HAMMER AND BOLTER [N°2]

C’est parti pour une petite revue du numéro 2 de Hammer and Bolter(l’avantage avec ce genre de lecture, c’est que ça ne prend pas des plombes à finir).
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Première chose à relever (et pas en bien): la réduction drastique du contenu. Je veux bien que le numéro ouno soit un peu à part par rapport à la suite pour allécher le chaland, mais là c’est vraiment brutal. On passe ainsi de 7 nouvelles/extraits (6 si on comptabilise ensemble les deux chapitres de Phalanx) à… 4. Évidemment, le prix est resté le même. Au final, on ne peut s’empêcher de penser à tous les magazines proposant d’apprendre le macramé, de collectionner les véhicules de combat de 12ème guerre mondiale ou de construire une maquette de plateau à fromage à l’échelle 1/72ème, même si au lieu de multiplier le prix par deux entre le premier et le second numéro, les éditeurs de la BL aient préféré diviser le contenu par deux. Pas franchement top.

Tant qu’on est dans la partie « remarque annexe », autant mentionner tout de suite la nouvelle nano interview (enfin nouvelle…) de cette édition. Cette fois, c’est James Swallow qui s’y colle (c’est vraiment un numéro pourri!). La(es) mauvaise(s) nouvelle(s), c’est qu’il est officiellement devenu le Mr Blood Angels de la BL (comprendre que c’est lui qui écrira les romans BA de l’Hérésie d’Horus… tout d’un coup, on comprend mieux pourquoi ils ont tendance à devenir psychotiques) et qu’il est également sur le point de devenir le Mr Soeurs de Bataille (il bosse sur Hammer and Anvil, qui sortira en décembre). La bonne nouvelle, c’est qu’il a des projets en cours pour d’autres maisons d’édition (et donc qu’il ne pourrira pas le background de 40K à temps plein). On se console comme on peut.

The Dark Path – G. Thorpe [WFB] :

C’est officiel, Gavin est maintenant devenu un elfidolâtre (ce qui constitue une déchéance totale pour lui, qui ne jurait que par les nains quand il était encore « le mec contre qui sont testées les nouvelles armées pour prouver à quel point elles retournent ta grand-mère » du White Dwarf). C’est bizarre d’ailleurs, puisque lors de sa période Dawi, il était glabre, mince et avec des cheveux longs (nom de code à Karaz A Karak : Thorgav Tarlouzesson) et que maintenant qu’il préfère jouer de la harpe dans la forêt que se dialyser à la bière, il s’est coupé les cheveux, fortement empâté et porte la barbe (nom de code à Lothern : Gahorvin Ami des Sangliers)… Mais bref, passons à l’histoire proprement dite.

Pour faire court (on restera dans l’esprit du numéro) sans spolier outre que nécessaire, des fois que certain(e)s aient envie de lire la nouvelle, cette dernière suit les relations difficiles qu’entretiennent un grand-père et son petit fils, sur fond de guerre civile avec les Elfes Noirs (ça se passe sous le règne de Caledor Zefeurst).

Présenté sous cet angle, ça en devient presque intéressant non? On en vient à espérer une exploration subtile de la psyché elfique, une réflexion un brin articulée sur le paradoxe d’être quasi immortel mais de voir la nouvelle génération pousser derrière pour prendre la place, une tentative de décrire autre chose que les « actions-tellement-importantes-qu’elles-changeront-la-face-du-monde-pour-les-millénaires-à-venir » d’êtres « tellement-nobles-mais-tellement-torturés-par-le-poids-de-leurs-responsabilités-que-choisir-entre des-pâtes-ou-du-riz-à-midi-risque-de-provoquer-la-fin-de-la-civilisation-elfique »… Oui mais non, parce que c’est Gawin qui raconte, et que les histoires où la survie de l’univers n’est pas en jeu, ça l’intéresse pas Gawin (en même temps, quand on écrit des romans sur Aenarion et Malekith, alias Roxortarace & Fils, c’est dur de rester simple).

Bref, la nouvelle suit les relations difficiles qu’entretiennent un grand-père et son petit fils, sur fond de guerre civile avec les Elfes Noirs, sauf que le grand-père en question est le plus puissant mage de Saphery (donc d’Ulthuan, donc du monde) et que le petit-fils est son élève le plus prometteur. À partir de là, il suffit de dire que le petit-fils en question a tendance à flirter avec le côté obscur de la magie plutôt qu’à demander un pégase pour ses 80 ans (comme les jeunes de son âge quoi), et tout s’enchaîne avec une sérénité pachydermique, que Gav essaie tant bien que mal de nous refourguer sous l’étiquette du TGCDE (« ta gueule, c’est des elfes », sous entendu : c’est normal qu’ils en fassent des caisses). Voilà pour le fond.

