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FLAME & DAMNATION [40K]
Bonjour et bienvenue dans cette revue de ‘Flame & Damnation‘, petit recueil de six nouvelles sorti en catimini par la Black Library à la fin de l’année 2016. Comme le titre et la couverture du bouquin l’établissent sans beaucoup d’équivoque, les histoires rassemblées ici sont liées par un thème commun : les énigmatiques Space Marines de la Légion des Damnés. A ce stade, un rapide point background s’impose pour que les lecteurs de cette chronique puissent placer cette micro-faction dans l’univers de Warhammer 40,000 et comprendre de quoi il en retourne dans les nouvelles de ‘Flame & Damnation‘. Sans trop rentrer dans les détails (certains fans ont fait ça de manière très complète), la Légion des Damnés est un groupe de Space Marines se matérialisant soudainement au cœur de combats dans lesquels les forces impériales sont en train de se faire botter les fesses, et renversant le rapport de force au profit de l’Imperium. Ces guerriers mystérieux arborent une héraldique morbide n’appartenant à aucun Chapitre connu1, sont capables d’encaisser des blessures qui tueraient même un Space Marine, et font grand usage d’armes enflammées. Ils ne communiquent pas avec leurs alliés de circonstance et repartent dès que la bataille est gagnée. Absolute legends, si vous voulez mon avis.
Maintenant que le voile a été (en partie) levé sur les silencieux et pâles héros de cette anthologie, il faut également parler de la genèse de cette dernière, qui n’est pas sans son propre mystère. Toutes les nouvelles rassemblées dans ‘Fire & Damnation‘ ont été originellement publiées en 2013, époque faste pour la Légion des Damnés puisque le roman (éponyme) que lui avait consacré le vétéran Rob Sanders était sorti quelques mois plus tôt. En revanche, le mini Codex dédié à cette faction ne devait sortir qu’en 2014, ce qui laisse perplexe sur les motivations ayant poussé la Black Library à fournir un tel traitement de faveur à cette humble Légion. Parmi les contributeurs de cet ouvrage collectif, on retrouve pas moins de trois auteurs-éditeurs (Kyme, Dunn et Goulding), ce qui semble indiquer que le projet n’était pas vu comme une priorité par Nottingham, qui aurait sans doute sinon mis sur le coup quelques « pures plumes » additionnelles2. Mais assez de conjonctures et d’hypothèses sur ce l’objet de notre présente étude : il est plus que temps de plonger au cœur de l’action et de juger par nous-même si la réalité est à la hauteur du mythe.
1 : L’hypothèse la plus répandue est qu’il s’agit des survivants du Chapitre des Fire Hawks, ayant eu la mauvaise idée d’appartenir à la Fondation Maudite, et porté disparu dans une tempête Warp à la fin du 41ème millénaire.
2 : Vous allez me dire qu’il y a aussi Josh Reynolds au sommaire de ce recueil, et je vous répondrais que cela ne veut rien dire du fait de la monstrueuse capacité de travail de notre homme. Le David Annandale de 2013 était un yes man spécialisé dans le bolter porn (vous parlez d’un bizutage), quant à Graeme Lyon, sa contribution fait quatre pages…
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Votum Infernus – N. Kyme :
INTRIGUE :
La mission de secours de la planète de Kaeros, soumise à des raids fréquents de la part des cruels Eldars Noirs, a pris un tour très désagréable pour les fiers Premiers Nés du 85ème Vostroyen. Déployés avec samovar et chapka pour donner une bonne leçon aux sadiques Xenos, les Gardes Impériaux se sont faits balader avec une facilité déconcertante par leurs insaisissables adversaires, qui ont mis à profit leur science de l’embuscade et de la guerre psychologique pour mettre en déroute les Mon-keigh à fourrure. Nous suivons la fuite éperdue de l’escouade du soldat Hersk dans les ruines brumeuses d’une cité rasée par l’artillerie impériale, un environnement traître où le moindre jet de terrain difficile se solde par une perte. Car même une cheville foulée est synonyme de condamnation à mort lorsqu’on est poursuivi par des Cérastes avides de peur et de sang, comme c’est malheureusement le cas pour Hersk et ses camarades (le terme consacré pour désigner un soldat Vostroyen, d’après Kyme).
Dans le rôle des prédateurs de l’ombre tourmentant le (très petit) Marteau de l’Empereur, on retrouve les frère et sœur Slethial et Yethanda, du Culte du Serpent Incarnadin. Comme on peut s’y attendre, la paire est unie par une relation d’amour-haine oscillant entre le puéril, le luxurieux et l’homicidaire, et les deux Cérastes ont des vues bien différentes sur l’usage à faire des survivants terrifiés qu’ils pistent dans les ruines. Slethial, qui a perdu un œil lors du duel qu’il a mené pour devenir Succube à la place de la Succube, souhaite capturer les bidasses afin de les revendre à un Haemonculus en échange d’un organe de remplacement. De son côté, Yethanda a une nette préférence pour une mise à mort des humains, de la manière la plus perverse et douloureuse qui soit… et comme elle court plus vite que son frère, c’est elle qui aura le dernier mot. Il ne faut donc que quelques pages à notre pauvre Hersk pour se retrouver totalement isolé, après que ses collègues aient fait les frais des mortelles capacités de cette peste de Yethanda. Lui-même paralysé par une caresse empoisonnée de la Ceraste, il ne doit son salut (temporaire) que par l’arrivée soudaine d’un mystérieux Space Marine, alors qu’il cherchait désespérément à rejoindre une tour laissée miraculeusement indemne dans le no man’s land pour s’y barricader.
Ne pouvant résister à la tentation d’un combat un peu plus relevé que ceux livrés précédemment, Yethanda se détourne donc de la forme prostrée de Hersk pour aller castagner de l’Astartes, confiante dans ses talents de gladiatrice pour venir à bout de ce gros morceau. Manque de pot, elle réalise un peu tard qu’elle ne fait pas face à un Space Marine lambda mais à un membre de la Légion des Damnés, qui encaisse sans sourciller son attaque tarabiscotée à base de triple pirouette inversée carpée et la coupe proprement en deux lorsque vient son tour de frapper. Un sort similaire attendra ce trainard de Slethial lorsqu’il atteindra enfin la tour solitaire, la sauvegarde invulnérable à 3+ du stoïque Légionnaire se montrant trop coriace pour ses gantelets Hydre. Témoin de ce retournement de situation, Hersk à la faiblesse de penser qu’il va enfin pouvoir souffler un peu, lorsqu’un bruit incongru s’élève à quelque distance du pied de la tour, qu’il a fini par atteindre…
Début spoiler…Il s’agit des applaudissements, sincères mais de mauvais augure, de l’Archon Kuellek, bientôt imité par sa cour. Le Vostroyen réalise avec horreur qu’il ne se trouve pas sur Kaeros, mais dans une arène reconstituée par les Eldars Noirs pour imiter cette planète, et que son sursis ne sera donc que de courte durée. De son côté, Kuellek félicite son maître des esclaves de l’ajout bien senti d’un authentique Space Marine au programme des réjouissances… mais comprend que quelque chose ne tourne pas rond lorsque son larbin lui avoue qu’il ne s’explique pas non plus l’arrivée surprise de ce combattant. Les choses prennent une sale tournure pour les Drukharis débauchés lorsque le Légionnaire isolé est rejoint par plusieurs escouades de camarades comparses, qui ont tôt fait de réduire Kuellek et ses sycophantes en bouillabaisse. Avant de clôturer son propos sur cette victoire sans appel de l’Imperium, Kyme a la bonté de nous expliquer que l’erreur des Eldars Noirs aura été d’utiliser une tour sous laquelle était enterré un Légionnaire des Damnés comme décor de cirque, ce qui a moyennement plu à cette confrérie pas vraiment connue pour sa bonhommie. Quant à Hersk, il se fera euthanasier par charité impériale par le Légionnaire qui lui avait sauvé la mise quelque minute auparavant, après avoir refusé de retourner son pistolet laser contre lui-même pour des raisons qui continuent de m’échapper à ce jour. Mm, I get high dead with a little help from my friend…Fin spoiler
AVIS :
Il y a à prendre et à laisser dans cette exploration du mythe de la Légion des Damnés signée par l’indéboulonnable Nick Kyme. Si on commence par les qualités de ce ‘Votum Infernus’, ses petites touches d’horreur graphique illustrant parfaitement le côté sadique des Eldars Noirs sont une addition bienvenue à une histoire sinon très classique. À cela vient s’ajouter un twist final bien amené et donc percutant (au moins sur le moment, on y reviendra), attention louable et, je dois l’avouer, franchement inespérée de la part d’un auteur pas vraiment connu pour ses talents de scénariste. En tout cas, pas par moi.
Si on se penche maintenant sur les faiblesses de cette nouvelle, la principale me semble être l’incohérence du twist final relevé plus haut, qui se raccorde aussi bien au reste de l’histoire qu’une Tesla à un port USB. Que les Eldars Noirs aient les ressources nécessaires pour créer des arènes gladiatoriales époustouflantes, nul n’en doute. Qu’ils le fassent pour mettre en scène une poursuite entre une escouade de Gardes Impériaux et deux Cérastes grossiers et incestueux me semblent un peu disproportionné. Mais c’est surtout la méconnaissance manifeste de Slethial et Yethanda qu’ils ne sont pas sur Kaeros mais dans une reconstitution de ce champ de bataille1 qui me semble être injustifiable, ou en tout cas injustifié par Nick Kyme, ce qui est un gros plot hole en ce qui me concerne. Un peu plus marginale, mais tout de même intrigante – dans le mauvais sens du terme – l’apparition soudaine de la Légion des Damnés à Commoragh et pas sur Kaeros, alors que toutes les « conditions » nécessaires à son intervention semblaient réunies la première fois, m’a également fait tiquer. Certes, cette faction est par nature mystérieuse et insondable, mais dans ce cas, il n’était pas utile pour Kyme de tenter de justifier son déploiement en nous jouant la carte du cimetière indien2. Au final, je sors plutôt déçu de ce ‘Votum Infernus’, qui n’est pourtant pas passé loin de la moyenne.
1 : Comme le souhait de Slethial de capturer des esclaves pour les revendre à Haemonculus semble l’indiquer : voler des prisonniers à son Archon pour les revendre sous le manteau devant des milliers de témoins me semble un mauvais plan, même pour un Drukhari sous substance.
2 : D’ailleurs, je ne m’explique pas comment un Légionnaire damné, que le fluff nous présente comme étant éthéré et capable d’apparaître et de disparaître à volonté, peut se retrouver enterré où que ce soit dans le Materium.
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Remorseless – J. Reynolds :
INTRIGUE :
L’end game approche sur le monde cathédrale de Wayfarer, assiegé par les forces inexorables des Iron Warriors depuis plusieurs mois. La ruche Coramonde, encerclée par les régiments et les machines de guerre de Medrengard semble sur le point de tomber, et c’est le moment que choisi le Maître pour envoyer son fidèle Skaranx partir à la chasse aux œufs glandes parmi les décombres fumantes. Après s’être rapidement préparé en effectuant sa routine habituelle, qui consiste à enfiler un heaume de guerre préalablement chauffé à blanc, s’injecter un litre de drogues de combat dans l’organisme, et consacrer les dents de son épée tronçonneuse avec le sang d’un malheureux quidam, Skaranx part au combat entouré par les soldats du 23ème Brigannion cuirassé, à la recherche de sa proie favorite : le Space Marine.
On pourrait à ce stade légitimement s’interroger sur la confiance inébranlable de notre héros, qui n’est guère qu’un humain un peu amélioré par les bons soins des infirmiers Iron Warriors, à sortir victorieux d’un affrontement contre un Ange de la Mort impérial. Pour être honnête, Skaranx non plus ne se berce pas d’illusion sur l’issue d’un tel combat s’il devait se dérouler dans les règles de l’art. C’est bien pour cela qu’il a l’intention de se faciliter le travail en usant du terrain et de ses petits camarades à son avantage, afin d’avoir une chance de rapporter de nouvelles glandes progénoïdes non corrompues, une matière première tenue en très haute estime par les Iron Warriors, à son Maître bien-aimé.
Les pages qui suivent témoignent de l’habilité du chasseur, qui parvient après moult efforts et le sacrifice d’une bonne trentaine de camarades, à abattre un beau spécimen d’Imperial Fist. Alors qu’il s’active à dépecer sa victime afin d’accéder aux précieux organes qu’elle renferme, il commence à expérimenter des visions de Space Marines en armure noire et os, apparaissant à la limite de son champ visuel et disparaissant dès qu’il tourne la tête. Sans doute juste un effet secondaire indésirable de sa consommation non raisonnée de substances, pas vrai ?
Évidemment, et malheureusement pour Skaranx et ses copains de régiment, le danger est bien réel, encore qu’assez éthéré (je me comprends). Lorsqu’un des survivants du combat contre Mister Yellow fait les poches, ou plutôt le reliquaire, du cadavre décapité que le collecteur de glandes a laissé derrière lui, et commet l’affront de balancer la sainte relique osseuse qui y était enfermée, la Légion des Damnés (car c’était elle) voit rouge et se matérialise pour de bon dans le no man’s land, avec des conséquences aussi néfastes que définitives pour tous les personnages non nommés1. D’abord assez content de cette arrivée soudaine, synonyme pour lui de nouveaux ganglions pour sa collection, Skaranx déchante rapidement lorsqu’il comprend que 1) les nouveaux venus sont encore plus coriaces que les Space Marines de base, et peuvent ainsi survivre à la détonation d’un chapelet de grenades krak sans sourciller (en même temps, dur à dire sous le casque), et 2) ils en ont spécifiquement après la glande progénoïde qu’il a récolté sur sa dernière victime, et n’accepteront pas « non » comme une réponse.
En mauvaise posture mais plein de ressources (et de drogues), Skaranx parvient à fausser compagnie à ses adversaires spectraux, mais malgré le sprint olympi(a)que qu’il se tape en direction du QG de campagne des Iron Warriors, il ne va pas assez vite pour distancer les implacables Légionnaires, venus en force pour lever le siège de Wayfarer. Alors que les lignes chaotiques s’effondrent tout autour de lui, Skaranx se fait coincer dans un cratère par ses poursuivants, et en désespoir de cause, accepte de leur donner son précieux butin en l’échange d’un peu de tranquillité, ou au moins d’une mort rapide…
Début spoiler…Mais à courir comme un dératé dans un environnement hostile, on prend des risques de faire de la casse. À sa grande horreur, et à la grande déception des Space Marines from outer Warp, qui soufflent très fort pour manifester leur mécontentement, Skaranx réalise qu’il a brisé la fiole dans laquelle il avait placé la glande Sophie (ouais, elle avait un nom), et que cette dernière a maintenant du plomb dans l’aile. Faute avouée est peut-être à moitié pardonnée, mais glande perdue = ta vie elle est foutue. Nous quittons donc Skaranx au moment où il s’apprête à expérimenter le brûlant accueil que la Légion des Damnés réserve aux petits plaisantins qui la font tourner en bourrique…Fin spoiler
1 : Ainsi que pour Otto, un garde renégat qui avait eu l’honneur d’échanger quelques mots avec Skaranx juste avant. Rest in peace, legend.
AVIS :
Josh Reynolds met son aisance narrative au service de la Légion des Damnés, mais surtout des Iron Warriors, dans une impeccable nouvelle d’action comme on aimerait en lire plus souvent de la part de la Black Library. La très bonne caractérisation dont bénéficie l’anti-héros de ‘Remorseless’, qui permet de s’investir dans sa quête et dans sa destinée alors qu’il fait clairement partie des bad guys de l’histoire, l’enrichissement du background Iron Warriors1 distillé au fil des pages, ou encore l’effet « spectral » très bien rendu de la Légion des Damnés, sont autant de points forts que Reynolds met au service d’une histoire qui aurait pu confiner à du simple bolter porn sous la plume d’un auteur moins doué. Même si cette nouvelle se suffit à elle-même, on en ressort avec l’envie de poursuivre la découverte des deux factions dépeintes dans ces quelques pages, ce qui est le synonyme d’une mission bellement accomplie pour Josh Reynolds.
1 : Si vous avez aimé les travaux de Graham McNeill consacrés aux fils de Perturabo, ‘Remorseless’ est une pépite cachée que vous devez mettre sur votre to read list.
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Ship of the Damned – C. Z. Dunn :
INTRIGUE :
Sœur Dialogus désargentée, Agentha s’est résolue à prendre l’équivalent du FlixBus impérial pour regagner le couvent de son Ordre, et traverse la galaxie à bord du Herald of Piety, un vaisseau de pèlerinage faisant l’omnibus entre le sous segment Draconis et la sainte Terra. Bien que le billet soit gratuit et que tous les passagers et membres d’équipage lui vouent une admiration sans borne, le temps est long pour la Sista, qui s’occupe en dispensant des cours d’alphabétisation et de catéchisme aux masses dévotes qui encombrent le Herald. C’est au cours d’un de ses cours du soir (après tout, dans l’espace il n’y a pas d’horaire qui tienne) qu’elle reçoit la visite inattendue d’un trio de miliciens, envoyés par le capitaine Keifmann la quérir de toute urgence. L’antique radio du vaisseau a en effet capté un message intrigant, que notre Dialogus sera peut-être en mesure de déchiffrer pour le compte de ses bienfaiteurs.
Après écoute attentive, il faut bien à Agentha se rendre compte qu’elle n’a pas la moindre idée de ce que le type qui baragouine sur la fréquence captée par le Herald raconte. Il faut dire qu’un de ses collègues semble avoir trouvé très malin de faire carillonner sa cloche à proximité, ce qui n’aide pas notre héroïne à capter le message dans de bonnes conditions. Bien qu’elle considère en son for intérieur qu’aller investiguer la cause de ce raffut est au mieux une perte de temps, au pire un risque de faire une mauvaise rencontre, Agentha ne peut que se ranger à la décision de ce Bisounours de Keifmann, qui se sent obligé d’aller porter secours à tous les possibles naufragés passant à proximité de sa coquille de noix. Quel chic type alors. De son côté, Agentha profite des quelques heures nécessaires au Herald pour rejoindre la source du signal pour tenter de déchiffrer le message relayé sur les ondes grâce au contenu de sa bibliothèque personnelle. Le plus beau est qu’elle y arrive, mais un chouilla trop tard pour empêcher qu’une catastrophe ne se produise : un ancien traité consacré aux dialectes du sous-secteur indique en effet clairement que la sonnerie de la cloche est le moyen utilisé pour signaler la présence de Zombies de la Peste à bord… Oups.
Bien évidemment, et malgré avoir tapé son meilleur sprint semi-marathon pour rejoindre la salle de commandement du Herald, Agentha ne parvient pas à avertir l’équipage de ce dernier avant que la jonction n’ait été faite avec l’autre vaisseau, et que les Zombies qui y erraient tranquillement ne se soient déversé dans les coursives. Jugeant qu’il est de son devoir de sauver la femme (elle) et les enfants d’abord, Soeur Parlotte va s’enfermer avec ses jeunes élèves dans le refuge incertain de la chapelle du Herald. Après tout, si le Fléau de l’Incroyance se propage aux mécréants, comme l’Ecclésiarchie le raconte, alors cet environnement sanctifié devrait protéger ceux qui s’y trouvent, pas vrai ?
La réponse à cette question est « certes que sans doute », mais elle ne sera pas traitée dans ces pages. La faute à la disparition de l’un des protégés d’Agentha (Dolgan), qui s’inquiétait pour sa petite maman et a décidé de fausser compagnie à ses camarades de classe pour se rendre dans les quartiers où sa communauté s’était installée. Utilisant à son tour le système de ventilation du Herald pour éviter de faire de mauvaises rencontres, Agentha parvient à rattraper le chenapan au moment où il découvre que sa mère a fait une crise de foi fatale. Bien que la Sista parvienne à offrir la paix de Pépé à la jeune zombifiée avant qu’elle n’ait pu faire des papouilles à son fils, le bruit de la déflagration de sa pétoire attire l’attention des nombreux Zombies qui zonaient dans le coin. Manque de pot pour Agentha et Dolgan, la salle dans laquelle il se trouve ne compte qu’une seule issue, et le flingue que notre héroïne brandit n’a plus qu’une balle dans son chargeur. Pas besoin d’être un Techno Prêtre pour conclure que les probabilités de s’en sortir ne sont pas très élevées…
Début spoiler…Heureusement, Agentha avait sur elle une pierre confisquée un peu plus tôt à Dolgan après une dispute en classe, et que le minot soutenait mordicus être un cadeau remis par un Spess Meuhreen. Le gamin n’avait pas tort dans le fond : c’est une balise de téléportation miniature utilisée par un Chapitre bien particulier, la Légion des Damnés. Au grand ébahissement d’Agentha, la pièce se remplit donc d’Astartes taciturnes, qui entreprennent de nettoyer le Herald en cinq minutes, montre en main. Bien que leur arrivée ait été trop tardive pour sauver les deux tiers des passagers du vaisseau, les Légionnaires permettent à ce dernier de reprendre sa route débarrassé de son problème d’infestation, et ça, c’est plutôt sympa. Quant à Agentha, elle décide sagement de débarquer sur la première aire d’autoroute venue et d’économiser assez pour se payer un retour au couvent par un moyen de transport un peu moins dangereux que le vaisseau de pèlerin. Qui peut l’en blâmer ?Fin spoiler
AVIS :
Je suis partagé au sujet de ce ‘Ship of the Damned’ : d’un côté, Dunn réussit à nous dépeindre de manière réaliste et captivante le quotidien d’un vaisseau de pèlerinage, décor assez rarement utilisé dans les histoires de la GW-Fiction (à ma connaissance tout du moins). Ces prémisses intéressantes se heurtent toutefois assez vite à la banalité de l’intrigue, et au manque d’ambition du dénouement, qui est un littéral Astartes ex Machina. Certes, on peut arguer que c’est comme cela que la Légion des Damnés « fonctionne » dans le fluff, mais Dunn aurait pu se donner un peu plus de mal pour intégrer les Skeletors énergétiques à son propos (il s’est plus donné pour le décodage du message capté par le Herald of Virtue, c’est dire). À lire pour s’ambiancer un peu, comme disent les jeunes, mais finalement assez décevant.
