HAMMER AND BOLTER [N°3]

All right guys,on passe au n°3 de la série (à ce rythme là, j’aurais peut-être rattrapé mon retard avant la sortie du livre d’armées Fimirs). L’illustration badass et sans-aucun-rapport-avec-le-contenu de rigueur (car Kurt a autre chose à faire que raconter sa vie aux grouillots de la BL, non mais):

Je profite de ce message pour vous informer que la BL va très prochainement sortir une anthologie des meilleurs nouvelles publiées dans les 10 premiers numéros de Hammer and Bolter. En fait, les gars sont en retard sur leur planning, puisque la date de sortie annoncée était Juillet 2011 (mais tout le monde à le droit à des vacances). Je n’en sais pas plus, mis à part que le prix de ce « best of » devrait frôler les 16 euros (donc autant que 4 numéros). Étant donné que je ne les vois pas inclure le roman de Counter (Phalanx, pour les nouveaux et ceux qui ne veulent même plus suivre) et tous les autres extraits de bouquins mis exprès pour appâter le chaland dans ce qui se veut être un recueil de nouvelles, j’ai des gros doutes sur la qualité de l’ouvrage. Sur les 3 numéros lus pour le moment par votre très humble et très inconsistant serviteur, il doit en effet y avoir 4 textes valant leur poids en papier, pas plus. Ma bon, nous verrons (comptez pas sur moi pour acheter le truc et faire une revue though).

Deuxième point de ce propos préliminaire, l’interview du mois est (était…) consacrée à ‘ti jeune prometteur au nom impossible à correctement orthographier sans faire un tour sur le site de la BI (ce qui en soit, est déjà une raison suffisante à embaucher à mec à écrire des romans pour vous): Aaron Dembski-Bowden (ouais, un perfect!).

Je n’ai rien lu de lui pour le moment, mais rien qu’à la manière qu’il a de répondre aux interviews de la BL (qui sont tellement formatées qu’il est suggéré de les archiver dans le dossier « tentative de lavage de cerveau de l’interviewé et des éventuels lecteurs de ce truc infâme » que dans celui, pourtant assez vaste et inégal en qualité, du journalisme), je sais que le gars a du talent. Je conseille d’ailleurs à tous les anglophones qui liront ceci de faire un détour par l’entretien en 2 parties entre ADB et Dan Abnett, sans conteste la meilleure publication de la BL de l’année 2010.

Pour résumer, ABD est (était…) en train de bosser sur sa trilogie Night Lords, avant d’en commencer une autre, qui traitera des Chevaliers Gris. Reprendra-t-il le bon vieux Alaric là où Counter l’a laissé, c’est à dire dans un état de stase confortable (en terme de narration hein), ou bien préféra-t-il commencer une saga rien qu’à lui? Mystère et bâton de négation. À noter également qu’il aimerait bien s’occuper d’un des 4 gros (selon ses propres termes) que sont les Ultramarines, Space Wolves, Blood Angels et Dark Angels à un moment ou à un autre. Pas sûr qu’il y arrive tout de suite, chacun de ces chapitres étant la chasse gardée d’un auteur senior de la BL (McNeill, King, Swallow et Thorpe), mais je suis confiant sur le fait que Dembski-Bowden devienne à terme le nouveau Abnett de la maison, avec les libertés qui vont avec, donc ça reste une possibilité tout à fait envisageable amha.

