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BLACK LIBRARY CELEBRATION WEEK 2024 [Recueil]
Bonjour et bienvenue dans cette revue de la Black Library Celebration Week 2024, publiée par la BL à la fin du mois de février 2024 (pas de surprise jusqu’ici), deux semaines après le lancement des festivités annuelles de la maison d’édition de Nottingham (voir par exemple la revue du recueil gratuit de la Black Celebration 2024, ici). Pas de surprise au niveau du contenu proposé ici : cinq nouvelles inédites de 40K et d’Age of Sigmar – il faudra s’habituer à ne plus avoir de soumission pour l’Hérésie d’Horus désormais – mettant en scène des héros et des auteurs amenés à prendre de l’importance dans les mois à venir… ou tellement connus qu’on ne les présente même plus, comme l’indéboulonnable Gotrek Gurnisson, qui nous fait l’honneur d’un petit caméo dans ‘The Beast of Grey Gardens’.
On retrouve ainsi Mike Brooks et ses boyz (‘Painboyz’), John French et son vampire itinérant (‘Cannibal Gate’), et deux associations plus nouvelles pour le lecteur : R. S. Wilt et les Tempestus Scions (‘Eradicant’) et Jude Reid et Morvenn Vahl (‘The Reskard Purgation’). Si on sait déjà à l’heure où ces lignes sont écrites que Brooks, French et Reid ont un roman en stock pour leurs héros (respectivement ‘Da Big Dakka’ et ‘ Dead Kingdom’ et ‘Spear of Faith’), rien n’a circulé pour l’instant sur ce que le futur réserve à Gotrek (on peut juste parier sur le fait qu’il ne va pas mourir de sitôt) et aux fiers fantassins de l’Astra Militarum. Rendez-vous dans quelques temps pour refaire le point sur la situation, et en bas de cette ligne pour commencer la revue de cette semaine festive.
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Painboyz– M. Brooks [40K] :
INTRIGUE :
Le Painboy attitré d’Ufthak Blackhawk, Doc Drozfang, a emmené ses élèves, larbins et tous les Orks désœuvrés qui zonaient dans le coin dans une excursion à but pédagogique : la visite d’un authentique laboratoire d’Haemonculus drukhari, découvert à l’occasion de l’invasion par notre Waaagh ! préférée d’un repaire d’Eldars Noirs. Comme le professe volontiers un Drozfang philozof à ses heures perdues, rien de tel que d’entrer au cœur des choses pour mieux les comprendre, qu’il s’agisse d’un abdomen d’Ork ou d’une infirmerie zoneille. Là-dessus, nous sommes bien d’accord.
Cependant, les précédents occupants des lieux n’ont pas encore mis à exécution l’obligation de quitter le territoire laboratoire qu’une marée de Boyz belliqueux emporte systématiquement avec elle, et les Spikies commence à faire de la résistance, embusquant les trainards peaux-vertes et renvoyant leurs restes mutilés sur leurs camarades… ce qui fait bien rire ces derniers. Il en faut plus que ça pour effrayer un Ork, c’est certain (pour les Grots, ça se discute par contre), d’autant plus si la perspective d’une bonne bagarre se concrétisera s’il parvient à mettre la pogne sur ses tourmenteurs.
Au bout de quelques menus accrochages, une bande de Grotesques accompagnés par un Talos dessiccat(u)eur finit par donner l’assaut aux intrus, qui ne demandaient pas mieux et répondent au sadisme clinique des Drukharis par une violence débridée. Au plus fort de la mêlée, Drozfang aperçoit son vis-à-vis, qui commande ses troupes pusillanimement depuis l’arrière, et lui décoche une rafale de fling’ qui, à la surprise générale, atteint sa cible et détruit le générateur d’anti-gravité de l’Eldar Noir. Statistiquement, ce genre de dinguerie devait bien se produire un jour, et c’est maintenant le cas grâce à Mike Brooks.
Ni une ni deux, Drozafang profite de la détresse de l’Haemonculus pour lui mettre la griffe dessus et le ramener avec lui dans sa retraite stratégique jusqu’au vaisseau des Orks, jugeant avec sagesse qu’il est préférable d’avoir un local sous (et dans) la main pour négocier le dédale crépusculaire d’une base drukhari sans se perdre. La patience du praticien a cependant ses limites, et après avoir assisté au gonflement fatal du Nob Grubsnik, victime d’une hypertrophie musculaire subite après avoir été méchamment griffé par un Grotesque quelques instants plus tôt, le bon Dok décide de faire goûter au Spiky captif sa propre médecine et lui perfore la cage thoracique d’un revers de griffe énergétique, après avoir tranché la main qui était sur le point de le palper sans son autorisation. On ne saura pas si l’opération a été fatale à l’Haemonculus (une espèce notoirement dure au mal), mais elle permet en tout cas à Drozfang d’avoir le mal et le mot de la fin, ce qui est bien la moindre des choses…
AVIS :
Mike Brooks continue sa revue des personnages secondaires entourant le Big Boss Ufthak Blackhawk dans ce ‘Painboyz’, qui met en vedette le Dok Drozfang, responsable de la greffe de la tête de notre héros sur le corps de son précédent patron (‘Where dere’s the Warp, dere’s a way’), transition qui a joué un rôle non négligeable dans l’élévation de cette buse de Blackhawk dans la hiérarchie de sa Waaagh. Nous avons donc droit à une petite escapade dans le laboratoire d’un Haemonculus, qui se déroule de manière tout à fait classique et se termine sans que Brooks ne se soit donné la peine de nous expliquer si cette péripétie sert à faire avancer l’intrigue globale de son arc orkoïde1 (appelons ça un ark), ou a juste servi à donner à Drozfang ses quinze pages/minutes de gloire devant le lectorat de la Black Library. À titre personnel, je penche pour la seconde option et regrette la « gratuité » de cette soumission, rendue d’autant plus triste par l’intrigue vraiment minimaliste que nous propose Mike Brooks. Tous les auteurs ne sont pas égaux lorsqu’il s’agit d’écrire l’histoire d’un aller-retour…
1 : Peut-être que la main de l’Haemonculus que Drozfang garde en souvenir aura une importance par la suite (ou a servi à quelque chose dans un des romans que Brooks a déjà écrits), mais je suis incapable de vous éclairer sur ce sujet à l’heure actuelle.
.Cannibal Gate – J. French [AoS] :
INTRIGUE :
Toujours en quête de l’insaisissable Main Enflammée responsable de la chute de son royaume lors de l’Âge du Chaos, il y a de cela des éons, Cado Ezechiar a.k.a. le Roi Vide a pris la route de Lethis a.k.a. la Cité de la Corneille après avoir été rencardé sur la présence de sa Némésis dans cette humble bourgade. Sachant fort bien que sa proie risque de lui filer entre les doigts (ce qui est ballot pour une Main, mais celle-ci est peut-être moite), comme lors des 708.259 épisodes précédents de sa traque, Cado s’est risqué à prendre le chemin le plus direct, qui l’emmène dans une contrée plus mal famée que la moyenne puisqu’occupée par une colonie de goules.
Alors qu’il se prépare à passer le portail marquant l’entrée de leur domaine pour poursuivre sa route (malgré les sages conseils de sa mentor Solia, l’une des neuf âmes sauvées par notre héros lors de la déchéance de son royaume, et stockées dans les anneaux que Cado porte aux doigts), il est arrêté par un courtisan Flesh-Eater et son escorte de nécrophages, qui lui indiquent que la loi locale demande à ce que le passage soit payé par un tribut au roi. N’ayant pas d’autre choix que d’obtempérer, Cado rend visite au monarque en question (Azoquor), qui exige que cet étranger « bestial et ignoble » (venant d’une goule, c’est savoureux) aille terrasser les monstres qui hantent ses terres depuis quelques semaines, et dont ses armées affaiblies ne parviennent pas à se débarrasser. Après avoir juré sur l’épée rouillée du souverain d’accomplir sa volonté, Cado se met en chasse.
Pas plus bête que le lecteur moyen de la Black Library, notre héros se doute bien qu’il y a une chance non nulle pour que les « monstres » en question se révèlent être des mortels tout ce qu’il y a de plus banal, sans doute l’expédition de croisés azyrites dont il a détecté le passage quelques jours plus tôt, d’ailleurs. Si ce cas de figure devait se vérifier, Cado jure à une Solia horrifiée par la promesse hâtive1 faite par son patron à cette grande goule d’Azoquor qu’il reniera sa parole et tâchera de trouver un autre moyen de gagner Lethis, et tant pis si ça lui rallonge un peu le chemin. Il ne sera pas dit que le Roi Vide soit devenu complice de la folie collective de ses cousins Flesh-Eaters, allons !
Sur ces entrefaites, la route du vampire et de son spectre de compagnie croise celle d’un groupe d’humains nimbés d’une aura étrange et d’une lumière stroboscopique trop violente pour les sens délicats de Cado, qui tombe en pâmoison avant de n’avoir pu faire plus ample connaissance avec les nouveaux venus. A son réveil, il se découvre enchaîné par des fers enchantés (alors que lui pas du tout, mais ça se comprend), et à la merci d’un Mage-Forgeron qui ne s’appelle pas Valentin – faîtes ce que vous voulez de cette information. La situation est critique, mais une honnête conversation entre gens éduqués devrait permettre de tout tirer au clair, pas vrai ?
Début spoiler…Il s’avère en fait que Valentino et ses comparses ne sont pas les vertueux croisés azyrites dont ils ont dérobés les habits et armures (ce qui a un temps abusé Cado lorsqu’il a émergé de son coltar), mais bien un Sorcier de Slaanesh et sa bande de joyeux et pervers sycophantes, ce qui est à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle pour notre héros. Certes, il se trouve en bien mauvaise posture, avec un tison enflammé qui s’approche dangereusement près de son anatomie, mais au moins les monstres qu’Azoquor l’a envoyé occire sont bel et bien des sales types, et leur mort n’entachera pas son absence de conscience. Comme quoi on peut être creux et principiel en même temps.
Comme lors de son affrontement contre Voltekar et sa clique de squelettes (‘Blood Bound’), Cado dégaine son arme secrète et cheat code digital en matérialisant son dragon zombie Herezai, dont l’arrivée impromptue et les grands claquements de mâchoire suffisent à distraire les Slaaneshis suffisamment longtemps pour que le Roi Vide se débarrasse de ses chaînes et de Valentino, dûment jugularisé par notre vampire assoiffé. La suite n’est qu’une formalité, les cultistes et Gors accompagnant le Sorcier exsangue ne faisant pas le poids contre le vampire et son dragon.
Retour chez Azoquor pour terminer la nouvelle, et remise au souverain de quelques cadavres frais en signe de respect et d’amitié. Bien que le monarque s’offusque du refus de Cado de participer au festin qu’il donnera pour marquer la fin de l’incursion des monstres sur son paisible domaine, il lui permet malgré tout de poursuivre sa route sans plus de condition, et lui offre même un cadeau (un éclat de fémur pointu) marquant Cado Ezechiar comme un hôte distingué par le roi cannibale. Nul doute que cette babiole d’un goût douteux servira par la suite…Fin spoiler
1 : C’est donc ça qu’on appelle un serment de l’instant ?
AVIS :
La route de Cado Ezechiar se poursuit dans cette nouvelle, continuation logique de celles écrites antérieurement par John French (et probablement du roman ‘The Hollow King’) à propos de la quête vengeresse de son personnage tourmenté. Le résultat est égal aux épisodes précédents : assez agréable à lire et donnant à voir la noblesse contrariée – et les armes digitales complètement fumées, à croire qu’il y a des Jokaeros dans les Royaumes Mortels – du Roi Vide, aux prises avec des alliés de circonstance et des ennemis peu fréquentables… ou peut-être est-ce l’inverse. Pas mal.
.Eradicant – R. S. Wilt [40K] :
INTRIGUE :
Nous suivons une bande de hardis, ardents et ardus Scions Tempestus déployés avec leur régiment sur la planète Tecerriot pour tenter d’y rétablir un semblant d’ordre, alors qu’ils se préparent à mener à bien une mission de sauvetage à haut risque. Leur cible n’est autre que le Gouverneur Planétaire Marschesik, assiégé dans son palais par des hordes de rebelles renforcés et motivés par la présence de World Eaters, sans doute attirés par le penchant coupable de Tecerriot pour les arènes gladiatoriales (sans rire, il y en a des centaines sur la planète, dixit le personnage-qui-nous-resoort-le-biefing-pour-faire-un-peu-d-exposition). Le hic, c’est que si Marschesik devait décéder dans l’exercice de ses fonctions, la puce que lui a implanté l’Adeptus Mechanicus dans le torse au moment de son élévation à cette charge exaltée provoquerait un black out complet sur Tecerriot. Apparemment, c’était le seul moyen de s’assurer que la personne du Gouverneur reste sacrée aux yeux de son indocile populace : on vous laisse imaginer le nombre et l’intensité de mouvements de gilets jaunes que ce monde a connu pour en arriver à cette extrémité. C’est d’ailleurs peut-être ce qui nous pend au nez à force de balancer des œufs, des gifles et des sacs de farine à la tronche de nos élus, dans le fond.
L’objectif des fringants lascars du Tempestor Traxel (le vétéran Norroll, la pieuse Bissot, le radio Actis, le spécialiste en démolition et en tour de passe passe Durlo, et la medic et nouvelle recrue Daviland) est donc aussi simple que délicat : infiltrer le palais du Gouverneur, récupérer ce dernier et l’exfiltrer en direction du QG de la Garde Impériale, afin que sa mort ne vienne pas compliquer la pacification de Tecerriot. Dit comme ça, c’est tout bête, mais évidemment les choses ne vont pas dérouler sans accroc.
Après une marche d’approche dans les ruines de la capitale planétaire et l’ascension des étages du palais par les escaliers (il faut bien s’échauffer), la fine équipe finit par accéder à l’aile résidentielle de l’édifice, où elle rencontre ses premiers adversaires en la personne de quelques Jakhals (Jakhaux ?) s’amusant à faire du porte à porte avec les survivants terrifiés de l’attaque sur le complexe gouvernemental. Rien que notre fine équipe ne soit en mesure de gérer haut la main, bien sûr, et les Scions repartent même avec une nouvelle mascotte en la personne du jeune Tormod, fils d’un couple de hauts fonctionnaires sauvagement massacrés par les cultistes, et que Traxel insiste pour secourir malgré les réticences du reste de son escouade.
Cette générosité est récompensée quelques minutes plus tard, lorsque leur nouvelle recrue leur indique comment pénétrer dans l’arène du palais sans attirer l’attention, et ainsi être témoin du supplice du pauvre Marschesik, ligoté sur son trône et forcé d’assister au Mortal Kombat opposant les membres de sa maisonnée, sous les quolibets d’une troupe de Jakhals goguenards et l’imposant patronage d’un Maître des Exécutions World Eaters.
N’étant pas venus pour empiler des merles, les Scions passent à l’attaque et parviennent de haute lutte à remporter la victoire grâce à leur matos de pointe et leur entraînement supérieur, non sans avoir perdu l’un des leurs (Actis) et un membre (la main de Traxel) dans la bagarre. Il ne reste cependant plus qu’à appeler la cavalerie et à quitter les lieux, et la mission sera accomplie…
Début spoiler…Seulement voilà, Marschesik en a malheureusement trop vu, et est à deux doigts de se faire posséder par le Démon Kha’Dragh Bloodhunger (parce que Blooddrinker, c’est déjà pris tu vois) au moment de sa libération. Le bon sens de Trael lui permet cependant de faire le bon choix et de coller un bolt dans le crâne du Gouverneur avant sa désincarnation, au grand horreur de Daviland qui révèle alors qu’elle a été missionnée par le Commissaire Fennech (que tout le monde à part elle semble cordialement détester, pour des raisons non-explicitées) afin de déterminer la fiabilité de l’escouade.
Tout cela est fort haletant, mais la priorité reste malgré tout d’évacuer les lieux avant d’être submergé par les vagues de cultistes attirés par le bruit des combats et la mort de leur chef, et au bout d’une nouvelle baston homérique, les survivants éprouvés parviennent à embarquer dans une Valkyrie et à repartir en direction de leurs pénates (avec Tormod, dont le rôle dans cette nouvelle reste un chouilla cryptique1). Sur le chemin du retour, Traxel parvient à se justifier auprès de Daviland, qui se résout à laisser au charismatique officier une nouvelle chance plutôt que d’aller le balancer à ce renard de Fennech. Un peu de souplesse n’a jamais tué personne.Fin spoiler
1 : Nul doute que ça se décantera dans le futur. Et, oui, je voulais faire cette blague.
AVIS :
R. S. Wilt se frotte à l’un des genres rois de la GW-Fiction, version 40K, dans cet ‘Eradicant’ qui nous embarque dans une mission de Gardes Impériaux d’élite, dans la lignée des travaux de Dan Abnett avec ses Fantômes de Gaunt, et plus récemment de ceux de Rachel Harrison et ses Fusiliers d’Antari. Bien que cette nouvelle ne soit pas mémorable (ce qui n’est guère étonnant), Wilt livre une copie très convenable, puisqu’il parvient à singulariser chacun de ses personnages, met en scène d’action tout à fait correctes, et conclut son propos d’une manière un tant soit peu surprenante : difficile de demander plus que ça à une première incursion dans l’univers ultra-compétitif de la GI-Fiction. Vu les indices laissés par Wilt (le personnage de Tormod, la mention du Commissaire Fennech), il est fort probable que ce ne soit pas la dernière fois qu’on entende parler des Scions Tempestus de l’Eradicant One, et je suis à ce stade plutôt intéressé pour connaître la suite de leur histoire.
.The Beast of Grey Gardens – D. Guymer [AoS] :
INTRIGUE:
Arrivé à Eaux Grises après un voyage relativement sans encombre, en tout cas pour lui (‘The One Road’), Gotrek Gurnisson s’est engagé dans le premier gang d’égoutiers venu – les Loose Cannons de Sorrol Tun – afin de gagner sa croûte et son eau de vie (mais pas celle à laquelle il pensait, et ça a dû le mettre en rogne). Au sein de cette noble autant qu’utile profession, chargée entre autres travaux d’intérêt public de débarrasser la mégalopole ghyranite de son infestation récurrente de Zombies, les Loose Cannons font figure de parias, et héritent donc des missions les plus ingrates et dangereuses qui soient. Pas de quoi faire frémir notre Tueur préféré cependant, qui n’a pas besoin de forcer son talent ni d’utiliser ses deux mains ou de faire descendre son taux d’alcoolémie sous les trois grammes pour débiter les hordes de morts vivants qui hantent les égouts d’Eaux Grises. Il a vu (et tué) bien pire, en son jeune temps.
Enhardi par la réalisation que sa nouvelle recrue est une véritable machine de guerre, Tun décide d’aller se frotter à un plus gros morceau, à savoir la légendaire Cockatrice des Jardins Gris, figure du folklore local que peu ont vu mais dont la sinistre réputation n’est plus à faire. Un tel spécimen valant son poids volume en Aqua Ghyranis, la joyeuse bande se met en chasse du serpent à plumes/poulet à écailles avec un enthousiasme inversement proportionnel à ses capacités martiales.
Fort heureusement pour les Loose Cannons (sauf pour la pauvre Greenhilde, dont la fierté l’a empêché de baisser les yeux au moment opportun), avoir un clutch slayer est parfois suffisant pour remporter une escarmouche contre un monstre nommé. Au terme d’un combat poussiéreux et ténébreux, Gotrek met ainsu un terme aux déprédations de Bruno Cockatrice1 en lui plantant sa hache ébréchée dans le bréchet, à peine aidé par la diversion faite par ses camarades alors que le dindon chaotique était en train de le chicoter. Tout est bien qui finit bien (et à la taverne la plus proche), même si les Loose Cannons devraient sans doute apprendre à se défendre par leurs propres moyens, car leur égoutier star ne restera sans doute pas très longtemps parmi eux….
1 : Ce qui est au fond assez malheureux car la bestiole ne se nourrissait que de Goules et de Skavens, et rendait donc un service écosystémique à la population d’Eaux Grises.
AVIS:
David Guymer renoue avec les fondamentaux de la nouvelle de Gotrek avec ce ‘The Beast of Grey Gardens’, qui permet à notre rouquin teigneux de compléter son tableau de chasse avec une Cockatrice, et à l’auteur de contextualiser les aventures de son héros à crète dans l’enfer urbain qu’est Eaux Grises. Je n’ai pas grand-chose d’autre à dire sur cette soumission, qui est très loin d’être mémorable.
.The Reskard Purgation – J. Reid :
INTRIGUE :
Alors qu’elle revient péniblement au camp de base de l’Ordre du Suaire d’Argent après une folle journée à se castagner contre cultistes et hérétiques dans les ruines embrasées de la planète Reskard Secundus, la Céleste Morvenn Vahl se fait alpaguer par sa supérieure, la Chanoinesse Ligaea sur le chemin des douches, et est envoyée sans délai rencontrer la délégation ecclésiarchique qui a pris possession de la cathédrale locale. Il est en effet très important que notre héroïne éprouvée apprenne séance tenante le nom de la nouvelle Abbesse Sanctorum des Ordres Militants, et ce n’est pas une concussion sévère, la perte de deux litres de sang et probablement quelques côtes fêlées qui empêcheront une fière Sista de faire son devoir. Non mais.
Obéissant à sa cheffe bien aimée (mais pas vraiment bien aimante), Morvenn se rend dans le saint lieu et apprend, je vous le donne en mille, que la nouvelle Abbesse Sanctorum, c’est elle. Ou plutôt, ce sera elle si elle y consent, ce qu’elle ne fait pas immédiatement, au grand désarroi de la sainte délégation, qui l’avait pourtant choisie du fait de sa jeunesse et de sa (théorique) docilité. Ebranlée par les déboires vécus pendant les dernières heures, Momo demande à se recueillir quelque temps dans la chapelle de Sainte Silvana, en compagnie des dépouilles des Sœurs tombées au combat sur Reskard, afin d’être sûre de prendre la bonne décision. Bien embêtés par ce délai imprévu1, mais ne pouvant pas revenir les mains vides, les pontes acceptent le caprice de la Céleste, et nous en sommes en quitte pour un petit flashback de la journée de Morvenn Vahl. C’est parti pour ‘24 heures dans la vie d’une femme’, version grimdark.
La journée commence par une déception pour Morvenn et son escouade de Célestes, qui comptaient coiffer sur le poteau ces chipies de l’escouade Avriella dans leur course commune jusqu’à l’Apôtre Noir Word Bearers localisé avec quelques cultistes dans les ruines d’un temple impérial. Alors qu’elles étaient idéalement placées pour mettre le grappin que l’hérétique en chef, la Chanoinesse Ligaea informe Morvenn que ses Sœurs et elles sont attendues quelques kilomètres plus loin, afin de récupérer et d’amener en lieu sûr le Pontifex-Urba Evaristo, une des huiles de cette planète en déréliction. Laissant leurs copines à frange avoir tout le fun, les Célestes plient bagage et se relocalisent sans tarder.
La nouvelle mission qui les attend est toutefois loin d’être une partie de plaisir, comme le nombre important de Possédés et de Warp Talons errant à proximité d’Evaristo et de sa seule garde du corps survivante, la taciturne Sœur Alektra, le révèle. A cela s’ajoute la lubie du Pontifex : récupérer une sainte relique, un maillon de la Chaîne de Dévotion de la mobylette de Sigismund, gardé dans une chambre forte située en plein territoire ennemi. Malgré l’opposition de ses camarades Célestes, Morvenn décide d’aider Evaristo à mener à bien sa quête, et même si ce petit détour coûte la vie à la majorité de son escouade, elle est toutefois couronnée de succès et permet à nos furies de croiser à nouveau la route de l’Apôtre Noir précédemment aperçu, qui a visiblement esquivé la vindicte de cette empotée d’Avriella. Un petit bonus appréciable, pas vrai ?
Début spoiler…Malheureusement, c’est une chose de mener une mission d’assassinat avec 50 copines armées jusqu’au dent, et une autre d’affronter un cadre d’Astartes hérétiques à trois et demi (Evaristo n’étant pas très doué pour le close). Une retraite stratégique s’impose, pendant laquelle Morvenn va encore perdre des camarades, des points de vie et des points de foi, lorsqu’elle se rend compte que son protégé n’a pas ramené avec lui de relique, mais des bijoux et du cash, afin de pouvoir refaire sa vie sur une planète un peu plus calme que Reskard. Bien que l’envie de châtier ce parasite ne lui manque pas, Morvenn le laisse s’enfuir et se faire décapiter à main nue par l’Apôtre Noir, décidément très collant au marquage. Tout est prêt pour le combat final entre la Céleste désabusée et le Word Bearer permanenté, que la première remporte d’extrême justesse après avoir fait s’effondrer le plafond de la tour dans laquelle l’affrontement a pris place sur les adversaires, et grâce au coup de main donné par l’unique survivante de son escouade, Ignatia la sans-dent. Une grande victoire pour l’Imperium !
Retour à la chapelle de Sainte Silvia, ou après trois jours de veille, Morvenn Vahl prend la décision d’accepter le poste pour tenter d’apporter un peu de rectitude et de droiture à une Ecclésiarchie un peu trop décadente et dévoyée à ses yeux. On lui souhaite bien du courage…Fin spoiler
1 : En même temps, je ne pense pas que ça compte beaucoup quand on doit traverser la galaxie pour rejoindre Terra sur le chemin du retour.
AVIS :
Il y a une symétrie plaisante entre le parcours de Morvenn Vahl dans le fluff et dans la GW-Fiction, la jeune Sœur Céleste se retrouvant mise en avant d’une manière surprenante (et pas franchement innocente) par les grands pontes de l’Imperium et de Nottingham. ‘The Reskard Purgation’, nouvelle d’introduction par excellence, permet à Jude Reid de nous faire faire connaissance avec cette nouvelle héroïne impériale, qui prendra peut-être la place de la coriace Augusta Santorus d’ici quelques mois comme la figure de proue littéraire de sa faction1. Le travail est accompli de façon sérieuse et grimdark au possible, Morvenn Vahl et le lecteur en étant quitte pour une plongée dans la violence d’un champ de bataille urbain et le cynisme de l’Imperium et de l’Ecclesiarchie, dont ni le corps ni l’esprit ne peuvent sortir indemne. S’il est trop tôt pour dire à ce stade si le duo Reid/Vahl parviendra à laisser sa trace – de façon positive, j’entends – dans les annales de la Black Library, ‘The Reskard Purgation’ s’avère être un début assez prometteur.
1 : Je ne sais pas comment je vivrais ce grand remplacement, si jamais il se produit… Des sentiments contraires et violents m’habitent à ce sujet.
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Et voilà qui clôture cette revue de la Black Library Celebration Week 2024, qui a apporté comme souvent son lot de bonnes surprises et de désappointements, y compris de la part d’auteurs qui ont prouvé par le passé qu’ils étaient capables de faire mieux que ça (Brooks et Guymer). D’un autre côté, je suis assez content du niveau affiché par les nouveaux venus Wilt et Reid, qui nous ont proposé des courts formats assez qualitatifs, augurant de bonnes choses pour la suite de leur parcours au sein de la Black Library. Place aux jeunes, donc.
BLACK LIBRARY 2023 ADVENT CALENDAR [40K – HH – AoS]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue du Black Library 2023 Advent Calendar, notre traditionnel dernier rendez-vous de l’année civile, en ce qui concerne les critiques de sorties de la BL tout du moins. Comme c’est le cas depuis 2020, Nottingham met à notre disposition 12 nouvelles tirées des trois principales franchises de la GW-Fiction, avec une classique répartition en 6/3/3, la part du lion revenant à Warhammer 40.000 (ce qui est maintenant fluff en plus d’être logique, puisque le Lion est un personnage du 41ème millénaire). Pas de sorties en français cette année, et je crains qu’il ne faille faire définitivement notre deuil de cette brillante idée qui n’aura été qu’un one shot pour la Black Library. It was good while it lasted…
Parlons maintenant des contributeurs de cette ultime fournée du millésime 2023. Premier constat : aucun nouveau venu parmi les 11 auteurs sélectionnés par la BL, ce qui n’a pas été la norme ces dernières années. Même si on compte quelques jeunots dans le lot (Rich McCormick, Victoria Hayward), la balance penche nettement en faveur des habitués – plutôt que des vétérans – de la maison d’édition de Nottingham. Autre caractéristique notable, qui n’aura pas échappé aux plus observateurs d’entre vous, un auteur signe deux nouvelles (‘The One Road’ et ‘The Last Loyalist‘) du calendrier de l’avent 2023 : David Guymer. Espérons pour lui comme pour nous que quantité rime avec qualité. Pour terminer, accueillons au sein du cercle très fermé, et bientôt refermé, des contributeurs hérétiques le scribe émérite Justin D. Hill et le jeune loup Rich McCormick, qui signent respectivement avec ‘The Nine’ et ‘Visage‘ leurs premières (et sans doute dernière) soumissions made in M30. Mieux vaut tard que jamais, comme dit Guilliman à Dorn au lendemain du Siège de Terra…
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The Long Promise – M. Brooks [40K] :
INTRIGUE :
Quelques années après les événements relatés dans ‘The Brightest and the Best’, nous retrouvons le galopin Nazos Zernas en pleine puberté, ce qui n’est pas la période la plus facile de la vie d’un aspirant Astartes, comme on le sait. Allongé sur un bloc opératoire rouillé (ça renforce le système immunitaire, d’après ce gros crado de Kazadin Yallamagasa), l’ado plein d’hormones de croissance prend son mal en patience entre deux greffes d’organes et séances de chimiothérapie1. Il est rejoint par sa « marraine de guerre », l’ex Psyker Primaris Tulava Dayne, qui l’avait tiré des griffes de ses tuteurs de la Schola Progenium d’Antimos, et initié aux charmes des sorties périscolaires. Sentant que son jeune compagnon a bien besoin qu’on lui remonte le moral en cette période compliquée pour lui, Tulava engage la conversation et de fil en aiguille, en vient à raconter comment elle a basculé du côté obscur de l’Alpha Legion après des années de bons et loyaux services au sein de la Garde Impériale.
Si le passage à l’acte se fit pendant la campagne de Rakona, l’élément déclencheur fut la sanction d’Exterminatus infligée à la planète natale de la Psyker, Qasamah, par un Imperium trop près de ses sous pour monter une opération de déxenofication digne de ce nom sur ce monde mineur. Maîtrise des coûts, efficacité des méthodes, effet de ciseaux positif, tout ça tout ça, on connaît la chanson. Ayant compris que les insurgés de Rakona pouvaient compter sur l’aide de Space Marines renégats après avoir consulté quelques rapports soigneusement classés par le haut commandement, Tulava prit la poudre d’escampette en direction des positions ennemies, non sans avoir auparavant puni le Seigneur Général en charge des opérations de sa muflerie consommée en transformant son squelette en puzzle 3.000 pièces. Il ne fallut pas longtemps avant que sa route ne croise celle du ténébreux et charismatique Solomon Akurra, qui lui proposa le marché suivant : en échange de son allégeance, il trouverait et tuerait les Space Marines responsables de la destruction de Qasamah. La suite se devine facilement…
Dans un autre coin de la galaxie, l’escouade Deathwatch du Sergent Karhaz rencontre une situation alors qu’elle était en train de se ravitailler sur la base forcément secrète de Zamarius. L’arrivée impromptue d’une épave impériale arborant des marques claires d’attaque par des Tyranides dans le système où l’astéroïde de fonction des factotums de l’Ordo Xenos orbite gentiment pique la curiosité professionnelle de Karhaz et de ses hommes, qui décident d’aller faire une reconnaissance en Thunderhawk afin de voir si ce vaisseau abandonné présente un intérêt ou une menace quelconque.
Cette innocente virée entre potes (il y a un Black Shield, un Aurora Marine, un Storm Hawk, un Wolfspear et un Angel of Absolution, le quota diversité de la nouvelle est largement dépassé) prend rapidement un tour inquiétant lorsqu’un signal involontaire est envoyé par le Thunderhawk inquisitorial jusqu’à Zamarius alors que la Deathwatch arrivait à portée de l’épave. Flairant un coup de jarnac grâce à ses sens de surhomme, Karhaz décide de retourner au bercail dare dare, et à la douloureuse surprise de constater qu’un Storm Eagle aux couleurs de l’Alpha Legion s’est garé sur sa place de parking en son absence. LES MONSTRES. N’y at t-il aucune règle de bienséance que les hérétiques ne violeront pas ?
Après une brève délibération, la fine équipe décide de passer la station au peigne fin pour en déloger les nuisibles, qui se révèle être un nuisible : Solomon Akurra en personne. De sa voix de gravier mielleux (c’est mieux que miel graveleux, avouez-le), le Harrowmaster propose un marché à ses hôtes : l’accès à leur crypte afin d’y récupérer une babiole qu’il convoite et leur parole qu’il pourra s’en aller sans se faire molester, contre… son silence. Car dans un Imperium où les secrets honteux sont légion, il n’y a pas d’armes plus mortelles ou plus pernicieuses qu’une vérité sans filtre, livrée au moment opportun et pour un public soigneusement choisi…
Début spoiler…Long story short, Solomon réussit à attirer l’Aurora Marine dans un piejàkon de sa création après avoir mis en question sa bravoure devant ses camarades (le Chapitre ayant été rossé par l’Alpha Legion quelques temps auparavant), puis crée une ambiance délétère parmi les survivants en appâtant Hemarc (Angels of Absolution) avec le nom et la localisation d’un authentique Déchu, et en révélant à tous que Dreyvor (Black Shields) a été envoyé à la Deathwatch après avoir été impliqué dans le massacre de civils innocents en grande quantité, ce qui chagrine fortement l’idéaliste Eldrök (Wolfspears). Avant que les loyalistes n’aient pu s’entretuer, Solomon apparaît finalement et entraîne ses traqueurs dans une course poursuite qui les mène directement devant les canons des Serviteurs de combat hackés par le Harrowmaster, avec des résultats aussi sanglants que définitifs. Avant de repartir, Solomon révèle à un Karhaz mourant qu’il n’y avait jamais eu de relique à subtiliser sur Zamarius, mais que le Sergent des Storm Hawks était simplement le dernier sur la liste des Space Marines ayant participé à l’Exterminatus de Qasamah, et qu’une promesse est une promesse…Fin spoiler
1 : Au moins, on peut se dire que l’Alpha Legion n’inflige pas en plus de psycho endoctrinement ni de cours du soir de pépéchisme à ses recrues, ce qui leur laisse un peu de temps pour jouer à Snake (évidemment) sur leur console.
AVIS :
Mike Brooks donne une suite à ‘The Brightest and the Best’ et à ‘Harrowmaster’ dans cette nouvelle croisée dynamique (ça ne marche pas que pour les tableaux Excel) qui ravira aussi bien les fans de Solomon Akurra et de sa clique que les amateurs de courts formats grimdark bien pensés et bien écrits. Brooks se fait en effet un plaisir de jouer sur les codes littéraires et fluffiques de l’Alpha Legion, faction retorse et « apolitique » par excellence, et dont la vision du 41ème millénaire est donc rafraichissante à bien des égards. On prend plaisir à voir le Harrowmaster dévoiler les petits secrets de ses nobles et vertueux cousins, et ces derniers se faire des nœuds au cerveau à force de surinterpréter chacun des indices de la présence de l’Alpha Legion dans leur garçonnière (la scène du Storm Eagle est très drôle en ce sens). La partie de la nouvelle consacrée à Tulava Dyne et Nazos Zernas m’a un peu moins intéressé, mais elle donne de la profondeur et de la sympathie à tous les protagonistes convoqués par Brooks (Solomon compris), et comme le character development n’est pas chose commune dans la GW-Fiction, je me garderai bien de cracher dessus. Un sans-faute.
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Head of the Serpent – E. Dicken [AoS] :
INTRIGUE :
Disgraciée et quasi-exilée par le Conclave d’Hammerhal après qu’elle ait personnellement exécuté quatre de ses membres (des félons ennemis du bon peuple, bien sûr), la Première Maréchale Tahlia Vedra, plus connue sous son surnom de Lionne de l’Aride, a été mis sur une mission de second ordre par son supérieur le temps que les choses se tassent dans la cité. Elle doit ainsi localiser et neutraliser Dame Fade (c’est plus classe en anglais), une cheffe de guerre suspectée de vouloir confédérer les tribus Darkoath des Pics Caustiques à des fins anti-sigmarites. Elle peut compter pour cela sur quelques centaines de miliciens aguerris, deux antiques canons, et le support grincheux des éclaireurs de la Capitaine Jesha Fairweather, avec laquelle elle ne s’entend guère. Mais comme on dit, à la guère comme à la guerre.
L’Aride étant un territoire passablement étendu, vide et dangereux, Tahlia résout de ne pas éterniser son trekk dans les caldeiras autour de la Citadelle Coron(avir)us et demande à Fairweather de la mener jusqu’au campement de la tribu la plus proche, qui se trouve être les Chiens de Deuil-la-Barre (Hounds of Mourn-la-Barre en VO). Pas de bol pour l’expédition de reconnaissance punitive, le village en question se trouve être vidé de ses habitants, qui ont semble-t-il décidé de rejoindre en masse le campement de Dame Fade à la demande expresse des Guerriers du Chaos qui forment sa garde rapprochée1. Intriguée autant qu’inquiétée par cette relocalisation impromptue, Tahlia ordonne à sa colonne de suivre les traces des migrants, et les sigmarites ne tardent pas à tomber sur les restes d’un champ de bataille où l’arrière garde des Chiens du Deuil a été rituellement massacrée par un mystérieux adversaire.
Alors qu’elle était partie en reconnaissance sur sa fidèle Incarnadine (canard manticore de fonction) pour tenter d’identifier la cause de ce carnage, Tahlia fait la connaissance d’un louche individu répondant au nom de Vasyar, maître dans l’art du camouflage volcanique et de la plongée cendreuse. Vasyar informe la Lionne qu’elle n’a que quelques minutes pour se préparer à l’arrivée d’une cohorte de Chiens du Deuil, qui ne réfléchira sans doute pas à deux fois avant d’attaquer les sigmarites qui campent parmi les cadavres de leurs congénères, même si les miliciens ne sont pour rien dans la tuerie. Et en effet, deux mille guerriers Darkoath écumants de rage ne tardent pas à se présenter dans la passe où le contingent d’Hammerhal stationne, forçant Tahlia à faire preuve de ses capacités de stratège et de meneuse d’hommes.
La bataille se passe raisonnablement bien, mais c’est l’intervention de quelques centaines de margoulins arborant le même style vestimentaire que Vasyar et qui prennent à revers les Chiens du Deuil alors qu’ils étaient en train d’aboyer sur le carré castelite des sigmarites qui permet aux gentils urbains de remporter l’affrontement. C’est le début d’une collaboration teintée de méfiance mais sans coup fourré entre Tahlia et Vasyar, qui se révèle être un des chefs de la tribu des Vipères des Cendres (Ash Vipers), dernière peuplade indigène non affiliée au Chaos vivant de ce coin de l’Aride.
Ayant bien compris que la survie de sa tribu passait par la neutralisation de la menace représentée par Dame Fade, elle-même simple lieutenant de l’énigmatique seigneur Ebonpyre, Vasyar accepte de guider sa nouvelle amie jusqu’au camp chaotique, ce qui permet à la Première Maréchale de concocter un plan risqué mais pas désespéré pour décapiter la horde rassemblée par Fade. Pendant que le gros de ses troupes tiendra une position défensive à proximité du village de yourtes des maraudeurs, Tahlia, les éclaireurs de Fairweather et les Vipères des Cendres de Vasyar contourneront les combats pour aller assassiner Dame Fade, « seulement » protégée par quelques Guerriers du Chaos.
Comme on peut se l’imaginer, cette expédition plus qu’à moitié suicidaire est couronnée de succès, et malgré la magie aussi fumeuse que toxique de Dame Fade, qui manque de suffoquer notre casting trois étoiles, la ribaude se fait occire de haute lutte. De là, il suffit juste à Tahlia d’agiter le casque de la sorcière devant le nez de ses suivants pour que des luttes intestines viennent à bout de la fragile unité des guerriers tribaux, qui succombent à l’animosité et commencent à se castagner à qui mieux mieux, laissant les miliciens et leurs alliés s’éclipser sans demander leur reste.
La nouvelle se termine avec la proposition de Tahlia à Vasyar d’abandonner son mode de vie nomade pour rejoindre la sécurité et la civilisation de Hammerhal, comme le propre peuple de notre héroïne l’a fait il n’y a pas si longtemps que ça pour échapper aux déprédations du Chaos. « J’y penserai cocotte » répond le fier bédouin avant de repartir faire des pâtés de cendres dans la pampa. La suite au prochain épisode…
1 : Tahlia et Fairweather découvrent cela en remarquant les empreintes distinctives de crampons en forme d’étoile à huit branches dont les solerets des Guerriers du Chaos disposent tous. Il faut le savoir.
AVIS :
Evan Dicken signe une nouvelle med-fan militaire assez classique et linéaire avec ce ‘Head of the Serpent’, qui introduit le personnage de Tahlia Vedra dans la GW-Fiction, ce qui n’est pas donné à toutes les entrées de Battletomes, il faut le reconnaître. Si l’intrigue de cette histoire peut être décrite comme d’une simplicité élégante, c’est dans le déroulé de cette dernière que Dicken s’illustre le plus à mon sens, prouvant qu’il est capable de « servir la soupe » de manière convenable, comme il l’avait déjà montré dans ‘The Path to Glory’ il y a quelques années. Cette dernière nouvelle s’était toutefois révélée bien plus riche en lore et rebondissements que celle qui nous occupe aujourd’hui, et garde donc ma préférence – quoi qu’il en soit ‘Head of the Serpent’ est une entrée sérieuse à mettre au crédit de cet auteur, et j’espère que le trio infernal cendreux Vedra/Fairweather/Vasyar reviendra courir la pamParch’ dans d’autres soumissions de la Black Library. Après tout, ce mystérieux Ebonpyre ne va pas s’éteindre tout seul…
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Nightsider Imperialis – V. Hayward [40K] :
INTRIGUE :
Sur le monde de Nectria, connu pour ses jungles exubérantes et ses nuits interminables, deux empires s’affrontent sans merci. Du côté des humains, le 903ème régiment de Catachan de la Major Wulf Khan (et plus précisément les trois bidasses qui survivent à la première page) nous servira d’escorte dans la moiteur obscure de cette planète contestée. Face à ces héros improbables (Khan, sa sidekick aryenne Adair, la jeune Green et le boudeur Bass), on retrouve les T’au et leurs auxiliaires Kroots, très à leur aise dans cet environnement riche en couvert et en nouvelles espèces à déguster.
Alors que la nuit est sur le point de tomber sur ce théâtre d’opération, Khan décide de faire un crochet pour secourir la pilote d’un Lightning s’étant écrasé à quelques centaines de mètres de sa position après avoir mis en fuite le bombardier T’au responsable de l’annihilation de la moitié de son escouade. On peut dire ce qu’on veut sur l’indiscipline des Catachan (Khan ignore les instructions du Général Mordian en charge des opérations et fait détruire sa radio pour être sûre de ne pas être embêtée par les planqués du commandement), mais au moins ils ne sont pas ingrats.
La pilote en question, Nirael Roth, se trouve être une Nightsider (ou Homo Sapiens Tenebris), comme ses yeux totalement noirs le prouvent, mutation des plus pratiques lorsqu’on se bat sur un monde où les nuits sont sombres et pleines de terreur. Elle révèle à ses sauveteurs que son appareil contient des relevés pris au-dessus d’une usine d’armement T’au, à ramener de toute urgence à l’état-major impérial afin d’apporter un avantage considérable à la Garde Impériale dans les prochaines phases de la campagne. Elle prouve également son utilité en identifiant un groupe de Kroots qui profitait des ténèbres pour approcher en catimini des Catachan, permettant à ces derniers de repousser les Xenos sans coup férir.
Ralentis par Roth et sa jambe esquintée dans le crash de son appareil, Khan et Cie progressent lentement en direction de leur base arrière, en composant avec la faune hostile de Nectria et le harcèlement de rue jungle de leurs poursuivants Kroots, qui salivent en arrière-plan à l’idée de s’enquiller un tartare Nightsider. C’est comme les carottes, c’est bon pour les yeux. Fort heureusement pour les Catachan, leurs adversaires ne décident jamais de passer à l’attaque (malgré un avantage numérique très conséquent), ce qui leur permet de rentrer au bercail sans prob- ah non, pardon. Le première classe Bass décide tout d’un coup que Khan est une très mauvaise chef, qui ne fait rien que de le rabrouer à tout bout de champ, et son insubordination coûte (indirectement) la vie à Green, lorsqu’il décide de la laisser en plan pour aller traquer un chef Kroot en solo sur un coup de tête.
Fort courroucée par ce mauvais sujet, Khan décide de l’exaucer et laisse prendre le commandement du petit groupe lorsqu’il la défie ouvertement… sauf que personne ne suit Bass quand il donne l’ordre d’avancer en laissant Roth se débrouiller toute seule (en plus d’être macho, il est raciste, c’est vraiment un gros beauf), et que le sac à dos qu’Adair lui a remis ne contient pas les boîtes noires du Lightning, comme il le croyait, mais des bandages saturés du sang de l’Abhumaine, qui attirent à lui une horde de Kroots affamés. Just a prank bro.
L’héroïque sacrifice, pas vraiment volontaire mais on s’en fout, de Bass permet finalement à Khan, Adair et Roth de rentrer au bercail sans problème, et la nouvelle se termine sur l’hommage que rend malgré tout la Major à son subordonné insubordonné : écrire son nom sur un post-it et le coller sur le mur du souvenir du régiment1. On a les mémoriaux qu’on mérite…
1 : Ce n’est peut-être pas volontaire de la part de Hayward, mais elle ne mentionne pas que les autres soldats de Khan reçoivent le même honneur de sa part, y compris la pauvre Green qui faisait pourtant partie des personnages principaux de la nouvelle. Elle doit vraiment avoir un faible pour les mauvais garçons.
AVIS :
Introduction au personnage de Wulf Khan et avant-goût du roman ‘Deathworlder’, ‘Nightsider Imperialis’ commence très classiquement (des Catachans dans une forêt primaire), explore quelques idées intéressantes (les Abhumains et leur acceptation relative par les institutions impériales, un monde jungle hostile et nocturne, l’opportunisme kroot), et se termine malheureusement de façon très incongrue (des centaines de Kroots qui ne parviennent ni à rattraper, ni à neutraliser cinq Gardes Impériaux dont deux sérieusement blessés, Bass qui décide de se rebeller… par jalousie ?). Si encore la fin avait été supérieure au début, on aurait pu terminer cette nouvelle sur un sentiment positif, mais c’est l’inverse qui se produit et me fait ranger ‘Nightsider Imperialis’ dans la catégorie – très fournie – des fillers moyens de la GW-Fiction.
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Visage – R. McCormick [HH] :
INTRIGUE :
Critiquer son patron est un petit plaisir de la vie professionnelle auquel bien peu peuvent résister, et il y a fort à parier que le temps, ou l’époque, ne fait rien à l’affaire : ce qui est vrai en M2 le sera aussi en M30. Il est cependant conseillé de le faire lorsque ledit patron n’est pas à portée de voix, surtout lorsqu’on a affaire à un Primarque Maître de Guerre devenu renégat et champion des Dieux Sombres dans le Materium (ce qui lui a fait perdre son sens de l’humour), comme c’est le cas pour Erebus. Malheureusement pour le Premier Chapelain des Word Bearers et grand architecte de l’Hérésie, sa saillie envers Big H. à propos du fiasco de la campagne de Signus Prime ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd, et Lupercal décide de littéralement refaire le portrait de son acolyte à grands coups d’athame, ce qui a pour conséquence d’envoyer Erebus aux urgences.
A son réveil, l’écorché vif réalise que sans ses tatouages faciaux runiques, il ne faudra pas longtemps avant qu’une armée de Démons mineurs viennent le racoler à cause de son statut de star du Warp (tout s’explique), ce qui est tout de même pénible. Sans compter que les blessures infligées par son coupe chou môôôdit ont peu de chances de cicatriser normalement, comme on peut s’en douter. Le premier réflexe d’Erebus est donc, tout naturellement, de faire écorcher son propre chirurgien et de greffer son visage pour couvrir sa face mutilée, au moins pour dépanner. Ce qui marche… cinq secondes, avant que les Dieux du Chaos ne manifestent leur déplaisir devant cette usurpation d’identité en transformant le wannabe Joker en lookalike Ghost Rider. Apparemment, DC Comics n’a toujours pas remonté la pente face à Marvel dans le lointain futur.
Le rejet total de cette greffe improvisée force le Chapelain défiguré à chercher refuge et réconfort dans la boisson, et plus particulièrement le sang des Space Marines loyalistes étant tombés sur Isstvan III, et qu’il gardait comme souvenir du début de l’Hérésie dans son bureau. Confiant dans sa capacité à négocier un deal en sa faveur avec les malheureux habitants de l’Immaterium qui écouteront son baratin, Erebus pique une tête dans son calice maudit et se retrouve dans le Warp.
C’est le début d’une quadruple quête que l’on peut qualifier d’exaltée ou de cauchemardesque, c’est selon, qui verra notre héros suppurant entrer en négociations avec des Démons représentant les quatre Dieux du Chaos, et parvenir à chaque fois à leur extorquer leur petit nom ainsi qu’un don « sensoriel » venant compenser une partie de son handicap.
Tout d’abord, Erebus plume une perruche de Tzeentch qui avait commis l’erreur d’accepter de lui montrer le chemin à travers le dédale infini du Warp, récupérant au passage des yeux pouvant voir le futur. Pratique. Ensuite, il est catapulté sur une Terra uchronique, ou un caribou de Khorne (Kharibou ?) l’accueille à coups de cornes dans un désert jonché des ossements des dix milliards de victimes d’un siège remporté par Horus. Entre deux impacts, Erebus parvient à convaincre le Démon de lui prêter une oreille attentive, dans tous les sens du terme, et il peut repartir avec un acouphène divin.
Le bilatéral suivant se tient en compagnie d’un serpent de Slaanesh, qui lui offre un coup à boire après qu’il ait noblement refusé de poignarder Horus avec son athame, comme il lui était pourtant proposé. Enfin, Erebus termine ses pérégrinations par une longue retraite dans un marécage bien putride, en compagnie d’une petite mamie aussi serviable que décatie. Après avoir farmé des crapauds géants pendant quelques semaines aux alentours de son Airbnb, le Chapelain désœuvré finit par retrouver un peu d’ambition et de volonté, et localise à l’odeur l’emplacement de la seule source d’eau non contaminée du marais. Après s’être convenablement réhydraté, il fait bénéficier son hôte de cette manne aquatique, ce qui lui redonne aussi la forme mais la plonge dans un état de détresse psychologique avancé (quoi de pire pour un Démon de Nurgle que de guérir, après tout). Après de longues séances de waterboarding, Mamie Bouse accepte finalement de donner son nom de jeune fille à ce galopin d’Erebus, qui garde aussi le flair développé qu’elle lui avait seulement « prêté » (c’est plus clair à la lecture de la nouvelle, soyez en sûr) quelques jours plus tôt.
S’étant rabiboché avec l’intégralité du panthéon chaotique (ou les grands pouvoirs, en tous cas), Erebus peut revenir dans le Materium avec une tête un peu plus présentable qu’auparavant, et quelques dons divins supplémentaires pour frimer dans les soirées. Déjà qu’il était insupportable avant…
AVIS :
Pour sa première incursion dans l’Hérésie d’Horus, Rich McCormick fait très fort en s’emparant d’un personnage nommé majeur de la franchise, et en mettant en scène un épisode important de son histoire qui n’avait jamais été couvert dans le détail auparavant : la pause fraicheur d’Erebus après le vigoureux gommage que lui a appliqué ce grand coquin d’Horus. Il le fait de plus avec la manière1, embarquant le lecteur dans une odyssée démoniaque très convaincante, dans la droite ligne de ce que Ben Counter et Guy Haley sont capables de nous proposer lorsqu’ils sont inspirés. J’ai beaucoup aimé cette soumission de Rich McCormick, et mon seul regret est qu’elle soit arrivée trop tard dans la production de l’Hérésie pour être exploitée par la suite…
1 : Et en s’inscrivant parfaitement dans la continuité des travaux de ses prédécesseurs, même les plus confidentiels : on a ainsi droit à une référence à la nouvelle ‘Child of Chaos’ (John French), que je considère comme faisant partie des œuvres de niche de la franchise.
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Consecrated Ground – S. B. Fischer [40K] :
INTRIGUE :
Envoyé sur le monde ruche de Serraq’s Reach avec quelques grouillots pour mater un début de rébellion à la demande de sa Gouverneure, le nouvellement nommé Castellan Emeric aborde cette mission des plus banales avec un enthousiasme très relatif. Le fait que son premier séjour sur Serraq’s Reach ne lui ait pas laissé un souvenir impérissable (mémoire eidétique ou pas) ne vient certes pas rebooster son moral, mais en soldat zélé – comme tout Black Templar qui se respecte – notre héros est bien décidé à mener à bien sa tâche et à repartir au plus vite rejoindre une croisade.
Après quelques semaines à visiter les lieux où le culte menaçant le règne bienveillant de la Gouverneure Agate a perpétré ses noirs méfaits, Emeric et ses frérots (dont le Chapelain Dant et l’Apothicaire Alvus, que je nomme par pure courtoisie et pas parce qu’ils joueront un rôle important pus tard) se retrouvent dans un temple impérial profané. Le cadavre écorché d’un prêtre a été attaché sur l’autel, et des imprécations chaotiques maculées sur les murs. Cela est certes regrettable, mais sans indice notable pour mener les surhommes vers les coupables de cet acte odieux, les Black Templars se seraient sans doute contenté d’incinérer la victime pour pouvoir reconsacrer le temple sans tarder – fort heureusement pour eux et pour nous, ils croisent alors la route du Vice-Régulateur Kendam Ranp, Arbites local dont la connaissance des bas-fonds de Serraq’s Reach va mettre (enfin) les surhommes en noir et blanc sur une piste.
Ayant formellement identifié le gang responsable de ces pratiques vandales, Ranp mène ses nouveaux copains jusqu’à leur QG, qui est pris sans coup férir par les Astartes. L’interrogatoire du dernier survivant de la fusillade entraîne les justiciers sur une autre piste, celle d’une congrégation de mutants réfugiés dans les profondeurs de la capitale planétaire. Quelques heures de spéléologie urbaine plus tard, Emeric et sa clique se jettent à l’assaut du campement adverse avec toute la hargne que l’on peut attendre de la part des Black Templars. C’est alors qu’un événement cocasse se produit…
Début spoiler…Au plus fort des combats, Emeric tombe nez à nez avec deux statues réalisées par un des mutants que ses hommes sont en train de massacrer énerg(ét)iquement, et représentant sans l’ombre d’un doute l’Empereur et un Black Templar. « OUETTE ŒUF MINUTE » s’exclame le Castellan, qui réalise alors qu’on lui a sans doute dissimulé la vérité entière. Et en effet, il ne faut que quelques minutes après que les combats aient été stoppés pour que le sagace Emeric, à peine aidé par ses seconds, par Ranp et par le chef des mutants (qui sont en fait de « bons » mutants, car leurs difformités ont été causées par une honnête radioactivité, et pas par le vilain Chaos), Ezekial, pour comprendre qu’il s’est fait balader par Agate dans les grandes longueurs, les épaisses largeurs et les insondables profondeurs. La perfide a cherché à utiliser les nobles Templiers pour annihiler de fidèles serviteurs de l’Empereur (pour des raisons qui ne seront jamais explicitées) ? Elle doit payer pour ce détournement criminel des super soldats impériaux !
Et pour payer, elle paie. Quelques heures/jours plus tard, Emeric mène un assaut en règle sur le palais d’Agate, et au bout de quelques pages de combat aussi intense qu’inintéressant, le Castellan rend son verdict d’un moulinet de son épée (après avoir enfoncé un champ de force grâce à son esprit borné). Laissant Ranp et ses collègues gérer la période de transition, Emeric déclare sa mission complétée et repart vers les étoiles où his people needs him, ou quelque chose comme ça… Fin spoiler
AVIS :
Fischer nous livre une histoire de Space Marines assez peu inspirée, et reprenant l’argument de l’antique nouvelle ‘Unthinking Justice’ (A. Millward), dans ce ‘Consecrated Ground’ dont le suspense est éventé dès la lecture de son 4ème de couverture virtuel sur le site de la Black Library. Passe encore que l’intrigue tienne en une demi-ligne1 : l’absence de personnages intéressants, une mise en scène des plus convenues, et la substituabilité totale des Space Marines qui nous servent de héros – alors qu’il aurait été intéressant de montrer les spécificités des Black Templars face à cette situation par rapport à d’autres Chapitres – achèvent de reléguer cette nouvelle dans les tréfonds du catalogue de la GW-Fiction.
1 : Mais soit aussi par endroit complètement insoluble. On ne sait pas ce qu’est « l’appareil » qui a été trouvé par les mineurs, pourquoi la Gouverneure a ordonné le massacre de ceux qui lui avaient remonté l’information, et pourquoi ces derniers se sont farouchement opposés à ce que cette source de radiations débilitantes leur soit retiré.
