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BLACK LIBRARY CELEBRATION WEEK 2024 [Recueil]

Bonjour et bienvenue dans cette revue de la Black Library Celebration Week 2024, publiée par la BL à la fin du mois de février 2024 (pas de surprise jusqu’ici), deux semaines après le lancement des festivités annuelles de la maison d’édition de Nottingham (voir par exemple la revue du recueil gratuit de la Black Celebration 2024, ici). Pas de surprise au niveau du contenu proposé ici : cinq nouvelles inédites de 40K et d’Age of Sigmar – il faudra s’habituer à ne plus avoir de soumission pour l’Hérésie d’Horus désormais – mettant en scène des héros et des auteurs amenés à prendre de l’importance dans les mois à venir… ou tellement connus qu’on ne les présente même plus, comme l’indéboulonnable Gotrek Gurnisson, qui nous fait l’honneur d’un petit caméo dans ‘The Beast of Grey Gardens’.

Black Library Celebration Week 2024

On retrouve ainsi Mike Brooks et ses boyz (‘Painboyz’), John French et son vampire itinérant (‘Cannibal Gate’), et deux associations plus nouvelles pour le lecteur : R. S. Wilt et les Tempestus Scions (‘Eradicant’) et Jude Reid et Morvenn Vahl (‘The Reskard Purgation’). Si on sait déjà à l’heure où ces lignes sont écrites que Brooks, French et Reid ont un roman en stock pour leurs héros (respectivement ‘Da Big Dakka’ et ‘ Dead Kingdom’ et ‘Spear of Faith’), rien n’a circulé pour l’instant sur ce que le futur réserve à Gotrek (on peut juste parier sur le fait qu’il ne va pas mourir de sitôt) et aux fiers fantassins de l’Astra Militarum. Rendez-vous dans quelques temps pour refaire le point sur la situation, et en bas de cette ligne pour commencer la revue de cette semaine festive.

Black Library Celebration 2024 - Eshorts Week

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Painboyz– M. Brooks [40K] :

INTRIGUE :

PainboyzLe Painboy attitré d’Ufthak Blackhawk, Doc Drozfang, a emmené ses élèves, larbins et tous les Orks désœuvrés qui zonaient dans le coin dans une excursion à but pédagogique : la visite d’un authentique laboratoire d’Haemonculus drukhari, découvert à l’occasion de l’invasion par notre Waaagh ! préférée d’un repaire d’Eldars Noirs. Comme le professe volontiers un Drozfang philozof à ses heures perdues, rien de tel que d’entrer au cœur des choses pour mieux les comprendre, qu’il s’agisse d’un abdomen d’Ork ou d’une infirmerie zoneille. Là-dessus, nous sommes bien d’accord.

Cependant, les précédents occupants des lieux n’ont pas encore mis à exécution l’obligation de quitter le territoire laboratoire qu’une marée de Boyz belliqueux emporte systématiquement avec elle, et les Spikies commence à faire de la résistance, embusquant les trainards peaux-vertes et renvoyant leurs restes mutilés sur leurs camarades… ce qui fait bien rire ces derniers. Il en faut plus que ça pour effrayer un Ork, c’est certain (pour les Grots, ça se discute par contre), d’autant plus si la perspective d’une bonne bagarre se concrétisera s’il parvient à mettre la pogne sur ses tourmenteurs.

Au bout de quelques menus accrochages, une bande de Grotesques accompagnés par un Talos dessiccat(u)eur finit par donner l’assaut aux intrus, qui ne demandaient pas mieux et répondent au sadisme clinique des Drukharis par une violence débridée. Au plus fort de la mêlée, Drozfang aperçoit son vis-à-vis, qui commande ses troupes pusillanimement depuis l’arrière, et lui décoche une rafale de fling’ qui, à la surprise générale, atteint sa cible et détruit le générateur d’anti-gravité de l’Eldar Noir. Statistiquement, ce genre de dinguerie devait bien se produire un jour, et c’est maintenant le cas grâce à Mike Brooks.

Ni une ni deux, Drozafang profite de la détresse de l’Haemonculus pour lui mettre la griffe dessus et le ramener avec lui dans sa retraite stratégique jusqu’au vaisseau des Orks, jugeant avec sagesse qu’il est préférable d’avoir un local sous (et dans) la main pour négocier le dédale crépusculaire d’une base drukhari sans se perdre. La patience du praticien a cependant ses limites, et après avoir assisté au gonflement fatal du Nob Grubsnik, victime d’une hypertrophie musculaire subite après avoir été méchamment griffé par un Grotesque quelques instants plus tôt, le bon Dok décide de faire goûter au Spiky captif sa propre médecine et lui perfore la cage thoracique d’un revers de griffe énergétique, après avoir tranché la main qui était sur le point de le palper sans son autorisation. On ne saura pas si l’opération a été fatale à l’Haemonculus (une espèce notoirement dure au mal), mais elle permet en tout cas à Drozfang d’avoir le mal et le mot de la fin, ce qui est bien la moindre des choses…

AVIS :

Mike Brooks continue sa revue des personnages secondaires entourant le Big Boss Ufthak Blackhawk dans ce ‘Painboyz’, qui met en vedette le Dok Drozfang, responsable de la greffe de la tête de notre héros sur le corps de son précédent patron (‘Where dere’s the Warp, dere’s a way’), transition qui a joué un rôle non négligeable dans l’élévation de cette buse de Blackhawk dans la hiérarchie de sa Waaagh. Nous avons donc droit à une petite escapade dans le laboratoire d’un Haemonculus, qui se déroule de manière tout à fait classique et se termine sans que Brooks ne se soit donné la peine de nous expliquer si cette péripétie sert à faire avancer l’intrigue globale de son arc orkoïde1 (appelons ça un ark), ou a juste servi à donner à Drozfang ses quinze pages/minutes de gloire devant le lectorat de la Black Library. À titre personnel, je penche pour la seconde option et regrette la « gratuité » de cette soumission, rendue d’autant plus triste par l’intrigue vraiment minimaliste que nous propose Mike Brooks. Tous les auteurs ne sont pas égaux lorsqu’il s’agit d’écrire l’histoire d’un aller-retour…

1 : Peut-être que la main de l’Haemonculus que Drozfang garde en souvenir aura une importance par la suite (ou a servi à quelque chose dans un des romans que Brooks a déjà écrits), mais je suis incapable de vous éclairer sur ce sujet à l’heure actuelle.
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Cannibal Gate – J. French [AoS] :

INTRIGUE :

Cannibal GateToujours en quête de l’insaisissable Main Enflammée responsable de la chute de son royaume lors de l’Âge du Chaos, il y a de cela des éons, Cado Ezechiar a.k.a. le Roi Vide a pris la route de Lethis a.k.a. la Cité de la Corneille après avoir été rencardé sur la présence de sa Némésis dans cette humble bourgade. Sachant fort bien que sa proie risque de lui filer entre les doigts (ce qui est ballot pour une Main, mais celle-ci est peut-être moite), comme lors des 708.259 épisodes précédents de sa traque, Cado s’est risqué à prendre le chemin le plus direct, qui l’emmène dans une contrée plus mal famée que la moyenne puisqu’occupée par une colonie de goules.

Alors qu’il se prépare à passer le portail marquant l’entrée de leur domaine pour poursuivre sa route (malgré les sages conseils de sa mentor Solia, l’une des neuf âmes sauvées par notre héros lors de la déchéance de son royaume, et stockées dans les anneaux que Cado porte aux doigts), il est arrêté par un courtisan Flesh-Eater et son escorte de nécrophages, qui lui indiquent que la loi locale demande à ce que le passage soit payé par un tribut au roi. N’ayant pas d’autre choix que d’obtempérer, Cado rend visite au monarque en question (Azoquor), qui exige que cet étranger « bestial et ignoble » (venant d’une goule, c’est savoureux) aille terrasser les monstres qui hantent ses terres depuis quelques semaines, et dont ses armées affaiblies ne parviennent pas à se débarrasser. Après avoir juré sur l’épée rouillée du souverain d’accomplir sa volonté, Cado se met en chasse.

Pas plus bête que le lecteur moyen de la Black Library, notre héros se doute bien qu’il y a une chance non nulle pour que les « monstres » en question se révèlent être des mortels tout ce qu’il y a de plus banal, sans doute l’expédition de croisés azyrites dont il a détecté le passage quelques jours plus tôt, d’ailleurs. Si ce cas de figure devait se vérifier, Cado jure à une Solia horrifiée par la promesse hâtive1 faite par son patron à cette grande goule d’Azoquor qu’il reniera sa parole et tâchera de trouver un autre moyen de gagner Lethis, et tant pis si ça lui rallonge un peu le chemin. Il ne sera pas dit que le Roi Vide soit devenu complice de la folie collective de ses cousins Flesh-Eaters, allons !

Sur ces entrefaites, la route du vampire et de son spectre de compagnie croise celle d’un groupe d’humains nimbés d’une aura étrange et d’une lumière stroboscopique trop violente pour les sens délicats de Cado, qui tombe en pâmoison avant de n’avoir pu faire plus ample connaissance avec les nouveaux venus. A son réveil, il se découvre enchaîné par des fers enchantés (alors que lui pas du tout, mais ça se comprend), et à la merci d’un Mage-Forgeron qui ne s’appelle pas Valentin – faîtes ce que vous voulez de cette information. La situation est critique, mais une honnête conversation entre gens éduqués devrait permettre de tout tirer au clair, pas vrai ?

Début spoiler…Il s’avère en fait que Valentino et ses comparses ne sont pas les vertueux croisés azyrites dont ils ont dérobés les habits et armures (ce qui a un temps abusé Cado lorsqu’il a émergé de son coltar), mais bien un Sorcier de Slaanesh et sa bande de joyeux et pervers sycophantes, ce qui est à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle pour notre héros. Certes, il se trouve en bien mauvaise posture, avec un tison enflammé qui s’approche dangereusement près de son anatomie, mais au moins les monstres qu’Azoquor l’a envoyé occire sont bel et bien des sales types, et leur mort n’entachera pas son absence de conscience. Comme quoi on peut être creux et principiel en même temps.

Comme lors de son affrontement contre Voltekar et sa clique de squelettes (‘Blood Bound’), Cado dégaine son arme secrète et cheat code digital en matérialisant son dragon zombie Herezai, dont l’arrivée impromptue et les grands claquements de mâchoire suffisent à distraire les Slaaneshis suffisamment longtemps pour que le Roi Vide se débarrasse de ses chaînes et de Valentino, dûment jugularisé par notre vampire assoiffé. La suite n’est qu’une formalité, les cultistes et Gors accompagnant le Sorcier exsangue ne faisant pas le poids contre le vampire et son dragon.

Retour chez Azoquor pour terminer la nouvelle, et remise au souverain de quelques cadavres frais en signe de respect et d’amitié. Bien que le monarque s’offusque du refus de Cado de participer au festin qu’il donnera pour marquer la fin de l’incursion des monstres sur son paisible domaine, il lui permet malgré tout de poursuivre sa route sans plus de condition, et lui offre même un cadeau (un éclat de fémur pointu) marquant Cado Ezechiar comme un hôte distingué par le roi cannibale. Nul doute que cette babiole d’un goût douteux servira par la suite…Fin spoiler

1 : C’est donc ça qu’on appelle un serment de l’instant ?

AVIS :

La route de Cado Ezechiar se poursuit dans cette nouvelle, continuation logique de celles écrites antérieurement par John French (et probablement du roman ‘The Hollow King’) à propos de la quête vengeresse de son personnage tourmenté. Le résultat est égal aux épisodes précédents : assez agréable à lire et donnant à voir la noblesse contrariée – et les armes digitales complètement fumées, à croire qu’il y a des Jokaeros dans les Royaumes Mortels – du Roi Vide, aux prises avec des alliés de circonstance et des ennemis peu fréquentables… ou peut-être est-ce l’inverse. Pas mal.

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Eradicant – R. S. Wilt [40K] :

INTRIGUE :

EradicantNous suivons une bande de hardis, ardents et ardus Scions Tempestus déployés avec leur régiment sur la planète Tecerriot pour tenter d’y rétablir un semblant d’ordre, alors qu’ils se préparent à mener à bien une mission de sauvetage à haut risque. Leur cible n’est autre que le Gouverneur Planétaire Marschesik, assiégé dans son palais par des hordes de rebelles renforcés et motivés par la présence de World Eaters, sans doute attirés par le penchant coupable de Tecerriot pour les arènes gladiatoriales (sans rire, il y en a des centaines sur la planète, dixit le personnage-qui-nous-resoort-le-biefing-pour-faire-un-peu-d-exposition). Le hic, c’est que si Marschesik devait décéder dans l’exercice de ses fonctions, la puce que lui a implanté l’Adeptus Mechanicus dans le torse au moment de son élévation à cette charge exaltée provoquerait un black out complet sur Tecerriot. Apparemment, c’était le seul moyen de s’assurer que la personne du Gouverneur reste sacrée aux yeux de son indocile populace : on vous laisse imaginer le nombre et l’intensité de mouvements de gilets jaunes que ce monde a connu pour en arriver à cette extrémité. C’est d’ailleurs peut-être ce qui nous pend au nez à force de balancer des œufs, des gifles et des sacs de farine à la tronche de nos élus, dans le fond.

L’objectif des fringants lascars du Tempestor Traxel (le vétéran Norroll, la pieuse Bissot, le radio Actis, le spécialiste en démolition et en tour de passe passe Durlo, et la medic et nouvelle recrue Daviland) est donc aussi simple que délicat : infiltrer le palais du Gouverneur, récupérer ce dernier et l’exfiltrer en direction du QG de la Garde Impériale, afin que sa mort ne vienne pas compliquer la pacification de Tecerriot. Dit comme ça, c’est tout bête, mais évidemment les choses ne vont pas dérouler sans accroc.

Après une marche d’approche dans les ruines de la capitale planétaire et l’ascension des étages du palais par les escaliers (il faut bien s’échauffer), la fine équipe finit par accéder à l’aile résidentielle de l’édifice, où elle rencontre ses premiers adversaires en la personne de quelques Jakhals (Jakhaux ?) s’amusant à faire du porte à porte avec les survivants terrifiés de l’attaque sur le complexe gouvernemental. Rien que notre fine équipe ne soit en mesure de gérer haut la main, bien sûr, et les Scions repartent même avec une nouvelle mascotte en la personne du jeune Tormod, fils d’un couple de hauts fonctionnaires sauvagement massacrés par les cultistes, et que Traxel insiste pour secourir malgré les réticences du reste de son escouade.

Cette générosité est récompensée quelques minutes plus tard, lorsque leur nouvelle recrue leur indique comment pénétrer dans l’arène du palais sans attirer l’attention, et ainsi être témoin du supplice du pauvre Marschesik, ligoté sur son trône et forcé d’assister au Mortal Kombat opposant les membres de sa maisonnée, sous les quolibets d’une troupe de Jakhals goguenards et l’imposant patronage d’un Maître des Exécutions World Eaters.

N’étant pas venus pour empiler des merles, les Scions passent à l’attaque et parviennent de haute lutte à remporter la victoire grâce à leur matos de pointe et leur entraînement supérieur, non sans avoir perdu l’un des leurs (Actis) et un membre (la main de Traxel) dans la bagarre. Il ne reste cependant plus qu’à appeler la cavalerie et à quitter les lieux, et la mission sera accomplie…

Début spoiler…Seulement voilà, Marschesik en a malheureusement trop vu, et est à deux doigts de se faire posséder par le Démon Kha’Dragh Bloodhunger (parce que Blooddrinker, c’est déjà pris tu vois) au moment de sa libération. Le bon sens de Trael lui permet cependant de faire le bon choix et de coller un bolt dans le crâne du Gouverneur avant sa désincarnation, au grand horreur de Daviland qui révèle alors qu’elle a été missionnée par le Commissaire Fennech (que tout le monde à part elle semble cordialement détester, pour des raisons non-explicitées) afin de déterminer la fiabilité de l’escouade.

Tout cela est fort haletant, mais la priorité reste malgré tout d’évacuer les lieux avant d’être submergé par les vagues de cultistes attirés par le bruit des combats et la mort de leur chef, et au bout d’une nouvelle baston homérique, les survivants éprouvés parviennent à embarquer dans une Valkyrie et à repartir en direction de leurs pénates (avec Tormod, dont le rôle dans cette nouvelle reste un chouilla cryptique1). Sur le chemin du retour, Traxel parvient à se justifier auprès de Daviland, qui se résout à laisser au charismatique officier une nouvelle chance plutôt que d’aller le balancer à ce renard de Fennech. Un peu de souplesse n’a jamais tué personne.Fin spoiler

: Nul doute que ça se décantera dans le futur. Et, oui, je voulais faire cette blague.

AVIS :

R. S. Wilt se frotte à l’un des genres rois de la GW-Fiction, version 40K, dans cet ‘Eradicant’ qui nous embarque dans une mission de Gardes Impériaux d’élite, dans la lignée des travaux de Dan Abnett avec ses Fantômes de Gaunt, et plus récemment de ceux de Rachel Harrison et ses Fusiliers d’Antari. Bien que cette nouvelle ne soit pas mémorable (ce qui n’est guère étonnant), Wilt livre une copie très convenable, puisqu’il parvient à singulariser chacun de ses personnages, met en scène d’action tout à fait correctes, et conclut son propos d’une manière un tant soit peu surprenante : difficile de demander plus que ça à une première incursion dans l’univers ultra-compétitif de la GI-Fiction. Vu les indices laissés par Wilt (le personnage de Tormod, la mention du Commissaire Fennech), il est fort probable que ce ne soit pas la dernière fois qu’on entende parler des Scions Tempestus de l’Eradicant One, et je suis à ce stade plutôt intéressé pour connaître la suite de leur histoire.

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The Beast of Grey Gardens – D. Guymer [AoS] :

INTRIGUE:

The Beast of Grey GardensArrivé à Eaux Grises après un voyage relativement sans encombre, en tout cas pour lui (‘The One Road’), Gotrek Gurnisson s’est engagé dans le premier gang d’égoutiers venu – les Loose Cannons de Sorrol Tun – afin de gagner sa croûte et son eau de vie (mais pas celle à laquelle il pensait, et ça a dû le mettre en rogne). Au sein de cette noble autant qu’utile profession, chargée entre autres travaux d’intérêt public de débarrasser la mégalopole ghyranite de son infestation récurrente de Zombies, les Loose Cannons font figure de parias, et héritent donc des missions les plus ingrates et dangereuses qui soient. Pas de quoi faire frémir notre Tueur préféré cependant, qui n’a pas besoin de forcer son talent ni d’utiliser ses deux mains ou de faire descendre son taux d’alcoolémie sous les trois grammes pour débiter les hordes de morts vivants qui hantent les égouts d’Eaux Grises. Il a vu (et tué) bien pire, en son jeune temps.

Enhardi par la réalisation que sa nouvelle recrue est une véritable machine de guerre, Tun décide d’aller se frotter à un plus gros morceau, à savoir la légendaire Cockatrice des Jardins Gris, figure du folklore local que peu ont vu mais dont la sinistre réputation n’est plus à faire. Un tel spécimen valant son poids volume en Aqua Ghyranis, la joyeuse bande se met en chasse du serpent à plumes/poulet à écailles avec un enthousiasme inversement proportionnel à ses capacités martiales.

Fort heureusement pour les Loose Cannons (sauf pour la pauvre Greenhilde, dont la fierté l’a empêché de baisser les yeux au moment opportun), avoir un clutch slayer est parfois suffisant pour remporter une escarmouche contre un monstre nommé. Au terme d’un combat poussiéreux et ténébreux, Gotrek met ainsu un terme aux déprédations de Bruno Cockatrice1 en lui plantant sa hache ébréchée dans le bréchet, à peine aidé par la diversion faite par ses camarades alors que le dindon chaotique était en train de le chicoter. Tout est bien qui finit bien (et à la taverne la plus proche), même si les Loose Cannons devraient sans doute apprendre à se défendre par leurs propres moyens, car leur égoutier star ne restera sans doute pas très longtemps parmi eux….

1 : Ce qui est au fond assez malheureux car la bestiole ne se nourrissait que de Goules et de Skavens, et rendait donc un service écosystémique à la population d’Eaux Grises.

AVIS:

David Guymer renoue avec les fondamentaux de la nouvelle de Gotrek avec ce ‘The Beast of Grey Gardens’, qui permet à notre rouquin teigneux de compléter son tableau de chasse avec une Cockatrice, et à l’auteur de contextualiser les aventures de son héros à crète dans l’enfer urbain qu’est Eaux Grises. Je n’ai pas grand-chose d’autre à dire sur cette soumission, qui est très loin d’être mémorable.

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The Reskard Purgation – J. Reid :

INTRIGUE :

The Reskard PurgationAlors qu’elle revient péniblement au camp de base de l’Ordre du Suaire d’Argent après une folle journée à se castagner contre cultistes et hérétiques dans les ruines embrasées de la planète Reskard Secundus, la Céleste Morvenn Vahl se fait alpaguer par sa supérieure, la Chanoinesse Ligaea sur le chemin des douches, et est envoyée sans délai rencontrer la délégation ecclésiarchique qui a pris possession de la cathédrale locale. Il est en effet très important que notre héroïne éprouvée apprenne séance tenante le nom de la nouvelle Abbesse Sanctorum des Ordres Militants, et ce n’est pas une concussion sévère, la perte de deux litres de sang et probablement quelques côtes fêlées qui empêcheront une fière Sista de faire son devoir. Non mais.

Obéissant à sa cheffe bien aimée (mais pas vraiment bien aimante), Morvenn se rend dans le saint lieu et apprend, je vous le donne en mille, que la nouvelle Abbesse Sanctorum, c’est elle. Ou plutôt, ce sera elle si elle y consent, ce qu’elle ne fait pas immédiatement, au grand désarroi de la sainte délégation, qui l’avait pourtant choisie du fait de sa jeunesse et de sa (théorique) docilité. Ebranlée par les déboires vécus pendant les dernières heures, Momo demande à se recueillir quelque temps dans la chapelle de Sainte Silvana, en compagnie des dépouilles des Sœurs tombées au combat sur Reskard, afin d’être sûre de prendre la bonne décision. Bien embêtés par ce délai imprévu1, mais ne pouvant pas revenir les mains vides, les pontes acceptent le caprice de la Céleste, et nous en sommes en quitte pour un petit flashback de la journée de Morvenn Vahl. C’est parti pour ‘24 heures dans la vie d’une femme’, version grimdark.

La journée commence par une déception pour Morvenn et son escouade de Célestes, qui comptaient coiffer sur le poteau ces chipies de l’escouade Avriella dans leur course commune jusqu’à l’Apôtre Noir Word Bearers localisé avec quelques cultistes dans les ruines d’un temple impérial. Alors qu’elles étaient idéalement placées pour mettre le grappin que l’hérétique en chef, la Chanoinesse Ligaea informe Morvenn que ses Sœurs et elles sont attendues quelques kilomètres plus loin, afin de récupérer et d’amener en lieu sûr le Pontifex-Urba Evaristo, une des huiles de cette planète en déréliction. Laissant leurs copines à frange avoir tout le fun, les Célestes plient bagage et se relocalisent sans tarder.

La nouvelle mission qui les attend est toutefois loin d’être une partie de plaisir, comme le nombre important de Possédés et de Warp Talons errant à proximité d’Evaristo et de sa seule garde du corps survivante, la taciturne Sœur Alektra, le révèle. A cela s’ajoute la lubie du Pontifex : récupérer une sainte relique, un maillon de la Chaîne de Dévotion de la mobylette de Sigismund, gardé dans une chambre forte située en plein territoire ennemi. Malgré l’opposition de ses camarades Célestes, Morvenn décide d’aider Evaristo à mener à bien sa quête, et même si ce petit détour coûte la vie à la majorité de son escouade, elle est toutefois couronnée de succès et permet à nos furies de croiser à nouveau la route de l’Apôtre Noir précédemment aperçu, qui a visiblement esquivé la vindicte de cette empotée d’Avriella. Un petit bonus appréciable, pas vrai ?

Début spoiler…Malheureusement, c’est une chose de mener une mission d’assassinat avec 50 copines armées jusqu’au dent, et une autre d’affronter un cadre d’Astartes hérétiques à trois et demi (Evaristo n’étant pas très doué pour le close). Une retraite stratégique s’impose, pendant laquelle Morvenn va encore perdre des camarades, des points de vie et des points de foi, lorsqu’elle se rend compte que son protégé n’a pas ramené avec lui de relique, mais des bijoux et du cash, afin de pouvoir refaire sa vie sur une planète un peu plus calme que Reskard. Bien que l’envie de châtier ce parasite ne lui manque pas, Morvenn le laisse s’enfuir et se faire décapiter à main nue par l’Apôtre Noir, décidément très collant au marquage. Tout est prêt pour le combat final entre la Céleste désabusée et le Word Bearer permanenté, que la première remporte d’extrême justesse après avoir fait s’effondrer le plafond de la tour dans laquelle l’affrontement a pris place sur les adversaires, et grâce au coup de main donné par l’unique survivante de son escouade, Ignatia la sans-dent. Une grande victoire pour l’Imperium !

Retour à la chapelle de Sainte Silvia, ou après trois jours de veille, Morvenn Vahl prend la décision d’accepter le poste pour tenter d’apporter un peu de rectitude et de droiture à une Ecclésiarchie un peu trop décadente et dévoyée à ses yeux. On lui souhaite bien du courage…Fin spoiler

1 : En même temps, je ne pense pas que ça compte beaucoup quand on doit traverser la galaxie pour rejoindre Terra sur le chemin du retour.

AVIS :

Il y a une symétrie plaisante entre le parcours de Morvenn Vahl dans le fluff et dans la GW-Fiction, la jeune Sœur Céleste se retrouvant mise en avant d’une manière surprenante (et pas franchement innocente) par les grands pontes de l’Imperium et de Nottingham. ‘The Reskard Purgation’, nouvelle d’introduction par excellence, permet à Jude Reid de nous faire faire connaissance avec cette nouvelle héroïne impériale, qui prendra peut-être la place de la coriace Augusta Santorus d’ici quelques mois comme la figure de proue littéraire de sa faction1. Le travail est accompli de façon sérieuse et grimdark au possible, Morvenn Vahl et le lecteur en étant quitte pour une plongée dans la violence d’un champ de bataille urbain et le cynisme de l’Imperium et de l’Ecclesiarchie, dont ni le corps ni l’esprit ne peuvent sortir indemne. S’il est trop tôt pour dire à ce stade si le duo Reid/Vahl parviendra à laisser sa trace – de façon positive, j’entends – dans les annales de la Black Library, ‘The Reskard Purgation’ s’avère être un début assez prometteur.

1 : Je ne sais pas comment je vivrais ce grand remplacement, si jamais il se produit… Des sentiments contraires et violents m’habitent à ce sujet.
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Et voilà qui clôture cette revue de la Black Library Celebration Week 2024, qui a apporté comme souvent son lot de bonnes surprises et de désappointements, y compris de la part d’auteurs qui ont prouvé par le passé qu’ils étaient capables de faire mieux que ça (Brooks et Guymer). D’un autre côté, je suis assez content du niveau affiché par les nouveaux venus Wilt et Reid, qui nous ont proposé des courts formats assez qualitatifs, augurant de bonnes choses pour la suite de leur parcours au sein de la Black Library. Place aux jeunes, donc.

LET THE GALAXY BURN [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette revue de ‘Let the Galaxy Burn’, anthologie gargantuesque de nouvelles de Warhammer 40,000 publiée en 2006 par la Black Library. Avec pas moins de 38 histoires au compteur1 et 765 pages, cette vénérable brique fut en son temps l’un des ouvrages les plus volumineux jamais sorti par la BL, comme son équivalent de Warhammer Fantasy Battle (chroniqué ici), ‘Tales of the Old Word’. Il servit également de chapitre final à la première mouture du magazine bimensuel Inferno!, dont il compila une bonne moitié des nouvelles 40K initialement publiées dans ces pages légendaires (du numéro 1 au numéro 28, pour être précis). Cette distinction nette entre la période 1997 – 2002 et 2002 – 2005 me laisse à penser que Nottingham avait prévu de sortir un deuxième recueil sur le modèle de ‘Let the Galaxy Burn’, mais n’a pas concrétisé la deuxième phase de ce diptyque. Encore un mystère propre à la GW-Fiction, qui n’en manque décidément pas.

1 : Si vous vous dîtes qu’il aurait été plus stylé d’arrondir à 40, ne vous inquiétez pas les éditeurs avaient eu la même idée, et réaliseront leur objectif dans le recueil ‘There Is Only War’, comptant 41 entrées en hommage aux 41 millénaires de la franchise.

Let the Galaxy Burn [40K]

Divisé en sept sous-parties plus ou moins thématiques (je comprends ce qui a été fait pour ‘We are the Space Marines…’, beaucoup moins pour ‘Kill Them All!’), ‘Let the Galaxy Burn’ propose un panorama quasi-complet du 41ème millénaire tel qu’il était couché sur le papier par les auteurs recrutés par la BL au tournant du 3ème (millénaire). On a donc droit à du « BL-Style » chimiquement pur et en grande quantité, grâce aux efforts enthousiastes mais pas toujours aboutis des 18 contributeurs ayant prêté leur plume et leurs idées à ce regroupement hétéroclite de courts formats assez nerveux en règle générale. Avec pas moins de cinq piges à son actif, c’est l’aujourd’hui vénérable Gav Thorpe qui fait office de pyromane galactique en chef, suivi de Ben Counter et Dan Abnett (4 chacun). On peut toutefois décerner à ce dernier le titre de MVP, car ‘Let the Galaxy Burn’ contient deux inédits du futur Maître du Millénaire Sombre et Se/aigneur de Terra : ‘Playing Patience1 et ‘The Fall of Malvolion’. A son niveau, C. S. Goto fit de même avec ‘The Tower’, et remporte ainsi le prix de la confidentialité car cette nouvelle ne bénéficié (à ce jour, et je ne pense pas que ça change de sitôt) d’aucune réédition depuis lors. Faîtes ce que vous voulez de ces informations.

Avant de conclure cette introduction et de passer aux choses sérieuses, je tiens à prévenir le lecteur que les chroniques qui suivent constituent aussi une plongée dans mes travaux critiques de la dernière décennie (dit comme ça, ça me fout un coup de vieux). La différence entre les nouvelles que j’ai couvertes au début de ma « carrière », comme ‘The Raven’s Claw’ ou ‘Ancient Lances’ et celles que j’ai abordées bien plus tard (‘Playing Patience’) ne manquera pas de sauter aux yeux du lecteur, qui se trouvera en présence d’un patchwork de revues. Je me suis brièvement demandé s’il ne serait pas nécessaire de reprendre mes premiers travaux pour uniformiser le tout, mais comme je ne renie ces modestes débuts, je me suis contenté d’éditer à la marge les références n’ayant plus lieu d’être dans les chroniques. J’espère que le résultat vous satisfera !

1 : Ce que je trouve assez étrange car la BL a soigneusement gardé hors de l’anthologie les autres nouvelles inquisitrices d’Abnett.

Let the Galaxy Burn

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We are the Space Marines, the Champions of Humanity

Words of Blood – B. Counter :

INTRIGUE :

40K_Words of BloodSur la planète quasiment abandonnée d’Empyrion IX, le Commandeur Athellenas des Black Templars doit relever un défi de taille : empêcher une armée de 6.000 cultistes de Khorne de s’emparer du seul spatioport de ce monde minable, ce qui permettrait aux hordes dépravées et mal fringuées du terrible Manskinner de fondre sur Macharia pour y commettre un génocide. Le tout avec seulement trente Space Marines à disposition. Le rapport de force n’est pas en faveur de l’Astartes, mais Athellenas a… un plan (et pour un Black Templar, c’est déjà beaucoup). Le seul problème, c’est que ses frères risquent de ne pas l’apprécier du tout, ce qui va le contraindre à jouer très finement la partie1.

Du côté adverse, les préparatifs vont bon train pour ce qui ne devrait être qu’un massacre en bonne et due forme entre deux factions peu réputées pour leur tactique d’évitement. Le Manskinner, qui a reçu de sa divinité tutélaire le don démoniaque « parole de sang », ce qui lui permet de plonger son audimat dans une folie furieuse (et non pas de se mordre la langue à chaque fois qu’il prononce une phrase), prononce une petite causerie d’avant-match qui met ses ouailles de bonne humeur, et envoie sa cavalerie (si si) à l’assaut des positions retranchées des Marines. Il se doute que les fringants hussards ne feront pas long feu face à l’arsenal des Black Templars, mais cela devrait laisser le temps nécessaire au gros de ses forces d’arriver à portée de charge.

Conformément à ses pronostics, la brigade légère du bien nommé Die(ss) tombe glorieusement au champ d’honneur, sur le score sans appel de 210 morts à trois doigts tranchés. C’est alors que le rusé Athellenas dévoile la profondeur insondable de son génie stratégique, en ordonnant la retraite. Stupeur et bégaiements chez les meilleurs de l’Empereur, qui n’ont pas pour habitude d’abandonner du terrain à l’ennemi, à plus forte raison un temple millénaire à la gloire de Pépé, comme celui qu’ils occupent actuellement. Il faut donc claquer quelques PC au Commandeur pour passer le stratagème « Y a pas de mais », permettant un repli en bon ordre jusqu’à la ville voisine où une nouvelle position défensive est installée sans tarder.

Si cette manœuvre n’a pas fait consensus chez les Black Templars, elle a cependant compliqué la situation du Manskinner, dont l’emprise sur les éléments les plus foufous de son armée commence à s’effilocher. Malgré son éloquence sans pareille – en même temps, la plupart de ses suivants ont perdu l’usage de la parole, donc la compétition n’est pas féroce – Manski’ ne parvient pas à empêcher un de ses lieutenants, le Caporal Recoba, de partir à la chasse aux Marounes sans attendre les retardataires. L’ennui est que le charismatique officier embarque avec lui deux mille copains, divisant l’armée des cultistes en deux. Comme on peut s’y attendre, cet empressement à porter le combat à l’ennemi sera fatal pour Recoba et ses suivants, qui tomberont sous les bolts et les coups des Space Marines lors d’une embuscade savamment orchestrée par Athellenas et ses Sergents.

Cette nouvelle victoire est cependant rapidement ternie par la décision de Big A. de battre à nouveau en retraite, cette fois-ci pour une défense sur la ligne (ici le spatioport d’Empyrion IX). Cette annonce dévaste le Devastator Valerian, qui menace de se faire renégat plutôt que de commettre la forfaiture de la marche arrière, et n’accepte finalement de se plier aux instructions de son supérieur qu’après s’être fait menacer de sanctions disciplinaires dans cette vie et dans la suivante.

De son côté, le Manskinner enrage (comme d’hab’ vous me direz) de la couardise manifeste de ses adversaires, qui rend son armée sevrée de violence de plus en plus difficile à contrôler. Ayant compris qu’il s’agit d’un stratagème pour désorganiser ses forces, il tente de calmer les ardeurs de ses cultistes en exaltant les valeurs de la vengeance et de la patience, mais se fait brutalement interrompre par son dernier sous-fifre (Kireeah) avant d’avoir pu terminer son sermon. Bien que l’impoli paie son impudence de sa tête, proprement séparée de son corps par la paire de ciseaux géants que le Manskinner arbore à la place de son bras droit – c’est pratique pour inaugurer les bâtiments, je me demande pourquoi Charles III ne s’en est pas déjà équipé – le mal est fait et les Khorneux se lancent dans un sprint éperdu en direction du spatioport. Après avoir tenté de remettre un semblant d’ordre dans la horde en cisaillant de droite et de gauche, Manski’ décide de se joindre à la fête car après tout, les Marines n’ont plus nulle part où aller et l’avantage numérique est toujours largement en faveur des rouges…

Début spoiler…Mais c’était sans compter sur le besoin pathologique des Khorneux de cogner sur quelque chose ou quelqu’un dans les plus brefs délais, qui va jouer un bien mauvais tour aux hérétiques. Alors qu’ils ne sont plus qu’à quelques dizaines de mètres de leurs cibles, leur soif de sang finit par se retourner contre eux et l’armée du Manskinner se transforme en battle royal géante, de laquelle seuls quelques survivants confus et blessés émergent à la fin des combats pour tomber aussitôt sous les coups des Marines. C’était ce sur quoi comptait Athellenas, qui a interdit à ses frères d’ouvrir le feu pour ne pas permettre aux cultistes de se reconcentrer sur leurs priorités. Malin. Ce qu’il l’aurait été encore plus, ce serait d’avoir partagé son plan avec ses hommes pour s’assurer que tout se déroule bien, plutôt que de compter aveuglément sur la discipline et la loyauté vacillante de ces derniers. Mais comme Athellenas l’explique doctement à Valerian une fois la bataille remportée, les meneurs n’ont pas à se justifier auprès des exécutants. Ce n’est pas avec une telle mentalité que notre héros gagnera le prix de camaraderie, mais les résultats parlent d’eux-mêmes, et c’est plus qu’assez au 41ème millénaire…Fin spoiler

1 : Je choisis de penser qu’il s’est équipé d’un poing énergétique (qu’il n’utilisera pas une fois de la nouvelle, malgré ce que l’illustration grimdark à souhait laisse penser) pour donner l’impression à ses bourrins de collègues qu’il serait le premier à sauter dans la mêlée. Mais la moufle ne fait pas le moine de l’espace…

AVIS :

Words of Blood’ fait partie des nouvelles écrites pour explorer une situation paradoxale ou problématique si on se réfère au background canon de univers de Games Workshop1, ici : « que se passerait-il si le seul moyen pour des Black Templars de remporter une bataille était de battre en retraite ? ». Je précise qu’à l’époque où cette histoire a été écrite, les zélés fils de Dorn prenaient leur serment de défense de l’Imperium de manière beaucoup plus littérale – certains esprits chagrins pourraient dire « basse du front », mais il ne faut pas écouter ces vils persifleurs – que maintenant. Sur ces prémisses intéressantes, en tout cas plus qu’une vulgaire empoignade entre Space Marounes et mutants/hérétiques/Xenos (rayer la ou les mentions inutiles), Ben Counter développe un propos qui, s’il accuse aujourd’hui sérieusement son âge, mérite encore la lecture à mon sens.

En effet, si on fait abstraction des quelques éléments surannés de ‘Words of Blood’ (le serment de non-reculade des Black Templars, les attaques de cavalerie…), la trame de l’histoire reste solide. Mieux encore, cette nouvelle présente un parallélisme aussi élégant que satisfaisant entre les dilemmes tactiques et managériaux auxquels sont confrontés les deux commandants ennemis. Tant Athellenas que le Manskinner doivent en effet réfréner les penchants naturels de leurs troupes pour espérer l’emporter, et composer avec la mauvaise volonté de ces dernières à obéir à des ordres avec lesquels elles ne sont pas en phase. À ce petit jeu, la discipline naturelle des Space Marines finit par l’emporter (mais de très peu), provoquant la fin des hordes hérétiques de la manière la plus Khorneuse qui soit. Le vieux fluffiste qui sommeille en moi a d’ailleurs failli verser une larme (de sang) en lisant la harangue de la dernière chance faite par le Manskinner à ses troupes indisciplinées juste avant qu’elles ne piquent leur sprint fatal vers le spatioport d’Empyrion IX. Car oui, Khorne était dans l’archéofluff une divinité plus complexe que l’immonde bourrin qu’il est devenu au fil des versions2, et Counter mérite une accolade pour avoir reflété ces fifty shades of red dans sa nouvelle.

Boni appréciables, il s’est également donné la peine de développer un minimum sa galerie de personnages (les plus intéressants étant le Manskinner philosophe et ses lieutenants exaltés), et se révèle plutôt généreux en termes de fluff Black Templar, même s’il est permis de douter de la validité de ces informations plus de vingt ans après l’écriture de cette nouvelle (à l’époque, cette faction ne disposait pas de son propre Codex, et on pouvait donc y aller franco sur leur background). Pour ne rien gâcher, la nouvelle se termine par un petit twist final, un peu ruiné par le TGJSUO (Ta Gu*ule Je Suis Un Officier) que l’aimable Athellenas décoche au pauvre Valerian, mais on n’en tiendra pas rigueur à l’auteur. Bref, même si ‘Words of Blood’ a un peu vieilli depuis sa sortie (en 2000, on peut être miséricordieux), il elle ça se laisse lire sans problème encore aujourd’hui.

1 : Marc Gascoigne indique dans son introduction de l’anthologie ‘Let the Galaxy Burn’ que la Black Library a été (au moins en partie) créée à cette fin. C’est dire si ce « genre » est important.
2 : Quand on voit les dernières entrées du Codex World Eaters, on ne s’étonne pas que le mot « subtilité » s’écrive avec neuf lettres, et non pas huit…

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The Black Pearl – C. Pramas :

INTRIGUE :

The Black PearlFraîchement nommé Chapelain Interrogateur, Uzziel des Dark Angels emmène ses frères sur le monde exodite de Lughnasa, afin de vérifier une information obtenue du premier Déchu qu’il a capturé. Selon la confession du traître, la mythique épée du Lion, maniée par le Primarque de la première Légion au cours de la Grande Croisade, et perdue au cours de la destruction de Caliban, reposerait en effet dans un temple de cette planète.

AVIS :

Une nouvelle rythmée et assez bien construite, dans la droite lignée d’Into the Maelstrom’. Comme cette dernière histoire, ‘The Black Pearl’ se termine par un petit twist1 qui, sans être transcendant, conclut le récit de manière opportune et démontre que Pramas a bien intégré les codes de 40K (Praaaaa-maaaaaaaaas…ton univers impitoyaaaa-aaa-bleuh).

Reste qu’utiliser les Dark Angels comme protagonistes est un exercice périlleux, les multiples couches de secrets et de rumeurs entourant les Impardonnés obligeant l’auteur à procéder avec prudence. Malgré sa maîtrise du background (mention est faite de Moloc(h)ia, Chapelain Interrogateur détenteur du highest score en matière de confessions de Déchus), Pramas se prend les pieds dans le tapis pelucheux du fluff des Anges de la Mort à quelques reprises. Rien de très grave, je vous rassure, mais il fallait tout de même que le signale. Paradoxalement cependant, ce sont les (petites) révélations sur le passé des Dark Angels glissées par Pramas dans ‘The Black Pearl’2 qui constituent l’intérêt principal de la nouvelle. Les vieux de la vieille apprécieront aussi la présence de chevaliers dragons Exodites en tant qu’antagonistes, même si l’auteur se contente de les balancer sur les Space Marines dans une reconstitution futuriste de la charge de la brigade légère (si tant est qu’un chevaucheur de megadon puisse être considéré comme un cavalier léger) à la bataille de la Balaklava, et ne s’attarde donc guère sur la culture de ces fiers guerriers tribaux.

Honnête mais finalement assez terne, en ce qu’elle n’explore pas assez à mon goût la psyché si particulière des Dark Angels (une joyeuse bande de zélotes psychorigides et intolérants au plus haut point, à la fois arrogants à l’extrême et terrifiés à l’idée que le reste de l’Imperium apprenne leur honteux petit secret), ‘The Black Pearl’ constitue une lecture assez dispensable, sauf si vous êtes un amateur inconditionnel de Lionel et de ses fistons.

1L’épée du Lion se révèle au final être l’épée de Luther.
2 : Référence à la perle noire que les Chapelains Interrogateurs des chapitres Impardonnés ajoutent à leur Rosarius pour chaque Déchu qu’ils « convainquent » de se confesser.

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Angels – R. Earl :

INTRIGUE :

Alors que la fin approche pour lui, après une longue vie de près de 50 ans (ce qui est apparemment respectable sur la planète féodale sur laquelle il vit), Bobby1 se remémore l’événement le plus marquant de son existence, un souvenir tellement puissant qu’il l’a guidé dans les moments charnières de sa vie, depuis l’accouchement de sa femme jusqu’à l’extermination d’une meute de loups un peu trop familiers. Cela s’est passé il y a bien longtemps, lorsqu’il n’était qu’un petit nenfant…

Né dans le petit village de Pasternach, Bobby connut une enfance rude mais heureuse dans ce hameau fort éloigné du tumulte grimdark d’une galaxie hostile, jusqu’à ce que des signes inquiétants se multiplient dans les environs immédiats du bourg. Les méthodes traditionnelles (envoyer une patrouille faire mumuse dans la forêt voisine) n’ayant, pour une fois, pas donné les résultats escomptés, une douce psychose commence à s’abattre sur Pasternach au fur et à mesure que des événements sinistres se produisent dans le voisinage (meurtre sauvage d’un vieil ermite qui résidait un peu en retrait du village, disparition de l’expédition de volontaires envoyés quérir de l’aide dans la ville la plus proche, incendie probable de cette dernière en pleine nuit). Décidés à se défendre contre les forces maléfiques qui crapahutent dans les sous-bois, les villageois transforment leur communauté en fort retranché, mais cela ne décourage pas la bande de mutants assoiffés de sang et de chair fraîche qui constitue la cause de leurs tracas de passer à l’attaque, au cœur d’une sombre nuit d’automne.

Malgré leur vaillance et leurs outils de ferme soigneusement affutés, tout aurait pu et dû très mal se finir pour les Pasternachois, très démunis face à la férocité et au nombre de leurs assaillants. Au moment où tout semblait perdu, cependant, quatre « anges » (d’après les mots du narrateur) font leur apparition sur la palissade ceignant le village, et commencent à tailler des croupières à la horde impie, avec une terrible efficacité qui ne manque pas d’impressionner le jeune Bobby. Ce qu’il ne peut pas savoir, en pauvre inculte qu’il est, c’est que les nouveaux arrivants sont des Space Marines2, et que le massacre d’une bande d’Hommes Bêtes en maraude n’est probablement qu’un échauffement avant leur tournoi de bière pong énergétique. Toujours est il que la bogossitude absolue de l’Astartes fait une très forte impression sur Bobby, qui tirera de ce souvenir impérissable la fortitude nécessaire pour affronter tous les aléas de sa morne vie de péquenot. Merci Pépé.

1 : Comme il n’a pas de nom, je lui en donne un.
2 : Robert Earl ne donne pas d’indication quant à leur allégeance, et comme leur livrée est bleue et verte, il est permis de penser qu’il ne s’agit pas nécessairement de loyalistes

AVIS :

Avant le lancement des gammes Warhammer Horror et Crime, rares étaient les nouvelles de 40K s’intéressant au point de vue des humbles sujets de l’Imperium, et à ce titre, ‘Angels’ est une œuvre intéressante et résolument précurseuse (?), puisqu’écrite plus de vingt ans avant que la Black Library fasse le pari de la diversification. Bien sûr, il y a bien des Space Marines au casting de cette courte nouvelle, mais Robert Earl garde volontairement et astucieusement la caméra braquée au niveau de son jeune et impressionnable héros, qui est au fond assez proche de la grande majorité des habitants de l’Imperium dans sa méconnaissance absolue de qui sont les Élus de l’Empereur. Ajoutez à cette bonne idée de positionnement narratif le talent de conteur d’Earl, et vous obtenez une des nouvelles courtes (10 pages ou moins) les plus efficaces du catalogue de la BL à mon humble avis. Un vrai masterclass en GW-Fiction.

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Unforgiven – G. McNeill :

INTRIGUE :

40K_UnforgivenMission classique pour le Sergent Dark Angels Kaelen et son escouade de marsouins vert bouteille. Largués sur leur cible, une cathédrale quelconque1, par Thunderhawk furtif, les angles eud’la muerta se posent sans encombre sur une place grouillante d’ennemis, qui ne tardent pas à goûter à la colère des meilleurs de l’Empereur. Chargés d’accompagner le Chapelain Interrogateur2 Bareus jusqu’au mystérieux prophète ayant fait basculer la jusque là paisible Valedor dans l’hérésie la plus totale, Kaelen et ses hommes sont surpris d’entendre l’officier leur annoncer, après avoir regardé sous les jupes des filles cultistes comme un gros père vert (ce qu’il est), que le QG ennemi doit être capturé, et non pas exécuté, comme c’était jusqu’ici le plan. En privé, ce grand meneur d’homme de Bareus avoue sans détour à son sous-fifre qu’il s’attend à ce que tous les bidasses de l’escouade rejoignent la droite de l’Empereur au cours des prochaines minutes, ce qui énerve un peu notre Sergent, qui aurait bien aimé qu’on lui annonce sa participation à une mission suicide en temps et en heure. Histoire d’avoir pu demander à un camarade de dortoir de supprimer son historique de navigation avant de partir, sans doute. Quoi qu’il en soit, la prédiction funeste du Chapelain ne met pas longtemps avant de commencer à se réaliser, le pauvre frère Lucius payant de sa vie son ultime double screwgie de grenade à travers les vitraux de la cathédrale, mais permettant tout de même au reste de l’escouade de pénétrer à l’intérieur du bâtiment sans trop de casse3.

À l’intérieur, la résistance va croissante au fur et à mesure que nos braves héros se rapprochent de la dernière position connue de leur cible. Cette dernière profite que quelques apartés dans l’action frénétique de cette nouvelle endiablée pour commencer à se faire connaître, et, ô surprise, c’est très probablement peut-être certainement sans doute un Déchu. Mais on n’est pas sûr. En tout cas, si Bareus a des grands projets pour sa verdâtre Némésis, cette dernière n’est pas en reste, puisqu’elle instruit spécifiquement son second, Casta, de lui laisser s’occuper du Chapelain. Le reste des Space Marines peut cependant être massacré sans arrière-pensée, quelque chose que le mystérieux Ange des Lames, que le prophète charge son side kick de réveiller, devrait être capable de faire sans problème.

Un peu plus loin, Kaelan commence à se douter qu’il y a Luther sous Roc et qu’on ne lui a pas tout dit, lorsqu’il constate que la décoration d’intérieur de l’église a été refaite à base d’anges en feu, de planète qui explosent et de têtes de lion empaillées. En plus de cela, les vagues de cultistes qui s’abattent sur lui et ses frères, de moins en moins nombreux au fur et à mesure que McNeill les zigouille, sont habillés comme des cosplayers d’Impardonnés, ce qui est impardonnable. Malgré cela, Bareus ne consent pas à lui donner plus d’infos sur la nature véritable de sa mission, bien que notre balourd de Chapelain soit très fort pour mettre les pieds dans le plat. Devant tant de cachotteries, le Sergent Garcia se rabat sur les fondamentaux pour tenter d’atteindre un objectif qui paraît de plus en plus inatteignable, au fur et à mesure que les Astartes mordent la poussière. Heureusement pour lui, sa foi en l’Empereur et sa haine de l’onanisme l’aident à venir à bout de ses adversaires, jusqu’à ce que les survivants parviennent dans la salle du mini-boss de fin. C’est en effet là qu’il se trouvent confrontés à rien de moins que le premier Metabrutus de l’histoire, soit un Dreadnought muté monté sur crampons et exhibant fièrement son grillz et ses tablettes de chocolat aux alentours. Le pire dans tout ça, c’est que le fameux Ange des Lames est également un ex-Dark Angels, comme le symbole de son caisson le montre bien. Pas le temps de tergiverser pour nos héros cependant, il faut décarcasser le Père Ducroc.

Dans la bagarre qui s’ensuit, la plupart des survivants loyalistes se font écharper par Lââm, ne laissant en vie que Bas Rhésus, Koala et le pauvre frère Persus, qui commence à se douter qu’il ne finira pas la nouvelle en un seul morceau. À raison. Car c’est au tour du grand méchant de faire son entrée, qui se révèle être…

Début spoiler…Un Déchu. Et si. Incroyable. Je suis siégé de ma tombe. Le sinistre individu en question s’appelle Cephesus, et il a trouvé un hobby passionnant pour s’occuper depuis 10.000 ans : collectionner les Lames de la Raison des Chapelains Dark Angels qui cherchent à le capturer. La quincaillerie de Bareus lui permettra d’arriver à douze goodies, ce qui est score respectable sachant que même Molochia n’avait que dix perles sur son Rosarius. Le combat s’engage, et le Déchu parvient sans mal à trucider Persus, qui meurt en gueulant « Je le savaiiiiiiiis !!! », et à égorger Bareus avec son trousseau de clés énergétiques. La suffisance dont il fait preuve lui sera cependant fatale, car elle permettra à Kaelan, blessé mais pas vaincu, de lui arracher son Rosarius et sa précieuse sauvegarde invulnérable, avant de lui décocher un direct au foie et à la foi ravageur avec sa moufle. Traversé par un mal-être profond et le bras armé de son adversaire, Cephesus tombe raide mort au sol, et avec lui la rébellion de Valedor. Kaelan reçoit ensuite les clés du camion de la part du Chapelain mourant, qui lui vomit le mot « Deathwing » au visage dans un dernier souffle. C’est une nouvelle carrière qui s’ouvre pour notre Sergent, comme il l’annonce fièrement au Terminator de la Deathwing qui arrive peinard devant la cathédrale quelques minutes plus tard. À croire qu’on n’avait pas besoin de lui plus tôt. La relève est assurée.Fin spoiler

1 : Car nous sommes sur un monde cathédrale. Donc pour l’originalité, on repassera.
2 : Ca m’est venu comme ça mais… C’est tout de même ballot que les Dark Angels aient donné un titre spécial aux types chargés d’une mission top secrète que personne ne doit connaître. Parce que moi, si on me dit que Gérard Duchmol n’est pas comptable, mais « Comptable-Investigateur », je vais fatalement me demander ce qu’il cherche à investiguer. Et probablement me prendre un bolt dans la tête. Ou un contrôle fiscal.
3 : Le frère Marius se fracturant toutefois la hanche en glissant sur une peau de banane traîtreusement jetée par les hérétiques. Pas de quoi l’arrêter ceci dit.  

AVIS :

McNeill, qui ne devait pas être vieux à l’époque, signe une nouvelle Dark Angels des plus classiques avec ce ‘Unforgiven’, mettant évidemment en scène la traque d’un ennemi mystérieux se révélant au final être un Déchu. À croire que les lionceaux ne font que ça de leurs journées. À défaut de surprise et de suspens, il y a au moins de l’action dans cette histoire, mais pas grand-chose en termes de fluff, ce qui est dommage pour un Chapitre au passé aussi riche. On passera généreusement sur les quelques approximations et incongruités du récit, comme la disparition mystérieuse des jet-packs de l’escouade une fois rendue sur place (ça aurait pourtant pratique pour avancer jusqu’à la cible), ou le Chapelain le moins tenu au secret professionnel de l’univers, à mettre sur le compte d’une volonté manifeste de divertir le fanboy plutôt que de satisfaire le lecteur. Si vous voulez mon avis, ‘The Falls of Marakross’ de Steve Parker est en tous points supérieurs à cet ‘Unforgiven’, qui à défaut d’être pardonné, peut être oublié.

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In the Belly of the Beast – W. King :

INTRIGUE :

40K_In the Belly of the BeastUne escouade de Griffes Sanglantes menée par un Garde Loup est envoyée explorer l’intérieur d’un vaisseau tyranide. Même si la Grande Dévoreuse a la tête dans le biomorphe après quelques éons passés à dériver dans la galaxie, les Loulous vont vite se rendre compte qu’entrer par effraction chez les cafards de l’espace est une très, très mauvaise idée.

AVIS :

‘In the Belly of the Beast’ est la nouvelle de type « et si ? » par excellence. Son principal intérêt est de permettre au lecteur de découvrir un pan jusqu’ici peu exploré du fluff, ici la structure et le fonctionnement d’un bio vaisseau tyranide. King accomplit cette mission avec sérieux et réussite, et parvient à décrire ce petit monde complétement alien (c’est le cas de le dire) à l’esprit humain de manière convaincante, insistant bien sur sa perfection organique et son aspect oppressant. Il enrichit en outre son propos en décrivant la progression des Space Wolves depuis le point de vue de chacune des Griffes Sanglantes, dont les réactions varient entre rage bestiale (Egil), prémonition funeste (Njal), légèreté feinte (Gunnar) ou encore crainte dissimulée (Sven). L’éveil progressif de l’écosystème tyranide en réponse à l’intrusion des marounes donne enfin l’occasion à l’auteur de relever son texte de quelques passages d’action tout à fait convenables, et d’une poignée de décès astucieusement gores (mention spéciale à la disparition de Njal).

On peut en revanche regretter le manque flagrant d’inspiration de King au moment d’insérer ‘In the Belly of the Beast’ dans l’univers de 40K. Comment, en effet, justifier l’envoi d’une (seule) escouade de Space Marines inexpérimentés dans une mission aussi dangereuse que l’exploration d’un vaisseau tyranide, même inerte ? Réponse de l’intéressé : nos héros sont assignés à un navire marchand (et quand je dis assigné, c’est en mode larbin hein : à côté, la Wolfblade c’est une nomination honorifique), dont le capitaine, apparemment ignare au dernier stade, n’est pas foutu de repérer une bioconstruction tyranide quand il en croise une (manque évident de culture générale également partagé par le sergent Hakon, ceci dit). Le navigateur de bord – un homme cultivé, lui – a beau insister lourdement pour que ce mystérieux vaisseau soit détruit sur le champ, le capitaine envoie tout de même ses loulous de compagnie explorer ce dernier dans l’espoir de « découvrir quelque chose dont l’Imperium pourrait avoir l’utilité ». Pour un point de départ pourri, c’est un point de départ pourri. Dans la même veine, on ne peut que s’émerveiller de l’innocence des Space Wolves, qui ne réalisent qu’ils sont au cœur d’un vaisseau tyranide qu’au moment où ils débarquent dans la salle centrale et assistent au réveil d’une tripotée de guerriers. Allo nan mais allo quoi.

En dépit des quelques couleuvres que King tente de faire avaler au lecteur pour justifier les actions stupides de ses personnages, ‘In the Belly of the Beast’ est une nouvelle honorable, dont l’ambiance d’horreur lovecraftienne détonne agréablement des productions classiques de la BL, où l’action omniprésente laisse peu de place au développement d’atmosphères oppressantes dignes de ce nom.

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Suffer not the Alien to Live

Hellbreak – B. Counter :

INTRIGUE :

40K_HellbreakLe Commissaire von Klas a eu la mauvaise idée d’être capturé vivant par les Eldars Noirs lorsque ces derniers ont annihilé son régiment, et son séjour à Commoragh se passe aussi bien, ou mal (c’est selon), que l’on peut l’imaginer. Identifié par ses tortionnaires comme officier, il a la chance douteuse de participer aux jeux donnés par la cabale de l’Échine Rompue (Broken Spine) en l’honneur de son maître, le positivement ancien Archon Kypselon. Rustre jusqu’au bout des ongles, von Klas a l’outrecuidance de remporter son duel face à une Céraste au style trop chargé pour son propre bien, et d’une manière si peu élégante (il lui pète le pif avant de l’empaler sur sa propre hallebarde… honteux) qu’il est prestement condamné à être écorché vif par l’Haemonculus personnel de Kypselon.

Survivre aux Intervilles1 de Commoragh a toutefois boosté le moral, déjà naturellement élevé, de notre brave Commissaire. Lorsque son tortionnaire (Verredaek) fait l’erreur de se présenter à lui sans l’avoir attaché au préalable, confiant qu’il est dans son aura de terreur pour figer sur place son nouveau sujet d’expérimentation, von Klas ne tarde pas à lui faire goûter à sa propre médecine, et s’échappe après lui avoir fauché sa main rasoir et son pistolet à aiguille, recrutant dans des geôles adjacentes quatre autres Gardes Impériaux malchanceux gardés en réserve par Verredaek. L’Haemonculus agressé n’aura guère le temps de s’excuser de sa nullité crasse auprès de son impitoyable employeur, qui le fait exécuter par sa Succube de compagnie (Yae) pour faute lourde, avant d’ordonner à cette dernière d’aller mettre un terme à l’excursion des Mon-keigh dans son territoire. Après tout, il a un rival ambitieux (Uergax de la cabale du Fil de la Lame) à mater, et ne peut se permettre qu’une bande de primates mal dégrossis sèment la pagaille à domicile.

Malheureusement pour Kyky, Yae ne sera pas très efficace dans sa traque, à tel point que von Klas et sa petite escouade parviennent à s’emparer de l’usine du Sybarite Laeveq, et des deux mille esclaves humains utilisés par ce dernier comme main d’œuvre, multipliant leur potentiel de nuisance. Pire, les mutins choisissent de se réfugier dans le temple que l’Archonte a fait élever à sa gloire (c’est un gars simple), ce qui constitue un crime de lèse-majesté impardonnable. Tant pis pour la prudence, Kypselon réunit le ban et l’arrière-ban de sa cabale et envoie ses pillards reprendre possession de la basilique gothique (elle est construite uniquement en os) aux zadistes en furie. Il commet toutefois l’erreur de sous-estimer la résolution du meneur adverse, trop content de faire s’effondrer le plafond de l’édifice sur les combattants au plus fort de la bataille, même si cela précipite l’écrasement de son insurrection raciale. Écrasé pour écrasé, autant que les Eldars Noirs participent à cette soirée crêpes, pas vrai ?

Début spoiler…La nouvelle se termine dans une cellule de la cabale, où un von Klas en bien piteux état après son coup d’éclat languit des jours durant, jusqu’à ce que ses geôliers lui amènent un compagnon d’infortune, qui se révèle être Kypselon en personne. Comme l’Archonte l’apprend à son valeureux adversaire, sa rébellion a coûté très cher à l’Echine Rompue, aussi bien en ressources qu’en cabalites, et ses rivaux du Fil de la Lame ont profité de ce moment de faiblesse pour attaquer et annihiler ce qu’il lui restait de suivants. Bien que von Klas sache qu’il ne lui reste plus longtemps à vivre, il peut toutefois savourer l’indéniable victoire qu’il a remporté sur son adversaire, qui n’aura certainement pas la chance de bénéficier de la mort rapide dont le Commissaire agonisant héritera…Fin spoiler

1 : Je m’interroge sur la pertinence de mettre un -s, la cité drukhari n’ayant pas d’équivalent.

AVIS :

Ben Counter nous plonge dans l’enfer de Commoragh avec maestria dans cette variation sur le thème de Spartacus, qui illustre parfaitement la cruauté des Eldars Noirs et la défiance de la Garde Impériale face à l’adversité. Au final, ces deux factions sortent grandies de ce ‘Hellbreak’, et le lecteur bénéficie d’une histoire purement grimdark, comme sa conclusion aussi satisfaisante que nihiliste le démontre pleinement. De la nouvelle 40K comme on aime.

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Small Cogs – N. Rutledge :

INTRIGUE :

40K_Small CogsSeule la mort met fin au devoir nous dit le proverbe, et ce n’est pas le Colonel Soth du 8ème Ulbaran qui viendra s’en plaindre. Ayant participé à la reprise de la planète de Luxoris Beta, confisquée par les Orks pendant des siècles, le régiment se retrouve mobilisé pour défendre la station d’épuration le Temple de l’Eau local contre une excursion eldar repérée au dernier moment par ces planqués du Haut Commandement. Malgré le fait que ses hommes doivent combattre en uniforme d’apparat, leur mission première étant de participer au défilé du 14 juillet local, Soth fait contre mauvaise fortune veste qui gratte bon cœur et organise un périmètre défensif autour du bâtiment visé par les Xenos. Le Temple de l’Eau contrôle en effet le système d’irrigation de la planète, en faisant une cible de choix pour les Eldars : inonder les basses terres de Luxoris Beta priverait en effet les défenseurs impérieux de la possibilité de déployer leurs véhicules blindés dans ce conflit.

Après avoir échangé quelques banalités avec le prêtre Jarendar, tout à fait confiant dans la protection qu’apportera l’Empereur à ses fidèles, Soth est appelé à son poste de commandement par son second (Hoddish) lorsque les Eldars lancent leur assaut. S’en suit une bataille urbaine tout à fait classique entre les deux factions, à la ténacité et la discipline des Gardes Impériaux s’opposant la vitesse et la technologie avancée des Xenos. En bon commandant, Soth met les mains dans le cambouis et mène une charge au fuseur contre un Falcon trop confiant, héritant d’une blessure à la cuisse mais permettant aux lignes impériales de tenir.

Un moment de répit entre deux attaques permet à notre héros d’inspecter le périmètre… et de manquer de tomber sous les tirs d’un Ranger isolé, finalement localisé et abattu sur un gros coup de chance par Soth. Il ne faut pas longtemps au sagace officier pour réaliser que le sniper n’a pas fait le déplacement seul, et que ses petits copains sont certainement en train de converger vers le Temple pendant que le reste des forces eldars fait diversion. Ne pouvant mobiliser un peloton entier sous peine de laisser ses lignes dangereusement dégarnies, Soth ordonne à Hoddish de lui envoyer trois Gardes pour tenter d’intercepter les infiltrateurs ennemis avant qu’il ne soit trop tard.

Je vous la fais courte : au prix d’une progression sanglante et de la perte de tous ses sidekicks, Soth parvient jusque dans la salle des machines du Temple, où il surprend le dernier Ranger en pleine lutte avec Jarendar. Le prêtre étant plus doué en parabole qu’en krav-maga, il ne tarde pas à rejoindre la droite de l’Empereur, tandis que Soth hérite pour sa part de quelques shurikens dans le thorax, lui faisant perdre la règle Objectif Sécurisé et lui donnant l’impression de voir les esprits de ses camarades défunts danser le harlem shuffle autour de lui. Ces hallucinations dissimulaient cependant l’arrivée d’un clutch player de chair et de sang : le novice de Jarendar – et son chandelier – qui règle son compte au pénible Xenos alors qu’il trifouillait les panneaux de commandes en fredonnant ‘Here comes the flood’. Bien fait. La nouvelle se termine sur la victoire des impériaux et l’évacuation de Soth vers l’hôpital le plus proche, mais pas avant qu’il n’ait bredouillé au Medic qui l’a stabilisé de faire passer à Hoddish la morale de cette histoire : prêter attention au moindre détail (small cogs). Que voilà une édifiante conclusion.

AVIS :

Pour sa seule incursion dans le 41ème millénaire (si on ne considère pas la nouvelle ‘Sisters’, écrite pour Necromunda), Neil Rutledge livre une bonne histoire de « Gardes Impériaux d’action », dans la droite lignée de ce que nous propose le légendaire Dan Abnett avec ses Fantômes de Gaunt. Chose appréciable, on a le droit en seulement 26 pages à une bataille rangée, suivie par une mission d’infiltration tournant au duel de snipers, ce qui est une variété tout à fait appréciable pour un court format. Les affrontements entre Garde Impériale et Eldars des Vaisseaux Mondes étant de plus assez rare dans la GW-Fiction, on appréciera d’autant plus ce ‘Small Cogs’ à sa juste valeur. Je valide.

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The Fall of Malvolion – D. Abnett :

INTRIGUE :

The Fall of MalvolionLa mission de garnison du Garde de Fer Karl Grauss et de ses copains Mordiens sur la planète de Malvolion prend un tour très désagréable après que les signes avant-coureurs d’une infestation Genestealers aient été détectés dans une station d’épuration jusqu’ici sans histoire (comme la majorité des stations d’épuration vous me direz). Rescapé de la malheureuse mission de reconnaissance qui a permis de se rendre compte de l’existence de Xenos affamés et acérés sur ce monde agricole, Grauss couve un petit choc post-traumatique carabiné et demande donc à être réaffecté en service actif pour se changer les idées. Compréhensif, son supérieur lui donne les clés d’un camion de transport et l’ordre de mener un convoi de paysans du cru jusqu’à la zone d’extraction la plus proche : comprenant que la Grande Dévoreuse n’allait pas tarder à pointer le bout de son museau, l’Imperium a préféré la jouer safe et abandonner Malvolion à ses appétits voraces. Il faut choisir ses combats.

Un peu plus loin, nous faisons la connaissance d’un bataillon du 4ème régiment de Phyrus et du Sergent Gallo, qui auront l’honneur douteux d’être les premières victimes de la véritable attaque tyranide sur Malvolion, perpétrés par un essaim de Genestealers et quelques Lictors en vadrouille. Hachés menu comme chair à pâté, les Phyrus auront toutefois le temps de prévenir le haut commandement de la gravité de la situation, ce qui permet au Général Caen de… se faire totalement déborder par un barrage de spores mycétiques larguées par les premiers bio-vaisseaux de la flotte ruche. Même punition pour le Colonel Grizmund et sa colonne blindée Paladiane, culbutée par les hordes de Hormagaunts et Carnifex alors qu’elle allait renforcer les positions impériales plus au sud. Il y a des jours comme ça…

Retour à Grauss et à son tacot, qui nous rejouent ‘Le Salaire de la Peur’ à la sauce ‘Alien’ et parviennent tant bien que mal à se frayer un chemin vers la sécurité illusoire et très distante de la cité ruche de Malvo Height… jusqu’à un certain point. Harcelés par les Gargouilles, ralentis par les conditions météorologiques et une flore aussi exubérante qu’hostile, talonnés par les essaims ennemis, les Gardes de Fer finissent par se résoudre à un dernier combat aussi héroïque que vain pour vendre chèrement leurs vies. C’est alors qu’un petit point brillant, puis deux, puis dix, apparaissent dans le ciel tourmenté et se précipitent vers le convoi arrêté. Seraient-ce des oiseaux ? Seraient-ce des avions ?

Début spoiler…Non, ce sont des Drop Pods de SPESS MEHRINZ ! Grauss assiste émerveillé au déploiement d’une Compagnie de ces surhommes en armure, qui moissonnent les Xenos à grands renforts de rafales de bolters, de gerbes de prometheum enflammé et de tirs de plasma. L’espoir renait et la horde chitineuse semble sur le point de refluer, mais c’est alors que notre héros remarque la magnifique couleur jaune et le petit cœur trop kawaiiii sur l’armure de ses sauveurs, et se rend compte avec effroi qu’il s’agit de Lamenters. Ce qui ne peut signifier qu’une chose : l’Imperium ne peut pas gagner cette bataille (c’est écrit dans le lore). Et en effet, les braves mais maudits Astartes finissent par se faire dépecer à leur tour, et moins de quarante minutes après leur arrivée tonitruante, Grauss se résout à avaler le canon de son fusil laser pour en finir avec cette chienne de vie de la manière la plus digne et la plus indolore possible. J’aurais fait pareil à sa place. Fin spoiler

AVIS :

Dan Abnett a maintes fois prouvé qu’il était un maître dans la mise en scène de personnages humains dans l’univers cruellement absurde de Warhammer 40.000, mais n’a que peu pratiqué les autres races majeures de la franchise grimdark : ‘The Fall of Malvolion’ est seulement la seconde nouvelle qu’il a signée dans lesquels les Tyranides apparaissent1. Malgré ce manque de pratique, Abnett livre malgré tout une histoire très correcte, et une adaptation littéraire convaincante du topos bien connu des fans de 40K : l’invasion d’une planète impériale par des hordes inarrêtables de Xenomorphes affamés. Si vous cherchez le mètre étalon de ce type de récit, ‘The Fall of Malvolion’ est un candidat très crédible.

Malgré cela, cette soumission n’est pas exempte de tout défaut et accuse parfois franchement son âge. Ainsi, on se retrouve confronté à des personnages étrangement peu détaillés, et donc peu attachants, pour une nouvelle d’Abnett. Bien que son choix de multiplier les protagonistes pour les faire mourir de façon horrible quelques pages plus tard soit compréhensible, et que les Mordiens qui lui servent de chair à canon Voraces ne sont pas les Gardes Impériaux les plus intéressants qui soient pour commencer (avis purement personnel, mais que j’assume totalement), notre homme a démontré par le passé et depuis qu’il lui suffisait de quelques lignes pour rendre appréciable un personnage lambda2. Il ne s’est pas donné ce mal ici, et c’est évidemment dommage. A cela s’ajoute un schéma narratif sans beaucoup de surprises, plombé en sus par un titre qui retire tout suspens à la conclusion du récit (même si le massacre des Lamenters est une pépite grimdark comme on en a peu fait), là encore assez indignes d’un auteur du calibre d’Abnett. A croire que ‘The Fall of Malvolion’ n’était qu’une commande à honorer pour la BL, et qu’il n’était pas très emballé par cette perspective.

D’un point de vue fluff aussi, la nouvelle ne fait pas un sans-faute. Si je donne crédit à Abnett pour avoir pensé à intégrer à son propos les armes météorologiques et botaniques des flottes ruches, que je n’ai pas souvent retrouvé dans les histoires de ses confrères et sœurs malgré leur existence dans le lore et leur grand potentiel en termes d’atmosphère (sans jeu de mots), il sombre dans la facilité en déclenchant une attaque depuis l’orbite « par surprise ». Même si l’Ombre dans le Warp est mentionnée, cela ne suffit pas à expliquer comment une flotte peut arriver en basse orbite d’une planète en alerte et disposant de vaisseaux spatiaux de manière si furtive et rapide qu’elle prend de court le haut commandement adverse.

Cependant, les points positifs l’emportent largement sur les points négatifs ici, et même si je sors de ma relecture de ‘The Fall of Malvolion’ avec moins de satisfaction que lors de ma découverte de cette histoire, nous sommes bien en présence d’une nouvelle de qualité.

1 : Et ils avaient été réduits à portion congrue dans ‘The Curiosity’.
2 : Et plus encore, un Garde Impérial lambda. Je suis toujours étonné par le nombre de membres du Premier et Unique de Tanith dont je me souviens sans avoir besoin de réfléchir, et des années après ma dernière lecture de la série.

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Children of the Emperor – B. J. Bayley :

INTRIGUE :

Ayant échappé de justesse à la destruction du vaisseau qui transportait son régiment jusqu’à sa nouvelle affectation, le Garde Impérial Floscan Hartoum n’a d’autre choix que de faire atterrir sa capsule de sauvetage à la surface d’une planète mystérieuse dans l’attente d’être secouru. Recueilli par une tribu d’abhumains (deux paires de jambes) dont la mutation a été volontairement déclenchée par leurs ancêtres colons afin de lutter contre la forte gravité de leur monde d’adoption, Hartoum verra son courage et sa vision de l’Imperium sérieusement testés au cours de son séjour chez les enfants perdus de l’Empereur.

AVIS :

‘Children of the Emperor’ est une petite gemme, et sa lecture est fortement conseillée à tous les esprits curieux familiers des publications de la Black Library. Cette nouvelle jette en effet un éclairage particulier et très dépaysant sur l’univers de Warhammer 40.000, en prenant toutefois garde de bien respecter le background qui existait à l’époque, attention aussi délicate que louable de la part d’un auteur aussi établi que Barrington J Bayley. L’un des charmes de ‘Children of the Emperor’ est ainsi son absence d’aberrations fluffiques, preuve indubitable du sérieux travail de « documentation » effectué par Bayley avant la rédaction de ce texte1 (tous les contributeurs de la BL ne peuvent en dire autant, pas vrai Nik Vincent ?).

Mais les principales plus-values apportées par la plume experte de Bayley restent son style, affirmé, maîtrisé et très différent des canons de la BL (ce qui fait tout son intérêt), ainsi que son expérience d’écrivain de SF vétéran, qui lui permet d’attirer l’attention du lecteur sur des points jamais soulevés jusqu’ici par les autres auteurs de la maison (comme les variations de gravité d’une planète à l’autre, et les conséquences de ce changement sur un organisme humain normal) ; mais également d’amener son public à réfléchir sur des questions aussi centrales que celle de la tolérance envers la mutation (et donc du droit à la différence de manière plus large) au sein d’un Imperium dont la psychorigidité sur ce sujet – personnifiée par le personnage du Commissaire Leminkanen, zélote écumant et pas très futé – apparaît comme assez grotesque, eut égard à son histoire millénaire et au million de planètes qui le compose. Bref, on peut remercier Barrington J Bayley pour l’amical coup de pied dans la fourmilière qu’il a mis dans le background de Warhammer 40.000, qui n’était (et n’est toujours) pas au-dessus de tous reproches à l’époque, malgré le soin que lui a apporté Priestley et Cie au moment de son élaboration.

1 : Il va même jusqu’à faire mention d’éléments de background un peu avancés, tels que les fameux Schémas de Construction Standardisés. Chapeau l’artiste.

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Deus ex Mechanicus – A. Chambers :

INTRIGUE :

Deus Ex MechanicusL’arrivée sur Naogeddon, monde mort et terne par excellence, de l’ingénieur et Techno-Prêtre (double cursus, t’as vu) Lakius Danzager et de son acolyte Osil manque de très mal se finir pour nos deux personnages, embarqué à bord d’un vaisseau à l’autopilote très bas de gamme. En chute libre depuis l’atmosphère haute de la planète, la navette occupée par les envoyés du Mechanicus est rebootée à temps par le dégourdi Lakius pour éviter un crash mortel à la surface désertique de ce roc sans vie, mais accueillant des ruines très anciennes qu’un Magos Explorator (Egal) souhaite étudier. En tant que spécialiste de la cryo-stase, Lakius dispose d’une expertise précieuse en matière de compréhension de technologie Necron (à ce stade, vous aviez sans doute déjà deviné qu’on prenait ce chemin…), et Egal l’a donc réquisitionné pour assister sa petite équipe de super geeks.

A peine remis de leur atterrissage mouvementé, Lakius et Osil doivent encaisser une nouvelle expérience traumatisante : l’attaque du camp du Mechanicus par quelques escouades de Guerriers Necrons, vomies comme toutes les six heures par la Nécropole encore endormie qu’Egal a commencé à explorer. Bien que l’effet de surprise ne soit pas de leur côté, et que les servants de l’Omnimessie puissent compter sur une cohorte de Prétoriens ainsi que de solides fortifications pour les défendre, les robots squelettiques vendent chèrement leur châssis, forçant les adeptes à partir à la découverte de la crypte exhumée par le Magos avec une protection réduite.

De manière très prévisible, la progression du petit groupe (Egal, Lakius, Osil et quelques personnages secondaires à l’espérance de vie très limitée) rencontre une résistance qui va croissant, depuis des marches très hautes qui obligent les Prétoriens à rouler à deux à l’heure, jusqu’à des champs magnétiques générateurs de trouille, ou plus prosaïquement des vagues de Scarabées kamikazes. Au bout du compte, Lakius et Egal se retrouvent seuls dans la salle des bornes de chargement sarcophages de la Nécropole, tandis qu’Osil, qui s’est pris quelques échardes dans la fesse gauche pendant l’expédition indoor, a été ramené au campement de base par le dernier Pretorien pour désinfection et pose de pansement. La tension est à son comble…

Début spoiler…Commençons par évoquer le destin d’Osil, que son maître a chargé d’une mission simple mais capitale : réveiller au plus vite l’Assassin Eversor qui végète dans la soute de leur vaisseau. Lakius soupçonne en effet que la Necropole est en train de se réveiller, et que seule l’intervention d’une machine à tuer bourrée de Red Bull a une chance d’enrayer cette trajectoire menaçante. Malheureusement, la navette du Techno-Prêtre s’est fait coloniser par une nuée de… barnacles (vous croyiez que les Necrons s’en étaient tenus aux scarabées ? erreur) métalliques pendant l’absence de ses propriétaires, empêchant l’acolyte de sortir le tueur de sa torpeur. Voilà qui est dommage.

De leur côté, Lakius et Egal récupèrent un « Bâton de Lumière » dans le sarcophage (vide) du probable Phaëron du lieu, avant de prendre à leur tour le chemin de la sortie. Bien que le Magos assure à son compagnon que cette relique a le pouvoir de tenir à distance les gardiens de la Nécropole, Lakius décide de jouer la carte de la sécurité et de détruire le générateur de phase qui a ouvert le portail permettant d’accéder à l’intérieur du complexe, une fois les deux explorateurs sortis de ce dernier. Egal n’est pas d’accord, et la dispute académique dégénère rapidement en duel de carabine laser, au cours duquel Lakius colle un tir à pleine puissance en pleine tête de son estimé confrère, avant de réduire le générateur en cendres. Une conclusion regrettable, mais la fin justifie les moyens…

Début spoiler 2…Sauf qu’Egal refuse de rester au sol, et pour cause. Sous le fond de teint soigneusement appliqué, c’était un C’tan qui avait revêtu les robes écarlates du Mechanicus. On ne saura jamais ce qu’il cherchait à faire sur Naogeddon, à part troller quelques pauvres adeptes qui n’avaient rien demandé, bien sûr, mais comme on peut s’y attendre, les tirs désespérés de Lakius le font doucement rigoler. Beau joueur, il laisse ce dernier s’enfermer avec Osil dans le laboratoire installé par les chercheurs, avant de frapper doucement à la porte pour essayer de leur vendre des boîtes de biscuits pour financer sa classe de neige et/ou des bons du trésor moldave. Lorsque la paroi finit par céder sous ses coups, le C’tan s’aperçoit que ses proies n’ont pas été oisives, et ont bricolé une étrange machine avec les composants qu’ils avaient sous la main. That’s cute, but too little, too late

Début spoiler 3…Eh non. La machine en question était un générateur de stase, qui emprisonne fissa la truculente Echarde dans une bulle atemporelle. Fin. Comment, vous trouvez ça un peu tiré par les cheveux ? Mais qu’attendiez vous d’une histoire qui s’appelle presque Deus ex Machina, enfin ? Fin spoiler

AVIS :

Les nouvelles d’exploration de Nécropoles Necron, un sous-genre assez populaire de la littérature 40K, ne sont pas vraiment ma tasse de thé. J’ai toujours l’impression de lire la même histoire, basée autour d’un faux suspens (« eh non, ils ne dormaient pas en fait… SHOCKING ») et finissant généralement par une course effrénée vers la sortie de la petite bande de héros ayant eu la mauvaise idée de faire de l’archéologie chez les grands anciens galactiques. Ce ‘Deus Ex Mechanicus’ a pour lui de proposer des variations assez intéressantes à cette base éculée (l’intervention d’un C’tan transformiste1, la presque intervention d’un Assassin Eversor), ce dont je sais gré à Andy Chambers.

Malheureusement pour ce dernier, il ne suffit pas d’avoir des idées innovantes pour accoucher d’une nouvelle réussie : encore faut il les intégrer à l’intrigue et en soutenir le développement de manière un tant soit peu crédible, ce qui n’est pas le cas ici. On ne saura donc pas comment un Techno Adepte du Mechanicus a pu se retrouver en possession d’un Eversor (l’Adeptus Assassinarum n’étant pas vraiment connu pour sa générosité), comment le C’tan transformiste a pris la place d’Egal (ou pourquoi il s’est donné le mal de revenir sur sa planète natale avec des acolytes humains, si le Magos n’a toujours été qu’une couverture), ou ce qu’il se passe après que cette divinité en vadrouille se soit retrouvée piégée dans un champ de stase (ce qui pourrait sans doute intéresser l’Inquisition, et impacter fortement le fluff de Warhammer 40,000… mais je dis ça comme ça). Ou même à quoi sert la scène initiale de la nouvelle (le quasi-crash du vaisseau de nos deux lurons), dont il ne sera plus jamais fait mention par la suite et qui aurait pu être remplacée par une arrivée sur site des plus classiques sans que cela ne change rien à la suite. Trop brouillon.

1 : Qui avec le recul ressemble fortement à Trazyn l’Infini, dans le genre boute en train avide de connaissances. Vu l’âge canonique de cette nouvelle, cette similitude ne peut être autre chose qu’une coïncidence troublante…

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Business as Usual – G. McNeill :

INTRIGUE :

40K_Business as UsualTrois mois après la victoire de l’Imperium sur la Flotte Ruche Leviathan sur le monde de Tarsis Ultra, la vie a retrouvé un cours plus ou moins normal dans la capitale planétaire, Erebus (rien à voir avec l’affreux vieillard ridé et son couteau tout chelou). Pour Snowdog et son gang de trafiquants de drogue, cela signifie la reprise d’activités illicites dans la zone tampon séparant le sous-monde de cette cité ruchette1 et la banlieue mal famée où rôde une faune aussi sauvage que mortelle. Et je ne parle pas uniquement des essaims tyranides qui squattent l’endroit à la suite de la destruction de leur vaisseau mère. La nouvelle débute ainsi sur une rencontre business assez tendue entre notre héros peroxydé et trois de ses acolytes (Lex, Silver et Tigerlily), et une bande de Jackboys cherchant à écouler une grande quantité de Kalma, sorte d’ecstasy grimdark.

Bien que la came soit de qualité, comme le trip cosmique du brave Lex, ayant pris sur lui de goûter le produit, le révèle sans ambages, le sixième sens de Snowdog le titille méchamment. Il se doute que ses interlocuteurs vont essayer de la lui faire à l’envers, et lorsque les Jackboys dégainent leurs pétoires pour piquer les crédits durement gagnés du Malamut, ce dernier ne se laisse pas faire. L’échange de tirs entre les deux gangs finit par tourner en faveur de celui composé à 100% de personnages nommés (comme c’est étrange), mais attire également l’attention de la patrouille d’Arbites du Capitaine Jakob Gunderson. Ce dernier voue une détestation cordiale à Snowdog, coupable de l’impardonnable crime de vente de dope dans son périmètre, et n’est que trop heureux d’entraîner ses hommes sur les lieux de l’échauffourée après que quelques bribes d’échanges radio entre Jackboys lui aient permis de connaître l’identité de leur adversaire.

L’arrivée de cette troisième faction rebat les cartes, et scelle surtout le destin du pauvre Lex, utilisé par un Snowdog loyal sans excès envers ses hommes comme bouclier humain contre les balles à guidage laser de Gunderson. L’utilisation judicieuse d’un chapelet de grenades artisanales récupérées sur le cadavre d’un Jackboy permet toutefois aux trois survivants de se ménager une sortie explosive (et de tuer une grande partie des camarades de Gunderson, qui étaient pourtant à deux jours de la retraite), mais leur course effrénée les amène en territoire tyranide, ce qui n’est pas l’idée du siècle, et encore moins du millénaire. Rattrapés par les deux Arbites survivants alors qu’ils contemplaient les cadavres récurés de quelques gangers malheureux dans le boyau des égouts qu’ils avaient empruntés pour filer à l’anglaise, Snowdog, Silver et Tigerlily se retrouvent en mauvaise posture. Gendarmes et voleurs se réconcilient cependant en un éclair lorsqu’une horde d’Hormagaunts interrompt leur règlement de comptes, et les humains décident sagement de se carapater le plus loin possible de la menace Xenos, à plus forte raison lorsque le Guerrier Tyranide qui manage la horde chitineuse arrive à son tour pour profiter des calories faciles que représentent nos héros.

La poursuite tunnelière qui s’ensuit n’est pas sans causer quelques pertes déchirantes (dans tous les sens du terme) parmi les hominidés, le dernier collègue de Gunderson gagnant une séance d’acupuncture tyran(n)ique, avant que la pauvre Tigerlily n’aille rejoindre Peter Pan, Sanguinius et Geneviève de Fontenay dans le pays imaginaire. Lorsque l’affreuse bestiole assomme Gundy et met la griffe broyeuse sur la veste gifesque (c’est beau le 41ème millénaire tout de même) de Snowdog, la messe semble dite pour nos héros…

Début spoiler…C’était toutefois sans compter sur le pouvoir de l’amitié la foi la Force la DROOOOOOGUE. En désespoir de cause, Snowdog balance en effet sans s’en rendre compte la totalité du stock de Kalma piqué aux Jackboys dans le gosier du Guerrier, provoquant un KO technique suivi d’une overdose fatale en moins de vingt secondes. Magnanime, El Doggo décide d’épargner la vie de Gunderson au lieu de profiter de son piteux état pour lui faire passer la matraque énergétique à gauche, et les deux gangers survivants s’en repartent vers d’autres aventures. Ils ne savaient pas encore qu’ils vivaient sur du temps empruntéFin spoiler

Tarsis Ultra n’était censé avoir que 60 millions d’habitants avant de se prendre un enchaînement fatal Tyranides-Iron Warriors dans la biosphère, ce qui est positivement clairsemé à l’aune des standards impériaux.

AVIS :

Graham McNeill n’a jamais (pour autant que je le sache et au moment où cette chronique est publiée) écrit pour Necromunda, mais les amateurs de ce monde-ruche si bucolique ne seront pas dépaysés par ce ‘Business as Usual’. Des gangs ennemis qui s’étripent pour de la dope dans des usines en ruines et des terrains vagues toxiques, avant qu’une escouade d’Arbites nommée bavure et quelques bestioles atrabilaires ne viennent se mêler aux réjouissances : on est ici en terrain connu (mais dangereux tout de même, relancez vos 1 si vous pouvez). À titre personnel, il n’y a pas grand-chose qui me fasse vibrer dans cette nouvelle qui ne détonne absolument pas du mètre étalon de la GW-Fiction, et qui a plutôt mal vieilli sur certains aspects, notamment l’argot utilisé par Snowdog et ses acolytes, qui sonne aujourd’hui terriblement daté. À chacun son sale goût.

Pour la petite histoire de cette petite histoire, ‘Business as Usual’ a en fait été écrite avant ‘Warriors of Ultramar’, dans laquelle Snowdog fait également une apparition au côté d’Uriel Ventris et des héroïques défenseurs de Tarsis Ultra, même si elle prend place après les événements relatés dans ce roman. Voilà de quoi briller en société, sans nul doute.

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Only in Death Does Duty End

Salvation – J. Green :

INTRIGUE :

40K_Salvation‘Salvation’ suit la laborieuse épopée de frère Rius (André de son prénom), Terminator de son état au sein de la première compagnie des Ultramarines. Envoyés défendre le monde de Jaroth contre un car de tyranides s’étant perdu sur la route d’Ichar IV, Rius et ses petits camarades tombent dans une embuscade tendue par des Genestealers, au cours de laquelle notre héros prend un vilain coup sur le crâne, et se réveille en conséquence totalement amnésique. Recueilli par la population indigène, Rius fera-t-il triompher son village d’adoption aux Intervilles locales, ou renouera-t-il avec son passé de meilleur de l’Empereur ?

AVIS :

Comme dit en introduction, se frotter aux descendants de Guiliman s’apparente plus un à exercice de haute voltige qu’à une promenade de santé, l’abondante littérature leur ayant été consacrée au fil du temps obligeant l’auteur chargé de cette délicate mission à se livrer à un véritable travail de recherche afin de respecter le background établi par ses prédécesseurs. Certes, le fluff des Schtroumpfs énergétiques n’était pas aussi fouillé à l’époque de l’écriture de ‘Salvation’ qu’il ne l’est aujourd’hui (où l’on connaît jusqu’au nom du cousin de la belle-sœur du professeur de piano d’Uriel Ventris), mais cela n’a pas empêché Green de pêcher, par nonchalance ou ignorance crasse, comme un bleu.

C’est en effet à un festival d’approximations, de contre-sens et absurdités en tous genres que Jonathan Green se livre dans ‘Salvation’, témoignage douloureux (pour les zygomatiques et les fluffistes acharnés) de ses lacunes en matière de 41ème millénaire. Cela commence très fort dès la deuxième ligne du récit, avec la mention de « vétérans de la Première Compagnie d’Ultramar », illustres guerriers n’existant que dans la représentation confuse que se fait l’auteur du Chapitre des Ultramarines. Quelques pages plus loin, Green fait mention de « cette vieille Terre » (Old Earth), ignorant sans doute que les gens respectables parlent plutôt de Terra. L’inclusion de la nouvelle dans la chronologie de Warhammer 40.000 ne m’a également pas semblé au-dessus de tous soupçons, Rius étant présenté comme un vétéran d’Ichar IV alors que les tyranides qu’il affronte semblent plutôt appartenir à la flotte ruche Béhémoth (corps rouges/violets), annihilée 200 ans avant l’arrivée de Léviathan dans l’espace impérial. On lui laissera cependant le bénéfice du doute, d’autres critiques plus franches, et celles-là indiscutables, pouvant lui être adressées.

Car la plus grande atteinte au fluff commise par Green très peu documenté ne vient pas tant du manque de connaissances de ce dernier sur les Ultramarines, mais bien de son manque de connaissances sur les Space Marines en général, décrits par l’auteur comme de vulgaires super-soldats disposant d’un équipement de pointe, tableau ultra (haha) réducteur et sensiblement erroné de la condition d’Ange de la Mort. Par exemple, Green affirme sans broncher que la présence des Ultramarines sur le monde de Jaroth s’explique par la présence du Gauntlet of Macragge (présenté comme rien de moins que le vaisseau amiral de la flotte Ultra – inutile de préciser que c’est la seule fois où il est fait mention de ce nom dans un texte de la BL1– ) à proximité de la planète suite à une « visite de routine dans l’Est de l’Ultima Segmentum ». Et les Space Marines, bien braves, de voler à la rescousse d’un monde tribal ne faisant même pas partie de l’Imperium, et d’envoyer la crème de leurs vétérans (qui n’avaient rien d’autre à faire que de participer à cette patrouille, sans doute) castagner la Grande Dévoreuse pour sauver trois poules et deux cochons, au lieu de lui balancer un petit Exterminatus sur le coin du museau depuis la sécurité de l’orbite haute. Bref, les Ultramarines de Jonathan Green tiennent plus des casques bleus galactiques (c’est la couleur qui l’a induit en erreur je pense) que des moines-soldats cherchant avant tout à sauvegarder leur empire personnel d’une galaxie hostile et méchante.

