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BLACK LIBRARY 2012 ADVENT CALENDAR [40K – WFB – HH]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue du Black Library 2012 Advent Calendar, pot-pourri de 24 nouvelles et audio dramas proposé par la BL à ses afficionados pendant les semaines ayant précédé Noël 2012 (qui tomba un mardi, comme vous le savez). Si, plus de dix après, ce concept vous semblera sans doute des plus familiers, à l’époque il s’agissait d’un saut dans l’inconnu de la part de Nottingham, qui se cherchait encore en matière de publication numérique. Nous sommes donc en présence du tout premier Advent Calendar de la Black Library, ce qui peut expliquer pourquoi ce lointain ancêtre ne ressemble guère aux dernières moutures sorties par la BL.

Black Library 2012 Advent Calendar

Outre le fait que la sélection que nous allons explorer ci-dessous compte des nouvelles prenant place dans le Monde Qui Fut (ce qui ne se reproduira plus, même si la Fin des Temps ne prit place qu’en 20151), une autre différence majeure entre le millésime 2012 et ceux qui suivirent est le format des histoires publiées par la BL : croyez-le ou non, mais il fut une époque (heureusement révolue depuis lors) où les nouvelles de 1.000 mots (soit entre quatre et cinq pages) étaient vues comme un produit tout à fait valable par la Black Library. Vendues à 1,49€ l’unité2, ces ultra courts formats étaient certes rapides à écrire pour les auteurs de GW-Fiction, mais peu furent en mesure de proposer des histoires un tant soit peu intéressantes en respectant cette longueur limite. Tout le monde n’est pas Hemingway ou Monterroso.

Les 21 nouvelles et 3 audio dramas n’ont donc pas marqué l’imposant corpus de la GW-Fiction, mais doivent plus être vues comme des exercices de style de la part des plumes de la BL, et pas des moindres (Abnett, Reynolds, Wraight, Thorpe, McNeill, Werner, Counter, Mitchell, Fehervari…). Avant même de m’atteler à cette revue, je peux déjà vous dire que le rapport qualité/prix de cette sélection sera absolument exécrable (près de 90€ à débourser pour disposer de toute la série…), mais j’espère ne pas être l’abri d’une (ou deux, ou plus) bonne(s) surprise(s) dans le lot…

1 : Je pense que la décision de bazarder Warhammer Fantasy Battle a été prise par Games Workshop fin 2013, ce qui peut expliquer pourquoi la Black Library a progressivement arrêté de publier des inédits pour cette franchise historique à partir de ce moment.
2 : À l’époque. Au moment où cette critique est écrite, la BL ne s’est pas gênée pour harmoniser les prix de tous ses courts formats, et le lecteur curieux devra s’acquitter des 3,49€ réglementaires pour mettre la main sur ces quelques pages. Ça pourrait passer si la BL indiquait clairement la longueur des nouvelles sur son site, afin de ne pas piéger les fans croyant avoir affaire à des histoires plus consistantes, mais non (pas de manière systématique en tout cas). Pas très élégant.

Black Library 2012 Advent Calendar

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Born to Us – D. Abnett [40K] :

INTRIGUE :

Born to UsComme il aime bien le faire en ses vieux jours (depuis qu’il a passé son premier siècle, en tout cas), Gregor Eisenhorn, Inquisiteur vétéran ayant roulé sa bosse et son crâne chauve d’un bout à l’autre du Daniverse, se remémore les épisodes les plus marquants de sa longue carrière. Cette fois-ci, direction la planète Koradrum où Greg a enquêté sur la disparition d’un archéologiste de renom, Darred Lenhema, alors qu’il fouillait un ancien tumulus avec son équipe.

