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NEXUS & OTHER STORIES [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette chronique de ‘Nexus & Other Stories’, la dernière anthologie de nouvelles se déroulant dans les ténèbres d’un lointain futur où war reigns supreme, pour la faire en glaouiche, sortie par la Black Library. Le timing de cette publication peut surprendre, le méga-über-all inclusive omnibus ‘The Eagle & the Hammer’ étant paru à l’été 2020, et les deux bouquins jouant visiblement dans la même cour et visant le même public. Abondance de biens ne nuisant presque jamais, laissons cependant de côté les absconses considérations marketing de Nottingham pour nous réjouir de cette actualité chargée pour les amateurs de courts formats de la BL, ainsi que la sortie simultanée de l’ouvrage en français, ce qui ne doit jamais être considéré comme acquis. Pourvu que ça dure.

Sommaire Nexus & Other Stories (40K)

Beau pavé de plus de 400 pages (en format numérique), ‘Nexus & Other Stories’ reprend le format bien établi de ses prédécesseurs : une novella d’une centaine de pages, mettant en vedette les armées poster de GW (Ultramarines Primaris vs la galaxie hostile1 pour 40K), et une douzaine de nouvelles, généralement sorties précédemment, s’efforçant de couvrir le plus de factions/d’auteurs différents pour faire découvrir la richesse de cet univers au lecteur… et lui donner envie d’acheter des bouquins, évidemment. C’est Thomas Parrott, le futur ex-contributeur de la Black Library au moment de la sortie de ce recueil, qui prend le lead ici avec le moyen format éponyme, complété par une chtite nouvelle pour faire bonne mesure. Parmi ses compagnons de route et de plume, une majorité de noms connus, des vénérables Dan Abnett (et une nouvelle vintage de 2002), Chris Wraight et Guy Haley, au plus récents Rachel Harrison, Mike Brooks et Marc Collins. Chaque histoire commence par un paragraphe de mise en contexte, petite innovation qui fait sens pour un omnibus destiné à des lecteurs pas forcément familiers de l’univers, et que la BL serait inspirée de conserver pour la suite. And without further ado, pour finir cette introduction comme elle a commencé, rentrons dans le vif du sujet.

1 : C’est presque aussi c*n que Les Marseillais vs le monde quand on y réfléchit. Et à peine plus intelligent en général. 

Nexus & Other Stories

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Nexus – T. Parrott :

NexusINTRIGUE :

Sur l’un des multiples fronts de la Croisade Indomitus, qu’elle a aussi larges et espacés qu’Alain Juppé, une Compagnie de Primaris Ultramarines rend service à la collectivité en détruisant un fort de pirates de l’espace, qui faisaient des misères à la planète de Cassothea. L’affrontement s’étant produit hors champ, nous faisons la connaissance de notre héros, le Sergent Intercessor Allectius, alors qu’il patiente dans la soute du Thunderhawk qui le ramène vers le croiseur d’attaque In Nomine Imperator. Rien ne le distingue vraiment de la myriade de Schtroumpfs énergétiques mis en exergue auparavant par la BL, mais Allectius est un meneur d’escouade chevronné et efficace, très content de laisser à ses supérieurs le soin de réfléchir sur le long terme. Le surhomme sage connaît ses limites, comme dit le proverbe. Invité par ses supérieurs, les Lieutenants Triarius et Falerius, à donner son ressenti sur la mission que les Ultras viennent juste d’accomplir, Allectius a le malheur d’avouer qu’il considère le job comme indigne de guerriers de la trempe des fils de Guilliman, et que la Flotte Impériale aurait pu très bien se charger de purger bébé1. Cette innocente déclaration met en rogne l’Empereur, qui avait jusqu’alors pris soin de ne mettre que des adversaires faciles sur le chemin de Ses guerriers, afin de leur permettre de level up sans trop de pertes. « Ah, c’est ainsi ? On prend la confiance, chacal ? », éructe MoM, « bah prépare toi à manger tes morts, sale race ». Ou quelque chose comme ça.

Bref, on apprend deux pages plus tard que Cassothea tombe de Charybde en silos de missiles Hammerfall, car les Nécrons ont commencé à faire du vilain à proximité de la capitale planétaire. N’écoutant que son devoir, Triarius donne l’ordre d’un déploiement immédiat et…(fast forward huit mois plus tard) on apprend qu’il s’est fait buter comme un bleu (héhé) au début de la campagne par les Xenos. En fait, les choses ne sont pas allées dans le sens de l’Imperium, puisqu’au dernier décompte, seule la capitale était encore à peu près tenue, un champ mortifère appelé Nexus Paria (et d’où la nouvelle tire son nom) est en train de saper la vitalité et le moral des derniers défenseurs, les munitions viennent à manquer, et la Compagnie d’Allectius est passée de 93 à 39 représentants. Moins un pour le frère Landrian de sa propre escouade, découpé par un Skorpekh Destroyer très en jambe lors d’une patrouille de routine2. Et moins deux pour le Lieutenant Falerius, snipé par des Deathmarks lors de la sortie héroïque de trop. Privée de ses officiers supérieurs, la Compagnie se tourne alors vers le Saint Codex Astartes pour désigner son commandant de facto… ou plutôt aurait agi ainsi si Falerius n’avait pas laissé sur le frigo un post it faisant d’Allectius son successeur désigné. Et tant pis pour le Sergent Vétéran Fulgentius. Voici comment notre tête brûlée se retrouve en charge de la gestion d’une campagne plus que pourrie à ce stade, ce qu’il ne souhaitait pas le moins du monde. You can’t always get what you want…

Laissons le temps à Allectius d’accuser ce dur coup (en guise de lot de consolation, il hérite tout de même d’un bouclier et d’une lame relique très corrects) en présentant l’autre personnage important de l’histoire, un Serf humain des Ultramarines du nom de Gnaeus. Spécialisé dans la réparation de l’armement de ses seigneurs et maîtres, son rôle principal sera de nous faire ressentir de façon vivace les effets délétères du Nexus Necron. Apathie, pensées suicidaires, faiblesse généralisée, et coma irrémédiable dans les cas les plus sévères : les effets kill cool de cette bulle sont nombreux. Cela n’empêche pas le brave Gnaeus de (tenter de) faire son devoir du mieux qu’il le peut, à la faveur d’un accrochage presque fatal avec un groupe de Dépéceurs dans un premier temps, puis en filant un coup de main à l’emménagement des civils ayant convergé vers le dernier bastion impérial de Cassothea dans l’espoir d’être évacués par les Ultramarines. Ce pont orbital humanitaire a cependant dû s’arrêter lorsque les Necrons ont pris l’avantage au sol, leur technologie baroque empêchant les aéronefs impériaux d’opérer. Réaliste sur ses chances de remporter la victoire, surtout après que l’In Nomine Imperator lui ait appris que des milliers de Xenos étaient en train de converger sur sa position, Allectius décide d’organiser une mission suicide/baroud d’honneur avec l’essentiel de ses survivants, pour aller péter le pylône 5G soupçonné de relayer le Nexus Paria à la surface de la planète. Ne laissant qu’une escouade de Space Marines pour coordonner les défenses, le Lieutenant malgré lui met les gaz vers le QG ennemi, espérant que la mobilité légendaire de l’Astartes lui permette de passer entre les mailles du filet.

Ce qui ne sera pas le cas, évidemment. Un affrontement mécanisé ayant mené à la perte d’un tiers de ses hommes (dont un Archiviste dont le plus haut fait d’armes aura été d’avoir eu mal à la tête) plus tard, Allectius se dit qu’il n’est vraiment pas doué pour le commandement… et décide de mener une petite quête secondaire pour appuyer ce constat, perdant une précieuse 1H30 au passage, mais ramassant un Judiciar Doom Eagles, seul survivant du vaisseau s’étant crashé sur la planète il y a quelques semaines, au passage. Le nouveau-venu, un dénommé Bittrien, se montrera utile et quasiment inarrêtable lorsque que commencera la baston finale, comme attendu de la part d’un nouveau personnage de corps à corps dont la figurine est incluse dans une boîte d’initiation (non mais).

Je vous donne les grandes lignes de cet affrontement homér(d)ique, dans lequel viennent s’intercaler des passages du siège de la capitale de Cassothea vu par les yeux de Gnaeus (qui préfère déserter son poste pour tenter d’aller sauver des civils que faire face aux Necrons) : au prix de combats acharnés et de quelques morts de personnages nommés, les Ultramarines parviennent jusqu’au pylône en question… qui se révèle trop résistant pour leurs explosifs. Gag. Fort heureusement, la capitaine de l’In Nomine Imperator vient à la rescousse de cette buse d’Allectius en lui indiquant que le pouvoir des Xenos semble provenir d’un unique individu, qui ne peut être que le Plasmancer en robe de soirée qui insulte les meilleurs de l’Empereur à distance, en bonne petit.e vie.ux.lle qu’iel est. Sacrifiant le reste de son effectif dans une charge de la dernière chance (de ne pas repartir broucou*lle), Allectius fait manger à l’ancêtre son bouclier relique, ce qui désactive le réseau Xenos assez longtemps pour permettre au croiseur d’attaque de bombarder la zone, rasant le pylône, les Necrons et les derniers Ultramarines en vie. Ca compte comme une victoire morale ?

De son côté, Gnaeus parvient lui aussi à ses fins, en amenant un groupe de réfugiés jusqu’au spatioport, et en leur gagnent un temps précieux en défiant l’Overlord Necron à un concours de baffes. J’ai la tristesse de vous dire ici que le brave auxiliaire a légèrement perdu la/es main/s à cette noble occupation, mais réchappe tout de même à l’extermination lorsque le Sergent Ultramarine laissé en réserve par Allectius décide de mourir lui aussi en héros, et engage le QG adverse (et sa garde rapprochée) au corps à corps. Rapatrié sur l’In Nomine Imperator, Gnaeus peut songer au dévouement de ses maîtres depuis la sécurité de l’orbite haute, en attendant que ses prothèses lui soient posées et qu’il puisse reprendre du service.

1 : À ne pas confondre avec l’expression « purger Pépé », qui est l’apanage exclusif des Custodiens, comme chacun sait. 
2 : Pendant que son Sergent, qui ne connaît pas la peur mais pas la témérité non plus, s’est héroïquement chargé de courir après le petit Plasmacyte. Et a failli y passer. 

AVIS :

Thomas Parrott se plie à l’exercice, jamais simple, de la novella d’illustration du contenu de boîte d’initiation à travers ce ‘Nexus’, comme Andy Clark avait pu le faire avant lui (‘Crusade’, qui contextualisait l’affrontement entre Ultramarines et Death Guard). Si le résultat n’est dans l’absolu pas très intéressant pour un lecteur n’étant pas un novice impressionnable, on doit tout de même reconnaître à l’auteur un certain sérieux dans le récit des aventures funestes du Lieutenant Allectius. L’ensemble reste très lisible, même si tout à fait convenu et très peu surprenant (cahier des charges de « revue des unités » oblige), et les passages racontés du point de vue Gnaeus ajoutent un contrepoint « humain » bienvenu à l’impassible stoïcisme des Space Marines, auquel le Nexus Paria en touche une sans faire bouger l’autre (je parle de leurs progénoïdes, évidemment). Il n’est en effet pas inutile de rappeler que les Necrons ne sont pas que des robots inflexibles fans de Terminator, mais également les représentants d’une espèce animée par une motivation bien précise et dont la technologie peut prendre des formes insoupçonnées, mais toujours avec des effets horriblement efficaces pour qui se trouve du mauvais côté du rayon de Gauss. À titre personnel, j’ai également trouvé que l’héroïsme désintéressé des Ultramarines était plutôt bien représenté dans la novella, notamment à travers l’intervention salvatrice du Sergent envers Gnaeus à la toute fin du récit. Finalement, le seul véritable reproche que je pourrais faire à Parrott sur ce ‘Nexus’ est le manque de caractérisation des Necrons avant l’arrivée du Plasmancer, seul Xenos de l’histoire doté de la parole. Cela aurait été compréhensible du temps où les Necrontyrs n’étaient encore que des robots tueurs dans le fluff, mais depuis que ce dernier a été recton pour laisser place à des personnages doués de personnalité et d’émotion (au moins au niveau des hauts gradés), c’est une possibilité narrative qu’il aurait fallu exploiter mieux que ça à mon sens. Restons-en là pour cette œuvre de pure commande, dont il serait mesquin d’attendre plus que du bolter porn enrobé de fluff de type Foundation. Il s’agit de la taxe littéraire du recueil, et elle n’est pas si terrible que ça !

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Kraken – C. Wraight :

KrakenINTRIGUE :

La planète aquatique de Lyses, habituellement si paisible, est confrontée à un mystère inquiétant. Les stations de collecte d’algues parcourant la surface de son océan disparaissent les unes après les autres, éparpillées façon puzzle par une force mystérieuse. Les investigations menées par les enquêteurs locaux (Morren Oen et Preja Eim) ne donnant rien, un appel à l’aide a été envoyé par les Astropathes de Lyses, et l’Empereur, fidèle à sa réputation de générosité, a provaïdé. Un pu(iss)ant guerrier de l’Astartes est en effet arrivé depuis le vide intersidéral, dans sa Twingo1 grise cabossée : Kvara des Space Wolves. Incarnation testotéronée et cradingue de la figure du loup solitaire, le nouveau venu traîne son mal-être et sa lassitude de zone de guerre en zone de guerre depuis vingt ans, cherchant à se confronter à un monstre suffisamment coriace pour apaiser l’esprit des huit guerriers de sa meute qu’il a perdus au combat sur Deneth Teros. Préférant opérer seul, Kvara demande qu’on lui prête un pédalo (énergétique, bien sûr) et qu’on lui indique la direction de la dernière catastrophe, et il se chargera du reste. Intimidé par la carrure et par l’odeur de l’étranger, Oen accède à ses requêtes, mais prend soin de placer une balise GPS sous la coque du véhicule de courtoisie pour pouvoir suivre les faits et gestes du Space Marine.

Kvara, qui avant de boire au Canis Helix était chasseur de calmar-l’ermite colossal sur Fenris (le terme vernaculaire est hvaluri), et avant ça, apprenti sorceleur à Kaer Morhen, n’a aucun mal à traquer les mouvements de sa proie en fermant les yeux et humant la brise une fois arrivé sur les lieux du naufrage, ce qui est illogiq… bien pratique pour faire avancer le scénario. On va dire qu’il a pris la spécialisation « vieux loup de mer » lors de sa dernière formation professionnelle obligatoire. Pendant qu’il pédale à toute berzingue dans la direction que lui pointe son instinct infaillible, on a le temps pour un petit flashback, qui raconte comment, tout gamin, il s’était illustré en trépanant en solo un hvaluri lors d’une sortie en mer. Il avait pris un méchant coup sur la tête et s’était cassé le bras en glissant sur une bernacle mal fixée, mais cela en valait tout de même la peine, puisque ce haut fait avait attiré l’attention des Space Wolves, sans doute à la recherche d’ingrédients frais pour monter un buffet froid dans le Croc. La qualité des ingrédients, c’est important.

Retour à notre histoire : Kvara finit par arriver sur une autre plateforme, cette fois-ci intacte, mais suspicieusement calme. Comprenant que ça va commencer à barder, l’homme loup s’équipe de pied en cap, pendant que ses surveillants réalisent un peu tard qu’une station qui n’émet pas depuis dix jours, c’est assez suspect. Surtout quand un compte rendu quotidien est demandé. Comme l’explique le préposé aux commandes : « il y a trop à faire, je suis complètement sous l’eau ». Expression malheureuse puisque Preja Eim le prend au mot et le balance par-dessus bord2. Malgré tous leurs efforts, les vaillantes forces de l’ordre lysesiennes n’arriveront qu’après la bataille, laissant Kvara affronter seul, dans les ténèbres claustrophobiques de la station désertée…

Début spoiler…des Hormagaunts. Ce qui est difficilement concevable quand on y réfléchit plus d’une seconde et demie, car la planète n’a connu aucun problème particulier pendant les cinq derniers siècles, ce qui ne colle pas tellement avec la possibilité d’une invasion tyranide. C’est pour cela qu’il est grand temps pour un nouveau flashback, qui explique cette fois-ci comment Kvara a perdu sa meute, occise par les forces du Chaos (dont un Terminator de Slaanesh assez peu commode) sur Deneth Teros. Traumatisé par l’expérience, le Chasseur Gris se fit Loup Solitaire, faisant graver les noms de ses frères disparus sur son armure pour ne jamais oublier son devoir envers eux. Tout cela est fort triste, mais n’explique pas comment les plateformes dérivantes de Lyses ont été détruites, sabotage hors de portée même des plus motivés des Hormagaunts. Il est donc temps pour le boss de fin de faire son apparition, et, ô surprise, il s’agit d’un Kraken.

Le combat qui s’engage, après que Popol le Poulpe ait ouvert une voie d’eau dans les niveaux sous marins de la plateforme, pile à l’endroit où se trouvait Kvara (c’est pas de chance, hein), voit le chasseur ultime se confronter à la proie suprême, affrontement aussi titanesque que foutraque dont le Space Wolf finit par sortir d’un vainqueur, grâce à une paire de grenades krak astucieusement camouflée au bout d’un appât irrésistible (son bras). Amputé d’un membre, blessé à de multiples reprises, gisant sur le plancher océanique et avec son casque qui se remplit rapidement d’eau, on se dit que Kvara est bon pour le Valhalla, mais ce serait faire fi du dévouement des Lysesiens, qui parviennent à le sortir de là et de l’eau pour le mettre sur un lit d’hopital (par contre après ils ne font plus rien car ils ont trop peur qu’il se réveille et leur foute des baffes). Après deux mois de coma réparateur, Kvara finit par émerger, et décide que son honneur, comme son enveloppe corporelle, est enfin lavé. Il est temps pour lui de reprendre sa place parmi le Vlka Fenryka… à supposer qu’il puisse conduire sa Twingo avec une seule main.Fin spoiler

1 : Le descriptif qui est donné de l’engin laisse en effet à penser que ce dernier est trop petit pour accueillir d’autres passagers que son pilote et quelques Serviteurs. Donc pas de Navigateur. Ce qui est embêtant pour voyager dans le Warp.
2 : C’est pure invention de ma part, mais reconnaissez que ça aurait pu être approprié. Un peu d’humour dans une galaxie en guerre, ça ne peut pas faire de mal.

AVIS :

Drôle d’histoire que celle-ci, qui parvient être à la fois très satisfaisante d’un point de vue narratif, et beaucoup moins aboutie sur le plan de l’intrigue et du respect du fluff. Le principal reproche que je ferai à Wraight sera son utilisation complètement contrintuitive des Tyranides comme antagonistes de Kvara. Et là où cela est particulièrement dommage, c’est que son histoire aurait pu tenir debout s’il avait utilisé des Genestealers à la place de bêtes et « impossibles » Hormagaunts. Quant à la Némésis de notre Space Wolf, rien n’indique qu’elle soit un rejeton de la grande dévoreuse (ou alors j’ai raté un truc dans la description du combat), ce qui pose les questions, logiques, du « pourquoi ? » et « pourquoi maintenant ? ». Moins flagrants, mais tout aussi embêtants, les problèmes posés par le vaisseau spatial du héros et sa capacité miraculeuse à suivre les monstres marins (qui nagent donc profondément sous la mer, et ne laissent pas d’empreintes ou d’odeur à suivre…), empêchent de prendre trop au sérieux cette soumission d’un – à l’époque – jeune Chris Wraight, déjà conteur fort habile, mais scénariste maladroit. Il s’est amélioré depuis, mais ce ‘Kraken’ aurait mérité d’être rejeté à la mer par la BL le temps qu’il murisse un peu plus.

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Redeemer – G. Haley :

RedeemerINTRIGUE :

On a tous déjà été confronté à ce moment, plus ou moins long, pendant lequel une chanson – souvent débile, comme La Danse des CanardsT’Es Si Mignon ou Despacito – nous restait collée dans la tête malgré tous nos efforts pour forcer notre cerveau de passer à autre chose. Eh bien cette expérience abominable, c’est le quotidien d’Astorath l’Inflexible, Grand Chapelain des Blood Angels et Rédempteur des Égarés, dont il entend les fredaines pathétiques lui rabâcher les oreilles dès que l’un d’entre eux sombre totalement dans la Rage Noire. Il est alors de son devoir de rappliquer dare dare pour abréger les souffrances (les leurs et les siennes) à grands coups de hache, ce qui le conduit à passer sa vie dans l’espace, voyageant de zones de guerres en théâtres d’opérations dans son véhicule de fonction (l’Eminence Sanguis), accompagné de quelques fidèles acolytes. Aujourd’hui, direction Asque, d’où proviennent les échos lointains de Djadja joués à la flûte à bec par un Snotling asthmatique, ce qui est passablement désagréable, vous en conviendrez.

Laissant le fidèle Sergent Dolomen garder le vaisseau, comme il en a l’habitude1, Astorath part à la rencontre de l’escouade de Blood Angels affectés par le mâââl, escorté par le Prêtre Sanguinien Artemos et guidé par un trio de locaux, fortement impressionnés par la panoplie macabre de leur visiteur (qui fait moins le malin lorsque les ailes factices de son jet pack se prennent dans les branches sur le chemin, ceci dit). En chemin, les bouseux apprennent au Grand Chapelain que leur monde est victime depuis plusieurs décennies des attaques d’une race de Xenos peu sympathiques, baptisés les Silencieux par les pragmatiques Asquiens, et qui ont forcé ces derniers à abandonner leur cité ensoleillée pour se réfugier dans les forêts de champignons insalubres et humides recouvrant la majeure partie de la planète. Leurs appels à l’aide étant resté lettre morte pendant des décennies, l’ouverture de la Cicatrix n’aidant certainement pas, il leur a fallu prendre leur mal en patience et apprendre à vivre comme Yoda sur Dagobah, la Force en moins, le temps qu’une demi-escouade de Blood Angels soit dépêchée sur place pour botter le train aux Silencieux. Tout se passait très bien jusqu’à ce qu’un des Astartes ne pique une colère noire pour un motif indéterminé, et fausse compagnie à ses camarades pour aller baguenauder dans les sous-bois d’Asque.