Beaucoup plus grave, Green fait reposer son intrigue sur une aberration, que dis-je, une hérésie pure et simple, qui ne manquera pas d’arracher un sanglot de rage à tous ceux n’ayant ne serait-ce que feuilletés distraitement un Codex Space Marines au cours de leur vie. Au moment de l’embuscade qui laisse Rius amnésique, son escouade était en effet engagée dans une opération de nettoyage des dernières poches de résistance tyranides de la planète (oui, de la planète, ils avaient visiblement un peu de temps devant eux), mission perturbée comme dit plus haut par une bande de Genestealers adeptes du « coucou qui c’est ? ». Résultats des courses : l’épave de Thunderhawk qui servait de décor à l’embuscade en question explose suite à une utilisation peu finaude du lance-flammes par frère Hastus, projetant notre héros contre un arbre à l’écorce visiblement plus dure que son crâne, vus les résultats désastreux sur ses facultés mnémoniques. Le paragraphe suivant nous apprend que Rius se réveille, seul, dans la maison du couple qui l’a recueilli2 suite à sa funeste rencontre avec un tronc (Georges de son prénom), ce qui signifie (accrochez-vous) que les Ultramarines sont repartis de Jaroth sans chercher à s’enquérir du destin d’une entière escouade de Terminators, faute de quoi ils auraient fatalement retrouvés Rius, qui n’a pas dû atterrir bien loin du lieu de l’explosion.

Je veux bien que les Ultra soient un Chapitre pétés de thunes, mais de là à « oublier » cinq armures Terminators sur une planète de huitième ordre (sans parler de la valeur intrinsèque des bonhommes occupant lesdites armures : ce n’est pas comme si la Première Compagnie des Ultramarines s’était faite massacrée jusqu’au dernier pignouf quelques années plus tôt, hein), il y a une sacrée marge tout de même. Dans la catégorie relique à la valeur incommensurable, une Crux Terminatus (avec un vrai morceau de l’armure de l’Empereur dedans !) ça se pose là tout de même, alors cinq… Malheureusement pour tout le monde, et surtout pour lui, Green ne voit cependant aucun problème à faire disparaître totalement le reste des Marines de ‘Salvation’ passé ce moment, ce qui donne au lecteur la furieuse envie d’emboîter le pas de ces derniers, et de tourner la page (dans tous les sens du terme) de cette piètre nouvelle.

Avec tout ça, on en oublierait presque que Green n’est pas, même lorsqu’il maîtrise un tant soit peu son sujet, un écrivain des plus intéressants, son absence de style le rendant parfait pour pondre des encadrés d’ambiance génériques dans les Codices GW, mais beaucoup moins convaincant dès qu’il s’agit de garder le lecteur en haleine plus de trois paragraphes d’affilée. Seul personnage un tant soit peu développé de ‘Salvation’, Rius (du latin rius, ce qui veut dire rillettes) pâtit particulièrement du manque d’inspiration de son créateur, et justifie à lui seul l’image de fadeur bleuâtre ayant poursuivi les Ultramarines depuis la création de Warhammer 40.000. Pour être honnête, le personnage le plus charismatique de la nouvelle reste à mes yeux, et de loin, le brave Carnifex faisant office de boss de fin, talonné de près par le Prince tyranide nain3 dézingué hors champ quelques pages plus tôt par la bleusaille en colère.

Imparfait sur le fond comme sur la forme, ‘Salvation’ est la preuve irréfutable que la BL publiait vraiment n’importe quoi à ses débuts, sale habitude dont elle n’est malheureusement toujours pas guérie à l’heure actuelle.

1 : On notera tout de même le fétichisme des Ultramarines (ou de leurs auteurs) en matière de « gantelets » quand on en vient au baptême de leurs vaisseaux. À l’hypothétique Gauntlet of Macragge viennent ainsi s’ajouter le Gauntlet of Victory et le Gauntlet of Glory, ce qui nous fait trois moufles et ouvre des perspectives intéressantes quant à un hypothétique « troisième bras » de Roboute Guilliman. Moi je dis que si Fulgrim s’est enquiquiné à venir égorger son frangin bien après la fin de l’Hérésie d’Horus, c’est qu’il avait ses raisons.
2 : « Chérie, j’ai une surprise pour toi ! »
« Tu m’as ramené des fleurs ? C’est trop ge- »
« Euh, non, pas exactement des fleurs. »
3 : « The hive tyrant was a truly terrifying figure to behold. The monster stood over two metres tall […] »
Sachant qu’un Space Marine normal taille dans les deux mètres cinquante, et qu’engoncé dans une armure Terminator, il frôle les trois mètres, je ne vois pas pourquoi il souillerait son slip à la vue d’un gros criquet.

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Hell in a Bottle – S. Jowett :

INTRIGUE :

40K_Hell in a BottleLe Sergent Instructeur Tydaeus des Iron Hearts doit faire face à une situation inédite: la machine Mimesis, simulateur de conflits utilisé pour l’entraînement des recrues du Chapitre, a été envahie par un ost démoniaque, mené par le prince démon Kargon. N’ayant pas réalisés que leur dernière conquête était un monde virtuel, les démons se retrouvent bloqués dans la réalité numérique de la machine, à la merci d’un Tydaeus qui doit maintenant décider s’il préfère la jouer safe (débrancher Mimesis et l’envoyer à l’incinérateur) ou héroïque (débuter une « partie » et aller botter les fesses calleuses de Kargon en live).

AVIS :

‘Hell in a Bottle’ est sans doute la nouvelle la plus étrange d’Into the Maelstrom’ (où cette nouvelle a été publiée pour la première fois), voire de toutes les publications 40K de la Black Library. L’argument du récit, déjà très peu banal en lui-même (« et si les Space Marines s’entraînaient sur des bornes de shoot ‘em up ? »), se combine en effet à une interprétation pour le moins libérale du fluff de la part de Simon Jowett, qui n’hésite pas à nommer un des Primarques inconnus dans le cours du récit, ou encore à dépeindre son héros en employé de bureau désabusé plutôt qu’en inflexible moine-guerrier. Il faut dire que Tydaeus n’est, à proprement parler, pas vraiment un Space Marines, son corps ayant rejeté les implants génétiques lui étant destiné au cours de son initiation. Le Chapitre des Iron Hearts étant néanmoins très humain (malgré ce que laisse penser leur nom), notre héros a été reclassé à un poste de non-combattant au lieu d’être transformé en serviteur, ou pire. Dans les ténèbres d’un lointain futur, la loi handicap de 2005 est toujours en vigueur. Bravo.

De l’autre côté de la matrice, le prince démon Kargon n’est pas vraiment reste, sa diction sifflante et ses pratiques sexuelles peu banales (ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle Seed-Bearer, monsieur inséminant personnellement les planètes qu’il a conquis avec des spermatozoïdes chaotiques) faisant de lui une Nemesis pittoresque pour Tydaeus, qui, bien sûr, ne résistera pas à l’envie d’aller casser du démon, pensant (à tort) qu’il ne pourrait rien lui arriver de plus fâcheux que d’être déconnecté du serveur une fois tous ses points de vie envolés.

Parenthèse parodique (volontaire ou non) de l’univers gothique de Warhammer 40.000, ‘Hell in a Bottle’ est un souvenir d’une époque révolue de l’histoire de la Black Library, pendant laquelle les contributeurs pouvaient se permettre d’écrire tout ce qui leur passait par la tête. Et, rien que pour ça, cette nouvelle mérite d’être lue.

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Tenebrae – M. Brendan :

INTRIGUE :

‘Tenebrae’ relate les derniers moments du gouverneur planétaire Dane Cortez, alors qu’il contemple les forces du Chaos prendre d’assaut la capitale de son monde. Seul dans sa chambre de commandement, Cortez se remémore les évènements ayant conduits à la débâcle actuelle, et assiste à l’arrivée du général des hordes chaotiques, Lord Vog des Word Bearers, sur la place centrale de la capitale. Le réquisitoire sans concession qu’il dresse de ses errements et erreurs en tant que régent de Tenebrae (le nom de la planète qu’il dirige), et la colère qu’il éprouve envers l’Imperium pour avoir abandonné cette dernière dans son heure de besoin finissent par ouvrir un portail Warp dans son sanctuaire, duquel s’extirpent une poignée de Sanguinaires en goguette. Cortez aura alors un ultime choix à faire : au nom de qui, ou de quoi, donner sa vie ?

AVIS :

Mark Brendan (dont c’est la seule contribution connue à la Black Library) signe avec ‘Tenebrae’ un texte assez étrange. L’approche adoptée à beau être originale, privilégiant l’examen de conscience de Cortez à une banale scène de guerre urbaine, on ne peut s’empêcher de se demander « et alors ? » à la fin de la lecture de cette courte nouvelle (15 pages). Il ne se passe en effet pas grand-chose dans ‘Tenebrae’, si l’on met de côté les atermoiements et imprécations de notre héros, entrecoupés de quelques flashbacks explicatifs (où l’on comprend comment Cortez est arrivé à la tête de la planète, en récompense de ses bons services dans la Garde Impériale) et rapports sur l’avancée des troupes adverses dans Wormwood (la capitale de Tenebrae, tu parles d’un nom). Malgré sa bonne volonté, Brendan n’a pas le talent de Brian Craig pour tenir son lecteur en haleine de manière non-violente, ni le souci du détail d’un Abnett ou d’un Dembski-Bowden, lacunes faisant de ‘Tenebrae’ une curiosité assez fade au final. Rideau.

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Daemonblood – B. Counter :

INTRIGUE :

DaemonbloodSur la planète (forcément bleeue) de Saafir, Papy Nurgle est sur le point de rafler le vote populaire, au grand dam des défenseurs impériaux dépéchés par Pépé (l’autre) pour passer la serpilière. Isolés par les aléas de la guerre, la Sœur de Bataille Aescarion et le Sergent Ultramarines Castus se retrouvent dans les souterrains de la capitale planétaire (éponyme), où se trouve s’étend une station d’épuration possédée par le Warp, forme physique imposante du Prince Démon Parmenides le Vil. Comme il est difficile de passer par l’épée, ou, dans le cas de cette brutale d’Aescarion par la hache énergétique, une flaque de morve et d’excréments couvrant plusieurs hectares, M. et Mme Meilleurs de l’Empereur sont bien embêtés. Profitant de leur désarroi, le vil Parmenides lave/salit le cerveau du Space Marine avec ses confidences crasseuses sur l’état de la galaxie, transformant le pauvre Castus en séide chaotique. Immunisée à cet insidieux virus par sa foi dévorante et absolue, Aescarion n’est cependant pas de taille à achever les souffrances et les errances métaphysiques de son compagnon, et ne doit son salut qu’à la robustesse de son jetpack, qui la ramène à la surface avant qu’elle ne se retrouve féminicidée par le renégat.

On n’échappe cependant pas aussi facilement à cette force puissante qu’est la Destinée au 41ème millénaire, et les routes d’Aescarion et de Castus se croiseront à deux nouvelles reprises pendant les décennies suivantes. La première fois lors de la purge d’un Space Hulk squaté par les suivants de Parmenides, dont Castus est devenu le porte-parole officiel. Castoche aurait pu se faire trouer les pores par un peloton de Sistas judicieusement gardé en réserve par Aescarion, n’eut été la compétence « corps de mouches » développée par le M. Impropre de Saafir, et qui lui permet de tirer sa révérence sans dommage. La seconde, et dernière fois, se déroule sur le vaisseau du Seigneur du Chaos, le Defixio1, et avec la bénédiction de l’Inquisition, qui souhaitait contenir l’expansion cancéreuse de l’empire spatial de Parmenides en envoyant un petit Exterminatus bien senti sur Saafir. Il fallait bien ça à la Canonnesse de l’Ordre du Calice d’Ebène, auquel Aescarion appartient, pour autoriser l’impulsive et revancharde vétérante à se mesurer une nouvelle fois avec sa Némésis. Les deux précédentes tentatives ayant eu un coût élevé en termes de vies de Sœurs de Bataille aguerries, on comprend sa réticence à permettre à sa sous-fifre de sortir à nouveau le karscher. La connaissance intime de notre héroïne de la mentalité et des forces et faiblesses de Castus en faisait toutefois la meilleure candidate pour mener l’expédition impériale jusqu’à bonne orbite, en dépit de la défense acharnée orchestrée par le fidèle Castus du pré de la décharge carrée de son seigneur et maître.

Ayant soigneusement préparé son combat en oignant sa hache de gel Harpic, Aescarion parvient assez facilement à vaincre son adversaire, mais ne l’achève pas immédiatement. Elle souhaite en effet le faire revenir du côté lumineux, et aseptisé, de la force avant qu’il ne soit trop tard, et parvient (assez facilement *2) à convaincre Castus de retourner sa veste énergétique. Cachant une balise de visée, ou quelque chose comme ça, entre deux bourrelets du champion déchu, elle envoie son ancien camarade apporter ses salutations les plus distinguées à Parmenides dans les profondeurs de Saafir, permettant à l’ex Ultramarine de partir avec les mains sales, certes, mais une ardoise propre2. C’est ce qu’on appelle passer l’éponge, grimdark style.

1 : Je précise car Counter a écrit une autre nouvelle portant ce nom, pour ceux que ça intéresse.
2 : Le fait que Parmenides ne se souvienne même pas du nom de son champion après toutes ces décennies de collaboration à également dû convaincre ce dernier d’envoyer tout balader.

AVIS :

Bien des années ont passé et bien des textes ont été écrits depuis, mais il faut se rappeler que c’est avec ‘Daemonblood’ qu’un tout jeune Ben Counter a fait ses débuts pour la Black Library, dans un numéro d’Inferno ! Si je ne placerais pas cette petite nouvelle parmi les meilleures soumissions de cet auteur, capable du moins convaincant1 comme du meilleur, cette première tentative a plutôt bien vieillie (notamment quand on la compare à certaines nouvelles publiées au début des années 2000), et s’avère assez solide dans sa réalisation, même si très peu originale dans son propos. Les milliards de Space Marinades qui nous ont été servies par la BL au cours des dernières décennies y sont sûrement pour quelque chose…

Ici, on peut tout de même mettre au crédit de Counter une conclusion un peu plus originale que le traditionnel « le-méchant-chaoteux-meurt-sur-un-gros-malentendu-avant-d’avoir-pu-mettre-son-plan-presque-infaillible-à-exécution», avec l’exploration d’un thème assez rare dans l’univers grimdark de 40K : la rédemption.  Cela compense largement à mes yeux les points techniques sur lesquels on pourrait venir lui chercher des noises, comme l’apparente facilité avec laquelle une « simple » Sœur de Bataille vétérante arrive à tailler des croupières à un Seigneur de la Peste. On apprendra d’ailleurs par la suite que la bonne Aescarion est une véritable héroïne d’action, ayant plus d’un Space Marine à son tableau de chasse, ce qui pourrait être perçu comme du féminisme de GW-Fiction avant-gardiste de la part de Ben Counter. Quel visionnaire alors…

1 : Vus les loustics qui ont bossé pour la BL, je ne peux pas décemment utiliser le qualificatif de pire pour la prose de Ben Counter. Il y a bien plus mauvais que lui.

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Know Thine Enemy – G. Thorpe :

INTRIGUE :

40K_Know Thine EnemyLorsque la planète Slato et ses deux cent mille colons se trouvent menacés par les perfides Eldars, il incombe à la 4ème Compagnie des Salamanders de voler à la rescousse de cet agri-monde guère capable de se défendre seul contre les insaisissables Xenos. Nous suivons donc le Chapelain Ramesis et les trois escouades qu’il chaperonne alors que ce beau monde se dirige en Thunderhawk vers le portail Warp où se concentre la majorité des combats. Après avoir conduit les rites appropriés, formellement accueilli un frère de bataille novice (Xavier1) au sein de la Compagnie, et surtout briefé ses hommes – et le lecteur avec eux – sur les tenants et les aboutissants de leur mission, Ramesis est sauvé de l’indignité de devoir se lancer dans le stand up pour meubler la nouvelle par l’attaque d’un vaisseau eldar, qui force le Thunderhawk à se poser en catastrophe dans la pampa. Rien de très grave pour nos fiers surhommes, qui partent en petites foulées en direction du champ de bataille, après s’être rapidement coordonnés avec le reste du contingent Salamanders, sous les ordres du Capitaine Nubean et de l’Archiviste Zambias.

La session de décrassage des verts les amène à traverser un bois, où les attendaient quelques Rangers pas très dégourdis, et qui se font vite laminer par les intraitables (mais pas beaucoup plus malins2) Astartes. Cette échauffourée donne l’occasion à Thorpe de nous resservir une nouvelle tournée de dialogues ciselés, avant que les détachements de Ramesis et de Nubean n’accomplissent leur jonction, ce qui mène évidemment à plus de palabres entre les trois officiers. Moment de grâce absolu où les lignes défilent sans que les mots prononcés n’aient le plus traître intérêt : c’est un peu comme si on avait demandé à ChatGPT d’écrire un rapport de bataille 40K depuis le point de vue d’un mauvais commentateur sportif. Après avoir débattu pendant à peu près trois mille ans, notre fine équipe repart, toujours en courant, vers le portail Warp tant attendu (par le lecteur en tout cas) afin d’aider la Garde Impériale à défendre cette mystérieuse relique contre les attaques incessantes des Eldars. On apprend aussi qu’un Techno-Prêtre de l’Adeptus Mechanicus (Simeniz) a été dépêché sur place pour étudier la machinerie Xenos, qui doit donc être impérativement défendue et non détruite de manière préventive (ce qui serait tout de même ’achement plus pratique). ‘Ach !’ fait Ramesis, que son dédain pour les disciples de l’Omnimessie transforme soudainement en germanophone. On est plus à un cliché près, à ce stade.

Après avoir complété leur marathon, les Salamanders se positionnent autour du portail, confiants dans la tactique du camping éhonté pour remporter la victoire à la clock. Après tout, c’est ce qu’à fait l’Empereur pendant le Siège de Terra, et ça lui a bien réussi. Nouvelle scène de baston, nocturne cette fois-ci (sans doute un hommage à la planète natale de nos héros), pendant laquelle Thorpe finit d’égrener laborieusement les entrées du Codex Eldars V3, et où rien de bien intéressant ne se passe. Hors champ, Nubean décide d’aller taquiner le goujon avec son escouade de commandement et revient après quelques temps accompagné d’un Prophète et de deux Archontes. Stupéfaction chez Ramesis, qui ne comprend pas comment le Capitaine a pu parlementer avec l’ennemi, et manque de commettre une boulette en décochant un coup de crozius aux invités de son supérieur. En même temps, la haine est son métier, on ne peut pas lui reprocher d’être un peu intolérant sur les bords.

Revenus devant le portail pour, je vous le donne en mille, tailler le bout de gras, Salamanders et Eldars parviennent presque à se mettre d’accord sur la marche à suivre pour coopérer et ainsi empêcher la cabale du redoutable Kha-rehk d’activer la porte afin de piller Slato. C’était d’ailleurs l’objectif initial des Zoneilles, dont la tranquillité du Vaisseau Monde se serait retrouvée menacée à plus ou moins long terme en cas d’incursion réussie de la part de leurs méchants cousins sur la colonie impériale. Je dis « presque » car au moment où le Prophète commence à incanter pour désactiver la wifi, le portail commence à s’ouvrir et Ramesis a une réaction malheureuse : coller un pain au Xenos le plus proche. Après tout, il y a une bonne chance que ce soit de sa faute, pas vrai ? La situation dégénère totalement et les trois Eldars finissent en salami, Xavier s’illustrant particulièrement en assénant le coup de grâce au Prophète avec le crozius de Ramesis…

Début spoiler…Toutefois, cela n’empêche pas la nouvelle de se terminer sur une défaite critique de l’Imperium, la décision hâtive et xénophobe du Chapelain ayant permis aux Eldars Noirs d’ouvrir le portail et de déferler en masse sur les positions impériales. Ramesis a le temps de réaliser qu’il a vraiment chier dans la colle, l’alliance des Space Marines, Gardes Impériaux et Eldars ayant pu permettre de repousser les Drukharis, avant de se faire ôter son dernier point de vie par une foultitude de cabalites surexcités. Dans la vie, il faut savoir choisir ses combats.Fin spoiler

1 : Oui, LE Xav’ en personne. Gav Thorpe n’a jamais pu résister à un caméo de personnage nommé, c’est son péché mignon.
2 : Ramesis décide en effet de couper à travers bois alors que 1) son second lui avait fait part d’un fort risque d’embuscade, et 2) l’auspex de ce dernier avait confirmé la présence d’humanoïdes embusqués dans le bosquet.

AVIS :

Un jeune Gav Thorpe se frotte à la nouvelle de taille intermédiaire (32 pages), pour un résultat comiquement laborieux. C’est bien simple, plus de la moitié du texte de ce ‘Know Thine Enemy’ est constituée de passages de remplissage, alternant entre passages fluff (ne respectant d’ailleurs pas du tout le background1), expositions sans honte et dialogues creux. Ah, et de remise de casque aussi. Parmi les rares éléments rédempteurs de cette bouillie littéraire, citons tout de même l’idée de terminer la nouvelle sur une défaite sans appel des protagonistes (pas si fréquent dans la GW-Fiction), et l’enrichissement de l’historique du (pas encore) Chapelain Xavier. Pour le reste, nous qualifierons poliment cette nouvelle de travail de jeunesse assez peu abouti, et passerons à autre chose. Ça vaut mieux pour tout le monde.

1 : Entre les Space Marines qui considèrent l’Empereur comme un dieu, les 10 Compagnies de Salamanders (au lieu de sept) dénombrées par Thorpe, et le mépris total dont ces derniers font preuve pour la vie de leurs alliés humains, le fluffiste souffle fort à la lecture. L’auteur a fini maître du background chez GW, donc il s’est rattrapé après cela.

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Innocence Proves Nothing

Nightmare – G. Thorpe :

INTRIGUE :

Nous suivons les péripéties oniriques du jeune Joshua, dont l’adolescence a pris un sale tour depuis que sa famille et ses amis l’ont rejeté pour crime de sorcellerie, forçant le jeune homme à vivre seul dans le désert inhospitalier de la planète de Sha’ul. Seul ? Pas tout à fait. Une mystérieuse voix, que l’on appellera donc Daniel, lui tient compagnie et lui prodigue des conseils dans son exil, sans que le peu curieux Joshua s’interroge beaucoup sur l’origine de ce phénomène. Pour la première fois depuis que son ami imaginaire lui rend visite, la Voix a retentit dans son esprit alors qu’il était endormi, et lui propose rien de moins que de participer à une grande aventure, comme quand il était enfant et jouait au Space Marine, ainsi que font les bambins de l’Imperium.

Sur les indications de The Voice, Joshua part donc en vadrouille et commence à farmer du mob démoniaque de bas étage, grâce aux pouvoirs merveilleux de son esprit, capable de matérialiser des armes et des armures à volonté pour affronter toutes les épreuves de ce qui ressemble fort à un RPG en réalité virtuelle (ça doit être commun au 41ème millénaire). Bien que Joshua ne soit pas plus violent que la moyenne, l’aspect répugnant des créatures qu’il rencontre et l’assurance maintes fois répétées par la Voix que tout ça n’est qu’un rêve, conduisent notre héros à commettre un véritable massacre grâce à ses pouvoirs psychiques fantasmés.

Guidé par son GPS intégré, Joshua finit par arriver devant un bâtiment dont l’entrée est gardée par une grille de fer, dont il tort aisément les barreaux avant de se glisser dans un étroit tunnel en prenant la forme d’un serpent. Au bout du compte, il parvient dans une salle obscure où l’attend le « boss de fin », un tas de saindoux à tentacules que la Voix l’incite à tuer pour terminer sa quête. Bien fatigué par ses aventures et lassé de ces tueries incessantes, Joshua fait mine de refuser mais son compagnon excite son amertume et sa rage d’avoir été abandonné par ses proches à cause de sa différence jusqu’à ce que le jeune homme pète les plombs et étrangle à mains nues sa victime dans un accès de colère. Ceci fait, la Voix lui annonce qu’il n’a qu’à imaginer qu’il est de retour à son point de départ pour sortir de ce rêve étrange et pénétrant, et lui promet de le laisser désormais tranquille…

Début spoiler…A son réveil, Joshua a la surprise de découvrir qu’il n’est pas dans sa cahutte du désert, mais dans un jardin luxuriant qui ne peut être que celui du Gouverneur Planétaire Ree en personne. Surprenant la conversation de passants alors qu’il se cache dans les fourrés, il comprend alors qu’un mystérieux assassin a réussi à s’infiltrer dans le palais, massacrant les gardes et les sentinelles au cours de sa progression, défonçant tous les obstacles et se glissant dans les moindres interstices, jusqu’à parvenir dans la chambre du Gouverneur, retrouvé étranglé dans son lit au petit matin. La nouvelle se termine avec l’horrible réalisation par Joshua qu’il s’est fait grandiosement balader par celui qu’il considérait comme son seul ami, pendant que dans le Warp, un démon mineur de Tzeentch ricane follement en se tenant la bedaine…Fin spoiler

AVIS :

Gav Thorpe tenait une idée de nouvelle assez intéressante avec ce ‘Nightmare’ (Adventure Times à la sauce 40K, rien que ça), mais il pêche un peu par son exécution, qui ne laisse pas assez planer de mystère sur les actions accomplies par Joshua lors de sa virée nocturne à mon goût. Dès lors que Thorpe nous révèle que son héros a été chassé de son village après avoir été accusé d’être un sorcier (donc un Psyker en puissance), n’importe quel lecteur au fait de son fluff prendra le ‘it’s just a dream bro’ que la Voix sert à Joshua à toutes les sauces avec les pincettes de rigueur. J’ajoute que ‘Nightmare’ exploite le même filon qu’une vieille nouvelle de 40K, autrement plus mémorable car joyeusement foutraque (normal pour une soumission d’Ian Watson, vous me direz) : ‘Warped Stars’. L’imitation est la forme la plus sincère de flatterie, et on peut pardonner à un auteur – à l’époque – aussi vert que Gav Thorpe de vouloir s’inspirer d’un auteur vétéran et célébré comme Watson, mais cela ne vient pas non plus jouer en faveur de son travail. Bref, une petite nouvelle fort convenable mais absolument pas mémorable.

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Ancient History – A. Chambers :

INTRIGUE :

40K_Ancient HistoryRecruté contre son gré comme équipier polyvalent du Retribution, fier vaisseau de la flotte impériale à rade de personnel, à l’issue d’une opération porte fermée (traduction : une fois qu’on est rentré, on ne peut plus sortir), Nathan, notre héros, découvre progressivement les joies et les peines de la vie de canonnier de marine, noble et utile occupation qu’il projette toutefois d’abandonner dès qu’une occasion de déserter se présentera à lui. Cette frilosité à s’engager sur le long terme dans une institution impériale pourtant aussi respectable que la Navy1 s’explique en partie par la présence d’un nuisible connu de Nathan, Kendrikson, dans l’équipage de Balthasar (le nom du macrocanon auquel notre homme a été affecté). Les deux forçats se sont quittés fâchés au cours d’une précédente collaboration, et bien que Nath’ ne serait pas contre une petite vendetta pour régler ses comptes avec son ex-nouveau collègue, il préférerait à tout prendre mettre quelques années lumières entre eux, un « accident » du travail étant si vite arrivé… En plus de ces problèmes relationnels, le Warp ne s’avère pas être un long fleuve tranquille, et sa traversée pèse lourdement sur l’estomac et la psyché des rats de cale. En témoigne le coup de sang passager d’un passager, Fetchin, qui succombe à une crise de claustrophobie démoniaque, puis à une décharge de fusil à pompe à bout portant, non sans avoir envoyé quelques badauds à l’hôpital et à la morgue auparavant.

Nathan a toutefois la chance de pouvoir compter sur le patronage bienveillant de Kron, canonnier vétéran dont l’accent chantant, les histoires passionnantes, les relations privilégiées avec le management et la connaissance intime des coursives du Retribution permettent au bizut d’acquérir des connaissances et compétences précieuses, monter dans la hiérarchie balthasaresque et, accessoirement, échapper à la tentative d’assassinat dont il fait les frais de la part de ce mauvais sujet de Kendrikson, qui se révèle être un Luminen2 infiltré.

Cette prise de fonction mouvementée culmine avec la toute première bataille spatiale à laquelle Nathan participe, baptême du feu à plus d’un titre au cours duquel il aura l’occasion de se frotter à l’ennemi de plus près que prévu sur sa fiche de poste, le crash d’une torpille d’abordage à proximité de son espace de co-working le forçant à prendre les armes pour défendre la vertu et l’intégrité de Balthasar contre les assauts païens de vils cultistes chaotiques, dont l’encadrant se trouve être un Space Marine renégat. Il faudra une nouvelle fois l’intervention décisive de Kron, qui sous ses abords décatis, se révèle être un individu décidément plein de ressources et d’énergie (il se relève d’un tir de pistolet bolter à bout portant et tase l’Astartes à mains nues), pour permettre à notre héros de se sortir de ce coup de Trafalgar. Les mystères de l’origine et des motivations du mentor de Nathan ne seront pas levés par Chambers avant la conclusion de cet ‘Ancient History3′, mais une chose est sûre, quand on est Kron, on est Kron.

1 : Sécurité de l’emploi, gîte et couvert offerts, destinations variées, activités physiques régulières… Ça c’est un job de rêve.
2 : Plus de quinze ans avant la sortie du Codex Adeptus Mechanicus, Chambers convoquait déjà des électro-prêtres dans ses nouvelles.
3 : Qui a peut-être été suivi d’une autre nouvelle, et aurait dû l’être ? Je suis sur le coup les aminches.

AVIS :

Nouvelle protéiforme et un peu foutraque, ‘Ancient History’ est une soumission plutôt hétérodoxe, mais loin d’être inintéressante de la part d’Andy Chambers. En multipliant les partis pris narratifs (cela commence comme un récit d’évasion, avant d’intégrer un passage « mythes et légendes », puis d’embrayer sur une révélation plutôt étrange sur un des personnages principaux, et de tourner à l’action pure et dure, pour se terminer sur un mystère vraiment mystérieux) et les péripéties, le grand méchant joueur n’a pas choisi la facilité, et son propos en paraît en conséquence décousu et incertain dans sa finalité. Pour autant, le simple fait de mettre sur le devant de la scène des personnages très peu abordés par la BL mais au moins aussi caractéristiques du grimdark de 40K que les Space Marines ou l’Inquisition (les « marins » de la Flotte Impériale) ne manquera pas d’attirer la curiosité bienveillante des lecteurs avides d’en apprendre plus sur la vie des travailleurs de la mer l’espace, ce en quoi Chambers se montre plutôt généreux. En outre, l’inclusion de la Complainte du Vieux Marin à la sauce 40K dans le récit s’avère être un interlude des plus intéressants entre deux scènes d’action, et ne manquera pas de susciter les hypothèses les plus radicales de la part des exégètes de tout poil qui constituent une part non négligeable du lectorat de la Black Library. La balance est donc plus que positive pour ‘Ancient History’ dont les apports fluff et l’originalité compensent largement les tâtonnements et… l’originalité (aussi)

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The Tower – C. S. Goto :

INTRIGUE :

La routine habituelle du cipher (à ne pas confondre avec Cypher, sinon vous serez déchu) Lexio, employé comme ses aïeux avant lui au service de l’Historicus de la Tour des Idoles, sur Terra, est interrompue de manière brutale alors qu’il se rendait comme tous les jours à son travail. Il n’est pas rançonné par un gang local ou piétiné par un mouvement de foule, comme cela arrive sans aucun doute très souvent à la surface du Monde Trône, mais le choc est néanmoins total pour notre héros, homme d’habitude et de rituel, lorsqu’il remarque une ombre inhabituelle être projetée sur le marbre de l’allée qu’il emprunte quotidiennement. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour lui ça veut dire beaucoup.

Ayant recruté un des nombreux agents d’entretien de cette institution vénérable (mais pas immaculée pour autant, car le traditionnel tour de vis budgétaire a mené au gel des embauches et par conséquent au nettoyage exclusif des zones ouvertes au public de la Tour) pour investiguer sur cette anomalie proprement terrifiante, Lexio finit par se retrouver en possession d’un petit tube de métal contenant un bout de parchemin sur lequel sont gribouillés des signes qu’il n’est pas en mesure de déchiffrer. C’est ce tube qui, posé derrière la tête d’une gargouille située sous une rosace exposée à la lumière du jour, avait causé ce jeu d’ombre perturbateur. Tout peut maintenant rentrer dans l’ordre, même si l’enquête de terrain menée par l’homme de ménage missionné par Lexio s’est soldée par une échelle renversée et un pauvre bougre suspendu à bout de bras à quinze mètres du sol. Ce sont des choses qui arrivent.

Arrivé à son poste avec onze minutes de retard, Lexio se fait houspiller comme il se doit par son supérieur hiérarchique, le Prefectus secondus Kayle, et ne peut que lui tendre sa trouvaille matinale pour expliquer cette prise de poste tardive. Guère impressionné par le tube récolté par son sous-fifre, le pragmatique Kayle envoie tout de même ce dernier solliciter l’un des nombreux traducteurs travaillant dans la Tour pour décrypter le message y étant renfermé. C’est ainsi que Lexio se retrouve à grimper 47 étages (à pied, très probablement) jusqu’au bureau de l’adepte Thucydia, grande spécialiste du Vindracum dans lequel la brève a été écrite1.

Faisons ici une pause pour nous téléporter jusque dans les ténèbres du Temple Vindicare, où l’Assassin Nyjia a été convoquée par le Grand Maître en personne pour recevoir une mission. Après un parcours du combattant digne de la version hardcore de Ninja Warrior, que cette athlète incomparable accomplit en chantonnant, elle est dûment briefée par cette figure mystérieuse et repart sans tarder afin d’accomplir la volonté de son sensei.

Retour à la Tour des Idoles, où Lexio accomplit sa propre mission en demandant humblement à Thucydia de lui traduire le texte qu’il lui apporte, afin qu’il puisse en transmettre la substantifique moelle à Kayle. Ce qu’il ne sait pas, mais nous oui grâce à la magie de l’exposition narrative, c’est que Thucydia enquête de longue date sur le Temple Vindicare, et sa mystérieuse absence des archives impériales (quand on y réfléchit deux minutes, c’est pas surprenant qu’une organisation d’assassins cherche à éviter qu’on parle d’elle, mais bon…). Et le message que lui a délivré Lexio la plonge dans une fébrilité intense, car après examen, il s’agit de la pièce manquante du puzzle permettant de tracer la quadrature du cercle, ou quelque chose comme ça. ENCORE UN P*TAIN DE COUP DE CHANCE DITES MOI. Professionnelle malgré tout, Thucydia livre à Lexio ses conclusions, mais comme ce dernier est formaté pour se souvenir parfaitement des messages qu’on lui dicte sans les comprendre, on n’en saura pas plus pour le moment.

Lexio retourne donc jusqu’à son point de départ, et attend au pied du trône de l’Historicus, à qui Kayle est parti faire son rapport matinal, l’occasion de transmettre à son boss la traduction qu’il avait demandé. Cette journée commence de manière bien étrange, mais ce sont des choses qui arrivent (bis)…

Début spoiler…Ce qui arrive en revanche de manière beaucoup plus rare, c’est que l’Historicus se prenne un tir de sniper en pleine tête, provoquant la consternation compréhensible de son personnel. Comme on s’en doute, c’est Nyjia qui a fait le coup, et les raisons en sont simples (enfin bon, je vous laisse seuls juges) : l’Historicus était sur le point de recevoir des informations compromettantes sur les agissements du Temple Vindicare, et devait être supprimé pour préserver l’anonymat de cette institution. Les informations en question étaient le message traduit par Thucydia, et que Lexio délivre automatiquement à un Kayle éclaboussé de sang et de cervelle quelques secondes plus tard : « Vous devez tuer l’Historicus aujourd’hui. Ils en savent trop » (sic). Si cela vous paraît logique, vous avez bien de la chance… Fin spoiler

1 : On pourrait faire remarquer que c’est tout de même beaucoup de chance que Kayle ait assez de connaissance dans cette langue morte quasiment oubliée pour diriger Lexio vers la bonne personne pour le job, mais je choisis de croire qu’on ne devient pas Prefectus secundus par hasard.

AVIS :

Singulière nouvelle que ce ‘The Tower’, qui se démarque du reste du corpus 40K « classique » tant sur le fond que sur la forme. Sur ce second point, on ne peut que constater que C. S. Goto a choisi de prendre à contre-pied la tendance au bolter porn très présente dans les travaux de ses collègues (surtout à l’époque où cette nouvelle a été écrite, c’est-à-dire au milieu des années 2000) en se livrant au récit scrupuleux du fonctionnement d’un service de l’Adeptus Administratum, ce qui est beaucoup moins épique que la Space Marinade de base, on en conviendra. Pour autant, cette prise de liberté stylistique est loin d’être désagréable, et illustre de manière appropriée « l’envers » de l’Imperium de l’Humanité, c’est-à-dire la vie morne des milliards de fonctionnaires totalement aliénés par la bureaucratie d’un empire s’étendant sur un million de planètes et vieux de plus de dix mille ans. Les passages consacrés à Lexio et Thucydia constituent donc à mes yeux les points forts de la nouvelle, compensant leur manque d’action (et encore, on assiste à une remarquable cascade à un moment) par leur caractère inédit, ou presque1.

En revanche, les acrobaties de Nyjia ne m’ont que moyennement intéressées, sans doute parce que je m’attendais à ce qu’un Assassin soit capable de faire ce genre de dingueries et que Goto n’est pas le premier (ni le plus inspiré) à avoir intégré des membres de cette discrète et mortelle faction dans ses écrits. Ceci dit, ‘The Tower’ est de ce fait une source importante de fluff sur le Temple Vindicare, ce qui est appréciable, même si les informations relayées par Goto sont à prendre avec des pincettes. Notre homme n’a en effet pas fait long feu au sein de la Black Library et n’a pas quitté cette dernière avec une réputation d’amoureux du background.

Sur le fond, j’ai malheureusement moins de choses positives à relayer car le dénouement de la nouvelle m’a laissé profondément perplexe. Je n’arrive en effet pas à faire de lien entre la découverte fortuite par Lexio d’un document compromettant (oublié là par un Vindicare ? mais si c’est le cas, pourquoi ?) et la mission accomplie par Nyjia. Il aurait fallu que Goto se donne plus de mal pour relier ces deux intrigues, qui se percutent sans grâce et sans génie à la fin de son histoire. Il y a une petite chance que ce mystère soit levé ou en partie éclairci dans ses autres textes de GW-Fiction (que je n’ai pas lu), et je lui laisse donc le bénéfice du doute à hauteur de 5%, mais il y avait moyen de livrer une copie plus aboutie de ce point de vue-là.

: On peut penser à ‘A Good Man’ de Sandy Mitchell, qui place aussi sa caméra au niveau d’un clerc de l’Administratum. Et bien des années plus tard, Warhammer Crime viendra donner vie au grimBAU (Business As Usual) de 40K.

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Loyalty’s Reward – S. Jowett :

INTRIGUE :

40K_Loyalty's RewardNotre histoire commence par une scène tendue à l’arrière de l’honorable établissement du Cochon PFendu, taverne située à proximité du spatioport de Praxis, cité prospère d’Equus III. Mikhail Kravi, jeune loup à l’ambition féroce et bras droit d’un des Protektors affiliés à la puissante Maison Gaudi, est venu avec quelques gros bras de ses amis « persuader » le marchand Leon Kleist, un peu trop porté sur la dive bouteille pour son propre bien, d’offrir un superbe présent au nouveau Graf Gaudi lors de son intronisation prochaine. Cela serait un moyen judicieux de faire oublier à ce dernier les mots un peu lestes qu’un Leon rond comme une queue de pelle a eu à son égard il y a quelques jours, et dans une cité mise en coupe réglée par de puissants gangs depuis des siècles, s’attirer l’inimitié d’un Graf n’est pas une perspective attrayante. Convaincu par l’argumentaire de Mikhail autant que par son solide crochet du gauche, Leon le Persiffleur se fait un honneur de remettre à Viktor Gaudi une babiole hors de prix dès le surlendemain, lors de la cérémonie durant laquelle le jeune héritier prend officiellement le titre et la place de feu son grand-père Bruno.

Alors que Papi Gaudi préférait maintenir des relations cordiales et éviter les affrontements larvés avec les autres Maisons de Praxis, Viktor nourrit des rêves de conquêtes urbaines. Bien que sa faction compte parmi les plus puissantes de la ruche, elle n’est pas de taille à affronter frontalement tous ses rivaux… jusqu’à ce qu’un marchand (Brek) se présente avec une occasion en or : une cargaison de catapultes shuriken reconditionnées, qu’il est prêt à céder à vil prix au Graf ambitieux. C’est le début d’une OPA agressive sur les territoires des autres Maisons, dans laquelle Mikhail s’illustre particulièrement en organisant l’assassinat du Graf Reisiger, abattu avec ses conseillers les plus proches alors qu’ils dînaient dans un kebab de luxe. Récompensé par l’élévation au rang de Protektor, Mikhail est convié avec tous ses collègues à une petite soirée au manoir Gaudi, et se réveille le lendemain matin dans son appartement, nu comme un ver, couvert de sang et pris d’une gerbe carabinée. La nuit a dû être bonne !

Début spoiler…Les quelques souvenirs qui finissent par lui revenir après s’être envoyé une demi-bouteille de cointreau pour se remettre les idées en place ne sont cependant pas très sympathiques. Il a de vagues réminiscences de litanies prononcées dans une langue inconnue, en direction d’un bloc d’obsidienne couvert de runes bizarres. N’ayant pas atteint sa position en étant complètement obtus, et étant un croyant convaincu et pratiquant du culte impérial (comme la plupart des habitants de la pieuse Equus III), Mikhail comprend vite qu’il a assisté à des activités encore plus prohibées que la moyenne, et qu’il est de son devoir d’en alerter les autorités compétentes l’Ecclesiarchie. Il sèche donc le nouvel afterwork organisé par Viktor Gaudi et son pote Brek pour aller se confesser dans le temple le plus proche, espérant que sa coopération désintéressée (en partie tout du moins) lui permettra d’échapper au jugement réservé aux cultistes, même involontaires.

Le hasard faisant bien les choses, un Inquisiteur de l’Ordo Malleus (Belael) passait dans le coin, en même temps qu’un contingent de Chevaliers Gris. Tout ce petit monde débarque fissa à la casa Gaudi, et pas pour causer modernisme catalan, croyez-le bien. Au terme d’une opération rondement et prestement menée, tous les membres de la cabale de Tzeentch sont passés par le bolter, scellant la fin de la Maison Gaudi. Et la balance Mikhail, me direz-vous ?

Début spoiler 2…Bien qu’il se voie déjà pardonné, ordonné Prêtre et oint Cardinal sur un monde très lointain en reconnaissance de son impeccable probité, Belael avait d’autres idées en tête lorsqu’il lui a promis une « juste récompense » en échange de sa collaboration totale. Ayant été infecté par une présence démoniaque pendant sa soirée blackout chez Totor, comme tous les Protektors invités, Mikhail n’héritera donc que d’un rituel de purification (privé, c’est déjà appréciable) et d’un bolt dans la tête. Ce n’est pas pour rien qu’on parle du fardeau et non du bonheur de la loyauté…Fin spoiler

AVIS :

Bien des années avant le lancement de Warhammer Crime et de son approche résolument urbaine et quotidienne du 41ème millénaire, Simon Jowett signait avec ‘Loyalty’s Reward’ une très bonne nouvelle dans ce registre low-key. Librement inspirée du Parrain de Coppola, et relevée d’un zeste de conspiration chaotique à la Eisenhorn dans sa seconde moitié, cette histoire démontre qu’il est tout à fait possible d’intéresser le lecteur sans avoir besoin de mettre en scène des batailles gigantesques ou des machinations à l’échelle galactique. L’immersion est réussie, l’intrigue se déroule de manière fluide et parfois assez inventive pour de la GW-Fiction (petit Mcguffin réussi avec le tabassage du pauvre Leon en introduction) : c’est un travail soigné auquel on a droit. Mon seul petit regret porte sur le choix de Jowett du Chaos comme antagoniste, alors que les symptômes éprouvés par Mikhail le lendemain de sa « cuite » faisaient plutôt penser à une infestation Genestealer, ce qui aurait été (à mes yeux) encore plus viscéral – à tous niveaux. Top qualité.

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Raptor Down – G. Thorpe :

INTRIGUE :

40K_Raptor DownNous retrouvons le Commandant Jacques Jaeger de l’escadron Raptor, après les évènements couverts dans ‘Acceptable Losses’, et la prise de fonction compliquée et sanglante de notre héros à l’occasion d’une bataille spatiale contre un Rok Ork. 18 mois plus tard, le Divine Justice, croiseur impérial auquel les Raptors sont rattachés, est passé à autre chose, et fait partie de la flotte d’invasion du système de Mearopyis, que l’Imperium cherche à reprendre aux Noctal après quelques millénaires d’atermoiements (saleté de bureaucratie). Ayant eu largement le temps de se familiariser avec son nouveau poste, de se faire accepter par ses hommes et de terroriser les nouvelles recrues venues remplacer les pertes subies au cours de  la campagne précédente, Jacques le Fataliste1 supervise les opérations de soutien du déploiement de la Garde Impériale au sol, qui consistent surtout à aller bombarder les cibles les plus juteuses à la surface de la planète capitale du système, tâche grandement facilitée par l’absence de chasseurs à capacité de projection spatiale dans le camp d’en face, ce qui permet aux Maraudeurs de frapper avec une impunité assez totale.

Chargés d’une nouvelle mission de démolition de l’infrastructure militaire locale, les escadrons Raptor et Storm, accompagnés  de leurs écrans de chasseurs (pour une fois qu’ils sont là, ces vole au flanc) quittent leur vaisseau mère pour ce qui ne semble être qu’une formalité pour ces pilotes aguerris. Malgré la tentative malheureuse d’interception de la part des Noctal, prestement contrecarrée par le professionnalisme et les gros flingues impériaux, tout semble baigner dans l’huile de moteur pour Jaeger et ses hommes, jusqu’à ce que ce dernier ait la malheureuse et déplorable idée de… prendre une initiative. Ahlàlà. Pour sa défense, son projet d’attaque d’une colonne blindée Noctal, repérée par l’esprit de la machine d’un missile2, et dont l’utilisation fourbe de la géographie locale avait permis d’échapper aux scanners de la flotte jusqu’ici, partait d’une bonne intention : protéger l’avance des bidasses de la Garde et les empêcher d’être pris en tenaille par les défenseurs. Malheureusement, les grands projets de canyoning de Jaeger, pour prometteurs qu’ils aient semblé sur le papier (en voilà une activité de team building qu’elle est bonne !), se trouvent rapidement et violemment contrariés par la puissance de feu des assaillis. Et même si Thorpe ne se donne pas vraiment la peine de décrire la manière dont les Noctal parviennent à dégommer l’invincible armada de manière aussi brutale, le résultat de l’accrochage n’est pas franchement en faveur des Impériaux. Bien que ces derniers aient pu larguer quelques missiles sur zone, le bilan est très lourd, et même Jaeger ne s’en sort pas indemne, son appareil étant lui aussi abattu en plein vol, forçant l’impulsif et inconstant Commandant3 à évacuer la carlingue en compagnie de ses hommes. Se réveillant avec une jambe cassée dans le désert de Mearopyis, Jacquou le Croqueur de feuille de match doit maintenant digérer les conséquences humaines et matérielles de son coup de sang : avec deux tiers de ses Maraudeurs et la moitié des Thunderhawks passés en perte et profit, le bilan est lourd pour Herr Jaeger. Cela en valait-il la peine ? C’est sur cette question lourde de sens que nous quittons notre héros, qui pourra attendre d’être secouru en dessinant des faucons. C’est ça d’être une buse

AVIS :

Suite de l’acceptable ‘Acceptable Losses’, ‘Raptor Down’ donne l’occasion à Gav Thorpe de nous tenir au courant de l’évolution de carrière ce bon vieux commandant Jaeger, et met l’escadron de ce dernier aux prises avec un nouvel ennemi et sur un nouveau théâtre d’opérations. Après l’espace froid et mortel qui a vu les Raptors aller au casse-pipe contre un Rok, nous sommes donc témoins d’une excursion atmosphérique dans les déserts de Mearopyis, ce qui illustre bien la versatilité des Maraudeurs impériaux. Sur la forme, la nouvelle de Thorpe se révèle être d’un niveau sensiblement égal à ses œuvres « spatiales » précédentes, c’est-à-dire très correct. Si on peut critiquer la prose de notre homme à bien des égards, il faut lui reconnaître une capacité à dépeindre un engagement aéronautique/spatial de manière convaincante et intéressante, beaucoup mieux que la plupart de ses collègues en tout cas. Sa maîtrise des unités (tant spatiales4 que temporelles5) et des facteurs propres à ce type de combat, comme la vitesse et la direction du vent, ou le niveau de carburant et des munitions embarqués rendent la lecture des péripéties aériennes de l’escadron Raptor plutôt prenante. Thorpe fait même du zèle en intégrant en début de récit une retransmission d’un affrontement spatial entre la flotte impériale et son homologue Noctal, que le supérieur de Jaeger se  repasse en boucle comme d’autres matent un top 10 NBA. Petit plaisir coupable, que nous lui pardonnons sans mal puisque le résultat est là aussi assez qualitatif.

L’intrigue et la construction de ‘Raptor Down’, en revanche, s’avèrent être moins satisfaisantes. La première est une variation sans originalité du scenario d’Acceptable Losses’ (un escadron de Maraudeurs chargé d’une mission où rien ne se passe comme prévu), ce qui n’est en soit pas un gros problème puisque la possibilité de Thorpe d’innover sur le sujet est passablement limitée (un Maraudeur, ça maraude, poingue). Ce qui est moins acceptable à mes yeux est la manière dont l’auteur fait passer Jaeger de Mr Baillezeubouque à Dr Folamour en l’espace de deux paragraphes, le chef d’escadre précautionneux se muant en tête brûlée sans qu’aucun élément préalablement établi par Thorpe sur le caractère de son personnage ne puisse laisser augurer ce changement radical de tempérament. Autre point plutôt mal géré par le Gav, le raid des Maraudeurs sur la colonne blindée, torché en même pas une page, et qui tient plus du tir au pigeon que de l’attaque en rase-motte. Le fait qu’on ne voit même pas à qui les impériaux sont confrontés, ce qui ne permet pas de comprendre pourquoi ils se font ainsi décimer par un adversaire totalement à leur merci sur le papier (à moins que les Raptors aient eu la malchance de tomber sur un convoi DCA Noctal), annihile toute tension narrative, les (bol)os des as se faisant canarder (un comble pour des raptors6) en l’espace de quelques secondes. Finalement, la conclusion même de la nouvelle ne m’est pas apparue comme particulièrement maîtrisée, les états d’âme douloureux de Jaeger alors qu’il se retrouve isolé avec ses hommes en territoire ennemi, ne suscitant qu’un distrait « so what ? » chez votre serviteur. À titre personnel, je pense que Thorpe a laissé ainsi la porte ouverte à un nouvel épisode (à ma connaissance jamais écrit), et que cette fin n’en était en fait pas vraiment une. Pas de chance, cela n’a débouché sur rien, et la dernière image que le lecteur emportera du commandant Jaeger sera celle du matelot du radeau de la Méduse fixant l’horizon d’un œil torve, le menton dans la main. Ce qui n’est pas commun, avouons-le.

1 : Il reconnaît lui-même qu’il n’est jamais heureux. Sauf quand il vole. Et encore, il stresse tellement que j’ai du mal à voir quel plaisir il tire de l’expérience. Pauvre bonhomme.
2 : On peut remercier le Techno-Adepte Ferrix, l’homme qui murmurait à l’oreille des (AGM-119) Pingouins.
3 : Pour un gars qui avait passé la nouvelle à ressasser son amour des plans qui se déroulent sans accrocs et la nécessité de se conformer aux règles établies, surtout quand elles touchent à la Santé & Sécurité, décider de se la jouer berzerk à la première colonne blindée, c’est assez surprenant.
4 : Quand on est un pilote de Maraudeur, 150 kilomètres, c’est proche.
5 : Quand on est un pilote de Maraudeur, 3 minutes, c’est long.
6 : ‘Rapace’ en anglais. Rien à voir avec les dinosaures donc.

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For the Emperor!

Defixio – B. Counter :

INTRIGUE :

40K_DefixioNous embarquons à bord du Leman Russ Exterminator Defixio, rattaché à un contingent de Chem-Dogs de Savlar, au cours de la campagne menée par la Garde Impériale contre une Waaagh ! Ork sur le monde de Jaegersweld. Parmi les membres d’équipage, le jeune Samiel peine à se faire une place pour une raison aussi simple que stupide : ayant survécu par miracle à la destruction de son précédent véhicule de fonction, ses nouveaux camarades (Karra-Vrass, Graek, Damrid, Dniep et Kallin) considèrent qu’il a « consommé » toutes ses réserves de chance, et que cela va porter la poisse au Defixio. Un accrochage rugueux avec une bande de Bikers Orks, pendant lequel le tank hérite d’une belle balafre de coque et l’horrible Graek d’une balle perdue fatale, ne fait pas grand-chose pour les convaincre de réviser leur jugement.

Isolé en territoire ennemi, le Leman Russ déglingué doit maintenant se frayer un chemin jusqu’au camp impérial le plus proche, tenu par le 24ème régiment de Cadia. Cela représente près de trois jours de route dans un environnement hostile, mais, sans autre perspective, les Chem-Dogs se lancent à corps perdu et à tombeau ouvert dans ce raid de tous les dangers. Alors qu’ils avançaient à bon rythme, un champ de mines posées par des Orks farceurs les force à faire une halte dans la pampa, le temps que Samiel leur ouvre un passage en identifiant les explosifs, permettant au bricoleur Dniep de les désamorcer plus rapidement dans un second temps. Cet arrêt au stand prend une tournure funeste lorsqu’un autre Kult’ de la Vitess’ tombe sans crier gare sur le Defixio alors qu’il patientait en double file que Samiel ait fini sa petite affaire. Assistant de loin à l’attaque, ce dernier décide d’aider ses camarades par une action aussi brave que suicidaire : utiliser le pistolet lance-fusée qu’on lui avait remis pour attirer l’attention des peaux vertes. Et ça marche. Intrigué par la belle rouge tirée par notre héros, les Orks se ruent sur sa position, ne réalisant que trop tard qu’ils s’engagent littéralement en terrain miné. Le bouquet final qui s’en suit permet à la fois de se débarrasser des motards indésirables, et d’accélérer le processus de déminage débuté par Samiel (qui survit encore une fois miraculeusement à une situation improbable). C’est ce qu’on appelle un win-win.

Sans d’autres difficultés techniques ou autochtones grognons pour les empêcher de reprendre leur route, les hardis tankistes filent à toute berzingue vers la terre promise, et finissent par arriver à proximité du camp de leurs camarades de lutte. Encore une colline à passer, et ce sera la quille…

Début spoiler…Qui se transforme toutefois en tuile lorsque nos héros découvrent que le QG Cadien a été attaqué et squatté par une tribu d’Orks. Pour une culture qui s’enorgueillit tellement de tenir la ligne, c’est une faute professionnelle autant qu’éthique, si vous voulez mon avis. C’est surtout une cruelle désillusion pour les Chem-Dogs, qui se voyaient déjà engloutir leur pâtée bien méritée et se lover dans leur coucouche panier. Il faut toute la fortitude du chef de char Karra-Vrass pour remobiliser ses hommes et leur rappeler que leur devoir en tant que soldats impériaux est de mourir au combat en emportant le plus possible de Xenos avec eux dans la tombe. N’ayant c’est vrai rien de mieux à faire, les servants du Defixio reprennent du poil de la bête et livrent un combat homérique contre la patrouille d’Orks qui finit par les localiser. Submergé par les vagues vertes, le brave petit châssis finit par rompre sous les coups de boutoirs des Boyz, mais pas avant d’avoir clairsemé leurs rangs de manière drastique. Une fin honorable pour de telles crapules (et je ne parle pas des Orks)…

Début spoiler 2…Enfin, presque pour tout le monde. Fidèle à sa réputation de catalyseur de chatte, Samiel se débrouille une fois encore pour survivre à la baston, alors que tout le monde meurt autour de lui. Récupéré quelques heures plus tard sous l’épave carbonisée du Defixio par un bataillon de Cadiens qui passait dans le coin, le chien chimique le plus chanceux de l’univers en est quitte pour quelques semaines chez le véto, le temps que ses pattes brûlées cicatrisent. Il se fait la réflexion qu’il aura encore plus de mal à trouver une nouvelle unité de rattachement avec un casier aussi chargé que le sien, mais ce sera une préoccupation pour plus tard…Fin spoiler

AVIS :

Sans doute une des premières nouvelles « embarquées » (c’est-à-dire prenant place dans un char ou un aéronef) de la GW-Fiction, mais loin d’être la plus marquante ou intéressante de ce sous-genre, ‘Defixio’ permet au moins d’en apprendre un peu plus sur les Chem-Dogs de Savlar, l’un des régiments de Gardes Impériaux à l’histoire la plus particulière qui soit. Pour le reste, c’est de l’action très classique, avec un peu de camaraderie virile et quelques gros coups de chance pour napper le tout. Counter a fait mieux.

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Ancient Lances – A. Hammond :

INTRIGUE :

40K_Ancient LancesDe retour sur son Attila natale après des années de bons et loyaux services, le commandeur Al’Kahan découvre avec stupeur que son monde et ses compatriotes se sont détournés de leur mode de vie ancestral, et se font exploiter sans vergogne par les marchands de l’Imperium. Outré par cette infamie, il rejoint ce qu’il reste de sa tribu, et l’entraine dans une vendetta sanglante contre des voisins indélicats, ayant fait leurs les pâturages et les troupeaux des clans environnants. La victoire acquise, il repart aussi sec dans le vaisseau par lequel il est arrivé, ayant visiblement décidé de passer sa retraite ailleurs que de ce bled paumé. Merde, ils n’ont même pas la wifi.

AVIS :

Si ‘Ancient Lances’ s’avère plus consistant qu’Emperor’s Grace’ (dont le personnage principal, le Commissaire Streck, fait deux brèves apparitions en début et fin de nouvelle, sans qu’on comprenne trop ce qu’il vient faire dans cette histoire1), la seconde publication d’Alex Hammond comporte elle aussi son lot d’imperfections. On notera tout d’abord que l’auteur orthographie « Atilla » la planète d’Al’Kahan, ce qui laisse planer un gros doute aussi bien sur sa maitrise du background de la Garde Impériale que sur son niveau de culture générale. Deuxièmement, la meilleure progression narrative d’Ancient Lances’ par rapport à ‘Emperor’s Grace’ (comprendre que la première se termine de manière un peu plus compréhensible que la seconde) n’empêche pas Hammond de perdre le lecteur par endroits, la faute à une absence de mise en exergue de points importants pour la compréhension de son propos.

Par exemple, lorsqu’Al’Kahan sort du vaisseau spatial qui l’a ramené sur Attila au début de la nouvelle, il se fait contrôler par deux Gardes Impériaux d’un autre régiment, qui lui demandent de présenter ses papiers. Notre héros s’exécute… et leur casse la gueule. Violence gratuite d’un vétéran psychotique ? Pas exactement, les victimes d’Al’Kahan appartenant au XIIIème régiment de Prakash, sauvé de la destruction quelques pages plus tôt par le sacrifice de la cavalerie Attilane. On peut donc comprendre que le vieux commandeur n’ait pas apprécié l’intervention des Prakashiens, et le leur ai fait savoir de manière appuyée. Seulement voilà, Hammond ne facilite pas ce travail de déduction, puisqu’il ne prend pas la peine de rappeler de manière explicite la cause de la rancune d’Al’Kahan envers ces deux pauvres bidasses, (trop) confiant qu’il est dans la capacité du lecteur à faire le lien entre les trois micro-passages où est mentionné le XIIIème Prakashien (dispersés sur neuf pages). Faut pas baisser la garde.

J’ai également eu du mal à accrocher au personnage d’Al’Kahan, vétéran couturé aux motivations aussi nébuleuses que son sens tactique2. Comme le fait remarquer le méchant de l’histoire juste avant de se faire trucider par le Zapata des grandes steppes, notre héros a beau gueuler contre les ravages de la galaxisation (c’est le même principe que la mondialisation, mais à l’échelle supérieure) sur Attila et se faire le défenseur des anciennes traditions de la planète, il ne se gêne pas pour utiliser l’arsenal de la Garde Impériale, beaucoup plus avancé que les armes de fer et de corne utilisées par ses compatriotes, afin de faire triompher sa cause. Bref, faîtes ce que je dis, mais ne regardez pas comment je le fais. On notera aussi qu’Al’kahan se barre juste après la victoire de son camp (abandonnant une deuxième fois sa femme et son – second – mari, mutilé par ses bons soins au passage), très probablement pour prendre possession de la province d’un autre monde lui ayant été promise en récompense de ses impeccables états de service. C’est ce qu’on appelle avoir de la suite dans les idées.

Toutefois, ‘Ancient Lances’ est toutefois plus sympathique que pénible, en grande partie grâce aux détails de fluff apportés par un Hammond assez crédible dans son propos. Cette nouvelle a également le mérite de traiter des frictions pouvant naître de la rencontre de plusieurs cultures d’un niveau technologique très différent, sujet intéressant à aborder dans le cadre d’un empire galactique d’un million de mondes, où cette question doit évidemment se poser de manière récurrente sur pas mal de planètes. En conclusion, si vous ne deviez lire qu’un seul texte de Hammond, c’est celui-là que je vous recommande, et de loin.

1 : ‘Ancient Lances’ se déroule un peu avant ‘Emperor’s Grace’, mais les deux nouvelles n’ont d’autre point commun que la présence de Streck dans l’un et l’autre. Peut-être Hammond avait-il pour projet de développer une série dont Sterck serait le héros ? Malheureusement pour lui, Ibram Gaunt (et plus tard Ciaphas Cain) avait déjà pris la place du Commissaire héroïque au sein de la Black Library.
2 : « Salut tout le monde, c’est Al’Kahan ! Ça fait 30 ans que je vous ai quitté, mais maintenant que je suis revenu, vous allez tous faire exactement ce que je dis. »
« Et pourquoi ? »
« Parce que sinon, je vais devenir très méchant. Et comme presque tous les hommes en âge de se battre sont morts, je ne vois pas comment vous pourriez m’empêcher de devenir le nouveau chef de tribu. D’ailleurs, voilà la femme que j’ai épousée juste avant de partir me battre pour l’Empereur (je suis un vrai gentleman). Elle n’a pas l’air très contente de me voir, mais je vais lui offrir la main tranchée de son deuxième mari, ça lui fera plaisir. »
« Bon ok. On n’a pas le choix de toute façon. Mais on te prévient, on s’est fait volé tout notre cheptel par le clan d’à côté, dont le chef a construit une forteresse imprenable depuis laquelle il pille les terres alentours en toute impunité. »
« Pas de problème, j’en fais mon affaire. En ma qualité de soldat vétéran, je vous propose ce plan infaillible : nous allons charger les murs de son bastion à cheval, comme on le faisait à mon époque ! »
« C’est complètement con. »
« Et toi, à la prochaine remarque désobligeante, t’es complètement mort. Nan, mais en fait, je vous ai ramené quelques lances à têtes explosives, ça devrait faire de gros trous dans les murs, qui nous permettront de passer. »
« Ok, mais comment on arrive à s’approcher assez près pour utiliser ces armes fabuleuses ? La forteresse est entourée de pieux en acier, spécialement conçus pour briser une charge de cavalerie. »
« C’est pas un problème, j’ai également un fusil plasma, qui me permettra de détruire ces obstacles pendant notre glorieuse chevauchée ! »
« Heu, tu veux dire avant notre glorieuse chevauchée, non ? Genre on envoie un éclaireur préparer le terrain pour éviter les mauvaise surprises. »
« Pas du tout, on charge comme des débiles un ennemi bien retranché et mieux armé que nous, en faisant une confiance aveugle à mes talents de tireur. C’est non négociable. »
« C’est complètement c- »

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Ork Hunter – D. Abnett :

INTRIGUE :

Ork HunterLa première mission de l’unité du Caporal Ondy Scalber dans la ceinture équatoriale d’Armageddon se passe assez mal. Déployés avec les Chasseurs d’Orks vétérans du Boss Keyser (les Ecorcheurs), les propres sur eux Jopalliens comprennent rapidement que leurs alliés ne les voient au mieux comme des appâts à peaux vertes, au pire comme des poids morts dont ils n’hésiteront pas une seconde à se débarrasser si la situation l’impose. Le Capitaine Lorit lui-même en fait l’amère expérience lors d’une pause en pleine jungle, le non-respect de la consigne de silence absolu donnée par Keyser lui valant d’abord un étranglement de la part d’un Ecorcheur, puis un direct dans la gorge décoché par Keyser en personne lorsqu’il fait mine de se plaindre de cette agression.

Les méthodes des Ecorcheurs ne manquent cependant pas d’efficacité, et leur affinité avec l’enfer vert dans lequel ils évoluent depuis des années leur permet de surprendre une colonie d’Orks sauvages s’étant acclimatée aux mangroves étouffantes d’Armageddon1. L’affrontement est aussi violent et sanglant que l’on peut se l’imaginer, et bien qu’Ondy gagne le respect, ainsi que le surnom de Bon Œil (et un véritable œil d’Ork en trophée), des Ecorcheurs grâce à son engagement total dans cette lutte sans merci, la plupart de ses camarades de Jopall ne passent pas l’épreuve du feu2, ou commencent à le regarder bizarrement. Qu’importe pour Ondy Bon Œil, qui speedrun son passage de Garde Impérial BCBG à vétéran psychotique en l’espace d’un après-midi, terminé par un combat singulier entre Keyser et le Boss Ork de la colonie décimée par les Ecorcheurs. Vous parlez d’une expérience marquante…

1 : On peut considérer que Dan Abnett a prophétisé l’arrivée des Kruleboyz près de vingt ans avant que la première figurine de cette faction ne soit commercialisée. Quel cador.
2 : Ou se font euthanasier de manière préventive par leurs chaperons au premier signe de détresse psychologique venu. C’est ainsi que le pauvre (Mishell) Rokar se prend une dague dans le sternum après avoir initié une partie de chat perché au mauvais moment. En même temps, il était plus taillé pour la banquise que pour la jungle…

AVIS :

Dan Abnett qui écrit une histoire de Gardes Impériaux, c’est assez banal. Dan Abnett qui écrit une histoire de Gardes Impériaux qui ne soient pas des Fantômes de Gaunt1, en revanche, c’est plutôt rare (il y a eu ‘The Fall of Malvolion’ et je crois que c’est à peu près tout). On sent tout de même que notre homme évolue en territoire connu dans ce sympathique ‘Ork Hunter’, qui semble être un petit exercice de style pour cet auteur vétéran : mettre en scène des Gardes d’élite, mais complètement antipathiques (alors que Gaunt et ses ouailles sont – à part Rawne, et encore, et Lijah Cuu – des crèmes). Le pari est réussi, et donne même envie de suivre la descente aux enfers (verts) du Caporal Scalber sur le long terme. Et comme Abnett ne rechigne jamais à relier a posteriori ses vieux one-shots avec le reste du Daniverse (de manière plus ou moins naturelle et élégante, il est vrai) il se pourrait que cela se produise un jour…

1 : Mais qui se déplacent tout de même comme des éclaireurs de Tanith, parce que certaines habitudes ont la vie dure.

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The Raven’s Claw – J. Curran :

INTRIGUE :

Début de journée difficile pour Veronique Sanson, le héros de ‘The Raven’s Claw’ (nouvelle au titre potterien s’il en est). Tiré d’une gueule de bois carabinée par le quasi-crash de son vaisseau en plein cœur d’une zone de guerre urbaine, notre protagoniste se rend rapidement compte que 1) il n’a absolument aucun souvenir de qui il est, et 2) il fait visiblement partie d’un régiment de Légionnaires Pénaux. Vivement le week-end.

AVIS :

Jouant honnêtement de cette ficelle narrative bien connue qu’est l’amnésie du héros, Curran trousse une petite nouvelle ma foi fort potable, si on la replace dans son contexte (c’est-à-dire 1999, une époque où les contributeurs de la BL n’étaient pas tenus d’être docteurs -es fluff pour proposer leur travail1). Le background est en effet quelque peu malmené au cours du récit, en particulier au moment de la conclusion de l’histoire, qui aurait pu être mieux négociée, surtout au vu du choix effectué par l’auteur à son endroit2. Ce manque de maîtrise du background de Warhammer 40.000 est d’autant plus gênant que Curran termine son histoire avec un exposé bancal sur la nature de l’Imperium, dont il donne une image biaisée, et finalement assez fausse3. Bref, une mention passable bien méritée.

1 : Non pas que ce soit actuellement le cas aujourd’hui d’ailleurs (l’espoir fait vivre).
2 : Vero se révèle être un (et non pas une – d’après le fluff, c’est rare mais pas impossible – ) assassin Callidus, envoyé sur le terrain afin de faire la peau à un Gouverneur planétaire félon. Sauf que l’utilisation faite par Vero (Averius de son vrai nom) de la fameuse polymorphine est complètement marginale (« Et hop, je passe de L à M en taille de veste ! Ils ne me reconnaîtront jamais ! »), ce qui est tout de même dommage étant donné que c’est cette dernière qui fait tout le charme de cette caste particulière. Étant donné les spécificités de cette mission (à savoir, la présence d’un psyker prescient aux côtés du Gouverneur), un Culexus aurait à mon sens bien mieux fait l’affaire. Quant à la Raven’s Claw qui donne son titre à la nouvelle, il s’agit d’une sorte de neuro-gantelet subdermal, arme appartenant davantage à l’arsenal des assassins Eversor qu’à leurs consœurs Callidus.
3 : Selon Curran, l’Imperium a envoyé Vero recueillir la confession du Gouverneur renégat, car, ayant trahi la confiance de l’Empereur, ce dernier se trouve être un hérétique (nié ?), et tout hérétique doit se repentir avant de recevoir sa punition (nié ?). Et Vero d’expliquer que la rébellion aurait pu être matée en deux deux, et qu’une force d’intervention constituée de plusieurs régiments de Gardes Impériaux ainsi que d’un contingent de White Scars attend tranquillement en orbite son feu vert avant de débarquer sur la planète remettre un peu d’ordre dans tout ce bordel. Et tout ce temps gâché, toutes ces ressources dépensées, toutes ces vies perdues, pour quoi ? Pour permettre à Vero d’absoudre sa cible de ses pêchés. Amen.

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Emperor’s Grace – A. Hammond :

INTRIGUE :

Hammond propose au lecteur de suivre la lutte pour la possession de la planète d’Olstar Prime entre Impériaux et Eldars par les yeux de deux personnages aux vues radicalement divergentes sur la question. Au zèle fanatique du Commissaire Streck s’oppose en effet le pragmatisme du Lieutenant Catachan Lownes, et alors que le premier se tient prêt à sacrifier jusqu’au dernier soldat pour repousser les Xenos, le second serait plutôt du genre à filer à l’anglaise avec les survivants de son unité avant que les zoneilles ne massacrent tout le monde. Pressé par le temps et surveillé de près par un Streck ayant mal digéré le retrait stratégique ordonné par Lownes, notre Lieutenant tire au flanc arrivera-t-il à mener son projet de désertion à bien ?

AVIS :

À y regarder de plus près, ‘Emperor’s Grace’ n’est pas tant une nouvelle que le développement sur une vingtaine de pages par Hammond du dilemme classique du Garde Impérial : est-il vraiment condamnable de chercher à sauver sa peau plutôt que de voir sa vie sacrifiée par des officiers indifférents pour la défense d’une planète insignifiante ? Ce parti pris aurait pu être payant si l’auteur avait réussi à répondre à cette question, somme toute centrale dans l’univers violent et totalitaire de Warhammer 40.000, de manière convaincante et/ou originale. Au lieu de ça, Hammond termine son propos avec un piteux WIJH1, laissant un fort goût d’inachevé au lecteur à la fin d’Emperor’s Grace’ (dans la même veine, mais pour Warhammer Battle, on retrouve ‘The Last Charge’ d’Andy Hoare). À oublier.

1: Well, It Just Happened que la personne qui devait permettre à Lownes et ses hommes de quitter la planète s’est pris un missile Eldar dans le buffet, ce qui condamne les Catachans à se battre aux côtés des défenseurs d’Olstar Prime.

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Acceptable Losses – G. Thorpe :

INTRIGUE :

40K_Acceptable LossesNommé à la tête du tristement célèbre escadron de Maraudeurs Raptor, le commandant Jaeger a l’occasion de prouver la valeur de ses hommes au cours d’une mission aussi vitale que périlleuse : la destruction des réacteurs d’un Space Hulk grouillant d’orks. Livrés à eux-mêmes dans l’immensité hostile de l’espace, les Raptors se rendront rapidement compte qu’il n’y a pas d’ennemi plus mortel que l’ami dans lequel on a placé (à tort) sa confiance.

AVIS :

Après les Nains et les Hauts Elfes, Battlefleet Gothic est l’une des lubies du bon Gav Thorpe, qui ne manque jamais une occasion de mettre en scène une petite bataille spatiale dans ses écrits futuristes. Sachant que le recueil ’Into the Maelstrom’ (et donc ‘Acceptable Losses’, où cette nouvelle figure) a été publié en 1999, soit l’année de sortie du livre de règles BFG, il était inévitable que cette nouvelle fasse la part belle à des héros maîtrisant l’art subtil de la guerre dans l’espace.

Cette nouvelle conséquente (33 pages) se divise ainsi en deux parties distinctes. La première (un tiers) voit Jaeger et ses hommes faire connaissance, les premières impressions mitigées faisant rapidement place à une véritable camaraderie entre un commandant sévère-mais-humain et des équipages indisciplinés-mais-courageux-et-loyaux (et l’Oscar du meilleur scénario original est attribué à…). Thorpe sait qu’il doit en passer par là pour que la suite de son récit tienne la route et s’exécute de bonne grâce, son style passepartout lui permettant d’expédier cette introduction sans trop lasser le lecteur (en partie grâce à la partie « contes et légendes de l’Imperium »).

La deuxième partie (deux tiers) est une description minutieuse de la mission plus ou moins suicide de l’escadron Raptor, sur lequel s’acharne bien entendu un sort contraire : escorte de Thunderbolts retirée au dernier moment, Rok en maraude à négocier en solo, rencontre inopinée avec une escadrille de chassa-bombas, cible protégée par une hénôrme batterie de lance-plasma… autant de petits riens qui font que la vie d’un pilote de Maraudeur vaut d’être vécue (et se termine de manière prématurée). Fort de son expertise dans le sujet, Thorpe réussit à faire de ce compte rendu une expérience plaisante, tant par son originalité que par son enthousiasme perceptible pour cette forme de combat, dont les règles diffèrent considérablement de la classique bataille rangée de fantassins et de véhicules à laquelle l’amateur de 40K a droit d’habitude.

Bon, ça reste du Thorpe, et du Thorpe « primitif » qui plus est, ce qui signifie que l’histoire en elle-même ne vole pas beaucoup plus haut qu’un plongeur de la mort ayant fait un six sur son jet d’incident de tir (ouais, j’ai pas peur des mélanges). En même temps, difficile de révolutionner l’art de la nouvelle de science-fiction avec un pitch aussi ingrat qu’une bataille spatiale vue depuis l’intérieur d’un cockpit de Maraudeur. On a donc le droit à une triple dose d’héroïsme désintéressé et de sacrifice pour la bonne cause, généreusement saupoudrés de « bon sang, c’était moins une »1 et de « mais où est notre écran de chasseurs ? » : une fois de temps en temps, pourquoi pas.

Bref, Thorpe réussit assez bien son coup avec ‘Acceptable Losses’, un de ses meilleurs courts formats pour la BL à date.

1 : Appelons ça le syndrome de l’Etoile de la Mort.

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Burn the Heretic, Kill the Mutant, Purge the Unclean

Pestilence – D. Abnett :

INTRIGUE :

40K_PestilenceLorsque les forces impériales lancées à la conquête de Genovingia commencent à tomber comme des mouches sous les coups et les miasmes de la Peste d’Uhlren, les autorités compétentes agissent sans tarder. Et, une fois n’est pas coutume, leur réaction n’est ni brutale, ni sanglante, ni stupide, ou en tout cas pas tout de suite. Car c’est bien à Lemual Sark et à ses collègues érudits que le Maître de Guerre Rhyngold s’adresse, chargeant notre héros et ses homologues de fouiller les archives à la recherche de toute information qui pourrait s’avérer utile à l’endiguement du fléau.

Sark est, pour résumer grossièrement, un archiviste épidémiologique, double spécialisation très rare proposée uniquement par le centre universitaire Du Guesclin de Béziers. Il passe donc ses journées à enquêter sur les épidémies du passé, dans le but d’aider ses contemporains à se prémunir contre les joyeusetés concoctées à tour de chaudron par papy Nurgle. Après une harassante recherche Doctossimo durant laquelle il a appris à vingt-huit reprises qu’il avait contracté un cancer généralisé des cuticules, Sark finit par trouver une piste digne d’intérêt, qui l’emmène sur Symbal Iota, planète marine où tout le monde se déplace en catamaran et où Kevin Costner a été élevé au statut de saint impérial. C’est en effet là le dernier domicile connu de Fege Ebhoe, Général émérite du 23ème Régiment de Lanciers de Lammark, et survivant de la vague de varicelle carabinée qui a décimé ses hommes sur Pirody, il y a de cela bien des années. Avec un peu de chance, Sark pourra tirer au vétéran quelques confessions utiles pour les victimes de la Peste d’Uhlren, pour lesquelles ni l’homéopathie, ni l’hydroxychloroquine, ni l’ingestion d’eau de javel n’ont été efficaces.

Arrivé sur place avec son Serviteur Kalibane et un chapeau tellement ridicule qu’il manque de le faire interner d’office, Sark expose son cas au très relax frère Baptrice, qui s’occupe de l’administration de l’Hospice Saint Bastian, spécialisé dans l’accueil et le traitement de vétérans de la Garde Impériale complètement traumatisés par leur expérience du front. C’est en effet dans cette maison de repos d’un genre un peu spécial que Ebhoe a passé les trente-quatre dernières années, plongé dans le noir le plus total (une séquelle neurologique de son expérience sur Pirody). Après s’être un peu fait désirer, le patient finit par accepter de répondre aux questions de son visiteur, bien que cela semble manifestement beaucoup l’éprouver. Et pour cause, Pirody n’a pas vraiment été une partie de plaisir.

Envoyé au front contre des hordes de cultistes du Chaos, en plein été polaire et sans masques de sommeil (ce qui n’a pas dû aider), le 23ème Lanciers de Lammark s’est vite retrouvé débordé par la situation et assiégé sans espoir de secours par l’ennemi. Fort heureusement, une Compagnie de Space Marines des Doom Eagles (toujours dans les bons coups) était également présente pour leur prêter main forte, et empêcher la cité de tomber aux mains purulentes et malpropres des séides de Nurgle. Les Astartes ne purent en revanche pas faire grand-chose pour empêcher un mal aussi mortel que contagieux, sobrement baptisé le Tourment, de s’abattre sur la garnison et les civils, faisant des centaines puis des milliers de morts du côté loyaliste. Malgré tous les efforts de l’Apothicaire Subjunctus Valis, la situation continua de dégénérer jusqu’à… la coupure pub, déclenchée par la prononciation par Ebhoe d’un mot tellement sââââle que son voisin de cellule passe en mode berzerk et fait mine de sauter sur Sark, sauvé par l’intervention altruiste mais inefficace de son Serviteur, et surtout par les matraques énergétiques du personnel soignant de Saint Bastian. L’incident clos, Sark apprend qu’il lui sera demandé de quitter les lieux au matin pour éviter de perturber plus encore la vie jusqu’ici tranquille de l’hospice. Cela ne fait évidemment pas les affaires de notre détective, qui profite de la nuit pour rendre la visite de la dernière chance à Ebhoe…

Début spoiler…Déterminé à obtenir le fin mot de l’histoire, quitte à menacer son interlocuteur avec une lampe torche1, Lark apprend que la situation désespérée de Pirody a été sauvée au dernier moment par la découverte par Ebhoe que le vertueux et altruiste Valis était lui aussi totalement Tourmenté, et avait œuvré en sous-main pour propager le virus parmi les défenseurs (Space Marines compris) à l’aide de « vaccins » pas vraiment homologués par l’OGS. Trahi par un bubon disgracieux juste en dessous de son oreille, Valis fut promptement incinéré par le lance-flamme d’Ebhoe, qui paya chèrement son acte héroïque, l’incendie du laboratoire de l’Apothicaire corrompu lui ravageant le corps. Les hurlements du vétéran ont également comme effets secondaires pas très Charlie de plonger à nouveau l’asile dans la folie, menant à quelques morts parmi le personnel et les pensionnaires de Saint Bastian. Tout est cependant bien qui finit (presque) bien pour Sark, qui peut rentrer au bercail avec sa précieuse info, dont le Haut Commandement de la campagne de Genovingia se servira pour faire exécuter quelques dizaines de médecins, juste au cas où. Ebhoe, de son côté, est parti rejoindre l’Empereur, sa dernière crise d’hystérie ayant fait lâcher son cœur fragile. On pourra dire de lui qu’il a donné son corps à la science, au moins.Fin spoiler  

1 : « Nous affons les moyens de fous faire parler, Herr Ebhoe… »

AVIS :

Dan Abnett a plutôt réussi son coup avec ‘Pestilence’, courte nouvelle d’ambiance et de suspens à haute teneur en grimdark. On peut rapprocher ce one-shot des travaux inquisitoriaux de notre homme, ainsi que de la mini-série des aventures animalières de Valentin Drusher, où Abnett se fait un malin plaisir de plonger dans la vie quotidienne de l’Imperium, loin derrière les lignes de front et les combats sanguinaires illustrés dans le jeu de figurines, mais qui comporte son lot de caractéristiques allant du dérangeant à l’insoutenable. L’enquête de notre héros à la recherche d’une cure pour un mal surnaturel dans un asile pour aliénés est naturellement riche en glauquerie, ce qui permet à Abnett de jouer avec les préjugés de son lecteur : finalement, les bons samaritains de l’hospice ne sont pas une secte de cultistes chaotiques sous couverture, mais bien d’authentiques philanthropes cherchant véritablement à soulager la détresse de leurs patients (de manière très 40Kesque, certes). Il s’agit à mes yeux de la réussite la plus franche de ‘Pestilence’, sa révélation sur l’identité du patient 0 du Tourment n’étant pas vraiment renversante (dur de maintenir le suspens quand on a qu’un seul suspect aussi). Bref, une petite histoire assez sympathique mais pas mémorable, comme Dan Abnett en a écrit beaucoup au début de sa carrière au sein de la BL.

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Barathrum – J. Curran :

INTRIGUE :

40K_BarathrumLorsque l’Inquisiteur Anselm est appelé par un vieil ami sur la planète de Barathrum pour élucider la série de morts violentes ayant endeuillé l’expédition de l’Adeptus Mechanicus en charge de l’excavation de la cité souterraine découverte à la surface de ce monde mort, il ne s’attendait pas à recroiser la route de son ancien mentor, Grogan. Les deux hommes se sont séparés en mauvais terme après une enquête bâclée sur Tantalus il y a bien des années de cela, à la suite de laquelle le puritain Grogan a déclaré un Exterminatus que son élève trouvait bien précipité. Guère enchanté par la présence de son collègue et néanmoins rival sur cette affaire sordide (rapport aux cadavres horriblement mutilés laissés par le tueur) et poussiéreuse (rapport aux interminables tunnels que nos héros passent la moitié de la nouvelle à parcourir), Anselm fait contre mauvaise fortune bon cœur et collabore en bonne intelligence avec Grogan, que le passage du temps n’a pas du tout adouci.

Une analyse poussée des victimes permet à Anselm, dont l’une des spécialités semble être la médecine légale, d’établir que ces dernières ont toutes été amputées d’un membre ou d’un organe différent, avec une précision chirurgicale qui plus est. Cette conclusion des plus sinistres passe au second plan lorsque les deux fins limiers des Ordos sont alertés par le Magos Explorator en charge de l’expédition (Eremet) qu’un portail gigantesque a été découvert par ses équipes. Scellé et couvert d’inscriptions écrites dans une langue indéchiffrable (à court terme tout du moins), l’édifice est également protégé par un champ électrique qui carbonise le premier Technoprêtre ayant eu la mauvaise idée d’y poser la méchadendrite. Pour le bouillant Grogan, cet incident est la preuve irréfutable que le Chaos est à l’œuvre sur Barathrum, et il s’empresse de suspendre les fouilles, au grand désespoir d’Eremet. Connaissant les méthodes employées par son ancien boss, Anselm se doute que les malheureux archéologistes ne tarderont pas à être soumis à un interrogatoire serré dont pas un ne sortira indemne. Cherchant à éviter à son vieil ami Cantor ce sort peu enviable, il poursuit donc les recherches de son côté… en piquant un somme. Dans un rêve que l’on peut qualifier de prémonitoire, il est mis en présence de l’Empereur en personne, fièrement juché sur sa chaise percée plaquée or, mais les traits aquilins du Maître de l’Humanité se transforment en ceux d’une hyène, et très mauvaise actrice avec cela1.

Ce pénible cauchemar est heureusement interrompu par l’arrivée d’Eremet, qui apporte à son hôte le résultat de l’expertise (expresse) réalisée par les savants de l’Inquisition sur le texte mystérieux gravé sur le portail récemment mis à jour. Comme on peut s’en douter, ce n’est pas la recette de l’aligot que les précédents habitants de Barathrum ont tenu à transmettre aux générations futures, mais un avertissement sans frais sur l’indicible (et illisible) menace dormant dans la crypte ainsi condamnée. Car ce n’est rien de moins que le Prince Démon Szarach’il qui patiente dans la cité morte, enfermé dans ce tombeau par les efforts de l’Inquisiteur Amaril il y a des milliers d’années. Grogan avait donc raison ! Mais d’ailleurs, où est-il ?

Eh bien, sur les lieux du crime pardi. Ayant surpris Cantor bravant le couvre-feu qu’il avait déclaré, l’Inquisiteur a suivi discrètement le Technoprêtre réfractaire jusqu’au portail interdit, et l’a chopé en train de se livrer à un rituel passablement chaotique. Il s’avère que le servant du Dieu Machine s’est fait hacker par l’esprit néfaste de Szarach’il, qui compte bien profiter de l’arrivée de l’expédition pour se faire la malle. Mais notre démon est très exigeant : alors qu’il aurait pu se contenter de posséder le premier humain passant à sa portée, comme le pauvre Cantor, il cherche également à se venger d’Amaril en infiltrant les rangs de l’Inquisition, et a pour cela besoin qu’un représentant des saints Ordos tombe sous son influence. Et tant qu’à faire, Anselm, qui est plus jeune et plus swag (il ne porte pas de moustaches) que ce vieux tromblon de Grogan, serait le candidat idéal. Tout cela nous est longuement raconté par un Szarach’il dont la passion pour le monologue de grand méchant ne présage rien de bon pour le succès de son entreprise…

Pour l’heure, Grogan croise le fer avec la terrible créature que Cantor a mis sur pied avec les organes de ses collègues… et l’abat sans trop de difficulté. Ce n’était toutefois qu’une diversion, permettant à un Cantor lévitant de desceller le portail et de libérer le terrible Démon… ou en tout cas son essence, qui s’empresse de posséder Grogan (Cantor s’écrase sur le sol comme une bouse et meurt après avoir présenté ses plus plates excuses). Sur ces entrefaites, Anselm arrive in da club et un (court) duel s’engage entre les deux Inquisiteurs. Ayant réussi à reprendre le contrôle de son corps pour un instant, Grogan décharge son hellgun sur le plafond en lave mi-cuite de la crypte, provoquant son enfouissement en même temps qu’incinération sous quelques tonnes/mètres cube de magma coagulé. Son sacrifice altruiste autant que le coup de moins bien de Szarach’il, qui ne parvient plus à sauter d’hôte en hôte comme il l’avait fait précédemment, permet de mettre un terme à cette escapade démoniaque, et de préserver l’Imperium d’une (sans doute) terrible menace.

1 : N’ayant qu’une version papier de cette nouvelle à disposition, je ne peux pas faire de capture d’écran pour prouver mes dires, mais sachez que l’apparition démoniaque interpelle notre héros somnolent de la sorte : “Anselm ! Anselm my servant, you have come to me. Anselm ! Anselm, Anselm ! Open the door!”

AVIS :

La tentative de Jonathan Curran de dépeindre les activités inquisitoriales ne s’avère guère probantes dans ce ‘Barathrum’ très moyen, qui explore plusieurs ambiances (slasherthriller, roman noir, horreur…) sans réussir à s’en approprier aucune. Cette base bancale est de plus handicapée par le manque de maîtrise du lore de 40K par Curran, qui semble considérer les Inquisiteurs comme des détectives privés de choc, envoyés par leur hiérarchie enquêter en solitaire sur des affaires étranges. Pour ne rien arranger, les machinations de l’antagoniste sont inutilement complexes, et l’auteur ne semble même pas avoir pris le soin de se relire1. Ça fait beaucoup de problèmes pour une nouvelle qui peut être mis en comparaison avec les travaux inquisitoriaux, autrement plus réussis, de Dan Abnett, publiés pour les premiers d’entre eux à la même époque que ‘Barathrum’. Comme la nécropole d’où elle tire son nom, cette histoire mérite l’oubli profond dans lequel elle a été plongée depuis des millénaires.

1 : “The Inquisition is a tool” (Grogan, p. 9). “The Inquisition is not a tool” (Grogan, p. 23).

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Suffer not the Unclean to Live – G. Thorpe :

INTRIGUE :

40K_Suffer not the Unclean to LiveC’est sur la planète de Karis Cephalon que les ambitions carriéristes du prêcheur Yakov ont été brutalement stoppées. Il faut dire que l’amour du bling-bling (Yakov est un Armormant) de notre héros lui ont attiré la morgue et la défiance du Cardinal Kodaczka, d’obédience Lucide, et donc bien moins porté sur la pompe et le clinquant que son subalterne. Ceci explique probablement que Yakov ait reçu la charge d’une paroisse située en territoire mutant, classe laborieuse et opprimée de Karis Cephalon, qui doit sûrement se spécialiser dans l’élevage de crevettes, la fabrication de briques et le tissage de tapis. Dans cette épreuve, tant pour son amour propre que pour son odorat, Yakov peut toutefois compter sur sa foi sincère en l’Empereur, et sur la dévotion véritable de ses ouailles, qui acceptent leur condition servile avec une constance admirable. Ou plutôt, acceptaient.

Car, comme le prêcheur ne tarde pas à le découvrir lors de son retour dans le bidonville qui lui sert de QG, une fois son cours de yoga du mercredi soir achevé, une épidémie s’est déclarée parmi les mutants, et ces derniers montrent des signes aisément compréhensibles d’énervement devant le manque à peu près total de réaction des autorités compétentes. Sachant qu’aller gueuler « On en a gros » devant la préfecture n’aura que des effets limités, et probablement déplaisants, Yakov convainc ses fidèles de prendre leur mal en patience, mais accepte tout de même, à la demande insistante de Lathesia, une jeune hors-la-loi altruiste dont la mutation consiste à être gothique, de faire doléance d’aspirine et de gel hydroalcoolique auprès de Kodaczka… qui refuse bien évidemment de consacrer le moindre kopeck à ce problème de santé publique. Et puis quoi encore. Laissant le prélat sur une maigre promesse de prière en faveur des nécessiteux, Yakov retourne dans sa banlieue, calme une nouvelle émeute naissante, et va se coucher. Il est toutefois réveillé en plein milieu de la nuit par Lathesia et son complice Byzanthus, qui ont remis une pièce dans la machine et réussi à générer une foule en colère digne de ce nom, après que le fossoyeur de la communauté ait été retrouvé égorgé. Malgré ses meilleurs efforts et son implication physique sans faille, Yakov ne parvient pas à dissiper la manif sauvage avant qu’elle se fasse disperser à coups de chevrotine laser par les forces de l’ordre. Et pas la peine d’attendre une contre-enquête de l’IGS.

La situation commence alors à échapper à notre héros, qui tente le lendemain de l’émeute matée dans le sang de convaincre Lathesia et sa bande d’arrêter leurs bêtises avant qu’il ne soit trop tard, mais ne parvient qu’à les intéresser à enquêter sur le meurtre du fossoyeur. Une visite au cimetière municipal plus tard, la bande fait l’acquisition d’un cercueil en métal, dont la particularité est d’être couvert de chaînes, comme pour empêcher son occupant d’en sortir. Pas le temps toutefois de percer ce mystère, car la planque des mutants est attaquée par les Enforcers. Byzanthus et les autres figurants vendent alors chèrement leur vie pour permettre à leur meneuse et au prêcheur de s’enfuir. Vous trouvez que ça va vite ? Accrochez-vous car Thorpe lâche les freins.

