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BLACK LIBRARY CELEBRATION WEEK 2024 [Recueil]
Bonjour et bienvenue dans cette revue de la Black Library Celebration Week 2024, publiée par la BL à la fin du mois de février 2024 (pas de surprise jusqu’ici), deux semaines après le lancement des festivités annuelles de la maison d’édition de Nottingham (voir par exemple la revue du recueil gratuit de la Black Celebration 2024, ici). Pas de surprise au niveau du contenu proposé ici : cinq nouvelles inédites de 40K et d’Age of Sigmar – il faudra s’habituer à ne plus avoir de soumission pour l’Hérésie d’Horus désormais – mettant en scène des héros et des auteurs amenés à prendre de l’importance dans les mois à venir… ou tellement connus qu’on ne les présente même plus, comme l’indéboulonnable Gotrek Gurnisson, qui nous fait l’honneur d’un petit caméo dans ‘The Beast of Grey Gardens’.
On retrouve ainsi Mike Brooks et ses boyz (‘Painboyz’), John French et son vampire itinérant (‘Cannibal Gate’), et deux associations plus nouvelles pour le lecteur : R. S. Wilt et les Tempestus Scions (‘Eradicant’) et Jude Reid et Morvenn Vahl (‘The Reskard Purgation’). Si on sait déjà à l’heure où ces lignes sont écrites que Brooks, French et Reid ont un roman en stock pour leurs héros (respectivement ‘Da Big Dakka’ et ‘ Dead Kingdom’ et ‘Spear of Faith’), rien n’a circulé pour l’instant sur ce que le futur réserve à Gotrek (on peut juste parier sur le fait qu’il ne va pas mourir de sitôt) et aux fiers fantassins de l’Astra Militarum. Rendez-vous dans quelques temps pour refaire le point sur la situation, et en bas de cette ligne pour commencer la revue de cette semaine festive.
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Painboyz– M. Brooks [40K] :
INTRIGUE :
Le Painboy attitré d’Ufthak Blackhawk, Doc Drozfang, a emmené ses élèves, larbins et tous les Orks désœuvrés qui zonaient dans le coin dans une excursion à but pédagogique : la visite d’un authentique laboratoire d’Haemonculus drukhari, découvert à l’occasion de l’invasion par notre Waaagh ! préférée d’un repaire d’Eldars Noirs. Comme le professe volontiers un Drozfang philozof à ses heures perdues, rien de tel que d’entrer au cœur des choses pour mieux les comprendre, qu’il s’agisse d’un abdomen d’Ork ou d’une infirmerie zoneille. Là-dessus, nous sommes bien d’accord.
Cependant, les précédents occupants des lieux n’ont pas encore mis à exécution l’obligation de quitter le territoire laboratoire qu’une marée de Boyz belliqueux emporte systématiquement avec elle, et les Spikies commence à faire de la résistance, embusquant les trainards peaux-vertes et renvoyant leurs restes mutilés sur leurs camarades… ce qui fait bien rire ces derniers. Il en faut plus que ça pour effrayer un Ork, c’est certain (pour les Grots, ça se discute par contre), d’autant plus si la perspective d’une bonne bagarre se concrétisera s’il parvient à mettre la pogne sur ses tourmenteurs.
Au bout de quelques menus accrochages, une bande de Grotesques accompagnés par un Talos dessiccat(u)eur finit par donner l’assaut aux intrus, qui ne demandaient pas mieux et répondent au sadisme clinique des Drukharis par une violence débridée. Au plus fort de la mêlée, Drozfang aperçoit son vis-à-vis, qui commande ses troupes pusillanimement depuis l’arrière, et lui décoche une rafale de fling’ qui, à la surprise générale, atteint sa cible et détruit le générateur d’anti-gravité de l’Eldar Noir. Statistiquement, ce genre de dinguerie devait bien se produire un jour, et c’est maintenant le cas grâce à Mike Brooks.
Ni une ni deux, Drozafang profite de la détresse de l’Haemonculus pour lui mettre la griffe dessus et le ramener avec lui dans sa retraite stratégique jusqu’au vaisseau des Orks, jugeant avec sagesse qu’il est préférable d’avoir un local sous (et dans) la main pour négocier le dédale crépusculaire d’une base drukhari sans se perdre. La patience du praticien a cependant ses limites, et après avoir assisté au gonflement fatal du Nob Grubsnik, victime d’une hypertrophie musculaire subite après avoir été méchamment griffé par un Grotesque quelques instants plus tôt, le bon Dok décide de faire goûter au Spiky captif sa propre médecine et lui perfore la cage thoracique d’un revers de griffe énergétique, après avoir tranché la main qui était sur le point de le palper sans son autorisation. On ne saura pas si l’opération a été fatale à l’Haemonculus (une espèce notoirement dure au mal), mais elle permet en tout cas à Drozfang d’avoir le mal et le mot de la fin, ce qui est bien la moindre des choses…
AVIS :
Mike Brooks continue sa revue des personnages secondaires entourant le Big Boss Ufthak Blackhawk dans ce ‘Painboyz’, qui met en vedette le Dok Drozfang, responsable de la greffe de la tête de notre héros sur le corps de son précédent patron (‘Where dere’s the Warp, dere’s a way’), transition qui a joué un rôle non négligeable dans l’élévation de cette buse de Blackhawk dans la hiérarchie de sa Waaagh. Nous avons donc droit à une petite escapade dans le laboratoire d’un Haemonculus, qui se déroule de manière tout à fait classique et se termine sans que Brooks ne se soit donné la peine de nous expliquer si cette péripétie sert à faire avancer l’intrigue globale de son arc orkoïde1 (appelons ça un ark), ou a juste servi à donner à Drozfang ses quinze pages/minutes de gloire devant le lectorat de la Black Library. À titre personnel, je penche pour la seconde option et regrette la « gratuité » de cette soumission, rendue d’autant plus triste par l’intrigue vraiment minimaliste que nous propose Mike Brooks. Tous les auteurs ne sont pas égaux lorsqu’il s’agit d’écrire l’histoire d’un aller-retour…
1 : Peut-être que la main de l’Haemonculus que Drozfang garde en souvenir aura une importance par la suite (ou a servi à quelque chose dans un des romans que Brooks a déjà écrits), mais je suis incapable de vous éclairer sur ce sujet à l’heure actuelle.
.Cannibal Gate – J. French [AoS] :
INTRIGUE :
Toujours en quête de l’insaisissable Main Enflammée responsable de la chute de son royaume lors de l’Âge du Chaos, il y a de cela des éons, Cado Ezechiar a.k.a. le Roi Vide a pris la route de Lethis a.k.a. la Cité de la Corneille après avoir été rencardé sur la présence de sa Némésis dans cette humble bourgade. Sachant fort bien que sa proie risque de lui filer entre les doigts (ce qui est ballot pour une Main, mais celle-ci est peut-être moite), comme lors des 708.259 épisodes précédents de sa traque, Cado s’est risqué à prendre le chemin le plus direct, qui l’emmène dans une contrée plus mal famée que la moyenne puisqu’occupée par une colonie de goules.
Alors qu’il se prépare à passer le portail marquant l’entrée de leur domaine pour poursuivre sa route (malgré les sages conseils de sa mentor Solia, l’une des neuf âmes sauvées par notre héros lors de la déchéance de son royaume, et stockées dans les anneaux que Cado porte aux doigts), il est arrêté par un courtisan Flesh-Eater et son escorte de nécrophages, qui lui indiquent que la loi locale demande à ce que le passage soit payé par un tribut au roi. N’ayant pas d’autre choix que d’obtempérer, Cado rend visite au monarque en question (Azoquor), qui exige que cet étranger « bestial et ignoble » (venant d’une goule, c’est savoureux) aille terrasser les monstres qui hantent ses terres depuis quelques semaines, et dont ses armées affaiblies ne parviennent pas à se débarrasser. Après avoir juré sur l’épée rouillée du souverain d’accomplir sa volonté, Cado se met en chasse.
Pas plus bête que le lecteur moyen de la Black Library, notre héros se doute bien qu’il y a une chance non nulle pour que les « monstres » en question se révèlent être des mortels tout ce qu’il y a de plus banal, sans doute l’expédition de croisés azyrites dont il a détecté le passage quelques jours plus tôt, d’ailleurs. Si ce cas de figure devait se vérifier, Cado jure à une Solia horrifiée par la promesse hâtive1 faite par son patron à cette grande goule d’Azoquor qu’il reniera sa parole et tâchera de trouver un autre moyen de gagner Lethis, et tant pis si ça lui rallonge un peu le chemin. Il ne sera pas dit que le Roi Vide soit devenu complice de la folie collective de ses cousins Flesh-Eaters, allons !
Sur ces entrefaites, la route du vampire et de son spectre de compagnie croise celle d’un groupe d’humains nimbés d’une aura étrange et d’une lumière stroboscopique trop violente pour les sens délicats de Cado, qui tombe en pâmoison avant de n’avoir pu faire plus ample connaissance avec les nouveaux venus. A son réveil, il se découvre enchaîné par des fers enchantés (alors que lui pas du tout, mais ça se comprend), et à la merci d’un Mage-Forgeron qui ne s’appelle pas Valentin – faîtes ce que vous voulez de cette information. La situation est critique, mais une honnête conversation entre gens éduqués devrait permettre de tout tirer au clair, pas vrai ?
Début spoiler…Il s’avère en fait que Valentino et ses comparses ne sont pas les vertueux croisés azyrites dont ils ont dérobés les habits et armures (ce qui a un temps abusé Cado lorsqu’il a émergé de son coltar), mais bien un Sorcier de Slaanesh et sa bande de joyeux et pervers sycophantes, ce qui est à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle pour notre héros. Certes, il se trouve en bien mauvaise posture, avec un tison enflammé qui s’approche dangereusement près de son anatomie, mais au moins les monstres qu’Azoquor l’a envoyé occire sont bel et bien des sales types, et leur mort n’entachera pas son absence de conscience. Comme quoi on peut être creux et principiel en même temps.
Comme lors de son affrontement contre Voltekar et sa clique de squelettes (‘Blood Bound’), Cado dégaine son arme secrète et cheat code digital en matérialisant son dragon zombie Herezai, dont l’arrivée impromptue et les grands claquements de mâchoire suffisent à distraire les Slaaneshis suffisamment longtemps pour que le Roi Vide se débarrasse de ses chaînes et de Valentino, dûment jugularisé par notre vampire assoiffé. La suite n’est qu’une formalité, les cultistes et Gors accompagnant le Sorcier exsangue ne faisant pas le poids contre le vampire et son dragon.
Retour chez Azoquor pour terminer la nouvelle, et remise au souverain de quelques cadavres frais en signe de respect et d’amitié. Bien que le monarque s’offusque du refus de Cado de participer au festin qu’il donnera pour marquer la fin de l’incursion des monstres sur son paisible domaine, il lui permet malgré tout de poursuivre sa route sans plus de condition, et lui offre même un cadeau (un éclat de fémur pointu) marquant Cado Ezechiar comme un hôte distingué par le roi cannibale. Nul doute que cette babiole d’un goût douteux servira par la suite…Fin spoiler
1 : C’est donc ça qu’on appelle un serment de l’instant ?
AVIS :
La route de Cado Ezechiar se poursuit dans cette nouvelle, continuation logique de celles écrites antérieurement par John French (et probablement du roman ‘The Hollow King’) à propos de la quête vengeresse de son personnage tourmenté. Le résultat est égal aux épisodes précédents : assez agréable à lire et donnant à voir la noblesse contrariée – et les armes digitales complètement fumées, à croire qu’il y a des Jokaeros dans les Royaumes Mortels – du Roi Vide, aux prises avec des alliés de circonstance et des ennemis peu fréquentables… ou peut-être est-ce l’inverse. Pas mal.
.Eradicant – R. S. Wilt [40K] :
INTRIGUE :
Nous suivons une bande de hardis, ardents et ardus Scions Tempestus déployés avec leur régiment sur la planète Tecerriot pour tenter d’y rétablir un semblant d’ordre, alors qu’ils se préparent à mener à bien une mission de sauvetage à haut risque. Leur cible n’est autre que le Gouverneur Planétaire Marschesik, assiégé dans son palais par des hordes de rebelles renforcés et motivés par la présence de World Eaters, sans doute attirés par le penchant coupable de Tecerriot pour les arènes gladiatoriales (sans rire, il y en a des centaines sur la planète, dixit le personnage-qui-nous-resoort-le-biefing-pour-faire-un-peu-d-exposition). Le hic, c’est que si Marschesik devait décéder dans l’exercice de ses fonctions, la puce que lui a implanté l’Adeptus Mechanicus dans le torse au moment de son élévation à cette charge exaltée provoquerait un black out complet sur Tecerriot. Apparemment, c’était le seul moyen de s’assurer que la personne du Gouverneur reste sacrée aux yeux de son indocile populace : on vous laisse imaginer le nombre et l’intensité de mouvements de gilets jaunes que ce monde a connu pour en arriver à cette extrémité. C’est d’ailleurs peut-être ce qui nous pend au nez à force de balancer des œufs, des gifles et des sacs de farine à la tronche de nos élus, dans le fond.
L’objectif des fringants lascars du Tempestor Traxel (le vétéran Norroll, la pieuse Bissot, le radio Actis, le spécialiste en démolition et en tour de passe passe Durlo, et la medic et nouvelle recrue Daviland) est donc aussi simple que délicat : infiltrer le palais du Gouverneur, récupérer ce dernier et l’exfiltrer en direction du QG de la Garde Impériale, afin que sa mort ne vienne pas compliquer la pacification de Tecerriot. Dit comme ça, c’est tout bête, mais évidemment les choses ne vont pas dérouler sans accroc.
Après une marche d’approche dans les ruines de la capitale planétaire et l’ascension des étages du palais par les escaliers (il faut bien s’échauffer), la fine équipe finit par accéder à l’aile résidentielle de l’édifice, où elle rencontre ses premiers adversaires en la personne de quelques Jakhals (Jakhaux ?) s’amusant à faire du porte à porte avec les survivants terrifiés de l’attaque sur le complexe gouvernemental. Rien que notre fine équipe ne soit en mesure de gérer haut la main, bien sûr, et les Scions repartent même avec une nouvelle mascotte en la personne du jeune Tormod, fils d’un couple de hauts fonctionnaires sauvagement massacrés par les cultistes, et que Traxel insiste pour secourir malgré les réticences du reste de son escouade.
Cette générosité est récompensée quelques minutes plus tard, lorsque leur nouvelle recrue leur indique comment pénétrer dans l’arène du palais sans attirer l’attention, et ainsi être témoin du supplice du pauvre Marschesik, ligoté sur son trône et forcé d’assister au Mortal Kombat opposant les membres de sa maisonnée, sous les quolibets d’une troupe de Jakhals goguenards et l’imposant patronage d’un Maître des Exécutions World Eaters.
N’étant pas venus pour empiler des merles, les Scions passent à l’attaque et parviennent de haute lutte à remporter la victoire grâce à leur matos de pointe et leur entraînement supérieur, non sans avoir perdu l’un des leurs (Actis) et un membre (la main de Traxel) dans la bagarre. Il ne reste cependant plus qu’à appeler la cavalerie et à quitter les lieux, et la mission sera accomplie…
Début spoiler…Seulement voilà, Marschesik en a malheureusement trop vu, et est à deux doigts de se faire posséder par le Démon Kha’Dragh Bloodhunger (parce que Blooddrinker, c’est déjà pris tu vois) au moment de sa libération. Le bon sens de Trael lui permet cependant de faire le bon choix et de coller un bolt dans le crâne du Gouverneur avant sa désincarnation, au grand horreur de Daviland qui révèle alors qu’elle a été missionnée par le Commissaire Fennech (que tout le monde à part elle semble cordialement détester, pour des raisons non-explicitées) afin de déterminer la fiabilité de l’escouade.
Tout cela est fort haletant, mais la priorité reste malgré tout d’évacuer les lieux avant d’être submergé par les vagues de cultistes attirés par le bruit des combats et la mort de leur chef, et au bout d’une nouvelle baston homérique, les survivants éprouvés parviennent à embarquer dans une Valkyrie et à repartir en direction de leurs pénates (avec Tormod, dont le rôle dans cette nouvelle reste un chouilla cryptique1). Sur le chemin du retour, Traxel parvient à se justifier auprès de Daviland, qui se résout à laisser au charismatique officier une nouvelle chance plutôt que d’aller le balancer à ce renard de Fennech. Un peu de souplesse n’a jamais tué personne.Fin spoiler
1 : Nul doute que ça se décantera dans le futur. Et, oui, je voulais faire cette blague.
AVIS :
R. S. Wilt se frotte à l’un des genres rois de la GW-Fiction, version 40K, dans cet ‘Eradicant’ qui nous embarque dans une mission de Gardes Impériaux d’élite, dans la lignée des travaux de Dan Abnett avec ses Fantômes de Gaunt, et plus récemment de ceux de Rachel Harrison et ses Fusiliers d’Antari. Bien que cette nouvelle ne soit pas mémorable (ce qui n’est guère étonnant), Wilt livre une copie très convenable, puisqu’il parvient à singulariser chacun de ses personnages, met en scène d’action tout à fait correctes, et conclut son propos d’une manière un tant soit peu surprenante : difficile de demander plus que ça à une première incursion dans l’univers ultra-compétitif de la GI-Fiction. Vu les indices laissés par Wilt (le personnage de Tormod, la mention du Commissaire Fennech), il est fort probable que ce ne soit pas la dernière fois qu’on entende parler des Scions Tempestus de l’Eradicant One, et je suis à ce stade plutôt intéressé pour connaître la suite de leur histoire.
.The Beast of Grey Gardens – D. Guymer [AoS] :
INTRIGUE:
Arrivé à Eaux Grises après un voyage relativement sans encombre, en tout cas pour lui (‘The One Road’), Gotrek Gurnisson s’est engagé dans le premier gang d’égoutiers venu – les Loose Cannons de Sorrol Tun – afin de gagner sa croûte et son eau de vie (mais pas celle à laquelle il pensait, et ça a dû le mettre en rogne). Au sein de cette noble autant qu’utile profession, chargée entre autres travaux d’intérêt public de débarrasser la mégalopole ghyranite de son infestation récurrente de Zombies, les Loose Cannons font figure de parias, et héritent donc des missions les plus ingrates et dangereuses qui soient. Pas de quoi faire frémir notre Tueur préféré cependant, qui n’a pas besoin de forcer son talent ni d’utiliser ses deux mains ou de faire descendre son taux d’alcoolémie sous les trois grammes pour débiter les hordes de morts vivants qui hantent les égouts d’Eaux Grises. Il a vu (et tué) bien pire, en son jeune temps.
Enhardi par la réalisation que sa nouvelle recrue est une véritable machine de guerre, Tun décide d’aller se frotter à un plus gros morceau, à savoir la légendaire Cockatrice des Jardins Gris, figure du folklore local que peu ont vu mais dont la sinistre réputation n’est plus à faire. Un tel spécimen valant son poids volume en Aqua Ghyranis, la joyeuse bande se met en chasse du serpent à plumes/poulet à écailles avec un enthousiasme inversement proportionnel à ses capacités martiales.
Fort heureusement pour les Loose Cannons (sauf pour la pauvre Greenhilde, dont la fierté l’a empêché de baisser les yeux au moment opportun), avoir un clutch slayer est parfois suffisant pour remporter une escarmouche contre un monstre nommé. Au terme d’un combat poussiéreux et ténébreux, Gotrek met ainsu un terme aux déprédations de Bruno Cockatrice1 en lui plantant sa hache ébréchée dans le bréchet, à peine aidé par la diversion faite par ses camarades alors que le dindon chaotique était en train de le chicoter. Tout est bien qui finit bien (et à la taverne la plus proche), même si les Loose Cannons devraient sans doute apprendre à se défendre par leurs propres moyens, car leur égoutier star ne restera sans doute pas très longtemps parmi eux….
1 : Ce qui est au fond assez malheureux car la bestiole ne se nourrissait que de Goules et de Skavens, et rendait donc un service écosystémique à la population d’Eaux Grises.
AVIS:
David Guymer renoue avec les fondamentaux de la nouvelle de Gotrek avec ce ‘The Beast of Grey Gardens’, qui permet à notre rouquin teigneux de compléter son tableau de chasse avec une Cockatrice, et à l’auteur de contextualiser les aventures de son héros à crète dans l’enfer urbain qu’est Eaux Grises. Je n’ai pas grand-chose d’autre à dire sur cette soumission, qui est très loin d’être mémorable.
.The Reskard Purgation – J. Reid :
INTRIGUE :
Alors qu’elle revient péniblement au camp de base de l’Ordre du Suaire d’Argent après une folle journée à se castagner contre cultistes et hérétiques dans les ruines embrasées de la planète Reskard Secundus, la Céleste Morvenn Vahl se fait alpaguer par sa supérieure, la Chanoinesse Ligaea sur le chemin des douches, et est envoyée sans délai rencontrer la délégation ecclésiarchique qui a pris possession de la cathédrale locale. Il est en effet très important que notre héroïne éprouvée apprenne séance tenante le nom de la nouvelle Abbesse Sanctorum des Ordres Militants, et ce n’est pas une concussion sévère, la perte de deux litres de sang et probablement quelques côtes fêlées qui empêcheront une fière Sista de faire son devoir. Non mais.
Obéissant à sa cheffe bien aimée (mais pas vraiment bien aimante), Morvenn se rend dans le saint lieu et apprend, je vous le donne en mille, que la nouvelle Abbesse Sanctorum, c’est elle. Ou plutôt, ce sera elle si elle y consent, ce qu’elle ne fait pas immédiatement, au grand désarroi de la sainte délégation, qui l’avait pourtant choisie du fait de sa jeunesse et de sa (théorique) docilité. Ebranlée par les déboires vécus pendant les dernières heures, Momo demande à se recueillir quelque temps dans la chapelle de Sainte Silvana, en compagnie des dépouilles des Sœurs tombées au combat sur Reskard, afin d’être sûre de prendre la bonne décision. Bien embêtés par ce délai imprévu1, mais ne pouvant pas revenir les mains vides, les pontes acceptent le caprice de la Céleste, et nous en sommes en quitte pour un petit flashback de la journée de Morvenn Vahl. C’est parti pour ‘24 heures dans la vie d’une femme’, version grimdark.
La journée commence par une déception pour Morvenn et son escouade de Célestes, qui comptaient coiffer sur le poteau ces chipies de l’escouade Avriella dans leur course commune jusqu’à l’Apôtre Noir Word Bearers localisé avec quelques cultistes dans les ruines d’un temple impérial. Alors qu’elles étaient idéalement placées pour mettre le grappin que l’hérétique en chef, la Chanoinesse Ligaea informe Morvenn que ses Sœurs et elles sont attendues quelques kilomètres plus loin, afin de récupérer et d’amener en lieu sûr le Pontifex-Urba Evaristo, une des huiles de cette planète en déréliction. Laissant leurs copines à frange avoir tout le fun, les Célestes plient bagage et se relocalisent sans tarder.
La nouvelle mission qui les attend est toutefois loin d’être une partie de plaisir, comme le nombre important de Possédés et de Warp Talons errant à proximité d’Evaristo et de sa seule garde du corps survivante, la taciturne Sœur Alektra, le révèle. A cela s’ajoute la lubie du Pontifex : récupérer une sainte relique, un maillon de la Chaîne de Dévotion de la mobylette de Sigismund, gardé dans une chambre forte située en plein territoire ennemi. Malgré l’opposition de ses camarades Célestes, Morvenn décide d’aider Evaristo à mener à bien sa quête, et même si ce petit détour coûte la vie à la majorité de son escouade, elle est toutefois couronnée de succès et permet à nos furies de croiser à nouveau la route de l’Apôtre Noir précédemment aperçu, qui a visiblement esquivé la vindicte de cette empotée d’Avriella. Un petit bonus appréciable, pas vrai ?
Début spoiler…Malheureusement, c’est une chose de mener une mission d’assassinat avec 50 copines armées jusqu’au dent, et une autre d’affronter un cadre d’Astartes hérétiques à trois et demi (Evaristo n’étant pas très doué pour le close). Une retraite stratégique s’impose, pendant laquelle Morvenn va encore perdre des camarades, des points de vie et des points de foi, lorsqu’elle se rend compte que son protégé n’a pas ramené avec lui de relique, mais des bijoux et du cash, afin de pouvoir refaire sa vie sur une planète un peu plus calme que Reskard. Bien que l’envie de châtier ce parasite ne lui manque pas, Morvenn le laisse s’enfuir et se faire décapiter à main nue par l’Apôtre Noir, décidément très collant au marquage. Tout est prêt pour le combat final entre la Céleste désabusée et le Word Bearer permanenté, que la première remporte d’extrême justesse après avoir fait s’effondrer le plafond de la tour dans laquelle l’affrontement a pris place sur les adversaires, et grâce au coup de main donné par l’unique survivante de son escouade, Ignatia la sans-dent. Une grande victoire pour l’Imperium !
Retour à la chapelle de Sainte Silvia, ou après trois jours de veille, Morvenn Vahl prend la décision d’accepter le poste pour tenter d’apporter un peu de rectitude et de droiture à une Ecclésiarchie un peu trop décadente et dévoyée à ses yeux. On lui souhaite bien du courage…Fin spoiler
1 : En même temps, je ne pense pas que ça compte beaucoup quand on doit traverser la galaxie pour rejoindre Terra sur le chemin du retour.
AVIS :
Il y a une symétrie plaisante entre le parcours de Morvenn Vahl dans le fluff et dans la GW-Fiction, la jeune Sœur Céleste se retrouvant mise en avant d’une manière surprenante (et pas franchement innocente) par les grands pontes de l’Imperium et de Nottingham. ‘The Reskard Purgation’, nouvelle d’introduction par excellence, permet à Jude Reid de nous faire faire connaissance avec cette nouvelle héroïne impériale, qui prendra peut-être la place de la coriace Augusta Santorus d’ici quelques mois comme la figure de proue littéraire de sa faction1. Le travail est accompli de façon sérieuse et grimdark au possible, Morvenn Vahl et le lecteur en étant quitte pour une plongée dans la violence d’un champ de bataille urbain et le cynisme de l’Imperium et de l’Ecclesiarchie, dont ni le corps ni l’esprit ne peuvent sortir indemne. S’il est trop tôt pour dire à ce stade si le duo Reid/Vahl parviendra à laisser sa trace – de façon positive, j’entends – dans les annales de la Black Library, ‘The Reskard Purgation’ s’avère être un début assez prometteur.
1 : Je ne sais pas comment je vivrais ce grand remplacement, si jamais il se produit… Des sentiments contraires et violents m’habitent à ce sujet.
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Et voilà qui clôture cette revue de la Black Library Celebration Week 2024, qui a apporté comme souvent son lot de bonnes surprises et de désappointements, y compris de la part d’auteurs qui ont prouvé par le passé qu’ils étaient capables de faire mieux que ça (Brooks et Guymer). D’un autre côté, je suis assez content du niveau affiché par les nouveaux venus Wilt et Reid, qui nous ont proposé des courts formats assez qualitatifs, augurant de bonnes choses pour la suite de leur parcours au sein de la Black Library. Place aux jeunes, donc.
BLACK LIBRARY EVENTS ANTHOLOGY 2017/18 [Recueil]
Bonjour à tous, et bienvenue dans cette revue (tardive) d’un nouveau recueil de nouvelles sorti par la Black Library pour un public restreint, ici le Black Library Events Anthology 2017/18. Si vous suivez cette série depuis le début, il n’y a rien de particulier à noter en introduction, outre le fait qu’il faut reconnaître une certaine audace de la par de la BL pour choisir un Duardin en calbute comme illustration d’un bouquin destiné à servir de porte-étendard au reste du catalogue. Si ce n’est pas le cas, un rapide briefing s’impose : pendant quelques années, la Black Library a publié des recueils de quelques nouvelles (inédites à l’époque), destinés à être diffusés uniquement pendant des événements tels que les Games Days et les Black Library Weekenders. Celui qui nous intéresse aujourd’hui a été mis sur le marché entre 2017 et 2018, comme le titre vous l’aura certainement déjà appris (mais j’aime bien être pédagogue).
Issues des franchises Age of Sigmar, 40K et Horus Heresy, les six nouvelles qui seront chroniquées ci-dessous ont pour la plupart été réutilisées quelques mois plus tard lors du Black Library Advent Calendar 18 (passé en revu ici). Si vous êtes un habitué de ce blog (merci !), vous n’aurez donc rien de nouveau à vous mettre sous la dent. Sinon, vous en serez quitte pour une plongée rapide mais rafraichissante – en tout cas, on vous le souhaite – dans les hauts profondes de la GW-Fiction d’il y a quelques années, en compagnie d’auteurs habitués à mettre leur muse (et leur stylo) au service de la maison d’édition de Nottingham. Josh Reynolds (parce qu’évidemment, il était là, il était tout le temps là), C. L. Werner, le Seigneur de Terra John French, Phil Kelly, et les deux David principaux (Annandale et Guymer) : voilà pour le casting de cette anthologie. Et tout de suite… la suite.
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A Dirge of Dust and Steel – J. Reynolds [AoS] :
INTRIGUE :
À la recherche de la légendaire cité corbeau de Caddow et de son Portail des Royaumes reliant à Shyish à Azyr, une petite force de Stormcast Eternals de la Chambre Vanguard des Hallowed Knights (soyons précis) a conclu un pacte avec les Duardin de Gazul-Zagaz, seuls à connaître l’emplacement de cette ville mystérieuse1. En échange de leur aide contre les hordes du Gardien des Secrets Amin’Hrith, connu sous le nom d’Ecorchâme, les nabots dépressifs (leur royaume est en ruines, leur Dieu s’est fait bouffer par Nagash et l’âme de leur dernier prince sert de skin au démon de Slaanesh) mèneront les guerriers du Lord Aquilor Sathphren Swiftblade jusqu’à bon port. Jamais le dernier à rendre service à son prochain, notre héros accepte bien entendu cette généreuse proposition, et se fait fort d’entraîner ce fât d’Amin’Hrith dans un piège ingénieux.
Ayant réussi à capter l’attention des Hédonistes, probablement en leur faisant remarquer que leurs soieries avaient fait fureur à Ghur il y a trois saisons de celà (ce qui, pour une fashionista des Royaumes Mortels, est une insulte mortelle), les prestes cavaliers de Sigmar emmènent leur nouveaux amis dans une course éperdue à travers les dunes, jusque dans les ruines de Gazul-Zagaz, où les attendent de pied ferme (et depuis un petit moment apparemment, à en juger par l’épaisse couche de poussière qui les recouvre) les guerriers Duardin. S’en suit une bataille des plus classiques, illustrant de fort belle manière l’intérêt de se rendre au combat avec une armure de plates et non une combinaison en viscose, dont le point culminant sera le duel entre Swiftblade et Amin’Hrith dans le temple de Zagaz, où le rusé Stormcast s’emploiera à faire un boucan à réveiller les morts…
1 : On peut donc dire qu’ils ont une carte Caddow. Mouahahaha.
AVIS :
À l’heure où cette chronique est écrite, Josh Reynolds est probablement le contributeur principal de la BL en matière de contenus siglés Age of Sigmar. Une telle prodigalité ne pouvant évidemment pas être synonyme de qualité exceptionnelle à chaque soumission, il est en somme tout à fait logique que certaines des nouvelles rédigées par notre homme ne s’avèrent pas être d’une lecture des plus passionnantes. C’est le cas de ce ‘A Dirge of Dust and Steel’ (on me passera l’usage du titre original, à la fois plus poétique et plus élégant que le monstre qu’il est devenu en VF), qui se trouve être une nième variation du topos le plus employé de cette nouvelle franchise : la baston de Stormcast Eternals contre les forces du Chaos1. On pourra certes m’opposer que cet épisode particulier se distingue des dizaines qui l’ont précédé par l’emploi d’une Chambre relativement nouvelle (Vanguard), d’un héros inédit (Sathphren Swiftblade) et d’un environnement exotique en diable (l’Oasis de Gazul, en Shyish). Ce à quoi je répondrai que les Vanguard ne sont « que » des Stormcast sur demi-gryffs, et ne conservent de fait que très peu de temps l’attrait de la nouveauté. Swiftblade a quant à lui l’originalité d’une boîte Barbie et son Cheval, même son côté grande gueule n’étant plus vraiment novateur depuis l’arrivée d’Hamilcar Bear-Eater sur le créneau « humoristique » des SE. Pour terminer, Gazul a depuis lors sans doute rejoint l’interminable liste des lieux des Royaumes Mortels dans lesquels plus personne ne reviendra jamais, et ne mérite donc pas que l’on s’yn interesse plus que de mesure.
Non, pour ma part, la seule vraie valeur ajoutée de ce ‘Dirge…’ tient en l’inclusion d’une faction Duardin sortant franchement du lot par sa vénération d’un Dieu de la Mort mort (combo !) et sa capacité à invoquer des esprits, ce qui constitue des variations intéressantes par rapport au stéréotype du guerrier nain que tout lecteur connaissant ses classiques se représente de façon plus ou moins inconsciente. Pour le reste, c’est de la qualité Reynolds (Josh), donc un récit bien structuré et rythmé, s’intégrant parfaitement dans les conventions définies pour Age of Sigmar en termes de fluff et d’atmosphère, et s’avérant dans l’ensemble plaisant à lire. Ne lui retirons pas ça.
1 : Comme les dernières années ont vu apparaître d’autres types d’adversaires, comme les morts-vivants de Nagash pendant la Tempête des Âmes ou les Orruks Ironjaws de manière collatérale à la traque de Mannfred von Carstein, j’attends avec impatience le moment où les vertueux Sigmarines commenceront à taper sur d’autres factions de l’Ordre, en attendant l’inévitable guerre civile que le passif de GW en la matière nous promet depuis que le premier Stormcast a dévoilé le bout de son masque de guerre. ‘La Vilainie de Vanus’, ça c’est un titre qui claque !
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Shiprats – C. L. Werner [AoS] :
INTRIGUE :
La malchance légendaire qui colle à la carène du Dragon de Fer et la peau de son capitaine, le Kharadron Brokrin Ullisson s’abat une nouvelle fois sur le fier navire et son équipage. N’ayant pas trouvé de filon d’aether-or au cours de sa dernière campagne, le navire Duardin s’est résigné à se faire cargo de grain pour au moins rentrer dans ses frais, et a chargé une cargaison de blé dans la ville de Greypeak, qu’il espère vendre à bon prix de retour à Barak-Zilfin. Ce beau projet est toutefois menacé par la présence de passagers clandestins dans la cale du Dragon, une colonie de rats bien décidée à faire bombance sur les stocks des Arkanautes. Entre les petits barbus et les encore plus petits moustachus, il ne saurait y avoir de terrain d’entente, mais que faire pour débarrasser le vaisseau de l’infestation de vermine sans endommager ce dernier ? Alors que Brokrin et ses hommes se trouvent réduits à chasser les importuns à coups de pelle, avec des résultats peu concluants, comme on peut se l’imaginer, une bonne et potentiellement riche idée est soumise : pourquoi ne pas faire un détour par la Lamaserie de Kheitar, dont les moines ont par le passé rendu un fier service aux Kharadrons en débarassant le Dragon de la nuée de crapauds célestes (car apparemment, c’est un aléa climatique assez courant dans les Royaumes Mortels) qui avait élu domicile sur le navire à l’aide d’une fumigation un peu spéciale ? Aussi dit, aussitôt acté, la possibilité de soutirer aux bonzes une de leurs fameuses tapisseries pouvant même permettre d’espérer un profit au trésorier de la petite bande, passablement dépité par le tour pris par les évènements. Après tout, quoi de mieux qu’un lama pour venir à bout d’un rat1 ?
Arrivé sur place, Brokrin emmène une poignée de ses gars à la rencontre des paisibles habitants de Kheitar, dont les ancêtres étaient tellement zens qu’ils ont réussi à apprendre à un démon les bienfaits de la méditation. Brokrin, qui connaît personnellement le grand Lama (Serge), est bien étonné de voir apparaître à la place de son vieux pote un nouveau père supérieur (Bernard), qui a la peine de lui apprendre que Serge n’est pas simplement malade (comme on pouvait s’y attendre), mais a carrément atteint l’illumination en commettant le suicide rituel du tulku, un lent empoisonnement débouchant sur une momification graduelle de l’ascète. Malgré cette triste nouvelle, Bernard se montre particulièrement conciliant avec ses hôtes, acceptant non seulement de procéder à la dératisation demandée (sous réserve que les Duardins permettent aux rats de quitter le navire, car telle est le niveau d’antispécisme des bonzes), mais offrant même à leurs hôtes non pas une, mais cinq de leurs précieuses tapisseries, pour une contribution laissée à la discrétion des bénéficiaires. En celà, Bernard fait une grave erreur car cette générosité excessive ne manque de déclencher l’alerte piège à khon que tous les Kharadrons possèdent dans un coin de leur esprit. Suspectant une entourloupe, Brokrin charge donc un de ses matelots d’escorter les moines tapissiers jusqu’à bon port, tandis que lui et le reste de son khrew acceptent l’offre de Bernard de rendre visite à Serge, qui serait, contre toute évidence, encore vivant. Bernard commet alors sa deuxième boulette (pas aussi grave que celle du Bordeaux – Paris de 93, mais pas loin) : soucieux de faire respecter les traditions non-violentes de Kheitar (où même les démons fument du chichon), il somme ses visiteurs de déposer leurs lames avant d’entrer dans le saint des saints. Toujours un à lire les petites lignes du contrat et à trouver les failles dans les termes et conditions qui lui sont proposés, Brokrin fait remarquer à ses hommes que l’injonction du grand Lama ne couvre pas les armes à feu, et emboîte donc le pas à Bernard toujours armé de sa pétoire.
Un peu plus loin, les mirifiques carpettes de Kheitar sont entreposées sans heurts dans la cale du Dragon de Fer, sous l’œil attentif et circonspect d’un rattophobe déclaré, le sergent arquebusier Drumark, dont le paternel a été fauché dans la fleur de l’âge lors d’une bataille contre les Skavens. Souhaitant s’assurer que la vermine qui grignote son grain ne s’attaque pas aux précieux tapis, il laisse remonter ses comparses et attend dans la pénombre de voir comment les choses vont évoluer. Quelle n’est pas sa surprise de voir s’extraire des rouleaux apportés par les bonzes une demi-douzaine d’hommes-rats, qui comptaient sans doute s’infiltrer discrètement dans le navire en attendant de jouer un tour pendable à ses occupants légitimes ! Les plaisanteries les plus courtes étant les moins longues, Drumark a tôt fait de sonner la fin de la rat-cré, l’arsenal Kharadron ayant rapidement raison des manigances skavens. Tout celà n’augure toutefois rien de bon pour Brokrin et ses suivants, qui ne tardent pas non plus à découvrir le pot au rat, à la suite d’une performance misérable du Jeff Panacluc Skaven, un dénommé Kilvolt ayant « jeanmarquisé » le cadavre de Serge. Sommé de révéler au véritable maître de Kheitar les secrets de l’ingénierie Kharadron, Brokrin refuse avec noblesse, et met à profit la bévue de Bernard pour arroser les hommes rats venus à la rescousse de Kilvolt avec du Kharaplomb. L’algarade ne dure cependant pas longtemps, l’arrivée de Drumark et de ses arquebusiers convainquant définitivement les Skavens de la futilité de leur approche. Profitant de l’accalmie, Brokrin et Cie repartent ventre à terre sur le Dragon, non sans avoir pris soin de looter quelques tapisseries supplémentaires en guise de dédommagement. De voleur à vendeur de tapis, il n’y a que peu de choses au fond.
1 : Si vous répondez : un chat, sachez que le félin apporté à bord par les Duardins a fait acte de mutinerie peu de temps après sa prise de fonction. C’est ce qu s’appelle avoir un poil dans la patte.
AVIS :
Accompagnement au roman qu’il a consacré aux plus blindés des Duardins (Corsaires du Dragon de Fer//Overlords of the Iron Dragon), ce Rats de Cale de Werner s’avère être d’une lecture globalement satisfaisante. Notre homme retrouve avec bonheur ses victimes favorites (les Skavens), qu’il gratifie comme à son habitude d’une inventivité et d’une ambition proportionnellement inverse à leur compétence, pour un résultat aussi spectaculaire que dérangeant1. S’il y a un contributeur de la BL qui sait s’y prendre pour donner aux hommes rats leurs lettres de bassesse, c’est bien l’homme au chapeau, et on ne peut que souhaiter que Nottingham lui confie davantage de commandes portant sur les funestes et fumistes machinations des rejetons du Rat Cornu. On appréciera également l’exotisme du propos, la visite guidée de la Lamaserie de Kheitar permettant au lecteur de se remémorer l’immensité des Royaumes Mortels, où la présence d’une communauté de bonzes vénérant un démon du Chaos ayant trouvé la paix intérieure en téléchargeant Petit Bambou sur son portable est tout à fait possible. On peut regretter que l’accent ne soit pas davantage mis sur la culture des protagonistes, abordée assez succinctement à travers la mention des différentes fonctions des membres de l’équipage de l’Ang Drak et du fameux Code des Kharadron (qui sanctuarise les partenaires de commerce équitable, ce qui doit indiquer que les bananes et le chocolat sont tenus en haute estime par le Geldraad), mais que voulez-vous, on ne peut pas tout avoir dans une nouvelle de 25 pages. Le casting très développé des Arkanautes, conséquence logique de leur inclusion dans le roman cité plus haut, est un autre facteur pouvant diminuer (légèrement) le plaisir de lecture, mais, rassurez-vous, savoir qui est qui n’a que peu d’intérêt au final. Le plus important restant bien sûr de souquer les artimuses.
1 : Sérieusement, imaginer la transformation d’un cadavre de bonze en marionnette animée, c’est un coup à faire des cauchemars.
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The Son of Sorrows – J. French [40K] :
INTRIGUE :
Sur une planète banale, une secte impériale l’étant tout autant a commis la singulière et fatale erreur de franchir une des lignes rouges de l’Inquisition : capturer des Psykers (ok) et les torturer (ok) pour obtenir des bouts de prophéties (HERESIIIIIIE !!!). Mettez vous bien ça dans la tête, mécréants : le loto doit rester un jeu de hasard, sinon comment voulez vous que les Seigneurs de Terra financent les opérations de la Garde Impériale, hein ? L’affaire ayant été remontée jusqu’à l’Inquisiteur Covenant, ce dernier décide d’envoyer une de ses nouvelles recrues, l’ex Sergent des forces spéciales Koleg, faire un exemple des Chercheurs de la Vérité Incandescente (le petit nom de la secte), sur le lieu même où ils ont monté leur sinistre opération : la cathédrale Saint Raymond des Charentaises.
On suit donc Koleg depuis sa préparation méthodique dans la cellule qui lui sert de chambre, après que la brave Viola von Castellan, qui entre autres tâches s’occupe des ressources humaines pour le compte de son patron, lui ait transmis le briefing de la mission, jusqu’à l’exécution de cette dernière. Déployé comme la one man army qu’il est, Koleg sait qu’il doit faire un exemple des pécheurs et utilise pour ça un armement bien spécifique : un lance grenade balançant des bombinettes à fumée saturée de LSD et d’agent phobique (pour faire littéralement halluciner ses victimes et les mener à se retourner les unes contre les autres) d’une part, et un pistolet à chevrotine d’autre part (ça sert toujours). Ah, il utilise aussi une sorte de porte manteaux rétractable à un moment, mais je serai bien infoutu de vous dire à quoi ça lui a servi1. Toujours est il que le K. nettoie la place avec l’efficacité des grands professionnels, même lorsque l’un des Psykers gardés au frigo par les hérétiques s’invite à la fête après qu’une grenade ait défoncé son aquarium amniotique.
En parallèle, nous avons droit à quelques flashbacks retraçant les événements ayant mené notre héros à rejoindre la team Covenant. On apprend ainsi que Koleg avait un frère (Kesh) avec lequel il partageait la passion de la fauconnerie, et qui est mort tragiquement après qu’une bombe au napalm soit tombé sur leur maison. Bien des années plus tard, un Koleg adulte et engagé dans la Garde Impériale battit son Capitaine comme plâtre après que ce dernier se soit trompé dans les coordonnées d’un raid incendiaire, ayant sans doute fait des victimes civiles et triggered Koko. Un tel crime ne pouvant rester impuni, Koleg s’attendait à être exécuté sans sommation par le Commissaire le plus proche, mais par un heureux hasard, un homme de main de Covenant (peut-être Josef) passait dans le coin et proposa au soldat dépressif de rejoindre l’Inquisition. Koleg accepta à la condition d’être débarrassé de son spleen persistant, et comme une psychothérapie coûte apparemment trop cher pour l’Inquisition, il fut à moitié lobotomisé par ses nouveaux copains à la place. Résultat : il n’est plus capable de ressentir aucune émotion, ce qui peut avoir ses bons côtés je suppose. Comme dit le proverbe, keep calm and purge on…
1 : Et je ne suis pas le seul apparemment.
AVIS :
Parmi la foultitude de suivants de l’Inquisiteur Covenant, le taciturne Koleg est sans doute le moins remarquable, son statut de simple gros bras chargé des basses besognes ne lui permettant pas de voler la vedette aux seconds couteaux les plus fantasques, stylés ou particuliers du Francis Lalanne de l’Ordo Malleus. Cela n’a pas empêché l’aimable John French de donner à cet humble personnage un début d’origin story, convenablement mystérieux1 et résolument tragique, ce qui est approprié pour un type évoluant dans un univers grimdark. À vrai dire, ce sont les flashbacks retraçant le parcours de Koleg qui m’ont le plus intéressé, le récit de sa mission « Épouvantail » dans la cathédrale squattée par les cultistes ne révolutionnant pas le genre du bolt porn, et j’aurais donc apprécié que French passe plus de temps à détailler le passif du pseudo Space Marine (après tout, lui non plus ne connaîtra plus la peur) plutôt qu’à le décrire en train de gazer de l’hérétique. Pas la meilleure nouvelle horusienne de notre homme, mais tout de même sympathique. Tous avec moi : Heeeeee’s a maaaaaan of constant sooooorrooooooow…
1 : J’ai compris qu’il a tabassé son Capitaine parce que l’erreur que ce dernier a commise lui a rappelé le tragique destin de sa propre famille, mais peut-être qu’il s’agit du même accident.
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The Battle of Blackthunder Mesa – P. Kelly [40K] :
INTRIGUE :
La situation des défenseurs T’au de la planète Dal’yth, et plus particulièrement, de l’académie militaire située sur cette dernière, est positivement catastrophique. Isolés par le retrait des troupes de cette fayotte de Shadowsun, qui s’est repliée sans coup férir au lieu de se battre jusqu’au bout, comme le préconisait Farsight, les derniers guerriers de la caste du feu en sont réduits à livrer de coûteux et futiles combats d’arrière-garde pour ralentir l’avancée des impériaux, et permettre, peut-être, d’évacuer les survivants de la Star Academy locale. Placés sous l’autorité du Commander Bravestorm, adepte convaincu de la vision hypermétrope de la guerre de Farsight (et pour cause), nos héros viennent cependant de recevoir du matos un peu spécial, commandé auprès des grosses têtes de la caste de la terre il y a peu et livré sous forme encore expérimentale : des gants de boxe énergétiques. En effet, poussés par l’épuisement de leurs munitions et la puissance de feu de leur adversaire, Farsight et Bravestorm ont changé leur fusil à impulsion d’épaule, et monté une opération osée pour engager les tanks ennemis au corps à corps. Cela n’est certes pas très conventionnel, comme le fait remarquer la pimbêche (Furuja) du groupe1, mais nécessité faisant loi, Bravestorm emmène donc son cadre de cadets à l’assaut de la tristement célèbre Blackthunder Mesa, transformée en drive-in pour Leman Russ et Basilisks par l’Imperium depuis quelques semaines, avec des conséquences architecturales dramatiques pour la ville universitaire de Dal’Ryu, située en contrebas.
Si le déploiement de notre petite force d’Iron Men ne pose pas de problèmes, grâce à la maîtrise du vol furtif et à la technologie avancée du Bien Suprême, les choses se compliquent toutefois assez rapidement pour les concasseurs de tôle. Bien que Bravestorm ait pris soin d’indiquer à ses élèves qu’il fallait mieux rester au cœur de la mêlée pour gêner les tanks dans leur utilisation de leurs armes de défense, le poids du nombre, le comportement kikoulol de certains, et l’arrivée importune d’un Stormhammer, font lentement grimper les pertes du côté des punchers, bien que leurs maniques custom prélèvent un lourd tribut parmi les colonnes blindées de l’ennemi. L’équilibre des forces se renverse cependant brutalement lorsque, non pas un, mais deux Titans Warlord viennent se joindre aux festivités. L’apparition « subite » de ces discrètes et furtives machines de guerre en dit long sur le degré de préparation de l’opération, mais cela sera une discussion pour une autre fois. De toute façon, Bravestorm est certain que les nouveaux-venus n’oseront pas tirer sur les T’au, qui sont toujours engagés dans une partie d’auto-tamponneuse hardcore avec les blindés impériaux. Sa suffisance de Xenos idéaliste se trouve donc méchamment battue en brèche lorsque le turbo-laser du Titan de tête ouvre le feu sur les empêcheurs de bombarder en rond, réduisant le cadre de Bravestorm en confettis et cuisant ce dernier dans son armure.
Ce n’est cependant pas la fin pour notre héros trop confiant, qui trouve les ressources intérieures nécessaires pour faire abstraction de ses blessures et partir à l’assaut de la machine meurtrière. Son dernier fait d’arme consistera donc à « égorger » son adversaire en lui arrachant le câble d’alimentation, « fier comme un dindon », euh, tendon, courant le long du « cou » de la machine. À quoi cela a-t-il servi ? À rien en fait, puisque Bravestorm se prend à son tour une baffe monumentale – on saluera la dextérité de l’équipage impérial pour arriver à atteindre une cible aussi petite – s’écrase au sol comme une bouse, et sombre dans une inconscience logique. Certes, il a le temps de voir les forces impériales, dont le Titan trachéotomisé, se retirer de la mesa avant de tomber dans le coma, mais la victoire stratégique qu’il revendique au nom du Bien Suprême me semble un peu tirée par les cheveux (lui n’en a pas, je vous l’accorde). Après tout, c’était peut-être seulement l’heure de la cantine du côté adverse ? En tout cas, notre increvable héros n’a pas dit son dernier mot, puisque sa carcasse mutilée finit par être récupérée sur le champ de bataille par les éboueurs de la caste de la terre. Pas encore tout à fait mort, il entend ses sauveteurs discuter des conséquences positives de son coup d’éclat quasiment fatal, qui a au moins permis de préserver les derniers quartiers de Dal’Ryu des déprédations impériales. La nouvelle se termine sur la réalisation que Bravestorm sera bien sauvé, mais au prix d’un enfermement perpétuel dans son Exo-armure, ses blessures étant trop graves pour espérer une véritable guérison. Assez ironique pour un personnage ouvertement Dreadnoughtophobe2…
1 : Qui remonte toutefois dans mon estime grâce au magnifique « OK Gooder » (l’équivalent de notre OK Boomer) expédié à son supérieur un peu plus loin.
2 : Ce n’est pas qu’il en ait peur, mais la vue des pilotes Space Marines mutilés le dégoûte. Il en fait même des cauchemars.
AVIS :
Kelly retourne une fois encore sur la planète Dal’yth (Redemption on… Dal’yth) pour livrer un compte rendu romancé de la première utilisation d’une arme expérimentale T’au, le fameux gantelet Onagre. Si j’ai pu deviner à la lecture de cette nouvelle qu’elle mettait en scène des personnages déjà présentés dans d’autres textes qu’il a consacré à la couverture de la campagne de Damocles, l’immersion dans la galerie de seconds couteaux (rituels) gravitant autour de Farsight ne s’est pas faite sans difficultés de mon côté. En cause, le nombre de personnages convoqués par l’auteur1, et la complexité naturelle des patronymes T’au, qui se sont conjugués pour rendre difficile l’identification, et à travers elle, l’intérêt, de votre serviteur envers les pioupious de l’académie que Bravestorm a pris sous son aile. Cette difficulté évacuée, le récit de la fameuse bataille de Blackthunder Mesa ne m’a pas collé à mon siège, du fait du caractère binaire de l’affrontement en question. Si les Exo-armures commencent par faire des gros trous dans les tanks impériaux, sans vraiment être mises en danger par leurs proies (plutôt qu’adversaires), l’arrivée du titan renverse totalement la situation en un seul tir (merci Bravestorm), éparpillant le maigre suspens agencé jusqu’ici par Kelly aussi facilement que les assaillants Xenos venus souffler dans les chenilles des blindés de l’Empereur. On saluera tout de même la bonne « préparation » faite par l’auteur de la destinée claustrophobie de Bravestorm, qui après la Voie de la Lame Courte suivra celle de la Boîte de Conserve, sort ironique eut égard à l’effroi que lui inspirait les Dreadnoughts Space Marines. Au final, une lecture qui pourra intéresser les familiers de la prose suprêmiste de Kelly, mais qui n’a pas grand-chose à apporter au tout venant à la recherche d’un récit de bataille prenant.
1 : Ironie du sort, ils y passeront presque tous avant la fin de la nouvelle. C’était bien la peine de faire des efforts.
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The Atonement of Fire – D. Annandale [HH] :
INTRIGUE :
Nous sommes dans la dernière ligne droite de l’Hérésie, quelques mois avant que le Siège de Terra ne débute. Roboute Guilliman a fini par réaliser que lancer sa petite entreprise personnelle alors qu’il est toujours techniquement employé par Pépé Corp., et en piquant dans la caisse de Big E. en profitant d’une panne généralisée d’internet pour ne pas se faire prendre, c’était assez craignos tout de même. Pétri de remords, Roro est désormais à la recherche d’un moyen de se faire pardonner ses errements passés. En sortant de sa séance hebdomadaire avec le Chapelain/Psychiatre Volusius, lui vient une idée toute simple pour expier son énorme hubris : aider Sanguinius à rejoindre Terra en détruisant les flottes hérétiques qui se mettront sans nul doute sur la route de l’Ange à la Moumoute.
Après une petite séance de triangulation avec les poteaux dans le strategium de l’Ultima Mundi, les Ultras de l’Empereur décident d’aller au secours de la planète Diavanos, d’où est arrivé un message astropathique implorant de l’assistance pour gérer une invasion de World Eaters mal-lunés. Diavanos est de plus un monde que les Ultramarines ont rattaché à l’Imperium il y a plusieurs décennies, et dont la technique de vitraux teintés a grandement impressionné le Primarque lorsqu’il flânait dans les rues de la capitale Ecstasia à la recherche d’inspiration pour son dernier roman. Pour toutes ces raisons, ainsi que pour celle, plus prosaïque, de se venger des ravages commis par les séides d’Angron et de Lorgar dans leur pré carré, les gars de la XIIIème se ruent au secours de Diavanos, et tombent à bras raccourcis sur leurs frères ennemis alors que ces derniers s’apprêtaient à repartir pour embusquer la flotte des Blood Angels.
La bataille spatiale qui s’en suit, si elle n’est guère équilibrée (les Ultramarines sont deux fois plus nombreux, sérieux, hargneux, farineux et bleus que leurs adversaires), permet à nos héros de relâcher la pression après tous ces mois à écouter les podcasts interminables du triumvirat de l’Imperium Secundus. Alors que les derniers vaisseaux renégats sont méthodiquement désintégrés par la froide fureur ultramarine, le cuirassé Gladiator profite de la confusion pour repartir en direction de Diavanos, et certainement pas pour une visite de politesse. Guilliman comprend que les World Eaters ont un petit creux, et que s’il n’intervient pas rapidement, la planète qu’il est venu sauver va s’en prendre plein la face. Mais arrivera-t-il à temps pour empêcher les fils d’Angron de commettre l’irréparable ?
Début spoiler…Après de multiples péripéties dans les coursives du Gladiator, que les World Eaters ont faites effondrer pour gêner la progression de leurs ennemis, Roboute et ses hommes (en grande partie des Destroyers, wink wink ‘The Lord of Ultramar’) parviennent jusqu’à la salle des torpilles où les hérétiques se sont barricadés. La mêlée désespérée et surtout très sale qui s’ensuit tourne logiquement en faveur des surhommes en bleu, mais les World Eaters sont proches de réaliser leur objectif secret (faire péter une torpille à l’intérieur du vaisseau afin d’emporter Guilliman avec eux). Seule l’habilité du Grand Schtroumpf avec son combi-bolter customisé permet d’éviter la catastrophe, mais la victoire morale revient tout de même aux groupies d’Horus. Il est en effet trop tard pour prévenir le crash du Gladiator à la surface de Diavanos, et l’onde de choc qui s’en suit rase la capitale et dévaste une grande partie de la planète. Bien évidemment, les Ultramarines ont eu le temps de regagner leurs 22 avant que cette tragédie n’arrive, mais Guilliman finit la nouvelle avec le blues. Approprié, vous me direz.Fin spoiler
AVIS :
Vu le passif peu glorieux de David Annandale avec la XIIIème Légion (‘Lord of Ultramar’…), j’ai attaqué cette nouvelle dans un état d’esprit assez peu favorable à cette dernière, et j’ai été surpris de constater que cet ‘Atonement of Fire’ tenait tout à fait la route. Nous sommes en présence d’un court format siglé HH de facture assez classique (un peu de réflexion, beaucoup d’action, et en bonus une belle tranche de Primarque), mais débarrassé de tous les défauts que l’on pouvait trouver dans les autres soumissions de notre homme (personnages stupides/inintéressants, intrigue bancale, rythme chaotique)1. Ça pourrait et devrait être considéré comme le strict minimum, mais nous savons tous que la BL ne croit pas dans des concepts aussi restrictifs que le contrôle qualité. Enfin, pas tout le temps.
Surtout, et c’est assez rare dans une publication de la Black Library (quel que soit la franchise ou l’auteur) pour le souligner, Annandale parvient à ménager un vrai suspens jusqu’au bout de son propos. Guilliman et ses Schtroumpfs destructeurs arriveront-ils à sauver Diavanos des déprédations suicidaires des World Eaters ? Même si la planète a été créée de toute pièce pour l’occasion, l’auteur arrive à nous intéresser à la conclusion de cet accrochage mineur de la fin de l’Hérésie en appuyant de façon intelligente sur les remords éprouvés par Guilliman au sujet de son Imperium Secondus et son besoin de se faire pardonner de ce petit caprice. Annandale nous ressert également la vieille rengaine du « I am never going to financially recover from this », 30K style, déjà bien exploitée par d’autres avant lui, mais qui fait toujours son petit effet quand utilisée à dessein, ce qui est le cas ici. Bref, une vraie bonne surprise pour ma part, et une des meilleures soumissions de David Annandale pour le compte de cette franchise, si vous demandez mon avis.
1 : On pourrait lui reprocher de ne toujours pas maîtriser les bases spatio-temporelles d’une bataille spatiale (exemple gratuit : la course poursuite entre l’Ultimus Mundi et le Gladiator ne semble durer que quelques minutes, alors qu’elle s’engage à proximité du point de Mandeville du système et se termine dans l’atmosphère d’une planète habitable (donc proche de son soleil), ce qui devrait prendre au bas mot quelques jours), mais dans mon infinie générosité, je passe l’éponge là-dessus.
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A Lesson in Iron – D. Guymer [HH] :
INTRIGUE :
S’il y a une chose que Ferrus Manus, paix à son âne, détestait, c’était bien perdre du temps. Aussi, sitôt réuni avec sa Légion, engagée dans le démantèlement de l’empire de rouille ork, le Primarque tint à imposer sa marque sur ses Légionnaires. Nous rejoignons ainsi l’impulsif M. Manus alors qu’il fait la chasse de quelques vaisseaux peaux vertes ayant survécu à la colère de l’Imperium, et qu’il compte bien détruire afin d’obtenir la complétion à 100% de sa mission, et ainsi prouver à l’univers qu’il vaut mieux que ces poseurs d’Horus et de Russ1. Et tant pis si ces couards d’Orks décident de foncer coque baissée dans une faille Warp qui flottait par là pour échapper au courroux de l’Astartes, et que personne n’a jamais été assez timbré du côté impérial pour se risquer dans ce genre d’environnement chelou. Ferrus, et son Fist of Iron, seront les premiers à tenter le coup. Encore un record à mettre au crédit du Primarque qui en voulait.
Ferrus n’est pas seul sur le pont de son vaisseau amiral alors que ce dernier réalise le premier fistage d’une faille Warp. Il est accompagné de deux Sergents vétérans, le Terran Harik Morn et le Medusan Gabriel Santar, tous deux pressentis pour devenir son bras droit. Alors que le Fist of Iron s’enfonce dans le trans Materium comme s’il s’agissait de caramel mou, avec des effets funky sur les appareils de navigation, comme on peut l’imaginer, les auspex détectent soudain des silhouettes de vaisseaux à proximité. Il s’agit des kroiseurs orks, mais également d’un nouvel arrivant, qui n’avait pas été identifié pendant la poursuite dans l’espace réel. Point commun : tous ont été réduits à l’état d’épave, et dans un passé lointain qui plus est. À la grande surprise des impériaux, il semble que le vaisseau en question appartienne à la 10ème Légion, ce qui hautement improbable mais pas totalement impossible. Pragmatique comme toujours, Ferrus Manus décide d’aller y jeter un œil.