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Animus Malorum – L. J. Goulding :
INTRIGUE :
Sur une planète inconnue, la 7ème Compagnie d’un Chapitre Space Marine tout aussi inconnu se bat courageusement mais futilement pour endiguer les assauts d’une Waaagh ! déterminée. Sentant les haricots finir (de cuire, sans doute), le Capitaine Erices a envoyé le Techmarine Marco poser quelques charges de démolition sous la basilique défendue par les marsouins et leurs alliés, afin de priver les Xenos du plaisir de saccager le saint édifice après leur victoire. Un peu mesquin (sans doute un Chapitre descendant des Imperial Fists, du coup), mais toléré.
La violence des combats et les dizaines de mètres de roche qui séparent les deux Astartes empêchent toutefois Marco et Erices de maintenir une connexion optimale d’un bout à l’autre de l’opération. C’est d’ailleurs heureux car alors que l’altruiste Techmarine était prêt à s’enterrer vivant pour la cause, et que son supérieur s’époumonait comme un putois à l’autre du bout du fil pour qu’il fasse tout péter, la Légion des Damnés se manifeste dans les catacombes de la basilique afin de récupérer un mystérieux coffret laissé en dépôt vente depuis des temps immémoriaux. Menée par nul autre que le Sergent Centurius, les braves Légionnaires viennent ensuite donner un coup de main à leurs collègues de chair et de sang alors que les carottes semblaient aussi cuites que les haricot précédemment mentionnés. Bien qu’ils arrivent un chouilla trop tard pour empêcher Erices de se faire gravement blesser (un poignet cassé, la guigne) par un Nob à la poigne de fer, les Spectres Marines mettent en déroute les Orks avec la silencieuse efficacité qui a fait leur réputation.
A son réveil sur la table d’opération, Erices a la surprise de constater que deux armoires à glace veillent à son chevet. La première n’est autre que ce bon Marco, et la seconde est le nouvel meilleur ami du jovial Techmarine, le souriant Centurius. Bien qu’il ne soit pas très causant, le Sergent peut compter sur Marco pour lui servir de porte-parole auprès d’un Erices oscillant entre reconnaissance, méfiance et hébétude profonde. Il semblerait que la Légion ait un dernier compte à régler sur la planète avant de repartir se prélasser dans le Warp, mais quoi ?
Début spoiler…Et la réponse est simple : c’est la crise des vocations chez les Damnés, et en cette période de sollicitations intenses et répétées, Centurius ne serait pas contre un peu de renfort. Favorablement impressionné par la ténacité et la bravoure d’Erices, il est venu lui proposer de rejoindre les rangs de sa sinistre confrérie, par l’intermédiaire du fameux Animus Malorum que le Sergent a récupéré dans les catacombes un peu plus tôt. Cette ancienne relique a en effet entre autres pouvoirs mystiques d’agir comme un contrat d’embauche pour la Légion des Damnés, pour peu que le « candidat » accepte de plonger son regard dans les orbites vides de ce crâne de fort belle taille. Encore sous le choc de son opération, et embrouillé par la prose mielleuse de Marco, Erices finit par accepter de « payer la dette » (qui n’est pas la sienne mais celle de l’Imperium dixit Marco, mais it’s complicated) réclamée par Centurius, et passe donc de vie à… autre chose après un tête à tête formel avec l’Animus Malorum. Une lourde perte pour le Chapitre, mais un petit prix à payer pour une victoire inespérée contre les Xenos, pas vrai ?
Début spoiler 2…Sauf que Centurius avait caché son jeu à Marco, et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le Techmarine a donc la sale surprise de voir la Légion des Damnés attaquer les quelques survivants de sa Compagnie à sa sortie de la cellule où repose le corps d’Erices. Le deal proposé aux Space Marines est simple : rejoindre à leur tour la Légion, ou goûter aux bolts ectoplasmiques de cette dernière. Confronté à ce dilemme, Marco n’a pas vraiment le temps de réfléchir que Centurius juge que le Techmarine a été un peu trop empressé à savonner la planche à son Capitaine, et que son dévouement et sens du sacrifice sont donc discutables. Il s’agit de fautes éliminatoires dans le parcours de recrutement de la Légion des Damnés, et Marco voit donc son âme siphonnée sans cérémonie par l’Animus Malorum pour booster l’immunité collective des véritables Légionnaires, ou autre usage pratique de ce genre de ressource. Après tout, une 3++, ça s’entretient…Fin spoiler
AVIS :
Il est généralement admis qu’une nouvelle se doit de comporter un twist final, et ‘Animus Malorum’ ne lésine pas en la matière. La conclusion de cette nouvelle est en effet assez inattendue, et vient jeter un nouvel éclairage, évidemment grimdark, sur la Légion des Damnés, ses techniques de recrutement et son positionnement vis-à-vis de l’Imperium. Elle vient également « sauver » une histoire qui était jusqu’ici trèèèèèèès classique, et n’aurait pas mérité de s’y attarder sans cela. Bref, sans doute la lecture la plus essentielle si cette micro-faction vous intéresse.
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The Dark Hollows of Memory – D. Annandale :
INTRIGUE :
Sur le monde mémoriel de Mnemosyne (wink wink), un humble scribe sourd comme un pot du nom de Gosta passe ses journées à zoner dans les archives les plus profondes, les moins rangées et les plus ténébreuses du Librarium qui fait la réputation de la planète à travers le sous-secteur. Il sent confusément qu’un lourd secret attend d’être mis à jour parmi les milliards de bouquins poussiéreux qui sont stockés sur les étagères, mais comme son intuition fonctionne par intermittence et qu’il ne raterait pour rien au monde la cérémonie du solstice d’hiver (un grand moment sur Mnemosyne), il quitte son lieu de travail pour se rendre dans la cathédrale locale, située de l’autre côté de la rue – mais attention, une trèèèèèèèèèèèèèèèèèèès large rue – avant d’avoir mis la main sur… ce qu’il pense chercher (?). Ce n’est plus un pitch, c’est une chanson de U2 reprise par Frank Zappa.
Dans les travées consacrées, nous faisons la connaissance d’un autre personnage important : Hatia Keremon, qui cumule les fonctions de Gouverneur planétaire et de Chef bibliothécaire. En tant que plus haute autorité temporelle, et probablement première employeur de la planète, elle ne peut manquer l’interminable sermon du cardinal local et loquace, exhortant ses ouailles à faire contre purée de pois bon cœur. Car l’hiver de Mnemosyne a de quoi rivaliser avec celui de Montréal : en plus d’être froid et humide, il est surtout caractérisé par l’arrivé soudaine d’un banc de brouillard aussi opaque que persistant, qui engloutit la capitale planétaire (Arkio) jusqu’au printemps. Une épreuve apparemment terrible pour les habitants, qui ont grand besoin de réconfort spirituel pour se préparer à cette grisaille persistante. Soit.
Le sort des Mnemosyniens ne s’améliore pas lorsqu’arrivent sans crier gare la bande de mauvais garçons du Capitaine Akror, anciennement rattachée au Chapitre de la Desolate Brotherhood, et maintenant connue sous le nom de Company of Misery. Ces Space Marines du Chaos sont venus pour prêcher la bonne parole (« l’espoir, c’est nul-euh ») auprès de la populace, mais également pour incendier le Librarium planétaire, afin de faire les pieds à l’Imperium. Ça s’entend. Alors qu’Akror se répand en sermons sanglants dans la cathédrale bondée, ses sous-fifres font toutefois l’erreur de massacrer tous les scribes de permanence aux archives, réalisant un peu tard qu’ils ont besoin d’un mot de passe pour accéder aux niveaux inférieurs. Qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ? Un fois n’est pas coutume, un tuyau (pas forcément d’arrosage, ceci dit).
Akror, qui en tant que chef méchant, n’est pas le dernier des abrutis, réalise vite qu’il doit y avoir quelques bibliothécaires en goguette parmi les fidèles terrifiés de la cathédrale, et interrompt donc son massacre prosélyte pour faire une annonce micro. Cependant, Keremon n’a pas attendu sagement que les choses se décantent, et a entraîné ses collaborateurs, dont Gosta, dans une balade bucolique dans le centre-ville d’Arkio pour rejoindre le Librarium, et ce malgré la brume épaisse obèse qui s’est abattue sur la cité. Il suffit de traverser la rue, comme dit le proverbe, mais cette dernière est assez large.
On s’en doute, une course poursuite à l’aveugle ne tarde pas à s’engager entre les deux groupes, et tout cela aurait très mal fini pour les rats de bibliothèque et leur constitution chétive, sans l’intervention décisive autant qu’imprévue d’une escouade de la Légion des Damnés. Les motivations des guerriers spectraux ont beau être aussi ténébreuses que le décor dans lequel ils évoluent, ce qui est sûr est que leur sauvegarde invulnérable n’est pas piquée des vers. Malgré un rapport de force très en leur défaveur, les loyalistes mettent une énorme race aux renégats, qui terminent la nouvelle dans un état incertain1 mais sans doute lamentable, imités en cela par Keremon, qui s’était hasardée dans le Librarium en laissant ses collaborateurs à la porte, pour… faire un état des lieux. So corporate. Au mauvais endroit au mauvais moment, la consciencieuse archiviste finit brûlée au 16ème degré.
« Et Gosta ? » me demanderez-vous. Eh bien, quelques heures après la fin de la baston, il finit par avoir l’illumination quant à l’emplacement du secret qui le hantait depuis des mois, mais quand il se rend sur place, il ne trouve que quelques cendres là où le mystérieux bouquin attendait. Comme l’emplacement ce dernier était dans les niveaux inférieurs, auxquels ces crétins de chaotiques n’ont pas eu accès, on comprend que c’est la Légion des Damnés qui a fait acte d’autodafé sélectif. Et donc que son but n’était au final pas si éloigné de celui d’Akror et de ses Misérables. Quand on vous dit que la communication, c’est important…
1 : On comprend qu’Akror finit par mourir au combat contre un Légionnaire capable de surcharger son réacteur à malepierre (ou équivalent) au moment de perdre son insaisissable ultime point de vie, mais c’est bien la seule bribe d’information qu’Annandale nous donne à propos de la Company of Misery.
AVIS :
David Annandale signe une masterclass en Annandalerie avec ce ‘The Dark Hollows of Memory’ (le titre chiadé faisant partie du package). On a donc le droit à des prémisses intéressantes (un monde archive au climat particulier, un héros avec un handicap dont on se dit qu’il va jouer à un rôle à un moment de l’histoire), qui débouchent sur un événement perturbateur classique mais pas inintéressant (une attaque de Space Marines du Chaos inconnus au bataillon). S’en suivent des pages et des pages de remplissage creux et de scènes d’actions sans grand intérêt, avant qu’une conclusion d’une brutalité absolue ne vienne clôturer les débats, sans résoudre grand-chose de l’intrigue que le lecteur confondu pensait avoir suivi jusqu’ici. Bref, et c’est malheureusement une constante chez cet auteur, cette nouvelle n’a pas grand intérêt, et vous vous ferez une faveur à en arrêter la lecture à la moitié du récit, car après cela plus rien de bien ne se produit. C’est à cause d’auteurs comme ça que la Légion des Damnés peut vraiment mériter son qualificatif…
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For the Flames – G. Lyon :
INTRIGUE :
Le Chapitre des Invaders fait ce qu’il sait faire de mieux et (wait for it) envahit le Vaisseau Monde Idharae pour délivre une OQI (Obligation de Quitter l’Imperium) aux hippies aux oreilles pointues qui y résident. Nous suivons le Frère Seoc, rattaché à la Huitième Compagnie, alors que cette dernière tente de survivre à un appareillement très défavorable : l’Avatar de Khaine local1. Comme on peut s’y attendre, les braves marsouins ne font pas le poids face à la fureur du demi-dieu Eldar, dont la lance harponne du surhomme génétiquement modifié comme qui rigole. Alors que tout semble perdu et qu’il ne lui reste plus qu’à vendre chèrement sa vie, Seoc est témoin de l’arrivée d’une troupe d’Astartes aussi silencieux que déterminés, et qui ouvre immédiatement le feu sur l’abomination Xenos.
Ce combat entre l’Avatar et la Légion des Damnés aurait pu durer très longtemps, chaque camp étant immunisé aux armes de l’autre, jusqu’à ce que Seoc donne un tuyau utile à ses nouveaux copains sur le fil WhatsApp qu’il s’est empressé de créer pour l’occasion, à savoir « ça sert à rien de brûler un truc qui brûle, duh ». Muets mais pas sourds, les Damnés de la Terre du Warp tournent leurs armes vers la baie vitrée en dessous de laquelle le combat fait rage, pulvérisant la coupole et provoquant une dépressurisation violente qui refroidit brusquement les velléités guerrières de ce frileux d’Avatar. Ceci fait, les Légionnaires repartent comme ils sont arrivés, laissant l’honneur du coup de grâce, ou plutôt du gros tacle à l’épaule, à Seoc, qui envoie valdinguer la statue géante dans l’espace et lui emboîte le pas (vol ?) par la même occasion. Charge au reste du Chapitre de le récupérer une fois que la bataille sera remportée !
1 : Pendant ce temps, je suis sûr que les Terminators de la Première Compagnie dégomment du Gardien sans défense en rigolant grassement. Il n’y a pas de justice au 41ème millénaire.
AVIS :
Le format « 1.000 mots » n’est décidément pas mon préféré, et si Graeme Lyon livre une copie honorable dans les quatre pages qui lui ont été allouées, le résultat est loin d’être enthousiasmant. On a ici l’équivalent 40K d’une contemplation d’une Pieta ou d’une Adoration par les Mages dans un musée des beaux-arts : tous les éléments propres à cette scène classique qu’est le sauvetage par la Légion des Damnés sont présents dans la nouvelle de Lyon, exactement là où on les attend. Comme notre homme n’est pas le plus inspiré ou le plus original des auteurs de la Black Library, le résultat est tristement insipide (comme la majorité des Pietas et des Adorations, je dois dire) mais il serait injuste de lui en vouloir.
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Et voilà qui conclut cette revue de ‘Flame & Damnation’, un petit recueil sans prétention dont la principale qualité reste son prix de vente très compétitif (au moment où cette chronique est publiée, check it out). Si vous étiez, comme moi à l’époque, à la recherche d’un produit à acheter sur le site de la Black Library pour bénéficier du recueil gratuit de la Black Library Celebration, vous tenez sans doute l’article le plus « rentable » du catalogue de la BL.
Si on s’attache à présent à la qualité intrinsèque de ‘Flame & Damnation’, il faut reconnaître que, comme souvent avec les anthologies de GW-Fiction, le résultat est assez inégal, et ici, majoritairement décevant. Je dois souligner que ce sentiment est causé tant par les nouvelles prises individuellement (pour être honnête, il n’y a que les travaux de Reynolds et Goulding qui m’aient plu) que par le manque criant d’ambition de ce recueil, qui est de la responsabilité de son éditeur et non de ses contributeurs. ‘Flame & Damnation’ aurait pu être l’occasion d’explorer l’origine et les motivations de cette faction énigmatique, à l’image de ce que Goulding a tenté dans son ‘Animus Malorum’ ; au lieu de ça, on a eu le droit à plusieurs variations de « l’histoire de la Légion des Damnés », soit une intervention opportune à défaut d’être franchement amicale, pour secourir des forces impériales submergées. Si vous étiez un tant soit peu au courant du background des surhommes en noir (et os) avant d’ouvrir ce bouquin, il y a donc de fortes chances que vous le refermiez sans avoir appris grand-chose de nouveaux sur eux, ce qui est à mes yeux problématique.
THE RESTING PLACES [Recueil]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue de ‘The Resting Places‘, recueil de nouvelles siglées Warhammer Horror publié en mars 2023 par la Black Library. Sorti quelques semaines après l’anthologie ‘Unholy: Tales of Horror and Woe from the Imperium‘, ce livre rassemble les nouvelles préalablement proposées lors des semaines thématiques Warhammer Horror Week de 2021 et 2022, complétées par deux inédits. Pour le prix très abordable de 6,49€, ça valait le coup (et le coût) d’attendre.
Parmi les macabres auteurs que l’on retrouve au sommaire de ce volume, des têtes connues comme Richard Strachan et David Annandale (le premier étant en train de rattraper le second pour le titre du premier contributeur horrifique de la GW-Fiction), mais également – et c’est toujours appréciable – un grand nombre de nouveaux-venus : R. S. Wilt, J. H. Archer, Chris Winterton, Jeremy Lambert, Jamie Mistry-Evans ou encore Chris Thursten. Warhammer Horror ayant toujours été la franchise la plus « cosmopolite » de la Black Library, cette diversité n’est pas étonnante mais fera plaisir aux lecteurs vétérans plus intéressés par découvrir de nouvelles plumes et de nouvelles approches des univers de Games Workshop que par les sempiternelles variations de BL-style. Sans plus attendre, rentrons dans les choses concrètes et poussons le portail de ce primesautier cimetière où nous attendent les nouvelles du jour…
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Collapse – J. H. Archer [40K] :
INTRIGUE :
Même si personne n’aime les accidents du travail, certaines professions sont particulièrement à plaindre dès lors qu’un impondérable se produit. Personne ne viendra, je pense, me corriger si je place les Navigateurs sur cette liste des jobs les plus risqués du monde de la galaxie, et certainement pas le héros de la nouvelle ‘Collapse’, Aelfric Gorst. Lui-même membre de cette honorable corporation, il commence notre histoire avec l’horrible mal de crâne causé par un passage de l’Immaterium au Materium un peu trop brutal. Il s’en sort cependant assez bien, le reste de l’équipage du vaisseau sur lequel il sert, le Vivat Rex, étant passé de vie à trépas – une autre forme de voyage, dirons-nous – comme les cadavres mutilés des membres de son équipe peuvent en attester.
Toujours fermement harnaché et câblé à son trône de commandement suite à la coupure de courant qui a frappé le Vivat Rex, Gorst est une version miniature de l’Empereur, à ceci près qu’il ne peut compter sur quelques solides Custodes pour le désincarcérer. Ses appels à l’aide ne sont entendus que par un chérubin décrépit, qui fait son entrée dans le sanctum du Navigateur en rade de la manière la plus terrifiante qui soit, et dont les capacités cognitives limitées n’en font pas un assistant très utile dans cette situation délicate.
Tout cela n’est cependant que le cadet des soucis de Gorst, car il sait que quelque chose est revenu avec le Vivat Rex dans l’univers réel, quelque chose qui n’y a pas sa place et qui est très intéressé par une information que le Navigateur est pour le moment le seul à posséder : la route permettant de rejoindre l’Imperium Sanctus depuis l’Imperium Nihilus, à travers la Cicatrix Maledictum. Notre héros impotent sait qu’il ne doit en aucun cas permettre au démon qui lui tient compagnie de mettre la griffe sur cet itinéraire très spécial, mais confronté à un interrogateur aussi retors et cruel qu’une entité du Warp, capable de replonger sa victime dans le passé et d’usurper l’identité de ses interlocuteurs afin de lui soutirer la précieuse information, mais aussi d’effacer ses plus chers souvenirs pour le contraindre à révéler ce qu’il sait, Gorst livre une bataille des plus inégales…
AVIS :
J. H. Archer réalise un authentique sans faute avec ‘Collapse’, qui dispose d’une bonne intrigue, d’un déroulé impeccable et très cinématographique, et d’une superbe utilisation des codes de l’angoisse et de l’horreur dans l’univers de 40K (c’est d’ailleurs étonnant que cet auteur ait été le premier à mettre le doigt sur le caractère creepy des chérubins). Une telle aisance sur tous les tableaux analytiques de ce qui constitue une bonne nouvelle de Warhammer Horror place Archer dans la catégorie des contributeurs à suivre, c’est un conseil que je vous donne…
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The Pharisene Paradox – R. S. Wilt [40K] :
INTRIGUE :
Laissé en faction sur une station d’observation perdue au milieu de rien par son maître, l’Inquisiteur Astero Yarvais, le héros de notre histoire (Eleasar) commence à s’ennuyer ferme. Voilà maintenant trois bons mois qu’il règne sur une petite armée de Serviteurs décérébrés, sans rien d’autre à faire que de garder un œil sur la nébuleuse Rho-386-Cummings. Si cette dernière intéresse Yarvais à tel point, c’est qu’elle est réputée pour accueillir des anomalies temporelles de façon régulière, et comme l’Inquisiteur appartient à l’Ordo Chronos, une surveillance de ces phénomènes s’impose.