The Long Games at Carcharias – R. Sanders [40K] :

The Long Games at CarchariasDéjà, j’aime bien le titre de la nouvelle, qui change agréablement des poncifs tellement évidents et med-fan approved qu’ils semblent automatiquement générés par un logiciel (du style « sélectionnez trois mots clés dans la liste suivante et obtenez un titre vaguement évocateur pour votre nouvelle vaguement lisible »). Comme j’ai décidé de décerner un prix au meilleur texte de chaque numéro dans mes deux précédentes revues, je vais continuer dans celle-ci en octroyant le précieux sésame à la nouvelle du petit Rob Sanders (que je confonds toujours avec Sandy Mitchell, va savoir pourquoi). Pourquoi me demanderez-vous? Eh bien tout d’abord que la concurrence n’est pas féroce féroce dans le dit numéro, mais aussi parce que Sanders réussit à faire d’une histoire de marounes quelque chose d’assez intéressant à lire. Et je précise qu’il s’agit d’une histoire de marounes engagés dans une lutte impitoyable sans merci contre un ennemi très méchant. Bref, pour les néophytes, je précise qu’il s’agit du niveau zéro d’une intrigue de la BL, tenant plus du SCS à bout de souffle tant il a été utilisé au fil des ans que du schéma narratif un (tout petit) peu original, ce qui ne fait que rendre la performance de Sanders plus admirable. Comment s’y prend-t-il donc

Premièrement, pour classique qu’elle soit, sa trame présente tout de même les héroïques marines sous un angle qui n’a pas été souvent exploré par les auteurs de la BL. Tiens, à ma connaissance, il n’y a qu’Abnett qui s’y est essayé, et encore, de manière détournée. On va dire que je suis pas objectif du tout, et c’est sans doute vrai, mais Dan a toujours eu le chic pour aborder les sujets les plus rabâchés de manière originale et intéressante pour le lecteur, aussi faire comme lui ne peut pas faire trop de mal à première vue.

Deuxièmement, Sanders réussit à garder le lecteur sous pression pendant la majeure partie de la nouvelle, ce dernier sachant pertinemment que quelque chose de pas jojo est en train de se dérouler, mais sans trop savoir quoi, ni à cause de qui.

Troisièmement, Rob va jusqu’au bout de son concept avec une froide efficacité et une absence de remords déplacés qui le mettent sur ce point au dessus d’Abnett (et oui encore lui). Ce que je veux dire, c’est que la chose que je trouve particulièrement horripilante chez papa Gaunt, c’est sa tendance à vouloir conserver ses héros envers et contre tout, les faisant souvent revenir d’entre les morts par le biais de justifications pas toujours fameuses. C’est particulièrement vrai pour les séries Gaunt, Eisenhorn et Ravenor, où les personnages principaux passent de plus en plus de temps à « mourir », pour revenir en force deux chapitres plus tard, ce qui à la longue, a exactement l’effet inverse de celui souhaité par l’auteur (c’est à dire renforcer la tension narrative et montrer au lecteur qu’il est prêt à sacrifier d’un coup des personnages qu’il a développé pendant des centaines de pages). Mais je digresse.

Pour en revenir au point que je voulais développer, Sanders ne fait pas de prisonnier, jamais. Avec lui, on ne meurt qu’une fois, n’en déplaise à Jambon, et la save-invu-à-2+-relançable-parce-que-je-suis-le-héros, tu peux te la carrer où je pense ma pauvre Lucette. Évidemment, on me dira que c’est bien plus facile d’être aussi intransigeant dans une nouvelle « one-shot » de cinquante pages qu’au douzième tome d’une série qui en compte des milliers, mais je suis persuadé que si c’était Abnett qui avait écrit la nouvelle, les divergences sur ce point auraient été importantes.

Quatrièmement, parce que Rob Sanders profite de sa nouvelle pour tacler sévèrement l’aura d’invincibilité des Space Marines, que la plupart des auteurs de la BL présentent des surhommes avec des surarmes et des surarmures, dotés d’une vision stratégique et tactique infiniment supérieure à celle des pauvres grouillots de la Garde Impériale, incapables de finir en dix ans et avec 95% de pertes une guerre qu’une seule escouade de marounes pourrait remporter entre le café et l’addition. Et pourquoi une telle supériorité? Entre toutes autres choses (ouais, il y a de Palmas à la radio), parce que les marsouins ont lu et compris le Codex Astartes, eux, et que comme Roboute était inspiré pendant la rédaction, il suffit de consulter le sommaire, trouver la bonne entrées et appliquer les conseils pour mettre une branlée à ceux d’en face. Simple en fait.