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The One Road – D. Guymer [AoS] :
INTRIGUE :
Sur LA (il n’y en a qu’une, vraiment) route qui mène à Eaux Grises, le wagon conduit par le marchand itinérant Vogel Hornbroom a fait une sortie de piste et s’est retrouvé proprement enraciné dans un petit bosquet en contrebas de la voie carrossable. Ce qui n’aurait pu être dans d’autres Royaumes qu’un incident très mineur à mettre sur le compte de l’inattention d’un conducteur fatigué prend toutefois des proportions effrayantes en Ghyran, et plus précisément dans le très mal fréquenté Dreadwood que la route traverse. Les Sylvaneth qui peuplent ce bout de forêt ont en effet une dent – façon de parler – contre les colons azyrites, et malgré le cessez le feu très logiquement conclu entre Sigmar et Alarielle (cette dernière craignant l’incendie, comme on sait), les relations ne sont pas au beau fixe entre les deux factions de l’Ordre. L’Homme Arbre surnommé le Chêne Pâle mène d’ailleurs la vie dure aux forces détachées d’Eaux Grises, chargées de sécuriser comme elles le peuvent l’accès à la cité.
Un peu plus loin sur la même route, nous faisons la connaissance de trois hardis cavaliers de la milice locale, Elsworn, Tonan et Garvil. Interrompus dans leur partie de dés avec leur supérieure Vida par l’arrivée d’un wagon plus blindé qu’un Leman Russ devant leur fort routier, les compères apprennent de la bouche de la conductrice qu’elle a été témoin de la sortie de route de Vogel, mais s’est bien gardée de s’arrêter pour lui porter secours pour ne pas risquer le suraccident. Qui pourrait lui en vouloir ? N’écoutant que leur devoir, et certainement pas la pauvre Vida qui les enjoignait à l’inverse de rester au bercail, les trois pistoleros sellent leurs montures et partent à la rescousse du véhicule accidenté, sachant fort bien que lui laisser passer la nuit sans protection reviendrait à sceller le sort de son aurige.
Après un petit galop tranquille, le trio arrive à proximité de l’endroit de l’accident, à temps pour constater que Vogel a attiré l’attention malvenue d’un groupe de Dryades, bien décidées à venger leurs cousines transformées en planches de wagon en écharp/dant à mort le pauvre cocher. Ce dernier se défend comme il peut, et est très soulagé de voir de l’aide, même en faible effectif, poindre à l’horizon. Ce qu’il ne savait pas, au contraire du lecteur qui a contemplé la couverture de cette nouvelle, c’est qu’il n’avait pas vraiment à s’en faire, puisqu’il transportait, en plus de sacs de grain, l’arme fatale des Royaumes Mortels dans son compartiment à bagages. Un Gotrek Gurnisson rendu chafouin par un fort mal de crète et une gueule de bois (c’est approprié) carabinée s’extirpe en effet pesamment du wagon, sorti de sa torpeur par le vacarme des combats. Après avoir débité quelques Dryades trop entreprenantes, il décide d’aider son associé à remonter la pente et pousse l’attelage jusqu’à la route, ignorant royalement l’escarmouche échevelée qui prend place entre les trois cavaliers et la bande de Sylvaneth. Et en cela il fait bien, car il ne se passe rien de très intéressant dans cette empoignade : quelques Dryades anonymes se font plomber par les hussards, et le combat au sommet entre Elsworn et leur Matriarche se solde par une victoire par abandon de l’humaine, son adversaire lui laissant la vie sauve après avoir réalisé qu’elle avait elle-même été épargnée par Elsworn quelques minutes plus tôt. Un vrai gentlewomen agree(n)ment, ça.
Finalement, tant Vogel que Gotrek arrivent à bon port, et tandis que le premier se dépêche de vendre sa cargaison à un Aelf portant une tulipe flétrie en boutonnière pour pouvoir échapper à la pollution endémique d’Eaux Grises, le second s’en va pesamment vider la première taverne qui croise sa route. Ceci débouchera sans doute sur une autre histoire…
AVIS :
L’histoire nous dira si ‘The One Road’ est un prélude à un arc narratif Gotrekien plus conséquent que ces quelques pages1 (ça m’en a tout l’air), mais prise individuellement cette nouvelle ne tient pas vraiment la route, ce qui lui fait un point commun avec le wagon de Vogel Hornbroom. David Guymer passe en effet beaucoup de temps à nous présenter un trio de personnages dont le rôle dans l’histoire est finalement assez limité, et à mettre en scène un duel dont l’issue honorable et non violente m’a laissé songeur. Tout ça pour ça ? Gotrek en est relégué à faire de la figuration dans une histoire qui est pourtant marketée autour de lui, et si ses interventions sont appréciables de ronchonnerie, on n’en a pas vraiment pour notre argent. Je reconnais tout de même à Guymer qu’il a su nous insérer quelques détails fluff de bon aloi au fil de sa prose, ce qui aide à faire passer la pilule mais n’est pas suffisant pour sauver ‘The One Road’.
1 : Je n’ai pas assez pratiqué les dernières aventures de Gotrek dans les Royaumes Mortels pour savoir si la Prêtresse Guerrière qu’il envoie valdinguer à travers une table de taverne en début de nouvelle était sa sidekick de ‘Blightslayer’. Si c’est le cas, c’est probablement l’information la plus notable de la nouvelle.
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Own Worst Enemy – D. Flowers [40K] :
INTRIGUE :
Sur la planète Deighton, en proie aux affres de la guerre civile, nous retrouvons la pilote émérite et imbibée (à parts égales de promethium et d’alcool) Lucille von Shard, engagée dans la lutte pour le maintien de ce monde dans le giron boursouflé de l’Imperium. Si ses récentes retrouvailles familiales et la course Uber qu’elle a accepté de faire pour le compte de l’Inquisition (‘Starstruck’) ont aiguisé ses tendances misanthropes et cyniques, von Shard sait toutefois que sa destinée ne lui appartient plus et lorsque son agent propagandiste attitré, Esec, la convoque pour lui présenter la campagne marketing qu’il a concocté pour donner un peu de peps au rythme planplan de la guerre pour Deighton, elle n’a d’autres choix que de s’exécuter, accompagnée par la pilote junior Vagbon qu’elle avait engagée comme réveil matin/escorte diplomatique le jour précédent.
Esec a eu vent des exploits d’un pilote ennemi, tenu responsable de la destruction d’une demi-douzaine d’appareils impériaux au cours des derniers jours. Avec un peu de storytelling dont il a le secret, ce mystérieux as, surnommé le Vent du Désert en rapport au lieu de ses exploits guerriers, pourrait faire une Némésis des plus convenables pour le Griffon Noir1 de Lucille von Shard ! Ni cette dernière, ni Vagbon, ne partagent l’enthousiasme débridé du publicitaire de guerre, mais comme il a l’oreille du Colonel Surling, leur avis sur la question n’est que purement consultatif. Il est donc décidé d’organiser un shooting dans tous le sens du terme pour immortaliser le duel entre les deux champions aéroportés du conflit, duel dont von Shard sortira bien entendu vainqueure… Ou devrait, en tout cas. Alarmé par la petite mine de sa protégée, le pragmatique Esec suggère sous le manteau à Vagbon de devenir la prochaine poster girl du sous Segmentum, si jamais il devait arriver malheur à sa supérieure. À la guerre comme à la guerre…
Après un peu d’attente, le Vent du Désert est repéré par les radars espions du camp impérial et une escadrille menée par von Shard décolle pour rendre la justice de l’Empereur à ce mécréant. Le combat s’engage, et à la grande surprise des pilotes loyalistes, le terrifiant VdD se révèle être un ado effrayé, qui jure ses grands dieux par radio interposée que tout ceci n’est qu’un malentendu. Ce n’est pas lui qui a abattu les appareils impériaux, c’est la Lumière (avec une aile majuscule), sorte d’apparition fantasmagorique capable de faire tomber la foudre dans un ciel clair, dans le seul but d’attirer l’attention de la légendaire Lucille von Shard. Tout cela est bien mystérieux, et on n’en saura pas plus de la part du Voisin du Dessus, qui se fait foudroyer à son tour par un éclair tombé de nulle part, preuve que sa version des faits n’était pas aussi étrange qu’il y paraissait.
Notre propos se termine par une nouvelle discussion entre Vagbon et Esec, bien dégoûté de n’avoir pas de vidéo exploitable de l’affrontement entre von Shard et le Vent du Désert, et qui propose donc à notre sidestick de prendre les commandes d’une réplique du Griffon Noir pour tourner une reconstitution de ce duel déjà mythique. Malaise du côté de la loyale Vagbon, qui aurait l’impression de voler la vedette à sa commandante… qui n’en a de son côté absolument rien à faire (au contraire, ça lui fera moins de boulot). Pour tout vous dire, Lucille von Shard semble beaucoup plus intriguée et inquiète par les dernières images prises par un appareil de reconnaissance impérial avant de se faire abattre par la fameuse Lumière que par les états d’âmes de sa future doublure cascade. La suite au prochain épisode, sauf si Lulu s’étouffe dans son vomi après une nième murge, bien sûr…
1 : Ou Griffon de(s) Sable(s), si on utilise les termes héraldiques consacrés. Ça ferait un fil rouge (de gueule) avec le désert.
AVIS :
Troisième nouvelle pour Lucille von Shard, et les choses n’ont pas l’air de s’arranger beaucoup pour notre pilote d’élite, qui est ici dépeinte comme erratique, alcoolique et piégée dans son statut d’icône impériale par le maître propagandiste Esec. C’est d’ailleurs cette relation malsaine, et totalement compréhensible dans le contexte d’un Imperium militarisé jusqu’à la moelle et prêt à tout pour entretenir l’effort de guerre, qui fait le sel de ce ‘Own Worst Enemy’, plus que la mise en scène du « combat » contre le fort minable Vent du Désert. On dirait fort que Denny Flowers plante le décor pour un arc narratif plus ambitieux à travers ces quelques pages, et peut-être en saurons-nous plus sur cette mystérieuse et mortelle lumière dans un nouvel épisode…
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The Nine – J. D. Hill [HH] :
INTRIGUE :
Alors que Mars est déchiré par son schisme entre anciens et modernes légalistes et libéraux, nous suivons l’Adepte Sota, résolument engagée dans le camp du Mechanicus Noir, dans sa vendetta personnelle contre son ancien mentor, le maître de forge Rueon Villnarus. On ne saura pas exactement ce que le pauvre Vivi a fait pour encourir l’ire de sa stagiaire, mais la maîtrise consommée de cette dernière en matière d’armement bactériologique scelle rapidement, mais pas proprement, le destin du bastion de Villnarus après qu’une ogive chargée d’une souche de Covid tirée des glaires d’un Grand Immonde enrhumé ait pénétré la défense des loyalistes. Après avoir pataugé dans la bouillasse organique de ses douze millions de victimes pour aller récupérer la carte mère de son tuteur, Sota se hâte de rejoindre Magma City, théâtre d’un affrontement à grande échelle entre les forces de Kelbor-Hal et les fidèles de l’Empereur.
A son arrivée, elle ne peut que partager la peine de son suzerain quand elle apprend que le fidèle piston droit de Kelbor-Hal, Melgator, compte parmi les victimes de cette bataille majeure. Cette disparition fait toutefois les affaires de l’ambitieuse Sota, car malgré sous ses apparences de geek obsédé par la tech, Keke a un point commun avec la nature, en cela qu’il a horreur du vide. Il lui faut donc trouver un ou plusieurs remplaçants à Melgator pour aller porter la bonne parole à travers la galaxie et rallier le plus de mondes forges possible à sa cause. Après une entrevue tenant au moins au temps du porno soft (toutes ces mechadendrites qui se connectent à des ports haptiques… c’est très déluré) que de l’entretien d’embauche, Kelbor-Hal annonce à sa groupie frémissante qu’elle aura l’honneur et l’avantage de faire partie de son harem cénacle d’ambassadeurs, ce qui est Nul pour elle, bien sûr…
AVIS :
Pour sa première incursion dans l’Hérésie d’Horus, Justin D. Hill se paie un voyage aux origines de la série en prenant la suite des événements couverts par Graham McNeill dans son ‘Mechanicum’ (2008), et particulièrement la bataille de Magma City au cours de laquelle Melgator trouva la mort. Je ne suis pas sûr que le personnage de Sota (pas encore Nul) méritait une telle mise en avant, et comme il ne se passe pas grand-chose d’intéressant et/ou de clair dans ‘The Nine’1, je sors de cette nouvelle dans un état de perplexité avancé. Que cherchait à faire Hill avec cette histoire, qui semble avoir été publiée quinze ans trop tard ? J’espère que de futures sorties permettront de réévaluer ma position, mais de prime abord, c’est une entrée plutôt ratée dans l’Hérésie pour cet auteur vétéran.
1 : Titre mensonger par ailleurs car la nouvelle n’évoque pas les autres lieutenants de Kelbor-Hal, et ne se donne même pas la peine d’expliquer ce que sont les Neuf.
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The Price of Morkai – M. Collins [40K] :
INTRIGUE :
La fin est arrivée pour Fjolnir le sage de guerre, aussi appelé l’imbibé de mjod et l’ivrogne des batailles, meneur d’une meute de Chasseurs Gris Space Wolves. Tombé au combat contre un adversaire plus fort que lui, ses restes mortels sont apportés avec tout le respect qui leur est dû par ses camarades du rout, Vili, Jolfr, Orwandil et Hrungnir, jusqu’à la morgue du Prêtre Loup Ivar Krakenblood. Comme le veulent les rites des fils de Russ, ses frères d’armes s’empressent de raconter la saga du disparu à Ivar, pendant que ce dernier fait les prélèvements de rigueur sur le cadavre de Fjolnir.
On apprend ainsi que la fine équipe s’était mise en tête de faire un détour par l’Eperon aux Krakens, île mystérieuse et insaisissable du littoral de Fenris, puisqu’elle ne surgit des flots déchaînés de cette planète froidement hostile qu’une fois par génération. Comme son nom l’indique, l’Eperon est une réserve pour méga-faune marine du monde chapitral des Space Wolves, et sert notamment de cimetière pour les krakens en fin de vie dont les crânes jonchent ses rochers. Malheureusement pour Fjolnir, le spécimen qui gardait l’Eperon au moment de sa visite impromptue était un vieux ronchon, dont les coups de tentacules et de bec se sont révélés fatal pour le fier Loulou. Ce dernier peut toutefois revendiquer un match nul bien mérité, voire une victoire morale, puisque s’il n’a pas fini la journée entier, le poulpe géant la termine en tielle, ce qui n’est pas beaucoup mieux. On se console comme on peut.
De son côté, Ivar accomplit sa salissante mais indispensable besogne de prélèvement d’organes et de devoir de mémoire tout en se remémorant sa propre rencontre avec un kraken de fort beau gabarit, alors qu’il n’était alors qu’une Griffe Sanglante mal dégrossie, mis sur une mission « ramassage de coquillages » par ce farceur d’Ulrik en compagnie de quelques autres néophytes. Leur excursion sur l’Eperon aux Krakens avait tout aussi mal tourné que celle organisée par ce poivrot de Fjolnir, mais grâce au leadership inspiré d’Ivar, l’insistante bestiole gréviste (comprendre qu’elle était sur la grève de l’île, et pas qu’elle manifestait pour la retraite à 60 ans) avait fini par retourner à l’abysse, après avoir perdu tous ses yeux sauf un dans la bagarre. Cette démonstration de force avait favorablement impressionné Ulrik, qui était venu féliciter les rookies survivants et leur promettre un bel avenir dans les rangs indisciplinés des Space Wolves. Ah, c’était le bon temps !
Bien évidemment, on (en l’occurrence, Ivar) finit par se rendre compte à l’écoute de la dernière virée de Fjolnir que c’était le même Kraken qui lui a fait son affaire, ce qui démontre que ces bestioles sont bougrement casanières (surtout) et que y a pas de hasard ma pauvre Lucette (un peu). Une fois encaissé le poids de cette révélation in-cro-ya-ble, Ivar termine le rite de valorisation des déchets organiques en allant placer les glandes de Fjolnir dans le frigo situé au cœur de Croc, dans l’attente de l’aspirant digne de se les voir implantées. Le futur du Chapitre sera ainsi assuré, et c’est bien l’essentiel.
AVIS :
Une nouvelle de Space Wolves sans prétentions, comme Chris Wraight en a écrit quelques-unes, voilà comment on peut qualifier ‘The Price of Morkai’. On savait que Marc Collins était un amateur es-Fenris (‘The Shapers of Scars’, ‘Void Kings’, ‘The Martyr’s Tomb’), aussi cette sortie de rout n’est guère surprenante. J’aurais toutefois préféré qu’elle le soit un peu plus, car la concurrence sur ces micro-niches (loubard vs kraken d’un côté1, post mortem Space Wolf de l’autre2) est malgré tout suffisamment fournie pour que ‘The Price of Morkai’ présente un goût de déjà lu quelques heures seulement après sa publication. Il y avait sans doute moyen de faire mieux que ça.
1 : ‘Kraken’ (Wraight), ‘A Trick of the Light’ (Reynolds).
2 : ‘Bjorn: Lone Wolf’, ‘Cargo’ (Wraight), ‘Even Unto Death’ (Lee).
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Web of Ruin – A. Tchaikovsky [AoS] :
INTRIGUE :
Après que le meneur (Oruthir) de la bande de Tarantulos dont il fait partie ait passé ses nombreuses armes (c’est ça quand on a quatre bras) à gauche après une rencontre musclée avec des maraudeurs Darkoath, le jeune et ambitieux Peter Parker Vexen décide de combler le vide managérial laissé par ce décès subit, et prend les rennes d’une troupe en grand manque de confiance en elle. Marqué par le Voyant Octuple, qui lui a changé un œil en ocelles à facettes du plus bel effet, Spiderboi se sent l’étoffe d’un grand meneur, mais sait qu’il lui faut à tout prix faire ses preuves auprès de ses camarades, faute de quoi il ne tardera pas à rejoindre son ancien boss dans l’au-delà.
Son plan initial consiste à traquer les Darkoath responsables de la mort du vieil Oruthir, idée logique et respectable qui lui permet de faire la connaissance du chamane Grot Kankrot, après que ce dernier se soit fait capturer par les Tarantulos suite à la mise en déroute de sa bande de Gloomspite Gitz, ayant eux-mêmes embusqués les Darkoath pistés par Vexen et Cie un peu plus tôt (faut suivre). Réalisant que Kankrot est aussi un grand fan des arachnides en tous genres, comme son pendentif à huit pattes et les bestioles grouillantes qui se cachent dans ses robes moisies le révèlent sans trop de surprise, notre héros l’interroge sur sa présence dans les Eightpoints au lieu de lui fendre le crâne sans sommation, et apprend que le chamane est venu assister la légendaire Arachnarok Garat-Ulm dans ses derniers moments. Tout à la fois monture et divinité mortelle pour Kankrot et ses ouailles, Garat-Ulm a été grièvement blessée lors d’un affrontement récent contre un ost de Sylvaneth mené par Alarielle et son scarabée de fonction, et s’est réfugiée dans ce Royaume pour y mourir.
Voyant dans cette révélation fortuite une preuve irréfutable de la bénédiction de sa propre divinité, Vexen épargne Kankrot pour que ce dernier le mène jusqu’à son animal de compagnie égaré, ce dont le serviable Grot se fait un plaisir. En chemin, les Tarantulos croisent la route d’un guerrier Splintered Fang esseulé (Pallas), dernier survivant de sa bande après que cette dernière ait eu la mauvaise idée de causer du raffut à proximité du repaire de Garat-Ulm en attaquant une colonne d’Iron Golems de corvée de lessive. Pallas conduit ses anciens presque alliés jusqu’au lieu de la bataille, où les cocons de soie laissés par une araignée gigantesque achèvent de lever les doutes de Vexen sur la sincérité de son prisonnier. Après avoir euthanasié par charité chaotique un Pallas dégoûté par sa propre couardise, les Tarantulos se remettent en marche.
Leur route les mène jusqu’à une caverne gigantesque, dans laquelle ils finissent enfin par rattraper Garat-Ulm… ainsi que la bande de maraudeurs Darkoath du début de l’histoire (toujours elle), bien décidée à poursuivre son œuvre arachnophobe en faisant son affaire à Shelob Jr. On n’a pas dû leur expliquer que les araignées permettaient de limiter les populations de moustiques, ou bien ils sont à deux doigts de se vouer à Nurgle (et ses mouches), je ne vois que ça. Pas plus bête que le premier venu, Vexen attend que ses ennemis aient chargé Garat-Ulm, qui malgré ses blessures reste toujours un monstre de corps à corps, avant de fondre sur les arrières des Darkoath, remportant facilement la victoire et achevant l’Arachnarok moribonde d’une javeline bien placée au passage.
Ceci fait, le premier réflexe de notre héros triomphant est d’aller piquer une tête dans les entrailles fumantes de sa gigantesque victime, avec quelques blocs de varanite en sus en guise de sels de bain, afin de devenir le réceptacle des dons chitineux du Voyant Octuple…
Début spoiler…Et ce dernier met la dose, et plutôt huit fois qu’une. A la sortie de son bain, Vexen est devenu une véritable araignée géante, mais a la mauvaise surprise de se trouver entouré par les cadavres de ses compagnons et une horde de Grots, les suivants survivants de Kankrot qui avaient pisté leur chamane captif à bonne distance. Outré par ce manque de bienséance, Vexen se rue sur Kankrot pour lui faire son affaire, mais plante ses crocs dans le champignon géant que le Grot dissimulait sous ses robes plutôt que dans le ventre de ce dernier. Le nuage de spores qui se répand alors dans la grotte achève de transformer Vexen en réincarnation de Garat-Ulm, promise à bel avenir en tant qu’utilitaire au service de Kankrot et de ses complices à capuche. Elle a peut-être plusieurs divinités, mais l’araignée reste un être bien singulier…Fin spoiler
AVIS :
Cela faisait un petit moment que la Black Library ne nous avait pas donné de nouvelles de/sur les Eightpoints, et cette absence est en partie comblée avec ce sympathique ‘Web of Ruin’, qui s’intègre parfaitement dans l’univers bigarré et sans pitié de Warcry. Adrian Tchaikovsky réussit brillamment son entrée dans cette franchise de niche, et plonge le lecteur dans le quotidien forcément violent d’une bande de Tarantulos de façon plus que convaincante, jouant avec malice sur les différences et points communs existant entre les factions arachnophiles d’Age of Sigmar au passage. Une histoire plaisante, prenante et bien conclue (on ne crache pas sur les twists finaux qui tiennent la route ici), qui je l’espère ne restera pas un one shot pour la littérature Warcry trop longtemps : après tout, il y a maintenant une vingtaine de bandes à couvrir…
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One Million Years – N. Crowley [40K] :
INTRIGUE :
Alors que la barge solaire One Million Years (une référence à la durée moyenne de ses missions) se dirige lentement vers la surface de la géante bleue qu’elle a siphonné d’une partie de ses ressources pour le compte de la dynastie Thokt, elle se fait attaquer sans crier gare par le seul autre type de vaisseau capable d’opérer dans un environnement aussi hostile, un Space Hulk Ork peint en blanc pour réverbérer la chaleur un vaisseau ruche de la flotte Wendigo le Hrafnkel avec la clim à fond un Méga-Croiseur des Ligues de Votann, bien décidé à s’emparer du précieux chargement du super tanker Necron. Maudits pirates !
Junior éternelle sur le One Million Years (les perspectives d’emploi sont vraiment limitées dans une société où personne ne vieillit et où on peut télécharger son esprit dans une enveloppe corporelle à volonté), l’Apprentek Prae s’attend naturellement à ce que sa tutrice, la vénérable autant que grincheuse Cryptek Baknephet, règle ce problème en un tour de main, son génie stratégique n’ayant d’égal que son expérience millionnaire aux commandes de la barge. Seulement voilà, nul n’est à l’abri d’un coup de moins bien et Baknephet dévore consciencieusement la feuille de match, laissant le vaisseau Votann s’approcher assez près du One Million Years pour lancer un abordage, puis restant sourde aux voicemails répétés de Prae lui demandant humblement mais de manière insistante de guider l’équipage de la barge dans sa défense contre les nabots en armure.
Après avoir compris que tout reposait désormais sur ses frêles épaules suite à la bouderie sénile de sa supérieure, Prae prend les choses en main et, assistée par l’esprit de la machine du One Million Years (Mehennoth) et un Castellan (Rengan) nommé sur le pouce pour coordonner la contre-attaque Necron sur le terrain pendant qu’elle planifiera la stratégie globale de son côté, l’intrépide Apprentek mène la vie dure à ses hôtes non désirés, jusqu’au moment où le Capitaine du Méga-Croiseur en personne (Eynr), se rend dans la salle où le sarcophage de Baknephet est situé pour parlementer avec sa subalterne1. La féroce résistance des Necrons lui ayant déjà coûté plus qu’il n’était disposé à perdre dans l’aventure, Eynr propose à Prae de concéder une égalité, puis de lui remettre la moitié de sa cargaison en compensation des dommages subis, considérant à tort que le silence de l’Apprentek est une stratégie de négociation. Malheureusement pour lui, Prae cherchait juste la manière la plus élégante de l’envoyer paître, et accueille son offre généreuse d’une tirade pleine de morgue et d’un rayon d’hyper-matière, réduisant le Kin en cendres et provoquant la fuite du Méga-Croiseur dans les minutes qui suivent.
Enfin seule maîtresse à bord du One Million Years, Prae peut se pencher sur la troublante défection de Baknephet et lorsqu’elle ouvre le sarcophage de sa maîtresse, constate que cette dernière s’est décomposée depuis belle lurette et a fusionné avec Mehennoth au cours de ses éons de service. L’attaque du Méga-Croiseur, parce qu’il constituait un événement imprévu, a pris de court l’entité routinière qu’était devenue Baknephet/Mehennoth, expliquant l’absence de réaction de la Cryptek désincarnée lors des dernières heures. Si un semblable destin attend éventuellement Prae, elle a cependant quelques millions d’années avant que cela ne se produise, et elle compte bien faire bon usage de son capitainat du One Million Years dans l’intervalle. Sa première décision sera de pomper quelques quettawatts d’hydrogène en soute pour préparer un tir de lance en direction du vaisseau de feu Eynr le cuistre. Voilà qui devrait apprendre aux Kins les bonnes manières…
1 : Qui avait dû se rendre sur place en passant par l’extérieur du vaisseau à cause de la concentration de guerriers Hearthkyn dans les coursives. Je le notifie uniquement pour remettre à leur place les fans transis de Roboute Guilliman, qui doit remettre son titre de most badass space freediving session à Prae. À ceux qui considèreraient que la concurrence est rendue déloyale par l’absence de matière organique chez l’Apprentek, je rétorquerais que l’affrontement entre le One Million Years et le Méga-Croiseur Votann se passe à la surface d’une étoile.
AVIS :
On peut compter sur Nate Crowley pour trouver des angles d’approche intéressants pour explorer de nouveaux pans du 41ème millénaire (un talent appréciable et malheureusement pas aussi répandu que ça au sein de la Black Library), et il en fait la preuve à travers ce ‘One Million Years’, qui détonne franchement des traditionnels affrontements spatiaux que l’on peut retrouver dans les nouvelles et romans de la BL.
Aux commandes de ses chers Necrons, une faction dont il est sans doute l’un des meilleurs auteurs à l’heure actuelle, Crowley nous offre une plongée dans le spectaculaire quotidien de cette faction, que son avancement technologique et son goût consommé pour le transhumanisme (ou transnecrontyrisme, plus exactement) place à des années lumières des considérations bassement organiques du reste des espèces sentientes de la galaxie. De l’autre côté du ring, les Ligues de Votann, encore peu décrites dans la GW-Fiction au moment où cette nouvelle est parue, font des adversaires parfaits à Prae et son acariâtre tutrice, leur goût pour le minage galactique et le recours au clonage de masse les positionnant en miroirs « humanisés » de nos héros mécaniques.
J’ai également apprécié l’effort stylistique consenti par Crowley, dont le texte puise davantage aux sources du space opera que du grimdark et dont le découpage en micro-chapitres en font une originalité dans le reste du corpus des courts formats de 40K. ‘One Million Years’ peut donc être qualifiée de nouvelle de premier plan au sein de ce dernier, et mérite définitivement la lecture si vous êtes un amateur de cette franchise.
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The Last Loyalist – D. Guymer [HH] :
INTRIGUE :
Sur la surface dévastée d’Isstvan III, un petit groupe de Space Marines loyalistes résiste encore et toujours à l’envahisseur. S’ils ne peuvent malheureusement pas compter sur la potion magique pour décupler leurs forces, comme leurs lointains ancêtres avant eux, Kloron Orbaddon des Sons of Horus, Pyramus des Emperor’s Children et Glaum de la Death Guard ont toutefois une arme secrète en réserve, en la figure de Zhukel Dror, aka l’Obélix1 de Ghenna, qui est tombé dans sur les clous du druide boucher quand il était petit. Bien que durement éprouvé par vingt-six jours de combats sans merci, Dror est toujours fidèle à l’Empereur – même si plus très lucide – et se fait un devoir, à défaut de plaisir, de jouer le rôle du marteau tronçonneur2 dans les embuscades que ses comparses tendent à ses anciens collègues de Légion.
Après avoir flanqué une bonne rouste à une escouade de World Eaters un peu trop confiants, le quatuor de choc se replie jusqu’à sa base d’opérations pour y prendre un peu de repos bien mérité. Chacun peut alors vaquer à ses occupations favorites : faire des cauchemars dans lesquels il rosse son frère (possiblement jumeau) dans la salle du trône de son père pour Dror, regarder amoureusement ce dernier dormir pour Orbaddon, récurer son matos pour Pyramus, et… essayer de reconstituer une statuette isstvanite avec de la colle faite maison pour Glaum. Les Death Guards sont vraiment pleins de surprises.
Ce tranquille interlude ne peut cependant pas durer longtemps, et est brisé en même temps que le plafond du bunker où Dror pionçait par l’arrivée d’une escouade de Marines d’assaut World Eaters, bien décidés à mater les irréductibles loyalistes. Une nouvelle baston s’engage, au cours de laquelle Pyramus fait une chute peut-être mortelle, Glaum termine peut-être son puzzle en 3D, et un nombre sans doute élevé d’Astartes passe l’arme à gauche. Ce qui est sûr, tout du moins, c’est que la bromance unilatérale entre Orbaddon et Dror se termine dans le sang et les larmes, après que les clous du boucher aient totalement sapé le self control tout relatif du second. Entraîné par son camarade vers une hypothétique issue, qui pourrait permettre au quatuor devenu duo de continuer hypothétiquement le combat auprès d’un autre groupe de loyalistes, Dror finit par vider son chargeur dans le torse du Son of Horus gnangnan dans un accès de folie, avant de rejoindre le combat avec un douloureux – pour lui et pour les autres – enthousiasme. Cela ne l’empêche pas de considérer qu’il est toujours fidèle à l’Empereur, notez bien : notre héros est un être principiel.
Quelques jours/semaines plus tard, la presque carcasse de Dror est déterrée par un « heureux » hasard par la patrouille recyclage et récupération du Sergent World Eaters Solax, alors qu’elle reposait sous quelques mètres cubes de gravats. Toujours partant pour une prise de tête au débotté, Dror tente de décapsuler son ancien camarade à mains nues, mais son organisme épuisé et son équipement délabré ne font pas le poids face à la patate de forain que Solax lui envoie dans la mâchoire pour calmer ses ardeurs. L’histoire tragique de Dror aurait pu s’arrêter là, mais c’était sans compter le sadisme du Capitaine Shâkha, pas encore rendu déperlant à ce stade de sa carrière, qui retient la main de son subalterne en lui indiquant qu’il a une meilleure et plus cruelle idée pour le surhomme des sables qu’ils viennent d’exhumer. Qu’est-ce qui est rouge et a deux haches énergétiques, une armure Terminator et un bouton on/off ?
1 : Pas un hasard si les couleurs originales des World Eaters étaient le bleu et le blanc.
2 : Une invention novatrice qu’Angron a tenté, sans succès, de faire homologuer par l’Adeptus Mechanicus pendant la Grande Croisade.
AVIS :
Isstvan III est une bataille tellement importante pour le déroulement de l’Hérésie d’Horus qu’on peut comprendre que les auteurs de cette franchise tiennent à y revenir, même des années après sa couverture dans ‘Galaxy in Flames’. David Guymer ne fait pas exception, et son récit de la déchéance terminale mais guère surprenante d’un des derniers loyalistes des World Eaters s’avère être une nouvelle assez solide, même si elle n’apporte rien de bien fondamental à la grande histoire qui se déroule après ce massacre fondateur.
On appréciera cependant la caractérisation des personnages principaux de ‘The Last Loyalist’, chacun d’eux incarnant bien les traits de sa Légion d’origine (mention spéciale à Pyramus, qui soule ses compagnons à force de leur affirmer que le flamboyant Fulgrim va arriver et rétablir la paix et l’harmonie d’un claquement de ses doigts parfumés, ainsi que les références faites par l’auteur à des événements et personnages connus des habitués de l’Hérésie, depuis Ghenna jusqu’à Ibram Ghreer. Pour ceux que ça intéresse, le personnage de Zhukel Dror est également présent dans le livre ‘Retribution’ de Forge World, et on en apprend plus sur le sort qui l’attend après sa capture par Solax et Shâhka, que l’on retrouve quant à eux dans le roman ‘Angron: The Red Angel’ signé par le même Guymer1.
1 : Profiter d’une pige hérétique pour donner un peu de profondeur à ses personnages 40K étant un péché véniel, commis par d’autres auteurs (je pense à McNeill, Thorpe et Anthony Reynolds, en particulier) avant lui, on pardonnera à David Guymer ce petit kif personnel.
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Et voilà qui conclut cette revue du Black Library 2023 Advent Calendar, une cuvée assez sympathique pour terminer une année riche en nouvelles de la part de la BL. Espérons que 2024 soit du même tonneau, et que le prochain calendrier de l’Avent contienne quelques histoires en provenance du Vieux Monde… En tout cas, moi j’y crois.
BLACK LIBRARY EVENTS ANTHOLOGY 2018/19 [Recueil]
Bienvenue dans cette revue de la Black Library Events Anthology 2018/19, petit livret distribué par la BL à la fin des années 2010 lors des événements de Games Workshop où elle était présente. Le concept est simple : proposer en avant-première quelques nouvelles écrites par des plumes établies de la GW-Fiction, qui seront republiées plus tard de manière plus accessible au grand public. Pour la petite histoire, il aura tout de même fallu attendre 2022 et la sortie de ‘Lupercal’s War‘ pour pouvoir lire le ‘Champion of Oaths’ de John French.
Bien évidemment, la différence principale avec la première « saison » des Events Anthology (2011-14) est le remplacement de Warhammer Fantasy Battle par Age of Sigmar, et le millésime 2018/19 nous propose donc deux nouvelles tirées tout droit des Royaumes Mortels. Pour le reste, c’est du classique et de l’éprouvé, avec un trio de nouvelles 40K et un duo de textes hérétiques. Comme l’illustration de couverture le révèle aux hobbyistes vétérans, le Capitaine Ultramarine Uriel Ventris est de retour aux affaires après quelques années de hiatus, et rassurez-vous il va très bien. Le contexte étant planté, il est temps de passer aux choses sérieuses et voir si cette nouvelle saison est du niveau des précédentes…
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Champion of Oaths – J. French [HH] :
INTRIGUE :
Il y a des entretiens d’embauche plus facile que d’autres. Alors que la majorité d’entre nous a juste à savoir nommer trois qualités et trois défauts pour convaincre le recruteur, Sigismund des Imperial Fists va vraiment devoir donner de sa personne pour obtenir son dream job, lui. Notre homme candidate pour devenir le Maître du Temple, fonction honorifique s’il en est au sein de la VIIème Légion puisque les Templiers en question gardent le… temple du Phalanx où les Frères de Bataille jurent fidélité à l’Empereur et à Rogal Dorn. Pour obtenir ce poste convoité, l’impétrant doit vaincre en combat singulier la totalité de ses camarades, soit 199 Astartes vétérans à se farcir les uns après les autres. Même pour un guerrier de la trempe de Ziggy Jaune d’Œuf, l’épreuve est difficile, et notre héros encaisse les coups et les bosses au fur et à mesure que les duels se succèdent.
Cet affrontement au long cours est entrecoupé de flashbacks nous renseignant sur la trajectoire de Sigismund, depuis son enfance malheureuse dans les camps de réfugiés de Turquie (rebaptisée plateau ionien en M31), où il vit sa protectrice se faire tabasser à mort par une bande de wesh sanguinaires, jusqu’à son entraînement sous la conduite du maître d’armes Appius, alors qu’il n’était encore qu’un jeune et prometteur jaunard. L’occasion pour nous d’en apprendre plus sur la motivation profonde de Sigismund, qui va toujours de l’avant parce qu’il sait que les Space Marines ont le devoir de se battre à la place de ceux qui ne le peuvent pas. C’est beau, c’est noble, c’est grand, c’est corporate. Ce petit gars aurait pu faire Miss France, s’il n’avait pas choisi une autre voie.
Retour au Temple, et au boss de fin de la série infernale du Zig. Après avoir fisté sans répit et écopé de quelques bleus au passage, ne reste plus que ce bon vieil Appius en personne à maraver. Le problème, c’est que le vétéran a assez mal vieilli, et s’est fait enfermer dans un Dreadnought depuis l’époque où il refaisait le portrait de son padawan à grands coups d’espadon. Le combat n’est pas des plus équitables, mais les Imperial Fists sont du genre exigeant. Malgré un coup de moins bien passager, et un revers de bouclier énergétique en pleine face, Sigismund vient à bout de cet ultime adversaire en lui coupant le câble (ce qui est cruel quand on est confiné à un réservoir de liquide amiotique, tout de même). Félicité par Rogal Dorn en personne, qui était là incognito pour suivre l’épreuve pratique de son fiston favori, Sigismund devient officiellement le Maître des Serments, et reçoit l’épée de fonction qui va bien en reconnaissance de son nouveau statut. Un petit passage à l’infirmerie pour mettre de l’arnica (eh, c’est jaune aussi) sera sans doute nécessaire après cela…
AVIS :
John French se fait plaisir en retraçant en quelques pages bien senties la trajectoire de l’un des personnages les plus marquants des Imperial Fists pendant la Grande Croisade et l’Hérésie d’Horus (et même après cela), depuis ses humbles débuts jusqu’à sa prise de fonction comme Enfant de Juron. On peut y voir un avant-goût et un condensé du roman qu’il écrira un peu plus tard sur le même personnage, car tout est déjà bien en place à la conclusion de ces douze pages. L’exemple-type de la petite nouvelle à vocation fluffique, sans ambition particulière en matière d’intrigue mais très satisfaisante tout de même pour les amoureux de background, et grâce à la maîtrise consommée que l’auteur a de son sujet. Bref, un incontournable si vous êtes fan des Imperial Fists et/ou des Black Templars, ou tout simplement de l’Hérésie d’Horus en tant que telle.
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Child of Chaos – C. Wraight [HH] :
INTRIGUE :
Le Siège de Terra approche méchamment et quelque part en orbite du Monde Trône, un Astartes en arrêt maladie contemple la planète de Pépé avec un œil torve et un visage couvert de biafine. Notre protagoniste est, vous l’aurez deviné, Erebus. Sauf que en fait, non, mais nous y viendrons un peu plus tard. Passé à la râpe à fromage par Horus et slam dunk-é dans le bac à ordures dangereuses par Lorgar, le surhomme par qui le scandale éclata n’a pas vraiment d’épaule sur laquelle suinter, mais il s’en fout royalement car son auguste compagnie lui suffit. Et comme dit son deuxième proverbe favori (on parlera de son premier un peu plus loin): « plus on est de fous, plus on rit, moi je suis tout seul parce que personne ne m’aime alors je compense en étant complétement ravagé du bulbe et pouvoir rigoler un bon coup ». Quel dommage que seule la version abrégée de cette maxime si profonde nous soit parvenue. Toujours est-il qu’Erebus est décidé à se parler à lui-même pour passer le temps, et il embarque donc le lecteur dans le récit de son origin story, qu’il considère comme étant édifiante. Voyons cela.
Première confession: Bubus a toujours été mauvais. Et surtout en dictée. Il ne s’en cache ni ne s’en excuse, et il n’y a pas d’élément déclencheur à chercher pour explique sa chute, à part peut-être le fait qu’il ne supporte pas la chaleur. Mais bon, se dire que l’Hérésie aurait été évitée par un malheureux climatiseur, ce n’est pas très glamour, donc restons sur l’hypothèse de la malignité incarnée. Déjà tout môme, son passetemps favori était d’arracher les pattes de scorpion de Colchis, ce qui n’est guère charitable. Issu d’une famille miséreuse, il se mit à lorgner du côté des khôl gris du Covenant après avoir constaté que les prêtres menaient une vie de patachon. Après quelques mois à apprendre par cœur des cantiques et à apprendre à lire sur des bouquins piqués en douce dans le temple local, notre zéro accomplit ses premières armes en garrotant de sang froid un jeune dévôt de son quartier, auquel sa mufle de mère le comparait à longueur de journée pour le rabaisser. L’individu en question témoignait de sa foi envers les Puissances en se peignant des mots sacrés sur le visage, habitude que son assassin reprit, tout comme il lui emprunta son nom: Erebus. MIND BLOWN. On est passé à ça d’avoir l’Hérésie manigancée par un gonze appelé Post Malone ou Tekashi69, ça fait froid dans le dos tout de même. Heureusement que Môman Bubus n’aimait pas le rap.
Ce premier assassinat permit toutefois à l’usurpateur d’entrer dans les ordres sans coup férir, et de commencer à tailler son chemin vers le pire, soit le Pouvoir, l’Influence, la Richesse et l’Efferalgan. Car Erebus n’est pas vraiment croyant à la base, et avoue volontiers s’être piqué d’intérêt pour la chose religieuse de la même manière que tu as pris goût aux endives au jambon: à l’usure. BLIND MOWN. Pendant qu’il faisait ses classes, un certain Prophète commençait à faire parler de lui dans l’arrière pays colchitique, et il ne fallut pas longtemps avant qu’Erebus ne pose les yeux sur celui qui allait devenir son père adoptif (Lorgar), accompagné par sa future marâtre (Kor Phaeron). Ce ne fut pas le coup de foudre mais le jeunot comprit qu’il fallait qu’il se rapproche de Mr Tête d’Œuf pour son propre bien, ce qu’il fit.
Une arrivée impériale et une transformation en Space Marine plus tard, notre désormais fringant héros part sillonner la galaxie à la recherche des Dieux du Chaos, envers qui il sent une attirance particulière. Rien de très intéressant ne se produit jusqu’à l’arrivée sur Davin, et la visite qu’Erebus rend à un temple décati que lui ont révélé ses visions. Sur place, il rencontra un vieux prêtre ridé et impoli, ce qui n’est pas très malin quand on s’adresse à un type qui fait deux fois sa taille et trois fois son poids. Parmi les tags effacés et les inscriptions désobligeantes, les sens de sorceleur du surhomme firent clignoter en rouge un dessin de l’Anathame (qui ne se trouvait pas sur place, ce serait trop simple) ce qui fut apparemment suffisant pour son bonheur immédiat. Il repartit donc avec une envie folle de farmer du Wither squelette1, en ordonnant au vioque de faction de retaper un peu la bicoque, et en donnant rendez-vous dans quelques décennies à une très jeune Akshub (qui ironie de l’histoire, lui donnera des cours en chaotique appliqué lorsqu’il reviendra… quel fumiste tu fais Bubus alors). La suite de l’histoire, sans être parfaitement connue, l’est toutefois suffisamment pour pouvoir laisser Erebus à ses divagations fiévreuses et purulentes. Mais tel est le destin de ceux qui manquent de peau.
1: Mais sans accès au Nether, il dut se contenter de piller les collections permanentes du musée de la vie rurale de l’Interex, comme chacun sait.
AVIS :
Chris Wraight lève le voile sur l’origine d’un des personnages les plus importants de l’Hérésie n’étant pas Pépé ou un Primarque : bonne idée dans l’absolu, et assez bien réalisée même si ‘Child of Chaos’ tient plus de la lecture complémentaire intéressante que du must read définitif. Il y a certes quelques révélations bien senties de la part d’un auteur qui a trop de métier pour ne pas jeter quelques bouts de fluff anecdotiques (au sens littéral) en pâture à son public de fanboys dans une nouvelle telle que celle-ci, mais rien qui changera la face du lore. On apprend par exemple que c’est à Erebus que l’on doit la maxime « béni soit l’esprit trop étroit pour le doute », ce qui est utile à savoir pour briller dans un centre GW mais relève de la trivia hérétique au final. Notons également que Wraight se retrouve piégé par cet ennemi acharné de l’auteur de l’Hérésie d’Horus qu’est la continuité temporelle (à égalité avec la bonne vieille logique cartésienne): si Erebus a pu devenir un Word Bearers, c’est qu’il était très jeune à l’arrivée de l’Empereur. Or on sait (‘Lorgar: Bearer of the Word’) que Kor Phaeron avait déjà mis des pensées non euclidiennes dans la tête de son pupille bien avant que Bubus soit en mesure de susurrer des salaceries à l’oreille de son Primarque : l’image d’Epinal d’instigateur de l’Hérésie qui accompagne le Chapel-Un depuis quelques années en prend donc un sacré coup dans les ratiches.
Bref, on tient ici une lecture sympathique et qui permet à Wraight de mettre un peu d’ordre1 dans, et de faire quelques clins d’œil à la suite de, l’histoire d’Erebus, ce qui peut, ou non, justifier les 3,49€ demandés par la Black Library pour tuyauter le lecteur/fluffiste sur ce VIP chaotique.
1: J’ai bien aimé le fait qu’il cherche à couvrir les traces de Thorpe en indiquant au détour d’une phrase que, oui, les Dieux du Chaos avaient bien un œil (mais juste un œil) sur Colchis et le Covenant, respectivement élus « Planète chaotique la plus calme du Materium » et « Secte chaotique hégémonique la moins efficace de la galaxie » 10.000 ans de suite. Il ne pouvait guère faire plus que cela sans réécrire l’histoire.
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Savage – G. Haley [40K] :
INTRIGUE :
Notre histoire s’ouvre sur un concert de ronflements remplissant une tente à l’atmosphère étouffante, alors que le soleil est sur le point de se lever sur Omdurman. Allongé sur son lit de camp, notre héros, Gollph, après avoir courageusement mais vainement tenté de faire abstraction du bruit et de l’odeur la chaleur, décide d’aller se dégourdir les jambes pendant que la température est encore supportable. Gollph, comme ses camarades de la 7ème Companie Motorisée Super-Lourde de Paragonian (ou quelque chose comme ça), est un tankiste, et fier de l’être. Rattaché au Baneblade Cortein’s Honour, où il exerce la noble profession de senior chargeur – ce qui est mieux que serial killer, même si, au fond, cela revient au même –, Gollph espère un jour devenir artilleur. Bien que disposant des aptitudes nécessaires pour occuper cette fonction, notre héros est toutefois handicapé par ses origines : il vient en effet du monde sauvage de Bosovar, qui rime trop avec Kosovar pour que ses ressortissants soient pris au sérieux par les impériaux venant de mondes civilisés. En plus de ça, les Bosovarois ont la peau rose, ce qui, dans le régiment de Paragon dans lequel les hasards de la vie et de la guerre l’ont fait atterrir, est une source de discrimination et de brimades. Que fait donc la HALDE ?
Pour l’heure, Gollph profite du calme ambiant pour aller saluer son char, qui n’a pas vu le moindre combat depuis le début de la campagne, et aller contempler le lever du soleil en marchant pieds nus dans les hautes herbes, comme le petit sauvageon qu’il est resté au fond de lui-même (il n’enlève pas sa chemise tout de même, car le Commissaire n’aimerait pas ça). C’est l’occasion pour lui de se remémorer son parcours depuis les plaines de Bosovar jusqu’aux collines d’Omdurman, en passant par son recrutement dans la Garde, où il a appris à vaincre sa peur des portes. On n’en parle pas assez, mais c’est une technologie des plus dangereuses. Après tout, personne ne s’est jamais coincé les doigt dans un rideau de perles. De retour au camp, et occupé à lustrer des obus pour passer le temps en compagnie de son supérieur ronfleur, le 1er Artilleur Meggen, Gollph est surpris dans son ouvrage par l’arrivée silencieuse, mais pas inodore, de Shoam, le pilote du Cortein’s Honour. Ce dernier a obtenu des nouvelles fraîches faisant état d’un redéploiement imminent de la Compagnie, et de son départ d’Omdurman. Il vient donc rappeler à Gollph et à Meggen le pacte secret que les trois hommes avaient conclu des mois plus tôt, et qu’il leur faut mettre à exécution avant qu’il ne soit trop tard. Si Meggen se montre très enthousiaste à cette idée, Gollph l’est beaucoup moins, s’étant engagé dans l’aventure sous l’emprise de la boisson. Toutefois, une promesse est une promesse, et nos trois conspirateurs se retrouvent donc le soir venu derrière un buisson odoriférant1 pour accomplir leur sinistre dessein…
Début spoiler 1…Si Gollph avait traîné des pieds pour marcher dans la combine, c’est d’abord parce qu’il doit se taper le sale boulot, c’est-à-dire distraire les sentinelles placées devant la tente contenant les réserves de la Compagnie, pendant que ses comparses se glisseront à l’intérieur pour dérober ce dont ils ont besoin pour l’étape suivante de leur machination. En plus d’être dangereuse, cette tâche est humiliante pour le fier Bosovarien, car elle l’oblige à jouer au sauvage pour parvenir à ses fins, alors qu’il se considère comme étant parfaitement intégré au sein de la Garde Impériale. On voit donc Gollph se présenter devant les plantons de service, affublé d’un plastron fait de roseaux tressés (ça fait exotique, dixit Meggen), avec un formulaire mal rempli en main et un affreux dialecte petit nègre à la bouche, et tenter de se faire remettre farine pour dîner Lieutenant, oui oui, s’il te plait Monsieur présentement là dis donc. Pendant que l’héroïque peau rose occupe les gardes, et se fait dérouiller par le plus mal embouché des deux, Meggen et Shoam dévalisent les stocks du régiment, le premier intervenant une fois le forfait commis pour interrompre la bastonnade à laquelle le pauvre Gollph avait droit, et repartir avec lui vers leurs quartiers. La mission a été accomplie, reste à savoir quelle en était le but…
Début spoiler 2…Eh bien, et je n’invente rien, il s’agissait simplement d’organiser une petite fête d’anniversaire pour le Capitaine Bannick, avant que le camp soit levé. Ce dernier est donc pris au dépourvu lorsque son équipage et quelques amis le surprennent à la cantine avec un buffet de pâtisseries paragoniennes et quelques bonnes bouteilles. Parce que ce n’est pas parce que la galaxie est sur le point de s’effondrer qu’il ne faut pas profiter des petits plaisirs de la vie et prendre un pot entre collègues de temps à autres. L’enthousiasme collectif peine toutefois à déteindre sur Gollph, encore un peu marqué par son implication dans le complot pâtissier auquel il a participé, et surtout honteux que trois de ses compatriotes de Bosovar aient été sévèrement punis par les autorités régimentaires pour la disparition des victuailles dérobées par Meggen et Shoam. Il n’y a pas à dire, le racisme anti-rose reste un des fléaux cachés du 41ème millénaire…Fin spoiler
1 : Il a certainement été utilisé par un tankiste pressé comme petit coin, comme Gollph a le plaisir de le découvrir.
AVIS :
Attention, OVNI. Guy Haley signe avec Savage ce qui restera sans doute comme l’une des nouvelles de Gardes Impériaux les plus surprenantes du corpus de la Black Library. Pas de Xenos, pas de mutants et pas d’hérétiques ici, et à peine un peu de combat à proprement parler (même si la mâchoire de Gollph pourrait contester ce constat), mais la description de la vie d’un camp impérial dans toute sa singulière normalité. Si le « complot » fomenté par nos héros a une dimension comique assumée, et permet à Haley de démontrer qu’il est capable de jouer sur le registre humoristique de façon convaincante, c’est la description que l’auteur fait de la réalité sociologique de ce microcosme, où les préjugés et les discriminations1 entre Gardes de différentes origines demeurent aussi vivaces qu’aujourd’hui malgré les milliers d’années écoulées et la découverte d’autres espèces intelligentes, qui donne tout son sel à cette histoire. Le cosmopolitisme de l’Imperium est une de ses caractéristiques les plus intéressantes, mais rarement mise en valeur par la BL autrement qu’à travers l’exemple extrême des abhumains, du fait de sa ligne éditoriale résolument militariste. Haley démontre ici que la GW-Fiction peut encore totalement surprendre, et en bien, le lecteur, et que si la guerre est éternelle au 41ème millénaire, les à côté de cette dernière valent également la peine d’être racontés.
1 : Autre exemple, Shoam est traité comme un paria par ses camarades car il vient de Savlar, réputée pour être peuplé de criminels.
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The Darkling Hours – R. Harrison [40K] :
INTRIGUE :
À peine remis de leur escapade ghollienne (‘A Company of Shadows’), la Commissaire Severina Raine et le Capitaine Storm Trooper Andren Fel, que l’on devine être au bord de la liaison amoureuse assumée (ils discutent en buvant du thé sur leur temps libre, ce qui est le niveau de tension érotique maximal pour une nouvelle de Gardes Impériaux), sont convoqués par le haut commandement du 11ème Fusilier d’Antari. La Générale Juna Keene a en effet besoin que quelqu’un débloque la situation dans la mine Iota, que les forces du Chaos refusent obstinément d’abandonner à l’Imperium. Les efforts de la Garde se sont jusqu’ici soldés par des échecs cuisants, en raison de la présence d’un Psyker renégat capable de provoquer une peur panique à des kilomètres à la ronde. Là où une attaque en masse a échoué, une frappe chirurgicale menée par une poignée de vétérans endurcis et chaperonnés par une Commissaire inflexible aura peut-être plus de chances de réussir, et c’est ainsi que Raine part en Valkyrie avec les Duskhounds de Fel, sauter en grav-chute au dessus de l’inexpugnable cratère. Ce brave Andren se fait un peu de mouron pour son love interest, car la lecture des marcs de thé de sa tasse la nuit précédente (encore une métaphore torride, pour qui sait lire entre les lignes) lui a révélé la figure de mauvais augure du Duskhound, symbole de mort sur Antar. Mais le devoir est le devoir.
Le vol d’approche est l’occasion de faire la connaissance de l’escouade d’élite escortée par Raine, dont les quatre membres ont des noms aussi courts (Tyl, Rol, Jeth, Myre) que leur intérêt est limité. Après avoir donné le conseil-bullshit-qui-sauvera-tout-de-même-les-héros (« faire confiance à son instinct ») à ses troupes, la Commissaire fait le grand saut… et manque de s’éclater sur la paroi de la mine. C’est bien sûr l’influence du Psyker chaotique qu’il faut blâmer, et pas du tout sa mauvaise lecture de l’altimètre. Evidemment. S’en suit une rapide progression dans les boyaux souterrains, entrecoupée de quelques meurtres de cultistes, qui malgré leur statut de Vus (Sighted), se montrent incapables de détecter les Duskhounds avant qu’il ne soit trop tard. Cette promenade de presque santé permet également de comprendre pourquoi les forces du Chaos n’ont pas cédé de terrain malgré l’avance de l’Imperium : c’est en effet dans les galeries d’Iota que sont récoltées les pierres de vue dont les… Vus raffolent (en porte-clés, boucles d’oreille et remplacement de leurs globes oculaires). Remontant le courant de leur pétoche grandissante, preuve indéniable qu’ils sont sur la bonne piste, les commandos finissent par débusquer le sorcier dans son antre.
Le combat final/duel de volonté peut alors commencer, la verroterie du Psyker et les miroirs à facettes installées dans son pied à terre compliquant la vie et troublant la raison des Duskhounds et de leur garde chiourme. La caméra se braque en alternance sur Fel et sur Raine, qui doivent chacun livrer leur propre bataille : l’Antari voit ses camarades et, pire, sa chère Severina, se faire déchiqueter par des molosses spectraux, tandis que cette dernière est confrontée au fantôme de sa sœur (sans doute jumelle) Lucia, morte dans des circonstances troubles auxquelles l’inflexible officier pourrait bien ne pas être étrangère. Nos deux têtes de lard refusent toutefois de capituler devant les effets de manche du mentaliste, qui finit par se manger trois bolts dans le caisson (ce qui le déplume littéralement) pour sa peine. Bilan des courses : une cible abattue, une offensive qui peut reprendre, et aucune perte pour l’élite impériale, qui peut repartir en direction du baraquement pour se prendre une tisane bien méritée.