Les temps de transport au sein de l’Imperium étant ce qu’ils sont, Eisenhorn et son gros bras de service Harlon Nayl n’arrivèrent sur les lieux que deux ans après que Lenhema ait été déclaré AWOL. Il ne servait donc à rien de se ruer sur le site de fouille pour relever des empreintes, ce qui laissa un peu de temps à notre duo de choc pour se renseigner sur la culture et les croyances locales. Il s’avéra que les crédules Koradrumois considéraient l’arrivée dans le firmament d’une nouvelle étoile (en fait un simple passage en supernova d’un astre proche) comme le signe de la réincarnation prochaine d’un grand meneur, voire d’une figure divine, qui mènerait son peuple vers le salut, ou quelque chose comme ça. Eisenhorn, qui est très culturé et aime entendre le son de sa propre voix, s’empressa de faire un cours magistral au pauvre Nayl sur la récurrence du mythe de la figure – n’ayons pas peur des mots – christique au sein de l’Imperium, même si à l’approche du 41ème millénaire, peu de gens savaient d’où ce mythe provient. Et c’est bien triste, ma pauvre dame.

Sur ces entrefaites, l’Inquisiteur et son garde du corps arrivèrent à proximité du tumulus, où l’équipement de Lenhema et de son équipe gisait au sol. Il semblerait que la réponse de cette énigme se trouve à l’intérieur de l’ancienne tombe…

Début spoiler…Et comme Eisenhorn aime à le marteler, toutes les légendes, mêmes les plus farfelues, ont toujours un fond de vérité. Un messie s’était bien réveillé sur Koradrum après un sommeil millénaire, mais il s’agissait d’un Tétrarque Necron et pas d’un charpentier hippie ; et s’il a bien multiplié les pains, ce fut en direction des archéologues sans gêne ayant envahi son intimité. Nous quittons Eisenhorn et Nayl sur cette épiphanie grimdark, mais rassurez-vous, ils s’en sont tous les deux sortis…Fin spoiler

AVIS :

Des personnages populaires, un peu de fluff et une petite surprise finale pour relever le tout : Dan Abnett fait bon usage de son budget très serré de mots dans cet inconséquent mais sympathique ‘Born to Us’, qui nous permet de nous souvenir que le brave Gregor est à l’origine un membre de l’Ordo Xenos. Il y a évidemment des nouvelles bien supérieures à celle-ci dans le corpus inquisitorial d’Abnett, mais ‘Born to Us’ tient assez bien son rang, dans la catégorie poids plume.

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Binding – R. Harrison [40K] :

INTRIGUE :

BindingLe Sergent vétéran Leonen Kyarus des Imperial Fists se réveille brutalement pour constater que quelqu’un a laissé la vitre de toit de son Rhino de fonction ouverte, ce qui rafraichit considérablement l’habitacle. Ah là là, ces j- Wait a minute. La minute qui suit voit notre héros reprendre péniblement ses esprits et sortir de la ruine fumante du véhicule, constatant au passage qu’une de ses mains n’a pas survécu au crash. Plus inquiétant, le reste de son escouade manque à l’appel, alors qu’une voix désincarnée râle « frérooooot… » à la limite de sa perception auditive. La radio de son armure ne fonctionnant plus guère, Leonen en est réduit à partir à la recherche de l’homme qui murmurait à l’oreille de Lyman (hoarse whisperer, en V.O.), ce qui l’amène dans un bâtiment en ruines…

Début spoiler…Où l’attendent ses frères de bataille, qui s’étaient passés le mot pour lui faire une surprise pour son anniversaire sont tous morts autour d’un pilier de pierre trotrodark, servant de perchoir et de prison à un Démon ventriloque (sans doute un Duc du Changement, si on prend en compte ses plumes, son bec et son champ lexical de perroquet domestique). Leonen comprend en un éclair que cette abomination a attiré ses camarades jusqu’à lui pour leur voler leur âme et gagner ainsi en puissance pour se libérer de son emprisonnement, et qu’il est le prochain sur la liste. Comme le Démon lui fait doctement remarquer, ce n’est pas un combat qu’il est statistiquement en mesure de remporter, mais le brave Sergent rétorque qu’il n’est pas venu pour ça avant que le combat ne s’engage et que le rideau tombe sur notre histoire. On ne saura jamais s’il a pu utiliser les toilettes, du coup…Fin spoiler

AVIS :

Pour sa toute première histoire écrite pour le compte de la Black Library Rachel (Ray) Harrison signe une micro-fiction appliquée et assez atmosphérique (ce qui est bien), même si son dénouement tombe un peu à plat1 (ce qui l’est moins). Je pense qu’il y avait moyen de choisir un autre antagoniste pour se sortir de cette ornière, mais dans l’ensemble, c’est très honnête pour une nouvelle de 1.000 mots.

