TALES OF HERESY [HH]

Bonjour et bienvenue dans cette chronique de Tales of Heresy, premier recueil de nouvelles consacrées à la couverture de l’Hérésie d’Horus par la Black Library, publié en 2009 et traduit en français dans la foulée sous le titre de Chroniques de l’Hérésie. Une chronique de chroniques hérétiques… mais qui ne le sont pas vraiment au final. Eh oui, c’est ce que nous avons au menu aujourd’hui les amis. Car une des particularités de cette première anthologie, occupant la 10ème place dans la série de l’Hérésie, est que toutes les histoires qu’elle regroupe se sont déroulées avant qu’Horus ne décide de mettre les doigts dans la prise1. Cela en fait un ouvrage à part de cette saga tentaculaire, à placer aux côtés de l’Ascension d’Horus, qui dépeignait aussi « l’avant » du grand cataclysme sur le point d’engloutir l’Imperium et le rêve de l’Empereur. On pourrait presque rebaptiser ce volume Chroniques de la Croisade, et annoncer plus fidèlement la couleur. Laissons cependant ces considérations sémantiques de côté pour nous concentrer sur la composition de cet objet.

Sommaire Tales of Heresy [HH]

Regroupant sept nouvelles se déroulant d’un bout à l’autre de la galaxie, depuis cette bonne vieille Terra jusqu’à lointaine Nuceria, et convoquant aussi bien des Primarques que des Sœurs du Silence, des Custodiens que des Space Marines, des civilisations perdues et d’infâmes Xenos pervertis, avec même une apparition apocalyptique de cette HoE de Mom2, ces Chroniques brassent large et laissent une ample place à leurs contributeurs pour esquisser un portrait de l’Humanité à la toute fin de ce qui peut être considéré comme son âge d’or. Le nombre limité d’histoires intégrées dans ce volume permet en effet aux plus prolixes de ces auteurs de soumettre des récits tenant plus de la novella que de la nouvelle, la longueur moyenne de ces (pas si) courts formats approchant les soixante pages. Les Chroniques de l’Hérésie ont pu compter sur l’expertise de quelques noms bien connus de l’habitué de la Black Library, depuis l’omnipotent Dan Abnett3 jusqu’aux fidèles Gav Thorpe et Graham McNeill, mais également sur la collaboration d’auteurs plus rares, voire absents, de la suite de l’Hérésie, de Matthew Farrer à Mike Lee. On peut donc s’attendre à ce que le résultat soit un peu moins « maîtrisé » que les dernières sorties hérétiques, qui ont bénéficié d’un niveau de contrôle éditorial sans précédent de la part de la BL.

Et maintenant, partons dans une galaxie lointaine, il y a fort longtemps notre galaxie, dans 28 millénaires…

1 : Et surtout, qu’Erebus ne décide de mettre un athame dans Horus.
2 : Soit ‘Him on Earth’ et ‘Master of Mankind’. De là à dire que l’Empereur est un cougar, il y a une ligne franchement hérétique à franchir. Remarquez, cela permet aux renégats de recycler facilement la devise du bro code à leur avantage : « Je me suis détourné de la lumière de l’Empereur parce que bros before hoe, man ».
3 : Qui après avoir signé le premier roman de la série, trouve le moyen de signer la « première » nouvelle également. Gros bonnet.

10. Tales of Heresy

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Blood Games // Parties de Chasse – D. Abnett :

INTRIGUE:

Blood GamesC’est camping ce soir pour notre héros, un individu mystérieux plus enclin à partager avec le lecteur ses voyages pendant les dix derniers mois, qui l’ont vu parcourir une bonne partie de l’Eurasie dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et en suivant le vol des hirondelles d’Afrique chargées de noix de coco, qu’à révéler les raisons qui l’ont poussé à entreprendre ce périple singulier, ni pourquoi il est persuadé d’être recherché par les autorités locales. Au fur et à mesure que les anecdotes s’enchaînent, signe manifeste de la vie intérieure très riche du personnage, qui ne parle pas mais se souvient beaucoup, nous prenons la mesure du bonhomme, et comprenons qu’il n’est pas venu pour rigoler, en témoignent les trois migous junkies que Mr X a froidement abattu lorsque ces derniers ont fait mine de lever la main sur lui pendant un deal de résine qash1, sur les contreforts d’un Palais Impérial en grands travaux de renforcement. Si le migrant inconnu tenait tant à récupérer la précieuse substance, c’est qu’il a besoin des effets paralysants de cette dernière pour duper les scanners biologiques qui protègent le Palais, et feint donc la mort derrière un tas de gravier transporté par une grue pour déjouer les mesures de sécurité entourant sa cible. Car il ne fait guère de doute après ces quelques pages introductives que notre héros est un assassin, et que sa future victime se terre quelque part dans l’immensité baroque de la baraque de fonction de Pépé.

Négociant les obstacles les uns après les autres grâce à ses talents naturels, un changement fréquent d’identité et de profession, et l’aide de quelques petits gadgets très utiles, comme un champ de déplacement pour camoufler sa stature massive, et une feintecapuche2 pour disparaître totalement, tel un Harry Bolter de deux mètres dix sous sa cape d’invisibilité, le stalker parvient jusqu’au Hall de Leng, où il surprend Rogal Dorn en train de palucher un grimoire massif à des heures indues. S’arrêtant à peine pour noter la beauté des mains du Primarque, le tueur se rue sur cette pauvre et frêle chose qu’est le Prétorien de Terra, la dague aux lèvres et la bave à la main…

Début spoiler…Mais voit sa lame empoisonnée être repoussée au dernier moment par un Custodien, qui s’était lui aussi planqué sous une cape VPN pour éviter d’être repéré. Bien que parvenant à se défaire de cet adversaire, puis des deux autres qui lui tombent sur le râble immédiatement après (pendant que Rogal Dorn, vraiment imperturbable, finit sa petite affaire dans son coin), l’assassin décide sagement de s’échapper de ce traquenard, mais se retrouve cerné à la sortie du Hall par un quintet de Custodiens en armure complète, qui lui font comprendre qu’une reddition immédiate serait charitable de sa part. Jeté en prison comme un malpropre sans avoir pu mener à bien sa mission, notre héros reçoit la visite de Constantin Valdor en personne, qui, plutôt que de le soumettre à la torture pour lui arracher ses secrets, le félicite pour le nouveau high score qu’il a réussi à établir pour cet exercice rafraîchissant que sont les Parties de Chasse (Blood Games) de l’Adeptus Custodes. Car notre surineur masqué capé n’était pas un Assassin retourné par Horus, ou un Alpha Légionnaire en goguette sur Terra, mais Amon, Custodien du 1er Cercle, et son run presque réussi va permettre à ses frères d’armes de perfectionner encore un peu plus la sécurité du Palais, dont il a exposé les failles3.

Ce malentendu dissipé, il est temps pour notre vaillant infiltrateur de reprendre ses fonctions normales, qui consistent à détecter et déjouer tous les complots menaçant l’ordre impérial et la sécurité de l’Empereur sur Terra et dans ses environs. Bénéficiant d’un matériel de pointe et de pouvoirs très étendus, mais pas absolus, car même au zénith de la Grande Croisade, le Monde Trône n’était pas totalement sous le contrôle de Pépé, les Custodiens occupent donc leurs journées à maintenir la pax imperialis, ce qui les conduit parfois à monter des opérations que n’aurait pas dédaigné Tom Cruise à son époque Mission Impossible4. Pour Amon, qui est parti crapahuter dans la pampa avant que la nouvelle de la trahison d’Horus ne soit révélée, il faut se remettre au travail sans tarder après ces quelques mois de randonnée itinérante (l’équivalent d’une période de congés pour un Custodien, sans doute). Il demande donc à Valdor de superviser le dossier Sichar, du nom de l’influent seigneur du Hy Brasil, soupçonné d’entretenir des contacts détournés avec des éléments félons de l’Armée Impériale.

Jamais le dernier à mettre les mains dans le cambouis, Amon recrute son vieux pote (façon de parler, les Custodiens sont tous des asociaux) Haedo pour infiltrer le territoire de son suspect, usant à nouveau de sa science du maquillage et de la postiche pour se faire passer pour un VRP en granit, ou équivalent, tandis que son collège adopte le rôle de son garde du corps. Le hic, c’est que cet impatient d’Amon n’a pas attendu le mandat demandé à ses supérieurs pour se rendre sur place, et a poussé le zèle jusqu’à tenter de hacker le pare-feu de Sichar en utilisant des lombrics espions (it’s complicated). S’il se fait gauler, ce sera un beau merdier diplomatique, mais comme notre héros est un vrai professionnel hautement entraîné… il se fait gauler. Je crois que la bonne formule était « autrement entraîné ». Pour ne rien arranger, Amon se fait griller sous sa perruque par le soupçonneux garde du corps du frère de Sichar avec lequel il taillait le bout de gravier, un Lucifer Black auquel on ne l’a fait pas. Cependant, la tentative grossière de la team Custo’ ne se solde pas par un échec complet, les derniers vers inquisiteurs d’Amon lui ayant permis de prouver que ce petit fripon de Sichar a bien été en contact régulier avec le Vengeful Spirit au cours des derniers mois.