La vigile d’Eleasar prend fin de façon brutale et inopinée avec l’arrivée d’un vaisseau cargo à proximité de son poste d’observation. Le Pharisene émerge en effet du Warp sans crier gare, et se dirige droit vers la station. Tellement droit d’ailleurs que l’Interrogateur de faction comprend vite qu’il devra se rendre à bord de ce qui lui semble être une épave à la dérive, si son aspect décati permet d’en juger, pour corriger sa trajectoire avant qu’une collision ne se produise. Si notre héros remarque avant de sauter dans sa navette que le Pharisene semble avoir appareillé de Calth dans un mois par rapport à la date actuelle (et donc dans le futur), il ne prête pas plus attention que ça à cette bizarrerie chronologique. Au contraire, et compte tenu de la spécialisation de son patron, cela lui donne espoir que ce bon vieil Astero soit aux commandes du rafiot, et que cette incongruité ait été causée par l’une de ses expérimentations avec le Warp. On verra bien…
Une fois arrivé sur place, il se fraye un chemin malaisé vers l’Enginarium du vaisseau, balade de santé un peu gâchée par les innombrables cadavres, plus ou moins récents, qui jonchent les coursives du Pharisene. Encore moins rassurant, il entend des pas résonner à proximité alors qu’il s’approche de sa destination. S’il reste des survivants dans cette épave désemparée, pas sûr qu’ils lui veulent du bien…
Début spoiler…Et en effet, la première rencontre qu’il fait avec l’équipage du vaisseau n’est guère amicale. Un individu à l’air louche le met en joue avec son pistolet bolter alors qu’il était sur le point de toucher au but. Mais là, surprise : à y regarder de plus près, ce quidam patibulaire n’est autre que… lui-même, mais avec un sérieux coup de vieux. Et en effet, son double du Pharisene lui apprend que cela fait quarante-sept ans qu’il attend le retour de Yarvais, porté disparu corps et bien avec le reste de l’Ordos il y a des décennies. Laissé à poireauter dans sa station par ses collègues de l’Inquisition, qui avaient tous mieux à faire que de récupérer un Interrogateur sans mentor, old Eleasar vit sa chance arriver lorsque le Pharisene se matérialisa pour la première fois à proximité de la station. Depuis lors, il essaie de remonter le temps, un saut Warp à la fois, grâce à l’anomalie Warp qui touche cet endroit de la galaxie. Pour ce faire, il enclenche puis désactive les moteurs Warp du Pharisene, ce qui le renvoie à chaque fois un peu plus loin dans son passé, et profite de la curiosité de ses alter égos, qui choisissent tous de se rendre sur le vaisseau abandonné pour s’enquérir de la situation, pour récupérer le matériel nécessaire à la réalisation du saut suivant. Et accessoirement, leur coller un bolt dans le caisson, car ces rencontres du troisième type ne se passent jamais bien1.
« Notre » Eleasar ne fait malheureusement pas exception, et décède violemment après avoir révélé à son doppelganger que Yarvais l’a laissé trois mois plus tôt, soit un dernier petit saut Warp pour Vieileasar. Altruiste malgré les centaines de meurtres (techniquement des suicides) qu’il a sur les mains, il ne cherche désormais qu’à convaincre l’Inquisiteur disparu de prendre sa version originale avec lui lors de son départ fatidique, afin de lui éviter le demi-siècle d’isolement (et probablement la folie profonde qu’elle a engendrée) qu’il a dû vivre sur sa station enclavée. Un dessein aussi altruiste qu’égoïste quand on y réfléchit…Fin spoiler
1 : Comme on dit chez les Highlanders, il ne peut qu’en rester un.
AVIS :
Pour ses débuts dans Warhammer Horror, R. S. Wilt ne choisit pas la facilité en se frottant à la redoutable boucle temporelle, qu’il est si difficile de mettre en place de façon convaincante et opérationnelle. Il s’en sort ici avec les honneurs, son histoire de naufragé spatial cherchant à remonter le temps pour éviter à son jeune lui la vie pourrie qu’il a vécue fonctionnant convenablement. On pourrait arguer que l’horreur promise n’est pas tout à fait au rendez-vous, en tous cas pas pour les standards plutôt élevés auxquels la littérature 40K classique nous a habitué, mais quitte à tout prendre, je préfère encore un auteur qui sait construire une intrigue solide mais se rate sur « l’enrobage » horrifique, que l’inverse. On verra ce que donnent les prochaines tentatives…
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The Stacks – C. Winterton [40K] :
INTRIGUE :
C’est la panique à la grande bibliothèque de Fransoimiterandia1. Cette noble et ancienne institution a en effet reçu la visite, pas franchement amicale, des saints mais peu patients Ordos, qui ont besoin d’un ouvrage bien particulier pour faire avancer une de leurs enquêtes. Petit problème : si la bibliothèque qui nous intéresse est le lieu parfait pour stocker des documents, elle est en revanche beaucoup moins au point pour les retrouver de façon rapide et fiable. Des générations d’adeptes ont passé leur vie à tenter de mettre au point un système d’archivage et de classement digne de ce nom, en pure perte. Cela a d’ailleurs tellement énervé le dernier Inquisiteur qui voulait récupérer ‘Martine sur le Trône d’Or’ pour un babysitting non planifié que ce dernier a décrété l’autodafé d’une partie des ouvrages, avec quelques archivistes ineptes en guise de bougies décoratives sur le haut du bûcher. Aussi, notre héroïne, la pâlotte mais consciencieuse Archivist-Praefectus Livia Tirio, comprend qu’il est dans son intérêt et celui de ses collègues de mettre la main sur le bouquin demandé sans trop tarder, et de préférence avant que l’acolyte inquisitorial envoyé sur place ne le fasse lui-même. Question d’orgueil professionnel, sans doute.
Ayant réussi à identifier un secteur de recherche prometteur après des jours et des nuits de recherche effrénés, elle part sur le terrain équipée seulement d’un sac de bougies réglementaire et de son vœu de silence (eh, c’est une bibliothèque, what did you expect ?), accompagnée par un Servo-Crâne relayant ses progrès à ses supérieurs. On apprend à cette occasion qu’il est tout à fait possible, et même hautement probable, de disparaître corps et biens dans le rayonnage, qui s’étend sur des centaines de kilomètres carrés, triste destin qui a déjà été le lot de la majorité de ses collègues. Grosse motivation donc. Alors qu’elle progresse vers sa destination, elle fait quelques rencontres pas franchement sympathiques, à commencer par le cadavre d’un archiviste à la plume tellement leste qu’il a continué à écrire sur ses robes, puis sur sa peau (avec une plume en métal, ça coupe un peu beaucoup) après avoir recouvert toutes les pages de son cahier. Bilan des courses, le gonze s’est vidé de son sang pendant sa scarification manuscrite. Tout le monde n’a pas le talent d’un Erebus. Un peu plus tard, elle surprend un autre adepte très occupé à dévorer des livres, de façon beaucoup trop littérale (et pas littéraire) à son goût. Lorsqu’il se met à vomir des torrents d’encre après avoir avalé de travers, elle s’éclipse sans se faire remarquer. Pour ne rien arranger, une présence furtive et très possiblement hostile s’est mise en tête de la suivre dans le dédale des couloirs, la forçant à se passer des chandelles fort utiles pour se repérer dans l’obscurité de la bibliothèque afin de semer son poursuivant.
Enfin, elle parvient à la section où elle pense pouvoir trouver l’ouvrage tant convoité, et qui ne contient que des tomes frappés d’anathème et gardés dans des cages (ce qui n’est pas du tout inquiétant pour la suite, bien sûr). Guidée par le tapis de bougies qu’un collègue consciencieux a laissé derrière lui, elle arrive jusqu’à l’emplacement qu’elle avait repéré, où elle trouve un autre Archiviste totalement dément et/ou très impliqué dans son roleplay d’Inquisiteur. Il a avec lui un livre qui ne peut être que celui qu’elle recherche, mais n’a pas le temps de lui signaler poliment de le lui prêter que le malheureux bibliothécaire se prend deux tirs de pistolet laser dans le torse et finit raide mort. C’est l’agent inquisitorial, qu’elle n’avait finalement pas réussi à distancer, qui fait son apparition et l’aurait tout aussi bien trucidé, n’eut été pour sa malheureuse idée de se promener avec une fiole en cristal contenant de l’huile (inflammable) accrochée autour du cou. Dans la bagarre, Livia parvient à casser le récipient, puis à lancer une bougie sur son assaillant, qui décide de faire une Denethor et s’en va sans demander son reste.
Affaiblie et possiblement mourante (elle a pris elle aussi un tir de laser pour sa peine), Livia se saisit enfin de ce damné bouquin…
Début spoiler…Et décide de traverser le portail, catégoriquement démoniaque, qui s’est ouvert au-dessus du livre. Du moment qu’elle le rend dans les deux semaines et dans l’état dans lequel il lui a été remis, elle peut aller le lire où elle veut, pas vrai ?Fin spoiler
1 : Comprendre que la planète sur laquelle notre histoire se déroule n’est pas nommée, et que l’on sait juste qu’elle contient une graaaaaaaaaaaaaaaaaaaaande bibliothèque. Permettez que je m’adapte.
AVIS :
Chris Winterton réussit un sans faute remarquable pour sa première soumission siglée Warhammer Horror… jusqu’au moment de conclure son histoire, qui se termine de façon assez terne et indigne des trésors de montée en puissance atmosphérique mis en œuvre sur les pages précédentes. Dommage mais en rien rédhibitoire pour notre homme, qui s’impose comme un auteur très à l’aise dans l’école horrifique – ce qui est bien – et parfaitement à l’aise avec le concept de grimdark (une bibliothèque de la taille d’une cité, avec un système d’archivage et d’éclairage dignes du XIIème siècle, quoi de plus 40K ?) – ce qui est encore mieux. Si vous cherchiez le digne successeur de Peter Fehervari dans le genre « angoisse deluxe », Chris Winterton pourrait très bien vous plaire…
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King of Pigs – J. H. Archer [40K] :
INTRIGUE :
La guerre s’approche méchamment de la cité ruche de Blackbracken, mais cela ne peut et ne doit pas arrêter la production de se poursuivre dans les cadences imposées. Le protagoniste de notre histoire (aucun indice clair pour dire s’il s’agit d’un homme ou d’une femme, donc appelons-le.a Camille) travaille dans un abattoir spécialisé, non pas dans les grox comme on pouvait s’y attendre, mais dans les exotiques cochons. Des cochons génétiquement modifiés et cultivés en cuve amniotique, mais des cochons tout de même. Malgré les nouvelles inquiétantes qui s’accumulent, les très longues heures, la pénibilité du travail, les vacheries du superviseur et les souvenirs douloureux d’une petite fille emportée par une fièvre maligne, Camille continue à trimer du mieux qu’iel peut, jusqu’à ce qu’un événement peu commun prenne place pendant son shift. Au lieu d’un beau gros goret de 300 kilos, c’est un mignon porcelet qui se présente sur le tapis roulant. Profitant de l’enraiement opportun de son pistolet d’abattage, Camille a le temps de dissimuler la petite créature, qui pour une raison indéterminée mais pas encore sinistre lui rappelle sa fille (Sal), dans la fausse cloison de son box, avant que le mécanicien ne passe pour régler le problème et le cycle de production normal ne reprenne.
Les jours qui suivent voient notre héro.s.ïne de plus en plus paumé et déconnecté du réel faire des pieds et des mains pour garder l’existence de son animal de compagnie secrète, et ce dernier bien nourri. Profitant de la mobilisation forcée de son conjoint, Adar, qui est envoyé en première ligne lorsque Blackbracken est à son tour attaqué par l’ennemi (affilié à Nurgle, si les épais nuages de mouches et l’épidémie de gastro foudroyante qui s’abattent sur la ruche permettent d’en juger), et du bombardement de l’abattoir (ce qui fait un peu baisser les contrôles des allers et venues des travailleurs), Camille rapatrie son goret, devenu en un mois un fort beau spécimen, jusqu’à son appartement. Sur le chemin du retour, iel a une vision dérangeante d’un visage souriant qui apparaît à la surface distendue de la panse de l’animal, et un peu plus tard, un rêve lui vient dans lequel un vieil homme affable l’invite à pénétrer dans son magnifique jardin…
Dans la réalité, les choses vont de mal en pis et l’armée adverse progresse lentement mais sûrement dans Blackbracken. Camille n’est cependant plus en état de s’en soucier, et passe ses journées hallucinées à trouver de la nourriture pour le verrat de compétition qui trône désormais dans sa baignoire. Aussi lorsqu’un Adar blessé vient se réfugier chez eux et annonce que l’ennemi n’est plus qu’à quelques centaines de mètres, son premier réflexe sera…
Début spoiler…de le traîner jusqu’à la salle de bain pour offrir un snack à Babe, qui a définitivement des visages qui apparaissent sur son gros bide. Après tout, c’est ce que le Grand Père voulait en échange d’une entrée dans son merveilleux jardin, où Sal attend son Parent 1. Mais pour être tout à fait sûr de ne pas être refoulé au dernier moment, Camille décide de participer aussi aux frais, et va se présenter à son tour dans la mangeoire de Peppa Pig, en souhaitant bien du malheur à ce faux jeton d’Empereur. On retrouvera plus tard son journal, qui contient l’histoire relatée ci-dessous, à la libération/purification de Blackbracken.Fin spoiler
AVIS :
J’ai beau beaucoup aimer les cochons en règle générale (comme n’importe qui de sensé, il faut le dire), je me suis tenu aux mêmes critères de jugement de la qualité de ‘King of Pigs’ que pour les autres nouvelles de la Black Library, et je dois dire en toute objectivité qu’il s’agit d’une histoire horrifique bien menée et bien conclue, très bien intégrée dans le lore de 40K (même si les cochons n’en font pas vraiment partie de base) et développant quelques idées et concepts creepy à souhait. Archer parvient de manière limpide à nous faire comprendre comment un sujet impérial lambda peut basculer dans la vénération des Dieux du Chaos à son corps défendant, ce qui n’est pas donné à tous les contributeurs de la Black Library. Très impressionnant pour une première soumission.
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The Somewhere Sister – J. Lambert [AoS] :
INTRIGUE :
Dans une vallée perdue de Hyish, une famille aelfique vivote en hébergeant les voyageurs se dirigeant vers la cité mythique de Ar-Ennascath, dont l’accès est défendu par des montagnes aussi inhospitalières que dangereuses. L’auberge de la Sœur Errante (traduction par votre serviteur de la V.O. Somewhere Sister) a cependant connu des jours meilleurs, puisque seule notre héroïne, Vendriel réside encore entre ses murs décatis. Après avoir perdu sa mère, puis sa sœur jumelle, Velethir, toutes deux victimes de leur addiction aux éclats d’aetherquartz1 qui entourent le miroir de la matriarche, Vendriel doit gérer l’établissement par ses propres moyens, tout en restant persuadée que Velethir n’a pas vraiment quitté les lieux, rêves macabres (elle la voit hurler sans un bruit, une entité imprécise mais certainement maléfique coincée au fond du gosier) à l’appui. Fort heureusement, la Sœur Errante ne croule pas sous les visiteurs, et est même complètement vide au moment où se présente le forgeron Duardin Gryn Garinsson, bien décidé à présenter son heaume runique lors du festival de Syari, qui se tiendra dans quelques jours à Ar-Ennascath.
Prise de court par l’arrivée du nabot (mouahaha), Vendriel parvient à donner le change et à lui refiler sa piquette premier choix – alors que Gryn voulait de la bière, comme tout nain qui se respecte – malgré l’atmosphère décidément creepy qui baigne l’auberge. Après avoir été à nouveau témoin de l’apparition pas franchement rassurante de Velethir dans le cellier, elle abandonne son hôte pioncer devant la cheminée, mais, miracle, Gryn parvient à passer une nuit tranquille et repart en sifflotant le lendemain à l’aube. Il serait temps de laver le linge miroir sale en famille, maintenant…
Début spoiler…Ces choses là sont cependant plus faciles à entreprendre qu’à conclure, comme Vendriel s’en rend compte lorsqu’elle tente de se défaire du miroir en question. Son idée ne plait en effet pas du tout au démon de Slaanesh qui a possédé Velethir, ni à celui qui a fait de même avec sa mère auparavant, d’ailleurs (peut-être est-ce le même d’ailleurs, l’engeance du Prince du Chaos n’étant pas franchement connue pour être monogame). Confrontée à cette double menace, notre héroïne n’a pas d’autre choix que de rejoindre la petite affaire familiale, et de devenir à son tour une junkie hallucinée et pseudo-démoniaque. Lorsque Gryn repasse par la Sœur Errant pour faire coucou, une fois le festival terminé, il bénéficie d’un accueil dont il se souviendra… toute sa vie.Fin spoiler
1 : L’aetherquartz est la forme Hyishienne (?) des pierres de royaume, et a entre pouvoirs celui d’aspirer les sentiments tristes et négatifs de celui qui le contemple. Les éclats finissent cependant par se saturer de pensées néfastes, et doivent alors être purifiés, leur trop grande concentration pouvant les transformer en générateurs d’angoisse et de déprime.
AVIS :
Jeremy Lambert poursuit sur sa lancée aelfique (après ‘The House of Moons’) avec cette nouvelle où se perçoit nettement son passif de scénariste de comics, tant il semble à la lecture que cette histoire a été écrite avec des effets d’horreur « visuelle » en tête. Les jeux de miroir, de dédoublement (et plus si affinité), le basculement de la narration d’un point de vue de personnage à l’autre… sont autant de stratagèmes éprouvés pour créer un sentiment d’angoisse et de tension chez le spectateur, et si cela marche un peu moins bien sous format littéraire, le résultat reste tout à fait satisfaisant. Finalement, le seul reproche que je pourrais faire à ‘The Somewhere Sister’ est son manque de pédagogie à propos des éléments du fluff Lumineth nécessaires à la bonne compréhension de l’intrigue, à commencer par les éclats d’aetherquartz dont la famille de Vendriel fait si grande consommation, et les effets néfastes de cette dernière, particulièrement lorsque le recyclage en est négligé. Quand on vous dit que l’économie circulaire, c’est important…
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The Gnarled Bough – J. Mistry-Evans [AoS] :
INTRIGUE :
Alors que les autres serviteurs du Seigneur Schreikwood partent dans leur village natal pour fêter avec leurs proches la Nocta Heldenfast, le jeune Arnvoe, garçon à tout faire de la propriété, surprend sans le vouloir une transaction entre le majordome (Kratchloc) et une ranger Aelf de passage dans la vallée Morrthawn, en Shyish. S’il n’arrive pas à apercevoir ce qui se dissimule dans le paquet que la voyageuse remet à l’antipathique Kratchloc en échange d’une quantité respectable de sable de tombe, il réussit toutefois son entrée, en s’écrasant du haut du (petit) beffroi jusqu’aux pieds des deux conspirateurs. Le majordome n’étant pas connu pour sa clémence, Arnvoe se prépare à passer une sale journée lorsque son boss trouvera le temps de s’occuper de son cas, ce qui est heureusement reporté à plus tard du fait d’une activité chargée (ces latrines ne vont pas se nettoyer toutes seules) et d’un effectif plus réduit que d’habitude, du fait des festivités prochaines.
Nous suivons alors Arnvoe dans son morne et pénible quotidien, fait de récurage, dépoussiérage et autre passage de serpillière dans les recoins les moins salubres du manoir de Schreikwood. N’étant pas natif de Shyish, mais de Ghyran, où il était enfant des rues jusqu’à ce que le Seigneur S. ne le ramène comme souvenir d’une des ses nombreuses escapades dans le Royaume de la Vie, auquel il voue une passion aussi dévorante que dispendieuse, Arnvoe ne s’est jamais pleinement intégré à ses collègues de servage, et ne bénéficie lui d’aucun jour de congés (motif officiel : ce n’est pas sa culture). Les travailleurs détachés sont toujours les plus mal lotis, ça, ça ne change pas. Seule la vieille cuisinière a un peu d’égard pour lui, et lui permet ainsi de se faire un petit gueuleton à base d’os – on est à Shysish, what did you expect ? – entre deux corvées.
Le sursis laissé par Kratchloc finit cependant par expirer, et après s’être fait copieusement corriger à coup de ceinture pour apprendre à espionner les gens et à pointer au boulot en retard, Arnvoe est envoyé nettoyer la cave où le Seigneur Schreikwood garde sa collection d’incunables ghyranites. Une tâche d’ampleur pour notre héros, et qui surtout le place à proximité d’une sinistre relique, que tous les membres de la maisonnée évitent comme la peste…
Début spoiler…Alors qu’il est occupé à épousseter un tas de glands, Arnvoe assiste au début d’une réaction en chaîne provoquée par la proximité entre le paquet ramené le matin même par l’aelf (et qui contient de la jadéite, la pierre de royaume de Ghyran) et l’inquiétante acquisition #83, précédemment évoquée. Comme cette dernière se trouvait être, non pas un cep de vigne particulièrement pittoresque, mais la « coquille » d’un Tree-Revenant, la situation dégénère rapidement au fur et à mesure que le réveil de l’esprit des bois s’accompagne par la pousse spontanée et rapide de ronces et d’épineux animés de sanguinaires attentions envers les humains qui leur passent à portée de tige. C’est la pauvre cuisinière qui est la première à se prendre une écharde mortelle dans le gras du talon, suivie par les gardes du château. Au bout de quelques minutes aussi confuses que vivaces, il ne reste plus que Arnvoe, Kratchloc et le Seigneur Schreikwood de vivants dans le manoir.