Toujours déterminés à tirer les choses au clair, Yakov et Lathesia décident de retourner dans le squat de cette dernière le jour suivant, pour enfin déterminer ce qui se cache dans le cercueil verrouillé qu’ils ont abandonné sur place. Ils font alors la connaissance d’un type louche qui se présente comme un free lance inquisitorial (il bosse pour l’Inquisition… sans en faire partie), lui aussi intéressé par ce mystérieux sarcophage. Et comme jamais deux sans trois est resté un proverbe très populaire au 41ème millénaire, les deux complices acceptent d’intégrer le nouveau-venu dans leur raid, sans lui demander plus de précisions sur ses motivations. À l’intérieur, la petite bande a la surprise de tomber en plein milieu d’un rituel manifestement chaotique, auquel participe rien de moins que le Gouverneur de Karis Cephalon. Parce qu’on peut être l’individu le plus puissant d’une planète et ne pas trouver un livreur pour amener un colis un peu encombrant jusqu’à son palais depuis une ZUS toute proche. Le problème des no go zones s’est manifestement perpétué dans le lointain futur. Bref, la fainéantise des uns (le Gouverneur et Thorpe) faisant le bonheur des autres (Yakov, Lathesia et leur invité mystère), la petite cérémonie païenne est interrompue par le mitraillage en règle des libertins, laissant le cercueil (et le Gouverneur) en possession du trio. Il reste alors une page et demie à Thorpe pour conclure, ce qui n’est pas suffisant pour trouver et utiliser une pince monseigneur, ni faire des présentations dignes de ce nom, mais assez pour que la tierce partie de confiance de notre histoire explique à ses compagnons que Keris Cephalon est sur le point de vivre cinq années très difficiles, que le Gouverneur a organisé la révolte de mutants pour pouvoir les sacrifier aux Dieux du Chaos, et qu’il pourrait tirer quelques ficelles pour permettre à Yakov d’être muté sur une planète plus tranquille. Noblement, notre héros décline cette offre, prétextant que ses chers mutants auront besoin de son aide dans l’épreuve à venir, mais quelque chose me dit qu’il n’en a pas fini avec l’Inquisition1

1 : Cette illustration vient du livre de règles Inquisitor et représente Yakov (le grand type) et l’investigateur Malovich (le hippie renfrogné), surplombant quelques Gilets Jaunes très colère.

AVIS :

Ça partait bien pour Thorpe avec cette plongée atmosphérique dans les bas fonds de Keris Cephalon, ‘Suffer…’ bénéficiant, une fois n’est pas coutume, d’un personnage principal et d’un contexte étonnement complexes et fouillés (aux vues des standards de l’auteur). Malheureusement, ce dernier a vu trop grand, ou plutôt trop long (ou pas assez, ça dépend du point de vue) avec son intrigue, qui se retrouve bâclée, estropiée et finalement catapultée à un prochain et hypothétique épisode au lieu de s’achever avec un peu de tenue et de dignité. La raison, comme dit ci-dessus, tient sans doute à la volonté de GW et de la BL de soutenir le lancement d’Inquisitor avec un peu de background romancé, comme d’autres auteurs (McNeill et ‘Payback’, par exemple) le firent également à la même époque. Mais si le motif est tout à fait compréhensible, l’exécution laisse franchement à désirer, et transforme ‘Suffer…’ en objet littéraire finalement aussi contrefait et difforme que les mutants dont le héros s’occupe. Vous parlez d’une mise en abyme ! J’espère franchement que Thorpe a fini son cycle Yakovien ailleurs, ne serait-ce que dans un rapport de bataille ou une nouvelle du White Dwarf, mais je n’en suis pas absolument convaincu…

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The Lives of Ferag Lion-Wolf – B. J. Bayley :

INTRIGUE :

WFB_The Lives of Ferag Lion-WolfC’est une belle journée qui commence dans le palais de Ferag Lion-Wolf, Champion de Tzeentch ayant bien réussi dans la vie. Après avoir servi comme Space Marine dans les rangs des Purple Stars, notre héros a décidé d’aller relever de nouveaux défis en passant de l’autre côté du périph’ et de l’Œil de la Terreur, où il s’est taillé un petit empire. Aujourd’hui, il accueille un visiteur de marque, en la personne du Seigneur Quillilil (eh oui), autre Elu du Dieu du Changement dont il convoite le domaine (et réciproquement, comme on peut s’y attendre la part de disciples de Tzeentch).

Après avoir galamment secouru son hôte alors qu’il se faisait attaquer par des terroristes1 disques-jockeys pendant la descente vers son palais, Ferag ne peut résister à la tentation de faire une démonstration de ses pouvoirs de… maître Lego, aussitôt imité – mais en moins bien, évidemment – par Quillilil. Passées ces aménités, il est temps pour Fefe d’emmener son invité jusqu’à la table du festin qu’il a organisé pour lui, mais surtout de lui narrer par le menu les épisodes les plus mémorables de sa longue et épique vie.

On apprend ainsi que notre héros a reçu son nom si particulier après avoir vengé son père, sauvagement tué par un gigantesque lion-loup alors qu’il n’avait que huit ans (Ferag, pas son père), en réglant son compte en solo à la pénible bestiole, d’un coup d’épieu bien placé. Bien des années plus tard, Ferag s’est distingué en menant ses frères de bataille Purple Stars dans l’abordage inspiré d’un vaisseau ruche tyranide, d’une manière si convaincante que le Codex Astartes fut revu et corrigé pour l’occasion (nous dit-il). Enfin, ce fut le triomphe tactique de la bataille pour la planète-bol (si si), brillamment remportée contre les hordes énervées de Khorne et pestilentes de Nurgle, pour la plus grande gloire de Tzeentch. La régalade aurait pu continuer longtemps si un bloc de maçonnerie ne s’était pas décroché alors que les deux Elus passaient en contrebas, frappant Ferag en pleine tête et le faisant sombrer dans l’inconscience…

Début spoiler…Et à son réveil, les choses ne sont plus les mêmes pour notre héros. Exit sa vie rêvée de Champion du Chaos, et bonjour à la triste réalité : Ferag n’est en fait qu’Ulf Rampe-Bouse, un avorton ayant intégré un culte de Tzeentch pour tenter de gagner de l’influence, mais ayant manqué du courage nécessaire pour assassiner un rival politique, malgré les ordres clairs donnés par son Magister. Condamné à être transformé en Enfant du Chaos en punition de son échec, Ulf a été victime d’une ultime cruauté de la part de sa déité, qui n’est pas connue comme étant le Maître du Mensonge pour rien : un aperçu de la vie qu’il aurait pu avoir, si les étoiles avaient été alignées différemment, ou quelque chose comme ça. Alors que son corps se transforme en amas informe et que son esprit sombre dans la folie, nous laissons Ferag/Ulf se débattre avec l’épineuse question de ce qui est réel et de ce qui ne l’est pas. Critique de la raison pure, Kant tu nous tiens…Fin spoiler

1 : Comme quoi, on peut être un Seigneur du Chaos et détester l’anarchie.

AVIS :

Les nouvelles dont le twist final consiste à révéler que le protagoniste a rêvé ou halluciné tout ce qui nous a été présenté au cours des pages précédentes sont assez rare au sein du corpus de la Black Library1, aussi ‘The Lives of Ferag Lion-Wolf’ n’est pas aussi inimaginatif dans son intrigue que ce que le lecteur non familier avec la GW-Fiction pourrait en penser2. Avec son style flamboyant/ampoulé (c’est selon) assez unique parmi les auteurs de la Black Library, et sa vision quelque peu surannée – justifiable au vu de l’ancienneté de la nouvelle – du fluff, Barrington J. Bayley trousse une petite histoire tenant plus de la fable fantasy cruelle que du bolter porn qui était, et est toujours, la norme pour les courts formats 40K. Un acquired taste, comme disent nos amis anglais, qui peut ne pas convenir à tout le monde mais qui mérite le détour à mon avis.

1 : Mais de manière assez drôle, deux d’entre elles se suivent dans le recueil ‘Dark Imperium’, le ‘Nightmares’ de Gav Thorpe exploitant la même idée.
2 : Je dois indiquer ici que même Lovecraft a cédé à cette tentation, dans ce qui peut être considéré comme la moins lovecraftienne de ses nouvelles : ‘The Dream-Quest of Unknown Kadath’.

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Playing Patience – D. Abnett :

INTRIGUE :

Playing PatienceLe monde de second ordre de Sameter reçoit la visite inespérée autant que désespérée de l’Inquisiteur Gideon ‘Barquette’ Ravenor et des quelques survivants de sa suite (Harlon Nayl, Kara Swole, Carl Thonius, Wystan Frauka), après que cette fine équipe se soit faite piégée et bellement rossée par ce diaaaaable de Zygmunt Molotch lors de son assaut sur l’Hinterlight1. Ayant perdu plusieurs des leurs ainsi que leur vaisseau spatial de fonction, Gigi et Cie n’ont plus que leurs yeux pour pleurer (et encore, pour Ravenor ce n’est plus le cas) et une piste aussi froide que ténue pour tenter de débusquer l’insaisissable génie du crime qu’est Molotch. Après tout, on parle d’un major de promo de la Cognitae, soit l’équivalent du MIT en études chaotiques du sous-secteur. Pas n’importe qui, donc.

Sameter, et plus précisément la cité ruche d’Urbitane, intéresse nos amis car c’est de là que venaient trois des hommes de main recrutés par Molotch pour son embuscade. C’est un bien maigre début, mais n’ayant pas d’alternatives, les limiers se mettent en chasse et parviennent à localiser un trafiquant local ayant employé l’un des gros bras en question quelque temps avant son départ de la planète. L’interrogatoire, mené par l’intraitable et peu diplomate Nayl, débouche assez logiquement sur une bagarre générale, pendant laquelle les acolytes de Ravenor peuvent démontrer leur talent indéniable dans toutes les formes de combat… et leur regrettable tendance à s’emporter au pire moment. Nayl envoie en effet la cible de son patron au 50ème sous-sol d’un tir malheureux de son fidèle Hecuter 10, et éteint la piste de Morpal Who Moves (and Falls, donc) par la même occasion. Voilà qui est fâcheux. Heureusement, le petit génie dandy qu’est Carl Thonius vient sauver les miches de son comparse en mettant le Giddy Gang sur un autre bail, bien plus prometteur celui-là : la Kindred Youth Scholam.

Établissement de bienfaisance recueillant et éduquant les orphelins des rues d’Urbitane, la Kindred Youth Scholam dissimule sous ses apparences très honorables, si un peu décaties, de bien sombres secrets. Grâce à ses talents consommés de hacker et d’analyste extra-financier, Thonius a découvert que les trois Stooges au service de Molotch étaient passés par cette noble institution, coïncidence fort improbable s’il en est. En creusant un peu, et en faisant des due diligences un chouilla plus longues que celles des clercs de l’Administratum (qui n’ont juste pas le time, les pauvres), l’Interrogateur a trouvé des preuves que la Scholam avait des liens avec la Cognitae, à commencer par son directeur Berto Cyrus a.k.a. Ludovic Kyro, un autre alumnus de cette sulfureuse institution. Il n’en fallait évidemment pas autant pour que Ravenor décide qu’une visite de terrain s’impose dans les plus brefs délais, et envoie ses hommes (et sa femme) de main sur place pour tirer les vers du nez à ce botoxé de Kyro.

Après un nouvel échange de tir (la couverture de trafiquant d’enfants utilisée par Thonius n’ayant pas fonctionné), Ravenor débarque en majesté accompagné d’un bataillon d’Arbites afin de procéder à l’interrogation de l’onctueux directeur de la Scholam et de ses associés survivants. Ce succès est toutefois terni par une absence regrettable de Thonius, trop occupé à se boucher les oreilles en gémissant pendant la baston pour remarquer que Kyro avait sur lui un détonateur de données, ce qui lui a permis de faire Ctrl+A/Ctrl+X/Ctrl+S sur le serveur de l’école, détruisant la grande majorité des archives de cette dernière. C’est la tuile.

Un peu dégoûté par l’amateurisme crasse de son bras droit, Ravenor décide de se passer les nerfs en se lançant dans une quête secondaire, réflexe naturel quand on est coincé sur la quête primaire, vous le reconnaîtrez. Ayant (psychiquement) senti lors de son arrivée dans la Scholam qu’un Psyker y avait séjourné pendant des années, et n’en est parti qu’il y a quelques jours, il décide qu’il est de son devoir d’Inquisiteur de mettre hors d’état de nuire cette menace manifeste à l’ordre impérial. Pendant qu’un Thonius très contrit essaie de récupérer les quelques infos encore stockés sur le C:\ du PC de Kyro, le Charles Xavier de 40K se livre à un interrogatoire serré, stressé et secoué de ce dernier, parvenant à lui arracher le nom de Loketter, narco baron auquel il a vendu une certaine Patience la veille au soir pour qu’elle serve de proie à l’une des chasses à l’homme que ce sombre individu organise pour le compte de quelques-uns de ses amis.

Si Patience a retenu son attention, c’est qu’il s’agit d’une telekine dont les talents sont devenus manifestes après qu’elle ait appris que Kyro avait remis ses deux jeunes sœurs (Prudence et Providence, ça ne s’invente pas) à un tiers, sans la consulter auparavant. Comme Patience avait choisi de rester à la Scholam malgré son âge avancé (21 ans) afin de pouvoir veiller sur ses cadettes le temps qu’elles soient à leur tour majeures, l’annonce de ce coup de Jarnac a naturellement eu raison d’elle-même (de sa patience, si vous trouvez que la phrase est déjà trop longue), et ses pouvoirs longtemps dissimulés se sont déchaînés sur le personnel éducatif de la Kindred Youth, jusqu’à ce que le Paria qui accompagnait Loketter ne siffle la fin de la récré.

Apprenant la tragic back story de Patience, Ravenor passe de chasseur inflexible de mutants à chevalier blanc au secours de la veuve et de l’orpheline et entraîne ses larbins dans un raid en terrain très mal famé pour localiser et secourir la pauvre enfant pourchassée aussi bien par les gangers locaux que par les tueurs à gage des amis de Loketter. Malgré sa volonté farouche de s’en sortir et son usage déjà mortel de ses pouvoirs, Patience aurait en effet fini comme ses anciens camarades de Scholam sans l’intervention décisive du bon Inquisiteur, qui n’hésite pas à posséder Kara Swole pour pouvoir utiliser sa voix suave à la place de la sienne, et convaincre une Patience traumatisée par les quarantenaires toxiques de coopérer à son sauvetage.

Au final, presque tout est bien qui ne se finit pas trop mal : même si Loketter parvint à s’enfuir avant d’être attrapé par la maréchaussée, et que tous les efforts pour localiser Prudence et Providence se révèlent vains, Kyro finit par remettre Ravenor sur la piste de Molotch, aucun acolyte de l’Inquisiteur n’est mort dans l’opération, et il convainc même Patience de rejoindre sa suite (en même temps c’était ça où le Vaisseau Noir, le choix était facile). Avant de partir, cette dernière se donne le nom de Kys, non pas en hommage au groupe favori de sa défunte môman, mais en référence à l’institution où elle a passé de longues et belles années avec ses sœurs. Eh oui, ça vient de là !

1 : Si cet épisode vous évoque de quelques vagues et brumeux souvenirs, c’est parce qu’Abnett ne l’a pas vraiment couvert dans sa trilogie ‘Ravenor’, mais y fait référence pour justifier la haine que l’Inquisiteur éprouve envers sa Némésis.

AVIS :

Au cours de ses séries inquisitoriales, Dan Abnett a signé de nombreuses nouvelles dévouées à l’enrichissement et à l’approfondissement des personnages accompagnant ses protagonistes, et ‘Playing Patience’ est sans doute l’œuvre la plus aboutie qu’il ait soumis en la matière. Tout à la fois thriller, polar, horreur et buddy movie1, bien desservi par son format deluxe (une cinquantaine de pages, ce qui permet à Abnett de donner du volume à son intrigue et à ses personnages) et ses points de vue alternés entre Patience et Ravenor et Cie, cette longue nouvelle est un excellent prologue à la trilogie ‘Ravenor’, même si elle a été écrite après la sortie du premier tome de cette dernière. On en ressort avec la ferme intention d’embrayer avec la suite de la traque de l’infâme Zygmunt Molotch – qui n’apparaît pourtant pas du tout dans la nouvelle – et un attachement sincère envers Ravenor et sa clique. Du bel et propre ouvrage.

1 : L’interaction entre Frauka et Thonius à la fin de la nouvelle est vraiment drôle, et sert de contre point parfait à l’ambiance pesante du reste de l’histoire.

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Kill Them All!

Snares and Delusions – M. Farrer :

INTRIGUE :

40K_Snares & DelusionsC’est un jour très spécial pour l’Apôtre Noir De Haan (Dan de son prénom) : après des millénaires passés à traquer le Vaisseau Monde de Varantha à travers la galaxie, tous les signes prédisent que l’heure de la confrontation finale est arrivée entre Word Bearers rancuniers et Eldars élusifs. Débarqué à la surface d’un monde vierge peuplé d’Exodites (rapidement matés) avec l’avant-garde de son ost, De Haan supervise la consécration du bâtiment offert par la Légion hérétique à la seule ville de la planète : la Cathédrale de la 5ème Bénédiction. Les styles jurent un peu mais c’est une attention touchante, il faut le reconnaître. Notre zélé héros est persuadé que ce monde minable dissimule des portails Warp reliés à Varantha, qu’il hait du plus profond de ses cœurs depuis le moment où les Eldars de ce Vaisseau Monde ont fait échouer dans le sang l’opération tractage et prosélytisme montée par le mentor de De Haan sur Sahch-V, contraignant les fils de Lorgar à une honteuse retraite. Depuis, l’Apôtre Noir a consacré sa vie à la traque de cette faction eldar, parvenant progressivement à resserrer l’étau autour du Vaisseau Monde honni. Preuve de l’inimitié tenace l’opposant à Varantha, il a même reçu une prédiction personnalisée de la bouche de l’un de ses Prophètes, juste avant que le crozius protéiforme1 de De Haan ne le réduise en bouillie : « lorsque tu poseras les yeux sur le cœur de Varantha, la messe sera dite2 ».

Les travaux avancent bien, les Exodites sont en voie avancée d’extermination, et les renforts qui patientent dans la barge de bataille en orbite de la planète ne vont pas tarder à descendre renforcer l’avant-garde : tout va pour le mieux dans la plus grimdark des galaxies, mais un événement troublant vient perturber la bonne humeur de De Haan. Au moment de prononcer son sermon de Haine o’clock, il a eu une panne d’inspiration subite. Son second Meer a beau lui répéter que ça peut arriver à tout le monde, le fier Apôtre est aussi gêné que perplexe après cet incident, mais finit par décider que c’est encore un signe que sa quête arrive à son terme, avant d’imaginer toutes les choses horribles qu’il fera subir à Varantha et à ses habitants une fois qu’il aura craqué le digicode. Positive thinking here. Après tout, les choses se déroulent tellement bien que ce n’est pas un petit blanc passager qui va faire dérailler l’Omphalos Daemonium, pas vrai ?

Début spoiler…Eh bien (et vous vous en doutiez, sagaces lecteurs que vous êtes), si. Surgissant de l’ombre et/ou de la banlieue pourrie de la ville Exodite – ça dépend des versions – les forces de Varantha attaquent la Cathédrale sans crier gare, avec la redoutable efficacité et le haut potentiel disruptif3 qui sont la marque des Eldars des Vaisseaux Mondes. Coupé de ses renforts et bientôt laissé seul survivant de son ost, De Haan a un peu de temps pour songer à la prophétie qui lui a été révélée, et surtout à l’interprétation très optimiste qu’il en a eu jusque-là. Car toutes les fins ne sont pas heureuses, comme l’Apôtre Noir ne tarde pas à le découvrir lorsque le cœur de Varantha, alias son Avatar de Khaine, entre dans la Cathédrale pour demander un petit tête à tête au confessionnel… Ite, missa est.Fin spoiler

1 : Il a le superpouvoir de changer de tête à chaque fois que De Haan pose les yeux dessus, ce qui est… cool.
2 : Ok, c’est pas la traduction littérale mais bon, avouez que c’est approprié pour un Word Bearers.
3 : Tous leurs points de commandement ont été claqués dans le stratagème « pièges à c*n », qui colle des blessures mortelles à toute figure s’approchant à 6 pas ou moins des 10 pions « râteau » placés par le joueur Eldar.

AVIS :

Une nouvelle moins intéressante par son intrigue (dont on devine la fin pratiquement dès le début, la faute aussi à un titre qui vend un peu trop la mèche) et ses personnages (assez quelconques) que par l’aisance stylistique dont fait preuve Matthew Farrer et surtout la bonne rasade de fluff qu’il nous sert au fil des pages, et qu’il a la bonne idée de répartir entre Word Bearers et Eldars. Pas sa meilleure, pour sûr, mais tout de même d’un très solide niveau.

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Apothecary’s Honour – S. Jowett :

INTRIGUE :

40K_Apothecary's HonnorDéployée sur le monde d’Antillis IV pour aider les autorités locales à se défaire d’une invasion chaotique plus grave qu’anticipée, la Seconde Compagnie du Chapitre des Avenging Sons, menée par le Capitaine Selleus, s’est battue vaillamment mais cela n’a pas suffi. Isolé au milieu des bourrasques de cendres humaines conjurées par un géo-ingénieur plus ravagé du bulbe que la moyenne pour combattre les effets du changement climatique (eh, c’est un aérosol comme un autre), l’Apothicaire Korpus se consacre toutefois sans faiblir à son sacerdoce : récupérer les glandes progénoïdes de ses camarades tombés au combat. Il sait en effet qu’il s’agit d’une partie vitale de l’effort de guerre de l’Adeptus Astartes, qui se retrouverait rapidement réduit à peau carapace noire de chagrin sans la récolte et la réimplantation dans de nouveaux hôtes de ces précieux kystes. On le suit ainsi jusqu’au quasi-cadavre du Sergent Pereus, blessé à mort1 lors d’une escarmouche contre une bande de Space Marines du Chaos, qu’il accompagne pieusement dans ses derniers instants et déleste de ses mirifiques glandes, stockées dans le petit frigo personnel qu’il trimballe sur son armure. À la guerre comme à la guerre.

Sur le chemin du retour vers le QG château (en français dans le texte) de sa Compagnie, Korpus reçoit un message alarmant de la part de Selleus, lui annonçant que la campagne est perdue et lui ordonnant de se diriger sans tarder vers le spatioport où sont garés les Thunderhawks des Avenging Sons, et de les utiliser pour rejoindre leur vaisseau amiral. Il est en effet capital de renvoyer les Avenging Glandes jusqu’à l’Apothicarium chapitral, on a bien compris. De son côté, le Capitaine et ses derniers hommes préfèrent se faire exploser dans leur bastion plutôt que de s’offrir un dernier carré digne de ce nom, ce qui surprend fortement Korpus. Cela dit, un ordre est un ordre, et le zélé Apothicaire part donc en petites foulées en direction du hangar à aéronefs mis à disposition par les autorités d’Antillis IV, en espérant que ce dernier n’ait pas déjà été conquis par l’ennemi.

En chemin, notre héros tombe par hasard sur une escouade de Scouts dont on était sans nouvelles depuis plus d’une journée et que tout le monde avait donc considéré comme perdue corps et biens (faut pas se retrouver en zone blanche au 41ème millénaire). Coincés dans une friche industrielle par une horde de World Eaters ricanant à défaut d’être très doués, les novices auraient rapidement perdus la tête sans l’intervention décisive de Korpus, dont le poing énergétique – un choix d’équipement un peu bizarre pour quelqu’un sensé effectuer des actions chirurgicales sur le champ de bataille, mais passons – et l’effroyable mauvaise humeur, appelée Cœur Vengeur par les initiés, règlent rapidement leur compte aux affreux.

Au bout d’un voyage sans trop d’encombres, les survivants finissent par arriver jusqu’au spatioport et commencent à retaper le Thunderhawk le moins amoché du lot afin de pouvoir s’éclipser de la planète condamnée au nez et à la barbe énergétique des Khorneux. Bien évidemment, ils n’auront pas loisir de mener à bien cette mission d’extraction furtive, une nouvelle vague de renégats leur tombant dessus sans crier gare (en même temps, il n’y avait pas de train sur place) avant que Korpus et les Scouts n’aient eu le temps de boucher tous les trous de la carlingue avec du chewing-gum. Comble de malchance, les World Eaters sont menés par un Dreadnought équipé d’un canon laser, dont la portée risque d’être fatale au coucou déglingué des Avenging Sons. L’Apothicaire décide alors de mener une charge suicide avec les novices afin de permettre au Thunderhawk piloté par le seul Scout ayant passé son permis ULM de s’échapper, après avoir déposé ses précieuses glandes dans le minibar de l’appareil, bien sûr.

Cette contre-attaque inspirée est couronnée de succès, Korpus faisant entrer son poing énergétique en surchauffe après l’avoir coincé sous un piston du Dreadnought adverse, vaporisant la machine impie ainsi qu’une bonne partie de ses suivants, au modique prix d’un évanouissement pour notre viril héros (tous les Scouts meurent dans la bagarre par contre, mais on s’en fout un peu). Il a toutefois accompli brillamment sa mission, pas vrai ?

Début spoiler…Eh bien, non. La mauvaise nouvelle lui est transmise par un Space Marine hérétique ayant autrefois servi comme Apothicaire et qui a fermement attaché Korpus sur un chevalet d’opération dans l’attente de son réveil. Une légende noire parmi l’Adeptus Astartes, responsable de la création de nombreux monstres génétiquement modifiés se battant dans les rangs des Légions renégates. Je veux bien sûr parler de Fab…rikus. Si si. Toute ressemblance avec un personnage nommé serait évidemment totalement fortuite. Fab’ révèle à son collègue et néanmoins prisonnier qu’il a été chargé par ses patrons chaotiques de trouver un moyen de recruter en masse de nouveaux Space Marines, ce qui n’est pas facile du fait de l’influence corruptrice du Warp sur les glandes progénoïdes des Astartes vétérans. Une seule solution pour contourner ce problème : aller taper dans les stocks de ces saintes nitouches de loyalistes, et c’était bien le but de la campagne d’Antillis IV. Cependant, les dernières actions du Capitaine Selleus ont fait capoter ce plan machiavélique, et l’entière opération se serait terminée par un fiasco retentissant pour les traîtres sans l’étourderie de Korpus, qui a « oublié » de prélever ses propres glandes et de les déposer dans le frigo du Thunderhawk avant de foncer dans le tas comme un demeuré. La boulette. Notre histoire se termine sur la scène pénible de l’opération sans anesthésie pratiquée sur ce glandu – et c’est bien le problème – d’Apothicaire, qui se désole en son for intérieur de sa propre stupidité. Charité bien ordonnée…Fin spoiler

1 : Je tique un peu du fait que Pereus se soit auto-diagnostiqué perdu pour la cause, sans que Korpus juge bon de faire son boulot de medic et de vérifier par lui-même la gravité de l’état de son camarade. Après tout, qu’est-ce qu’une paraplégie quand on possède la technologie nécessaire pour créer des Dreadnoughts ?

AVIS:

Simon Jowett signe une nouvelle franchement vintage pour le lecteur contemporain (qui sera peut-être surpris que le nom de Roboute Guilliman n’apparaisse pas une seule fois dans une histoire qui parle des Avenging Sons), explorant une des particularités du background des Space Marines : le rôle crucial des glandes progénoïdes dans leur organisation et leur culture.

Si l’idée est bonne, la réalisation n’est toutefois pas au-dessus de tout reproche : on passe à mes yeux beaucoup trop de temps à voir voler les bolts dans cette nouvelle, sans que l’auteur se consacre à faire monter la pression autour de Korpus, ni ne le confronte à des décisions véritablement difficiles, où il aurait eu à choisir entre son fameux honneur d’Apothicaire, et la mission vitale confiée par son supérieur. A cela viennent s’ajouter des petits irritants sans conséquence pour la structure de l’histoire, mais pénible à lire quoi qu’il en soit, comme la nullité crasse des World Eaters qui servent d’opposition aux vertueux Avenging Sons, pas foutus de régler leur compte à cinq Scouts et un Apothicaire mouflé même avec l’avantage du nombre.

On peut toutefois mettre au crédit de Jowett un twist final pas trop mal fichu (même si Korpus et Fabrikus ont vraiment une haute idée d’eux-mêmes pour penser que ce micro-événement risque de faire basculer le rapport de forces entre Imperium et Chaos) et quelques infos fluff relevant plus de la curiosité académique que de la source canonique1, cependant.

1 : C’est le même Jowett qui a doté le Chapitre des Iron Hearts de casque de VR pour s’entraîner au combat, et baptisé d’autorité un des Primarques disparus (voir ‘Hell in a Bottle’) : ses contributions au fluff Space Marine doivent être pris avec 72 pas de recul.

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Unthinking Justice – A. Millward :

INTRIGUE :

40K_Unthinking JusticeUne force de Black Consuls est envoyée sur la planète Suracto, en rébellion ouverte contre l’Imperium. Au fur et à mesure du déroulement de la mission, il apparaît toutefois que les traîtres ne sont pas forcément ceux auxquels on pense.

AVIS :

Une petite nouvelle sympatoche, qui commence comme une histoire de marounes classique, puis se corse salutairement grâce à la mise en scène d’un (léger1) doute quant à la nature de l’ennemi véritable des Black Consuls. On est très loin de l’Elucidium’ de Simon Spurrier et du ‘We Are One’ de John French, mais on ne peut que saluer l’intention d’Andras Millward de donner au lecteur davantage qu’une Cawkwell-erie lambda. La conclusion de l’histoire est toutefois assez nébuleuse, ce qui affaiblit un peu le twist final concocté par l’auteur.

1 : « Alors vermine, pourquoi t’es-tu rebellé contre l’Empereur ?»
« Monseigneur Marine, il y a malentendu. Les copains et moi nous sommes soulevés contre l’administration planétaire parce qu’elle cherche à faire tomber la planète aux mains du Chaos. Nous avons des preuves solides de son implication dans un compl- »
« BAM BAM BAM »
« Administrateur ! C’est le cinquième prisonnier que vous exécutez en plein interrogatoire, juste au moment où il allait vous mettre en cause dans cette triste histoire. Je commence à croire que vous nous cachez quelque chose… »
« Veuillez me pardonner, ça n’arrivera plus. J’ai tendance à sur réagir quand ma fidélité envers l’Imperium est mise en doute. Héhé. »
« Bon, d’accord. Mais que je ne vous y reprenne pas une sixième fois, hein ! »

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Battle of the Archaeosaurs – B. J. Bayley :

INTRIGUE :

40K_Battle of the ArcheosaursLa planète ABL 1034, colonisée par l’humanité en des temps forts lointains puis laissée à mariner dans son jus pendant la Longue Nuit, a été redécouverte par l’Imperium. Idéalement situé pour devenir une capitale sous-sectorielle, comme Mont de Marsan avant lui, ce monde primitif aurait dû être conquis ou reconquis par le régiment de Gardes Impériaux dépêché sur place sans le moindre effort, mais voilà : les bidasses ont été toutes massacrées par la population locale, malgré le très faible niveau technologique de cette dernière. Une deuxième expédition, mécanisée celle-là, n’a pas connu un sort plus favorable, faisant d’ABL 1034 une sorte de village gaulois galactique, résistant vaillamment contre l’envahisseur romain impérial. Foin de druide à la faucille en or ou de potion magique ici : la raison de cette défiance étonnante se trouve dans la présence d’une mégafaune domestiquée par les natifs, et baptisée archéosaures par les Magos Biologis en raison de la ressemblance des dites bestioles avec les lézards géants qui peuplaient Terra il y a des millions d’années.

Comme on le sait bien ici, ni la patience ni la bienveillance de Pépé ne sont sans limite, au contraire de ses armées, qui sont elles proprement inextinguibles. La troisième fois sera donc la bonne pour l’Imperium, qui décide de mettre le paquet pour s’assurer d’une victoire probante et envoie pas un, mais deux Titans Warlord mettre de l’ordre sur ABL 1034. Bien que les Princeps des machines envoyées sur place (Gaerius et Efferim) doutent fortement que l’ennemi soit en mesure de les inquiéter, la discipline légendaire de l’Adeptus Titanicus les empêche de livrer le fond de leur pensée aux gradés de la Flotte et de la Garde avec lesquels ils partagent la séance de briefing pré-déploiement. Et puisqu’ils sont sur place, autant faire le job, pas vrai ?

Cette belle confiance est rapidement, même si temporairement, ébranlée par la vision qui attend les Princeps lors de leur descente à la surface de la planète : pas moins de cinq épaves de Gargants ork jonchant la plaine choisie par le commandement impérial pour déployer ses forces. Bien que Gaerius choisisse de croire qu’il s’agit d’une conséquence de la nature belliqueuse des Xenos, tout prêts à se battre en eux en absence d’ennemis valables, plutôt que d’un fait d’armes des indigènes, son aveuglement béat ne va pas durer longtemps. L’arrivée de la troisième vague d’assaillants n’est en effet pas passée inaperçue chez les locaux (en même temps, on parle de marcheurs d’assaut de plus de trente mètres de haut, c’est voyant), et la tribu la plus proche n’est pas longue à envoyer ses guerriers et deux archéosaures livrer bataille aux nouveaux venus. On apprend à l’occasion d’un petit passage raconté depuis le point de vue de l’un des deux seuls survivants de la deuxième vague impériale, et reconverti en étendard vivant par les autochtones, que ces derniers arrivent à contrôler leurs montures grâce à des pieux métalliques fichés dans le crâne des archéosaures à des endroits précis, et dont les vibrations permettent d’activer certaines zones du cerveau de ces grosses bestioles. C’est tout simple, mais il fallait y penser (et surtout, trouver un moyen de mettre l’idée en pratique…).

Le combat s’engage donc entre les Titans et les Kaijus, et le petit rictus de suffisance qui flottait sur les lèvres du Princeps Gaerius est rapidement remplacé par une grimace d’incrédulité devant la résistance incroyable de ses adversaires, puis par de la panique pure et simple lorsque les archéosaures déclenchent leur combo spéciale « jet de flammes/cabrage/coup de queue », mettant au tapis le Warlord d’Efferim et laissant la machine rescapée composer seule avec les deux dinosaures énervés qui lui font face. L’entraînement et la discipline de l’équipage du Titan survivant (et les gros flingues dont il dispose) permettent toutefois à Gaerius d’arracher une victoire mineure en abattant les lézards géants à bout portant avant qu’ils n’aient pu lui faire des papouilles. C’était moins une pour la crème de la crème de l’Omnimessie…

Début spoiler…Et ce n’est surtout que partie remise pour la tribu vaincue, dont le nouveau chef décide que l’heure n’est plus aux combats honorables en 2 contre 2. Ayant bien compris que les armées impériales ne reculeraient devant rien pour s’emparer de la planète, il envoie dès le lendemain l’intégralité de son cheptel, soit une centaine d’archéosaures, piétiner les positions adverses. Le Titan mal en point de Gaerius ne peut pas s’opposer à une telle démonstration de force, et la troisième campagne se termine aussi ignominieusement que les précédentes.

Notre nouvelle quant à elle se conclut sur la décision prise par des gros bonnets de l’Imperium de régler une fois pour toutes cet ennuyeux, coûteux et humiliant problème en déchainant un petit Exterminatus sur la planète rebelle, quand bien même ça l’abimerait un peu, au moins à moyen terme. Un constat partagé à grand cri par notre ami Gaerius, qui a survécu à la débâcle et a été « adopté » par la tribu d’ABL 1034, où il sert maintenant de décoration frontale d’archéosaure. Voilà une reconversion réussie.Fin spoiler  

AVIS :

Une nouvelle « et si ? » par excellence, ‘Battle of the Archeosaurs’ permet à une des plumes les plus libres de la première époque de la Black Library de mettre en scène une bataille assez improbable et donc totalement savoureuse entre Titans Warlord et dinosaures géants, le tout avec un respect du fluff que l’on ne peut qu’admirer. On ne verra probablement plus rien de tel dans le catalogue de la BL (tant pis ou tant mieux, je vous laisse seuls juges), ce qui est une autre raison pour les amateurs de GW-Fiction de prendre connaissance de cet OVNI de la littérature 40K.

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The Wrath of Khârn – W. King :

INTRIGUE :

The Wrath of KhârnLa régularité, c’est la clé de la longévité. Il suffit de regarder Khârn (10.000 printemps et 2.243 meurtres – pour cette campagne – au compteur au début de notre histoire) pour s’en convaincre : le bougre aime toujours autant ce qu’il fait depuis dix millénaires, et cela lui a permis de garder la vigueur d’un jeune homme malgré une existence aventureuse et une hygiène de vie questionnable. Un véritable exemple pour la jeunesse, moi je dis. Nous cueillons le petit chaperon rouge sang au détour d’un champ de bataille situé sur un monde démon dédié à Slaanesh, sur lequel Mr Félon mène une attaque avec ses enthousiastes Berzerkers pour détruire une relique impie gardée au sein du Temple de l’Indulgence Superlative (tout un programme) : le Cœur du Désir.

Comme on peut s’en douter, il n’y a personne dans la team duckface qui soit capable de rivaliser avec notre héros dans le noble art du combat rapproché, et Khârn ne met que quelques pages à enfoncer les défenses ennemies, détruisant l’intégrité physique et ruinant les justaucorps moulants de tous ceux qui ont le malheur de croiser sa route. Il finit par parvenir avec quelques copains jusqu’à la salle principale du Temple, où les attendait le chef des Slaaneshi, alangui comme il se doit sur un trône enfermant l’essence d’un Démon Majeur : le fameux Cœur du Désir !

Si l’aura de sensualité et de concupiscence qui émane de la chaise démoniaque pique un peu les yeux de notre farouche champion, ses effets sont décuplés sur ses humbles suivants, qui à sa grande colère succombent tous à l’étreinte lascive du Prince des Plaisirs. Juste le temps de corriger de manière définitive ces gougnafiers, et Khârn peut se concentrer sur le cas du cultiste en chef, dont l’inqualifiable familiarité1 n’est pas le moindre de ses péchés. Encore une fois, l’affaire est vite expédiée, quelques moulinets de Gorechild ayant vite fait d’apprendre la bienséance à ce hippie dévergondé, et ce malgré son intéressante capacité à continuer à contrôler ses membres après qu’ils aient été tranchés.

Le boss final de notre récit s’avère être le Cœur du Désir, ou plus précisément l’entité démoniaque qui y est prisonnière. Cette dernière commet l’impardonnable erreur de suggérer à Khârn qu’un type qui s’appelle « le Félon » peut sans problème s’asseoir sur sa loyauté à Khorne (et sur le trône de Slaanesh par la même occasion), alors que notre héros est justement fier de sa loyauté exclusive au dieu du Sang. S’il a trahi ses camarades World Eaters, c’est justement parce qu’il considérait qu’ils s’étaient détournés des commandements de Khorne ! Cette bévue sera lourde de conséquence pour le Cœur du Désir, qui se prend un grand coup de hache tronçonneuse dans le dossier et termine la nouvelle en pièces détachées. Si vous tendez bien l’oreille, vous pourrez entendre Khârn fredonner I’m still standing alors qu’il regagne son vaisseau avec la satisfaction du devoir accompli…

1 : Il appelle Khârn « vieille branche », ce qui n’est pas très pro.

AVIS :

Nous sommes en présence de la toute première apparition de Khârn dans la GW-Fiction, et c’est peu de choses que de dire que de l’eau – ou peut-être du sang – a coulé sous les ponts depuis ces débuts brut(aux) de décoffrage signés de la main de William King. Ce personnage iconique a en effet gagné une profondeur très intéressante à travers son traitement dans l’Hérésie d’Horus, et que l’on ne retrouve absolument pas dans ‘The Wrath of Khârn1, mais il serait assez injuste de le reprocher à King à mon avis. Ici, nous sommes en présence du champion de Khorne altéré de sang dans sa plus pure forme, et dont la plus grande force est son inextinguible soif de combat et de meurtre ; c’est d’ailleurs la « morale » de l’histoire servie par un William King qui n’a pas franchement poussé son talent de scénariste. Cette nouvelle pourrait être qualifiée de simpliste et d’indigente au vu des standards actuels de la Black Library, mais si on la considère dans le contexte de sa première publication (en 2001, et dans un White Dwarf), un peu de mansuétude est tolérable. À lire si vous êtes un aficionado dévoué du Félon, très dispensable sinon.

1 : Un jeu de mots typiquement anglo-saxon, car faisant référence au film ‘The Wrath of Khan’ de la série Star Trek.

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Into the Maelstrom – C. Pramas :

INTRIGUE :

40K_Into the MaelstromCapturé après l’abordage malheureux d’un croiseur White Scars par ses camarades Red Corsairs, l’archiviste Sartak doit prouver sa loyauté retrouvée envers l’Empereur (car la vue d’une dizaine de bolters braqués sur sa tête l’a aisément convaincu de retourner sa veste énergétique, étonnant non ?) en informant ses nouveaux copains de la destination du prochain raid de Huron Sombrecoeur hors du Maelstrom. Notre héros repentant arrivera-t-il à abuser le paranoïaque ex Tyran de Badab assez longtemps pour accomplir sa périlleuse mission ?

AVIS :

Si on met de côté les zones d’ombre1 de l’argument d’Into the Maelstrom’, que l’on peut imputer à la plus grande permissivité qui régnait à cette époque (voir ‘Hell in a Bottle’ de Simon Jowett pour s’en convaincre), cette nouvelle se révèle être très convenable. La force de l’écriture de Pramas est d’arriver à retranscrire la course contre la montre dans laquelle est engagée son héros, et l’étau qui se resserre de plus en plus autour de lui au fur et à mesure des pages. ‘Into the Maelstrom’ peut également se targuer de bénéficier d’un final réussi, autant du point de vue de la construction narrative que du respect de l’ambiance nihiliste de Warhammer 40.000, et de la participation du Huron Sombrecœur convaincant en psychopathe retors et flamboyant.

1 : « Seigneur Subotai Khan, le Red Corsair que nous avons fait prisonnier après l’attaque de notre barge de bataille (au lieu de lui coller un bolt dans le crâne, comme il aurait été normal) est réveillé et attend votre bon plaisir. »
« Faîtes le entrer. »
« Qui a été un vilain garnement, hum ? »
« Je dois reconnaître que j’ai commis quelques erreurs ces dernières années votre honneur, mais depuis que vous m’avez capturé et me tenez à votre merci, j’ai très envie que nous devenions copains. Vive l’Imperium donc. »
« Merveilleux. Maintenant que tu as miraculeusement retrouvé foi en l’Empereur, tu es libre de retourner chez les Red Corsairs. Essaie juste de nous dire où Huron dirigera sa prochaine attaque, de manière à nous permettre de le prendre en embuscade. »
« Vous ne préférez pas plutôt que je vous mène directement jusqu’à la flotte des Red Corsairs, chose dont je suis capable selon l’auteur de la nouvelle ? »
« Nan. »
« Euh, d’accord, c’est comme vous voulez… Mais imaginons – je dis bien imaginons – que mon repentir ne soit pas sincère, et qu’une fois de retour dans le Maelstrom, je vous fasse parvenir des informations erronées, permettant à Huron d’attaquer une planète sans défense, ou pire, de retourner l’embuscade des White Scars contre eux. Vous avez prévu quelque chose pour ce cas de figure ? »
« Bien sûr ! Le fidèle Arghun ici présent t’accompagnera dans ta mission, et s’assurera que tu mènes à bien cette dernière. »
« Vous êtes bien conscient que Huron risque de le faire tuer à la minute où il posera les yeux sur lui, hein ? Et que même dans le cas où il survivrait à son bizutage, il n’aurait aucun moyen de vous avertir de mon hypothétique trahison, étant donné que je serai celui qui vous transmettra les coordonnées du prochain objectif de Huron grâce à mes pouvoirs psychiques ? »
« Tu as raison Sartak, mon plan repose entièrement sur ta pleine et entière coopération. Mais j’ai tout à fait confiance en toi, car nos trente secondes d’entretien m’ont convaincu qu’en dépit des actes monstrueux que tu as commis en tant que Red Corsairs, tu es quelqu’un de bien. Pars avec ma bénédiction. »
« Merci Subotai Con, heu Khan. »

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Et voilà qui conclue cette revue de ‘Let the Galaxy Burn’, et clôture définitivement la partie grimdark de mon aventure infernale ! Je ne pense pas avoir besoin d’émettre de jugement final sur cette anthologie, qui présente la variété stylistique et qualitative propre à la plupart des recueils de la BL. Si vous êtes fans de cette époque mythique et fondatrice de la GW-Fiction, nul doute que vous trouverez plaisir à parcourir ces pages aujourd’hui un peu jaunies. Sinon, il y a énormément d’autres ouvrages qui vous attendent dans les rayons de la Bibliothèque Interdite, et vous y trouverez sans doute votre bonheur… je vous le souhaite en tout cas !

BLACK LIBRARY EVENTS ANTHOLOGY 2019/20 [Recueil]

Bonjour et bienvenue dans cette revue de la Black Library Events Anthology 2019/2020, qui vient terminer (pour le moment) la série des chroniques des recueils « présentiels » de la BL. Clin d’œil du destin, cet ultime recueil est sorti quelques mois avant le début de la crise du COVID-19, ce qui explique sans doute pourquoi il est le dernier de sa lignée. On ne saura pas si Nottingham avait prévu une saison 2020/2021 avant que le confinement ne vienne rebattre les cartes, mais toujours est-il qu’au moment où cette chronique est finalisée, la BLEA 2019/2020 reste sans successeur.

Black Library Events Anthology 2019_20

Cette absence de postérité se manifeste également au niveau des nouvelles au sommaire de ce livret. Avec pas moins de trois histoires n’ayant jamais été republiées depuis ce premier tirage, ce recueil fait partie des plus secrets jamais édités par la Black Library. Si vous n’avez pas eu la chance de vous procurer un exemplaire de cet ouvrage sur un stand de festival ou de convention, les moyens (légaux) de lire la prose de Denny Flowers, David Guymer et Graeme Lyon sont malheureusement très limités1.

Avec deux nouvelles siglées Warhammer Horror et une Necromunda, la BLEA 2019/2020 présente une diversité rafraichissante par rapport à ses prédécesseurs, même si la présence de l’inévitable Augusta Santorus, figure de proue de la BL en ce début des années 2020, ne surprendra sans doute personne. Le petit dernier de la lignée sera-t-il son chant du cygne ou du faisan (en tout bien tout honneur pour ce noble animal, bien sûr) ? Only one way to find out…

1 : Et si l’exemple de Rob Sanders peut nous apprendre quelque chose, c’est que la Black Library ne se donne pas le mal de publier les inédits, ou quasi inédits, des auteurs qui ont quitté le navire. Il est donc possible que ‘Tower of Secrets’ ne ressorte jamais, comme le ‘Shadow Play’ de Sanders.

BLACK LIBRARY EVENTS ANTHOLOGY 2019_20

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Salvation’s Crucible – D. Flowers [NDA] :

INTRIGUE :

C’est l’heure des règlements de comptes à Under Pipe, petite bourgade sans grand intérêt du Sous Monde de Necromunda. Les locaux sont menés par le dandy Mandrex Sawblade (son arme de prédilection est un sabre tronçonneur, on ne voit pas ça tous les jours), chef du gang des Waylanders ayant mis sous coupe réglée Under Pipe. Les visiteurs sont quant à eux aux ordres d’Ubel (tout court), un ancien membre du gang de Sawblade ayant choisi de faire bande à part lorsque ses ambitions de grandeur et de pouvoir se furent heurtées de manière trop brutale et directe avec le leadership jaloux du boss Waylander. Ubel et ses sbires ont été engagés par le mystérieux et littéralement illuminé Silas Pureburn, un Guilder très respectable mais pas vraiment ouvert au dialogue sous abords de papy gâteau, pour l’escorter jusqu’à Under Pipe afin de faire bénéficier cette communauté reculée de l’authentique lumière de l’Empereur. La Guilde du Feu, représentée par le noble vieillard, est en effet convaincue que le Creuset de Lumière dont elle a la garde depuis des temps immémoriaux brûle de la flamme allumée par le zippo du Maître de l’Humanité lors de son passage sur Necromunda. Et un tel don, ça se partage évidemment (mais pas gratuitement, faut pas déconner).

Considérant Ubel comme un traître ayant besoin d’être abattu pour l’exemple, et Pureburn comme un fanatique religieux (ce qui passe encore) et un concurrent avéré (ce qui est intolérable), Sawblade compte bien régler leur compte à ces deux gêneurs lors d’une embuscade soigneusement planifiée comme les Waylanders sont passés maîtres dans l’exécution… En théorie. En effet, malgré l’avantage considérable apporté par les abords d’Under Pipe, un champ de ruines judicieusement baptisé Salvation par les locaux, les avatars se multiplient dès lors que les locaux donnent le coup de feu et d’envoi de l’algarade. Les armes lourdes du gang se mettent à surchauffer de manière très suspecte, et du Creuset de Lumière s’échappe une dense fumée, réduisant la visibilité à néant. Il va falloir régler les choses au corps à corps.

Bien entendu, Sawblade et Ubel finissent par se retrouver face à face au cœur de la très confuse mêlée qui s’est engagée autour de la vasque géante et flottante sur laquelle Pureburn a pris position. Le combat tourne en faveur du chef des Waylanders, qui décoche un coup de boule monumental à son rival, avant de demander poliment au Guilder de couper le gaz parce que, hé ho, c’est pas Versailles Terra ici, tout de même. Refus tout aussi poli, mais ferme, de Pureburn, qui indique au ganger que cela n’est pas possible, pour la simple et bonne raison que le Creuset ne fonctionne ni au propane, ni au fioul domestique, ni à l’huile d’araignée radeau, mais grâce au pouvoir de la foi… Ou plus exactement, grâce aux pouvoirs d’une Psyker enfermée dans le « réservoir » du creuset, et que Mr Burn se fait un plaisir d’ouvrir pour démontrer à ce ruffian de Sawblade que le merveilleux existe toujours au 41ème millénaire. Non mais.

Comme un vrai magicien n’ébruite jamais ses secrets, cette révélation est aussitôt emportée dans la tombe par tous les gangers encore debout à ce stade de l’accrochage, qui subissent une combustion spontanée après que la Girl on Fire leur ait déclaré sa flamme (pendant que Pureburn se cachait dans le creuset ignifugé, car c’était un peu trop torride pour sa chaste nature et ses vêtements inflammables). Wanting to meet hot singles in your area ?

AVIS :

Après quelques recherches, j’ai pu établir que ce ‘Salvation’s Crucible’ était le prologue écrit par Denny Flowers pour son roman ‘Fire Made Flesh’, dont l’intrigue tourne autour de la rivalité entre papy Silas Pureburn, présenté dans ces quelques pages, et Tempes Sol, membre éminent de la Guilde de Lumière. Cette petite nouvelle n’a donc pour autre but que de présenter les compétences et attributs de la vasque divine que Pureburn trimballe partout avec lui, et qui apporte de sacrés buffs, débuffs et DPS sur la table de Necromunda1.

Une fois le contexte dans lequel ‘Salvation’s Crucible’ prend place évacué, on se retrouve en face d’une histoire très classique d’affrontement entre deux gangs rivaux, que Flowers tente de pimenter en développant (un peu) le passif opposant les chefs de bande, mais sans que cela n’aboutisse à grand-chose de concret. L’auteur avait également une carte à jouer avec les rapports compliqués entretenus par Ubel et son second (Robert) Rath, qui aurait pu mettre à profit cette empoignade enfiévrée pour tenter de prendre la place de son patron mais se contente de partir en fumée après s’être trop rapproché de la flamme et femme fatales. Ça reste tout à fait lisible, mais je m’attendais à mieux de la part de Denny Flowers, particulièrement au niveau du développement des personnages principaux. Notre homme a prouvé qu’il était capable de camper en quelques lignes des individualités marquantes et truculentes comme Caleb Cursebound ou Lucille von Shard, mais ce n’est malheureusement pas le cas de Pureburn, Sawblade et compères.

1 : Ne cherchez pas, ce modèle n’existe pas pour autant que je puisse le dire.

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Death by a Thousand Gnaw-Bites – D. Guymer [AoS] :

INTRIGUE :

Devenu sans terrier fixe après l’invasion de son bastion séculaire par le clan Zappitch et ses machines du diaaaable, le clan Grench brave les conditions hostiles du désert souterrain de Necros en Shyish, afin de quémander l’aide de ses « alliés » (disons qu’ils se connaissent depuis longtemps et ne se sont pas toujours tapés dessus) du clan Fetter. Menés par le Maître de Meute Krowl, les hordes dépenaillées de Grench finissent par arriver à bon port malgré les ravages des morts sans repos et les rafales dévastatrices du mistral local, et les négociations s’ouvrent avec le sous-chef Thiskrule, à qui Krowl fait une offre difficile à refuser : en échange d’un couple d’Ogors pour reprendre son activité d’élevage de Rats… Ogors (eh oui, les chats ne font pas des chiens), le clan Grench fera cadeau de ses dix premiers spécimens à son généreux bienfaiteurs, plus 10% de la production future, plus une meute de rats géants offerte, plus 20% de la production future de rats géants offerte, plus un porte-clé, plus un autographe de Jervis Johnson. Pas mal du tout.

Thiskrule est tenté, mais son propre clan est déjà en négociation exclusive avec Zappitch, dont l’arsenal démentiel provoque une peur bien compréhensible chez ses voisins immédiats. Il y a toutefois toujours moyen de moyenner, et le sous-chef finit par accepter de laisser chasser Krowl et ses sbires en paix pendant quelques heures dans une carrière secondaire exploitée par le clan Fetter, le temps pour eux de capturer quelques-uns des nombreux Ventres de Feu baguenaudant dans cette région volcanique. Pour cela, il suffit d’attendre la nuit et d’appâter ces grands gourmands en mettant à jour des coulées de lave à l’aide d’explosifs. Le R.A. RA du métier pour des mineurs et dresseurs expérimentés tels que Fetter & Grench…

Début spoiler…Mais les Skavens cannot have nice things, c’est bien connu. Thiskrule trahit donc Krowl en faisant fuiter l’accord à ses alliés de Zappitch, qui envoient un bataillon de Jezzails faire du maintien de l’ordre dans la méga-bassine où les Moulder déracinés s’étaient mis à l’affût. Outré par tant de vilénie, Krowl fonce dans le tas en hurlant All Skryre Are Bastards et castagne la moitié des tireurs à lui tout seul, avant de se retrouver face au Maréchal des Logis Technomage en charge des opérations, qui lui intime l’ordre de se rendre sans plus faire de vilain. C’est mal connaître l’esprit libre et punk qui habite Krowl, qui subtilise le tonfa enflammé de son interlocuteur d’un coup de fouet bien placé, et le balance dans le tas d’explosifs le plus proche au moment où cette fouine de Thiskrule vient s’enquérir de la situation. Et ça fait BOUM BOUM BABY, comme disent les jeunes.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais la résistance exceptionnelle des personnages Moulder permet à Krowl de survivre à l’explosion, et de constater qu’il a finalement un peu de chance dans son malheur. Un Ventre de Feu par le magma alléché est venu étancher (?) sa soif à proximité, et notre héros arrive même à mettre la patte sur un attrape-chose fonctionnel qui traînait dans les décombres (même s’il doit faire la peau du collègue qui ne voulait pas lui prêter cet outil de travail pour en récupérer l’usufruit). Pas de clan ? Pas de problème. C’est ça qu’on appelle la start-up nation.Fin spoiler

AVIS :

Eh bien, je dois dire qu’il y avait longtemps que je n’avais pas lu de nouvelle de GW-Fiction aussi exigeante en matière de style. Ce n’est pas faire outrage à la Black Library que d’affirmer que sa prose est dans la majorité des cas d’une très grande simplicité, ce qui la rend d’ailleurs assez accessible aux lecteurs dont l’anglais n’est pas la langue maternelle, ce qui est mon cas. Guymer s’inscrit en faux de cette tendance de fond dans son ‘Death by a Thousand Gnaw-Bites’, qui multiplie les tournures plus tarabiscotées que d’ordinaire, utilise un vocabulaire plus spécifique et abuse de digressions anecdotiques1, pour un résultat proprement grisant et déroutant. Si vous avez envie de vous mesurer à un court format de GW-Fiction d’un niveau « avancé », vous tenez ici un bon spécimen.

Ces considérations stylistiques mises de côté, on a affaire à une histoire de Skavens assez riche en détails fluff (miam) comme Guymer sait en écrire, mais dont le scénario est d’une scandaleuse simplicité. Ce n’est pas la fin du monde, mais vu le mal que l’auteur s’est donné sur la forme, il est vraiment dommage qu’il n’ait pas jugé bon de muscler un peu sa copie de ce point de vue-là, tout aussi si ce n’est plus important. D’ailleurs la sixième et dernière partie de la nouvelle est si grossière (« tout-a-pété-mais-je-suis-toujours-en-vie-et-oh-regarde-il-y-a-un-Ogor-qui-passe-et-je-pique-l’attrape-chose-du-copain-qui-ne-veut-pas-le-donner-alors-je-le-tue-et-je-pars-à-la-pêche-comme-si-de-rien-n-était ») que j’ai honnêtement cru à la première lecture qu’une partie de l’histoire manquait. Rien de tout ça au final, seulement une expérimentation étrange, intéressante mais inaboutie, signée du fantasque David Guymer.

1 : Un bon exemple de cela est le titre de la nouvelle, qui fait référence au vent « dévitalisant » et démoralisant qui souffle dans le désert souterrain de Shyish où se passe l’histoire… et qui ne joue finalement aucun rôle important dans l’intrigue. Pour qui connaît la tendance des auteurs de la Black Library à choisir des titres directs et percutants, c’est un choix particulier qu’a fait David Guymer.

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Bone Cutter – D. Hinks [40K – WHR] :

INTRIGUE :

La planète de Jehudiel V est ravagée par une épidémie de type zombique, qui a transformé la moitié de sa population en bone cutters, soit des tas de chair mutée et putréfiée, avec une passion viscérale pour la collection des os de leurs victimes humaines (et l’incendie d’usines). Ayant perdu ses proches et (temporairement) ses nerfs dans la catastrophe, Anava a pris la route de la capitale, Port Strabo, avec son bébé Coryne pour tenter de mettre cette dernière à l’abri des bandes de goules qui zonent dans l’arrière-pays. Sa progression prudente la met sur la route d’une autre survivante, Medunna, poursuivant le même but. D’abord méfiante à l’idée d’un partenariat, Anava change rapidement d’avis après que sa comparse lui ait sauvé la vie au cours de l’exploration du donjon le plus cheap de la planète : une salle exiguë, un monstre flasque, un trésor moisi (une caisse d’os).

C’est également Medunna qui permet au trio de se rapprocher de l’Emperor’s Sword, le dernier vaisseau à partir de la planète avant que cette dernière ne soit laissée à son sort, grâce à sa connaissance des souterrains sur lesquels Port Strabo est construit, et son ancien travail de manutentionnaire dans le spatioport de la cité. Toutefois, c’est la détermination sans faille d’Anava, qui n’hésite pas à abattre de sang froid le Garde Impérial qui lui avait demandé une attestation dérogatoire un laisser passer pour embarquer sur le vaisseau, qui permet aux survivantes de partir dans les étoiles, avec l’espoir d’une vie meilleure pour Coryne…

Début spoiler…Même si c’est davantage une nouvelle vie qui s’imposerait, le bébé ayant été infecté le virus zombifiant, comme Medunna s’en aperçoit avec horreur à l’occasion d’un changement de couches. Anava, qui a sombré dans la folie à un moment incertain au cours des derniers mois, ne voit elle pas du tout le problème, et exécute sa camarade avant qu’elle n’ait pu donner l’alerte au reste de l’équipage. Amour maternel : 1 – 0 : Respect des gestes barrières. Quand on vous disait que les croisières sont des nids de germes…Fin spoiler

AVIS :

Histoire de survivalisme, dans un set up zombifié, assez classique et convenue que ce ‘Bone Cutter’, qui ne se donne pas la peine d’essayer grand-chose de neuf, et dont on voit arriver le twist final au moins trois pages avant la fin. Il est probable que cette nouvelle reste davantage dans ma mémoire pour son énorme faux raccord au sujet de qui d’Anava ou de Medunna est en possession du seul pistolet du duo au moment où la première fait une mauvaise rencontre (à moins que j’ai raté un truc, et pourtant j’ai relu trois fois le passage) que pour son intrigue, son atmosphère ou son utilisation de Valgaast (là aussi assez fainéante). Meh.

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Tower of Secrets – G. Lyon [AoS] :

INTRIGUE :

Dans la foulée de leur session initiatique de Pokemon Ghur (‘Trail of Ash’), la mage Jaqlyn Kouslo et le Duardin Thorri Steelfist se retrouvent engagés comme free lances par un mage décrépit du nom de Malgorius. Leur mission ? Aller récupérer un artefact que leur employeur dû laisser derrière lui lorsque la tour où il résidait a été envahie de morts vivants lors du nécro-séisme. Cette couronne magique, en plus de renforcer les pouvoirs de son porteur, augmente également sa vitalité, chose dont Malgorius manque cruellement depuis qu’un revenant peu amène lui ait littéralement refait le portrait (il porte encore la marque de cette baffe spectrale sur la figure). Il est donc tout à fait vital pour l’arcaniste réfugié de remettre la main (et le crâne) sur son bien, avant que la sénescence ne le rattrape et l’envoie conter fleurette à tonton Nagash. Trop affaibli par l’expérience, il ne peut faire le voyage en personne, mais charge sa garde du corps Karemma d’accompagner Kouslo et Steelfist dans leur aventure.

Après une marche d’approche un peu longue mais sans encombre, le trio pénètre dans la fameuse Tour des Secrets où Malgorius s’est établi, et ne tarde pas à rencontrer ses premiers mobs, des Zombies et Squelettes tout ce qu’il y a de plus classique. Ces gardiens de bas niveau sont rapidement expédiés par les pouvoirs de Kouslo, les flingues de Steelfist et les lames de Karemma, mais les choses se corsent lorsque les aventuriers se retrouvent confrontés à des enchantements hostiles, les empêchant de progresser en direction des niveaux supérieurs. Rien qui ne résiste très longtemps aux compétences en dissipation de la Magister itinérante, et/ou aux gadgets disruptifs de son collègue bricoleur, mais assez pour flanquer une bonne décharge à Karemma, qui avait commis l’erreur de vouloir rusher ses acolytes pour pénétrer en premier dans la salle suivante. En plus de refroidir l’ambiance entre la stoïque bretteuse et ses associés un peu geek, cette mésaventure trouble Kouslo pour deux raisons : premièrement, Malgorius avait assuré à ses prestataires que le nécro-séisme avait détruit tous les sceaux de protection qu’il avait placé dans sa tour, ce qui n’est finalement pas le cas. Deuxièmement, ces enchantements « répulsifs » n’ont d’effet que sur les individus sensibles à la magie, et n’auraient dû donc pas affecter cette normie de Karemma, tout comme ils ont laissé de marbre Steelfist du fait de sa nature duardin. Tout cela est bien étrange…

Les niveaux et les épreuves se succèdent, jusqu’à ce que les trois compères se retrouvent face au boss de fin de niveau : une Banshee fort en voix et aux ongles longs, qui ôte quelques points de vie à Steelfist, déprime fortement Kouslo, et sépare le duo de son tank attitré. Karemma ayant fort logiquement pris l’aggro, Kouslo n’hésite pas longtemps avant de balancer une grenade anti-psy dans la mêlée, friendly fire ou pas, avant de traîner un Steelfist à l’épaule esquintée dans un coin tranquille le temps qu’il reprenne ses esprits et que l’esprit vengeur se soit calmé. Lorsque nos deux héros osent enfin revenir dans la salle du boss, la banshee et Karemma ont disparu, ce qui est fort tragique mais ouvre le chemin du septième et dernier niveau de la tour, où les attend la fameuse couronne…

Début spoiler…Seulement voilà, cette dernière est déjà ceinte par un sorcier/taxidermiste ressemblant trait pour trait à Malgorius, et pas vraiment ravi de constater que des intrus aux bottes boueuses et aux manières cavalières ont violé son intimité. Cette ressemblance s’explique facilement : Malgorius n’a jamais quitté la tour malgré les ravages du nécro-séisme, qui l’ont poussé à utiliser une forme peu recommandable de magie pour renforcer ses défenses arcaniques contre les assauts des morts vivants, mais quelqu’un a usurpé son apparence et son identité pour mettre Kouslo et Steelfist sur sa trace. Et cette personne, c’est bien évidemment Karemma, qui ne s’appelle évidemment pas Karemma, et se trouve être un Démon de Tzeentch avec lequel Malgorius a fricoté par le passé. Ayant conjuré une illusion à la place du vieillard rabougri que nos deux larrons ont « rencontré » au début de la nouvelle, le K s’est servi de ces derniers comme démineurs occultes, afin de pouvoir accéder jusqu’au dernier niveau de la tour et récupérer la fameuse couronne. Son plan, grandiloquent comme souvent chez les Démons, est de rassembler suffisamment de ces artefacts, distribués par Nagash à ses lieutenants, pour atteindre la divinité.

Bien entendu, Kouslo et Steelfist ne sont pas d’accord et tentent de s’interposer, mais ne font pas le poids face à cet adversaire un peu trop coriace, rapide et puissant pour eux. Karemma n’a donc aucun mal à ramasser la couronne sur le cadavre du pauvre Malgorius après l’avoir éventré d’un revers de griffe, mais décide tout de même de battre en retraite dans une dimension parallèle lorsqu’une nouvelle grenade alakon du Duardin bricoleur menace d’exploser à proximité. La nouvelle se termine sur le serment de l’instant de Costco et Poing d’Acier, qui jurent de contrer les aspirations de promotion sociale de Karemma, et décident d’utiliser la bibliothèque bien remplie de feu Malgorius pour renforcer leur érudition… et peut-être passer niveau 2 ? On est tous passés par là…Fin spoiler

AVIS :

Graeme Lyon donne une suite à ‘Trail of Ash’ et une carrière aux héros de cette nouvelle dans ce ‘Tower of Secrets’, qui présente tous les signes de la préparation d’un futur long format (la quête de Kouslo et Steelfist pour mettre leur Nemesis transformiste hors d’état de diviniser). Ou plutôt, présentait tous les signes, car notre homme a mis fin à sa collaboration avec la Black Library avant d’avoir pu concrétiser ce projet plus ambitieux que les nouvelles qu’il avait l’habitude de signer pour Nottingham. Tout le monde ne v/peut pas faire carrière…

Sur le fond, ‘Tower of Secrets’ est un dungeon crawler des plus classiques, souffrant du peu de charisme de ses personnages principaux et de l’évidence de sa chute (en tout cas en ce qui me concerne). Ces deux points ne sont pas rédhibitoires, et je me dois aussi de relever que l’idée de Lyon de ne pas donner à ses héros les compétences archi-classiques de ce genre de littérature (barbare, paladin, voleur, ranger…), mais d’en faire des sortes d’ingénieurs-magiciens, est intéressante. Malheureusement, il éprouve quelques difficultés à valoriser cette trouvaille dans le cours de son récit, sa tendance à régler les problèmes auxquels sont confrontés Kouslo et Steelfist par un bête « pif paf je dissipe le sort » ou « go-go-gadgeto bidule anti-magique » étant frustrante pour le lecteur. Avec un peu plus de métier et/ou d’inventivité, le résultat final aurait pu être d’un tout autre calibre ! Dommage.

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Imperator Gladio – R. Strachan [40K – WHR] :

INTRIGUE :

Sur Valgaast, la ligne de front impériale se fait sérieusement bousculer par un assaut massif de l’Archennemi. L’un des régiments mobilisés au cours de cette campagne est le 77ème Dragon Blindé de Zentrale, qui a la chance de compter parmi ses châssis le Baneblade Imperator Gladio, une arme de destruction massive à même de renverser le cours de la bataille. En tous cas, c’est ce que l’état-major du régiment voudrait vous faire croire. Parmi les Zentraliens (qui doivent tous avoir un diplôme d’ingénieur avec un nom pareil), l’histoire est différente : le Gladio jouit d’une terrible réputation de tueur d’équipage, et c’est déjà la septième fois qu’il est remis en service après que tous ses servants aient trouvé la mort dans des conditions inexpliquées. Cette fois-ci, c’est au tour du Capitaine Becherovka et de son ramassis de bidasses (Kovar, Stijn, Palivo, Jezek, Zaj et Musil) de tenter leur chance.

Becherovka est un candidat tout trouvé pour ce poste de chef de tank maudit, car il a lui-même un lourd passif en la matière. Sa dernière affectation était un Shadowsword, dont tout l’équipage s’est noyé dans les eaux saumâtres qui recouvrent la surface de Valgaast (une sorte de Dagobah grimdark), tandis que lui a été secouru après 4 jours à respirer une bulle d’air coincée par la coque. Pas le temps pour lui de digérer ce traumatisme, il lui faut donc déjà reprendre du service pour faire son devoir de soldat de l’Imperium. Il peut cependant compter sur le bonus de Commandement que lui apporte la décoration intérieure du Gladio, constituée des 73 crânes des précédents membres d’équipage du Baneblade acariâtre. Un peu Khorny comme choix, mais l’ossement reste une valeur refuge au 41ème millénaire, tout le monde est d’accord sur ce point.

Alors que le vaillant petit tank prend le chemin du front, des événements variant du bizarre à l’inquiétant ne tardent pas à se produire, sans que personne à bord ne puisse en donner une explication claire, bien évidemment. Lorsque l’unité centrale du Gladio tombe soudainement en rade au milieu de la pampa du marais, les choses sérieuses peuvent commencer.

Comme son grade le demande, Becherovka court dans tous les sens pour tenter de comprendre ce qui arrive et établir un plan de contingence, mais ses vaillants efforts ne donnent pas grand-chose. Il faut dire qu’ils sont parasités par des manifestations frôlant le démoniaque (on ne verra rien, mais c’est tout comme), qui font perdre leur sang-froid, puis carrément la vie, à l’équipage du Gladio. Se retrouvant dans la position peu enviable de dernier défenseur Garde, et se sachant enfermé dans l’habitacle par des forces contre lesquelles il ne peut pas lutter, Bebert prend une décision radicale pour retrouver l’air libre…

Début spoiler…Tenter de ramper le long du canon Baneblade. Seulement, tout le monde n’est pas aussi souple qu’Ace Ventura, et sans doute que notre héros a eu tort de reprendre des frites à la cantine, car il se coince purement et simplement dans l’affût, et connaît une mort aussi atroce et ironique (sa plus grande hantise depuis son accident étant de mourir noyé… la suffocation c’est assez proche finalement) que singulière.

Cela n’empêchera évidemment pas les petites mains de la Garde Impériale de récupérer et de remettre en état l’Imperator Gladio après avoir localisé son emplacement. On peut même dire que le tank se bonifie avec le temps puisqu’il compte maintenant 80 crânes de décoration…Fin spoiler

AVIS :

Pour sa première soumission siglée 40K, Richard Strachan nous emmène sur Valgaast avec une histoire de vaisseau fantôme adapté pour notre univers futuriste en tank hanté. L’auteur arrive bien à marier deux sources d’angoisse distinctes (la claustrophobie d’une part, et les manifestations psychiques d’autre part) pour un résultat prenant et assez sordide pour mériter l’AOC Warhammer Horror. Le seul petit reproche que l’on pourrait être amené à lui faire est de ne pas avoir chercher à lever le voile sur la force maléfique qui hante l’Imperator Gladio : si ce dernier a été corrompu par le terrain particulier sur lequel il opère1, il faudrait expliquer pourquoi il est (apparemment) le seul tank affecté. À l’inverse, si c’est le Baneblade lui-même qui est mauvais (un clin d’œil à ‘Christine’ de Steven King ?), les adeptes du Mechanicus chargés des réparations auraient dû détecter que quelque chose clochait – si ce n’est la première fois, au moins la sixième…

Mis à part ce détail, qui n’enlève pas grand-chose au plaisir de lecture, ‘Imperator Gladio’ est une nouvelle d’ambiance des plus solides, à ranger aux côtés de ‘The Deep’, et qui démontre qu’on peut écrire une bonne histoire se déroulant exclusivement à l’intérieur d’un tank – ahem ‘Sarcophagus’ ahem -…

1 : Valgaast est la planète à laquelle toutes les soumissions Warhammer Horror de 40K font référence, souvent de manière anodine et détournée, comme Mhurgast pour Age of Sigmar.

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Sacrifice – D. Ware [40K] :

INTRIGUE :

SacrificeDe retour de la purge d’un bastion chaotique quelconque, l’escouade de Sœurs de Bataille de l’inénarrable Augusta Santorus est victime d’un regrettable accident de parcours lorsque son Aquila de fonction se fait abattre en plein ciel au-dessus du monde poubelle d’Adrion. Plus de peur que de mal pour les fières Sororitas cependant, que leur armure énergétique a protégé de l’atterrissage désespéré que le pilote de l’aéronef a réalisé en catastrophe. La collègue de foi qu’elle raccompagnaient au bercail (Cerene) s’en sort elle avec une petite égratignure au front, mais rien qui ne trouble la sérénité (wink wink) profonde de cette Sœur Hospitalière d’un calme olympien. Elle propose tout de même d’achever le pilote pour « abréger ses souffrances » malgré sa condition soit de son propre aveu assez stable, mais ça reste une gentille, bien sûr.

Les responsables de l’accident de transit de Santorus et Sœurs ne tardent pas à se manifester, et ils ne sont pas venus tout seuls. Des centaines de mutants convergent en effet vers l’épave, et notre héroïne ordonne logiquement d’ouvrir le feu sur ces masses difformes et mal lavées, mais pas agressives pour un sou cependant. Malgré les dizaines de morts provoqués par les rafales de bolters et les gerbes de lance-flamme (qui provoquent un départ de feu chimique autrement plus dangereux que la congrégation piteuse de l’amicale des éclopés d’Adrion), les mutants continuent à se diriger vers les viragos énergétiques, au point que Cerene dégaine son special move avec l’assentiment que Santorus : une prière à l’Empereur. Fallait y penser.

Et le plus beau est que l’Empereur écoute, comme le début d’averse acide qui vient doucher le théâtre du conflit le démontre in-du-bi-ta-ble-ment. Avec un tel soutien moral de leur côté, les Sœurs de Bataille ne peuvent que remporter ce combat mal engagé… ou prêter une oreille attentive aux murmures de leurs visiteurs/assaillants, qui répètent en boucle « aidez-nous » aux furies peroxydées. Touchée par Sa grâce, Cerene convainc Santorus de cesser le feu et la discussion s’engage bientôt entre les deux Sœurs et la porte-parole du prolétariat local, que nous appellerons Arlette.

Arlette explique à ses interlocutrices que les mutants d’Adrion sont en fait sa population de loyaux sujets impériaux, défigurés et contaminés par l’environnement toxique dans lequel ils travaillent pour la plus grande gloire de l’Empereur (qui a besoin qu’on valorise les déchets de Son Impérium, après tout). Si elle reconnait que ses camarades sont responsables du tir de missile qui a abattu l’Aquila, Arlette insiste qu’il s’agissait pour eux du seul moyen d’appeler à l’aide, et demande que les nouvelles venues fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour soulager les souffrances des pauvres ouvriers adrionais.

Santorus et son escouade préfèrent évidemment mourir plutôt que de rendre service à des mochetés pareilles (#MeanGirls), mais Cerene se tient prête à venir au secours de ces masses déshéritées, telle la Mère Teresa du 41ème millénaire qu’elle est. Voyant que cette proposition a touché une corde sensible chez Arlette, Santorus se dépêche de prendre en otage Cerene et menace les mutants de coller un bolt dans le crâne de leur future infirmière s’ils l’empêchent d’appeler un moyen de transport pour sortir son escouade de ce guêpier. Outstanding move. Arlette accepte de laisser cette psychopathe passer un coup de fil, et bientôt une Valkyrie approche et prend en stop les Sœurs de Bataille et leur pilote blessé, laissant Cerene accomplir la volonté de l’Empereur parmi les plus miséreux de ses fidèles. C’est beau tout de même…

Début spoiler…Vous croyiez vraiment qu’une nouvelle dont l’héroïne est Augusta « PAS DE QUARTIEEEEEERS » Santorus pouvait se terminer de manière un tant soit peu pacifique ? Ha. HA HA HA HA. Vous êtes trop tendres. À peine la Valkyrie en vol, Santorus ordonne au pilote de faire demi-tour et d’aller faire exploser la carcasse de l’Aquila, autour de laquelle Cerene, Arlette et ses camarades sont toujours agglutinés, d’un coup de canon laser. Car il ne sera pas dit que des mutants auront le dernier mot face à des Filles de l’Empereur, tout de même. Je vous rassure, Danie Ware nous fait bien comprendre que ce plan suicidaire a été validé par Cerene au préalable, qui a eu la révélation que son ‘Sacrifice’ était la condition nécessaire au salut de ses consœurs. Avec des défenseurs de cette trempe, les populations laborieuses de l’Impérium n’ont plus besoin d’ennemis…Fin spoiler

AVIS :

Je subodore que Danie Ware s’est retrouvée en panne sèche d’inspiration au moment d’écrire cette nouvelle, au vu du médiocre résultat obtenu. L’intrigue tient en une demi-ligne (j’en ai rajouté un peu pour le lol), et la conclusion « dramatique » et tellement grimdark que Maman Santorus nous a concocté fait passer ce piteux ‘Sacrifice’ du quelconque au risible. Le personnage principal qui prend en otage son allié pour négocier sa sortie d’une situation même pas tellement désespérée (vu que les mutants sont vraiment très chill) alors qu’il aurait sans doute suffi de promettre aux pauvres Adrionais de revenir avec de l’aide pour qu’ils laissent les Sistas reprendre leur route, c’est un dénouement que je n’avais pas vu venir, je l’avoue. Et que dire du choix de Cerene, qui préfère devenir une kamikaze indirecte plutôt que de passer quelque temps à soigner des fidèles sujets de l’Empereur (un peu déformés certes, mais ce n’est pas vraiment de leur faute) pour donner le change, avant de pouvoir très certainement se faire évacuer manu militari par ses camarades ? Une telle compassion rendrait fière Sainte Mina, c’est certain. Ah, et Ware ne nous explique pas comment la Valkyrie de secours de Santorus et de ses fifilles arrive à échapper à la vengeance des mutants, qui s’ils ont réussi à abattre un aéronef vingt minutes plus tôt, arriveront probablement à réitérer ce haut fait balistique ?

Bref, on tient ici une des pires aventures de l’incorrigible Augusta Santorus, et en ce qui me concerne, la seule nouvelle intitulée ‘Sacrifice’ publiée par la Black Library est celle écrite par Ben Counter, d’un tout autre calibre (if you know, you know) que cette soupe littéraire.

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Et voilà qui termine la revue de cette Black Library Event Anthology 2019/2020, qui n’aura pas été le meilleur cru du lot. Ça donnerait presque envie que la BL relance le concept, maintenant que le COVID est derrière nous (j’espère) pour ne pas terminer la série sur un presque flop. Connaissant le caractère fantasque et inconstant de la maison d’édition de Nottingham, il est permis d’espérer que l’aventure reprenne dans quelques mois ou quelques années, et si c’est le cas, que les dieux me donnent la force de faire ma part.

GALAXY OF HORRORS [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette revue de ‘Galaxy of Horrors’, recueil de nouvelles se déroulant dans le lointain et horrifique futur du 41ème millénaire, et publié par la Black Library en novembre 2023. Comme son pendant d’Age of Sigmar, ‘Untamed Realms’ (chroniqué ici), ‘Galaxy of Horrors’ est une compilation de courts formats ayant été proposés au public de la BL par le biais de bundles thématiques espacés entre 2022 et 20231. Pas d’inédits à se mettre sous la dent comme cela avait été le cas pour ‘Only War’ (), mais avec 19 histoires au sommaire pour la modique somme de 6,49€, on ne va pas faire la fine bouche.

: Character Week 2022 ; Advent Calendar 2022 ; Astra Militarum Week 2023 ; Black Library Celebration Week 2022 ; Chaos Space Marines Week 2022 ; Black Library Celebration Week 2023.

Galaxy of Horrors [40K]

Comme on peut s’y attendre d’une anthologie de nouvelles 40K dont l’une des sections est tout entière consacrée aux Sœurs de Bataille, Danie Ware est sans surprendre la contributrice alpha de ce ‘Galaxy of Horrors’ (3 entrées). Elle est suivie par Mike Brooks (deux soumissions), les autres auteurs s’étant arrêté à la première unité. Parmi ces derniers, beaucoup de noms seront familiers aux habitués de la GW-Fiction, mais comme d’habitude pour ce type d’ouvrage une poignée de néophytes ou pas loin (Flindall, Young, McCormick, James, Chivers) viennent accompagner leurs collègues plus expérimentés.

Terminons cette introduction en complétant le tour d’horizon thématique de ce volume : en plus des Sistas (The Bloody Rose), le lecteur aura la chance de se familiariser avec la propagande impériale (Defenders of the Imperium) et d’être émerveillé par les exploâs des Space Marines (Warriors of the Adeptus Astartes). Vous pouvez feindre l’étonnement – ou pas. Pour équilibrer les débats, les suivants du Chaos auront droit à leur segment (Followers of Chaos), tandis qu’il revient à Trazyn l’Eternel d’incarner à lui seul The Enemy Beyond. Je suis sûr qu’il n’y verra pas d’inconvénient.

Le décor étant planté, il est grand temps de nous plonger dans cette petite gal(ax/er)ie des horreurs, en espérant que ces dernières ne soient pas les nouvelles dont il est question ici…

Galaxy of Horrors

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The Trial of Lucille von Shard – D. Flowers :

INTRIGUE :

The Trial of Lucille von ShardLa guerre sur l’agrimonde de Bacchus n’a beau pas se dérouler aussi bien que les clips de propagande impériale le montrent, on trouve tout de même le temps à consacrer à des petits à-côtés sympathiques dans le camp de Pépé. Au programme de cette journée radieuse, rien de moins qu’un procès en cour martiale s’il vous plaît. L’accusée n’est pas n’importe qui : fille d’un héros renommé et elle-même pilote de chasse d’exception, la Flight Commander Lucille von Shard est une sommité de la campagne de Bacchus. Outre son caractère de cochon, sa morgue démesurée envers à peu près tout le monde et sa sale tendance à balancer des one liners vicieux dans les situations les plus délicates, il lui est surtout reproché d’avoir tardé à se manifester la veille au soutien des porteurs du ballon de l’aquila, alors qu’ils se faisaient laminer par une offensive ork plus coordonnée, et donc efficace, que la moyenne. Appelé à témoigner par les deux camps, le Flight Sergeant et narrateur de l’histoire Tomas Jaymes sait que son récit fera toute la différence, car en tant que relai entre la Commandante de tank et officier en charge de la défense de la ligne impériale Baszler, et la mercurielle von Shard (les deux femmes ne pouvant pas se piffer, comme de juste), il a tout entendu du drame qui s’est joué hier.

Son cas a beau être très mal engagé, et la punition qui l’attend si elle est déterminée coupable par la cour martiale des plus sévères, von Shard ne montre que peu de signes d’inquiétude, et se contente de regarder sa montre avec insistance alors que Jaymes relate à l’assemblée son éprouvante journée de la veille. En charge d’une escadre de Vultures, le Sergent a soutenu du mieux qu’il a pu ses camarades de la Garde, embourbés dans les marais toxiques de Bacchus, mais l’arrivée soudaine du terrible Poulpe de Fer, un chassa-bomba ork plus équipé qu’une bande de Flash Gitz, a transformé la vaillante défense en massacre. Conformément aux directives de Baszler, il avait demandé à von Shard d’intervenir dès que la situation avait commencé à déraper, mais l’as des as n’avait pas daigné donner suite (elle était dans son bain). Ce n’est que quand le Poulpe s’est manifesté sur le champ de bataille qu’elle a eu l’amabilité de rappliquer, et de régler son compte au dangereux céphalopode – car elle reste da best o’ da best, tout de même.

Alors que la délibération des juges est sur le point de se conclure, et qu’on se doute qu’elle ne sera pas clémente pour Lulu, un nouveau personnage fait son entrée dans le tribunal improvisé. Le Wing Commander Prospherous, plus haut gradé de l’Aeronautica Imperialis sur Bacchus, arrive comme un prince et fait comprendre aux bidasses présentes en nombre qu’il n’a pas de temps à consacrer à leurs petits problèmes de piétons. Il repart donc avec von Shard et Jaymes sous le bras l’aile, sans avoir eu la bonté d’expliquer à la cour ce que le lecteur apprend en conclusion de la nouvelle : c’est lui qui a donné l’ordre à Lucille de prioriser la destruction du Poulpe de Fer par rapport à tout autre mission, et comme le prudent mollusque ne sortait de son antre qu’une fois la bataille très bien engagée pour son camp, voler au secours de la Garde dès les premiers instants de la déroute aurait été contreproductif. Cela n’excuse pas l’attitude déplorable de von Shard envers ses petits camarades fantassins, mais avec un nom pareil, peut-on s’empêcher de faire des coups d’éclat ?

AVIS :

Sortie peu après la publication de ‘Outgunned’, le roman consacré à la guerre de Bacchus et la mégère pas du tout apprivoisée qu’est Lucille von Shard, ‘The Trial…’ me semble être un produit d’appel visant à renforcer les ventes de cet opus. La présence de ce tout nouveau personnage dans la Character Week 2022 ne m’apparaît donc comme pas aussi évidente que celle des autres héros couverts pendant cette semaine promotionnelle, car il est encore trop tôt pour dire si la brave Lulu reviendra hanter les pages de la BL dans le futur. L’histoire que nous présente Denny Flowers tient tout à fait la route, et nous présente l’anti-héroïne van Shard dans toute sa rafraichissante arrogance, ce qui aide la demoiselle à sortir du lot des héros impériaux classiques. Un complément utile à la lecture de ‘Outgunned’, donc, mais guère plus que cela : si vous souhaitiez en apprendre plus sur la faction encore méconnue qu’est l’Aeronautica Imperialis, passez votre chemin et rabattez-vous sur une valeur sûre telle que ‘Double Eagle’.

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Transplants – R. Young :

INTRIGUE :

TransplantsLa guerre fait rage sur le monde de Cocleratum, mais la Garde Impériale n’a vraiment pas le temps. Après avoir repris la ville de Ticcia aux forces du Chaos, le 217ème Cadien est ainsi redirigé dès le lendemain sur la cité d’Elborescum, qui a résisté à l’offensive des régiments de Mordian également engagés dans cette campagne grâce aux pouvoirs impies de l’entité connue sous le nom de Speccius. Charge à un trio de snipers du 217ème (Darya Nevic, Anders Mir et le premier sergent Ilya1) d’infiltrer Elborescum en avance de l’attaque de leurs camarades, et de supprimer le drôle afin de désorganiser les défenseurs. Avec seulement quelques heures pour réaliser cette mission oscillant franchement du côté « suicide » du compteur (pas d’informations précises sur la localisation de leur cible, suspicion qu’il s’agisse d’un Psyker, potentiel garde du corps Astartes), il s’agira d’être efficace. Le seul avantage dont nos héros disposent est la connaissance que Darya a d’Elborescum, y ayant vécu avec sa mère et son oncle à la fin de son enfance. Contrairement à ses coéquipiers, tous deux natifs de Cadia, elle est une « greffon » ayant rejoint le régiment pour combler les pertes subies par ce dernier depuis la chute de la planète. Bien qu’ayant tout fait pour s’intégrer chez les yeux violets (elle a ainsi développé le super talent de pouvoir identifier tous les accents cadiens à l’oreille), son statut de pièce rapportée l’isole de ses camarades les plus chauvins, dont Anders fait définitivement partie. Il va y avoir de l’ambiance.

La première partie de la mission se passe relativement tranquillement, le trio parvenant sans mal à se glisser dans la ville assiégée en utilisant le réseau de tunnels qui la sillonnent. En chemin, ils font la rencontre fortuite de Mariia, une habitante d’Elborescum s’étant réfugiée dans les souterrains avec sa famille pour échapper aux exactions commises par les fidèles de Speccius. Elle apprend aux Cadiens que ce dernier est une sorte de créature inhumaine, capable de voir par les yeux de ses disciples (ce qui est pratique lorsqu’on doit coordonner ses forces sur le champ de bataille, mais est un handicap quand les disciples en question doivent faire une pause technique), et chaperonné par un Space Marine du Chaos. Le seul point positif qui émerge de cette entrevue est la localisation du QG de Speccius, qui a pris ses quartiers dans la cathédrale locale. Let’s go there, then.

La difficulté monte d’un cran lorsque notre fine équipe rejoint la surface pour se rapprocher de son objectif, et finit par rencontrer des patrouilles de cultistes. Les premières échauffourées sont rapidement et professionnellement expédiées par les snipers, mais le nombre d’hostiles à négocier les contraint rapidement à passer du mode Solid Snake (je frappe depuis les ombres pour éliminer chirurgicalement mes cibles) à celui de Pacman (je cours dans tous les sens en espérant semer mes poursuivants). Entre deux sprints désespérés, Ilya a le temps de révéler à Darya qu’Anders ne la déteste pas vraiment, mais est juste triste de constater que l’identité cadienne est en train de se diluer au fur et à mesure que le régiment intègre d’autres recrues, et finira fatalement par disparaître dans quelques années ou décennies. Avant que Darya ait pu rétorquer que le grand remplacement était un mythe, ou quelque chose du même acabit, les choses prennent un sale tour pour les Cadiens (et assimilée)…

Début spoiler…Ils tombent en effet dans un piège tendu par l’Astartes-nounou de Speccius, qui envoie ses hordes de cultistes faire un peu de corps à corps avec les irritants snipers. Guère à l’aise dans cette phase, les Cadiens montrent toutefois qu’ils n’ont pas volé leur réputation de super soldats de Pépé et réussissent à sauver l’honneur en emportant un grand nombre d’hérétiques pendant leur dernier carré triangle. La palme revient à Anders, qui fait détonner une grenade krak au moment où le Space Marine allait lui poser le gantelet dessus, blessant grièvement son ennemi et créant suffisamment de chaos (ironique) pour que les cultistes oublient de s’enquérir du sort de Darya, laissée inconsciente par la déflagration sous un tas de cadavres. A son réveil, elle se rend compte qu’Ilya a été fait prisonnier et surtout qu’il ne lui reste que très peu de temps pour mener à bien sa mission avant que l’assaut des forces loyalistes ne débute.

Fort heureusement, sa connaissance de la ville et l’absence de nouvelles patrouilles sur son chemin lui permettent de prendre position en haut d’une tour surplombant le parvis de la cathédrale d’Elborescum, où Speccius s’apprête à livrer un discours pour motiver ses troupes. Petite révélation qui n’en est pas vraiment une à ce stade : le grand méchant S. est en fait le résultat de la fusion littérale entre deux hauts dignitaires de la cité, dont l’un (Ulberti) est l’oncle de Darya. Comme on a eu droit au cours des pages précédentes à quelques passages dans lesquels Young nous précisait que la plus grande passion d’Ulberti était de terrifier sa nièce, et qu’il n’avait probablement pas bougé de la cité depuis qu’elle avait tout plaqué pour s’engager dans la Garde Impériale, la surprise est limitée. Speccius commence à déblatérer ses profanités, mais malgré ses pouvoirs démoniaques, il n’est pas foutu de réaliser que permettre à un Garde prisonnier (Ilya) de conserver la musette où sont stockées ses charges de démolition est une mauvaise idée. Darya a donc beau jeu de coller un tir de long-las dans le baluchon qu’un Ilya bien amoché lui désigne du doigt bras après que Speccius ait eu la bonne idée bis de gueuler « trouvez moi ce %#@! de loyaliste !!! » à la cantonade. Bilan des courses : une belle déflagration qui disperse façon puzzle Speccius, son pet Astartes et une bonne partie des disciples du premier. Bien qu’elle n’ait pas pu sauver Ilya, Darya peut donc terminer sa journée de travail avec le sentiment du devoir accompli, et reprendre quelques forces avant que le haut commandement ne l’envoie refroidir Abaddon sur sa prochaine pause-déjeuner…Fin spoiler

1 : Que tout le monde appelle « Oncle » du fait de son âge avancé et de sa personnalité sympathique. Je crois qu’il s’agit d’une référence à un vieille série d’espionnage des années 60, The Man from U.N.C.L.E.

