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HAMMER AND BOLTER [N°9]

Salut à tous, et bienvenue dans cette nouvelle critique de Hammer & Bolter! Au menu de ce neuvième numéro (juillet 2011), la première offrande du grand méchant joueur (ça rappellera des souvenirs aux anciens) pour le webzine officiel de la Black Library, ce pèlerin de Jonathan Green, des nouvelles du Phalanx, définitivement « the place to kill » en cette fin de quarante-et-unième millénaire, et en conclusion, rien de moins que la meilleure nouvelle publiée par la BL depuis bien longtemps, toutes catégories confondues. Si si.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, j’ai le triste devoir de vous annoncer le retour de la pseudo interview dans Hammer & Bolter*. Sad but true. Un malheur n’arrivant jamais seul, c’est au tour de Sarah Cawkwell de s’épancher sur sa condition d’écrivain de personne chargé de l’écriture de nouvelles de textes en lien avec les franchises détenues par Games Workshop. Mais les premiers à plaindre sont bien sûr les pauvres Space Marines du chapitre des Silver Skulls (qui doivent constituer une fondation maudite à eux tous seuls) qui continuent à bénéficier des soins attentionnés de miss Cawkwell, avec les conséquences que l’on sait. Outre les assommantes tribulations du bon sergent Gil’eas, qui deviendra peut-être un jour capitaine de la 8ème compagnie, les Silver Skulls se sont donc frottés aux Red Corsairs dans le premier roman de Cawkwell, The Gildar Rift, avec des résultats incertains**.

Mais le supplice des meilleurs de l’Empereur ne s’arrête pas là, puisque deux autres confréries de marsouins de l’espace (les Blood Swords et les Star Dragons) ont également eu le douteux privilège d’apparaître dans une nouvelle de Sarah C., Accursed Eternity. Si on part du principe que les paroles volent et les écrits restent, alors cette histoire porte très bien son nom pour les pauvres Marines, dont le background restera irrémédiablement souillé pour les millénaires à venir. Mais que les aficionados de 40K se rassurent, ils ne seront pas les seuls à souffrir, puisque sortira en juillet prochain Valkia the Bloody, réponse au Sigvald de Darius Hinks (encore une grande plume de la BL), édité l’année dernière. On peut penser ce qu’on veut, mais personnellement, j’y vois la vengeance des Dieux du Chaos après la raclée que s’est pris Archaon devant Middenheim.
Quoi d’autre? Pas grand chose mis à part que Sarah Cawkwell voit grand, très grand. Elle aurait bien voulu participer au lancement de l’Hérésie d’Horus, et aimerait bien écrire quelque chose au sujet des « big boy Chapters » comme elle les appelle. Il ne reste plus qu’à prier l’Empereur pour que ça n’arrive jamais. Ah, et son livre préféré est Les Trois Mousquetaires. Il y a des hommages qui valent tous les enterrements.

*: s’il faut qu’Abnett fasse une preview pour que cette dernière saute, je propose de l’attacher à son poste de travail et d’exiger un nouveau roman par semaine, au nom de l’intérêt collectif. Peut-être même que ça l’aidera à terminer la série des Gaunt’s Ghosts avant qu’il ne choppe Alzheimer.

**: comprendre que je n’ai pas lu ce bouquin. Comme d’habitude, tous les commentaires de lecteurs sur le site de la BL sont dithyrambiques (ce qui n’est pas étonnant étant donné la tendance très prononcée des responsables du site de ne publier que les critiques élogieuses… et croyez bien que j’ai pourtant essayé à plusieurs reprises de changer cet état de fait). Même le critique officieux de la BL, le bloggeur « Angels of Retribution » le dit: ‘The Gildar Rift is an amazing novel’ (il lui a attribué la note de 8,5/10). En même temps, on parle d’un type capable de mettre 9/10 à un roman de James Swallow sans sourciller, et qui n’a jamais mis moins de 7,5 à aucun des romans de la BL qu’il a « critiqué ».

The Arkunasha War – A. Chambers [40K] :

The Arkunasha WarPour tous ceux qui baignent dans le milieu du zhobby depuis un certain temps, le nom d’Andy Chambers n’est pas étranger. Le « grand méchant joueur », comme il était appelé dans les pages du White Dwarf à l’époque où la proportion de publicités était encore inférieure à 75%, a en effet hanté l’histoire de GW pendant près de quinze ans, à la fois comme rédacteur, concepteur de jeu et bourreau régulier du vénérable Jervis Johnson (du temps où ce dernier avait encore des cheveux et écrivait autre chose que des éditoriaux dégoulinant de bon sentiments dans le WD).