Alors que les pauvres grunts qui forment son escorte découvrent avec émoi 1) l’existence de Démons et 2) s’il y a une vie après la mort, le Primarque et ses comparses arrivent jusqu’au pont du vaisseau mystère, où les attend un cadavre desséché de Space Marine. Ce dernier porte les marquages d’un Iron Hands, mais, au grand dégoût de FM, il semble avoir terminé sa carrière plus machine que (sur)homme, au vu de toutes les augmétiques et bioniques que la dépouille arbore. C’est le Tech-adepte qui accompagne la fine équipe qui finit par proposer l’hypothèse la plus intéressante pour expliquer ce répugnant mystère : l’épave sur laquelle ils se trouvent est un vaisseau des Iron Hands provenant du futur, transporté dans le passé par les caprices du Warp.
Avant que la nouvelle n’ait pu être digérée par l’assemblée, une palanquée de Démons se manifeste (dans tous les sens du terme) sur le pont, et forcent nos héros à – enfin – faire usage de la force. Si ce bogoss de Ferrus s’illustre à grands coups de marteau, ses subalternes sont plus à la peine. Surpris par les nouveaux arrivants, Santar se fait ainsi arracher le bras gauche par une Bête de Nurgle joueuse, tandis que Morn est submergé par des Horreurs rigolardes. Le premier réussit toutefois à marquer des points auprès du Primarque en retournant dans la mêlée sitôt ses esprits recouvrés, tandis que le Terran se contente de haleter comme un bébé phoque sur la banquise. Avant d’ordonner une retraite tactique vers le Fist of Iron, ignorant les avis de ses sous-fifres de rester pour looter de la technologie futuriste, et/ou défendre une relique de la Légion, Ferrus tranche en son for intérieur : ce sera Gaby qui deviendra son Écuyer et 1er Capitaine. C’est dit.
1 : C’était l’époque de la Grande Croisade où tous les Primarques avaient un nom qui rimait avec « platypus », l’animal préféré de Pépé.
AVIS :
Petite nouvelle fort sympathique consacrée par leur spécialiste incontesté, David Guymer, aux Iron Hands et à leur Primarque caractériel, ‘A Lesson in Iron’ se paie le luxe de nous présenter en quelques lignes la prise de fonction de Ferrus Manus au sein de sa Légion (choix du 1er Capitaine, et autres révélations fluffiques intéressantes incluses), combiné avec une savoureuse mise en abîme du futur qui attend le Chapitre dans quelques millénaires. Le fait que les améliorations bioniques répugnent au plus haut point l’homme aux mains de fer n’est pas une nouveauté à ce stade, mais Guymer parvient tout de même à surfer sur cette iron-ie de façon tout à fait satisfaisante. Le pauvre Ferrus Manus aura soupé de prémonitions malheureuses car jamais utilisées pour modifier la destinée pas vraiment enviable attend ses fils et lui-même à la sortie de la Grande Croisade, et on en a encore un exemple ici. Ça reste plus distrayant à lire que la moyenne des soumissions de la BL, donc pourquoi cracher dans soupe ?
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Et voilà pour cette revue expresse (en tout cas de mon côté) de ce petit livret de 2017. Sympathique sans plus, mais sans défaut flagrant non plus, franchement on a vu pire.
GALAXY OF HORRORS [40K]
Bonjour et bienvenue dans cette revue de ‘Galaxy of Horrors’, recueil de nouvelles se déroulant dans le lointain et horrifique futur du 41ème millénaire, et publié par la Black Library en novembre 2023. Comme son pendant d’Age of Sigmar, ‘Untamed Realms’ (chroniqué ici), ‘Galaxy of Horrors’ est une compilation de courts formats ayant été proposés au public de la BL par le biais de bundles thématiques espacés entre 2022 et 20231. Pas d’inédits à se mettre sous la dent comme cela avait été le cas pour ‘Only War’ (là), mais avec 19 histoires au sommaire pour la modique somme de 6,49€, on ne va pas faire la fine bouche.
1 : Character Week 2022 ; Advent Calendar 2022 ; Astra Militarum Week 2023 ; Black Library Celebration Week 2022 ; Chaos Space Marines Week 2022 ; Black Library Celebration Week 2023.
Comme on peut s’y attendre d’une anthologie de nouvelles 40K dont l’une des sections est tout entière consacrée aux Sœurs de Bataille, Danie Ware est sans surprendre la contributrice alpha de ce ‘Galaxy of Horrors’ (3 entrées). Elle est suivie par Mike Brooks (deux soumissions), les autres auteurs s’étant arrêté à la première unité. Parmi ces derniers, beaucoup de noms seront familiers aux habitués de la GW-Fiction, mais comme d’habitude pour ce type d’ouvrage une poignée de néophytes ou pas loin (Flindall, Young, McCormick, James, Chivers) viennent accompagner leurs collègues plus expérimentés.
Terminons cette introduction en complétant le tour d’horizon thématique de ce volume : en plus des Sistas (The Bloody Rose), le lecteur aura la chance de se familiariser avec la propagande impériale (Defenders of the Imperium) et d’être émerveillé par les exploâs des Space Marines (Warriors of the Adeptus Astartes). Vous pouvez feindre l’étonnement – ou pas. Pour équilibrer les débats, les suivants du Chaos auront droit à leur segment (Followers of Chaos), tandis qu’il revient à Trazyn l’Eternel d’incarner à lui seul The Enemy Beyond. Je suis sûr qu’il n’y verra pas d’inconvénient.
Le décor étant planté, il est grand temps de nous plonger dans cette petite gal(ax/er)ie des horreurs, en espérant que ces dernières ne soient pas les nouvelles dont il est question ici…
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The Trial of Lucille von Shard – D. Flowers :
INTRIGUE :
La guerre sur l’agrimonde de Bacchus n’a beau pas se dérouler aussi bien que les clips de propagande impériale le montrent, on trouve tout de même le temps à consacrer à des petits à-côtés sympathiques dans le camp de Pépé. Au programme de cette journée radieuse, rien de moins qu’un procès en cour martiale s’il vous plaît. L’accusée n’est pas n’importe qui : fille d’un héros renommé et elle-même pilote de chasse d’exception, la Flight Commander Lucille von Shard est une sommité de la campagne de Bacchus. Outre son caractère de cochon, sa morgue démesurée envers à peu près tout le monde et sa sale tendance à balancer des one liners vicieux dans les situations les plus délicates, il lui est surtout reproché d’avoir tardé à se manifester la veille au soutien des porteurs du ballon de l’aquila, alors qu’ils se faisaient laminer par une offensive ork plus coordonnée, et donc efficace, que la moyenne. Appelé à témoigner par les deux camps, le Flight Sergeant et narrateur de l’histoire Tomas Jaymes sait que son récit fera toute la différence, car en tant que relai entre la Commandante de tank et officier en charge de la défense de la ligne impériale Baszler, et la mercurielle von Shard (les deux femmes ne pouvant pas se piffer, comme de juste), il a tout entendu du drame qui s’est joué hier.
Son cas a beau être très mal engagé, et la punition qui l’attend si elle est déterminée coupable par la cour martiale des plus sévères, von Shard ne montre que peu de signes d’inquiétude, et se contente de regarder sa montre avec insistance alors que Jaymes relate à l’assemblée son éprouvante journée de la veille. En charge d’une escadre de Vultures, le Sergent a soutenu du mieux qu’il a pu ses camarades de la Garde, embourbés dans les marais toxiques de Bacchus, mais l’arrivée soudaine du terrible Poulpe de Fer, un chassa-bomba ork plus équipé qu’une bande de Flash Gitz, a transformé la vaillante défense en massacre. Conformément aux directives de Baszler, il avait demandé à von Shard d’intervenir dès que la situation avait commencé à déraper, mais l’as des as n’avait pas daigné donner suite (elle était dans son bain). Ce n’est que quand le Poulpe s’est manifesté sur le champ de bataille qu’elle a eu l’amabilité de rappliquer, et de régler son compte au dangereux céphalopode – car elle reste da best o’ da best, tout de même.
Alors que la délibération des juges est sur le point de se conclure, et qu’on se doute qu’elle ne sera pas clémente pour Lulu, un nouveau personnage fait son entrée dans le tribunal improvisé. Le Wing Commander Prospherous, plus haut gradé de l’Aeronautica Imperialis sur Bacchus, arrive comme un prince et fait comprendre aux bidasses présentes en nombre qu’il n’a pas de temps à consacrer à leurs petits problèmes de piétons. Il repart donc avec von Shard et Jaymes sous le bras l’aile, sans avoir eu la bonté d’expliquer à la cour ce que le lecteur apprend en conclusion de la nouvelle : c’est lui qui a donné l’ordre à Lucille de prioriser la destruction du Poulpe de Fer par rapport à tout autre mission, et comme le prudent mollusque ne sortait de son antre qu’une fois la bataille très bien engagée pour son camp, voler au secours de la Garde dès les premiers instants de la déroute aurait été contreproductif. Cela n’excuse pas l’attitude déplorable de von Shard envers ses petits camarades fantassins, mais avec un nom pareil, peut-on s’empêcher de faire des coups d’éclat ?
AVIS :
Sortie peu après la publication de ‘Outgunned’, le roman consacré à la guerre de Bacchus et la mégère pas du tout apprivoisée qu’est Lucille von Shard, ‘The Trial…’ me semble être un produit d’appel visant à renforcer les ventes de cet opus. La présence de ce tout nouveau personnage dans la Character Week 2022 ne m’apparaît donc comme pas aussi évidente que celle des autres héros couverts pendant cette semaine promotionnelle, car il est encore trop tôt pour dire si la brave Lulu reviendra hanter les pages de la BL dans le futur. L’histoire que nous présente Denny Flowers tient tout à fait la route, et nous présente l’anti-héroïne van Shard dans toute sa rafraichissante arrogance, ce qui aide la demoiselle à sortir du lot des héros impériaux classiques. Un complément utile à la lecture de ‘Outgunned’, donc, mais guère plus que cela : si vous souhaitiez en apprendre plus sur la faction encore méconnue qu’est l’Aeronautica Imperialis, passez votre chemin et rabattez-vous sur une valeur sûre telle que ‘Double Eagle’.
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Transplants – R. Young :
INTRIGUE :
La guerre fait rage sur le monde de Cocleratum, mais la Garde Impériale n’a vraiment pas le temps. Après avoir repris la ville de Ticcia aux forces du Chaos, le 217ème Cadien est ainsi redirigé dès le lendemain sur la cité d’Elborescum, qui a résisté à l’offensive des régiments de Mordian également engagés dans cette campagne grâce aux pouvoirs impies de l’entité connue sous le nom de Speccius. Charge à un trio de snipers du 217ème (Darya Nevic, Anders Mir et le premier sergent Ilya1) d’infiltrer Elborescum en avance de l’attaque de leurs camarades, et de supprimer le drôle afin de désorganiser les défenseurs. Avec seulement quelques heures pour réaliser cette mission oscillant franchement du côté « suicide » du compteur (pas d’informations précises sur la localisation de leur cible, suspicion qu’il s’agisse d’un Psyker, potentiel garde du corps Astartes), il s’agira d’être efficace. Le seul avantage dont nos héros disposent est la connaissance que Darya a d’Elborescum, y ayant vécu avec sa mère et son oncle à la fin de son enfance. Contrairement à ses coéquipiers, tous deux natifs de Cadia, elle est une « greffon » ayant rejoint le régiment pour combler les pertes subies par ce dernier depuis la chute de la planète. Bien qu’ayant tout fait pour s’intégrer chez les yeux violets (elle a ainsi développé le super talent de pouvoir identifier tous les accents cadiens à l’oreille), son statut de pièce rapportée l’isole de ses camarades les plus chauvins, dont Anders fait définitivement partie. Il va y avoir de l’ambiance.
La première partie de la mission se passe relativement tranquillement, le trio parvenant sans mal à se glisser dans la ville assiégée en utilisant le réseau de tunnels qui la sillonnent. En chemin, ils font la rencontre fortuite de Mariia, une habitante d’Elborescum s’étant réfugiée dans les souterrains avec sa famille pour échapper aux exactions commises par les fidèles de Speccius. Elle apprend aux Cadiens que ce dernier est une sorte de créature inhumaine, capable de voir par les yeux de ses disciples (ce qui est pratique lorsqu’on doit coordonner ses forces sur le champ de bataille, mais est un handicap quand les disciples en question doivent faire une pause technique), et chaperonné par un Space Marine du Chaos. Le seul point positif qui émerge de cette entrevue est la localisation du QG de Speccius, qui a pris ses quartiers dans la cathédrale locale. Let’s go there, then.
La difficulté monte d’un cran lorsque notre fine équipe rejoint la surface pour se rapprocher de son objectif, et finit par rencontrer des patrouilles de cultistes. Les premières échauffourées sont rapidement et professionnellement expédiées par les snipers, mais le nombre d’hostiles à négocier les contraint rapidement à passer du mode Solid Snake (je frappe depuis les ombres pour éliminer chirurgicalement mes cibles) à celui de Pacman (je cours dans tous les sens en espérant semer mes poursuivants). Entre deux sprints désespérés, Ilya a le temps de révéler à Darya qu’Anders ne la déteste pas vraiment, mais est juste triste de constater que l’identité cadienne est en train de se diluer au fur et à mesure que le régiment intègre d’autres recrues, et finira fatalement par disparaître dans quelques années ou décennies. Avant que Darya ait pu rétorquer que le grand remplacement était un mythe, ou quelque chose du même acabit, les choses prennent un sale tour pour les Cadiens (et assimilée)…
Début spoiler…Ils tombent en effet dans un piège tendu par l’Astartes-nounou de Speccius, qui envoie ses hordes de cultistes faire un peu de corps à corps avec les irritants snipers. Guère à l’aise dans cette phase, les Cadiens montrent toutefois qu’ils n’ont pas volé leur réputation de super soldats de Pépé et réussissent à sauver l’honneur en emportant un grand nombre d’hérétiques pendant leur dernier carré triangle. La palme revient à Anders, qui fait détonner une grenade krak au moment où le Space Marine allait lui poser le gantelet dessus, blessant grièvement son ennemi et créant suffisamment de chaos (ironique) pour que les cultistes oublient de s’enquérir du sort de Darya, laissée inconsciente par la déflagration sous un tas de cadavres. A son réveil, elle se rend compte qu’Ilya a été fait prisonnier et surtout qu’il ne lui reste que très peu de temps pour mener à bien sa mission avant que l’assaut des forces loyalistes ne débute.
Fort heureusement, sa connaissance de la ville et l’absence de nouvelles patrouilles sur son chemin lui permettent de prendre position en haut d’une tour surplombant le parvis de la cathédrale d’Elborescum, où Speccius s’apprête à livrer un discours pour motiver ses troupes. Petite révélation qui n’en est pas vraiment une à ce stade : le grand méchant S. est en fait le résultat de la fusion littérale entre deux hauts dignitaires de la cité, dont l’un (Ulberti) est l’oncle de Darya. Comme on a eu droit au cours des pages précédentes à quelques passages dans lesquels Young nous précisait que la plus grande passion d’Ulberti était de terrifier sa nièce, et qu’il n’avait probablement pas bougé de la cité depuis qu’elle avait tout plaqué pour s’engager dans la Garde Impériale, la surprise est limitée. Speccius commence à déblatérer ses profanités, mais malgré ses pouvoirs démoniaques, il n’est pas foutu de réaliser que permettre à un Garde prisonnier (Ilya) de conserver la musette où sont stockées ses charges de démolition est une mauvaise idée. Darya a donc beau jeu de coller un tir de long-las dans le baluchon qu’un Ilya bien amoché lui désigne du doigt bras après que Speccius ait eu la bonne idée bis de gueuler « trouvez moi ce %#@! de loyaliste !!! » à la cantonade. Bilan des courses : une belle déflagration qui disperse façon puzzle Speccius, son pet Astartes et une bonne partie des disciples du premier. Bien qu’elle n’ait pas pu sauver Ilya, Darya peut donc terminer sa journée de travail avec le sentiment du devoir accompli, et reprendre quelques forces avant que le haut commandement ne l’envoie refroidir Abaddon sur sa prochaine pause-déjeuner…Fin spoiler
1 : Que tout le monde appelle « Oncle » du fait de son âge avancé et de sa personnalité sympathique. Je crois qu’il s’agit d’une référence à un vieille série d’espionnage des années 60, The Man from U.N.C.L.E.
AVIS :
Après des débuts encourageants (‘The Roar of the Void’), Rob Young nous revient avec une infiltration à haut risque dans une cité tombée aux mains poisseuses du Chaos, une valeur refuge pour les auteurs engagés au sein de l’Astra Militarum. Certes, le propos est convenu et les ficelles un peu grosses (mais pourquoi remet-il le couvert toutes les trois pages avec l’oncle Ulberti ?), mais il aurait été difficile pour Rob Young de viser autre chose qu’une mention honorable avec une nouvelle d’action dont les personnages sont d’illustres inconnus auxquels le lecteur doit s’attacher en l’espace de quelques pages. Pour les plus anciens/érudits parmi vous, le choix de l’auteur de mettre en avant la querelle des Anciens et des Modernes à l’échelle des régiments Cadiens évoquera furieusement la saga des Fantômes de Gaunt après les événements de Vervunhive (‘Necropolis’), au moment où les Tanith purs jus sève durent accepter l’afflux de recrues de Verghast pour éviter une dissolution précoce (et on sait depuis Jacques Chirac que ce n’est pas une grande idée). De manière générale, l’influence du Seigneur Solaire Abnett se ressent très clairement dans ‘Transplants’, mais il n’y a pas de mal à inscrire ses premiers pas littéraires dans ceux d’un titan de la BL, methinks. Nice save, M. Young…
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Hell Fist – J. Woolley :
INTRIGUE :
On suit les Orks Nukreg et Zuglak à travers la jungle épaisse de Gondwa VI, le second essayant tant bien que mal d’enseigner au premier les rudiments de la diskression et de la stratéji, en Kommando expérimenté qu’il est. Manque de pot, Nukreg est une tête brûlée qui n’a pas grand-chose à faire des conseils de son instructeur, et semble mettre un point d’honneur à faire le plus de bruit possible au lieu de se fondre dans le décor. Tout ce raffut inquiète Zuglak, car cela risque d’attirer l’attention du redouté et redoutable Hell Fist, un Diable de Catachan aussi insaisissable que mortel, et dont la spécialité est d’envoyer des uppercuts énergétiques dans les babines de ses malheureux adversaires lorsqu’ils s’y attendent le moins. Et Zuglak en sait quelque chose, car il a vu sa précédente bande se faire tailler des croupières par le terrible Hell Fist alors qu’il était jeune Kommando, une anecdote qu’il partage avec Nukreg dans l’espoir de lui faire comprendre qu’il est dans son intérêt de la mettre en veilleuse quand il est en mission.
La caméra se braque alors que le Colonel Haskell ‘Hell Fist’ Aldalon le temps d’un petit flashback des familles (c’est approprié car sa propre fille est le Sergent de l’escouade qui l’accompagne), pendant lequel cette rencontre fatidique entre les discrets Catachans et les Orks tapageurs est relatée. Grâce à la discipline de fer instillée par leur acariâtre officier, leur science du combat de jungle et l’effet de surprise, les Impériaux parviennent à mettre une raclée monumentale aux peaux vertes ahuries, et à se replier sous le couvert de leurs bombinettes à fumée, laissant les quelques survivants (dont Zuglak), se gratter la tête pour tenter de comprendre ce qu’il leur est arrivé. En bon macho man, Aldalon a tenu à avoir le premier sang, rampant aussi discrètement que le maniement d’une moufle de quinze kilos le permet dans les sous-bois pour se mettre en position. Et croyez-le ou pas, cela a fonctionné. C’est pas Yarrick qui aurait réussi à faire ça, c’est moi qui vous le dit !
Retour dans le temps présent, et à nos deux Orks forestiers. Malheureusement pour Zuglak, son compère n’a pas cru un mot de son édifiante histoire, et décharge son fling’ dans les frondaisons aux alentours pour bien montrer qu’il n’a pas peur du Hell Fist, et souhaite même le rencontrer, tant qu’à faire. Malheureusement pour Nukreg (et pour Zuglak, aussi), son souhait ne tarde pas à être exaucé, et les pauvres Boyz sont prestement réduits en compost par l’intraitable Aldalon, qui passait justement dans le coin. Comme quoi, il ne faut pas chercher à boxer hors de sa catégorie…
AVIS :
Petite nouvelle sans grande ambition (ni intérêt, pour être honnête) accompagnant le roman ‘Catachan Devil’, dans lequel on peut retrouver le Colonel Aldalon et ses diaaaaaables de Diables de Catachan, ‘Hell Fist’ se révèle être le récit inutilement alambiqué d’une embuscade tout à fait banale opposant une escouade de guerriers des jungles à une bande d’Orks peu dégourdis. Cela aurait pu et dû durer trois pages à tout casser, mais Woolley délaie son propos pour arriver à un format nouvelle : mauvais choix de sa part, car ça ne donne pas vraiment envie de passer plus de temps avec son héros Grossebaf (le Normand). On a tout de même le droit à un peu de fluff catachanesque, mais ça ne suffit pas à sauver ‘Hell Fist’ du recalage. 20 pompes, Woolley !
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Blood Sands – V. Hayward :
INTRIGUE :
Lorsque son groupe de Sentinelles de reconnaissance tombe dans une embuscade au cœur des dunes du monde désertique de Fervens, la pilote Aisha Itoh réalise immédiatement que la situation est compromise. Outre le fait que l’attaque perpétrée par les motos et quads du Culte Genestealers ayant infecté la planète, et nécessité l’envoi du régiment dont notre héroïne fait partie, coûte la vie au Lieutenant et à sa seconde, propulsant Itoh au grade de Sergent-par-la-force-des-choses ; cette escarmouche ne peut signifier qu’une chose : quelqu’un de haut placé est de mèche avec l’amicale des chauves (mouahaha) dans le camp impérial. La mission des Aigles des Dunes (le petit nom de l’escadron) était en effet top secrète, et connue seulement d’une poignée de gradés triés sur le volet. Se faire attaquer par une bande de bikers en maraude, qui avaient pris soin de poser des mines pour casser les pattes des Sentinelles qui plus est, ne peut s’expliquer autrement sur un théâtre aussi vaste et vide qu’un…euh…désert.
Refusant de céder à la paranoïa, Itoh repart cependant avec ses deux camarades Kozak et Blythe en direction du factorum produisant les munitions utilisées par les cultistes, afin de poser des balises qui permettront au QG régimentaire d’envoyer des missiles pour faire place nette de ce nid de vermine. On peut s’interroger sur ce mode opératoire inutilement tarabiscoté puisque les impériaux semblent savoir parfaitement où se trouve leur cible (ils auraient mieux fait d’envoyer un Basilisk ou de bombarder la zone depuis l’orbite…), mais comme le dit elle-même notre pilote d’élite : « dans la marine, on ne fait pas grand-chose mais on le fait tôt ». Après un crochet stratégique par un avant-poste dont la garnison a été massacrée par ces coquins d’hybrides (qui ont laissé un Genestealer odoriférant derrière eux pour contester l’objectif) afin de récupérer un peu de matos et d’envoyer un pigeon voyageur (eh oui, ça capte mal sur Fervens) alerter le commandement du tour fâcheux qu’ont pris les événements, Itoh et Kozak1 mettent enfin le cap vers leur objectif.
Bien qu’ils parviennent à remplir leur mission et à positionner les balises sur le site, puis à se défaire des quelques…sentinelles (les match miroirs sont les plus durs) ennemies gardant le périmètre, nos deux Gardes sont fort marris de constater que cela n’est suivi d’aucun effet pyrotechnique dévastateur. Encore une preuve qu’un traître a infiltré les rangs impériaux, et contrecarre leurs vaillants efforts pour affaiblir l’ennemi. N’ayant pas d’autres alternatives, Itoh et Kozak retournent à leur camp de base pour confronter les deux seules personnes au courant de leur mission, et dont au moins une est donc un agent double : le Général Aegus et la Commissaire Stone…
Début spoiler…Comme on peut s’y attendre, la discussion entre les quatre collègues tourne rapidement court, et le sympathique Aegus finit par commettre une bourde fatale en révélant qu’il savait que les Sentinelles étaient tombées sur un os en forme de champ de mines, une information que le rapport d’Iton n’avait pas mentionnée. C’est suffisant pour que Stone lui colle un bolt en pleine tête pour haute trahison, permettant à Victoria Hayward de clôturer sur histoire sans avoir besoin de nous expliquer les causes de la trahison d’Aegus. Comme c’est pratique… De leur côté, Itoh et Kozak sont relaxés par la caractérielle Commissaire Stone (qui fait tout de même mine de les exécuter pour… avoir été malpolis dans l’exercice de leur devoir ? c’est rude), qui se rend rapidement compte qu’elle aura besoin de soldats fiables et dévoués pour purger le régiment de ses éléments indésirables – Aegus n’étant pas le seul cultiste infiltré au sein de l’Astra Militarum. Mais ceci est une autre histoire…Fin spoiler
1 : Blythe se fait refaire le portrait par le Genestealer en question lors de l’arrêt au stand, avant que ses camarades puissent mettre le Xenos hors d’état de nuire en… le tamponnant entre deux Sentinelles. Original.
AVIS :
Victoria Hayward partait sur de bonnes bases avec ce ‘Blood Sands’, qui présentait le double intérêt d’illustrer le déroulement d’une mission de Sentinelles de reconnaissance (un parti pris jamais adopté par un auteur de la BL avant ce jour à ma connaissance), et de tirer vers le thriller psychologique plutôt que sur le rapport de bataille narratif. Malheureusement, les choses se sont gâtées assez vite sous l’impitoyable soleil de Fervens, les péripéties assez quelconques et totalement gratuites en termes de progression d’intrigue s’enchaînant les unes aux autres, le dénouement laissant totalement de côté les motivations du traître (le plus intéressant selon moi), et la scène finale avec la Commissaire dégommant dans le plus grand des calmes un cultiste qui passait à l’arrière-plan relevant du gag de spoof movie. Regrettable.
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The Sum of Its Parts – R. James :
INTRIGUE :
Où il est question du Leman Russ Sebastian’s Lance, depuis son fatidique montage sur le monde forge de Connaught V, dont il fut le dernier tank produit, jusqu’à son démantèlement définitif dans les combats de la Croisade Indomitus. Une carrière exemplaire à bien des égards, qui vit Seb connaître nombre d’équipages et combattre moults adversaires, et continuer son service grâce au zeste de chance qui est la marque des individus (et véhicules) frappés par le destin.
Comme on l’a vu à l’instant, sa conception fut particulière. Connaught V étant sur le point d’être emporté par une insurrection généralisée de sa population de mutants, les quelques Techno-Prêtres toujours opérationnels à ce stade avancé de cette débâcle généralisée décidèrent de faire un peu de team & tank building en attendant l’Exterminatus, et combinèrent leurs talents pour réaliser le Leman Russ p.a.r.f.a.i.t. Ils se permirent juste la fantaisie de lui ajouter une plaque inscrite de la citation « Il n’est pas d’audace si petite qu’elle soit sans conséquence » (traduction libre de votre serviteur) sur le blindage de leur bébé de métal. Sebastian’s Lance fut l’ultime contribution de Connaught V à l’effort de guerre de l’Imperium, la planète se faisant euthanasier préventivement par ses bienveillants maîtres juste après le départ du tank pour l’orbite.
Plus tard, Seb fut attribué à un régiment de Cadiens, puis récupéré par des Catachans frileux lors de la campagne de Prosperity, une pluvieuse colonie impériale contestée par des Eldars Noirs particulièrement pervers (le genre à infiltrer ton campement à la nuit tombée juste pour faire des trous dans tes chaussettes et laisser une feuille de papier toilette sur le rouleau). Grâce au commandement avisé du Sergent (Nadine) Moreno, catapultée chef de tank par la force des choses, les braves bidasses finirent par vaincre leurs perfides adversaires, après qu’un Drukhari plus douillet que les autres aient été assez torturé pour donner les coordonnées de la base d’opération des Xenos.
Puis, Seb joua un grand rôle dans la victoire de l’Imperium sur les Orks dans la campagne de Novo Deira. Choisi comme véhicule de commandement par le très esquinté Général Mariusz Othon, il fut utilisé par ce dernier pour son héroïque et suicidaire charge contre les peaux vertes lors de l’ultime bataille du conflit, qui vit l’Astra Militarum écraser ses ennemis grâce au génie tactique de l’altruiste officier. Très éprouvé durant les combats, le Leman Russ passa ensuite un long moment dans un hangar de monde ruche, où il fut patiemment remis en état par un collectionneur passionné… et finit réquisitionné par les cultistes Genestealers du Clade des Dormeurs lorsqu’ils lancèrent leur rébellion contre les autorités locales. L’esprit de la machine fit alors des siennes afin de manifester son désaccord politique marqué avec ses nouveaux opérateurs (qui le rebaptisèrent Defender of the Principles of Revolution, en bon trotskistes), et finit par obtenir gain de cause après qu’une escouade de Space Marines du Chapitre des Iron Hands, mobilisée pour mater l’insurrection, fasse son affaire aux cultistes lors des combats urbains.
Pour finir, et suite à l’ouverture de la Cicatrix Maledictum, le Sebastian’s Lance fit son baroud d’honneur pendant la Croisade Indomitus, d’une manière aussi symbolique que lors de sa « naissance ». Frappé par un obus dès son déploiement sur le terrain, il permit toutefois à son conducteur, Tallis, de survivre pendant plusieurs jours dans le no man’s land grâce aux ajouts et porte-bonheurs laissés dans l’habitacle par ses opérateurs successifs : la plaque dédicacée des Techno-Prêtres de Connaught V, une barre de ration par les Cadiens, un bandana rouge par les Catachans, une radio réparée par un des augmétiques de Mariusz Othon, le couteau de combat d’un Iron Hands. Au final, Tallis put tenir sa position, et la ligne, et cela permit à l’Imperium de remporter cette bataille, puis la campagne. Il aura bien mérité de l’Omnimessie, ce brave petit châssis.
AVIS :
Pour sa première incursion dans le 41ème millénaire, Rhuairidh James choisit l’originalité avec cette chronique de la « vie » d’un Leman Russ pas vraiment comme les autres1. Une décision intéressante autant payante, qui lui permet d’enchaîner les vignettes mettant en scène des factions variées de 40K (Adeptus Mechanicus, Cadiens, Catachans, Eldars Noirs, Cultistes Genestealers, Iron Hands…), et peignant par petites touches ce à quoi ressemble la vie d’un équipage de tank – plus ou moins qualifié – dans cet univers si particulier. Une approche « naturaliste » que j’ai trouvée aussi rafraichissante que réussie, le talent de raconteur d’histoire de James parvenant à rendre intéressant chacune des micro-nouvelles qui composent ‘The Sum of its Parts’. On tient définitivement un des talents les plus prometteurs de la génération 2020’s de la Black Library.
1 : On pense à ‘Athame’ de John French, qui utilise la même approche narrative et suit le fameux poignard subtil d’Erebus depuis sa création pendant la préhistoire terrane jusqu’au début de l’Hérésie d’Horus.
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Less Than Human – S. Lyons :
INTRIGUE :
L’empire T’au, dont le plus grand plaisir est de piquer dans la caisse à planètes de Pépé, a débarqué en force sur un caillou aussi minable que boueux, et sans aucune valeur stratégique. Il s’agit toutefois d’un bout d’Imperium, et il sera à ce titre défendu jusqu’au bout par ses inextinguibles armées, représentées ici par deux forces iconiques de la Garde Impériale : les Mordians de la Capitaine Villemine Schtiel1, et le Death Korps de Krieg du Capitaine intérimaire Regel. Les seconds sont présents depuis le début de l’incursion Xenos, et ont bravement tenu la ligne pendant des semaines, jusqu’à l’arrivée de Schtiel et de ses impeccables et implacables soldats. Ne tenant pas à rester plus longtemps que nécessaire sur ce théâtre de dixième ordre, elle planifie un assaut massif sur les lignes ennemies, ignorant au passage les recommandations de Regel, qui est lui persuadé qu’il arrivera à remporter la campagne sans pertes de vies inutiles si on lui laisse quelques jours pour creuser des tunnels sous les positions t’au. Ayant hérité de son rang après la mort de l’officier supérieur du régiment au combat, Regel est toutefois forcé de respecter la hiérarchie et de se plier aux ordres de Schtiel, quand bien même son plan donne aux Krieg le sale rôle de chair à canon, pendant que la Garde de Fer prendra les T’au à revers.
Lorsque l’offensive est lancée, Regel mène ses hommes au cœur du combat, mais se rend assez vite compte que la stratégie employée n’est pas optimale. Il décide donc de feindre une retraite, entraînant à sa suite les T’au, trop confiants dans leur supériorité technologique pour se rendre compte qu’ils se font littéralement balader. N’ayant pas jugé bon d’informer l’acariâtre Schtiel de son coup de poker, il met les Mordians dans une situation délicate, les Xenos tombant sans crier gare sur la Garde de Fer et forçant cette dernière à se regrouper pour faire face. Schtiel enrage de ce qu’elle considère comme de la lâcheté pure et simple de la part de ses alliés, pourtant réputés à travers la galaxie pour leur zèle exemplaire. Pressée de toutes part par les Guerriers de Feu et leurs gadgets hérétiques, elle se fait mettre momentanément au tapis par une grenade à photons, qui la laisse aveuglée, assourdie et à la merci de l’ennemi. Serait-ce la fin (indigne) de sa brillante carrière ?
Début spoiler…Eh bien non, le Death Korps étant retourné au casse-pipe pile au bon moment pour empêcher les T’au de capitaliser sur leurs avancées. Le capitalisme, c’est le mââââl, c’est bien connu. Le piège impérial se referme alors sur le chasseur pas si patient que ça (plus couillon que Kauyon, si vous voulez mon avis), et au prix de rudes combats, les Xenos sont mis en déroute. En guise de consolation, Schtiel solote le Commandeur adverse, qui apprend à ses dépends à ne pas amener un katana honorifique lors d’un duel à l’épée tronçonneuse (c’est d’ailleurs un proverbe de Necromunda). Cette belle et rapide victoire n’empêche cependant pas la Capitaine Pervenche d’aller passer un savon à son homologue, qui prend la gueulante avec un détachement tout Kriegesque, d’autant plus que ce n’était pas lui qui s’est entretenu avec Schtiel avant la bataille. Regel est en effet glorieusement mort au combat, mais comme elle ne l’avait jamais vu sans son masque à gaz, la Mordiane ne s’est pas rendu compte qu’elle enguirlandait un autre quidam. Un peu honteuse de ce flagrant délit de sale gueule, Schtiel s’en va sans plus faire d’esclandres, laissant les Krieg s’occuper des derniers T’au en déroute. Une tâche peu glorieuse, mais après tout, ils ont l’habitude…Fin spoiler
1 : Man of Steel, Woman of Schtiel. Logique.
AVIS :
Steve Lyons fait se rencontrer ses deux régiments favoris dans cette petite nouvelle assez sympathique, dans laquelle les qualités propres de chaque faction apparaissent de manière nette. Ce sont toutefois les natifs de Krieg qui se taillent la part du lion ici, leur bravoure fataliste étant complétée par un sens aigu de la stratégie, prenant le contre-pied de l’image d’Epinal véhiculée dans le background officiel. Comme le fait comprendre Regel à Schtiel, les Kriegs sont tout à fait capables de mener les charges suicides qui ont fait leur réputation, mais ils n’en usent que si toutes les autres options à leur disposition ont été épuisées : mourir pour rien ne fait pas partie de leur philosophie martiale, car ils considèrent que cela revient à gâcher des ressources précieuses, les vies de soldats impériaux. En face, les Gardes de Fer brillent plus par leur qualité intrinsèque que par leur dévotion ou leur intelligence, ce qui les rend moins sympathiques que leurs camarades de jeu (faut le faire), et les T’au sont cantonnés au rôle de bad guys génériques. Si Lyons avait réussi à rendre tout ce petit monde intéressant à suivre, j’aurais crié au chef d’œuvre, mais comme il n’a pas forcé son talent, je note ce ‘Less than Human’ comme étant simplement convenable.
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Fool’s Ruin – M. Brooks :
INTRIGUE :
Après avoir reçu un DM de la part des Hauts Seigneurs de Terra, le Chapitre des Minotaurs a envoyé une demi-compagnie sous les ordres du Capitaine Catallus Naxon prendre des nouvelles du Monde Trône, dont l’état est proprement schrödingerien en fonction des nouvelles que l’on prend en compte. Le voyage Warp se passait aussi bien que possible en cette époque troublée, lorsque le croiseur d’attaque Bronze Catechist fut pris dans des perturbations si féroces que le capitaine du navire n’eut d’autres choix que d’ordonner un retour en catastrophe dans le Materium. Bilan des courses : un moteur Warp bien abîmé, condamnant notre fine équipe à se trouver une âme de MacGyver ou à espérer qu’un vaisseau charitable capte leur SOS et se détourne de son cap pour leur venir en aide. Vu le coin paumé dans lequel le Bronze Catechist s’est encalminé, la deuxième option tiendrait du miracle mineur, mais l’espoir fait v… Ah non pardon, c’est vrai.
De manière tout à fait inopinée, et donc franchement suspecte, le BC capte un appel de détresse provenant d’un autre vaisseau situé à quelques encablures spatiales de son point de chute. Pragmatique devant l’éternel, Catallus décide d’emmener la moitié de ses hommes explorer ce bâtiment, répondant au nom de Fool’s Ruin, afin de piquer quelques pièces détachées utiles aux réparations. On comprend assez rapidement que notre Astartes n’a pas une fibre humanitaire très développée, et qu’il vaudrait mieux pour les éventuels survivants du Fool’s Ruin de ne pas venir lui souffler dans les naseaux énergétiques, ou bien1… Mais les premiers moments des Minotaurs sur ce qui semble être une épave abandonnée depuis des lustres se passent dans le plus grand des calmes, malgré quelques indices détectés ça et là d’une présence vivante dans les coursives.
Les choses se décantent lorsque les Space Marines arrivent au niveau de l’Enginarium, où nos héros trouvent des dizaines de membres d’équipage du Fool’s Ruin littéralement cloués au sol, en train de se lamenter (psychiquement) sur leur sort. L’Archiviste ayant accompagné Catallus confirmant que cette mise en scène s’apparente à un rituel chaotique, les Minotaurs ont tôt fait de piétiner les pauvres bougres jusqu’à ce que mort (et silence) s’en suive. L’installateur avait toutefois laissé une alarme en place, puisque cette intervention déclenche un cri psychique qui fait rappliquer le reste de l’équipage du Fool’s Ruin, totalement dévoué au Chaos (et donc assez hostile envers nos braves bovins), ainsi qu’un invité de marque qui rôdait à proximité dans le Warp…
Début spoiler…Huron Sombrecoeur. NON ?? SI !! Le renégat rapiécé a fait installer le leurre dans lequel les Minotaurs ont donné tête baissée, et se présente au volant de son Spectre of Ruin pour relever les compteurs. Il a la joie perverse de constater que sa proie n’est autre qu’un des vaisseaux ayant participé à l’écrasement de l’insurrection de Badab, et prend donc un plaisir particulier à réduire le Bronze Catechist à l’état d’épave, quand bien même investir un croiseur d’attaque serait plus avantageux pour un pirate tel que lui. Notre homme a des valeurs, c’est tout à son honneur. Il a de plus la grande satisfaction d’échanger quelques amabilités avec Catallus, qui a repoussé les assauts des cultistes sans aucune difficulté, mais se trouve désormais isolé sur le Fool’s Ruin, sans aucun moyen de repartir…
Début spoiler 2…Plutôt que d’accorder à son adversaire une mort rapide et honorable, ce fieffé coquin de Huron repart comme il est venu, laissant les Minotaurs succomber à la soif, la faim et la folie (ou tenter de battre le record de sommeil cataleptique détenu par Silas Err des Dark Angels), ce qui n’est qu’un juste retour de bâton si on y réfléchit bien. Karma is a bitch hamadrya…Fin spoiler
1 : C’est de là que vient la fameuse expression (incomplète) « I pity the fool(‘s ruin crew) ».
AVIS :
Mike Brooks a repris en main la figure de Huron Sombrecoeur, et ce ‘Fool’s Ruin’ fait office d’amuse-gueule narratif au roman ‘Master of the Maelstrom’ dédié au Tyran de Badab. Malgré le fait que le suspens sur l’identité du piégeur des Minotaurs est totalement annihilé dès le premier coup d’œil à la couverture de cette nouvelle, cette dernière s’avère être assez sympathique à lire, dans ce qu’elle révèle de la mentalité des Minotaurs et de leur persécuteur, principalement. Après avoir surtout écrit pour des personnages/factions assez humoristiques (‘Rites of Passage’, ‘Brutal Kunnin’), Brooks démontre ici qu’il est aussi capable de faire preuve de sérieux et de noirceur, ce qui le place parmi les contributeurs les plus versatiles de la Black Library. Pas incontournable mais tout à fait solide.
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A More Perfect Union – R. McCormick :
INTRIGUE :
Xantine, esthète remarquable et remarqué au service du seigneur Euphoros des Children of Torment (la version officiellement autorisée par Abaddon des Emperor’s Children), en a gros sur la patate. Malgré la fidélité sans faille dont il a fait preuve envers son maître, et en dépit du décevant (pour un Slaaneshi, c’est une terrible insulte) ralliement à la Black Legion acté par ce dernier, notre héros a subi un terrible affront lorsqu’Euphoros a choisi le parvenu Epiales Kyr pour tenir le premier rôle dans l’attaque conjointe des Children of Torment et de leurs « associés » tout de noir vêtus sur le monde de Kalliope. Il ne faisait pourtant aucun doute que Xantine était le surhomme le plus qualifié pour orchestrer la Maru Skara, aussi appelée la ruse du père Lafeinte en langage vernaculaire, chef d’œuvre de précision et de prouesse martiale dont la IIIème Légion s’est fait une spécialité. Mais noooooooon. C’est vraiment trop injuste.
Pour se passer les nerfs, Xantine va bouder dans le boudoir de son bon ami Qaran Tun, Word Bearer renégat s’étant spécialisé dans la capture et le dressage de Démons mineurs, que Mr X déguste comme des chips aux champignons hallucinogènes. A chacun ses trips. C’est lors de cette séance de tapas psychiques que Xantine se fait approcher par une entité peu commune, qui se révèle s’appeler S’janth et lui propose d’exaucer ses fantasmes les plus tordus s’il vient la libérer de sa prison, qui se trouve être comme le hasard fait bien les choses sur Kalliope. Convaincu de tenir une perle rare, notre connoisseur es ectoplasmes ravale sa rancune, au moins temporairement, et accepte de participer à l’assaut sur la planète, tombée entre les mains glacées et luisantes des Iron Hands.
A la tête de la première vague en compagnie de quelques sidekicks haut en couleurs et décibels, Xantine fait le taf de manière propre malgré le déficit de taille et de poids qui est le sien face aux Primaris métallisés qui lui font face. En revanche, l’arriviste Epiales Kyr (slane)chiie vraiment dans le kohl – ça fait des teintes intéressantes, notez – lorsque vient son tour de porter l’estocade avec les renforts, et permet aux Iron Hands cabossés mais pas vaincus de se replier à l’intérieur du temple Eldar qu’ils ont fortifié avec leur zèle habituel.
Il faudra l’intervention salvatrice des Noise Marines du Capitaine Vavisk, puis celle des Démons de compagnie de l’indispensable Qaran Tun pour débloquer la situation (ici : trouver la porte dissimulée), et permettre aux chaotiques de pénétrer dans le saint des saints, où les attendent 1) les Iron Hands avec un copain Dreadnought 2) un statuaire eldar trop kitschissime pour son propre bien 3) la lance enchantée dans laquelle a été enfermée l’essence de S’janth.
Dans la confusion des combats, le rusé autant qu’habile Xantine parvient à marquer ses trois objectifs principaux, en provoquant la mort de son rival (broyé à mort par le Dreadnought après s’être retrouvé immobilisé par un sciage de jarret en règle), devenant l’hôte officiel de S’janth après avoir posé la main sur la lance maudite en preums, et massacrant tous les Iron Hands contestant l’objectif, bien aidé en cela par la tonne de buff que sa nouvelle colocataire lui accorde. La possession n’a pas que des mauvais côtés, comme Malus Darkblade peut en attester.
Un peu plus tard, nous assistons au banquet de la victoire donné par Euphoros en l’honneur de ses braves guerriers (vivants et morts), mais les libations démarrées par le seigneur de guerre tournent au vinaigre pour Xantine lorsqu’il se rend compte que le millésime que lui a servi son boss a été coupé avec du tranquillisant pour cheval. Euphoros, qui s’est aussi fait allumer par cette michetonneuse de S’janth, n’a pas apprécié du tout de s’être fait griller la politesse par son sous-fifre, et compte bien le lui faire payer. Fort heureusement pour Xantine, sa nouvelle amie ne l’entend pas de cette oreille et neutralise rapidement les effets délétères du breuvage, permettant à notre champion de se défendre contre les attaques de son maître, puis de le vaincre facilement et de massacrer la délégation de la Black Legion présente au banquet pour faire bonne mesure. Il est temps pour les Children of Torment de faire honneur à leur ancienne allégeance et de ressortir leurs bombes de Phoenician Purple, sous la houlette d’un meneur qui n’a pas peur de (se) faire plaisir…
AVIS :
Très intéressante et aboutie addition au corpus slaaneshi que ce ‘A More Perfect Union’ de la part de Rich McCormick, qui démontre en quelques pages bien des choses : sa maîtrise du lore1 et de la décadence excessive de cette faction2 pour commencer ; sa capacité à mettre en scène, à dérouler et à conclure une histoire relativement complexe en l’espace d’une vingtaine de pages ensuite ; son talent à caractériser et faire interagir une petite ménagerie de personnages sans qu’aucun d’entre eux n’apparaisse comme superflu ou quelconque3 ; ou encore sa faculté de terminer son propos d’une manière qui soit à la fois satisfaisante pour le lecteur occasionnel (qui lira cette nouvelle et passera à autre chose) mais également prometteuse pour celui qui souhaiterait que l’épopée de Xantine se poursuive. Et entre le passé mystérieux de notre héros épicurien, celui de sa dulcinée démoniaque, et son désir d’aller faire des couettes à Abaddon pour lui apprendre à persécuter les Emperor’s Children, il y a largement de quoi faire, et j’espère que McCormick aura l’occasion de poursuivre dans la foulée de cette prometteuse nouvelle.
1 : Les relations complexes entre la Black Legion et les bandes de guerre qui lui sont inféodées sont particulièrement intéressantes à mes yeux, et McCormick nous en livre ici un exemple concret.
2 : Les tableaux et les auditoires faits de victimes mutilées et les dégustations de Démons à l’apéritif sont des trouvailles adéquates, mais je me dois de décerner une mention spéciale aux esclaves qui viennent vomir les plats dans les assiettes de leurs maîtres lors du banquet de la victoire. Plus Slaaneshi que ça, tu meurs.
3 : Là encore, mention spéciale au très poli « diaboliste » Word Bearer Qaran Tun, dont les familiers démoniaques en fiole ont un potentiel narratif immense, en plus de faire très dresseur Pokémon dans l’esprit. Mention honorable à « Obelix » Lordling, qui se pose également là comme sidekick discret mais sympathique.
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Sacred Hate – D. Annandale :
INTRIGUE :
Le jeune missionnaire Cerastes traverse une crise des plus douloureuses, alors qu’il participe à une expédition militaire à destination de mondes un peu trop laxistes dans leur application des édits impériaux : une crise de foie. Elève modèle et appliqué lors de son initiation sur Legitur, il a cependant vu ses certitudes se fissurer après une visite dans les bas-fonds de ce monde tout entier dévoué à la reproduction des textes sacrés de l’Ecclesiarchie, pendant laquelle il a été témoin de l’absurdité de la production de masse de missels et de pamphlets par des ouvriers analphabètes et surexploités. Il ne fait pas bon être un idéaliste au 41ème millénaire.
S’étant convaincu que la réponse à son mal-être spirituel était de partir en croisade, il s’est donc embarqué sur le Sacred Hate en compagnie des régiments de Gardes Impériaux legituriens, et a cherché dans la bibliothèque du bord, tenue par l’aimable Deverast, des réponses à ses atermoiements métaphysiques, en vain. Mais alors qu’il se prépare à faire, comme chaque jour, le trajet entre sa cellule et les archives du Sacred Hate, après avoir assisté au premier office de la journée (la routine du credo-biblio-dodo, tu connais), un événement imprévu vient chambouler son agenda, et sa destinée par la même occasion.
Cet événement, c’est l’abordage du vaisseau par l’équipage du croiseur d’assaut Word Bearers Epiphany’s Flame, qui se déroule aussi bien qu’on peut l’attendre du côté des défenseurs. Plus curieux qu’effrayé au stade d’agnosticisme avancé qui est le sien, Cerastes suit les bruits des combats jusqu’à la chapelle du vaisseau, et assiste au massacre des Gardes et missionnaires s’y étant réfugié par un Apôtre Noir et son escorte… et c’est une révélation pour notre héros en mal de repères. La vue d’Astartes hérétiques saccageant un lieu saint et invoquant des Démons comme qui rigole fait voler en éclats le peu de foi en l’Empereur qui lui restait, et il décide de marquer cette épiphanie en allant mettre le feu à la bibliothèque du Sacred Hate, assassinant au passage un Deverast bien trop confiant en son prochain pour son propre bien.
Ceci fait, et alors qu’il s’attendait à hériter d’un bolt en pleine tête pour seul paiement de ses mauvaises actions, il a la surprise d’être escorté jusqu’à l’Epiphany’s Flame par les fils de Lorgar et d’être présenté à l’Apôtre Noir Eurybios, qui reconnaît le fort potentiel de Cerastes et le prend sous son aile crozius. Bien des années plus tard, notre héros reviendra sur Legitur avec une foi renouvelée et dévorante, ainsi qu’une belle armure énergétique pourpre…
AVIS :
On voit la fin de cette histoire arriver quasiment dès le début mais ce manque de suspens ne nuit pas tellement au plaisir de lecture, et c’est tant mieux. Sans doute une des nouvelles dans lesquelles les Word Bearers apparaissent sous leur « meilleur » jour, puisqu’ils n’hésitent pas à prendre à l’essai un petit jeune prometteur, alors que le pauvre Cerastes aurait sans doute fini éparpillé façon puzzle si le Sacred Hate avait été abordé par une autre légion renégate. Sympathique.
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The Brightest and the Best – M. Brooks :
INTRIGUE :
Parce qu’ils ont pris très à cœur les instructions de leurs bien aimés professeurs et ont mis toutes les chances de leurs côtés pour triompher lors des olympiades inter-Scholae organisées entre Aquilonis Porta et Latus Porta (en piquant des stimms dans les réserves des gardes de l’établissement avant l’épreuve, ce qui a conduit à trois hémiplégies dans le camp adverse à l’issue du match de balle au prisonnier), les élèves Vasila Manatu et Nazos Zernas doivent être punis. Voilà qui leur apprendra à faire du zèle, et surtout à se doper de manière grossière. Toutefois, l’exercice de traduction de trois chapitres d’un épais volume consacré à l’aquaculture du Bas Gothique à l’Antimosien (sans que les chapitres en question soient formellement identifiés au début de l’exercice, sinon c’est moins drôle) est interrompu avant même de commencer par l’arrivée impromptue d’un authentique Thunderhawk dans la cour d’honneur de l’établissement, ce qui force l’encadrement à revoir ses priorités.
Quelques minutes plus tard, le directeur Emil Vissarius reçoit dans son bureau le meneur du cadre de Silver Lions ayant fait l’honneur d’une visite à la Schola Aquilonis Porta, un certain Solomon Akurra. Très impressionné par ce nouvel arrivant, qui explique rapidement et sans détour qu’il est venu recruter les élèves les plus doués de l’établissement pour renforcer son Chapitre, Vissarius trouve toutefois le courage de faire remarquer que, enfin, tout cela n’est pas très conforme aux procédures. Il a même le temps de déclencher une alarme qui déclenche un branlebas de combat général dans l’école sans qu’Akurra ne réagisse, ce qui est assez étonnant quand on connaît les réflexes prodigieux des Astartes. Cela veut sans doute dire que les meilleurs de l’Empereur vont calmement attendre l’arrivée des autorités planétaires pour dissiper ce malentendu, pas vrai ?
Début spoiler…Malheureusement pour Vissarius et son personnel, si Akurra a laissé faire c’est plutôt parce qu’il sait pertinemment que quelques profs et garde chiourmes armés de fusils à pompe ne font pas le poids face à des Space Marines déterminés. Et pour être déterminés, les Silver Lions l’Alpha Legion l’est1. C’est ainsi que Vasila et Nazos, qui avaient fait la connaissance du stoïque Kyrin Gadraen et de sa camarade Psyker Primaris (réformée) Tulaya Dyne lorsque ces derniers étaient venus fouiller la salle des archives dans laquelle les garnements étaient collés pour identifier les pupilles les plus prometteurs, repartent avec les renégats sans savoir bien sûr que ce faisant ils trahissent la confiance de l’immortel Empereur. Leur décision est d’autant plus compréhensible que le personnel de la Schola n’hésite pas une seconde à concentrer ses tirs sur les élèves rassemblés par les Space Marines plutôt que de tenter de percer la céramite de ces derniers. On comprend le raisonnement, mais c’est tout de même peu élégant.
Au final, nos deux jeunots, accompagnés de quelques camarades, se font la malle dans le Thunderhawk de leurs nouveaux protecteurs et recruteurs, tandis qu’Akurra prend congé de Vissarius sans lui coller un bolt dans la tête comme il était pourtant en droit de le faire, sachant fort bien que les autorités impériales réserveront au malheureux directeur un destin bien pire lorsque ce dernier devra leur confesser son échec. L’Imperium exige des résultats et pas des efforts, et c’est souvent assez injuste…Fin spoiler
1 : Le déguisement était tellement parfait que même l’accord avec le verbe est tombé dans le panneau. Quels as du camouflage, vraiment !
AVIS :
Mike Brooks nous livre le chaînon manquant entre les romans pour enfants de Warhammer Adventures et le grimdark pur jus de la GW-Fiction dans ce fort sympathique ‘The Brightest and the Best’, qui sert en plus d’introduction à son cycle sur l’Alpha Legion (‘Harrowmaster’). L’alchimie n’était pas facile à trouver entre l’humour gentiment potache de la littérature adolescente, qui a connu son lot d’écoliers auxquels il arrive des choses extraordinaires au cours des dernières décennies, et la dure et sanglante réalité de l’Imperium de l’Humanité au 41ème millénaire, où aucun camp n’hésite à utiliser des enfants soldats, et où même les « gentils » tirent à vue sur des ados désarmés si cela peut les empêcher de tomber dans les mains de leurs ennemis.
Ma seule crainte au moment de lire cette nouvelle était de me faire involontairement spoiler par l’illustration sans équivoque choisie par la Black Library pour cette histoire, mais le déroulé de cette dernière laisse finalement peu de place au suspens à propos de l’identité des mystérieux Silver Lions. Une réussite totale, qui donne très envie de connaître la suite des aventures de Solomon, Kyrin, Tulava et de leurs nouvelles recrues.
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It Bleeds – D. Guymer :
INTRIGUE :
La vie d’un World Eater n’est certes pas de tout repos, mais au moins les mauvais souvenirs y sont rares car au bout de quelques décennies avec un cerveau cloué, on perd toute notion du temps. C’est ainsi que nous essayons de suivre la trajectoire sanglante du héros de notre histoire, un Berzerker bien sous tous rapports mais dont les pensées sont des plus confuses au moment de commencer un duel avec un champion du Chapitre des Dragons Ardent1, sur une planète dont il a évidemment oublié le nom (à compter qu’on lui ait dit, pour commencer).
Nous sommes donc témoins, par fragments aussi hachés que ses victimes, du passé brutal de ce cador de la 12ème Légion, depuis le moment où il s’est fait poser ses clous du boucher par un Apothicaire renégat free lance jusqu’à son affrontement avec sa Némésis du jour, en passant par quelques massacres de Gardes Impériaux de bon aloi, et même le récit des interminables heures à attendre le déploiement sur le prochain champ de bataille, après avoir été tiré de sa stase par le Vivisecteur en chef de la bande du Foresworn, dans laquelle Bobby (appelons comme ça) sert bon gré mal gré.
Lorsque le combat s’engage pour de bon entre Bobby et le loyaliste apprêté qui lui fait face, les choses ne tournent pas en faveur du fidèle de Khorne, qui devait sans doute regarder ailleurs à ce moment-là. Peu aidé par l’état de délabrement avancé de son matériel, Bobby livre un beau combat mais finit étalé de tout son long dans la boue, avec un Dragon Ardent furibard qui lui braque son pistolet bolter sur le pif. Il semblerait que le chemin octuple se soit changé en impasse…
Début spoiler…Avant que le jugement du loyaliste ne s’abatte sur le World Eater déconfit, nous avons droit à un ultime flashback qui permet de réaliser que 1) Bobby n’est pas un World Eater pur jus mais le dernier survivant de la première incarnation des Dragons Ardent, Chapitre détruit par les fils d’Angron lors d’un raid sur leur monde chapitral, 2) il avait à la base juré de se venger par tous les moyens possibles de la vilénie du Foresworn et de sa bande, mais something happened on the way to heaven vengeance, jusqu’au point où il décida de se faire poser des clous (et assez mal qui plus est) pour pouvoir rejoindre ses ennemis jurés, et 3) Bobby s’appelle en fait Kurrinon.
Bien que son destin soit écrit, le Champion des Dragons Ardent (ressuscités grâce à l’afflux de Primaris) laisse la possibilité à Bobby K. de se repentir pour ses actes haineux et hérétiques, et de mourir en loyaliste. Il est toutefois trop tard pour notre malheureux et tragique héros, qui sert ses dents de bronze et professe une fois de plus sa fidélité éternelle au Dieu du Sang. Once you go red, you never get boRED (je m’en fous si ça rime pas, Khorne me comprend). Fin spoiler
1 : À ne pas confondre avec les Firedrakes Salamanders, traduits en « Dragons Ardents » en français.
AVIS :
David Guymer signe une des toutes meilleures nouvelles consacrées aux World Eaters que votre serviteur a eu la chance de lire avec ce ‘It Bleeds’, qui plonge le lecteur comme rarement depuis les travaux d’Aaron Dembski-Bowden pendant l’Hérésie d’Horus dans la psyché torturée et le quotidien totalement destroy des enfants d’Angron. Le mélange de scènes d’actions viscérales et de passages plus terre à terre évoque d’ailleurs d’autres travaux d’ADB, cette fois-ci consacrés aux Night Lords, et tout aussi plaisants. Pour ne rien gâcher, la narration enchevêtrée qui renforce le sentiment de folie qui entoure le narrateur (définitivement peu fiable) et le twist final bien senti dont Guymer nous gratifie, sans compter la bonne dose de fluff consacrée aux Dragons Ardents, achèvent de faire de ‘It Bleeds’ un texte de référence pour les gourmets planétaires et pour les amateurs de la littérature grimdark en générale.
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A Small Cog – M. Scanlon :
INTRIGUE :
La planète Hakkan IV, bastion de paix, de boue et de misère à l’orée du Segmentum Tempestus, a été attaquée par une bande de pillards se faisant appeler les Profanes, et il incombe au Techno-Prêtre disgracié Vornis-489 d’empêcher ces affreux jojos de mettre la main sur l’unique trésor de ce monde déshérité susceptible d’avoir causé cette incursion : l’Aquamentum. Relique de la Grande Croisade, il s’agit d’une machine capable de transformer le schiste bitumineux en eau propre à la consommation1, ce qui a permis à l’humanité de s’implanter à la surface aride et désolé de Hakkan IV. Catapulté gardien/mécanicien/concierge/homme de ménage de cette sainte relique par son supérieur, le Magos Zarin, après avoir déçu ce dernier dans l’exercice de ses précédentes fonctions, Vornis a passé les cinquante dernières années de son existence à jouer les plombiers sur ce caillou minable, et a constaté la détérioration progressive de ses capacités cognitives assistées sur cette période. La vieillesse l’obsolescence est un naufrage sous-optimale.
Lorsque nous faisons connaissance avec Vornis et les quelques pieds nickelés qu’il a rassemblé pour lui servir d’escorte, la situation est bien mal embarquée pour les défenseurs d’Uhrsk. L’ennemi, mieux armé et très déterminé, a réussi à forcer le passage à l’intérieur de l’enceinte de la ville, et la voie vers l’Aquamentum lui semble grande ouverte. Le plan de Vornis consiste donc à reprendre le contrôle des tours de défense de la cité afin de les retourner vers l’envahisseur, et le prendre à revers pendant qu’il cherche à se frayer un chemin à travers les dernières poches de résistance impériales.
