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BLACK LIBRARY 2012 ADVENT CALENDAR [40K – WFB – HH]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue du Black Library 2012 Advent Calendar, pot-pourri de 24 nouvelles et audio dramas proposé par la BL à ses afficionados pendant les semaines ayant précédé Noël 2012 (qui tomba un mardi, comme vous le savez). Si, plus de dix après, ce concept vous semblera sans doute des plus familiers, à l’époque il s’agissait d’un saut dans l’inconnu de la part de Nottingham, qui se cherchait encore en matière de publication numérique. Nous sommes donc en présence du tout premier Advent Calendar de la Black Library, ce qui peut expliquer pourquoi ce lointain ancêtre ne ressemble guère aux dernières moutures sorties par la BL.
Outre le fait que la sélection que nous allons explorer ci-dessous compte des nouvelles prenant place dans le Monde Qui Fut (ce qui ne se reproduira plus, même si la Fin des Temps ne prit place qu’en 20151), une autre différence majeure entre le millésime 2012 et ceux qui suivirent est le format des histoires publiées par la BL : croyez-le ou non, mais il fut une époque (heureusement révolue depuis lors) où les nouvelles de 1.000 mots (soit entre quatre et cinq pages) étaient vues comme un produit tout à fait valable par la Black Library. Vendues à 1,49€ l’unité2, ces ultra courts formats étaient certes rapides à écrire pour les auteurs de GW-Fiction, mais peu furent en mesure de proposer des histoires un tant soit peu intéressantes en respectant cette longueur limite. Tout le monde n’est pas Hemingway ou Monterroso.
Les 21 nouvelles et 3 audio dramas n’ont donc pas marqué l’imposant corpus de la GW-Fiction, mais doivent plus être vues comme des exercices de style de la part des plumes de la BL, et pas des moindres (Abnett, Reynolds, Wraight, Thorpe, McNeill, Werner, Counter, Mitchell, Fehervari…). Avant même de m’atteler à cette revue, je peux déjà vous dire que le rapport qualité/prix de cette sélection sera absolument exécrable (près de 90€ à débourser pour disposer de toute la série…), mais j’espère ne pas être l’abri d’une (ou deux, ou plus) bonne(s) surprise(s) dans le lot…
1 : Je pense que la décision de bazarder Warhammer Fantasy Battle a été prise par Games Workshop fin 2013, ce qui peut expliquer pourquoi la Black Library a progressivement arrêté de publier des inédits pour cette franchise historique à partir de ce moment.
2 : À l’époque. Au moment où cette critique est écrite, la BL ne s’est pas gênée pour harmoniser les prix de tous ses courts formats, et le lecteur curieux devra s’acquitter des 3,49€ réglementaires pour mettre la main sur ces quelques pages. Ça pourrait passer si la BL indiquait clairement la longueur des nouvelles sur son site, afin de ne pas piéger les fans croyant avoir affaire à des histoires plus consistantes, mais non (pas de manière systématique en tout cas). Pas très élégant.
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Born to Us – D. Abnett [40K] :
INTRIGUE :
Comme il aime bien le faire en ses vieux jours (depuis qu’il a passé son premier siècle, en tout cas), Gregor Eisenhorn, Inquisiteur vétéran ayant roulé sa bosse et son crâne chauve d’un bout à l’autre du Daniverse, se remémore les épisodes les plus marquants de sa longue carrière. Cette fois-ci, direction la planète Koradrum où Greg a enquêté sur la disparition d’un archéologiste de renom, Darred Lenhema, alors qu’il fouillait un ancien tumulus avec son équipe.
Les temps de transport au sein de l’Imperium étant ce qu’ils sont, Eisenhorn et son gros bras de service Harlon Nayl n’arrivèrent sur les lieux que deux ans après que Lenhema ait été déclaré AWOL. Il ne servait donc à rien de se ruer sur le site de fouille pour relever des empreintes, ce qui laissa un peu de temps à notre duo de choc pour se renseigner sur la culture et les croyances locales. Il s’avéra que les crédules Koradrumois considéraient l’arrivée dans le firmament d’une nouvelle étoile (en fait un simple passage en supernova d’un astre proche) comme le signe de la réincarnation prochaine d’un grand meneur, voire d’une figure divine, qui mènerait son peuple vers le salut, ou quelque chose comme ça. Eisenhorn, qui est très culturé et aime entendre le son de sa propre voix, s’empressa de faire un cours magistral au pauvre Nayl sur la récurrence du mythe de la figure – n’ayons pas peur des mots – christique au sein de l’Imperium, même si à l’approche du 41ème millénaire, peu de gens savaient d’où ce mythe provient. Et c’est bien triste, ma pauvre dame.
Sur ces entrefaites, l’Inquisiteur et son garde du corps arrivèrent à proximité du tumulus, où l’équipement de Lenhema et de son équipe gisait au sol. Il semblerait que la réponse de cette énigme se trouve à l’intérieur de l’ancienne tombe…
Début spoiler…Et comme Eisenhorn aime à le marteler, toutes les légendes, mêmes les plus farfelues, ont toujours un fond de vérité. Un messie s’était bien réveillé sur Koradrum après un sommeil millénaire, mais il s’agissait d’un Tétrarque Necron et pas d’un charpentier hippie ; et s’il a bien multiplié les pains, ce fut en direction des archéologues sans gêne ayant envahi son intimité. Nous quittons Eisenhorn et Nayl sur cette épiphanie grimdark, mais rassurez-vous, ils s’en sont tous les deux sortis…Fin spoiler
AVIS :
Des personnages populaires, un peu de fluff et une petite surprise finale pour relever le tout : Dan Abnett fait bon usage de son budget très serré de mots dans cet inconséquent mais sympathique ‘Born to Us’, qui nous permet de nous souvenir que le brave Gregor est à l’origine un membre de l’Ordo Xenos. Il y a évidemment des nouvelles bien supérieures à celle-ci dans le corpus inquisitorial d’Abnett, mais ‘Born to Us’ tient assez bien son rang, dans la catégorie poids plume.
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Binding – R. Harrison [40K] :
INTRIGUE :
Le Sergent vétéran Leonen Kyarus des Imperial Fists se réveille brutalement pour constater que quelqu’un a laissé la vitre de toit de son Rhino de fonction ouverte, ce qui rafraichit considérablement l’habitacle. Ah là là, ces j- Wait a minute. La minute qui suit voit notre héros reprendre péniblement ses esprits et sortir de la ruine fumante du véhicule, constatant au passage qu’une de ses mains n’a pas survécu au crash. Plus inquiétant, le reste de son escouade manque à l’appel, alors qu’une voix désincarnée râle « frérooooot… » à la limite de sa perception auditive. La radio de son armure ne fonctionnant plus guère, Leonen en est réduit à partir à la recherche de l’homme qui murmurait à l’oreille de Lyman (hoarse whisperer, en V.O.), ce qui l’amène dans un bâtiment en ruines…
Début spoiler…Où l’attendent ses frères de bataille, qui s’étaient passés le mot pour lui faire une surprise pour son anniversaire sont tous morts autour d’un pilier de pierre trotrodark, servant de perchoir et de prison à un Démon ventriloque (sans doute un Duc du Changement, si on prend en compte ses plumes, son bec et son champ lexical de perroquet domestique). Leonen comprend en un éclair que cette abomination a attiré ses camarades jusqu’à lui pour leur voler leur âme et gagner ainsi en puissance pour se libérer de son emprisonnement, et qu’il est le prochain sur la liste. Comme le Démon lui fait doctement remarquer, ce n’est pas un combat qu’il est statistiquement en mesure de remporter, mais le brave Sergent rétorque qu’il n’est pas venu pour ça avant que le combat ne s’engage et que le rideau tombe sur notre histoire. On ne saura jamais s’il a pu utiliser les toilettes, du coup…Fin spoiler
AVIS :
Pour sa toute première histoire écrite pour le compte de la Black Library Rachel (Ray) Harrison signe une micro-fiction appliquée et assez atmosphérique (ce qui est bien), même si son dénouement tombe un peu à plat1 (ce qui l’est moins). Je pense qu’il y avait moyen de choisir un autre antagoniste pour se sortir de cette ornière, mais dans l’ensemble, c’est très honnête pour une nouvelle de 1.000 mots.
1 : Ou plutôt, suscite des questions que Harrison laisse sans réponse, faute d’espace pour les traiter. Comment le Démon a-t-il fait pour attirer un à un les Space Marines jusqu’à son pilier, alors qu’ils ont tous commencé la nouvelle dans l’épave du Rhino (et qu’on peut supposer qu’ils ne s’en seraient pas écartés aussi facilement que Leonen s’ils avaient vu que leurs camarades étaient blessés) ? Est-ce lui qui a enchainé le cadavre de Damanios à son pilier, et pourquoi ? Le Démon peut animer les cadavres de ses victimes, mais à quoi cela lui sert-il ?
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The Riddle of Scorpions – J. Reynolds [WFB] :
INTRIGUE :
Zavant Konniger et son assistant Vido ont été appelés pour enquêter sur la mort suspecte d’un marchand d’Altdorf, dont le corps a été retrouvé dans la caverne d’Ali Baba qui lui servait de bureau. Jorge Mueller, car c’était son nom, s’était en effet fait une réputation dans l’importation et la vente d’artefacts rares provenant des quatre coins du Vieux Monde et au-delà, et était bien connu pour ne pas hésiter à employer des moyens douteux pour enrichir sa collection.
Comme souvent, Konniger questionne Vido pour (tenter de) développer les capacités déductives du Halfling, lui-même ayant bien sûr déjà établi sans l’ombre d’un doute le motif et le déroulé des événements ayant conduit Herr Mueller à passer l’arme à gauche. Guère intéressé par le cadavre affalé sur sa chaise, ou par les remarques de son employeur d’ailleurs, Vido préfère inspecter le bureau du défunt, et ramasse un tube finement ouvragé dont les extrémités sont occupées par une reproduction de scorpion en métal. Voilà qui ferait un presse papier de premier choix…
Mais ce que Vido prenait pour un simple objet décoratif se révèle être un piège-scorpion arabien, qui se referme sur ses doigts alors qu’il le manipule, et dont les dards se rapprochent rapidement de ses phalanges. Si l’expérience se révèle traumatisante pour le Halfling aux mains baladeuses, Konniger lui ne se départit pas de son calme et continue de tester la sagacité de son acolyte sur les causes du décès de Mueller, tout en l’informant qu’il lui suffit d’entrer le bon code sur le cadran du piège pour se libérer avant qu’il ne soit trop tard. Un vrai jeu d’enfant (d’ailleurs, c’est comme ça que les jeunes Arabiens se distraient, à ce qu’il paraît) !
Début spoiler…Au final, Vido ne parvient pas à résoudre l’énigme des scorpions avant de se faire piquer, mais comme les dards n’étaient pas empoisonnés, la seule victime à déplorer est son amour propre. Konniger entre la combinaison en un tour de main, et révèle à son serviteur éprouvé que c’est cette même mésaventure qui a causé la mort de Mueller, dont le cœur a lâché sous le stress lorsqu’il s’est trouvé par inadvertance prisonnier du piège. On peut appeler ça les risques du métier.Fin spoiler
AVIS :
Josh Reynolds ne choisit pas la facilité en tentant un whodunit dans un format 1.000 mots (1.014 ici, si on veut chipoter), mais on ne pouvait pas s’attendre à autre chose dans une nouvelle dont le héros est le légendaire Zavant Konniger. Cela fait toujours plaisir de revoir des personnages mythiques de la GW-Fiction reprendre du service sous la plume de nouveaux auteurs, et le Sage-Détective d’Altdorf est à ce titre bien tombé avec Reynolds, qui se sort honorablement de cette situation épineuse (bien mieux que Vido en tout cas). Bien sûr, le côté « énigme » de ce ‘The Riddle of Scorpions’ n’est pas très abouti, mais pour un très court format, c’est loin d’être indigent. Bravo pour le panache, M. Reynolds.
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Failure’s Reward – C. Wraight [40K] :
INTRIGUE :
Tarolf est ce qu’on peut considérer comme un loser du 41ème millénaire, ou plutôt, un lo(up)ser. Né sur la planète Fenris, il a tenté pendant sa jeunesse de rejoindre les fiers Guerriers Célestes (aussi connus sous le nom de Space Wolves par l’Administratum) mais quelque chose s’est mal passé pour lui pendant le sévère processus de sélections des aspirants du Chapitre le plus cabotin de l’Imperium. On ne saura jamais ce qui est parti en cacahouète pour le pauvre Mister T. mais toujours est-il qu’il s’est fait recaler. Heureusement, les Space Wolves ont une fibre sociale bien connue et ont proposé au candidat malheureux de servir l’Empereur d’une autre manière qu’en zlatanant ses ennemis à travers la galaxie, et Tarolf est donc devenu assistant armurier dans les forges du Croc.
Comme il nous le raconte avec ses propres mots (assez simples, car il est probable que les Prêtres Loups l’aient un peu lobotomisé sur les bords pour s’assurer de sa docilité1), sa tâche consiste à customiser des genouillères d’armures énergétiques, afin que les Space Wolves puissent guerroyer avec le style flamboyant pour lequel ils sont réputés à travers tout l’Imperium. Free hand de dragon, de wyrm, de troll ou de loup : Toralf est un as du poinçon, de la cire et de l’acide, et même s’il reconnait sans mal que le moindre boulot peut lui prendre des mois (ce qui est long tout de même quand on considère la taille de la pièce), l’important est d’assurer un rendu irréprochable. La qualité totale, que voilà une belle doctrine !
1 : Et fait stériliser pour les mêmes raisons, mais en cela il ne diffère sans doute pas des recrues confirmées du Chapitre…
AVIS :
Chris Wraight lorgne clairement du côté des encarts fluff des Codex et suppléments de jeu de rôle avec ce contemplatif ‘Failure’s Reward’, qui décrit avec un luxe de détails le quotidien d’un des milliers de serfs anonymes qui triment pour le compte des Space Wolves. Pas d’intrigue passionnante ou de conclusion tonitruante à attendre ici, seulement la réalité terne, assez triste et souvent violente du 41ème millénaire, « filmée » à hauteur d’homme (ou d’humanoïde, un aspirant Space Wolves n’ayant pas un physique ordinaire). Assez proche dans l’esprit du ‘Sacrifice’ de Ben Counter, qui était une autre bonne surprise du corpus de 40K.
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The Quickening – A. Smillie [40K] :
INTRIGUE :
L’Archiviste Balthiel des Flesh Tearers a choisi d’opérer seul derrière les lignes ennemies pour mener à bien l’assassinat du Gouverneur hérétique de Spheris, et nous le voyons faire usage de ses pouvoirs psychiques, dont son signature move : the quickening (une sorte de bullet time qui lui permet de ralentir l’écoulement du temps autour de lui), pour se débarrasser de la garde personnelle du félon. Bien que très efficace, l’abus du Warp est dangereux pour la santé mentale, et Balthiel finit la novelinette (3 pages !) en PLS, sa mission accomplie mais sa messagerie mentale submergée de spam de Démons cherchant à lui vendre des analgésiques miraculeux et/ou à lui faire rencontre des hot single spawns dans son voisinage. Bref, un jeudi ordinaire pour notre ami Flesh Pseaker.
AVIS :
Andy Smillie continue sa série consacrée à la mise en scène des pouvoirs psychiques des Blood Angels (et descendants) dans ses nouvelles Flesh Tearers avec cet insignifiant à tout point de vue ‘The Quickening’. Les amateurs de ce genre très particulier peuvent se tourner vers ‘From the Blood’ pour voir l’incroyable Balthiel utiliser le Bouclier de Sanguinius d’une manière fort peu orthodoxe (et tomber à nouveau dans les pommes, comme le gros bébé fragile qu’il est). Les autres économiseront les 3.49€ demandés pour ces quelques lignes peu mémorables1 et iront dépenser leur capital chèrement acquis ailleurs.
1 : Qui bénéficient malgré tout d’une recommandation de nul autre que James Swallow (« So visceral, you can taste the blood in your teeth »). Si ça ne vous donne pas une bonne raison supplémentaire de ne pas acheter ‘The Quickening’, vous allez vite apprendre…
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Never Forgive – G. Thorpe [WFB] :
INTRIGUE :
Peu de temps après la bataille de Maledor, durant laquelle le jeune (à l’époque) Malekith se fit bellement corriger par Caledor the Preums, nous faisons la connaissance d’un des lieutenants du Roi Prétendant Sorcier, Alandrian de Nagarythe. Elfe féru de grands espaces et de randonnées, il prit le parti de mener ses guerriers survivants dans le Val de Caerasin après la défaite de son camp plutôt que de se réfugier à Anlec avec le gros des troupes druchii, et eut la chance de se trouver en hauteur lorsque ce rigolo de Malekith ouvrit les vannes et noya la province sous une vague monstrueuse. Plutôt que de se lamenter sur son sort, comme il aurait été pourtant en droit de le faire, Alandrian décida de partir à la conquête de sa propre contrée submergée et marcha sur le premier village du vallon avec la ferme intention d’en faire sa base d’opérations. That’s the spirit, boy.
Malheureusement pour lui, et surtout pour ses cinq cents guerriers, le village en question était placé sous la protection de dangereux anar(chiste)s, menés par un jeune prince du nom d’Alice Alith. Bien que les Druchiis disposassent (eh oui) de l’avantage numérique, les flèches des Guerriers Fantômes ne tardèrent pas à mettre la cohorte d’Alandrian en déroute, et ce dernier ne se fit guère prier pour prendre également ses jambes à son cou. C’est alors qu’Alith Anar en personne se dressa devant sa route, lui colla une flèche dans le cuissot pour le mettre à terre, avant de lui balancer un grand coup de latte dans la tempe, remportant cet affrontement fratricide par un K.O. probant à la première reprise.
À son réveil, Alandrian se rend compte qu’il est encore en un morceau, et seulement attaché aux branches et aux racines d’un jeune arbre. Cette clémence étonne beaucoup le Druchii, qui est bien placé pour savoir qu’à Nagarythe, on ne fait pas de cadeau à l’ennemi. Alith Anar lui affirme cependant qu’il ne sera ni torturé, ni affamé ou assoiffé, comme il en avait l’intuition. Au contraire, des enfants du village qu’il avait cherché à conquérir lui apporteront de quoi boire et manger tous les jours pour le garder en bonne santé. Vraiment, ça a l’air cool d’être fait prisonnier par Alith Cooper !
Début spoiler…À court et moyen termes tout du moins. Le dessein d’Alith Anar est en effet de laisser l’arbre auquel Alandrian est attaché faire le sale boulot pour lui : dans quelques années ou décennies, les branches auront suffisamment poussé pour que l’Elfe Noir se trouve écartelé par la tension de la corde qui lie ses pieds aux racines de l’arbre. La vengeance est un plat qui se mangera quand les moules auront des gants, comme on dit à Athel Maranth…Fin spoiler
AVIS :
Continuation de son roman dédié au plus mystérieux et revanchard des Hauts Elfes (‘Shadow King’), ‘Never Forgive’ ne brille pas par la qualité de son intrigue, mais compense par les éléments fluff qu’il apporte à l’amateur de culture et d’histoire elfique, et par la fin grinçante que Thorpe a concoctée pour le pauvre Alandrian. C’est assez bien trouvé je dois dire, car cela donne une bonne idée du rapport particulier que les Elfes ont au temps, en plus d’illustrer le caractère impitoyable d’Alith Anar. C’est validé.
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Warmaster – J. French [HH] :
INTRIGUE :
Horus profite d’un de ses rares moments de paix depuis qu’il a lancé son hérésie pour soliloquer sur le sort qui est le sien dans le confort ouaté marbré de la salle du trône du Vengeful Spirit. Comme il le dit lui-même, être Maître de Guerre n’est pas une sinécure, surtout lorsque le titre est décerné par un Empereur plus concerné par ce que le Primarque inter pares ne doit pas faire que par ce que le poste apporte comme avantages. De même, il n’est pas facile de mener à bien un coup d’état galactique quand on hérite de la moitié la plus dysfonctionnelle de la super fratrie pour jouer au régicide contre son Pépé. À tout prendre, Horus aurait bien aimé que Sanguinius, Roboute Guilliman et même Corax (un peu d’amour pour les corbeaux emo, ça fait du bien) le rejoignent, plutôt que de se coltiner les manigances tarabiscotées et inefficaces de Lorgar et d’Alpharius, les bouderies de Mortarion et la cyclothymie de Perturabo. Comme on disait à la fin de M1, if you can’t be with the ones you love, love the ones you’re with.
Qu’importe ces menus désagréments et la nullité crasse des bras cassés qui l’accompagnent, Horus sait qu’il est le surhomme pour le job, et que chaque bataille, chaque massacre, chaque désastre, sert sa cause. C’est ça l’avantage de servir le Chaos : on est autorisé à se réjouir lorsque tout part à vau l’eau, car après tout c’est ce que les patrons désirent, pas vrai ? Notre histoire se termine avec la révélation de l’identité du bienheureux individu à qui Horus a déballé ses profondes réflexions sur la conjoncture, car non, il n’est pas (encore) assez fou pour parler tout seul…
Début spoiler…Et il s’agit du psychiatre préféré des Primarques félons, Ferrus Manus en personne1. Ou son crâne, en tout cas, que le Maître de Guerre a gardé comme souvenir du bon vieux temps. Qui pourrait se lasser de prendre la tête de la Gorgone, aussi, hein ?Fin spoiler
1 : Fulgrim aussi apprécie beaucoup faire des confidences à son frère favori (‘Imperfect’).
AVIS :
Un seul en scène d’Horus, sur un livret de John French, franchement, ça se prend. Mine de rien, recueillir les états d’âme du protagoniste (et antagoniste) de l’Hérésie, c’est toujours appréciable d’autant plus que ça n’arrive pas si souvent que ça au cours de la série. French nous livre un Horus encore fréquentable, toujours charismatique, et sans langue de bois sur ses alliés aussi bien que sur ses adversaires : voilà un Primarque tel qu’on aime en voir dans les pages de la GW-Fiction. Solide.
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Dust – G. McNeill [40K] :
INTRIGUE :
Sur la Planète des Sorciers, le plus éminent et vaniteux d’entre eux (il parle de lui à la troisième personne tout de même) a rendu une petite visite à l’un de ses collègues, le bellâtre Hegazha. Ahzek Ahriman, car c’était bien sûr lui, est venu lui faire une offre qu’il ne peut pas refuser : rejoindre son projet top secret de boys band cabale (c’est techniquement la même chose, on est d’accord) afin de trouver une cure à l’épidémie de mutation qui décime les rangs des Thousand Sons, déjà clairsemés par la dérouillée infligée par Leman Russ et ses loubards sur Prospero. Après tout, qui ne souhaiterait pas participer à une mission de bien commun comme celle-ci, hein ?
Tout naturellement, Hegazha refuse et envoie son bureau fait en volonté (c’est ‘achement rare, ça doit coûter une blinde) dans la tête de son invité. Il a de bonnes raisons pour faire la sourde oreille au plaidoyer d’Ahriman, notez : déjà frappé par la malédiction de Tzeentch, qui a changé ses mains en serres d’oiseau, Hegazha s’est engagé à fond dans la voie du body positivism, et considère ces mutations comme une bénédiction plutôt que comme un fléau. Cependant, Ahri’ n’a jamais accepté non pour réponse, et s’il doit mettre les mains dans le cambouis pour mettre sur pied sa fine équipe, ainsi soit-il. Les deux rivaux échangent donc des sorts destructeurs en haut de la tour de Hegazha, jusqu’à ce que ce dernier saute à la gorge de son visiteur et que les deux basculent dans le vide et tombent comme des pierres vers le sol, quelques centaines de mètres plus bas…
Début spoiler…Cela ne trouble pas outre mesure Ahriman, qui en tant que Corvidae a vu son avenir et sait qu’il survivra à la chute. Et en effet, avant que la collision fatale ne se produise, le wingman que l’Archiviste en chef avait missionné pour lui donner un coup de main utilise ses propres pouvoirs pour amortir l’impact, et placer Hegazha en stase. C’est ce vieil Hathor Maat qui rend ce fier service à Ahriman, et bien que ses capacités de télékine laissent encore un peu à désirer, comme les lombaires douloureuses de notre héros peuvent en témoigner, il réussit par contre parfaitement à geler Heghaza sur pied, ce qui permettra aux cabalites de l’utiliser comme ingrédient pour leur futur grand œuvre, à défaut de pouvoir compter sur sa coopération active. Waste not, want change not, comme on disait à Tizca…Fin spoiler
AVIS :
Guère plus qu’une scène coupée dans l’épopée consacrée par Graham McNeill à Ahriman et Magnus le Rouge, ‘Dust’ fait partie de ces nouvelles irritantes qui n’apportent rien aux connaisseurs, tout en étant relativement cryptiques pour le néophyte. Si vous n’êtes pas familier des cultes Thousand Sons (Corvidae et Pavoni) ou ne savez pas qui sont Hathor Maat et Phosis T’kar, ne comptez pas sur McNeill pour vous briefer sur ces sujets, ce qui est dommage car ces détails sont au centre de son propos.
Si cette histoire est donc assez décevante, il est en revanche intéressant de noter que lors de sa sortie en 2012, elle fut rattachée au corpus 40K et non Hérésie d’Horus par la Black Library, ce qui était chronologiquement possible à ce moment. Cinq ans plus tard, McNeill fit mourir Hathor Maat avant la fin de l’Hérésie dans ‘The Crimson King’, plaçant une fois pour toute ‘Dust’ dans cette franchise. Cette nouvelle peut donc être considérée comme la secret track de l’Hérésie d’Horus (et comme beaucoup de secret tracks, elle n’est pas incontournable).
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Last Watch – L. Goulding [40K] :
INTRIGUE :
Sur la planète jungle de Phirus, le frère Felgir, Space Wolf rattaché à la Death Watch, a juré de traquer et de tuer en solo le dernier1 xénomorphe tyranide souillant de son infecte présence le domaine de l’Empereur. Bien qu’il soit parmi les chasseurs les plus mortels et discrets de la galaxie, le fier Loulou se fait toutefois surprendre comme un perdreau de l’année par sa proie, et un féroce combat s’engage entre le représentant de l’humanité et celui de la Grande Dévoreuse.
Malgré ses meilleurs efforts, récompensés par un poignet douloureux pour son adversaire chitineux, Felgir se fait surclasser par la vitesse et la férocité du Lictor, mais surtout par ses fléchettes thoraciques empoisonnées (et pourtant, c’est kikoolol, on est d’accord), dont la toxicité menace de transformer la Space Watch en Death Wolf. Terrassé par les toxines xenos, Fergy développe une gueule de bois express plus carabinée que s’il avait fait un cul sec de tonneau de mjød. Il se voit mourir et le lecteur aussi : cette histoire va-t-elle se conclure dans le sang et les larmes ?
Début spoiler…Réponse : oui, mais pour le Lictor. Il s’avère que le Sergent de l’escouade de Felgir n’a finalement pas permis à cette tête brûlée de soloter le dernier boss de Phirus, mais a utilisé l’imprudent Space Wolf comme appât pour débusquer l’insaisissable bestiole et lui coller un bolt au mercure dans les cervicales pendant qu’elle était occupée à martyriser notre ami velu. Tout est bien qui finit bien (sauf pour le Lictor, encore une fois), et Marek Angeloi envoie un rapport confirmant le succès de la purge de Phirus à ses maîtres de l’Ordo Xenos, et demandant à être sorti du service actif de la Death Watch pour poursuivre ses xenocides sous les couleurs de son Chapitre d’origine. Et on peut compter sur un(e) Scythe of the Emperor pour continuer à moissonner du tyty…Fin spoiler
1 : Je sais ce que vous vous dîtes : comment peut-on être sûr que c’est le dernier ? Eh bien, il semble qu’il existe une technologie impériale très précise d’identification des Lictors, puisqu’il s’agit de la seconde histoire de la Black Library (après ‘13th Legion’) où le héros piste l’ultime Tyranide de la planète. TGCBL !
AVIS :
Goulding signe une petite histoire reprenant la trame classique du « chasseur/chassé », relevée par un coup de théâtre final relativement efficace (bien aidé en cela par le fait que dans un univers aussi grimdark que Warhammer 40,000, la nouvelle aurait très bien pu se terminer par la mort de Felgir). Il donne également des nouvelles de l’un de ses personnages SotE récurrents, la forte tête Marek Angeloi, dont on ne sait pas encore à ce stade si la demande de réaffectation a été acceptée par l’Inquisition. La bureaucratie génère des délais incompressibles, c’est connu…
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Thanquol Triumphant – C. L. Werner [WFB] :
INTRIGUE :
Servir la volonté de l’Hérésiarque Kritislik n’est pas tous les jours chose facile, et ce n’est pas Thanquol qui dira le contraire. Chargé par son boss de détruire le Clan Krawl, dont l’alliance potentielle avec le Clan Mors pourrait déséquilibrer les rapports de force à Skarogne et réduire l’influence des Prophètes Gris sur la société skaven, notre machiavélique héros a réussi à convaincre le seigneur Fissk d’emmener son armée à l’assaut du camp orque le plus proche, en lui faisant le coup de la panne de la vision prophétique (en même temps, c’est dans sa fiche de poste).
Les combats font rage et ne tournent pas franchement en faveur des hommes rats, qui se font concasser par les brutes vertes au corps à corps et bombarder de rochers à distance. Cette situation compromise fait toutefois les affaires de Thanquol, qui n’attend que l’inévitable débâcle générale de l’armée skaven pour faire une belle plus-value. Le Prophète Gris s’est en effet arrangé avec le Clan Skully (on ne peut pas toujours compter sur le Clan Moulder) pour organiser un comité d’accueil dans les galeries du Clan Krawl, et réduire en esclavage les survivants de cette bataille. Cette fortune future ne lui sera toutefois d’aucune utilité s’il ne survit pas à la mêlée, et bien qu’il ait pris le soin de se positionner dans les lignes arrière, comme il sied à son rang, l’artillerie peau verte se révèle un peu trop précise à son goût. Après avoir manqué de finir en rat-prenade deux fois de suite en l’espace de quelques minutes, Thanquol décide que la plaisanterie a assez duré et envoie une bonne malefoudre carboniser l’irritant lance-roc. Problème réglé !
Début spoiler…Mais Thanquol ne serait pas Thanquol s’il arrivait tranquillement à ses fins, bien sûr. Il y a des gens qui ont de la chance dans leur malheur, Mr T. lui a de la poisse dans son bonheur. Avant de partir en fumée, le lance-roc a le temps d’expédier une ultime cartouche dans la boîte, qui dévie franchement et écrase le seigneur de guerre orque et sa garde rapprochée, paniquant le reste de sa Waaagh ! et renforçant le moral des Skavens. Voilà qui s’appelle arracher la victoire des mâchoires de la défaite, et si ce n’était pas ce qui avait été prévu par Thanquol, ce dernier a suffisamment de métier et de vice pour tirer profit de ce résultat improbable. Après tout, n’est-il pas le génial stratège ayant guidé le Clan Krawl vers une victoire éclatante sur la vermine orque grâce à ses visions, hein ?Fin spoiler
AVIS :
Thanquol, comme ses Némésis habituelles que sont Gotrek & Felix, fait partie des personnages de la Black Library dont les apparitions sont scriptées. On sait dès la première ligne que l’ingénieux Skaven va preeeeeeeeeesque réussir à mettre en exécution un plan aussi génial que retors, échouer de la manière la plus improbable qui soit, mais réussir malgré tout à se tirer d’affaire, souvent à un poil de moustache près. Ce petit ‘Thanquol Triumphant’ peut donc être vu comme un échantillon représentatif de ce (sous) genre, dont C. L. Werner est le principal représentant. Je pense qu’il aurait pu faire preuve d’un peu plus d’inventivité dans le déroulé de ces quelques pages, qui parviennent à être répétitives en dépit de leur nombre très limité, et la fin est un peu trop cousue de fil blanc à mon goût, mais ça reste tout à fait lisible.
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The Emperor’s Chosen – M. Lee [40K] :
INTRIGUE :
Alors qu’il se préparait studieusement avec ses frères au prochain assaut sur Sepharis Ultra, un jeune initié Black Templar du nom de Reinhardt est frappé par une vision de l’Empereur, lui annonçant qu’il est son 100,000,000,000,000ème sujet à lui adresser une prière aujourd’hui, et qu’il a donc gagné un iphone 7 ainsi que le droit de devenir son Champion dans la prochaine campagne. Quelle chance.
Reinhardt court au Reclusiam vider son sac auprès du Chapelain Karst, qui a tôt fait d’établir la véracité de l’expérience transcendantale vécue par le frère de bataille, et fait donc mander la panoplie du parfait petit Champion dans l’arsenal de la Barge de Bataille qui amène les Black Templars jusqu’à Sepharis Ultra. Protégé par l’Armure de la Foi et équipé de l’Epée Noire1, Reinhardt aura pour mission d’abattre le meneur des Seigneurs de la Désolation, une bande de Space Marines renégats ayant conquis cette planète impériale pour accomplir leurs sombres desseins. Du succès de ce duel avec le sorcier Word Bearers X’hal Urus dépendra le destin de ce monde, mais heureusement, l’Empereur a donné ses meilleurs conseils de bretteur à Son Champion, et Reinhardt débarque donc sur le champ de bataille avec une confiance inébranlable dans ses capacités…
Début spoiler…Malheureusement pour notre fringant héros, il sait aussi que son triomphe sera de courte durée, et que X’hal Urus lui portera un coup fatal avant de mourir. Un peu comme le duel entre l’Empereur et Horus, vous me direz. C’est tellement fluff que l’on peut supposer que ce fan transi de Reinhardt n’espérait pas meilleure destinée, et si le rideau tombe sur l’affrontement entre loyalistes et hérétiques avant que ce duel fatidique n’ait vraiment débuté, on peut tout de même considérer que cette nouvelle se termine par une happy end.Fin spoiler
1 : Enfin, une des Armures de la Foi, et une des Epées Noires du Chapitre (celle-ci avait tout de même plus de 9 400 ans au moment de la campagne, c’était un vieux modèle). Il faut bien faire des compromis sur l’originalité des reliques si on veut guerroyer à travers la galaxie.
AVIS :
Plus connu pour ses travaux Crimson Fists que Black Templars, Mike Lee s’empare d’un des mythes centraux de cette fière fraternité des fils de Dorn et en tire une micro-nouvelle illustrant le fanatisme fataliste des surhommes en noir et blanc. Sans être mauvais, le résultat est assez quelconque.
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Voyage of the Sunspear – B. Counter [WFB] :
INTRIGUE :
Lorsqu’une flotte pirate mal inspirée décide de piller le littoral d’Ulthuan, la réaction des fiers Hauts Elfes ne se fait pas attendre, et une véritable armada prend la mer pour châtier les humains qui ont cru malin de titiller Doughnut Land. Menée par la grande amirale Caladoria depuis la barre de son catamaran de combat, le Sunspear, c’est une escadre entière de navires tous plus wahou les uns que les autres qui a pris la mer et franchi les portes de Lothern pour cingler vers le Vieux Monde. Bateau-tour pour l’Archimage Galindorm, yacht cristallin pour le Prince Keldorim, navire à menhirs envoyé par la cour de la Reine Éternelle, galère à feu grégeois de Caledor, sans compter la douzaine de vaisseaux classiques et les frégates-dagues qui escortent tout ce beau monde… c’est un spectacle époustouflant qui s’offre à la vue du lecteur (et des mouettes de Lothern), et on se dit que les malheureux adversaires de cette flotte bariolée ont vraiment du souci à se faire…
Début spoiler…Enfin ça, c’est si le Sunspear et ses camarades arrivent à bon port, ce qui est loin d’être certain. La nouvelle se termine en effet dans l’habitacle enfumé du Grimnir Revenge, un sous-marin nain dont le capitaine n’hésite pas longtemps avant d’ordonner un torpillage en règle de la flotte elfique. On ne saura pas ce qui a provoqué cette réaction belliqueuse, les Hauts Elfes n’en ayant pas après les Nains à ce stade, mais faut-il une raison à ces deux races pour se tirer dans les pattes (et les coques) depuis la Guerre de la Barbe, hein ? Fin spoiler
AVIS :
Ben Counter fait un crochet par le Monde qui Fut et nous livre une nouvelle maritime que l’on devine construite autour de son twist final, ce qui se conçoit tout à fait même si pour ma part, j’ai du mal à considérer qu’un vaisseau nain ferait acte de guerre envers une flotte haut elfe sans aucune provocation, rancune ou pas rancune. La décision fatidique du capitaine Granitebrow aurait pu être motivée dans une éventuelle suite à ce (dernier) ‘Voyage of the Sunspear’, mais à ma connaissance, on en est resté là.
Chose étonnante pour un habitué de 40K, et qui n’aura (à ma connaissance) signé qu’un roman et deux nouvelles – dont celle-ci – pour la franchise medfan de la GW-Fiction, Counter ne se gêne pas pour nous balancer des tonnes de fluff au détour de ces quelques pages, et nous livrer la description la plus fouillée de la marine de guerre des Hauts Elfes qui soit1. Cela rend la lecture de ‘Voyage of the Sunspear’ indispensable pour tout amateur de lore warhammeresque devant l’éternel.
1 : Il faut tout de même noter que Dread Fleet était sorti en 2011, l’année précédent la publication de cette nouvelle. Et la page du site de la Black Library où ‘Voyage of the Sunspear’ est offert à la vente fait encore la pub pour Man O ’War Corsair (mais que font leurs stagiaires ?)…
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The Third Wise Man – N. Vincent [40K] :
INTRIGUE :
Pour le frère Constantine du Chapitre des Iron Snakes, l’heure du grand oral a sonné. Notre ami ambitionne de devenir Chapelain, mais pour cela il doit convaincre trois Capitaines (Didymos, Pheus et Cules) qu’il est le surhomme pour ce poste stratégique1. Prostré au sol dans la position du supplicateur ithakien (c’est-à-dire front contre sol, bras écarté et probablement en petite tenue – on sait s’amuser chez les Chapitres d’obédience hellénique), Constantine se fait fraîchement recevoir par son jury, chacun des Capitaines y allant de sa petite anecdote honteuse sur la carrière de l’impétrant.
Didymos ouvre les hostilités en lui rappelant qu’il a perdu trois hommes de son escouade lors de la mission sur Manolis. Cules renchérit en notant qu’il a fait pire sur Hrystalla, où il a été le seul survivant de son escouade, et a pantouflé pendant sept longues saisons sur Ithaka le temps de se refaire une santé après cela. Pheus enfonce enfin le clou en évoquant son refus d’obtempérer lors de la campagne de Baltasar, durant laquelle il n’a pas daigné participer à l’assaut en drop pod sur cette planète, qui fut finalement conquise par l’ennemi et arrachée du giron de l’Empereur. Ça fait tout de même beaucoup, vous le reconnaitrez, et ce ne sont pas les plus plates contritions de Constantine, qui « endure la douleur atroce de la perte de <insert boulette here>, depuis ce jour fatidique jusqu’à aujourd’hui, les cœurs lourds », qui changeront quelque chose à cette litanie d’échecs.
Toutefois, si Constantine n’a pas toujours brillé sur le champ de bataille, il a en revanche su cultiver de solides relations, et trois d’entre elles viennent prendre sa défense. Le premier à parler n’est autre que l’incontournable Sergent Priad, qui rappelle à l’auguste assemblée que Manolis s’est terminé par une victoire impériale, et que cinq milliards de loyaux sujets de l’Empereur ont été sauvés par l’action de Constantine et de ses hommes2. Et pour marquer le coup, Priad humecte délicatement le crâne chauve et les mains tendues de son poto, dans le respect des traditions aquatiques d’Ithaka.
Le deuxième avocat de Constantine est le frère Kater Holofurnace, fraîchement revenu de la Croisade de Sabbat, qui souligne que son camarade, dont Hrystalla était la première véritable mission, a réussi à ramener avec lui les glandes progénoïdes de toute son escouade, ce qui a permis au Chapitre de reconstituer ses forces. Ça n’excuse pas tout mais c’est tout de même honorable. Et Holofurnace de dégainer à son tour sa gourde pour une petit goutte à goutte rituel.
Enfin, c’est le Maître de Chapitre Seydon qui débarque en grande pompe dans la salle d’examen, et, conscient d’être en retard, se contente de micro waterboarder Constantine comme la tradition le veut, avant de le relever et de le féliciter pour son élévation au rang de Chapelain. Ce n’est qu’un peu plus tard que nous avons le fin mot de l’histoire à propos des opérations de Baltasar. Seydon, qui n’était que Capitaine à l’époque, a pris la décision d’un assaut en drop pod contre l’avis de Constantine, et le résultat désastreux de cette initiative montra avec le recul qui était le plus malin des deux. Mais ça n’a pas empêché Seydon de faire carrière, et c’est bien la morale de cette histoire : chez les Iron Snakes, la séniorité prend toujours le pas sur la sagesse. And I think it’s beautiful…
1 : Il doit aussi leur apporter des cadeaux (deux lances et un caleçon en cuir de wyrm marin), dans la plus grande tradition du népotisme impérial.
2 : Et puis Priad ne peut pas vraiment se permettre de juger sévèrement un collègue Sergent qui a perdu des hommes au combat, lui-même n’étant pas exempt de toute critique de ce point de vue là…
AVIS :
On croyait en avoir fini avec les Iron Snakes après ‘Brothers of the Snake’, mais ces Space Marines ont la peau dure et la sympathie d’un certain nombre d’auteurs de la Black Library (en plus de celle de Dan Abnett, bien sûr), ce qui explique leur persistance discrète dans la GW-Fiction. Cette petite histoire nous en apprend un peu plus sur les rites, décidément très fétichistes (tous ces échanges de fluides en gros balèzes en petite tenue, c’est suspect), de cette confrérie écailleuse, et de passer en revue une grande partie des têtes nommées de cet auguste Chapitre. Si vous êtes fans de ce dernier, c’est donc un must read absolu, sinon, vous pourrez tout de même apprécier une histoire de Space Marines où personne ne meurt et qui se finit bien (ce qui est assez rare).
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Strike and Fade – G. Haley [HH] :
INTRIGUE :
Au lendemain de la monumentale trahison d’Isstvan V, un groupe de quatre Légionnaires Salamanders (Jo’phor, Hae’Phast, Go’sol et Donak) essaie tant bien que mal de survivre dans les désolations désolantes et désolées de cette planète désormais maudite. Bien que le moral soit bas, les loyalistes peuvent compter sur des activités de team building cathartique pour tenir le coup, comme par exemple embusquer des bikers Night Lords s’étant aventurés dans la pampa pour pratiquer la chasse à courre nostramane. C’est exactement comme celle que l’on connaît, sauf qu’il faut remplacer le renard par un Raven Guard à poil (si on n’en a pas, une autre Légion fait aussi l’affaire), et les chevaux par des motos. On peut utiliser une meute si on en a une sous la main, ce qui n’était pas le cas de nos amis de la 8ème. On ne peut pas toujours tout prévoir.
Comme on peut s’y attendre, les gentils lézards règlent leur affaire aux affreux jojos avec une efficacité consommée, et en profitent pour piquer le matos et les rations de leurs victimes afin d’alimenter leur effort de guérilla. Comme on dit, les petits ruisseaux font les grandes rafales de bolter. Malheureusement, leur camarade corbeau hérite d’une blessure thoracique mortelle au cours de l’échange de tir, et meurt dans les bras du noble Joe Fort, non sans avoir exprimé sa gratitude éternelle (plus que lui en tout cas) à ses frères de bataille pour l’avoir sauvé des griffes des Night Lords. Victoire tactique et victoire morale pour les Salamanders. Qu’ils en profitent, il n’y en aura plus beaucoup d’autres d’ici à la fin de l’Hérésie…
AVIS :
Si en 2012 tout le monde connaissait déjà la grande histoire d’Isstvan V (racontée dans ‘Galaxy in Flames’ par Ben Counter dès 2006), le sort des quelques survivants épars des Légions loyalistes étant tombées dans le piège de ce fieffé fripon d’Horus n’avait pas encore été couvert par grand-monde au sein de la Black Library. Guy Haley fut donc parmi les premiers à (re)donner leurs lettres de noblesse aux losers magnifiques des Légions Brisées, bien avant que Nottingham ne leur consacre un recueil de nouvelles (2017). Cette parenthèse historique mise à part, il n’y a pas grand-chose à dire de ce ‘Strike and Fade’, qui présente les Salamanders sous l’angle favorable qu’on leur connaît, mais ne développe pas assez son quatuor de personnages pour qu’on s’attache à eux. Potable.
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Honours – J. Swallow [40K] :
INTRIGUE :
Le Capitaine de la 1ère Compagnie des Blood Angels nous fait l’honneur d’expliquer comment il a gagné ses cicatrices, armes et emblèmes au cours de sa longue carrière. Il perdit un œil dans sa jeunesse, après avoir cru pouvoir se débarrasser en solo d’un Psyker finalement plus coriace que prévu. Son Maître de Chapitre lui remit l’épée énergétique Challenger après qu’il eut gagné un tournoi de tennis, et il l’utilisa pour bannir le Prince Démon de Tzeentch Sethselameth. Après être venu au secours d’une poignée d’Imperial Fists piégés pendant deux cents ans dans le siège d’une station spatiale (le rêve absolu pour eux), les fils de Dorn lui firent cadeau d’un bolter jaune poussin. Enfin, la gemme bleue ornant l’aquila de son plastron lui est revenue après des années de bons et loyaux services1.
On apprend pour terminer que le Capichef est en fait mort au combat, tout son stuff légendaire n’ayant pas fait le poids face à une horde de peaux vertes motivés à faire du vilain sur le monde ruche de Levion Gamma. Ce sont les risques du métier.
1 : Swallow ne devait plus avoir d’idées à ce moment là de l’écriture.
AVIS :
Swallow tire le maximum du format compliqué du 1.000 mots en troussant en décrivant par ses faits d’armes notables (avec un peu de fluff dedans, c’est appréciable) d’un héros méconnu du Chapitre des Blood Angels, ce qui est tout de même plus sympa à lire qu’une micro-baston entre deux tondus et trois pelés. Il y a même un micro-twist à la fin, attention appréciable de la part de l’auteur. Toujours trop cher pour ce que c’est, mais il y a bien pire que cet ‘Honours’, soyez-en certains.
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Deliverance Detail – D. Guymer [40K] :
INTRIGUE :
La nouvelle commence mal pour Callan, membre des Forces de Défense Planétaire d’une planète tout juste conquise par un envahisseur extraterrestre. Emmené avec ses milliers de compagnons d’infortune dans une base militaire tenue par les vainqueurs, il attend, menotté et aveuglé, que son sort soit décidé. Malgré ces circonstances difficiles, il peut au moins compter sur sa foi en l’Empereur pour tenir le coup, à condition de rester discret pendant ses prières : ses gardes ont formellement interdit aux captifs de mentionner Son nom. Qu’importe : Callan est fier d’avoir fait son devoir et de s’être battu trois longues années contre les assauts des hordes chaotiques qui se sont abattues sur sa planète…
Début spoiler…En tout cas, c’est ce qu’il (et ses camarades) croyaient, jusqu’à ce que les assaillants soient rejoints par d’authentiques Space Marines. En plus de plier la campagne avec leur efficacité légendaire, les Astartes firent réaliser à Callan et ses comparses qu’ils s’étaient battus du mauvais côté de l’histoire, la faute à la corruption des dirigeants de la planète et à leur effort de propagande plutôt efficace.
Bien que notre héros dupé se soit aussitôt rendu après avoir réalisé sa méprise, la légendaire bienveillance impériale le mena tout droit au peloton d’exécution. On ne saura pas si la Garde Impériale réserva le même sort aux quinze millions de FDP hérétiques à l’insu de leur plein gré, mais ça ne m’étonnerait qu’à moitié…Fin spoiler
AVIS :
David Guymer livre une micro-histoire tout à fait grimdark dans ce ‘Deliverance Detail’, qui illustre à merveille que l’Imperium, lui, ne fait dedans (le détail, si vous ne suivez pas) lorsqu’il s’agit de pacifier une zone de guerre. Tant pis si vous avez été victime des circonstances ou d’un tour pendable du destin, la morale de l’histoire est qu’il y en a suffisamment comme vous à travers la galaxie pour que votre injuste disparition ne chagrine personne. Personne d’important en tout cas.
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The Contest – J. Ellinger [WFB] :
INTRIGUE :
Lorsque Gotrek et Felix pénètrent dans une auberge minable comme le glorieux Empire en compte tant, après s’être tiré d’une embuscade perpétrée par des bandits locaux peu de temps auparavant, ils ne s’attendaient sans doute pas à ce que leur repos bien mérité soit interrompu par de belliqueux piliers de comptoir. Le récit de leur mésaventure par un Felix encore tout encrassé par cette algarade attire en effet l’attention hostile d’un certain Boxen, dont l’un des cousins a choisi l’honnête carrière de malandrin, et qui a sans doute payé de sa vie sa rencontre malavisée avec le power duo le plus mortel du Vieux Monde. Les risques du métier.
Boxen, qui bénéficie de l’avantage numérique grâce à la présence de quatre compagnons tout aussi interlopes que lui, est tout prêt à lancer une bagarre générale pour réparer l’honneur familial, mais l’aubergiste le convainc que ce n’est pas dans son intérêt d’attirer l’attention de la milice locale sur son gang de petites frappes : aussi, l’affaire sera résolue d’une manière beaucoup plus civile. Un concours de descente de pintes est lancé sans plus tarder, le perdant se retrouvant à la merci du gagnant pour une explication de texte dans un coin tranquille et à l’abri des regards.
Gotrek, sûr de la force de son bras (et de son foie) accepte sans broncher ni réfléchir les conditions défavorables formulées par le retors Boxen avant que l’épreuve ne commence. Alors que le Nain lèvera le coude seul, Boxen et ses hommes picoleront en équipe et se partageront les pintes, rapport de force qui alerte Felix malgré les solides atouts dont le Tueur dispose en matière de picole.
Au final, et après plusieurs heures et tonneaux vidés sans pitié, le concours se termine avant que Boxen et Gotrek n’aient rendu les armes, faute de liquide alcoolisé à ingérer. Très déçu par ce match nul, Gotrek décide de se passer les nerfs sur le dernier ruffian encore debout et éclate donc le pif de Boxen pour la forme, dont le coma éthylique doit se poursuivre encore aujourd’hui…
AVIS :
Une aventure de Gotrek et Felix où personne ne meurt (ou en tout cas, pas face caméra), c’est assez rare pour le souligner. Ceci dit, j’aurais bien aimé que Jordan Ellinger relève le défi d’adapter le plus fidèlement possible le schéma narratif classique de ce sous-genre emblématique de la GW-Fiction dans un format micro-fiction, pour pouvoir juger sur pièce si le concept tient la route (franchement, il y a moyen de faire quelque chose je pense). Cela aurait rendu ‘The Contest’ plus mémorable que ces quelques pages alcoolisées, sans nul doute.
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The Little Things – S. Mitchell [40K] :
INTRIGUE :
De passage sur une station orbitale très touristique entre deux affections sur le front, le Commissaire Ciaphas Cain profite de la relâche pour rendre une visite de courtoisie à sa bonne amie l’Inquisitrice Amberley Veil, qui réside dans une suite de luxe sous une de ses identités d’emprunt. En gentleman qu’il est, Cain prend soin d’acheter en chemin un bouquet d’heganthas car comme il le dit très bien en aparté quelques lignes plus loin : sur le champ de bataille comme dans un rendez-vous galant, c’est l’attention aux petits détails qui sépare les victimes des vainqueurs.
Accueilli chez sa chère et tendre par sa suivante Zemelda pendant qu’Amberley vocalise sous la douche, Cain a à peine le temps de saluer sa sculpturale hôtesse à la sortie de sa toilette qu’un domestique indélicat vient tambouriner à la porte. Cette impolitesse s’explique par le fait que le nouveau venu n’est pas vraiment venu pour monter des clubs sandwiches aux tourtereaux, comme il le prétend, mais pour tenter de kidnapper Amberley a.k.a. la riche duchesse Trucmuche de la planète de Cétréloin afin de demander une rançon à sa famille. Les pauvres jaloux des riches, vraiment, quelle plaie.
Malheureusement pour le ruffian et ses deux comparses, il faut plus qu’une arrivée au débotté pour mettre en difficulté un héros de la trempe de Cain, surtout s’il peut compter sur l’aide d’Amberley qui n’hésite pas un instant à reconvertir sa serviette drap en fouet, désarmant le dernier larron au moment où il allait donner au Commissaire un nouveau trou de balle et permettant à ce dernier de lui rendre la pareille de manière préventive. Comme Cain le fait remarquer avant que le rideau ne tombe définitivement sur cette soirée entre adultes consentants, le malfrat aura au moins eu la chance d’emporter avec lui une dernière vision beaucoup plus plaisante que la majorité des tués du 41ème millénaire. Ce n’est pas grand-chose c’est vrai, mais comme dit plus haut, ce sont les petites choses qui comptent…
AVIS :
Aventure plus grivoise que musclée de Ciaphas Cain, ‘The Little Things’ ne fait rien d’autre que montrer au lectorat de l’héroïque Commissaire que ce dernier sait prendre du bon temps lorsque le devoir ne l’appelle pas, même si sa capacité surnaturelle à créer du drama autour de lui peut générer quelques menus désagréments de temps à autre. Rien que les habitués de la saga ne connaissent pas déjà.
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On the Heels of Morkai – N. Kyme [40K] :
INTRIGUE :
À la surface de Fenris, un humain solitaire est poursuivi par deux des loups géants pour lesquels la planète est célèbre à travers l’Imperium. Sa course échevelée (tous les locaux portent la moumoute, c’est une coutume immémoriale) le mène à travers un lac gelé, où il réveille par mégarde un kraken endormi sous la surface. N’étant équipé que de sa biht1 et de son couteau, cette rencontre aurait pu très mal se terminer pour notre marathonien de l’extrême, qui parvient toutefois à regagner la terre ferme avant de se faire tentaculer par le poulpe d’eau douce.
Pas le temps de reprendre son souffle, cependant : il faut à notre coureur isolé traverser une forêt pleine d’arbres en bois, puis s’atteler à l’ascension en solo d’une falaise de 400 mètres de haut, toujours poursuivi par les infatigables prédateurs de la toundra de Fenris (qui ont certainement trouvé un chemin pour monter en haut du pic, ce qui pose la question de pourquoi notre athlète n’a pas fait la même chose au lieu de risquer sa vie de la sorte…). Enfin arrivé au sommet, il fait face à la figure imposante d’un Prêtre des Runes Space Wolf, et se prépare à être jugé par cet austère guerrier…
Début spoiler…Enfin ça, c’est si notre héros avait été un simple impétrant au Chapitre. Canis Wolfborn, car c’était lui, a passé cette épreuve depuis belle lurette, et le gonze qui l’attend en haut de la montagne est simplement venu le rappeler à ses devoirs. Un appel à l’aide est parvenu jusqu’au Croc, et en l’absence probable de Harald Deathwolf, il revient à son champion de décider si le rout y donnera suite. Comme on peut s’y attendre, Canis accepte avec joie de relever ce défi, promettant à ses loups de compagnie Timba et Mia (avec lesquels il faisait la course, et n’était pas chassé par ces derniers comme on en avait l’impression) qu’il leur accordera une revanche à son retour. Mais le travail avant tout. Fin spoiler
1 : Un mot fenrisien dont le sens a malheureusement été perdu. C’est dommage.
AVIS :
Mine de rien, les nouvelles de la Black Library où un Space Wolf court comme un dératé à travers la toundra en essayant de survivre aux conditions extrêmes dans lesquelles il évolue sont suffisamment nombreuses pour constituer un sous-genre de la littérature grimdark. Même si la concurrence n’est pas pléthorique, ‘On the Heels of Morkai’ peine à s’imposer comme un modèle du genre, la surprise finale réservée au lecteur par Nick Kyme ne s’avérant (à mon sens) guère crédible. Voir un Prêtre Rune attendre patiemment en haut d’une falaise que son boss termine sa morning routine (et venir sur place avec Fangir1 pour encore plus de fun) au lieu de cueillir Canis en plein milieu de la pampa avec un Stormfang me semble vraiment peu correspondre au lore de 40K. Dispensable.
1 : Ici orthographié Fregir, probablement parce que Kyme est trop haut placé à la BL pour que ses textes soient relus et édités.
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The Last Little Bit – R. Earl [WFB] :
INTRIGUE :
Il est temps pour Gofg Dent d’Or Tyran de sa tribu depuis plus de quarante ans, de se choisir un héritier. Il se fait vieux (même pour un Ogre), et a déjà dû refroidir les ardeurs parricides de deux de ses fils d’une manière définitive par le passé : il est grand temps de passer la main. Pour ce faire, il a convié le reste de sa marmaille à un gueuleton de compétition, où les règles sont simples : qui mange gagne.
Après trois jours à banqueter sans interruption, ils ne sont plus que trois à la table : Papa Gofg, Grond et Graissus. Bien que les trois Ogres soient depuis longtemps passés dans le dur, aucun n’est prêt à baisser la garde ni à jeter la serviette, et le Boucher de la tribu continue à les régaler de ses spécialités carnées (et plus ou moins faisandées, ça rajoute du goût), jusqu’à ce que le drame se produise : le garde-manger a été vidé, il ne reste plus rien à ingérer pour nos fins gourmets.
Bien que Père Castor Dent d’Or soit en faveur de déclarer un match nul, quitte à recommencer plus tard (le temps de digérer un peu, et de passer au petit coin – je plains le service de ménage Gnoblar…), Graissus ne peut se résoudre à interrompre son effort si près de la victoire. Il attrape donc une chaise, et la fracasse péniblement sur le crâne paternel, envoyant ad patres le vieux Tyran. Dès lors, la suite est toute tracée : le Boucher découpe prestement le cadavre du macchabée en deux parts égales (de 250 kilos chacune, tout de même), et le concours d’ingestion peut reprendre de plus belle.
Malgré les conséquences terribles pour son système digestif, poussé dans ses derniers retranchements par cette boulimie cannibale, Graissus parvient en premier à terminer sa moitié alors que Grond démontre des signes manifestes de calage. Enfin, presque terminer. Il lui reste en effet sa part du « dernier petit bout1 » paternel à ingurgiter, et lorsque le Boucher fait son office et tranche l’ultime portion en deux, Grond se met à dégobiller le contenu de sa panse boursoufflée. Qui a dit que les Ogres n’étaient pas sensibles ? Ce déluge de vomi, dont il prend quelques litres en pleine figure, ne perturbe pas le moins du monde Graissus, qui avale sans faiblir le dernier morceau et devient par la même occasion Tyran incontesté de la tribu Dent d’Or. La suite appartient à l’histoire (et à la cuvette des toilettes…).
1 : Que Robert Earl se contente d’appeler de cette manière, comme s’il s’agissait d’une expression consacrée (après quelques recherches, je n’ai rien trouvé de tel). Vous pouvez donc vous représentez ce que vous voulez, et pas seulement l’option la plus salace qui soit (pervers).
AVIS :
Robert Earl, grand spécialiste des Ogres devant l’éternel, développe en quelques pages l’origin story du plus grand – et gras – des Tyrans des Montagnes des Larmes, présentée de manière succincte dans les Livres d’Armée de cette noble race. Même si on sait d’avance comment l’histoire se termine, notre homme est assez bon conteur pour que le récit de ce banquet proprement pantagruélique, voire même carrément gargantuesque, mérite la lecture. C’est gore, c’est glauque, mais ça reste malgré tout assez drôle tellement c’est over the top en matière d’ingestion de protéines. À consommer jusqu’au dernier petit bout, comme il se doit.
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Like Father, Like Son – M. Latham [WFB] :
INTRIGUE :
Un homme (Jens) et son jeune fils de cinq ans s’aventurent en pleine nuit à travers les terres sauvages et pas vraiment hospitalières de l’arrière-pays du Middenland. En chemin, Jens prend soin d’inculquer à son rejeton tous les trucs et astuces de trappeur trotro balèze qu’il a lui-même appris de ses aïeux ou développé au cours de sa longue et ardue existence, comme ne jamais utiliser l’autoroute (c’est cher et c’est mal fréquenté), ou encore éviter la compagnie des étrangers. Un gai luron ce Jens, vraiment.
Leur road trip nocturne emmène les deux marcheurs à travers les ténèbres de la Drakwald, et sur le territoire des multiples prédateurs qui y rôdent. Après avoir repoussé l’attaque d’une meute de loups un peu trop entreprenante, et évité les toiles d’araignées de fort belle taille, la destination que Jens cherchait à atteindre apparaît enfin au détour du sentier. Nul doute que ça valait le déplacement…
Début spoiler…Et en effet, on ne trouve pas plus chaude ambiance à des lieues à la ronde que le campement d’Hommes Bêtes où le vieil excentrique a amenés son fiston. Jens n’est pourtant pas un adepte du Chaos, seulement un père lucide : son petit gars est un mutant dont les difformités sont trop visibles pour lui permettre de vivre normalement parmi ses semblables, et le seul moyen pour lui d’échapper au bûcher des Répurgateurs est de partir en pension dans une harde de Gors plus ouverts d’esprit que le péquin impérial moyen. La nouvelle se termine alors que le Chamane de la tribu s’en va accueillir la nouvelle recrue de cette dernière, laissant Jens partir sain et sauf mais le cœur gros d’abandonner son enfant. Le placement est parfois la seule solution qui vaille…Fin spoiler
AVIS :
Même si on se doute rapidement à la lecture de ‘Like Father, Like Son’ que Mark Latham nous réserve une surprise finale, ce dernier mène bien sa barque et parvient à accomplir son objectif avec cette petite nouvelle qui explore de manière assez touchante les liens ténus mais pas absents entre humains « normaux » et mutants dans le monde de Warhammer. A classer à proximité de ‘The Hunter’ (G. Lyon), tant pour la longueur que pour les protagonistes, mais à placer au-dessus de cette autre microfiction.
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Out Caste – P. Fehervari [40K] :
INTRIGUE :
Une vétérane (et c’est assez rare pour le souligner) couturée de la Caste de Feu se souvient de ses débuts au service du Bien Suprême, du temps où elle était une jeune recrue charismatique et déterminée à s’élever dans les rangs. Baptisée J’kaara (miroir) en raison de sa nature altruiste et de sa capacité à tirer le meilleur de ses camarades, elle commença sa carrière lors de campagnes mineures contre la menace Ork. Le vrai test fut cependant l’invasion de la planète Oba’rai, monde impérial isolé et défendu par un seul régiment de Gardes Impériaux, des adversaires bien plus nobles que les peaux vertes aux yeux de l’idéaliste Kaaren.
La campagne se déroula parfaitement du point de vue du haut commandement, les humains se faisant surclasser par les tactiques de frappes éclair et la supériorité technologique de leurs adversaires. Lorsque la capitale planétaire tomba sous les bombardements, des auxiliaires Kroots furent envoyés faire le sale boulot (et casser la croûte) dans les décombres de la cité pour éliminer les dernières poches de résistance, plutôt que de risquer la vie de braves, mais pas téméraires, T’au. Ce choix raisonnable ne satisfit cependant pas J’Kaara, qui désobéit aux ordres et emmena son escouade faire un peu de tourisme en zone de guerre urbaine afin d’assouvir ses penchants héroïco-morbides.
Mal lui en prit toutefois, car elle croisa en route un Commissaire impérial brûlé au 8ème degré mais dont la vue d’une peau bleue le sortit de l’état catatonique dans laquelle la tempête de feu déchaînée par les T’au l’avait placé. Bien que ses camarades ionisèrent le faquin avant qu’il n’ait pu régler son affaire à la pauvre J’kaara, cette dernière sortit de cette rencontre fortuite avec une énorme balafre, l’épée tronçonneuse de l’officier gue’la ayant transpercé son casque sans coup férir. Cette mésaventure ne fractura pas seulement le crâne de notre héroïne, mais également son sentiment de fraternité avec ses camarades, qui se mirent à appeler la shas’ui Jhi’kaara, ou miroir brisé. Sometimes, it’s better not to say hi, you know…
AVIS :
Peter Fehervari nous entraîne dans les premières vrilles de son Dark Coil1 avec cet ‘Out Caste’, qui met en scène le premier personnage récurrent de cette série iconique de la Black Library, la gueule cassée Jhi’kaara (que l’on retrouve dans ‘A Sanctuary of Wyrms’ et ‘Altar of Maws’), dont on apprend en quelques pages l’histoire traumatisante – dans tous les sens du terme. Ce n’est pas aussi inventif dans le propos ou virtuose dans l’exécution que les nouvelles et romans qui ont suivi, mais ça reste malgré tout une très bonne entrée de GW-Fiction.
1 : Sa première nouvelle (‘Nightfall’) pour la Black Library date de 2011, et bien qu’elle se déroule techniquement dans le même coin de galaxie que le reste du corpus Fehervariesque, les liens avec ce dernier sont assez ténus, comme si notre homme n’avait pas encore décidé de se lancer dans une véritable œuvre au long cours à ce stade.
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Czevak to the Dark Tower Came – R. Sanders [40K] :
INTRIGUE :
Le calme profond de la lune Savignor, centre de recherche et de formation réputé parmi l’élite du Segmentum Obscurus, est brutalement brisé par l’arrivée pétaradante de l’Inquisiteur Bronislaw Czevak, qui franchit l’un des portails de la Toile aux manettes d’une motojet sans nul doute « empruntée » à une connaissance Eldar.
Si les universitaires qui composent la majorité des habitants de ce petit havre de paix et d’ordre dans une galaxie tourmentée s’offusquent de cette arrivée bruyante autant qu’inattendue, ils n’en donnent pas signe. Ils ont pour cela une bonne raison, comme Czevak ne tarde pas à le découvrir une fois qu’il a terminé des faire des burn dans les pelouses de son ancien QG (il a étudié sur Savignor en son jeune temps) : ils sont tous morts. Un suicide de masse semble avoir été décrété sur la lune il y a quelques heures, et les Savignoriens, en bons sujets de l’Imperium, se sont pliés à cette injonction morbide sans rechigner. Comme c’est gentil de leur part.