Cette version est confirmée par le trio de Primaris qu’Astorath et Artemos rencontrent à leur retour de patrouille, et encore traumatisés par le pétage de plomb de leur mentor, le Sergent Erasmus, après que leurs hôtes leur aient apportés un steak d’ordes bien cuit au lieu de saignant. Détail important, Erasmus était un Space Marine de la vieille école, et pas un Primaris, dont la résistance à la Soif Rouge et à la Rage Noire relève encore de la théorie et des boniments de Belisarius Cawl. Ayant recueilli assez d’indices pour procéder à la traque et à la rédemption d’Erasmus, dont le séjour sur Asque sera le dernier échange culturel, Astorath se prépare à apporter la paix à la brebis énergétique égarée, siphonant un peu de rouge à la veine d’Artemos pour se donner du cœur à l’ouvrage, mais refusant catégoriquement que son acolyte vienne lui porter main forte dans sa mission sacrée. La confidentialité de la relation patient-thérapeute/confesseur/bourreau doit être respectée, que diable.

Après une petite partie de beat ‘em all sur le chemin de la ville abandonnée par les Asquais (les Silencieux trouvant malin de s’attaquer à Astorath à son passage, malgré leur corps de lâche et leur équipement rudimentaire), notre héros parvient enfin à localiser Erasmus, complètement enragé et donc persuadé de purger le Vengeful Spirit en lieu et place de son Primarque, alors qu’il massacre en fait la colonie de Silencieux ayant investi les habitations des colons après le départ de ces derniers. L’arrivée du Grand Chapelain fait définitivement pencher la balance en faveur de l’Imperium, et après que les derniers mobs aient été farmés, il est temps pour l’ultime séance de psychiatrie du Sergent Erasmus, administrée de main et de hache énergétique de maître par Astorath. Guidé par son amour fraternel et sa miséricorde absolue, le Rédempteur rédemptionne avec retenue, se contentant de saigner son patient pour saper sa force plutôt que de le décapiter sans sommation. Ah, il lui coupe une jambe aussi, mais seulement pour qu’Erasmus se tienne enfin tranquille, et qu’il puisse lui adresser une imposition des mains salutaire, permettant à l’égaré d’enfin refaire surface, et de mourir dans la lumière de Sanguinius et de l’Empereur. C’est presque une happy end, en fait. Ce problème résolu, et les glandes d’Erasmus récoltées, il est temps pour Astorath et Artemos de repartir sur les routes, la version de Bella exécutée au mirliton et à la scie musicale venant lui trotter dans la tête lui indiquant qu’un autre frère a besoin de ses bons offices…

1 : La planque ultime pour un Blood Angels tout de même. M’est avis que Dolomen a dû faire une remarque désobligeante lors du dernier vernissage de Dante pour avoir été affecté à une mission aussi chiante.

AVIS :

Guy Haley s’empare du personnage d’Astorath l’Inflexible (possiblement le Blood Angels doté du background au plus fort potentiel narratif) et nous sert une petite mise en situation dont il a le secret, soulignant à la fois les caractéristiques saillantes de son héros et levant le voile sur des aspects de sa personnalité et de son passé non abordés par les quelques paragraphes qui lui sont dédiés dans le Codex Blood Angels. Sur cette base éprouvée, Haley trouve également le moyen de faire le lien avec le lore avec un grand L (ce qui est approprié pour un personnage avec des grande ailes), en mentionnant l’ouverture de la Cicatrix et la dévastation de Baal, ainsi qu’en abordant la question fondamentale de la vulnérabilité potentielle des Primaris Blood Angels aux tares du matériel génétique de leur Primarque. Le résultat est très solide, à défaut d’être particulièrement original, et on se prend à espérer que la BL commissionne Haley pour d’autres travaux mettant l’Inspection Générale faite (sur)homme en vedette.

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The Test of Faith – T. Parrott :

The Test of FaithINTRIGUE :

Déployée à la surface du monde de Muz, dont les stations de collecte de prometheum mouvantes (à la Mortal Engines) sont suspectées d’abriter une forme de corruption encore mal définie, une petite force de Dark Angels part à l’assaut d’une de ces forteresses roulantes, le Meridian Secundus. Quittant l’abri confiné1 de leur Repulsor, les Intercessors du Sergent Raum, escortés par non pas un, mais deux Chapelains (l’Interrogateur Raguel et l’Interrogé Hadariel, qui est également un Primaris), se fraient un rapide et sanglant chemin à travers la première ligne de défense ennemie, dont le courage suicidaire et les EPI mal entretenus ne font pas le poids face à l’arsenal meurtrier et la détermination absolue des assaillants. Ces premiers moments sont l’occasion pour nous de faire la connaissance de Chapi et Chapo, dont la relation apparaît comme un peu trouble. Non pas que l’honorable Raguel donne des signes d’avoir abusé la confiance placée en lui par son pupille, mais plutôt que ce dernier apparaisse comme bizarrement mutique et renfermé auprès de ses camarades, ce qui est assez rédhibitoire pour un officier sensé insuffler un zèle sans failles dans le(s) cœur(s) des meilleurs de l’Empereur. D’ailleurs, la froideur d’Haradiel ne manque pas d’interroger l’un des vieux copains de Croisade Indomitus, le jovial Gnaeus, qui ne vivra pas assez longtemps pour investiguer le sujet en profondeur (ce qui est généralement une mauvaise idée quand on est un Dark Angels lambda).

Ce dont Gnaeus est mort, mis à part l’expulsion de ses deux cœurs et trois poumons hors de sa cage thoracique, est un assaut en bonne et due forme d’un essaim de Genestealers, révélant du même coup la nature de l’ennemi ainsi que les raisons de la bravoure inhabituelle des techniciens de forage massacrés quelques minutes plus tôt. Les Dark survivants prennent donc la direction de la salle de commandement du Meridian, où la jonction avec les autres escouades léonines est sensée s’opérer. Premiers sur les lieux, la team chapelure en prend plein la capuche de bure (ça rime), les lieux étant occupés par des représentants de la moitié des entrées du Codex Culte Genestealers (sauf les Jackals, évidemment), dont un Magos adepte du harcèlement psychologique. Il faudra l’intervention désintéressée d’Haradiel pour que son mentor parvienne à joindre les deux bouts (celui de son Crozius et celle de la colonne vertébrale du psyker mutant), permettant aux Space Marines de se rendre mettre des lieux, et aux renforts d’arriver sur place pour achever les survivants…

Début spoiler…Ayant décidé de rester aux côtés de son disciple le temps que l’Apothicaire de garde vienne prendre le relais, Raguel autorise le reste de la force d’intervention à poursuivre sa purge. Le Chapelain Interrogateur a alors la désagréable surprise d’entendre le blessé lui raconter ses vacances sur Malmar, dont il vient juste de se souvenir, sans doute une conséquence de l’attaque psychique dont il a récemment fait les frais. Bien qu’il ne soit jamais facile d’endurer stoïquement ce genre d’exposé, que l’on soit un Space Marines ou un employé de bureau, le récit incohérent de vagues et de noirceur d’Haradiel a un effet absolument dramatique sur Raguel, qui ramasse un couteau de combat tombé au sol dans la bagarre et met fin aux élucubrations (ainsi qu’aux souffrances) de son camarade de façon définitive. La raison de cet acte radical nous est donnée en conclusion de la nouvelle, à l’occasion d’un petit débriefing dans les profondeurs carcérales du Roc, entre Raguel et son boss, Asmodai.

Élément brillant des recrues Primaris intégrées au Chapitre sur ordre de Guilliman, Haradiel était le premier Chapelain de la nextgen à avoir été considéré pour une élévation au sein du Cercle Intérieur de la Légion. Sponsorisé par Raguel auprès des instances compétentes, l’impétrant fut envoyé sur Malmar à la pêche aux perles (avant d’obtenir le droit d’en enfiler, le rêve de tout Chapelain Dark Angels). Quelque chose se passa mal sur place cependant2, décidant ces mêmes instances à laver le cerveau du candidat avant de le renvoyer au front. La remontée des souvenirs d’Haradiel mettant les secrets des Dark Angels en danger, Raguel n’eut d’autres choix que de faire taire son stagiaire pour de bon. Pas de grand oral de rattrapage pour Haradriel donc, qui s’est révélé être un peu trop droit dans ses bottes énergétiques pour les vieux grincheux de la 1ère. Vivement le retour de Lionel pour dépoussiérer l’institution, moi je vous le dis…Fin spoiler

1 : Bien que le nombre précis des Anges de la Mort ne soit pas précisé, on sait qu’ils étaient plus nombreux que les six places réglementaires offertes par le transport. Et bien que l’un des participants au raid soit plus fluet qu’un Primaris, le compartiment du véhicule ne devait rien avoir à envier à une rame de métro de la ligne 13 en heure de pointe.
2 : Au hasard, le fait que notre idéaliste Primaris n’ait pas accueilli la révélation de l’histoire trouble de son Chapitre avec l’enthousiasme, ou au moins, l’impavidité, souhaités par le Cercle Intérieur ?

AVIS :

Les nouvelles sur les Dark Angels se suivent et se ressemblent, la question des Déchus occupant toujours une place centrale dans l’intrigue proposée par l’auteur, qui qu’il fût. Partant de ce constat, on ne peut pas dire que la tentative de Thomas Parrott soit particulièrement indigente, l’intégration du nouveau fluff apporté par les Primaris, et la difficile intégration de ces derniers au sein du Chapitre qui a sans doute été le moins content de voir arriver ces renforts inopinés, se révélant assez bien faite. Une plus grande place laissée à la préparation du retournement (ou plutôt, de la légère inflexion, l’effet de surprise étant proche du néant pour quiconque est familier du genre) de situation finale aurait été appréciable, le récit des combats contre le Culte Genestealer n’apportant en fin de compte rien d’autre à l’histoire que la toile de fond martiale que la BL semble considérer comme étant indispensable à une nouvelle de Space Marines. Au final, la valeur ajoutée de ce The Test of Faith repose quasi-exclusivement dans le petit bout de fluff qu’il délivre au lecteur, et le constat que la guéguerre entre les anciens et les modernes fait encore rage sur le Roc. Il ne fallait sans doute pas s’attendre à autre chose, pour être honnête.

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The Darkling Hours – R. Harrison :

The Darkling HoursINTRIGUE :

À peine remis de leur escapade ghollienne (‘A Company of Shadows’), la Commissaire Severina Raine et le Capitaine Storm Trooper Andren Fel, que l’on devine être au bord de la liaison amoureuse assumée (ils discutent en buvant du thé sur leur temps libre, ce qui est le niveau de tension érotique maximal pour une nouvelle de Gardes Impériaux), sont convoqués par le haut commandement du 11ème Fusilier d’Antari. La Générale Juna Keene a en effet besoin que quelqu’un débloque la situation dans la mine Iota, que les forces du Chaos refusent obstinément d’abandonner à l’Imperium. Les efforts de la Garde se sont jusqu’ici soldés par des échecs cuisants, en raison de la présence d’un Psyker renégat capable de provoquer une peur panique à des kilomètres à la ronde. Là où une attaque en masse a échoué, une frappe chirurgicale menée par une poignée de vétérans endurcis et chaperonnés par une Commissaire inflexible aura peut-être plus de chances de réussir, et c’est ainsi que Raine part en Valkyrie avec les Duskhounds de Fel, sauter en grav-chute au dessus de l’inexpugnable cratère. Ce brave Andren se fait un peu de mouron pour son love interest, car la lecture des marcs de thé de sa tasse la nuit précédente (encore une métaphore torride, pour qui sait lire entre les lignes) lui a révélé la figure de mauvais augure du Duskhound, symbole de mort sur Antar. Mais le devoir est le devoir.

Le vol d’approche est l’occasion de faire la connaissance de l’escouade d’élite escortée par Raine, dont les quatre membres ont des noms aussi courts (Tyl, Rol, Jeth, Myre) que leur intérêt est limité. Après avoir donné le conseil-bullshit-qui-sauvera-tout-de-même-les-héros (« faire confiance à son instinct ») à ses troupes, la Commissaire fait le grand saut… et manque de s’éclater sur la paroi de la mine. C’est bien sûr l’influence du Psyker chaotique qu’il faut blâmer, et pas du tout sa mauvaise lecture de l’altimètre. Evidemment. S’en suit une rapide progression dans les boyaux souterrains, entrecoupée de quelques meurtres de cultistes, qui malgré leur statut de Vus (Sighted), se montrent incapables de détecter les Duskhounds avant qu’il ne soit trop tard. Cette promenade de presque santé permet également de comprendre pourquoi les forces du Chaos n’ont pas cédé de terrain malgré l’avance de l’Imperium : c’est en effet dans les galeries d’Iota que sont récoltées les pierres de vue dont les… Vus raffolent (en porte-clés, boucles d’oreille et remplacement de leurs globes oculaires). Remontant le courant de leur pétoche grandissante, preuve indéniable qu’ils sont sur la bonne piste, les commandos finissent par débusquer le sorcier dans son antre.

Le combat final/duel de volonté peut alors commencer, la verroterie du Psyker et les miroirs à facettes installées dans son pied à terre compliquant la vie et troublant la raison des Duskhounds et de leur garde chiourme. La caméra se braque en alternance sur Fel et sur Raine, qui doivent chacun livrer leur propre bataille : l’Antari voit ses camarades et, pire, sa chère Severina, se faire déchiqueter par des molosses spectraux, tandis que cette dernière est confrontée au fantôme de sa sœur (sans doute jumelle) Lucia, morte dans des circonstances troubles auxquelles l’inflexible officier pourrait bien ne pas être étrangère. Nos deux têtes de lard refusent toutefois de capituler devant les effets de manche du mentaliste, qui finit par se manger trois bolts dans le caisson (ce qui le déplume littéralement) pour sa peine. Bilan des courses : une cible abattue, une offensive qui peut reprendre, et aucune perte pour l’élite impériale, qui peut repartir en direction du barraquement pour se prendre une tisane bien méritée.

AVIS :

Petite nouvelle d’accompagnement de l’arc narratif de Severina Raine, ‘The Darkling Hours’ permet d’en apprendre plus sur le passé trouble de l’héroïne de Rachel Harrison, d’étoffer le background propre au 11ème Fusilier d’Antari, et d’approfondir la relation particulière entre le Capitaine Storm Trooper et la Commissaire. Bien que cette histoire soit dans l’absolu beaucoup plus dispensable que ‘A Company of Shadows’ et ‘Execution’, elle suffisamment bien racontée pour mériter la lecture, surtout si on apprécie les récits de Gardes Impériaux « à la Gaunt ».

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Lightning Run – P. McLean :

Lightning RoadINTRIGUE :

Sur la planète d’Elijan III, les forces du glorieux Empereur de l’Humanité sont en train de se faire mettre minable par le culte chaotique local, menaçant de priver l’Imperium des précieuses ressources de prométheum de cette colonie. Affectée au transport d’un général de la Flotte, la pilote Salvatoria Grant patiente dans le cockpit de sa bien-aimée Valkyrieen attendant l’arrivée du colis, et tue le temps en murmurant à l’oreille du tableau de bord de son oiseau de fer, s’attirant des remarques acerbes de son co-pilote, le fumiste et fumeur Herrion. Avant que Grant n’ait eu le loisir de mettre sa menace de flinguer l’irrespectueux à bout portant (grosse ambiance), le général Gobrecht arrive avec son escorte, et enjoint son chauffeur Uber de l’amener à la base Patroclus en moins de huit heures, ce qui ferait la différence entre la victoire et la défaite pour cette campagne. Si un raccourci est techniquement faisable pour tenir ces délais serrés, ce dernier force toutefois la Valkyrie à chevaucher au dessus du territoire ennemi, ce qui, je vous le donne en mille, ne se termine pas super bien pour le fringant appareil. Heureusement pour nous d’ailleurs, sinon la nouvelle aurait fait cinq pages. Bref, le coucou se prend un missile en pleine queue, Sal’ fait du sale, et crashe son appareil dans un bout de forêt bien loin derrière la ligne de front, avant de sombrer dans l’inconscience avec la satisfaction du devoir presque bien accompli1.

À son réveil, elle a tôt fait de réaliser qu’elle est la seule survivante de son atterrissage sauvage, le général Gobrecht s’accrochant à son ultime point de vie juste assez longtemps pour lui remettre un anneau de pouvoir qu’elle devra aller jeter au cœur de la Montagne du Destin, et… euh, pardon, erreur d’univers. L’anneau que le gradé blessé à mort lui remet est un décodeur de niveau vermillon, dont le haut commandement de la base Patroclus aura besoin pour décrypter les plans de bataille de l’ennemi, envoyés par mail sécurisé quelques heures plus tôt. À cela s’ajoute un mot de passe en haut gothique, parce que ça fait classe, qui permettra à la coursière commise d’office d’accéder jusqu’à la base en question sans se faire abattre en cours de route. Ceci fait, il ne reste plus qu’à notre héroïne qu’à troquer sa licence de Kaptain pour celle de Deliveroo, ce qui ne fait pas grande différence, il faut bien le reconnaître. Un rapide coup d’œil sur le temps qui lui reste et sa position sur la carte l’amène toutefois à une conclusion logique : il lui faudra piquer un avion aux hérétiques pour tenir les délais. Coup de chance, une base aérienne chaotique ne se trouve qu’à quelques kilomètres du lieu du crash, permettant à la débrouillarde Grant de hijacker un Lightning laissé à l’abandon sur le tarmac. Quelques tirs de pistolet laser plus tard, et grâce à la magie de la standardisation de la technologie impériale, notre pilote est donc de retour dans les nuages, dans un cockpit détrempé de sang certes, mais nécessité fait loi.

Ce n’est cependant pas la fin des problèmes pour Grant, qui doit maintenant trouver un moyen de se poser sans se faire dégommer par un tir ami, l’aspect proto-punk de son avion incitant les forces impériales de tirer à vue. Ces petits rigolos de cultistes ayant piraté la radio de bord, elle a ainsi toutes les difficultés du monde à se faire comprendre de la part de la tour de contrôle locale, et ne réussit à négocier une autorisation d’atterrir qu’après avoir été forcée d’abattre quelques missiles et détruire quelques Hydres en dessinant l’aquila dans le ciel. Ce léger malentendu, ayant toutefois fait 29 morts du côté loyaliste et réduit l’épaule de notre héroïne en steak haché, dissipé, Grant peut enfin remettre sa précieuse bagouze à la colonel Shrake (baptisée en hommage à l’Ogryn philosophe, avec lequel elle partage une certaine ressemblance physique), et recevoir quelques soins. S’attendant à finir devant le peloton d’exécution à cause du carnage – certes involontaire – qu’elle a provoqué sur la base à son arrivée, elle est cependant la première surprise de se retrouver catapultée héroïne de l’Impérium pour son action décisive dans la campagne d’Elijan III, prestement remportée par le camp des gentils une fois leur décodeur installé.

Ce n’est cependant pas tout à fait la fin pour Grant, dont l’élévation au statut d’outil de propagande ne fait pas grand-chose pour combattre la profonde dépression dans laquelle ses actes désespérés l’ont fait sombrer. Devenue alcoolique, et utilisée sans vergogne par le haut commandement comme motivation speaker, ou quelque chose comme ça, à destination des bidasses des Flotte et Garde impériaux, Grant réalise amèrement qu’il n’est décidément pas facile de faire son devoir pour l’Impérium, que l’on soit simple pilote ou tête de gondole. Espérons qu’elle puisse bénéficier des sages conseils de Ciaphas Cain sur le sujet avant de commettre l’irréparable…

1 : Il y a une leçon à tirer de cet accident. Si tu es un personnage de McLean et que l’on te propose de faire un tour de Valkyrie, run (‘No Hero’).

AVIS :

McLean livre avec Lightning Run une nouvelle d’action pure, qui n’aurait pas dépareillée au sommaire de l’anthologie Wings of Blood, se terminant avec un twist final d’un genre un peu particulier et faisant à mes yeux tout l’intérêt d’une soumission autrement très classique (mais efficacement mise en scène et déroulée quoi qu’il en soit). En effet, en suivant Grant pendant les quelques semaines venant après son sauvetage de la campagne d’Elijan III, l’auteur montre à quel point le statut d’héros de l’Imperium peut être dur à porter malgré les apparences, et comment l’appareil de propagande impérial a tôt fait de mettre à profit les individus méritants, sans grande considération pour leur bien-être ou leur santé mentale. Cet aspect de l’effort de guerre, peu abordé jusqu’ici dans la GW-Fiction, permet de conclure la nouvelle sur une touche un peu plus originale, même si bien sombre1, que ce que le déroulement des événements ne nous le laissait pressentir. La marque d’un auteur qui ne se contente pas de servir la soupe, mais cherche à faire sortir ses écrits du lot, ce qui n’est jamais un mal dès lors que les idées sont intéressantes et l’exécution convenable.

1 : Et encore, je pense que McLean aurait pu faire bien pire dans ce registre. Après tout, Grant finit l’histoire vivante, non ?

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Missing In Action – D. Abnett :

40K_Missing in ActionINTRIGUE :

À peu près remis de son aventureuse traque du Necroteuch (‘Xenos’), au cours de laquelle il a débloqué le skin exclusif Buster Keaton, Gregor Eisenhorn a été remis en service actif par les Saints Ordos, qui lui ont donné une mission bidon sur Sameter pour lui remettre le pied à l’étrier en douceur. Comme quoi, on peut ordonner des Exterminatus sans sourciller et gérer ses subalternes avec une profonde humanité. L’affaire n’ayant rien donné, les enquêteurs s’apprêtent à plier bagage lorsqu’un ministre du gouverneur sollicite une audience pour avoir l’avis d’un expert reconnu sur une série de meurtres qui ont tout l’air d’être l’œuvre d’un culte chaotique. Les quatre victimes identifiées à ce jour ont en effet toutes eu les mains, les yeux et la langue enlevés (voire plus si affinités). Flairant un défi digne de ses talents, Greg’ accepte de reprendre le dossier, et commence sa petite enquête de voisinage en compagnie de ses associés (la Paria fashion victim Bequin, l’ex-Arbites Fischig, le pilote Betancore et le Savant Aemos).