AVIS :
Petite nouvelle d’accompagnement de l’arc narratif de Severina Raine, ‘The Darkling Hours’ permet d’en apprendre plus sur le passé trouble de l’héroïne de Rachel Harrison, d’étoffer le background propre au 11ème Fusilier d’Antari, et d’approfondir la relation particulière entre le Capitaine Storm Trooper et la Commissaire. Bien que cette histoire soit dans l’absolu beaucoup plus dispensable que ‘A Company of Shadows’ et ‘Execution’, elle suffisamment bien racontée pour mériter la lecture, surtout si on apprécie les récits de Gardes Impériaux « à la Gaunt ».
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The Death of Uriel Ventris – G. McNeill [40K] :
INTRIGUE :
Ce qui ne devait être qu’un contrôle dentaire de routine est sur le point de prendre un vilain tour pour le Capitaine Uriel Ventris, de la 4ème Compagnie des Ultramarines. Allongé dans le fauteuil du praticien, le patricien écoute avec angoisse le servocrâne de service lui demander de prendre une grande respiration et de la bloquer, afin que l’anesthésie puisse être effectuée. Cela risque de piquer un peu. En repensant à toutes ses sucreries englouties avec Pasanius pendant la Guerre de la Peste, notre héros se dit que s’il s’en sort, il investira pour sûr dans une brosse à dents énergétique, qu’il usera énergétiquement1. Mais pour l’heure, il est temps pour le vaillant mais douillet Capitaine de tomber dans les pommes pour échapper au supplice de la fraise.
Se réveillant dans une espèce de caverne qui ressemble fort à sa Calth natale, Ventris comprend rapidement qu’il expérimente une vision lorsque sa sortie de la grotte se fait sous un grand soleil et devant un paysage bucolique, loin des plaines radioactives dont la véritable planète peut s’enorgueillir depuis 10.000 ans. Comme pour confirmer son délire, il se fait héler par un quidam assis sur un rocher, qui se révèle être ce bon vieux Idaeus, Capitaine de la 4ème Compagnie avant lui, et auquel il a succédé après le sacrifice héroïque du briscard sur Thracia. À peine le temps de détailler les nombreuses cicatrices qui parsèment le corps de l’auguste héros pour s’assurer de son identité que les deux surhommes se mettent à dévaler la pente en direction de la caserne Asigelus (qui n’est pas sur Calth mais sur Macragge, mais bon on s’en fout c’est un rêve), où les hallucinations de Ventris l’entraînent. En chemin, ils croisent la route d’un groupe de jeunes coureurs engagés dans une compétition acharnée pour être le premier à utiliser la douche au retour de leur session d’entraînement, et Uriel reconnaît sans mal Learchus, Cleander, Pasanius et lui-même, tels qu’ils étaient à l’adolescence. Il ne peut qu’assister à nouveau à la tentative malheureuse de dépassement de ce snob de Learchus que son jeune lui avait tenté il y a toutes ces années, et sentir, très douloureusement, le vicieux coup de coude que son rival devenu rival devenu balance devenu Capitaine par intérim devenu Sergent Vétéran lui avait balancé dans le pif pour calmer ces ardeurs. Cela fait toujours aussi mal, et même beaucoup plus mal que cela devrait, mais cette soudaine vulnérabilité attendra un peu, car voici nos deux vétérans rendus devant les portes de la caserne, qui sont, comme de juste, fermées.
Peu disposé à laisser quelques quintaux de fer et d’adamantium se mettre en travers de la route de son flashback, et constatant qu’Idaeus se dégrade à vue d’œil, Ventris pousse de toutes ses forces sur les lourds battants pour pouvoir entrer, là aussi déclenchant des douleurs sans doute excessives par rapport à l’effort consenti par un Space Marines en bonne santé. Enfin parvenu à ses fins, il finit par rentrer dans les baraquements, un Idaeus positivement cacochyme sur les talons. Là, il est témoin du rassemblement de la 4ème Compagnie dans son ensemble, spectacle grandiose même si esthétiquement critiquable2, qui fait battre très fort ses petits cœurs. Après avoir identifié pour le lecteur qui n’en demandait pas temps la moitié des guerriers assemblés en silence sur la place, il est pris à partie par cette vieille baderne de Learchus, qui vient lui reprocher de les avoir abandonnés. « Oui mais bon c’est un rêve buddy et t’étais pas obligé de me foutre la honte devant Idaeus en mentionnant que j’avais prêté un serment de mort petit galapiat » répond Uriel, un peu embarrassé. Qu’importe, Learchus répète à nouveau que Ventris est en train de les abandonner à l’instant même, et lui tourne le dos comme un prince, suivi par l’intégralité de la Compagnie. C’est moche de bouder les enfants. Lorsque le Capitaine abandonné cherche à raisonner le Sergent, ce dernier a de plus la mesquinerie de tomber en poussière, suivi par 99% des Ultra Schtroumpfs. Seul reste ce bon vieux Pasanius, qui en guise d’adieu lui applique une petite imposition des mains sur le torse, mais seulement après avoir passé son membre augmétique au micro-ondes. Bref, ça brûle très fort pour notre pauvre Uriel, qui commence sérieusement à regretter sa consommation irraisonnée de Chupa Chups.
Lorsqu’il reprend ses esprits, le voilà sur Medrengard, et Idaeus a laissé la place à ce fieffé filou de Honsou. Réagissant comme un vrai serviteur de l’Empereur, notre héros commence par corriger bellement cette canaille à mains nues, qui se laisse faire sans protester. Sur le point de commettre l’irréparable avec la propre hache démoniaque de sa Némésis, Ventris réalise au dernier moment que ça pourrait être une mauvaise idée, et suspend son geste. S’engage alors un dialogue Batman vs Joker like entre Force Bleue et Force Jaune avec Rayures Noires, les deux adversaires se balançant des amabilités pendant quelques minutes jusqu’à ce qu’un nuage de poussière ne se profile à l’horizon, annonçant l’arrivée prochaine des War Boys d’Immortan Joe (sans doute le dernier film visionné par Ventris avant son opération), ce qui ne présage rien de bon pour notre héros. Qu’importe, ce dernier se tient prêt à faire face à son destin, et à mourir bravement au combat si nécessaire. Après un dernier « Witness meeeeeee ! » envoyé à Honsou, Uriel se fait pulvériser par l’artillerie montée sur les machines hurlantes qui convergent sur sa position. Fin de l’histoire.
Début spoiler…Ou en tout cas fin du rêve. De retour dans le cabinet du dentiste, nous assistons à un court dialogue entre l’Apothicaire Selenus et le Chapelain Clausel, alors que l’enveloppe corporelle de Ventris décède sur la table d’opération. Bien que le premier se félicite de la réussite de l’opération3, il prévient son interlocuteur que le plus délicat reste à venir, le Capitaine devant maintenant trouver la force de traverser ce fameux Rubicon4…Fin spoiler
1 : Pour sa défense, l’Empereur lui-même n’avait rien prévu de spécial dans ce département pour ses Space Marines. Et pourtant, avec une salive acide, ils auraient eu grand besoin d’un émail renforcé à l’adamantium.
2 : Vert + bleu + jaune, franchement, c’est moche.
3 : « Ça a marché ? »
« Oui, il est mort. »
« GG. »
4 : Qui doit maintenant être encombré de Space Marines de toutes origines, au grand déplaisir de la faune locale et des touristes.
AVIS :
Ayant laissé tomber la saga d’Uriel Ventris il y a bien des années et après avoir seulement lu la première trilogie consacrée par McNeill à sa figure tutélaire dans le futur grimdark, j’avoue que la lecture de The Death of Uriel Ventris ne m’a pas touché plus que ça, mais peut aisément comprendre qu’un fan plus impliqué que votre serviteur ait une toute autre opinion du texte en question. Si l’auteur ne prend pas grand soin pour dissimuler la véritable nature de l’épreuve que le Capitaine traverse en filigrane de cette nouvelle (toutes les douleurs ressenties par ce dernier au fil des pages étant la conséquence de sa Primarisation douloureuse), enlevant donc un peu de suspense à cette dernière, il a au moins l’amabilité de terminer son propos sur un cliffhanger convenable, justifiant le titre donné à l’histoire. Même si je ne doute pas une seconde que notre héros finira par émerger du Rubicon – il doit y avoir un service de ferry pour les personnalités Space Marines, car elles sont vraiment peu nombreuses à s’y être noyées – comme les lois du marketing le demandent expressément, on peut au moins accorder à McNeill une utilisation appropriée de la formule « mort d’Uriel Ventris », ce dernier finissant la nouvelle dans un état minéral (c’est plus grave que le végétatif). À titre personnel, j’aurais apprécié que McNeill précise ou rappelle pourquoi le fier Capitaine a choisi/subi cette opération « risquée », à part pour suivre la dernière mode chez l’Astartes, bien entendu.
Pour le reste, le passage en revue de la carrière et des connaissances les plus marquantes de notre personnage, s’il est cinématiquement mis en scène par l’auteur, risque fort de diviser le lectorat entre ceux qui comprennent qui est qui et a fait quoi, et les autres. En d’autres termes, si vous découvrez Uriel Ventris par l’intermédiaire de cette nouvelle, je ne suis pas convaincu que l’expérience vous semble très intéressante (mais ce n’est que mon avis). En tous les cas, sachez que le personnage dispose d’ores et déjà d’une abondante biographie signée de la main de Graham McNeill, et que ce dernier ne l’ayant certes pas fait « mourir » pour rien, il est à parier que d’autres ouvrages ou nouvelles suivront. Dans le second cas, rendez-vous ici dans quelques temps pour un retour positivement objectif sur la suite des aventures de ce vieux Vent Triste.
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The Neverspike – D. Hinks [AoS] :
INTRIGUE :
Trachos, Lord-Ordinator des Celestial Vindicators, revient en Aqshy après une mission mouvementée dans le sous-monde de Shyish, où il a « égaré » son escorte de Hammers of Sigmar dans quelque échauffourée intolérante avec la population locale, ce dont notre bonhomme semble être coutumier. Sigmar ayant apparemment trouvé d’autres qualités à ce chic type que l’amour de son prochain, la camaraderie et le sens des responsabilités, cette vendetta sanglante n’affecte pas le moins du monde notre héros, qui souhaite simplement faire son rapport à la forteresse la plus proche et repartir concasser de l’hérétique en paix. Cependant, la voix accusatrice qui résonne et raisonne dans sa tête n’est pas d’accord avec sa position bien tranchée sur le sujet, mais cela est le moindre souci de notre héros lorsque sa route le met sur le chemin d’un affrontement peu commun entre un drake pierreux d’Aqshy et un drôle du duo : Gotrek et Maneleth en personne.
Bien qu’étant à première vue convaincu que les deux bipèdes n’ont plus que quelques secondes à vivre face à un monstre à la peau aussi épaisse, Trachos assiste in fine à une slaying masterclass de la part du petit rouquin aussi costaud qu’odoriférant, qui ne tarde pas à remettre de la viande au menu. Peu fréquentable mais tout de même poli, le Stormcast vient saluer les deux voyageurs et apprend de la bouche de l’Aelf qu’il s’agit du sixième drake massacré par Gotrek depuis qu’il s’est mis en tête de localiser le Neverspike, une montagne magique dont la direction peut être connue grâce au savant art de lecture dans les entrailles de draconoïde. Et si le nabot souhaite tant visiter ce lieu à la sinistre réputation, c’est parce qu’il a appris qu’il s’agissait de la prison du Prince d’Améthyste, un héros des temps jadis condamné à une agonie éternelle par ce vieil acariâtre de Nagash.
Tout ceci n’intéresse que moyennement Trachos, mais quand il apprend que Maleneth accompagne Gotrek pour récupérer la rune majeure logée dans la poitrine du Tueur, il décide de participer à son tour à cette opération « recyclage et valorisation », jugeant comme l’Aelf qu’un tel trésor mérite meilleur écrin que le corsage velu d’un ivrogne édenté, et, pire, athée. Car Gogo ne se prive pas pour expliquer à sa nouvelle connaissance à quel point il déteste les dieux, ce qui peut se comprendre quand on comptait sur eux pour s’offrir une mort digne de ce nom et qu’on se retrouve à la place propulsé dans un autre monde de manière totalement gratuite. Cette ouverture d’esprit déplaît bien entendu à Trachos, qui accepte toutefois d’aider le duo mal assorti à rejoindre bon port grâce à ses capacités d’ingénieur arcanique et son matériel de pointe, qui semble beaucoup intéresser Gotrek sans que le méprisant Lord-Ordinator n’y fasse grande attention. Sachant fort bien que la magie de mort baignant le Prince d’Améthyste consumera Gotrek dès qu’il y fera mine d’y planter la hache, Trachos se dit qu’il n’aura qu’à ramasser la rune sur le cadavre du Tueur une fois qu’un regrettable accident lui sera arrivé.
Cependant, le Stormcast Eternal commet l’erreur fatale d’accepter le défi de lever de coude que propose Gotrek lors du bivouac de fin de journée, confiant dans sa physiologie surhumaine pour annuler les effets de l’alcool. Cela aurait sans doute marché avec n’importe qui d’autre, mais on ne couche pas un Tueur (de Bière) comme ça, et Trachos finit par sombrer dans un sommeil hébété, penndant lequel il dévoile à son insu ses sinistres intentions à son compagnon. Lorsque le trio arrive au Neverspike le lendemain et commence à se frayer un passage dans la horde de revenants qui garde la montagne, Gotrek se retourne brusquement contre le félon, et lui subtilise un de ses gadgets pour accomplir son véritable plan…
Début spoiler…Au lieu de chercher à tuer le Prince d’Améthyste, comme Trachos le pensait, Gotrek inverse en effet la polarité des courants éthériques pour transformer la malédiction de Nagash en portail vers Shyish, bannissant tous les morts vivants à la ronde dans l’opération, dont le Prince en question. Car comme il le révèle à Trachos avant que le rideau ne tombe sur notre histoire, sa rancune ne porte pas sur un vulgaire héros de second ordre, mais bien sur Nagash en personne. Et pourquoi se taper des mois de route pour accéder au Grand Nécromancien quand on peut utiliser un raccourci ? C’est donc un retour à la case départ qui échoit à Trachos, aspiré dans le Royaume de la Mort par le vortex ouvert par Gotrek pour son speed run personnel. Il n’est pas toujours bon de fréquenter des VIP…Fin spoiler
AVIS :
Le Tueur le plus et le moins accompli du Monde qui Fut revient aux affaires dans ce très sympathique ‘The Neverspike’, dans lequel Darius Hinks deux éléments capitaux : une bonne contextualisation de ce personnage légendaire de la GW-Fiction, d’une manière très appropriée (une bonne couverture du passif du héros et de ses nouvelles motivations, sans trop d’exposition) d’abord, et un personnnage très intéressant en la figure de Trachos, premier Stormcast Eternal positivement mauvais que nous rencontrons dans le cadre d’une histoire d’Age of Sigmar1. Trachos semble en effet avoir un certain nombre de problèmes psychologiques, ainsi que quelques crimes de guerre sur la conscience, ce qui en fait un protagoniste (?) plus passionnant à suivre que l’immense majorité des good guys en sigmarite que la Black Library nous a refourgués jusqu’ici. On peut le voir comme le chaînon manquant entre les vertueux paladins de Sigmar et les guerriers déchus d’Archaon, et une étape importante dans le cheminement qui finira par nous mener aux Stormcast du Chaos (j’y crois). C’est dommage qu’il semble ne pas survivre à la fin de la nouvelle, mais peut-être refait-il une apparition dans ‘Ghoulslayer’ (dont ‘The Neverspike’ est l’introduction littérale), ce qui donnerait une raison supplémentaire pour partir à la découverte des premières aventures de Gotrek dans des Royaumes d’autant plus mortels du fait de sa présence…
1 : À ma connaissance, qui est loin d’être exhaustive. Mention honorable à ce bon vieux White Reaper, mais je ne l’ai pas vraiment vu en action.
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The Claw of Memory – D. Annandale [AoS] :
INTRIGUE :
Neferata tient conclave dans sa capitale de Nulahmia, et a rassemblé les plus fins esprits de son royaume pour discourir de sujets d’importance, comme l’opposition entre mémoire et histoire (oui, c’est chiant). Parmi l’auguste assemblée, un érudit mortel du nom d’Alrecht Verdurin s’éclipse discrètement pour faire une pause technique, ou du moins veut-il le faire croire à son hôtesse. Une fois sorti de l’hémicycle, il se dirige en effet dans une tout autre direction que celle des toilettes, et s’enfonce dans les couloirs labyrinthiques du Palais des Sept Vautours.
Cette expédition très peu protocolaire est motivée par un besoin tout aussi pressant qu’une vessie trop pleine pour Alrecht : accomplir une quête familiale. Notre homme est en effet le lointain descendant d’un certain Karlet Verdurin, invité en son temps à un autre café phil-os par Neferata, et qui profita de sa visite pour voler une page d’un grimoire de la bibliothèque personnelle de la Necrarque du Sang. Ecrite dans une langue inconnue, et restée non traduite à ce jour malgré les diligents efforts de ses héritiers, cette page (sans doute jaune) a joué un rôle majeur dans la vie des Verdurin, et Alrecht compte bien être celui qui égalera l’exploit de son grand-pépé, en retrouvant le chemin de la bibliothèque secrète, et en ramenant à son tour un petit souvenir. Pour mettre toutes les chances de son côté, il a décidé d’amener la page en question avec lui, et grand bien lui en a pris car cette dernière agit comme un GPS et le guide dans le dédale souterrain, jusqu’à ce qu’il finisse par arriver à bon port.
Il aurait cependant dû se douter que tout cela était bien trop facile, et Neferata en personne ne tarde pas à venir lui tenir compagnie, escortée par un Glaivewraith Stalker avec gravé « To Verdurin, with love, XXX » sur le crâne. Très possessive de ses effets personnels, la monarque vampirique n’avait manqué de remarquer le vol dont elle avait été la victime il y a plusieurs siècles, et se montre enchantée de pouvoir enfin remettre la main sur la page manquante (qui devait l’empêcher de terminer sa liste d’armée à AoS, nul doute). Alrecht, quant à lui, devine qu’il va devoir expier le crime de son ancêtre, et décampe sans demander son reste, laissant derrière lui le précieux vélin. Ne se faisant pas d’illusion sur sa capacité à distancer ou à terrasser un Glaivewraith Stalker, il chevauche à bride abattue vers sa demeure, et prend la plume dès son retour pour consigner par écrit sa triste histoire, afin que son jeune fils Lorron puisse en prendre connaissance lorsqu’il sera devenu adulte.
Malheureusement, son assassin spectral défonce la porte avant qu’il n’ait terminé son premier jet, et ramasse sa copie (et son âme avec) sans cérémonie. Neferata, qui avait décidément beaucoup de temps libre en ce moment, a également fait le déplacement, et va s’entretenir avec un Lorron réveillé en sursaut par le meurtre sauvage de son père et les lamentations de sa mère. En visiteuse aimable, elle n’a pas manqué de ramener un petit cadeau à ses hôtes…
Début spoiler…En l’occurrence, une nouvelle page tirée de sa bibliothèque secrète, qu’elle confie à Lorron en lui enjoignant de la déchiffrer lorsqu’il aura grandi, et de venir ensuite lui rendre visite. Ce que l’enfant ne peut pas savoir, c’est que la page a été écrite avec des emojis nehekhariens, et ne veut donc strictement rien dire. Cette peste de Neferata compte ainsi pourrir la vie de Lorron et de ses descendants avec cette énigme insoluble et blague d’un goût douteux, afin de se venger pour de bon du vol de Karlet. La mesquinerie des vampires ne connaît pas de limite…Fin spoiler
AVIS :
On savait que Neferata était très très très rusée et très très très manipulatrice (cf toutes les autres nouvelles que lui a consacré David Annandale), mais on ne l’avait pas encore vue être très très très revancharde. C’est maintenant chose faite avec cette petite nouvelle, qui comme d’habitude apporte un peu de fluff sur Neferatia… et pas grand-chose d’autre. La question est : était-ce vraiment nécessaire, ou cela était-il suffisamment clairement induit par le reste du corpus neferatesque pour être parfaitement inutile ? Je ne crois pas avoir besoin de répondre.
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Et voilà qui conclut cette revue de la Black Library Events Anthology 2018/19, qui s’est révélée d’un niveau assez satisfaisant. On conclut la série prochainement ici même avec la saison 2019/20, la dernière avoir été sortie par la Black Library pour des raisons évidentes (dur de faire des événements publics en période de pandémie).
GALAXY OF HORRORS [40K]
Bonjour et bienvenue dans cette revue de ‘Galaxy of Horrors’, recueil de nouvelles se déroulant dans le lointain et horrifique futur du 41ème millénaire, et publié par la Black Library en novembre 2023. Comme son pendant d’Age of Sigmar, ‘Untamed Realms’ (chroniqué ici), ‘Galaxy of Horrors’ est une compilation de courts formats ayant été proposés au public de la BL par le biais de bundles thématiques espacés entre 2022 et 20231. Pas d’inédits à se mettre sous la dent comme cela avait été le cas pour ‘Only War’ (là), mais avec 19 histoires au sommaire pour la modique somme de 6,49€, on ne va pas faire la fine bouche.
1 : Character Week 2022 ; Advent Calendar 2022 ; Astra Militarum Week 2023 ; Black Library Celebration Week 2022 ; Chaos Space Marines Week 2022 ; Black Library Celebration Week 2023.
Comme on peut s’y attendre d’une anthologie de nouvelles 40K dont l’une des sections est tout entière consacrée aux Sœurs de Bataille, Danie Ware est sans surprendre la contributrice alpha de ce ‘Galaxy of Horrors’ (3 entrées). Elle est suivie par Mike Brooks (deux soumissions), les autres auteurs s’étant arrêté à la première unité. Parmi ces derniers, beaucoup de noms seront familiers aux habitués de la GW-Fiction, mais comme d’habitude pour ce type d’ouvrage une poignée de néophytes ou pas loin (Flindall, Young, McCormick, James, Chivers) viennent accompagner leurs collègues plus expérimentés.
Terminons cette introduction en complétant le tour d’horizon thématique de ce volume : en plus des Sistas (The Bloody Rose), le lecteur aura la chance de se familiariser avec la propagande impériale (Defenders of the Imperium) et d’être émerveillé par les exploâs des Space Marines (Warriors of the Adeptus Astartes). Vous pouvez feindre l’étonnement – ou pas. Pour équilibrer les débats, les suivants du Chaos auront droit à leur segment (Followers of Chaos), tandis qu’il revient à Trazyn l’Eternel d’incarner à lui seul The Enemy Beyond. Je suis sûr qu’il n’y verra pas d’inconvénient.
Le décor étant planté, il est grand temps de nous plonger dans cette petite gal(ax/er)ie des horreurs, en espérant que ces dernières ne soient pas les nouvelles dont il est question ici…
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The Trial of Lucille von Shard – D. Flowers :
INTRIGUE :
La guerre sur l’agrimonde de Bacchus n’a beau pas se dérouler aussi bien que les clips de propagande impériale le montrent, on trouve tout de même le temps à consacrer à des petits à-côtés sympathiques dans le camp de Pépé. Au programme de cette journée radieuse, rien de moins qu’un procès en cour martiale s’il vous plaît. L’accusée n’est pas n’importe qui : fille d’un héros renommé et elle-même pilote de chasse d’exception, la Flight Commander Lucille von Shard est une sommité de la campagne de Bacchus. Outre son caractère de cochon, sa morgue démesurée envers à peu près tout le monde et sa sale tendance à balancer des one liners vicieux dans les situations les plus délicates, il lui est surtout reproché d’avoir tardé à se manifester la veille au soutien des porteurs du ballon de l’aquila, alors qu’ils se faisaient laminer par une offensive ork plus coordonnée, et donc efficace, que la moyenne. Appelé à témoigner par les deux camps, le Flight Sergeant et narrateur de l’histoire Tomas Jaymes sait que son récit fera toute la différence, car en tant que relai entre la Commandante de tank et officier en charge de la défense de la ligne impériale Baszler, et la mercurielle von Shard (les deux femmes ne pouvant pas se piffer, comme de juste), il a tout entendu du drame qui s’est joué hier.
Son cas a beau être très mal engagé, et la punition qui l’attend si elle est déterminée coupable par la cour martiale des plus sévères, von Shard ne montre que peu de signes d’inquiétude, et se contente de regarder sa montre avec insistance alors que Jaymes relate à l’assemblée son éprouvante journée de la veille. En charge d’une escadre de Vultures, le Sergent a soutenu du mieux qu’il a pu ses camarades de la Garde, embourbés dans les marais toxiques de Bacchus, mais l’arrivée soudaine du terrible Poulpe de Fer, un chassa-bomba ork plus équipé qu’une bande de Flash Gitz, a transformé la vaillante défense en massacre. Conformément aux directives de Baszler, il avait demandé à von Shard d’intervenir dès que la situation avait commencé à déraper, mais l’as des as n’avait pas daigné donner suite (elle était dans son bain). Ce n’est que quand le Poulpe s’est manifesté sur le champ de bataille qu’elle a eu l’amabilité de rappliquer, et de régler son compte au dangereux céphalopode – car elle reste da best o’ da best, tout de même.
Alors que la délibération des juges est sur le point de se conclure, et qu’on se doute qu’elle ne sera pas clémente pour Lulu, un nouveau personnage fait son entrée dans le tribunal improvisé. Le Wing Commander Prospherous, plus haut gradé de l’Aeronautica Imperialis sur Bacchus, arrive comme un prince et fait comprendre aux bidasses présentes en nombre qu’il n’a pas de temps à consacrer à leurs petits problèmes de piétons. Il repart donc avec von Shard et Jaymes sous le bras l’aile, sans avoir eu la bonté d’expliquer à la cour ce que le lecteur apprend en conclusion de la nouvelle : c’est lui qui a donné l’ordre à Lucille de prioriser la destruction du Poulpe de Fer par rapport à tout autre mission, et comme le prudent mollusque ne sortait de son antre qu’une fois la bataille très bien engagée pour son camp, voler au secours de la Garde dès les premiers instants de la déroute aurait été contreproductif. Cela n’excuse pas l’attitude déplorable de von Shard envers ses petits camarades fantassins, mais avec un nom pareil, peut-on s’empêcher de faire des coups d’éclat ?
AVIS :
Sortie peu après la publication de ‘Outgunned’, le roman consacré à la guerre de Bacchus et la mégère pas du tout apprivoisée qu’est Lucille von Shard, ‘The Trial…’ me semble être un produit d’appel visant à renforcer les ventes de cet opus. La présence de ce tout nouveau personnage dans la Character Week 2022 ne m’apparaît donc comme pas aussi évidente que celle des autres héros couverts pendant cette semaine promotionnelle, car il est encore trop tôt pour dire si la brave Lulu reviendra hanter les pages de la BL dans le futur. L’histoire que nous présente Denny Flowers tient tout à fait la route, et nous présente l’anti-héroïne van Shard dans toute sa rafraichissante arrogance, ce qui aide la demoiselle à sortir du lot des héros impériaux classiques. Un complément utile à la lecture de ‘Outgunned’, donc, mais guère plus que cela : si vous souhaitiez en apprendre plus sur la faction encore méconnue qu’est l’Aeronautica Imperialis, passez votre chemin et rabattez-vous sur une valeur sûre telle que ‘Double Eagle’.
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Transplants – R. Young :
INTRIGUE :
La guerre fait rage sur le monde de Cocleratum, mais la Garde Impériale n’a vraiment pas le temps. Après avoir repris la ville de Ticcia aux forces du Chaos, le 217ème Cadien est ainsi redirigé dès le lendemain sur la cité d’Elborescum, qui a résisté à l’offensive des régiments de Mordian également engagés dans cette campagne grâce aux pouvoirs impies de l’entité connue sous le nom de Speccius. Charge à un trio de snipers du 217ème (Darya Nevic, Anders Mir et le premier sergent Ilya1) d’infiltrer Elborescum en avance de l’attaque de leurs camarades, et de supprimer le drôle afin de désorganiser les défenseurs. Avec seulement quelques heures pour réaliser cette mission oscillant franchement du côté « suicide » du compteur (pas d’informations précises sur la localisation de leur cible, suspicion qu’il s’agisse d’un Psyker, potentiel garde du corps Astartes), il s’agira d’être efficace. Le seul avantage dont nos héros disposent est la connaissance que Darya a d’Elborescum, y ayant vécu avec sa mère et son oncle à la fin de son enfance. Contrairement à ses coéquipiers, tous deux natifs de Cadia, elle est une « greffon » ayant rejoint le régiment pour combler les pertes subies par ce dernier depuis la chute de la planète. Bien qu’ayant tout fait pour s’intégrer chez les yeux violets (elle a ainsi développé le super talent de pouvoir identifier tous les accents cadiens à l’oreille), son statut de pièce rapportée l’isole de ses camarades les plus chauvins, dont Anders fait définitivement partie. Il va y avoir de l’ambiance.
La première partie de la mission se passe relativement tranquillement, le trio parvenant sans mal à se glisser dans la ville assiégée en utilisant le réseau de tunnels qui la sillonnent. En chemin, ils font la rencontre fortuite de Mariia, une habitante d’Elborescum s’étant réfugiée dans les souterrains avec sa famille pour échapper aux exactions commises par les fidèles de Speccius. Elle apprend aux Cadiens que ce dernier est une sorte de créature inhumaine, capable de voir par les yeux de ses disciples (ce qui est pratique lorsqu’on doit coordonner ses forces sur le champ de bataille, mais est un handicap quand les disciples en question doivent faire une pause technique), et chaperonné par un Space Marine du Chaos. Le seul point positif qui émerge de cette entrevue est la localisation du QG de Speccius, qui a pris ses quartiers dans la cathédrale locale. Let’s go there, then.
La difficulté monte d’un cran lorsque notre fine équipe rejoint la surface pour se rapprocher de son objectif, et finit par rencontrer des patrouilles de cultistes. Les premières échauffourées sont rapidement et professionnellement expédiées par les snipers, mais le nombre d’hostiles à négocier les contraint rapidement à passer du mode Solid Snake (je frappe depuis les ombres pour éliminer chirurgicalement mes cibles) à celui de Pacman (je cours dans tous les sens en espérant semer mes poursuivants). Entre deux sprints désespérés, Ilya a le temps de révéler à Darya qu’Anders ne la déteste pas vraiment, mais est juste triste de constater que l’identité cadienne est en train de se diluer au fur et à mesure que le régiment intègre d’autres recrues, et finira fatalement par disparaître dans quelques années ou décennies. Avant que Darya ait pu rétorquer que le grand remplacement était un mythe, ou quelque chose du même acabit, les choses prennent un sale tour pour les Cadiens (et assimilée)…
Début spoiler…Ils tombent en effet dans un piège tendu par l’Astartes-nounou de Speccius, qui envoie ses hordes de cultistes faire un peu de corps à corps avec les irritants snipers. Guère à l’aise dans cette phase, les Cadiens montrent toutefois qu’ils n’ont pas volé leur réputation de super soldats de Pépé et réussissent à sauver l’honneur en emportant un grand nombre d’hérétiques pendant leur dernier carré triangle. La palme revient à Anders, qui fait détonner une grenade krak au moment où le Space Marine allait lui poser le gantelet dessus, blessant grièvement son ennemi et créant suffisamment de chaos (ironique) pour que les cultistes oublient de s’enquérir du sort de Darya, laissée inconsciente par la déflagration sous un tas de cadavres. A son réveil, elle se rend compte qu’Ilya a été fait prisonnier et surtout qu’il ne lui reste que très peu de temps pour mener à bien sa mission avant que l’assaut des forces loyalistes ne débute.
Fort heureusement, sa connaissance de la ville et l’absence de nouvelles patrouilles sur son chemin lui permettent de prendre position en haut d’une tour surplombant le parvis de la cathédrale d’Elborescum, où Speccius s’apprête à livrer un discours pour motiver ses troupes. Petite révélation qui n’en est pas vraiment une à ce stade : le grand méchant S. est en fait le résultat de la fusion littérale entre deux hauts dignitaires de la cité, dont l’un (Ulberti) est l’oncle de Darya. Comme on a eu droit au cours des pages précédentes à quelques passages dans lesquels Young nous précisait que la plus grande passion d’Ulberti était de terrifier sa nièce, et qu’il n’avait probablement pas bougé de la cité depuis qu’elle avait tout plaqué pour s’engager dans la Garde Impériale, la surprise est limitée. Speccius commence à déblatérer ses profanités, mais malgré ses pouvoirs démoniaques, il n’est pas foutu de réaliser que permettre à un Garde prisonnier (Ilya) de conserver la musette où sont stockées ses charges de démolition est une mauvaise idée. Darya a donc beau jeu de coller un tir de long-las dans le baluchon qu’un Ilya bien amoché lui désigne du doigt bras après que Speccius ait eu la bonne idée bis de gueuler « trouvez moi ce %#@! de loyaliste !!! » à la cantonade. Bilan des courses : une belle déflagration qui disperse façon puzzle Speccius, son pet Astartes et une bonne partie des disciples du premier. Bien qu’elle n’ait pas pu sauver Ilya, Darya peut donc terminer sa journée de travail avec le sentiment du devoir accompli, et reprendre quelques forces avant que le haut commandement ne l’envoie refroidir Abaddon sur sa prochaine pause-déjeuner…Fin spoiler
1 : Que tout le monde appelle « Oncle » du fait de son âge avancé et de sa personnalité sympathique. Je crois qu’il s’agit d’une référence à un vieille série d’espionnage des années 60, The Man from U.N.C.L.E.
AVIS :
Après des débuts encourageants (‘The Roar of the Void’), Rob Young nous revient avec une infiltration à haut risque dans une cité tombée aux mains poisseuses du Chaos, une valeur refuge pour les auteurs engagés au sein de l’Astra Militarum. Certes, le propos est convenu et les ficelles un peu grosses (mais pourquoi remet-il le couvert toutes les trois pages avec l’oncle Ulberti ?), mais il aurait été difficile pour Rob Young de viser autre chose qu’une mention honorable avec une nouvelle d’action dont les personnages sont d’illustres inconnus auxquels le lecteur doit s’attacher en l’espace de quelques pages. Pour les plus anciens/érudits parmi vous, le choix de l’auteur de mettre en avant la querelle des Anciens et des Modernes à l’échelle des régiments Cadiens évoquera furieusement la saga des Fantômes de Gaunt après les événements de Vervunhive (‘Necropolis’), au moment où les Tanith purs jus sève durent accepter l’afflux de recrues de Verghast pour éviter une dissolution précoce (et on sait depuis Jacques Chirac que ce n’est pas une grande idée). De manière générale, l’influence du Seigneur Solaire Abnett se ressent très clairement dans ‘Transplants’, mais il n’y a pas de mal à inscrire ses premiers pas littéraires dans ceux d’un titan de la BL, methinks. Nice save, M. Young…
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Hell Fist – J. Woolley :
INTRIGUE :
On suit les Orks Nukreg et Zuglak à travers la jungle épaisse de Gondwa VI, le second essayant tant bien que mal d’enseigner au premier les rudiments de la diskression et de la stratéji, en Kommando expérimenté qu’il est. Manque de pot, Nukreg est une tête brûlée qui n’a pas grand-chose à faire des conseils de son instructeur, et semble mettre un point d’honneur à faire le plus de bruit possible au lieu de se fondre dans le décor. Tout ce raffut inquiète Zuglak, car cela risque d’attirer l’attention du redouté et redoutable Hell Fist, un Diable de Catachan aussi insaisissable que mortel, et dont la spécialité est d’envoyer des uppercuts énergétiques dans les babines de ses malheureux adversaires lorsqu’ils s’y attendent le moins. Et Zuglak en sait quelque chose, car il a vu sa précédente bande se faire tailler des croupières par le terrible Hell Fist alors qu’il était jeune Kommando, une anecdote qu’il partage avec Nukreg dans l’espoir de lui faire comprendre qu’il est dans son intérêt de la mettre en veilleuse quand il est en mission.
La caméra se braque alors que le Colonel Haskell ‘Hell Fist’ Aldalon le temps d’un petit flashback des familles (c’est approprié car sa propre fille est le Sergent de l’escouade qui l’accompagne), pendant lequel cette rencontre fatidique entre les discrets Catachans et les Orks tapageurs est relatée. Grâce à la discipline de fer instillée par leur acariâtre officier, leur science du combat de jungle et l’effet de surprise, les Impériaux parviennent à mettre une raclée monumentale aux peaux vertes ahuries, et à se replier sous le couvert de leurs bombinettes à fumée, laissant les quelques survivants (dont Zuglak), se gratter la tête pour tenter de comprendre ce qu’il leur est arrivé. En bon macho man, Aldalon a tenu à avoir le premier sang, rampant aussi discrètement que le maniement d’une moufle de quinze kilos le permet dans les sous-bois pour se mettre en position. Et croyez-le ou pas, cela a fonctionné. C’est pas Yarrick qui aurait réussi à faire ça, c’est moi qui vous le dit !
Retour dans le temps présent, et à nos deux Orks forestiers. Malheureusement pour Zuglak, son compère n’a pas cru un mot de son édifiante histoire, et décharge son fling’ dans les frondaisons aux alentours pour bien montrer qu’il n’a pas peur du Hell Fist, et souhaite même le rencontrer, tant qu’à faire. Malheureusement pour Nukreg (et pour Zuglak, aussi), son souhait ne tarde pas à être exaucé, et les pauvres Boyz sont prestement réduits en compost par l’intraitable Aldalon, qui passait justement dans le coin. Comme quoi, il ne faut pas chercher à boxer hors de sa catégorie…
AVIS :
Petite nouvelle sans grande ambition (ni intérêt, pour être honnête) accompagnant le roman ‘Catachan Devil’, dans lequel on peut retrouver le Colonel Aldalon et ses diaaaaaables de Diables de Catachan, ‘Hell Fist’ se révèle être le récit inutilement alambiqué d’une embuscade tout à fait banale opposant une escouade de guerriers des jungles à une bande d’Orks peu dégourdis. Cela aurait pu et dû durer trois pages à tout casser, mais Woolley délaie son propos pour arriver à un format nouvelle : mauvais choix de sa part, car ça ne donne pas vraiment envie de passer plus de temps avec son héros Grossebaf (le Normand). On a tout de même le droit à un peu de fluff catachanesque, mais ça ne suffit pas à sauver ‘Hell Fist’ du recalage. 20 pompes, Woolley !
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Blood Sands – V. Hayward :
INTRIGUE :
Lorsque son groupe de Sentinelles de reconnaissance tombe dans une embuscade au cœur des dunes du monde désertique de Fervens, la pilote Aisha Itoh réalise immédiatement que la situation est compromise. Outre le fait que l’attaque perpétrée par les motos et quads du Culte Genestealers ayant infecté la planète, et nécessité l’envoi du régiment dont notre héroïne fait partie, coûte la vie au Lieutenant et à sa seconde, propulsant Itoh au grade de Sergent-par-la-force-des-choses ; cette escarmouche ne peut signifier qu’une chose : quelqu’un de haut placé est de mèche avec l’amicale des chauves (mouahaha) dans le camp impérial. La mission des Aigles des Dunes (le petit nom de l’escadron) était en effet top secrète, et connue seulement d’une poignée de gradés triés sur le volet. Se faire attaquer par une bande de bikers en maraude, qui avaient pris soin de poser des mines pour casser les pattes des Sentinelles qui plus est, ne peut s’expliquer autrement sur un théâtre aussi vaste et vide qu’un…euh…désert.
Refusant de céder à la paranoïa, Itoh repart cependant avec ses deux camarades Kozak et Blythe en direction du factorum produisant les munitions utilisées par les cultistes, afin de poser des balises qui permettront au QG régimentaire d’envoyer des missiles pour faire place nette de ce nid de vermine. On peut s’interroger sur ce mode opératoire inutilement tarabiscoté puisque les impériaux semblent savoir parfaitement où se trouve leur cible (ils auraient mieux fait d’envoyer un Basilisk ou de bombarder la zone depuis l’orbite…), mais comme le dit elle-même notre pilote d’élite : « dans la marine, on ne fait pas grand-chose mais on le fait tôt ». Après un crochet stratégique par un avant-poste dont la garnison a été massacrée par ces coquins d’hybrides (qui ont laissé un Genestealer odoriférant derrière eux pour contester l’objectif) afin de récupérer un peu de matos et d’envoyer un pigeon voyageur (eh oui, ça capte mal sur Fervens) alerter le commandement du tour fâcheux qu’ont pris les événements, Itoh et Kozak1 mettent enfin le cap vers leur objectif.
Bien qu’ils parviennent à remplir leur mission et à positionner les balises sur le site, puis à se défaire des quelques…sentinelles (les match miroirs sont les plus durs) ennemies gardant le périmètre, nos deux Gardes sont fort marris de constater que cela n’est suivi d’aucun effet pyrotechnique dévastateur. Encore une preuve qu’un traître a infiltré les rangs impériaux, et contrecarre leurs vaillants efforts pour affaiblir l’ennemi. N’ayant pas d’autres alternatives, Itoh et Kozak retournent à leur camp de base pour confronter les deux seules personnes au courant de leur mission, et dont au moins une est donc un agent double : le Général Aegus et la Commissaire Stone…
Début spoiler…Comme on peut s’y attendre, la discussion entre les quatre collègues tourne rapidement court, et le sympathique Aegus finit par commettre une bourde fatale en révélant qu’il savait que les Sentinelles étaient tombées sur un os en forme de champ de mines, une information que le rapport d’Iton n’avait pas mentionnée. C’est suffisant pour que Stone lui colle un bolt en pleine tête pour haute trahison, permettant à Victoria Hayward de clôturer sur histoire sans avoir besoin de nous expliquer les causes de la trahison d’Aegus. Comme c’est pratique… De leur côté, Itoh et Kozak sont relaxés par la caractérielle Commissaire Stone (qui fait tout de même mine de les exécuter pour… avoir été malpolis dans l’exercice de leur devoir ? c’est rude), qui se rend rapidement compte qu’elle aura besoin de soldats fiables et dévoués pour purger le régiment de ses éléments indésirables – Aegus n’étant pas le seul cultiste infiltré au sein de l’Astra Militarum. Mais ceci est une autre histoire…Fin spoiler
1 : Blythe se fait refaire le portrait par le Genestealer en question lors de l’arrêt au stand, avant que ses camarades puissent mettre le Xenos hors d’état de nuire en… le tamponnant entre deux Sentinelles. Original.
AVIS :
Victoria Hayward partait sur de bonnes bases avec ce ‘Blood Sands’, qui présentait le double intérêt d’illustrer le déroulement d’une mission de Sentinelles de reconnaissance (un parti pris jamais adopté par un auteur de la BL avant ce jour à ma connaissance), et de tirer vers le thriller psychologique plutôt que sur le rapport de bataille narratif. Malheureusement, les choses se sont gâtées assez vite sous l’impitoyable soleil de Fervens, les péripéties assez quelconques et totalement gratuites en termes de progression d’intrigue s’enchaînant les unes aux autres, le dénouement laissant totalement de côté les motivations du traître (le plus intéressant selon moi), et la scène finale avec la Commissaire dégommant dans le plus grand des calmes un cultiste qui passait à l’arrière-plan relevant du gag de spoof movie. Regrettable.
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The Sum of Its Parts – R. James :
INTRIGUE :
Où il est question du Leman Russ Sebastian’s Lance, depuis son fatidique montage sur le monde forge de Connaught V, dont il fut le dernier tank produit, jusqu’à son démantèlement définitif dans les combats de la Croisade Indomitus. Une carrière exemplaire à bien des égards, qui vit Seb connaître nombre d’équipages et combattre moults adversaires, et continuer son service grâce au zeste de chance qui est la marque des individus (et véhicules) frappés par le destin.
Comme on l’a vu à l’instant, sa conception fut particulière. Connaught V étant sur le point d’être emporté par une insurrection généralisée de sa population de mutants, les quelques Techno-Prêtres toujours opérationnels à ce stade avancé de cette débâcle généralisée décidèrent de faire un peu de team & tank building en attendant l’Exterminatus, et combinèrent leurs talents pour réaliser le Leman Russ p.a.r.f.a.i.t. Ils se permirent juste la fantaisie de lui ajouter une plaque inscrite de la citation « Il n’est pas d’audace si petite qu’elle soit sans conséquence » (traduction libre de votre serviteur) sur le blindage de leur bébé de métal. Sebastian’s Lance fut l’ultime contribution de Connaught V à l’effort de guerre de l’Imperium, la planète se faisant euthanasier préventivement par ses bienveillants maîtres juste après le départ du tank pour l’orbite.
Plus tard, Seb fut attribué à un régiment de Cadiens, puis récupéré par des Catachans frileux lors de la campagne de Prosperity, une pluvieuse colonie impériale contestée par des Eldars Noirs particulièrement pervers (le genre à infiltrer ton campement à la nuit tombée juste pour faire des trous dans tes chaussettes et laisser une feuille de papier toilette sur le rouleau). Grâce au commandement avisé du Sergent (Nadine) Moreno, catapultée chef de tank par la force des choses, les braves bidasses finirent par vaincre leurs perfides adversaires, après qu’un Drukhari plus douillet que les autres aient été assez torturé pour donner les coordonnées de la base d’opération des Xenos.
Puis, Seb joua un grand rôle dans la victoire de l’Imperium sur les Orks dans la campagne de Novo Deira. Choisi comme véhicule de commandement par le très esquinté Général Mariusz Othon, il fut utilisé par ce dernier pour son héroïque et suicidaire charge contre les peaux vertes lors de l’ultime bataille du conflit, qui vit l’Astra Militarum écraser ses ennemis grâce au génie tactique de l’altruiste officier. Très éprouvé durant les combats, le Leman Russ passa ensuite un long moment dans un hangar de monde ruche, où il fut patiemment remis en état par un collectionneur passionné… et finit réquisitionné par les cultistes Genestealers du Clade des Dormeurs lorsqu’ils lancèrent leur rébellion contre les autorités locales. L’esprit de la machine fit alors des siennes afin de manifester son désaccord politique marqué avec ses nouveaux opérateurs (qui le rebaptisèrent Defender of the Principles of Revolution, en bon trotskistes), et finit par obtenir gain de cause après qu’une escouade de Space Marines du Chapitre des Iron Hands, mobilisée pour mater l’insurrection, fasse son affaire aux cultistes lors des combats urbains.
Pour finir, et suite à l’ouverture de la Cicatrix Maledictum, le Sebastian’s Lance fit son baroud d’honneur pendant la Croisade Indomitus, d’une manière aussi symbolique que lors de sa « naissance ». Frappé par un obus dès son déploiement sur le terrain, il permit toutefois à son conducteur, Tallis, de survivre pendant plusieurs jours dans le no man’s land grâce aux ajouts et porte-bonheurs laissés dans l’habitacle par ses opérateurs successifs : la plaque dédicacée des Techno-Prêtres de Connaught V, une barre de ration par les Cadiens, un bandana rouge par les Catachans, une radio réparée par un des augmétiques de Mariusz Othon, le couteau de combat d’un Iron Hands. Au final, Tallis put tenir sa position, et la ligne, et cela permit à l’Imperium de remporter cette bataille, puis la campagne. Il aura bien mérité de l’Omnimessie, ce brave petit châssis.
AVIS :
Pour sa première incursion dans le 41ème millénaire, Rhuairidh James choisit l’originalité avec cette chronique de la « vie » d’un Leman Russ pas vraiment comme les autres1. Une décision intéressante autant payante, qui lui permet d’enchaîner les vignettes mettant en scène des factions variées de 40K (Adeptus Mechanicus, Cadiens, Catachans, Eldars Noirs, Cultistes Genestealers, Iron Hands…), et peignant par petites touches ce à quoi ressemble la vie d’un équipage de tank – plus ou moins qualifié – dans cet univers si particulier. Une approche « naturaliste » que j’ai trouvée aussi rafraichissante que réussie, le talent de raconteur d’histoire de James parvenant à rendre intéressant chacune des micro-nouvelles qui composent ‘The Sum of its Parts’. On tient définitivement un des talents les plus prometteurs de la génération 2020’s de la Black Library.
1 : On pense à ‘Athame’ de John French, qui utilise la même approche narrative et suit le fameux poignard subtil d’Erebus depuis sa création pendant la préhistoire terrane jusqu’au début de l’Hérésie d’Horus.
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Less Than Human – S. Lyons :
INTRIGUE :
L’empire T’au, dont le plus grand plaisir est de piquer dans la caisse à planètes de Pépé, a débarqué en force sur un caillou aussi minable que boueux, et sans aucune valeur stratégique. Il s’agit toutefois d’un bout d’Imperium, et il sera à ce titre défendu jusqu’au bout par ses inextinguibles armées, représentées ici par deux forces iconiques de la Garde Impériale : les Mordians de la Capitaine Villemine Schtiel1, et le Death Korps de Krieg du Capitaine intérimaire Regel. Les seconds sont présents depuis le début de l’incursion Xenos, et ont bravement tenu la ligne pendant des semaines, jusqu’à l’arrivée de Schtiel et de ses impeccables et implacables soldats. Ne tenant pas à rester plus longtemps que nécessaire sur ce théâtre de dixième ordre, elle planifie un assaut massif sur les lignes ennemies, ignorant au passage les recommandations de Regel, qui est lui persuadé qu’il arrivera à remporter la campagne sans pertes de vies inutiles si on lui laisse quelques jours pour creuser des tunnels sous les positions t’au. Ayant hérité de son rang après la mort de l’officier supérieur du régiment au combat, Regel est toutefois forcé de respecter la hiérarchie et de se plier aux ordres de Schtiel, quand bien même son plan donne aux Krieg le sale rôle de chair à canon, pendant que la Garde de Fer prendra les T’au à revers.
Lorsque l’offensive est lancée, Regel mène ses hommes au cœur du combat, mais se rend assez vite compte que la stratégie employée n’est pas optimale. Il décide donc de feindre une retraite, entraînant à sa suite les T’au, trop confiants dans leur supériorité technologique pour se rendre compte qu’ils se font littéralement balader. N’ayant pas jugé bon d’informer l’acariâtre Schtiel de son coup de poker, il met les Mordians dans une situation délicate, les Xenos tombant sans crier gare sur la Garde de Fer et forçant cette dernière à se regrouper pour faire face. Schtiel enrage de ce qu’elle considère comme de la lâcheté pure et simple de la part de ses alliés, pourtant réputés à travers la galaxie pour leur zèle exemplaire. Pressée de toutes part par les Guerriers de Feu et leurs gadgets hérétiques, elle se fait mettre momentanément au tapis par une grenade à photons, qui la laisse aveuglée, assourdie et à la merci de l’ennemi. Serait-ce la fin (indigne) de sa brillante carrière ?
Début spoiler…Eh bien non, le Death Korps étant retourné au casse-pipe pile au bon moment pour empêcher les T’au de capitaliser sur leurs avancées. Le capitalisme, c’est le mââââl, c’est bien connu. Le piège impérial se referme alors sur le chasseur pas si patient que ça (plus couillon que Kauyon, si vous voulez mon avis), et au prix de rudes combats, les Xenos sont mis en déroute. En guise de consolation, Schtiel solote le Commandeur adverse, qui apprend à ses dépends à ne pas amener un katana honorifique lors d’un duel à l’épée tronçonneuse (c’est d’ailleurs un proverbe de Necromunda). Cette belle et rapide victoire n’empêche cependant pas la Capitaine Pervenche d’aller passer un savon à son homologue, qui prend la gueulante avec un détachement tout Kriegesque, d’autant plus que ce n’était pas lui qui s’est entretenu avec Schtiel avant la bataille. Regel est en effet glorieusement mort au combat, mais comme elle ne l’avait jamais vu sans son masque à gaz, la Mordiane ne s’est pas rendu compte qu’elle enguirlandait un autre quidam. Un peu honteuse de ce flagrant délit de sale gueule, Schtiel s’en va sans plus faire d’esclandres, laissant les Krieg s’occuper des derniers T’au en déroute. Une tâche peu glorieuse, mais après tout, ils ont l’habitude…Fin spoiler
1 : Man of Steel, Woman of Schtiel. Logique.
AVIS :
Steve Lyons fait se rencontrer ses deux régiments favoris dans cette petite nouvelle assez sympathique, dans laquelle les qualités propres de chaque faction apparaissent de manière nette. Ce sont toutefois les natifs de Krieg qui se taillent la part du lion ici, leur bravoure fataliste étant complétée par un sens aigu de la stratégie, prenant le contre-pied de l’image d’Epinal véhiculée dans le background officiel. Comme le fait comprendre Regel à Schtiel, les Kriegs sont tout à fait capables de mener les charges suicides qui ont fait leur réputation, mais ils n’en usent que si toutes les autres options à leur disposition ont été épuisées : mourir pour rien ne fait pas partie de leur philosophie martiale, car ils considèrent que cela revient à gâcher des ressources précieuses, les vies de soldats impériaux. En face, les Gardes de Fer brillent plus par leur qualité intrinsèque que par leur dévotion ou leur intelligence, ce qui les rend moins sympathiques que leurs camarades de jeu (faut le faire), et les T’au sont cantonnés au rôle de bad guys génériques. Si Lyons avait réussi à rendre tout ce petit monde intéressant à suivre, j’aurais crié au chef d’œuvre, mais comme il n’a pas forcé son talent, je note ce ‘Less than Human’ comme étant simplement convenable.
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Fool’s Ruin – M. Brooks :
INTRIGUE :
Après avoir reçu un DM de la part des Hauts Seigneurs de Terra, le Chapitre des Minotaurs a envoyé une demi-compagnie sous les ordres du Capitaine Catallus Naxon prendre des nouvelles du Monde Trône, dont l’état est proprement schrödingerien en fonction des nouvelles que l’on prend en compte. Le voyage Warp se passait aussi bien que possible en cette époque troublée, lorsque le croiseur d’attaque Bronze Catechist fut pris dans des perturbations si féroces que le capitaine du navire n’eut d’autres choix que d’ordonner un retour en catastrophe dans le Materium. Bilan des courses : un moteur Warp bien abîmé, condamnant notre fine équipe à se trouver une âme de MacGyver ou à espérer qu’un vaisseau charitable capte leur SOS et se détourne de son cap pour leur venir en aide. Vu le coin paumé dans lequel le Bronze Catechist s’est encalminé, la deuxième option tiendrait du miracle mineur, mais l’espoir fait v… Ah non pardon, c’est vrai.
De manière tout à fait inopinée, et donc franchement suspecte, le BC capte un appel de détresse provenant d’un autre vaisseau situé à quelques encablures spatiales de son point de chute. Pragmatique devant l’éternel, Catallus décide d’emmener la moitié de ses hommes explorer ce bâtiment, répondant au nom de Fool’s Ruin, afin de piquer quelques pièces détachées utiles aux réparations. On comprend assez rapidement que notre Astartes n’a pas une fibre humanitaire très développée, et qu’il vaudrait mieux pour les éventuels survivants du Fool’s Ruin de ne pas venir lui souffler dans les naseaux énergétiques, ou bien1… Mais les premiers moments des Minotaurs sur ce qui semble être une épave abandonnée depuis des lustres se passent dans le plus grand des calmes, malgré quelques indices détectés ça et là d’une présence vivante dans les coursives.
Les choses se décantent lorsque les Space Marines arrivent au niveau de l’Enginarium, où nos héros trouvent des dizaines de membres d’équipage du Fool’s Ruin littéralement cloués au sol, en train de se lamenter (psychiquement) sur leur sort. L’Archiviste ayant accompagné Catallus confirmant que cette mise en scène s’apparente à un rituel chaotique, les Minotaurs ont tôt fait de piétiner les pauvres bougres jusqu’à ce que mort (et silence) s’en suive. L’installateur avait toutefois laissé une alarme en place, puisque cette intervention déclenche un cri psychique qui fait rappliquer le reste de l’équipage du Fool’s Ruin, totalement dévoué au Chaos (et donc assez hostile envers nos braves bovins), ainsi qu’un invité de marque qui rôdait à proximité dans le Warp…
Début spoiler…Huron Sombrecoeur. NON ?? SI !! Le renégat rapiécé a fait installer le leurre dans lequel les Minotaurs ont donné tête baissée, et se présente au volant de son Spectre of Ruin pour relever les compteurs. Il a la joie perverse de constater que sa proie n’est autre qu’un des vaisseaux ayant participé à l’écrasement de l’insurrection de Badab, et prend donc un plaisir particulier à réduire le Bronze Catechist à l’état d’épave, quand bien même investir un croiseur d’attaque serait plus avantageux pour un pirate tel que lui. Notre homme a des valeurs, c’est tout à son honneur. Il a de plus la grande satisfaction d’échanger quelques amabilités avec Catallus, qui a repoussé les assauts des cultistes sans aucune difficulté, mais se trouve désormais isolé sur le Fool’s Ruin, sans aucun moyen de repartir…
Début spoiler 2…Plutôt que d’accorder à son adversaire une mort rapide et honorable, ce fieffé coquin de Huron repart comme il est venu, laissant les Minotaurs succomber à la soif, la faim et la folie (ou tenter de battre le record de sommeil cataleptique détenu par Silas Err des Dark Angels), ce qui n’est qu’un juste retour de bâton si on y réfléchit bien. Karma is a bitch hamadrya…Fin spoiler
1 : C’est de là que vient la fameuse expression (incomplète) « I pity the fool(‘s ruin crew) ».
