CHARACTER WEEK 2022

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue des nouvelles publiées par la Black Library dans le cadre de la Character Week 2022. Annoncée sans tambours ni tempêtes, ce qui n’est pas grave en cette époque numérique, ni communication officielle, ce qui est plus gênant, cette quintette de courts formats constitue la seconde édition de cette célébration des individualités les plus marquantes de la GW-Fiction, le concept ayant été lancé en 2020 et (apparemment) abandonné l’année suivante. Ce qui est bien avec la BL c’est qu’on a des surprises permanentes1 !

1 : Rire jaune du chroniqueur qui doit revoir son planing au dernier moment pour coller à l’actualité

Character Week 2022

Comme on peut s’y attendre, la Black Library a mis sur pied un échantillon représentatif de ses différentes franchises, avec trois nouvelles consacrées aux ténèbres du 41ème millénaire, et deux aux exotiques Royaumes Mortels. En matière de personnages, on retrouve l’incontournable Ciaphas Cain de Sandy Mitchell et la superlative Sœur Augusta Santorus de l’Ordre de la Rose de Sang, déjà bien connus des lecteurs de la BL. Moins fameux – pour le moment – mais déjà déclinés en figurines et en livres, le capitaine Kharadron Drekki Flynt et le vampire solitaire Cado Ezechiar complètent le casting, en compagnie de l’as de l’Aeronautica Imperialis Lucille von Shard, introduite au grand public dans le roman ‘Outgunned’. Qui vient tout juste de sortir. Le HASARD fait bien les choses, alors. La résurrection de cette semaine caractérielle constitue-t-il un pari gagnant ou un plantage complet de la part de Nottingham ? Nous n’allons pas tarder à le savoir.   

Character Week 2022

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The Skyborne Grudge – G. Haley (AoS) :

INTRIGUE :

The Skyborne GrudgeLe capitaine Kharadron et forban notoire Drekki Flynt est en route vers le Bavardia avec navire (l’Aelsling) et équipage (beaucoup de Duardins, dont le Maître des Runes Kedren Grunnsson, et l’Ogor Gord), où l’attend une relation d’affaires. Malgré le timing serré, lorsque se présente à l’horizon un îlot de metalithe de fort beau gabarit, synonyme de ressources naturelles à mettre sur le marché à un tarif avantageux, le sang et le sens du commerce de notre héros ne fait qu’un tour, et il dirige aussi sec son esquif vers l’île flottante au trésor. Il lui faut en effet effectuer quelques relevés de terrain, et procéder à une appropriation contractuelle en bonne et due forme, pour qu’il puisse sereinement et réglementairement jouir de l’usufruit de sa trouvaille. Malgré son comportement parfois irrévérencieux, Flynt reste un Kharadron et en tant que tel, attaché au sacro-saint Code (surtout quand ça l’arrange).

La manœuvre est toutefois contrariée par l’arrivée soudaine et hostile de l’Ironclad Kantuz Grundi, qui commence à bombarder à vue l’Aelsling, au grand dam de son capitaine. Surclassé par la puissance de feu du nouveau-venu, le vaisseau de nos héros met à profit son agilité et sa vitesse supérieures pour échapper à son poursuivant, au moins de façon temporaire. Car il faut plus qu’une bordée de carabines éthériques pour décourager le capitaine Drekki ‘I like money’ Flint de mettre la paluche sur bon filon, surtout si les carabines en question tirent mal. Après tout, it’s free real estate. Le mystère des raisons de cette incompréhensible agression reste entier, mais la détermination de l’Ironclad laisse à penser que l’affaire est personnelle, et non pas liée à la revendication de l’îlot de metalithe. Malheureusement, cela réduit assez peu le champ des possibles, car Drekki s’est fait un nombre incalculable d’ennemis au fil des années. La rançon du succès quand on est aussi grand, beau, génial et accompli que notre ami barbu, sans doute.