1 : Ou plutôt, suscite des questions que Harrison laisse sans réponse, faute d’espace pour les traiter. Comment le Démon a-t-il fait pour attirer un à un les Space Marines jusqu’à son pilier, alors qu’ils ont tous commencé la nouvelle dans l’épave du Rhino (et qu’on peut supposer qu’ils ne s’en seraient pas écartés aussi facilement que Leonen s’ils avaient vu que leurs camarades étaient blessés) ? Est-ce lui qui a enchainé le cadavre de Damanios à son pilier, et pourquoi ? Le Démon peut animer les cadavres de ses victimes, mais à quoi cela lui sert-il ?

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The Riddle of Scorpions – J. Reynolds [WFB] :

INTRIGUE :

The Riddle of ScorpionsZavant Konniger et son assistant Vido ont été appelés pour enquêter sur la mort suspecte d’un marchand d’Altdorf, dont le corps a été retrouvé dans la caverne d’Ali Baba qui lui servait de bureau. Jorge Mueller, car c’était son nom, s’était en effet fait une réputation dans l’importation et la vente d’artefacts rares provenant des quatre coins du Vieux Monde et au-delà, et était bien connu pour ne pas hésiter à employer des moyens douteux pour enrichir sa collection.

Comme souvent, Konniger questionne Vido pour (tenter de) développer les capacités déductives du Halfling, lui-même ayant bien sûr déjà établi sans l’ombre d’un doute le motif et le déroulé des événements ayant conduit Herr Mueller à passer l’arme à gauche. Guère intéressé par le cadavre affalé sur sa chaise, ou par les remarques de son employeur d’ailleurs, Vido préfère inspecter le bureau du défunt, et ramasse un tube finement ouvragé dont les extrémités sont occupées par une reproduction de scorpion en métal. Voilà qui ferait un presse papier de premier choix…

Mais ce que Vido prenait pour un simple objet décoratif se révèle être un piège-scorpion arabien, qui se referme sur ses doigts alors qu’il le manipule, et dont les dards se rapprochent rapidement de ses phalanges. Si l’expérience se révèle traumatisante pour le Halfling aux mains baladeuses, Konniger lui ne se départit pas de son calme et continue de tester la sagacité de son acolyte sur les causes du décès de Mueller, tout en l’informant qu’il lui suffit d’entrer le bon code sur le cadran du piège pour se libérer avant qu’il ne soit trop tard. Un vrai jeu d’enfant (d’ailleurs, c’est comme ça que les jeunes Arabiens se distraient, à ce qu’il paraît) !

Début spoiler…Au final, Vido ne parvient pas à résoudre l’énigme des scorpions avant de se faire piquer, mais comme les dards n’étaient pas empoisonnés, la seule victime à déplorer est son amour propre. Konniger entre la combinaison en un tour de main, et révèle à son serviteur éprouvé que c’est cette même mésaventure qui a causé la mort de Mueller, dont le cœur a lâché sous le stress lorsqu’il s’est trouvé par inadvertance prisonnier du piège. On peut appeler ça les risques du métier.Fin spoiler

AVIS :

Josh Reynolds ne choisit pas la facilité en tentant un whodunit dans un format 1.000 mots (1.014 ici, si on veut chipoter), mais on ne pouvait pas s’attendre à autre chose dans une nouvelle dont le héros est le légendaire Zavant Konniger. Cela fait toujours plaisir de revoir des personnages mythiques de la GW-Fiction reprendre du service sous la plume de nouveaux auteurs, et le Sage-Détective d’Altdorf est à ce titre bien tombé avec Reynolds, qui se sort honorablement de cette situation épineuse (bien mieux que Vido en tout cas). Bien sûr, le côté « énigme » de ce ‘The Riddle of Scorpions’ n’est pas très abouti, mais pour un très court format, c’est loin d’être indigent. Bravo pour le panache, M. Reynolds.