AVIS :
Mike Brooks a repris en main la figure de Huron Sombrecoeur, et ce ‘Fool’s Ruin’ fait office d’amuse-gueule narratif au roman ‘Master of the Maelstrom’ dédié au Tyran de Badab. Malgré le fait que le suspens sur l’identité du piégeur des Minotaurs est totalement annihilé dès le premier coup d’œil à la couverture de cette nouvelle, cette dernière s’avère être assez sympathique à lire, dans ce qu’elle révèle de la mentalité des Minotaurs et de leur persécuteur, principalement. Après avoir surtout écrit pour des personnages/factions assez humoristiques (‘Rites of Passage’, ‘Brutal Kunnin’), Brooks démontre ici qu’il est aussi capable de faire preuve de sérieux et de noirceur, ce qui le place parmi les contributeurs les plus versatiles de la Black Library. Pas incontournable mais tout à fait solide.
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A More Perfect Union – R. McCormick :
INTRIGUE :
Xantine, esthète remarquable et remarqué au service du seigneur Euphoros des Children of Torment (la version officiellement autorisée par Abaddon des Emperor’s Children), en a gros sur la patate. Malgré la fidélité sans faille dont il a fait preuve envers son maître, et en dépit du décevant (pour un Slaaneshi, c’est une terrible insulte) ralliement à la Black Legion acté par ce dernier, notre héros a subi un terrible affront lorsqu’Euphoros a choisi le parvenu Epiales Kyr pour tenir le premier rôle dans l’attaque conjointe des Children of Torment et de leurs « associés » tout de noir vêtus sur le monde de Kalliope. Il ne faisait pourtant aucun doute que Xantine était le surhomme le plus qualifié pour orchestrer la Maru Skara, aussi appelée la ruse du père Lafeinte en langage vernaculaire, chef d’œuvre de précision et de prouesse martiale dont la IIIème Légion s’est fait une spécialité. Mais noooooooon. C’est vraiment trop injuste.
Pour se passer les nerfs, Xantine va bouder dans le boudoir de son bon ami Qaran Tun, Word Bearer renégat s’étant spécialisé dans la capture et le dressage de Démons mineurs, que Mr X déguste comme des chips aux champignons hallucinogènes. A chacun ses trips. C’est lors de cette séance de tapas psychiques que Xantine se fait approcher par une entité peu commune, qui se révèle s’appeler S’janth et lui propose d’exaucer ses fantasmes les plus tordus s’il vient la libérer de sa prison, qui se trouve être comme le hasard fait bien les choses sur Kalliope. Convaincu de tenir une perle rare, notre connoisseur es ectoplasmes ravale sa rancune, au moins temporairement, et accepte de participer à l’assaut sur la planète, tombée entre les mains glacées et luisantes des Iron Hands.
A la tête de la première vague en compagnie de quelques sidekicks haut en couleurs et décibels, Xantine fait le taf de manière propre malgré le déficit de taille et de poids qui est le sien face aux Primaris métallisés qui lui font face. En revanche, l’arriviste Epiales Kyr (slane)chiie vraiment dans le kohl – ça fait des teintes intéressantes, notez – lorsque vient son tour de porter l’estocade avec les renforts, et permet aux Iron Hands cabossés mais pas vaincus de se replier à l’intérieur du temple Eldar qu’ils ont fortifié avec leur zèle habituel.
Il faudra l’intervention salvatrice des Noise Marines du Capitaine Vavisk, puis celle des Démons de compagnie de l’indispensable Qaran Tun pour débloquer la situation (ici : trouver la porte dissimulée), et permettre aux chaotiques de pénétrer dans le saint des saints, où les attendent 1) les Iron Hands avec un copain Dreadnought 2) un statuaire eldar trop kitschissime pour son propre bien 3) la lance enchantée dans laquelle a été enfermée l’essence de S’janth.
Dans la confusion des combats, le rusé autant qu’habile Xantine parvient à marquer ses trois objectifs principaux, en provoquant la mort de son rival (broyé à mort par le Dreadnought après s’être retrouvé immobilisé par un sciage de jarret en règle), devenant l’hôte officiel de S’janth après avoir posé la main sur la lance maudite en preums, et massacrant tous les Iron Hands contestant l’objectif, bien aidé en cela par la tonne de buff que sa nouvelle colocataire lui accorde. La possession n’a pas que des mauvais côtés, comme Malus Darkblade peut en attester.
Un peu plus tard, nous assistons au banquet de la victoire donné par Euphoros en l’honneur de ses braves guerriers (vivants et morts), mais les libations démarrées par le seigneur de guerre tournent au vinaigre pour Xantine lorsqu’il se rend compte que le millésime que lui a servi son boss a été coupé avec du tranquillisant pour cheval. Euphoros, qui s’est aussi fait allumer par cette michetonneuse de S’janth, n’a pas apprécié du tout de s’être fait griller la politesse par son sous-fifre, et compte bien le lui faire payer. Fort heureusement pour Xantine, sa nouvelle amie ne l’entend pas de cette oreille et neutralise rapidement les effets délétères du breuvage, permettant à notre champion de se défendre contre les attaques de son maître, puis de le vaincre facilement et de massacrer la délégation de la Black Legion présente au banquet pour faire bonne mesure. Il est temps pour les Children of Torment de faire honneur à leur ancienne allégeance et de ressortir leurs bombes de Phoenician Purple, sous la houlette d’un meneur qui n’a pas peur de (se) faire plaisir…
AVIS :
Très intéressante et aboutie addition au corpus slaaneshi que ce ‘A More Perfect Union’ de la part de Rich McCormick, qui démontre en quelques pages bien des choses : sa maîtrise du lore1 et de la décadence excessive de cette faction2 pour commencer ; sa capacité à mettre en scène, à dérouler et à conclure une histoire relativement complexe en l’espace d’une vingtaine de pages ensuite ; son talent à caractériser et faire interagir une petite ménagerie de personnages sans qu’aucun d’entre eux n’apparaisse comme superflu ou quelconque3 ; ou encore sa faculté de terminer son propos d’une manière qui soit à la fois satisfaisante pour le lecteur occasionnel (qui lira cette nouvelle et passera à autre chose) mais également prometteuse pour celui qui souhaiterait que l’épopée de Xantine se poursuive. Et entre le passé mystérieux de notre héros épicurien, celui de sa dulcinée démoniaque, et son désir d’aller faire des couettes à Abaddon pour lui apprendre à persécuter les Emperor’s Children, il y a largement de quoi faire, et j’espère que McCormick aura l’occasion de poursuivre dans la foulée de cette prometteuse nouvelle.
1 : Les relations complexes entre la Black Legion et les bandes de guerre qui lui sont inféodées sont particulièrement intéressantes à mes yeux, et McCormick nous en livre ici un exemple concret.
2 : Les tableaux et les auditoires faits de victimes mutilées et les dégustations de Démons à l’apéritif sont des trouvailles adéquates, mais je me dois de décerner une mention spéciale aux esclaves qui viennent vomir les plats dans les assiettes de leurs maîtres lors du banquet de la victoire. Plus Slaaneshi que ça, tu meurs.
3 : Là encore, mention spéciale au très poli « diaboliste » Word Bearer Qaran Tun, dont les familiers démoniaques en fiole ont un potentiel narratif immense, en plus de faire très dresseur Pokémon dans l’esprit. Mention honorable à « Obelix » Lordling, qui se pose également là comme sidekick discret mais sympathique.
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Sacred Hate – D. Annandale :
INTRIGUE :
Le jeune missionnaire Cerastes traverse une crise des plus douloureuses, alors qu’il participe à une expédition militaire à destination de mondes un peu trop laxistes dans leur application des édits impériaux : une crise de foie. Elève modèle et appliqué lors de son initiation sur Legitur, il a cependant vu ses certitudes se fissurer après une visite dans les bas-fonds de ce monde tout entier dévoué à la reproduction des textes sacrés de l’Ecclesiarchie, pendant laquelle il a été témoin de l’absurdité de la production de masse de missels et de pamphlets par des ouvriers analphabètes et surexploités. Il ne fait pas bon être un idéaliste au 41ème millénaire.
S’étant convaincu que la réponse à son mal-être spirituel était de partir en croisade, il s’est donc embarqué sur le Sacred Hate en compagnie des régiments de Gardes Impériaux legituriens, et a cherché dans la bibliothèque du bord, tenue par l’aimable Deverast, des réponses à ses atermoiements métaphysiques, en vain. Mais alors qu’il se prépare à faire, comme chaque jour, le trajet entre sa cellule et les archives du Sacred Hate, après avoir assisté au premier office de la journée (la routine du credo-biblio-dodo, tu connais), un événement imprévu vient chambouler son agenda, et sa destinée par la même occasion.
Cet événement, c’est l’abordage du vaisseau par l’équipage du croiseur d’assaut Word Bearers Epiphany’s Flame, qui se déroule aussi bien qu’on peut l’attendre du côté des défenseurs. Plus curieux qu’effrayé au stade d’agnosticisme avancé qui est le sien, Cerastes suit les bruits des combats jusqu’à la chapelle du vaisseau, et assiste au massacre des Gardes et missionnaires s’y étant réfugié par un Apôtre Noir et son escorte… et c’est une révélation pour notre héros en mal de repères. La vue d’Astartes hérétiques saccageant un lieu saint et invoquant des Démons comme qui rigole fait voler en éclats le peu de foi en l’Empereur qui lui restait, et il décide de marquer cette épiphanie en allant mettre le feu à la bibliothèque du Sacred Hate, assassinant au passage un Deverast bien trop confiant en son prochain pour son propre bien.
Ceci fait, et alors qu’il s’attendait à hériter d’un bolt en pleine tête pour seul paiement de ses mauvaises actions, il a la surprise d’être escorté jusqu’à l’Epiphany’s Flame par les fils de Lorgar et d’être présenté à l’Apôtre Noir Eurybios, qui reconnaît le fort potentiel de Cerastes et le prend sous son aile crozius. Bien des années plus tard, notre héros reviendra sur Legitur avec une foi renouvelée et dévorante, ainsi qu’une belle armure énergétique pourpre…
AVIS :
On voit la fin de cette histoire arriver quasiment dès le début mais ce manque de suspens ne nuit pas tellement au plaisir de lecture, et c’est tant mieux. Sans doute une des nouvelles dans lesquelles les Word Bearers apparaissent sous leur « meilleur » jour, puisqu’ils n’hésitent pas à prendre à l’essai un petit jeune prometteur, alors que le pauvre Cerastes aurait sans doute fini éparpillé façon puzzle si le Sacred Hate avait été abordé par une autre légion renégate. Sympathique.
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The Brightest and the Best – M. Brooks :
INTRIGUE :
Parce qu’ils ont pris très à cœur les instructions de leurs bien aimés professeurs et ont mis toutes les chances de leurs côtés pour triompher lors des olympiades inter-Scholae organisées entre Aquilonis Porta et Latus Porta (en piquant des stimms dans les réserves des gardes de l’établissement avant l’épreuve, ce qui a conduit à trois hémiplégies dans le camp adverse à l’issue du match de balle au prisonnier), les élèves Vasila Manatu et Nazos Zernas doivent être punis. Voilà qui leur apprendra à faire du zèle, et surtout à se doper de manière grossière. Toutefois, l’exercice de traduction de trois chapitres d’un épais volume consacré à l’aquaculture du Bas Gothique à l’Antimosien (sans que les chapitres en question soient formellement identifiés au début de l’exercice, sinon c’est moins drôle) est interrompu avant même de commencer par l’arrivée impromptue d’un authentique Thunderhawk dans la cour d’honneur de l’établissement, ce qui force l’encadrement à revoir ses priorités.
Quelques minutes plus tard, le directeur Emil Vissarius reçoit dans son bureau le meneur du cadre de Silver Lions ayant fait l’honneur d’une visite à la Schola Aquilonis Porta, un certain Solomon Akurra. Très impressionné par ce nouvel arrivant, qui explique rapidement et sans détour qu’il est venu recruter les élèves les plus doués de l’établissement pour renforcer son Chapitre, Vissarius trouve toutefois le courage de faire remarquer que, enfin, tout cela n’est pas très conforme aux procédures. Il a même le temps de déclencher une alarme qui déclenche un branlebas de combat général dans l’école sans qu’Akurra ne réagisse, ce qui est assez étonnant quand on connaît les réflexes prodigieux des Astartes. Cela veut sans doute dire que les meilleurs de l’Empereur vont calmement attendre l’arrivée des autorités planétaires pour dissiper ce malentendu, pas vrai ?
Début spoiler…Malheureusement pour Vissarius et son personnel, si Akurra a laissé faire c’est plutôt parce qu’il sait pertinemment que quelques profs et garde chiourmes armés de fusils à pompe ne font pas le poids face à des Space Marines déterminés. Et pour être déterminés, les Silver Lions l’Alpha Legion l’est1. C’est ainsi que Vasila et Nazos, qui avaient fait la connaissance du stoïque Kyrin Gadraen et de sa camarade Psyker Primaris (réformée) Tulaya Dyne lorsque ces derniers étaient venus fouiller la salle des archives dans laquelle les garnements étaient collés pour identifier les pupilles les plus prometteurs, repartent avec les renégats sans savoir bien sûr que ce faisant ils trahissent la confiance de l’immortel Empereur. Leur décision est d’autant plus compréhensible que le personnel de la Schola n’hésite pas une seconde à concentrer ses tirs sur les élèves rassemblés par les Space Marines plutôt que de tenter de percer la céramite de ces derniers. On comprend le raisonnement, mais c’est tout de même peu élégant.
Au final, nos deux jeunots, accompagnés de quelques camarades, se font la malle dans le Thunderhawk de leurs nouveaux protecteurs et recruteurs, tandis qu’Akurra prend congé de Vissarius sans lui coller un bolt dans la tête comme il était pourtant en droit de le faire, sachant fort bien que les autorités impériales réserveront au malheureux directeur un destin bien pire lorsque ce dernier devra leur confesser son échec. L’Imperium exige des résultats et pas des efforts, et c’est souvent assez injuste…Fin spoiler
1 : Le déguisement était tellement parfait que même l’accord avec le verbe est tombé dans le panneau. Quels as du camouflage, vraiment !
AVIS :
Mike Brooks nous livre le chaînon manquant entre les romans pour enfants de Warhammer Adventures et le grimdark pur jus de la GW-Fiction dans ce fort sympathique ‘The Brightest and the Best’, qui sert en plus d’introduction à son cycle sur l’Alpha Legion (‘Harrowmaster’). L’alchimie n’était pas facile à trouver entre l’humour gentiment potache de la littérature adolescente, qui a connu son lot d’écoliers auxquels il arrive des choses extraordinaires au cours des dernières décennies, et la dure et sanglante réalité de l’Imperium de l’Humanité au 41ème millénaire, où aucun camp n’hésite à utiliser des enfants soldats, et où même les « gentils » tirent à vue sur des ados désarmés si cela peut les empêcher de tomber dans les mains de leurs ennemis.
Ma seule crainte au moment de lire cette nouvelle était de me faire involontairement spoiler par l’illustration sans équivoque choisie par la Black Library pour cette histoire, mais le déroulé de cette dernière laisse finalement peu de place au suspens à propos de l’identité des mystérieux Silver Lions. Une réussite totale, qui donne très envie de connaître la suite des aventures de Solomon, Kyrin, Tulava et de leurs nouvelles recrues.
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It Bleeds – D. Guymer :
INTRIGUE :
La vie d’un World Eater n’est certes pas de tout repos, mais au moins les mauvais souvenirs y sont rares car au bout de quelques décennies avec un cerveau cloué, on perd toute notion du temps. C’est ainsi que nous essayons de suivre la trajectoire sanglante du héros de notre histoire, un Berzerker bien sous tous rapports mais dont les pensées sont des plus confuses au moment de commencer un duel avec un champion du Chapitre des Dragons Ardent1, sur une planète dont il a évidemment oublié le nom (à compter qu’on lui ait dit, pour commencer).
Nous sommes donc témoins, par fragments aussi hachés que ses victimes, du passé brutal de ce cador de la 12ème Légion, depuis le moment où il s’est fait poser ses clous du boucher par un Apothicaire renégat free lance jusqu’à son affrontement avec sa Némésis du jour, en passant par quelques massacres de Gardes Impériaux de bon aloi, et même le récit des interminables heures à attendre le déploiement sur le prochain champ de bataille, après avoir été tiré de sa stase par le Vivisecteur en chef de la bande du Foresworn, dans laquelle Bobby (appelons comme ça) sert bon gré mal gré.
Lorsque le combat s’engage pour de bon entre Bobby et le loyaliste apprêté qui lui fait face, les choses ne tournent pas en faveur du fidèle de Khorne, qui devait sans doute regarder ailleurs à ce moment-là. Peu aidé par l’état de délabrement avancé de son matériel, Bobby livre un beau combat mais finit étalé de tout son long dans la boue, avec un Dragon Ardent furibard qui lui braque son pistolet bolter sur le pif. Il semblerait que le chemin octuple se soit changé en impasse…
Début spoiler…Avant que le jugement du loyaliste ne s’abatte sur le World Eater déconfit, nous avons droit à un ultime flashback qui permet de réaliser que 1) Bobby n’est pas un World Eater pur jus mais le dernier survivant de la première incarnation des Dragons Ardent, Chapitre détruit par les fils d’Angron lors d’un raid sur leur monde chapitral, 2) il avait à la base juré de se venger par tous les moyens possibles de la vilénie du Foresworn et de sa bande, mais something happened on the way to heaven vengeance, jusqu’au point où il décida de se faire poser des clous (et assez mal qui plus est) pour pouvoir rejoindre ses ennemis jurés, et 3) Bobby s’appelle en fait Kurrinon.
Bien que son destin soit écrit, le Champion des Dragons Ardent (ressuscités grâce à l’afflux de Primaris) laisse la possibilité à Bobby K. de se repentir pour ses actes haineux et hérétiques, et de mourir en loyaliste. Il est toutefois trop tard pour notre malheureux et tragique héros, qui sert ses dents de bronze et professe une fois de plus sa fidélité éternelle au Dieu du Sang. Once you go red, you never get boRED (je m’en fous si ça rime pas, Khorne me comprend). Fin spoiler
1 : À ne pas confondre avec les Firedrakes Salamanders, traduits en « Dragons Ardents » en français.
AVIS :
David Guymer signe une des toutes meilleures nouvelles consacrées aux World Eaters que votre serviteur a eu la chance de lire avec ce ‘It Bleeds’, qui plonge le lecteur comme rarement depuis les travaux d’Aaron Dembski-Bowden pendant l’Hérésie d’Horus dans la psyché torturée et le quotidien totalement destroy des enfants d’Angron. Le mélange de scènes d’actions viscérales et de passages plus terre à terre évoque d’ailleurs d’autres travaux d’ADB, cette fois-ci consacrés aux Night Lords, et tout aussi plaisants. Pour ne rien gâcher, la narration enchevêtrée qui renforce le sentiment de folie qui entoure le narrateur (définitivement peu fiable) et le twist final bien senti dont Guymer nous gratifie, sans compter la bonne dose de fluff consacrée aux Dragons Ardents, achèvent de faire de ‘It Bleeds’ un texte de référence pour les gourmets planétaires et pour les amateurs de la littérature grimdark en générale.
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A Small Cog – M. Scanlon :
INTRIGUE :
La planète Hakkan IV, bastion de paix, de boue et de misère à l’orée du Segmentum Tempestus, a été attaquée par une bande de pillards se faisant appeler les Profanes, et il incombe au Techno-Prêtre disgracié Vornis-489 d’empêcher ces affreux jojos de mettre la main sur l’unique trésor de ce monde déshérité susceptible d’avoir causé cette incursion : l’Aquamentum. Relique de la Grande Croisade, il s’agit d’une machine capable de transformer le schiste bitumineux en eau propre à la consommation1, ce qui a permis à l’humanité de s’implanter à la surface aride et désolé de Hakkan IV. Catapulté gardien/mécanicien/concierge/homme de ménage de cette sainte relique par son supérieur, le Magos Zarin, après avoir déçu ce dernier dans l’exercice de ses précédentes fonctions, Vornis a passé les cinquante dernières années de son existence à jouer les plombiers sur ce caillou minable, et a constaté la détérioration progressive de ses capacités cognitives assistées sur cette période. La vieillesse l’obsolescence est un naufrage sous-optimale.
Lorsque nous faisons connaissance avec Vornis et les quelques pieds nickelés qu’il a rassemblé pour lui servir d’escorte, la situation est bien mal embarquée pour les défenseurs d’Uhrsk. L’ennemi, mieux armé et très déterminé, a réussi à forcer le passage à l’intérieur de l’enceinte de la ville, et la voie vers l’Aquamentum lui semble grande ouverte. Le plan de Vornis consiste donc à reprendre le contrôle des tours de défense de la cité afin de les retourner vers l’envahisseur, et le prendre à revers pendant qu’il cherche à se frayer un chemin à travers les dernières poches de résistance impériales.
Comme on peut l’imaginer, ce noble projet ne va pas se dérouler comme prévu, et nos courageux éclopés vont multiplier les accrochages en chemin. D’abord, c’est un pilote de Hell Talon s’étant écrasé dans le décor qui vient tenter une strangulation sur le pharynx fragile du Techno-Prêtre. Ensuite, c’est une échauffourée avec une patrouille de Profanes que Vornis doit remporter presque seul, suite aux tests de Commandement raté par le reste de sa bande. Pour finir, une escouade de Raptors tombe sur le râble des survivants alors qu’ils se préparaient à lancer leur offensive sur les tours de défense, annihilant sans le moindre problème cette noble entreprise, et l’intégrité physique des Hakkanites au passage. Malgré son armement supérieur et l’explosion opportune du booby trap sur lequel il avait réussi à attirer son adversaire (qui contre avec le Stratagème « La Matmutation, elle assure ! »), Vornis semble sur le point de rejoindre à son tour l’Omnimessie…
Début spoiler…Mais il est sauvé in extremis par l’intervention d’un Space Marine en armure noire et cape à capuche (très important), maniant des armes très anciennes et venant de Caliban, comme le révèle le faquin (Veygo) qui faisait des misères à Vornis. Ajoutons à cela que son nom rime avec Yelle (Sakariel en l’occurrence), et nous comprenons sans mal qu’il s’agit d’un Déchu, et le commandant des Profanes en personne.
Après avoir réglé son compte à Veygo, dont les mutations manifestes offensaient ses croyances personnelles, et dont le goût du carnage aurait eu des effets malheureux pour l’atteinte de ses propres objectifs, Sakariel remet un Vornis éprouvé aux bons soins de l’Heretek Harrallax, qui hacke le cerveau de notre pauvre héros pour accéder aux souvenirs censurés par le Mechanicus qui s’y trouvent. Ce sont ces derniers qui constituaient le véritable but de l’attaque sur Hakkan IV, et non pas l’usine de dessalage glorifiée qui s’y trouve, merci beaucoup, comme Sakariel le révèle à son prisonnier avant qu’ils ne repartent sur le vaisseau du Déchu. Si la nouvelle se termine sans que le lecteur n’ait été mis dans la confidence de ce que cherche Sakariel (seulement que ça a un lien avec la planète de Varjan Secundus), nul doute que ce mystère sera percé à jour dans un futur plus ou moins proche. Après tout, c’est Mitchel ‘je prends une pause de quinze ans’ Scanlon à la plume…Fin spoiler
1 : Le cauchemar absolu de Patrick Pouyanné, donc.
AVIS :
À la lecture de ce ‘A Small Cog’, l’impression de se trouver plongé dans le prologue d’un arc narratif plus grand que celui esquissé dans cette nouvelle assez longue pour les standards de la Black Library est des plus fortes. Comme Mitchel Scanlon a déjà écrit un roman dédié aux Dark Angels du temps de l’Hérésie Horus (‘Descent of Angels’), la possibilité que la BL lui ait commandée un autre long format dont Sakariel-le-Déchu serait l’anti-héros n’est pas farfelue, même si on peut souhaiter que notre homme réussisse mieux son coup cette fois1.
Jugées pour elles-mêmes, les tribulations de Vornis-489 et de sa petite bande d’éclopés à travers les ruines d’Uhrsk m’ont semblé trainer en longueur, notamment les escarmouches avec le pilote du Hell Talon et la petite bande de renégats « embusqués » par nos fringants héros. Ces passages n’apportent en effet rien à l’intrigue ni au personnage, et auraient pu être facilement retranchées de l’histoire sans que celle-ci n’en souffre du moins du monde, comme les organes fatigués de Vornis après quelques siècles de service. Le résultat reste malgré tout assez honnête et tout à fait lisible, et Scanlon réussit fort bien à nous aiguiser l’appétit sur la nature de l’information secrète recherchée par Sakariel, dont le statut de chef de guerre mutanophobe (comme tout bon Dark Angel qui se respecte) à la tête d’une bande de renégats chaotiques promet des quiproquos des plus cocasses. La suite, la suite, la suite (sur l’air de Maman Tuche qui demande des frites) !
1 : ‘Descent of Angels’ n’est pas resté dans les mémoires de la communauté comme un des meilleurs pavés de l’Hérésie, et il aura fallu qu’un David Annandale en roue libre commette le légendaire ‘The Damnation of Pythos’ pour que le titre de pire bouquin de la série lui échappe.
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Blasphemy of the Fallen – D. Ware :
INTRIGUE :
Lieu : Un graaaaaaaaaand trou dans le sol de la planète Saadet.
Personnages : Veradis (Sœur Supérieure), Augusta, Lucienne, Emlyn et Leona (Sœurs de Bataille)
Scène 1 :
L’escouade de Sœurs de Bataille en ♫chantant♫ descend profondément dans le graaaaaaaaaaand trou dans le sol de la planète de Saadet. Le vent souffle. L’ambiance est lourde. La voix off explique qu’elles sont venues chercher une sainte relique (!!!), la dépouille de Sainte Myra1, une Sœur du Silence qui avait l’oreille de l’Empereur. Personne ne rit à cette blague.
Scène 2 :
Veradis : (à Augusta et Lucienne) ♫ Allez voir là-bas si j’y suis. ♫
Augusta et Lucienne y vont. Elle se font embusquer par des types portants des sacs à patates en guise de vêtements. Baston molle où certains sac-à-patates-men tombent dans le graaaaaaaaaand trou (☑ Fallen).. Victoire des sista.
Scène 3 :
Les Sœurs arrivent à la tombe de Myra. L’ambiance est lourdaude. Elles repartent en portant le sarcophage en pierre. A pied. Ça va être long.
Scène 4 :
Lucienne : (qui portait le sarcophage avec Augusta) ♫ Azy ça soûle trop. ♫
Elle laisse tomber son chargement et refuse de le reprendre malgré les injonctions de Veradis, sous prétexte que Myra a été corrompue. L’ambiance est lourdingue et gagne encore en lourderie. Veradis plaque Lucienne au mur et met un taquet à Augusta pour leur apprendre la vie, à ces sales mômes.
Scène 5 :
Une horde de sacs-à-patates-men se rue sur les Sœurs de Bataille en blasphémant (☑). Baston mi-molle (Leona se fait casser le bras). Veradis a tellement honte de s’être énervée qu’elle décide de rester en arrière-garde avec le bolter lourd pour laisser le temps à ses troupes de partir avec le sarcophage. Malgré leur avantage numérique écrasant et le fait qu’ils soient techniquement au corps à corps, les sacs-à-patate-men ne parviennent pas à empêcher les Sœurs de partir avec un sarcophage qui doit peser au bas mot 200 kgs. Personne ne rit à cette blague.
Scène 6 :
Veradis : (depuis les coulisses) ♫ Couic mon cœur, je meurs ouille ouille ouille damned de fichtre. ♫
Augusta, Lucienne, Leona & Emlyn : ♫ Ah sort cruel. Nous sommes colère et tristesse. ♫
Le rideau tombe sur les survivantes éprouvées et le sarcophage qu’elles ramènent du très graaaaaaaand trou dans le sol de Saadet. On aperçoit dans le lointain l’image d’un Psyker en habit de Psyker en train de psykeriser jusqu’à ce qu’un poulpe lui tombe sur la tête. Le suspens est à son congre.
1 : Vous confondez avec Sainte Mina, qui, elle, est une figure établie du background. You will not bamboozle us, Danie Ware.
AVIS :
Dans une savoureuse mise en abîme, Danie Ware creuse le fond du n’importe nawak tant textuellement que conceptuellement avec ce très étrange/incompréhensible ‘Blasphemy of the Fallen’. Même en étant familier du personnage d’Augusta Santorus (ici au début de sa carrière, alors qu’elle ne commandait pas encore sa propre escouade), développé suivi sur plusieurs nouvelles par Ware, et du style très particulier de cette dernière, je ressors songeur de cette lecture. Passons tout de suite sur le fait que c’est, encore une fois, très peu intéressant sur la forme. Le contraire vous aurait étonné, et moi aussi d’ailleurs. La nouveauté ici est que l’intrigue m’est apparue comme incomplète, ce qui est tout aussi problématique, mais différent au moins. Soit Danie Ware a voulu laisser planer une aura de mystère en ne révélant pas si Myra était bien corrompue (rien que ça hein, même pas pourquoi/par qui – je ne demande pas grand-chose tout de même), et ça n’a pas marché. Soit, et j’espère que c’est cela car c’est un peu moins pire que l’alternative, ‘Blasphemy of the Fallen’ sert de prologue à une publication future dans laquelle les zones d’ombres seront éclaircies (au brossage à sec avec pinceau en poil de sanglier, mais éclaircies). Dans ce cas, Ware a aussi raté son coup (puisque son dessein n’apparaît pas clairement) mais c’est « juste » maladroit au lieu d’être prétentieux et maladroit. Seule consolation, il se pourrait (à prendre avec des pincettes énergétiques) que cette hypothétique suite comporte des Asservisseurs, ce qui serait une plaisante surprise. Ce n’est pas tous les jours qu’une bestiole du fluff profond vient hanter les pages de la Black Library. Mais si c’est Danie Ware qui reste aux commandes, je passerais mon tour.
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The Skull Forge – D. Ware :
INTRIGUE :
Augusta Santoris et son escouade de Sœurs de Bataille accompagnent une collègue nerd (la Dialogus Zurihya, reconnaissable à ses talons noirs1) sur un site industriel classé secret défense, et ayant récemment été mis hors service par une manigance du vil et perfide et mesquin ennemi. Bien que les fifilles de l’Empereur supposent que des héréteks soient derrière ce tour pendable, il est tout de même étonnant que ces gredins n’aient pas fait main basse sur les nombreuses machines dont le complexe dispose. Mis à part l’épaisse couche de givre qui recouvre les lignes de production ainsi que les malheureux ouvriers et opérateurs surpris en plein travail (et qui n’empêche pas Zurihya de se promener sans casque, cela étant dit), il semble en effet qu’il n’y ait rien à signaler de suspect dans la mystérieuse usine.
Si l’opération a été confiée à l’Adeptus Sororitas et pas au premier régiment de Gardes Impériaux venu, c’est parce que le site produit des Servo-crânes et des Serviteurs à partir des dépouilles mortelles de sujets et soldats impériaux ayant donné leur vie pour Le servir. Et, même si tout le monde est cool avec les produits finis en question, la manière dont ils sont réalisés donnerait des cauchemars au vétéran de Catachan le plus blasé de la galaxie (Sly Marbo, c’est pour toi). Comme Augusta et ses comparses le réalisent vite, voir des cadavres humains se faire débiter, écorcher, ébouillanter (et autres joyeusetés du premier groupe), n’est pas une expérience appropriée pour le commun des mortels. Bien sûr, Zurihya a un tout autre avis sur la question et passe son temps à s’extasier sur la beauté austère des lieux, mais son enthousiasme n’est partagé par aucune de ses chaperonnes.
Lorsque tout ce beau monde arrive dans la section dédiée à l’incarcération des pilotes de Machines de Pénitence et au calibrage des Arco-Flagellants (c’est un site vraiment polyvalent), l’ennemi finit enfin par montrer le bout de son nez sabot. Une escouade d’Exo-armures Stealth se matérialise soudainement devant les Sistas, et une fusillade sans merci s’engage. Pendant qu’Augusta et ses viragos réfutent les principes du Bien Suprême à grandes rafales de bolt dans la carlingue, on comprend que les T’au sont intervenus pour mettre fin à ce qu’ils considéraient comme une pratique barbare et dégradante, ce qui est tout à leur honneur mais ne leur attire pas les bonnes grâces des Sœurs. Au prix d’une blessée grave (Akemi, qui intercepte un tir de plasma dédié à Zurihya), l’équipe Santoris remporte l’affrontement, et… on s’arrête là. Les bigoteries les plus courtes sont les moins longues, comme on dit sur Dimmamar.
1 : Rien à voir avec Neave et Cie, par contre.
AVIS :
Il aura fallu quelques années (tout de même), mais je suis enfin tombé sur une nouvelle d’Augusta Santorus que je considère comme étant assez bonne (gasp). Est-ce parce que Danie Ware fait enfin se battre ses héroïnes de manière crédible (c’est-à-dire en utilisant en priorité leurs bolters et armes lourdes1), ou parce qu’elle a eu la riche idée de commencer son propos par une description fouillée d’une des industries les plus grimdark qui soient ? Sans doute un peu de deux, à moins que ce ne soit une intervention divine de Pépé pour soulager la souffrance des lecteurs fans des Sœurs de Bataille. Quoi qu’il en soit, cela fait de ‘The Skull Forge’ la meilleure soumission de la série, et de très loin, et redonne confiance dans le futur littéraire de cette bonne veille Santorus. J’espère sincèrement que Danie Ware ne retombera pas dans ses travers WTF, car la déception n’en serait que plus grande maintenant que je sais qu’elle est capable de tenir son rang.
1 : Si vous vous demandez ce qu’est l’alternative, vous n’avez pas lu assez de nouvelles de la Rose de Sang. Mais c’est sans doute mieux pour vous.
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The Nature of Prayer – D. Ware :
INTRIGUE :
Très peu de temps (disons deux heures) après les événements tragiques couverts dans ‘Blasphemy of the Fallen’, l’escouade non-managée de la Sœur de Bataille novice Augusta Santorus reçoit l’appel à l’aide d’un certain Sergent Delgardo par Servo-crâne interposé alors que les Jeannettes de l’Empereur se recueillaient religieusement dans leurs quartiers du vaisseau spatial les ramenant vers le couvent de l’Ordre de la Rose Sanglante. Anomalie du Warp ou intervention de Pépé, le mystère restera entier : toujours est-il que nos quatre héroïnes (Augusta, Emlyn, Leona et Lucienne) décident d’un commun accord de se dérouter pour répondre à la sollicitation de Delgardo. D’après les informations transmises par ce mystérieux individu, il faudrait s’attendre à une farouche opposition, et ça tombe bien, les Sœurs ont envie de cogner sur quelque chose pour faire leur deuil de la regrettable Veradis1.
Direction donc la planète austère (pour changer) et minérale (pour changer bis) de Carngamal, d’où provient le signal capté par la radio de bord des Sœurs de Bataille. Ces dernières atterrissent sous une pluie battante à proximité d’une mine (pour changer ter), et ne tardent pas à tomber sur un tas de cadavres leur permettant d’identifier les forces en présence. A ma droite, les valeureux Gardes du 9ème Catachan, aussi surnommés les Serpents Écarlates. A ma gauche, les Tyranides les plus furtifs et/ou paumés de la galaxie, puisque, comme cette petite futée d’Emlyn le fait remarquer, le simple fait que le message de Delgardo ait pu quitter la planète démontre qu’il n’y a pas d’Ombre dans le Warp à l’œuvre autour de Carngamal. L’invasion homéopathique, un concept sans doute trop novateur pour cette galaxie de brutes épaisses.
Guidées par le scénario, les Sœurs s’enfoncent donc dans les galeries de la mine à la recherche de survivants, et… n’en trouvent pas. Ou en tout cas, pas tout de suite. Après quelques pages à tenter d’instiller une atmosphère oppressante, à base de pressentiments funestes et de bonshommes bâtons dessinés sur les murs des boyaux, Danie Ware passe aux choses sérieuses en mettant face à face Augusta et Cie, et une bande de survivants (quatre Catachan et deux douzaines de mineurs locaux) menée par nul autre que le Sergent Delgardo. Au grand chagrin de cette prude d’Augusta, ce dernier a un langage aussi fleuri qu’un bosquet de Grey Vines au printemps, et semble tout prendre à la rigolade, ce qui est un péché impardonnable dans son esprit rigide. Cette incompatibilité d’humeur passe cependant rapidement au second plan lorsque les Tyranides montrent enfin le bout de leur museau, ou plutôt, le Tyranide. La première vague des Xenos est en effet constituée d’un unique Pyrovore, dont l’arme phallique et les qualificatifs sans équivoque utilisés par Delgardo pour décrire cette dernière dans le feu de l’action, provoquent un émoi fort compréhensible chez les pieuses novices. C’est le top départ d’une course poursuite vers la surface, qui sera fatale à tous les Catachan sauf au bon Sergent, mais dont les bonnes Sœurs se tireront sans trop de problèmes, seule Augusta prenant un pet au casque à la fin de l’échappée fantastique2. Il faut dire que notre fine équipe joue en mode très facile, les Tyranides ayant l’obligeance de se présenter en file indienne devant leurs proies, permettant à ces dernières de gérer assez aisément la menace alien. Dans ces conditions, la Grande Dévoreuse fait beaucoup moins peur, c’est sûr.
La nouvelle se termine avec le réveil d’Augusta dans la navette qui… est là (comprendre qu’on ne sait pas si elle est en train de revenir au vaisseau ou est garée en double file sur le parking visiteurs de la mine). Une petite discussion avec ce brave Delgardo permet à notre héroïne de comprendre que la grossièreté du Catachan cache en fait un cœur d’or et une foi sincère en l’Empereur, et qu’il s’agissait pour lui d’une manière de combattre ses peurs les plus profondes. Si c’est pas une morale édifiante, je ne sais pas ce que c’est. Pour le lol, on notera pour finir que notre bande de ravagé.e.s du bulbe a la ferme intention de revenir finir le boulot sur Carngamal, c’est-à-dire purger la planète de l’infestation tyranide, dès qu’elle aura fait le plein de munitions et établi une stratégie d’attaque. À cinq. Est-ce qu’ils apprennent encore à compter, à la Schola Progenium ?
1 : Pour les acharnés qui se souvenaient que l’intrigue de ‘Blasphemy of the Fallen’ tournait autour du sarcophage de Sainte Myra, ramené de haute lutte depuis le 145ème sous-sol de Saadet jusqu’au vaisseau des Sistas malgré des vibes franchement néfastes et une opposition mi-molle de la population locale, sachez que cette relique n’aura aucune importance ici. Qui a commandé un MacGuffin ?
2 : Les mineurs semblent s’en sortir sans beaucoup de difficultés non plus, mais comme Ware leur consacre deux lignes dans toute la nouvelle, dur d’être catégorique.
AVIS :
Danie Ware retente la carte de l’exotisme dans sa série phare avec la convocation des Tyranides comme antagonistes de la vertueuse Augusta Santorus. Ca n’avait pas marché la première fois (‘The Crystal Cathedral’), ça ne marche pas beaucoup mieux ici non plus, même si les combats sont un tout petit peu moins débiles dans ce ‘The Nature of Prayer’. Mais en l’absence d’un scénario qui tienne la route, de personnages fouillés (ou même différenciés) et d’une atmosphère prenante, cette nouvelle sera reléguée parmi les histoires tout à fait quelconques de la Black Library immédiatement après la fin de sa lecture, comme la plupart des épisodes de la tentaculaire saga de Miss Santorus.
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Aria Arcana – P. Fehervari :
INTRIGUE :
Dans les ténèbres de leur lointain passé, bien avant qu’ils virent puritains, les Angels Resplendent avaient pris une résidence sur le monde sanctuaire de Vytarn, à la demande de l’Archiviste Satori. Les deux années pendant lesquelles la 9ème Compagnie végéta sur la Lindisfarne galactique (comprendre qu’il n’y a que deux choses à faire sur Vytarn : aller à la plage ou prier) furent l’occasion pour l’énigmatique Psyker d’écumer les archives locales1, tenues par la secte de la Dernière Bougie ; et pour ses accompagnants, aux talents créatifs reconnus, de personnaliser leurs armures à un niveau jamais égalé par un Chapitre loyaliste depuis la création des Astartes. Lorsqu’une tempête Warp soudaine se déclara et s’abattit sur l’anneau de Koronatus, localisation de la cathédrale Candelabrum et lieu de recherche de Satori, ce dernier ne trouva rien de plus malin que d’envoyer son protégé, l’Archiviste Ignacio Verlaine, faire des tours de Thunderhawk au-dessus de l’anneau, pour une raison aussi vague que cryptique2.
Ce tour d’hélico, réalisé en compagnie d’une escouade de bons copains (et de l’Apothicaire Veleno Fiotré, qui n’en est pas un), prit un tour fâcheux pour Verlaine lorsqu’un banc de Disques de Tzeentch se mit à faire du porte-à-porte avec le transport des Space Marines, sans doute pour posséder le lecteur CD du véhicule. Il faut en effet savoir que les Angels Resplendent allaient au combat en musique, une charmante tradition qui ne survécut pas à la purge du fun subie par le Chapitre plus tard dans son histoire. Bien que les armes du Thunderhawk fussent en mesure de perforer les galettes démoniaques, le rapport de force s’inversa lorsque – et je suis sérieux – un Disque de diamant s’invita dans la conversation. Lancé comme un cochon dans un jeu de quilles, le Démon traversa l’aéronef de part en part, le coupant proprement en deux, comme le pauvre Frère Uderzo (dont l’importance pour cette nouvelle relève du simple astérisque, ceci dit). S’étant trouvé du mauvais côté de l’appareil au moment du drame, Verlaine en fut quitte pour une séance de base jump, sans parachute certes, mais avec la complicité d’un Disque de Tzeentch très affamé, qui vint lui mordiller le bras et lui tenir compagnie pendant sa chute. Notre Archiviste tenta bien d’imposer sa volonté à cette sale bestiole pour pouvoir bénéficier d’un atterrissage en douceur, mais ne parvint pas à ses fins. Au moins survécut-il à son plongeon, au prix de quelques os cassés et organes perforés (rien de sérieux pour un Space Marine, du moment qu’on ne court pas, bien sûr), tandis que ses camarades s’époumonaient sur ‘Comme un avion sans ailes’ sur le karaoké de bord.
Isolé et un peu fatigué, Verlaine se mit en route en direction de Candelabrum, croisant en chemin d’autres Démons ainsi que des civils ayant été apparemment changés en cristal par la lumière s’émanant de la cathédrale. Il reçut cependant la confirmation de Sartori, qui avait pris soin de laisser une ligne psychique ouverte avec son padawan avant de l’envoyer balader, qu’il était sur la bonne voie… et que son mentor était en partie responsable de la tempête Warp, déclenchée sur Koronatus « à fins d’études ». Mouais mouais mouais. Ils disent tous ça. Preuve de la foi inébranlable accordée par Verlaine à son supérieur, il accepta malgré toutle plan démentiel déroulé par ce dernier lorsque notre survivant éprouvé finit par arriver à Candelabrum, après 999.999 secondes de marche (soit onze jours, un chouilla plus que l’heure qu’il avait prévu de consacrer à cette marche d’approche) : pénétrer au cœur du maelstrom chaotique, là aussi « « à fins d’étude » », et évidemment « « « pour la défense de l’Imperium » » ». I CALL BULLSHIT ON THAT. Toujours est-il que notre héros finit la nouvelle juché sur le Disque de diamant qui l’avait trollé il y a quelques temps, et qui l’attendait garé en double file sur le parking de la cathédrale. Après ça, direction l’Immaterium ! Je pense qu’il en sera quitte pour bien des rêves étranges et pénétrants…
1 : Et faire d’autres recherches, plus… prosaïques.
2 : « Que dois-je chercher, ô honoré maître ? »
« Tu le sauras quand tu le verras, andouille. »
AVIS :
Peter Fehervari lève (une partie) du voile entourant son Chapitre personnel, les Angels Resplendent/Penitent et revisite le monde de Vytarn, où se déroule l’intrigue de son roman ‘Requiem Infernal’, dans cette nouvelle aussi « accessiblement cryptique » qu’il a l’habitude de nous proposer. Notre homme est en effet passé maître dans l’art d’embarquer son public dans des histoires à plusieurs niveaux de lecture, sans blaser ni décontenancer ceux qui n’ont pas la connaissance absolue du Dark Coil, le petit coin de 40K qu’il s’est approprié dans ses récits et où il fait évoluer sa galerie de personnages et de factions. Et, soyons honnêtes, il n’y a que Fehervari lui-même qui ait cette connaissance absolue… peut-être.
Ainsi, si ‘Aria Arcana’ peut être lue et appréciée comme une Space Marinade tragique (le héros est corrompu par le Chaos en fin de compte) d’une originalité rafraichissante et d’un niveau appréciable, il ne s’agit là que d’un premier niveau d’analyse. Les fans des Angels Resplendent seront ravis d’en apprendre un peu plus sur l’histoire troublée du Chapitre, que l’on découvre un peu trop chill avec le Warp (et la personnalisation des armures) pour son propre bien. Les nostalgiques de Vytarn trouveront dans cet événement mystico-chaotique des ressemblances troublantes avec le final de ‘Requiem Infernal’, et probablement la réponse à quelques-unes des questions laissées en suspens à la fin de ce roman. Au final, s’il ne s’agit pas de la soumission la plus magistrale de Fehervari (je place ‘The Thirteenth Psalm’ au-dessus du point de vue suspens et ambiance), cet auteur démontre encore une fois qu’il est un des maîtres atouts de la BL en matière d’ambition littéraire et de storytelling.
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Confession of Pain – J. Flindall :
INTRIGUE :
Si les Nains sont connus dans tout l’heroic fantasy pour leur pilosité faciale exubérante et leur nature rancunière, dans les ténèbres sci-fi du lointain futur, cette niche écologique est occupée par les… White Scars. Les fiers guerriers de Mundus Planus n’ont en effet pas du tout apprécié la visite surprise que leur a rendu Huron Sombrecoeur et ses Red Corsairs au moment de l’ouverture de la Cicatrix Maledictum, et, bien que l’invasion chaotique ait fini par être repoussée, les Space Bikers brûlent de rendre à Huron la monnaie de sa pièce. Nous faisons la connaissance du Lieutenant Orghun, de retour à Quan Zhou après avoir parcouru la steppe sur sa bécane à la recherche de cultistes égarés, ou d’une station avec du sans plomb à moins de 2€ le litre, et mis sur une vendetta plaquée argent par le Chapelain Ghabesh et le Prophète des Tempêtes Otagai. La lune Helaka, située dans le système de Gartuli, a été identifiée comme la place forte de Lugor Vask, un Warpsmith roulant pour les Red Corsairs et en charge de la production des machines de guerre démoniaques du Tyran de Badab. Vask a participé à la guerre de Chogoris du côté des renégats, et une pique est donc réservée pour sa tête dans le hall d’entrée de la forteresse monastère du Chapitre. Orghun accepte immédiatement de partir à la chasse au bad boy, accompagné par les sages conseils de Gahbesh, qui le trouve un peu trop soupe au lait pour son propre bien.
En parallèle de l’histoire d’Orghun, nous suivons celle de Khaijav, un des rares Dreadnoughts White Scars, réveillé de son profond sommeil pour participer à l’attaque de la base de Vask. Alors qu’Orghun emmène ses Intercessors infiltrer la place forte adverse par une buse laissée sans défense1, Khaijav mène une attaque frontale contre le bastion ennemi, monopolisant l’attention des hérétiques pour permettre à ses frères d’armes de porter plus facilement le coup mortel. Sa nature bougonne ne l’empêche pas de se faire un copain, en la personne du jeune Primaris Barutai, qui jacasse comme une pie d’un bout à l’autre de l’assaut. Confronté aux machines impies des Red Corsairs, le Dreadnought encaisse stoïquement les coups et conduit les White Scars jusqu’au cœur de l’antre de Vask, ou ce dernier les attend de pied ferme…
Début spoiler…On se rend alors compte qu’Orghun et Khaijav sont le même individu, l’inflexible Lieutenant étant devenu un encore plus inflexible Dreadnought (je suis sûr qu’il n’arrive pas à toucher ses pieds, ha !) après sa première rencontre avec sa Némésis. Les créations mécaniques de Vask eurent en effet raison des vaillants efforts des White Scars, qui repartirent de Helaka avec quelques cicatrices (sans doute blanches) de plus et la queue de cheval entre les jambes. Molesté par le Helstalker de compagnie du Warpsmith, qui lui fit de grosses papouilles sur le bedon alors qu’il essayait de vider sa querelle avec son maître, Orghun finit incarcéré dans un caisson, et fut rebaptisé Khaijav, ou le Chercheur de Délivrance, par cette vieille baderne de Ghabesh. Plusieurs années, voire décennies, séparent donc les deux épisodes narrés dans cette nouvelle, et je suis heureux de vous apprendre que pour Orghun/Khaijav, la seconde tentative fut la bonne. Ayant appris de ses erreurs passées, le Dreadnought prit soin d’écarteler les machines infernales de Vask avant d’aller lui tirer l’oreille (ce qui donne des résultats salissants lorsqu’on utilise un poing énergétique). Je ne crois pas qu’on put faire de la bouillie qu’il en résultat un trophée digne de ce nom pour Quan Zhou, mais c’est l’intention qui compte !Fin spoiler
1 : Je choisis de penser que c’est un hommage au Faucon de Chogoris, et vous ne pouvez pas me faire changer d’avis.
AVIS :
Jon Flindall nous sert une Space Marinade sérieuse pour ses débuts dans la carrière, construite autour d’une révélation finale assez bien amenée je dois dire. L’ensemble pêche toutefois du côté de la caractérisation des personnages, qui sont tous sans exception des stéréotypes (le Lieutenant téméraire, le vieux Chapelain sagace, le Dreadnought taciturne, le machiavélique et très méchant Warpsmith…), et donc peu passionnants à voir évoluer. Je regrette aussi que l’auteur n’ait pas davantage exploité la culture du Chapitre qu’il a mis en scène, et donné plus d’importance au ressenti de Khaijav, qui a tout de même eu la pire trajectoire professionnelle possible pour un White Scars d’après le fluff : être enfermé dans un Dreadnought. Rien ne vient en effet différencier l’homme-machine de ses équivalents des autres confréries Space Marines, alors que je m’attendais à ce qu’il ait développé une psychose carabinée, et soit considéré avec un mélange de respect et de révulsion par ses camarades (ce qui n’est absolument pas le cas, à moins que Barutai cache très bien son jeu). Encourageant, mais encore un peu juste.
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The Reward of Loyalty – T. Chivers :
INTRIGUE :
Une épidémie de Fléau de l’Incroyance, variant Omegon, s’est déclarée sur le monde de Mantid VI, transformant sa population en Zombies de la Peste et repoussant ses dernières forces armées sur la côte de son unique continent. Fort heureusement pour les locaux, un régiment de Fusiliers des Carpathes Carpathiens passait non loin de la planète après avoir exterminé une incursion Ork dans le secteur, et les braves Gardes Impériaux se détournent de leur destination pour venir donner un coup de main aux Mantidois éprouvés. Nous faisons ainsi la connaissance de la commandante Riva Vistrena, dont la compagnie était chargée de défendre un bout de marais putride – Mantid VI, c’est assez moche – contre les hordes décérébrées de l’ennemi. Tout allait assez bien pour les hardies bidasses jusqu’à ce qu’une escouade de Primaris Dark Angels se pointe à bord de son Repulsor (ou peut-être était-ce un Impulsor) de fonction. Les meilleurs de l’Empereur ont à peine le temps de débarquer de leur véhicule et de prendre la pose qu’une pluie de plasma, de laser et de grenades s’abat sur eux (et sur les hommes de Vistrena par la même occasion), envoyant tout ce beau monde valdinguer dans le décor.
Lorsqu’elle revient à elle, Vistrena se rend compte qu’elle est très vraisemblablement la dernière survivante de son peloton, et que les fiers Space Marines n’ont pas connu beaucoup plus de succès que les humbles Gardes sur leurs jets de sauvegarde. Avant d’avoir pu mener une enquête approfondie sur le taux de survie des défenseurs impériaux, elle est surprise par l’arrivée d’un Astartes renégat en armure Terminator, qui se plaint tout haut de la facilité avec laquelle il a réglé leur compte à ses « petits frères », une appellation qui ne manque pas de surprendre et d’horrifier la pieuse et endoctrinée Vistrena. Se pourrait-il que les nobles Anges de l’Empereur aient quelque chose à voir avec les vilains surhommes en armures énergétiques qui leur ressemblent de manière troublante ? CELA NE SE PEUT. De son côté, Prouty Double Face – je l’appelle comme ça par défaut, Chivers ne se donnant pas la peine de le baptiser – s’amuse à susurrer des saletés hérétiques à l’oreille d’un pauvre Primaris avec une jambe en vrac, et à lui entailler la bajoue avec son canif rouillé, jusqu’à ce que Vistrena lui décoche un tir de pistolet plasma en pleine tête, sprinte jusqu’au Taurox de son escouade de commandement, et mette les gaz, laissant les lents et méthodiques Death Guards maugréer à l’arrière-plan.
Après avoir mis quelques kilomètres entre elle et les pesteux énergétiques, elle s’arrête pour tenter de réparer son véhicule, qui a pris quelques bolts dans la carlingue pendant son échappée belle. L’inspection permet d’identifier quelques légers dommages, ainsi que la présence du Primaris violenté par l’infâme PDF dans le compartiment passager. Le marsouin révèle s’appeler Clerebald, et n’avoir aucune idée de ce qu’il fait ici, ce qui arrive lorsqu’on pionce pendant les briefings. Les confessions impies de Prouty lui ont toutefois permis de suspecter que le déploiement des Dark Angels sur Mantid VI a quelque chose à voir avec un temple contenant d’inestimables reliques, que la Death Guard souhaite corrompre et que les loyalistes veulent sauvegarder. Clerebald est convaincu qu’il est de son devoir d’apporter cette information cruciale à ses supérieurs, et comme le wifi marche très mal dans ce trou paumé, la seule solution est de rouler jusqu’au QG des Space Marines, situé à des dizaines de kilomètres au sud. Fan girl dans l’âme, Vistrena accepte de servir de chauffeur au surhomme impotent (oxymore), même lorsqu’il insiste pour laisser crever dans la boue un Garde Impérial blessé croisé en chemin, afin de porter au plus vite son message aux autorités compétentes. Cette soute de Taurox n’était pas assez grande pour deux, faut croire…
Alors que notre paire mal assortie approche de sa destination, elle se fait embusquer par Facy Double Prout et sa garde rapprochée de Terminators, qui avaient suivi leurs déplacements grâce aux mouches espionnes (pléonasme) de ce vieux voyeur de Nurgle. Le combat est déséquilibré, et Clerebald trouve encore le moyen de se faire grièvement blesser dans la bagarre, mais Vistrena a eu le temps de lancer un appel à l’aide à la radio avant que les affreux ne lui tombent dessus, et un certain Chapelain Interrogateur Isidore lui a répondu qu’il était sur le coup…
Début spoiler…Et si les Dark Angels ont bien des défauts, il faut reconnaître qu’ils honorent leurs engagements professionnels. Zizi et une escouade de Deathwing ne tardent pas à arriver sur place, et ces renforts providentiels renversent le rapport de force entre loyalistes et hérétiques. Après une violente bataille, Prouty est fait prisonnier et son escorte mise hors d’état de corrompre. Ce triste personnage a toutefois eu le temps de révéler un autre petit secret à Clerebald et Vistrena pendant qu’ils taillaient la bavette : en son jeune temps, il était membre de la Première Légion, comme le marquage de son épaulière droite (maculée de 10 000 ans de crasse, donc c’était pas évident à voir) le révèle. L’existence des Déchus étant bien entendu une information top secrète, Isidore ne peut laisser Vistrena en vie, et lorsque le pur et naïf Clerebald refuse de saisir la perche énergétique qui lui est tendue par le Chapelain à propos de la politique de protection des témoins des Dark Angels, il hérite d’un bolt dans l’occiput, avant que sa petite copine ne lui emboîte le pas, direction la droite de l’Empereur. C’est bien vrai que la jeune génération n’a aucun respect pour l’institution travail…Fin spoiler
AVIS :
Nouvelle intelligente de la part de Tom Chivers, qui remet au goût du jour la classique histoire de Déchus du répertoire des Dark Angels en mettant en parallèle la méfiance paranoïaque que ce Chapitre a envers le reste de l’Imperium, et la méfiance paranoïaque qu’il a envers ses nouvelles recrues Primaris. Aucun traitement de faveur : ils méritent bien leur réputation de parangon de droiture et de vertu1 ! Il n’a certes pas été le premier à exploiter cette opportunité narrative, mais il le fait avec brio, et démontre ainsi qu’il fait partie des auteurs de la Black Library disposant d’une solide connaissance du lore et d’un véritable talent de scénariste. Pas mal du tout pour une première soumission.
1 : Mention spéciale à Isidore, qui révèle à demi-mots qu’il a envoyé l’escouade de Clerebald au casse-pipe afin de forcer Prouty à sortir du bois, sachant fort bien qu’un vieux pervers comme lui ne résisterait pas à la tentation d’aller corrompre physiquement et spirituellement les petits derniers de la fratrie de Lionel.