Enquêter sur les raisons de cet acte de folie collective aurait sans doute pris des plombes, mais heureusement notre héros a de bonnes raisons de suspecter que ce fieffé coquin d’Ahzek Ahriman est derrière tout ça (comme il était derrière Tizca). Czevak part donc à fond de train en direction de la fameuse Tour Sombre de Savignor, où sont enfermés les reliques et tomes les plus dangereux de la collection planétaire afin de préserver l’Imperium de leur sinistre influence tout en permettant aux quelques esprits assez aiguisés pour cette tâche de consulter ces archives interdites. Si le concept ressemble furieusement à la Bibliothèque Interdite des Eldars, où Czevak a finalement réussi à obtenir sa carte (‘Atlas Infernal’), ce n’est absolument pas une coïncidence. Malheureusement pour les gardiens de la Tour Sombre, le Materium est beaucoup trop accessible aux ruffians de tout espèce, et le petit contingent de Gardes Impériaux (en robe !) stationné sur la lune pour en assurer la sécurité n’a rien pu faire contre la fureur méthodique des Rubric Marines d’Ahriman, comme les impacts de bolter parsemant les murs et les corps croisés par Czevak le montrent bien.
Après une ascension éprouvante et capacitiste (il n’y a aucun ascenseur dans la Tour Sombre, soi-disant pour permettre aux visiteurs de discuter et débattre entre eux sur le chemin de la connaissance), notre héros arrive à l’épicentre du drame qui s’est joué sur Savignor. Dans un hall d’exposition comme la Tour en compte des dizaines, les éclats épars d’une statue de cristal jonchent le sol. Cette statue, un jeune Czevak l’avait contemplée un jour qu’il était entré par effraction dans la Tour Sombre (dont le niveau de protection laisse vraiment à désirer), sans comprendre qu’il s’agissait des restes d’un Prophète Eldar trèèèèèèèèès âgé. Ce n’est que des années plus tard, et grâce aux connaissances glanées au contact des Prophètes Blancs de la Bibliothèque Interdite, que l’Inquisiteur a réalisé que cette statue kitschissime était une relique psychique d’une valeur incommensurable, dont l’un des nombreux usages pouvait être un catalyseur de prophétie, ou quelque chose comme ça (vous voyez l’idée).
On ne saura pas comment Ahriman eut vent de l’existence et de la localisation de cette statue, mais force est de constater qu’il a réussi son coup, comme les fragments cristallins et la très lourde ambiance planant sur les décombres le laissent constater. L’esprit endurci de Czevak et la protection apportée par l’Atlas Infernal lui permettent de ne pas succomber à la même sinistrose terminale que celle qui a déferlé sur les pauvres Savignorais lorsque que le Sorcier suédois s’est offert une latte de crystal meth, mais les nouvelles ne sont pas bonnes pour autant. Il semble qu’Ahriman ait localisé un fil de destinée qui lui permettrait d’atteindre son but : être élevé au rang de divinité (mineure, faut pas déconner) du Chaos. À Bronislaw Czevak d’empêcher cette ascension s’il le peut : le sort de l’Imperium pourrait bien en dépendre…
AVIS :
Rob Sanders poursuit sa biographie de l’Inquisiteur Czevak dans ce court (sauf le titre) ‘Czevak to the Dark Tower Came1’, publié après la sortie du roman ‘Atlas Infernal’, déjà consacré à ce membre iconoclaste des Saints Ordos. On sent une volonté de l’auteur de remettre une pièce dans la machine, et de redonner un but à son héros bariolé après les événements narrés dans le long format précédemment cité. Le résultat est convenable, les miettes de fluff relatifs à Czevak et au Segmentum Obscurus que contiennent ces quelques pages venant agréablement compléter une intrigue simple mais bien alignée avec les canons du grimdark (il n’y a qu’à 40K que des millions de personnes peuvent se suicider après qu’une babiole en cristal de roche ait été fracassée au sol). Ayant déjà lu le reste des travaux Czevakiens de Sanders au moment où je m’attèle à cette revue, je peux malheureusement vous assurer qu’il est mieux de laisser définitivement le bon Inquisiteur sur ce relatif succès narratif, plutôt que de s’affliger les péripéties pataudes que Sanders et la BL crurent bon de développer dans ‘Necessary Evil’ et ‘Shadow Play’.
1 : Une référence au poème de ‘Childe Roland to the Dark Tower Came’ Robert Browning, lui-même inspiré d’une tirade du ‘Roi Lear’ de Shakespeare. C’est la même « tour sombre » qui inspira également les œuvres de C. S. Lewis (le papa des ‘Chroniques de Narnia’) et de Stephen King.
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Veritas Ferrum – D. Annandale [HH] :
INTRIGUE :
Il est des événements auxquels il vaut mieux arriver tôt pour être certain de les expérimenter dans les meilleures conditions. Qu’il s’agisse de se retrouver au 78ème rang d’un concert à la sono capricieuse, ou de découvrir que le bar ne sert plus que des soft, on a tous connu des grands moments de solitude de temps à autres. Fort heureusement (?) pour le Capitaine Durun Atticus et son contingent d’Iron Hands embarqués sur le Veritas Ferrum, le massacre d’Isstvan V ne se déroula pas selon la règle du « premier arrivé, premier servi ». Bien que relégués dans la seconde vague medusane à cause de l’empressement de Ferrus Manus d’aller mettre une taloche à ses frangins rebelles, et ainsi gagner la gratitude (à défaut de l’amour, ce serait trop demander) paternelle, Atticus et ses Space Marines arrivent dans le système à temps pour bénéficier de la légendaire hospitalité des légions renégates, et le Veritas Ferrum se retrouve engagé par deux croiseurs des Night Lords et de l’Alpha Legion à peine sorti du point de Mandeville. On peut dire ce qu’on veut de lui, mais Horus a toujours été un hôte prévenant.
Trop pragmatique et désincarné pour se ronger les ongles (par absence de dents et d’ongles) devant ce coup du sort, Atticus passe en mode MathHammer et prend les décisions qui s’imposent pour sortir victorieux de ce threesome non désiré. Rencardé sur la situation désastreuse des loyalistes à la surface d’Isstvan V et le probable décès de son Primarque par les extraits de communication entre unités Iron Hands captés par le pont du Veritas Ferrum, le pragmatique Capitaine ordonne la retraite, conscient qu’il est de sa responsabilité de sauver ce qui peut l’être de sa Légion de cette débâcle.
C’est le moment que choisissent deux Thunderhawks Salamanders pour se joindre aux réjouissances, talonnés par une escadre de vaisseaux Sons of Horus et Emperor’s Children. À leur bord, le Sergent Khi’dem contacte le Veritas Ferrum pour l’implorer de les prendre en stop avant qu’il ne leur arrive malheur, et parvient à toucher une des rares cordes sensibles d’Atticus lorsqu’il révèle que des Iron Hands font partie des survivants ramassés par les altruistes fils de Vulkan avant leur départ en catastrophe. Atticus se ravise donc, et le Veritas Ferrum se jette dans la gueule du loup lunaire1 pour prendre à son bord les Thunderhawks durement éprouvés, héritant au passage de quelques dommages supplémentaires dont une brèche critique sur un flanc.
Au final, l’acte chevaleresque d’Atticus lui coûte plus de vies d’Astartes qu’il n’en rapporte (c’est ce qui s’appelle se faire ratio au 31ème millénaire), et le saut Warp que le Veritas Ferrum s’apprête à faire pour semer ses poursuivants s’avère des plus risqués, les dommages de coque subis lors de la dernière canonnade ayant compromis son intégrité. Les mains de fer et leurs amis à écailles et à plumes parviendront-ils à s’en sortir ? La réponse au prochain épisode…
1 : Enfin plus vraiment à ce stade, mais si vous avez compris la référence, vous excuserez la blague (ou l’inverse).
AVIS :
Prologue du plus mauvais (ou en tout cas, le moins bien accueilli par la communauté, comme sa note de 3.23 – aux dernières nouvelles – sur GoodReads le montre) roman de l’Hérésie d’Horus, ‘Veritas Ferrum’ n’est pas aussi mauvais que son infâme filiation pourrait le laisser craindre. Cette petite nouvelle permet ainsi d’illustrer le côté sans concession des Iron Hands, prêts à abandonner leurs frères et leur Primarque sur le champ de bataille si cela leur permet de maximiser leurs chances de remporter la campagne. Pas mémorable, mais pas abominable non plus.
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Et voilà qui conclut cette revue, tardive mais pas inutile (en tout cas je l’espère) du Black Library 2012 Advent Calendar. Je dois reconnaître que j’ai été favorablement surpris par la qualité des soumissions proposées par les 24 auteurs rassemblés par les pontes de Nottingham pour cette expérimentation festive, malgré un format peu évident à négocier et une offre commerciale réservée à la clientèle la plus aisée de ce hobby de riches qui est le nôtre. Rien que pour ce dernier facteur, je ne regrette pas d’avoir fait l’impasse sur ce bundle à sa sortie, tout comme je ne regrette pas d’avoir parcouru cette sélection de microfictions écrites par quelques-unes de meilleures plumes de la GW-Fiction. Vous parlez d’un paradoxe. Rendez-vous dans un futur incertain mais sans doute pas trop lointain pour la suite de la série, dont vous pouvez déjà deviner l’année, sans nul doute…
BLACK LIBRARY GAMES DAY ANTHOLOGY 2011/12 [Recueil]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue imprévue de la Black Library Games Day Anthology 2011/12. Pourquoi « imprévue » ? Eh bien, parce que je n’étais seulement pas au courant de l’existence de ce petit recueil (6 nouvelles) il y a quelques jours. Il aura fallu un enchainement assez improbable de circonstances, de pages et de liens du Lexicanum pour me faire découvrir cet obscur opus, publié par la Black Library pour distribution exclusive lors des Games Days (anglophones j’imagine) des années 2011 et 2012. Comme on peut le voir sur la couverture, Nottingham s’enorgueillit d’un tirage limité à 3.000 exemplaires1, rendant l’acquisition de cette curiosité compliquée il y a une décennie, et à la limite de l’impossible à l’heure actuelle. Fort heureusement, les histoires mis au sommaire de la BLDGA1112 (c’est peut-être pas mieux, mais c’est plus court) ont été republiées depuis cette époque héroïque, rendant sa critique par procuration possible.
Vous avez peut-être suivi ma tentative de retracer le contenu des Summer of Readings de la Black Library au cours des dernières semaines (c’est là). Cette tâche étant désormais accomplie du mieux de mes capacités, je cherchais un nouvel objectif littéraire, si possible varié en termes de franchises abordées (je ne me sens pas de m’enquiller un recueil pur 40K/AoS/WFB/HH pour le moment) : la découverte de cette série – car oui, il y en a d’autres – s’est donc produit à un moment très opportun.
Si on se penche sur la BLDGA1112, on constate qu’il s’agit d’un pur produit de présentation de la gamme couverte par la Black Library à l’époque, un modèle qui sera repris par la suite pour les recueils Black Library Celebration. On a ainsi droit à une nouvelle de l’Hérésie d’Horus (plus tard intégrée à ‘Shadows of Treachery’), deux nouvelles Warhammer Fantasy Battle (ça faisait longtemps…) et trois nouvelles Warhammer 40.0002. Du côté des contributeurs, du classique et de l’éprouvé : McNeill, Wraight, Thorpe, Chambers, Werner et Kyme. On sentait que la BL voulait faire bonne impression. A-t-elle réussi ? On va voir ça.
1 : Et 1.000 en format numérique. Si si. Games Workshop n’avait pas encore compris internet en 2011 (pas sûr qu’ils l’aient compris aujourd’hui, c’est vrai)
2 : Dont ‘Emperor’s Deliverance’, que je pensais être un pur inédit au moment où je l’ai découverte dans l’ultime numéro de Hammer & Bolter, mais j’ai maintenant un gros doute… Ça n’a rien changé pour moi au final, mais j’aurais été un peu marri d’avoir payé un numéro qui ne contenait pas que de nouveautés.
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Death of a Silversmith – G. McNeill [HH] :
INTRIGUE :
Dans ses quartiers du Vengeful Spirit, un vieux Commémorateur, spécialisé en orfèvrerie, se débat futilement contre la mort qui approche. Sa trachée a en effet été écrasée par un de ses clients quelques minutes auparavant, pas parce que ce dernier était mécontent de son travail, mais plutôt parce qu’il ne souhaitait pas laisser de témoins de sa commande (on suppose qu’il a pris les tickets de caisse avec lui également). Avant d’apprendre le pourquoi du comment de cette tragique histoire, notre héros agonisant passe en revue les étapes les plus marquantes de sa longue vie, qui l’ont mené depuis le sol de Terra jusqu’à la moquette du Vengeful Spirit.
Destiné depuis son plus jeune âge aux travaux manuels, dans la droite ligne de son grand-père, également orfèvre, notre homme (que nous appellerons Bobby, parce que pourquoi pas) a eu la chance de commencer sa carrière à la fin des guerres d’Unification, et dans une région du monde déjà sous la coupe de Pépé, ce qui lui a permis d’éviter de se manger une botte de Guerrier Tonnerre dans le ventre, ou de voir sa cité rasée jusqu’aux fondations par les armées conquérantes de l’Empereur, ce qui est un plus pour assurer une continuité de l’activité professionnelle. Son talent lui permit en outre de travailler pour les grands de ce monde, confectionnant d’exquis bijoux, gardes d’épée, stylos, ou encore reliquaires, comme celui réalisé pour un Général ayant été récompensé de ses loyaux services par un bout de bannière Iron Hands, remise par le Primarque1 en personne, qui n’avait plus de cash sur lui à ce moment là.
De fil en aiguille, et sa réputation ne cessant de croître, Bobby fut approché par un vieux monsieur à l’épaisse crinière blanche, qui souhaitait le recruter pour son projet d’artistes couvrant la future Grande Croisade de l’Empereur. Après avoir poliment décliné l’offre du noble vieillard, qui lui remit malgré tout une enveloppe avant de partir, Bobby finit par accepter l’offre de Malcador (car c’était lui), sans doute convaincu par les menaces de mort et les dessins suggestifs que contenaient le pli. Il faut ce qu’il faut. Bref, voici notre orfèvre en route pour le Palais Impérial, et de là, pour le Vengeful Spirit d’Horus2 et des Luna Wolves. Le début de deux siècles de péripéties galactiques, de rencontres marquantes (coucou Ignace Karkasy) et de réalisations grandioses, dont certaines commandées par d’illustres clients. Ce fut le cas d’Hastur Sejanus, qui tenait à faire réaliser des chevalières pour les membres du Mournival, mais qui oublia d’aller chercher les bagouzes une fois ces dernières confectionnées. L’ultime réalisation de Bobby fut cependant réalisée pour un Légionnaire patibulaire, qui souhaitait obtenir un moule pour tirer des médailles représentant un loup et une lune. Travail facile pour notre héros, qui plia l’affaire en deux-deux, et se retrouva pris au dépourvu lorsque son client lui broya le larynx en guise de paiement, le laissant suffoquer sur le sol comme un poisson hors de l’eau, justifiant son acte par un cryptique « J’peux pas dire » à l’oreille de sa victime, avant de repartir.
Même si Bobby finit par être secouru par Sejanus, qui dans son empressement écrasera par mégarde l’anneau réalisé pour lui par ce dernier sous sa semelle énergétique – présageant le triste destin de ce membre du Mournival – il est trop tard pour le vieil orfèvre, qui n’aura que le temps de souffler la réplique assassine de Serghar Targost (car c’était lui) à son sauveteur. Mais que fait la Miviludes ?
1 : Ce qui voudrait dire que Ferrus Manus a combattu pendant les guerres d’Unification… ou que McNeill a sauté depuis le haut de la troisième corde sur le fluff de la Grande Croisade. Au choix.
2 : Ce qui voudrait dire qu’Horus avait déjà rejoint son Père avant le début de la Grande Croisade… ou que McNeill… (voir ci-dessus).
AVIS :
Petite nouvelle d’ambiance, sans aucune conséquence sur l’histoire avec un grand H de l’Hérésie, mais apportant une nouvelle perspective sur quelques uns des personnages et événements clés du début de cette dernière, Death of a Silversmith1 est à réserver aux inconditionnels de McNeill, qui trouve encore le moyen de se balancer un petit clin d’œil (mention de la dernière église de Terra, au-delà du « pont argenté », que l’Empereur a faite détruire…) mais surtout celui de massacrer le fluff en convoquant des Primarques dans son récit de façon totalement anachronique. Et on ne peut même pas l’excuser en mettant en avant la date d’écriture de cette nouvelle, car cette dernière date du début des années 2010, époque à laquelle l’Hérésie comptait déjà une bonne dizaine d’ouvrages, dont plusieurs écrits de la main du Mac. Ce gros et indigne fail est un peu rattrapé par le suspens que l’auteur laisse planer sur l’identité du tueur, que de petits indices permettront toutefois au lecteur attentif d’identifier sans trop de difficultés. On apprend également que les Loges n’étaient pas à la fête même avant Davin, ou en tout cas tenaient plus à leur confidentialité qu’à la vie d’un pauvre civil innocent. Pas de quoi réécrire l’histoire de l’Hérésie, mais intéressant tout de même.
1 : Je me demande encore aujourd’hui si ce titre est un hommage aux Kinks ou aux Smiths.
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The March of Doom – C. Wraight [WFB] :
INTRIGUE :
Meet Mathilde. Mathilde a été pendant une bonne partie de sa vie la femme d’un forgeron, et la mère de neuf enfants, quelque part dans le Middenheim profond. Après que son village se soit retrouvé sur la trajectoire d’une harde d’Hommes Bêtes décidés à faire du vilain, Mathilde est devenue la veuve d’un forgeron, et la mère de neuf enfants morts dans d’atroces souffrances. Comme on peut aisément le concevoir, l’expérience n’a pas été facile, et les premiers temps du deuil ont été difficiles (surtout la partie où il a fallu s’enfuir seule dans la forêt pour échapper aux bêtes chaotiques). Mais dans son épreuve, Mathilde a eu la chance de faire une belle rencontre : un homme bon, sincère et passionné, qui lui a donné confiance en elle, une marque de comète sur le front et un hachoir rouillé. Cet homme, c’est Luthor Huss, et maintenant Mathilde vit sa meilleure vie avec ses copains Flagellants, alors qu’ils accompagnent Huss dans la purge d’un bout de la Drakwald. Mathilde n’a pas mangé depuis trois jours, dort à même le sol et empeste comme une charogne, mais Mathilde est reconnaissante. Be more like Mathilde.
Après une première bataille brillamment boueusement remportée contre quelques centaines d’Hommes Bêtes stationnés sur un terre-plein, pendant laquelle Mathilde démontre la fortitude de sa foi et Luthor celle de sa force (car il est vraiment très fort, il arrive à manier son arme lourde à une main quand ça l’arrange), on en apprend plus sur le but de cette croisade de pénitents, ou procession funeste. Deux semaines plus tôt, Huss avait plaidé sa cause auprès du Margrave de Kohlsdorf, un gros plein de soupe confiant en l’épaisseur de ses murs et guère emballé par l’idée du Prêtre Guerrier d’aller faire quelques prélèvements de gros gibier à l’extérieur des murailles de la ville, quand bien même les hameaux alentours tombaient les uns après les autres sous les coups des pillards bestiaux. Révolté par le manque de foi (compensé par une abondance de foie, il faut dire) de son interlocuteur – Bors von Aachen – Huss prit l’affaire en main et partit avec son embryon d’armée botter quelques croupes poilues dans l’arrière-pays. Bien que les conditions soient éprouvantes et la biodiversité franchement hostile, les vertueux et pouilleux croisés se révélèrent digne de Sigmar et firent place nette devant eux. Continuellement renforcés par les réfugiés des communautés détruites par leur ennemi, les Flagellants prirent finalement le chemin du retour vers Kohlsdorf, tous les rapports indiquant que le bourg serait la prochaine cible de la harde principale.
À leur arrivée, la partie est déjà pliée pour les défenseurs impériaux, dépassés par la furie sanguinaire de leurs adversaires. Après avoir attendu vingt longues minutes en contemplant la ville suppliciée, pour savourer le seum immense du Magrave indélicat sans doute, Huss ordonne à ses fidèles de chasser le bétail enragé de Kohlsdorf, ce qui ne se fait pas sans violence, vous pouvez me croire. À la pointe des combats, le Prophète de Sigmar mène l’assaut sur le temple de son Dieu, seul édifice encore défendu par les citadins, et tue en combat singulier le Seigneur des Bêtes commandant la harde, provoquant la retraite de cette dernière. Malheureusement, Mathilde n’est pas aussi chanceuse que son idole et compte parmi les morts glorieux de la journée, causant une vague de tristesse et de fierté dans l’âme de notre inflexible héros à la vue de son cadavre bien amoché, mais entouré d’ennemis. Cette communion post mortem est hélas interrompue de la pire des façons…
Début spoiler…Par une tentative de corruption de la part de cet incapable de Bors von Aachen, qui est prêt à récompenser Huss pour son intervention, mais seulement avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Le bougre trouve de plus le moyen de fouler au pied le corps de la pauvre Mathilde en faisant sa proposition mal venue, ce qui met l’incorruptible mais soupe au lait prêtre d’humeur massacrante. Plutôt que de lui enfoncer la tête dans les épaules d’un coup de marteau, comme sa nature profonde le lui conseillait, Huss opte pour une solution plus magnanime : recruter von Aachen dans la procession funeste, de gré ou de force. Première étape : un marquage au fer rouge sur le front. Ça pique un peu au début, mais comme le dit Luthor le Breton à son futur collègue, la gloire, elle, est éternelle (comme la cicatrice)…Fin spoiler
AVIS :
Très bonne soumission de la part de Chris Wraight, qui donne ses lettres de noblesse à deux symboles impériaux rarement croisé jusqu’alors dans les pages de la GW-Fiction : Luthor Huss et les Flagellants. ‘The March Doom’ nous plonge de manière viscérale dans le quotidien pour le moins intense d’une croisade de zélotes, confrontée à un ennemi à peine plus bestial et sauvage qu’eux, et le destin tragique de Mathilde, pauvre mère au foyer transformée en virago écumante et moins facile à effrayer qu’un Space Marine, s’avère un choix narratif payant pour Wraight. Huss de son côté se révèle égal à lui-même : un guerrier austère et formidable, dont l’humanité est réelle mais distordue par son crédo sigmarite pour le moins radical. Sur cette trame solide, l’auteur plaque quelques scènes de bataille très honnêtes et une conclusion satisfaisante (même si pas très surprenante) : c’est un sans faute en ce qui me concerne, et une lecture que je recommande à tous les fans de l’Empire.
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The Curse of Shaa-Dom – G. Thorpe [40K] :
INTRIGUE :
Gav Thorpe nous propose ici une histoire en deux actes, ce qui est ambitieux pour une nouvelle de 14 pages, mais on (enfin vous, moi c’est fait) jugera sur pièce. Dans la première partie de la nouvelle, on suit le Prophète Blanc Beige1 Elemenath dans l’accomplissement d’une corvée que lui ont filé ses collègues plus expérimentés : rapporter une relique teintée par le Chaos, le Scarabée de Jade de Neimenh, jusqu’à la fameuse Bibliothèque Interdite, où elle sera étudiée et détruite par les meilleurs experts en la matière. Il est accompagné par un quatuor de mercenaires, les Rangers Anithei et Khai-lian, le Corsaire Syllion et le pilote Zain Jalir (à ne pas confondre avec Jain Zar, bien sûr).
Après un voyage sans encombre à travers la Toile, la petite troupe arrive devant le portail de la Bibliothèque, attend qu’on vienne lui ouvrir, remet le colis soigneusement emballé dans son caisson anti-psy, et… repart. On ne parle pas assez des trains qui arrivent à l’heure, ou des remises de Colissimo où le livreur fait vraiment l’effort de sonner, c’est vrai. Entracte.
Sur le chemin du retour vers le vaisseau, Anithei entend soudainement une sorte de chant plaintif qui s’élève de la paroi de la Toile. Les autres non, mais je suppose qu’ils sont plus âgés et ont perdu l’audition des fréquences élevées. Une rapide inspection des lieux permet de localiser le cadavre d’une Druchii morte depuis longtemps, quelques dégâts dans la structure de la galerie de Toile à proximité de la défunte (comme un dégât des eaux, mais c’est le Warp qui dégouline des murs), et c’est tout. Enfin presque. Grâce à son ouïe affutée, Anithei est attirée jusqu’à une gemme de la taille de son poing, d’où semble provenir la mélopée entêtante. Sans trop savoir pourquoi, elle la range dans sa besace sans que les autres, trop occupés à remplir le formulaire de constatation des dommages, ne le remarquent, ou du moins le pense-t-elle.
On ne dupe en effet pas si facilement un Prophète Blanc, même junior, dont la spécialité est de détecter et de contrôler le Chaos. Elemenath sollicite donc un tête à tête avec la Ranger une fois tout ce petit monde rentré au vaisseau, afin qu’elle lui permette d’examiner sa trouvaille. Seulement, n’est pas Gandalf qui veut et sa demande désintéressée cause une réaction violente chez Anithei, déjà tombée sous la coupe de son présssssieux. Elle fracasse le crâne d’œuf du Prophète d’un coup de gemme dans la tempe, avant de se faire trancher la gorge quelques instants plus tard par Syllion, lui aussi brainwashé par le bibelot maléfique. De fil en aiguille et de meurtre en meurtre, c’est Zain Jalir qui hérite de la gemme après la mort du reste de la bande. On apprend alors que le pilote était en fait un Eldar Noir sous couverture, œuvrant à la reconquête de la cité engloutie (dans le Warp) de Shaa-Dom. Par un heureux hasard, la gemme est une clé permettant d’accéder aux ruines de cette métropole, et Zain Jalir se voit déjà monter une expédition grâce aux espèces sonnantes et trébuchantes que vont lui rapporter la vente des pierres des âmes de ses défunts camarades…
Début spoiler…Malheureusement pour lui, son choix d’utiliser des petites routes de la Toile pour rentrer à Commoragh au lieu des canaux principaux pour ne pas attirer l’attention va lui être fatal. Son chemin croise en effet celui d’une meute d’Ur-ghuls, qui décident de se faire un bon gueuleton aux dépends du pauvre ZJ. Abandonnée parmi les reliefs de ce repas sanglant, la clé de Shaa-Dom attendra encore un peu d’être ramassée par un porteur digne d’elle…Fin spoiler
1 : Il est novice (et donc pas encore tout à fait blanc), et l’appellation « prophète gris » est déjà prise.
AVIS :
J’ai la tenace impression qu’une évaluation impartiale de ‘The Curse of Shaa-Dom’ ne peut être faite que par un lecteur s’étant enquillé les deux trilogies Aeldari (‘Path of the Eldar’ et ‘Path of the Dark Eldar’) commises par Gav Thorpe et Andy Chambers dans leur jeune temps, tant l’histoire qui narrée ici semble compléter un ou plusieurs arcs de plus grande envergure. Et, devinez quoi ? Je ne n’ai ni le temps ni l’envie de m’atteler à cette tâche, aussi il faudra faire sans.
On se retrouve donc confronté à une histoire assez banale d’objet maléfique provoquant la mort de ses porteurs successifs en attisant chez eux leurs pires sentiments, à peine inspirée par un livre obscur commençant par « L » et se terminant par « e Seigneur des Anneaux » (vous êtes pardonnés si vous ne connaissez pas, après tout cette nouvelle ne date que de 2011). D’une manière étrange, cette histoire est imbriquée dans une autre histoire assez banale d’objet maléfique, provoquant la mort de ses porteurs successifs en attirant sur eux le courroux de nobles mais pragmatiques gardiens1. Nuance. Si vous vous dîtes que c’est étrange d’avoir doublé le quota d’artefact néfaste dans une nouvelle de moins de 15 pages, rassurez-vous, Gav Thorpe aussi. Ça ne sauve pas ‘The Curse…’ du ridicule mais au moins, c’est marrant.
Finalement, la seule qualité indéniable de ce texte est son apport généreux en fluff Eldar, et notamment le voyage qu’il nous offre jusqu’à la mythique Bibliothèque Interdite, qui a tout de même donné son nom à la maison d’édition de Nottingham. Pour le reste, c’est soit très quelconque, soit très parcellaire (pour ne pas dire cryptique) : je ne considère pas que cette lecture soit des plus essentielles.
1 : L’un de ces objets disparaîtra pour toujours de la GW-Fiction après cette courte mise en lumière, et l’autre a peut-être un discret retour dans un roman obscur de la BL.
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The Treasures of Biel-Tanigh – A. Chambers [40K] :
INTRIGUE :
L’Archon Yllithian a décidé, en son insondable sagesse et/ou son incommensurable ennui, de récupérer une relique gardée sous clé dans un des endroits les plus secrets de la galaxie : la Bibliothèque Interdite (Biel-Tanigh en langue locale). Comme regarder les gangs rivaux lui ayant juré allégeance s’étriper pour lui montrer qui a la plus grosse (fidélité) lui prend tout son temps, il charge deux de ses sbires, les jumeaux Vyriadh et Xyril, de la sale besogne. Après leur avoir donné des indications d’une précision absolue1, Yllithian retourne comater devant l’Intervilles de Commoragh, et les twins se mettent en chasse.
Les quelques pages qui sont nécessaires à couvrir la distance entre le palais de l’Archon et l’entrée du campus de Biel-Tanigh permettent à Chambers de nous apprendre que les jumeaux, développés à partir d’une seule cellule par un Haemoncule, jouissent d’une symbiose tellement forte qu’ils sont capables de communiquer télépathiquement, ce qui serait très pratique si ce n’était pas interdit sur Commoragh, comme toute forme de gaminerie psychique d’ailleurs. En contrepartie de ce don inutil(isabl)e, la mort de l’un causera un tel choc à l’autre qu’il est possible qu’il meure de catatonie quelques heures ou jours plus tard. Comme on dit chez les Araignées Spectrales : « de grands pouvoirs entraînent de grandes responsabilités, mais toi t’as vraiment pas eu de chance mon lapin » (ça rend beaucoup mieux en runes eldar, je vous assure). Retenez ça, il est probable que l’auteur ait voulu nous préparer à quelque chose de manière subeuh-tileuh. Ah, et tout aussi subeuh-tileuh-mengue, Chambers nous glisse que ses héros ont le super pouvoir de détecter les objets chargés d’énergie psychique à distance (ça s’appelle la psychométrie), ce qui est pratique pour éviter de perdre du temps à explorer le moindre recoin d’une sous-dimension de l’espace-temps à la recherche du galet commandé par Yllithian. Il a vraiment pensé à tout2.
Vyriadh et Xyril finissent par arriver sur les lieux du casse, et les ennuis commencent pour les Lannister aux oreilles pointues. Des ennemis aussi terribles que du lierre, un Guerrier Fantôme, un projecteur, du lierre, une tour à escalader (en évitant le lierre), des mono-filaments très coupants, sans oublier du lierre, se dressent en effet sur leur route, mais les jumeaux triomphent de toutes ces embuches pour arriver pile au bon endroit, comme les grands professionnels qu’ils sont. Mais au moment où Xyril s’empare de la relique convoitée par son boss, un quatuor d’Arlequins (je crois) se manifeste pour lui demander de s’arrêter, comme le légendaire Ay-dew’Aar Bhalad’Uhr en son temps. Sans surprise, les cambrioleurs refusent de s’exécuter, et une fusillade s’engage entre les étagères de bouquins et les armoires à trophées. Sans surprise non plus, la pierre ramassée par Xyril possède sa volonté propre (celle des milliers d’habitants de la cité de Shaa-Dom, engloutie par le Warp il y a fort longtemps), et ordonne à sa nouvelle « propriétaire » de se carapater en vitesse, laissant derrière elle le pauvre Vyriadh se sacrifier pour la cause.
Traumatisée par la perte de son âme sœur et handicapée par l’interdiction qu’elle a reçue de lâcher la pierre, ne serait-ce que pour la mettre dans sa poche3, Xyril parvient malgré tout à sortir de la Bibliothèque Interdite et à retourner dans la Toile, mais meurt (de chagrin, sans doute) avant d’être revenue à Commoragh, abandonnant la relique dans un coin paumé du périphérique aeldari. Alerté du décès, et plus grave encore, de l’échec de ses nervis par sa montre connectée, Yllithian s’autorise un profond soupir d’énervement avant de commander la petite sœur (même si dans ce cas, le pluriel serait plus adapté) à son Haemoncule personnel, Syiin. La persistance – des autres, hein, fôpadékoné non plus – c’est la clé de la clé.
1 : « Alors vous allez à l’endroit là où le fleuve rencontre une espèce de terrain vague immense, et il y aura un portail caché quelque part qui vous emmènera jusqu’à Biel-Tanigh. Là, vous vous démerdez pour me trouver une pierre de la taille d’un poing, avec peut-être des points de lumière qui apparaissent à sa surface (mais c’est pas sûr et de toute façon, on s’en fout). Ah et faîtes gaffe parce qu’il y aura des gardiens. J’ai vraiment trop la flemme de vous expliquer qui ils sont, mais si vous les croisez, vous êtes morts. Voilà, bisous. »
2 : Sauf peut-être au fait que la grande majorité des reliques de la Bibliothèque Interdite sont des chargés psychiquement, d’une manière ou d’une autre…
3 : Une consigne que la relique ne donnera plus à ses porteurs dans la nouvelle ‘The Curse of Shaa-Dom’ (Gav Thorpe), qui suit celle-ci. Si même un caillou peut apprendre de ses erreurs, il y a de l’espoir pour vous.
AVIS :
On sent qu’Andy Chambers ne s’est pas donné beaucoup de mal sur ce coup-là, mais comme il est probable que ‘The Treasures of Biel-Tanigh’ n’a été écrit que pour figurer dans un recueil introductif tiré à quelques milliers d’exemplaires1, et dont l’un des buts était de faire vendre la trilogie ‘Path of the Dark Eldar’ (où Yllithian joue le premier rôle), cette attitude je m’en foutiste peut se comprendre. Cela ne rend pas la lecture de cette nouvelle vraiment bâclée agréable pour autant, mais comme Chambers n’en a pas fait des caisses et plie les gaules avant la barrière psychologique des 15 pages, je ne crierai pas au scandale, d’autant plus que la première partie du récit contient quelques ajouts de fluff sur Commoragh que j’ai trouvé intéressants.
1 : Pour vous donner une idée du niveau d’amateurisme de la démarche, l’histoire qui se déroule juste après ‘The Treasures…’ a été placée avant cette dernière dans le recueil. C’est du grand art.
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Plague Priest – C. L. Werner [WFB] :
INTRIGUE :
Dans la vie, tout est affaire de préparation. C’est vrai pour réussir à faire une tarte aux pommes ou à passer son bac, mais aussi pour lancer une épidémie qui ravagera la plus grande nation du Monde Connu, l’Empire. Il n’est donc pas étonnant que les Skavens, responsables de cette (future) calamité, peaufinent leur approche en réalisant quelques tests grandeur nature sur des villages témoins. Dans le rôle du superviseur aussi attentif que discret, on retrouve l’affable Skritsch, bras droit et rat à tout faire du Seigneur Nashqik du Clan Filch. Son maître lui a confié la mission de glisser quelques sacs de céréales préparés par ses nouveaux alliés du Clan Pestilens dans la cargaison destinée au Baron von Greitz, qui règne en maître sur le village Morberg et ses environs. Bien que ni les serfs chargés de convoyer les sacs jusqu’à l’entrepôt seigneurial, ni les gardes en faction à l’entrée de Morberg, ne soient du genre à effectuer des contrôles du chargement (un manque de motivation qui peut coûter cher quand un ennemi invisible est prêt à utiliser des armes bactériologiques contre vous), cette opération bien montée se trouve mise en échec par la vigilance d’une sœur de Shallya, Kathryn, dont l’odorat plus développé que la moyenne et/ou les pouvoirs surnaturels lui permettent de repérer le sac de grain empoisonné avant qu’il ne soit déchargé.
Ironie de l’histoire, ce n’est pas l’autorité naturelle de la prêtresse ni la prière de dépistage/imposition des mains qu’elle réalise qui convainc le bailli du Baron de détruire la cargaison avariée, mais un accroc bien placé dans la tunique d’un des deux portefaix, révélant à la populace que ce dernier est porteur d’une variante de peste bubonique. Il n’y a pas à dire, l’Empire du XIIème siècle était vraiment très macho. Homme pratique et radical, le bailli décide de purifier par les flammes le grain et ses livreurs, ignorant leurs protestations d’innocence et les appels à la compassion de la brave Kathryn, qui a décidemment du mal à faire entendre sa voix. Bien que le spectacle d’un autodafé lui réjouisse le cœur, Skritsch doit se rendre à l’évidence : l’opération est un échec, et c’est à lui que revient la tâche peu enviable d’apprendre la nouvelle à Nashqik.
De retour dans le Gouffre de Slashcratch, quartier terrier général du Clan Filch, l’espion à moustaches est surpris par le manque de peps dans la démarche des compatriotes Skavens qu’il croise dans les galeries. Son flair affûté et sa paranoïa naturelle ne mettent pas longtemps à lui faire réaliser que les membres du Clan ont été contaminés par le même mal que celui que la petite délégation du Prêtre de la Peste Puskab Foulfur, émissaire spécial du Clan Pestilens, a concocté pour les habitants de la surface. Ce n’est évidemment pas ce qui avait été prévu dans le pacte conclu entre les deux puissances mineures (à l’époque), et Skritsch réalise rapidement que cette information pourrait lui permettre de rester dans les bonnes grâces de son patron, si elle véridique bien sûr. Le fouineur décide donc d’aller jeter un œil sur les activités des dévots ratons, installés dans une ancienne nurserie désaffectée (mais loin d’être désinfectée).
Sans surprise, les soupçons de Skritsch se révèlent fondés. Il est témoin de la contamination du grain destiné au Clan Filch par des scalps humains infestés de puces porteuses de bacille pesteux, crime monstrueux que Puskab a dissimulé aux nez sensibles de ses hôtes par l’usage généreux de… parfum (sans doute le fameux Numéro 13 de Rannel). Si le but de cette traîtrise reste mystérieux à notre héros, il ne fait aucun doute que Nashqik doit en être prévenu afin de prendre les mesures qui s’imposent. Malheureusement pour Skritsch, Puskab dispose de pouvoirs cachés, au premier rang desquels une vision inf🐀rouge, qui lui permet de repérer l’espion alors qu’il était planqué dans un tunnel d’aération, et une conju🐀ion de friabilité du sol, qui fait s’effondrer la paroi de la planque de l’infiltré. Skritsch ne manque toutefois pas de répondant, et parvient à se frayer un chemin dans les rangs dépenaillés et pas très coordonnés des Moines de la Peste que Puskab lance à ses trousses. Sorti de ce mauvais pas, il n’a plus qu’à filer porter la funeste nouvelle au Seigneur du Clan, et à le laisser déchainer sa fureur sur ses traîtres alliés…
Début spoiler…Seulement, la gloutonnerie de Nashqik lui a joué un tour pendable, et lorsque Skritsch arrive dans les quartiers du despote, il ne peut que constater que ce dernier est déjà rendu au stade terminal de la maladie, sa consommation de grain contaminé ayant causé sa perte. La situation de notre héros n’est guère plus enviable, car comme lui fait remarquer Puskab une fois qu’il l’a rattrapé (essayez de courir avec une surcharge pondérale, des poumons pleins de glaires et une chasuble miteuse), son bref contact avec les dévots du Rat Cornu a été suffisant pour développer à son tour une infection dont le nom ne tardera pas à résonner à travers tout l’Empire : la terrible peste noire…Fin spoiler
AVIS :
Autre nouvelle d’accompagnement de sa trilogie dédiée aux Guerres Skavens, ce ‘Plague Priest’ de C. L. Werner partait sur des bases intéressantes avec le récit de l’infiltration presque réussie (comme la plupart des plans skavens) par un Homme-Rat d’un village impérial. Cette approche novatrice laisse cependant rapidement la place à un propos bien plus classique, et donc moins palpitant, lorsque Skrit retourne à son terrier et démasque la conspiration de Puskab. Comme cette dernière ne laisse guère de doutes et que la conclusion ne présente aucune surprise, la nouvelle se termine de façon que j’ai trouvé franchement décevante.
Je pensais que Werner profiterait de ‘Plague Priest’ pour présenter quelques personnages importants des romans, et c’est seulement partiellement vrai. Si Puskab Foulfur peut être considéré comme l’antagoniste (ou le héros, ça dépend de votre faction de cœur j’imagine) des Guerres Skavens, ni Kathryn ni Skritsch ni Nashqik ne feront d’apparition dans la suite de ce prologue à la trilogie de l’homme au chapeau. Très dispensable.
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Emperor’s Deliverance – N. Kyme [40K] :
INTRIGUE :
‘Emperor’s Deliverance’ catapulte le lecteur sur Armageddon, le Geoffroy Guichard du Segmentum Solar (comprendre qu’il s’agit d’un lieu très animé où les prolos de l’industrie lourde et la couleur verte règnent en maîtres), pour un épisode de Faîtes Comme Chez Vous ! d’un genre un peu spécial. Voici le pitch : notre héroïne, la Sœur Sourire Scalpel Athena s’efforce d’apporter le peu de réconfort et de chaleur humaine aux milliers d’âmes perdues réfugiées dans le camp qu’elle dirige avec sa stagiaire (Betheniel), un homme de ménage philippin (Sanson) et le fils de la gardienne (Kolber). Malheureusement pour tout ce petit monde, leur fragile écosystème, jusque-là à peu près préservé des déprédations des ultras Stéphanois (les Verts, pour ceux qui ne suivent pas) se retrouve mis à mal quand la gardienne (le Colonel Hauptman) en question accepte une mutation à la droite de l’Empereur après un craquage de fumigènes mal négocié. La demande de remplacement du personnel dûment envoyée par Athena à la copro se solde par l’arrivée d’un duo de gorilles pas vraiment amènes (Nemiok et Varik, intérimaires Marines malveillants, malvoyants et malpolis, placés sur le poste par l’agence Manlpower locale), adeptes convaincus du itsnotmyjob-isme et jamais les derniers pour faire le coup de feu avec les footix du coin quand l’occasion se présente, sans considération pour le confort et la sécurité de leurs charges, ni pour les pétunias de Mme Ledoux, puisqu’il faut dire les choses. Ayant tenté, sans succès, d’obtenir une coopération plus active de la part de son nouveau service d’ordre, Athena finit par laisser les Marines malotrus vaquer à leurs occupations, encaissant de manière stoïque la surcharge de travail générée par la défection de ces malappris.
La situation finit toutefois par tout à fait dégénérer lorsque les Magic Fans décident de faire une virée dans la propriété, profitant du portail laissé ouvert par les malavisés Nem’ et Var’. Dans le chaos qui s’ensuit, tout le staff d’Athena finit à l’hôpital (section morgue), cette dernière ne devant son salut qu’au retour tardif des Marines mal-embouchés, qui finissent par bouter les ultras hors de la place à grand renfort de gomme cogne et de grenades de désencerclement, dont l’usage inconsidéré et indiscriminé ne fait qu’ajouter à la confusion en plus de faire grimper le nombre de blessés (dont la pauvre Betheniel, élevée grande maîtresse de l’ordre de Rémi Fraisse après une rencontre malheureuse avec un flashball grognon). Hors d’elle, Athena enguirlande vertement (un comble !) les Marines malfaiteurs, et manque à son tour de se faire molester par ces derniers, n’étant sauvée que par le crochet du droit de Varik à Nemiok, le premier ayant manifestement jugé que son comparse était effectivement un malfrat.
La situation ayant fini par s’apaiser et les Magic Fans ayant écopé d’une interdiction de stade pour le prochain match, les Marines malfaisants sont convoqués à l’agence par le responsable (Capitaine Vinyar) pour s’expliquer sur les évènements. Loin de s’offusquer des débordements constatés, le maléfique individu se révèle au contraire tout à fait satisfait par la tournure prise par les évènements, la dérouillée subie par les Verts justifiant à ses yeux les sévices endurés par les quidams pris entre deux feux1. Ayant renvoyé ses malabars vaquer à leur manœuvres malsaines, Vinyar à la surprise d’entendre frapper à la porte peu de temps après leur départ, et décide de manière malavisée d’ouvrir. Entre alors nul autre que Jean-Claude Tu’shan, vert de rage et noir d’humeur d’avoir appris les déprédations commises par les Marines maladroits. Ne pouvant plus rien pour les innocentes victimes de ce carnage inutile, le Tu’sh les venge en (probablement, voir ci-dessous) maltraitant et malmenant malicieusement Vinyar pour malfaçon. Malaisant.
1: Vinyar, arière-arrière-arrière78 petit fils de Jan-Meeshail Awlath, le fameux magnat Franc du début du IIIème millénaire ? C’est une piste sérieuse.
AVIS :
Kyme ne fait décidément rien comme les autres auteurs de la BL. Ayant pris le parti, comme certains avant lui, de développer un bout de fluff officiel pour lui donner souffle et vie, il choisit de se pencher sur une péripétie tout à fait mineure1 de l’histoire de son chapitre fétiche, et de s’arrêter, un peu comme son comparse Hoare dans ‘The Last Charge’, au moment où les choses commençaient à devenir intéressantes pour le fan-boy sommeillant en chacun de nous, c’est-à-dire l’explication de texte entre le défenseur des Droits de l’Hominidé (parce qu’il ne faut pas oublier les Ratlings, les Squats et les Ogryns) et Super Connard. Cette franche algarade aurait pu déboucher sur quelque chose d’intéressant, du fait du pedigree des participants, de la rareté de la situation et de l’incertitude qui plane sur le résultat de la confrontation. On a beau supposer que Tu’shan, en tant que gentil et Maître d’un chapitre bien connu, l’emporte sur Vinyar, qui n’est « qu’un » méchant Capitaine d’un chapitre très obscur, la tournure de la phrase sur laquelle Kyme a bâti sa nouvelle évoque simplement un échange de coups entre nos deux compaings, ce qui pourrait tout aussi bien signifier une égalité, voire la victoire de Vinyar sur son Bisounours de collègue. Ça, ce serait cool. Et ça aurait pu l’être, si Kyme n’avait pas perdu de précieuses pages à disserter sur les avanies d’Athena et Cie, ce qui sert bien entendu à exposer la vilénie des Marines Vol au Vent, mais ne méritait peut-être pas de constituer le corps du propos. Et quand bien même on garderait l’intégralité d’Emperor’s Deliverance’, les 15 pages de la nouvelle auraient pu en accueillir 5 de plus sans problème, laissant à Nick assez de place pour dépeindre la controverse de Waaaghadolid de manière convaincante et imaginée. Pour une fois que je shippais une baston entre SM, il faut que l’on me la retire, destin cruel. Que t’ai-je dont fait, Pépé ?
Conclusion tronquée mise à part, il faut reconnaître que Kyme se sort honorablement de l’exercice, sa tendance à sombrer dans le ridicule à force de vouloir rendre ses scènes d’actions le plus cool possible, sans se soucier ni de la vraisemblance, ni des conséquences, ayant plus d’une fois desservi notre homme. Rien de tout ceci dans ‘Emperor’s Deliverance’ donc, seulement du bon vieux BL-style, croustillant mais insipide, comme les galettes de riz complet bio Björg. C’est pas du lembas Nick, mais faute de grives2…
1: Introduite en une demi-ligne dans l’Index Astartes dédiée aux Salles à Manger, si je ne m’abuse.
2: « …mangez de la brioche. » (Roboute Robuchon). C’est plus une phrase de conclusion, c’est un cadavre nerdxquis. Vivement que ça s’arrête.
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Et c’est tout pour cette revue de cette relique d’un temps pas si lointain, mais aujourd’hui je l’espère totalement révolu (et tant mieux, restreindre l’accès à du contenu que des gens seraient prêts à payer pour avoir, juste pour créer un peu de buzz, je ne trouve ça ni malin, ni honnête). Comme la fameuse clé de Shaa-Dom dont les nouvelles de Thorpe et Chambers parlent, cette anthologie aurait toute sa place dans la Bibliothèque Interdite, mais pas forcément pour les raisons que l’on peut croire (à vous d’interpréter ce message cryptique). Comme il ne s’agit que de la première publication d’une série s’étant perpétuée jusqu’en 2020, vous pouvez vous attendre à ce que les opus suivants soient aussi disséqués sur ces pages dans les semaines à venir…
LUPERCAL’S WAR [HH]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette chronique de ‘Lupercal’s War’, le premier recueil de nouvelles introductif pour la franchise Hérésie d’Horus publié par la Black Library. Ce n’était sans doute qu’une question de temps avant que Nottingham franchisse le Rubicon litteris et adapte à son troisième univers majeur un format qui a déjà été testé et re-testé pour 40K (‘Crusade & Other Stories’, ‘Nexus & Other Stories’1) et Age of Sigmar (‘Hammerhal & Other Stories’, ‘Sacrosanct & Other Stories’2), voire les deux (‘The Hammer & the Eagle’3), avec des résultats assez probants je dois dire. Cependant, l’Hérésie ne se prête sans doute pas un décalquage bête et méchant (comme l’Empereur, quoi) du concept, du fait de ses particularités.
Contrairement à 40K et AoS, le 30ème millénaire suit un narratif précis (même si très fouillé et foisonnant), qui oblige le lecteur à ingurgiter des pages et des pages de fluff pour chacun des personnages et factions majeurs de la franchise pour pouvoir comprendre ce dont il en retourne lors des derniers événements de la série. Parvenir à donner à un lecteur non-familier à cet univers les bases historiques, culturelles et idéologiques pour chacune des 18 Legiones Astartes + Pépé (l’approche choisie par la Black Library), par le biais d’une (deux pour les chanceuses) seule nouvelle, est loin d’être facile. Format introductif – et prix très réduit – oblige, les éditeurs de cet imposant volume se sont également astreints de n’utiliser que des travaux déjà publiés pour remplir leur sommaire, ce qui rajoute une nouvelle contrainte. Le défi que ce ‘Lupercal’s War’ doit relever est donc beaucoup plus important que celui de ses prédécesseurs, à mon humble avis.
Comme pour tous les recueils de cette gamme, j’élargirai donc mon approche critique à une nouvelle dimension : le caractère approprié de la.es nouvelle.s choisie.s par les pontes de la BL pour présenter chacune des factions abordées ici4. Le cas échéant, je ne me priverai pas pour mettre en avant l’histoire qui me semblait faire mieux l’affaire, à mon petit niveau. Le cadre étant posé, il est temps de passer à l’autopsie de cet ambitieux pavé (le petit nom donné par Valdor à Horus avant que tout parte en cacahouète). Start here ⬇️, comme ils disent.
1 : Chroniqués ici et là, si ça vous intéresse.
2 : Ici et là.
3 : Ici.
4 : J’en profite pour me plaindre de l’absence dans ‘Lupercal’s War’ de protagonistes majeurs, qui auraient pourtant mérité un tel traitement : l’Adeptus Custodes, les Sœurs du Silence, l’Adeptus Mechanicus, les Légions Titaniques, l’Armée Impériale et les Chevaliers Errants.
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L’Empereur – The Last Church (G. McNeill) :
INTRIGUE:
Il n’est pas loin de minuit dans l’Église de la Pierre Foudroyée, comme le constate le Père Uriah Olathaire en allumant les cierges du saint lieu. Un seul coup d’œil au coucou suisse cassé qu’il a volé à son propriétaire légitime lors de sa folle jeunesse suffit à notre héros pour se rendre compte que l’heure est grave, très précisément minuit moins deux sur l’horloge de l’apocalypse. Lorsqu’elle se mettra à sonner, l’a prévenu l’horloger auquel il a dérobé l’artefact, cela chauffera dans les chaumières. En attendant, Olathaire se prépare à célébrer la messe de minuit dans une profonde solitude, aucune de ses ouailles n’ayant jugé bon de braver la tempête sévissant cette nuit là pour monter au sommet du Ben Nevis1 assister au sermon de notre ecclésiastique. Plus que sur les conditions climatiques ou le dénivelé, il faut mettre cette désertion sur le compte des commandements laïques édictés par ce soi-disant Empereur, ayant conquis presque tout Terra pour y imposer son joug athée. Résolu à accomplir tout de même son office, Uriah est interrompu par l’arrivée d’un visiteur, se présentant sous le nom de Révélation, et venu avec quelques amis patientant tranquillement sur le parvis, discuter avec le prêtre de la dernière église terrane avant que cette dernière ne soit réduite en cendres. Du tourisme de l’apocalypse en quelque sorte…
Début spoiler 1…Ravi d’avoir un peu de compagnie, Uriah engage la discussion avec l’intrigant voyageur, qui ne met pas longtemps à exprimer ses vues résolument séculières et rationnelles à son hôte. S’engage alors une joute enfiévrée voyant les deux hommes échanger leurs arguments sur les mérites et les dangers de la foi. Guère convaincu par l’exhibition de la pierre sacrée dont l’église tient son nom, Révélation se montre cependant disposé, après un petit whiskey, à écouter Uriah lui raconter le soi-disant miracle dont il a été témoin lors de sa jeunesse, et qui l’a poussé à endosser le surplis. Notre prêtre était de son propre aveu une canaille en son jeune temps, et s’était piqué de voyager à la recherche de contrées pas encore assujetties au règne de l’Empereur, qui avait à cette époque déjà conquis la majeure partie de l’Europe. N’ayant réussi à rien d’autre qu’à se faire jeter d’une falaise italienne par un Guerrier Tonnerre dont il avait traité la maman de gorille, l’infernal Écossais était revenu chez lui pour un temps, avant de repartir pour se faire soldat dans toute armée de résistance à la tyrannie impériale qui voudrait bien le prendre. Et, comme de juste, il avait trouvé avec qui parler en se rendant en France (Franc dans le texte), un Etat connu dans le monde entier pour la belligérance de ses habitants. C’est ainsi qu’il s’était retrouvé mêlé à un soulèvement local, vite écrasé dans le sang par la patrouille de Guerriers Tonnerre de la région. Seul survivant du massacre, Uriah avait repris connaissance dans une forêt et vu une figure lumineuse s’approcher de lui pour tenir à peu près ce langage : « Yo dog, we cool now ? ». Transporté par cette expérience extraordinaire, il avait abandonné sa vie de marginal pour obéir au commandement divin qu’il était certain d’avoir reçu dans cette clairière abandonnée.
Cette émouvante anecdote ne convainc cependant pas Révélation de baisser sa garde, et il continue à critiquer les ravages de la religion2 à travers l’histoire avec tant de hargne que le bon prêtre finit par lui montrer la porte. Comprenant qu’il a épuisé la patience de son hôte, le visiteur laisse alors tomber le masque et se révèle être…
Début spoiler 2…L’Empereur en personne. Sous sa forme néon de cabine d’UV, qui plus est. Il ne faut pas longtemps à Uriah pour réaliser que c’est lui qu’il a vu dans la forêt il y a toutes ces années, et qu’une mauvaise interprétation a conditionné toute sa vie jusqu’à ce moment. C’est la lose. Un peu hébété par cette…épiphanie, le prêtre accepte de suivre Pépé à l’extérieur de l’église, et d’enfin souscrire à sa vision du monde… jusqu’à ce que l’Empereur lui révèle son grand projet de conquête de la galaxie, à laquelle Uriah ne croit pas du tout. Et lorsque le puissant monarque répond à la question « pourquoi ? » par un pauvre « parske-euh », le charme est définitivement rompu. Uriah préfère donc retourner dans son église, incendiée par les Guerriers Tonnerre amenés en renfort par leur boss, plutôt que de donner la satisfaction d’une victoire morale à son contradicteur. Ainsi brûle la dernière église de Terra, au son prophétique du coucou de l’apocalypse…Fin spoiler
1 : Pure supposition de ma part, mais McNeill, qui s’est donné pour mission de vendre son Écosse natale dans l’univers de 40K, donne quelques indices supportant cette thèse.
2 : On apprend à cette occasion qu’au 30ème millénaire, les gens se souviennent encore de Béziers. C’est tout de même la classe.
AVIS:
Je ne sais pas si la GW-Fiction sera un jour considérée comme autre chose que de la littérature de gare (ou de spatioport, pour rester dans l’ambiance), mais je peux déjà m’avancer en plaçant ‘The Last Church’ parmi les « classiques » de ce sous-sous-sous-sous-genre. Car McNeill réussit ici à livrer un texte aussi surprenant qu’intéressant et profond (toute proportion gardée, bien entendu), et justifie ainsi son positionnement parmi les meilleurs contributeurs de la Black Library… quand il s’en donne les moyens1.
Cette nouvelle est surprenante, car elle est (presque) totalement non-violente, et place le lecteur dans une situation des plus inhabituelles pour la littérature millénariste de Games Workshop : foin d’héroïques Space Marines, de courageux soldats impériaux, d’inflexibles Inquisiteurs, ou de civils apeurés2 ici, seulement un vieux prêtre et son visiteur inattendu, dialoguant des mystères de la foi et des conséquences, aussi positives que négatives, que cette dernière a eu pour l’humanité depuis l’aube des temps. Si les arguments convoqués par les débatteurs ne sont pas à placer au pinacle de la réflexion philosophique ni au sommet de l’art oratoire, il faut tout de même reconnaître que McNeill réussit à faire passer cet échange de façon distrayante et parfois instructive pour le lecteur, ce qui n’était pas couru d’avance pour un auteur spécialisé dans l’art délicat du grimdark d’action. Autre surprise et prise de risque, à mes yeux concluante, de Graham McNeill, son utilisation du personnage le plus central et intouchable de l’univers de 40K, Pépé 1er. La véritable identité de Révélation sera comprise par le lecteur plus ou moins tôt dans la nouvelle, en fonction de sa connaissance du fluff et de son attention aux petits indices égrenés par McNeill, mais la véritable surprise demeure ce choix de mettre l’Empereur à hauteur d’homme le temps d’une nouvelle, et de le laisser s’exprimer assez longuement au cours de cette dernière, alors que la norme avait jusqu’ici été de cantonner MoM à l’élément de décor3, balançant de temps à autres une phrase d’une infinie sagesse pour le bénéfice du fanboy transi. Ici, ce dernier en aura vraiment pour son argent, et The Last Church constitue encore à ce jour l’un des textes où Big E est le plus disert, ce qui en fait un passage quasi obligé pour tout citoyen impérial qui se respecte.
Cette nouvelle est également intéressante, car elle couvre de nombreux aspects des Luttes d’Unification, sorte de préhistoire impériale pendant laquelle de nombreux événements ont été mis en branle qui trouveront leur conclusion dans les siècles et millénaires suivants. Qu’il s’agisse de détails géographiques, historiques ou personnels, l’éclairage apporté par les souvenirs du Père Olathaire est précieux pour le fluffiste acharné, ou simplement curieux d’en apprendre un peu plus sur la manière dont Pépé a enfin tapé du poing énergétique sur la table pour réaliser son rêve galactique. En matière de construction narrative, McNeill parvient également à tirer son épingle du jeu en maintenant du suspens jusqu’à la fin de son récit. Comment Olathaire va-t-il réagir à sa propre révélation, lorsqu’il comprendra que son miracle personnel, sur lequel sa foi s’appuie, n’était en fait qu’une rencontre furtive entre un survivant en état de choc et un Empereur parti faire un tour en forêt ? Tout se joue dans les dernières lignes de la nouvelle, faisant de cette dernière une des plus abouties de McNeill de ce point de vue.
Enfin, cette nouvelle est profonde, et confine parfois à l’ironie, à travers le discours tranché livré par Révélation sur la religion et ses méfaits. Quand on sait comment l’histoire se termine, ou en tout cas se poursuit après cet ultime incendie d’église par un païen à cheveux longs4, la laïcité militante de l’Empereur apparaît comme le plus gros You had ONE job de l’histoire de l’humanité, tout comme son horreur absolue de l’Inquisition… Encore plus intéressant est le renversement de situation opéré par McNeill dans les dernières pages de la nouvelle, lorsque le jusqu’ici très rationnel Empereur ne peut justifier son projet de conquérir la galaxie par un « je sais que j’ai raison » assez minable, qui vient ruiner tout son argumentaire nocturne, et pousse finalement son interlocuteur à demeurer fidèle à sa foi, et à prendre son congé en prévenant Révélation qu’il deviendra sûrement ce qu’il s’était juré de détruire. Warhammer 40.000 étant un univers reposant à bien des égards sur de profonds paradoxes, l’exposition d’un des plus centraux de ces derniers prouve, si besoin était, l’excellente compréhension que Graham McNeill a du cadre dans lequel il évolue. Cela peut certes sembler banal pour le lecteur, mais la BL a connu son lot de soumissions ratées à cause de connaissances trop légères de la part de ses contributeurs : il faut donc reconnaître un auteur « bien (in)formé » quand on en croise un. En définitive, The Last Church se positionne très sérieusement comme l’une des meilleures nouvelles signées McNeill de l’Hérésie d’Horus, et peut-être même de sa production totale pour le compte de la Black Library.
1 : Car il y a tout de même beaucoup de scories dans sa production, vous ne m’en ferez pas démordre.
2 : Probablement parce qu’ils ont tendance à tomber comme des mouches dès lors que les trois autres catégories de personnages sont présents.
3 : Du genre luminaire, si on doit en croire sa propension à générer des flashs aveuglants.
4 : C’était bien la peine d’exterminer les Scandinaves pour leur piquer leurs traditions ancestrales.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Comme dit ci-dessus, on est en présence d’un des textes les plus marquants et importants de l’Hérésie d’Horus, dans lequel l’Empereur est présenté sous son « meilleur » jour, d’un point de vue narratif. Malheureusement pour Lui, et pour nous, Pépé passera en effet la majorité de l’Hérésie à balancer des one liners plus ou moins profonds comme un PNJ donneur de quête, ce qui est un niveau d’implication un chouilla décevant pour un personnage à l’omniscience et l’omnipotence quasi établies. Ici, on le voit en majesté, si je puis dire, mais McNeill prend également soin de montrer que derrière la bienveillance apparente de son grand projet d’unité terrane et de conquête de la galaxie se cache une tendance absolutiste pas vraiment subtile, et un complexe de supériorité irrépressible (« t’es pas content? Bim, triplé autodafé. »), qui viennent tempérer l’image d’autocrate idéal qu’il cherche à se donner. Une très bonne addition à cette anthologie, donc.
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Dark Angels – Savage Weapons (A. Dembski-Bowden) :
INTRIGUE:
Début de journée classique pour Corswain, Champion du 9ème Ordre (ce qui est mieux que champion de 9ème ordre, reconnaissons-le). Après avoir fait son rêve habituel, étrange et pénétrant, d’une bête bien connue qu’il n’arrive jamais à vaincre dans son état catatonique, bien qu’il porte la pelisse de ce prédateur de Caliban sur l’épaule, il est convoqué avec son supérieur, le balafré+++ Alajos, par le Primarque des Dark Angels, Lion El’Jonson en personne. Et comme d’habitude, le léonin surhomme se prend la tête pour essayer de déjouer les friponneries des Night Lords dans le sous-secteur de Thramas, sans succès concluant depuis deux ans1. Ce manque de progrès tape sur les nerfs de ce bon Lionel, qui se doute bien qu’il y a de plus gros poissons hérétiques à ferrer dans le reste de la galaxie. Malgré tout, le devoir chevillé au corps du Primarque le pousse à persévérer dans ce jeu du chat et de la chauve-souris, et même à accepter l’invitation, inattendue il faut le reconnaître, de Kurze de se rencontrer sur une planète paumée pour taper la discute, comme au bon vieux temps. Le Lion, qui a juste entendu « taper », est d’accord, malgré les remarques sensées de ses petits frères, qui soupçonnent logiquement un piège. Confiant dans sa bogossitude naturelle et son statut de personnage nommé, le patron des anges sombres fait fi des conseils de prudence, et part avec le 9ème Ordre comme escorte au rencard fixé par son frérot.
Arrivée à proximité du monde de Tsagualsa, où doivent se tenir les pourparlers, la flotte loyaliste est accueillie par l’opérateur radio le plus irrespectueux de la galaxie, le Premier Capitaine Sevatar des Night Lords. Entre deux punchlines désinvoltes, le hallebardier le plus tristement célèbre des Legiones Astartes informe ses interlocuteurs que le point de rendez-vous a été fixé dans le chantier de forteresse que les Night Lords sont en train de construire sur la planète. Une petite téléportation plus tard (malgré le fait que Corswain n’aime pas vraiment ça, mais tout le monde s’en fout et le Lion en premier), voilà Lionel rendu sur place avec ses deux gardes du corps, comme convenu par le gentlepostmen’s agreement fixé par les parties en présence. Il ne faut pas longtemps pour que Konrad, bronzé comme jamais, n’arrive à son tour, avec son gang: l’impayable Sevatar bien sûr, mais également un dénommé Shang, choisi sans doute pour respecter les quota de représentation des minorités.
Les retrouvailles entre les deux frangins sont glaciales, malgré les efforts déployés par Konrad pour briser la glace et raviver l’esprit de franche camaraderie entre les deux enfants sauvages de la fratrie… qui n’a sans doute jamais existé. Il convainc toutefois Lionel d’aller faire un petit tour en tête à tête, laissant les quatre Capitaines échanger quelques boutades de bon aloi. Sevatar, qui est responsable de la défiguration d’Alajos, ne se gène pas pour mettre évoquer ce sujet encore douloureux (surtout pour le principal intéressé, que l’on sent tout prêt à lancer la belle), mais le tact et l’érudition de Corswain, qui parle Nostraman comme une vache espagnole, c’est à dire relativement bien, font légèrement retomber la pression entre cousins. On apprend également l’origine des magnifiques gantelets rouges arborés par le Premier Capitaine des Night Lords, une marque d’infamie pas si différente des casques écarlates des Ultramarines censurés. Comme quoi, tout est dans tout, et inversement.