Les interrogatoires des voisins, l’examen des cadavres des victimes et d’un suspect trop lent, les informations déterrées par Aemos et le flair éprouvé d’Eisenhorn ne mettent que quelques heures/pages à identifier une piste prometteuse, qui mène nos héros sur les traces d’un régiment de Sameter ayant combattu sur Surealis il y a une vingtaine d’années. Marqués autant par les horreurs du Chaos que par les rayons UV des soleils de ce système, les vétérans qui ont regagné leurs pénates lorsque le régiment a été débandé auraient basculé dans la psychose et se seraient mis à fliquer en douce leurs compatriotes, en faisant disparaître les individus suspectés d’hérésie. C’est l’hypothèse qui reçoit les faveurs grimaçantes d’Eisenhorn en tout cas, et qui le mène jusqu’au lieu de conscription du régiment en question, laissé depuis longtemps à l’abandon…

Début spoiler…Et où une trentaine de vétérans, se sachant traqués à titre préventif par les Arbites locaux après que l’Inquisiteur se soit ouvert de ses soupçons, se sont regroupés pour se rappeler le bon vieux temps. Le petit cœur sensible de Greg saigne devant le spectacle des délaissés de Sameter, abandonnés comme des vieilles chaussettes par l’Imperium à la fin de leur service, sans même une réserve de biaffine suffisante pour traiter leur peau carbonisée. Beau joueur, notre héros décide donc de raisonner ces brebis égarées et trop bronzées, mais fait un jet critique sur son jet de persuasion et l’affaire tourne rapidement au méchoui. Trop coriace pour être mis en difficulté par une bande de mobs de bas étage, Eisenhorn perd tout de même sa main gauche dans la bagarre, victime d’un tir de sniper à gros doigts malhabiles. L’affaire est toutefois résolue, et l’Inquisiteur peut retourner sur Gudrun avec la satisfaction du devoir accompli, et un sale goût de grimdark au fond du gosier.Fin spoiler

AVIS :

Petit interlude inquisitorial comme Abnett en a signé quelques uns au cours de l’écriture des trilogies ‘Eisenhorn’ et ‘Ravenor’, ‘Missing In Action’ voit Greg le missionnaire mener une enquête en deux temps trois mouvements en compagnie d’une bonne partie de sa clique (il manque Harlon Nayl et Kara Swolle, sans compter la barquette Ravenor), dans une ambiance empruntant plus au film noir qu’à la SF « spectaculaire » (pouvoirs psychiques et Xenos en folie). C’est simple, on pourrait assez facilement adapter cette histoire à notre époque, pour en faire un récit policier tel que Grange, Vargas ou Cohen pourraient en écrire. Tout cela est plus sympathique qu’essentiel, et permet de constater, si besoin était, que Dan Abnett est un auteur plus accompli que la plupart des auteurs de la BL, et est tout à fait capable de signer une nouvelle à la fois sans prétention et de très bon standing. À savourer sans modération pour les lecteurs familiers de la série, et à découvrir sans réserve par ceux qui ne le sont pas (encore).

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The Crystal Cathedral – D. Ware :

INTRIGUE :

Nous retrouvons la Sœur Augusta Santorus de l’Ordre de la Rose Sanglante, peu de temps après les événements couverts dans Forsaken. Toujours placée sous le patronage sévère mais juste de la Sœur Supérieure Veradis, l’escouade à laquelle notre héroïne appartient a reçu une nouvelle mission : assister à la reconsécration de la cathédrale de Clermont-Ferrand Caro, un ouvrage de cristal noir unique en son genre que la populace reconnaissante a élevé en souvenir de la victoire remportée il y a un millénaire par la Sœur Farus, elle aussi de la Rose Sanglante, sur l’infestation Xenos qui avait gagné cette petite lune1. Cette cérémonie est le point d’orgue des festivités organisées par les locaux pour célébrer le retour à la normale, et notamment la réouverture des fameuses mines de pierres précieuses dont Caro se targue. Et à ceux qui trouveraient que 1.000 ans, ça fait long pour passer le balai, je répondrai qu’obtenir un permis de détruire, puis un permis de construire, depuis le centre administratif du sous-Segementum, ça prend un certain temps, et que les travaux, on sait quand ça commence mais pas quand ça finit. Non mais. Toujours est il que nos pieuses Sœurs arrivent sur place, déposent leurs armes à l’entrée du lieu saint – car apparemment, il est blasphématoire d’entrer armé dans la maison de l’Empereur, comme tout Custodes vous ne le dira certainement pas2 – et pénètrent à l’intérieur de la nef, où une foule considérable s’est rassemblée pour assister à l’office.

Les Roses Sanglantes ont cependant à peine le temps de profiter du son et lumière grandiose qui s’offre à elle, et qui culmine en une conjonction astrale rarissime permettant à la rosace du chœur central de s’illuminer pour la première fois en mille ans (depuis le début de la construction de l’édifice, donc), qu’une tragédie s’abat sur la congrégation, sous la forme d’un Xenomorphe3 tyranide qui dégringole du plafond dans une cascade de verre brisé. 7 millénaires de malheur. Alors que la foule fuit piteusement les assauts meurtriers de la bestiole (sauf le Diacre en charge de l’office, tellement vénère d’être interrompu qu’il se met à injurier le maraud sans discontinuer : ça ne sert à rien mais c’est marrant), les Sœurs de Bataille réagissent avec leur efficacité coutumière, en opérant une retraite stratégique vers l’entrée de la cathédrale afin de récupérer leurs bolters et ainsi équilibrer les… Ah non. Sainte Barbie m’envoie une vision me prévenant que Verandis préfère envoyer la porteuse de bolter lourd repartir seule rechercher son arme, tandis que les autres membres de l’escouade engagent Tyty au corps à corps. J’avais oublié que nous étions dans une nouvelle de Danie Ware, où tout le monde est grand-maître de Krav Maga (sauf Verandis elle-même, qui préfère le judo et envoie donc son adversaire au tapis d’un Koshi Guruma bien senti).

Le combat qui s’ensuit, pour violent et sanglant qu’il soit, ne s’avère guère concluant. D’un côté, le Xenos bouge à la vitesse du son et est doté d’une force prodigieuse, ainsi que d’une chitine impénétrable pour les petites dagues que les Sororitas s’obstinent à utiliser contre lui, de l’autre, l’armure énergétique des meilleures de l’Empereur absorbent les horions de Tyty avec une facilité déconcertante (peut-être que les jets de sauvegarde se font sur un D66, ce qui rend le 3+ beaucoup plus favorable). Toujours est-il qu’il ne se passe pas grand-chose pendant quelques pages (un peu comme lors d’un corps à corps de la V3), jusqu’à ce que l’artilleuse de la sororité, une dénommée Leona, arrive avec son petit ami (Scarface like). Et là, c’est le drame. Doublement même. D’une part car l’une des Sœurs de Bataille, Pia, se retrouve dans la ligne de mire de sa comparse, et finit sa carrière en victime collatérale. C’est moche. Mais surtout, surtout, car Ware ose sortir un special move tellement débile et cartoonesque de la part de la même Pia, que l’Empereur a dû en faire des saltos dans le Trône d’Or. Jugez plutôt4. Hérésie ! HÉRÉSIE !! HÉRÉSIE !!! Toujours est-il que la douche de pruneaux explosifs finit par avoir raison de Tyty, qui mord enfin la poussière après avoir fait bien des dégâts (mais échoué à tuer la moindre Sœur).

L’orage étant passé, le temps du deuil et de l’exploration minutieuse des souterrains environnants afin de s’assurer que la grosse blatte était toute seule, arrive. Pour la petite histoire, il semblerait que c’est la lumière qui ait réveillé la bête au bois dormant, qui pionçait jusque là tranquillement… dans la voûte d’une cathédrale érigée il y a mille ans ? Et les ouvriers n’ont rien vu ? Quoi qu’il arrive, je pense que les habitants du coin peuvent faire jouer l’assurance, car il y a clairement eu malfaçon. En tout état de cause, le triste destin, ou martyr glorieux, de Soeur Pia fournit de quoi méditer à Augusta, qui n’oubliera plus de toujours garder avec elle son bolter. On n’est jamais trop prudente.

1 : La suite de la nouvelle nous apprend que les Xenos en question étaient des Tyranides. Comme une seule escouade de Soeurs de Bataille a suffi à les exterminer, on en déduit qu’ils sont venus en Kaptein plutôt qu’en vaisseau ruche.
2 : Et comme la même Santorus ne le fera certainement pas non plus lors de son exploration de la cathédrale de Mercy. En même temps, la leçon qu’elle s’apprête à recevoir l’a sans doute marquée.
3 : J’utilise cette dénomination peu précise car Ware n’identifie jamais clairement la bestiole. Ça pourrait tout aussi bien être un Carnifex qu’un gros Hormagaunt.
4 : Jugez aussi de la manière parfaitement naturelle dont la Sœur Supérieure donne l’ordre d’agir à sa Novice. À croire que c’était répété à l’entraînement.

AVIS :

Danie Ware persiste et signe avec ce nouvel épisode de la saga full contact d’Augusta Santorus, poussant encore un peu plus loin le concept du « jeu de main, jeu de vilain ». En clair, ses héroïnes sont tellement imprenables au corps à corps qu’elles pourraient sans problème mettre à Abbadon la tête dans le slip (malgré le fait qu’il soit en armure Terminator et qu’il ait un énorme catogan), si jamais ce dernier avait le malheur de croiser leur chemin. Donnez ne serait-ce qu’une épée tronçonneuse rouillée à ces viragos, et je vous garantis que la Cicatrix est fermée dans les 20 minutes qui suivent. On aime ou on déteste (je pense que mon choix a été fait de façon sans équivoque), mais c’est définitivement une caractéristique propre au style de Ware qui est ici à l’oeuvre. D’une certaine manière, j’ai hâte de lire la suite, comme le cinéphile déviant a hâte de voir Sharknado 7.

Si on veut aller plus loin dans la critique, on peut également noter que, slapstick mis à part, l’intrigue même de la nouvelle est friable. Qu’il s’agisse des mille ans de stase de la cathédrale, de l’exploit inaugural de Sœur Farus (et de sa sidekick Neva, citée une fois et passée à la trappe), de l’approche tactique du combat des Sororitas, ou du réveil opportun du petit ranide, rien ne semble pouvoir résister à un examen soutenu dans cette histoire. Heureusement que la sortie des Sœurs de Bataille en plastique est venue rendre euphorique tous les fans : « gagner » une Danie Ware comme auteur assermentée de faction aurait mis un coup fatal au moral de cette communauté qui a connu plus que son lot d’injustices (et James Swallow en faisait partie, encore que pas à ce niveau). Il ne reste plus qu’à espérer que Rachel Harrison a, elle, fait le job.

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To Speak As One – G. Haley :

INTRIGUE :

Alors qu’il attend l’arrivée prochaine d’un collègue de l’Ordo Xenos sur une station prison inquisitoriale abandonnée orbitant autour de la planète Otranti, l’Inquisiteur Cehen-qui reçoit une missive émanant de Belisarius Cawl en personne, lui intimant l’ordre de remettre le Xenos retenu prisonnier dans la station de correction investie par lui et son équipe. Peu habitué à recevoir des ordres, quand bien même ils proviendraient d’une sommité galactique telle que l’Archimagos Dominus, et aient été contresignés par Guilliman en personne, Cehen-qui informe sa fine équipe d’acolytes (l’être à tout faire Callow, le porte-flingues livre1 Valeneez, le Magos hipster – Frenk – Gamma et la serpentiforme et mal réveillée psyker ShoShonai) qu’il n’a aucune intention de coopérer, et qu’il défendra son bien jusqu’à la mort… de tous ses suivants, et même la sienne si on en arrive jusque là. L’arrivée soudaine d’un vaisseau de l’Adeptus Mechanicus va lui donner l’occasion de mettre à l’épreuve sa résolution farouche.

À bord du croiseur de l’Omnimessie, élégamment nommé 0-101-0, nous faisons la connaissance du reste du casting de la nouvelle, constitué de l’Archiviste Primaris Alpha Primus, qui déteste tout et tout le monde (mais a un faible pour la confiture d’albaricoque) et d’un clone de Cawl, Qvo-87. Chargés par leur patron de lui ramener le sujet de ses désirs afin qu’il puisse continuer ses expériences, les deux larrons cohabitent difficilement du fait de leur différence de caractère. Si Primus est gai comme une porte de prison qui viendrait de perdre sa famille dans un accident de voiture, Qvo-87 est gai comme un pinson (Cawl a dû intégrer le coffret collector des Grosses Têtes dans sa banque de données internes), et même si ses boutades tombent systématiquement à plat, il ne se départit jamais de sa bonne humeur, qui énerve Primus au plus haut point. Comme tout le reste d’ailleurs. Confiant dans la capacité de son vaisseau à sortir vainqueur d’un échange de tirs avec la station où est retranchée la suite inquisitoriale, mais souhaitant laisser un chance à son interlocuteur de régler l’affaire à l’amiable avant de passer aux choses sérieuses, Qvo opte pour une approche diplomatique, mais envoie tout de même son stoïque collègue aborder discrètement le complexe, ce qu’il fait à la Roboute (comprendre qu’il se jette dans le vide depuis son vaisseau et rejoint sa cible à la nage). Grand bien lui en fait car les négociations avec Cehen-qui se révèlent rapidement infructueuses, et l’inévitable bataille spatiale s’engage après que les deux camps aient conclu à un accord sur leur désaccord…

Début spoilerL’affrontement tourne, comme prévu par ce dernier, rapidement en faveur de Qvo, qui décide de pimenter les choses en percutant la station afin d’accélérer sa chute vers la surface d’Otranti. Surpris et condamné par cette manœuvre, Cehen-qui n’a d’autres choix que d’ordonner l’évacuation de sa planque, non sans avoir récupérer le psyker Aeldari qu’il pense être la cible du Mechanicus… Sauf qu’il y a eu un malentendu fâcheux au niveau du communiqué envoyé par Cawl: l’Archmagos n’est pas le moins du monde intéressé par les capacités cognitives des Zoneilles, mais convoite la crête d’un Cryptek, oublié dans une des cellules du complexe inquisitorial au moment de sa première évacuation. Cela n’empêche évidemment pas Primus de faire le coup de feu au bénéfice des malheureuses troupes de choc qui croisent sa route, mais facilite grandement le travail de collecte de l’inflexible Archiviste, jusqu’à ce qu’il se retrouve nez à nez avec ShoShonai, la psyker de compagnie de Cehen-qui. Alors que le Primaris se prépare à une partie sans pitié de Mastermind, il a la surprise d’entendre son vis à vis solliciter son aide, qui consisterait en une euthanasie rapide. Et pour cause, sous son grand chapeau, Tata Shosho ne cache pas un grelot, mais un symbiote tentaculaire fermement accroché à son occiput. Et là où ça devient intéressant, même pour le suprêmement blasé Primus, c’est que c’est le Xenos qui demande à ce que l’on mette fin à ses services (probablement de disque dur externe), car c’est lui qui a été réduit en esclavage par ce radical de Cehen-qui, malgré des apparences trompeuses. Toujours prêt à rendre service à son prochain, surtout si cela implique un peu de xenocide, Primus met à profit son Magnificat et ses tendons d’acier pour broyer à main nue le parasite exploité, avant de finir le travail d’une rafale de bolts lorsque ShoShonai fait mine de lui chercher des noises. Ceci fait, il se téléporte sur 0-101-0, et repart avec son crispant sidekick pour de nouvelles aventures, laissant Cehen-qui et ses sbires réaliser avec effroi et outrage qu’ils se sont faits balader comme des cadets par les envoyés spéciaux de Cawl. Y a plus de respect, que voulez-vous.Fin spoiler

J’en aurais bien dit plus à son sujet, mais il ne fait littéralement que ça d’utile au cours de la nouvelle.

AVIS :

Nouvelle intéressante de la part du vétéran Haley, non pas par son intrigue, mais bien par son ton, qui, à ma grande surprise, s’est révélé flirter sans complexe du côté de la pastiche. Qu’il s’agisse de l’Inquisiteur Cehen-qui, éminence grise foncée aussi hautaine que précieuse, et qui n’aurait pas détonné comme méchant dans un sous James Bond philippin, ou du binôme de choc Alpha Primus (Bourriquet dans un corps de psyker Primaris) et Qvo-87 (Kev Adams dans un corps d’Archimagos), les personnages de To Speak as One manient la petite blague aussi facilement que le bolter, ce qui place cette nouvelle à part de l’écrasante majorité du corpus de la Black Library. Le résultat final, s’il est assez plaisant, n’est donc pas à mettre entre toutes les mains. Passée cette remarque introductive, cette soumission de Guy Haley gagnerait peut-être à être mise en relation avec les autres écrits que notre homme a consacré au Dark Imperium, afin de pouvoir établir si les personnages présentés ici se retrouvent ailleurs. Si c’est le cas, cela pourrait expliquer pourquoi l’auteur ne se donne pas la peine d’introduire convenablement Primus et Qvo, que le lecteur ne pourra identifier comme mari et femme Primaris et Replicae qu’au bout de quelques paragraphes. Primus reste malgré tout assez mystérieux, ni son Chapitre d’appartenance, ni les raisons qui expliquent son rattachement au service de Cawl, n’étant abordés au cours du récit. Enfin, on peut (en tout cas, je le fais) reprocher à Haley la légèreté avec laquelle il met en scène son twist final « principal », qui est à mes yeux celui d’après lequel la nouvelle a été baptisée, ou en tout cas qui aurait dû l’être compte tenu de ce choix. Quand le lecteur apprendra le fin mot de l’histoire à propos de cette double parole (To speak as one: parler d’une seule voix), il sera en droit d’être un peu déçu par la micro révélation apportée par ce développement, le « vrai » retournement de situation étant tout autre. Pinaillage peut-être, mais on ne bâcle pas un choix de titre, Mr Haley.

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Where Dere’s Da Warp Dere’s A Way – M. Brooks :

INTRIGUE :

Assistant de direction d’une bande de Pistol Boyz Bad Moon rattachée à la Waaagh ! de Da Meklord, Ufthak Blackhawk vit à fond le rêve américain Ork, fait de bagarres, d’abordages et de compétitions pour devenir le boss à la place du boss. Le o+1 de notre héros est Badgit Snazzhammer, charismatique, à défaut d’être cérébral, Nob et tirant son nom de son arme de prédilection, un combi marteau énergétique/lime à ongles, qu’il ne dédaigne pas utiliser pour motiver les troupes lorsque le besoin s’en fait sentir. Chargés par Da Meklord en personne de sécuriser la salle du réacteur Warp d’un vaisseau de l’Adeptus Mechanicus afin de permettre à un Mek inventif de jouer avec la tek’ des zoms, Ufthak, Badgit et consorks prennent le premier ‘Ullbreaker pour aller apporter leurs sentiments et bourre-pifs les meilleurs aux fidèles de l’Omnimessie.

Une fois sur place, et après avoir dérouillé une malheureuse patrouille qui tentait de faire son devoir, nos Orks se mettent à errer dans les coursives du croiseur martien, les indications du Mek à roulette1 leur servant de GPS manquant en précisions. Au petit jeu du porte/monstre/trésor, les peaux-vertes finissent par tomber sur plus fort et plus dur qu’eux, comme le malheureux Badgit en fait l’expérience lorsque lui prend la mauvaise idée de charger un Kastelan opérant comme physionomiste à l’entrée de la boite de Warp. Comme quoi, foncer tête baissée est le meilleur moyen pour la perdre. À toute chose malheur est bon, car le décès de son chef permet à Ufthak de s’improviser leader de la bande de Pistol Boyz, malgré les protestations de Mogrot Redtoof, l’autre bras droit de feu Snazzhammer. Ruzé mais brutal, Ufthak accouche d’une tactique de diversion qui lui permet d’arriver au contact de l’angry robot, récupérer l’arme de fonction de son boss, et terrasser l’ennuyeux androïde au cours d’un corps à corps épique et piquant, et même détonnant, l’usage malavisé d’une arme à contondante à champ de force sur le réacteur du Kastelan dispersant Ufthawk façon puzzle2.

Ce n’est toute fois pas la fin pour notre héros, les Orks étant, comme chacun sait, plutôt coriaces. Se réveillant très diminué, mais se réveillant tout de même (ce qui est déjà pas mal quand on n’est plus qu’une tête sur un demi-tronc), Ufthak se voit proposer par le Dok Drozfang, qui accompagnait la bande, un marché qu’il ne peut décemment pas refuser. En un tour de scie circulaire et quelques agrafes, voilà la tête du Boy greffée sur le corps de Badgit, sans trop d’effets secondaires. Ça c’est ce qu’on peut appeler de la chirurgie reconstructrice. Remis de ses émotions, bien qu’ayant – et c’est compréhensible – un peu mal aux cheveux qu’il n’a pas, Ufgit (Badthak ?) refait son retard sur le reste des Boyz, calme les ardeurs de ce parvenu de Mogrot et lui reprend le bâton marteau de parole, et invite le Mek à appuyer sur le gros bouton rouge qu’il a branché sur le moteur Warp du croiseur. Selon les savants calculs de l’ingéniork, cette machine devrait permettre au vaisseau de rebrousser chemin jusqu’à sa planète d’origine, monde forge plein de tek’ à piller…

Début spoilerMalheureusement, le buzzer magique a surtout pour effet de remplir le croiseur de démons, ce qui ne refroidit pas le légendaire enthousiasme peau-verte, bien au contraire. Ils commençaient justement à s’ennuyer…Fin spoiler

1 : Car oui, il n’y en a qu’une dans son cas, on peut parler de monorkwheel.
2 : Après l’Interrogatrice Spinoza dans ‘Argent’, c’est la deuxième nouvelle de la BL qui souligne les dangers des masses énergétiques pour leur porteur. Faut-il voir une ligne éditoriale de Nottingham ?

AVIS :

Nouvelle rigolork (c’est le dernier mot-valise à base d’Ork, je le jure) de Mike Brooks, et à laquelle je décerne la palme d’argent du titre le plus inventif (catégorie 5 mots et plus), derrière l’indétrônable Badlands Skelter’s Downhive Monster Show de Matthew Farrer, Were Dere’s… n’a pas grand-chose à offrir au lecteur à part une plongée humoristique dans le quotidien, forcément agité, d’un Boy. Les péripéties grand-guinorkesque (j’ai menti) s’enchaînent de manière plaisante, mais ne vous attendez pas à une conclusion édifiante, ou même intéressante, à cette nouvelle. C’est dommage, car Brooks avait prouvé dans Dead Drop qu’il savait terminer un court format comme il se doit. Nous tenons donc ici la pastille comique de l’Inferno! #4 (où cette nouvelle a été initialement publiée), et il ne faudra pas lui demander davantage.