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Failure’s Reward – C. Wraight [40K] :

INTRIGUE :

Failure's RewardTarolf est ce qu’on peut considérer comme un loser du 41ème millénaire, ou plutôt, un lo(up)ser. Né sur la planète Fenris, il a tenté pendant sa jeunesse de rejoindre les fiers Guerriers Célestes (aussi connus sous le nom de Space Wolves par l’Administratum) mais quelque chose s’est mal passé pour lui pendant le sévère processus de sélections des aspirants du Chapitre le plus cabotin de l’Imperium. On ne saura jamais ce qui est parti en cacahouète pour le pauvre Mister T. mais toujours est-il qu’il s’est fait recaler. Heureusement, les Space Wolves ont une fibre sociale bien connue et ont proposé au candidat malheureux de servir l’Empereur d’une autre manière qu’en zlatanant ses ennemis à travers la galaxie, et Tarolf est donc devenu assistant armurier dans les forges du Croc.

Comme il nous le raconte avec ses propres mots (assez simples, car il est probable que les Prêtres Loups l’aient un peu lobotomisé sur les bords pour s’assurer de sa docilité1), sa tâche consiste à customiser des genouillères d’armures énergétiques, afin que les Space Wolves puissent guerroyer avec le style flamboyant pour lequel ils sont réputés à travers tout l’Imperium. Free hand de dragon, de wyrm, de troll ou de loup : Toralf est un as du poinçon, de la cire et de l’acide, et même s’il reconnait sans mal que le moindre boulot peut lui prendre des mois (ce qui est long tout de même quand on considère la taille de la pièce), l’important est d’assurer un rendu irréprochable. La qualité totale, que voilà une belle doctrine !

1 : Et fait stériliser pour les mêmes raisons, mais en cela il ne diffère sans doute pas des recrues confirmées du Chapitre…

AVIS :

Chris Wraight lorgne clairement du côté des encarts fluff des Codex et suppléments de jeu de rôle avec ce contemplatif ‘Failure’s Reward’, qui décrit avec un luxe de détails le quotidien d’un des milliers de serfs anonymes qui triment pour le compte des Space Wolves. Pas d’intrigue passionnante ou de conclusion tonitruante à attendre ici, seulement la réalité terne, assez triste et souvent violente du 41ème millénaire, « filmée » à hauteur d’homme (ou d’humanoïde, un aspirant Space Wolves n’ayant pas un physique ordinaire). Assez proche dans l’esprit du ‘Sacrifice’ de Ben Counter, qui était une autre bonne surprise du corpus de 40K.

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The Quickening – A. Smillie [40K] :

INTRIGUE :

The QuickeningL’Archiviste Balthiel des Flesh Tearers a choisi d’opérer seul derrière les lignes ennemies pour mener à bien l’assassinat du Gouverneur hérétique de Spheris, et nous le voyons faire usage de ses pouvoirs psychiques, dont son signature move : the quickening (une sorte de bullet time qui lui permet de ralentir l’écoulement du temps autour de lui), pour se débarrasser de la garde personnelle du félon. Bien que très efficace, l’abus du Warp est dangereux pour la santé mentale, et Balthiel finit la novelinette (3 pages !) en PLS, sa mission accomplie mais sa messagerie mentale submergée de spam de Démons cherchant à lui vendre des analgésiques miraculeux et/ou à lui faire rencontre des hot single spawns dans son voisinage. Bref, un jeudi ordinaire pour notre ami Flesh Pseaker.

AVIS :

Andy Smillie continue sa série consacrée à la mise en scène des pouvoirs psychiques des Blood Angels (et descendants) dans ses nouvelles Flesh Tearers avec cet insignifiant à tout point de vue ‘The Quickening’. Les amateurs de ce genre très particulier peuvent se tourner vers ‘From the Blood’ pour voir l’incroyable Balthiel utiliser le Bouclier de Sanguinius d’une manière fort peu orthodoxe (et tomber à nouveau dans les pommes, comme le gros bébé fragile qu’il est). Les autres économiseront les 3.49€ demandés pour ces quelques lignes peu mémorables1 et iront dépenser leur capital chèrement acquis ailleurs.