Ce plaisant badinage est toutefois interrompu par le retour des Primarques, toujours aussi fâchés l’un contre l’autre. Enfin, surtout Lionel, outré que l’on soupçonne la fidélité de la moitié de Légion qu’il a laissé pourrir sur Caliban, et qui profite de l’inattention de Konrad pour l’empaler avec son espadon de maître de deux mètres, un peu en traître tout de même. Ce qui aurait été une blessure mortelle pour n’importe qui n’a que l’effet d’une simple gifle pour Kurze, que ses capacités physiques de Primarque sauvent d’un trépas ignominieux. C’en est toutefois terminé des gentillesses, et le combat s’engage entre la team robe de bure et la team cheveux gras. Si le Lion a d’abord l’avantage grâce à ses talents d’escrimeur, la tentative de strangulation dont il est la victime de la part du Nighthaunter lui fait perdre un peu de sa superbe, et motive Corswain à voler au secours de son seigneur. Cela laisse le pauvre Alajos Alaramasse (son deuxième prénom) contre Shang et Sevatar, combat inéquitable dans lequel le Capitaine laisse bientôt sa tête, non sans avoir réussi à faire perdre la main au Night Lord pas important (je vous laisse deviner de qui il s’agit) auparavant.
L’intervention de Corswain, si elle permet au Lion d’éviter d’avaler sa neuroglotte, se passe assez mal pour le chevalier blanc et noir, dont la tentative de rodéo kurzien se termine assez rapidement, et dans la douleur. Malmené par son adversaire, et avec un taux d’invalidité en rapide progression, le Champion n’est sauvé que par le retour sur le ring de Lionel, qui a mis beaucoup de temps à se relever pour un Primarque2. Son paternel étant à nouveau occupé, notre héros est sur le point de finir en kebab sur la lame de Sevatar quand les renforts finissent enfin par arriver. Dark Lords et Night Angels déferlent par dizaines sur le champ de bataille, parviennent à séparer leurs patrons qui en étaient réduits au bras de fer chinois pour se départager, et repartent chacun de leur côté. Corswain regrette un peu d’avoir perdu son épée dans la mêlée, mais comme il l’a égarée dans le fessier d’un Primarque, il ne s’en formalise pas trop…
Notre nouvelle se conclut presque comme elle a commencé, Corswain arrivant enfin à (r)avoir la peau de la marmotte de Caliban qui lui faisait tant de misère dans ses rêves, avant d’être convoqué par son boss. Il est depuis devenu Capitaine du 9ème Ordre, en remplacement du pauvre Alajos, qui s’est bien frotté à plus fort que lui en la personne de Sevatar. Les nouvelles qui tombent sont toutefois un peu particulières, car Roboute Guilliman a envoyé un smiley à Lionel, qui ne pige rien aux émojis. Le message qui a suivi a cependant fait comprendre au Lion que son frère nourrissait lui aussi quelques pensées plus ou moins hérétiques, ou, tout du moins, sécessionnistes…
1 : Plus j’avance et plus tu recules, comment veux-tu que je t’accule?
2 : Peut-être essayait-il de solliciter l’arbitre de la rencontre pour demander la VAR sur l’étranglement des yeux bassement exécuté par Kurze.
AVIS:
Aaron Dembski-Bowden débute dans l’hérétique carrière en terrain à moitié connu avec ce Savage Weapons, puisque celui qui était jusqu’ici principalement connu pour ses travaux Night Lords ne se gène pas pour mettre les fils de Nostramo au casting de son histoire. En plus de mettre en scène le Joker des Primarques (qui avait commencé par être Batman, c’est dire si les années ne lui ont pas été clémentes), ADB introduit également l’un de mes personnages préférés de la série, le caustique, cruel mais surtout charismatique Premier Capitaine Sevatar, qui parvient sans mal à voler la vedette au pauvre Corswain, sensé être le héros de l’histoire. En plus de balancer des répliques d’anthologie (et ça tombe bien pour un recueil de nouvelles) et de se foutre ouvertement de la gueule de Lionel par moment, Sev’ se révèle avoir une personnalité complexe et profonde, et absolument pas aussi dénuée d’honneur qu’il essaie de le faire croire. S’ajoute à cela son passif mystérieux de condamné à mort en sursis, qui en fait un paria en même temps que l’individu le plus influent de la Légion après son Primarque. Et pour ne rien gâcher, notre surhomme est un bretteur de talent, maniant une arme certes improbable, mais absolument classe, avec des effets dévastateurs. Bref, voilà une entrée réussie dans le grand bazar qu’est cette Hérésie!
‘Savage Weapons’ mérite également la lecture en raison des portraits intéressants qu’ADB fait des Primarques convoqués, à la fois radicalement opposés et étrangement similaires sur certains points. Usant des talents de divination de Kurze, l’auteur peut également balancer quelques clins d’œil sur le lointain futur, et commencer à détruire la réputation de loyaliste de Lion El’Jonson. De son côté, le chevaleresque Maître de la Première Légion exsude une aura paladine presque palpable… mais est tout de même celui qui frappe son frérot en traître au début de leur bataille de polochons1. Le natif de Caliban apparaît comme un être parfait et froid, jusqu’à la limite de la sociopathie, et c’est très bien comme ça. Après tout, on est pas dans le monde des Bisounours2. De bonnes bases donc pour ces personnages importants, mais pas centraux, de l’Hérésie, sur lesquelles les auteurs prenant la suite de la couverture médiatique de la Croisade de Thramas, et de l’arc de l’Imperium Secondus, purent capitaliser (ou pas)3.
Enfin, notons les effets de style assez intéressants intégrés par ADB à son histoire, avec une introduction et une conclusion construite en quasi-miroir, ce qui est une manière de souligner que les Dark Angels n’ont pas fini de courir le sous-secteur à la poursuite de leurs insaisissables Némésis. Un jour de la marmotte un peu spécial (et spatial) pour Corswain, en quelque sorte, qui a tout de même gagné au change à la fin de la nouvelle, en ayant reçu une belle promotion et avoir enfin remporté son match de catch onirique. Il faut savoir profiter des petits bonheurs de la vie…
1 : Je remarque que ce pauvre Lionel n’a pas de chance dans ses duels avec ses frangins. Qu’il s’agisse de Leman Russ ou de Konrad Kurze, à chaque fois ça se finit en grosse empoignade de pochtrons se balançant des patates de forains. C’était bien la peine de passer autant de temps à pratiquer l’escrime médiévale sur l’Invicible Reason, tiens.
2 : Et pour cause, les Dark Angels les ont exterminés au cours de l’invasion de Caring, leur planète natale, au début de la Grande Croisade.
3 : On appréciera la référence faite à ‘The Lightning Tower’ dans le dialogue entre Konnie et Lionel, le premier ayant bien compris qu’il foutait les chocottes à ce planqué de Rogal Dorn, dont la peur du noir est la plus grande faiblesse.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Étrangement pour une Légion aussi importante dans le fluff du 30ème et du 40ème millénaire, les Dark Angels n’ont pas bénéficié d’une couverture très importante dans le corpus de nouvelles hérétiques, ce qui a limité les choix possibles au moment de construire ce recueil. ‘Savage Weapons‘, même si elle est au moins autant consacrée aux Night Lords qu’à leurs adversaires loyalistes, était une des meilleures alternatives possibles à mon avis, puisqu’elle permet au lecteur d’aborder quelques uns des thèmes les plus importants de l’importante Première Légion: la fidélité absolue de Lion El’Jonson envers son Pôpa, ses problèmes relationnels persistants (aussi bien avec ses parties prenantes internes et externes), son tempérament chevaleresque (jusqu’à un certain point), sa future implication dans l’Imperium Secundis, et évidemment la trahison prochaine des Déchus. Il ne manque à mon avis à ce tableau très convaincant que l’évocation du culte du secret chez les natifs de Caliban pour cocher toutes les cases du bingo Dark Angels. C’est donc validé de mon côté.
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Emperor’s Children – Imperfect (N. Kyme) :
INTRIGUE:
Nous surprenons une innocente partie de régicide entre les deux frangins les plus proches de la smala primarquielle : Horus et Sanguinius Fulgrim et Ferrus Manus. Entre deux mouvements savamment planifiés, les joueurs tapent la discute avec bonhommie. Enfin, c’est surtout le Phénicien qui mène la danse de ce côté, sa tendance à jacasser comme une pie tout en buvant du chardonnay et en prenant des poses alanguies semblant dissimuler un objectif plus profond que de faire tourner en bourrique la Gorgone. Les questions que Fulgrim adressent à son cher frère (Est-ce que tu te vois plutôt comme l’Empereur ou le Tétrarque ? Tu sais d’où vient le terme de régicide ? Quelle est la capitale du Lesotho ?) sont d’ailleurs assez spécieuses, pour ne pas dire borderline hérétiques…
Début spoiler…Lorsque Fulgrim finit par dévoiler son coup gagnant, appelé le jeu du traître, Ferrus finit par perdre son calme et rage quit comme la petite personne qu’il a toujours été. Déçu par la réaction de son frère, qu’il n’a pas réussi à rallier à sa cause comme il s’en était pourtant donné l’objectif, Fulgrim débranche l’éclairage tamisé qui baignait la scène et se révèle dans toute sa sinueuse et serpentine majesté. Ferrus, ou plutôt son clone, en reste bouche bée et finit empalé sur la queue du Primarque démon (en tout bien tout honneur, hein), qui pique une grosse colère devant l’hologramme de Fabius Bile patientant à l’arrière-plan.
L’Araignée a en effet une nouvelle fois échoué à produire une copie parfaite de la Gorgone (à sa décharge, il a dû travailler uniquement avec le sang séché qui restait sur la lame de l’épée de son boss), comme les vulgaires gantelets métalliques qui lui enserraient les mains le révélaient1. Heureusement, Bile est venu avec des stocks importants, et calme Fulgrim en lui envoyant la petite sœur, ou plutôt le petit frère dans ce cas précis. On quitte le boudoir du Primarque alors qu’un nouveau Ferrus Manus arrive pour débuter une partie avec son frérot préféré, sans voir le carnage absolu et le bordel monstre2 qui règne dans la pénombre renouvelée (les clones de Buffalo Bile ont la vue basse on dirait).
De son côté, l’Apothicaire dévoyé retourne à ses chères et chairs études, et la nouvelle se termine avec une petite visite de son laboratoire secret, caché au plus profond du Pride of the Emperor. Fidèle à sa réputation de bourreau de travail, l’Araignée ne s’est pas contentée de produire des quantités industrielles de Ferrus Manus pour flatter l’ego démesuré de son patron, mais a également planché sur d’autres modèles primarquiels, avec plus ou moins de succès il faut dire (son Sanguinius est assez raté). Son chef d’œuvre est un bébé Horus, reconnaissable à la tache de naissance cthonienne (un manbun ?) qu’il arbore sur la fesse. Ce pauvre petit être ne se doute pas de la vie de m*rde qu’il aura bientôt à affronter…Fin spoiler
1 : Ça montre surtout que Fulgrim ne comprend rien à la génétique.
2 : Vous pensez vraiment que Fulgrim est du genre à ramasser les pièces et à les reposer sur la table ? Je suis 100% convaincu qu’il a fait installer 40 plateaux de régicide dans la pièce pour s’éviter cette infamie.
AVIS:
Quelques années avant le (très bon) ‘The Board is Set’ de Gav Thorpe, Nick Kyme a exploré le parallèle entre jeu de plateau et hérésie à travers ce sympathique ‘Imperfect’, dont le retournement final est assez bien amené je dois dire. En bonus, on en apprend plus sur les relations qui unissaient Fulgrim et Ferrus Manus du temps où ils pouvaient se voir tête à tête (mouahaha), ce qui est toujours bon à prendre pour les fluffistes acharnés. Une nouvelle de qualité à mettre au crédit de Kyme.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Malgré ses qualités intrinsèques, ‘Imperfect’ est à mes yeux une erreur de casting retentissante de la part de la Black Library, puisqu’elle traite de Fulgrim (et de Ferrus Manus) au lieu de nous éclairer sur les Emperor’s Children. On pourrait arguer que c’est finalement assez fluff que le Primarque avec l’ego le plus KOLOSSAL1 vienne s’arroger la nouvelle qui aurait dû présenter sa Légion, mais cette dernière méritait mieux. Je pense notamment à ‘Chirurgeon’ (toujours signée Nick Kyme), qui met à nouveau en vedette ce vieux Fabius Bile et lève le voile sur l’affliction dégénérative qui a faillit faire disparaître les Emperor’s Children. A mon sens, c’est cet événement qui permet de comprendre pourquoi la 3ème Légion est tellement obsédée par la recherche de la perfection (un trait de personnalité qui la mènera à sa chute), et il aurait donc été judicieux de la part de la BL d’intégrer cette nouvelle au sommaire de ‘Lupercal’s War’.
1 : Je suis persuadé qu’il a reçu une queue de serpent lors de son apothéose afin de se débarrasser des disgracieuses chevilles d’éléphant qu’il avait développées pendant sa vie mortelle.
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Iron Warriors – The Iron Within (R. Sanders) :
INTRIGUE:
‘The Iron Within’ permet à Sanders de mettre sous les feux de la rampe un Iron Warrior ayant choisi de se battre dans le sens de l’histoire, le Warsmith Barabas Dantioch. Il reste en ceci fidèle au portrait en clair obscur qu’il avait dressé de son dernier héros Marine (Elias « le Codex Astartes est formel sur ce point » Artegall, Maître du Chapitre des Crimson Consuls1), préférant s’attarder sur les faiblesses de son personnage pour le caractériser plutôt que sur ses forces, logique tout à fait défendable quand on parle de surhommes génétiquement supérieurs en tous points au reste de l’humanité.
La tare de Barabas, qui lui attache la sympathie du lecteur, n’est cette fois pas d’ordre psychologique, mais physique, puisque le Warsmith est le premier Marine atteint de mucoviscidose (et pas qu’un peu) de l’histoire de la Black Library. Évidemment, cette affliction découle d’une glorieuse campagne contre les Hruds, apparemment capable de réduire en grabataires même les meilleurs de l’Empereur par le seul poids du nombre (me demandez pas pourquoi). Prématurément usé par cette ultime bataille dont il fut quasiment le seul rescapé (l’autre survivant ayant fini dans un Dreadnought, et encore, un Dreadnought avec déambulateur), Barabas s’est trouvé affecté à la garde d’une planète de huitième ordre, poste honorifique mais véritable mise au placard déguisée, Perturabo n’ayant semble toute guère apprécié que sa Légion soit la première à devoir verser une pension vieillesse à un de ses combattants.
Isolé dans son trou ferreux, Barabas s’est occupé comme il a pu pour tuer le temps, ce qui pour un Iron Warrior, consiste surtout à construire des miradors derrière la haie et à installer des multi-lasers dans les bacs à géraniums. Malheureusement pour le pré-retraité qu’il est devenu, l’arrivée de l’arrogant et hérétique Warsmith Krendl va le forcer à prouver au reste de la galaxie que le vioque touche toujours sa bille en matière de conduite de siège.
1 : Voir ‘The Long Games at Carcharias’.
AVIS:
Si ni le thème, ni la conclusion de l’histoire ne sont très originaux, Sanders parvient bien à retranscrire l’effroyable guerre de positions qui oppose loyalistes et chaotiques, dans une sorte de préquelle clin d’œil à la bataille de Terra, au cours de laquelle les Iron Warriors affronteront cette fois leurs rivaux de toujours au lieu de leurs propres frères. S’il fallait retenir une morale de tout ceci, c’est que l’abus de Chaos est mauvais pour le sens stratégique, le méchant Krendl conduisant son offensive comme une savate, malgré les avantages quantitatif et qualitatif dont il dispose pour mener la réduction de la place-forte ennemie.
Certes, on peut se dire que Barabas est un Warsmith vétéran, défendant son chef d’œuvre en compagnie de troupes sur-motivées, mais son adversaire étant lui aussi un Iron Warrior de haut rang, et de ce fait un expert de la prise de fortifications, la correction que papy gaga lui inflige apparaît légèrement too much. On n’a pas vraiment l’impression de voir deux grands stratèges s’affronter à distance en se rendant coup pour coup, mais plutôt le sentiment d’assister à une partie de tower defense, les assaillants tombant comme des mouches pour gagner le moindre mètre.
Cette petite déception écartée, il faut bien avouer que Sanders maîtrise tout à fait les codes du dernier carré super héroïque, le rythme s’accélérant progressivement au fur et à mesure que le nombre des gentils diminue et que ces derniers doivent sans cesse reculer devant l’avance inexorable des vagues ennemies. Il y a bien quelques sujets à froncement de sourcils, comme le personnage de Vastopol, « Guerrier-Poète » à l’importance dans le récit aussi grande que son utilité à ce dernier apparaît comme contestable, mais Sanders ne relâche jamais le rythme, et toutes les incohérences sont vite laissées de côté. En conclusion, une autre nouvelle de Marines de bonne facture à mettre au crédit du petit Rob, dont j’attends personnellement de voir s’il peut faire aussi bien en long format et avec d’autres protagonistes.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Inclure dans un recueil introductif comme celui-ci une nouvelle relatant un siège pour parler des Iron Warriors était un no brainer, mais je suis tout de même content (et soulagé) que la Black Library ait fait le choix de la facilité. Si on veut chipoter, on peut regretter que ‘The Iron Within‘ soit centré sur l’exception Barabas Antioch, qui en tant que loyaliste ne représente pas la mentalité dominante chez les autres Iron Warriors, entièrement loyaux à leur Primarque otaku. Comme Krendl a eu l’honneur d’être le héros de sa propre nouvelle (‘Ironfire‘, écrit par le même Sanders), cette dernière aurait pu être considérée, tout comme la plus récente ‘Embers of Extinction‘ du nouveau-venu Brandon Ellis.
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Iron Warriors – Black Oculus (J. French) :
INTRIGUE:
Les journées d’un Navigateur sont plus riches et hautes en couleurs que celles de la majorité des êtres humains de la galaxie, et le compte rendu fait par l’un des pilotes de l’Iron Blood de Perturabo de son voyage à travers l’Œil Noir en direction de Tallarn le montre bien. Malgré le fait que le saut Warp se soit bien passé, l’expérience a laissé le narrateur avec des séquelles profondes et sans doute définitives, qui ont mené les rationnels Iron Warriors à le placer sous sédation et à l’isolement, pour éviter que son malaise psychique ne les fasse rouiller (?).
Le plus traumatisant dans cette (nécessairement) sombre histoire semble avoir été les rires pré-enregistrés que notre héros triclope a entendu tout du long de sa transition galactique, et qu’il interprète maintenant comme la preuve indubitable que les dieux ne sont pas tombés sur la tête, mais se paient celles de Perturabo (et du reste de l’humanité d’ailleurs, comme ça pas de jaloux). Cela nous semble le comble du banal à nous, hobbyistes du M3, mais pour nos lointains descendants du 30ème millénaire, la surprise a dû être grande…
AVIS:
Si vous aviez envie d’avoir l’équivalent littéraire d’un écran de chargement entre ‘Angel Exterminatus’, qui se termine avec les Iron Warriors coincés au milieu de l’Œil de la Terreur suite au glow up de Fulgrim et ‘Tallarn’, la prochaine victime sur la to besiege liste de Perturabo, ‘Black Oculus’ est ce qu’il vous faut. Je pense que la plupart des lecteurs de l’Hérésie feront l’impasse sans sourciller.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Cette très courte nouvelle permet de se rendre compte que Perturabo n’est pas du genre à prendre des demi-mesures… et c’est à peu près tout. Comme l’Iron Man des Primarques n’apparait pas dans l’autre nouvelle Iron Warriors du recueil, je suppose que c’est un complément utile, mais ‘Black Oculus’ propose également un niveau de lecture inaccessible aux nouveaux-venus (mentions non contextualisées de l’Œil Noir et de Tallarn), ce qui est problématique ici.
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White Scars – Brotherhood of the Moon (C. Wraight) :
INTRIGUE:
La vie du Khan Torghun, chef de la Confrérie de la Lune des White Scars (aussi appelée 64ème Compagnie par les normies et les Sons of Horus), a pris un tour désagréable depuis qu’il a été associé avec la faction pro-Horus, et donc heresy-friendly de sa Légion. Mais peut-on vouloir à un White Scar de choisir l’option Faucon quand l’opportunité se présente, hein ? Capturé et interrogé par ses camarades ayant eu le nez de rester fidèles à Pépé, il consent à leur raconter comment il en est arrivé là.
Tout remonte à la campagne menée en coopération avec les Luna Wolves du Capitaine Verulam Moy dans la Ceinture de Tarsch. Le manque de progrès du contingent de la 16ème Légion avait contraint le haut commandement de la Croisade à lui dépêcher des alliés, sous la forme de la Confrérie de Torghun. Sans doute un appareillement décidé par un adepte un peu fleur bleue, trouvant poétique de faire coopérer deux factions lunaires sur le même conflit1. Sentant son homologue vexé par l’arrivée de renforts non sollicités, Torghun fit ce qu’il put pour arrondir les angles et put compter en cela sur l’aide de son second Hakeem, qu’il découvrit très déférent envers Moy (Moche et Méchant), sans qu’il comprenne tout de suite d’où venait ce respect interlegionnel.
Une attaque décidée sur une cité majeure du neuvième monde de la Ceinture fut l’occasion pour les deux forces de travailler de concert : pendant que les Luna Wolves infiltreraient à pinces les défenses adverses pour saboter les générateurs alimentant le bouclier défendant la position ennemie, les White Scars devraient faire diversion depuis les ailes, à grands renforts de burns et de rodéo urbain dans la périphérie de la cité. Car si la 5ème Légion déteste les Dreadnoughts, elle adore en revanche les doughnuts. Nuance importante.
L’opération se passa comme sur des roulettes (normal avec des White Scars me direz-vous), les assauts commandés par Torghun et Hakeem réussissant à semer la confusion parmi les défenseurs, et à sécuriser les objectifs fixés en amont de l’attaque. Au moment de se replier cependant, Hakeem insista auprès de son supérieur pour que les fiers bikers fassent une entorse à la règle du hit and ride qui les caractérisait pour mettre pied à terre et défendre leurs positions le temps que les Sons of Horus n’arrivent les soulager. Bien que 1) cela contredise la philosophie martiale du Grand Khan et 2) ses hommes ne soient pas équipés pour ce type d’affrontement (dur de caler un bouclier tempête à l’arrière d’une 125), Torghun accepta le défi après avoir compris de son subalterne qu’il s’agissait du plus sûr moyen de gagner le respect des coriaces Sons of Luna.
« Et Moy, et Moy, et Moy ? » vous entends-je demander. Eh bien Moy finit par arriver, et, bien que surpris de la résistance de ses alliés et du non-respect par ces derniers du plan de bataille, ne leur en tint absolument pas rigueur. Bien au contraire, et comme l’avait annoncé Hakeem, il devint bien plus amical envers les White Scars, au point d’inviter leurs deux commandants dans sa tente après le banquet de la victoire, pour une petite réunion de loge. On comprend alors que Hakeem était déjà initié, et qu’il a tout fait pour que Torghun le devienne aussi. Notre héros aura l’occasion plus tard de réaliser que le népotisme et l’entre soi causent autant de problèmes qu’ils ouvrent de portes, particulièrement lorsque son réseau fricote avec le Chaos. Mais ceci est une autre histoire (‘Scars’, pour être précis).
1 : Même cette vieille baderne de Moy relève cette coïncidence, c’est dire si l’intention était transparente.
AVIS:
Chris Wraight développe l’origine du protagoniste de sa série White Scars, Torghun Khan, dans cette petite mais solide nouvelle, qui lorgne franchement du côté du fan service pour les inconditionnels de Dan Abnett1. Comme tout le monde faisait ça à l’époque et que cela ne dessert pas le récit, on passera l’éponge sans problème. Après tout, ‘Brotherhood of the Moon’ est l’histoire d’un petit nouveau qui gagne la confiance et l’amitié d’un gros bonnet de la Grande Croisade : le parallèle avec Wraight, dont ‘Scars’ était le premier roman dans cette franchise et qui était encore loin d’être un Seigneur de Terra à l’époque, est assez troublant. Il faut voir cette nouvelle comme un bonus appréciable mais non nécessaire à la compréhension de ce dernier roman (qui était déjà publié au moment de la sortie de ‘Brotherhood of the Moon’, d’ailleurs).
1 : C’est lui qui a créé le personnage de Verulam Moy dans ‘Horus Rising’.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Les White Scars sont sans doute la Légion dont le fluff a été le plus enrichi par la franchise Hérésie d’Horus, comparé à ce qu’il était dans le background prédatant le lancement de la série. Les scissions internes qui ont travaillé cette faction lors des premiers temps de l’Hérésie sont en effet un ajout (intéressant, si je peux me permettre) récent à son histoire officielle, et Chris Wraight en a été le chroniqueur attitré dans ses travaux consacrés aux bikers de Jaghatai Khan. Le choix de la Black Library d’évoquer ce schisme, encore que de manière très indirecte, dans ‘Lupercal’s War’ est compréhensible (notamment d’un point de vue marketing, cet arc hérétique se poursuivant sur plusieurs romans et nouvelles), et ‘Brotherhood of the Moon’ permet au lecteur de saisir les bases de la culture de cette Légion (fais ce que voudras, mais à moto) au début de l’Hérésie, ce qui en fait une soumission pertinente à mes yeux.
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Space Wolves – Bjorn: Lone Wolf (C. Wraight) :
INTRIGUE:
Sur une plaine volcanique de Velbayne, les Space Wolves sont engagés dans une féroce bataille contre un ost démoniaque, une préparation adéquate à leur future purge de Prospero (l’univers est bien fait tout de même). Bien que Leman Russ en personne ait fait le déplacement, la star du jour est Bjorn, surnommé le loup solitaire par le reste du Rout depuis que le reste de sa meute a été unsuscribed from life par un Buveur de Sang lors de la campagne de Gryth. Par un heureux hasard, le même démon majeur, reconnaissable à ses mèches blondes effet mouillé (j’imagine), est présent sur Velbayne, et Bjorn est bien décidé à régler ses comptes avec la bête canicide d’une manière définitive.
Nous suivons donc sa course folle, son triple saut, son enfonçage de cordon (le joueur Démons était un gros newb) et pour finir son combat acharné contre sa Némésis khorneuse et cornue, en même temps que notre héros jusqu’ici silencieux égrène les noms de ses frères d’armes défunts. Protégé par son statut de personnage nommé et renforcé par une myriade de buffs, Bjorn couche le Buveur en moins de temps qu’il faut à son Primarque pour vider un tonneau de mjød, pour l’honneur de ses morts et la gloire des Space Wolves. On voit qu’il n’a pas perdu la main…
AVIS:
Soumission très honnête de la part de Chris Wraight pour cette micro-nouvelle, qui montre à quel point les liens unissant les frères de meute sont forts chez les Space Wolves, et à quel point le jeune Bjorn était une brute de corps à corps. Il n’était pas possible de faire beaucoup mieux que ça en trois pages/1.000 mots, c’est donc une mission accomplie en ce qui me concerne.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Fort heureusement, ‘Bjorn : Lone Wolf’ n’est pas la nouvelle choisie pour représenter les Space Wolves dans ‘Lupercal’s War’, car cela aurait fait court. Malgré sa brièveté, cela reste à mon sens un choix pertinent, car le lecteur est introduit aux valeurs profondes de cette Légion dans ces quelques pages, et se familiarise avec une des figures majeures de cette faction. Un bon bonus.
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Space Wolves – Bloodhowl (C. Forrester) :
INTRIGUE:
Que faire quand sa faction a pris une telle rouste qu’elle a été virtuellement annihilée et n’aura plus aucun impact sur la conclusion de l’Hérésie ? Plutôt que de demander conseil aux Légions Brisées ou aux Custodes, qui les ont précédés au panthéon de la lose glorieuse, les Space Wolves ont décidé de laver leur linge sale en et de famille au sortir de la campagne de Trisolian. Nous suivons donc le Jarl de la 13ème Compagnie (Dekk-Tra), Jorin Bloodhowl, alors qu’il emmène ses vétérans grisonnants et grommelants sur la planète de Bloodfall, après qu’un Leman Russ totalement déprimé lui ait donné la permission de s’absenter. Le but de l’escapade est de localiser un des lieutenants de Bloodhowl, Gunnar Thorolfsson, AWOL depuis l’incendie de Prospero. Le Jarl, qui espère toujours que la 6ème Légion pourra se rendre utile dans la défense de Terra, a en effet grand besoin de regonfler ses effectifs, et compte bien convaincre Thorolfsson et ses 200 loulous de regagner le bercail de Morkai, de gré ou de force.
L’explication de texte entre les frères d’armes devra toutefois attendre un peu, Bloodfall se trouvant être contestée par une bande de Night Lords en goguette, menée par le Prince de Bel Air du Perif1 en personne. Ce sinistre individu, qui avait déjà montré une sale tendance à la sociopathie et aux crimes contre l’humanité pendant la Grande Croisade, est devenu l’ennemi juré de Thorolfsson, qui a passé une bonne partie de son congé sabbatique à le pourchasser à travers la galaxie. Jugeant avec sagesse que s’il arrive à mettre la patte sur le Prince, il n’aura pas de mal à localiser son subalterne, Bloodhowl emmène donc ses hommes à l’assaut des positions Night Lords… et réalise assez rapidement que Booba (a.k.a. le Duc de Boulogne) est grave chaud avec son sabre énergétique. Largement surclassé par son adversaire, il ne doit sa survie qu’à l’intervention opportune de Thorolfsson, qui envoie un tir de plasma dans le buffet de son Altesse Noctilienne, et permet à Bloodhowl de remporter son « duel ».
Ayant contraint les Night Lords à se replier, les Space Wolves sont enfin libres de palabrer entre gens de bonne compagnie. Le ton de la discussion monte assez vite, Thorolfsson refusant tout net de retourner se battre contre les hérétiques menaçant Terra, comme lui demande Bloodhowl, arguant que ses hommes et lui sont plus utiles aux péquins moyens de l’Imperium dans leur défense des planètes laissées à la merci des Légions renégates du fait de leur peu d’importance stratégique. Le Jarl n’est pas de cet avis, et rappelle à son subalterne et objecteur de conscience qu’il a prêté serment à Russ et à l’Empereur, et qu’il ne lui appartient pas de choisir les combats qui lui semblent être les plus nobles. Aucun des deux tribuns n’arrivant à convaincre son vis-à-vis, on se résout à régler la situation par un duel à mort, comme le veut la tradition.
Bloodhowl, bien amoché par son combat contre le Prince du Périf, refuse de se faire représenter par un champion, et se fait donc fort logiquement mettre en KO technique par son adversaire. Thorolfsson, beau joueur, laisse toutefois la vie sauve à son adversaire, prétextant qu’obéir aveuglement aux traditions est aussi néfaste qu’obéir aveuglement aux ordres (quel esprit libre, vraiment). Il en veut pour exemple l’incendie de Prospero, commis par les Space Wolves sur l’ordre d’un Horus qui avait déjà basculé du côté sombre, et qui aurait pu être évité si la 6ème Légion n’avait pas bêtement obéi au Maître de Guerre. « Hmm maintenant que tu le dis, ça a pas l’air débile » répond Bloodhowl du haut de son ultime PV, avant de repartir la queue entre les jambes. Moralité : Jorin est nul au close.
1 : Sans rire, le gus s’appelle ‘The Prince of the City’s Edge’ en V.O. Ma traduction est tout à fait legit.
AVIS:
Chris Forrester réalise un début sans faute dans l’Hérésie d’Horus avec ce ‘Bloodhowl’, mélange de Space Marinade d’action bien dosée et de réflexion sur la culture et l’histoire des Space Wolves pendant leur heure de doute (juste après les événements de ‘Wolfsbane’). Un travail soigné et bien documenté, puisqu’on y trouve des références à la campagne de Dulan ainsi qu’à celle de Prospero, pourtant couvertes par d’autres auteurs (respectivement Chris Wraight et Dan Abnett), et des personnages tirés de ces vénérables écrits (Ulbrandr Crowhame, Hjalmar Stormfist, sans oublier ce vieux Bulveye). Mon seul regret fut de constater l’absence totale de conséquence de ‘Bloodhowl’ sur la suite de l’Hérésie, Jorin Bloodhowl et ses loyalistes premier degré repartant écluser du mjød avec Leman Russ, tandis que Gunnar Thorolfsson et ses loyalistes rebelles restent s’occuper du cheptel de Bloodfall. Comme Thorolfsson était une création de Forrester, et ne disposait donc pas d’une armure en scenarium1, on aurait pu s’attendre à une conclusion un peu plus tranchante et tranchée. Maintenant qu’il a prouvé qu’il avait les bases nécessaires pour participer à cette complexe œuvre collective qu’est l’Hérésie d’Horus, j’espère que Chris Forrester aura l’occasion de prendre en main des arcs narratifs (ce qui veut parfois dire les conclure), avant que la BL ne sonne la fin de la récré.
1 : Armure toute relative pour Bloodhowl lui-même, puisque personne ne s’est donné la peine de le faire revenir au 41ème millénaire (à la différence de presque tous ses sous-fifres). Et n’oublions pas que Mike Lee avait placé Bulveye à sa place à la tête de la Dekk-Tra dans ‘Wolf at the Door’…
ET POUR LES NOUVEAUX ?
‘Bloodhowl’ est indubitablement une nouvelle de qualité, mais elle arrive bien tard dans le déroulé de l’Hérésie, posant la question de sa pertinence dans un recueil destiné à des lecteurs novices. Chris Forrester prend certes le soin de contextualiser ses écrits pour ne pas perdre son public (qui autrement serait pardonné de ne pas comprendre pourquoi les Space Wolves ont leur mini-hérésie), et se paie le luxe d’un caméo de Leman Russ au lout de sa bife (toujours sympathique), mais j’ai un faible pour ‘The Thirteenth Wolf‘ en lieu et place de ‘Bloodhowl‘, ne serait ce que parce que cette histoire est directement liée à l’événement le plus marquant d’un point de vue Space Wolves de l’Hérésie : l’incendie de Prospero.
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Imperial Fists – Champion of Oaths (J. French) :
INTRIGUE:
Il y a des entretiens d’embauche plus facile que d’autres. Alors que la majorité d’entre nous a juste à savoir nommer trois qualités et trois défauts pour convaincre le recruteur, Sigismund des Imperial Fists va vraiment devoir donner de sa personne pour obtenir son dream job, lui. Notre homme candidate pour devenir le Maître du Temple, fonction honorifique s’il en est au sein de la VIIème Légion puisque les Templiers en question gardent le… temple du Phalanx où les Frères de Bataille jurent fidélité à l’Empereur et à Rogal Dorn. Pour obtenir ce poste convoité, l’impétrant doit vaincre en combat singulier la totalité de ses camarades, soit 199 Astartes vétérans à se farcir les uns après les autres. Même pour un guerrier de la trempe de Ziggy Jaune d’Œuf, l’épreuve est difficile, et notre héros encaisse les coups et les bosses au fur et à mesure que les duels se succèdent.
Cet affrontement au long cours est entrecoupé de flashbacks nous renseignant sur la trajectoire de Sigismund, depuis son enfance malheureuse dans les camps de réfugiés de Turquie (rebaptisée plateau ionien en M31), où il vit sa protectrice se faire tabasser à mort par une bande de wesh sanguinaires, jusqu’à son entraînement sous la conduite du maître d’armes Appius, alors qu’il n’était encore qu’un jeune et prometteur jaunard. L’occasion pour nous d’en apprendre plus sur la motivation profonde de Sigismund, qui va toujours de l’avant parce qu’il sait que les Space Marines ont le devoir de se battre à la place de ceux qui ne le peuvent pas. C’est beau, c’est noble, c’est grand, c’est corporate. Ce petit gars aurait pu faire Miss France, s’il n’avait pas choisi une autre voie.
Retour au Temple, et au boss de fin de la série infernale du Zig. Après avoir fisté sans répit et écopé de quelques bleus au passage, ne reste plus que ce bon vieil Appius en personne à maraver. Le problème, c’est que le vétéran a assez mal vieilli, et s’est fait enfermer dans un Dreadnought depuis l’époque où il refaisait le portrait de son padawan à grands coups d’espadon. Le combat n’est pas des plus équitables, mais les Imperial Fists sont du genre exigeant. Malgré un coup de moins bien passager, et un revers de bouclier énergétique en pleine face, Sigismund vient à bout de cet ultime adversaire en lui coupant le câble (ce qui est cruel quand on est confiné à un réservoir de liquide amiotique, tout de même). Félicité par Rogal Dorn en personne, qui était là incognito pour suivre l’épreuve pratique de son fiston favori, Sigismund devient officiellement le Maître des Serments, et reçoit l’épée de fonction qui va bien en reconnaissance de son nouveau statut. Un petit passage à l’infirmerie pour mettre de l’arnica (eh, c’est jaune aussi) sera sans doute nécessaire après cela…
AVIS:
John French se fait plaisir en retraçant en quelques pages bien senties la trajectoire de l’un des personnages les plus marquants des Imperial Fists pendant la Grande Croisade et l’Hérésie d’Horus (et même après cela), depuis ses humbles débuts jusqu’à sa prise de fonction comme Enfant de Juron. On peut y voir un avant-goût et un condensé du roman qu’il écrira un peu plus tard sur le même personnage, car tout est déjà bien en place à la conclusion de ces douze pages. L’exemple-type de la petite nouvelle à vocation fluffique, sans ambition particulière en matière d’intrigue mais très satisfaisante tout de même pour les amoureux de background, et grâce à la maîtrise consommée que l’auteur a de son sujet. Bref, un incontournable si vous êtes fan des Imperial Fists et/ou des Black Templars, ou tout simplement de l’Hérésie d’Horus en tant que telle.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Au risque de me faire huer par les fans les plus convaincus des Imperial Fists, qui auront sans doute apprécié cette nouvelle à la gloire du redoutable Sigismund, je pense que la Black Library aurait mieux fait de remplacer ‘Champion of Oaths‘ par ‘Duty Waits‘. Cette dernière histoire est beaucoup moins héroïque et riche en fluff que la première, mais elle a l’énorme intérêt de présenter la réalité du terrain pour un Imperial Fist forcé à patienter sur Terra que les hérétiques arrivent, ce qui a été leur lot pendant sept longues années, il faut le souligner. Mention honorable à ‘The Crimson Fist‘, qui illustre l’approche méthodique et disciplinée de la guerre qu’ont les surhommes en jaune, mais qui était évidemment trop longue pour être intégrée ici.
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Night Lords – Child of Night (J. French) :
INTRIGUE:
L’heure du jugement a sonné pour Fel Zharost, maître déchu du Librarium des Night Lords. Alors qu’il était retourné dans ses ténèbres natales du sous-monde d’Albia, sur Terra, pour attendre d’être assez âgé pour toucher sa pension d’ancien combattant, le légionnaire déserteur s’est fait traquer par un autre Astartes nyctalope, et commence la nouvelle en contemplan le canon du pistolet bolter pointé sur son crâne chauve. Se jugeant sans doute coupable d’assez de crimes pour mériter une exécution sommaire, Fel Zharost exprime toutefois la dernière volonté de partager avec son futur bourreau ses souvenirs les plus mémorables, afin que ce dernier puisse appuyer sur la gâchette en connaissance de cause. Son interlocuteur n’est pas d’accord, mais on ne peut pas vraiment dire non à un Psyker télépathe qui veut remonter sa memory lane, et nous voilà donc partis pour un voyage dans les années tendres du Night Lord.
Tout a commencé de manière violente, cruelle et tragique, comme souvent à Albia1. À l’époque guère plus qu’un minot dégingandé et territorial, Baby Fel avait été surpris en compagnie d’une camarade de gang (Calliope) par un estranger en armure de céramite, à la recherche de nouvelles recrues pour les Légions de son Pépé, déjà parti depuis plusieurs décennies faire croisade dans la galaxie. Habités d’une confiance en eux inversement proportionnelle à leurs chances de sortir vainqueurs d’un tel affrontement, les deux jeunots avaient décidé de se venger de l’intrusion en assassinant le Space Marine alors qu’il repartait bredouille vers la surface. Bien qu’ils s’en soient sortis de manière très honorable, en lui sectionnant la jugulaire et lui crevant un œil avec leurs tessons de bouteille (le fighting spirit des Anglais n’est plus à démontrer), cela n’avait pas empêché le colosse transhumain d’abattre Calliope et de ramener Fel Zharost avec lui jusqu’au centre de formation le plus proche. L’expérience avait été si violente que l’adolescent avait pris pleine connaissance de ses pouvoirs psychiques, jusque là latents. Certaines pubertés sont plus difficiles que d’autres.
Le deuxième souvenir qui nous est proposé est celui d’une mission menée par les Night Lords pendant la Grande Croisade contre les dirigeants corrompus de l’Enclave Saragorn, coupables d’avoir fait du trafic d’organes à l’échelle industrielle (ce dont l’Empereur se fout comme de son premier fer à lisser) et d’avoir utilisé pour cela des mutants impurs (un scandale sanitaire et éthique absolument terrible). On assiste à l’approche onirique cauchemardesque de la guerre qu’ont les Night Lords, Fel Zharost plongeant le Gouverneur déchu (Mortinar) dans une boucle sans fin d’hallucinations terrifiantes, le réveillant de temps à autre pour prolonger le plaisir. Comme il l’explique posément pour la huitième fois de suite – ils ont des défauts, c’est certain, mais les Night Lords sont pédagogues – à sa victime hébétée, la 8ème Légion n’est pas là pour rendre la justice ou corriger les torts causés, mais seulement pour punir de manière spectaculaire ceux qui le méritent. Comme dit la Compagnie Créole (rattachée directement au Nighthaunter d’après mes sources) : c’est bon pour le moral… des autres.
La troisième et dernière vision partagée par Fel Zharost est celle de sa déchéance, prononcée de manière évidemment nonchalante par Sevatar en personne, alors que le petit Konrad était en train de se faire morigéner par ses frères dans une autre nouvelle. La scène se déroula après la proclamation de l’Edit de Nikea, auquel les Night Lords essayèrent – au début – de se conformer. Les deux Night Lords ne s’appréciant guère, l’Archiviste démobilisé reprochant au premier Capitaine d’être le symptôme de la corruption et du dévoiement des « valeurs » originales de la Légion, il ne fut guère étonnant que l’entrevue finisse par déboucher sur une petite baston entre Fel Zharost et Sevatar, après que le second eut condamné le premier à l’exil, sous peine de mort. Bien que l’Ecuyer du Primarque soit le meilleur combattant des deux, les pouvoirs psychiques de Fel Zharost lui permirent de laisser quelques marques sur l’armure de sa Némésis, avant que le flash de la Go Pro de coque de Sevatar ne vienne ruiner sa concentration et mettre fin à ce duel.
Retour dans les bas-fonds terrans, où cette diva de Fel Zharost a une nouvelle doléance à faire passer à son nouveau copain (un peu givré et désorienté à ce stade) : utiliser ses souvenirs pour voir le soleil une dernière fois. La nature fouineuse du Night Lords le mène cependant à fouiller dans d’autres dossiers mentaux du légionnaire Abribus, ce qui lui permet d’apprendre ce petit détail qu’est le déclenchement de l’Hérésie. Car il faut croire que Pépé n’a pas jugé bon de faire installer la 5G dans les zones déshéritées d’Albia, qu’il déteste cordialement depuis l’époque où il avait pris la forme de Margaret Thatcher pour mettre l’histoire sur de bons rails. Falafel comprend alors que son visiteur n’est pas venu pour le liquider, mais, à nouveau, pour le recruter. Engagez-vous, rengagez-vous qu’ils disaient…
1 : C’est comme là qu’a été décidée l’arrêt de Warhammer Fantasy Battle et l’augmentation continue des prix du zhobby. Never forget.
AVIS:
Nouvelle sympathique qui compile et condense en quelques pages les moments les plus marquants d’une vie de Night Lords, ‘Child of Night’ montre en particulier le rôle (tout aussi particulier) qu’avait cette Légion de joyeux drilles lorsqu’elle roulait encore pour son Empereur, ce qui est appréciable. Le troisième souvenir de Fel Zharost manque cependant un peu de contextualisation à mes yeux, car on ne comprend pas si l’Archiviste se fait virer du fait de l’Edit de Nikea, à cause de l’aversion de Sevatar pour lui, ou pour un autre crime non explicité par John French. Mise à part cette petite doléance, il s’agit d’un ajout qualitatif dans le corpus des Night Lords.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Comme dit ci-dessus, ‘Child of Night’ donne un aperçu de la philosophie des Night Lords, ce qui est ce qu’on peut attendre d’une nouvelle incluse dans ‘Lupercal’s War’ : ce choix est donc tout à fait pertinent de la part de la Black Library1. Comme le Nighthaunter et Sevatar servent d’antagonistes aux vertueux et ombrageux Dark Angels dans ‘Savage Weapons’ (et aux féroces et enjoués Space Wolves dans ‘Bloodhowl’ – ce sont les ennemis les renégats les plus populaires de l’Hérésie), cette faction s’en sort très bien au final en termes de représentation.
1 : Mention honorable à ‘The Conqueror’s Truth’, dont le pitch est littéralement : « voici comment les Night Lords soumettent les mondes isolationnistes pendant la Grande Croisade ».
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Blood Angels – Lost Sons (J. Swallow) :
INTRIGUE:
Les jours se suivent et se ressemblent sur Baal depuis que les Blood Angels sont tous partis châtier les Nephilim dans l’amas de Signus, comme demandé par Horus ‘Primes Inter Pares’ Lupercal à son frérot Sanguinius. Tous ? Non ! Comme l’addendum de l’ordre de mission l’autorisait, l’Ange a laissé une équipe de maintenance dans sa forteresse pour veiller au grain de sable en attendant son retour. Les 20 tondus ayant eu le grand honneur de rester à domicile patientent depuis plus de cinq ans dans le calme absolu de l’arrière-pays baalite, maintenant l’inflexible discipline et l’élégance vestimentaire qui ont fait la réputation des Blood Angels. Le chef de cette petite confrérie est le Chapelain Arkad, catapulté Gardien de Baal (c’est mieux que gardien de but) par Sanguinius avant son départ. Bien qu’habituellement calme, son sacerdoce l’a déjà amené à deux doigts de crozuser la goule de ses frères, lorsque certains d’eux ont cherché à abandonner leur poste pour partir à la recherche de leur famille perdue. Le déclenchement de la Tempête de la Ruine a en effet rendu toute communication avec la Légion angélique impossible, laissant nos plantons ressasser des idées plus noires que rouges sur le destin des Blood Angels.
A cela est venu s’ajouter les rumeurs, puis la confirmation officielle, de la trahison d’Horus et des massacres d’Isstvan et de Calth, et plus généralement d’une guerre civile de grande ampleur dans l’Imperium. Aussi, lorsqu’un vaisseau émerge du point de Mandeville du système de Baal et se dirige droit vers la forteresse quasi-déserte, c’est la méfiance qui domine chez Arkad et ses comparses. Il s’avère que le nouvel arrivé dispose de l’immunité diplomatique du 30ème millénaire, en cela qu’il est au service de Malcador le Sigilite, qui du haut de son poste de Régent de Terra, agit comme bon lui semble pendant que l’Empereur essaie désespérément d’isoler les combles de son Palais contre les courants d’air de Warp. Pingre comme jamais, le vioque a envoyé un unique émissaire, le Space Marine Tylos Rubio, ayant abandonné le bleu profond des Ultramarines pour le gris terne des Chevaliers Errants. Au moins, l’entretien est facile. Arkad et son copain Hezen sont atterrés de voir que leur visiteur est un Archiviste (Edit de Nikea, etc…), mais le sont bien davantage lorsque Rubio leur tend un parchemin avec accusé de réception annonçant la dissolution des Blood Angels. Gasp.
La raison de cet acte administratif d’une brutalité sans nom est simple : considérant la 9ème Légion définitivement perdue du fait de la disparition pure et simple de l’amas de Signus, Malcador souhaite mettre la main sur les ressources considérables des Blood Angels en termes de matériel, d’armement et de glandes progénoïdes, afin de gérer au mieux son effort de guerre. Rien de personnel les gars, c’est que du business. Rubio informe toutefois ses hôtes que refuser d’obtempérer leur vaudra d’être déclarés traîtres à l’Imperium à leur tour, mais qu’il peut faire jouer ses relations pour leur trouver un poste à la MLCDR Corp, s’ils le souhaitent.
Cette décision unilatérale passe évidemment très mal chez les anges, aussi sanguins que leur blase le laisse présager. Après une réunion de famille houleuse, le Gardien s’en va porter la réponse du groupe à Rubio, qui patiente dans son véhicule de fonction en écoutant les Grosses Têtes : un non franc et massif. L’Archiviste s’attendait à ce refus de principe, et ne trouve rien à redire au projet des 20 derniers Blood Angels, qui ont repeint leur armure en noir pour l’occasion (parce qu’ils se considèrent comme faisant partie de la Compagnie de la Mort maintenant, wink wink) d’aller traquer Horus pour lui passer un savon1. Il est par contre beaucoup moins conciliant lorsque ses vis-à-vis refusent aussi d’ordonner à l’équipage de la petite flotte laissée par Sanguinius en orbite autour de Baal de coopérer à leur réaffectation prochaine. La tension monte soudainement d’un cran entre les cousins énergétiques.
Avant que Rubio n’ait pu commettre l’irréparable, comme crier « tu dépasses les bornes, Arkad ! » à son homologue, l’Astropathe local arrive en courant pour transmettre un message des plus urgents à ses patrons. Il s’agit d’une communication signée Raldoron, le premier Capitaine des Blood Angels, déclarant que Sanguinius est bien en vie et que la Légion perdure. Ce voicemail opportun, même s’il sonne le glas de l’Astropathe (ou peut-être est-ce son sprint de 300 mètres qui lui a été fatal), réjouit fortement Arkad et ses boys, et leur donne une opportunité en or pour renvoyer Rubio vers Terra avec la coiffe psychique entre les jambes. Ça ne s’est pas joué à grand-chose, mais les Blood Angels sont toujours officiellement dans la course, et il faudra compter sur eux pendant la seconde moitié de l’Hérésie.
1 : Enfin si, il trouve ça très con. Mais chacun ses fétiches hein.
AVIS:
James Swallow nous sert une nouvelle behind the scenes de l’Hérésie d’Horus, en se penchant sur les lignes trèèèès arrières d’une galaxie certes déchirée par la guerre, mais où un bon paquet de planètes sont tout de même loin du front. L’ironie de voir des Astartes se languir dans leur forteresse déserte et isolée pendant que tout le monde s’amuse sans eux rajoute du piment à cette histoire à la fois rafraichissante et intéressante d’un point de vue fluff. Un autre de ses points forts est de brouiller les lignes entre la position pragmatique à l’extrême de Malcador, et la fidélité romantique mais contre-productive des Blood Angels à leur Primarque : aucun de ces deux points de vue ne peut être considéré comme étant intrinsèquement supérieur à l’autre, et il revient au lecteur de décider dans quel camp il se retrouve le plus. Très sympathique.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Comme les Space Wolves, les Blood Angels n’ont pas bénéficié d’une couverture très importante dans le corpus de nouvelles de l’Hérésie d’Horus, et une bonne partie de ces dernières sont d’abord consacrées à Sanguinius (et sa plastique de rêve) plutôt qu’à ses fils – si on met de côté Azkaellon et Amit, les Dupont et Dupond de la 9ème Légion. Fort heureusement, ‘Lost Sons’ fait le job d’une façon tout à fait satisfaisante, en présentant au lecteur l’attachement viscéral que les Bloodies ont pour leur Primarque emplumé, et en lorgnant vers la Rage Noire et la Compagnie de la Mort, deux des « marqueurs » les plus notables de cette faction. On a aussi une bon teasing de la campagne de Signus Prime (pas trop subtil en plus), ce qui n’est pas étonnant vu que Swallow a raconté cette campagne dans un de ses romans. En bonus, il s’agit d’une nouvelle non-violente, ce qui est assez rare pour le signaler dès lors que des Space Marines sont les protagonistes, et qui contraste donc agréablement avec le reste du contenu de ‘Lupercal’s War’.
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Iron Hands – Immortal Duty (N. Kyme) :
INTRIGUE:
Ahrem Gallikus est un Immortel au sein de la Légion des Iron Hands. Ce titre n’est cependant pas une marque d’honneur, mais plutôt un symbole de disgrâce : dans la famille Manus, il est accolé aux guerriers qui auraient mieux fait de mourir dans l’accomplissement de leur tâche plutôt que de survivre et de faire honte à leurs camarades. En récompense de leurs mauvais services, ils se voient donc remettre un bouclier d’assaut et sont reversés dans les unités de Breachers de la 10ème, où ils hériteront des missions les plus pourries jusqu’à ce qu’ils aient la bonne idée de décéder dans l’exercice de leur fonction. Personne n’aime les CRS, ça reste vrai dans les ténèbres du lointain futur.
Gallikus commence la nouvelle sur le point d’être exécuté par un petit groupe de Space Marines l’ayant recueilli alors qu’il dérivait dans le vide à proximité d’Isstvan. Trop dans le coltar au moment de son réveil pour repérer l’héraldique de ses sauveteurs/bourreaux (rayer la mention inutile), il est amené manu militari dans un hangar décoré avec des têtes tranchées d’Iron Hands – un choix radical, mais tout le monde ne connaît pas les Displates – et sommé de faire un rapport sur les derniers événements dont il se souvient, sous peine de finir à son tour comme ornement d’intérieur. Notre héros groggy commence donc à raconter la mission qu’il avait entreprise avec quelques copains de section : aborder le Retiarus.
Cette attaque avait été rendue nécessaire par la participation de ce vaisseau World Eaters au blocus autour d’Isstvan V, empêchant le Gorgonesque Iron Hands d’aller s’enquérir de l’état de son Primarque à la surface de cette planète suppliciée. Disposant d’un plein contingent d’Immortels, le Capitaine Udris avait envoyé ces parias de choc à l’assaut du vaisseau adverse, et l’escouade de Gallikus, commandée par un Prêtre de Fer dégradé (Azoth) avait été couchée sur la feuille de match. Comme on pouvait s’y attendre, la progression avait été lente, pénible et sanglante, les fils d’Angron n’étant pas les hôtes les plus gracieux et civilisés de la galaxie. Après avoir fait leurs preuves contre l’équipage humain, transhumain et posthumain (un Dreadnought Contemptor surpris au saut du lit par l’abordage des Iron Hands), les quelques Immortels survivants arrivèrent au niveau de l’arène de combat du Retiarus, elle aussi décorée avec des bouts de cadavres appartenant à leur Légion. Ça commence à faire beaucoup.
Les y attendaient un petit groupe de berserkers, bien décidés à faire couler le sang des intrus. Pour la petite histoire, le chef des World Eaters (Robert Varken Rath) se trouvait être une ancienne connaissance de Gallikus, rencontré pendant la fatale campagne de Golthya pendant laquelle la Compagnie de notre héros fut victime d’un spectaculaire retour de flamme (de phosphex) alors qu’elle était en train de xenocider des Kethid. Ferrus Manus ayant comme chacun sait de gros problèmes de confiance en lui, il n’apprécia pas du tout les blagues potaches que Jaghatai et Leman Russ firent circuler en douce sur le démarrage de barbecue à la medusane lors du conseil primarquiel qui suivit ce regrettable événement, et catapulta les survivants chez les Immortels pour lui apprendre à lui faire honte.
Comme de juste, Gallikus et Rath se retrouvèrent au cœur de la mêlée, et notre héros aurait fini une tête plus court sans l’intervention désintéressée mais désabusée d’Azoth, qui profita du chaos des combats pour dépressuriser le sas et envoyer les combattants faire de la brasse coulée dans l’espace, constatant que les loyalistes avaient la main basse dans l’affrontement. Ça apprendra aux Iron Hands à relâcher leur discipline et à se battre comme des guerriers, et non comme des fonctionnaires CRS soldats.
Gallikus termine son compte rendu et s’attend à ce que ses mystérieux sauveteurs terminent ce que Rath avait commencé quelques heures plut tôt, mais à sa grande surprise, ce sont des loyalistes qui l’ont pris en stop, et non des hérétiques. Il fait ainsi la connaissance d’un Prêtre de Fer Iron Hands, d’un Salamander et d’un Raven Guard, et retrouve ce bon vieil Azoth, certes un peu zombifié sur les bords, comme son teint grisâtre et son œil morne le laissent apparaître, mais opérationnel à part ça. Il est temps pour les Légions brisées d’aller se venger sur les noix d’Horus…
AVIS:
Nick Kyme adapte le concept des Tueurs Nains de feu Warhammer Fantasy Battle au 30ème millénaire, les guerriers déshonorés cherchant une mort glorieuse au combat étant cette fois-ci des inflexibles Iron Hands plutôt que des nabots à crète. Nouvelle d’action pure, ‘Immortal Duty’ semble avoir été pensée comme une introduction au personnage d’Ahrem Gallikus, comme sa rencontre et son acceptation par un petit groupe de guerriers des Légions brisées à la fin du récit le laisse présupposer. Mis à part les torrents d’hémoglobine et d’huile de vidange qui s’écoulent de ces quelques pages, David Annandale nous propose de nous familiariser avec la caste des Immortels Iron Hands, introduite dans le volume ‘Massacre’ de Forge World quelques années avant la publication de cette nouvelle. Les quelques bribes de fluff parsemées au hasard des paragraphes valent-elles la peine de s’enquiller cette histoire simpliste1 ? Je vous laisse décider en votre âme et conscience.
1 : Mais qui se clôt aussi sur des questions non résolues : pourquoi des loyalistes s’amusent-ils à collectionner des têtes d’Iron Hands ? Comment Azoth a-t-il été « zombifié » ? Autant d’indices indiquant à mes yeux que Kyme n’en avait pas fini avec Gallikus et ses nouveaux copains.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
‘Immortal Duty’ aborde beaucoup des thèmes et intrigues principaux des Iron Hands (leur penchant pour les bioniques, leur code d’honneur intransigeant, leur ténacité légendaire, la mort de Ferrus Manus et la quasi-destruction de la Légion sur Isstvan), ce qui en fait un choix pertinent pour un ouvrage comme ‘Lupercal’s War’. À titre personnel, je trouve que ‘Riven’ de John French fait encore mieux l’affaire, mais on n’est pas en présence d’une erreur de casting, comme pour certaines autres factions.
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World Eaters – After Desh’ea (M. Farrer) :
INTRIGUE:
Un sombre sentiment étreint les cœurs du fier Khârn et de ses compagnons War Hounds alors qu’ils patientent dans la salle d’attente du Conqueror. Pas de la peur, non (après tout, ils ne peuvent pas ressentir cette émotion, pas vrai ?), mais une certaine appréhension à l’idée de rencontrer pour la première fois leur Primarque perdu, le colérique Angron, que l’Empereur a téléporté chez ses fils en coup de vent avant de repartir vers sa Grande Croisade, justifiant son départ précipité pour Aldebaran par la nécessité de ne pas rater sa correspondance avec la 37ème. Le tout griffoné sur un post-it maculé de sang et collé sur la porte de la salle où Angron fait les cent pas et les quatre cents coups. Les tragédies causées par les parents démisionnaires…
Par le jeu des successions déclenché par le massacre systématique de tous les émissaires envoyés par les War Hounds se présenter au Primarque, Khârn est maintenant en charge de réussir là où ses supérieurs et camarades ont échoué au cours des heures précédentes. Faisant fi des conseils de prudence de ce planqué de Dreagher, le Capitaine toque à la porte, entre discrètement, et s’avance de quelques pas pour essayer d’apercevoir son père génétique. S’ensuit une conversation honnête et amicale entre Angron, toujours un peu jet lag depuis son départ de Nuceria, et celui qui ne tardera pas à devenir son Ecuyer. Hum. En fait, pas vraiment. Reprenons : Khârn entre, scrute les ténèbres de la pièce jonchée de cadavres mutilés, et… SE FAIT DEFONCER DANS LES GRANDES LARGEURS par un Angron toujours aussi grognon. Entre deux rebonds sur les murs, fractures, dislocations et hémorragies internes, Khârn, en grand professionnel qu’il est, tente de faire passer quelques infos capitales à son nouveau chef, comme qui il est vraiment, ce que sont les War Hounds, pourquoi ces derniers, à la grande frustration du Primarque, ne se sont pas défendus lorsqu’il leur est tombé sur le râble, ou encore comment se servir du papier toilette. Tout un programme, que seuls sa constitution renforcée de Space Marine et le bonus de résistance offert par son statut de personnage nommé lui permettent de dérouler de façon presque posée.
Angron, de son côté, s’il a tendance à évacuer sa légitime frustration d’avoir été forcé d’abandonner ses compagnons d’armes à leur destin sur Nuceria en utilisant le Capitaine comme ballon de foot, ne perd pas une miette de ce que son sous-fifre cherche à lui inculquer. Il peut également initier ce dernier à la culture martiale de sa planète d’adoption, où il exerçait la noble et utile profession de gladiateur jusqu’à ce qu’il réussisse à s’évader avec quelques collègues. Lui et ses Eaters of Cities s’étaient alors livrés à une orgie de pillages et de destruction dans l’arrière-pays de Desh’ea, vainquant l’une après l’autre les armées envoyées par les high riders pour écraser les rebelles. Coup de chance pour l’Empereur, Nuceria a été approchée juste au moment où les derniers gladiateurs étaient sur le point de livrer une ultime bataille contre les forces de l’ordre. Déveine pour Angron, recruté manu militari par son paternel pour sa Grande Croisade, même s’il ne souhaitait rien d’autre qu’une mort glorieuse aux côtés de ses frères et soeurs d’armes. La première confrontation orbitale entre le Père et le fils s’étant soldée par la mort atroce d’un des précieux Custodiens du premier, Pépé a donc décidé qu’il était too old for this shit1 et laissé son garnement de rejeton faire mumuse avec les chiens. Khârn apprend ainsi ce qu’est la Corde de Gloire, les Crocs du Boucher, ainsi que l’intégralité des techniques de soumissions, étranglements et self-defense pratiquées sur Nuceria auprès d’un professeur émérite, qui, sous ses abords de brute épaisse, se révèle redoutablement intelligent et…profondément timide (en effet, il ne lui est pas venu un instant à l’esprit qu’il avait la possibilité de sortir de la pièce dans laquelle l’Empereur l’avait confiné).
C’est toutefois la description par un Khârn au bord du KO (le Chaos viendra plus tard) de la campagne de Nove Shendak, à laquelle les War Hounds ont participé aux côtés des Iron Warriors de Perturabo et de l’Empereur en personne, qui achève de calmer Angron. Le récit des exploits vermifuges des Légions Space Marines, menées par le Maître de l’Humanité en personne, captive le Primarque au point qu’il se met à mimer les affrontements relatés par le Capitaine comateux, et la confirmation par ce dernier que Pépé est un grand guerrier n’hésitant pas à mouiller le maillot en compagnie de ses troupes, et pas un dirigeant dédaigneux laissant aux autres le sale boulot, comme l’étaient les high riders, pèse d’un certain poids dans la décision d’Angron de calmer sa colère, et d’engager la conversation honnête et amicale dont nous parlions précédemment avec ses fistons. Sa première décision, une fois ce pas franchi, sera de renommer les War Hounds World Eaters, en hommage aux camarades dont il n’a pu, à sa grande honte, ni accompagner dans la mort, ni commémorer le trépas en dotant sa Corde d’un tour funèbre avec la poussière de Nuceria. Une manière comme une autre de bien montrer à sa nouvelle famille qu’elle ne pourra jamais remplacer, ni rivaliser, avec la chaude camaraderie de l’arène. Mais c’est déjà mieux que rien…
1 : Se rappeler qu’Angron a été le 17ème Primarque découvert, et que l’Empereur en avait certainement par-dessus la tête des biberons et changements de couches à ce stade.
AVIS:
Je dois reconnaître que mon appréciation de cette nouvelle de Matthew Farrer a évolué au cours du temps. Lors de ma première lecture, j’avais été un peu déçu par ce qui m’était apparu comme une histoire simpliste, mettant en scène des personnages l’étant tout autant (un Primarque éructant de rage en mode Hulk, et un Space Marine encaissant les coups en lui refaisant son éducation). À présent, et même si je comprends toujours ce qui m’a poussé à émettre ce premier jugement, j’ai une vision plus favorable de ce ‘After Desh’ea’, que j’ai trouvé être plus complexe qu’il n’y paraissait.
Pour remettre en contexte le boulot effectué par Farrer, un auteur plutôt doué de la BL, avec cette nouvelle, il faut se rappeler que nous étions au tout début de l’Hérésie, dont les personnages étaient donc moins caractérisés qu’ils le sont aujourd’hui. Pour Angron, je pense même qu’il s’agissait de sa première apparition dans la série comme personnage de premier plan1, avant qu’ADB (entre autres) ne vienne s’occuper de son cas. Le fluffiste savait juste que ce Primarque avait été secouru contre son gré par l’Empereur d’une mort certaine à laquelle il était résigné, et que ce ressentiment allait le pousser à se rebeller contre son « sauveur » des années plus tard. Tout l’enjeu était d’expliquer de manière satisfaisante comment un gladiateur aux tendances homicidaires établies avait pu donner la patte à un maître honni pendant une période de temps assez longue, et n’était pas entré immédiatement en conflit avec son supérieur hiérarchique. Sur ce brief vraiment casse-gueule, Farrer est parvenu à livrer une copie relativement propre, ou en tout cas bien conçue, qui pemet au lecteur de suivre la progression émotionnelle et intellectuelle du Primarque, depuis sa téléportation sauvage en orbite, jusqu’à l’acceptation de ses nouveaux rôle et statut. D’abord convaincu d’avoir échappé à une tyrannie pour une autre, il finit par comprendre pourquoi les War Hounds n’ont pas cherché à riposter à ses attaques, et trouver une raison de respecter un Empereur très peu favorablement mis en avant dans cette nouvelle, lorsqu’il apprend que son père est un guerrier qui mène ses hommes à la bataille. La transition du point A au point B n’est certes pas facilitée par les caprices et tics nerveux du Primarque, qui use du pauvre Khârn comme un sac de frappe pour réguler son humeur mutine, mais on sent que Farrer avait à cœur de donner une justification logique à un ralliement peu évident, pour dire le moins.