Abandonnant toute discrétion, les deux Custodiens se font livrer leurs armes et armures par un téléporteur Über Cheat, et partent en direction du Parlement de Hy Brasil, où se trouve leur suspect, le Lucifer Black de garde du frangin d’icelui sur les talons. Grâce à la magie des feintecapuches, ils parviennent toutefois à portée de lance gardienne de l’agent double, révèlent leur présence, et le somment de se rendre sans jouer au héros…

Début spoiler 2…Cette interpellation sans histoire est cependant complexifiée par l’arrivée soudaine d’une escouade de Huscarls Imperial Fists, menée par Rogal Dorn en personne. Devant le refus des deux Custodiens de baisser leur arme, le Primarque est contraint de leur expliquer la situation : Sichar a bien été en contact avec Horus, mais c’est parce qu’il était un agent double au service de Terra. Et maintenant que sa couverture a été atteinte, il faudra trouver aux loyalistes un nouveau moyen de suivre les faits et gestes du Maître de Guerre félon. Bravo les Custos. Et Amon de faire remarquer à son interlocuteur qu’il faudrait vraiment que Space Marines et Custodiens collaborent de façon plus soutenue à l’avenir, afin d’éviter ce genre de résultats contre-productifs, conséquences logiques d’un travail en silo. Avant que Dorn ne puisse donner son avis sur la question, le Lucifer servant de garde du corps à Sichar, qui lui était un véritable traître, fait péter une bombe dans l’enceinte du Parlement, tuant son ancien employeur pour lui apprendre à être une balance. Il faudra à Amon encore s’employer pour rattraper le fâcheux et l’empêcher de faire exploser une autre bombe, bien plus dévastatrice, au dessus de la patinoire géante servant à refroidir les réacteurs de Hy Brasil, ce qui aurait eu des conséquences dévastatrices. Une petite téléportation du véhicule piégé en orbite, et l’affaire est réglée. Cependant, il va falloir que les surhommes rivaux apprennent à coopérer d’ici l’ouverture du siège de Terra si Pépé veut espérer l’emporter…

Début spoiler 3…Spoiler : ils n’y arriveront pas des masses.Fin spoiler

1 : Grossière erreur qu’ils ont payé de la même manière, c’est-à-dire cash.
2 : Je suis quasiment sûr que falsehood n’a pas été traduit comme ceci en VF, mais ma version a vraiment trop la classe.  
3 : « Et Dorn dans tout ça ? » demanderont les lecteurs Imperial Fists, avec raison. Et bien le Primarque est chill avec le concept d’un deux trois scalpel dont il est la cible de la part des Custodiens, apparemment. Notamment parce qu’il avait repéré Amon depuis un petit moment, et ne se sentait pas vraiment menacé par un avorton maniant un couteau à huître.
4 : À ne pas confondre avec ‘Maçon Impassible’, qui est le sobriquet dont les Custodiens ont affublé ce pisse-vinaigre de Dorn.

AVIS:

Fascinante immersion dans le quotidien trépidant des encore plus meilleurs de l’Empereur, Blood Games fait mouche sur tous les plans importants pour une nouvelle de GW-Fiction. En matière de forme, Abnett parvient, comme à son habitude, à plonger son lecteur dans une intrigue passant de palpitante à intéressante, grâce à sa maîtrise de l’exposition parcellaire, qui lui permet de laisser son public dans une méconnaissance savamment étudiée de la situation dans laquelle son héros se trouve, jusqu’au rebondissement (pas tout à fait) final venant faire toute lumière sur les pages précédentes. Le bougre a beau être connu pour l’utilisation de ce genre d’effet, ce dernier marche toujours à plein à la première lecture, et c’est tant mieux. En plus de ce masterclass en termes de construction, Abnett convoque les souvenirs de ses trilogies inquisitoriales pour effectuer un remarquable travail de contextualisation de son propos, décrivant avec une foule de détails bien sentis la situation de Terra au début de l’Hérésie. Ce qui n’était alors « que » le Monde Trône se dévoile alors dans toute sa complexité, rappelant au lecteur qu’il n’y a pas forcément besoin de convoquer des armées titanesques s’affrontant sur des centaines d’années lumières pour intéresser le chaland.

Sur le fond, Abnett fait également fort en creusant quelques thèmes intéressants, comme le rôle et l’organisation des Custodiens, leurs rapports avec les autres protecteurs de Terra, et la situation géopolitique de la planète à HH-1. Et, si la vision qu’il donne de ces sujets peut surprendre de prime abord, il introduit ces nouveaux éléments de fluff avec une telle autorité et maestria que l’on ne peut qu’accepter sans la contester sa vision des choses, alors que beaucoup d’autres auteurs moins doués ont peiné à convaincre leur public de la validité de leur raisonnement et ajouts au background hérétique. Mine de rien, les apports de ces quelques dizaines de pages sont loin d’être anodins (notamment la mainmise assez fragile que l’Empereur a sur sa propre capitale, alors qu’il vient de conquérir la galaxie), et un certain nombre de publications postérieures capitaliseront sur ces derniers, à commencer par les propres soumissions d’Abnett (retour des Lucifer Blacks dans Légion, par exemple).

Finalement, le seul reproche que je ferai à cette nouvelle porte sur sa conclusion au goût d’inachevé, l’ultime cabriole d’Amon pour arrêter la Zamboni piégée de l’assassin de Sivar (dont la mort, racontée par une mention de deux lignes après une ellipse ayant projeté l’intrigue de la discussion tendue entre Amon et Dorn à la course poursuite du premier, est également bizarrement traitée) ne faisant pas le poids face à la qualité des pages précédentes. Pour le reste, c’est de l’excellent boulot de part de Dan Abnett, et une des meilleures nouvelles de tout le corpus hérétique que vous tenez dans les mains.

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Wolf at the Door // Dans la Gueule du Loup – M. Lee :

INTRIGUE:

Wolf at the Door

Sur la planète de Kernunnos, siège de l’empire humain ayant fédéré le sous-secteur de Lammas, les forces de la 954ème Force d’Expédition en terminent enfin, après sept ans de durs combats, avec la résistance farouche mais futile des Tyrans locaux. Passant à travers les ruines désolées de la capitale, et progressant jusqu’à la gated community où les dirigeants de Kernunnos se sont repliés pour monter leur dernier carré, les Dragons Arcturan sont rejoints sur le parking de la résidence Beau Séjour par un Stormbird aux couleurs des Space Wolves. À la tête des féroces loulous, nous retrouvons le Seigneur Bulveye et ses Lieutenants Halvdan Bale-Eye (surnommé Coco Bel Œil par les Dark Angels) et Jurgen Toukour, les trois officiers supérieurs de la 13ème Grande Compagnie de la Légion de Russ. En attendant que leurs hôtes viennent leur ouvrir la porte, massive et quelque peu endommagée par le bombardement orbital sévère subi par la région au cours des derniers jours, Bulveye nous briefe rapidement sur la particularité de sa Compagnie, composée1 des frères d’épées du Primarque ayant insisté pour boire un coup de Canis Helix à l’arrivée de l’Empereur sur Fenris, en dépit des conseils paternels prodigués par l’Allfather. La gnôle de Pépé s’étant révélée un peu trop forte pour ces flippettes de Fenrisiens, 99% se sont écroulés après avoir demandé s’il y avait de la pomme2, ne laissant que Bulveye et une quarantaine de gaillards accompagner leur lige dans l’espace. Un résultat malgré tout impressionnant.

Ces souvenirs émus sont interrompus par l’arrivée des forces adverses, venues offrir leur reddition à leurs vainqueurs. Une fois les soldats, esclaves, femmes, enfants et Tyrans sortis de leur trou et prostrés dans la poussière devant les impériaux, Bulveye démontre son infinie magnanimité en ne tuant ni n’urinant sur personne, à la grande surprise des vaincus. À la place, il leur explique que les mondes du sous-secteur vont être finalement rattachés à l’Imperium, et qu’il vaudrait mieux pour les petites fesses flageolantes des Tyrans qu’ils ne lui donnent pas de raison de revenir sur Kernunnos de sitôt. Ceci fait, et de retour vers son vaisseau, il apprend de la bouche d’un des ses huskarls l’arrivée de deux messages sur son boîte mail neuf.fr3 : le premier est une convocation de toute la Légion sur Telkara, en vue d’un petit voyage sur Prospero, où Magnus aurait fait du vilain. Le second l’informe de la découverte d’un dernier monde humain dans le sous-secteur, auparavant coupé du reste de la galaxie par des tempêtes Warp. Prenant très à cœur le fardeau du loup blanc et la mission d’unification confiée par l’Empereur à ses Légions, Bulveye décide d’aller tuer le temps nécessaire au rassemblement de sa flotte dans ce patelin perdu, pour honorer la promesse faite à Leman Russ de finir la map à 100%.

Venus en petit nombre, les Space Wolves atterrissent sur une planète qui semble s’être mangée une guerre atomique en bonne et due forme au cours de son histoire, transformant 90% des terres émergées en désert radioactif. Accueillis par une délégation d’adulescents impressionnés par la carrure et la mâle prestance des nouveaux venus, Bulveye et son escorte sont amenés en Kangoo4 jusqu’au Sénat local, constatant pendant qu’ils patientent dans les bouchons que la population semble se préparer pour une catastrophe imminente. Introduits dans le saint des saints d’Antimon (le nom de la planète), les Space Wolves reçoivent un accueil très froid de la part des augustes sénateurs, très occupés à s’abreuver d’injures à propos d’un quota et d’une loterie, dont le sens échappe à leurs hôtes. Sans doute l’organisation de la kermesse de la fin d’année. L’honorable Président du Sénat, Gérard Larch-Javren Santanno, va même jusqu’à traiter ses hôtes de « sales furries puant de mes deux », ou quelque chose comme ça, en introduction de l’entrevue, forçant Bulveye à puiser dans ses réserves de self-control pour éviter de rentrer dans le lard des Antimoniens. À la place, il sort sa plus belle saga, et raconte pendant des heures les circonstances ayant mené à la Grande Croisade et à la fondation des Space Wolves, pour finir par une offre d’adhésion à l’Imperium de l’Humanité, évidemment non assortie d’une période d’essai sans conditions, parce que, reconnaissons-le, vous n’êtes pas en position de dire non. Le test de persuasion si longuement préparé par notre héros s’immobilisant sur un échec critique après avoir roulé sur le bureau de Javren, ce dernier traite tout bonnement son visiteur venu d’ailleurs de menteur, ce qui aurait pu très mal finir si les Harrowers n’avaient pas choisi ce moment pour faire leur grand retour sur Antimon. Que sont les Harrowers, vous entends-je me demander ? Voici.