AVIS :

Après des débuts encourageants (‘The Roar of the Void’), Rob Young nous revient avec une infiltration à haut risque dans une cité tombée aux mains poisseuses du Chaos, une valeur refuge pour les auteurs engagés au sein de l’Astra Militarum. Certes, le propos est convenu et les ficelles un peu grosses (mais pourquoi remet-il le couvert toutes les trois pages avec l’oncle Ulberti ?), mais il aurait été difficile pour Rob Young de viser autre chose qu’une mention honorable avec une nouvelle d’action dont les personnages sont d’illustres inconnus auxquels le lecteur doit s’attacher en l’espace de quelques pages. Pour les plus anciens/érudits parmi vous, le choix de l’auteur de mettre en avant la querelle des Anciens et des Modernes à l’échelle des régiments Cadiens évoquera furieusement la saga des Fantômes de Gaunt après les événements de Vervunhive (‘Necropolis’), au moment où les Tanith purs jus sève durent accepter l’afflux de recrues de Verghast pour éviter une dissolution précoce (et on sait depuis Jacques Chirac que ce n’est pas une grande idée). De manière générale, l’influence du Seigneur Solaire Abnett se ressent très clairement dans ‘Transplants’, mais il n’y a pas de mal à inscrire ses premiers pas littéraires dans ceux d’un titan de la BL, methinks. Nice save, M. Young…

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Hell Fist – J. Woolley :

INTRIGUE :

Hell FistOn suit les Orks Nukreg et Zuglak à travers la jungle épaisse de Gondwa VI, le second essayant tant bien que mal d’enseigner au premier les rudiments de la diskression et de la stratéji, en Kommando expérimenté qu’il est. Manque de pot, Nukreg est une tête brûlée qui n’a pas grand-chose à faire des conseils de son instructeur, et semble mettre un point d’honneur à faire le plus de bruit possible au lieu de se fondre dans le décor. Tout ce raffut inquiète Zuglak, car cela risque d’attirer l’attention du redouté et redoutable Hell Fist, un Diable de Catachan aussi insaisissable que mortel, et dont la spécialité est d’envoyer des uppercuts énergétiques dans les babines de ses malheureux adversaires lorsqu’ils s’y attendent le moins. Et Zuglak en sait quelque chose, car il a vu sa précédente bande se faire tailler des croupières par le terrible Hell Fist alors qu’il était jeune Kommando, une anecdote qu’il partage avec Nukreg dans l’espoir de lui faire comprendre qu’il est dans son intérêt de la mettre en veilleuse quand il est en mission.

La caméra se braque alors que le Colonel Haskell ‘Hell Fist’ Aldalon le temps d’un petit flashback des familles (c’est approprié car sa propre fille est le Sergent de l’escouade qui l’accompagne), pendant lequel cette rencontre fatidique entre les discrets Catachans et les Orks tapageurs est relatée. Grâce à la discipline de fer instillée par leur acariâtre officier, leur science du combat de jungle et l’effet de surprise, les Impériaux parviennent à mettre une raclée monumentale aux peaux vertes ahuries, et à se replier sous le couvert de leurs bombinettes à fumée, laissant les quelques survivants (dont Zuglak), se gratter la tête pour tenter de comprendre ce qu’il leur est arrivé. En bon macho man, Aldalon a tenu à avoir le premier sang, rampant aussi discrètement que le maniement d’une moufle de quinze kilos le permet dans les sous-bois pour se mettre en position. Et croyez-le ou pas, cela a fonctionné. C’est pas Yarrick qui aurait réussi à faire ça, c’est moi qui vous le dit !

Retour dans le temps présent, et à nos deux Orks forestiers. Malheureusement pour Zuglak, son compère n’a pas cru un mot de son édifiante histoire, et décharge son fling’ dans les frondaisons aux alentours pour bien montrer qu’il n’a pas peur du Hell Fist, et souhaite même le rencontrer, tant qu’à faire. Malheureusement pour Nukreg (et pour Zuglak, aussi), son souhait ne tarde pas à être exaucé, et les pauvres Boyz sont prestement réduits en compost par l’intraitable Aldalon, qui passait justement dans le coin. Comme quoi, il ne faut pas chercher à boxer hors de sa catégorie…

AVIS :

Petite nouvelle sans grande ambition (ni intérêt, pour être honnête) accompagnant le roman ‘Catachan Devil’, dans lequel on peut retrouver le Colonel Aldalon et ses diaaaaaables de Diables de Catachan, ‘Hell Fist’ se révèle être le récit inutilement alambiqué d’une embuscade tout à fait banale opposant une escouade de guerriers des jungles à une bande d’Orks peu dégourdis. Cela aurait pu et dû durer trois pages à tout casser, mais Woolley délaie son propos pour arriver à un format nouvelle : mauvais choix de sa part, car ça ne donne pas vraiment envie de passer plus de temps avec son héros Grossebaf (le Normand). On a tout de même le droit à un peu de fluff catachanesque, mais ça ne suffit pas à sauver ‘Hell Fist’ du recalage. 20 pompes, Woolley !

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Blood Sands – V. Hayward :

INTRIGUE :

Blood SandsLorsque son groupe de Sentinelles de reconnaissance tombe dans une embuscade au cœur des dunes du monde désertique de Fervens, la pilote Aisha Itoh réalise immédiatement que la situation est compromise. Outre le fait que l’attaque perpétrée par les motos et quads du Culte Genestealers ayant infecté la planète, et nécessité l’envoi du régiment dont notre héroïne fait partie, coûte la vie au Lieutenant et à sa seconde, propulsant Itoh au grade de Sergent-par-la-force-des-choses ; cette escarmouche ne peut signifier qu’une chose : quelqu’un de haut placé est de mèche avec l’amicale des chauves (mouahaha) dans le camp impérial. La mission des Aigles des Dunes (le petit nom de l’escadron) était en effet top secrète, et connue seulement d’une poignée de gradés triés sur le volet. Se faire attaquer par une bande de bikers en maraude, qui avaient pris soin de poser des mines pour casser les pattes des Sentinelles qui plus est, ne peut s’expliquer autrement sur un théâtre aussi vaste et vide qu’un…euh…désert.

Refusant de céder à la paranoïa, Itoh repart cependant avec ses deux camarades Kozak et Blythe en direction du factorum produisant les munitions utilisées par les cultistes, afin de poser des balises qui permettront au QG régimentaire d’envoyer des missiles pour faire place nette de ce nid de vermine. On peut s’interroger sur ce mode opératoire inutilement tarabiscoté puisque les impériaux semblent savoir parfaitement où se trouve leur cible (ils auraient mieux fait d’envoyer un Basilisk ou de bombarder la zone depuis l’orbite…), mais comme le dit elle-même notre pilote d’élite : « dans la marine, on ne fait pas grand-chose mais on le fait tôt ». Après un crochet stratégique par un avant-poste dont la garnison a été massacrée par ces coquins d’hybrides (qui ont laissé un Genestealer odoriférant derrière eux pour contester l’objectif) afin de récupérer un peu de matos et d’envoyer un pigeon voyageur (eh oui, ça capte mal sur Fervens) alerter le commandement du tour fâcheux qu’ont pris les événements, Itoh et Kozak1 mettent enfin le cap vers leur objectif.

Bien qu’ils parviennent à remplir leur mission et à positionner les balises sur le site, puis à se défaire des quelques…sentinelles (les match miroirs sont les plus durs) ennemies gardant le périmètre, nos deux Gardes sont fort marris de constater que cela n’est suivi d’aucun effet pyrotechnique dévastateur. Encore une preuve qu’un traître a infiltré les rangs impériaux, et contrecarre leurs vaillants efforts pour affaiblir l’ennemi. N’ayant pas d’autres alternatives, Itoh et Kozak retournent à leur camp de base pour confronter les deux seules personnes au courant de leur mission, et dont au moins une est donc un agent double : le Général Aegus et la Commissaire Stone…

Début spoiler…Comme on peut s’y attendre, la discussion entre les quatre collègues tourne rapidement court, et le sympathique Aegus finit par commettre une bourde fatale en révélant qu’il savait que les Sentinelles étaient tombées sur un os en forme de champ de mines, une information que le rapport d’Iton n’avait pas mentionnée. C’est suffisant pour que Stone lui colle un bolt en pleine tête pour haute trahison, permettant à Victoria Hayward de clôturer sur histoire sans avoir besoin de nous expliquer les causes de la trahison d’Aegus. Comme c’est pratique… De leur côté, Itoh et Kozak sont relaxés par la caractérielle Commissaire Stone (qui fait tout de même mine de les exécuter pour… avoir été malpolis dans l’exercice de leur devoir ? c’est rude), qui se rend rapidement compte qu’elle aura besoin de soldats fiables et dévoués pour purger le régiment de ses éléments indésirables – Aegus n’étant pas le seul cultiste infiltré au sein de l’Astra Militarum. Mais ceci est une autre histoire…Fin spoiler

1 : Blythe se fait refaire le portrait par le Genestealer en question lors de l’arrêt au stand, avant que ses camarades puissent mettre le Xenos hors d’état de nuire en… le tamponnant entre deux Sentinelles. Original.

AVIS :

Victoria Hayward partait sur de bonnes bases avec ce ‘Blood Sands’, qui présentait le double intérêt d’illustrer le déroulement d’une mission de Sentinelles de reconnaissance (un parti pris jamais adopté par un auteur de la BL avant ce jour à ma connaissance), et de tirer vers le thriller psychologique plutôt que sur le rapport de bataille narratif. Malheureusement, les choses se sont gâtées assez vite sous l’impitoyable soleil de Fervens, les péripéties assez quelconques et totalement gratuites en termes de progression d’intrigue s’enchaînant les unes aux autres, le dénouement laissant totalement de côté les motivations du traître (le plus intéressant selon moi), et la scène finale avec la Commissaire dégommant dans le plus grand des calmes un cultiste qui passait à l’arrière-plan relevant du gag de spoof movie. Regrettable.

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The Sum of Its Parts – R. James :

INTRIGUE :

The Sum of its PartsOù il est question du Leman Russ Sebastian’s Lance, depuis son fatidique montage sur le monde forge de Connaught V, dont il fut le dernier tank produit, jusqu’à son démantèlement définitif dans les combats de la Croisade Indomitus. Une carrière exemplaire à bien des égards, qui vit Seb connaître nombre d’équipages et combattre moults adversaires, et continuer son service grâce au zeste de chance qui est la marque des individus (et véhicules) frappés par le destin.

Comme on l’a vu à l’instant, sa conception fut particulière. Connaught V étant sur le point d’être emporté par une insurrection généralisée de sa population de mutants, les quelques Techno-Prêtres toujours opérationnels à ce stade avancé de cette débâcle généralisée décidèrent de faire un peu de team & tank building en attendant l’Exterminatus, et combinèrent leurs talents pour réaliser le Leman Russ p.a.r.f.a.i.t. Ils se permirent juste la fantaisie de lui ajouter une plaque inscrite de la citation « Il n’est pas d’audace si petite qu’elle soit sans conséquence » (traduction libre de votre serviteur) sur le blindage de leur bébé de métal. Sebastian’s Lance fut l’ultime contribution de Connaught V à l’effort de guerre de l’Imperium, la planète se faisant euthanasier préventivement par ses bienveillants maîtres juste après le départ du tank pour l’orbite.

Plus tard, Seb fut attribué à un régiment de Cadiens, puis récupéré par des Catachans frileux lors de la campagne de Prosperity, une pluvieuse colonie impériale contestée par des Eldars Noirs particulièrement pervers (le genre à infiltrer ton campement à la nuit tombée juste pour faire des trous dans tes chaussettes et laisser une feuille de papier toilette sur le rouleau). Grâce au commandement avisé du Sergent (Nadine) Moreno, catapultée chef de tank par la force des choses, les braves bidasses finirent par vaincre leurs perfides adversaires, après qu’un Drukhari plus douillet que les autres aient été assez torturé pour donner les coordonnées de la base d’opération des Xenos.

Puis, Seb joua un grand rôle dans la victoire de l’Imperium sur les Orks dans la campagne de Novo Deira. Choisi comme véhicule de commandement par le très esquinté Général Mariusz Othon, il fut utilisé par ce dernier pour son héroïque et suicidaire charge contre les peaux vertes lors de l’ultime bataille du conflit, qui vit l’Astra Militarum écraser ses ennemis grâce au génie tactique de l’altruiste officier. Très éprouvé durant les combats, le Leman Russ passa ensuite un long moment dans un hangar de monde ruche, où il fut patiemment remis en état par un collectionneur passionné… et finit réquisitionné par les cultistes Genestealers du Clade des Dormeurs lorsqu’ils lancèrent leur rébellion contre les autorités locales. L’esprit de la machine fit alors des siennes afin de manifester son désaccord politique marqué avec ses nouveaux opérateurs (qui le rebaptisèrent Defender of the Principles of Revolution, en bon trotskistes), et finit par obtenir gain de cause après qu’une escouade de Space Marines du Chapitre des Iron Hands, mobilisée pour mater l’insurrection, fasse son affaire aux cultistes lors des combats urbains.

Pour finir, et suite à l’ouverture de la Cicatrix Maledictum, le Sebastian’s Lance fit son baroud d’honneur pendant la Croisade Indomitus, d’une manière aussi symbolique que lors de sa « naissance ». Frappé par un obus dès son déploiement sur le terrain, il permit toutefois à son conducteur, Tallis, de survivre pendant plusieurs jours dans le no man’s land grâce aux ajouts et porte-bonheurs laissés dans l’habitacle par ses opérateurs successifs : la plaque dédicacée des Techno-Prêtres de Connaught V, une barre de ration par les Cadiens, un bandana rouge par les Catachans, une radio réparée par un des augmétiques de Mariusz Othon, le couteau de combat d’un Iron Hands. Au final, Tallis put tenir sa position, et la ligne, et cela permit à l’Imperium de remporter cette bataille, puis la campagne. Il aura bien mérité de l’Omnimessie, ce brave petit châssis.

AVIS :

Pour sa première incursion dans le 41ème millénaire, Rhuairidh James choisit l’originalité avec cette chronique de la « vie » d’un Leman Russ pas vraiment comme les autres1. Une décision intéressante autant payante, qui lui permet d’enchaîner les vignettes mettant en scène des factions variées de 40K (Adeptus Mechanicus, Cadiens, Catachans, Eldars Noirs, Cultistes Genestealers, Iron Hands…), et peignant par petites touches ce à quoi ressemble la vie d’un équipage de tank – plus ou moins qualifié – dans cet univers si particulier. Une approche « naturaliste » que j’ai trouvée aussi rafraichissante que réussie, le talent de raconteur d’histoire de James parvenant à rendre intéressant chacune des micro-nouvelles qui composent ‘The Sum of its Parts’. On tient définitivement un des talents les plus prometteurs de la génération 2020’s de la Black Library.

1 : On pense à ‘Athame’ de John French, qui utilise la même approche narrative et suit le fameux poignard subtil d’Erebus depuis sa création pendant la préhistoire terrane jusqu’au début de l’Hérésie d’Horus.

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Less Than Human – S. Lyons :

INTRIGUE :

Less than HumanL’empire T’au, dont le plus grand plaisir est de piquer dans la caisse à planètes de Pépé, a débarqué en force sur un caillou aussi minable que boueux, et sans aucune valeur stratégique. Il s’agit toutefois d’un bout d’Imperium, et il sera à ce titre défendu jusqu’au bout par ses inextinguibles armées, représentées ici par deux forces iconiques de la Garde Impériale : les Mordians de la Capitaine Villemine Schtiel1, et le Death Korps de Krieg du Capitaine intérimaire Regel. Les seconds sont présents depuis le début de l’incursion Xenos, et ont bravement tenu la ligne pendant des semaines, jusqu’à l’arrivée de Schtiel et de ses impeccables et implacables soldats. Ne tenant pas à rester plus longtemps que nécessaire sur ce théâtre de dixième ordre, elle planifie un assaut massif sur les lignes ennemies, ignorant au passage les recommandations de Regel, qui est lui persuadé qu’il arrivera à remporter la campagne sans pertes de vies inutiles si on lui laisse quelques jours pour creuser des tunnels sous les positions t’au. Ayant hérité de son rang après la mort de l’officier supérieur du régiment au combat, Regel est toutefois forcé de respecter la hiérarchie et de se plier aux ordres de Schtiel, quand bien même son plan donne aux Krieg le sale rôle de chair à canon, pendant que la Garde de Fer prendra les T’au à revers.

Lorsque l’offensive est lancée, Regel mène ses hommes au cœur du combat, mais se rend assez vite compte que la stratégie employée n’est pas optimale. Il décide donc de feindre une retraite, entraînant à sa suite les T’au, trop confiants dans leur supériorité technologique pour se rendre compte qu’ils se font littéralement balader. N’ayant pas jugé bon d’informer l’acariâtre Schtiel de son coup de poker, il met les Mordians dans une situation délicate, les Xenos tombant sans crier gare sur la Garde de Fer et forçant cette dernière à se regrouper pour faire face. Schtiel enrage de ce qu’elle considère comme de la lâcheté pure et simple de la part de ses alliés, pourtant réputés à travers la galaxie pour leur zèle exemplaire. Pressée de toutes part par les Guerriers de Feu et leurs gadgets hérétiques, elle se fait mettre momentanément au tapis par une grenade à photons, qui la laisse aveuglée, assourdie et à la merci de l’ennemi. Serait-ce la fin (indigne) de sa brillante carrière ?

Début spoiler…Eh bien non, le Death Korps étant retourné au casse-pipe pile au bon moment pour empêcher les T’au de capitaliser sur leurs avancées. Le capitalisme, c’est le mââââl, c’est bien connu. Le piège impérial se referme alors sur le chasseur pas si patient que ça (plus couillon que Kauyon, si vous voulez mon avis), et au prix de rudes combats, les Xenos sont mis en déroute. En guise de consolation, Schtiel solote le Commandeur adverse, qui apprend à ses dépends à ne pas amener un katana honorifique lors d’un duel à l’épée tronçonneuse (c’est d’ailleurs un proverbe de Necromunda). Cette belle et rapide victoire n’empêche cependant pas la Capitaine Pervenche d’aller passer un savon à son homologue, qui prend la gueulante avec un détachement tout Kriegesque, d’autant plus que ce n’était pas lui qui s’est entretenu avec Schtiel avant la bataille. Regel est en effet glorieusement mort au combat, mais comme elle ne l’avait jamais vu sans son masque à gaz, la Mordiane ne s’est pas rendu compte qu’elle enguirlandait un autre quidam. Un peu honteuse de ce flagrant délit de sale gueule, Schtiel s’en va sans plus faire d’esclandres, laissant les Krieg s’occuper des derniers T’au en déroute. Une tâche peu glorieuse, mais après tout, ils ont l’habitude…Fin spoiler

1 : Man of Steel, Woman of Schtiel. Logique.

AVIS :

Steve Lyons fait se rencontrer ses deux régiments favoris dans cette petite nouvelle assez sympathique, dans laquelle les qualités propres de chaque faction apparaissent de manière nette. Ce sont toutefois les natifs de Krieg qui se taillent la part du lion ici, leur bravoure fataliste étant complétée par un sens aigu de la stratégie, prenant le contre-pied de l’image d’Epinal véhiculée dans le background officiel. Comme le fait comprendre Regel à Schtiel, les Kriegs sont tout à fait capables de mener les charges suicides qui ont fait leur réputation, mais ils n’en usent que si toutes les autres options à leur disposition ont été épuisées : mourir pour rien ne fait pas partie de leur philosophie martiale, car ils considèrent que cela revient à gâcher des ressources précieuses, les vies de soldats impériaux. En face, les Gardes de Fer brillent plus par leur qualité intrinsèque que par leur dévotion ou leur intelligence, ce qui les rend moins sympathiques que leurs camarades de jeu (faut le faire), et les T’au sont cantonnés au rôle de bad guys génériques. Si Lyons avait réussi à rendre tout ce petit monde intéressant à suivre, j’aurais crié au chef d’œuvre, mais comme il n’a pas forcé son talent, je note ce ‘Less than Human’ comme étant simplement convenable.

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Fool’s Ruin – M. Brooks :

INTRIGUE :

Fool's RuinAprès avoir reçu un DM de la part des Hauts Seigneurs de Terra, le Chapitre des Minotaurs a envoyé une demi-compagnie sous les ordres du Capitaine Catallus Naxon prendre des nouvelles du Monde Trône, dont l’état est proprement schrödingerien en fonction des nouvelles que l’on prend en compte. Le voyage Warp se passait aussi bien que possible en cette époque troublée, lorsque le croiseur d’attaque Bronze Catechist fut pris dans des perturbations si féroces que le capitaine du navire n’eut d’autres choix que d’ordonner un retour en catastrophe dans le Materium. Bilan des courses : un moteur Warp bien abîmé, condamnant notre fine équipe à se trouver une âme de MacGyver ou à espérer qu’un vaisseau charitable capte leur SOS et se détourne de son cap pour leur venir en aide. Vu le coin paumé dans lequel le Bronze Catechist s’est encalminé, la deuxième option tiendrait du miracle mineur, mais l’espoir fait v… Ah non pardon, c’est vrai.

De manière tout à fait inopinée, et donc franchement suspecte, le BC capte un appel de détresse provenant d’un autre vaisseau situé à quelques encablures spatiales de son point de chute. Pragmatique devant l’éternel, Catallus décide d’emmener la moitié de ses hommes explorer ce bâtiment, répondant au nom de Fool’s Ruin, afin de piquer quelques pièces détachées utiles aux réparations. On comprend assez rapidement que notre Astartes n’a pas une fibre humanitaire très développée, et qu’il vaudrait mieux pour les éventuels survivants du Fool’s Ruin de ne pas venir lui souffler dans les naseaux énergétiques, ou bien1… Mais les premiers moments des Minotaurs sur ce qui semble être une épave abandonnée depuis des lustres se passent dans le plus grand des calmes, malgré quelques indices détectés ça et là d’une présence vivante dans les coursives.

Les choses se décantent lorsque les Space Marines arrivent au niveau de l’Enginarium, où nos héros trouvent des dizaines de membres d’équipage du Fool’s Ruin littéralement cloués au sol, en train de se lamenter (psychiquement) sur leur sort. L’Archiviste ayant accompagné Catallus confirmant que cette mise en scène s’apparente à un rituel chaotique, les Minotaurs ont tôt fait de piétiner les pauvres bougres jusqu’à ce que mort (et silence) s’en suive. L’installateur avait toutefois laissé une alarme en place, puisque cette intervention déclenche un cri psychique qui fait rappliquer le reste de l’équipage du Fool’s Ruin, totalement dévoué au Chaos (et donc assez hostile envers nos braves bovins), ainsi qu’un invité de marque qui rôdait à proximité dans le Warp…

Début spoiler…Huron Sombrecoeur. NON ?? SI !! Le renégat rapiécé a fait installer le leurre dans lequel les Minotaurs ont donné tête baissée, et se présente au volant de son Spectre of Ruin pour relever les compteurs. Il a la joie perverse de constater que sa proie n’est autre qu’un des vaisseaux ayant participé à l’écrasement de l’insurrection de Badab, et prend donc un plaisir particulier à réduire le Bronze Catechist à l’état d’épave, quand bien même investir un croiseur d’attaque serait plus avantageux pour un pirate tel que lui. Notre homme a des valeurs, c’est tout à son honneur. Il a de plus la grande satisfaction d’échanger quelques amabilités avec Catallus, qui a repoussé les assauts des cultistes sans aucune difficulté, mais se trouve désormais isolé sur le Fool’s Ruin, sans aucun moyen de repartir…

Début spoiler 2…Plutôt que d’accorder à son adversaire une mort rapide et honorable, ce fieffé coquin de Huron repart comme il est venu, laissant les Minotaurs succomber à la soif, la faim et la folie (ou tenter de battre le record de sommeil cataleptique détenu par Silas Err des Dark Angels), ce qui n’est qu’un juste retour de bâton si on y réfléchit bien. Karma is a bitch hamadrya…Fin spoiler

1 : C’est de là que vient la fameuse expression (incomplète) « I pity the fool(‘s ruin crew) ».

AVIS :

Mike Brooks a repris en main la figure de Huron Sombrecoeur, et ce ‘Fool’s Ruin’ fait office d’amuse-gueule narratif au roman ‘Master of the Maelstrom’ dédié au Tyran de Badab. Malgré le fait que le suspens sur l’identité du piégeur des Minotaurs est totalement annihilé dès le premier coup d’œil à la couverture de cette nouvelle, cette dernière s’avère être assez sympathique à lire, dans ce qu’elle révèle de la mentalité des Minotaurs et de leur persécuteur, principalement. Après avoir surtout écrit pour des personnages/factions assez humoristiques (‘Rites of Passage’, ‘Brutal Kunnin’), Brooks démontre ici qu’il est aussi capable de faire preuve de sérieux et de noirceur, ce qui le place parmi les contributeurs les plus versatiles de la Black Library. Pas incontournable mais tout à fait solide.

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A More Perfect Union – R. McCormick :

INTRIGUE :

A More Perfect UnionXantine, esthète remarquable et remarqué au service du seigneur Euphoros des Children of Torment (la version officiellement autorisée par Abaddon des Emperor’s Children), en a gros sur la patate. Malgré la fidélité sans faille dont il a fait preuve envers son maître, et en dépit du décevant (pour un Slaaneshi, c’est une terrible insulte) ralliement à la Black Legion acté par ce dernier, notre héros a subi un terrible affront lorsqu’Euphoros a choisi le parvenu Epiales Kyr pour tenir le premier rôle dans l’attaque conjointe des Children of Torment et de leurs « associés » tout de noir vêtus sur le monde de Kalliope. Il ne faisait pourtant aucun doute que Xantine était le surhomme le plus qualifié pour orchestrer la Maru Skara, aussi appelée la ruse du père Lafeinte en langage vernaculaire, chef d’œuvre de précision et de prouesse martiale dont la IIIème Légion s’est fait une spécialité. Mais noooooooon. C’est vraiment trop injuste.

Pour se passer les nerfs, Xantine va bouder dans le boudoir de son bon ami Qaran Tun, Word Bearer renégat s’étant spécialisé dans la capture et le dressage de Démons mineurs, que Mr X déguste comme des chips aux champignons hallucinogènes. A chacun ses trips. C’est lors de cette séance de tapas psychiques que Xantine se fait approcher par une entité peu commune, qui se révèle s’appeler S’janth et lui propose d’exaucer ses fantasmes les plus tordus s’il vient la libérer de sa prison, qui se trouve être comme le hasard fait bien les choses sur Kalliope. Convaincu de tenir une perle rare, notre connoisseur es ectoplasmes ravale sa rancune, au moins temporairement, et accepte de participer à l’assaut sur la planète, tombée entre les mains glacées et luisantes des Iron Hands.

A la tête de la première vague en compagnie de quelques sidekicks haut en couleurs et décibels, Xantine fait le taf de manière propre malgré le déficit de taille et de poids qui est le sien face aux Primaris métallisés qui lui font face. En revanche, l’arriviste Epiales Kyr (slane)chiie vraiment dans le kohl – ça fait des teintes intéressantes, notez – lorsque vient son tour de porter l’estocade avec les renforts, et permet aux Iron Hands cabossés mais pas vaincus de se replier à l’intérieur du temple Eldar qu’ils ont fortifié avec leur zèle habituel.

Il faudra l’intervention salvatrice des Noise Marines du Capitaine Vavisk, puis celle des Démons de compagnie de l’indispensable Qaran Tun pour débloquer la situation (ici : trouver la porte dissimulée), et permettre aux chaotiques de pénétrer dans le saint des saints, où les attendent 1) les Iron Hands avec un copain Dreadnought 2) un statuaire eldar trop kitschissime pour son propre bien 3) la lance enchantée dans laquelle a été enfermée l’essence de S’janth.

Dans la confusion des combats, le rusé autant qu’habile Xantine parvient à marquer ses trois objectifs principaux, en provoquant la mort de son rival (broyé à mort par le Dreadnought après s’être retrouvé immobilisé par un sciage de jarret en règle), devenant l’hôte officiel de S’janth après avoir posé la main sur la lance maudite en preums, et massacrant tous les Iron Hands contestant l’objectif, bien aidé en cela par la tonne de buff que sa nouvelle colocataire lui accorde. La possession n’a pas que des mauvais côtés, comme Malus Darkblade peut en attester.

Un peu plus tard, nous assistons au banquet de la victoire donné par Euphoros en l’honneur de ses braves guerriers (vivants et morts), mais les libations démarrées par le seigneur de guerre tournent au vinaigre pour Xantine lorsqu’il se rend compte que le millésime que lui a servi son boss a été coupé avec du tranquillisant pour cheval. Euphoros, qui s’est aussi fait allumer par cette michetonneuse de S’janth, n’a pas apprécié du tout de s’être fait griller la politesse par son sous-fifre, et compte bien le lui faire payer. Fort heureusement pour Xantine, sa nouvelle amie ne l’entend pas de cette oreille et neutralise rapidement les effets délétères du breuvage, permettant à notre champion de se défendre contre les attaques de son maître, puis de le vaincre facilement et de massacrer la délégation de la Black Legion présente au banquet pour faire bonne mesure. Il est temps pour les Children of Torment de faire honneur à leur ancienne allégeance et de ressortir leurs bombes de Phoenician Purple, sous la houlette d’un meneur qui n’a pas peur de (se) faire plaisir…

AVIS :

Très intéressante et aboutie addition au corpus slaaneshi que ce ‘A More Perfect Union’ de la part de Rich McCormick, qui démontre en quelques pages bien des choses : sa maîtrise du lore1 et de la décadence excessive de cette faction2 pour commencer ; sa capacité à mettre en scène, à dérouler et à conclure une histoire relativement complexe en l’espace d’une vingtaine de pages ensuite ; son talent à caractériser et faire interagir une petite ménagerie de personnages sans qu’aucun d’entre eux n’apparaisse comme superflu ou quelconque3 ; ou encore sa faculté de terminer son propos d’une manière qui soit à la fois satisfaisante pour le lecteur occasionnel (qui lira cette nouvelle et passera à autre chose) mais également prometteuse pour celui qui souhaiterait que l’épopée de Xantine se poursuive. Et entre le passé mystérieux de notre héros épicurien, celui de sa dulcinée démoniaque, et son désir d’aller faire des couettes à Abaddon pour lui apprendre à persécuter les Emperor’s Children, il y a largement de quoi faire, et j’espère que McCormick aura l’occasion de poursuivre dans la foulée de cette prometteuse nouvelle.

1 : Les relations complexes entre la Black Legion et les bandes de guerre qui lui sont inféodées sont particulièrement intéressantes à mes yeux, et McCormick nous en livre ici un exemple concret.
2 : Les tableaux et les auditoires faits de victimes mutilées et les dégustations de Démons à l’apéritif sont des trouvailles adéquates, mais je me dois de décerner une mention spéciale aux esclaves qui viennent vomir les plats dans les assiettes de leurs maîtres lors du banquet de la victoire. Plus Slaaneshi que ça, tu meurs.
3 : Là encore, mention spéciale au très poli « diaboliste » Word Bearer Qaran Tun, dont les familiers démoniaques en fiole ont un potentiel narratif immense, en plus de faire très dresseur Pokémon dans l’esprit. Mention honorable à « Obelix » Lordling, qui se pose également là comme sidekick discret mais sympathique.

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Sacred Hate – D. Annandale :

INTRIGUE :

Sacred HateLe jeune missionnaire Cerastes traverse une crise des plus douloureuses, alors qu’il participe à une expédition militaire à destination de mondes un peu trop laxistes dans leur application des édits impériaux : une crise de foie. Elève modèle et appliqué lors de son initiation sur Legitur, il a cependant vu ses certitudes se fissurer après une visite dans les bas-fonds de ce monde tout entier dévoué à la reproduction des textes sacrés de l’Ecclesiarchie, pendant laquelle il a été témoin de l’absurdité de la production de masse de missels et de pamphlets par des ouvriers analphabètes et surexploités. Il ne fait pas bon être un idéaliste au 41ème millénaire.

S’étant convaincu que la réponse à son mal-être spirituel était de partir en croisade, il s’est donc embarqué sur le Sacred Hate en compagnie des régiments de Gardes Impériaux legituriens, et a cherché dans la bibliothèque du bord, tenue par l’aimable Deverast, des réponses à ses atermoiements métaphysiques, en vain. Mais alors qu’il se prépare à faire, comme chaque jour, le trajet entre sa cellule et les archives du Sacred Hate, après avoir assisté au premier office de la journée (la routine du credo-biblio-dodo, tu connais), un événement imprévu vient chambouler son agenda, et sa destinée par la même occasion.

Cet événement, c’est l’abordage du vaisseau par l’équipage du croiseur d’assaut Word Bearers Epiphany’s Flame, qui se déroule aussi bien qu’on peut l’attendre du côté des défenseurs. Plus curieux qu’effrayé au stade d’agnosticisme avancé qui est le sien, Cerastes suit les bruits des combats jusqu’à la chapelle du vaisseau, et assiste au massacre des Gardes et missionnaires s’y étant réfugié par un Apôtre Noir et son escorte… et c’est une révélation pour notre héros en mal de repères. La vue d’Astartes hérétiques saccageant un lieu saint et invoquant des Démons comme qui rigole fait voler en éclats le peu de foi en l’Empereur qui lui restait, et il décide de marquer cette épiphanie en allant mettre le feu à la bibliothèque du Sacred Hate, assassinant au passage un Deverast bien trop confiant en son prochain pour son propre bien.

Ceci fait, et alors qu’il s’attendait à hériter d’un bolt en pleine tête pour seul paiement de ses mauvaises actions, il a la surprise d’être escorté jusqu’à l’Epiphany’s Flame par les fils de Lorgar et d’être présenté à l’Apôtre Noir Eurybios, qui reconnaît le fort potentiel de Cerastes et le prend sous son aile crozius. Bien des années plus tard, notre héros reviendra sur Legitur avec une foi renouvelée et dévorante, ainsi qu’une belle armure énergétique pourpre…

AVIS :

On voit la fin de cette histoire arriver quasiment dès le début mais ce manque de suspens ne nuit pas tellement au plaisir de lecture, et c’est tant mieux. Sans doute une des nouvelles dans lesquelles les Word Bearers apparaissent sous leur « meilleur » jour, puisqu’ils n’hésitent pas à prendre à l’essai un petit jeune prometteur, alors que le pauvre Cerastes aurait sans doute fini éparpillé façon puzzle si le Sacred Hate avait été abordé par une autre légion renégate. Sympathique.

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The Brightest and the Best – M. Brooks :

INTRIGUE :

The Brightest and the BestParce qu’ils ont pris très à cœur les instructions de leurs bien aimés professeurs et ont mis toutes les chances de leurs côtés pour triompher lors des olympiades inter-Scholae organisées entre Aquilonis Porta et Latus Porta (en piquant des stimms dans les réserves des gardes de l’établissement avant l’épreuve, ce qui a conduit à trois hémiplégies dans le camp adverse à l’issue du match de balle au prisonnier), les élèves Vasila Manatu et Nazos Zernas doivent être punis. Voilà qui leur apprendra à faire du zèle, et surtout à se doper de manière grossière. Toutefois, l’exercice de traduction de trois chapitres d’un épais volume consacré à l’aquaculture du Bas Gothique à l’Antimosien (sans que les chapitres en question soient formellement identifiés au début de l’exercice, sinon c’est moins drôle) est interrompu avant même de commencer par l’arrivée impromptue d’un authentique Thunderhawk dans la cour d’honneur de l’établissement, ce qui force l’encadrement à revoir ses priorités.

Quelques minutes plus tard, le directeur Emil Vissarius reçoit dans son bureau le meneur du cadre de Silver Lions ayant fait l’honneur d’une visite à la Schola Aquilonis Porta, un certain Solomon Akurra. Très impressionné par ce nouvel arrivant, qui explique rapidement et sans détour qu’il est venu recruter les élèves les plus doués de l’établissement pour renforcer son Chapitre, Vissarius trouve toutefois le courage de faire remarquer que, enfin, tout cela n’est pas très conforme aux procédures. Il a même le temps de déclencher une alarme qui déclenche un branlebas de combat général dans l’école sans qu’Akurra ne réagisse, ce qui est assez étonnant quand on connaît les réflexes prodigieux des Astartes. Cela veut sans doute dire que les meilleurs de l’Empereur vont calmement attendre l’arrivée des autorités planétaires pour dissiper ce malentendu, pas vrai ?

Début spoiler…Malheureusement pour Vissarius et son personnel, si Akurra a laissé faire c’est plutôt parce qu’il sait pertinemment que quelques profs et garde chiourmes armés de fusils à pompe ne font pas le poids face à des Space Marines déterminés. Et pour être déterminés, les Silver Lions l’Alpha Legion l’est1. C’est ainsi que Vasila et Nazos, qui avaient fait la connaissance du stoïque Kyrin Gadraen et de sa camarade Psyker Primaris (réformée) Tulaya Dyne lorsque ces derniers étaient venus fouiller la salle des archives dans laquelle les garnements étaient collés pour identifier les pupilles les plus prometteurs, repartent avec les renégats sans savoir bien sûr que ce faisant ils trahissent la confiance de l’immortel Empereur. Leur décision est d’autant plus compréhensible que le personnel de la Schola n’hésite pas une seconde à concentrer ses tirs sur les élèves rassemblés par les Space Marines plutôt que de tenter de percer la céramite de ces derniers. On comprend le raisonnement, mais c’est tout de même peu élégant.

Au final, nos deux jeunots, accompagnés de quelques camarades, se font la malle dans le Thunderhawk de leurs nouveaux protecteurs et recruteurs, tandis qu’Akurra prend congé de Vissarius sans lui coller un bolt dans la tête comme il était pourtant en droit de le faire, sachant fort bien que les autorités impériales réserveront au malheureux directeur un destin bien pire lorsque ce dernier devra leur confesser son échec. L’Imperium exige des résultats et pas des efforts, et c’est souvent assez injuste…Fin spoiler

1 : Le déguisement était tellement parfait que même l’accord avec le verbe est tombé dans le panneau. Quels as du camouflage, vraiment !

AVIS :

Mike Brooks nous livre le chaînon manquant entre les romans pour enfants de Warhammer Adventures et le grimdark pur jus de la GW-Fiction dans ce fort sympathique ‘The Brightest and the Best’, qui sert en plus d’introduction à son cycle sur l’Alpha Legion (‘Harrowmaster’). L’alchimie n’était pas facile à trouver entre l’humour gentiment potache de la littérature adolescente, qui a connu son lot d’écoliers auxquels il arrive des choses extraordinaires au cours des dernières décennies, et la dure et sanglante réalité de l’Imperium de l’Humanité au 41ème millénaire, où aucun camp n’hésite à utiliser des enfants soldats, et où même les « gentils » tirent à vue sur des ados désarmés si cela peut les empêcher de tomber dans les mains de leurs ennemis.

Ma seule crainte au moment de lire cette nouvelle était de me faire involontairement spoiler par l’illustration sans équivoque choisie par la Black Library pour cette histoire, mais le déroulé de cette dernière laisse finalement peu de place au suspens à propos de l’identité des mystérieux Silver Lions. Une réussite totale, qui donne très envie de connaître la suite des aventures de Solomon, Kyrin, Tulava et de leurs nouvelles recrues.

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It Bleeds – D. Guymer :

INTRIGUE :

It BleedsLa vie d’un World Eater n’est certes pas de tout repos, mais au moins les mauvais souvenirs y sont rares car au bout de quelques décennies avec un cerveau cloué, on perd toute notion du temps. C’est ainsi que nous essayons de suivre la trajectoire sanglante du héros de notre histoire, un Berzerker bien sous tous rapports mais dont les pensées sont des plus confuses au moment de commencer un duel avec un champion du Chapitre des Dragons Ardent1, sur une planète dont il a évidemment oublié le nom (à compter qu’on lui ait dit, pour commencer).

Nous sommes donc témoins, par fragments aussi hachés que ses victimes, du passé brutal de ce cador de la 12ème Légion, depuis le moment où il s’est fait poser ses clous du boucher par un Apothicaire renégat free lance jusqu’à son affrontement avec sa Némésis du jour, en passant par quelques massacres de Gardes Impériaux de bon aloi, et même le récit des interminables heures à attendre le déploiement sur le prochain champ de bataille, après avoir été tiré de sa stase par le Vivisecteur en chef de la bande du Foresworn, dans laquelle Bobby (appelons comme ça) sert bon gré mal gré.

Lorsque le combat s’engage pour de bon entre Bobby et le loyaliste apprêté qui lui fait face, les choses ne tournent pas en faveur du fidèle de Khorne, qui devait sans doute regarder ailleurs à ce moment-là. Peu aidé par l’état de délabrement avancé de son matériel, Bobby livre un beau combat mais finit étalé de tout son long dans la boue, avec un Dragon Ardent furibard qui lui braque son pistolet bolter sur le pif. Il semblerait que le chemin octuple se soit changé en impasse…

Début spoiler…Avant que le jugement du loyaliste ne s’abatte sur le World Eater déconfit, nous avons droit à un ultime flashback qui permet de réaliser que 1) Bobby n’est pas un World Eater pur jus mais le dernier survivant de la première incarnation des Dragons Ardent, Chapitre détruit par les fils d’Angron lors d’un raid sur leur monde chapitral, 2) il avait à la base juré de se venger par tous les moyens possibles de la vilénie du Foresworn et de sa bande, mais something happened on the way to heaven vengeance, jusqu’au point où il décida de se faire poser des clous (et assez mal qui plus est) pour pouvoir rejoindre ses ennemis jurés, et 3) Bobby s’appelle en fait Kurrinon.

Bien que son destin soit écrit, le Champion des Dragons Ardent (ressuscités grâce à l’afflux de Primaris) laisse la possibilité à Bobby K. de se repentir pour ses actes haineux et hérétiques, et de mourir en loyaliste. Il est toutefois trop tard pour notre malheureux et tragique héros, qui sert ses dents de bronze et professe une fois de plus sa fidélité éternelle au Dieu du Sang. Once you go red, you never get boRED (je m’en fous si ça rime pas, Khorne me comprend). Fin spoiler

1 : À ne pas confondre avec les Firedrakes Salamanders, traduits en « Dragons Ardents » en français.

AVIS :

David Guymer signe une des toutes meilleures nouvelles consacrées aux World Eaters que votre serviteur a eu la chance de lire avec ce ‘It Bleeds’, qui plonge le lecteur comme rarement depuis les travaux d’Aaron Dembski-Bowden pendant l’Hérésie d’Horus dans la psyché torturée et le quotidien totalement destroy des enfants d’Angron. Le mélange de scènes d’actions viscérales et de passages plus terre à terre évoque d’ailleurs d’autres travaux d’ADB, cette fois-ci consacrés aux Night Lords, et tout aussi plaisants. Pour ne rien gâcher, la narration enchevêtrée qui renforce le sentiment de folie qui entoure le narrateur (définitivement peu fiable) et le twist final bien senti dont Guymer nous gratifie, sans compter la bonne dose de fluff consacrée aux Dragons Ardents, achèvent de faire de ‘It Bleeds’ un texte de référence pour les gourmets planétaires et pour les amateurs de la littérature grimdark en générale.

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A Small Cog – M. Scanlon :

INTRIGUE :

A Small CogLa planète Hakkan IV, bastion de paix, de boue et de misère à l’orée du Segmentum Tempestus, a été attaquée par une bande de pillards se faisant appeler les Profanes, et il incombe au Techno-Prêtre disgracié Vornis-489 d’empêcher ces affreux jojos de mettre la main sur l’unique trésor de ce monde déshérité susceptible d’avoir causé cette incursion : l’Aquamentum. Relique de la Grande Croisade, il s’agit d’une machine capable de transformer le schiste bitumineux en eau propre à la consommation1, ce qui a permis à l’humanité de s’implanter à la surface aride et désolé de Hakkan IV. Catapulté gardien/mécanicien/concierge/homme de ménage de cette sainte relique par son supérieur, le Magos Zarin, après avoir déçu ce dernier dans l’exercice de ses précédentes fonctions, Vornis a passé les cinquante dernières années de son existence à jouer les plombiers sur ce caillou minable, et a constaté la détérioration progressive de ses capacités cognitives assistées sur cette période. La vieillesse l’obsolescence est un naufrage sous-optimale.

Lorsque nous faisons connaissance avec Vornis et les quelques pieds nickelés qu’il a rassemblé pour lui servir d’escorte, la situation est bien mal embarquée pour les défenseurs d’Uhrsk. L’ennemi, mieux armé et très déterminé, a réussi à forcer le passage à l’intérieur de l’enceinte de la ville, et la voie vers l’Aquamentum lui semble grande ouverte. Le plan de Vornis consiste donc à reprendre le contrôle des tours de défense de la cité afin de les retourner vers l’envahisseur, et le prendre à revers pendant qu’il cherche à se frayer un chemin à travers les dernières poches de résistance impériales.

Comme on peut l’imaginer, ce noble projet ne va pas se dérouler comme prévu, et nos courageux éclopés vont multiplier les accrochages en chemin. D’abord, c’est un pilote de Hell Talon s’étant écrasé dans le décor qui vient tenter une strangulation sur le pharynx fragile du Techno-Prêtre. Ensuite, c’est une échauffourée avec une patrouille de Profanes que Vornis doit remporter presque seul, suite aux tests de Commandement raté par le reste de sa bande. Pour finir, une escouade de Raptors tombe sur le râble des survivants alors qu’ils se préparaient à lancer leur offensive sur les tours de défense, annihilant sans le moindre problème cette noble entreprise, et l’intégrité physique des Hakkanites au passage. Malgré son armement supérieur et l’explosion opportune du booby trap sur lequel il avait réussi à attirer son adversaire (qui contre avec le Stratagème « La Matmutation, elle assure ! »), Vornis semble sur le point de rejoindre à son tour l’Omnimessie…

Début spoiler…Mais il est sauvé in extremis par l’intervention d’un Space Marine en armure noire et cape à capuche (très important), maniant des armes très anciennes et venant de Caliban, comme le révèle le faquin (Veygo) qui faisait des misères à Vornis. Ajoutons à cela que son nom rime avec Yelle (Sakariel en l’occurrence), et nous comprenons sans mal qu’il s’agit d’un Déchu, et le commandant des Profanes en personne.

Après avoir réglé son compte à Veygo, dont les mutations manifestes offensaient ses croyances personnelles, et dont le goût du carnage aurait eu des effets malheureux pour l’atteinte de ses propres objectifs, Sakariel remet un Vornis éprouvé aux bons soins de l’Heretek Harrallax, qui hacke le cerveau de notre pauvre héros pour accéder aux souvenirs censurés par le Mechanicus qui s’y trouvent. Ce sont ces derniers qui constituaient le véritable but de l’attaque sur Hakkan IV, et non pas l’usine de dessalage glorifiée qui s’y trouve, merci beaucoup, comme Sakariel le révèle à son prisonnier avant qu’ils ne repartent sur le vaisseau du Déchu. Si la nouvelle se termine sans que le lecteur n’ait été mis dans la confidence de ce que cherche Sakariel (seulement que ça a un lien avec la planète de Varjan Secundus), nul doute que ce mystère sera percé à jour dans un futur plus ou moins proche. Après tout, c’est Mitchel ‘je prends une pause de quinze ans’ Scanlon à la plume…Fin spoiler

1 : Le cauchemar absolu de Patrick Pouyanné, donc.

AVIS :

À la lecture de ce ‘A Small Cog’, l’impression de se trouver plongé dans le prologue d’un arc narratif plus grand que celui esquissé dans cette nouvelle assez longue pour les standards de la Black Library est des plus fortes. Comme Mitchel Scanlon a déjà écrit un roman dédié aux Dark Angels du temps de l’Hérésie Horus (‘Descent of Angels’), la possibilité que la BL lui ait commandée un autre long format dont Sakariel-le-Déchu serait l’anti-héros n’est pas farfelue, même si on peut souhaiter que notre homme réussisse mieux son coup cette fois1.

Jugées pour elles-mêmes, les tribulations de Vornis-489 et de sa petite bande d’éclopés à travers les ruines d’Uhrsk m’ont semblé trainer en longueur, notamment les escarmouches avec le pilote du Hell Talon et la petite bande de renégats « embusqués » par nos fringants héros. Ces passages n’apportent en effet rien à l’intrigue ni au personnage, et auraient pu être facilement retranchées de l’histoire sans que celle-ci n’en souffre du moins du monde, comme les organes fatigués de Vornis après quelques siècles de service. Le résultat reste malgré tout assez honnête et tout à fait lisible, et Scanlon réussit fort bien à nous aiguiser l’appétit sur la nature de l’information secrète recherchée par Sakariel, dont le statut de chef de guerre mutanophobe (comme tout bon Dark Angel qui se respecte) à la tête d’une bande de renégats chaotiques promet des quiproquos des plus cocasses. La suite, la suite, la suite (sur l’air de Maman Tuche qui demande des frites) !

1 : ‘Descent of Angels’ n’est pas resté dans les mémoires de la communauté comme un des meilleurs pavés de l’Hérésie, et il aura fallu qu’un David Annandale en roue libre commette le légendaire ‘The Damnation of Pythos’ pour que le titre de pire bouquin de la série lui échappe.

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Blasphemy of the Fallen – D. Ware :

INTRIGUE :

Blasphemy of the FallenLieu : Un graaaaaaaaaand trou dans le sol de la planète Saadet.

Personnages : Veradis (Sœur Supérieure), Augusta, Lucienne, Emlyn et Leona (Sœurs de Bataille)

Scène 1 :

L’escouade de Sœurs de Bataille en ♫chantant♫ descend profondément dans le graaaaaaaaaaand trou dans le sol de la planète de Saadet. Le vent souffle. L’ambiance est lourde. La voix off explique qu’elles sont venues chercher une sainte relique (!!!), la dépouille de Sainte Myra1, une Sœur du Silence qui avait l’oreille de l’Empereur. Personne ne rit à cette blague.

Scène 2 :

Veradis : (à Augusta et Lucienne) ♫ Allez voir là-bas si j’y suis. ♫

Augusta et Lucienne y vont. Elle se font embusquer par des types portants des sacs à patates en guise de vêtements. Baston molle où certains sac-à-patates-men tombent dans le graaaaaaaaaand trou (Fallen).. Victoire des sista.

Scène 3 :

Les Sœurs arrivent à la tombe de Myra. L’ambiance est lourdaude. Elles repartent en portant le sarcophage en pierre. A pied. Ça va être long.

Scène 4 :

Lucienne : (qui portait le sarcophage avec Augusta) ♫ Azy ça soûle trop. ♫

Elle laisse tomber son chargement et refuse de le reprendre malgré les injonctions de Veradis, sous prétexte que Myra a été corrompue. L’ambiance est lourdingue et gagne encore en lourderie. Veradis plaque Lucienne au mur et met un taquet à Augusta pour leur apprendre la vie, à ces sales mômes.

Scène 5 :

Une horde de sacs-à-patates-men se rue sur les Sœurs de Bataille en blasphémant (☑). Baston mi-molle (Leona se fait casser le bras). Veradis a tellement honte de s’être énervée qu’elle décide de rester en arrière-garde avec le bolter lourd pour laisser le temps à ses troupes de partir avec le sarcophage. Malgré leur avantage numérique écrasant et le fait qu’ils soient techniquement au corps à corps, les sacs-à-patate-men ne parviennent pas à empêcher les Sœurs de partir avec un sarcophage qui doit peser au bas mot 200 kgs. Personne ne rit à cette blague.

Scène 6 :

Veradis : (depuis les coulisses) ♫ Couic mon cœur, je meurs ouille ouille ouille damned de fichtre. ♫

Augusta, Lucienne, Leona & Emlyn : ♫ Ah sort cruel. Nous sommes colère et tristesse. ♫

Le rideau tombe sur les survivantes éprouvées et le sarcophage qu’elles ramènent du très graaaaaaaand trou dans le sol de Saadet. On aperçoit dans le lointain l’image d’un Psyker en habit de Psyker en train de psykeriser jusqu’à ce qu’un poulpe lui tombe sur la tête. Le suspens est à son congre.

1 : Vous confondez avec Sainte Mina, qui, elle, est une figure établie du background. You will not bamboozle us, Danie Ware.

AVIS :

Dans une savoureuse mise en abîme, Danie Ware creuse le fond du n’importe nawak tant textuellement que conceptuellement avec ce très étrange/incompréhensible ‘Blasphemy of the Fallen’. Même en étant familier du personnage d’Augusta Santorus (ici au début de sa carrière, alors qu’elle ne commandait pas encore sa propre escouade), développé suivi sur plusieurs nouvelles par Ware, et du style très particulier de cette dernière, je ressors songeur de cette lecture. Passons tout de suite sur le fait que c’est, encore une fois, très peu intéressant sur la forme. Le contraire vous aurait étonné, et moi aussi d’ailleurs. La nouveauté ici est que l’intrigue m’est apparue comme incomplète, ce qui est tout aussi problématique, mais différent au moins. Soit Danie Ware a voulu laisser planer une aura de mystère en ne révélant pas si Myra était bien corrompue (rien que ça hein, même pas pourquoi/par qui – je ne demande pas grand-chose tout de même), et ça n’a pas marché. Soit, et j’espère que c’est cela car c’est un peu moins pire que l’alternative, ‘Blasphemy of the Fallen’ sert de prologue à une publication future dans laquelle les zones d’ombres seront éclaircies (au brossage à sec avec pinceau en poil de sanglier, mais éclaircies). Dans ce cas, Ware a aussi raté son coup (puisque son dessein n’apparaît pas clairement) mais c’est « juste » maladroit au lieu d’être prétentieux et maladroit. Seule consolation, il se pourrait (à prendre avec des pincettes énergétiques) que cette hypothétique suite comporte des Asservisseurs, ce qui serait une plaisante surprise. Ce n’est pas tous les jours qu’une bestiole du fluff profond vient hanter les pages de la Black Library. Mais si c’est Danie Ware qui reste aux commandes, je passerais mon tour.

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The Skull Forge – D. Ware :

INTRIGUE :

The Skull ForgeAugusta Santoris et son escouade de Sœurs de Bataille accompagnent une collègue nerd (la Dialogus Zurihya, reconnaissable à ses talons noirs1) sur un site industriel classé secret défense, et ayant récemment été mis hors service par une manigance du vil et perfide et mesquin ennemi. Bien que les fifilles de l’Empereur supposent que des héréteks soient derrière ce tour pendable, il est tout de même étonnant que ces gredins n’aient pas fait main basse sur les nombreuses machines dont le complexe dispose. Mis à part l’épaisse couche de givre qui recouvre les lignes de production ainsi que les malheureux ouvriers et opérateurs surpris en plein travail (et qui n’empêche pas Zurihya de se promener sans casque, cela étant dit), il semble en effet qu’il n’y ait rien à signaler de suspect dans la mystérieuse usine.

Si l’opération a été confiée à l’Adeptus Sororitas et pas au premier régiment de Gardes Impériaux venu, c’est parce que le site produit des Servo-crânes et des Serviteurs à partir des dépouilles mortelles de sujets et soldats impériaux ayant donné leur vie pour Le servir. Et, même si tout le monde est cool avec les produits finis en question, la manière dont ils sont réalisés donnerait des cauchemars au vétéran de Catachan le plus blasé de la galaxie (Sly Marbo, c’est pour toi). Comme Augusta et ses comparses le réalisent vite, voir des cadavres humains se faire débiter, écorcher, ébouillanter (et autres joyeusetés du premier groupe), n’est pas une expérience appropriée pour le commun des mortels. Bien sûr, Zurihya a un tout autre avis sur la question et passe son temps à s’extasier sur la beauté austère des lieux, mais son enthousiasme n’est partagé par aucune de ses chaperonnes.

Lorsque tout ce beau monde arrive dans la section dédiée à l’incarcération des pilotes de Machines de Pénitence et au calibrage des Arco-Flagellants (c’est un site vraiment polyvalent), l’ennemi finit enfin par montrer le bout de son nez sabot. Une escouade d’Exo-armures Stealth se matérialise soudainement devant les Sistas, et une fusillade sans merci s’engage. Pendant qu’Augusta et ses viragos réfutent les principes du Bien Suprême à grandes rafales de bolt dans la carlingue, on comprend que les T’au sont intervenus pour mettre fin à ce qu’ils considéraient comme une pratique barbare et dégradante, ce qui est tout à leur honneur mais ne leur attire pas les bonnes grâces des Sœurs. Au prix d’une blessée grave (Akemi, qui intercepte un tir de plasma dédié à Zurihya), l’équipe Santoris remporte l’affrontement, et… on s’arrête là. Les bigoteries les plus courtes sont les moins longues, comme on dit sur Dimmamar.

1 : Rien à voir avec Neave et Cie, par contre.

AVIS :

Il aura fallu quelques années (tout de même), mais je suis enfin tombé sur une nouvelle d’Augusta Santorus que je considère comme étant assez bonne (gasp). Est-ce parce que Danie Ware fait enfin se battre ses héroïnes de manière crédible (c’est-à-dire en utilisant en priorité leurs bolters et armes lourdes1), ou parce qu’elle a eu la riche idée de commencer son propos par une description fouillée d’une des industries les plus grimdark qui soient ? Sans doute un peu de deux, à moins que ce ne soit une intervention divine de Pépé pour soulager la souffrance des lecteurs fans des Sœurs de Bataille. Quoi qu’il en soit, cela fait de ‘The Skull Forge’ la meilleure soumission de la série, et de très loin, et redonne confiance dans le futur littéraire de cette bonne veille Santorus. J’espère sincèrement que Danie Ware ne retombera pas dans ses travers WTF, car la déception n’en serait que plus grande maintenant que je sais qu’elle est capable de tenir son rang.

1 : Si vous vous demandez ce qu’est l’alternative, vous n’avez pas lu assez de nouvelles de la Rose de Sang. Mais c’est sans doute mieux pour vous.

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The Nature of Prayer – D. Ware :

INTRIGUE :

The Nature of PrayerTrès peu de temps (disons deux heures) après les événements tragiques couverts dans ‘Blasphemy of the Fallen’, l’escouade non-managée de la Sœur de Bataille novice Augusta Santorus reçoit l’appel à l’aide d’un certain Sergent Delgardo par Servo-crâne interposé alors que les Jeannettes de l’Empereur se recueillaient religieusement dans leurs quartiers du vaisseau spatial les ramenant vers le couvent de l’Ordre de la Rose Sanglante. Anomalie du Warp ou intervention de Pépé, le mystère restera entier : toujours est-il que nos quatre héroïnes (Augusta, Emlyn, Leona et Lucienne) décident d’un commun accord de se dérouter pour répondre à la sollicitation de Delgardo. D’après les informations transmises par ce mystérieux individu, il faudrait s’attendre à une farouche opposition, et ça tombe bien, les Sœurs ont envie de cogner sur quelque chose pour faire leur deuil de la regrettable Veradis1.

Direction donc la planète austère (pour changer) et minérale (pour changer bis) de Carngamal, d’où provient le signal capté par la radio de bord des Sœurs de Bataille. Ces dernières atterrissent sous une pluie battante à proximité d’une mine (pour changer ter), et ne tardent pas à tomber sur un tas de cadavres leur permettant d’identifier les forces en présence. A ma droite, les valeureux Gardes du 9ème Catachan, aussi surnommés les Serpents Écarlates. A ma gauche, les Tyranides les plus furtifs et/ou paumés de la galaxie, puisque, comme cette petite futée d’Emlyn le fait remarquer, le simple fait que le message de Delgardo ait pu quitter la planète démontre qu’il n’y a pas d’Ombre dans le Warp à l’œuvre autour de Carngamal. L’invasion homéopathique, un concept sans doute trop novateur pour cette galaxie de brutes épaisses.

Guidées par le scénario, les Sœurs s’enfoncent donc dans les galeries de la mine à la recherche de survivants, et… n’en trouvent pas. Ou en tout cas, pas tout de suite. Après quelques pages à tenter d’instiller une atmosphère oppressante, à base de pressentiments funestes et de bonshommes bâtons dessinés sur les murs des boyaux, Danie Ware passe aux choses sérieuses en mettant face à face Augusta et Cie, et une bande de survivants (quatre Catachan et deux douzaines de mineurs locaux) menée par nul autre que le Sergent Delgardo. Au grand chagrin de cette prude d’Augusta, ce dernier a un langage aussi fleuri qu’un bosquet de Grey Vines au printemps, et semble tout prendre à la rigolade, ce qui est un péché impardonnable dans son esprit rigide. Cette incompatibilité d’humeur passe cependant rapidement au second plan lorsque les Tyranides montrent enfin le bout de leur museau, ou plutôt, le Tyranide. La première vague des Xenos est en effet constituée d’un unique Pyrovore, dont l’arme phallique et les qualificatifs sans équivoque utilisés par Delgardo pour décrire cette dernière dans le feu de l’action, provoquent un émoi fort compréhensible chez les pieuses novices. C’est le top départ d’une course poursuite vers la surface, qui sera fatale à tous les Catachan sauf au bon Sergent, mais dont les bonnes Sœurs se tireront sans trop de problèmes, seule Augusta prenant un pet au casque à la fin de l’échappée fantastique2. Il faut dire que notre fine équipe joue en mode très facile, les Tyranides ayant l’obligeance de se présenter en file indienne devant leurs proies, permettant à ces dernières de gérer assez aisément la menace alien. Dans ces conditions, la Grande Dévoreuse fait beaucoup moins peur, c’est sûr.

La nouvelle se termine avec le réveil d’Augusta dans la navette qui… est là (comprendre qu’on ne sait pas si elle est en train de revenir au vaisseau ou est garée en double file sur le parking visiteurs de la mine). Une petite discussion avec ce brave Delgardo permet à notre héroïne de comprendre que la grossièreté du Catachan cache en fait un cœur d’or et une foi sincère en l’Empereur, et qu’il s’agissait pour lui d’une manière de combattre ses peurs les plus profondes. Si c’est pas une morale édifiante, je ne sais pas ce que c’est. Pour le lol, on notera pour finir que notre bande de ravagé.e.s du bulbe a la ferme intention de revenir finir le boulot sur Carngamal, c’est-à-dire purger la planète de l’infestation tyranide, dès qu’elle aura fait le plein de munitions et établi une stratégie d’attaque. À cinq. Est-ce qu’ils apprennent encore à compter, à la Schola Progenium ?

1 : Pour les acharnés qui se souvenaient que l’intrigue de ‘Blasphemy of the Fallen’ tournait autour du sarcophage de Sainte Myra, ramené de haute lutte depuis le 145ème sous-sol de Saadet jusqu’au vaisseau des Sistas malgré des vibes franchement néfastes et une opposition mi-molle de la population locale, sachez que cette relique n’aura aucune importance ici. Qui a commandé un MacGuffin ?
2 : Les mineurs semblent s’en sortir sans beaucoup de difficultés non plus, mais comme Ware leur consacre deux lignes dans toute la nouvelle, dur d’être catégorique.

AVIS :

Danie Ware retente la carte de l’exotisme dans sa série phare avec la convocation des Tyranides comme antagonistes de la vertueuse Augusta Santorus. Ca n’avait pas marché la première fois (‘The Crystal Cathedral’), ça ne marche pas beaucoup mieux ici non plus, même si les combats sont un tout petit peu moins débiles dans ce ‘The Nature of Prayer’. Mais en l’absence d’un scénario qui tienne la route, de personnages fouillés (ou même différenciés) et d’une atmosphère prenante, cette nouvelle sera reléguée parmi les histoires tout à fait quelconques de la Black Library immédiatement après la fin de sa lecture, comme la plupart des épisodes de la tentaculaire saga de Miss Santorus.

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Aria Arcana – P. Fehervari :

INTRIGUE :

Aria ArcanaDans les ténèbres de leur lointain passé, bien avant qu’ils virent puritains, les Angels Resplendent avaient pris une résidence sur le monde sanctuaire de Vytarn, à la demande de l’Archiviste Satori. Les deux années pendant lesquelles la 9ème Compagnie végéta sur la Lindisfarne galactique (comprendre qu’il n’y a que deux choses à faire sur Vytarn : aller à la plage ou prier) furent l’occasion pour l’énigmatique Psyker d’écumer les archives locales1, tenues par la secte de la Dernière Bougie ; et pour ses accompagnants, aux talents créatifs reconnus, de personnaliser leurs armures à un niveau jamais égalé par un Chapitre loyaliste depuis la création des Astartes. Lorsqu’une tempête Warp soudaine se déclara et s’abattit sur l’anneau de Koronatus, localisation de la cathédrale Candelabrum et lieu de recherche de Satori, ce dernier ne trouva rien de plus malin que d’envoyer son protégé, l’Archiviste Ignacio Verlaine, faire des tours de Thunderhawk au-dessus de l’anneau, pour une raison aussi vague que cryptique2.

Ce tour d’hélico, réalisé en compagnie d’une escouade de bons copains (et de l’Apothicaire Veleno Fiotré, qui n’en est pas un), prit un tour fâcheux pour Verlaine lorsqu’un banc de Disques de Tzeentch se mit à faire du porte-à-porte avec le transport des Space Marines, sans doute pour posséder le lecteur CD du véhicule. Il faut en effet savoir que les Angels Resplendent allaient au combat en musique, une charmante tradition qui ne survécut pas à la purge du fun subie par le Chapitre plus tard dans son histoire. Bien que les armes du Thunderhawk fussent en mesure de perforer les galettes démoniaques, le rapport de force s’inversa lorsque – et je suis sérieux – un Disque de diamant s’invita dans la conversation. Lancé comme un cochon dans un jeu de quilles, le Démon traversa l’aéronef de part en part, le coupant proprement en deux, comme le pauvre Frère Uderzo (dont l’importance pour cette nouvelle relève du simple astérisque, ceci dit). S’étant trouvé du mauvais côté de l’appareil au moment du drame, Verlaine en fut quitte pour une séance de base jump, sans parachute certes, mais avec la complicité d’un Disque de Tzeentch très affamé, qui vint lui mordiller le bras et lui tenir compagnie pendant sa chute. Notre Archiviste tenta bien d’imposer sa volonté à cette sale bestiole pour pouvoir bénéficier d’un atterrissage en douceur, mais ne parvint pas à ses fins. Au moins survécut-il à son plongeon, au prix de quelques os cassés et organes perforés (rien de sérieux pour un Space Marine, du moment qu’on ne court pas, bien sûr), tandis que ses camarades s’époumonaient sur ‘Comme un avion sans ailes’ sur le karaoké de bord.

Isolé et un peu fatigué, Verlaine se mit en route en direction de Candelabrum, croisant en chemin d’autres Démons ainsi que des civils ayant été apparemment changés en cristal par la lumière s’émanant de la cathédrale. Il reçut cependant la confirmation de Sartori, qui avait pris soin de laisser une ligne psychique ouverte avec son padawan avant de l’envoyer balader, qu’il était sur la bonne voie… et que son mentor était en partie responsable de la tempête Warp, déclenchée sur Koronatus « à fins d’études ». Mouais mouais mouais. Ils disent tous ça. Preuve de la foi inébranlable accordée par Verlaine à son supérieur, il accepta malgré toutle plan démentiel déroulé par ce dernier lorsque notre survivant éprouvé finit par arriver à Candelabrum, après 999.999 secondes de marche (soit onze jours, un chouilla plus que l’heure qu’il avait prévu de consacrer à cette marche d’approche) : pénétrer au cœur du maelstrom chaotique, là aussi « « à fins d’étude » », et évidemment « « « pour la défense de l’Imperium » » ». I CALL BULLSHIT ON THAT. Toujours est-il que notre héros finit la nouvelle juché sur le Disque de diamant qui l’avait trollé il y a quelques temps, et qui l’attendait garé en double file sur le parking de la cathédrale. Après ça, direction l’Immaterium ! Je pense qu’il en sera quitte pour bien des rêves étranges et pénétrants…

1 : Et faire d’autres recherches, plus… prosaïques.
2 : « Que dois-je chercher, ô honoré maître ? »
« Tu le sauras quand tu le verras, andouille. »

AVIS :

Peter Fehervari lève (une partie) du voile entourant son Chapitre personnel, les Angels Resplendent/Penitent et revisite le monde de Vytarn, où se déroule l’intrigue de son roman ‘Requiem Infernal’, dans cette nouvelle aussi « accessiblement cryptique » qu’il a l’habitude de nous proposer. Notre homme est en effet passé maître dans l’art d’embarquer son public dans des histoires à plusieurs niveaux de lecture, sans blaser ni décontenancer ceux qui n’ont pas la connaissance absolue du Dark Coil, le petit coin de 40K qu’il s’est approprié dans ses récits et où il fait évoluer sa galerie de personnages et de factions. Et, soyons honnêtes, il n’y a que Fehervari lui-même qui ait cette connaissance absolue… peut-être.

Ainsi, si ‘Aria Arcana’ peut être lue et appréciée comme une Space Marinade tragique (le héros est corrompu par le Chaos en fin de compte) d’une originalité rafraichissante et d’un niveau appréciable, il ne s’agit là que d’un premier niveau d’analyse. Les fans des Angels Resplendent seront ravis d’en apprendre un peu plus sur l’histoire troublée du Chapitre, que l’on découvre un peu trop chill avec le Warp (et la personnalisation des armures) pour son propre bien. Les nostalgiques de Vytarn trouveront dans cet événement mystico-chaotique des ressemblances troublantes avec le final de ‘Requiem Infernal’, et probablement la réponse à quelques-unes des questions laissées en suspens à la fin de ce roman. Au final, s’il ne s’agit pas de la soumission la plus magistrale de Fehervari (je place ‘The Thirteenth Psalm’ au-dessus du point de vue suspens et ambiance), cet auteur démontre encore une fois qu’il est un des maîtres atouts de la BL en matière d’ambition littéraire et de storytelling.

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Confession of Pain – J. Flindall :

INTRIGUE :

Confession of PainSi les Nains sont connus dans tout l’heroic fantasy pour leur pilosité faciale exubérante et leur nature rancunière, dans les ténèbres sci-fi du lointain futur, cette niche écologique est occupée par les… White Scars. Les fiers guerriers de Mundus Planus n’ont en effet pas du tout apprécié la visite surprise que leur a rendu Huron Sombrecoeur et ses Red Corsairs au moment de l’ouverture de la Cicatrix Maledictum, et, bien que l’invasion chaotique ait fini par être repoussée, les Space Bikers brûlent de rendre à Huron la monnaie de sa pièce. Nous faisons la connaissance du Lieutenant Orghun, de retour à Quan Zhou après avoir parcouru la steppe sur sa bécane à la recherche de cultistes égarés, ou d’une station avec du sans plomb à moins de 2€ le litre, et mis sur une vendetta plaquée argent par le Chapelain Ghabesh et le Prophète des Tempêtes Otagai. La lune Helaka, située dans le système de Gartuli, a été identifiée comme la place forte de Lugor Vask, un Warpsmith roulant pour les Red Corsairs et en charge de la production des machines de guerre démoniaques du Tyran de Badab. Vask a participé à la guerre de Chogoris du côté des renégats, et une pique est donc réservée pour sa tête dans le hall d’entrée de la forteresse monastère du Chapitre. Orghun accepte immédiatement de partir à la chasse au bad boy, accompagné par les sages conseils de Gahbesh, qui le trouve un peu trop soupe au lait pour son propre bien.

En parallèle de l’histoire d’Orghun, nous suivons celle de Khaijav, un des rares Dreadnoughts White Scars, réveillé de son profond sommeil pour participer à l’attaque de la base de Vask. Alors qu’Orghun emmène ses Intercessors infiltrer la place forte adverse par une buse laissée sans défense1, Khaijav mène une attaque frontale contre le bastion ennemi, monopolisant l’attention des hérétiques pour permettre à ses frères d’armes de porter plus facilement le coup mortel. Sa nature bougonne ne l’empêche pas de se faire un copain, en la personne du jeune Primaris Barutai, qui jacasse comme une pie d’un bout à l’autre de l’assaut. Confronté aux machines impies des Red Corsairs, le Dreadnought encaisse stoïquement les coups et conduit les White Scars jusqu’au cœur de l’antre de Vask, ou ce dernier les attend de pied ferme…

Début spoiler…On se rend alors compte qu’Orghun et Khaijav sont le même individu, l’inflexible Lieutenant étant devenu un encore plus inflexible Dreadnought (je suis sûr qu’il n’arrive pas à toucher ses pieds, ha !) après sa première rencontre avec sa Némésis. Les créations mécaniques de Vask eurent en effet raison des vaillants efforts des White Scars, qui repartirent de Helaka avec quelques cicatrices (sans doute blanches) de plus et la queue de cheval entre les jambes. Molesté par le Helstalker de compagnie du Warpsmith, qui lui fit de grosses papouilles sur le bedon alors qu’il essayait de vider sa querelle avec son maître, Orghun finit incarcéré dans un caisson, et fut rebaptisé Khaijav, ou le Chercheur de Délivrance, par cette vieille baderne de Ghabesh. Plusieurs années, voire décennies, séparent donc les deux épisodes narrés dans cette nouvelle, et je suis heureux de vous apprendre que pour Orghun/Khaijav, la seconde tentative fut la bonne. Ayant appris de ses erreurs passées, le Dreadnought prit soin d’écarteler les machines infernales de Vask avant d’aller lui tirer l’oreille (ce qui donne des résultats salissants lorsqu’on utilise un poing énergétique). Je ne crois pas qu’on put faire de la bouillie qu’il en résultat un trophée digne de ce nom pour Quan Zhou, mais c’est l’intention qui compte !Fin spoiler

1 : Je choisis de penser que c’est un hommage au Faucon de Chogoris, et vous ne pouvez pas me faire changer d’avis.

AVIS :

Jon Flindall nous sert une Space Marinade sérieuse pour ses débuts dans la carrière, construite autour d’une révélation finale assez bien amenée je dois dire. L’ensemble pêche toutefois du côté de la caractérisation des personnages, qui sont tous sans exception des stéréotypes (le Lieutenant téméraire, le vieux Chapelain sagace, le Dreadnought taciturne, le machiavélique et très méchant Warpsmith…), et donc peu passionnants à voir évoluer. Je regrette aussi que l’auteur n’ait pas davantage exploité la culture du Chapitre qu’il a mis en scène, et donné plus d’importance au ressenti de Khaijav, qui a tout de même eu la pire trajectoire professionnelle possible pour un White Scars d’après le fluff : être enfermé dans un Dreadnought. Rien ne vient en effet différencier l’homme-machine de ses équivalents des autres confréries Space Marines, alors que je m’attendais à ce qu’il ait développé une psychose carabinée, et soit considéré avec un mélange de respect et de révulsion par ses camarades (ce qui n’est absolument pas le cas, à moins que Barutai cache très bien son jeu). Encourageant, mais encore un peu juste.

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The Reward of Loyalty – T. Chivers :

INTRIGUE :

The Reward of LoyaltyUne épidémie de Fléau de l’Incroyance, variant Omegon, s’est déclarée sur le monde de Mantid VI, transformant sa population en Zombies de la Peste et repoussant ses dernières forces armées sur la côte de son unique continent. Fort heureusement pour les locaux, un régiment de Fusiliers des Carpathes Carpathiens passait non loin de la planète après avoir exterminé une incursion Ork dans le secteur, et les braves Gardes Impériaux se détournent de leur destination pour venir donner un coup de main aux Mantidois éprouvés. Nous faisons ainsi la connaissance de la commandante Riva Vistrena, dont la compagnie était chargée de défendre un bout de marais putride – Mantid VI, c’est assez moche – contre les hordes décérébrées de l’ennemi. Tout allait assez bien pour les hardies bidasses jusqu’à ce qu’une escouade de Primaris Dark Angels se pointe à bord de son Repulsor (ou peut-être était-ce un Impulsor) de fonction. Les meilleurs de l’Empereur ont à peine le temps de débarquer de leur véhicule et de prendre la pose qu’une pluie de plasma, de laser et de grenades s’abat sur eux (et sur les hommes de Vistrena par la même occasion), envoyant tout ce beau monde valdinguer dans le décor.

Lorsqu’elle revient à elle, Vistrena se rend compte qu’elle est très vraisemblablement la dernière survivante de son peloton, et que les fiers Space Marines n’ont pas connu beaucoup plus de succès que les humbles Gardes sur leurs jets de sauvegarde. Avant d’avoir pu mener une enquête approfondie sur le taux de survie des défenseurs impériaux, elle est surprise par l’arrivée d’un Astartes renégat en armure Terminator, qui se plaint tout haut de la facilité avec laquelle il a réglé leur compte à ses « petits frères », une appellation qui ne manque pas de surprendre et d’horrifier la pieuse et endoctrinée Vistrena. Se pourrait-il que les nobles Anges de l’Empereur aient quelque chose à voir avec les vilains surhommes en armures énergétiques qui leur ressemblent de manière troublante ? CELA NE SE PEUT. De son côté, Prouty Double Face – je l’appelle comme ça par défaut, Chivers ne se donnant pas la peine de le baptiser – s’amuse à susurrer des saletés hérétiques à l’oreille d’un pauvre Primaris avec une jambe en vrac, et à lui entailler la bajoue avec son canif rouillé, jusqu’à ce que Vistrena lui décoche un tir de pistolet plasma en pleine tête, sprinte jusqu’au Taurox de son escouade de commandement, et mette les gaz, laissant les lents et méthodiques Death Guards maugréer à l’arrière-plan.

Après avoir mis quelques kilomètres entre elle et les pesteux énergétiques, elle s’arrête pour tenter de réparer son véhicule, qui a pris quelques bolts dans la carlingue pendant son échappée belle. L’inspection permet d’identifier quelques légers dommages, ainsi que la présence du Primaris violenté par l’infâme PDF dans le compartiment passager. Le marsouin révèle s’appeler Clerebald, et n’avoir aucune idée de ce qu’il fait ici, ce qui arrive lorsqu’on pionce pendant les briefings. Les confessions impies de Prouty lui ont toutefois permis de suspecter que le déploiement des Dark Angels sur Mantid VI a quelque chose à voir avec un temple contenant d’inestimables reliques, que la Death Guard souhaite corrompre et que les loyalistes veulent sauvegarder. Clerebald est convaincu qu’il est de son devoir d’apporter cette information cruciale à ses supérieurs, et comme le wifi marche très mal dans ce trou paumé, la seule solution est de rouler jusqu’au QG des Space Marines, situé à des dizaines de kilomètres au sud. Fan girl dans l’âme, Vistrena accepte de servir de chauffeur au surhomme impotent (oxymore), même lorsqu’il insiste pour laisser crever dans la boue un Garde Impérial blessé croisé en chemin, afin de porter au plus vite son message aux autorités compétentes. Cette soute de Taurox n’était pas assez grande pour deux, faut croire…

Alors que notre paire mal assortie approche de sa destination, elle se fait embusquer par Facy Double Prout et sa garde rapprochée de Terminators, qui avaient suivi leurs déplacements grâce aux mouches espionnes (pléonasme) de ce vieux voyeur de Nurgle. Le combat est déséquilibré, et Clerebald trouve encore le moyen de se faire grièvement blesser dans la bagarre, mais Vistrena a eu le temps de lancer un appel à l’aide à la radio avant que les affreux ne lui tombent dessus, et un certain Chapelain Interrogateur Isidore lui a répondu qu’il était sur le coup…

Début spoiler…Et si les Dark Angels ont bien des défauts, il faut reconnaître qu’ils honorent leurs engagements professionnels. Zizi et une escouade de Deathwing ne tardent pas à arriver sur place, et ces renforts providentiels renversent le rapport de force entre loyalistes et hérétiques. Après une violente bataille, Prouty est fait prisonnier et son escorte mise hors d’état de corrompre. Ce triste personnage a toutefois eu le temps de révéler un autre petit secret à Clerebald et Vistrena pendant qu’ils taillaient la bavette : en son jeune temps, il était membre de la Première Légion, comme le marquage de son épaulière droite (maculée de 10 000 ans de crasse, donc c’était pas évident à voir) le révèle. L’existence des Déchus étant bien entendu une information top secrète, Isidore ne peut laisser Vistrena en vie, et lorsque le pur et naïf Clerebald refuse de saisir la perche énergétique qui lui est tendue par le Chapelain à propos de la politique de protection des témoins des Dark Angels, il hérite d’un bolt dans l’occiput, avant que sa petite copine ne lui emboîte le pas, direction la droite de l’Empereur. C’est bien vrai que la jeune génération n’a aucun respect pour l’institution travail…Fin spoiler

AVIS :

Nouvelle intelligente de la part de Tom Chivers, qui remet au goût du jour la classique histoire de Déchus du répertoire des Dark Angels en mettant en parallèle la méfiance paranoïaque que ce Chapitre a envers le reste de l’Imperium, et la méfiance paranoïaque qu’il a envers ses nouvelles recrues Primaris. Aucun traitement de faveur : ils méritent bien leur réputation de parangon de droiture et de vertu1 ! Il n’a certes pas été le premier à exploiter cette opportunité narrative, mais il le fait avec brio, et démontre ainsi qu’il fait partie des auteurs de la Black Library disposant d’une solide connaissance du lore et d’un véritable talent de scénariste. Pas mal du tout pour une première soumission.

1 : Mention spéciale à Isidore, qui révèle à demi-mots qu’il a envoyé l’escouade de Clerebald au casse-pipe afin de forcer Prouty à sortir du bois, sachant fort bien qu’un vieux pervers comme lui ne résisterait pas à la tentation d’aller corrompre physiquement et spirituellement les petits derniers de la fratrie de Lionel.

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The Bleeding Stars – R. Rath :

INTRIGUE :

The Bleeding StarsLa situation est tendue sur Thanatos, monde nécropole contrôlé par la dynastie Oruscar depuis des éons et attaqué par les forces du Phaeron Akanabekh depuis… des siècles. Les Nécrons n’ont pas le même rapport au temps que nous, pauvres humains, c’est sûr. Si Akanabekh tient tant à faire sien cette planète, c’est qu’elle abrite une relique inestimable : le planétaire céleste, soit une réplique miniature de tous les corps célestes de la galaxie. La mystérieuse technologie qui anime ce chef d’œuvre permet au planétaire de refléter en temps réel les changements qui affectent le cosmos, mais l’inverse est également vrai : si une étoile ou une planète devait être malencontreusement éteinte ou sortie de son orbite par un agent d’entretien maladroit, les conséquences dans le Materium seraient tragiques. Akanabekh, qui déteste le concept de vie organique au plus haut point (peu aidé par la folie du Destroyer qui le consume, ainsi que la plupart des membres de sa dynastie, il faut le reconnaître), est bien décidé à make the galaxy dead again en fracassant le précieux planétaire, ce que ses gardiens dévoués ne peuvent bien entendu pas laisser faire.

Cependant, et malgré leurs vaillants efforts, les armées de la Destruction progressent lentement vers sûrement vers le saint des saints, laissant le triumvirat en charge des opérations (le Technomancien Dzukar, l’Observatrice Zotha et le Plasmancien Ashenti) avec peu d’options pour enrayer l’avancée de l’ennemi, jusqu’à qu’un invité surprise n’entre dans la salle où le management Oruscar délibère. Le nouveau venu n’est autre que Trazyn l’Infini, et son entrée remarquée tend sensiblement l’atmosphère : le bougre a été banni de Thanatos sous peine de mort reformatage après avoir tenté d’ajouter le planétaire à sa collection de Solemnace. Nécessité fait cependant loi, comme il l’explique posément à ses hôtes estomaqués, car il doit vérifier que le sinistre présage qui s’est manifesté dans ses galeries (une cloche de l’apocalypse qui s’est mise à sonner alors qu’elle était tranquille dans son champ de stase) n’annonce pas un événement aussi majeur que tragique. Pour cela, rien de tel qu’une petite visite au Futuroscope necron, qui pourra lui montrer si quelque chose de vilain se trame au niveau galactique.

Très étonnamment (non), les trois Stooges ne s’avèrent pas coopératifs, et menacent même d’envoyer leurs gardes du corps démanteler le châssis de Trazyn, forçant notre héros à passer à l’étape suivante de son plan : le chantage au labyrinthe tesseract. Après avoir sorti de son slip kangourou un cube d’antimatière, il explique posément au triumvirat, vidéo à l’appui, que cet artefact contient Akanabekh et sa Cour de l’Extinction, que ce hâbleur de Trazyn a littéralement réussi à se mettre dans la poche en échange d’un accès direct au planétaire. « Tu bluffes Martoni ! » lui rétorque Ashenti, qui donne l’ordre à ses suivants d’appréhender le malandrin manu militari. A défaut de pouvoir abattre ses cartes, Trazyn jette donc son Pokécube au sol…

Début spoiler…Qui est récupéré avant impact potentiellement désastreux par le Deathmark que l’Infini avait amené avec lui, sobrement nommé le Maître de Chasse, et qui se matérialise sans crier gare sur place, ainsi que le fluff lui permet de le faire. Cette nouvelle arrivée surprise, et la double menace (labyrinthe + fusil sniper) qu’elle représente finit par contraindre le triumvirat à la négociation, et Trazyn peut enfin déjeuner contempler en paix1, et ce qu’il voit le met suffisamment en rogne pour qu’il allonge une patate de forain à Dzukar lorsque ce dernier se gargarise d’être le sage et neutre gardien de l’ordre cosmique. En effet, la galaxie miniature présente des signes avant-coureurs évidents de ce qui ne tardera pas à devenir la Cicatrix Maledictum, confirmant les craintes de Trazyn quant à la future classe verte organisée par Abaddon en direction de Cadia. La treizième planifiée par cet élève peu doué, mais volontaire, pour être précis. Fustigeant l’attitude passive de ses pairs face à une catastrophe désormais inévitable, Trazyn annonce qu’il va se rendre dans le système cadien afin de sauver les miches des impériaux, en lieu et place de leur grabataire de Pépé. Not all heroes wear cape (mais celui-là, oui).Fin spoiler 

1 : Pour ceux qui se le demande, on ne saura pas s’il a réellement réussi à mettre la tête dans le cube à Akanabekh.

AVIS :

Robert Rath renoue avec son personnage iconique de Trazyn l’Infini dans une nouvelle passerelle entre les événements couverts dans ‘The Infinite and the Divine’ et la Chute de Cadia, où le collectionneur le plus illustre de la galaxie fit, comme chacun sait, preuve de largesse en faveur des derniers défenseurs de la planète martyre. Même si le propos de ‘The Bleeding Stars’ est très dilué (la séquence d’ouverture, pour prenante qu’elle soit, aurait pu être coupée au montage si cela n’avait pas fait passer la nouvelle en dessous des 10 pages), l’auteur mène sa barge avec une maîtrise consommée, parvenant à renforcer le déjà considérable capital sympathie dont dispose le conservateur de Solemnace. Alternant entre combats épiques, effets comiques variés (absurde, slapstick comedy), suspens et mise en contexte du macro-fluff, ‘The Bleeding Stars’ s’inscrit dans la droite ligne de la « renaissance Necron » en matière littéraire, transformant les automates implacables et surtout très ennuyeux qu’ils furent dans la GW-Fiction depuis leur introduction dans l’univers 40K, en personnages complexes et donc beaucoup plus attachants. Même si ‘The War in the Museum’ reste à mon humble avis la meilleure soumission de Rath en format court, ‘The Bleeding Stars’ n’a pas à rougir de la comparaison, et nous fait espérer que Trazyn retourne prochainement sur le devant de la scène.

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Et voilà que conclut cette revue de ‘Galaxy of Horrors’, anthologie d’un niveau plus que convenable, en grande partie grâce à son excellente section chaotique héritée tout droit de la Chaos Space Marines Week 2022. Mais le mérite peut être étendu plus largement à la majorité des contributeurs de ce recueil, de manière plus ou moins surprenante (si vous êtes habitués à mes retours sur les uns et les autres) : tant mieux ! Rendez vous je l’espère dans un an pour un autre volume de courts formats, j’ai déjà identifié quelques nouvelles qui auraient bien besoin d’une réédition à vil prix dans le catalogue de la BL…

WARHAMMER 40.000 ESHORT WEEK 2023 [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette chronique des nouvelles de la Warhammer 40.000 eShort Week 2023 (on a déjà vu la Black Library plus inspirée dans le choix de ses titres), regroupant cinq courts formats ayant pour point commun les bucoliques ténèbres du lointain futur… et c’est tout (on a déjà la BL plus inspirée dans le choix de ses fils rouges). Après l’Astra Militarum Week, de la Black Library Celebration Week et de la Dawnbringers Week, il s’agit de la quatrième semaine new content daily de la maison d’édition de Nottingham pour l’année 2023, rythme soutenu que voter humble serviteur a eu quelques difficultés à suivre, d’où ce retour tardif.

Warhammer 40,000 EShort Week 2023

Comme souvent ces derniers temps, on retrouve au sommaire de cette série une majorité de nouveaux ou récents auteurs… y compris quand leur nom peut sembler familier de prime abord. En effet, le Richard Ford dont il est question ici n’est pas celui qui a écrit quelques nouvelles pour le compte de la GW-Fiction dans les années 2000, mais un nouveau venu homonyme de son insigne prédécesseur. L’identification est plus facile pour les newbies Carrie Harris et Matthew Harffy, qui ne partagent pas leur patronyme avec d’autres auteurs de la BL, et si on peut encore avoir besoin de présenter J. H. Archer, qui signe avec ‘The Dust that Remains’ sa troisième soumission pour la GW-Fiction, aucune introduction n’est sans doute nécessaire pour Peter Fehervari et son Dark Coil, qu’on (en tout cas, moi) est toujours heureux de revoir poursuivre sa long and winding road vers… mieux vaut ne pas le savoir.

Warhammer 40,000 eShort Week 2023

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Altar of Maws – P. Fehervari :

INTRIGUE :

Altar of MawsFi’draah, c’est un peu comme si l’Empereur avait visité le marais poitevin lors d’un week-end vadrouille (il a bien fallu qu’il s’occupe tous ces millénaires avant de prendre les commandes de Terra), adoré ce cadre bucolique, et décidé qu’il fallait étendre ce concept à l’échelle d’une planète entière. Résultat : un enfer marécageux et moite, plus adapté aux Saprobiontes et aux Gatormen qu’à des espèces à sang chaud et à peau fine, comme les humains et les T’au. Mais il faut plus qu’une atmosphère irrespirable et un taux d’humidité à faire pleurer un urodèle pour convaincre ces deux factions de laisser tomber cette planète, à l’intérêt stratégique contestable, aux mains de l’ENNEMI. La guerre fait donc rage sur ce caillou imbibé, sans qu’un camp ait réussi à infliger une défaite cuisante et définitive à l’autre.

Nous suivons l’expédition commandée par la Shas’vre Ibolja alors qu’elle progresse dans les méandres de Fi’draah, afin de ramener un contingent de prisonniers impériaux jusqu’à la base arrière du Bien Suprême. Il aurait été plus simple et plus rapide de faire le voyage par voie aérienne, mais comme le commandant T’au est un sadique, il a opté pour offrir une croisière mémorable aux gue’la captifs afin de leur faire comprendre qui est le boss. Ah, et s’il peut arriver malheur aux nouvelles recrues (shas’saal), guère prometteuses, envoyées renforcer le contingent de Guerriers de Feu de Fi’draah, ce ne serait pas plus mal. Grosse ambiance chez les bleus, donc.

Les T’au peuvent toutefois compter sur la présence de plusieurs vétérans pour compenser la présence de novices abrutis et d’officiers peu concernés. Les shas’ui Tal’Hanzo et Jhi’kaara (cette dernière accompagnée par sa pote Ogryn Coraline), chacun affligés par leurs propres démons – un spleen incurable pour le premier, une gu*ule de porte-bonheur pour la seconde – feront ainsi office de protagonistes pour cette virée en eaux troubles. Lorsque les barges de transport du Bien Suprême se retrouvent sans crier gare sur un lac non indiqué sur les cartes, attirant l’attention du vaisseau fantôme champignon local, commandé par un zélé glaviomancien (il lit l’avenir dans ses glaires, avouez que c’est original), une traque mortelle débute, dont l’enjeu n’est autre que la libération du Grand Ancien résident de Fi’draah – ou quelque chose comme ça. Plongés malgré eux dans la Twilight Zone locale1, répondant au doux nom de Dolorosa Coil, nos héros en seront quitte pour une nuit éprouvante, qui les laissera sans nul doute hydrophobes au dernier degré

1 : Il en faut une dans toutes les nouvelles de Peter Fehervari.

AVIS :

Peter Fehervari retourne dans son coin à champignons préféré, la planète contestée de Fi’draah (qui servait déjà de théâtre spongieux et sporesque à la nouvelle ‘A Sanctuary of Wyrms’), avec un nouvel épisode du tentaculaire Dark Coil. On y retrouve une autre ancienne connaissance des amateurs de la prose de cet auteur iconoclaste de la BL, la Guerrière de Feu Jhi’kaara, qui servait d’(anti) héroïne du court format ‘Out Caste’.

Comme d’habitude avec Fehervari, cet ‘Altar of Maws’ est baigné d’un épais mystère, qu’une connaissance des événements relatés dans les romans et nouvelles précédents aideront à dissiper… en partie. Un peu comme la brume persistante qui recouvre Fi’draah, l’approche narrative de Fehervari se complait à laisser son lectorat tâtonner et spéculer sur l’origine et la motivation des personnages (particulièrement celles du mirifique Capitaine dans le cas présent, qui ne semble pas avoir compris qu’il boxait pour Papy Nurgle), et faire sens des phénomènes inexplicables et franchement déplaisants qui s’abattent sur les pauvres protagonistes ayant commis la grave erreur de pénétrer dans une zone de porosité warpesque. Candelabrum, Dolorosa Coil : même combat.

Le résultat est digne des standards élevés de Fehervari, et ‘Altar of Maws’ se déguste avec enthousiasme et curiosité, même si sa fin très peu « conclusive », et donnant plus l’impression d’un chapitre de roman que d’une nouvelle indépendante, m’a quelque peu déçue de la part de cet auteur. Bien qu’il ne se soit jamais caché de son dessein de relier toutes les intrigues développées dans son corpus de GW Fiction au sein d’un tout cohérent, je trouve qu’il a déjà réussi de meilleures sorties que celle de cette nouvelle, qui semble hurler « à suivre… » à la tête du lecteur1. Pas très élégant, si vous voulez mon avis.