Comme on peut l’imaginer, ce noble projet ne va pas se dérouler comme prévu, et nos courageux éclopés vont multiplier les accrochages en chemin. D’abord, c’est un pilote de Hell Talon s’étant écrasé dans le décor qui vient tenter une strangulation sur le pharynx fragile du Techno-Prêtre. Ensuite, c’est une échauffourée avec une patrouille de Profanes que Vornis doit remporter presque seul, suite aux tests de Commandement raté par le reste de sa bande. Pour finir, une escouade de Raptors tombe sur le râble des survivants alors qu’ils se préparaient à lancer leur offensive sur les tours de défense, annihilant sans le moindre problème cette noble entreprise, et l’intégrité physique des Hakkanites au passage. Malgré son armement supérieur et l’explosion opportune du booby trap sur lequel il avait réussi à attirer son adversaire (qui contre avec le Stratagème « La Matmutation, elle assure ! »), Vornis semble sur le point de rejoindre à son tour l’Omnimessie…
Début spoiler…Mais il est sauvé in extremis par l’intervention d’un Space Marine en armure noire et cape à capuche (très important), maniant des armes très anciennes et venant de Caliban, comme le révèle le faquin (Veygo) qui faisait des misères à Vornis. Ajoutons à cela que son nom rime avec Yelle (Sakariel en l’occurrence), et nous comprenons sans mal qu’il s’agit d’un Déchu, et le commandant des Profanes en personne.
Après avoir réglé son compte à Veygo, dont les mutations manifestes offensaient ses croyances personnelles, et dont le goût du carnage aurait eu des effets malheureux pour l’atteinte de ses propres objectifs, Sakariel remet un Vornis éprouvé aux bons soins de l’Heretek Harrallax, qui hacke le cerveau de notre pauvre héros pour accéder aux souvenirs censurés par le Mechanicus qui s’y trouvent. Ce sont ces derniers qui constituaient le véritable but de l’attaque sur Hakkan IV, et non pas l’usine de dessalage glorifiée qui s’y trouve, merci beaucoup, comme Sakariel le révèle à son prisonnier avant qu’ils ne repartent sur le vaisseau du Déchu. Si la nouvelle se termine sans que le lecteur n’ait été mis dans la confidence de ce que cherche Sakariel (seulement que ça a un lien avec la planète de Varjan Secundus), nul doute que ce mystère sera percé à jour dans un futur plus ou moins proche. Après tout, c’est Mitchel ‘je prends une pause de quinze ans’ Scanlon à la plume…Fin spoiler
1 : Le cauchemar absolu de Patrick Pouyanné, donc.
AVIS :
À la lecture de ce ‘A Small Cog’, l’impression de se trouver plongé dans le prologue d’un arc narratif plus grand que celui esquissé dans cette nouvelle assez longue pour les standards de la Black Library est des plus fortes. Comme Mitchel Scanlon a déjà écrit un roman dédié aux Dark Angels du temps de l’Hérésie Horus (‘Descent of Angels’), la possibilité que la BL lui ait commandée un autre long format dont Sakariel-le-Déchu serait l’anti-héros n’est pas farfelue, même si on peut souhaiter que notre homme réussisse mieux son coup cette fois1.
Jugées pour elles-mêmes, les tribulations de Vornis-489 et de sa petite bande d’éclopés à travers les ruines d’Uhrsk m’ont semblé trainer en longueur, notamment les escarmouches avec le pilote du Hell Talon et la petite bande de renégats « embusqués » par nos fringants héros. Ces passages n’apportent en effet rien à l’intrigue ni au personnage, et auraient pu être facilement retranchées de l’histoire sans que celle-ci n’en souffre du moins du monde, comme les organes fatigués de Vornis après quelques siècles de service. Le résultat reste malgré tout assez honnête et tout à fait lisible, et Scanlon réussit fort bien à nous aiguiser l’appétit sur la nature de l’information secrète recherchée par Sakariel, dont le statut de chef de guerre mutanophobe (comme tout bon Dark Angel qui se respecte) à la tête d’une bande de renégats chaotiques promet des quiproquos des plus cocasses. La suite, la suite, la suite (sur l’air de Maman Tuche qui demande des frites) !
1 : ‘Descent of Angels’ n’est pas resté dans les mémoires de la communauté comme un des meilleurs pavés de l’Hérésie, et il aura fallu qu’un David Annandale en roue libre commette le légendaire ‘The Damnation of Pythos’ pour que le titre de pire bouquin de la série lui échappe.
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Blasphemy of the Fallen – D. Ware :
INTRIGUE :
Lieu : Un graaaaaaaaaand trou dans le sol de la planète Saadet.
Personnages : Veradis (Sœur Supérieure), Augusta, Lucienne, Emlyn et Leona (Sœurs de Bataille)
Scène 1 :
L’escouade de Sœurs de Bataille en ♫chantant♫ descend profondément dans le graaaaaaaaaaand trou dans le sol de la planète de Saadet. Le vent souffle. L’ambiance est lourde. La voix off explique qu’elles sont venues chercher une sainte relique (!!!), la dépouille de Sainte Myra1, une Sœur du Silence qui avait l’oreille de l’Empereur. Personne ne rit à cette blague.
Scène 2 :
Veradis : (à Augusta et Lucienne) ♫ Allez voir là-bas si j’y suis. ♫
Augusta et Lucienne y vont. Elle se font embusquer par des types portants des sacs à patates en guise de vêtements. Baston molle où certains sac-à-patates-men tombent dans le graaaaaaaaaand trou (☑ Fallen).. Victoire des sista.
Scène 3 :
Les Sœurs arrivent à la tombe de Myra. L’ambiance est lourdaude. Elles repartent en portant le sarcophage en pierre. A pied. Ça va être long.
Scène 4 :
Lucienne : (qui portait le sarcophage avec Augusta) ♫ Azy ça soûle trop. ♫
Elle laisse tomber son chargement et refuse de le reprendre malgré les injonctions de Veradis, sous prétexte que Myra a été corrompue. L’ambiance est lourdingue et gagne encore en lourderie. Veradis plaque Lucienne au mur et met un taquet à Augusta pour leur apprendre la vie, à ces sales mômes.
Scène 5 :
Une horde de sacs-à-patates-men se rue sur les Sœurs de Bataille en blasphémant (☑). Baston mi-molle (Leona se fait casser le bras). Veradis a tellement honte de s’être énervée qu’elle décide de rester en arrière-garde avec le bolter lourd pour laisser le temps à ses troupes de partir avec le sarcophage. Malgré leur avantage numérique écrasant et le fait qu’ils soient techniquement au corps à corps, les sacs-à-patate-men ne parviennent pas à empêcher les Sœurs de partir avec un sarcophage qui doit peser au bas mot 200 kgs. Personne ne rit à cette blague.
Scène 6 :
Veradis : (depuis les coulisses) ♫ Couic mon cœur, je meurs ouille ouille ouille damned de fichtre. ♫
Augusta, Lucienne, Leona & Emlyn : ♫ Ah sort cruel. Nous sommes colère et tristesse. ♫
Le rideau tombe sur les survivantes éprouvées et le sarcophage qu’elles ramènent du très graaaaaaaand trou dans le sol de Saadet. On aperçoit dans le lointain l’image d’un Psyker en habit de Psyker en train de psykeriser jusqu’à ce qu’un poulpe lui tombe sur la tête. Le suspens est à son congre.
1 : Vous confondez avec Sainte Mina, qui, elle, est une figure établie du background. You will not bamboozle us, Danie Ware.
AVIS :
Dans une savoureuse mise en abîme, Danie Ware creuse le fond du n’importe nawak tant textuellement que conceptuellement avec ce très étrange/incompréhensible ‘Blasphemy of the Fallen’. Même en étant familier du personnage d’Augusta Santorus (ici au début de sa carrière, alors qu’elle ne commandait pas encore sa propre escouade), développé suivi sur plusieurs nouvelles par Ware, et du style très particulier de cette dernière, je ressors songeur de cette lecture. Passons tout de suite sur le fait que c’est, encore une fois, très peu intéressant sur la forme. Le contraire vous aurait étonné, et moi aussi d’ailleurs. La nouveauté ici est que l’intrigue m’est apparue comme incomplète, ce qui est tout aussi problématique, mais différent au moins. Soit Danie Ware a voulu laisser planer une aura de mystère en ne révélant pas si Myra était bien corrompue (rien que ça hein, même pas pourquoi/par qui – je ne demande pas grand-chose tout de même), et ça n’a pas marché. Soit, et j’espère que c’est cela car c’est un peu moins pire que l’alternative, ‘Blasphemy of the Fallen’ sert de prologue à une publication future dans laquelle les zones d’ombres seront éclaircies (au brossage à sec avec pinceau en poil de sanglier, mais éclaircies). Dans ce cas, Ware a aussi raté son coup (puisque son dessein n’apparaît pas clairement) mais c’est « juste » maladroit au lieu d’être prétentieux et maladroit. Seule consolation, il se pourrait (à prendre avec des pincettes énergétiques) que cette hypothétique suite comporte des Asservisseurs, ce qui serait une plaisante surprise. Ce n’est pas tous les jours qu’une bestiole du fluff profond vient hanter les pages de la Black Library. Mais si c’est Danie Ware qui reste aux commandes, je passerais mon tour.
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The Skull Forge – D. Ware :
INTRIGUE :
Augusta Santoris et son escouade de Sœurs de Bataille accompagnent une collègue nerd (la Dialogus Zurihya, reconnaissable à ses talons noirs1) sur un site industriel classé secret défense, et ayant récemment été mis hors service par une manigance du vil et perfide et mesquin ennemi. Bien que les fifilles de l’Empereur supposent que des héréteks soient derrière ce tour pendable, il est tout de même étonnant que ces gredins n’aient pas fait main basse sur les nombreuses machines dont le complexe dispose. Mis à part l’épaisse couche de givre qui recouvre les lignes de production ainsi que les malheureux ouvriers et opérateurs surpris en plein travail (et qui n’empêche pas Zurihya de se promener sans casque, cela étant dit), il semble en effet qu’il n’y ait rien à signaler de suspect dans la mystérieuse usine.
Si l’opération a été confiée à l’Adeptus Sororitas et pas au premier régiment de Gardes Impériaux venu, c’est parce que le site produit des Servo-crânes et des Serviteurs à partir des dépouilles mortelles de sujets et soldats impériaux ayant donné leur vie pour Le servir. Et, même si tout le monde est cool avec les produits finis en question, la manière dont ils sont réalisés donnerait des cauchemars au vétéran de Catachan le plus blasé de la galaxie (Sly Marbo, c’est pour toi). Comme Augusta et ses comparses le réalisent vite, voir des cadavres humains se faire débiter, écorcher, ébouillanter (et autres joyeusetés du premier groupe), n’est pas une expérience appropriée pour le commun des mortels. Bien sûr, Zurihya a un tout autre avis sur la question et passe son temps à s’extasier sur la beauté austère des lieux, mais son enthousiasme n’est partagé par aucune de ses chaperonnes.
Lorsque tout ce beau monde arrive dans la section dédiée à l’incarcération des pilotes de Machines de Pénitence et au calibrage des Arco-Flagellants (c’est un site vraiment polyvalent), l’ennemi finit enfin par montrer le bout de son nez sabot. Une escouade d’Exo-armures Stealth se matérialise soudainement devant les Sistas, et une fusillade sans merci s’engage. Pendant qu’Augusta et ses viragos réfutent les principes du Bien Suprême à grandes rafales de bolt dans la carlingue, on comprend que les T’au sont intervenus pour mettre fin à ce qu’ils considéraient comme une pratique barbare et dégradante, ce qui est tout à leur honneur mais ne leur attire pas les bonnes grâces des Sœurs. Au prix d’une blessée grave (Akemi, qui intercepte un tir de plasma dédié à Zurihya), l’équipe Santoris remporte l’affrontement, et… on s’arrête là. Les bigoteries les plus courtes sont les moins longues, comme on dit sur Dimmamar.
1 : Rien à voir avec Neave et Cie, par contre.
AVIS :
Il aura fallu quelques années (tout de même), mais je suis enfin tombé sur une nouvelle d’Augusta Santorus que je considère comme étant assez bonne (gasp). Est-ce parce que Danie Ware fait enfin se battre ses héroïnes de manière crédible (c’est-à-dire en utilisant en priorité leurs bolters et armes lourdes1), ou parce qu’elle a eu la riche idée de commencer son propos par une description fouillée d’une des industries les plus grimdark qui soient ? Sans doute un peu de deux, à moins que ce ne soit une intervention divine de Pépé pour soulager la souffrance des lecteurs fans des Sœurs de Bataille. Quoi qu’il en soit, cela fait de ‘The Skull Forge’ la meilleure soumission de la série, et de très loin, et redonne confiance dans le futur littéraire de cette bonne veille Santorus. J’espère sincèrement que Danie Ware ne retombera pas dans ses travers WTF, car la déception n’en serait que plus grande maintenant que je sais qu’elle est capable de tenir son rang.
1 : Si vous vous demandez ce qu’est l’alternative, vous n’avez pas lu assez de nouvelles de la Rose de Sang. Mais c’est sans doute mieux pour vous.
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The Nature of Prayer – D. Ware :
INTRIGUE :
Très peu de temps (disons deux heures) après les événements tragiques couverts dans ‘Blasphemy of the Fallen’, l’escouade non-managée de la Sœur de Bataille novice Augusta Santorus reçoit l’appel à l’aide d’un certain Sergent Delgardo par Servo-crâne interposé alors que les Jeannettes de l’Empereur se recueillaient religieusement dans leurs quartiers du vaisseau spatial les ramenant vers le couvent de l’Ordre de la Rose Sanglante. Anomalie du Warp ou intervention de Pépé, le mystère restera entier : toujours est-il que nos quatre héroïnes (Augusta, Emlyn, Leona et Lucienne) décident d’un commun accord de se dérouter pour répondre à la sollicitation de Delgardo. D’après les informations transmises par ce mystérieux individu, il faudrait s’attendre à une farouche opposition, et ça tombe bien, les Sœurs ont envie de cogner sur quelque chose pour faire leur deuil de la regrettable Veradis1.
Direction donc la planète austère (pour changer) et minérale (pour changer bis) de Carngamal, d’où provient le signal capté par la radio de bord des Sœurs de Bataille. Ces dernières atterrissent sous une pluie battante à proximité d’une mine (pour changer ter), et ne tardent pas à tomber sur un tas de cadavres leur permettant d’identifier les forces en présence. A ma droite, les valeureux Gardes du 9ème Catachan, aussi surnommés les Serpents Écarlates. A ma gauche, les Tyranides les plus furtifs et/ou paumés de la galaxie, puisque, comme cette petite futée d’Emlyn le fait remarquer, le simple fait que le message de Delgardo ait pu quitter la planète démontre qu’il n’y a pas d’Ombre dans le Warp à l’œuvre autour de Carngamal. L’invasion homéopathique, un concept sans doute trop novateur pour cette galaxie de brutes épaisses.
Guidées par le scénario, les Sœurs s’enfoncent donc dans les galeries de la mine à la recherche de survivants, et… n’en trouvent pas. Ou en tout cas, pas tout de suite. Après quelques pages à tenter d’instiller une atmosphère oppressante, à base de pressentiments funestes et de bonshommes bâtons dessinés sur les murs des boyaux, Danie Ware passe aux choses sérieuses en mettant face à face Augusta et Cie, et une bande de survivants (quatre Catachan et deux douzaines de mineurs locaux) menée par nul autre que le Sergent Delgardo. Au grand chagrin de cette prude d’Augusta, ce dernier a un langage aussi fleuri qu’un bosquet de Grey Vines au printemps, et semble tout prendre à la rigolade, ce qui est un péché impardonnable dans son esprit rigide. Cette incompatibilité d’humeur passe cependant rapidement au second plan lorsque les Tyranides montrent enfin le bout de leur museau, ou plutôt, le Tyranide. La première vague des Xenos est en effet constituée d’un unique Pyrovore, dont l’arme phallique et les qualificatifs sans équivoque utilisés par Delgardo pour décrire cette dernière dans le feu de l’action, provoquent un émoi fort compréhensible chez les pieuses novices. C’est le top départ d’une course poursuite vers la surface, qui sera fatale à tous les Catachan sauf au bon Sergent, mais dont les bonnes Sœurs se tireront sans trop de problèmes, seule Augusta prenant un pet au casque à la fin de l’échappée fantastique2. Il faut dire que notre fine équipe joue en mode très facile, les Tyranides ayant l’obligeance de se présenter en file indienne devant leurs proies, permettant à ces dernières de gérer assez aisément la menace alien. Dans ces conditions, la Grande Dévoreuse fait beaucoup moins peur, c’est sûr.
La nouvelle se termine avec le réveil d’Augusta dans la navette qui… est là (comprendre qu’on ne sait pas si elle est en train de revenir au vaisseau ou est garée en double file sur le parking visiteurs de la mine). Une petite discussion avec ce brave Delgardo permet à notre héroïne de comprendre que la grossièreté du Catachan cache en fait un cœur d’or et une foi sincère en l’Empereur, et qu’il s’agissait pour lui d’une manière de combattre ses peurs les plus profondes. Si c’est pas une morale édifiante, je ne sais pas ce que c’est. Pour le lol, on notera pour finir que notre bande de ravagé.e.s du bulbe a la ferme intention de revenir finir le boulot sur Carngamal, c’est-à-dire purger la planète de l’infestation tyranide, dès qu’elle aura fait le plein de munitions et établi une stratégie d’attaque. À cinq. Est-ce qu’ils apprennent encore à compter, à la Schola Progenium ?
1 : Pour les acharnés qui se souvenaient que l’intrigue de ‘Blasphemy of the Fallen’ tournait autour du sarcophage de Sainte Myra, ramené de haute lutte depuis le 145ème sous-sol de Saadet jusqu’au vaisseau des Sistas malgré des vibes franchement néfastes et une opposition mi-molle de la population locale, sachez que cette relique n’aura aucune importance ici. Qui a commandé un MacGuffin ?
2 : Les mineurs semblent s’en sortir sans beaucoup de difficultés non plus, mais comme Ware leur consacre deux lignes dans toute la nouvelle, dur d’être catégorique.
AVIS :
Danie Ware retente la carte de l’exotisme dans sa série phare avec la convocation des Tyranides comme antagonistes de la vertueuse Augusta Santorus. Ca n’avait pas marché la première fois (‘The Crystal Cathedral’), ça ne marche pas beaucoup mieux ici non plus, même si les combats sont un tout petit peu moins débiles dans ce ‘The Nature of Prayer’. Mais en l’absence d’un scénario qui tienne la route, de personnages fouillés (ou même différenciés) et d’une atmosphère prenante, cette nouvelle sera reléguée parmi les histoires tout à fait quelconques de la Black Library immédiatement après la fin de sa lecture, comme la plupart des épisodes de la tentaculaire saga de Miss Santorus.
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Aria Arcana – P. Fehervari :
INTRIGUE :
Dans les ténèbres de leur lointain passé, bien avant qu’ils virent puritains, les Angels Resplendent avaient pris une résidence sur le monde sanctuaire de Vytarn, à la demande de l’Archiviste Satori. Les deux années pendant lesquelles la 9ème Compagnie végéta sur la Lindisfarne galactique (comprendre qu’il n’y a que deux choses à faire sur Vytarn : aller à la plage ou prier) furent l’occasion pour l’énigmatique Psyker d’écumer les archives locales1, tenues par la secte de la Dernière Bougie ; et pour ses accompagnants, aux talents créatifs reconnus, de personnaliser leurs armures à un niveau jamais égalé par un Chapitre loyaliste depuis la création des Astartes. Lorsqu’une tempête Warp soudaine se déclara et s’abattit sur l’anneau de Koronatus, localisation de la cathédrale Candelabrum et lieu de recherche de Satori, ce dernier ne trouva rien de plus malin que d’envoyer son protégé, l’Archiviste Ignacio Verlaine, faire des tours de Thunderhawk au-dessus de l’anneau, pour une raison aussi vague que cryptique2.
Ce tour d’hélico, réalisé en compagnie d’une escouade de bons copains (et de l’Apothicaire Veleno Fiotré, qui n’en est pas un), prit un tour fâcheux pour Verlaine lorsqu’un banc de Disques de Tzeentch se mit à faire du porte-à-porte avec le transport des Space Marines, sans doute pour posséder le lecteur CD du véhicule. Il faut en effet savoir que les Angels Resplendent allaient au combat en musique, une charmante tradition qui ne survécut pas à la purge du fun subie par le Chapitre plus tard dans son histoire. Bien que les armes du Thunderhawk fussent en mesure de perforer les galettes démoniaques, le rapport de force s’inversa lorsque – et je suis sérieux – un Disque de diamant s’invita dans la conversation. Lancé comme un cochon dans un jeu de quilles, le Démon traversa l’aéronef de part en part, le coupant proprement en deux, comme le pauvre Frère Uderzo (dont l’importance pour cette nouvelle relève du simple astérisque, ceci dit). S’étant trouvé du mauvais côté de l’appareil au moment du drame, Verlaine en fut quitte pour une séance de base jump, sans parachute certes, mais avec la complicité d’un Disque de Tzeentch très affamé, qui vint lui mordiller le bras et lui tenir compagnie pendant sa chute. Notre Archiviste tenta bien d’imposer sa volonté à cette sale bestiole pour pouvoir bénéficier d’un atterrissage en douceur, mais ne parvint pas à ses fins. Au moins survécut-il à son plongeon, au prix de quelques os cassés et organes perforés (rien de sérieux pour un Space Marine, du moment qu’on ne court pas, bien sûr), tandis que ses camarades s’époumonaient sur ‘Comme un avion sans ailes’ sur le karaoké de bord.
Isolé et un peu fatigué, Verlaine se mit en route en direction de Candelabrum, croisant en chemin d’autres Démons ainsi que des civils ayant été apparemment changés en cristal par la lumière s’émanant de la cathédrale. Il reçut cependant la confirmation de Sartori, qui avait pris soin de laisser une ligne psychique ouverte avec son padawan avant de l’envoyer balader, qu’il était sur la bonne voie… et que son mentor était en partie responsable de la tempête Warp, déclenchée sur Koronatus « à fins d’études ». Mouais mouais mouais. Ils disent tous ça. Preuve de la foi inébranlable accordée par Verlaine à son supérieur, il accepta malgré toutle plan démentiel déroulé par ce dernier lorsque notre survivant éprouvé finit par arriver à Candelabrum, après 999.999 secondes de marche (soit onze jours, un chouilla plus que l’heure qu’il avait prévu de consacrer à cette marche d’approche) : pénétrer au cœur du maelstrom chaotique, là aussi « « à fins d’étude » », et évidemment « « « pour la défense de l’Imperium » » ». I CALL BULLSHIT ON THAT. Toujours est-il que notre héros finit la nouvelle juché sur le Disque de diamant qui l’avait trollé il y a quelques temps, et qui l’attendait garé en double file sur le parking de la cathédrale. Après ça, direction l’Immaterium ! Je pense qu’il en sera quitte pour bien des rêves étranges et pénétrants…
1 : Et faire d’autres recherches, plus… prosaïques.
2 : « Que dois-je chercher, ô honoré maître ? »
« Tu le sauras quand tu le verras, andouille. »
AVIS :
Peter Fehervari lève (une partie) du voile entourant son Chapitre personnel, les Angels Resplendent/Penitent et revisite le monde de Vytarn, où se déroule l’intrigue de son roman ‘Requiem Infernal’, dans cette nouvelle aussi « accessiblement cryptique » qu’il a l’habitude de nous proposer. Notre homme est en effet passé maître dans l’art d’embarquer son public dans des histoires à plusieurs niveaux de lecture, sans blaser ni décontenancer ceux qui n’ont pas la connaissance absolue du Dark Coil, le petit coin de 40K qu’il s’est approprié dans ses récits et où il fait évoluer sa galerie de personnages et de factions. Et, soyons honnêtes, il n’y a que Fehervari lui-même qui ait cette connaissance absolue… peut-être.
Ainsi, si ‘Aria Arcana’ peut être lue et appréciée comme une Space Marinade tragique (le héros est corrompu par le Chaos en fin de compte) d’une originalité rafraichissante et d’un niveau appréciable, il ne s’agit là que d’un premier niveau d’analyse. Les fans des Angels Resplendent seront ravis d’en apprendre un peu plus sur l’histoire troublée du Chapitre, que l’on découvre un peu trop chill avec le Warp (et la personnalisation des armures) pour son propre bien. Les nostalgiques de Vytarn trouveront dans cet événement mystico-chaotique des ressemblances troublantes avec le final de ‘Requiem Infernal’, et probablement la réponse à quelques-unes des questions laissées en suspens à la fin de ce roman. Au final, s’il ne s’agit pas de la soumission la plus magistrale de Fehervari (je place ‘The Thirteenth Psalm’ au-dessus du point de vue suspens et ambiance), cet auteur démontre encore une fois qu’il est un des maîtres atouts de la BL en matière d’ambition littéraire et de storytelling.
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Confession of Pain – J. Flindall :
INTRIGUE :
Si les Nains sont connus dans tout l’heroic fantasy pour leur pilosité faciale exubérante et leur nature rancunière, dans les ténèbres sci-fi du lointain futur, cette niche écologique est occupée par les… White Scars. Les fiers guerriers de Mundus Planus n’ont en effet pas du tout apprécié la visite surprise que leur a rendu Huron Sombrecoeur et ses Red Corsairs au moment de l’ouverture de la Cicatrix Maledictum, et, bien que l’invasion chaotique ait fini par être repoussée, les Space Bikers brûlent de rendre à Huron la monnaie de sa pièce. Nous faisons la connaissance du Lieutenant Orghun, de retour à Quan Zhou après avoir parcouru la steppe sur sa bécane à la recherche de cultistes égarés, ou d’une station avec du sans plomb à moins de 2€ le litre, et mis sur une vendetta plaquée argent par le Chapelain Ghabesh et le Prophète des Tempêtes Otagai. La lune Helaka, située dans le système de Gartuli, a été identifiée comme la place forte de Lugor Vask, un Warpsmith roulant pour les Red Corsairs et en charge de la production des machines de guerre démoniaques du Tyran de Badab. Vask a participé à la guerre de Chogoris du côté des renégats, et une pique est donc réservée pour sa tête dans le hall d’entrée de la forteresse monastère du Chapitre. Orghun accepte immédiatement de partir à la chasse au bad boy, accompagné par les sages conseils de Gahbesh, qui le trouve un peu trop soupe au lait pour son propre bien.
En parallèle de l’histoire d’Orghun, nous suivons celle de Khaijav, un des rares Dreadnoughts White Scars, réveillé de son profond sommeil pour participer à l’attaque de la base de Vask. Alors qu’Orghun emmène ses Intercessors infiltrer la place forte adverse par une buse laissée sans défense1, Khaijav mène une attaque frontale contre le bastion ennemi, monopolisant l’attention des hérétiques pour permettre à ses frères d’armes de porter plus facilement le coup mortel. Sa nature bougonne ne l’empêche pas de se faire un copain, en la personne du jeune Primaris Barutai, qui jacasse comme une pie d’un bout à l’autre de l’assaut. Confronté aux machines impies des Red Corsairs, le Dreadnought encaisse stoïquement les coups et conduit les White Scars jusqu’au cœur de l’antre de Vask, ou ce dernier les attend de pied ferme…
Début spoiler…On se rend alors compte qu’Orghun et Khaijav sont le même individu, l’inflexible Lieutenant étant devenu un encore plus inflexible Dreadnought (je suis sûr qu’il n’arrive pas à toucher ses pieds, ha !) après sa première rencontre avec sa Némésis. Les créations mécaniques de Vask eurent en effet raison des vaillants efforts des White Scars, qui repartirent de Helaka avec quelques cicatrices (sans doute blanches) de plus et la queue de cheval entre les jambes. Molesté par le Helstalker de compagnie du Warpsmith, qui lui fit de grosses papouilles sur le bedon alors qu’il essayait de vider sa querelle avec son maître, Orghun finit incarcéré dans un caisson, et fut rebaptisé Khaijav, ou le Chercheur de Délivrance, par cette vieille baderne de Ghabesh. Plusieurs années, voire décennies, séparent donc les deux épisodes narrés dans cette nouvelle, et je suis heureux de vous apprendre que pour Orghun/Khaijav, la seconde tentative fut la bonne. Ayant appris de ses erreurs passées, le Dreadnought prit soin d’écarteler les machines infernales de Vask avant d’aller lui tirer l’oreille (ce qui donne des résultats salissants lorsqu’on utilise un poing énergétique). Je ne crois pas qu’on put faire de la bouillie qu’il en résultat un trophée digne de ce nom pour Quan Zhou, mais c’est l’intention qui compte !Fin spoiler
1 : Je choisis de penser que c’est un hommage au Faucon de Chogoris, et vous ne pouvez pas me faire changer d’avis.
AVIS :
Jon Flindall nous sert une Space Marinade sérieuse pour ses débuts dans la carrière, construite autour d’une révélation finale assez bien amenée je dois dire. L’ensemble pêche toutefois du côté de la caractérisation des personnages, qui sont tous sans exception des stéréotypes (le Lieutenant téméraire, le vieux Chapelain sagace, le Dreadnought taciturne, le machiavélique et très méchant Warpsmith…), et donc peu passionnants à voir évoluer. Je regrette aussi que l’auteur n’ait pas davantage exploité la culture du Chapitre qu’il a mis en scène, et donné plus d’importance au ressenti de Khaijav, qui a tout de même eu la pire trajectoire professionnelle possible pour un White Scars d’après le fluff : être enfermé dans un Dreadnought. Rien ne vient en effet différencier l’homme-machine de ses équivalents des autres confréries Space Marines, alors que je m’attendais à ce qu’il ait développé une psychose carabinée, et soit considéré avec un mélange de respect et de révulsion par ses camarades (ce qui n’est absolument pas le cas, à moins que Barutai cache très bien son jeu). Encourageant, mais encore un peu juste.
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The Reward of Loyalty – T. Chivers :
INTRIGUE :
Une épidémie de Fléau de l’Incroyance, variant Omegon, s’est déclarée sur le monde de Mantid VI, transformant sa population en Zombies de la Peste et repoussant ses dernières forces armées sur la côte de son unique continent. Fort heureusement pour les locaux, un régiment de Fusiliers des Carpathes Carpathiens passait non loin de la planète après avoir exterminé une incursion Ork dans le secteur, et les braves Gardes Impériaux se détournent de leur destination pour venir donner un coup de main aux Mantidois éprouvés. Nous faisons ainsi la connaissance de la commandante Riva Vistrena, dont la compagnie était chargée de défendre un bout de marais putride – Mantid VI, c’est assez moche – contre les hordes décérébrées de l’ennemi. Tout allait assez bien pour les hardies bidasses jusqu’à ce qu’une escouade de Primaris Dark Angels se pointe à bord de son Repulsor (ou peut-être était-ce un Impulsor) de fonction. Les meilleurs de l’Empereur ont à peine le temps de débarquer de leur véhicule et de prendre la pose qu’une pluie de plasma, de laser et de grenades s’abat sur eux (et sur les hommes de Vistrena par la même occasion), envoyant tout ce beau monde valdinguer dans le décor.
Lorsqu’elle revient à elle, Vistrena se rend compte qu’elle est très vraisemblablement la dernière survivante de son peloton, et que les fiers Space Marines n’ont pas connu beaucoup plus de succès que les humbles Gardes sur leurs jets de sauvegarde. Avant d’avoir pu mener une enquête approfondie sur le taux de survie des défenseurs impériaux, elle est surprise par l’arrivée d’un Astartes renégat en armure Terminator, qui se plaint tout haut de la facilité avec laquelle il a réglé leur compte à ses « petits frères », une appellation qui ne manque pas de surprendre et d’horrifier la pieuse et endoctrinée Vistrena. Se pourrait-il que les nobles Anges de l’Empereur aient quelque chose à voir avec les vilains surhommes en armures énergétiques qui leur ressemblent de manière troublante ? CELA NE SE PEUT. De son côté, Prouty Double Face – je l’appelle comme ça par défaut, Chivers ne se donnant pas la peine de le baptiser – s’amuse à susurrer des saletés hérétiques à l’oreille d’un pauvre Primaris avec une jambe en vrac, et à lui entailler la bajoue avec son canif rouillé, jusqu’à ce que Vistrena lui décoche un tir de pistolet plasma en pleine tête, sprinte jusqu’au Taurox de son escouade de commandement, et mette les gaz, laissant les lents et méthodiques Death Guards maugréer à l’arrière-plan.
Après avoir mis quelques kilomètres entre elle et les pesteux énergétiques, elle s’arrête pour tenter de réparer son véhicule, qui a pris quelques bolts dans la carlingue pendant son échappée belle. L’inspection permet d’identifier quelques légers dommages, ainsi que la présence du Primaris violenté par l’infâme PDF dans le compartiment passager. Le marsouin révèle s’appeler Clerebald, et n’avoir aucune idée de ce qu’il fait ici, ce qui arrive lorsqu’on pionce pendant les briefings. Les confessions impies de Prouty lui ont toutefois permis de suspecter que le déploiement des Dark Angels sur Mantid VI a quelque chose à voir avec un temple contenant d’inestimables reliques, que la Death Guard souhaite corrompre et que les loyalistes veulent sauvegarder. Clerebald est convaincu qu’il est de son devoir d’apporter cette information cruciale à ses supérieurs, et comme le wifi marche très mal dans ce trou paumé, la seule solution est de rouler jusqu’au QG des Space Marines, situé à des dizaines de kilomètres au sud. Fan girl dans l’âme, Vistrena accepte de servir de chauffeur au surhomme impotent (oxymore), même lorsqu’il insiste pour laisser crever dans la boue un Garde Impérial blessé croisé en chemin, afin de porter au plus vite son message aux autorités compétentes. Cette soute de Taurox n’était pas assez grande pour deux, faut croire…
Alors que notre paire mal assortie approche de sa destination, elle se fait embusquer par Facy Double Prout et sa garde rapprochée de Terminators, qui avaient suivi leurs déplacements grâce aux mouches espionnes (pléonasme) de ce vieux voyeur de Nurgle. Le combat est déséquilibré, et Clerebald trouve encore le moyen de se faire grièvement blesser dans la bagarre, mais Vistrena a eu le temps de lancer un appel à l’aide à la radio avant que les affreux ne lui tombent dessus, et un certain Chapelain Interrogateur Isidore lui a répondu qu’il était sur le coup…
Début spoiler…Et si les Dark Angels ont bien des défauts, il faut reconnaître qu’ils honorent leurs engagements professionnels. Zizi et une escouade de Deathwing ne tardent pas à arriver sur place, et ces renforts providentiels renversent le rapport de force entre loyalistes et hérétiques. Après une violente bataille, Prouty est fait prisonnier et son escorte mise hors d’état de corrompre. Ce triste personnage a toutefois eu le temps de révéler un autre petit secret à Clerebald et Vistrena pendant qu’ils taillaient la bavette : en son jeune temps, il était membre de la Première Légion, comme le marquage de son épaulière droite (maculée de 10 000 ans de crasse, donc c’était pas évident à voir) le révèle. L’existence des Déchus étant bien entendu une information top secrète, Isidore ne peut laisser Vistrena en vie, et lorsque le pur et naïf Clerebald refuse de saisir la perche énergétique qui lui est tendue par le Chapelain à propos de la politique de protection des témoins des Dark Angels, il hérite d’un bolt dans l’occiput, avant que sa petite copine ne lui emboîte le pas, direction la droite de l’Empereur. C’est bien vrai que la jeune génération n’a aucun respect pour l’institution travail…Fin spoiler
AVIS :
Nouvelle intelligente de la part de Tom Chivers, qui remet au goût du jour la classique histoire de Déchus du répertoire des Dark Angels en mettant en parallèle la méfiance paranoïaque que ce Chapitre a envers le reste de l’Imperium, et la méfiance paranoïaque qu’il a envers ses nouvelles recrues Primaris. Aucun traitement de faveur : ils méritent bien leur réputation de parangon de droiture et de vertu1 ! Il n’a certes pas été le premier à exploiter cette opportunité narrative, mais il le fait avec brio, et démontre ainsi qu’il fait partie des auteurs de la Black Library disposant d’une solide connaissance du lore et d’un véritable talent de scénariste. Pas mal du tout pour une première soumission.
1 : Mention spéciale à Isidore, qui révèle à demi-mots qu’il a envoyé l’escouade de Clerebald au casse-pipe afin de forcer Prouty à sortir du bois, sachant fort bien qu’un vieux pervers comme lui ne résisterait pas à la tentation d’aller corrompre physiquement et spirituellement les petits derniers de la fratrie de Lionel.
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The Bleeding Stars – R. Rath :
INTRIGUE :
La situation est tendue sur Thanatos, monde nécropole contrôlé par la dynastie Oruscar depuis des éons et attaqué par les forces du Phaeron Akanabekh depuis… des siècles. Les Nécrons n’ont pas le même rapport au temps que nous, pauvres humains, c’est sûr. Si Akanabekh tient tant à faire sien cette planète, c’est qu’elle abrite une relique inestimable : le planétaire céleste, soit une réplique miniature de tous les corps célestes de la galaxie. La mystérieuse technologie qui anime ce chef d’œuvre permet au planétaire de refléter en temps réel les changements qui affectent le cosmos, mais l’inverse est également vrai : si une étoile ou une planète devait être malencontreusement éteinte ou sortie de son orbite par un agent d’entretien maladroit, les conséquences dans le Materium seraient tragiques. Akanabekh, qui déteste le concept de vie organique au plus haut point (peu aidé par la folie du Destroyer qui le consume, ainsi que la plupart des membres de sa dynastie, il faut le reconnaître), est bien décidé à make the galaxy dead again en fracassant le précieux planétaire, ce que ses gardiens dévoués ne peuvent bien entendu pas laisser faire.
Cependant, et malgré leurs vaillants efforts, les armées de la Destruction progressent lentement vers sûrement vers le saint des saints, laissant le triumvirat en charge des opérations (le Technomancien Dzukar, l’Observatrice Zotha et le Plasmancien Ashenti) avec peu d’options pour enrayer l’avancée de l’ennemi, jusqu’à qu’un invité surprise n’entre dans la salle où le management Oruscar délibère. Le nouveau venu n’est autre que Trazyn l’Infini, et son entrée remarquée tend sensiblement l’atmosphère : le bougre a été banni de Thanatos sous peine de mort reformatage après avoir tenté d’ajouter le planétaire à sa collection de Solemnace. Nécessité fait cependant loi, comme il l’explique posément à ses hôtes estomaqués, car il doit vérifier que le sinistre présage qui s’est manifesté dans ses galeries (une cloche de l’apocalypse qui s’est mise à sonner alors qu’elle était tranquille dans son champ de stase) n’annonce pas un événement aussi majeur que tragique. Pour cela, rien de tel qu’une petite visite au Futuroscope necron, qui pourra lui montrer si quelque chose de vilain se trame au niveau galactique.
Très étonnamment (non), les trois Stooges ne s’avèrent pas coopératifs, et menacent même d’envoyer leurs gardes du corps démanteler le châssis de Trazyn, forçant notre héros à passer à l’étape suivante de son plan : le chantage au labyrinthe tesseract. Après avoir sorti de son slip kangourou un cube d’antimatière, il explique posément au triumvirat, vidéo à l’appui, que cet artefact contient Akanabekh et sa Cour de l’Extinction, que ce hâbleur de Trazyn a littéralement réussi à se mettre dans la poche en échange d’un accès direct au planétaire. « Tu bluffes Martoni ! » lui rétorque Ashenti, qui donne l’ordre à ses suivants d’appréhender le malandrin manu militari. A défaut de pouvoir abattre ses cartes, Trazyn jette donc son Pokécube au sol…
Début spoiler…Qui est récupéré avant impact potentiellement désastreux par le Deathmark que l’Infini avait amené avec lui, sobrement nommé le Maître de Chasse, et qui se matérialise sans crier gare sur place, ainsi que le fluff lui permet de le faire. Cette nouvelle arrivée surprise, et la double menace (labyrinthe + fusil sniper) qu’elle représente finit par contraindre le triumvirat à la négociation, et Trazyn peut enfin déjeuner contempler en paix1, et ce qu’il voit le met suffisamment en rogne pour qu’il allonge une patate de forain à Dzukar lorsque ce dernier se gargarise d’être le sage et neutre gardien de l’ordre cosmique. En effet, la galaxie miniature présente des signes avant-coureurs évidents de ce qui ne tardera pas à devenir la Cicatrix Maledictum, confirmant les craintes de Trazyn quant à la future classe verte organisée par Abaddon en direction de Cadia. La treizième planifiée par cet élève peu doué, mais volontaire, pour être précis. Fustigeant l’attitude passive de ses pairs face à une catastrophe désormais inévitable, Trazyn annonce qu’il va se rendre dans le système cadien afin de sauver les miches des impériaux, en lieu et place de leur grabataire de Pépé. Not all heroes wear cape (mais celui-là, oui).Fin spoiler
1 : Pour ceux qui se le demande, on ne saura pas s’il a réellement réussi à mettre la tête dans le cube à Akanabekh.
AVIS :
Robert Rath renoue avec son personnage iconique de Trazyn l’Infini dans une nouvelle passerelle entre les événements couverts dans ‘The Infinite and the Divine’ et la Chute de Cadia, où le collectionneur le plus illustre de la galaxie fit, comme chacun sait, preuve de largesse en faveur des derniers défenseurs de la planète martyre. Même si le propos de ‘The Bleeding Stars’ est très dilué (la séquence d’ouverture, pour prenante qu’elle soit, aurait pu être coupée au montage si cela n’avait pas fait passer la nouvelle en dessous des 10 pages), l’auteur mène sa barge avec une maîtrise consommée, parvenant à renforcer le déjà considérable capital sympathie dont dispose le conservateur de Solemnace. Alternant entre combats épiques, effets comiques variés (absurde, slapstick comedy), suspens et mise en contexte du macro-fluff, ‘The Bleeding Stars’ s’inscrit dans la droite ligne de la « renaissance Necron » en matière littéraire, transformant les automates implacables et surtout très ennuyeux qu’ils furent dans la GW-Fiction depuis leur introduction dans l’univers 40K, en personnages complexes et donc beaucoup plus attachants. Même si ‘The War in the Museum’ reste à mon humble avis la meilleure soumission de Rath en format court, ‘The Bleeding Stars’ n’a pas à rougir de la comparaison, et nous fait espérer que Trazyn retourne prochainement sur le devant de la scène.
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Et voilà que conclut cette revue de ‘Galaxy of Horrors’, anthologie d’un niveau plus que convenable, en grande partie grâce à son excellente section chaotique héritée tout droit de la Chaos Space Marines Week 2022. Mais le mérite peut être étendu plus largement à la majorité des contributeurs de ce recueil, de manière plus ou moins surprenante (si vous êtes habitués à mes retours sur les uns et les autres) : tant mieux ! Rendez vous je l’espère dans un an pour un autre volume de courts formats, j’ai déjà identifié quelques nouvelles qui auraient bien besoin d’une réédition à vil prix dans le catalogue de la BL…
CHAOS SPACE MARINES WEEK 2022 [40K]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue de la Chaos Space Marines Week 2022, série de cinq nouvelles consacrées sans la moindre surprise aux grands vilains du 41ème millénaire et archi-rivaux des poster boys de Warhammer 40.000, les Space Marines du Chaos. Même si l’Alpha Legion est au programme de ces réjouissances littéraires, ce ne sont certainement pas les fils d’Alpharius et d’Omegon (#2Papas) qui se sont chargés du choix du nom de ce bundle, c’est moi qui vous le dit.
Côté contributeurs, à côté des trois piliers de bibliothèque que sont Mike Brooks et les deux David (Annandale et Guymer), la BL nous surprend avec un tout jeune auteur (Rich McCormick, qui signe ici sa deuxième soumission) et un authentique revenant (Mitchel Scanlon, perdu de vue depuis plus d’une décennie). Charge à ces cinq hommes – pas d’auteure ici, c’est sans doute pour rester dans le thème – de remettre au goût du jour un des antagonistes les plus établis de la GW-Fiction, mais dont le manque d’évolution comparé à ses petits camarades de wargame commence à se faire sentir. Let’s see that…
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A More Perfect Union – R. McCormick :
INTRIGUE :
Xantine, esthète remarquable et remarqué au service du seigneur Euphoros des Children of Torment (la version officiellement autorisée par Abaddon des Emperor’s Children), en a gros sur la patate. Malgré la fidélité sans faille dont il a fait preuve envers son maître, et en dépit du décevant (pour un Slaaneshi, c’est une terrible insulte) ralliement à la Black Legion acté par ce dernier, notre héros a subi un terrible affront lorsqu’Euphoros a choisi le parvenu Epiales Kyr pour tenir le premier rôle dans l’attaque conjointe des Children of Torment et de leurs « associés » tout de noir vêtus sur le monde de Kalliope. Il ne faisait pourtant aucun doute que Xantine était le surhomme le plus qualifié pour orchestrer la Maru Skara, aussi appelée la ruse du père Lafeinte en langage vernaculaire, chef d’œuvre de précision et de prouesse martiale dont la IIIème Légion s’est fait une spécialité. Mais noooooooon. C’est vraiment trop injuste.
Pour se passer les nerfs, Xantine va bouder dans le boudoir de son bon ami Qaran Tun, Word Bearer renégat s’étant spécialisé dans la capture et le dressage de Démons mineurs, que Mr X déguste comme des chips aux champignons hallucinogènes. A chacun ses trips. C’est lors de cette séance de tapas psychiques que Xantine se fait approcher par une entité peu commune, qui se révèle s’appeler S’janth et lui propose d’exaucer ses fantasmes les plus tordus s’il vient la libérer de sa prison, qui se trouve être comme le hasard fait bien les choses sur Kalliope. Convaincu de tenir une perle rare, notre connoisseur es ectoplasmes ravale sa rancune, au moins temporairement, et accepte de participer à l’assaut sur la planète, tombée entre les mains glacées et luisantes des Iron Hands.
A la tête de la première vague en compagnie de quelques sidekicks haut en couleurs et décibels, Xantine fait le taf de manière propre malgré le déficit de taille et de poids qui est le sien face aux Primaris métallisés qui lui font face. En revanche, l’arriviste Epiales Kyr (slane)chiie vraiment dans le kohl – ça fait des teintes intéressantes, notez – lorsque vient son tour de porter l’estocade avec les renforts, et permet aux Iron Hands cabossés mais pas vaincus de se replier à l’intérieur du temple Eldar qu’ils ont fortifié avec leur zèle habituel.
Il faudra l’intervention salvatrice des Noise Marines du Capitaine Vavisk, puis celle des Démons de compagnie de l’indispensable Qaran Tun pour débloquer la situation (ici : trouver la porte dissimulée), et permettre aux chaotiques de pénétrer dans le saint des saints, où les attendent 1) les Iron Hands avec un copain Dreadnought 2) un statuaire eldar trop kitschissime pour son propre bien 3) la lance enchantée dans laquelle a été enfermée l’essence de S’janth.
Dans la confusion des combats, le rusé autant qu’habile Xantine parvient à marquer ses trois objectifs principaux, en provoquant la mort de son rival (broyé à mort par le Dreadnought après s’être retrouvé immobilisé par un sciage de jarret en règle), devenant l’hôte officiel de S’janth après avoir posé la main sur la lance maudite en preums, et massacrant tous les Iron Hands contestant l’objectif, bien aidé en cela par la tonne de buff que sa nouvelle colocataire lui accorde. La possession n’a pas que des mauvais côtés, comme Malus Darkblade peut en attester.
Un peu plus tard, nous assistons au banquet de la victoire donné par Euphoros en l’honneur de ses braves guerriers (vivants et morts), mais les libations démarrées par le seigneur de guerre tournent au vinaigre pour Xantine lorsqu’il se rend compte que le millésime que lui a servi son boss a été coupé avec du tranquillisant pour cheval. Euphoros, qui s’est aussi fait allumer par cette michetonneuse de S’janth, n’a pas apprécié du tout de s’être fait griller la politesse par son sous-fifre, et compte bien le lui faire payer. Fort heureusement pour Xantine, sa nouvelle amie ne l’entend pas de cette oreille et neutralise rapidement les effets délétères du breuvage, permettant à notre champion de se défendre contre les attaques de son maître, puis de le vaincre facilement et de massacrer la délégation de la Black Legion présente au banquet pour faire bonne mesure. Il est temps pour les Children of Torment de faire honneur à leur ancienne allégeance et de ressortir leurs bombes de Phoenician Purple, sous la houlette d’un meneur qui n’a pas peur de (se) faire plaisir…
AVIS :
Très intéressante et aboutie addition au corpus slaaneshi que ce ‘A More Perfect Union’ de la part de Rich McCormick, qui démontre en quelques pages bien des choses : sa maîtrise du lore1 et de la décadence excessive de cette faction2 pour commencer ; sa capacité à mettre en scène, à dérouler et à conclure une histoire relativement complexe en l’espace d’une vingtaine de pages ensuite ; son talent à caractériser et faire interagir une petite ménagerie de personnages sans qu’aucun d’entre eux n’apparaisse comme superflu ou quelconque3 ; ou encore sa faculté de terminer son propos d’une manière qui soit à la fois satisfaisante pour le lecteur occasionnel (qui lira cette nouvelle et passera à autre chose) mais également prometteuse pour celui qui souhaiterait que l’épopée de Xantine se poursuive. Et entre le passé mystérieux de notre héros épicurien, celui de sa dulcinée démoniaque, et son désir d’aller faire des couettes à Abaddon pour lui apprendre à persécuter les Emperor’s Children, il y a largement de quoi faire, et j’espère que McCormick aura l’occasion de poursuivre dans la foulée de cette prometteuse nouvelle.
1 : Les relations complexes entre la Black Legion et les bandes de guerre qui lui sont inféodées sont particulièrement intéressantes à mes yeux, et McCormick nous en livre ici un exemple concret.
2 : Les tableaux et les auditoires faits de victimes mutilées et les dégustations de Démons à l’apéritif sont des trouvailles adéquates, mais je me dois de décerner une mention spéciale aux esclaves qui viennent vomir les plats dans les assiettes de leurs maîtres lors du banquet de la victoire. Plus Slaaneshi que ça, tu meurs.
3 : Là encore, mention spéciale au très poli « diaboliste » Word Bearer Qaran Tun, dont les familiers démoniaques en fiole ont un potentiel narratif immense, en plus de faire très dresseur Pokémon dans l’esprit. Mention honorable à « Obelix » Lordling, qui se pose également là comme sidekick discret mais sympathique.
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Sacred Hate – D. Annandale :
INTRIGUE :
Le jeune missionnaire Cerastes traverse une crise des plus douloureuses, alors qu’il participe à une expédition militaire à destination de mondes un peu trop laxistes dans leur application des édits impériaux : une crise de foie. Élève modèle et appliqué lors de son initiation sur Legitur, il a cependant vu ses certitudes se fissurer après une visite dans les bas-fonds de ce monde tout entier dévoué à la reproduction des textes sacrés de l’Ecclesiarchie, pendant laquelle il a été témoin de l’absurdité de la production de masse de missels et de pamphlets par des ouvriers analphabètes et surexploités. Il ne fait pas bon être un idéaliste au 41ème millénaire.
S’étant convaincu que la réponse à son mal-être spirituel était de partir en croisade, il s’est donc embarqué sur le Sacred Hate en compagnie des régiments de Gardes Impériaux legituriens, et a cherché dans la bibliothèque du bord, tenue par l’aimable Deverast, des réponses à ses atermoiements métaphysiques, en vain. Mais alors qu’il se prépare à faire, comme chaque jour, le trajet entre sa cellule et les archives du Sacred Hate, après avoir assisté au premier office de la journée (la routine du credo-biblio-dodo, tu connais), un événement imprévu vient chambouler son agenda, et sa destinée par la même occasion.
Cet événement, c’est l’abordage du vaisseau par l’équipage du croiseur d’assaut Word Bearers Epiphany’s Flame, qui se déroule aussi bien qu’on peut l’attendre du côté des défenseurs. Plus curieux qu’effrayé au stade d’agnosticisme avancé qui est le sien, Cerastes suit les bruits des combats jusqu’à la chapelle du vaisseau, et assiste au massacre des Gardes et missionnaires s’y étant réfugié par un Apôtre Noir et son escorte… et c’est une révélation pour notre héros en mal de repères. La vue d’Astartes hérétiques saccageant un lieu saint et invoquant des Démons comme qui rigole fait voler en éclats le peu de foi en l’Empereur qui lui restait, et il décide de marquer cette épiphanie en allant mettre le feu à la bibliothèque du Sacred Hate, assassinant au passage un Deverast bien trop confiant en son prochain pour son propre bien.
Ceci fait, et alors qu’il s’attendait à hériter d’un bolt en pleine tête pour seul paiement de ses mauvaises actions, il a la surprise d’être escorté jusqu’à l’Epiphany’s Flame par les fils de Lorgar et d’être présenté à l’Apôtre Noir Eurybios, qui reconnaît le fort potentiel de Cerastes et le prend sous son aile crozius. Bien des années plus tard, notre héros reviendra sur Legitur avec une foi renouvelée et dévorante, ainsi qu’une belle armure énergétique pourpre…
AVIS :
On voit la fin de cette histoire arriver quasiment dès le début mais ce manque de suspens ne nuit pas tellement au plaisir de lecture, et c’est tant mieux. Sans doute une des nouvelles dans lesquelles les Word Bearers apparaissent sous leur « meilleur » jour, puisqu’ils n’hésitent pas à prendre à l’essai un petit jeune prometteur, alors que le pauvre Cerastes aurait sans doute fini éparpillé façon puzzle si le Sacred Hate avait été abordé par une autre légion renégate. Sympathique.
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The Brightest and the Best – M. Brooks :
INTRIGUE :
Parce qu’ils ont pris très à cœur les instructions de leurs bien aimés professeurs et ont mis toutes les chances de leurs côtés pour triompher lors des olympiades inter-Scholae organisées entre Aquilonis Porta et Latus Porta (en piquant des stimms dans les réserves des gardes de l’établissement avant l’épreuve, ce qui a conduit à trois hémiplégies dans le camp adverse à l’issue du match de balle au prisonnier), les élèves Vasila Manatu et Nazos Zernas doivent être punis. Voilà qui leur apprendra à faire du zèle, et surtout à se doper de manière grossière. Toutefois, l’exercice de traduction de trois chapitres d’un épais volume consacré à l’aquaculture du Bas Gothique à l’Antimosien (sans que les chapitres en question soient formellement identifiés au début de l’exercice, sinon c’est moins drôle) est interrompu avant même de commencer par l’arrivée impromptue d’un authentique Thunderhawk dans la cour d’honneur de l’établissement, ce qui force l’encadrement à revoir ses priorités.
Quelques minutes plus tard, le directeur Emil Vissarius reçoit dans son bureau le meneur du cadre de Silver Lions ayant fait l’honneur d’une visite à la Schola Aquilonis Porta, un certain Solomon Akurra. Très impressionné par ce nouvel arrivant, qui explique rapidement et sans détour qu’il est venu recruter les élèves les plus doués de l’établissement pour renforcer son Chapitre, Vissarius trouve toutefois le courage de faire remarquer que, enfin, tout cela n’est pas très conforme aux procédures. Il a même le temps de déclencher une alarme qui déclenche un branlebas de combat général dans l’école sans qu’Akurra ne réagisse, ce qui est assez étonnant quand on connaît les réflexes prodigieux des Astartes. Cela veut sans doute dire que les meilleurs de l’Empereur vont calmement attendre l’arrivée des autorités planétaires pour dissiper ce malentendu, pas vrai ?
Début spoiler…Malheureusement pour Vissarius et son personnel, si Akurra a laissé faire c’est plutôt parce qu’il sait pertinemment que quelques profs et garde chiourmes armés de fusils à pompe ne font pas le poids face à des Space Marines déterminés. Et pour être déterminés, les Silver Lions l’Alpha Legion l’est1. C’est ainsi que Vasila et Nazos, qui avaient fait la connaissance du stoïque Kyrin Gadraen et de sa camarade Psyker Primaris (réformée) Tulaya Dyne lorsque ces derniers étaient venus fouiller la salle des archives dans laquelle les garnements étaient collés pour identifier les pupilles les plus prometteurs, repartent avec les renégats sans savoir bien sûr que ce faisant ils trahissent la confiance de l’immortel Empereur. Leur décision est d’autant plus compréhensible que le personnel de la Schola n’hésite pas une seconde à concentrer ses tirs sur les élèves rassemblés par les Space Marines plutôt que de tenter de percer la céramite de ces derniers. On comprend le raisonnement, mais c’est tout de même peu élégant.
Au final, nos deux jeunots, accompagnés de quelques camarades, se font la malle dans le Thunderhawk de leurs nouveaux protecteurs et recruteurs, tandis qu’Akurra prend congé de Vissarius sans lui coller un bolt dans la tête comme il était pourtant en droit de le faire, sachant fort bien que les autorités impériales réserveront au malheureux directeur un destin bien pire lorsque ce dernier devra leur confesser son échec. L’Imperium exige des résultats et pas des efforts, et c’est souvent assez injuste…Fin spoiler
1 : Le déguisement était tellement parfait que même l’accord avec le verbe est tombé dans le panneau. Quels as du camouflage, vraiment !
AVIS :
Mike Brooks nous livre le chaînon manquant entre les romans pour enfants de Warhammer Adventures et le grimdark pur jus de la GW-Fiction dans ce fort sympathique ‘The Brightest and the Best’, qui sert en plus d’introduction à son cycle sur l’Alpha Legion (‘Harrowmaster’). L’alchimie n’était pas facile à trouver entre l’humour gentiment potache de la littérature adolescente, qui a connu son lot d’écoliers auxquels il arrive des choses extraordinaires au cours des dernières décennies, et la dure et sanglante réalité de l’Imperium de l’Humanité au 41ème millénaire, où aucun camp n’hésite à utiliser des enfants soldats, et où même les « gentils » tirent à vue sur des ados désarmés si cela peut les empêcher de tomber dans les mains de leurs ennemis.
Ma seule crainte au moment de lire cette nouvelle était de me faire involontairement spoiler par l’illustration sans équivoque choisie par la Black Library pour cette histoire, mais le déroulé de cette dernière laisse finalement peu de place au suspens à propos de l’identité des mystérieux Silver Lions. Une réussite totale, qui donne très envie de connaître la suite des aventures de Solomon, Kyrin, Tulava et de leurs nouvelles recrues.
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It Bleeds – D. Guymer :
INTRIGUE :
La vie d’un World Eater n’est certes pas de tout repos, mais au moins les mauvais souvenirs y sont rares car au bout de quelques décennies avec un cerveau cloué, on perd toute notion du temps. C’est ainsi que nous essayons de suivre la trajectoire sanglante du héros de notre histoire, un Berzerker bien sous tous rapports mais dont les pensées sont des plus confuses au moment de commencer un duel avec un champion du Chapitre des Dragons Ardent1, sur une planète dont il a évidemment oublié le nom (à compter qu’on lui ait dit, pour commencer).
Nous sommes donc témoins, par fragments aussi hachés que ses victimes, du passé brutal de ce cador de la 12ème Légion, depuis le moment où il s’est fait poser ses clous du boucher par un Apothicaire renégat free lance jusqu’à son affrontement avec sa Némésis du jour, en passant par quelques massacres de Gardes Impériaux de bon aloi, et même le récit des interminables heures à attendre le déploiement sur le prochain champ de bataille, après avoir été tiré de sa stase par le Vivisecteur en chef de la bande du Foresworn, dans laquelle Bobby (appelons comme ça) sert bon gré mal gré.
Lorsque le combat s’engage pour de bon entre Bobby et le loyaliste apprêté qui lui fait face, les choses ne tournent pas en faveur du fidèle de Khorne, qui devait sans doute regarder ailleurs à ce moment-là. Peu aidé par l’état de délabrement avancé de son matériel, Bobby livre un beau combat mais finit étalé de tout son long dans la boue, avec un Dragon Ardent furibard qui lui braque son pistolet bolter sur le pif. Il semblerait que le chemin octuple se soit changé en impasse…
Début spoiler…Avant que le jugement du loyaliste ne s’abatte sur le World Eater déconfit, nous avons droit à un ultime flashback qui permet de réaliser que 1) Bobby n’est pas un World Eater pur jus mais le dernier survivant de la première incarnation des Dragons Ardent, Chapitre détruit par les fils d’Angron lors d’un raid sur leur monde chapitral, 2) il avait à la base juré de se venger par tous les moyens possibles de la vilénie du Foresworn et de sa bande, mais something happened on the way to heaven vengeance, jusqu’au point où il décida de se faire poser des clous (et assez mal qui plus est) pour pouvoir rejoindre ses ennemis jurés, et 3) Bobby s’appelle en fait Kurrinon.
Bien que son destin soit écrit, le Champion des Dragons Ardent (ressuscités grâce à l’afflux de Primaris) laisse la possibilité à Bobby K. de se repentir pour ses actes haineux et hérétiques, et de mourir en loyaliste. Il est toutefois trop tard pour notre malheureux et tragique héros, qui sert ses dents de bronze et professe une fois de plus sa fidélité éternelle au Dieu du Sang. Once you go red, you never get boRED (je m’en fous si ça rime pas, Khorne me comprend). Fin spoiler
1 : À ne pas confondre avec les Firedrakes Salamanders, traduits en « Dragons Ardents » en français.