Cette race de Xenos a pris le parti de venir passer des vacances régulières sur la planète il y a de cela deux siècles, lorsque les tempêtes Warp déchirant la galaxie se sont un peu calmées. Bénéficiant d’une technologie très avancée et d’un goût prononcé pour la torture, ils se sont mis à prélever une dîme parmi les habitants d’Antimon à chacun de leurs passages, et ont construit de grandes (5 km de haut tout de même) tours défigurant le paysage pour abriter leurs vacanciers. D’abord combattus par la caste de guerriers locaux, les armigers, les Xenos déversèrent le feu et la fureur sur la planète en représailles d’une embuscade ayant coûté la vie à 20 d’entre eux, exterminant des centaines de millions de locaux. Suite à cet événement, le Sénat décida de dissoudre les armigers, et de mettre en place un système de bénévolat en pro bono, envoyant aux envahisseurs un contingent de leur population de leur propre chef pour préserver le reste. Tout cela a marché plutôt correctement au cours des dernières décennies, mais le retour précipité des vacanciers tortionnaires fait souffler un vent de panique parmi la population locale, qui, comme aurait pu le dire Illidan Hurlorage, n’est pas prête. Voila ce qui justifiait les débats de quota et loterie5 surpris par les Space Wolves à leur arrivée. Ces derniers, pris également au dépourvu par le débarquement des Eldars Noirs (car oui, si vous n’aviez pas fait le rapprochement, je ne peux plus rien pour vous), qui a forcé leur barge de bataille à se retirer de l’orbite (ou à s’écraser sur la planète, au choix), décident de faire contre mauvaise fortune bons cœurs, et de défendre leurs congénères des déprédations des Drukhari, bien que rien ne les y oblige.

S’ensuit alors une campagne de guerilla inspirée, montée par un Bulveye très à l’aise dans l’exercice. Ayant exprimé leur manifeste de farouche défiance à l’encontre des Xenos puants (littéralement puants, leurs sens développés de Space Wolves manquant d’être submergés par l’infâme fumet dégagé par les envahisseurs) en massacrant sans sommation la petite bande envoyée par l’Archonte Darragh Shakkar collecter la dîme de chair déposée par les Antimoniens à proximité de leur capitale, les Space Marines passent les semaines suivantes à organiser des opérations coup de poing contre les Eldars, leur infligeant de lourdes pertes et minant l’autorité de l’Archonte sur ses pillards. Soutenus dans leurs efforts héroïques par les dons de victuailles de la population, et leur capacité à faire du camping dans les plaines irradiées de la planète pour échapper à leurs poursuivants, Bulveye et ses hommes finissent par être contactés par Andras Santanno, fils de feu Javren, et résistant de la première heure avec ses copains armigers, dont ils ont maintenu la tradition martiale en vie malgré l’interdiction des autorités. Andras pouvant leur permettre d’accéder à une des spires Eldars en dérobant un Raider laissé sans trop de surveillance, Bulveye accepte le principe d’une collaboration, et la team humains prend donc le chemin du pied à terre Xenos…

Début spoiler…Sur place, les assaillants parviennent à se frayer un chemin jusqu’au cristal réacteur, et à poser leurs ultimes charges à fusion sur ce dernier. Bonus appréciable, ce chacal de Shakkar finit également par se joindre à la fête, comme prévu par Bulveye. Au cours d’un combat accroché, et bien aidé par la distraction apportée par Andras, le Seigneur Loup finit par envoyer son adversaire par-dessus la troisième corde, directement sur le cristal en question, ce qui le vaporise sans autre forme de procès (les amateurs de catch appellent ça une Palpatine), et surcharge le réacteur, déclenchant une réaction en chaîne catastrophique menant à l’explosion du centre de vacances Drukhari. Évidemment, nos héros ont réussi à s’enfuir à la dernière seconde de l’édifice condamné, sinon c’est pas drôle.

Se préparant à livrer un dernier carré dans les ruines du Sénat, les survivants apprennent quelques heures plus tard l’arrivée de la flotte de secours des Space Wolves, ayant mis en fuite les vaisseaux Xenos et effectivement remporté la victoire pour l’Imperi… Wait. Andras, en digne fils de son père, n’est vraiment pas chaud pour rejoindre la joint venture vendue par Bulveye, qui espérait pourtant que l’héroïque action d’arrière-garde de ses hommes inciterait leurs hôtes de give peace Big E a chance. Ayant bien compris qu’il n’arriverait pas à convaincre son nouveau frère de la validité de sa démarche, c’est les cœurs lourds que notre héros se trouve forcé de hacher menu son compagnon et les derniers armigers, et d’ordonner à ses renforts de se lancer dans une petite mise en conformité sur le pouce, pendant qu’il prend la route de la rout. ♫ Signé Bulveye… ♫Fin spoiler

1 : En partie, sinon la « Grande » Compagnie ne pèse que quarante nobles vieillards, ce qui est peu.
2 : Et l’Empereur de répondre « Y en a. » selon la formule consacrée.
3 : Comme tous les vieux, Bulveye n’est pas à l’aise avec la technologie, et a donc un préposé aux e-mails et au pack Office qui lui prépare ses présentations Power Point.
4 : Dont la flexibilité offerte par ses sièges rabattables et sa puissance sous le capot impressionne même ce blasé de Bulveye.
5 : Bonne chance pour vendre des tickets en porte à porte avec un grand prix aussi pourri que celui-là.

AVIS:

Longue nouvelle à haute teneur en action space marinée, et adaptation assez réussie de Papy(s) fait de la résistance à la sauce M31, Wolf at the Door se révèle plus intéressante par ce qu’elle dit de la réalité de la Grande Croisade que par la guérilla menée par Bulveye et ses Bulv-ouailles contre des Xenos à l’hygiène corporelle douteuse. Confronté au classique dilemme opposant devoir et éthique, le Seigneur Loup devra trancher (c’est le cas de le dire), bien qu’il lui en coûte. Un bon point à l’élève Lee pour avoir traité cet aspect de la reconquête galactique par les armées de Pépé, et ne pas s’être contenté d’une happy end à la Star Wars1 comme d’autres auteurs auraient pu le faire.

En plus de cela, on apprend pas mal de chose sur la 13ème Compagnie des Space Wolves, et sur la figure semi-connue de Bulveye2, qui reviendra jouer les seconds couteaux dans la novella Leman Russ : Le Loup Suprême de Chris Wraight. On notera également que la diction3 du Wulfen, utilisée par Bulveye comme special move pour vaincre l’Archonte adverse, semble avoir été mise sous contrôle par les Longues Barbes depuis les événements de Dulan. Au temps où cette nouvelle a été écrite, je doute que la BL ait été aussi stricte dans son contrôle éditorial qu’elle ne l’est aujourd’hui, et il est donc heureux que les pièces du puzzle continuent à s’agencer sans trop de friction après toutes ces années.

On regrettera toutefois que les Eldars Noirs convoqués par Mike Lee pour donner le change aux fiers loulous aient été dépeints par l’auteur comme de frêles et grêles brêles, facilement mis en échec par une poignée de Space Wolves déterminés (la palme revenant au Frère Ranulf, qui a défendu en solo le Raider de l’équipe contre des vagues de Xenos sans aucun problème). Cela permet certes de recontextualiser le potentiel des Astartes, mais un peu plus d’équilibre dans le rapport de force aurait été appréciable.

1 : Il aurait été marrant que les Ewoks refusent également de rejoindre la Résistance après le banquet d’Endor, et se soient faits massacrer par la flotte rebelle en représailles. Mais cette galaxie fort lointaine a toujours été des plus gentillettes…
2 : Petit problème de continuité fluffique, dans l’œuvre de Wraight, Bulveye a été démis de ses fonctions de Seigneur Loup et n’est plus que le bras droit de Jorin Bloodhowl. L’âge de la retraite avait-il sonné pour notre vieux guerrier ?
3 : Non pas que les performances ortophoniques de ces petits êtres poilus soient au cœur des débats, mais je ne peux pas trancher s’il s’agit d’une béné- ou d’une malé-diction.

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Scions of the Storm // Les Descendants de la Tempête – A. Reynolds :

INTRIGUE:

Scions of the Storm

J+30 après Monarchia pour la 47ème Flotte d’Exploration impériale. Menée par Lorgar et ses Word Bearers, l’expédition a atteint un monde humain prestement renommé 47-16 par les scribes du bord. Envoyé à la surface de la planète pour prendre le pouls de la convertissabilité des autochtones, Kor Phaeron, Premier Capitaine de la Légion, a émis un jugement sans appel sur les ploucs en question à son retour en orbite : des païens indécrottables, dont on ne pourra jamais rien tirer. Sans savoir que le père adoptif et confident de Lolo, qui boude dans sa chambre depuis qu’il a reçu une paire de mandales paternelles sur Monarchia1, suit son propre agenda (HelloKitty), l’idéaliste Capitaine Sol Talgron s’oppose à l’approche génocidaire préconisée par Kor Phaeron, et le duel de regards qui s’ensuit n’est interrompu que par le susurrement d’Erebus, qui informe le conseil de guerre des Porteurs de Moe que le Primarque devra être consulté sur ce point. À peine le temps pour les Capitaines rassemblés de sortir de la pièce et de se diriger vers leurs quartiers respectifs que ce coquinou de Premier Chapelain re-convoque tout son monde, et explique à l’assemblée que Lorgar a donné son feu vert pour annihiler la civilisation en contrebas (qui pourtant avait accueilli plutôt favorablement le projet de rejoindre l’Imperium), sous prétexte que l’Empereur souhaite désormais que la 17ème Légion accélère son rythme de mise en conformité. Interloqué par cette décision, Sol Talgron se plie toutefois sans broncher à cette dernière, et s’en va préparer ses hommes au prochain assaut.