Khârn, de son côté, est dépeint pour la première fois comme un individu sensé et sensible (qualificatifs ne s’appliquant plus guère à la fin de sa carrière), ce qui a dû surprendre plus d’un lecteur s’attendant sans doute à ce que Farrer prenne le pas de King à cet égard. Presque quinze ans plus tard, et grâce aux romans et nouvelles s’étant inscrit dans la droite ligne de ce choix de Matthew Farrer, cette divergence notable est parfaitement digérée, et, si je ne peux pas parler pour l’ensemble des hobbyistes, je suis en ce qui me concerne très satisfait de la profondeur du personnage, qui justifie à lui seul mon intérêt pour cette Légion de brutasses. Bref, si vous avez aimé le guerrier badass engagé dans une bromance déchirante avec ce vieil Argel Tal2, le combattant implacable animé par un sens du devoir chevillé au corps ayant maintenu les World Eaters à peu près dans les clous (du Boucher) pendant une bonne partie du mandat de PDG (Primarque Découpeur Général) d’Angron, et le fils dévoué prêt à se damner pour garder son père parmi les siens, vous pouvez remercier Matthew Farrer d’avoir établi ces fondations dans sa nouvelle, comme Perturabo l’a fait pour la digue impériale sur Nove Shendak. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de souligner que l’auteur donne également quelques éléments fluffiques dignes d’intérêt, tant au niveau micro (les traditions martiales de Nuceria) que macro (l’origine des noms de la 12ème Légion) et même meta (Big E est vraiment un très mauvais père) dans son récit, ce qui doit également être mis à son crédit.
Finalement, After Desh’ea a permis de poser de nombreuses bases de l’héritage « hérétique » des World Eaters, depuis la personnalité complexe de son Primarque et le rapport ambivalent de ce dernier avec ses fils génétiques, qu’il placera toujours en-dessous de ses premiers compagnons d’armes, jusqu’à l’adoration masochiste des World Eaters pour Angron, qui a poussé les premiers à des sacrifices toujours plus importants pour gagner l’amour et le respect du second. Il pose également Khârn comme l’excellent personnage que nous connaissons aujourd’hui, un guerrier réfléchi et pragmatique, qui finira par embrasser sa destinée et sombrer dans une folie meurtrière dont les écrits de Bill King et sa description dans le fluff de 40K se font écho (ce qui lui donne une profondeur tragique indéniable). Voilà pourquoi je considère que cette nouvelle a, au minimum, eu un impact fort sur le reste de l’Hérésie, au moins en ce qui concerne la 12ème Légion, et mérite donc la lecture à ce titre seul, mais peut également être appréciée pour la description que l’auteur fait d’Angron, tout à la fois une bête de guerre sanguinaire devant lutter contre les Clous du Boucher en permanence, un guerrier honorable et fidèle à ses compagnons, et un être à l’intelligence supérieure capable d’intégrer rapidement les informations que lui livre Khârn sous ses abords de primitif balbutiant. Bref, il y a du potentiel ici, peut-être pas superbement exprimé par Farrer3, mais présent tout de même. Dommage que l’auteur en soit (presque) resté là pour l’Hérésie d’Horus, un roman de sa main sur les World Eaters aurait été très intéressant…
1 : Je fais abstraction de son rôle de taupe de choc dans ‘Galaxy in Flames’.
2 : Et qui accomplira le rêve de tous les lecteurs de l’Hérésie d’Horus en bottant les fesses de ce faux jeton d’Erebus en one to one.
3 : Et peut-être affaibli par la traduction en français (que je n’ai pas lue). Difficile de transcrire dans une autre langue les borborigmes d’Angron de façon satisfaisante. En tous cas, j’ai trouvé qu’en anglais (et peut-être est-ce dû au fait que ce n’est pas ma langue natale) cela passait plutôt bien.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Les World Eaters ont eu la chance de se faire attribuer à Aaron Dembwki-Bowden lors de la répartition des Légions parmi les auteurs de la Black Library, ce qui leur a permis de gagner une profondeur intéressante par rapport à l’image de bêtes furieuses que le fluff leur avait accolé. Matthew Farrer a certainement joué un rôle dans cette « rédemption littéraire », qui est une des vraies réussites de l’Hérésie d’Horus, et le choix d’intégrer ‘After Desh’ea’ à ce recueil ne me surprend pas, même si le propos de cette nouvelle concerne d’abord Angron, et non pas sa Légion. Comme la trajectoire tragique du Primarque a induit en large partie celle de ses fils génétiques, trop attachés à lui pour réaliser qu’ils allaient dans la mauvaise direction, cette décision de la BL est compréhensible et pertinente. Nottingham aurait pu doubler la mise, comme pour d’autres Légions présentées dans ce recueil, avec le court mais efficace ‘Lord of the Red Sands‘.
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Ultramarines – The Laurel of Defiance (G. Haley) :
INTRIGUE:
La Croisade des Ombres a été gérée, ou peu s’en faut, par les héroïques Ultramarines et l’ambiance est donc festive sur Macragge, centre politique du tout nouvel Imperium Secundus voulu par Roboute Guilliman. Mister Théorie_Pratique a organisé une cérémonie grandiose dans sa capitale pour honorer et récompenser les innombrables héros, civils et militaires, humains et Astartes, qui ont contribué à remporter cette éclatante victoire pour le camp loyaliste. Parmi eux, on trouve le Capitaine de la 90ème Compagnie des Ultramarines, le peu mondain Lucretius Corvo. Grâce à son leadership inspiré sur le monde d’Astagar, ses hommes ont mis en échec l’invasion chaotique de cette paisible planète de second ordre, lui gagnant le titre de Tueur de Titans dans la foulée (une accolade qu’il n’apprécie guère, mais il n’est pas d’une humeur très enjouée de toute façon). Nous suivons donc en parallèle la dure campagne des bleusailles contre les fanatiques de Lorgar et Angron, et le combat tout aussi éprouvant de Corvo contre le décorum et le protocole alors qu’il participe en traînant des savates énergétiques aux interminables cérémonies et soirées de Guilliman. Son arme secrète : se murger sans retenue (c’est au moins vrai pour l’un des deux événements évoqués ci-dessus).
Faisons les choses dans l’ordre et commençons par la défense d’Astagar. Ayant été retenu par l’avarie d’un moteur Warp sur le chemin de Calth, Corvo rata la surprise party donnée par les Word Bears en souvenir de Monarchia à leurs cousins a-do-rés, et fut donc surpris de constater que les renégats attaquaient comme des patates. Son petit rictus de supériorité fut toutefois remisé au placard de son Rhino de fonction lorsque les hérétiques dévoilèrent leur arme secrète : un Titan Warlord tombé dans la marmite du Chaos lorsqu’il était petit en kit1. Malgré le fait qu’avoir une langue et une truffe articulées est indéniablement cool, cette abomination (Ferghaaaaaaast de son petit nom) ne pouvait être laissée à vagabonder dans les rues d’Astagar les Vignes, mais sa vitesse et son caractère mutin empêchèrent dans un premier temps les Ultras de se débarrasser de cette menace d’une manière conventionnelle (et donc ennuyeuse), c’est-à-dire en la mettant face à un escadron de Shadowswords. N’écoutant que son instinct – ainsi qu’une remarque pleine de bon sens d’un de ses subalternes, qui ne bénéficia d’aucune médaille pour sa contribution, lui – Corvo décida de traiter le Warlord comme une bête fauve, et lui tendit un piège digne de Rahan, fils des âges farouches.
Dans les grandes lignes, il s’agît d’attirer la grosse nuisance en lui mettant un Rhino dans le champ de vision sur une place préalablement minée par les Ultramarines, et de faire péter les charges une fois le Titan en position. Brusquement plus si agile que ça, la machine chaotique n’eût d’autre choix que de sombrer dans la dépression (comme Corax avant elle) lorsque le sol se déroba sous ses gros petons, même si son augmentation « queue de singe » lui permit un instant de retarder l’échéance en se retenant à la statue de Konor Guilliman la plus proche. Iconoclaste dans l’âme, Corvo n’hésita pas un instant à déclarer une mêlée ouverte sur l’ennuyeux piédestal, dont l’effondrement provoqué par le solide pack d’avants de sa Compagnie mit fin au numéro d’équilibriste de Ferghast. Quelques tirs de fuseurs plus tard, la bête était hors d’état de nuire, et sa perte mina tant le moral des renégats qu’ils ne tardèrent pas à se faire écraser à leur tour.
Quelques semaines plus tard, sur Macragge, le même Corvo s’échine à esquiver les questions gênantes (comprendre : les questions) des participants à la soirée de pré-remise des médailles à laquelle il est forcé d’apparaître. Après s’être fait tenir la jambe par la charmante Medullina, qui ne réussit pas à le mettre sur son tableau de chasse, et avoir remonté le moral d’un autre Légionnaire habité par un sérieux syndrome de l’imposteur, le bon Capitaine va prendre l’air sur le balcon du palais où se tient la petite sauterie, et tombe sur l’Archiviste Titus Prayto, déployé comme agent de sécurité par un Guilliman très conscient de la tendance des Night Lords à venir pourrir les fêtes des autres, à plus forte mesure quand leur Primarque est en zonzon à proximité. Grâce à ses pouvoirs psychiques, Prayto repère sans mal la sale idée qu’a Corvo pour sa participation à la cérémonie du lendemain, et conseille à son frère d’armes de la jouer corporate, pour le bien de tous. « Tu peux siffler beau merle » répond un Corvo aussi éméché qu’un Astartes peut l’être, avant de monter une frappe préventive sur le buffet le plus proche…
Début spoiler…Et le jour suivant, on se rend compte que ce n’était pas une promesse d’ivrogne. Corvo accepte de recevoir les Lauriers de la Résistance que lui remet Guilliman devant la foule en délire (ou peut-être pas, car à ce stade la cérémonie durait déjà depuis 12 heures), mais il refuse en revanche de prêter à nouveau serment à sa Légion et à l’Imperium, comme tous ses prédécesseurs l’ont pourtant fait, jetant un malaise malaisant sur l’auguste assemblée. Shocking. Lorsque ce rigoriste de Lion El’Jonson lui demande de se justifier, il affirme qu’une fois c’est bien assez, car le serment d’un Ultramarine est inviolable (ce qui fait passer tous les copains qui sont passés avant lui pour des trompettes, au passage). Sourire crispé de la part de Guilliman, qui arrive tout de même à retomber sur ses pattes en faisant chanter le public (quel showman tout de même), pendant que Sanguinius se cure le nez d’un air pénétré et le Lion fronce les sourcils si fort qu’il commence à fissurer le noyau de Caliban.
La nouvelle se termine sur un dernier échange lapidaire entre Corvo et le Primarque Dark Angels, qui fait remarquer au petit impertinent que son armure est bien dépareillée pour un Ultramarine, ce à quoi notre héros répond « k » et s’en va comme un prince. La légende raconte que c’est à ce moment précis que Lionel décida qu’il préférait encore tenter sa chance à travers la Tempête de la Ruine plutôt que de continuer à se faire mal parler par le premier Schtroumpf venu. L’histoire était en marche…Fin spoiler
1 : Et à propos de marmite, son arrivée sur Astagar s’accompagna d’un tsunami de sang à l’ouverture de son vaisseau de transport, repeignant les rues de la capitale ainsi que l’armure de tous les Ultramarines du coin (dont Corvo) en cinq secondes. C’est peut-être de là que vient son goût pour l’héraldique clivante.
AVIS:
Guy Haley honore un cahier des charges fourni dans ‘The Laurel of Defiance’, qui est à la fois une Space Marinade correcte et la réponse à la question : « et si on faisait référence à tous les événements de l’arc Ultramarines couverts dans l’Hérésie jusqu’ici ? ». La bataille de Calth, l’Imperium Secundus, l’emprisonnement du Nighthaunter, le Pharos… Haley met un point d’honneur à couvrir tous les faits saillants de sa faction d’adoption, pour un résultat qui fera sans doute la joie de l’expert, mais restera hors de portée du néophyte. Il prend aussi soin de lever un peu le voile sur les origines des Novamarines, ce qui devrait intéresser les fans du 40ème millénaire. Pour résumer : très gratifiant si vous avez pris le temps de vous pencher sur l’arc Unremembered Empire, sympathique sans plus sinon.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Comme les White Scars, les Ultramarines ont été dotés d’un historique hérétique particulièrement riche lorsque la Black Library s’est piquée de raconter cet épisode par le menu. L’Imperium Secundus, aussi appelée boulette de Guilliman dans certains cercles autorisés, est un arc intéressant de la saga, et il n’est donc pas étonnant que la BL ait choisi une nouvelle qui se situe au milieu de ce dernier, afin d’inciter le chaland à creuser dans cette direction après avoir terminé ‘The Laurel of Defiance’. Reste à savoir si le chaland en question aura l’envie et la motivation nécessaires pour relier les bribes d’informations et les mentions passagères que Haley fait aux événements précédant cette remise de médailles très mondaine, ou laissera ce (gros) morceau en plan. Mine de rien, tomber sur un passage comme celui-ci quand on débarque complètement dans l’Hérésie d’Horus peut être un peu fort de café !
Personnellement, j’aurais misé sur le plus simple à appréhender ‘Rules of Engagement’, qui a pour lui de présenter le véritable héritage éternel de Papa Schtroumpf : le Codex Astartes. Mieux adapté à l’exercice pédagogique que constitue ‘Lupercal’s War’ en théorie, mais moins marketing en pratique : on sait comment ce genre de dilemme est tranché.
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Death Guard – Daemonology (C. Wraight) :
INTRIGUE:
La planète-bibliothèque Terathalion coulait des jours paisibles (et silencieux) depuis des décennies, ayant déplacé son allégeance de l’Ipsissimus (#TeamMagnus) à l’Impérium (#TeamPépé) après son annexion pacifique lors de la Grande Croisade. Plus occupés par la refonte de leur système de rayonnage (par auteur et/ou par spécialité ?) que par les choses bassement terre à terre comme euh… la guerre, les Terathalionnais ne se rendirent compte qu’indirectement du début de l’Hérésie, lorsque leurs grands copains Thousand Sons cessèrent de leur rendre visite. Les fils de Magnus ayant pris soin de rendre tous les bouquins qu’ils avaient emprunté chez leurs voisins, les autorités planétaires n’investiguèrent pas cette absence prolongée, et furent donc prises au dépourvu lorsque l’Endurance et une escadre de vaisseaux de la Death Guard vinrent se mettre en orbite haute au-dessus de Terathalion. Avec leur brutale efficacité habituelle, Mortarion et ses fils bombardèrent méthodiquement la planète, rasant toutes ses villes et réduisant en cendres ses inestimables archives. Ceci fait, le Primarque se téléporta à la surface du monde martyrisé afin de localiser la chose pour laquelle il avait fait le déplacement, pendant que ses hommes s’occupaient en massacrant les survivants désorientés.
Pour tenter de comprendre la raison de ce coup de folie, il faut remonter quelques décennies plus tôt, à l’époque où l’Empereur avait ramené avec lui sur Terra un Mortarion fraîchement retrouvé et dans un état physique et psychologique déjà inquiétant. Si le Maître de l’Humanité comptait à la base passer du temps avec son fiston pour resserrer les liens les unissant avant de l’envoyer conquérir la galaxie en Son nom, Ses divers projets ne tardèrent pas à L’accaparer totalement, laissant le Primarque anémié déambuler dans les couloirs du Palais Impérial sans supervision.
Comme toujours dans ces cas-là, il revint à Malcador de gérer la situation, et lorsque le service de sécurité fit une annonce micro pour demander à ce que le tuteur légal du petit Morty vienne le chercher au niveau du portail dans la toile (qui était à l’époque en chantier), le Régent de Terra se hâta en direction du sous-sol du Palais. Il n’était en effet pas nécessaire de disposer de la panoplie de pouvoirs psychiques de Malcador pour deviner qu’un individu aussi warpophobe que Mortarion soit révulsé par le grand dessein de son paternel, et puisse en conséquence agir de manière inappropriée. Après quelques minutes de discussion, Malcador réussit à attirer l’ado rebelle taille XXXXL jusque dans ses quartiers, afin d’avoir un tête à tête d’aberration à expérimentation. Echange qui se passa relativement bien, à l’aune des rapports compliqués entretenus par le Sigilite et les Primarques, puisque Mortarion se contenta d’étrangler légèrement son interlocuteur dans un accès de colère, reprochant à l’Empereur et à son bras droit de n’être pas très réglo à propos de leur rapport à la « sorcellerie ». Et en effet, prêcher une Vérité Impériale établissant l’absence du surnaturel et du divin d’un côté, et autoriser le recours aux pouvoirs psychiques de l’autre, c’est faire preuve d’une souplesse d’esprit qui se rapproche dangereusement de l’hypocrisie. « Si c’est comme ça, votre croisade, ce sera sans moi, na » conclut Mortarion d’un air boudeur.
S’étant remis le larynx en place, Malcador tenta d’amadouer cet enfant à problèmes en lui montrant que Pépé et lui travaillaient depuis des années sur un projet devant se terminer sur le monde de Nikaea, et dans lequel lui, Mortarion, aurait un grand rôle à jouer. Il faudrait seulement attendre le bon moment pour pouvoir prêcher sa cause devant l’Imperium entier, et, peut-être, obtenir l’interdiction pure et simple des pouvoirs psychiques dans les Legiones Astartes. Si le flashback d’interrompt avant que nous ayons pu voir Mortarion conclure un pacte avec son auguste géniteur sur ce sujet, sa coopération à la Grande Croisade laisse peu de doutes sur le fait qu’un compromis ait été trouvé.
Retour sur Terathalion, où la citoyenne Lermenta est venu faciliter la traque du Faucheur en chef en se jetant littéralement dans ses bras alors qu’elle tentait de fuir les combats. C’est en effet elle, ou plutôt ça, que Mortarion était venu chercher à la surface : un Démon ayant possédé un être humain, et qu’il compte utiliser pour obtenir des informations complémentaires sur le Warp, afin de combattre son influence néfaste (vaste programme). Ramenée dans les quartiers du Primarque sur l’Endurance, remplis jusqu’au plafond de grigris et autres colifichets sensés agir comme des protections contre l’Immaterium, Lermenta se retrouve attachée au mur et interrogée par un Morty se présentant comme un docteur es-ésotérisme, ce qui fait bien rire notre Démon. Etant elle-même affiliée à Tzeentch, alors qu’elle perçoit que son interlocuteur a été marqué par Nurgle, Lermenta décide de faire tourner en bourrique Mortarion en le forçant à recourir à une invocation arcanique afin de la bannir, au lieu de l’approche scientifique qu’il prétendait avoir développé à force d’étude et d’observations (mais qui ressemble furieusement à un match de MMA vu de loin). S’étant facilement libérée de ses chaînes et de son apparence humaine, la captive du Primarque titille un peu le cuir épais et la nuque roide de son hôte, et lui lâche un beau Hasta la Plagua, Baby au moment de repartir dans sa dimension natale. Ces résultats peu concluants ne font cependant que renforcer Mortarion dans son obsession anti-Warp, et la nouvelle se conclut sur la résolution prise par ce dernier de poursuivre ses investigations pour renforcer ses connaissances de l’ennemi, quitte à devenir ce qu’il déteste par-dessus tout. 10 millénaires plus tard, les résultats parlent pour eux-mêmes…
AVIS:
Une nouvelle plus riche en révélations qu’en rebondissements, et qui fera donc la joie des fluffistes avertis (qui découvriront que Nikaea n’a pas été aussi impartial que les autorités voudraient qu’on le croit…) plus que des lecteurs occasionnels, qui pourraient se demander avec raison s’il est bien raisonnable de détruire une planète entière pour mettre la main sur un Démon (même pas majeur ou important, en plus), et souligner que Mortarion a tout de même été très chanceux de localiser en trente minutes max sa cible parmi une population s’élevant en milliards, et sur un périmètre aussi étendu qu’une métropole majeure. On pourrait me rétorquer que cela était en fait voulu par les Dieux du Chaos, la capture de Lermenta faisant progresser la corruption du Primarque et donc étant favorable aux Fab Four, mais comme Wraight ne donne aucun indice dans sa narration que c’était bien le cas, l’hypothèse du gros coup de bol WIJHesque tient la route.
On peut aussi remarquer quelques faux raccords entre la version de Mortarion de Chris Wraight et celles des autres auteurs de la Black Library ayant écrit la geste du Primarque asthmatique. Ainsi, James Swallow nous apprend dans ‘Lantern’s Light’ que la période probatoire durant laquelle l’Empereur a gardé un œil sur Son fils avant de lui donner les clés de sa Légion s’est passée dans les alentours de Barbarus, et non sur Terra comme c’est sous-entendu ici. De même, Mortarion semble être à deux doigts de basculer dans l’étreinte amicale de Nurgle à la fin de ‘Daemonology’, alors que pour Swallow (encore) et Annadale, cet événement arrivera bien plus tard et sera en grande partie orchestré par Typhon. Rien de très choquant, mais la continuité est toujours préférable.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Même si je considère ‘Daemonology’ comme une nouvelle de bonne qualité, elle ne répond selon moi pas assez au cahier des charges de ‘Lupercal’s War’ pour être considérée comme un bon choix de la part de la Black Library. Elle se concentre en effet davantage sur des arcs secondaires de l’Hérésie (et notamment l’avant Nikaea) et sur la personnalité de Mortarion, deux sujets intéressants en tant que tel, mais hors de propos ici ; que sur la Death Guard en elle-même. La description du début de l’attaque de la Légion sur Terathalion permet certes de se rendre compte de la brutalité industrielle et dépassionnée dont sont capables les ex-Dusk Raiders, mais le reste de la nouvelle ignore totalement le Death Guard moyen pour se concentrer sur la triade Mortarion – Malcador – Lermenta. À tout prendre, je pense que ‘Exocytosis’ aurait mieux fait l’affaire : même si cette histoire tourne exclusivement autour du premier Capitaine Callas Typhon, elle raconte son passage à Nurgle, qui peut être considéré comme la base de l’identité de la Death Guard hérétique.
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Thousand Sons – Rebirth (C. Wraight) :
INTRIGUE:
Retour au bercail compliqué pour le Capitaine Menes Kalliston et son escouade de Thousand Sons. Partis au Warp vauvert sur les instructions de leur Primarque six mois auparavant, ils ont tout raté de l’arrivée remarquée des Space Wolves, Custodiens et Sœurs de Bataille sur Prospero, et de l’expulsion dans l’Immaterium dont le Cyclope et ses quelques fistons survivants ont fait les frais1. Malgré la présence d’un Corvidae2 (le Sergent Revuel Arvida) dans son effectif, Kalliston ignore tout bonnement ce qu’il s’est passé sur la planète des sorciers, transformée en planète des cendriers par les bons soins des loulous pendant son absence. Pas très pro pour un Thousand Sons, vous en conviendrez. C’est donc ce qui motive notre héros à aller mener une petite due diligence sur le terrain, malgré les vagues mais mauvais pressentiments de son subalterne.
Sur place, les légendaires facultés cognitives des fils de Magnus ne mettent pas longtemps à conclure que quelque chose, ou quelqu’un, hante toujours la surface dévastée de Prospero. Les indices concordent vers la piste lupine, d’autant plus aisée à soupçonner que l’inimité entre les frères Husse (Lemaneur et Magueunne) est connue de tusse, euh, de tous. Ces savantes spéculations sont toutefois repoussées à plus tard lorsque l’un des gardes du corps de Kalliston prend un bolt en pleine tête, ce qui donne d’autres chats à fouetter à l’inspecteur Gadget. Walking like an Egyptian jusqu’au couvert le plus proche, il donne l’ordre à ses hommes de le rejoindre pour essayer de regagner ensemble leur transport…
J’opère ici une ellipse concave qui me permettra de ménager un peu de suspens à mon propos. Nous retrouvons un peu plus tard Kalliston en train d’émerger du kohl (le cirage, c’est bon pour les Dark Angels), nu comme un ver et attaché à une chaise dans une pièce plongée dans la pénombre. « Comme dans Casino Royal ! » réalise notre héros cultivé, qui se prend alors à craindre pour l’intégrité de ses bijoux de famille. Enfin, c’est sans doute ce qu’il aurait pensé s’il se souvenait de quelque chose. En l’état, le mauvais coup qu’il a reçu sur le crâne lorsqu’un missile krak est venu le photo-bomber lui a retourné le ciboulot, au point qu’il a même du mal à se souvenir de qui il est, et de comment il est arrivé ici. Quant à ses pouvoirs psychiques, ils commencent péniblement à revenir une fois son interrogatoire débuté. Car, bien évidemment, cette mise en scène funeste a pour but de prévenir le lecteur que quelqu’un, ou quelque chose, a les moyens de faire parler Kalliston… qui est plutôt OK avec ça. Après tout, il lui faut du temps pour pouvoir lancer un sort de démenottage que ses capacités d’Athanean3 ne laissent absolument pas envisager. La magie de… la magie. Bref.
La discussion s’engage donc entre le Capitaine abandonné et son interrogateur, qui prend bien soin de rester dans le noir pour laisser planer un vieux doute sur son identité. Mais on ne la fait pas facilement à ce rusé de Kalliston, qui, d’après la respiration bestiale, la voix gutturale et la tendance à l’énervement de son interlocuteur, a tôt fait de comprendre qu’il se trouve en présence d’un Space Wolf. Tout content de sa propre ingéniosité, il se permet même de titiller l’égo de son tortionnaire, oubliant un peu vite que le type en peau de slip énergétique attaché sur une chaise, c’est lui. Résultat des courses, il se mange une belle correction après avoir demandé à appeler son avocat, trait d’humour évidemment peu partagé par son vis-à-vis. Ce dernier riposte toutefois (autrement que par la violence) en faisant exprès de ne pas révéler à Kalliston ce qui s’est passé sur Prospero, information que le Thousand Son donnerait cher pour connaître. Après quelques minutes d’échanges de petites piques et de grosses torgnoles, c’est enfin le moment de jeter bas les masques, ou, dans notre cas, d’allumer la lumière. Et le colosse musculeux aux yeux injecté de sang et au comportement maniaque qui fait face au prisonnier se révèle être…
Début spoiler…Line Renaud. Ou plutôt, son descendant lointain, Khârn des World Eaters (et pourquoi pas d’abord, hein ?). Incompréhension compréhensible de la part de Kalliston, qui se trouve très Kallis-con devant ce retournement de situation. Pour sa défense, rien ne ressemble plus à un loup qu’un chien, même si on peut se poser la question pour les carlins. Bref, les Thousand Sons ont été pris en chasse et massacré par les suivants d’Angron, qui sont arrivés sur la planète après la bagarre (ce qui a dû les énerver) pour aller effacer le numéro personnel d’Horus du téléphone de Magnus (ou l’équivalent), ce qui a dû les mettre vraiment en rogne. Ils se foutent bien de savoir quel camp ont rejoint les Astartintellos, qu’ils méprisent copieusement, comme le reste des Légions d’ailleurs. Kalliston, qui pense que son vis-à-vis cherchait également la réserve de Xanax de Magnus pour gérer son stress de façon plus efficace, a alors la mauvaise idée de proposer un deal à Khârn : une thérapie complète assortie d’un stage de méditation tantrique pour retrouver sa paix intérieure, contre sa libération. Se passe alors une longue seconde pendant laquelle l’Ecuyer d’Angron semble hésiter… avant de décider bien sûr de corriger le maraud qui a osé sous-entendre qu’il était fou à lier. Et contre un personnage nommé spécialiste du corps à corps, notre héros ne fait pas le poids, même s’il arrive à se libérer de ses liens pour la bagarre finale. Surclassé par la puissance de son adversaire, Kalliston finit donc au tapis, puis dans le tapis, puis sous le tapis, au fur et à mesure que Khârn le réduit en porridge. Personne n’aime les psychiatres, c’est connu.
Finissons notre histoire et revenons en arrière pour suivre l’émancipation du dernier Thousand Son en un seul morceau de la nouvelle, le Sergent Arvida. Grâce à ses super pouvoirs de divination, il arrive à esquiver les ennemis et les balles avec un peu plus de succès que ses camarades, et échappe ainsi à la mort et à la capture. Le poids du nombre l’empêchant de secourir Kalliston, et son transport ayant été détruit par les World Eaters, notre loup solitaire joue un peu avec le feu en collant un bolt dans le casque du Capitaine Khorneux fort occupé à violenter la dépouille mortelle de ses frères d’armes, avant de partir comme un dératé dans le dédale carbonisé de Tizca. Tout finit cependant bien pour notre héros de rechange, dont le don de double vue lui a donné la certitude qu’il repartirait de la planète en vie. Bienvenue au club des personnages nommés, p’tit gars ! N’oublie pas de prendre tes chaussettes de scenarium avec toi pour la suite !Fin spoiler
1 : Après tout, il ne faut pas compter sur Leman Russ pour appliquer la trêve hivernale. Ça doit bien le faire rigoler.
2 : Les présentateurs météo de la Légion (ils voient le futur).
3 : Les psychologues de la Légion (ils lisent dans l’esprit).
AVIS:
Pour ses débuts dans l’Hérésie, Chris Wraigth a voulu soigner son lecteur avec une nouvelle à suspens. Cette intention louable s’est toutefois heurtée à une réalité que le futur seigneur de Terra ne pouvait pas vraiment deviner au moment où il a soumis son texte à la BL: l’évolution du personnage de Khârn dans la série. Car si on a droit dans ce ‘Rebirth’ à un berzerk de Khorne écumant de rage et guère maître de ses émotions, dans la droite lignée du positionnement choisi par Bill King pour cette figure chaotique dans ses propres écrits1, l’écuyer d’Angron est au contraire devenu sous la plume d’Aaron Dembski-Bowden la tête pensante et froide de sa Légion, jusqu’à un stade avancé de l’Hérésie tout du moins. De ce fait, le voir sombrer dans une démence sanguinaire au lendemain du sac de Prospero apparaît avec le recul comme un faux raccord narratif, dont Wraight n’est certes pas coupable, mais qui réduit le plaisir de lecture de cette nouvelle. Le plus ironique dans tout ça est que n’importe quel autre Capitaine des World Eaters aurait magnifiquement fait l’affaire, alors que la présence au casting de cette célébrité, utilisée donc à contre-emploi par l’auteur, dessert ce ‘Rebirth’.
Cette déception évacuée, il faut reconnaître que Chris Wraigth livre une histoire assez correcte, sérieusement bâtie et respectueuse du fluff Thousand Sons et hérétique déjà établi – à l’exception de celle notée ci-dessus, évidemment – qui lui permet d’introduire son personnage récurrent d’Arvida, que l’on retrouvera (comme présagé en conclusion de la nouvelle) plus loin dans l’Hérésie2, et pas forcément du côté où on l’attendait. Et c’est plutôt heureux, car le « héros » malheureux Kalliston n’inspirait ni intérêt, ni sympathie à l’auteur de ces lignes. Ce ne sont pas toujours les meilleurs (personnages) qui partent les premiers, heureusement…
1 : Et dans une moindre mesure, Graham McNeill et Ben Counter dans ‘False Gods’ et ‘Galaxy in Flames’.
2 : ‘Allegiance’, ‘The Last Son of Prospero’.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Je peux comprendre pourquoi la Black Library a choisi de placer ‘Rebirth‘ dans l’emplacement dédié aux Thousand Sons dans ce recueil : il s’agit du premier épisode de la saga de Revuel Arvida, et avec un peu de chance, il intéressera suffisamment le lecteur pour que ce dernier achète les bouquins où cette dernière se poursuit. Ce raisonnement marketing ne fait cependant pas grand sens d’un point de vue didactique, ce qui aurait dû être la priorité des éditeurs de ‘Lupercal’s War‘: outre le fait que cette nouvelle est finalement plus liée aux World Eaters qu’aux Thousand Sons, elle ne contextualise pas assez à mes yeux l’incendie de Prospero. Plus grave, elle ne permet pas au newbie de comprendre pourquoi Magnus n’a rien fait de mal, ce qui est la BASE de la culture Thousand Sans, reconnaissons-le. Un meilleur choix aurait été ‘Thief of Revelations‘, avec une mention honorable pour ‘The Sixth Cult of the Denied‘, qui a l’énorme avantage d’expliquer en détail le système de cultes que Wraight mentionne rapidement ici.
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Sons of Horus – Little Horus (D. Abnett) :
INTRIGUE:
Dans la famille Horus, il y a bien sûr le père, Lulu la Percale1, mais il y a aussi le fils, Aximand, surnommé Horus Minus par ses petits camarades de jeu. Ou l’autre Horus, si on veut être corporate. Capitaine de la 5ème Compagnie des Sons of H…imself et membre du Mournival, c’est un individu qui compte au sein de la Légion. Son tort aura de ne pas avoir la personnalité, la fabuleuse destinée, ou le destin tragique de ses condisciples mal lunés, ce qui l’a contraint à jouer les seconds couteaux pendant ce début d’Hérésie. Tout le monde ne peut pas se retrouver sous les feux des projecteurs, il faut bien qu’il y ait des gens qui se battent (ou font semblant de se battre) à l’arrière-plan. Pourtant, notre héros du jour a des arguments à faire valoir, à part sa première place au concours inter-Segmentum des sosies de Michel Blanc, s’entend. C’est ce que cette nouvelle d’Abnett nous propose de découvrir.
Le propos prend place quelques temps après les événements d’Isstvan, alors que les Sons of Anarchy Chaos commencent leur course de fond en direction de Terra. Sur leur chemin se trouve le monde de Dwell, farouchement loyal à Pépé et trop militarisé pour être ignoré par les renégats. De plus, un petit comique en fer blanc du nom de Shendrak Meduson commence à faire parler de lui, et pas en bien. Très mécontent d’avoir retrouvé son Primarque rétréci à l’essorage, ce Capitaine Iron Hand a mis sur pied une force de guérilla galactique, qui s’est faite une spécialité de titiller les flancs du Maître de Guerre. Si Meduson parvient à rallier Dwell à sa cause, son pouvoir de nuisance en sera décuplé, et ça, Horus ne le souhaite pas le moins du monde. Alors que la Légion se prépare à illuminer la planète, nous surprenons une discussion entre les derniers Mournivaliers encore debout. Aximand, qui s’est mis à rêver que quelqu’un le regardait, et à entendre une respiration mystérieuse autour de lui depuis la purge des Sons, serait pour une reconstitution de cette saine institution. Il faudrait pour cela des candidats dignes de ce nom, et alors que lui penche pour un petit nouveau prometteur du nom de Grael Noctua, même pas encore Capitaine mais c’est pas grave, Abaddon se contente d’égrener les noms des types de sa Compagnie jusqu’à ce qu’Aximand finisse par lui accorder Falkus Kibre. Tope là mon gaillard, cochon qui s’en dédit.
Chargé de la prise du Mausolytique, croisement entre une morgue et une bibliothèque où les défunts de Dwell sont gardés sur étagère pour que leurs descendants puissent bénéficier de leur savoir, Aximand entraîne ses hommes, ainsi que son stagiaire Noctua, à l’assaut du complexe défendu par les Tyjunate Compulsories, une garde d’élite dont la chance est de pouvoir compter sur des boucliers énergétiques de bonne qualité. Résultat des courses, les bolts des Astartes se révèlent assez peu efficaces, ce qui chagrine profondément Horus Minus. Heureusement, la honte d’un retard lui est épargnée par la bonne idée de son rookie, qui suggère tout bêtement de foncer dans le tas l’épée au clair, ce qui marche du (marteau) tonnerre. Vive la jeunesse. Emporté par son élan, et bien aidé par les moulinets ravageurs de sa latte personnelle, qu’il a spirituellement appelé Mourn-it-all2, Aximand se retrouve un peu isolé en tête de l’assaut, et manque de se faire occire par la contre-attaque féroce d’un Iron Hand isolé, qu’il identifie comme étant Bion Henricos, l’un des lieutenants de ce diaaaaaable de Meduson. Il faut dire que ses hallucinations auditives l’ont distrait au pire moment, et il s’en est fallu d’un rien pour que notre héros se fasse bellement navrer par son adversaire, qui a une grande épée et sait bien s’en servir. Après quelques passes d’armes dans le Mausolytique, artistement décoré de grandes statues blanches, les renforts finissent enfin par arriver du côté renégat, permettant à Aximand de vaincre – en traître (c’est fluff) – Henricos. Une question lui brûle alors les lèvres : pourquoi son assaillant était il seul ?
Début spoiler…Et la réponse est : il ne l’était pas. Car les statues blanches de la pièce n’étaient pas en marbre mais en chogorite, et les White Scars les plus patients de la galaxie peuvent enfin déclencher leur attaque, menés par ce rusé de Hibou Khan.Les statuesques Astartes espéraient mettre le sabre sur Horus, mais faute de grives… Se rouler dans la farine pour rendre la pareille à son adversaire, c’est beau tout de même. Il y a un mot de Chogoris pour ça d’ailleurs: prank’h. Après avoir prononcé la seule phrase qui s’imposait en cette situation3, Baby Horus doit à nouveau défendre sa vie, et y arrive beaucoup moins bien. Une estocade de l’oiseau de nuit fend en effet son casque en deux, délestant notre héros de la plus grande partie de son visage. La blessure n’est pas mortelle, mais seulement évanouissante pour Aximand, qui, dans son coma réparateur, met enfin un nom sur le triste sire qui le stalke à coups de soupirs depuis ces dernières semaines : Garviel Loken. Le fâcheux en question étant présumé mort sur Isstvan III, cela règle le problème pour Horus Minus, dont la chirurgie reconstructrice a laissé quelques traces. Mais, comme il le dit lui-même, il n’a pas peur du changement, alors…Fin spoiler
1 : Surnommé ainsi à cause de la finesse de ses draps.
2 : J’aimerais bien savoir comment la VF s’est dépatouillée de ce petit jeu de mots du père Abnett. Avis aux lecteurs francophones.
3 : Coucou, coucou, coucou, hibou, coucou.
AVIS:
Après avoir mis l’Hérésie sur les rails avec ‘Horus Rising’, Dan Abnett reprend les commandes d’une Légion dé-Lokenisée, et désormais en guerre ouverte contre l’Imperium. C’est l’occasion pour lui de donner son heure de gloire à l’un des membres les plus discrets du Mournival, Horus Aximand, qu’on sentait un peu mal à l’aise par la tournure prise par les événements dans ‘Galaxy in Flames’, même si cela ne l’avait pas empêché de rabattre le caquet de cette grande gueule de Torgaddon sur Isstvan III. C’est également par ce biais qu’il commence à nous présenter son nouveau projet hérétique, mené d’une main de fer (héhé) par un nouveau-venu du nom de Shendrak Meduson, déterminé à venger la mort de son Primarque en enquiquinant les traîtres sur la route de Terra au maximum de ses capacités.
On retrouve donc dans ce ‘Little Horus’ le mélange d’action frénétique, de rebondissements cinématiques et de réflexions plus posées sur l’état des Sons of Horus après qu’ils aient franchi le Rubicon (avant que ça ne devienne tendance) auquel Abnett nous avait habitué dans son pavé initial. Tout cela est bel et bien bon, et nous donne un précieux éclairage sur cette période de transition des fils d’Horus, à la trahison déjà consommée mais, pour la majorité d’entre eux, encore des Space Marines à peu près fréquentables, croyant sans doute s’être embarqués dans une noble révolution contre un Empereur tyrannique. Les années qui suivront en surprendront donc quelques uns… à commencer par notre protagoniste, déjà travaillé par sa conscience coupable1, et qui devra perdre la face au sens premier du terme pour laisser derrière lui ses allégeances passées. Little Horus est donc une lecture des plus sympathiques, pas indispensable en termes de compréhension de l’Hérésie, mais très intéressante pour ceux qui se passionnent pour les jeux de pouvoirs à l’oeuvre au sein des Sons of Horus.
1 : Il y a fort à parier que la révélation de l’identité de l’individu venant lui souffler dans les oreilles H24 ait été un moyen pour Abnett de nous prévenir qu’un duel entre Aximand et Loken dans la suite de l’Hérésie était à attendre.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Les Sons of Horus sont sans doute la Légion de Space Marines qui compte le plus de personnages nommés importants de toute l’Hérésie d’Horus, à commencer par leur père génétique, d’après qui la franchise est tout de même nommée. Cela explique que la majeure partie des nouvelles qui leur sont consacrées se concentrent sur leurs VIP et pas sur le sort du légionnaire de base (dont le point de vue aurait été intéressant, je le dis au passage). C’est le cas avec ce ‘Little Horus‘, qui a le mérite de faire ressortir les complexes rouages politiques qui meuvent cette Légion, surtout après qu’elle soit passée au Chaos. Et puis, c’est la seule nouvelle signée Abnett du recueil, donc il serait dommage de bouder son plaisir. Mentions honorables pour ‘Twisted‘ (sur la grande famille du Chaos) et ‘The Wolf of Ash and Fire’ (sur les relations entre Horus et l’Empereur avant l’Hérésie).
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Word Bearers – Child of Chaos (C. Wraight) :
INTRIGUE:
Le Siège de Terra approche méchamment et quelque part en orbite du Monde Trône, un Astartes en arrêt maladie contemple la planète de Pépé avec un œil torve et un visage couvert de biafine. Notre protagoniste est, vous l’aurez deviné, Erebus. Sauf que en fait, non, mais nous y viendrons un peu plus tard. Passé à la râpe à fromage par Horus et slam dunk-é dans le bac à ordures dangereuses par Lorgar, le surhomme par qui le scandale éclata n’a pas vraiment d’épaule sur laquelle suinter, mais il s’en fout royalement car son auguste compagnie lui suffit. Et comme dit son deuxième proverbe favori (on parlera de son premier un peu plus loin): « plus on est de fous, plus on rit, moi je suis tout seul parce que personne ne m’aime alors je compense en étant complétement ravagé du bulbe et je peux rigoler un bon coup ». Quel dommage que seule la version abrégée de cette maxime si profonde nous soit parvenue. Toujours est-il qu’Erebus est décidé à se parler à lui-même pour passer le temps, et il embarque donc le lecteur dans le récit de son origin story, qu’il considère comme étant édifiante. Voyons cela.
Première confession: Bubus a toujours été mauvais. Et surtout en dictée. Il ne s’en cache ni ne s’en excuse, et il n’y a pas d’élément déclencheur à chercher pour explique sa chute, à part peut-être le fait qu’il ne supporte pas la chaleur. Mais bon, se dire que l’Hérésie aurait été évitée par un malheureux climatiseur, ce n’est pas très glamour, donc restons sur l’hypothèse de la malignité incarnée. Déjà tout môme, son passetemps favori était d’arracher les pattes de scorpion de Colchis, ce qui n’est guère charitable. Issu d’une famille miséreuse, il se mit à lorgner du côté des khôl gris du Covenant après avoir constaté que les prêtres menaient une vie de patachon. Après quelques mois à apprendre par cœur des cantiques et à apprendre à lire sur des bouquins piqués en douce dans le temple local, notre zéro accomplit ses premières armes en garrotant de sang froid un jeune dévôt de son quartier, auquel sa mufle de mère le comparait à longueur de journée pour le rabaisser. L’individu en question témoignait de sa foi envers les Puissances en se peignant des mots sacrés sur le visage, habitude que son assassin reprit, tout comme il lui emprunta son nom: Erebus. MIND BLOWN. On est passé à ça d’avoir l’Hérésie manigancée par un gonze appelé Post Malone ou Tekashi69, ça fait froid dans le dos tout de même. Heureusement que Môman Bubus n’aimait pas le rap.
Ce premier assassinat permit toutefois à l’usurpateur d’entrer dans les ordres sans coup férir, et de commencer à tailler son chemin vers le pire, soit le Pouvoir, l’Influence, la Richesse et l’Efferalgan. Car Erebus n’est pas vraiment croyant à la base, et avoue volontiers s’être piqué d’intérêt pour la chose religieuse de la même manière que tu as pris goût aux endives au jambon: à l’usure. BLIND MOWN. Pendant qu’il faisait ses classes, un certain Prophète commençait à faire parler de lui dans l’arrière pays colchitique, et il ne fallut pas longtemps avant qu’Erebus ne pose les yeux sur celui qui allait devenir son père adoptif (Lorgar), accompagné par sa future marâtre (Kor Phaeron). Ce ne fut pas le coup de foudre mais le jeunot comprit qu’il fallait qu’il se rapproche de Mr Tête d’Œuf pour son propre bien, ce qu’il fit.
Une arrivée impériale et une transformation en Space Marine plus tard, notre désormais fringant héros part sillonner la galaxie à la recherche des Dieux du Chaos, envers qui il sent une attirance particulière. Rien de très intéressant ne se produit jusqu’à l’arrivée sur Davin, et la visite qu’Erebus rend à un temple décati que lui ont révélé ses visions. Sur place, il rencontra un vieux prêtre ridé et impoli, ce qui n’est pas très malin quand on s’adresse à un type qui fait deux fois sa taille et trois fois son poids. Parmi les tags effacés et les inscriptions désobligeantes, les sens de sorceleur du surhomme firent clignoter en rouge un dessin de l’Anathame (qui ne se trouvait pas sur place, ce serait trop simple) ce qui fut apparemment suffisant pour son bonheur immédiat. Il repartit donc avec une envie folle de farmer du Wither squelette1, en ordonnant au vioque de faction de retaper un peu la bicoque, et en donnant rendez-vous dans quelques décennies à une très jeune Akshub (qui ironie de l’histoire, lui donnera des cours en chaotique appliqué lorsqu’il reviendra… quel fumiste tu fais Bubus alors). La suite de l’histoire, sans être parfaitement connue, l’est toutefois suffisamment pour pouvoir laisser Erebus à ses divagations fiévreuses et purulentes. Mais tel est le destin de ceux qui manquent de peau.
1: Mais sans accès au Nether, il dut se contenter de piller les collections permanentes du musée de la vie rurale de l’Interex, comme chacun sait.
AVIS:
Chris Wraight lève le voile sur l’origine d’un des personnages les plus importants de l’Hérésie n’étant pas Pépé ou un Primarque : bonne idée dans l’absolu, et assez bien réalisée même si ‘Child of Chaos’ tient plus de la lecture complémentaire intéressante que du must read définitif. Il y a certes quelques révélations bien senties de la part d’un auteur qui a trop de métier pour ne pas jeter quelques bouts de fluff anecdotiques (au sens littéral) en pâture à son public de fanboys dans une nouvelle telle que celle-ci, mais rien qui changera la face du lore. On apprend par exemple que c’est à Erebus que l’on doit la maxime « béni soit l’esprit trop étroit pour le doute », ce qui est utile à savoir pour briller dans un centre GW mais relève de la trivia hérétique au final. Notons également que Wraight se retrouve piégé par cet ennemi acharné de l’auteur de l’Hérésie d’Horus qu’est la continuité temporelle (à égalité avec la bonne vieille logique cartésienne): si Erebus a pu devenir un Word Bearers, c’est qu’il était très jeune à l’arrivée de l’Empereur. Or on sait (‘Lorgar: Bearer of the Word’) que Kor Phaeron avait déjà mis des pensées non euclidiennes dans la tête de son pupille bien avant que Bubus soit en mesure de susurrer des salaceries à l’oreille de son Primarque : l’image d’Epinal d’instigateur de l’Hérésie qui accompagne le Chapel-Un depuis quelques années en prend donc un sacré coup dans les ratiches.
Bref, on tient ici une lecture sympathique et qui permet à Wraight de mettre un peu d’ordre1 dans, et de faire quelques clins d’œil à la suite de, l’histoire d’Erebus, ce qui peut, ou non, justifier les 3,49€ demandés par la Black Library pour tuyauter le lecteur/fluffiste sur ce VIP chaotique.
1: J’ai bien aimé le fait qu’il cherche à couvrir les traces de Thorpe en indiquant au détour d’une phrase que, oui, les Dieux du Chaos avaient bien un œil (mais juste un œil) sur Colchis et le Covenant, respectivement élus « Planète chaotique la plus calme du Materium » et « Secte chaotique hégémonique la moins efficace de la galaxie » 10.000 ans de suite. Il ne pouvait guère faire plus que cela sans réécrire l’histoire.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Erebus est certainement un des personnages les plus importants de l’Hérésie d’Horus, mais sa tendance à ne parler que de sa vie et de son oeuvre fait de ‘Child of Chaos‘ une piètre entrée pour les Word Bearers dans ce recueil introductif. C’est dommage car cette Légion bénéficiait d’un corpus assez imposant par rapport à sa notoriété, dans lequel la Black Library aurait été bien inspirée de puiser. Ma préférence va à ‘Children of Sicarus‘, qui illustre le lien particulier qu’entretiennent les Word Bearers avec les Puissances Noires, et met également en lumière les relations tendues entre Kor Phaeron et Lorgar. Si les longs formats ne vous font pas peur, il faut évidemment lire ‘The First Heretic‘, qui reste à ce jour l’un des meilleurs bouquins de toute la série.
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Salamanders – Artefacts (N. Kyme) :
INTRIGUE:
Horus a franchi le Rubicon Traitoris et les Salamanders s’activent pour rejoindre la flotte envoyée par l’Empereur punir la rébellion de son Maître de Guerre. Vulkan est de passage par Nocturne et par la lune-arsenal Prometheus pour se ravitailler avant le grand départ, mais lorsqu’il convoque le Maître de Forge T’kell dans son atelier personnel, ce n’est pas pour parler batteries ou boulons.
Tout commence par le récit que fait le Primarque à son fils génétique de la destruction de Nostramo des mains armes de coque de ce mauvais sujet de Konrad Curze, il y a bien des années de cela. Arrivé en catastrophe dans le système en compagnie d’Horus et de Jaghatai pour tenter de raisonner le dément, il ne put qu’assister à la dislocation de la planète, expérience qui le marqua profondément (c’est un sensible). Toutefois, si le Nighthaunter n’avait pas son pareil pour se fondre dans l’obscurité lorsqu’il agissait en solo, il était moins insaisissable au volant du Nightfall (la légende raconte qu’il n’avait pas son permis), et le terrocide fut rapidement arrêté par ses frangins, qui durent décider que faire de ce mauvais sujet. Horus étant Horus, c’est son idée de réhabilitation par chaperonnage qui finit par l’emporter, et ce bonimenteur de première réussit même à refiler le bébé à Vulkan pendant que lui-même allait briller ailleurs dans la galaxie et devenir Maître de Guerre quelques années plus tard. Comme quoi, même au 30ème millénaire et même pour un Primarque, avoir la garde des enfants est un gros frein à la carrière.
Vulkan fit de son mieux, mais la psyché torturée et fracturée de Konrad Curze ne se remit jamais du Nostramo Incident, comme les Commémorateurs diplomates appelèrent cette boulette regrettable1. La campagne de Kharaatan, menée de front par les Salamanders et les Night Lords, en apporta l’éclatante et sanglante démonstration, bien que Papamander ne soit pas non plus exempt de tous reproches sur ce coup là (je suis presque certain que passer un enfant désarmé qui se rend au lance-flammes est un crime de guerre). Le plan initial prévoyait que Konrad soit confié à Rogal Dorn une fois dégrossi par les bons soins de Vulkan, mais, ô surprise des surprises, le Prétorien de Terra ne donna jamais suite aux multiples messages laissés par son frérot sur son répondeur. À croire qu’il ait gardé une dent contre le fou furieux qui manqua de le tuer quelques années plus tôt2… N’ayant pas d’autres recours, Mister V. finit par appeler Horus à la rescousse, mais manque de pot, son frère bien aimé était déjà secrètement corrompu (et pas secrètement du tout imbittable), et accueillit la nouvelle de l’indécrottable perversité du Nighthaunter avec un émoji ptdr avant de mettre fin à la discussion.
Long story short, si Vulkan a fait venir son teckel, c’est parce qu’il s’est rendu compte que certaines armes étaient trop puissantes pour prendre le risque qu’un être malintentionné s’en empare et les retourne contre l’Imperium. C’était vrai de Konrad Curze et du marteau tonnerre que le sympathique Primarque avait forgé pour Horus avant qu’il ne se rebelle contre l’autorité paternelle, ça l’est aussi des milliers de gadgets de maître que Vulkan a bricolé pendant la Grande Croisade, et dont il rempli un hangar sur Prometheus. Il souhaite donc que T’kell passe tout à la broyeuse pendant que lui ira passer les menottes énergétiques à son frère dévoyé.
C’est un grand sacrilège pour T’kell, qui ne peut se résoudre à laisser des trésors tels que l’Adamant Flyswatter ou le Perpetual Handspinner rejoindre les poubelles de l’histoire. A force de pleurnicheries éhontées, il finit par convaincre son boss d’épargner sept artefacts, un pour chaque royaume de Nocturne, dans sa corvée valorisation des pas-encore déchets dangereux. Troll dans l’âme, Vulkan bombarde son subalterne Père de Forge et lui indique que sa mission est tellement importante qu’il devra rester sur place pour la mener à bien au lieu d’accompagner les copains sur Isstvan. On connaît la suite de l’histoire…
1 : Fun fact, c’est également sous ces termes que l’Empereur désigna Nostramo la première fois qu’Il posa les yeux sur la planète.
2 : Et dont il a confessé à Malcador avoir une trouille bleue, qui plus est.
AVIS:
Une nouvelle très intéressante pour les amateurs de fluff car on y découvre un pan jusque là caché de la Grande Croisade (les efforts déployés par Horus et Vulkan pour réhabiliter Konrad Curze), ‘Artefacts’ est un travail de jonction soigné de la part de Nick Kyme. En plus de faire référence à la grande histoire de l’Hérésie (le départ de Vulkan vers Isstvan), cette nouvelle fait échos à certains événements dépeints dans le ‘Vulkan Lives’ du même auteur, et pose les fondations de l’un des mythes les plus importants du Chapitre des Salamanders au cours des millénaires qui suivront : la quête des artefacts légendaires mis de côté par le premier Père de Forge, T’Kell. Un vrai succès en ce qui me concerne.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
Je suis partagé sur ‘Artefacts’ : d’un côté, cette nouvelle parle beaucoup plus des complexes relations entre Primarques que des Salamanders eux-mêmes, mais de l’autre, aborder le sujet des origines des Artefacts de Vulkan, c’est toucher du doigt l’une des facettes les plus importantes de la culture des lézards énergétiques. Ce qu’il manque à cette histoire pour remplir totalement son but pédagogique est à mon sens une emphase plus importante sur le caractère humain de cette Légion, qui est l’autre de ses caractéristiques notables. On peut arguer que l’exemple donné par Vulkan (a.k.a. le babysitter d’Horus) est déjà parlant, mais comme les actions du Primarque ne présupposent pas toujours celles de leurs fils génétiques, je n’accorde pas ce point à ‘Artefacts’. Ceci dit, il y a assez peu de nouvelles hérétiques dans lesquelles les héros sont des Salamanders : la BL n’avait pas des masses de choix pour cette section de ‘Lupercal’s War’.
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Raven Guard – The Grey Raven (G. Thorpe) :
INTRIGUE:
L’ex-mais-pas-tout-à-fait-finalement Archiviste de la Raven Guard Balsar Kurthuri a été renvoyé sur Terra par Corax en personne après les événements relatés dans ‘Weregeld’, où il doit recevoir le jugement de Malcador le Sigilite. Tel le bouc (ici corbeau) émissaire, notre surhomme endosse une responsabilité collective dans cette histoire, puisqu’à travers lui, c’est tout le Librarium de la XIXème Légion qui se trouvera amnistié ou frappé d’anathème. Le Primarque furtif n’assume en effet plus trop la permission qu’il a donné à ses fils de s’asseoir sur l’Edit de Nikea, bien qu’il n’ait pas fait le fin bec lorsque les pouvoirs psychiques de Kurthuri – catapulté Archiviste en chef de la Raven Guard après le désastre d’Isstvan V – l’aidèrent à récupérer le patrimoine génétique nécessaire à la reconstruction accélérée de sa Légion. Avec les résultats que l’on sait (#JamaisPlus, etc). Très chill dans l’âme, Kurthuri a accepté la mission sans rechigner, tout comme il a juré à Corax de ne pas faire usage de ses pouvoirs jusqu’au verdict de Malcador. Voici les termes posés.
Les hasards de la guerre ont fait que notre corbeau énergétique a fait le voyage non pas sur un vaisseau appartenant à sa Légion, mais s’est fait prendre en stop par des Imperial Fists sous le commandement du Capitaine Noriz. Il est également accompagné par le Custodes Arcatus Vindix Centurio, détaché par Valdor pour s’assurer que le patrimoine génétique remis à la Raven Guard était utilisé dans le respect des clauses établies, et un peu désœuvré depuis que Corax a bousillé son kit de petit chimiste. Alors que le Wrathful Vanguard sort du Warp pour pénétrer dans le système solaire, les revenants sont accueillis par une armada de vaisseaux et de stations de combat, preuves irréfutables que la guerre ne tourne pas en faveur des forces impériales. Il ne faut pas longtemps avant que les demandes d’authentification pleuvent sur le Uber de Kurthuri, qui laisse sagement Tchuck Noriz et AVC gérer l’administratif avec leurs vis-à-vis. Après tout, qui de plus qualifié qu’un Imperial Fists et un Custodes pour négocier un passage vers Terra ?
Malheureusement pour l’Archiviste déclassé, ses comparses ne font pas un super taf, et lorsque le stagiaire Custodes (Ludivicus) que Malcador a placé à la régulation du trafic solaire se met à faire du zèle auprès de son collègue, la situation dérape très rapidement. Kurthuri, trop honnête, a en effet eut le malheur de déclarer qu’il était sous le coup de l’Edit de Nikea, aveu suffisant pour que Ludivicus éructe un mot code secret sur la fréquence radio, transformant aussitôt Arcatus en ennemi mortel de ce pauvre Corneille. Et lorsque les bolts commencent à lui voler dans les plumes, Kurthuri décide de connaître un petit peu la peur, et bat prudemment en retraite pendant que Noriz, tout aussi surpris que son camarade Légionnaire par la réaction à brûle pourpoint du Custodes, tente de raisonner ce dernier.
S’engage alors une partie de chasse d’une genre un peu particulier, les Custodes du Wrathful Vanguard se mettant à traquer Kurthuri dans les coursives, tandis que ce dernier cherche à s’échapper du vaisseau pour rejoindre Terra et plaider sa cause directement auprès du Régent de Pépé, bien aidé par les Imperial Fists dans ses manœuvres d’évasion. Comme ni les Jaunards ni les Dorés ne tiennent vraiment à causer des pertes dans l’autre camp, l’affrontement tient plus du match de paint ball que de la fusillade sans merci, jusqu’à ce qu’Arcatus rattrape Noriz et Kurthuri, et les engage au corps à corps.
Bien qu’en désavantage numérique, le Custodes a tôt fait de démontrer qu’il est une classe au-dessus de l’Astartes moyen, même gradé, et s’énerve tellement qu’il finit par empaler le pauvre Noriz sur sa lance gardienne. Comprenant qu’il n’a aucune chance de sortir vainqueur de ce combat à la régulière, Kurthuri décide de revenir sur sa parole et d’avoir recours à ses pouvoirs… jusqu’à qu’un froncement de sourcil dédaigneux de son adversaire lui fasse changer d’avis. Résigné à obéir à son Primarque, même au prix de sa vie, notre héros finit par se rendre, et est enfin mené jusqu’à Malcador…
Début spoiler…Qui avait en fait un job à lui proposer parmi ses Chevaliers Errants, et cherchait à tester… son self control j’imagine ? dans des conditions extrêmes avant de l’embrigader dans son organisation secrète. La nouvelle se termine donc avec l’arrivée de ce vieux lézard d’Umojen, chargé par le Sigilite de briefer le bizut sur ses missions à venir. L’histoire ne dit pas si Corax a été dédommagé pour ce détournement de ressources…Fin spoiler
AVIS:
Thorpe a beau être un expert de la Raven Guard, je n’ai pas trouvé cette histoire très aboutie. Outre le fait qu’elle n’apporte pas grand-chose à l’Hérésie d’Horus, et apparaît davantage comme un moyen pour l’auteur de faire faire des heures supplémentaires à l’un de ses personnages alors que la tendance générale est plutôt à l’écrémage sévère en préparation de la clôture de la saga, je reproche à Thorpe d’avoir dévoyé la loyauté fanatique des deux factions les plus Pépéphiles de l’époque, les Custodiens et les Imperial Fists, juste pour pouvoir mettre en scène à peu de frais le simulacre d’affrontement entre les deux gardes prétoriennes de l’Empereur sur le Wrathful Vanguard. Cette guéguerre sans (presque) victimes est totalement illogique à l’époque où l’histoire prend place (après la tentative d’infiltration de Terra par l’Alpha Legion), et la réaction imprévue d’Arcatus n’aurait dû selon moi avoir que deux conclusions : soit une coopération immédiate et totale entre Custodiens et Imperial Fists, même si les seconds ne comprennent pas les motivations des premiers, soit un combat sans merci, et autrement plus sanglant, entre les deux camps. On ne me fera pas croire qu’un Custodien qui a identifié un ennemi de l’Empereur retienne ses coups pour épargner quiconque se met sur son chemin, fut-il un Imperial Fists. Ajoutez à cela que le test de Malcador est, au fond, très bizarrement conçu (il cherchait une forte tête, mais pas trop quand même ?), et vous obtenez un résultat très passable. Espérons que Kurthuri justifie par la suite (et la fin) de l’Hérésie le traitement de faveur éhonté dont il bénéficie ici.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
La Raven Guard est tellement discrète que les nouvelles qui parlent vraiment d’elle (et pas de ce poseur de Valerius) sont relativement rares. Je dois avouer au moment où j’écris ces lignes que je n’ai pas de référence à mettre en avant à la place de ce ‘Grey Raven‘, qui ne rend pas vraiment justice à la Légion de Corax, et se concentre plutôt sur l’application de l’Edit de Nikea et la circulation compliquée sur le périphérique du système solaire (deux sujets très importants, j’en conviens). Pour ne rien arranger, cette histoire prend place relativement tard dans l’Hérésie, et a toutes les chances de ne pas être bien appréciée par un lecteur novice. Une nouvelle mettant en scène les talents d’infiltrateurs hors normes des surhommes corneilles aurait été à mon sens plus adaptée.
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Alpha Legion – Liar’s Due (J. Swallow) :
INTRIGUE:
Malgré le déclenchement de l’Hérésie, la vie suit son cours normal à la surface de Virger-Mos II, planète agricole de pouillème ordre située tellement loin en périphérie de l’Imperium que ses habitants doivent se contenter des podcasts envoyés par des YouTubers de Terra pour se tenir informés de l’avancement du conflit. L’épisode qui est retransmis le jour où commence notre histoire, dans la ville 441, est cependant un peu spécial, dans la droite lignée des ‘Noces Pourpres’ de Game of Thrones2. Et pour cause : on annonce à nos braves péquenauds que l’Empereur a cassé sa pipe, et qu’Horus a gagné la guerre et pris le trône paternel. Stupeur et tremblements parmi la populace, sur laquelle souffle bientôt un vent de panique. Que va devenir leur petite colonie ? Quelle position adopter après ce retournement de situation que nul n’avait vu venir ? Faut-il attendre de la visite dans les jours/mois/années à venir de la part du nouveau maître de l’Imperium et de ses armées ? Quel bruit fait le renard ? Des dizaines de questions à la gravité inédite fusent de part et d’autre, tandis qu’au milieu de la ville, notre héros, le jeune et idéaliste Leon Kyyter, a bien du mal à digérer la nouvelle.
Car Leon est un lointain descendant des fanboys pratiquant le « Hobby » sur Terra en M2. En plus de posséder une armée de figurines en métal (et en bois, ça coûte moins cher) peinte avec amour, il est un lecteur assidu du fluff de la propagande impériale, et possède même une authentique douille de bolter (les ravages du merchandising). Si son père lui avait permis, il se serait fait tatouer « I Pépé » sur le front. Aussi, apprendre de but en blanc que son idole absolue a tiré sa révérence le chagrine au plus haut point. Laissant ses concitoyens débattre entre eux de la marche à suivre, il s’en va relayer la nouvelle au seul résident du foyer de jeunes travailleurs que son père et lui font tourner, le sieur Mendacs, Commémorateur de son état.
Mendacs est arrivé deux mois plus tôt à 44, annonçant aux locaux estomaqués par la survenue d’un estrangé dans leur communauté que sa mission était de peindre quelques paysages bucoliques de champs et de nuages, sans doute à fin d’illustrer les cartes postales et calendrier des postes du Segmentum. On ne saura jamais ce que notre Commémorateur a fait ou dit à son supérieur pour être envoyé sur une mission aussi pourrie, mais Mendacs prend son boulot avec philosophie, comme la nouvelle que lui apporte Leon, d’ailleurs. À la grande surprise de son jeune ami, il se montre en effet assez posé dans sa réaction, et rassure ce dernier que cette annonce n’aura sans doute aucune conséquence pour Virger-Mos II, dont l’enclavement galactique et le peu de valeur stratégique mettent à l’abri d’une invasion. Tous les locaux ne partagent cependant pas l’avis du chill-ommémorateur, et le conseil municipal improvisé le soir même tourne bientôt au vinaigre, loyalistes, opportunistes et jemenfoutistes n’arrivant pas à trouver un consensus sur la décision à prendre, et quel drapeau faire flotter sur la devanture de la mairie. La tension monte encore d’un cran lorsque des traînées lumineuses sont aperçues dans le ciel nocturne, faisant redouter à nos braves ruraux que l’invasion de leur patelin a déjà commencé. Dès lors, il ne faut pas s’étonner que la plèbe finisse par faire des choses stupides (sa spécialité depuis des temps immémoriaux), comme tirer d’abord et poser des questions après. C’est ainsi que l’apprenti vigilante local, Dallon Prael, tue par accident son pote de comptoir Silas Cincade avec le fusil laser de sa grand-maman, ayant pris la Kangoo de son compaing, parti chercher des nouvelles à la capitale, pour un Land Raider des Sons of Horus. Un tragique accident.