AVIS :
David Guymer signe une des toutes meilleures nouvelles consacrées aux World Eaters que votre serviteur a eu la chance de lire avec ce ‘It Bleeds’, qui plonge le lecteur comme rarement depuis les travaux d’Aaron Dembski-Bowden pendant l’Hérésie d’Horus dans la psyché torturée et le quotidien totalement destroy des enfants d’Angron. Le mélange de scènes d’actions viscérales et de passages plus terre à terre évoque d’ailleurs d’autres travaux d’ADB, cette fois-ci consacrés aux Night Lords, et tout aussi plaisants. Pour ne rien gâcher, la narration enchevêtrée qui renforce le sentiment de folie qui entoure le narrateur (définitivement peu fiable) et le twist final bien senti dont Guymer nous gratifie, sans compter la bonne dose de fluff consacrée aux Dragons Ardents, achèvent de faire de ‘It Bleeds’ un texte de référence pour les gourmets planétaires et pour les amateurs de la littérature grimdark en générale.
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A Small Cog – M. Scanlon :
INTRIGUE :
La planète Hakkan IV, bastion de paix, de boue et de misère à l’orée du Segmentum Tempestus, a été attaquée par une bande de pillards se faisant appeler les Profanes, et il incombe au Techno-Prêtre disgracié Vornis-489 d’empêcher ces affreux jojos de mettre la main sur l’unique trésor de ce monde déshérité susceptible d’avoir causé cette incursion : l’Aquamentum. Relique de la Grande Croisade, il s’agit d’une machine capable de transformer le schiste bitumineux en eau propre à la consommation1, ce qui a permis à l’humanité de s’implanter à la surface aride et désolé de Hakkan IV. Catapulté gardien/mécanicien/concierge/homme de ménage de cette sainte relique par son supérieur, le Magos Zarin, après avoir déçu ce dernier dans l’exercice de ses précédentes fonctions, Vornis a passé les cinquante dernières années de son existence à jouer les plombiers sur ce caillou minable, et a constaté la détérioration progressive de ses capacités cognitives assistées sur cette période. La vieillesse l’obsolescence est un naufrage sous-optimale.
Lorsque nous faisons connaissance avec Vornis et les quelques pieds nickelés qu’il a rassemblé pour lui servir d’escorte, la situation est bien mal embarquée pour les défenseurs d’Uhrsk. L’ennemi, mieux armé et très déterminé, a réussi à forcer le passage à l’intérieur de l’enceinte de la ville, et la voie vers l’Aquamentum lui semble grande ouverte. Le plan de Vornis consiste donc à reprendre le contrôle des tours de défense de la cité afin de les retourner vers l’envahisseur, et le prendre à revers pendant qu’il cherche à se frayer un chemin à travers les dernières poches de résistance impériales.
Comme on peut l’imaginer, ce noble projet ne va pas se dérouler comme prévu, et nos courageux éclopés vont multiplier les accrochages en chemin. D’abord, c’est un pilote de Hell Talon s’étant écrasé dans le décor qui vient tenter une strangulation sur le pharynx fragile du Techno-Prêtre. Ensuite, c’est une échauffourée avec une patrouille de Profanes que Vornis doit remporter presque seul, suite aux tests de Commandement raté par le reste de sa bande. Pour finir, une escouade de Raptors tombe sur le râble des survivants alors qu’ils se préparaient à lancer leur offensive sur les tours de défense, annihilant sans le moindre problème cette noble entreprise, et l’intégrité physique des Hakkanites au passage. Malgré son armement supérieur et l’explosion opportune du booby trap sur lequel il avait réussi à attirer son adversaire (qui contre avec le Stratagème « La Matmutation, elle assure ! »), Vornis semble sur le point de rejoindre à son tour l’Omnimessie…
Début spoiler…Mais il est sauvé in extremis par l’intervention d’un Space Marine en armure noire et cape à capuche (très important), maniant des armes très anciennes et venant de Caliban, comme le révèle le faquin (Veygo) qui faisait des misères à Vornis. Ajoutons à cela que son nom rime avec Yelle (Sakariel en l’occurrence), et nous comprenons sans mal qu’il s’agit d’un Déchu, et le commandant des Profanes en personne.
Après avoir réglé son compte à Veygo, dont les mutations manifestes offensaient ses croyances personnelles, et dont le goût du carnage aurait eu des effets malheureux pour l’atteinte de ses propres objectifs, Sakariel remet un Vornis éprouvé aux bons soins de l’Heretek Harrallax, qui hacke le cerveau de notre pauvre héros pour accéder aux souvenirs censurés par le Mechanicus qui s’y trouvent. Ce sont ces derniers qui constituaient le véritable but de l’attaque sur Hakkan IV, et non pas l’usine de dessalage glorifiée qui s’y trouve, merci beaucoup, comme Sakariel le révèle à son prisonnier avant qu’ils ne repartent sur le vaisseau du Déchu. Si la nouvelle se termine sans que le lecteur n’ait été mis dans la confidence de ce que cherche Sakariel (seulement que ça a un lien avec la planète de Varjan Secundus), nul doute que ce mystère sera percé à jour dans un futur plus ou moins proche. Après tout, c’est Mitchel ‘je prends une pause de quinze ans’ Scanlon à la plume…Fin spoiler
1 : Le cauchemar absolu de Patrick Pouyanné, donc.
AVIS :
À la lecture de ce ‘A Small Cog’, l’impression de se trouver plongé dans le prologue d’un arc narratif plus grand que celui esquissé dans cette nouvelle assez longue pour les standards de la Black Library est des plus fortes. Comme Mitchel Scanlon a déjà écrit un roman dédié aux Dark Angels du temps de l’Hérésie Horus (‘Descent of Angels’), la possibilité que la BL lui ait commandée un autre long format dont Sakariel-le-Déchu serait l’anti-héros n’est pas farfelue, même si on peut souhaiter que notre homme réussisse mieux son coup cette fois1.
Jugées pour elles-mêmes, les tribulations de Vornis-489 et de sa petite bande d’éclopés à travers les ruines d’Uhrsk m’ont semblé trainer en longueur, notamment les escarmouches avec le pilote du Hell Talon et la petite bande de renégats « embusqués » par nos fringants héros. Ces passages n’apportent en effet rien à l’intrigue ni au personnage, et auraient pu être facilement retranchées de l’histoire sans que celle-ci n’en souffre du moins du monde, comme les organes fatigués de Vornis après quelques siècles de service. Le résultat reste malgré tout assez honnête et tout à fait lisible, et Scanlon réussit fort bien à nous aiguiser l’appétit sur la nature de l’information secrète recherchée par Sakariel, dont le statut de chef de guerre mutanophobe (comme tout bon Dark Angel qui se respecte) à la tête d’une bande de renégats chaotiques promet des quiproquos des plus cocasses. La suite, la suite, la suite (sur l’air de Maman Tuche qui demande des frites) !
1 : ‘Descent of Angels’ n’est pas resté dans les mémoires de la communauté comme un des meilleurs pavés de l’Hérésie, et il aura fallu qu’un David Annandale en roue libre commette le légendaire ‘The Damnation of Pythos’ pour que le titre de pire bouquin de la série lui échappe.
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Et voilà qui termine cette revue de la Chaos Space Marines Week 2022, qui avec le recul qu’une couverture bien tardive de ma part apporte, s’impose assez facilement comme la meilleure semaine thématique de la Black Library de l’année 2022. Pour une fois, il n’y a rien à jeter dans l’assortiment concocté par Nottingham, et on tient même quelque(s) classique(s) de la GW-Fiction parmi ces cinq soumissions, à mon humble avis. L’attrait des Dieux Sombres n’a jamais été aussi fort, et je me prends même à espérer que la BL donne une suite à ‘Treacheries of the Space Marines’, c’est dire…
BLACK LIBRARY GAMES DAY ANTHOLOGY 2012/13 [Recueil]
Bonjour et bienvenue dans cette revue de la Black Library Games Day Anthology 2012-2013. <reprend son souffle> Comme son prédécesseurs, que l’on appellera seulement la BLGDA1112 pour des raisons de praticité, ce petit volume fut publié par la maison d’édition de Nottingham à seule fin d’être distribuée pendant les Games Days (un événement que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…), avec un tirage ridiculement faible de 3.000 copies. Il n’en faut pas plus pour expliquer pourquoi il s’agit probablement de l’une des anthologies les plus confidentielles de la GW-Fiction, que votre humble serviteur n’a lui-même découvert que tout récemment – et pourtant, j’étais déjà actif au moment de la sortie de ce volume…
Nous sont proposées sous cette couverture aussi impressionnante que mensongère (pas de Rubric à signaler dans les nouvelles qui suivent, désolé) six nouvelles inédites – pour l’époque – et tirées des trois franchises majeures de la BL. De manière assez prémonitoire, le ratio de Warhammer Fantasy Battle/40K penche en faveur du lointain futur (1 pour 4, tout de même), signe avant-coureur du tragique destin qui attendait le Monde qui Allait Être (vous m’avez compris), et si l’Hérésie d’Horus est logée à la même enseigne que WFB, on peut faire remarquer que cette franchise s’est toujours faite rare dans les recueils « généralistes » de la BL.
Au niveau des contributeurs, c’est du lourd (Abnett, Dembski-Bowden, Josh Reynolds) et/ou du connu (Sanders, Farrer, Anthony Reynolds), et si la majorité des nouvelles sélectionnées de la BLGDA1213 peuvent être lues sans effort de contextualisation particulier, signalons tout de même que ‘Perihelion’ signait le grand retour aux affaires de deux personnages majeurs de la GW-Fiction, les Inquisiteurs Gregor Eisenhorn et Gideon Ravenor, dont on était sans nouvelles depuis plusieurs années à ce stade. Cette présence de VIP, réels et fictifs, est-elle une raison suffisante de tenter de dénicher cette relique introuvable in our days and age ? On ne va pas tarder à le savoir…
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Distant Echoes of Old Night – R. Sanders [HH] :
INTRIGUE :
Alors qu’elle était tranquillement en train de ravager un bout d’Imperium très rural, un biocide à la fois (et en variant les agents pathogènes, ce qui est la marque des vrais artisans), la force commandée par Vitas Phorgal croisa la route d’une frégate Imperial Fists, le Xanthus, en route vers le système solaire. Bien que les renégats eussent la haute main lors de l’affrontement spatial, et provoquèrent l’écrasement du vaisseau adverse sur la lune d’Algonquis, le prudent Phorgal décida d’envoyer quelques hommes sur le terrain, s’assurer que le travail avait été fait correctement et qu’aucun survivant ne risquait de… sauver la forêt primaire et la biodiversité locale ? Je ne vois pas vraiment quel autre impact les loyalistes rescapés auraient pu avoir dans le grand ordre des choses, mais après tout, les fils de Mortarion sont méticuleux, tout le monde sait ça.
Il revient donc au Chapelain Murnau (et à son fat casque) de mener à bien cette mission d’une haute importance, tellement d’ailleurs que Phorgal lui annonce dès son arrivée dans le bourbier littéral qu’est devenu Algonquis suite aux déprédations méphitiques de la Death Guard, que le Barbarus’ Sting s’en va traquer un convoi de vaisseaux loyalistes un peu plus loin dans le système. Mais, qu’il ne s’en fasse pas : le taxi reviendra les prendre, lui et l’escouade Destroyer du Sergent Grull Gorphon, dès que les combats seront terminés. Charge à eux de finir le boulot d’ici là.
Après avoir envoyé ses ardentes salutations par message radio à son adversaire du jour, le Capitaine Latham, Murnau patauge pesamment dans la gadoue jusqu’au bout d’épave où ses hommes sont engagés dans une fusillade très sale avec un groupe de survivants de la frégate. Les défenseurs peuvent en effet compter sur un macro canon remis en état (mais d’usage assez peu pratique, c’est certain) pour envoyer des grandes gerbes de boue sur leurs adversaires. Les Destroyers, quant à eux, ont amené leur arsenal radioactif, mutagène et reprotoxique habituel, ce qui a surtout pour effet (additionnel s’entend, ça reste de la munition explosive) de tuer des mouches et de faire tomber les cheveux. On comprend mieux pourquoi Fulgrim s’est opposé à l’utilisation d’armes aussi terrifiantes pendant la Grande Croisade.
La situation pour les Imperial Fists est désespérée, et le Sergent Gorphon est donc heureux d’empêcher les défenseurs de s’échapper de l’épave alors que cette dernière est en train de couler au fond du marigot. Cette approche raisonnable, efficace et économe en vie de Space Marines est toutefois battue en brèche par le bouillant Murnau, qui tient à vérifier de ses yeux que ses ennemis sont tous morts, et dans les plus brefs délais. Un assaut est donc lancé contre la position loyaliste, et les Destroyers parviennent à acculer les derniers Imperial Fists dans un coin du vaisseau, non sans avoir subi quelques pertes au passage1. Décidé à régler l’affaire, Gorphon ordonne à ses hommes de balancer quelques grenades au phosphex dans la soute où sont retranchés les jaunards, ce qui leur sera fatal dans de courts délais. C’était sans compter sur Murnau, qui décide qu’il est absolument essentiel de contempler les cadavres adverses de visu, et entraîne donc ses ouailles dans une plongée dans un environnement corrosif. Sans casque bien sûr, sinon c’est pas du jeu.
Cette décision absconse nous permet toutefois de faire la connaissance d’un possible Space Wolf (il s’appelle Varskjøld, je ne veux pas faire de la discrimination mais c’est pas Fist comme blaze) possiblement devenu Chevalier Errant (dur à dire comme le phosphex attaque la peinture des armures), et possiblement responsable de la défense acharnée des loyalistes malgré la mort de Latham. Varskjøld a le temps de faire deux choses avant que Murnau lui fende le crâne avec son crozius : abattre le pauvre Gorphon et donner le signal à un de ses hommes de déclencher l’explosion qui précipite l’engloutissement de l’épave du Xanthus dans le bayou. Aucun des Death Guards ne sortira à temps pour échapper à la mort, ce qui permettra à Morgax ‘Premier Degré’ Murnau de mourir avec le sentiment du devoir accompli. A.U.C.U.N. S.U.R.V.I.V.A.N.T.
1 : On apprend aussi que le pauvre Latham a vécu un faceplant fatal pendant la dislocation du Xanthus sur Algonquis, et n’est dont plus en charge de quoi que ce soit. C’est dommage, Murnau avait vraiment pondu un freestyle de qualité au début de la nouvelle.
AVIS :
On ne m’enlèvera pas de l’idée que Rob Sanders avait sans doute vu plus grand que les événements couverts dans ‘Distant Echoes of Old Night’, mais que les hasards de la vie ont fait que seule cette nouvelle a été finalement publiée. J’en veux pour indice (« preuve » serait un peu trop fort) l’importance qu’il accorde à certains personnages, dont la participation au déroulé de l’histoire est pourtant très minime (Vitas Phorgal, dont Sanders ne prend pas la peine d’expliquer le statut de Moritat, qui ne va pourtant pas de soi, et Varskjøl), voire absolument nulle (Oriel Latham). Comme s’ils avaient eu une importance bien plus grande au cours d’événements relatés précédemment, et méritaient donc qu’on s’intéresse à nouveaux à eux. De même, un tel scénario rendrait plus compréhensible le choix de l’auteur de terminer son propos sur un twist final aussi inefficace (« Et le gentil en chef était un Chevalier Errant… et il est mort. Cool. »). Comme Sanders a déjà prouvé qu’il était capable de bien mieux, je suis prêt à lui laisser le bénéfice du doute sur ce coup-là.
Je serai en revanche moins conciliant sur le reste de ‘Distant Echoes of Old Night’, qui oscille entre cliché grand guignolesque (Murnau qui se fend d’un monologue de grand méchant… pour le bénéfice d’un ennemi qui ne l’écoute sans doute pas… alors qu’il n’est même pas à portée des combats…), combats peu inspirés, et décisions tout bonnement injustifiables, faisant passer Murnau et ses Destroyers pour des crétins finis. Décider d’aller se suicider avec son propre phosphex pour s’assurer qu’il n’y aura pas de survivants, alors que 1) tout le monde sait que le phosphex est mortel, 2) l’épave est en train de sombrer dans le marais, 3) même en considérant que la frégate de transport soit très rapide dans sa mission d’interception, il lui faudra au minimum plusieurs heures (ou jours) pour faire l’aller-retour jusqu’à Algonquis, ce qui laisse le temps nécessaire aux Death Guards pour monter une stratégie digne de ce nom et 4) les loyalistes qui survivraient par miracle à tout ça se retrouveraient isolé sur une lune hostile, sans moyen de contacter leurs alliés ; c’est un niveau de débilité qui m’interroge. Rien que pour ça (et franchement, c’est déjà beaucoup), je condamne ‘DEoON’ à une quarantaine de quelques millénaires, le temps que son taux de radioactivité stupidité redescende à un niveau acceptable.
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Extinction – A. Dembski-Bowden [40K] :
INTRIGUE :
On ne le sait que trop, les lendemains de cuite sont difficiles. Quand la tournée des bars en question a duré sept ans, impliqué des centaines de milliards de participants sur des milliers de planètes, dont quelques dizaines ont brûlé au passage, et s’est terminée par un projet X débridé dans la maison familiale avec le capitaine de soirée qui s’étouffe dans son vomi sur la banquette arrière de sa Kangoo défoncée, il est somme toute logique d’avoir, très, mais alors trèèèèèèèèèèèèèèès mal aux cheveux pendant quelques temps. Surtout quand on s’appelle Ezekyle Abaddon, et qu’on a un goût immodéré pour les manbuns en palmier1. Nous reviendrons sur le cas de ce mauvais sujet un peu plus tard.
‘Extinction’ place donc son propos dans la période trouble qui succède à l’Hérésie d’Horus, qui, si elle n’a pas été une partie de plaisir pour l’Imperium, n’a pas été de tout repos non plus pour les Astartes rebelles, réfugiés dans l’Œil de la Terreur et en proie à de bien compréhensibles dissensions internes en l’absence d’un grand chauve costaud pour claquer le beignet aux éléments perturbateurs. Mais, comme l’éructe Borge Grassens, Prince Démon poète à la moustache remplie de Nurglings : « Or sous les cieux sous vergogne//C’est un usage bien établi//Dès qu’il s’agit de rosser des Sons of Horus//Tout le monde se réconcilie2 ». Tel le chouchou de la maîtresse ayant rappelé à cette dernière qu’elle avait oublié de ramasser les expressions écrites de la classe deux minutes avant la sonnerie, les guerriers de feu le Maître de Guerre se retrouvent en butte à l’hostilité non dissimulée de leurs petits camarades de jeu, qui leur reprochent, non sans raison, d’être responsables de la galère dans laquelle ils se trouvent désormais.
Nous faisons donc la rencontre, pour beaucoup d’entre eux juste avant une capture infamante, un décès prématuré, ou pire, de quelques fistons d’importance, alors qu’ils se retrouvent entraînés dans des explications de texte sans fin avec leurs cousins issus de germain. Le Sergent Kallen Garax peine à trouver les mots justes (pas facile quand on parle Chtonien et le gonze d’en face Nostraman) pour apaiser un gang de bikers Night Lords. Le Techmarine Sovan Khayral insiste impuissant à l’incendie de son véhicule de fonction des mains huileuses d’une bande de Death Guard désœuvrés. Le Capitaine Nebuchar Desh finit par rendre l’âme après une séance un peu trop soutenue avec son/sa Dominatrice Emperor’s Children, qui devra se trouver d’autres chats à fouetter. L’humble frère Zarien Sharak, coursé par une meute de World Eaters souhaitant lui voler son goûter (quand on n’a pas de monde à manger, il faut bien compenser), signe un bail de sous-location mal avisé avec un Démon mal élevé qui le met fissa à la porte de son âme à son corps défendant (ou le contraire). Erekan Juric, Capitaine Reaver, se fait incendier par la bande à Kahotep sur le chemin de la maison. Même la fameuse Kangoo d’Horus traîne son mal-être depuis la disparition du patron, remisée qu’elle a été dans un quelconque parking sous-terrain de l’Œil par ce galopin d’Abaddon.
C’est par un aparté dévolu à ce diable d’Ezekyle que se termine Extinction. Ayant tout bonnement pris un congé proprement sabbatique pour se ressourcer et faire le point sur sa vie, et voyageant de planète en planète pour visiter les attractions touristiques qu’elles ont à proposer (une pyramide ici, un mausolée là, un temple plus loin… c’est une sortie culturelle), Abby regarde de loin ses anciens frères se faire mettre la tête dans la cuvette des toilettes chimiques de leurs Rhinos, guère intéressé par les déboires de sa Légion. Quelque chose me dit toutefois que cela ne durera pas éternellement…
1 : Ça irrite le cuir chevelu comme pas possible et c’est très mauvais pour le bulbe.
2 : La rime est pauvre mais l’argent ne fait pas le bonheur.
AVIS :
Prologue à sa saga consacrée aux origines de la Black Legion, cette Extinction permet à Dembski-Bowden d’afficher sa maîtrise de la nouvelle d’ambiance. Il ne se passe en effet pas grand-chose dans ce court format, la succession de vignettes illustrant les déboires de la marmaille horusienne permettant seulement de prendre la mesure de la mauvaise passe que cette dernière traverse, orpheline de Primarque, traumatisée par sa défaite sur Terra, n’ayant plus d’objectif autre que la survie et ciblée à outrance par ses partenaires de crime. Pour autant, Extinction reste l’une des lectures les plus agréables de Croisade & Autres Récits, la patte d’ADB rendant chaque passage intéressant, chaque personnage attachant, et préparant parfaitement le terrain pour le début de la geste Abaddonienne, que le lecteur aura envie d’approfondir après en avoir terminé avec cet amuse-gueule, je gage. Il est fort l’animal, il est fort.
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Master of Mourkain – J. Reynolds [WFB] :
INTRIGUE :
Tout le monde n’utilise pas des moyens aussi conventionnels qu’un réveil ou une alarme de téléphone portable pour commencer sa journée. Prenez Ushoran par exemple : depuis qu’il a été chassé de Lahmia puis de Nagashizzar, et a trouvé refuge dans la cité de Mourkain, le prince déchu est réveillé par les murmures d’une voix passionnée par deux choses : la mort et les maths (ce qui est souvent la même chose). Les esprits chagrins feront remarquer que le Monde qui Fut n’était de toute façon pas aussi technologiquement avancé que le nôtre, mais vous reconnaîtrez sans mal la faiblesse de cet argument.
Ushoran, déjà à moitié bestial à ce point de sa non-vie, ne s’intéresse guère à l’origine de cette voix, mais est incapable de résister à ses injonctions. Et comme sa speakerine mentale l’incite à se rendre sans délai dans le palais du nécromancien Kadon, qui règne en maître pourrissant sur la cité montagnarde depuis des siècles, il s’enfile un petit espressanguino pour la route et file dare dare en direction de la grossière pyramide que le despote a fait construire par ses fidèles sujets. Ce n’est pas une visite de courtoisie qui l’amène, mais un combat pour la ceinture, ou plutôt à la couronne, de Mourkain, que la Voix lui a promise. Bien que Kadon soit toujours un mage formidable, sa frêle enveloppe corporelle est en train de partir en cacahouète, donnant une chance au vampire sauvageon de lui dérober son bien. Les esprits chagrins feront remarquer que ça ne sert pas grand-chose de porter couronne lorsque le seul autre accessoire qu’on arbore est un slip sale, mais encore une fois, ce sont des fâcheux.
Attiré par son ami imaginaire, qui fait aussi GPS pour se repérer dans le dédale minéral du palais Kadonal, Ushoran arrive dans la salle du trône, où son futur adversaire l’attend tranquillement. Comptant sur l’élément de surprise pour remporter la victoire (car, de son propre, aveu, Ushoran n’est pas courageux), Papa Stryge se renfrogne, mais lève tout de même la griffe sur le vieillard cacochyme qui bave devant lui… et se fait renvoyer dans ses 22 d’un simple geste. Kadon est en effet toujours gaillard, et surtout, il peut compter sur les pouvoirs de la couronne de Nagash, car c’était elle, qui ceint son front ridé. Cette même couronne, apparemment lassée de son porteur, a aiguillé la convoitise d’Ushoran pour qu’il vienne tenter sa chance à la galette des rois (Mourkain style), mais comme elle ne semble pouvoir émettre que sur une seule fréquence, Kadon a tout entendu et est bien sûr fou de jalousie.
Tout règlement à l’amiable étant impossible, le combat reprend et Ushoran finit par porter un coup de croc sérieux à la jugulaire de son adversaire, dont les sortilèges et les gardes du corps squelettiques ne suffisent pas à terrasser le vampire mort de faim. Comme tout boss de fin sentant son dernier PV lui échapper, Kadon s’enfuit comme un drama king à travers les corridors de son palais déserté, descendant au cœur de son cromlech jusqu’à arriver devant une dalle de pierre, marquant l’entrée d’une salle scellée. Retardé par sa sale manie de regarder les dessins sur les murs des couloirs (on n’est pas au Louvre, que diable), Ushoran arrive trop tard pour empêcher sa Némésis de tracer de son sang une formule de pouvoir sur la dalle. Bien que l’effort se révèle fatal à Kadon, qui s’effondre raide mort avant qu’Ushoran ait eu le temps de lui mettre une dernière mandale, le mal est fait et une présence aussi ténébreuse qu’imposante se matérialise devant le vampire au moment où il allait ramasser la couronne de Big Nag…
Début spoiler…Le nouvel arrivant n’est autre que le possesseur légitime (si on peut dire) de l’artefact : Alcadizaar, ou plutôt son esprit vengeur. Si vous vous souvenez de vos courts de 5ème (version de WFB), le souverain déchu de Khemri erra sans but après avoir découpé Nagash en sashimi grâce au katana de malepierre remis par ses alliés Skavens, la couronne de son ennemi à la main. Cette dernière fut récupérée par un jeune Kadon bien plus tard, et il semblerait que le futur nécromancien ait tenu à rendre hommage à ce cadavre aussi providentiel que bien stuffé en lui construisant un tombeau dans les niveaux inférieurs de son palais. Sympa, vraiment.
Comme on peut s’y attendre, l’apparition ne porte pas les vampires dans son (absence de) cœur, et envoie un gros stop enflammé à Ushoran, qui bat prudemment en retraite plutôt que de finir carbonisé, laissant la couronne au véritable maître de Mourkain, comme Reynolds nous le présente. En lot de consolation, Usho’ pourra toujours prendre le trône de la cité, ce qui n’est pas mal non plus. Enfin, tant qu’une horde d’Orques ne débarque pour faire du tourisme, bien sûr, mais je m’avance sans doute un peu…Fin spoiler
AVIS :
Il n’y a que Josh Reynolds pour s’amuser à mettre en scène une rencontre entre deux personnages assez mineurs du fluff de Warhammer Fantasy Battle1, et terminer son propos par un twist final reposant lui aussi sur une figure de second plan2 (et sans formellement nomme ce dernier, sinon c’est pas drôle et trop facile). Cela fait de ‘Master of Mourkain’ une lecture à réserver aux fluffistes et/ou Reynoldistes acharnés – les deux catégories se confondant souvent, il est vrai – plutôt qu’une histoire à mettre entre toutes les mains, comme cet auteur a prouvé qu’il savait les écrire. Considérant que cette nouvelle est certainement une commande de la BL pour garder l’attention des fans sur les travaux vampiriques de notre homme (‘Nefarata’, ‘Master of Death’, ‘Ghoul King’), il faut modérer ses attentes et juger ce probable filler pour ce qu’il est probablement : un filler (je répète pour ne pas vous perdre, je suis plus sympa que Reynolds sur ce coup-là). Moyen moyen.
1 : Par mineur, j’entends « hors du top 5 des personnages nommés de la faction considérée », et je crois qu’on peut tomber d’accord sur le fait qu’Ushoran et Kadon ne jouent pas dans cette ligue.
2 : Ce n’est pas pour manquer de respect à Alcadizaar, mais tout le monde considère que Settra a été le souverain (vivant) le plus emblématique de Khemri.
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The Blessing of Iron – A. Reynolds [40K] :
INTRIGUE :
La lune pénitentiaire de Penatora IV est en proie à une émeute terrible depuis qu’un malheuruex incident technique a déverrouillé la totalité des cellules de ce complexe accueillant plus d’un million de prisonniers (pour 32 places disponibles). Soumis à la légendaire rigueur des maisons de correction du 41ème millénaire, renforcée ici par la nécessité de remplir les quotas de production fixés par l’Adeptus Mechanicus, les Penatorans ne laissent pas passer l’occasion d’exprimer leur mécontentement directement aux oreilles du personnel pénitentiaire, avec des conséquences fatales pour les malheureux matons se trouvant sur leur route. Bref, there’s a riot going on in cellblock number 9, mais malheureusement pour les détenus dissipés, ce n’est pas Dr. Feelgood que les autorités impériales envoient remettre de l’ordre dans cette pagaille, mais une escouade d’Iron Hands riants comme la porte de la prison qu’ils sont venus purger.
La caméra se braque sur le Frère Dolmech, qui hait tout le monde et méprise le reste, alors qu’il participe à la défense d’un des centaines de rouages (les unités de production de Penatora) aux côtés de gardes lambda et d’un duo de Skitarii. Malgré l’efficacité clinique dont il fait preuve dans l’exercice de ses fonctions, sa position ne tarde pas à être submergée par les vagues d’assaillants qui s’abattent sans discontinuer sur l’atelier, forçant l’impassible mais pas impassable cyborg à battre en retraite en compagnie de l’unique être humain pour lequel il éprouve un peu de respect, le Beneficiari Armicus. En charge de la direction du rouage 349 depuis 17 ans, Armicus a toujours mis un point d’honneur à respecter les consignes de ses supérieurs, et a donc continué de travailler pour honorer les objectifs de production d’œil bionique (sa spécialité) fixés par la direction de Penatora alors que le complexe était en proie à un marasme monstre. Ce flegme à toute épreuve a impressionné Dolmech, qui décide de donner la Bénédiction du Fer à ce contre-maître méritant. Un insigne honneur pour un simple mortel, mais pour cela, il faut que le duo mal assorti parvienne à rejoindre le point de ralliement fixé par le Sergent Haldaarn, à plusieurs kilomètres de là.
Comme on peut s’y attendre, le chemin est jonché d’embuches et de mauvais sujets impériaux à mettre hors d’état de nuire. Malgré la froideur caractéristique dont fait preuve Dolmech envers son nouveau protégé, ce dernier parvient à briser (un toooouuuut petit peu) la glace en faisant remarquer à son nouveau gros copain que l’œil bionique qu’il porte a été confectionné ici-même, au rouage 349. La galaxie est vraiment toute petite. Armicus révèle également au Space Marine qu’il s’attendait plutôt à ce que ce dernier l’abatte sans sommation plutôt qu’il ne le sauve, à cause de sa connaissance d’informations compromettantes au sujet des responsables de la guerre civile ayant déferlé sur Penatora IV. En étudiant les flux de données depuis son poste de travail, Armicus a en effet réalisé que le déverrouillage généralisé a été causé par des Space Marines…
Début spoiler…Dénégation formelle de la part de Dolmech, dont l’escouade n’a rien à voir dans ce boxon. Et pour cause, ce sont encore une fois ces fripons de Dark Angels qui sont responsables du malheur d’autrui, mais trop maladroits ou arrogants pour dissimuler leurs traces. Leur traque des Déchus les a en effet amené à créer une émeute généralisée sur Penatora pour pouvoir kidnapper tranquillement un prisonnier en possession d’informations (peut-être) utiles à la capture d’un des membres du Hall of Shame de la Première Légion. La fin >>> les moyens, on connaît la chanson.
Un Chapelain encapuchonné et ses deux porte-flingues en armure vert sapin embusquent ainsi Dolmech et Armicus alors qu’ils sortent de l’ascenseur les ramenant vers le point de rendez-vous des Iron Hands, et demandent à avoir « une petite discussion » avec le superviseur, qui pourrait mettre leur Chapitre de fourbes dans l’embarras s’il venait à partager ses connaissances. Pas dupe du caractère hautement suspect de cette demande (mais pas au courant de la duplicité des nouveaux venus), Dolmech refuse catégoriquement de remettre son nouveau copain à ces bullies de Dark Angels, et l’histoire aurait pu mal se finir si l’Iron Hand n’avait pas révélé le destin qu’il réserve à son protégé, et si le Chapelain Interrogateur, si antipathique qu’il soit, n’avait pas eu la culture nécessaire pour savoir ce que cela impliquait pour l’heureux élu. Les fils du Lion laissent donc finalement partir leur cousin et son sidekick, ce qui n’augure pas grand-chose de bon pour le pauvre Armicus…
Début spoiler 2…Et en effet, une fois la mission des Iron Hands menée à bien (sans aucune perte à déplorer de leur côté), l’escouade Haldaarn repart sur sa Barge de Bataille, et Armicus reçoit la fameuse Bénédiction de Fer, qui consiste à être transformé en Serviteur. S’il s’agit d’un sort enviable pour les Space Robots, dont l’attirance pour la pureté de la machine n’est plus à démontrer, il est probable qu’Armicus avait un tout autre avis sur la question, mais personne ne lui a demandé. Upgradé dans sa chair et lobotomisé dans son esprit, c’est une longue carrière de (plus tellement) homme à tout faire qui s’offre à notre chanceux héros. C’est une bonne position, ça, Serviteur ?Fin spoiler
AVIS :
Pour ne rien vous cacher, et puisqu’on se dit tout (moi en tout cas), je dois vous avouer que jusqu’aux dernières pages de ‘The Blessing of Iron’, je m’étais préparé à attribuer un retentissant « BHÔFH » à cette nouvelle au moment d’émettre mon avis sur icelle. Une Space Marinade aussi bourrine et inimaginative ne mérite pas mieux à mes yeux, même si on pourrait me répondre que cela correspond tout à fait à l’état d’esprit de ce brave Frère Dolmech et à son reste de Chapitre de poètes, et qu’Anthony Reynolds nous a donc servi une habile mise en abyme. J’aurais alors répondu « Naaaaaaaaaaaaaaaaaaah fam tho » et on en serait resté là.
Pour une fois, l’arrivée de random Dark Angels (évidemment en train de traquer du Déchu, parce que c’est tout ce qu’ils faisaient dans la GW-Fiction à cette époque) dans une intrigue ne vient pas affaiblir ou affadir cette dernière, et permet au contraire de piquer l’intérêt du lecteur, auquel il est demandé de choisir les « gentils » à qui il préfère mettre des baffes. Et je peux vous dire que l’hésitation a été réelle de mon côté. Le twist final très grimdark et assez réussi de Reynolds (même si la révélation sur le destin d’Armicus est éventée un chouilla trop tôt par une technique narrative manquant de percussion) a achevé de me convaincre de ne pas jeter ‘The Blessing of Iron’ dans la pile du franchement dispensable de la littérature 40K, qui n’avait pas besoin de ça pour surplomber de très haut le contenu véritablement appréciable. C’est même une des meilleures soumissions que j’ai lues de cet auteur pour cette franchise le lointain futur1… Ce qui n’est pas non plus démentiel, mais je me devais de le souligner.
1 : A date, je n’ai lu que deux nouvelles d’Anthony Reynolds se déroulant au 41ème millénaire, ‘Torment’ (qui était franchement bien) et ‘The Blessing of Iron’. Par contre, les trois nouvelles qu’il a signées pour l’Hérésie d’Horus et que j’ai lues (‘Scions of the Storm’, ‘Dark Heart’ et ‘Children of Sicarus’) sont vraiment moyennes.
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The Memory of Flesh – M. Farrer [40K] :
INTRIGUE :
Sur la lune de Regnan Drey, l’escouade d’Iron Hands du Sergent Vétéran Dolmech (déjà croisé dans ‘The Memory of Flesh’) est de corvée de xenocide. Les Space Marines les plus ironiques de la galaxie chassent le Breg-Shei, une race mineure d’alien dont la principale caractéristique est d’utiliser des armes à décharge synaptique au combat, ce qui inflige des syndromes Gilles de la Tourette carabinés à leurs victimes organiques, et fait disjoncter les circuits imprimés de leurs cibles mécanisées. Bien que l’affrontement ne soit qu’une formalité pour les Astartes, dont la constitution, le matériel et le mental, tous d’acier trempé, compensent sans mal la vitesse et les effectifs de leurs ennemis, Dolmech a des objectifs minutés à atteindre, et décide donc de ruser pour nettoyer son périmètre en vitesse. Ayant compris que les Breg-Shei sont capables d’intercepter et de comprendre les communications radio des Iron Hands, le Sergent ordonne au Serviteur chargé du pilotage du Rhino de ravitaillement de l’escouade de rejoindre la ligne de front. Il sait en effet qu’un groupe de Xenos a contourné la position avancée de ses hommes, et espère bien qu’ils ne résisteront pas à l’opportunité de détruire un véhicule faiblement défendu. (Roulement) habile.
Le Serviteur en question est une autre vieille connaissance : le Beneficiairi Armicus (déjà croisé dans ‘The Memory of Flesh’, pour changer), transformé par les bons et douloureux soins du Dolmecano en créature lobotomisée, répondant au doux nom de Jothael-004. En matière d’ouverture ou d’étroitesse d’esprit, les Iron Hands suivent une doctrine simple : la data, oui ; le doute, non. Obéissant aux instructions qui lui ont été communiquées, Jothael remonte à bord, se met au volant et passe la première, sans évidemment se douter le moins du monde que son véhicule de fonction bourré de matériel et de munitions est sur le point de subir un assaut en règle de la part d’une bande de Breg-Shei patibulaires.
Si le blindage épais du char et l’intervention rapide (il arrive en jet pack) de Dolmech permettent de limiter les dégâts au strict minimum, l’armement particulier des Xenos a un effet imprévu sur le placide Serviteur. Le choc synaptique efface une partie des protocoles d’asservissement que son créateur lui avait très littéralement mis en tête, et lui redonne une (petite) partie de son ancienne personnalité ainsi que quelques souvenirs, malheureusement centrés autour de sa désastreuse rencontre avec Dolmech sur Penatora IV. Bien que cet émoi aussi soudain que profond ne se manifeste que par des bouts de phrases sans queue ni tête débitées sur le Discord de l’escouade (ce qui fout une honte terrible à Dolmech, dont le corps de métal dissimule de gros problèmes d’estime personnelle), le mal est bien plus profond que cela, et lorsque le Sergent furibard ordonne au Serviteur en roue libre de se garer sur le bas-côté pour un contrôle technique rapide…
Début spoiler…Jothael ouvre le feu sur son créateur avec l’armement du Rhino, causant d’abord plus de peur surprise que de mal chez le coriace Iron Hand. L’insistance colérique de Dolmech signera toutefois sa perte, Jothael déclenchant l’explosion du stock de munitions qu’il transportait lorsque ce qu’il lui restait de cerveau détermine que le Space Marine en rut en train de fracasser la porte du véhicule à main nue ne peut être neutralisé par d’autres moyens. La nouvelle se termine sur un gros plan dramatique sur le visage inanimé de Dolmech, et sur l’œil bionique dont Armicus avait supervisé la construction dans son autre vie…Fin spoiler
AVIS :
Simple, direct et efficace. Matthew Farrer prend la suite d’Anthony Reynolds et de son ‘The Blessing of Iron’ et clôt d’une manière convaincante l’arc Master & Servant de l’impitoyable Dolmech et de sa recrue devenue création, Armicus/Jothael-004. La comparaison entre ces deux histoires est clairement favorable à ‘The Memory of Flesh’1, et Farrer remporte sans contestation possible le derby australien (eh oui) de la BL. Il a déjà fait mieux par le passé, c’est sûr, mais on reste sur de la GW-Fiction de haut de panier.
1 : J’avais regretté la technique narrative hésitante de Reynolds dans mon retour sur ‘The Blessing of Iron’, dont la conclusion aurait gagné à être plus percutante pour maximiser le choc du destin d’Armicus pour le lecteur. Par un heureux hasard, Farrer donne un bon exemple de comment finir une nouvelle d’une manière efficace dans sa propre copie.
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Perihelion – D. Abnett [40K] :
INTRIGUE :
Des nouvelles du front aussi immense que ridé de ce brave Gregor Eisenhorn. Des décennies ont passé depuis que l’Inquisiteur le plus crâneur de Gudrun s’est radicalisé et a disparu des radars, sans doute motivé par son passage sur la liste des Most Wanted du sous-secteur pour connivences un peu trop appuyées avec l’Archennemi, au moins en ce qui concerne les moyens employés pour accomplir ses objectifs. C’est vrai qu’avoir son propre Possédé, c’est assez dur à justifier auprès de la hiérarchie (mais n’oublions pas que Greg a commencé dans l’Ordo Xenos, qui ne traite pas vraiment de ces choses). Poussé par une nostalgie bien compréhensible, Eisenhorn décide de tenter le diable et de se rendre, sous déguisement bien sûr, au conclave réuni dans le manoir de feu Bader Vecum, souverain de l’Islande gudrunaise et grand lettré devant l’Eternel Empereur, pour liquider l’imposant bibliothèque que le défunt, et ses ancêtres avant lui, avaient accumulé au fil des siècles. Le but de notre héros encapuchonné sous sa falsehood est de parvenir à échanger quelques mots avec son ancien pupille et ami, l’homme frigo Gideon Ravenor, lui aussi tombé en disgrâce auprès de ses chefs après le Slight incident, comme on l’appelle avec tact.
La famille Vecum étant entrée en possession de quelques volumes un peu trop lestes au goût des Ordos, le conclave a pour but de décider du sort des ouvrages légèrement tendancieux de la collection : soit leur mise à l’index, soit leur versement aux collections des fameuses bibliothèques de Shurfath. Le processus est assez long et ennuie rapidement Eisenhorn, qui en bon radical libertarien aurait dit amen à tout et serait parti s’en jeter un petit avec les copains depuis belle lurette, mais les événements prennent un tour particulier au bout d’une heure de plaidoiries passionnées, lorsqu’un garde de la maison Vecum décide de ficher le côté aiguisé de sa hallebarde de cérémonie dans le torse du garde du corps de l’un des Inquisiteurs présents. L’importun hérite d’une rafale de lasers dans le buffet en punition de son impertinence, mais pour un Psyker aussi affuté qu’Eisenhorn, il ne fait aucun doute que le malheureux a agi sous la contrainte d’un esprit puissant, et l’embrochage de l’Inquisiteur Karnot Vesher par un autre quidam, là encore sans aucune raison valable, vient confirmer sa suspicion.
Tout le monde n’étant pas aussi perceptif que le vieux Greg, l’assemblée dégénère très rapidement en pugilat sans queue ni tête, le Psyker anonyme sautant d’hôte en hôte pour continuer ses ravages sans que les participants au colloque ne comprennent trop ce qu’il se passe. Pensant être la cible de cette attaque, Eisenhorn et son gros égo décident de filer à l’anglaise, mais se font surprendre par le mystérieux assaillant, très surpris de découvrir que cette ancienne gloire déchue se trouve sur son terrain de jeux. Après une petite session de karaoké Whosienne en diable, Papy Horny parvient à arracher à son adversaire deux fragments d’information : Grael Ochre et le Roi en Jaune. Vexé de s’être fait avoir par un vioque, le télépathe inconnu fait revivre à Eisenhorn la totalité des événements traumatiques et douloureux de sa longue existence en l’espace d’une seconde, sonnant le paria et rappelant au bon souvenir du lecteur les moments marquants de la trilogie ‘Eisenhorn’. Un mal pour un bien.
Le hasard faisant bien les choses, cette joute mentale a pris place dans la pièce où Ravenor s’était lui aussi réfugié, et le perceptif Gideon engage la conversation avec son ancien maître une fois que ce dernier a repris ses esprits. L’accueil qu’il lui fait est beaucoup moins enthousiaste que ce à quoi Eisenhorn s’attendait, mais il y a de quoi : jugé pendant quinze longues années par ses pairs après sa traque cataclysmique de Zigmunt Molotch, Ravenor a eu le choix : être retiré du service actif et condamné à ne plus utiliser ses pouvoirs psychiques, ou accepter de traquer le tristement célèbre Eisenhorn pour le compte des Saints Ordos. Ayant refusé de se retourner contre son mentor, Gigi R. vit dans un placard au sens propre et figuré depuis des décennies. Le temps doit lui paraître un peu long.
Malgré les différends qui les séparent, les deux hommes ont toutefois un point commun, en ce qu’ils sont tous deux persuadés que le mystérieux agent du Roi en Jaune est venu pour leur régler leur compte (Ravenor pensant que c’est un moyen de l’inciter à utiliser ses pouvoirs, et ainsi donner une raison à ses ennemis de lui tomber sur le caisson). Comprenant que son ancien disciple boude méchamment, Eisenhorn prend congé sans demander son reste, laissant ses anciens collègues gérer l’incident psychique de leur côté. Bien qu’il ne s’attende pas à recroiser la route de Ravenor par la suite, il se trouve qu’il se fourvoie totalement sur ce Point…
AVIS :
Nouvelle teaser par excellence, ‘Perihelion’ (titre stylé mais que ne veut rien dire de particulier dans ce contexte) permet à Abnett de remettre sur le devant de la scène ses anciens héros Eisenhorn et Ravenor, et de les confronter à leur Némésis commune, le fameux Roi en Jaune. C’est à peu près tout ce qu’on peut retenir de cette petite histoire, qu’Abnett essaiera tant bien que mal de relier au reste de son corpus inquisitorial dans un second temps1. Nul doute que sa lecture a dû vous faire très plaisir si elle a pris place au moment où Abnett a annoncé qu’il bûchait sur la conclusion de son tricycle inquisitorial (‘Eisenhorn’, ‘Ravenor’, ‘Pequin Bequin’), mais si vous êtes tombé dessus des années après les faits, il est très possible que la vacuité du propos vous ait refroidi. C’est mon cas. Aurait pu se donner plus de mal, franchement.
1 : L’Interrogateur Voriet, ici rattaché à l’Inquisiteur Cyriaque (et ne servant absolument à rien dans la nouvelle) sera un personnage important de ‘The Magos’.
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Et voilà qui termine cette revue de la BLGDA1213, qui sera heureusement le dernier recueil affublé d’un nom aussi imbittable par les génies du marketing de la Black Library. Comme d’habitude, du bon et du moins bon, mais surtout une sorte de malédiction ayant frappé la plupart des contributeurs de ce petit livret. Sur les six auteurs au sommaire, seul l’inoxydable Abnett est en effet encore fermement engagé aux côtés de la maison d’édition de Nottingham dix ans après la sortie de cette anthologie, tous ses collègues ayant tourné cette page (see what I did here ?) ou pris un congé sabbatique depuis cette période pas si lointaine. Je n’ai aucune explication à vous fournir, mais comme ce n’est pas toujours facile de trouver quoi dire à ce moment de la chronique, je n’allais pas laisser passer cette occasion. À la prochaine !
BLACK LIBRARY 2018 ADVENT CALENDAR [40K – HH – AoS]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue des nouvelles du Black Library 2018 Advent Calendar, que je reconnais volontiers entreprendre bien tardivement (mais j’ai fait pire). Comme pour les autres chroniques du genre, il s’agira de passer au crible les histoires proposées par la BL, à raison d’une par jour, du 1er au 24 Décembre. On peut d’ores et déjà constater que le millésime 2018 était assez bien doté, avec pas moins de 18 nouvelles (complétées par six audio dramas, qui ne seront pas traités ici), provenant de quatre franchises de la GW-Fiction : 40K, Age of Sigmar et l’Hérésie d’Horus, bien sûr, mais également Blackstone Fortress1.
1 : Le panorama aurait pu être encore plus complet si les trois soumissions se déroulant à Necromunda n’avaient pas été des audio dramas.
Les auteurs mis à contribution pour cette fournée hivernale ne surprendront pas des masses les lecteurs vétérans, puisque l’on retrouvera ici des noms aussi connus que Graham McNeill, Gav Thorpe, David Annandale ou encore C. L. Werner. Pour la nostalgie, signalons également que cette série compte l’une des dernières productions du regretté Josh Reynolds pour la Black Library. Dernier détail notable avant d’entrer dans le dur, c’est à partir de ce moment que la BL a cessé (pour l’heure) de republier les nouvelles siglées Hérésie d’Horus dans des recueils tels que ‘Heralds of the Siege’ ou ‘The Burden of Loyalty’, ce qui rend la lecture de ce pot-pourri littéraire incontournable pour le fan hardcore. Voyons maintenant s’il ce dernier n’a pas perdu son temps et son argent…
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Old Wounds, New Scars – G. McNeill [HH] :
INTRIGUE :
Après s’être échappée de Molech avec homme et enfants, la pépée (Perpétuelle et Psyker) Alivia Sureka a patienté de longs mois dans des conditions de promiscuité inconfortables que le Molech’s Enlightenment traverse la galaxie pour rejoindre Terra. Alors que ça commence à sentir bon l’écurie (ou bien est-ce simplement une conséquence de mettre 30.000 personnes en vase clos pendant deux an), les nuits de celle que ses co-passagers appellent Sainte Liv – à son grand agacement, elle aurait préféré Liv Tyler – se font de plus en plus agitées. Elle rêve ainsi de sa vie passée sur ce qui n’était alors que la Terre, il y a plusieurs millénaires de cela, le tout entrecoupé de métaphores animalières où l’Empereur lui apparaît comme cerf (ce qui est toujours mieux qu’un gnou) pourchassé par une meute de loups. Pour ne rien arranger, une voix mystérieuse s’invite à intervalles de plus en plus réguliers dans sa tête, et émet des jugements de valeur tout à fait déplacés sur la qualité de ses visions. C’est beaucoup pour une seule femme, reconnaissons-le.
Pour se changer les idées et prendre des nouvelles fraîches de l’avancée du périple du Molech’s Enlightenment, Alivia décide d’aller rendre une visite de courtoisie au capitaine du vaisseau (Sulaiman). Ce dernier lui apprend que le destroyer n’est plus qu’à quelques encâblures du la porte élyséenne, un des accès principaux du système solaire, ce qui est certes appréciable, mais aussi et surtout très dangereux. Alivia doute en effet qu’un vaisseau en provenance d’un système tombé entre les griffes du Maître de Guerre soit accueilli les bras ouverts par la flotte solaire, quand bien même il ne serait occupé que par des fidèles sujets de l’Empereur, comme c’est ici le cas. Son argumentaire ne parvient toutefois pas à convaincre Sulaiman, qui la fait gentiment mais fermement mettre à la porte par son service de sécurité après que la donzelle ait aggravé son cas en engueulant tout fort la voix qui continue à geindre dans sa tête, ce qui est une chose très rassurante de la part d’un Psyker en train de traverser le Warp, comme on s’en doute.
N’ayant rien de plus urgent à faire, Alivia finit par s’isoler dans un coin pour percer à jour le mystère de la voix (sans doute bulgare, du coup), et il s’avère que c’est son ex, lui aussi Perpétuel et Psyker, John Grammaticus, qui cherchait à la recontacter. Comme la dernière fois qu’ils se sont vus, Monsieur l’a laissé enfouie sous les décombres du bar de Kaboul où le couple avait ses habitudes après qu’un malheureux tir d’artillerie ait atteint le rade, les premiers échanges sont un peu tendus. Toutefois, après avoir évoqué le bon vieux temps, et notamment ces vacances mémorables à Béziers, Grammaticus finit par cracher le morceau : il a absolument besoin de retrouver Oll Persson, qu’il a « perdu de vue » depuis les événements de Calth, et doit pourtant amener jusqu’à Terra pour servir de botte secrète à Pépé. Le perpétualisme étant un milieu assez fermé, sans doute que sa bonne amie Alivia pourra lui fournir un tuyau utile ?
À cela, la réponse simple est « non », car notre héroïne n’a pas la moindre idée d’où ce vieux Persson s’est planqué depuis Béziers (ils sont partis à trois). Mais comme Madame est une chicaneuse, elle fait croire à Grammaticus qu’elle sait où le troisième larron se trouve, mais n’est pas disposée à lui passer cette info, na. Ceci fait, elle met fin à l’échange télépathique et trouve un moyen de se représenter devant Sulaiman pour plaider à nouveau sa cause et obtenir que le retour dans le système solaire se fasse par l’entrée de service plutôt que par la grande porte. Elle arrive cependant trop tard pour empêcher le Molech’s Enlightenment de se jeter dans la gueule du loup, et, lorsqu’à peu près 78,439 vaisseaux de guerre attendant l’arrivée d’Horus et de sa flotte avec le doigt sur la gâchette du macrocanon leur balancent une volée de missiles en guise de salutation, elle se rend compte qu’elle ne tient pas tant que ça à savoir ce qu’il arrive à un Perpétuel qui se ferait réduire en cendres dans l’espace (une expérience fascinante). Fort heureusement, Johnny Grammy a le bras long maintenant qu’il est revenu aider son Pépé, et grâce à un coup de fil tête urgent et en échange de la localisation de Persson (un problème pour future her), il parvient à stopper le feu d’artifice avant qu’il ne soit trop tard.
La nouvelle se termine avec l’arrivée de la petite famille recomposée d’Alivia dans le spatioport de la Porte du Lion, et le rembarrage ferme mais poli du larbin (Khalid Hassan) envoyé par Malcador servir de taxi à la smala. Quoi de plus normal que de faire un peu de tourisme de l’apocalypse en toute liberté avant que l’état de siège soit déclaré, pas vrai ?
AVIS :
Graham McNeill se frotte à l’exercice délicat de l’arc mineur feuilletonné (ça fait classe dit comme ça), sur le modèle de ce que l’incomparable Dan Abnett a tenté, et en grande partie réussi, avec Oll Persson et John Grammaticus dans cette même Hérésie. Cela est peut-être dû à mon ignorance crasse de qui était Alivia Sureka au moment où j’ai lu pour la première fois ‘Old Wounds, New Scars’, mais je n’ai pas trouvé le résultat très réussi. McNeill nous balance certes quelques bribes sur le passé (aussi bien proche que trèèèèès lointain) de son héroïne, mais il n’a pas l’élégance ou l’efficacité d’Abnett pour aider le tout venant à raccrocher les wagons des épisodes précédents. Si on passe outre ces considérations séquentielles, l’intrigue de la nouvelle n’est pas non plus exempte de tout reproche, ou, dit autrement, est d’une simplicité et d’une linéarité absolue. On comprend à la conclusion de l’histoire qu’il s’agissait surtout pour l’auteur de positionner un de ses personnages perpétuels récurrents au bon endroit et au bon moment pour faire avancer son arc narratif1, mais je ne suis pas convaincu que dédier une nouvelle entière à cette péripétie très moyenne d’un rôle secondaire (pour le dire poliment) était absolument nécessaire.
1 : Ce qui semble avoir été le cas, Alivia Sureka reprenant du service dans ‘Fury of Magnus’.
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Blood Gold – G. Thorpe [AoS] :
INTRIGUE :
Un ost de Lames de Khorne se dirige dans le chaos et l’anarchie (logique) vers la forme imposante du Mont Vostargi, le méga-volcan du Royaume d’Aqshy ayant servi de berceau enflammé aux robustes Fyreslayers. L’arrivée des maniaques n’étant pas passée inaperçue, une armée de petits rouquins a pris position devant la Porte de la Défiance Eternelle pour leur barrer la route, sous le commandement du Père des Runes Ungrimmsson Drakkazak. Alors que les Duardin patientent avant que la mêlée ne s’engage, Ungrimmsson décide de raconter à un jeune et nerveux Vulkite les origines de la malédiction qui frappe les membres de sa Loge, et a changé la peau de ses fiers guerriers en roche en fusion (ce qui n’est pas banal, reconnaissons-le).
Durant l’Âge des Mythes, la Loge Ironfist était dirigée par un Père des Runes aussi acariâtre que déterminé, Brynnson Drakkazak. Alors que les autres Loges se satisfaisaient d’exploiter les ressources minérales de leurs montagnes natales, les Ironfists n’hésitait pas à monter des raids à travers Aqshy, et plus (loin) si affinités, afin de récupérer le plus possible du précieux ur-or disséminé à travers les Royaumes. Après tout, la reconstitution de l’intégrité physique de Grimnir ne pouvait pas être retardée par des considérations aussi terre à terre que le respect des traités et le consentement libre, informé et préalable des populations locales, pas vrai ? Cette attitude belliqueuse n’était pas appréciée des autres Pères des Runes, mais Brynnson n’étant pas du genre à écouter les jérémiades de ses pairs, les Ironfists ne restaient jamais longtemps au Mont Vostargi à se tourner les pouces.
Un beau jour, ou peut-être une nuit, se présenta un émissaire humain du nom d’Ologhor Shenk, qui annonça à l’assemblée des Pépères (un nom approprié pour cette instance suprême, à mon humble avis) venir forger une alliance avec les Fyreslayers. En échange d’une grande quantité d’ur-gold, d’une qualité particulière mais reconnue comme legit par le Seigneur des Runes de fonction, il était à la recherche d’alliés prêts à se salir les mains pour le débarrasser d’une tribu rivale, les Direbrands. Ces derniers étant des sigmarites invétérés, et donc protégés par l’alliance établie entre Sigmar et Grimnir avant que ce dernier parte en safari, l’offre fut refusée par tous les Pères des Runes présents… à l’exception bien sûr de Brynnson.
L’enthousiasme du maître des Ironfists ne tarda pas à redescendre lorsqu’il se rendit compte que Shenk n’était pas le type le plus honnête de l’univers, et que sa haine des Direbrands était sans limite. Après avoir guidé les Fyreslayers jusqu’au camp d’été de la tribu, où les guerriers humains surpris en pleine bombance se battirent vaillamment mais se firent massacrer jusqu’au dernier par les implacables Duardin, Shenk exigea de ses alliés qu’ils fassent subir le même sort à la colonie de vacances établie pour les enfants Direbrands à quelques encablures du camp des adultes. Mercenaire avec des principes, Brynnson refusa de tourner full Anakin Skywalker, et repartit vers le Mont Vostargi avec son ur-or salement gagné, laissant Shenk se débrouiller avec sa marmaille.
Cette décision ne fut pas sans conséquence, car lorsque les membres de la Loge se livrèrent au rituel de runification corporelle pour lequel les Fyreslayers sont bien connus, les effets secondaires ne tardèrent pas à se manifester. Comme vous pouvez vous en douter, le métal mystique remis par Shenk, qui était coupé avec du bronze provenant de la forteresse de Khorne, causa la peau des Duardin à se transformer en roche fondue, conséquence du déplaisir de la divinité tutélaire du fourbe émissaire devant un job bâclé par les Ironfists. Bien que l’ur-or ait gardé ses propriétés de renforcement musculaire, les Fyreslayers Ironfists furent marqués à jamais par leur association douteuse – mais involontaire, il faut leur reconnaitre au moins ça – avec une divinité chaotique.
Retour au temps présent et au périphérique vostargien, Ungrimmsson ayant terminé son histoire et les Khorneux ayant fini leur marche d’approche. Lorsque son jeune interlocuteur lui fait remarquer qu’il a narré cette légende comme s’il y avait pris part, le Père des Rune a un petit sourire triste, et révèle au Vulkite que c’est bien le cas. Ungrimmsson, ce qui signifie briseur de serment en whatever la langue des Duardin is called these days, a pris ce nom après que la malédiction se soit abattue sur sa Loge, et attribue sa trèèèèès longue vie au sens de l’humour très particulier de Khorne, qui s’est plu à prolonger les jours de celui qui a osé le défier il y a tous ces millénaires. La nouvelle se termine sur une nouvelle transaction à l’amiable entre chaotiques et Fyreslayers, la meneuse des maraudeurs balançant une bourse d’ur-or aux pieds de la (mini) Chose. On ne saura pas pourquoi les deux généraux ont trouvé malin de déranger leurs armées pour cet échange trivial, mais pour une fois que les choses ne dégénèrent pas dans les Royaumes Mortels, on ne va pas s’en plaindre.
AVIS :
Gav Thorpe reprend du service comme aède épique (l’un des rôles dans lesquels il est le plus à l’aise, et le plus « performant ») dans ce ‘Blood Gold’, et nous sert une petite histoire tout à fait satisfaisante sur la géopolitique complexe du Royaume d’Aqshy aux temps jadis. Il en profite pour faire le lien avec ses travaux chaotiques initiés dans ‘The Red Feast’, ce qui fera sans doute plaisir aux lecteurs de ce bouquin. J’ai particulièrement apprécié le portrait nuancé que fait Thorpe des Fyreslayers, qui apparaissent comme les véritables mercenaires que le background établit, et n’ont donc aucun problème à massacrer sans crier gare de lointains alliés pour peu qu’ils aient été payés au juste prix. Cela les différencie très nettement des honorables Tueurs du Monde qui Fut dont ils sont les héritiers, ce qui est une bonne chose, et donne à cette faction une complexité qui est la bienvenue dans le monde de high fantasy d’Age of Sigmar. Une réussite.
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Fire and Thunder – R. Harrison [40K] :
INTRIGUE :
Nous sommes sur Balfar, monde impérial contesté par ces mauvais sujets de Clairvoyants, et les forces impériales chargées de tenir la cité cathédrale de Whend sont en train de se faire botter les fesses de belle manière. Un début de mission ma foi fort classique pour la Commissaire Severina Raine et son régiment d’adoption (le 11ème Fusilier d’Antari), qui aiment laisser l’initiative à leurs adversaires pour mieux le contrer dans le money time. Faut croire. En tout cas, la situation ne cesse de se détériorer pour les braves soldats de la Compagnie Grise du Capitaine Yuri Hale : après avoir réussi à battre en retraite jusqu’au dernier pont tenu par les forces impériales permettant de sortir de la cité, malgré la poursuite acharnée – mais rigolarde, car les Clairvoyants passent leur temps à se gondoler comme des baleines, ce qui est doit être un peu crispant pour leurs adversaires – menée par les cultistes, nos héros sont frappés par la poisse et par un barrage d’artillerie suivi par un raid de chasseurs ennemis, qui détruit le pont, blesse une bonne partie du casting, et piège Raine et ses ouailles du mauvais côté du périphérique.