Après une journée de bombardements intensifs, ayant fait chuter la démographie de 47-16 de 98%, il est temps pour les Astartes d’aller finir le job de plus près, le temple-capitale de la planète étant protégé par un champ de force trop puissant pour que les macro-canons de la flotte puissent en venir à bout. Et c’est là que les ennuis commencent pour les Word Bearers, dont le zèle ardent n’est cependant pas tempéré de beaucoup de sens tactique, ce qui leur posera les problèmes que l’on sait pendant la Croisade des Ombres. Nous suivons donc Sol Talgron et sa Compagnie lors de leur approche de l’objectif, pendant que les autres forces d’assaut impériales convergent sur l’ultime bastion adverse dans la confusion la plus totale. Certains par Stormbirds, d’autres par Drop Pods, on voit également des tanks lourds et des Titans se joindre à la curée, pendant que la flotte impériale continue de bombarder la cité. La définition même d’un overkill, même si dans ce cas précis, ce sont les impériaux qui paient le plus lourd tribut. Les défenseurs peuvent en effet compter sur leur maitrise de la foudre et de la robotique pour mettre des bâtons dans les roues et des éclairs dans les joues des assaillants, leurs marcheurs de combat montés sur trépied se révélant aussi coriaces que mortels pour les Word Bearers et leurs alliés. Cela n’empêche pas Sol Talgron et ses compagnons de l’escouade de vétérans Helikon2 de se frayer un chemin jusqu’au périmètre extérieur du temple, notre héros se mangeant quelques décharges bien juteuses en chemin. Grâce à l’éclair de génie (haha) du Sergent Kal Badar, il parvient tout de même à pénétrer dans le saint des saints adverse, le sabotage de quelques uns des paratonnerres locaux affaiblissant momentanément le bouclier protecteur et permettant à nos héros de se jeter (littéralement) à l’intérieur…

Début spoiler…Une fois remis de leurs émotions, Sol et ses hommes se dirigent vers le cœur du complexe, s’arrêtant en chemin pour émettre des jugements peu aimables sur la statue géante du dieu de la foudre vénéré par les locaux. Dans l’espèce de pyramide centrale sont réfugiés les survivants de 47-16, qui occupent leurs dernières heures à vénérer leur déité païenne sous le commandement d’un prêtre rabougri. Cherchant à mettre fin au massacre de façon diplomatique, Sol Talgron engage la conversation avec ce dernier, et ne tarde pas à réaliser, copie du Lectitio Divinatus locale à l’appui, que la population de la planète vénérait bien l’Empereur, sous la forme d’un dieu des tempêtes. Après tout, le symbole de Pépé n’est-il pas un éclair ? Bon, ça ne pardonne pas l’utilisation par les auto-proclamés Descendants de la Tempête de robots autonomes, une faute lourde dans le règlement intérieur de l’Imperium, mais Sol est convaincu que le malentendu peut être réglé à l’amiable (enfin, un amiable ayant fait près de 200 millions de morts, tout de même), si l’aimable vieillard consent à le laisser expliquer la situation à ses collègues et à désactiver son bouclier. Ce dernier accepte, après avoir reçu la promesse de la part du Capitaine que ses derniers fidèles seront épargnés par les Word Bearers.

Au bout de quelques minutes d’attente la 1ère Compagnie de la Légion se téléporte en full armure Terminator dans le temple, suivie de Lorgar et d’Erebus. La simple vue du Primarque fait blémir l’ayatollah local, sans doute capable de percevoir la corruption grâce à ses super pouvoirs de personnage secondaire qui va mourir dans les minutes qui vont suivre sans pouvoir prévenir le héros. Ce dernier, transporté par la présence de l’Urizen, aussi appelé le Doré, aussi appelé l’Oint par ses fils (et Ouin Ouin par ses frères), sous ses abords débonnaires et prévenants, semble bien trop satisfait de lui-même pour tromper le lecteur sur la fin de la nouvelle. Et en effet. Après une courte promenade avec Sol Talgron, il ordonne à Erebus d’égorger le prêtre et à Kor Phaeron de descendre les Descendants, avant d’annoncer à notre héros, un peu ébêté, qu’il aura besoin de son absolue loyauté dans le futur, et qu’il est en train de finir un nouveau bouquin, beaucoup plus abouti que le Lectitio Divinatus, dont le titre de travail est le Livre de Lorgar (en toute simplicité). Il ne manque plus qu’un petit éclat de rire maléfique pour faire comprendre au vraiment très gentil Sol Talgron que son boss n’est plus le même. En tout état de cause, il est plus que probable que l’intègre Capitaine ne finisse pas l’Hérésie en un Sol morceau…Fin spoiler

1 : Au moment où Reynolds a écrit cette nouvelle, l’affaire n’avait pas encore été mise en scène comme l’humiliation publique et générale subie par la Légion dans son ensemble, sous la plume d’Aaron Dembski-Bowden (Le Premier Hérétique). De même, aucun Custodien ne viendra pointer le bout de son casque ici, ce qui aurait peut-être permis aux quaranteseptseiziens de mieux s’en tirer…
2 : Appelée ainsi en hommage à l’instrument dont joue Lorgar dans la fanfare primarquielle.

AVIS:

Difficile de juger cette très ancienne nouvelle traitant des Word Bearers au moment de leur basculement du côté sombre du Warp sans la comparer à ce qui a suivi, et qui est à mes yeux de bien meilleure facture. Au-delà des éléments fluff qui ont été modifiés ou réécrits depuis, et desquels Anthony Reynolds n’est pas responsable1, le récit du martyr de 47-16 n’apparaît pas comme particulièrement intéressant, à l’image de Sol Talgron, héros bien brave et bien honnête, qui passe son temps à tomber du ciel et des nues. Si la révélation finale permet au moins d’acter la déchéance consommée de Lorgar, elle se trouve amoindrie, comme le reste de la nouvelle, par des considérations logiques venant mettre à mal les efforts de l’auteur pour nous vendre du rêve et du mystère. Ainsi, j’ai du mal à m’expliquer comment une planète décrite comme ayant été isolée du reste de l’humanité pendant…un certain temps2 a réussi à récupérer une copie bootleg du Lectitio Divinatus, et à se convertir au culte de l’Empereur (en construisant des statues d’un kilomètre de haut pour marquer sa foi) dans l’intervalle de quelques décennies séparant l’écriture du bouquin et l’arrivée de Lorgar. Bref, ça tient globalement la route, et Reynolds se fend d’un petit coup de théâtre conclusif, ce qui est toujours appréciable, mais il ne s’agit pas d’aller trop dans les détails de ce Scions of the Storm si on veut que l’illusion opère.

1 : Bien qu’un esprit joueur pourrait lui sortir la phrase qu’il a mis dans la bouche de Kor Phaeron dans cette histoire : « l’ignorance n’excuse pas le blasphème ».
2 : Première phrase : « for countless millenia ». Deuxième phrase : « for over four thousand years ». À ce rythme, on en aurait fini sur un « depuis jeudi dernier » si cette nouvelle avait été un roman. C’est peut-être anodin pour l’histoire en elle-même, mais ça ne fait pas très sérieux.

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The Voice // La Voix – J. Swallow :

INTRIGUE:

The VoiceSur l’Aeria Gloris, l’ambiance est lourde et la parole rare. Ceci est notamment dû à la fonction de ce vaisseau et à la nature de son équipage, respectivement assurer le ramassage solaire des Psykers sauvages de l’Imperium, et Sœurs du Silence, mais pas que. L’expérience horrifique vécue par nos héroïnes, la novice Leilani Mollitas et sa maîtresse d’alternance Amendera Kendel sur Luna il y a quelques semaines, où elles ont vu la lune de l’agent infectieux ramené par cet arriviste de Garro après sa fuite éperdue d’Isstvan, pèse en effet sur leur conscience, tout comme la nouvelle de la trahison du Maître de Guerre. Et, si Kendel, en sa qualité d’Oblivion Knight, ne peut s’épancher sur cette expérience traumatisante1, Mollitas, qui n’a pas encore prêté le Serment de Tranquilité, est libre de vider son sac, ce qu’elle ne se prive pas de faire. Car la jeunette est bavarde, ce qui risque de compliquer la suite de son parcours professionnel, mais passons. La séance thérapeuthique est toutefois interrompue par l’arrivée de Thessaly Nortor, adjointe de direction de Kendel, qui permet à Swallow d’en venir aux faits de sa nouvelle. L’Aeria Gloris a été envoyé s’enquérir du destin du Validus, autre Vaisseau Noir ayant cessé de donner des nouvelles depuis plusieurs semaines, et donc supposé perdu corps et biens (et âmes). Le Validus étant chargé à ras bord de Psykers au moment de sa disparition, les autorités compétentes n’ont rien voulu laisser au hasard et la mission des Dagues de Tempête de Kendel est de localiser, sécuriser ou oblitérer le vaisseau égaré ou damné. Fait rare, et à la limite du blasphématoire pour les muettes à chignon, la dernière transmission du Validus contenait un message audio dans lequel on entend une Sœur parler et mettre en garde ses auditeurs contre « La Voix… LA VOOO !!! ». Voilà qui est bien étrange et sinistre.

