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Rhana Dandra

Petite digression sur la fin des temps… ou presque. Version PDF:RHANA DANDRA

Des coups sourds ébranlaient la massive porte dorée, faisant à chaque impact s’envoler un peu de poussière qui retombait en fines volutes tourbillonantes du jour nouveau. Devant les panneaux gravés des explotes des héros se tenait une ligne d’hommes en armures rutilantes. Les derniers Custodiens. À leur tête, des colosses émanant d’une antique et terrible majesté. Les Primarques tombés il y a bien longtemps s’étaient relevés pour défendre l’Humanité une ultime fois, regroupés pour soutenir le dernier assaut. Il y avait Rogal Dorn, dans sa livrée originelle des Imperial Fist, Lion El’Johnson, éveillé de son long sommeil de Caliban, où il avait pardonné à Luther, avant que ce dernier ne meure, et Leman Russ, dont les crocs effilés luisaient dans la lumière tamisée. Derrière cette assemblée des plus noble et plus extraordinaire réunie depuis dix mille ans, une vaste structure sphérique bourdonnait sourdement, battant tel un cœur qui se repose. Le cœur de l’Empereur.

C’était la fin, tous ici le savait. Au dehors, les Légions Renégates avaient écrasé toute résistance de la Garde encore loyale et des derniers Chapitres Space Marines. La résistance des défenseurs avait fait plus d’une fois reculé les assaillants, mais à chaque fois ils étaient revenus, plus nombreux et plus féroces. L’assaut qui était à présent mené avait à sa tête les Primarque Déchus atrocement pervertis, Abbadon le Fléau, dont la seule vision pouvait tuer disait on, et, pire que tout, les Quatre Dieux du Chaos, aiguillonnant leurs princes démons vers leur dernier et plus grand Ennemi.
Un nouveau coup de boutoir vint endommager la porte, et des rires inhumains et terribles frappèrent les oreilles des défenseurs.

Dorn se tourna alors vers un groupe d’hommes et de femmes aux visages d’une froide austérité. Senseis, ils étaient nés de l’Empereur-Dieu, et à présent, ils allaient rejoindre leur père. Dorn leur avait soumis hier le plan qui seul avait une chance de préserver l’humanité, anxieux à l’idée qu’ils s’y dérobent. À sa plus grande joie, il avait vu la lueur de l’espoir s’enflammer dans les prunelles des fils et filles de l’Empereur. Ils avaient immédiatement accepté, et toute peur et tout doute avait quitté le Primarque. Ce dernier fit un signe, et les Senseis enfilèrent des sortes de casques reliés par des câbles au Trône d’Or, avant de tirer un poignard d’obsidienne. Ils étaient prêts.
Le vieux guerrier se retourna vers ses frères Space Marines et sourit. Lion et Leman, oubliant leurs dissensions passées, se tenaient côte à côte au devant de la Garde de l’Empereur, dont Dorn avait été le commandant depuis tant d’années. Il saisit son marteau, récupéré après la mort de Lysander qui était tombé au cours du combat où il avait vaincu Ahriman et Magnus; et rejoignit ses deux frères. Les trois guerriers se saluèrent en pensée pour la dernière fois, puis se tinrent prêts à tomber en champions.

Dans un abominable fracas, la porte céda, et l’Ultime bataille commença. Les Senseisd’un même mouvement s’enfoncèrent leurs lames noires au plus profond du coeur et s’effondrèrent, un intense sentiment de paix se lisant sur leurs visages alors qu’ils se mêlaient au puissant esprit de l’Empereur. La sphère dorée se mit alors à luire, faiblement d’abord, puis de plus en plus intensément.
Dans la salle consacrée, les Custodiens tombaient un à un sous les griffes des démons, mais Rogal Dorn se tenait tel un roc, massacrant tous ceux qui tentaient de s’approcher du Trône de son père. De leur côté, Lion et Leman se battaient comme des dieux, chacun de leurs coups banissant un adversaire. Mais la haine du Chaos était inextinguible, et ses suivants étaient pléthores. Écartant ses servants, la terrible silhouette d’Abbadon vint se camper devant le Primarque. Dorn serra dans son poing son arme, et le lança dans un hurlement vers le reflet démoniaque de sa propre grandeur. Le Fléau para en riant et tendit son épée hurlante vers son ennemi. Dorn sentit une terrible souffrance le traverser, et il tomba à genoux. Un sourire cruel sourit sur le faciès de l’Archi-Hérétique lorsque sa lame plongea dans la poitrine du Primarque. Dorn glissa au sol, et son dernier regard fut pour El’Jonhson et Russ, déjà étendus sur le sol maculé d’ichor. Les ténèbres de l’oubli furent soudain supplantés par une douce et claire lumière. L’Empereur rappelait à lui son fils et ce dernier le rejoignit dans la joie.

Abbadon bondit alors sur le Trône d’Or, chaque coup de son épée corrodant l’adamantium pur. Ignorant la clarté de plus en forte et blanche, il parvint enfin jusqu’à l’Empereur. Forme desséchée et sans âge, mais rayonnant intensément de l’or le plus brillant, Il semblait être assoupi. Dans un cri de rage autant que de triomphe, Abbadon lui trancha la tête.

Tout se déroba soudain, tandis que l’âme du Dieu et de ses enfants rejoignait l’Empyrean, réduisant Terra en cendres incandescentes. Dans l’instant, les Eldars passèrent à l’attaque, se téléportant près du sombre champion.

C’était Ragnarok, Armaggedon, Rhana Dantra. C’était la fin des Temps.

***

L‘homme contemplait, abasourdi, la gigantesque tache de lumière qui venait d’apparaître au firmament étoilé de cette douce nuit d’été. Quelle force pouvait bien provoquer un tel bouleversement au cœur des astres, se demanda t-il, mais les cris d’un enfant, son enfant, le tirèrent de ses profondes interrogations.

Se ruant vers sa cabane, il se précipita vers sa femme en sueurs et sa sœur, qui tenait contre son sein le bébé à peine arrivé sur ce monde. Souriante, elle le lui donna. C’était un garçon magnifique, mais qui avait encore les yeux clos. Il ne vagissait pas comme les autres nourrissons, comme ses frères et sœurs avant lui, mais respirait calmement. On aurait dit qu’il semblait récupérer d’une longue course l’ayant épuisé. L’homme en fut impressionné. Son fils dans les bras, il sortit de sa hutte présenter l’enfant au soleil, comme le voulait la tradition. L’élevant au dessus de sa tête, il attendit que l’astre apparaisse derrière l’horizon. Quand la boule de feu embrasa le ciel, l’enfant ouvrit les yeux. Son regard si jeune et pourtant si vieux, unique mais peuplé par des millions d’êtres se promena sur les collines et les plaines qui s’étendaient devant lui. Il était l’Enfant Étoile, et son histoire se poursuivait.