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The Bleeding Stars – R. Rath :
INTRIGUE :
La situation est tendue sur Thanatos, monde nécropole contrôlé par la dynastie Oruscar depuis des éons et attaqué par les forces du Phaeron Akanabekh depuis… des siècles. Les Nécrons n’ont pas le même rapport au temps que nous, pauvres humains, c’est sûr. Si Akanabekh tient tant à faire sien cette planète, c’est qu’elle abrite une relique inestimable : le planétaire céleste, soit une réplique miniature de tous les corps célestes de la galaxie. La mystérieuse technologie qui anime ce chef d’œuvre permet au planétaire de refléter en temps réel les changements qui affectent le cosmos, mais l’inverse est également vrai : si une étoile ou une planète devait être malencontreusement éteinte ou sortie de son orbite par un agent d’entretien maladroit, les conséquences dans le Materium seraient tragiques. Akanabekh, qui déteste le concept de vie organique au plus haut point (peu aidé par la folie du Destroyer qui le consume, ainsi que la plupart des membres de sa dynastie, il faut le reconnaître), est bien décidé à make the galaxy dead again en fracassant le précieux planétaire, ce que ses gardiens dévoués ne peuvent bien entendu pas laisser faire.
Cependant, et malgré leurs vaillants efforts, les armées de la Destruction progressent lentement vers sûrement vers le saint des saints, laissant le triumvirat en charge des opérations (le Technomancien Dzukar, l’Observatrice Zotha et le Plasmancien Ashenti) avec peu d’options pour enrayer l’avancée de l’ennemi, jusqu’à qu’un invité surprise n’entre dans la salle où le management Oruscar délibère. Le nouveau venu n’est autre que Trazyn l’Infini, et son entrée remarquée tend sensiblement l’atmosphère : le bougre a été banni de Thanatos sous peine de mort reformatage après avoir tenté d’ajouter le planétaire à sa collection de Solemnace. Nécessité fait cependant loi, comme il l’explique posément à ses hôtes estomaqués, car il doit vérifier que le sinistre présage qui s’est manifesté dans ses galeries (une cloche de l’apocalypse qui s’est mise à sonner alors qu’elle était tranquille dans son champ de stase) n’annonce pas un événement aussi majeur que tragique. Pour cela, rien de tel qu’une petite visite au Futuroscope necron, qui pourra lui montrer si quelque chose de vilain se trame au niveau galactique.
Très étonnamment (non), les trois Stooges ne s’avèrent pas coopératifs, et menacent même d’envoyer leurs gardes du corps démanteler le châssis de Trazyn, forçant notre héros à passer à l’étape suivante de son plan : le chantage au labyrinthe tesseract. Après avoir sorti de son slip kangourou un cube d’antimatière, il explique posément au triumvirat, vidéo à l’appui, que cet artefact contient Akanabekh et sa Cour de l’Extinction, que ce hâbleur de Trazyn a littéralement réussi à se mettre dans la poche en échange d’un accès direct au planétaire. « Tu bluffes Martoni ! » lui rétorque Ashenti, qui donne l’ordre à ses suivants d’appréhender le malandrin manu militari. A défaut de pouvoir abattre ses cartes, Trazyn jette donc son Pokécube au sol…
Début spoiler…Qui est récupéré avant impact potentiellement désastreux par le Deathmark que l’Infini avait amené avec lui, sobrement nommé le Maître de Chasse, et qui se matérialise sans crier gare sur place, ainsi que le fluff lui permet de le faire. Cette nouvelle arrivée surprise, et la double menace (labyrinthe + fusil sniper) qu’elle représente finit par contraindre le triumvirat à la négociation, et Trazyn peut enfin déjeuner contempler en paix1, et ce qu’il voit le met suffisamment en rogne pour qu’il allonge une patate de forain à Dzukar lorsque ce dernier se gargarise d’être le sage et neutre gardien de l’ordre cosmique. En effet, la galaxie miniature présente des signes avant-coureurs évidents de ce qui ne tardera pas à devenir la Cicatrix Maledictum, confirmant les craintes de Trazyn quant à la future classe verte organisée par Abaddon en direction de Cadia. La treizième planifiée par cet élève peu doué, mais volontaire, pour être précis. Fustigeant l’attitude passive de ses pairs face à une catastrophe désormais inévitable, Trazyn annonce qu’il va se rendre dans le système cadien afin de sauver les miches des impériaux, en lieu et place de leur grabataire de Pépé. Not all heroes wear cape (mais celui-là, oui).Fin spoiler
1 : Pour ceux qui se le demande, on ne saura pas s’il a réellement réussi à mettre la tête dans le cube à Akanabekh.
AVIS :
Robert Rath renoue avec son personnage iconique de Trazyn l’Infini dans une nouvelle passerelle entre les événements couverts dans ‘The Infinite and the Divine’ et la Chute de Cadia, où le collectionneur le plus illustre de la galaxie fit, comme chacun sait, preuve de largesse en faveur des derniers défenseurs de la planète martyre. Même si le propos de ‘The Bleeding Stars’ est très dilué (la séquence d’ouverture, pour prenante qu’elle soit, aurait pu être coupée au montage si cela n’avait pas fait passer la nouvelle en dessous des 10 pages), l’auteur mène sa barge avec une maîtrise consommée, parvenant à renforcer le déjà considérable capital sympathie dont dispose le conservateur de Solemnace. Alternant entre combats épiques, effets comiques variés (absurde, slapstick comedy), suspens et mise en contexte du macro-fluff, ‘The Bleeding Stars’ s’inscrit dans la droite ligne de la « renaissance Necron » en matière littéraire, transformant les automates implacables et surtout très ennuyeux qu’ils furent dans la GW-Fiction depuis leur introduction dans l’univers 40K, en personnages complexes et donc beaucoup plus attachants. Même si ‘The War in the Museum’ reste à mon humble avis la meilleure soumission de Rath en format court, ‘The Bleeding Stars’ n’a pas à rougir de la comparaison, et nous fait espérer que Trazyn retourne prochainement sur le devant de la scène.
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Et voilà que conclut cette revue de ‘Galaxy of Horrors’, anthologie d’un niveau plus que convenable, en grande partie grâce à son excellente section chaotique héritée tout droit de la Chaos Space Marines Week 2022. Mais le mérite peut être étendu plus largement à la majorité des contributeurs de ce recueil, de manière plus ou moins surprenante (si vous êtes habitués à mes retours sur les uns et les autres) : tant mieux ! Rendez vous je l’espère dans un an pour un autre volume de courts formats, j’ai déjà identifié quelques nouvelles qui auraient bien besoin d’une réédition à vil prix dans le catalogue de la BL…
CHAOS SPACE MARINES WEEK 2022 [40K]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue de la Chaos Space Marines Week 2022, série de cinq nouvelles consacrées sans la moindre surprise aux grands vilains du 41ème millénaire et archi-rivaux des poster boys de Warhammer 40.000, les Space Marines du Chaos. Même si l’Alpha Legion est au programme de ces réjouissances littéraires, ce ne sont certainement pas les fils d’Alpharius et d’Omegon (#2Papas) qui se sont chargés du choix du nom de ce bundle, c’est moi qui vous le dit.
Côté contributeurs, à côté des trois piliers de bibliothèque que sont Mike Brooks et les deux David (Annandale et Guymer), la BL nous surprend avec un tout jeune auteur (Rich McCormick, qui signe ici sa deuxième soumission) et un authentique revenant (Mitchel Scanlon, perdu de vue depuis plus d’une décennie). Charge à ces cinq hommes – pas d’auteure ici, c’est sans doute pour rester dans le thème – de remettre au goût du jour un des antagonistes les plus établis de la GW-Fiction, mais dont le manque d’évolution comparé à ses petits camarades de wargame commence à se faire sentir. Let’s see that…
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A More Perfect Union – R. McCormick :
INTRIGUE :
Xantine, esthète remarquable et remarqué au service du seigneur Euphoros des Children of Torment (la version officiellement autorisée par Abaddon des Emperor’s Children), en a gros sur la patate. Malgré la fidélité sans faille dont il a fait preuve envers son maître, et en dépit du décevant (pour un Slaaneshi, c’est une terrible insulte) ralliement à la Black Legion acté par ce dernier, notre héros a subi un terrible affront lorsqu’Euphoros a choisi le parvenu Epiales Kyr pour tenir le premier rôle dans l’attaque conjointe des Children of Torment et de leurs « associés » tout de noir vêtus sur le monde de Kalliope. Il ne faisait pourtant aucun doute que Xantine était le surhomme le plus qualifié pour orchestrer la Maru Skara, aussi appelée la ruse du père Lafeinte en langage vernaculaire, chef d’œuvre de précision et de prouesse martiale dont la IIIème Légion s’est fait une spécialité. Mais noooooooon. C’est vraiment trop injuste.
Pour se passer les nerfs, Xantine va bouder dans le boudoir de son bon ami Qaran Tun, Word Bearer renégat s’étant spécialisé dans la capture et le dressage de Démons mineurs, que Mr X déguste comme des chips aux champignons hallucinogènes. A chacun ses trips. C’est lors de cette séance de tapas psychiques que Xantine se fait approcher par une entité peu commune, qui se révèle s’appeler S’janth et lui propose d’exaucer ses fantasmes les plus tordus s’il vient la libérer de sa prison, qui se trouve être comme le hasard fait bien les choses sur Kalliope. Convaincu de tenir une perle rare, notre connoisseur es ectoplasmes ravale sa rancune, au moins temporairement, et accepte de participer à l’assaut sur la planète, tombée entre les mains glacées et luisantes des Iron Hands.
A la tête de la première vague en compagnie de quelques sidekicks haut en couleurs et décibels, Xantine fait le taf de manière propre malgré le déficit de taille et de poids qui est le sien face aux Primaris métallisés qui lui font face. En revanche, l’arriviste Epiales Kyr (slane)chiie vraiment dans le kohl – ça fait des teintes intéressantes, notez – lorsque vient son tour de porter l’estocade avec les renforts, et permet aux Iron Hands cabossés mais pas vaincus de se replier à l’intérieur du temple Eldar qu’ils ont fortifié avec leur zèle habituel.
Il faudra l’intervention salvatrice des Noise Marines du Capitaine Vavisk, puis celle des Démons de compagnie de l’indispensable Qaran Tun pour débloquer la situation (ici : trouver la porte dissimulée), et permettre aux chaotiques de pénétrer dans le saint des saints, où les attendent 1) les Iron Hands avec un copain Dreadnought 2) un statuaire eldar trop kitschissime pour son propre bien 3) la lance enchantée dans laquelle a été enfermée l’essence de S’janth.
Dans la confusion des combats, le rusé autant qu’habile Xantine parvient à marquer ses trois objectifs principaux, en provoquant la mort de son rival (broyé à mort par le Dreadnought après s’être retrouvé immobilisé par un sciage de jarret en règle), devenant l’hôte officiel de S’janth après avoir posé la main sur la lance maudite en preums, et massacrant tous les Iron Hands contestant l’objectif, bien aidé en cela par la tonne de buff que sa nouvelle colocataire lui accorde. La possession n’a pas que des mauvais côtés, comme Malus Darkblade peut en attester.
Un peu plus tard, nous assistons au banquet de la victoire donné par Euphoros en l’honneur de ses braves guerriers (vivants et morts), mais les libations démarrées par le seigneur de guerre tournent au vinaigre pour Xantine lorsqu’il se rend compte que le millésime que lui a servi son boss a été coupé avec du tranquillisant pour cheval. Euphoros, qui s’est aussi fait allumer par cette michetonneuse de S’janth, n’a pas apprécié du tout de s’être fait griller la politesse par son sous-fifre, et compte bien le lui faire payer. Fort heureusement pour Xantine, sa nouvelle amie ne l’entend pas de cette oreille et neutralise rapidement les effets délétères du breuvage, permettant à notre champion de se défendre contre les attaques de son maître, puis de le vaincre facilement et de massacrer la délégation de la Black Legion présente au banquet pour faire bonne mesure. Il est temps pour les Children of Torment de faire honneur à leur ancienne allégeance et de ressortir leurs bombes de Phoenician Purple, sous la houlette d’un meneur qui n’a pas peur de (se) faire plaisir…
AVIS :
Très intéressante et aboutie addition au corpus slaaneshi que ce ‘A More Perfect Union’ de la part de Rich McCormick, qui démontre en quelques pages bien des choses : sa maîtrise du lore1 et de la décadence excessive de cette faction2 pour commencer ; sa capacité à mettre en scène, à dérouler et à conclure une histoire relativement complexe en l’espace d’une vingtaine de pages ensuite ; son talent à caractériser et faire interagir une petite ménagerie de personnages sans qu’aucun d’entre eux n’apparaisse comme superflu ou quelconque3 ; ou encore sa faculté de terminer son propos d’une manière qui soit à la fois satisfaisante pour le lecteur occasionnel (qui lira cette nouvelle et passera à autre chose) mais également prometteuse pour celui qui souhaiterait que l’épopée de Xantine se poursuive. Et entre le passé mystérieux de notre héros épicurien, celui de sa dulcinée démoniaque, et son désir d’aller faire des couettes à Abaddon pour lui apprendre à persécuter les Emperor’s Children, il y a largement de quoi faire, et j’espère que McCormick aura l’occasion de poursuivre dans la foulée de cette prometteuse nouvelle.
1 : Les relations complexes entre la Black Legion et les bandes de guerre qui lui sont inféodées sont particulièrement intéressantes à mes yeux, et McCormick nous en livre ici un exemple concret.
2 : Les tableaux et les auditoires faits de victimes mutilées et les dégustations de Démons à l’apéritif sont des trouvailles adéquates, mais je me dois de décerner une mention spéciale aux esclaves qui viennent vomir les plats dans les assiettes de leurs maîtres lors du banquet de la victoire. Plus Slaaneshi que ça, tu meurs.
3 : Là encore, mention spéciale au très poli « diaboliste » Word Bearer Qaran Tun, dont les familiers démoniaques en fiole ont un potentiel narratif immense, en plus de faire très dresseur Pokémon dans l’esprit. Mention honorable à « Obelix » Lordling, qui se pose également là comme sidekick discret mais sympathique.
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Sacred Hate – D. Annandale :
INTRIGUE :
Le jeune missionnaire Cerastes traverse une crise des plus douloureuses, alors qu’il participe à une expédition militaire à destination de mondes un peu trop laxistes dans leur application des édits impériaux : une crise de foie. Élève modèle et appliqué lors de son initiation sur Legitur, il a cependant vu ses certitudes se fissurer après une visite dans les bas-fonds de ce monde tout entier dévoué à la reproduction des textes sacrés de l’Ecclesiarchie, pendant laquelle il a été témoin de l’absurdité de la production de masse de missels et de pamphlets par des ouvriers analphabètes et surexploités. Il ne fait pas bon être un idéaliste au 41ème millénaire.
S’étant convaincu que la réponse à son mal-être spirituel était de partir en croisade, il s’est donc embarqué sur le Sacred Hate en compagnie des régiments de Gardes Impériaux legituriens, et a cherché dans la bibliothèque du bord, tenue par l’aimable Deverast, des réponses à ses atermoiements métaphysiques, en vain. Mais alors qu’il se prépare à faire, comme chaque jour, le trajet entre sa cellule et les archives du Sacred Hate, après avoir assisté au premier office de la journée (la routine du credo-biblio-dodo, tu connais), un événement imprévu vient chambouler son agenda, et sa destinée par la même occasion.
Cet événement, c’est l’abordage du vaisseau par l’équipage du croiseur d’assaut Word Bearers Epiphany’s Flame, qui se déroule aussi bien qu’on peut l’attendre du côté des défenseurs. Plus curieux qu’effrayé au stade d’agnosticisme avancé qui est le sien, Cerastes suit les bruits des combats jusqu’à la chapelle du vaisseau, et assiste au massacre des Gardes et missionnaires s’y étant réfugié par un Apôtre Noir et son escorte… et c’est une révélation pour notre héros en mal de repères. La vue d’Astartes hérétiques saccageant un lieu saint et invoquant des Démons comme qui rigole fait voler en éclats le peu de foi en l’Empereur qui lui restait, et il décide de marquer cette épiphanie en allant mettre le feu à la bibliothèque du Sacred Hate, assassinant au passage un Deverast bien trop confiant en son prochain pour son propre bien.
Ceci fait, et alors qu’il s’attendait à hériter d’un bolt en pleine tête pour seul paiement de ses mauvaises actions, il a la surprise d’être escorté jusqu’à l’Epiphany’s Flame par les fils de Lorgar et d’être présenté à l’Apôtre Noir Eurybios, qui reconnaît le fort potentiel de Cerastes et le prend sous son aile crozius. Bien des années plus tard, notre héros reviendra sur Legitur avec une foi renouvelée et dévorante, ainsi qu’une belle armure énergétique pourpre…
AVIS :
On voit la fin de cette histoire arriver quasiment dès le début mais ce manque de suspens ne nuit pas tellement au plaisir de lecture, et c’est tant mieux. Sans doute une des nouvelles dans lesquelles les Word Bearers apparaissent sous leur « meilleur » jour, puisqu’ils n’hésitent pas à prendre à l’essai un petit jeune prometteur, alors que le pauvre Cerastes aurait sans doute fini éparpillé façon puzzle si le Sacred Hate avait été abordé par une autre légion renégate. Sympathique.
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The Brightest and the Best – M. Brooks :
INTRIGUE :
Parce qu’ils ont pris très à cœur les instructions de leurs bien aimés professeurs et ont mis toutes les chances de leurs côtés pour triompher lors des olympiades inter-Scholae organisées entre Aquilonis Porta et Latus Porta (en piquant des stimms dans les réserves des gardes de l’établissement avant l’épreuve, ce qui a conduit à trois hémiplégies dans le camp adverse à l’issue du match de balle au prisonnier), les élèves Vasila Manatu et Nazos Zernas doivent être punis. Voilà qui leur apprendra à faire du zèle, et surtout à se doper de manière grossière. Toutefois, l’exercice de traduction de trois chapitres d’un épais volume consacré à l’aquaculture du Bas Gothique à l’Antimosien (sans que les chapitres en question soient formellement identifiés au début de l’exercice, sinon c’est moins drôle) est interrompu avant même de commencer par l’arrivée impromptue d’un authentique Thunderhawk dans la cour d’honneur de l’établissement, ce qui force l’encadrement à revoir ses priorités.
Quelques minutes plus tard, le directeur Emil Vissarius reçoit dans son bureau le meneur du cadre de Silver Lions ayant fait l’honneur d’une visite à la Schola Aquilonis Porta, un certain Solomon Akurra. Très impressionné par ce nouvel arrivant, qui explique rapidement et sans détour qu’il est venu recruter les élèves les plus doués de l’établissement pour renforcer son Chapitre, Vissarius trouve toutefois le courage de faire remarquer que, enfin, tout cela n’est pas très conforme aux procédures. Il a même le temps de déclencher une alarme qui déclenche un branlebas de combat général dans l’école sans qu’Akurra ne réagisse, ce qui est assez étonnant quand on connaît les réflexes prodigieux des Astartes. Cela veut sans doute dire que les meilleurs de l’Empereur vont calmement attendre l’arrivée des autorités planétaires pour dissiper ce malentendu, pas vrai ?
Début spoiler…Malheureusement pour Vissarius et son personnel, si Akurra a laissé faire c’est plutôt parce qu’il sait pertinemment que quelques profs et garde chiourmes armés de fusils à pompe ne font pas le poids face à des Space Marines déterminés. Et pour être déterminés, les Silver Lions l’Alpha Legion l’est1. C’est ainsi que Vasila et Nazos, qui avaient fait la connaissance du stoïque Kyrin Gadraen et de sa camarade Psyker Primaris (réformée) Tulaya Dyne lorsque ces derniers étaient venus fouiller la salle des archives dans laquelle les garnements étaient collés pour identifier les pupilles les plus prometteurs, repartent avec les renégats sans savoir bien sûr que ce faisant ils trahissent la confiance de l’immortel Empereur. Leur décision est d’autant plus compréhensible que le personnel de la Schola n’hésite pas une seconde à concentrer ses tirs sur les élèves rassemblés par les Space Marines plutôt que de tenter de percer la céramite de ces derniers. On comprend le raisonnement, mais c’est tout de même peu élégant.
Au final, nos deux jeunots, accompagnés de quelques camarades, se font la malle dans le Thunderhawk de leurs nouveaux protecteurs et recruteurs, tandis qu’Akurra prend congé de Vissarius sans lui coller un bolt dans la tête comme il était pourtant en droit de le faire, sachant fort bien que les autorités impériales réserveront au malheureux directeur un destin bien pire lorsque ce dernier devra leur confesser son échec. L’Imperium exige des résultats et pas des efforts, et c’est souvent assez injuste…Fin spoiler
1 : Le déguisement était tellement parfait que même l’accord avec le verbe est tombé dans le panneau. Quels as du camouflage, vraiment !
AVIS :
Mike Brooks nous livre le chaînon manquant entre les romans pour enfants de Warhammer Adventures et le grimdark pur jus de la GW-Fiction dans ce fort sympathique ‘The Brightest and the Best’, qui sert en plus d’introduction à son cycle sur l’Alpha Legion (‘Harrowmaster’). L’alchimie n’était pas facile à trouver entre l’humour gentiment potache de la littérature adolescente, qui a connu son lot d’écoliers auxquels il arrive des choses extraordinaires au cours des dernières décennies, et la dure et sanglante réalité de l’Imperium de l’Humanité au 41ème millénaire, où aucun camp n’hésite à utiliser des enfants soldats, et où même les « gentils » tirent à vue sur des ados désarmés si cela peut les empêcher de tomber dans les mains de leurs ennemis.
Ma seule crainte au moment de lire cette nouvelle était de me faire involontairement spoiler par l’illustration sans équivoque choisie par la Black Library pour cette histoire, mais le déroulé de cette dernière laisse finalement peu de place au suspens à propos de l’identité des mystérieux Silver Lions. Une réussite totale, qui donne très envie de connaître la suite des aventures de Solomon, Kyrin, Tulava et de leurs nouvelles recrues.
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It Bleeds – D. Guymer :
INTRIGUE :
La vie d’un World Eater n’est certes pas de tout repos, mais au moins les mauvais souvenirs y sont rares car au bout de quelques décennies avec un cerveau cloué, on perd toute notion du temps. C’est ainsi que nous essayons de suivre la trajectoire sanglante du héros de notre histoire, un Berzerker bien sous tous rapports mais dont les pensées sont des plus confuses au moment de commencer un duel avec un champion du Chapitre des Dragons Ardent1, sur une planète dont il a évidemment oublié le nom (à compter qu’on lui ait dit, pour commencer).
Nous sommes donc témoins, par fragments aussi hachés que ses victimes, du passé brutal de ce cador de la 12ème Légion, depuis le moment où il s’est fait poser ses clous du boucher par un Apothicaire renégat free lance jusqu’à son affrontement avec sa Némésis du jour, en passant par quelques massacres de Gardes Impériaux de bon aloi, et même le récit des interminables heures à attendre le déploiement sur le prochain champ de bataille, après avoir été tiré de sa stase par le Vivisecteur en chef de la bande du Foresworn, dans laquelle Bobby (appelons comme ça) sert bon gré mal gré.
Lorsque le combat s’engage pour de bon entre Bobby et le loyaliste apprêté qui lui fait face, les choses ne tournent pas en faveur du fidèle de Khorne, qui devait sans doute regarder ailleurs à ce moment-là. Peu aidé par l’état de délabrement avancé de son matériel, Bobby livre un beau combat mais finit étalé de tout son long dans la boue, avec un Dragon Ardent furibard qui lui braque son pistolet bolter sur le pif. Il semblerait que le chemin octuple se soit changé en impasse…
Début spoiler…Avant que le jugement du loyaliste ne s’abatte sur le World Eater déconfit, nous avons droit à un ultime flashback qui permet de réaliser que 1) Bobby n’est pas un World Eater pur jus mais le dernier survivant de la première incarnation des Dragons Ardent, Chapitre détruit par les fils d’Angron lors d’un raid sur leur monde chapitral, 2) il avait à la base juré de se venger par tous les moyens possibles de la vilénie du Foresworn et de sa bande, mais something happened on the way to heaven vengeance, jusqu’au point où il décida de se faire poser des clous (et assez mal qui plus est) pour pouvoir rejoindre ses ennemis jurés, et 3) Bobby s’appelle en fait Kurrinon.
Bien que son destin soit écrit, le Champion des Dragons Ardent (ressuscités grâce à l’afflux de Primaris) laisse la possibilité à Bobby K. de se repentir pour ses actes haineux et hérétiques, et de mourir en loyaliste. Il est toutefois trop tard pour notre malheureux et tragique héros, qui sert ses dents de bronze et professe une fois de plus sa fidélité éternelle au Dieu du Sang. Once you go red, you never get boRED (je m’en fous si ça rime pas, Khorne me comprend). Fin spoiler
1 : À ne pas confondre avec les Firedrakes Salamanders, traduits en « Dragons Ardents » en français.
AVIS :
David Guymer signe une des toutes meilleures nouvelles consacrées aux World Eaters que votre serviteur a eu la chance de lire avec ce ‘It Bleeds’, qui plonge le lecteur comme rarement depuis les travaux d’Aaron Dembski-Bowden pendant l’Hérésie d’Horus dans la psyché torturée et le quotidien totalement destroy des enfants d’Angron. Le mélange de scènes d’actions viscérales et de passages plus terre à terre évoque d’ailleurs d’autres travaux d’ADB, cette fois-ci consacrés aux Night Lords, et tout aussi plaisants. Pour ne rien gâcher, la narration enchevêtrée qui renforce le sentiment de folie qui entoure le narrateur (définitivement peu fiable) et le twist final bien senti dont Guymer nous gratifie, sans compter la bonne dose de fluff consacrée aux Dragons Ardents, achèvent de faire de ‘It Bleeds’ un texte de référence pour les gourmets planétaires et pour les amateurs de la littérature grimdark en générale.
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A Small Cog – M. Scanlon :
INTRIGUE :
La planète Hakkan IV, bastion de paix, de boue et de misère à l’orée du Segmentum Tempestus, a été attaquée par une bande de pillards se faisant appeler les Profanes, et il incombe au Techno-Prêtre disgracié Vornis-489 d’empêcher ces affreux jojos de mettre la main sur l’unique trésor de ce monde déshérité susceptible d’avoir causé cette incursion : l’Aquamentum. Relique de la Grande Croisade, il s’agit d’une machine capable de transformer le schiste bitumineux en eau propre à la consommation1, ce qui a permis à l’humanité de s’implanter à la surface aride et désolé de Hakkan IV. Catapulté gardien/mécanicien/concierge/homme de ménage de cette sainte relique par son supérieur, le Magos Zarin, après avoir déçu ce dernier dans l’exercice de ses précédentes fonctions, Vornis a passé les cinquante dernières années de son existence à jouer les plombiers sur ce caillou minable, et a constaté la détérioration progressive de ses capacités cognitives assistées sur cette période. La vieillesse l’obsolescence est un naufrage sous-optimale.
Lorsque nous faisons connaissance avec Vornis et les quelques pieds nickelés qu’il a rassemblé pour lui servir d’escorte, la situation est bien mal embarquée pour les défenseurs d’Uhrsk. L’ennemi, mieux armé et très déterminé, a réussi à forcer le passage à l’intérieur de l’enceinte de la ville, et la voie vers l’Aquamentum lui semble grande ouverte. Le plan de Vornis consiste donc à reprendre le contrôle des tours de défense de la cité afin de les retourner vers l’envahisseur, et le prendre à revers pendant qu’il cherche à se frayer un chemin à travers les dernières poches de résistance impériales.
Comme on peut l’imaginer, ce noble projet ne va pas se dérouler comme prévu, et nos courageux éclopés vont multiplier les accrochages en chemin. D’abord, c’est un pilote de Hell Talon s’étant écrasé dans le décor qui vient tenter une strangulation sur le pharynx fragile du Techno-Prêtre. Ensuite, c’est une échauffourée avec une patrouille de Profanes que Vornis doit remporter presque seul, suite aux tests de Commandement raté par le reste de sa bande. Pour finir, une escouade de Raptors tombe sur le râble des survivants alors qu’ils se préparaient à lancer leur offensive sur les tours de défense, annihilant sans le moindre problème cette noble entreprise, et l’intégrité physique des Hakkanites au passage. Malgré son armement supérieur et l’explosion opportune du booby trap sur lequel il avait réussi à attirer son adversaire (qui contre avec le Stratagème « La Matmutation, elle assure ! »), Vornis semble sur le point de rejoindre à son tour l’Omnimessie…
Début spoiler…Mais il est sauvé in extremis par l’intervention d’un Space Marine en armure noire et cape à capuche (très important), maniant des armes très anciennes et venant de Caliban, comme le révèle le faquin (Veygo) qui faisait des misères à Vornis. Ajoutons à cela que son nom rime avec Yelle (Sakariel en l’occurrence), et nous comprenons sans mal qu’il s’agit d’un Déchu, et le commandant des Profanes en personne.
Après avoir réglé son compte à Veygo, dont les mutations manifestes offensaient ses croyances personnelles, et dont le goût du carnage aurait eu des effets malheureux pour l’atteinte de ses propres objectifs, Sakariel remet un Vornis éprouvé aux bons soins de l’Heretek Harrallax, qui hacke le cerveau de notre pauvre héros pour accéder aux souvenirs censurés par le Mechanicus qui s’y trouvent. Ce sont ces derniers qui constituaient le véritable but de l’attaque sur Hakkan IV, et non pas l’usine de dessalage glorifiée qui s’y trouve, merci beaucoup, comme Sakariel le révèle à son prisonnier avant qu’ils ne repartent sur le vaisseau du Déchu. Si la nouvelle se termine sans que le lecteur n’ait été mis dans la confidence de ce que cherche Sakariel (seulement que ça a un lien avec la planète de Varjan Secundus), nul doute que ce mystère sera percé à jour dans un futur plus ou moins proche. Après tout, c’est Mitchel ‘je prends une pause de quinze ans’ Scanlon à la plume…Fin spoiler
1 : Le cauchemar absolu de Patrick Pouyanné, donc.
AVIS :
À la lecture de ce ‘A Small Cog’, l’impression de se trouver plongé dans le prologue d’un arc narratif plus grand que celui esquissé dans cette nouvelle assez longue pour les standards de la Black Library est des plus fortes. Comme Mitchel Scanlon a déjà écrit un roman dédié aux Dark Angels du temps de l’Hérésie Horus (‘Descent of Angels’), la possibilité que la BL lui ait commandée un autre long format dont Sakariel-le-Déchu serait l’anti-héros n’est pas farfelue, même si on peut souhaiter que notre homme réussisse mieux son coup cette fois1.
Jugées pour elles-mêmes, les tribulations de Vornis-489 et de sa petite bande d’éclopés à travers les ruines d’Uhrsk m’ont semblé trainer en longueur, notamment les escarmouches avec le pilote du Hell Talon et la petite bande de renégats « embusqués » par nos fringants héros. Ces passages n’apportent en effet rien à l’intrigue ni au personnage, et auraient pu être facilement retranchées de l’histoire sans que celle-ci n’en souffre du moins du monde, comme les organes fatigués de Vornis après quelques siècles de service. Le résultat reste malgré tout assez honnête et tout à fait lisible, et Scanlon réussit fort bien à nous aiguiser l’appétit sur la nature de l’information secrète recherchée par Sakariel, dont le statut de chef de guerre mutanophobe (comme tout bon Dark Angel qui se respecte) à la tête d’une bande de renégats chaotiques promet des quiproquos des plus cocasses. La suite, la suite, la suite (sur l’air de Maman Tuche qui demande des frites) !
1 : ‘Descent of Angels’ n’est pas resté dans les mémoires de la communauté comme un des meilleurs pavés de l’Hérésie, et il aura fallu qu’un David Annandale en roue libre commette le légendaire ‘The Damnation of Pythos’ pour que le titre de pire bouquin de la série lui échappe.
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Et voilà qui termine cette revue de la Chaos Space Marines Week 2022, qui avec le recul qu’une couverture bien tardive de ma part apporte, s’impose assez facilement comme la meilleure semaine thématique de la Black Library de l’année 2022. Pour une fois, il n’y a rien à jeter dans l’assortiment concocté par Nottingham, et on tient même quelque(s) classique(s) de la GW-Fiction parmi ces cinq soumissions, à mon humble avis. L’attrait des Dieux Sombres n’a jamais été aussi fort, et je me prends même à espérer que la BL donne une suite à ‘Treacheries of the Space Marines’, c’est dire…
HERALDS OF THE SIEGE [HH]
Bonjour et bienvenue dans cette critique de ‘Heralds of the Siege’, l’ultime1 recueil de nouvelles consacrées à l’Hérésie d’Horus sorti par la Black Library, en l’an de grâce 2018. Regroupant 16 courts formats prenant place dans les dernières années de cet événement cataclysmique, ‘Heralds’ renoue dès sa couverture avec la tradition des recueils thématiques, comme ‘Tales of the Heresy’, ‘Mark of Calth’ et ‘Shattered Legions’, qui ont laissé la place à des anthologies généralistes (ou fourre-tout, si on laisse tomber le politiquement correct) au fil des ans. Un signe de bon augure pour les lecteurs qui, comme votre serviteur, sont sensibles à la cohérence des ouvrages qu’ils parcourent, même si ces derniers ont été écrits par des auteurs différents. Reste à vérifier si derrière cette image d’un Rogal Dorn triomphant flanqué d’un Malcador mal remis de sa dernière virée en ville, ‘Heralds’ se révèle être une bonne introduction au Siège de Terra, comme on cherche à nous le faire croire. C’est ce que nous allons voir…
1 : En tout cas si on se réfère à la liste officielle de la BL, que cette dernière a largement laissé tomber après le début du Siège de Terra. C’est ainsi qu’on a pu voir sortir des OLNI, comme ‘Cthonia’s Reckoning’, qui n’appartiennent ni à l’Hérésie d’Horus, ni au Siège de Terra. Notons aussi que depuis le Summer of Reading 2017, les quelques nouvelles hérétiques inédites que la Black Library a publié n’ont été regroupées dans aucun recueil.
On le sait, contribuer à l’Hérésie n’est pas donné à tout le monde, et c’est pourquoi on ne retrouve que des noms connus au sommaire de cette anthologie. Parmi les auteurs vétérans mis à contribution dans cet effort collectif, c’est le futur Seigneur de Terra Chris Wraight qui se taille la part du lion, avec pas moins de quatre nouvelles au compteur, suivi par son camarade Gav Thorpe et ses trois offrandes. Signalons également que ‘Heralds’ marque la fin du parcours hérétique de deux compagnons de route de longue date de cette odyssée littéraire : Rob Sanders et Anthony Reynolds. Prenons un moment pour rendre hommage à leur contribution importante au grand œuvre de la BL, et attaquons sans plus attendre : on a un siège à préparer après cela.
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Myriad – R. Sanders :
INTRIGUE :
Nous suivons l’ex Princeps Kallistra Lennox et sa petite bande de loyalistes alors qu’ils mènent des opérations de sabotage à la surface de Mars, tentant à leur humble niveau de mettre des bâtons dans les chenilles du Mechanicus Noir qui règne en maître sur la planète rouge. Après avoir détruit l’Ajax Abominata, un Titan Warlord qui patientait dans la pampa que les Imperial Fists arrêtent leur blocus orbital pour rejoindre les hordes horusiennes, Lennox et ses ouailles répondent au SOS d’un martien en détresse sur le chemin du retour vers la base secrète de la résistance. Ils arrivent sur le lieu d’un accrochage entre une équipe de récupérateurs loyalistes et les forces du sinistre Gordicor, chargé par Kelbor-Hal de traquer les fidèles de l’Omnimessie, et se préparent à faire une nouvelle fois parler la poudre.
À la grande surprise de nos héros, leurs adversaires semblent cependant s’être entretués pour une raison inexpliquée peu de temps après leur arrivée sur site, leur facilitant grandement le travail et leur permettant de mettre la main sur du matos de premier choix parmi les décombres, en la figure d’un robot Kastelan presque neuf. L’automate a bien une espèce de protubérance mécanique non identifiée au milieu du torse, mais cela n’empêche pas Lennox et ses sous-fifres de l’embarquer dans le coffre de leur tunnelier de service, et de reprendre le chemin de la base Invalis en compagnie des camarades qu’ils ont secourus.
Une mauvaise nouvelle attend toutefois la Princeps Disney à son arrivée au poste de commandement des insurgés, dirigé par le presque mort mais toujours vaillant (il lui reste l’usage de la main droite, et pour un gamer, c’est plus que suffisant) Raman Synk : les forces de l’Ordo Reductor de cette brute de Gordicor se sont inexplicablement mises en route en direction d’Invalis peu de temps après le raid sur l’Ajax Abominata, ce qui ne peut que signifier qu’ils ont réussi à suivre la trace des loyalistes. Aussi pragmatiques que l’on pouvait s’y attendre de la part d’ingénieurs de leur calibre, Lennox et ses supérieurs ne tardent pas à soupçonner que la cause de leur problème vient de leur trouvaille miraculeuse, laissée en quarantaine dans un hangar en compagnie d’une nouvelle recrue enthousiaste mais pas encore testée, Lenk 4/12 (ces noms, ces noms…). Comme pour confirmer leurs suspicions, le Kastelan inerte reprend soudainement du service, et commence à pomper goulument la base de données d’Invalis sans que les adeptes ne puissent rien faire. En effet, l’appareil monté sur la carlingue du robot de combat est identifié (un peu tard) par le docte Synk comme la marque de la Myriade Tabula, une intelligence artificielle ayant tenté de conquérir la galaxie par le passé, et mise sous clé à fin d’étude par le Mechanicum après avoir été vaincue de haute lutte. Et l’IA semble très déterminée à prendre sa revanche…
Début spoiler…Fort heureusement pour les loyalistes, Mme Tabula considère, dans son infinie sagesse, qu’ils ne sont pas une menace, ce qui est à la fois rassurant et insultant, et se concentre exclusivement sur la purge du Mechanicus Noir, à commencer par l’émetteur corrompu que le pauvre Lenk 4/12 transportait dans son bedon sans même le savoir, et qui est prestement confisqué et détruit par le Kastelan « possédé », sauvant du même coup la base Invalis d’une attaque de Gordicor.
Peu optimistes quant à leur chance de neutraliser la Myriade, Synk et ses complices décident de faire contre mauvaise fortune bon cœur core et de capitaliser sur la haine que l’IA semble vouer au Chaos pour poursuivre leur lutte contre Kelbor-Hal et ses sbires. En effet, la puissance et la pureté logique du code tabulaire permet de retourner les machines corrompues les uns contre les autres, comme cela a été le cas lorsque Lennox et ses hommes ont répondu à l’appel à l’aide de leurs camarades, un peu plus tôt dans la journée. Il ne leur reste plus qu’à suivre le plan en 4.267 étapes concoctés par la Myriade pour parvenir à leurs fins, et avec un peu de chance, appuyer sur le bouton Reset juste avant que cette dernière parvienne à assujettir l’univers, comme elle en a l’intention. Tout sera une affaire de timing…Fin spoiler
AVIS :
Les lecteurs familiers du fluff de l’Hérésie d’Horus savent que le Schisme de Mars a constitué un événement important de cette campagne cataclysmique, que la Black Library a cependant traité assez légèrement dans sa couverture de cette dernière. Partant, il est difficile de cracher sur une nouvelle traitant de ce théâtre particulier, même si Rob Sanders livre une copie assez particulière avec ce ‘Myriad’, continuation logique de la novella ‘Cybernetica’ (où la Myriade Tabula apparaît pour la première fois), et qui semble n’être qu’une succession de péripéties mineures (détruire un Titan, secourir des copains en rade…) jusqu’à ce qu’un littéral Deus Ex Machina se produise et le rideau tombe sur Kallistra Lennox et sa looooongue liste de camarades nommés1. Mars méritait mieux.
1 : Ce qui semble indique que Rob Sanders avait l’intention de développer cet arc dans d’autres publications, si vous voulez mon avis. Pas de chance, ‘Myriad’ a été son dernier travail pour l’Hérésie d’Horus…
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The Grey Raven – G. Thorpe :
INTRIGUE :
L’ex-mais-pas-tout-à-fait-finalement Archiviste de la Raven Guard Balsar Kurthuri a été renvoyé sur Terra par Corax en personne après les événements relatés dans ‘Weregeld’, où il doit recevoir le jugement de Malcador le Sigilite. Tel le bouc (ici corbeau) émissaire, notre surhomme endosse une responsabilité collective dans cette histoire, puisqu’à travers lui, c’est tout le Librarium de la XIXème Légion qui se trouvera amnistié ou frappé d’anathème. Le Primarque furtif n’assume en effet plus trop la permission qu’il a donné à ses fils de s’asseoir sur l’Edit de Nikea, bien qu’il n’ait pas fait le fin bec lorsque les pouvoirs psychiques de Kurthuri – catapulté Archiviste en chef de la Raven Guard après le désastre d’Isstvan V – l’aidèrent à récupérer le patrimoine génétique nécessaire à la reconstruction accélérée de sa Légion. Avec les résultats que l’on sait (#JamaisPlus, etc). Très chill dans l’âme, Kurthuri a accepté la mission sans rechigner, tout comme il a juré à Corax de ne pas faire usage de ses pouvoirs jusqu’au verdict de Malcador. Voici les termes posés.
Les hasards de la guerre ont fait que notre corbeau énergétique a fait le voyage non pas sur un vaisseau appartenant à sa Légion, mais s’est fait prendre en stop par des Imperial Fists sous le commandement du Capitaine Noriz. Il est également accompagné par le Custodes Arcatus Vindix Centurio, détaché par Valdor pour s’assurer que le patrimoine génétique remis à la Raven Guard était utilisé dans le respect des clauses établies, et un peu désœuvré depuis que Corax a bousillé son kit de petit chimiste. Alors que le Wrathful Vanguard sort du Warp pour pénétrer dans le système solaire, les revenants sont accueillis par une armada de vaisseaux et de stations de combat, preuves irréfutables que la guerre ne tourne pas en faveur des forces impériales. Il ne faut pas longtemps avant que les demandes d’authentification pleuvent sur le Uber de Kurthuri, qui laisse sagement Tchuck Noriz et AVC gérer l’administratif avec leurs vis-à-vis. Après tout, qui de plus qualifié qu’un Imperial Fists et un Custodes pour négocier un passage vers Terra ?
Malheureusement pour l’Archiviste déclassé, ses comparses ne font pas un super taf, et lorsque le stagiaire Custodes (Ludivicus) que Malcador a placé à la régulation du trafic solaire se met à faire du zèle auprès de son collègue, la situation dérape très rapidement. Kurthuri, trop honnête, a en effet eut le malheur de déclarer qu’il était sous le coup de l’Edit de Nikea, aveu suffisant pour que Ludivicus éructe un mot code secret sur la fréquence radio, transformant aussitôt Arcatus en ennemi mortel de ce pauvre Corneille. Et lorsque les bolts commencent à lui voler dans les plumes, Kurthuri décide de connaître un petit peu la peur, et bat prudemment en retraite pendant que Noriz, tout aussi surpris que son camarade Légionnaire par la réaction à brûle pourpoint du Custodes, tente de raisonner ce dernier.
S’engage alors une partie de chasse d’une genre un peu particulier, les Custodes du Wrathful Vanguard se mettant à traquer Kurthuri dans les coursives, tandis que ce dernier cherche à s’échapper du vaisseau pour rejoindre Terra et plaider sa cause directement auprès du Régent de Pépé, bien aidé par les Imperial Fists dans ses manœuvres d’évasion. Comme ni les Jaunards ni les Dorés ne tiennent vraiment à causer des pertes dans l’autre camp, l’affrontement tient plus du match de paint ball que de la fusillade sans merci, jusqu’à ce qu’Arcatus rattrape Noriz et Kurthuri, et les engage au corps à corps.
Bien qu’en désavantage numérique, le Custodes a tôt fait de démontrer qu’il est une classe au-dessus de l’Astartes moyen, même gradé, et s’énerve tellement qu’il finit par empaler le pauvre Noriz sur sa lance gardienne. Comprenant qu’il n’a aucune chance de sortir vainqueur de ce combat à la régulière, Kurthuri décide de revenir sur sa parole et d’avoir recours à ses pouvoirs… jusqu’à qu’un froncement de sourcil dédaigneux de son adversaire lui fasse changer d’avis. Résigné à obéir à son Primarque, même au prix de sa vie, notre héros finit par se rendre, et est enfin mené jusqu’à Malcador…
Début spoiler…Qui avait en fait un job à lui proposer parmi ses Chevaliers Errants, et cherchait à tester… son self control j’imagine ? dans des conditions extrêmes avant de l’embrigader dans son organisation secrète. La nouvelle se termine donc avec l’arrivée de ce vieux lézard d’Umojen, chargé par le Sigilite de briefer le bizut sur ses missions à venir. L’histoire ne dit pas si Corax a été dédommagé pour ce détournement de ressources…Fin spoiler
AVIS :
Thorpe a beau être un expert de la Raven Guard, je n’ai pas trouvé cette histoire très aboutie. Outre le fait qu’elle n’apporte pas grand-chose à l’Hérésie d’Horus, et apparaît davantage comme un moyen pour l’auteur de faire faire des heures supplémentaires à l’un de ses personnages alors que la tendance générale est plutôt à l’écrémage sévère en préparation de la clôture de la saga, je reproche à Thorpe d’avoir dévoyé la loyauté fanatique des deux factions les plus Pépéphiles de l’époque, les Custodiens et les Imperial Fists, juste pour pouvoir mettre en scène à peu de frais le simulacre d’affrontement entre les deux gardes prétoriennes de l’Empereur sur le Wrathful Vanguard. Cette guéguerre sans (presque) victimes est totalement illogique à l’époque où l’histoire prend place (après la tentative d’infiltration de Terra par l’Alpha Legion), et la réaction imprévue d’Arcatus n’aurait dû selon moi avoir que deux conclusions : soit une coopération immédiate et totale entre Custodiens et Imperial Fists, même si les seconds ne comprennent pas les motivations des premiers, soit un combat sans merci, et autrement plus sanglant, entre les deux camps. On ne me fera pas croire qu’un Custodien qui a identifié un ennemi de l’Empereur retienne ses coups pour épargner quiconque se met sur son chemin, fut-il un Imperial Fists. Ajoutez à cela que le test de Malcador est, au fond, très bizarrement conçu (il cherchait une forte tête, mais pas trop quand même ?), et vous obtenez un résultat très passable. Espérons que Kurthuri justifie par la suite (et la fin) de l’Hérésie le traitement de faveur éhonté dont il bénéficie ici.
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Valerius – G. Thorpe :
INTRIGUE :
Où il sera question de Marcus Valerius et de la Cohorte Therion, compagnons de route de la Raven Guard pendant la Grande Croisade et l’Hérésie d’Horus, et envoyés pour une raison non explicitée ici se faire euthanasier par les renégats d’Horus sur le théâtre de Beta-Garmon par ce brave type de Corax. Nous retrouvons donc le Vice-Caesari Valerius au volant de sa forteresse Capitol Imperialis, et chargé de tenir la rive gauche de la Veule (une rivière locale) avec ses frères d’armes – dont son propre frère, Antonius, Princeps de Titan Reaver. Lorsque les forces du Maître de Guerre lancent une offensive majeure sur sa position, Valerius, qui a toujours sa foi impériale chevillée au corps, refuse de battre en retraite comme aurait fait n’importe qui, mais préfère au contraire saisir Horus à l’oreille et l’entraîner dans un maquis. Ou en l’absence du grand chauve barraqué, les Titans envoyés à l’assaut des positions loyalistes.
Tout à fait réaliste sur ses chances quasi nulles de remporter la victoire, Valerius n’aspire plus qu’au martyre, persuadé qu’il est que Pépé ne l’aurait pas envoyé crever comme un rat dans une bataille mineure sans une très bonne raison. Chacun voit midi à sa porte. Après une prière rapidement conduite dans sa chapelle improvisée, Valoche ordonne donc à la Cohorte de se battre jusqu’au dernier soldat, assiste à la mort d’Antonius, carbonisé dans son Titan en emportant son vis-à-vis chaotique, sans verser une larme, puis ordonne dans le plus grand des calmes la surcharge du réacteur1 de son véhicule de fonction lorsque les Sons of Horus arrivent frapper à la vitre pour demander un constat à l’amiable.
Début spoiler…Ce n’est toutefois pas la fin pour Valerius. Peut-être. Une inspection du champ de bataille quelques heures plus tard par une force de reconnaissance impériale permet en effet d’identifier un survivant hébété se promenant le zguegue à l’air dans le cratère de l’explosion de la Capitol Imperialis. Incapable de décliner ses nom et profession aux soldats qui le prennent en charge, le nudiste inconnu se baladait toutefois avec une copie du Lectitio Divinitatus camouflé dans son anatomie (vous ne voulez pas de détails additionnels), et attribue sa survie surnaturelle à rien de moins qu’un miracle. On se demande bien de qui il peut s’agir…Fin spoiler
1 : C’est une manœuvre tellement classique à Warhammer 40K qu’on peut se demander pourquoi les commandants continuent à envoyer des troupes essayer de capturer les vaisseaux ennemis. Sans doute des escouades que Horus ne pouvait pas blairer.
AVIS :
Gav Thorpe offre une sortie de scène digne de ce nom à l’un de ses personnages fétiches de l’Hérésie, ce qui fera sans doute plaisir aux lecteurs que la destinée de Marcus Valerius intéressent. Ne faisant pas partie de ces « fidèles », je dois avouer que mon attention s’est concentrée davantage sur le la forme que sur le fond du récit, et je suis au regret de penser que Thorpe aurait pu rendre une meilleure copie. Mes principaux griefs portent sur la contextualisation très lacunaire de ce morceau de bravoure final, qui ne prend pas la peine de présenter de manière suffisante les personnages, leurs motivations et leur parcours, et nous laisse donc avec un illuminé de la première heure qui semble incapable de réfléchir par lui-même et considère tout ce qui se passe comme le résultat de la volonté de l’Empereur (ce qui est rassurant pour lui, mais pas vraiment approprié à un officier supérieur de l’Armée Impériale), son frère et son valet de pied, apparemment envoyé à la mort par un Primarque loyaliste plutôt sympathique jusqu’ici, sans plus d’explications. Une question me brûle les lèvres doigts à ce stade : WHY SHOULD I CARE ? Certes, on pourrait arguer que Thorpe avait trop peu d’espace à disposition pour briefer les nouveaux arrivants sur la saga Valerienne, mais pour une nouvelle censée pouvoir être lue de manière indépendante, le résultat laisse vraiment à désirer. Je reste convaincu que ces quelques pages relevaient plus du chapitre d’un roman que Gav Thorpe aurait dû écrire pour boucler son arc Raven Guard que d’un stand alone.
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The Ember Wolves – R. Sanders :
INTRIGUE :
Absolom, monde ruche de troisième ordre perdu dans le système de Gorgonopsii Maestrale, est le théâtre malheureux d’un affrontement aussi insignifiant au niveau global que destructeur à l’échelle locale alors que l’Hérésie bat son plein à travers la galaxie : une bataille entre deux Légions titaniques. Côté loyalistes, c’est la Legio Castigrata qui tient la ligne, tandis que les renégats peuvent compter sur les chiens fous de la Legio Audax, dont l’une des formations, les Loups de Braises du Princeps Balthus Voltemand, vont nous servir de protagonistes aujourd’hui.
Planquée au cœur des ruines fumantes de la banlieue industrielle ceinturant la ruche Septus, la meute de Warhounds de Voltemand attend patiemment qu’une cible juteuse se présente à elle. Lorsque le Warmonger Tantorus Magnificat se met à faire des claquettes dans les décombres, les six mini-Titans ne mettent pas longtemps à partir en chasse, confiants dans la puissance du collectif (et celle de leur harpon Griffe d’Ours, aussi) pour venir à bout d’un adversaire de cette taille. Au bout d’un combat acharné, durant lequel un tiers des Loulous se fait estourbir par Tantor le Magnifique, le Warmonger isolé et tiraillé de toutes parts finit par mordre la poussière, au grand plaisir de Voltemand qui s’approche de son adversaire au sol pour lui infliger le coup de grâce…
Début spoiler…Cependant, si les talents guerriers des Loups de Braises n’ont pas pâti de leur passage au Chaos, loin s’en faut, leur discipline laisse désormais grandement à désirer. Le Princeps Primus a ainsi la mauvaise surprise de se faire défier par son rival du Rubella Mortem, Grental Thrax, qui n’a pas supporté de se faire « voler son kill » par son supérieur hiérarchique. Accusant ce dernier de couardise, il ignore les sommations de Voltemand, et la victoire de la Legio d’Audax se transforme en règlement de comptes à KO Corral lorsque le Vulpium Nox abat le Rapacia Rex à bout portant (ou l’équivalent pour une machine de 15 mètres de hait), avant de se faire lui-même descendre par le turbo-laser du Rubella Mortem. Ayant vidé son mega-bolter sur le Tantorus Magnificat au cours des combats, le Canis Ulteriax de Voltemand ne réagit pas assez vite pour empêcher son adversaire de lui envoyer à son tour un coup de canon en plein dans le museau, mais il parvient malgré tout à sortir vainqueur de ce duel proprement titanesque en lui arrachant la tête d’un tir de harpon bien placé. Cinq machines détruites du côté des renégats, contre une seule pour les loyalistes : le ratio n’est pas terrible, mais c’est tout de même une victoire pour la team Horus, pas vrai ?
Début spoiler 2…Eh bien, non. Car pendant que les Loups de Braise lavaient leur linge sale en famille, l’équipage du Tantorus Magnificat a, je vous le donne en mille, mis son réacteur en surcharge pour éviter que la précieuse machine tombe aux mains du Chaos. Lorsque Voltemand et ce qui reste de son équipage se rendent compte de l’entourloupe, il est trop tard pour s’enfuir (à supposer qu’ils soient encore en état de le faire), et la nouvelle se termine sur une explosion cataclysmique qui détruit tout à des kilomètres à la ronde. Egalité.Fin spoiler
AVIS :
Une petite bataille de Titans de temps en temps, ça ne fait pas de mal (et ça varie agréablement des Space Marinades qui constituent l’ordinaire du lecteur hérétique). Rob Sanders soigne sa copie avec cette nouvelle simple sans être simpliste, puisqu’elle parvient à mettre en relief les tendances anarchiques des forces chaotiques, qui peuvent aussi bien se révéler être un avantage qu’un handicap au combat. On passera sur les envolées lyriques de Balthus Voltemand, qui adore déclamer des tirades pompeuses à tout bout de champ (on peut aimer mais je trouve ça too much) et sur les combats de coups de pied de Titans (ça aussi c’est too much), mais le reste se laisse très bien lire.
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Blackshield – C. Wraight :
INTRIGUE :
La fin de la récré approche à grands pas pour Khorak de la Death Guard et ses quelques frères d’armes survivants, ayant fait sécession de leur Légion après le siège de Molech et s’étant transformés en pirates galactiques nourrissant le vague projet de faire payer son hypocrisie à Mortarion depuis lors. Poursuivis par de mystérieux adversaires jusqu’à l’orbite du monde hostile d’Agarvian, les non alignés sont contraints d’abandonner leur vaisseau (le joliment nommé Ghogolla… je pense que ces nerds de Thousand Sons – et leur énervante maîtrise de toutes les langues mortes de la galaxie, y compris le français – ont dû bien se foutre d’eux pendant la Grande Croisade) et de se poser en catastrophe à la surface de ce caillou aussi minable que gazeux, espérant que leur légendaire fortitude leur permettra de gagner un avantage sur ce champ de bataille des plus difficiles.
Après une marche éprouvante à travers les marais spongieux qui constituent l’unique écosystème d’Argavian, Khokho and the boyz finissent par trouver un endroit idéal pour livrer leur dernier carré (ça tombe bien, ils ne sont plus que quatre), une fois que leurs poursuivants les auront rattrapés, bien sûr. Littéralement quatre jours plus tard, une petite force de Space Marines passablement exténués par cet UTMB1 finit par arriver à portée de bolter, et se fait donc accueillir bellement par les Death Guards qui barbotaient dans la bouillasse sans bouger le petit doigt depuis un petit moment2.