Après s’être terrés quelques temps dans une caserne abandonnée, ce qui permet au Medic de la fine équipe (Nuria Lye) de traiter les petits et gros bobos subis par ses collègues de travail, à commencer par la Psyker sanctionnée Lydia Zane, qui a payé très cher ses dernières interventions kinétiques et s’est pris quelques shrapnels dans le buffet pour ne rien arranger, les Antaris parviennent à joindre le Tacticae par radio, mais se font sèchement rembarrer par leur interlocuteur (Logun) lorsqu’ils demandent une extraction. Motif : ils ne sont plus assez nombreux (23) pour que le jeu en vaille la chandelle, et ils n’ont pas pris l’assurance dépannage premier kilomètre, en plus (grosse erreur). La Garde Impériale, toujours à mettre en avant les ressources dans « ressources humaines ». Qu’à cela ne tienne, les hardis fusiliers s’en sortiront par leurs propres moyens, et après avoir soigneusement étudié la carte de Whend, les officiers décident de tenter leur chance du côté de Deadways, soit l’ossuaire de la cité. C’est en effet ici qu’un aqueduc traverse la gorge qui ceinture la ville pour apporter de l’eau aux quartiers ouest, et il y a donc de bonnes chances pour que les Clairvoyants ne l’aient pas fait sauter (tout le monde a besoin de boire, même les cultistes de Tzeentch).
Démarre alors une excursion en terrain ennemi qui mettra à rude épreuve le moral, la discipline et les capacités martiales des rescapés. En plus des attaques récurrentes des Clairvoyants, à négocier avec des blessés de plus nombreux (et blessés) et un stock de munitions qui baisse à vue d’œil, le spectacle des exactions commises par les Clairvoyants sur les habitants de Whend et sur les malheureux Gardes qui sont tombés entre leurs mains refroidit considérablement l’enthousiasme de nos bidasses. Pour ne rien arranger, le Sergent Daven Wyck lutte contre une addiction dévorante aux drogues de combat, et lorsque sa dernière dose se brise malencontreusement alors que les réjouissances viennent de commencer, il en est quitte pour une descente très malaisante. À tel point qu’il manque d’en venir aux mains avec le Capitaine Hale après avoir perdu un jeune membre de son escouade sur un booby trap qu’il n’a vu que trop tard, et dont il se reproche donc le décès tragique. Ce sont des choses qui arrivent, mais quand Severina Raine regarde, seulement une fois. Se sachant en sursis, Wyck se tiendra à carreau pour le reste de la mission, et sauvera même ses petits camarades lors de l’arrivée du boss de fin (un Thunderbolt chaotique) grâce à un tir exceptionnel avec le fusil de sniper qu’il a looté sur un cadavre d’officier, quelques heures plus tôt1.
Au terme d’un parcours éprouvant, la fine équipe parvient à rejoindre ses pénates, avec des effectifs très réduits (13/23), mais sans avoir perdu un seul personnage important dans l’affaire. Même l’increvable Zane s’est courageusement accrochée à son dernier point de vie, et pourra donc être remise sur pied pour servir à nouveau l’Empereur. Ce n’est toutefois pas la fin de la journée de l’infatigable Raine, qui sitôt sortie de l’hopital de campagne, se rend au Tacticae pour faire son rapport…
Début spoiler…Et surtout pour confronter notre ami Logun, qui, après vérification de la part de l’exacte Commissaire, a donné l’ordre de bombarder la zone où se trouvait Raine et ses troupes en début de nouvelle. Mis devant ses responsabilités, l’officier reconnaît ses fautes2 mais plaide l’honnête boulette (honestus bulletius en Haut Gothique) consécutive à des longues heures de travail et une climatisation défaillante – il fait chaud sur Balfar, car la planète a deux soleils. Cela fait doucement rigoler Raine, mais elle se contente de demander à Logun de lui lire la liste des Antaris tués par sa faute, avant de laisser son interlocuteur méditer sur sa tragique erreur. Une preuve de mansuétude ? Pas vraiment, Raine ayant pris soin de passer l’information à ses collègues du Commissariat rattaché au haut commandement des opérations sur Balfar. Il n’y a plus qu’à laisser la justice faire son trav- BANG.Fin spoiler
1 : Même si le nom de l’officier en question n’est pas donné, je parie ma paie qu’elle s’appelait Tchekov.
2 : Ce qui est toujours plus classe que ce qu’a fait le Général Sturm aux Fantômes de Gaunt pendant le siège de Voltis City.
AVIS :
Rachel Harrison s’impose plus que jamais comme la nouvelle référence en matière de littérature de guerre (spécialité : Garde Impériale) avec ce très complet ‘Fire and Thunder’, qui place l’inflexible Commissaire Raine et une poignée de personnages secondaires (Wyck, Hale, Zale, Cris, Lye) dans un beau pétrin, et laisse ce beau monde se débrouiller pour retrouver le chemin du baraquement, ce qui ne tient évidemment pas du parcours de santé. En plus de regorger de scènes d’actions nerveuses et violentes, ce qui permet de maintenir une tension narrative optimale1, cette nouvelle fait gagner une belle profondeur au Sergent Daven Wyck, dont la lutte contre ses démons personnels (don’t do drugs, kids) constitue une intrigue secondaire tout aussi prenante que la mission d’exfiltration par les catacombes qui occupe le cœur de notre propos. Harrison parvient également à développer/rendre attachants quelques autres membres de la garde (impériale) rapprochée de Miss Raine, à commencer par la Psyker hémophile Zane – qui s’en prend vraiment plein la tronche d’un bout à l’autre de l’histoire – mais également la Medic Nuria Lye (et ses rapports complexes avec Wyck) ou encore la rigolarde mais explosive ingénieure Yulia Crys. On termine ‘Fire and Thunder’ avec une envie pressante de connaître la suite des arcs savamment mis en lumière par Rachel Harrison, ce qui est une marque indéniable de réussite. Un très bon cru.
1 : Un peu amoindrie quand on sait que plusieurs personnages disposent d’une armure en scenarium, mais Harrison réussit tout de même à nous intéresser au sort des seconds couteaux de cette petite escapade en terrain ennemi, ce qui est la marque d’un auteur compétent.
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Man of Iron – G. Haley [40K] :
INTRIGUE :
Alors qu’il se reposait rechargeait tranquillement dans la soute du vaisseau qu’il partage avec les jumeaux Ratlings Raus et Rein, UR-025 est réveillé mis en marche par l’intrusion d’un de ces petits parasites, lui annonçant l’arrivée de visiteurs souhaitant s’entretenir avec lui. Dont acte. Les individus en question se révèlent être un trio d’adeptes du Mechanicus de rang minable et d’intentions peu charitables, escortés par un vieux modèle de Kastelan pour faire bonne mesure. Ayant appris l’existence d’UR-025, et n’avalant qu’à moitié son histoire de contrôle à distance par un Magos surdoué (comme la plupart des gens à qui le robot a livré cette expédition, pour être honnête), les trois desperadeptes ne souhaitent rien de moins que kidnapper le mystérieux cyborg pour leur propre profit. Il ne faut pas longtemps à UR-025 et ses systèmes perfectionnés d’homme de fer pour comprendre de quoi il en retourne, mais problématiquement, il ne peut pas refuser de but en (métal) blanc d’accompagner ses visiteurs dans leur projet d’escapade dans la Forteresse Noire. Il est censé être après tout un robot dénué de libre arbitre, et les accords liant les mondes forges de Ryza (où vit le Magos imaginaire que notre héros s’est donné comme patron) et Metallica (planète d’origine des forbans) ne lui laissent pas d’autres choix que de s’exécuter.
Fort heureusement, UR-025 a plus d’un programme dans sa banque de données, et entraîne ses nouveaux amis dans une partie tranquille de la Forteresse, sous couvert de les mener sur un filon de xenotech, où une franche explication sera plus facile que dans l’agitation de Precipice. Les cris stridents annonçant l’arrivée prochaine d’une meute d’ur-ghuls affamés, et les effets que ces signes avant-coureurs ont sur les nerfs fragiles des renégats, signalent à l’androïde que la récré est terminée. Profitant de la confiance mal placée que ses kidnappeurs lui accordent, UR-025 descend froidement ses compagnons les uns après les autres, révélant sa véritable identité au dernier survivant de la bande avant de le terminer à son tour. Ceci fait, il ne reste plus à notre indéboulonnable homme de fer qu’à prendre le chemin du retour, afin de pouvoir continuer sa mise en charge bien méritée. Moralité : Metallica, ce n’est pas toujours plus fort que toi.
AVIS :
Petite nouvelle sans prétention de la part de Haley, ce Man of Iron n’en est pas moins sympathique, la maîtrise narrative de l’auteur se doublant d’une mise en scène intéressante de son protagoniste, qui peut sans doute prétendre au titre de « personnage de Blackstone Fortress au fluff le plus intéressant ». Diantre, ce n’est pas tous les jours que l’on a affaire à un authentique homme de fer, même si « l’aventure » à laquelle il participe tient plus de l’esquive de démarcheur de rue que de la fresque épique révélant les origines de cette relique ambulante (qui se vante d’avoir rencontré le véritable Omnimessie – c’est à dire pas l’Empereur – aux cours de ses pérégrinations). Guy Haley arrive à insuffler à UR-025 une personnalité de vieux ronchon désespéré par la tournure prise par les événements au cours des derniers millénaires, et forcé de jouer au robot stupide – ce qui est souvent assez drôle – pour éviter d’attirer les soupçons sur qui il est vraiment. Le résultat, à défaut d’être mémorable, est tout à fait correct, et on se prend à rêver d’une éventuelle rencontre entre UR-025 et Bellisarius Cawl, et du dialogue qui s’en suivrait…
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The Deeper Shade – C. L. Werner [AoS] :
INTRIGUE :
Quelque part sur le littoral luxuriant de Ghyran, la bande d’affreux du sorcier Thalinosh de Charr se prépare à explorer un donjon un peu particulier. La cible des cultistes est en effet la Griffe de Mermedus, une aiguille rocheuse fermement plantée dans une baie isolée de la côte ghyranite, et que les locaux évitent avec soin du fait de son effroyable réputation. Comme le confirme le vieux prêtre de Sigmar que Thalinosh a capturé pour lui servir de guide, un fantôme assoiffé de sang moelle hante les lieux et attaque tant les hommes que les navires ayant la mauvaise idée de s’aventurer sur son territoire. Il en faut cependant plus pour décourager notre héros, car c’est ici-même que son apprenti fugueur (Gratz) a perdu une relique que le sorcier souhaite absolument récupérer, spectre grognon ou pas.
Accéder à la grotte où le monstre, que Thalinosh suppose avec raison être désormais l’heureux détenteur de son bien, se prélasse ne sera pas chose facile, la caverne se situant à la base de la Griffe et étant donc submergée par les eaux. Il en faut toutefois plus pour décourager le sorcier, qui grâce à un ingénieux dispositif de digue (magique) et de pompage (magique aussi), parvient à mettre la base de l’aiguille en cale sèche, au modique prix de la vie du prêtre et de son chenapan d’apprenti. Ceci fait, il emmène ses fidèles suivants, commandés par l’homme-bête Sharga et la guerrière Borir, faire un peu de spéléologie marine.
Au bout d’une marche d’approche sans autres désagréments qu’un pantalon trempé et une persistante odeur de limon, la fine équipe arrive au cœur de la Griffe, où tout semble indiquer que le mystérieux fantôme a pris ses quartiers. Le sol est en effet jonché d’ossements rongés et de trésors boueux, et lorsque le trio de goons qu’il a envoyé à l’avant-garde est attiré sous la surface par un invisible assaillant, il est temps pour que le boss fight que l’on devinait se profiler à l’horizon se déclenche. Envoyez la musique…
Début spoiler 1…L’adversaire auquel Thalinosh et Cie font face se révèle être un Krakigon adulte, soit le fruit des amours interdits entre un kraken et un caméléon. Si les capacités mimétiques de la bête compliquent dans un premier temps son ciblage par nos aventuriers trempés jusqu’à l’os, la magie de Thalinosh permet de jeter une lumière crue sur l’ennuyeuse bestiole, et de révéler que dans grande coquetterie, elle porte l’éclat de shadeglass dérobé par Gratz à son tuteur en sautoir. Au bout d’un combat éreintant au cours duquel tous les personnages non nommés finissent éclatés sur les parois de la grotte ou dévorés par la bête, l’intrépide Sharga parvient à arracher le précieux du maître au caractériel calamar, avant que ce dernier ne se fasse écraser par un pan de falaise que ses tentaculaires gesticulations avaient dérangé. Voilà une affaire rondement menée…
Début spoiler 2…Mais cela est sans compter la perfidie naturelle des Disciples de Tzeentch, bien sûr. Borir trahit donc ses comparses et arrache le précieux éclat des doigts raidis par la mort du pauvre Sharga après lui avoir planté sa dague rituelle dans le cœur. Elle révèle à Thalinosh avoir fait un pacte avec le rival de ce dernier, l’infâme Carradras (qui s’est enfin réveillé, il faut croire), et, confiante dans l’état de fatigue avancé de son ancien patron après les efforts consentis pour venir à bout du Krakigon, lui expédie sa dague en pleine poitrine pour faire bonne mesure. En cela, elle commet une grave erreur, comme lui souffle ce rusé de Thalinosh, car c’est le sortilège du sorcier qui empêche les eaux d’engloutir la grotte où ils se trouvent. Réalisant sa boulette, Borir se lance dans un sprint éperdu en direction de la sortie, laissant Thalinosh seul dans la caverne, mais moins mal en point qu’il n’y paraissait. La dague avec laquelle la traitresse l’a frappé étant un athame qu’il a lui-même confectionné, il ne pouvait être blessé par ce projectile. Mouahahaha. Trop fatigué pour donner la chasse à son acolyte, il claque ses dernières réserves de mana dans un sort de vol afin de sortir de la Griffe par le trou dans le plafond obligeamment aménagé par le Krakigon dans son agonie, et a la satisfaction de voir Borir se faire submerger par les vagues lorsqu’il met fin à son enchantement. Qui sait, peut-être qu’il trouvera ce qu’il cherche lors de la prochaine marée basse ?Fin spoiler
AVIS :
C. L. Werner revisite l’archétype de la nouvelle d’heroic fantasy, la bande d’aventuriers en quête d’un artefact mystique gardé par un monstre patibulaire, en mettant en scène une bande de cultistes de Tzeentch plutôt qu’un groupe à l’allégeance plus neutre. Le résultat est tout à fait satisfaisant, même si assez convenu, Werner ayant assez de métier pour rendre une copie de qualité. Un filler très honnête.
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Abyssal – D. Annandale [HH] :
INTRIGUE :
Où il sera question du Psyker Aveth Vairon, cueilli comme la rosée du matin par l’équipage d’un Vaisseau Noir alors qu’il cherchait à évacuer sa planète natale (Kithnos) avant l’arrivée d’Horus et de ses renégats. N’ayant pas perdu tout fighting spirit malgré les conditions de détention épouvantables qui sont les siennes, et persuadé que le destin (qui se manifeste dans son cas particulier par l’apparition d’une rune bien particulière dans son champ de vision) finira par lui sourire, Vairon convainc deux de ses co-détenus de monter une insurrection contre l’équipage de l’Irkalla, initiative généreuse mais mise en échec par l’arrivée de la première Sœur du Silence venue. Saleté de Parias.
Jeté au mitard en punition de son rôle d’objecteur de conscience, Vairon est toutefois rapidement tiré de sa cellule par ses complices, après que le Vaisseau Noir ait été attaqué par un ennemi inconnu, permettant au trio d’échapper à l’attention des gardes et de libérer une autre détenue placée à l’isolement en raison de sa dangerosité. Celle que nous surnommerons la cantatrice chauve du fait de son physique particulier et de sa voix de stentor doit servir de ticket de sortie à Vairon et ses camarades (Cassina et Harvus), d’après le pressentiment confus que le premier éprouve en sa présence. Bien aidé par ses pouvoirs de Banshee (elle hurle dès qu’elle se sent menacée, avec des effets radicaux sur les malheureux qui lui font face) et le GPS psychique de Vairon, le petit groupe parvient à naviguer dans le dédale des coursives, et se rapproche de la section du vaisseau où sont stockés les modules de survie. Une stratégie de court terme, certes, mais on ne peut pas reprocher à des Psykers de vouloir quitter un Vaisseau Noir par tous les moyens, et de réfléchir à la suite des opérations plus tard.
Manque de bol, Vairon and friends croisent la route d’une Sœur du Silence solitaire alors qu’ils touchaient au but, et l’aura anti-psy couplée au pistolet bolter de la nouvelle arrivante se révèlent être fatals à Cassina, Harvus et à Miss Grandgousier. Miraculeusement épargné par les bolts, Vairon ne donne toutefois pas cher de sa chère personne, et aurait sans nul doute fini éparpillé façon puzzle à son tour n’eut été l’intervention décisive de mystérieux sauveurs…
Début spoiler…Une escouade de Word Bearers débarque en effet sur les lieux du cri(me), et règle rapidement son compte à la Sœurette isolée. Vairon réalise alors avec horreur que la fameuse rune qui a guidé sa vie pendant toutes ces années n’était en fait qu’une décoration de l’armure du frère Jean-Firmin, 734ème Compagnie, et qu’il s’est fait des plans sur la place que la DESTINEE lui avait réservé dans le grand ordre des choses. Une chose est sûre, ses talents vont être utilisés à plein potentiel, mais sans doute pas d’une manière qui le satisfasse beaucoup…Fin spoiler
AVIS :
Onze pages, c’est un format exigeant pour écrire une nouvelle intéressante, et ayant pratiqué la prose de David Annandale plus qu’à mon tour, j’avais inconsciemment placé la barre assez basse sur cet ‘Abyssal’ dès la réalisation qu’il s’agissait d’un très court format. Et je n’ai pas été déçu (et donc j’ai été déçu). S’il serait mesquin de ma part de pointer la simplicité de l’intrigue, qui est directement reliée au nombre de pages que l’auteur peut consacrer à étoffer son histoire, je serai en revanche moins conciliant sur le choix d’Annandale de mettre en avant un personnage (la femme sans visage), pour au final le bazarder comme un malpropre et sans que le soin consacré à le faire ressortir du lot ne serve à grand-chose. De plus, et c’est assez ironique pour un texte aussi court, j’ai trouvé la préparation du (mini) twist final trop longue, ce qui amène le lecteur à deviner ce qu’Annandale avait derrière la tête deux paragraphes avant qu’il révèle le fin mot de l’histoire. ‘Abyssal’ n’est pas abysmal (je reste mesuré, même si le jeu de mots était tentant), mais il ne mérite pas vraiment le détour.
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Acts of Sacrifice – E. Dicken [AoS] :
INTRIGUE :
La situation n’est pas fameuse pour les templiers de l’ordre de l’Étoile Ardente, dédié à cette bonne vieille Myrmidia. Assiégés dans leur forteresse par la horde de Sulkotha Godspite, championne de Khorne au physique impressionnant, ils ont résisté avec vaillance pendant des semaines mais la sauvagerie et le nombre de leurs adversaires ne laissent que peu d’espoir aux derniers rescapés quant à la conclusion de cet affrontement. Leur Grand Maître (Vaskar) tombé au champ d’honneur la veille, et sans aucune nouvelle de l’émissaire dépêché en début de siège quérir l’aide des Fyreslayers de la Loge Hermdar, la commandante par intérim Anaea se résout à tenter le tout pour le tout et à monter une sortie pour rejoindre le Drakemount, un autre bastion de l’ordre situé à quelques jours de voyage sur le plateau de Flamescar. Malgré la réticence de son second Karon, un chevalier old school tout prêt à donner sa vie pour l’honneur et la gloire dans un dernier carré futile, Anaea convainc ses troupes d’abandonner aux Khorneux la possession du terrain, et les Myrmidions se lancent à l’assaut des barbares braillards, juchés sur leurs fidèles demidroths.
Au prix d’une mêlée furieuse pendant laquelle Karon et Godspite croisent le fer et l’indispensable Anaea récupère la bannière de l’ordre au moment où elle allait tomber 1) par terre et 2) à l’ennemi, les templiers parviennent à transpercer les lignes ennemies et à s’enfuir dans le Désert de Verre, gardant l’accès au Drakemount. Le voyage est éprouvant pour les chevaliers lézardiers, plus d’un succombant à ses blessures ou à l’impitoyable soleil d’Aqshy, tandis que les meutes de molosses mutants (check l’allitération) que Godspite utilise comme éclaireurs harcèlent les rescapés. Lorsque la forteresse tant attendue se profile enfin à l’horizon, Anaea entraîne ses troupes dans un dernier élan vers la sécurité du bastion allié, où ils pourront enfin se reposer avant que les hostilités recommencent…
Début spoiler…Mais c’était sans compter sur l’omniprésence de l’ennemi (on ne l’appelle pas Chaos universel pour rien), qui a attaqué la forteresse et passé sa garnison par l’épée il y a de cela plusieurs mois, à en juger par l’état des cadavres que les templiers découvrent sur place. La horde de Godspite n’étant qu’à quelques heures de marche du Drakemount, et sans autre plan de rechange à disposition, c’est au tour de Karon de faire valoir ses arguments, et de résoudre ses compagnons d’armes de vendre chèrement leur vie dans les ruines de la citadelle. Cette décision suicidaire n’est toutefois pas du goût d’Anaea, déterminée à faire survivre son ordre à tout prix, et en solitaire s’il le faut. Cette traditionaliste acharnée s’éclipse donc par une poterne (toujours avec sa précieuse bannière, parce que why not) avant l’arrivée des Khorneux, et bien qu’elle doive rabrouer quelques vilains doggos en route vers sa prochaine destination, elle parvient à nouveau à s’échapper de la nasse chaotique. La nouvelle s’achève sur sa contemplation, forcément morne et déchirante, de l’ultime bataille livrée par son ordre, avant qu’elle ne reparte en direction d’un nouveau foyer. Que font les Stormcast Eternals quand on a besoin d’eux ?Fin spoiler
AVIS :
‘Acts of Sacrifice’ fait partie de ces nouvelles qui se terminent et laissent un fort goût d’inachevé à leurs lecteurs. C’est d’autant plus dommage qu’Evan Dicken avait réussi à rendre intéressant son histoire de dernier carré désespéré, notamment grâce à une personnification réussie des personnages principaux. La terrible Sulkotha Godspite (et sa chaîne magique) n’aura donc pas le droit au combat épique auquel elle semblait pourtant promise, ce qui est particulièrement dommage. Même si l’histoire racontée par Dicken tient la route, et offre même une variété bienvenue par rapport aux happy/glorious endings qui forment la majorité du corpus de la GW-Fiction, je reste convaincu que la conclusion aurait pu et dû être plus soignée, pour un résultat plus satisfaisant1.
1 : À moins qu’il ne s’agisse d’une sorte de prologue à un arc plus large, au cours duquel Anaea aurait la chance de se venger de sa Némésis. Mais pour le moment, rien de tel n’a été publié ou annoncé par la Black Library.
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The Son of Sorrows – J. French [40K] :
INTRIGUE :
Sur une planète banale, une secte impériale l’étant tout autant a commis la singulière et fatale erreur de franchir une des lignes rouges de l’Inquisition : capturer des Psykers (ok) et les torturer (ok) pour obtenir des bouts de prophéties (HERESIIIIIIE !!!). Mettez vous bien ça dans la tête, mécréants : le loto doit rester un jeu de hasard, sinon comment voulez vous que les Seigneurs de Terra financent les opérations de la Garde Impériale, hein ? L’affaire ayant été remontée jusqu’à l’Inquisiteur Covenant, ce dernier décide d’envoyer une de ses nouvelles recrues, l’ex Sergent des forces spéciales Koleg, faire un exemple des Chercheurs de la Vérité Incandescente (le petit nom de la secte), sur le lieu même où ils ont monté leur sinistre opération : la cathédrale Saint Raymond des Charentaises.
On suit donc Koleg depuis sa préparation méthodique dans la cellule qui lui sert de chambre, après que la brave Viola von Castellan, qui entre autres tâches s’occupe des ressources humaines pour le compte de son patron, lui ait transmis le briefing de la mission, jusqu’à l’exécution de cette dernière. Déployé comme la one man army qu’il est, Koleg sait qu’il doit faire un exemple des pécheurs et utilise pour ça un armement bien spécifique : un lance grenade balançant des bombinettes à fumée saturée de LSD et d’agent phobique (pour faire littéralement halluciner ses victimes et les mener à se retourner les unes contre les autres) d’une part, et un pistolet à chevrotine d’autre part (ça sert toujours). Ah, il utilise aussi une sorte de porte manteaux rétractable à un moment, mais je serai bien infoutu de vous dire à quoi ça lui a servi1. Toujours est il que le K. nettoie la place avec l’efficacité des grands professionnels, même lorsque l’un des Psykers gardés au frigo par les hérétiques s’invite à la fête après qu’une grenade ait défoncé son aquarium amniotique.
En parallèle, nous avons droit à quelques flashbacks retraçant les événements ayant mené notre héros à rejoindre la team Covenant. On apprend ainsi que Koleg avait un frère (Kesh) avec lequel il partageait la passion de la fauconnerie, et qui est mort tragiquement après qu’une bombe au napalm soit tombé sur leur maison. Bien des années plus tard, un Koleg adulte et engagé dans la Garde Impériale battit son Capitaine comme plâtre après que ce dernier se soit trompé dans les coordonnées d’un raid incendiaire, ayant sans doute fait des victimes civiles et triggered Koko. Un tel crime ne pouvant rester impuni, Koleg s’attendait à être exécuté sans sommation par le Commissaire le plus proche, mais par un heureux hasard, un homme de main de Covenant (peut-être Josef) passait dans le coin et proposa au soldat dépressif de rejoindre l’Inquisition. Koleg accepta à la condition d’être débarrassé de son spleen persistant, et comme une psychothérapie coûte apparemment trop cher pour l’Inquisition, il fut à moitié lobotomisé par ses nouveaux copains à la place. Résultat : il n’est plus capable de ressentir aucune émotion, ce qui peut avoir ses bons côtés je suppose. Comme dit le proverbe, keep calm and purge on…
1 : Et je ne suis pas le seul apparemment.
AVIS :
Parmi la foultitude de suivants de l’Inquisiteur Covenant, le taciturne Koleg est sans doute le moins remarquable, son statut de simple gros bras chargé des basses besognes ne lui permettant pas de voler la vedette aux seconds couteaux les plus fantasques, stylés ou particuliers du Francis Lalanne de l’Ordo Malleus. Cela n’a pas empêché l’aimable John French de donner à cet humble personnage un début d’origin story, convenablement mystérieux1 et résolument tragique, ce qui est approprié pour un type évoluant dans un univers grimdark. À vrai dire, ce sont les flashbacks retraçant le parcours de Koleg qui m’ont le plus intéressé, le récit de sa mission « Epouvantail » dans la cathédrale squattée par les cultistes ne révolutionnant pas le genre du bolt porn, et j’aurais donc apprécié que French passe plus de temps à détailler le passif du pseudo Space Marine (après tout, lui non plus ne connaîtra plus la peur) plutôt qu’à le décrire en train de gazer de l’hérétique. Pas la meilleure nouvelle horusienne de notre homme, mais tout de même sympathique. Tous avec moi : Heeeeee’s a maaaaaan of constant sooooorrooooooow…
1 : J’ai compris qu’il a tabassé son Capitaine parce que l’erreur que ce dernier a commise lui a rappelé le tragique destin de sa propre famille, mais peut-être qu’il s’agit du même accident.
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A Lesson in Iron – D. Guymer [HH] :
INTRIGUE :
S’il y a une chose que Ferrus Manus, paix à son âne, détestait, c’était bien perdre du temps. Aussi, sitôt réuni avec sa Légion, engagée dans le démantèlement de l’empire de rouille ork, le Primarque tint à imposer sa marque sur ses Légionnaires. Nous rejoignons ainsi l’impulsif M. Manus alors qu’il fait la chasse de quelques vaisseaux peaux vertes ayant survécu à la colère de l’Imperium, et qu’il compte bien détruire afin d’obtenir la complétion à 100% de sa mission, et ainsi prouver à l’univers qu’il vaut mieux que ces poseurs d’Horus et de Russ1. Et tant pis si ces couards d’Orks décident de foncer coque baissée dans une faille Warp qui flottait par là pour échapper au courroux de l’Astartes, et que personne n’a jamais été assez timbré du côté impérial pour se risquer dans ce genre d’environnement chelou. Ferrus, et son Fist of Iron, seront les premiers à tenter le coup. Encore un record à mettre au crédit du Primarque qui en voulait.
Ferrus n’est pas seul sur le pont de son vaisseau amiral alors que ce dernier réalise le premier fistage d’une faille Warp. Il est accompagné de deux Sergents vétérans, le Terran Harik Morn et le Medusan Gabriel Santar, tous deux pressentis pour devenir son bras droit. Alors que le Fist of Iron s’enfonce dans le trans Materium comme s’il s’agissait de caramel mou, avec des effets funky sur les appareils de navigation, comme on peut l’imaginer, les auspex détectent soudain des silhouettes de vaisseaux à proximité. Il s’agit des kroiseurs orks, mais également d’un nouvel arrivant, qui n’avait pas été identifié pendant la poursuite dans l’espace réel. Point commun : tous ont été réduits à l’état d’épave, et dans un passé lointain qui plus est. À la grande surprise des impériaux, il semble que le vaisseau en question appartienne à la 10ème Légion, ce qui hautement improbable mais pas totalement impossible. Pragmatique comme toujours, Ferrus Manus décide d’aller y jeter un œil.
Alors que les pauvres grunts qui forment son escorte découvrent avec émoi 1) l’existence de Démons et 2) s’il y a une vie après la mort, le Primarque et ses comparses arrivent jusqu’au pont du vaisseau mystère, où les attend un cadavre desséché de Space Marine. Ce dernier porte les marquages d’un Iron Hands, mais, au grand dégoût de FM, il semble avoir terminé sa carrière plus machine que (sur)homme, au vu de toutes les augmétiques et bioniques que la dépouille arbore. C’est le Tech-adepte qui accompagne la fine équipe qui finit par proposer l’hypothèse la plus intéressante pour expliquer ce répugnant mystère : l’épave sur laquelle ils se trouvent est un vaisseau des Iron Hands provenant du futur, transporté dans le passé par les caprices du Warp.
Avant que la nouvelle n’ait pu être digérée par l’assemblée, une palanquée de Démons se manifeste (dans tous les sens du terme) sur le pont, et forcent nos héros à – enfin – faire usage de la force. Si ce bogoss de Ferrus s’illustre à grands coups de marteau, ses subalternes sont plus à la peine. Surpris par les nouveaux arrivants, Santar se fait ainsi arracher le bras gauche par une Bête de Nurgle joueuse, tandis que Morn est submergé par des Horreurs rigolardes. Le premier réussit toutefois à marquer des points auprès du Primarque en retournant dans la mêlée sitôt ses esprits recouvrés, tandis que le Terran se contente de haleter comme un bébé phoque sur la banquise. Avant d’ordonner une retraite tactique vers le Fist of Iron, ignorant les avis de ses sous-fifres de rester pour looter de la technologie futuriste, et/ou défendre une relique de la Légion, Ferrus tranche en son for intérieur : ce sera Gaby qui deviendra son Ecuyer et 1er Capitaine. C’est dit.
1 : C’était l’époque de la Grande Croisade où tous les Primarques avaient un nom qui rimait avec « platypus », l’animal préféré de Pépé.
AVIS :
Petite nouvelle fort sympathique consacrée par leur spécialiste incontesté, David Guymer, aux Iron Hands et à leur Primarque caractériel, ‘A Lesson in Iron’ se paie le luxe de nous présenter en quelques lignes la prise de fonction de Ferrus Manus au sein de sa Légion (choix du 1er Capitaine, et autres révélations fluffiques intéressantes incluses), combiné avec une savoureuse mise en abîme du futur qui attend le Chapitre dans quelques millénaires. Le fait que les améliorations bioniques répugnent au plus haut point l’homme aux mains de fer n’est pas une nouveauté à ce stade, mais Guymer parvient tout de même à surfer sur cette iron-ie de façon tout à fait satisfaisante. Le pauvre Ferrus Manus aura soupé de prémonitions malheureuses car jamais utilisées pour modifier la destinée pas vraiment enviable attend ses fils et lui-même à la sortie de la Grande Croisade, et on en a encore un exemple ici. Ca reste plus distrayant à lire que la moyenne des soumissions de la BL, donc pourquoi cracher dans soupe ?
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A Dirge of Dust and Steel – J. Reynolds [AoS] :
INTRIGUE :
À la recherche de la légendaire cité corbeau de Caddow et de son Portail des Royaumes reliant à Shyish à Azyr, une petite force de Stormcast Eternals de la Chambre Vanguard des Hallowed Knights (soyons précis) a conclu un pacte avec les Duardin de Gazul-Zagaz, seuls à connaître l’emplacement de cette ville mystérieuse1. En échange de leur aide contre les hordes du Gardien des Secrets Amin’Hrith, connu sous le nom d’Ecorchâme, les nabots dépressifs (leur royaume est en ruines, leur Dieu s’est fait bouffer par Nagash et l’âme de leur dernier prince sert de skin au démon de Slaanesh) mèneront les guerriers du Lord Aquilor Sathphren Swiftblade jusqu’à bon port. Jamais le dernier à rendre service à son prochain, notre héros accepte bien entendu cette généreuse proposition, et se fait fort d’entraîner ce fât d’Amin’Hrith dans un piège ingénieux.
Ayant réussi à capter l’attention des Hédonistes, probablement en leur faisant remarquer que leurs soieries avaient fait fureur à Ghur il y a trois saisons de celà (ce qui, pour une fashionista des Royaumes Mortels, est une insulte mortelle), les prestes cavaliers de Sigmar emmènent leur nouveaux amis dans une course éperdue à travers les dunes, jusque dans les ruines de Gazul-Zagaz, où les attendent de pied ferme (et depuis un petit moment apparemment, à en juger par l’épaisse couche de poussière qui les recouvre) les guerriers Duardin. S’en suit une bataille des plus classiques, illustrant de fort belle manière l’intérêt de se rendre au combat avec une armure de plates et non une combinaison en viscose, dont le point culminant sera le duel entre Swiftblade et Amin’Hrith dans le temple de Zagaz, où le rusé Stormcast s’emploiera à faire un boucan à réveiller les morts…
1 : On peut donc dire qu’ils ont une carte Caddow. Mouahahaha.
AVIS :
À l’heure où cette chronique est écrite, Josh Reynolds est probablement le contributeur principal de la BL en matière de contenus siglés Age of Sigmar. Une telle prodigalité ne pouvant évidemment pas être synonyme de qualité exceptionnelle à chaque soumission, il est en somme tout à fait logique que certaines des nouvelles rédigées par notre homme ne s’avèrent pas être d’une lecture des plus passionnantes. C’est le cas de ce A Dirge of Dust and Steel (on me passera l’usage du titre original, à la fois plus poétique et plus élégant que le monstre qu’il est devenu en VF), qui se trouve être une nième variation du topos le plus employé de cette nouvelle franchise : la baston de Stormcast Eternals contre les forces du Chaos1. On pourra certes m’opposer que cet épisode particulier se distingue des dizaines qui l’ont précédé par l’emploi d’une Chambre relativement nouvelle (Vanguard), d’un héros inédit (Sathphren Swiftblade) et d’un environnement exotique en diable (l’Oasis de Gazul, en Shyish). Ce à quoi je répondrai que les Vanguard ne sont « que » des Stormcast sur demi-gryffs, et ne conservent de fait que très peu de temps l’attrait de la nouveauté. Swiftblade a quant à lui l’originalité d’une boîte Barbie et son Cheval, même son côté grande gueule n’étant plus vraiment novateur depuis l’arrivée d’Hamilcar Bear-Eater sur le créneau « humoristique » des SE. Pour terminer, Gazul a depuis lors sans doute rejoint l’interminable liste des lieux des Royaumes Mortels dans lesquels plus personne ne reviendra jamais, et ne mérite donc pas que l’on s’y intéresse plus que de mesure.
Non, pour ma part, la seule vraie valeur ajoutée de ce Dirge… tient en l’inclusion d’une faction Duardin sortant franchement du lot par sa vénération d’un Dieu de la Mort mort (combo !) et sa capacité à invoquer des esprits, ce qui constitue des variations intéressantes par rapport au stéréotype du guerrier nain que tout lecteur connaissant ses classiques se représente de façon plus ou moins inconsciente. Pour le reste, c’est de la qualité Reynolds (Josh), donc un récit bien structuré et rythmé, s’intégrant parfaitement dans les conventions définies pour Age of Sigmar en termes de fluff et d’atmosphère, et s’avérant dans l’ensemble plaisant à lire. Ne lui retirons pas ça.
1 : Comme les dernières années ont vu apparaître d’autres types d’adversaires, comme les morts-vivants de Nagash pendant la Tempête des Âmes ou les Orruks Ironjaws de manière collatérale à la traque de Mannfred von Carstein, j’attends avec impatience le moment où les vertueux Sigmarines commenceront à taper sur d’autres factions de l’Ordre, en attendant l’inévitable guerre civile que le passif de GW en la matière nous promet depuis que le premier Stormcast a dévoilé le bout de son masque de guerre. ‘La Vilainie de Vanus’, ça c’est un titre qui claque !
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The Last Council – L. J. Goulding [HH] :
INTRIGUE :
Pendant que Pépé emmenait ses fils à la conquête d’une galaxie qui n’avait rien demandé, l’ingrat mais nécessaire boulot de gestion de son Imperium naissant fut confié à un conseil de technocrates et autres représentants (parfois élus) du peuple, placé sur l’autorité chillax mais absolue de Malcador le Sigilite. Ce dernier réussit à faire reconnaître la pénibilité de sa tâche après le Triomphe d’Ullanor, l’Empereur ayant eu la grâce d’envoyer le mème ‘Vu et s’en tape’ lorsque son Régent lui proposa de passer officiellement la conduite des affaires civiles au Conseil de Terra. Cette situation perdura pendant dix ans, jusqu’à ce que l’arrivée d’un Horus plus rebelle que jamais à la porte du Monde Trône force les Hauts Seigneurs de Terra à repasser la main aux autorités militaires afin de préparer au mieux le futur siège.
Nous suivons ce qui se trouva être la dernière session du Conseil présidée par Malcador, et assistons à des débats passionnés entre les représentants des institutions majeures d’un Imperium en crise (Administratum, Adeptus Arbites, Adeptus Mechanicus, Libres Marchands, Navigateurs, Influenceurs, Furries…), sur des sujets aussi importants que la quarantaine des vaisseaux spatiaux entrant dans le système solaire, la fortification du commissariat central de l’Arbites, ou encore le déplacement de quelques millions de réfugiés demandés par l’inflexible Dorn pour fortifier comme il se doit la cabane au fond du jardin du Palais Impérial, qu’on ne saurait laisser tomber au main des traîtres sans sourciller.
Suivant les discussions d’une seule oreille, Malcador voit son regard attiré par la petite imperfection qui marque la surface de la grande table du Conseil autour de laquelle les Hauts Seigneurs palabrent. Cela lui remet en tête le souvenir du moment où l’impérial guéridon (qui fait neuf mètres de diamètre, parce qu’on ne fait pas les choses normalement sur Terra) a été irrémédiablement « défiguré », et est resté comme tel malgré les efforts diligents des moyens généraux du Palais.
À l’époque, l’Empereur était déjà parti depuis longtemps faire la tournée des bars de la galaxie, et tous les Primarques avaient finalement été retrouvés. L’un d’entre eux avait toutefois trouvé malin de commettre un crime tellement grave que son nom fut frappé d’anathème, sa Légion dissoute et sa statue géante en marbre dans la galerie de l’Investiaire discrètement retirée de sa plinthe et destinée à être concassée pour faire une allée zen dans le jardin du Palais. Ce crime monstrueux parvint cependant aux oreilles de cette fouine d’Alpharius, qui alla tout cafter à son grand frère Horus, dont la nature généreuse ne put supporter une telle infamie. Accompagné par Alphie et par Jaghatai (dont la principale occupation pendant la Grande Croisade consistait apparemment à zoner autour du canapé du Vengeful Spirit), celui qui n’était pas encore le Maître de Guerre s’en vint piquer un scandale en pleine session du Conseil de Terra, provoquant une belle pagaille au sein de l’auguste assemblée.
Habitué aux caprices de ces enfants gâtés de Primarques, Malcador géra le débordement avec son efficacité habituelle, mais dut cependant montrer à ce kéké d’Horus qu’il devait respecter son oncle en l’absence de Son père, en lui infligeant une soumission mentale qui envoya le grand chauve baraqué inspecter la poussière en dessous de la table du Conseil. Il faut dire qu’Horus avait menacé de prononcer le nom de son frère disgracié, ce qui aurait constitué un crime absolument impardonnable (l’Imperium est bizarre). Avant de partir en claquant la porte, Horus trouva malin de planter son épée dans la pauvre table pour montrer qu’il était très en colère, nous donnant l’explication derrière le détail ayant attiré le regard de Malcador.
Réalisant qu’il était en train de bailler aux corneilles ravens, le Sigilite prit sur lui et prononça la fin de cette ultime séance, laissant le soin aux Primarques présents sur Terra de reprendre le fardeau de la gestion des affaires courantes. Grand prince, il mit à profit son agenda désormais un peu plus libre pour faire du bénévolat pendant l’opération d’évacuation des squatteurs de la périphérie du Palais Impérial (hébergés dans la salle du Conseil de Terra, qui ne servait de toutes façons plus à rien), donnant quelques nouveaux cheveux blancs à un Rogal Dorn soucieux de la sécurité du Régent1.
Jagathai Khan, qui passait évidemment par-là, demanda à avoir un mot à part avec Malcador pour 1) s’excuser d’avoir contemplé béatement ce dernier mettre une rouste psychique à Horus sans intervenir d’une quelconque façon, et 2) lui révéler qu’il est au courant du terrible secret autour de l’identité du Régent de Terra… qui se révèle être d’une innocuité assez absolue, en tout cas pour l’époque de crise de cette fin d’Hérésie. Malcador s’appelait à l’origine Brahm Al-Kadour (soit), est un Perpétuel (you don’t say), le dernier membre de l’organisation des Sigilites (c’est comme le Port Salut, c’était écrit dessus), et a été responsable d’actions pas très charitables pendant la Longue Nuit (comme tout le monde, j’ai envie de dire). Jagathai a alors un moment de naïveté touchante, en se demandant sincèrement si l’Empereur est au courant du passé trouble de son bras droit, prêtant à Son impérial père une droiture morale qu’il est très loin d’avoir. Comme Pépé est introuvable et injoignable de toutes façons, l’origin story de Malcador restera dans les cartons pour le moment, mais le passé finira peut-être par ressortir2…
1 : Alors que cette bonne pâte de Sanguinius, qui ne voyait le mal nulle part, trouva l’idée trop kawai.
2 : Non.
AVIS :
Laurie Goulding signe une nouvelle très intéressante sur le complexe fonctionnement des instances dirigeantes l’Imperium, où toutes les bonnes volontés et les nobles aspirations viennent mourir. En plus de nous rassasier de fluff et de faire monter le cœur des fanboys & girls dans les tours avec sa mention habile du sort d’un des Primarques disparus (on était à ça de connaître son nom !), ce qui suffit déjà à placer ‘The Last Council’ parmi les courts formats les plus satisfaisants de tout le catalogue hérétique, Goulding démontre avec un talent consommé que l’Imperium est un concept chimérique, ne pouvant être construit et maintenu que sur la base de mensonges et d’actions brutalement pragmatiques, et dont il vaut mieux que la connaissance soit perdue ou ignorée par les quelques rares individus capables de garder les yeux sur l’idéal irréalisable, mais pourtant nécessaire, fixé par l’Empereur. L’Hérésie d’Horus est le cadre parfait pour ce genre de réflexions, et on peut remercier Goulding d’avoir tenté (et réussi) quelque chose de très différent des habituelles batailles de Légionnaires que l’on retrouve dans beaucoup des travaux des autres auteurs de cette franchise.
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Motherlode – N. Kyme [40K] :
INTRIGUE :
Raus & Rein Gaffar, jumeaux Ratlings, déserteurs de la Garde Impériale et duo comique doublement troupier, vivent une journée particulièrement agitée de leur vie d’explorateurs de la Forteresse Noire. Ayant échappés de peu au sadisme proactif d’un concurrent Drukhari alors qu’ils étaient en maraude sur leur terrain de chasse, les tireurs pointeurs (ça marche aussi bien pour la pétanque que pour le tir de précision) regagnent leur vaisseau avec une caisse mystérieuse contenant un butin mirobolant, sans réaliser que leur Némésis, Akrahel Drek, a survécu à la bastos expédiée par Rein, et prévoit logiquement de se venger de ces petites pestes, dans un éclat de rire ronronnement (si si) maléfique. * Purrr purrr purrrr puuuuuuuuurrrr *
Un peu plus tard, nous retrouvons nos abhumains, également traqués par un Commissaire amnésique et son escouade de vétérans couturés, sans doute pour quelques tours pendables et plaisanteries de mauvais goût, au bazar de Nadir, où ils ont rendez-vous avec une vieille et morbidement obèse connaissance, le receleur et trafiquant Ogryn Murlock, auquel ils souhaiteraient vendre leur dernière trouvaille. Petit problème, il n’y a pas que le Commissaire – Vudus Mettik de son petit nom – qui a des problèmes de mémoire, les twins ayant semble-t-il complètement oublié qu’ils ont tuyauté les Arbites sur le petit commerce de Murlock quelque temps auparavant, avec des conséquences logiques et néfastes pour sa modeste échoppe, et que Murlock est au courant de ce cafardage. Evidemment, cet historique compliqué ne facilite pas les négociations, et Raus & Rein doivent à nouveau se tirer d’un beau guêpier, ce qu’ils font en dégoupillant quelques grenades de la bandoulière de leur hôte, après que ce dernier ait tenté de les hacher encore plus menu qu’ils ne le sont.
Nullement découragés par cette déconvenue, les Ratlings utilisent le carnet d’adresses de leur dernière victime pour contacter directement un acheteur potentiel, qu’ils trouvent raide mort à son domicile, et pas de causes naturelles (à moins que les Kroots aient la jugulaire clipsable, ce qui doit arriver s’ils consomment trop de distributeurs de Pez). Poursuivis jusque dans les égouts par Mettik et ses hommes, responsables du krooticide et déterminés à capturer les déserteurs, les frérots sont contraints de se séparer, Raus choisissant la capture pendant que Rein se carapate… pour mieux revenir avec son fusil de sniper de rechange (toujours utile), et la fameuse boîte mystère, juste à temps pour secourir son bro’, que se disputent Mettik et Akrahel, qui a fini par retrouver la trace de ses tourmenteurs. L’impasse mexicaine qui se profile à l’horizon trouve toutefois une fin précipitée (c’est fluff) lorsque Rein lâche la précieuse caisse au milieu de la scène, qui se révèle contenir la tête d’une matriarche ur-ghul. Et alors, me demanderez-vous ? Et alors, la famille élargie de la défunte a trouvé les moyens de sortir de la Forteresse (en Ur-bher, sans doute) pour rapatrier la relique, et investit les lieux de la confrontation à ce moment précis, avec des résultats salissants. Encore une fois, les Ratlings sont les seuls à se sortir indemnes de cette péripétie, mais peuvent au moins terminer la journée en passant deux de leurs ennemis mortels en perte et profit. C’est déjà ça.
AVIS :
On (en tout cas, je) savait déjà que Kyme avait une fâcheuse tendance à pondre des histoires mal ficelées, sacrifiant avec une constance consternante la moindre prétention de crédibilité narrative pour se concentrer sur une agglutination de scènes « cinégéniques ». Rassurez-vous, c’est bien le cas ici, même si l’absence de Space Marines (et donc de Salamanders, les victimes préférées de l’auteur) et la brièveté de l’objet du délit ne permettent pas à ce dernier de rivaliser avec ses records personnels de WTF. On se contentera de souligner que beaucoup de choses arrivent au bon moment, et/ou sans mise en contexte, dans ce Motherlode (jeu de mots !1), ce qui est la marque des auteurs fainéants.
Là où Kyme innove et fait fort, c’est dans la veine scatologique qu’il choisit de pousser fortement d’un bout à l’autre de son récit. C’est simple, tout pue dans ces 20 pages : les héros, les méchants, les lieux, la nouvelle elle-même ; c’est le royal flush de l’infamie, et tant qu’à parler de flush, autant tirer la chasse. J’ai fini la lecture de ce… texte légèrement hébété par l’aplomb ou le jemenfoutisme complet revendiqué par son auteur, qui réussit le tour de force de faire passer 40K de grimdark à off-colour avec son inimitable (et j’espère inimitée) prose. Motherlode est à ranger parmi les rebuts honteux de la Black Library, et à oublier le plus vite possible.
1 : Motherlode se traduisant par filon (au sens premier ou figuré) en anglais, la relique récupérée par Alain et Alex Térieur étant à la fois une richesse et ayant une connotation maternelle.
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One, Untended – D. Guymer [AoS] :
INTRIGUE :
Une fois n’est pas rancune, nous retrouvons le Tueur préféré de ton Tueur préféré, Gotrek Gurnisson, dans le mal le plus complet au début de cette nouvelle aventure, qui sera sans aucun doute trépidante, mais qui commence par être vomissante. Notre héros est en effet pris d’un mal de ventre carabiné, ce qui, de son aveu même à son acolyte Maleneth, ne lui était jamais arrivé avant. Et si l’Aelfe sigmarite, en bonne compagnonne qu’elle est, prend soin de tenir la crête de Gotrek pour éviter que cette dernière ne prenne une couleur et une texture encore plus dégoûtantes qu’à l’accoutumée, elle n’est pas étrangère à cette gueule de bois subite. Bien au contraire, c’est elle-même qui en est la cause, ses tentatives d’empoisonner le Nain afin de lui dérober la rune majeure de Krag Marteau Noir pour la ramener à Azyrheim n’ayant eu pas d’autres effets qu’un émétique avarié sur la robuste constitution du Tueur1. Ses vaillants efforts de se débarrasser de Gotrek devront cependant attendre un peu, car les éructations du transfuge du Monde qui Fut sont dérangés par une scène de ménage entre plusieurs individus aussi louches qu’imbibés. La raison de ce tapage nocturne se fait bientôt jour : un jeune bambin du nom de Tambrin a échappé à la vigilance légère de ses parents (Junas et Magda), et s’est semble-t-il enfoncé dans les catacombes d’Hammerhal Ghyra, que l’on dit hantées par le spectre vengeur d’Hanberra (à ne pas confondre avec celui d’Harambe, même si ça lui donnerait une bonne raison de persécuter les garçonnets), un ancien héros local ayant renoncé à servir Sigmar sous la forme d’un Stormcast Eternal à sa mort, et à la recherche des enfants qu’il n’avait pas pu sauver de son vivant depuis lors. La perspective de se frotter à un spectre légendaire pique bien évidemment l’intérêt professionnel de Gotrek, qui insiste pour prendre la tête de l’expédition de secours mise sur pied par les habitués de la taverne où les deux compères ont passé la nuit. En plus de Junas, qui sert de videur à l’auguste établissement, on retrouve la Ranger retraitée Halik et le Prêtre d’Alarielle Alanaer, qui serviront donc de meatshields aux véritables héros de l’histoire. Dommage que personne ne les ait prévenus.
La descente s’engage donc, et après quelques heures de progression dans les boyaux insalubres de la cité, un premier ennemi pointe le bout de ses moustaches. Il ne s’agit pas de Philippe Martinez, mais d’une bande de Moines de la Peste, peut-être syndiqués, squattant le bas de la cage d’escalier comme un gang de trafiquants de la cité Péri. Et à propos de périr, laissez moi vous dire que les ratons ne font pas long feu face à la colère incandescente de Gotrek, qui peut désormais passer en mode super saiyan lorsqu’il est très énervé, et élever la température autour de lui à des niveaux insupportables. Sa nouvelle hache de fonction, si elle est sans doute un peu moins cheatée que l’ancienne (dur de battre une arme forgée par Grugni pour Grimnir, tout de même), s’avère également très efficace, et la menace murine est donc prestement éliminée par les aventuriers, qui peuvent poursuivre leur route sans autre dommage qu’un pif écrasé par un coup de matraque pour Junas.
Le moment tant attendu de la confrontation avec Hanberra finit enfin par arriver, l’esprit ayant bien dérobé/envoûté Tanbrin (qui dort comme un bienheureux) car il l’avait pris pour son propre fils, Hangharth. Némésis de Gotrek oblige, le combat est bien plus serré que précédemment, la pauvre Halik rendant les armes et l’âme au premier cri poussé par le poltergeist kidnappeur, qui prouve au monde entier qu’il existe des Banshees masculines. Non mais. L’évanescence intermittente du fantôme n’est pas sans poser quelque problème au Tueur, ce qui ferait plutôt les affaires de Maleneth, toujours déterminée à récupérer la rune majeure tant convoitée de sa dépouille, mais il lui faut pour cela donner une raison à Hanberra de se battre à fond, ce que sa main mise sur Tambrin l’empêche de faire. La cultiste de Khaine repentie puise donc au fond de sa sacoche un clou de ci-gît Rolf2, souverain contre les ectoplasmes tenaces (et les Mortarques collants), et le frotte vigoureusement sur le bras porteur d’Hanberra pour lui subtiliser son précieux. N’ayant plus rien à perdre, le spectre va certainement réduire Gotrek en bouillie…
Début spoiler…Eh bien non (quelle surprise). Mais le plus étonnant n’est pas tant le résultat final que le dénouement, non violent, de cet affrontement. Le Tueur parvient en effet à faire entendre raison à son adversaire par le dialogue au lieu de lui faire manger sa hache, et ce dernier se dissipe donc de lui-même, comme le malentendu qui l’avait mené à dérober les enfants des autres depuis quelques siècles. Tout est donc bien qui finit bien (sauf pour Halik et la bière que Gotrek avait laissé sur le comptoir3), mais Maleneth la malhonnête devra trouver une autre combine pour récupérer la précieuse broquille incrustée dans le plastron de son compagnon.Fin spoiler
1 : Maleneth ne sait pas que la glotte de sa cible est marquée de la rune majeure de Cubi, le dieu Nain de l’alcoolisme.
2 : Vous me pardonnerez le calembour, mais traduire ‘wightclove’ en français n’est pas facile.
3 : À ce propos, il est probable que ce soit elle qui ait donné son nom à la nouvelle (que l’on pourrait traduire par ‘Laissé(e) sans surveillance’) et non pas Tanbrin.
AVIS :
David Guymer, qui avait écrit les dernières aventures de Gotrek (et Felix) dans le Vieux Monde, signe avec ‘One, Untended’ un parfait récit de transition et d’acclimatation pour les lecteurs familiers du personnage mais pas des Royaumes Mortels. Au-delà du déroulé précis de cette quête, tout à fait classique sauf dans son dénouement, ce sont les informations que l’auteur donne sur ce nouvel univers, les changements subis par son héros (nouvelle arme, nouvelle rune, nouveau sidekick) depuis qu’il y a fait son entrée, et les motivations, pas vraiment charitables, de Maleneth, qui rendent cette lecture intéressante, et même indispensable pour qui voudrait reprendre la suite de la geste de Gotrek sans passer par la case romanesque (‘Realmslayer’). L’auteur parvient également à aborder des éléments de fluff relevant de la sociopolitique, comme l’acculturation progressive des habitants de Ghyran aux mœurs d’Azyr, qui donnent une profondeur et un réalisme très appréciables à une franchise qui en manquait (et en manque toujours) cruellement par rapport à Warhammer Fantasy Battle. Bref, c’est une transition très réussie que Gotrek Gurnisson doit à David Guymer, bien que le flambeau des rancunes soit passé peu de temps après à Darius Hinks.
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The Battle of Blackthunder Mesa – P. Kelly [40K] :
INTRIGUE :
La situation des défenseurs T’au de la planète Dal’yth, et plus particulièrement, de l’académie militaire située sur cette dernière, est positivement catastrophique. Isolés par le retrait des troupes de cette fayotte de Shadowsun, qui s’est repliée sans coup férir au lieu de se battre jusqu’au bout, comme le préconisait Farsight, les derniers guerriers de la caste du feu en sont réduits à livrer de coûteux et futiles combats d’arrière-garde pour ralentir l’avancée des impériaux, et permettre, peut-être, d’évacuer les survivants de la Star Academy locale. Placés sous l’autorité du Commander Bravestorm, adepte convaincu de la vision hypermétrope de la guerre de Farsight (et pour cause), nos héros viennent cependant de recevoir du matos un peu spécial, commandé auprès des grosses têtes de la caste de la terre il y a peu et livré sous forme encore expérimentale : des gants de boxe énergétiques. En effet, poussés par l’épuisement de leurs munitions et la puissance de feu de leur adversaire, Farsight et Bravestorm ont changé leur fusil à impulsion d’épaule, et monté une opération osée pour engager les tanks ennemis au corps à corps. Cela n’est certes pas très conventionnel, comme le fait remarquer la pimbêche (Furuja) du groupe1, mais nécessité faisant loi, Bravestorm emmène donc son cadre de cadets à l’assaut de la tristement célèbre Blackthunder Mesa, transformée en drive-in pour Leman Russ et Basilisks par l’Imperium depuis quelques semaines, avec des conséquences architecturales dramatiques pour la ville universitaire de Dal’Ryu, située en contrebas.
Si le déploiement de notre petite force d’Iron Men ne pose pas de problèmes, grâce à la maîtrise du vol furtif et à la technologie avancée du Bien Suprême, les choses se compliquent toutefois assez rapidement pour les concasseurs de tôle. Bien que Bravestorm ait pris soin d’indiquer à ses élèves qu’il fallait mieux rester au cœur de la mêlée pour gêner les tanks dans leur utilisation de leurs armes de défense, le poids du nombre, le comportement kikoulol de certains, et l’arrivée importune d’un Stormhammer, font lentement grimper les pertes du côté des punchers, bien que leurs maniques custom prélèvent un lourd tribut parmi les colonnes blindées de l’ennemi. L’équilibre des forces se renverse cependant brutalement lorsque, non pas un, mais deux Titans Warlord viennent se joindre aux festivités. L’apparition « subite » de ces discrètes et furtives machines de guerre en dit long sur le degré de préparation de l’opération, mais cela sera une discussion pour une autre fois. De toute façon, Bravestorm est certain que les nouveaux-venus n’oseront pas tirer sur les T’au, qui sont toujours engagés dans une partie d’auto-tamponneuse hardcore avec les blindés impériaux. Sa suffisance de Xenos idéaliste se trouve donc méchamment battue en brèche lorsque le turbo-laser du Titan de tête ouvre le feu sur les empêcheurs de bombarder en rond, réduisant le cadre de Bravestorm en confettis et cuisant ce dernier dans son armure.
Ce n’est cependant pas la fin pour notre héros trop confiant, qui trouve les ressources intérieures nécessaires pour faire abstraction de ses blessures et partir à l’assaut de la machine meurtrière. Son dernier fait d’arme consistera donc à « égorger » son adversaire en lui arrachant le câble d’alimentation, « fier comme un dindon », euh, tendon, courant le long du « cou » de la machine. À quoi cela a-t-il servi ? À rien en fait, puisque Bravestorm se prend à son tour une baffe monumentale – on saluera la dextérité de l’équipage impérial pour arriver à atteindre une cible aussi petite – s’écrase au sol comme une bouse, et sombre dans une inconscience logique. Certes, il a le temps de voir les forces impériales, dont le Titan trachéotomisé, se retirer de la mesa avant de tomber dans le coma, mais la victoire stratégique qu’il revendique au nom du Bien Suprême me semble un peu tirée par les cheveux (lui n’en a pas, je vous l’accorde). Après tout, c’était peut-être seulement l’heure de la cantine du côté adverse ? En tout cas, notre increvable héros n’a pas dit son dernier mot, puisque sa carcasse mutilée finit par être récupérée sur le champ de bataille par les éboueurs de la caste de la terre. Pas encore tout à fait mort, il entend ses sauveteurs discuter des conséquences positives de son coup d’éclat quasiment fatal, qui a au moins permis de préserver les derniers quartiers de Dal’Ryu des déprédations impériales. La nouvelle se termine sur la réalisation que Bravestorm sera bien sauvé, mais au prix d’un enfermement perpétuel dans son Exo-armure, ses blessures étant trop graves pour espérer une véritable guérison. Assez ironique pour un personnage ouvertement Dreadnoughtophobe2…
1 : Qui remonte toutefois dans mon estime grâce au magnifique « OK Gooder » (l’équivalent de notre OK Boomer) expédié à son supérieur un peu plus loin.
2 : Ce n’est pas qu’il en ait peur, mais la vue des pilotes Space Marines mutilés le dégoûte. Il en fait même des cauchemars.
