquants de drogue, cela signifie la reprise d’activités illicites dans la zone tampon séparant le sous-monde de cette cité ruchette1 et la banlieue mal famée où rôde une faune aussi sauvage que mortelle. Et je ne parle pas uniquement des essaims tyranides qui squattent l’endroit à la suite de la destruction de leur vaisseau mère. La nouvelle débute ainsi sur une rencontre business assez tendue entre notre héros peroxydé et trois de ses acolytes (Lex, Silver et Tigerlily), et une bande de Jackboys cherchant à écouler une grande quantité de Kalma, sorte d’ecstasy grimdark.
Bien que la came soit de qualité, comme le trip cosmique du brave Lex, ayant pris sur lui de goûter le produit, le révèle sans ambages, le sixième sens de Snowdog le titille méchamment. Il se doute que ses interlocuteurs vont essayer de la lui faire à l’envers, et lorsque les Jackboys dégainent leurs pétoires pour piquer les crédits durement gagnés du Malamut, ce dernier ne se laisse pas faire. L’échange de tirs entre les deux gangs finit par tourner en faveur de celui composé à 100% de personnages nommés (comme c’est étrange), mais attire également l’attention de la patrouille d’Arbites du Capitaine Jakob Gunderson. Ce dernier voue une détestation cordiale à Snowdog, coupable de l’impardonnable crime de vente de dope dans son périmètre, et n’est que trop heureux d’entraîner ses hommes sur les lieux de l’échauffourée après que quelques bribes d’échanges radio entre Jackboys lui aient permis de connaître l’identité de leur adversaire.
L’arrivée de cette troisième faction rebat les cartes, et scelle surtout le destin du pauvre Lex, utilisé par un Snowdog loyal sans excès envers ses hommes comme bouclier humain contre les balles à guidage laser de Gunderson. L’utilisation judicieuse d’un chapelet de grenades artisanales récupérées sur le cadavre d’un Jackboy permet toutefois aux trois survivants de se ménager une sortie explosive (et de tuer une grande partie des camarades de Gunderson, qui étaient pourtant à deux jours de la retraite), mais leur course effrénée les amène en territoire tyranide, ce qui n’est pas l’idée du siècle, et encore moins du millénaire. Rattrapés par les deux Arbites survivants alors qu’ils contemplaient les cadavres récurés de quelques gangers malheureux dans le boyau des égouts qu’ils avaient empruntés pour filer à l’anglaise, Snowdog, Silver et Tigerlily se retrouvent en mauvaise posture. Gendarmes et voleurs se réconcilient cependant en un éclair lorsqu’une horde d’Hormagaunts interrompt leur règlement de comptes, et les humains décident sagement de se carapater le plus loin possible de la menace Xenos, à plus forte raison lorsque le Guerrier Tyranide qui manage la horde chitineuse arrive à son tour pour profiter des calories faciles que représentent nos héros.
La poursuite tunnelière qui s’ensuit n’est pas sans causer quelques pertes déchirantes (dans tous les sens du terme) parmi les hominidés, le dernier collègue de Gunderson gagnant une séance d’acupuncture tyran(n)ique, avant que la pauvre Tigerlily n’aille rejoindre Peter Pan, Sanguinius et Geneviève de Fontenay dans le pays imaginaire. Lorsque l’affreuse bestiole assomme Gundy et met la griffe broyeuse sur la veste gifesque (c’est beau le 41ème millénaire tout de même) de Snowdog, la messe semble dite pour nos héros…
Début spoiler…C’était toutefois sans compter sur le pouvoir de l’amitié la foi la Force la DROOOOOOGUE. En désespoir de cause, Snowdog balance en effet sans s’en rendre compte la totalité du stock de Kalma piqué aux Jackboys dans le gosier du Guerrier, provoquant un KO technique suivi d’une overdose fatale en moins de vingt secondes. Magnanime, El Doggo décide d’épargner la vie de Gunderson au lieu de profiter de son piteux état pour lui faire passer la matraque énergétique à gauche, et les deux gangers survivants s’en repartent vers d’autres aventures. Ils ne savaient pas encore qu’ils vivaient sur du temps emprunté…Fin spoiler
1 : Tarsis Ultra n’était censé avoir que 60 millions d’habitants avant de se prendre un enchaînement fatal Tyranides-Iron Warriors dans la biosphère, ce qui est positivement clairsemé à l’aune des standards impériaux.
AVIS :
Graham McNeill n’a jamais (pour autant que je le sache et au moment où cette chronique est publiée) écrit pour Necromunda, mais les amateurs de ce monde-ruche si bucolique ne seront pas dépaysés par ce ‘Business as Usual’. Des gangs ennemis qui s’étripent pour de la dope dans des usines en ruines et des terrains vagues toxiques, avant qu’une escouade d’Arbites nommée bavure et quelques bestioles atrabilaires ne viennent se mêler aux réjouissances : on est ici en terrain connu (mais dangereux tout de même, relancez vos 1 si vous pouvez). À titre personnel, il n’y a pas grand-chose qui me fasse vibrer dans cette nouvelle qui ne détonne absolument pas du mètre étalon de la GW-Fiction, et qui a plutôt mal vieilli sur certains aspects, notamment l’argot utilisé par Snowdog et ses acolytes, qui sonne aujourd’hui terriblement daté. À chacun son sale goût.
Pour la petite histoire de cette petite histoire, ‘Business as Usual’ a en fait été écrite avant ‘Warriors of Ultramar’, dans laquelle Snowdog fait également une apparition au côté d’Uriel Ventris et des héroïques défenseurs de Tarsis Ultra, même si elle prend place après les événements relatés dans ce roman. Voilà de quoi briller en société, sans nul doute.