Ayant quitté le navire en 2004 pour se consacrer à d’autres projets (Red Star Games en particulier), et travaillant depuis pour Blizzard, l’icône déglingos* que représente toujours Andy Chambers aux yeux de bon nombre de hobbyistes de la génération X n’a toutefois pas complètement pas coupé les ponts avec son ancienne maison, puisqu’il continue à soumettre de temps en temps des textes à la BL, sans que cette dernière fasse de grands efforts pour les promouvoir il faut dire. La plupart des publications du sieur Chambers étant consacrée aux Druchiis de l’espace (Midnight on the Street of Knives, Path of the Renegade, Bellathonis and the Shadow King), ce fut une petite surprise de constater que l’intrigue de cette première nouvelle écrite pour Hammer & Bolter se situe aussi loin que possible des sombres spires de Commorragh, dans les déserts brûlants de la planète Arkanusha.

Si pour les fidèles les plus convaincus du Bien Suprême, le nom de cette planète évoquera instantanément un nom, le reste des lecteurs, moins bien informé**, devra attendre quelques lignes (ou quelques pages pour les plus lents d’entre eux, dont je fais partie) avant de réaliser que le héros de l’histoire n’est autre que le commandeur O’Shovah, alias Farsight, avant qu’il ne décide de se la jouer perso. Arkanusha est en effet le théâtre de la campagne au cours de laquelle celui qui n’était encore que le Shas’O Vior’la Kais Mont’yr (tu parles d’un nom) gagnera sa réputation de stratège magistral, sa défense inspirée contre les hordes de peaux vertes assiégeant les colons Tau permettant l’évacuation de ces derniers avec des pertes minimes et accélérant la défaite finale des envahisseurs une fois les renforts arrivés.

Après le Commander Shadow de Branden Campbell dans le numéro précédent, la nouvelle de Chambers présente-t-elle les plus altruistes des xenos sous un angle plus intéressant que celui adopté la nouvelle recrue de la BL? En toute honnêteté, la réponse est non, la tentative du grand méchant joueur souffrant de plusieurs défauts significatifs.

Le premier d’entre eux consiste sans aucun doute à avoir voulu, comme le titre le suggère, raconter la totalité de la guerre pour Arkanusha, depuis l’arrivée d’O’Shovah dans la colonie de l’empire Tau (bien avant que les Orks ne viennent dire bonjour) jusqu’à l’annihilation en bonne et due forme des derniers boys du malavisé Big Boss Gorbag Gitbiter par les renforts envoyés à la rescousse de la planète assiégée.
N’ayant qu’un nombre limité de pages à consacrer à chaque événement un tant soit peu marquant de cette campagne, Chambers est forcé de faire un usage immodéré de l’ellipse, procédé littéraire généralement employé avec parcimonie par les autres auteurs de la BL (qui préfèrent plutôt recourir au bon vieux flashback des familles). On a donc l’impression d’assister à un récit « filmé » en accéléré, l’auteur zappant allègrement des semaines entières entre chaque passage un peu développé.  Le choc est moins violent à la deuxième lecture, mais l’effet global est tout de même si peu « BL-like » qu’on a bien du mal à accrocher.

La deuxième lacune majeure de The Arkanusha War, qui découle de la première, est le peu de suivi que Chambers accorde à ses personnages, à l’exception d’O’Shovah. Aux côtés de Schtroumpf grognon gravitent en effet une petite galerie de seconds rôles, qui disparaissent tous du radar avec une telle brutalité qu’on a peine à croire que leur sortie de scène   ait été causée par autre chose qu’un nombre insuffisant de pages. Premier concerné par cet « écrémage narratif » poussé, Gorbag en personne, qui n’aura même pas l’honneur d’être nommément dégommé au champ d’honneur, par O’Shovah ou par qui que ce soit. Malgré deux interventions pavant le chemin pour la traditionnelle confrontation finale entre le héros et sa nemesis, notre fringant despote vert ne réapparaîtra plus de la nouvelle. Dommage.