L’Aesling s’approche donc subrepticement de son objectif, permettant à l’Aether-Khemist du bord, Otherek Zhurafon, de confirmer la présence de minéraux et gaz de valeur, et à son boss de prendre officiellement possession de Flyntland au nom de Barak-Thrund et de l’amère batterie. La cire n’est pas encore sèche sur les tablettes que le Kantuz Grundi revient faire parler de lui, coinçant sa proie entre son stratocanon et la paroi de metalithe. Pour ne rien arranger, un quatuor d’Endrinriggers se pose sur le pont de l’Aelsling, condamnant tout espoir d’évasion de ce dernier. Le face à face entre les deux capitaines Kharadron va bien avoir lieu, et quand son homologue soulève la visière de son casque gravé, Flynt est effaré de reconnaître…

Début spoiler…Personne de sa connaissance. Ce qui chagrine fortement son vis-à-vis, Arlfred Flodisson, persuadé qu’il était de sa propre importance et renommée. S’en suit un savoureux dialogue de sourd pendant lequel on apprend que la raison de la rancune de Flodisson envers Flynt est que ce dernier a renversé la pinte de bière du premier sur son plus beau veston, refusé de compenser les dégâts causés d’une quelconque façon, et argué que le veston en question était de toute façon affreusement moche. C’était il y a quatre ans, Drekki était fin saoul, et n’avait pas réalisé que sa nuit de beuverie lui avait causé une inimitié aussi tenace. La proposition de Flodisson de régler leur différend par un duel à mort n’étant pas vraiment à son goût, Flynt décide de mettre fin au malaise en larguant une torpille Grudgesettler sur l’Ironclad que l’imprudent Flodisson a placé en contrebas de l’Aelsling. N’ayant pas non plus pensés à se désencorder après leur abordage les Endrinriggers sont entraînés dans la chute de leur bateau. C’est ballot. Si l’équipage du Kantuz Grundi dispose de quelques minutes pour réparer l’avarie causée par cette canaille de Flynt avant de s’écraser au sol – ce qui devrait être largement suffisant pour un équipage de Duardins – la poursuite, et on l’espère la rancune, s’arrête ici entre les deux capitaines. Voilà une journée profitable pour notre Akanaute à la barbe fleurie.Fin spoiler

AVIS :

Après des débuts inquiétants de complexité pour le tout venant (tous ces noms nains de trois syllabes ou plus qui se terminent par -on, c’est un peu prise de tête), Guy Haley parvient à redresser la barre dans la deuxième moitié de cette courte nouvelle, en laissant la part belle à la truculence naturelle de son héros, jamais à court d’une remarque acerbe, et à sa maîtrise de la mise en scène de situations et de dialogues absurdes. On retrouve en Drekki Flynt une déclinaison high fantasy du Belisarius Cawl que le même Haley a positionné comme concurrent sérieux au titre de personnage nommé le plus cool de Warhammer 40.000 (en compétition avec Trazyn l’Infini et Fabius Bile lorsque Josh Reynolds est en forme), et je dois dire que ça fait plaisir. Pas au point de me lancer dans le roman consacré au personnage (‘The Arkanaut Oath’), mais assez pour attendre avec impatience que les autres nouvelles à la gloire du Drek soient proposées dans des recueils de la Black Library.  

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Blood Bond – J. French (AoS) :

INTRIGUE :

Blood BoundCado Ezechiar, aussi connu sous le nom du Roi Vide (Hollow King), est un vampire asocial qui gagne sa non-vie en servant de mercenaire d’élite dans les coins chauds des Royaumes Mortels. De passage dans la cité de Glimmerheart, il est mis sur une mission sensible par une de ses connaissances, l’influent et manipulateur Byrazan. En échange d’informations sur l’identité des cultistes de la Main Brûlante, responsables de sa tragique origin story (famille assassinée, royaume détruit, toilettes souillées, vol de nourriture dans le frigo collectif… la classique), il doit intercepter les ravisseurs d’un héritier d’une grande famille locale, et libérer ce dernier avant qu’il ne lui arrive malheur. Rien de très compliqué pour un être aussi ancien et puissant que notre héros, dont les aptitudes martiales viennent rapidement à bout des preneurs d’otage malgré leur détermination et les armes runiques anti-vampire à leur disposition. Cet arsenal inhabituel semble indiquer que ce rapt n’est pas une opération crapuleuse banale, ce qui est rapidement confirmé lorsque Cado prend la mesure de l’état de forme du colis (Hortio) qu’on lui a demandé de récupérer. Le nobliau a en effet reçu le baiser de sang il y a peu de temps, et est un cocktail d’hormones ambulant, ce qui l’a rendu facile à piéger. L’adolescence n’est pas une période facile, de son vivant ou de sa mort.