Si les premiers instants de l’accrochage tournent logiquement en faveur des défenseurs embusqués, le nombre de leurs assaillants finit par renverser le rapport de forces, et Khorak, bien protégé par son armure Terminator et son statut de protagoniste, finit par se retrouver seul face à un véritable peloton d’exécution. Bravache jusqu’au bout, il défie en duel le meneur adverse, dont l’héraldique est totalement noire, comme celle de ses suivants. Souhaitant au moins savoir qui sera responsable de son futur et inévitable trépas, l’ex Death Shroud bombarde son homologue de question, jusqu’à ce que ce dernier consente à révéler son identité…
Début spoiler 1…Et, surprise, il s’agit d’un frérot, comme sa capacité à respirer l’air vicié d’Argavian sans protection le laisse apparaître. Les points communs ne s’arrêtent pas là, car Crysos Morturg (son petit nom) est également un renégat Death Guard, ayant été laissé pour mort sur le champ de bataille d’Isstvan III après la purge des premières Légions traîtresses par leurs frères d’armes. Ayant survécu au prix d’une reconstitution quasi-complète de son anatomie, Crysos s’est depuis donné comme mission de traquer et détruire les forces Death Guard sur lesquelles il arrive à mettre la prothèse, en compagnie d’un contingent issus des tristement célèbres Légions Brisées, renommé Black Shields en référence à leur héraldique monocolore. Comprenant qu’il partage le même but que son poursuivant, et malgré la perte regrettable de son vaisseau et ses camarades, Khorak semble prêt à passer l’éponge sur les derniers événements et à repartir du bon pied avec ses nouveaux copains, lorsqu’un accident fâcheux se produit…
Début spoiler 2…Un de ses frères d’armes, qui n’était pas tout à fait mort au final, s’extirpe de son bain de boue pour réaliser un headshot parfait sur le front dégarni et ridé de Jason Statham Crysos, avant d’être transformé en hachis parmentier par la riposte des Black Shields. Cette mort tragique et ironique aurait toutefois préférable pour Khorak à la réalité dont il est témoin, Crysos parvenant à stopper le projectile fatal grâce à ses pouvoirs psychiques. Ayant laissé tomber Mortarion, mais pas son endoctrinement psychophobe, Khorak renonce à rejoindre la team noiraud et préfère tomber au champ d’honneur en essayant de faire goûter de sa faux à Crysos, tentative évidemment vouée à l’échec et dans laquelle il perd le dernier de ses points de vie.
De retour sur son vaisseau, et plus qu’un peu dépité par la tournure qu’ont pris les événements, Crysos décide de mettre le cap sur Terra pour solliciter rien de moins qu’une audience avec l’Empereur en personne (qui n’a sans doute rien d’autre à faire en ce moment), afin d’attirer Son auguste regard sur les services rendus par Robocopmarine et sa bande d’irréguliers. On lui souhaite bien du courage…Fin spoiler
1 : Ultra Trail du Marécage Boueux. Le Mont Blanc a été rasé à la fin de M29 pour construire un centre commercial.
2 : Les amateurs de hard SF me feront remarquer, avec raison, qu’aucune indication n’est donnée sur la longueur du jour sur Agarvian. Il se peut donc que nos héros n’aient attendu que trois minutes avant que la bagarre ne s’engage, mais ce serait beaucoup moins badass, reconnaissons-le.
AVIS :
Chris Wraight se paie le luxe d’introduire une nouvelle faction (certes mineure) à l’Hérésie d’Horus avec ce ‘Blackshield’, ce qui n’est pas donné à tout le monde, et le fait plutôt bien (même s’il passera immédiatement le flambeau à l’infatigable Josh Reynolds après la publication de cette nouvelle). On a ici le droit à une histoire bien ficelée, n’oubliant pas de donner au lecteur sa ration d’action brutale, ni de mettre en relief les conséquences de l’Hérésie pour les personnages lambda qui y sont confrontés. Seul léger bémol : il est nécessaire de maîtriser un minimum le fluff hérétique (en particulier les événements d’Isstvan III et de Molech) pour bien comprendre de quoi Khorak et Crysos discutent lors de leur petit tête à tête agarvien et pourquoi ils sont autant surpris l’un que l’autre de la présence de leur vis-à-vis. En outre, et comme beaucoup d’arcs narratifs ébauchés à cette période charnière de l’Hérésie d’Horus, on reste pour le moment sans nouvelle du space trip vers Terra qui sert d’ouverture à ‘Blackshield’, ce qui est un peu dommage.
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Children of Sicarus – A. Reynolds :
INTRIGUE :
Après sa quasi-victoire à Calth et sa fuite honteuse pour échapper à la juste colère des Ultramarines, cette vieille baderne de Kor Phaeron se retrouve isolé sur la planète démon Sicarus, en compagnie d’une poignée de Légionnaires (dont un tout jeune Marduk) et une douzaine de Serfs. Comme on ne change pas une formule qui gagne, le Premier Capitaine n’a rien trouvé de plus urgent à son arrivée que de s’enjailler avec ses nouveaux voisins, en l’occurrence les tribus humaines contrôlées par la redoutable Larazzar, Elue de Tzeentch frôlant l’élévation démoniaque et défenderesse acharnée de son pré carré. Bien que la puissance de ses Space Marines, et en particulier celle de son Gal Vorbak de compagnie, Nemkhar, soit suffisante pour repousser les attaques adverses, ce n’est qu’une affaire de temps avant que les Astartes ne tombent sous les coups de leurs innombrables ennemis. Il faut donc un plan aux Word Bearers pour se sortir de ce pétrin, et heureusement pour eux, quelqu’un en a un à leur soumettre. Pas Kor Phareon, bien sûr, mais ça vous l’aviez deviné.
L’homme providentiel se nomme Jepeth 87 (comme le nombre de ses réincarnations successives), prophète de sa profession. Il se présente à la petite bande alors que cette dernière est sur le point de se faire rattraper par l’armée de Larazzar, qui a très mal pris la mort au combat de son fils préféré, le doux et tendre Orox’i’nor. Cet affrontement scellera sans nul doute le sort des naufragés, aussi, après avoir seulement tenté de le tuer une fois, ces derniers acceptent l’offre qui leur est faite d’accompagner Jep’ jusqu’à son village, camouflé des yeux indiscrets grâce à une puissante magie et quelques hologrammes convaincants. Il paraîtrait même que les Word Bearers sont les héros d’une prophétie top moumoute, ce qui redonne le moral à tout le monde (excepté à ce pisse-vinaigre de Kor Phaeron bien sûr, mais ça…).
Arrivé sur place, KP laisse ses hommes souffler un coup et part avec son cher Nemkhar visiter la caverne de Jepeth, où l’intégralité de la prophétie lui sera révélée. Cette dernière présente deux grands avantages : le premier étant d’annoncer une réunification avec Lorgar, et le second de nécessiter la mort de Kor Phaeron pour ouvrir le portail qui permettra à Marduk de mener ses frères d’armes et les tribus rebelles de Sicarus jusqu’au QG du Primarque. Bien que tout soit dépeint de manière irréfutable, dessins rupestres à l’appui, sur les murs de la grotte de Jepeth, et que ce dernier ait même réussi à mettre la main sur l’athame que Kor Phaeron avait offert à Lorgar lorsqu’ils étaient encore sur Colchis (un tour de magie des plus bluffants), le Maître de la Mauvaise Foi refuse ca-té-go-ri-que-ment d’embrasser la grandiose et altruiste destinée de martyr, et ordonne à Nemkhar de réduire au silence le pauvre Jepeth, qui ne l’avait absolument pas vu venir. La mort du prophète dissipe cependant les illusions qui protégeaient le village caché, et Larazzar ne tarde pas à débarquer avec son armée sur les talons.
Cependant, au lieu de massacrer les quelques Space Marines éprouvés qui lui font face, la Sorcière propose un marché à Kor Phaeron : s’il consent à l’aider à conquérir Sicarus (ce qui ne devrait pas être très compliqué, puisqu’apparemment, il n’y avait que Jepeth et ses hippies qui s’opposaient à son hégémonie) et à ainsi atteindre l’immortalité, elle lui laissera l’usufruit de la planète, qui pourra servir de camp de base aux Word Bearers. Ce qui leur serait utile puisque Colchis a été ravagée en punition de leur traîtrise. Kor Phareon a-t-il vraiment les moyens de refuser un pacte aussi avantageux ?
Début spoiler…La réponse est non, mais cela ne veut pas dire qu’il tient sa parole. Ce serait faire injure à sa réputation, après tout. Ainsi, dès que Larazzar déchaîne ses pouvoirs mutagènes pour transformer les suivants de Jepeth en Enfants du Chaos, le perfide Word Bearers lui tranche la gorge avec l’athame qu’il a récupéré dans la caverne du feu prophète (et qui, quelque part, lui appartenait de plein droit), récupérant au passage toute la… heu… faveur chaotique ? emmagasinée par la trop confiante Sorcière. La mort de leur maîtresse jetant ses serviteurs dans la confusion la plus totale, il ne faut pas longtemps avant que l’ambitieux et impitoyable Kor Phaeron s’affirme comme le suzerain incontesté de Sicarus, et commence à construire sa première cathédrale noire, peu soucieux de rejoindre sa Légion pour le grand final de l’Hérésie. Avait-il déjà compris que le projet d’Horus était voué à l’échec ? Ce n’est pas improbable, car s’il y a une règle immuable dans cette galaxie sans foi ni loi, c’est bien que le camp de Kor Phaeron ne peut pas l’emporter. Jamais.Fin spoiler
AVIS :
Pour sa dernière entrée dans l’Hérésie d’Horus, Anthony Reynolds nous donne des nouvelles du personnage que tout le monde avait oublié après ‘Know No Fear’, et qui n’avait sans doute manqué à personne : Kor Phaeron. Rien de particulièrement mémorable dans ce ‘Children of Sicarus’, mais on a au moins un arc narratif fermé assez proprement, ce qui est loin d’être négligeable eut égard à la sale manie des auteurs de cette franchise à laisser leurs intrigues en plan, soit que leur collaboration avec la BL ait cessé avant qu’ils n’aient pu aller plus loin, soit que cette dernière ne leur ait pas donné la possibilité de terminer le boulot. Reynolds en profite pour mettre en avant sa propre création (Marduk), comme il l’avait fait dans ‘Dark Heart’, mais c’est de bonne guerre.
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Exocytosis – J. Swallow :
INTRIGUE :
Durement éprouvés par la poursuite féroce que leur livre l’implacable Corswain depuis leur affrontement dans le système de Perditus (‘The Lion’), Calas Typhon et ses Grave Wardens ont fait escale sur la planète féodale de Zaramund pour panser leurs plaies et réparer leurs vaisseaux. Accueillis à bras ouverts par Luther et ses Dark Angels renégats, qui pensent pouvoir se faire bien voir du Maître de Guerre en échange de leur coup de main (les Dark Angels ne font jamais rien de manière désintéressée, c’est connu), les Death Guards ont cependant choisi de limiter les interactions avec leurs cousins Légionnaires au minimum, ce qui chagrine fortement ces snobs de Calibanites. Officiellement, comme l’annonce Typhon à son homologue après avoir filtré ses appels pendant plusieurs jours, il s’agit de réduire le risque d’accident malheureux entre les deux contingents, certains Death Guards étant apparemment trop neuneus pour faire la différence entre un bon et un mauvais chasseur Dark Angel. Officieusement, le Premier Capitaine sent qu’il couve quelque chose de pas net depuis Perditus, comme les triades de bubons qui se développent sur son épiderme et l’intérêt que sa personne provoque chez la gent diptère lui laissent à penser. Redoutant sans doute le jugement de cet arbitre des élégances qu’est Luther (et sa barbe de hipster), Typhon refuse poliment mais fermement que ses nouveaux alliés lui envoient des Techmarines pour superviser les réparations, et consent seulement à venir au pot de l’amitié que l’état-major Dark Angels organisera à la fin des travaux.
Ce manque flagrant de reconnaissance est mal vécu du côté de la Première Légion, et un Capitaine gaffeur et désœuvré (Vastobal) convainc Luther de le laisser aller espionner le camp retranché de la Death Guard. En chemin, il tombe sur une caravane de civils locaux, bien décidés à rendre visite et hommage à un certain Typhus, sur lequel ils ne tarissent pas d’éloges. Profitant de la diversion offerte par ce troupeau de pèlerins, Vastobal se planque dans un bosquet tout proche de l’entrée du camp, et prend la pose d’un mélèze pour ne pas se faire repérer, tandis que Typhon en personne sort pour aller s’enquérir de la cause de tout ce raffut…
Début spoiler…Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre qu’il est bien le Typhus dont ses groupies sont énamourés, et que ces derniers présentent tous les mêmes marques cutanées que lui. Appelé « Héraut du Grand-Père » par la petite mamie qui mène la congrégation, Typhon constate avec plus de fascination que de révulsion que ses visiteurs portent tous les symptômes de maladies graves, qui auraient dû les emporter depuis longtemps mais contre lesquelles ils semblent immunisés. Cette sympathique communion est toutefois interrompue par ce butor de Vastobal, qui sort de ses gonds et de ses bois lorsque les Zaramundois commencent à exsuder des essaims de mouches par tous leurs orifices. Fermement opposé aux choses du Warp, comme tout Calibanite qui se respecte, le Capitaine se met à massacrer les pèlerins à grands coups d’espadon, ce qui provoque la réaction de Typhon.
Le combat s’engage, au cours duquel le porteur de faux hérite d’une coupure au menton, ce qui le chagrine si fortement qu’il en devient authentiquement chaotique. Si si. Renforcé par les bienfaits de Nurgle, qui se manifestent pleinement après cette épiphanie barbière, Typhon décapite son adversaire, et part discrètement du système avant que les Dark Angels ne s’inquiètent de la disparition de Vastobal. Lorsque le Seigneur Cypher alerte Luther du départ en loucedé de ses invités, ces derniers sont déjà loin, et Typhon est fort occupé à précipiter la corruption de sa Compagnie en faisant goûter à ses officiers son hémoglobine suspecte lors du rituel des Coupes (encore un scandale de sang contaminé). Et ce n’est qu’un avant-goût de ce qu’il réservera à son vieux poto Mortarion lorsqu’ils seront à nouveau réunis…Fin spoiler
AVIS :
Si la déchéance de la Death Guard a été suggérée depuis les tout débuts de l’Hérésie (‘The Flight of the Eisenstein’), ‘Exocytosis’ marque véritablement le moment de la bascule définitive de cette Légion vers Nurgle, Calas Typhon servant de catalyseur à cette évolution fatidique. En cela, la lecture de cette nouvelle est obligatoire pour tous les amoureux du fluff de cette faction, et sert de prologue assez robuste aux événements couverts dans ‘The Buried Dagger’, où le même Swallow finira le travail et racontera le désastreux voyage de la Death Guard réunifiée jusqu’à Terra. Comme cet auteur prend un malin plaisir à faire passer Mortarion pour la dupe de son Premier Capitaine, l’absence du premier n’est absolument pas rédhibitoire, et permet même de relever le niveau de la nouvelle, si j’en suis seul juge. Les seules victimes de l’histoire sont finalement les Dark Angels, qui apparaissent comme les nice guys/dindons de cette farce. On peut s’interroger sur la nécessité de faire participer Luther à cette galéjade, d’où il ne sort pas vraiment grandi : vu l’importance qu’il a dans l’intrigue, n’importe quel Capitaine Dark Angels aurait pu tout aussi bien faire l’affaire. Peut-être que James Swallow avait des comptes à régler avec la Première Légion…
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The Painted Count – G. Haley :
INTRIGUE :
Si les lendemains de cuite sont difficiles, ceux de défaite cuisante le sont encore plus. Particulièrement quand on est aussi douillet que notre héros du jour, ou plutôt de la nuit, le Capitaine des Night Lords Gendor Skraivok, aussi connu sous le nom de Comte Peint du fait de son maquillage très bath. Dispersés, démoralisés et laissés orphelins après la bataille de Thramas et la capture de Konrad Curze (sans oublier ce bon vieux Sevatar), les Légionnaires de la VIIIème doivent faire face à une période de transition forcément chaotique, du fait de leur nature profonde et de leurs sales tendances au complot et au meurtre. Skraivok est l’un des prétendants les mieux placés pour devenir le nouveau meneur des Night Lords, notamment grâce à sa maîtrise du vaisseau amiral de la Légion, le redouté Nightfall, mais il doit se défaire de son rival Shang, qui dispose de nombreux soutiens et de l’aura d’avoir été l’Ecuyer de Hante-la-Nuit.
Cette lutte de pouvoir n’est cependant que l’un des problèmes qui tracassent le Comte. Il a aussi hérité sur Sotha d’une épée d’un genre un peu particulier, en cela qu’elle est très certainement démoniaque de nature, et plutôt collante dans ses attentions. Ainsi, malgré des efforts vigoureux, répétés et inventifs pour s’en débarrasser, elle a toujours trouvé le moyen de revenir à ses côtés pour le tenter. Dernière tentative en date, et donc dernier échec : le jeter dans l’espace depuis un sas ouvert (le tout sans casque, opa Guilliman style), qui n’a rien donné non plus, et s’est même montré contre-productif car Shang et deux Atramentar attendaient Skraivok à la sortie du vestiaire, et sans arme pour se défendre, se défaire d’un Capitaine et de Terminators est nettement moins facile, même pour un individu aussi talentueux que notre héros.
Fort heureusement, Shang est plutôt chill pour un Night Lords, et se contente de balancer son rival dans le labyrinthe que Konrad Curze avait utilisé pour son animal de compagnie et néanmoins frère, Vulkan, au lendemain du massacre d’Isstvan. Comme l’élection du prochain maître de la Légion est prévue plus tard dans la journée, l’absence de Skraivok sera suffisante pour permettre à Shang de remporter les suffrages, où du moins le pense-t-il. Cela était sans compter sur l’aide apportée par l’épée, qui attendait comme de juste son porteur élu dans le labyrinthe, et grâce à son GPS intégré et son impressionnant bonus aux jets de pénétration d’armure, permet au Comte de se sortir de ce dédale beaucoup plus vite que cette chochotte de Vulkan. Bien sûr, il doit livrer son âme au démon enfermé dans l’arme, mais nécessité fait loi.
De retour sur le plancher des vaches chauves-souris, il se précipite jusqu’à la salle où le Kyreptoran Vicaria (Conseil d’Administration en bon nostraman) tient séance. Arrivant trop tard pour le vote, il a recours à la bonne vieille méthode du défi en duel à mort pour se défaire de ce fieffé coquin de Shang, qui finit promptement une demi-tête plus petit qu’au débit de la séance, grâce à la super-vitesse que lui confère son épée maudite. Cette démonstration de force ayant considérablement refroidi l’ambiance au sein de l’auguste assemblée, Skraivok est élu sans coup férir Overlord Nightest, et jure d’emmener sa Légion, ou ce qu’il en reste, participer au Siège de Terra pour faire les pieds à l’Empereur. Pas la motivation la plus noble ou la plus profonde, mais que peut-on attendre de la part d’un gonze dont le role model est Gene Simmons, je vous le demande.
AVIS :
Dans le sous-sous-sous genre des nouvelles de l’Hérésie d’Horus expliquant pourquoi et comment les Légions renégates sans Primarques décident de se rendre sur Terra, Guy Haley livre une histoire très correcte avec ce ‘The Painted Count’, qui s’inscrit fort bien dans la grande (la captivité de Vulkan et la capture de Konrad Curze) et la moyenne (la campagne de Pharos, couverte par le même Guy Haley dans le roman éponyme) histoires de l’Hérésie. Si l’utilisation du topos de l’épée maudite ne gagnera pas à l’auteur un prix d’originalité, le rendu est suffisamment propre et le personnage de Gendor Skraivok suffisamment distrayant – même si Sevatar reste, et de loin, le G.O.A.T – pour donner envie d’en savoir plus sur la destinée du Comte Peint, dont on devine qu’elle sera forcément fatidique et tragique. Sortez les mouchoirs et le popcorn.
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The Last Son of Prospero – C. Wraight :
INTRIGUE :
Ramené sur Terra grâce aux efforts conjoints des White Scars, qu’il a aidé à sortir de la tempête Warp dans laquelle ils étaient encalminés, et des Élus de Malcador le Sigilite, le Sergent Revuel Arvida des Thousand Sons n’est plus vraiment au pic de sa forme à son arrivée sur le monde Trône. En cause, cette cochonnerie de malédiction du changement, un temps contenue par Magnus le Rouge, mais à présent hors de tout contrôle. Exfiltré vers l’infirmerie privée du Régent de Terra au nez et à la moustache de Jaghatai Khan, pour que Papi Mougeot puisse jouer au docteur avec ses abattis, le pauvre Arvida n’est plus qu’un tas de chair décoloré et instable, mais auquel son âme s’accroche encore avec l’énergie du désespoir.
Pendant que Malcador joue du scalpel avec plus de ténacité que d’efficacité (6 heures d’opération, tout de même), puis doit expliquer à un Jag’ hors de lui pourquoi il a cru bon de lui emprunter celui que le Primarque considère comme étant son obligé – et notre gonze prend les serments très au sérieux – Arvida expérimente des visions mystiques, où le passé et le présent s’entremêlent. Après quelques flashbacks peu intéressants, il fait la rencontre de son progéniteur borgne, ou plutôt de l’un de ses éclats1, qui a choisi de rester sur Terra… pour demander pardon à l’Empereur, j’imagine ? Toujours est-il que cette fraction du Roi Ecarlate est tirée de sa stupeur hébétée par l’arrivée de celui qui peut prétendre être le dernier fils de Prospero, et commence à se matérialiser dans la salle d’opération, juste à temps pour éviter à Jaghatai de faire avaler son bâton à Malcador pour lui apprendre à piquer les sauvegardes invulnérables pupilles des autres.
Cette apparition, c’était sur quoi le rusé vieillard comptait, lui qui cherchait un moyen de sécuriser les niveaux inférieurs du Palais Impérial en y installant un concierge avec un DEUG en occultisme. Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas, ce qui laisse le champ libre au motivational speaker de Chogoris pour venir hurler des encouragements dans l’oreille la direction générale de son poulain. Miracle des miracles, cela marche beaucoup mieux que la combine de Malcador, et l’âme d’Arvida finit par fusionner avec l’éclat de Magnus, gagnant au passage une cure de beauté spectaculaire (les jeunes disent un glow up), qui redonne à notre comateux héros forme humaine. C’est ce qu’on appelle dans le jargon un coup d’éclat. Le rideau tombe sur une séance de présentation en bonne et due forme entre les membres du casting de cette nouvelle. Plutôt que de se prénommer Marvidus ou Manuel le Vouge, comme il en avait pourtant le droit et la possibilité, le « nouveau-né » s’introduit sous le nom d’Ianius, qui était le tutélaire (i.e. la mascotte démoniaque) d’Arvida au cours de sa carrière dans la Légion. Quelque chose me dit qu’on n’a pas encore fini d’entendre parler de lui…
1 : Parce que n’est plus Magn-I, c’est Magn-Us.
AVIS :
Chris Wraight signe une nouvelle pour connoisseurs de l’Hérésie d’Horus avec ‘The Last Son of Prospero’, qui ne peut être pleinement compris et apprécié qu’en maîtrisant, outre l’arc consacré par cet auteur au personnage de Revuel Arvida (‘Rebirth’, ‘Allegiance’), ceux propres à Malcador le Sigilite et ses élus (‘The Sigillite’), à Magnus (‘The Crimson King’) et aux White Scars (‘The Path of Heaven’, ‘Scars’)… ce qui fait un sacré bagage, mine de rien. Pour les happy few ayant investi assez de temps dans la maîtrise de l’Hérésie littéraire, cette nouvelle est à la fois intéressante sur le plan narratif et fluffique, ce qui est suffisamment rare pour être souligné, et apprécié. Pour les autres, qui formeront je crois la majorité, le bilan risque d’être un peu moins positif. Même si Wraight livre un récit de rédemption miraculeuse qui reste compréhensible pour un faux débutant (si vous ne savez pas qui sont Magnus, Jaghatai Khan et Malcador, ça va picoter), c’est bien le contexte dans lequel ‘The Last Son of Prospero’ se déroule qui fait tout l’intérêt de cette nouvelle. A ne pas mettre entre toutes les mains donc, ou en tous cas, à ne pas aborder sans préparation.
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The Soul, Severed – C. Wraight :
INTRIGUE :
Après les événements d’Iydris et l’abandon de poste de leur Primarque, les Emperor’s Children eurent une petite période de flottement pendant que la galaxie se déchirait autour d’eux. Bien que leur amour pour les belles choses et les plaisirs simples (mais intenses) de la vie les garda occupé pendant cet intérim, certains officiers prirent sur eux de tenter de redonner un cap et une unité à ce qui était pendant la Grande Croisade la fine fleur des Legiones Astartes, et était devenu un ramassis de glandeurs jouisseurs passant leurs journées à écouter de la dubstep à haute fréquence.
L’humilité et l’esprit d’équipe n’ayant jamais été des qualités fortes chez les Enfants (gâtés) de l’Empereur, il était à peu près certain que ces efforts hégémoniques déboucheraient sur des affrontements ouverts entre prétendants au climazon de Fulgrim (son bien le plus précieux et le symbole de son statut de Maître de Légion) plutôt que sur des tractations en bonne intelligence. Aussi, lorsque les Seigneurs Commandeurs Eidolon, dit Dondon la Raclure, et Archorian, dit l’Italique, (il parle toujours comme ça) acceptent de se rencontrer en terrain neutre, c’est-à-dire un terrain vague dans une friche industrielle de la planète Horvia, ravagée par la guerre, c’est forcément qu’ils ont un coup fourré caché dans leur manche énergétique. Reste à savoir qui aura le dernier mot dans cette partie de poker menteur dont la mise n’est rien de moins que le leadership sur la Légion…
Début spoiler…Archorian ouvre les hostilités le premier en lançant ses troupes à l’attaque de son rival et de son escorte de Kakophoni, mais Eidolon n’avait pas perdu la tête (hoho) et gardé sa propre armée en réserve. Le conflit tourne en faveur de ce dernier, forçant les hommes d’Archorian à se replier à travers les ruines d’un manufactorium en déréliction, poursuivis par leurs frères d’armes. Il s’agissait toutefois d’une feinte pour attirer le gros des forces d’Eidolon dans une zone piégée, et un tsunami de boue toxique s’abat sur les assaillants après qu’Archorian ait fait sauter les bombes placées sur la paroi des cuves de rétention qui surplombent la zone.
Seulement, on ne vient pas aussi facilement à bout d’une tache aussi tenace qu’Eidolon, qui se contente de hurler « MEUHHHH » à la face de son adversaire lorsqu’il vient terminer le travail au corps à corps. Comme les Kakophoni ont aussi survécu sans rétrécir au lavage, et donnent également de la voix à la suite de leur patron, le pauvre Archorian finit éparpillé aux quatre vents, et son armée suit rapidement. Comme on dit à Chemos, rira bien qui criera le dernier. Ces deux déluges consécutifs (l’un littéral, l’autre sonique) provoquent une frénésie de massacre et de sévices chez les Emperor’s Children, qui foncent assouvir leurs plus bas instincts sur la population locale de Horvia, qui n’en demandait pas tant et n’est pas assez nombreuse pour occuper longtemps cette bande d’esthètes en puissance. C’est alors qu’Eidolon a une idée de génie : sur Terra, il y a beaucoup plus de monde à torturer/distiller, de quoi tenir au moins quelques années en tout cas. Et c’est ainsi que la IIIème Légion prit le chemin de Terra, sur le caprice coup de tête de son commandant par défaut après qu’il ait pris un bain de boue. A quoi tient l’Imperium, finalement…Fin spoiler
AVIS :
Chris Wraight endosse le rôle peu glorieux mais nécessaire du manager de transition pour les Emperor’s Children1, Légion bien mise en avant au début de l’Hérésie puis laissée à son triste mais coloré destin à partir du milieu de la saga. Même si sa corruption était déjà bien amorcée au moment du congé sabbatique warpesque de Fulgrim, cette fière confrérie n’en était pas encore rendue à l’hédonisme désordonné qu’on lui connaitrait pendant le Siège de Terra, évolution qui nécessitait donc une justification digne de ce nom. C’est chose faite avec ‘The Soul-Severed’, qui utilise Eidolon plus qu’elle ne le met en valeur (et ça tombe bien, c’est le personnage favori d’absolument personne) pour mettre la IIIème Légion sur le chemin de Terra. On peut mettre cette petite nouvelle au même niveau que ‘Prince of Blood’ de Laurie Goulding, qui rend le même service à une autre Légion dont le Primarque n’était plus en état de la mener jusqu’au monde Trône (les World Eaters). Absolument indispensable si vous êtes un fluffiste acharné, car Wraight se pique de donner l’origine de pas mal de caractéristiques des Emperor’s Children « modernes » (héraldique, goût pour les poisons et l’esclavagisme…), seulement sympathique pour le reste.
1 : Il est assez surprenant que la BL ait confié cette tâche à un auteur qui n’avait jamais vraiment écrit pour cette faction jusqu’ici (spécialisation Space Wolves, Thousand Sons et White Scars pour notre homme).
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Dark Compliance – J. French :
INTRIGUE :
On a tendance à l’oublier, mais l’Hérésie d’Horus a donné lieu à autant si ce n’est plus de tractations entre diplomates que de batailles entre forces loyalistes et renégates. Il faut s’imaginer que chaque planète d’une certaine importance a reçu la visite d’émissaires du Maître de Guerre, chargés de la délicate mission de convaincre le Gouverneur local de trahir Pépé pour rejoindre le camp des rebelles. Une tâche ingrate et très souvent mortelle, dont certains s’acquittèrent mieux que d’autres. Et parmi les meilleurs des meilleurs, nous retrouvons Kinor Argonis, un des messagers favoris du grand chauve, qui lui confia des missions sensibles d’un bout à l’autre de l’Hérésie. On le retrouve ici, peu de temps après les événements de Tallarn, en train de baratiner Desigus, despote des Mondes Dorés et gardien du Golfe Aventien. Desigual semble être un farouche partisan de Pépé, et a prévu d’esquinter sérieusement le messager horusien avant de le renvoyer à son maître avec un tatouage « C’est non » en Comic Sans MS en travers du front (ce qui constitue l’outrage le plus terrible qui soit, même à cette époque reculée). Argonis le sait bien, mais reste confiant dans sa capacité à retourner son interlocuteur, témoignage édifiant à l’appui. Il a en effet assisté aux premières loges à l’agonie d’un monde ayant commis l’erreur de refuser l’amitié du Lupercal, et ne se fait pas prier pour partager cette anecdote avec son hôte.
La malchanceuse planète dont il a été question se nommait Acazzar-Beta, et était placée sous la coupe de l’Adeptus Mechanicus. Son Gouverneur, le Technoprêtre Myrmidax Kadith1, accueillit très chaudement l’offre de sécession d’Horus en noyant ses émissaires dans le plasma, outrage que le Maître de Guerre ne pouvait laisser impuni. Défendue par une flotte respectable et des millions de Skitarii, Acazzar-Beta avait sur le papier une chance non nulle de sortir vainqueur d’une guerre ouverte avec les forces hérétiques, mais Horus avait comme a son habitude tout prévu, et l’affrontement, pour sanglant qu’il fut, se termina rapidement par une victoire sans appel des visiteurs. Dans un premier temps, l’Über Primarque remporta la bataille spatiale grâce à une attaque surprise de sa seconde flotte, qu’il avait caché… dans l’espace et qui prit par revers les stations de défense planétaire (il faut croire qu’elles regardaient toutes du mauvais côté, c’est ballot), et l’utilisation de quelques torpilles vortex pour faire des gros trous (noirs) dans les blindages ennemis. Bien que cela ait coûté cher en troupes et en personnages nommés (en l’occurrence, l’irremplaçable Galdron et son acolyte Night Lords Scarrix), ce fut un petit prix à payer pour pouvoir accéder à la surface d’Acazzar-Beta.
Rendu sur place avec ses Justaerin, son vieux pote Mal(oghurst), son témoin Argonis, un bouquet de fleurs et une perle rouge à l’aura très particulière, Horus passa à la seconde étape de son plan machiavélique. Contrairement à son habitude de décapiter et démoraliser l’ennemi en tuant de ses mains son commandant, ce que le fataliste Kadith avait escompté et intégré à son plan pour infliger le plus de pertes possibles aux Sons of Horus, le Primarque se posa loin du front et fit usage de son boulard écarlate, qui se révéla être une Master Ball démoniaque, pour invoquer le Prince Démon Doombreed et ses armées de Khorne. Ceci fait, il repartit aussi sec en orbite pour assister à l’annihilation des loyalistes, toujours escorté du fidèle Argonis, qui ne rata pas une miette de ce spectacle pittoresque.
De retour dans le présent et sur les Mondes Dorés, le même Argonis demande à un Desigus plus aussi sûr de lui de mûrement réfléchir à la décision qu’il va prendre, et qui pourrait sceller la fin de son empire et la mort de tous ses sujets. On ne saura pas au final quel fut le choix du despote, mais on ne peut pas vraiment lui reprocher d’avoir pris un petit temps de réflexion pour se mettre les idées au clair…
1 : Renommé dans tout le Segmentum pour sa manie de monter des optiques sur les pistons de ses moteurs. D’où l’expression « la bielle de Kadith a des yeux de velours ».
AVIS :
‘Dark Compliance’ a deux intérêts principaux : il remet sur le devant de la scène un personnage mineur mais régulier de l’Hérésie, le persistant Kinor Argonis (‘Tallarn: Ironclad’, ‘Slaves to Darkness’), ce qui est appréciable si vous vous êtes entichés de ce petit galopin. Il met également en scène un affrontement de grande ampleur entre hérétiques et loyalistes, avec rien de moins que le Maître de Guerre en personne à la tête des premiers, ce qui n’arrive pas souvent dans un court format. Ceci dit, French n’arrive pas vraiment à convaincre du génie tactique de son héros, qui remporte la bataille spatiale (affreusement condensée, on a l’impression qu’elle dure littéralement cinq minutes) sur un gros TGCM, et sort un Demonis ex Machina de sa poche pour plier la manche terrestre. Plutôt décevant.
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Duty Waits – G. Haley :
INTRIGUE :
Sur Terra, les loyaux défenseurs de l’Empereur ne savent plus quoi inventer pour tuer le temps. Nous suivons ainsi le quotidien à la fois morne et stressant de deux Astartes de la VIIème Légion, le Capitaine Maximus Thane de la 22ème Compagnie, et le poussin Kolo, fraîchement diplômé de la promotion Eltaune Jaune, alors qu’Horus n’en finit plus de faire traîner son quart d’heure d’impolitesse. Alors que Max’ a au moins le loisir de faire un peu d’exercice à la tête de ses hommes, qu’il emmène régulièrement faire des joggings sur le mur d’enceinte du Palais1, Kolo est assigné au support informatique de ce dernier, et, entre deux appels d’un certain M. Alcador, qui éprouve toutes les peines du monde à envoyer un mail ou à ouvrir une pièce jointe (et qui oublie une fois sur deux d’allumer son écran), doit gérer une bien pesante inactivité. Car, il faut bien le reconnaître : il ne se passe pas grand-chose d’intéressant sur Terra d’un point de vue strictement apocalyptique. Bref, les journées sont longues2.
À défaut de s’améliorer franchement, les choses évoluent un peu pour nos protagonistes après le départ de la flotte en destination de Beta-Garmon. Bien qu’ils n’aient pas eu la « chance » de faire partie des heureux élus envoyés au casse-pipe contre les renégats, Thane et Kolo ont en effet reçu de nouvelles affectations. Le Capitaine a ainsi la chance, la joie et l’avantage de faire le planton à 300 mètres au dessus d’un square fréquenté par les civils du Palais, afin de rassurer et d’inspirer ces derniers. Malheureusement, les cadences infernales de travail auxquelles sont soumises les masses laborieuses de Terra, les conditions météorologiques détestables de la région, et le manque d’intérêt du spectacle (les gars restent vraiment plantés comme des piquets pendant des heures, à tel point que son Lieutenant manque de déclencher une alerte jaune quand il voit Thane lever les yeux vers le ciel) viennent contrarier cette noble initiative de propagande. Ils auraient jonglé avec leurs bolters, ça aurait eu plus de gueule, moi je dis. Pour se distraire, Maximus imagine ce qu’il se passerait s’il se laissait tomber depuis le mur, et calcule les probabilités jusqu’à la 15ème décimale de sa survie en fonction de paramètres divers, comme l’écartement de ses bras pendant la chute, l’atterrissage sur un quidam, ou encore la vitesse de croisière d’un Stormbird (africain) non chargé. Il soupçonne que le développement d’un passe-temps tel que le suicide mental pourrait peut-être trahir un léger début de névrose, mais cela ne l’empêche évidemment pas de faire son devoir.
De son côté, Kolo participe à l’opération Sentinelle II (la première ayant pris place 28.000 ans plus tôt, même si personne ne s’en souvient), ce qui lui donne l’occasion d’interagir avec les civils que Thane ne voit que de loin. Entre deux contrôles d’identité et palpations aléatoires, le voilà sommé avec son escouade d’intervenir en support des forces de l’ordre, débordées par une foule hostile car affamée. La distribution du pain quotidien ayant en effet annulée sans prévenir, une poignée d’Arbites doivent calmer les velléités meurtrières de quelques milliers de mal-contents. L’arrivée des gilets plastrons jaunes n’a pas l’effet escompté, pas plus que les talents oratoires et diplomatiques, assez limités il faut bien le reconnaître, du Sergent Benedict ne permettent de désamorcer le conflit latent. Ce qui doit arriver arrive, et les manifestants commettent l’erreur de charger leurs protecteurs, qui répondent par une rafale de bolter dans le plus grand des calmes. 80 douilles très exactement plus tard, l’incident est clos, au prix d’un petit millier de morts seulement. Voilà qui mérite bien un honneur balistique, il me semble. Bref, sur Terra il n’y a pas que le temps qu’on tue.
1 : En revanche, pas question de traverser la route avant que le petit bonhomme ne passe au vert jaune. Sous peine de mort.
2 : Il est d’ailleurs murmuré dans les cercles autorisés que c’est la surutilisation de leur membrane cataleptique pour faire passer le temps plus vite pendant leur interminable garnison sur Terra qui a entraîné la dysfonction de cette dernière chez les Imperial Fists et leurs successeurs.
AVIS :
Dans la série des nouvelles de C.A.L.T.H.1 constituant une partie non négligeable du recueil Heralds of the Siege, Duty Waits se place en tête de peloton par ses importants apports en termes de fluff, ainsi que par la réussite de Haley à faire ressortir la torture mentale que représente cette attente interminable pour les défenseurs, fussent-ils des transhumains conditionnés et entraînés pour faire face à toute situation. Et les Space Marines ont beau ne pas connaître la peur, l’Empereur n’a rien dit ni prévu en ce qui concerne l’ennui, ce qui peut mener même les soldats les plus disciplinés à commettre quelques regrettables boulettes. Dans cette ambiance de Désert des Tartares, Thane et Kolo vivent chacun leur propre enfer, et se retrouvent, sans le savoir, complices d’une exaction qui ne manquera pas de venir les hanter après l’Hérésie. Sur le thème, déjà couvert de nombreuses fois mais tellement central pour la série qu’on pardonnera aisément cette nouvelle itération, du sacrifice des fins en faveur des moyens, Haley parvient à brosser un portrait singulier et sinistre du Monde Trône avant que l’apocalypse ne s’y déchaîne, et préfigurant sans le savoir la dictature brutale, liberticide et usine-à-gazesque que deviendra l’Imperium, autrefois « simple » despotisme éclairé et progressiste, une fois la guerre civile terminée. Et si la question du « mais comment en est-on arrivés là ? » est la plus importante à laquelle l’Hérésie d’Horus doit répondre, alors on peut considérer Duty Waits comme une vraie réussite.
1 : Calme Avant La Tempête Horusienne.
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Magisterium – C. Wraight :
INTRIGUE :
Sortis très éprouvés de la Guerre dans la Toile, la première défaite qu’ils aient connu depuis leur fondation, et qui a réduit drastiquement leur nombre, les Custodes doivent à présent panser1 leurs plaies et se préparer pour l’arrivée prochaine d’Horus et ses Légions renégates. Nous suivons donc le Vestarios (soit littéralement, le préposé au vestiaire de la boîte de nuit, en grec ancien) Samonas, fidèle bras droit de imperturbable Constantin Valdor alors qu’il supervise la réhabilitation des gardes suisses de l’Empereur, qui, en plus d’avoir été nonagimés (mais si, mais si, c’est du haut gothique) par les hordes démoniaques, ont cabossé et égaré leur matériel dans des proportions abominables, ce qui force les services généraux de la custoderie à enquiller les heures sup’ sans compter. Au moins, le temps d’attente à la cantine et à la photocopieuse s’en trouve fortement réduit, et il n’y a plus de problème de place au parking des trottinettes électriques. C’est déjà ça.
Ayant obtenu une audience auprès de (son demi-frère ?) Rogal Dorn, avec lequel il entretient des relations aussi fraîches que le bloc Harpic qui orne ses toilettes personnelles, Valdor se rend dans les appartements du Seigneur Commandeur de l’Imperium, toujours escorté de son fidèle Samonas. Comme on peut s’y attendre, l’entrevue se passe assez mal, les deux surhommes se balançant des amabilités au visage sans prendre de gants, énergétiques ou pas. Tandis que le maître des Imperial Fists reproche à son interlocuteur sa roideur confinant parfois à l’autisme, dès lors qu’une directive lui ait été donnée par l’Empereur, ce qui a conduit les Custodiens à contenir seuls les brèches dans les niveaux inférieurs du Palais, alors qu’un retrait stratégique aurait permis d’épargner de nombreuses vies, Valdoche nous joue son air favori du « Oh-mais-vous-les-Primarques-vous-n-êtes-que-des-sales-gosses-pourris-gâtés-et-on-était-bien-mieux-avec-Pépé-avant-votre-naissance2 ». Le sentiment de supériorité de Darth Valdor est toutefois tout ce qui lui reste, Dorn soulignant avec à propos que les pertes subies par les 10.000 ont de facto condamnés ces derniers à jouer les seconds rôles dans le futur siège de Terra, et que le sort de l’Hérésie repose maintenant entre les gantelets des Legiones Astartes, qu’ils soient traîtres ou loyalistes. Bref, la garde aurique n’est plus bonne qu’à assurer le service d’ordre autour de la chaise d’affaires impériale, et doit laisser aux Space Marines la gestion des vrais dossiers.
La virulence des échanges entre la main droite et le poing gauche de l’Empereur n’est pas sans rappeler à Samonas, qui s’ennuie ferme pendant ce crêpage de chignon3, une conversation du même ordre qui avait pris place quelques années plus tôt sur Prospero, lorsque que les Custodiens étaient venus donner un coup de main aux Space Wolves dans le châtiment, que d’aucuns jugent mérités, de Magnus et ses Thousand Sons à la suite du poke un peu trop accentué que ce dernier avait envoyé à son paternel pour lui signaler le comportement déviant d’Horus. Bien que Leman Russ se soit révélé un tout autre animal (autant comparer un malamut à un poisson pierre), le zèle sanguinaire avec lequel le Fenrissien mena l’assaut sur Tizca, et sa volonté sans équivoque de ne pas faire de prisonnier, au mépris des instructions remises par l’Empereur au Capitaine-Général, ne furent pas sans générer des frictions entre les deux envoyés impériaux. Dans ce cas, comme plus tard avec Dorn, Valdor, en tant que Magisterium, disposait d’une autorité théoriquement absolue sur son vis à vis Primarque, mais cela n’a pas empêché ce dernier de n’en faire qu’à sa tête, avec des résultats spectaculaires, à défaut d’être satisfaisants. Et Constantin d’y aller de son petit « Primarque… » méprisant en voyant Russ hurler à la lune sur la grand-place de Tizca après la volatilisation du Cyclope. Décidément, ils n’ont pas les mêmes valeurs.
La nouvelle se termine sur une scène de remparts (comme beaucoup des histoires de Heralds of the Siege d’ailleurs), Valdor enjoignant son sous-fifre porte-cravate de ne pas désespérer que l’Empereur reprenne enfin contact avec ses Custodiens, malgré tous les travaux d’isolation des fondations du palais à terminer avant l’arrivée d’Horus, et qui l’occupent à plein temps depuis maintenant des mois. D’une manière ou d’une autre, la fin approche à grands pas…
1 : Et penser, ils ont tous passé l’agreg’ de philosophie après tout.
2 : Funfact : Sur les 1932 mots titres et qualificatifs gravés à l’intérieur de la cuirasse de Valdor, 93% sont des critiques adressées aux fistons du Patron.
3 : Dorn s’étant laissé pousser les tifs pendant ses sept années de permanence au domicile paternel, il y a largement de quoi faire un manbun.
AVIS :
Pure nouvelle de fluffiste, en ce qu’elle s’avère être beaucoup plus riche en petites révélations et lourdes insinuations de background qu’en action pure et dure, Magisterium est une soumission de qualité de la part de Chris Wraight. Son principal intérêt, et non des moindres pour les amateurs de grandes figures de l’Hérésie (c’est à dire la plupart des lecteurs de la série, soyons honnêtes), est d’apporter quelques os à ronger sur le discret mais crucial Constantin Valdor, et de le faire interagir avec d’autres VIP impériaux. Les bisbilles qui s’ensuivent permettent à Wraight de soumettre quelques concepts intéressants, et de soulever des questions l’étant tout autant, comme celles de l’origine de Valdor et du rôle que lui a attribué l’Empereur, qui semble dépasser celui de simple garde du corps et porte parole officiel de Son Altesse Suprêmissime (bien que la fonction de Magisterium, et les prérogatives qui vont avec, soient déjà une belle source de discussion). La rivalité latente entre l’aîné des surhommes de Pépé et la fratrie primarquielle, qui est venue après, ne sera pas sans susciter quelques folles hypothèses de la part du lecteur, et j’espère bien que l’auteur continuera sur cette prometteuse lancée dans le roman dédié à l’énigmatique Capitaine-Général. En sus, l’état des lieux dressé par Wraight du piteux état dans lequel la Guerre dans la Toile a laissé les Custodiens permet de faire le lien entre cet épisode bien couvert dans les dernières publications de l’Hérésie d’Horus et le Siège de Terra, ce qui est toujours bon à prendre. Bref, une lecture tout ce qu’il y a de plus conseillée pour celles et ceux qui prennent l’Hérésie à coeur.
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Now Peals Midnight – J. French :
INTRIGUE :
Alors que l’horloge de l’ApocalypseTM se rapproche furieusement de l’heure fatidique du début de la plus grande bataille de Warhammer 40K de l’histoire de la galaxie, le capitaine de l’équipe loyaliste décide de passer le temps avant le lancement de la clock en se dégourdissant les jambes sur le chemin de ronde qu’il a passé le dernier lustre à bâtir. Rogal Dorn, Prétorien de Terra, a beau se répéter que lui et ses gars (et filles) sont aussi prêts qu’ils puissent l’être, il est difficile d’être certain de rien alors que l’express d’Isstvan V est sur le point d’entrer en gare système, rempli jusqu’à la gueule de félons et de traîtres. Un calme de mauvais augure est d’ailleurs tombé sur Terra, comme si la planète tout entière retenait son souffle dans l’attente de l’arrivée d’Horus et de ses ruffians.
Alors que le Primarque des Imperial Fists boucle son parcours en écoutant le podcast des meilleures prédictions pessimistes et autres maximes déprimantes de l’Hérésie, depuis Malcador dans The Lightning Tower1 jusqu’à Solomon Voss dans The Last Remembrancer2, en passant par… lui-même (il le vaut bien) dans The Crimson Fist3, il fait plusieurs rencontres aussi vides de sens que lourdes d’intérêt, ou peut-être est-ce le contraire. Après avoir demandé à l’astropathe et secrétaire de direction Armina Fel d’organiser un dîner de travail avec ses frangins, il passe une tête au PC Sécurité jauger des conditions de circulation sur le périphérique solaire. Vison Buté voit noir foncé. Zut. Juste le temps de donner sa soirée à l’Amiral Su-Kassen (qui ferait bien d’en profiter pour bingewatcher la saison IV de Stranger Things, elle n’aura plus le temps après), et Jauni est déjà reparti.
Un petit aparté littéraire nous permet de faire la connaissance de Seplin Tu et de son paternel (Tur-Lu’tu), banlieusards impériaux enrôlés de force dans la milice terrane, et qui feront peut-être/sûrement une apparition dans une des prochaines soumissions de French dans cette franchise. Hello Yellow. Retour sur les remparts, où Archamus-3 et Andromeda-17 attendent l’arrivée du taulier en discutant anthropologie et philosophie. On s’occupe comme on peut. Dorn finissant par pointer ses guêtres, le Huscarl et la Devineresse lui emboîtent le pas jusqu’au lieu de rendez-vous avec Sanguinius et le Khan… qui savent déjà ce qu’il avait à leur annoncer, à savoir que la flotte du Maître de Guerre vient de se matérialiser aux confins du système solaire, prélude à la guerre du même nom. La prochaine fois, utilisez Whatsapp les gars, ça ira plus vite.
Enfin, en orbite, dans l’assiette de guerre sur laquelle il est posté, le Capitaine Katafalque reçoit un message privé signé d’un « RD » très peu protocolaire, mais qui n’en contient pas moins une information de (pierre de) taille : l’ennemi vient d’arriver. Corporate jusqu’au bout, Dorn insiste toutefois pour que l’ordre de mobilisation générale ne soit passé dans un premier temps qu’à la 7ème Légion, les White Scars et les Blood Angels bénéficiant d’un léger sursis avant d’être mis au parfum. Pourquoi ? Mystère. Mais comme on le disait chez les tribus Franc à la fin de M2 : « Avant l’heure, c’est pas l’heure… »
1 : ‘He saw this Heresy coming in his visions. That is the truth you fear. You wish you had listened…’
2 : ‘The future is dead, Rogal Dorn. It is ashes running through our hands…’ C’est moche l’auto-citation, John.
3 : ‘You’re no son, you’re no son of maïïïïïne !’ Bon c’est Genesis (We Can’t Dance), mais vous saisissez l’idée.
AVIS :
Je pense que l’apprécation de cette nouvellinette de French variera fortement selon le contexte dans lequel elle sera lue. Prise individuellement, il serait facile (et exact) de souligner qu’il ne se passe vraiment pas grand-chose dans Now Peals Midnight, Dorn se contentant de faire ce qu’il fait depuis les prémices de l’Hérésie d’Horus (The Lightning Tower, 2007) : regarder le ciel d’un air pénétré en fronçant très fort les sourcils. Cette fois-ci, c’est vréééééééééément la bonne, Rogal ! Bien sûr, il a gagné quelques souvenirs et connaissances dans l’intervalle, certains d’entre elles convoquées pour quelques lignes de dialogue, mais dans l’ensemble, rien de nouveau sous la plateforme de défense orbitale. D’un autre côté, si Now Peals Midnight est la culmination du corpus (entier ou partiel) de l’Hérésie, et que le lecteur sait que la prochaine fois qu’il recroisera la route des personnages de la nouvelle (qu’il a appris à connaître au cours de ses précédentes lectures), l’acte final de cette tragédie galactique aura débuté, il y a de bonnes chances qu’il éprouve quelques trépidations de bon aloi en parcourant ces quelques pages. Bref, comme souvent avec ce genre de production purement atmosphérique, time is the essence. J’appose donc la mention « à conserver dans un endroit frais et sec, à l’abri de la lumière, de la chaleur et de la précipitation » sur cette soumission. On connaissait la slow food, nous voilà avec du slow reading. Ce siècle est décidément étrange.
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Dreams of Unity – N. Kyme :
INTRIGUE :
« Démobilisé » comme ses camarades à la fin des Guerres d’Unification, l’ancien (dans tous les sens du terme) Légionnaire Tonnerre Dahren Heruk s’est reconverti dans le gladiatorat avec une poignée de comparses afin de joindre les deux bouts. L’Empereur n’ayant visiblement pas prévu de plan épargne retraite digne de ce nom en faveur de ses premiers prototypes de post-humains, la joyeuse bande vivote sur les maigres bénéfices des combats auxquels elle participe dans le Swathe, bidonville Terran s’étendant en périphérie du Palais de leur ancien patron. Pour ne rien arranger, les vétérans sont affligés de divers troubles physiques et psychologiques, dont une forme particulièrement vivace et handicapante de PTSD, poétiquement nommée les Rêves d’Unité, qui les mène à revivre leurs souvenirs de bataille comme s’ils y étaient, avec des conséquences généralement fâcheuses pour les quidams évoluant à proximité. Les Blood Angels n’ont vraiment rien inventés.
Ayant été témoin de la mort d’un de ses comparses (Kabe) sur le sable de l’arène, des mains d’un chrono-gladiateur au final desservi par son propre sadisme, Heruk commence sa journée par un peu de manutention, ramenant les restes mortels de son défunt collègue jusqu’au domicile de son dominus et imprésario (Tarrigata), afin de procéder au recyclage, puis à l’incinération de ces derniers. Il part ensuite à la recherche d’un autre gladiateur de l’écurie (Gairok) aux abonnés absents depuis quelques heures, ce qui n’augure rien de bon. Pris en chemin d’une crise de somnambulisme aiguë, il revient à lui dans un bar dévasté du Swathe, où Gairok1 semble avoir organisé une reconstitution hyper réaliste du siège d’Abyssna, avec les piliers de comptoir comme figurants (involontaires). Jugeant son camarade trop atteint pour qu’une autre issue soit possible, Heruk l’euthanasie la mort dans l’âme, et poursuit sa mission de porteur d’os en charriant le cadavre jusqu’au QG de la bande.
Ailleurs dans le Swathe, le SWAT impérial (see what I did there ?) se déploie à grand renfort de gadgets, sous les traits aquilins mais masqués du Custodien Tagiomalchian. Ce dernier a été chargé de trouver et de neutraliser des éléments séditieux opérant depuis les dédales mal famés du bidonville, et se montre très intéressé par le carnage commis par Gairok au café PMU du coin. Alors qu’il est occupé à faire quelques relevés en mode les Experts : Terra, il est violemment attaqué par un agresseur non identifié, ce qui coupe la transmission envers la Tour de l’Hegemon. Sus-pense.
Nous retrouvons Heruk et son poids mort alors qu’ils arrivent enfin en vue de la bicoque de Tarrigata, qui se trouve être en proie des flammes. Décidément, ce n’est pas la journée de notre heruk. Réussissant à extraire son patron des décombres au péril de sa vie, le Guerrier Tonnerre n’arrive pas à lui sous-tirer d’informations vraiment utiles quant à l’identité des petits gougnafiers responsables de cette destruction de propriété privée avant que Papy Tarri’ n’aille rejoindre la droite de l’Empereur. Supputant que l’incident ait pu être causé par une autre crise de delirium tremens du dernier de ses corelégionnaires vivants (Vezulah Vult), Heruk se met à nouveau en chasse, et parvient à débusquer Vivi dans les égouts du Swathe. Ce dernier, également à l’article de la mort, et aveuglé par un Bitch Betcher move réalisé par son assassin, refait le coup du « je meurs avant d’avoir donné la bonne info à mon pote pour préserver le suspens de l’histoire mouahaha- couic » à Heruk. Au moins, l’honneur des Guerriers Tonnerre est sauf, car ce n’est pas Vult qui a foutu le feu aux pénates de son patron. C’est déjà ça. Résolu à tirer ce mystère au clair, et désormais libre de toute obligation professionnelle du fait du décès de tous ses collègues, Heruk poursuit son avancée dans les niveaux inférieurs du Swathe…
Début spoiler…et arrive à temps pour filer un salutaire coup de main à Tagiomalchian, fort occupé à maîtriser un Alpha Légionnaire possédé et son culte de groupies, que l’on devine être responsables du saccage du Balto pendant que Gairok s’en jetait un petit, ce qui lui a fait péter les plombs, et de l’attaque des locaux de Tarrigata… parce qu’il leur devait de l’argent, peut-être ? Toujours est-il que ce sont les méchants de la nouvelle, les vrais, en plus d’avoir été impliqués dans la tentative d’infiltration du Palais Impérial quelque temps auparavant, bien sûr. Prudence étant mère de sûreté, Heruk commence par s’occuper des goons chaotiques pendant que Tag’ et Alpharius (car c’était lui… c’est toujours lui) se roulent par terre en bonne intelligence, écopant de quelques légères blessures mais se montrant si convaincant dans son approche qu’il arrive même à convaincre la meneuse adverse de se suicider plutôt que de l’affronter2. Ceci fait, il ne reste plus à notre increvable vétéran qu’à régler son compte au bossédé de fin, en partenariat avec l’Adeptus Custodes, et en écopant d’une déchirure mortelle au passage (si seulement il s’était souvenu qu’il avait piqué le pistolet à radiations de Tarrigata avant que d’engager le renégat au corps à corps… les ravages de la grande vieillesse). Herruïque jusqu’au bout, notre briscard peut ainsi tirer sa révérence la tête haute, ayant bien mérité un honorable coup de grâce de la part de son camarade de jeu. Dreams are my reality… (air connu).Fin spoiler
1 : Pour être honnête, on ne sait pas trop qui blâmer pour ces troubles de voisinage, Heruk ayant été tout aussi parti que son poto à son arrivée sur les lieux. Dans ces cas là, mieux vaut reporter le problème sur le type d’en face c’est vrai.
2 : Il faut dire que voir un colosse écumant perforer la cage thoracique de Roger de la compta’ à coup de pied ne donne pas en vie d’engager le dialogue.