Au prix d’une entourloupe fluffique ayant pour but de renforcer l’ambiance lourde de son récit, Swallow enchaîne en permettant à l’Aeria Gloris de localiser sa proie dans le Warp et de s’amarrer à ce dernier dans le Warp (toujours), après une savante manœuvre visant à la mise en commun des champs de Geller des deux vaisseaux. Je ne suis absolument pas convaincu que cela soit possible, mais sinon, la nouvelle se termine sur une photo de Kendel en train de faire : ¯\_()_/¯, alors on lui fera grâce pour cette fois. Téléportée avec son escouade sur le Validus, Kendel ne met pas longtemps à se rendre compte que quelque chose de pas très funky s’est passé sur le vaisseau, comme démontré par la poutre d’acier vieille de plusieurs millions d’années que la taskforce trouve sur son chemin vers l’animalerie de bord. OK, ce n’est qu’un signe parmi le tombereau de manifestations flippantes que les Sistas croisent lors de leur balade dans le cargo abandonné, mais c’est le premier alors autant commencer par là.

Etant parvenues jusqu’au pont de commandement, après avoir euthanasiées par le feu un mastiff charognard et constaté que certains membres de l’équipage ne sont pas morts, mais en état végétatif, Kendel et son crew se repassent les dernières entrées du capitaine de bord, et apprennent que le Validus a pris position dans le Warp, étrangement calme à cet endroit, suite à la réception d’un ordre siglé S.O.S2, un peu bizarre dans sa formulation, mais néanmoins tout à fait valide. Malheureusement, l’expérience a eu des effets indésirables sur la cargaison de Psykers, dont certains ont été libérés par des interventions mystérieuses, et foutus un boxon monstre à l’intérieur du vaisseau. Ce constat angoissant est encore renforcé de la découverte par Mollitas des astropathes de bord, pendus dans leur studio. Il en faut toutefois plus pour décourager Kendel d’enquêter sur le sort de l’équipage de Sœurs du Validus, placé sous le commandement de son ennemie intime, cette pimbêche d’Emrilia Herkaaze. Les Jeannettes reprennent donc leur route dans la joie et la bonne humeur, en chantant (dans leur tête évidemment), Un Kilomètre À Pied.

Après avoir réchauffé un cryokene complètement givré (en même temps…) en chemin, Kendel et ses oies finissent par localiser une Sœur isolée, plongée dans une méditation profonde au milieu d’un couloir. Ô surprise, il s’agit de Herkaaze, qui émerge de sa transe à l’arrivée des renforts, et leur explique qu’elle a ordonné à ses suivantes d’établir un cordon anti-psy dans le vaisseau pour empêcher le Gestalt, ou l’agglomérat de psykers, situé un peu plus loin d’accéder au pont de commandement. Maintenant que les renforts sont arrivés, l’autoritaire Serre Blanche, qui en veut toujours à Kendel du souvenir cuisant de leur opération commune sur Sheol Trinus, est déterminée à régler le problème une fois pour toutes, même s’il faut pour cela laisser la fidèle Nortor faire des salutations à la lune en arrière garde pour ne pas briser le périmètre de sécurité…

Début spoiler…Kendel, Mollitas et Herkaaze parviennent, après de durs combats contre la ménagerie de Psykers perturbés errants dans les couloirs, jusqu’à leur objectif, que l’on peut littéralement décrire comme un groupe de parole. En effet, une assemblée de Psykers contrôlés par le même esprit est en train de danser un an dro dans un hangar, faisant signer à Herkaaze la phrase fatidique (mais attendue avec ferveur par votre serviteur). Contrairement à ses petits camarades de jeu, le Gestalt, ou la Voix, ne semble pas intéressée par l’annihilation des Nulles l’ayant débusquée dans sa tannière. Au contraire, elle insiste qu’elle doit communiquer un message très important à rien de moins que l’Empereur, car elle vient d’un futur pas vraiment lointain mais définitivement en guerre, que ses révélations pourraient permettre de contrecarrer. Déjà pas franchement encline à l’écoute bienveillante d’un ramassis de Psykers à la mentalité d’un banc de sardines, Herkaaze manque de s’étouffer dans son fluff lorsque la Voix déclare qu’elle est en fait la manifestation psychique de Mollitas, qui a trouvé un moyen de voyager dans son passé pour tenter de circonscrire l’Hérésie d’Horus. C’en est trop pour la puritaine Herkaaze, qui pourfend Mollitas jeune en hurlant signant ~C’EST PAS SUR TARAAAAAAAAN !!!!~, provoquant une réaction en chaîne spatio-temporelle menant à une…extinction de Voix (badum-tss). Dans la panique générale qui s’en suit, Kendel tombe dans un trou et se cogne la tête, tombant dans une inconscience bien pratique pour insérer une petite ellipse.

Et comme par hasard, lorsqu’elle revient à elle, c’est dans une cuve de bacta de l’Aeria Gloris. Face à elle, cette voyeuse d’Herkaaze, ayant elle aussi survécu au voyage retour, a l’amabilité de la briefer sur la fin de l’expédition. Secourue par Nortor, qui l’a ramenée au prix de sa propre vie sur l’Aeria Gloris, Kendel a passé plusieurs jours à récupérer de sa mauvaise chute. Herkaaze et quelques unes de ses Serres Blanches ont réussi à s’échapper du Validus, détruit par une vague de senescence accélérée en utilisant des capsules de survie3. Toujours choquée par le meurtre de sa novice de la main de sa rivale, Kendel l’est encore plus par la prise de parole de cette dernière, qui ce faisant brise son Vœu de Tranquilité. Herkaaze semble avoir été durement éprouvée par l’expérience du Validus, et s’en va en murmurant sur la nature divine de l’Empereur, autre signe manifeste d’un esprit dérangé. Kendel aura tout loisir de régler ses comptes avec sa collègue une fois qu’elle aura décuvé…Fin spoiler

1 : Durant laquelle elle a failli prendre la mouche.
2 : Sisters of Silence, évidemment.
3 : Qui doivent donc disposer de leurs propres champs de Geller (à moins qu’une Sœur du Silence suffise à le remplacer).

AVIS:

Étrange nouvelle que ce The Voice, dans laquelle James Swallow parvient à faire du très bon comme du très mauvais. Parmi les bons points, mettons au crédit de l’auteur l’ambiance angoissante savamment instillée et maintenue pendant les trois quarts de son récit, ainsi que les nombreux éléments de fluff touchant à l’organisation des Sœurs du Silence et des Vaisseaux Noirs égayant ce dernier. À l’inverse, Swallow prend parfois des libertés excessives avec ce même fluff pour faire tenir son intrigue, et son utilisation d’une boucle spatio-temporelle en guise de rebondissement final m’est apparue comme assez grossière. Outre le fait que ce genre de procédé génère invariablement des paradoxes et questions que même les plus grands esprits de la SF (catégorie à laquelle James Swallow n’appartient pas) ont du mal à cadrer de façon satisfaisante, la nature même de la voyageuse temporelle vient encore complexifier l’opération décrite par l’auteur. En l’état, mon ressenti à la deuxième lecture (la première ayant suscité une réaction bien plus tranchée de ma part) de The Voice est que Swallow en a trop ou pas assez dit sur cette histoire de voyage temporel. Il s’agit typiquement d’un sujet qui devrait être couvert dans un roman, et pas dans une nouvelle d’une soixantaine de pages (dans laquelle cette révélation occupe royalement cinq pages au total, qui plus est). Peut-être que la suite des aventures de Kendel (pas encore lue de ma part au moment de l’écriture de cette chronique) a vu James Swallow creuser un peu cette histoire, mais pour l’heure, c’est trop nébuleux pour mériter un pouce vert.

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Call of the Lion // L’Appel du Lion – G. Thorpe :

INTRIGUE:

Call of the Lion

Notre propos commence par l’arrivée, aussi lente que vigilante, d’une Flotte d’Exploration commandée par Astelan des Dark Angels dans un système solaire quelconque. Car, mine de rien, même une armada de supers vaisseaux remplis jusqu’à la gueule de super soldats a la tête dans le Warp à son retour dans le Materium. Ayant réussi leur insertion dans l’espace réel du système DX-619, les inflexibles croisés se dirigent posément vers le soleil local, où les attend peut-être une civilisation humaine à ramener dans l’ample giron de l’Imperium. Astelan, qui en a vu d’autres, ne se berce pas de grandes illusions quant aux chances de découvrir une planète colonisée si loin du centre galactique, mais il reste de son devoir d’investiguer le moindre indice et signal radio capté par les auspex impériaux. Aussi, lorsque la confirmation tombe enfin qu’une des planètes de DX-619 accueille bien une vie intelligente, c’est l’effervescence parmi les Übermen in Black. C’est également l’occasion pour Astelan d’inviter à bord de sa barge de bataille son homologue Belath, que le haut commandement de la Légion lui a collé dans les pattes il y a seulement deux semaines.