Lorsque le Tree-Revenant, un peu groggy après ces années à servir de cale porte, se présente finalement devant le trio de survivants, il peut compter sur un allié inattendu mais fort utile en la présence d’Arnvoe, dont les racines (mouahaha) ghyranites le rendent sensibles à la chanson d’Alarielle que l’esprit de la forêt marmonne. Alliant l’inconscient à l’agréable, il profite de l’inattention de ses boss pour planter une hache dans le dos du majordome lorsque celui-ci tente de transformer le Tree-Revenant en torche, et laisse le fantôme de Yannick Jadot faire son affaire au Seigneur Schreikwood sans s’interposer. La nouvelle se termine sur la perspective d’un compostage prochain et express de la biomasse que constitue le corps d’Arnvoe, mais avec le consentement de ce dernier. C’est dire à quel point la musique devait être bonne, bonne, bonne…Fin spoiler
AVIS :
Jamie Mistry-Evans n’est pas le premier à explorer la face sombre des Sylvaneth pour le compte de Warhammer Horror, et je dois dire qu’il n’est pas l’auteur dont la tentative m’a le plus impressionnée. Là où Lora Gray avait réussi à mettre en scène de façon viscérale la folie des Parias (‘Crimson Snow’), et Josh Reynolds donné un aperçu de la menace fongique posée par les suivants d’Alarielle (‘A Darksome Place’), Mistry-Evans reste assez convenu et réservé dans son approche, ce qui est un gros handicap pour susciter l’angoisse chez le lecteur à mon humble avis. A cela s’ajoute une intrigue qui devient dénuée de tout suspens à mi-chemin (une fois que le dormeur du val s’éveille), et qui donne la part belle à l’action (convenue et là encore assez peu marquante) aux dépends de l’atmosphère ou du suspens. Pas mauvais à proprement parler, mais assez quelconque.
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Pain Engine – C. Thursten [40K] :
INTRIGUE :
Où l’on suit la longue et – forcément – macabre quête d’un Haemonculus drukhari pour acquérir un modèle de Talos customisé, qui avait fureur/des ravages lors d’une olympiade à Commoragh où notre héros était présent. Nommé Steeve Seethe, cette belle bestiole ne se révèle pas d’une approche facile : après avoir sacrifié, comme il s’y attendait, tous ses suivants dans les divers pièges mortels protégeant le laboratoire du créateur d’Achille Talos, l’Haemonculus pénètre seul dans le repaire de son estimé mais insaisissable collègue.
Là, il se retrouve face à un prototype inachevé de Talos, et entouré par divers cadavres en état de décomposition plus ou moins avancé, à travers lesquels le constructeur de Seethe s’exprime. Notre héros, qui n’est pas né de la dernière pluie acide, comprend rapidement qu’il est soumis à un véritable entretien d’embauche, et doit ainsi répondre au grand classique « racontez-moi trois projets dont vous êtes particulièrement fier (et pourquoi) ». Jamais mal à l’aise quand il s’agit de parler de sa vie et de son œuvre, l’Haemonculus décrit par le menu les diverses tribulations et collaborations (s’étant toujours très mal finies pour ses partenaires, bizarrement) qui lui ont permis d’arriver jusqu’ici.
Il y a ainsi eu une joint-venture avec un Fleshcrafter du nom de Vyst, exécuté par le successeur de l’Archonte auquel nos compères avaient juré allégeance, et transformé en Grotesque après une éternité de résurrections débilitantes. Il y eut ensuite un M.O.U. avec la Boulangère Pain-Master Talec, vaporisée par un tir de destructeur bien placé après qu’elle se fut montrée plus intéressée par réaliser des tests de Rorschach dans des entrailles de Cabalites que de progresser dans la quête de Seethe. Enfin, notre Haemonculus trouva rigolo de contaminer un camarade (Sziadan) avec un parasite très spécialisé, qui fit fusionner son âme avec son squelette. Squelette qui demanda ensuite le divorce avec le reste du corps du malheureux Drukhari. Et l’obtint. Just a prank, bro. Impressionnant, certes, mais serait-ce suffisant pour gagner le respect d’un artisan aussi doué que Papa Steeve ?
Début spoiler…Et la réponse est oui. Mais comme les histoires d’Eldars Noirs ne peuvent pas bien se terminer (c’est contractuel), notre héros se rend bientôt compte qu’il ne va pas repartir avec Seethe. Plutôt, il va devenir Seethe, comme le modèle de Talos à moitié construit qui trônait au milieu du laboratoire depuis le début de la nouvelle le laissait à peine entrevoir. Appelez ça la poire d’angoisse de Tchekhov. Le rideau tombe sur le début de la transformation de l’Haemonculeur haemonculé, alors que le capot du Talos se referme sur la forme frêle de notre héros. Tel est pris qui croyait (ap)prendre…Fin spoiler
AVIS :
J’ai moyennement apprécié cette soumission de Chris Thursten, que j’ai trouvé très maniérée au niveau de son style (c’est rare pour des écrits de la Black Library, mais ça arrive, coucou Nik Vincent), et très lacunaire au niveau de son intrigue. Le fait que le twist final de la nouvelle soit éventé au cours des premières pages (la manière dont ‘Pain Engine’ est construit ne ménage aucun suspens sur sa conclusion) ne m’a pas non plus mis dans de très bonnes conditions, je dois avouer. Pour finir, l’aspect horrifique est assez limité, ce qui est un comble pour une histoire mettant en scène l’entrée la plus gore du Codex le plus dérangeant de Warhammer 40.000. Du potentiel, certainement, mais encore non réalisé pour autant que je puisse le dire.
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Old Soldiers – R. Strachan [AoS] :
INTRIGUE :
Le vieux Druner est un vétéran couturé et irascible des régiments de miliciens de Hammerhal, s’enorgueillissant d’avoir participé à la bataille du champ de Brennung, cinquante ans plus tôt. Lorsque l’anniversaire de cet affrontement fatidique arrive, le vieillard commence à manifester des signes d’inquiétude et de paranoïa, inquiétant fortement sa fille Amelya et son mari Vikter, chez lesquels il est logé. Druner voit en effet des gens qui sont morts, comme le dit l’expression consacrée, à savoir ses camarades des Ashpounders, le corps d’armée dans lequel il a servi il y a toutes ces années. Alors que lui a survécu à la bataille avec une jambe cassée, Lukas, Fynn et Ingryd n’ont pas eu cette chance, et où qu’il tourne les yeux, notre vieux héros voit les cadavres horriblement mutilés de ses compagnons le contempler d’une façon vaguement accusatrice. Se pourrait-il qu’il ait quelque chose à se reprocher ?
Début spoiler…Après quelques jours (et nuits) de cohabitation malaisée avec les corps démembrés du trio, Druner entreprend un pèlerinage jusqu’au lieu où s’est déroulé la bataille, il y a toutes ces années. À l’époque, il était le plus jeune servant d’une batterie Tonnerre de Feu, chargé exclusivement de la tâche subalterne mais essentielle du nettoyage des tubes de lancer entre deux volées. Ayant oublié son écouvillon dans les baraquements du régiment le jour précédent la bataille, il mentit à ses camarades sur l’état de propreté de la machine au moment où les Ashpounders se préparaient à envoyer une volée sur les Orruks chargeant leur position, causant un incident de tir qui coûta la vie au reste des servants.
Toujours accompagné des spectres de Lukas, Flynn et Ingryd, Druner se rend en pénitence jusqu’au lieu de l’accident, ayant cette fois pris soin de prendre son écouvillon avec lui. S’il croyait apaiser l’esprit vengeur de ses camarades par un honnête, même si tardif, mea culpa et l’offrande de la brossette manquante dans le cratère qui marque encore le lieu de l’accident, cinquante ans après, il en est cependant pour ses frais. Aussi revanchards que des Duardin auxquels on aurait pas rendu leur monnaie, les trois fantômes se matérialisent pour de bon dans le royaume des vivants et font son affaire au commis oublieux. You had ONE job, Druner !Fin spoiler
AVIS :
Ça partait sur de bonnes bases avec un mystère à élucider (pourquoi Druner est-il persécuté par ses frères d’armes alors qu’il se présente comme un héros décoré) et une bonne dose d’horreur graphique, mais (et vous reconnaîtrez avec moi que c’est exactement le bon endroit pour sortir cette métaphore) ‘Old Soldiers’ finit par faire long feu. Une fois que l’on comprend les causes des hallucinations macabres du héros, il ne faut pas longtemps pour deviner comment l’histoire va se terminer, et Strachan termine son récit sans le plus petit retournement de situation. Dommage, car les prémisses étaient intéressantes, notamment pour moi qui fut dans mon jeune temps un joueur de l’Empire à Warhammer Fantasy Battle, et qui a perdu un nombre conséquent de machines de guerre sur le combo bien connu « Incident de tir + 1 ». Hommage à tous les servants partis en fumée pour la défense de la patrie !
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The Vintage – D. Annandale [AoS] :
INTRIGUE :
Il y a des promotions qui valent un enterrement, et ce n’est pas Ullior Arkhant qui nous dira le contraire. Capitaine chevronné de l’armée de sigmarites s’étant ralliée aux Anvils of the Heldenhammer lors de leur campagne de libération de Shyish, Ullior caresse le secret espoir de devenir à son tour un des Elus du Grand Barbu, et a donc fait de son mieux pour soigner ses stats en combattant aux côtés des Stormcast Eternals. S’il s’est fixé cet ambitieux objectif, c’est parce qu’il est hanté depuis son enfance par le souvenir du jour où son village natal et tous ses habitants ont été passés au fil de la griffe et de la canine par une bande de vampires assoiffés, menés par nulle autre que la redoutable Anasta Malkorion. Ayant échappé au carnage par un gros coup de bol (il a été recouvert par un bout de charpente lorsqu’un Vargheist grognon a défoncé la hutte familiale), Ullior ne s’est jamais débarrassé de son complexe du survivant, et aspire donc à être reforgé pour laisser une bonne fois pour toute son passé derrière lui. Aussi, lorsque le Lord Celestant des Anvils of the Heldenhammer lui annonce qu’il l’a choisi pour garder la forteresse de Fovos, en grande partie parce qu’il est un natif de la région, pendant que les Stormcast poursuivront leur croisade dans le Royaume de la Mort, le brave Ullior présente une figure d’enterrement à son supérieur (qui ne relève pas, croyant sans doute qu’il s’agit de la manière dont les Shyishois marquent leur contentement). Il est toutefois trop obéissant et discipliné pour refuser cette mission, d’une importance vitale pour sécuriser les lignes d’approvisionnement des Stormcast Eternals.
Les premières semaines s’écoulent avec monotonie, rien ne venant perturber le calme mortuaire de Fovos, malgré les mauvais pressentiments qui pourchassent notre héros. Persuadé que le pire est à venir, ce dernier ne compte pas ses heures et prend si peu de repos que sa seconde finit par lui intimer d’aller piquer un roupillon pour reprendre du poil de la bête et convaincre ses hommes qu’il a confiance en eux. Ullior accepte et part faire un somme amplement mérité, mais est aussitôt assailli par un terrible cauchemar, et revient à lui dans une forteresse plongée dans un silence de mauvais augure…
Début spoiler…Et pour cause : la garnison a été massacrée par un ennemi sanguinaire, qui se révèle bien sûr être Anasta Malkorion en personne. On apprend alors que la survie d’Ullior ne devait rien au hasard ou à la chance, mais n’était qu’une manigance de la vampire pour créer un « grand cru de sang » à partir du traumatisme subi par notre héros, laissé à psychoter pendant quelques décennies comme on peut élever un vin de garde dans un (Monde qui) fût en chêne. Une telle patience ne peut que s’applaudir, et bien que l’issue de la nouvelle ne soit guère heureuse pour Ullior (qui mourra sans avoir été remarqué par Sigmar), il aura au moins la satisfaction de savoir que sa misérable existence a permis la création d’un fameux millésime. Boire ou périr, pourquoi choisir ?Fin spoiler
AVIS :
David Annandale et les personnages tourmentés, rattrapés et terminés par leur passé douloureux, c’est une des associations les plus pérennes de Warhammer Horror (‘A Deep and Steady Tread’, ‘The Hunt’, ‘From the Halls, the Silence’)… juste derrière David Annandale et les vampiresses manipulatrices et implacables (‘The Threshold’, ‘The Dance of the Skulls’, ‘The Gossip of Ravens’, ‘Obsidian’). Ici, notre homme réunit ses deux marottes avec une nouvelle d’ambiance assez bien construite, compensant son manque criant de suspens par la caractérisation réussie dont bénéficie Anasta Malkorion1, abomination morte-vivante alliant cruauté bestiale et raffinement aristocratique. Ca se laisse lire autant que le pauvre Ullior Arkhant se laisse boire, même s’il ne s’agit pas d’un chef d’œuvre horrifique.
1 : Le personnage nommé le plus énigmatique d’Age of Sigmar, puisqu’elle semble avoir été créée de toutes pièces lors du Warhammer Day 2021, et n’a plus jamais fait parler d’elle depuis. Cela n’a pas empêché la Black Library de sous-titrer ‘The Vintage’ comme étant « une histoire d’Anasta Malkorion », comme s’il s’agissait d’un personnage amené à bénéficier de sa propre série.
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The Isenbrach Horror – D. Hinks [40K] :
INTRIGUE :
Sur la planète féodale de Horthn IV, deux conspirateurs (Sabinus et Zurburan) de la Confrérie Terrane se sont donné rendez-vous dans les ruines de la basilique d’Isenbrach. Il s’agit d’un endroit parfait pour nos conjurés car les légendes locales murmurent que le lieu est hanté par un spectre meurtrier, ce qui assurera à leur entretien la confidentialité qu’il nécessite. La Confrérie Terrane s’est en effet donnée comme mission de débarrasser Horthn IV de son dirigeant (ou Sovran en langue locale), accusé d’avoir dévoyé le culte impérial et de n’être qu’un fieffé hérétique. Un tel projet ne peut pas tomber dans toutes les oreilles…
Sabinus arrive malheureusement porteur de mauvaises nouvelles : plusieurs conjurés ont récemment disparu sans laisser de trace, ce qui laisse à penser que quelqu’un a eu vent de la conspiration et s’est mis à supprimer ses participants les uns après les autres. Cette révélation inquiète Zurburan au point qu’il considère abandonner son dessein meurtrier pour se mettre au vert quelques temps, mais Sabinus le convainc qu’il est au contraire nécessaire de poursuivre les préparatifs pour mettre à bas le tyran. C’est alors qu’un grand bruit s’élève des niveaux inférieurs des ruines, ce qui ne peut qu’indiquer la présence d’un ou plusieurs intrus (pas très discrets), que les comploteurs ne peuvent évidemment pas laisser repartir en vie. Les deux compères dégainent donc leur épée et s’en vont explorer les sous-sols de la basilique, faisant fi de sa réputation sinistre ainsi que de l’odeur pestilentielle qui s’en dégage.
La cause de cette nuisance olfactive est bientôt percée à jour : un cadavre exsangue a été abandonné sur place. À la grande stupeur de Sab’ et Zurb’, il s’agit d’un autre membre de la Confrérie (Tauris). Le doute n’est plus permis : on les a attirés ici pour se débarrasser d’eux. Lorsque la voie par laquelle ils sont descendus est brutalement condamnée par l’inexplicable fermeture d’une porte blindée, puis qu’ils découvrent le corps d’un autre comploteur (Cimmerus), la psychose s’abat pour de bon sur nos héros. Ils n’auront cependant pas à attendre longtemps avant de se confronter à leur mystérieux adversaire, qui leur tombe dessus sans crier gare…
Début spoiler…Et que se révèle être un vampire. Si si. La vue d’une chauve-souris géante bipède n’étant pas la plus anodine qui soit, Zurburan n’a pas le temps de réagir avant que la bestiole lui charcute la carotide, scellant son destin mais permettant au moins à Sabinus de bénéficier d’une longueur d’avance pour tenter de trouver une sortie de secours, le temps que Batman finisse de se désaltérer. S’il parvient bien à retrouver le chemin de l’extérieur, notre héros reste toutefois en mauvaise posture, son cheval ayant été dévoré par l’insatiable créature, et cette dernière ne tardant pas à coincer le pauvre Confrère dans un coin de la basilique pour lui régler son affaire…
Début spoiler 2…Toutefois, surprise, le vampire fait preuve de retenue et se transforme sous les yeux ébahis de Sabinus pour prendre les traits du Sovran en personne, le Seigneur Marvil. Ce dernier semble exercer une emprise psychique sur son interlocuteur, et se contente de lui donner le nom de la prochaine conjurée (Miana) à faire disparaître avant de tourner les talons. On comprend alors que c’est Sabinus qui, involontairement, est responsable du fort taux de mortalité de ses complices, qu’il a amené les uns après les autres à Isenbrach, sans se souvenir des instructions implantées dans son esprit par Marvil. La chauve-souris et la taupe, voilà qui ferait un beau titre de fable…Fin spoiler
AVIS :
‘The Isenbrach Horror’ fait partie de ces nouvelles dont on se dit immédiatement après les avoir terminées « il me manquait une information cruciale pour comprendre les tenants et aboutissants de cette histoire ». Après recherche, je peux donc vous confirmer que Darius Hinks semble avoir repris et poursuivi un passage de fluff provenant de l’incontournable supplément Warhammer Siege, datant de… 1988. C’est là qu’est fait mention pour la première fois du monde de Horthn IV et du vampire qui le dirige. Et si je ne mets pas de majuscule à vampire, c’est parce qu’il s’agit d’une sous-espèce de démons bien identifiée dans le background de Rogue Trader (comme chacun sait). Bref, une mouche-troll semble avoir piqué Hinks au moment de plancher sur cette nouvelle : je ne m’explique pas autrement son choix de baser la chute de son histoire sur l’archéo-fluff le plus obscur.
Cette bizarrerie évoquée et évacuée, on se retrouve en présence d’une nouvelle d’horreur très moyenne, où il ne se passe pas grand-chose, et d’où aucune atmosphère de malaise ou d’angoisse ne se dégage. Les deux personnages principaux passent en effet l’essentiel du propos à péniblement explorer une crypte à 95% vide, et leur confrontation avec l’antagoniste se déroule sans qu’aucun retournement de situation ne vienne épicer le face à face. Entretien avec un vampire… qui est surtout expert-comptable. Assez WTFesque à la première lecture, et n’en méritant certainement pas une seconde.
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Aberration – J. Ozga [AoS] :
INTRIGUE :
Marianne est une jeune paysanne ayant passé toute son enfance dans un petit village de Shyish, entourée d’une famille nombreuse et (une fois n’est pas coutume) heureuse. Tout changea cependant lorsque la nation du feu a attaqué le nécroséisme se produisit, déclenchant des calamités localisées à travers les Royaumes Mortels. Pas de chance pour notre héroïne, la cabane où elle vivait avec parents et frères et sœurs fut frappée par un incendie magique pendant qu’elle était partie cueillir des champignons, tuant tous ses occupants et laissant la pauvrette seule au monde. Pour ne rien arranger, son absence sur les lieux du drame, loin de susciter la compassion du voisinage, la fit bientôt considérer avec suspicion par les péquenauds superstitieux des alentours, qui ne mirent pas longtemps à se convaincre qu’elle devait avoir ourdi la mort de ses proches pour gagner quelques pouvoirs magiques. Pas plus stupide qu’une autre, Marianne décida donc de changer d’air avant d’être à son tour réduite en cendres, et partit en direction du seul endroit où elle était sûre d’avoir une paix royale : le château en ruines surplombant la région.
Au terme d’une marche d’approche frigorifiante (c’est ça aussi de partir faire de la randonnée pieds nus dans la neige), Marianne arrive devant son nouveau chez-elle, qui n’est cependant pas aussi désert que son aspect décati semblait l’indiquer. Un châtelain, que nous appellerons Vyktor pour nous simplifier la tâche, habite en effet toujours les lieux, et il est clair au premier coup d’œil que notre homme est un Vyrkos (ce que l’on obtient lorsqu’on ne peut pas choisir entre la team Edward et la team Jacob dans Twilight) pur jus. Cela ne décourage pas pour autant Marianne, qui a rêvé que son destin se trouvait dans ces vieilles pierres, et qui est d’ailleurs fort civilement accueillie par son hôte.