Ici, Sanders se fait un malin plaisir de remettre le saint bouquin à sa place, c’est à dire dans la bibliothèque personnelle des officiers Space Marines, bien en évidence histoire de faire intellectuel quand un inquisiteur se pointe, et c’est à peu près tout (quoique, je suis sûr que le truc doit être assez volumineux pour pouvoir caler un Dreadnought bancal). Dans la nouvelle en effet, le maître de Chapitre des Crimson Consuls (un certain Artegall) n’est semble-t-il pas foutu de prendre une seule décision stratégique sans se plonger dans son Codex, ce qui tranche assez nettement avec l’image d’autorité et d’expérience que Games Workshop a acollé à ce type de personnage. Là où ça se gâte, c’est que chaque choix d’Artegall mène à une nouvelle catastrophe… Alors soit Artie est une tanche (ce qui est possible), soit le Codex Astartes n’est pas la solution miracle à toutes les énigmes stratégiques (ce qui est encore plus possible, après tout, il ne suffit pas d’avoir lu Sun Tzu et von Clausewitz pour devenir un maître de guerre, ou d’avoir lu Jeff Leong pour gagner l’ETC).

Que les joueurs marounes rengainent leurs épées tronçonneuses (si tant est qu’une arme aussi subtile puisse être rengainée), Sanders tape également sur les ennemis de l’Imperium, en particulier les Red Corsairs (même si la critique est plus subtile cette fois-ci).

Bon, tout n’est pas rose non plus dans la prose de Mr Sanders. La principale chose que je lui reproche est l’aplomb tranquille et la facilité déconcertante avec lesquels le grand méchant déroule ses plans machiavéliques. Je ne veux pas spolier, mais dans le genre génie du mal, il se pose là le pépère. Passe qu’il soit suprêmement retors et intelligent, faire ce qu’il a réussi à faire tout seul dans son coin (en tout cas, c’est comme ça que Sanders présente la chose), ce n’est tout simplement pas possible, même dans un futur trotrodark.

Ce petit excès « too much » mis à part, Rob Sanders signe par The Long Games at Carcharias un travail de bonne qualité, qui donne envie de se pencher sur ses autres publications (Redemption Corps et Atlas Infernal, qui traitent respectivement de la Garde Impériale et de l’Inquisition).

Virtue’s Reward – D. Hinks [WFB] :

Pour faire simple, j’ai trouvé cette histoire affligeante, à égalité avec The Rat Catcher’s Tail (numéro 2). Darius Hinks est une nouvelle recrue de la BL, à la production déjà assez étoffée (Island of Blood, Warrior Priest, Razumov’s Tomb et Sigvald). Deux des bouquins cités ci-dessus étant toutefois de purs produits publicitaires (Island et Razumov’s, publiés pour accompagner respectivement la sortie de la boîte d’initiation du même nom et Tempête de Magie), je soupçonne que le bon Darius a été recruté plus en tant que yes man, capable de pondre une série Z en un temps record, plutôt que pour son talent d’écrivain.

Le lecteur suit donc les aventures de Virtue von Stahl, sans doute appelée de la sorte pour que Darius puisse se fendre du jeu de mots qui sert de titre à la nouvelle (hohoho), une novice de l’ordre des Sœurs de Sigmar. Comme on peut s’en douter, c’est donc Mordheim qui sert de décor à cette histoire, Virtue et ses deux acolytes étant chargées de ramener chacune un morceau de malepierre au couvent afin de devenir des membres à part entière de cette secte apocalyptique (et dire que la noblesse impériale se battait pour y envoyer ses filles…).