AVIS :
Cette nouvelle de Kyme s’avère être assez satisfaisante, et plus qualitative que nombre de ses travaux précédents, ce qui est appréciable pour le lecteur et peut laisser à penser que notre homme s’améliore au fil du temps. Tant qu’il y a de la vie… En plus de la généreuse dose de fluff relative aux Guerriers Tonnerre dont nous bénéficions ici, le petit thriller mis en scène par Kyme quant à l’identité des proies traquées par Tagiomalchian tient plutôt bien la route, dès lors qu’on ne le regarde pas de trop près. À titre personnel, j’ai trouvé que l’auteur s’inspirait lourdement des travaux de certains collègues (le Custodes est un clone Kymesque du Tauromachian d’Abnett dans Blood Games, le crachat venimeux un emprunt au Talos d’ADB), ce qui peut peut-être expliquer pourquoi cette soumission est de meilleure facture que d’ordinaire. La tendance de Kyme à saboter l’exécution d’idées pourtant intéressantes par la non prise en compte de détails mineurs (affliction baptisée annandalisme par votre serviteur) vient toutefois fragiliser l’édifice1, ce qui est dommage mais pas surprenant. Mais on progresse, on progresse…
1 : Exemple gratuit, le chrono-gladiateur du début de la nouvelle est d’abord décrit d’une telle manière à ce que le lecteur croit qu’il s’agit d’un Custodien (ce qui ferait sens car ce sont eux qui ont massacrés les Guerriers Tonnerre sur l’ordre de l’Empereur). Ce quiproquo assez malin est affaibli par le choix de Kyme de faire de son antagoniste un tueur sadique, qui prend son temps pour tuer sa victime au lieu de l’achever efficacement. Pour un guerrier vivant littéralement sur du temps emprunté, une telle procrastination est en effet très improbable.
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The Board is Set – G. Thorpe :
INTRIGUE :
Sur le sol de cette bonne vieille Terra, les armées loyalistes se préparent à recevoir comme il se doit le retour du fils indigne et de sa bande de potes, dont on entend déjà les « boum boum boum » crachés par les enceintes de leurs Clio tunées résonner depuis le parking de la copropriété, brisant le calme légendaire du quartier1. Comme le petit vieux acariâtre qu’il est, Macaldor, après avoir balancé une ou deux références que les moins de 20.000 ans ne peuvent ni connaître, ni comprendre, s’en va en grommelant dans sa barbe psychique que Dorn est définitivement une grande et jaune godiche, et que son obsession pour les briquettes et les portails électriques n’est qu’une lubie de jeune crétin. Ca tombe bien, notez, c’est l’heure de la coinche à l’EHPAD Bon Séjour, et le Mac’ ne raterait pour rien au monde ce moment de la journée.
À peine a-t-il fini d’installer la table que son acolyte de jeu révèle (you see what I did there…) sa présence et engage sans plus tarder les hostilités. Dans les ténèbres mi-obscures du 31ème millénaire, l’antique jeu de belote se joue en effet à deux plutôt qu’à quatre, et sur un plateau de jeu avec figurines en plus du traditionnel paquet de cartes. En fait, ça ressemble furieusement à une version Shadespirée des échecs, et ça a l’air donc vachement cool, d’autant plus que toutes les pièces se trouvent être des représentations des Primarques engagés dans l’Hérésie d’Horus2. Comme à chaque partie depuis leur internement respectif, Pépé et… Mémé ? rejouent la bataille finale de l’Hérésie, avec l’Empereur dans son propre rôle et Malcador dans celui de ce fripon d’Horus. Et comme à chaque fois depuis le début de ces amicales sessions, le Sigillite constate que son adversaire passe son temps à tricher. Manipulation de la pioche, duplication de cartes, ajout de pièces non WYSIWYG en cours de jeu… s’il y avait un arbitre, celà ferait longtemps que le Maître de l’Humanité aurait mangé son ban. Malheureusement pour lui, Malky ne peut compter que sur lui même pour se faire justice, ce à quoi il s’emploie avec toute la rouerie et la malice qu’on lui connaît.
En face de lui, l’Empereur semble peu intéressé par le déroulé de la partie, et joue franchement comme une savate, seulement sauvé par sa capacité à top decker comme un porcasse avec une régularité des plus suspectes. Ajoutant l’insulte à l’outrage, il se permet même de tancer son partenaire sur son faible niveau de jeu, alors que Horus, lui, était un opposant digne de ce nom. Sans doute très fatigué par l’enchaînement des nuits blanches à pousser sur son trône (la constipation psychique est un problème commun chez les démiurges millénaires, tous les auxiliaires de vie vous le diront), Big E va même jusqu’à utiliser des mots très durs à l’encontre de son vieux comparse, au point d’arracher à ce dernier des larmes de collyre. Qu’à cela ne tienne, Malcador en a vu d’autres, et met à profit sa rogne pour sortir un enchaînement digne de Magnus Carlsen le Rouge, le laissant en position de remporter la partie au coup suivant. « Ha ha, tu l’avais pas vu venir celui-ci, bouffi » exulte notre vieillard échevelé, pas peu fier de tenir sa première victoire en 1.834.427 confrontations. Sauf que, sauf que… Sauf que l’Empereur est décidément un mauvais joueur à la main leste, et trouve le moyen de substituer à son Roi Empereur lui-même une nouvelle pièce, le Fou, qui va héroïquement se sacrifier pour lui permettre de gagner la partie. Comble de la bassesse, le Fou a la tête de Malcador, à qui il prend l’envie folle de fracasser l’échiquier sur le crâne de son suzerain.
Sur ces entrefaites, une estafette se présente à la porte, et vient apporter la nouvelle tant redoutée au Premier Seigneur de l’Impérium : la flotte d’Horus vient de se matérialiser dans le système solaire, et la plus grande bataille de l’Humanité est sur le point de s’engager. Cherchant du regard son boss, Malcador a la surprise de s’apercevoir qu’il est seul dans la pièce, et l’a apparemment toujours été, d’après le retour un peu honteux du messager, qui n’a pas osé déranger tout de suite l’aïeul vociférant qui faisait une tournante autour du plateau de jeu à son arrivée. Conclusion de l’histoire : la grande vieillesse est un naufrage, mais au moins, on ne s’ennuie pas.
1 : Et je ne rigole même pas, la nouvelle commence par un constat par Macaldor et le chef de l’Adeptus Astra Telepathica du tapage nocturne diurne warpurne généré par l’approche de la flotte traîtresse.
2 : On comprend mieux du coup pourquoi l’Empereur tenait absolument à avoir un nombre pair de rejetons. C’est mieux pour équilibrer les parties.
AVIS :
The Board is Set est une nouvelle intéressante, mais dont l’inclusion dans un BLC ne tombait pas, de mon point de vue, sous le sens. Parmi les qualités notables de cette soumission, on peut mettre en avant l’art consommé avec lequel Thorpe distille à la foi clins d’oeil aux évènements passés et à venir de l’Hérésie, à coups de manœuvres lourdes de sens des pièces sur l’échiquier et de remarques sibyllines soufflées par un Empereur plus que jamais omniscient au bras droit/fusible qu’il s’apprête à griller, mais également allusions fluffiques subtiles, sur lesquelles les fans hardlore passeront des pages et des pages à s’étriper, par les mêmes biais que ceux donnés ci-dessus. Même sans être un amateur transi du style du Gav, on peut lui reconnaître un certain talent de mise en scène de ces passages prophétiques, ce qui n’était pas gagné d’avance au vu du casting de monstres sacrés qu’il convoque.
À titre personnel, j’ai également apprécié la tirade que MoM (Master of Mankind) balance à son larbin dans le but de le mettre en rogne et de le forcer à la jouer comme Lupercal, qui est un condensé de remarques blessantes mettant en évidence que Malcador n’a été qu’un outil utilisé par l’Empereur pour arriver à ses fins, et qu’il n’aura absolument aucun scrupule à s’en débarrasser une fois qu’il n’en n’aura plus l’usage. Ce discours des plus cash trouve une résonnance particulière depuis Dark Imperium, où il est clairement indiqué la dualité de l’Empereur dans ses « sentiments » envers ses congénères : incapable d’aimer l’homme, mais absolument dévoué à l’Humanité. On peut alors se demander si les piques envoyées par Pépé ne sont pas simplement le fond de sa pensée, qu’il livre à un Malcador qui reste persuadé qu’il ne s’agit que de la manoeuvre d’un monarque bienveillant et attentionné pour lui faire donner le meilleur de lui-même. Chacun se fera sa religion sur le sujet, mais cette dualité d’interprétation est assez intéressante.
D’un autre côté, The Board is Set s’avère être l’antithèse absolue de la nouvelle à mettre dans les pattes d’un novice de la BL ! Regorgeant de sous-entendus et d’Easter eggs qui feront les gorges chaudes des lecteurs vétérans, pour peu qu’ils soient des fluffistes un minimum intéressés, cette soumission possède en effet une valeur ajoutée littéraire qui passera à 31.014 pieds au dessus de la tête du newbie. Il est plutôt probable que ce dernier ressorte du propos de Thorpe ou perplexe ou soulé par l’accumulation de mentions et notions « members only » qui lambrissent les pages d’un bout à l’autre du récit. D’une manière plus large, on peut considérer l’Hérésie d’Horus comme étant, de manière générale, une franchise trop spécialisée pour être incluse dans des ouvrages de « propagande » de la Black Library. Sans mettre en question l’intelligence et les capacités de déduction du novice moyen, je doute en effet qu’il ait la patience ou l’intérêt pour percer à jour les tenants et aboutissants de cette absconse partie de Cards against Humanity. Bref, la définition même de l’acquired taste, et en tant que tel, aussi surprenant qu’une douzaine d’huitres au fond d’un Happy Meal.
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Voilà qui conclut cette critique de ‘Heralds of the Siege’, recueil dont je ressors avec un sentiment mitigé. Si certaines des nouvelles proposées aussi sont d’un très bon niveau, et se placent parmi mes favorites de toute l’Hérésie, et que la dernière section du bouquin possède une atmosphère « veillée d’armes avant le début du siège » tout à fait plaisante, il me faut également constater qu’un bon tiers des histoires au sommaire de ce tome ne s’intègrent pas du tout ce fil conducteur, ce qui est très dommage1. On peut cependant mettre au crédit de cette anthologie sa quasi-exhaustivité en matière de factions (treize Légions de Space Marines, les deux Mechanicus, l’Armée Impériale, l’Adeptus Custodes et même les Guerriers Tonnerre) et de personnages nommés (l’Empereur, Horus, Malcador, cinq Primarques et une demi-douzaine de VIP tels que Valdor, Luther et Eidolon), ce qui devrait permettre de contenter le plus grand nombre de lecteurs, quelles que soient leurs sympathies.
1 : Et d’autant plus qu’une nouvelle qui aurait parfaitement eu sa place dans cette anthologie, ‘Restorer’ (la convalescence de Shiban Khan sur Terra) n’y figure pas alors que sa première publication date de l’été 2017.
BLACK LIBRARY 2018 ADVENT CALENDAR [40K – HH – AoS]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue des nouvelles du Black Library 2018 Advent Calendar, que je reconnais volontiers entreprendre bien tardivement (mais j’ai fait pire). Comme pour les autres chroniques du genre, il s’agira de passer au crible les histoires proposées par la BL, à raison d’une par jour, du 1er au 24 Décembre. On peut d’ores et déjà constater que le millésime 2018 était assez bien doté, avec pas moins de 18 nouvelles (complétées par six audio dramas, qui ne seront pas traités ici), provenant de quatre franchises de la GW-Fiction : 40K, Age of Sigmar et l’Hérésie d’Horus, bien sûr, mais également Blackstone Fortress1.
1 : Le panorama aurait pu être encore plus complet si les trois soumissions se déroulant à Necromunda n’avaient pas été des audio dramas.
Les auteurs mis à contribution pour cette fournée hivernale ne surprendront pas des masses les lecteurs vétérans, puisque l’on retrouvera ici des noms aussi connus que Graham McNeill, Gav Thorpe, David Annandale ou encore C. L. Werner. Pour la nostalgie, signalons également que cette série compte l’une des dernières productions du regretté Josh Reynolds pour la Black Library. Dernier détail notable avant d’entrer dans le dur, c’est à partir de ce moment que la BL a cessé (pour l’heure) de republier les nouvelles siglées Hérésie d’Horus dans des recueils tels que ‘Heralds of the Siege’ ou ‘The Burden of Loyalty’, ce qui rend la lecture de ce pot-pourri littéraire incontournable pour le fan hardcore. Voyons maintenant s’il ce dernier n’a pas perdu son temps et son argent…
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Old Wounds, New Scars – G. McNeill [HH] :
INTRIGUE :
Après s’être échappée de Molech avec homme et enfants, la pépée (Perpétuelle et Psyker) Alivia Sureka a patienté de longs mois dans des conditions de promiscuité inconfortables que le Molech’s Enlightenment traverse la galaxie pour rejoindre Terra. Alors que ça commence à sentir bon l’écurie (ou bien est-ce simplement une conséquence de mettre 30.000 personnes en vase clos pendant deux an), les nuits de celle que ses co-passagers appellent Sainte Liv – à son grand agacement, elle aurait préféré Liv Tyler – se font de plus en plus agitées. Elle rêve ainsi de sa vie passée sur ce qui n’était alors que la Terre, il y a plusieurs millénaires de cela, le tout entrecoupé de métaphores animalières où l’Empereur lui apparaît comme cerf (ce qui est toujours mieux qu’un gnou) pourchassé par une meute de loups. Pour ne rien arranger, une voix mystérieuse s’invite à intervalles de plus en plus réguliers dans sa tête, et émet des jugements de valeur tout à fait déplacés sur la qualité de ses visions. C’est beaucoup pour une seule femme, reconnaissons-le.
Pour se changer les idées et prendre des nouvelles fraîches de l’avancée du périple du Molech’s Enlightenment, Alivia décide d’aller rendre une visite de courtoisie au capitaine du vaisseau (Sulaiman). Ce dernier lui apprend que le destroyer n’est plus qu’à quelques encâblures du la porte élyséenne, un des accès principaux du système solaire, ce qui est certes appréciable, mais aussi et surtout très dangereux. Alivia doute en effet qu’un vaisseau en provenance d’un système tombé entre les griffes du Maître de Guerre soit accueilli les bras ouverts par la flotte solaire, quand bien même il ne serait occupé que par des fidèles sujets de l’Empereur, comme c’est ici le cas. Son argumentaire ne parvient toutefois pas à convaincre Sulaiman, qui la fait gentiment mais fermement mettre à la porte par son service de sécurité après que la donzelle ait aggravé son cas en engueulant tout fort la voix qui continue à geindre dans sa tête, ce qui est une chose très rassurante de la part d’un Psyker en train de traverser le Warp, comme on s’en doute.
N’ayant rien de plus urgent à faire, Alivia finit par s’isoler dans un coin pour percer à jour le mystère de la voix (sans doute bulgare, du coup), et il s’avère que c’est son ex, lui aussi Perpétuel et Psyker, John Grammaticus, qui cherchait à la recontacter. Comme la dernière fois qu’ils se sont vus, Monsieur l’a laissé enfouie sous les décombres du bar de Kaboul où le couple avait ses habitudes après qu’un malheureux tir d’artillerie ait atteint le rade, les premiers échanges sont un peu tendus. Toutefois, après avoir évoqué le bon vieux temps, et notamment ces vacances mémorables à Béziers, Grammaticus finit par cracher le morceau : il a absolument besoin de retrouver Oll Persson, qu’il a « perdu de vue » depuis les événements de Calth, et doit pourtant amener jusqu’à Terra pour servir de botte secrète à Pépé. Le perpétualisme étant un milieu assez fermé, sans doute que sa bonne amie Alivia pourra lui fournir un tuyau utile ?
À cela, la réponse simple est « non », car notre héroïne n’a pas la moindre idée d’où ce vieux Persson s’est planqué depuis Béziers (ils sont partis à trois). Mais comme Madame est une chicaneuse, elle fait croire à Grammaticus qu’elle sait où le troisième larron se trouve, mais n’est pas disposée à lui passer cette info, na. Ceci fait, elle met fin à l’échange télépathique et trouve un moyen de se représenter devant Sulaiman pour plaider à nouveau sa cause et obtenir que le retour dans le système solaire se fasse par l’entrée de service plutôt que par la grande porte. Elle arrive cependant trop tard pour empêcher le Molech’s Enlightenment de se jeter dans la gueule du loup, et, lorsqu’à peu près 78,439 vaisseaux de guerre attendant l’arrivée d’Horus et de sa flotte avec le doigt sur la gâchette du macrocanon leur balancent une volée de missiles en guise de salutation, elle se rend compte qu’elle ne tient pas tant que ça à savoir ce qu’il arrive à un Perpétuel qui se ferait réduire en cendres dans l’espace (une expérience fascinante). Fort heureusement, Johnny Grammy a le bras long maintenant qu’il est revenu aider son Pépé, et grâce à un coup de fil tête urgent et en échange de la localisation de Persson (un problème pour future her), il parvient à stopper le feu d’artifice avant qu’il ne soit trop tard.
La nouvelle se termine avec l’arrivée de la petite famille recomposée d’Alivia dans le spatioport de la Porte du Lion, et le rembarrage ferme mais poli du larbin (Khalid Hassan) envoyé par Malcador servir de taxi à la smala. Quoi de plus normal que de faire un peu de tourisme de l’apocalypse en toute liberté avant que l’état de siège soit déclaré, pas vrai ?
AVIS :
Graham McNeill se frotte à l’exercice délicat de l’arc mineur feuilletonné (ça fait classe dit comme ça), sur le modèle de ce que l’incomparable Dan Abnett a tenté, et en grande partie réussi, avec Oll Persson et John Grammaticus dans cette même Hérésie. Cela est peut-être dû à mon ignorance crasse de qui était Alivia Sureka au moment où j’ai lu pour la première fois ‘Old Wounds, New Scars’, mais je n’ai pas trouvé le résultat très réussi. McNeill nous balance certes quelques bribes sur le passé (aussi bien proche que trèèèèès lointain) de son héroïne, mais il n’a pas l’élégance ou l’efficacité d’Abnett pour aider le tout venant à raccrocher les wagons des épisodes précédents. Si on passe outre ces considérations séquentielles, l’intrigue de la nouvelle n’est pas non plus exempte de tout reproche, ou, dit autrement, est d’une simplicité et d’une linéarité absolue. On comprend à la conclusion de l’histoire qu’il s’agissait surtout pour l’auteur de positionner un de ses personnages perpétuels récurrents au bon endroit et au bon moment pour faire avancer son arc narratif1, mais je ne suis pas convaincu que dédier une nouvelle entière à cette péripétie très moyenne d’un rôle secondaire (pour le dire poliment) était absolument nécessaire.
1 : Ce qui semble avoir été le cas, Alivia Sureka reprenant du service dans ‘Fury of Magnus’.
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Blood Gold – G. Thorpe [AoS] :
INTRIGUE :
Un ost de Lames de Khorne se dirige dans le chaos et l’anarchie (logique) vers la forme imposante du Mont Vostargi, le méga-volcan du Royaume d’Aqshy ayant servi de berceau enflammé aux robustes Fyreslayers. L’arrivée des maniaques n’étant pas passée inaperçue, une armée de petits rouquins a pris position devant la Porte de la Défiance Eternelle pour leur barrer la route, sous le commandement du Père des Runes Ungrimmsson Drakkazak. Alors que les Duardin patientent avant que la mêlée ne s’engage, Ungrimmsson décide de raconter à un jeune et nerveux Vulkite les origines de la malédiction qui frappe les membres de sa Loge, et a changé la peau de ses fiers guerriers en roche en fusion (ce qui n’est pas banal, reconnaissons-le).
Durant l’Âge des Mythes, la Loge Ironfist était dirigée par un Père des Runes aussi acariâtre que déterminé, Brynnson Drakkazak. Alors que les autres Loges se satisfaisaient d’exploiter les ressources minérales de leurs montagnes natales, les Ironfists n’hésitait pas à monter des raids à travers Aqshy, et plus (loin) si affinités, afin de récupérer le plus possible du précieux ur-or disséminé à travers les Royaumes. Après tout, la reconstitution de l’intégrité physique de Grimnir ne pouvait pas être retardée par des considérations aussi terre à terre que le respect des traités et le consentement libre, informé et préalable des populations locales, pas vrai ? Cette attitude belliqueuse n’était pas appréciée des autres Pères des Runes, mais Brynnson n’étant pas du genre à écouter les jérémiades de ses pairs, les Ironfists ne restaient jamais longtemps au Mont Vostargi à se tourner les pouces.
Un beau jour, ou peut-être une nuit, se présenta un émissaire humain du nom d’Ologhor Shenk, qui annonça à l’assemblée des Pépères (un nom approprié pour cette instance suprême, à mon humble avis) venir forger une alliance avec les Fyreslayers. En échange d’une grande quantité d’ur-gold, d’une qualité particulière mais reconnue comme legit par le Seigneur des Runes de fonction, il était à la recherche d’alliés prêts à se salir les mains pour le débarrasser d’une tribu rivale, les Direbrands. Ces derniers étant des sigmarites invétérés, et donc protégés par l’alliance établie entre Sigmar et Grimnir avant que ce dernier parte en safari, l’offre fut refusée par tous les Pères des Runes présents… à l’exception bien sûr de Brynnson.
L’enthousiasme du maître des Ironfists ne tarda pas à redescendre lorsqu’il se rendit compte que Shenk n’était pas le type le plus honnête de l’univers, et que sa haine des Direbrands était sans limite. Après avoir guidé les Fyreslayers jusqu’au camp d’été de la tribu, où les guerriers humains surpris en pleine bombance se battirent vaillamment mais se firent massacrer jusqu’au dernier par les implacables Duardin, Shenk exigea de ses alliés qu’ils fassent subir le même sort à la colonie de vacances établie pour les enfants Direbrands à quelques encablures du camp des adultes. Mercenaire avec des principes, Brynnson refusa de tourner full Anakin Skywalker, et repartit vers le Mont Vostargi avec son ur-or salement gagné, laissant Shenk se débrouiller avec sa marmaille.
Cette décision ne fut pas sans conséquence, car lorsque les membres de la Loge se livrèrent au rituel de runification corporelle pour lequel les Fyreslayers sont bien connus, les effets secondaires ne tardèrent pas à se manifester. Comme vous pouvez vous en douter, le métal mystique remis par Shenk, qui était coupé avec du bronze provenant de la forteresse de Khorne, causa la peau des Duardin à se transformer en roche fondue, conséquence du déplaisir de la divinité tutélaire du fourbe émissaire devant un job bâclé par les Ironfists. Bien que l’ur-or ait gardé ses propriétés de renforcement musculaire, les Fyreslayers Ironfists furent marqués à jamais par leur association douteuse – mais involontaire, il faut leur reconnaitre au moins ça – avec une divinité chaotique.
Retour au temps présent et au périphérique vostargien, Ungrimmsson ayant terminé son histoire et les Khorneux ayant fini leur marche d’approche. Lorsque son jeune interlocuteur lui fait remarquer qu’il a narré cette légende comme s’il y avait pris part, le Père des Rune a un petit sourire triste, et révèle au Vulkite que c’est bien le cas. Ungrimmsson, ce qui signifie briseur de serment en whatever la langue des Duardin is called these days, a pris ce nom après que la malédiction se soit abattue sur sa Loge, et attribue sa trèèèèès longue vie au sens de l’humour très particulier de Khorne, qui s’est plu à prolonger les jours de celui qui a osé le défier il y a tous ces millénaires. La nouvelle se termine sur une nouvelle transaction à l’amiable entre chaotiques et Fyreslayers, la meneuse des maraudeurs balançant une bourse d’ur-or aux pieds de la (mini) Chose. On ne saura pas pourquoi les deux généraux ont trouvé malin de déranger leurs armées pour cet échange trivial, mais pour une fois que les choses ne dégénèrent pas dans les Royaumes Mortels, on ne va pas s’en plaindre.
AVIS :
Gav Thorpe reprend du service comme aède épique (l’un des rôles dans lesquels il est le plus à l’aise, et le plus « performant ») dans ce ‘Blood Gold’, et nous sert une petite histoire tout à fait satisfaisante sur la géopolitique complexe du Royaume d’Aqshy aux temps jadis. Il en profite pour faire le lien avec ses travaux chaotiques initiés dans ‘The Red Feast’, ce qui fera sans doute plaisir aux lecteurs de ce bouquin. J’ai particulièrement apprécié le portrait nuancé que fait Thorpe des Fyreslayers, qui apparaissent comme les véritables mercenaires que le background établit, et n’ont donc aucun problème à massacrer sans crier gare de lointains alliés pour peu qu’ils aient été payés au juste prix. Cela les différencie très nettement des honorables Tueurs du Monde qui Fut dont ils sont les héritiers, ce qui est une bonne chose, et donne à cette faction une complexité qui est la bienvenue dans le monde de high fantasy d’Age of Sigmar. Une réussite.
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Fire and Thunder – R. Harrison [40K] :
INTRIGUE :
Nous sommes sur Balfar, monde impérial contesté par ces mauvais sujets de Clairvoyants, et les forces impériales chargées de tenir la cité cathédrale de Whend sont en train de se faire botter les fesses de belle manière. Un début de mission ma foi fort classique pour la Commissaire Severina Raine et son régiment d’adoption (le 11ème Fusilier d’Antari), qui aiment laisser l’initiative à leurs adversaires pour mieux le contrer dans le money time. Faut croire. En tout cas, la situation ne cesse de se détériorer pour les braves soldats de la Compagnie Grise du Capitaine Yuri Hale : après avoir réussi à battre en retraite jusqu’au dernier pont tenu par les forces impériales permettant de sortir de la cité, malgré la poursuite acharnée – mais rigolarde, car les Clairvoyants passent leur temps à se gondoler comme des baleines, ce qui est doit être un peu crispant pour leurs adversaires – menée par les cultistes, nos héros sont frappés par la poisse et par un barrage d’artillerie suivi par un raid de chasseurs ennemis, qui détruit le pont, blesse une bonne partie du casting, et piège Raine et ses ouailles du mauvais côté du périphérique.
Après s’être terrés quelques temps dans une caserne abandonnée, ce qui permet au Medic de la fine équipe (Nuria Lye) de traiter les petits et gros bobos subis par ses collègues de travail, à commencer par la Psyker sanctionnée Lydia Zane, qui a payé très cher ses dernières interventions kinétiques et s’est pris quelques shrapnels dans le buffet pour ne rien arranger, les Antaris parviennent à joindre le Tacticae par radio, mais se font sèchement rembarrer par leur interlocuteur (Logun) lorsqu’ils demandent une extraction. Motif : ils ne sont plus assez nombreux (23) pour que le jeu en vaille la chandelle, et ils n’ont pas pris l’assurance dépannage premier kilomètre, en plus (grosse erreur). La Garde Impériale, toujours à mettre en avant les ressources dans « ressources humaines ». Qu’à cela ne tienne, les hardis fusiliers s’en sortiront par leurs propres moyens, et après avoir soigneusement étudié la carte de Whend, les officiers décident de tenter leur chance du côté de Deadways, soit l’ossuaire de la cité. C’est en effet ici qu’un aqueduc traverse la gorge qui ceinture la ville pour apporter de l’eau aux quartiers ouest, et il y a donc de bonnes chances pour que les Clairvoyants ne l’aient pas fait sauter (tout le monde a besoin de boire, même les cultistes de Tzeentch).
Démarre alors une excursion en terrain ennemi qui mettra à rude épreuve le moral, la discipline et les capacités martiales des rescapés. En plus des attaques récurrentes des Clairvoyants, à négocier avec des blessés de plus nombreux (et blessés) et un stock de munitions qui baisse à vue d’œil, le spectacle des exactions commises par les Clairvoyants sur les habitants de Whend et sur les malheureux Gardes qui sont tombés entre leurs mains refroidit considérablement l’enthousiasme de nos bidasses. Pour ne rien arranger, le Sergent Daven Wyck lutte contre une addiction dévorante aux drogues de combat, et lorsque sa dernière dose se brise malencontreusement alors que les réjouissances viennent de commencer, il en est quitte pour une descente très malaisante. À tel point qu’il manque d’en venir aux mains avec le Capitaine Hale après avoir perdu un jeune membre de son escouade sur un booby trap qu’il n’a vu que trop tard, et dont il se reproche donc le décès tragique. Ce sont des choses qui arrivent, mais quand Severina Raine regarde, seulement une fois. Se sachant en sursis, Wyck se tiendra à carreau pour le reste de la mission, et sauvera même ses petits camarades lors de l’arrivée du boss de fin (un Thunderbolt chaotique) grâce à un tir exceptionnel avec le fusil de sniper qu’il a looté sur un cadavre d’officier, quelques heures plus tôt1.
Au terme d’un parcours éprouvant, la fine équipe parvient à rejoindre ses pénates, avec des effectifs très réduits (13/23), mais sans avoir perdu un seul personnage important dans l’affaire. Même l’increvable Zane s’est courageusement accrochée à son dernier point de vie, et pourra donc être remise sur pied pour servir à nouveau l’Empereur. Ce n’est toutefois pas la fin de la journée de l’infatigable Raine, qui sitôt sortie de l’hopital de campagne, se rend au Tacticae pour faire son rapport…
Début spoiler…Et surtout pour confronter notre ami Logun, qui, après vérification de la part de l’exacte Commissaire, a donné l’ordre de bombarder la zone où se trouvait Raine et ses troupes en début de nouvelle. Mis devant ses responsabilités, l’officier reconnaît ses fautes2 mais plaide l’honnête boulette (honestus bulletius en Haut Gothique) consécutive à des longues heures de travail et une climatisation défaillante – il fait chaud sur Balfar, car la planète a deux soleils. Cela fait doucement rigoler Raine, mais elle se contente de demander à Logun de lui lire la liste des Antaris tués par sa faute, avant de laisser son interlocuteur méditer sur sa tragique erreur. Une preuve de mansuétude ? Pas vraiment, Raine ayant pris soin de passer l’information à ses collègues du Commissariat rattaché au haut commandement des opérations sur Balfar. Il n’y a plus qu’à laisser la justice faire son trav- BANG.Fin spoiler
1 : Même si le nom de l’officier en question n’est pas donné, je parie ma paie qu’elle s’appelait Tchekov.
2 : Ce qui est toujours plus classe que ce qu’a fait le Général Sturm aux Fantômes de Gaunt pendant le siège de Voltis City.
AVIS :
Rachel Harrison s’impose plus que jamais comme la nouvelle référence en matière de littérature de guerre (spécialité : Garde Impériale) avec ce très complet ‘Fire and Thunder’, qui place l’inflexible Commissaire Raine et une poignée de personnages secondaires (Wyck, Hale, Zale, Cris, Lye) dans un beau pétrin, et laisse ce beau monde se débrouiller pour retrouver le chemin du baraquement, ce qui ne tient évidemment pas du parcours de santé. En plus de regorger de scènes d’actions nerveuses et violentes, ce qui permet de maintenir une tension narrative optimale1, cette nouvelle fait gagner une belle profondeur au Sergent Daven Wyck, dont la lutte contre ses démons personnels (don’t do drugs, kids) constitue une intrigue secondaire tout aussi prenante que la mission d’exfiltration par les catacombes qui occupe le cœur de notre propos. Harrison parvient également à développer/rendre attachants quelques autres membres de la garde (impériale) rapprochée de Miss Raine, à commencer par la Psyker hémophile Zane – qui s’en prend vraiment plein la tronche d’un bout à l’autre de l’histoire – mais également la Medic Nuria Lye (et ses rapports complexes avec Wyck) ou encore la rigolarde mais explosive ingénieure Yulia Crys. On termine ‘Fire and Thunder’ avec une envie pressante de connaître la suite des arcs savamment mis en lumière par Rachel Harrison, ce qui est une marque indéniable de réussite. Un très bon cru.
1 : Un peu amoindrie quand on sait que plusieurs personnages disposent d’une armure en scenarium, mais Harrison réussit tout de même à nous intéresser au sort des seconds couteaux de cette petite escapade en terrain ennemi, ce qui est la marque d’un auteur compétent.
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Man of Iron – G. Haley [40K] :
INTRIGUE :
Alors qu’il se reposait rechargeait tranquillement dans la soute du vaisseau qu’il partage avec les jumeaux Ratlings Raus et Rein, UR-025 est réveillé mis en marche par l’intrusion d’un de ces petits parasites, lui annonçant l’arrivée de visiteurs souhaitant s’entretenir avec lui. Dont acte. Les individus en question se révèlent être un trio d’adeptes du Mechanicus de rang minable et d’intentions peu charitables, escortés par un vieux modèle de Kastelan pour faire bonne mesure. Ayant appris l’existence d’UR-025, et n’avalant qu’à moitié son histoire de contrôle à distance par un Magos surdoué (comme la plupart des gens à qui le robot a livré cette expédition, pour être honnête), les trois desperadeptes ne souhaitent rien de moins que kidnapper le mystérieux cyborg pour leur propre profit. Il ne faut pas longtemps à UR-025 et ses systèmes perfectionnés d’homme de fer pour comprendre de quoi il en retourne, mais problématiquement, il ne peut pas refuser de but en (métal) blanc d’accompagner ses visiteurs dans leur projet d’escapade dans la Forteresse Noire. Il est censé être après tout un robot dénué de libre arbitre, et les accords liant les mondes forges de Ryza (où vit le Magos imaginaire que notre héros s’est donné comme patron) et Metallica (planète d’origine des forbans) ne lui laissent pas d’autres choix que de s’exécuter.
Fort heureusement, UR-025 a plus d’un programme dans sa banque de données, et entraîne ses nouveaux amis dans une partie tranquille de la Forteresse, sous couvert de les mener sur un filon de xenotech, où une franche explication sera plus facile que dans l’agitation de Precipice. Les cris stridents annonçant l’arrivée prochaine d’une meute d’ur-ghuls affamés, et les effets que ces signes avant-coureurs ont sur les nerfs fragiles des renégats, signalent à l’androïde que la récré est terminée. Profitant de la confiance mal placée que ses kidnappeurs lui accordent, UR-025 descend froidement ses compagnons les uns après les autres, révélant sa véritable identité au dernier survivant de la bande avant de le terminer à son tour. Ceci fait, il ne reste plus à notre indéboulonnable homme de fer qu’à prendre le chemin du retour, afin de pouvoir continuer sa mise en charge bien méritée. Moralité : Metallica, ce n’est pas toujours plus fort que toi.
AVIS :
Petite nouvelle sans prétention de la part de Haley, ce Man of Iron n’en est pas moins sympathique, la maîtrise narrative de l’auteur se doublant d’une mise en scène intéressante de son protagoniste, qui peut sans doute prétendre au titre de « personnage de Blackstone Fortress au fluff le plus intéressant ». Diantre, ce n’est pas tous les jours que l’on a affaire à un authentique homme de fer, même si « l’aventure » à laquelle il participe tient plus de l’esquive de démarcheur de rue que de la fresque épique révélant les origines de cette relique ambulante (qui se vante d’avoir rencontré le véritable Omnimessie – c’est à dire pas l’Empereur – aux cours de ses pérégrinations). Guy Haley arrive à insuffler à UR-025 une personnalité de vieux ronchon désespéré par la tournure prise par les événements au cours des derniers millénaires, et forcé de jouer au robot stupide – ce qui est souvent assez drôle – pour éviter d’attirer les soupçons sur qui il est vraiment. Le résultat, à défaut d’être mémorable, est tout à fait correct, et on se prend à rêver d’une éventuelle rencontre entre UR-025 et Bellisarius Cawl, et du dialogue qui s’en suivrait…
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The Deeper Shade – C. L. Werner [AoS] :
INTRIGUE :
Quelque part sur le littoral luxuriant de Ghyran, la bande d’affreux du sorcier Thalinosh de Charr se prépare à explorer un donjon un peu particulier. La cible des cultistes est en effet la Griffe de Mermedus, une aiguille rocheuse fermement plantée dans une baie isolée de la côte ghyranite, et que les locaux évitent avec soin du fait de son effroyable réputation. Comme le confirme le vieux prêtre de Sigmar que Thalinosh a capturé pour lui servir de guide, un fantôme assoiffé de sang moelle hante les lieux et attaque tant les hommes que les navires ayant la mauvaise idée de s’aventurer sur son territoire. Il en faut cependant plus pour décourager notre héros, car c’est ici-même que son apprenti fugueur (Gratz) a perdu une relique que le sorcier souhaite absolument récupérer, spectre grognon ou pas.
Accéder à la grotte où le monstre, que Thalinosh suppose avec raison être désormais l’heureux détenteur de son bien, se prélasse ne sera pas chose facile, la caverne se situant à la base de la Griffe et étant donc submergée par les eaux. Il en faut toutefois plus pour décourager le sorcier, qui grâce à un ingénieux dispositif de digue (magique) et de pompage (magique aussi), parvient à mettre la base de l’aiguille en cale sèche, au modique prix de la vie du prêtre et de son chenapan d’apprenti. Ceci fait, il emmène ses fidèles suivants, commandés par l’homme-bête Sharga et la guerrière Borir, faire un peu de spéléologie marine.
Au bout d’une marche d’approche sans autres désagréments qu’un pantalon trempé et une persistante odeur de limon, la fine équipe arrive au cœur de la Griffe, où tout semble indiquer que le mystérieux fantôme a pris ses quartiers. Le sol est en effet jonché d’ossements rongés et de trésors boueux, et lorsque le trio de goons qu’il a envoyé à l’avant-garde est attiré sous la surface par un invisible assaillant, il est temps pour que le boss fight que l’on devinait se profiler à l’horizon se déclenche. Envoyez la musique…
Début spoiler 1…L’adversaire auquel Thalinosh et Cie font face se révèle être un Krakigon adulte, soit le fruit des amours interdits entre un kraken et un caméléon. Si les capacités mimétiques de la bête compliquent dans un premier temps son ciblage par nos aventuriers trempés jusqu’à l’os, la magie de Thalinosh permet de jeter une lumière crue sur l’ennuyeuse bestiole, et de révéler que dans grande coquetterie, elle porte l’éclat de shadeglass dérobé par Gratz à son tuteur en sautoir. Au bout d’un combat éreintant au cours duquel tous les personnages non nommés finissent éclatés sur les parois de la grotte ou dévorés par la bête, l’intrépide Sharga parvient à arracher le précieux du maître au caractériel calamar, avant que ce dernier ne se fasse écraser par un pan de falaise que ses tentaculaires gesticulations avaient dérangé. Voilà une affaire rondement menée…
Début spoiler 2…Mais cela est sans compter la perfidie naturelle des Disciples de Tzeentch, bien sûr. Borir trahit donc ses comparses et arrache le précieux éclat des doigts raidis par la mort du pauvre Sharga après lui avoir planté sa dague rituelle dans le cœur. Elle révèle à Thalinosh avoir fait un pacte avec le rival de ce dernier, l’infâme Carradras (qui s’est enfin réveillé, il faut croire), et, confiante dans l’état de fatigue avancé de son ancien patron après les efforts consentis pour venir à bout du Krakigon, lui expédie sa dague en pleine poitrine pour faire bonne mesure. En cela, elle commet une grave erreur, comme lui souffle ce rusé de Thalinosh, car c’est le sortilège du sorcier qui empêche les eaux d’engloutir la grotte où ils se trouvent. Réalisant sa boulette, Borir se lance dans un sprint éperdu en direction de la sortie, laissant Thalinosh seul dans la caverne, mais moins mal en point qu’il n’y paraissait. La dague avec laquelle la traitresse l’a frappé étant un athame qu’il a lui-même confectionné, il ne pouvait être blessé par ce projectile. Mouahahaha. Trop fatigué pour donner la chasse à son acolyte, il claque ses dernières réserves de mana dans un sort de vol afin de sortir de la Griffe par le trou dans le plafond obligeamment aménagé par le Krakigon dans son agonie, et a la satisfaction de voir Borir se faire submerger par les vagues lorsqu’il met fin à son enchantement. Qui sait, peut-être qu’il trouvera ce qu’il cherche lors de la prochaine marée basse ?Fin spoiler
AVIS :
C. L. Werner revisite l’archétype de la nouvelle d’heroic fantasy, la bande d’aventuriers en quête d’un artefact mystique gardé par un monstre patibulaire, en mettant en scène une bande de cultistes de Tzeentch plutôt qu’un groupe à l’allégeance plus neutre. Le résultat est tout à fait satisfaisant, même si assez convenu, Werner ayant assez de métier pour rendre une copie de qualité. Un filler très honnête.
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Abyssal – D. Annandale [HH] :
INTRIGUE :
Où il sera question du Psyker Aveth Vairon, cueilli comme la rosée du matin par l’équipage d’un Vaisseau Noir alors qu’il cherchait à évacuer sa planète natale (Kithnos) avant l’arrivée d’Horus et de ses renégats. N’ayant pas perdu tout fighting spirit malgré les conditions de détention épouvantables qui sont les siennes, et persuadé que le destin (qui se manifeste dans son cas particulier par l’apparition d’une rune bien particulière dans son champ de vision) finira par lui sourire, Vairon convainc deux de ses co-détenus de monter une insurrection contre l’équipage de l’Irkalla, initiative généreuse mais mise en échec par l’arrivée de la première Sœur du Silence venue. Saleté de Parias.
Jeté au mitard en punition de son rôle d’objecteur de conscience, Vairon est toutefois rapidement tiré de sa cellule par ses complices, après que le Vaisseau Noir ait été attaqué par un ennemi inconnu, permettant au trio d’échapper à l’attention des gardes et de libérer une autre détenue placée à l’isolement en raison de sa dangerosité. Celle que nous surnommerons la cantatrice chauve du fait de son physique particulier et de sa voix de stentor doit servir de ticket de sortie à Vairon et ses camarades (Cassina et Harvus), d’après le pressentiment confus que le premier éprouve en sa présence. Bien aidé par ses pouvoirs de Banshee (elle hurle dès qu’elle se sent menacée, avec des effets radicaux sur les malheureux qui lui font face) et le GPS psychique de Vairon, le petit groupe parvient à naviguer dans le dédale des coursives, et se rapproche de la section du vaisseau où sont stockés les modules de survie. Une stratégie de court terme, certes, mais on ne peut pas reprocher à des Psykers de vouloir quitter un Vaisseau Noir par tous les moyens, et de réfléchir à la suite des opérations plus tard.
Manque de bol, Vairon and friends croisent la route d’une Sœur du Silence solitaire alors qu’ils touchaient au but, et l’aura anti-psy couplée au pistolet bolter de la nouvelle arrivante se révèlent être fatals à Cassina, Harvus et à Miss Grandgousier. Miraculeusement épargné par les bolts, Vairon ne donne toutefois pas cher de sa chère personne, et aurait sans nul doute fini éparpillé façon puzzle à son tour n’eut été l’intervention décisive de mystérieux sauveurs…
Début spoiler…Une escouade de Word Bearers débarque en effet sur les lieux du cri(me), et règle rapidement son compte à la Sœurette isolée. Vairon réalise alors avec horreur que la fameuse rune qui a guidé sa vie pendant toutes ces années n’était en fait qu’une décoration de l’armure du frère Jean-Firmin, 734ème Compagnie, et qu’il s’est fait des plans sur la place que la DESTINEE lui avait réservé dans le grand ordre des choses. Une chose est sûre, ses talents vont être utilisés à plein potentiel, mais sans doute pas d’une manière qui le satisfasse beaucoup…Fin spoiler
AVIS :
Onze pages, c’est un format exigeant pour écrire une nouvelle intéressante, et ayant pratiqué la prose de David Annandale plus qu’à mon tour, j’avais inconsciemment placé la barre assez basse sur cet ‘Abyssal’ dès la réalisation qu’il s’agissait d’un très court format. Et je n’ai pas été déçu (et donc j’ai été déçu). S’il serait mesquin de ma part de pointer la simplicité de l’intrigue, qui est directement reliée au nombre de pages que l’auteur peut consacrer à étoffer son histoire, je serai en revanche moins conciliant sur le choix d’Annandale de mettre en avant un personnage (la femme sans visage), pour au final le bazarder comme un malpropre et sans que le soin consacré à le faire ressortir du lot ne serve à grand-chose. De plus, et c’est assez ironique pour un texte aussi court, j’ai trouvé la préparation du (mini) twist final trop longue, ce qui amène le lecteur à deviner ce qu’Annandale avait derrière la tête deux paragraphes avant qu’il révèle le fin mot de l’histoire. ‘Abyssal’ n’est pas abysmal (je reste mesuré, même si le jeu de mots était tentant), mais il ne mérite pas vraiment le détour.
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Acts of Sacrifice – E. Dicken [AoS] :
INTRIGUE :
La situation n’est pas fameuse pour les templiers de l’ordre de l’Étoile Ardente, dédié à cette bonne vieille Myrmidia. Assiégés dans leur forteresse par la horde de Sulkotha Godspite, championne de Khorne au physique impressionnant, ils ont résisté avec vaillance pendant des semaines mais la sauvagerie et le nombre de leurs adversaires ne laissent que peu d’espoir aux derniers rescapés quant à la conclusion de cet affrontement. Leur Grand Maître (Vaskar) tombé au champ d’honneur la veille, et sans aucune nouvelle de l’émissaire dépêché en début de siège quérir l’aide des Fyreslayers de la Loge Hermdar, la commandante par intérim Anaea se résout à tenter le tout pour le tout et à monter une sortie pour rejoindre le Drakemount, un autre bastion de l’ordre situé à quelques jours de voyage sur le plateau de Flamescar. Malgré la réticence de son second Karon, un chevalier old school tout prêt à donner sa vie pour l’honneur et la gloire dans un dernier carré futile, Anaea convainc ses troupes d’abandonner aux Khorneux la possession du terrain, et les Myrmidions se lancent à l’assaut des barbares braillards, juchés sur leurs fidèles demidroths.
Au prix d’une mêlée furieuse pendant laquelle Karon et Godspite croisent le fer et l’indispensable Anaea récupère la bannière de l’ordre au moment où elle allait tomber 1) par terre et 2) à l’ennemi, les templiers parviennent à transpercer les lignes ennemies et à s’enfuir dans le Désert de Verre, gardant l’accès au Drakemount. Le voyage est éprouvant pour les chevaliers lézardiers, plus d’un succombant à ses blessures ou à l’impitoyable soleil d’Aqshy, tandis que les meutes de molosses mutants (check l’allitération) que Godspite utilise comme éclaireurs harcèlent les rescapés. Lorsque la forteresse tant attendue se profile enfin à l’horizon, Anaea entraîne ses troupes dans un dernier élan vers la sécurité du bastion allié, où ils pourront enfin se reposer avant que les hostilités recommencent…
Début spoiler…Mais c’était sans compter sur l’omniprésence de l’ennemi (on ne l’appelle pas Chaos universel pour rien), qui a attaqué la forteresse et passé sa garnison par l’épée il y a de cela plusieurs mois, à en juger par l’état des cadavres que les templiers découvrent sur place. La horde de Godspite n’étant qu’à quelques heures de marche du Drakemount, et sans autre plan de rechange à disposition, c’est au tour de Karon de faire valoir ses arguments, et de résoudre ses compagnons d’armes de vendre chèrement leur vie dans les ruines de la citadelle. Cette décision suicidaire n’est toutefois pas du goût d’Anaea, déterminée à faire survivre son ordre à tout prix, et en solitaire s’il le faut. Cette traditionaliste acharnée s’éclipse donc par une poterne (toujours avec sa précieuse bannière, parce que why not) avant l’arrivée des Khorneux, et bien qu’elle doive rabrouer quelques vilains doggos en route vers sa prochaine destination, elle parvient à nouveau à s’échapper de la nasse chaotique. La nouvelle s’achève sur sa contemplation, forcément morne et déchirante, de l’ultime bataille livrée par son ordre, avant qu’elle ne reparte en direction d’un nouveau foyer. Que font les Stormcast Eternals quand on a besoin d’eux ?Fin spoiler
AVIS :
‘Acts of Sacrifice’ fait partie de ces nouvelles qui se terminent et laissent un fort goût d’inachevé à leurs lecteurs. C’est d’autant plus dommage qu’Evan Dicken avait réussi à rendre intéressant son histoire de dernier carré désespéré, notamment grâce à une personnification réussie des personnages principaux. La terrible Sulkotha Godspite (et sa chaîne magique) n’aura donc pas le droit au combat épique auquel elle semblait pourtant promise, ce qui est particulièrement dommage. Même si l’histoire racontée par Dicken tient la route, et offre même une variété bienvenue par rapport aux happy/glorious endings qui forment la majorité du corpus de la GW-Fiction, je reste convaincu que la conclusion aurait pu et dû être plus soignée, pour un résultat plus satisfaisant1.
1 : À moins qu’il ne s’agisse d’une sorte de prologue à un arc plus large, au cours duquel Anaea aurait la chance de se venger de sa Némésis. Mais pour le moment, rien de tel n’a été publié ou annoncé par la Black Library.
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The Son of Sorrows – J. French [40K] :
INTRIGUE :
Sur une planète banale, une secte impériale l’étant tout autant a commis la singulière et fatale erreur de franchir une des lignes rouges de l’Inquisition : capturer des Psykers (ok) et les torturer (ok) pour obtenir des bouts de prophéties (HERESIIIIIIE !!!). Mettez vous bien ça dans la tête, mécréants : le loto doit rester un jeu de hasard, sinon comment voulez vous que les Seigneurs de Terra financent les opérations de la Garde Impériale, hein ? L’affaire ayant été remontée jusqu’à l’Inquisiteur Covenant, ce dernier décide d’envoyer une de ses nouvelles recrues, l’ex Sergent des forces spéciales Koleg, faire un exemple des Chercheurs de la Vérité Incandescente (le petit nom de la secte), sur le lieu même où ils ont monté leur sinistre opération : la cathédrale Saint Raymond des Charentaises.
On suit donc Koleg depuis sa préparation méthodique dans la cellule qui lui sert de chambre, après que la brave Viola von Castellan, qui entre autres tâches s’occupe des ressources humaines pour le compte de son patron, lui ait transmis le briefing de la mission, jusqu’à l’exécution de cette dernière. Déployé comme la one man army qu’il est, Koleg sait qu’il doit faire un exemple des pécheurs et utilise pour ça un armement bien spécifique : un lance grenade balançant des bombinettes à fumée saturée de LSD et d’agent phobique (pour faire littéralement halluciner ses victimes et les mener à se retourner les unes contre les autres) d’une part, et un pistolet à chevrotine d’autre part (ça sert toujours). Ah, il utilise aussi une sorte de porte manteaux rétractable à un moment, mais je serai bien infoutu de vous dire à quoi ça lui a servi1. Toujours est il que le K. nettoie la place avec l’efficacité des grands professionnels, même lorsque l’un des Psykers gardés au frigo par les hérétiques s’invite à la fête après qu’une grenade ait défoncé son aquarium amniotique.
En parallèle, nous avons droit à quelques flashbacks retraçant les événements ayant mené notre héros à rejoindre la team Covenant. On apprend ainsi que Koleg avait un frère (Kesh) avec lequel il partageait la passion de la fauconnerie, et qui est mort tragiquement après qu’une bombe au napalm soit tombé sur leur maison. Bien des années plus tard, un Koleg adulte et engagé dans la Garde Impériale battit son Capitaine comme plâtre après que ce dernier se soit trompé dans les coordonnées d’un raid incendiaire, ayant sans doute fait des victimes civiles et triggered Koko. Un tel crime ne pouvant rester impuni, Koleg s’attendait à être exécuté sans sommation par le Commissaire le plus proche, mais par un heureux hasard, un homme de main de Covenant (peut-être Josef) passait dans le coin et proposa au soldat dépressif de rejoindre l’Inquisition. Koleg accepta à la condition d’être débarrassé de son spleen persistant, et comme une psychothérapie coûte apparemment trop cher pour l’Inquisition, il fut à moitié lobotomisé par ses nouveaux copains à la place. Résultat : il n’est plus capable de ressentir aucune émotion, ce qui peut avoir ses bons côtés je suppose. Comme dit le proverbe, keep calm and purge on…
1 : Et je ne suis pas le seul apparemment.
AVIS :
Parmi la foultitude de suivants de l’Inquisiteur Covenant, le taciturne Koleg est sans doute le moins remarquable, son statut de simple gros bras chargé des basses besognes ne lui permettant pas de voler la vedette aux seconds couteaux les plus fantasques, stylés ou particuliers du Francis Lalanne de l’Ordo Malleus. Cela n’a pas empêché l’aimable John French de donner à cet humble personnage un début d’origin story, convenablement mystérieux1 et résolument tragique, ce qui est approprié pour un type évoluant dans un univers grimdark. À vrai dire, ce sont les flashbacks retraçant le parcours de Koleg qui m’ont le plus intéressé, le récit de sa mission « Epouvantail » dans la cathédrale squattée par les cultistes ne révolutionnant pas le genre du bolt porn, et j’aurais donc apprécié que French passe plus de temps à détailler le passif du pseudo Space Marine (après tout, lui non plus ne connaîtra plus la peur) plutôt qu’à le décrire en train de gazer de l’hérétique. Pas la meilleure nouvelle horusienne de notre homme, mais tout de même sympathique. Tous avec moi : Heeeeee’s a maaaaaan of constant sooooorrooooooow…
1 : J’ai compris qu’il a tabassé son Capitaine parce que l’erreur que ce dernier a commise lui a rappelé le tragique destin de sa propre famille, mais peut-être qu’il s’agit du même accident.
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A Lesson in Iron – D. Guymer [HH] :
INTRIGUE :
S’il y a une chose que Ferrus Manus, paix à son âne, détestait, c’était bien perdre du temps. Aussi, sitôt réuni avec sa Légion, engagée dans le démantèlement de l’empire de rouille ork, le Primarque tint à imposer sa marque sur ses Légionnaires. Nous rejoignons ainsi l’impulsif M. Manus alors qu’il fait la chasse de quelques vaisseaux peaux vertes ayant survécu à la colère de l’Imperium, et qu’il compte bien détruire afin d’obtenir la complétion à 100% de sa mission, et ainsi prouver à l’univers qu’il vaut mieux que ces poseurs d’Horus et de Russ1. Et tant pis si ces couards d’Orks décident de foncer coque baissée dans une faille Warp qui flottait par là pour échapper au courroux de l’Astartes, et que personne n’a jamais été assez timbré du côté impérial pour se risquer dans ce genre d’environnement chelou. Ferrus, et son Fist of Iron, seront les premiers à tenter le coup. Encore un record à mettre au crédit du Primarque qui en voulait.
Ferrus n’est pas seul sur le pont de son vaisseau amiral alors que ce dernier réalise le premier fistage d’une faille Warp. Il est accompagné de deux Sergents vétérans, le Terran Harik Morn et le Medusan Gabriel Santar, tous deux pressentis pour devenir son bras droit. Alors que le Fist of Iron s’enfonce dans le trans Materium comme s’il s’agissait de caramel mou, avec des effets funky sur les appareils de navigation, comme on peut l’imaginer, les auspex détectent soudain des silhouettes de vaisseaux à proximité. Il s’agit des kroiseurs orks, mais également d’un nouvel arrivant, qui n’avait pas été identifié pendant la poursuite dans l’espace réel. Point commun : tous ont été réduits à l’état d’épave, et dans un passé lointain qui plus est. À la grande surprise des impériaux, il semble que le vaisseau en question appartienne à la 10ème Légion, ce qui hautement improbable mais pas totalement impossible. Pragmatique comme toujours, Ferrus Manus décide d’aller y jeter un œil.
Alors que les pauvres grunts qui forment son escorte découvrent avec émoi 1) l’existence de Démons et 2) s’il y a une vie après la mort, le Primarque et ses comparses arrivent jusqu’au pont du vaisseau mystère, où les attend un cadavre desséché de Space Marine. Ce dernier porte les marquages d’un Iron Hands, mais, au grand dégoût de FM, il semble avoir terminé sa carrière plus machine que (sur)homme, au vu de toutes les augmétiques et bioniques que la dépouille arbore. C’est le Tech-adepte qui accompagne la fine équipe qui finit par proposer l’hypothèse la plus intéressante pour expliquer ce répugnant mystère : l’épave sur laquelle ils se trouvent est un vaisseau des Iron Hands provenant du futur, transporté dans le passé par les caprices du Warp.
Avant que la nouvelle n’ait pu être digérée par l’assemblée, une palanquée de Démons se manifeste (dans tous les sens du terme) sur le pont, et forcent nos héros à – enfin – faire usage de la force. Si ce bogoss de Ferrus s’illustre à grands coups de marteau, ses subalternes sont plus à la peine. Surpris par les nouveaux arrivants, Santar se fait ainsi arracher le bras gauche par une Bête de Nurgle joueuse, tandis que Morn est submergé par des Horreurs rigolardes. Le premier réussit toutefois à marquer des points auprès du Primarque en retournant dans la mêlée sitôt ses esprits recouvrés, tandis que le Terran se contente de haleter comme un bébé phoque sur la banquise. Avant d’ordonner une retraite tactique vers le Fist of Iron, ignorant les avis de ses sous-fifres de rester pour looter de la technologie futuriste, et/ou défendre une relique de la Légion, Ferrus tranche en son for intérieur : ce sera Gaby qui deviendra son Ecuyer et 1er Capitaine. C’est dit.
1 : C’était l’époque de la Grande Croisade où tous les Primarques avaient un nom qui rimait avec « platypus », l’animal préféré de Pépé.