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Redemption On Dal’yth – P. Kelly :

INTRIGUE :

Les cadets de la caste du Feu en visite culturelle du musée de la conquête de Dal’yth, en ce Jeudi 18 Octobre 000.078.M41 (ou quelque chose comme ça) ne le savent pas encore, mais quelque chose de très spécial est sur le point de se produire durant leur découverte de la campagne menée par leurs héroïques ancêtres, bien des années auparavant. Menés par un conférencier de la caste de l’Eau grabataire et alcoolique1, qui déblatère son discours pré-mâché avec la fougue professionnelle que tous les sujets du Bien Suprême se doivent de posséder sous peine de mort, nos pioupious arrivent dans la pièce maîtresse de l’exposition: une représentation grandeur nature de l’affrontement entre Sha’kanthas, une figure illustre de la Seconde Sphère d’Expansion, et accessoirement mentor de ce traître de Farsight, et un Space Marine physiquement ravagé du bulbe. Comme le Stéphane B(l)e(u)rn dal’ythien ne leur manque pas de faire remarquer, il ne s’agit pas d’une banale reconstitution de cet affrontement mythique, mais bien du véritable duel entre les deux héros capturés sur le vif, certes, mais surtout par un champ de stase déclenché par l’Astartes en désespoir de cause, et qui a figé la scène à jamais… Ou presque. Car, après quelques siècles de bons et loyaux et services, la pile plate alimentant le gadget impérial finit par rejoindre la droite de l’Omnimessie, ramenant brutalement nos combattants dans la quatrième dimension.

S’engage, ou plutôt se poursuit, un duel homérique entre Sha’kanthas, bien handicapé par les problèmes techniques rencontrés par son exo-armure XV8, l’empêchant tout bonnement de tirer son coup (de plasma), et le Maître de Chapitre Durian2, dont l’amour pour des technologies bien plus fiables (Paf…épée! Clong… bouclier!) se révèle d’abord gagnant. Désarmé par les moulinets de son adversaire, ainsi que par son obstination à vouloir continuer le combat alors que le rapport de force est de quelques millions pour un, Shak’ opte pour la technique du chasseur prudent, sort de son opercule de fonction (désormais inutilisable) et entraîne le Space Marine à sa suite dans le dédale du complexe commémoratif, tout en tentant tant bien que mal de réduire les pertes civiles. Fort heureusement pour lui, notre héros peut compter sur l’aide enthousiaste et la connaissance des lieux des Fire cadets précédemment évoqués, qui le guident jusqu’à une salle où est stockée une autre exo-armure XV8, relique technologique des temps anciens de l’empire. Cela tombe bien car c’est le seul modèle que notre Pa’pi résistant sait manœuvrer, la disparition du levier de vitesse et de l’embrayage à pédale sur les versions plus récentes constituant un mystère insoluble pour le valeureux ancêtre.

Un bonheur n’arrivant jamais seul, il se trouve que l’auto-radio de sa nouvelle bécane est également opérationnel, ce qui permet à Sha’kanthas d’être contacté par son ancien élève Farsight, dont le sentimentalisme l’avait poussé à sanctuariser la fréquence d’émission utilisée par son vieux maître avant sa cryogénisation subite. Les élucubrations de Shak’ pendant les premières minutes de la seconde mi-temps (vous parlez d’une coupure pub) ne sont donc pas tombées dans l’oreille d’un kroot, mais bien dans celles d’ O’shovah, qui se fait un plaisir de distiller de sages conseils à son tuteur. Ce dernier, bien que rendu chafouin par la réalisation brutale de la défection de son élève, accepte de jouer le jeu, et occupe cet écorché vif de Durian assez longtemps pour qu’une humble cadette au nom plus insignifiant qu’imprononçable3 ne place un neck shot bien senti dans le gorgerin du Space Marine, ce qui le distrait assez longtemps pour que Sha’kanthas lui règle définitivement son compte de sa botte secrète: le coup du chass’taupes (ça ne marche qu’avec des adversaire qui ne portent pas de casques). La nouvelle se termine par le remplacement de la vitrine perdue du musée par une dissection de toute beauté du cadavre de Durian, et un Sha’kanthas ayant pris un rendez-vous avec son conseiller Apec pour réaliser le bilan de compétences qui devrait lui permettre de donner un nouvel élan à sa carrière. Ces trimestres ne vont pas se cotiser tous seuls!

1 : Les experts sont formels, le ‘dzincta’ tape à 45°C.
2 : Qui a choisi ce nom en hommage au fruit de Terra, dont il partageait le distinct fumet.
3 : Kha’lithra, si vous insistez. Voilà un scroll de souris que vous ne pourrez jamais regagner.

AVIS :

L’avenir nous dira si la création/exhumation par Phil Kelly d’une nouvelle figure notable de l’entourage du Commandeur Farsight servira à autre chose que mettre ce dernier en valeur, et lui permettre d’avoir des dialogues profonds. Sha’kanthas ne marque en effet pas le lecteur par son charisme débridé, et son empoignade avec le malheureux Durian ne lui donne pas l’occasion de s’illustrer outre mesure. De son côté, le Maître de Chapitre éprouve les pires difficultés à faire une phrase sujet verbe complément (même quand son adversaire a la gentillesse de lui traduire ses répliques), et se contente de courser T’auT’au en rugissant comme un possédé. On s’interrogera enfin sur la plausibilité qu’un simple champ de stase impérial ait mis en échec la technologie avancée du Bien Suprême, qui n’a pas déployé de grands efforts pour récupérer l’un de ses héros les plus célèbres. À noter que les ingénieurs de la caste de la Terre ont trouvé un moyen pour déplacer une bulle de stase, ce qui me semble conceptuellement difficile (ça ne tient pas sur un monte charge classique tout de même?). Bref, une nouvelle dont la fin, et surtout, la poursuite, semble justifier les moyens et le peu d’intérêt narratif pour Phil Kelly. Il a intérêt à faire le taf’, ce Sha’kanthas…

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Void Crossed – J.C. Stearns :

INTRIGUE :

Void CrossedSur la planète disputée (Eldars -> Imperium -> Orks -> Eldars) de Dunwiddian, l’Archonte Melandyr de la Serre d’Emeraude livre un combat aussi équilibré que sans merci aux forces du Vaisseau Monde de Tir-Val. Féru de marche à pied et de vol d’âme à la tire, Melandyr a surtout une grande passion dans la vie : Ciorstah. Ce nom est celui de son ancienne amante, du temps où tous deux servaient parmi les Corsaires du Prince Eidear (déjà entr-aperçu dans ‘Wraithbound’, du même auteur), avant que des dissensions sur leur choix de carrière (loyaliste bonne pour Madame, hédoniste mauvais pour Monsieur) ne les fâche et les éloigne pour de bon. Ayant appris que Tir-Val, dont les armées sont maintenant menées par l’Autarque Ciorstah, avait pour projet de conquérir Dunwiddian après le départ des envahisseurs Orks, Melandyr a sauté sur l’occasion et le portail Warp le plus proche pour reprendre (full) contact avec son ex.

Pendant que leurs forces respectives s’amenuisent avec une constance et une réciprocité admirable (la bataille se termine par un duel après que tout le monde ait fui et que Melandyr ait tué la Banshee qui venait d’occire son dernier Incube), et que les premiers temps de leur relation sont racontés par quelques épisodes en flashback, les deux tourteraux se rentrent dans le lard avec une fougue intacte et des résultats prévisibles : une agonie partout, Baal au centre. Alors que Melandyr et Ciorstah poussent le vice et l’amour vache jusqu’au concours de celui qui mourra en dernier, qui voit on arriver à l’horizon ? Les Ynnari, toujours là quand il s’agit de manger des morts (notamment la cabale du Lotus Acéré, déjà vue dans ‘The Turn of the Adder’). On ne saura pas ici si les fidèles d’Ynead parviennent à recruter ou reformater l’un ou l’autre ou les deux rivaux, mais on peut tous reprendre en cœur avec les Rita Mitsouko : « les histoires d’amour finissent mal…eeeeeeennnnn….géeeeneeeéraaaaal ! ».

AVIS :

On devine dès les premières pages de la nouvelle où J.C. Stearns veut nous conduire, mais il le fait avec une efficacité sobre et assez plaisante à lire, qui compense à mes yeux l’absence de suspense de ce ‘Void Crossed’. Stearns confirme un peu plus son statut d’auteur Eldar tout terrain, position que l’inconstance chronique de Gav Thorpe a franchement ouverte. Mine de rien, notre homme prend soin de faire des passerelles entre ses différentes histoires à oreilles pointues, et pourrait donc prétendre à la création d’un Stearniverse placé sous le double signe de l’amûûûûr (‘Wraithbound’ présentait également une histoire d’amants contrariés) et d’Ynnead, deux spécialisations sur lesquelles il y a pour le moment peu de risques qu’on vienne le concurrencer au sein de la BL. On verra bien si cela débouche sur quelque chose de plus conséquent, mais en tout cas J.C. Stearns a prouvé qu’il savait écrire du 40K de façon convenable.

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Light Of A Crystal Sun – J. Reynolds :

Light of a Crystal SunINTRIGUE :

De retour de sa petite virée shopping & smashing dans le Vaisseau Monde Lugganath (Primogenitor), Fabius Bile se retrouve confronté à un problème aussi insoluble qu’acéré. Le cristal qu’il a dérobé dans le bosquet psychique des Zoneilles, et qu’il compte utiliser pour découvrir la manière dont ces derniers arrivent à stocker l’intellect et la personnalité de leurs Prophètes dans de la matière inerte, refuse obstinément de livrer ses secrets. Pire que ça, il se permet de gueuler comme un putois en rut dans son laboratoire, ce qui apparaît à notre rationnel savant fou (car l’un n’exclut pas l’autre) comme hautement improbable. Après tout, si les morts peuvent danser, ils ne devraient pas pouvoir hurler. Fascinant. Ab-so-lu-ment fa-sci-nant.

Si Bile tient tant que cela à craquer les mots de passe des Eldars, c’est qu’il aimerait bien pouvoir disposer d’une copie externe de sa précieuse personne, qui consomme corpus sur corpus à un rythme soutenu depuis plusieurs millénaires. Et si la maîtrise du clonage dont il dispose lui permet de continuer son grand œuvre sans trop perdre de temps, chaque transfert dans un nouvel organisme s’avère plus risqué que le précédent. Voilà pourquoi notre Apothicaire touche à tout bricole dans son laboratoire depuis plusieurs jours, faisant grande consommation de Psykers maison pour tenter de débloquer ce contenu caché. Ses tâtonnements ayant conduit un grand nombre de ses serviteurs à l’état de légumes décérébrés, Fabio décide de prendre les choses en main, ou plutôt, en tête, se prépare un petit cocktail psychotrope carabiné, et prend place dans le cercle des mutants en voie de disparition, malgré les conseils de prudence proférés par son fidèle Narthecium1, Arrian Zorzi. Après un petit cul sec, c’est donc parti pour une session d’oculus rift d’un genre particulier.

Et si le début de partie se passe sans problème pour notre cyber grand-père, qui, coquet, se choisit même un avatar reflétant sa plastique au moment du siège de Terra, le soleil cristallin au cœur du Vaisseau Monde, habité par les âmes et esprits des Eldars défunts de Lugganath, ne tarde pas à darder des rayons hostiles en direction de l’intrus. S’en suit une bataille digne d’un boss fight de Dark Souls, Fabius cassant du cristal de droite et de gauche – et assommant sans doute quelques Psykers au passage avec ses grands moulinets – sans obtenir de résultats probants jusqu’à l’expiration du timer, marqué par la combustion spontanée des batteries psychiques survivantes. Jugeant cette manifestation comme un signe que la partie était mal engagée, Arrian coupe la connexion à la borne, sauvant probablement la vie de son chef, mais ne décourageant pas ce dernier de retenter sa chance dès que ses laborantins lui auront installé une nouvelle LAN. Press Start… Press Start…

1 : L’équivalent d’un bras droit chez les Apothicaires.

AVIS :

Quand une nouvelle se termine sans avoir fait avancer la situation dans laquelle le protagoniste se trouve au départ, on peut légitimement se poser la question de son intérêt. Et, bien que mon attachement pour Josh Reynolds reste aussi sincère que profond, nous nous trouvons malheureusement dans ce cas de figure avec Light of a Crystal Sun. L’Apothicaire cancéreux arrivera-t-il à hacker le disque dur cristal externe de Lugganath, ou les pare-feux psychiques installés par les Guerriers Aspects du Temple de Dent Bleue1 se révéleront-ils trop coriaces pour le papy gâteux ? Eh bien, on ne le saura pas, ou en tout cas pas ici. Si l’auteur démontre une fois encore qu’il est parfaitement à l’aise dans la mise en scène du 41ème millénaire et l’utilisation de personnages nommés aussi iconiques que Fabius Bile, la copie qu’il rend cette fois-ci est tristement quelconque, et même assez confuse lorsque Georges Cloné se frite avec l’avatar vitreux et vitré du Vaisseau-Monde pillé. Retenons simplement que Fabius a un beef en cours avec ce poseur d’Ahriman – l’information la plus importante de la nouvelle, en toute objectivité – et restons-en là.

1 : Peu connu mais très utile, surtout quand l’âge moyen de votre population dépasse allègrement les 500 ans.

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War In The Museum – R. Rath :

War in the MuseumINTRIGUE :

S‘il y a bien une chose d’infinie chez Trazyn, c’est sa capacité à se mettre dans l’embarras tout seul comme un grand, bien souvent en tentant le diable C’Tan pour embellir sa collection de Chibis. Nous retrouvons notre esthète millionnaire (aussi bien en ressources qu’en années) alors qu’il finalise la restauration d’un spécimen de Prince Tyranide, collecté en même temps qu’un essaim entier de ses congénères de la flotte ruche de Kronos sur le monde de Vuros un quart de siècle plus tôt. Cet attrait pour les cafards de l’espace ne lui a pas valu que des commentaires élogieux dans le Telerama Necron, beaucoup parmi ses congénères voyant d’un mauvais œil les derniers ajouts opérés par l’excentrique Overlord à ses galeries personnelles. Même Orikan le Devin s’est fendu d’une petite prophétie à ce sujet, pressentant que la Grande Dévoreuse finirait par engloutir Trazyn et son musée… sans succès jusqu’ici.

Tandis que son équipe s’active à réhydrater le Prince endormi, afin qu’il puisse prendre dignement sa place dans l’aile tyranique récemment aménagée par notre héros, ce dernier reçoit une alerte l’avertissant d’une présence inconnue à proximité. Ayant placé l’opération Blanche-Neige (il connaît ses classiques, le bougre) sous très haute surveillance, Trazyn décide d’aller enquêter lui-même sur la cause de ce désagrément, et remonte la piste des signaux jusqu’au cœur de sa soigneuse reconstitution de la défense héroïque d’un avant poste impérial par les hordes chitineuses de Kronos… et se fait massacrer par un Lictor en pleine possession de ses moyens. Les risques du métier. Ce n’est évidemment  pas la fin pour Trazyn, rassurez-vous, qui a sagement stocké ses fichiers de sauvegarde sur le Cloud, et peut donc se matérialiser dans l’un de ses suivants pour mener à bien l’opération de chasse au gros qui s’impose. Laissant son Cryptek terminer le repulpage de sa pièce maîtresse, il entraîne donc ses Lychguards pour une partie de « Où est Charlictor? », dont il ne doute pas un instant du résultat. Il a donc la désagréable surprise de voir son escorte se faire fracasser avec une aisance déplorable par le Xenos en goguette, qui prend de plus un malin plaisir à cibler particulièrement le noble Necron, forçant ce dernier à transférer ses données d’hôte en hôte jusqu’à se retrouver seul, l’insatiable bestiole toujours sur les talons.

Aux grands maux, les grands remèdes: se souvenant sans doute des vidéos de Qui veut gagner des millions? qu’il a découvert après avoir pillé les quartiers privés de Malcador au lendemain de l’Hérésie d’Horus, Trazyn décide de faire appel à un ami, ou, à défaut, un Magos spécialiste dans la lutte contre les Tyranides. Et ça tombe bien, il a justement en stock Mr. V1, qu’il sort de stase en cette heure de besoin. V accepte de filer un coup de méchadendrite à son hôte et geôlier, sous réserve qu’il lui permette de rester en veille prolongée au lieu de l’éteindre systématiquement, ce qui lui permettra de rester productif tout en prenant la pose de façon convenable pour les visiteurs de Trazyn. Marché conclu. La recommandation du senior consultant est de réveiller deux autres spécimens du musée ayant l’expérience de la lutte contre les xenomorphes: les sœurs et Sœurs de Bataille Clara et Setine Fontaine, « prélevées » lors de la défense d’Okassis contre la flotte ruche Kraken. Ayant pris soin de leur poser des scarabées firewall pour éviter tout excès de zèle fâcheux, Trazyn s’exécute, et convainc les Sistas de lui prêter main forte, en échange d’une libération de l’exposition où elle figurait jusque là. N’ayant pas beaucoup d’autres alternatives de toute façon, les filles de l’Empereur acceptent le deal.

Je me dois de faire un petit aparté ici pour souligner une trouvaille scénaristique drôlatique de Rath. Il s’avère en effet que, si Clara est bien Clara, Setine, elle, s’est trouvée trop endommagée pour être mise en scène de façon photogénique par ce perfectionniste de Trazyn. Ce dernier a donc opté par un remplacement pur et simple, même s’il a réutilisé les parties valides de Setine pour réparer Clara (une pratique courante dans les musées, comme il le fait remarquer à cette dernière, horrifiée d’apprendre qu’elle a hérité de la main droite, la cornée et des organes internes de sa sœur). Setine est en fait Magdalena, et n’a jamais combattu les Tyranides, ce qui est logique car elle a servi au 36ème millénaire, sous les ordres de… Goge Vandire, auquel elle reste totalement dévouée. La reconstitution historique mène à des résultats parfois étranges…

Notre fine équipe sort affronter le Lictor, qui finit par mordre la poussière après quelques échanges de bolts, lasers et rayons de fuseur nourris. Ce n’est toutefois pas la fin des e**erdes pour Trazyn et ses alliés de circonstance, puisque tous les champs de stase dans lesquels ses spécimens sont conservés tombent en panne les uns après les autres. Se retrouver au milieu de 20.000 Tyranides, certes un peu groggy, mais définitivement affamés, et menés par leur Prince, qui arrive tel un lui-même après avoir disposé du Cryptek de garde, n’étant pas porteur de grandes perspectives pour nos héros, ils décident sagement de battre en retraite, pendant que le musée se transforme en champ de bataille apocalyptique. Comprenant que quelqu’un tire les ficelles et appuie sur les boutons dans l’ombre, Trazyn fait grand train jusqu’au Nexus Mundi, la salle de contrôle de son centre d’exposition…

Début spoilerOù il tombe nez à nez (façon de parler pour des Necrons) avec Orikan, qui n’a pas digéré (façon de parler aussi) que Solemnace et son maître ne se soient pas faits assimiler par la floche ruche Behemoth, comme il l’avait pourtant prédit. Sa réputation étant en jeu, Orikan complote depuis lors à la chute de son rival, des griffes, tentacules et proboscis des Tyranides, afin de maintenir son aura d’infaillibilité. Bien aidé par ses pouvoirs temporels, cela fait plusieurs fois qu’il essaie de provoquer l’accident que le musée vit en ce moment, ce qui explique comment un simple Lictor a pu donner tant de fil à retordre à un Overlord et sa garde personnelle (ce mauvais perdant d’Orikan appuyant sur Start à chaque nouvel échec).

Les deux immortels se mettent à se crêper la crête (pour le chignon, on repassera), d’abord sous forme de paquets de bits, puis par hôtes interposés, Clara et Magdalena ayant la malchance d’être chacune pén- investie par un Necron en goguette (voire par les deux, dans le cas de Magdalena, qui prend ce threesome mental de façon très posée). L’arrivée du Prince Tyranide sur les lieux de l’empoignade provoque toutefois la fin du match, lorsqu’Orikan tente de hacker super cafard… et se fait jeter comme une bouse, précipitant sa retraite hors de Solemnace. Son rival vaincu, Trazyn n’a aucun mal (en tout cas, c’est ellipsé) à remettre de l’ordre dans son arrière boutique, et le temple de l’Empereur au milieu de la cité  ruche. Fidèle à sa parole, il laisse le Magos V compter tranquillement jusqu’à lui-même dans un coin, et change de place Clara et Magdalena (il n’avait pas promis autre chose!), permettant notamment à cette dernière de contempler la reconstitution de la décapitation de son cher Goge Vandire. Qui a dit que les conservateurs de musée étaient de tristes sires?Fin spoiler

1Quasi-certainement le Magos Varnak, qui commandait la garnison impériale du monde de Tyran, au moment où vous savez qui ont débarqué. Une célébrité donc.

AVIS :

J‘ai été très favorablement impressionné par cette nouvelle de Rath, qui se place plusieurs crans au-dessus de son inaugural Divine Sanction à mes yeux. En plus de parvenir à faire gagner à son propos en intensité dramatique et scénaristique au fil des pages (ça commence comme Predator, et ça finit comme Independence Day), Rath explore de façon jubilatoire le côté excentrique et pince sans rire de Trazyn, et met à profit les possibilités offertes par les prouesses technologiques Necron pour concocter quelques situations savoureuses. Il se paie même le luxe de poser un teaser fluff en fin de récit, Trazyn comprenant que si Orikan s’est contenté de monter une opération de faible envergure contre lui au lieu de revenir dans le passé pour s’assurer que la flotte ruche Behemoth ne rate pas Solemnace, comme la première fois, c’est parce qu’il a découvert la présence dans les collections de son ennemi d’une pièce de choix, abîmée mais toujours capable d’après lui de permettre l’apothéose Necron. Quelle est elle? Mystère (pour moi en tout cas), mais ça donne vraiment envie d’en savoir plus. Réservez votre pass coupe-file dès maintenant pour la prochaine exposition!

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Headhunter – S. Parker :

INTRIGUE :

HeadhuntedDans les ténèbres obscures et sombres du sous-secteur Charybdis, à proximité du monde d’Arronax II… une baleine cosmique est venue se nourrir de krill stellaire. Quittons maintenant la chaîne National Geographic pour rejoindre Grimdark TV, et rendons-nous compte que la baleine était en fait un vaisseau Ork, venu récupérer les débris flottants d’un champ de bataille délaissé depuis longtemps1. La caméra se braque alors sur Gorgrot, un Mek plus chétif mais plus intelligent que la moyenne de ses congénères, et qui tombe sur une épave de navette spatiale dont l’habitacle contient un bouton clignotant lorsque les peaux vertes se réunissent pour examiner leur butin. Qui dit lumière dit énergie, et notre bricoleur de l’extrême se voit déjà inventer un fling’ kustom’ pas piqué des vers grâce à cette trouvaille inespérée… que cette dernière lui est confisquée par un de ses collègues de bureau, plus costaud et donc plus gradé que lui. C’est alors que l’habitacle de la navette s’ouvre, et que les vrais héros de notre histoire font leur apparition, pour la plus grande ruine des Xenos. Les cinq membres de l’escouade Talon fondent en effet sur les Meks et leurs assistants Grots comme le Miserere sur Mozart (ou l’inverse), et sécurisent les docks du vaisseau avec le professionnalisme qu’on est en droit d’attendre de la part de membres de la Deathwatch.