À ce stade, on se dit que même si Darius n’a pas une once d’originalité dans sa manière de narrer les péripéties de ses héroïnes, la cité des damnés suffira à elle seule à relever le goût insipide de la soupe qu’il nous sert, en ajoutant un peu de sa folie latente au bouillon de clichés que le chef Hinks nous a concocté. C’est vrai quoi, même sans jouer une partie pour se mettre dans l’ambiance, il suffit de survoler les illustrations magnifiquement dérangeantes de John Blanche émaillant le livre de règles pour que les idées jaillissent. Malheureusement, la seule chose que Darius semble avoir retenu du background de Mordheim, et encore de manière inconsciente, est qu’il est vain d’espérer que les choses s’améliorent dans cette ville maudite. Pour le lecteur, cela signifie que le niveau restera d’une stabilité remarquablement basse de la première à la dernière ligne, et donc qu’il s’ennuiera ferme en suivant Virtue et ses copines dans leur soirée d’enterrement de vie de jeunes filles (ou ce qui s’en rapproche le plus, étant donné le contexte). J’attends encore l’auteur qui me décrira la Mordheim baroque, glauque et flamboyante que je m’imagine, et je peux d’ores et déjà dire que cet auteur, ce ne sera pas Darius Hinks.
Voilà pour la touche Warhammer.

Si on se concentre à présent sur le schéma narratif et les relations entre personnages, les choses se corsent un peu plus: le premier est d’un simplisme primaire qui me fait suggérer que Darius Hinks n’avait en tout et pour tout qu’une idée à développer lors de sa nouvelle (elle servira de switch final pathétique), et qu’il a bien pataugé pour meubler les 30 pages entre le titre et cette apothéose douteuse. Les relations entre personnages (la nouvelle en compte trois principaux) sont tout aussi basiques, Darius ne trouvant rien de mieux que de nous resservir le triangle « héroïne trop bonne trop conne- amie option meatshield – rivale pouffiasse et fourbe ». Les personnages secondaires restent dans la même veine ultra conformiste, puisqu’on pourra également croiser un duo de ruffians convenablement couards, un chevalier bretonnien arrogant et son dévoué serviteur contrefait, ainsi qu’une mère supérieure à qui on ne la fait pas (Dumbledore like dans la relation avec l’héroïne).

Bref, une nouvelle fade et creuse, ce qui, compte tenu du background choisi (ou peut-être imposé de force, ça expliquerait des choses) par l’auteur, tient de la contreperformance la plus grandiose.

Phalanx – Ch.4 – B. Counter [40K] :

PhalanxAyant sans doute réalisé qu’il fallait mieux pour lui qu’il limite au maximum les passages « tribunal » de son roman, Counter consacre tout le chapitre à une longue digression se terminant comme il se doit par le cliffhanger de rigueur (pour relier à l’intrigue principale). On suit donc l’Archiviste Varnica et son escorte dans la cité de Berenika Altis, qui d’après les descriptions, était une cité ruche pour classes supérieures (tout est beau, propre et bien rangé). Était, car les 8 millions d’habitants de la ville se sont un jour réveillés avec des pulsions homicidaires apparemment extrêmement fortes, puisqu’ils ont réussi à tous s’entretuer en l’espace de quelques heures. Évidemment, ça fait pas très bien dans les rapports planétaires, et du coup les Doom Eagles sont dépêchés sur place pour mener l’enquête. Pourquoi des marines et pas un bon vieil inquisiteur me demanderez-vous? Eh bien parce que les Doom Eagles sont, dixit Counter « attirés par les catastrophes ». On comprend aussi qu’ils aiment se confronter à des mystères et résoudre des énigmes. C’est leur droit, cependant, vu la manière dont ils s’y prennent pour mener l’enquête, on se dit que le suspect a plutôt intérêt à porter une armure Terminator s’il veut ne serait-ce qu’espérer sortir vivant de son interpellation, puisque les Eagles ont une forte tendance à tirer d’abord et à poser les questions ensuite (un peu comme si l’Inspecteur Gadget avait des digilasers).