AVIS :
Kelly retourne une fois encore sur la planète Dal’yth (Redemption on… Dal’yth) pour livrer un compte rendu romancé de la première utilisation d’une arme expérimentale T’au, le fameux gantelet Onagre. Si j’ai pu deviner à la lecture de cette nouvelle qu’elle mettait en scène des personnages déjà présentés dans d’autres textes qu’il a consacré à la couverture de la campagne de Damocles, l’immersion dans la galerie de seconds couteaux (rituels) gravitant autour de Farsight ne s’est pas faite sans difficultés de mon côté. En cause, le nombre de personnages convoqués par l’auteur1, et la complexité naturelle des patronymes T’au, qui se sont conjugués pour rendre difficile l’identification, et à travers elle, l’intérêt, de votre serviteur envers les pioupious de l’académie que Bravestorm a pris sous son aile. Cette difficulté évacuée, le récit de la fameuse bataille de Blackthunder Mesa ne m’a pas collé à mon siège, du fait du caractère binaire de l’affrontement en question. Si les Exo-armures commencent par faire des gros trous dans les tanks impériaux, sans vraiment être mises en danger par leurs proies (plutôt qu’adversaires), l’arrivée du titan renverse totalement la situation en un seul tir (merci Bravestorm), éparpillant le maigre suspens agencé jusqu’ici par Kelly aussi facilement que les assaillants Xenos venus souffler dans les chenilles des blindés de l’Empereur. On saluera tout de même la bonne « préparation » faite par l’auteur de la destinée claustrophobie de Bravestorm, qui après la Voie de la Lame Courte suivra celle de la Boîte de Conserve, sort ironique eut égard à l’effroi que lui inspirait les Dreadnoughts Space Marines. Au final, une lecture qui pourra intéresser les familiers de la prose suprêmiste de Kelly, mais qui n’a pas grand-chose à apporter au tout venant à la recherche d’un récit de bataille prenant.
1 : Ironie du sort, ils y passeront presque tous avant la fin de la nouvelle. C’était bien la peine de faire des efforts.
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The Atonement of Fire – D. Annandale [HH] :
INTRIGUE :
Nous sommes dans la dernière ligne droite de l’Hérésie, quelques mois avant que le Siège de Terra ne débute. Roboute Guilliman a fini par réaliser que lancer sa petite entreprise personnelle alors qu’il est toujours techniquement employé par Pépé Corp., et en piquant dans la caisse de Big E. en profitant d’une panne généralisée d’internet pour ne pas se faire prendre, c’était assez craignos tout de même. Pétri de remords, Roro est désormais à la recherche d’un moyen de se faire pardonner ses errements passés. En sortant de sa séance hebdomadaire avec le Chapelain/Psychiatre Volusius, lui vient une idée toute simple pour expier son énorme hubris : aider Sanguinius à rejoindre Terra en détruisant les flottes hérétiques qui se mettront sans nul doute sur la route de l’Ange à la Moumoute.
Après une petite séance de triangulation avec les poteaux dans le strategium de l’Ultima Mundi, les Ultras de l’Empereur décident d’aller au secours de la planète Diavanos, d’où est arrivé un message astropathique implorant de l’assistance pour gérer une invasion de World Eaters mal-lunés. Diavanos est de plus un monde que les Ultramarines ont rattaché à l’Imperium il y a plusieurs décennies, et dont la technique de vitraux teintés a grandement impressionné le Primarque lorsqu’il flânait dans les rues de la capitale Ecstasia à la recherche d’inspiration pour son dernier roman. Pour toutes ces raisons, ainsi que pour celle, plus prosaïque, de se venger des ravages commis par les séides d’Angron et de Lorgar dans leur pré carré, les gars de la XIIIème se ruent au secours de Diavanos, et tombent à bras raccourcis sur leurs frères ennemis alors que ces derniers s’apprêtaient à repartir pour embusquer la flotte des Blood Angels.
La bataille spatiale qui s’en suit, si elle n’est guère équilibrée (les Ultramarines sont deux fois plus nombreux, sérieux, hargneux, farineux et bleus que leurs adversaires), permet à nos héros de relâcher la pression après tous ces mois à écouter les podcasts interminables du triumvirat de l’Imperium Secundus. Alors que les derniers vaisseaux renégats sont méthodiquement désintégrés par la froide fureur ultramarine, le cuirassé Gladiator profite de la confusion pour repartir en direction de Diavanos, et certainement pas pour une visite de politesse. Guilliman comprend que les World Eaters ont un petit creux, et que s’il n’intervient pas rapidement, la planète qu’il est venu sauver va s’en prendre plein la face. Mais arrivera-t-il à temps pour empêcher les fils d’Angron de commettre l’irréparable ?
Début spoiler…Après de multiples péripéties dans les coursives du Gladiator, que les World Eaters ont faites effondrer pour gêner la progression de leurs ennemis, Roboute et ses hommes (en grande partie des Destroyers, wink wink ‘The Lord of Ultramar’) parviennent jusqu’à la salle des torpilles où les hérétiques se sont barricadés. La mêlée désespérée et surtout très sale qui s’ensuit tourne logiquement en faveur des surhommes en bleu, mais les World Eaters sont proches de réaliser leur objectif secret (faire péter une torpille à l’intérieur du vaisseau afin d’emporter Guilliman avec eux). Seule l’habilité du Grand Schtroumpf avec son combi-bolter customisé permet d’éviter la catastrophe, mais la victoire morale revient tout de même aux groupies d’Horus. Il est en effet trop tard pour prévenir le crash du Gladiator à la surface de Diavanos, et l’onde de choc qui s’en suit rase la capitale et dévaste une grande partie de la planète. Bien évidemment, les Ultramarines ont eu le temps de regagner leurs 22 avant que cette tragédie n’arrive, mais Guilliman finit la nouvelle avec le blues. Approprié, vous me direz.Fin spoiler
AVIS :
Vu le passif peu glorieux de David Annandale avec la XIIIème Légion (‘Lord of Ultramar’…), j’ai attaqué cette nouvelle dans un état d’esprit assez peu favorable à cette dernière, et j’ai été surpris de constater que cet ‘Atonement of Fire’ tenait tout à fait la route. Nous sommes en présence d’un court format siglé HH de facture assez classique (un peu de réflexion, beaucoup d’action, et en bonus une belle tranche de Primarque), mais débarrassé de tous les défauts que l’on pouvait trouver dans les autres soumissions de notre homme (personnages stupides/inintéressants, intrigue bancale, rythme chaotique)1. Ça pourrait et devrait être considéré comme le strict minimum, mais nous savons tous que la BL ne croit pas dans des concepts aussi restrictifs que le contrôle qualité. Enfin, pas tout le temps.
Surtout, et c’est assez rare dans une publication de la Black Library (quel que soit la franchise ou l’auteur) pour le souligner, Annandale parvient à ménager un vrai suspens jusqu’au bout de son propos. Guilliman et ses Schtroumpfs destructeurs arriveront-ils à sauver Diavanos des déprédations suicidaires des World Eaters ? Même si la planète a été créée de toute pièce pour l’occasion, l’auteur arrive à nous intéresser à la conclusion de cet accrochage mineur de la fin de l’Hérésie en appuyant de façon intelligente sur les remords éprouvés par Guilliman au sujet de son Imperium Secondus et son besoin de se faire pardonner de ce petit caprice. Annandale nous ressert également la vieille rengaine du « I am never going to financially recover from this », 30K style, déjà bien exploitée par d’autres avant lui, mais qui fait toujours son petit effet quand utilisée à dessein, ce qui est le cas ici. Bref, une vraie bonne surprise pour ma part, et une des meilleures soumissions de David Annandale pour le compte de cette franchise, si vous demandez mon avis.
1 : On pourrait lui reprocher de ne toujours pas maîtriser les bases spatio-temporelles d’une bataille spatiale (exemple gratuit : la course poursuite entre l’Ultimus Mundi et le Gladiator ne semble durer que quelques minutes, alors qu’elle s’engage à proximité du point de Mandeville du système et se termine dans l’atmosphère d’une planète habitable (donc proche de son soleil), ce qui devrait prendre au bas mot quelques jours), mais dans mon infinie générosité, je passe l’éponge là-dessus.
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Purity is a Lie – G. Thorpe [40K] :
INTRIGUE :
Taddeus le Purificateur, zélote du Ministorum, carafe Brita faite homme, Donald Trump du 41ème millénaire. Arrivé à Precipice en compagnie de sa fidèle Pious Vorne, à la suite de vision envoyée par l’Empereur (et d’une confidence déplacée d’un sous-officier de la Navy), notre Prêtre peine à se faire accepter par la faune bigarrée et profane peuplant la cité, et n’a donc pas réussi à rejoindre une expédition d’exploration de la Blackstone Fortress, en dépit de ses meilleurs efforts et ses plus sincères prières. Sa chance tourne toutefois lorsqu’il reçoit une invitation de la part de Janus Draik, qui a flashé sur son énorme mitre, à le rencontrer au Looter’s Den afin de discuter affaire. Après avoir détendu l’ambiance, qui s’était refroidie comme un Roboute Guilliman faisant de l’apnée dans l’espace à l’arrivée du prélat, le Rogue Trader annonce à son hôte qu’il a besoin d’un coup de main pour tenter une descente jusqu’au Labyrinthe de la Mort (Deathmaze), et que Taddeus est sur sa shortlist. Pourquoi ? Eh bien, parce qu’il a l’air honnête et courageux. That’s it. Comme quoi, on peut être un aventurier sans foi ni loi évoluant dans une cour des miracles traîtresse et meurtrière, et donner sa chance au premier venu, parce qu’on a un bon feeling. Merci qui ? Merci Gav Thorpe.
Après avoir un peu tergiversé, Taddeus accepte, et retrouve son nouveau collègue à l’entrée de la Forteresse, laissant Vorne dans le vaisseau (c’est un raid de 4 personnes, le maglev a une capacité limitée) avec un bol d’eau fraîche, la climatisation et l’autoradio allumée. L’exigeant ecclésiastique n’est guère enchanté de voir que Draik a recruté une Eldar (Amallyn Shadowguide) et un mutant (le Navigateur Espern Locarno) pour compléter son équipe, mais, nécessité faisant loi, à défaut de foi, il accepte tout de même de partir en vadrouille avec ces compagnons particuliers. La suite est, pour autant que je puisse le dire, le compte rendu romancé d’une partie de Blackstone Fortress, interrompue avant la fin par un quelconque événement (peut-être que Thorpe a dû partir plus tôt pour aller faire des courses ou passer au pressing). Ainsi, notre bande se coltine d’abord une escouade de Gardes renégats, puis quelques drones, avant de terminer par un quintette de cultistes Negavolts, et un psyker chaotique pour faire passer le tout. Entre deux coups de massue énergétique et blessures de guerre héroïquement glanée au combat, Taddeus réalise à quel point la coopération avec ses camarades est nécessaire, et perd donc un point en xénophobie (il est sauvé par et sauve la Ranger) et un demi-point en mutophobie (Locarno le prévient de l’arrivée du psyker). Kawaiiiii. On ne saura en revanche pas ce qui attend nos héros dans ce fameux « Labyrinthe de la Mort », que ces derniers n’atteindront même pas avant que Thorpe ne décide qu’il a bien assez bossé comme ça et mette un point final à sa nouvelle. Non. Si.
AVIS :
Gav Thorpe prouve avec ‘Purity is a Lie’ qu’il maîtrise parfaitement l’art complexe et délicat de la courte nouvelle de 40K où rien d’intéressant ne se passe. Un peu comme le haïku suivant : Forty forty kay//Forty forty forty kay//Forty forty kay. Oui, c’est du sarcasme. Malgré toute la sympathie que j’éprouve pour ce collaborateur historique et figure mythique de GW, la plupart des nouvelles qu’il a soumis à la BL ces dernières années se sont avérées très décevantes, et celle-ci ne fait malheureusement pas exception. Ne disposant même pas d’une conclusion digne de ce nom, et développant de façon inimaginative au possible une idée absolument banale du background de Warhammer 40.000 (« il faut savoir mettre de côté ses principes pour atteindre ses objectifs »), le seul mérite de cette soumission est d’intégrer cinq personnages nommés de Blackstone Fortress (même si la plupart font papier peint) dans son casting, dont deux (Vorne et Locarno) dont ce sera la seule apparition dans le recueil Vaults of Obsidian. Ce n’est pas lourd, mais c’est vraiment tout le bien que je peux dire de ce texte, qui aurait mérité d’apparaître sous son titre complet : Purity is a Lie, Story is a Bore, Not Inspired at all, Send Help.
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Sand Lords – P. McLean [40K] :
INTRIGUE :
Où il sera question du Capitaine Amareo Thrax et de sa colonne blindée du 236ème Régiment des Tallarn Desert Raiders, engagés dans une course éperdue vers la sécurité des lignes impériales. Si Thrax et ses hommes (et femmes, pas de sexisme chez les Tallarn) sont si pressés de rentrer au bercail, c’est d’abord qu’ils ne sont plus très nombreux (un Leman Russ et trois Chimères, sur vingt-huit véhicules initialement engagés), ensuite que les réserves d’eau et de carburant commencent à baisser dangereusement, et enfin que quelque chose de gros, menaçant et très énervé les poursuit sans relâche à travers les dunes de Marbas II. Quelque chose contre lequel même le courage et les ressources de ces légendaires guerriers des sables ne peuvent espérer prévaloir. Mais pour mieux comprendre de quoi il en retourne, il nous faut faire un petit crochet vers le passé récent, pendant que nous laissons Thrax porter un toast à l’urine en l’honneur de la Chimère qui vient de perforer son joint de culasse de façon irrémédiable…
Si notre vaillant Capitaine se trouvait dans le désert de cette planète pour commencer, c’est parce qu’il avait reçu la mission de la part d’un Colonel1 de se rendre dans les ruines de la ville d’Iblis Amrargh, prise par les envahisseurs Orks dont la présence a justifié le déploiement des Tallarn sur Marbas II, pour récupérer le khalig (cimeterre) du Général Al-Fallan, héros des Desert Raiders, dérobé après sa mort par le Big Boss Gorebrakah Urlakk. Une telle relique ne pouvant pas rester entre les griffes des Xenos, qui n’en auraient de toute façon aucune utilité si ce n’est pour émincer des Squigs, le haut commandement du 236ème a donc donné à Thrax l’ordre de reprendre le légendaire coupe papier, localisé dans la cathédrale de la ville, investie par la vermine verte. L’officier a également reçu un briefing plus complet de la part de son boss sur les tenants et aboutissants de la mission, mais ne le partagera pas avec de simples lecteurs tels que nous. Ou en tout cas, pas tout de suite.
Si les premiers temps de l’assaut donné par la colonne blindée sur Iblis Amargh se passent sans soucis, l’armement, le blindage et la vitesse des tanks impériaux leur permettant de forcer sans coup férir les barrages mis en place par les fonctionnaires Grots délégués à la surveillance du camp Ork, un tir de plasma bien senti, pulvérisant une Chimère dans le plus grand des calmes, marque le début des ennuis pour Thrax, qui ne s’attendait pas à rencontrer une résistance si forte si tôt dans la mission. Ayant perdu un peu de temps et beaucoup de munitions à canarder les alentours dans le vain espoir d’abattre le faquin plasmique qui lui a fait des misères et vaporisé son vieux copain Al-Nasir, Thrax finit par donner l’ordre de repartir, perdant de plus en plus de châssis et de personnel au fur et à mesure que les Orks réalisent qu’ils sont attaqués, et que l’insaisissable franc-tireur continue à dégommer les SUV de l’Empereur sans se faire voir. Il en faut cependant plus pour décourager nos héros, qui finissent par pénétrer (en char, sinon c’est pas drôle) dans la cathédrale, où les attend le fameux khalig du nom moins célèbre Al-Fallan, ainsi que des hordes de peaux vertes pas vraiment jouasses…
Début spoiler 1…Victimes de mines dissimulées, et embusqués par des centaines d’Orks gardés en réserve par ce ruzé de Gorebrakah, les Tallarn se battent comme des lions fennecs, parvenant à récupérer le précieux cimeterre à l’absence de nez et au manque de barbe du Big Boss, qui daigne enfin se joindre aux réjouissances après que les assaillants soient parvenus à se défaire de ses deux mini-boss (un Kommando mastoc avec lance-plasma, et un Nob en Mega-armure). Et là, surprise : Gorebrakah a cassé sa tirelire (ou la figure de tous ses rivaux pour leur piquer leurs dents) depuis la dernière fois qu’il a croisé les Desert Raiders, et est maintenant plus machine que champignon, sa parenté avec un Dred Eud’la mort lui permettant de désosser sans mal les malheureux tanks lui tombant sous la pince. Pour Thrax cependant, l’objectif primaire consiste seulement à repartir avec le coupe-chou d’Al-Fallan, ce qu’il a fait sans hésiter, laissant derrière lui la plus grande partie de ses soldats.
De retour dans le désert, nous apprenons/comprenons donc que le traqueur des Tallarn n’est autre que Gorebrakah, dont l’amour-propre et le statut contraignent à récupérer son bien sous peine de se faire défier par l’ensemble de ses Nobs-1, et que c’est bien sur cela que comptait le Colonel qui a monté le raid de Thrax. Ce dernier doit donc trouver un moyen de franchir la ligne d’arrivée (bleue) avec le colis pour permettre aux forces impériales de régler son compte à cet illustre ennemi. Les Tallarn sont en effet sport, et se sont contentés d’installer une batterie de Basilisks à plusieurs heures/jours de distance d’Iblis Amrargh pour faire sa fête au Big Boss plutôt que, je ne sais pas moi, réquisitionner des appareils de la Flotte qui les amenés sur place ? Gorebrakah est également sport, notez, puisqu’il poursuit les voleurs de loot tout seul. A gentleman’s war, really.
Ce fair-play ne fait cependant pas les affaires de Thrax et de ses survivants, qui se font insensiblement rattraper par leur poursuivant, condamnant d’abord les malheureux n’ayant pas trouvé place dans les Chimères, puis ces dernières et leur équipage (malgré une héroïque action d’arrière-garde de la Duf’Adar Al-Maddon), ne laissant plus que le Leman Russ du Capitaine, à court de munitions et à bout de nerfs (un des servants se suicidera d’ailleurs plutôt que de se faire éplucher par le Big Boss), tenter d’arracher la victoire…
Début spoiler 2…Ce qui sera finalement cas (ouf), Thrax parvenant à passer la ligne en un morceau, avant que le bombardement déclenché par ses petits copains ne vienne sonner le glas de Gorebrakah, qui aurait dû investir dans un Gargant plutôt que dans un Deff’Dread. Tiré de l’inconscience dans laquelle le barrage ami l’avait plongé par la seule autre survivante de la mission, la pilote Kalan, rendue borgne et folle par les événements (ce qui ne lui a pas retiré son sens de l’humour), Thrax n’a plus qu’à attendre l’arrivée des secours, en espérant que la perte de sa jambe dans l’accident ne lui soit pas fatale. La routine, quoi…Fin spoiler
1 : Qui ne sera jamais nommé (j’ai vérifié). McLean devait être tombé en rade de nom à consonance arabe (on peut d’ailleurs s’interroger sur « Amareo Thrax », au passage…).
AVIS :
Pour sa première virée avec un régiment nommé de la Garde Impériale, Peter McLean livre une nouvelle aboutie, généreuse en termes de fluff et consistante en termes d’intrigue, grâce à sa progression alternée entre le Paris-Dakkar extrême auxquels se livrent Thrax et ses survivants, et les flashbacks de leur mission suicide dans la cathédrale d’Iblis Amargh. L’auteur a suffisamment de maîtrise pour prendre son lecteur au jeu des devinettes quant à l’identité de la chose qui traque les valeureux guerriers des sables dans leur retraite éperdue, et aux véritables objectifs poursuivis par la colonne blindée Tallarn, ce qui rend l’expérience assez plaisante, même si les deux révélations en question ne s’avéreront pas renversantes. Autre point appréciable, McLean applique à ses nouveaux souffre-douleur sujets l’approche sans concession qu’il l’avait vu massacrer les uns après les autres ses personnages du 45ème Reslian (‘No Hero’, ‘Baphomet by Night’, ‘Predation of the Eagle’, ‘Blood Sacrifice’), laissant les deux seuls survivants du carnage perpétré par le ruzé mais brutal (et surtout blindé) Gorebrakah profiter du calme après la tempête dans un piteux état, tant physique que mental. À la guerre comme à la guerre, après tout, et McLean fait partie des contributeurs de la BL qui n’a pas peur d’être graphique dans son approche, ce qui est plutôt un trait positif dans ce genre de littérature, à mon humble avis.
Les seuls reproches que j’adresserai à cette soumission seraient relatifs au choix de l’auteur de ne pas expliquer pourquoi le sous-sol de la cathédrale semble regorger d’armes de pointe d’une part, et de faire se terminer son épreuve d’enduro sous un déluge d’obus plutôt que sous les lasers d’un escadron de Vendettas, ce qui aurait certainement permis aux Tallarn de sauver leur chèche, d’autre part. On me dira que leur mort était de toute façon nécessaire pour le déroulement de l’histoire, et on aura raison, mais je trouve tout de même que le plan du Colonel X – et par extension, celui de McLean – n’est pas au dessus de tout reproche. Il y avait certainement moyen de faire mieux, sans épargner pour autant aux soldats de Thrax leur glorieux sacrifice. Après tout, qui peut dire à quelle vitesse un Ork en Giga-armure peut courir, quand il est recouvert du sang de ses ennemis, et qu’on lui a volé son présssssieux ?
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A Rose Watered with Blood – A. Dembski-Bowden [HH] :
INTRIGUE :
Les choses ne s’améliorent pas vraiment sur le Conqueror, qui se traîne péniblement à travers la galaxie pour livrer l’Angron démoniaque commandé par Horus jusqu’à son ancienne adresse sur Terra, du temps où il habitait encore chez son Pépé. La vie à bord est devenue dangereusement morne (comprendre que tout le monde s’est habitué à la possibilité de se faire tuer d’une manière horrible et roll with it), et bien que les problèmes d’intendance dont le vaisseau était affligé – depuis le miracle du changement de l’eau en sang, jusqu’à l’infestation de puces de Khorne – ait été en partie résolus par un arrêt au stand en orbite de la planète Heshimar, le Conqueror n’en finit plus de faire des blagues potaches et souvent mortelles à son équipage. Dans le cas de Lotara Sarrin, capitaine du Gloriana polisson et figure respectée au sein de la Légion, cela a consisté à recevoir en pleine nuit la visite galante de l’officier Ivar Tobin… alors que ce dernier avait été tué par Khârn dans un accès de fureur il y a plusieurs mois. Quand l’esprit de la machine se comporte comme un chat rapportant à son maître le cadavre de sa dernière proie, il est permis de s’inquiéter de sa survie.
Cette ambiance des plus lourdes a assez logiquement conduit certains passagers à caresser des projets d’évasion du vaisseau maudit, et Lotara est introduite dans le cercle des mutins par le Sergent Skane, un Destroyer ravagé de corps et d’esprit, après qu’il ait machinalement massacré l’escorte du capitaine afin de préserver le secret des échanges (les World Eaters ne croient pas vraiment aux NDA). Après avoir hésité, Lotara accepte de participer aux réunions des déserteurs en puissance, et pousse même l’amabilité jusqu’à prendre en charge les opérations d’évacuation, qui ne pourront se produire qu’une fois le Conqueror de retour dans le Materium. La plus grande crainte de ses conjurés, dont fait partie le Capitaine Maruuk, est que l’inflexible Khârn ait vent de leur projet de mise au vert, mais Lotara promet de gérer ce petit problème le cas échéant, et comme le mâle alpha qu’il est, Maruuk est bien content de laisser la charge mentale associée à cette tâche complexe à une femme. Après tout, il est trop occupé à faire des duels à mort dans les arènes du Conqueror pour traiter ce genre de détail trivial.
Après un long et pénible voyage (Angron s’est piqué de devenir chanteur d’opéra et danseur de claquettes pendant la traversée, ce qui est venu perturber le sommeil du reste des passagers), le vaisseau émerge enfin du Warp, et Lotara envoie les ordres codés mettant en branle l’opération SOS (Save Our Skulls) parmi les conjurés. Lorsque la frégate Bestiarius approche du vaisseau amiral pour récupérer des vivres, cinq navettes sont envoyées pour la ravitailler : rien de plus normal de prime abord, mais ces navettes sont en fait le ticket de sortie des mutins hors des entrailles viciées du Conqueror. En bonne capitaine, Lotara attend le dernier moment pour s’exfiltrer à son tour, et rejoint discrètement la cinquième navette en compagnie de Skane et Maruuk…
Début spoiler…C’est le moment que choisit Khârn pour débarquer en mugissant comme un veau, mis au courant par un traître des velléités d’évasion de Lotara and friends. Si Maruuk décide bravement de sauter dans la navette sans attendre personne et de mettre les gaz pour rejoindre le Bestiarius, le noble mais moche Skane reste en arrière garde pour « ralentir » l’Ecuyer d’Angron et faire gagner du temps à ses camarades. Les guillemets sont ici de rigueur, car le Sergent irradié ne tient pas trois secondes avant que Khârn ne lui fasse avaler son dentier en duracier. Un peu lente à la détente, Lotara n’a pas eu le temps de suivre ce mufle de Maruuk avant qu’il passe la seconde, la laissant dans une position très délicate…
Début spoiler 2…Si elle avait vraiment voulu quitter le Conqueror. Car, comme le pauvre Skane le comprend avant qu’elle ne l’envoie sauter sur les genoux de Khorne d’un tir de pistolet laser bien placé, Lotara, à l’instar de Khârn, s’est résignée à son sort et n’avait aucune intention de faire faux bond à Angron. Et on traite les World Eaters de renégats ? Laissez-moi rire. Si elle a accepté de marcher dans la combine des mutins (outre le fait que Skane l’aurait certainement tuée sur place si elle lui avait mis un vent lorsqu’il est venu lui demander son aide), c’était pour débarrasser le Conqueror de ses mauvais éléments et séparer le bon grain ( ?) de l’ivraie. De retour à son poste de commandement, la Rose baignée de sang (le surnom que lui avait donné un Commémorateur poète un peu fleur bleue – et mort depuis) prend grand plaisir à vaporiser les navettes des déserteurs avant qu’elles n’aient pu rejoindre le Bestiairius, et en particulier celle de Maruuk. Il ne l’avait pas volé, reconnaissons-le.Fin spoiler
AVIS :
Aaron Dembski-Bowden déroule une nouvelle histoire très plaisante à lire (ce sens de la formule, tout de même…) mettant en scène deux de ses personnages les plus attachants (Lotara Sarrin et le Conqueror), avec un petit caméo de Khârn pour ne rien gâcher en sus. Même si l’arc World Eaters de cet auteur n’avance pas beaucoup au cours de cette nouvelle, le suspens que Dembski-Bowden parvint à instiller dans son propos, couplé avec son génie de la caractérisation – c’est bien simple, quand ADB tient la plume, tous les personnages nommés se transforment en protagonistes1 – suffisent à faire de cet ‘A Rose Watered with Blood’ une soumission de qualité au corpus hérétique.
1 : Sauf Maruuk, qui reste détestable.
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Voilà qui termine la revue de cette fournée de nouvelles de l’an de grâce 2018, et même si la qualité est encore une fois variable, je peux écrire avec sincérité que ce millésime se place parmi les meilleurs que j’ai pu lire (‘Fire and Thunder’, qui n’a pas encore été réédité au moment où cette chronique est écrite, méritant particulièrement le détour). Je me dois de souligner également que le choix de la BL de varier les plaisirs en diversifiant les franchises représentées dans ce calendrier de l’avent est très appréciable, et j’espère que cette idée simple mais de bon goût sera reprise dans les futures itérations du concept. Réponse dans quelques mois !
LUPERCAL’S WAR [HH]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette chronique de ‘Lupercal’s War’, le premier recueil de nouvelles introductif pour la franchise Hérésie d’Horus publié par la Black Library. Ce n’était sans doute qu’une question de temps avant que Nottingham franchisse le Rubicon litteris et adapte à son troisième univers majeur un format qui a déjà été testé et re-testé pour 40K (‘Crusade & Other Stories’, ‘Nexus & Other Stories’1) et Age of Sigmar (‘Hammerhal & Other Stories’, ‘Sacrosanct & Other Stories’2), voire les deux (‘The Hammer & the Eagle’3), avec des résultats assez probants je dois dire. Cependant, l’Hérésie ne se prête sans doute pas un décalquage bête et méchant (comme l’Empereur, quoi) du concept, du fait de ses particularités.
Contrairement à 40K et AoS, le 30ème millénaire suit un narratif précis (même si très fouillé et foisonnant), qui oblige le lecteur à ingurgiter des pages et des pages de fluff pour chacun des personnages et factions majeurs de la franchise pour pouvoir comprendre ce dont il en retourne lors des derniers événements de la série. Parvenir à donner à un lecteur non-familier à cet univers les bases historiques, culturelles et idéologiques pour chacune des 18 Legiones Astartes + Pépé (l’approche choisie par la Black Library), par le biais d’une (deux pour les chanceuses) seule nouvelle, est loin d’être facile. Format introductif – et prix très réduit – oblige, les éditeurs de cet imposant volume se sont également astreints de n’utiliser que des travaux déjà publiés pour remplir leur sommaire, ce qui rajoute une nouvelle contrainte. Le défi que ce ‘Lupercal’s War’ doit relever est donc beaucoup plus important que celui de ses prédécesseurs, à mon humble avis.
Comme pour tous les recueils de cette gamme, j’élargirai donc mon approche critique à une nouvelle dimension : le caractère approprié de la.es nouvelle.s choisie.s par les pontes de la BL pour présenter chacune des factions abordées ici4. Le cas échéant, je ne me priverai pas pour mettre en avant l’histoire qui me semblait faire mieux l’affaire, à mon petit niveau. Le cadre étant posé, il est temps de passer à l’autopsie de cet ambitieux pavé (le petit nom donné par Valdor à Horus avant que tout parte en cacahouète). Start here ⬇️, comme ils disent.
1 : Chroniqués ici et là, si ça vous intéresse.
2 : Ici et là.
3 : Ici.
4 : J’en profite pour me plaindre de l’absence dans ‘Lupercal’s War’ de protagonistes majeurs, qui auraient pourtant mérité un tel traitement : l’Adeptus Custodes, les Sœurs du Silence, l’Adeptus Mechanicus, les Légions Titaniques, l’Armée Impériale et les Chevaliers Errants.
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L’Empereur – The Last Church (G. McNeill) :
INTRIGUE:
Il n’est pas loin de minuit dans l’Église de la Pierre Foudroyée, comme le constate le Père Uriah Olathaire en allumant les cierges du saint lieu. Un seul coup d’œil au coucou suisse cassé qu’il a volé à son propriétaire légitime lors de sa folle jeunesse suffit à notre héros pour se rendre compte que l’heure est grave, très précisément minuit moins deux sur l’horloge de l’apocalypse. Lorsqu’elle se mettra à sonner, l’a prévenu l’horloger auquel il a dérobé l’artefact, cela chauffera dans les chaumières. En attendant, Olathaire se prépare à célébrer la messe de minuit dans une profonde solitude, aucune de ses ouailles n’ayant jugé bon de braver la tempête sévissant cette nuit là pour monter au sommet du Ben Nevis1 assister au sermon de notre ecclésiastique. Plus que sur les conditions climatiques ou le dénivelé, il faut mettre cette désertion sur le compte des commandements laïques édictés par ce soi-disant Empereur, ayant conquis presque tout Terra pour y imposer son joug athée. Résolu à accomplir tout de même son office, Uriah est interrompu par l’arrivée d’un visiteur, se présentant sous le nom de Révélation, et venu avec quelques amis patientant tranquillement sur le parvis, discuter avec le prêtre de la dernière église terrane avant que cette dernière ne soit réduite en cendres. Du tourisme de l’apocalypse en quelque sorte…
Début spoiler 1…Ravi d’avoir un peu de compagnie, Uriah engage la discussion avec l’intrigant voyageur, qui ne met pas longtemps à exprimer ses vues résolument séculières et rationnelles à son hôte. S’engage alors une joute enfiévrée voyant les deux hommes échanger leurs arguments sur les mérites et les dangers de la foi. Guère convaincu par l’exhibition de la pierre sacrée dont l’église tient son nom, Révélation se montre cependant disposé, après un petit whiskey, à écouter Uriah lui raconter le soi-disant miracle dont il a été témoin lors de sa jeunesse, et qui l’a poussé à endosser le surplis. Notre prêtre était de son propre aveu une canaille en son jeune temps, et s’était piqué de voyager à la recherche de contrées pas encore assujetties au règne de l’Empereur, qui avait à cette époque déjà conquis la majeure partie de l’Europe. N’ayant réussi à rien d’autre qu’à se faire jeter d’une falaise italienne par un Guerrier Tonnerre dont il avait traité la maman de gorille, l’infernal Écossais était revenu chez lui pour un temps, avant de repartir pour se faire soldat dans toute armée de résistance à la tyrannie impériale qui voudrait bien le prendre. Et, comme de juste, il avait trouvé avec qui parler en se rendant en France (Franc dans le texte), un Etat connu dans le monde entier pour la belligérance de ses habitants. C’est ainsi qu’il s’était retrouvé mêlé à un soulèvement local, vite écrasé dans le sang par la patrouille de Guerriers Tonnerre de la région. Seul survivant du massacre, Uriah avait repris connaissance dans une forêt et vu une figure lumineuse s’approcher de lui pour tenir à peu près ce langage : « Yo dog, we cool now ? ». Transporté par cette expérience extraordinaire, il avait abandonné sa vie de marginal pour obéir au commandement divin qu’il était certain d’avoir reçu dans cette clairière abandonnée.
Cette émouvante anecdote ne convainc cependant pas Révélation de baisser sa garde, et il continue à critiquer les ravages de la religion2 à travers l’histoire avec tant de hargne que le bon prêtre finit par lui montrer la porte. Comprenant qu’il a épuisé la patience de son hôte, le visiteur laisse alors tomber le masque et se révèle être…
Début spoiler 2…L’Empereur en personne. Sous sa forme néon de cabine d’UV, qui plus est. Il ne faut pas longtemps à Uriah pour réaliser que c’est lui qu’il a vu dans la forêt il y a toutes ces années, et qu’une mauvaise interprétation a conditionné toute sa vie jusqu’à ce moment. C’est la lose. Un peu hébété par cette…épiphanie, le prêtre accepte de suivre Pépé à l’extérieur de l’église, et d’enfin souscrire à sa vision du monde… jusqu’à ce que l’Empereur lui révèle son grand projet de conquête de la galaxie, à laquelle Uriah ne croit pas du tout. Et lorsque le puissant monarque répond à la question « pourquoi ? » par un pauvre « parske-euh », le charme est définitivement rompu. Uriah préfère donc retourner dans son église, incendiée par les Guerriers Tonnerre amenés en renfort par leur boss, plutôt que de donner la satisfaction d’une victoire morale à son contradicteur. Ainsi brûle la dernière église de Terra, au son prophétique du coucou de l’apocalypse…Fin spoiler
1 : Pure supposition de ma part, mais McNeill, qui s’est donné pour mission de vendre son Écosse natale dans l’univers de 40K, donne quelques indices supportant cette thèse.
2 : On apprend à cette occasion qu’au 30ème millénaire, les gens se souviennent encore de Béziers. C’est tout de même la classe.
AVIS:
Je ne sais pas si la GW-Fiction sera un jour considérée comme autre chose que de la littérature de gare (ou de spatioport, pour rester dans l’ambiance), mais je peux déjà m’avancer en plaçant ‘The Last Church’ parmi les « classiques » de ce sous-sous-sous-sous-genre. Car McNeill réussit ici à livrer un texte aussi surprenant qu’intéressant et profond (toute proportion gardée, bien entendu), et justifie ainsi son positionnement parmi les meilleurs contributeurs de la Black Library… quand il s’en donne les moyens1.
Cette nouvelle est surprenante, car elle est (presque) totalement non-violente, et place le lecteur dans une situation des plus inhabituelles pour la littérature millénariste de Games Workshop : foin d’héroïques Space Marines, de courageux soldats impériaux, d’inflexibles Inquisiteurs, ou de civils apeurés2 ici, seulement un vieux prêtre et son visiteur inattendu, dialoguant des mystères de la foi et des conséquences, aussi positives que négatives, que cette dernière a eu pour l’humanité depuis l’aube des temps. Si les arguments convoqués par les débatteurs ne sont pas à placer au pinacle de la réflexion philosophique ni au sommet de l’art oratoire, il faut tout de même reconnaître que McNeill réussit à faire passer cet échange de façon distrayante et parfois instructive pour le lecteur, ce qui n’était pas couru d’avance pour un auteur spécialisé dans l’art délicat du grimdark d’action. Autre surprise et prise de risque, à mes yeux concluante, de Graham McNeill, son utilisation du personnage le plus central et intouchable de l’univers de 40K, Pépé 1er. La véritable identité de Révélation sera comprise par le lecteur plus ou moins tôt dans la nouvelle, en fonction de sa connaissance du fluff et de son attention aux petits indices égrenés par McNeill, mais la véritable surprise demeure ce choix de mettre l’Empereur à hauteur d’homme le temps d’une nouvelle, et de le laisser s’exprimer assez longuement au cours de cette dernière, alors que la norme avait jusqu’ici été de cantonner MoM à l’élément de décor3, balançant de temps à autres une phrase d’une infinie sagesse pour le bénéfice du fanboy transi. Ici, ce dernier en aura vraiment pour son argent, et The Last Church constitue encore à ce jour l’un des textes où Big E est le plus disert, ce qui en fait un passage quasi obligé pour tout citoyen impérial qui se respecte.
Cette nouvelle est également intéressante, car elle couvre de nombreux aspects des Luttes d’Unification, sorte de préhistoire impériale pendant laquelle de nombreux événements ont été mis en branle qui trouveront leur conclusion dans les siècles et millénaires suivants. Qu’il s’agisse de détails géographiques, historiques ou personnels, l’éclairage apporté par les souvenirs du Père Olathaire est précieux pour le fluffiste acharné, ou simplement curieux d’en apprendre un peu plus sur la manière dont Pépé a enfin tapé du poing énergétique sur la table pour réaliser son rêve galactique. En matière de construction narrative, McNeill parvient également à tirer son épingle du jeu en maintenant du suspens jusqu’à la fin de son récit. Comment Olathaire va-t-il réagir à sa propre révélation, lorsqu’il comprendra que son miracle personnel, sur lequel sa foi s’appuie, n’était en fait qu’une rencontre furtive entre un survivant en état de choc et un Empereur parti faire un tour en forêt ? Tout se joue dans les dernières lignes de la nouvelle, faisant de cette dernière une des plus abouties de McNeill de ce point de vue.
Enfin, cette nouvelle est profonde, et confine parfois à l’ironie, à travers le discours tranché livré par Révélation sur la religion et ses méfaits. Quand on sait comment l’histoire se termine, ou en tout cas se poursuit après cet ultime incendie d’église par un païen à cheveux longs4, la laïcité militante de l’Empereur apparaît comme le plus gros You had ONE job de l’histoire de l’humanité, tout comme son horreur absolue de l’Inquisition… Encore plus intéressant est le renversement de situation opéré par McNeill dans les dernières pages de la nouvelle, lorsque le jusqu’ici très rationnel Empereur ne peut justifier son projet de conquérir la galaxie par un « je sais que j’ai raison » assez minable, qui vient ruiner tout son argumentaire nocturne, et pousse finalement son interlocuteur à demeurer fidèle à sa foi, et à prendre son congé en prévenant Révélation qu’il deviendra sûrement ce qu’il s’était juré de détruire. Warhammer 40.000 étant un univers reposant à bien des égards sur de profonds paradoxes, l’exposition d’un des plus centraux de ces derniers prouve, si besoin était, l’excellente compréhension que Graham McNeill a du cadre dans lequel il évolue. Cela peut certes sembler banal pour le lecteur, mais la BL a connu son lot de soumissions ratées à cause de connaissances trop légères de la part de ses contributeurs : il faut donc reconnaître un auteur « bien (in)formé » quand on en croise un. En définitive, The Last Church se positionne très sérieusement comme l’une des meilleures nouvelles signées McNeill de l’Hérésie d’Horus, et peut-être même de sa production totale pour le compte de la Black Library.
1 : Car il y a tout de même beaucoup de scories dans sa production, vous ne m’en ferez pas démordre.
2 : Probablement parce qu’ils ont tendance à tomber comme des mouches dès lors que les trois autres catégories de personnages sont présents.
3 : Du genre luminaire, si on doit en croire sa propension à générer des flashs aveuglants.
4 : C’était bien la peine d’exterminer les Scandinaves pour leur piquer leurs traditions ancestrales.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Comme dit ci-dessus, on est en présence d’un des textes les plus marquants et importants de l’Hérésie d’Horus, dans lequel l’Empereur est présenté sous son « meilleur » jour, d’un point de vue narratif. Malheureusement pour Lui, et pour nous, Pépé passera en effet la majorité de l’Hérésie à balancer des one liners plus ou moins profonds comme un PNJ donneur de quête, ce qui est un niveau d’implication un chouilla décevant pour un personnage à l’omniscience et l’omnipotence quasi établies. Ici, on le voit en majesté, si je puis dire, mais McNeill prend également soin de montrer que derrière la bienveillance apparente de son grand projet d’unité terrane et de conquête de la galaxie se cache une tendance absolutiste pas vraiment subtile, et un complexe de supériorité irrépressible (« t’es pas content? Bim, triplé autodafé. »), qui viennent tempérer l’image d’autocrate idéal qu’il cherche à se donner. Une très bonne addition à cette anthologie, donc.
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Dark Angels – Savage Weapons (A. Dembski-Bowden) :
INTRIGUE:
Début de journée classique pour Corswain, Champion du 9ème Ordre (ce qui est mieux que champion de 9ème ordre, reconnaissons-le). Après avoir fait son rêve habituel, étrange et pénétrant, d’une bête bien connue qu’il n’arrive jamais à vaincre dans son état catatonique, bien qu’il porte la pelisse de ce prédateur de Caliban sur l’épaule, il est convoqué avec son supérieur, le balafré+++ Alajos, par le Primarque des Dark Angels, Lion El’Jonson en personne. Et comme d’habitude, le léonin surhomme se prend la tête pour essayer de déjouer les friponneries des Night Lords dans le sous-secteur de Thramas, sans succès concluant depuis deux ans1. Ce manque de progrès tape sur les nerfs de ce bon Lionel, qui se doute bien qu’il y a de plus gros poissons hérétiques à ferrer dans le reste de la galaxie. Malgré tout, le devoir chevillé au corps du Primarque le pousse à persévérer dans ce jeu du chat et de la chauve-souris, et même à accepter l’invitation, inattendue il faut le reconnaître, de Kurze de se rencontrer sur une planète paumée pour taper la discute, comme au bon vieux temps. Le Lion, qui a juste entendu « taper », est d’accord, malgré les remarques sensées de ses petits frères, qui soupçonnent logiquement un piège. Confiant dans sa bogossitude naturelle et son statut de personnage nommé, le patron des anges sombres fait fi des conseils de prudence, et part avec le 9ème Ordre comme escorte au rencard fixé par son frérot.
Arrivée à proximité du monde de Tsagualsa, où doivent se tenir les pourparlers, la flotte loyaliste est accueillie par l’opérateur radio le plus irrespectueux de la galaxie, le Premier Capitaine Sevatar des Night Lords. Entre deux punchlines désinvoltes, le hallebardier le plus tristement célèbre des Legiones Astartes informe ses interlocuteurs que le point de rendez-vous a été fixé dans le chantier de forteresse que les Night Lords sont en train de construire sur la planète. Une petite téléportation plus tard (malgré le fait que Corswain n’aime pas vraiment ça, mais tout le monde s’en fout et le Lion en premier), voilà Lionel rendu sur place avec ses deux gardes du corps, comme convenu par le gentlepostmen’s agreement fixé par les parties en présence. Il ne faut pas longtemps pour que Konrad, bronzé comme jamais, n’arrive à son tour, avec son gang: l’impayable Sevatar bien sûr, mais également un dénommé Shang, choisi sans doute pour respecter les quota de représentation des minorités.
Les retrouvailles entre les deux frangins sont glaciales, malgré les efforts déployés par Konrad pour briser la glace et raviver l’esprit de franche camaraderie entre les deux enfants sauvages de la fratrie… qui n’a sans doute jamais existé. Il convainc toutefois Lionel d’aller faire un petit tour en tête à tête, laissant les quatre Capitaines échanger quelques boutades de bon aloi. Sevatar, qui est responsable de la défiguration d’Alajos, ne se gène pas pour mettre évoquer ce sujet encore douloureux (surtout pour le principal intéressé, que l’on sent tout prêt à lancer la belle), mais le tact et l’érudition de Corswain, qui parle Nostraman comme une vache espagnole, c’est à dire relativement bien, font légèrement retomber la pression entre cousins. On apprend également l’origine des magnifiques gantelets rouges arborés par le Premier Capitaine des Night Lords, une marque d’infamie pas si différente des casques écarlates des Ultramarines censurés. Comme quoi, tout est dans tout, et inversement.
Ce plaisant badinage est toutefois interrompu par le retour des Primarques, toujours aussi fâchés l’un contre l’autre. Enfin, surtout Lionel, outré que l’on soupçonne la fidélité de la moitié de Légion qu’il a laissé pourrir sur Caliban, et qui profite de l’inattention de Konrad pour l’empaler avec son espadon de maître de deux mètres, un peu en traître tout de même. Ce qui aurait été une blessure mortelle pour n’importe qui n’a que l’effet d’une simple gifle pour Kurze, que ses capacités physiques de Primarque sauvent d’un trépas ignominieux. C’en est toutefois terminé des gentillesses, et le combat s’engage entre la team robe de bure et la team cheveux gras. Si le Lion a d’abord l’avantage grâce à ses talents d’escrimeur, la tentative de strangulation dont il est la victime de la part du Nighthaunter lui fait perdre un peu de sa superbe, et motive Corswain à voler au secours de son seigneur. Cela laisse le pauvre Alajos Alaramasse (son deuxième prénom) contre Shang et Sevatar, combat inéquitable dans lequel le Capitaine laisse bientôt sa tête, non sans avoir réussi à faire perdre la main au Night Lord pas important (je vous laisse deviner de qui il s’agit) auparavant.
L’intervention de Corswain, si elle permet au Lion d’éviter d’avaler sa neuroglotte, se passe assez mal pour le chevalier blanc et noir, dont la tentative de rodéo kurzien se termine assez rapidement, et dans la douleur. Malmené par son adversaire, et avec un taux d’invalidité en rapide progression, le Champion n’est sauvé que par le retour sur le ring de Lionel, qui a mis beaucoup de temps à se relever pour un Primarque2. Son paternel étant à nouveau occupé, notre héros est sur le point de finir en kebab sur la lame de Sevatar quand les renforts finissent enfin par arriver. Dark Lords et Night Angels déferlent par dizaines sur le champ de bataille, parviennent à séparer leurs patrons qui en étaient réduits au bras de fer chinois pour se départager, et repartent chacun de leur côté. Corswain regrette un peu d’avoir perdu son épée dans la mêlée, mais comme il l’a égarée dans le fessier d’un Primarque, il ne s’en formalise pas trop…
Notre nouvelle se conclut presque comme elle a commencé, Corswain arrivant enfin à (r)avoir la peau de la marmotte de Caliban qui lui faisait tant de misère dans ses rêves, avant d’être convoqué par son boss. Il est depuis devenu Capitaine du 9ème Ordre, en remplacement du pauvre Alajos, qui s’est bien frotté à plus fort que lui en la personne de Sevatar. Les nouvelles qui tombent sont toutefois un peu particulières, car Roboute Guilliman a envoyé un smiley à Lionel, qui ne pige rien aux émojis. Le message qui a suivi a cependant fait comprendre au Lion que son frère nourrissait lui aussi quelques pensées plus ou moins hérétiques, ou, tout du moins, sécessionnistes…
1 : Plus j’avance et plus tu recules, comment veux-tu que je t’accule?
2 : Peut-être essayait-il de solliciter l’arbitre de la rencontre pour demander la VAR sur l’étranglement des yeux bassement exécuté par Kurze.
AVIS:
Aaron Dembski-Bowden débute dans l’hérétique carrière en terrain à moitié connu avec ce Savage Weapons, puisque celui qui était jusqu’ici principalement connu pour ses travaux Night Lords ne se gène pas pour mettre les fils de Nostramo au casting de son histoire. En plus de mettre en scène le Joker des Primarques (qui avait commencé par être Batman, c’est dire si les années ne lui ont pas été clémentes), ADB introduit également l’un de mes personnages préférés de la série, le caustique, cruel mais surtout charismatique Premier Capitaine Sevatar, qui parvient sans mal à voler la vedette au pauvre Corswain, sensé être le héros de l’histoire. En plus de balancer des répliques d’anthologie (et ça tombe bien pour un recueil de nouvelles) et de se foutre ouvertement de la gueule de Lionel par moment, Sev’ se révèle avoir une personnalité complexe et profonde, et absolument pas aussi dénuée d’honneur qu’il essaie de le faire croire. S’ajoute à cela son passif mystérieux de condamné à mort en sursis, qui en fait un paria en même temps que l’individu le plus influent de la Légion après son Primarque. Et pour ne rien gâcher, notre surhomme est un bretteur de talent, maniant une arme certes improbable, mais absolument classe, avec des effets dévastateurs. Bref, voilà une entrée réussie dans le grand bazar qu’est cette Hérésie!
‘Savage Weapons’ mérite également la lecture en raison des portraits intéressants qu’ADB fait des Primarques convoqués, à la fois radicalement opposés et étrangement similaires sur certains points. Usant des talents de divination de Kurze, l’auteur peut également balancer quelques clins d’œil sur le lointain futur, et commencer à détruire la réputation de loyaliste de Lion El’Jonson. De son côté, le chevaleresque Maître de la Première Légion exsude une aura paladine presque palpable… mais est tout de même celui qui frappe son frérot en traître au début de leur bataille de polochons1. Le natif de Caliban apparaît comme un être parfait et froid, jusqu’à la limite de la sociopathie, et c’est très bien comme ça. Après tout, on est pas dans le monde des Bisounours2. De bonnes bases donc pour ces personnages importants, mais pas centraux, de l’Hérésie, sur lesquelles les auteurs prenant la suite de la couverture médiatique de la Croisade de Thramas, et de l’arc de l’Imperium Secondus, purent capitaliser (ou pas)3.
Enfin, notons les effets de style assez intéressants intégrés par ADB à son histoire, avec une introduction et une conclusion construite en quasi-miroir, ce qui est une manière de souligner que les Dark Angels n’ont pas fini de courir le sous-secteur à la poursuite de leurs insaisissables Némésis. Un jour de la marmotte un peu spécial (et spatial) pour Corswain, en quelque sorte, qui a tout de même gagné au change à la fin de la nouvelle, en ayant reçu une belle promotion et avoir enfin remporté son match de catch onirique. Il faut savoir profiter des petits bonheurs de la vie…
1 : Je remarque que ce pauvre Lionel n’a pas de chance dans ses duels avec ses frangins. Qu’il s’agisse de Leman Russ ou de Konrad Kurze, à chaque fois ça se finit en grosse empoignade de pochtrons se balançant des patates de forains. C’était bien la peine de passer autant de temps à pratiquer l’escrime médiévale sur l’Invicible Reason, tiens.
2 : Et pour cause, les Dark Angels les ont exterminés au cours de l’invasion de Caring, leur planète natale, au début de la Grande Croisade.
3 : On appréciera la référence faite à ‘The Lightning Tower’ dans le dialogue entre Konnie et Lionel, le premier ayant bien compris qu’il foutait les chocottes à ce planqué de Rogal Dorn, dont la peur du noir est la plus grande faiblesse.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Étrangement pour une Légion aussi importante dans le fluff du 30ème et du 40ème millénaire, les Dark Angels n’ont pas bénéficié d’une couverture très importante dans le corpus de nouvelles hérétiques, ce qui a limité les choix possibles au moment de construire ce recueil. ‘Savage Weapons‘, même si elle est au moins autant consacrée aux Night Lords qu’à leurs adversaires loyalistes, était une des meilleures alternatives possibles à mon avis, puisqu’elle permet au lecteur d’aborder quelques uns des thèmes les plus importants de l’importante Première Légion: la fidélité absolue de Lion El’Jonson envers son Pôpa, ses problèmes relationnels persistants (aussi bien avec ses parties prenantes internes et externes), son tempérament chevaleresque (jusqu’à un certain point), sa future implication dans l’Imperium Secundis, et évidemment la trahison prochaine des Déchus. Il ne manque à mon avis à ce tableau très convaincant que l’évocation du culte du secret chez les natifs de Caliban pour cocher toutes les cases du bingo Dark Angels. C’est donc validé de mon côté.
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Emperor’s Children – Imperfect (N. Kyme) :
INTRIGUE:
Nous surprenons une innocente partie de régicide entre les deux frangins les plus proches de la smala primarquielle : Horus et Sanguinius Fulgrim et Ferrus Manus. Entre deux mouvements savamment planifiés, les joueurs tapent la discute avec bonhommie. Enfin, c’est surtout le Phénicien qui mène la danse de ce côté, sa tendance à jacasser comme une pie tout en buvant du chardonnay et en prenant des poses alanguies semblant dissimuler un objectif plus profond que de faire tourner en bourrique la Gorgone. Les questions que Fulgrim adressent à son cher frère (Est-ce que tu te vois plutôt comme l’Empereur ou le Tétrarque ? Tu sais d’où vient le terme de régicide ? Quelle est la capitale du Lesotho ?) sont d’ailleurs assez spécieuses, pour ne pas dire borderline hérétiques…
Début spoiler…Lorsque Fulgrim finit par dévoiler son coup gagnant, appelé le jeu du traître, Ferrus finit par perdre son calme et rage quit comme la petite personne qu’il a toujours été. Déçu par la réaction de son frère, qu’il n’a pas réussi à rallier à sa cause comme il s’en était pourtant donné l’objectif, Fulgrim débranche l’éclairage tamisé qui baignait la scène et se révèle dans toute sa sinueuse et serpentine majesté. Ferrus, ou plutôt son clone, en reste bouche bée et finit empalé sur la queue du Primarque démon (en tout bien tout honneur, hein), qui pique une grosse colère devant l’hologramme de Fabius Bile patientant à l’arrière-plan.
L’Araignée a en effet une nouvelle fois échoué à produire une copie parfaite de la Gorgone (à sa décharge, il a dû travailler uniquement avec le sang séché qui restait sur la lame de l’épée de son boss), comme les vulgaires gantelets métalliques qui lui enserraient les mains le révélaient1. Heureusement, Bile est venu avec des stocks importants, et calme Fulgrim en lui envoyant la petite sœur, ou plutôt le petit frère dans ce cas précis. On quitte le boudoir du Primarque alors qu’un nouveau Ferrus Manus arrive pour débuter une partie avec son frérot préféré, sans voir le carnage absolu et le bordel monstre2 qui règne dans la pénombre renouvelée (les clones de Buffalo Bile ont la vue basse on dirait).
De son côté, l’Apothicaire dévoyé retourne à ses chères et chairs études, et la nouvelle se termine avec une petite visite de son laboratoire secret, caché au plus profond du Pride of the Emperor. Fidèle à sa réputation de bourreau de travail, l’Araignée ne s’est pas contentée de produire des quantités industrielles de Ferrus Manus pour flatter l’ego démesuré de son patron, mais a également planché sur d’autres modèles primarquiels, avec plus ou moins de succès il faut dire (son Sanguinius est assez raté). Son chef d’œuvre est un bébé Horus, reconnaissable à la tache de naissance cthonienne (un manbun ?) qu’il arbore sur la fesse. Ce pauvre petit être ne se doute pas de la vie de m*rde qu’il aura bientôt à affronter…Fin spoiler
1 : Ça montre surtout que Fulgrim ne comprend rien à la génétique.
2 : Vous pensez vraiment que Fulgrim est du genre à ramasser les pièces et à les reposer sur la table ? Je suis 100% convaincu qu’il a fait installer 40 plateaux de régicide dans la pièce pour s’éviter cette infamie.
AVIS:
Quelques années avant le (très bon) ‘The Board is Set’ de Gav Thorpe, Nick Kyme a exploré le parallèle entre jeu de plateau et hérésie à travers ce sympathique ‘Imperfect’, dont le retournement final est assez bien amené je dois dire. En bonus, on en apprend plus sur les relations qui unissaient Fulgrim et Ferrus Manus du temps où ils pouvaient se voir tête à tête (mouahaha), ce qui est toujours bon à prendre pour les fluffistes acharnés. Une nouvelle de qualité à mettre au crédit de Kyme.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Malgré ses qualités intrinsèques, ‘Imperfect’ est à mes yeux une erreur de casting retentissante de la part de la Black Library, puisqu’elle traite de Fulgrim (et de Ferrus Manus) au lieu de nous éclairer sur les Emperor’s Children. On pourrait arguer que c’est finalement assez fluff que le Primarque avec l’ego le plus KOLOSSAL1 vienne s’arroger la nouvelle qui aurait dû présenter sa Légion, mais cette dernière méritait mieux. Je pense notamment à ‘Chirurgeon’ (toujours signée Nick Kyme), qui met à nouveau en vedette ce vieux Fabius Bile et lève le voile sur l’affliction dégénérative qui a faillit faire disparaître les Emperor’s Children. A mon sens, c’est cet événement qui permet de comprendre pourquoi la 3ème Légion est tellement obsédée par la recherche de la perfection (un trait de personnalité qui la mènera à sa chute), et il aurait donc été judicieux de la part de la BL d’intégrer cette nouvelle au sommaire de ‘Lupercal’s War’.
1 : Je suis persuadé qu’il a reçu une queue de serpent lors de son apothéose afin de se débarrasser des disgracieuses chevilles d’éléphant qu’il avait développées pendant sa vie mortelle.
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Iron Warriors – The Iron Within (R. Sanders) :
INTRIGUE:
‘The Iron Within’ permet à Sanders de mettre sous les feux de la rampe un Iron Warrior ayant choisi de se battre dans le sens de l’histoire, le Warsmith Barabas Dantioch. Il reste en ceci fidèle au portrait en clair obscur qu’il avait dressé de son dernier héros Marine (Elias « le Codex Astartes est formel sur ce point » Artegall, Maître du Chapitre des Crimson Consuls1), préférant s’attarder sur les faiblesses de son personnage pour le caractériser plutôt que sur ses forces, logique tout à fait défendable quand on parle de surhommes génétiquement supérieurs en tous points au reste de l’humanité.
La tare de Barabas, qui lui attache la sympathie du lecteur, n’est cette fois pas d’ordre psychologique, mais physique, puisque le Warsmith est le premier Marine atteint de mucoviscidose (et pas qu’un peu) de l’histoire de la Black Library. Évidemment, cette affliction découle d’une glorieuse campagne contre les Hruds, apparemment capable de réduire en grabataires même les meilleurs de l’Empereur par le seul poids du nombre (me demandez pas pourquoi). Prématurément usé par cette ultime bataille dont il fut quasiment le seul rescapé (l’autre survivant ayant fini dans un Dreadnought, et encore, un Dreadnought avec déambulateur), Barabas s’est trouvé affecté à la garde d’une planète de huitième ordre, poste honorifique mais véritable mise au placard déguisée, Perturabo n’ayant semble toute guère apprécié que sa Légion soit la première à devoir verser une pension vieillesse à un de ses combattants.
Isolé dans son trou ferreux, Barabas s’est occupé comme il a pu pour tuer le temps, ce qui pour un Iron Warrior, consiste surtout à construire des miradors derrière la haie et à installer des multi-lasers dans les bacs à géraniums. Malheureusement pour le pré-retraité qu’il est devenu, l’arrivée de l’arrogant et hérétique Warsmith Krendl va le forcer à prouver au reste de la galaxie que le vioque touche toujours sa bille en matière de conduite de siège.
1 : Voir ‘The Long Games at Carcharias’.
AVIS:
Si ni le thème, ni la conclusion de l’histoire ne sont très originaux, Sanders parvient bien à retranscrire l’effroyable guerre de positions qui oppose loyalistes et chaotiques, dans une sorte de préquelle clin d’œil à la bataille de Terra, au cours de laquelle les Iron Warriors affronteront cette fois leurs rivaux de toujours au lieu de leurs propres frères. S’il fallait retenir une morale de tout ceci, c’est que l’abus de Chaos est mauvais pour le sens stratégique, le méchant Krendl conduisant son offensive comme une savate, malgré les avantages quantitatif et qualitatif dont il dispose pour mener la réduction de la place-forte ennemie.
Certes, on peut se dire que Barabas est un Warsmith vétéran, défendant son chef d’œuvre en compagnie de troupes sur-motivées, mais son adversaire étant lui aussi un Iron Warrior de haut rang, et de ce fait un expert de la prise de fortifications, la correction que papy gaga lui inflige apparaît légèrement too much. On n’a pas vraiment l’impression de voir deux grands stratèges s’affronter à distance en se rendant coup pour coup, mais plutôt le sentiment d’assister à une partie de tower defense, les assaillants tombant comme des mouches pour gagner le moindre mètre.