1 : Qui bénéficient malgré tout d’une recommandation de nul autre que James Swallow (« So visceral, you can taste the blood in your teeth »). Si ça ne vous donne pas une bonne raison supplémentaire de ne pas acheter ‘The Quickening’, vous allez vite apprendre…

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Never Forgive – G. Thorpe [WFB] :

INTRIGUE :

Never ForgivePeu de temps après la bataille de Maledor, durant laquelle le jeune (à l’époque) Malekith se fit bellement corriger par Caledor the Preums, nous faisons la connaissance d’un des lieutenants du Roi Prétendant Sorcier, Alandrian de Nagarythe. Elfe féru de grands espaces et de randonnées, il prit le parti de mener ses guerriers survivants dans le Val de Caerasin après la défaite de son camp plutôt que de se réfugier à Anlec avec le gros des troupes druchii, et eut la chance de se trouver en hauteur lorsque ce rigolo de Malekith ouvrit les vannes et noya la province sous une vague monstrueuse. Plutôt que de se lamenter sur son sort, comme il aurait été pourtant en droit de le faire, Alandrian décida de partir à la conquête de sa propre contrée submergée et marcha sur le premier village du vallon avec la ferme intention d’en faire sa base d’opérations. That’s the spirit, boy.

Malheureusement pour lui, et surtout pour ses cinq cents guerriers, le village en question était placé sous la protection de dangereux anar(chiste)s, menés par un jeune prince du nom d’Alice Alith. Bien que les Druchiis disposassent (eh oui) de l’avantage numérique, les flèches des Guerriers Fantômes ne tardèrent pas à mettre la cohorte d’Alandrian en déroute, et ce dernier ne se fit guère prier pour prendre également ses jambes à son cou. C’est alors qu’Alith Anar en personne se dressa devant sa route, lui colla une flèche dans le cuissot pour le mettre à terre, avant de lui balancer un grand coup de latte dans la tempe, remportant cet affrontement fratricide par un K.O. probant à la première reprise.

À son réveil, Alandrian se rend compte qu’il est encore en un morceau, et seulement attaché aux branches et aux racines d’un jeune arbre. Cette clémence étonne beaucoup le Druchii, qui est bien placé pour savoir qu’à Nagarythe, on ne fait pas de cadeau à l’ennemi. Alith Anar lui affirme cependant qu’il ne sera ni torturé, ni affamé ou assoiffé, comme il en avait l’intuition. Au contraire, des enfants du village qu’il avait cherché à conquérir lui apporteront de quoi boire et manger tous les jours pour le garder en bonne santé. Vraiment, ça a l’air cool d’être fait prisonnier par Alith Cooper !

Début spoiler…À court et moyen termes tout du moins. Le dessein d’Alith Anar est en effet de laisser l’arbre auquel Alandrian est attaché faire le sale boulot pour lui : dans quelques années ou décennies, les branches auront suffisamment poussé pour que l’Elfe Noir se trouve écartelé par la tension de la corde qui lie ses pieds aux racines de l’arbre. La vengeance est un plat qui se mangera quand les moules auront des gants, comme on dit à Athel Maranth…Fin spoiler

AVIS :

Continuation de son roman dédié au plus mystérieux et revanchard des Hauts Elfes (‘Shadow King’), ‘Never Forgive’ ne brille pas par la qualité de son intrigue, mais compense par les éléments fluff qu’il apporte à l’amateur de culture et d’histoire elfique, et par la fin grinçante que Thorpe a concoctée pour le pauvre Alandrian. C’est assez bien trouvé je dois dire, car cela donne une bonne idée du rapport particulier que les Elfes ont au temps, en plus d’illustrer le caractère impitoyable d’Alith Anar. C’est validé.

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Warmaster – J. French [HH] :

INTRIGUE :

WarmasterHorus profite d’un de ses rares moments de paix depuis qu’il a lancé son hérésie pour soliloquer sur le sort qui est le sien dans le confort ouaté marbré de la salle du trône du Vengeful Spirit. Comme il le dit lui-même, être Maître de Guerre n’est pas une sinécure, surtout lorsque le titre est décerné par un Empereur plus concerné par ce que le Primarque inter pares ne doit pas faire que par ce que le poste apporte comme avantages. De même, il n’est pas facile de mener à bien un coup d’état galactique quand on hérite de la moitié la plus dysfonctionnelle de la super fratrie pour jouer au régicide contre son Pépé. À tout prendre, Horus aurait bien aimé que Sanguinius, Roboute Guilliman et même Corax (un peu d’amour pour les corbeaux emo, ça fait du bien) le rejoignent, plutôt que de se coltiner les manigances tarabiscotées et inefficaces de Lorgar et d’Alpharius, les bouderies de Mortarion et la cyclothymie de Perturabo. Comme on disait à la fin de M1, if you can’t be with the ones you love, love the ones you’re with.