Malgré ce petit bémol, ‘Altar of Maws’ est une soumission qui ravira les fans de Fehervari et vient complexifier encore un peu plus (comme si c’était nécessaire) son Dark Coil. Et si le grand méchant de Fi’draah n’était pas la Grande Dévoreuse, mais le Gros Dégobilleur ? Vous avez deux heures…

1 : Et comme Fehervari revient sur Fi’draah tous les 11 ans, il ne vaut mieux pas être trop pressé de connaître la destinée de Jhi’kaara, Tal’hanzo et compagnie.

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A Forbidden Meal – C. Harris :

INTRIGUE :

A Forbidden MealEn transition entre Arkunasha et Fort Pykman, la bande de mercenaires Kroots co-menée par les frères ennemis Skeith et Crewk (le premier soupçonnant le second d’être responsable de la mort de l’ancien leader de la bande, Akh) fait étape sur la colonie impériale de K’bakt et propose ses services au Gouverneur local, Belv, en échange d’une cambuse remplie et d’une révision gratuite de leur tacot spatial (le Pinacle). Malgré l’accueil peu agréable qu’ils reçoivent de la part des « peaux molles », qui ne voient en eux que des dindons cannibales, les Kroots acceptent d’enquêter sur une série d’attaques ayant fait de nombreuses victimes parmi la population de mineurs, et attribuées à un prédateur natif des jungles de K’bakt, le sicklefang1, sorte de gros chat grincheux aux canines disproportionnées.

Après avoir inspecté le dernier site où une attaque s’est produit et fait quelques prélèvements de matériel génétique pour juger du potentiel de ses futures victimes (contrairement aux humains, les Kroots n’ont pas de désir particulier de se transformer en furries), Skeith déploie ses traqueurs à la surface de K’bakt et les met au défi de ramener le plus gros matou possible afin d’organiser un petit buffet dégustation entre pigeons homicidaires. Jugeant qu’il est dans son intérêt de sortir vainqueur de cette épreuve pour maintenir son statut de meneur, et dégrader la popularité de son rival dans la bande, notre héros convainc la jeune et impulsive Re’at de collaborer avec lui afin de débusquer une meute de sicklefangs, plutôt que de se contenter de dégommer un seul individu, comme le reste de la troupe. Les deux chasseurs s’enfoncent donc dans la jungle à la recherche des grumpiest cats, une tâche compliquée par le fait qu’il est impossible de faire « psspssspsss » quand on a un bec.

La chance est toutefois de leur côté, et ils finissent par identifier un terrier (ce sont des chats croisés avec des blaireaux, sans doute) de sicklefangs, dans lequel ils pénètrent sans tarder. Très territoriaux, les félins ne sont pas longs à se ruer sur les intrus afin de défendre leur bac à litière, mais leurs assauts désorganisés ne font pas le poids face à l’entraînement et l’expérience des Kroots2. Après avoir exterminés les gros minets, les Xenos réalisent, snacking de Garfield à l’appui, que ces derniers étaient en fait en train de fuir une menace ayant pris possession des niveaux inférieurs de leur antre, et, curieux de percer ce mystère à jour, ils décident de constater par eux-mêmes de quoi il en retourne…

Début spoiler…Et le fin mot de l’histoire ne leur fait pas plaisir du tout. Skeith et Re’at tombent en effet sur un couple de Genestealers, très occupés à infecter les derniers sicklefangs du terrier. On ne saura pas pourquoi les Génovores se sont piqués d’intérêt pour les sacs à puces de K’bakt (Skeith suppute qu’ils en ont eu marre de se faire voler leurs proies humaines par les sicklefangs, et ont donc décidé de remonter d’un niveau dans la chaîne alimentaire), mais c’est une question bien accessoire pour nos héros, qui décident bravement de se carapater de la planète le plus rapidement possible plutôt que d’aider les autorités à lutter contre ce fléau. On les comprend. Cette cruche de Skeith rate toutefois son jet de discrétion au moment de repartir vers la surface, déclenchant une course poursuite mortelle inter-Xenos, dont les Kroots sortent vainqueurs en faisant s’effondrer les galeries du terrier sur la tête de leurs poursuivants. Ayant réussi à récupérer une tête de Genestealer à moitié enfoui sous les décombres pour prouver leurs dires, les deux chasseurs rentrent au bercail, font leur rapport à Belv, et se préparent à mettre les voiles, le ventre vide.

Cette fringale dévorante aura toutefois une conséquence positive pour Skeith, car il surprend son rival en train de becqueter le trophée qu’il a ramené au Pinacle, malgré l’anathème qui frappe la viande de Tyranides (c’est haram, tous les Kroots le savent). C’est la fringale de trop pour Crewk, qui se fait promptement garroter par son camarade, avant que les effets dopants du pâté de tête de Genestealers ne puissent se manifester pleinement. Voici Skeith propulsé seul chef de sa petite bande par cette tragédie culinaire, et prêt à la mener à travers les étoiles à la recherche des gueuletons les plus mémorables et profitables qui soient.Fin spoiler

1 : Qui fomentent avec le requin hammerhead une révolution pour déposer Pépé et le remplacer par une dictature communiste. Des bêtes détestables, donc.
2 : Et le programme de musculation spécialement mis en place par Skeith afin de gonfler ses jambes de coq.

AVIS :

On sent que Carrie Harris est une auteur expérimentée à la lecture de ce ‘A Forbidden Meal’, nouvelle solidement bâtie autour d’une intrigue simple mais tout à fait convenable, et servie par des personnages suffisamment esquissés pour permettre un brin d’empathie de la part du lecteur. Point très appréciable, Harris se donne la peine de mettre en avant la culture particulière, et jusqu’ici très peu couverte (à ma connaissance) dans la GW Fiction, des Kroots dans cette histoire, et révèle au passage qu’elle est très à l’aise avec le lore de cette nouvelle (pour elle) franchise. Tous les auteurs débutants recrutés par la Black Library ne peuvent pas en dire autant.

Le seul « défaut » que je reprocherai à ‘A Forbidden Meal’ est sa conclusion très rapide, pour ne pas dire bâclée, durant laquelle le personnage que je voyais parti pour être l’antagoniste récurrent d’une probable série (cette nouvelle ressemble fortement à un épisode pilote, si vous voulez mon avis) se fait régler son compte en deux temps trois mouvements par Super Poulet, après avoir pris une décision suicidaire que rien ne justifiait… à part la nécessité de terminer un arc narratif de manière définitive. Un peu dommage, mais si ça peut permettre à Carrie Harris et à sa bande de palmipèdes de choc de revenir claquer du bec dans un futur proche, je pense qu’on en sort tous gagnants.

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The Dust that Remains – J. H. Archer :

INTRIGUE :

The Dust That RemainsSur une des centaines de planètes contestées par les enfants gâtés (dans tous les sens du terme) galactiques que sont l’Imperium et le Chaos, nous suivons l’ingrate mais nécessaire mission de la Sœur Hospitalière Isolde, chargée par son Inquisitrice référente de mener une étude clinique sur une maladie mortelle faisant des ravages indiscriminés sur la ligne de front : la peste grise. Comme on peut s’en douter, les Saints Ordos n’y vont pas avec le dos de la cuillère énergétique, et plutôt que d’essayer de développer un vaccin en suivant les meilleures pratiques scientifiques et déontologiques, se contentent d’envoyer une centaine de Gardes Impériaux suspectés d’avoir été exposés à des agents contaminateurs lors de leurs opérations en quarantaine sévère, et laissent carte blanche à Isolde et son équipe pour suivre l’évolution de la situation. Comme le dit l’Inquistrice Marie-Chantal « il y en a plein d’autres de là où ils viennent ». Ce qui est loin d’être faux, il faut le reconnaître.

Pour sa part, notre héroïne a une approche plus humaine de son sacerdoce, sans doute due au fait qu’elle a vécu des moments très difficiles et franchement dégu*ulasses lors de sa précédente affectation. Dernière survivante de son Ordre, décimé jusqu’à la dernière novice par les assauts des cultistes chaotiques auxquels il était opposé, Isolde a connu le sort peu enviable de se faire « adopter » par un Marine de la Peste après avoir été capturée au combat. Proutor s’amusa à la faire prolonger la vie de ses autres victimes pour décupler leur souffrance, puis lui planta un couteau plein de germes dans le buffet pour lui offrir un Nurgle trip digne de ce nom, en récompense de ses bons et loyaux services. Sauvée in extremis par sa foi absolue en l’Empereur, la contre-attaque des forces impériales, et un système immunitaire digne d’un rat-taupe de Catachan, Isolde est depuis en réhabilitation sous la tutelle de Marie-Chantal, l’éradication de son Ordre lui barrant la route d’une réaffectation rapide.

Isolée avec ses sujets d’expérimentation patients, Isolde s’attend à les voir tomber comme des mouches, mais au fur et à mesure que les jours s’écoulent, rien de bien fâcheux ne se produit dans sa clinique de fortune. Etonnamment, cela n’a pas l’air d’enchanter Marie-Chantal, qui décide d’aller faire des virées dans l’arrière-pays avec quelques détenus Gardes, dont elle est la seule à revenir. Flairant un mauvais coup, et ayant finit par comprendre que sa protectrice a installé plusieurs camps comme le sien aux alentours, Isolde décide d’aller rendre une visite secrète à ses collègues les plus proches, non sans avoir d’abord envoyé un S.O.S. aux Ordres de Sistas du sous-secteur (#Sororité)…

Début spoiler…Comme on pouvait s’en douter, elle trouve rapidement sur place des preuves accablantes du double jeu de Marie-Chantal, qui ne cherche pas tant un antidote à la peste grise qu’un moyen d’en décupler la virulence, comme le révèle Jean-Alphonse Raoult, Medicae en chef du camp visité par Isolde, juste avant de pourrir sur pied. Et si le contingent suivi par Isolde est jusqu’ici passé entre les gouttes, c’est qu’ils sont tous des porteurs sains : issus d’une planète agricole où une forme moins virulente de la peste grise affecte les troupeaux, tous les bidasses ont été contaminés mais ont survécu à l’infection pendant leur enfance.

Une fois passé le choc de cette terrible révélation, Isolde organise une mutinerie dans le camp et se barricade avec les Gardes Impériaux révoltés dans la chapelle locale, dans l’espoir que ses demi-Sœurs ne la laissent pas indéfiniment sur « vu ». Assiégés par Marie-Chantal, qui sous ses abords BCBG dissimule une charogne possédée par le même Démon que celui qui cohabitait avec le Marine de la Peste qui l’avait prise en grippe (pour Nurgle, c’est positif) quelques temps plus tôt, et ses troupes de choc trop disciplinées pour se rendre compte qu’ils sont les baddies, les immuno-opprimés livrent un dernier carré héroïque, pendant lequel Isolde fait bon usage de la dernière relique de feu (haha, vous allez voir) son Ordre : le lance-flamme de maître de Sainte Guinevere. Ayant cautérisé au septième degré la sale tronche de Marie-Chantal au plus fort de la bagarre, Isolde constate avec autant de satisfaction que de lassitude l’arrivée, un peu tardive mais on leur pardonne, des Sœurs de Bataille tant espérées. Un doliprane, et ça repartira.Fin spoiler

AVIS :

J. H. Archer nous sert une nouvelle beaucoup plus classique que ses premières soumissions (‘King of Pigs’ et ‘Collapse’), qui rappellera sans doute quelques souvenirs1 aux vétérans de la GW-Fiction dans son propos et sa conclusion. Mis à part son titre trompeur (on ne parle pas du tout de poussière dans cette histoire, aussi bien au sens propre qu’au figuré), il n’y a pas grand-chose à redire à la qualité de ce ‘The Dust that Remains’, qui à défaut d’être aussi original que les précédents opus d’Archer, tient tout à fait la route. L’auteur a également la bonne idée d’intercaler à son récit, déroulé comme une narration à la première personne du point de vue d’Isolde, des passages écrits comme s’il s’agissait de rapports ou de comptes rendus officiels (et donc dûment caviardés), ce qui offre une expérience de lecture assez dépaysante. Le sans-faute continue donc pour Archer, qui est en passe de devenir Tireur d’Elite.

1 : ‘Pestilence’ de Dan Abnett, publié en l’an de grâce 2001, ce qui ne nous rajeunit pas.

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The Whispering Blade – M. Harffy :

INTRIGUE :

The Whispering BladeLorsqu’un Inquisiteur et ses hommes débarquent sur la planète agricole de Monsanto Cantwarum, le déserteur devenu ouvrier agricole Jonas A’Cado ne met pas longtemps à comprendre que les nouveaux venus en ont après lui. Entré en possession d’une dague Xenos dotée de pouvoirs occultes à la fin de la campagne de Bernixia, pendant laquelle son régiment d’origine a été co-massacré par les hordes chaotiques et les Chevaliers Gris envoyés en « renfort » des braves Gardes Impériaux à la fin conflit, Jonas, qui n’a dû sa survie qu’à la capacité procurée par la dague en question de rendre son porteur invisible (ou tellement insignifiant que tout le monde oublie qu’il est là, c’est selon), s’est frayé un chemin jusqu’à cette planète isolée à la suite de plusieurs années de cavale galactique, et a tenté tant bien que mal de recommencer sa vie loin des traumatismes de la guerre.

Ayant été témoin du doxing en règle de son adresse civile par un marchand de sa connaissance, logiquement assez nerveux d’être au centre de l’intérêt d’un officiel des Saints Ordos, Jonas décide contre toute logique de rentrer en catastrophe dans ses pénates au lieu de quitter la planète par le premier vaisseau cargo, comme il en a l’habitude. Ce choix est motivé par la survie de la seule personne avec laquelle il a réussi à lier une relation amicale sur Cantwarum depuis son arrivée, sa patronne Genevieve Tasqo. Sachant fort bien que l’Inquisition n’est pas du genre à faire la distinction entre un suspect coupable et un simple témoin, Jojo espère arriver à temps à la ferme qu’il partage avec Gen pour alerter cette dernière de la venue imminente de visiteurs non désirés…

Début spoiler…Manque de bol, si l’Inquisition a les moyens de vous faire parler, elle a aussi ceux de se payer des moyens de transport plus rapide que la Kangoo d’occasion de Jonas, comme une Valkyrie par exemple. Notre héros arrive donc à temps pour voir la ferme se faire détruire par un missile bien placé et ses ruines ravager par les tirs de la suite inquisitoriale, pour faire bonne mesure. Se sentant coupable de la mort de Gen, Jonas se résout à venger le trépas collatéral de sa bonne amie en tombant sur le râble des hommes de main grâce à sa dague de furtivité. Un plan audacieux qui aurait sans aucun doute capoté1 sans l’intervention aussi inattendue qu’héroïque de Gen, qui se révèle être une Sœur de Bataille déserteuse (gasp), du nom de Genuflax (LOL) Sturm. Comme le comprend rapidement Jonas alors que sa bonne amie, qui avait gardé ses armes et armure avec elle dans sa retraite paysanne, tatane sévèrement la gu*ule des indésirables avec une efficacité autrement plus grande que la sienne, l’Inquisition était en fait sur la piste de la SistAWOL, et non sur la sienne. Un regrettable malentendu, donc.

Jonas a tout de même l’occasion de servir à quelque chose en plantant son coupe chou impie dans la carotide de l’Inquisiteur alors qu’il s’apprêtait à exécuter Gen, envoyée au tapis par une décharge du pistolet de maître du porteur de rosette (Pierre, sans doute). Ceci fait, les deux comparses décident d’un commun accord qu’il est grand temps de laisser derrière eux les étendues polluées de Cantwarum derrière eux, et d’aller voir dans un autre Segmentum s’ils y sont. La suite (et l’explication de texte entre Gen et Jonas au sujet de la dague de ce dernier, dont la première n’est pas au courant de l’existence au moment où la nouvelle se termine) dans un prochain épisode…Fin spoiler

1 : De son propre aveu, G.I. Jo est un tireur médiocre, et il ne parvient qu’à buter un ennemi avant de se prendre un tir de laser dans l’épaule – je précise qu’il avait à ce stade enclenché le mode invisible, c’est dire s’il est nul.

AVIS :

L’univers de Warhammer 40.000 est tellement vaste qu’il est théoriquement possible de retrouver tous les genres de fiction dans une œuvre de la Black Library, même si certains sont évidemment plus communs que d’autres. Pour sa première soumission en tant que contributeur à la GW-Fiction, le newbie Matthew Harffy nous offre donc ce qui est à ma connaissance la première nouvelle « survivaliste » (pensez à ‘Robinson Crusoé’ de Daniel Defoe) de ce corpus pourtant des plus fournis. Il consacre en effet une bonne moitié de son propos à relater la désastreuse campagne de Bernixia, ainsi que les mois de solitude qui suivirent pour le pauvre Janos, là où « l’usage » au sein de la BL aurait voulu qu’un flashback de quelques pages suffise largement à tenir le lecteur au courant des tenants et aboutissants de l’intrigue. Un choix assez dépaysant pour le vétéran que je suis, et qui montre qu’on peut compter sur les nouveaux auteurs pour mettre des (petits) coups de pied dans l’institution pulp qu’est devenu le BL-style, de temps à autres.

Malheureusement pour Harffy, tous les choix qu’il opère dans ce ‘The Whispering Blade’ ne sont pas aussi réussis, ou en tout cas, sans conséquence sur la qualité de sa production. Il commet en effet une série de bourdes littéraires ou fluffiques avec le personnage de Genevieve Tasqo, qui aurait eu grand besoin du même type d’exposition détaillée de son passé dont son acolyte Janos bénéficie, pour faire davantage sens aux yeux du lecteur. On ne saura ainsi pas ce qui l’a amené à renier ses anciens engagements (ce que le fluff nous indique être normalement impossible), pourquoi elle est le seul personnage à être immunisé à la compétence furtivité du coupe papier chaotique, alors qu’elle ne semble pas avoir de pouvoirs psychiques ou être une Paria (les deux explications les plus logiques à mes yeux), ou plus prosaïquement, comment elle a fait pour être alerté de l’arrivée de l’Inquisition sur Cantwarum, ce qui l’a amené à revêtir son armure énergétique juste au bon moment pour éviter d’être transformée en Jeanne d’Arc du lointain futur. De telles lacunes de story telling sont problématiques, à plus fortes raisons lorsque l’auteur passe des pages entières à décrire des événements bien moins importants pour son propos juste avant…

Au final, c’est donc un bilan contrasté que je pose pour ‘The Whispering Blade’. Comme Harffy s’est ménagé une fin adaptée au lancement d’un arc narratif, il sera peut-être possible de suivre les aventures de Jon, Gen et le coupe-fromage bavard à travers la galaxie dans d’autres épisodes, et ces hypothétiques (à ce stade) futures nouvelles parviendront peut-être à corriger les défauts exposés ci-dessus. Sins of the father, burden of the son, vous connaissez la chanson…

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Stealing Orpheon – R. Ford :

INTRIGUE :

Stealing OrpheonAprès une opération rondement menée, l’agente spéciale Katta Myron, transfuge de la tristement célèbre (?) Divisio Immoralis, sollicite une audience auprès de sa n+1 afin de délivrer son rapport de mission. Pas la partie la plus excitante de la vie d’une super espionne mandatée par nul autre que Roboute Guilliman afin de, je cite, « mieux comprendre cet Imperium bordélique dans lequel je me suis réveillé, sans dec’ », mais de la part d’un bureaucrate de la trempe du Grand Schtroumpf, il fallait s’y attendre. Etant tombé cette fois-ci sur une superviseur plus curieuse que la moyenne, Katta en est quitte pour relater par le menu ses péripéties à la surface de la planète ruche Hermetica, qu’elle avait quitté il y a bien des années après avoir été « drafté » par l’Adeptus Arbites à la suite d’un contrôle d’identité s’étant très mal passé…

Arrivée à la surface de son monde natal sous le déguisement d’une pélerine venue participer à l’adoration du saint local, Katta réussit sans mal à se frayer un chemin jusqu’à la basilique de la ruche Casaubon, où l’attendait une de ses vieilles connaissances de son passé de ganger hermétique (herméticienne ?), Filo Sethis. Malgré sa disparition soudaine et, forcément, peu appréciée par ses camarades mafieux, Katta réussit successivement à convaincre Filo de lui organiser un rencard avec la meneuse du puissant clan Cestus, Stelia Malakine, puis à persuader cette dernière de lui prêter main forte dans le casse très osé de la chambre forte du gouverneur planétaire, le redoutable Menelleus Octan. En échange de sa participation, Stelia et ses sbires pourront looter à leur content les inestimables trésors du gouverneur, tandis qu’elle se contentera d’une modeste statue, connue sous le nom d’Orpheon.

L’opération se passe relativement bien grâce aux déguisements et fausses identités fournies par le très débrouillard Filo, et aux compétences avancées de Katta en matière de persuasion de PNJ et d’ouverture de coffre. Bien que la petite équipe se soit trouvée dans l’obligation de mettre au tapis l’intendant d’Octan après qu’il ait percé à jour les manigances des gredins avant que ces derniers aient fait de même avec la porte de la crypte, elle parvient finalement à négocier ce dernier obstacle, et le pillage éhonté des possessions matérielles du pauvre gouverneur peut commencer. Laissant ses comparses se ruer sur la collection de lunettes de soleil de marque et de patinettes électriques dernier cri du notable, notre héroïne localise prestement l’Orpheon, le fracasse sans sourciller sur un coin de table et récupère la clé USB qui était dissimulée dans le piédestal de la statue, contenant les preuves de la participation active de Menelleus Octan dans la purge très enthousiaste de la population d’Hermetica par les Minotaures à la suite de l’invasion avortée de la planète par Leyak le Dévoreur, il y a quelques siècles de cela. C’est cependant à ce moment qu’Octan et ses gardes du corps choisissent pour rentrer dans leurs pénates, et c’est bien évidemment la Katta cata pour les gangers.

Au bout d’une fusillade ayant fait fondre les effectifs de l’équipe de Katta et Stelia comme neige au soleil, les derniers prolos survivants parviennent toutefois à s’enfuir avec leurs biens mal acquis, mais leur navette se fait dégommer sur le chemin du sous monde par le dispositif de sécurité du gouverneur. Seules nos deux personnages nommés sortiront vivants de ce crash, et bien qu’elle choisisse de taire à sa supérieur la nouvelle de la survie de Stelia afin d’éviter à son ancienne mentor/instructrice/figure maternelle de substitution le sort peu enviable que toute organisation secrète réserve aux quidams qui en savent trop, Katta a le droit à un dernier échange avec l’ancienne cheffe de clan, condamnée à l’exil pour éviter la vindicte du gouverneur spolié, avant que cette dernière ne parte refaire sa vie sur une autre planète. De son côté, Katta est bien trop énamourée du grand, beau et ingénu Guilliman1 (qu’elle a rencontré une fois, quelle chance) pour accepter la proposition de Stelia de l’accompagner. La vocation du service public impérial, que voilà une noble chose.

1 : Et depuis qu’il a trouvé comment enlever son armure pour pouvoir enfin prendre une douche, son charisme n’a fait qu’augmenter.

AVIS :

Richard Ford pioche dans le lore de Dark Heresy (seule source mentionnant la Divisio Immoralis à ma connaissance) et dans le fluff plus récent (Roboute Guilliman tries to clean the mess) pour sa première incursion dans la GW Fiction, et pour un résultat des plus honnêtes, à défaut d’être particulièrement emballant. On sent bien à la lecture de ce ‘Stealing Orpheon’ que notre homme cherche à installer Katta Myron comme un personnage récurrent de la Black Library, et c’est tout le mal qu’on lui souhaite, même si le créneau des agents d’organisations secrètes au service de l’Imperium commence à être sérieusement bouché ces temps-ci. On verra bien si ce couple auteur/personnage a ce qu’il faut pour s’imposer sur cette scène des plus compétitives.

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Voilà qui termine cette revue de la Warhammer 40.000 eShort Week 2023, qui s’est révélée être plutôt qualitative, et sera peut-être le fondement de nouvelles séries récurrentes pour le côté 40K de la GW-Fiction, en plus d’être la continuation du tentaculaire arc du Dark Coil. Plutôt pas mal pour une opération avec un nom aussi peu gracieux que celui-ci. Rendez-vous prochainement pour de nouvelles chroniques, possiblement à l’heure celles-ci…

FLAME & DAMNATION [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette revue de ‘Flame & Damnation‘, petit recueil de six nouvelles sorti en catimini par la Black Library à la fin de l’année 2016. Comme le titre et la couverture du bouquin l’établissent sans beaucoup d’équivoque, les histoires rassemblées ici sont liées par un thème commun : les énigmatiques Space Marines de la Légion des Damnés. A ce stade, un rapide point background s’impose pour que les lecteurs de cette chronique puissent placer cette micro-faction dans l’univers de Warhammer 40,000 et comprendre de quoi il en retourne dans les nouvelles de ‘Flame & Damnation‘. Sans trop rentrer dans les détails (certains fans ont fait ça de manière très complète), la Légion des Damnés est un groupe de Space Marines se matérialisant soudainement au cœur de combats dans lesquels les forces impériales sont en train de se faire botter les fesses, et renversant le rapport de force au profit de l’Imperium. Ces guerriers mystérieux arborent une héraldique morbide n’appartenant à aucun Chapitre connu1, sont capables d’encaisser des blessures qui tueraient même un Space Marine, et font grand usage d’armes enflammées. Ils ne communiquent pas avec leurs alliés de circonstance et repartent dès que la bataille est gagnée. Absolute legends, si vous voulez mon avis.

Flame & Damnation

Maintenant que le voile a été (en partie) levé sur les silencieux et pâles héros de cette anthologie, il faut également parler de la genèse de cette dernière, qui n’est pas sans son propre mystère. Toutes les nouvelles rassemblées dans ‘Fire & Damnation‘ ont été originellement publiées en 2013, époque faste pour la Légion des Damnés puisque le roman (éponyme) que lui avait consacré le vétéran Rob Sanders était sorti quelques mois plus tôt. En revanche, le mini Codex dédié à cette faction ne devait sortir qu’en 2014, ce qui laisse perplexe sur les motivations ayant poussé la Black Library à fournir un tel traitement de faveur à cette humble Légion. Parmi les contributeurs de cet ouvrage collectif, on retrouve pas moins de trois auteurs-éditeurs (Kyme, Dunn et Goulding), ce qui semble indiquer que le projet n’était pas vu comme une priorité par Nottingham, qui aurait sans doute sinon mis sur le coup quelques « pures plumes » additionnelles2. Mais assez de conjonctures et d’hypothèses sur ce l’objet de notre présente étude : il est plus que temps de plonger au cœur de l’action et de juger par nous-même si la réalité est à la hauteur du mythe.

1 : L’hypothèse la plus répandue est qu’il s’agit des survivants du Chapitre des Fire Hawks, ayant eu la mauvaise idée d’appartenir à la Fondation Maudite, et porté disparu dans une tempête Warp à la fin du 41ème millénaire.
2 : Vous allez me dire qu’il y a aussi Josh Reynolds au sommaire de ce recueil, et je vous répondrais que cela ne veut rien dire du fait de la monstrueuse capacité de travail de notre homme. Le David Annandale de 2013 était un yes man spécialisé dans le bolter porn (vous parlez d’un bizutage), quant à Graeme Lyon, sa contribution fait quatre pages…

Flame & Damnation

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Votum Infernus – N. Kyme :

INTRIGUE :

Votum InfernusLa mission de secours de la planète de Kaeros, soumise à des raids fréquents de la part des cruels Eldars Noirs, a pris un tour très désagréable pour les fiers Premiers Nés du 85ème Vostroyen. Déployés avec samovar et chapka pour donner une bonne leçon aux sadiques Xenos, les Gardes Impériaux se sont faits balader avec une facilité déconcertante par leurs insaisissables adversaires, qui ont mis à profit leur science de l’embuscade et de la guerre psychologique pour mettre en déroute les Mon-keigh à fourrure. Nous suivons la fuite éperdue de l’escouade du soldat Hersk dans les ruines brumeuses d’une cité rasée par l’artillerie impériale, un environnement traître où le moindre jet de terrain difficile se solde par une perte. Car même une cheville foulée est synonyme de condamnation à mort lorsqu’on est poursuivi par des Cérastes avides de peur et de sang, comme c’est malheureusement le cas pour Hersk et ses camarades (le terme consacré pour désigner un soldat Vostroyen, d’après Kyme).

Dans le rôle des prédateurs de l’ombre tourmentant le (très petit) Marteau de l’Empereur, on retrouve les frère et sœur Slethial et Yethanda, du Culte du Serpent Incarnadin. Comme on peut s’y attendre, la paire est unie par une relation d’amour-haine oscillant entre le puéril, le luxurieux et l’homicidaire, et les deux Cérastes ont des vues bien différentes sur l’usage à faire des survivants terrifiés qu’ils pistent dans les ruines. Slethial, qui a perdu un œil lors du duel qu’il a mené pour devenir Succube à la place de la Succube, souhaite capturer les bidasses afin de les revendre à un Haemonculus en échange d’un organe de remplacement. De son côté, Yethanda a une nette préférence pour une mise à mort des humains, de la manière la plus perverse et douloureuse qui soit… et comme elle court plus vite que son frère, c’est elle qui aura le dernier mot. Il ne faut donc que quelques pages à notre pauvre Hersk pour se retrouver totalement isolé, après que ses collègues aient fait les frais des mortelles capacités de cette peste de Yethanda. Lui-même paralysé par une caresse empoisonnée de la Ceraste, il ne doit son salut (temporaire) que par l’arrivée soudaine d’un mystérieux Space Marine, alors qu’il cherchait désespérément à rejoindre une tour laissée miraculeusement indemne dans le no man’s land pour s’y barricader.

Ne pouvant résister à la tentation d’un combat un peu plus relevé que ceux livrés précédemment, Yethanda se détourne donc de la forme prostrée de Hersk pour aller castagner de l’Astartes, confiante dans ses talents de gladiatrice pour venir à bout de ce gros morceau. Manque de pot, elle réalise un peu tard qu’elle ne fait pas face à un Space Marine lambda mais à un membre de la Légion des Damnés, qui encaisse sans sourciller son attaque tarabiscotée à base de triple pirouette inversée carpée et la coupe proprement en deux lorsque vient son tour de frapper. Un sort similaire attendra ce trainard de Slethial lorsqu’il atteindra enfin la tour solitaire, la sauvegarde invulnérable à 3+ du stoïque Légionnaire se montrant trop coriace pour ses gantelets Hydre. Témoin de ce retournement de situation, Hersk à la faiblesse de penser qu’il va enfin pouvoir souffler un peu, lorsqu’un bruit incongru s’élève à quelque distance du pied de la tour, qu’il a fini par atteindre…

Début spoiler…Il s’agit des applaudissements, sincères mais de mauvais augure, de l’Archon Kuellek, bientôt imité par sa cour. Le Vostroyen réalise avec horreur qu’il ne se trouve pas sur Kaeros, mais dans une arène reconstituée par les Eldars Noirs pour imiter cette planète, et que son sursis ne sera donc que de courte durée. De son côté, Kuellek félicite son maître des esclaves de l’ajout bien senti d’un authentique Space Marine au programme des réjouissances… mais comprend que quelque chose ne tourne pas rond lorsque son larbin lui avoue qu’il ne s’explique pas non plus l’arrivée surprise de ce combattant. Les choses prennent une sale tournure pour les Drukharis débauchés lorsque le Légionnaire isolé est rejoint par plusieurs escouades de camarades comparses, qui ont tôt fait de réduire Kuellek et ses sycophantes en bouillabaisse. Avant de clôturer son propos sur cette victoire sans appel de l’Imperium, Kyme a la bonté de nous expliquer que l’erreur des Eldars Noirs aura été d’utiliser une tour sous laquelle était enterré un Légionnaire des Damnés comme décor de cirque, ce qui a moyennement plu à cette confrérie pas vraiment connue pour sa bonhommie. Quant à Hersk, il se fera euthanasier par charité impériale par le Légionnaire qui lui avait sauvé la mise quelque minute auparavant, après avoir refusé de retourner son pistolet laser contre lui-même pour des raisons qui continuent de m’échapper à ce jour. Mm, I get high dead with a little help from my friend…Fin spoiler

AVIS :

Il y a à prendre et à laisser dans cette exploration du mythe de la Légion des Damnés signée par l’indéboulonnable Nick Kyme. Si on commence par les qualités de ce ‘Votum Infernus’, ses petites touches d’horreur graphique illustrant parfaitement le côté sadique des Eldars Noirs sont une addition bienvenue à une histoire sinon très classique. À cela vient s’ajouter un twist final bien amené et donc percutant (au moins sur le moment, on y reviendra), attention louable et, je dois l’avouer, franchement inespérée de la part d’un auteur pas vraiment connu pour ses talents de scénariste. En tout cas, pas par moi.

Si on se penche maintenant sur les faiblesses de cette nouvelle, la principale me semble être l’incohérence du twist final relevé plus haut, qui se raccorde aussi bien au reste de l’histoire qu’une Tesla à un port USB. Que les Eldars Noirs aient les ressources nécessaires pour créer des arènes gladiatoriales époustouflantes, nul n’en doute. Qu’ils le fassent pour mettre en scène une poursuite entre une escouade de Gardes Impériaux et deux Cérastes grossiers et incestueux me semblent un peu disproportionné. Mais c’est surtout la méconnaissance manifeste de Slethial et Yethanda qu’ils ne sont pas sur Kaeros mais dans une reconstitution de ce champ de bataille1 qui me semble être injustifiable, ou en tout cas injustifié par Nick Kyme, ce qui est un gros plot hole en ce qui me concerne. Un peu plus marginale, mais tout de même intrigante – dans le mauvais sens du terme – l’apparition soudaine de la Légion des Damnés à Commoragh et pas sur Kaeros, alors que toutes les « conditions » nécessaires à son intervention semblaient réunies la première fois, m’a également fait tiquer. Certes, cette faction est par nature mystérieuse et insondable, mais dans ce cas, il n’était pas utile pour Kyme de tenter de justifier son déploiement en nous jouant la carte du cimetière indien2. Au final, je sors plutôt déçu de ce ‘Votum Infernus’, qui n’est pourtant pas passé loin de la moyenne.

1 : Comme le souhait de Slethial de capturer des esclaves pour les revendre à Haemonculus semble l’indiquer : voler des prisonniers à son Archon pour les revendre sous le manteau devant des milliers de témoins me semble un mauvais plan, même pour un Drukhari sous substance.
2 : D’ailleurs, je ne m’explique pas comment un Légionnaire damné, que le fluff nous présente comme étant éthéré et capable d’apparaître et de disparaître à volonté, peut se retrouver enterré où que ce soit dans le Materium.

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Remorseless – J. Reynolds :

INTRIGUE :

RemorselessLend game approche sur le monde cathédrale de Wayfarer, assiegé par les forces inexorables des Iron Warriors depuis plusieurs mois. La ruche Coramonde, encerclée par les régiments et les machines de guerre de Medrengard semble sur le point de tomber, et c’est le moment que choisi le Maître pour envoyer son fidèle Skaranx partir à la chasse aux œufs glandes parmi les décombres fumantes. Après s’être rapidement préparé en effectuant sa routine habituelle, qui consiste à enfiler un heaume de guerre préalablement chauffé à blanc, s’injecter un litre de drogues de combat dans l’organisme, et consacrer les dents de son épée tronçonneuse avec le sang d’un malheureux quidam, Skaranx part au combat entouré par les soldats du 23ème Brigannion cuirassé, à la recherche de sa proie favorite : le Space Marine.

On pourrait à ce stade légitimement s’interroger sur la confiance inébranlable de notre héros, qui n’est guère qu’un humain un peu amélioré par les bons soins des infirmiers Iron Warriors, à sortir victorieux d’un affrontement contre un Ange de la Mort impérial. Pour être honnête, Skaranx non plus ne se berce pas d’illusion sur l’issue d’un tel combat s’il devait se dérouler dans les règles de l’art. C’est bien pour cela qu’il a l’intention de se faciliter le travail en usant du terrain et de ses petits camarades à son avantage, afin d’avoir une chance de rapporter de nouvelles glandes progénoïdes non corrompues, une matière première tenue en très haute estime par les Iron Warriors, à son Maître bien-aimé.

Les pages qui suivent témoignent de l’habilité du chasseur, qui parvient après moult efforts et le sacrifice d’une bonne trentaine de camarades, à abattre un beau spécimen d’Imperial Fist. Alors qu’il s’active à dépecer sa victime afin d’accéder aux précieux organes qu’elle renferme, il commence à expérimenter des visions de Space Marines en armure noire et os, apparaissant à la limite de son champ visuel et disparaissant dès qu’il tourne la tête. Sans doute juste un effet secondaire indésirable de sa consommation non raisonnée de substances, pas vrai ?

Évidemment, et malheureusement pour Skaranx et ses copains de régiment, le danger est bien réel, encore qu’assez éthéré (je me comprends). Lorsqu’un des survivants du combat contre Mister Yellow fait les poches, ou plutôt le reliquaire, du cadavre décapité que le collecteur de glandes a laissé derrière lui, et commet l’affront de balancer la sainte relique osseuse qui y était enfermée, la Légion des Damnés (car c’était elle) voit rouge et se matérialise pour de bon dans le no man’s land, avec des conséquences aussi néfastes que définitives pour tous les personnages non nommés1. D’abord assez content de cette arrivée soudaine, synonyme pour lui de nouveaux ganglions pour sa collection, Skaranx déchante rapidement lorsqu’il comprend que 1) les nouveaux venus sont encore plus coriaces que les Space Marines de base, et peuvent ainsi survivre à la détonation d’un chapelet de grenades krak sans sourciller (en même temps, dur à dire sous le casque), et 2) ils en ont spécifiquement après la glande progénoïde qu’il a récolté sur sa dernière victime, et n’accepteront pas « non » comme une réponse.

En mauvaise posture mais plein de ressources (et de drogues), Skaranx parvient à fausser compagnie à ses adversaires spectraux, mais malgré le sprint olympi(a)que qu’il se tape en direction du QG de campagne des Iron Warriors, il ne va pas assez vite pour distancer les implacables Légionnaires, venus en force pour lever le siège de Wayfarer. Alors que les lignes chaotiques s’effondrent tout autour de lui, Skaranx se fait coincer dans un cratère par ses poursuivants, et en désespoir de cause, accepte de leur donner son précieux butin en l’échange d’un peu de tranquillité, ou au moins d’une mort rapide…

Début spoiler…Mais à courir comme un dératé dans un environnement hostile, on prend des risques de faire de la casse. À sa grande horreur, et à la grande déception des Space Marines from outer Warp, qui soufflent très fort pour manifester leur mécontentement, Skaranx réalise qu’il a brisé la fiole dans laquelle il avait placé la glande Sophie (ouais, elle avait un nom), et que cette dernière a maintenant du plomb dans l’aile. Faute avouée est peut-être à moitié pardonnée, mais glande perdue = ta vie elle est foutue. Nous quittons donc Skaranx au moment où il s’apprête à expérimenter le brûlant accueil que la Légion des Damnés réserve aux petits plaisantins qui la font tourner en bourrique…Fin spoiler

1 : Ainsi que pour Otto, un garde renégat qui avait eu l’honneur d’échanger quelques mots avec Skaranx juste avant. Rest in peace, legend.

AVIS :

Josh Reynolds met son aisance narrative au service de la Légion des Damnés, mais surtout des Iron Warriors, dans une impeccable nouvelle d’action comme on aimerait en lire plus souvent de la part de la Black Library. La très bonne caractérisation dont bénéficie l’anti-héros de ‘Remorseless’, qui permet de s’investir dans sa quête et dans sa destinée alors qu’il fait clairement partie des bad guys de l’histoire, l’enrichissement du background Iron Warriors1 distillé au fil des pages, ou encore l’effet « spectral » très bien rendu de la Légion des Damnés, sont autant de points forts que Reynolds met au service d’une histoire qui aurait pu confiner à du simple bolter porn sous la plume d’un auteur moins doué. Même si cette nouvelle se suffit à elle-même, on en ressort avec l’envie de poursuivre la découverte des deux factions dépeintes dans ces quelques pages, ce qui est le synonyme d’une mission bellement accomplie pour Josh Reynolds.

1 : Si vous avez aimé les travaux de Graham McNeill consacrés aux fils de Perturabo, ‘Remorseless’ est une pépite cachée que vous devez mettre sur votre to read list.

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Ship of the Damned – C. Z. Dunn :

INTRIGUE :

Ship of the DamnedSœur Dialogus désargentée, Agentha s’est résolue à prendre l’équivalent du FlixBus impérial pour regagner le couvent de son Ordre, et traverse la galaxie à bord du Herald of Piety, un vaisseau de pèlerinage faisant l’omnibus entre le sous segment Draconis et la sainte Terra. Bien que le billet soit gratuit et que tous les passagers et membres d’équipage lui vouent une admiration sans borne, le temps est long pour la Sista, qui s’occupe en dispensant des cours d’alphabétisation et de catéchisme aux masses dévotes qui encombrent le Herald. C’est au cours d’un de ses cours du soir (après tout, dans l’espace il n’y a pas d’horaire qui tienne) qu’elle reçoit la visite inattendue d’un trio de miliciens, envoyés par le capitaine Keifmann la quérir de toute urgence. L’antique radio du vaisseau a en effet capté un message intrigant, que notre Dialogus sera peut-être en mesure de déchiffrer pour le compte de ses bienfaiteurs.

Après écoute attentive, il faut bien à Agentha se rendre compte qu’elle n’a pas la moindre idée de ce que le type qui baragouine sur la fréquence captée par le Herald raconte. Il faut dire qu’un de ses collègues semble avoir trouvé très malin de faire carillonner sa cloche à proximité, ce qui n’aide pas notre héroïne à capter le message dans de bonnes conditions. Bien qu’elle considère en son for intérieur qu’aller investiguer la cause de ce raffut est au mieux une perte de temps, au pire un risque de faire une mauvaise rencontre, Agentha ne peut que se ranger à la décision de ce Bisounours de Keifmann, qui se sent obligé d’aller porter secours à tous les possibles naufragés passant à proximité de sa coquille de noix. Quel chic type alors. De son côté, Agentha profite des quelques heures nécessaires au Herald pour rejoindre la source du signal pour tenter de déchiffrer le message relayé sur les ondes grâce au contenu de sa bibliothèque personnelle. Le plus beau est qu’elle y arrive, mais un chouilla trop tard pour empêcher qu’une catastrophe ne se produise : un ancien traité consacré aux dialectes du sous-secteur indique en effet clairement que la sonnerie de la cloche est le moyen utilisé pour signaler la présence de Zombies de la Peste à bord… Oups.

Bien évidemment, et malgré avoir tapé son meilleur sprint semi-marathon pour rejoindre la salle de commandement du Herald, Agentha ne parvient pas à avertir l’équipage de ce dernier avant que la jonction n’ait été faite avec l’autre vaisseau, et que les Zombies qui y erraient tranquillement ne se soient déversé dans les coursives. Jugeant qu’il est de son devoir de sauver la femme (elle) et les enfants d’abord, Soeur Parlotte va s’enfermer avec ses jeunes élèves dans le refuge incertain de la chapelle du Herald. Après tout, si le Fléau de l’Incroyance se propage aux mécréants, comme l’Ecclésiarchie le raconte, alors cet environnement sanctifié devrait protéger ceux qui s’y trouvent, pas vrai ?

La réponse à cette question est « certes que sans doute », mais elle ne sera pas traitée dans ces pages. La faute à la disparition de l’un des protégés d’Agentha (Dolgan), qui s’inquiétait pour sa petite maman et a décidé de fausser compagnie à ses camarades de classe pour se rendre dans les quartiers où sa communauté s’était installée. Utilisant à son tour le système de ventilation du Herald pour éviter de faire de mauvaises rencontres, Agentha parvient à rattraper le chenapan au moment où il découvre que sa mère a fait une crise de foi fatale. Bien que la Sista parvienne à offrir la paix de Pépé à la jeune zombifiée avant qu’elle n’ait pu faire des papouilles à son fils, le bruit de la déflagration de sa pétoire attire l’attention des nombreux Zombies qui zonaient dans le coin. Manque de pot pour Agentha et Dolgan, la salle dans laquelle il se trouve ne compte qu’une seule issue, et le flingue que notre héroïne brandit n’a plus qu’une balle dans son chargeur. Pas besoin d’être un Techno Prêtre pour conclure que les probabilités de s’en sortir ne sont pas très élevées…

Début spoiler…Heureusement, Agentha avait sur elle une pierre confisquée un peu plus tôt à Dolgan après une dispute en classe, et que le minot soutenait mordicus être un cadeau remis par un Spess Meuhreen. Le gamin n’avait pas tort dans le fond : c’est une balise de téléportation miniature utilisée par un Chapitre bien particulier, la Légion des Damnés. Au grand ébahissement d’Agentha, la pièce se remplit donc d’Astartes taciturnes, qui entreprennent de nettoyer le Herald en cinq minutes, montre en main. Bien que leur arrivée ait été trop tardive pour sauver les deux tiers des passagers du vaisseau, les Légionnaires permettent à ce dernier de reprendre sa route débarrassé de son problème d’infestation, et ça, c’est plutôt sympa. Quant à Agentha, elle décide sagement de débarquer sur la première aire d’autoroute venue et d’économiser assez pour se payer un retour au couvent par un moyen de transport un peu moins dangereux que le vaisseau de pèlerin. Qui peut l’en blâmer ?Fin spoiler

AVIS :

Je suis partagé au sujet de ce ‘Ship of the Damned’ : d’un côté, Dunn réussit à nous dépeindre de manière réaliste et captivante le quotidien d’un vaisseau de pèlerinage, décor assez rarement utilisé dans les histoires de la GW-Fiction (à ma connaissance tout du moins). Ces prémisses intéressantes se heurtent toutefois assez vite à la banalité de l’intrigue, et au manque d’ambition du dénouement, qui est un littéral Astartes ex Machina. Certes, on peut arguer que c’est comme cela que la Légion des Damnés « fonctionne » dans le fluff, mais Dunn aurait pu se donner un peu plus de mal pour intégrer les Skeletors énergétiques à son propos (il s’est plus donné pour le décodage du message capté par le Herald of Virtue, c’est dire). À lire pour s’ambiancer un peu, comme disent les jeunes, mais finalement assez décevant.

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Animus Malorum – L. J. Goulding :

INTRIGUE :

Animus MalorumSur une planète inconnue, la 7ème Compagnie d’un Chapitre Space Marine tout aussi inconnu se bat courageusement mais futilement pour endiguer les assauts d’une Waaagh ! déterminée. Sentant les haricots finir (de cuire, sans doute), le Capitaine Erices a envoyé le Techmarine Marco poser quelques charges de démolition sous la basilique défendue par les marsouins et leurs alliés, afin de priver les Xenos du plaisir de saccager le saint édifice après leur victoire. Un peu mesquin (sans doute un Chapitre descendant des Imperial Fists, du coup), mais toléré.

La violence des combats et les dizaines de mètres de roche qui séparent les deux Astartes empêchent toutefois Marco et Erices de maintenir une connexion optimale d’un bout à l’autre de l’opération. C’est d’ailleurs heureux car alors que l’altruiste Techmarine était prêt à s’enterrer vivant pour la cause, et que son supérieur s’époumonait comme un putois à l’autre du bout du fil pour qu’il fasse tout péter, la Légion des Damnés se manifeste dans les catacombes de la basilique afin de récupérer un mystérieux coffret laissé en dépôt vente depuis des temps immémoriaux. Menée par nul autre que le Sergent Centurius, les braves Légionnaires viennent ensuite donner un coup de main à leurs collègues de chair et de sang alors que les carottes semblaient aussi cuites que les haricot précédemment mentionnés. Bien qu’ils arrivent un chouilla trop tard pour empêcher Erices de se faire gravement blesser (un poignet cassé, la guigne) par un Nob à la poigne de fer, les Spectres Marines mettent en déroute les Orks avec la silencieuse efficacité qui a fait leur réputation.

A son réveil sur la table d’opération, Erices a la surprise de constater que deux armoires à glace veillent à son chevet. La première n’est autre que ce bon Marco, et la seconde est le nouvel meilleur ami du jovial Techmarine, le souriant Centurius. Bien qu’il ne soit pas très causant, le Sergent peut compter sur Marco pour lui servir de porte-parole auprès d’un Erices oscillant entre reconnaissance, méfiance et hébétude profonde. Il semblerait que la Légion ait un dernier compte à régler sur la planète avant de repartir se prélasser dans le Warp, mais quoi ?

Début spoiler…Et la réponse est simple : c’est la crise des vocations chez les Damnés, et en cette période de sollicitations intenses et répétées, Centurius ne serait pas contre un peu de renfort. Favorablement impressionné par la ténacité et la bravoure d’Erices, il est venu lui proposer de rejoindre les rangs de sa sinistre confrérie, par l’intermédiaire du fameux Animus Malorum que le Sergent a récupéré dans les catacombes un peu plus tôt. Cette ancienne relique a en effet entre autres pouvoirs mystiques d’agir comme un contrat d’embauche pour la Légion des Damnés, pour peu que le « candidat » accepte de plonger son regard dans les orbites vides de ce crâne de fort belle taille. Encore sous le choc de son opération, et embrouillé par la prose mielleuse de Marco, Erices finit par accepter de « payer la dette » (qui n’est pas la sienne mais celle de l’Imperium dixit Marco, mais it’s complicated) réclamée par Centurius, et passe donc de vie à… autre chose après un tête à tête formel avec l’Animus Malorum. Une lourde perte pour le Chapitre, mais un petit prix à payer pour une victoire inespérée contre les Xenos, pas vrai ?

Début spoiler 2…Sauf que Centurius avait caché son jeu à Marco, et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le Techmarine a donc la sale surprise de voir la Légion des Damnés attaquer les quelques survivants de sa Compagnie à sa sortie de la cellule où repose le corps d’Erices. Le deal proposé aux Space Marines est simple : rejoindre à leur tour la Légion, ou goûter aux bolts ectoplasmiques de cette dernière. Confronté à ce dilemme, Marco n’a pas vraiment le temps de réfléchir que Centurius juge que le Techmarine a été un peu trop empressé à savonner la planche à son Capitaine, et que son dévouement et sens du sacrifice sont donc discutables. Il s’agit de fautes éliminatoires dans le parcours de recrutement de la Légion des Damnés, et Marco voit donc son âme siphonnée sans cérémonie par l’Animus Malorum pour booster l’immunité collective des véritables Légionnaires, ou autre usage pratique de ce genre de ressource. Après tout, une 3++, ça s’entretient…Fin spoiler

AVIS :

Il est généralement admis qu’une nouvelle se doit de comporter un twist final, et ‘Animus Malorum’ ne lésine pas en la matière. La conclusion de cette nouvelle est en effet assez inattendue, et vient jeter un nouvel éclairage, évidemment grimdark, sur la Légion des Damnés, ses techniques de recrutement et son positionnement vis-à-vis de l’Imperium. Elle vient également « sauver » une histoire qui était jusqu’ici trèèèèèèès classique, et n’aurait pas mérité de s’y attarder sans cela. Bref, sans doute la lecture la plus essentielle si cette micro-faction vous intéresse.

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The Dark Hollows of Memory – D. Annandale :

INTRIGUE :

The Dark Hollows of MemorySur le monde mémoriel de Mnemosyne (wink wink), un humble scribe sourd comme un pot du nom de Gosta passe ses journées à zoner dans les archives les plus profondes, les moins rangées et les plus ténébreuses du Librarium qui fait la réputation de la planète à travers le sous-secteur. Il sent confusément qu’un lourd secret attend d’être mis à jour parmi les milliards de bouquins poussiéreux qui sont stockés sur les étagères, mais comme son intuition fonctionne par intermittence et qu’il ne raterait pour rien au monde la cérémonie du solstice d’hiver (un grand moment sur Mnemosyne), il quitte son lieu de travail pour se rendre dans la cathédrale locale, située de l’autre côté de la rue – mais attention, une trèèèèèèèèèèèèèèèèèèès large rue – avant d’avoir mis la main sur… ce qu’il pense chercher (?). Ce n’est plus un pitch, c’est une chanson de U2 reprise par Frank Zappa.

Dans les travées consacrées, nous faisons la connaissance d’un autre personnage important : Hatia Keremon, qui cumule les fonctions de Gouverneur planétaire et de Chef bibliothécaire. En tant que plus haute autorité temporelle, et probablement première employeur de la planète, elle ne peut manquer l’interminable sermon du cardinal local et loquace, exhortant ses ouailles à faire contre purée de pois bon cœur. Car l’hiver de Mnemosyne a de quoi rivaliser avec celui de Montréal : en plus d’être froid et humide, il est surtout caractérisé par l’arrivé soudaine d’un banc de brouillard aussi opaque que persistant, qui engloutit la capitale planétaire (Arkio) jusqu’au printemps. Une épreuve apparemment terrible pour les habitants, qui ont grand besoin de réconfort spirituel pour se préparer à cette grisaille persistante. Soit.

Le sort des Mnemosyniens ne s’améliore pas lorsqu’arrivent sans crier gare la bande de mauvais garçons du Capitaine Akror, anciennement rattachée au Chapitre de la Desolate Brotherhood, et maintenant connue sous le nom de Company of Misery. Ces Space Marines du Chaos sont venus pour prêcher la bonne parole (« l’espoir, c’est nul-euh ») auprès de la populace, mais également pour incendier le Librarium planétaire, afin de faire les pieds à l’Imperium. Ça s’entend. Alors qu’Akror se répand en sermons sanglants dans la cathédrale bondée, ses sous-fifres font toutefois l’erreur de massacrer tous les scribes de permanence aux archives, réalisant un peu tard qu’ils ont besoin d’un mot de passe pour accéder aux niveaux inférieurs. Qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ? Un fois n’est pas coutume, un tuyau (pas forcément d’arrosage, ceci dit).

Akror, qui en tant que chef méchant, n’est pas le dernier des abrutis, réalise vite qu’il doit y avoir quelques bibliothécaires en goguette parmi les fidèles terrifiés de la cathédrale, et interrompt donc son massacre prosélyte pour faire une annonce micro. Cependant, Keremon n’a pas attendu sagement que les choses se décantent, et a entraîné ses collaborateurs, dont Gosta, dans une balade bucolique dans le centre-ville d’Arkio pour rejoindre le Librarium, et ce malgré la brume épaisse obèse qui s’est abattue sur la cité. Il suffit de traverser la rue, comme dit le proverbe, mais cette dernière est assez large.

On s’en doute, une course poursuite à l’aveugle ne tarde pas à s’engager entre les deux groupes, et tout cela aurait très mal fini pour les rats de bibliothèque et leur constitution chétive, sans l’intervention décisive autant qu’imprévue d’une escouade de la Légion des Damnés. Les motivations des guerriers spectraux ont beau être aussi ténébreuses que le décor dans lequel ils évoluent, ce qui est sûr est que leur sauvegarde invulnérable n’est pas piquée des vers. Malgré un rapport de force très en leur défaveur, les loyalistes mettent une énorme race aux renégats, qui terminent la nouvelle dans un état incertain1 mais sans doute lamentable, imités en cela par Keremon, qui s’était hasardée dans le Librarium en laissant ses collaborateurs à la porte, pour… faire un état des lieux. So corporate. Au mauvais endroit au mauvais moment, la consciencieuse archiviste finit brûlée au 16ème degré.

« Et Gosta ? » me demanderez-vous. Eh bien, quelques heures après la fin de la baston, il finit par avoir l’illumination quant à l’emplacement du secret qui le hantait depuis des mois, mais quand il se rend sur place, il ne trouve que quelques cendres là où le mystérieux bouquin attendait. Comme l’emplacement ce dernier était dans les niveaux inférieurs, auxquels ces crétins de chaotiques n’ont pas eu accès, on comprend que c’est la Légion des Damnés qui a fait acte d’autodafé sélectif. Et donc que son but n’était au final pas si éloigné de celui d’Akror et de ses Misérables. Quand on vous dit que la communication, c’est important…

1 : On comprend qu’Akror finit par mourir au combat contre un Légionnaire capable de surcharger son réacteur à malepierre (ou équivalent) au moment de perdre son insaisissable ultime point de vie, mais c’est bien la seule bribe d’information qu’Annandale nous donne à propos de la Company of Misery.

AVIS :

David Annandale signe une masterclass en Annandalerie avec ce ‘The Dark Hollows of Memory’ (le titre chiadé faisant partie du package). On a donc le droit à des prémisses intéressantes (un monde archive au climat particulier, un héros avec un handicap dont on se dit qu’il va jouer à un rôle à un moment de l’histoire), qui débouchent sur un événement perturbateur classique mais pas inintéressant (une attaque de Space Marines du Chaos inconnus au bataillon). S’en suivent des pages et des pages de remplissage creux et de scènes d’actions sans grand intérêt, avant qu’une conclusion d’une brutalité absolue ne vienne clôturer les débats, sans résoudre grand-chose de l’intrigue que le lecteur confondu pensait avoir suivi jusqu’ici. Bref, et c’est malheureusement une constante chez cet auteur, cette nouvelle n’a pas grand intérêt, et vous vous ferez une faveur à en arrêter la lecture à la moitié du récit, car après cela plus rien de bien ne se produit. C’est à cause d’auteurs comme ça que la Légion des Damnés peut vraiment mériter son qualificatif…

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For the Flames – G. Lyon :

INTRIGUE :

From the FlamesLe Chapitre des Invaders fait ce qu’il sait faire de mieux et (wait for it) envahit le Vaisseau Monde Idharae pour délivre une OQI (Obligation de Quitter l’Imperium) aux hippies aux oreilles pointues qui y résident. Nous suivons le Frère Seoc, rattaché à la Huitième Compagnie, alors que cette dernière tente de survivre à un appareillement très défavorable : l’Avatar de Khaine local1. Comme on peut s’y attendre, les braves marsouins ne font pas le poids face à la fureur du demi-dieu Eldar, dont la lance harponne du surhomme génétiquement modifié comme qui rigole. Alors que tout semble perdu et qu’il ne lui reste plus qu’à vendre chèrement sa vie, Seoc est témoin de l’arrivée d’une troupe d’Astartes aussi silencieux que déterminés, et qui ouvre immédiatement le feu sur l’abomination Xenos.

Ce combat entre l’Avatar et la Légion des Damnés aurait pu durer très longtemps, chaque camp étant immunisé aux armes de l’autre, jusqu’à ce que Seoc donne un tuyau utile à ses nouveaux copains sur le fil WhatsApp qu’il s’est empressé de créer pour l’occasion, à savoir « ça sert à rien de brûler un truc qui brûle, duh ».  Muets mais pas sourds, les Damnés de la Terre du Warp tournent leurs armes vers la baie vitrée en dessous de laquelle le combat fait rage, pulvérisant la coupole et provoquant une dépressurisation violente qui refroidit brusquement les velléités guerrières de ce frileux d’Avatar. Ceci fait, les Légionnaires repartent comme ils sont arrivés, laissant l’honneur du coup de grâce, ou plutôt du gros tacle à l’épaule, à Seoc, qui envoie valdinguer la statue géante dans l’espace et lui emboîte le pas (vol ?) par la même occasion. Charge au reste du Chapitre de le récupérer une fois que la bataille sera remportée !

1 : Pendant ce temps, je suis sûr que les Terminators de la Première Compagnie dégomment du Gardien sans défense en rigolant grassement. Il n’y a pas de justice au 41ème millénaire.

AVIS :

Le format « 1.000 mots » n’est décidément pas mon préféré, et si Graeme Lyon livre une copie honorable dans les quatre pages qui lui ont été allouées, le résultat est loin d’être enthousiasmant. On a ici l’équivalent 40K d’une contemplation d’une Pieta ou d’une Adoration par les Mages dans un musée des beaux-arts : tous les éléments propres à cette scène classique qu’est le sauvetage par la Légion des Damnés sont présents dans la nouvelle de Lyon, exactement là où on les attend. Comme notre homme n’est pas le plus inspiré ou le plus original des auteurs de la Black Library, le résultat est tristement insipide (comme la majorité des Pietas et des Adorations, je dois dire) mais il serait injuste de lui en vouloir.

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Et voilà qui conclut cette revue de ‘Flame & Damnation, un petit recueil sans prétention dont la principale qualité reste son prix de vente très compétitif (au moment où cette chronique est publiée, check it out). Si vous étiez, comme moi à l’époque, à la recherche d’un produit à acheter sur le site de la Black Library pour bénéficier du recueil gratuit de la Black Library Celebration, vous tenez sans doute l’article le plus « rentable » du catalogue de la BL.

Si on s’attache à présent à la qualité intrinsèque de ‘Flame & Damnation’, il faut reconnaître que, comme souvent avec les anthologies de GW-Fiction, le résultat est assez inégal, et ici, majoritairement décevant. Je dois souligner que ce sentiment est causé tant par les nouvelles prises individuellement (pour être honnête, il n’y a que les travaux de Reynolds et Goulding qui m’aient plu) que par le manque criant d’ambition de ce recueil, qui est de la responsabilité de son éditeur et non de ses contributeurs. ‘Flame & Damnation’ aurait pu être l’occasion d’explorer l’origine et les motivations de cette faction énigmatique, à l’image de ce que Goulding a tenté dans son ‘Animus Malorum’ ; au lieu de ça, on a eu le droit à plusieurs variations de « l’histoire de la Légion des Damnés », soit une intervention opportune à défaut d’être franchement amicale, pour secourir des forces impériales submergées. Si vous étiez un tant soit peu au courant du background des surhommes en noir (et os) avant d’ouvrir ce bouquin, il y a donc de fortes chances que vous le refermiez sans avoir appris grand-chose de nouveaux sur eux, ce qui est à mes yeux problématique.

DARK IMPERIUM [40K]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette critique de ‘Dark Imperium’ (premier du nom1), recueil de nouvelles se déroulant dans le sombre et lointain futur du 41ème millénaire et sorti par la Black Library en l’an de grâce 2001. Auparavant, presque2 toutes les histoires comprises dans ce vénérable ouvrage avait eu l’honneur de figurer dans un numéro du bimensuel Inferno !, entre Mai 1999 et Septembre 2000. Il s’agit donc du 2ème recueil infernal de Warhammer 40.000, après ‘Into the Maelstrom’ (chroniqué ici). On retrouve à la manœuvre et à l’édition l’un des premiers patrons de cette auguste revue, Andy Jones, accompagné pour l’occasion par son mythique successeur, Marc Gascoigne.

Dark Imperium

Au programme, 13 nouvelles signées par 9 auteurs, dont le plus sollicité n’est absolument pas celui auquel vous pensez, et dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler si vous n’êtes pas un adepte des vieilleries de la GW-Fiction ou de la Science-Fiction britannique de la fin du XXème siècle : l’inénarrable Barrington J. Bayley. Notre homme apporte en effet trois pierres à la somme littéraire qu’est ‘Dark Imperium’, faisant de ce recueil l’un des plus singuliers de tout le corpus de la BL (comme on ne tardera pas à le voir). Il est suivi par les mieux identifiés Gav Thorpe et Ben Counter, avec chacun deux nouvelles à leur actif. William King, Matthew Farrer, Robert Earl, Neil Rutledge, Simon Jowett et Andy Chambers viennent compléter le casting. Le nom des combattants ayant été proclamé dans l’arène, il est temps de passer en revue la qualité de leur prose et d’établir si cette dernière a résisté à l’épreuve du temps.

1 : La trilogie consacrée par Guy Haley au conflit fraternel entre Mr. Blue et Mr. Green ayant en effet repris cette appellation. Comme quoi, Games Workshop n’a pas attendu notre époque pour cataloguer l’empire de Pépé 1er comme une honnête dystopie.
2 : L’exception étant ‘The Wrath of Khârn'(William King), qui fut publié dans le numéro 231 du White Dwarf anglais à la toute fin de M2.

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Apothecary’s Honour – S. Jowett :

INTRIGUE:

Déployée sur le monde d’Antillis IV pour aider les autorités locales à se défaire d’une invasion chaotique plus grave qu’anticipée, la Seconde Compagnie du Chapitre des Avenging Sons, menée par le Capitaine Selleus, s’est battue vaillamment mais cela n’a pas suffi. Isolé au milieu des bourrasques de cendres humaines conjurées par un géo-ingénieur plus ravagé du bulbe que la moyenne pour combattre les effets du changement climatique (eh, c’est un aérosol comme un autre), l’Apothicaire Korpus se consacre toutefois sans faiblir à son sacerdoce : récupérer les glandes progénoïdes de ses camarades tombés au combat. Il sait en effet qu’il s’agit d’une partie vitale de l’effort de guerre de l’Adeptus Astartes, qui se retrouverait rapidement réduit à peau carapace noire de chagrin sans la récolte et la réimplantation dans de nouveaux hôtes de ces précieux kystes. On le suit ainsi jusqu’au quasi-cadavre du Sergent Pereus, blessé à mort1 lors d’une escarmouche contre une bande de Space Marines du Chaos, qu’il accompagne pieusement dans ses derniers instants et déleste de ses mirifiques glandes, stockées dans le petit frigo personnel qu’il trimballe sur son armure. À la guerre comme à la guerre.

Sur le chemin du retour vers le QG château (en français dans le texte) de sa Compagnie, Korpus reçoit un message alarmant de la part de Selleus, lui annonçant que la campagne est perdue et lui ordonnant de se diriger sans tarder vers le spatioport où sont garés les Thunderhawks des Avenging Sons, et de les utiliser pour rejoindre leur vaisseau amiral. Il est en effet capital de renvoyer les Avenging Glandes jusqu’à l’Apothicarium chapitral, on a bien compris. De son côté, le Capitaine et ses derniers hommes préfèrent se faire exploser dans leur bastion plutôt que de s’offrir un dernier carré digne de ce nom, ce qui surprend fortement Korpus. Cela dit, un ordre est un ordre, et le zélé Apothicaire part donc en petites foulées en direction du hangar à aéronefs mis à disposition par les autorités d’Antillis IV, en espérant que ce dernier n’ait pas déjà été conquis par l’ennemi.

En chemin, notre héros tombe par hasard sur une escouade de Scouts dont on était sans nouvelles depuis plus d’une journée et que tout le monde avait donc considéré comme perdue corps et biens (faut pas se retrouver en zone blanche au 41ème millénaire). Coincés dans une friche industrielle par une horde de World Eaters ricanant à défaut d’être très doués, les novices auraient rapidement perdus la tête sans l’intervention décisive de Korpus, dont le poing énergétique – un choix d’équipement un peu bizarre pour quelqu’un sensé effectuer des actions chirurgicales sur le champ de bataille, mais passons – et l’effroyable mauvaise humeur, appelée Cœur Vengeur par les initiés, règlent rapidement leur compte aux affreux.

Au bout d’un voyage sans trop d’encombres, les survivants finissent par arriver jusqu’au spatioport et commencent à retaper le Thunderhawk le moins amoché du lot afin de pouvoir s’éclipser de la planète condamnée au nez et à la barbe énergétique des Khorneux. Bien évidemment, ils n’auront pas loisir de mener à bien cette mission d’extraction furtive, une nouvelle vague de renégats leur tombant dessus sans crier gare (en même temps, il n’y avait pas de train sur place) avant que Korpus et les Scouts n’aient eu le temps de boucher tous les trous de la carlingue avec du chewing-gum. Comble de malchance, les World Eaters sont menés par un Dreadnought équipé d’un canon laser, dont la portée risque d’être fatale au coucou déglingué des Avenging Sons. L’Apothicaire décide alors de mener une charge suicide avec les novices afin de permettre au Thunderhawk piloté par le seul Scout ayant passé son permis ULM de s’échapper, après avoir déposé ses précieuses glandes dans le minibar de l’appareil, bien sûr.

Cette contre-attaque inspirée est couronnée de succès, Korpus faisant entrer son poing énergétique en surchauffe après l’avoir coincé sous un piston du Dreadnought adverse, vaporisant la machine impie ainsi qu’une bonne partie de ses suivants, au modique prix d’un évanouissement pour notre viril héros (tous les Scouts meurent dans la bagarre par contre, mais on s’en fout un peu). Il a toutefois accompli brillamment sa mission, pas vrai ?

Début spoiler…Eh bien, non. La mauvaise nouvelle lui est transmise par un Space Marine hérétique ayant autrefois servi comme Apothicaire et qui a fermement attaché Korpus sur un chevalet d’opération dans l’attente de son réveil. Une légende noire parmi l’Adeptus Astartes, responsable de la création de nombreux monstres génétiquement modifiés se battant dans les rangs des Légions renégates. Je veux bien sûr parler de Fab…rikus. Si si. Toute ressemblance avec un personnage nommé serait évidemment totalement fortuite. Fab’ révèle à son collègue et néanmoins prisonnier qu’il a été chargé par ses patrons chaotiques de trouver un moyen de recruter en masse de nouveaux Space Marines, ce qui n’est pas facile du fait de l’influence corruptrice du Warp sur les glandes progénoïdes des Astartes vétérans. Une seule solution pour contourner ce problème : aller taper dans les stocks de ces saintes nitouches de loyalistes, et c’était bien le but de la campagne d’Antillis IV. Cependant, les dernières actions du Capitaine Selleus ont fait capoter ce plan machiavélique, et l’entière opération se serait terminée par un fiasco retentissant pour les traîtres sans l’étourderie de Korpus, qui a « oublié » de prélever ses propres glandes et de les déposer dans le frigo du Thunderhawk avant de foncer dans le tas comme un demeuré. La boulette. Notre histoire se termine sur la scène pénible de l’opération sans anesthésie pratiquée sur ce glandu – et c’est bien le problème – d’Apothicaire, qui se désole en son for intérieur de sa propre stupidité. Charité bien ordonnée…Fin spoiler

1 : Je tique un peu du fait que Pereus se soit auto-diagnostiqué perdu pour la cause, sans que Korpus juge bon de faire son boulot de medic et de vérifier par lui-même la gravité de l’état de son camarade. Après tout, qu’est-ce qu’une paraplégie quand on possède la technologie nécessaire pour créer des Dreadnoughts ?

AVIS:

Simon Jowett signe une nouvelle franchement vintage pour le lecteur contemporain (qui sera peut-être surpris que le nom de Roboute Guilliman n’apparaisse pas une seule fois dans une histoire qui parle des Avenging Sons), explorant une des particularités du background des Space Marines : le rôle crucial des glandes progénoïdes dans leur organisation et leur culture.

Si l’idée est bonne, la réalisation n’est toutefois pas au-dessus de tout reproche : on passe à mes yeux beaucoup trop de temps à voir voler les bolts dans cette nouvelle, sans que l’auteur se consacre à faire monter la pression autour de Korpus, ni ne le confronte à des décisions véritablement difficiles, où il aurait eu à choisir entre son fameux honneur d’Apothicaire, et la mission vitale confiée par son supérieur. A cela viennent s’ajouter des petits irritants sans conséquence pour la structure de l’histoire, mais pénible à lire quoi qu’il en soit, comme la nullité crasse des World Eaters qui servent d’opposition aux vertueux Avenging Sons, pas foutus de régler leur compte à cinq Scouts et un Apothicaire mouflé même avec l’avantage du nombre.

On peut toutefois mettre au crédit de Jowett un twist final pas trop mal fichu (même si Korpus et Fabrikus ont vraiment une haute idée d’eux-mêmes pour penser que ce micro-événement risque de faire basculer le rapport de forces entre Imperium et Chaos) et quelques infos fluff relevant plus de la curiosité académique que de la source canonique1, cependant.

1 : C’est le même Jowett qui a doté le Chapitre des Iron Hearts de casque de VR pour s’entraîner au combat, et baptisé d’autorité un des Primarques disparus (voir ‘Hell in a Bottle’) : ses contributions au fluff Space Marine doivent être pris avec 72 pas de recul.

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Daemonblood – B. Counter :

INTRIGUE:

Sur la planète (forcément bleeue) de Saafir, Papy Nurgle est sur le point de rafler le vote populaire, au grand dam des défenseurs impériaux dépéchés par Pépé (l’autre) pour passer la serpilière. Isolés par les aléas de la guerre, la Sœur de Bataille Aescarion et le Sergent Ultramarines Castus se retrouvent dans les souterrains de la capitale planétaire (éponyme), où se trouve s’étend une station d’épuration possédée par le Warp, forme physique imposante du Prince Démon Parmenides le Vil. Comme il est difficile de passer par l’épée, ou, dans le cas de cette brutale d’Aescarion par la hache énergétique, une flaque de morve et d’excréments couvrant plusieurs hectares, M. et Mme Meilleurs de l’Empereur sont bien embêtés. Profitant de leur désarroi, le vil Parmenides lave/salit le cerveau du Space Marine avec ses confidences crasseuses sur l’état de la galaxie, transformant le pauvre Castus en séide chaotique. Immunisée à cet insidieux virus par sa foi dévorante et absolue, Aescarion n’est cependant pas de taille à achever les souffrances et les errances métaphysiques de son compagnon, et ne doit son salut qu’à la robustesse de son jetpack, qui la ramène à la surface avant qu’elle ne se retrouve féminicidée par le renégat.

On n’échappe cependant pas aussi facilement à cette force puissante qu’est la Destinée au 41ème millénaire, et les routes d’Aescarion et de Castus se croiseront à deux nouvelles reprises pendant les décennies suivantes. La première fois lors de la purge d’un Space Hulk squaté par les suivants de Parmenides, dont Castus est devenu le porte-parole officiel. Castoche aurait pu se faire trouer les pores par un peloton de Sistas judicieusement gardé en réserve par Aescarion, n’eut été la compétence « corps de mouches » développée par le M. Impropre de Saafir, et qui lui permet de tirer sa révérence sans dommage. La seconde, et dernière fois, se déroule sur le vaisseau du Seigneur du Chaos, le Defixio1, et avec la bénédiction de l’Inquisition, qui souhaitait contenir l’expansion cancéreuse de l’empire spatial de Parmenides en envoyant un petit Exterminatus bien senti sur Saafir. Il fallait bien ça à la Canonnesse de l’Ordre du Calice d’Ebène, auquel Aescarion appartient, pour autoriser l’impulsive et revancharde vétérante à se mesurer une nouvelle fois avec sa Némésis. Les deux précédentes tentatives ayant eu un coût élevé en termes de vies de Sœurs de Bataille aguerries, on comprend sa réticence à permettre à sa sous-fifre de sortir à nouveau le karscher. La connaissance intime de notre héroïne de la mentalité et des forces et faiblesses de Castus en faisait toutefois la meilleure candidate pour mener l’expédition impériale jusqu’à bonne orbite, en dépit de la défense acharnée orchestrée par le fidèle Castus du pré de la décharge carrée de son seigneur et maître.

Ayant soigneusement préparé son combat en oignant sa hache de gel Harpic, Aescarion parvient assez facilement à vaincre son adversaire, mais ne l’achève pas immédiatement. Elle souhaite en effet le faire revenir du côté lumineux, et aseptisé, de la force avant qu’il ne soit trop tard, et parvient (assez facilement *2) à convaincre Castus de retourner sa veste énergétique. Cachant une balise de visée, ou quelque chose comme ça, entre deux bourrelets du champion déchu, elle envoie son ancien camarade apporter ses salutations les plus distinguées à Parmenides dans les profondeurs de Saafir, permettant à l’ex Ultramarine de partir avec les mains sales, certes, mais une ardoise propre2. C’est ce qu’on appelle passer l’éponge, grimdark style.

1 : Je précise car Counter a écrit une autre nouvelle portant ce nom, pour ceux que ça intéresse.
2 : Le fait que Parmenides ne se souvienne même pas du nom de son champion après toutes ces décennies de collaboration à également dû convaincre ce dernier d’envoyer tout balader.

AVIS :

Bien des années ont passé et bien des textes ont été écrits depuis, mais il faut se rappeler que c’est avec ‘Daemonblood’ qu’un tout jeune Ben Counter a fait ses débuts pour la Black Library, dans un numéro d’Inferno ! Si je ne placerais pas cette petite nouvelle parmi les meilleures soumissions de cet auteur, capable du moins convaincant1 comme du meilleur, cette première tentative a plutôt bien vieillie (notamment quand on la compare à certaines nouvelles publiées au début des années 2000), et s’avère assez solide dans sa réalisation, même si très peu originale dans son propos. Les milliards de Space Marinades qui nous ont été servies par la BL au cours des dernières décennies y sont sûrement pour quelque chose…

Ici, on peut tout de même mettre au crédit de Counter une conclusion un peu plus originale que le traditionnel « le-méchant-chaoteux-meurt-sur-un-gros-malentendu-avant-d’avoir-pu-mettre-son-plan-presque-infaillible-à-exécution», avec l’exploration d’un thème assez rare dans l’univers grimdark de 40K : la rédemption.  Cela compense largement à mes yeux les points techniques sur lesquels on pourrait venir lui chercher des noises, comme l’apparente facilité avec laquelle une « simple » Sœur de Bataille vétérante arrive à tailler des croupières à un Seigneur de la Peste. On apprendra d’ailleurs par la suite que la bonne Aescarion est une véritable héroïne d’action, ayant plus d’un Space Marine à son tableau de chasse, ce qui pourrait être perçu comme du féminisme de GW-Fiction avant-gardiste de la part de Ben Counter. Quel visionnaire alors…

1 : Vus les loustics qui ont bossé pour la BL, je ne peux pas décemment utiliser le qualificatif de pire pour la prose de Ben Counter. Il y a bien plus mauvais que lui.

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Nightmare – G. Thorpe :

INTRIGUE:

Nous suivons les péripéties oniriques du jeune Joshua, dont l’adolescence a pris un sale tour depuis que sa famille et ses amis l’ont rejeté pour crime de sorcellerie, forçant le jeune homme à vivre seul dans le désert inhospitalier de la planète de Sha’ul. Seul ? Pas tout à fait. Une mystérieuse voix, que l’on appellera donc Daniel, lui tient compagnie et lui prodigue des conseils dans son exil, sans que le peu curieux Joshua s’interroge beaucoup sur l’origine de ce phénomène. Pour la première fois depuis que son ami imaginaire lui rend visite, la Voix a retentit dans son esprit alors qu’il était endormi, et lui propose rien de moins que de participer à une grande aventure, comme quand il était enfant et jouait au Space Marine, ainsi que font les bambins de l’Imperium.

Sur les indications de The Voice, Joshua part donc en vadrouille et commence à farmer du mob démoniaque de bas étage, grâce aux pouvoirs merveilleux de son esprit, capable de matérialiser des armes et des armures à volonté pour affronter toutes les épreuves de ce qui ressemble fort à un RPG en réalité virtuelle (ça doit être commun au 41ème millénaire). Bien que Joshua ne soit pas plus violent que la moyenne, l’aspect répugnant des créatures qu’il rencontre et l’assurance maintes fois répétées par la Voix que tout ça n’est qu’un rêve, conduisent notre héros à commettre un véritable massacre grâce à ses pouvoirs psychiques fantasmés.

Guidé par son GPS intégré, Joshua finit par arriver devant un bâtiment dont l’entrée est gardée par une grille de fer, dont il tort aisément les barreaux avant de se glisser dans un étroit tunnel en prenant la forme d’un serpent. Au bout du compte, il parvient dans une salle obscure où l’attend le « boss de fin », un tas de saindoux à tentacules que la Voix l’incite à tuer pour terminer sa quête. Bien fatigué par ses aventures et lassé de ces tueries incessantes, Joshua fait mine de refuser mais son compagnon excite son amertume et sa rage d’avoir été abandonné par ses proches à cause de sa différence jusqu’à ce que le jeune homme pète les plombs et étrangle à mains nues sa victime dans un accès de colère. Ceci fait, la Voix lui annonce qu’il n’a qu’à imaginer qu’il est de retour à son point de départ pour sortir de ce rêve étrange et pénétrant, et lui promet de le laisser désormais tranquille…

Début spoiler…A son réveil, Joshua a la surprise de découvrir qu’il n’est pas dans sa cahutte du désert, mais dans un jardin luxuriant qui ne peut être que celui du Gouverneur Planétaire Ree en personne. Surprenant la conversation de passants alors qu’il se cache dans les fourrés, il comprend alors qu’un mystérieux assassin a réussi à s’infiltrer dans le palais, massacrant les gardes et les sentinelles au cours de sa progression, défonçant tous les obstacles et se glissant dans les moindres interstices, jusqu’à parvenir dans la chambre du Gouverneur, retrouvé étranglé dans son lit au petit matin. La nouvelle se termine avec l’horrible réalisation par Joshua qu’il s’est fait grandiosement balader par celui qu’il considérait comme son seul ami, pendant que dans le Warp, un démon mineur de Tzeentch ricane follement en se tenant la bedaine…Fin spoiler

AVIS:

Gav Thorpe tenait une idée de nouvelle assez intéressante avec ce ‘Nightmare’ (Adventure Times à la sauce 40K, rien que ça), mais il pêche un peu par son exécution, qui ne laisse pas assez planer de mystère sur les actions accomplies par Joshua lors de sa virée nocturne à mon goût. Dès lors que Thorpe nous révèle que son héros a été chassé de son village après avoir été accusé d’être un sorcier (donc un Psyker en puissance), n’importe quel lecteur au fait de son fluff prendra le ‘it’s just a dream bro’ que la Voix sert à Joshua à toutes les sauces avec les pincettes de rigueur. J’ajoute que ‘Nightmare’ exploite le même filon qu’une vieille nouvelle de 40K, autrement plus mémorable car joyeusement foutraque (normal pour une soumission d’Ian Watson, vous me direz) : ‘Warped Stars’. L’imitation est la forme la plus sincère de flatterie, et on peut pardonner à un auteur – à l’époque – aussi vert que Gav Thorpe de vouloir s’inspirer d’un auteur vétéran et célébré comme Watson, mais cela ne vient pas non plus jouer en faveur de son travail. Bref, une petite nouvelle fort convenable mais absolument pas mémorable.

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The Lives of Ferag Lion-Wolf – B. J. Bayley :

INTRIGUE:

C’est une belle journée qui commence dans le palais de Ferag Lion-Wolf, Champion de Tzeentch ayant bien réussi dans la vie. Après avoir servi comme Space Marine dans les rangs des Purple Stars, notre héros a décidé d’aller relever de nouveaux défis en passant de l’autre côté du périph’ et de l’Œil de la Terreur, où il s’est taillé un petit empire. Aujourd’hui, il accueille un visiteur de marque, en la personne du Seigneur Quillilil (eh oui), autre Elu du Dieu du Changement dont il convoite le domaine (et réciproquement, comme on peut s’y attendre la part de disciples de Tzeentch).

Après avoir galamment secouru son hôte alors qu’il se faisait attaquer par des terroristes1 disques-jockeys pendant la descente vers son palais, Ferag ne peut résister à la tentation de faire une démonstration de ses pouvoirs de… maître Lego, aussitôt imité – mais en moins bien, évidemment – par Quillilil. Passées ces aménités, il est temps pour Fefe d’emmener son invité jusqu’à la table du festin qu’il a organisé pour lui, mais surtout de lui narrer par le menu les épisodes les plus mémorables de sa longue et épique vie.

On apprend ainsi que notre héros a reçu son nom si particulier après avoir vengé son père, sauvagement tué par un gigantesque lion-loup alors qu’il n’avait que huit ans (Ferag, pas son père), en réglant son compte en solo à la pénible bestiole, d’un coup d’épieu bien placé. Bien des années plus tard, Ferag s’est distingué en menant ses frères de bataille Purple Stars dans l’abordage inspiré d’un vaisseau ruche tyranide, d’une manière si convaincante que le Codex Astartes fut revu et corrigé pour l’occasion (nous dit-il). Enfin, ce fut le triomphe tactique de la bataille pour la planète-bol (si si), brillamment remportée contre les hordes énervées de Khorne et pestilentes de Nurgle, pour la plus grande gloire de Tzeentch. La régalade aurait pu continuer longtemps si un bloc de maçonnerie ne s’était pas décroché alors que les deux Elus passaient en contrebas, frappant Ferag en pleine tête et le faisant sombrer dans l’inconscience…

Début spoiler…Et à son réveil, les choses ne sont plus les mêmes pour notre héros. Exit sa vie rêvée de Champion du Chaos, et bonjour à la triste réalité : Ferag n’est en fait qu’Ulf Rampe-Bouse, un avorton ayant intégré un culte de Tzeentch pour tenter de gagner de l’influence, mais ayant manqué du courage nécessaire pour assassiner un rival politique, malgré les ordres clairs donnés par son Magister. Condamné à être transformé en Enfant du Chaos en punition de son échec, Ulf a été victime d’une ultime cruauté de la part de sa déité, qui n’est pas connue comme étant le Maître du Mensonge pour rien : un aperçu de la vie qu’il aurait pu avoir, si les étoiles avaient été alignées différemment, ou quelque chose comme ça. Alors que son corps se transforme en amas informe et que son esprit sombre dans la folie, nous laissons Ferag/Ulf se débattre avec l’épineuse question de ce qui est réel et de ce qui ne l’est pas. Critique de la raison pure, Kant tu nous tiens…Fin spoiler

1 : Comme quoi, on peut être un Seigneur du Chaos et détester l’anarchie.

AVIS:

Les nouvelles dont le twist final consiste à révéler que le protagoniste a rêvé ou halluciné tout ce qui nous a été présenté au cours des pages précédentes sont assez rare au sein du corpus de la Black Library1, aussi ‘The Lives of Ferag Lion-Wolf’ n’est pas aussi inimaginatif dans son intrigue que ce que le lecteur non familier avec la GW-Fiction pourrait en penser2. Avec son style flamboyant/ampoulé (c’est selon) assez unique parmi les auteurs de la Black Library, et sa vision quelque peu surannée – justifiable au vu de l’ancienneté de la nouvelle – du fluff, Barrington J. Bayley trousse une petite histoire tenant plus de la fable fantasy cruelle que du bolter porn qui était, et est toujours, la norme pour les courts formats 40K. Un acquired taste, comme disent nos amis anglais, qui peut ne pas convenir à tout le monde mais qui mérite le détour à mon avis.

1 : Mais de manière assez drôle, deux d’entre elles se suivent dans le recueil ‘Dark Imperium’, le ‘Nightmares’ de Gav Thorpe exploitant la même idée.
2 : Je dois indiquer ici que même Lovecraft a cédé à cette tentation, dans ce qui peut être considéré comme la moins lovecraftienne de ses nouvelles : ‘The Dream-Quest of Unknown Kadath’.

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Small Cogs – N. Rutledge :

INTRIGUE:

Seule la mort met fin au devoir nous dit le proverbe, et ce n’est pas le Colonel Soth du 8ème Ulbaran qui viendra s’en plaindre. Ayant participé à la reprise de la planète de Luxoris Beta, confisquée par les Orks pendant des siècles, le régiment se retrouve mobilisé pour défendre la station d’épuration le Temple de l’Eau local contre une excursion eldar repérée au dernier moment par ces planqués du Haut Commandement. Malgré le fait que ses hommes doivent combattre en uniforme d’apparat, leur mission première étant de participer au défilé du 14 juillet local, Soth fait contre mauvaise fortune veste qui gratte bon cœur et organise un périmètre défensif autour du bâtiment visé par les Xenos. Le Temple de l’Eau contrôle en effet le système d’irrigation de la planète, en faisant une cible de choix pour les Eldars : inonder les basses terres de Luxoris Beta priverait en effet les défenseurs impérieux de la possibilité de déployer leurs véhicules blindés dans ce conflit.

Après avoir échangé quelques banalités avec le prêtre Jarendar, tout à fait confiant dans la protection qu’apportera l’Empereur à ses fidèles, Soth est appelé à son poste de commandement par son second (Hoddish) lorsque les Eldars lancent leur assaut. S’en suit une bataille urbaine tout à fait classique entre les deux factions, à la ténacité et la discipline des Gardes Impériaux s’opposant la vitesse et la technologie avancée des Xenos. En bon commandant, Soth met les mains dans le cambouis et mène une charge au fuseur contre un Falcon trop confiant, héritant d’une blessure à la cuisse mais permettant aux lignes impériales de tenir.

Un moment de répit entre deux attaques permet à notre héros d’inspecter le périmètre… et de manquer de tomber sous les tirs d’un Ranger isolé, finalement localisé et abattu sur un gros coup de chance par Soth. Il ne faut pas longtemps au sagace officier pour réaliser que le sniper n’a pas fait le déplacement seul, et que ses petits copains sont certainement en train de converger vers le Temple pendant que le reste des forces eldars fait diversion. Ne pouvant mobiliser un peloton entier sous peine de laisser ses lignes dangereusement dégarnies, Soth ordonne à Hoddish de lui envoyer trois Gardes pour tenter d’intercepter les infiltrateurs ennemis avant qu’il ne soit trop tard.

Je vous la fais courte : au prix d’une progression sanglante et de la perte de tous ses sidekicks, Soth parvient jusque dans la salle des machines du Temple, où il surprend le dernier Ranger en pleine lutte avec Jarendar. Le prêtre étant plus doué en parabole qu’en krav-maga, il ne tarde pas à rejoindre la droite de l’Empereur, tandis que Soth hérite pour sa part de quelques shurikens dans le thorax, lui faisant perdre la règle Objectif Sécurisé et lui donnant l’impression de voir les esprits de ses camarades défunts danser le harlem shuffle autour de lui. Ces hallucinations dissimulaient cependant l’arrivée d’un clutch player de chair et de sang : le novice de Jarendar – et son chandelier – qui règle son compte au pénible Xenos alors qu’il trifouillait les panneaux de commandes en fredonnant ‘Here comes the flood’. Bien fait. La nouvelle se termine sur la victoire des impériaux et l’évacuation de Soth vers l’hôpital le plus proche, mais pas avant qu’il n’ait bredouillé au Medic qui l’a stabilisé de faire passer à Hoddish la morale de cette histoire : prêter attention au moindre détail (small cogs). Que voilà une édifiante conclusion.

AVIS:

Pour sa seule incursion dans le 41ème millénaire (si on ne considère pas la nouvelle ‘Sisters’, écrite pour Necromunda), Neil Rutledge livre une bonne histoire de « Gardes Impériaux d’action », dans la droite lignée de ce que nous propose le légendaire Dan Abnett avec ses Fantômes de Gaunt. Chose appréciable, on a le droit en seulement 26 pages à une bataille rangée, suivie par une mission d’infiltration tournant au duel de snipers, ce qui est une variété tout à fait appréciable pour un court format. Les affrontements entre Garde Impériale et Eldars des Vaisseaux Mondes étant de plus assez rare dans la GW-Fiction, on appréciera d’autant plus ce ‘Small Cogs’ à sa juste valeur. Je valide

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Angels – R. Earl :

INTRIGUE:

Alors que la fin approche pour lui, après une longue vie de près de 50 ans (ce qui est apparemment respectable sur la planète féodale sur laquelle il vit), Bobby1 se remémore l’événement le plus marquant de son existence, un souvenir tellement puissant qu’il l’a guidé dans les moments charnières de sa vie, depuis l’accouchement de sa femme jusqu’à l’extermination d’une meute de loups un peu trop familiers. Cela s’est passé il y a bien longtemps, lorsqu’il n’était qu’un petit nenfant…

Né dans le petit village de Pasternach, Bobby connut une enfance rude mais heureuse dans ce hameau fort éloigné du tumulte grimdark d’une galaxie hostile, jusqu’à ce que des signes inquiétants se multiplient dans les environs immédiats du bourg. Les méthodes traditionnelles (envoyer une patrouille faire mumuse dans la forêt voisine) n’ayant, pour une fois, pas donné les résultats escomptés, une douce psychose commence à s’abattre sur Pasternach au fur et à mesure que des événements sinistres se produisent dans le voisinage (meurtre sauvage d’un vieil ermite qui résidait un peu en retrait du village, disparition de l’expédition de volontaires envoyés quérir de l’aide dans la ville la plus proche, incendie probable de cette dernière en pleine nuit). Décidés à se défendre contre les forces maléfiques qui crapahutent dans les sous-bois, les villageois transforment leur communauté en fort retranché, mais cela ne décourage pas la bande de mutants assoiffés de sang et de chair fraîche qui constitue la cause de leurs tracas de passer à l’attaque, au cœur d’une sombre nuit d’automne.

Malgré leur vaillance et leurs outils de ferme soigneusement affutés, tout aurait pu et dû très mal se finir pour les Pasternachois, très démunis face à la férocité et au nombre de leurs assaillants. Au moment où tout semblait perdu, cependant, quatre « anges » (d’après les mots du narrateur) font leur apparition sur la palissade ceignant le village, et commencent à tailler des croupières à la horde impie, avec une terrible efficacité qui ne manque pas d’impressionner le jeune Bobby. Ce qu’il ne peut pas savoir, en pauvre inculte qu’il est, c’est que les nouveaux arrivants sont des Space Marines2, et que le massacre d’une bande d’Hommes Bêtes en maraude n’est probablement qu’un échauffement avant leur tournoi de bière pong énergétique. Toujours est il que la bogossitude absolue de l’Astartes fait une très forte impression sur Bobby, qui tirera de ce souvenir impérissable la fortitude nécessaire pour affronter tous les aléas de sa morne vie de péquenot. Merci Pépé.