Cette petite déception écartée, il faut bien avouer que Sanders maîtrise tout à fait les codes du dernier carré super héroïque, le rythme s’accélérant progressivement au fur et à mesure que le nombre des gentils diminue et que ces derniers doivent sans cesse reculer devant l’avance inexorable des vagues ennemies. Il y a bien quelques sujets à froncement de sourcils, comme le personnage de Vastopol, « Guerrier-Poète » à l’importance dans le récit aussi grande que son utilité à ce dernier apparaît comme contestable, mais Sanders ne relâche jamais le rythme, et toutes les incohérences sont vite laissées de côté. En conclusion, une autre nouvelle de Marines de bonne facture à mettre au crédit du petit Rob, dont j’attends personnellement de voir s’il peut faire aussi bien en long format et avec d’autres protagonistes.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Inclure dans un recueil introductif comme celui-ci une nouvelle relatant un siège pour parler des Iron Warriors était un no brainer, mais je suis tout de même content (et soulagé) que la Black Library ait fait le choix de la facilité. Si on veut chipoter, on peut regretter que ‘The Iron Within‘ soit centré sur l’exception Barabas Antioch, qui en tant que loyaliste ne représente pas la mentalité dominante chez les autres Iron Warriors, entièrement loyaux à leur Primarque otaku. Comme Krendl a eu l’honneur d’être le héros de sa propre nouvelle (‘Ironfire‘, écrit par le même Sanders), cette dernière aurait pu être considérée, tout comme la plus récente ‘Embers of Extinction‘ du nouveau-venu Brandon Ellis.
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Iron Warriors – Black Oculus (J. French) :
INTRIGUE:
Les journées d’un Navigateur sont plus riches et hautes en couleurs que celles de la majorité des êtres humains de la galaxie, et le compte rendu fait par l’un des pilotes de l’Iron Blood de Perturabo de son voyage à travers l’Œil Noir en direction de Tallarn le montre bien. Malgré le fait que le saut Warp se soit bien passé, l’expérience a laissé le narrateur avec des séquelles profondes et sans doute définitives, qui ont mené les rationnels Iron Warriors à le placer sous sédation et à l’isolement, pour éviter que son malaise psychique ne les fasse rouiller (?).
Le plus traumatisant dans cette (nécessairement) sombre histoire semble avoir été les rires pré-enregistrés que notre héros triclope a entendu tout du long de sa transition galactique, et qu’il interprète maintenant comme la preuve indubitable que les dieux ne sont pas tombés sur la tête, mais se paient celles de Perturabo (et du reste de l’humanité d’ailleurs, comme ça pas de jaloux). Cela nous semble le comble du banal à nous, hobbyistes du M3, mais pour nos lointains descendants du 30ème millénaire, la surprise a dû être grande…
AVIS:
Si vous aviez envie d’avoir l’équivalent littéraire d’un écran de chargement entre ‘Angel Exterminatus’, qui se termine avec les Iron Warriors coincés au milieu de l’Œil de la Terreur suite au glow up de Fulgrim et ‘Tallarn’, la prochaine victime sur la to besiege liste de Perturabo, ‘Black Oculus’ est ce qu’il vous faut. Je pense que la plupart des lecteurs de l’Hérésie feront l’impasse sans sourciller.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Cette très courte nouvelle permet de se rendre compte que Perturabo n’est pas du genre à prendre des demi-mesures… et c’est à peu près tout. Comme l’Iron Man des Primarques n’apparait pas dans l’autre nouvelle Iron Warriors du recueil, je suppose que c’est un complément utile, mais ‘Black Oculus’ propose également un niveau de lecture inaccessible aux nouveaux-venus (mentions non contextualisées de l’Œil Noir et de Tallarn), ce qui est problématique ici.
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White Scars – Brotherhood of the Moon (C. Wraight) :
INTRIGUE:
La vie du Khan Torghun, chef de la Confrérie de la Lune des White Scars (aussi appelée 64ème Compagnie par les normies et les Sons of Horus), a pris un tour désagréable depuis qu’il a été associé avec la faction pro-Horus, et donc heresy-friendly de sa Légion. Mais peut-on vouloir à un White Scar de choisir l’option Faucon quand l’opportunité se présente, hein ? Capturé et interrogé par ses camarades ayant eu le nez de rester fidèles à Pépé, il consent à leur raconter comment il en est arrivé là.
Tout remonte à la campagne menée en coopération avec les Luna Wolves du Capitaine Verulam Moy dans la Ceinture de Tarsch. Le manque de progrès du contingent de la 16ème Légion avait contraint le haut commandement de la Croisade à lui dépêcher des alliés, sous la forme de la Confrérie de Torghun. Sans doute un appareillement décidé par un adepte un peu fleur bleue, trouvant poétique de faire coopérer deux factions lunaires sur le même conflit1. Sentant son homologue vexé par l’arrivée de renforts non sollicités, Torghun fit ce qu’il put pour arrondir les angles et put compter en cela sur l’aide de son second Hakeem, qu’il découvrit très déférent envers Moy (Moche et Méchant), sans qu’il comprenne tout de suite d’où venait ce respect interlegionnel.
Une attaque décidée sur une cité majeure du neuvième monde de la Ceinture fut l’occasion pour les deux forces de travailler de concert : pendant que les Luna Wolves infiltreraient à pinces les défenses adverses pour saboter les générateurs alimentant le bouclier défendant la position ennemie, les White Scars devraient faire diversion depuis les ailes, à grands renforts de burns et de rodéo urbain dans la périphérie de la cité. Car si la 5ème Légion déteste les Dreadnoughts, elle adore en revanche les doughnuts. Nuance importante.
L’opération se passa comme sur des roulettes (normal avec des White Scars me direz-vous), les assauts commandés par Torghun et Hakeem réussissant à semer la confusion parmi les défenseurs, et à sécuriser les objectifs fixés en amont de l’attaque. Au moment de se replier cependant, Hakeem insista auprès de son supérieur pour que les fiers bikers fassent une entorse à la règle du hit and ride qui les caractérisait pour mettre pied à terre et défendre leurs positions le temps que les Sons of Horus n’arrivent les soulager. Bien que 1) cela contredise la philosophie martiale du Grand Khan et 2) ses hommes ne soient pas équipés pour ce type d’affrontement (dur de caler un bouclier tempête à l’arrière d’une 125), Torghun accepta le défi après avoir compris de son subalterne qu’il s’agissait du plus sûr moyen de gagner le respect des coriaces Sons of Luna.
« Et Moy, et Moy, et Moy ? » vous entends-je demander. Eh bien Moy finit par arriver, et, bien que surpris de la résistance de ses alliés et du non-respect par ces derniers du plan de bataille, ne leur en tint absolument pas rigueur. Bien au contraire, et comme l’avait annoncé Hakeem, il devint bien plus amical envers les White Scars, au point d’inviter leurs deux commandants dans sa tente après le banquet de la victoire, pour une petite réunion de loge. On comprend alors que Hakeem était déjà initié, et qu’il a tout fait pour que Torghun le devienne aussi. Notre héros aura l’occasion plus tard de réaliser que le népotisme et l’entre soi causent autant de problèmes qu’ils ouvrent de portes, particulièrement lorsque son réseau fricote avec le Chaos. Mais ceci est une autre histoire (‘Scars’, pour être précis).
1 : Même cette vieille baderne de Moy relève cette coïncidence, c’est dire si l’intention était transparente.
AVIS:
Chris Wraight développe l’origine du protagoniste de sa série White Scars, Torghun Khan, dans cette petite mais solide nouvelle, qui lorgne franchement du côté du fan service pour les inconditionnels de Dan Abnett1. Comme tout le monde faisait ça à l’époque et que cela ne dessert pas le récit, on passera l’éponge sans problème. Après tout, ‘Brotherhood of the Moon’ est l’histoire d’un petit nouveau qui gagne la confiance et l’amitié d’un gros bonnet de la Grande Croisade : le parallèle avec Wraight, dont ‘Scars’ était le premier roman dans cette franchise et qui était encore loin d’être un Seigneur de Terra à l’époque, est assez troublant. Il faut voir cette nouvelle comme un bonus appréciable mais non nécessaire à la compréhension de ce dernier roman (qui était déjà publié au moment de la sortie de ‘Brotherhood of the Moon’, d’ailleurs).
1 : C’est lui qui a créé le personnage de Verulam Moy dans ‘Horus Rising’.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Les White Scars sont sans doute la Légion dont le fluff a été le plus enrichi par la franchise Hérésie d’Horus, comparé à ce qu’il était dans le background prédatant le lancement de la série. Les scissions internes qui ont travaillé cette faction lors des premiers temps de l’Hérésie sont en effet un ajout (intéressant, si je peux me permettre) récent à son histoire officielle, et Chris Wraight en a été le chroniqueur attitré dans ses travaux consacrés aux bikers de Jaghatai Khan. Le choix de la Black Library d’évoquer ce schisme, encore que de manière très indirecte, dans ‘Lupercal’s War’ est compréhensible (notamment d’un point de vue marketing, cet arc hérétique se poursuivant sur plusieurs romans et nouvelles), et ‘Brotherhood of the Moon’ permet au lecteur de saisir les bases de la culture de cette Légion (fais ce que voudras, mais à moto) au début de l’Hérésie, ce qui en fait une soumission pertinente à mes yeux.
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Space Wolves – Bjorn: Lone Wolf (C. Wraight) :
INTRIGUE:
Sur une plaine volcanique de Velbayne, les Space Wolves sont engagés dans une féroce bataille contre un ost démoniaque, une préparation adéquate à leur future purge de Prospero (l’univers est bien fait tout de même). Bien que Leman Russ en personne ait fait le déplacement, la star du jour est Bjorn, surnommé le loup solitaire par le reste du Rout depuis que le reste de sa meute a été unsuscribed from life par un Buveur de Sang lors de la campagne de Gryth. Par un heureux hasard, le même démon majeur, reconnaissable à ses mèches blondes effet mouillé (j’imagine), est présent sur Velbayne, et Bjorn est bien décidé à régler ses comptes avec la bête canicide d’une manière définitive.
Nous suivons donc sa course folle, son triple saut, son enfonçage de cordon (le joueur Démons était un gros newb) et pour finir son combat acharné contre sa Némésis khorneuse et cornue, en même temps que notre héros jusqu’ici silencieux égrène les noms de ses frères d’armes défunts. Protégé par son statut de personnage nommé et renforcé par une myriade de buffs, Bjorn couche le Buveur en moins de temps qu’il faut à son Primarque pour vider un tonneau de mjød, pour l’honneur de ses morts et la gloire des Space Wolves. On voit qu’il n’a pas perdu la main…
AVIS:
Soumission très honnête de la part de Chris Wraight pour cette micro-nouvelle, qui montre à quel point les liens unissant les frères de meute sont forts chez les Space Wolves, et à quel point le jeune Bjorn était une brute de corps à corps. Il n’était pas possible de faire beaucoup mieux que ça en trois pages/1.000 mots, c’est donc une mission accomplie en ce qui me concerne.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Fort heureusement, ‘Bjorn : Lone Wolf’ n’est pas la nouvelle choisie pour représenter les Space Wolves dans ‘Lupercal’s War’, car cela aurait fait court. Malgré sa brièveté, cela reste à mon sens un choix pertinent, car le lecteur est introduit aux valeurs profondes de cette Légion dans ces quelques pages, et se familiarise avec une des figures majeures de cette faction. Un bon bonus.
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Space Wolves – Bloodhowl (C. Forrester) :
INTRIGUE:
Que faire quand sa faction a pris une telle rouste qu’elle a été virtuellement annihilée et n’aura plus aucun impact sur la conclusion de l’Hérésie ? Plutôt que de demander conseil aux Légions Brisées ou aux Custodes, qui les ont précédés au panthéon de la lose glorieuse, les Space Wolves ont décidé de laver leur linge sale en et de famille au sortir de la campagne de Trisolian. Nous suivons donc le Jarl de la 13ème Compagnie (Dekk-Tra), Jorin Bloodhowl, alors qu’il emmène ses vétérans grisonnants et grommelants sur la planète de Bloodfall, après qu’un Leman Russ totalement déprimé lui ait donné la permission de s’absenter. Le but de l’escapade est de localiser un des lieutenants de Bloodhowl, Gunnar Thorolfsson, AWOL depuis l’incendie de Prospero. Le Jarl, qui espère toujours que la 6ème Légion pourra se rendre utile dans la défense de Terra, a en effet grand besoin de regonfler ses effectifs, et compte bien convaincre Thorolfsson et ses 200 loulous de regagner le bercail de Morkai, de gré ou de force.
L’explication de texte entre les frères d’armes devra toutefois attendre un peu, Bloodfall se trouvant être contestée par une bande de Night Lords en goguette, menée par le Prince de Bel Air du Perif1 en personne. Ce sinistre individu, qui avait déjà montré une sale tendance à la sociopathie et aux crimes contre l’humanité pendant la Grande Croisade, est devenu l’ennemi juré de Thorolfsson, qui a passé une bonne partie de son congé sabbatique à le pourchasser à travers la galaxie. Jugeant avec sagesse que s’il arrive à mettre la patte sur le Prince, il n’aura pas de mal à localiser son subalterne, Bloodhowl emmène donc ses hommes à l’assaut des positions Night Lords… et réalise assez rapidement que Booba (a.k.a. le Duc de Boulogne) est grave chaud avec son sabre énergétique. Largement surclassé par son adversaire, il ne doit sa survie qu’à l’intervention opportune de Thorolfsson, qui envoie un tir de plasma dans le buffet de son Altesse Noctilienne, et permet à Bloodhowl de remporter son « duel ».
Ayant contraint les Night Lords à se replier, les Space Wolves sont enfin libres de palabrer entre gens de bonne compagnie. Le ton de la discussion monte assez vite, Thorolfsson refusant tout net de retourner se battre contre les hérétiques menaçant Terra, comme lui demande Bloodhowl, arguant que ses hommes et lui sont plus utiles aux péquins moyens de l’Imperium dans leur défense des planètes laissées à la merci des Légions renégates du fait de leur peu d’importance stratégique. Le Jarl n’est pas de cet avis, et rappelle à son subalterne et objecteur de conscience qu’il a prêté serment à Russ et à l’Empereur, et qu’il ne lui appartient pas de choisir les combats qui lui semblent être les plus nobles. Aucun des deux tribuns n’arrivant à convaincre son vis-à-vis, on se résout à régler la situation par un duel à mort, comme le veut la tradition.
Bloodhowl, bien amoché par son combat contre le Prince du Périf, refuse de se faire représenter par un champion, et se fait donc fort logiquement mettre en KO technique par son adversaire. Thorolfsson, beau joueur, laisse toutefois la vie sauve à son adversaire, prétextant qu’obéir aveuglement aux traditions est aussi néfaste qu’obéir aveuglement aux ordres (quel esprit libre, vraiment). Il en veut pour exemple l’incendie de Prospero, commis par les Space Wolves sur l’ordre d’un Horus qui avait déjà basculé du côté sombre, et qui aurait pu être évité si la 6ème Légion n’avait pas bêtement obéi au Maître de Guerre. « Hmm maintenant que tu le dis, ça a pas l’air débile » répond Bloodhowl du haut de son ultime PV, avant de repartir la queue entre les jambes. Moralité : Jorin est nul au close.
1 : Sans rire, le gus s’appelle ‘The Prince of the City’s Edge’ en V.O. Ma traduction est tout à fait legit.
AVIS:
Chris Forrester réalise un début sans faute dans l’Hérésie d’Horus avec ce ‘Bloodhowl’, mélange de Space Marinade d’action bien dosée et de réflexion sur la culture et l’histoire des Space Wolves pendant leur heure de doute (juste après les événements de ‘Wolfsbane’). Un travail soigné et bien documenté, puisqu’on y trouve des références à la campagne de Dulan ainsi qu’à celle de Prospero, pourtant couvertes par d’autres auteurs (respectivement Chris Wraight et Dan Abnett), et des personnages tirés de ces vénérables écrits (Ulbrandr Crowhame, Hjalmar Stormfist, sans oublier ce vieux Bulveye). Mon seul regret fut de constater l’absence totale de conséquence de ‘Bloodhowl’ sur la suite de l’Hérésie, Jorin Bloodhowl et ses loyalistes premier degré repartant écluser du mjød avec Leman Russ, tandis que Gunnar Thorolfsson et ses loyalistes rebelles restent s’occuper du cheptel de Bloodfall. Comme Thorolfsson était une création de Forrester, et ne disposait donc pas d’une armure en scenarium1, on aurait pu s’attendre à une conclusion un peu plus tranchante et tranchée. Maintenant qu’il a prouvé qu’il avait les bases nécessaires pour participer à cette complexe œuvre collective qu’est l’Hérésie d’Horus, j’espère que Chris Forrester aura l’occasion de prendre en main des arcs narratifs (ce qui veut parfois dire les conclure), avant que la BL ne sonne la fin de la récré.
1 : Armure toute relative pour Bloodhowl lui-même, puisque personne ne s’est donné la peine de le faire revenir au 41ème millénaire (à la différence de presque tous ses sous-fifres). Et n’oublions pas que Mike Lee avait placé Bulveye à sa place à la tête de la Dekk-Tra dans ‘Wolf at the Door’…
ET POUR LES NOUVEAUX ?
‘Bloodhowl’ est indubitablement une nouvelle de qualité, mais elle arrive bien tard dans le déroulé de l’Hérésie, posant la question de sa pertinence dans un recueil destiné à des lecteurs novices. Chris Forrester prend certes le soin de contextualiser ses écrits pour ne pas perdre son public (qui autrement serait pardonné de ne pas comprendre pourquoi les Space Wolves ont leur mini-hérésie), et se paie le luxe d’un caméo de Leman Russ au lout de sa bife (toujours sympathique), mais j’ai un faible pour ‘The Thirteenth Wolf‘ en lieu et place de ‘Bloodhowl‘, ne serait ce que parce que cette histoire est directement liée à l’événement le plus marquant d’un point de vue Space Wolves de l’Hérésie : l’incendie de Prospero.
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Imperial Fists – Champion of Oaths (J. French) :
INTRIGUE:
Il y a des entretiens d’embauche plus facile que d’autres. Alors que la majorité d’entre nous a juste à savoir nommer trois qualités et trois défauts pour convaincre le recruteur, Sigismund des Imperial Fists va vraiment devoir donner de sa personne pour obtenir son dream job, lui. Notre homme candidate pour devenir le Maître du Temple, fonction honorifique s’il en est au sein de la VIIème Légion puisque les Templiers en question gardent le… temple du Phalanx où les Frères de Bataille jurent fidélité à l’Empereur et à Rogal Dorn. Pour obtenir ce poste convoité, l’impétrant doit vaincre en combat singulier la totalité de ses camarades, soit 199 Astartes vétérans à se farcir les uns après les autres. Même pour un guerrier de la trempe de Ziggy Jaune d’Œuf, l’épreuve est difficile, et notre héros encaisse les coups et les bosses au fur et à mesure que les duels se succèdent.
Cet affrontement au long cours est entrecoupé de flashbacks nous renseignant sur la trajectoire de Sigismund, depuis son enfance malheureuse dans les camps de réfugiés de Turquie (rebaptisée plateau ionien en M31), où il vit sa protectrice se faire tabasser à mort par une bande de wesh sanguinaires, jusqu’à son entraînement sous la conduite du maître d’armes Appius, alors qu’il n’était encore qu’un jeune et prometteur jaunard. L’occasion pour nous d’en apprendre plus sur la motivation profonde de Sigismund, qui va toujours de l’avant parce qu’il sait que les Space Marines ont le devoir de se battre à la place de ceux qui ne le peuvent pas. C’est beau, c’est noble, c’est grand, c’est corporate. Ce petit gars aurait pu faire Miss France, s’il n’avait pas choisi une autre voie.
Retour au Temple, et au boss de fin de la série infernale du Zig. Après avoir fisté sans répit et écopé de quelques bleus au passage, ne reste plus que ce bon vieil Appius en personne à maraver. Le problème, c’est que le vétéran a assez mal vieilli, et s’est fait enfermer dans un Dreadnought depuis l’époque où il refaisait le portrait de son padawan à grands coups d’espadon. Le combat n’est pas des plus équitables, mais les Imperial Fists sont du genre exigeant. Malgré un coup de moins bien passager, et un revers de bouclier énergétique en pleine face, Sigismund vient à bout de cet ultime adversaire en lui coupant le câble (ce qui est cruel quand on est confiné à un réservoir de liquide amiotique, tout de même). Félicité par Rogal Dorn en personne, qui était là incognito pour suivre l’épreuve pratique de son fiston favori, Sigismund devient officiellement le Maître des Serments, et reçoit l’épée de fonction qui va bien en reconnaissance de son nouveau statut. Un petit passage à l’infirmerie pour mettre de l’arnica (eh, c’est jaune aussi) sera sans doute nécessaire après cela…
AVIS:
John French se fait plaisir en retraçant en quelques pages bien senties la trajectoire de l’un des personnages les plus marquants des Imperial Fists pendant la Grande Croisade et l’Hérésie d’Horus (et même après cela), depuis ses humbles débuts jusqu’à sa prise de fonction comme Enfant de Juron. On peut y voir un avant-goût et un condensé du roman qu’il écrira un peu plus tard sur le même personnage, car tout est déjà bien en place à la conclusion de ces douze pages. L’exemple-type de la petite nouvelle à vocation fluffique, sans ambition particulière en matière d’intrigue mais très satisfaisante tout de même pour les amoureux de background, et grâce à la maîtrise consommée que l’auteur a de son sujet. Bref, un incontournable si vous êtes fan des Imperial Fists et/ou des Black Templars, ou tout simplement de l’Hérésie d’Horus en tant que telle.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Au risque de me faire huer par les fans les plus convaincus des Imperial Fists, qui auront sans doute apprécié cette nouvelle à la gloire du redoutable Sigismund, je pense que la Black Library aurait mieux fait de remplacer ‘Champion of Oaths‘ par ‘Duty Waits‘. Cette dernière histoire est beaucoup moins héroïque et riche en fluff que la première, mais elle a l’énorme intérêt de présenter la réalité du terrain pour un Imperial Fist forcé à patienter sur Terra que les hérétiques arrivent, ce qui a été leur lot pendant sept longues années, il faut le souligner. Mention honorable à ‘The Crimson Fist‘, qui illustre l’approche méthodique et disciplinée de la guerre qu’ont les surhommes en jaune, mais qui était évidemment trop longue pour être intégrée ici.
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Night Lords – Child of Night (J. French) :
INTRIGUE:
L’heure du jugement a sonné pour Fel Zharost, maître déchu du Librarium des Night Lords. Alors qu’il était retourné dans ses ténèbres natales du sous-monde d’Albia, sur Terra, pour attendre d’être assez âgé pour toucher sa pension d’ancien combattant, le légionnaire déserteur s’est fait traquer par un autre Astartes nyctalope, et commence la nouvelle en contemplan le canon du pistolet bolter pointé sur son crâne chauve. Se jugeant sans doute coupable d’assez de crimes pour mériter une exécution sommaire, Fel Zharost exprime toutefois la dernière volonté de partager avec son futur bourreau ses souvenirs les plus mémorables, afin que ce dernier puisse appuyer sur la gâchette en connaissance de cause. Son interlocuteur n’est pas d’accord, mais on ne peut pas vraiment dire non à un Psyker télépathe qui veut remonter sa memory lane, et nous voilà donc partis pour un voyage dans les années tendres du Night Lord.
Tout a commencé de manière violente, cruelle et tragique, comme souvent à Albia1. À l’époque guère plus qu’un minot dégingandé et territorial, Baby Fel avait été surpris en compagnie d’une camarade de gang (Calliope) par un estranger en armure de céramite, à la recherche de nouvelles recrues pour les Légions de son Pépé, déjà parti depuis plusieurs décennies faire croisade dans la galaxie. Habités d’une confiance en eux inversement proportionnelle à leurs chances de sortir vainqueurs d’un tel affrontement, les deux jeunots avaient décidé de se venger de l’intrusion en assassinant le Space Marine alors qu’il repartait bredouille vers la surface. Bien qu’ils s’en soient sortis de manière très honorable, en lui sectionnant la jugulaire et lui crevant un œil avec leurs tessons de bouteille (le fighting spirit des Anglais n’est plus à démontrer), cela n’avait pas empêché le colosse transhumain d’abattre Calliope et de ramener Fel Zharost avec lui jusqu’au centre de formation le plus proche. L’expérience avait été si violente que l’adolescent avait pris pleine connaissance de ses pouvoirs psychiques, jusque là latents. Certaines pubertés sont plus difficiles que d’autres.
Le deuxième souvenir qui nous est proposé est celui d’une mission menée par les Night Lords pendant la Grande Croisade contre les dirigeants corrompus de l’Enclave Saragorn, coupables d’avoir fait du trafic d’organes à l’échelle industrielle (ce dont l’Empereur se fout comme de son premier fer à lisser) et d’avoir utilisé pour cela des mutants impurs (un scandale sanitaire et éthique absolument terrible). On assiste à l’approche onirique cauchemardesque de la guerre qu’ont les Night Lords, Fel Zharost plongeant le Gouverneur déchu (Mortinar) dans une boucle sans fin d’hallucinations terrifiantes, le réveillant de temps à autre pour prolonger le plaisir. Comme il l’explique posément pour la huitième fois de suite – ils ont des défauts, c’est certain, mais les Night Lords sont pédagogues – à sa victime hébétée, la 8ème Légion n’est pas là pour rendre la justice ou corriger les torts causés, mais seulement pour punir de manière spectaculaire ceux qui le méritent. Comme dit la Compagnie Créole (rattachée directement au Nighthaunter d’après mes sources) : c’est bon pour le moral… des autres.
La troisième et dernière vision partagée par Fel Zharost est celle de sa déchéance, prononcée de manière évidemment nonchalante par Sevatar en personne, alors que le petit Konrad était en train de se faire morigéner par ses frères dans une autre nouvelle. La scène se déroula après la proclamation de l’Edit de Nikea, auquel les Night Lords essayèrent – au début – de se conformer. Les deux Night Lords ne s’appréciant guère, l’Archiviste démobilisé reprochant au premier Capitaine d’être le symptôme de la corruption et du dévoiement des « valeurs » originales de la Légion, il ne fut guère étonnant que l’entrevue finisse par déboucher sur une petite baston entre Fel Zharost et Sevatar, après que le second eut condamné le premier à l’exil, sous peine de mort. Bien que l’Ecuyer du Primarque soit le meilleur combattant des deux, les pouvoirs psychiques de Fel Zharost lui permirent de laisser quelques marques sur l’armure de sa Némésis, avant que le flash de la Go Pro de coque de Sevatar ne vienne ruiner sa concentration et mettre fin à ce duel.
Retour dans les bas-fonds terrans, où cette diva de Fel Zharost a une nouvelle doléance à faire passer à son nouveau copain (un peu givré et désorienté à ce stade) : utiliser ses souvenirs pour voir le soleil une dernière fois. La nature fouineuse du Night Lords le mène cependant à fouiller dans d’autres dossiers mentaux du légionnaire Abribus, ce qui lui permet d’apprendre ce petit détail qu’est le déclenchement de l’Hérésie. Car il faut croire que Pépé n’a pas jugé bon de faire installer la 5G dans les zones déshéritées d’Albia, qu’il déteste cordialement depuis l’époque où il avait pris la forme de Margaret Thatcher pour mettre l’histoire sur de bons rails. Falafel comprend alors que son visiteur n’est pas venu pour le liquider, mais, à nouveau, pour le recruter. Engagez-vous, rengagez-vous qu’ils disaient…
1 : C’est comme là qu’a été décidée l’arrêt de Warhammer Fantasy Battle et l’augmentation continue des prix du zhobby. Never forget.
AVIS:
Nouvelle sympathique qui compile et condense en quelques pages les moments les plus marquants d’une vie de Night Lords, ‘Child of Night’ montre en particulier le rôle (tout aussi particulier) qu’avait cette Légion de joyeux drilles lorsqu’elle roulait encore pour son Empereur, ce qui est appréciable. Le troisième souvenir de Fel Zharost manque cependant un peu de contextualisation à mes yeux, car on ne comprend pas si l’Archiviste se fait virer du fait de l’Edit de Nikea, à cause de l’aversion de Sevatar pour lui, ou pour un autre crime non explicité par John French. Mise à part cette petite doléance, il s’agit d’un ajout qualitatif dans le corpus des Night Lords.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Comme dit ci-dessus, ‘Child of Night’ donne un aperçu de la philosophie des Night Lords, ce qui est ce qu’on peut attendre d’une nouvelle incluse dans ‘Lupercal’s War’ : ce choix est donc tout à fait pertinent de la part de la Black Library1. Comme le Nighthaunter et Sevatar servent d’antagonistes aux vertueux et ombrageux Dark Angels dans ‘Savage Weapons’ (et aux féroces et enjoués Space Wolves dans ‘Bloodhowl’ – ce sont les ennemis les renégats les plus populaires de l’Hérésie), cette faction s’en sort très bien au final en termes de représentation.
1 : Mention honorable à ‘The Conqueror’s Truth’, dont le pitch est littéralement : « voici comment les Night Lords soumettent les mondes isolationnistes pendant la Grande Croisade ».
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Blood Angels – Lost Sons (J. Swallow) :
INTRIGUE:
Les jours se suivent et se ressemblent sur Baal depuis que les Blood Angels sont tous partis châtier les Nephilim dans l’amas de Signus, comme demandé par Horus ‘Primes Inter Pares’ Lupercal à son frérot Sanguinius. Tous ? Non ! Comme l’addendum de l’ordre de mission l’autorisait, l’Ange a laissé une équipe de maintenance dans sa forteresse pour veiller au grain de sable en attendant son retour. Les 20 tondus ayant eu le grand honneur de rester à domicile patientent depuis plus de cinq ans dans le calme absolu de l’arrière-pays baalite, maintenant l’inflexible discipline et l’élégance vestimentaire qui ont fait la réputation des Blood Angels. Le chef de cette petite confrérie est le Chapelain Arkad, catapulté Gardien de Baal (c’est mieux que gardien de but) par Sanguinius avant son départ. Bien qu’habituellement calme, son sacerdoce l’a déjà amené à deux doigts de crozuser la goule de ses frères, lorsque certains d’eux ont cherché à abandonner leur poste pour partir à la recherche de leur famille perdue. Le déclenchement de la Tempête de la Ruine a en effet rendu toute communication avec la Légion angélique impossible, laissant nos plantons ressasser des idées plus noires que rouges sur le destin des Blood Angels.
A cela est venu s’ajouter les rumeurs, puis la confirmation officielle, de la trahison d’Horus et des massacres d’Isstvan et de Calth, et plus généralement d’une guerre civile de grande ampleur dans l’Imperium. Aussi, lorsqu’un vaisseau émerge du point de Mandeville du système de Baal et se dirige droit vers la forteresse quasi-déserte, c’est la méfiance qui domine chez Arkad et ses comparses. Il s’avère que le nouvel arrivé dispose de l’immunité diplomatique du 30ème millénaire, en cela qu’il est au service de Malcador le Sigilite, qui du haut de son poste de Régent de Terra, agit comme bon lui semble pendant que l’Empereur essaie désespérément d’isoler les combles de son Palais contre les courants d’air de Warp. Pingre comme jamais, le vioque a envoyé un unique émissaire, le Space Marine Tylos Rubio, ayant abandonné le bleu profond des Ultramarines pour le gris terne des Chevaliers Errants. Au moins, l’entretien est facile. Arkad et son copain Hezen sont atterrés de voir que leur visiteur est un Archiviste (Edit de Nikea, etc…), mais le sont bien davantage lorsque Rubio leur tend un parchemin avec accusé de réception annonçant la dissolution des Blood Angels. Gasp.
La raison de cet acte administratif d’une brutalité sans nom est simple : considérant la 9ème Légion définitivement perdue du fait de la disparition pure et simple de l’amas de Signus, Malcador souhaite mettre la main sur les ressources considérables des Blood Angels en termes de matériel, d’armement et de glandes progénoïdes, afin de gérer au mieux son effort de guerre. Rien de personnel les gars, c’est que du business. Rubio informe toutefois ses hôtes que refuser d’obtempérer leur vaudra d’être déclarés traîtres à l’Imperium à leur tour, mais qu’il peut faire jouer ses relations pour leur trouver un poste à la MLCDR Corp, s’ils le souhaitent.
Cette décision unilatérale passe évidemment très mal chez les anges, aussi sanguins que leur blase le laisse présager. Après une réunion de famille houleuse, le Gardien s’en va porter la réponse du groupe à Rubio, qui patiente dans son véhicule de fonction en écoutant les Grosses Têtes : un non franc et massif. L’Archiviste s’attendait à ce refus de principe, et ne trouve rien à redire au projet des 20 derniers Blood Angels, qui ont repeint leur armure en noir pour l’occasion (parce qu’ils se considèrent comme faisant partie de la Compagnie de la Mort maintenant, wink wink) d’aller traquer Horus pour lui passer un savon1. Il est par contre beaucoup moins conciliant lorsque ses vis-à-vis refusent aussi d’ordonner à l’équipage de la petite flotte laissée par Sanguinius en orbite autour de Baal de coopérer à leur réaffectation prochaine. La tension monte soudainement d’un cran entre les cousins énergétiques.
Avant que Rubio n’ait pu commettre l’irréparable, comme crier « tu dépasses les bornes, Arkad ! » à son homologue, l’Astropathe local arrive en courant pour transmettre un message des plus urgents à ses patrons. Il s’agit d’une communication signée Raldoron, le premier Capitaine des Blood Angels, déclarant que Sanguinius est bien en vie et que la Légion perdure. Ce voicemail opportun, même s’il sonne le glas de l’Astropathe (ou peut-être est-ce son sprint de 300 mètres qui lui a été fatal), réjouit fortement Arkad et ses boys, et leur donne une opportunité en or pour renvoyer Rubio vers Terra avec la coiffe psychique entre les jambes. Ça ne s’est pas joué à grand-chose, mais les Blood Angels sont toujours officiellement dans la course, et il faudra compter sur eux pendant la seconde moitié de l’Hérésie.
1 : Enfin si, il trouve ça très con. Mais chacun ses fétiches hein.
AVIS:
James Swallow nous sert une nouvelle behind the scenes de l’Hérésie d’Horus, en se penchant sur les lignes trèèèès arrières d’une galaxie certes déchirée par la guerre, mais où un bon paquet de planètes sont tout de même loin du front. L’ironie de voir des Astartes se languir dans leur forteresse déserte et isolée pendant que tout le monde s’amuse sans eux rajoute du piment à cette histoire à la fois rafraichissante et intéressante d’un point de vue fluff. Un autre de ses points forts est de brouiller les lignes entre la position pragmatique à l’extrême de Malcador, et la fidélité romantique mais contre-productive des Blood Angels à leur Primarque : aucun de ces deux points de vue ne peut être considéré comme étant intrinsèquement supérieur à l’autre, et il revient au lecteur de décider dans quel camp il se retrouve le plus. Très sympathique.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Comme les Space Wolves, les Blood Angels n’ont pas bénéficié d’une couverture très importante dans le corpus de nouvelles de l’Hérésie d’Horus, et une bonne partie de ces dernières sont d’abord consacrées à Sanguinius (et sa plastique de rêve) plutôt qu’à ses fils – si on met de côté Azkaellon et Amit, les Dupont et Dupond de la 9ème Légion. Fort heureusement, ‘Lost Sons’ fait le job d’une façon tout à fait satisfaisante, en présentant au lecteur l’attachement viscéral que les Bloodies ont pour leur Primarque emplumé, et en lorgnant vers la Rage Noire et la Compagnie de la Mort, deux des « marqueurs » les plus notables de cette faction. On a aussi une bon teasing de la campagne de Signus Prime (pas trop subtil en plus), ce qui n’est pas étonnant vu que Swallow a raconté cette campagne dans un de ses romans. En bonus, il s’agit d’une nouvelle non-violente, ce qui est assez rare pour le signaler dès lors que des Space Marines sont les protagonistes, et qui contraste donc agréablement avec le reste du contenu de ‘Lupercal’s War’.
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Iron Hands – Immortal Duty (N. Kyme) :
INTRIGUE:
Ahrem Gallikus est un Immortel au sein de la Légion des Iron Hands. Ce titre n’est cependant pas une marque d’honneur, mais plutôt un symbole de disgrâce : dans la famille Manus, il est accolé aux guerriers qui auraient mieux fait de mourir dans l’accomplissement de leur tâche plutôt que de survivre et de faire honte à leurs camarades. En récompense de leurs mauvais services, ils se voient donc remettre un bouclier d’assaut et sont reversés dans les unités de Breachers de la 10ème, où ils hériteront des missions les plus pourries jusqu’à ce qu’ils aient la bonne idée de décéder dans l’exercice de leur fonction. Personne n’aime les CRS, ça reste vrai dans les ténèbres du lointain futur.
Gallikus commence la nouvelle sur le point d’être exécuté par un petit groupe de Space Marines l’ayant recueilli alors qu’il dérivait dans le vide à proximité d’Isstvan. Trop dans le coltar au moment de son réveil pour repérer l’héraldique de ses sauveteurs/bourreaux (rayer la mention inutile), il est amené manu militari dans un hangar décoré avec des têtes tranchées d’Iron Hands – un choix radical, mais tout le monde ne connaît pas les Displates – et sommé de faire un rapport sur les derniers événements dont il se souvient, sous peine de finir à son tour comme ornement d’intérieur. Notre héros groggy commence donc à raconter la mission qu’il avait entreprise avec quelques copains de section : aborder le Retiarus.
Cette attaque avait été rendue nécessaire par la participation de ce vaisseau World Eaters au blocus autour d’Isstvan V, empêchant le Gorgonesque Iron Hands d’aller s’enquérir de l’état de son Primarque à la surface de cette planète suppliciée. Disposant d’un plein contingent d’Immortels, le Capitaine Udris avait envoyé ces parias de choc à l’assaut du vaisseau adverse, et l’escouade de Gallikus, commandée par un Prêtre de Fer dégradé (Azoth) avait été couchée sur la feuille de match. Comme on pouvait s’y attendre, la progression avait été lente, pénible et sanglante, les fils d’Angron n’étant pas les hôtes les plus gracieux et civilisés de la galaxie. Après avoir fait leurs preuves contre l’équipage humain, transhumain et posthumain (un Dreadnought Contemptor surpris au saut du lit par l’abordage des Iron Hands), les quelques Immortels survivants arrivèrent au niveau de l’arène de combat du Retiarus, elle aussi décorée avec des bouts de cadavres appartenant à leur Légion. Ça commence à faire beaucoup.
Les y attendaient un petit groupe de berserkers, bien décidés à faire couler le sang des intrus. Pour la petite histoire, le chef des World Eaters (Robert Varken Rath) se trouvait être une ancienne connaissance de Gallikus, rencontré pendant la fatale campagne de Golthya pendant laquelle la Compagnie de notre héros fut victime d’un spectaculaire retour de flamme (de phosphex) alors qu’elle était en train de xenocider des Kethid. Ferrus Manus ayant comme chacun sait de gros problèmes de confiance en lui, il n’apprécia pas du tout les blagues potaches que Jaghatai et Leman Russ firent circuler en douce sur le démarrage de barbecue à la medusane lors du conseil primarquiel qui suivit ce regrettable événement, et catapulta les survivants chez les Immortels pour lui apprendre à lui faire honte.
Comme de juste, Gallikus et Rath se retrouvèrent au cœur de la mêlée, et notre héros aurait fini une tête plus court sans l’intervention désintéressée mais désabusée d’Azoth, qui profita du chaos des combats pour dépressuriser le sas et envoyer les combattants faire de la brasse coulée dans l’espace, constatant que les loyalistes avaient la main basse dans l’affrontement. Ça apprendra aux Iron Hands à relâcher leur discipline et à se battre comme des guerriers, et non comme des fonctionnaires CRS soldats.
Gallikus termine son compte rendu et s’attend à ce que ses mystérieux sauveteurs terminent ce que Rath avait commencé quelques heures plut tôt, mais à sa grande surprise, ce sont des loyalistes qui l’ont pris en stop, et non des hérétiques. Il fait ainsi la connaissance d’un Prêtre de Fer Iron Hands, d’un Salamander et d’un Raven Guard, et retrouve ce bon vieil Azoth, certes un peu zombifié sur les bords, comme son teint grisâtre et son œil morne le laissent apparaître, mais opérationnel à part ça. Il est temps pour les Légions brisées d’aller se venger sur les noix d’Horus…
AVIS:
Nick Kyme adapte le concept des Tueurs Nains de feu Warhammer Fantasy Battle au 30ème millénaire, les guerriers déshonorés cherchant une mort glorieuse au combat étant cette fois-ci des inflexibles Iron Hands plutôt que des nabots à crète. Nouvelle d’action pure, ‘Immortal Duty’ semble avoir été pensée comme une introduction au personnage d’Ahrem Gallikus, comme sa rencontre et son acceptation par un petit groupe de guerriers des Légions brisées à la fin du récit le laisse présupposer. Mis à part les torrents d’hémoglobine et d’huile de vidange qui s’écoulent de ces quelques pages, David Annandale nous propose de nous familiariser avec la caste des Immortels Iron Hands, introduite dans le volume ‘Massacre’ de Forge World quelques années avant la publication de cette nouvelle. Les quelques bribes de fluff parsemées au hasard des paragraphes valent-elles la peine de s’enquiller cette histoire simpliste1 ? Je vous laisse décider en votre âme et conscience.
1 : Mais qui se clôt aussi sur des questions non résolues : pourquoi des loyalistes s’amusent-ils à collectionner des têtes d’Iron Hands ? Comment Azoth a-t-il été « zombifié » ? Autant d’indices indiquant à mes yeux que Kyme n’en avait pas fini avec Gallikus et ses nouveaux copains.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
‘Immortal Duty’ aborde beaucoup des thèmes et intrigues principaux des Iron Hands (leur penchant pour les bioniques, leur code d’honneur intransigeant, leur ténacité légendaire, la mort de Ferrus Manus et la quasi-destruction de la Légion sur Isstvan), ce qui en fait un choix pertinent pour un ouvrage comme ‘Lupercal’s War’. À titre personnel, je trouve que ‘Riven’ de John French fait encore mieux l’affaire, mais on n’est pas en présence d’une erreur de casting, comme pour certaines autres factions.
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World Eaters – After Desh’ea (M. Farrer) :
INTRIGUE:
Un sombre sentiment étreint les cœurs du fier Khârn et de ses compagnons War Hounds alors qu’ils patientent dans la salle d’attente du Conqueror. Pas de la peur, non (après tout, ils ne peuvent pas ressentir cette émotion, pas vrai ?), mais une certaine appréhension à l’idée de rencontrer pour la première fois leur Primarque perdu, le colérique Angron, que l’Empereur a téléporté chez ses fils en coup de vent avant de repartir vers sa Grande Croisade, justifiant son départ précipité pour Aldebaran par la nécessité de ne pas rater sa correspondance avec la 37ème. Le tout griffoné sur un post-it maculé de sang et collé sur la porte de la salle où Angron fait les cent pas et les quatre cents coups. Les tragédies causées par les parents démisionnaires…
Par le jeu des successions déclenché par le massacre systématique de tous les émissaires envoyés par les War Hounds se présenter au Primarque, Khârn est maintenant en charge de réussir là où ses supérieurs et camarades ont échoué au cours des heures précédentes. Faisant fi des conseils de prudence de ce planqué de Dreagher, le Capitaine toque à la porte, entre discrètement, et s’avance de quelques pas pour essayer d’apercevoir son père génétique. S’ensuit une conversation honnête et amicale entre Angron, toujours un peu jet lag depuis son départ de Nuceria, et celui qui ne tardera pas à devenir son Ecuyer. Hum. En fait, pas vraiment. Reprenons : Khârn entre, scrute les ténèbres de la pièce jonchée de cadavres mutilés, et… SE FAIT DEFONCER DANS LES GRANDES LARGEURS par un Angron toujours aussi grognon. Entre deux rebonds sur les murs, fractures, dislocations et hémorragies internes, Khârn, en grand professionnel qu’il est, tente de faire passer quelques infos capitales à son nouveau chef, comme qui il est vraiment, ce que sont les War Hounds, pourquoi ces derniers, à la grande frustration du Primarque, ne se sont pas défendus lorsqu’il leur est tombé sur le râble, ou encore comment se servir du papier toilette. Tout un programme, que seuls sa constitution renforcée de Space Marine et le bonus de résistance offert par son statut de personnage nommé lui permettent de dérouler de façon presque posée.
Angron, de son côté, s’il a tendance à évacuer sa légitime frustration d’avoir été forcé d’abandonner ses compagnons d’armes à leur destin sur Nuceria en utilisant le Capitaine comme ballon de foot, ne perd pas une miette de ce que son sous-fifre cherche à lui inculquer. Il peut également initier ce dernier à la culture martiale de sa planète d’adoption, où il exerçait la noble et utile profession de gladiateur jusqu’à ce qu’il réussisse à s’évader avec quelques collègues. Lui et ses Eaters of Cities s’étaient alors livrés à une orgie de pillages et de destruction dans l’arrière-pays de Desh’ea, vainquant l’une après l’autre les armées envoyées par les high riders pour écraser les rebelles. Coup de chance pour l’Empereur, Nuceria a été approchée juste au moment où les derniers gladiateurs étaient sur le point de livrer une ultime bataille contre les forces de l’ordre. Déveine pour Angron, recruté manu militari par son paternel pour sa Grande Croisade, même s’il ne souhaitait rien d’autre qu’une mort glorieuse aux côtés de ses frères et soeurs d’armes. La première confrontation orbitale entre le Père et le fils s’étant soldée par la mort atroce d’un des précieux Custodiens du premier, Pépé a donc décidé qu’il était too old for this shit1 et laissé son garnement de rejeton faire mumuse avec les chiens. Khârn apprend ainsi ce qu’est la Corde de Gloire, les Crocs du Boucher, ainsi que l’intégralité des techniques de soumissions, étranglements et self-defense pratiquées sur Nuceria auprès d’un professeur émérite, qui, sous ses abords de brute épaisse, se révèle redoutablement intelligent et…profondément timide (en effet, il ne lui est pas venu un instant à l’esprit qu’il avait la possibilité de sortir de la pièce dans laquelle l’Empereur l’avait confiné).
C’est toutefois la description par un Khârn au bord du KO (le Chaos viendra plus tard) de la campagne de Nove Shendak, à laquelle les War Hounds ont participé aux côtés des Iron Warriors de Perturabo et de l’Empereur en personne, qui achève de calmer Angron. Le récit des exploits vermifuges des Légions Space Marines, menées par le Maître de l’Humanité en personne, captive le Primarque au point qu’il se met à mimer les affrontements relatés par le Capitaine comateux, et la confirmation par ce dernier que Pépé est un grand guerrier n’hésitant pas à mouiller le maillot en compagnie de ses troupes, et pas un dirigeant dédaigneux laissant aux autres le sale boulot, comme l’étaient les high riders, pèse d’un certain poids dans la décision d’Angron de calmer sa colère, et d’engager la conversation honnête et amicale dont nous parlions précédemment avec ses fistons. Sa première décision, une fois ce pas franchi, sera de renommer les War Hounds World Eaters, en hommage aux camarades dont il n’a pu, à sa grande honte, ni accompagner dans la mort, ni commémorer le trépas en dotant sa Corde d’un tour funèbre avec la poussière de Nuceria. Une manière comme une autre de bien montrer à sa nouvelle famille qu’elle ne pourra jamais remplacer, ni rivaliser, avec la chaude camaraderie de l’arène. Mais c’est déjà mieux que rien…
1 : Se rappeler qu’Angron a été le 17ème Primarque découvert, et que l’Empereur en avait certainement par-dessus la tête des biberons et changements de couches à ce stade.
AVIS:
Je dois reconnaître que mon appréciation de cette nouvelle de Matthew Farrer a évolué au cours du temps. Lors de ma première lecture, j’avais été un peu déçu par ce qui m’était apparu comme une histoire simpliste, mettant en scène des personnages l’étant tout autant (un Primarque éructant de rage en mode Hulk, et un Space Marine encaissant les coups en lui refaisant son éducation). À présent, et même si je comprends toujours ce qui m’a poussé à émettre ce premier jugement, j’ai une vision plus favorable de ce ‘After Desh’ea’, que j’ai trouvé être plus complexe qu’il n’y paraissait.
Pour remettre en contexte le boulot effectué par Farrer, un auteur plutôt doué de la BL, avec cette nouvelle, il faut se rappeler que nous étions au tout début de l’Hérésie, dont les personnages étaient donc moins caractérisés qu’ils le sont aujourd’hui. Pour Angron, je pense même qu’il s’agissait de sa première apparition dans la série comme personnage de premier plan1, avant qu’ADB (entre autres) ne vienne s’occuper de son cas. Le fluffiste savait juste que ce Primarque avait été secouru contre son gré par l’Empereur d’une mort certaine à laquelle il était résigné, et que ce ressentiment allait le pousser à se rebeller contre son « sauveur » des années plus tard. Tout l’enjeu était d’expliquer de manière satisfaisante comment un gladiateur aux tendances homicidaires établies avait pu donner la patte à un maître honni pendant une période de temps assez longue, et n’était pas entré immédiatement en conflit avec son supérieur hiérarchique. Sur ce brief vraiment casse-gueule, Farrer est parvenu à livrer une copie relativement propre, ou en tout cas bien conçue, qui pemet au lecteur de suivre la progression émotionnelle et intellectuelle du Primarque, depuis sa téléportation sauvage en orbite, jusqu’à l’acceptation de ses nouveaux rôle et statut. D’abord convaincu d’avoir échappé à une tyrannie pour une autre, il finit par comprendre pourquoi les War Hounds n’ont pas cherché à riposter à ses attaques, et trouver une raison de respecter un Empereur très peu favorablement mis en avant dans cette nouvelle, lorsqu’il apprend que son père est un guerrier qui mène ses hommes à la bataille. La transition du point A au point B n’est certes pas facilitée par les caprices et tics nerveux du Primarque, qui use du pauvre Khârn comme un sac de frappe pour réguler son humeur mutine, mais on sent que Farrer avait à cœur de donner une justification logique à un ralliement peu évident, pour dire le moins.
Khârn, de son côté, est dépeint pour la première fois comme un individu sensé et sensible (qualificatifs ne s’appliquant plus guère à la fin de sa carrière), ce qui a dû surprendre plus d’un lecteur s’attendant sans doute à ce que Farrer prenne le pas de King à cet égard. Presque quinze ans plus tard, et grâce aux romans et nouvelles s’étant inscrit dans la droite ligne de ce choix de Matthew Farrer, cette divergence notable est parfaitement digérée, et, si je ne peux pas parler pour l’ensemble des hobbyistes, je suis en ce qui me concerne très satisfait de la profondeur du personnage, qui justifie à lui seul mon intérêt pour cette Légion de brutasses. Bref, si vous avez aimé le guerrier badass engagé dans une bromance déchirante avec ce vieil Argel Tal2, le combattant implacable animé par un sens du devoir chevillé au corps ayant maintenu les World Eaters à peu près dans les clous (du Boucher) pendant une bonne partie du mandat de PDG (Primarque Découpeur Général) d’Angron, et le fils dévoué prêt à se damner pour garder son père parmi les siens, vous pouvez remercier Matthew Farrer d’avoir établi ces fondations dans sa nouvelle, comme Perturabo l’a fait pour la digue impériale sur Nove Shendak. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de souligner que l’auteur donne également quelques éléments fluffiques dignes d’intérêt, tant au niveau micro (les traditions martiales de Nuceria) que macro (l’origine des noms de la 12ème Légion) et même meta (Big E est vraiment un très mauvais père) dans son récit, ce qui doit également être mis à son crédit.
Finalement, After Desh’ea a permis de poser de nombreuses bases de l’héritage « hérétique » des World Eaters, depuis la personnalité complexe de son Primarque et le rapport ambivalent de ce dernier avec ses fils génétiques, qu’il placera toujours en-dessous de ses premiers compagnons d’armes, jusqu’à l’adoration masochiste des World Eaters pour Angron, qui a poussé les premiers à des sacrifices toujours plus importants pour gagner l’amour et le respect du second. Il pose également Khârn comme l’excellent personnage que nous connaissons aujourd’hui, un guerrier réfléchi et pragmatique, qui finira par embrasser sa destinée et sombrer dans une folie meurtrière dont les écrits de Bill King et sa description dans le fluff de 40K se font écho (ce qui lui donne une profondeur tragique indéniable). Voilà pourquoi je considère que cette nouvelle a, au minimum, eu un impact fort sur le reste de l’Hérésie, au moins en ce qui concerne la 12ème Légion, et mérite donc la lecture à ce titre seul, mais peut également être appréciée pour la description que l’auteur fait d’Angron, tout à la fois une bête de guerre sanguinaire devant lutter contre les Clous du Boucher en permanence, un guerrier honorable et fidèle à ses compagnons, et un être à l’intelligence supérieure capable d’intégrer rapidement les informations que lui livre Khârn sous ses abords de primitif balbutiant. Bref, il y a du potentiel ici, peut-être pas superbement exprimé par Farrer3, mais présent tout de même. Dommage que l’auteur en soit (presque) resté là pour l’Hérésie d’Horus, un roman de sa main sur les World Eaters aurait été très intéressant…
1 : Je fais abstraction de son rôle de taupe de choc dans ‘Galaxy in Flames’.
2 : Et qui accomplira le rêve de tous les lecteurs de l’Hérésie d’Horus en bottant les fesses de ce faux jeton d’Erebus en one to one.
3 : Et peut-être affaibli par la traduction en français (que je n’ai pas lue). Difficile de transcrire dans une autre langue les borborigmes d’Angron de façon satisfaisante. En tous cas, j’ai trouvé qu’en anglais (et peut-être est-ce dû au fait que ce n’est pas ma langue natale) cela passait plutôt bien.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Les World Eaters ont eu la chance de se faire attribuer à Aaron Dembwki-Bowden lors de la répartition des Légions parmi les auteurs de la Black Library, ce qui leur a permis de gagner une profondeur intéressante par rapport à l’image de bêtes furieuses que le fluff leur avait accolé. Matthew Farrer a certainement joué un rôle dans cette « rédemption littéraire », qui est une des vraies réussites de l’Hérésie d’Horus, et le choix d’intégrer ‘After Desh’ea’ à ce recueil ne me surprend pas, même si le propos de cette nouvelle concerne d’abord Angron, et non pas sa Légion. Comme la trajectoire tragique du Primarque a induit en large partie celle de ses fils génétiques, trop attachés à lui pour réaliser qu’ils allaient dans la mauvaise direction, cette décision de la BL est compréhensible et pertinente. Nottingham aurait pu doubler la mise, comme pour d’autres Légions présentées dans ce recueil, avec le court mais efficace ‘Lord of the Red Sands‘.
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Ultramarines – The Laurel of Defiance (G. Haley) :
INTRIGUE:
La Croisade des Ombres a été gérée, ou peu s’en faut, par les héroïques Ultramarines et l’ambiance est donc festive sur Macragge, centre politique du tout nouvel Imperium Secundus voulu par Roboute Guilliman. Mister Théorie_Pratique a organisé une cérémonie grandiose dans sa capitale pour honorer et récompenser les innombrables héros, civils et militaires, humains et Astartes, qui ont contribué à remporter cette éclatante victoire pour le camp loyaliste. Parmi eux, on trouve le Capitaine de la 90ème Compagnie des Ultramarines, le peu mondain Lucretius Corvo. Grâce à son leadership inspiré sur le monde d’Astagar, ses hommes ont mis en échec l’invasion chaotique de cette paisible planète de second ordre, lui gagnant le titre de Tueur de Titans dans la foulée (une accolade qu’il n’apprécie guère, mais il n’est pas d’une humeur très enjouée de toute façon). Nous suivons donc en parallèle la dure campagne des bleusailles contre les fanatiques de Lorgar et Angron, et le combat tout aussi éprouvant de Corvo contre le décorum et le protocole alors qu’il participe en traînant des savates énergétiques aux interminables cérémonies et soirées de Guilliman. Son arme secrète : se murger sans retenue (c’est au moins vrai pour l’un des deux événements évoqués ci-dessus).
Faisons les choses dans l’ordre et commençons par la défense d’Astagar. Ayant été retenu par l’avarie d’un moteur Warp sur le chemin de Calth, Corvo rata la surprise party donnée par les Word Bears en souvenir de Monarchia à leurs cousins a-do-rés, et fut donc surpris de constater que les renégats attaquaient comme des patates. Son petit rictus de supériorité fut toutefois remisé au placard de son Rhino de fonction lorsque les hérétiques dévoilèrent leur arme secrète : un Titan Warlord tombé dans la marmite du Chaos lorsqu’il était petit en kit1. Malgré le fait qu’avoir une langue et une truffe articulées est indéniablement cool, cette abomination (Ferghaaaaaaast de son petit nom) ne pouvait être laissée à vagabonder dans les rues d’Astagar les Vignes, mais sa vitesse et son caractère mutin empêchèrent dans un premier temps les Ultras de se débarrasser de cette menace d’une manière conventionnelle (et donc ennuyeuse), c’est-à-dire en la mettant face à un escadron de Shadowswords. N’écoutant que son instinct – ainsi qu’une remarque pleine de bon sens d’un de ses subalternes, qui ne bénéficia d’aucune médaille pour sa contribution, lui – Corvo décida de traiter le Warlord comme une bête fauve, et lui tendit un piège digne de Rahan, fils des âges farouches.
Dans les grandes lignes, il s’agît d’attirer la grosse nuisance en lui mettant un Rhino dans le champ de vision sur une place préalablement minée par les Ultramarines, et de faire péter les charges une fois le Titan en position. Brusquement plus si agile que ça, la machine chaotique n’eût d’autre choix que de sombrer dans la dépression (comme Corax avant elle) lorsque le sol se déroba sous ses gros petons, même si son augmentation « queue de singe » lui permit un instant de retarder l’échéance en se retenant à la statue de Konor Guilliman la plus proche. Iconoclaste dans l’âme, Corvo n’hésita pas un instant à déclarer une mêlée ouverte sur l’ennuyeux piédestal, dont l’effondrement provoqué par le solide pack d’avants de sa Compagnie mit fin au numéro d’équilibriste de Ferghast. Quelques tirs de fuseurs plus tard, la bête était hors d’état de nuire, et sa perte mina tant le moral des renégats qu’ils ne tardèrent pas à se faire écraser à leur tour.
Quelques semaines plus tard, sur Macragge, le même Corvo s’échine à esquiver les questions gênantes (comprendre : les questions) des participants à la soirée de pré-remise des médailles à laquelle il est forcé d’apparaître. Après s’être fait tenir la jambe par la charmante Medullina, qui ne réussit pas à le mettre sur son tableau de chasse, et avoir remonté le moral d’un autre Légionnaire habité par un sérieux syndrome de l’imposteur, le bon Capitaine va prendre l’air sur le balcon du palais où se tient la petite sauterie, et tombe sur l’Archiviste Titus Prayto, déployé comme agent de sécurité par un Guilliman très conscient de la tendance des Night Lords à venir pourrir les fêtes des autres, à plus forte mesure quand leur Primarque est en zonzon à proximité. Grâce à ses pouvoirs psychiques, Prayto repère sans mal la sale idée qu’a Corvo pour sa participation à la cérémonie du lendemain, et conseille à son frère d’armes de la jouer corporate, pour le bien de tous. « Tu peux siffler beau merle » répond un Corvo aussi éméché qu’un Astartes peut l’être, avant de monter une frappe préventive sur le buffet le plus proche…
Début spoiler…Et le jour suivant, on se rend compte que ce n’était pas une promesse d’ivrogne. Corvo accepte de recevoir les Lauriers de la Résistance que lui remet Guilliman devant la foule en délire (ou peut-être pas, car à ce stade la cérémonie durait déjà depuis 12 heures), mais il refuse en revanche de prêter à nouveau serment à sa Légion et à l’Imperium, comme tous ses prédécesseurs l’ont pourtant fait, jetant un malaise malaisant sur l’auguste assemblée. Shocking. Lorsque ce rigoriste de Lion El’Jonson lui demande de se justifier, il affirme qu’une fois c’est bien assez, car le serment d’un Ultramarine est inviolable (ce qui fait passer tous les copains qui sont passés avant lui pour des trompettes, au passage). Sourire crispé de la part de Guilliman, qui arrive tout de même à retomber sur ses pattes en faisant chanter le public (quel showman tout de même), pendant que Sanguinius se cure le nez d’un air pénétré et le Lion fronce les sourcils si fort qu’il commence à fissurer le noyau de Caliban.
La nouvelle se termine sur un dernier échange lapidaire entre Corvo et le Primarque Dark Angels, qui fait remarquer au petit impertinent que son armure est bien dépareillée pour un Ultramarine, ce à quoi notre héros répond « k » et s’en va comme un prince. La légende raconte que c’est à ce moment précis que Lionel décida qu’il préférait encore tenter sa chance à travers la Tempête de la Ruine plutôt que de continuer à se faire mal parler par le premier Schtroumpf venu. L’histoire était en marche…Fin spoiler
1 : Et à propos de marmite, son arrivée sur Astagar s’accompagna d’un tsunami de sang à l’ouverture de son vaisseau de transport, repeignant les rues de la capitale ainsi que l’armure de tous les Ultramarines du coin (dont Corvo) en cinq secondes. C’est peut-être de là que vient son goût pour l’héraldique clivante.