Avant d’aller plus loin, présentons un peu plus en détail nos Astartes de choc ainsi que leurs raisons d’investir un bâtiment ork. Menée par l’Archiviste Karras (a.k.a. Scholar) des Death Spectres, l’escouade Talon sert un Inquisiteur acariâtre et tête voix à claque simplement nommé Sigma, et qui passera la nouvelle à critiquer ses grouilots et à augmenter le niveau de difficulté, déjà très relevé, de leur mission en improvisant des objectifs secondaires on the fly. En plus de Karras, Talon compte un Ultramarine scout, formé par Tellion en personne et ayant toujours un plan pour tout (Solarion a.k.a. Prophet), un Imperial Fists spécialiste en mécanique, véhicules et explosions (Maximmion Voss a.k.a. Omni), un Raven Guard berserker et grand maître en griffure éclair (Zeed a.k.a. Ghost), et un Exorcist renfrogné et asocial (Rauth a.k.a. Watcher), dont le plus grand plaisir dans la vie semble être d’épier les moindres faits et gestes de Karras2. Cette fine équipe a été envoyée sur le vaisseau du Big Boss Balthazog Bludwrekk (a.k.a. B4) pour, littéralement, lui prendre la tête, et Karras se trimballe donc une mallette de transport dernier cri (mais pesant vingt kilos) pour pouvoir ramener le trophée à Sigma en bon état. Pourquoi ? Mystère…

Comme il sied à une mission de la Deathwatch écrite par Steve Parker, les probabilités de succès se trouvent quelques zéros derrière la virgule, ce qui n’empêche pas nos surhommes de se balancer des blagounettes (ou des remarques hautaines dans le cas de Solarion) alors qu’ils progressent vers leur cible. Pendant que les bons potes Ghost et Omni partent saboter les réacteurs du vaisseau, Scholar, Prophet et Watcher se fraient un chemin, par monte charge abandonné et escaliers délabrés interposés, jusqu’à la salle du trône de Bludwrekk. Tout le monde n’étant pas aussi discret que Solarion, l’alarme finit par être donnée, et Sigma donne l’ordre à l’Ultramarine d’aller faire péter quelque chose à l’arrière plan pour faire diversion, ne laissant que Karras et Rauth pour régler son compte au Big Boss. Ce dernier, en plus d’être protégé par deux gardes du corps de fort belle taille, est un Psyker expérimental, dont la puissance est augmentée par les centaines de Bizarboyz qu’il a trépané et installé sur une sorte de machine à dialyse psychique. Confronté à une telle puissance, les petits mantras inspirationnels de Karras et son épée de force très aiguisée ne font pas vraiment le poids, forçant l’Archiviste à tenter le diable et surtout le Warp pour l’emporter (bien aidé par Rauth, il faut dire). La décapitation de Bludwrekk manque de peu d’être suivie par l’exécution préventive de Karras par son garde chiourme, qui en bon Exorcist, déteste les Psykers et n’attendait donc que ça. Fort heureusement, Scholar retrouve ses esprits avant que Rauth ne finisse de réciter le Notre Père, et parvient à convaincre l’impitoyable Watcher de lui laisser une chance de réaliser un test de personnalité de retour au bercail, plutôt que de lui coller un bolt dans le crâne. C’était moins une.

De là, il ne reste plus à notre petite bande qu’à retourner jusqu’à leur navette malgré les milliers d’Orks déchaînés se trouvant entre eux et le salut, et cela en un temps record car le vaisseau est sur le point d’exploser et leur évacuation hors du système doit se faire à une heure très précise. La routine pour la Deathwatch, qui n’a besoin que de quelques pages pour mener cette tâche à bien, et apporter à Sigma son nouveau jouet. Notre propos se termine avec la remise de la tête de Bludwrekk à un Magos du Mechanicus d’obédience plutôt radicale, qui tente de percer les mystères de l’énergie Waaagh !!!. C’est l’occasion pour Sigma de se fendre enfin d’un compliment envers l’escouade Talon, qui n’est bien sûr pas là pour l’entendre. Le devoir est sa propre récompense, comme on dit.

1 : Il faut noter que Parker est un défenseur convaincu et militant de la cause animale (cela se voit sur son compte Twitter), ce qui explique sans doute ce début « naturaliste ».
2 : Tous les surnoms ont été trouvés par Zeed, dont le rôle d’expert du combat en corps à corps se double de celui de boute en train de la bande. Il faut noter que Solarion et Rauth détestent être appelés autrement que par leur nom officiel, ce qui ne décourage absolument pas Zeed d’en faire à sa tête.

AVIS :

Nouvelle d’action à la sauce Space Marines comme la BL en a pondu des centaines, ‘Headhunter’1 bénéficie fortement du talent de Steve Parker pour se placer d’une bonne tête (héhé) au-dessus de la concurrence. Il n’y a pas grand-chose à jeter ici, depuis l’aisance et l’inventivité narrative de l’auteur, qui nous gratifie d’un magnifique McGuffin en ouverture, puis enchaîne sur un récit nerveux, bien structuré et sans faux raccords évidents, en passant par le développement impeccable des personnages, « singularisés » de manière efficace, chacun attachant à sa manière – même cette mijaurée de Sigma –, et dont les relations évoluent entre le début et la fin de la nouvelle (c’est particulièrement vrai quand on a lu les romans de Parker), jusqu’aux petites touches de fluff intégrées à l’histoire. Ca paraît simple et facile à la lecture, mais, croyez moi sur parole, 95% des Space Marinades que vous lirez seront très en dessous de ce ‘Headhunter’. Raison de plus pour savourer cette réussite rare à sa juste valeur, et se féliciter que la Black Library l’ait mise à la disposition du plus grand nombre en la traduisant en français.

1 : Qui s’est d’abord appelée ‘Headhunted’. Le changement est difficile à rendre de façon élégante en français, mais on peut dire que le titre est passé de ‘Chassé dans la Tête’ à ‘Chasseur de Têtes’.

Duty Unto Death – M. Collins :

INTRIGUE :

Le monde mort et loqueteux de Loque II reçoit du beau monde aujourd’hui. Une série d’événements fortuits et regrettables ayant amené leur vaisseau à rentrer en collision avec une vrille de flotte ruche tyranide, le Capitaine Bouclier Tamerlain et ses frères Custodes n’ont eu d’autres choix que de se téléporter à la surface du planétoïde, avant que les Xenos ne commencent à grignoter la carlingue. Ils ont pris avec un eux un container d’auramite, dont ils tiennent absolument à préserver l’étanchéité, y compris de la curiosité du lecteur, qui se demande bien ce que le tupperware doré renferme comme trésor.

Confrontés à rien de moins qu’une invasion planétaire en bonne et due forme, les tout meilleurs de l’Empereur ne se dégonflent pas le moins du monde, et font ce qu’ont leur a appris en BTS Custoderie : tenir les fortifications (ils se construisent un petit fort en basalte pour l’occasion, c’est trop choupinet). Les hordes chitineuses ont beau s’abattre sur l’humble redoute, nos héros ne cèdent pas un pouce de terrain, et punissent grièvement tous les assauts tyranides, depuis le classique et toujours (in)efficace Gaunt rush, jusqu’au plus exotiques Lictor sneak, Warrior strike et autre Zoanthrope probe. Bien évidemment, les compagnons de Tamerlain tombent un à un au champ d’honneur, histoire de ménager un brin de suspense, laissant le Capitaine Bouclier combattre seul le Prince tyranide qui finit par arriver comme un lui-même après plusieurs jours/semaines de combats sans merci. La lutte est un peu plus accrochée qu’au cours des quinze pages précédentes, mais Tamerlain finit tout de même par planter sa petite dague dans l’œil du monstre, qui a l’obligeance d’en décéder.

Une ellipse bienvenue nous permet d’obtenir le fin mot de l’histoire, lorsqu’une barge de bataille d’un jaune pisseux finit par arriver en orbite de Loque II, et n’a aucun mal à défaire les flottes ruches (il y en avait plusieurs) en orbite autour du monde. Il faut croire que ce Prince était vraiment très populaire parmi ses sujets1, pour que sa disparition ait à tel point sapé leur moral. Si les Astartes se sont déplacés, c’est qu’ils ont capté un appel à l’aide de très haute priorité, évidemment envoyé par le mystérieux caisson de Tamerlain. Ce dernier, après avoir passé un enduit de chitine sur les fondations de son fortin pour s’occuper, s’était mis en mode économie d’énergie jusqu’à l’arrivée des renforts, qu’il accueille avec l’imperturbable calme de celui qui sait qu’il le vaut bien. Et si les introductions avec le Capitaine Ignus Vurl sont un peu fraîches, nul doute que l’atmosphère va se réchauffer lorsque Tata Merlain sortira son matos de primarisation de sa mallette. Car c’était bien pour ça que les Custodiens étaient partis en tournée galactique. Plaisir d’offrir…

1 : Sans doute une vrille britannique.

AVIS :

Il y a des nouvelles dont le cahier des charges apparaît clairement à la lecture, ce qui est en général plutôt mauvais signe. ‘Duty Unto Death’ (la maxime que les Custodiens passent leur temps libre à se répéter) ne fait pas exception : la BL avait besoin d’illustrer l’exceptionnelle qualité/résistance/compétence des Gardiens de Pépé, à travers un engagement tellement déséquilibré qu’il en devient comique, ainsi que de mettre un peu à jour le fluff des über casaniers de Terra (maintenant que leur confinement de dix millénaires a pris fin), et Collins a écrit en fonction. Si on ne devait juger cette nouvelle que sur cette base, le résultat serait loin d’être honteux, même si les hauts faits martiaux de la bande à Tamerlain arracheront davantage un baillement qu’une larme au lecteur un tant soit peu habitué aux standards de la maison. Là où le bât blesse, c’est dans l’absence d’efforts faits par l’auteur pour justifier et valoriser un tant soit peu cette base narrative.

Par justification, j’entends l’explication logique d’un affrontement qui n’aurait pas dû avoir lieu : je veux bien que les Tyranides ne réfléchissent pas beaucoup et pas souvent, mais une flotte ruche qui déballe le grand jeu1 en débarquant à la surface d’un monde mort et proprement immangeable toute la grande familia (too soon ?) pour tuer six malheureux Custodiens, c’est vraiment très bath. Tout comme chercher systématiquement le close en exposant ses créatures synapses, alors qu’une dizaine de Biovores à longue portée aurait plié la chose en trente minutes, c’est vraiment trop congre. On me dira que c’est la seule configuration qui permettait de rendre le combat cinégénique, ce à quoi je répondrai qu’un véritable auteur évite de prendre ses lecteurs pour des truffes et se creuse un peu la cervelle. Par valorisation en revanche, je regrette que Collins n’ait pas joué sur le terrible danger qu’aurait représenté la perte du kit de primarisation transporté par les Custodiens au profit des Tyranides. S’il y a bien une espèce de Xenos qui peut exploiter le potentiel génétique de super Space Marines, ce sont les cafards de l’espace, et le mentionner quelque part aurait ajouté un peu d’enjeu à la nouvelle. Bref, il y avait à mes yeux moyens de faire beaucoup mieux ici, même si le résultat est loin d’être aussi terrible que certaines soumissions de collègues de M. Collins.

1 : Au point où la masse de vaisseaux en orbite autour de Loque II influe sur la gravité de la planète. J’ai oublié beaucoup de chose de mes années de physique-chimie de collège/lycée, mais je suis raisonnablement certain que c’est très improbable..

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Et voilà qui termine cette revue de ‘Nexus & Other Stories’, le produit d’initiation au fluff du 41ème millénaire de la BL en ce début de V9, comme la boîte Indomitus a (été) celui de découverte du jeu à proprement parler. La comparaison qui vient immédiatement à l’esprit est celle avec le recueil précédent sorti par la Black Library (‘Crusade & Other Stories’), dont ‘Nexus…’ ne constitue au fond qu’une simple mise à jour… incomplète sur certains points.

Je veux par là revenir sur l’introduction au background actuel (le retour de Guilliman, la Croisade Indomitus, le Sombre Imperium…) que l’on est en droit d’attendre de la part d’un bouquin de ce type. Comme cela avait été le cas pour ‘Crusade…’, cette dimension n’a pas été franchement explorée, comme la présence de nouvelles assez anciennes (‘Missing in Action’ date de 2002, ‘Headhunter’ de 2009) le dénote. Etant de tendance assez conservatrice en matière de lore, ce n’est pas moi qui viendra me plaindre de la présence de ces vieilleries (qui comptent d’ailleurs parmi les meilleures entrées du recueil), mais il me fallait souligner cet état de fait pour les nouveaux venus dans le Zhobby.

Pour le reste (présence des factions de 40K, variété des styles, caméos de personnages connus, auteurs convoqués), ‘Nexus’ m’a semblé être aussi bon, voire parfois meilleur, que son prédécesseur. Mention spéciale pour la veine humoristique notable qui parcourt le bouquin (‘Where Dere’s Da Warp…’, ‘To Speak as One’, ‘The War in the Museum’…), qui était absente de ‘Crusade…’ et qui manquait, avec le recul, à ce type d’ouvrage introductif. Car 40K ne serait pas 40K s’il était totalement et irrémédiablement grimdark au premier degré, une leçon que tout noobie se doit d’apprendre rapidement s’il veut aller loin et lire beaucoup sur la voie de la BL. Petite préférence pour la dernière version donc, même si ‘Crusade…’ reste très honnête pour son prix.

TALES OF HERESY [HH]

Bonjour et bienvenue dans cette chronique de Tales of Heresy, premier recueil de nouvelles consacrées à la couverture de l’Hérésie d’Horus par la Black Library, publié en 2009 et traduit en français dans la foulée sous le titre de Chroniques de l’Hérésie. Une chronique de chroniques hérétiques… mais qui ne le sont pas vraiment au final. Eh oui, c’est ce que nous avons au menu aujourd’hui les amis. Car une des particularités de cette première anthologie, occupant la 10ème place dans la série de l’Hérésie, est que toutes les histoires qu’elle regroupe se sont déroulées avant qu’Horus ne décide de mettre les doigts dans la prise1. Cela en fait un ouvrage à part de cette saga tentaculaire, à placer aux côtés de l’Ascension d’Horus, qui dépeignait aussi « l’avant » du grand cataclysme sur le point d’engloutir l’Imperium et le rêve de l’Empereur. On pourrait presque rebaptiser ce volume Chroniques de la Croisade, et annoncer plus fidèlement la couleur. Laissons cependant ces considérations sémantiques de côté pour nous concentrer sur la composition de cet objet.

Sommaire Tales of Heresy [HH]

Regroupant sept nouvelles se déroulant d’un bout à l’autre de la galaxie, depuis cette bonne vieille Terra jusqu’à lointaine Nuceria, et convoquant aussi bien des Primarques que des Sœurs du Silence, des Custodiens que des Space Marines, des civilisations perdues et d’infâmes Xenos pervertis, avec même une apparition apocalyptique de cette HoE de Mom2, ces Chroniques brassent large et laissent une ample place à leurs contributeurs pour esquisser un portrait de l’Humanité à la toute fin de ce qui peut être considéré comme son âge d’or. Le nombre limité d’histoires intégrées dans ce volume permet en effet aux plus prolixes de ces auteurs de soumettre des récits tenant plus de la novella que de la nouvelle, la longueur moyenne de ces (pas si) courts formats approchant les soixante pages. Les Chroniques de l’Hérésie ont pu compter sur l’expertise de quelques noms bien connus de l’habitué de la Black Library, depuis l’omnipotent Dan Abnett3 jusqu’aux fidèles Gav Thorpe et Graham McNeill, mais également sur la collaboration d’auteurs plus rares, voire absents, de la suite de l’Hérésie, de Matthew Farrer à Mike Lee. On peut donc s’attendre à ce que le résultat soit un peu moins « maîtrisé » que les dernières sorties hérétiques, qui ont bénéficié d’un niveau de contrôle éditorial sans précédent de la part de la BL.

Et maintenant, partons dans une galaxie lointaine, il y a fort longtemps notre galaxie, dans 28 millénaires…

1 : Et surtout, qu’Erebus ne décide de mettre un athame dans Horus.
2 : Soit ‘Him on Earth’ et ‘Master of Mankind’. De là à dire que l’Empereur est un cougar, il y a une ligne franchement hérétique à franchir. Remarquez, cela permet aux renégats de recycler facilement la devise du bro code à leur avantage : « Je me suis détourné de la lumière de l’Empereur parce que bros before hoe, man ».
3 : Qui après avoir signé le premier roman de la série, trouve le moyen de signer la « première » nouvelle également. Gros bonnet.

10. Tales of Heresy

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Blood Games // Parties de Chasse – D. Abnett :

INTRIGUE:

Blood GamesC’est camping ce soir pour notre héros, un individu mystérieux plus enclin à partager avec le lecteur ses voyages pendant les dix derniers mois, qui l’ont vu parcourir une bonne partie de l’Eurasie dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et en suivant le vol des hirondelles d’Afrique chargées de noix de coco, qu’à révéler les raisons qui l’ont poussé à entreprendre ce périple singulier, ni pourquoi il est persuadé d’être recherché par les autorités locales. Au fur et à mesure que les anecdotes s’enchaînent, signe manifeste de la vie intérieure très riche du personnage, qui ne parle pas mais se souvient beaucoup, nous prenons la mesure du bonhomme, et comprenons qu’il n’est pas venu pour rigoler, en témoignent les trois migous junkies que Mr X a froidement abattu lorsque ces derniers ont fait mine de lever la main sur lui pendant un deal de résine qash1, sur les contreforts d’un Palais Impérial en grands travaux de renforcement. Si le migrant inconnu tenait tant à récupérer la précieuse substance, c’est qu’il a besoin des effets paralysants de cette dernière pour duper les scanners biologiques qui protègent le Palais, et feint donc la mort derrière un tas de gravier transporté par une grue pour déjouer les mesures de sécurité entourant sa cible. Car il ne fait guère de doute après ces quelques pages introductives que notre héros est un assassin, et que sa future victime se terre quelque part dans l’immensité baroque de la baraque de fonction de Pépé.

Négociant les obstacles les uns après les autres grâce à ses talents naturels, un changement fréquent d’identité et de profession, et l’aide de quelques petits gadgets très utiles, comme un champ de déplacement pour camoufler sa stature massive, et une feintecapuche2 pour disparaître totalement, tel un Harry Bolter de deux mètres dix sous sa cape d’invisibilité, le stalker parvient jusqu’au Hall de Leng, où il surprend Rogal Dorn en train de palucher un grimoire massif à des heures indues. S’arrêtant à peine pour noter la beauté des mains du Primarque, le tueur se rue sur cette pauvre et frêle chose qu’est le Prétorien de Terra, la dague aux lèvres et la bave à la main…

Début spoiler…Mais voit sa lame empoisonnée être repoussée au dernier moment par un Custodien, qui s’était lui aussi planqué sous une cape VPN pour éviter d’être repéré. Bien que parvenant à se défaire de cet adversaire, puis des deux autres qui lui tombent sur le râble immédiatement après (pendant que Rogal Dorn, vraiment imperturbable, finit sa petite affaire dans son coin), l’assassin décide sagement de s’échapper de ce traquenard, mais se retrouve cerné à la sortie du Hall par un quintet de Custodiens en armure complète, qui lui font comprendre qu’une reddition immédiate serait charitable de sa part. Jeté en prison comme un malpropre sans avoir pu mener à bien sa mission, notre héros reçoit la visite de Constantin Valdor en personne, qui, plutôt que de le soumettre à la torture pour lui arracher ses secrets, le félicite pour le nouveau high score qu’il a réussi à établir pour cet exercice rafraîchissant que sont les Parties de Chasse (Blood Games) de l’Adeptus Custodes. Car notre surineur masqué capé n’était pas un Assassin retourné par Horus, ou un Alpha Légionnaire en goguette sur Terra, mais Amon, Custodien du 1er Cercle, et son run presque réussi va permettre à ses frères d’armes de perfectionner encore un peu plus la sécurité du Palais, dont il a exposé les failles3.

Ce malentendu dissipé, il est temps pour notre vaillant infiltrateur de reprendre ses fonctions normales, qui consistent à détecter et déjouer tous les complots menaçant l’ordre impérial et la sécurité de l’Empereur sur Terra et dans ses environs. Bénéficiant d’un matériel de pointe et de pouvoirs très étendus, mais pas absolus, car même au zénith de la Grande Croisade, le Monde Trône n’était pas totalement sous le contrôle de Pépé, les Custodiens occupent donc leurs journées à maintenir la pax imperialis, ce qui les conduit parfois à monter des opérations que n’aurait pas dédaigné Tom Cruise à son époque Mission Impossible4. Pour Amon, qui est parti crapahuter dans la pampa avant que la nouvelle de la trahison d’Horus ne soit révélée, il faut se remettre au travail sans tarder après ces quelques mois de randonnée itinérante (l’équivalent d’une période de congés pour un Custodien, sans doute). Il demande donc à Valdor de superviser le dossier Sichar, du nom de l’influent seigneur du Hy Brasil, soupçonné d’entretenir des contacts détournés avec des éléments félons de l’Armée Impériale.

Jamais le dernier à mettre les mains dans le cambouis, Amon recrute son vieux pote (façon de parler, les Custodiens sont tous des asociaux) Haedo pour infiltrer le territoire de son suspect, usant à nouveau de sa science du maquillage et de la postiche pour se faire passer pour un VRP en granit, ou équivalent, tandis que son collège adopte le rôle de son garde du corps. Le hic, c’est que cet impatient d’Amon n’a pas attendu le mandat demandé à ses supérieurs pour se rendre sur place, et a poussé le zèle jusqu’à tenter de hacker le pare-feu de Sichar en utilisant des lombrics espions (it’s complicated). S’il se fait gauler, ce sera un beau merdier diplomatique, mais comme notre héros est un vrai professionnel hautement entraîné… il se fait gauler. Je crois que la bonne formule était « autrement entraîné ». Pour ne rien arranger, Amon se fait griller sous sa perruque par le soupçonneux garde du corps du frère de Sichar avec lequel il taillait le bout de gravier, un Lucifer Black auquel on ne l’a fait pas. Cependant, la tentative grossière de la team Custo’ ne se solde pas par un échec complet, les derniers vers inquisiteurs d’Amon lui ayant permis de prouver que ce petit fripon de Sichar a bien été en contact régulier avec le Vengeful Spirit au cours des derniers mois.