Autant le dire clairement, l’investigation selon Counter ressemble plus à Resident Evil qu’à L.A. Noire. D’abord parce qu’il n’y a aucun témoin à interroger (ils se sont vraiment tous entretués) -tant mieux ça ralentit pas l’action- , ensuite parce que les marines n’ont pas vraiment à chercher pour trouver où le grand méchant se cache -tant mieux ça ralentit pas l’action- , enfin parce que ce dernier n’est pas vraiment du genre à appeler son avocat (remarque, il aurait du mal à en trouver un de vivant dans le périmètre) et à plaider les circonstances atténuantes en espérant qu’un vice de forme lui permette d’obtenir un non-lieu. Pas que ça soit une brute épaisse le gars, d’ailleurs son truc à lui c’est plutôt l’écriture, mais on sent bien que Counter avait besoin de se calmer les nerfs après un chapitre entier à essayer de convertir des tueurs psychopathes de 2m50 en cour d’assises, et donc que de toute manière, il fallait que les bolts volent à un moment ou à un autre. Même si le style se fait plus fluide grâce à ce retour au fondamental, on n’échappe cependant pas à quelques détails saugrenus de ci de là (pas de spolier pour ceux qui voudraient lire le chapitre, mais que ces derniers se demandent après coup si autant d’encre était nécessaire).

Tout ça se termine, un peu abruptement il faut le reconnaître, par la réalisation de Varnica que les Soul Drinkers ont été manipulé par un puissant démon, qui s’est arrangé pour leur faire faire ses quatre volontés, alors que les braves Drinkers croyaient qu’ils accomplissaient la volonté de Pépé. C’est con hein? Pas sûr que l’excuse soit jugée acceptable par la bande de rigolos chargée du dossier, mais ça conforte un peu plus l’image de héros maudits des marines accusés.

Au final, un chapitre pas extraordinaire mais qui permet de remettre le roman sur les rails. J’avoue être assez curieux de lire la suite, même si je redoute que Counter alterne directement avec un nouveau passage « tribunal » (ou plutôt un passage « Ça se discute », vu la forte tendance des intervenants à vouloir s’étriper)… Mais bon, il faut bien rire de temps en temps.

Charandis – B. McCallum [WFB] :

On termine avec un concept que je trouve personnellement intéressant, et dont j’espère qu’il sera repris par la suite par d’autres auteurs de la BL, à savoir utiliser le format de la nouvelle pour apporter des éclaircissements sur certains passages du fluff survolés dans les Livres d’Armée, et qui pourtant mériteraient d’être narrés avec un peu plus de précision. Ici, comme les joueurs Hauts-Elfes l’auront compris, Ben McCallum a choisi de nous faire revivre les dernières heures de Charandis, qui n’est autre (pour les non-joueurs Hauts Elfes) que le gigantesque Lion Blanc de Chrace tué par Korhil (et dont la fourrure est toujours portée par ce dernier).

Je trouve l’idée générale assez fantastique, puisqu’elle permet aux auteurs de faire ce qu’ils rêvent tous de faire, c’est à dire laisser leur patte sur l’historique de Warhammer et de 40K, en rajoutant deux trois éléments à l’histoire officielle; et qu’elle permet aux lecteurs d’évoluer en territoire connu et de « côtoyer » les pointures de ces deux univers. L’aspect volontairement court de la nouvelle permet en outre de se concentrer sur des points de détail historiques, qui n’auraient pas tenu la longueur dans le cadre d’un roman: pour reprendre l’exemple de Charandis et de Korhil, je suis convaincu que les 50 pages sur lesquelles s’étendent le récit suffisent largement à vider le sujet de sa substance. En faire plus aurait nécessité de diluer les informations données dans l’historique, ou de rajouter des péripéties non couvertes par ce dernier, ce qui n’aurait à mon sens pas apporté grand chose.