Qu’importe ces menus désagréments et la nullité crasse des bras cassés qui l’accompagnent, Horus sait qu’il est le surhomme pour le job, et que chaque bataille, chaque massacre, chaque désastre, sert sa cause. C’est ça l’avantage de servir le Chaos : on est autorisé à se réjouir lorsque tout part à vau l’eau, car après tout c’est ce que les patrons désirent, pas vrai ? Notre histoire se termine avec la révélation de l’identité du bienheureux individu à qui Horus a déballé ses profondes réflexions sur la conjoncture, car non, il n’est pas (encore) assez fou pour parler tout seul…

Début spoiler…Et il s’agit du psychiatre préféré des Primarques félons, Ferrus Manus en personne1. Ou son crâne, en tout cas, que le Maître de Guerre a gardé comme souvenir du bon vieux temps. Qui pourrait se lasser de prendre la tête de la Gorgone, aussi, hein ?Fin spoiler

1 : Fulgrim aussi apprécie beaucoup faire des confidences à son frère favori (‘Imperfect’).

AVIS :

Un seul en scène d’Horus, sur un livret de John French, franchement, ça se prend. Mine de rien, recueillir les états d’âme du protagoniste (et antagoniste) de l’Hérésie, c’est toujours appréciable d’autant plus que ça n’arrive pas si souvent que ça au cours de la série. French nous livre un Horus encore fréquentable, toujours charismatique, et sans langue de bois sur ses alliés aussi bien que sur ses adversaires : voilà un Primarque tel qu’on aime en voir dans les pages de la GW-Fiction. Solide.

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Dust – G. McNeill [40K] :

INTRIGUE :

DustSur la Planète des Sorciers, le plus éminent et vaniteux d’entre eux (il parle de lui à la troisième personne tout de même) a rendu une petite visite à l’un de ses collègues, le bellâtre Hegazha. Ahzek Ahriman, car c’était bien sûr lui, est venu lui faire une offre qu’il ne peut pas refuser : rejoindre son projet top secret de boys band cabale (c’est techniquement la même chose, on est d’accord) afin de trouver une cure à l’épidémie de mutation qui décime les rangs des Thousand Sons, déjà clairsemés par la dérouillée infligée par Leman Russ et ses loubards sur Prospero. Après tout, qui ne souhaiterait pas participer à une mission de bien commun comme celle-ci, hein ?

Tout naturellement, Hegazha refuse et envoie son bureau fait en volonté (c’est ‘achement rare, ça doit coûter une blinde) dans la tête de son invité. Il a de bonnes raisons pour faire la sourde oreille au plaidoyer d’Ahriman, notez : déjà frappé par la malédiction de Tzeentch, qui a changé ses mains en serres d’oiseau, Hegazha s’est engagé à fond dans la voie du body positivism, et considère ces mutations comme une bénédiction plutôt que comme un fléau. Cependant, Ahri’ n’a jamais accepté non pour réponse, et s’il doit mettre les mains dans le cambouis pour mettre sur pied sa fine équipe, ainsi soit-il. Les deux rivaux échangent donc des sorts destructeurs en haut de la tour de Hegazha, jusqu’à ce que ce dernier saute à la gorge de son visiteur et que les deux basculent dans le vide et tombent comme des pierres vers le sol, quelques centaines de mètres plus bas…

Début spoiler…Cela ne trouble pas outre mesure Ahriman, qui en tant que Corvidae a vu son avenir et sait qu’il survivra à la chute. Et en effet, avant que la collision fatale ne se produise, le wingman que l’Archiviste en chef avait missionné pour lui donner un coup de main utilise ses propres pouvoirs pour amortir l’impact, et placer Hegazha en stase. C’est ce vieil Hathor Maat qui rend ce fier service à Ahriman, et bien que ses capacités de télékine laissent encore un peu à désirer, comme les lombaires douloureuses de notre héros peuvent en témoigner, il réussit par contre parfaitement à geler Heghaza sur pied, ce qui permettra aux cabalites de l’utiliser comme ingrédient pour leur futur grand œuvre, à défaut de pouvoir compter sur sa coopération active. Waste not, want change not, comme on disait à Tizca…Fin spoiler