Abandonnant toute discrétion, les deux Custodiens se font livrer leurs armes et armures par un téléporteur Über Cheat, et partent en direction du Parlement de Hy Brasil, où se trouve leur suspect, le Lucifer Black de garde du frangin d’icelui sur les talons. Grâce à la magie des feintecapuches, ils parviennent toutefois à portée de lance gardienne de l’agent double, révèlent leur présence, et le somment de se rendre sans jouer au héros…

Début spoiler 2…Cette interpellation sans histoire est cependant complexifiée par l’arrivée soudaine d’une escouade de Huscarls Imperial Fists, menée par Rogal Dorn en personne. Devant le refus des deux Custodiens de baisser leur arme, le Primarque est contraint de leur expliquer la situation : Sichar a bien été en contact avec Horus, mais c’est parce qu’il était un agent double au service de Terra. Et maintenant que sa couverture a été atteinte, il faudra trouver aux loyalistes un nouveau moyen de suivre les faits et gestes du Maître de Guerre félon. Bravo les Custos. Et Amon de faire remarquer à son interlocuteur qu’il faudrait vraiment que Space Marines et Custodiens collaborent de façon plus soutenue à l’avenir, afin d’éviter ce genre de résultats contre-productifs, conséquences logiques d’un travail en silo. Avant que Dorn ne puisse donner son avis sur la question, le Lucifer servant de garde du corps à Sichar, qui lui était un véritable traître, fait péter une bombe dans l’enceinte du Parlement, tuant son ancien employeur pour lui apprendre à être une balance. Il faudra à Amon encore s’employer pour rattraper le fâcheux et l’empêcher de faire exploser une autre bombe, bien plus dévastatrice, au dessus de la patinoire géante servant à refroidir les réacteurs de Hy Brasil, ce qui aurait eu des conséquences dévastatrices. Une petite téléportation du véhicule piégé en orbite, et l’affaire est réglée. Cependant, il va falloir que les surhommes rivaux apprennent à coopérer d’ici l’ouverture du siège de Terra si Pépé veut espérer l’emporter…

Début spoiler 3…Spoiler : ils n’y arriveront pas des masses.Fin spoiler

1 : Grossière erreur qu’ils ont payé de la même manière, c’est-à-dire cash.
2 : Je suis quasiment sûr que falsehood n’a pas été traduit comme ceci en VF, mais ma version a vraiment trop la classe.  
3 : « Et Dorn dans tout ça ? » demanderont les lecteurs Imperial Fists, avec raison. Et bien le Primarque est chill avec le concept d’un deux trois scalpel dont il est la cible de la part des Custodiens, apparemment. Notamment parce qu’il avait repéré Amon depuis un petit moment, et ne se sentait pas vraiment menacé par un avorton maniant un couteau à huître.
4 : À ne pas confondre avec ‘Maçon Impassible’, qui est le sobriquet dont les Custodiens ont affublé ce pisse-vinaigre de Dorn.

AVIS:

Fascinante immersion dans le quotidien trépidant des encore plus meilleurs de l’Empereur, Blood Games fait mouche sur tous les plans importants pour une nouvelle de GW-Fiction. En matière de forme, Abnett parvient, comme à son habitude, à plonger son lecteur dans une intrigue passant de palpitante à intéressante, grâce à sa maîtrise de l’exposition parcellaire, qui lui permet de laisser son public dans une méconnaissance savamment étudiée de la situation dans laquelle son héros se trouve, jusqu’au rebondissement (pas tout à fait) final venant faire toute lumière sur les pages précédentes. Le bougre a beau être connu pour l’utilisation de ce genre d’effet, ce dernier marche toujours à plein à la première lecture, et c’est tant mieux. En plus de ce masterclass en termes de construction, Abnett convoque les souvenirs de ses trilogies inquisitoriales pour effectuer un remarquable travail de contextualisation de son propos, décrivant avec une foule de détails bien sentis la situation de Terra au début de l’Hérésie. Ce qui n’était alors « que » le Monde Trône se dévoile alors dans toute sa complexité, rappelant au lecteur qu’il n’y a pas forcément besoin de convoquer des armées titanesques s’affrontant sur des centaines d’années lumières pour intéresser le chaland.

Sur le fond, Abnett fait également fort en creusant quelques thèmes intéressants, comme le rôle et l’organisation des Custodiens, leurs rapports avec les autres protecteurs de Terra, et la situation géopolitique de la planète à HH-1. Et, si la vision qu’il donne de ces sujets peut surprendre de prime abord, il introduit ces nouveaux éléments de fluff avec une telle autorité et maestria que l’on ne peut qu’accepter sans la contester sa vision des choses, alors que beaucoup d’autres auteurs moins doués ont peiné à convaincre leur public de la validité de leur raisonnement et ajouts au background hérétique. Mine de rien, les apports de ces quelques dizaines de pages sont loin d’être anodins (notamment la mainmise assez fragile que l’Empereur a sur sa propre capitale, alors qu’il vient de conquérir la galaxie), et un certain nombre de publications postérieures capitaliseront sur ces derniers, à commencer par les propres soumissions d’Abnett (retour des Lucifer Blacks dans Légion, par exemple).

Finalement, le seul reproche que je ferai à cette nouvelle porte sur sa conclusion au goût d’inachevé, l’ultime cabriole d’Amon pour arrêter la Zamboni piégée de l’assassin de Sivar (dont la mort, racontée par une mention de deux lignes après une ellipse ayant projeté l’intrigue de la discussion tendue entre Amon et Dorn à la course poursuite du premier, est également bizarrement traitée) ne faisant pas le poids face à la qualité des pages précédentes. Pour le reste, c’est de l’excellent boulot de part de Dan Abnett, et une des meilleures nouvelles de tout le corpus hérétique que vous tenez dans les mains.

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Wolf at the Door // Dans la Gueule du Loup – M. Lee :

INTRIGUE:

Wolf at the Door

Sur la planète de Kernunnos, siège de l’empire humain ayant fédéré le sous-secteur de Lammas, les forces de la 954ème Force d’Expédition en terminent enfin, après sept ans de durs combats, avec la résistance farouche mais futile des Tyrans locaux. Passant à travers les ruines désolées de la capitale, et progressant jusqu’à la gated community où les dirigeants de Kernunnos se sont repliés pour monter leur dernier carré, les Dragons Arcturan sont rejoints sur le parking de la résidence Beau Séjour par un Stormbird aux couleurs des Space Wolves. À la tête des féroces loulous, nous retrouvons le Seigneur Bulveye et ses Lieutenants Halvdan Bale-Eye (surnommé Coco Bel Œil par les Dark Angels) et Jurgen Toukour, les trois officiers supérieurs de la 13ème Grande Compagnie de la Légion de Russ. En attendant que leurs hôtes viennent leur ouvrir la porte, massive et quelque peu endommagée par le bombardement orbital sévère subi par la région au cours des derniers jours, Bulveye nous briefe rapidement sur la particularité de sa Compagnie, composée1 des frères d’épées du Primarque ayant insisté pour boire un coup de Canis Helix à l’arrivée de l’Empereur sur Fenris, en dépit des conseils paternels prodigués par l’Allfather. La gnôle de Pépé s’étant révélée un peu trop forte pour ces flippettes de Fenrisiens, 99% se sont écroulés après avoir demandé s’il y avait de la pomme2, ne laissant que Bulveye et une quarantaine de gaillards accompagner leur lige dans l’espace. Un résultat malgré tout impressionnant.

Ces souvenirs émus sont interrompus par l’arrivée des forces adverses, venues offrir leur reddition à leurs vainqueurs. Une fois les soldats, esclaves, femmes, enfants et Tyrans sortis de leur trou et prostrés dans la poussière devant les impériaux, Bulveye démontre son infinie magnanimité en ne tuant ni n’urinant sur personne, à la grande surprise des vaincus. À la place, il leur explique que les mondes du sous-secteur vont être finalement rattachés à l’Imperium, et qu’il vaudrait mieux pour les petites fesses flageolantes des Tyrans qu’ils ne lui donnent pas de raison de revenir sur Kernunnos de sitôt. Ceci fait, et de retour vers son vaisseau, il apprend de la bouche d’un des ses huskarls l’arrivée de deux messages sur son boîte mail neuf.fr3 : le premier est une convocation de toute la Légion sur Telkara, en vue d’un petit voyage sur Prospero, où Magnus aurait fait du vilain. Le second l’informe de la découverte d’un dernier monde humain dans le sous-secteur, auparavant coupé du reste de la galaxie par des tempêtes Warp. Prenant très à cœur le fardeau du loup blanc et la mission d’unification confiée par l’Empereur à ses Légions, Bulveye décide d’aller tuer le temps nécessaire au rassemblement de sa flotte dans ce patelin perdu, pour honorer la promesse faite à Leman Russ de finir la map à 100%.

Venus en petit nombre, les Space Wolves atterrissent sur une planète qui semble s’être mangée une guerre atomique en bonne et due forme au cours de son histoire, transformant 90% des terres émergées en désert radioactif. Accueillis par une délégation d’adulescents impressionnés par la carrure et la mâle prestance des nouveaux venus, Bulveye et son escorte sont amenés en Kangoo4 jusqu’au Sénat local, constatant pendant qu’ils patientent dans les bouchons que la population semble se préparer pour une catastrophe imminente. Introduits dans le saint des saints d’Antimon (le nom de la planète), les Space Wolves reçoivent un accueil très froid de la part des augustes sénateurs, très occupés à s’abreuver d’injures à propos d’un quota et d’une loterie, dont le sens échappe à leurs hôtes. Sans doute l’organisation de la kermesse de la fin d’année. L’honorable Président du Sénat, Gérard Larch-Javren Santanno, va même jusqu’à traiter ses hôtes de « sales furries puant de mes deux », ou quelque chose comme ça, en introduction de l’entrevue, forçant Bulveye à puiser dans ses réserves de self-control pour éviter de rentrer dans le lard des Antimoniens. À la place, il sort sa plus belle saga, et raconte pendant des heures les circonstances ayant mené à la Grande Croisade et à la fondation des Space Wolves, pour finir par une offre d’adhésion à l’Imperium de l’Humanité, évidemment non assortie d’une période d’essai sans conditions, parce que, reconnaissons-le, vous n’êtes pas en position de dire non. Le test de persuasion si longuement préparé par notre héros s’immobilisant sur un échec critique après avoir roulé sur le bureau de Javren, ce dernier traite tout bonnement son visiteur venu d’ailleurs de menteur, ce qui aurait pu très mal finir si les Harrowers n’avaient pas choisi ce moment pour faire leur grand retour sur Antimon. Que sont les Harrowers, vous entends-je me demander ? Voici.

Cette race de Xenos a pris le parti de venir passer des vacances régulières sur la planète il y a de cela deux siècles, lorsque les tempêtes Warp déchirant la galaxie se sont un peu calmées. Bénéficiant d’une technologie très avancée et d’un goût prononcé pour la torture, ils se sont mis à prélever une dîme parmi les habitants d’Antimon à chacun de leurs passages, et ont construit de grandes (5 km de haut tout de même) tours défigurant le paysage pour abriter leurs vacanciers. D’abord combattus par la caste de guerriers locaux, les armigers, les Xenos déversèrent le feu et la fureur sur la planète en représailles d’une embuscade ayant coûté la vie à 20 d’entre eux, exterminant des centaines de millions de locaux. Suite à cet événement, le Sénat décida de dissoudre les armigers, et de mettre en place un système de bénévolat en pro bono, envoyant aux envahisseurs un contingent de leur population de leur propre chef pour préserver le reste. Tout cela a marché plutôt correctement au cours des dernières décennies, mais le retour précipité des vacanciers tortionnaires fait souffler un vent de panique parmi la population locale, qui, comme aurait pu le dire Illidan Hurlorage, n’est pas prête. Voila ce qui justifiait les débats de quota et loterie5 surpris par les Space Wolves à leur arrivée. Ces derniers, pris également au dépourvu par le débarquement des Eldars Noirs (car oui, si vous n’aviez pas fait le rapprochement, je ne peux plus rien pour vous), qui a forcé leur barge de bataille à se retirer de l’orbite (ou à s’écraser sur la planète, au choix), décident de faire contre mauvaise fortune bons cœurs, et de défendre leurs congénères des déprédations des Drukhari, bien que rien ne les y oblige.

S’ensuit alors une campagne de guerilla inspirée, montée par un Bulveye très à l’aise dans l’exercice. Ayant exprimé leur manifeste de farouche défiance à l’encontre des Xenos puants (littéralement puants, leurs sens développés de Space Wolves manquant d’être submergés par l’infâme fumet dégagé par les envahisseurs) en massacrant sans sommation la petite bande envoyée par l’Archonte Darragh Shakkar collecter la dîme de chair déposée par les Antimoniens à proximité de leur capitale, les Space Marines passent les semaines suivantes à organiser des opérations coup de poing contre les Eldars, leur infligeant de lourdes pertes et minant l’autorité de l’Archonte sur ses pillards. Soutenus dans leurs efforts héroïques par les dons de victuailles de la population, et leur capacité à faire du camping dans les plaines irradiées de la planète pour échapper à leurs poursuivants, Bulveye et ses hommes finissent par être contactés par Andras Santanno, fils de feu Javren, et résistant de la première heure avec ses copains armigers, dont ils ont maintenu la tradition martiale en vie malgré l’interdiction des autorités. Andras pouvant leur permettre d’accéder à une des spires Eldars en dérobant un Raider laissé sans trop de surveillance, Bulveye accepte le principe d’une collaboration, et la team humains prend donc le chemin du pied à terre Xenos…

Début spoiler…Sur place, les assaillants parviennent à se frayer un chemin jusqu’au cristal réacteur, et à poser leurs ultimes charges à fusion sur ce dernier. Bonus appréciable, ce chacal de Shakkar finit également par se joindre à la fête, comme prévu par Bulveye. Au cours d’un combat accroché, et bien aidé par la distraction apportée par Andras, le Seigneur Loup finit par envoyer son adversaire par-dessus la troisième corde, directement sur le cristal en question, ce qui le vaporise sans autre forme de procès (les amateurs de catch appellent ça une Palpatine), et surcharge le réacteur, déclenchant une réaction en chaîne catastrophique menant à l’explosion du centre de vacances Drukhari. Évidemment, nos héros ont réussi à s’enfuir à la dernière seconde de l’édifice condamné, sinon c’est pas drôle.

Se préparant à livrer un dernier carré dans les ruines du Sénat, les survivants apprennent quelques heures plus tard l’arrivée de la flotte de secours des Space Wolves, ayant mis en fuite les vaisseaux Xenos et effectivement remporté la victoire pour l’Imperi… Wait. Andras, en digne fils de son père, n’est vraiment pas chaud pour rejoindre la joint venture vendue par Bulveye, qui espérait pourtant que l’héroïque action d’arrière-garde de ses hommes inciterait leurs hôtes de give peace Big E a chance. Ayant bien compris qu’il n’arriverait pas à convaincre son nouveau frère de la validité de sa démarche, c’est les cœurs lourds que notre héros se trouve forcé de hacher menu son compagnon et les derniers armigers, et d’ordonner à ses renforts de se lancer dans une petite mise en conformité sur le pouce, pendant qu’il prend la route de la rout. ♫ Signé Bulveye… ♫Fin spoiler

1 : En partie, sinon la « Grande » Compagnie ne pèse que quarante nobles vieillards, ce qui est peu.
2 : Et l’Empereur de répondre « Y en a. » selon la formule consacrée.
3 : Comme tous les vieux, Bulveye n’est pas à l’aise avec la technologie, et a donc un préposé aux e-mails et au pack Office qui lui prépare ses présentations Power Point.
4 : Dont la flexibilité offerte par ses sièges rabattables et sa puissance sous le capot impressionne même ce blasé de Bulveye.
5 : Bonne chance pour vendre des tickets en porte à porte avec un grand prix aussi pourri que celui-là.

AVIS:

Longue nouvelle à haute teneur en action space marinée, et adaptation assez réussie de Papy(s) fait de la résistance à la sauce M31, Wolf at the Door se révèle plus intéressante par ce qu’elle dit de la réalité de la Grande Croisade que par la guérilla menée par Bulveye et ses Bulv-ouailles contre des Xenos à l’hygiène corporelle douteuse. Confronté au classique dilemme opposant devoir et éthique, le Seigneur Loup devra trancher (c’est le cas de le dire), bien qu’il lui en coûte. Un bon point à l’élève Lee pour avoir traité cet aspect de la reconquête galactique par les armées de Pépé, et ne pas s’être contenté d’une happy end à la Star Wars1 comme d’autres auteurs auraient pu le faire.

En plus de cela, on apprend pas mal de chose sur la 13ème Compagnie des Space Wolves, et sur la figure semi-connue de Bulveye2, qui reviendra jouer les seconds couteaux dans la novella Leman Russ : Le Loup Suprême de Chris Wraight. On notera également que la diction3 du Wulfen, utilisée par Bulveye comme special move pour vaincre l’Archonte adverse, semble avoir été mise sous contrôle par les Longues Barbes depuis les événements de Dulan. Au temps où cette nouvelle a été écrite, je doute que la BL ait été aussi stricte dans son contrôle éditorial qu’elle ne l’est aujourd’hui, et il est donc heureux que les pièces du puzzle continuent à s’agencer sans trop de friction après toutes ces années.

On regrettera toutefois que les Eldars Noirs convoqués par Mike Lee pour donner le change aux fiers loulous aient été dépeints par l’auteur comme de frêles et grêles brêles, facilement mis en échec par une poignée de Space Wolves déterminés (la palme revenant au Frère Ranulf, qui a défendu en solo le Raider de l’équipe contre des vagues de Xenos sans aucun problème). Cela permet certes de recontextualiser le potentiel des Astartes, mais un peu plus d’équilibre dans le rapport de force aurait été appréciable.

1 : Il aurait été marrant que les Ewoks refusent également de rejoindre la Résistance après le banquet d’Endor, et se soient faits massacrer par la flotte rebelle en représailles. Mais cette galaxie fort lointaine a toujours été des plus gentillettes…
2 : Petit problème de continuité fluffique, dans l’œuvre de Wraight, Bulveye a été démis de ses fonctions de Seigneur Loup et n’est plus que le bras droit de Jorin Bloodhowl. L’âge de la retraite avait-il sonné pour notre vieux guerrier ?
3 : Non pas que les performances ortophoniques de ces petits êtres poilus soient au cœur des débats, mais je ne peux pas trancher s’il s’agit d’une béné- ou d’une malé-diction.

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Scions of the Storm // Les Descendants de la Tempête – A. Reynolds :

INTRIGUE:

Scions of the Storm

J+30 après Monarchia pour la 47ème Flotte d’Exploration impériale. Menée par Lorgar et ses Word Bearers, l’expédition a atteint un monde humain prestement renommé 47-16 par les scribes du bord. Envoyé à la surface de la planète pour prendre le pouls de la convertissabilité des autochtones, Kor Phaeron, Premier Capitaine de la Légion, a émis un jugement sans appel sur les ploucs en question à son retour en orbite : des païens indécrottables, dont on ne pourra jamais rien tirer. Sans savoir que le père adoptif et confident de Lolo, qui boude dans sa chambre depuis qu’il a reçu une paire de mandales paternelles sur Monarchia1, suit son propre agenda (HelloKitty), l’idéaliste Capitaine Sol Talgron s’oppose à l’approche génocidaire préconisée par Kor Phaeron, et le duel de regards qui s’ensuit n’est interrompu que par le susurrement d’Erebus, qui informe le conseil de guerre des Porteurs de Moe que le Primarque devra être consulté sur ce point. À peine le temps pour les Capitaines rassemblés de sortir de la pièce et de se diriger vers leurs quartiers respectifs que ce coquinou de Premier Chapelain re-convoque tout son monde, et explique à l’assemblée que Lorgar a donné son feu vert pour annihiler la civilisation en contrebas (qui pourtant avait accueilli plutôt favorablement le projet de rejoindre l’Imperium), sous prétexte que l’Empereur souhaite désormais que la 17ème Légion accélère son rythme de mise en conformité. Interloqué par cette décision, Sol Talgron se plie toutefois sans broncher à cette dernière, et s’en va préparer ses hommes au prochain assaut.

Après une journée de bombardements intensifs, ayant fait chuter la démographie de 47-16 de 98%, il est temps pour les Astartes d’aller finir le job de plus près, le temple-capitale de la planète étant protégé par un champ de force trop puissant pour que les macro-canons de la flotte puissent en venir à bout. Et c’est là que les ennuis commencent pour les Word Bearers, dont le zèle ardent n’est cependant pas tempéré de beaucoup de sens tactique, ce qui leur posera les problèmes que l’on sait pendant la Croisade des Ombres. Nous suivons donc Sol Talgron et sa Compagnie lors de leur approche de l’objectif, pendant que les autres forces d’assaut impériales convergent sur l’ultime bastion adverse dans la confusion la plus totale. Certains par Stormbirds, d’autres par Drop Pods, on voit également des tanks lourds et des Titans se joindre à la curée, pendant que la flotte impériale continue de bombarder la cité. La définition même d’un overkill, même si dans ce cas précis, ce sont les impériaux qui paient le plus lourd tribut. Les défenseurs peuvent en effet compter sur leur maitrise de la foudre et de la robotique pour mettre des bâtons dans les roues et des éclairs dans les joues des assaillants, leurs marcheurs de combat montés sur trépied se révélant aussi coriaces que mortels pour les Word Bearers et leurs alliés. Cela n’empêche pas Sol Talgron et ses compagnons de l’escouade de vétérans Helikon2 de se frayer un chemin jusqu’au périmètre extérieur du temple, notre héros se mangeant quelques décharges bien juteuses en chemin. Grâce à l’éclair de génie (haha) du Sergent Kal Badar, il parvient tout de même à pénétrer dans le saint des saints adverse, le sabotage de quelques uns des paratonnerres locaux affaiblissant momentanément le bouclier protecteur et permettant à nos héros de se jeter (littéralement) à l’intérieur…

Début spoiler…Une fois remis de leurs émotions, Sol et ses hommes se dirigent vers le cœur du complexe, s’arrêtant en chemin pour émettre des jugements peu aimables sur la statue géante du dieu de la foudre vénéré par les locaux. Dans l’espèce de pyramide centrale sont réfugiés les survivants de 47-16, qui occupent leurs dernières heures à vénérer leur déité païenne sous le commandement d’un prêtre rabougri. Cherchant à mettre fin au massacre de façon diplomatique, Sol Talgron engage la conversation avec ce dernier, et ne tarde pas à réaliser, copie du Lectitio Divinatus locale à l’appui, que la population de la planète vénérait bien l’Empereur, sous la forme d’un dieu des tempêtes. Après tout, le symbole de Pépé n’est-il pas un éclair ? Bon, ça ne pardonne pas l’utilisation par les auto-proclamés Descendants de la Tempête de robots autonomes, une faute lourde dans le règlement intérieur de l’Imperium, mais Sol est convaincu que le malentendu peut être réglé à l’amiable (enfin, un amiable ayant fait près de 200 millions de morts, tout de même), si l’aimable vieillard consent à le laisser expliquer la situation à ses collègues et à désactiver son bouclier. Ce dernier accepte, après avoir reçu la promesse de la part du Capitaine que ses derniers fidèles seront épargnés par les Word Bearers.