S’en suivent quelques semaines où la jeune fille et le vampire cohabitent de manière très prosaïque en mangeant des anguilles dans la ruine qui leur sert de coloc, et sans qu’une quelconque alchimie de type ‘La Belle et la Bête’ ne se développe entre eux. C’est même plutôt l’inverse qui se produit, Vyktor finissant par délaisser complètement son invitée, jusqu’à une nuit funeste où il part régler son affaire à une bande de maraudeurs ayant eu l’outrecuidance d’envahir ses terres. A son retour, Marianne décide qu’il est grand temps de crever l’abcès entre eux, et énerve si bien Vyktor (en lui plantant son propre couteau dans le torse, il faut bien ça pour exciter le stoïque Vyrkos) qu’il lui croque le visage de la façon la moins sensuelle et la plus littérale possible. Les histoires d’amour (?) finissent mal…
Début spoiler…Sauf en Shyish, où rien ne finit vraiment. La nouvelle se termine sur une ultime scène qui voit la macchabée discuter avec les fantômes de ses sœurs, et partir errer dans la forêt voisine. So long, Marianne. Fin spoiler
AVIS :
On reconnaît dans cet ‘Aberration’ la patte (de loup) si particulière de Jake Ozga, mais je dois avouer que j’ai eu bien du mal à rentrer dans cette histoire d’orpheline solitaire qui va squatter chez le châtelain du coin pour des raisons obscures. Si le final macabre n’est pas vraiment une surprise, eut égard à la franchise dans laquelle Ozga écrit, j’aurais aimé comprendre de quoi il en retourne avant que la pauvre Marianne excède la patience de son bienfaiteur. Tout comme j’aurais aimé comprendre si elle meurt vraiment à la fin (dur à dire en Shyish), et qui sont les camarades de deuil qu’elle gagne après avoir été féminicidé. C’est bien beau d’être onirique, M. Ozga, mais un peu de clarté dans ses propos ne nuit pas non plus.
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Blood Drinker – J. Brogden [40K] :
INTRIGUE :
Nous sommes de retour dans le Spike, le vaisseau spatial encalminé dans le Warp depuis des centaines d’années et transformé en mini cité-ruche par les descendants de son équipage d’origine1. Un nouveau dossier urgent est arrivé sur le bureau de la Prime Adjutant Galla Domitia : un des collecteurs de champignons chargé de la récolte de la ressource alimentaire de base du Spike (la moisissure qui s’accumule dans les tuyaux d’aération) a été retrouvé en état de choc, et persuadé d’avoir rencontré un monstre assoiffé de sang qui a réduit son collègue de travail en charpie. Après un rapide interrogatoire mené en compagnie d’un de ses subalternes (Darius Reiven), Domitia envoie ce dernier à la tête d’une patrouille enquêter sur les lieux de l’accident. Malgré les instructions très claires lui ayant été données par sa boss de ne pas jouer les héros dans le cas où la version du témoin serait corroborée – ce qui est le cas, la fine équipe ne tardant pas à retrouver les restes du malheureux racleur de fungus – Darius décide de suivre les traces de l’agresseur. Quoi de mieux pour obtenir une promotion rapide que de boucler avec brio sa première mission, hein ? Eh bien, peut-être survivre à cette dernière et espérer être mis sur un dossier un peu plus facile.
Car le meurtrier ne s’était pas beaucoup éloigné de la scène de son crime pour aller piquer un roupillon réparateur, et l’approche peu discrète de Darius et de ses hommes le réveille en sursaut. S’en suit un affrontement très déséquilibré entre les miliciens du Spike et la bête fauve qu’ils ont acculée sans le vouloir, au cours duquel tous les camarades de notre héros mordent la poussière les spores de champignons. Lui-même ne doit son salut qu’à l’aquila dénotant son statut qu’il porte à la boutonnière, et dont la seule vue provoque la fuite de son agresseur. Traumatisé par le tour qu’ont pris les événements, Darius décide sagement de s’octroyer un peu de repos et tombe dans les pommes après le départ du tueur. Son face à face avec la mort a cependant eu un témoin…
A son réveil, il découvre en effet qu’il n’est pas seul dans sa coursive. Une jeune femme se présentant comme Raidne patiente à proximité. Sous ses abords quelconques, elle cache toutefois un grand pouvoir (c’est une Psyker) ainsi qu’un lourd secret (elle appartient à la race des Crawlers, les mutants dégénérés qui peuplent les niveaux inférieurs du Spike), et s’intéresse depuis quelques temps aux déprédations du monstre qui sévit dans le périmètre. Elle a une idée assez précise de la nature de ce dernier, et de comment en venir à bout, mais a pour cela besoin d’un coup de main, que Darius lui donnera qu’il le veuille ou non…
Début spoiler…Il s’avère que le monstre est en fait un Space Marine du Chapitre des Blood Drinkers (Actaeon), suspendu en catatonie depuis des années et tiré de son coma artificiel par Raidne lors d’une de ses excursions dans le dédale du Spike. Sa grasse matinée prolongée n’a pas fait grand bien à notre Astartes, qui s’est réveillé en proie à la Soif Rouge et persuadé qu’une bête maléfique le traque à travers les coursives. Le seul moyen qu’a trouvé Actaeon pour confondre son poursuivant est de s’enduire du sang de ceux qu’il voit comme les acolytes de la bête, et qui ne sont autres que les habitants du Spike.
Grâce à ses pouvoirs et à la participation active de Darius, qu’elle peut faire apparaître au Space Marine en perdition comme une figure d’autorité, Raidne a bon espoir d’arriver à calmer le surhomme psychotique, qui même sans son armure (retirée par Raidne lors de son investigation) constitue un adversaire formidable. Après avoir préparé un rituel d’accueil pour maximiser ses chances d’influence psychique, Raidne manifeste son pouvoir Jingle entêtant pour attirer l’attention d’Actaeon et le diriger vers la salle où elle l’attend en compagnie de Darius.
La confrontation manque de se finir en eau de boudin pour l’audacieuse Psyker lorsqu’elle réalise que sa cible n’est pas victime d’hallucinations, mais que la bête qui le poursuit n’est autre que sa projection de la Rage Noire. Malgré les paroles inspirantes qu’elle lui fait passer via l’intermédiaire d’un Darius « déguisé » en Sergent Space Marine par ses bons soins, Raidne ne fait pas la maligne lorsqu’un Horus à tête de loup se présente à Acteon, et que le combat (mental) s’engage entre le Blood Drinker en cosplay Sanguinius et le Maître de Guerre. On sait tous comment ce duel se termine…
Début spoiler 2…Eh bien, pas cette fois. Actaeon finit en effet par se réveiller de sa transe, apparemment guéri de sa folie et totalement in love de Raidne, qui compte bien utiliser son nouveau gros copain pour aller se venger des fréquentes campagnes d’extermination lancées par les habitants du Spike envers les populations de Crawlers. Je serai Galla Domitia, je ne serais pas sereine… Et Darius, me demanderez-vous ? Eh bien, comme prévu par l’impitoyable Raidne, l’expérience lui a complétement grillé le cerveau, et s’il a techniquement survécu à son petit rôle dans la reconstitution des événements du Vengeful Spirit, il n’est plus qu’une épave démente essayant de dessiner des symboles impies avec ses sécrétions organiques. Et, malheureusement pour ses concitoyens du Spike, il s’améliore constamment…Fin spoiler
1 : Pour plus d’information, se référer à ‘The Cache’, du même auteur.
AVIS :
James Brogden donne une suite à ‘The Cache’, et ne choisit pas la facilité en intégrant à l’environnement déjà très haut en couleur du Spike un bout de lore 40K tout aussi évocateur, et généralement traité dans un cadre plus « neutre » par ses collègues de la Black Library. Il y a des gens qui n’ont vraiment peur de rien (et ce ne sont pas tous des Space Marines). Heureusement pour nous, le mélange se révèle être tout à fait digeste, et même si l’identité du monstre ne restera pas un mystère très longtemps pour le lecteur averti, Brogden a l’élégance de ne pas baser la conclusion de son propos sur cette révélation, qui sert simplement de tremplin à un final aussi épique qu’inattendu1.
Au final, ‘Blood Drinker’ n’est pas la nouvelle horrifique la plus aboutie qui soit, mais le Spikiverse mis en scène par Brogden est si différent des autres histoires 40K de la Black Library, et si riche de potentiel narratif, que je ne peux que saluer l’entreprise et espérer qu’elle se poursuive à travers d’autres courts et longs formats.
1 : Je ne croyais pas avoir ce genre de détails avant le deuxième volume de The End and the Death.
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Bird of Change – R. Strachan [AoS] :
INTRIGUE :
Dans un petit village de Chamon, la jeune Vemari attend impatiemment que son corps change. Et, non, il n’est pas question de puberté ici, mais de bonne vieille mutation des familles (après tout, on fait de la fantasy, m*rde) : tous les habitants du bled où elle a grandit avec ses parents et sa jeune sœur Avaryn ont en effet été bénis par Tzeentch, et arborent fièrement qui un œil surnuméraire, qui des serres acérées, qui un petit tentacule du plus bel effet. Vemari, qui n’a pas eu la chance de développer de super pouvoir tumeur maligne au même titre que ses petits camarades, se sent un peu exclue de la vibe locale. Elle part donc souvent de nuit creuser le riche sous-sol chamonite en compagnie d’Avaryn (et de la tête supplémentaire qui lui pousse sur le cou), à la recherche de la changepierre1 qui pourrait lui permettre d’intégrer à son tour les X-Men, ou de confirmer qu’elle est bien un Pokémon. Les opinions divergent.
Malgré leurs meilleurs efforts, les frangines ne parviennent pas à déterrer autre chose que des cailloux brillants, et le jour tant attendu par les habitants de Mutanville fini par arriver sans que notre héroïne n’ait échappé à sa condition de normie. Tous les ans en effet, le Magister du village emmène neuf volontaires tirés au sort jusqu’à l’Arbre de Cristal qui surplombe la vallée, afin que les heureux élus puissent rejoindre l’Oiseau du Changement qui vit sous le majestueux végétal. La légende raconte que les visiteurs aident l’Oiseau à grandir, jusqu’au jour où il sera assez fort pour prendre son envol et apporter le changement dans tout le royaume. Le fait qu’on n’ait jamais revu les Nazgul festivaliers revenir au village n’est absolument pas vu comme la preuve qu’il leur est arrivé quelque chose d’horrible, cependant, et les candidats ne manquent jamais. La crédulité paysanne m’étonnera toujours.
Bien qu’il soit habituel que le sort « favorise » les plus mutés (comme dans l’Education Nationale) au cours du processus de sélection, Vemari décide de mettre son nom dans la coupe de feu, juste pour voir ce qu’il se passe. Après tout, qu’a-t-elle à perdre dans la tentative ? NE RÉPONDEZ PAS. Et, ô miracle, elle a le bonheur d’entendre son nom appelé par le Magister, ainsi que celui de son pote Mylin, également frappé par la malédiction de la normalité. Comme quoi, la diversité et l’inclusion sont vraiment des vertus cardinales chez les disciples de Tzeentch. Au terme des réjouissances de circonstance, les neuf élus sont emmenés jusqu’à l’Arbre de Cristal, et attachés par de solides chaînes à son tronc. Absolument rien d’inquiétant dans ces préparatifs, bien sûr. Après s’être fendu d’un petit prêche final, le Magister s’en retourne au village, laissant Vemari, Mylin et les autres attendre patiemment l’arrivée de l’Oiseau…
Début spoiler…Évidemment, ce dernier n’est pas Big Bird (ce serait donc ça qu’on aurait appelé le multiverse…), mais bien un authentique monstre assoiffé de sang, qui s’extrait péniblement de son terrier situé sous les racines de l’Arbre et tombe sur les villageois tétanisés comme un Homer Simpson sur un tas de donuts. Par un coup de chance, Vemari est seulement assommée par la bête, et se réveille dans une petite cellule dans l’antre de cette dernière. Ses camarades n’ont pas été aussi favorisés par Ranald, et ont tous été sauvagement dévorés par l’Oiseau, qui a y regarder plus près ressemble plus à un Varghulf qu’à un Duc du Changement… N’y aurait-il pas tromperie sur la marchandise ?
En fait, le dindon (très énervé) de notre farce est un seigneur vampire dégénéré répondant au nom de Krugar, que les hasards de la non-vie ont poussé à devenir le croquemitaine du village de cultistes précédemment présenté. N’ayant pas laissée tomber ses lubies de changegirl, Vemari se passionne rapidement pour le parcours de vie (?) de son geôlier, qui est passé d’ignoble suzerain à chauve-souris enragée : que voilà une trajectoire fluide ! Au fil des jours, et au contact de sa prisonnière, Krugar revient petit à petit à reprendre le dessus sur sa condition, et finit par laisser Vemari libre de retourner dans son village, pendant que lui ira régler ses comptes avec les descendants de sa lignée responsables de sa déchéance…
Début spoiler 2…Cependant, ce n’est pas vraiment le happy end que souhaite notre héroïne philosophe. Désireuse de changer elle aussi, elle ne trouve rien de plus malin que de venir taper sur l’épaule de Krugar pendant qu’il cherche désespérément quelque chose à se mettre dans sa vieille garde-robe, et lui présenter un miroir pour lui faire réaliser qu’il n’a plus vraiment une tête de porte bonheur2. Réaction extrême mais prévisible du vampire : sauter à la jugulaire de cette adolescente pénible, qui finit la nouvelle avec la satisfaction de savoir qu’elle va bientôt expérimenter le changement le plus radical qui soit. Qu’ils sont morbides alors, ces jeunes.Fin spoiler
1 : Le nom donné à l’uranium dans les Royaumes Mortels, j’en suis convaincu.
2 : Car oui, apparemment il ne s’en été pas rendu compte tout seul. Assez étrange.
AVIS :
‘Bird of Change’ ne manque pas d’idées intéressantes, à commencer par le concept du village de mutants vivant comme tout un chacun, loin de l’image d’Epinal des cultistes chaotiques dégénérés. De même, le twist sur l’identité de l’Oiseau du Changement est assez intrigant (et plus surprenant que le fait que le joli mythe du Magister ne soit qu’un gros bobard), et aurait pu déboucher sur un final vraiment intéressant, si Richard Strachan s’était donné la peine de développer son propos de manière convenable au lieu de « s’éparpiller » en tous sens. Les vingt pages que durent cette nouvelle sont en effet insuffisantes pour exploiter de manière convenable les fulgurances de Strachan, qui se permet en plus de mettre en scène des péripéties « orphelines ». Exemple gratuit : l’histoire commence par la scène de recherche de changepierre par Vemari et Avaryn, et notre héroïne reçoit un caillou spécial de la part de sa sœur… qui n’aura aucune espèce d’importance dans le reste de la nouvelle, alors qu’il semblait évident à la lecture qu’il s’agissait d’un fusil de Tchekov. Bref, une offrande qui se démarque par son originalité plus que par son aboutissement, ce qui est toujours un peu dommage.
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Et c’est ainsi que se termine cette revue de ‘The Resting Places‘, une anthologie assez agréable et dans laquelle se sont plutôt les nouveaux venus (Archer et Brogden en tête) qui tirent leur épingle du jeu. Il reste à voir si cette nouvelle garde poursuivra sa collaboration avec la Black Library, l’expérience montrant que les auteurs de Warhammer Horror sont les plus susceptibles de ne pas s’engager sur la durée ; en tout cas, si vous êtes un fan de la gamme horrifique de la GW-Fiction, il n’y a pas de raison de faire l’impasse sur ce recueil, qui fera honneur à votre collection.
SUMMER OF READING 2017 [40K-AoS]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue, franchement hivernale, du Summer of Reading 2017 de la Black Library. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec ce format, que la BL a abandonné en 2019 après plusieurs années d’usage, il s’agissait de l’ancêtre des semaines thématiques avec new content daily dont nous sommes maintenant abreuvés. Il faut croire qu’à l’époque, les gens avaient davantage le temps puisque cette les SoR couraient non pas sur une semaine, mais bien sur une saison (plus précisément, la période creuse des congés estivaux en Europe)1.
1 : On peut aussi remarquer que les réductions étaient plus avantageuses, avec 7 nouvelles pour le prix de 5. Quelle époque de cocagne nous vivions alors…
Au programme de l’été, sept nouvelles en provenance directe de l’Hérésie d’Horus, du 41ème millénaire et des Royaumes Mortels. Si certaines de ces soumissions sont de purs stand alone, d’autres mettent sur le devant de la scène des figures (Lucius l’Eternel, Hamilcar Bear Eater) et des séries (Les Lamentations de Khorne de Reynolds, les Carcharodons de MacNiven) bien connues des habitués de la BL. De la même manière, les auteurs ici convoqués ne dépayseront pas grand-monde, à l’exception peut-être de Ian St. Martin, encore relativement nouveau dans la carrière à l’époque. Sans rien d’autre ajouter dans cette introduction, voyons maintenant ce que cette mini-série a sous le capot.
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Grandfather’s Gift – G. Haley [HH] :
INTRIGUE:
Le propos de notre récit se situe dans un jardin public, où un clochard toxicomane émerge péniblement d’un sniff de crack frelaté, dans une tenue étrange et avec une très vague idée de qui il est et ce qu’il fait là. Vous allez me dire : « C’est pas une nouvelle de l’Hérésie ça, c’est la Villette un mardi matin classique ». Vous auriez raison, sagaces lecteurs, ne serait-ce que pour les quelques détails ci-après : le jardin est géré par le NURGLE (Node Urbain de la Régie Générale de Laval Est), le clochard est un Primarque, et la mémoire qui lui revient progressivement lui apprend, et nous avec, qu’il est Mortarion, seigneur de la Death Guard.
Malgré ces débuts prometteurs, Morty se demande bien comment il est arrivé dans ce bouge, lui qui aux dernières nouvelles travailllait tranquillement dans son laboratoire de la planète de la peste à quelque grand dessein arcano-technologique. Plus curieux qu’inquiet devant le charme sauvage de l’endroit, à mi chemin entre le jardin anglais dans toute sa bucolique liberté et le fond d’un baril d’eau lourde oublié dans un terrain vague de Chernobyl, notre Primarque décide de partir en vadrouille, espérant trouver un agent municipal qui lui indiquera la station de tram la plus proche pour l’Oeil de la Terreur. Au bout de quelques secondes/minutes/heures/jours/mois/années/siècles/éons, il finit par tomber sur un Grand Immonde, en chair autant qu’en larmes, auprès duquel il s’enquiert poliment des raisons de son tracas. On a beau dire ce qu’on veut des qualités paternelles de l’Empereur, il a su inculquer à ses fils des manières tout ce qu’il y a de plus urbaines.
Khu’gath, car c’était lui, se fait un plaisir de rafraîchir la mémoire du dormeur du val, le taquinant au passage sur son aveuglement volontaire, et hilarant, quant au fait qu’il soit un psyker, appellation que Mortarion refuse catégoriquement1. Toujours totalement perturbé par une enfance difficile et un complexe d’Oedipe asymétrique (il veut tuer son père et… tuer son père) mal digéré, notre héros atrabilaire ne démord pas qu’il est un scientifique et non un praticien des arts occultes, ce que Khu’gath, conciliant, finit par lui accorder. En guise de cadeau d’adieu, l’affable démon a la bonté de remodeler le Primarque a sa véritable image, ailes de bourdon (l’animal totem de Mortarion) incluses, et de lui souffler à l’oreille la raison de sa venue à Neverland. Le bon Papa Nurgle lui a organisé une chasse au trésor pour le récompenser de sa piété, et l’âme de son beau-père l’attend quelque part sous les frondaisons moites de son jardin.
« Bon sang, mais c’est bien sûr ! » s’exclame Mort Shuman, qui s’envole à tire d’aile chercher la récompense qu’il poursuit depuis si longtemps, et qu’il finit par trouver, disséquer et enfermer dans une fiole en un tour de faux. Satisfait d’avoir rayé cet important item de sa to do list personnelle, Mortarion peut enfin regagner ses pénates et appeler son psy pour convenir d’une prochaine séance, se jurant au passage qu’il finira par régler ses comptes avec son autre père, dont la lampe torche psychique clignote en lisière du jardin de Grand-Père Nurgle. Pépé ou Papy, il fallait choisir, et il a choisi !
1 : « Tu es un sorcier, Mort- » « AGNANANANA, JE N’ENTENDS RIEN-EUH !»
AVIS:
Grandfather’s Gift a beau se concentrer sur un épisode somme toute négligeable de la saga de Mortarion, personnage l’étant – jusqu’à récemment – tout autant en termes d’importance sur le lore de 40K, sa (courte) lecture n’en demeure pas moins intéressante, en ce qu’elle permet à Haley de poursuivre sa description pour le moins contrastée du Primarque de la Death Guard, déjà généreusement ébauchée dans Plague War : celui d’un être totalement paradoxal, qu’il est le seul à ne pas voir, ce qui a la fâcheuse tendance à miner son autorité naturelle. Prince Démon jurant ses grands dieux qu’il a réussi à dompter les forces du Chaos à force d’études et d’analyses tout ce qu’il y a de plus scientifiques, Morty apparaît comme un être aussi amer que pathétique, ce qui contribue à le rendre intéressant, même si la frontière est fine entre profondeur tourmentée et ridicule patenté. L’autre trait notable de son caractère, le mépris souverain qu’il semble éprouver envers toute chose (la condition humaine, ses frères, ses pères) pourrait tout autant le magnifier que le plomber, si utilisé de manière peu fine par un auteur en manque d’inspiration1. Affaire à suivre, donc.