Cette petite surprise, que Byrazan s’était bien gardé de lui éventer, n’est pas la seule qui attend notre taciturne protagoniste. Hortio est ainsi son « petit-fils », comme son nez/instinct affuté le lui révèle bientôt. Comme Cado n’a eu dans sa longue vie qu’un scion, ou plutôt scionne (?), Sissendra, cela signifie que cette dernière est impliquée dans cette louche histoire. Ce qui est bien sûr le cas, comme on l’apprend lorsque Kad & O balance son descendant sur les bottes de ce fourbe de Byrazan. Sissi sort de coulisses et le briefe rapidement sur la complexe géo-politique vampirique : Neferata (l’aïeule de Cado) et Mannfred sont en bisbillle quasi-ouverte, et Hortio a rejoint la lignée de la première pour lui permettre de contrôler Glimmerheart grâce à son statut d’aristocrate. La réunion de famille n’est pas très joyeuse, tout le monde détestant/méprisant tout le monde, mais le respect qu’un scion doit à son parent (ou en son absence, au porteur du flacon de sang de ce dernier) empêche les choses de tourner au vinaigre. Byrazan, conciliant, propose à Cado un autre boulot avant de lui remettre ce qui lui a promis : neutraliser l’agent ennemi responsable de l’enlèvement de Hortio afin de sécuriser la cité pour le compte de la Reine du Sang.

Les vampires étant des êtres civilisés et respectueux de l’étiquette, un rendez-vous officiel est conclu un peu à l’écart de la ville entre les deux factions. Après un échange d’amabilités et de menaces, les tatanes commencent à pleuvoir dru. Hortio n’est pas d’une grande aide et Sissendra guère plus, mais heureusement, Cado ne se déplace jamais sans ses neuf anneaux de pouvoir, qui ne lui permettent pas de crier d’une voix suraiguë ou de porter la capuche avec une classe incomparable, mais contiennent l’âme des amis et suivants du Roi Vide, que ce dernier peut invoquer en cas de besoin pour lui filer un coup de main. Faisant face à une forte troupe de squelettes et de loups funestes, en plus d’un vampire (Voltekar) peu commode, Cado choisit la facilité et manifeste Herezai, son dragon zombie de compagnie. Ce renfort inattendu permet à nos trois compères des remporter la partie, et de repartir avec les cendres de Voltekar enfermées dans un sac d’aspirateur en nullstone, ce qui devrait l’empêcher de nuire pendant quelques millénaires. En paiement de ses bons et loyaux services, Cado reçoit une plume bleue imbue de magie, qui devrait l’aider à retrouver la piste du Magister de Tzeentch responsable de son errance, et/ou d’Elon Musk s’il finit par racheter Twitter. L’avenir nous le dira…

AVIS :

John French se trouve avec Cado Ezechiar dans une position que peu de ses camarades de la BL peuvent se vanter d’avoir : une liberté quasi-totale de développer un héros neuf d’une faction (quasi) neuve de la GW-Fiction. N’étant pas familier des autres écrits consacrés par notre homme à ce personnage au moment de ma lecture de ‘Blood Bound’, je ne savais pas à quoi m’attendre, mais ressort de cette première rencontre avec le Roi Vide plutôt satisfait. Si lui-même n’est pas d’une originalité folle (on peut penser à Gilead ou Brunner, si on souhaite se restreindre à des exemples tirés de Warhammer Fantasy Battle), il dispose déjà de traits de personnalité, d’un historique et de quelques babioles intéressants, et je ne doute pas de la capacité d’un auteur vétéran comme John French de proposer quelque chose de solide sur cette base. Une série à suivre si vous avez des goûts classiques en matière d’heroic fantasy1, à mon humble avis.