La forme, par contre, est agréable. On peut penser ce qu’on veut des talents de scénariste de Thorpe, mais le bonhomme n’en est pas à sa première histoire et il connaît bien son sujet (il a été « Maître du Background » après tout… ouais, je sais, il faut bien trouver des raisons de continuer à payer des types qu’on ne veut pas voir débarquer aux Prud’hommes). De plus, les hauts elfes avec leur lourd passif de « grandeur, noblesse et fatalité », correspondent bien au style rococo de Gawin, ce qui aide à faire passer la pilule. On continue donc à lire jusqu’au bout sans céder totalement à l’ennui, en attendant patiemment la conclusion inévitable de la nouvelle. Il est à noter que même le (minuscule) switch final est annoncé à grands coups de clairons par Mr Thorpe au cours du récit (pour être plus explicite que ça, il aurait fallu qu’il souligne), ce qui enlève la moindre petite surprise, non seulement au dénouement de « l’intrigue » (on sait qui va gagner) mais également à l’ultime péripétie (on sait comment le gagnant va gagner).

Au final, une nouvelle fast food : c’est bon au goût mais dépêche toi de manger avant que ça refroidisse et ne pose pas de questions sur la composition.

Exhumed – S. Parker [40K] :

ExhumedParker, c’est le gars qui a écrit Rynn’s World (Le Monde de Rynn en VF), qui a été critiqué ici. Je n’ai pas lu le roman en question, mais je fais confiance au gars Fiasco, qui avait bien aimé (et il n’avait pas été le seul). Je dois dire que ma première expérience avec Mr Parker va dans le sens du courant, car il s’agit (pour moi) de la meilleure nouvelle du numéro.

De quoi ça parle? Au début, on ne sait pas trop, puisque Parker, en plus de copier le look Abnett (crâne rasé, moustache et bouc… d’ailleurs il n’est pas le seul : Mike Lee et Aaron Dembski-Bowden font également partie de la secte -le pire c’est qu’ils sont loin d’être les pires auteurs de la BL-), copie aussi sa manière de raconter des histoires. À savoir, usage éhonté de mini Mac Guffins narratifs pour installer l’ambiance et présenter l’intrigue avant de passer aux choses sérieuses. Pour le coup, on se coltine les états d’âme d’un docker de spatioport, qui voit débarquer un Thunderhawk de la Deathwatch dans sa routine quotidienne. Une fois les marins débarqués (hoho), on apprend que la fine équipe a été appelée pour superviser l’exhumation d’un mystérieux artefact (comment ça, pléonasme?), enterré des millénaires plus tôt par une colonie d’Exodites…

Bon, marounes + artefact mystérieux = baston, tout le monde sait ça (en même temps, marounes + balai à chiottes = baston aussi, à tel point que l’équation peut se simplifier en marounes = baston), donc pas de surprise là-dessus. Comme il s’agit de la meilleure nouvelle du lot, je ne dirais pas contre qui la Deathwatch se bat, ça vous fera la surprise.

L’habileté de Parker, et ce qui permet à son travail de susciter l’attention du lecteur (qui après s’être coltiné la barbapapa de Gawin, aimerait bien quelque chose de moins sucré et de plus consistant), est de donner au public ce qu’il cherche, c’est à dire des infos sur ce qui distingue la Deathwatch des autres Astartes. Car si on s’attarde un quart de micro-seconde sur le fluff de la chambre militante de l’Ordo Xenos, on s’aperçoit qu’il s’agit du « chapitre » ayant le plus gros potentiel au niveau du story-telling. En effet, qui n’a jamais rêvé de voir un Loulou débraillé, un BA narcissique, un Ultra formaté par son Codex, un BT complètement fanatique et un DA jovial comme une porte de prison combattre côte à côte les ennemis de l’Imperium (ailleurs que lors d’évènements cataclysmiquement grotesques, du style les Guerres d’Armaggedon ou la campagne de Medusa V)? Là c’est possible, et même mieux que ça, c’est plausible, donc c’est glop.