Pour poursuivre mon fil rouge BLC-esque, enfin, je dois reconnaître que l’inclusion de cette nouvelle au recueil s’avère un choix assez pertinent, puisqu’elle offre au lecteur novice une bonne présentation d’un lieu (de) culte des franchises de Games Workshop : les fameux jardins de Nurgle, en plus d’une introduction intéressante au concept de « destruction créatrice » // « je meurs donc je ris » qui est à la base du dogme prouteux. L’utilisation de l’amnésie de Mortarion permet également à Haley de présenter le background de ce dernier de manière progressive et pédagogique, brossant en toile de fond les grandes lignes du fluff de 31K. Bref, une soumission qui répond plutôt bien au cahier des charges, sans pour autant se révéler être vide de substance pour les vieux BL-iscards. Pas mal du tout.
1 : L’extrait gratuit de La Dague Enfouie de James Swallow me fait ainsi redouter le pire pour le DG de la DG, qui apparaît comme le pion d’un Typhus même pas respectueux de son père génétique, sans que ce dernier ne s’en offusque.
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The Hardest Word – D. Guymer [AoS] :
INTRIGUE:
En poste dans la forteresse des Sept Mots (sans doute construite par les sept nains) en Ghur, l’incommensurable Hamilcar Bear Eater reçoit la visite de la Lord-Veritant Vikaeus, qui arrive porteuse, outre de son heaume et d’une moue dédaigneuse, de troublantes nouvelles. Prophétesse reconnue à travers les osts de Sigmar, Vicky a eu la vision d’une horde de Skavens attaquant le bastion tenu par les Astral Templars et capturant l’insurpassable Hamilcar pour en faire le sujet d’une expérimentation aussi obscure dans ses motifs que douloureuse dans son application (d’après la description qui en faite, Hamilcar passerait de battant à batterie, ce qui n’est pas une évolution de carrière très désirable). Pour notre inarrêtable héros, il est clair qu’il faut saisir le rat-taupe par les bornes, et tant pis si la prophétie de son invitée n’est guère précise à propos du moment où le danger se matérialisera, et la direction d’où il viendra. Prédiction, mobilisation, comme dit le proverbe.
Lors donc, Hamilcar s’emploie à rassembler le ban et l’arrière-ban de son petit domaine, sans tenir compte du regard courroucé ni des réflexions désobligeantes de Vikaeus, qui est la première à reconnaître que ses annonces sont encore trop vagues pour mettre les Sept Mots sur le pied de guerre. C’est mal connaître l’inqualifiable Hamilcar, qui a une idée bien précise de la manière d’écarter le risque d’une future invasion de ratons : ayant laissé à la Lord-Veritant toute latitude (ainsi que son fidèle gryph hound, Crow) pour faire son enquête de terrain, notre héros va se planter à l’entrée de sa forteresse, et hurle un défi à la cantonade : si les Skavens arrivent à la vaincre en combat – et même pas en combat singulier, c’est dire s’il est sûr de son fait – les Sept Mots leur seront remis sans coup férir. Voilà une offre qui ne se refuse pas, et à la grande surprise de l’assistance réunie pour voir le patron faire ses pitreries, un émissaire Skaven se présente quelques instants plus tard pour annoncer à la grande-gueule en armure violette que le Warlock Ikrit accepte la confrontation.
Comme on pouvait s’y attendre de la part d’une race totalement étrangère au concept d’honneur martial, Ikrit ne se déplace pas en personne, mais envoie une de ses créations, que l’on peut décrire comme le fruit des amours illicites entre un Cuirassier Némésis et un Rat Ogre, s’emparer de l’indémodable Hamilcar, qui l’intéresse beaucoup plus que la possession des Sept Mots. Bien que le cédant à son adversaire mécanique en carrure et en force, et devant composer avec le feu nourri des Jezzails que le prudent Ikrit a également mis sur le coup (on n’est jamais trop prudent), le Lord-Castellant préféré de ton Lord-Castellant préféré réussi à vaincre son adversaire déséquilibrant l’exo-ratmure et la mettant sur le ventre. Ce triomphe est toutefois assombri par le retour de cette pimbêche de Vikaeus, très courroucée d’être tombée sur une bande d’éclaireurs Skavens pendant ses investigations, et d’avoir dû s’en débarrasser par elle-même. Avant de s’en aller bouder dans ses quartiers, elle assure à l’indécrottable Hamilcar que son récent exploit n’a fait que repousser l’échéance, et que les Hommes Rats en ont toujours après lui. Ce qui est fort possible – après tout, qui ne rêverait de posséder une copie conforme de Sigmar ? – mais sera l’affaire d’une autre histoire…
AVIS:
David Guymer prépare dans ce ‘The Hardest Word’ (rien à voir avec la chanson d’Elton John, pour autant que je puisse le dire) l’intrigue du roman qu’il consacrera à son personnage fétiche (‘Hamilcar : Champion of the Gods’), et dans lequel le Stormcast prodigue et prodige devra défendre son intégrité physique contre les assauts répétés d’un Skaven illuminé. On y voit un Hamilcar en grande forme faire ce dans quoi il excelle : prendre des décisions radicales sur un coup de tête, se battre comme un chiffonnier (et gagner à la fin), et plus important, balancer des vannes dirigées autant vers ses camarades que vers le lecteur, ce qui est une raison suffisante pour lire les travaux consacrés à ce personnage haut en couleurs d’Age of Sigmar, si vous voulez mon avis. Une honnête réussite pour Guymer, qui arrive à trouver le juste équilibre entre les nombreux composants d’une bonne histoire d’Hamilcar Bear Eater (intrigue, contextualisation, développement des personnages, style…), ce qu’il ne parvient pas à faire à tous les coups.
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Shadows of Heaven – G. Thorpe [40K] :
INTRIGUE:
Contributeur infatigable au corpus Eldar de la Black Library, Gav Thorpe choisit de mettre en scène dans ce Shadows of Heaven le protagoniste de son Path of the Outcast, le Ranger/Prince Pirate Aradryan, que le lecteur retrouve en simple planton défendant un vibrocanon contre les assauts de la Black Legion. Malheureusement pour lui, la bataille tourne rapidement en défaveur des Zoneilles, qui, malgré l’avantage de la position, de l’armement et de la surprise, se font tailler des croupières par les Space Marines du Chaos dont ils cherchent à bloquer l’avancée1. Dans le chaos qui s’ensuit, notre héros s’illustre franchement, non pas par son courage suicidaire ou son intelligence tactique, mais par sa capacité à trouver des raisons de ne rien faire qui puisse mettre en danger sa précieuse personne. Si le bon-eldar en question n’avait pas réussi à devenir le maître d’une flotte de Pirates Zoneilles, ce qui doit logiquement impliquer une certaine implication personnelle dans les choses de la guerre, je l’aurais reversé dans la catégorie des trouillards patentés, ex-Ranger « no stranger to bloodshed/not afraid of death » ou pas.
Ayant vu sa camarade Gardienne se faire déchiqueter d’un bolt bien placé dans l’exercice de ses fonctions, Aradryan préfère ainsi disserter intérieurement sur les avantages et les inconvénients de voir son âme relâchée dans le circuit d’infinité du Vaisseau-Monde, et remettre en cause l’alliance des Eldars avec l’Impérium (il n’a pas supporté la V8 et le retour de Guilliman, comme certains joueurs), plutôt que d’aider ses petits copains en, je ne sais pas moi, essayant vraiment2 de participer à l’effort de guerre (pour tout dire, il n’utilise pas une seule fois son arme de toute la nouvelle). En même temps, il est sans doute vain d’espérer des trésors de bravoure de la part d’un gonze dont le métier est littéralement d’être pleureuse professionnelle (Mourner en VO, noble job qui ressemble fortement à ce qu’on appelle des auxiliaires de vie en EHPAD à notre époque). Mais alors qu’il se prépare à vendre chèrement sa vie, l’intervention décisive des Ynnari, menés par Yvraine et le Visarque en personne, renverse drastiquement le cours de la bataille, et permet à notre poule mouillée de héros d’évacuer les lieux la tête haute, non sans avoir ramassé la pierre esprit de son infortunée collègue.
La fin de la nouvelle voit Aradryan croiser le chemin d’une vieille connaissance, la Prophète Thirianna (dont l’histoire a été racontée dans le 2ème livre de la trilogie Path of the Eldar du sieur Thorpe – celui dédié à Aradryan étant le 3ème – Path of the Seer), ce qui lui donne l’occasion de faire son coming out de façon officielle : entendant lui aussi des voix, et pas seulement celle – passablement pleutre – de sa conscience, il a décidé de rejoindre les Ynnari et donc de quitter à nouveau Alaitoc. Dubitative mais compréhensive, Thithi lui fait un gros câlin d’adieu, dont la portée symbolique arrachera peut-être une larme au lecteur ayant lu l’intégralité de Path of the Eldar, mais qui laissera totalement froid les autres. Remarquant la pierre esprit qu’Aradryan a récupéré sur le champ de bataille, elle lui propose de lui confier le précieux objet afin de donner à l’âme de la défunte le repos qu’elle mérite… ce que notre héros refuse de faire, persuadé qu’il vaut mieux chiller dans un 12cm3 ad vitam eternam plutôt que de se retrouver mêlé à la foule du réseau d’éternité. Et ceci alors qu’il dit littéralement une seconde plus tôt qu’il ne connaissait pas bien sa camarade, et n’est donc pas vraiment en mesure de prendre une telle décision à sa place (à moins que les Eldars ne se baladent avec une carte de donneur d’âme, comme nous humains avons des cartes de donneur d’organes). Dans les ténèbres du lointain futur, l’opposition entre ProChoice et ProLife fait donc encore rage, tenez-le-vous pour dit !
1 : Il faut dire que le plan infaillible de leur Autarque est lamentablement tombé à l’eau quand les Légionnaires ont décidé d’aller se dégourdir les solerets avant de traverser le pont, ce qui n’était absolument pas prévu par le haut commandement Eldar et a donc précipité l’offensive des Alaitocii.
2 : Car il tente de mettre en batterie le vibrocanon de sa collègue décédée, mais une volée de bolts le revoit fissa derrière son mur. En même temps, on ne peut pas dire que ses supérieurs soient des monstres de charisme, ce qui ne donne pas envie d’en faire plus que le strict minimum.
AVIS:
La bibliographie de Gav Thorpe est aujourd’hui suffisamment fournie pour lui permettre d’inscrire ses nouvelles dans la continuité de travaux précédents (ici, la série Path of the Eldar). Cela ne serait pas gênant s’il prenait la peine de bien contextualiser son intrigue, en faisant le lien de manière claire et équivoque avec l’arc narratif utilisé, et en donnant au lecteur néophyte toutes les clés nécessaires à sa bonne compréhension, voire sa bonne appréciation, des tenants et aboutissants évoqués dans la petite et la grande histoire. Vous vous doutez bien que si je choisis de commencer mon retour critique de Shadows of Heaven par ce point, c’est que Thorpe a failli à remplir cette mission, ce qui est dommage à la fois pour cette soumission, et de la part d’un auteur aussi chevronné que le Gav. Pour ma part, je n’ai commencé à soupçonner qu’Aradryan était un personnage déjà connu de la BL qu’au dernier quart de la nouvelle, à l’arrivée de Thirianna, dont la non-présentation laissait peu de doutes quant au fait qu’il s’agissait d’une figure connue du Thorpiverse (donc pas vraiment connue en fait). De manière ironique, il aurait peut-être mieux fallu pour Thorpe que je – et avec moi, un certain nombre de lecteurs curieux – ne fasse pas le rapprochement avec ses bouquins Path… car j’ai eu l’impression d’un énorme « faux-raccord » narratif autour d’Aradryan, présenté comme un héros brave et respecté à un moment, et comme un grouillot trouillard à un autre. N’ayant pas lu Path of the Outcast, je ne peux être certain que la conclusion du roman ne fasse pas logiquement le lien avec la situation d’Aradryan telle qu’elle est présentée ici, mais je penche tout de même pour une maladresse ou un oubli de Thorpe à ce niveau.
Le sujet de l’inclusion de Shadows of Heaven dans l’ensemble plus large que représentent les travaux Eldars de Gav Thorpe évoqué, reste à discuter du reste, c’est à dire – malheureusement – pas grand-chose. L’action en elle même n’est absolument pas mémorable, même si la lâcheté chevillée au corps du héros change des poncifs habituels de la BL en matière de protagonistes. Cela dit, Aradryan n’apparaît pas spécialement sympathique pour autant, son égoïsme latent et la manière désinvolte avec laquelle il traite des sujets aussi importants pour les Eldars que le devenir de leur âme, ne lui attirant pas la bienveillance du lecteur. L’inclusion des Ynnari au récit, le temps d’un caméo lointain d’Yvraine et du Visarque (on connaît le goût du Gav pour l’utilisation des têtes d’affiche du background), apparaît enfin comme une tentative maladroite de rabibocher l’ancien et le nouveau fluff, tout comme la conversion spontanée d’Aradryan à Ynnead peut être interprétée (à mon niveau tout du moins) comme une manière pour Thorpe de « remettre à jour » des personnages créés avant que les dernières évolutions fluffiques ne prennent place (la trilogie Path of the Eldar ayant été publiée entre 2010 et 2012). Bref, une bien belle et terne brique dans le mur des publications thorpiennes que ce Shadows of Heaven (dont le titre, pour inspiré qu’il soit, n’a de plus rien à voir avec l’intrigue, à moins que le mur derrière lequel Aradryan passe le plus clair de la nouvelle à s’abriter s’appelle Heaven). Passez votre chemin.
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Death Warrant – R. MacNiven [40K] :
INTRIGUE:
Pas de chance pour Anjelika Trayn, récente héritière de la lettre de marque de son défunt papounet, Libre Marchand de son état, et dont elle a pris la suite. A la recherche d’un premier coup juteux pour regonfler le moral (défaillant) de son équipage et payer de quoi retaper sa flotte, la jeunette avait décidé de réaliser des fouilles dans les temples antiques du monde jungle de Terix IX. Des légendes persistantes faisaient en effet état de la présence dans un de ces complexes abandonnés d’une relique capable de contrôler les créations du Mechanicus, le Périapte Rouge (aussi appelé Zapette Universelle), ce qui peut se revendre à un bon prix sur le premier monde forge venu. Après deux mois d’investigations pénibles et souvent dangereuses (la donzelle manque de se faire croquer par un lézard géant au début de la nouvelle), la fine équipe est sur le point de se lancer dans l’exploration du réseau de tunnels s’étendant sous la surface de l’un de ces temples lorsque des invités un peu particuliers arrivent sans crier gare. Il s’agit bien évidemment de ces coquins de Carcharodons, dont une escouade menée par le Sergent Kordi (Ani de son prénom) vient s’inviter à la fête.
Intimidée par ces Astartes peu commodes, mais instruits (ils parlent le haut et le bas gothique) et serviables (ils acceptent de laisser les explorateurs à la petite semaine les accompagner), Trayn décide de se la jouer en mode coopératif, et remet à Kordi la carte établie par ses soins, au grand dam de son second, l’ambitieux Moren. Le pacte de non-agression étant conclu, il est temps pour la fine équipe de passer en indoor et d’entamer sa descente dans les catacombes, qui se révèlent bien sûr être une nécropole Necron1.
Si Trayn et ses sbires ne savent pas dans quoi ils s’embarquent, et voient logiquement leurs effectifs diminuer après qu’ils aient commis l’erreur crasse de se séparer en petits groupes contre l’avis éclairé de leurs gros protecteurs, les Carcharodons, eux, nagent en terrain connu. Ils sont cependant bien contents que des humains normaux les aient accompagnés car les rusés Nécrons ont installé un plancher à capteur de poids dans la salle où est conservé le Périapte Rouge, que Trayn peut négocier mieux qu’un colosse en armure énergétique. Ce n’est toutefois qu’un court répit qui est ainsi gagné par nos héros, réduits à ce stade à l’escouade de Kordi, Trayn et le vieux scribe inutile Dros (devinez lequel des trois personnages va connaître une fin tragique dans quelques pages ?), Moren et le reste de l’équipage ayant décidé de faire bande à part par dépit de voir les Carcharodons récupérer le grisbi. Inutile de vous dire que ces brillants esprits iront vite rejoindre la droite de l’Empereur. Le vol de la relique active en effet le protocole de réanimation de la colonie Necron, et nous en sommes quitte pour une course contre la montre pour quitter la planète en un seul morceau amas cohérent de particules.
A ce petit jeu, les Space Marines partent avantagés, et mis à part quelques blessures mineures, les requins de l’espace parviennent tous à pointer dans leur Thunderhawk, malgré le manque de fair-play de Moren, qui viendra faire une attaque en rase motte dans la Valkyrie de sa patronne par pure jalousie (le triste sire se prendra une rafale de bolter lourd dans la carlingue en punition de ses méfaits et finira en tête à crâne avec une escouade de Guerriers Necrons, bien fait pour lui). Du côté des humains et assimilés, seule Trayn parvient à garder le rythme, et bien que les Carcharodons acceptent de la prendre à bord, Kordi poussant la galanterie jusqu’à s’interposer entre elle et la mitrailleuse de Moren, ils ne sont pas chauds du tout à l’idée de la déposer dans son vaisseau, ou où que ce soit dans l’Impérium. Le Chapitre cherche en effet à préserver le secret de son existence (pour des raisons sans doute expliquées, mais pas ici), et les Libres Marchands ne sont pas réputés pour être très discrets. On apprend pour finir que les Carcharodons étaient déjà venus sur Terix IX il y a quelques centaines d’années, une nouvelle fois pour empêcher le réveil des Necrons endormis sous la surface de la planète. Ils n’avaient pas hésité à cette occasion à massacrer les tribus primitives ayant fait l’erreur de considérer ces squelettes de métal comme des divinités. Leur intervention auprès de Trayn et de ses bras cassés poursuivait le même but, et la récupération du Périapte Rouge n’a été qu’un petit bonus bienvenu. Carcharodons : not the heroes the Imperium deserves, but the heroes it needs.
1 : Je ne mets pas de balise spoiler car c’était tout bonnement annoncé sur la couverture par ces génies de la Black Library.
AVIS:
Je me fais sans doute trop vieux pour considérer les histoires d’exploration de nécropoles Nécron par des aventuriers peu au fait du danger qu’ils courent avec une once de bienveillance. Ces nouvelles sont tellement similaires dans leur construction et leur déroulé que j’en viens à toutes les confondre, et je suis persuadé qu’avant longtemps, ‘Death Warrant’ ne sera plus qu’un souvenir brumeux dans mon cerveau fatigué. Robbie MacNiven ne fait en effet que peu d’efforts pour pimenter sa copie et offrir à ses lecteurs un peu d’originalité à se mettre sous la dent, ce qui est assez dommage quand on considère qu’il a un Chapitre Space Marines au fluff encore quasi vierge sous la main comme protagoniste. Même si on peut se dire qu’il n’aurait pas été évident de faire le lien entre les Nécrons et les Carcharodons (à part si on cherche une rime avec saucisson), j’aurais apprécié que l’auteur tente quelque chose sur ce plan. Mais hélas, le seul particularisme de cette aventure aura été la présence au casting Xenos d’un trio de Moissonneurs, ce qui nous permet de dater plus précisément la date de publication de cette nouvelle qu’une datation au carbone 14.
Pour ne rien arranger, Robbie MacNiven ne se révèle pas particulièrement bon dans la gestion de la (nombreuse) galerie de personnages qu’il convoque et présente dans la première partie de son récit, tous les suivants d’Anjelika Trayn se faisant commodément exterminer hors champ, sauf le pauvre Dros. On terminera par les quelques incongruités présentes dans l’intrigue, comme le Dépéceur pacifique entraperçu par le même Dros quelques temps avant les évènements couverts dans la nouvelle, ou encore le fait que les très secrets Carcharodons empêchent Trayn de les quitter… mais pas l’équipage de son vaisseau, qui s’avère pourtant tout à fait capable d’identifier les Space Marines auprès des autorités compétentes et torturantes. Bref, à laisser dans l’Outer Dark.
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Auction of Blood – J. Reynolds [AoS] :
INTRIGUE:
Les plans pour une soirée de bouquinage tranquille de Palem Bo(o)k, libraire d’incunables à Eauxgrises et accessoirement espion à la solde de Nefarata, sont brutalement et définitivement balayés lorsque notre fin lettré reçoit l’ordre de représenter sa généreuse patronne à une session d’enchères privées, se tenant le soir même au Nid de Pie, une institution bien connue par les habitués de la vie secrète de la métropole Ghyranite. Bien forcé d’accéder à la gracieuse et impérieuse requête de sa bienfaitrice s’il tient à conserver sa jugulaire intacte, Bok se rend sur place, et réussit à négocier son entrée, malgré une absence d’invitation (les grandes de ce monde ne prennent pas en compte des détails aussi triviaux) et une vigile elfique vraiment patibulaire du tout. Même pas briefé sur l’objet qu’il devra acquérir pour le compte de sa maîtresse, il a peine le temps de jeter un regard sur le reste de l’assistance, où se pressent pêle-mêle un mage lumineux et son dragonnet de compagnie, un Nain du Chaos essayant de camoufler son appartenance à une franchise défunte sous une épaisse capuche, et la Femme en Rouge locale (il en faut une dans tous les univers med-fan dignes de ce nom apparemment), beauté ténébreuse et balafrée au sourire qui aurait pu être avenant s’il ne dévoilait pas des dents taillées en pointe.