Enfin, comme beaucoup de ses prédécesseurs avant lui, Chambers se casse les dents sur le caractère doublement alien de la race Tau (non seulement ce sont des xenos, mais leur philosophie résolument progressiste les isole encore davantage dans un univers décadent comme celui de 40K): donnez un faux nez et du fond de teint à O’Shovah et sa clique, et vous obtiendrez des gardes impériaux tout à fait convaincants, alors que des différences importantes devraient tout de même subsister. L’aura de commandement qui entoure les Éthérés est à ce titre bien mal décrite par Chambers, dont le héros, loin de ressentir la dévotion absolue (apparemment provoquée chimiquement, et c’est bien ça qui est intéressant) que les autres castes éprouvent pour les Aun, a plutôt tendance à considérer ces derniers comme des incompétents finis en matière militaire, qu’il convient certes de protéger, mais surtout d’éloigner de l’action pour avoir les mains libres.

Bref, malgré toute la sympathie que j’éprouve pour Andy Chambers, je dois dire que j’ai été plutôt déçu par son Arkanusha War, qui se laisse lire (et relire donc) mais dont le propos aurait sans doute gagné à être développé dans un roman plutôt que dans une nouvelle. Prochain défi d’Andy: raconter l’Âge de l’Apostasie en un tweet.

*: c’est à ma connaissance le seul concepteur de jeu qui aurait pu passer pour un Space Wolf sans trop de problèmes, l’immense majorité de ses collègues ressemblant plutôt à des pèlerins du Graal (atteints de scorbut pour les moins photogéniques d’entre eux). Bon, il y avait Space McQuirk aussi, c’est vrai.

**: ou qui s’en fout, c’est possible aussi.

 

Sir Dagobert’s Last Battle – J. Green [40K] :

Mettons d’emblée les choses au clair: Jonathan Green ne fait pas partie de mes auteurs préférés, et pourtant, ce n’est pas faute de l’avoir pratiqué ou de lui avoir laissé sa chance. Prolixe auteur de nouvelles, à la fois pour Warhammer Fantasy (la série des Badenov*, dont au moins une aventure figure dans tout recueil publié par la BL, et dont l’omnibus se nomme The Dead and the Damned) et pour 40K, univers dans lequel se déroule la plupart de ses romans (un Iron Hands pas passé dans les annales, puisque c’est maintenant Chris Wraight qui écrit pour ce chapitre, et un diptyque consacré à la seconde guerre d’Armageddon**), notre homme est un ardent défenseur du « style BL » dans tout ce que ce dernier à de pesant et d’ampoulé. Il lui a toujours manqué ce petit zeste de folie et d’originalité qui permettrait au lecteur de s’immerger totalement dans ce qu’il raconte sans avoir peur de perforer l’univers en carton-pâte qui lui sert de décor à chaque fois qu’il tourne une page. Le seul moyen de passer un bon moment (ou au moins, un pas trop mauvais) avec une de ses productions est de lire le plus vite possible, en espérant ne pas voir les énormes ficelles qui parsèment le récit. Un peu comme un tour de train-fantôme effectué à deux à l’heure avec la lumière allumée, les travaux de Green ne gagnent pas vraiment à être examinés de trop près trop longtemps.

C’est donc avec le même état d’esprit que Usaïn Bolt avant un 100 mètres*** que je m’étais préparé à lire Sir Dagobert’s Last Battle, desservi avant même la première ligne par un titre, comment dire, assez peu adapté à un public francophone. Ce choix a-t-il été délibéré (ce qui aurait été courageux), ou a-t-il effectué en méconnaissance totale de la culture enfantine française (hypothèse plus probable)? Avant que votre imagination vous laisse entrevoir ce qu’aurait pu être la dernière bataille du brave Dagobert contre sa culotte possédée par un buveur de sang (moi ça m’a fait rigoler pendant 5 minutes), rendons hommage à la culture de Mr Green, qui a sans doute baptisé son personnage du nom du véritable roi Dagobert 1er, qui régna au début du VIIème siècle.

L’histoire se déroule donc dans le village de Layon, soudainement attaqué par une nuée de gobelins des forêts. En l’absence de chevaliers dans les environs immédiats, c’est aux locaux de repousser l’assaut, ce qu’ils font avec un succès raisonnable étant donné la rusticité de leur équipement  (fourche, faucille, tisonnier, poêle à frire – il connaît ses classiques, le bougre -) et l’évidente supériorité numérique dont jouissent les peaux-vertes.