Au bout de quelques minutes d’attente la 1ère Compagnie de la Légion se téléporte en full armure Terminator dans le temple, suivie de Lorgar et d’Erebus. La simple vue du Primarque fait blémir l’ayatollah local, sans doute capable de percevoir la corruption grâce à ses super pouvoirs de personnage secondaire qui va mourir dans les minutes qui vont suivre sans pouvoir prévenir le héros. Ce dernier, transporté par la présence de l’Urizen, aussi appelé le Doré, aussi appelé l’Oint par ses fils (et Ouin Ouin par ses frères), sous ses abords débonnaires et prévenants, semble bien trop satisfait de lui-même pour tromper le lecteur sur la fin de la nouvelle. Et en effet. Après une courte promenade avec Sol Talgron, il ordonne à Erebus d’égorger le prêtre et à Kor Phaeron de descendre les Descendants, avant d’annoncer à notre héros, un peu ébêté, qu’il aura besoin de son absolue loyauté dans le futur, et qu’il est en train de finir un nouveau bouquin, beaucoup plus abouti que le Lectitio Divinatus, dont le titre de travail est le Livre de Lorgar (en toute simplicité). Il ne manque plus qu’un petit éclat de rire maléfique pour faire comprendre au vraiment très gentil Sol Talgron que son boss n’est plus le même. En tout état de cause, il est plus que probable que l’intègre Capitaine ne finisse pas l’Hérésie en un Sol morceau…Fin spoiler

1 : Au moment où Reynolds a écrit cette nouvelle, l’affaire n’avait pas encore été mise en scène comme l’humiliation publique et générale subie par la Légion dans son ensemble, sous la plume d’Aaron Dembski-Bowden (Le Premier Hérétique). De même, aucun Custodien ne viendra pointer le bout de son casque ici, ce qui aurait peut-être permis aux quaranteseptseiziens de mieux s’en tirer…
2 : Appelée ainsi en hommage à l’instrument dont joue Lorgar dans la fanfare primarquielle.

AVIS:

Difficile de juger cette très ancienne nouvelle traitant des Word Bearers au moment de leur basculement du côté sombre du Warp sans la comparer à ce qui a suivi, et qui est à mes yeux de bien meilleure facture. Au-delà des éléments fluff qui ont été modifiés ou réécrits depuis, et desquels Anthony Reynolds n’est pas responsable1, le récit du martyr de 47-16 n’apparaît pas comme particulièrement intéressant, à l’image de Sol Talgron, héros bien brave et bien honnête, qui passe son temps à tomber du ciel et des nues. Si la révélation finale permet au moins d’acter la déchéance consommée de Lorgar, elle se trouve amoindrie, comme le reste de la nouvelle, par des considérations logiques venant mettre à mal les efforts de l’auteur pour nous vendre du rêve et du mystère. Ainsi, j’ai du mal à m’expliquer comment une planète décrite comme ayant été isolée du reste de l’humanité pendant…un certain temps2 a réussi à récupérer une copie bootleg du Lectitio Divinatus, et à se convertir au culte de l’Empereur (en construisant des statues d’un kilomètre de haut pour marquer sa foi) dans l’intervalle de quelques décennies séparant l’écriture du bouquin et l’arrivée de Lorgar. Bref, ça tient globalement la route, et Reynolds se fend d’un petit coup de théâtre conclusif, ce qui est toujours appréciable, mais il ne s’agit pas d’aller trop dans les détails de ce Scions of the Storm si on veut que l’illusion opère.

1 : Bien qu’un esprit joueur pourrait lui sortir la phrase qu’il a mis dans la bouche de Kor Phaeron dans cette histoire : « l’ignorance n’excuse pas le blasphème ».
2 : Première phrase : « for countless millenia ». Deuxième phrase : « for over four thousand years ». À ce rythme, on en aurait fini sur un « depuis jeudi dernier » si cette nouvelle avait été un roman. C’est peut-être anodin pour l’histoire en elle-même, mais ça ne fait pas très sérieux.

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The Voice // La Voix – J. Swallow :

INTRIGUE:

The VoiceSur l’Aeria Gloris, l’ambiance est lourde et la parole rare. Ceci est notamment dû à la fonction de ce vaisseau et à la nature de son équipage, respectivement assurer le ramassage solaire des Psykers sauvages de l’Imperium, et Sœurs du Silence, mais pas que. L’expérience horrifique vécue par nos héroïnes, la novice Leilani Mollitas et sa maîtresse d’alternance Amendera Kendel sur Luna il y a quelques semaines, où elles ont vu la lune de l’agent infectieux ramené par cet arriviste de Garro après sa fuite éperdue d’Isstvan, pèse en effet sur leur conscience, tout comme la nouvelle de la trahison du Maître de Guerre. Et, si Kendel, en sa qualité d’Oblivion Knight, ne peut s’épancher sur cette expérience traumatisante1, Mollitas, qui n’a pas encore prêté le Serment de Tranquilité, est libre de vider son sac, ce qu’elle ne se prive pas de faire. Car la jeunette est bavarde, ce qui risque de compliquer la suite de son parcours professionnel, mais passons. La séance thérapeuthique est toutefois interrompue par l’arrivée de Thessaly Nortor, adjointe de direction de Kendel, qui permet à Swallow d’en venir aux faits de sa nouvelle. L’Aeria Gloris a été envoyé s’enquérir du destin du Validus, autre Vaisseau Noir ayant cessé de donner des nouvelles depuis plusieurs semaines, et donc supposé perdu corps et biens (et âmes). Le Validus étant chargé à ras bord de Psykers au moment de sa disparition, les autorités compétentes n’ont rien voulu laisser au hasard et la mission des Dagues de Tempête de Kendel est de localiser, sécuriser ou oblitérer le vaisseau égaré ou damné. Fait rare, et à la limite du blasphématoire pour les muettes à chignon, la dernière transmission du Validus contenait un message audio dans lequel on entend une Sœur parler et mettre en garde ses auditeurs contre « La Voix… LA VOOO !!! ». Voilà qui est bien étrange et sinistre.

Au prix d’une entourloupe fluffique ayant pour but de renforcer l’ambiance lourde de son récit, Swallow enchaîne en permettant à l’Aeria Gloris de localiser sa proie dans le Warp et de s’amarrer à ce dernier dans le Warp (toujours), après une savante manœuvre visant à la mise en commun des champs de Geller des deux vaisseaux. Je ne suis absolument pas convaincu que cela soit possible, mais sinon, la nouvelle se termine sur une photo de Kendel en train de faire : ¯\_()_/¯, alors on lui fera grâce pour cette fois. Téléportée avec son escouade sur le Validus, Kendel ne met pas longtemps à se rendre compte que quelque chose de pas très funky s’est passé sur le vaisseau, comme démontré par la poutre d’acier vieille de plusieurs millions d’années que la taskforce trouve sur son chemin vers l’animalerie de bord. OK, ce n’est qu’un signe parmi le tombereau de manifestations flippantes que les Sistas croisent lors de leur balade dans le cargo abandonné, mais c’est le premier alors autant commencer par là.

Etant parvenues jusqu’au pont de commandement, après avoir euthanasiées par le feu un mastiff charognard et constaté que certains membres de l’équipage ne sont pas morts, mais en état végétatif, Kendel et son crew se repassent les dernières entrées du capitaine de bord, et apprennent que le Validus a pris position dans le Warp, étrangement calme à cet endroit, suite à la réception d’un ordre siglé S.O.S2, un peu bizarre dans sa formulation, mais néanmoins tout à fait valide. Malheureusement, l’expérience a eu des effets indésirables sur la cargaison de Psykers, dont certains ont été libérés par des interventions mystérieuses, et foutus un boxon monstre à l’intérieur du vaisseau. Ce constat angoissant est encore renforcé de la découverte par Mollitas des astropathes de bord, pendus dans leur studio. Il en faut toutefois plus pour décourager Kendel d’enquêter sur le sort de l’équipage de Sœurs du Validus, placé sous le commandement de son ennemie intime, cette pimbêche d’Emrilia Herkaaze. Les Jeannettes reprennent donc leur route dans la joie et la bonne humeur, en chantant (dans leur tête évidemment), Un Kilomètre À Pied.

Après avoir réchauffé un cryokene complètement givré (en même temps…) en chemin, Kendel et ses oies finissent par localiser une Sœur isolée, plongée dans une méditation profonde au milieu d’un couloir. Ô surprise, il s’agit de Herkaaze, qui émerge de sa transe à l’arrivée des renforts, et leur explique qu’elle a ordonné à ses suivantes d’établir un cordon anti-psy dans le vaisseau pour empêcher le Gestalt, ou l’agglomérat de psykers, situé un peu plus loin d’accéder au pont de commandement. Maintenant que les renforts sont arrivés, l’autoritaire Serre Blanche, qui en veut toujours à Kendel du souvenir cuisant de leur opération commune sur Sheol Trinus, est déterminée à régler le problème une fois pour toutes, même s’il faut pour cela laisser la fidèle Nortor faire des salutations à la lune en arrière garde pour ne pas briser le périmètre de sécurité…

Début spoiler…Kendel, Mollitas et Herkaaze parviennent, après de durs combats contre la ménagerie de Psykers perturbés errants dans les couloirs, jusqu’à leur objectif, que l’on peut littéralement décrire comme un groupe de parole. En effet, une assemblée de Psykers contrôlés par le même esprit est en train de danser un an dro dans un hangar, faisant signer à Herkaaze la phrase fatidique (mais attendue avec ferveur par votre serviteur). Contrairement à ses petits camarades de jeu, le Gestalt, ou la Voix, ne semble pas intéressée par l’annihilation des Nulles l’ayant débusquée dans sa tannière. Au contraire, elle insiste qu’elle doit communiquer un message très important à rien de moins que l’Empereur, car elle vient d’un futur pas vraiment lointain mais définitivement en guerre, que ses révélations pourraient permettre de contrecarrer. Déjà pas franchement encline à l’écoute bienveillante d’un ramassis de Psykers à la mentalité d’un banc de sardines, Herkaaze manque de s’étouffer dans son fluff lorsque la Voix déclare qu’elle est en fait la manifestation psychique de Mollitas, qui a trouvé un moyen de voyager dans son passé pour tenter de circonscrire l’Hérésie d’Horus. C’en est trop pour la puritaine Herkaaze, qui pourfend Mollitas jeune en hurlant signant ~C’EST PAS SUR TARAAAAAAAAN !!!!~, provoquant une réaction en chaîne spatio-temporelle menant à une…extinction de Voix (badum-tss). Dans la panique générale qui s’en suit, Kendel tombe dans un trou et se cogne la tête, tombant dans une inconscience bien pratique pour insérer une petite ellipse.

Et comme par hasard, lorsqu’elle revient à elle, c’est dans une cuve de bacta de l’Aeria Gloris. Face à elle, cette voyeuse d’Herkaaze, ayant elle aussi survécu au voyage retour, a l’amabilité de la briefer sur la fin de l’expédition. Secourue par Nortor, qui l’a ramenée au prix de sa propre vie sur l’Aeria Gloris, Kendel a passé plusieurs jours à récupérer de sa mauvaise chute. Herkaaze et quelques unes de ses Serres Blanches ont réussi à s’échapper du Validus, détruit par une vague de senescence accélérée en utilisant des capsules de survie3. Toujours choquée par le meurtre de sa novice de la main de sa rivale, Kendel l’est encore plus par la prise de parole de cette dernière, qui ce faisant brise son Vœu de Tranquilité. Herkaaze semble avoir été durement éprouvée par l’expérience du Validus, et s’en va en murmurant sur la nature divine de l’Empereur, autre signe manifeste d’un esprit dérangé. Kendel aura tout loisir de régler ses comptes avec sa collègue une fois qu’elle aura décuvé…Fin spoiler

1 : Durant laquelle elle a failli prendre la mouche.
2 : Sisters of Silence, évidemment.
3 : Qui doivent donc disposer de leurs propres champs de Geller (à moins qu’une Sœur du Silence suffise à le remplacer).

AVIS:

Étrange nouvelle que ce The Voice, dans laquelle James Swallow parvient à faire du très bon comme du très mauvais. Parmi les bons points, mettons au crédit de l’auteur l’ambiance angoissante savamment instillée et maintenue pendant les trois quarts de son récit, ainsi que les nombreux éléments de fluff touchant à l’organisation des Sœurs du Silence et des Vaisseaux Noirs égayant ce dernier. À l’inverse, Swallow prend parfois des libertés excessives avec ce même fluff pour faire tenir son intrigue, et son utilisation d’une boucle spatio-temporelle en guise de rebondissement final m’est apparue comme assez grossière. Outre le fait que ce genre de procédé génère invariablement des paradoxes et questions que même les plus grands esprits de la SF (catégorie à laquelle James Swallow n’appartient pas) ont du mal à cadrer de façon satisfaisante, la nature même de la voyageuse temporelle vient encore complexifier l’opération décrite par l’auteur. En l’état, mon ressenti à la deuxième lecture (la première ayant suscité une réaction bien plus tranchée de ma part) de The Voice est que Swallow en a trop ou pas assez dit sur cette histoire de voyage temporel. Il s’agit typiquement d’un sujet qui devrait être couvert dans un roman, et pas dans une nouvelle d’une soixantaine de pages (dans laquelle cette révélation occupe royalement cinq pages au total, qui plus est). Peut-être que la suite des aventures de Kendel (pas encore lue de ma part au moment de l’écriture de cette chronique) a vu James Swallow creuser un peu cette histoire, mais pour l’heure, c’est trop nébuleux pour mériter un pouce vert.

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Call of the Lion // L’Appel du Lion – G. Thorpe :

INTRIGUE:

Call of the Lion

Notre propos commence par l’arrivée, aussi lente que vigilante, d’une Flotte d’Exploration commandée par Astelan des Dark Angels dans un système solaire quelconque. Car, mine de rien, même une armada de supers vaisseaux remplis jusqu’à la gueule de super soldats a la tête dans le Warp à son retour dans le Materium. Ayant réussi leur insertion dans l’espace réel du système DX-619, les inflexibles croisés se dirigent posément vers le soleil local, où les attend peut-être une civilisation humaine à ramener dans l’ample giron de l’Imperium. Astelan, qui en a vu d’autres, ne se berce pas de grandes illusions quant aux chances de découvrir une planète colonisée si loin du centre galactique, mais il reste de son devoir d’investiguer le moindre indice et signal radio capté par les auspex impériaux. Aussi, lorsque la confirmation tombe enfin qu’une des planètes de DX-619 accueille bien une vie intelligente, c’est l’effervescence parmi les Übermen in Black. C’est également l’occasion pour Astelan d’inviter à bord de sa barge de bataille son homologue Belath, que le haut commandement de la Légion lui a collé dans les pattes il y a seulement deux semaines.

À son arrivée, Belath est contraint de briefer son vieux collègue sur les dernières tendances de la mode calibanite, qu’Astelan (qui est Terran) n’a pas suivi d’un œil attentif. Une fois expliqués son héraldique et sa couleur de fond d’écran d’épaulière, certes moins austères que la moyenne, Belath emboîte le pas de son hôte jusqu’au Strategium de la Spear of Truth, où les deux officiers supérieurs doivent mettre de côté leurs approches divergentes – Astelan plaidant pour une approche discrète et conciliante, Belath pour un assaut frontal en bonne et due forme – pour accoucher d’un mode opératoire cohérent. Sur le chemin, Astelan ne résiste pas à la tentation de frimer en montrant à son collègue les portes en bois gravé qu’il a fait installer à l’entrée de la salle de réunion, et qu’il a réalisées de ses propres mains. On s’en fout certes, mais c’est tout de même une information ESSENTIELLE. Après moultes palabres, le vétéran parvient à convaincre le jeunot de monter une opération de reconnaissance furtive, dont le but sera de capturer quelques locaux pour leur extorquer des informations sur leur planète. Cette dernière semble en effet dépourvue d’une autorité centrale, compliquant la tâche des missionnaires de Pépé. Heureusement, le lion sait aussi se faire renard quand l’occasion le nécessite…

Début spoiler…Mais un renard myope, comme Astelan, qui a tenu à être le premier à prendre pied sur ce nouveau monde, tel un Christophe Colomb à deux cœurs ou un Neil Amstrong en armure énergétique, ne tarde pas à le découvrir. Car la petite ville à côté de laquelle les Astartes se sont posés en mode sneaky1 se révèle être un camp militaire, qui réagit comme tout camp militaire digne de ce nom à cette intrusion : par une attaque massive. Bien que les Space Marines, d’abord surpris par le tour pris par les événements, réussissent sans trop de mal à repousser les assauts des bidasses en furie2, et à retourner en orbite pour réviser leurs plans, cette opération a été un monumental fiasco, qui risque de compliquer fortement la réception du message pacifiste prôné par Astelan. De son côté, Belath piaffe d’impatience à l’idée de conquérir son premier monde, et il faut tous les talents d’orateur d’Astelan, ainsi qu’un bon front contre front pour asseoir sa domination, pour give peace (another) chance, comme le chantaient les Nonnes Jaunes (le groupe préféré de Lionel). Bien que Belath accepte une nouvelle fois l’approche non-violente (en tous cas, pas intentionnellement) de son collègue, le courant est rompu entre les deux hommes, le Calibanite menaçant ouvertement le Terran d’aller le cafter auprès du Primarque.

Après quelques jours passés à organiser une entrevue entre les impériaux et le Comité des Nations de Byzanthis (les Dark Angels auront au moins appris quelque chose pendant leur séjour), Astelan et Belath reçoivent enfin l’autorisation de se rendre, seuls et sans armes, devant l’auguste assemblée pour plaider leur cause. Si le premier tente de faire amende honorable pour convaincre ses interlocuteurs de la méprise ayant conduit la Légion Etrangère à massacrer quelques milliers de soldats locaux, et de présenter l’Imperium de l’Humanité sous un jour attrayant, Belath n’appuie pas vraiment les efforts de son coéquipier. Pire, il devient rapidement clair qu’il a ordonné à ses propres vaisseaux de se placer en orbite basse au dessus des grandes villes de Byzanthis, ce qui a déclenché une paranoïa bien compréhensible de la part des délégués. Et lorsque l’une d’entre elles appelle le service d’ordre pour emprisonner les Dark Angels afin de pouvoir négocier leur libération avec les Impériaux, Belath se fait une joie d’inviter ses potes Terminators, avec des conséquences tragiques pour le Comité. Pris de court par les événements, Astelan ne peut qu’ordonner à ses troupes d’assister celles de Belath dans la mise en conformité de Byzanthis, de la façon la plus sanglante qui soit. Ce n’est cependant pas la fin des emmerdes pour notre héros, à qui son homologue révèle en conclusion de la nouvelle qu’il l’a balancé à l’IGPN de la Légion, et peut donc s’attendre à une enquête approfondie sur son cas dans les mois qui viennent. Ah, les tensions dans les familles recomposées…Fin spoiler

1 : Tellement sneaky que la première chose qu’ils ont fait a été d’envoyer des jet bikes et des Land Speeders vrombir aux alentours. C’est un peu comme vouloir aller observer la nature en 125.
2 : La bataille se terminera sur le score sans appel de 2780 morts à 3.

AVIS:

Construit autour d’une idée intéressante, même si pas vraiment originale1, Call of the Lion réussit à être par moment très bien fichu (l’approche de la flotte, qui permet à Thorpe de rappeler à tout le monde que les manœuvres hyper véloces à la Star Wars n’ont pas lieu d’être dans les ténèbres de notre lointain futur) et pertinent (la confrontation des points de vue entre les deux Commandants, qui souligne une des causes ayant pu mener à la scission des Dark Angels pendant l’Hérésie, et illustre les difficultés pour les Légions Space Marines de former un tout cohérent après la découverte de leur Primarque et l’intégration de « ses » guerriers), et assez quelconque le reste du temps (la bataille de Saivrémenpadbôl, qui occupe un bon tiers du récit). À trop vouloir intégrer le propos de cette nouvelle dans son arc Dark Angels (Astelan étant l’un des personnages principaux d’Angels of Darkness, publié trois ans plus tôt par la BL), et notamment sa rivalité avec Belath, Thorpe affaiblit la fin de son histoire, qui semble se terminer sur un cliffhanger plutôt que sur une ouverture – ce que Lee avait réussit à faire dans Wolf at the Door. Cela étant, l’ensemble reste assez solide, en particulier quand on le compare au standard habituel de Thorpe, qui démontre une fois encore qu’il est le maître de la contextualisation des voyages et manœuvres spatiaux, un talent malheureusement assez peu répandu parmi les contributeurs de la Black Library. Notons pour finir que le titre de la nouvelle est passablement trompeur, Lionel n’apparaissant nulle part dans l’intrigue, ni ne décrochant son téléphone pour passer un coup de fil aux héros. Peut-être est-ce cette balance de Belath qui a réussi à joindre le Primarque pour cafarder sur son camarade, mais dans ce cas là, il aurait été plus juste de parler de l’Appel au Lion (poil au croupion).

1 : Mike Lee ayant eu la même pour son Wolf at the Door, qui malheureusement pour Gav, précède sa nouvelle dans Tales of Heresy.