Attendant patiemment que son heure vienne pendant que les premiers lots trouvent preneurs, Bok finit par comprendre que la babiole que Nefarata veut ajouter à sa collection est l’étrange fouet à huit lannières que le commissaire priseur révèle être Charu, le Fouette-Âme, rien de moins que l’une des huit Lamentations de Khorne ! Pressentant que cette acquisition va le mettre sur la paille, à condition qu’il arrive à remporter l’enchère avec ses moyens somme toute limités (l’industrie du livre est en crise partout), Bok est sauvé de la faillite par l’intervention inattendue de Melissandre, qui se trouve être une activiste de Khorne et ne goutte pas du tout à ce que cette sainte relique soit vendue comme un vulgaire bibelot lantique. Preuve que la malabar de l’entrée n’a pas fait son job de façon correcte, une demi-douzaine de comparses de la Lady in Red (Kesh de son prénom), se lèvent pour appuyer la revendication de leur meneuse, et la situation dégénère tranquillement lorsque le préposé à la vente tente de prévenir le service d’ordre et se prend une hache de jet entre les deux yeux pour sa peine.
Dans la mêlée générale qui s’en suit, Bok a l’occasion d’assister aux premières loges à une démonstration de fouet que n’auraient renié ni Corax ni Indiana Jones, Kesh ayant réussi à mettre la main sur l’arme du crime, dont le deuxième effet kiss cool est de voler l’âme des malheureux qu’elle lacère. D’abord contraint de régler leur compte à quelques cultistes mugissants tout prêts à l’enkhorner, Bok est rapidement convaincu par le talent meurtrier de Kesh de mettre le Charu avant les boeufs. Malheureusement pour notre héros, this girl is on fire et sa pétoire, bien que de fabrication Duardin, ne suffit pas à mettre fin au tohu-bohu. Animée de mauvaises intentions, malgré la perte d’un hémisphère cervical consécutif à un headshot proprement exécuté, Kesh l’est également par la magie impie de son arme, et il faudra que quelqu’un se dévoue à lui prendre littéralement la main pour que l’ambiance, finalement, retombe. La seule autre survivante de la soirée étant l’Aelf de garde, à présent chômeuse et à laquelle il s’empresse de proposer un job, Bok n’a aucun mal à faire main basse sur la vieille Charu, dont on se doute que Nefarata fera un usage raisonné…
AVIS:
Voilà une nouvelle de Josh Reynolds telle qu’on les aime. Loin du fracas des combats de première ligne entre Stormcasts et indigènes, Enchères de Sang s’attache à dépeindre la vie dans une cité libre de Sigmar, où, si l’ordre règne, tous les citoyens n’épousent pas forcément les vues progressistes et altruistes du Dieu céleste. Comme le Monde qui Fut avant lui, les Royaumes Mortels sont gangrenés par les agissements souterrains d’individus peu recommandables, ce qui est dans l’ordre naturel des choses à mon avis, mais méritait quand même d’être couvert par une nouvelle ou deux afin que le lecteur, surtout novice, ne s’y trompe pas1. Les amateurs de la série Malus Darkblade apprécieront sans doute le récit de la soirée très compliquée de Bok, contraint comme son lointain et illustre prédécesseur de prendre tous les risques pour récupérer une relique impie pour le compte d’un employeur pas vraiment compréhensif. Les nostalgiques du Vieux Monde et de l’archéo-fluff souriront à la rencontre des quelques easter eggs que l’auteur a glissé au fil des pages2. Tous reconnaîtront que Reynolds sait s’y prendre pour dépeindre les côtés peu reluisants d’une métropole med-fan, quadrillée par les sociétés secrètes en tout genre, les cultes chaotiques de quartier et les exécuteurs des basses œuvres d’éminences d’un gris souvent très foncé. Une chose est sûre, cela donne plutôt envie de découvrir quelles sont les sept autres lamentations que ce distrait de Khorne a égaré dans les Royaumes Mortels, dans ce qui pourrait bien être la série la plus intéressante des premières années d’Age of Sigmar. Les paris (et les enchères) sont ouverts…
1 : À quand la sortie du supplément ‘Quelque chose de pourri à Hammerhal’ ?
2 : On peut d’ailleurs s’étonner que la BL ait laissé passer la mention faite à Necoho, divinité chaotique désavouée par GW depuis des lustres. Ne boudons pas notre plaisir, ce n’est sans doute pas demain la veille que nous recroiserons ce Dieu renégat.
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Pride & Fall – I. St. Martin [40K] :
INTRIGUE:
Derrière ce titre Austen-ien en diable (bien que je ne voie aucun lien entre les errements romantico-philosophiques d’Elizabeth Bennet et ceux, salacio-psychotiques, de Lucius Leternel), on trouve le récit d’une (més)aventure vécue par le plus souriant des antagonistes décamillénaux (quand je fais l’effort d’apprendre de nouveaux mots, je les utilise tout de suite) de la franchise futuriste de GW, Lulu l’Ethernet.
L’histoire nous est narrée en parallèle à travers les yeux du reître scarifié des Emperor’s Children, occupé à attaquer une planète minière en compagnie d’une petite escorte de la Cohors Nasicae, et ceux d’un honnête travailleur impérial répondant au nom de Tobias. Alors que Lucius et ses champions s’enjaillent à tailler le bout de gras1 à la moitié du Codex Adeptus Mechanicus (Skitarii, Sicarians, Kastelan…), afin de pouvoir faire main basse, non sur les réserves minérales de leur cible, mais sur la main d’œuvre locale, Tobias voit sa vie austère mais heureuse d’ouvrier spécialisé/bon camarade/mari aimant/papa gâteau prendre un tour bien déplaisant, aux cauchemars, hallucinations visuelles et auditives et mal-être généralisé venant se greffer par dessus le marché une chute inadmissible de sa productivité. Enfin, l’inévitable finit par se produire, et le pater familias se mue en bretteur dégueulasse sous le regard incrédule autant qu’inquiet de ses collègues de chaîne d’assemblage.
Début spoiler « Comment se fait-ce ? » vous entends-je (en voilà des inversions sujet-verbe) demander à travers la Toile, « puisque Lucius ne possède que les individus l’ayant terrassé au combat, et que ce brave Tobias, pour doué qu’il soit avec la burette à huile et la clé à pipe de quatorze, n’est très probablement pas en mesure de faire rendre gorge à un élu des Dieux Sombres ». Vous avez tout à fait raison, sagaces lecteurs, et c’est en celà que la soumission de St. Martin se révèle intéressante. Alors qu’il batifolait joyeusement sur le champ de bataille, notre avenant héros a en effet eu la mauvaise idée de laisser traîner un sabot sur une mine anti-personnelle qui traînait dans le coin, avec des effets aussi radicaux que (presque) définitifs sur son intégrité : à la rue, le Lulu ! Que voulez-vous, tout le monde n’est pas fait pour jouer la fille de l’air Laer. Comme vous vous en doutez, cette mine avait été préalablement manufacturé par le malheureux Tobias, et c’est donc sur lui que le S.A.V. de Slaanesh a redirigé l’âme du champion du patron, la responsabilité du décès du sabreur extraordinaire lui incombant plus ou moins directement2.
Notre histoire se termine donc sur la matérialisation de Lucius sur le lieu de travail de feu Tobias, qui rejoint sa place sur la cuirasse de l’increvable champion, juste avant que ce dernier, réalisant sans doute qu’il n’aura pas la possibilité de déguster son Leerdamer quotidien, s’apprête à faire un malheur. Comme quoi, on a bien fait de ratifier la convention d’Ottawa les enfants. Fin spoiler
1 : Ou, dans ce cas de figure, de polymère.
2 : En vrai, ça se discute, mais allez faire des due dilligence avec des chaînes de valeur galactisées…
AVIS:
En des temps très anciens, lorsque la Black Library était encore jeune et avait besoin de justifier ce qu’elle faisait, Marc Gascoigne, l’un des pères fondateurs d’icelle, avait donné une sorte de cahier des charges de la nouvelle BL. Il s’agissait selon lui, soit de donner davantage de détails sur de zones du background insuffisamment couvertes dans les publications classiques de Games Workshop, soit de répondre à des questions laissées en suspens dans ce dernier. Pride & Fall tombe nettement dans la seconde catégorie, en traitant un point de détail qui aura sans doute travaillé à un moment ou un autre tout fluffiste familier de la figure de Lucius l’Eternel. Disposant désormais d’une jurisprudence assez claire sur ce type de cas, il nous est désormais loisir de répandre l’information au plus grand nombre, et de contribuer ainsi à l’utile instruction des zhobbyistes petits et grands (qui n’en demandaient sans doute pas tant, mais c’est une autre histoire).
Le fond évacué, évoquons la forme. Le constat sera un peu plus contrasté à ce sujet, Ian St. Martin laissant à mon sens le lecteur non familier de son roman The Faultless Blade sur sa faim en ce qui concerne la galerie de personnages secondaires de la Cohors Nasicae, brièvement évoqués au fil des lignes sans être réellement présentés. Et c’est bien dommage, car la cohorte en question a l’air de compter son lot d’individualités hautes en couleurs, qu’il s’agisse du chatoyant Krysithius, du mutique Vyspirtilo, le Roi Aigle du Rypax (rien que ça, ça claque comme titre), ou du mystérieux Compositeur, escorté d’un garde du corps en armure Terminator répondant au doux nom d’Afilai (Cohen). Autre source de regrets, la mise en page de la nouvelle, qui aurait gagné à être agencé de façon plus claire. Les points de vue de Lucius et de Tobias étant présentés de façon croisée, avec des renvois entre les deux arcs de narration (exemple : un passage se termine avec Tobias recevant une injection de stimulants de la part de son bienveillant contremaître, le suivant commence avec la prise de stimms par Lucius en plein combat), sauter deux lignes/passer en italiques entre chaque passage aurait permis de fluidifier la lecture.
Ces petits désagréments évacués ou digérés, Pride & Fall demeure une soumission très correcte, et un exemple de ce à quoi une courte nouvelle (14 pages) de la BL devrait prétendre, en termes de qualité.
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Restorer – C. Wraight [HH] :
INTRIGUE:
Revenu bien esquinté sur Terra après avoir crapahuté de droite et de gauche pendant l’Hérésie, Shiban Khan bénéficie des bons mais douloureux soins de l’Adeptus Mechanicus et des largesses de Pépé pour se refaire une santé et une ossature. Débarrassé de ses Entraves bricolées pendant ses années de blitzkrieg, le Capitaine White Scars reprend des forces sur le monde Trône en attendant l’arrivée d’Horus, et en profite pour visiter de vieilles connaissances (la scribe Ilya, qui le bassine pour qu’il redevienne le poète qu’il était au début de sa carrière), et surtout faire la paix avec le souvenir de son ancien frère d’armes, ami et adversaire, Torghun.
Ce dernier lui est apparu dans une vision fiévreuse juste après l’opération, encore marqué par les coups de faux ramassés lors de son ultime combat contre Mortarion sur le Swordstorm. Se sentant une dette envers lui, Shiban emprunte une navette et se rend dans le village natal de son camarade afin de remettre à son arrière-petite-nièce et ultime descendante le tulwar dont il avait hérité à son entrée dans la Légion1. Petite surprise et preuve que Jaghatai Khan ne fait pas dans la discrimination : Torghun ne venait pas des steppes de Mongolie ou des plateaux du Xinjiang, mais… de la côte suédoise (ou son équivalent au M31, le Skandmark), comme son patronyme pré-scarification, Haren Svensellen, le laisse entendre.
Après avoir raconté à son interlocutrice à quel point son grand-oncle était un chic type, malgré ses penchants un chouilla hérétique de temps à autres, Shiban repart vers le Palais Impérial, et notre propos se termine sur une scène d’affrontement tirée tout droit du Siège de Terra, où le Capitaine restauré aura fort à faire…
1 : On apprend au détour de la conversation que la famille de Torghun est persuadée depuis près d’un siècle que l’enfant prodige avait intégré… les Luna Wolves. Il y a vraiment des Légions plus populaires que d’autres.
AVIS:
Encore une nouvelle qui sera bien cryptique pour qui n’est pas familier des épisodes précédents signée par Chris Wraight (ici les romans ‘Scars’ et ‘The Path of Heaven’). Pour ceux qui ont suivi la bromance contrariée entre Shiban et Torghun, ‘Restorer’ (le surnom du premier) fera office d’épilogue à cet arc de rivalité amicale. Les autres se contenteront de ramasser quelques bribes de fluff sur les White Scars et de comprendre à demi-mot que le héros cabossé de cette histoire a fait la paix avec un passé bien lourd, ce qui lui permettra de performer comme jamais au plus fort du Siège de Terra. Comme Wraight a suffisamment de bouteille et de style pour signer un court format propre sur la forme, et que ce dernier a le bon goût de ne pas trop traîner en longueur, l’expérience se tente.
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Et voilà pour cette revue du Summer of Reading 2017. Rien de super duper méga cool, et absolument immanquable si vous voulez mon avis, mais quelques bonnes soumissions dans le tas anyway (comme souvent). Je ne sais pas si je ferais un jour un benchmark des SoR, mais si cela arrive, je doute que le millésime truste les premières places. We shall see…
BLACK LIBRARY CELEBRATION WEEK 2023 [Recueil]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue des nouvelles de la Black Library Celebration Week 2023, qui vient compléter et achever la série de sorties de ce temps fort annuel de la GW-Fiction. Il s’agit de la deuxième semaine new content daily proposée par la BL, après celle consacrée à la Garde Impériale en janvier (chroniquée ici, pour ceux que ça intéresse), et contrairement à sa prédécesseresse (mais si), elle couvre les trois franchises majeures de la maison-mère, 40K et Age of Sigmar bénéficiant chacun de deux nouvelles, et l’Hérésie d’Horus d’une.
Un rapide coup d’œil à la liste des contributeurs ne révèle pas de grande surprise, à l’exception peut-être du relatif nouveau venu Chris Thursten, qui signe ici sa troisième nouvelle pour Nottingham. On ne présente plus « Sœur » Danie Ware et Robert – l’Assassin – Rath, et si vous êtes familiers de mes publications, les noms de Marc Collins et d’Andy Clark vous parleront également.
Comme c’est maintenant devenu une habitude pour les éditeurs de la Black Library, les nouvelles de cette semaine accompagnent pour certaines plusieurs sorties récentes : ‘Zograt’ présentant l’anti-héros du roman ‘Bad Loon Rising’ et ‘The Long Run’ signalant la renaissance « officielle » de Neave Blacktalon1, désormais accompagnée de sa bande de joyeux sidekicks dans l’animé du même nom d Warhammer +. Les conjonctures sont plus incertaines pour ‘Primacy’ (un roman consacré à Eidolon alors que le Siège de Terra bat son plein semblant fantaisiste) et ‘The Bleeding Stars’ (on peut espérer une suite à ‘The Infinite and the Divine’). Quant à la fantasque Augusta Santorus (‘The Nature of Prayer’), elle fait littéralement partie des meubles à ce stade.
Ce propos liminaire étant posé, il est temps de passer à l’analyse de la cuvée 2023, afin de qualifier la qualité d’icelle. Dont acte.
1 : Qui avait déjà été fuitée dans deux précédentes nouvelles, publiées en 2022. Mais si la BL savait tenir un planning, ça se saurait.
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Primacy – M. Collins [HH] :
INTRIGUE :
Ayant à nouveau une tête sur les épaules, le Seigneur Commandeur Eidolon se rend à un événement très select organisé par l’ALF (Association des Légionnaires de Fulgrim) sur une agri-station en déréliction afin de célébrer la bar mitzvah démoniaque du Primarque – un peu – et décider du futur de la IIIème Légion – surtout. Les Emperor’s Children n’étant pas connu pour la finesse de leurs chevilles ni la souplesse de leur nuque, Dodo s’attend à devoir batailler, peut-être au sens premier du terme, avec les rivaux qui ne manqueront pas de s’opposer à sa grande vision, à savoir faire une orgie monstre à travers la galaxie pendant que Pépé et Horus se disputent l’Imperium comme les deux petits vieux acariâtres qu’ils sont. C’est une idée qui se défend, moi je dis : il y a des délégués de collège qui ont obtenu leur place en se contentant de promettre des frites à la cantine, et le programme d’Eidolon est sensiblement plus ambitieux que ça, vous me l’accorderez.
Bien qu’étant moche comme poulpe et aussi coordonné que l’opposition parlementaire en l’an de grâce 2023, Eidolon n’a pas tort : en plus de ce pisse-vinaigre de Fabius Bile, qui s’éclipse bientôt pour aller arroser ses parterres d’endives (la décadence des Emperor’s Children a atteint des niveaux proprement révoltants), notre tête de linotte doit composer avec deux redoutables rivaux : le Premier Capitaine Julius Kaesoron et le Seigneur Commandeur Cyrius. Juju, toujours aussi fidèle à son cher Fulgrim, est partisan de mener la Légion à la recherche du Primarque démoniaque, afin de le réinstituer dans ses fonctions. De son côté, Cyrius souhaite que les Emperor’s Children respectent la parole donnée par le même Fulgrim à Horus au début de l’Hérésie, et prennent part à la campagne menant à Terra. Le système de vote par acclamation ne donnant rien de probant – et pourtant, Eidolon pouvait compter sur ses Kakophoni, c’est dire s’il est impopulaire –, l’auguste assemblée décide de trancher ce dilemme par un bon vieux combat à mort. Il faut respecter les traditions, que diable.
Alors que ses rivaux choisissent de se faire représenter par des champions, Eidolon accepte de mouiller le maillot énergétique et défend lui-même ses couleurs (le gris taupe et le vert caca d’oie). Comme on peut s’y attendre, l’armure en scenarium de ce personnage nommé le protège admirablement des coups de ses humbles adversaires, et Fulgrim en personne vient lui susurrer dans l’oreille qu’il re-mourra un autre jour, ce qui est un petit plus appréciable. Au terme d’un combat sans merci, Dodo fait mordre la poussière l’humus à Catran Bessili (RIP) et Praescus Vak (RIP), remportant ce combat des chefs et gagnant le droit d’ajouter un « Primus » à son titre de Seigneur Commandeur. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour devenir Prom King chez les Emperor’s Children…
AVIS :
Décidément, cette fin d’Hérésie sourit à Eidolon, qui bénéficie sur le tard d’un traitement de faveur de la part des auteurs de la franchise. Marc Collins prend ainsi la suite de Michael F. Haspil (‘Amor Fati’) et vient nous expliquer comment le Seigneur Commandeur disgracié retrouva la tête de sa Légion, après l’avoir retrouvée tout court (sa tête, pour ceux qui ne suivent pas). Chris Wraight avait déjà couvert le sujet dans ‘The Soul, Severed’ quelques années auparavant, ce qui est un peu dommage, mais Collins prend soin d’inscrire son histoire dans la continuité des pièces du puzzle déjà connues1, et renforce la profondeur – que je ne qualifierai absolument pas d’insondable – de son héros en révélant que ce dernier a changé d’idée entre cette nouvelle et celle de Wraight, ce qui montre qu’il n’est pas le dernier des abrutis. Ainsi, Dodo reviendra sur ses plans de débauche galactique après les événements de Horvia et emmènera ses suivants sur Terra pour y faire la fête… ce qui n’est pas si éloigné de ce que proposait Cyrius, au final. Bref, une proposition appliquée et très convenable de la part de Marc Collins, qui démontre sa capacité à évoluer dans un terrain littéraire aussi « encombré » que l’Hérésie d’Horus. Un talent appréciable.
1 : Il fait ainsi intervenir le Seigneur Commandeur Archorian, futur adversaire malheureux d’Eidolon dans ‘The Soul, Severed’ dans ‘Primacy’, clin d’œil évident à la suite de l’histoire.
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Zograt – A. Clark [AoS] :
INTRIGUE :
La vie de Zograt, humble Git à la carrure chétive et au pied bot de la tribu du Badwater Drop (que l’on pourrait littéralement traduire par « Chasse d’eau pleine », c’est dire), n’est pas de tout repos. La camaraderie n’étant pas une vertu cardinale chez les peaux vertes, quelle que soit leur taille, l’avorton passe son temps à subir des mauvais traitements de la part de ses camarades mieux bâtis, exception faite du benêt – et pas très costaud non plus – Driggz. Cependant, lorsque le chef Skram Badstabba réunit ses guerriers dans la grande caverne tribale pour faire une annonce générale, les deux minus se rendent sur place avec le reste de la troupe, ne serait-ce que pour s’assurer qu’une catastrophe ne va pas s’abattre sur eux sous peu (ce qui arrive assez souvent chez les Gloomspite, on peut le reconnaître).
Skram, accompagné des Chamanes de son Gobbapalooza, déclare à ses ouailles qu’il a reçu une vision de la Lune Funeste en personne (?), l’enjoignant à mettre la griffe sur le légendaire le Granpignon Kibrille (Great Glowy ‘Shroom), une rare variété de champignon bénie par la divinité tutélaire des Gloomspite. Se jugeant trop important pour mener cette quête par lui-même, le Loonboss cherche donc à convaincre un des ses séides de faire le boulot à sa place, en l’échange d’une promotion bien méritée. L’enthousiasme délirant que suscite cette offre de prime abord est cependant rapidement éteint par un Zograt trop malin (et grande gueule) pour son propre bien, qui interpelle son chef en lui demandant pourquoi il a soigneusement omis d’indiquer l’endroit où le champignon magique est sensé se trouver. Et pour cause, le divin fungus a été localisé par le Gobbapalooza à proximité du sinistre Shudderwood, une forêt peuplée de monstres (ce qui est mal) et située en surface (ce qui est pire). Cette petite information a pour effet de doucher d’un coup les velléités de progression sociale au sein de la tribu, ne laissant plus d’autre choix à Skram que d’envoyer le souffre-douleur du Badwater Drop s’enquiller le sale boulot, ou plus probablement, mourir horriblement en essayant.