Début spoiler…Pendant que la psychose progresse gentiment mais sûrement dans sa cité, Leon décide de suivre un Mendacs parti en vadrouille en mode sneaky dans les rues de 44. Le Commémorateur se dirige vers le Skyhook, l’ascenseur orbital entièrement automatisé utilisé pour acheminer les récoltes de la planète jusqu’aux cargos spatiaux qui transporteront le précieux quinoa de Viger-Mos II jusqu’aux confins de l’Imperium. Déterminé à comprendre les raisons de ces agissements étranges, Leon parvient à sauter dans une cabine à la suite de Mendacs, et se retrouve quelques minutes plus tard sur la plateforme d’échange du Skyhook, qui se trouve être le lieu de résidence de la seule Astropathe de la planète. Cette dernière a passé les deux derniers mois emprisonnée dans un champ de stase posé par Mendacs, qui a mis ce temps à profit pour effectuer son œuvre de désinformation de masse. C’est lui qui a envoyé le message qui a mis le feu aux poudres en contrebas, utilisant le matériel et la formation de pointe fournis aux agents de l’Alpha Légion pour ce faire. C’est également lui qui a fait basculer la planète dans la paranoïa en programmant quelques drones faire s’écraser d’innocentes météorites à la surface de Virger-Mos II. Sa mission accomplie, il ne lui reste plus qu’à convaincre l’Astropathe d’envoyer un Tweet à ses patrons pour les informer de la réussite des opérations, avant de repartir vers de nouvelles aventures, non s’en s’être débarrassé des témoins gênants de son triomphe : l’Astropathe en question… et pas Leon. Mendacs décide en effet d’épargner le garçon, trop content d’avoir eu, pour une fois, un public témoin de ses manigances, et confiant dans l’incapacité de ce dernier d’enrayer la spirale de méfiance et de violence à l’œuvre sur la planète. En cela, il a probablement raison. Des dangers des fake news…Fin spoiler
1 : Ça en dit long sur le niveau de motivation des colonisateurs au moment où ils sont arrivés sur la Saint-Sauveur-de-Ginestoux de l’Ultima Segmentum. Pas de noms pour les villes, juste des numéros.
2 : Que les habitants de Virger-Mos II ont pu commencer à visionner seulement depuis deux mois.
AVIS:
James Swallow prend son monde à contre-pied avec ‘The Liar’s Due’, dont le ton s’éloigne résolument du grimdark industriel auquel notre homme nous avait habitué jusqu’ici. J’ai trouvé pour ma part que ce récit se plaçait davantage dans la lignée de la SF classique (notamment le Skyhook, qui m’a fait penser à l’ascenseur spatial de la trilogie Mars de Kim Stanley Robinson), avec son intrigue majoritairement non-violente et placée à hauteur d’homme, que dans celle de la GW-Fiction telle qu’on la connaît. Je dois reconnaître que j’ai apprécié ce parti pris, qui change agréablement de ce que l’on peut lire ailleurs dans l’Hérésie d’Horus, et permet de réfléchir sur les implications concrètes de cette dernière pour les milliers de planète ayant eu la chance de ne pas retrouver au centre des violents combats entre loyalistes et renégats. Cette apparente tranquillité n’a sans doute pas toujours été synonyme de sérénité pour les populations aux secondes loges de cette guerre galactique, et la mise en avant de la cinquième colonne d’Alpharius, et du rôle joué par les agents de ce dernier en matière de propagande, est la bienvenue. Je regrette simplement que Swallow n’ait pas jugé bon d’entretenir un peu de suspens dans sa nouvelle, la duplicité de Mendacs étant établie très tôt dans l’histoire, ce qui entame un peu de son intérêt. Mais la balance reste malgré tout positive, et je place ‘The Liar’s Due’ en tête de la production de cet auteur, confortablement devant la majorité de ses écrits Blood Angelesques et Sœurs de Bataillesques.
ET POUR LES NOUVEAUX ?
‘Liar’s Due‘ est une nouvelle intéressante, mais où ne figure pas le moindre Alpha Légionnaire, ni le plus petit Alpharius, ce qui aurait dû la disqualifier d’office pour une inclusion dans ‘Lupercal’s War‘. C’est d’autant plus dommage que la Black Library avait en stock bon nombre de nouvelles traitant de la manière si particulière dont cette Légion atteint ses objectifs sur le champ de bataille, et pas dans les champs de colza : ‘Council of Truth‘, ‘The Face of Treachery‘, ‘The Harrowing‘… Pour les amateurs, la novella ‘The Serpent Beneath‘ et le roman ‘Legion’ valent également le détour.
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Et voilà qui conclut cette revue de ‘Lupercal’s War‘, première (et probablement seule, vu l’époque tardive, Heresy wise, à laquelle elle a été publiée) anthologie introductive consacrée à l’Hérésie d’Horus. Comme on l’a vu dans les critiques ci-dessus, la Black Library n’a pas réalisé un sans faute dans la sélection des nouvelles choisies pour présenter chacune des Légions impliquées dans ce conflit galactique, mais l’effort reste tout de même globalement satisfaisant. Au chapitre des regrets, j’aurai également apprécié que d’autres factions soient intégrées au sommaire de ce recueil, qui du haut de ses moins de 400 pages, n’a pas atteint la limite haute fixée par la BL en matière de longueur. Comme un autre recueil hérétique sorti en 2022 (‘Heirs of the Emperor‘, chroniqué ici si ça vous intéresse), approche les 450 pages, il aurait été possible d’aborder les Custodiens (‘Blood Games’), l’Adeptus Mechanicus (‘The Kaban Project‘, ou ‘Vorax‘ par souci de concision) et l’Armée Impériale (‘All That Remains‘) dans ‘Lupercal’s War‘1, quitte à bazarder les ‘Black Oculus‘ et ‘Bjorn: Lone Wolf‘ pour gagner un peu de place. Enfin, l’absence d’une version française est également dommage, la BL ayant jusqu’ici pris la peine de proposer ses recueils introductifs en plusieurs langues.
Toutefois, le bilan reste à mon sens largement positif, en bonne partie grâce à un prix de vente encore une fois très intéressant par rapport aux tarifs habituels de la maison (et c’est encore plus vrai pour la version audio book, vendue à 10,99€). Ces 21 nouvelles permettent au lecteur, quel que soit son niveau de connaissance es-hérésie, de découvrir les arcs narratifs et les styles d’écriture d’une palanquée de personnages et auteurs ayant marqué cette franchise iconique, et c’est bien cela qu’on attend de ce type de compilation. À titre personnel, je reste convaincu que la meilleure façon d’aborder ce mastodonte littéraire est de commencer par la trilogie originelle, qui, en plus d’être parmi les meilleures sorties de toute l’Hérésie, a été écrite pour permettre à n’importe que fan de science-fiction de comprendre les tenants et les aboutissants de cet événément tentaculaire, quitte à réserver ‘Lupercal’s War‘ pour un deuxième temps. À chacun sa méthode pour sombrer dans le schisme, cependant !
1 : Pour être vraiment complet, on peut rajouter les Légions Titaniques (‘The Ember Wolves’), les Soeurs du Silence (‘The Voice’) et les cultistes du Chaos (‘Twisted’). Et je suis sûr que j’en oublie…
THE HAMMER AND THE EAGLE [40K/AoS]
Bonjour et bienvenue dans cette critique du nouvel ouvrage introductif publié par la Black Library, un beau pavé de 621 pages sobrement nommé ‘The Hammer & the Eagle‘ (ou ‘L’Aigle & le Marteau‘ en version française, que Nottingham a eu l’amabilité de sortir en même temps que la VO). Cette large couverture est due en partie au fait que les nouvelles qui sont proposées au lecteur sont presque toutes des rééditions, pour certaines de textes assez anciens. Comme l’indique Nick Kyme dans sa préface, ce type de publication « universelle(s) » est assez rare pour la BL, qui a pour habitude de séparer les serviettes des torchons, et les bolters et des arquebuses (voir ‘Sacrosaint & Autres Récits‘ et ‘Croisade & Autres Récits‘ pour s’en convaincre). Cette fois-ci cependant, la ligne éditoriale choisie par la maison d’édition était assez large pour permettre aux deux franchises majeures de Games Workshop d’être représentées dans un même opus, et pour cause: il n’y a pas grand-chose de plus commun à une histoire que la présence de personnages.
Pour être tout à fait exact, ce sont bien les icônes de Warhammer 40.000 et d’Age of Sigmar qui sont ici mises en avant et célébrées, catégorie plus restrictive (encore que) que celle regroupant les myriades de héros et anti-héros peuplant les pages des romans et nouvelles de la Black Library. On devine sans mal que la sélection a dû être drastique1 pour déterminer qui méritait cette reconnaissance suprême, en particulier du côté des Royaumes Mortels, dont la relative jeunesse met ses protagonistes sur un pied d’égalité (les grands anciens Gotrek et Nefarata trichant un peu à ce titre). Si certains noms (Ibram Gaunt, Uriel Ventris, Gregor Eisenhorn, Abaddon2…) sonnent comme une évidence, d’autres seront sans doute moins familiers au lecteur, même chevronné. L’occasion de se familiariser avec de futures têtes d’affiche comme Severina Raine, Navradaran, Hamicar-Bear Eater et Callis & Toll. C’est en tout cas tout le mal qu’on leur souhaite.
Partons donc à la découverte de cette galerie de people haute en couleurs, et tentons de voir si la Black Library a réussi à son travail de sélection avec ces 27 nouvelles (pour 18 auteurs) et accouché d’un ouvrage digne d’intérêt. Sur le plan financier, c’est quasiment certain, mais sur le plan littéraire, cela reste à établir…
1 : Encore que je soupçonne Nick Kyme d’avoir pistonné les personnages dont il avait la charge, comme Cato Sicarius et Adrax Agatone. C’est en particulier vrai pour le second, dont le nom n’est pas (encore) universellement connu, et ne bénéficie que d’une couverture minime dans cette anthologie (nouvelle de 5 pages). Les ravages du népotisme…
2 : Bizarrement classé comme Space Marine, aux côtés de Mephiston et Astorath. Je penche pour une étourderie du maquettiste plutôt que pour une révélation sur la véritable allégeance du bonhomme. Mais ça pourrait expliquer pourquoi il lui a fallu 13 tentatives pour péter deux pylônes.
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Endurance – C. Wraight [40K] :
ICÔNE : DRAGAN, POTENCIER DE LA DEATH GUARD
INTRIGUE :
Sur le monde ruche de Lystra, l’escouade du frère Sarrien des Imperial Talons livre un combat d’arrière-garde aussi noble que vain contre les hordes innombrables des Zombies de la Peste ayant plus ou moins remplacées la population locale. Envoyés au casse-pipe pour permettre à un fonctionnaire de l’Adeptus Administratum obèse et tire au flanc (du moins, c’est comme ça que Sarrien se le représente) de maintenir son quota de dîme mensuel, ou autre raison purement technocratique, les braves Space Marines tiennent la ligne du mieux qu’ils peuvent, mais même leur constitution suprahumaine commence à donner d’inquiétants signes de fatigue. Pour ne rien arranger, les lignes de ravitaillement avec le reste de l’Imperium sont totalement coupées, ne laissant à nos fiers héros que la bonne vieille énergie cinétique pour défendre le domaine de l’immortel Empereur contre la corruption galopante titubante représentée par les Stumblers. Isolé de ses frères pour maximiser l’efficacité du soutien martial et moral que les Astartes représentent pour leurs alliés de la Garde, Sarrien débute la soirée comme toutes les autres auparavant : il chante chante chante ce rythme qui lui plaît (Endure ! For the Emperor ! Stand Fast ! Chihuahua !) et il tape tape tape (c’est sa façon d’aimer). On comprend cependant assez clairement que notre héros en a gros, et qu’il n’y a que son exemplaire éthique qui le pousse à suivre des ordres qui lui semblent totalement débiles.
À quelques encablures de cette planète condamnée, nous faisons la connaissance de notre deuxième protagoniste, le réfléchi (il ne court jamais) et hédoniste Dragan, Death Guard appartenant à la faction des Lords of Silence. Bénéficiant d’un quartier libre entre deux opérations de grande ampleur, Dragan a embarqué sa coterie sur son vaisseau personnel, l’Incaligant, et vogue là où le Warp le mène, massacrant tous les Impériaux qui lui tombent sous le moignon au passage. Les petits plaisirs de la vie, il n’y a que ça de vrai. Ayant fondu (dans tous les sens du terme) sur un transporteur de troupes de la Garde Impériale dépêché sans escorte en renforts de Lystra, Dragan décide sur un coup de tête, une fois le carnage expédié, d’emmener ses ouailles sur le monde en question, où il suppute (en même temps qu’il supure) qu’une distraction peut être trouvée.
Nous retrouvons ensuite Sarrien, toujours plus amer et toujours plus crevé, qui décide d’aller rôder derrière les lignes ennemies pour… le fun ? (étant donné que les défenseurs sont au bout du rouleau et s’attendent tous à crever, et que l’adversaire n’a aucune chaîne de commandement à décapiter ni de cibles stratégiques à prendre, l’utilité de la manœuvre me semble obscure). Bien que durement éprouvé par des semaines de combat sans répit, notre surhomme se révèle malgré tout capable de faire mordre la poussière à son poids en Stumblers, voire plus, jusqu’à ce qu’il tombe sur un Fatty dont l’odeur corporelle, ou l’aura de zenitude, c’est selon, est telle qu’il a bien du mal à lever la main sur lui. Malgré l’attitude résolument peace man du gros lard, Sarrien parvient à le décoller proprement, non sans que sa victime n’ait eu le temps de le prévenir 1) des dangers physiques et mentaux du surmenage (il devait être élu au CHSCT dans sa première vie), 2) de l’arrivée prochaine du Potencier (Gallowsman). Bien en peine de faire quelque chose de cette information, et sappé comme jamais, l’Imperial Talon décide de se rentrer, avec l’espoir futile de trouver un McDo encore ouvert sur le chemin pour s’envoyer un bon Coca bien frais.
De son côté, Dragan a fini par arriver en orbite autour de Lystra, et emmène sa bande sur les lieux du dernier conflit agitant encore la planète, dans l’espoir de trouver un adversaire de valeur. Escortés par quelques cohortes de die hard fans, les Lords of Silence progressent pondéreusement vers la ligne de front, où les attendent…
Spoiler Des Iron Warriors. Eh oui. Car en fait, Sarrien et Dragan ont visité Lystra à deux moments distincts, petite surprise savamment préparée par Wraight. Il est d’ailleurs fortement suggéré que Sarrien est devenu Glask (le second de Dragan, qui passe son temps à l’appeler Potencier – au grand ennui de son boss – et dont la jambe torse pourrait être la conséquence de la blessure subie par Sarrien au même endroit à la fin de la campagne) peu de temps après sa rencontre avec le gros plein de pus, lorsque, finalement submergé par le nombre de ses ennemis et l’amertume envers l’Imperium, il a décidé que sa survie était plus importante que son devoir. Ceci dit, le récit se termine sur un flou artistique et un amoncellement de Zombies affamés sur Sarrien, dont le salut final n’est pas garanti, ralliement à papa Nurgle bien acté par ce dernier ou pas. Quelques dizaines/centaines/milliers d’années plus tard, Dragan est quant à lui saisi d’une impression de déjà vu alors qu’il corrode les armures chromées de ces frimeurs de la IVème, ce qui ne fait que renforcer l’hypothèse de la défection de Mr Talon. Fin du spoiler
AVIS :
Mis à part le manque de clarté de sa conclusion (voir la partie spoiler ci-dessus), Endurance est une soumission solide de la part de l’ami Wraight, sans doute rédigée en accompagnement de son roman The Lords of Silence pour un galop d’essai littéraire. En quelques pages, Chris arrive ainsi à donner une véritable profondeur à ses répugnants héros, dont l’attitude chill, thrill & kill les distingue clairement des autres factions d’Astartes chaotiques et renégats de notre sombre galaxie, en plus de s’accorder parfaitement avec la philosophie débonnaire de Papa Nurgle, ce qui ne gâche rien. Sans rien galvauder de leur nature éminemment mauvaise, Wraight réussit également à rendre attachant (sans mauvais jeu de mots) le personnage de Dragan, dont le caractère égal et l’approche désinvolte de sa pestilentielle vocation le font apparaître comme éminemment plus sympathique que le Seigneur du Chaos lambda de la BL. De l’autre côté du ring, Sarrien s’avère moins mémorable, mais le récit que fait l’auteur de la lutte désespérée du loyaliste pour retarder l’inévitable, de part son caractère assez original (il combat en solo, et pas avec le reste de son escouade) et la bonne prise en compte des effets débilitants de la fatigue et des blessures sur la constitution d’un Space Marine – qui reste une machine de guerre insurpassable, mais peut se mettre dans le rouge s’il tire trop sur la corde – s’avère prenant et plaisant, sur les quelques pages qu’il dure. Une nouvelle SM comme je les aime donc : courte dans son propos, précise dans son dessein, efficace dans sa réalisation et à twist dans sa conclusion. Prenez-en de la graine, les rookies.
Gardant une nouvelle en fois en tête le but premier d’un recueil tel que celui dans lequel elle a été incluse, j’ajouterai pour conclure qu’Endurance fait un beau boulot de présentation d’une faction amenée à jouer un rôle important dans l’univers 40K (la Death Guard), en plus de donner assez envie de lire le long format mettant en vedette les Lords of Silence. Que l’exploration d’un concept central du fluff, le ralliement d’un Space Marine loyaliste au Chaos, soit également présente pour l’instruction des lecteurs novices ajoute encore a l’intérêt du propos, qui mérite donc largement sa place dans le Black Library Celebration 2019.
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Execution – R. Harrison [40K] :
ICÔNE : SEVERINA RAINE, COMMISSAIRE
INTRIGUE :
Sur la morne plaine de Morne, surplombée par la forteresse du même nom, la Commissaire Severina Raine est confrontée à des problèmes d’autorité. Les gros flingues employés par les rebelles défendant le bastion convoité par le haut commandement impérial ont transformé les Fenwalkers du Sergent Keld en Bloodsplatters, ce qui a sérieusement entamé le moral de l’officier supérieur du 11ème Fusilier d’Antari, le Capitaine Tevar Lun. Pas de chance pour ce dernier, ses désirs de reconsidérer l’attaque sur les murs ennemis sont balayés d’un revers de main par Raine, qui n’a d’autre choix lorsque Lun persiste dans sa couardise que de lui coller un bolt entre les deux yeux devant le reste de ses troupes. Propulsée commandante de l’opération par la force (et l’impact) des choses, la première tâche de Raine sera de tourner la colère – légitime – de ses soldats vers les hérétiques Drastiens plutôt que son humble personne. Heureusement, les Antari sont des sujets pieux et disciplinés de l’Imperium, et la carrière de la Commissaire peut se poursuivre plus loin que la troisième page de sa première nouvelle, ce qui est un stade important pour cette classe de personnages. À propos de personnages, profitons-en pour faire un petit tour de table des VIP de la nouvelle, qui sont, histoire de Gardes Impériaux oblige, assez nombreux. Dans le désordre, nous faisons ainsi la connaissance du Capitaine Stormtrooper Andren Fel et ses Duskhounds, du Sergent Daven Wyck et ses Wyldfolk, de la Psyker sanctionnée Lydia Zane et de l’ingénieure militaire Yulia Crys, qui joueront tous un rôle dans la nouvelle.
Cette session de remotivation achevée, il faut maintenant négocier la prise des tranchées adverses pour arriver jusqu’au bouclier cinétique qui protège la forteresse du bombardement impérial, en exploitant les quelques minutes offertes par le rechargement des mitrailleuses lourdes ennemies. Inutile de dire que les Antari se sortent haut la main de cette épreuve, rencontrant quelques bidasses chaotiques en chemin, et perdant au passage une poignée de PNJ, comme le veut la tradition. Au contact de la muraille, Crys parvient à faire un beau trou dans la cloison des hérétiques, permettant aux Antari de pénétrer dans la place sans difficultés. Cette progression rondement menée est entrecoupée de passages en flashback remontant à la nuit précédant l’assaut, pendant laquelle Raine et Fel se sont livrés à leur rituel habituel de dégustation de thé et échange d’anecdotes. On en apprend ainsi plus sur le folklore d’Antari, très représenté dans les noms des escouades du régiment, et sur l’enfance, forcément difficile, de l’héroïne dans le Scholam de Gloam. Plus précisément, la fois où elle a mené deux de ses camarades dans une campagne de dératisation officieuse, s’étant soldée par un succès relatif (extermination du nid de vermine, mais début d’incendie du bâtiment et mort violente de ses comparses dans l’opération). L’occasion pour elle d’apprendre à assumer les conséquences de ses actes, comme elle continue à le faire à ce jour.
Retour à Morne, où les Antari doivent maintenant trouver un moyen de dissiper le bouclier cinétique qui protège toujours la forteresse pour permettre au reste des forces impériales de leur venir en aide. Pas grand-chose à dire sur cette section de combat urbain des plus classiques, qui verra nos personnages s’illustrer contre les hordes de cultistes (très semblables au Pacte du Sang, le masque en moins) et les renforts Ogryns de l’ennemi. L’indispensable Zane est au four et au moulin, protégeant ses camarades avec un bouclier psychique de son cru, et balançant des mandales mentales monumentales à quiconque a le malheur de la regarder de travers. Notons également le caractère sadique de Wyck, et son addiction aux drogues de combat, qui le placent à mi-chemin entre Rawne et Cuuh en matière d’équivalence Tanithienne. Il est déjà entendu que Raine aura à s’occuper de cet élément utile mais incontrôlable, et qui ne peut pas la blairer parce qu’elle n’est pas d’Antari, dans la suite de ses aventures.
Arrivés à l’étage où les rebelles ont stocké leurs munitions, les survivants de l’infiltration retiennent la contre-offensive adverse assez longtemps pour permettre à Crys d’installer un dispositif explosif qui devrait permettre la pacification expresse de ce théâtre, si employé correctement. Zane, dont les pouvoirs incluent la précognition, flaire le coup fourré de Raine, qui place le devoir avant des choses aussi triviales que le bien-être au travail ou la survie des troupes qu’elle a sous ses ordres, mais accepte tout de même de jouer le jeu, bien qu’elle révèle en aparté à la Commissaire que ses visions s’arrêtent après l’explosion de la poudrière de Morne. Raine ordonne alors la retraite jusqu’aux murs du bastion, avant que la situation des impériaux ne deviennent trop intenable, et les force à appuyer sur le bouton un peu plus tôt que prévu…
Début spoiler…S’en suit une explosion catastrophique, à la létalité exacerbée par l’effet couvercle du bouclier de Morne, qui empêche l’énergie dégagée de se diffuser aux alentours, et revient donc dans les dents et les tissus mous des troupes présentes dans la forteresse, qui n’ont d’autres choix que de tomber raides mortes. Cette fin renversante est toutefois épargnée au groupe de Raine, protégé par la MVP Zane, qui prend difficilement sur elle pour abriter ses collègues derrière son fameux bouclier psychique. L’effort consenti ruine toutefois irrémédiablement son rimmel et ses globes oculaires, qui lui coulent sur les joues dans la plus grande tradition des comédies romantiques hollywoodiennes. Voilà pourquoi elle ne voyait plus rien après cette détonation. Prix de la camaraderie pour Lydia Zane, vraiment. C’est toutefois une victoire indéniable pour l’Imperium qui se profile, accomplie grâce à la vaillance et au dévouement (en partie involontaire, Raine ayant menti à ses soldats en leur indiquant que les renforts étaient en chemin) du 11ème Fusilier d’Antari, qui n’a perdu que très peu de personnages nommés, et donc importants, dans la bagarre. C’est ce vieux Tevar Lun qui peut être fier de ses hommes (et femmes) depuis l’au-delà.Fin spoiler
AVIS :
Si vous êtes familiers de la Black Library, il y a de bonnes chances que la lecture de cet ‘Execution’ vous fasse penser aux tribulations martiales du Premier et Unique de Tanith, ce qui n’est guère étonnant quand on compare les castings et les styles de Rachel Harrison et de Dan Abnett1. Etant donné le gouffre qui sépare ces deux séries en termes de publications, il faudra attendre un peu pour s’amuser à une analyse croisée de ces dernières, mais je dois dire que cette nouvelle introduit très proprement, et de façon satisfaisante, les personnages importants du 11ème Fusilier d’Antari, et constitue donc un point de départ tout indiqué pour qui souhaite suivre de plus près la trajectoire de ce nouveau régiment nommé de la GW-Fiction. Harrison présente bien sa galerie de protagonistes, souligne leurs affinités et inimitiés respectives, et ébauche quelques points saillants de leur histoire personnelle, qui sera sans doute au cœur de la suite de leurs aventures. On a également droit à une bone dose de fluff made in Antari, ce qui n’est certes pas essentiel pour la compréhension de Warhammer 40.000, mais dénote toutefois d’un sérieux travail de « caractérisation » de la part de l’auteur, et favorise l’immersion dans l’histoire et l’intérêt pour les personnages mis en scène dans cette dernière. Tant qu’on parle du background, je dois également souligner que cela fait plaisir de voir un.e Commissaire héroïque enfin faire son devoir, c’est-à-dire exécuter un officier refusant ses ordres, sans bénéficier de circonstances atténuantes. La disparition prématurée du Capitaine Lun, présenté comme un type bien et un bon soldat, est donc à savourer2 à sa juste valeur. Enfin, d’un point de vue purement narratif, Harrison rend une copie satisfaisante avec cette nouvelle de Gardes Impériaux de films d’action, nerveuse et sans temps morts. Rien d’exceptionnel ici, mais rien à jeter non plus. Pour boucler la boucle, je dirai que Rachel Harrison signe avec ‘Execution’ une nouvelle d’un meilleur niveau que ce que Dan Abnett avait publié au tout début des ‘Fantômes de Gaunt’. Reste à voir si la suite sera à la hauteur…
1 : Vu la manière dont le second remercie la première dans ses derniers bouquins, il y a de fortes chances que les deux aient l’habitude de travailler ensemble, et que Harrison ait voulu émuler le « maître » dans ses écrits.
2 : Quelle belle remarque de psychopathe tout de même. Mais c’est vrai, toi-même tu le sais.
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The Battle for Markgraaf Hive – J. Hill [40K] :
ICÔNE : MINKA LESK, GARDE DU 101EME CADIEN
INTRIGUE :
Comme les plus sagaces des lecteurs de cette chronique l’auront certainement deviné, la nouvelle du sieur Hill traite donc de la bataille pour la ruche Markgraaf1, opération de reconquête et pacification à laquelle l’unité de Minka Lensk, héroïne récurrente de l’auteur, à le plaisir et l’avantage de participer, en compagnie du \[|{™#{ème Cadien (comprendre qu’entre les pertes au combat non remplacées et les fusions régimentaires qui s’en suivent, les numéros défilent plus rapidement que lors d’une soirée bingo à l’Ehpad de Bois-Robert-sur-Veule).
Au menu de ce qui peut sans doute être considéré comme un séminaire annuel pour les derniers des Targaryen – cette manie de coller des yeux violets aux protagonistes pour les distinguer de la masse… –, une activité de team building dans les ténèbres des niveaux inférieurs de la ruche en question, avec les habituels cultistes hargneux-mais-bon-ça-va-on-a-vu-pire en lieu et place des assiettes en céramique à décorer, qui étaient à la mode en ce genre d’occasions quelques millénaires plus tôt. Une fois la séance initiale de laser game terminée, on enchaîne avec une découverte de la faune locale, qui consiste en des rats de la taille d’un rat et des asticots de la taille d’un chien (appelons-les maxticots), suivie par une session d’aqua-relax dans un bassin naturel, sous les ordres d’un Commissaire-Nageur un brin autoritaire.
À peine le temps de réaliser que les maxticots ne font pas de bons candidats au fish pédicure, à moins d’être un Ogryn peu chatouilleux, qu’il faut enchaîner avec une initiation à l’escrime médiévale/escape game sous la houlette de Philippe Chaos-therine (il coupe sa hache… et il rallume sa hache…), Space Marine renégat reconverti en coach de vie. Cette journée intense se termine par quelques longueurs de brasse coulée, un temps calme de 10 minutes devant une œuvre d’art moderne convenablement moche, et un ultime passage au hammam (mais habillé, ce qui est concept). Ce n’est pas tout le monde qui a la chance de vivre des séminaires aussi riches. Merci qui ? Merci Abby !
1 : À ne pas confondre avec la ruche Steffigraaf, qui malgré quelques revers, est toujours au service de l’Empereur.
AVIS :
Propulsé directement dans le feu de l’action dès les premières lignes de The Battle… (au moins, le titre n’est pas mensonger), le lecteur aura sans doute quelques difficultés à comprendre les tenants et les aboutissants de cette successions de péripéties aussi guerrières que brouillonnes, expédiées sans tact, ni finesse, ni connecteurs logiques (ce qui surprend au début, irrite au milieu, et fait marrer à la fin) par un Justin Hill aussi maître de son propos qu’un élève de CM1 couchant par écrit le récit de ses vacances de printemps.
Si le début de la nouvelle fait illusion, tout se corse à l’arrivée sur la mare aux maxticots, théâtre d’une empoignade confuse, suivi de l’arrivée d’un groupe de survivants – dont un Valhallan, qui passait dans le coin – mené par un Commissaire, suivi de l’exécution d’un Garde qui trouvait l’eau trop froide, suivi de l’arrivée du random Chaotic Space Marine de base, suivi d’une ré-empoignade confuse, suivie d’une fuite éperdue de l’héroïne jusqu’au fond du bassin, suivi d’un questionnement philosophique sur la destinée des Cadiens survivants, suivi d’un séchage express, inexpliqué et interprété comme miraculeux par une Minka à laquelle il ne faut pas grand chose, des vêtements de nos héros, suivi de la fin du récit, qui s’achève donc davantage comme un chapitre de roman qu’un court format digne de ce nom, faute d’un dénouement digne de ce nom (sauf si être coincé à deux sans matos dans une caverne inondée peuplée de vers carnivores géants et squattée par des hordes d’hérétiques peu aimables et un Space Marine du Chaos altéré de sang constitue un explicit satisfaisant, bien sûr1).
Pauvre en termes de fluff, d’informations sur le passif de Mina Lensk, et d’une assez grande banalité dans son propos, The Battle… lorgnait peut-être du côté de la saga Gaunt’s Ghosts, et notamment du siège de Vervunhive couvert dans Necropolis, pour son inspiration, mais le fruit (plein d’asticots, donc) est tombé trèèèès loin de l’arbre. Pour laisser le mot de la fin, en même temps que du début, car j’aime bien boucler des boucles sur mon temps libre, à Hill en personne : « What the hell is happening ? »
1 : Si c’est le cas, vous êtes bizarre.
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The Smallest Detail – S. Mitchell [40K] :
ICÔNE : CIAPHAS CAIN, COMMISSAIRE & HÉROS DE L’IMPERIUM
INTRIGUE :
À la recherche de petits extras pour égayer l’ordinaire de son cher Commissaire Cain, le brave Jurgen a pris sur lui de visiter les entrepôts de la milice de Helengon, monde banal sur lequel la Garde a été déployée pour écraser une insurrection l’étant tout autant. Usant de la considérable influence de son supérieur pour impressionner le responsable de l’entrepôt, un certain Sergent Merser, l’homme à tout faire du Héros de l’Imperium déambule longuement entre les travées et les étagères, emplissant sa musette des spécialités culinaires locales les plus appétissantes, à commencer par un saucisson d’anguille de sable tout simplement comestible, ce qui est déjà plus que ce que la majorité des rations du Ministorum peuvent revendiquer. Ces emplettes complétées, Jurgen se dirige tranquillement vers la sortie du site, mais remarque rapidement qu’il a été pris en filature par des amateurs, ce qui ne le trouble pas outre mesure1. Et en effet, l’embuscade dans laquelle il prend soin de tomber, et qu’il déjoue grâce à son entraînement et équipement supérieur, n’aurait pas cassé trois pattes à une Sentinelle. Seul petit problème, l’échange de tirs entre notre héros et son dernier adversaire a eu pour effet de déclencher un incendie (c’est ça que de s’abriter derrière des fûts de prométhéum), rendant l’identification des assaillants de Jurgen difficile.
Rejoint par la Prévôte Liana, qui se trouve en charge de l’enquête de cette tentative d’assassinat caractérisé, et par le Sergent Merser, qui accepte de jeter un œil sur les inventaires des autres entrepôts de la milice pour tenter de comprendre comment les tueurs en (im)puissance ont réussi à trouver uniformes et fusil laser2, Jurgen accepte de coopérer à l’investigation, mais seulement jusqu’au moment où il devra rentrer au camp pour préparer le jambon-purée de Cain. Très étrangement, l’étude des documents officiels ne donne rien, les inventaires inspectés par Merser étant trop mal tenus pour détecter des absences ou surplus de matériel (contrairement aux siens, d’une impeccable et implacable précision). Le dossier menaçant de piétiner, Jurgen prend congé, indiquant à ses comparses son intention de rentrer au bercail à pied, comme il est venu…
Début spoiler…Sauf qu’il était en fait venu en moto (une Salamander n’étant pas pratique dans une ville pas encore en ruines, et donc pleine de feux rouges, de livreurs Deliveroo et de petites mamies en déambulateur), et qu’il a fait exprès de mettre Merser sur une fausse piste, car il se doutait de la participation du Sergent dans la conspiration le visant. Aussi, lorsqu’il le voit sortir en courant de l’entrepôt quelques minutes après lui et sauter dans une camionnette qui part à fond de train pour rattraper le piéton qui n’en était pas un, Jurgen prévient Liana et se met en filature de la taupe, qu’il rattrape et immobilise au premier carrefour venu. Finalement, il s’avère que toute cette affaire n’a été qu’un énorme et regrettable (pour Merser, et plus encore pour ses complices) malentendu, le Sergent faisant partie d’un gang détournant de la nourriture pour la revendre à prix d’or sur le marché noir. Persuadé que Jurgen allait le dénoncer auprès de Cain (ce que l’aide de camp n’avait pas du tout l’intention de faire, car comme il le reconnaît lui-même, tout le monde fait ça), Merser a tenté de réduire le Valhallan odoriférant au silence, avec des résultats médiocres. Ironie de l’histoire, ce sont ses inventaires trop parfaits qui ont mis la puce à l’oreille de Jurgen, qui, en tant que Garde vétéran, sait bien que ce genre de documents sont par nature inexacts. Encore une fois, le mieux a été l’ennemi du bien !Fin spoiler
1 : Quand on est un vétéran ayant combattu les Tyranides et les Necrons à plusieurs reprises, plus grand-chose ne vous excite.
2 : L’absence de -s est volontaire, car sur les trois assaillants, un seul était convenablement armé.
AVIS :
Si cette petite nouvelle mettant à l’honneur le fidèle sidekick de Ciaphas Cain plutôt que ce dernier1 se laisse lire sans problème, et permet au lecteur non familier de l’approche particulière que Sandy Mitchell a du grimdark de découvrir cette dernière, je m’interroge sur la pertinence de l’intégrer dans un recueil dédié aux icônes de la GW-Fiction, dont Jurgen ne fait définitivement pas partie. Ce ne sont pourtant pas les courts formats où Cain tient la vedette qui manquent, et qui auraient à mes yeux bien mieux fait l’affaire ici. Je suis également un peu déçu que le titre équivoque de l’histoire n’ait au final débouché sur rien dans le dénouement de l’intrigue. Mitchell nous montre en effet Jurgen prendre en note mentale le nom d’un parfait inconnu, parce qu’on ne sait jamais, ça peut servir… sauf que ça n’a servi à rien ici. Le fusil de laser de Tchekov, ça te dit quelque chose ? Bref, ‘The Smallest Detail’ est loin d’être la meilleure, ni la plus adaptée, des nouvelles de Ciaphas Cain que l’on puisse parcourir, et je recommanderai donc au lecteur de retenter sa chance avec une autre soumission pour prendre la véritable mesure du Héros de l’Imperium.
1 : Ce n’est pas le premier texte de ce type, l’hyper court format ‘A Mug of Recaff’ étant également centré sur Jurgen.
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Of Their Lives in the Ruins of Their Cities – D. Abnett [40K] :
ICÔNE : IBRAM GAUNT, COMMISSAIRE GÉNÉRAL DU PREMIER & UNIQUE DE TANITH
INTRIGUE :
Nous suivons le premier et unique Commissaire-Colonel Ibram Gaunt, en charge du régiment du même statut, dans les premiers temps – assez difficiles – de son affectation à la tête des Tanith. Encore inexpérimentés, bien qu’ayant déjà soufflé dans les naseaux des Sang Bleu de Volpone en prenant la ville de Voltis à leur place, les futurs de Fantômes ont subi la vengeance mesquine de Noches Sturm et ont été chargés de mener une mission de reconnaissance dans les ruines de la seconde cité de Voltemand, Kosdorf, pendant que le gros de la croisade partait vers d’autres théâtres d’opération. L’équivalent de « va voir là bas si j’y suis » en termes militaires, ce qui n’aide pas vraiment à motiver la troupe. Cette dernière, toujours traumatisée par la perte de son monde natal, en veut méchamment à Gaunt, et le Commissaire a bien du mal à briser la glace avec ses nouvelles troupes, dont il ne pense pas grand-chose de positif pour le moment. Il songe même sérieusement à accepter l’offre que lui avait faite son vieux copain Blenner, un petit piston bien placé pour remettre sa carrière sur les rails, et laisser ces tree huggers de Tanith derrière lui. Il conserve à cet effet la lettre que son camarade lui a écrite dans la poche de son uniforme, comme un joker à abattre en cas de besoin.
La nouvelle décrit l’opération de reconnaissance montée par Gaunt et Corbec pour explorer Kosdorf avant que le gros du contingent impérial soit prêt à avancer, et qui, ô surprise, se passe très mal. Il s’avère rapidement que l’Archennemi a conservé des amis séides dans la ville, des cohortes de forces de défense planétaire rendues folles par les maléfices du Chaos et le manque de nourriture. Voulant gérer la situation comme un grand, Gaunt opte pour une retraite combattante, afin de laisser le temps à Caffran, son adjudant intérimaire depuis la mort de Sym sur Tanith (et avant que Gaunt n’embauche Milo pour ne plus avoir à entendre les « steuplé msieur steuplééééééééééééééé » du gamin), de prévenir le reste du régiment du problème rencontré (comme d’habitude, la radio ne marche pas, sinon c’est pas drôle). Cette situation stressante (les Doskorfers étant adeptes de la guerre psychologique et se faisant passer pour les véritables fantômes de Tanith pour saper le moral de l’adversaire) lui permettra de prendre la mesure des hommes qui le servent, depuis le cordial Corbec jusqu’à l’instable Larkin, en passant par l’imprécis (mais pas cette fois) Bragg, le clairvoyant Domor ou l’insaisissable Mkoll. Lorsque les renforts finissent enfin par arriver, menés par l’au fond pas si méchant que ça Major Rawne et sa bande de vauriens1, tout est bien qui finit bien pour les Tanith, qui sortent un peu plus unis de cette escarmouche. Symbole de l’enterrement de la hache en nalwood de guerre entre Gaunt et ses bidasses, le premier brûle la lettre de Blenner2 à son retour au campement, liant ainsi son destin avec celui de ses Fantômes. La suite fait partie de l’histoire de la GW-Fiction…
1 : Qui s’étaient amusés à faire les poches de leur officier et lui avait soutiré la lettre de Blenner, au grand désarroi de Gaunt. Ils lui ont toutefois rendu à la fin de la nouvelle.
2 : On peut supposer que la missive contenait l’adresse mail et le numéro de téléphone de Blenner, que Gaunt n’avait pas enregistrés ailleurs. Sinon je ne vois pas en quoi ce geste incendiaire empêcherait notre héros de saisir sa chance de mutation.
AVIS :
Longue nouvelle (50 pages tout de même) se taillant la part du lion dans tous les recueils dans lesquels elle a été incluse (dont ‘The Hammer & the Eagle’), ‘Of Their Lives…’ est le récit d’introduction ultime aux Fantômes de Gaunt, écrit par Dan Abnett avec ce but particulier en tête, au moment où la saga avait déjà atteint son statut légendaire parmi la communauté. Il est intéressant à ce titre de la comparer à des travaux plus anciens, mais sensiblement similaires car relatant l’apprivoisement mutuel entre le Commissaire-Colonel et ses nouvelles recrues. Les contributions d’Abnett à la première mouture d’Inferno ! (‘Ghostmaker’ – la nouvelle – , ‘A Blooding’, ‘The Hollows of Hell’) traitent ainsi de ce sujet de manière fort logique, à fins de présentation et d’établissement de cette nouvelle (à l’époque) série. Un peu plus tard, Abnett se fendit d’un ‘In Remembrance’ prenant place après ‘Necropolis’, et donnant à nouveau au lecteur novice un échantillon représentatif en même temps qu’un tour de table des personnalités importantes, du Premier et Unique de Tanith. ‘Of Their Lives…’ est la version revue, corrigée et probablement définitive de ce didacticiel narratif, présentant une fois encore les personnages « initiaux1 » de la série, leurs personnalités, leurs motivations et leurs rapports les uns par rapport aux autres. Ce côté social est particulièrement exploré ici, et justifie bien plus les 50 pages de la nouvelle que l’intrigue, relativement simple, qui sous-tend cette dernière.
Si ‘Of Their Lives…’ est d’abord destinée à un public non familier avec les Fantômes de Gaunt, Abnett n’oublie pas ses vétérans et s’amuse à glisser de nombreux clins d’œil à la suite des événements, que seuls les connaisseurs pourront détecter. La destinée de certains Tanith est esquissée de façon prophétique (Caffran, Feygor, Beltayn…) parfois jusqu’à un stade avancé de la saga (dialogue « bon pied bon œil » entre Larkin et Gaunt), tout comme celle de Noches Sturm, à qui Milo promet un retour de bâton karmique que le Volpone recevra bien quelques années plus tard. Notons également la référence croisée aux travaux inquisitoriaux d’Abnett, nouvelle passerelle/easter egg à recenser dans le « Daniverse ». Au final, cette nouvelle accomplit parfaitement son objectif, de façon peut-être un peu transparente pour le lecteur avisé, mais Dan Abnett, égal à lui-même, signe un texte suffisamment solide pour que tout le monde y trouve son compte. Si vous voulez découvrir un des mythes fondateurs et structurants de la Black Library, ‘Of Their Lives…’ est donc le point de départ idéal pour se familiariser avec une saga aussi colossale que celle des Fantômes de Gaunt.
1 : Note à l’attention des lecteurs ne connaissant par les Fantômes de Gaunt : Abnett a pris un malin plaisir à rajouter des personnages non Tanith à son casting au fur et à mesure des campagnes du régiment. Si vous pensez qu’il y a une foule de noms à retenir ici, attendez un peu de lire ‘The Lost’ ou ‘The Victory’.
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Mercy – D. Ware [40K] :
ICÔNE : AUGUSTA, SŒUR SUPÉRIEURE DE L’ORDRE DE LA ROSE DE SANG
INTRIGUE :
Sur le monde de Lautis, isolé dans l’arrière-pays de l’Ultima Segmentus, une escouade de Sœurs de Bataille de l’Ordre de la Rose de Sang menée par la Sœur Supérieure Augusta Santorus explore les ruines d’une cathédrale impériale, peut-être dédiée à Sainte Mina, et peut-être dédiée à Saint Maclou (qui peut dire ?), à la recherche de… quelque chose. Escortées par un missionnaire de l’Ecclésiarchie (Lysimachus Tanichus), ayant pris sur lui de ranimer la flame de la foi en l’Empereur parmi la plèbe locale après des siècles d’isolement et d’obscurantisme, l’Adeptus Sororita s’est en effet lancé dans une quête aussi pressante que floue pour une statue pouvant être liée aux origines de l’Ordre. On ne saura jamais pourquoi l’identification du patrimoine sacré constitue une priorité telle pour les membres de la Rose de Sang, mais toujours est-il que nos intrépides sistas se retrouvent fort dépourvues quand la Waaagh ! locale fut venue.
Coincées dans les ruines de la maison de Pépé (Question : peut-on considérer les temples impériaux comme des Ehpads, de ce fait ?), Santorus et ses sous-fifres optent alors pour un dernier carré héroïque et commencent à arroser les peaux vertes de bolts et d’imprécations en Haut Gothique, avec des effets spectaculaires, tant sur les effectifs de la horde ork que sur la culture générale du lecteur. Las, cela ne suffit pas à décourager les belliqueux Xenos de forcer l’entrée du lieu saint sous le seul poids du nombre, forçant les fifilles survivantes à, je vous le donne en mille, engager les brutes au corps à corps. Et pas n’importe comment, qui plus est : à mains nues. Oui, vous avez bien lu, ô incrédules lecteurs : c’est bien à coup de poing et de pied (pas de crépage de chignon possible avec les Orks malheureusement) que Santorus et consœurs tombent sur le râble, plutôt costaud, des aliens mécréants. Et le meilleur dans tout ça, c’est qu’elles leur mettent une énorme race, à l’image d’une Sœur Supérieure déchainée et tenant facilement tête à un Warboss Blood Axe, avec et sans arme. Pourquoi avoir des progénoïdes quand on peut avoir des stéroïdes ?
Les Orks finalement mis en déroute, et leur chef exécuté d’un bolt en pleine tête après un sommaire interrogatoire ayant permis de mettre à jour la duplicité de ce traître de Tanichus (c’est un nom de fourbe, je l’ai toujours dit), il est temps pour Augusta de (se) rendre justice afin des réparer les torts subis (une Soeur décédée d’allergie à la grenade, et quatre permanentes totalement ruinées). Guidée par une inspiration soudaine, et sans doute divine, elle décrète donc la mort du félon, ignorant ses piteuses justifications pseudo humanitaires, et l’annexion de Lautis au sein du protectorat de l’Ordre. Pourquoi ? Parce que. The end.
AVIS :
Que garder de Mercy, première soumission de la newbie Dannie Ware pour la Black Library ? Pas grand-chose, malheureusement. Sur le fond, l’intrigue proposée tient en une demi-ligne (attention, vous êtes prêts ? “Sistas versus Orks dans une cathédrale”. Ta-daaaaa!), et le “twist” final gardé en réserve par l’auteur tombe tellement à plat qu’on aurait même du mal à le considérer comme tel. Que Tanichus ait mené son escorte dans un piège, soit. Mais apprendre que la motivation profonde des Orks, et la raison pour laquelle ils ont accepté la proposition du missionnaire, est la récupération des armes d’une pauvre escouade de cinq Sororitas, no way. L’histoire a beau se dérouler dans l’Ultima profond, plus cheap que ça, c’est fouiller les poubelles des colons locaux pour récupérer les bouteilles d’amasec consignées au Simply Market du coin. Respectez-vous tout de même, Messieurs les peaux vertes.
Sur la forme, on aura bien du mal à pardonner à Ware les libertés qu’elle prend avec quelques principes fondateurs et porteurs du fluff de GW, au premier du rang duquel on trouve l’axiome : “Les Orks sont des forces de la nature”. Faire triompher une escouade de Space Marines d’Assaut vétérans d’une empoignade contre ce type d’adversaires, pourquoi pas (et encore). Mais une poignée de Sœurs de Bataille qui tatane comme qui rigole dix fois leur nombre et cent fois leur poids en géants verts, sans subir une seule perte dans le feu de l’action, et en recourant à des prises de catch histoire de faire kwioul, non merci. Ajoutez à cela un character development aux abonnés absents et quelques incongruités (comme une statue disposée de telle façon à ce qu’elle soit tournée vers Sainte Terra… donc vers l’Ouest-Sud-Ouest, c’est bien connu) sans conséquences pour le récit mais pas pour la crédibilité de ce dernier, et vous obtenez une nouvelle à remiser dans le fond des cartons du second choix de la BL. Mercy ? Sans façons.
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Thorn Wishes Talon – D. Abnett [40K] :
ICÔNE : GREGOR EISENHORN & GIDEON RAVENOR, INQUISITEURS DE L’ORDO XENOS
INTRIGUE :
Par une sombre nuit d’orage, un petit groupe de mystérieux individus débarque sur la planète Malinter, et prend la direction d’une tour en ruines où un rendez-vous a été fixé avec une tierce partie anonyme. Voilà qui est bien brumeux, voire fumeux, vous en conviendrez. Sur le chemin, les marcheurs sont attaqués par 6/7 hostiles, donnant l’occasion à Abnett de présenter ses protagonistes de façon convenable. À tout seigneur container, tout honneur, commençons par le meneur de la bande, l’Inquisiteur Gideon Ravenor, puissant Psyker réduit à l’état de loque humaine lors d’un attentat chaotique il y a bien longtemps, et confiné dans un fauteuil flottant énergétique depuis lors. Il a amené avec lui quelques copains pour lui servir de garde de la carrosserie : l’Interrogateur Carl Thonius, incarnation parfaite du hacker nerd passant la moitié de son temps à se plaindre, et l’autre à balancer des vannes caustiques, les hommes et femmes de main Harlon Nayl, Kara Swole et Zeph Mathuin, et la télékine Patience Kys. Seul Gigi sait ce qui les attend sur Malinter, et il refuse obstinément de s’en ouvrir à ses collaborateurs, même après que cette première embuscade, prélude à de nombreuses autres, se soit terminée en faveur des visiteurs (grâce à la combo mortellement efficace lévitation forcée + canon d’assaut rotatif).
La progression de nos héros devient de plus en plus difficile au fur et à mesure qu’ils s’approchent du sommet de la tour, des hordes des cultistes chaotiques se mettant en travers de leur route dans le but d’empêcher la rencontre de haut niveau (à tout point de vue) de se produire. Laissant Thonius, Nayl et Mathuin retenir la plèbe et échanger des blagounettes, ce Dom Juan de Ravenor entraîne Kys et Swole à sa suite jusqu’au rooftop du gratte ciel, où les attend ce bon vieux Gregor Eisenhorn, mentor de Gideon et ex-employeur de Kara. Disparu de la circulation depuis des lustres, et présumé mort ou radical par l’Imperium (voir la trilogie ‘Eisenhorn’ d’Abnett à ce sujet), Greg le Grabataire est toujours actif dans le game et déterminé à s’opposer au Chaos par tous les moyens nécessaires, y compris en retournant ses armes et méthodes contre lui. Le seul équipier conservé par Eisenhorn dans sa lutte contre l’anarchie galactique est ainsi le possédé Cherubael, qui lui sert de gros bras mais également d’auxiliaire de vie (dur de monter en haut d’une tour de 500 mètres – sans ascenseur – quand on est invalide à 93%1). Ces retrouvailles émouvantes entre les deux invalides tournent rapidement à la réunion professionnelle, Eisenhorn ayant voulu prévenir son disciple de l’intérêt que lui portent les membres de la Divine Fraternité, un culte chaotique spécialisé dans les catastrophes à venir. D’après leurs dernières (pré)visions, Ravenor, ou quelqu’un de son entourage, jouera un rôle décisif dans l’incarnation du démon Sliite dans notre dimension, ce qui aura évidemment des conséquences néfastes pour l’Imperium. Une barquette avertie en valant deux, Eisenhorn tenait à faire passer le message à son ancien Interrogateur, qui décide naturellement de… continuer ses investigations sur Eustis Majoris, précisément là où le démon fera son entrée dans le Matérium. Mais attention, en faisant attention.
Un peu plus bas, le Supreme NTM (Nayl, Thonius & Mathuin) a bien du mal à gérer le Dreadnought que les cultistes ont fait venir en renfort. Ils parviennent cependant à le retenir suffisamment longtemps avec leurs grenades krak (un peu) et chamailleries (surtout) pour que les Inquisiteurs se traînent enfin à leur niveau, leur conciliabule achevé, et règlent son compte à la menaçante machine. Le reste n’est qu’une formalité, et après un joyeux massacre de chaoteux et un salut au club des anciens (Nayl et Swole ayant commencé par servir Gregor avant de rejoindre Gideon), Ravenor et Eisenhorn se séparent à nouveau, peut-être pour la dernière fois. La suite sera racontée dans ‘Ravenor Returned’, le deuxième tome de la trilogie consacrée par Abnett au Stephen Hawkins du 41ème millénaire.
1 : Ce qui pose la question : pourquoi Eisenhorn a-t-il donné rendez-vous à son pupille, à la mobilité également réduite, dans un endroit aussi difficile à atteindre ? Autrement que pour le côté grandiose, s’entend ?
AVIS :
Abnett trouve un prétexte assez quelconque pour réunifier le temps d’une nouvelle la team GG de l’Inquisition, et on peut lui en être gré. Il est clair à la lecture de ‘Thorn Wishes Talon’ que l’équilibre des forces penche en faveur de Ravenor (dont la saga était en cours d’écriture au moment de la première publication de cette nouvelle), Eisenhorn en étant réduit à faire un cameo plutôt qu’à participer réellement à l’intrigue. En ce sens, cette nouvelle donnera sans doute plus envie au lecteur de se pencher sur les aventures de Gideon le gai luron plutôt que sur celles de Gregor Trompe-la-Mort, même si les deux séries méritent définitivement la lecture. On prend plaisir à voir opérer une équipe d’agents de l’Inquisition, constituée d’individus au caractère bien trempé et aux compétences uniques, ce qui donne un cocktail savamment mixé d’action et de punchlines, saupoudré par quelques éléments de fluff dignes d’intérêt, dans le plus pur style d’Abnett. Je place ‘Thorn Wishes Talon’ en dessous des histoires policières/roman noir (‘Missing in Action’, ‘Backcloth for a Coin Additional’) et détaillant l’origine/la destinée de personnages secondaires importants des travaux inquisitoriaux de Dan Abnett (‘Playing Patience’, ‘The Strange Demise of Titus Endor’), mais vous pouvez tout de même y aller les yeux fermés (ou pas, c’est tout de même plus pratique pour lire un texte).
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The Wreckage – D. Annandale [40K] :
ICÔNE : SEBASTIAN YARRICK, COMMISSAIRE
INTRIGUE :
Où il sera question des premières années de service de Sebastian Yarrick, avant qu’il ne devienne la légende acariâtre que l’Imperium connaît et adore redoute. Déjà engagé aux côtés de la Légion d’Acier d’Armaggedon, notre héros se retrouve en mauvaise posture lors de la traque d’une bande de pirates hérétiques ayant fait du vilain dans le secteur de Statheros, et qui semble avoir un coup d’avance sur ses adversaires impériaux. Débarqué à la surface d’Aionos, une lune servant de décharge à vaisseaux spatiaux en fin de vie, le 252ème Régiment de la Légion d’Acier tombe dans une embuscade qui le force à s’abriter derrière une épave (d’où le titre. Ça, c’est fait.), en attendant des jours meilleurs, ou un coup de génie militaire de la part du Capitaine Jeren Marsec, leader charismatique mais tête brûlée de l’expédition. Yarrick, bien moins dominateur que dans ses dernières années, se contente d’observer avec circonspection la tournure que prennent les événements, échangeant quelques remarques acerbes avec son pote Otto Hanoszek, Sergent expérimenté du 252ème, avec lequel il partage quelques doutes sur la qualité du Capitaine Marsec. Ce dernier, qui a vraiment la confiance, se permet de faire des blagues au sujet de son Commissaire, et propose en toute simplicité de charger en masse les lignes ennemies (situées en hauteur et mieux fortifiées que celles des impériaux) afin de forcer les hérétiques à se concentrer au même endroit pour repousser l’attaque, les transformant en cible facile pour la frégate d’Armaggedon (Castellan Belasco) qui stationne en orbite. Moyennement emballé par ce plan à 80% suicidaire, Yarrick accepte tout de même de marcher dans la combine, mais le coup de bluff de Marsec ne donne rien. Il semble en effet que le fourbe ennemi se soit fait la malle au lieu de tenir sa position, comme il était convenu qu’il le fasse.
Dépité autant que déboussolé par ce coup du sort, Marsec contacte la frégate pour annuler la frappe orbitale, mais réalise un peu tard qu’il vient de re-re-retomber dans un piège, les hérétiques ayant capturé le vaisseau et n’attendant que la confirmation du Capitaine que ses troupes forment un gros tas bien compact au sol pour donner du macrocanon. Le subtil accent nazillard de l’opérateur radio auquel Marsec s’adresse met toutefois la puce à l’oreille de Yarrick, qui parvient à sauver quelques meubles en ordonnant une dispersion stratégique quelques instants avant que la catastrophe ne frappe. La situation du 252ème est toutefois des plus précaires, réduit à quelques escouades éparses, mené par un officier totalement hébété par la tournure qu’on prit les événements, et confronté, en plus des pirates de l’espace, à une escouade de Space Marines du Chaos des tristement célèbres Harkanor’s Reavers (la Légion des Damnés, goût Hérésie).
Prenant en charge les opérations le temps que Marsec sorte de sa torpeur, Yarrick entraîne ses survivants dans un complexe de pyramides enfoui sous le sol de Aionos, et découvert par le bombardement spatial. Je ne vous ferai pas l’insulte de laisser planer l’ombre d’un suspens sur la présence de Necrons dans cette nécropole, car c’est évidement le cas. Pris entre le marteau du Chaos et l’enclume des Xenos, Yarrick parvient à feinter son monde en passant en mode furtif, laissant les hérétiques menés par leurs gros copains énergétiques se ruer sur les robots tueurs, avec des résultats concluants. Un bonheur n’arrivant jamais seul, nos héros apprennent que l’équipage du Castellan Belasco a réussi à se libérer et est sur le point de reprendre le contrôle du vaisseau, ce qui permettrait au 252ème de tirer sa révérence sur cette victoire mineure. Problème, le bombardement a séparé les Gardes Impériaux en deux, et le groupe mené par le Sergent Hanoszek est confronté à la même situation que celui de Yarrick (hérétiques, Space Marines du Chaos, pyramide…), sans bénéficier de la présence scénaristiquement salvatrice de ce dernier.
Conscient que la situation de ses camarades est sans espoir1, Yarrick essaie de convaincre Marsec, qui a enfin repris ses esprits, de ne pas jouer au héros en essayant de monter une opération de secours vouée à l’échec. En vain. Seb la Frite passe alors en mode Commissaire et colle un bolt dans la tête de l’officier, qui n’attendait que ça en fait, histoire de mourir en martyre au lieu de devoir justifier son incompétence auprès du haut commandement à son retour. Grand prince, Yarrick annonce lui-même à Hanoszek qu’il a été désigné volontaire pour mourir au nom de l’Empereur, ce que ce dernier accepte avec stoïcisme, et laisse sa radio ouverte jusqu’au bout pour recueillir les derniers râles des héroïques bidasses. Kelôm.
1 : Ils sont confrontés à 3 Astartes du Chaos. 3 ! C’est Gaunt qui doit doucement rigoler dans son coin.
AVIS :
Une nouvelle sur Yarrick où aucun Ork ne vient pointer le bout de son (absence de) nez, cela fait bizarre, tant cette race de Xenos est centrale dans la saga du vieux Commissaire. Le récit que fait Annandale du début de la carrière du héros d’Armaggedon, que l’on découvre déjà animé de puissantes convictions quant à la manière d’accomplir son devoir, même s’il se laisse ici marcher sur les pieds par cette fantoche de Marsec, ne s’avère pas vraiment mémorable, et je pense que le nombre très important de factions convoquées dans cette courte nouvelle joue un rôle important dans ce constat de bofitude. Était-il vraiment nécessaire de faire intervenir les Necrons (qui n’apparaissent même pas directement dans le récit d’ailleurs) dans cette péripétie mineure de la carrière de Yarrick ? Cela renforce en tout cas le running gag de la nécropole enfouie sous trois centimètres de sable, et qui se réveille dès que le chien du héros la déterre par inadvertance en creusant un trou pour son os. À vouloir jouer à la fois sur le tableau de la psychologie (Yarrick se retrouve confronté à un dilemme moral qui aura des conséquences sur la suite de sa vie) et de l’action (Yarrick doit mener ses hommes à la victoire en dépit des circonstances) en aussi peu de pages, Annandale score moyennement sur les deux dimensions, et ce faisant, ne rend pas vraiment service au héros qu’il est sensé glorifier.
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Rite of Pain – N. Kyme [40K] :
ICÔNE : ADRAX AGATONE, CAPITAINE DE LA TROISIÈME COMPAGNIE DES SALAMANDERS
INTRIGUE :
Malgré leur réputation de gros nounours, les Salamanders ne sont pas exempts de pratiques douteuses. La scène qui se déroule en ouverture de ‘Rite of Pain’ (une nouvelle qui ne traite pas de la manière de faire une Tradition à la mie moelleuse et à la croûte ferme, ce qui est, de l’avis général, très dommage) le démontre bien. Un trio de tortionnaires s’amuse en effet à pyrograver le torse d’un prisonnier enchaîné à une table d’opération, en lui recommandant de « sentir le moment » et « accueillir la souffrance », préceptes admirables en théorie mais dont l’individu se trouvant du mauvais côté du fer rouge a du mal à faire usage. Nos trois larrons sont le Capitaine Adrax Agatone, le Chapelain manchot Elysius, et Jean-Alphonse Diplodocus, prêtre tisonnier. Ils semblent avoir des difficultés à convaincre leur invité des vertus de leur philosophie masochiste, pour des raisons qui seront gardées sous silence par Nick Kyme. On apprendra juste que le gonze qui joue le rôle du steak sur le grill de la cafétéria des Salamanders est sauvage et dangereux, et a déjà occis sept collègues de Jean-Alphonse avant d’être appréhendé.
Aux grands maux les grands remèdes, Elysius demande et obtient un tête à tête avec le prisonnier pour lui apprendre une bonne leçon. Pendant qu’Adrax et Jean-Alphonse prennent une pause clope à l’extérieur, le Chapelain libère sa victime… et lui refait le portrait d’une main experte, tout en continuant à le poker avec son tisonnier, jusqu’à ce que le malappris demande grâce et récite son catéchisme comme il faut. Avant que le rideau ne tombe, nous faisons donc la connaissance de frère Zartath, qui semble avoir été confirmé comme Salamander après ce bizutage en règle, et malgré le fait qu’il soit capable de faire pousser des griffes d’os depuis ses avant-bras. Ils prennent des mutants maintenant sur Nocturne ?
AVIS :
J’avoue avoir un peu triché en préparant la critique de cette nouvellinette (5 pages) de Kyme, que son auteur a gardé volontairement obscure pour qui n’est pas familier des travaux nocturnes de l’auteur-éditeur de la BL. Il s’avère que ‘Rite of Pain’ se situe à la croisée des événements relatés dans ‘Nocturne’ et ‘Rebirth’, et a certainement été sélectionnée pour l’inclusion dans ‘The Hammer & the Eagle’ sur la base de la participation du Capitaine Adrax Agatone à cet épisode très mineur du ‘Tome du Feu’, nom de l’anthologie consacrée par Kyme à ses chers lézards. Nouvelle figure de proue du Chapitre depuis la sortie de sa figurine et de son profil dans le Codex Space Marines, Agatone n’est cependant qu’un second rôle lointain dans la saga vulcanisée de Nick Kyme, par rapport au duo Dak’ir et Tsu’Gan sur lequel l’essentiel de la série repose. Faut-il voir un nouveau départ pour les Salamanders au sein de la BL ? Sans doute, mais on leur souhaite des écrits plus intéressants et détaillés que ce min…uscule ‘Rite of Pain’, qui ne présente ni ne suscite guère d’intérêt pour le lecteur.
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Chains of Command – G. McNeill [40K] :
ICÔNE : URIEL VENTRIS, CAPITAINE DE LA QUATRIÈME COMPAGNIE DES ULTRAMARINES
INTRIGUE :
Engagé dans la campagne de pacification de Thracia avec un contingent d’Ultramarines placé sous le commandement du Capitaine Idaeus, le Sergent Uriel Ventris a été chargé de mener l’assaut sur le pont 2-4, tenu par les rebelles ayant eu l’audace de se soulever contre le bienveillant Empereur, et qu’il convient de faire sauter pour éviter que la contre-attaque de la Garde Impériale en direction de la capitale planétaire ne soit prise de flanc. Après quelques paragraphes de « mes sens sont vraiment trop développés lolilol » #ImTheBest #YouCantWriteAstartesWithoutStar, qui expliquent en grande partie pourquoi personne n’aime les Ultramarines, Ventris accomplit sa mission, déclenchant un assaut en règle de ses petits copains bleu pervenche et vert sapin sur la position adverse. Désespérément surclassés, les défenseurs se font hacher menu, et les meilleurs de l’Empereur s’organisent pour tenir le pont assez longtemps pour permettre au vénérable Techmarine Tomasin de placer les explosifs qui permettront de faire écrouler l’ouvrage d’art dans la gorge en contrebas.
Nous faisons la connaissance du Capitaine Idaeus, un officier vétéran et proche de ses hommes, connu pour son approche distanciée du saint Codex Astartes, ce qui n’en finit pas de sidérer le rigoriste Ventris. Ce même Idaeus a d’ailleurs fait montre de ses tendances libertaires en menant la charge contre un nid de bolters lourds, au lieu d’attendre le soutien du reste de ses hommes, comme ce planqué de Guilliman l’avait pourtant préconisé dans ses écrits. Depuis cinquante ans qu’ils combattent ensemble, Idaeus n’a pas réussi à convaincre son bras droit de l’avantage de s’écarter de temps en temps du manuel d’utilisation de la guerre écrit par le Primarque, et ce n’est pas aujourd’hui que ça va ch… Ah, on me dit dans l’oreillette que c’est précisément l’objet de cette nouvelle. Bigre.
Comme tous les vétérans dignes de leurs médailles, Idaeus fait confiance à son instinct, et ce dernier lui hurle (il est un peu sourd) que quelque chose en tourne pas rond, malgré le fait que la mission se déroule jusqu’ici parfaitement comme prévu. Ce malaise le conduit à mener une mission d’inspection de l’autre côté du pont, Ventris à ses côtés, pour juger du boulot effectué par les Scouts déployés par les Ultramarines en territoire ennemi. Et, évidemment, il s’avère qu’une importante colonne blindée progressait discrètement (c’est possible si on met des patins sur les chenilles) en direction du pont, ce qui va devoir forcer le vénérable Tomasin à se bouger les vénérables miches, ce qui n’est pas facile quand on est plus refait qu’un Iron Hands en fin de carrière (souvenir d’une rencontre torride avec un Carnifex entreprenant sur Ichar IV). Tout aussi évidemment, rien ne se passe comme prévu à partir de ce moment, les Scouts, le Thunderhawk qui devait évacuer les Ultramarines, et le vénérable Tomasin tombant tous sous le feu de l’ennemi, ce qui force Idaeus et ses compagnons à monter une défense désespérée du pont, le temps que 1) un autre transport arrive, et 2) quelqu’un trouve une idée brillante pour faire péter la passerelle, ce qui reste tout de même l’objet principal de la mission de nos marsouins énergétiques.