1 : Si vous êtes un peu plus second degré, le Drekki Flynt de Guy Haley me semble par contre plus approprié.

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Rotten to the Core – S. Mitchell (40K) :

INTRIGUE :

Rotten to the CoreAprès les événements relatés dans ‘Caves of Ice’, le 597ème régiment de Valhalla fait relâche sur la station spatiale Kappa Septum, dans l’attente du transport de troupes qui le conduira sur son nouveau théâtre d’opération. Jamais le dernier à profiter de la quille, le Commissaire Ciaphas Cain profite de la présence de sa bonne amie Amberley Vail pour squatter la suite présidentielle inquisitoriale du plus grand palace de la station, avant que son devoir n’appelle cette dernière (l’Inquisitrice, pas la station, hein) à repartir en chasse. La mélancolie de la séparation est toutefois rapidement remisée de côté lorsque l’état-major du régiment reçoit une requête inhabituelle de la part de la milice locale : l’assister à pacifier les bas-fonds de Kappa Septum, où un mystérieux leader a réussi à unifier les gangs rivaux, qui s’enhardissent de plus en plus en conséquence. Ayant d’abord pensé à décliner poliment, comme aurait fait n’importe quel professionnel chevronné, Cain se ravise et convainc la Colonel Kasteen d’accéder à la demande après avoir aperçu un des gangers arborer ce qui semble être un tatouage chaotique dans une des photographies transmises par Goran Barloe, le commandant de la police municipale.

Une compagnie de Gardes des Glaces endurcis est donc envoyée faire du porte-à-porte dans les niveaux intérieurs de la station, « assistée » par Burloe et ses quelques hommes, qui ont tenu à venir pour faire leur part. La parabole du colibri, tout ça tout ça. Cain et son fidèle Jurgen chaperonnent les civils pour éviter qu’ils ne se mettent dans les pattes des vrais soldats, ce qui place tout ce beau monde bien loin des combats, au grand plaisir de notre héros. Quand on lui signale dans l’oreillette qu’un quatuor de malfrats sous armés et paniqués est en fuite en direction de sa position, l’altruiste Cain décide de laisser ses charges, deux fois plus nombreuses que les gangers, jouer à la guerre pour que chacun puisse repartir de cette opération avec des souvenirs mémorables. Il est sympa tout de même. Le Commissaire n’appelle donc pas de renforts et prévient juste ses compagnons de se préparer à l’arrivée prochaine des fuyards…

Début spoiler…Ce qu’il n’avait pas prévu, et ne pouvait pas prévoir, était que l’un des quatre échappés était un Psyker, capable de déployer un écran kinétique et de renvoyer les projectiles tirés en sa direction. Bilan des courses, le nuage de shrapnel tiré par la maréchaussée lui revient en pleine poire, ce qui met tout le monde en PLS. La deuxième surprise désagréable était que sous ses abords bonhommes, Burloe était le chef du culte de Khorne local, et bien décidé à faire disparaître cet empêcheur de comploter en rond de Cain dans de tragiques circonstances. Les mutations reçues au service de sa divinité sanguinaire le protègent un tant soit peu des attaques du Commissaire et de son aide de camp, mais au final l’épée tronçonneuse se révèle la plus forte. Quant au Psyker, il goûte rapidement la botte secrète de Jurgen (le Paria), ce qui réduit radicalement son espérance de vie. Le rideau peut tomber sur Kappa Septum, dûment purgée de ses mauvais sujets par l’intervention salutaire et involontaire du Héros de l’Imperium. Mais comment fait-il ?Fin spoiler

AVIS :