AVIS:
Guy Haley honore un cahier des charges fourni dans ‘The Laurel of Defiance’, qui est à la fois une Space Marinade correcte et la réponse à la question : « et si on faisait référence à tous les événements de l’arc Ultramarines couverts dans l’Hérésie jusqu’ici ? ». La bataille de Calth, l’Imperium Secundus, l’emprisonnement du Nighthaunter, le Pharos… Haley met un point d’honneur à couvrir tous les faits saillants de sa faction d’adoption, pour un résultat qui fera sans doute la joie de l’expert, mais restera hors de portée du néophyte. Il prend aussi soin de lever un peu le voile sur les origines des Novamarines, ce qui devrait intéresser les fans du 40ème millénaire. Pour résumer : très gratifiant si vous avez pris le temps de vous pencher sur l’arc Unremembered Empire, sympathique sans plus sinon.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Comme les White Scars, les Ultramarines ont été dotés d’un historique hérétique particulièrement riche lorsque la Black Library s’est piquée de raconter cet épisode par le menu. L’Imperium Secundus, aussi appelée boulette de Guilliman dans certains cercles autorisés, est un arc intéressant de la saga, et il n’est donc pas étonnant que la BL ait choisi une nouvelle qui se situe au milieu de ce dernier, afin d’inciter le chaland à creuser dans cette direction après avoir terminé ‘The Laurel of Defiance’. Reste à savoir si le chaland en question aura l’envie et la motivation nécessaires pour relier les bribes d’informations et les mentions passagères que Haley fait aux événements précédant cette remise de médailles très mondaine, ou laissera ce (gros) morceau en plan. Mine de rien, tomber sur un passage comme celui-ci quand on débarque complètement dans l’Hérésie d’Horus peut être un peu fort de café !
Personnellement, j’aurais misé sur le plus simple à appréhender ‘Rules of Engagement’, qui a pour lui de présenter le véritable héritage éternel de Papa Schtroumpf : le Codex Astartes. Mieux adapté à l’exercice pédagogique que constitue ‘Lupercal’s War’ en théorie, mais moins marketing en pratique : on sait comment ce genre de dilemme est tranché.
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Death Guard – Daemonology (C. Wraight) :
INTRIGUE:
La planète-bibliothèque Terathalion coulait des jours paisibles (et silencieux) depuis des décennies, ayant déplacé son allégeance de l’Ipsissimus (#TeamMagnus) à l’Impérium (#TeamPépé) après son annexion pacifique lors de la Grande Croisade. Plus occupés par la refonte de leur système de rayonnage (par auteur et/ou par spécialité ?) que par les choses bassement terre à terre comme euh… la guerre, les Terathalionnais ne se rendirent compte qu’indirectement du début de l’Hérésie, lorsque leurs grands copains Thousand Sons cessèrent de leur rendre visite. Les fils de Magnus ayant pris soin de rendre tous les bouquins qu’ils avaient emprunté chez leurs voisins, les autorités planétaires n’investiguèrent pas cette absence prolongée, et furent donc prises au dépourvu lorsque l’Endurance et une escadre de vaisseaux de la Death Guard vinrent se mettre en orbite haute au-dessus de Terathalion. Avec leur brutale efficacité habituelle, Mortarion et ses fils bombardèrent méthodiquement la planète, rasant toutes ses villes et réduisant en cendres ses inestimables archives. Ceci fait, le Primarque se téléporta à la surface du monde martyrisé afin de localiser la chose pour laquelle il avait fait le déplacement, pendant que ses hommes s’occupaient en massacrant les survivants désorientés.
Pour tenter de comprendre la raison de ce coup de folie, il faut remonter quelques décennies plus tôt, à l’époque où l’Empereur avait ramené avec lui sur Terra un Mortarion fraîchement retrouvé et dans un état physique et psychologique déjà inquiétant. Si le Maître de l’Humanité comptait à la base passer du temps avec son fiston pour resserrer les liens les unissant avant de l’envoyer conquérir la galaxie en Son nom, Ses divers projets ne tardèrent pas à L’accaparer totalement, laissant le Primarque anémié déambuler dans les couloirs du Palais Impérial sans supervision.
Comme toujours dans ces cas-là, il revint à Malcador de gérer la situation, et lorsque le service de sécurité fit une annonce micro pour demander à ce que le tuteur légal du petit Morty vienne le chercher au niveau du portail dans la toile (qui était à l’époque en chantier), le Régent de Terra se hâta en direction du sous-sol du Palais. Il n’était en effet pas nécessaire de disposer de la panoplie de pouvoirs psychiques de Malcador pour deviner qu’un individu aussi warpophobe que Mortarion soit révulsé par le grand dessein de son paternel, et puisse en conséquence agir de manière inappropriée. Après quelques minutes de discussion, Malcador réussit à attirer l’ado rebelle taille XXXXL jusque dans ses quartiers, afin d’avoir un tête à tête d’aberration à expérimentation. Echange qui se passa relativement bien, à l’aune des rapports compliqués entretenus par le Sigilite et les Primarques, puisque Mortarion se contenta d’étrangler légèrement son interlocuteur dans un accès de colère, reprochant à l’Empereur et à son bras droit de n’être pas très réglo à propos de leur rapport à la « sorcellerie ». Et en effet, prêcher une Vérité Impériale établissant l’absence du surnaturel et du divin d’un côté, et autoriser le recours aux pouvoirs psychiques de l’autre, c’est faire preuve d’une souplesse d’esprit qui se rapproche dangereusement de l’hypocrisie. « Si c’est comme ça, votre croisade, ce sera sans moi, na » conclut Mortarion d’un air boudeur.
S’étant remis le larynx en place, Malcador tenta d’amadouer cet enfant à problèmes en lui montrant que Pépé et lui travaillaient depuis des années sur un projet devant se terminer sur le monde de Nikaea, et dans lequel lui, Mortarion, aurait un grand rôle à jouer. Il faudrait seulement attendre le bon moment pour pouvoir prêcher sa cause devant l’Imperium entier, et, peut-être, obtenir l’interdiction pure et simple des pouvoirs psychiques dans les Legiones Astartes. Si le flashback d’interrompt avant que nous ayons pu voir Mortarion conclure un pacte avec son auguste géniteur sur ce sujet, sa coopération à la Grande Croisade laisse peu de doutes sur le fait qu’un compromis ait été trouvé.
Retour sur Terathalion, où la citoyenne Lermenta est venu faciliter la traque du Faucheur en chef en se jetant littéralement dans ses bras alors qu’elle tentait de fuir les combats. C’est en effet elle, ou plutôt ça, que Mortarion était venu chercher à la surface : un Démon ayant possédé un être humain, et qu’il compte utiliser pour obtenir des informations complémentaires sur le Warp, afin de combattre son influence néfaste (vaste programme). Ramenée dans les quartiers du Primarque sur l’Endurance, remplis jusqu’au plafond de grigris et autres colifichets sensés agir comme des protections contre l’Immaterium, Lermenta se retrouve attachée au mur et interrogée par un Morty se présentant comme un docteur es-ésotérisme, ce qui fait bien rire notre Démon. Etant elle-même affiliée à Tzeentch, alors qu’elle perçoit que son interlocuteur a été marqué par Nurgle, Lermenta décide de faire tourner en bourrique Mortarion en le forçant à recourir à une invocation arcanique afin de la bannir, au lieu de l’approche scientifique qu’il prétendait avoir développé à force d’étude et d’observations (mais qui ressemble furieusement à un match de MMA vu de loin). S’étant facilement libérée de ses chaînes et de son apparence humaine, la captive du Primarque titille un peu le cuir épais et la nuque roide de son hôte, et lui lâche un beau Hasta la Plagua, Baby au moment de repartir dans sa dimension natale. Ces résultats peu concluants ne font cependant que renforcer Mortarion dans son obsession anti-Warp, et la nouvelle se conclut sur la résolution prise par ce dernier de poursuivre ses investigations pour renforcer ses connaissances de l’ennemi, quitte à devenir ce qu’il déteste par-dessus tout. 10 millénaires plus tard, les résultats parlent pour eux-mêmes…
AVIS:
Une nouvelle plus riche en révélations qu’en rebondissements, et qui fera donc la joie des fluffistes avertis (qui découvriront que Nikaea n’a pas été aussi impartial que les autorités voudraient qu’on le croit…) plus que des lecteurs occasionnels, qui pourraient se demander avec raison s’il est bien raisonnable de détruire une planète entière pour mettre la main sur un Démon (même pas majeur ou important, en plus), et souligner que Mortarion a tout de même été très chanceux de localiser en trente minutes max sa cible parmi une population s’élevant en milliards, et sur un périmètre aussi étendu qu’une métropole majeure. On pourrait me rétorquer que cela était en fait voulu par les Dieux du Chaos, la capture de Lermenta faisant progresser la corruption du Primarque et donc étant favorable aux Fab Four, mais comme Wraight ne donne aucun indice dans sa narration que c’était bien le cas, l’hypothèse du gros coup de bol WIJHesque tient la route.
On peut aussi remarquer quelques faux raccords entre la version de Mortarion de Chris Wraight et celles des autres auteurs de la Black Library ayant écrit la geste du Primarque asthmatique. Ainsi, James Swallow nous apprend dans ‘Lantern’s Light’ que la période probatoire durant laquelle l’Empereur a gardé un œil sur Son fils avant de lui donner les clés de sa Légion s’est passée dans les alentours de Barbarus, et non sur Terra comme c’est sous-entendu ici. De même, Mortarion semble être à deux doigts de basculer dans l’étreinte amicale de Nurgle à la fin de ‘Daemonology’, alors que pour Swallow (encore) et Annadale, cet événement arrivera bien plus tard et sera en grande partie orchestré par Typhon. Rien de très choquant, mais la continuité est toujours préférable.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Même si je considère ‘Daemonology’ comme une nouvelle de bonne qualité, elle ne répond selon moi pas assez au cahier des charges de ‘Lupercal’s War’ pour être considérée comme un bon choix de la part de la Black Library. Elle se concentre en effet davantage sur des arcs secondaires de l’Hérésie (et notamment l’avant Nikaea) et sur la personnalité de Mortarion, deux sujets intéressants en tant que tel, mais hors de propos ici ; que sur la Death Guard en elle-même. La description du début de l’attaque de la Légion sur Terathalion permet certes de se rendre compte de la brutalité industrielle et dépassionnée dont sont capables les ex-Dusk Raiders, mais le reste de la nouvelle ignore totalement le Death Guard moyen pour se concentrer sur la triade Mortarion – Malcador – Lermenta. À tout prendre, je pense que ‘Exocytosis’ aurait mieux fait l’affaire : même si cette histoire tourne exclusivement autour du premier Capitaine Callas Typhon, elle raconte son passage à Nurgle, qui peut être considéré comme la base de l’identité de la Death Guard hérétique.
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Thousand Sons – Rebirth (C. Wraight) :
INTRIGUE:
Retour au bercail compliqué pour le Capitaine Menes Kalliston et son escouade de Thousand Sons. Partis au Warp vauvert sur les instructions de leur Primarque six mois auparavant, ils ont tout raté de l’arrivée remarquée des Space Wolves, Custodiens et Sœurs de Bataille sur Prospero, et de l’expulsion dans l’Immaterium dont le Cyclope et ses quelques fistons survivants ont fait les frais1. Malgré la présence d’un Corvidae2 (le Sergent Revuel Arvida) dans son effectif, Kalliston ignore tout bonnement ce qu’il s’est passé sur la planète des sorciers, transformée en planète des cendriers par les bons soins des loulous pendant son absence. Pas très pro pour un Thousand Sons, vous en conviendrez. C’est donc ce qui motive notre héros à aller mener une petite due diligence sur le terrain, malgré les vagues mais mauvais pressentiments de son subalterne.
Sur place, les légendaires facultés cognitives des fils de Magnus ne mettent pas longtemps à conclure que quelque chose, ou quelqu’un, hante toujours la surface dévastée de Prospero. Les indices concordent vers la piste lupine, d’autant plus aisée à soupçonner que l’inimité entre les frères Husse (Lemaneur et Magueunne) est connue de tusse, euh, de tous. Ces savantes spéculations sont toutefois repoussées à plus tard lorsque l’un des gardes du corps de Kalliston prend un bolt en pleine tête, ce qui donne d’autres chats à fouetter à l’inspecteur Gadget. Walking like an Egyptian jusqu’au couvert le plus proche, il donne l’ordre à ses hommes de le rejoindre pour essayer de regagner ensemble leur transport…
J’opère ici une ellipse concave qui me permettra de ménager un peu de suspens à mon propos. Nous retrouvons un peu plus tard Kalliston en train d’émerger du kohl (le cirage, c’est bon pour les Dark Angels), nu comme un ver et attaché à une chaise dans une pièce plongée dans la pénombre. « Comme dans Casino Royal ! » réalise notre héros cultivé, qui se prend alors à craindre pour l’intégrité de ses bijoux de famille. Enfin, c’est sans doute ce qu’il aurait pensé s’il se souvenait de quelque chose. En l’état, le mauvais coup qu’il a reçu sur le crâne lorsqu’un missile krak est venu le photo-bomber lui a retourné le ciboulot, au point qu’il a même du mal à se souvenir de qui il est, et de comment il est arrivé ici. Quant à ses pouvoirs psychiques, ils commencent péniblement à revenir une fois son interrogatoire débuté. Car, bien évidemment, cette mise en scène funeste a pour but de prévenir le lecteur que quelqu’un, ou quelque chose, a les moyens de faire parler Kalliston… qui est plutôt OK avec ça. Après tout, il lui faut du temps pour pouvoir lancer un sort de démenottage que ses capacités d’Athanean3 ne laissent absolument pas envisager. La magie de… la magie. Bref.
La discussion s’engage donc entre le Capitaine abandonné et son interrogateur, qui prend bien soin de rester dans le noir pour laisser planer un vieux doute sur son identité. Mais on ne la fait pas facilement à ce rusé de Kalliston, qui, d’après la respiration bestiale, la voix gutturale et la tendance à l’énervement de son interlocuteur, a tôt fait de comprendre qu’il se trouve en présence d’un Space Wolf. Tout content de sa propre ingéniosité, il se permet même de titiller l’égo de son tortionnaire, oubliant un peu vite que le type en peau de slip énergétique attaché sur une chaise, c’est lui. Résultat des courses, il se mange une belle correction après avoir demandé à appeler son avocat, trait d’humour évidemment peu partagé par son vis-à-vis. Ce dernier riposte toutefois (autrement que par la violence) en faisant exprès de ne pas révéler à Kalliston ce qui s’est passé sur Prospero, information que le Thousand Son donnerait cher pour connaître. Après quelques minutes d’échanges de petites piques et de grosses torgnoles, c’est enfin le moment de jeter bas les masques, ou, dans notre cas, d’allumer la lumière. Et le colosse musculeux aux yeux injecté de sang et au comportement maniaque qui fait face au prisonnier se révèle être…
Début spoiler…Line Renaud. Ou plutôt, son descendant lointain, Khârn des World Eaters (et pourquoi pas d’abord, hein ?). Incompréhension compréhensible de la part de Kalliston, qui se trouve très Kallis-con devant ce retournement de situation. Pour sa défense, rien ne ressemble plus à un loup qu’un chien, même si on peut se poser la question pour les carlins. Bref, les Thousand Sons ont été pris en chasse et massacré par les suivants d’Angron, qui sont arrivés sur la planète après la bagarre (ce qui a dû les énerver) pour aller effacer le numéro personnel d’Horus du téléphone de Magnus (ou l’équivalent), ce qui a dû les mettre vraiment en rogne. Ils se foutent bien de savoir quel camp ont rejoint les Astartintellos, qu’ils méprisent copieusement, comme le reste des Légions d’ailleurs. Kalliston, qui pense que son vis-à-vis cherchait également la réserve de Xanax de Magnus pour gérer son stress de façon plus efficace, a alors la mauvaise idée de proposer un deal à Khârn : une thérapie complète assortie d’un stage de méditation tantrique pour retrouver sa paix intérieure, contre sa libération. Se passe alors une longue seconde pendant laquelle l’Ecuyer d’Angron semble hésiter… avant de décider bien sûr de corriger le maraud qui a osé sous-entendre qu’il était fou à lier. Et contre un personnage nommé spécialiste du corps à corps, notre héros ne fait pas le poids, même s’il arrive à se libérer de ses liens pour la bagarre finale. Surclassé par la puissance de son adversaire, Kalliston finit donc au tapis, puis dans le tapis, puis sous le tapis, au fur et à mesure que Khârn le réduit en porridge. Personne n’aime les psychiatres, c’est connu.
Finissons notre histoire et revenons en arrière pour suivre l’émancipation du dernier Thousand Son en un seul morceau de la nouvelle, le Sergent Arvida. Grâce à ses super pouvoirs de divination, il arrive à esquiver les ennemis et les balles avec un peu plus de succès que ses camarades, et échappe ainsi à la mort et à la capture. Le poids du nombre l’empêchant de secourir Kalliston, et son transport ayant été détruit par les World Eaters, notre loup solitaire joue un peu avec le feu en collant un bolt dans le casque du Capitaine Khorneux fort occupé à violenter la dépouille mortelle de ses frères d’armes, avant de partir comme un dératé dans le dédale carbonisé de Tizca. Tout finit cependant bien pour notre héros de rechange, dont le don de double vue lui a donné la certitude qu’il repartirait de la planète en vie. Bienvenue au club des personnages nommés, p’tit gars ! N’oublie pas de prendre tes chaussettes de scenarium avec toi pour la suite !Fin spoiler
1 : Après tout, il ne faut pas compter sur Leman Russ pour appliquer la trêve hivernale. Ça doit bien le faire rigoler.
2 : Les présentateurs météo de la Légion (ils voient le futur).
3 : Les psychologues de la Légion (ils lisent dans l’esprit).
AVIS:
Pour ses débuts dans l’Hérésie, Chris Wraigth a voulu soigner son lecteur avec une nouvelle à suspens. Cette intention louable s’est toutefois heurtée à une réalité que le futur seigneur de Terra ne pouvait pas vraiment deviner au moment où il a soumis son texte à la BL: l’évolution du personnage de Khârn dans la série. Car si on a droit dans ce ‘Rebirth’ à un berzerk de Khorne écumant de rage et guère maître de ses émotions, dans la droite lignée du positionnement choisi par Bill King pour cette figure chaotique dans ses propres écrits1, l’écuyer d’Angron est au contraire devenu sous la plume d’Aaron Dembski-Bowden la tête pensante et froide de sa Légion, jusqu’à un stade avancé de l’Hérésie tout du moins. De ce fait, le voir sombrer dans une démence sanguinaire au lendemain du sac de Prospero apparaît avec le recul comme un faux raccord narratif, dont Wraight n’est certes pas coupable, mais qui réduit le plaisir de lecture de cette nouvelle. Le plus ironique dans tout ça est que n’importe quel autre Capitaine des World Eaters aurait magnifiquement fait l’affaire, alors que la présence au casting de cette célébrité, utilisée donc à contre-emploi par l’auteur, dessert ce ‘Rebirth’.
Cette déception évacuée, il faut reconnaître que Chris Wraigth livre une histoire assez correcte, sérieusement bâtie et respectueuse du fluff Thousand Sons et hérétique déjà établi – à l’exception de celle notée ci-dessus, évidemment – qui lui permet d’introduire son personnage récurrent d’Arvida, que l’on retrouvera (comme présagé en conclusion de la nouvelle) plus loin dans l’Hérésie2, et pas forcément du côté où on l’attendait. Et c’est plutôt heureux, car le « héros » malheureux Kalliston n’inspirait ni intérêt, ni sympathie à l’auteur de ces lignes. Ce ne sont pas toujours les meilleurs (personnages) qui partent les premiers, heureusement…
1 : Et dans une moindre mesure, Graham McNeill et Ben Counter dans ‘False Gods’ et ‘Galaxy in Flames’.
2 : ‘Allegiance’, ‘The Last Son of Prospero’.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Je peux comprendre pourquoi la Black Library a choisi de placer ‘Rebirth‘ dans l’emplacement dédié aux Thousand Sons dans ce recueil : il s’agit du premier épisode de la saga de Revuel Arvida, et avec un peu de chance, il intéressera suffisamment le lecteur pour que ce dernier achète les bouquins où cette dernière se poursuit. Ce raisonnement marketing ne fait cependant pas grand sens d’un point de vue didactique, ce qui aurait dû être la priorité des éditeurs de ‘Lupercal’s War‘: outre le fait que cette nouvelle est finalement plus liée aux World Eaters qu’aux Thousand Sons, elle ne contextualise pas assez à mes yeux l’incendie de Prospero. Plus grave, elle ne permet pas au newbie de comprendre pourquoi Magnus n’a rien fait de mal, ce qui est la BASE de la culture Thousand Sans, reconnaissons-le. Un meilleur choix aurait été ‘Thief of Revelations‘, avec une mention honorable pour ‘The Sixth Cult of the Denied‘, qui a l’énorme avantage d’expliquer en détail le système de cultes que Wraight mentionne rapidement ici.
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Sons of Horus – Little Horus (D. Abnett) :
INTRIGUE:
Dans la famille Horus, il y a bien sûr le père, Lulu la Percale1, mais il y a aussi le fils, Aximand, surnommé Horus Minus par ses petits camarades de jeu. Ou l’autre Horus, si on veut être corporate. Capitaine de la 5ème Compagnie des Sons of H…imself et membre du Mournival, c’est un individu qui compte au sein de la Légion. Son tort aura de ne pas avoir la personnalité, la fabuleuse destinée, ou le destin tragique de ses condisciples mal lunés, ce qui l’a contraint à jouer les seconds couteaux pendant ce début d’Hérésie. Tout le monde ne peut pas se retrouver sous les feux des projecteurs, il faut bien qu’il y ait des gens qui se battent (ou font semblant de se battre) à l’arrière-plan. Pourtant, notre héros du jour a des arguments à faire valoir, à part sa première place au concours inter-Segmentum des sosies de Michel Blanc, s’entend. C’est ce que cette nouvelle d’Abnett nous propose de découvrir.
Le propos prend place quelques temps après les événements d’Isstvan, alors que les Sons of Anarchy Chaos commencent leur course de fond en direction de Terra. Sur leur chemin se trouve le monde de Dwell, farouchement loyal à Pépé et trop militarisé pour être ignoré par les renégats. De plus, un petit comique en fer blanc du nom de Shendrak Meduson commence à faire parler de lui, et pas en bien. Très mécontent d’avoir retrouvé son Primarque rétréci à l’essorage, ce Capitaine Iron Hand a mis sur pied une force de guérilla galactique, qui s’est faite une spécialité de titiller les flancs du Maître de Guerre. Si Meduson parvient à rallier Dwell à sa cause, son pouvoir de nuisance en sera décuplé, et ça, Horus ne le souhaite pas le moins du monde. Alors que la Légion se prépare à illuminer la planète, nous surprenons une discussion entre les derniers Mournivaliers encore debout. Aximand, qui s’est mis à rêver que quelqu’un le regardait, et à entendre une respiration mystérieuse autour de lui depuis la purge des Sons, serait pour une reconstitution de cette saine institution. Il faudrait pour cela des candidats dignes de ce nom, et alors que lui penche pour un petit nouveau prometteur du nom de Grael Noctua, même pas encore Capitaine mais c’est pas grave, Abaddon se contente d’égrener les noms des types de sa Compagnie jusqu’à ce qu’Aximand finisse par lui accorder Falkus Kibre. Tope là mon gaillard, cochon qui s’en dédit.
Chargé de la prise du Mausolytique, croisement entre une morgue et une bibliothèque où les défunts de Dwell sont gardés sur étagère pour que leurs descendants puissent bénéficier de leur savoir, Aximand entraîne ses hommes, ainsi que son stagiaire Noctua, à l’assaut du complexe défendu par les Tyjunate Compulsories, une garde d’élite dont la chance est de pouvoir compter sur des boucliers énergétiques de bonne qualité. Résultat des courses, les bolts des Astartes se révèlent assez peu efficaces, ce qui chagrine profondément Horus Minus. Heureusement, la honte d’un retard lui est épargnée par la bonne idée de son rookie, qui suggère tout bêtement de foncer dans le tas l’épée au clair, ce qui marche du (marteau) tonnerre. Vive la jeunesse. Emporté par son élan, et bien aidé par les moulinets ravageurs de sa latte personnelle, qu’il a spirituellement appelé Mourn-it-all2, Aximand se retrouve un peu isolé en tête de l’assaut, et manque de se faire occire par la contre-attaque féroce d’un Iron Hand isolé, qu’il identifie comme étant Bion Henricos, l’un des lieutenants de ce diaaaaaable de Meduson. Il faut dire que ses hallucinations auditives l’ont distrait au pire moment, et il s’en est fallu d’un rien pour que notre héros se fasse bellement navrer par son adversaire, qui a une grande épée et sait bien s’en servir. Après quelques passes d’armes dans le Mausolytique, artistement décoré de grandes statues blanches, les renforts finissent enfin par arriver du côté renégat, permettant à Aximand de vaincre – en traître (c’est fluff) – Henricos. Une question lui brûle alors les lèvres : pourquoi son assaillant était il seul ?
Début spoiler…Et la réponse est : il ne l’était pas. Car les statues blanches de la pièce n’étaient pas en marbre mais en chogorite, et les White Scars les plus patients de la galaxie peuvent enfin déclencher leur attaque, menés par ce rusé de Hibou Khan.Les statuesques Astartes espéraient mettre le sabre sur Horus, mais faute de grives… Se rouler dans la farine pour rendre la pareille à son adversaire, c’est beau tout de même. Il y a un mot de Chogoris pour ça d’ailleurs: prank’h. Après avoir prononcé la seule phrase qui s’imposait en cette situation3, Baby Horus doit à nouveau défendre sa vie, et y arrive beaucoup moins bien. Une estocade de l’oiseau de nuit fend en effet son casque en deux, délestant notre héros de la plus grande partie de son visage. La blessure n’est pas mortelle, mais seulement évanouissante pour Aximand, qui, dans son coma réparateur, met enfin un nom sur le triste sire qui le stalke à coups de soupirs depuis ces dernières semaines : Garviel Loken. Le fâcheux en question étant présumé mort sur Isstvan III, cela règle le problème pour Horus Minus, dont la chirurgie reconstructrice a laissé quelques traces. Mais, comme il le dit lui-même, il n’a pas peur du changement, alors…Fin spoiler
1 : Surnommé ainsi à cause de la finesse de ses draps.
2 : J’aimerais bien savoir comment la VF s’est dépatouillée de ce petit jeu de mots du père Abnett. Avis aux lecteurs francophones.
3 : Coucou, coucou, coucou, hibou, coucou.
AVIS:
Après avoir mis l’Hérésie sur les rails avec ‘Horus Rising’, Dan Abnett reprend les commandes d’une Légion dé-Lokenisée, et désormais en guerre ouverte contre l’Imperium. C’est l’occasion pour lui de donner son heure de gloire à l’un des membres les plus discrets du Mournival, Horus Aximand, qu’on sentait un peu mal à l’aise par la tournure prise par les événements dans ‘Galaxy in Flames’, même si cela ne l’avait pas empêché de rabattre le caquet de cette grande gueule de Torgaddon sur Isstvan III. C’est également par ce biais qu’il commence à nous présenter son nouveau projet hérétique, mené d’une main de fer (héhé) par un nouveau-venu du nom de Shendrak Meduson, déterminé à venger la mort de son Primarque en enquiquinant les traîtres sur la route de Terra au maximum de ses capacités.
On retrouve donc dans ce ‘Little Horus’ le mélange d’action frénétique, de rebondissements cinématiques et de réflexions plus posées sur l’état des Sons of Horus après qu’ils aient franchi le Rubicon (avant que ça ne devienne tendance) auquel Abnett nous avait habitué dans son pavé initial. Tout cela est bel et bien bon, et nous donne un précieux éclairage sur cette période de transition des fils d’Horus, à la trahison déjà consommée mais, pour la majorité d’entre eux, encore des Space Marines à peu près fréquentables, croyant sans doute s’être embarqués dans une noble révolution contre un Empereur tyrannique. Les années qui suivront en surprendront donc quelques uns… à commencer par notre protagoniste, déjà travaillé par sa conscience coupable1, et qui devra perdre la face au sens premier du terme pour laisser derrière lui ses allégeances passées. Little Horus est donc une lecture des plus sympathiques, pas indispensable en termes de compréhension de l’Hérésie, mais très intéressante pour ceux qui se passionnent pour les jeux de pouvoirs à l’oeuvre au sein des Sons of Horus.
1 : Il y a fort à parier que la révélation de l’identité de l’individu venant lui souffler dans les oreilles H24 ait été un moyen pour Abnett de nous prévenir qu’un duel entre Aximand et Loken dans la suite de l’Hérésie était à attendre.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Les Sons of Horus sont sans doute la Légion de Space Marines qui compte le plus de personnages nommés importants de toute l’Hérésie d’Horus, à commencer par leur père génétique, d’après qui la franchise est tout de même nommée. Cela explique que la majeure partie des nouvelles qui leur sont consacrées se concentrent sur leurs VIP et pas sur le sort du légionnaire de base (dont le point de vue aurait été intéressant, je le dis au passage). C’est le cas avec ce ‘Little Horus‘, qui a le mérite de faire ressortir les complexes rouages politiques qui meuvent cette Légion, surtout après qu’elle soit passée au Chaos. Et puis, c’est la seule nouvelle signée Abnett du recueil, donc il serait dommage de bouder son plaisir. Mentions honorables pour ‘Twisted‘ (sur la grande famille du Chaos) et ‘The Wolf of Ash and Fire’ (sur les relations entre Horus et l’Empereur avant l’Hérésie).
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Word Bearers – Child of Chaos (C. Wraight) :
INTRIGUE:
Le Siège de Terra approche méchamment et quelque part en orbite du Monde Trône, un Astartes en arrêt maladie contemple la planète de Pépé avec un œil torve et un visage couvert de biafine. Notre protagoniste est, vous l’aurez deviné, Erebus. Sauf que en fait, non, mais nous y viendrons un peu plus tard. Passé à la râpe à fromage par Horus et slam dunk-é dans le bac à ordures dangereuses par Lorgar, le surhomme par qui le scandale éclata n’a pas vraiment d’épaule sur laquelle suinter, mais il s’en fout royalement car son auguste compagnie lui suffit. Et comme dit son deuxième proverbe favori (on parlera de son premier un peu plus loin): « plus on est de fous, plus on rit, moi je suis tout seul parce que personne ne m’aime alors je compense en étant complétement ravagé du bulbe et je peux rigoler un bon coup ». Quel dommage que seule la version abrégée de cette maxime si profonde nous soit parvenue. Toujours est-il qu’Erebus est décidé à se parler à lui-même pour passer le temps, et il embarque donc le lecteur dans le récit de son origin story, qu’il considère comme étant édifiante. Voyons cela.
Première confession: Bubus a toujours été mauvais. Et surtout en dictée. Il ne s’en cache ni ne s’en excuse, et il n’y a pas d’élément déclencheur à chercher pour explique sa chute, à part peut-être le fait qu’il ne supporte pas la chaleur. Mais bon, se dire que l’Hérésie aurait été évitée par un malheureux climatiseur, ce n’est pas très glamour, donc restons sur l’hypothèse de la malignité incarnée. Déjà tout môme, son passetemps favori était d’arracher les pattes de scorpion de Colchis, ce qui n’est guère charitable. Issu d’une famille miséreuse, il se mit à lorgner du côté des khôl gris du Covenant après avoir constaté que les prêtres menaient une vie de patachon. Après quelques mois à apprendre par cœur des cantiques et à apprendre à lire sur des bouquins piqués en douce dans le temple local, notre zéro accomplit ses premières armes en garrotant de sang froid un jeune dévôt de son quartier, auquel sa mufle de mère le comparait à longueur de journée pour le rabaisser. L’individu en question témoignait de sa foi envers les Puissances en se peignant des mots sacrés sur le visage, habitude que son assassin reprit, tout comme il lui emprunta son nom: Erebus. MIND BLOWN. On est passé à ça d’avoir l’Hérésie manigancée par un gonze appelé Post Malone ou Tekashi69, ça fait froid dans le dos tout de même. Heureusement que Môman Bubus n’aimait pas le rap.
Ce premier assassinat permit toutefois à l’usurpateur d’entrer dans les ordres sans coup férir, et de commencer à tailler son chemin vers le pire, soit le Pouvoir, l’Influence, la Richesse et l’Efferalgan. Car Erebus n’est pas vraiment croyant à la base, et avoue volontiers s’être piqué d’intérêt pour la chose religieuse de la même manière que tu as pris goût aux endives au jambon: à l’usure. BLIND MOWN. Pendant qu’il faisait ses classes, un certain Prophète commençait à faire parler de lui dans l’arrière pays colchitique, et il ne fallut pas longtemps avant qu’Erebus ne pose les yeux sur celui qui allait devenir son père adoptif (Lorgar), accompagné par sa future marâtre (Kor Phaeron). Ce ne fut pas le coup de foudre mais le jeunot comprit qu’il fallait qu’il se rapproche de Mr Tête d’Œuf pour son propre bien, ce qu’il fit.
Une arrivée impériale et une transformation en Space Marine plus tard, notre désormais fringant héros part sillonner la galaxie à la recherche des Dieux du Chaos, envers qui il sent une attirance particulière. Rien de très intéressant ne se produit jusqu’à l’arrivée sur Davin, et la visite qu’Erebus rend à un temple décati que lui ont révélé ses visions. Sur place, il rencontra un vieux prêtre ridé et impoli, ce qui n’est pas très malin quand on s’adresse à un type qui fait deux fois sa taille et trois fois son poids. Parmi les tags effacés et les inscriptions désobligeantes, les sens de sorceleur du surhomme firent clignoter en rouge un dessin de l’Anathame (qui ne se trouvait pas sur place, ce serait trop simple) ce qui fut apparemment suffisant pour son bonheur immédiat. Il repartit donc avec une envie folle de farmer du Wither squelette1, en ordonnant au vioque de faction de retaper un peu la bicoque, et en donnant rendez-vous dans quelques décennies à une très jeune Akshub (qui ironie de l’histoire, lui donnera des cours en chaotique appliqué lorsqu’il reviendra… quel fumiste tu fais Bubus alors). La suite de l’histoire, sans être parfaitement connue, l’est toutefois suffisamment pour pouvoir laisser Erebus à ses divagations fiévreuses et purulentes. Mais tel est le destin de ceux qui manquent de peau.
1: Mais sans accès au Nether, il dut se contenter de piller les collections permanentes du musée de la vie rurale de l’Interex, comme chacun sait.
AVIS:
Chris Wraight lève le voile sur l’origine d’un des personnages les plus importants de l’Hérésie n’étant pas Pépé ou un Primarque : bonne idée dans l’absolu, et assez bien réalisée même si ‘Child of Chaos’ tient plus de la lecture complémentaire intéressante que du must read définitif. Il y a certes quelques révélations bien senties de la part d’un auteur qui a trop de métier pour ne pas jeter quelques bouts de fluff anecdotiques (au sens littéral) en pâture à son public de fanboys dans une nouvelle telle que celle-ci, mais rien qui changera la face du lore. On apprend par exemple que c’est à Erebus que l’on doit la maxime « béni soit l’esprit trop étroit pour le doute », ce qui est utile à savoir pour briller dans un centre GW mais relève de la trivia hérétique au final. Notons également que Wraight se retrouve piégé par cet ennemi acharné de l’auteur de l’Hérésie d’Horus qu’est la continuité temporelle (à égalité avec la bonne vieille logique cartésienne): si Erebus a pu devenir un Word Bearers, c’est qu’il était très jeune à l’arrivée de l’Empereur. Or on sait (‘Lorgar: Bearer of the Word’) que Kor Phaeron avait déjà mis des pensées non euclidiennes dans la tête de son pupille bien avant que Bubus soit en mesure de susurrer des salaceries à l’oreille de son Primarque : l’image d’Epinal d’instigateur de l’Hérésie qui accompagne le Chapel-Un depuis quelques années en prend donc un sacré coup dans les ratiches.
Bref, on tient ici une lecture sympathique et qui permet à Wraight de mettre un peu d’ordre1 dans, et de faire quelques clins d’œil à la suite de, l’histoire d’Erebus, ce qui peut, ou non, justifier les 3,49€ demandés par la Black Library pour tuyauter le lecteur/fluffiste sur ce VIP chaotique.
1: J’ai bien aimé le fait qu’il cherche à couvrir les traces de Thorpe en indiquant au détour d’une phrase que, oui, les Dieux du Chaos avaient bien un œil (mais juste un œil) sur Colchis et le Covenant, respectivement élus « Planète chaotique la plus calme du Materium » et « Secte chaotique hégémonique la moins efficace de la galaxie » 10.000 ans de suite. Il ne pouvait guère faire plus que cela sans réécrire l’histoire.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Erebus est certainement un des personnages les plus importants de l’Hérésie d’Horus, mais sa tendance à ne parler que de sa vie et de son oeuvre fait de ‘Child of Chaos‘ une piètre entrée pour les Word Bearers dans ce recueil introductif. C’est dommage car cette Légion bénéficiait d’un corpus assez imposant par rapport à sa notoriété, dans lequel la Black Library aurait été bien inspirée de puiser. Ma préférence va à ‘Children of Sicarus‘, qui illustre le lien particulier qu’entretiennent les Word Bearers avec les Puissances Noires, et met également en lumière les relations tendues entre Kor Phaeron et Lorgar. Si les longs formats ne vous font pas peur, il faut évidemment lire ‘The First Heretic‘, qui reste à ce jour l’un des meilleurs bouquins de toute la série.
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Salamanders – Artefacts (N. Kyme) :
INTRIGUE:
Horus a franchi le Rubicon Traitoris et les Salamanders s’activent pour rejoindre la flotte envoyée par l’Empereur punir la rébellion de son Maître de Guerre. Vulkan est de passage par Nocturne et par la lune-arsenal Prometheus pour se ravitailler avant le grand départ, mais lorsqu’il convoque le Maître de Forge T’kell dans son atelier personnel, ce n’est pas pour parler batteries ou boulons.
Tout commence par le récit que fait le Primarque à son fils génétique de la destruction de Nostramo des mains armes de coque de ce mauvais sujet de Konrad Curze, il y a bien des années de cela. Arrivé en catastrophe dans le système en compagnie d’Horus et de Jaghatai pour tenter de raisonner le dément, il ne put qu’assister à la dislocation de la planète, expérience qui le marqua profondément (c’est un sensible). Toutefois, si le Nighthaunter n’avait pas son pareil pour se fondre dans l’obscurité lorsqu’il agissait en solo, il était moins insaisissable au volant du Nightfall (la légende raconte qu’il n’avait pas son permis), et le terrocide fut rapidement arrêté par ses frangins, qui durent décider que faire de ce mauvais sujet. Horus étant Horus, c’est son idée de réhabilitation par chaperonnage qui finit par l’emporter, et ce bonimenteur de première réussit même à refiler le bébé à Vulkan pendant que lui-même allait briller ailleurs dans la galaxie et devenir Maître de Guerre quelques années plus tard. Comme quoi, même au 30ème millénaire et même pour un Primarque, avoir la garde des enfants est un gros frein à la carrière.
Vulkan fit de son mieux, mais la psyché torturée et fracturée de Konrad Curze ne se remit jamais du Nostramo Incident, comme les Commémorateurs diplomates appelèrent cette boulette regrettable1. La campagne de Kharaatan, menée de front par les Salamanders et les Night Lords, en apporta l’éclatante et sanglante démonstration, bien que Papamander ne soit pas non plus exempt de tous reproches sur ce coup là (je suis presque certain que passer un enfant désarmé qui se rend au lance-flammes est un crime de guerre). Le plan initial prévoyait que Konrad soit confié à Rogal Dorn une fois dégrossi par les bons soins de Vulkan, mais, ô surprise des surprises, le Prétorien de Terra ne donna jamais suite aux multiples messages laissés par son frérot sur son répondeur. À croire qu’il ait gardé une dent contre le fou furieux qui manqua de le tuer quelques années plus tôt2… N’ayant pas d’autres recours, Mister V. finit par appeler Horus à la rescousse, mais manque de pot, son frère bien aimé était déjà secrètement corrompu (et pas secrètement du tout imbittable), et accueillit la nouvelle de l’indécrottable perversité du Nighthaunter avec un émoji ptdr avant de mettre fin à la discussion.
Long story short, si Vulkan a fait venir son teckel, c’est parce qu’il s’est rendu compte que certaines armes étaient trop puissantes pour prendre le risque qu’un être malintentionné s’en empare et les retourne contre l’Imperium. C’était vrai de Konrad Curze et du marteau tonnerre que le sympathique Primarque avait forgé pour Horus avant qu’il ne se rebelle contre l’autorité paternelle, ça l’est aussi des milliers de gadgets de maître que Vulkan a bricolé pendant la Grande Croisade, et dont il rempli un hangar sur Prometheus. Il souhaite donc que T’kell passe tout à la broyeuse pendant que lui ira passer les menottes énergétiques à son frère dévoyé.
C’est un grand sacrilège pour T’kell, qui ne peut se résoudre à laisser des trésors tels que l’Adamant Flyswatter ou le Perpetual Handspinner rejoindre les poubelles de l’histoire. A force de pleurnicheries éhontées, il finit par convaincre son boss d’épargner sept artefacts, un pour chaque royaume de Nocturne, dans sa corvée valorisation des pas-encore déchets dangereux. Troll dans l’âme, Vulkan bombarde son subalterne Père de Forge et lui indique que sa mission est tellement importante qu’il devra rester sur place pour la mener à bien au lieu d’accompagner les copains sur Isstvan. On connaît la suite de l’histoire…
1 : Fun fact, c’est également sous ces termes que l’Empereur désigna Nostramo la première fois qu’Il posa les yeux sur la planète.
2 : Et dont il a confessé à Malcador avoir une trouille bleue, qui plus est.
AVIS:
Une nouvelle très intéressante pour les amateurs de fluff car on y découvre un pan jusque là caché de la Grande Croisade (les efforts déployés par Horus et Vulkan pour réhabiliter Konrad Curze), ‘Artefacts’ est un travail de jonction soigné de la part de Nick Kyme. En plus de faire référence à la grande histoire de l’Hérésie (le départ de Vulkan vers Isstvan), cette nouvelle fait échos à certains événements dépeints dans le ‘Vulkan Lives’ du même auteur, et pose les fondations de l’un des mythes les plus importants du Chapitre des Salamanders au cours des millénaires qui suivront : la quête des artefacts légendaires mis de côté par le premier Père de Forge, T’Kell. Un vrai succès en ce qui me concerne.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Je suis partagé sur ‘Artefacts’ : d’un côté, cette nouvelle parle beaucoup plus des complexes relations entre Primarques que des Salamanders eux-mêmes, mais de l’autre, aborder le sujet des origines des Artefacts de Vulkan, c’est toucher du doigt l’une des facettes les plus importantes de la culture des lézards énergétiques. Ce qu’il manque à cette histoire pour remplir totalement son but pédagogique est à mon sens une emphase plus importante sur le caractère humain de cette Légion, qui est l’autre de ses caractéristiques notables. On peut arguer que l’exemple donné par Vulkan (a.k.a. le babysitter d’Horus) est déjà parlant, mais comme les actions du Primarque ne présupposent pas toujours celles de leurs fils génétiques, je n’accorde pas ce point à ‘Artefacts’. Ceci dit, il y a assez peu de nouvelles hérétiques dans lesquelles les héros sont des Salamanders : la BL n’avait pas des masses de choix pour cette section de ‘Lupercal’s War’.
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Raven Guard – The Grey Raven (G. Thorpe) :
INTRIGUE:
L’ex-mais-pas-tout-à-fait-finalement Archiviste de la Raven Guard Balsar Kurthuri a été renvoyé sur Terra par Corax en personne après les événements relatés dans ‘Weregeld’, où il doit recevoir le jugement de Malcador le Sigilite. Tel le bouc (ici corbeau) émissaire, notre surhomme endosse une responsabilité collective dans cette histoire, puisqu’à travers lui, c’est tout le Librarium de la XIXème Légion qui se trouvera amnistié ou frappé d’anathème. Le Primarque furtif n’assume en effet plus trop la permission qu’il a donné à ses fils de s’asseoir sur l’Edit de Nikea, bien qu’il n’ait pas fait le fin bec lorsque les pouvoirs psychiques de Kurthuri – catapulté Archiviste en chef de la Raven Guard après le désastre d’Isstvan V – l’aidèrent à récupérer le patrimoine génétique nécessaire à la reconstruction accélérée de sa Légion. Avec les résultats que l’on sait (#JamaisPlus, etc). Très chill dans l’âme, Kurthuri a accepté la mission sans rechigner, tout comme il a juré à Corax de ne pas faire usage de ses pouvoirs jusqu’au verdict de Malcador. Voici les termes posés.
Les hasards de la guerre ont fait que notre corbeau énergétique a fait le voyage non pas sur un vaisseau appartenant à sa Légion, mais s’est fait prendre en stop par des Imperial Fists sous le commandement du Capitaine Noriz. Il est également accompagné par le Custodes Arcatus Vindix Centurio, détaché par Valdor pour s’assurer que le patrimoine génétique remis à la Raven Guard était utilisé dans le respect des clauses établies, et un peu désœuvré depuis que Corax a bousillé son kit de petit chimiste. Alors que le Wrathful Vanguard sort du Warp pour pénétrer dans le système solaire, les revenants sont accueillis par une armada de vaisseaux et de stations de combat, preuves irréfutables que la guerre ne tourne pas en faveur des forces impériales. Il ne faut pas longtemps avant que les demandes d’authentification pleuvent sur le Uber de Kurthuri, qui laisse sagement Tchuck Noriz et AVC gérer l’administratif avec leurs vis-à-vis. Après tout, qui de plus qualifié qu’un Imperial Fists et un Custodes pour négocier un passage vers Terra ?
Malheureusement pour l’Archiviste déclassé, ses comparses ne font pas un super taf, et lorsque le stagiaire Custodes (Ludivicus) que Malcador a placé à la régulation du trafic solaire se met à faire du zèle auprès de son collègue, la situation dérape très rapidement. Kurthuri, trop honnête, a en effet eut le malheur de déclarer qu’il était sous le coup de l’Edit de Nikea, aveu suffisant pour que Ludivicus éructe un mot code secret sur la fréquence radio, transformant aussitôt Arcatus en ennemi mortel de ce pauvre Corneille. Et lorsque les bolts commencent à lui voler dans les plumes, Kurthuri décide de connaître un petit peu la peur, et bat prudemment en retraite pendant que Noriz, tout aussi surpris que son camarade Légionnaire par la réaction à brûle pourpoint du Custodes, tente de raisonner ce dernier.
S’engage alors une partie de chasse d’une genre un peu particulier, les Custodes du Wrathful Vanguard se mettant à traquer Kurthuri dans les coursives, tandis que ce dernier cherche à s’échapper du vaisseau pour rejoindre Terra et plaider sa cause directement auprès du Régent de Pépé, bien aidé par les Imperial Fists dans ses manœuvres d’évasion. Comme ni les Jaunards ni les Dorés ne tiennent vraiment à causer des pertes dans l’autre camp, l’affrontement tient plus du match de paint ball que de la fusillade sans merci, jusqu’à ce qu’Arcatus rattrape Noriz et Kurthuri, et les engage au corps à corps.
Bien qu’en désavantage numérique, le Custodes a tôt fait de démontrer qu’il est une classe au-dessus de l’Astartes moyen, même gradé, et s’énerve tellement qu’il finit par empaler le pauvre Noriz sur sa lance gardienne. Comprenant qu’il n’a aucune chance de sortir vainqueur de ce combat à la régulière, Kurthuri décide de revenir sur sa parole et d’avoir recours à ses pouvoirs… jusqu’à qu’un froncement de sourcil dédaigneux de son adversaire lui fasse changer d’avis. Résigné à obéir à son Primarque, même au prix de sa vie, notre héros finit par se rendre, et est enfin mené jusqu’à Malcador…
Début spoiler…Qui avait en fait un job à lui proposer parmi ses Chevaliers Errants, et cherchait à tester… son self control j’imagine ? dans des conditions extrêmes avant de l’embrigader dans son organisation secrète. La nouvelle se termine donc avec l’arrivée de ce vieux lézard d’Umojen, chargé par le Sigilite de briefer le bizut sur ses missions à venir. L’histoire ne dit pas si Corax a été dédommagé pour ce détournement de ressources…Fin spoiler
AVIS:
Thorpe a beau être un expert de la Raven Guard, je n’ai pas trouvé cette histoire très aboutie. Outre le fait qu’elle n’apporte pas grand-chose à l’Hérésie d’Horus, et apparaît davantage comme un moyen pour l’auteur de faire faire des heures supplémentaires à l’un de ses personnages alors que la tendance générale est plutôt à l’écrémage sévère en préparation de la clôture de la saga, je reproche à Thorpe d’avoir dévoyé la loyauté fanatique des deux factions les plus Pépéphiles de l’époque, les Custodiens et les Imperial Fists, juste pour pouvoir mettre en scène à peu de frais le simulacre d’affrontement entre les deux gardes prétoriennes de l’Empereur sur le Wrathful Vanguard. Cette guéguerre sans (presque) victimes est totalement illogique à l’époque où l’histoire prend place (après la tentative d’infiltration de Terra par l’Alpha Legion), et la réaction imprévue d’Arcatus n’aurait dû selon moi avoir que deux conclusions : soit une coopération immédiate et totale entre Custodiens et Imperial Fists, même si les seconds ne comprennent pas les motivations des premiers, soit un combat sans merci, et autrement plus sanglant, entre les deux camps. On ne me fera pas croire qu’un Custodien qui a identifié un ennemi de l’Empereur retienne ses coups pour épargner quiconque se met sur son chemin, fut-il un Imperial Fists. Ajoutez à cela que le test de Malcador est, au fond, très bizarrement conçu (il cherchait une forte tête, mais pas trop quand même ?), et vous obtenez un résultat très passable. Espérons que Kurthuri justifie par la suite (et la fin) de l’Hérésie le traitement de faveur éhonté dont il bénéficie ici.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
La Raven Guard est tellement discrète que les nouvelles qui parlent vraiment d’elle (et pas de ce poseur de Valerius) sont relativement rares. Je dois avouer au moment où j’écris ces lignes que je n’ai pas de référence à mettre en avant à la place de ce ‘Grey Raven‘, qui ne rend pas vraiment justice à la Légion de Corax, et se concentre plutôt sur l’application de l’Edit de Nikea et la circulation compliquée sur le périphérique du système solaire (deux sujets très importants, j’en conviens). Pour ne rien arranger, cette histoire prend place relativement tard dans l’Hérésie, et a toutes les chances de ne pas être bien appréciée par un lecteur novice. Une nouvelle mettant en scène les talents d’infiltrateurs hors normes des surhommes corneilles aurait été à mon sens plus adaptée.
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Alpha Legion – Liar’s Due (J. Swallow) :
INTRIGUE:
Malgré le déclenchement de l’Hérésie, la vie suit son cours normal à la surface de Virger-Mos II, planète agricole de pouillème ordre située tellement loin en périphérie de l’Imperium que ses habitants doivent se contenter des podcasts envoyés par des YouTubers de Terra pour se tenir informés de l’avancement du conflit. L’épisode qui est retransmis le jour où commence notre histoire, dans la ville 441, est cependant un peu spécial, dans la droite lignée des ‘Noces Pourpres’ de Game of Thrones2. Et pour cause : on annonce à nos braves péquenauds que l’Empereur a cassé sa pipe, et qu’Horus a gagné la guerre et pris le trône paternel. Stupeur et tremblements parmi la populace, sur laquelle souffle bientôt un vent de panique. Que va devenir leur petite colonie ? Quelle position adopter après ce retournement de situation que nul n’avait vu venir ? Faut-il attendre de la visite dans les jours/mois/années à venir de la part du nouveau maître de l’Imperium et de ses armées ? Quel bruit fait le renard ? Des dizaines de questions à la gravité inédite fusent de part et d’autre, tandis qu’au milieu de la ville, notre héros, le jeune et idéaliste Leon Kyyter, a bien du mal à digérer la nouvelle.
Car Leon est un lointain descendant des fanboys pratiquant le « Hobby » sur Terra en M2. En plus de posséder une armée de figurines en métal (et en bois, ça coûte moins cher) peinte avec amour, il est un lecteur assidu du fluff de la propagande impériale, et possède même une authentique douille de bolter (les ravages du merchandising). Si son père lui avait permis, il se serait fait tatouer « I Pépé » sur le front. Aussi, apprendre de but en blanc que son idole absolue a tiré sa révérence le chagrine au plus haut point. Laissant ses concitoyens débattre entre eux de la marche à suivre, il s’en va relayer la nouvelle au seul résident du foyer de jeunes travailleurs que son père et lui font tourner, le sieur Mendacs, Commémorateur de son état.
Mendacs est arrivé deux mois plus tôt à 44, annonçant aux locaux estomaqués par la survenue d’un estrangé dans leur communauté que sa mission était de peindre quelques paysages bucoliques de champs et de nuages, sans doute à fin d’illustrer les cartes postales et calendrier des postes du Segmentum. On ne saura jamais ce que notre Commémorateur a fait ou dit à son supérieur pour être envoyé sur une mission aussi pourrie, mais Mendacs prend son boulot avec philosophie, comme la nouvelle que lui apporte Leon, d’ailleurs. À la grande surprise de son jeune ami, il se montre en effet assez posé dans sa réaction, et rassure ce dernier que cette annonce n’aura sans doute aucune conséquence pour Virger-Mos II, dont l’enclavement galactique et le peu de valeur stratégique mettent à l’abri d’une invasion. Tous les locaux ne partagent cependant pas l’avis du chill-ommémorateur, et le conseil municipal improvisé le soir même tourne bientôt au vinaigre, loyalistes, opportunistes et jemenfoutistes n’arrivant pas à trouver un consensus sur la décision à prendre, et quel drapeau faire flotter sur la devanture de la mairie. La tension monte encore d’un cran lorsque des traînées lumineuses sont aperçues dans le ciel nocturne, faisant redouter à nos braves ruraux que l’invasion de leur patelin a déjà commencé. Dès lors, il ne faut pas s’étonner que la plèbe finisse par faire des choses stupides (sa spécialité depuis des temps immémoriaux), comme tirer d’abord et poser des questions après. C’est ainsi que l’apprenti vigilante local, Dallon Prael, tue par accident son pote de comptoir Silas Cincade avec le fusil laser de sa grand-maman, ayant pris la Kangoo de son compaing, parti chercher des nouvelles à la capitale, pour un Land Raider des Sons of Horus. Un tragique accident.
Début spoiler…Pendant que la psychose progresse gentiment mais sûrement dans sa cité, Leon décide de suivre un Mendacs parti en vadrouille en mode sneaky dans les rues de 44. Le Commémorateur se dirige vers le Skyhook, l’ascenseur orbital entièrement automatisé utilisé pour acheminer les récoltes de la planète jusqu’aux cargos spatiaux qui transporteront le précieux quinoa de Viger-Mos II jusqu’aux confins de l’Imperium. Déterminé à comprendre les raisons de ces agissements étranges, Leon parvient à sauter dans une cabine à la suite de Mendacs, et se retrouve quelques minutes plus tard sur la plateforme d’échange du Skyhook, qui se trouve être le lieu de résidence de la seule Astropathe de la planète. Cette dernière a passé les deux derniers mois emprisonnée dans un champ de stase posé par Mendacs, qui a mis ce temps à profit pour effectuer son œuvre de désinformation de masse. C’est lui qui a envoyé le message qui a mis le feu aux poudres en contrebas, utilisant le matériel et la formation de pointe fournis aux agents de l’Alpha Légion pour ce faire. C’est également lui qui a fait basculer la planète dans la paranoïa en programmant quelques drones faire s’écraser d’innocentes météorites à la surface de Virger-Mos II. Sa mission accomplie, il ne lui reste plus qu’à convaincre l’Astropathe d’envoyer un Tweet à ses patrons pour les informer de la réussite des opérations, avant de repartir vers de nouvelles aventures, non s’en s’être débarrassé des témoins gênants de son triomphe : l’Astropathe en question… et pas Leon. Mendacs décide en effet d’épargner le garçon, trop content d’avoir eu, pour une fois, un public témoin de ses manigances, et confiant dans l’incapacité de ce dernier d’enrayer la spirale de méfiance et de violence à l’œuvre sur la planète. En cela, il a probablement raison. Des dangers des fake news…Fin spoiler
1 : Ça en dit long sur le niveau de motivation des colonisateurs au moment où ils sont arrivés sur la Saint-Sauveur-de-Ginestoux de l’Ultima Segmentum. Pas de noms pour les villes, juste des numéros.
2 : Que les habitants de Virger-Mos II ont pu commencer à visionner seulement depuis deux mois.
AVIS:
James Swallow prend son monde à contre-pied avec ‘The Liar’s Due’, dont le ton s’éloigne résolument du grimdark industriel auquel notre homme nous avait habitué jusqu’ici. J’ai trouvé pour ma part que ce récit se plaçait davantage dans la lignée de la SF classique (notamment le Skyhook, qui m’a fait penser à l’ascenseur spatial de la trilogie Mars de Kim Stanley Robinson), avec son intrigue majoritairement non-violente et placée à hauteur d’homme, que dans celle de la GW-Fiction telle qu’on la connaît. Je dois reconnaître que j’ai apprécié ce parti pris, qui change agréablement de ce que l’on peut lire ailleurs dans l’Hérésie d’Horus, et permet de réfléchir sur les implications concrètes de cette dernière pour les milliers de planète ayant eu la chance de ne pas retrouver au centre des violents combats entre loyalistes et renégats. Cette apparente tranquillité n’a sans doute pas toujours été synonyme de sérénité pour les populations aux secondes loges de cette guerre galactique, et la mise en avant de la cinquième colonne d’Alpharius, et du rôle joué par les agents de ce dernier en matière de propagande, est la bienvenue. Je regrette simplement que Swallow n’ait pas jugé bon d’entretenir un peu de suspens dans sa nouvelle, la duplicité de Mendacs étant établie très tôt dans l’histoire, ce qui entame un peu de son intérêt. Mais la balance reste malgré tout positive, et je place ‘The Liar’s Due’ en tête de la production de cet auteur, confortablement devant la majorité de ses écrits Blood Angelesques et Sœurs de Bataillesques.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
‘Liar’s Due‘ est une nouvelle intéressante, mais où ne figure pas le moindre Alpha Légionnaire, ni le plus petit Alpharius, ce qui aurait dû la disqualifier d’office pour une inclusion dans ‘Lupercal’s War‘. C’est d’autant plus dommage que la Black Library avait en stock bon nombre de nouvelles traitant de la manière si particulière dont cette Légion atteint ses objectifs sur le champ de bataille, et pas dans les champs de colza : ‘Council of Truth‘, ‘The Face of Treachery‘, ‘The Harrowing‘… Pour les amateurs, la novella ‘The Serpent Beneath‘ et le roman ‘Legion’ valent également le détour.
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Et voilà qui conclut cette revue de ‘Lupercal’s War‘, première (et probablement seule, vu l’époque tardive, Heresy wise, à laquelle elle a été publiée) anthologie introductive consacrée à l’Hérésie d’Horus. Comme on l’a vu dans les critiques ci-dessus, la Black Library n’a pas réalisé un sans faute dans la sélection des nouvelles choisies pour présenter chacune des Légions impliquées dans ce conflit galactique, mais l’effort reste tout de même globalement satisfaisant. Au chapitre des regrets, j’aurai également apprécié que d’autres factions soient intégrées au sommaire de ce recueil, qui du haut de ses moins de 400 pages, n’a pas atteint la limite haute fixée par la BL en matière de longueur. Comme un autre recueil hérétique sorti en 2022 (‘Heirs of the Emperor‘, chroniqué ici si ça vous intéresse), approche les 450 pages, il aurait été possible d’aborder les Custodiens (‘Blood Games’), l’Adeptus Mechanicus (‘The Kaban Project‘, ou ‘Vorax‘ par souci de concision) et l’Armée Impériale (‘All That Remains‘) dans ‘Lupercal’s War‘1, quitte à bazarder les ‘Black Oculus‘ et ‘Bjorn: Lone Wolf‘ pour gagner un peu de place. Enfin, l’absence d’une version française est également dommage, la BL ayant jusqu’ici pris la peine de proposer ses recueils introductifs en plusieurs langues.
Toutefois, le bilan reste à mon sens largement positif, en bonne partie grâce à un prix de vente encore une fois très intéressant par rapport aux tarifs habituels de la maison (et c’est encore plus vrai pour la version audio book, vendue à 10,99€). Ces 21 nouvelles permettent au lecteur, quel que soit son niveau de connaissance es-hérésie, de découvrir les arcs narratifs et les styles d’écriture d’une palanquée de personnages et auteurs ayant marqué cette franchise iconique, et c’est bien cela qu’on attend de ce type de compilation. À titre personnel, je reste convaincu que la meilleure façon d’aborder ce mastodonte littéraire est de commencer par la trilogie originelle, qui, en plus d’être parmi les meilleures sorties de toute l’Hérésie, a été écrite pour permettre à n’importe que fan de science-fiction de comprendre les tenants et les aboutissants de cet événément tentaculaire, quitte à réserver ‘Lupercal’s War‘ pour un deuxième temps. À chacun sa méthode pour sombrer dans le schisme, cependant !