Je vous passe les longues scènes de baston dont nous gratifie McNeill, et qui permettent à Ventris de montrer qu’il en a dans le slibard, pour aller directement au moment où notre futur héros réalise qu’il suffit de déclencher une charge de démolition à proximité des explosifs posés par l’irrécupérable Tomasin pour déclencher une réaction en chaîne qui devrait provoquer les résultats escomptés. Petit problème, l’escouade de Space Marines d’Assaut envoyés réaliser cette mission se fait pincer en chemin par les Night Lords qui coordonnent la rébellion chaotique, et les incapables finissent crucifiés sur le pare chocs des Rhinos des fils de Curze pour leur apprendre la vie. Devant ce spectacle insoutenable, Idaeus et Ventris sont très colère, et cette rage leur permet de repousser l’assaut des renégats au prix de lourdes pertes. Alors que le deuxième Thunderhawk approche de la position intenable des Ultramarines, l’heure des choix arrive pour la bleusaille…
Début spoiler…Le noble Idaeus décide de partir faire exploser le pont à la mano, malgré ses chances de réussite quasi nulles, et ordonne à Ventris de mener les quatre rescapés de cette folle nuit, ainsi que son épée énergétique de maître, jusqu’au point d’extraction. Les cœurs gros, le Sergent s’exécute, et est témoin de l’héroïque sacrifice de son mentor dans les poutrelles et les travées du pont 2-4, la bande de Raptors laissée en garnison par les Night Lords ne parvenant pas à lui régler son compte avant que le Capitaine fasse feu avec un pistolet plasma dérobé à l’ennemi sur une charge de démolition laissée négligemment sur place1. C’est donc une victoire indéniable pour l’Imperium, et le début de la saga d’Uriel Ventris, qui héritera du commandement de la 4ème Compagnie à la suite de la campagne de Thracia.Fin spoiler
1 : On pourrait aussi se demander pourquoi les Night Lords n’ont pas détaché les explosifs laissés par le vénérable Tomasin sur les piliers du pont quand ils en avaient l’occasion. Encore une preuve que l’abus de Chaos est mauvais pour le cerveau.
AVIS :
Si l’idée de lire une nouvelle d’action dont le héros est un Ultramarines peut sembler intrinsèquement barbante à un lecteur de 2020, qui a sans doute pu pratiquer l’exercice à de nombreuses reprises grâce/à cause de l’obsession de la Black Library pour ce genre de productions, il faut être juste avec Graham McNeill et Uriel Ventris, et rappeler que ‘Chains of Command’ a été à sa sortie (2001) une des premières et plus abouties Space Marinades (saveur vanille) qui soient. Les innombrables ersatz et proxys publiés depuis ne l’ont pas aidé à bien vieillir, ni le style de l’auteur, ni les personnages mis en scènes, ni l’intrigue exposée n’étant particulièrement dignes d’éloges, mais le résultat n’est pas indigne pour autant. À l’époque où il est attendu d’un héros Space Marines un peu plus qu’un grade de Capitaine et une vague tendance à se poser des questions existentielles (ce qui était suffisant il y a 15-20 ans), je laisse le soin au lecteur de décider si une figure comme Uriel Ventris est toujours pertinente, ou bien s’il est temps d’accorder une retraite bien méritée à l’aïeul de tous les héros d’action énergétique de la Black Library.
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Eclipse of Hope – D. Hinks [40K] :
ICÔNE : MEPHISTON, CHEF ARCHIVISTE DES BLOOD ANGELS
INTRIGUE :
Appelés à l’aide par la Garde de Fer de Mordia, elle-même sollicitée par les habitants de Supplicium Secundus en leur heure de besoin, les Blood Angels ont répondu en envoyant Mephiston et quelques potes dans le système en question. Les vampires énergétiques arrivent toutefois trop tard à la surface de la planète, et ne peuvent que constater que la totalité de sa population, ainsi que les braves Mordian débarqués pour faire le service d’ordre, se sont entre tués dans une orgie de massacre à faire se pâmer un héraut de Khorne. Mephiston trouve le spectacle de la plaine jonchée de cadavres jusqu’à l’horizon plutôt poétique, mais se garde bien de partager cette réflexion pas très Charlie avec ses sous fifres. Les questions que les Astartes et le lecteur se posent sont en partie résolues par l’arrivée de l’ultime survivant de cette battle royale planétaire, un Colonel Mordian complètement ravagé du bulbe, qui agresse violemment le brave Sergent Gamigin en grognant comme une bête enragée. Courtois mais un peu rude, le surhomme dans la pampa finit par tordre le cou au minus qui lui salit ses plates avec ses grosses mains pleines de doigts, mais semble récupérer le mal qui tourmentait son assaillant au passage, et commence à montrer des signes d’énervement qui n’augurent rien de bon venant d’un colosse génétiquement modifié et armé jusqu’aux canines. Heureusement, Mephiston est là pour faire un peu d’hypnose suggestive, ce qui permet à Gamigin de décompresser sans avoir tué personne (à part le Mordian bien sûr, mais il ne compte pas vraiment).
De retour sur leur vaisseau, les Blood Angels découvrent la flotte de secours des Mordians, complètement désertée et remplie de cadavres. Les puissantes capacités déductives de Mephiston ne mettent pas longtemps à soupçonner que les transports de troupe ont été victimes de la même rage irrépressible que celle qui a décimé Supplicium Secundus, et la réception d’un nouvel appel à l’aide, celui-là venant de Supplicum Tertius, située un peu plus loin dans le système, vient confirmer les craintes de Seigneur de la Mort. Le virus du VENER-40.000 circule encore dans la zone, et il est du devoir des Blood Angels d’en trouver la cause et la cure.
Parti dare dare vers la planète souffrante, dont les masses laborieuses commencent à s’entre-tuer avec méthode et enthousiasme, le croiseur d’attaque Crimson Exhortation manque d’être percuté en chemin par un vaisseau non identifié, ce qui ne peut pas être une coïncidence dans un milieu aussi espacé que… l’espace. Et en effet, le nouveau venu se révèle être l’Eclipse of Hope, ou plutôt son portrait robot dessiné par un enfant de 6 ans (comprendre que les proportions ne sont pas très bien respectées), une barge de bataille perdue par le Chapitre pendant la 5ème Croisade Noire. L’étude de la trajectoire du vaisseau fantôme ne laisse aucun doute à Mephiston : c’est bien la cause de la folie meurtrière qui a infecté Supplicum Secundus et Tertius, et il doit être détruit en conséquence. Plus facile à dire qu’à faire cependant, l’Eclipse encaissant sans problème et sans dégâts apparents un tir direct de canon nova. Comprenant que le Warp est à l’œuvre, Mephiston décide d’aller régler le problème à l’ancienne, B.A. style, c’est-à-dire en envoyant une poignée de vétérans purger l’épave de l’intérieur, comme cela a si bien réussi au Chapitre par le passé (remember Secoris ?). En plus de notre souriant héros et du Sergent Gamigin, résolu à prouver à l’univers combien il est cool, on retrouve un Chapelain, un Techmarine, un Prêtre Sanguinien et un Épistolier dans l’équipe des rouges. Tout ce petit monde aborde l’Eclipse, qui est une sorte de fantasme semi-solide, se nourrissant des souvenirs de ses hôtes pour prendre une forme concrète, et se dirige vers la salle de commandement du vaisseau, où se situe probablement le nœud du problème.
En chemin, la rage instillée par l’épave est gardée sous contrôle par les Blood Angels, qui ont tous pris un Lexomil dans leur lait fraise avant de partir en mission, mais la manifestation d’un petit groupe de Sanguinaires à proximité de l’objectif des Astartes force ces derniers à passer en mode agressif, avec des résultats mitigés, la sainte colère des meilleurs de l’Empereur provoquant le spawnage de plus en plus rapide de leurs adversaires. Il revient à Mephiston, comme le héros qu’il est, de prendre les choses en main et de remettre ses compagnons sur la bonne route. Ses pouvoirs psychiques lui ayant permis de déterminer que la source du problème se trouvait dans le Librarium, et non sur le pont, il convoque un bouclier d’apathie, ou quelque chose comme ça, permettant à ses gardes du corps de s’extirper de la mêlée et de progresser jusqu’à la bibliothèque de l’Eclipse, où la messe devra être dite…
Début spoiler…Laissant les normies monter la garde devant la porte, Mephiston et l’Epistolier Stolas pénètrent dans le saint des saints, où se trouvent des bouquins démoniaques de fort belle taille, une carte du système de Pallevon, ainsi qu’une statue de Mephiston zieutant un des grimoires de façon insistante. Le signal est clair, et bien que le Seigneur de la Mort ait la discipline nécessaire pour s’arracher de la contemplation de l’ouvrage maudit, une fois les premières pages parcourues, Stolas se fait corrompre comme un bleu entre le sommaire et la préface. Il brûlera donc avec le reste du Librarium, purifié de manière définitive par un Mephiston qui ne transige pas avec ses principes. L’Eclipse dûment désinfecté de sa peste warpique, et la situation revenue sous contrôle sur Supplicium Tertius, Mephiston est libre de poursuivre sa quête de réponses en direction de Pallevon, où l’attend un autre revenant du Chapitre…Fin spoiler
AVIS :
Avant que Darius Hinks ne reprenne en main la carrière littéraire de Mephiston, c’était David Annandale qui avait la charge du Seigneur de la Mort, auquel il a consacré cette nouvelle et le roman ‘Lord of Death’. Ces deux histoires s’inscrivent dans le même arc narratif, ‘Eclipse of Hope’ faisant office de prologue à ‘Lord of Death’, et accomplissant bien cette fonction, donnant envie au lecteur de connaître la suite des aventures du grand blond avec une humeur noire. Je dois également reconnaître avoir été agréablement surpris par le style déployé par Annandale dans sa narration, d’un niveau nettement supérieur à sa propre moyenne. Cela contribue grandement au caractère digeste d’une nouvelle qui ne serait sans cela rien d’autre qu’une énième Space Marinade. Une des soumissions les plus abouties d’Annandale hors de son créneau horrifique de prédilection, et donc à lire de préférence aux (nombreux) autres textes moins convaincants signés par cet auteur.
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Redeemer – G. Haley [40K] :
ICÔNE : ASTORATH, HAUT CHAPELAIN DES BLOOD ANGELS
INTRIGUE :
On a tous déjà été confronté à ce moment, plus ou moins long, pendant lequel une chanson – souvent débile, comme La Danse des Canards, T’Es Si Mignon ou Despacito – nous restait collée dans la tête malgré tous nos efforts pour forcer notre cerveau de passer à autre chose. Eh bien cette expérience abominable, c’est le quotidien d’Astorath l’Inflexible, Grand Chapelain des Blood Angels et Rédempteur des Égarés, dont il entend les fredaines pathétiques lui rabâcher les oreilles dès que l’un d’entre eux sombre totalement dans la Rage Noire. Il est alors de son devoir de rappliquer dare dare pour abréger les souffrances (les leurs et les siennes) à grands coups de hache, ce qui le conduit à passer sa vie dans l’espace, voyageant de zones de guerres en théâtres d’opérations dans son véhicule de fonction (l’Eminence Sanguis), accompagné de quelques fidèles acolytes. Aujourd’hui, direction Asque, d’où proviennent les échos lointains de Djadja joués à la flûte à bec par un Snotling asthmatique, ce qui est passablement désagréable, vous en conviendrez.
Laissant le fidèle Sergent Dolomen garder le vaisseau, comme il en a l’habitude1, Astorath part à la rencontre de l’escouade de Blood Angels affectés par le mâââl, escorté par le Prêtre Sanguinien Artemos et guidé par un trio de locaux, fortement impressionnés par la panoplie macabre de leur visiteur (qui fait moins le malin lorsque les ailes factices de son jet pack se prennent dans les branches sur le chemin, ceci dit). En chemin, les bouseux apprennent au Grand Chapelain que leur monde est victime depuis plusieurs décennies des attaques d’une race de Xenos peu sympathiques, baptisés les Silencieux par les pragmatiques Asquiens, et qui ont forcé ces derniers à abandonner leur cité ensoleillée pour se réfugier dans les forêts de champignons insalubres et humides recouvrant la majeure partie de la planète. Leurs appels à l’aide étant resté lettre morte pendant des décennies, l’ouverture de la Cicatrix n’aidant certainement pas, il leur a fallu prendre leur mal en patience et apprendre à vivre comme Yoda sur Dagobah, la Force en moins, le temps qu’une demi-escouade de Blood Angels soit dépêchée sur place pour botter le train aux Silencieux. Tout se passait très bien jusqu’à ce qu’un des Astartes ne pique une colère noire pour un motif indéterminé, et fausse compagnie à ses camarades pour aller baguenauder dans les sous-bois d’Asque.
Cette version est confirmée par le trio de Primaris qu’Astorath et Artemos rencontrent à leur retour de patrouille, et encore traumatisés par le pétage de plomb de leur mentor, le Sergent Erasmus, après que leurs hôtes leur aient apportés un steak d’ordes bien cuit au lieu de saignant. Détail important, Erasmus était un Space Marine de la vieille école, et pas un Primaris, dont la résistance à la Soif Rouge et à la Rage Noire relève encore de la théorie et des boniments de Belisarius Cawl. Ayant recueilli assez d’indices pour procéder à la traque et à la rédemption d’Erasmus, dont le séjour sur Asque sera le dernier échange culturel, Astorath se prépare à apporter la paix à la brebis énergétique égarée, siphonant un peu de rouge à la veine d’Artemos pour se donner du cœur à l’ouvrage, mais refusant catégoriquement que son acolyte vienne lui porter main forte dans sa mission sacrée. La confidentialité de la relation patient-thérapeute/confesseur/bourreau doit être respectée, que diable.
Après une petite partie de beat ‘em all sur le chemin de la ville abandonnée par les Asquais (les Silencieux trouvant malin de s’attaquer à Astorath à son passage, malgré leur corps de lâche et leur équipement rudimentaire), notre héros parvient enfin à localiser Erasmus, complètement enragé et donc persuadé de purger le Vengeful Spirit en lieu et place de son Primarque, alors qu’il massacre en fait la colonie de Silencieux ayant investi les habitations des colons après le départ de ces derniers. L’arrivée du Grand Chapelain fait définitivement pencher la balance en faveur de l’Imperium, et après que les derniers mobs aient été farmés, il est temps pour l’ultime séance de psychiatrie du Sergent Erasmus, administrée de main et de hache énergétique de maître par Astorath. Guidé par son amour fraternel et sa miséricorde absolue, le Rédempteur rédemptionne avec retenue, se contentant de saigner son patient pour saper sa force plutôt que de le décapiter sans sommation. Ah, il lui coupe une jambe aussi, mais seulement pour qu’Erasmus se tienne enfin tranquille, et qu’il puisse lui adresser une imposition des mains salutaire, permettant à l’égaré d’enfin refaire surface, et de mourir dans la lumière de Sanguinius et de l’Empereur. C’est presque une happy end, en fait. Ce problème résolu, et les glandes d’Erasmus récoltées, il est temps pour Astorath et Artemos de repartir sur les routes, la version de Bella exécutée au mirliton et à la scie musicale venant lui trotter dans la tête lui indiquant qu’un autre frère a besoin de ses bons offices…
1 : La planque ultime pour un Blood Angels tout de même. M’est avis que Dolomen a dû faire une remarque désobligeante lors du dernier vernissage de Dante pour avoir été affecté à une mission aussi chiante.
AVIS :
Guy Haley s’empare du personnage d’Astorath l’Inflexible (possiblement le Blood Angels doté du background au plus fort potentiel narratif) et nous sert une petite mise en situation dont il a le secret, soulignant à la fois les caractéristiques saillantes de son héros et levant le voile sur des aspects de sa personnalité et de son passé non abordés par les quelques paragraphes qui lui sont dédiés dans le Codex Blood Angels. Sur cette base éprouvée, Haley trouve également le moyen de faire le lien avec le lore avec un grand L (ce qui est approprié pour un personnage avec des grande ailes), en mentionnant l’ouverture de la Cicatrix et la dévastation de Baal, ainsi qu’en abordant la question fondamentale de la vulnérabilité potentielle des Primaris Blood Angels aux tares du matériel génétique de leur Primarque. Le résultat est très solide, à défaut d’être particulièrement original, et on se prend à espérer que la BL commissionne Haley pour d’autres travaux mettant l’Inspection Générale faite (sur)homme en vedette.
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Extinction – A. Dembski-Bowden [40K] :
ICÔNE : EZEKYLE ABADDON, MAÎTRE DE GUERRE DE LA BLACK LEGION
INTRIGUE :
On ne le sait que trop, les lendemains de cuite sont difficiles. Quand la tournée des bars en question a duré sept ans, impliqué des centaines de milliards de participants sur des milliers de planètes, dont quelques dizaines ont brûlé au passage, et s’est terminée par un projet X débridé dans la maison familiale avec le capitaine de soirée qui s’étouffe dans son vomi sur la banquette arrière de sa Kangoo défoncée, il est somme toute logique d’avoir, très, mais alors trèèèèèèèèèèèèèèès mal aux cheveux pendant quelques temps. Surtout quand on s’appelle Ezekyle Abaddon, et qu’on a un goût immodéré pour les manbuns en palmier1. Nous reviendrons sur le cas de ce mauvais sujet un peu plus tard.
Extinction place donc son propos dans la période trouble qui succède à l’Hérésie d’Horus, qui, si elle n’a pas été une partie de plaisir pour l’Imperium, n’a pas été de tout repos non plus pour les Astartes rebelles, réfugiés dans l’Œil de la Terreur et en proie à de bien compréhensibles dissensions internes en l’absence d’un grand chauve costaud pour claquer le beignet aux éléments perturbateurs. Mais, comme l’éructe Borge Grassens, Prince Démon poète à la moustache remplie de Nurglings : « Or sous les cieux sous vergogne//C’est un usage bien établi//Dès qu’il s’agit de rosser des Sons of Horus//Tout le monde se réconcilie2 ». Tel le chouchou de la maîtresse ayant rappelé à cette dernière qu’elle avait oublié de ramasser les expressions écrites de la classe deux minutes avant la sonnerie, les guerriers de feu le Maître de Guerre se retrouvent en butte à l’hostilité non dissimulée de leurs petits camarades de jeu, qui leur reprochent, non sans raison, d’être responsables de la galère dans laquelle ils se trouvent désormais.
Nous faisons donc la rencontre, pour beaucoup d’entre eux juste avant une capture infamante, un décès prématuré, ou pire, de quelques fistons d’importance, alors qu’ils se retrouvent entraînés dans des explications de texte sans fin avec leurs cousins issus de germain. Le Sergent Kallen Garax peine à trouver les mots justes (pas facile quand on parle Chtonien et le gonze d’en face Nostraman) pour apaiser un gang de bikers Night Lords. Le Techmarine Sovan Khayral insiste impuissant à l’incendie de son véhicule de fonction des mains huileuses d’une bande de Death Guard désœuvrés. Le Capitaine Nebuchar Desh finit par rendre l’âme après une séance un peu trop soutenue avec son/sa Dominatrice Emperor’s Children, qui devra se trouver d’autres chats à fouetter. L’humble frère Zarien Sharak, coursé par une meute de World Eaters souhaitant lui voler son goûter (quand on n’a pas de monde à manger, il faut bien compenser), signe un bail de sous-location mal avisé avec un Démon mal élevé qui le met fissa à la porte de son âme à son corps défendant (ou le contraire). Erekan Juric, Capitaine Reaver, se fait incendier par la bande à Kahotep sur le chemin de la maison. Même la fameuse Kangoo d’Horus traîne son mal-être depuis la disparition du patron, remisée qu’elle a été dans un quelconque parking sous-terrain de l’Œil par ce galopin d’Abaddon.
C’est par un aparté dévolu à ce diable d’Ezekyle que se termine Extinction. Ayant tout bonnement pris un congé proprement sabbatique pour se ressourcer et faire le point sur sa vie, et voyageant de planète en planète pour visiter les attractions touristiques qu’elles ont à proposer (une pyramide ici, un mausolée là, un temple plus loin… c’est une sortie culturelle), Abby regarde de loin ses anciens frères se faire mettre la tête dans la cuvette des toilettes chimiques de leurs Rhinos, guère intéressé par les déboires de sa Légion. Quelque chose me dit toutefois que cela ne durera pas éternellement…
1 : Ca irrite le cuir chevelu comme pas possible et c’est très mauvais pour le bulbe.
2 : La rime est pauvre mais l’argent ne fait pas le bonheur.
AVIS :
Prologue à sa saga consacrée aux origines de la Black Legion, cette Extinction permet à Dembski-Bowden d’afficher sa maîtrise de la nouvelle d’ambiance. Il ne se passe en effet pas grand-chose dans ce court format, la succession de vignettes illustrant les déboires de la marmaille horusienne permettant seulement de prendre la mesure de la mauvaise passe que cette dernière traverse, orpheline de Primarque, traumatisée par sa défaite sur Terra, n’ayant plus d’objectif autre que la survie et ciblée à outrance par ses partenaires de crime. Pour autant, Extinction reste l’une des lectures les plus agréables de Croisade & Autres Récits, la patte d’ADB rendant chaque passage intéressant, chaque personnage attachant, et préparant parfaitement le terrain pour le début de la geste Abaddonienne, que le lecteur aura envie d’approfondir après en avoir terminé avec cet amuse-gueule, je gage. Il est fort l’animal, il est fort.
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Prodigal – J. Reynolds [40K] :
ICÔNE : FABIUS BILE, APOTHICAIRE DES EMPEROR’S CHILDREN
INTRIGUE :
Alors qu’il couve, quasi littéralement, sa nouvelle génération d’enfants-cobayes, spécimens de la nouvelle humanité qu’il appelle de ses vœux et crée de ses recherches, Fabius Bile reçoit la visite d’une présence démoniaque furtive et rigolarde, envoyée par l’un de ses nombreux ennemis pour mettre fin à ses expérimentations. Pas de chance pour le rejeton du Warp, Fab en a vu d’autres, et ordonne posément à l’esprit de la machine du Vesalius, son vaisseau amiral, de sceller son laboratorium pour lui permettre de localiser l’agent contaminateur importun et lui passer l’animus à l’eau de javel, comme la procédure le demande. Si la baston qui s’en suit ne fait de victimes que parmi la collection d’occulobes et de glandes de Betcher gardés par l’Apothicaire fou, les choses manquent de mal tourner pour ce dernier après que le premier démon assassin soit rejoint par un second. L’arrivée opportune de Melusine, la « fille » aînée de Bile, permet toutefois de mettre fin aux débats avant que le laboratoire ne soit complètement ravagé. Si Mel a pu intervenir en ce moment décisif, c’est parce qu’elle est elle-même plus qu’à moitié démoniaque, une orientation qui déçoit beaucoup son géniteur, mais qu’il accepte, en père modèle moderne et philosophe. S’en suit un dialogue entre les deux générations de Bile, qui génère plus de questions qu’il n’apporte de réponses, à commencer par les motivations ayant poussé Melusine à venir à la rescousse de son vieux, et à lui transmettre des avertissements à la demande de… Fantomas ? Jack l’Eventreur ? the masked singer ? Le suspens restera entier, en partie à cause de la folie manifeste de Fabienne (son vrai nom), qui a du mal à se situer entre le passé, le présent et le futur, et le choix de Fabius de ne pas poser la question qui pourtant le travaille autant que le lecteur. L’entrevue se termine sur le départ précipité de Melusine, qui « n’aime pas parler aux fantômes » (sic), et laisse donc son vieux pôpa méditer sur l’ingratitude de la jeunesse et sur l’inexorable passage des années, ou, dans son cas, des millénaires. Bile reste toutefois convaincu de l’intérêt et du caractère fondamental de ses recherches, qu’il continuera à mener en dépit de l’opposition d’une galaxie obscurantiste. C’est cela que d’être en avance sur son temps…
AVIS :
‘Prodigal’ apprend beaucoup de choses sur la vie et l’œuvre de Fabius Bile (et à travers lui sur les Emperor’s Children et les Légions renégates), ce qui en fait un bon point de départ pour quiconque souhaite se plonger dans le corpus que la Black Library a dédié à son charismatique et échevelé savant fou, écrit en bonne partie par le même Josh Reynolds. Je ne suis en revanche pas certain que les lecteurs familiers du personnage et de sa saga y trouvent de grandes sources de satisfaction, le retour de Melusine (la fille prodigue annoncée par le titre) ne faisant finalement pas progresser les relations entre les deux personnages d’un iota. Une bonne petite nouvelle d’ambiance/d’acclimatation donc, mais en rien essentielle à la bonne compréhension des chroniques bilieuses et billesques de Reynolds.
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Veil of Darkness – N. Kyme [40K] :
ICÔNE : CATO SICARIUS, CAPITAINE DE LA SECONDE COMPAGNIE DES ULTRAMARINES
INTRIGUE :
Vous souvenez vous de Damnos et de sa chute, amis lecteurs ? Si l’épisode fut malheureux pour l’Imperium, il eut au moins l’avantage de mettre l’insupportable Cato Sicarius, Capitaine de la Seconde Compagnie des Ultramarines, en face de sa nullité crasse et d’un adversaire qui lui apprit bellement la vie, le Seigneur Necron « Immortel » (Undying), qui lui planta sa faux dans le bidon au terme d’un duel épique (selon Sicarius)/de cinq secondes (selon les observateurs présents). Un souvenir à chérir en ce millénaire hostile…
Notre histoire commence quelques temps après cet affrontement fatidique, Cato revenant à lui dans une cuve de bacta et, fidèle à lui-même, commençant le premier jour du reste de sa vie1 en rabrouant le fidèle Apothicaire Venatio, qui a pourtant passé les derniers jours à le remettre en forme. Apprenant la défaite des Ultramarines et la perte du vénérable Agrippen, Sicarius pique sa crise et fracasse d’un coup de poing la vitre de sa cuve amniotique pour se passer les nerfs (et il aurait fait pire s’il avait eu son épée). Et dire que les World Eaters sont accusés d’être psychopathes. Avant qu’il n’ait pu détruire de fond en comble l’Apothicarion, l’arrivée soudaine de son rival devant l’éternel, Severus Agemman, contraint notre turbulent zéro à retrouver son calme. Le Capitaine de la Première Compagnie est venu informer son collègue et inférieur qu’il est convoqué devant Marneus Calgar dans six heures pour expliquer pourquoi et comment il a cru bon de déféquer dans la super glu lors de la campagne de Damnos. Sicarius, qui n’est pas passé en conseil de discipline depuis la fin de ses études, prend évidemment très mal la nouvelle, et fidèle à la légendaire équanimité de Guilliman, balance quelques réflexions désagréables à Agemman pour extérioriser sa frustration, manquant de peu de se ramasser une baffe énergétique pour sa peine.
Avec si peu de temps pour préparer son dossier, Sicarius n’a bien sûr rien de plus pressé que d’aller récupérer ses armes et armures à l’Armourium, où il a la désagréable surprise de constater que des bouts de Guerriers Necrons décomposés ont été stockés pour étude par les Techmarines du Chapitre. Flairant une combine de la part de l’ennemi, maître incontesté du leave no trace2, Sicarius ne peut cependant convaincre Vantor, le techos en faction, de mettre à la benne ces déchets dangereux. Il expérimente à cette occasion une vision plutôt inquiétante de sa Némésis métallique, le laissant littéralement sur les genoux (pendant que Vantor, qui n’a absolument pas trouvé anormal que son interlocuteur s’effondre au sol en suffoquant comme un poisson hors de l’eau, est retourné vaquer à ses occupations). De nouveau maître de lui-même, Sicarius repart donc rédiger son rapp- taper le carton en salle d’entraînement avec le Sergent Daceus, qui mérite une statue au sein du Temple de la Correction pour supporter un supérieur aussi imbuvable que lui. On apprend à l’occasion du duel amical entre les deux Ultramarines qu’en plus d’être prétentieux au possible, Sicarius est également mauvais perdant et vicieusement mesquin, puisqu’il enfreint volontairement les règles du combat pour pouvoir scorer une touche contre Daceus, qui était sur le point de le vaincre. Une nouvelle vision ténébreuse s’abat alors sur le Capitaine, qui manque de tuer le Sergent en pensant revivre son duel contre le Roi Necron (mais ne s’excuse pas le moins du monde lorsque l’illusion se dissipe, évidemment). Tout à sa paranoïa, Cat’ éventre un pauvre Serviteur de combat qui ne lui avait rien fait, juste pour être sûr que le soulèvement des machines n’était pas d’actualité, avant de se rappeler qu’il ne lui reste que 10 minutes avant de comparaître devant Calgar, et qu’il n’a rien préparé pour sa défense. Accompagné par le bien brave Daceus, Sicarius se présente à son audience, certain que sa belle gueule et ses états de service lui éviteront le blâme qu’il mérite pourtant de toute évidence…
Début spoiler 1La correctionnelle lui est évitée par la tentative d’assassinat dont est victime le pauvre Marneus, décidément dans tous les mauvais coups, de la part d’un Deathmark Necron sorti de nulle part, comme cela est son droit le plus strict. Ce n’est que le prélude à une invasion en règle de la Forteresse de Hera par les fourbes Xenos, qui profitent du goût des Ultramarines pour les souvenirs de campagne pour pénétrer en masse dans l’Armourium, faisant sa fête à Vantor au passage, avant de se diriger vers l’Apothecarion pour en terminer avec le Grand Schtroumpf. Isolés de leurs frères de bataille par les artifices Necrons, Sicarius, Daceus, Agemman et les gardes d’honneur de Calgar tentent de renverser la situation en déphasant le Vizir porteur du Voile de Ténèbres, ce qu’ils parviennent à faire, mais cela n’empêche pas le Roi Necron de faire son entrée sur le champ de bataille, et de porter le coup de grâce au Maître de Chapitre, après que tous ses défenseurs aient été passés au fil du khopesh. À moins que…
Début spoiler 2…À moins qu’il ne s’agisse que d’un rêve, évidemment. Ou plutôt, d’une vision du futur. Retour donc à la cuve de biactol du début de la nouvelle, d’où Sicarius réémerge, sa légendaire mauvaise humeur remplacée par un sentiment de déjà vu irrépressible. Et en effet, il a connaissance de tout ce que ses interlocuteurs cherchent à lui dire, ainsi que du stockage des pièces détachés Necron dans l’arrière boutique de l’Armourium, qu’il se dépêche d’aller valoriser énergétiquement (pour une fois, c’est approprié) malgré les protestations de Vantor. Ceci fait, il est libre d’aller répondre de ses actes devant Marneus Calgar sans craindre pour la vie de ce dernier, qui souhaitait simplement le voir pour lui annoncer qu’il a lui aussi eu ce rêve étrange et pénétrant, dans lequel le Roi Necron se paie sa tête. Ce crime de lèse majesté ne pouvant rester impuni, Calgar autorise son Capitaine à jouer la belle, lorsque l’occasion se présentera. Comme on disait à l’époque, Delenda Necrono.Fin spoiler
1 : C’était la première fois qu’un adversaire le blessait gravement lors d’un duel. Lui, Cato Sicarius, Maître du Guet, Chevalier Champion de Macragge, GrAnD dUc De TaLaSsAr et HaUt SuZeRaIn D’uLtRaMaR !!! Il se serait plaint au directeur, s’il avait pu.
2 : On peut reprocher beaucoup de choses aux Necrons, mais au moins, ils ne polluent pas.
AVIS :
Je suis face à un paradoxe au moment de donner mon avis sur ce ‘Veil of Darkness’. Je ne saurai dire en effet si le dégoût profond que m’inspire Cato Sicarius, aussi connu sous le nom de « Everything Wrong with the Ultramarines », est à considérer comme une réussite ou comme un échec de la part de Nick Kyme. Il ne fait aucun doute que ce dernier a volontairement accentué le trait pour donner à son protagoniste une personnalité marquée, pour ne pas dire autre chose, comme il l’avait déjà fait avec le personnage de Tsu’Gan dans sa série sur les Salamanders. Cependant, à faire de Sicarius une tête à claque absolue, il prend le risque de dégoûter le lecteur de ce héros infect, ce qui n’est pas conseillé lorsque l’on souhaite vendre des bouquins. En tout cas, il ne faudra pas compter sur moi pour suivre avec intérêt les péripéties de la Mimi Geignarde de l’Ultima Segmentum, qui pâtit sans doute du grand nombre d’icônes du Chapitre ayant également eu les honneurs de la BL (Ventris, Calgar, Chronus, Tellion, Kastor & Polixis… et maintenant Guilliman, sans compter la ménagerie hérétique de la Légion), et dont il lui faut bien se démarquer. La stratégie du sale gosse de Kyme, pour efficace qu’elle soit, est donc à double tranchant.
Si on fait abstraction du caractère difficile de son héros, ‘Veil of Darkness’ est une honnête nouvelle d’action, bénéficiant d’un twist final convenable, à défaut d’être particulièrement efficace (évidemment que Calgar et Agemman ne peuvent pas finir leur carrière au détour d’un paragraphe d’une obscure nouvelle consacrée à Sicarius), et présentant de façon convenable le passif et les motivations de son héros. L’un dans l’autre, c’est donc une bonne introduction aux aventures de Cato Sicarius, si tant est que vous ayez l’envie de les suivre, ce dont je vous laisse décider en votre âme et conscience…
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Fireheart – G. Thorpe [40K] :
ICÔNE : YVRAINE, ÉMISSAIRE D’YNNEAD
INTRIGUE :
Envoyée par Yvraine comme émissaire auprès des Eldars du Saim Hann afin d’obtenir de l’aide dans la quête des mondes de Morai-Heg, la Céraste Druthkala Shadowspite (Drudru pour les intimes) a bien du mal à convaincre ses hôtes de prêter une oreille pointue attentive à ses doléances. Car étonnamment, les Zoneilles sont égoïstes et mesquins. Qui l’eut pensé, vraiment ? Alors que les Clans réunis en assemblés dans le bois de Vincennes du Vaisseau Monde n’en finissent plus de se crêper le chignon, et que Druthkala tue le temps, faute de mieux, en imaginant les sévices qu’elle pourrait infliger à ses lointains cousins, Nuadhu du Clan Fireheart fait son apparition, en retard comme à son habitude. Bien que seulement héritier putatif du Clan, l’état végétatif de son père lui donne le pouvoir de décider à sa place, et un seul regard sur les courbes généreuses et l’armure minimaliste de la diplomate Ynnari convainquent notre dalleux de héros qu’il doit lui venir en aide pour s’en faire bien voir, et plus si affinités. Le choix d’Yvraine d’envoyer une bombasse plutôt qu’un érudit fait tout d’un coup plus de sens…
La mission de Shadowspite et de ses nouveaux amis est assez simple : mener une reconnaissance sur le monde vierge d’Agarimethea, où un vaisseau Exodite patiente en double file orbitale depuis quelques semaines, ce qui indique que quelque chose ne tourne pas rond à la surface. Après un petit go fast dans la Toile, dans la plus pure tradition des Wild Riders, les bikers au serpent arrive sur place, où ils ne mettent pas longtemps à repérer un complexe Necron défigurant le paysage champêtre, comme un magasin Bricodépôt construit au milieu d’un parc naturel. La présence de l’ennemi primordial des Eldars sur une planète qui devrait pourtant être exempte de toute souillure provoque des réactions mitigées dans la compagnie. Ceux qui réfléchissent avec le cerveau (Caelledhin, la demi-sœur du héros) sont pour une retraite prudente, ceux qui réfléchissent avec un autre organe (Nuadhu, qui n’en finit plus de baver sur les jambes de Shadowspite) insistent pour aller jeter un œil sur site, afin de peut-être trouver une arme qui pourrait aider les Eldars dans leur lutte contre les Necrontyr. Nuadhu étant techniquement aux commandes (même si cet incapable a laissé le pilotage de sa Vyper à son chauffeur de fonction), l’expédition fait fi de toute prudence et va se garer devant la pyramide principale. Bien évidemment, le calme qui baigne les lieux n’est qu’apparent, et lorsque Nuadhu pose la main sur la surface inerte du monument aux des morts, une alarme se déclenche et le ciel se remplit bientôt de tirs de désintégrateurs et d’aéronefs Necrons.
La fuite éperdue qui s’en suit voit la disparition tragique d’un certain nombre de cousins Fireheart, victimes des tirs ennemis, du relief ou du troupeau de dinosaures local (obligatoire sur un monde vierge). J’imagine qu’il en reste encore plein de là où ils viennent, et on ne pleurera donc pas trop sur leur sort. Les Eldars, bien diminués par la tournure qu’ont pris les événements, et la stupidité crasse de leur chef, jurent toutefois de revenir pour rendre aux Necrons la monnaie de leur pièce, ce qui sera fait dans ‘Wild Rider’/’Le Cavalier Rebelle’, le deuxième bouquin consacré aux suivants d’Ynnead par Gav Thorpe.
AVIS :
Je dois avouer tout de suite que je n’ai pour le moment pas réussi à m’intéresser aux Ynnari, ce qui est un handicap pour qui veut effectuer une chronique impartiale d’une nouvelle consacrée à cette nouvelle faction de 40K. Toutefois, même si les cultistes d’Ynnead avaient bénéficié de ma légendaire bienveillante neutralité, je pense que mon jugement de ce ‘Fireheart’ serait resté sévère. Il n’y en a en effet pas grand-chose à tirer de cette histoire, mis à part quelques fragments de fluff sur l’organisation et la culture de Saim Hann, et le nom du canasson de Khaine, ce qui n’est pas lourd. Pour le reste, on assiste à un festival de gaffes, puis de baffes, provoqué par l’incompétence notoire de Nuadhu, dont la concupiscence irréfléchie mettra Saim Hann en danger, et, surtout, donnera à peu de frais à Thorpe le pitch d’un de ses bouquins. C’est à une nouvelle purement et crânement utilitaire que nous avons affaire ici, qu’il convient de lire à l’extrême limite en prologue de ‘Wild Rider’ et c’est bien tout.
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Blood Guilt – C. Wraight [40K] :
ICÔNE : NAVRADARAN, EPHOROI DE L’ADEPTUS CUSTODES
INTRIGUE :
Notre nouvelle débute avec une petite mise en contexte de la fonction de Custodiens, qui a connu bien des évolutions depuis les jours dorés de la Grande Croisade. On apprend ainsi que les Über Super Dupper de l’Empereur vivent dans une maison sans balcon sans toiture, où il n’y a même pas d’abeilles sur les pots de confiture1, même pas d’oiseaux, même pas la nature, et c’est même pas une maison. Ce qui est logique, puisque c’est la tour de l’Hégémon. Tour avalée par l’urbanisation galopante qu’a connu le Monde Trône au cours des derniers dix millénaires, mais tour tout de même. Parmi les 10.000 hauts fonctionnaires que compte cette noble institution, une majorité est affectée à la recherche fondamentale ou à la garde du Trône d’Or, et seuls quelques rares individus, les Ephoroi, ont l’occasion de se dégourdir les spalières en traquant les suspects désignés par leurs collègues du bureau des légendes. C’est à l’une de ces opérations très spéciales que nous convie Chris Wraight, aux côtés de Navradaran, enquêteur très spécial au service exclusif de sa Majesté.
C’est toutefois sur la proie de Nanar, le Seigneur Sleox, que la caméra se braque, alors que le noble se hâte vers le garage de son manoir en compagnie de son assistante Ysica. On devine sans mal que Sleox a des choses à se reprocher, et souhaite de toute urgence quitter Terra pour des cieux plus cléments plutôt que de devoir répondre de ses actes. Les éternels embouteillages du périphérique terran manquent toutefois de permettre au notable en fuite de se faire pincer avant d’arriver jusqu’au spatioport, un aéronef à l’allure menaçante ayant pris en chasse la limousine de Sleox sur le chemin du terminal. Au prix d’un sprint échevelé dans les coursives du bâtiment jusqu’à sa navette privée, le grand ponte et la petite main parviennent toutefois à rejoindre leur objectif avant d’être appréhendé par les forces de l’ordre. Une fois le vaisseau décollé et en route vers l’orbite, Sleox commence à se détendre, et se dirige vers le minibar pour s’en jeter un petit bien mérité…
Début spoiler…Mais découvre avec stupéfaction qu’un colosse en auramite a déjà fait main basse sur ses réserves, et sirote un jus de tomate (pas d’alcool en service) accoudé au comptoir. Un bolt non explosif (donc, une balle, j’imagine) dans le caisson plus tard, Sleox passe de vie à trépas dans l’incompréhension la plus totale. Et pour cause, la vraie cible de Navradaran n’était pas ce pantouflard de Seigneur, mais bien son assistante personnelle, qui cache sous une apparence banale un pouvoir de nuisance considérable, aiguisé par des millénaires de planque dans la haute société terrane. Le temps que la navette ne vienne se poser dans le QG des Arbites le plus proche, le Custodien et l’intrigante chaotique discutent de tout et de rien, le premier cherchant à percer à jour les motivations de sa captive, et la seconde à endormir sa vigilance pour pouvoir se suicider avant d’être soumise à l’interrogatoire, ce qu’elle ne parviendra pas à faire, malheureusement pour elle. On apprendra tout de même qu’elle considère que les Custodiens ne sont pas prêts du tout à s’opposer à la prochaine attaque d’Abaddon le Fléau, toujours partant pour aller pousser Pépé dans les orties.
La nouvelle se termine avec le compte rendu de Navradaran à Valoris, ce qui nous vaut un nouvel échange de graves platitudes sur l’état de l’Imperium et le devoir des Custodiens, ainsi qu’un petit aperçu de ce que le futur réserve au Sombre Imperium : un retour des filles de l’Empereur, qui devra être favorisé et encouragé par les 10.000 dans la mesure de leurs capacités, qui ne sont tout de même pas minables.Fin spoiler
1 : Mais qui est toujours éclairée avec des bougies en cire d’abeille, ce qui est un luxe indécent au 41ème millénaire.
AVIS :
Comme beaucoup de ses camarades de jeu, Chris Wraight écrit des nouvelles de liaison entre les romans de ses séries de long cours, et ‘Blood Guilt’ se place dans cette catégorie de publications charnières (‘The Emperor’s Legion’ et ‘The Regent’s Shadow’). Comme peu de ses camarades de jeu, Chris Wraight, parvient souvent (mais pas toujours, cf ‘Argent’) à donner à ce type de courts formats un intérêt pour le lecteur opportuniste. Ici, on a le droit à un petit cours d’histoire sur la Tour de l’Hegemon au fin des millénaires, puis à une révélation savamment mise en scène à propos de l’identité de la cible de Navradaran, et pour finir, à quelques considérations stratégico-politiques (la spécialité de Wraight) entre deux personnages très au fait de la situation de l’Imperium, ce qui donne trois bonnes raisons de s’atteler à la lecture de cette petite histoire, et donne plutôt envie d’en apprendre en plus sur la vie trépidante de Nanar et Valoche, gardiens émérites de Papy Mougeot.
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Argent – C. Wraight [40K] :
ICÔNE : LUCE SPINOZA, INTERROGATRICE DE L’ORDO HERETICUS
INTRIGUE :
Je m’appelle Luce Spinoza, je suis Interrogatrice au service de l’Inquisiteur Joffen Tur, et ceci est mon histoire. Au moment où nous faisons connaissance, je gésis telle une loque sur le sommier de ma cellule, les deux bras dans le plâtre et la tête dans le Culexus. J’entends le pas lourd de mon tout aussi lourd (vous allez rapidement comprendre pourquoi) patron approcher dans le couloir, et je n’ai que le temps de me remémorer les événements qui m’ont conduit à l’état de grabataire que le voilà à mon chevet. Comme vous, il cherche à savoir comment diable Horus j’ai réussi à me mettre dans un tel état. Pour cela, un petit flashback s’impose. Je m’appelle Luce Spinoza, et ces dernières heures n’ont pas été de tout repos.
Tout avait pourtant commencé de manière très classique. Nous étions arrivés en orbite du monde ruche de Forfoda pour enquêter sur les raisons de la rébellion ayant mené la planète à entrer en sécession ouverte contre le règne éclairé et éclairant de notre bien-aimé Empereur. Tur avait insisté pour prendre son utilitaire de fonction plutôt que sa limousine, soi-disant pour faire passer le message auprès des autres forces impériales que ce théâtre d’opération l’intéressait à peine. Mouarf. Il était tout de même venu, et la seule conséquence pratique de cette démonstration de morgue cryptique fut que les copains et moi dûmes nous serrer sur les sièges arrière de sa Kangoo au lieu de chiller tranquille à côté du minibar, comme à notre habitude.
Lors du briefing de la mission, Tur nous avait fait part de son plan. Afin d’éviter que nos alliés Imperial Fists ne dessoudent les meneurs de la rébellion avant que nous n’ayons pu les cuisiner, il était impératif de leur griller la politesse là où c’était possible, ou de réfréner leurs ardeurs homicidaires lorsqu’ils étaient déjà à pied d’œuvre. Je m’attendais à être affectée à l’équipe du boss, comme c’est habituellement le cas, mais mes quinze minutes de retard au point équipe hebdomadaire du lundi précédent n’avaient de toute évidence été ni oublié, ni pardonné, car Tur m’a au contraire chargé de la supervision d’une opération annexe, en solo avec les Astartes. Ca m’apprendra à aller en boîte le dimanche soir.
Un peu plus tard, je fis connaissance avec la bande de surhommes que j’avais pour mission d’encadrer, afin d’assurer la capture de l’assistante de direction du gouverneur rebelle, une certaine Servia, localisée en haut d’une spire annexe de Forfoda (c’était sans doute son jour de télétravail – chanceuse –). Dès mon arrivée au Strategium, j’ai compris que la partie allait être tendue. Je n’ai en effet pas senti une grande sympathie envers ma personne de la part de mes collègues de bourreau (Jaune, Jaune d’Œuf, Jaune Trois, Jaune Quatre, Jaune Cinq, et un Chapelain, Erastus), confirmant les rumeurs insistantes dépeignant les Imperial Fists comme une bande de suprématistes meninistes. C’était bien ma veine. Heureusement que j’avais passé mon BAFA pour encadrer les pupilles de la Scholam lors des colonies pénales de vacances lorsque j’étais jeune fille au pair sur Dimmamar. J’ai donc remis en place ces butors dans le plus grand des calmes, et leur ai bien fait comprendre que c’était moi la boss. Non mais.
À partir de là, tout s’est enchaîné très rapidement. Notre taxi nous a déposé quelques étages en dessous du F3 de Servia, et mes gros copains souffrés faisant souffrir le service d’ordre des traîtres avec une brutalité consommée. J’aurais peut-être pu les aider à rentrer plus facilement (c’est comme en boîte, il vaut mieux laisser passer les filles devant quand on est une bande de mecs), mais ils étaient déterminés à finir la mission à temps pour ne pas rater le début de Dorna l’Exterminatrice, et je n’avançais visiblement pas assez vite pour eux. J’ai toutefois pu rattraper le groupe maillot jaune une fois l’appartement de Super Nanny investi, car cette dernière, ainsi que les amis qu’elle recevait à notre arrivée, étaient en pleine réunion Tupperware, avec des mutations pas vraiment ragoutantes à la place des contenants en plastique (de toutes façons, il vaut mieux utiliser du verre, c’est bien plus sain). La sain(t)e fureur des Mrs Propres, goût Paic Citron, eut beau s’abattre comme un ouragan de fraîcheur sur le taudis de Servia, l’issue du match restait incertaine, d’autant plus que le brave Erestus était franchement à la peine contre la maîtresse de maison, qui lui avait arraché sa mop énergétique des mains au moment où je suis arrivée sur place (rapide pause make up sur le pallier, pour ne pas rater ma première impression).
N’écoutant que mon courage, j’ai bondi entre le canapé et la table basse afin de récupérer l’instrument de travail de l’immaculé Chapelain. Par le pacemaker de l’Empereur, ce truc pesait le poids d’un grox mort ! Pas étonnant qu’ils soient aussi baraqués chez les Fists, s’ils n’utilisent que de la fonte pour réaliser leurs objets du quotidien. Voyant qu’Erestus était trop occupé à repousser les poisseuses avances de son hôte pour récupérer son hochet, j’ai pris le problème à bras le corps et ai assené à la maraude un horion digne de Jaune Henry en personne. Je me sentais trop fraîche… jusqu’à ce que je réalise que le champ disrupteur du bouzin était poussé au max, et que je n’avais ni l’armure, ni la musculature nécessaires pour encaisser le contrecoup de mon revers à deux mains. Résultat : un vol plané de trois mètres à travers le salon, une paire de radius concassée, une manucure ruinée, mais une victoire assurée pour l’Imperium, la résistance de Servia et Cie ayant été brisée en même temps que la colonne vertébrale de cette dernière. À peine le temps de m’assurer que les nettoyeurs de choc ne réglaient pas son compte à la grosse tache de gras (parce qu’en plus d’être misogynes, les Imperial Fists sont grossophobes : c’est la Ligue du Lol en fait) dans un excès de zèle, ce que j’aurais eu du mal à expliquer au boss, et j’ai sombré dans une salutaire et bien méritée inconscience, avec la satisfaction du devoir accompli. Vous savez tout.
Fondu au noir et lancement du générique, précédé du texte suivant :
L’Interrogratice Luce Spinoza poursuivit sa carrière au sein de l’Ordo Hereticus avec distinction, où elle sert désormais l’Inquisiteur Crawl sur Terra. Pendant sa convalescence, le Chapelain Erestus vint lui rendre visite afin de lui offrir le Crozius Arcanum avec lequel elle avait éreinté la vile Servia. Relique millénaire des Imperial Fists, cette arme nommée Argent ne pouvait être maniée que par des guerriers du Chapitre… jusqu’à ce que Spinoza ne vienne la looter en loucedé apparemment. Raccourci et allégé pour permettre à sa nouvelle porteuse de le manier sans risquer la PLS à chaque attaque, Argent continue à apporter le courroux de l’Empereur à Ses ennemis, et incarne la précieuse et indispensable collaboration entre les serviteurs du Maître de l’Humanité.
De son côté, Erestus fit une demande auprès des services généraux du Chapitre pour obtenir un modèle plus récent de Crozius, ce qui lui avait été précédemment refusé. Mis devant le fait accompli, le DRH du Phalanx n’eut d’autre choix que de s’exécuter. Tout le monde est gagnant.
AVIS :
Les habitués de ces chroniques savent quelle importance j’attache à la présence de twist final dans les nouvelles que je dissèque. Cet élément est en effet à mes yeux indissociable du genre en question, et c’est sur la présence et la pertinence de ce dernier que l’on peut souvent juger de la qualité d’un auteur et d’une soumission. La Black Library n’étant pas reconnue comme une maison d’édition aux standards très élevés (ce qui est logique au vu de sa mission première : fournir du fluff à foison pour faire rentrer des biffetons plutôt que de chercher à décrocher le Man Booker Prize), l’amateur de nouvelles devra souvent se résigner à des conclusions « plates », voire absconses s’il n’a vraiment pas de chance.
Le cas de cet Argent de Chris Wraight est un peu particulier, en ce que le twist final du récit s’avère être proprement méta, cas de figure que je n’avais rencontré jusqu’à présent. Tant la construction du récit à base de flashback que le pedigree respectable de l’auteur en matière de narration laissaient en effet entrevoir un dénouement un tant soit peu spectaculaire à cette nouvelle abordant le thème ma foi assez intéressant de la difficile coopération entre agents de l’Inquisition et guerriers de l’Adeptus Astartes. Le cadre posé, et l’incontournable séquence de Space Marines de films d’action évacuée, on se prépare à recevoir une conclusion édifiante de la part de Wraight, à même d’expliquer tant le titre que la finalité de la nouvelle… pour au final réaliser que nous sommes en présence d’une vulgaire digression n’ayant pour but que d’expliquer au lecteur comment Luce Spinoza, personnage récurrent de la série Vaults of Terra a reçu sa matraque de fonction (que l’on voit en couverture de The Hollow Mountain).
Pour une surprise, c’est une surprise, reconnaissons cela à Mr Wraight, qui nous avait cependant habitués à des soumissions un peu plus ambitieuses en termes de contenu. Drôle d’idée des éditeurs de la Black Library que d’avoir choisi de faire débuter le recueil Lords & Tyrants finalement très quelconque, et qui aurait eu davantage sa place en filler entre les tomes 1 et 2 de Vaults of Terra dans le futur omnibus de la série. Chris Wraight a beau avoir suffisamment de métier pour rendre l’expérience tout à fait supportable, on sort de cette dernière un rien blasé1, ce qui n’augure rien de bon pour les quinze nouvelles suivantes. Si plaie d’argent n’est pas mortelle (la preuve, Servia a survécu !), sa lecture, elle aussi, n’a rien de mortel. Et c’est bien le problème.
1 : Au risque de me répéter, tournons-nous une fois de plus vers l’étalon Abnett pour définir ce qu’une bonne nouvelle filler peut être. La comparaison la plus évidente à mes yeux est à faire avec Missing in Action (comment Eisenhorn a perdu la main, littéralement) et Playing Patience (comment Ravenor a recruté Miss Kys). Ces publications n’ont rien d’essentiel dans les arcs narratifs développé par Abnett pour ses personnages, mais sont suffisamment bien tournés pour pouvoir être lu par le tout venant, et non pas destinés uniquement aux plus dévots serviteurs des saints Ordos.
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The Absolution of Swords – J. French [40K] :
ICÔNE : COVENANT, INQUISITEUR DE L’ORDO MALLEUS
INTRIGUE :
Par une nuit frisquette dont Dominicus Prime a le secret, un trio de figures enrobées se dirige vers la forme imposante de la Haute Chapelle, dont l’accès a pourtant été interdit par le Prefectus Prior Gul. Lorsqu’une patrouille de gardes a la mauvaise idée de leur barrer la route, les marcheurs jettent à bas leurs masques (et chasubles), et forcent leur chemin jusqu’au bâtiment où les attendent – sans le savoir encore – Aristas Gul et son bedaud Lumn, qui se croient avoir été convoqués par leur contact au sein de la 10ème Voie pour un point d’avancement surprise. Nos trois compères sont l’Inquisiteur Covenant, la Sœur Repentia Severita (qui ajoute pieusement le KO des deux gardes qu’elle a molestés dans l’exercice de leurs fonctions à son ardoise de péchés), et le Prieur Josef, et s’ils ont fait le voyage dans ce trou perdu de la galaxie alors qu’un Conclave est sur le point de débuter sur Ero, c’est qu’ils ont de bonnes raisons.
Un peu plus loin, sur la même planète, deux autres agents de l’homme au catogan tentent d’obtenir leurs entrées dans le night club le plus privé de Dominicus Prime : la salle de pause de la 10ème Voie. Ils ont dû pour cela négocier leur passage à travers des kilomètres de couloirs, fumoirs et dortoirs, graissant les pattes des pèlerins de faction tout du long, jusqu’à faire la connaissance d’un gros malabar peu aimable, qui accepte toutefois de les mener à confesse après avoir vu les (faux) tatouages et entendu les (bonnes) réponses de ces visiteurs impromptus. Pour continuer les présentations, il s’agit du blasé Cleander Von Castellan, marchand libre-mais-pas-vraiment-en-fait, et de l’imperturbable Koleg, ex-soldat aussi mortel que morne. Seul petit problème, la brute fait du zèle dans son interrogatoire, et pose une dernière question à laquelle Cleander n’a pas la réponse. Son improvisation ne donnant rien, le rogue trader est contraint d’écourter l’entrevue en dégainant ses fidèles pistolets à aiguilles, ce qui règle le problème de façon élégante (plus qu’un bolter, en tout cas). Ceci fait, les deux agents sont libres de s’engager dans l’escalier qui les mènera jusqu’à leur destination, peut-être finale.
Retour dans la Haute Chapelle, où de foie jaune de Gul en est quitte pour une petite leçon de catéchisme. Car le bon Prior couvre depuis trois ans les agissements démoniaques de la 10ème Voie, depuis qu’il a reçu la visite d’un Inquisiteur radical ayant confirmé ses doutes athéistes sur la non-divinité de l’Empereur. Bon prince, Covenant est venu offrir une chance d’absolution au grox égaré, en échange de quelques tuyaux sur son commanditaire, ce que Gul est plutôt prêt à faire, mais ce que Lumn, moins moinillon muet que démon déguisé, n’est pas très chaud pour autoriser. L’inévitable baston qui fait suite à ce léger différend est remportée de haute lutte par l’Inquisition, mais creuse un gros trou dans la réserve de points de vie (et la couche de graisse protectrice) de Josef, en plus de mettre Severita sur les rotules. Heureusement que le boss et sa grande épée énergétique sont là, tout de même.
Sous terre, c’est à peu près le même topo pour Cleander et Koleg, après qu’ils soient parvenus à une crypte contenant un pédiluve, un Psyker enchaîné, une foule de cultistes enragés, et un démon d’intérieur qui n’a pas été nourri depuis longtemps. Pendant que Koleg maintient les hostiles à distance à grand renfort de gomme cogne et grenades de désencerclement, Cleander, qui a eu une bonne éducation et se charge donc de réfléchir pour deux, réalise que la situation se simplifierait sans doute beaucoup si le Psyker captif était sorti de l’équation, ce qu’il fait d’une petite torsion des cervicales, avec la bénédiction de l’intéressé. Et en effet, cette déconnexion warpique brutale renvoie le démon dans les limbes, ce qui est suffisant pour permettre à Koleg de terminer les hostiles tout seul comme un grand. Leur mission accomplie, et peu emballés à l’idée de faire le ménage, les deux hommes reprennent le chemin de la surface pour prendre un Champomy.
Notre nouvelle se termine avec la fin de l’interrogatoire psychique de Gul, mené d’esprit de maître par Mylasa, la Psyker de fonction de Covenant. Cette dernière offre à son sujet un départ apaisé, après quelques semaines de franches tortures dont elle a effacé la trace de sa mémoire, en reconnaissance du manque de bol colossal de Gul, coupable d’avoir obéi à un Inquisiteur soupçonné d’être tombé du mauvais côté de la barrière. Les souvenirs du Prior seront utiles à Covenant pour exposer la duplicité de son collègue lors du Conclave de guerre qui prendra place dans quelques semaines à Ero, et auquel les deux hommes participeront. Cela n’est cependant plus l’affaire de Gul, qui finit sa vie un verre à la main et sur le bord de mer, de façon purement psychique certes, mais plus agréablement que la grande majorité des citoyens de l’Imperium. C’est l’Inquisition qui régale.
AVIS :
John French signe une très bonne introduction à sa saga inquisitoriale avec ‘The Absolution of Swords’, qui se déroule juste avant les événements de ‘Resurrection’ et permet de se familiariser en douceur avec la galerie de personnages gravitant autour de Covenant, et découvrir la rivalité professionnelle qu’il entretient avec Talicto. Considérant que les duels fratricides au sein de l’Inquisition donnaient les intrigues les plus intéressantes de ce sous-genre de la GW-Fiction, ‘The Absolution…’ a piqué mon intérêt et donné sérieusement envie d’en savoir plus sur l’héritier présomptif d’Eisenhorn1 (qui a aussi eu affaire à un collègue radical en son jeune temps). Pour ne rien gâcher, le récit en lui-même est tout à fait digeste, mélangeant scènes d’action efficaces et atmosphère poisseusement grimdark, comme on est en droit de l’attendre de la part d’une soumission de ce type. Bref, si vous débutez avec Coco, voici la nouvelle qu’il vous faut, loin devant les « introspections » que French a dédié à chacun des serviteurs de Catogan-man (‘The Purity of Ignorance’, ‘The Spirit of Cogs’), qui sont à réserver aux lecteurs déjà familiers du bon Inquisiteur.
1 : Ou plutôt contemporain, car les deux personnages ont été créés pour le jeu Inquisitor, il y a fort longtemps.
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Shadow Knight – A. Dembski-Bowden [40K] :
ICÔNE : TALOS VALCORAN, DIXIEME COMPAGNIE DES NIGHT LORDS
INTRIGUE :
À la recherche de matériel récupérable dans un Space Hulk, Talos et la première griffe de la dixième compagnie (Cyrion, Uzas, Xarl) tombent nez à nez avec une petite force de Blood Angels, bien décidés à reprendre l’épée que Talos a dérobée à un de leurs champions (cette obsession des Blood Angels pour Aurum – le nom de l’épée en question – constitue l’un des running gags de la saga, chaque tentative se soldant par un échec coûteux en vies d’Anges de la mort). Après avoir rapidement expédiés les pauvres scouts en combinaisons spatiales qui constituent la première vague des loyalistes, les quatre affreux se réunissent pour décider de la marche à suivre… et Talos est frappé par une vision, ce qui réduit drastiquement ses capacités de leader, et force ses acolytes à se débrouiller tout seuls. La narration restant malgré tout braquée sur le chef de la griffe, en dépit de son état comateux, la suite de l’accrochage entre Night Lords et Blood Angels est couverte en quelques lignes lapidaires, par le biais du compte rendu fait par Uzas et Xarl à Cyrion après les faits. Pareillement, la mini bataille spatiale entre les vaisseaux respectifs des deux forces est résumée en un paragraphe, ce qui est un peu court jeune homme.
AVIS :
Étrange nouvelle que ce Shadow Knight, commis par un Aaron Dembski-Bowden visiblement peu convaincu par son propos. Pour être honnête, ce texte semble être la réponse du berger à la bergère, cette dernière répondant au nom de Sarah Cawkwell et s’étant à de multiples reprises illustrée par la platitude navrante de ses écrits. Reprenant dans les grandes lignes le schéma narratif de Cause And Effect (à savoir, une sous-péripétie impliquant Gileas Ur’Ten, Space Marine du chapitre des Silver Skulls et héros récurrent de Miss Cawkwell – intérêt : nul – ), ADB livre ainsi un compte-rendu peu inspiré d’un épisode mineur de la vie de Talos, principal protagoniste de la (sinon) très bonne série des Night Lords.
Il va sans dire que la connaissance des personnages principaux de la série Night Lords ainsi que des événements relatés dans cette dernière constitue un prérequis appréciable (mais pas obligatoire) à la lecture de Shadow Knight, dont l’action se déroule peu avant l’attaque de la treizième croisade noire sur le système de Crythe, et constitue de fait une sorte d’avant-propos à la trilogie d’Aaron Dembski-Bowden. Au final, je pense que cette nouvelle aurait davantage eu sa place en introduction du (futur) omnibus Night Lords qu’en conclusion de ce onzième numéro de Hammer & Bolter, même si la lecture de ces quelques pages n’a absolument pas relevé du chemin de croix littéraire, le « pire » d’ADB surpassant allègrement le « meilleur » d’autres auteurs de la BL, il n’en demeure pas moins que Shadow Knight constitue à mes yeux la production la plus faible d’ADB à ce jour.
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Ghosts of Demesnus – J. Reynolds [AoS] :
ICÔNE : GARDUS STEELSOUL, LORD-CASTELLANT DES HALLOWED KNIGHTS
INTRIGUE :
Profitant d’une permission bien méritée, le Lord-Celestant Gardus Steel Soul, tourmenté par des rêves le ramenant sans cesse à son passé de mortel, s’embarque pour une croisière bucolique jusqu’à la cité où il a vécu sa première existence, dans l’espoir de pouvoir mettre des mots sur sa soudaine mélancolie. Débarqué incognito (enfin, aussi incognito qu’une taille et une stature de Stormcast Eternal peuvent conférer) dans la riante Demesnus, port fluvial d’importance du royaume de Ghyran, Gardus, autrefois Garradan, baguenaude pensivement de ruelles en parcs, à la recherche des bribes d’un passé déjà lointain. À peine a-t-il le temps de rosser un trio de faquins cherchant des noises à une accorte damoiselle en représailles de la lépreuse compagnie qu’elle entretient, et d’échanger quelques platitudes avec son professeur de philosophie de terminale, que les voix qui le hantent l’amènent droit dans les ruines de son ancien hospice. Dans une autre vie, Gardus était en effet ostéopathe guérisseur, et avait dédié sa vie et ses économies à accueillir les nécessiteux des alentours, avec un dévouement ayant fini par attirer l’œil de Sigmar en personne, qui, à la faveur d’une attaque de Skineaters1, drafta le malheureux praticien dans sa team de surhommes. Sûrement qu’il avait besoin d’un massage, aussi. Malgré l’aspect décrépit du lieu, laissé à l’abandon depuis belle lurette, Gardus a la surprise de tomber sur une communauté de squatteurs, pas vraiment présentables et majoritairement scrofuleux, pestiférés, voire pire, mais persuadés que Saint Garradan les a appelés en ce lieu pour qu’hommage lui soit rendu.
Un peu gêné par la situation, qu’il n’a en aucune mesure orchestrée, le probe Gardus accepte l’hospitalité de ses nouveaux amis, dont fait partie la pauvresse qu’il a secourue sur les docks quelques heures plus tôt. Cette dernière, et le Prêtre Guerrier de Sigmar invalide à 134% qui sert d’autorité morale à la croûteuse congrégation, attendent le prochain signe de Gare du Nord avec un zèle admirable, totalement oublieux aux réalités les plus basiques, comme le droit de propriété. D’où la visite de courtoisie que vient leur rendre le possesseur du terrain en question, un maquignon à la retraite du nom de Sargo Wale, bien décidé à lancer les travaux de réhabilitation de l’ancien hospice dans les meilleurs délais, et par la force s’il le faut. Il faut reconnaître qu’il a la loi de son côté, la trêve hivernale ayant expiré et le conseil municipal lui ayant délégué tout pouvoir pour faire triompher l’intérêt commun. Entre l’alignement légaliste bon de Wale et celui chaotique (un comble pour un Stormcast Eternal) bon de Gardus, aucun compromis ne peut être trouvé, mais, confiant dans son bon droit à défaut de l’être dans les chances de sa bande de ruffians face à l’opposition ferme et polie (comme son épée runique de deux mètres) du colosse servant de videur aux éclopés de l’hospice, le diplomate propriétaire laisse une journée entière de réflexion à la partie adverse, et s’en va comme un prince.