1 : Comme il n’a pas de nom, je lui en donne un.
2 : Robert Earl ne donne pas d’indication quant à leur allégeance, et comme leur livrée est bleue et verte, il est permis de penser qu’il ne s’agit pas nécessairement de loyalistes

AVIS:

Avant le lancement des gammes Warhammer Horror et Crime, rares étaient les nouvelles de 40K s’intéressant au point de vue des humbles sujets de l’Imperium, et à ce titre, ‘Angels’ est une œuvre intéressante et résolument précurseuse (?), puisqu’écrite plus de vingt ans avant que la Black Library fasse le pari de la diversification. Bien sûr, il y a bien des Space Marines au casting de cette courte nouvelle, mais Robert Earl garde volontairement et astucieusement la caméra braquée au niveau de son jeune et impressionnable héros, qui est au fond assez proche de la grande majorité des habitants de l’Imperium dans sa méconnaissance absolue de qui sont les Elus de l’Empereur. Ajoutez à cette bonne idée de positionnement narratif le talent de conteur d’Earl, et vous obtenez une des nouvelles courtes (10 pages ou moins) les plus efficaces du catalogue de la BL à mon humble avis. Un vrai masterclass en GW-Fiction.

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Hellbreak – B. Counter :

INTRIGUE:

Le Commissaire von Klas a eu la mauvaise idée d’être capturé vivant par les Eldars Noirs lorsque ces derniers ont annihilé son régiment, et son séjour à Commoragh se passe aussi bien, ou mal (c’est selon), que l’on peut l’imaginer. Identifié par ses tortionnaires comme officier, il a la chance douteuse de participer aux jeux donnés par la cabale de l’Échine Rompue (Broken Spine) en l’honneur de son maître, le positivement ancien Archon Kypselon. Rustre jusqu’au bout des ongles, von Klas a l’outrecuidance de remporter son duel face à une Céraste au style trop chargé pour son propre bien, et d’une manière si peu élégante (il lui pète le pif avant de l’empaler sur sa propre hallebarde… honteux) qu’il est prestement condamné à être écorché vif par l’Haemonculus personnel de Kypselon.

Survivre aux Intervilles1 de Commoragh a toutefois boosté le moral, déjà naturellement élevé, de notre brave Commissaire. Lorsque son tortionnaire (Verredaek) fait l’erreur de se présenter à lui sans l’avoir attaché au préalable, confiant qu’il est dans son aura de terreur pour figer sur place son nouveau sujet d’expérimentation, von Klas ne tarde pas à lui faire goûter à sa propre médecine, et s’échappe après lui avoir fauché sa main rasoir et son pistolet à aiguille, recrutant dans des geôles adjacentes quatre autres Gardes Impériaux malchanceux gardés en réserve par Verredaek. L’Haemonculus agressé n’aura guère le temps de s’excuser de sa nullité crasse auprès de son impitoyable employeur, qui le fait exécuter par sa Succube de compagnie (Yae) pour faute lourde, avant d’ordonner à cette dernière d’aller mettre un terme à l’excursion des Mon-keigh dans son territoire. Après tout, il a un rival ambitieux (Uergax de la cabale du Fil de la Lame) à mater, et ne peut se permettre qu’une bande de primates mal dégrossis sèment la pagaille à domicile.

Malheureusement pour Kyky, Yae ne sera pas très efficace dans sa traque, à tel point que von Klas et sa petite escouade parviennent à s’emparer de l’usine du Sybarite Laeveq, et des deux mille esclaves humains utilisés par ce dernier comme main d’œuvre, multipliant leur potentiel de nuisance. Pire, les mutins choisissent de se réfugier dans le temple que l’Archonte a fait élever à sa gloire (c’est un gars simple), ce qui constitue un crime de lèse-majesté impardonnable. Tant pis pour la prudence, Kypselon réunit le ban et l’arrière-ban de sa cabale et envoie ses pillards reprendre possession de la basilique gothique (elle est construite uniquement en os) aux zadistes en furie. Il commet toutefois l’erreur de sous-estimer la résolution du meneur adverse, trop content de faire s’effondrer le plafond de l’édifice sur les combattants au plus fort de la bataille, même si cela précipite l’écrasement de son insurrection raciale. Écrasé pour écrasé, autant que les Eldars Noirs participent à cette soirée crêpes, pas vrai ?

Début spoiler…La nouvelle se termine dans une cellule de la cabale, où un von Klas en bien piteux état après son coup d’éclat languit des jours durant, jusqu’à ce que ses geôliers lui amènent un compagnon d’infortune, qui se révèle être Kypselon en personne. Comme l’Archonte l’apprend à son valeureux adversaire, sa rébellion a coûté très cher à l’Echine Rompue, aussi bien en ressources qu’en cabalites, et ses rivaux du Fil de la Lame ont profité de ce moment de faiblesse pour attaquer et annihiler ce qu’il lui restait de suivants. Bien que von Klas sache qu’il ne lui reste plus longtemps à vivre, il peut toutefois savourer l’indéniable victoire qu’il a remporté sur son adversaire, qui n’aura certainement pas la chance de bénéficier de la mort rapide dont le Commissaire agonisant héritera…Fin spoiler

1 : Je m’interroge sur la pertinence de mettre un -s, la cité drukhari n’ayant pas d’équivalent.

AVIS:

Ben Counter nous plonge dans l’enfer de Commoragh avec maestria dans cette variation sur le thème de Spartacus, qui illustre parfaitement la cruauté des Eldars Noirs et la défiance de la Garde Impériale face à l’adversité. Au final, ces deux factions sortent grandies de ce ‘Hellbreak’, et le lecteur bénéficie d’une histoire purement grimdark, comme sa conclusion aussi satisfaisante que nihiliste le démontre pleinement. De la nouvelle 40K comme on aime.

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Battle of the Archeosaurs – B. J. Bayley :

INTRIGUE:

La planète ABL 1034, colonisée par l’humanité en des temps forts lointains puis laissée à mariner dans son jus pendant la Longue Nuit, a été redécouverte par l’Imperium. Idéalement situé pour devenir une capitale sous-sectorielle, comme Mont de Marsan avant lui, ce monde primitif aurait dû être conquis ou reconquis par le régiment de Gardes Impériaux dépêché sur place sans le moindre effort, mais voilà : les bidasses ont été toutes massacrées par la population locale, malgré le très faible niveau technologique de cette dernière. Une deuxième expédition, mécanisée celle-là, n’a pas connu un sort plus favorable, faisant d’ABL 1034 une sorte de village gaulois galactique, résistant vaillamment contre l’envahisseur romain impérial. Foin de druide à la faucille en or ou de potion magique ici : la raison de cette défiance étonnante se trouve dans la présence d’une mégafaune domestiquée par les natifs, et baptisée archéosaures par les Magos Biologis en raison de la ressemblance des dites bestioles avec les lézards géants qui peuplaient Terra il y a des millions d’années.

Comme on le sait bien ici, ni la patience ni la bienveillance de Pépé ne sont sans limite, au contraire de ses armées, qui sont elles proprement inextinguibles. La troisième fois sera donc la bonne pour l’Imperium, qui décide de mettre le paquet pour s’assurer d’une victoire probante et envoie pas un, mais deux Titans Warlord mettre de l’ordre sur ABL 1034. Bien que les Princeps des machines envoyées sur place (Gaerius et Efferim) doutent fortement que l’ennemi soit en mesure de les inquiéter, la discipline légendaire de l’Adeptus Titanicus les empêche de livrer le fond de leur pensée aux gradés de la Flotte et de la Garde avec lesquels ils partagent la séance de briefing pré-déploiement. Et puisqu’ils sont sur place, autant faire le job, pas vrai ?

Cette belle confiance est rapidement, même si temporairement, ébranlée par la vision qui attend les Princeps lors de leur descente à la surface de la planète : pas moins de cinq épaves de Gargants ork jonchant la plaine choisie par le commandement impérial pour déployer ses forces. Bien que Gaerius choisisse de croire qu’il s’agit d’une conséquence de la nature belliqueuse des Xenos, tout prêts à se battre en eux en absence d’ennemis valables, plutôt que d’un fait d’armes des indigènes, son aveuglement béat ne va pas durer longtemps. L’arrivée de la troisième vague d’assaillants n’est en effet pas passée inaperçue chez les locaux (en même temps, on parle de marcheurs d’assaut de plus de trente mètres de haut, c’est voyant), et la tribu la plus proche n’est pas longue à envoyer ses guerriers et deux archéosaures livrer bataille aux nouveaux venus. On apprend à l’occasion d’un petit passage raconté depuis le point de vue de l’un des deux seuls survivants de la deuxième vague impériale, et reconverti en étendard vivant par les autochtones, que ces derniers arrivent à contrôler leurs montures grâce à des pieux métalliques fichés dans le crâne des archéosaures à des endroits précis, et dont les vibrations permettent d’activer certaines zones du cerveau de ces grosses bestioles. C’est tout simple, mais il fallait y penser (et surtout, trouver un moyen de mettre l’idée en pratique…).

Le combat s’engage donc entre les Titans et les Kaijus, et le petit rictus de suffisance qui flottait sur les lèvres du Princeps Gaerius est rapidement remplacé par une grimace d’incrédulité devant la résistance incroyable de ses adversaires, puis par de la panique pure et simple lorsque les archéosaures déclenchent leur combo spéciale « jet de flammes/cabrage/coup de queue », mettant au tapis le Warlord d’Efferim et laissant la machine rescapée composer seule avec les deux dinosaures énervés qui lui font face. L’entraînement et la discipline de l’équipage du Titan survivant (et les gros flingues dont il dispose) permettent toutefois à Gaerius d’arracher une victoire mineure en abattant les lézards géants à bout portant avant qu’ils n’aient pu lui faire des papouilles. C’était moins une pour la crème de la crème de l’Omnimessie…

Début spoiler…Et ce n’est surtout que partie remise pour la tribu vaincue, dont le nouveau chef décide que l’heure n’est plus aux combats honorables en 2 contre 2. Ayant bien compris que les armées impériales ne reculeraient devant rien pour s’emparer de la planète, il envoie dès le lendemain l’intégralité de son cheptel, soit une centaine d’archéosaures, piétiner les positions adverses. Le Titan mal en point de Gaerius ne peut pas s’opposer à une telle démonstration de force, et la troisième campagne se termine aussi ignominieusement que les précédentes.

Notre nouvelle quant à elle se conclut sur la décision prise par des gros bonnets de l’Imperium de régler une fois pour toutes cet ennuyeux, coûteux et humiliant problème en déchainant un petit Exterminatus sur la planète rebelle, quand bien même ça l’abimerait un peu, au moins à moyen terme. Un constat partagé à grand cri par notre ami Gaerius, qui a survécu à la débâcle et a été « adopté » par la tribu d’ABL 1034, où il sert maintenant de décoration frontale d’archéosaure. Voilà une reconversion réussie.Fin spoiler  

AVIS:

Une nouvelle « et si ? » par excellence, ‘Battle of the Archeosaurs’ permet à une des plumes les plus libres de la première époque de la Black Library de mettre en scène une bataille assez improbable et donc totalement savoureuse entre Titans Warlord et dinosaures géants, le tout avec un respect du fluff que l’on ne peut qu’admirer. On ne verra probablement plus rien de tel dans le catalogue de la BL (tant pis ou tant mieux, je vous laisse seuls juges), ce qui est une autre raison pour les amateurs de GW-Fiction de prendre connaissance de cet OVNI de la littérature 40K.

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Know Thine Enemy – G. Thorpe :

INTRIGUE:

Lorsque la planète Slato et ses deux cent mille colons se trouvent menacés par les perfides Eldars, il incombe à la 4ème Compagnie des Salamanders de voler à la rescousse de cet agri-monde guère capable de se défendre seul contre les insaisissables Xenos. Nous suivons donc le Chapelain Ramesis et les trois escouades qu’il chaperonne alors que ce beau monde se dirige en Thunderhawk vers le portail Warp où se concentre la majorité des combats. Après avoir conduit les rites appropriés, formellement accueilli un frère de bataille novice (Xavier1) au sein de la Compagnie, et surtout briefé ses hommes – et le lecteur avec eux – sur les tenants et les aboutissants de leur mission, Ramesis est sauvé de l’indignité de devoir se lancer dans le stand up pour meubler la nouvelle par l’attaque d’un vaisseau eldar, qui force le Thunderhawk à se poser en catastrophe dans la pampa. Rien de très grave pour nos fiers surhommes, qui partent en petites foulées en direction du champ de bataille, après s’être rapidement coordonnés avec le reste du contingent Salamanders, sous les ordres du Capitaine Nubean et de l’Archiviste Zambias.

La session de décrassage des verts les amène à traverser un bois, où les attendaient quelques Rangers pas très dégourdis, et qui se font vite laminer par les intraitables (mais pas beaucoup plus malins2) Astartes. Cette échauffourée donne l’occasion à Thorpe de nous resservir une nouvelle tournée de dialogues ciselés, avant que les détachements de Ramesis et de Nubean n’accomplissent leur jonction, ce qui mène évidemment à plus de palabres entre les trois officiers. Moment de grâce absolu où les lignes défilent sans que les mots prononcés n’aient le plus traître intérêt : c’est un peu comme si on avait demandé à ChatGPT d’écrire un rapport de bataille 40K depuis le point de vue d’un mauvais commentateur sportif. Après avoir débattu pendant à peu près trois mille ans, notre fine équipe repart, toujours en courant, vers le portail Warp tant attendu (par le lecteur en tout cas) afin d’aider la Garde Impériale à défendre cette mystérieuse relique contre les attaques incessantes des Eldars. On apprend aussi qu’un Techno-Prêtre de l’Adeptus Mechanicus (Simeniz) a été dépêché sur place pour étudier la machinerie Xenos, qui doit donc être impérativement défendue et non détruite de manière préventive (ce qui serait tout de même ’achement plus pratique). ‘Ach !’ fait Ramesis, que son dédain pour les disciples de l’Omnimessie transforme soudainement en germanophone. On est plus à un cliché près, à ce stade.

Après avoir complété leur marathon, les Salamanders se positionnent autour du portail, confiants dans la tactique du camping éhonté pour remporter la victoire à la clock. Après tout, c’est ce qu’à fait l’Empereur pendant le Siège de Terra, et ça lui a bien réussi. Nouvelle scène de baston, nocturne cette fois-ci (sans doute un hommage à la planète natale de nos héros), pendant laquelle Thorpe finit d’égrener laborieusement les entrées du Codex Eldars V3, et où rien de bien intéressant ne se passe. Hors champ, Nubean décide d’aller taquiner le goujon avec son escouade de commandement et revient après quelques temps accompagné d’un Prophète et de deux Archontes. Stupéfaction chez Ramesis, qui ne comprend pas comment le Capitaine a pu parlementer avec l’ennemi, et manque de commettre une boulette en décochant un coup de crozius aux invités de son supérieur. En même temps, la haine est son métier, on ne peut pas lui reprocher d’être un peu intolérant sur les bords.

Revenus devant le portail pour, je vous le donne en mille, tailler le bout de gras, Salamanders et Eldars parviennent presque à se mettre d’accord sur la marche à suivre pour coopérer et ainsi empêcher la cabale du redoutable Kha-rehk d’activer la porte afin de piller Slato. C’était d’ailleurs l’objectif initial des Zoneilles, dont la tranquillité du Vaisseau Monde se serait retrouvée menacée à plus ou moins long terme en cas d’incursion réussie de la part de leurs méchants cousins sur la colonie impériale. Je dis « presque » car au moment où le Prophète commence à incanter pour désactiver la wifi, le portail commence à s’ouvrir et Ramesis a une réaction malheureuse : coller un pain au Xenos le plus proche. Après tout, il y a une bonne chance que ce soit de sa faute, pas vrai ? La situation dégénère totalement et les trois Eldars finissent en salami, Xavier s’illustrant particulièrement en assénant le coup de grâce au Prophète avec le crozius de Ramesis…

Début spoiler…Toutefois, cela n’empêche pas la nouvelle de se terminer sur une défaite critique de l’Imperium, la décision hâtive et xénophobe du Chapelain ayant permis aux Eldars Noirs d’ouvrir le portail et de déferler en masse sur les positions impériales. Ramesis a le temps de réaliser qu’il a vraiment chier dans la colle, l’alliance des Space Marines, Gardes Impériaux et Eldars ayant pu permettre de repousser les Drukharis, avant de se faire ôter son dernier point de vie par une foultitude de cabalites surexcités. Dans la vie, il faut savoir choisir ses combats.Fin spoiler

1 : Oui, LE Xav’ en personne. Gav Thorpe n’a jamais pu résister à un caméo de personnage nommé, c’est son péché mignon.
2 : Ramesis décide en effet de couper à travers bois alors que 1) son second lui avait fait part d’un fort risque d’embuscade, et 2) l’auspex de ce dernier avait confirmé la présence d’humanoïdes embusqués dans le bosquet.

AVIS:

Un jeune Gav Thorpe se frotte à la nouvelle de taille intermédiaire (32 pages), pour un résultat comiquement laborieux. C’est bien simple, plus de la moitié du texte de ce ‘Know Thine Enemy’ est constituée de passages de remplissage, alternant entre passages fluff (ne respectant d’ailleurs pas du tout le background1), expositions sans honte et dialogues creux. Ah, et de remise de casque aussi. Parmi les rares éléments rédempteurs de cette bouillie littéraire, citons tout de même l’idée de terminer la nouvelle sur une défaite sans appel des protagonistes (pas si fréquent dans la GW-Fiction), et l’enrichissement de l’historique du (pas encore) Chapelain Xavier. Pour le reste, nous qualifierons poliment cette nouvelle de travail de jeunesse assez peu abouti, et passerons à autre chose. Ça vaut mieux pour tout le monde.

1 : Entre les Space Marines qui considèrent l’Empereur comme un dieu, les 10 Compagnies de Salamanders (au lieu de sept) dénombrées par Thorpe, et le mépris total dont ces derniers font preuve pour la vie de leurs alliés humains, le fluffiste souffle fort à la lecture. L’auteur a fini maître du background chez GW, donc il s’est rattrapé après cela.

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The Wrath of Khârn – W. King :

INTRIGUE:

The Wrath of KhârnLa régularité, c’est la clé de la longévité. Il suffit de regarder Khârn (10.000 printemps et 2.243 meurtres – pour cette campagne – au compteur au début de notre histoire) pour s’en convaincre : le bougre aime toujours autant ce qu’il fait depuis dix millénaires, et cela lui a permis de garder la vigueur d’un jeune homme malgré une existence aventureuse et une hygiène de vie questionnable. Un véritable exemple pour la jeunesse, moi je dis. Nous cueillons le petit chaperon rouge sang au détour d’un champ de bataille situé sur un monde démon dédié à Slaanesh, sur lequel Mr Félon mène une attaque avec ses enthousiastes Berzerkers pour détruire une relique impie gardée au sein du Temple de l’Indulgence Superlative (tout un programme) : le Cœur du Désir.

Comme on peut s’en douter, il n’y a personne dans la team duckface qui soit capable de rivaliser avec notre héros dans le noble art du combat rapproché, et Khârn ne met que quelques pages à enfoncer les défenses ennemies, détruisant l’intégrité physique et ruinant les justaucorps moulants de tous ceux qui ont le malheur de croiser sa route. Il finit par parvenir avec quelques copains jusqu’à la salle principale du Temple, où les attendait le chef des Slaaneshi, alangui comme il se doit sur un trône enfermant l’essence d’un Démon Majeur : le fameux Cœur du Désir !

Si l’aura de sensualité et de concupiscence qui émane de la chaise démoniaque pique un peu les yeux de notre farouche champion, ses effets sont décuplés sur ses humbles suivants, qui à sa grande colère succombent tous à l’étreinte lascive du Prince des Plaisirs. Juste le temps de corriger de manière définitive ces gougnafiers, et Khârn peut se concentrer sur le cas du cultiste en chef, dont l’inqualifiable familiarité1 n’est pas le moindre de ses péchés. Encore une fois, l’affaire est vite expédiée, quelques moulinets de Gorechild ayant vite fait d’apprendre la bienséance à ce hippie dévergondé, et ce malgré son intéressante capacité à continuer à contrôler ses membres après qu’ils aient été tranchés.

Le boss final de notre récit s’avère être le Cœur du Désir, ou plus précisément l’entité démoniaque qui y est prisonnière. Cette dernière commet l’impardonnable erreur de suggérer à Khârn qu’un type qui s’appelle « le Félon » peut sans problème s’asseoir sur sa loyauté à Khorne (et sur le trône de Slaanesh par la même occasion), alors que notre héros est justement fier de sa loyauté exclusive au dieu du Sang. S’il a trahi ses camarades World Eaters, c’est justement parce qu’il considérait qu’ils s’étaient détournés des commandements de Khorne ! Cette bévue sera lourde de conséquence pour le Cœur du Désir, qui se prend un grand coup de hache tronçonneuse dans le dossier et termine la nouvelle en pièces détachées. Si vous tendez bien l’oreille, vous pourrez entendre Khârn fredonner I’m still standing alors qu’il regagne son vaisseau avec la satisfaction du devoir accompli…

1 : Il appelle Khârn « vieille branche », ce qui n’est pas très pro.

AVIS:

Nous sommes en présence de la toute première apparition de Khârn dans la GW-Fiction, et c’est peu de choses que de dire que de l’eau – ou peut-être du sang – a coulé sous les ponts depuis ces débuts brut(aux) de décoffrage signés de la main de William King. Ce personnage iconique a en effet gagné une profondeur très intéressante à travers son traitement dans l’Hérésie d’Horus, et que l’on ne retrouve absolument pas dans ‘The Wrath of Khârn1, mais il serait assez injuste de le reprocher à King à mon avis. Ici, nous sommes en présence du champion de Khorne altéré de sang dans sa plus pure forme, et dont la plus grande force est son inextinguible soif de combat et de meurtre ; c’est d’ailleurs la « morale » de l’histoire servie par un William King qui n’a pas franchement poussé son talent de scénariste. Cette nouvelle pourrait être qualifiée de simpliste et d’indigente au vu des standards actuels de la Black Library, mais si on la considère dans le contexte de sa première publication (en 2001, et dans un White Dwarf), un peu de mansuétude est tolérable. À lire si vous êtes un aficionado dévoué du Félon, très dispensable sinon.

1 : Un jeu de mots typiquement anglo-saxon, car faisant référence au film ‘The Wrath of Khan’ de la série Star Trek.

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Ancient History – A. Chambers :

INTRIGUE:

Recruté contre son gré comme équipier polyvalent du Retribution, fier vaisseau de la flotte impériale à rade de personnel, à l’issue d’une opération porte fermée (traduction : une fois qu’on est rentré, on ne peut plus sortir), Nathan, notre héros, découvre progressivement les joies et les peines de la vie de canonnier de marine, noble et utile occupation qu’il projette toutefois d’abandonner dès qu’une occasion de déserter se présentera à lui. Cette frilosité à s’engager sur le long terme dans une institution impériale pourtant aussi respectable que la Navy1 s’explique en partie par la présence d’un nuisible connu de Nathan, Kendrikson, dans l’équipage de Balthasar (le nom du macrocanon auquel notre homme a été affecté). Les deux forçats se sont quittés fâchés au cours d’une précédente collaboration, et bien que Nath’ ne serait pas contre une petite vendetta pour régler ses comptes avec son ex-nouveau collègue, il préférerait à tout prendre mettre quelques années lumières entre eux, un « accident » du travail étant si vite arrivé… En plus de ces problèmes relationnels, le Warp ne s’avère pas être un long fleuve tranquille, et sa traversée pèse lourdement sur l’estomac et la psyché des rats de cale. En témoigne le coup de sang passager d’un passager, Fetchin, qui succombe à une crise de claustrophobie démoniaque, puis à une décharge de fusil à pompe à bout portant, non sans avoir envoyé quelques badauds à l’hôpital et à la morgue auparavant.

Nathan a toutefois la chance de pouvoir compter sur le patronage bienveillant de Kron, canonnier vétéran dont l’accent chantant, les histoires passionnantes, les relations privilégiées avec le management et la connaissance intime des coursives du Retribution permettent au bizut d’acquérir des connaissances et compétences précieuses, monter dans la hiérarchie balthasaresque et, accessoirement, échapper à la tentative d’assassinat dont il fait les frais de la part de ce mauvais sujet de Kendrikson, qui se révèle être un Luminen2 infiltré.

Cette prise de fonction mouvementée culmine avec la toute première bataille spatiale à laquelle Nathan participe, baptême du feu à plus d’un titre au cours duquel il aura l’occasion de se frotter à l’ennemi de plus près que prévu sur sa fiche de poste, le crash d’une torpille d’abordage à proximité de son espace de co-working le forçant à prendre les armes pour défendre la vertu et l’intégrité de Balthasar contre les assauts païens de vils cultistes chaotiques, dont l’encadrant se trouve être un Space Marine renégat. Il faudra une nouvelle fois l’intervention décisive de Kron, qui sous ses abords décatis, se révèle être un individu décidément plein de ressources et d’énergie (il se relève d’un tir de pistolet bolter à bout portant et tase l’Astartes à mains nues), pour permettre à notre héros de se sortir de ce coup de Trafalgar. Les mystères de l’origine et des motivations du mentor de Nathan ne seront pas levés par Chambers avant la conclusion de cet ‘Ancient History3′, mais une chose est sûre, quand on est Kron, on est Kron.

1 : Sécurité de l’emploi, gîte et couvert offerts, destinations variées, activités physiques régulières… Ça c’est un job de rêve.
2 : Plus de quinze ans avant la sortie du Codex Adeptus Mechanicus, Chambers convoquait déjà des électro-prêtres dans ses nouvelles.
3 : Qui a peut-être été suivi d’une autre nouvelle, et aurait dû l’être ? Je suis sur le coup les aminches.

AVIS:

Nouvelle protéiforme et un peu foutraque, ‘Ancient History’ est une soumission plutôt hétérodoxe, mais loin d’être inintéressante de la part d’Andy Chambers. En multipliant les partis pris narratifs (cela commence comme un récit d’évasion, avant d’intégrer un passage « mythes et légendes », puis d’embrayer sur une révélation plutôt étrange sur un des personnages principaux, et de tourner à l’action pure et dure, pour se terminer sur un mystère vraiment mystérieux) et les péripéties, le grand méchant joueur n’a pas choisi la facilité, et son propos en paraît en conséquence décousu et incertain dans sa finalité. Pour autant, le simple fait de mettre sur le devant de la scène des personnages très peu abordés par la BL mais au moins aussi caractéristiques du grimdark de 40K que les Space Marines ou l’Inquisition (les « marins » de la Flotte Impériale) ne manquera pas d’attirer la curiosité bienveillante des lecteurs avides d’en apprendre plus sur la vie des travailleurs de la mer l’espace, ce en quoi Chambers se montre plutôt généreux. En outre, l’inclusion de la Complainte du Vieux Marin à la sauce 40K dans le récit s’avère être un interlude des plus intéressants entre deux scènes d’action, et ne manquera pas de susciter les hypothèses les plus radicales de la part des exégètes de tout poil qui constituent une part non négligeable du lectorat de la Black Library. La balance est donc plus que positive pour ‘Ancient History’ dont les apports fluff et l’originalité compensent largement les tâtonnements et… l’originalité (aussi).

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Snares and Delusions – M. Farrer :

INTRIGUE:

40K_Snares & DelusionsC’est un jour très spécial pour l’Apôtre Noir De Haan (Dan de son prénom) : après des millénaires passés à traquer le Vaisseau Monde de Varantha à travers la galaxie, tous les signes prédisent que l’heure de la confrontation finale est arrivée entre Word Bearers rancuniers et Eldars élusifs. Débarqué à la surface d’un monde vierge peuplé d’Exodites (rapidement matés) avec l’avant-garde de son ost, De Haan supervise la consécration du bâtiment offert par la Légion hérétique à la seule ville de la planète : la Cathédrale de la 5ème Bénédiction. Les styles jurent un peu mais c’est une attention touchante, il faut le reconnaître. Notre zélé héros est persuadé que ce monde minable dissimule des portails Warp reliés à Varantha, qu’il hait du plus profond de ses cœurs depuis le moment où les Eldars de ce Vaisseau Monde ont fait échouer dans le sang l’opération tractage et prosélytisme montée par le mentor de De Haan sur Sahch-V, contraignant les fils de Lorgar à une honteuse retraite. Depuis, l’Apôtre Noir a consacré sa vie à la traque de cette faction eldar, parvenant progressivement à resserrer l’étau autour du Vaisseau Monde honni. Preuve de l’inimitié tenace l’opposant à Varantha, il a même reçu une prédiction personnalisée de la bouche de l’un de ses Prophètes, juste avant que le crozius protéiforme1 de De Haan ne le réduise en bouillie : « lorsque tu poseras les yeux sur le cœur de Varantha, la messe sera dite2 ».

Les travaux avancent bien, les Exodites sont en voie avancée d’extermination, et les renforts qui patientent dans la barge de bataille en orbite de la planète ne vont pas tarder à descendre renforcer l’avant-garde : tout va pour le mieux dans la plus grimdark des galaxies, mais un événement troublant vient perturber la bonne humeur de De Haan. Au moment de prononcer son sermon de Haine o’clock, il a eu une panne d’inspiration subite. Son second Meer a beau lui répéter que ça peut arriver à tout le monde, le fier Apôtre est aussi gêné que perplexe après cet incident, mais finit par décider que c’est encore un signe que sa quête arrive à son terme, avant d’imaginer toutes les choses horribles qu’il fera subir à Varantha et à ses habitants une fois qu’il aura craqué le digicode. Positive thinking here. Après tout, les choses se déroulent tellement bien que ce n’est pas un petit blanc passager qui va faire dérailler l’Omphalos Daemonium, pas vrai ?

Début spoiler…Eh bien (et vous vous en doutiez, sagaces lecteurs que vous êtes), si. Surgissant de l’ombre et/ou de la banlieue pourrie de la ville Exodite – ça dépend des versions – les forces de Varantha attaquent la Cathédrale sans crier gare, avec la redoutable efficacité et le haut potentiel disruptif3 qui sont la marque des Eldars des Vaisseaux Mondes. Coupé de ses renforts et bientôt laissé seul survivant de son ost, De Haan a un peu de temps pour songer à la prophétie qui lui a été révélée, et surtout à l’interprétation très optimiste qu’il en a eu jusque-là. Car toutes les fins ne sont pas heureuses, comme l’Apôtre Noir ne tarde pas à le découvrir lorsque le cœur de Varantha, alias son Avatar de Khaine, entre dans la Cathédrale pour demander un petit tête à tête au confessionnel… Ite, missa est.Fin spoiler

1 : Il a le superpouvoir de changer de tête à chaque fois que De Haan pose les yeux dessus, ce qui est… cool.
2 : Ok, c’est pas la traduction littérale mais bon, avouez que c’est approprié pour un Word Bearers.
3 : Tous leurs points de commandement ont été claqués dans le stratagème « pièges à c*n », qui colle des blessures mortelles à toute figure s’approchant à 6 pas ou moins des 10 pions « râteau » placés par le joueur Eldar.

AVIS:

Une nouvelle moins intéressante par son intrigue (dont on devine la fin pratiquement dès le début, la faute aussi à un titre qui vend un peu trop la mèche) et ses personnages (assez quelconques) que par l’aisance stylistique dont fait preuve Matthew Farrer et surtout la bonne rasade de fluff qu’il nous sert au fil des pages, et qu’il a la bonne idée de répartir entre Word Bearers et Eldars. Pas sa meilleure, pour sûr, mais tout de même d’un très solide niveau.

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Hive Fleet Horror – B. J. Bayley :

INTRIGUE:

Jako Jaxabarm exerce la profession d’apothicaire (et pas d’Apothicaire, la minuscule est importante) sur une planète tellement quelconque qu’on saura seulement qu’elle est semi-industrielle1, et située dans le Segmentum Ultima, et gagne sa croûte en soignant les petits bobos du prolétariat local à grand renfort de baume du tigre (bleu). Un contrôle d’identité anodin au sortir d’une consultation rapidement expédiée avec un travailleur aux bras cloqués (Drenthan Drews) le met cependant dans de beaux draps. Par un malheureux – et inexpliqué – hasard, l’Arbitrator qui lui demande ses papiers l’identifie comme étant le Genetor van Leedrix, un Magus de l’Adeptus Mechanicus en fuite depuis des décennies. Ce qui est bien le cas, et provoque l’arrestation sommaire de Jako la fraude et de celui que le zélé fonctionnaire considère comme étant son acolyte (Drews).

Enfermés dans une cellule avec un Garde Impérial accusé de couardise devant l’ennemi, Jako, Drews et le lecteur en sont quitte pour un petit briefing sur la situation compliquée dans laquelle se trouve la planète. L’humble bidasse ne se fait en effet pas prier pour révéler à Jako que la Flotte Ruche Kraken est attendue en gare dans les prochaines heures2, et que les chances pour que la rencontre se passe bien sont assez faibles. Bon d’accord, Jako est un Psyker débutant (la raison pour laquelle il est en fuite depuis pas loin d’un siècle, sa différence n’ayant pas été bien reçue par ses collègues de travail), mais ce n’est pas une raison pour balancer des secrets défense au premier venu, Engagé Chochotte ! Comme pour confirmer les dires de leur informateur, une annonce micro retentit dans la caserne des Arbitrators, annonçant que tous les prisonniers sont priés d’aller mourir au combat contre l’essaim de Hormagaunts qui s’approche en bondissant de la cité. Les portes de la cellule s’ouvrent, des fusils lasers sont distribués, et pendant que le Garde démotivé préfère se suicider plutôt que de retourner au front, Jako et Drews profitent de la quille pour aller faire un tour en ville.

Las, cette escapade est bientôt interrompue par la soirée mousse que les Tyranides lancent soudainement sur la cité, et dont l’effet principal est d’empêtrer les défenseurs impériaux dans une sorte de barbe à papa Xenos, permettant aux envahisseurs de ramener tout ce beau monde dans leurs vaisseaux. C’est l’occasion pour nos héros (et pour le lecteur) d’en apprendre plus sur les motivations profondes de cette race extra-galactique – merci les pouvoirs psychiques de Jako pour justifier le remplissage éhonté auquel se livre Bayley – et d’assister aux premières loges à la terrible cruauté de ces créatures sanguinaires, qui dissèquent un (1) prisonnier avec un intérêt tout scientifique. LES MONSTRES.

Grands nerds devant l’Esprit de la Ruche, les Krakens sont tirés de leurs travaux pratiques par l’arrivée d’une escouade de Space Marines quelconques, qui se contentent de déposer une charge explosive dans la salle de classe avant de repartir en ignorant royalement les captifs humains survivants. Il en faut toutefois plus pour décourager nos deux héros de tenter de faire ami-ami avec les meilleurs de l’Empereur, et ils profitent de la confusion pour suivre à la trace leurs (presque) sauveteurs à travers les corridors organiques du vaisseau ruche, jusqu’au Thunderhawk que les Space Marines acceptent gentiment de partager avec des civils pour le retour au bercail. La nouvelle se termine avec l’explosion du vaisseau sur lequel Jako et Drews étaient retenus prisonniers, et sur le constat qu’il en reste cependant plein d’où il en vient. C’est ça l’embêtant avec les Tyranides, ils n’ont pas vraiment le sens de la mesure…

1 : Ce qui est assez honteux selon les standards de l’Imperium, où tous les concepts sont poussés à fond.
2 : A bord des fameux vaisseaux escargots qui forment le gros des flottes tyranides.

AVIS:

Hive Fleet Horror’ est sans doute la nouvelle de Barrington J. Bayley à avoir le plus mal vieilli de tout son catalogue. On peut à la rigueur passer l’éponge sur la vision très datée que l’auteur a et donne des Tyranides, ici dépeints comme des insectes géants pas foncièrement mauvais mais uniquement intéressés par la survie de l’espèce1, plutôt que comme l’horreur alien absolue qu’ils sont devenus dans le background actuel. Il ne faut pas oublier que Games Workshop a revu sa copie à propos de cette faction à plusieurs reprises, et qu’il fut un temps (certes lointain, et déjà révolu lorsque cette nouvelle a été publiée) où les Tyranides étaient effectivement relativement fréquentables. Soit.

Ce qui est en revanche impardonnable est l’absence d’intrigue et de rythme de cette nouvelle, qui prend le temps de nous présenter avec un luxe de détail disproportionné pour une histoire de 14 pages le passif de son protagoniste (sans que cela serve le récit d’une quelconque façon), l’affuble d’un side kick nommé à l’utilité toute relative, et leur fait vivre une « aventure » d’une simplicité digne de Fantômette ou du Club des Cinq. Certes, cela permet à Bayley de contextualiser ce qui semble être le but premier de ‘Hive Fleet Horror’, c’est-à-dire une présentation de la raison d’être des Tyranides pour les nuls et les newbies, mais le résultat est tellement décalé et téléphoné que je peine à croire qu’un éditeur de la Black Library ait donné son accord pour publier ce texte. Très décevant, et c’est d’autant plus triste qu’il s’agit de la dernière incursion de cet auteur iconique au 41ème millénaire. Au moins, l’illustration d’Adam Smith est très sympa…

1 : Et capable de débarquer sur une planète sans crier gare. L’Ombre dans le Warp, un concept inconnu pour Bayley.

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Ce sera tout pour moi sur ‘Dark Imperium‘, un recueil 40K « à l’ancienne » mais sans doute plus original que la moyenne des publications du même calibre de son époque grâce à l’inclusion de trois nouvelles de l’incomparable Bayley au sommaire. Comme on l’a vu plus haut, cette excentricité ne rime pas toujours avec qualité, mais cela permet au moins de garder un souvenir un peu plus vivace de cet ouvrage après en avoir fini sa lecture. On peut aussi mettre à crédit de cet ouvrage et de ses auteurs et éditeurs la multitude des points de vue et des factions abordés dans ‘Dark Imperium’, depuis la classique Space Marinade jusqu’au quotidien de personnages bien moins iconiques que l’Adeptus Astartes de base, comme le paysan de ‘Angels‘, le cultiste de ‘The Lives of Ferag Lion-Wolf‘, ou encore le « matelot » de ‘Ancient History‘. Bref, un joyeux pot pourri de courts formats, représentant bien ce qu’était la GW-Fiction à cette époque de son histoire.

BLACK LIBRARY CELEBRATION WEEK 2023 [Recueil]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue des nouvelles de la Black Library Celebration Week 2023, qui vient compléter et achever la série de sorties de ce temps fort annuel de la GW-Fiction. Il s’agit de la deuxième semaine new content daily proposée par la BL, après celle consacrée à la Garde Impériale en janvier (chroniquée ici, pour ceux que ça intéresse), et contrairement à sa prédécesseresse (mais si), elle couvre les trois franchises majeures de la maison-mère, 40K et Age of Sigmar bénéficiant chacun de deux nouvelles, et l’Hérésie d’Horus d’une.

Un rapide coup d’œil à la liste des contributeurs ne révèle pas de grande surprise, à l’exception peut-être du relatif nouveau venu Chris Thursten, qui signe ici sa troisième nouvelle pour Nottingham. On ne présente plus « Sœur » Danie Ware et Robert – l’Assassin – Rath, et si vous êtes familiers de mes publications, les noms de Marc Collins et d’Andy Clark vous parleront également.

Black Library Celebration Week 2023

Comme c’est maintenant devenu une habitude pour les éditeurs de la Black Library, les nouvelles de cette semaine accompagnent pour certaines plusieurs sorties récentes : ‘Zograt’ présentant l’anti-héros du roman ‘Bad Loon Rising’ et ‘The Long Run’ signalant la renaissance « officielle » de Neave Blacktalon1, désormais accompagnée de sa bande de joyeux sidekicks dans l’animé du même nom d Warhammer +. Les conjonctures sont plus incertaines pour ‘Primacy’ (un roman consacré à Eidolon alors que le Siège de Terra bat son plein semblant fantaisiste) et ‘The Bleeding Stars’ (on peut espérer une suite à ‘The Infinite and the Divine’). Quant à la fantasque Augusta Santorus (‘The Nature of Prayer’), elle fait littéralement partie des meubles à ce stade.

Ce propos liminaire étant posé, il est temps de passer à l’analyse de la cuvée 2023, afin de qualifier la qualité d’icelle. Dont acte.

1 : Qui avait déjà été fuitée dans deux précédentes nouvelles, publiées en 2022. Mais si la BL savait tenir un planning, ça se saurait.

Black Library Celebration Week 2023

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Primacy – M. Collins [HH] :

INTRIGUE :

PrimacyAyant à nouveau une tête sur les épaules, le Seigneur Commandeur Eidolon se rend à un événement très select organisé par l’ALF (Association des Légionnaires de Fulgrim) sur une agri-station en déréliction afin de célébrer la bar mitzvah démoniaque du Primarque – un peu – et décider du futur de la IIIème Légion – surtout. Les Emperor’s Children n’étant pas connu pour la finesse de leurs chevilles ni la souplesse de leur nuque, Dodo s’attend à devoir batailler, peut-être au sens premier du terme, avec les rivaux qui ne manqueront pas de s’opposer à sa grande vision, à savoir faire une orgie monstre à travers la galaxie pendant que Pépé et Horus se disputent l’Imperium comme les deux petits vieux acariâtres qu’ils sont. C’est une idée qui se défend, moi je dis : il y a des délégués de collège qui ont obtenu leur place en se contentant de promettre des frites à la cantine, et le programme d’Eidolon est sensiblement plus ambitieux que ça, vous me l’accorderez.

Bien qu’étant moche comme poulpe et aussi coordonné que l’opposition parlementaire en l’an de grâce 2023, Eidolon n’a pas tort : en plus de ce pisse-vinaigre de Fabius Bile, qui s’éclipse bientôt pour aller arroser ses parterres d’endives (la décadence des Emperor’s Children a atteint des niveaux proprement révoltants), notre tête de linotte doit composer avec deux redoutables rivaux : le Premier Capitaine Julius Kaesoron et le Seigneur Commandeur Cyrius. Juju, toujours aussi fidèle à son cher Fulgrim, est partisan de mener la Légion à la recherche du Primarque démoniaque, afin de le réinstituer dans ses fonctions. De son côté, Cyrius souhaite que les Emperor’s Children respectent la parole donnée par le même Fulgrim à Horus au début de l’Hérésie, et prennent part à la campagne menant à Terra. Le système de vote par acclamation ne donnant rien de probant – et pourtant, Eidolon pouvait compter sur ses Kakophoni, c’est dire s’il est impopulaire –, l’auguste assemblée décide de trancher ce dilemme par un bon vieux combat à mort. Il faut respecter les traditions, que diable.

Alors que ses rivaux choisissent de se faire représenter par des champions, Eidolon accepte de mouiller le maillot énergétique et défend lui-même ses couleurs (le gris taupe et le vert caca d’oie). Comme on peut s’y attendre, l’armure en scenarium de ce personnage nommé le protège admirablement des coups de ses humbles adversaires, et Fulgrim en personne vient lui susurrer dans l’oreille qu’il re-mourra un autre jour, ce qui est un petit plus appréciable. Au terme d’un combat sans merci, Dodo fait mordre la poussière l’humus à Catran Bessili (RIP) et Praescus Vak (RIP), remportant ce combat des chefs et gagnant le droit d’ajouter un « Primus » à son titre de Seigneur Commandeur. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour devenir Prom King chez les Emperor’s Children…

AVIS :

Décidément, cette fin d’Hérésie sourit à Eidolon, qui bénéficie sur le tard d’un traitement de faveur de la part des auteurs de la franchise. Marc Collins prend ainsi la suite de Michael F. Haspil (‘Amor Fati’) et vient nous expliquer comment le Seigneur Commandeur disgracié retrouva la tête de sa Légion, après l’avoir retrouvée tout court (sa tête, pour ceux qui ne suivent pas). Chris Wraight avait déjà couvert le sujet dans ‘The Soul, Severed’ quelques années auparavant, ce qui est un peu dommage, mais Collins prend soin d’inscrire son histoire dans la continuité des pièces du puzzle déjà connues1, et renforce la profondeur – que je ne qualifierai absolument pas d’insondable – de son héros en révélant que ce dernier a changé d’idée entre cette nouvelle et celle de Wraight, ce qui montre qu’il n’est pas le dernier des abrutis. Ainsi, Dodo reviendra sur ses plans de débauche galactique après les événements de Horvia et emmènera ses suivants sur Terra pour y faire la fête… ce qui n’est pas si éloigné de ce que proposait Cyrius, au final. Bref, une proposition appliquée et très convenable de la part de Marc Collins, qui démontre sa capacité à évoluer dans un terrain littéraire aussi « encombré » que l’Hérésie d’Horus. Un talent appréciable.

1 : Il fait ainsi intervenir le Seigneur Commandeur Archorian, futur adversaire malheureux d’Eidolon dans ‘The Soul, Severed’ dans ‘Primacy’, clin d’œil évident à la suite de l’histoire.

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Zograt – A. Clark [AoS] :

INTRIGUE :

ZogratLa vie de Zograt, humble Git à la carrure chétive et au pied bot de la tribu du Badwater Drop (que l’on pourrait littéralement traduire par « Chasse d’eau pleine », c’est dire), n’est pas de tout repos. La camaraderie n’étant pas une vertu cardinale chez les peaux vertes, quelle que soit leur taille, l’avorton passe son temps à subir des mauvais traitements de la part de ses camarades mieux bâtis, exception faite du benêt – et pas très costaud non plus – Driggz. Cependant, lorsque le chef Skram Badstabba réunit ses guerriers dans la grande caverne tribale pour faire une annonce générale, les deux minus se rendent sur place avec le reste de la troupe, ne serait-ce que pour s’assurer qu’une catastrophe ne va pas s’abattre sur eux sous peu (ce qui arrive assez souvent chez les Gloomspite, on peut le reconnaître).

Skram, accompagné des Chamanes de son Gobbapalooza, déclare à ses ouailles qu’il a reçu une vision de la Lune Funeste en personne (?), l’enjoignant à mettre la griffe sur le légendaire le Granpignon Kibrille (Great Glowy ‘Shroom), une rare variété de champignon bénie par la divinité tutélaire des Gloomspite. Se jugeant trop important pour mener cette quête par lui-même, le Loonboss cherche donc à convaincre un des ses séides de faire le boulot à sa place, en l’échange d’une promotion bien méritée. L’enthousiasme délirant que suscite cette offre de prime abord est cependant rapidement éteint par un Zograt trop malin (et grande gueule) pour son propre bien, qui interpelle son chef en lui demandant pourquoi il a soigneusement omis d’indiquer l’endroit où le champignon magique est sensé se trouver. Et pour cause, le divin fungus a été localisé par le Gobbapalooza à proximité du sinistre Shudderwood, une forêt peuplée de monstres (ce qui est mal) et située en surface (ce qui est pire). Cette petite information a pour effet de doucher d’un coup les velléités de progression sociale au sein de la tribu, ne laissant plus d’autre choix à Skram que d’envoyer le souffre-douleur du Badwater Drop s’enquiller le sale boulot, ou plus probablement, mourir horriblement en essayant.

Accompagné par un duo de guerriers (Narks et Buggit) tout aussi peu appréciés du management que lui-même, Zograt prend donc la route de Shudderwood. Si le trio parvient à localiser le Granpignon sans autre aléa que l’écrasement malencontreux d’un pauvre scarabée innocent par le Z (à sa décharge, il était alors distrait par les récits de monstre que ses camarades s’amusaient à lui servir pour le « motiver » à avancer – je pense que l’on peut plaider l’insecticide involontaire), le récupérer se révèle être une autre paire de manches, une… bête, ressemblant assez à un Ur-Ghul de 40K, ayant investi la caverne où la précieuse morille a poussé. Alors que Narks et Buggit ne seraient pas contre une retraite prudente, quitte à revenir plus tard avec des effectifs supplémentaires, Zograt se sent attiré de manière inexplicable par le champignon, et décide de tenter sa chance, bien aidé par ses capacités cérébrales supérieures à la moyenne. Il comprend ainsi que le monstre est aveugle mais se repère grâce à son ouïe et à son odorat surdéveloppés, et qu’il est donc possible de lui échapper en progressant sans un bruit et en plaçant un leurre odoriférant (comme le bout de champignon phosphorescent utilisé comme lanterne par les aventuriers de la truffe perdue) à l’entrée de l’antre de la bête. Ces sages précautions, et la stupidité crasse de ses camarades, qui attirent rapidement l’attention de leur hôte et se font donc dépecer sans ménagement, permettent à Zograt de toucher prendre un croque dans le saint des saints. Des visions aussi apocalyptiques que grandioses s’emparent alors de notre héros, culminant en l’apparition de la Lune Néfaste dans sa blafarde majesté : il est évident que le petit Git est destiné à de grandes choses, et donc peu étonnant que Zograt parvienne à s’enfuir avec son butin sans trop de dommage (une oreille balafrée), en se glissant dans une fissure dans la roche trop étroite pour que le monstre puisse le suivre.

Si le retour au Badwater Drop ne se passe pas aussi bien qu’il l’avait imaginé, Skram lui arrachant le précieux champignon sans même un merci, lui refusant tout net de le faire Boss comme il l’avait promis, et l’envoyant récurer l’enclos à Squigs avec Driggz pour faire bonne mesure, Zograt sent confusément qu’il n’est plus le même Grot qu’au début de sa quête initiatique, et que les choses sont sur le point de changer du tout au tout au sein de la tribu. Ce petit a du potentiel…

AVIS :

Une introduction honnête au roman consacré par Andy Clark au plus philosophe des Gloomspite Gits (à la différence près que Zograt tient sans doute mieux la ciguë que son illustre prédécesseur), mais où l’on ne retrouve pas assez des deux éléments qui font à mes yeux tout le sel de la littérature grot : l’humour nihiliste d’une part, et l’horreur graphique de l’autre. À considérer comme le « chapitre 0 » de ‘Bad Loon Rising1 plutôt que comme une nouvelle autonome.

1 : Le roman commence d’ailleurs 10 secondes après la fin de ‘Zograt’, ce dernier pelletant la bouse de Squigs en compagnie de son fidèle Driggz comme ordonné par Skram Badstabba.

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The Long Run – C. Thursten [AoS] :

INTRIGUE :

The Long RunLe problème quand on est techniquement immortel, c’est qu’on est jamais à l’abri qu’un jeune loup ne vienne piquer votre place en se faisant bien voir auprès de la direction générale (un désagrément beaucoup moins fréquent quand on a que <insert number of years here> à cotiser avant de partir à la retraite). C’est la mésaventure qui est arrivée à notre héros personnage secondaire, Hendrick Silver Wolf : alors qu’il a eu l’honneur de compter parmi les tout premiers Knight-Zephyros des osts de Sigmar, et d’occuper la fonction « honorifique » de maître assassin du patron pendant un temps, il a été déclassé par l’ascension de cette arriviste de Neave, qui lui a chipé le nom de Blacktalon (singulier) ainsi que le rôle de meneur de la petite bande de tueurs connue sous le nom de… Blacktalons (pluriel). Bien qu’il ait accepté cette mobilité interne avec philosophie et noblesse, les relations entre Hendrick et Neave ne sont pas tout à fait apaisées, chacun ayant tendance à considérer que sa parole fait foi.

Le briefing de mission qui réunit la fine équipe, constituée de nos deux lascars et de deux autres Stormcast Eternals (le bourrin Rostus et la snipeuse Shakana) ainsi que de la Soulscryer Idoneth Lorai, voit ainsi Mr H. et Mme N. se chamailler sur la marche à suivre pour régler son compte au Prince Démon de Slaanesh Skiros, dont la dernière occupation est de tailler des croupières à la colonne de croisés Dawnbringers ayant entrepris la traversée de Chamon pour aller secourir la cité de Vindicarum. Isolés dans le désert métallique, les sigmarites sont à la merci des raids réguliers menés par les Hédonistes véhiculés de Skiros, beaucoup trop rapides et fuyants pour être contraints à une honnête bataille rangée. C’est cette mobilité démoniaque qui pose également problème aux Blacktalons : bien que ne doutant pas être en mesure de régler son compte au fat faquin s’ils parviennent à lui mettre la hache dessus, l’attirer dans une embuscade ne sera pas une partie de plaisir. Finalement, nos barbouzes concluent que leur meilleure chance consiste à exploiter la présence d’un canyon à proximité de la route de la caravane pour – tenez-vous bien – balancer par surprise un de leurs Knight-Zephyros dans le buffet du Slaaneshi grâce au pouvoir de « chevauchement de courant d’air en Mach 3 »  dont ces versatiles guerriers disposent, apparemment. Après quelques crispations, c’est finalement Neave qui occupera le rôle de la femme canon, laissant ses comparses tenir la ligne en compagnie des croisés et cliquer Skiros au corps à corps.

L’exécution de ce plan très aéré à défaut d’être bien huilé se passe sans anicroche, Hendrick et Rostus se tapant le sale boulot en utilisant la technique « dos d’âne en sigmarite » sur le char démoniaque de leur Némésis. Persuadée qu’elle n’aurait aucun mal à littéralement rouler sur un pauvre cordon de deux Stormcast Eternals après charge, cette dernière se craque monstrueusement sur ses jets de dé et laisse les fiers paladins à un PV chacun. Esquintés mais pas vaincus, nos héros ne font rien en retour mais l’arrivée providentielle et millimétrée (ça aurait été très drôle qu’elle rate son approche et aille se planter dans une dune) de leur boss, et ses 6D6 blessures mortelles à l’impact, sonne le glas de Skiros. Perforé comme doughnut, le Prince rend piteusement l’âme et ses suivants se débandent, laissant les survivants éprouvés reprendre leur marche vers la cité promise dans de meilleures conditions. Pour les Blacktalons, c’est une nouvelle mission accomplie avec brio grâce à une coopération optimale. Pourvu que ça dure !

AVIS :

Après plusieurs soumissions plus ou moins heureuses sur le nouveau line up Black-talonesque, Chris Thursten remet enfin le temple au milieu de la cité (de Sigmar, bien sûr), avec ce très correct ‘The Long Run’. On a finalement droit à une, certes limitée, mais c’est tout de même appréciable, présentation et contextualisation des différents membres de la bande, de leurs talents particuliers1 et de leurs relations personnelles. La rivalité entre Hendrick et Neave, née de la supplantation du premier par la seconde dans la hiérarchie des traqueurs de Sigmar, est ainsi une trouvaille très intéressante, puisqu’elle donne à la fois envie d’en savoir plus sur le passé de ces deux personnages, et sur la manière dont ils parviendront – ou pas – à passer outre ce changement de statut un peu awkward. En plus de cela, la traque de Skiros, qui sert de trame et d’excuse à ce passage en revue des Blacktalons, se révèle être tout à convenable dans son genre (high fightasy, si vous me passez le néologisme et l’anglicisme). Bien qu’il ne s’agissait pas de l’aspect central de son propos, l’auteur livre une copie propre en la matière, le brave mais vicelard Skiros jouant son rôle de méchant très méchant sans fausse note. Au final, je sors de cette nouvelle avec une envie sincère de connaître la suite des aventures de cette troupe de tueurs en sigmarite, ce qui n’était pas le cas des précédents épisodes de la saga Blacktalon : rien que pour ça, merci à Chris Thursten.

1 : On apprend ainsi que Shakana est capable de faire des simulations mathématiques afin de déterminer les meilleures conditions pour déclencher une embuscade, en plus d’être la DPS à distance de la fine équipe.

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The Nature of Prayer – D. Ware [AoS] :

INTRIGUE :

The Nature of PrayerTrès peu de temps (disons deux heures) après les événements tragiques couverts dans ‘Blasphemy of the Fallen’, l’escouade non-managée de la Sœur de Bataille novice Augusta Santorus reçoit l’appel à l’aide d’un certain Sergent Delgardo par Servo-crâne interposé alors que les Jeannettes de l’Empereur se recueillaient religieusement dans leurs quartiers du vaisseau spatial les ramenant vers le couvent de l’Ordre de la Rose Sanglante. Anomalie du Warp ou intervention de Pépé, le mystère restera entier : toujours est-il que nos quatre héroïnes (Augusta, Emlyn, Leona et Lucienne) décident d’un commun accord de se dérouter pour répondre à la sollicitation de Delgardo. D’après les informations transmises par ce mystérieux individu, il faudrait s’attendre à une farouche opposition, et ça tombe bien, les Sœurs ont envie de cogner sur quelque chose pour faire leur deuil de la regrettable Veradis1.

Direction donc la planète austère (pour changer) et minérale (pour changer bis) de Carngamal, d’où provient le signal capté par la radio de bord des Sœurs de Bataille. Ces dernières atterrissent sous une pluie battante à proximité d’une mine (pour changer ter), et ne tardent pas à tomber sur un tas de cadavres leur permettant d’identifier les forces en présence. A ma droite, les valeureux Gardes du 9ème Catachan, aussi surnommés les Serpents Écarlates. A ma gauche, les Tyranides les plus furtifs et/ou paumés de la galaxie, puisque, comme cette petite futée d’Emlyn le fait remarquer, le simple fait que le message de Delgardo ait pu quitter la planète démontre qu’il n’y a pas d’Ombre dans le Warp à l’œuvre autour de Carngamal. L’invasion homéopathique, un concept sans doute trop novateur pour cette galaxie de brutes épaisses.

Guidées par le scénario, les Sœurs s’enfoncent donc dans les galeries de la mine à la recherche de survivants, et… n’en trouvent pas. Ou en tout cas, pas tout de suite. Après quelques pages à tenter d’instiller une atmosphère oppressante, à base de pressentiments funestes et de bonshommes bâtons dessinés sur les murs des boyaux, Danie Ware passe aux choses sérieuses en mettant face à face Augusta et Cie, et une bande de survivants (quatre Catachan et deux douzaines de mineurs locaux) menée par nul autre que le Sergent Delgardo. Au grand chagrin de cette prude d’Augusta, ce dernier a un langage aussi fleuri qu’un bosquet de Grey Vines au printemps, et semble tout prendre à la rigolade, ce qui est un péché impardonnable dans son esprit rigide. Cette incompatibilité d’humeur passe cependant rapidement au second plan lorsque les Tyranides montrent enfin le bout de leur museau, ou plutôt, le Tyranide. La première vague des Xenos est en effet constituée d’un unique Pyrovore, dont l’arme phallique et les qualificatifs sans équivoque utilisés par Delgardo pour décrire cette dernière dans le feu de l’action, provoquent un émoi fort compréhensible chez les pieuses novices. C’est le top départ d’une course poursuite vers la surface, qui sera fatale à tous les Catachan sauf au bon Sergent, mais dont les bonnes Sœurs se tireront sans trop de problèmes, seule Augusta prenant un pet au casque à la fin de l’échappée fantastique2. Il faut dire que notre fine équipe joue en mode très facile, les Tyranides ayant l’obligeance de se présenter en file indienne devant leurs proies, permettant à ces dernières de gérer assez aisément la menace alien. Dans ces conditions, la Grande Dévoreuse fait beaucoup moins peur, c’est sûr.

La nouvelle se termine avec le réveil d’Augusta dans la navette qui… est là (comprendre qu’on ne sait pas si elle est en train de revenir au vaisseau ou est garée en double file sur le parking visiteurs de la mine). Une petite discussion avec ce brave Delgardo permet à notre héroïne de comprendre que la grossièreté du Catachan cache en fait un cœur d’or et une foi sincère en l’Empereur, et qu’il s’agissait pour lui d’une manière de combattre ses peurs les plus profondes. Si c’est pas une morale édifiante, je ne sais pas ce que c’est. Pour le lol, on notera pour finir que notre bande de ravagé.e.s du bulbe a la ferme intention de revenir finir le boulot sur Carngamal, c’est-à-dire purger la planète de l’infestation tyranide, dès qu’elle aura fait le plein de munitions et établi une stratégie d’attaque. À cinq. Est-ce qu’ils apprennent encore à compter, à la Schola Progenium ?

1 : Pour les acharnés qui se souvenaient que l’intrigue de ‘Blasphemy of the Fallen’ tournait autour du sarcophage de Sainte Myra, ramené de haute lutte depuis le 145ème sous-sol de Saadet jusqu’au vaisseau des Sistas malgré des vibes franchement néfastes et une opposition mi-molle de la population locale, sachez que cette relique n’aura aucune importance ici. Qui a commandé un MacGuffin ?
2 : Les mineurs semblent s’en sortir sans beaucoup de difficultés non plus, mais comme Ware leur consacre deux lignes dans toute la nouvelle, dur d’être catégorique.

AVIS :

Danie Ware retente la carte de l’exotisme dans sa série phare avec la convocation des Tyranides comme antagonistes de la vertueuse Augusta Santorus. Ca n’avait pas marché la première fois (‘The Crystal Cathedral’), ça ne marche pas beaucoup mieux ici non plus, même si les combats sont un tout petit peu moins débiles dans ce ‘The Nature of Prayer’. Mais en l’absence d’un scénario qui tienne la route, de personnages fouillés (ou même différenciés) et d’une atmosphère prenante, cette nouvelle sera reléguée parmi les histoires tout à fait quelconques de la Black Library immédiatement après la fin de sa lecture, comme la plupart des épisodes de la tentaculaire saga de Miss Santorus.

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The Bleeding Stars – R. Rath [AoS] :

INTRIGUE :

The Bleeding Stars

La situation est tendue sur Thanatos, monde nécropole contrôlé par la dynastie Oruscar depuis des éons et attaqué par les forces du Phaeron Akanabekh depuis… des siècles. Les Nécrons n’ont pas le même rapport au temps que nous, pauvres humains, c’est sûr. Si Akanabekh tient tant à faire sien cette planète, c’est qu’elle abrite une relique inestimable : le planétaire céleste, soit une réplique miniature de tous les corps célestes de la galaxie. La mystérieuse technologie qui anime ce chef d’œuvre permet au planétaire de refléter en temps réel les changements qui affectent le cosmos, mais l’inverse est également vrai : si une étoile ou une planète devait être malencontreusement éteinte ou sortie de son orbite par un agent d’entretien maladroit, les conséquences dans le Materium seraient tragiques. Akanabekh, qui déteste le concept de vie organique au plus haut point (peu aidé par la folie du Destroyer qui le consume, ainsi que la plupart des membres de sa dynastie, il faut le reconnaître), est bien décidé à make the galaxy dead again en fracassant le précieux planétaire, ce que ses gardiens dévoués ne peuvent bien entendu pas laisser faire.

Cependant, et malgré leurs vaillants efforts, les armées de la Destruction progressent lentement vers sûrement vers le saint des saints, laissant le triumvirat en charge des opérations (le Technomancien Dzukar, l’Observatrice Zotha et le Plasmancien Ashenti) avec peu d’options pour enrayer l’avancée de l’ennemi, jusqu’à qu’un invité surprise n’entre dans la salle où le management Oruscar délibère. Le nouveau venu n’est autre que Trazyn l’Infini, et son entrée remarquée tend sensiblement l’atmosphère : le bougre a été banni de Thanatos sous peine de mort reformatage après avoir tenté d’ajouter le planétaire à sa collection de Solemnace. Nécessité fait cependant loi, comme il l’explique posément à ses hôtes estomaqués, car il doit vérifier que le sinistre présage qui s’est manifesté dans ses galeries (une cloche de l’apocalypse qui s’est mise à sonner alors qu’elle était tranquille dans son champ de stase) n’annonce pas un événement aussi majeur que tragique. Pour cela, rien de tel qu’une petite visite au Futuroscope necron, qui pourra lui montrer si quelque chose de vilain se trame au niveau galactique.

Très étonnamment (non), les trois Stooges ne s’avèrent pas coopératifs, et menacent même d’envoyer leurs gardes du corps démanteler le châssis de Trazyn, forçant notre héros à passer à l’étape suivante de son plan : le chantage au labyrinthe tesseract. Après avoir sorti de son slip kangourou un cube d’antimatière, il explique posément au triumvirat, vidéo à l’appui, que cet artefact contient Akanabekh et sa Cour de l’Extinction, que ce hâbleur de Trazyn a littéralement réussi à se mettre dans la poche en échange d’un accès direct au planétaire. « Tu bluffes Martoni ! » lui rétorque Ashenti, qui donne l’ordre à ses suivants d’appréhender le malandrin manu militari. A défaut de pouvoir abattre ses cartes, Trazyn jette donc son Pokécube au sol…

Début spoiler…Qui est récupéré avant impact potentiellement désastreux par le Deathmark que l’Infini avait amené avec lui, sobrement nommé le Maître de Chasse, et qui se matérialise sans crier gare sur place, ainsi que le fluff lui permet de le faire. Cette nouvelle arrivée surprise, et la double menace (labyrinthe + fusil sniper) qu’elle représente finit par contraindre le triumvirat à la négociation, et Trazyn peut enfin déjeuner contempler en paix1, et ce qu’il voit le met suffisamment en rogne pour qu’il allonge une patate de forain à Dzukar lorsque ce dernier se gargarise d’être le sage et neutre gardien de l’ordre cosmique. En effet, la galaxie miniature présente des signes avant-coureurs évidents de ce qui ne tardera pas à devenir la Cicatrix Maledictum, confirmant les craintes de Trazyn quant à la future classe verte organisée par Abaddon en direction de Cadia. La treizième planifiée par cet élève peu doué, mais volontaire, pour être précis. Fustigeant l’attitude passive de ses pairs face à une catastrophe désormais inévitable, Trazyn annonce qu’il va se rendre dans le système cadien afin de sauver les miches des impériaux, en lieu et place de leur grabataire de Pépé. Not all heroes wear cape (mais celui-là, oui).Fin spoiler 

1 : Pour ceux qui se le demande, on ne saura pas s’il a réellement réussi à mettre la tête dans le cube à Akanabekh.

AVIS :

Robert Rath renoue avec son personnage iconique de Trazyn l’Infini dans une nouvelle passerelle entre les événements couverts dans ‘The Infinite and the Divine’ et la Chute de Cadia, où le collectionneur le plus illustre de la galaxie fit, comme chacun sait, preuve de largesse en faveur des derniers défenseurs de la planète martyre. Même si le propos de ‘The Bleeding Stars’ est très dilué (la séquence d’ouverture, pour prenante qu’elle soit, aurait pu être coupée au montage si cela n’avait pas fait passer la nouvelle en dessous des 10 pages), l’auteur mène sa barge avec une maîtrise consommée, parvenant à renforcer le déjà considérable capital sympathie dont dispose le conservateur de Solemnace. Alternant entre combats épiques, effets comiques variés (absurde, slapstick comedy), suspens et mise en contexte du macro-fluff, ‘The Bleeding Stars’ s’inscrit dans la droite ligne de la « renaissance Necron » en matière littéraire, transformant les automates implacables et surtout très ennuyeux qu’ils furent dans la GW-Fiction depuis leur introduction dans l’univers 40K, en personnages complexes et donc beaucoup plus attachants. Même si ‘The War in the Museum’ reste à mon humble avis la meilleure soumission de Rath en format court, ‘The Bleeding Stars’ n’a pas à rougir de la comparaison, et nous fait espérer que Trazyn retourne prochainement sur le devant de la scène.

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Et voilà qui conclut cette revue de la Black Library Celebration Week 2023, un millésime qui ne restera pas dans les mémoires – ni en bien, ni en mal – des aficionados de la GW-Fiction. La faute à une qualité assez homogène, ce qui se traduit par l’absence de coups d’éclat ou de folie de la part des contributeurs convoqués sur cette semaine. Au prix où ces cinq nouvelles sont commercialisées (et malgré la petite ristourne qui s’applique aux acheteurs précoces), cela fait cher la « banalité » : il est donc tout à fait acceptable d’attendre leur intégration dans de futures anthologies, au tarif beaucoup plus avantageux.

BLACK LIBRARY 2022 ADVENT CALENDAR [40K – HH – AoS]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue du calendrier de l’Avent de la Black Library, 2022 version. Lancé en 2012, le concept est devenu au fil des années un moment fort incontournable du calendrier de la GW-Fiction, même si Nottingham a expérimenté plusieurs formats avant d’aboutir à celui que nous connaissons maintenant. Comme en 2020 et 2021, nous aurons donc droit à 12 nouvelles d’ici au 24 Décembre, publiée tous les deux jours à partir du 02/12, le tout pour 35.60€, soit deux nouvelles offertes pour un achat groupé. Petite déception cependant: la bonne idée de proposer un calendrier contenant des nouvelles traduites en français n’a pas été reconduite.

Black Library 2022 Advent Calendar

Au programme, un petit panaché d’histoires issues des trois franchises majeures de la Black Library, avec comme d’habitude un traitement faveur pour 40K (6 nouvelles) par rapport à Age of Sigmar (4 nouvelles) et l’Hérésie d’Horus (2 nouvelles). Un examen approfondi des couvertures de ces courts formats permet de s’apercevoir d’un fil rouge « V.I.P. », la majorité des soumissions étant associé à un personnage (ou un groupe de personnages) du fluff, certains bien connus (Ciaphas Cain, Calas Typhon, Amendera Kendel, Gordrakk…), d’autres beaucoup moins (Nyssa Volari, les Blacktalons1), et quelques uns complétement nouveaux (Snaggi Littletoof).

Le même constat peut être fait en ce qui concerne les auteurs mis à contribution pour cette fournée hivernale. On ne présente plus Sandy Mitchell, Mike Brooks et Danie Ware, mais on accueille des petits nouveaux tels que Jon Flindall et Luke Scull. A peine plus capée que les newcomers précités, Jude Reid poursuit son parcours d’intégration à la BL en devenant officiellement une auteur hérétique. On peut aussi se réjouir de la présence au casting de Peter Fehervari, qui revient nous donner des nouvelles des lumineux Angels Resplendent, et creuser toujours plus profond son fascinant Dark Coil.

Le cadre étant posé, il est temps de passer aux choses sérieuses et de jauger de la qualité de l’offrande calendaire de la Black Library. Une chose est sûre: il y en aura pour tous les goûts…

1 : L’une comme les autres ont été introduits dans l’Age of Sigmar Character Week de 2022 (chroniquée ici). Dans le cas des Blacktalons, on peut souligner qu’Evan Dicken est déjà le troisième auteur à narrer leurs exploits, après Andy Clark – du temps où Neave Blacktalon opérait seule – et Gary Kloster. Une oeuvre collective assez rare pour la Black Library. 

Black Library 2022 Advent Calendar

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Transplants – R. Young [40K] :

INTRIGUE:

TransplantsLa guerre fait rage sur le monde de Cocleratum, mais la Garde Impériale n’a vraiment pas le temps. Après avoir repris la ville de Ticcia aux forces du Chaos, le 217ème Cadien est ainsi redirigé dès le lendemain sur la cité d’Elborescum, qui a résisté à l’offensive des régiments de Mordian également engagés dans cette campagne grâce aux pouvoirs impies de l’entité connue sous le nom de Speccius. Charge à un trio de snipers du 217ème (Darya Nevic, Anders Mir et le premier sergent Ilya1) d’infiltrer Elborescum en avance de l’attaque de leurs camarades, et de supprimer le drôle afin de désorganiser les défenseurs. Avec seulement quelques heures pour réaliser cette mission oscillant franchement du côté « suicide » du compteur (pas d’informations précises sur la localisation de leur cible, suspicion qu’il s’agisse d’un Psyker, potentiel garde du corps Astartes), il s’agira d’être efficace. Le seul avantage dont nos héros disposent est la connaissance que Darya a d’Elborescum, y ayant vécu avec sa mère et son oncle à la fin de son enfance. Contrairement à ses coéquipiers, tous deux natifs de Cadia, elle est une « greffon » ayant rejoint le régiment pour combler les pertes subies par ce dernier depuis la chute de la planète. Bien qu’ayant tout fait pour s’intégrer chez les yeux violets (elle a ainsi développé le super talent de pouvoir identifier tous les accents cadiens à l’oreille), son statut de pièce rapportée l’isole de ses camarades les plus chauvins, dont Anders fait définitivement partie. Il va y avoir de l’ambiance.

La première partie de la mission se passe relativement tranquillement, le trio parvenant sans mal à se glisser dans la ville assiégée en utilisant le réseau de tunnels qui la sillonnent. En chemin, ils font la rencontre fortuite de Mariia, une habitante d’Elborescum s’étant réfugiée dans les souterrains avec sa famille pour échapper aux exactions commises par les fidèles de Speccius. Elle apprend aux Cadiens que ce dernier est une sorte de créature inhumaine, capable de voir par les yeux de ses disciples (ce qui est pratique lorsqu’on doit coordonner ses forces sur le champ de bataille, mais est un handicap quand les disciples en question doivent faire une pause technique), et chaperonné par un Space Marine du Chaos. Le seul point positif qui émerge de cette entrevue est la localisation du QG de Speccius, qui a pris ses quartiers dans la cathédrale locale. Let’s go there, then.

La difficulté monte d’un cran lorsque notre fine équipe rejoint la surface pour se rapprocher de son objectif, et finit par rencontrer des patrouilles de cultistes. Les premières échauffourées sont rapidement et professionnellement expédiées par les snipers, mais le nombre d’hostiles à négocier les contraint rapidement à passer du mode Solid Snake (je frappe depuis les ombres pour éliminer chirurgicalement mes cibles) à celui de Pacman (je cours dans tous les sens en espérant semer mes poursuivants). Entre deux sprints désespérés, Ilya a le temps de révéler à Darya qu’Anders ne la déteste pas vraiment, mais est juste triste de constater que l’identité cadienne est en train de se diluer au fur et à mesure que le régiment intègre d’autres recrues, et finira fatalement par disparaître dans quelques années ou décennies. Avant que Darya ait pu rétorquer que le grand remplacement était un mythe, ou quelque chose du même acabit, les choses prennent un sale tour pour les Cadiens (et assimilée)…

Début spoiler…Ils tombent en effet dans un piège tendu par l’Astartes-nounou de Speccius, qui envoie ses hordes de cultistes faire un peu de corps à corps avec les irritants snipers. Guère à l’aise dans cette phase, les Cadiens montrent toutefois qu’ils n’ont pas volé leur réputation de super soldats de Pépé et réussissent à sauver l’honneur en emportant un grand nombre d’hérétiques pendant leur dernier carré triangle. La palme revient à Anders, qui fait détonner une grenade krak au moment où le Space Marine allait lui poser le gantelet dessus, blessant grièvement son ennemi et créant suffisamment de chaos (ironique) pour que les cultistes oublient de s’enquérir du sort de Darya, laissée inconsciente par la déflagration sous un tas de cadavres. A son réveil, elle se rend compte qu’Ilya a été fait prisonnier et surtout qu’il ne lui reste que très peu de temps pour mener à bien sa mission avant que l’assaut des forces loyalistes ne débute.

Fort heureusement, sa connaissance de la ville et l’absence de nouvelles patrouilles sur son chemin lui permettent de prendre position en haut d’une tour surplombant le parvis de la cathédrale d’Elborescum, où Speccius s’apprête à livrer un discours pour motiver ses troupes. Petite révélation qui n’en est pas vraiment une à ce stade : le grand méchant S. est en fait le résultat de la fusion littérale entre deux hauts dignitaires de la cité, dont l’un (Ulberti) est l’oncle de Darya. Comme on a eu droit au cours des pages précédentes à quelques passages dans lesquels Young nous précisait que la plus grande passion d’Ulberti était de terrifier sa nièce, et qu’il n’avait probablement pas bougé de la cité depuis qu’elle avait tout plaqué pour s’engager dans la Garde Impériale, la surprise est limitée. Speccius commence à déblatérer ses profanités, mais malgré ses pouvoirs démoniaques, il n’est pas foutu de réaliser que permettre à un Garde prisonnier (Ilya) de conserver la musette où sont stockées ses charges de démolition est une mauvaise idée. Darya a donc beau jeu de coller un tir de long-las dans le baluchon qu’un Ilya bien amoché lui désigne du doigt bras après que Speccius ait eu la bonne idée bis de gueuler « trouvez moi ce %#@! de loyaliste !!! » à la cantonade. Bilan des courses : une belle déflagration qui disperse façon puzzle Speccius, son pet Astartes et une bonne partie des disciples du premier. Bien qu’elle n’ait pas pu sauver Ilya, Darya peut donc terminer sa journée de travail avec le sentiment du devoir accompli, et reprendre quelques forces avant que le haut commandement ne l’envoie refroidir Abaddon sur sa prochaine pause-déjeuner…Fin spoiler

1 : Que tout le monde appelle « Oncle » du fait de son âge avancé et de sa personnalité sympathique. Je crois qu’il s’agit d’une référence à un vieille série d’espionnage des années 60, The Man from U.N.C.L.E.

AVIS:

Après des débuts encourageants (‘The Roar of the Void’), Rob Young nous revient avec une infiltration à haut risque dans une cité tombée aux mains poisseuses du Chaos, une valeur refuge pour les auteurs engagés au sein de l’Astra Militarum. Certes, le propos est convenu et les ficelles un peu grosses (mais pourquoi remet-il le couvert toutes les trois pages avec l’oncle Ulberti ?), mais il aurait été difficile pour Rob Young de viser autre chose qu’une mention honorable avec une nouvelle d’action dont les personnages sont d’illustres inconnus auxquels le lecteur doit s’attacher en l’espace de quelques pages. Pour les plus anciens/érudits parmi vous, le choix de l’auteur de mettre en avant la querelle des Anciens et des Modernes à l’échelle des régiments Cadiens évoquera furieusement la saga des Fantômes de Gaunt après les événements de Vervunhive (‘Necropolis’), au moment où les Tanith purs jus sève durent accepter l’afflux de recrues de Verghast pour éviter une dissolution précoce (et on sait depuis Jacques Chirac que ce n’est pas une grande idée). De manière générale, l’influence du Seigneur Solaire Abnett se ressent très clairement dans ‘Transplants’, mais il n’y a pas de mal à inscrire ses premiers pas littéraires dans ceux d’un titan de la BL, methinks. Nice save, M. Young…

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The Skull Forge – D. Ware [40K] :

INTRIGUE:

The Skull ForgeAugusta Santoris et son escouade de Sœurs de Bataille accompagnent une collègue nerd (la Dialogus Zurihya, reconnaissable à ses talons noirs1) sur un site industriel classé secret défense, et ayant récemment été mis hors service par une manigance du vil et perfide et mesquin ennemi. Bien que les fifilles de l’Empereur supposent que des héréteks soient derrière ce tour pendable, il est tout de même étonnant que ces gredins n’aient pas fait main basse sur les nombreuses machines dont le complexe dispose. Mis à part l’épaisse couche de givre qui recouvre les lignes de production ainsi que les malheureux ouvriers et opérateurs surpris en plein travail (et qui n’empêche pas Zurihya de se promener sans casque, cela étant dit), il semble en effet qu’il n’y ait rien à signaler de suspect dans la mystérieuse usine.

Si l’opération a été confiée à l’Adeptus Sororitas et pas au premier régiment de Gardes Impériaux venu, c’est parce que le site produit des Servo-crânes et des Serviteurs à partir des dépouilles mortelles de sujets et soldats impériaux ayant donné leur vie pour Le servir. Et, même si tout le monde est cool avec les produits finis en question, la manière dont ils sont réalisés donnerait des cauchemars au vétéran de Catachan le plus blasé de la galaxie (Sly Marbo, c’est pour toi). Comme Augusta et ses comparses le réalisent vite, voir des cadavres humains se faire débiter, écorcher, ébouillanter (et autres joyeusetés du premier groupe), n’est pas une expérience appropriée pour le commun des mortels. Bien sûr, Zurihya a un tout autre avis sur la question et passe son temps à s’extasier sur la beauté austère des lieux, mais son enthousiasme n’est partagé par aucune de ses chaperonnes.

Lorsque tout ce beau monde arrive dans la section dédiée à l’incarcération des pilotes de Machines de Pénitence et au calibrage des Arco-Flagellants (c’est un site vraiment polyvalent), l’ennemi finit enfin par montrer le bout de son nez sabot. Une escouade d’Exo-armures Stealth se matérialise soudainement devant les Sistas, et une fusillade sans merci s’engage. Pendant qu’Augusta et ses viragos réfutent les principes du Bien Suprême à grandes rafales de bolt dans la carlingue, on comprend que les T’au sont intervenus pour mettre fin à ce qu’ils considéraient comme une pratique barbare et dégradante, ce qui est tout à leur honneur mais ne leur attire pas les bonnes grâces des Sœurs. Au prix d’une blessée grave (Akemi, qui intercepte un tir de plasma dédié à Zurihya), l’équipe Santoris remporte l’affrontement, et… on s’arrête là. Les bigoteries les plus courtes sont les moins longues, comme on dit sur Dimmamar.

1 : Rien à voir avec Neave et Cie, par contre.

AVIS:

Il aura fallu quelques années (tout de même), mais je suis enfin tombé sur une nouvelle d’Augusta Santorus que je considère comme étant assez bonne (gasp). Est-ce parce que Danie Ware fait enfin se battre ses héroïnes de manière crédible (c’est-à-dire en utilisant en priorité leurs bolters et armes lourdes1), ou parce qu’elle a eu la riche idée de commencer son propos par une description fouillée d’une des industries les plus grimdark qui soient ? Sans doute un peu de deux, à moins que ce ne soit une intervention divine de Pépé pour soulager la souffrance des lecteurs fans des Sœurs de Bataille. Quoi qu’il en soit, cela fait de ‘The Skull Forge’ la meilleure soumission de la série, et de très loin, et redonne confiance dans le futur littéraire de cette bonne veille Santorus. J’espère sincèrement que Danie Ware ne retombera pas dans ses travers WTF, car la déception n’en serait que plus grande maintenant que je sais qu’elle est capable de tenir son rang.

1 : Si vous vous demandez ce qu’est l’alternative, vous n’avez pas lu assez de nouvelles de la Rose de Sang. Mais c’est sans doute mieux pour vous.

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Three Questions – S. Mitchell [40K] :

INTRIGUE:

Three QuestionsEn route de Gravalax vers Coronus après les événements de ‘For the Emperor’, le Commissaire Ciaphas Cain est appelé à se prononcer sur la mort suspecte d’un de ses collègues de l’Officio Prefectus, l’antipathique et très sévère Commissaire Fossick, rattaché au 73ème Kastrian. Fossick a été retrouvé sans vie dans sa cabine, et le médecin chef du transport de troupes où Valhallans et Kastrians cohabitent ne voit dans son décès que des causes naturelles (mort subite du vieux nourrisson, tout ça tout ça…). A la demande de Cain, il accepte toutefois d’examiner la dépouille de manière plus approfondie avant de classer le dossier, pendant que le Héros de l’Imperium accompagne la Colonel Kasteen présenter ses condoléances à son homologue Kastrian, Greydon.

En chemin, Cain ne peut s’empêcher de remarquer que les Kastrians semblent tous positivement ravis de la disparition tragique de leur Commissaire, ce qui accrédite la thèse d’un assassinat dissimulé en accident. Les deux officiers passent par le dock où les Chimères de la Garde sont en train d’être réparées ou démantelées suite à la campagne de Gravalax, et s’attirent des regards insistants de la part d’une Tech-Adepte (Pavrik), ce que l’observateur Cain considère comme étant étrange, au vu de la tendance des serviteurs de l’Omnimessie de ne pas calculer (haha) leurs petits camarades de la Garde Impériale en temps normal. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre.

L’entrevue avec Greydon se passe relativement bien pour Cain, qui hérite cependant de toute la paperasse de Fossick, en sa qualité de seul Commissaire du bord suite au décès de ce dernier. L’échange est interrompu par l’arrivée du médecin de bord, qui confirme les soupçons du sagace Cain : le corps de Fossick porte des traces de fractures et d’ecchymoses, si discrètes qu’elles ne pouvaient être détectées à l’œil nu. Quelqu’un est donc responsable de la mort du Commissaire, mais les suspects ne manquent pas, comme le confirme Greydon : tout le monde au sein du 73ème Kastrian détestait cordialement l’inflexible garde chiourme.

De retour à son bureau, Cain passe mollement en revue les dossiers en cours de Fossick, se contentant dans la plupart des cas de les mettre à la corbeille. Il note cependant que le défunt Commissaire était sur le point de signer la condamnation à mort d’un soldat dont le nom lui semble étrangement familier… Lorsque la connexion se fait, Cain réalise alors qu’il est en danger de mort, et se rue vers la sortie de son bureau… ou l’aurait fait sans les effets débilitants d’un malaise profond et soudain, et le verrouillage inexpliqué de la porte. Il a cependant le temps d’appeler le fidèle Jurgen à la rescousse avant de tomber dans l’inconscience, et se réveille quelques minutes plus tard sans graves séquelles. Il est plus que temps pour lui de boucler cette affaire, en répondant aux trois questions suivantes : qui l’a fait, pourquoi, et comment ?

Début spoiler…La dernière question est la plus intéressante du lot : le malaise éprouvé par Cain était dû à une augmentation massive de la gravité artificielle de la zone où il se trouvait, à laquelle son organisme s’est trouvé incapable de répondre. C’est de cette manière que l’assassin de Fossick a opéré, provoquant l’asphyxie du Commissaire pendant son sommeil après que ses poumons soient devenus trop lourds pour se gonfler (cela explique aussi les fractures et ecchymoses détectées à l’autopsie). Le « pourquoi ? » a été résolu par Cain avant son malaise : le Garde que Fossick avait condamné à mort était un certain Rolan Pavrik, sauvé par le gong et par le décès soudain de son Commissaire. Le « qui ? » n’est plus qu’une formalité à ce stade : c’est bien sûr la Tech-Adepte Pavrik, sœur du précédent, qui a agi pour sauver les miches de son frère, et a attenté à la vie de Cain parce qu’elle le croyait aussi pète-sec que Fossick. Grand seigneur, Cain annonce toutefois qu’il renonce à poursuivre les charges (et n’a de toutes façons pas le pouvoir de sanctionner les adeptes du Mechanicus), et tout le monde se quitte bons amis. Dans les ténèbres du lointain futur, on sait encore passer l’éponge.Fin spoiler   

AVIS:

Sandy Mitchell s’essaie au genre du whodunit en compagnie de son personnage fétiche, et le résultat est assez plaisant à lire, même si les amateurs d’énigmes policières resteront probablement sur leur faim. Il est en effet compliqué de mettre en scène une enquête digne de ce nom en seulement quelques pages, ce qui rend l’identification du coupable vraiment facile dès lors que l’on connaît les codes du genre. Cela étant, Mitchell prend soin de construire son histoire en respectant ces derniers, notamment en ce qui concerne les moyens utilisés pour attenter à la vie des Commissaires, ce qui est toujours appréciable. Ajoutez à cela les charmants badinages auxquels Ciaphas Cain doit sa réputation d’homme le plus cool de la galaxie, et vous obtenez une soumission d’un bon niveau, sensiblement supérieure aux dernières nouvelles écrites par Mitchell pour le Héros de l’Impérium (à mon humble avis).

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Packin’ Heat – M. Brooks [40K] :

INTRIGUE:

Packin' HeatDans l’entourage fourni et bigarré du Big Boss Ufthak Blackhawk, il y a au moins un individu qui n’adule pas le colosse Blood Moon dont le ramage se mesure au plumage blindage : le Grot Snaggi Littletoof. Ayant rejoint à son corps défendant la TekWaaagh! après avoir traversé le portail dimensionnel de trop (‘Brutal Kunnin’’), Snaggi a trouvé en Ufthak sa Némésis absolue. Très ambitieux, il avait pour projet de devenir le Boss de sa propre bande, et comptait sur son intellect supérieur pour compenser un physique peu imposant. Manque de bol, Ufthak est au moins aussi malin que lui, et pourrait écraser l’avorton d’un seul doigt : face à ce qu’il considère comme une concurrence déloyale (depuis quand les Orks ont le droit d’être intelligents, hein ?), Snaggi est obligé de ronger son frein, et guetter une opportunité pour se débarrasser de son puissant rival.

Ayant gagné les bonnes grâces de Nizwick, le Grot personnel d’Ufthak, qu’il soupçonne de cacher un esprit retors derrière une apparente stupidité (et pire, un attachement à sa condition servile !), Snaggi croit tenir une chance lorsque son nouveau meilleur copain lui révèle qu’il a « un plan pour Ufthak », et l’entraîne en direction d’une caverne située à proximité du camp. Il s’agit d’un lieu que les Exodites Eldars ayant eu le malheur d’occuper la planète avant l’arrivée de la TekWaaagh ! ont défendu âprement, et dont ils ont fait s’effondrer l’entrée pour empêcher les peaux vertes de venir le profaner. Guère connus pour leur patience, surtout lorsqu’il reste des ennemis à castagner, les Orks ont eu tôt fait de se désintéresser de cette colline caillouteuse, mais les Grots sont d’une nature plus attentive, et Nizwick est persuadé qu’un trésor est caché dans les galeries souterraines. Profitant de leur petite taille pour se glisser dans une anfractuosité laissée ouverte par l’éboulement, les deux canailles partent donc à l’aventure.

Si pour Nizwick, il ne s’agit que d’une sympathique balade en compagnie d’un bon copain, le suspicieux Snaggi se fait des nœuds au cerveau à force de surinterpréter chaque action de son camarade, et de tirer des plans sur la comète au moindre changement de luminosité et de température (véridique). Ça doit être épuisant d’être lui. Les Grots parviennent finalement dans une caverne décorée de peintures rupestres, et surplombant un lac de lave du plus bel effet, puis poursuivent leur chemin jusqu’à une petite salle où, miracle, semble les attendre une ancienne relique. Il s’agit d’un fusil à fission, sans doute oublié sur place par un Dragon de Feu venu faire un EVG il y a quelques millénaires, et Snaggi LE VEUUUUUT. Il se voit déjà vaporiser tous les Orks sur son chemin pour saisir le pouvoir et mener la TekWaaagh! à la place d’Ufthak, mais encore lui faudra-t-il mettre les griffes sur cette arme miraculeuse. Elle est en effet défendue par un trèèèèèès vieux gardien (et peut-être Gardien) tellement hors de forme qu’il réussit l’exploit de se faire vaincre en combat singulier par un Grot. Cela ne l’empêche pas de rigoler lorsque le secourable Nizwick se saisit du fusil pour aider Snaggi à se défaire de lui, pressentant la catastrophe qui s’abat sur les peaux vertes après qu’ils aient fait feu (haha). L’onde de choc provoque en effet une réaction en chaîne qui réveille le volcan et commence à faire s’effondrer la caverne, forçant les Grots à se carapater en vitesse vers la sortie. Ils parviennent à se tirer de ce mauvais pas, mais au grand dam de Snaggi, c’est Nizwick qui monopolise la possession de leur trouvaille, ce qui le force à être spectateur de la surprise que ce dernier réserve à Ufthak à son retour…

Début spoiler…Au lieu de profiter de l’inattention du Boss pour le vaporiser depuis un coin sombre, comme LUI aurait fait, Snaggi à l’horreur de constater que son nigaud de comparse voulait simplement faire un cadeau à Ufthak, parce qu’il l’aime bien. Comble de malheur, l’Ork a tôt fait de réduire la précieuse arme en miettes, offensé qu’on ait pu penser qu’il ait besoin de matos Eldar pour briller en société. Une occasion en or gâchée par un authentique crétin que Snaggi voyait à tort comme un rival en manigances… le coup est rude pour Mini Molaire. Cette leçon valait bien un fromage fusil à fission, sans doute…Fin spoiler

AVIS:

Parmi tous les auteurs ayant contribué à la GW-Fiction, seule une fraction a eu l’occasion de mettre en scène un héros récurrent. Encore moins nombreux sont ceux qui ont consacré aux sidekicks de ce dernier leurs propres (mes)aventures1. Mike Brooks a un peu précipité les choses en propulsant sur le devant de la scène Snaggi Littletoof, Grot ayant eu son quart d’heure de gloire dans le roman ‘Brutal Kunin’’, alors que la mini-franchise qu’il a crée ne comptait qu’un long et deux courts formats. C’est en tout cas mon avis à la fin de la lecture de ce ‘Packin’ Heat’, qui ne m’a que très moyennement captivé, en grande partie parce que Brooks supposait son héros beaucoup plus intéressant qu’il ne l’était réellement. Alors qu’il avait réussi à contextualiser sa galerie de peaux vertes en goguette dans ‘Road Rage’, il n’a pas fait beaucoup d’efforts ici pour permettre au lecteur n’ayant jamais côtoyé le rusé Snaggi de s’investir dans ce personnage vraiment très caricatural (mais après tout, c’est un Grot). Premier point négatif.

L’autre défaut manifeste de conception de ‘Packin’ Heat’ est la fastidieuse tendance de Mike Brooks à faire commenter chaque action de l’intrigue par un Snaggi paranoïaque à l’extrême. Nos deux héros ne peuvent littéralement pas faire un pas sans qu’on ait droit à un paragraphe entier sur les états d’âmes de Littletoof, qui pense toujours qu’on essaie de lui nuire, ou qui réfléchit à comment nuire à autrui. Je reconnais que c’est sans doute comme ça qu’un Grot fonctionne, mais était-il nécessaire de répéter ce schéma ad nauseam ? A moins que cette nouvelle ait été écrite pour une audience de poissons rouges (très intelligents pour le coup), quelques mentions en début d’histoire auraient à mon sens largement suffit pour planter le décor, et leur absence par la suite aurait permis de fluidifier le déroulé de l’intrigue – qui est finalement assez simpliste, quand on la compare au nombre de pages qu’elle couvre.

Bref, je sors aussi déçu de cette nouvelle que son personnage principal, ce qui m’étonne pour une soumission de Brooks : le punk de la BL m’avait habitué à mieux que ça. Notons tout de même que ‘Packin’ Heat’ est la première publication de la Black Library dans laquelle les Squats Ligues de Votann apparaissent. C’est bien la seule raison de s’en souvenir.