Les Layonais sont toutefois bien aidés par deux choses dans leur lutte désespérée pour leur village: premièrement, les gobelins de Green tiennent plus du snotling hémiplégique que du vicieux zigouillard capable de se faire Archaon sur un malentendu. Si on devait se hasarder à traduire leurs piteuses aptitudes martiales en statistiques, la somme de leur CC, F et E frôlerait probablement 1,5, pour vous donner une petite idée du degré de menace qu’ils représentent. Le plus méchant de la bande à tout de même réussi à se faire une petite fille de quatre ans (mais elle était désarmée et lui tournait le dos).
Deuxièmement, les villageois bénéficient du précieux soutien dudit seigneur Dagobert, chevalier du Graal de son état****, et de sa bande d’enthousiastes suivants, menés par l’extatique Arnaud, porte parole auto-désigné du noble paladin. Car il faut bien reconnaître que ce dernier, bien qu’ayant goûté au Saint Calice, est tout ce qu’il y a de plus mort, et donc de fait, assez peu loquace.

Et c’est là qu’un fol espoir commence à naître, car si Jonathan Green n’est manifestement pas à son aise quand il s’agit d’insuffler à son récit la petite touche baroque qui permettrait à ce dernier de se démarquer de la concurrence, on se dit qu’il a quand même largement les moyens d’exploiter le côté macabrement grinçant du Reliquaire du Graal pour faire décoller son histoire. Et le plus beau est qu’il y arrive au delà de toutes les espérances (les miennes au moins, qui étaient assez basses pour commencer je dois reconnaître), et dresse un portrait au vitriol des plus plaisants de la société de castes bretonienne, tellement imprégnée de religion qu’elle en devient souvent absurde. Le principal mérite de Green est de dépeindre de manière réaliste et assez fine l’état d’esprit des pèlerins du Graal, qui oscille entre fanatisme indiscutable et exploitation éhontée de la crédulité et de la superstition des paysans à des fins bassement terre à terre.

Quant à sire Dagobert, sa dernière bataille est intégrée au récit sous forme de flashback, et se révèle également plaisante à suivre car l’auteur va jusqu’au bout de sa logique et ne fait littéralement pas de prisonnier. On découvre également que de son vivant, Dagobert était certes vertueux, mais avait également tendance à prendre à la lettre son serment de défendre la chapelle du Graal dont il était le protecteur attitré (ce qui lui fournissait une bonne excuse pour lui éviter de voler au secours du village d’en face). Sachez enfin que cette nouvelle est la première dans laquelle une Arachnarok (un peu amochée, et ça ne va pas aller en s’améliorant, les clins d’oeil à Samsagace Gamegie ne s’arrêtant pas au coup du gobelin expédié à coup de poêle de frire): on peut penser ce qu’on veut de Jon le Vert, mais au moins il se tient au courant des évolutions du fluff.

En conclusion, une bonne nouvelle de Jonathan Green, ce qui était plutôt inespéré. Il lui reste beaucoup à se faire pardonner, mais au moins, on sait qu’il en est capable, s’il se donne la peine.

*: pour faire simple, le principe est le même que celui des Gotrek et Felix, sans Gotrek.

**: qui n’a semble-t-il pas fait école non plus, puisque c’est à Aaron Dembski-Bowden qu’est revenu l’a charge d’écrire Helsreach.

***: ou DSK devant Nafissatou Diallo

****: je ne sais pas si c’est l’effet de l’aura que la Dame du Lac accorde à ses paladins ou bien le fait que Dagobert se balade avec un costume d’homme-sandwich vantant son pedigree, mais les villageois l’identifient comme chevalier du Graal d’un seul coup d’œil, quand bien même il se trouve perché sur une colline surplombant Layon à son arrivée dans l’histoire.