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Defixio – B. Counter :
INTRIGUE :
Nous embarquons à bord du Leman Russ Exterminator Defixio, rattaché à un contingent de Chem-Dogs de Savlar, au cours de la campagne menée par la Garde Impériale contre une Waaagh ! Ork sur le monde de Jaegersweld. Parmi les membres d’équipage, le jeune Samiel peine à se faire une place pour une raison aussi simple que stupide : ayant survécu par miracle à la destruction de son précédent véhicule de fonction, ses nouveaux camarades (Karra-Vrass, Graek, Damrid, Dniep et Kallin) considèrent qu’il a « consommé » toutes ses réserves de chance, et que cela va porter la poisse au Defixio. Un accrochage rugueux avec une bande de Bikers Orks, pendant lequel le tank hérite d’une belle balafre de coque et l’horrible Graek d’une balle perdue fatale, ne fait pas grand-chose pour les convaincre de réviser leur jugement.
Isolé en territoire ennemi, le Leman Russ déglingué doit maintenant se frayer un chemin jusqu’au camp impérial le plus proche, tenu par le 24ème régiment de Cadia. Cela représente près de trois jours de route dans un environnement hostile, mais, sans autre perspective, les Chem-Dogs se lancent à corps perdu et à tombeau ouvert dans ce raid de tous les dangers. Alors qu’ils avançaient à bon rythme, un champ de mines posées par des Orks farceurs les force à faire une halte dans la pampa, le temps que Samiel leur ouvre un passage en identifiant les explosifs, permettant au bricoleur Dniep de les désamorcer plus rapidement dans un second temps. Cet arrêt au stand prend une tournure funeste lorsqu’un autre Kult’ de la Vitess’ tombe sans crier gare sur le Defixio alors qu’il patientait en double file que Samiel ait fini sa petite affaire. Assistant de loin à l’attaque, ce dernier décide d’aider ses camarades par une action aussi brave que suicidaire : utiliser le pistolet lance-fusée qu’on lui avait remis pour attirer l’attention des peaux vertes. Et ça marche. Intrigué par la belle rouge tirée par notre héros, les Orks se ruent sur sa position, ne réalisant que trop tard qu’ils s’engagent littéralement en terrain miné. Le bouquet final qui s’en suit permet à la fois de se débarrasser des motards indésirables, et d’accélérer le processus de déminage débuté par Samiel (qui survit encore une fois miraculeusement à une situation improbable). C’est ce qu’on appelle un win-win.
Sans d’autres difficultés techniques ou autochtones grognons pour les empêcher de reprendre leur route, les hardis tankistes filent à toute berzingue vers la terre promise, et finissent par arriver à proximité du camp de leurs camarades de lutte. Encore une colline à passer, et ce sera la quille…
Début spoiler…Qui se transforme toutefois en tuile lorsque nos héros découvrent que le QG Cadien a été attaqué et squatté par une tribu d’Orks. Pour une culture qui s’enorgueillit tellement de tenir la ligne, c’est une faute professionnelle autant qu’éthique, si vous voulez mon avis. C’est surtout une cruelle désillusion pour les Chem-Dogs, qui se voyaient déjà engloutir leur pâtée bien méritée et se lover dans leur coucouche panier. Il faut toute la fortitude du chef de char Karra-Vrass pour remobiliser ses hommes et leur rappeler que leur devoir en tant que soldats impériaux est de mourir au combat en emportant le plus possible de Xenos avec eux dans la tombe. N’ayant c’est vrai rien de mieux à faire, les servants du Defixio reprennent du poil de la bête et livrent un combat homérique contre la patrouille d’Orks qui finit par les localiser. Submergé par les vagues vertes, le brave petit châssis finit par rompre sous les coups de boutoirs des Boyz, mais pas avant d’avoir clairsemé leurs rangs de manière drastique. Une fin honorable pour de telles crapules (et je ne parle pas des Orks)…
Début spoiler 2…Enfin, presque pour tout le monde. Fidèle à sa réputation de catalyseur de chatte, Samiel se débrouille une fois encore pour survivre à la baston, alors que tout le monde meurt autour de lui. Récupéré quelques heures plus tard sous l’épave carbonisée du Defixio par un bataillon de Cadiens qui passait dans le coin, le chien chimique le plus chanceux de l’univers en est quitte pour quelques semaines chez le véto, le temps que ses pattes brûlées cicatrisent. Il se fait la réflexion qu’il aura encore plus de mal à trouver une nouvelle unité de rattachement avec un casier aussi chargé que le sien, mais ce sera une préoccupation pour plus tard…Fin spoiler
AVIS :
Sans doute une des premières nouvelles « embarquées » (c’est-à-dire prenant place dans un char ou un aéronef) de la GW-Fiction, mais loin d’être la plus marquante ou intéressante de ce sous-genre, ‘Defixio’ permet au moins d’en apprendre un peu plus sur les Chem-Dogs de Savlar, l’un des régiments de Gardes Impériaux à l’histoire la plus particulière qui soit. Pour le reste, c’est de l’action très classique, avec un peu de camaraderie virile et quelques gros coups de chance pour napper le tout. Counter a fait mieux.
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Et c’est tout pour cette revue de ‘Words of Blood‘, anthologie dont on sent le poids des années à la lecture. Si vous êtes indulgents, ou intéressés par la GW-Fiction d’un autre temps, ce recueil peut mériter le détour. Sinon, il vous est loisible de passer votre chemin sans rater grand-chose de marquant.