1 : On peut songer aux nouvelles consacrées aux suivants de Gregor Eisenhorn (‘Playing Patience’) et Gideon Ravenor (‘Lepidopterophobia’), ou à ‘A Mug Recaf’ et ‘The Smallest Detail’, starring la légende Jurgen (l’assistant de Ciaphas Cain).  

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Aria Arcana – P. Fehervari [40K] :

INTRIGUE:

Aria ArcanaDans les ténèbres de leur lointain passé, bien avant qu’ils virent puritains, les Angels Resplendent avaient pris une résidence sur le monde sanctuaire de Vytarn, à la demande de l’Archiviste Satori. Les deux années pendant lesquelles la 9ème Compagnie végéta sur la Lindisfarne galactique (comprendre qu’il n’y a que deux choses à faire sur Vytarn : aller à la plage ou prier) furent l’occasion pour l’énigmatique Psyker d’écumer les archives locales1, tenues par la secte de la Dernière Bougie ; et pour ses accompagnants, aux talents créatifs reconnus, de personnaliser leurs armures à un niveau jamais égalé par un Chapitre loyaliste depuis la création des Astartes. Lorsqu’une tempête Warp soudaine se déclara et s’abattit sur l’anneau de Koronatus, localisation de la cathédrale Candelabrum et lieu de recherche de Satori, ce dernier ne trouva rien de plus malin que d’envoyer son protégé, l’Archiviste Ignacio Verlaine, faire des tours de Thunderhawk au-dessus de l’anneau, pour une raison aussi vague que cryptique2.

Ce tour d’hélico, réalisé en compagnie d’une escouade de bons copains (et de l’Apothicaire Veleno Fiotré, qui n’en est pas un), prit un tour fâcheux pour Verlaine lorsqu’un banc de Disques de Tzeentch se mit à faire du porte-à-porte avec le transport des Space Marines, sans doute pour posséder le lecteur CD du véhicule. Il faut en effet savoir que les Angels Resplendent allaient au combat en musique, une charmante tradition qui ne survécut pas à la purge du fun subie par le Chapitre plus tard dans son histoire. Bien que les armes du Thunderhawk fussent en mesure de perforer les galettes démoniaques, le rapport de force s’inversa lorsque – et je suis sérieux – un Disque de diamant s’invita dans la conversation. Lancé comme un cochon dans un jeu de quilles, le Démon traversa l’aéronef de part en part, le coupant proprement en deux, comme le pauvre Frère Uderzo (dont l’importance pour cette nouvelle relève du simple astérisque, ceci dit). S’étant trouvé du mauvais côté de l’appareil au moment du drame, Verlaine en fut quitte pour une séance de base jump, sans parachute certes, mais avec la complicité d’un Disque de Tzeentch très affamé, qui vint lui mordiller le bras et lui tenir compagnie pendant sa chute. Notre Archiviste tenta bien d’imposer sa volonté à cette sale bestiole pour pouvoir bénéficier d’un atterrissage en douceur, mais ne parvint pas à ses fins. Au moins survécut-il à son plongeon, au prix de quelques os cassés et organes perforés (rien de sérieux pour un Space Marine, du moment qu’on ne court pas, bien sûr), tandis que ses camarades s’époumonaient sur ‘Comme un avion sans ailes’ sur le karaoké de bord.

Isolé et un peu fatigué, Verlaine se mit en route en direction de Candelabrum, croisant en chemin d’autres Démons ainsi que des civils ayant été apparemment changés en cristal par la lumière s’émanant de la cathédrale. Il reçut cependant la confirmation de Sartori, qui avait pris soin de laisser une ligne psychique ouverte avec son padawan avant de l’envoyer balader, qu’il était sur la bonne voie… et que son mentor était en partie responsable de la tempête Warp, déclenchée sur Koronatus « à fins d’études ». Mouais mouais mouais. Ils disent tous ça. Preuve de la foi inébranlable accordée par Verlaine à son supérieur, il accepta malgré toutle plan démentiel déroulé par ce dernier lorsque notre survivant éprouvé finit par arriver à Candelabrum, après 999.999 secondes de marche (soit onze jours, un chouilla plus que l’heure qu’il avait prévu de consacrer à cette marche d’approche) : pénétrer au cœur du maelstrom chaotique, là aussi « « à fins d’étude » », et évidemment « « « pour la défense de l’Imperium » » ». I CALL BULLSHIT ON THAT. Toujours est-il que notre héros finit la nouvelle juché sur le Disque de diamant qui l’avait trollé il y a quelques temps, et qui l’attendait garé en double file sur le parking de la cathédrale. Après ça, direction l’Immaterium ! Je pense qu’il en sera quitte pour bien des rêves étranges et pénétrants…

1 : Et faire d’autres recherches, plus… prosaïques.
2 : « Que dois-je chercher, ô honoré maître ? »
« Tu le sauras quand tu le verras, andouille. »

AVIS:

Peter Fehervari lève (une partie) du voile entourant son Chapitre personnel, les Angels Resplendent/Penitent et revisite le monde de Vytarn, où se déroule l’intrigue de son roman ‘Requiem Infernal’, dans cette nouvelle aussi « accessiblement cryptique » qu’il a l’habitude de nous proposer. Notre homme est en effet passé maître dans l’art d’embarquer son public dans des histoires à plusieurs niveaux de lecture, sans blaser ni décontenancer ceux qui n’ont pas la connaissance absolue du Dark Coil, le petit coin de 40K qu’il s’est approprié dans ses récits et où il fait évoluer sa galerie de personnages et de factions. Et, soyons honnêtes, il n’y a que Fehervari lui-même qui ait cette connaissance absolue… peut-être.

Ainsi, si ‘Aria Arcana’ peut être lue et appréciée comme une Space Marinade tragique (le héros est corrompu par le Chaos en fin de compte) d’une originalité rafraichissante et d’un niveau appréciable, il ne s’agit là que d’un premier niveau d’analyse. Les fans des Angels Resplendent seront ravis d’en apprendre un peu plus sur l’histoire troublée du Chapitre, que l’on découvre un peu trop chill avec le Warp (et la personnalisation des armures) pour son propre bien. Les nostalgiques de Vytarn trouveront dans cet événement mystico-chaotique des ressemblances troublantes avec le final de ‘Requiem Infernal’, et probablement la réponse à quelques-unes des questions laissées en suspens à la fin de ce roman. Au final, s’il ne s’agit pas de la soumission la plus magistrale de Fehervari (je place ‘The Thirteenth Psalm’ au-dessus du point de vue suspens et ambiance), cet auteur démontre encore une fois qu’il est un des maîtres atouts de la BL en matière d’ambition littéraire et de storytelling.

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Confession of Pain – J. Flindall [40K] :

INTRIGUE:

Confession of PainSi les Nains sont connus dans tout l’heroic fantasy pour leur pilosité faciale exubérante et leur nature rancunière, dans les ténèbres sci-fi du lointain futur, cette niche écologique est occupée par les… White Scars. Les fiers guerriers de Mundus Planus n’ont en effet pas du tout apprécié la visite surprise que leur a rendu Huron Sombrecoeur et ses Red Corsairs au moment de l’ouverture de la Cicatrix Maledictum, et, bien que l’invasion chaotique ait fini par être repoussée, les Space Bikers brûlent de rendre à Huron la monnaie de sa pièce. Nous faisons la connaissance du Lieutenant Orghun, de retour à Quan Zhou après avoir parcouru la steppe sur sa bécane à la recherche de cultistes égarés, ou d’une station avec du sans plomb à moins de 2€ le litre, et mis sur une vendetta plaquée argent par le Chapelain Ghabesh et le Prophète des Tempêtes Otagai. La lune Helaka, située dans le système de Gartuli, a été identifiée comme la place forte de Lugor Vask, un Warpsmith roulant pour les Red Corsairs et en charge de la production des machines de guerre démoniaques du Tyran de Badab. Vask a participé à la guerre de Chogoris du côté des renégats, et une pique est donc réservée pour sa tête dans le hall d’entrée de la forteresse monastère du Chapitre. Orghun accepte immédiatement de partir à la chasse au bad boy, accompagné par les sages conseils de Gahbesh, qui le trouve un peu trop soupe au lait pour son propre bien.

En parallèle de l’histoire d’Orghun, nous suivons celle de Khaijav, un des rares Dreadnoughts White Scars, réveillé de son profond sommeil pour participer à l’attaque de la base de Vask. Alors qu’Orghun emmène ses Intercessors infiltrer la place forte adverse par une buse laissée sans défense1, Khaijav mène une attaque frontale contre le bastion ennemi, monopolisant l’attention des hérétiques pour permettre à ses frères d’armes de porter plus facilement le coup mortel. Sa nature bougonne ne l’empêche pas de se faire un copain, en la personne du jeune Primaris Barutai, qui jacasse comme une pie d’un bout à l’autre de l’assaut. Confronté aux machines impies des Red Corsairs, le Dreadnought encaisse stoïquement les coups et conduit les White Scars jusqu’au cœur de l’antre de Vask, ou ce dernier les attend de pied ferme…

Début spoiler…On se rend alors compte qu’Orghun et Khaijav sont le même individu, l’inflexible Lieutenant étant devenu un encore plus inflexible Dreadnought (je suis sûr qu’il n’arrive pas à toucher ses pieds, ha !) après sa première rencontre avec sa Némésis. Les créations mécaniques de Vask eurent en effet raison des vaillants efforts des White Scars, qui repartirent de Helaka avec quelques cicatrices (sans doute blanches) de plus et la queue de cheval entre les jambes. Molesté par le Helstalker de compagnie du Warpsmith, qui lui fit de grosses papouilles sur le bedon alors qu’il essayait de vider sa querelle avec son maître, Orghun finit incarcéré dans un caisson, et fut rebaptisé Khaijav, ou le Chercheur de Délivrance, par cette vieille baderne de Ghabesh. Plusieurs années, voire décennies, séparent donc les deux épisodes narrés dans cette nouvelle, et je suis heureux de vous apprendre que pour Orghun/Khaijav, la seconde tentative fut la bonne. Ayant appris de ses erreurs passées, le Dreadnought prit soin d’écarteler les machines infernales de Vask avant d’aller lui tirer l’oreille (ce qui donne des résultats salissants lorsqu’on utilise un poing énergétique). Je ne crois pas qu’on put faire de la bouillie qu’il en résultat un trophée digne de ce nom pour Quan Zhou, mais c’est l’intention qui compte !Fin spoiler

1 : Je choisis de penser que c’est un hommage au Faucon de Chogoris, et vous ne pouvez pas me faire changer d’avis.

AVIS:

Jon Flindall nous sert une Space Marinade sérieuse pour ses débuts dans la carrière, construite autour d’une révélation finale assez bien amenée je dois dire. L’ensemble pêche toutefois du côté de la caractérisation des personnages, qui sont tous sans exception des stéréotypes (le Lieutenant téméraire, le vieux Chapelain sagace, le Dreadnought taciturne, le machiavélique et très méchant Warpsmith…), et donc peu passionnants à voir évoluer. Je regrette aussi que l’auteur n’ait pas davantage exploité la culture du Chapitre qu’il a mis en scène, et donné plus d’importance au ressenti de Khaijav, qui a tout de même eu la pire trajectoire professionnelle possible pour un White Scars d’après le fluff : être enfermé dans un Dreadnought. Rien ne vient en effet différencier l’homme-machine de ses équivalents des autres confréries Space Marines, alors que je m’attendais à ce qu’il ait développé une psychose carabinée, et soit considéré avec un mélange de respect et de révulsion par ses camarades (ce qui n’est absolument pas le cas, à moins que Barutai cache très bien son jeu). Encourageant, mais encore un peu juste.

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Boss of Bosses – L. Scull [AoS] :

INTRIGUE:

Boss of BossesCe n’est pas la grande forme pour Gordrakk en ce moment : forcé à abandonner le siège d’Excelsis après l’arrivée de Morathi pour se réfugier dans les collines de Morruk afin de panser ses plaies, le Boss des Boss(es) sait que son emprise sur sa Waaagh ! est plus tenue que jamais. Pour ne rien arranger, il doit composer avec les reproches du chamane Snazzgar Stinkmullet, qui revient le tourmenter depuis l’au-delà en lui reprochant d’avoir tout fait de tra…vert (ce qui est assez approprié pour un Orruk, il faut le souligner). Souhaitant se changer les idées de la seule manière qu’il connaisse, il sort de sa tente pour casser quelques têtes, et montrer à ses boyz qu’il ne vaut mieux pas espérer le remplacer de sitôt. Les premiers à faire les frais de son humeur belliqueuse sont un groupe de soldats d’Excelsis faits prisonniers par les peaux-vertes, auxquels Gordrakk offre la liberté s’ils arrivent à lui entailler le cuir. Beau joueur, il retire son armure, arme ses adversaires et combat à mains nues, ce qui ne l’empêche de faire de la chair à pâté des forces de l’Ordre… jusqu’à ce qu’un Duardin trouve fair play de lui trouer le biceps avec un pistolet qu’un Ironjaw un peu benêt lui avait permis d’utiliser dans cette mêlée ouverte. You know what they say : never bring an Orruk to a gunfight. Bien que le petit malin s’en sorte avec une tête de moins (même si la FER lui donnait raison sur ce coup-là), Gordrakk n’est pas satisfait par cette victoire aux poings et trouve d’autres sparring partners plus à son niveau dans la foule des badauds : d’abord l’Ogor Stinkbelly, puis le Gargant Thromgor. Bilan : un mort, un blessé grave, et un Big Boss plus énervé que jamais.

Avant qu’il n’ait trouvé le moyen de martyriser une Bête Zodiacale dans sa quête d’un opposant digne de lui, Gordrakk est interrompu par l’arrivée du chamane Drooldrop, qui lui annonce qu’il a de la visite. Une délégation de Kruleboyz menée par le chef Skeptis Tongue-eater vient en effet de s’embourber à l’entrée du camp, et demande une audience auprès du Poing de Gork pour lui remettre un cadeau de la part de Gobsprakk en personne. Avant d’aller s’enquérir des desiderata des émissaires de la Bouche de Mork, Gordrakk accomplit deux quêtes secondaires : primo, récupérer son Maw-Crusha Bigteef, qui boudait dans un coin du bivouac, secundo, aller rappeler à son vieux copain Krazz Dredclaw, un Mega-Boss Ironjaw avec des vues sur sa position, si on en croit les rumeurs, qu’il a à l’œil. Ceci fait, notre colérique héros arrive en majesté jusqu’au campement de Skeptis, qui attendait sa venue en dégustant les langues de ses prisonniers, comme son surnom le laissait à penser.

Derrière la déférence de façade qu’il présente à son hôte (qui a après tout le privilège d’entendre les voix de Gork et Mork1), Skeptis dissimule une fourberie digne de son statut de Bosskitu. La couronne enchantée qu’il remet à un Gordrakk d’abord circonspect a en effet été maudite par son Vasomancien, et bien qu’elle commence par apaiser les maux de tête dont souffre le Big Boss (qui rentre fissa au bercail frimer devant ses troupes), elle se révèle bientôt être une nuisance débilitante, s’enfonçant profondément dans le crâne de son porteur et sapant sa force de manière insidieuse. Ayant compris qu’il a été dupé, Gordrakk convoque Drooldrop pour tenter de combattre la magie par la magie, mais le chamane se déclare incompétent (pour changer), et conseille à son patient de faire jouer le service après-vente, c’est à dire aller mettre une rouste à Skeptis. Ce plan d’une simplicité élégante est compliqué par l’arrivée imprévue de Krazz Dredclaw, convaincu par les propos séditieux du Bosskitu de défier son rival pour devenir le Vert Alpha de la Waaagh ! Malgré son état de (relative) faiblesse, Gordrakk fait son affaire au challenger mal inspiré, héritant au passage de quelques blessures supplémentaires. Les emm*rdes volant en espadrilles, Bigteef se révèle être indisposé, la collation de grunta lui ayant été offerte par les Kruleboyz ayant été marinée à la mort aux rats. C’est donc seul et à pied que le Poing de Gork se dirige jusqu’au campement de ses cousins marécageux, bien décidé à régler cette sombre affaire de manière directe et tranchante.

Considérablement affaibli par ses récentes mésaventures, Gordrakk parvient à se frayer un chemin à travers les Eventreurs adverses pour expliquer sa façon de penser à Skeptis, mais connaît un gros passage à vide au moment décisif. Malmené par le bruxodon de compagnie du Bosskitu, il a alors recours à son arme secrète : son karné dadress. Sa connexion privilégiée avec Gorkamorka lui permet d’invoquer inconsciemment la fameuse Main de Gork (ou peut-être de Mork), qui broie la couronne maudite et permet au Boss des Boss de retrouver son prime. Dès lors, il n’y a plus match : le caniche des marais finit en pâté pour squig, et son maître préfère battre prudemment en retraite en jurant qu’il se vengera… jusqu’à ce que Bigteef, lui aussi complètement remis de son intoxication alimentaire, lui tombe sur le râble et le coupe en deux. Faut savoir retirer les gens négatifs de sa vie.

Tout étant rentré dans l’ordre, Gordrakk est libre de faire ce qu’il sait faire de mieux : planifier les prochaines batailles de ses boyz. Et on peut dire qu’il vise haut : inspiré par cette histoire de couronne, il jure de trucider tous les dentistes des Royaumes Mortels, à commencer par Archaon et Sigmar. Il demandera ensuite une revanche à Kragnos pour rétablir la hiérarchie chez les poids lourds de la Destruction. Demandez le programme !

1 : Et de ses deux haches, Krazeuz’ et Ruzée. Et de Snazzgar Stinkmullet. Ce qui commence à faire un sacré paquet de monde. Il faudrait qu’il embauche un Grot de direction pour gérer tous ces voicemails.

AVIS:

Luke Scull donne l’impression d’être un vieux briscard de la Black Library dans ce très convaincant ‘Boss of Bosses’, qui continue sur la lancée des Malign Portents et ‘Kragnos : Avatar of Destruction’ et développe le fluff d’un des personnages majeurs du siège d’Excelsis. Cette lecture m’a furieusement rappelé les passages narratifs des suppléments de jeu pour Hordes et Warmachines, qui développent l’intrigue sous-tendant ces univers, et sont une raison tout à fait valable d’acheter ces bouquins. Cette nouvelle m’a aussi donné envie de me renseigner sur l’arc narratif développé dans la saison de Thondia, sujet qui m’intéressait vaguement auparavant. Une franche réussite pour une première soumission, et une des meilleures nouvelles consacrées aux Orruks que j’ai pu lire depuis le lancement d’Age of Sigmar.

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The Waste, the Worm and the Witch – G. Kloster [AoS] :

INTRIGUE:

The Waste, the Worm and the WitchNous retrouvons la vampire Ruinemâne Nyssa Volari peu de temps après les événements de ‘Anger & Ash’ et la perte de sa mère de sang, Vasara, brûlée au dixième degré lors de l’embuscade tendue par les nomades de la bande du Poing. Au grand déplaisir de notre héroïne sanguine, Vasara a décidé d’occuper sa non non-vie à hanter ses pensées et à hurler des choses incohérentes dans sa tête, ce qui menace de faire tomber sa belle-fille dans la folie la plus profonde. Pour ne rien arranger, le petit royaume vampirique gouverné par le père de sang de Nyssa, Corsovo, est menacé par les incursions répétées des Chercheurs de Soleil, une faction humaine un peu trop vertueuse et éclairée au goût des buveurs de sang. La nouvelle s’ouvre ainsi par une escarmouche durant laquelle la schizophrénie galopante de Nyssa l’empêche de mener à bien l’attaque surprise qu’elle avait planifiée, permettant à sa proie, la Lieutenant Takora, d’échapper une nouvelle fois à ses crocs.

De retour au Palais Gris qui sert de capitale au domaine paternel, Nyssa apprend de la bouche de l’un de ses gardes du corps (Erant) qu’il connaît une sorcière ayant le pouvoir de parler avec les morts, et qui pourrait donc aider sa patronne à se débarrasser de sa squateuse mentale. N’ayant plus grand-chose à tuer et du temps à perdre (et l’inverse), Nyssa s’embarque dans cette quête Doctolibesque, accompagnée de ses fidèles gorilles (Erant, donc, et sa comparse Rill). Après un trekk sans histoire ni ravitaillement dans les plaines cendreuses qui entourent le volcan Temero, le trio finit par croiser la route de la sorcière de la décharge1, qui fait son office de PNJ et demande à ce que lui soit remis un croc de verre de boue d’une longueur respectable avant de consentir à aider Nyssa. Les Ruinemânes partent donc sur la zone de farmage de cette noble bestiole, un lac peu profond situé à quelque distance.

Comme on pouvait s’y attendre, la mission n’est pas aussi simple qu’il n’y paraissait sur le papier. Les vers de boue en question sont en effet très coriaces, et ont la sale tendance à faire repousser les extrémités dont les vampires les amputent à grands moulinets d’épée aussi vite qu’ils en sont privés. Cela ne serait pas un gros problème pour des bretteurs de la classe de Nyssa et compagnie si les crocs des individus tailladés n’étaient pas d’une taille insuffisante pour satisfaire à la demande de la sorcière, et ne se dissolvaient pas dans l’air une fois prélevés. Quand ça veut pas, ça veut pas.

Le rapport de force s’inverse lorsque the mother of all mudworms fait son apparition, tel un boss de fin de donjon après que ses minions aient été vaincus. D’une taille bien supérieure à celle de ses congénères, Lombricator a également les crocs, ce qui est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour les chasseurs de vampires. Il faudra une coopération sans faille entre Nyssa, Erant et Rill pour parvenir à tronçonner une longueur convenable du ténia géant, dont les dents plantées dans le bras de Miss Volari au cours de la bataille resteront heureusement en un seul morceau après que le trio ait pris la poudre d’escampette.

De retour devant la sorcière, Nyssa lui remet la quenotte demandée, et obtient en échange un conseil de psychiatre (« faîtes le deuil de votre perte ») en lieu et place du rite nécromantique trop stylé qu’elle espérait recevoir. Cela chagrine fortement notre héroïne, qui décide de faire goûter à cette charlatan sa propre médecine en lui enfonçant le croc dans la jugulaire, mais s’en trouve empêchée par la disparition soudaine (et salutaire) de cette dernière – la sorcière, pas la molaire. Nyssa se rend cependant compte peu après qu’il y avait de la logique dans la folie de l’enchanteresse, puisque la voix de sa mère semble désormais être consciente de son état, et consent à ne plus hurler « AU FEEEEEEEEEEEUUUUUUUUUU2 » à tout bout de champ, comme elle faisait auparavant. A la place, elle lui prodiguera ses sages conseils depuis l’outre-tombe, comme la mère attentionnée – mais insupportable – qu’elle était jusqu’à son regrettable accident. Pas l’idéal pour une esprit libre comme Nyssa, mais un progrès certain par rapport à sa précédente condition.

1 : Witch of the Waste en V.O., ce qui sonne mieux en plus d’être un clin d’œil au Magicien d’Oz.
2 : Vasara semble également détester cordialement une certaine Lira, qui l’aurait trahie et dont elle souhaite se venger. Il est probable que ce personnage apparaisse dans la suite de la série, je me permets donc de le mentionner ici.

AVIS:

Deuxième épisode des aventures de Nyssa Volari, ‘The Waste…’ se révèle être une side quest sans beaucoup d’intérêt, ce qui est dommage car Gary Kloster aurait pu utiliser cette nouvelle pour contextualiser un peu plus ses personnages, leurs relations et leurs histoires. L’avantage de son approche est qu’il n’y a pas besoin d’avoir lu ‘Anger & Ash’ pour faire sens de cette histoire, mais le résultat n’est pas spectaculaire, ni même très utile pour la suite de la série (à moins que la voix de mommy Vasara joue un rôle par la suite). Si Kloster veut concurrencer le Cado Ezechiar de John French, il va falloir qu’il se donne un peu plus de mal.

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Shadowglass Creek – R. Strachan [AoS] :

INTRIGUE:

Shadowglass CreekGalen et Doralia ven Denst poursuivent leur tournée de Ghur (entamée dans ‘The Orphan of Pale Harbour’) et arrivent dans la charmante bourgade de Shadowglass Creek, où un indicateur leur a signalé la présence de deux cultistes du Chaos ayant fui Excelsis après la victoire de l’Ordre. Bien que les suspectes en question, Chellane et Niss, se soient parfaitement intégrées dans leur nouvelle communauté, où elles ont ouvert une petite supérette fréquentée par tous leurs concitoyens, l’Ordre d’Azyr n’est pas connu pour passer l’éponge facilement1.

Les ven Denst débarquent donc tous flingues et arbalètes dehors dans le fonds de commerce des exilées, qu’ils conduisent manu militari sur la place centrale de Shadowglass Creek pour un feu de joie purificateur et éducatif pour le reste des péquenauds du coin. Leur zèle est toutefois entravé par le manque de coopération manifeste desdits péquenauds, qui ne croient pas un mot des accusations des Répurgateurs et se tiennent prêts à défendre leurs exemplaires épicières/philanthropes/sages-femmes/paroissiennes contre leurs bourreaux. Même le lecteur de Sigmar local (Gruphoven) se joint à la foule en colère, laissant Galen et Doralia bien isolés au milieu des Ghurites en bisbille. Se pourrait-il qu’ils aient fait erreur sur la personne, comme Chellane et Niss ne cessent de leur répéter ?

Début spoiler…Eh bien, non. Lorsqu’il devient clair que la situation est sur le point de dégénérer, Niss, a.k.a. Salvann Urad décoche un Don du Changement dans la direction de Galen avant qu’il n’ait pu appuyer sur la gâchette de sa pétoire, et entraîne Chellane (a.k.a. Xollniz Ta’zath) vers la porte de la cité sous le couvert d’une bombinette à fumées (rose et bleue, évidemment). Le templier est sauvé par l’intervention fortuite de Gruphoven, qui s’interpose sans le vouloir entre le sort et sa cible, et finit transformé en Enfant du Chaos pour sa peine. Une fois le lecteur euthanasié par charité sigmarite, nos héros font parler la poudre et le chanvre, et mettent fin à la cavale des cultistes repenties de deux tirs bien placés. Comme on dit à Azyrheim : never forgive, never (Guy) forget.Fin spoiler

1 : La chose coulant chez lui, c’est les nœuds.

AVIS:

Petite nouvelle qui prend la suite de ‘The Interrogator’ (du même auteur) en poussant la réflexion un peu plus loin : est-il possible pour un cultiste du Chaos de laisser son passé derrière lui et d’être absous de ses péchés, si son repentir est sincère ? A Warhammer Fantasy Battle, la réponse avait toujours été un « non » franc et massif. Age of Sigmar étant un univers (un peu) moins sombre et torturé que son prédécesseur, la question était ici ouverte, et Richard Strachan est resté droit dans ses bottes grimdark au moment d’y répondre. Le résultat n’en est que plus impactant, et permet au lecteur de réfléchir à cette question philosophique de son côté. Une nouvelle soumission solide1 de la part de cet auteur, très à l’aise dans la mise en scène des tribulations manichéennes des agents de l’Ordre d’Azyr.

1 : Je m’interroge cependant sur la possibilité que Chellane et Niss aient pu être des cultistes de la Nullstone Brotherhood, qui détestait les pratiquants des arts arcaniques, et était affiliée à Slaanesh plutôt qu’à Tzeentch.  

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Harrowhand – E. Dicken [AoS] :

INTRIGUE:

HarrowhandLes Collines Creuses de Ghyran présentent des particularités qui les rendent stratégiques pour deux factions ennemies des Royaumes Mortels. Pour Sigmar (en l’occurrence, les croisés Dawnbringers qui représentent le grand barbu hors d’Azyrheim), il s’agit d’un endroit parfait pour établir une colonie du fait de la présence d’un nexus géomantique. Nagash (qui a donné sa délégation à la Wight Queen – #Féminisme – Isavir Harrowhand) est quant à lui plus intéressé par les tertres funéraires qui tapissent l’intérieur des trois collines en question, et Skeletor s’est jusqu’ici montré intraitable dans la défense de ce qu’il considère comme étant son bien, et tant pis si on est dans le Royaume de la Vie. Une croisade entière est déjà tombée sous les coups d’Harrowhand et de ses guerriers sépulcraux, et une autre est promise au même sort funeste à moins que Neave Blacktalon et ses Stormcast Eternals d’élite (la Raptor Shakana Goldenblade et son dindon de combat Anda, le Retributor Rostus Oxenhammer et le Deambulator1 Hendrick) ne parviennent à assassiner la meneuse ennemie. Problème : personne ne sait où elle se cache, et même les pouvoirs de détection de la Soulscryer Idoneth (Lorai) que les Blacktalons ont pris avec eux pour l’occasion ne sont d’une grande aide. Chaque seconde qui passe rapprochant la colonne de sigmarites de son funeste destin (apparemment, on n’a pas le droit de les prévenir qu’ils se dirigent droit dans un piège dans ce scénario), la bouillante Neave finit par abandonner l’approche prudente conseillée par Shakana, et emmène son commando à l’assaut du tertre #2 après avoir tiré son objectif au D3. Quand faut y aller, faut y aller.

Malheureusement pour nos héros, Loec s’est foutu de leur masque en sigmarite, et après avoir vaillamment ferraillé pendant quelques pages contre des hordes de squelettes qui ne demandaient que ça, ils finissent par battre en retraite par le toit ouvrant du tertre (une fonctionnalité très pratique, installée en 2-2 par Rostus et son gros marteau). Bien qu’aucune perte ne soit à déplorer du côté des Stormcast Eternals, ils n’ont pas avancé d’un pouce dans l’atteinte de leur objectif, et ce constat d’échec crée quelques crispations dans les rangs. Particulièrement entre Shakana, qui aimerait bien éviter de devenir un légume à force de reforges successives et n’est plus trop chaude pour mourir pour les mauvaises idées de sa supérieure – même de mort lente –, et Neave Blacktalon, qui ne voit absolument pas le problème. La tension professionnelle est cependant évacuée lorsque les Blacktalons réalisent brusquement que si Harrowhand n’était pas dans le tertre, comme la logique le scénario le voulait pourtant, c’est parce qu’elle était en train de préparer l’embuscade de la prochaine croisade. Vous savez, celle que Sigmar vous a envoyé protéger. BANDE DE GLANDS. Comme quoi, on peut être foudre de guerre et très lent à la comprenette.

Cette épiphanie un peu tardive remet Neave et Cie dans le sens de la marche, et la fine équipe tend une embuscade aux petits oignons à la Wight Queen alors qu’elle attendait au milieu de ses troupes l’arrivée des ses prochaines recrues (involontaires), sans doute en jouant aux osselets. Comme l’a chanté Francis Cabrel à la fin du siècle dernier : « pas la pei-neuh que je pray-cise » ce qu’il se passe au cours des quelques minutes suivantes. Au terme d’un affrontement éclair, la revenante, qui était elle aussi dans la Team Sigmar dans sa première vie, ce qui perturbe un peu cette sensible de Shakana, repart hanter Shyish, ce qui désorganise légèrement son armée. Les croisés en seront toujours quitte pour une bataille rangée contre les légions de Nagash, mais ce n’est plus l’affaire des Blacktalons, que l’on quitte sur une scène de franche rigolade et d’honnête camaraderie. C’est bien de faire un métier que l’on aime, tout de même.

1 : Comprendre qu’il est vieux. Et c’est sa seule caractéristique différenciante de ces petits camarades, malheureusement.

AVIS:

On se croirait revenu au bon vieux temps des débuts d’Age of Sigmar, où la Black Library ne nous proposait que des récits de batailles de Stormcast Eternals. Certes, ici les fiers paladins en armure sont opposés à des Squelettes et non à des guerriers du Chaos (#Variété), mais le résultat n’en est que marginalement différent, et marginalement intéressant. Lorsqu’une nouvelle peut être résumée en une (courte) phrase sans que rien d’important ne soit omis, ce n’est jamais bon signe pour la qualité de la soumission, et l’autrement irréprochable Evan Dicken faillit à ce test avec ce simpliste ‘Harrowhand’, qui ne mérite même pas d’être lu par les fans inconditionnels des Blacktalons à moins qu’ils ne soient devenus les automates décérébrés dont Shakana redoute tant de rejoindre les rangs1.

1 : Mon hypothèse à ce stade (Décembre 2022) est que la BL est en train de préparer son lectorat au retour des Blacktalons, sous une forme ou une autre, dans les prochains mois. Si cela se vérifie, certains aspects de cette nouvelle pourraient faire plus de sens. Je pense notamment au personnage de Lorai, qui traverse l’histoire comme un fantôme et ne sert pas à grand-chose au final : je ne vois pas pourquoi Dicken a trouvé utile de l’intégrer à son récit, sauf s’il s’agissait pour lui de respecter une continuité narrative qui n’a pas encore été totalement établie à ce stade. À suivre…

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The Fields of Abundance – D. Annandale [HH] :

INTRIGUE:

The Fields of AbundanceJ’écoutaiiiis le disc jockeeeey // Dans le Rhino qui me traînaiiiiit // Sur la route de Iaspis… Ahem, pardon. Iaspis, donc. Pauvre petite planète loyaliste placée entre les infâmes et puants (surtout maintenant) Death Guards du Premier Capitaine Typhon et le Monde Trône1, Iaspis s’est battu vaillamment mais Iaspis a perdu et s’en prend plein les dents (ça rime). Les ordres reçus par le maître du Terminus Est sont simples : s’emparer de tout ce qui peut être utile à l’effort de guerre des hérétiques, et détruire le reste. Cependant, Calas Typhon est une diva, et son récent passage à Nurgle l’a rendu encore moins disposé à suivre les instructions de Mortarion (ça rime aussi). Bien qu’il soit tout à fait content de commettre crimes de guerre sur crimes de guerre envers les défenseurs et civils de la malheureuse planète, il ne peut s’empêcher d’expérimenter de nouvelles manières (souvent aqueuses et boueuses) de perpétrer massacres, destructions et biocides, tandis que ses officiers se contentent de suivre le manuel du parfait petit Death Guard.

L’attention du barbu à la faux se porte sur le Sergent Nevak, dont l’escouade s’est acquittée avec brio de la liquidation d’un bunker dans lequel s’était replié des Psykers locaux. Après un vigoureux bombardement d’obus et une bonne application de phosphex, il ne restait plus rien de ces horribles mutants, mais le résultat semblait trop… propre à Typhon, qui invita donc le Sergent à un tête à tête d’après bataille. Coup de chance pour notre héros, son interlocuteur se révèle être lui aussi un Psyker en puissance, essayant désespérément d’inhiber ses capacités pour se conformer aux préceptes de ce rigoriste de Mortarion. Sentant qu’il tient en Nevak un disciple potentiel, Tyty l’emmène sur le théâtre de l’une ses exactions expérimentales : la ville de Sappir.

Pour son malheur, Sappir se trouvait à proximité d’un spatioport important et d’un barrage hydraulique, ce qui amena à sa destruction rapide dans la campagne et donna à Typhon l’idée de la noyer sous les eaux (désormais polluées et radioactives, c’est cadeau). La grande idée de Mister T. est que ce modus operandi, s’il a permis une destruction tout aussi complète de sa cible que celle déployée par Nevak à Polita (la capitale planétaire d’Iaspis), a l’avantage d’être évolutif, et de permettre à de nouvelles formes de vie de prospérer. Ce qui est mieux pour un pro-life tel que Typhon. La preuve en est apportée par la poignée de Sappirois perclus de maladie qui se sont réfugiés dans la MJC locale pour se soutenir mutuellement dans cette terrible épreuve, et sont déjà Zombies de la Peste à 77,77%. Typhon prend sa plus suave voix et parvient à persuader son protégé de l’intérêt de son approche philosophique (eh oui), gagnant son premier disciple au passage. Ça lui a aussi servi de grand oral pour son passage devant Morty, donc tout bénef. The fin.

1 : Je comprends mieux pourquoi Mortarion s’est porté volontaire pour être dans l’avant-garde : dans sa condition actuelle, avoir un accès prioritaire au trône était une bonne idée.

AVIS:

Ça sent vraiment la fin (de l’inspiration) pour Annandale, qui nous sert le récit de la conversion à Nurgle d’un illustre inconnu par ce vieux prosélyte de Typhon. Comme nous connaissions déjà les deux étapes les plus importantes du changement de paradigme cult(ur)el de la Death Guard1, ‘The Fields of Abundance’ m’apparaît comme la scène coupée au montage d’un film déjà bieeeeeen long, et ajoutée dans l’extended version dudit film pour faire plaisir aux fans les plus convaincus. Release the Annandale cut, am I right ? Well, maybe not.

J’aurais pu avoir un avis différent sur cette nouvelle si l’auteur avait réussi son pari, assez risqué je dois dire, de construire son propos autour d’une discussion philosophique (le bien vs le mal le propre vs le sale) au lieu d’une honnête empoignade energétique, comme on pouvait s’y attendre. Mais n’est pas Graham McNeill2 ou Aloïs Schumpeter qui veut et David Annandale se perd assez rapidement dans son exégèse de la destruction créatrice, supérieure à la clinique et froide destruction… destructrice pour des raisons qui, si elles convainquent ce brave Nevak en l’espace de trois minutes, m’ont barbé en l’espace de trente secondes. I WIN.

Je trouve un peu dommage que l’une des dernières nouvelles originales de cette franchise iconique ait été confiée à un contributeur qui n’a visiblement plus rien à apporter à l’Hérésie d’Horus, mais on ne peut pas gagner à tous les coups…

1 : Typhon devient un Héraut de Nurgle dans ‘Exocytosis’, et rallie Mortarion à sa cause dans ‘The Burried Dagger’.
2 : Je pense évidemment à ‘The Last Church’.

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The Shel’tain Affair – J. Reid [HH] :

INTRIGUE:

The Shel'tain AffairComme pour Faramir longtemps avant elle, c’est au tour d’Amendera Kendel de prouver sa valeur. Fraîchement nommée Agentia Tertius par Malcador le Sigilite, sa première mission la place en effet loin de sa zone de confort (massacrer des démons et faire vomir des Psykers), car elle nécessite une approche subtile que l’ex-Sœur du Silence est bien loin de maîtriser. Envoyée enquêter sur les agissements du Haut Duc Ceithyr, dont la tête ne revenait pas à l’acariâtre Régent de Terra pour une raison qu’il n’a pas daigner lui expliquer, Amendera n’a pas la moindre idée de comment s’y prendre pour percer à jour le honteux petit secret de son hôte, qui se fait un plaisir de lui offrir une visite guidée de sa distillerie de whisky et de sa ferme de cyber-Highland (on suppose qu’il pousse le vice jusqu’à lui offrir du haggis, le monstre) pour montrer qu’il n’a rien à cacher à l’adjointe de Malcador. Après quelques heures infructueuses, Kendel décide de plier les gaules et d’aller confesser sa nullité auprès de son employeur – en espérant qu’il ne mettra pas fin à sa période d’essai – et accepte l’offre de Ceithyr d’être raccompagnée en voiture jusqu’à son Arvus.

Les choses prennent toutefois un tour aussi désagréable qu’intéressant lorsque le chauffeur du Duc tente de lui coller un pruneau dans le buffet, avant de déclencher la bombe cachée sous la carrosserie du véhicule (une option pratique quand on veut se débarrasser d’un invité indésirable… et c’est à peu près tout), qui, si elle épargne notre héroïne, pique toutefois son intérêt professionnel et la motive à retourner dans le manoir de son hôte indélicat. Considérant à juste titre qu’il vaut mieux faire profil bas vu les circonstances, Kendel passe par l’entrée de service et arrive dans le sous-sol du Duc, où elle ne met pas longtemps à liquider les quelques malheureux domestiques et gardes qui passent à sa portée. Lorsque Ceithyr finit par être informé que sa cible a survécu à la tentative d’assassinat, il panique et ordonne à ses hommes d’aller protéger les couveuses de toute urgence, ce qui ne manque pas d’intéresser notre héroïne, qui a entretemps subtilisé l’oreillette d’une de ses victimes pour se tenir informée des derniers potins. Direction les couveuses, donc.

Il s’avère que Ceithyr est un passionné de génétique appliquée, et a installé sous son manoir un laboratoire pour élever du Psyker, passe-temps très certainement prohibé par ce killjoy d’Empereur (faîtes ce que je dis, pas ce que je fais, tout ça…). Dérivés de son patrimoine génétique, les créations du Duc lui servaient à prédire l’avenir de sa lignée, ce qui lui avait été très utile pendant la période d’incertitude que furent les guerres d’unification. Grâce aux conseils de ses « enfants », Ceithyr put placer ses billes sur le bon canasson (JapPépéloup) et sortir son épingle du jeu alors que ses rivaux moins inspirés goûtaient à la colère des Guerriers Tonnerre. Cette histoire est racontée à Amendera par l’une des filles génétiques du Duc, qu’elle ne porte pas dans son cœur du fait des mauvais traitements qu’il inflige à ses bâtards (enfermés au garage ad vitam aeternam, c’est vraiment pas l’éclate). C’est elle qui a averti son papounet abhorré de la chute de sa dynastie s’il avait le malheur de laisser partir l’envoyée de Malcador, ce qui a conduit le superstitieux aristocrate à organiser l’attentat que l’on sait en catastrophe. Elle se rattrape à présent en conseillant à une Kendel à court d’options lorsque Ceithyr débarque avec ses sbires de viser le champ anti-psi maintenu par le prudent Duc autour des cuves amniotiques où la plupart de ses rejetons sont maintenus en stase plutôt que d’essayer de se faire justice directement en envoyant une bastos à son presque assassin.

Résultat des courses : l’un des Psykers en conserve qui flottait à l’arrière-plan décide qu’il est grand temps de tuer le père, comme lui avait conseillé son thérapeute, et réduit Ceithyr et ses gardes en bouillie à la seule force de son petit cerveau musclé, avant de mourir d’épuisement. Pas rancunière pour un sou, Kendel décide d’épargner la fille du défunt Duc et de la ramener avec elle chez Malcador, pensant qu’une voyante agréée pourrait être utile à son boss pour préparer le siège de Terra. Vu comment l’Hérésie se termine pour lui, on peut conclure qu’il a refusé qu’on lui tire les cartes…

AVIS:

L’Hérésie d’Horus a beau être d’abord l’histoire d’une guerre fratricide opposant des légions de surhommes génétiquement modifiés, il s’est passé autre chose qu’une interminable Space Marinade pendant les sept ans qu’a duré cet événement fondateur (et destructeur, aussi). La nouvelle que signe Jude Reid, qui relève plus du thriller policier que du bolt porn, a donc sa place dans cette saga tentaculaire, même si on peut être pardonné de considérer qu’il s’agit d’une péripétie mineure et périphérique par rapport à l’arc principal. Le fait qu’elle ait été publiée en 2022, au moment où le Siège de Terra vivait ses heures les plus intenses, n’aide pas non plus à s’enthousiasmer pour cette histoire que l’on pourrait qualifier de « basse intensité ».

Reid livre une copie sérieuse ici, qui pourra rappeler aux plus anciens la deuxième partie du ‘Blood Games’ de Dan Abnett (ça ne nous rajeunit pas), mais qui ne satisfera pas les lecteurs souhaitant voir l’intrigue globale de l’Hérésie progresser, même modestement, à travers les courts formats égrenés par la Black Library en cette fin d’Hérésie. Je trouve également dommage que Jude Reid n’ait pas cherché à prendre la suite de l’autre nouvelle récente consacrée à Amendera Kendel (‘The Serpent’s Dance’ de Mike Brooks), ce qui aurait pu créer un mini-arc sympathique sur la lutte des agents de Malcador contre l’Alpha Legion. On verra si l’Agentia Tertius refera parler d’elle avant que la poussière ne retombe définitivement sur cette franchise…

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Et voilà qui termine cette revue du calendrier de l’Avent 2022 de la Black Library. Un millésime intéressant mais inégal, 40K étant à mes yeux la franchise la plus gâtée du lot, tant sur le plan de la quantité que de la qualité. Il faut dire qu’en invitant Peter Fehervari et Sandy Mitchell à la table, le lointain futur partait avec une longueur d’avance sur ses petits camarades, et ces vétérans reconnus n’ont pas failli à la tâche (la « rédemption » de Danie Ware venant pour sa part compenser le coup de moins bien de Mike Brooks1).

Pour Age of Sigmar, le constat est mitigé : si le nouveau-venu Luke Scull et le plus ancien Richard Strachan ont rempli leur mission, Gary Kloster peine encore à convaincre avec sa chère Nyssa Volari, et Evan Dicken ne réussit pas à redonner un second souffle à des Blacktalons hors de forme et trop génériques pour un univers autrement plus complexe qu’il ne l’était lors de leurs premières aventure.

Enfin, la petite moisson hérétique m’a globalement déçu, bien que je n’eusse que peu d’attentes à son sujet. On ne peut pas trop en vouloir à Jude Reid de ne pas vouloir trop se mouiller pour sa première nouvelle dans une franchise aussi plot-driven (pardon pour l’anglicisme, mais celui-là est dur à traduire) que celle-ci, mais un vieux de la vieille comme David Annandale, qui plus est aux commandes d’une de ses factions fétiches, aurait pu et dû faire mieux que sa quelconque soumission.

Ne sachant pas à ce stade si j’aurais le temps, l’envie et la foi pour poster une autre critique d’ici à 2023, je profite de cette conclusion pour vous souhaiter une bonne fin d’année (ce sera fait). On se retrouve en 2023 pour de nouvelles revues.

1 : Desservi par le fait que Snaggi semble être un personnage important dans le roman ‘Warboss’, sorti à l’été 2022 mais uniquement en format collector par la Black Library. Ça n’aide pas vraiment à relier les points et à replacer les personnages dans leur contexte.

ONLY WAR [40K]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue d’Only War, anthologie 40K publiée par la Black Library en Novembre 20221, et comportant pas moins de 24 nouvelles. Les nostalgiques et les spécialistes de la GW-Fiction auront identifié la référence faite à un précédent omnibus de courts formats se déroulant dans les ténèbres d’un lointain futur (et encore plus volumineux), ‘There Is Only War’ (2013). Rendez-vous en 2031 pour vérifier si la BL poursuit sa logique avec la sortie de ‘War’

Pensé comme une somme des nouvelles du 41ème millénaire publiées pour la première fois entre 2019 et maintenant (il y a deux inédits au sommaire) mais n’ayant jamais bénéficié d’une inclusion dans un recueil à proprement parler, ‘Only War’ est découpé en cinq sections principales, chacune dédiée à une faction, ou un regroupement de factions. A ce petit jeu, c’est clairement la Garde Impériale qui s’en sort le mieux, puisque les braves bidasses bénéficient à la fois de leur propre section (Hammer of the Emperor), du plus fort contingent de nouvelles (7), et des deux inédits précédemment signalés. The Emperor does provide, on dirait. L’Ecclésiarchie est également bien traitée, avec quatre nouvelles regroupées dans le chapitre Keepers of the Faith.

Les autres sections sont beaucoup moins homogènes, puisque toutes les races Xenos2 sont réunies dans The Alien Menace, les Space Marines et les Space Marines du Chaos doivent subir l’outrage littéraire de partager la section Angels of Death, et les nouvelles racontées d’un point de vue impérial mais ne rentrant pas dans les cases précédentes (Adeptus Mechanicus, Aeronautica Imperialis, Libres Marchands) se retrouvent dans le chapitre « pot pourri de Pépé », Servants of the Throne.

Only War

Du côté des contributeurs, on en dénombre pas moins de 21, dont certains nous soumettant ici leur toute première histoire (Adrian Southin, Maria Haskins, Cameron Johnston). On retrouve aussi des vétérans blanchis sous le harnais, à l’instar de Graham McNeill, Guy Haley, Steve Lyons et John French. Pour être tout à fait complet, précisons que les trois « doublonnants » sont Danie Ware, Marc Collins et Justin Woolley.

Les présentations étant faites et le décor posé, il est temps de partir à la découverte des histoires de ‘Only War’, en espérant que la qualité n’a pas été la première victime de ce conflit total…

1 : Pour les amateurs d’Age of Sigmar, je précise que cette sortie s’est accompagnée de celle de l’anthologie ‘Conquest Unbound’, regroupant 21 nouvelles fresh from les Royaumes Mortels, et critiquée ici.
2 : « Toutes » ne veut pas dire que chacune des factions Xenos bénéficie de sa nouvelle, mais seulement que cette section contient les nouvelles racontées d’un point de vue Xenos. Si vous êtes fans des Orks, des Eldars des Vaisseaux Monde et des T’au, c’est votre jour de chance. Pour les autres, il faudra repasser…

Only War

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The Taste of Fire – S. B. Fischer :

INTRIGUE:

Retour sur Ourea, où nous retrouvons la Lieutenant Glavia Aerand toujours bien occupée par la purge des hérétiques qui hantent les cimes gelées de cette planète montagneuse. Bien que son régiment du 900ème Cadien ait vaincu le gros des forces ennemies lors d’une bataille rangée il y a quelques mois, l’issue n’a pas été assez décisive pour terminer la campagne une fois pour toutes. Depuis, Aerand et sa Compagnie passent le plus clair de leur temps à faire du trek dans le froid, la neige et une ambiance aussi pesante que la gravité d’Ourea, cherchant à mettre la moufle énergétique sur les cultistes survivants. Au commencement de la nouvelle, l’intrépide Lieutenant commande une attaque sur un réseau de souterrains où l’insaisissable ennemi serait peut-être barricadé, mais le trouve déserté, une fois encore. Seuls quelques cadavres de civils affamés et scarifiés sont débusqués par les Cadiens, ce qui n’aide pas le moral à remonter beaucoup plus haut que leurs chaussettes trempées. Un des corps trouvés par les Gardes conserve toutefois une étincelle de vie, et même un peu plus, comme le Medic de la Compagnie, Argos, manque de l’expérimenter. Seule la prémonition ressentie par Aerand une seconde avant que le quasi-macchabée ne vomisse un torrent de flammes bleues sur le toubib empêche ce dernier d’aller rejoindre l’Empereur. Car oui, notre héroïne est une Psyker en puissance, ce qui n’a pas l’air de choquer outre mesure ses soldats. C’est vrai qu’avoir un chef qui vous donne une sauvegarde invulnérable à 2+ est pratique quand on a qu’un PV et une veste flak pour le défendre…

Ramené à la base cadienne pour être interrogé, le civil piégé décède peu de temps après sans avoir révélé ses secrets, ou en tout cas, pas de vive voix. Entrent alors en scène le Psyker Primaris Kellipso et ses boules de Baoding, qui vont être amenés à jouer un rôle crucial par la suite. Bien que personne ne l’aime du fait de sa drôle de tête, ses regards insistants (car oui, Kellipso a des yeux fonctionnels, ce qui est assez rare pour un Psyker de la Garde Impériale… #FluffAlert) et sa manie de faire tourner ses bouboules à tout bout de champ, Keke fait le job comme le grand professionnel qu’il est. Il commence par siphonner le cerveau de l’homme chalumeau, et y trouve la localisation d’un temple où tous les cultistes d’Ourea se sont donnés rendez-vous pour cultister en secret. C’est suffisant pour que le Général Rusk ordonne à Aerand et sa Compagnie de repartir user leurs godillots pour débusquer les hostiles, malgré la journée bien remplie qu’ils ont déjà eue.

A leur arrivée devant le temple, les Cadiens ne seraient pas contre une bonne nuit de sommeil avant de lancer l’assaut, mais Kellipso a la certitude qu’il faut attaquer sans tarder, et comme les radios des bidasses ne fonctionnent bizarrement plus, il prend sur lui d’aller posséder un des aides de Rusk pour obtenir son go de quasi-visu. Cela n’est cependant pas assez pour la méfiante Aerand, qui a eu une vision de toute sa Compagnie morte, avec Kellipso planté au milieu des corps des Cadiens. Quand on connaît l’amour de ces derniers pour la station verticale1, on comprend que cette prémonition ne passe pas du côté de la Lieutenant. Elle convainc alors ses officiers d’aller régler son compte au potentiel traître, mais les conspirateurs se font démasquer et mettre hors d’état de nuire par le très balèze Calypso. Le Psyker utilise ensuite le pouvoir « VAR mental » pour repasser au ralenti et en gros plan sa vision à Aerand, qui s’aperçoit que Kellipso avait l’air triste. Donc ça ne peut pas être lui le responsable de ce massacre, pas vrai ? PAS VRAI ?

On rigole, mais ça fait l’affaire pour Aerand et le reste de la fine équipe, qui donnent enfin l’assaut du temple, protégés par le sort d’invisibilité (ou quelque chose s’approchant) que Kellipso lance sur eux pendant la phase d’approche. Le combat s’engage, et les Cadiens accompagnent le Psyker Primaris jusqu’à la salle où se trouve le cœur du réacteur, ou plutôt ses cerveaux. Les cultistes ont en effet bricolé une centrale Warp alimentée par le potentiel psychique d’une dizaine de prisonniers branchés par le cortex à un vortex bleuâtre tournoyant. Qui ne sert à rien qu’à éclairer le décor, cela dit en passant. La mise en scène fait toutefois forte impression sur Kellipso, qui manque de se prendre une balle en plein front pour sa peine, et est sauvé par une nouvelle prémonition d’Aerand. Il lui rend la pareille lorsqu’une marée de cultistes se jette sur les loyalistes depuis les coulisses, et manque de les submerger sous le nombre. Kellipso utilise ainsi le pouvoir « Couché !! » sur ses camarades, ce qui lui permet d’utiliser ses boules à fragmentation (un autre cool trick de Psyker) sans risquer de blesser ses alliés. Et qui explique mieux la vision d’Aerand : sa Compagnie n’était pas morte, elle était allongée sur le sol. Mind. B.L.O.W.N. Cet enchaînement draine toutefois dans les réserves de Kellipso, qui est bien heureux qu’Aerand et ses hommes se relèvent pour aller sauvagement débrancher les batteries psychiques de l’installation pirate avant qu’il ait une mauvaise idée, comme succomber au Chaos (ça peut arriver à tout le monde).

La nouvelle se termine avec le souhait exprimé par l’intègre Aerand d’aller se livrer à l’Inquisition, comme tout bon Psyker non sanctionné mais aimant son Empereur devrait le faire. Mieux vaut tard que jamais pas vrai ? Eh bien, ça ne se fera pas au final, car ce filou de Kellipso lui assène qu’elle serait plus utile à Pépé en guidant sa Compagnie sur le front plutôt qu’en partant en croisière sur un Vaisseau Noir. Et qu’il gardera un œil sur elle pour superviser son apprentissage du côté obscur de la Force de ses capacités psychiques. Que fait la lore police ?

1 : Après tout, c’est eux qui passent leur temps à hurler ‘Cadia stands’ à tout bout de champ.

AVIS:

Ce n’est pas la meilleure nouvelle « Garde Impériale » qui soit que Steven Fischer signe avec ‘The Taste of Fire’, suite du tout aussi oubliable ‘The Weight of Silver’. Beaucoup de personnages très peu charismatiques, de l’action très classique, une intrigue simple et sans enjeu ni tension (très franchement, on se fiche bien de savoir si Aerand et sa clique survivront à l’affrontement)… on trouve beaucoup mieux chez la concurrence, malheureusement1. Le clou dans le cercueil de cette nouvelle est la liberté que Fischer prend avec le background, et qui donne la singulière impression que l’auteur a pris la plume après avoir examiné la figurine du Psyker Primaris2 pendant cinq secondes, et lu les trois premières pages du Codex Garde Impériale. Pas suffisant pour sauver les palpitambolesques aventures de la Lieutenant Glavia Aerand3, j’en ai peur.

1 : Je recommande bien évidemment les ‘Fantômes de Gaunt’ de Dan Abnett, et plus proche de nous, les travaux de Rachel Harrison.
2 : Qui, pour sa défense, semble bien avoir des yeux fonctionnels.
3 : Qui se poursuivent dans le roman ‘Witchbringer’, que Glavia commence comme Psyker sanctionnée de la Garde Impériale, ce qui fait de ‘The Taste of Fire’ son prologue. Mais comme la BL ne s’est pas donnée la peine de préciser le lien entre la nouvelle et le roman dans ‘Only War’, il revenait au lecteur de faire la connection…

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Refuge – S. Lyons :

INTRIGUE:

Si de l’avis général, les Mordians ont un look très rigolo, les soldats qui forment la Garde de Fer ne le sont, eux, pas du tout. Ils compensent ce gros défaut par une discipline, une dévotion et une ponctualité exemplaires, ce qui en fait le choix de troupes rêvé pour mener des opérations peu glamour mais nécessaires au bon fonctionnement de cette grande machine bien huilée qu’est l’Imperium. C’est ainsi que le soldat Lucius Myer et sa section sont envoyés purger un repaire de vils mutants dans les ténèbres d’un monde ruche quelconque (mais qui rappel à ce sentimental de Lucius sa chère patrie). Les Mordians sont accompagnés par des auxiliaires qui font grincer les dents de plus d’un Garde de Fer, une escouade de Psykers assermentés (les Wyrdvanes) même pas fichus de marcher en cadence, et irrémédiablement souillés par le grand méchant Warp. Leur présence est toutefois salutaire, d’abord pour localiser le camp où se terre le fourbe ennemi, puis pour déjouer ses tout aussi fourbes manigances.

Les Mordians ont en effet été mis sur une mission délicate : l’évacuation et la « valorisation » d’un camp de Psykers clandestins. Il est donc attendu d’eux qu’ils n’exécutent pas froidement tous les rebuts humains qui auront le malheur de leur passer devant la casquette, mais fassent au contraire preuve de retenue si les mutants choisissent de se rendre sans faire d’esclandre. Un briefing complexe pour Lucius et ses compères, qui ont la détestation du Psyker chevillée au corps, mais auquel notre héros tentera de se tenir du mieux qu’il peut. Lulu est en fait plutôt tolérant pour un Mordian, puisqu’il a un jour pris la défense des Navigateurs dans une discussion avec des camarades de régiments, les appelant un « mal nécessaire pour l’Imperium » (les Navigateurs, pas ses camarades, bien sûr). Ça fait de lui un horrible woke aux yeux de son entourage, je suis sûr.

L’affrontement s’engage et à la puissance de feu et l’implacable avance des Mordians s’opposent les tours pendables de leurs adversaires, qui peuvent se dissimuler aux yeux des Gardes de Fer, les griller avec des éclairs, ou encore se protéger derrière des boucliers kinétiques. Et je ne vous parle même pas de leur manie de faire disparaître des pièces en soufflant sur leur main, ou de faire apparaître des cartes derrière l’oreille des Mordians. Quel enfer. Lucius ne s’en sort pas trop mal grâce aux barrières mentales qu’il a réussi à édifier, mais il se rend également compte que les Wyrdvanes sont les hommes et femmes du match et de très loin, grâce à leurs propres pouvoirs, impies certes mais très pratiques.

La bataille étant sur le point d’être remportée par les impériaux, Lucius est réquisitionné par le Sergent Schtiel pour l’accompagner dans la fouille des bungalows crasseux occupés par les Psykers. Il tombe rapidement sur un jeune garçon, qui s’enfuit dans les profondeurs à l’arrivée des Mordians, et auquel il donne logiquement la chasse, conformément aux ordres. Le gamin n’est cependant pas un Psyker lambda, comme le troisième œil qu’il porte sur le front le laisse apparaître. Conformément à sa position établie plus haut de héraut (mordian) de la diversité et de l’inclusion, Lucius donne toutes les chances au galopin de coopérer avec lui pour préserver son intégrité physique, mais la petite fripouille ne joue pas le jeu, et finit par lui jeter un regard si malaisant que notre héros n’a guère d’autre choix que de le tabasser à grands coups de crosse de fusil pour lui apprendre à respecter l’uniforme (surtout quand il a des boutons dorés). Il épargne cependant la vie du baby Navigateur et le ramène avec lui à la surface, contribuant de façon significative à la réussite de la mission.

La nouvelle se termine sur un plan des Mordians (à l’heure comme toujours) en train d’attendre dans le spatioport l’arrivée de leur navette (en retard comme à chaque fois). Cet ennuyeux délai permet toutefois à Lucius de voir les Vaisseaux Noirs collecter leur butin humain, une vision qui renforce son dégoût et sa haine pour les Psykers en général. C’est donc un happy end incontestable, si vous êtes un Mordian, bien sûr.

AVIS:

Steve Lyons est une valeur sûre pour tout ce qui touche au Death Korps de Krieg, mais il n’est pas aussi à l’aise dès lors qu’il aborde d’autres régiments fameux de la Garde Impériale. Cette histoire de Mordians ne restera ainsi pas dans les annales du genre : malgré une teneur en grimdark appréciable (un Garde Impérial hyper-conditionné qui bastonne presque jusqu’à la mort un pauvre gosse qui cherchait juste à vivre tranquille), il n’y a pas grand-chose ici qui retiendra le troisième œil et l’attention du vétéran de la BL. On est toujours content de voir ces bons vieux Gardes de Fer et leurs uniformes impeccablement repassés reprendre du service dans la GW-Fiction – il n’y en a souvent que pour les Cadiens et les Catachan – mais ce n’est pas ‘Refuge1 qui vous donnera l’envie irrépressible de claquer votre PEL pour acheter 2.000 points de porteurs de képi.

On peut aussi souligner quelques bizarreries notables, à la fois au niveau de l’intrigue (on a l’impression pendant le combat contre les Psykers que Lucius dispose lui aussi de pouvoirs, qui lui permettent d’être le seul à détecter un ennemi caché, mais cette piste est tout de suite abandonnée par Lyons) et du background (il est indiqué de façon assez claire que Mordian a été perdue au Chaos, comme Cadia, ce qui n’est à ma connaissance pas le cas dans le fluff). Rien de rédhibitoire, mais Lyons nous a habitué à mieux, et plus intéressant.

1 : Fun fact, l’autre nouvelle consacrée par Steve Lyons aux Mordians à un nom similaire à celle-ci, puisque ‘Solace’ en anglais signifie ‘réconfort’.

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Redemption Through Sacrifice – J. Woolley :

INTRIGUE:

Redemption Through SacrificeLe régiment de Légionnaires Pénaux des Meat Dogs est envoyé à la surface de la planète de Vandicius pour assister ses défenseurs dans la purge d’un culte hérétique s’étant répandu comme une trainée de poudre parmi sa populace. Nous suivons Marcus van Veenan, ancien Garde Impérial au sein du 51ème Talissian, alors qu’il tente de survivre à cette nouvelle affectation. Armé seulement d’une batterie de fusil laser (il n’y avait pas assez d’armes pour tout le monde), il permet cependant à son bataillon de résister à une charge de cultistes en leur apprenant l’astuce du tir sur trois rangs, ce qui permet aux Légionnaires de tenir la ligne et à l’Inquisitrice Mariette Nikova, qui a pris sur elle d’encadrer ces rebuts, d’identifier formellement la petite silhouette de l’homme responsable de tous les maux de Vandicius : Scaramouche Cal Corditus. Ni une ni deux, Nikova réquisitionne le bataillon de van Veenan, collant au passage un bolt dans la tête du Lieutenant techniquement en charge de ce dernier, et peu chaud pour partir en balade derrière les lignes ennemies, et élève notre héros au grade de Sergent en reconnaissance de sa valeur au combat.

La sortie des Meat Dogs ne se passe pas franchement bien, même en considérant la durée de vie très limitée d’un Légionnaire Pénal. Lorsqu’ils finissent enfin par atteindre le bout de la rue qu’a emprunté Cal Corditus pour retourner vers son QG, van Veenan et Nikova sont les seuls survivants de leur peloton. Cela ne décourage pas pour autant l’Inquisitrice de poursuivre sa proie, et comme van Veenan n’est pas vraiment en mesure de refuser de l’accompagner, la paire s’enfonce plus profondément en territoire inconnu et hostile. Il ne leur faut pas longtemps avant de se faire embusquer par Corditus et ses sbires cependant, le grand méchant de l’histoire étant un Psyker ayant tiré l’aptitude « Maître du Scénario » sur sa table de compétences en début de partie. Nikova se fait honteusement capturer par sa Némésis, tandis que van Veenan parvient à échapper à ce sort funeste en tentant et réussissant un saut de l’ange en mode Assassin Creed (la charrette de foin étant remplacée ici par un tas d’ordures).

Nous prenons d’abord des nouvelles de l’Inquisitrice, qui traque Corditus depuis trente ans car elle n’a pas supporté que cet ancien collègue passe au Chaos. La mobilité professionnelle est toujours un sujet délicat, c’est vrai. Après avoir prononcé pour le lolz son jugement de l’hérétique, elle s’attend à être exécutée par ce dernier, mais il se trouve que l’Ami Cordi a d’autres projets pour elle. Fort occupé à invoquer des Chiens de Khorne (à raison d’un par demi-heure, les défenseurs impériaux ont le temps de voir venir), il annonce à l’Inquisitrice qu’elle aura la chance d’assister aux premières loges à la création de son empire chaotique, Corditus voulant avoir le plaisir et la satisfaction de briser la résolution de sa prisonnière, qui avant de prendre rosette, était une Sœur de Bataille (donc double effet kiss cool s’il arrive à ses fins). Chacun ses fantasmes, j’imagine.

De son côté, van Veenan, une fois remis de ses émotions, décide d’aller secourir sa coéquipière et se dirige donc vers le mausolée où elle lui a dit que Corditus se terrait quelques minutes plus tôt. Le dieu du matos finit enfin par lui sourire, puisqu’en chemin il tombe sur un groupe de cultistes couvant une caisse de grenades krak (c’est moche la folie tout de même). Après avoir réglé leur compte aux faquins, il poursuit sa route avec suffisamment d’explosifs pour démolir le Palais Impérial, équipement qui lui sera fort utile par la suite comme vous pouvez vous en douter. Au terme d’un raid promptement et proprement mené sur le QG adverse1, van Veenan parvient à délivrer Nikova et à s’enfuir avec elle… mais seulement sur deux cents mètres. La belle, la traîtresse, se prend en effet un tir de laser fatal dans le bas du dos, et ordonne à son sous-fifre de porter un message codé à un autre Inquisiteur (Gorton), pendant qu’elle agonise tranquillement à l’arrière-plan. Bien brave, le Légionnaire accepte de se muer en messager, et parvient miraculeusement à rejoindre les lignes impériales, et tout aussi miraculeusement (il avait pris un bain de sang pour s’infiltrer parmi les groupies de Corditus) à ne pas se faire abattre à vue par ses camarades. Troisième coup de chance d’affilée, Gorton était justement en train d’attendre à proximité, et à l’écoute de la phrase codée de Nikova, il a une réaction sans appel…

Début spoiler…Il renvoie van Veenan au vestiaire, ce qui désole un peu ce dernier il faut dire, car il s’attendait à une remise de peine pour services rendus. Mais c’est toujours mieux que le sort réservé aux autres Légionnaires Pénaux, que Gorton fait exécuter par ses acolytes. La raison ? Ils ont été témoins de l’arrivée d’une escouade de Chevaliers Gris, chargée de mettre Cal Corditus hors d’état de nuire maintenant que l’Inquisition a la certitude que l’hérétique se trouve à proximité. C’était le sens caché du message de Nikova, et les règles étant les règles, l’existence de ces super Space Marines doit rester secrète. Dura lex, sed lex…Fin spoiler   

1 : Et Cal Corditus, me demanderez-vous ? Eh bien il se contente de gueuler psychiquement +Il est arrivé !+ à ses sbires, et repart aussi sec apprendre à ses toutous de Khorne à lui rapporter son journal, ou quelque chose comme ça.

AVIS:

Maintenant que l’on a plus Gav Thorpe pour nous apporter de temps à autres des nouvelles (héhé) de Légionnaires Pénaux, ce sous-genre est en voie d’extinction littéraire. On peut donc remercier Justin Woolley de ses bons offices avec ce classique mais appréciable ‘Redemption Through Sacrifice’, qui donne un bon aperçu de la (courte et violente) vie de ces soldats impériaux hauts en couleurs. Bien que van Veenan n’ait pas la gouaille d’un Kage, il s’avère être un protagoniste tout à fait correct, et la petite aventure déroulée par Woolley répond également aux attentes que l’on peut placer sur une nouvelle d’action de la Black Library, conclusion grimdark en prime (en même temps, une histoire de Légionnaires Pénaux qui ne se finit pas mal constituerait un crime de lèse-fluff). J’ai juste un peu tiqué sur quelques détails mineurs, comme le fait que Cal Corditus soit un Psyker de Khorne, mais rien qui ne vienne irrémédiablement gâcher la lecture. On en viendrait à souhaiter que Justin Woolley se réengage dans la Légion.

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The Price of Duty – M. Smith :

INTRIGUE:

The Price of DutyLa première mission du Commissaire junior Jasper Nevin, fraîchement diplômé de la Schola Progenium et envoyé encadrer le 64ème Catachan sur le monde forestier de Verdine II, se passe assez mal pour notre héros. Outre le fait qu’il n’est pas parvenu à se faire accepter par ses soldats, dont la réticence à se plier aux injonctions de l’Officio Prefectus est bien connue, Nevin se trouve confronté à une opposition féroce de la part des insurgés locaux, bien mieux armés et équipés qu’une bande de bûcherons énervés n’a le droit de l’hêtre. La nouvelle commence d’ailleurs par une fusillade tendue à l’ombre des coloshênes qui recouvrent une bonne partie de la planète, à laquelle Nevin survit miraculeusement grâce à l’arrivée providentielle de la Capitaine Rosario ‘Viper’ Vargass et de son escouade de commandement. En inspectant les corps des insurgés, les deux officiers constatent que ces derniers sont armés de fusils laser flambant neufs, alors que les Catachan doivent combattre avec des pétoires reconditionnées et affectées par de gros problèmes de batterie. Saleté d’obsolescence programmée.

De retour au camp de base, Nevin obtient une audience auprès du Seigneur Commissaire Albrec Stone afin de lui partager sa découverte, pendant que Viper se fait refouler à l’entrée du QG par les Scions Tempestus qui en gardent l’accès. Stone n’est en effet pas un grand fan de l’esprit frondeur des Catachan, et les tient à distance dès qu’il en a la possibilité, les soupçonnant de vouloir attenter à sa précieuse vie. Malgré le rapport inquiétant de son subalterne et ex-étudiant, le Seigneur Commissaire semble prendre la nouvelle à la légère, et donne des instructions strictes pour que le matériel récupéré sur les rebelles soit mis sous clé, au lieu d’être distribué aux Gardes qui en auraient pourtant bien besoin.

Un peu plus tard, Nevin et Viper se rencontrent à nouveau, et la Capitaine emmène le Commissaire dans l’armurerie régimentaire, tenue par un vétéran grisonnant et bedonnant (Bron Hader). Hader explique à ses visiteurs que les fusils laser des Verdinites ont toutes les chances d’être ceux qu’il a commandé au Munitorum il y a quelques mois, et qui se sont perdus en chemin. Aucun convoi d’approvisionnement n’ayant été capturé par l’ennemi durant la campagne, cela ne peut signifier qu’une chose : quelqu’un de haut placé a couvert le trafic des fusils en question, et les soupçons de Viper se portent naturellement sur les deux officiers auxquels elle ne fait absolument pas confiance : Nevin et Stone. Le baby Commissaire jurant son grand Empereur qu’il n’y est pour rien, cela ne laisse plus qu’un suspect à confondre, mais la tâche ne sera pas aisée. Dans l’espoir que le Seigneur Commissaire ait dissimulé des preuves incriminantes dans un tiroir, Nevin profite des quelques minutes consacrées par son supérieur à déguster son bol de Nesquik matinal pour s’introduire dans son bureau et feuilleter les montagnes de paperasse dont Stone aime à s’entourer…

Début spoiler…Et cette recherche frénétique porte ses fruits. Un tiroir à double fond révèle en effet un classeur contenant, entre autres preuves de népotisme accablantes, le fameux bon de réception des fusils Catachan, signé de la main de Stone. Nevin a toutefois trop tardé et se fait pincer par le Seigneur Commissaire avant qu’il n’ait pu sortir du bureau. Tenu en joue par son supérieur, il n’a d’autre choix qu’écouter ce dernier lui raconter sa version de l’histoire : pour Stone, il s’agissait simplement d’aider un haut gradé de la Garde Impériale à préparer sa retraite prochaine en couvrant un lucratif détournement de matériel militaire. En échange, Stone bénéficierait d’une nouvelle affectation dans un régiment plus civilisé, et serait prêt à prendre Nevin avec lui, si le jeune Commissaire accepte de marcher dans la combine, bien sûr. Bien que les principes moraux de Nevin lui fassent condamner ces pratiques, Stone achève de le convaincre en lui révélant qu’il a dû une de ses plus fameuses victoires à un achat sous le manteau d’armes à plasma pour équiper ses soldats, opposés à des Space Marines chaotiques peu impressionnés par les fusils laser et lance-flammes que le Munitorum avait attribué au régiment. Stone remet d’ailleurs un des pistolets à plasma qu’il avait utilisé lors de cette campagne à son protégé, en guise de petit cadeau d’adieu.

Lorsque les rebelles lancent une attaque du camp retranché des Catachan à la nuit tombée, Nevin et Viper se retrouvent en première ligne, position peu confortable s’il en est, surtout quand l’ennemi est bien mieux armé que vous. Débordés par les assaillants, secondés par des Ogryns équipés de tronçonneuses géantes et dont le cuir épais les immunise aux décharges faiblardes de leurs fusils, les Gardes sont forcés au repli et contraints de se battre au couteau. Nevin dispose quant à lui de son nouveau joujou à plasma, qui s’il ne lui explose pas à la tête, surchauffe cependant suffisamment pour finir collé à sa main, ce qui n’est jamais agréable. Au moment où tout semble perdu, Stone et ses Scions finissent par arriver pour prendre l’ennemi à revers et le mettre en fuite. Cette intervention décisive sera-t-elle suffisante pour que Nevin tienne sa langue ?

Début spoiler 2…Eh bien non. Echauffé (et brûlé au troisième degré) par ce qu’il vient de vivre, le Commissaire expose les manigances de son supérieur devant témoins. Cependant, Stone n’est pas né de la dernière pluie, et a pris soin de maquiller toutes les preuves qui l’incriminaient pour qu’elles désignent désormais Nevin. Même le pistolet plasma qu’il lui a remis quelques heures plus tôt semble accréditer la thèse d’une complicité dans un trafic d’armes. On en revient donc à du parole contre parole, et à ce petit jeu, il est bon d’avoir une dizaine de Catachan sans scrupules en back up, comme Nevin le découvre bientôt. Convaincue de l’intégrité de ce dernier, Viper ordonne en effet à ses hommes de tomber sur le râble des Scions, laissant Nevin libre de faire un gros trou dans la poitrine de son mentor dévoyé. Justice a été rendue.Fin spoiler 

AVIS:

Une nouvelle mettant en scène un Commissaire et un régiment de Catachan, et dans laquelle se pose la question de la façon d’accomplir son devoir, surtout dans des conditions difficiles ? C’est ‘Emperor’s Grace’ qui bénéficie d’un reboot ! Je ne sais pas si Matt Smith avait en tête cette référence au moment d’écrire ‘The Price of Duty’, mais sa soumission est sensiblement du même niveau que celle de son grand aîné Alex Hammond, c’est-à-dire assez moyenne. Desservie par des personnages quelconques et très peu attachants, ainsi que par un rythme très pépère (malgré un généreux recours à des scènes d’action), l’intrigue de cette nouvelle ne captive jamais le lecteur. Je regrette également le choix de Smith de ne pas avoir terminé son propos avec une vraie conclusion grimdark, et d’avoir au contraire fait « triompher la justice », ce qui peut s’apparenter à une faute de goût pour de la GW-Fiction. Bref, ce n’est pas la bleusaille Jasper Nevin qui viendra contester la casquette de Commissaire le plus badass de la galaxie à ce vieux Sebastian Yarrick (quel que soit l’état dans lequel il se trouve), c’est moi qui vous le dit !

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Anarchy’s End – R. J. Hayes :

INTRIGUE:

Anarchy's EndLa vie n’est pas facile pour Vi Madine, servante à tout faire à bord du Baneblade Anarchy’s End. Outre le fait que ses conditions de travail soient ingrates, pour dire le moins, et que ses collègues d’habitacle la considèrent très peu, malgré la foule de service qu’elle leur rend, il lui faut également composer avec le caractère acariâtre de l’esprit de la machine dans laquelle elle évolue. Anna (appelons la comme ça, car oui, c’est une lay-dee) tient en effet plus de Tatie Danielle que de Mamie Nova, et multiplie les coups fourrés à l’encontre des petits humains, tellement fragiles…, qui tentent tant bien que mal de la faire servir l’Imperium. Pour Vi, qui est la plus ancienne des opérateurs du super lourd, et tient un registre de tous les membres d’équipage morts en service (21 au total au début de la nouvelle), il s’agit simplement d’éviter de contrarier la vieille dame en oubliant de réciter les bons rites au bon moment. Pour les autres servants d’Anna, qui considèrent le tank comme… un tank, la leçon sera autrement plus rude, et la plupart du temps, définitive. L’histoire s’ouvre ainsi en même temps que la boîte crânienne du loader Jacob Waynee, victime d’un décrochage malheureux de plaque de blindage. Ce sont des choses qui arrivent… mais un peu trop souvent à bord de l’Anarchy’s End.

Il n’y a cependant pas de temps à consacrer à ce tragique incident, la bataille contre les hordes tyranides faisant rage à l’extérieur, et notre malicieux Baneblade ayant été chargé d’une mission vitale : localiser et éliminer le Prince dirigeant l’essaim. Bien que la majorité des bio-formes adverses soient trop chétives pour inquiéter Anna, il ne se passe guère cinq minutes sans qu’un Carnifex enthousiaste vienne offrir une valse à la vieille dame, réduisant drastiquement les capacités de l’équipage à rechercher sa proie. Pour ne rien arranger, Vi surprend un échange totalement séditieux entre l’opérateur Gee et un autre servant, annonçant une mutinerie prochaine dirigée envers le Lieutenant Hamad. Ayant compris qu’il avait été entendu, Gee essaie de réduire Vi au silence, mais par un curieux enchainement d’événements, se retrouve enfermé dans sa tourelle et incinéré par un court-circuit qui transforme cette dernière en brasier. Pour Vi, il ne fait aucun doute que c’est l’esprit de la machine qui est intervenu pour punir le factieux, et sauver sa vie par la même occasion. Il lui faut cependant alerter Hamad qu’au moins un autre membre d’équipage est un traître en puissance, et ce alors que le Baneblade essuie une pluie de plasma et une tempête de griffes chitineuses. Pas sûr que l’assurance prenne tout en charge.

Ayant renoncé à utiliser la radio pour passer son message (personne ne l’écoute de toute façon), Vi finit par arriver jusqu’au poste de commandement, après avoir vu ou entendu périr dans d’horribles souffrances une bonne moitié de ses camarades, victimes de l’arsenal peu ragoutant des Tyranides. En plus du Lieutenant Hamad, elle y retrouve l’officier tactique Makin (qui s’avère être le traître) et le canonnier Beadle. Makin a totalement perdu son sang froid et menace Hamad avec son pistolet laser, demandant à ce que le Baneblade abandonne sa mission suicide et batte en retraite. Lorsque Vi cherche à maîtriser le forcené, un tir perdu ricoche dans l’habitacle jusqu’à atteindre le pauvre Beadle (qui n’avait rien demandé), pendant que Hamad parvient à coller un bolt dans la tête du mutin pour lui apprendre à respecter la chaîne de commandement. L’ordre rétabli (ce qui est la moindre des choses pour un tank qui s’appelle Anarchy’s End, tout de même) à bord et sa cible finalement localisée, le super lourd semble être en bonne position pour mener sa mission à bout… mais perd 60% de son équipage en l’espace de trente secondes (la pilote se prend un tir de canon venin dans le buffet, Beadle finit par se vider de son sang, et Hamad est pris en stop par une harpie alors qu’il cherchait à localiser le Prince de visu). Ne restent plus que Vi et l’adepte Verman, trop occupée à poser des sparadraps en soute pour être d’une quelconque utilité dans la réalisation du tir fatidique….

Début spoiler…C’est alors qu’un nouveau miracle se produit, Vi assistant depuis la tourelle qu’elle défend contre les assauts des cafards de l’espace au one shot du Prince Tyranide. Un nouveau fait d’arme à mettre directement au crédit d’Anna, qui détestait les insectes encore plus que les humains, comme la plupart des vieilles dames il faut dire. La mort du cancrelat en chef désorganise ses troupes et permet aux forces impériales de remporter la bataille, en plus d’offrir à Vi et à Verman une pause bien méritée hors de l’épave du Banebalde (dont le cœur a lâché, et c’est bien triste mais c’est logique à son âge…). Ainsi va la Vi à bord du Redoutable de l’Anarchy’s EndFin spoiler

AVIS:

Avec ma sale manie de ne pas lire les nouvelles dans leur ordre de sortie, j’avais commencé par me dire que cet ‘Anarchy’s End’ ressemblait très fortement à l’Imperator Gladio’ de Richard Strachan (Destination Finale à bord d’un Baneblade, pour faire court). Il s’avère que l’inverse est plus exact, l’histoire de Hayes étant sortie initialement avant celle de son comparse de la BL (dans le recueil ‘The Accursed’, datant de 2021). Le procès en plagiarisme étant annulé, que peut-on dire sur la deuxième nouvelle proposée par Rob J. Hayes pour la Black Library ?

Eh bien, on peut commencer en notant qu’elle est sensiblement supérieure à ses débuts (‘No Quarter’), ce qui est franchement appréciable. On retrouve dans ces quelques pages l’ambiance poisseuse, violente, désespérée et nihiliste – en un mot, grimdark – qui faisait cruellement défaut à ‘No Quarter’, et même si on comprend assez vite où l’auteur veut nous emmener en termes d’intrigue et de conclusion, le résultat final est loin d’être honteux. L’idée de Hayes de transposer ‘Christine’ de Stephen King aux riants champs de bataille du 41ème millénaire est bonne, et vient apporter une touche de suspens et de mystère bienvenus au sous-genre de « la nouvelle Garde Impériale », beaucoup plus prosaïque dans son approche en règle générale (« pan pan t’es mort et moi aussi d’ailleurs »). Encourageant.

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The Jagged Edge – M. Haskins :

INTRIGUE:

The Jagged EdgeLes retrouvailles familiales entre le Sergent Aurelia Shale et sa sœur aînée, Theodora, ne se passent pas comme la première l’aurait souhaité. Pour commencer, Theodora est devenue une Commissaire inflexible pendant les dix ans qui se sont écoulés depuis que les sœurs ont été séparées après la mort de leurs parents, et n’hésite pas à coller des taloches à sa cadette lorsque cette dernière fait mine de questionner les ordres. Deuxièmement, les circonstances ne sont pas favorables à de grands épanchements, l’escouade d’Aurelia étant chargée d’accompagner Theodora et le Capitaine Bain dans un mission à hauts risques : infiltrer la Manufactorum Primus de Kepler-Gamma, usine de production d’armes tombée aux mains du Chaos lors de la guerre civile qui enflamme la planète depuis maintenant quinze ans. Le plan des impériaux est élégamment simple : utiliser les tunnels qui courent sous le mont Dentelure (Jagged Edge en VO) pour pénétrer incognito dans le complexe, et poser quelques explosifs au niveau du réacteur pour réduire l’usine en cendres. Voilà pour le briefing.

Les choses ne tardent pas à se corser pour les Scrappers et leurs invités. À peine entrés dans une cavité souterraine, ils tombent sur un Bisounours1 mal léché, qui fait des misères au soldat Helvia mais permet surtout à Aurelia de montrer qu’elle maîtrise l’art du combat au couteau. Après des heures de tâtonnements et de reptations, la fine équipe parvient dans la Manufactorum Primus, que les hérétiques n’ont absolument pas pris soin d’entretenir depuis leur OPA hostile. Des cadavres mutilés jonchent les moindres recoins, sans parler des graffitis impies qui constellent les murs et de la tenace odeur de renfermé qu’exsude le lieu. Ce choix de décoration d’intérieur impressionne fortement les loyalistes, mais le vétéran Bain et la rigoriste Theodora ont tôt fait de leur faire reprendre leurs esprits, et les commandos parviennent sans problème jusqu’à la salle du réacteur, avant de commencer à poser leurs charges de démolition.

C’est le moment que choisissent les cultistes pour faire leur apparition, en des quantités trop importantes pour que les Gardes aient la moindre chance de tenir leur position. Aurelia surprend également un Word Bearer faire acte de présence au second plan, mais tel Bruce Willis dans un direct to video de la fin des années 2010, l’Astartes renégat se contentera de cette apparition fugitive avant de ressortir définitivement de l’histoire. Un problème de moins à gérer. Ayant déjà subi quelques pertes les Scrappers parviennent à se replier en bon ordre jusqu’à l’entrée du tunnel qu’ils avaient emprunté pour entrer dans le complexe. Cela aurait été l’endroit idéal pour utiliser leur détonateur… s’ils ne l’avaient pas oublié dans la salle du réacteur. Gag. Comprenant que ses alliés sont des gros nuls (alors que lui a réussi à tuer un Space Marine du Chaos en solo, d’après la légende), le grand Bain décide de repartir seul pour faire péter les charges, tandis que le reste des survivants devra faire diversion pour attirer l’ennemi ailleurs. Avant qu’il ne parte, Aurelia lui remet son couteau, ce qui est noble de sa part et ne servira à rien dans la suite de la nouvelle, puisque Bain n’y apparaitra plus non plus2.

La caméra reste en effet fixée sur les sœurs Shale, qui finissent par être les seules rescapées de leur petit groupe après que les autres Gardes aient passé l’arme à gauche dans des péripéties ma foi très classique. La franche discussion permise par cette intimité involontaire n’aura cependant pas lieu, Theodora écopant d’un pruneau dans l’artère fémorale alors que l’arrivée était toute proche (dommage), et se contentant de remettre à sa sœur son pistolet bolter ainsi que sa bénédiction avant de rejoindre à son tour l’Empereur. La nouvelle se termine avec le sprint d’Aurelia en direction de la sortie du tunnel, qu’un membre de son escouade avait heureusement piégé en skred au début de la mission parce que, je cite, « il n’aimait pas sa tête ». Ce délit de faciès minéral permet au moins à notre héroïne d’enfouir ses poursuivants sous des tonnes de gravats, et à notre histoire de se terminer sur une éclatante victoire impériale.

1 : Sans rire, le terme anglais utilisé est cudbear, qui peut se traduire par « ours câlin ».
2 : Je choisis de penser que le vaillant Capitaine solote sans problème le Space Marine une fois équipé du couteau, car ce n’est tout de même pas un Astartes qui va arrêter un Bainblade.

AVIS:

D’habitude, le choix d’utiliser des personnages avec un lien de parenté dans une histoire de GW-Fiction indique que nous sommes en présence d’une série au long cours, ce qui permettra à l’auteur d’explorer plus en détail les relations particulières qui unissent ses héros. Ici… non (à moins que Theodora n’ait survécu à hémorragie externe sévère et à un enfouissement prolongé, ce qui serait étonnant). Si le choix de Maria Haskins de déroger à la règle précédemment citée peut se comprendre dans le contexte de cette nouvelle (le devoir avant tout, etc…), il est emblématique des nombreux arcs narratifs que l’auteur met en place sans y donner suite, ce qui n’est jamais bon signe à mon humble avis. Ainsi, on apprend au début de l’histoire qu’Aurelia est une as au couteau… mais elle n’aura jamais l’occasion de mettre vraiment ce talent en œuvre après avoir fait la peau de Winnie l’Ourson. De même, Bain est auréolé par sa réputation de tueur de Space Marine, anecdote qui revient deux fois dans le cours du texte… mais il parviendra à faire exploser les charges hors champ, et on ne verra pas l’affrontement qui semblait pourtant inévitable entre le Capitaine vétéran et le Word Bearer entraperçu par Aurelia. Un peu dommage.

Ces considérations mises à part, on retrouve dans ‘The Jagged Edge’ les ingrédients d’une nouvelle d’action à la sauce Garde Impériale, mis en scène de façon efficace mais assez peu imaginative par Haskins. Malheureusement pour cette novice, le créneau est déjà trop encombré pour que la variation qu’elle propose sur la base de « Shale & Shale, Sergent & Commissaire » (je vois ça comme un crossover entre « Les Cordier, Juge et Flic » et « Alice Nevers, le juge est une femme », on a les références qu’on peut) ait la moindre chance de faire date. On a déjà Severina Raine et Minka Lesk dans la catégorie des imperial fighting girls de l’Imperium, pas besoin d’en rajouter, si ?

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The Place of Pain and Healing – J. D. Hill :

INTRIGUE:

The Place of Pain &amp; HealingComme vous le savez peut-être, la dernière incursion d’Abaddon & friends sur Cadia ne s’est pas super bien terminée pour la planète. Aux dernières nouvelles, elle serait tombée sur le sol de la galaxie, ce qui fait tout de même une sacrée chute. Minka Lesk, jeune Bouclier Blanc aux débuts de ce que nous appellerons pudiquement « les événements », peut témoigner des derniers moments difficiles de la population locale : évacuée en compagnie du Capitaine Kasrkin Rath Sturm avant la victoire du Chaos (voir ‘Cadia Stands’), elle passe les premiers moments du voyage sur le croiseur Space Wolves qui convoie les deux Cadiens à délirer dans son sommeil. Les souvenirs de la défense contre la 13ème Croisade Noire se mélangent avec d’autres, plus anciens, de son enfance et son entraînement à devenir une bonne petite soldate. On apprend aussi que Minka est une Katherinette (même si elle ne porte pas de chapeau).

Cette transe enfiévrée est interrompue par le médecin de garde du Fang of Fenris, qu’un serviable hilote Space Wolves va quérir en catastrophe après avoir été témoin de la tachycardie suspecte de Minka. Une petite injection de stimms et ça repart comme en 40,000, cependant. Après une brève période de confusion, notre héroïne échange deux mots avec son camarade d’infortune, puis part errer dans les couloirs désertés et ténébreux du croiseur pour se changer les idées. Elle tombe sur Skarp-Hedin, le Space Marine qui l’a ramenée dans sa besace énergétique au moment de quitter Cadia (comme quoi on peut avoir un mono sourcil et bon(s) cœur(s), et parvient au terme d’un dialogue aussi profond que virtuose, mais en tout cas cathartique, à se réconcilier avec l’idée de la perte de sa planète natale, de ses milliards de compatriotes, et du fier héritage d’inflexibilité des centaines de générations précédentes. Le tout en deux minutes top chrono. A ce niveau, on ne dit pas tourner la page, mais désapprendre à lire.

Skarp-Hedin, qui a senti que son vaisseau était entré dans le Warp, et plus certainement que la fin de la nouvelle était imminente (c’est fou comme les Space Wolves ont le nez fin), trouve une excuse bidon pour partir dans l’arrière-plan narratif à petites foulées – mais en continuant le dialogue avec Minka, car c’est un gentleman. Cette dernière repart pioncer dans sa cellule, et sous son matelas, il faut le préciser, l’odeur et le poids de sa paillasse lui rappelant les jours heureux où elle faisait la nouba dans les dortoirs des premières années. You do you, girl, you do you.

AVIS:

Nouvelle de transition entre ‘Cadia Stands’ et ‘Cadian Honour’, ‘The Place…’ ne me semble pas être une addition très intéressante à la saga de Minka Lesk (que je ne considère pas comme étant très intéressante non plus, je dois dire). On n’apprend en effet pas grand-chose de nouveau sur l’héroïne aux yeux violets, qui a eu l’enfance stricte et militarisée que tous les Cadiens ont eu (aaaaaah), et a été traumatisée par la violence des combats de la Croisade Noire (oooooh). Comme les trois personnages principaux (Lesk, Sturm et Skarp-Hedin) ont un charisme cumulé proche de celui d’une huître comptable, il est dur de sympathiser un tant soit peu avec leur peine et leur déchirement.  J’ajoute que Hill se montre particulièrement peu inspiré dans l’écriture des quelques dialogues de sa nouvelle, qui sont si vides et grotesques que leur simple lecture vous sort immédiatement de l’histoire. À laisser sur Cadia.

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The Labyrinth of Lost Souls – G. McNeill :

INTRIGUE:

The Labyrinth of Lost SoulsUn inconnu, peut-être illustre mais certainement pas lacustre, se réveille en sursaut d’un coma pas vraiment réparateur. Notre homme se retrouve en effet nu comme un ver, suturé comme la créature de Frankenstein, en proie à un féroce mal-être, et sans le moindre souvenir de qui il est et de comment il s’est retrouvé là. Seule consolation pour Jean Dupont, malgré l’impression tenace et désagréable que son pacemaker est en train de lui fondre dans la poitrine, il se découvre doté d’une force prodigieuse, ce qui lui sera sans aucun doute utile pour se tirer de ce mauvais pas…

Début spoiler 1…Je passe en mode spoiler ici pour épargner le suspense de cette soumission aux lecteurs de grande section de maternelle de cette chronique. Qui ne devraient pas être là, ni lire ce genre de contenu, mais d’une certaine manière, c’est grandement impressionnant. En tout cas, on ne m’accusera pas cette fois-ci de ruiner le dénouement d’une nouvelle, même si l’illustration de cette dernière devrait vous donne un énaurme indice sur qui est notre protagoniste. Deux si vous vous attachez également au fond de l’image et pas seulement à la Passion de Jean-Michel Blanquer au premier plan. Ajoutez à cela le nom de l’auteur et la date de sortie de cette nouvelle, et vous devriez être en mesure d’identifier le primate confus qui est en train de cavaler vers le « cœur du Labyrinthe1 », en fracassant tout ce qui a le malheur de se mettre sur sa route et/ou ne pas convenir à ses goûts esthétiques. Allez, je vous laisse une dernière chance de percer ce mystère par vous-même, en gentilhomme.e (je suis inclusif aussi) que je suis.