Phalanx – ch.10 – B. Counter |40K] :

PhalanxRésumons: amenés sur le Phalanx pour être jugés après s’être rebellés contre l’Impérium, Sarpedon et ses Soul Drinkers ont été libérés par une bande de pèlerins adorateurs de Tzeentch et sont à présent séparés en deux factions distinctes. D’un côté, le maître de chapitre mutant et le gros des survivants, bien décidés à vendre chèrement leur peau face aux assauts vengeurs des Imperial Fists, Howling Griffons, Angel Sanguine et consorts, de l’autre le chapelain Iktinos et ses fidèles, assistés du dreadnought Daenyathos, déterminé à foutre une merde noire dans la place, ce qui passe accessoirement par invoquer dans le Phalanx un prince démon (et ses potes) précédemment banni par Sarpedon. Ajoutez à ce tableau quelques rivalités personnelles de bon aloi*, un artefact aussi mystérieux que puissant (le Soulspear), l’Inquisition et l’Adeptus Mechanicus, secouez et servez frais. Attention, ça tâche.

Bref, Ben ayant enfin réussi à convier tous les invités à la fête, il ne lui reste plus qu’à mener chacune des intrigues patiemment tricotée à son dénouement. Plus facile à dire qu’à faire dans un Phalanx où les bolts pleuvent drus et où on ne peut pas faire trois pas sans se retrouver engagé dans un duel à mort contre un vieil ennemi. Et à ce petit jeu, les Space Marines partent évidemment avec plusieurs têtes d’avance.

C’est ainsi que l’Archimagos Voar, qui avait semble-t-il trahi pas mal de monde avant de comparaître comme témoin à charge, qui fait le premier les frais de la volonté de Counter de régler les vieilles dettes une fois pour toutes. Sommé par Iktinos de lui rendre le Soulspear, le brave magos se met en quatre (et même plus) pour satisfaire aux attentes du chapelain, avec de lourdes conséquences pour son intégrité physique.

Un peu plus loin, Daenyathos essaye de convaincre Abraxes de lui acheter le Phalanx, qui maintenant qu’il est équipé d’un portail Warp flambant neuf, constitue à ses yeux (augmétiques plutôt) l’arme la plus puissante de l’univers, capable d’aller souffler dans les bronches de Pépé en deux temps trois mouvements. Faut aller dire ça à Abaddon, je suis sûr qu’il sera ravi de l’entendre (parce que des vaisseaux avec des portails Warp, il doit en avoir une tripotée, lui).
Enfin, Sarpedon et Reinez entament leur 67ème duel à mort du roman alors que ce dernier était parti à la chasse des scalps d’Iktinos et de Daenyathos (mais si, on peut scalper un dreadnought si on est vraiment très en colère).

De leur côté, Pugh et le reste des loyalistes essayent de comprendre ce qu’il se passe, et, plus important, si une incursion démoniaque peut être considérée comme une menace morale. Même si on se doute qu’Abraxès et ses sbires ne vont pas tarder à être refoulés dans le Warp manu militari, on ne peut qu’admirer l’imperturbable détachement dont fait preuve Vladimir face à la tournure plutôt déplaisante qu’ont pris les évènements depuis quelques chapitres**. Humour.

Au final, un chapitre 100% action, dans lequel l’histoire avance peu en définitive. Ça ne vole pas très haut mais ça reste diablement efficace, Counter maîtrisant sans problème l’art subtil de la narration dynamique du cassage de crânes. À ce stade du roman, on a déjà une petite idée de comment tout cela va se terminer, mais laissons à Ben ses quatre derniers chapitres avant de juger de la qualité de son Phalanx

*: ce qui signifie qu’une bonne moitié des personnages loyalistes, ce bon vieux Reinez en tête, veut tuer Sarpedon de ses mains pour venger une offense personnelle.

**: peut-être que c’est également son troisième mandat, ce qui expliquerait son sang froid exemplaire

Survivor – S. Parker [40K] :

SurvivorOn finit par la merveille de Steve Parker, qui confirme par là que sa prometteuse première livraison pour Hammer & BolterExhumed, n’était pas un coup de chance. Longue nouvelle s’étalant sur un bon tiers du numéro, Survivor est un concentré explosif de tout ce qu’il y a de bien dans les productions de la BL.