Sandy Mitchell a branché le clavier automatique pour cette nième péripétie mineure et sans conséquence de Ciaphas Cain. Les précédentes soumissions récentes que j’avais pu lire avaient au moins le mérite de proposer quelques idées neuves pour redynamiser cette institution ronronnante de la Black Library, mais il n’en est malheureusement rien ici (Cain vs des cultistes du Chaos, ça nous ramène au temps héroïque de ‘The Beguiling’, en 2004). Pire, l’intrigue, quoique minimaliste, n’est pas au-delà de tout reproche : je vois mal quel était l’intérêt du chef de culte chaotique de coopérer à l’opération d’extermination de ses suivants, surtout quand il occupe le poste idéal pour empêcher que cette situation se produise1. Autant de signes qui indiquent peut-être qu’il est temps de laisser Ciaphas Cain prendre une retraite bien méritée et donner sa chance à d’autres personnages de la BL. A lire si vous êtes un fan transi de la saga, à éviter sinon.

1 : On ne m’ôtera pas non plus de l’idée qu’une secte de Khorne qui recrute un Psyker comme auxiliaire, c’est loin d’être irréprochable fluffiquement parlant.

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Blasphemy of the Fallen – D. Ware (40K) :

INTRIGUE :

Blasphemy of the FallenLieu : Un graaaaaaaaaand trou dans le sol de la planète Saadet.

Personnages : Veradis (Sœur Supérieure), Augusta, Lucienne, Emlyn et Leona (Sœurs de Bataille)

Scène 1 :

L’escouade de Sœurs de Bataille en ♫chantant♫ descend profondément dans le graaaaaaaaaaand trou dans le sol de la planète de Saadet. Le vent souffle. L’ambiance est lourde. La voix off explique qu’elles sont venues chercher une sainte relique (!!!), la dépouille de Sainte Myra1, une Sœur du Silence qui avait l’oreille de l’Empereur. Personne ne rit à cette blague.

Scène 2 :

Veradis : (à Augusta et Lucienne) ♫ Allez voir là-bas si j’y suis. ♫

Augusta et Lucienne y vont. Elle se font embusquer par des types portants des sacs à patates en guise de vêtements. Baston molle où certains sac-à-patates-men tombent dans le graaaaaaaaaand trou (Fallen).. Victoire des sista.

Scène 3 :

Les Sœurs arrivent à la tombe de Myra. L’ambiance est lourdaude. Elles repartent en portant le sarcophage en pierre. A pied. Ça va être long.

Scène 4 :

Lucienne : (qui portait le sarcophage avec Augusta) ♫ Azy ça soûle trop. ♫

Elle laisse tomber son chargement et refuse de le reprendre malgré les injonctions de Veradis, sous prétexte que Myra a été corrompue. L’ambiance est lourdingue et gagne encore en lourderie. Veradis plaque Lucienne au mur et met un taquet à Augusta pour leur apprendre la vie, à ces sales mômes.

Scène 5 :

Une horde de sacs-à-patates-men se rue sur les Sœurs de Bataille en blasphémant (☑). Baston mi-molle (Leona se fait casser le bras). Veradis a tellement honte de s’être énervée qu’elle décide de rester en arrière-garde avec le bolter lourd pour laisser le temps à ses troupes de partir avec le sarcophage. Malgré leur avantage numérique écrasant et le fait qu’ils soient techniquement au corps à corps, les sacs-à-patate-men ne parviennent pas à empêcher les Sœurs de partir avec un sarcophage qui doit peser au bas mot 200 kgs. Personne ne rit à cette blague.

Scène 6 :

Veradis : (depuis les coulisses) ♫ Couic mon cœur, je meurs ouille ouille ouille damned de fichtre. ♫

Augusta, Lucienne, Leona & Emlyn : ♫ Ah sort cruel. Nous sommes colère et tristesse. ♫  

Le rideau tombe sur les survivantes éprouvées et le sarcophage qu’elles ramènent du très graaaaaaaand trou dans le sol de Saadet. On aperçoit dans le lointain l’image d’un Psyker en habit de Psyker en train de psykeriser jusqu’à ce qu’un poulpe lui tombe sur la tête. Le suspens est à son congre.