Évidemment, ce qu’on attend de ce genre d’alliance pas vraiment contractée de plein gré, c’est de voir les héros utiliser les techniques particulières à leur chapitre pour foutre la pâtée aux nonos, et ça Parker l’a bien compris : le combat qui occupe un bon tiers de la nouvelle est en conséquence très peu « Codex Approved » (ce qui fait bien ch*** l’Ultramarine de la bande, c’est drôle), tout le monde fonçant dans le tas avec son arme favorite pour montrer aux extraterrestres qui c’est qui a la plus grosse. En d’autres terme, Parker répond à la question « comment des Marines venant de chapitres différents font-ils pour combattre comme une escouade cohérente? » par un net et brutal « qui a dit qu’ils le devraient? ». D’ailleurs, même le terme d’escouade ne convient pas tout à fait, au vu de l’équipement d’un des membres de la Deathwatch. On aime ou pas, mais ça permet de réfléchir au problème, et c’est déjà pas mal.

L’auteur répond ainsi à quelques questions que l’on ne se pose jamais au sujet de la Deathwatch (en même temps, c’est pas le chapitre le plus populaire de la galaxie), mais qui sont assez intéressantes pour que le fluffiste qui veille en chacun de nous se rende que le gars Parker, il a pas mal de bonnes idées.

Forcément, tout n’est pas à garder non plus dans Exhumed (c’est une histoire de marounes après tout). Principaux points d’achoppement: une grosse « fausse surprise » tout à fait dispensable, qui aurait plus sa place dans Rox et Rouky que dans l’univers trotrodark de 40K; Parker n’a pas le style d’Abnett quand il s’agit de tourner de manière intéressante des passages sans aucune surprise pour le lecteur, mais qui doivent quand même être incorporés au récit; et la sorte d’épilogue final est tellement honteux dans le style « comment terminer une série B » que même Tarantino hésiterait à l’adapter sur grand écran. Et surtout, surtout, le petit Steve commet une erreur chronologique tout à fait monumentale (à côté de ça, Napoléon qui écrase Ramsès II à Azincourt, c’est une légère approximation)… ou alors ouvre toute grande une nouvelle porte fluffique, ce qui, compte tenu de son peu d’ancienneté et du format de publication, me paraît peu probable. C’est vrai quoi, on ne bat pas en brèche des années de background dans une nouvelle de 80 pages (non?).

Phalanx – Ch. 3 – B. Counter [40K] :

PhalanxDans la revue du premier numéro de Hammer and Bolter, j’avais dit qu’il était intéressant de voir des Marines faire autre chose que génocider leur prochain. J’avais horriblement tort. Je suis maintenant convaincu qu’un Marine, c’est une arme, une arme hyper efficace certes, mais rien d’autre qu’une arme, et que quiconque essaie de les faire interagir de manière autrement que superficielle dans n’importe quel autre domaine que celui du massacre de masse (ou l’organisation de massacres de masse, pour les Marines les plus intellos), est un dangereux malade. Merci Ben pour cette révélation.

Autant les deux premiers chapitres de Phalanx laissaient envisager un petit roman sympa, avec certes du fracassage à tous les étages, mais quelques bribes de fluff autour pour rehausser un peu le goût, autant le troisième donne envie que le vaisseau des Fists se fasse aborder par des World Eaters en goguette, histoire que le niveau remonte un peu. Car si Counter sait mettre en scène des combats de Marines, il ne sait mais alors absolument pas mettre en scène des Marines faisant autre chose. Le problème est que les Marines en question sont censés se constituer en tribunal, afin de juger les survivants d’un chapitre plus que borderline. Et là, c’est le festival de conneries, sans un moment de répit. En vrac:

– Les geôliers Imperial Fists, qui ne trouvent rien de plus malin pour faire revenir le calme parmi leurs prisonniers que de tirer des rafales de bolter dans le plafond de leur inestimable relique

– Counter nous informe que 300 (!) Marines sont réunis pour assister au jugement des Souls Drinkers… Sérieux, ils ont rien d’autre à f***** que de participer à un procès dont ils connaissent déjà tous le verdict? Et Ben d’enfoncer le clou en ajoutant à la phrase d’après que « la plupart des zones de guerre de l’Imperium n’avaient jamais accueilli un rassemblement si important de Space Marines, mais ces Astartes n’étaient pas là pour se battre. Ils étaient là pour que justice soit rendue »… Comme justification bidon, ça se pose là. J’espère que la XIVème Croisade Noire ne tombera au même moment que le procès en appel des Relictors, sinon Pépé est cuit.