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The Last Church // La Dernière Église – G. McNeill :

INTRIGUE:

The Last ChurchIl n’est pas loin de minuit dans l’Eglise de la Pierre Foudroyée, comme le constate le Père Uriah Olataire en allumant les cierges du saint lieu. Un seul coup d’œil au coucou suisse cassé qu’il a volé à son propriétaire légitime lors de sa folle jeunesse suffit à notre héros pour se rendre compte que l’heure est grave, très précisément minuit moins deux sur l’horloge de l’apocalypse. Lorsqu’elle se mettra à sonner, l’a prévenu l’horloger auquel il a dérobé l’artefact, cela chauffera dans les chaumières. En attendant, Olathaire se prépare à célébrer la messe de minuit dans une profonde solitude, aucune de ses ouailles n’ayant jugé bon de braver la tempête sévissant cette nuit là pour monter au sommet du Ben Nevis1 assister au sermon de notre écclésiastique. Plus que sur les conditions climatiques ou le denivelé, il faut mettre cette désertion sur le compte des commandements laïques édictés par ce soi-disant Empereur, ayant conquis presque tout Terra pour y imposer son joug athée. Résolu à accomplir tout de même son office, Uriah est interrompu par l’arrivée d’un visiteur, se présentant sous le nom de Révélation, et venu avec quelques amis patientant tranquillement sur le parvis, discuter avec le prêtre de la dernière église terrane avant que cette dernière ne soit réduite en cendres. Du tourisme de l’apocalypse en quelque sorte…

Début spoiler 1…Ravi d’avoir un peu de compagnie, Uriah engage la discussion avec l’intrigant voyageur, qui ne met pas longtemps à exprimer ses vues résolument séculières et rationnelles à son hôte. S’engage alors une joute enfiévrée voyant les deux hommes échanger leurs arguments sur les mérites et les dangers de la foi. Guère convaincu par l’exhibition de la pierre sacrée dont l’église tient son nom, Révélation se montre cependant disposé, après un petit whiskey, à écouter Uriah lui raconter le soi-disant miracle dont il a été témoin lors de sa jeunesse, et qui l’a poussé à endosser le surplis. Notre prêtre était de son propre aveu une canaille en son jeune temps, et s’était piqué de voyager à la recherche de contrées pas encore assujetties au règne de l’Empereur, qui avait à cette époque déjà conquis la majeure partie de l’Europe. N’ayant réussi à rien d’autre qu’à se faire jeter d’une falaise italienne par un Guerrier Tonnerre dont il avait traité la maman de gorille, l’infernal Ecossais était revenu chez lui pour un temps, avant de repartir pour se faire soldat dans toute armée de résistance à la tyrannie impériale qui voudrait bien le prendre. Et, comme de juste, il avait trouvé avec qui parler en se rendant en France (Franc dans le texte), un Etat connu dans le monde entier pour la belligérance de ses habitants. C’est ainsi qu’il s’était retrouvé mêlé à un soulèvement local, vite écrasé dans le sang par la patrouille de Guerriers Tonnerre de la région. Seul survivant du massacre, Uriah avait repris connaissance dans une forêt et vu une figure lumineuse s’approcher de lui pour tenir à peu près ce langage : « Yo dog, we cool now ? ». Transporté par cette expérience extraordinaire, il avait abandonné sa vie de marginal pour obéir au commandement divin qu’il était certain d’avoir reçu dans cette clairière abandonée.

Cette émouvante anecdote ne convainc cependant pas Révélation de baisser sa garde, et il continue à critiquer les ravages de la religion2 à travers l’histoire avec tant de hargne que le bon prêtre finit par lui montrer la porte. Comprenant qu’il a épuisé la patience de son hôte, le visiteur laisse alors tomber le masque et se révèle être…

Début spoiler 2…L’Empereur en personne. Sous sa forme néon de cabine d’UV, qui plus est. Il ne faut pas longtemps à Uriah pour réaliser que c’est lui qu’il a vu dans la forêt il y a toutes ces années, et qu’une mauvaise interprétation a conditionné toute sa vie jusqu’à ce moment. C’est la lose. Un peu hébété par cette…épiphanie, le prêtre accepte de suivre Pépé à l’extérieur de l’église, et d’enfin souscrire à sa vision du monde… jusqu’à ce que l’Empereur lui révèle son grand projet de conquête de la galaxie, à laquelle Uriah ne croit pas du tout. Et lorsque le puissant monarque répond à la question « pourquoi ? » par un pauvre « parske-euh », le charme est définitivement rompu. Uriah préfère donc retourner dans son église, incendiée par les Guerriers Tonnerre amenés en renfort par leur boss, plutôt que de donner la satisfaction d’une victoire morale à son contradicteur. Ainsi brûle la dernière église de Terra, au son prophétique du coucou de l’apocalypse…Fin spoiler

1 : Pure supposition de ma part, mais McNeill, qui s’est donné pour mission de vendre son Écosse natale dans l’univers de 40K, donne quelques indices supportant cette thèse.
2 : On apprend à cette occasion qu’au 30ème millénaire, les gens se souviennent encore de Béziers. C’est tout de même la classe.

AVIS:

Je ne sais pas si la GW-Fiction sera un jour considérée comme autre chose que de la littérature de gare (ou de spatioport, pour rester dans l’ambiance), mais je peux déjà m’avancer en plaçant The Last Church parmi les « classiques » de ce sous-sous-sous-sous-genre. Car McNeill réussit ici à livrer un texte aussi surprenant qu’intéressant et profond (toute proportion gardée, bien entendu), et justifie ainsi son positionnement parmi les meilleurs contributeurs de la Black Library… quand il s’en donne les moyens1.

Cette nouvelle est surprenante, car elle est (presque) totalement non-violente, et place le lecteur dans une situation des plus inhabituelles pour la littérature millénariste de Games Workshop : foin d’héroïques Space Marines, de courageux soldats impériaux, d’inflexibles Inquisteurs, ou de civils apeurés2 ici, seulement un vieux prêtre et son visiteur inattendu, dialoguant des mystères de la foi et des conséquences, aussi positives que négatives, que cette dernière a eu pour l’humanité depuis l’aube des temps. Si les arguments convoqués par les débatteurs ne sont pas à placer au pinacle de la réflexion philosophique ni au sommet de l’art oratoire, il faut tout de même reconnaître que McNeill réussit à faire passer cet échange de façon distrayante et parfois instructive pour le lecteur, ce qui n’était pas couru d’avance pour un auteur spécialisé dans l’art délicat du grimdark d’action. Autre surprise et prise de risque, à mes yeux concluante, de Graham McNeill, son utilisation du personnage le plus central et intouchable de l’univers de 40K, Pépé 1er. La véritable identité de Révélation sera comprise par le lecteur plus ou moins tôt dans la nouvelle, en fonction de sa connaissance du fluff et de son attention aux petits indices égrénés par McNeill, mais la véritable surprise demeure ce choix de mettre l’Empereur à hauteur d’homme le temps d’une nouvelle, et de le laisser s’exprimer assez longuement au cours de cette dernière, alors que la norme avait jusqu’ici été de cantonner MoM à l’élément de décor3, balançant de temps à autres une phrase d’une infinie sagesse pour le bénéfice du fanboy transi. Ici, ce dernier en aura vraiment pour son argent, et The Last Church constitue encore à ce jour l’un des textes où Big E est le plus disert, ce qui en fait un passage quasi obligé pour tout citoyen impérial qui se respecte.

Cette nouvelle est également intéressante, car elle couvre de nombreux aspects des Luttes d’Unification, sorte de préhistoire impériale pendant laquelle de nombreux événements ont été mis en branle qui trouveront leur conclusion dans les siècles et millénaires suivants. Qu’il s’agisse de détails géographiques, historiques ou personnels, l’éclairage apporté par les souvenirs du Père Olathaire est précieux pour le fluffiste acharné, ou simplement curieux d’en apprendre un peu plus sur la manière dont Pépé a enfin tapé du poing énergétique sur la table pour réaliser son rêve galactique. En matière de construction narrative, McNeill parvient également à tirer son épingle du jeu en maintenant du suspens jusqu’à la fin de son récit. Comment Olathaire va-t-il réagir à sa propre révélation, lorsqu’il comprendra que son miracle personnel, sur lequel sa foi s’appuie, n’était en fait qu’une rencontre furtive entre un survivant en état de choc et un Empereur parti faire un tour en forêt ? Tout se joue dans les dernières lignes de la nouvelle, faisant de cette dernière une des plus abouties de McNeill de ce point de vue.

Enfin, cette nouvelle est profonde, et confine parfois à l’ironie, à travers le discours tranché livré par Révélation sur la religion et ses méfaits. Quand on sait comment l’histoire se termine, ou en tout cas se poursuit après cet ultime incendie d’église par un païen à cheveux longs4, la laïcité militante de l’Empereur apparaît comme le plus gros You had ONE job de l’histoire de l’humanité, tout comme son horreur absolue de l’Inquisition… Encore plus intéressant est le renversement de situation opéré par McNeill dans les dernières pages de la nouvelle, lorsque le jusqu’ici très rationnel Empereur ne peut justifier son projet de conquérir la galaxie par un « je sais que j’ai raison » assez minable, qui vient ruiner tout son argumentaire nocturne, et pousse finalement son interlocuteur à demeurer fidèle à sa foi, et à prendre son congé en prévenant Révélation qu’il deviendra sûrement ce qu’il s’était juré de détruire. Warhammer 40.000 étant un univers reposant à bien des égards sur de profonds paradoxes, l’exposition d’un des plus centraux de ces derniers prouve, si besoin était, l’excellente compréhension que Graham McNeill a du cadre dans lequel il évolue. Cela peut certes sembler banal pour le lecteur, mais la BL a connu son lot de soumissions ratées à cause de connaissances trop légères de la part de ses contributeurs : il faut donc reconnaître un auteur « bien (in)formé » quand on en croise un. En définitive, The Last Church se positionne très sérieusement comme l’une des meilleures nouvelles signées McNeill de l’Hérésie d’Horus, et peut-être même de sa production totale pour le compte de la Black Library.

1 : Car il y a tout de même beaucoup de scories dans sa production, vous ne m’en ferez pas démordre.
2 : Probablement parce qu’ils ont tendance à tomber comme des mouches dès lors que les trois autres catégories de personnages sont présents.
3 : Du genre luminaire, si on doit en croire sa propension à générer des flashs aveuglants.
4 : C’était bien la peine d’exterminer les Scandinaves pour leur piquer leurs traditions ancestrales.

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After Desh’ea // Après Desh’ea – M. Farrer :

INTRIGUE:

Après Desh'ea

Un sombre sentiment étreint les cœurs du fier Khârn et de ses compagnons War Hounds alors qu’ils patientent dans la salle d’attente du Conqueror. Pas de la peur, non (après tout, ils ne peuvent pas ressentir cette émotion, pas vrai ?), mais une certaine appréhension à l’idée de rencontrer pour la première fois leur Primarque perdu, le colérique Angron, que l’Empereur a téléporté chez ses fils en coup de vent avant de repartir vers sa Grande Croisade, justifiant son départ précipité pour Aldebaran par la nécessité de ne pas rater sa correspondance avec la 37ème. Le tout griffoné sur un post-it maculé de sang et collé sur la porte de la salle où Angron fait les cent pas et les quatre cents coups. Les tragédies causées par les parents démisionnaires…

Par le jeu des successions déclenché par le massacre systématique de tous les émissaires envoyés par les War Hounds se présenter au Primarque, Khârn est maintenant en charge de réussir là où ses supérieurs et camarades ont échoué au cours des heures précédentes. Faisant fi des conseils de prudence de ce planqué de Dreagher, le Capitaine toque à la porte, entre discrètement, et s’avance de quelques pas pour essayer d’apercevoir son père génétique. S’ensuit une conversation honnête et amicale entre Angron, toujours un peu jet lag depuis son départ de Nuceria, et celui qui ne tardera pas à devenir son Ecuyer. Hum. En fait, pas vraiment. Reprenons : Khârn entre, scrute les ténèbres de la pièce jonchée de cadavres mutilés, et… SE FAIT DEFONCER DANS LES GRANDES LARGEURS par un Angron toujours aussi grognon. Entre deux rebonds sur les murs, fractures, dislocations et hémorragies internes, Khârn, en grand professionnel qu’il est, tente de faire passer quelques infos capitales à son nouveau chef, comme qui il est vraiment, ce que sont les War Hounds, pourquoi ces derniers, à la grande frustration du Primarque, ne se sont pas défendus lorsqu’il leur est tombé sur le râble, ou encore comment se servir de papier toilette. Tout un programme, que seuls sa constitution renforcée de Space Marines et le bonus de résistance offert par son statut de personnage nommé lui permettent de dérouler de façon presque posée.

Angron, de son côté, s’il a tendance à évacuer sa légitime frustration d’avoir été forcé d’abandonner ses compagnons d’armes à leur destin sur Nuceria en utilisant le Capitaine comme ballon de foot, ne perd pas une miette de ce que son sous-fifre cherche à lui inculquer. Il peut également initier ce dernier à la culture martiale de sa planète d’adoption, où il exerçait la noble et utile profession de gladiateur jusqu’à ce qu’il réussisse à s’évader avec quelques collègues. Lui et ses Eaters of Cities s’étaient alors livrés à une orgie de pillages et de destruction dans l’arrière-pays de Desh’ea, vainquant l’une après l’autre les armées envoyées par les high riders pour écraser les rebelles. Coup de chance pour l’Empereur, Nuceria a été approchée juste au moment où les derniers gladiateurs étaient sur le point de livrer une ultime bataille contre les forces de l’ordre. Déveine pour Angron, recruté manu militari par son paternel pour sa Grande Croisade, même s’il ne souhaitait rien d’autre qu’une mort glorieuse aux côtés de ses frères et soeurs d’armes. La première confrontation orbitale entre le Père et le fils s’étant soldée par la mort atroce d’un des précieux Custodiens du premier, Pépé a donc décidé qu’il était too old for this shit1 et laissé son garnement de rejeton faire mumuse avec les chiens. Khârn apprend ainsi ce qu’est la Corde de Gloire, les Crocs du Boucher, ainsi que l’intégralité des techniques de soumissions, étranglements et self-defense pratiquées sur Nuceria auprès d’un professeur émérite, qui, sous ses abords de brute épaisse, se révèle redoutablement intelligent et…profondément timide (en effet, il ne lui est pas venu un instant à l’esprit qu’il avait la possibilité de sortir de la pièce dans laquelle l’Empereur l’avait confiné).

C’est toutefois la description par un Khârn au bord du KO (le Chaos viendra plus tard) de la campagne de Nove Shendak, à laquelle les War Hounds ont participé aux côtés des Iron Warriors de Perturabo et de l’Empereur en personne, qui achève de calmer Angron. Le récit des exploits vermifuges des Légions Space Marines, menées par le Maître de l’Humanité en personne, captive le Primarque au point qu’il se met à mimer les affrontements relatés par le Capitaine comateux, et la confirmation par ce dernier que Pépé est un grand guerrier n’hésitant pas à mouiller le maillot en compagnie de ses troupes, et pas un dirigeant dédaigneux laissant aux autres le sale boulot, comme l’étaient les high riders, pèse d’un certain poids dans la décision d’Angron de calmer sa colère, et d’engager la conversation honnête et amicale dont nous parlions précédemment avec ses fistons. Sa première décision, une fois ce pas franchi, sera de renommer les War Hounds World Eaters, en hommage aux camarades dont il n’a pu, à sa grande honte, ni accompagner dans la mort, ni commémorer le trépas en dotant sa Corde d’un tour funèbre avec la poussière de Nuceria. Une manière comme une autre de bien montrer à sa nouvelle famille qu’elle ne pourra jamais remplacer, ni rivaliser, avec la chaude camaraderie de l’arène. Mais c’est déjà mieux que rien…

1 : Se rappeler qu’Angron a été le 17ème Primarque découvert, et que l’Empereur en avait certainement par-dessus la tête des biberons et changements de couches à ce stade.

AVIS:

Je dois reconnaître que mon appréciation de cette nouvelle de Matthew Farrer a évolué au cours du temps. Lors de ma première lecture, j’avais été un peu déçu par ce qui m’était apparu comme une histoire simpliste, mettant en scène des personnages l’étant tout autant (un Primarque éructant de rage en mode Hulk, et un Space Marine encaissant les coups en lui refaisant son éducation). À présent, et même si je comprends toujours ce qui m’a poussé à émettre ce premier jugement, j’ai une vision plus favorable de ce After Desh’ea, que j’ai trouvé être plus complexe qu’il n’y paraissait.

Pour remettre en contexte le boulot effectué par Farrer, un auteur plutôt doué de la BL, avec cette nouvelle, il faut se rappeler que nous étions au tout début de l’Hérésie, dont les personnages étaient donc moins caractérisés qu’ils le sont aujourd’hui. Pour Angron, je pense même qu’il s’agissait de sa première apparition dans la série comme personnage de premier plan1, avant qu’ADB (entre autres) ne vienne s’occuper de son cas. Le fluffiste savait juste que ce Primarque avait été secouru contre son gré par l’Empereur d’une mort certaine à laquelle il était résigné, et que ce ressentiment allait le pousser à se rebeller contre son « sauveur » des années plus tard. Tout l’enjeu était d’expliquer de manière satisfaisante comment un gladiateur aux tendances homicidaires établies avait pu donner la patte à un maître honni pendant une période de temps assez longue, et n’était pas entré immédiatement en conflit avec son supérieur hiérarchique. Sur ce brief vraiment casse-gueule, Farrer est parvenu à livrer une copie relativement propre, ou en tout cas bien conçue, qui pemet au lecteur de suivre la progression émotionnelle et intellectuelle du Primarque, depuis sa téléportation sauvage en orbite, jusqu’à l’acceptation de ses nouveaux rôle et statut. D’abord convaincu d’avoir échappé à une tyrannie pour une autre, il finit par comprendre pourquoi les War Hounds n’ont pas cherché à riposter à ses attaques, et trouver une raison de respecter un Empereur très peu favorablement mis en avant dans cette nouvelle, lorsqu’il apprend que son père est un guerrier qui mène ses hommes à la bataille. La transition du point A au point B n’est certes pas facilitée par les caprices et tics nerveux du Primarque, qui use du pauvre Khârn comme un sac de frappe pour réguler son humeur mutine, mais on sent que Farrer avait à cœur de donner une justification logique à un ralliement peu évident, pour dire le moins.

Khârn, de son côté, est dépeint pour la première fois comme un individu sensé et sensible (qualificatifs ne s’appliquant plus guère à la fin de sa carrière), ce qui a dû surprendre plus d’un lecteur s’attendant sans doute à ce que Farrer prenne le pas de King à cet égard. Presque quinze ans plus tard, et grâce aux romans et nouvelles s’étant inscrit dans la droite ligne de ce choix de Matthew Farrer, cette divergence notable est parfaitement digérée, et, si je ne peux pas parler pour l’ensemble des hobbyistes, je suis en ce qui me concerne très satisfait de la profondeur du personnage, qui justifie à lui seul mon intérêt pour cette Légion de brutasses. Bref, si vous avez aimé le guerrier badass engagé dans une bromance déchirante avec ce vieil Argel Tal2, le combattant implacable animé par un sens du devoir chevillé au corps ayant maintenu les World Eaters à peu près dans les clous (du Boucher) pendant une bonne partie du mandat de PDG (Primarque Découpeur Général) d’Angron, et le fils dévoué prêt à se damner pour garder son père parmi les siens, vous pouvez remercier Matthew Farrer d’avoir établi ces fondations dans sa nouvelle, comme Perturabo l’a fait pour la digue impériale sur Nove Shendak. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de souligner que l’auteur donne également quelques éléments fluffiques dignes d’intérêt, tant au niveau micro (les traditions martiales de Nuceria) que macro (l’origine des noms de la 12ème Légion) et même meta (Big E est vraiment un très mauvais père) dans son récit, ce qui doit également être mis à son crédit.

Finalement, After Desh’ea a permis de poser de nombreuses bases de l’héritage « hérétique » des World Eaters, depuis la personnalité complexe de son Primarque et le rapport ambivalent de ce dernier avec ses fils génétiques, qu’il placera toujours en-dessous de ses premiers compagnons d’armes, jusqu’à l’adoration masochiste des World Eaters pour Angron, qui a poussé les premiers à des sacrifices toujours plus importants pour gagner l’amour et le respect du second. Il pose également Khârn comme l’excellent personnage que nous connaissons aujourd’hui, un guerrier réfléchi et pragmatique, qui finira par embrasser sa destinée et sombrer dans une folie meurtrière dont les écrits de Bill King et sa description dans le fluff de 40K se font écho (ce qui lui donne une profondeur tragique indéniable). Voilà pourquoi je considère que cette nouvelle a, au minimum, eu un impact fort sur le reste de l’Hérésie, au moins en ce qui concerne la 12ème Légion, et mérite donc la lecture à ce titre seul, mais peut également être appréciée pour la description que l’auteur fait d’Angron, tout à la fois une bête de guerre sanguinaire devant lutter contre les Clous du Boucher en permanence, un guerrier honorable et fidèle à ses compagnons, et un être à l’intelligence supérieure capable d’intégrer rapidement les informations que lui livre Khârn sous ses abords de primitif balbutiant. Bref, il y a du potentiel ici, peut-être pas superbement exprimé par Farrer3, mais présent tout de même. Dommage que l’auteur en soit (presque) resté là pour l’Hérésie d’Horus, un roman de sa main sur les World Eaters aurait été très intéressant…

1 : Je fais abstraction de son rôle de taupe de choc dans ‘Galaxy in Flames’.
2 : Et qui accomplira le rêve de tous les lecteurs de l’Hérésie d’Horus en bottant les fesses de ce faux jeton d’Erebus en one to one.
3 : Et peut-être affaibli par la traduction en français (que je n’ai pas lue). Difficile de transcrire dans une autre langue les borborigmes d’Angron de façon satisfaisante. En tous cas, j’ai trouvé qu’en anglais (et peut-être est-ce dû au fait que ce n’est pas ma langue natale) cela passait plutôt bien.

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Et voilà qui conclut cette chronique de chroniques, premier recueil de nouvelles de l’Hérésie d’Horus et donc point de départ logique pour se lancer dans cette entreprise. Plus de dix ans après la sortie de cet opus, et alors que la fin s’approche pour ce cycle majeur, je pense que cette anthologie mérite toujours une lecture si ce dernier vous intéresse. Bénéficiant de quelques travaux réellement uniques, ou peu s’en faut dans la production de la BL, d’une grande variété de personnages et de théâtres1, d’une dose de fluff beaucoup plus généreuse que ce à quoi les recueils 40K nous avait habitués, Tales of Heresy est également porteur d’une vision assez unique de la galaxie au moment où l’Humanité était encore sûre de sa force, ou persuadée que le caprice d’Horus pourrait être réglé de façon rapide. L’étude des prochains volumes permettront de déterminer si nous sommes en présence d’une perle rare, ou d’une copie conforme au standard hérétique. Quoi qu’il en soit, préparez-vous : la suite risque d’être saignante…

1 : Pour les intrigues en revanche, c’est un peu plus uniforme. On peut toutefois noter qu’il y a une constante au 30ème millénaire quand on est une planète redécouverte par l’Imperium : que l’on soit pour (‘Scions of the Storm’), contre (‘Wolf at the Door’) ou bien au contraire (‘Call of the Lion’) au sujet d’une intégration à ce dernier, on a de grandes chances de finir la tête au fond des chiottes.