1 : Vous confondez avec Sainte Mina, qui, elle, est une figure établie du background. You will not bamboozle us, Danie Ware.

AVIS :

Dans une savoureuse mise en abîme, Danie Ware creuse le fond du n’importe nawak tant textuellement que conceptuellement avec ce très étrange/incompréhensible ‘Blasphemy of the Fallen’. Même en étant familier du personnage d’Augusta Santorus (ici au début de sa carrière, alors qu’elle ne commandait pas encore sa propre escouade), développé suivi sur plusieurs nouvelles par Ware, et du style très particulier de cette dernière, je ressors songeur de cette lecture. Passons tout de suite sur le fait que c’est, encore une fois, très peu intéressant sur la forme. Le contraire vous aurait étonné, et moi aussi d’ailleurs. La nouveauté ici est que l’intrigue m’est apparue comme incomplète, ce qui est tout aussi problématique, mais différent au moins. Soit Danie Ware a voulu laisser planer une aura de mystère en ne révélant pas si Myra était bien corrompue (rien que ça hein, même pas pourquoi/par qui – je ne demande pas grand-chose tout de même), et ça n’a pas marché. Soit, et j’espère que c’est cela car c’est un peu moins pire que l’alternative, ‘Blasphemy of the Fallen’ sert de prologue à une publication future dans laquelle les zones d’ombres seront éclaircies (au brossage à sec avec pinceau en poil de sanglier, mais éclaircies). Dans ce cas, Ware a aussi raté son coup (puisque son dessein n’apparaît pas clairement) mais c’est « juste » maladroit au lieu d’être prétentieux et maladroit. Seule consolation, il se pourrait (à prendre avec des pincettes énergétiques) que cette hypothétique suite comporte des Asservisseurs, ce qui serait une plaisante surprise. Ce n’est pas tous les jours qu’une bestiole du fluff profond vient hanter les pages de la Black Library. Mais si c’est Danie Ware qui reste aux commandes, je passerais mon tour.  

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The Trial of Lucille von Shard – D. Flowers (40K) :

INTRIGUE :

The Trial of Lucille von ShardLa guerre sur l’agrimonde de Bacchus n’a beau pas se dérouler aussi bien que les clips de propagande impériale le montrent, on trouve tout de même le temps à consacrer à des petits à-côtés sympathiques dans le camp de Pépé. Au programme de cette journée radieuse, rien de moins qu’un procès en cour martiale s’il vous plaît. L’accusée n’est pas n’importe qui : fille d’un héros renommé et elle-même pilote de chasse d’exception, la Flight Commander Lucille von Shard est une sommité de la campagne de Bacchus. Outre son caractère de cochon, sa morgue démesurée envers à peu près tout le monde et sa sale tendance à balancer des one liners vicieux dans les situations les plus délicates, il lui est surtout reproché d’avoir tardé à se manifester la veille au soutien des porteurs du ballon de l’aquila, alors qu’ils se faisaient laminer par une offensive ork plus coordonnée, et donc efficace, que la moyenne. Appelé à témoigner par les deux camps, le Flight Sergeant et narrateur de l’histoire Tomas Jaymes sait que son récit fera toute la différence, car en tant que relai entre la Commandante de tank et officier en charge de la défense de la ligne impériale Baszler, et la mercurielle von Shard (les deux femmes ne pouvant pas se piffer, comme de juste), il a tout entendu du drame qui s’est joué hier.