Accompagné par un duo de guerriers (Narks et Buggit) tout aussi peu appréciés du management que lui-même, Zograt prend donc la route de Shudderwood. Si le trio parvient à localiser le Granpignon sans autre aléa que l’écrasement malencontreux d’un pauvre scarabée innocent par le Z (à sa décharge, il était alors distrait par les récits de monstre que ses camarades s’amusaient à lui servir pour le « motiver » à avancer – je pense que l’on peut plaider l’insecticide involontaire), le récupérer se révèle être une autre paire de manches, une… bête, ressemblant assez à un Ur-Ghul de 40K, ayant investi la caverne où la précieuse morille a poussé. Alors que Narks et Buggit ne seraient pas contre une retraite prudente, quitte à revenir plus tard avec des effectifs supplémentaires, Zograt se sent attiré de manière inexplicable par le champignon, et décide de tenter sa chance, bien aidé par ses capacités cérébrales supérieures à la moyenne. Il comprend ainsi que le monstre est aveugle mais se repère grâce à son ouïe et à son odorat surdéveloppés, et qu’il est donc possible de lui échapper en progressant sans un bruit et en plaçant un leurre odoriférant (comme le bout de champignon phosphorescent utilisé comme lanterne par les aventuriers de la truffe perdue) à l’entrée de l’antre de la bête. Ces sages précautions, et la stupidité crasse de ses camarades, qui attirent rapidement l’attention de leur hôte et se font donc dépecer sans ménagement, permettent à Zograt de toucher prendre un croque dans le saint des saints. Des visions aussi apocalyptiques que grandioses s’emparent alors de notre héros, culminant en l’apparition de la Lune Néfaste dans sa blafarde majesté : il est évident que le petit Git est destiné à de grandes choses, et donc peu étonnant que Zograt parvienne à s’enfuir avec son butin sans trop de dommage (une oreille balafrée), en se glissant dans une fissure dans la roche trop étroite pour que le monstre puisse le suivre.
Si le retour au Badwater Drop ne se passe pas aussi bien qu’il l’avait imaginé, Skram lui arrachant le précieux champignon sans même un merci, lui refusant tout net de le faire Boss comme il l’avait promis, et l’envoyant récurer l’enclos à Squigs avec Driggz pour faire bonne mesure, Zograt sent confusément qu’il n’est plus le même Grot qu’au début de sa quête initiatique, et que les choses sont sur le point de changer du tout au tout au sein de la tribu. Ce petit a du potentiel…
AVIS :
Une introduction honnête au roman consacré par Andy Clark au plus philosophe des Gloomspite Gits (à la différence près que Zograt tient sans doute mieux la ciguë que son illustre prédécesseur), mais où l’on ne retrouve pas assez des deux éléments qui font à mes yeux tout le sel de la littérature grot : l’humour nihiliste d’une part, et l’horreur graphique de l’autre. À considérer comme le « chapitre 0 » de ‘Bad Loon Rising’1 plutôt que comme une nouvelle autonome.
1 : Le roman commence d’ailleurs 10 secondes après la fin de ‘Zograt’, ce dernier pelletant la bouse de Squigs en compagnie de son fidèle Driggz comme ordonné par Skram Badstabba.
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The Long Run – C. Thursten [AoS] :
INTRIGUE :
Le problème quand on est techniquement immortel, c’est qu’on est jamais à l’abri qu’un jeune loup ne vienne piquer votre place en se faisant bien voir auprès de la direction générale (un désagrément beaucoup moins fréquent quand on a que <insert number of years here> à cotiser avant de partir à la retraite). C’est la mésaventure qui est arrivée à notre héros personnage secondaire, Hendrick Silver Wolf : alors qu’il a eu l’honneur de compter parmi les tout premiers Knight-Zephyros des osts de Sigmar, et d’occuper la fonction « honorifique » de maître assassin du patron pendant un temps, il a été déclassé par l’ascension de cette arriviste de Neave, qui lui a chipé le nom de Blacktalon (singulier) ainsi que le rôle de meneur de la petite bande de tueurs connue sous le nom de… Blacktalons (pluriel). Bien qu’il ait accepté cette mobilité interne avec philosophie et noblesse, les relations entre Hendrick et Neave ne sont pas tout à fait apaisées, chacun ayant tendance à considérer que sa parole fait foi.
Le briefing de mission qui réunit la fine équipe, constituée de nos deux lascars et de deux autres Stormcast Eternals (le bourrin Rostus et la snipeuse Shakana) ainsi que de la Soulscryer Idoneth Lorai, voit ainsi Mr H. et Mme N. se chamailler sur la marche à suivre pour régler son compte au Prince Démon de Slaanesh Skiros, dont la dernière occupation est de tailler des croupières à la colonne de croisés Dawnbringers ayant entrepris la traversée de Chamon pour aller secourir la cité de Vindicarum. Isolés dans le désert métallique, les sigmarites sont à la merci des raids réguliers menés par les Hédonistes véhiculés de Skiros, beaucoup trop rapides et fuyants pour être contraints à une honnête bataille rangée. C’est cette mobilité démoniaque qui pose également problème aux Blacktalons : bien que ne doutant pas être en mesure de régler son compte au fat faquin s’ils parviennent à lui mettre la hache dessus, l’attirer dans une embuscade ne sera pas une partie de plaisir. Finalement, nos barbouzes concluent que leur meilleure chance consiste à exploiter la présence d’un canyon à proximité de la route de la caravane pour – tenez-vous bien – balancer par surprise un de leurs Knight-Zephyros dans le buffet du Slaaneshi grâce au pouvoir de « chevauchement de courant d’air en Mach 3 » dont ces versatiles guerriers disposent, apparemment. Après quelques crispations, c’est finalement Neave qui occupera le rôle de la femme canon, laissant ses comparses tenir la ligne en compagnie des croisés et cliquer Skiros au corps à corps.
L’exécution de ce plan très aéré à défaut d’être bien huilé se passe sans anicroche, Hendrick et Rostus se tapant le sale boulot en utilisant la technique « dos d’âne en sigmarite » sur le char démoniaque de leur Némésis. Persuadée qu’elle n’aurait aucun mal à littéralement rouler sur un pauvre cordon de deux Stormcast Eternals après charge, cette dernière se craque monstrueusement sur ses jets de dé et laisse les fiers paladins à un PV chacun. Esquintés mais pas vaincus, nos héros ne font rien en retour mais l’arrivée providentielle et millimétrée (ça aurait été très drôle qu’elle rate son approche et aille se planter dans une dune) de leur boss, et ses 6D6 blessures mortelles à l’impact, sonne le glas de Skiros. Perforé comme doughnut, le Prince rend piteusement l’âme et ses suivants se débandent, laissant les survivants éprouvés reprendre leur marche vers la cité promise dans de meilleures conditions. Pour les Blacktalons, c’est une nouvelle mission accomplie avec brio grâce à une coopération optimale. Pourvu que ça dure !
AVIS :
Après plusieurs soumissions plus ou moins heureuses sur le nouveau line up Black-talonesque, Chris Thursten remet enfin le temple au milieu de la cité (de Sigmar, bien sûr), avec ce très correct ‘The Long Run’. On a finalement droit à une, certes limitée, mais c’est tout de même appréciable, présentation et contextualisation des différents membres de la bande, de leurs talents particuliers1 et de leurs relations personnelles. La rivalité entre Hendrick et Neave, née de la supplantation du premier par la seconde dans la hiérarchie des traqueurs de Sigmar, est ainsi une trouvaille très intéressante, puisqu’elle donne à la fois envie d’en savoir plus sur le passé de ces deux personnages, et sur la manière dont ils parviendront – ou pas – à passer outre ce changement de statut un peu awkward. En plus de cela, la traque de Skiros, qui sert de trame et d’excuse à ce passage en revue des Blacktalons, se révèle être tout à convenable dans son genre (high fightasy, si vous me passez le néologisme et l’anglicisme). Bien qu’il ne s’agissait pas de l’aspect central de son propos, l’auteur livre une copie propre en la matière, le brave mais vicelard Skiros jouant son rôle de méchant très méchant sans fausse note. Au final, je sors de cette nouvelle avec une envie sincère de connaître la suite des aventures de cette troupe de tueurs en sigmarite, ce qui n’était pas le cas des précédents épisodes de la saga Blacktalon : rien que pour ça, merci à Chris Thursten.
1 : On apprend ainsi que Shakana est capable de faire des simulations mathématiques afin de déterminer les meilleures conditions pour déclencher une embuscade, en plus d’être la DPS à distance de la fine équipe.
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The Nature of Prayer – D. Ware [AoS] :
INTRIGUE :
Très peu de temps (disons deux heures) après les événements tragiques couverts dans ‘Blasphemy of the Fallen’, l’escouade non-managée de la Sœur de Bataille novice Augusta Santorus reçoit l’appel à l’aide d’un certain Sergent Delgardo par Servo-crâne interposé alors que les Jeannettes de l’Empereur se recueillaient religieusement dans leurs quartiers du vaisseau spatial les ramenant vers le couvent de l’Ordre de la Rose Sanglante. Anomalie du Warp ou intervention de Pépé, le mystère restera entier : toujours est-il que nos quatre héroïnes (Augusta, Emlyn, Leona et Lucienne) décident d’un commun accord de se dérouter pour répondre à la sollicitation de Delgardo. D’après les informations transmises par ce mystérieux individu, il faudrait s’attendre à une farouche opposition, et ça tombe bien, les Sœurs ont envie de cogner sur quelque chose pour faire leur deuil de la regrettable Veradis1.
Direction donc la planète austère (pour changer) et minérale (pour changer bis) de Carngamal, d’où provient le signal capté par la radio de bord des Sœurs de Bataille. Ces dernières atterrissent sous une pluie battante à proximité d’une mine (pour changer ter), et ne tardent pas à tomber sur un tas de cadavres leur permettant d’identifier les forces en présence. A ma droite, les valeureux Gardes du 9ème Catachan, aussi surnommés les Serpents Écarlates. A ma gauche, les Tyranides les plus furtifs et/ou paumés de la galaxie, puisque, comme cette petite futée d’Emlyn le fait remarquer, le simple fait que le message de Delgardo ait pu quitter la planète démontre qu’il n’y a pas d’Ombre dans le Warp à l’œuvre autour de Carngamal. L’invasion homéopathique, un concept sans doute trop novateur pour cette galaxie de brutes épaisses.
Guidées par le scénario, les Sœurs s’enfoncent donc dans les galeries de la mine à la recherche de survivants, et… n’en trouvent pas. Ou en tout cas, pas tout de suite. Après quelques pages à tenter d’instiller une atmosphère oppressante, à base de pressentiments funestes et de bonshommes bâtons dessinés sur les murs des boyaux, Danie Ware passe aux choses sérieuses en mettant face à face Augusta et Cie, et une bande de survivants (quatre Catachan et deux douzaines de mineurs locaux) menée par nul autre que le Sergent Delgardo. Au grand chagrin de cette prude d’Augusta, ce dernier a un langage aussi fleuri qu’un bosquet de Grey Vines au printemps, et semble tout prendre à la rigolade, ce qui est un péché impardonnable dans son esprit rigide. Cette incompatibilité d’humeur passe cependant rapidement au second plan lorsque les Tyranides montrent enfin le bout de leur museau, ou plutôt, le Tyranide. La première vague des Xenos est en effet constituée d’un unique Pyrovore, dont l’arme phallique et les qualificatifs sans équivoque utilisés par Delgardo pour décrire cette dernière dans le feu de l’action, provoquent un émoi fort compréhensible chez les pieuses novices. C’est le top départ d’une course poursuite vers la surface, qui sera fatale à tous les Catachan sauf au bon Sergent, mais dont les bonnes Sœurs se tireront sans trop de problèmes, seule Augusta prenant un pet au casque à la fin de l’échappée fantastique2. Il faut dire que notre fine équipe joue en mode très facile, les Tyranides ayant l’obligeance de se présenter en file indienne devant leurs proies, permettant à ces dernières de gérer assez aisément la menace alien. Dans ces conditions, la Grande Dévoreuse fait beaucoup moins peur, c’est sûr.
La nouvelle se termine avec le réveil d’Augusta dans la navette qui… est là (comprendre qu’on ne sait pas si elle est en train de revenir au vaisseau ou est garée en double file sur le parking visiteurs de la mine). Une petite discussion avec ce brave Delgardo permet à notre héroïne de comprendre que la grossièreté du Catachan cache en fait un cœur d’or et une foi sincère en l’Empereur, et qu’il s’agissait pour lui d’une manière de combattre ses peurs les plus profondes. Si c’est pas une morale édifiante, je ne sais pas ce que c’est. Pour le lol, on notera pour finir que notre bande de ravagé.e.s du bulbe a la ferme intention de revenir finir le boulot sur Carngamal, c’est-à-dire purger la planète de l’infestation tyranide, dès qu’elle aura fait le plein de munitions et établi une stratégie d’attaque. À cinq. Est-ce qu’ils apprennent encore à compter, à la Schola Progenium ?
1 : Pour les acharnés qui se souvenaient que l’intrigue de ‘Blasphemy of the Fallen’ tournait autour du sarcophage de Sainte Myra, ramené de haute lutte depuis le 145ème sous-sol de Saadet jusqu’au vaisseau des Sistas malgré des vibes franchement néfastes et une opposition mi-molle de la population locale, sachez que cette relique n’aura aucune importance ici. Qui a commandé un MacGuffin ?
2 : Les mineurs semblent s’en sortir sans beaucoup de difficultés non plus, mais comme Ware leur consacre deux lignes dans toute la nouvelle, dur d’être catégorique.
AVIS :
Danie Ware retente la carte de l’exotisme dans sa série phare avec la convocation des Tyranides comme antagonistes de la vertueuse Augusta Santorus. Ca n’avait pas marché la première fois (‘The Crystal Cathedral’), ça ne marche pas beaucoup mieux ici non plus, même si les combats sont un tout petit peu moins débiles dans ce ‘The Nature of Prayer’. Mais en l’absence d’un scénario qui tienne la route, de personnages fouillés (ou même différenciés) et d’une atmosphère prenante, cette nouvelle sera reléguée parmi les histoires tout à fait quelconques de la Black Library immédiatement après la fin de sa lecture, comme la plupart des épisodes de la tentaculaire saga de Miss Santorus.
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The Bleeding Stars – R. Rath [AoS] :
INTRIGUE :
La situation est tendue sur Thanatos, monde nécropole contrôlé par la dynastie Oruscar depuis des éons et attaqué par les forces du Phaeron Akanabekh depuis… des siècles. Les Nécrons n’ont pas le même rapport au temps que nous, pauvres humains, c’est sûr. Si Akanabekh tient tant à faire sien cette planète, c’est qu’elle abrite une relique inestimable : le planétaire céleste, soit une réplique miniature de tous les corps célestes de la galaxie. La mystérieuse technologie qui anime ce chef d’œuvre permet au planétaire de refléter en temps réel les changements qui affectent le cosmos, mais l’inverse est également vrai : si une étoile ou une planète devait être malencontreusement éteinte ou sortie de son orbite par un agent d’entretien maladroit, les conséquences dans le Materium seraient tragiques. Akanabekh, qui déteste le concept de vie organique au plus haut point (peu aidé par la folie du Destroyer qui le consume, ainsi que la plupart des membres de sa dynastie, il faut le reconnaître), est bien décidé à make the galaxy dead again en fracassant le précieux planétaire, ce que ses gardiens dévoués ne peuvent bien entendu pas laisser faire.
Cependant, et malgré leurs vaillants efforts, les armées de la Destruction progressent lentement vers sûrement vers le saint des saints, laissant le triumvirat en charge des opérations (le Technomancien Dzukar, l’Observatrice Zotha et le Plasmancien Ashenti) avec peu d’options pour enrayer l’avancée de l’ennemi, jusqu’à qu’un invité surprise n’entre dans la salle où le management Oruscar délibère. Le nouveau venu n’est autre que Trazyn l’Infini, et son entrée remarquée tend sensiblement l’atmosphère : le bougre a été banni de Thanatos sous peine de mort reformatage après avoir tenté d’ajouter le planétaire à sa collection de Solemnace. Nécessité fait cependant loi, comme il l’explique posément à ses hôtes estomaqués, car il doit vérifier que le sinistre présage qui s’est manifesté dans ses galeries (une cloche de l’apocalypse qui s’est mise à sonner alors qu’elle était tranquille dans son champ de stase) n’annonce pas un événement aussi majeur que tragique. Pour cela, rien de tel qu’une petite visite au Futuroscope necron, qui pourra lui montrer si quelque chose de vilain se trame au niveau galactique.
Très étonnamment (non), les trois Stooges ne s’avèrent pas coopératifs, et menacent même d’envoyer leurs gardes du corps démanteler le châssis de Trazyn, forçant notre héros à passer à l’étape suivante de son plan : le chantage au labyrinthe tesseract. Après avoir sorti de son slip kangourou un cube d’antimatière, il explique posément au triumvirat, vidéo à l’appui, que cet artefact contient Akanabekh et sa Cour de l’Extinction, que ce hâbleur de Trazyn a littéralement réussi à se mettre dans la poche en échange d’un accès direct au planétaire. « Tu bluffes Martoni ! » lui rétorque Ashenti, qui donne l’ordre à ses suivants d’appréhender le malandrin manu militari. A défaut de pouvoir abattre ses cartes, Trazyn jette donc son Pokécube au sol…
Début spoiler…Qui est récupéré avant impact potentiellement désastreux par le Deathmark que l’Infini avait amené avec lui, sobrement nommé le Maître de Chasse, et qui se matérialise sans crier gare sur place, ainsi que le fluff lui permet de le faire. Cette nouvelle arrivée surprise, et la double menace (labyrinthe + fusil sniper) qu’elle représente finit par contraindre le triumvirat à la négociation, et Trazyn peut enfin déjeuner contempler en paix1, et ce qu’il voit le met suffisamment en rogne pour qu’il allonge une patate de forain à Dzukar lorsque ce dernier se gargarise d’être le sage et neutre gardien de l’ordre cosmique. En effet, la galaxie miniature présente des signes avant-coureurs évidents de ce qui ne tardera pas à devenir la Cicatrix Maledictum, confirmant les craintes de Trazyn quant à la future classe verte organisée par Abaddon en direction de Cadia. La treizième planifiée par cet élève peu doué, mais volontaire, pour être précis. Fustigeant l’attitude passive de ses pairs face à une catastrophe désormais inévitable, Trazyn annonce qu’il va se rendre dans le système cadien afin de sauver les miches des impériaux, en lieu et place de leur grabataire de Pépé. Not all heroes wear cape (mais celui-là, oui).Fin spoiler
1 : Pour ceux qui se le demande, on ne saura pas s’il a réellement réussi à mettre la tête dans le cube à Akanabekh.
AVIS :
Robert Rath renoue avec son personnage iconique de Trazyn l’Infini dans une nouvelle passerelle entre les événements couverts dans ‘The Infinite and the Divine’ et la Chute de Cadia, où le collectionneur le plus illustre de la galaxie fit, comme chacun sait, preuve de largesse en faveur des derniers défenseurs de la planète martyre. Même si le propos de ‘The Bleeding Stars’ est très dilué (la séquence d’ouverture, pour prenante qu’elle soit, aurait pu être coupée au montage si cela n’avait pas fait passer la nouvelle en dessous des 10 pages), l’auteur mène sa barge avec une maîtrise consommée, parvenant à renforcer le déjà considérable capital sympathie dont dispose le conservateur de Solemnace. Alternant entre combats épiques, effets comiques variés (absurde, slapstick comedy), suspens et mise en contexte du macro-fluff, ‘The Bleeding Stars’ s’inscrit dans la droite ligne de la « renaissance Necron » en matière littéraire, transformant les automates implacables et surtout très ennuyeux qu’ils furent dans la GW-Fiction depuis leur introduction dans l’univers 40K, en personnages complexes et donc beaucoup plus attachants. Même si ‘The War in the Museum’ reste à mon humble avis la meilleure soumission de Rath en format court, ‘The Bleeding Stars’ n’a pas à rougir de la comparaison, et nous fait espérer que Trazyn retourne prochainement sur le devant de la scène.
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Et voilà qui conclut cette revue de la Black Library Celebration Week 2023, un millésime qui ne restera pas dans les mémoires – ni en bien, ni en mal – des aficionados de la GW-Fiction. La faute à une qualité assez homogène, ce qui se traduit par l’absence de coups d’éclat ou de folie de la part des contributeurs convoqués sur cette semaine. Au prix où ces cinq nouvelles sont commercialisées (et malgré la petite ristourne qui s’applique aux acheteurs précoces), cela fait cher la « banalité » : il est donc tout à fait acceptable d’attendre leur intégration dans de futures anthologies, au tarif beaucoup plus avantageux.