L’histoire en elle-même me laisse plus partagé. Je ne connaissais pas Ben McCallum auparavant, et il s’agit a priori de sa première publication pour la BL. Comparé aux autres « hot new talents », comme le premier numéro présentait les nouveaux poulains de l’écurie, je le place en tête de classe, devant Cawkwell, Ford et Hinks. Même s’il sombre à deux reprises dans la facilité et l’archiconformisme (Charandis met en pièces un groupe de nobliaux elfiques bien évidemment totalement convaincus de leur supériorité sur ce qu’ils considèrent comme un simple animal… et pourtant les « péquenots » du coin les avaient bien prévenus… j’ai envie de barrer tout le passage et d’écrire en gros « CLICHÉÉÉÉ! » à côté*), McCallum ose le schéma narratif binaire (on suit la moitié de l’histoire avec les yeux de Charandis et l’autre avec ceux de Korhil), bien qu’il se prenne les pieds dans le tapis à un endroit, ce qui a pour effet de « créer » une sorte de personnage fantomatique aux côtés de Korhil (à moins que ce dernier ne trouve malin de parler de lui à la troisième personne… c’est un Haut Elfe après tout).

Tous les passages « léonins » se révèlent ainsi très agréables à lire, l’auteur parvenant bien à retranscrire l’agonie vécue par son personnage alors que le Chaos le contamine de plus en plus profondément. Autre point fort: la personnalité de Korhil, qui, loin d’être dépeint comme un modèle de vertu et de bravoure désintéressée, est plutôt décrit comme dévoré par l’ambition et pas vraiment altruiste. S’il veut tuer Charandis, ce n’est pas tant pour mettre fin à ses souffrances ou pour venger la mort des elfes tués par ce dernier, mais avant tout pour rejoindre les Lions Blancs et montrer à ces derniers que c’est lui qui a la plus grosse queue… de lion. Bref, le Korhil de McCallum n’est pas un héros immaculé, et c’est plutôt une bonne surprise.

À côté de ça, Ben a encore à apprendre comment réduire au minimum syndical toutes les formalités narratives (c’est à dire les passages que l’auteur se doit de détailler un minimum pour ne pas perdre le lecteur, mais dans lesquels il ne se passe absolument rien d’intéressant), la traque de Korhil jusqu’au repère de Charandis étant symptomatique de ce travers. Ah, et la manière dont le chasseur arrive à se débarrasser de sa proie est également assez singulière et pas franchement réaliste (ou alors le gars Korhil a 27 de CT, auquel cas il a raté sa vocation). Ces points litigieux mis de côté, Ben fait convenablement son job en remplissant le blanc de la carte avec sérieux et précision, les petites touches de fluff personnelles qu’il distille apportant en outre un peu plus de profondeur au personnage jusque là assez plat de Korhil. Vous l’aurez compris, j’ai globalement aimé cette nouvelle, à la fois à cause de son concept et du style de Ben McCallum, qui sans casser trois pattes à un canard (du Chaos), se laisse tout à fait lire.

*: je vous laisse trouver quel est le deuxième passage incriminé (un indice, il met en scène une forêt trop trop sombre et mystérieuse et effrayante, une gourdasse d’elfe citadine partie en balade sans son GPS, son fils « très-très-mature-pour-son âge-c’est-tout-à-fait-le-portrait-de-son-père », et un lion affamé)

En conclusion, on a donc là un numéro nettement meilleur que le précédent, porté par le bon travail de Sanders et, dans une moindre mesure, de McCallum. Counter réussit à réhausser son niveau (pas très dur au vu du chapitre 3) mais reste en mode écriture automatique, on verra bien ce que ça donne par la suite. Reste Hinks, dont la nouvelle insipide vient quelque peu gâcher la bonne impression globale. Dommage.

À propos de Schattra

Égoïstement optimiste, çapourraitêtrebienpirologiste assumé. Selfishly optimistic, proud itcouldbemuchworsologist

Publié le août 27, 2012, dans Chronique, et tagué , , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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