On commence à distribuer les bons points dès le début, l’angle d’attaque choisi par Parker, la (sur)vie quotidienne et solitaire d’un garçon de neuf ans dans une ville envahie par les Orks, tranchant agréablement avec l’approche classique « ma vie de marine » adoptée par la plupart des autres auteurs. Ça rappelle assez le Barbed Cat Wire de Robert Earl (Hammer & Bolter n°4), dans lequel on suivait les manigances d’Adora, esclave humaine dans l’empire souterrain pour se faire la malle (également une très bonne nouvelle par ailleurs). Bas, le héros de Parker, ayant eu la chance d’échapper à la capture, son quotidien est un peu moins désespéré que celui de la protagoniste d’Earl, mais beaucoup plus agité, éviter de se faire pincer par les peaux vertes en maraude occupant évidemment l’essentiel de son temps. Pour d’autres auteurs, cette partie de cache de cache n’aurait pu constituer qu’une toile de fond, mais Parker, qui a bien compris que le diable se cache dans les détails, se fait un plaisir de couvrir tous les aspects de cette vie usante, injectant à son récit un niveau de réalisme rarement constaté ailleurs que chez Abnett.

Courses-poursuites, rationnement, prudence élevée à des niveaux paranoïaques, planification extrême et calcul coût/avantage de chaque décision… autant de thèmes que Parker aborde et développe assez pour faire comprendre à ses lecteurs qu’il a vraiment réfléchi à son histoire et s’est mis à la place de son héros. Si certains ont pu se demander si Abnett avait été soldat avant de se mettre à écrire pour réussir à retranscrire si fidèlement l’atmosphère, la réalité et les dangers d’un champ de bataille, on pourrait supposer que Parker a passé quelques semaines à Sarajevo ou à Misrata pour s’imprégner des contraintes inhérentes à la vie dans une ville en guerre.

Si Bas réussit si bien à passer entre les mailles du filet vert, c’est qu’il a reçu un entraînement complet en matière de survie et de combat, sous la tutelle de sa peau de vache de grand père, ancien soldat de la garde impériale. Intercalés entre les passages se déroulant dans l’environnement hostile que constitue la ville envahie par les Orks, des flashbacks successifs éclairent les lecteurs sur la vie de Bas bien avant que les xenos ne posent le pied sur la planète.
Cette fois-ci, Parker ne mise pas sur la surenchère de « détails qui tuent » pour embarquer ses lecteurs, mais choisit de prendre ces derniers par les sentiments. Pas d’histoire d’amour à deux balles évidemment (on est dans un univers trotro dark destiné à un public mâle et adolescent, ne l’oublions pas), mais plutôt le récit de la misérable vie de Bas, qui passe brutalement de l’opulence assurée par la position avantageuse de ses parents à la violence des bas-fonds après la mort de ses derniers. Méprisé par tous, même par son grand-père, humilié et régulièrement roué de coups, difficile de ne pas compatir un minimum aux déboires du pauvre Bas, qui prouve ligne après ligne qu’il est toujours possible de tomber plus bas, jusqu’à ce qu’il décide de rendre les coups.

Mais le plus gros de la nouvelle est consacré à la quête de Bas pour faire évader une bande de prisonniers, entreprise hautement périlleuse et que l’on pourrait trouver bien altruiste de la part d’un survivant vétéran comme lui, qui devrait pourtant être conscient des problèmes insolubles que la vie en groupe pose dans un environnement aussi hostile que celui-ci. Sauf que Parker a encore une fois prévu le coup, et prend le temps de justifier tous les choix de son héros, même les plus contre-intuitifs (comme celui-là), de telle manière qu’ils apparaissent, si ce n’est convaincants, au moins à peu près crédibles.

Le dénouement, enfin, offre une ultime et éclatante preuve de la maîtrise que Parker a de son sujet, puisque ce dernier se paie le luxe de terminer son propos avec un énorme twist final, amené avec un tranquille aplomb qui ne peut que forcer le respect. On ressort de Survivor  avec l’envie de le relire sur le champ, avec le regard neuf que l’ultime rebondissement apporte sur les précédentes péripéties. Bravo l’artiste.

En conclusion, un numéro porté à bout de bras par le talent de Steve Parker, qu’il s’agit à présent de suivre avec attention. Avec un Green qui surprend plaisamment et un Counter qui ne plombe pas l’ensemble, c’est presque un sans faute, la déception que représente la nouvelle peu aboutie de Chambers constituant la seule ombre au tableau. Ce n’est peut-être pas le numéro à la qualité moyenne la plus élevée (le n°4 faisant pour l’instant la course en tête, si on met de côté la contribution de Nick Kyme), mais c’est indéniablement celui contenant la meilleure nouvelle pour le moment.