– Les descriptions de certains des marines présents à bord du Phalanx tournent au grotesque tellement Counter souhaite mettre en exergue les spécificités de chaque chapitre par rapport aux autres. La médaille d’or va au capitaine Angels Sanguine, qui emporte partout avec lui sa collection de masques mortuaires, chacun arborant une expression différente pour qu’il puisse choisir le bon en fonction des évènements… Il aurait mieux fait d’imprimer des smileys en grand format, de mettre une ficelle derrière et de découper des trous pour les yeux (c’est comme ça que je me le représente maintenant en tout cas). Donc pour l’occasion, il doit ressembler à peu près à ça : 😦

– Et pour finir, le début du procès en lui-même est ridicule, mais pouvait-il en être autrement? Demander à des surhommes totalement endoctrinés à haïr le Chaos de faire preuve de compréhension envers un marine à moitié arachnoïde, il n’y a que les Fists et leur penchant avéré pour le masochisme qui pouvaient faire ça. Pas besoin de dire que ça part en sucette dès l’ouverture, la moitié des intervenants terminant leur réquisitoire par « je vais me le faire tout de suite cet enfoiré », obligeant Lysander (le service d’ordre à lui tout seul) à courir dans tous les sens pour calmer les plus excités. Il faut dire que Pugh (le maître de chapitre des Fists, et donc le juge du procès) a trouvé intelligent de confier le rôle de procureur à un Crimson Fists clodo complètement berserk…

Au final, on en vient à souhaiter que l’évasion des Souls Drinkers (car évasion il y aura, même Lion El Jonson pourrait s’en douter) arrive au plus tôt, afin que Counter puisse se consacrer à ce qu’il sait faire de mieux : les récits de combat. Mais bon, il faut bien rigoler de temps en temps.

The Rat Catcher’s Tail – R. Ford [WFB] :

Dernière nouvelle du lot, l’histoire que nous propose Richard Ford (un illustre inconnu… ou un pseudonyme) est tout simplement pénible.

Pénible car absolument creuse et écrite dans un style « Black Library Author » médiocre.
Pénible car sans aucune idée intéressante ou novatrice.
Pénible car respectant peu ou pas le fluff existant (et pas l’archéo fluff ni même celui développé dans d’autres bouquins de la BL, le fluff basique que l’on trouve dans les livres d’armées).
Pénible car Richard Ford à un humour de merde, au sens littéral.
Pénible car on a l’impression que l’auteur ne fait que meubler, même quand il s’agit de scènes d’action.
Pénible parce qu’affligée d’un schéma narratif si simpliste qu’on a l’impression de regarder un épisode de Scoubidou, avec des décors dessinés à la va vite qui ne font que défiler, défiler, défiler, sans rien apporter à l’histoire.
Pénible parce qu’on a l’impression que Ford nous prend pour les derniers des newbies, tous frais débarqués dans le hobby et ne se doutant absolument de rien (pas vraiment le public cible de ce genre de publication).
Pénible parce qu’on se rend compte après avoir fini la nouvelle que lire seulement le titre et faire quelques déductions de niveau grande section de maternelle aurait suffi à plier l’affaire, et qu’on a gaspillé un peu de notre précieux temps à espérer (en vain) que Ford fasse preuve d’un minimum de talent.

Bref, c’est nul-euh.

Pour les Imperial Fists parmi vous, voici quand même une petite introduction : Hugo-Kressler-est-un-marchand-de-Talabheim-qui-n’arrive-pas-à-dormir-à-cause-des-rats-qu’il-entend-courir-la-nuit-dans-sa-maison. S’en suit une aventure à la Looney Toons, le pôvre Hugo essayant de se débarrasser de son problème en utilisant des méthodes de plus en plus radicales, jusqu’à ce que, ô, retournement de situation aussi téléphoné qu’une boutique France Télécom, le véritable ennemi pointe le bout de ses moustaches (nan, à ce niveau là, c’est plus du spoiler). Le genre de lecture à conseiller à tous les écrivains de la section, afin qu’ils se rassurent sur leur propre niveau (si Richard Ford s’est fait publier, il est permis de rêver).

Terminons ici pour ce numéro, qui se révèle être de bien plus mauvaise facture que son prédecesseur, seule la nouvelle de Steve Parker venant quelque peu relever le niveau. Pour 4 euros, il y a beaucoup mieux à faire.

À propos de Schattra

Égoïstement optimiste, çapourraitêtrebienpirologiste assumé. Selfishly optimistic, proud itcouldbemuchworsologist

Publié le août 27, 2012, dans Chronique, et tagué , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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