Son cas a beau être très mal engagé, et la punition qui l’attend si elle est déterminée coupable par la cour martiale des plus sévères, von Shard ne montre que peu de signes d’inquiétude, et se contente de regarder sa montre avec insistance alors que Jaymes relate à l’assemblée son éprouvante journée de la veille. En charge d’une escadre de Vultures, le Sergent a soutenu du mieux qu’il a pu ses camarades de la Garde, embourbés dans les marais toxiques de Bacchus, mais l’arrivée soudaine du terrible Poulpe de Fer, un chassa-bomba ork plus équipé qu’une bande de Flash Gitz, a transformé la vaillante défense en massacre. Conformément aux directives de Baszler, il avait demandé à von Shard d’intervenir dès que la situation avait commencé à déraper, mais l’as des as n’avait pas daigné donner suite (elle était dans son bain). Ce n’est que quand le Poulpe s’est manifesté sur le champ de bataille qu’elle a eu l’amabilité de rappliquer, et de régler son compte au dangereux céphalopode – car elle reste da best o’ da best, tout de même.  

Alors que la délibération des juges est sur le point de se conclure, et qu’on se doute qu’elle ne sera pas clémente pour Lulu, un nouveau personnage fait son entrée dans le tribunal improvisé. Le Wing Commander Prospherous, plus haut gradé de l’Aeronautica Imperialis sur Bacchus, arrive comme un prince et fait comprendre aux bidasses présentes en nombre qu’il n’a pas de temps à consacrer à leurs petits problèmes de piétons. Il repart donc avec von Shard et Jaymes sous le bras l’aile, sans avoir eu la bonté d’expliquer à la cour ce que le lecteur apprend en conclusion de la nouvelle : c’est lui qui a donné l’ordre à Lucille de prioriser la destruction du Poulpe de Fer par rapport à tout autre mission, et comme le prudent mollusque ne sortait de son antre qu’une fois la bataille très bien engagée pour son camp, voler au secours de la Garde dès les premiers instants de la déroute aurait été contreproductif. Cela n’excuse pas l’attitude déplorable de von Shard envers ses petits camarades fantassins, mais avec un nom pareil, peut-on s’empêcher de faire des coups d’éclat ?

AVIS :

Sortie peu après la publication de ‘Outgunned’, le roman consacré à la guerre de Bacchus et la mégère pas du tout apprivoisée qu’est Lucille von Shard, ‘The Trial…’ me semble être un produit d’appel visant à renforcer les ventes de cet opus. La présence de ce tout nouveau personnage dans la Character Week 2022 ne m’apparaît donc comme pas aussi évidente que celle des autres héros couverts pendant cette semaine promotionnelle, car il est encore trop tôt pour dire si la brave Lulu reviendra hanter les pages de la BL dans le futur. L’histoire que nous présente Denny Flowers tient tout à fait la route, et nous présente l’anti-héroïne van Shard dans toute sa rafraichissante arrogance, ce qui aide la demoiselle à sortir du lot des héros impériaux classiques. Un complément utile à la lecture de ‘Outgunned’, donc, mais guère plus que cela : si vous souhaitiez en apprendre plus sur la faction encore méconnue qu’est l’Aeronautica Imperialis, passez votre chemin et rabattez-vous sur une valeur sûre telle que ‘Double Eagle’.

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Au final, je trouve que cette deuxième édition de la Character Week aura été plus favorable aux personnages d’Age of Sigmar que ceux de 40K, seule Lucille von Shard parvenant à sortir du lot du côté du lointain futur. Bien entendu, la qualité des auteurs participants était ici le facteur déterminant, et à ce petit jeu, voir Haley et French (des Seigneurs de Terra, tout de même) se placer au-dessus de Ware n’est pas tellement surprenant. La seule vraie déception de mon côté est à mettre sur le compte de la soumission de Sandy Mitchell, assez loin de ce qu’il est capable de faire avec son héros fétiche en conditions normales. Dans ces conditions, l’achat du package complet, même à un prix de gros, ne me semble pas vraiment nécessaire: on serait pardonné de prendre la/les nouvelles les plus intéressantes à l’unité, ou mieux encore, attendre leur republication dans une nouvelle anthologie d’ici quelques semaines/mois.

À propos de Schattra

Égoïstement optimiste, çapourraitêtrebienpirologiste assumé. Selfishly optimistic, proud itcouldbemuchworsologist

Publié le août 28, 2022, dans Chronique, et tagué , , , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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