À son arrivée, Belath est contraint de briefer son vieux collègue sur les dernières tendances de la mode calibanite, qu’Astelan (qui est Terran) n’a pas suivi d’un œil attentif. Une fois expliqués son héraldique et sa couleur de fond d’écran d’épaulière, certes moins austères que la moyenne, Belath emboîte le pas de son hôte jusqu’au Strategium de la Spear of Truth, où les deux officiers supérieurs doivent mettre de côté leurs approches divergentes – Astelan plaidant pour une approche discrète et conciliante, Belath pour un assaut frontal en bonne et due forme – pour accoucher d’un mode opératoire cohérent. Sur le chemin, Astelan ne résiste pas à la tentation de frimer en montrant à son collègue les portes en bois gravé qu’il a fait installer à l’entrée de la salle de réunion, et qu’il a réalisées de ses propres mains. On s’en fout certes, mais c’est tout de même une information ESSENTIELLE. Après moultes palabres, le vétéran parvient à convaincre le jeunot de monter une opération de reconnaissance furtive, dont le but sera de capturer quelques locaux pour leur extorquer des informations sur leur planète. Cette dernière semble en effet dépourvue d’une autorité centrale, compliquant la tâche des missionnaires de Pépé. Heureusement, le lion sait aussi se faire renard quand l’occasion le nécessite…

Début spoiler…Mais un renard myope, comme Astelan, qui a tenu à être le premier à prendre pied sur ce nouveau monde, tel un Christophe Colomb à deux cœurs ou un Neil Amstrong en armure énergétique, ne tarde pas à le découvrir. Car la petite ville à côté de laquelle les Astartes se sont posés en mode sneaky1 se révèle être un camp militaire, qui réagit comme tout camp militaire digne de ce nom à cette intrusion : par une attaque massive. Bien que les Space Marines, d’abord surpris par le tour pris par les événements, réussissent sans trop de mal à repousser les assauts des bidasses en furie2, et à retourner en orbite pour réviser leurs plans, cette opération a été un monumental fiasco, qui risque de compliquer fortement la réception du message pacifiste prôné par Astelan. De son côté, Belath piaffe d’impatience à l’idée de conquérir son premier monde, et il faut tous les talents d’orateur d’Astelan, ainsi qu’un bon front contre front pour asseoir sa domination, pour give peace (another) chance, comme le chantaient les Nonnes Jaunes (le groupe préféré de Lionel). Bien que Belath accepte une nouvelle fois l’approche non-violente (en tous cas, pas intentionnellement) de son collègue, le courant est rompu entre les deux hommes, le Calibanite menaçant ouvertement le Terran d’aller le cafter auprès du Primarque.

Après quelques jours passés à organiser une entrevue entre les impériaux et le Comité des Nations de Byzanthis (les Dark Angels auront au moins appris quelque chose pendant leur séjour), Astelan et Belath reçoivent enfin l’autorisation de se rendre, seuls et sans armes, devant l’auguste assemblée pour plaider leur cause. Si le premier tente de faire amende honorable pour convaincre ses interlocuteurs de la méprise ayant conduit la Légion Etrangère à massacrer quelques milliers de soldats locaux, et de présenter l’Imperium de l’Humanité sous un jour attrayant, Belath n’appuie pas vraiment les efforts de son coéquipier. Pire, il devient rapidement clair qu’il a ordonné à ses propres vaisseaux de se placer en orbite basse au dessus des grandes villes de Byzanthis, ce qui a déclenché une paranoïa bien compréhensible de la part des délégués. Et lorsque l’une d’entre elles appelle le service d’ordre pour emprisonner les Dark Angels afin de pouvoir négocier leur libération avec les Impériaux, Belath se fait une joie d’inviter ses potes Terminators, avec des conséquences tragiques pour le Comité. Pris de court par les événements, Astelan ne peut qu’ordonner à ses troupes d’assister celles de Belath dans la mise en conformité de Byzanthis, de la façon la plus sanglante qui soit. Ce n’est cependant pas la fin des emmerdes pour notre héros, à qui son homologue révèle en conclusion de la nouvelle qu’il l’a balancé à l’IGPN de la Légion, et peut donc s’attendre à une enquête approfondie sur son cas dans les mois qui viennent. Ah, les tensions dans les familles recomposées…Fin spoiler

1 : Tellement sneaky que la première chose qu’ils ont fait a été d’envoyer des jet bikes et des Land Speeders vrombir aux alentours. C’est un peu comme vouloir aller observer la nature en 125.
2 : La bataille se terminera sur le score sans appel de 2780 morts à 3.

AVIS:

Construit autour d’une idée intéressante, même si pas vraiment originale1, Call of the Lion réussit à être par moment très bien fichu (l’approche de la flotte, qui permet à Thorpe de rappeler à tout le monde que les manœuvres hyper véloces à la Star Wars n’ont pas lieu d’être dans les ténèbres de notre lointain futur) et pertinent (la confrontation des points de vue entre les deux Commandants, qui souligne une des causes ayant pu mener à la scission des Dark Angels pendant l’Hérésie, et illustre les difficultés pour les Légions Space Marines de former un tout cohérent après la découverte de leur Primarque et l’intégration de « ses » guerriers), et assez quelconque le reste du temps (la bataille de Saivrémenpadbôl, qui occupe un bon tiers du récit). À trop vouloir intégrer le propos de cette nouvelle dans son arc Dark Angels (Astelan étant l’un des personnages principaux d’Angels of Darkness, publié trois ans plus tôt par la BL), et notamment sa rivalité avec Belath, Thorpe affaiblit la fin de son histoire, qui semble se terminer sur un cliffhanger plutôt que sur une ouverture – ce que Lee avait réussit à faire dans Wolf at the Door. Cela étant, l’ensemble reste assez solide, en particulier quand on le compare au standard habituel de Thorpe, qui démontre une fois encore qu’il est le maître de la contextualisation des voyages et manœuvres spatiaux, un talent malheureusement assez peu répandu parmi les contributeurs de la Black Library. Notons pour finir que le titre de la nouvelle est passablement trompeur, Lionel n’apparaissant nulle part dans l’intrigue, ni ne décrochant son téléphone pour passer un coup de fil aux héros. Peut-être est-ce cette balance de Belath qui a réussi à joindre le Primarque pour cafarder sur son camarade, mais dans ce cas là, il aurait été plus juste de parler de l’Appel au Lion (poil au croupion).

1 : Mike Lee ayant eu la même pour son Wolf at the Door, qui malheureusement pour Gav, précède sa nouvelle dans Tales of Heresy.

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The Last Church // La Dernière Église – G. McNeill :

INTRIGUE:

The Last ChurchIl n’est pas loin de minuit dans l’Eglise de la Pierre Foudroyée, comme le constate le Père Uriah Olataire en allumant les cierges du saint lieu. Un seul coup d’œil au coucou suisse cassé qu’il a volé à son propriétaire légitime lors de sa folle jeunesse suffit à notre héros pour se rendre compte que l’heure est grave, très précisément minuit moins deux sur l’horloge de l’apocalypse. Lorsqu’elle se mettra à sonner, l’a prévenu l’horloger auquel il a dérobé l’artefact, cela chauffera dans les chaumières. En attendant, Olathaire se prépare à célébrer la messe de minuit dans une profonde solitude, aucune de ses ouailles n’ayant jugé bon de braver la tempête sévissant cette nuit là pour monter au sommet du Ben Nevis1 assister au sermon de notre écclésiastique. Plus que sur les conditions climatiques ou le denivelé, il faut mettre cette désertion sur le compte des commandements laïques édictés par ce soi-disant Empereur, ayant conquis presque tout Terra pour y imposer son joug athée. Résolu à accomplir tout de même son office, Uriah est interrompu par l’arrivée d’un visiteur, se présentant sous le nom de Révélation, et venu avec quelques amis patientant tranquillement sur le parvis, discuter avec le prêtre de la dernière église terrane avant que cette dernière ne soit réduite en cendres. Du tourisme de l’apocalypse en quelque sorte…

Début spoiler 1…Ravi d’avoir un peu de compagnie, Uriah engage la discussion avec l’intrigant voyageur, qui ne met pas longtemps à exprimer ses vues résolument séculières et rationnelles à son hôte. S’engage alors une joute enfiévrée voyant les deux hommes échanger leurs arguments sur les mérites et les dangers de la foi. Guère convaincu par l’exhibition de la pierre sacrée dont l’église tient son nom, Révélation se montre cependant disposé, après un petit whiskey, à écouter Uriah lui raconter le soi-disant miracle dont il a été témoin lors de sa jeunesse, et qui l’a poussé à endosser le surplis. Notre prêtre était de son propre aveu une canaille en son jeune temps, et s’était piqué de voyager à la recherche de contrées pas encore assujetties au règne de l’Empereur, qui avait à cette époque déjà conquis la majeure partie de l’Europe. N’ayant réussi à rien d’autre qu’à se faire jeter d’une falaise italienne par un Guerrier Tonnerre dont il avait traité la maman de gorille, l’infernal Ecossais était revenu chez lui pour un temps, avant de repartir pour se faire soldat dans toute armée de résistance à la tyrannie impériale qui voudrait bien le prendre. Et, comme de juste, il avait trouvé avec qui parler en se rendant en France (Franc dans le texte), un Etat connu dans le monde entier pour la belligérance de ses habitants. C’est ainsi qu’il s’était retrouvé mêlé à un soulèvement local, vite écrasé dans le sang par la patrouille de Guerriers Tonnerre de la région. Seul survivant du massacre, Uriah avait repris connaissance dans une forêt et vu une figure lumineuse s’approcher de lui pour tenir à peu près ce langage : « Yo dog, we cool now ? ». Transporté par cette expérience extraordinaire, il avait abandonné sa vie de marginal pour obéir au commandement divin qu’il était certain d’avoir reçu dans cette clairière abandonée.

Cette émouvante anecdote ne convainc cependant pas Révélation de baisser sa garde, et il continue à critiquer les ravages de la religion2 à travers l’histoire avec tant de hargne que le bon prêtre finit par lui montrer la porte. Comprenant qu’il a épuisé la patience de son hôte, le visiteur laisse alors tomber le masque et se révèle être…

Début spoiler 2…L’Empereur en personne. Sous sa forme néon de cabine d’UV, qui plus est. Il ne faut pas longtemps à Uriah pour réaliser que c’est lui qu’il a vu dans la forêt il y a toutes ces années, et qu’une mauvaise interprétation a conditionné toute sa vie jusqu’à ce moment. C’est la lose. Un peu hébété par cette…épiphanie, le prêtre accepte de suivre Pépé à l’extérieur de l’église, et d’enfin souscrire à sa vision du monde… jusqu’à ce que l’Empereur lui révèle son grand projet de conquête de la galaxie, à laquelle Uriah ne croit pas du tout. Et lorsque le puissant monarque répond à la question « pourquoi ? » par un pauvre « parske-euh », le charme est définitivement rompu. Uriah préfère donc retourner dans son église, incendiée par les Guerriers Tonnerre amenés en renfort par leur boss, plutôt que de donner la satisfaction d’une victoire morale à son contradicteur. Ainsi brûle la dernière église de Terra, au son prophétique du coucou de l’apocalypse…Fin spoiler

1 : Pure supposition de ma part, mais McNeill, qui s’est donné pour mission de vendre son Écosse natale dans l’univers de 40K, donne quelques indices supportant cette thèse.
2 : On apprend à cette occasion qu’au 30ème millénaire, les gens se souviennent encore de Béziers. C’est tout de même la classe.