AVIS :
Petite nouvelle fort sympathique consacrée par leur spécialiste incontesté, David Guymer, aux Iron Hands et à leur Primarque caractériel, ‘A Lesson in Iron’ se paie le luxe de nous présenter en quelques lignes la prise de fonction de Ferrus Manus au sein de sa Légion (choix du 1er Capitaine, et autres révélations fluffiques intéressantes incluses), combiné avec une savoureuse mise en abîme du futur qui attend le Chapitre dans quelques millénaires. Le fait que les améliorations bioniques répugnent au plus haut point l’homme aux mains de fer n’est pas une nouveauté à ce stade, mais Guymer parvient tout de même à surfer sur cette iron-ie de façon tout à fait satisfaisante. Le pauvre Ferrus Manus aura soupé de prémonitions malheureuses car jamais utilisées pour modifier la destinée pas vraiment enviable attend ses fils et lui-même à la sortie de la Grande Croisade, et on en a encore un exemple ici. Ca reste plus distrayant à lire que la moyenne des soumissions de la BL, donc pourquoi cracher dans soupe ?
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A Dirge of Dust and Steel – J. Reynolds [AoS] :
INTRIGUE :
À la recherche de la légendaire cité corbeau de Caddow et de son Portail des Royaumes reliant à Shyish à Azyr, une petite force de Stormcast Eternals de la Chambre Vanguard des Hallowed Knights (soyons précis) a conclu un pacte avec les Duardin de Gazul-Zagaz, seuls à connaître l’emplacement de cette ville mystérieuse1. En échange de leur aide contre les hordes du Gardien des Secrets Amin’Hrith, connu sous le nom d’Ecorchâme, les nabots dépressifs (leur royaume est en ruines, leur Dieu s’est fait bouffer par Nagash et l’âme de leur dernier prince sert de skin au démon de Slaanesh) mèneront les guerriers du Lord Aquilor Sathphren Swiftblade jusqu’à bon port. Jamais le dernier à rendre service à son prochain, notre héros accepte bien entendu cette généreuse proposition, et se fait fort d’entraîner ce fât d’Amin’Hrith dans un piège ingénieux.
Ayant réussi à capter l’attention des Hédonistes, probablement en leur faisant remarquer que leurs soieries avaient fait fureur à Ghur il y a trois saisons de celà (ce qui, pour une fashionista des Royaumes Mortels, est une insulte mortelle), les prestes cavaliers de Sigmar emmènent leur nouveaux amis dans une course éperdue à travers les dunes, jusque dans les ruines de Gazul-Zagaz, où les attendent de pied ferme (et depuis un petit moment apparemment, à en juger par l’épaisse couche de poussière qui les recouvre) les guerriers Duardin. S’en suit une bataille des plus classiques, illustrant de fort belle manière l’intérêt de se rendre au combat avec une armure de plates et non une combinaison en viscose, dont le point culminant sera le duel entre Swiftblade et Amin’Hrith dans le temple de Zagaz, où le rusé Stormcast s’emploiera à faire un boucan à réveiller les morts…
1 : On peut donc dire qu’ils ont une carte Caddow. Mouahahaha.
AVIS :
À l’heure où cette chronique est écrite, Josh Reynolds est probablement le contributeur principal de la BL en matière de contenus siglés Age of Sigmar. Une telle prodigalité ne pouvant évidemment pas être synonyme de qualité exceptionnelle à chaque soumission, il est en somme tout à fait logique que certaines des nouvelles rédigées par notre homme ne s’avèrent pas être d’une lecture des plus passionnantes. C’est le cas de ce A Dirge of Dust and Steel (on me passera l’usage du titre original, à la fois plus poétique et plus élégant que le monstre qu’il est devenu en VF), qui se trouve être une nième variation du topos le plus employé de cette nouvelle franchise : la baston de Stormcast Eternals contre les forces du Chaos1. On pourra certes m’opposer que cet épisode particulier se distingue des dizaines qui l’ont précédé par l’emploi d’une Chambre relativement nouvelle (Vanguard), d’un héros inédit (Sathphren Swiftblade) et d’un environnement exotique en diable (l’Oasis de Gazul, en Shyish). Ce à quoi je répondrai que les Vanguard ne sont « que » des Stormcast sur demi-gryffs, et ne conservent de fait que très peu de temps l’attrait de la nouveauté. Swiftblade a quant à lui l’originalité d’une boîte Barbie et son Cheval, même son côté grande gueule n’étant plus vraiment novateur depuis l’arrivée d’Hamilcar Bear-Eater sur le créneau « humoristique » des SE. Pour terminer, Gazul a depuis lors sans doute rejoint l’interminable liste des lieux des Royaumes Mortels dans lesquels plus personne ne reviendra jamais, et ne mérite donc pas que l’on s’y intéresse plus que de mesure.
Non, pour ma part, la seule vraie valeur ajoutée de ce Dirge… tient en l’inclusion d’une faction Duardin sortant franchement du lot par sa vénération d’un Dieu de la Mort mort (combo !) et sa capacité à invoquer des esprits, ce qui constitue des variations intéressantes par rapport au stéréotype du guerrier nain que tout lecteur connaissant ses classiques se représente de façon plus ou moins inconsciente. Pour le reste, c’est de la qualité Reynolds (Josh), donc un récit bien structuré et rythmé, s’intégrant parfaitement dans les conventions définies pour Age of Sigmar en termes de fluff et d’atmosphère, et s’avérant dans l’ensemble plaisant à lire. Ne lui retirons pas ça.
1 : Comme les dernières années ont vu apparaître d’autres types d’adversaires, comme les morts-vivants de Nagash pendant la Tempête des Âmes ou les Orruks Ironjaws de manière collatérale à la traque de Mannfred von Carstein, j’attends avec impatience le moment où les vertueux Sigmarines commenceront à taper sur d’autres factions de l’Ordre, en attendant l’inévitable guerre civile que le passif de GW en la matière nous promet depuis que le premier Stormcast a dévoilé le bout de son masque de guerre. ‘La Vilainie de Vanus’, ça c’est un titre qui claque !
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The Last Council – L. J. Goulding [HH] :
INTRIGUE :
Pendant que Pépé emmenait ses fils à la conquête d’une galaxie qui n’avait rien demandé, l’ingrat mais nécessaire boulot de gestion de son Imperium naissant fut confié à un conseil de technocrates et autres représentants (parfois élus) du peuple, placé sur l’autorité chillax mais absolue de Malcador le Sigilite. Ce dernier réussit à faire reconnaître la pénibilité de sa tâche après le Triomphe d’Ullanor, l’Empereur ayant eu la grâce d’envoyer le mème ‘Vu et s’en tape’ lorsque son Régent lui proposa de passer officiellement la conduite des affaires civiles au Conseil de Terra. Cette situation perdura pendant dix ans, jusqu’à ce que l’arrivée d’un Horus plus rebelle que jamais à la porte du Monde Trône force les Hauts Seigneurs de Terra à repasser la main aux autorités militaires afin de préparer au mieux le futur siège.
Nous suivons ce qui se trouva être la dernière session du Conseil présidée par Malcador, et assistons à des débats passionnés entre les représentants des institutions majeures d’un Imperium en crise (Administratum, Adeptus Arbites, Adeptus Mechanicus, Libres Marchands, Navigateurs, Influenceurs, Furries…), sur des sujets aussi importants que la quarantaine des vaisseaux spatiaux entrant dans le système solaire, la fortification du commissariat central de l’Arbites, ou encore le déplacement de quelques millions de réfugiés demandés par l’inflexible Dorn pour fortifier comme il se doit la cabane au fond du jardin du Palais Impérial, qu’on ne saurait laisser tomber au main des traîtres sans sourciller.
Suivant les discussions d’une seule oreille, Malcador voit son regard attiré par la petite imperfection qui marque la surface de la grande table du Conseil autour de laquelle les Hauts Seigneurs palabrent. Cela lui remet en tête le souvenir du moment où l’impérial guéridon (qui fait neuf mètres de diamètre, parce qu’on ne fait pas les choses normalement sur Terra) a été irrémédiablement « défiguré », et est resté comme tel malgré les efforts diligents des moyens généraux du Palais.
À l’époque, l’Empereur était déjà parti depuis longtemps faire la tournée des bars de la galaxie, et tous les Primarques avaient finalement été retrouvés. L’un d’entre eux avait toutefois trouvé malin de commettre un crime tellement grave que son nom fut frappé d’anathème, sa Légion dissoute et sa statue géante en marbre dans la galerie de l’Investiaire discrètement retirée de sa plinthe et destinée à être concassée pour faire une allée zen dans le jardin du Palais. Ce crime monstrueux parvint cependant aux oreilles de cette fouine d’Alpharius, qui alla tout cafter à son grand frère Horus, dont la nature généreuse ne put supporter une telle infamie. Accompagné par Alphie et par Jaghatai (dont la principale occupation pendant la Grande Croisade consistait apparemment à zoner autour du canapé du Vengeful Spirit), celui qui n’était pas encore le Maître de Guerre s’en vint piquer un scandale en pleine session du Conseil de Terra, provoquant une belle pagaille au sein de l’auguste assemblée.
Habitué aux caprices de ces enfants gâtés de Primarques, Malcador géra le débordement avec son efficacité habituelle, mais dut cependant montrer à ce kéké d’Horus qu’il devait respecter son oncle en l’absence de Son père, en lui infligeant une soumission mentale qui envoya le grand chauve baraqué inspecter la poussière en dessous de la table du Conseil. Il faut dire qu’Horus avait menacé de prononcer le nom de son frère disgracié, ce qui aurait constitué un crime absolument impardonnable (l’Imperium est bizarre). Avant de partir en claquant la porte, Horus trouva malin de planter son épée dans la pauvre table pour montrer qu’il était très en colère, nous donnant l’explication derrière le détail ayant attiré le regard de Malcador.
Réalisant qu’il était en train de bailler aux corneilles ravens, le Sigilite prit sur lui et prononça la fin de cette ultime séance, laissant le soin aux Primarques présents sur Terra de reprendre le fardeau de la gestion des affaires courantes. Grand prince, il mit à profit son agenda désormais un peu plus libre pour faire du bénévolat pendant l’opération d’évacuation des squatteurs de la périphérie du Palais Impérial (hébergés dans la salle du Conseil de Terra, qui ne servait de toutes façons plus à rien), donnant quelques nouveaux cheveux blancs à un Rogal Dorn soucieux de la sécurité du Régent1.
Jagathai Khan, qui passait évidemment par-là, demanda à avoir un mot à part avec Malcador pour 1) s’excuser d’avoir contemplé béatement ce dernier mettre une rouste psychique à Horus sans intervenir d’une quelconque façon, et 2) lui révéler qu’il est au courant du terrible secret autour de l’identité du Régent de Terra… qui se révèle être d’une innocuité assez absolue, en tout cas pour l’époque de crise de cette fin d’Hérésie. Malcador s’appelait à l’origine Brahm Al-Kadour (soit), est un Perpétuel (you don’t say), le dernier membre de l’organisation des Sigilites (c’est comme le Port Salut, c’était écrit dessus), et a été responsable d’actions pas très charitables pendant la Longue Nuit (comme tout le monde, j’ai envie de dire). Jagathai a alors un moment de naïveté touchante, en se demandant sincèrement si l’Empereur est au courant du passé trouble de son bras droit, prêtant à Son impérial père une droiture morale qu’il est très loin d’avoir. Comme Pépé est introuvable et injoignable de toutes façons, l’origin story de Malcador restera dans les cartons pour le moment, mais le passé finira peut-être par ressortir2…
1 : Alors que cette bonne pâte de Sanguinius, qui ne voyait le mal nulle part, trouva l’idée trop kawai.
2 : Non.
AVIS :
Laurie Goulding signe une nouvelle très intéressante sur le complexe fonctionnement des instances dirigeantes l’Imperium, où toutes les bonnes volontés et les nobles aspirations viennent mourir. En plus de nous rassasier de fluff et de faire monter le cœur des fanboys & girls dans les tours avec sa mention habile du sort d’un des Primarques disparus (on était à ça de connaître son nom !), ce qui suffit déjà à placer ‘The Last Council’ parmi les courts formats les plus satisfaisants de tout le catalogue hérétique, Goulding démontre avec un talent consommé que l’Imperium est un concept chimérique, ne pouvant être construit et maintenu que sur la base de mensonges et d’actions brutalement pragmatiques, et dont il vaut mieux que la connaissance soit perdue ou ignorée par les quelques rares individus capables de garder les yeux sur l’idéal irréalisable, mais pourtant nécessaire, fixé par l’Empereur. L’Hérésie d’Horus est le cadre parfait pour ce genre de réflexions, et on peut remercier Goulding d’avoir tenté (et réussi) quelque chose de très différent des habituelles batailles de Légionnaires que l’on retrouve dans beaucoup des travaux des autres auteurs de cette franchise.
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Motherlode – N. Kyme [40K] :
INTRIGUE :
Raus & Rein Gaffar, jumeaux Ratlings, déserteurs de la Garde Impériale et duo comique doublement troupier, vivent une journée particulièrement agitée de leur vie d’explorateurs de la Forteresse Noire. Ayant échappés de peu au sadisme proactif d’un concurrent Drukhari alors qu’ils étaient en maraude sur leur terrain de chasse, les tireurs pointeurs (ça marche aussi bien pour la pétanque que pour le tir de précision) regagnent leur vaisseau avec une caisse mystérieuse contenant un butin mirobolant, sans réaliser que leur Némésis, Akrahel Drek, a survécu à la bastos expédiée par Rein, et prévoit logiquement de se venger de ces petites pestes, dans un éclat de rire ronronnement (si si) maléfique. * Purrr purrr purrrr puuuuuuuuurrrr *
Un peu plus tard, nous retrouvons nos abhumains, également traqués par un Commissaire amnésique et son escouade de vétérans couturés, sans doute pour quelques tours pendables et plaisanteries de mauvais goût, au bazar de Nadir, où ils ont rendez-vous avec une vieille et morbidement obèse connaissance, le receleur et trafiquant Ogryn Murlock, auquel ils souhaiteraient vendre leur dernière trouvaille. Petit problème, il n’y a pas que le Commissaire – Vudus Mettik de son petit nom – qui a des problèmes de mémoire, les twins ayant semble-t-il complètement oublié qu’ils ont tuyauté les Arbites sur le petit commerce de Murlock quelque temps auparavant, avec des conséquences logiques et néfastes pour sa modeste échoppe, et que Murlock est au courant de ce cafardage. Evidemment, cet historique compliqué ne facilite pas les négociations, et Raus & Rein doivent à nouveau se tirer d’un beau guêpier, ce qu’ils font en dégoupillant quelques grenades de la bandoulière de leur hôte, après que ce dernier ait tenté de les hacher encore plus menu qu’ils ne le sont.
Nullement découragés par cette déconvenue, les Ratlings utilisent le carnet d’adresses de leur dernière victime pour contacter directement un acheteur potentiel, qu’ils trouvent raide mort à son domicile, et pas de causes naturelles (à moins que les Kroots aient la jugulaire clipsable, ce qui doit arriver s’ils consomment trop de distributeurs de Pez). Poursuivis jusque dans les égouts par Mettik et ses hommes, responsables du krooticide et déterminés à capturer les déserteurs, les frérots sont contraints de se séparer, Raus choisissant la capture pendant que Rein se carapate… pour mieux revenir avec son fusil de sniper de rechange (toujours utile), et la fameuse boîte mystère, juste à temps pour secourir son bro’, que se disputent Mettik et Akrahel, qui a fini par retrouver la trace de ses tourmenteurs. L’impasse mexicaine qui se profile à l’horizon trouve toutefois une fin précipitée (c’est fluff) lorsque Rein lâche la précieuse caisse au milieu de la scène, qui se révèle contenir la tête d’une matriarche ur-ghul. Et alors, me demanderez-vous ? Et alors, la famille élargie de la défunte a trouvé les moyens de sortir de la Forteresse (en Ur-bher, sans doute) pour rapatrier la relique, et investit les lieux de la confrontation à ce moment précis, avec des résultats salissants. Encore une fois, les Ratlings sont les seuls à se sortir indemnes de cette péripétie, mais peuvent au moins terminer la journée en passant deux de leurs ennemis mortels en perte et profit. C’est déjà ça.
AVIS :
On (en tout cas, je) savait déjà que Kyme avait une fâcheuse tendance à pondre des histoires mal ficelées, sacrifiant avec une constance consternante la moindre prétention de crédibilité narrative pour se concentrer sur une agglutination de scènes « cinégéniques ». Rassurez-vous, c’est bien le cas ici, même si l’absence de Space Marines (et donc de Salamanders, les victimes préférées de l’auteur) et la brièveté de l’objet du délit ne permettent pas à ce dernier de rivaliser avec ses records personnels de WTF. On se contentera de souligner que beaucoup de choses arrivent au bon moment, et/ou sans mise en contexte, dans ce Motherlode (jeu de mots !1), ce qui est la marque des auteurs fainéants.
Là où Kyme innove et fait fort, c’est dans la veine scatologique qu’il choisit de pousser fortement d’un bout à l’autre de son récit. C’est simple, tout pue dans ces 20 pages : les héros, les méchants, les lieux, la nouvelle elle-même ; c’est le royal flush de l’infamie, et tant qu’à parler de flush, autant tirer la chasse. J’ai fini la lecture de ce… texte légèrement hébété par l’aplomb ou le jemenfoutisme complet revendiqué par son auteur, qui réussit le tour de force de faire passer 40K de grimdark à off-colour avec son inimitable (et j’espère inimitée) prose. Motherlode est à ranger parmi les rebuts honteux de la Black Library, et à oublier le plus vite possible.
1 : Motherlode se traduisant par filon (au sens premier ou figuré) en anglais, la relique récupérée par Alain et Alex Térieur étant à la fois une richesse et ayant une connotation maternelle.
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One, Untended – D. Guymer [AoS] :
INTRIGUE :
Une fois n’est pas rancune, nous retrouvons le Tueur préféré de ton Tueur préféré, Gotrek Gurnisson, dans le mal le plus complet au début de cette nouvelle aventure, qui sera sans aucun doute trépidante, mais qui commence par être vomissante. Notre héros est en effet pris d’un mal de ventre carabiné, ce qui, de son aveu même à son acolyte Maleneth, ne lui était jamais arrivé avant. Et si l’Aelfe sigmarite, en bonne compagnonne qu’elle est, prend soin de tenir la crête de Gotrek pour éviter que cette dernière ne prenne une couleur et une texture encore plus dégoûtantes qu’à l’accoutumée, elle n’est pas étrangère à cette gueule de bois subite. Bien au contraire, c’est elle-même qui en est la cause, ses tentatives d’empoisonner le Nain afin de lui dérober la rune majeure de Krag Marteau Noir pour la ramener à Azyrheim n’ayant eu pas d’autres effets qu’un émétique avarié sur la robuste constitution du Tueur1. Ses vaillants efforts de se débarrasser de Gotrek devront cependant attendre un peu, car les éructations du transfuge du Monde qui Fut sont dérangés par une scène de ménage entre plusieurs individus aussi louches qu’imbibés. La raison de ce tapage nocturne se fait bientôt jour : un jeune bambin du nom de Tambrin a échappé à la vigilance légère de ses parents (Junas et Magda), et s’est semble-t-il enfoncé dans les catacombes d’Hammerhal Ghyra, que l’on dit hantées par le spectre vengeur d’Hanberra (à ne pas confondre avec celui d’Harambe, même si ça lui donnerait une bonne raison de persécuter les garçonnets), un ancien héros local ayant renoncé à servir Sigmar sous la forme d’un Stormcast Eternal à sa mort, et à la recherche des enfants qu’il n’avait pas pu sauver de son vivant depuis lors. La perspective de se frotter à un spectre légendaire pique bien évidemment l’intérêt professionnel de Gotrek, qui insiste pour prendre la tête de l’expédition de secours mise sur pied par les habitués de la taverne où les deux compères ont passé la nuit. En plus de Junas, qui sert de videur à l’auguste établissement, on retrouve la Ranger retraitée Halik et le Prêtre d’Alarielle Alanaer, qui serviront donc de meatshields aux véritables héros de l’histoire. Dommage que personne ne les ait prévenus.
La descente s’engage donc, et après quelques heures de progression dans les boyaux insalubres de la cité, un premier ennemi pointe le bout de ses moustaches. Il ne s’agit pas de Philippe Martinez, mais d’une bande de Moines de la Peste, peut-être syndiqués, squattant le bas de la cage d’escalier comme un gang de trafiquants de la cité Péri. Et à propos de périr, laissez moi vous dire que les ratons ne font pas long feu face à la colère incandescente de Gotrek, qui peut désormais passer en mode super saiyan lorsqu’il est très énervé, et élever la température autour de lui à des niveaux insupportables. Sa nouvelle hache de fonction, si elle est sans doute un peu moins cheatée que l’ancienne (dur de battre une arme forgée par Grugni pour Grimnir, tout de même), s’avère également très efficace, et la menace murine est donc prestement éliminée par les aventuriers, qui peuvent poursuivre leur route sans autre dommage qu’un pif écrasé par un coup de matraque pour Junas.
Le moment tant attendu de la confrontation avec Hanberra finit enfin par arriver, l’esprit ayant bien dérobé/envoûté Tanbrin (qui dort comme un bienheureux) car il l’avait pris pour son propre fils, Hangharth. Némésis de Gotrek oblige, le combat est bien plus serré que précédemment, la pauvre Halik rendant les armes et l’âme au premier cri poussé par le poltergeist kidnappeur, qui prouve au monde entier qu’il existe des Banshees masculines. Non mais. L’évanescence intermittente du fantôme n’est pas sans poser quelque problème au Tueur, ce qui ferait plutôt les affaires de Maleneth, toujours déterminée à récupérer la rune majeure tant convoitée de sa dépouille, mais il lui faut pour cela donner une raison à Hanberra de se battre à fond, ce que sa main mise sur Tambrin l’empêche de faire. La cultiste de Khaine repentie puise donc au fond de sa sacoche un clou de ci-gît Rolf2, souverain contre les ectoplasmes tenaces (et les Mortarques collants), et le frotte vigoureusement sur le bras porteur d’Hanberra pour lui subtiliser son précieux. N’ayant plus rien à perdre, le spectre va certainement réduire Gotrek en bouillie…
Début spoiler…Eh bien non (quelle surprise). Mais le plus étonnant n’est pas tant le résultat final que le dénouement, non violent, de cet affrontement. Le Tueur parvient en effet à faire entendre raison à son adversaire par le dialogue au lieu de lui faire manger sa hache, et ce dernier se dissipe donc de lui-même, comme le malentendu qui l’avait mené à dérober les enfants des autres depuis quelques siècles. Tout est donc bien qui finit bien (sauf pour Halik et la bière que Gotrek avait laissé sur le comptoir3), mais Maleneth la malhonnête devra trouver une autre combine pour récupérer la précieuse broquille incrustée dans le plastron de son compagnon.Fin spoiler
1 : Maleneth ne sait pas que la glotte de sa cible est marquée de la rune majeure de Cubi, le dieu Nain de l’alcoolisme.
2 : Vous me pardonnerez le calembour, mais traduire ‘wightclove’ en français n’est pas facile.
3 : À ce propos, il est probable que ce soit elle qui ait donné son nom à la nouvelle (que l’on pourrait traduire par ‘Laissé(e) sans surveillance’) et non pas Tanbrin.
AVIS :
David Guymer, qui avait écrit les dernières aventures de Gotrek (et Felix) dans le Vieux Monde, signe avec ‘One, Untended’ un parfait récit de transition et d’acclimatation pour les lecteurs familiers du personnage mais pas des Royaumes Mortels. Au-delà du déroulé précis de cette quête, tout à fait classique sauf dans son dénouement, ce sont les informations que l’auteur donne sur ce nouvel univers, les changements subis par son héros (nouvelle arme, nouvelle rune, nouveau sidekick) depuis qu’il y a fait son entrée, et les motivations, pas vraiment charitables, de Maleneth, qui rendent cette lecture intéressante, et même indispensable pour qui voudrait reprendre la suite de la geste de Gotrek sans passer par la case romanesque (‘Realmslayer’). L’auteur parvient également à aborder des éléments de fluff relevant de la sociopolitique, comme l’acculturation progressive des habitants de Ghyran aux mœurs d’Azyr, qui donnent une profondeur et un réalisme très appréciables à une franchise qui en manquait (et en manque toujours) cruellement par rapport à Warhammer Fantasy Battle. Bref, c’est une transition très réussie que Gotrek Gurnisson doit à David Guymer, bien que le flambeau des rancunes soit passé peu de temps après à Darius Hinks.
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The Battle of Blackthunder Mesa – P. Kelly [40K] :
INTRIGUE :
La situation des défenseurs T’au de la planète Dal’yth, et plus particulièrement, de l’académie militaire située sur cette dernière, est positivement catastrophique. Isolés par le retrait des troupes de cette fayotte de Shadowsun, qui s’est repliée sans coup férir au lieu de se battre jusqu’au bout, comme le préconisait Farsight, les derniers guerriers de la caste du feu en sont réduits à livrer de coûteux et futiles combats d’arrière-garde pour ralentir l’avancée des impériaux, et permettre, peut-être, d’évacuer les survivants de la Star Academy locale. Placés sous l’autorité du Commander Bravestorm, adepte convaincu de la vision hypermétrope de la guerre de Farsight (et pour cause), nos héros viennent cependant de recevoir du matos un peu spécial, commandé auprès des grosses têtes de la caste de la terre il y a peu et livré sous forme encore expérimentale : des gants de boxe énergétiques. En effet, poussés par l’épuisement de leurs munitions et la puissance de feu de leur adversaire, Farsight et Bravestorm ont changé leur fusil à impulsion d’épaule, et monté une opération osée pour engager les tanks ennemis au corps à corps. Cela n’est certes pas très conventionnel, comme le fait remarquer la pimbêche (Furuja) du groupe1, mais nécessité faisant loi, Bravestorm emmène donc son cadre de cadets à l’assaut de la tristement célèbre Blackthunder Mesa, transformée en drive-in pour Leman Russ et Basilisks par l’Imperium depuis quelques semaines, avec des conséquences architecturales dramatiques pour la ville universitaire de Dal’Ryu, située en contrebas.
Si le déploiement de notre petite force d’Iron Men ne pose pas de problèmes, grâce à la maîtrise du vol furtif et à la technologie avancée du Bien Suprême, les choses se compliquent toutefois assez rapidement pour les concasseurs de tôle. Bien que Bravestorm ait pris soin d’indiquer à ses élèves qu’il fallait mieux rester au cœur de la mêlée pour gêner les tanks dans leur utilisation de leurs armes de défense, le poids du nombre, le comportement kikoulol de certains, et l’arrivée importune d’un Stormhammer, font lentement grimper les pertes du côté des punchers, bien que leurs maniques custom prélèvent un lourd tribut parmi les colonnes blindées de l’ennemi. L’équilibre des forces se renverse cependant brutalement lorsque, non pas un, mais deux Titans Warlord viennent se joindre aux festivités. L’apparition « subite » de ces discrètes et furtives machines de guerre en dit long sur le degré de préparation de l’opération, mais cela sera une discussion pour une autre fois. De toute façon, Bravestorm est certain que les nouveaux-venus n’oseront pas tirer sur les T’au, qui sont toujours engagés dans une partie d’auto-tamponneuse hardcore avec les blindés impériaux. Sa suffisance de Xenos idéaliste se trouve donc méchamment battue en brèche lorsque le turbo-laser du Titan de tête ouvre le feu sur les empêcheurs de bombarder en rond, réduisant le cadre de Bravestorm en confettis et cuisant ce dernier dans son armure.
Ce n’est cependant pas la fin pour notre héros trop confiant, qui trouve les ressources intérieures nécessaires pour faire abstraction de ses blessures et partir à l’assaut de la machine meurtrière. Son dernier fait d’arme consistera donc à « égorger » son adversaire en lui arrachant le câble d’alimentation, « fier comme un dindon », euh, tendon, courant le long du « cou » de la machine. À quoi cela a-t-il servi ? À rien en fait, puisque Bravestorm se prend à son tour une baffe monumentale – on saluera la dextérité de l’équipage impérial pour arriver à atteindre une cible aussi petite – s’écrase au sol comme une bouse, et sombre dans une inconscience logique. Certes, il a le temps de voir les forces impériales, dont le Titan trachéotomisé, se retirer de la mesa avant de tomber dans le coma, mais la victoire stratégique qu’il revendique au nom du Bien Suprême me semble un peu tirée par les cheveux (lui n’en a pas, je vous l’accorde). Après tout, c’était peut-être seulement l’heure de la cantine du côté adverse ? En tout cas, notre increvable héros n’a pas dit son dernier mot, puisque sa carcasse mutilée finit par être récupérée sur le champ de bataille par les éboueurs de la caste de la terre. Pas encore tout à fait mort, il entend ses sauveteurs discuter des conséquences positives de son coup d’éclat quasiment fatal, qui a au moins permis de préserver les derniers quartiers de Dal’Ryu des déprédations impériales. La nouvelle se termine sur la réalisation que Bravestorm sera bien sauvé, mais au prix d’un enfermement perpétuel dans son Exo-armure, ses blessures étant trop graves pour espérer une véritable guérison. Assez ironique pour un personnage ouvertement Dreadnoughtophobe2…
1 : Qui remonte toutefois dans mon estime grâce au magnifique « OK Gooder » (l’équivalent de notre OK Boomer) expédié à son supérieur un peu plus loin.
2 : Ce n’est pas qu’il en ait peur, mais la vue des pilotes Space Marines mutilés le dégoûte. Il en fait même des cauchemars.
AVIS :
Kelly retourne une fois encore sur la planète Dal’yth (Redemption on… Dal’yth) pour livrer un compte rendu romancé de la première utilisation d’une arme expérimentale T’au, le fameux gantelet Onagre. Si j’ai pu deviner à la lecture de cette nouvelle qu’elle mettait en scène des personnages déjà présentés dans d’autres textes qu’il a consacré à la couverture de la campagne de Damocles, l’immersion dans la galerie de seconds couteaux (rituels) gravitant autour de Farsight ne s’est pas faite sans difficultés de mon côté. En cause, le nombre de personnages convoqués par l’auteur1, et la complexité naturelle des patronymes T’au, qui se sont conjugués pour rendre difficile l’identification, et à travers elle, l’intérêt, de votre serviteur envers les pioupious de l’académie que Bravestorm a pris sous son aile. Cette difficulté évacuée, le récit de la fameuse bataille de Blackthunder Mesa ne m’a pas collé à mon siège, du fait du caractère binaire de l’affrontement en question. Si les Exo-armures commencent par faire des gros trous dans les tanks impériaux, sans vraiment être mises en danger par leurs proies (plutôt qu’adversaires), l’arrivée du titan renverse totalement la situation en un seul tir (merci Bravestorm), éparpillant le maigre suspens agencé jusqu’ici par Kelly aussi facilement que les assaillants Xenos venus souffler dans les chenilles des blindés de l’Empereur. On saluera tout de même la bonne « préparation » faite par l’auteur de la destinée claustrophobie de Bravestorm, qui après la Voie de la Lame Courte suivra celle de la Boîte de Conserve, sort ironique eut égard à l’effroi que lui inspirait les Dreadnoughts Space Marines. Au final, une lecture qui pourra intéresser les familiers de la prose suprêmiste de Kelly, mais qui n’a pas grand-chose à apporter au tout venant à la recherche d’un récit de bataille prenant.
1 : Ironie du sort, ils y passeront presque tous avant la fin de la nouvelle. C’était bien la peine de faire des efforts.
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The Atonement of Fire – D. Annandale [HH] :
INTRIGUE :
Nous sommes dans la dernière ligne droite de l’Hérésie, quelques mois avant que le Siège de Terra ne débute. Roboute Guilliman a fini par réaliser que lancer sa petite entreprise personnelle alors qu’il est toujours techniquement employé par Pépé Corp., et en piquant dans la caisse de Big E. en profitant d’une panne généralisée d’internet pour ne pas se faire prendre, c’était assez craignos tout de même. Pétri de remords, Roro est désormais à la recherche d’un moyen de se faire pardonner ses errements passés. En sortant de sa séance hebdomadaire avec le Chapelain/Psychiatre Volusius, lui vient une idée toute simple pour expier son énorme hubris : aider Sanguinius à rejoindre Terra en détruisant les flottes hérétiques qui se mettront sans nul doute sur la route de l’Ange à la Moumoute.
Après une petite séance de triangulation avec les poteaux dans le strategium de l’Ultima Mundi, les Ultras de l’Empereur décident d’aller au secours de la planète Diavanos, d’où est arrivé un message astropathique implorant de l’assistance pour gérer une invasion de World Eaters mal-lunés. Diavanos est de plus un monde que les Ultramarines ont rattaché à l’Imperium il y a plusieurs décennies, et dont la technique de vitraux teintés a grandement impressionné le Primarque lorsqu’il flânait dans les rues de la capitale Ecstasia à la recherche d’inspiration pour son dernier roman. Pour toutes ces raisons, ainsi que pour celle, plus prosaïque, de se venger des ravages commis par les séides d’Angron et de Lorgar dans leur pré carré, les gars de la XIIIème se ruent au secours de Diavanos, et tombent à bras raccourcis sur leurs frères ennemis alors que ces derniers s’apprêtaient à repartir pour embusquer la flotte des Blood Angels.
La bataille spatiale qui s’en suit, si elle n’est guère équilibrée (les Ultramarines sont deux fois plus nombreux, sérieux, hargneux, farineux et bleus que leurs adversaires), permet à nos héros de relâcher la pression après tous ces mois à écouter les podcasts interminables du triumvirat de l’Imperium Secundus. Alors que les derniers vaisseaux renégats sont méthodiquement désintégrés par la froide fureur ultramarine, le cuirassé Gladiator profite de la confusion pour repartir en direction de Diavanos, et certainement pas pour une visite de politesse. Guilliman comprend que les World Eaters ont un petit creux, et que s’il n’intervient pas rapidement, la planète qu’il est venu sauver va s’en prendre plein la face. Mais arrivera-t-il à temps pour empêcher les fils d’Angron de commettre l’irréparable ?
Début spoiler…Après de multiples péripéties dans les coursives du Gladiator, que les World Eaters ont faites effondrer pour gêner la progression de leurs ennemis, Roboute et ses hommes (en grande partie des Destroyers, wink wink ‘The Lord of Ultramar’) parviennent jusqu’à la salle des torpilles où les hérétiques se sont barricadés. La mêlée désespérée et surtout très sale qui s’ensuit tourne logiquement en faveur des surhommes en bleu, mais les World Eaters sont proches de réaliser leur objectif secret (faire péter une torpille à l’intérieur du vaisseau afin d’emporter Guilliman avec eux). Seule l’habilité du Grand Schtroumpf avec son combi-bolter customisé permet d’éviter la catastrophe, mais la victoire morale revient tout de même aux groupies d’Horus. Il est en effet trop tard pour prévenir le crash du Gladiator à la surface de Diavanos, et l’onde de choc qui s’en suit rase la capitale et dévaste une grande partie de la planète. Bien évidemment, les Ultramarines ont eu le temps de regagner leurs 22 avant que cette tragédie n’arrive, mais Guilliman finit la nouvelle avec le blues. Approprié, vous me direz.Fin spoiler
AVIS :
Vu le passif peu glorieux de David Annandale avec la XIIIème Légion (‘Lord of Ultramar’…), j’ai attaqué cette nouvelle dans un état d’esprit assez peu favorable à cette dernière, et j’ai été surpris de constater que cet ‘Atonement of Fire’ tenait tout à fait la route. Nous sommes en présence d’un court format siglé HH de facture assez classique (un peu de réflexion, beaucoup d’action, et en bonus une belle tranche de Primarque), mais débarrassé de tous les défauts que l’on pouvait trouver dans les autres soumissions de notre homme (personnages stupides/inintéressants, intrigue bancale, rythme chaotique)1. Ça pourrait et devrait être considéré comme le strict minimum, mais nous savons tous que la BL ne croit pas dans des concepts aussi restrictifs que le contrôle qualité. Enfin, pas tout le temps.
Surtout, et c’est assez rare dans une publication de la Black Library (quel que soit la franchise ou l’auteur) pour le souligner, Annandale parvient à ménager un vrai suspens jusqu’au bout de son propos. Guilliman et ses Schtroumpfs destructeurs arriveront-ils à sauver Diavanos des déprédations suicidaires des World Eaters ? Même si la planète a été créée de toute pièce pour l’occasion, l’auteur arrive à nous intéresser à la conclusion de cet accrochage mineur de la fin de l’Hérésie en appuyant de façon intelligente sur les remords éprouvés par Guilliman au sujet de son Imperium Secondus et son besoin de se faire pardonner de ce petit caprice. Annandale nous ressert également la vieille rengaine du « I am never going to financially recover from this », 30K style, déjà bien exploitée par d’autres avant lui, mais qui fait toujours son petit effet quand utilisée à dessein, ce qui est le cas ici. Bref, une vraie bonne surprise pour ma part, et une des meilleures soumissions de David Annandale pour le compte de cette franchise, si vous demandez mon avis.
1 : On pourrait lui reprocher de ne toujours pas maîtriser les bases spatio-temporelles d’une bataille spatiale (exemple gratuit : la course poursuite entre l’Ultimus Mundi et le Gladiator ne semble durer que quelques minutes, alors qu’elle s’engage à proximité du point de Mandeville du système et se termine dans l’atmosphère d’une planète habitable (donc proche de son soleil), ce qui devrait prendre au bas mot quelques jours), mais dans mon infinie générosité, je passe l’éponge là-dessus.
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Purity is a Lie – G. Thorpe [40K] :
INTRIGUE :
Taddeus le Purificateur, zélote du Ministorum, carafe Brita faite homme, Donald Trump du 41ème millénaire. Arrivé à Precipice en compagnie de sa fidèle Pious Vorne, à la suite de vision envoyée par l’Empereur (et d’une confidence déplacée d’un sous-officier de la Navy), notre Prêtre peine à se faire accepter par la faune bigarrée et profane peuplant la cité, et n’a donc pas réussi à rejoindre une expédition d’exploration de la Blackstone Fortress, en dépit de ses meilleurs efforts et ses plus sincères prières. Sa chance tourne toutefois lorsqu’il reçoit une invitation de la part de Janus Draik, qui a flashé sur son énorme mitre, à le rencontrer au Looter’s Den afin de discuter affaire. Après avoir détendu l’ambiance, qui s’était refroidie comme un Roboute Guilliman faisant de l’apnée dans l’espace à l’arrivée du prélat, le Rogue Trader annonce à son hôte qu’il a besoin d’un coup de main pour tenter une descente jusqu’au Labyrinthe de la Mort (Deathmaze), et que Taddeus est sur sa shortlist. Pourquoi ? Eh bien, parce qu’il a l’air honnête et courageux. That’s it. Comme quoi, on peut être un aventurier sans foi ni loi évoluant dans une cour des miracles traîtresse et meurtrière, et donner sa chance au premier venu, parce qu’on a un bon feeling. Merci qui ? Merci Gav Thorpe.
Après avoir un peu tergiversé, Taddeus accepte, et retrouve son nouveau collègue à l’entrée de la Forteresse, laissant Vorne dans le vaisseau (c’est un raid de 4 personnes, le maglev a une capacité limitée) avec un bol d’eau fraîche, la climatisation et l’autoradio allumée. L’exigeant ecclésiastique n’est guère enchanté de voir que Draik a recruté une Eldar (Amallyn Shadowguide) et un mutant (le Navigateur Espern Locarno) pour compléter son équipe, mais, nécessité faisant loi, à défaut de foi, il accepte tout de même de partir en vadrouille avec ces compagnons particuliers. La suite est, pour autant que je puisse le dire, le compte rendu romancé d’une partie de Blackstone Fortress, interrompue avant la fin par un quelconque événement (peut-être que Thorpe a dû partir plus tôt pour aller faire des courses ou passer au pressing). Ainsi, notre bande se coltine d’abord une escouade de Gardes renégats, puis quelques drones, avant de terminer par un quintette de cultistes Negavolts, et un psyker chaotique pour faire passer le tout. Entre deux coups de massue énergétique et blessures de guerre héroïquement glanée au combat, Taddeus réalise à quel point la coopération avec ses camarades est nécessaire, et perd donc un point en xénophobie (il est sauvé par et sauve la Ranger) et un demi-point en mutophobie (Locarno le prévient de l’arrivée du psyker). Kawaiiiii. On ne saura en revanche pas ce qui attend nos héros dans ce fameux « Labyrinthe de la Mort », que ces derniers n’atteindront même pas avant que Thorpe ne décide qu’il a bien assez bossé comme ça et mette un point final à sa nouvelle. Non. Si.
AVIS :
Gav Thorpe prouve avec ‘Purity is a Lie’ qu’il maîtrise parfaitement l’art complexe et délicat de la courte nouvelle de 40K où rien d’intéressant ne se passe. Un peu comme le haïku suivant : Forty forty kay//Forty forty forty kay//Forty forty kay. Oui, c’est du sarcasme. Malgré toute la sympathie que j’éprouve pour ce collaborateur historique et figure mythique de GW, la plupart des nouvelles qu’il a soumis à la BL ces dernières années se sont avérées très décevantes, et celle-ci ne fait malheureusement pas exception. Ne disposant même pas d’une conclusion digne de ce nom, et développant de façon inimaginative au possible une idée absolument banale du background de Warhammer 40.000 (« il faut savoir mettre de côté ses principes pour atteindre ses objectifs »), le seul mérite de cette soumission est d’intégrer cinq personnages nommés de Blackstone Fortress (même si la plupart font papier peint) dans son casting, dont deux (Vorne et Locarno) dont ce sera la seule apparition dans le recueil Vaults of Obsidian. Ce n’est pas lourd, mais c’est vraiment tout le bien que je peux dire de ce texte, qui aurait mérité d’apparaître sous son titre complet : Purity is a Lie, Story is a Bore, Not Inspired at all, Send Help.
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Sand Lords – P. McLean [40K] :
INTRIGUE :
Où il sera question du Capitaine Amareo Thrax et de sa colonne blindée du 236ème Régiment des Tallarn Desert Raiders, engagés dans une course éperdue vers la sécurité des lignes impériales. Si Thrax et ses hommes (et femmes, pas de sexisme chez les Tallarn) sont si pressés de rentrer au bercail, c’est d’abord qu’ils ne sont plus très nombreux (un Leman Russ et trois Chimères, sur vingt-huit véhicules initialement engagés), ensuite que les réserves d’eau et de carburant commencent à baisser dangereusement, et enfin que quelque chose de gros, menaçant et très énervé les poursuit sans relâche à travers les dunes de Marbas II. Quelque chose contre lequel même le courage et les ressources de ces légendaires guerriers des sables ne peuvent espérer prévaloir. Mais pour mieux comprendre de quoi il en retourne, il nous faut faire un petit crochet vers le passé récent, pendant que nous laissons Thrax porter un toast à l’urine en l’honneur de la Chimère qui vient de perforer son joint de culasse de façon irrémédiable…
Si notre vaillant Capitaine se trouvait dans le désert de cette planète pour commencer, c’est parce qu’il avait reçu la mission de la part d’un Colonel1 de se rendre dans les ruines de la ville d’Iblis Amrargh, prise par les envahisseurs Orks dont la présence a justifié le déploiement des Tallarn sur Marbas II, pour récupérer le khalig (cimeterre) du Général Al-Fallan, héros des Desert Raiders, dérobé après sa mort par le Big Boss Gorebrakah Urlakk. Une telle relique ne pouvant pas rester entre les griffes des Xenos, qui n’en auraient de toute façon aucune utilité si ce n’est pour émincer des Squigs, le haut commandement du 236ème a donc donné à Thrax l’ordre de reprendre le légendaire coupe papier, localisé dans la cathédrale de la ville, investie par la vermine verte. L’officier a également reçu un briefing plus complet de la part de son boss sur les tenants et aboutissants de la mission, mais ne le partagera pas avec de simples lecteurs tels que nous. Ou en tout cas, pas tout de suite.
Si les premiers temps de l’assaut donné par la colonne blindée sur Iblis Amargh se passent sans soucis, l’armement, le blindage et la vitesse des tanks impériaux leur permettant de forcer sans coup férir les barrages mis en place par les fonctionnaires Grots délégués à la surveillance du camp Ork, un tir de plasma bien senti, pulvérisant une Chimère dans le plus grand des calmes, marque le début des ennuis pour Thrax, qui ne s’attendait pas à rencontrer une résistance si forte si tôt dans la mission. Ayant perdu un peu de temps et beaucoup de munitions à canarder les alentours dans le vain espoir d’abattre le faquin plasmique qui lui a fait des misères et vaporisé son vieux copain Al-Nasir, Thrax finit par donner l’ordre de repartir, perdant de plus en plus de châssis et de personnel au fur et à mesure que les Orks réalisent qu’ils sont attaqués, et que l’insaisissable franc-tireur continue à dégommer les SUV de l’Empereur sans se faire voir. Il en faut cependant plus pour décourager nos héros, qui finissent par pénétrer (en char, sinon c’est pas drôle) dans la cathédrale, où les attend le fameux khalig du nom moins célèbre Al-Fallan, ainsi que des hordes de peaux vertes pas vraiment jouasses…
Début spoiler 1…Victimes de mines dissimulées, et embusqués par des centaines d’Orks gardés en réserve par ce ruzé de Gorebrakah, les Tallarn se battent comme des lions fennecs, parvenant à récupérer le précieux cimeterre à l’absence de nez et au manque de barbe du Big Boss, qui daigne enfin se joindre aux réjouissances après que les assaillants soient parvenus à se défaire de ses deux mini-boss (un Kommando mastoc avec lance-plasma, et un Nob en Mega-armure). Et là, surprise : Gorebrakah a cassé sa tirelire (ou la figure de tous ses rivaux pour leur piquer leurs dents) depuis la dernière fois qu’il a croisé les Desert Raiders, et est maintenant plus machine que champignon, sa parenté avec un Dred Eud’la mort lui permettant de désosser sans mal les malheureux tanks lui tombant sous la pince. Pour Thrax cependant, l’objectif primaire consiste seulement à repartir avec le coupe-chou d’Al-Fallan, ce qu’il a fait sans hésiter, laissant derrière lui la plus grande partie de ses soldats.
De retour dans le désert, nous apprenons/comprenons donc que le traqueur des Tallarn n’est autre que Gorebrakah, dont l’amour-propre et le statut contraignent à récupérer son bien sous peine de se faire défier par l’ensemble de ses Nobs-1, et que c’est bien sur cela que comptait le Colonel qui a monté le raid de Thrax. Ce dernier doit donc trouver un moyen de franchir la ligne d’arrivée (bleue) avec le colis pour permettre aux forces impériales de régler son compte à cet illustre ennemi. Les Tallarn sont en effet sport, et se sont contentés d’installer une batterie de Basilisks à plusieurs heures/jours de distance d’Iblis Amrargh pour faire sa fête au Big Boss plutôt que, je ne sais pas moi, réquisitionner des appareils de la Flotte qui les amenés sur place ? Gorebrakah est également sport, notez, puisqu’il poursuit les voleurs de loot tout seul. A gentleman’s war, really.
Ce fair-play ne fait cependant pas les affaires de Thrax et de ses survivants, qui se font insensiblement rattraper par leur poursuivant, condamnant d’abord les malheureux n’ayant pas trouvé place dans les Chimères, puis ces dernières et leur équipage (malgré une héroïque action d’arrière-garde de la Duf’Adar Al-Maddon), ne laissant plus que le Leman Russ du Capitaine, à court de munitions et à bout de nerfs (un des servants se suicidera d’ailleurs plutôt que de se faire éplucher par le Big Boss), tenter d’arracher la victoire…
Début spoiler 2…Ce qui sera finalement cas (ouf), Thrax parvenant à passer la ligne en un morceau, avant que le bombardement déclenché par ses petits copains ne vienne sonner le glas de Gorebrakah, qui aurait dû investir dans un Gargant plutôt que dans un Deff’Dread. Tiré de l’inconscience dans laquelle le barrage ami l’avait plongé par la seule autre survivante de la mission, la pilote Kalan, rendue borgne et folle par les événements (ce qui ne lui a pas retiré son sens de l’humour), Thrax n’a plus qu’à attendre l’arrivée des secours, en espérant que la perte de sa jambe dans l’accident ne lui soit pas fatale. La routine, quoi…Fin spoiler
1 : Qui ne sera jamais nommé (j’ai vérifié). McLean devait être tombé en rade de nom à consonance arabe (on peut d’ailleurs s’interroger sur « Amareo Thrax », au passage…).
AVIS :
Pour sa première virée avec un régiment nommé de la Garde Impériale, Peter McLean livre une nouvelle aboutie, généreuse en termes de fluff et consistante en termes d’intrigue, grâce à sa progression alternée entre le Paris-Dakkar extrême auxquels se livrent Thrax et ses survivants, et les flashbacks de leur mission suicide dans la cathédrale d’Iblis Amargh. L’auteur a suffisamment de maîtrise pour prendre son lecteur au jeu des devinettes quant à l’identité de la chose qui traque les valeureux guerriers des sables dans leur retraite éperdue, et aux véritables objectifs poursuivis par la colonne blindée Tallarn, ce qui rend l’expérience assez plaisante, même si les deux révélations en question ne s’avéreront pas renversantes. Autre point appréciable, McLean applique à ses nouveaux souffre-douleur sujets l’approche sans concession qu’il l’avait vu massacrer les uns après les autres ses personnages du 45ème Reslian (‘No Hero’, ‘Baphomet by Night’, ‘Predation of the Eagle’, ‘Blood Sacrifice’), laissant les deux seuls survivants du carnage perpétré par le ruzé mais brutal (et surtout blindé) Gorebrakah profiter du calme après la tempête dans un piteux état, tant physique que mental. À la guerre comme à la guerre, après tout, et McLean fait partie des contributeurs de la BL qui n’a pas peur d’être graphique dans son approche, ce qui est plutôt un trait positif dans ce genre de littérature, à mon humble avis.
Les seuls reproches que j’adresserai à cette soumission seraient relatifs au choix de l’auteur de ne pas expliquer pourquoi le sous-sol de la cathédrale semble regorger d’armes de pointe d’une part, et de faire se terminer son épreuve d’enduro sous un déluge d’obus plutôt que sous les lasers d’un escadron de Vendettas, ce qui aurait certainement permis aux Tallarn de sauver leur chèche, d’autre part. On me dira que leur mort était de toute façon nécessaire pour le déroulement de l’histoire, et on aura raison, mais je trouve tout de même que le plan du Colonel X – et par extension, celui de McLean – n’est pas au dessus de tout reproche. Il y avait certainement moyen de faire mieux, sans épargner pour autant aux soldats de Thrax leur glorieux sacrifice. Après tout, qui peut dire à quelle vitesse un Ork en Giga-armure peut courir, quand il est recouvert du sang de ses ennemis, et qu’on lui a volé son présssssieux ?
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A Rose Watered with Blood – A. Dembski-Bowden [HH] :
INTRIGUE :
Les choses ne s’améliorent pas vraiment sur le Conqueror, qui se traîne péniblement à travers la galaxie pour livrer l’Angron démoniaque commandé par Horus jusqu’à son ancienne adresse sur Terra, du temps où il habitait encore chez son Pépé. La vie à bord est devenue dangereusement morne (comprendre que tout le monde s’est habitué à la possibilité de se faire tuer d’une manière horrible et roll with it), et bien que les problèmes d’intendance dont le vaisseau était affligé – depuis le miracle du changement de l’eau en sang, jusqu’à l’infestation de puces de Khorne – ait été en partie résolus par un arrêt au stand en orbite de la planète Heshimar, le Conqueror n’en finit plus de faire des blagues potaches et souvent mortelles à son équipage. Dans le cas de Lotara Sarrin, capitaine du Gloriana polisson et figure respectée au sein de la Légion, cela a consisté à recevoir en pleine nuit la visite galante de l’officier Ivar Tobin… alors que ce dernier avait été tué par Khârn dans un accès de fureur il y a plusieurs mois. Quand l’esprit de la machine se comporte comme un chat rapportant à son maître le cadavre de sa dernière proie, il est permis de s’inquiéter de sa survie.
Cette ambiance des plus lourdes a assez logiquement conduit certains passagers à caresser des projets d’évasion du vaisseau maudit, et Lotara est introduite dans le cercle des mutins par le Sergent Skane, un Destroyer ravagé de corps et d’esprit, après qu’il ait machinalement massacré l’escorte du capitaine afin de préserver le secret des échanges (les World Eaters ne croient pas vraiment aux NDA). Après avoir hésité, Lotara accepte de participer aux réunions des déserteurs en puissance, et pousse même l’amabilité jusqu’à prendre en charge les opérations d’évacuation, qui ne pourront se produire qu’une fois le Conqueror de retour dans le Materium. La plus grande crainte de ses conjurés, dont fait partie le Capitaine Maruuk, est que l’inflexible Khârn ait vent de leur projet de mise au vert, mais Lotara promet de gérer ce petit problème le cas échéant, et comme le mâle alpha qu’il est, Maruuk est bien content de laisser la charge mentale associée à cette tâche complexe à une femme. Après tout, il est trop occupé à faire des duels à mort dans les arènes du Conqueror pour traiter ce genre de détail trivial.
Après un long et pénible voyage (Angron s’est piqué de devenir chanteur d’opéra et danseur de claquettes pendant la traversée, ce qui est venu perturber le sommeil du reste des passagers), le vaisseau émerge enfin du Warp, et Lotara envoie les ordres codés mettant en branle l’opération SOS (Save Our Skulls) parmi les conjurés. Lorsque la frégate Bestiarius approche du vaisseau amiral pour récupérer des vivres, cinq navettes sont envoyées pour la ravitailler : rien de plus normal de prime abord, mais ces navettes sont en fait le ticket de sortie des mutins hors des entrailles viciées du Conqueror. En bonne capitaine, Lotara attend le dernier moment pour s’exfiltrer à son tour, et rejoint discrètement la cinquième navette en compagnie de Skane et Maruuk…
Début spoiler…C’est le moment que choisit Khârn pour débarquer en mugissant comme un veau, mis au courant par un traître des velléités d’évasion de Lotara and friends. Si Maruuk décide bravement de sauter dans la navette sans attendre personne et de mettre les gaz pour rejoindre le Bestiarius, le noble mais moche Skane reste en arrière garde pour « ralentir » l’Ecuyer d’Angron et faire gagner du temps à ses camarades. Les guillemets sont ici de rigueur, car le Sergent irradié ne tient pas trois secondes avant que Khârn ne lui fasse avaler son dentier en duracier. Un peu lente à la détente, Lotara n’a pas eu le temps de suivre ce mufle de Maruuk avant qu’il passe la seconde, la laissant dans une position très délicate…
Début spoiler 2…Si elle avait vraiment voulu quitter le Conqueror. Car, comme le pauvre Skane le comprend avant qu’elle ne l’envoie sauter sur les genoux de Khorne d’un tir de pistolet laser bien placé, Lotara, à l’instar de Khârn, s’est résignée à son sort et n’avait aucune intention de faire faux bond à Angron. Et on traite les World Eaters de renégats ? Laissez-moi rire. Si elle a accepté de marcher dans la combine des mutins (outre le fait que Skane l’aurait certainement tuée sur place si elle lui avait mis un vent lorsqu’il est venu lui demander son aide), c’était pour débarrasser le Conqueror de ses mauvais éléments et séparer le bon grain ( ?) de l’ivraie. De retour à son poste de commandement, la Rose baignée de sang (le surnom que lui avait donné un Commémorateur poète un peu fleur bleue – et mort depuis) prend grand plaisir à vaporiser les navettes des déserteurs avant qu’elles n’aient pu rejoindre le Bestiairius, et en particulier celle de Maruuk. Il ne l’avait pas volé, reconnaissons-le.Fin spoiler
AVIS :
Aaron Dembski-Bowden déroule une nouvelle histoire très plaisante à lire (ce sens de la formule, tout de même…) mettant en scène deux de ses personnages les plus attachants (Lotara Sarrin et le Conqueror), avec un petit caméo de Khârn pour ne rien gâcher en sus. Même si l’arc World Eaters de cet auteur n’avance pas beaucoup au cours de cette nouvelle, le suspens que Dembski-Bowden parvint à instiller dans son propos, couplé avec son génie de la caractérisation – c’est bien simple, quand ADB tient la plume, tous les personnages nommés se transforment en protagonistes1 – suffisent à faire de cet ‘A Rose Watered with Blood’ une soumission de qualité au corpus hérétique.
1 : Sauf Maruuk, qui reste détestable.
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Voilà qui termine la revue de cette fournée de nouvelles de l’an de grâce 2018, et même si la qualité est encore une fois variable, je peux écrire avec sincérité que ce millésime se place parmi les meilleurs que j’ai pu lire (‘Fire and Thunder’, qui n’a pas encore été réédité au moment où cette chronique est écrite, méritant particulièrement le détour). Je me dois de souligner également que le choix de la BL de varier les plaisirs en diversifiant les franchises représentées dans ce calendrier de l’avent est très appréciable, et j’espère que cette idée simple mais de bon goût sera reprise dans les futures itérations du concept. Réponse dans quelques mois !