Début spoiler 2…Toujours là ? Bon, eh bien tranchons dans le vif de l’intrigue que Graham McNeill nous a amoureusement concocté et révélons sans plus tarder que l’énergumène qui vient juste de suspendre un Techmarine par les bretelles dans son propre atelier, parce qu’il avait une vague ressemblance avec l’homme taureau de la légende, n’est autre qu’Uriel Ventris. Le Capitaine de la 4ème Compagnie des Ultramarines, récemment primarisé (‘The Death of Uriel Ventris’), n’a donc pas passé le Rubicon avec la grâce et la fortitude des autre personnages nommés upgradés avant lui. D’ailleurs il a failli se noyer, ce con. Mais ce n’est pas vraiment de sa faute, notez. Comme l’Apothicaire Selenus le révèle à son supérieur (qui lui a fait une augmétique au beurre noir dans sa fuite éperdue) et au lecteur après que l’un comme l’autre aient digéré ce rebondissement digne de Hilfred Atchcock, c’est la fournaise bélisarienne implantée dans le thorax du néo-primarisé qui s’est mise en surchauffe et a provoqué son hyperactivité amnésique. Heureusement pour tout le monde, Ventris a retrouvé ses esprits avant de commettre l’irréparable (péter la vitre du réacteur plasmique du croiseur de bataille Vae Victus à coup de poing…because of reasons), et que l’irréparable soit commis sur sa précieuse personne (Petronius Nero était sur le point de lui donner le coup de grâce après avoir consulté la VAR pendant de longues minutes). Il aura fallu qu’on lui agite sous le nez le slip de Guilliman la bannière de sa Compagnie pour qu’il revienne à ses sens. La suite sera sans doute couverte dans ‘The Swords of Calth’, publié quelques jours après cette nouvelle. Trust me, I’m an expert.Fin spoiler

1 : Car la seule chose dont notre protagoniste se rappelle à ce stade, mis à part un goût immodéré pour la violence, est la légende de Thésée et du Minotaure, auquel il s’identifie totalement en sa qualité de gros bœuf ruminant de sombres pensées.

AVIS:

Graham McNeill joue au plus fin dans cette nouvelle à « « suspens » » (première fois que je mets des guillemets à mes guillemets), mais ne semble pas prendre au sérieux sa tentative, peu aidé il faut le dire par les choix iconographiques de la Black Library. Bref, la « « révélation » » que l’auteur prend temps de temps (à défaut de soin) à nous amener est tellement éculée que l’on pourrait s’en servir pour égoutter les pâtes. Dès l’instant où le caractère Primaris du protagoniste est fuité (d’une façon tellement subtile que c’est à peine si McNeill ne termine pas sa phrase avec un ;)), relativement tôt dans l’histoire, 99,9% du lectorat habituel de la BL aura identifié le Space Marine en goguette et en chaussette/claquette victime d’un very bad trip. Mais il faudra tout de même attendre les dernières pages pour que l’auteur ne nous donne le fin mot de l’histoire, de façon tellement ampoulée que l’on pourrait s’en servir pour égoutter les pâtes aussi. Vous n’avez jamais égoutté les pâtes avec une ampoule ? Dommage pour vous. Bref, le monde se divisera ici en deux catégories : ceux qui seront ravis d’avoir des nouvelles de Mister UV (comme le fait qu’il déteste son nom, ce qui corrobore une hypothèse longtemps partagée par les fans), et ceux qui trouveront que McNeill les prend un peu trop pour des neuneus. Si vous voulez une bonne histoire de 40K exploitant le trope du guerrier amnésique se réveillant en territoire hostile, je vous conseille ‘Hunted’ de John French, et surtout ‘Torment’ d’Anthony Reynolds, largement supérieur au gruau littéraire, à la limite du prétentieux (pourquoi ce titre ?) et bleuâtre que nous sert Graham McNeill.

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Faith in Iron – C. Johnston :

INTRIGUE:

Faith inLe système d’Albarnan est à feu et à sang depuis que la Death Guard a montré un fort intérêt pour l’acquisition des planètes fertiles de ce petit bout d’Imperium. Très engagé contre la conversion des terres (#Biodiversité), Pépé a envoyé l’Adeptus Mechanicus et les Iron Hands contenir la menace purulente, mais cet appariement s’est révélé malheureux lorsque les Prouteux ont dégainé leur arme secrète, à savoir un malware particulièrement virulent et à même de corroder et/ou corrompre toute la tech’ que les nerds impériaux ont à leur disposition. Appelée Morbus Metallum, cette affliction a atteint le monde agricole de Dundas II, et mis HS la majorité des adeptes de l’Omnimessie qui y étaient stationnés. Fort heureusement, la Magos Biologis Viridan Shale a réussi à mettre au point un antidote, mais se trouve isolée dans la capitale planétaire (une cité ruche tout ce qu’il y a de plus classique, car oui, on peut apparemment en trouver sur des agri-mondes…), et à la merci des hordes de cultistes dérangés qui y ont élu domicile. Il est impératif pour l’effort de guerre impérial qu’elle soit ramenée en lieu sûr, et après un bref appel au numéro vert mis en place par l’Administratum depuis le laboratoire blindé où elle s’est réfugiée, elle a la satisfaction d’apprendre qu’un technicien lui a été dépêché1. Son nom : Rathkugan des Iron Hands.

Dans la capitale de Dundas II, les combats font rage pour empêcher ces grands malades de Nurglites de prendre la clé des champs, ce qui est pourtant leur souhait le plus sincère. Nous faisons la connaissance du Capitaine Lennox Winters de la Garde Impériale et de ses braves soldats, bien occupés à tenir la ligne dans l’attente illusoire de renforts. C’est toutefois leur jour de chance, car le drop pod contenant Rathkugan (et son Serviteur de combat) s’écrase à proximité de leur position, scellant le sort des malheureux cultistes présents dans ce périmètre. Rath’, qui aime visiblement avoir de la compagnie, ordonne aux mortels de l’assister dans sa mission, et après avoir compris qu’un non n’était pas une réponse acceptée par le colosse en céramite, Winters accepte de seconder l’Iron Father. Un job assez ingrat il faut le souligner, car l’Iron Hand ne semble avoir besoin des Gardes que comme instruments de diversion, et n’hésite pas à une seconde à tirer avec son bolter lourd d’épaule dans les mêlées, sans faire de cas de la pitoyable sauvegarde d’armure de ses petits camarades. Pour sa défense, Rathkugan est engagé dans un contre la montre aussi douloureux que débilitant, ses propres bioniques se faisant attaquer par le Morbus Metallum à vitesse grand V. Il s’agit de ne pas niaiser en route, comme on dit à Chicoutimi.

Quelques heures, mauvaises rencontres2, et pertes de bidasses plus tard, la fine équipe parvient jusqu’au laboratoire et fait sa liaison avec Viridan Shale, qui a la particularité d’être une bombasse. Rathkugan insiste pour repartir immédiatement en direction du point d’extraction malgré le fait qu’il soit déjà aux trois quarts rouillé et que son disque dur soit plus vérolé qu’un Portepeste. Un tel stoïcisme est normal de la part d’un descendant de Ferrus Manus, me direz-vous, sauf que l’Iron Father finit par s’effondrer comme une chochotte, forçant Winters et Shale à lui prodiguer les premiers soins le temps qu’il se remette de ses émotions. Grâce à l’antidote qu’elle peut synthétiser dans son sang, la Magos Biologis purge le système du Space Marine, et le Serviteur de ce dernier donne héroïquement ses composants à son patron pour lui permettre de redevenir opérationnel. Les précieuses minutes perdues à s’occuper de ce gros bébé permettent aux cultistes d’embusquer les loyalistes, ce qui se solde par de nouvelles morts de personnages secondaires. Au bout du compte, Rathkugan parvient tout de même à repartir de Dundas II avec Shale, qui pourra faire bénéficier de son Avast personnel aux Iron Hands frappés par le Morbus Metallum. Quant à Winters et ses derniers soldats, ils restent sur le théâtre d’opérations et reprennent leurs activités habituelles. Il serait cependant fort possible que le sympathique Capitaine reçoive bientôt un bras bionique tout neuf pour remplacer sa vieille prothèse actuelle, et que son régiment soit invité à participer à la reconquête du monde forge d’où vient Viridan Shale. C’est ça d’avoir des relations parmi les grands de ce monde cet Imperium…

1 : Si on peut admettre que les Space Marines sont suffisamment rares et puissants pour qu’un seul d’entre eux soit affecté à une mission suicide avec des chances de la mener à bien, je suis en revanche moins magnanime lorsque l’auteur fait comprendre que l’Ange de la Mort en question est expédié via croiseur d’attaque. Ça fait beaucoup de ressources mobilisées pour un seul pignouf, fut-il énergétique.  
2 : Dont un Death Guard, mais comme il ne joue absolument aucun rôle dans l’histoire à part se faire bolosser par Rathkugan au close, et finit aplati par une frappe d’artillerie dans l’anonymat le plus complet à la fin de la nouvelle, on ne s’étendra pas sur son cas.

AVIS:

Même si les Iron Hands ont une identité très forte, qui les différencie de la majorité des Chapitres Space Marines, et les rend techniquement plus faciles à mettre en scène par les auteurs de la Black Library que d’autres Astartes moins typés, tout le monde n’est pas capable de rendre justice à leur inflexibilité post-humaine. Le newbie Cameron Johnston le démontre ici, avec une histoire oscillant entre le polt born peu inspiré et la série B d’action piteusement mise à la sauce 40K (le background n’étant visiblement pas le point fort de notre homme). Même si elle est bien plus vieille, la nouvelle ‘Flesh’ de Chris Wraight, qui reprend à peu près les mêmes intrigue et conclusion, est supérieure en presque1 tous points à ce ‘Faith in Iron’ : si vous êtes aussi rationnel dans votre approche de vos loisirs (tant en temps qu’en argent) que les Iron Hands, vous ferez donc l’impasse sur la seconde pour vous concentrer sur la première.

1 : Je dois tout de même reconnaître que Cameron Johnston gère les munitions de manière plus réaliste que Chris Wraight.

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A Coin for the Carrion Thieves – J. French :

INTRIGUE:

A Coin for the Carrion ThievesLe mauvais côté de l’éternité, c’est que l’on devient vite désabusé. Demandez à Ctesias par exemple : autrefois un fringant Thousand Sons passionné par la recherche de la vérité suprême et l’exploration de la nature de l’univers, quelques milliers d’années d’hérésie l’ont changé en vieux ronchon réactionnaire, passant le plus clair de son temps à marcher dans des coups foireux et le reste à regretter de l’avoir fait. C’est ainsi que notre ami s’est retrouvé en rade sur les Mondes Déchus, après que la tentative d’Ahriman de RE-lancer la Rubrique – ça avait tellement bien marché la première fois – se soit soldée, ô surprise, par un nouvel échec retentissant. Voilà ce qui arrive lorsque l’on suit les conseils d’un Duc du Changement qui se révèle être le Professeur Shadoko1 ! Encore 999.998 tentatives à rater et les résultats suivront, c’est certain.

Exilé avec quelques disciples dans la rase campagne de l’Œil de la Terreur, Ahri (un ami qui vous veut du bien) a besoin de se replumer. Par chance, les locaux sont assez conciliants : répondant aux noms divers et variés de Discordia, Fidèles Suivants de la Fausse Concordance Universelle, ou plus simplement, Voleurs de Charognes, cette bande de ferrailleurs de l’espace est prête à fournir des transports de seconde main (mais ayant passé le contrôle technique) aux Thousand Sons égarés… mais pas gratuitement. Comme le fait remarquer finement leur meneur, l’aptement nommé Premier Amasseur, dans l’Œil de la Terreur, le concret est une valeur refuge. Ce qui ne fait pas tellement les affaires d’Ahriman et de sa cabale, dont le fond de commerce réside plutôt dans les discours grandiloquents, les fausses promesses et les tours de passe passe. Fort heureusement, l’indispensable Ctesios pourra utiliser de sa spécialisation démoniaque (Monsieur est invocateur-lieur, ce qui est presque aussi bien que plombier-zingueur) pour tuner méchamment un vaisseau des Charognards, et ainsi fournir une monnaie d’échange acceptable par l’Amasseur.

Aussitôt dit, aussitôt fait : Ctesios se met à l’œuvre et repeint l’intérieur du vaisseau en question avec des litres de fluides pas vraiment ragoutants, tandis que son assistant Lycomedes saupoudre le sol de dents de lait, comme le veut la coutume. Déjà pas très jouasse de servir de bonniche au démonologue, Lycomedes devient carrément furax lorsque ce roué de Ctesios se sert de lui comme appât à démon pour son invocation, bien évidemment sans lui avoir demandé la permission avant. À la décharge de Ctesios, le lecteur un brin au fait des choses du Chaos avait compris que c’était le destin probable qui attendait ce sous fifre, ce qui est suffisant pour qualifier le manque de prescience du Thousand Sons de faute grourde (grave + lourde), passible de la damnation éternelle…

Début spoiler…Ceci dit, ce destin peu enviable sera épargné à Lyco’, Ctesios rabattant le capot sur le groin du démon juste avant que ce dernier ne passe à table. Piégé dans le véhicule consacré, qui pourrait très bien être une Fiat Panda pour ce que l’on en sait, l’habitant du Warp est condamné à servir d’ordinateur de bord et de mécanicien embarqué à la machine jusqu’à la fin des temps, pour le plus grand avantage de son nouveau et heureux propriétaire, Ah ma sœur (et la tienne ?). En échange, Ahriman récupère une petite armada de 14 navires, beaucoup plus qu’il n’en faut pour embarquer les reliquats de sa bande de guerre. Comme on peut s’en douter, le grand cornu a un plan à l’arrière du casque et ne compte pas passer les prochains siècles à se tourner les pouces. La suite au (peut-être) prochain épisode…Fin spoiler

AVIS:

John French pourrait ne pas en avoir tout à fait fini avec un de ses personnages fétiches, et donne avec ce ‘A Coin for the Carrion Thieves’ une suite aussi inattendue qu’intrigante à la trilogie consacrée au sorcier le plus talentueux et le moins efficace de la galaxie. Cette petite histoire permettra aux familiers de la série de retrouver, j’en gage, quelques vieilles connaissances – Ctesios et Lycomedes – qui tiennent les premiers rôles de ce récit de troc chaotique. Les nouveaux venus apprécieront quant à eux les efforts faits par French pour leur permettre d’apprécier pleinement cette nouvelle, dont ni l’intrigue ni le déroulement ne reposent sur des éléments inconnus du profane (ce que d’autres auteurs de la BL n’hésitent pas à faire). Au final, c’est assez sympathique, à l’image de ce bon vieux Ctesios, qui se contente de faire une sale blague à Lycomedes au lieu de le faire posséder par un démon majeur, comme on s’y attendait pourtant, et lui fait même la fleur de le prendre comme apprenti (comme quoi, l’allégeance « chaotique bon » existe bel et bien à 40K), et cela donne plutôt envie de découvrir cette série, ou de le voir se poursuivre.

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Da Big Mouf – D. Ware :

INTRIGUE:

Da Big MoufDans les entrailles du Space Hulk Big Mouf, colonisé par les Deathskulls du Big Boss Zoldag Legmangla, nous suivons notre héros, le Nob Grimdak, alors qu’il s’adonne innocemment (ou aussi innocemment que sa nature de Xenos ultra violent le permet) à ses activités favorites: chercher du ​​​​​matos à récupérer pour kustomiser son équipement, tirer à droite et à gauche pour se convaincre de la mieutitude de son fling’, et se pavaner devant un public imaginaire comme s’il était un mannequin à la Fashion Week. L’arrivée d’une petite force de Sœurs de Bataille dans les coursives du Big Mouf, annoncée sans doute possible par le double bruit des bottes énergétiques et des cantiques consacrés1, est cependant suffisante pour renvoyer Grimdak, courageux mais pas téméraire (ou peut-être sujet aux acouphènes) jusqu’à la salle du trône de Legmangla.

Ce dernier, une montagne de muscles et de membres bioniques tout à fait conforme à l’image d’Epinal que l’on se fait du meneur peau-verte, allie la carrure d’un Ogryn avec la culture générale d’un Inquisiteur, puisqu’il a tôt fait de souligner que les harpies impériale sont forcément à la recherche d’une relique, puisque la recherche de ces objets constitue leur unique leitmotiv​​​​. Il l’a lu dans un vieux Codex Approved de Space McQuirk (le bien le plus précieux de son tas de loot), c’est donc que c’est vrai.​​​ Par un concours de circonstances tellement heureux qu’il a fallu à Tzeentch 999 ans pour le mettre en place, la relique en question est présente dans les alentours immédiats, puisqu’il s’agit d’une lance dont le bout du manche est un fémur humain, et dont un Nob quelconque se servait à l’instant comme d’un cure-croc2. Après avoir morigéné (je vous avais dit que c’était un érudit) son sous-fifre en lui faisant avaler son ustensile, Legmangla sonne la Waaagh! et emmène sa tribu à la rencontre des envahisseurs, guidé par le radar de recul que Grimdak a monté sur sa pétoire.

La confrontation initiale et finale (14 pages, c’est court), a lieu dans la salle du vortex, occupée par une sorte de trou noir anémique attirant mollement tout ce qui s’approche un peu trop près. C’est de là que le Space Hulk tire son nom de Big Mouf, et ça nous fait une belle jambe. Juste au moment où son chant de guerre se termine3, la vague verte tombe dans l’embuscade tendue par les filles de l’Empereur, qui avaient eu la lumineuse idée de la fermer pour surprendre l’adversaire. Vue par les yeux de Grimdak, l’attaque est d’une violence insoutenable et cause des ravages inouïs parmi les Xenos. Alors que le lecteur tente fébrilement de calculer combien d’Ordres Militants ont été rassemblés pour mener à bien cette mission périlleuse, et se prépare déjà à voir arriver Ste Celestine en personne pour un duel avec Legmangla, Ware balance un pain tellement brutal dans la mâchoire de l’Epique qu’elle en assomme du même coup le Réalisme, qui le suivait prudemment, comme à son habitude. Car le massacre des Deathskulls a été orchestré par une pauvre escouade de Sœurs de Bataille, soit 6 gougnafières en armure énergétique. Dans le chaos de la mêlée, les Orks parviennent tout de même à blesser gravement une Sista, grâce à l’intervention énergique de Legmangla en personne, mais c’est à peu près tout.

Après quelques pages confuses, Big Mouf se met en rogne et avale proprement tout ce qui n’a pas une coupe à frange (et Grimdak, qui parvient à s’échapper mais tout le monde s’en fout), permettant à Danie Ware de terminer son propos en révélant à son public que la miraculeuse escouade était menée par, mais en doutait-on encore à ce stade, l’injouable Augusta Santorus, qui avait très envie d’ajouter le fémur de Saint Finiang à son ossuaire personnel. Et il n’est pas permis de douter qu’elle a échoué dans cette tâche, bien que localiser l’emplacement de la relique dans un Space Hulk regorgeant d’Orks en ayant seulement une vague idée de la direction dans laquelle aller constitue un défi littéralement herculéen. Comme on dit, the Emperor provides.

1: Oui, nos braves Sistas abordent un vaisseau qui selon toute logique est infesté d’ennemis mortels en scandant les Parapluies de Cherbourg à plein volume. À moins qu’elles ne chantent horriblement mal, et comptent là-dessus pour faire fuir l’adversaire (une tactique tout droit piquée aux Emperor’s Children), on peine à comprendre l’intérêt de la manœuvre. 
2: Ce n’est pas comme si 1) un Space Hulk était un agglomérat de vaisseaux spatiaux d’une taille colossale, dont la cartographie et l’inventaire occuperait même le plus diligent des experts pendant des décennies; 2) les Orks étaient connus pour leur goût de l’exploration minutieuse et 3) une lance terminée par un bout d’os avait une quelconque valeur aux yeux d’un Ork, et avait donc une chance d’être présentée au Big Boss.
3: Et Ware s’est donnée à fond sur le livret, car le lecteur bénéficie de plusieurs couplets de pop-rork. 

AVIS:

Danie Ware enrichit moins sa gamme qu’elle étend ses déprédations en s’essayant à la littérature Ork, avec des résultats dans la droite ligne de ses premiers travaux. Si la première partie de la nouvelle, centrée sur Grimdak et Legmangla, pourrait à la rigueur faire illusion malgré son lot d’incongruités, la seconde en revanche reprend tous les codes de la SoB-erie1 dont Ware s’est faite la grande (et heureusement, seule) spécialiste au sein de la Black Library. C’est confus, incohérent et cela va à l’encontre des principes et des préceptes les plus basiques du lore1 : ayant déjà passé quelques chroniques à exposer mes griefs sur le sujet, je me contenterai ici de noter que le lecteur familier de ‘Mercy’, ‘Forsaken’ et ‘The Crystal Cathedral’ évoluera à nouveau en territoire connu. Le titre orkifié et la narration centrée sur un peau verte ne doivent pas faire illusion: il s’agit bien de la suite des aventures massacres d’Augusta Santorus, et les amateurs de POV Ork seraient mieux inspirés de se tourner vers les travaux de Mike Brooks et de Guy Haley. Contrairement aux balises laissées par l’Interex à proximité de Murder, j’espère que ces avertissements ne seront pas compris trop tard par ceux qui pourraient en avoir besoin…

1: Dédicace spéciale aux Blood Angels, pas foutu de purger un Space Hulk sans perdre 90% de leurs effectifs alors que Santorus et ses copines plient l’affaire en une demi-journée et une cheville foulée. 
2: Heureux, ou en tout cas fatidique, hasard, « sob » veut dire sangloter en anglais. C’est approprié.

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Warsphere – D. Hinks :

INTRIGUE:

WarsphereL’Archonte Jean-Michel1 a emmené sa coterie de mauvais garçons et de femmes fatales (dont l’empoisonneuse Zhain) dans un rade paumé : une sphère de guerre Kroot s’étant écrasée à la surface d’une surface. Si le Drukhari s’est donné la peine de quitter son triplex de Commoragh, c’est parce que ses recherches lui ont permis d’identifier dans ce tas de rouille une information de tout premier ordre : les coordonnées d’une Enclume de Vaul, ou Forteresse Noire pour les mon-keigh. S’il parvient à faire l’occasion de cette relique millénaire, il pense pouvoir ravir à Asdrubael Vect la mainmise sur la cité pirate, ce qui est cool. Prévoyant autant qu’instruit, Jean-Michel a renforcé son expédition en recrutant des traqueurs Kroots, jugeant avec sagesse que l’appui de ces oiseaux de mauvais augure lui serait utile pour négocier l’intérieur de la sphère de guerre et mettre le gantelet éclateur sur les érudits qui détiennent le tuyau qu’il convoite.

Notre histoire commence par un petit massacre des sentinelles qui gardent la sphère contre les visiteurs importuns, les Kroots se faisant un plaisir et un devoir d’honorer leur double réputation de tueurs sans pitié et de gourmets sanguinolents en abattant puis dévorant les gardes. Bien entendu, ceci offense le raffinement exquis de Jean-Mich’ Mich’ et de Zhain, qui meublent ce buffet froid en échangeant des idées sur la meilleure façon de trahir et de torturer un Kroot, une fois que la mission sera accomplie. Souhaitant tout de même montrer qu’il est aux commandes de l’expédition, Jean-Michel va interrompre le casse-Kroot en appuyant là où ça fait mal : la fierté mal-placée des autruches de l’espace envers l(‘absence d)e goût artistique de leurs anciens. Si le chef de la troupe, l’impavide Grekh, ne tombe pas dans le panneau, son sous-fifre Khebab ne montre pas autant de self-control et tente de molester Jean-Mi après que celui-ci ait mis un coup de pied dans une statue aussi sainte que moche. Résultat des courses : Khebab se fait flinguer par son employeur, ce qui rend Grekh chafouin. Mais le rapport de force est trop déséquilibré pour que le placide palmipède ne fasse autre chose que jeter un regard froid à l’Archonte. Poursuivons.

Grâce aux talents de traqueur de Grekh et à l’étonnante technologie Kroot, qui semble consister en des petits tas de mégots, prospectus, vieux pneus et restes de junk food placés à des endroits stratégiques, nos héros parviennent à se rapprocher de la salle où sont sensés attendre les érudits, sans trop de casse. Ceci dit, l’abondance de piejakon que les dits érudits ont placé autour de leur planque rend le périple franchement aventureux, et lorsque les derniers survivants arrivent devant la salle des bosses des maths de fin (après une ultime rencontre avec des goons peu aimables, ici des goélands métalliques), il est clair que sans les bons services de Grekh, ce tombereau d’ordures deviendra leur tombeau…

Début spoiler…Ce qui rend la défection du Kroot problématique pour Jean-Michel, Zhain et Cie. Rusé comme pie, l’homme poulet a en effet fait charger son groupe dans une salle vide, et a profité de la confusion pour prendre son envol. Un départ en traître peu surprenant devant le peu de soin que l’Archonte a pris pour dissimuler ses intentions xenocides envers son sherpa jusqu’ici, mais qui pose toutefois la question du « pourquoi maintenant » ? C’est la vision d’une vieille video de surveillance de la sphère de guerre, restaurée grâce à la compétence native des Drukhari en hacking, qui permet d’y répondre. Contrairement à ce que Jean-Michel et ses caballeros pensaient, les sentinelles bestiales massacrées et boulotées par les Kroots ne gardaient pas les érudits, elles étaient les érudits2. Epiphanie finale pour nos héros : pendant qu’ils taillaient la bavette à l’arrière-plan, Grekh récupérait la localisation de la Forteresse Noire en… taillant la bavette aussi. Mais différemment. Coincés dans une situation qu’ils ne maîtrisent pas et en danger de mort, les Eldars Noirs font ce qu’ils savent faire de mieux : s’entretuer. C’est donc une fin de partie pour Jean-Michel, poignardé dans le dos par Zhain, qui ne risque cependant pas de faire de vieux os elle non plus. Moralité : ce n’est pas parce que ton grand-père était un dodo que tu ne peux pas pigeonner ceux qui te prennent pour un dindon.Fin spoiler

1 : L’histoire étant racontée depuis son point de vue et son statut social étant visiblement trop élevé pour qu’il daigne nous donner son petit nom, j’applique ici la loi de Lucy en l’affublant d’un sobriquet venant de la pop culture.
2 : Les Drukari s’en rendent compte en voyant l’un des gros lézards susnommés faire ses lacets tout seul. Si ça c’est pas une preuve d’intellect supérieur, je ne sais pas ce qu’il vous faut.

AVIS:

Darius Hinks n’en finit pas d’achever son cycle Blackstone Fortress, avec une nouvelle retraçant l’origin story de l’un des protagonistes du jeu et des romans/nouvelles associés à cette franchise : le traqueur Kroot Grekh. Si vous voulez savoir comment le gallinacé le plus badass du Segmentum est venu traîner ses quilles dans la Forteresse Noire, n’allez pas plus loin.

Pour les autres types de lecteurs, ce ‘Warsphere’ est également intéressant du fait du twist final assez bien pensé et exécuté que Hinks a incorporé à son intrigue. Cela ajoute une petite valeur ajoutée à une nouvelle autrement très classique dans le genre « exploration d’une ruine mystérieuse contenant un grand trésor mais recelant de dangers », dans lequel on retrouve 90% des vieilles histoires de Necrons… ainsi que 99% des histoires siglées Blackstone Fortress. Même à l’extérieur, on n’est donc pas dépaysé.

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Path of Grief – A. Southin :

INTRIGUE:

Path of GriefSur le vaisseau monde de Saim-Hann, Itheíul porte le deuil de son frère Arsan. Cet épisode a tellement traumatisé notre héroïne qu’elle a abandonné ses chères études (BEP Shining Spear) pour emprunter la voie de la Hess, qui consiste à se lamenter H24 dans le temple de la Larme à l’Œil. On savait les Eldars très lacrymaux, mais c’est encore un niveau au-dessus. Alors qu’elle contemple la pierre esprit et la lance chantante (qui doit fredonner du Vincent Delerm, pour respecter l’ambiance) que son frère a laissées derrière lui, une voix se fait entendre dans son esprit. Sweet, sweet schizophrenia… sauf que non, bien sûr : il s’agit sans doute d’un Prescient défunt qui s’ennuyait dans le circuit d’infinité et a décidé de troller d’apporter ses sages conseils à une âme en peine. S’engage alors un dialogue psychique où l’invité mystère essaie de sortir Itheíul de sa torpeur en lui rappelant qu’il y a du bon dans ce monde, M. Frodon, et autres niaiseries optimistes. La pleureuse riposte avec des arguments bien sentis sur la futilité de se battre contre une galaxie hostile quand on est une fin de race, et la discussion se tourne vers la planète de Deniadol, où les Wild Riders sont récemment venus en aide aux Exodites après qu’une flotte ruche tyranide ait confondu le monde vierge avec un buffet garni.

Itheíul et Arsan faisaient partie du contingent dépêché par Yapadeuhazar Serpentard (le frère prescient de Salazar) pour sauver les meubles, c’est-à-dire permettre l’évacuation de bouseux locaux et de leurs dinosaures de compagnie (les petits seulement), avant que les hordes chitineuses ne dévorent les dernières poches de résistance eldars. Parce que les Saim-Hann ont beau être des rebelles, ils savent aussi reconnaître quand la situation est hors de contrôle, ce qui est tout à leur honneur. Cette tâche humanitaire (eldaritaire ?) ne pouvait être menée à bien que si le Prince commandant aux nuées tyranides était éliminé cependant, ce qui ne pouvait se faire qu’en localisant et éradiquant l’embêtante bestiole parmi sa masse de potes. Après un duel d’honneur entre les représentants des différents clans représentés sur Deniadol, c’est celui de nos deux héros (le clan Tyllach) qui remporte la mise, et part à fond de train castagner du cafard, juché sur ses motojets.

Après un premier engagement cathartique mais assez peu productif, Itheíul, Arsan et leurs cousins (on travaille en famille à Saim-Hann) firent une pause technique, pendant laquelle Arsan utilisa ses pouvoirs de Prescient pour faire tournoyer ses runes GPS, qui finirent par lui indiquer la direction où se trouvait la bioforme précédemment connue sous le nom de Prince. Bien qu’Itheíul lui conseilla d’attendre l’arrivée de renforts pour maximiser leurs chances, son frère n’écouta rien et mit les gaz en direction de sa proie, entraînant à sa suite le reste de la smala. Un combat aussi féroce qu’impossible à suivre à l’œil nu (à moins d’être fan de hockey sur glace) s’engagea entre les Xenos… et les Xenos, au cours duquel Astan tomba dans le piège tendu par le Prince, qui lui sortit une Neymar (se rouler par terre pour faire croire à une grave blessure, alors que pas du tout en fait), et finit les cervicales broyées par le neurofouet de son adversaire. Folle de rage, Itheíul ramassa la lance de son frère, lança « My Heart Will Go On » au volume maximal, et régla son affaire à la blatte fratricide, dont le trépas désorganisa suffisamment les Tyranides pour permettre une évacuation optimale des Exodites et de leurs alliés.

Retour sur Saim-Hann et à la discussion entre Itheíul et son conseiller spectral, qui se révèle être… Arsan. Shocking I know. En fin de compte, l’Eldar éplorée se range aux arguments de son frérot et sort du temple avec sa lance chantante, augurant sans doute d’une nouvelle reconversion professionnelle. La retraite, c’est pas pour tout de suite.

AVIS:

Pour ses débuts au sein de la Black Library, Adrian Southin livre une nouvelle à deux facettes. Côté face, vous avez le récit d’un affrontement entre les Eldars de Saim-Hann et une flotte ruche lambda. Rien de très innovant ici, mais comme le Grand Serpent ne fait pas partie des factions les plus couvertes par les auteurs de la Black Library, cela peut intéresser ceux qui suivent cette allégeance de près. Côté pile, on trouve une réflexion assez aboutie sur la condition des Eldars des vaisseaux mondes au 41ème millénaire, oscillant entre découragement nihiliste et volonté de perdurer quoi qu’il en coûte. On ne peut pas dire non plus que le sujet est totalement neuf, mais Southin réussit assez bien à mettre en avant les arguments majeurs de ces deux courants philosophiques, en faisant là encore ressortir la psychologie belliqueuse et bravache de Saim-Hann. Au final, c’est beaucoup mieux que ce que nous a donné Gav Thorpe ces dernières années, ce qui ne veut pas dire que c’est absolument génial, mais simplement que ‘The Path of Grief’ tient assez bien la route (l’inverse aurait été triste pour une nouvelle consacrée aux Wild Riders…).

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Voice of Experience – J. C. Stearns :

INTRIGUE:

Voice of ExperienceDu rififi dans l’Atoll Nem’yar (rien à voir avec le joueur de futsal) : depuis plusieurs semaines, des accidents aussi regrettables que suspects viennent endeuiller avec régularité la station orbitale Suu’suamyth, arrachée par l’Empire T’au à l’Imperium pendant la cinquième sphère d’expansion. Bien que les autorités bienveillantes, à défaut d’être compétentes, aient minimisé les dégâts subis auprès de la population, l’affaire est devenue suffisamment sérieuse pour que le Conseil Elémentaire (l’Ethéré Aun’song et les quatre représentants les plus gradés des différentes castes) local charge la Lieutenant Kalice Arkady de prendre le dossier en main. Ancienne officier de la Garde Impériale ayant fait défection pour rejoindre le Bien Suprême il y a plusieurs années, Kalice s’est parfaitement intégrée à sa vie de collaboratrice citoyenne de l’Empire, et dispose des compétences et des connexions nécessaires pour identifier les membres de la cellule de terroristes impériaux soupçonnée d’être derrière les attentats. La confiance n’excluant pas le contrôle, le Conseil lui adjoint un Bleu comme partenaire, le chasseur de justice (c’est son titre officiel) Por’ui Fi’rios Kau’kartyr, ou Kartman pour les amis.

La paire commence son enquête par une petite visite à un ancien camarade de Kalice, le Sergent Treshom Lan. Reconverti en garagiste/ferrailleur après son abandon de poste, il serait sans doute en mesure de rencarder sa bonne amie sur d’éventuels clients récents de grandes quantités de palladium, un des composants principaux des bombes artisanales utilisées lors des récentes attaques. Les retrouvailles tournent court devant l’évident malaise de Treshom à la vue de Kartyr, et les réponses très vagues qu’il fournit convainquent rapidement Kalice que son frère d’armes ne joue pas cartes sur table avec elle, ce qui l’attriste fortement. Plus pragmatique, Kartyr a profité de l’échange pour cacher un drone avec micro dans l’échoppe de Treshom, ce qui permet aux enquêteurs de surprendre un échange entre ce dernier et un individu qui ne peut être que le cerveau derrière les derniers attentats. L’imminence d’une nouvelle attaque, dirigée contre un contingent d’ingénieurs humains récemment arrivés sur la station, force K&K à intervenir, et ils se rendent sans tarder jusqu’au domicile de Treshom avec une escouade de Guerriers de Feu pour arrêter le conspirateur. L’intervention se passe à la fois très bien et très mal, pour des raisons diverses. Du côté positif, le coup de filet permet de ramasser, outre Treshom, trois autres membres du réseau clandestin, dont l’instigateur des attentats en personne. Du côté négatif, deux des humains surpris chez le garagiste doublement renégat se révèlent être des hybrides Genestealers, et ne se laissent pas passer les menottes sans opposer une farouche résistance, qui résulte en de nouveaux morts du côté T’au. Ce sont les risques du métier.

Cette petite péripétie n’empêche pas Kalice et Kartyr de faire leur rapport au Conseil, mais à leur grand désarroi, Aun’song et ses séides ne semblent pas réaliser la gravité de la situation, et indiquent aux enquêteurs que leur mission a été accomplie. La chronologie des événements ne permettant pas de mettre au crédit de l’hybride récemment arrêté (et mort en prison quelques heures plus tard, un grand classique) les premiers attentats, et la preuve qu’un Culte Genestealers a infesté la station, sont autant de raisons poussant nos deux flics de choc à ignorer les consignes officielles et à poursuivre leur travail.

Kalice a alors la bonne idée de tourner son attention vers les auxiliaires Vespides présents sur Suu’suamyth, qui sont parmi les seuls occupants de la station n’ayant pas subi de check up médical à leur arrivée du fait de leur physiologie particulière. Il serait donc possible que l’infestation ait pris pied, ou plutôt griffe, sur place par ce biais. Convaincu par le raisonnement de sa collègue, Kartyr utilise son influence de membre de la Caste de l’Eau pour obtenir l’équivalent T’au d’un mandat de perquisition (ça doit s’appeler une Exhortation à l’Etincelante Transparence, je suis sûr) et aller rendre une visite au Ka’Bri’Dan Zchllchk et à ses camarades frelons…

Début spoiler…Vous allez rire, mais cette nouvelle intervention se passe également à la fois très bien et très mal, pour des raisons assez similaires à celles de la précédente opération. Les optimistes ne manqueront pas de souligner que la totalité du Culte Genestealers ayant infiltré Suu’suamyth, et comprenant outre des Humains et Vespides, le membre de la Caste de l’Air ayant accompagné nos héros et leur escorte de Guerriers de Feu sur place, s’est fait neutraliser dans l’intense fusillade qui s’engage peu de temps après l’arrivée des enquêteurs. Même le Patriarche que les cultistes avaient réussi à camoufler dans un recoin de la station finit en nature morte après que les renforts envoyés par le Conseil aient fait parler la poudre le plasma. Les pessimistes, dont Kalice et Kartyr font définitivement partie depuis leur lit d’hôpital, souligneront qu’Aun’song n’a pas vraiment été fair play sur ce coup. Le soutien très rapide dont ont bénéficié nos héros une fois le Culte démasqué était en effet une preuve éloquente de la connaissance de la gravité du problème dont l’Ethéré disposait. Certain que Kalice continuerait à suivre la piste des Genestealers, mais convaincu que lui permettre de monter une opération d’envergure ne ferait qu’attiser la méfiance des cultistes, il a donc fait exprès de clôturer le dossier de manière trop rapide, mettant en danger ses agents pour pouvoir surprendre le Culte. Tout n’est pas rose au pays des petits hommes bleus…Fin spoiler 

AVIS:

Bien que ‘Voice of Experience’ n’appartienne pas à la gamme Warhammer Crime, on retrouve dans cette histoire tous les éléments constitutifs d’une bonne nouvelle d’investigation, l’exotisme d’une station T’au (comparé à une cité ruche comme Varanguata) en plus. J. C. Stearns réussit à nous entraîner dans une enquête rythmée et prenante, ce qui est appréciable, et à approfondir les complexes mais fascinantes relations entretenues par les différentes races constituant l’empire T’au, ce qui est encore mieux et lui donne une superbe occasion de développer le background du Bien Suprême. Si vous êtes nostalgiques de la partie Xenos du Dark Coil de Peter Fehervari (‘The Greater Evil’, ‘Cast a Hungry Shadow’, ‘Fire and Ice’, ‘Fire Cast’, ‘Cult of the Spiral Dawn’), cette nouvelle devrait beaucoup vous plaire. Une vraie pépite comme on en trouve de temps en temps au hasard des recueils de la Black Library.

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Road Rage – M. Brooks :

INTRIGUE:

Road RageNous retrouvons Ufthak Blackhawk, le Boss Ork le plus kool de ce côté-ci de la galaxie, après les événements couverts dans ‘Brutal Kunin’. Désormais lieutenant de Da Meklord, Ufthak est promis à un brillant avenir et gère sa propre bande de Boyz, mais les choses se compliquent lorsque son autorité est contestée par un Speed Freek du nom de Riptoof. Ce dernier reproche au Boss 1) de lui avoir piqué son dragsta pour réaliser la cascade qui l’a fait rentrer dans les annales1 (et ne pas lui avoir rendu après ça), mais surtout 2) de ne pas avoir trouvé une baston digne de ce nom pour occuper les troupes. La Tekwaaagh ! a en effet fait escale sur un monde Exodite, et massacré les Eldars et leurs diplodocus de compagnies en quelques jours. Depuis, c’est l’ennui. Jugeant Ufthak inapte au commandement, Riptoof le défie à la course (mécanisée, bien sûr), et notre héros est assez malin pour comprendre qu’il est dans son intérêt de jouer le jeu, étant entendu que « simplement » tabasser son rival ne lui fera pas gagner de points auprès des autres Speed Freeks qui forment le gros de sa bande.

Ne disposant que d’une journée pour se trouver une bécane digne de ce nom, Ufthak rend visite à son vieux complice, le Mek Da Boffin (toujours monté sur son solo wheel, comme la vraie légende qu’il est), qui lui promet un véhicule pour le lendemain. Et le brikolork tient parole, livrant un beau trukk (avec jantes alliage et roquettes de propulsion) à son Boss, alors que Riptoof concourt dans un nouveau dragsta kustom. L’épreuve consiste en un simple tour du pâté de maison, ou l’équivalent pour des Orks sur un monde vierge, le premier à revenir au bercail remportant la victoire. Lorsque le départ est donné, une dizaine de concurrents s’élance dans un concert de rugissements, Ufthak étant accompagne de son Daniel Elena personnel (le fidèle Mogrot Redtoof), mais également, et ce n’était pas prévu, par le tout aussi fidèle Grot Nizqwik, et le plus fidèle de tous, le Squig Princesse. C’est ça d’être un manager populaire.

Ce qui était encore moins prévu, c’est qu’une partie de chasse Drukhari fasse son apparition en milieu de parcours, et décide de se joindre à la course. Ne supportant pas le manque de respect des Eldars, qui commencent à drifter entre les buggies et les trukks Orks au lieu de simplement leur tirer dessus, Ufthak voit rouge et ouvre le feu sur les malotrus, déclenchant une bataille inter-espèce à 150 kilomètres/heure2. Le destin faisant bien les choses, notre héros se retrouve face au commandant adverse pour un duel au sommet (pendant ce temps-là, c’est Mogrot qui tient le manche), et bien qu’il en perde la main, Ufthak corrige son vis à vis avec l’aide providentielle et plongeante de Princesse, qui coûte un bras au leader Eldar Noir.

La ligne d’arrivée se rapprochant à vue d’œil, Ufthak a la clairvoyance d’utiliser le décor comme tremplin et les roquettes montées par Da Boffin comme booster, pour réaliser un saut qui réduit en compression de César le dernier Raider drukhari, et lui permet surtout de chiper la première place à Riptoof. Verstappen n’a plus qu’à bien se tenir ! Un bonheur n’arrivant jamais seul, la nouvelle se termine sur l’arrivée dans le camp Ork du reste de l’armée des Eldars Noirs, ce qui promet aux Boys désœuvrés une belle bagarre pour se remettre en jambe. Il faut savoir profiter des petits plaisirs de la vie.

1 : Détruire un Titan impérial au corps à corps.
2 : Il le fait en hurlant du Radiorkhead, ce qui est une raison supplémentaire de l’aimer.

AVIS:

Franche réussite que ce ‘Road Rage’ pour Mike Brooks, qui réussit le doublé que tous les auteurs d’œuvres feuilletonnées poursuivent : satisfaire à la fois les lecteurs familiers de la série (ici en prenant soin de faire apparaître presque tous les personnages secondaires de ‘Brutal Kunin’’) et ceux qui n’en ont rien lu avant cette nouvelle (en prenant bien soin de présenter les événements importants des épisodes précédents). Ca a l’air simple sur le papier, mais tout le monde n’y arrive pas, loin de là.

Ajoutons à cela que Brooks est très à l’aise dans l’écriture, là aussi faussement simple, de la littérature ork. On pourrait croire qu’il suffit d’écrire de manière outrageusement simplifiée pour donner le change, mais cela n’est pas suffisant : pour rester compréhensible, il faut au contraire faire attention aux tournures phonétiques utilisées, au point que je suis persuadé qu’il est plus long d’écrire en ork qu’en anglais (ou français) classique. Mike Brooks infuse également le reste de sa nouvelle de tournures et réflexions drolatiquement absurdes, ce qui change agréablement du grimdark auquel les œuvres de GW-Fiction nous ont habitué. Encore plus réussi que ‘Where Dere’s Da Warp Dere’s A Way’ (sauf pour le titre, évidemment), c’est dire !

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Mad Dok – N. Crowley :

INTRIGUE:

Mad DokGhazghkull Mag Uruk Thraka est mort, éparpillé façon puzzle par les bons soins de Ragnar Crinière Noire et ses Space Wolves dans la cathédrale du monde de Krongar. Pour la plupart des autres personnages de Warhammer 40.000, cet état serait définitif, mais pour le prophète de Gork & Mork, il ne s’agit que d’un incident mineur, car l’inégalable Mad Dok Grotsnik a également fait le déplacement, et salive d’avance sur la possibilité qui lui est offerte de littéralement reconstruire Ghazgkull de la tête aux pieds, sans que ce dernier n’ait loisir de rechigner (ce qui peut être dangereux pour le bon Dok).

Cependant, Grotsnik doit composer avec la mauvaise volonté manifeste de ses infirmiers Grots, à commencer par le morveux mais intelligent Drippa, qui se demande bien si cela vaut la peine de sortir le jeu de limes, la perceuse à main et la superglu pour lancer une session de kitbashing de l’extrême alors que les Orks de Krongar sont en train de se faire botter énergétiquement l’arrière-train par les Space Marines encore présents sur la planète, et qu’il ne faudra pas attendre longtemps avant qu’un Nob pas trop bête décide que c’est son tour de devenir le Boss des Boss. Bien tenté de réduire l’impertinente créature en pièces détachées pour lui apprendre le respect, Grotsnik comprend qu’il ne pourra pas arriver à bon port sans l’aide de ses assistants, et choisit donc de résoudre le problème de façon pacifique. Il se met donc à raconter au parterre de Grots l’autre fois où il a réussi à ressusciter Ghazgkull, épisode connu de nul autre que lui.

Cela s’est passé lors du retour des Orks sur Armageddon, et plus précisément lors de l’assaut en sous-marin sur la cité ruche Tempestora. Alors que la côte se profilait à l’horizon (façon de parler lorsqu’on est passager d’un submersible, bien sûr), le soupe au lait Ghazgkull fit une attaque d’apoplexie si sévère lorsque son médecin traitant (toujours Grotsnik) lui annonça qu’il était nécessaire de lui ouvrir le crâne pour réparer les dégâts causés par une vie de guerre (un peu) et les expérimentations sadiques du Dok (surtout) qu’il s’en fit exploser le cerveau. La présence du leader suprême des peaux vertes sur les « plages » du débarquement n’étant pas optionnelle, Ghazgkull lui-même ayant juré qu’il mènerait l’assaut de ses troupes, Grotsnik a dû réaliser une opération d’urgence et dans des conditions loin d’être idéales pour remettre son patient sur pied. Grâce à la complicité de ce bon vieux Taktikus, mis au courant du pépin de santé du boss, et qui inventa un bon gros mensonge pour justifier son absence lors du briefing d’avant bataille (les Blood Axes sont bons pour ça), le Dok parvint in extremis à remettre le cerveau et le cœur (saleté de cholesterork) de Ghazgkull en état, et à réveiller le prophète au moment où quelques Space Marines firent intrusion dans la salle du trône du sous-marin échoué. La suite appartient à l’histoire…

Ce récit captivant fait toutefois remarquer au sagace Drippa que la résurrection de l’increvable Goff semble avoir été en partie causée, une nouvelle fois, par l’intervention providentielle du fidèle Makari. Grotsnik a en effet avoué qu’il a dû utiliser une hampe de bannière pour effectuer le triple pontage express qui a remis en marche le cœur de Ghazgkull dans le money time, et cette bannière n’était autre que le fameux bâton chanceux manié par le Grot porte-bonheur. Cette révélation fait comprendre à Grotsnik que cette nouvelle résurrection ne pourra réussir sans la participation de Makari, porté disparu lors de l’accrochage avec Ragnar. Qu’à cela ne tienne, le Dok connaît un cheat code efficace : une imposition des mains de Ghazgkull a déjà réussi à faire revenir la petite créature d’entre les morts. Et il n’y a pas de raison que ça ne marche pas même si le boss est techniquement mort lui aussi, pas vrai ?

AVIS:

Une nouvelle sympatoche, qui se concentre davantage sur la mentalité Ork (dont Grotsnik s’éloigne souvent, avec sa sale manie de considérer les choses de façon rassionel) que sur l’action à proprement parler. La première moitié de l’histoire est ainsi occupée par le Mad Dok se préparant mentalement à ressusciter sa plus grande création, les choses ne démarrant vraiment que dans la seconde partie, avec la confrontation initiée par le tout aussi rassionel Drippa, et le récit de la seconde revenue d’entre les morts de Ghazghkull lors de la troisième guerre pour Armageddon. On apprend beaucoup de choses sur la relation particulière qui unit Grotsnik et Ghazghkull d’une part (le premier passant son temps à empoisonner ou mutiler le second en douce pour tester sa résistance et se venger de ses sévices), et que Ghazghkull et son fidèle autant qu’immortel Makari d’autre part (il semblerait qu’aucun des deux ne peut vraiment mourir tant que l’autre est en vie). Une lecture tout à fait complémentaire du roman que le même Nate Crowley a consacré au prophète de Gork et Mork, et qui fera plaisir aux fans de la littérature orkoïde, dont Crowley est l’un des dignes représentants contemporains, avec son comparse Mike Brooks.

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His Will – G. Haley :

INTRIGUE:

His WillDescente en rappel de l’épisode précédent, pour ceux qui avaient aqua-zumba ce jour là. Le Macragge’s Honour, vaisseau amiral des Ultramarines et véhicule de fonction de Roboute Guilliman a été capturé par les infâmes Red Corsairs alors qu’il ne faisait que vaquer à ses paisibles occupations. Parmi les membres de l’équipage passé au Chaos à l’insu de son plein gré, on trouve le Frater Mathieu, confident du Primarque et membre du saint ordre des Clochards Acronites. N’étant guère dans sa nature de se tourner les pouces en attendant qu’un stratagème salvateur se déclenche, Mathieu a résolu d’occuper sa clandestinité en célébrant des offices pour les matelots des ponts inférieurs, aidé en cela par le Frère Clydeus (porteur peureux) et le guide estropié Hiven. Malgré l’interdit qui frappe le culte de l’Empereur depuis que les Red Corsairs sont dans la place, et les patrouilles de gardes hérétiques qui sillonnent le Macragge’s Honour, le trio est parvenu à faire son office et à apporter un peu de réconfort moral et spirituel à ses paroissiens.

Alors qu’ils terminaient une messe donnée sous le regard bienveillant mais rendu torve par des lignes de moulage mal placée d’une statue en failcast de l’Empereur, Mathieu et Clydeus sont accostés par une jeune mère (Lyasona), très inquiète par l’état de son fils (Grent). Abandonnant le servo-crâne de Victor Hugo, Hubert Vedrine et/ou Horace Vernet dans sa mallette de transport, les deux hommes accompagnent la malheureuse jusqu’à sa coquette studette, transformée en chambre froide par les facéties du Warp. Comme on peut se l’imaginer, Grent s’est fait un nouvel ami imaginaire lorsque les fusibles de champs de Geller ont sauté, et le démon qui a pris possession du corps du garçonnet n’est pas disposé à vider les lieux. Saleté de squatteurs, décidément. Confiant dans sa capacité à réaliser un exorcisme en bonne et due forme, Mathieu demande à être conduit jusqu’à la chapelle impériale la plus proche, malgré le fait qu’elle ait été vandalisée par les renégats et reste surveillée par ces derniers.

N’écoutant que son courage et son statut de personnage apparaissant plus tard dans la série ‘Dark Imperium’, ce qui lui donne d’excellentes chances de survivre à l’aventure, Mathieu fait fi des conseils de prudence de son acolyte, et commence donc à invoquer son Grand Dieu pour chasser l’entité warpienne de son dernier lieu de villégiature. L’exorcisme suit à peu près le déroulé de la scène iconique du filme du même nom, jusqu’à ce que le démon décide qu’il en a assez entendu, se libère de ses liens et laisse libre cours à son imagination en termes de chirurgie plastique. On se dit alors que la procédure a échoué, et que Grent a passé l’â(r)me à gauche, mais que nenni : l’expérience de sa mort prochaine donne au froussard Clydeus un regain de piété, qui lui permet de couper la chique au démon assez longtemps pour que Mathieu et lui parviennent à le bannir une bonne fois pour toutes après une grande série de bourre-pifs karmiques.

Cerise sur le gâteau récompensant un enchaînement ayant été parfaitement exécuté, l’Empereur en personne apparaît pour s’en battre à l’arrière plan, et poser une main orgasmique sur l’épaule de son fidèle servant, qui tombe logiquement en pamoison. À Clydeus revient le lot de consolation, un peu pourri certes, de devenir martyr impérial en restant dans la chapelle pour permettre à Mathieu et à Grent de s’échapper. Mais il faut croire que Pépé a envoyé un clin d’œil langoureux au séminariste, car ce dernier accepte son sort avec un aplomb impressionnant et un entrain suspect. Notre histoire peut donc se terminer avec la remise du petit patient à sa mère éplorée, cependant que Mathieu devra désormais transporter tout seul son stuff dans les coursives du Macragge’s Honour, ou trouver une b/conne âme pour le faire à sa place. Le service de l’Empereur est sa propre récompense…

AVIS:

Guy Haley joue les prolongations du ‘Dark Imperium’ avec cette petite nouvelle venant s’intercaler entre les deux premiers romans de son arc (si j’ai bien tout suivi). Il va sans dire qu’avoir lu les œuvres en question permet de mieux comprendre, et donc apprécier ce ‘His Will’, mais le propos est suffisamment clair pour que même un novice puisse saisir de ce dont il retourne ici. Parmi les éléments intéressants de cette histoire, on peut retenir la destinée manifeste que Haley donne ou confirme à Frater Mathieu, qui a le privilège peu commun d’être approché par l’Empereur en personne. Le rapide panorama de la situation (presque) normale d’un équipage impérial de bas étage est également appréciable, et permet de réaliser que même sur le vaisseau amiral de Roboute Guilliman, les conditions de vie du serf moyen ne sont pas très Charlie. Le passage sur l’exorcisme permet à Haley de varier un peu le rythme de son récit en introduisant quelques paragraphes d’action, ce qui est une attention louable de sa part. Je nourris seulement quelques doutes sur la « réversibilité » physique d’une possession démoniaque, telle qu’elle nous est présentée ici. Grent se transforme en effet en Grishka Bogdanov l’espace d’un instant, avant de retourner à son état normal comme si de rien n’était. Ce point de détail mis à part, ‘His Will’ est donc une soumission égale à ce que l’on peut attendre de la part de Guy Haley (même si la touche humoristique de l’arc Cawl manque un peu) : solide et plaisante à lire.

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Celestine: Revelation – A. Clark :

INTRIGUE:

RevelationIl n’est certes pas tous les jours facile d’être une idole, et ce n’est pas Sainte Célestine qui vous dira le contraire. Participant à la défense de la planète Machoria, assiégée par une horde de cultistes et démons de Khorne, notre héroïne a fort à faire pour maintenir le moral des troupes intact, mission qu’elle doit assurer seule depuis l’extermination totale1 du contingent de bonnes Sœurs qui l’accompagnaient par ces misogynes de Khorneux. Mais que fait Marlène Schiappa, on se le demande bien. Alors que la vague rouge se prépare à déferler une fois encore sur les positions impériales, Céloche se livre donc à un discours inspirant et à quelques poses martiales pour donner du cœur à l’ouvrage à ses bidasses (avec une conviction apparente qu’elle est loin de ressentir), avant d’enchainer sur quelques bannissements de Sanguinaires malchanceux à grand renfort de sa Lame Ardente.

C’est le moment que choisit son homologue et néanmoins ennemi mortel, Arnokh le Seigneur du Sang, pour lui proposer un duel à mort, histoire de faire un beau cadeau à sa divinité tutélaire. Cette dernière a en effet une sainte horreur des colombes, qui passent leur temps à larguer leurs fientes sur son bon trône de crânes. Voila qui coûte cher en entretien. Après s’être balancés quelques amabilités, le Prince Démon traitant la Sainte de vieille folle aux pigeons, et cette dernière ripostant en lui demandant s’il s’est mis à la musculation (il fait trois fois sa taille et X fois sa carrure) après s’être fait plaqué par Helga Pataki2, les deux adversaires commencent à se mettre sur la tronche, et Célestine a rapidement le dessous.

Malmenée par les horions hacheurs du démon, la Sainte perd du terrain, des points de vie et même un bout d’aile de jet pack, mais gagne en retour quelques visions de son lointain et brumeux passé, à commencer par sa transformation de Redemptia en pénitence en icône impériale. Pour vivaces que soient ces flashbacks, qui se manifestent à chaque fois que notre héroïne se prend une mandale un peu trop appuyée de la part de ce butor d’Arnokh (‘Célestine chine l’armure de Sainte Katherine aux puces’, ‘Célestine passe le kärcher à Aspiria3’), n’aident pas vraiment l’élue de Pépé à tenir en respect son tourmenteur. À deux doigts du renoncement et de la défaite, elle reçoit une dernière illumination/hallucination made in l’Empereur, où la petite part d’humanité qui lui reste lui demande expressément de jeter l’éponge pour arrêter de souffrir et mourir en paix. Cette proposition indigne outrage suffisamment notre égérie pour qu’elle reprenne du poil de la bête, passe en mode mégère pas du tout apprivoisée, réapprenne à voler (ça ne marche pas tout le temps apparemment) et vienne inscrire Arnokh sur le registre des hommes (ou équivalent) battus du Segmentum. Le bannissement du patron remettant en cause la présence des sous-fifres dans le Materium, et allant jusqu’à provoquer une belle éclaircie sur le champ de bataille, c’est une nouvelle victoire qui se profile pour l’Imperium. Merci qui ? Merci Titine !

1 : Cela inclut même les fidèles Geminae Superia lui servant de gardes du corset. Heureusement que leur régénération fait partie de l’abonnement souscrit auprès de Big E.
2 : De la série ‘Hé Arnokh !’ bien sûr. Référence peut-être datée.
3 : Le monde cathédrale dont est originaire Aspirine, la Sainte Patronne des Sœurs Hospitalières.

AVIS:

Je n’attendais pas grand-chose de cette nouvelle sur Sainte Celestine, personnage nommé qui ne m’inspire guère, et je n’ai pas été déçu (malheureusement). Andy Clark nous sert une histoire d’un classicisme absolu, où le.a brave héros.ïne se fait malmener par un méchant vraiment trétékosto, mais finit par l’emporter grâce à son mental à tout épreuve/un sursaut d’orgueil déclenché par un random event/une intervention mystico-divine, et, surtout, son armure de scenarium. Dans le rôle du heel, Arnokh l’armoire comtoise de Khorne accomplit sa tâche (ingrate) sans trop démériter. De son côté, Celestine peut vaguement intéresser le lecteur par ses états d’âme sur la toute puissance de l’Empereur, et ses quelques réminiscences, totalement gratuites en termes de fluff et/ou déjà couvertes ailleurs, ce qui ne fait pas lourd. Mon principal regret est qu’Andy Clark, qui pourtant est le biographe attitré de Madame au sein de la Black Library (‘Celestine : The Living Saint’, ‘Shroud of Night’), n’ait pas exploité le super pouvoir narratif de son personnage, à savoir la capacité de mourir et de revenir à la vie, qui lui aurait permis de donner un peu de suspens à son histoire. Bref, vraiment très peu à tirer de ce crêpage de chignon, ou plutôt, arrachage de frange, sur Machoria, ce qui est un peu triste pour une nouvelle sensée mettre en avant son personnage principal…

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The Moon-Mines of Sciara Lone – D. Ware :

INTRIGUE:

The Moon Mines of Sciara LoneUn joint de culasse fendu force l’escouade de Sœurs de Bataille où sert cette bonne vieille jeune Augusta Santorus à évacuer en urgence le vaisseau qui les ramenait vers Ophelia VII. Coup de chance, la planète où le Heart of Devotion finit par s’écraser possède un satellite, et la flottille de capsules de sauvetage où les quelques survivants de l’accident ont trouvé refuge se pose bientôt à la surface de la lune de Sciara Lone. Accueillies par le Gouverneur Ido en personne, les sœurettes demandent à avoir accès à la chapelle et à l’Astropathe locaux, pendant que leurs vaisseaux sont révisés et leurs accompagnants envoyés à l’hospice pour récupérer. Si l’attitude serviable et débonnaire d’Ido semble mettre immédiatement la revêche Sœur Supérieure Veradis de mauvais poil (en même temps, c’est son état normal), c’est plutôt l’étonnement qui l’emporte du côté d’Augusta (et de sa pote Lucienne). Elle n’arrive en effet pas à croire que des colonies minières de 10.000 habitants puissent exister dans l’Imperium. Ses études ne l’avaient absolument pas préparé à ça, en tout cas, ce qui en dit long sur la qualité de l’enseignement que les novices de l’Ordre de la Rose Sanglante doivent recevoir, moi je dis.

L’ébahissement se change cependant rapidement en désarroi et en colère lorsque la fine équipe arrive à la chapelle, et se rend compte que cette dernière a été abandonnée depuis des lustres. Ce n’est toutefois pas une raison de ne pas rendre grâce à Pépé de ses bienfaits, et une fois la prière achevée, Veradis disperse ses ouailles à travers la colonie. Pendant qu’elle ira envoyer un compte rendu des derniers événements à l’Ordre, Augusta et Lucienne devront retourner au spatioport et garder un œil sur les navettes. Juste au cas où bien sûr. Notre héroïne sent bien que quelque chose préoccupe sa supérieure, mais comme on ne lui a pas donné le droit de poser des questions aujourd’hui, elle se contente d’obéir sans chercher à en savoir plus. « Béni soit l’esprit trop étroit…», toussa toussa…

Bien évidemment, les choses se compliquent rapidement une fois rendu sur place, le personnel du spatioport ne se montrant pas très coopératif malgré les cris stridents et les froncements de sourcil auxquels Augusta a recours pour tenter d’asseoir son autorité. Pire, les Sœurs se rendent compte qu’elles sont encerclées par leurs hôtes, ce qui n’augure rien de bon pour la suite. Avant que la distribution de bourre-pifs ne commence, Augusta a toutefois une révélation en contemplant un transport Aquila faire un créneau dans le lointain : le logo de l’Empereur est tout bonnement absent de tous les uniformes, bâtiments et véhicules de la colonie. Une preuve d’indépendance qui lui semble être encore plus grave qu’une simple hérésie, à tout prendre.

Cette incroyable révélation ayant été faite, la nouvelle passe en mode Smackdown, dans la plus pure tradition de la série. Augusta et Lucienne rossent bellement les nuées de goons qui tentent de les mobber, sans utiliser autre chose que leurs poings et leurs genoux énergisés (c’est beau jeu). A la conclusion d’une cascade osée, qui voit Augusta parvenir aux commandes d’un vaisseau bourré d’explosif menaçant d’ouvrir le feu sur le spatioport, avant de réaliser qu’elle ne sait absolument pas piloter ce genre d’appareil et le crasher en 10 secondes top chrono ; notre héroïne a la bonne idée de tomber dans les pommes, ce qui permet à Danie Ware de boucler son intrigue hors champ. A son réveil, Augusta apprend en effet de Veradis que le Gouverneur a été exécuté et que l’ordre règne désormais dans la colonie. Cette dernière, qui avait rejeté le règne bienveillant de l’Empereur pour miner du bitcoin de l’or et de l’argent et l’écouler sous le manteau, est désormais placée sous l’autorité de l’Ordre de la Rose Sanglante1. En attendant que l’intendance arrive et qu’elle se remette de ses émotions, Veradis donne à sa novice le soin de potasser le Traité de l’Epine pour rester au niveau pendant que le reste de l’escouade partira épurer les indigènes réfractaires. Merci qui ?

1 : Ça explique peut-être d’où vient la tendance d’Augusta à annexer des planètes (voir ‘Mercy’) par la suite de sa carrière.

AVIS:

The Moon Mines of Sciara Lone’ n’est pas l’épisode le plus désolant/distrayant de la série consacrée par Danie Ware à son héroïne fétiche, et se contente d’être assez quelconque tant sur le fond que sur la forme. S’il s’agit de votre première rencontre avec Augusta Santorus, nul doute que vous sortirez assez surpris de cette nouvelle, où on chante beaucoup, catche régulièrement, et où les personnages semblent en peine de prendre les décisions les plus évidentes (Veradis avait grillé depuis le début que quelque chose de louche se passait dans la colonie, mais a trouvé malin de ne pas prévenir le reste de son escouade). Mais si vous êtes un suiveur vétéran de l’Ordre de la Rose Sanglante, tout cela vous semblera bien ordinaire. A son crédit, je dois reconnaître à Ware que l’idée de mettre en scène une communauté humaine « indépendante » est intéressante, en partie parce que ce concept, qui n’est pourtant pas révolutionnaire pour un Imperium s’entendant à l’échelle galactique, n’a été jusque là que très rarement abordé dans la GW-Fiction. Avec seulement quelques pages à consacrer à ce sujet, et une maîtrise assez faible du lore, Danie Ware ne signe pas ici une nouvelle incontournable pour les amateurs de curiosités BLesques, mais démontre à tout le moins qu’elle est capable de sortir des tropes habituels que l’on retrouve à l’œuvre dans les nouvelles de 40K.

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Martyr’s End – A. Worley :

INTRIGUE:

Martyr's EndMême si elle a réussi l’impensable et réintégré les rangs des Sœurs de Bataille (en même temps qu’une armure énergétique) après avoir servi comme Repentia en expiation de ses péchés, la Sœur Supérieure Adamanthea vit toujours avec un sévère syndrome de l’imposteuse (?), persuadée qu’elle est que ses fautes ne pourront lui être pardonnées que dans la mort. Cela ne l’empêche toutefois pas d’être une meneuse charismatique et efficace sur le champ de bataille, son statut de Viventem Miraculum transformant toutes les Sistas de moins de 25 ans dans un rayon de 12 pouces en groupies (ce qui leur donne l’indémoralisable). Déployée dans une campagne contre l’Empire T’au, dont les tactiques de lâche – l’utilisation d’armes de tir – la font tourner en bourrique, elle s’est illustrée par son zèle dans la traque de tous les Xenos passant dans son périmètre, que ces derniers soient les cibles qu’on lui a attribuées ou pas. La nouvelle commence ainsi par un débitage de Kroots en règle, l’Eviscerator qu’elle a conservé de son époque punk semant la mort parmi les pauvres gallinacés.

A faire trop de zèle (un comble pour une Sœur de Bataille), Adamanthea a cependant pris du retard sur l’accomplissement de la mission que lui a confiée la Canonesse Lydia, à savoir l’assassinat du commandant ennemi, qui en bon otaku ne se déplace jamais sans son Exo-armure Crisis. Si une escouade complète de Dominions menée par une psychopathe endurcie maniant une épée tronçonneuse aussi grande qu’elle suffisait logiquement à régler ce problème, la fâcheuse tendance de notre héroïne fâchée à farmer tous les mobs de la map a prélevé un lourd tribut sur ses suivantes, qui ne sont plus que huit au moment où Adamanthea décide d’aller faire la peau au sniper T’au qu’elle voit décamper dans le lointain. Elle venait pourtant de promettre à Lydia de rester concentrée sur son objectif et de se rendre sans délai sur le lieu de l’embuscade. On voit que le télétravail a quand même des effets pervers en termes de management des équipes.

Tout à sa haine pour les Xenos, Ada ne prend pas la peine de monter une stratégie sensée pour assaillir le T’au isolé, et perd la moitié de son escouade sous les tirs du sniper et de ses drones. Elle a toutefois la satisfaction de mettre la main sur le petit homme bleu et de le plaquer violemment sur la paroi de la caverne où il s’était réfugié en lui hurlant dessus « C’EST TOUT CE QUE TU PEUX FAIRE, LOPETTE !? », avant de l’étrangler à mains nues. Féminisme 3.0 ? Je vous laisse juger. Le voile de haine qui obscurcissait ses sens finit cependant par se dissiper, lui faisant réaliser à quel point sa conduite erratique et ses décisions irréfléchies ont causé du tort à ses Sœurs, trop contentes de côtoyer une presque sainte pour mettre en question son commandement incertain.

Pour ne rien arranger, Lydia rappelle Adamanthea pour l’informer que le commandant T’au a dépassé le point où elle était censée le prendre en embuscade, et a commencé à dégommer les aéronefs impériaux passant à sa portée. Une Valkyrie s’écrase à proximité pour illustrer les dires de la Canonesse, et plonger notre héroïne dans les abîmes du remords. Intimant l’ordre à ses dernières Dominions de retourner au bercail, elle se met en tête de réparer ses torts en solotant l’Exo-armure, ou, plus probablement, en mourant glorieusement dans la tentative. Et ça tombe bien, car qui arrive en voletant de rocher en rocher ? Le grand Schtroumpf en personne…

Début spoiler…Adamanthea n’avait cependant pas réalisé à quel point elle était populaire parmi les Sistas, puisque son escouade revient sur ses pas et ouvre le feu sur le Gundam de 40K, s’attirant ses foudres son plasma, mais permettant à la Sœur Supérieure d’arriver au contact de l’énervante machine. S’engage alors un combat physique aussi bien que mental, qui finit par une posture peu commune pour la littérature de la BL : Adamanthea, juchée à l’arrière de l’Exo-armure, et tentant de toute ses forces de lui arracher la tête à main nue, pendant que le commandant T’au enclenche le mode « taser de surface » pour griller l’insistante mais insaisissable furie collée à sa carlingue. A ce petit et stupide jeu, la foi absolue d’Adamanthea (et sa résistance à la douleur) finit par triompher, laissant la Crisis désorientée et son pilote à portée de gantelet. Un crochet du droit bien envoyé plus tard, le Xenos rejoint le Bien Suprême et Adamanthea est libre de se replier vers le QG impérial, emportant avec elle la Sœur Iris, qui a miraculeusement survécu à l’arsenal du leader T’au. Cela fait beaucoup de points de foi claqués d’un coup, mais cela en valait certainement la peine.Fin spoiler

AVIS:

Les Sœurs de Bataille se cherchaient depuis longtemps un auteur de la Black Library à même de rendre justice à leur zèle et leur ferveur incomparables, et leurs prières ont été entendues par l’Empereur (ou par Nottingham, ce qui revient au même). Alec Worley démontre en effet avec ‘Martyr’s End’ sa parfaite compréhension de la psyché particulière de cette faction, en mettant en scène une ex-Repentia dont la rage de vaincre donnerait des complexes à un Berserker de Khorne. Sœur Adamanthea est un savant mélange de brutalité maniaque1 et de découragement profond, et la dévotion totale qu’elle inspire à son escouade, quand bien même sa capacité à donner des ordres sensés est logiquement questionnée par ses ouailles, est pour moi une des représentations les plus inspirées que j’ai pu lire de l’état d’esprit des guerrières de l’Adeptus Sororitas. Pour ne rien gâcher, Worley parvient à garder un vrai suspens jusqu’au bout de son histoire, la recherche d’un glorieux martyre d’Adamanthea rendant plus que probable sa mort au combat. Une nouvelle d’action sans compromis et authentiquement grimdark, à conserver et vénérer comme une sainte relique par les fans des Sistas.

1 : Mais crédible d’un point de vue fluff, même quand elle décapsule une exo-armure T’au à mains nues. Une différence notable avec une certaine Augusta Santoris, je dois dire.

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Ghosts of Iron – M. Collins :

INTRIGUE:

Ghosts of IronOù nous suivons la Magos Domina Calliope Vartothex, accompagnée par les Skitarii Tyr 4-2 et Kappa-Ix, dans sa tentative audacieuse de prendre possession d’un Titan Warlord tombé en rade sur la planète de Sareme, le Furore Martis, ou Fury of Mars en bon anglais. On ne saura jamais précisément ce qui est arrivé à ce monde forge à la suite de l’ouverture de la Cicatrix Maledictum, mais il est indéniable qu’une part significative de la population locale a cédé aux sirènes du Chaos, et sombré dans la pire des hérésies, la techno-hérésie. Calliope et ses deux side-kicks bien abîmés sont les seuls survivants de l’expédition montée par l’Archmagos Groal pour remettre en service le Fury, et il est certain, alors que les trois rescapés arrivent péniblement au pied du pied du Titan, qu’ils ont une bande d’héréteks sur les talons (et bientôt dans le talon, mouahaha). Le Warlord ne paie pas de mine, planté au milieu du désert comme un conifère sur un marché de Noël, mais ne semble pas en trop mauvais état de prime abord, ce qui donne une raison à Calliope d’espérer.

Cependant, on ne peut pas juger un Titan en inspectant sa carrosserie (une adaptation d’un vieux proverbe datant du Moyen-Âge technologique), comme le trio de mécanos ne tarde pas à le comprendre. Le premier à finir en pièces détachées, ou plutôt compressées, est le brave Kappa-Ix, écrasé par une porte blindée alors qu’il boîtait en direction de ses comparses. Sa disparition tragique attriste beaucoup (et c’est étonnant, au vu de la faction à laquelle il appartient) Tyr 4-2, mais les deux martiens n’ont pas de temps à perdre s’ils veulent tenter de sortir le Fury de sa léthargie… ou le détruire. Quitte à tout prendre, c’est toujours mieux que de laisser le Mechanicus Noir mettre ses sales pinces sur une machine de destruction de la taille d’un immeuble. Cherchant à jauger de l’humeur de l’esprit de la machine, Calliope se branche le cortex au premier port USB venu, mais n’arrive pas à voir autre chose qu’un Titan qui arpente des random champs de bataille en hurlant à tue-tête. Assez logique quand son prénom est Fury, vous me direz.

Un peu plus haut dans les étages, la Magos et son garde du corps tombent sur un Enfant du Chaos, qu’ils devinent être les restes fusionnés d’une partie de l’équipage. Un bref combat s’engage, au terme duquel la team bioniques vient à bout de la limace en rut. Jugeant inutile d’aller s’enquérir de l’état du Princeps et des ses Moderati, probablement tout aussi en forme que leurs petits camarades, Calliope décide que la meilleure chose à faire est de se rendre jusque dans l’Enginarium, où un diagnostic définitif du Fury pourra être réalisé (et une euthanasie mise en œuvre, si nécessaire).

En chemin, cette tête de linotte de Magos manque de pénétrer dans une salle piégée, ou son équivalent titanesque, et ne doit son salut qu’à l’intervention chevaleresque de Tyr 4-2, qui prend sa place au dernier moment et la pousse en dehors (me demandez pas comment c’est possible, j’ai fait ES au lycée, pas STI). Ce quiproquo permet à Collins de se débarrasser d’un nouveau personnage, Tyr tyrant sa révérence après que le caisson vitré dans lequel il s’est retrouvé enfermé se remplisse… d’un liquide très chaud. Je choisis de penser qu’il s’agit de fromage fondu, mais je vous laisse faire votre propre interprétation. Laissée seule aux commandes par la force des choses, Calliope décide qu’il n’est plus temps pour les demi-mesures et pénètre finalement dans l’Enginarium avec la ferme intention d’abréger les souffrances du Fury, et les siennes par la même occasion… mais le Titan n’est pas d’accord et refuse d’entrer en surchauffe, comme le lui a demandé.

Une héroïne organique aurait bêtement et stupidement pété un câble à la suite de cet échec (les héréteks sont en train de gratter à la porte de l’Enginarium à ce moment de l’histoire), mais la Magos Calliope est fait d’un autre bois, ou plutôt, métal. Elle se rebranche donc à l’esprit de la machine, et finit par crier plus fort que lui, jusqu’à le convaincre de coopérer pour empêcher les bad guys de remporter la partie. Ceci fait, elle relance le protocole de surchauffe du réacteur du Titan, et se paie même le luxe de corriger la horde de galapiats qui venait lui conter fleurette à grands coups de hache énergétique et de serpenta dans les augmétiques, jusqu’à ce que le Fury of Mars finisse par exploser. Victoire morale pour l’Omnimessie.

AVIS:

Pour sa première nouvelle pour la Black Library, Marc Collins s’attaque à un sujet casse-gu*ule s’il en est : l’Adeptus Mechanicus. Il n’est en effet pas facile de concilier le gloubi-boulga cryptotechnique qui se doit d’apparaître dans tous les récits où le protagoniste mange des Mars (askip) avec la clarté nécessaire à l’exposition convenable d’une intrigue digne de ce nom. Quelques auteurs de la BL sont arrivés à résoudre cette conjoncture du cercle, mais Collins n’en fait pas (encore) partie. On se retrouve donc avec une leeeeeeente exploration de l’intérieur d’un Titan Warlord corrompu, émaillé des pertes de personnages qui vont bien, de scènes d’action très classiques et de quelques passages en P.O.V. titanesque, idée intéressante de prime abord mais dont Collins ne fait rien de bien fifou (<JE SUIS PAS CONTEEEEEEEEEEENT :((( >). Le résultat n’est pas honteux, loin de là, mais il est très loin d’être enthousiasmant, et c’est tout de même problématique.

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Last Flight – E. Albert :

INTRIGUE:

Last FlightLorsque le vaisseau amiral de la flotte chaotique (#ManoWar mon amour) sévissant sur la planète océanique de Sagaraya est forcé de voguer vers le Sud pour éviter une tempête qui pourrait lui être fatale, le haut commandement impérial n’hésite pas une seconde à envoyer une escadre de Maraudeurs torpiller cette cible stratégique. Le Commandant Baruch Neriah fait partie des heureux élus mis sur le coup, mais son enthousiasme est modéré par des considérations bien prosaïques lorsque le plan est révélé en salle de briefing. Le porte-avion chaotique se situe en effet à 7.000 kms de la flotte impériale, et un Maraudeur ne peut voler que 10.000 kms avant de tomber en rade de fuel. Si on fait les maths, cela signifie que les appareils loyalistes auront de bonnes chances de finir par le fond, et leurs équipages perdus en pleine mer avec l’espoir ténu d’être localisés par les auspex de la Navy.

Cela n’empêche bien sûr pas le Spirit of Ste Pascale1 et ses hommes de partir en mission, car tel est leur devoir. Après un vol d’approche pendant lequel l’épisode le plus dangereux fut la transe collective causée par la contemplation de l’infinie bleuté sagarayette, le brave petit Maraudeur arrive en vue de l’immensité métallique qu’est le porte-avion chaotique (pensez à une Arche Noire druchii, doublez la taille et vous aurez une bonne idée de la taille du bouzin), défendu par une nuée de chasseurs ainsi que par une flotte de vaisseaux trop contents d’intercepter les torpilles que l’escadre impériale destine à sa proie. Au terme de quelques acrobaties dont il a le secret, et grâce à l’héroïque sacrifice d’un autre Maraudeur kamikaze, Neriah parvient à loger sa torpille dans une voie d’eau de la coque du porte-avion, provoquant une explosion cataclysmique et le naufrage de ce dernier. Cette bonne chose étant faite, il est maintenant temps de rentrer au bercail…

…Comme prévu, cette partie de la mission ne se passe pas superbement. Amoché par les combats et victime d’un réservoir percé, le Spirit doit amerrir bien avant d’arriver en vue de la flotte, forçant l’équipage à troquer leur fier oiseau contre un bête canot pneumatique, équipé de deux rames et d’un transpondeur marchant sur piles. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les impériaux commencent à pagayer en direction du salut (et son fameux port), mais se font voir par une Valkyrie chaotique rendue SBF (Sans Base Fixe/Flottante) par le naufrage du porte-avion. Mauvais joueur, le pilote renégat descend au ras des flots pour abattre les impériaux à bout touchant, mais attire ce faisant l’attention d’un des grands carnassiers qui hantent les mers sagarayaises, et se fait gober sans sommation par le léviathan. Ce n’est toutefois pas la fin des ennuis pour Neriah et ses hommes, qui sont jetés par-dessus bord par la vague accompagnant la retombée du monstre marin. Ce dernier étant venu avec des potes, seul le Commandant finit par émerger, dans une situation encore pire que précédemment. Il faut cependant croire que l’Empereur existe et qu’il a apprécié le service rendu par Neriah, car le pilote fini par être localisé et récupéré par un appareil impérial, après qu’il ait dessiné une aquila avec le planton fluorescent qui vient s’égayer en surface durant les nuits sagarayiennes. Quelle poésie.

1 : Petite ref au Spirit of St Louis, l’avion utilisé par Lindbergh pour traverser l’Atlantique.

AVIS:

Edoardo Albert fait court mais efficace avec ‘Last Flight’, qui condense en quelques pages et à la sauce 40K la plupart des grands événements de la campagne pacifique de la 2nde Guerre Mondiale (à commencer par le raid Doolittle sur Tokyo). J’ai particulièrement apprécié que l’auteur n’ait pas cherché à nous survendre les phases de combats aériens1 – que je trouve assez incompréhensibles la plupart du temps – et se soit concentré sur « l’avant » et « l’après » du raid à proprement parler (une recette que Gav Thorpe avait aussi employée dans ‘Acceptable Losses’, une autre histoire de Maraudeurs). Cela permet de se familiariser avec les personnages avant qu’ils soient pris dans le feu de l’action (et meurent, la plupart du temps), et donne également un aperçu des dangers annexes d’une mission « océanique », à savoir la chance bien réelle de ne pas retrouver son point d’attache avant que les réservoirs ne soient vides, et les formes de vie peu sympathiques qui attendent les aviateurs en rade. Pas la plus 40K des nouvelles, j’en conviens, mais bien maîtrisée et donc plaisante à lire quoiqu’il en soit.

1 : Ce n’est à mon avis pas un hasard si je trouve les nouvelles de l’Aeronautica Imperialis qui mettent en scène des Maraudeurs (bombardiers) plutôt que des Thunderbolts (chasseurs) plus intéressantes à lire. Slow and steady win the race and the reader’s attention…

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Night Shriekers – J. Woolley :

INTRIGUE:

Night ShriekersLe jour de gloire est arrivé pour les jeunes pilotes Marina Maranova et Alena Nazova. Après avoir brillamment fini leurs classes, elles vont rejoindre la 2.588ème escadre de combat de la Navy impériale, surnommée les Night Shriekers. Il ne s’agit pas une référence à un obscur film Terran du début du M3 (tristesse), mais un clin d’œil aux nocturnadons, une sorte de pterodactyles croisés avec des tarsiers, natifs de la planète de Raskova et plus grands prédateurs ailés de cette dernière. Depuis que l’Empire T’au a engagé une campagne d’annexion de Raskova quelques mois plus tôt, les forces impériales ont eu fort à faire pour repousser les infâmes peaux bleues, et les pertes ont été lourdes du côté de l’Aeronautica Imperialis. Cela n’empêche pas la commandante des Night Shriekers, Tamara Groneva, de faire tester toutes les nouvelles recrues par des pilotes expérimentées avant de les envoyer en mission. Par un heureux hasard, Marina et Alena sont sélectionnées par l’as des as Nina Yakleva pour faire leurs preuves lors du même exercice. Il s’agira pour chacune des recrues de seconder leur chaperon dans une simulation de deux contre deux, Marina et Nina étant opposées à Alena et Zina (une autre vétérane blanchie sous le harnais). Je vous promets que c’est tout pour les noms slaves pour cette nouvelle.

Ce qui n’aurait dû être qu’une innocente simulation prend cependant un tour détestable lorsque Marina décide d’ignorer les instructions de Nina lors de leur opération conjointe, et d’y aller au talent comme on dit par chez nous. La Lieutenant ne goûte que moyennement à l’insubordination de cette arrogante rookie et met immédiatement fin à l’exercice, mais la franche remontrance à laquelle Marina pouvait s’attendre une fois revenue à terre est remise à plus tard lorsque quelques Barracudas T’au décident de violer l’espace aérien impérial, et de prendre en chasse les quatre Thunderbolts. Surprises et surclassées par la technologie Xenos, les Night Shriekers sont contraintes de coopérer pour se sortir de ce guêpier, mais avec des résultats peu probants : Zina se fait incinérer dans l’explosion de son appareil, et Alena doit s’éjecter en catastrophe au-dessus du no man’s land après que le sien ait été endommagé par les chasseurs ennemis. Etant un peu responsable de ces deux tragédies à cause de sa tendance à vouloir prendre des shoots sans trop réfléchir, Marina est submergée par le remord après son retour à la base, mais Nina lui remet les idées en place d’une bonne baffe amicale #Sororité. C’est comme ça que le métier rentre.

Malgré l’annulation de la mission de secours d’Alena par un Colonel de la Garde Impériale trop pusillanime pour son propre bien, nos héroïnes ne sont pas du genre à se laisser abattre, ni à laisser des pilotes abattues à la merci de l’ennemi. Avec la complicité de Groneva, Marina et Nina profitent donc d’une enlèvement envahissement pour dérober une Valkyrie à leurs petits copains de la Garde et partir récupérer Alena sous le couvert de la nuit.

Pour ne rien arranger, cette dégourdie d’Alena a trouvé le moyen d’atterrir dans une zone de combats entre T’au et impériaux, ce qui oblige vite Nina à démontrer l’étendue de son talent de pilote. Malgré une rencontre tendue avec une escouade d’Exo-Armures Stealth (et son armement à plasma), les trois Banshees parviennent à rentrer à bon port – avec une jambe en moins pour Alena, cependant – et se paient même le luxe de secourir les forces impériales d’un largage de missiles Hellstrike bien senti. Bien évidemment, des sanctions disciplinaires sont prises à leur encontre, mais six semaines plus tard, Marina et Nina sont de nouveau prêtes à voler pour la plus grande gloire de l’Imperium. Take my breath awaaaaaaayyyyy…

AVIS:

Justin Woolley livre une nouvelle de pilotes de l’Aeronautica Imperialis très honnête, et plutôt crédible dans sa mise en scène des combats aériens (en plus de nous donner du Thunderbolt et de la Valkyrie) avec ce ‘Night Shriekers’. Malheureusement pour lui, je trouve ce genre de soumissions particulièrement insipide, et notre homme n’est pas assez bon conteur pour me faire changer d’avis. Si c’est votre came, allez-y les yeux fermés (ou peut-être pas, c’est dur de lire comme ça), mais c’est un « bof » sans appel de mon côté.

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The Shapers of Scars – M. Collins :

INTRIGUE:

The Shapers of ScarsDans l’infirmerie du Wyrmslayer Queen, la Reine Guerrière de Fenris (surtout) et Capitaine Libre Marchand (un peu) Katla Helvintr passe un sale moment. Ayant fait l’erreur de tendre l’autre joue dans un concours de crachat d’acide, notre héroïne donne du fil à retordre et des points de suture à poser à son équipe médicale, qui s’affaire pour sauver ce qui peut l’être de sa carnation délicate et de sa chevelure luxuriante. La situation est tellement grave que la vieille Bodil (à ne pas confondre avec sa sœur, Bursul), gothi fenrissienne tout ce qu’il y a de moins scientifique, a été appelée à la rescousse. Entre deux jets de runes en os (non désinfectées, j’en suis sûr) et prophéties mystiques sur le destin de Katla, qui finira soit dévorée par les Tyranides, soit étranglée par un ver de terre – c’est écrit –, Bodil trouve le temps de sortir son matériel de tatouage et commence à gribouiller sur le visage de sa Jarl, soit disant pour lui donner la force de vaincre le mal qui la hante, mais plus sûrement pour se venger de la dernière demande d’augmentation refusée par cette pingre de Katla. On se console comme on peut.

Pendant que la Tin-Tin du 41ème millénaire dessine des élans sur le front de sa patiente, nous remontons le temps pour comprendre comment cette dernière s’est retrouvée dans cette position peu enviable. La série de flashbacks que Marc Collins intègre dans son récit nous permet de suivre Katla dans ses œuvres, qui consistent principalement à sillonner le vide à la recherche d’adversaires de valeur à combattre. Drôle d’activité pour un Libre Marchand, mais après tout, certains tiennent visiblement à jouir de leur liberté plus que de leurs marchandises, et comme ils ont un mot d’excuse signé par Pépé en personne, nous ne sommes pas en droit de leur demander des comptes sur l’usage qu’ils font des ressources de l’Imperium. La cible du Wyrmslayer Queen se trouve être un vaisseau tyranide esseulé par la dispersion de sa flotte ruche, mais que sa soudaine solitude ne dissuade pas le moins du monde d’attaquer son traqueur bil(l)e en tête. Bien aidée par le désir manifeste et palpable de la Jarl de Fenris de régler l’affaire au corps à corps plutôt que par salves de missiles interposées, la bioconstruction Xenos arrive à portée de tentacules, et envoie quelques nuées de cafards enragés à l’abordage de son tourmenteur. Voilà une situation bien engagée et tout à fait optimale pour les impériaux, comme chacun peut en juger.

Short story shorter, Katla emmène sa bande joyeux huscarls à la rencontre de l’infestation tyranide qui s’oublie sur la moquette du troisième pont, et finit par croiser le fer avec un Prince particulièrement caustique et affligé d’un gros problème d’acné. À trop faire la maline avec ses hachettes viking, elle finit par percer le bouton de trop, et se fait asperger d’un acide autrement plus corsé que celui qu’elle a pris avant de se ruer à la bataille. Cela ne l’empêche pas de finir l’impudente bestiole proprement avant de faire une petite pause coma bien méritée, et la suite nous est connue. L’histoire se termine par le réveil de Katla, qui trouve le tatouage tribal que la fidèle Bodil lui a fait sur la moitié de la tronche méchamment bath. C’est ce qui s’appelle faire contre mauvais profil bon cœur.

AVIS:

Petite histoire très simple (j’aurais pu résumer le propos en trois phrases sans omettre grand-chose d’important) au nom très compliqué, ce ‘The Shapers of Scars’ intrigue et déçoit à égales mesures. Pour commencer par les reproches, je me désespère de lire encore des affrontements spatiaux complètement stupides car physiquement abscons après 30 ans de publications 40K. Ici, nous rencontrons le cas d’école de l’auteur n’ayant pas intégré qu’une bataille spatiale se déroule à une échelle de centaines de milliers de kilomètres, et pas à portée de jet de chaussure (ou ici, de tentacules pour les Tyranides et de harpons pour les impériaux1), ce qui est à mon avis un héritage néfaste des derniers Star Wars. Reconnaissons au moins à Collins d’avoir de la suite dans les idées, car mettre en scène une héroïne tellement obnubilée par le pugilat qu’elle abandonne son rôle de commandante en pleine bataille pour aller jeter des javelots à la gu*ule de pauvres Gaunts dans les coursives de son propre navire, accompagnés d’hommes de main équipés comme des Burgondes du haut Moyen Âge, est d’une originalité rafraichissante par rapport au reste du corpus de la Black Library. Il faut de tout pour faire un Imperium, même des Fenrissiens bas du front et des auteurs en roue libre.

Si on est d’humeur plus charitable, on peut s’interroger sur les raisons qui ont poussées Collins à être si spécifique dans le choix de ses protagonistes, la rencontre entre « cultures » Rogue Trader et Space Wolves dans une nouvelle de quelques pages ne se justifiant à mes yeux que si ‘The Shapers of Scars’ est le prélude à une œuvre plus conséquente. Certains auteurs de la BL, Dan Abnett et Aaron Dembski Bowden en tête, ont déjà prouvé qu’il était possible de réaliser des fusions plus improbables que celle-là de façon convaincante, et au final à donner plus de substance et de saveur au gigantesque patchwork socio-culturo-politique qu’est l’Imperium. Il se pourrait donc que nous recroisions Katla Helvintr et la bonne Bodil dans un futur proche, hypothèse d’autant plus plausible que Marc Collins est toujours dans l’attente d’un premier roman pour la BL, et que les créneaux Rogue Trader et Space Wolves ne sont pris par personne en ce moment. Faîtes vos jeux.

1 : Imaginez un peu la longueur, donc la place et le poids, de la chaîne nécessaire pour qu’une telle arme puisse « ferrer » une cible et la ramener à bon port. Déjà que sur un Titan, c’est limite, mais sur une frégate…

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Et voilà qui conclue cette revue de Only War, anthologie certes copieuse et ne manquant pas de nouvelles intéressantes, mais à mon sens trop desservie par le manque de contextualisation apportée par les éditeurs de la Black Library (et l’Empereur sait que certaines histoires auraient méritées qu’on précise qu’elles s’inscrivent dans un arc plus large) pour être pleinement satisfaisante. J’ai trouvé le recueil Conquest Unbound, sorti au même moment pour AoS, beaucoup plus abouti dans son approche éditoriale (et légèrement supérieur en termes de qualité moyenne), et la comparaison avec le dernier des Inferno!, au contenu 100% 40K, n’est pas non plus en faveur d’Only War. Ce recueil reste toutefois d’un rapport quantité-prix quasiment imbattable, et fera la joie des vétérans de la BL à l’affût de bonnes affaires pour garder le fil des derniers développements apportés à la franchise en matière de courts formats, mais il y a fort à parier que sa lecture fasse lever quelques sourcils chez les nouveaux-venus, et c’est fort dommage.