AVIS:

Je ne sais pas si la GW-Fiction sera un jour considérée comme autre chose que de la littérature de gare (ou de spatioport, pour rester dans l’ambiance), mais je peux déjà m’avancer en plaçant The Last Church parmi les « classiques » de ce sous-sous-sous-sous-genre. Car McNeill réussit ici à livrer un texte aussi surprenant qu’intéressant et profond (toute proportion gardée, bien entendu), et justifie ainsi son positionnement parmi les meilleurs contributeurs de la Black Library… quand il s’en donne les moyens1.

Cette nouvelle est surprenante, car elle est (presque) totalement non-violente, et place le lecteur dans une situation des plus inhabituelles pour la littérature millénariste de Games Workshop : foin d’héroïques Space Marines, de courageux soldats impériaux, d’inflexibles Inquisteurs, ou de civils apeurés2 ici, seulement un vieux prêtre et son visiteur inattendu, dialoguant des mystères de la foi et des conséquences, aussi positives que négatives, que cette dernière a eu pour l’humanité depuis l’aube des temps. Si les arguments convoqués par les débatteurs ne sont pas à placer au pinacle de la réflexion philosophique ni au sommet de l’art oratoire, il faut tout de même reconnaître que McNeill réussit à faire passer cet échange de façon distrayante et parfois instructive pour le lecteur, ce qui n’était pas couru d’avance pour un auteur spécialisé dans l’art délicat du grimdark d’action. Autre surprise et prise de risque, à mes yeux concluante, de Graham McNeill, son utilisation du personnage le plus central et intouchable de l’univers de 40K, Pépé 1er. La véritable identité de Révélation sera comprise par le lecteur plus ou moins tôt dans la nouvelle, en fonction de sa connaissance du fluff et de son attention aux petits indices égrénés par McNeill, mais la véritable surprise demeure ce choix de mettre l’Empereur à hauteur d’homme le temps d’une nouvelle, et de le laisser s’exprimer assez longuement au cours de cette dernière, alors que la norme avait jusqu’ici été de cantonner MoM à l’élément de décor3, balançant de temps à autres une phrase d’une infinie sagesse pour le bénéfice du fanboy transi. Ici, ce dernier en aura vraiment pour son argent, et The Last Church constitue encore à ce jour l’un des textes où Big E est le plus disert, ce qui en fait un passage quasi obligé pour tout citoyen impérial qui se respecte.

Cette nouvelle est également intéressante, car elle couvre de nombreux aspects des Luttes d’Unification, sorte de préhistoire impériale pendant laquelle de nombreux événements ont été mis en branle qui trouveront leur conclusion dans les siècles et millénaires suivants. Qu’il s’agisse de détails géographiques, historiques ou personnels, l’éclairage apporté par les souvenirs du Père Olathaire est précieux pour le fluffiste acharné, ou simplement curieux d’en apprendre un peu plus sur la manière dont Pépé a enfin tapé du poing énergétique sur la table pour réaliser son rêve galactique. En matière de construction narrative, McNeill parvient également à tirer son épingle du jeu en maintenant du suspens jusqu’à la fin de son récit. Comment Olathaire va-t-il réagir à sa propre révélation, lorsqu’il comprendra que son miracle personnel, sur lequel sa foi s’appuie, n’était en fait qu’une rencontre furtive entre un survivant en état de choc et un Empereur parti faire un tour en forêt ? Tout se joue dans les dernières lignes de la nouvelle, faisant de cette dernière une des plus abouties de McNeill de ce point de vue.

Enfin, cette nouvelle est profonde, et confine parfois à l’ironie, à travers le discours tranché livré par Révélation sur la religion et ses méfaits. Quand on sait comment l’histoire se termine, ou en tout cas se poursuit après cet ultime incendie d’église par un païen à cheveux longs4, la laïcité militante de l’Empereur apparaît comme le plus gros You had ONE job de l’histoire de l’humanité, tout comme son horreur absolue de l’Inquisition… Encore plus intéressant est le renversement de situation opéré par McNeill dans les dernières pages de la nouvelle, lorsque le jusqu’ici très rationnel Empereur ne peut justifier son projet de conquérir la galaxie par un « je sais que j’ai raison » assez minable, qui vient ruiner tout son argumentaire nocturne, et pousse finalement son interlocuteur à demeurer fidèle à sa foi, et à prendre son congé en prévenant Révélation qu’il deviendra sûrement ce qu’il s’était juré de détruire. Warhammer 40.000 étant un univers reposant à bien des égards sur de profonds paradoxes, l’exposition d’un des plus centraux de ces derniers prouve, si besoin était, l’excellente compréhension que Graham McNeill a du cadre dans lequel il évolue. Cela peut certes sembler banal pour le lecteur, mais la BL a connu son lot de soumissions ratées à cause de connaissances trop légères de la part de ses contributeurs : il faut donc reconnaître un auteur « bien (in)formé » quand on en croise un. En définitive, The Last Church se positionne très sérieusement comme l’une des meilleures nouvelles signées McNeill de l’Hérésie d’Horus, et peut-être même de sa production totale pour le compte de la Black Library.

1 : Car il y a tout de même beaucoup de scories dans sa production, vous ne m’en ferez pas démordre.
2 : Probablement parce qu’ils ont tendance à tomber comme des mouches dès lors que les trois autres catégories de personnages sont présents.
3 : Du genre luminaire, si on doit en croire sa propension à générer des flashs aveuglants.
4 : C’était bien la peine d’exterminer les Scandinaves pour leur piquer leurs traditions ancestrales.

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After Desh’ea // Après Desh’ea – M. Farrer :

INTRIGUE:

Après Desh'ea

Un sombre sentiment étreint les cœurs du fier Khârn et de ses compagnons War Hounds alors qu’ils patientent dans la salle d’attente du Conqueror. Pas de la peur, non (après tout, ils ne peuvent pas ressentir cette émotion, pas vrai ?), mais une certaine appréhension à l’idée de rencontrer pour la première fois leur Primarque perdu, le colérique Angron, que l’Empereur a téléporté chez ses fils en coup de vent avant de repartir vers sa Grande Croisade, justifiant son départ précipité pour Aldebaran par la nécessité de ne pas rater sa correspondance avec la 37ème. Le tout griffoné sur un post-it maculé de sang et collé sur la porte de la salle où Angron fait les cent pas et les quatre cents coups. Les tragédies causées par les parents démisionnaires…

Par le jeu des successions déclenché par le massacre systématique de tous les émissaires envoyés par les War Hounds se présenter au Primarque, Khârn est maintenant en charge de réussir là où ses supérieurs et camarades ont échoué au cours des heures précédentes. Faisant fi des conseils de prudence de ce planqué de Dreagher, le Capitaine toque à la porte, entre discrètement, et s’avance de quelques pas pour essayer d’apercevoir son père génétique. S’ensuit une conversation honnête et amicale entre Angron, toujours un peu jet lag depuis son départ de Nuceria, et celui qui ne tardera pas à devenir son Ecuyer. Hum. En fait, pas vraiment. Reprenons : Khârn entre, scrute les ténèbres de la pièce jonchée de cadavres mutilés, et… SE FAIT DEFONCER DANS LES GRANDES LARGEURS par un Angron toujours aussi grognon. Entre deux rebonds sur les murs, fractures, dislocations et hémorragies internes, Khârn, en grand professionnel qu’il est, tente de faire passer quelques infos capitales à son nouveau chef, comme qui il est vraiment, ce que sont les War Hounds, pourquoi ces derniers, à la grande frustration du Primarque, ne se sont pas défendus lorsqu’il leur est tombé sur le râble, ou encore comment se servir de papier toilette. Tout un programme, que seuls sa constitution renforcée de Space Marines et le bonus de résistance offert par son statut de personnage nommé lui permettent de dérouler de façon presque posée.

Angron, de son côté, s’il a tendance à évacuer sa légitime frustration d’avoir été forcé d’abandonner ses compagnons d’armes à leur destin sur Nuceria en utilisant le Capitaine comme ballon de foot, ne perd pas une miette de ce que son sous-fifre cherche à lui inculquer. Il peut également initier ce dernier à la culture martiale de sa planète d’adoption, où il exerçait la noble et utile profession de gladiateur jusqu’à ce qu’il réussisse à s’évader avec quelques collègues. Lui et ses Eaters of Cities s’étaient alors livrés à une orgie de pillages et de destruction dans l’arrière-pays de Desh’ea, vainquant l’une après l’autre les armées envoyées par les high riders pour écraser les rebelles. Coup de chance pour l’Empereur, Nuceria a été approchée juste au moment où les derniers gladiateurs étaient sur le point de livrer une ultime bataille contre les forces de l’ordre. Déveine pour Angron, recruté manu militari par son paternel pour sa Grande Croisade, même s’il ne souhaitait rien d’autre qu’une mort glorieuse aux côtés de ses frères et soeurs d’armes. La première confrontation orbitale entre le Père et le fils s’étant soldée par la mort atroce d’un des précieux Custodiens du premier, Pépé a donc décidé qu’il était too old for this shit1 et laissé son garnement de rejeton faire mumuse avec les chiens. Khârn apprend ainsi ce qu’est la Corde de Gloire, les Crocs du Boucher, ainsi que l’intégralité des techniques de soumissions, étranglements et self-defense pratiquées sur Nuceria auprès d’un professeur émérite, qui, sous ses abords de brute épaisse, se révèle redoutablement intelligent et…profondément timide (en effet, il ne lui est pas venu un instant à l’esprit qu’il avait la possibilité de sortir de la pièce dans laquelle l’Empereur l’avait confiné).