Ce délai supplémentaire sera mis à fort bon usage par Gardus, qui n’a pas toute l’éternité pour régler le problème qui le tourmente, tout comme Reynolds n’a pas 300 pages pour conclure son propos. La nuit suivante verra donc un esprit Kaonashi geignard s’extirper du sol pour aller se repaître des humeurs (de manière littérale et figurée) des malades endormis. Surpris par le Gardus de garde et son sixième sens de preux paladin, la mystérieuse entité se fait rapidement la malle, mais reparaît quelques heures plus tard, trop affamée pour prêter beaucoup d’attention au demi-Primarque qui patiente dans sa zone de spawn, des questions plein la bouche et une épée enchantée à la main. Manque de bol pour notre héros, l’amalgame pleurnichard qui lui fait face est plus intéressée par la boustifaille que par la discussion, et l’attaque sans sommation, sous le regard bienveillant de Wale, qui se révèle être un cultiste de Nurgle. Après avoir constaté que ses gros muscles ne sont d’aucune utilité face aux assauts de suçons de son adversaire, Gardus dégaine son special move, c’est à dire son énorme… empathie, et sert donc le démon dans ses bras puissants en lui susurrant des mots de réconfort aux oreilles. Et ça marche. Touché par tant de compassion, et sans doute un peu par la pure lumière céleste que Gardus est capable d’exsuder sur commande, telle une luciole d’Azyrheim (séquelle plutôt kioul de sa seconde reforge), la vilaine bête fond comme un lépreux dans un pédiluve, libérant une à une les âmes des malheureux qui lui servaient d’ancrage. Ceci fait, Gardus n’a plus qu’à régler son compte au traître Wale, qui malgré sa force démoniaque et son épée rouillée, ne fait pas le poids face au double quintal de JUSTICE du Stormcast Eternal. Convaincu d’avoir accompli sa mission, et débarassé Demesnus d’un détestable faux jeton, Steel Soul peut reprendre le ferry de 06:39 pour regagner sa caserne et l’éternelle lutte contre les ennemis de Sigmar. Voilà un week-end productif.
1 : Le nom peut faire peur, c’est vrai, mais si on y réfléchit deux secondes, il inclut également les Garra Rufa (poissons docteurs), d’excellents auxiliaires de pédicure. Du coup, la légende du Garra Dan en prend un coup.
AVIS :
Les turpitudes psychologiques de Gardus Steel Soul, pour lequel la conciliation du moi, surmoi et ça ne relève pas de la sinécure, ne m’ont que moyennement intéressées, comme la plupart des soumissions mettant au premier plan des Stormcast Eternals je dois le reconnaître. Reynolds m’ayant habitué à des nouvelles bien plus travaillées en termes d’intrigue et de progression narrative, la grande simplicité avec laquelle notre Action Man blanchi sous le harnais résout le problème auquel il est confronté, m’a laissé un goût d’inachevé. Toutefois, je dois reconnaître que l’inclusion de The Ghosts of Demesnus dans cette anthologie introductive est un choix des plus pertinents de la part des éditeurs de la BL, puisqu’il permet aux nouveaux lecteurs de découvrir une facette intéressante de la faction reine de l’univers (la difficile conciliation entre leur passif de mortels et leur mission de soldats de Sigmar par les Stormcast Eternals), tout en les immergeant dans le quotidien d’une cité libre de Ghyran, loin des batailles contre les forces du Chaos déjà abondamment couvertes dans le jeu de figurines et les suppléments s’y rattachant.
Ajoutez à cela des personnages un brin complexes (en particulier Sargo Wale, qui est loin d’être un chef de culte à tendance mégalo-anarchique, comme c’est souvent le cas) et l’habituel nappage de fluff que Josh Reynolds se fait un point d’honneur à servir, et vous obtenez un récit d’une honnêteté insoupçonnable. On peut cependant reprocher à Ghosts…, même si dans une moindre mesure que pour God’s Gift, son manque de singularité, évidemment causé par le fait que Gardus est, comme Hamilcar, un héros récurrent de la BL, dont les aventures passées rejaillissent fatalement sur les évènements narrés dans la nouvelle. Ici, c’est l’inclusion du vieux sensei Yare, compagnon d’aventure d’une précédente épopée, qui fait figure de passage obligé à la valeur ajoutée assez limitée. Rien d’horripilant là non plus, mais pas l’idéal pour accrocher le lecteur novice ou indifférent. Bref, une première incursion honorable, à défaut d’être mémorable, dans le monde métallisé des meilleurs de Sigmar.
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One, Untended – D. Guymer [AoS] :
ICÔNE : GOTREK GURNISSON, TUEUR
INTRIGUE :
Une fois n’est pas rancune, nous retrouvons le Tueur préféré de ton Tueur préféré, Gotrek Gurnisson, dans le mal le plus complet au début de cette nouvelle aventure, qui sera sans aucun doute trépidante, mais qui commence par être vomissante. Notre héros est en effet pris d’un mal de ventre carabiné, ce qui, de son aveu même à son acolyte Maleneth, ne lui était jamais arrivé avant. Et si l’Aelfe sigmarite, en bonne compagnonne qu’elle est, prend soin de tenir la crête de Gotrek pour éviter que cette dernière ne prenne une couleur et une texture encore plus dégoûtantes qu’à l’accoutumée, elle n’est pas étrangère à cette gueule de bois subite. Bien au contraire, c’est elle-même qui en est la cause, ses tentatives d’empoisonner le Nain afin de lui dérober la rune majeure de Krag Marteau Noir pour la ramener à Azyrheim n’ayant eu pas d’autres effets qu’un émétique avarié sur la robuste constitution du Tueur1. Ses vaillants efforts de se débarrasser de Gotrek devront cependant attendre un peu, car les éructations du transfuge du Monde qui Fut sont dérangés par une scène de ménage entre plusieurs individus aussi louches qu’imbibés. La raison de ce tapage nocturne se fait bientôt jour : un jeune bambin du nom de Tambrin a échappé à la vigilance légère de ses parents (Junas et Magda), et s’est semble-t-il enfoncé dans les catacombes d’Hammerhal Ghyra, que l’on dit hantées par le spectre vengeur d’Hanberra (à ne pas confondre avec celui d’Harambe, même si ça lui donnerait une bonne raison de persécuter les garçonnets), un ancien héros local ayant renoncé à servir Sigmar sous la forme d’un Stormcast Eternal à sa mort, et à la recherche des enfants qu’il n’avait pas pu sauver de son vivant depuis lors. La perspective de se frotter à un spectre légendaire pique bien évidemment l’intérêt professionnel de Gotrek, qui insiste pour prendre la tête de l’expédition de secours mise sur pied par les habitués de la taverne où les deux compères ont passé la nuit. En plus de Junas, qui sert de videur à l’auguste établissement, on retrouve la Ranger retraitée Halik et le Prêtre d’Alarielle Alanaer, qui serviront donc de meatshields aux véritables héros de l’histoire. Dommage que personne ne les ait prévenus.
La descente s’engage donc, et après quelques heures de progression dans les boyaux insalubres de la cité, un premier ennemi pointe le bout de ses moustaches. Il ne s’agit pas de Philippe Martinez, mais d’une bande de Moines de la Peste, peut-être syndiqués, squattant le bas de la cage d’escalier comme un gang de trafiquants de la cité Péri. Et à propos de périr, laissez moi vous dire que les ratons ne font pas long feu face à la colère incandescente de Gotrek, qui peut désormais passer en mode super saiyan lorsqu’il est très énervé, et élever la température autour de lui à des niveaux insupportables. Sa nouvelle hache de fonction, si elle est sans doute un peu moins cheatée que l’ancienne (dur de battre une arme forgée par Grugni pour Grimnir, tout de même), s’avère également très efficace, et la menace murine est donc prestement éliminée par les aventuriers, qui peuvent poursuivre leur route sans autre dommage qu’un pif écrasé par un coup de matraque pour Junas.
Le moment tant attendu de la confrontation avec Hanberra finit enfin par arriver, l’esprit ayant bien dérobé/envoûté Tanbrin (qui dort comme un bienheureux) car il l’avait pris pour son propre fils, Hangharth. Némésis de Gotrek oblige, le combat est bien plus serré que précédemment, la pauvre Halik rendant les armes et l’âme au premier cri poussé par le poltergeist kidnappeur, qui prouve au monde entier qu’il existe des Banshees masculines. Non mais. L’évanescence intermittente du fantôme n’est pas sans poser quelque problème au Tueur, ce qui ferait plutôt les affaires de Maleneth, toujours déterminée à récupérer la rune majeure tant convoitée de sa dépouille, mais il lui faut pour cela donner une raison à Hanberra de se battre à fond, ce que sa main mise sur Tambrin l’empêche de faire. La cultiste de Khaine repentie puise donc au fond de sa sacoche un clou de ci-gît Rolf2, souverain contre les ectoplasmes tenaces (et les Mortarques collants), et le frotte vigoureusement sur le bras porteur d’Hanberra pour lui subtiliser son précieux. N’ayant plus rien à perdre, le spectre va certainement réduire Gotrek en bouillie…
Début spoiler…Eh bien non (quelle surprise). Mais le plus étonnant n’est pas tant le résultat final que le dénouement, non violent, de cet affrontement. Le Tueur parvient en effet à faire entendre raison à son adversaire par le dialogue au lieu de lui faire manger sa hache, et ce dernier se dissipe donc de lui-même, comme le malentendu qui l’avait mené à dérober les enfants des autres depuis quelques siècles. Tout est donc bien qui finit bien (sauf pour Halik et la bière que Gotrek avait laissé sur le comptoir3), mais Maleneth la malhonnête devra trouver une autre combine pour récupérer la précieuse broquille incrustée dans le plastron de son compagnon.Fin spoiler
1 : Maleneth ne sait pas que la glotte de sa cible est marquée de la rune majeure de Cubi, le dieu Nain de l’alcoolisme.
2 : Vous me pardonnerez le calembour, mais traduire ‘wightclove’ en français n’est pas facile.
3 : À ce propos, il est probable que ce soit elle qui ait donné son nom à la nouvelle (que l’on pourrait traduire par ‘Laissé(e) sans surveillance’) et non pas Tanbrin.
AVIS :
David Guymer, qui avait écrit les dernières aventures de Gotrek (et Felix) dans le Vieux Monde, signe avec ‘One, Untended’ un parfait récit de transition et d’acclimatation pour les lecteurs familiers du personnage mais pas des Royaumes Mortels. Au-delà du déroulé précis de cette quête, tout à fait classique sauf dans son dénouement, ce sont les informations que l’auteur donne sur ce nouvel univers, les changements subis par son héros (nouvelle arme, nouvelle rune, nouveau sidekick) depuis qu’il y a fait son entrée, et les motivations, pas vraiment charitables, de Maleneth, qui rendent cette lecture intéressante, et même indispensable pour qui voudrait reprendre la suite de la geste de Gotrek sans passer par la case romanesque (‘Realmslayer’). L’auteur parvient également à aborder des éléments de fluff relevant de la sociopolitique, comme l’acculturation progressive des habitants de Ghyran aux mœurs d’Azyr, qui donnent une profondeur et un réalisme très appréciables à une franchise qui en manquait (et en manque toujours) cruellement par rapport à Warhammer Fantasy Battle. Bref, c’est une transition très réussie que Gotrek Gurnisson doit à David Guymer, bien que le flambeau des rancunes soit passé peu de temps après à Darius Hinks.
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Gods’ Gift – D. Guymer [AoS] :
ICÔNE : HAMILCAR BEAR-EATER, LORD-CASTELLANT DES ASTRAL TEMPLARS
INTRIGUE :
Prenant place après les évènements narrés dans Great Red et The Beasts of Cartha, pour ne citer que deux des précédentes aventures de notre fougueux héros, Gods’ Gift voit Hamilcar et quelques uns de ses potes des Astral Templars accomplir une mission d’intérêt général, sans doute pour avoir commis quelque tour pendable à une chambre rivale lors d’une permission à Hammerhall. Il s’agit en l’état de punir et faire stopper les exactions d’une bête monstrueuse s’amusant à disposer des hardis bûcherons d’un camp de colons récemment implanté dans les terres farouches de Ghur, tâche récréative pour des Stormcast Eternals de la trempe de nos gais lurons. Guidés par un local – Fage – qui malgré son âge vénérable semble tout émoustillé par la seule présence des Elus de Sigmar, Hamilcar & Cie s’embarquent donc dans une épopée aussi directe et rapide qu’une quête de zone de didacticiel de World of Warcraft.
Depuis le relevé de empreintes jusqu’à la constatation de l’heure du décès, ou plutôt, de l’abattage, il ne se passera ainsi qu’une petite journée, soit une vingtaine de pages pour le lecteur, juste le temps pour Ham’ de piquer un roupillon qui lui apportera un rêve plus ou moins prophétique, dans lequel un chêne vient lui chanter Je suis malade (ce qui est ‘achement dur pour un végétal, et mérite le respect), ce qui lui permettra de prendre une décision des plus inspirées quelques heures plus tard. La nouvelle se terminant pour un petit cliffhanger pas vraiment haletant, mais sans doute important pour la suite de la saga d’Hamilcar (Mark de son prénom), le lecteur en est quitte pour embrayer sur directement sur la première, ou plutôt le premier roman dédié à Guymer à sa coqueluche hirsute (Champion of the Gods), dans lequel il est presque certain que des réponses seront apportées aux questions laissées en suspens à la fin de Gods’ Gift.
1 : L’Homme Arbre qui s’était chargé de la besogne de déshumanisation – c’est comme la désinsectisation, mais avec des primates – servant de pied à terre racine à humus à une sylvaneth passablement enrhumée.
AVIS :
Malgré les dizaines de titres que compte sa bibliographie BL à l’heure actuelle, ce n’était que la deuxième soumission de Mr Guymer m’étant tombée sous la main depuis l’inaugural The Tilean Talisman, initialement publié en 2011. Et je dois dire que mon appréciation de l’œuvre du bonhomme est resté scrupuleusement identique, huit ans plus tard : des aptitudes certaines en terme de narration, avec des personnages au minimum distrayants, à défaut d’être immédiatement attachants (mention spéciale à Brouddican, l’Hillarion Lefuneste personnel de cette grande gueule d’Hamilcar), relevé par quelques notes boisées – c’est le cas de le dire – de fluff, plombées par une vacuité de l’intrigue assez rédhibitoire. C’est bien simple, celle de Gods’ Gift (d’ailleurs, on ne comprend pas vraiment quel est le don auquel Guymer fait référence dans le titre de sa nouvelle1) s’articule en deux temps trois mouvements, sans qu’on ait l’impression d’une quelconque progression entre le début et la fin de la nouvelle. Hamilcar traque un monstre. Hamilcar rêve d’un chêne. Hamilcar tombe dans une embuscade d’Hommes Bêtes (il faut bien qu’il montre qu’il est un cador du corps à corps). Hamilcar débouche sur un bosquet de chênes sacrés, gardé par… le monstre qu’il traquait. Coup de bol. Baston. Victoire. Fin.
Bref, rien de bien challengeant pour l’intellect du lecteur, qui aurait pu s’attendre à quelques liens de causalité entre les différents éléments constitutifs du propos de Guymer. Rien de tel ici, ou de manière tellement évidente et peu fine que les relever n’a pas grand intérêt. Comme dit plus haut, cela peut sans doute se justifier par le fait que Gods’ Gift est un rehaut littéraire à un travail plus conséquent, avec lequel l’auteur prend bien soin de faire la liaison. Telle la rondelle de tomate venant décorer une entrecôte frites, cette nouvelle peut être consommée si on a vraiment faim, mais ne remplira pas l’estomac pour autant. Et comme dit plus tôt (Décembre 2014, pour être précis), c’est plutôt cher payé pour ce que c’est. On me souffle dans l’oreillette que c’est fois ci, c’est gratuit. Bon. Mais avant cela, cela ne valait certes pas les 2,99€ demandés. Rem-bour-sez nos in-vi-tat-tions !
1 : Soit ce sont les visions vagues envoyées par Sigmar, soit c’est le photophore magique remis par icelui, et qui permettra à notre fier héros de venir à bout de Marylise Lebranchu. Au lecteur de décider s’il prend le messie ou la lanterne.
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The Dance of the Skulls – D. Annandale [AoS] :
ICÔNE : NEFERATA, MORTARQUE DU SANG
INTRIGUE :
Invitée à honorer de sa présence un bal donné par la reine Ahalaset et le seigneur Nagen dans la cité de Mortannis, Nefarata se doute bien que cet évènement mondain n’est qu’un prétexte commode pour permettre à ces deux grandes lignées d’agir à ses dépends, ce qui ne l’empêche pas d’accepter gracieusement de se rendre sur place, n’ayant de toute façon rien d’autre de prévu ce soir là. Voyant d’un mauvais oeil le rapprochement s’étant récemment opéré entre Ahalaset et Nagen, la Mortarque de Sang suppute avec raison qu’un piège va lui être tendu, et se réjouit d’avance de cette (més)aventure, le quotidien de Nulahmia devant apparemment être assez terne.
Après avoir été accueillie avec tout le faste et la pompe liés à son r/sang (et infligé rateau sur rateau à ce pauvre Nagen, auquel elle promet toutefois une danse plus tard dans la soirée1), Neffie se voit proposer par son hôte une dégustation privée de crus tirés de l’hématothèque personnelle d’Ahalaset, ce qui ne se refuse pas. Guidée jusqu’à un salon lounge où l’attendent une dizaine d’esclaves qui s’appellent tous Mathusalem ou Réhoboam, notre rusée vampire à tôt fait d’identifier l’aiguille d’argent se terrant sous la roche, en l’occurrence un assassin assermenté doté d’une fourchette à escargot à la place du bras (c’est la mode à Hammerhal). Ayant raté son test d’Initiative, le faquin est toutefois aisément neutralisé par sa victime supposée, qui l’attache à son service d’un langoureux battement de cils. Satisfaite de la tournure prise par les évènements, et comme toute quinqua-millénaire de la bonne société après une dure journée de labeur, Neferata s’accorde un petit verre (et fracasse au passage toutes les « bouteilles », qui espéraient peut-être qu’on les laisse tranquille le temps qu’elles refassent le plein) aux frais de ses hôtes avant de revenir se joindre à la fête.
Là, il est temps pour la Lahmiane de porter l’estocade aux traîtres débusqués, et en musique s’il vous plaît, la danse des crânes consentie à ce benêt de Nagen donnant amplement le temps à notre héroïne de cimenter sa victoire en enchantant légèrement son cavalier, qui ne trouvera rien de plus malin lorsque l’assassin d’Ahalaset viendra sonner les douze coups de minuit à son ancienne patronne à l’aide de son argenterie intégrée, de lancer sa devise dans le silence de mort (héhé) qui s’ensuit. Cette dernière tombera à plat comme la totalité de ses blagues, et, mal comprise par la garde de la reine défunte, aura des conséquences tragiques pour notre pauvre Nagen. Un verre ça va, trois verres…
1 : En même temps, cette coquetterie de laisser dépasser une canine par dessus sa lèvre inférieure ne doit pas aider à lui donner un air très intelligent.
AVIS :
C’est peu de chose de dire que la prose de Herr Annandale n’était pas tenue en haute estime de ce côté du clavier, depuis la chronique de ses débuts pour la BL (The Carrion Anthem, Hammer & Bolter #11) jusqu’à aujourd’hui. Les choses ont légèrement évolué avec cette Danse des Crânes, qui s’affirme facilement comme la meilleure soumission de notre homme que j’ai pu lire à ce jour. Certes, on parle ici en progrès relatif plutôt qu’en performance absolue, cette courte nouvelle ne se comparant guère aux travaux d’auteurs que je considère être plus méritants que David Annandale, Abnett, Dembski-Bowden, Farrer et Fehervari en tête, pour n’en citer que quelques uns (la liste serait assez longue sinon), mais j’aurais trop beau jeu de ne pointer que les trous dans la cuirasse ou les défauts dans la raquette des travaux de ce régulier de la BL, si je ne soulignais pas également les sources de satisfaction à la lecture de ces derniers. L’Empereur sait qu’ils sont encore rares à cette heure.
Alors, quels sont les éléments positifs de La Danse des Crânes ? Pour commencer, une absence de ce que l’on peut presque appeler une « annandalerie », terme forgé par votre serviteur et désignant une mauvaise, grossière ou grotesque exploitation d’une idée de départ pourtant assez sympathique, pour des résultats évidemment décevants. Le huis-clos victorien qui nous est proposé ici ne pêche ainsi pas par excès de zèle ou manque de structuration, les péripéties s’enchaînant de façon tout à fait convenable et crédible, ce qui pourrait sembler aller de soi mais n’était pas gagné d’avance au vu du pedigree de l’auteur. On sent que ce dernier a réfléchi à la manière dont il devait dérouler son récit pour que le plan alambiqué de Nefarata puisse se dérouler sans (trop) d’accroc, et même si l’usage d’un petit TGCM en fin de nouvelle pour parfaire le triomphe de Mama Lahmia peut être noté, c’est finalement peu de chose comparé aux problèmes structurels émaillant quelques unes des précédentes soumissions de David Annandale.
Autre source de contentement, la description intéressante qui nous est faite de la haute société mort-vivante, nid de vipères aux crocs acérés et n’hésitant pas un instant à comploter pour précipiter la chute de leurs prochains, alors même que les ennemis extérieurs se comptent par milliers, et qu’un brin de solidarité entre macchabées ne serait pas de trop pour défendre le pré carré de Nagash. Le fait que cette société, mêlant vampires et humains à tous les échelons, apparaisse comme fonctionnelle et pérenne (en même temps, c’est bien le minimum quand on est immortel) est une autre réussite d’Annandale, qui parvient à donner un volume fort bienvenu à une faction qui jusque là se réduisait à des légions de squelettes traînant leur mélancolie dans des déserts violacés. On peut s’amuser aussi en Shyish, telle est la morale de cette petite histoire.
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The Old Ways – N. Horth [AoS] :
ICÔNES : ARMAND CALLIS & HANNIVER TOLL, ORDRE DE SIGMAR
INTRIGUE :
Affecté à la surveillance de la cité d’Excelsis, dans le royaume de Ghur, le répurgateur de l’Ordre d’Azyr Halliver Toll, escorté de son sidekick Armand Callis, est envoyé par ses supérieurs tirer au clair une sombre histoire de disparition à Marshpoint, une ville agricole située en périphérie de la Cité des Secrets. Le fils aîné de la puissante famille Junica n’a en effet plus donné signe de vie après avoir eu maille à partir avec quelques soldats de l’autre grande famille locale, les Dezraed, qui l’ont poursuivi jusque dans les profondeurs de la forêt d’Ulwhyr. L’entente entre Junica et Dezraed n’ayant jamais été cordiale, c’est une vendetta en bonne et due forme qui menace d’éclater entre les Capulet et les Montaigu de Ghur, gueguerre qui mettrait en péril l’approvisionnement des régiments d’Excelsis en précieuse soie d’acier, ressource collectée depuis les fermes arachnides de Marshpoint. Il va donc de l’interêt général que cette triste affaire soit réglée dans les meilleurs délais, et qui de plus qualifié qu’un répurgateur pour traiter ce problème ?
Nous suivons donc Thalys et Colle au cours de l’enquête à laquelle ils se livrent à leur arrivée dans le bourg miteux et boueux de Marshpoint. Après un interrogatoire croisé des patriciens des deux familles, l’énorme et suintant Fenrol var Dezraed, autoproclamé Gardien de Marshpoint du fait de sa capacité de bloquer à lui seul l’entrée de la ville s’il lui prenait l’envie de s’asseoir en travers du portail, et le sec et irritable Kiervaan Junica, nos experts se rendent sur les lieux de la disparition à proprement parler, escortés par l’homme de confiance du patricien Junica, un natif du nom de Ghedren, et par un trio de gardes Dezraed. Et s’il se pourrait bien que la rivalité larvée entre familles nobles ait bien fait couler le sang, les enquêteurs feraient bien de prendre au sérieux les rumeurs entourant la Sorcière Blanche d’Ulwyhr. Après tout, ils ont pénétré sur son domaine…
AVIS:
C’est avec enthousiasme que j’avais vu revenir la figure iconique du chasseur de sorcières/répurgateur dans le lore d’Age of Sigmar, que son inclinaison high fantasy aurait pu « immuniser » à l’introduction de ce type de personnage, très grimdark par nature. La lutte contre les cultes chaotiques gangrénant le nouvel ordre rutilant de Sigmar constitue en effet à mes yeux un axe de développement des plus intéressants, et une prise de recul bienvenue sur le manichéisme caractéristique des premières années d’AoS. Encore fallait-il que l’image d’Epinal Hammerhal de l’inquisiteur traquant le vice et la trahison parmi les sujets obéissants de l’autorité centrale (préférablement divine, c’est plus classe) soit convenablement adaptée dans cette nouvelle franchise, la profession en question exigeant une rigueur morale confinant à la psychose, ce qui n’est pas franchement la norme parmi la soldatesque sigmarite (ces martel-sans-rire de Celestial Vindicators mis à part), dépeinte à de nombreuses reprises comme adepte du compromis et de la tempérance. Qu’en est-il avec la paire Callis & Toll, promise à un bel avenir au sein de la BL à en juger de la façon dont leurs noms ressortent dans tous les ouvrages auxquels ils ont été inclus ? Eh bien, c’est plutôt pas mal, encore que pas spécialement pour les raisons détaillées ci-dessus. Je m’explique.
Si le fanatisme (dans le bon sens du terme, car, si si, dans la littérature med-fan, cela existe) de nos héros laisse à désirer, la retenue dont fait preuve Toll, sensé être le vrai bad guy du duo, dans le jugement qu’il délivre au coupable, le plaçant à un petit 2 sur l’échelle de Mathias Thulmann (le référentiel absolu de la maison à cet égard), Horth se rattrape néanmoins en glissant quelques remarques de bon aloi à propos d’un certain White Reaper (Cerrus Sentanus sur son état civil), Stormcast Eternal pas vraiment Charlie, à tel point que son nom est utilisé pour effrayer les enfants d’Excelsis. Voilà un type qui mérite que l’on suive, et j’espère bien que ça sera le cas dans un futur pas trop lointain. Celà étant dit, The Old Ways a d’autres qualités, la première étant de proposer une petite enquête policière pas trop mal troussée au vu du nombre de pages limité avec lequel elle doit composer1, l’atmosphère horrifique du passage « sylvestre » du récit étant une autre source de satisfaction. D’autre part, cette nouvelle présente également l’intérêt de creuser le background de la cité libre d’Excelsis, qui devrait normalement ne pas disparaître corps et bien dans les annales du fluff, au vu du nombre d’apparitions qu’elle a faite dans divers écrits depuis son introduction dans le background. En apprendre plus sur cette bourgade présente donc un intérêt pour le fluffiste, tellement bombardé d’informations géographiques par ailleurs qu’on ne peut lui reprocher de ne pas prendre note de tout ce qu’on lui soumet.
Enfin, de façon plus large, elle fait ressortir un concept intéressant : le fossé existant entre natifs d’Azyr et populations locales au sein des cités libres, les seconds étant généralement mal considérés, voire méprisés par les premiers, qui les qualifient « d’Amendés » (traduction personnelle de Reclaimed, qui peut aussi s’entendre comme « Récupéré ») ou de « Sang Maudit » (curseblood), ce qui n’est pas très sympathique, mais ajoute de la profondeur à la société sigmarite. Quand on lit que même un personnage « égalitariste » comme Toll n’aurait pas de problème à raser toutes les forêts de Ghur pour pouvoir accélérer la colonisation de ce Royaume, au grand désarroi des locaux qui ont appris à vivre dans les étendues sauvages et à les respecter, on se dit que la possibilité d’un soulèvement des indigènes contre la métropole et ses représentants est une possibilité réelle… et c’est tant mieux en termes de potentiel narratif ! Bref, une plongée satisfaisante dans l’arrière-pays d’Excelsis, et une nouvelle qui vaut le coup d’être lue pour qui s’intéresse au fluff des cités libres.
1 : On saluera également le twist proprement « meta » de Horth, qui fait dire à Toll qu’il avait identifié le coupable depuis belle lurette et attendait juste de voir combien de temps il faudrait à Callis (et donc au lecteur) pour faire de même. On ne me l’avait jamais faite celle-là.
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Hunting Shadows – A. Clark [AoS] :
ICÔNE : NEAVE BLACKTALON, KNIGHT-ZEPHYROS
INTRIGUE :
Neave Blacktalon, Knight-Zephyros des Hammers of Sigmar et chasseuse de têtes personnelle du grand barbu, opère traditionnellement seule. La mission sur laquelle son divin boss l’a mise, et qui l’a conduite sur les terres désolées d’Ashy, s’avère cependant tellement délicate que les autorités compétentes ont jugé bon de lui adjoindre du renfort, sous la forme du Knight-Venator Tarion Arl (et son aigle étoilé Krien) et d’une unité de Vanguard-Palladors, menée par une vieille connaissance avec laquelle elle a déjà coopéré pour disperser une bande de hippies ayant monté une opération escargot1 dans les Royaumes Mortels, Kalparius Foerunner. Je sais, je sais, cela fait beaucoup de jargon sigmarite en peu de lignes, mais rassurez-vous, savoir qui fait quoi est moins important que de se souvenir de la hiérarchie héroïque à l’œuvre dans cette nouvelle, qui décidera qui devra mourir et à quel moment.
Blacktalon les traîne un peu à l’idée de devoir faire équipe avec des collègues, mais un ordre est un ordre, et si l’on en juge par les charniers calcinés que sa proie (qu’elle peut traquer avec l’espèce de GPS sensoriel peu précis dont Sigmar lui a fait don) a laissé derrière elle, un peu d’aide sera en effet utile. Passée les formalités d’usage, la petite bande part donc en courant/volant/transmutant dans la direction indiquée par la chasseresse, qui ressent de façon diffuse que sa cible possède un moyen de brouiller sa ΣG embarquée. En gros, si elle est toujours capable de savoir vers où se diriger, elle ne peut pas jauger de la distance qui la sépare de son gibier, ce qui aura son importance plus tard. Pour l’heure, la fine équipe, en retard sur l’abomination qu’elle pourchasse, doit faire un choix potentiellement lourd de conséquences à proximité de la ville de Sigenvale, qui a reçu la visite du monstre et a été réduite en miettes/cendres par ce dernier. Neave est plutôt partante pour se remettre en route sans tarder, mais Tarion parvient à la convaincre de faire un crochet rapide par les ruines, histoire de secourir d’éventuels survivants. Malheureusement pour l’altruiste voltigeur, la Marque ténébreuse n’en a laissé aucun, et bien que les chasseurs puissent se passer les nerfs sur un pauvre corpsejaw ne faisant que ce que la nature l’a équipé pour faire (c’est-à-dire bouffer les cadavres croisant sa route), il se fait vite jour que le mystérieux prédateur/incendiaire/décapiteur est déjà loin des lieux du crime. Il faut donc à nos héros repartir sans tarder, d’autant plus que le cogfort sensé participer à la traque semble être avoir fait une mauvaise rencontre quelques kilomètres plus loin, comme le bruit de ses canons l’atteste sans doute possible.
Bien évidemment, les traqueurs arrivent trop tard sur place pour secourir la machine de guerre (représentez vous le fruit des amours incestueux entre une Forteresse de la Rédemption et une Arachnarok), qui s’est faite éventrer et toute sa garnison massacrée par l’insaissable bestiole. Blacktalon est colère devant ce carnage dont elle impute en partie la responsabilité à ce gros sensible de Tarion, mais avant qu’elle puisse reprendre les choses en main et relancer la poursuite, une forme colossale émerge soudainement du lac de montagne à côté duquel reposait la carcasse du cogfort…
Début spoiler…Les pouvoirs de brouillage arcanique dont dispose la cible des chasseurs lui a en effet permis de tendre un piège à ces derniers, qui se retrouvent confronter à… pour faire simple, représentez vous Clifford le grand chien rouge, mais dont la maîtresse ne serait pas la gentille et aimante Emily, mais Valkhia la Sanglante. C’est donc à un pitbull mécanique de Khorne de fort belle taille (et crachant le feu) que les Stormcast Eternals doivent faire face, avec des résultats au début peu concluants, comme on peut s’en douter. Très étrangement, ce sont d’abord les Palladors qui sont envoyés pallader par le juggernaut, rapidement suivis par le brave Foerunner, ne laissant que Blacktalon et Tarion, tous les deux sévèrement blessés, pour tenter de renverser la situation. Ce n’est cependant pas chose facile car leur ennemi est très grand, très fort, très rapide, très costaud, et sans faiblesse apparente, mis à part l’écoutille chaînée qui lui sert de nombril.
Après quelques moments difficiles dans les décombres du cogfort où les deux héros ont trouvé un refuge précaire, le temps de décapsuler quelques potions de vie, le traditionnel plan de la dernière chance est conçu et immédiatement mis à exécution, permettant aux gardes chasses de Sigmar de remporter la victoire. Pour information, le haut fait en question nécessitera que Neave se déchaîne, et que son comparse loge un tir de l’aigle dans un cratère volcanique chatouilleux, ce qui aura pour effet final de noyer l’habitacle de la machine démon dans la lave. Statistiquement improbable je vous l’accorde, mais la high fantasy et les nouvelles d’action de la BL ne s’embarrassent pas de détails de ce genre. Ceci fait, les deux Knights-…, devenus bons copains dans l’adversité, peuvent reprendre le chemin d’Azyr, où ils pourront passer une convalescence bien méritée, ou se suicider pour être reforgés et ainsi redevenir opérationnels plus rapidement. Les politiques sociales sigmarites sont un peu particulières…Fin spoiler
1 : Organisée par l’incontournable Horticulous Slimux bien sûr.
AVIS :
Introduction au personnage de Neave Blacktalon (et à celui de son sidekick, Tarion Arl), ‘Hunting Shadows’ met particulièrement l’accent sur les caractéristiques de super héros des Stormcast Eternals (Blacktalon bénéficie en effet de sens ultra développés, et est capable de courir grotesquement vite – pensez Bip Bip et Vil Coyote), faisant de cette traque monstrueuse une sorte d’adaptation de comics Marvel dans les Royaumes Mortels. Je ne dis pas que c’est foncièrement désagréable, mais ça surprend tout de même un peu. Autre point saillant de cette nouvelle, son côté technique en matière de bestiaire et de hiérarchie Stormcast Eternals. C’est bien simple, on dirait qu’Andy Clark a fait exprès d’aller piocher dans les entrées les plus baroques du Battletome pour trouver ses protagonistes, ce qui peut aisément dérouter/saoûler le lecteur non averti. En cela, ‘Hunting Shadows’ n’est pas très newbie-friendly, même si l’intrigue reste relativement facile à suivre, du fait du schéma narratif très simple utilisé par l’auteur. En fait, le seul suspense de l’histoire repose dans l’identité de la proie traquée par Blacktalon et ses sous fifres, qui, manque de pot, se trouve être une création inédite de la part de Clark (à moins que la gamme chaotique d’Age of Sigmar comporte un modèle de chien de métal géant). Manque de pot car le lecteur ne peut même pas au final tenter de deviner qui est derrière ces exactions sanglantes et fumantes en se basant sur sa connaissance du fluff. Petite frustration, mais frustration quand même. Pour conclure, j’ai été très moyennement convaincue par cette démonstration de force de la Wonder Woman d’Azyrheim, héroïne certes très balaise mais assez peu attachante. Peut-être que cela est corrigé dans le roman qu’Andy Clark lui a consacré ?
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Shiprats – C. L. Werner [AoS] :
ICÔNE : BROKRIN ULLISSONN, CAPITAINE KHARADRON
INTRIGUE :
La malchance légendaire qui colle à la carène du Dragon de Fer et la peau de son capitaine, le Kharadron Brokrin Ullisson s’abat une nouvelle fois sur le fier navire et son équipage. N’ayant pas trouvé de filon d’aether-or au cours de sa dernière campagne, le navire Duardin s’est résigné à se faire cargo de grain pour au moins rentrer dans ses frais, et a chargé une cargaison de blé dans la ville de Greypeak, qu’il espère vendre à bon prix de retour à Barak-Zilfin. Ce beau projet est toutefois menacé par la présence de passagers clandestins dans la cale du Dragon, une colonie de rats bien décidée à faire bombance sur les stocks des Arkanautes. Entre les petits barbus et les encore plus petits moustachus, il ne saurait y avoir de terrain d’entente, mais que faire pour débarrasser le vaisseau de l’infestation de vermine sans endommager ce dernier ? Alors que Brokrin et ses hommes se trouvent réduits à chasser les importuns à coups de pelle, avec des résultats peu concluants, comme on peut se l’imaginer, une bonne et potentiellement riche idée est soumise : pourquoi ne pas faire un détour par la Lamaserie de Kheitar, dont les moines ont par le passé rendu un fier service aux Kharadrons en débarassant le Dragon de la nuée de crapauds célestes (car apparemment, c’est un aléa climatique assez courant dans les Royaumes Mortels) qui avait élu domicile sur le navire à l’aide d’une fumigation un peu spéciale ? Aussi dit, aussitôt acté, la possibilité de soutirer aux bonzes une de leurs fameuses tapisseries pouvant même permettre d’espérer un profit au trésorier de la petite bande, passablement dépité par le tour pris par les évènements. Après tout, quoi de mieux qu’un lama pour venir à bout d’un rat1 ?
Arrivé sur place, Brokrin emmène une poignée de ses gars à la rencontre des paisibles habitants de Kheitar, dont les ancêtres étaient tellement zens qu’ils ont réussi à apprendre à un démon les bienfaits de la méditation. Brokrin, qui connaît personnellement le grand Lama (Serge), est bien étonné de voir apparaître à la place de son vieux pote un nouveau père supérieur (Bernard), qui a la peine de lui apprendre que Serge n’est pas simplement malade (comme on pouvait s’y attendre), mais a carrément atteint l’illumination en commettant le suicide rituel du tulku, un lent empoisonnement débouchant sur une momification graduelle de l’ascète. Malgré cette triste nouvelle, Bernard se montre particulièrement conciliant avec ses hôtes, acceptant non seulement de procéder à la dératisation demandée (sous réserve que les Duardins permettent aux rats de quitter le navire, car telle est le niveau d’antispécisme des bonzes), mais offrant même à leurs hôtes non pas une, mais cinq de leurs précieuses tapisseries, pour une contribution laissée à la discrétion des bénéficiaires. En celà, Bernard fait une grave erreur car cette générosité excessive ne manque de déclencher l’alerte piège à khon que tous les Kharadrons possèdent dans un coin de leur esprit. Suspectant une entourloupe, Brokrin charge donc un de ses matelots d’escorter les moines tapissiers jusqu’à bon port, tandis que lui et le reste de son khrew acceptent l’offre de Bernard de rendre visite à Serge, qui serait, contre toute évidence, encore vivant. Bernard commet alors sa deuxième boulette (pas aussi grave que celle du Bordeaux – Paris de 93, mais pas loin) : soucieux de faire respecter les traditions non-violentes de Kheitar (où même les démons fument du chichon), il somme ses visiteurs de déposer leurs lames avant d’entrer dans le saint des saints. Toujours un à lire les petites lignes du contrat et à trouver les failles dans les termes et conditions qui lui sont proposés, Brokrin fait remarquer à ses hommes que l’injonction du grand Lama ne couvre pas les armes à feu, et emboîte donc le pas à Bernard toujours armé de sa pétoire.
Un peu plus loin, les mirrifiques carpettes de Kheitar sont entreposées sans heurts dans la cale du Dragon de Fer, sous l’oeil attentif et circonspect d’un rattophobe déclaré, le sergent arquebusier Drumark, dont le paternel a été fauché dans la fleur de l’âge lors d’une bataille contre les Skavens. Souhaitant s’assurer que la vermine qui grignote son grain ne s’attaque pas aux précieux tapis, il laisse remonter ses comparses et attend dans la pénombre de voir comment les choses vont évoluer. Quelle n’est pas sa surprise de voir s’extraire des rouleaux apportés par les bonzes une demi-douzaine d’hommes-rats, qui comptaient sans doute s’infiltrer discrètement dans le navire en attendant de jouer un tour pendable à ses occupants légitimes ! Les plaisanteries les plus courtes étant les moins longues, Drumark a tôt fait de sonner la fin de la rat-cré, l’arsenal Kharadron ayant rapidement raison des manigances skavens. Tout celà n’augure toutefois rien de bon pour Brokrin et ses suivants, qui ne tardent pas non plus à découvrir le pot au rat, à la suite d’une performance misérable du Jeff Panacluc Skaven, un dénommé Kilvolt ayant « jeanmarquisé » le cadavre de Serge. Sommé de révéler au véritable maître de Kheitar les secrets de l’ingénierie Kharadron, Brokrin refuse avec noblesse, et met à profit la bévue de Bernard pour arroser les hommes rats venus à la rescousse de Kilvolt avec du Kharaplomb. L’algarade ne dure cependant pas longtemps, l’arrivée de Drumark et de ses arquebusiers convainquant définitivement les Skavens de la futilité de leur approche. Profitant de l’accalmie, Brokrin et Cie repartent ventre à terre sur le Dragon, non sans avoir pris soin de looter quelques tapisseries supplémentaires en guise de dédommagement. De voleur à vendeur de tapis, il n’y a que peu de choses au fond.
1 : Si vous répondez : un chat, sachez que le félin apporté à bord par les Duardins a fait acte de mutinerie peu de temps après sa prise de fonction. C’est ce qu s’appelle avoir un poil dans la patte.
AVIS:
Accompagnement au roman qu’il a consacré aux plus blindés des Duardins (Corsaires du Dragon de Fer//Overlords of the Iron Dragon), ce Rats de Cale de Werner s’avère être d’une lecture globalement satisfaisante. Notre homme retrouve avec bonheur ses victimes favorites (les Skavens), qu’il gratifie comme à son habitude d’une inventivité et d’une ambition proportionnellement inverse à leur compétence, pour un résultat aussi spectaculaire que dérangeant1. S’il y a un contributeur de la BL qui sait s’y prendre pour donner aux hommes rats leurs lettres de bassesse, c’est bien l’homme au chapeau, et on ne peut que souhaiter que Nottingham lui confie davantage de commandes portant sur les funestes et fumistes machinations des rejetons du Rat Cornu. On appréciera également l’exotisme du propos, la visite guidée de la Lamaserie de Kheitar permettant au lecteur de se remémorer l’immensité des Royaumes Mortels, où la présence d’une communauté de bonzes vénérant un démon du Chaos ayant trouvé la paix intérieure en téléchargeant Petit Bambou sur son portable est tout à fait possible. On peut regretter que l’accent ne soit pas davantage mis sur la culture des protagonistes, abordée assez succinctement à travers la mention des différentes fonctions des membres de l’équipage de l’Ang Drak et du fameux Code des Kharadron (qui sanctuarise les partenaires de commerce équitable, ce qui doit indiquer que les bananes et le chocolat sont tenus en haute estime par le Geldraad), mais que voulez-vous, on ne peut pas tout avoir dans une nouvelle de 25 pages. Le casting très développé des Arkanautes, conséquence logique de leur inclusion dans le roman cité plus haut, est un autre facteur pouvant diminuer (légèrement) le plaisir de lecture, mais, rassurez-vous, savoir qui est qui n’a que peu d’intérêt au final. Le plus important restant bien sûr de souquer les artimuses.
1 : Sérieusement, imaginer la transformation d’un cadavre de bonze en marionnette animée, c’est un coup à faire des cauchemars.
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Vous êtes encore là ? Félicitations pour être venus à bout de cette copieuse chronique, qui vous a je l’espère préparé à la lecture de l’omnibus en question, si le cœur vous en dit. Essayons de rassembler nos pensées pour terminer sur une impression d’ensemble de ‘The Hammer & the Eagle’, après avoir passé tant de temps à disséquer chacune des nouvelles constituant ce pavé. La question qu’il convient de trancher est la suivante : cet ouvrage remplit il la mission que la Black Library lui a donnée, à savoir initier les nouveaux lecteurs aux icônes de Warhammer 40.000 et Age of Sigmar à travers une sélection de courts formats ? Comme vous pouvez vous en douter, si vous êtes familiers de ces critiques, la réponse est oui et non.
La force et l’attrait principal de ‘The Hammer & the Eagle’ est de proposer, clé en main et livre en poche (si vous arrivez à trouver une poche assez grande, ou avez opté pour un format digital), la couverture la plus complète qui soit de la GW-Fiction à l’heure actuelle. On peut reprocher à la BL de ne pas avoir inclus de textes pour Warhammer Fantasy Battle, qui compte également son lot de personnalités marquantes (Gotrek & Felix, Malus Darkblade, Tyrion & Teclis, Zavant Konniger, les Black Hearts…) et disposant de leurs propres séries de livres, ou, de façon plus pragmatique, d’avoir fait l’impasse sur l’Hérésie d’Horus, Necromunda et Blood Bowl, univers et sous univers riches en héros et vilains hauts en couleurs. On peut également s’interroger sur l’absence de certaines figures et auteurs de 40K au sommaire de ce recueil (Roboute Guiliman version Sombre Imperium, Ragnar Crinière Noire, Lukas, Ahriman, Khârn, Lucius, Honsou, Farsight, Peter Fehervari et son Dark Coil, Steve Parker et ses Deathwatch…), et sur la présence d’icônes mineures – à ce jour – dans ce qui semble être le catalogue des VIP de la Black Library. Mais si on passe outre ces considérations, on doit reconnaître que la base fournie ici est solide et, si ce n’est exhaustive, au moins très étoffée, le tout pour un prix très modeste au vu des tarifs habituels de la maison (on est proche des 50% de réduction par rapport à une anthologie classique).
Autre paramètre à considérer, la pertinence du choix des nouvelles collectées dans ‘The Hammer & the Eagle’, qui devraient dans l’idéal introduire le nouveau lecteur à un personnage marquant de 40K ou d’Age of Sigmar, et lui donner envie de poursuivre l’aventure en achetant le roman venant après le court format qu’il a pu lire ici. Sur ce point, c’est carrément le grand écart entre les textes qui ont été écrits avec cet objectif en tête par des auteurs de bon niveau (‘Of Their Lives…’, ‘Execution’, ‘The Absolution of Swords’, ‘One, Untended’…), et les courts formats mis au sommaire par pur pragmatisme, qui peuvent être obscurs pour qui n’est pas déjà familier de la série à laquelle ils se raccrochent (‘Rite of Pain’, ‘Prodigal’, ‘Shadow Knight’, ‘Gods’ Gift’), ne pas directement traiter des icônes qu’ils sont sensés introduire (‘The Smallest Detail’, ‘Fireheart’), ne pas aborder de façon satisfaisante le parcours, la personnalité et/ou les motivations de l’icône en question (‘The Wreckage’, ‘Argent’), ou être tout simplement mal écrits (‘The Battle for Markgraaf Hive’, ‘Mercy’). Pour faire court, si on m’avait demandé de soumettre une liste de nouvelles pour les icônes sélectionnées par la BL, la moitié des histoires rassemblées ici auraient été remplacées, pour une raison ou pour une autre. Il est in fine dommage que certains lecteurs décident d’ignorer des séries de qualité sur la base d’une erreur de casting de Nottingham, ce qui arrivera fatalement ici. J’invite donc à donner une deuxième chance à toutes les icônes ne sortant pas grandies de cet omnibus, pour s’assurer que la première impression a bien été la bonne. La tendance des auteurs de la BL à écrire des nouvelles semi-indépendantes (c’est-à-dire compréhensibles, mais pas vraiment autonomes) de leurs romans ne doit en effet pas être sous-estimée.
C’est sur ces mots de sagesse (?), ou en tout cas d’expérience, que se termine cette revue de ‘The Hammer & the Eagle’, ouvrage imparfait mais qui a tout pour devenir un incontournable de l’offre de la Black Library dans les mois et années à venir, et qui, j’en suis sûr, initiera bon nombre de lecteurs aux joies de la GW-Fiction.
HAMMER & BOLTER [N°26]
Bonjour et bienvenue à tous dans la critique de ce 26ème numéro de Hammer & Bolter ! Cette fois, ça y est, nous y sommes : sept ans après le début du sujet, à l’époque où le monde qui fut était encore le monde qui est, où l’on ne savait ni ce qu’était un Stormcast Eternal, ni un Space Marine Primaris, où la Garde Impériale avait encore un nom potable et où les suppléments étaient traduits en totalité en français, où Blood Bowl et Necromunda n’étaient que des souvenirs émus dans les cervelles embrouillées de vétérans grabataires, et où les Sœurs de Bataille en plastique n’étaient encore qu’un vœu pieux (pour ne lister que quelques-uns des changements, plus ou moins majeurs, ayant touché, frappé, bouleversé – rayer les mentions inutiles – le Zhobby depuis ces temps héroïques), nous touchons enfin au but de cette entreprise littéraire. M’étant fixé comme bonne résolution de 2018 la conclusion de cette série, je suis heureux de constater que j’ai, pour une fois, réussi à tenir un engagement de ce type. It’s something, comme le dit le poète meme designer (termes interchangeables en ce début décadent et nihiliste de troisième millénaire). Ceci dit, et l’hommage dû au gravitas propre à ce type de situation rendu, qu’est on en droit d’attendre de la part de cet ultime opus ?
Tout d’abord, le chapitre final de Gilead’s Curse, roman feuilleton de l’année II de Hammer & Bolter, qui ne passera certainement pas dans les annales pour la qualité de sa prose, mais qui aura au moins eu le mérite de nous « gagner » deux numéros de H&B (il est probable que les pontes de la BL n’ont consenti à ajouter deux mois à cette deuxième année que pour permettre à Vincent et Abnett d’achever ce qu’ils avaient commencé). Ensuite, mais également avant (je me comprends), une plongée/descente/chute dans les entrailles d’une cité-ruche en proie aux affres d’une insurrection chaotique (Kovos Falls), courtesy of Mr Latham. Egalement au programme, deux courts formats mettant en scène de méchants Space Marines jaunes et noirs. Méchants car totalement xénophobes, ce qui malheureux pour une époque aussi éclairée et positive que le 41ème millénaire. À ma droite, les Iron Warriors de C. L. Werner, pas vraiment jouasses à l’idée que leur gated community de Castellax se retrouve sur la route d’une caravane de migrants en quête de meilleures conditions de vie d’une bonne baston (The Siege of Castellax). À ma gauche, les Marines Malevolent de Nick Kyme, guère décidés à faire dans la dentelle pour reconduire les mêmes migrants dans leur shithole countries et rendre à Armageddon sa proverbiale tranquillité (Emperor’s Deliverance). Et tant pis si Mme Michu se prend une flash-ball dans la confusion. Enfin, c’est à l’infatigable et omniprésent Josh Reynolds, double recordman du nombre de soumissions à H&B, à la fois sur l’année II (6) et au total (8), qu’il revient de conclure le numéro et le webzine, avec le récit d’une réunion de famille assez tendue entre deux folles du désert : Neferata et Khalida1 (The Fangs of the Asp). Tout un symbole. Sur ma foi, voilà un programme des plus gouleyants. Hammer & Bolter se terminera-t-il sur un bang ou pschitt ? Je vous invite à en juger par vous-mêmes.
1: Priscilla n’était pas encore revenue de l’outback australien à ce moment.
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Kovos Falls – M. Latham [40K] :
Si le nom de Mark Latham peut apparaître comme familier à certains vétérans du Hobby, c’est que notre homme, avant de suivre la voie de l’auteur freelance, a exercé comme rédacteur en chef du White Dwarf entre 2007 et 2010. 13ème récipiendaire de cette noble charge instituée en 1977 et détenue à l’origine par nul autre que Ian Livingstone lui-même (l’équivalent d’un Primarque à l’échelle du petit monde de GW), Latham a tenu la baraque pendant 34 numéros, ce qui fait de lui l’une des incarnation les plus capées du Nain Blanc, après Pépé Ian, le légendaire Paul Sawyer et le discret Robin Dews. Mise à part ce Kovos Falls, les contributions de Latham au corpus de la BL se limitent à deux ristretti littéraires (format 1.000 mots) ainsi qu’à une introduction laudative d’une soumission du même genre de Nik Vincent1.
Kovos Falls prend place dans la cité-ruche de Kovos Rising, sur laquelle l’autorité impériale se fait de plus en plus tenue depuis quelques semaines. Capitale planétaire d’un monde en train de basculer au Chaos, et pour lequel le recours à l’Exterminatus n’est plus une question rhétorique mais logistique, Kovos Rising est effectivement coupée en deux au moment où nos fiers héros entrent en scène, la partie haute et privilégiée de la spire (le niveau 92, en quelque sorte) faisant office de petit village romain résistant encore et toujours aux hordes de Gaulois braillards et débauchés, avides de faire basculer cet ultime bastion de l’ordre, de la décence et du bon goût dans la rave party sauvage qui ambiance le reste de la ruche. Il revient au sergent Godric et à son escouade de Stormtroopers vétérans, les Hell’s Rejects, de mener à bien une périlleuse mission dans les bas-fonds de la séditieuse métropole, à la recherche d’une expédition du Mechanicus avec laquelle tout contact a été rompu depuis le début des troubles.
Débarqués en territoire inconnu et ennemi pour une raison non explicitée, mais apparemment fréquente dès lors que le déploiement en grav-chute est employé par la Garde Impériale (voir The Mouth of Chaos de Chris Dows, Hammer & Bolter #22), le premier souci de Godric et de ses hommes est de rejoindre la civilisation, les quelques goons chaotiques ayant eu la mauvaise idée de traîner leurs braies dans les environs immédiats de nos durs à cuire se faisant gentiment rappeler à l’ordre avec toute la délicatesse et le souci de la bienséance que l’on est en droit d’attendre de la part de troupes de choc impériales. Outre le fait de démontrer en termes non incertains que nos héros ne sont pas là pour enfiler des perles, cette première section permet également à Latham de familiariser le lecteur avec la galerie de personnages secondaires qu’il a choisi de convoquer et développer dans sa nouvelle, chacun des Hell’s Rejects se voyant nommé et décrit au fil des pages, pour un confortable total de 10 protagonistes2, auxquels viendront s’ajouter quelques seconds couteaux au fil des pages.
Ayant finalement pu rejoindre le Mur protégeant les Sept Royaumes des assauts des Sauvageons (/!\ Alerte Contamination Fluff /!\) et fait choir la bobinette après avoir tiré la chevillette, les HR rendent une petite visite de courtoisie au Gouverneur de Kovos, Lord Marchinus, qui a l’obligeance de mettre à leur disposition les reliquats de sa garde personnelle afin de guider nos héros jusqu’aux niveaux inférieurs de la ruche où l’expédition du Magos Explorator Korech est sensée se trouver. La suite et le gros de Kovos Falls est consacré à cette périlleuse descente, pendant laquelle les Hell’s Rejects s’emploient à démontrer que la dîme impériale a été sagement investie dans leur entraînement et leur matos, en disposant tranquillement des empêcheurs de tourner en rond plonger au fond jusqu’à que ce que ce bon vieux Godric puisse avoir sa minute Stanley en balançant un « Magos Korech, I wager ? » au techno-prêtre disparu. Ce dernier, nullement concerné par des choses aussi triviales qu’une insurrection chaotique, révèle au stormtroopers la raison de leur venue : la récupération et mise en sécurité de fragments SCS, chinés avec sang-froid par le rusé Magos dans un marché aux puces Ratskin. Petit problème : le précieux chargement ne tient pas sur une clé USB standard, et ce sont donc quelques centaines de kilos de classeurs d’archives que nos hardis paras vont devoir se trimballer jusqu’en orbite haute. Ayant fait comprendre au nerd de service qu’il aurait dû appeler Une Pièce en Plus plutôt que le standard du Militarum, Godric consent tout de même à filer un coup de main (peut-être convaincu de la nécessité de sa coopération par les dizaines de serviteurs de maintenance et de combat que Korech a apprivoisé depuis son arrivée à Kovos Rising, et qui le suivent obligeamment où qu’il aille), et est sur le point de commander un taxi pour rapatrier ses ouailles quand l’installation de Korech se fait soudainement hacker. Le lancement simultané de Snake Xenzia sur tous les ordinateurs du Magos, avec The Snake Song de Bob’s Burger en fond sonore laisse planer peu de doute quant à l’identité des cyber pirates, et c’est logiquement qu’un légionnaire de l’Alpha Legion fait son apparition et demande à ce que le grisbi lui soit remis.
Peu enclins à coopérer, les loyalistes optent pour une fin de non-recevoir polie mais ferme, Godric et ses hommes se repliant en bon ordre vers le point d’extraction le plus proche en emportant autant de data que possible, tandis que Korech lance une reconfiguration système, afin d’empêcher les STC de tomber entre de mauvaises mains. Hélas pour eux, leur opposant n’est autre que Mr Robot en personne, et a tôt fait de recruter les cohortes de Serviteurs de Korech à sa cause et de lancer ces dernières à la poursuite des Hell’s Rejects, avant de prendre personnellement les choses en main voyant ses nervis se faire refouler par la badassitude consommée des impériaux. Aussi à leur avantage face un Astartes (même un Astartes geek comme ceux de l’Alpha Legion, c’est-à-dire acnéique, binoclard et maigrichon par rapport à l’Astartes bully World Eaters) que Gilles Verdez face à Joey Starr, la bande à Godric subit quelques pertes mais parvient tout de même à rejoindre la surface grâce au sacrifice héroïque du Vostroyen de service. L’arrivée tardive de l’UberPOOL commandé, suite à la manifestation d’un autre passager dans une ruche proche obligeant le conducteur à un détour, coûte cependant très cher aux derniers survivants des Hell’s Rejects, DJ Snake revenant à la charge avec deux copains et une horde de fans en délire (littéralement) afin de mettre la main sur les infos personnelles de Godric et Cie, sans grand regard pour le RGPD. Au moment où tout semble perdu, l’arrivée providentielle d’une escouade de Space Marines d’Assaut Blood Angels permet à l’Imperium d’obtenir une victoire morale, et à Godric ainsi qu’à l’ultime survivant de son unité de regagner la sécurité de la Flotte Impériale. La nouvelle se termine sur la révélation de l’aura d’increvabilité (2++ relançable) de God’, qui lui a permis de se sortir des missions les plus mortelles depuis vingt ans alors que tous ses hommes mourraient autour de lui. Est-ce le début d’une carrière à la Colonel Schaeffer (avec inclusion au fluff, profil et figurine) pour notre quasi-Perpétuel ? Plutôt non, à ce jour, mais il ne faut pas désespérer.
Avec Kovos Falls, Latham démontre quelques solides aptitudes narratives, en livrant un récit rythmé et nerveux, tout en parvenant à faire bon usage de la tripotée de personnages nommés qu’il a fait le choix de convoquer dans son récit. Mine de rien, ce n’est pas évident d’arriver à donner à chacun son (ébauche d’) identité propre et sa (nano) seconde de gloire, sans ralentir outre mesure la progression d’une intrigue reposant en grande partie sur la confrontation entre nos héros (dont la pratique du macramé et du rempaillage n’est pas la spécialité) et les hordes hérétiques qui leur servent d’antagonistes. En cela, je considère « la nouvelle de GI » telle que Kovos Falls comme requérant un niveau d’écriture supérieur à l’autre archétype de la BL qu’est « la nouvelle de SM », genre ultra-permissif du fait de la surhumanité de ses protagonistes, autorisant un nombre élevé de TGCM (ou dans ce cas précis, TGC-S-M) pour pallier aux errements et incongruités commis par des auteurs débutants et/ou juste mauvais. Il est d’ailleurs intéressant de constater que l’année II de Hammer & Bolter a plutôt fait la part belle à cette première « famille » de récit (The Mouth of Chaos, Kovos Falls), alors que l’année I était la chasse gardée des Astartes, notamment à travers le cycle Silver Skulls de Sarah Cawkwell, ce qui pouvait être lié dans une certaine à une amélioration globale de la qualité des publications.
Un autre mérite de Mark Latham est son utilisation judicieuse d’éléments familiers du background de 40K, souvent traités de manière cavalière par d’autres auteurs. Ainsi, Kovos Falls rend justice aux dimensions inconcevables d’une cité-ruche, superstructure millénaire possédant son histoire et ses cultures et sous-cultures propres, tenant plus de la région que de la métropole, et dont la traversée se mesure en jours et non pas en heures. Autre source de satisfaction, l’emploi du Space Marines chaotique comme adversaire ultime, en cela qu’il est clairement établi que les Hell’s Rejects, malgré leur entraînement, expérience et équipement supérieurs, n’ont aucune chance d’espérer l’emporter face un seul Légionnaire renégat. Après avoir passé quinze pages à décrire les exploits martiaux de ses protégés, Latham n’hésite pas un instant à les faire tomber comme des mouches dès lors que le mâle Alpha pointe le bout de ses augmétiques. Certains auteurs de la BL, et pas des moindres (n’est-ce pas Mr Abnett…), ayant eu tendance à rapprocher, voire à mettre sur le même niveau, les capacités martiales de simples humains avec celles des Astartes, il est à mon avis salutaire que quelques bonnes âmes consciencieuses contribuent à replacer le Marines sur son piédestal de machine de guerre inégalable, qu’il n’aurait jamais dû quitter.
Sans briller par son originalité (on est davantage dans la figure imposée du rookie de la BI, mâtinée d’un clin d’œil aux travaux de grands anciens de la maison3), Kovos Falls introduit Mark Latham comme un contributeur compétent de la Black Library. Comme le dit la sagesse populaire, on n’a jamais deux fois l’occasion de faire une bonne première impression, aussi faut-il reconnaître à Marco une entrée des plus honnêtes, à défaut d’être spectaculaire et/ou mémorable, parmi le panthéon des auteurs GW-approved. C’est quand tu veux pour remettre ça, gamin.
1: Respectivement Judgement, Like Father, Like Son et The Third Wise Man.
2: Go-dric, Val-di-mar, Kra-ster, So-ro-kin, Mc-Leod, Ta-rek, Jo-a-chim, Sieg-fried, Ish-ma-el, Th-yrus… Hell’s Rejects, retenez les touuuuuuuus! Hell’s Rejects!
3: Abnett et ses Gaunt’s Ghosts pour le côté « en immersion avec la crème de la GI » et Thorpe et sa trilogie Last Chancers pour « l’immortalité » supposée du personnage principal.
Gilead’s Curse (ch. 12) – N. Vincent & D. Abnett [WFB] :
Retour à Nuln pour assister à la conclusion de l’épique quête de Gilead and friends visant à mettre un terme à la malédiction du Malaise (en français dans le texte) frappant le monde de Warhammer depuis, hum, un certain temps, et ayant fait un nombre incalculable, ou en tout cas incalculé1, de victimes. L’épisode précédent s’étant terminé sur le riff d’introduction d’Enter Sandman et la silication expresse de ce que tout la bonne cité impériale comptait de verre (c’est Afflelou qui doit se frotter les mains), suite à l’installation par le trio de charretiers d’une enceinte Böse dans un recoin stratégique de la ville, il est temps de prendre des nouvelles de notre fringante équipe en cette heure décisive. En raison des débuts laborieux de cet ultime chapitre, on permettra à l’auteur de ces lignes d’user de son droit d’ellipse de manière libérale afin de ne pas assommer le vaillant lecteur à coups de dissertations sur le but et l’intérêt de certaines des décisions les plus… originales des Vabnett en matière de conduite d’intrigue. Les âmes les plus courageuses pourront toujours se référer directement à l’objet du délit si elles souhaitent approfondir le sujet (à chacun ses délires). Dans le cas présent, je me contenterai de signifier que notre nouvel ami Surn Strallan a peur de beaucoup de choses (Mondelblatt vivant, Mondelblatt mort, les elfes – Gilead plus que Fithvael –, la charrette, la magie, un sablier, de ne pas transpirer…), et que le lecteur attentif sortira de l’étude de Gilead’s Curse avec une idée très précise des phobies de Herr S., complétée d’une ébauche de gradation des unes par rapport aux autres. Voilà pour l’entrée en matière.
De manière plus opérationnelle, si l’expression m’est passée, notre quintette a la surprise d’assister à la génération spontanée de milliers de bestioles appartenant à l’ordre du nuédéroadétombarien, c’est-à-dire scarabées, sauterelles, araignées, scorpions et autres serpents, jusqu’ici qui détails sculptés dans les objets locaux, qui sable de la collection de sabliers de Mondelblatt, et dont le premier souci une fois matérialisés est de se diriger à grande hâte vers un point mystérieux que le lecteur pas trop demeuré associera rapidement au Prêtre Liche beat boxant de manière poo-sey dans les caves de Nuln. Plus perplexes qu’autre chose devant ce phénomène pas ranormal du tout à première vue2, nos héros ne perdent pas une minute pour remonter jusqu’à l’origine de l’anomalie… ah, non, excusez-moi. On me signale dans l’oreillette que priorité a été donnée au sauvetage de ce vieux tromblon de Mondelblatt, dont l’échec au test d’Initiative demandé par cette dernière péripétie l’a conduit à se retrouver recouvert de grouillants en tout genre, pas vraiment hostiles mais pas vraiment amicaux non plus. Pressentant qu’il finira par avoir besoin des lumières – jusqu’ici éteintes – du professeur Fourmemolle pour terminer le niveau, Gilead passe donc deux minutes (c’est écrit dans le texte) à épouiller son comparse, d’abord de manière assez malhabile, puis avec un talent consommé lorsqu’il se décide à passer en mode shadowfast, s’offrant même le luxe d’occire chaque bestiole individuellement au fur et à mesure qu’il les détache de la forme chancelante de son acolyte. Ça c’est du professionnalisme. Cette déverminisation accomplie, et Mondelblatt prêt à remplir son office pour peu que ce dernier prenne place dans pas trop longtemps (piqûres de scorpion obligent), notre fière équipe finit par prendre le chemin du boss, qui, coïncidence des plus heureuses, a choisi d’établir son QG au sous-sol de l’université. Voilà toujours quelques lignes/paragraphes de description épargnés aux auteurs et aux lecteurs, qui à ce stade auront juste envie de voir le bout de tunnel et ne reprocheront pas outre mesure aux Vabnett la mesquinerie de la manœuvre.
Arrivé sur place sans encombres (en même temps, c’était pas loin), Gilead se jette bravement au combat, secondé par ses acolytes elfiques, non sans avoir pris le temps de mettre à l’abri ses humains de compagnie des déprédations des nuées suderonnes en installant quelques rouleaux tue-mouche écrivant « intairdis ô zinsekt » avec du sable piqué chez Mondy autour de ces derniers. S’ensuit une succession d’affrontements sans merci (ni enjeu) entre le trio elfique et les serviteurs du Prêtre Liche, dont la difficulté va, et cela pourrait étonner le lecteur dans un contexte plus normal que Gilead’s Curse, décroissant. On constate ainsi que ce sont les humbles squelettes invoqués par le Hiérophante comme premier rideau de défense3 qui se révèlent les adversaires les plus dangereux pour nos héros, l’une des bidasses osseuses parvenant à toucher Gilead, tandis qu’un autre goon réussit même à blesser Laban, ce qui a pour conséquence indirecte de déclencher la shadowfastittude de ce dernier, avec des résultats funestes pour la team tibia.