C’est toutefois la description par un Khârn au bord du KO (le Chaos viendra plus tard) de la campagne de Nove Shendak, à laquelle les War Hounds ont participé aux côtés des Iron Warriors de Perturabo et de l’Empereur en personne, qui achève de calmer Angron. Le récit des exploits vermifuges des Légions Space Marines, menées par le Maître de l’Humanité en personne, captive le Primarque au point qu’il se met à mimer les affrontements relatés par le Capitaine comateux, et la confirmation par ce dernier que Pépé est un grand guerrier n’hésitant pas à mouiller le maillot en compagnie de ses troupes, et pas un dirigeant dédaigneux laissant aux autres le sale boulot, comme l’étaient les high riders, pèse d’un certain poids dans la décision d’Angron de calmer sa colère, et d’engager la conversation honnête et amicale dont nous parlions précédemment avec ses fistons. Sa première décision, une fois ce pas franchi, sera de renommer les War Hounds World Eaters, en hommage aux camarades dont il n’a pu, à sa grande honte, ni accompagner dans la mort, ni commémorer le trépas en dotant sa Corde d’un tour funèbre avec la poussière de Nuceria. Une manière comme une autre de bien montrer à sa nouvelle famille qu’elle ne pourra jamais remplacer, ni rivaliser, avec la chaude camaraderie de l’arène. Mais c’est déjà mieux que rien…

1 : Se rappeler qu’Angron a été le 17ème Primarque découvert, et que l’Empereur en avait certainement par-dessus la tête des biberons et changements de couches à ce stade.

AVIS:

Je dois reconnaître que mon appréciation de cette nouvelle de Matthew Farrer a évolué au cours du temps. Lors de ma première lecture, j’avais été un peu déçu par ce qui m’était apparu comme une histoire simpliste, mettant en scène des personnages l’étant tout autant (un Primarque éructant de rage en mode Hulk, et un Space Marine encaissant les coups en lui refaisant son éducation). À présent, et même si je comprends toujours ce qui m’a poussé à émettre ce premier jugement, j’ai une vision plus favorable de ce After Desh’ea, que j’ai trouvé être plus complexe qu’il n’y paraissait.

Pour remettre en contexte le boulot effectué par Farrer, un auteur plutôt doué de la BL, avec cette nouvelle, il faut se rappeler que nous étions au tout début de l’Hérésie, dont les personnages étaient donc moins caractérisés qu’ils le sont aujourd’hui. Pour Angron, je pense même qu’il s’agissait de sa première apparition dans la série comme personnage de premier plan1, avant qu’ADB (entre autres) ne vienne s’occuper de son cas. Le fluffiste savait juste que ce Primarque avait été secouru contre son gré par l’Empereur d’une mort certaine à laquelle il était résigné, et que ce ressentiment allait le pousser à se rebeller contre son « sauveur » des années plus tard. Tout l’enjeu était d’expliquer de manière satisfaisante comment un gladiateur aux tendances homicidaires établies avait pu donner la patte à un maître honni pendant une période de temps assez longue, et n’était pas entré immédiatement en conflit avec son supérieur hiérarchique. Sur ce brief vraiment casse-gueule, Farrer est parvenu à livrer une copie relativement propre, ou en tout cas bien conçue, qui pemet au lecteur de suivre la progression émotionnelle et intellectuelle du Primarque, depuis sa téléportation sauvage en orbite, jusqu’à l’acceptation de ses nouveaux rôle et statut. D’abord convaincu d’avoir échappé à une tyrannie pour une autre, il finit par comprendre pourquoi les War Hounds n’ont pas cherché à riposter à ses attaques, et trouver une raison de respecter un Empereur très peu favorablement mis en avant dans cette nouvelle, lorsqu’il apprend que son père est un guerrier qui mène ses hommes à la bataille. La transition du point A au point B n’est certes pas facilitée par les caprices et tics nerveux du Primarque, qui use du pauvre Khârn comme un sac de frappe pour réguler son humeur mutine, mais on sent que Farrer avait à cœur de donner une justification logique à un ralliement peu évident, pour dire le moins.

Khârn, de son côté, est dépeint pour la première fois comme un individu sensé et sensible (qualificatifs ne s’appliquant plus guère à la fin de sa carrière), ce qui a dû surprendre plus d’un lecteur s’attendant sans doute à ce que Farrer prenne le pas de King à cet égard. Presque quinze ans plus tard, et grâce aux romans et nouvelles s’étant inscrit dans la droite ligne de ce choix de Matthew Farrer, cette divergence notable est parfaitement digérée, et, si je ne peux pas parler pour l’ensemble des hobbyistes, je suis en ce qui me concerne très satisfait de la profondeur du personnage, qui justifie à lui seul mon intérêt pour cette Légion de brutasses. Bref, si vous avez aimé le guerrier badass engagé dans une bromance déchirante avec ce vieil Argel Tal2, le combattant implacable animé par un sens du devoir chevillé au corps ayant maintenu les World Eaters à peu près dans les clous (du Boucher) pendant une bonne partie du mandat de PDG (Primarque Découpeur Général) d’Angron, et le fils dévoué prêt à se damner pour garder son père parmi les siens, vous pouvez remercier Matthew Farrer d’avoir établi ces fondations dans sa nouvelle, comme Perturabo l’a fait pour la digue impériale sur Nove Shendak. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de souligner que l’auteur donne également quelques éléments fluffiques dignes d’intérêt, tant au niveau micro (les traditions martiales de Nuceria) que macro (l’origine des noms de la 12ème Légion) et même meta (Big E est vraiment un très mauvais père) dans son récit, ce qui doit également être mis à son crédit.

Finalement, After Desh’ea a permis de poser de nombreuses bases de l’héritage « hérétique » des World Eaters, depuis la personnalité complexe de son Primarque et le rapport ambivalent de ce dernier avec ses fils génétiques, qu’il placera toujours en-dessous de ses premiers compagnons d’armes, jusqu’à l’adoration masochiste des World Eaters pour Angron, qui a poussé les premiers à des sacrifices toujours plus importants pour gagner l’amour et le respect du second. Il pose également Khârn comme l’excellent personnage que nous connaissons aujourd’hui, un guerrier réfléchi et pragmatique, qui finira par embrasser sa destinée et sombrer dans une folie meurtrière dont les écrits de Bill King et sa description dans le fluff de 40K se font écho (ce qui lui donne une profondeur tragique indéniable). Voilà pourquoi je considère que cette nouvelle a, au minimum, eu un impact fort sur le reste de l’Hérésie, au moins en ce qui concerne la 12ème Légion, et mérite donc la lecture à ce titre seul, mais peut également être appréciée pour la description que l’auteur fait d’Angron, tout à la fois une bête de guerre sanguinaire devant lutter contre les Clous du Boucher en permanence, un guerrier honorable et fidèle à ses compagnons, et un être à l’intelligence supérieure capable d’intégrer rapidement les informations que lui livre Khârn sous ses abords de primitif balbutiant. Bref, il y a du potentiel ici, peut-être pas superbement exprimé par Farrer3, mais présent tout de même. Dommage que l’auteur en soit (presque) resté là pour l’Hérésie d’Horus, un roman de sa main sur les World Eaters aurait été très intéressant…

1 : Je fais abstraction de son rôle de taupe de choc dans ‘Galaxy in Flames’.
2 : Et qui accomplira le rêve de tous les lecteurs de l’Hérésie d’Horus en bottant les fesses de ce faux jeton d’Erebus en one to one.
3 : Et peut-être affaibli par la traduction en français (que je n’ai pas lue). Difficile de transcrire dans une autre langue les borborigmes d’Angron de façon satisfaisante. En tous cas, j’ai trouvé qu’en anglais (et peut-être est-ce dû au fait que ce n’est pas ma langue natale) cela passait plutôt bien.

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Et voilà qui conclut cette chronique de chroniques, premier recueil de nouvelles de l’Hérésie d’Horus et donc point de départ logique pour se lancer dans cette entreprise. Plus de dix ans après la sortie de cet opus, et alors que la fin s’approche pour ce cycle majeur, je pense que cette anthologie mérite toujours une lecture si ce dernier vous intéresse. Bénéficiant de quelques travaux réellement uniques, ou peu s’en faut dans la production de la BL, d’une grande variété de personnages et de théâtres1, d’une dose de fluff beaucoup plus généreuse que ce à quoi les recueils 40K nous avait habitués, Tales of Heresy est également porteur d’une vision assez unique de la galaxie au moment où l’Humanité était encore sûre de sa force, ou persuadée que le caprice d’Horus pourrait être réglé de façon rapide. L’étude des prochains volumes permettront de déterminer si nous sommes en présence d’une perle rare, ou d’une copie conforme au standard hérétique. Quoi qu’il en soit, préparez-vous : la suite risque d’être saignante…

1 : Pour les intrigues en revanche, c’est un peu plus uniforme. On peut toutefois noter qu’il y a une constante au 30ème millénaire quand on est une planète redécouverte par l’Imperium : que l’on soit pour (‘Scions of the Storm’), contre (‘Wolf at the Door’) ou bien au contraire (‘Call of the Lion’) au sujet d’une intégration à ce dernier, on a de grandes chances de finir la tête au fond des chiottes. 

 

À propos de Schattra

Égoïstement optimiste, çapourraitêtrebienpirologiste assumé. Selfishly optimistic, proud itcouldbemuchworsologist

Publié le Mai 6, 2020, dans Chronique, et tagué , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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