Cet échauffement terminé, les deux cousins n’auront aucun mal à démantibuler avec une lenteur perverse les deux Gardes des Tombes faisant office de second rideau (la faute peut-être à une IA complètement buggée), avant que Mondelblatt ne fasse finalement son office en révélant le pouvoir contenu dans l’amulette du Roi des Rats, qui se trouvait être un humidificateur d’atmosphère (no joke), et inflige un coup fatal aux machinations nehekhariennes en libérant deux litres de pisse (NO JOKE) prestement mis à profit par Gilead pour écrire « Haha té niké » avec du sable dans ce noble medium, ce qui conduit le Prêtre Liche au petit-suisside (NO F*****G JOKE !!!), empêchant du même coup la résurrection du Roi des Tombes si laborieusement transbahuté depuis les nécropoles de Khemri jusqu’aux caves de Nuln. And that’s all, folks : si on met de côté les descriptions annexes de la purge de Nuln de la menace mort-vivante (sable, pisse et pluie, pour aller vite), et l’inévitable séparation de la communauté de l’anneau à la fin des évènements, il ne se passera plus rien d’important dans Gilead’s Curse (bon, la narratrice finit par crever et son cadavre est jeté aux loups de Kislev, mais si vous voulez mon avis, elle l’a bien mérité), et dans la saga de Gilead par la même occasion, jusqu’à ce jour en tout cas. Un peu triste pour un personnage, qui, quoi qu’on puisse penser du présent opus, faisait partie des grands anciens du fluff de WHF, et pouvait donc prétendre à un minimum de respect. Malheureusement pour lui, pour Hammer & Bolter et pour les lecteurs, cela ne s’est pas vérifié, et au petit jeu des comparaisons entre les années I et II de H&B, c’est Phalanx qui remporte sans aucune contestation possible la palme du meilleur roman feuilleton. On m’aurait dit au commencement de ce sujet que je plébisciterai sans retenue une soumission SM de Counter par rapport au revival d’une légende Fantasy signée (en partie…) Abnett, j’aurai ri. Comme quoi, on ne peut définitivement pas juger un livre par sa couverture, comme le disent les Britons. Quant à toi, Gilead du monde-qui-fut, repose en paix à présent. Tu as bien mérité, si ce n’est de la patrie, au moins de la Black Library.
1: Mis à part le cousin Baneth, les victimes documentées de ce mystérieux fléau sont en grande majorité des ruminants et des légumes. De là à dire que le Ban’ était une fiotte, il y a un pas que je ne m’hasarderai pas à franchir.
2: Il faut dire que le Malaise semble, entre autres symptômes, attaquer fortement la zone du cerveau responsable de l’étonnement chez les sujets qu’il afflige. Les habitants de Nuln sont ainsi décrits comme endurant cet épisode qu’onques pourrait aisément qualifier de traumatisant avec un flegme suprême. À titre personnel, je soupçonne un expédient pratique de nos auteurs pour ne pas à avoir à intégrer une panique généralisée dans leur récit, ce qui est toujours plus fastidieux en terme de mise en scène qu’un bon « circulez, y a rien à voir ».
3: Gilead, Laban et Fithvael s’étant mis à exsuder de la citronnelle par la grâce d’Isha entre les pages 45 et 46 de Hammer & Bolter, la biodiversité des Rois des Tombes ne représente dès lors plus qu’une nuisance très mineure pour nos intrépides héros.
The Siege of Castellax (extrait) – C. L. Werner [40K] :
Pour ce dernier numéro de Hammer & Bolter, saluons le retour d’une figure centrale mais discrète de la BL, l’incunable et indécoiffable C. L. Werner, dont une partie du voile de mystère est soulevée à l’occasion, le lecteur averti apprenant que le patronyme du bonhomme est Clint (c’est dommage, Chilperic était plus classe). Cette révélation fracassante évacuée, penchons-nous sur l’objet qui nous vaut l’honneur, la chance et l’avantage de revoir Bruno Lee sévir dans les eaux troubles d’un mensuel de la Black Library, lui qui avait été un contributeur de premier ordre d’Inferno ! dans des temps reculés. Bonnes feuilles du roman The Siege of Castellax, intronisé en 2016 au panthéon de la BL sur recommandation de Josh Reynolds (il y a pire comme parrain, honnêtement1), cet extrait nous permet de découvrir les forces en présence dans cette empoignade au pitch d’une simplicité élégante (♫ WAAAGH !!!! droit d’vant toi… ♪– air Ork connu – ) : d’un côté les Iron Warriors du Warsmith Andraaz, petit patron chaotique rangé des voitures après avoir fait les quatre cents coups pendant l’Hérésie, et à présent fournisseur attitré de matos aux bandes chaotiques de l’Œil de la Terreur, de l’autre les hordes vertes d’un illustre inconnu, probablement vert aussi, adeptes convaincues du porte à porte et sans aucune notion de ce « qu’espace personnel » veut dire.
Après une mise en bouche spatiale qui voit l’infortuné équipage du vaisseau de reconnaissance Vulture se mesurer à un Rok avec les résultats que l’on peut attendre de ce genre de confrontation équilibrée, nous faisons connaissance des gentils défenseurs, à savoir Andraaz et son conseil rapproché d’Iron Warriors, tâchant de mettre au point une riposte efficace au léger problème2 auxquels ils se retrouvent confrontés. C’est l’occasion pour Werner de dépeindre une galerie de rascals (rascaux ?) hauts en couleurs et pas vraiment solidaires les uns des autres, dont on prendra sans doute plaisir à les entendre bégayer en olympien après avoir fait connaissance avec le mauvais côté d’un kikoup’. Un plan d’action à peu près viable ayant été défini par les intéressés, nous retournons dans le vide intersidéral pour le voir imploser misérablement au contact de l’ennemi, la ruse orkoïde battant en brèche les savantes manœuvres de l’Archi-Commandant Vortsk et avec elles tout espoir des chaotiques de s’épargner la visite de quelques millions de peaux vertes. L’extrait se termine avec une séance de pose de cojones digne de l’ego monumental d’un Space Marines du Chaos, Andraaz prenant le parti de se débrouiller tout seul face à l’adversité et de mettre en déroute l’invasion sinople sans demander de l’aide auprès de ses anciens potes de la Légion. Sage décision ou orgueil mal placé ? Pour le savoir, lisez la suite !
Si Werner fait le travail plutôt proprement dans ces quelques pages introductives, donnant envie au lecteur d’en savoir plus sur cet affrontement plutôt original dans son choix de protagonistes (ce qui constitue déjà une raison valable de donner sa chance à The Siege of Castellax), la description du conseil de guerre des Iron Warriors ne m’a guère convaincu, la faute au caractère trop humain des sbires d’Andraaz, dont les tics respectifs (mention spéciale au Skylord « parce que je le vaux bien » Morax, qui passe son temps à se passer la main dans les cheveux comme un chanteur de K-Pop qu’il n’est – certainement – pas3), les gloussements flagorneurs et les basses manœuvres politiques et politiciennes pour se faire bien voir du patron tout en rabaissant les collègues aux yeux de ce dernier ne m’ont paru ni crédibles ni bienvenus pour des surhommes amers, froids et cliniques comme je me représente les scions de Perturabo. En l’état, l’auguste cénacle tient plus de l’assemblée de Skeksis que de celle de vétérans désabusés de la Longue Guerre. Il faut dire que leur Suprême Leader m’a semblé passablement sanguin, sa manie de défoncer la table du Stratégium à coup de poing pour marquer ou son irritation, ou sa détermination (à moins qu’il n’y ait simplement plus beaucoup de jus dans la zappette du projecteur PPT et qu’il lui faille recourir à l’énergie cinétique pour changer de slide), ne montrant guère l’exemple à ses ouailles.
Ce petit désagrément mis à part, on retrouve dans cette mise en bouche un Werner égal à lui-même, c’est-à-dire maître de son propos tant sur l’aspect purement narratif, chaque séquence se déroulant sans longueur ni à coup, que sur celui du fluff (pas d’atrocité constatée, et une évocation diablement émoustillante d’un Speaker, psyker de niveau Alpha réduit en catatonie par les Iron Warriors, et arme aussi puissante que dangereuse, dont l’utilisation risque de faire des étincelles). Ne manque au tableau que l’habituelle touche d’humour noir caractéristique du style du jeune Werner (pas le peintre Suisse hein, essayez de faire semblant de suivre), peut-être gardée en réserve pour les personnages Orks du récit, ce qui serait un choix tout à fait compréhensible. Bref, tous les indices semblent indiquer que The Siege of Castellax est un solide filler du catalogue de la BL, à l’instar de la majorité des travaux de son auteur, et peut-être, je dis bien peut-être, davantage. À choper à vil prix sur Amazon un de ces jours pour trancher cette question.
1: Comme tous les systèmes de cooptation, le népotisme reste fréquent. En témoignent les sélections de Headtaker et Death of Integrity, respectivement écrits et choisis par David Guymer et Guy Haley, à 2 mois d’intervalle. On peut toutefois se satisfaire de la présence de 3 bouquins d’Abnett parmi les 11 titres sélectionnés à ce jour.
2: Car dans l’espace, la faiblesse de la gravité diminue drastiquement le poids des objets.
3: À propos de cheveux, il faut aussi noter qu’un autre lieutenant IW a bénéficié d’un don démonique peu courant et très spectaculaire : la permanente chaotique (change de couleur selon l’humeur de son propriétaire). La légende raconte qu’Archaon a juré de porter un casque intégral jusqu’à qu’il tombe sur cet attribut sur le tableau des récompenses du Chaos.
Emperor’s Deliverance – N. Kyme [40K] :
Contributeur régulier de Hammer & Bolter, mais assez rarement en bien, le sieur Kyme a lui été aussi convié au pot de départ du webzine de la BL, et n’est pas venu les mains vides. Son Emperor’s Deliverance catapulte le lecteur sur Armageddon, le Geoffroy Guichard du Segmentum Solar (comprendre qu’il s’agit d’un lieu très animé où les prolos de l’industrie lourde et la couleur verte règnent en maîtres), pour un épisode de Faîtes Comme Chez Vous ! d’un genre un peu spécial. Voici le pitch : notre héroïne, la Sœur Sourire Scalpel Athena s’efforce d’apporter le peu de réconfort et de chaleur humaine aux milliers d’âmes perdues réfugiées dans le camp qu’elle dirige avec sa stagiaire (Betheniel), un homme de ménage philippin (Sanson) et le fils de la gardienne (Kolber). Malheureusement pour tout ce petit monde, leur fragile écosystème, jusque-là à peu près préservé des déprédations des ultras Stéphanois (les Verts, pour ceux qui ne suivent pas) se retrouve mis à mal quand la gardienne (le Colonel Hauptman) en question accepte une mutation à la droite de l’Empereur après un craquage de fumigènes mal négocié. La demande de remplacement du personnel dûment envoyée par Athena à la copro se solde par l’arrivée d’un duo de gorilles pas vraiment amènes (Nemiok et Varik, intérimaires Marines malveillants, malvoyants et malpolis, placés sur le poste par l’agence Manlpower locale), adeptes convaincus du itsnotmyjob-isme et jamais les derniers pour faire le coup de feu avec les footix du coin quand l’occasion se présente, sans considération pour le confort et la sécurité de leurs charges, ni pour les pétunias de Mme Ledoux, puisqu’il faut dire les choses. Ayant tenté, sans succès, d’obtenir une coopération plus active de la part de son nouveau service d’ordre, Athena finit par laisser les Marines malotrus vaquer à leurs occupations, encaissant de manière stoïque la surcharge de travail générée par la défection de ces malappris. La situation finit toutefois par tout à fait dégénérer lorsque les Magic Fans décident de faire une virée dans la propriété, profitant du portail laissé ouvert par les malavisés Nem’ et Var’. Dans le chaos qui s’ensuit, tout le staff d’Athena finit à l’hôpital (section morgue), cette dernière ne devant son salut qu’au retour tardif des Marines mal-embouchés, qui finissent par bouter les ultras hors de la place à grand renfort de gomme cogne et de grenades de désencerclement, dont l’usage inconsidéré et indiscriminé ne fait qu’ajouter à la confusion en plus de faire grimper le nombre de blessés (dont la pauvre Betheniel, élevée grande maîtresse de l’ordre de Rémi Fraisse après une rencontre malheureuse avec un flashball grognon). Hors d’elle, Athena enguirlande vertement (un comble !) les Marines malfaiteurs, et manque à son tour de se faire molester par ces derniers, n’étant sauvée que par le crochet du droit de Varik à Nemiok, le premier ayant manifestement jugé que son comparse était effectivement un malfrat.
La situation ayant fini par s’apaiser et les Magic Fans ayant écopé d’une interdiction de stade pour le prochain match, les Marines malfaisants sont convoqués à l’agence par le responsable (Capitaine Vinyar) pour s’expliquer sur les évènements. Loin de s’offusquer des débordements constatés, le maléfique individu se révèle au contraire tout à fait satisfait par la tournure prise par les évènements, la dérouillée subie par les Verts justifiant à ses yeux les sévices endurés par les quidams pris entre deux feux1. Ayant renvoyé ses malabars vaquer à leur manœuvres malsaines, Vinyar à la surprise d’entendre frapper à la porte peu de temps après leur départ, et décide de manière malavisée d’ouvrir. Entre alors nul autre que Jean-Claude Tu’shan, vert de rage et noir d’humeur d’avoir appris les déprédations commises par les Marines maladroits. Ne pouvant plus rien pour les innocentes victimes de ce carnage inutile, le Tu’sh les venge en (probablement, voir ci-dessous) maltraitant et malmenant malicieusement Vinyar pour malfaçon. Malaisant.
Kyme ne fait décidément rien comme les autres auteurs de la BL. Ayant pris le parti, comme certains avant lui, de développer un bout de fluff officiel pour lui donner souffle et vie, il choisit de se pencher sur une péripétie tout à fait mineure2 de l’histoire de son chapitre fétiche, et de s’arrêter, un peu comme son comparse Hoare dans The Last Charge, au moment où les choses commençaient à devenir intéressantes pour le fan-boy sommeillant en chacun de nous, c’est-à-dire l’explication de texte entre le défenseur des Droits de l’Hominidé (parce qu’il ne faut pas oublier les Ratlings, les Squats et les Ogryns) et Super Connard. Cette franche algarade aurait pu déboucher sur quelque chose d’intéressant, du fait du pedigree des participants, de la rareté de la situation et de l’incertitude qui plane sur le résultat de la confrontation. On a beau supposer que Tu’shan, en tant que gentil et Maître d’un chapitre bien connu, l’emporte sur Vinyar, qui n’est « qu’un » méchant Capitaine d’un chapitre très obscur, la tournure de la phrase sur laquelle Kyme a bâti sa nouvelle évoque simplement un échange de coups entre nos deux compaings, ce qui pourrait tout aussi bien signifier une égalité, voire la victoire de Vinyar sur son Bisounours de collègue. Ça, ce serait cool. Et ça aurait pu l’être, si Kyme n’avait pas perdu de précieuses pages à disserter sur les avanies d’Athena et Cie, ce qui sert bien entendu à exposer la vilénie des Marines Vol au Vent, mais ne méritait peut-être pas de constituer le corps du propos. Et quand bien même on garderait l’intégralité d’Emperor’s Deliverance, les 15 pages de la nouvelle auraient pu en accueillir 5 de plus sans problème, laissant à Nick assez de place pour dépeindre la controverse de Waaaghadolid de manière convaincante et imaginée. Pour une fois que je shippais une baston entre SM, il faut que l’on me la retire, destin cruel. Que t’ai-je dont fait, Pépé ?
Conclusion tronquée mise à part, il faut reconnaître que Kyme se sort honorablement de l’exercice, sa tendance à sombrer dans le ridicule à force de vouloir rendre ses scènes d’actions le plus cool possible, sans se soucier ni de la vraisemblance, ni des conséquences, ayant plus d’une fois desservi notre homme. Rien de tout ceci dans Emperor’s Deliverance donc, seulement du bon vieux BL-style, croustillant mais insipide, comme les galettes de riz complet bio Björg. C’est pas du lembas Nick, mais faute de grives3…
1: Vinyar, arière-arrière-arrière78 petit fils de Jan-Meeshail Awlath, le fameux magnat Franc du début du IIIème millénaire ? C’est une piste sérieuse.
2: Introduite en une demi-ligne dans l’Index Astartes dédiée aux Salles à Manger, si je ne m’abuse.
3: « …mangez de la brioche. » (Roboute Robuchon). C’est plus une phrase de conclusion, c’est un cadavre nerdxquis. Vivement que ça s’arrête.
The Fangs of the Asp – J. Reynolds [WFB] :
On achève, cette fois-ci pour de bon, par une ultime offrande de Josh Reynolds, jack of all trades and master of many de Hammer & Bolter, se déroulant sous des latitudes plus ensoleillées, à défaut d’être plus clémentes, que les nôtres (les miennes en tout cas).
The Fangs of the Asp relate le quotidien d’un de ces personnages nommés sans être ultra connus du fluff canon de Warhammer Fantasy, la reine Khalida Neferher. Présence régulière des Livres d’Armées Rois des Tombes, Khalida ne jouit en effet pas de la même renommée que Settra l’Incontournable (en plus d’être Impérissable) parmi la communauté, malgré les indéniables atouts dont elle dispose(ait) d’un point de vue stratégique, un rôle loin d’être négligeable dans le background de sa faction (la chienne de garde vampirophobe de Nehekhara) et une relation d’amour-haine-it’s complicated que je trouve des plus intéressantes avec sa cousine Bécassine Neferata, autre figure majeure du petit monde de la non-vie. Que voulez-vous, on n’a pas toujours ce qu’on mérite.
Notre propos commence par le réveil en sursaut de notre héroïne à l’aube d’un nouveau Jour des Scorpions, évènement décennal pendant lequel il est permis à un prétendant de sang noble de défier le détenteur de la charge de gardien de Nagashizzar, job consistant à camper sur la zone de spawn du Nag’ pour lui péter la gueule s’il devait avoir la mauvaise idée de repointer le bout de son cartilage avec des visions hégémoniques sur la planète, ce qui est son péché mignon il faut bien le reconnaître. Malgré la bassesse de l’approche (👏 tout 👏 le 👏 monde 👏 déteste 👏 les 👏 campeurs 👏) et l’absence totale d’action pendant les derniers millénaires, le poste semble apporter une certaine notoriété à celui qui l’occupe, forçant Khalida à défendre son bien avec régularité. À l’échelle de la non-vie, 10 ans passent vite, et notre reine a donc l’impression de devoir remettre en jeu son titre tous les quatre matins, ce qui finit par ressentir dans la manière dont elle expédie les importuns, au grand désarroi du Prêtre Liche gâteux et traditionnaliste qui lui sert de chaperon. Le dernier challenger en date, Ushtep de Rasetra, venu frimer avec son Sphinx de Guerre (l’équivalent de la Twingo tunnée à Khemri), n’a ainsi même pas le temps de laisser son héraut décliner tous ses titres (l’équivalent d’un « wesh, bien ou bien ? » à Khemri) que Khalida lui est déjà tombé sur le râble, avec des conséquences fâcheuses pour son intégrité physique et la haute image qu’il avait de lui-même. L’affaire ainsi pliée, en même temps que le pauvre Ushtep, en deux-deux, Khalida a tout loisir de repartir dans les rêveries qui occupent la majeure partie de son éternité, et dans lesquelles son passif mal digéré (dans tous les sens du terme) avec Neferata occupe une place centrale.
Cette routine paisible touche cependant à sa fin lorsque Settra, dans les jupes duquel un grand nombre de prétendants violemment éconduits par the Great Khali sont allés pleurer, envoie son héraut personnel, le primesautier Nekaph, remettre un peu d’ordre dans le décorum nehekharien. Sommée d’aller voir ailleurs si Nagash y est et partager avec ses petits camarades de mort le privilège (douteux) de stationner en double file devant le pied à terre du grand nécromancien, Khalida ne s’en laisse pas conter et aurait sans doute fini par balancer son bâton à travers la goule de l’huissier du Roi des Rois, avec des conséquences pour le moins incertaines, sans l’arrivée opportune d’une armée d’intrus dans Nagashizzar, ce qui met temporairement fin au processus de médiation. Balançant un « je vous l’avais bien dit » narquois, Khalida part au grand trot avec sa légion régler leur compte aux importuns, talonnée par le contingent de Nekaph, jamais le dernier quand il s’agit de mettre des coups de têtes (Fléau des Crânes oblige). Par un heureux hasard, une pure coïncidence ou en préparation de la Fin des Temps, on découvre vite que les visiteurs sont menés par nulle autre que Neferata, ce qui donne lieu à de touchantes, blessantes et sauvegardantes retrouvailles familles, qui s’achèvent par la capture en bonne et due forme de la patronne des Lahmianes.
Alors que cette dernière attend, beaucoup trop tranquillement, son inévitable exécution, Khalida intervient auprès de Nekaph et obtient de pouvoir offrir le deal suivant à sa cousine, en récompense du service rendu qu’elle vient de rendre Khemri : la liberté si elle parvient à la vaincre en combat singulier. S’ensuit un crêpage de chignon des plus soutenus, dont l’issue semble incertaine jusqu’à ce que Khalida ne décide de laisser Neferata l’emporter, pour des raisons un peu vaseuses et mièvres à mon goût, mais qui ont au moins le mérite de laisser les deux futures Mortarques terminer la nouvelle en bon état pour la suite (et la fin) des évènements.
Josh Reynolds m’a habitué à de tels standards que le moindre petit coup de moins bien semble un crime de lèse-majesté, quand bien même l’objet du délit se révèlerait être de bien meilleure facture que la plupart des soumissions de la concurrence (ce qui est assez souvent le cas, il faut le reconnaître). The Fangs of the Asp tombe dans cette catégorie de second choix Reynoldsien, pénalisé qu’il est par son exploitation inaboutie de la rivalité ambigüe des mean girls du monde qui fut. Fil rouge des flashbacks insérés dans l’histoire principale et pièce de résistance de cette dernière, la confrontation récurrente de Khalida et Neferata ne débouche au final sur rien de très concret sur aucun de ces deux tableaux. J’aurais bien aimé que Reynolds nous livre sa version du premier duel entre les BFF, comme il l’avait fait pour Mikael et Gorthor dans The Gods Demand, mais cet épisode fondateur n’est guère qu’évoqué aux détours de quelques paragraphes. Les autres affrontements, pour plus développés qu’ils soient, n’apparaissent que comme autant d’actes manqués, la motivation de Khalida à tuer sa cousine finissant toujours par s’effriter au moment fatidique, prolongeant le statu quo pour des siècles et des siècles. Dans ce prélude à la Fin des Temps, Reynolds voudrait faire passer la faiblesse de caractère de l’Elue d’Asaph pour une tentative assumée de cette dernière de nuire à Nagash en laissant la (non) vie sauve à la moins fiable de ses lieutenants, qui finira fatalement par le trahir au pire moment, mais la pilule a du mal à passer, ce qui affaiblit la nouvelle au pire moment, c’est-à-dire sa conclusion. Dommage.
Cette petite déconvenue évacuée, Josh Reynolds assure comme à son habitude sur les autres tableaux. Ami lecteur, veux-tu du fluff, des idées intéressantes sur le fonctionnement de la société Rois des Tombes1, des personnages nommés faisant honneur à leur statut, des scènes d’actions efficaces, une narration efficace, et j’en passe ? Uncle Josh got you covered, fam. Quand on sait à quel point il peut être compliqué de n’avoir qu’une seule de ces cases cochées par certains auteurs de la BL, on se dit que tout ne va pas si mal finalement.
1: Ici, la schizophrénie latente qui afflige tout le monde, et empêche parfois les Nehekariens de faire la part des choses entre les souvenirs de leur vie mortelle, dans lesquels ils peuvent se plonger pendant de longues périodes de temps, et leur non-vie, forcément moins glamour. Citons aussi la position de « live and let live » de Khalida envers les Skavens, qu’elle laisse prospérer dans son arrière-cour en échange de renseignements et d’une surveillance mutualisée de Nagashizzar.
Et voilà déjà le moment pour moi de clôturer cette ultime chronique de Hammer & Bolter, avec la traditionnelle évaluation globale du numéro disséqué. Les éditeurs de Nottingham auraient-ils ménagé leur sortie en gardant le meilleur pour la fin ? En toute franchise, non. Malgré des atouts certains (Latham, Werner, Reynolds), selon moi révélateurs d’une qualité qui m’avait semblé repartir à la hausse après une période de moins bien, ce numéro 26 n’est pas la publication la plus aboutie du lot, même si on peut au moins lui reconnaître que ses éléments les plus faibles (Gilead’s Curse, Kyme) ne sont pas les rebuts absolus que les lecteurs vétérans de H&B étaient en droit de redouter de la part des intéressés. Mention honorable donc.
HAMMER & BOLTER [N°22]
Bonjour à tous et bienvenue dans la chronique du 22ème numéro de Hammer & Bolter ! Au programme ce mois-ci, le retour de Chris Dows (In the Shadow of the Emperor, H&B #14) et de Frank Cavallo (The Talon of Khorne, H&B #20), dans des adaptations « warhammerisées » d’Un pont trop loin pour le premier et de Contagion pour le second. Saluons également les grands débuts de Jordan Ellinger (une nouvelle de 27 pages) et les petits débuts de C Z Dunn (un extrait audio de trois minutes et une seconde) dans le webzine de la BL. Ce bon vieux Nick Kyme vient compléter le roster du numéro en signant un copieux court-format joignant l’horrible (une histoire de Salamanders1…) à l’insoutenable (…initialement publiée sous la forme d’un audio book2), mais chaque chose en son temps. Et Gilead’s Curse, me direz-vous ? Bien que cette question, sous des abords innocents, dissimule probablement un goût prononcé pour la souffrance humaine de la part de celui ou celle l’ayant formulée, je me dois d’y répondre et indique donc à ceux que ça intéresserait qu’aucun chapitre du surréaliste opus d’Abnett et Vincent ne figure au sommaire de ce numéro. La cause de ce hiatus (le 2ème en 6 mois tout de même) est peut-être à chercher dans la date de publication du présent objet d’étude (Juillet 2012), tout le monde ayant le droit de prendre des vacances. De mon côté, je dois avouer qu’un bref sursis avant de me replonger dans la prose débilitante du duo infernal n’est pas de refus non plus. Bref, tout le monde est content et c’est bien là l’essentiel.
1: Remember The Burning – H&B #14
2: Remember Thunder from Fenris – H&B #19
The Mouth of Chaos – C. Dows [40K] :
Après un premier effort, très Rogue Trader-esque dans l’esprit, et assez moyen dans la réalisation, Chris Dows a opté pour une approche plus conventionnelle pour sa deuxième publication dans Hammer & Bolter.
Alors qu’une insurrection chaotique est sur le point de faire sortir le monde de Rysgah de l’ample giron de l’Imperium, la Garde Impériale lance une contre-attaque sur la capitale planétaire (éponyme) afin de calmer les velléités sécessionnistes de la milice locale. La topographie du théâtre d’action empêchant le Marteau de l’Empereur d’utiliser ses tactiques favorites (assaut massif de bidasses totalement sacrifiables et/ou bombardement à outrance de la position ennemie), le haut commandement impérial décide de la jouer fine et charge le 158ème régiment de parachutistes Elyséens de sécuriser une tête de pont dans la cité rebelle.
La nouvelle commence donc par une séance de chute libre synchronisée, qui voit nos skydivers de combat dessiner des symboles insultants envers les Rysgahans et les mères de ces derniers dans le ciel nocturne, déclenchant en représailles la mise en batterie d’une Hydre et la désintégration tragique d’une partie non négligeables de nos hardis paras. Fort heureusement pour les Elyséens, l’escouade de troupes de choc du Sergent Zachariah était inscrite sur la feuille de match, et ce dernier se fait une joie de descendre les trois servants du char ennemi, et ce alors qu’il n’a même pas encore touché terre. Vous avez bien lu, Zach’ snipe les faquins en pleine chute, de nuit et à une distance que l’on peut estimer à quelques centaines de mètres, si on en juge par le temps qui lui est nécessaire pour toucher terre après son triple headshot. C’est ce qu’on appelle une entrée en matière supercalifragilisticexpidélilicieuse (d’ailleurs le terme lui-même a été inventé par l’Empereur pendant la Grande Croisade après qu’il ait eu une vision de Zachariah réussir à décapsuler une bière depuis l’orbite haute avec un macro canon), qui a le mérite de camper d’emblée le personnage et donne au lecteur un avant-goût des capacités martiales du personnage principal et de sa fine équipe. Avec des gardes impériaux aussi balaises, qui a encore besoin de Space Marines ?
Ayant regagné le plancher des grox sans plus de péripéties, les Elyséens se mettent à creuser un tunnel à travers la paroi du cratère volcanique dans lequel Rysgah est bâtie afin de pouvoir apprendre la vie aux hérétiques faisant régner la terreur dans la cité. Il y a certainement une explication logique au fait que nos héros n’aient pas simplement opté pour atterrir directement sur zone (et donc du bon côté du cratère), au lieu de perdre du temps en de laborieux travaux d’excavation, mais Dows ne se donne pas la peine de la fournir, entamant sensiblement la crédibilité de son récit se faisant. Par chance, les ingénieurs Elyséens se révèlent avoir du sang squat dans les veines et ont vite fait de dégager un accès convenable pour le gros de la troupe, qui doit cependant essuyer un feu nourri de la part des sécessionnistes dès la sortie du tunnel. Soit exactement le genre de situation que des troupes aéroportées ne devraient pas rencontrer. L’officier en charge de cette opération doit être le beau-frère du Commandant Chenkov, ce n’est pas possible autrement.
Encore une fois, il revient à Zachariah et à ses spécialistes de sauver les miches de leurs petits camarades, ce qu’ils font avec un professionnalisme et une efficacité admirables, en bons Gardes Impériaux de film d’action qu’ils sont. L’épisode permet également à Dows d’introduire la fameuse Bouche du Chaos ayant donné son nom à la nouvelle, et qui se révèle être un vulgaire Difool chaotique dont les élucubrations prosélytes sont rapidement interrompues par un tir millimétré de lance-grenades venant détruire le haut-parleur relayant sa vile propagande (mais si, c’est possible). Même si le lascar reviendra taper sur les nerfs de nos héros à plusieurs reprises dans la suite de la nouvelle en lisant les dédicaces des auditeurs à l’antenne tentant de les faire basculer du côté obscur, son rôle dans l’intrigue restera très mineur, ce qui pose la question du choix effectué par Chris Dows au moment de nommer son travail1. Tant d’interrogations, et si peu de réponses, on se croirait dans Qui saura de Mike Brant.
De démonstration martiale en démonstration martiale, on comprend finalement que le but de Zach’ & Cie est de détruire un des trois ponts reliant le quartier où ils se trouvent avec le reste de la cité, ce qui permettrait aux forces impériales de sécuriser leur tête de pont et d’entamer la reconquête de Rysgah dans des conditions optimales. Secondées dans cette dangereuse mission par une escouade de gardes lambda, dont la seule utilité est de mourir sous les tirs ennemis à intervalles réguliers afin de montrer au lecteur que le risque est bien présent, les troupes de choc du 158ème réussiront bien sûr à dynamiter leur objectif malgré la présence du traditionnel boss-de-fin-que-le-briefing-tactique-n’avait-pas-prévu (tous des planqués au Strategium !), qui se trouve être ici une paire de tanks décatis, pour ceux que ça intéresse. Je laisse les lecteurs curieux découvrir la manière dont nos héros réussissent à se tirer de ce mauvais pas, la méthode utilisée étant trop absurde/épatante (c’est selon) pour être spoilée ici.
Dows marche très clairement sur les traces de Dan Abnett et des Fantômes de Gaunt avec ce The Mouth of Chaos. Au-delà des ressemblances évidentes entre les protagonistes de ces deux auteurs (une bande de Gardes Impériaux vétérans surclassant outrageusement tout ce qui a le malheur de croiser leur chemin), on peut également noter une certaine similarité de style, particulièrement dans les scènes d’action, décrites dans les deux cas à hauteur d’homme et parvenant de ce fait à rendre de manière convaincante l’intensité d’un affrontement en environnement urbain.
Si l’on peut tiquer devant la facilité avec laquelle les Elyséens de Chris Dows roulent sur les pauvres renégats leur faisant face, et déplorer la tendance de l’auteur à sortir ses héros du pétrin en leur permettant de réaliser des faits d’armes dignes d’un Primarque au pic de sa forme, on doit en revanche lui reconnaître un certain talent dans la description d’une opération des forces spéciales de la Garde Impériale, et plus particulièrement des paras Elyséens, dont le mode de déploiement par grav-chute est mis en scène de manière assez satisfaisante en ouverture de la nouvelle. Un autre bon point peut être attribué à Dows pour le soin qu’il a mis à doter chacun des six membres de l’escouade de Zachariah d’une (ébauche de) personnalité, permettant au lecteur de différencier les personnages sans trop de difficultés au bout de quelques pages. Mine de rien, un tel résultat nécessite un niveau certain en matière de character development, dont peu de contributeurs de Hammer & Bolter peuvent se targuer (d’ailleurs, In the Shadow of the Emperor pêchait dans ce domaine).
De façon plus marginale, on peut également reprocher à The Mouth of Chaos quelques incongruités scénaristiques (voir ci-dessus), ainsi qu’une entorse manifeste (et assez surprenante de la part d’un auteur apparemment au fait sur la question2) au background canon, l’un des hommes de Zachariah se déclarant en effet impatient de retourner sur Elysea pour chasser du pirate, ce qui n’arrivera selon toute probabilité jamais. Cette innocente remarque est d’ailleurs toute proche de déclencher une crise d’apoplexie chez Hawkeye, légitimement contrarié du manque de culture de son sous-fifre3, ce qui semble laisser la porte ouvert à une possible sérialisation des aventures des cadors du 158ème dans le futur (futur pas encore réalisé à l’heure actuelle, si on croit la bibliographie du bonhomme), histoire de permettre à Dows de faire toute la lumière sur les causes profondes de cet incident.
Le solde final reste cependant assez largement positif, cette deuxième contribution à Hammer & Bolter s’avérant être de bien meilleure facture que la précédente, ce qui m’autorise à répondre de manière positive à la question posée en conclusion de la critique de In the Shadow of the Emperor quelques mois plus tôt. J’adore les histoires qui se terminent bien.
1 : Personnellement, je penche pour un titre suggéré par un éditeur pas franchement emballé par celui proposé initialement par Dows : Hey Chaos, Suck My Airborne Dick.
2 : Dows va même jusqu’à citer le nom d’un obscur Inquisiteur martyrisé par le Chaos (De Haan), créé par Graham McNeill dans Killing Ground.
3 : La vraie raison de la réaction épidermique de Zachariah à la bourde du première classe Beor n’est pas donnée, et cette relation apparemment compliquée avec la notion de retour au foyer est un autre point commun entre les Elyséens de Dows et les Tanith d’Abnett.
The Butcher’s Beast – J. Ellinger [WFB] :
Jordan Ellinger n’a semble-t-il pas fait carrière comme contributeur de la Black Library, la présente nouvelle représentant un quart de sa production pour la maison d’édition de Nottingham, si l’on en croit le site internet de cette dernière. Spécialisé dans l’univers de Warhammer Battle, Ellinger a ainsi signé trois courts formats mettant en scène Gotrek & Felix : The Contest, Kineater et The Reckoning.
La vie d’un Joueur d’Epée n’est pas de tout repos, comme Anton Erhardt, lieutenant au sein du glorieux régiment de Carroburg et accessoirement héros de The Butcher’s Beast, pourrait en témoigner. Incorporés à l’armée du général Schalbourg, les Carroburg commencent en effet leur journée par un sauvetage en règle des forces impériales, embusquées par un ost de Skaelings et d’Hommes-Bêtes pendant qu’elles traversaient la rivière Schilder. Bien loin de céder à la panique devant la brutalité de l’assaut des nordiques, les Joueurs d’Epée parviennent à tenir les hordes du Chaos en respect assez longtemps pour permettre à la cavalerie lourde impériale de prendre ces dernières à revers et les mettre en déroute. Leur commandant ayant été sévèrement blessé au cours de l’accrochage par une collision avec un Rhinox circulant sans permis, il revient à Anton de gérer les affaires courantes du régiment jusqu’au rétablissement (ou plus probablement, le décès rapide suivi du remplacement) de son supérieur.
Célébrés comme les héros qu’ils sont à leur retour au camp impérial, les Carroburg ont toutefois à peine le temps de s’en jeter un petit qu’ils doivent faire face aux ravages causées par une bête chaotique semblant se matérialiser comme par magie au milieu du campement à intervalles réguliers, avant de disparaître de façon tout aussi mystérieuse après avoir provoqué un boxon monstre dans le bivouac. L’affaire ayant logiquement attiré l’attention du Chasseur de Sorcières rattaché à l’armée du général Schalbourg, dont le départ en reconnaissance des forces ennemies empêche fort logiquement de garder sous contrôle les pulsions tortionnaires de l’implacable zélote, Anton décide de mener sa propre enquête afin de limiter les dégâts collatéraux autant que faire se peut. Parviendra-t-il à élucider l’énigme de la Bête du Boucher avant que cette dernière, ou les méthodes d’investigations radicales de l’Inquisition sigmarite, ne déciment l’armée impériale ?
Pourtant l’une des factions de Warhammer Fantasy dont le background a été le plus exploré, tant par les publications liées au jeu (Livres de Règles et d’Armée, Suppléments divers et variés) que par les romans et nouvelles de la BL, l’Empire n’a jamais été particulièrement gâté au niveau de la description de ce qui peut être considéré comme le socle de la littérature de wargame : la mise en scène de batailles rangées. Ce paradoxe repose en partie sur l’utilisation par les auteurs de la BL de héros impériaux opérant seuls (Gotrek & Felix, Brunner, Mathias Thulmann, la bande de Badenov) et/ou peu intéressés par la chose militaire (Zavant Konniger, Sam Warble), faisant en conséquence d’un affrontement de grande ampleur entre les forces impériales et un de leurs nombreux ennemis un évènement assez rare. Même si les dernières années ont vu cette tendance s’inverser avec la sortie de romans centrés sur les armées de l’Empereur (série des Sword of…, Iron Company, Grimblades, Warrior Priest, Reiksguard…), les courts formats de la BL n’ont pas été particulièrement impactés par ce changement de ligne éditoriale, ce qui fait de The Butcher’s Beast une nouvelle à part dans le « corpus impérial ».
La scène d’introduction de la nouvelle est à ce titre particulièrement intéressante, en ce qu’elle permet à Ellinger de confronter les fameux Joueurs d’Epée de Carroburg (sans doute le régiment nommé le plus fameux de tout l’Empire) à une horde de maraudeurs et d’Hommes-Bêtes dans un dernier carré héroïque. C’est typiquement le genre de scène que tous les joueurs impériaux se sont imaginés à la lecture du background de cette unité d’élite, et ont probablement essayé de recréer lors de leurs parties, avec plus ou moins de succès1. Il est également probable que ces mêmes joueurs se soient demandés comment diable de simples soldats humains, fussent-ils des vétérans couturés et équipés des meilleures armes et armures disponibles, puissent faire jeu égal avec, et même vaincre (parfois), des adversaires plus forts, plus rapides ou plus doués qu’eux au maniement des armes, ce qui est malheureusement (c’est le joueur de l’Empire qui parle) assez fréquent dans le monde de Warhammer. Coup de chance, Jordan Ellinger était apparemment taraudé par la même question, et y fournit une réponse somme toute assez logique : c’est leur discipline et leur capacité à se battre de manière coordonnée (couplées bien entendue avec leur moral supérieur, leur adresse au combat, leur armure de plates naine et leur zweihander de six pieds de long) qui permettent aux Joueurs d’Epée de tenir la ligne en toutes circonstances. Pour illustrer son point, l’auteur met d’ailleurs en scène les conséquences désastreuses de l’insubordination d’un des camarades d’Anton Erhardt, qui abandonne son poste pour tenter d’arracher son commandant aux griffes de l’ennemi et permet en conséquence à ce dernier de briser la cohésion de la formation des Joueurs d’Epée, ce qui conduit à leur quasi-annihilation. Ce souci de donner à l’univers fantastique de Warhammer des assises les plus crédibles et réalistes possibles est indubitablement l’une des forces d’Ellinger, et une des raisons principales de lire The Butcher’s Beast.
Une autre réussite à mettre au crédit de cette nouvelle est sa galerie de personnages, qui se révèlent être assez mémorables, en particulier le Chasseur de Sorcières et Templier de Sigmar Keller, un fanatique de premier ordre doublé d’un sadique dénué de tout scrupules, autant de « qualités » lui permettant de s’imposer sans problèmes parmi les antagonistes les plus haïssables de Hammer & Bolter. Sans être aussi marquants, le héros et son side-kick forment un duo à la Astérix & Obélix (comprendre que le petit réfléchit et le grand tabasse) assez efficace et tout à fait supportable, ce qui est déjà appréciable.
Cependant, tout n’est pas parfait non plus dans The Butcher’s Beast, le principal point faible du travail d’Ellinger étant son développement parfois artificiel, certaines décisions prises par les personnages et péripéties inclues dans le récit ne pouvant être justifiées autrement que par un bon gros « c’est le script qui veut ça » des familles. Résultat : des déductions un peu trop rapides pendant l’enquête menée par nos héros et un affrontement final avec la bête qui aurait vraisemblablement pu être évité avec une once de bon sens. D’ailleurs, cette fameuse bête n’est pas non plus au-dessus de tout reproche, les conditions de sa « création » étant assez capillotractées, ce qui est d’autant plus dommage que l’idée sous-jacente2 était encore une fois des plus crédibles. Rien de trop rédhibitoire donc, et des débuts incontestablement réussis pour Jordan Ellinger dans Hammer & Bolter.
1 : Surtout avant la V7 et l’arrivée d’une ténacité « inconditionnelle », mais je m’égare.
2 : Lors d’un affrontement contre des adversaires humains, il arrive que les médecins de campagne rattachés aux armées impériales soignent par erreur des combattants adverses, le chaos du champ de bataille ayant vite fait d’abolir tous les signes distinctifs permettant d’identifier l’allégeance des participants.
Malediction (extrait audio) – C. Dunn [40K] :
Christian Zoidberg Dunn, aka C Z Dunn, est généralement plus connu pour son rôle d’éditeur que d’auteur au sein de la BL. Si sa première casquette l’a conduit à être crédité sur de nombreux recueils de nouvelles (Way of the Dead, Swords of the Empire, Fear the Alien, Tales from the Dark Millenium, et plus récemment Age of Darkness et Architect of Fate), sa seconde l’a mené à signer un certain nombre de courts formats, dont le script de l’audio book Malediction.
Les trois minutes et une seconde que durent l’extrait audio de Malediction n’apportant pas vraiment d’éléments propres à expliquer l’intrigue de l’histoire (pour faire court, c’est une description d’un assaut de cultistes et de mutants du Chaos sur la tranchée tenue par le héros et un de ses potes), j’ai complété l’écoute en récupérant l’extrait gratuit proposé sur le site de la BL (ici, pour ceux que ça intéresse). Dans ce qui doit être la scène d’introduction du récit, le Capitaine de la 6ème Compagnie des Dark Angels (Tigrane) interrompt le discours de remerciements donné par le Colonel Regan Antigone lors de la cérémonie d’hommage lui étant consacré en sa qualité de Héros de l’Imperium et seul survivant du régiment de Gardes Impériaux ayant contribué à stopper l’invasion du monde de Procel par les forces du Chaos quelques décennies plus tôt. Titi a fait le déplacement pour honorer lui aussi Antigone, ayant combattu à ses côtés lors de cette fameuse campagne, mais également et surtout pour comprendre comment trois malheureux Gardes s’y sont pris pour repousser à eux seuls une offensive massive de soldats ennemis sur leur position, permettant ainsi aux défenseurs impériaux de se réorganiser et précipitant la défaite de l’Archennemi. Car on ne la fait pas au Capitaine Tigrane, que diantre (même s’il a mis un peu de temps pour se rendre compte que quelque chose clochait dans la version officielle). Antigone, visiblement fébrile devant la demande insistante de l’Ange de la Mort qui lui sert de voisin de table, se prépare donc à relater une fois de plus le récit de la journée la plus importante de sa vie, qui pourrait bien au final dissimuler quelque chose de pas très catholique ministoresque… Qui a dit Déchu ?
Difficile de se faire une religion sur la valeur de ce Malediction avec les quelques éléments mis à disposition par la BL et Hammer & Bolter. L’extrait audio couvre un passage d’action pure, et même si les bruitages sont assez sympas, le ton détaché avec lequel le narrateur raconte la lutte désespérée d’une nouvelle recrue de la Garde face à un mutant pas vraiment avenant empêche de se plonger dans le récit. L’extrait littéraire est plus intéressant, mais ne piquera sans doute que la curiosité des membres du Cercle Intérieur des Impardonnés, tant il s’avère évident que la miraculeuse survie d’Antigone a quelque chose à voir avec la présence de DA renégats (des renéDA quoi). D’ailleurs, quelle nouvelle mettant en scène des Dark Angels ne tourne pas autour de ce sujet ? À croire qu’ils n’ont fait que ça pendant 10.000 ans. Pour le lol, on retiendra la réplique pleine de bon sens de Maître Tigrane, un Space Marine ayant de la suite dans les idées.
Fireborn – N. Kyme [40K] :
Trois mois après avoir commis le très dispensable, si assez rigolo, Thunder from Fenris, Nick Kyme revient hanter les pages de Hammer & Bolter, tel l’assassin de retour sur les lieux de son crime. Cette fois-ci aux commandes de son chapitre de prédilection, j’ai nommé les Salamanders, on était en droit de s’attendre à un contenu (ne serait-ce qu’un peu) supérieur aux pataudes déambulations d’une poignée de cavaliers tonnerre dans la toundra pestiférée de Skorbad. Et, croyez-moi sur parole (vous pouvez aussi lire la suite de la chronique, hein), le bon Mr Kyme a fait précisément cela, en livrant une nouvelle bien supérieure à tout ce qu’il avait publié auparavant dans Hammer & Bolter… en matière de conneries. Quelle légende.
Notre histoire se déroule sur la planète Sepulchre IV, qui se trouve être un monde cardinal et en tant que tel, accueille bon nombre d’ordres de l’Ecclesiarchie, dont celui du Voile Ardent. Une des novices (Evangeline, et sa belle robe en crinoline) dudit ordre ayant reçu la vision d’un futur sanguinolent, elle fait part de cette épiphanie à sa hiérarchie, et se retrouve catapultée relique vivante pour sa peine (oui, la relation de causalité entre les deux évènements peut être discutée, et non, Kyme n’explique pas comment les bonnes sœurs sont parvenues à cette décision). On apprendra bien plus tard que le chtiote a reçu un grand pouvoir, celui d’apprendre instinctivement le nom véritable de tous les démons se situant dans sa périphérie immédiate, ce qui lui permettrait de les bannir dans le Warp sans faire un pli. J’utilise le subjonctif car, l’Empereur étant un troll (c’est connu), il a cru bon d’accorder ce don à une personne ayant fait vœu de silence (d’ailleurs, tous les membres de l’Ordre du Voile Ardent sont logés à la même enseigne), ce qui réduit drastiquement l’utilité de ce cadeau divin1. En l’état, les nouvelles facultés de sœur Evangeline sont à peu près aussi utiles que les moulages de tétons sur les cuirasses des Blood Angels, mais Kyme a bien évidemment un plan pour contourner le problème.
Les prévisions météo de la pythie silencieuse s’étant promptement réalisées (tellement promptement d’ailleurs – 20 minutes – qu’il est possible que la vision prophétique n’ait été induite que par un simple regard par le velux de l’abbatiale), Sepulchre IV doit faire face à une invasion en règle de la part de la Rage Rouge (Red Rage), armée chaotique très logiquement inféodée au Dieu du Sang et menée par Hagtah Dreghgor, seigneur de guerre semble-t-il plus intéressé par les travaux de terrassement (il a façonné une arène gladiatoriale de ses mains) que par la conduite de son armée. Sa seule utilité dans la nouvelle sera de présider à la création d’une machine démoniaque, que je ne peux décrire que comme un Goldorak de Khorne (appelons le Khornorak), possédant la particularité de se nourrir de la rage ambiante pour devenir plus gros et plus méchant, et de l’envoyer chercher sœur Evangeline, qui n’a semble-t-il pas daigner répondre aux centaines de textos enflammés qu’il lui a envoyé depuis son arrivée sur la planète. Le Khornorak étant bien entendu insensible à tout ce que les défenseurs impériaux peuvent lui envoyer sur le coin du museau, transformant les sœurs de bataille ayant le malheur de croiser sa route en pâté de foie et s’amusant à faire des jongles avec les Immolators chargés de le stopper, rien ne semble être en mesure d’empêcher la Rage Rouge de capturer la mascotte adverse, sauf peut-être… une escouade de Firedrakes Salamanders. Ça tombe bien dis-donc, il y en a justement une qui passait dans le coin, quel morceau de chance (ironie inside)2. Loué soit Pépé.
Le cadre étant planté, faisons donc connaissance avec nos héros. Question : qu’est-ce qui est très gros, très très vert et très très très énervé ? Tous ceux qui ont répondu Hulk ont gagné une séance d’initiation aux joies de l’arco-flagellation, ce qui leur permettra je l’espère de méditer sur l’importance de ne pas mélanger deux univers distincts. Les autres auront bien entendu pensé à Tsu’gan, le Salamanders le plus haineux, arrogant et indiscipliné ayant jamais existé, et rival habituel du « gentil » Da’kir (voir The Burning, Hammer & Bolter #14), personnage principal de la saga consacré par Nick Kyme aux descendants de Daddy Cool, alias Vulkan. Intégré à la prestigieuse Première Compagnie des (sur)hommes en vert depuis peu, Tsu’gan est décrit par Kyme comme pas encore totalement familiarisé avec sa nouvelle armure terminator, ce qui n’aura pas d’autre effet que de le faire marcher un peu plus lentement que ses comparses plus expérimentés, ce qui n’est pas la mort non plus. Ayant reçu l’email de détresse envoyé par l’Ordre du Voile Ardent, les Salamanders acceptent de venir au secours des bonnes sœurs, ou plutôt de sécuriser la relique convoitée par le Chaos en l’embarquant sur leur vaisseau avant de retourner sur Nocturne en laissant les sistas repousser la Rage Rouge toutes seules, ce qui, pour un Chapitre notablement décrit comme altruiste et protecteur envers les populations civiles dans le fluff, est un peu raide (même si assez logique au final).
C’est précisément à ce moment de l’histoire que Nick Kyme décide d’introduire un genre jusque-là non abordé par la Black Library (à raison), à savoir le vaudeville. Comment ? Eh bien, en mettant en place un savoureux quiproquo, les Salamanders se rendant à la surface de la planète en pensant devoir récupérer une relique des plus classiques (les rognures d’ongles de Ste Analgésine, le bong du Cardinal Aquarium, une liste de course manuscrite de Sebastian Thor du temps où il était étudiant en deuxième année de licence de mercatique sur Dimmamar…), et non pas une personne de chair et de sang. En conséquence, le plan du sergent Firedrake, l’illustre Herculon (silence dans les rangs ! Il ne l’a pas choisi) Praetor ne peut être mis en application, une téléportation directe sur le vaisseau des Salamanders ne pouvant avoir qu’une issue fatale pour un être humain non protégé par une armure terminator. Ho ho ho, comme c’est ballot. On ne saura jamais qui est coupable dans cette affaire, mais le ridicule engendré par cette réalisation tardive colle assez mal avec le professionnalisme à toute épreuve qui est normalement les marques de fabrique des Space Marines et des sœurs de bataille.
Au-delà de cette péripétie rocambolesque, c’est toute l’intervention des Salamanders sur Sepulchre IV qui se retrouve discréditée par un Nick Kyme en très grande forme. Les Firedrakes débarquent ainsi à la surface de la planète à 10 kilomètres de leur cible, distance qu’ils effectueront à pied. Raison de cette insertion « chirurgicale » : la supériorité aérienne dont dispose la Rage Rouge à ce moment de la campagne, et qui rend trop dangereux un déploiement sur zone en Thunderhawk. Soit. C’est vraiment dommage que les Space Marines n’aient pas à leur disposition une sorte de navette blindée qui « tomberait » littéralement à l’endroit désiré, avec une vélocité suffisante pour déjouer toute tentative d’interception ou de destruction par la DCA ennemie… Ou que les armures terminator ne soient pas fournies avec un équipement permettant une téléportation instantanée sur zone… Rappelle-nous comment les Firedrakes prévoyaient de quitter le couvent de l’Ordre du Voile Ardent déjà, Nick ?
Un peu plus tard, après que les Firedrakes survivants aient réalisés qu’ils se sont fait trollés par les sistas, et alors que le Khornorak frappe doucement à la porte du cloître où la fine équipe s’est réfugiée, Praetor met au point un plan de bataille aussi retors que stupide. Bien conscient que le plus important est d’empêcher le Chaos de s’emparer de sœur Evangéline, et prêt à la tuer de ses mains si nécessaire, l’astucieux sergent va décider de sacrifier la moitié de son escouade pour « ralentir » l’invincible machine-démon de la Rage Rouge (je mets des guillemets parce que ça n’a pas vraiment marché), afin de gagner du temps pour… ne rien faire du tout. Comme prévu, le Khornorak atomise l’arrière-garde des Salamanders et se rue sur les derniers défenseurs de la relique, mais pas avant que Praetor ait eu le temps de donner une dernière instruction à Tsu’gan : « si je n’arrive pas à coucher le Deceptikhorne en un contre un, arrange-toi pour buter la fille avant qu’il ne la chope, et on se téléportera peinard sur notre vaisseau ». Se pose alors la question de savoir pourquoi les Sala’ n’ont pas collé un bolt dans le crâne d’Evangeline quand il est clairement apparu qu’ils n’avaient aucune chance de stopper le Gundam de Dreghgor et activé leurs balises avec le sentiment du devoir accompli alors qu’ils n’avaient encore subi que des pertes mineures. Ou, quitte à la jouer plus chevaleresque, aient tenté de téléporter la novice avec eux, en comptant sur le fait qu’elle était visiblement une élue de l’Empereur et avait donc une petite chance de survivre au voyage. Au pire, elle serait morte pendant la translation, ce qui aurait été regrettable mais aurait tout de même compté comme une victoire de l’Imperium. Au lieu de ça, Praetor a préféré sacrifier la totalité d’une escouade de Space Marines d’élite, pour obtenir exactement le même résultat. C’est ce qui s’appelle une gestion fine des ressources.
Enfin, je ne peux résister à vous relater la manière dont notre imbuvable héros s’y prend pour défaire le mâââl alors que celui-ci était sur le point de l’emporter. En position de dernier défenseur suite à la transformation de l’insondable Herculon en bas-relief du sanctum après une pichenette amicale du Khornorak, Tsu’gan est sur le point de tordre le coup de sa protégée lorsqu’une illumination le frappe. Faisant fi du sacrifice de tous ses collègues de bureau ainsi que de celui de milliers de troupes de l’Ecclesiarchie afin d’empêcher la Rage Rouge de mettre les mains sur la relique vivante, il jette cette dernière dans les pattes du mécadémon et s’en va en loucedé en priant très fort pour que sa vague intuition3 se révèle être fondée (ce qui est évidemment le cas, il faut que ça se termine bien tout de même). Heureusement que son sergent lui avait spécifiquement ordonné d’empêcher cette situation de se produire à tout prix trente seconde plus tôt, hein. Je t’enverrais tout ça en conseil de guerre pour insubordination aggravée, moi. Toujours est-il que la petiote prononce le mot magique et renvoie le ressortissant du Warp dans sa contrée natale, perdant son pouvoir pour la peine (fallait pas briser ton vœu de silence cocotte) mais permettant à la nouvelle de se terminer sur un happy end. Enfin, c’est pas comme si la Rage Rouge était sur le point de balayer les dernières poches de résistance impériale, et n’avait invoqué le Khornorak que pour accélérer un peu les choses. Il faut savoir profiter des petits bonheurs de la vie.
Vous l’aurez compris à la lecture de la première partie de cette chronique, Fireborn peut être légitimement considérée comme la pire (ou la meilleure, c’est selon) contribution de Nick Kyme à Hammer & Bolter. Là où le bonhomme est fort, c’est qu’il arrive à se surpasser de soumission en soumission et à progresser dans le n’importe quoi à un rythme exponentiel. Si j’ai généralement tendance à passer assez facilement l’éponge sur les incohérences dans le scénario des nouvelles que je lis (un faux-raccord narratif est si rapidement arrivé), c’est ici impossible tant ces dernières sont nombreuses et centrales dans le déroulement de l’histoire. C’est bien simple, rien ne tient debout dans ce texte, mise à part la fine couche de fluff et de character development que Kyme a réussi à incorporer dans son récit. Il est ainsi possible de glaner quelques informations relatives au background des Salamanders à la lecture de Fireborn, ainsi que de suivre la quête de Tsu’gan pour tenter de contrôler la raaaaage qui semble menacer de l’engloutir à chaque instant4, ce qui est très loin de compenser toutes les absurdités, contre-sens et autres inanités que l’auteur débite à tour de plume au cours des 30 pages que compte la nouvelle. Je ne sais pas dans quelles conditions Nick Kyme a rédigé cette dernière, mais il paraît évident à la lecture qu’il n’a pas accordé à la relecture de son manuscrit le temps nécessaire, ce qui lui aurait permis de corriger les bévues les plus évidentes de son script, à commencer par les entorses faites au fluff canon (la randonnée des Firedrakes jusqu’au couvent, pour ne donner qu’un exemple) dont la présence est d’autant plus surprenante que le bonhomme est de fait responsable du développement de l’historique des Salamanders depuis qu’il a commencé à écrire The Tome of Fire.
Pour ma part, j’attribue l’échec patent qu’est Fireborn à la décision de Kyme de mettre en scène des scènes d’action les plus cinégéniques possible, sans prendre le soin de les intégrer de manière « intelligente » dans son schéma narratif. Pour reprendre l’exemple du trek de l’escouade de Praetor, cette marche d’approche n’avait pour but que de permettre une première rencontre entre les Firedrakes et le Khornorak, afin de faire ressortir toute la dangerosité de cet ennemi (un des terminators y laissera d’ailleurs sa peau ses écailles). Même logique pour le gag de l’uberisation non prévue dans le briefing de mission (forcer les Salamanders à se battre contre un adversaire apparemment impossible à vaincre) et l’approche du « chacun son tour » lors de l’affrontement final avec le T-888 (souligner l’héroïsme des géants verts et permettre à Praetor et à Tsu’gan de s’illustrer en un contre un). Cette primauté de l’épique sur la logique se retrouvait déjà dans Thunder from Fenris, autre audio book guère avare en situations assez peu crédibles dès lors qu’on y réfléchissait à deux fois. J’avais espéré que l’inclusion de ses chers urodèles de l’espace à l’intrigue pousserait Mr Kyme à donner le meilleur de lui-même, mais cela n’a malheureusement pas été le cas. Ou peut-être que si, allez savoir.
1 : C’est d’ailleurs ce que fera remarquer le sergent Salamanders au père supérieur en charge de la protection de la novice, lequel lui renverra un magnifique Ta Gueule, C’est l’Empereur dans les dents en retour. Tu sais que tu as des gros problèmes de cohérence quand même tes personnages les remarquent.
2 : Comme pour Thunder from Fenris, Kyme catapulte la crème de la crème d’un Chapitre Space Marines dans un conflit de grande échelle, sans aucun support, ce qui va à l’encontre de toute logique et laisse envisager que les Space Marines accomplissent leur mission de protection de l’Imperium comme une patrouille de police faisant des rondes dans son quartier. Manquerait plus qu’ils aient une ligne directe que les citoyens impériaux en détresse puissent appeler.
3 : Evangeline est techniquement capable de bannir le démon animant le Khornorak, si elle arrive à s’en rapprocher assez pour hacker son nom véritable. Dans l’esprit, cela ressemble assez fortement à la décision prise par le Colonel Straken dans Waiting Death (Hammer & Bolter #4), là aussi sur la base d’un obscur pressentiment qui avait toutes les chances de ne pas être fondé. Pourquoi s’embêter à mettre en scène des dénouements logiques et sensés lorsque l’on peut tout régler à coup d’illuminations géniales ?
4 : Sérieusement mec, prend un Sédatif PC et mets-toi au yoga, ou claque la porte du Chapitre et envoie une candidature spontanée à Angron, et arrête de faire perdre du temps à tout le monde.
Leechlord – F. Cavallo [WFB] :
Frank Cavallo, qui s’était déjà distingué lors de son baptême hammeretbolterien en mettant en scène un personnage nommé issu du bestiaire des Guerriers du Chaos (Assis là j’m’enfile des Grim’, Hammer and Bolter # 20), tape à nouveau dans l’escarcelle des Dieux Noirs pour sa deuxième tentative et s’essaie cette fois-ci au bon docteur Mamour de Warhammer, Festus la Sangsue1.
Chargée par le comte de l’Ostland, Valmir von Raukov, de trouver et d’annihiler l’armée responsable de la destruction du village de Salkalten, une petite force de soldats impériaux est embusquée et massacrée par une horde de skavens en maraude. Seul survivant de la catastrophe, le chevalier Jürgen von Sturm se réveille au milieu des cadavres de ses frères d’armes, sérieusement blessé et à moitié délirant de fièvre, conséquence de l’estafilade récoltée de la patte d’un skaven au cours d’une précédente ratonnade (c’est le cas de le dire). Malheureusement pour notre héros, son calvaire n’est pas passé inaperçu, et Festus en personne débarque afin de prodiguer ses bon soins au guerrier agonisant. Il serait en effet dommage de laisser se perdre l’immense potentiel de von Sturm, dont la résistance à la maladie fait un incubateur rêvé pour la dernière création de l’onctueux oncologue.
Retrouvé en train d’errer dans la Forêt des Ombres après avoir été vacciné contre la leptospirose par son nouveau médecin de famille (Hey, lui demande même comment vont ses enfants ! Dommage qu’ils soient morts), Jurgen parviendra-t-il à prévenir ses sauveteurs du terrible danger qu’ils courent à le ramener chez eux, ou se noiera-t-il dans ses glaires avant de parvenir à bon port ?
Cavallo signe avec Leechlord une petite nouvelle sympa, mais moins aboutie à mes yeux que sa précédente soumission pour Hammer & Bolter (The Talon of Khorne). En cause, l’absence de plus-value fluffique du texte, qui se « contente » de décrire le Mengele Nordlander faire mumuse avec les humeurs d’un brave chevalier impérial qui aurait bien aimé qu’on le laisse râler en paix. Là où The Talon of Khorne brillait par sa description de la vie et de la mentalité propres aux habitants de Norsca, toujours prêts à défendre leur place dans la queue à la boulangerie jusqu’à la mort, même (surtout) si un Ogre du Chaos décide de leur griller la politesse et de prendre la dernière Tradition pas trop cuite de la fournée du matin, Leechlord n’apporte pas grand-chose de comparable, se contentant de nommer un ordre de chevalerie impérial (encore un) et un neveu de von Raukov.
Le personnage de Festus pâtit également du service minimum effectué par Frank Cavallo, l’affable praticien collant parfaitement à l’image donnée de lui dans le Livre d’Armée Guerriers du Chaos, mais ne gagnant pas en profondeur pour autant. En bon personnage de Nurgle qui se respecte, Herr Egel se montre jovial et prolixe, mais il lui manque un petit quelque chose pour se démarquer du stéréotype du savant fou duquel il n’est que la déclinaison dans le monde de Warhammer. À titre personnel, j’aurais trouvé opportun de le doter d’une compassion dévoyée (c’est d’ailleurs son altruisme qui l’a damné en premier lieu), option que Cavallo semble d’ailleurs jauger à un moment du récit, lorsque von Sturm espère encore qu’en dépit de son apparence peu engageante et de sa réputation de croquemitaine, Festus va vraiment le remettre sur pied2 ; aurait apporté un supplément de personnalité au petit nouveau de la Chaos Academy. Ca et/ou forcer sur son approche résolument anti-spéciste de la création. Aymeric Caron, sort de ce corps.
Bref, une soumission passe-partout et loin d’être honteuse de l’ami Cavallo, mais qui aurait sans doute pu (et donc du) être supérieure. C’est pas beau se reposer sur ses acquis Frank.
1 : À ne pas confondre avec Fistus le Suçon, aspirant champion Slaaneshi dont la glorieuse carrière s’est arrêtée après une tentative malavisée d’initier un Maraudeur Skaeling peu compréhensif aux joies du bondage.
2 : Ce qu’il fait au final d’ailleurs, et c’est d’autant plus remarquable que son patient souffrait alors d’une double fracture du fémur, conséquence d’une roulade à cheval mal négociée.
Au final, un numéro assez robuste à défaut d’être totalement sexy, l’absence de Gilead’s Blood faisant logiquement remonter le niveau global et venant souligner l’assez grande homogénéité des styles des différents contributeurs, dans le plus pur esprit BL. Dows et Cavallo passent tous deux leur deuxième galop, sans génie particulier mais sans démériter non plus. Ellinger remporte facilement la palme avec un premier travail très bon sur certains aspects, mais perfectibles sur d’autres (dommage qu’il n’ait pas eu l’occasion de retenter sa chance avant le dépôt de bilan de Hammer & Bolter). Kyme… continue de construire sa légende noire (rien à voir avec la pigmentation des Salamanders) avec une application aussi admirable que suicidaire. Pour finir, Dunn, en bon éditeur de la Black Library qu’il est, réussi à placer son extrait dans l’exacte moyenne de la littérature produite par la maison d’édition de Nottingham : ni pour ni contre, bien au contraire. À la prochaine !