AVIS :

Guère plus qu’une scène coupée dans l’épopée consacrée par Graham McNeill à Ahriman et Magnus le Rouge, ‘Dust’ fait partie de ces nouvelles irritantes qui n’apportent rien aux connaisseurs, tout en étant relativement cryptiques pour le néophyte. Si vous n’êtes pas familier des cultes Thousand Sons (Corvidae et Pavoni) ou ne savez pas qui sont Hathor Maat et Phosis T’kar, ne comptez pas sur McNeill pour vous briefer sur ces sujets, ce qui est dommage car ces détails sont au centre de son propos.

Si cette histoire est donc assez décevante, il est en revanche intéressant de noter que lors de sa sortie en 2012, elle fut rattachée au corpus 40K et non Hérésie d’Horus par la Black Library, ce qui était chronologiquement possible à ce moment. Cinq ans plus tard, McNeill fit mourir Hathor Maat avant la fin de l’Hérésie dans ‘The Crimson King’, plaçant une fois pour toute ‘Dust’ dans cette franchise. Cette nouvelle peut donc être considérée comme la secret track de l’Hérésie d’Horus (et comme beaucoup de secret tracks, elle n’est pas incontournable).

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Last Watch – L. Goulding [40K] :

INTRIGUE :

Last WatchSur la planète jungle de Phirus, le frère Felgir, Space Wolf rattaché à la Death Watch, a juré de traquer et de tuer en solo le dernier1 xénomorphe tyranide souillant de son infecte présence le domaine de l’Empereur. Bien qu’il soit parmi les chasseurs les plus mortels et discrets de la galaxie, le fier Loulou se fait toutefois surprendre comme un perdreau de l’année par sa proie, et un féroce combat s’engage entre le représentant de l’humanité et celui de la Grande Dévoreuse.

Malgré ses meilleurs efforts, récompensés par un poignet douloureux pour son adversaire chitineux, Felgir se fait surclasser par la vitesse et la férocité du Lictor, mais surtout par ses fléchettes thoraciques empoisonnées (et pourtant, c’est kikoolol, on est d’accord), dont la toxicité menace de transformer la Space Watch en Death Wolf. Terrassé par les toxines xenos, Fergy développe une gueule de bois express plus carabinée que s’il avait fait un cul sec de tonneau de mjød. Il se voit mourir et le lecteur aussi : cette histoire va-t-elle se conclure dans le sang et les larmes ?

Début spoilerRéponse : oui, mais pour le Lictor. Il s’avère que le Sergent de l’escouade de Felgir n’a finalement pas permis à cette tête brûlée de soloter le dernier boss de Phirus, mais a utilisé l’imprudent Space Wolf comme appât pour débusquer l’insaisissable bestiole et lui coller un bolt au mercure dans les cervicales pendant qu’elle était occupée à martyriser notre ami velu. Tout est bien qui finit bien (sauf pour le Lictor, encore une fois), et Marek Angeloi envoie un rapport confirmant le succès de la purge de Phirus à ses maîtres de l’Ordo Xenos, et demandant à être sorti du service actif de la Death Watch pour poursuivre ses xenocides sous les couleurs de son Chapitre d’origine. Et on peut compter sur un(e) Scythe of the Emperor pour continuer à moissonner du tyty…Fin spoiler

1 : Je sais ce que vous vous dîtes : comment peut-on être sûr que c’est le dernier ? Eh bien, il semble qu’il existe une technologie impériale très précise d’identification des Lictors, puisqu’il s’agit de la seconde histoire de la Black Library (après ‘13th Legion’) où le héros piste l’ultime Tyranide de la planète. TGCBL !

AVIS :

Goulding signe une petite histoire reprenant la trame classique du « chasseur/chassé », relevée par un coup de théâtre final relativement efficace (bien aidé en cela par le fait que dans un univers aussi grimdark que Warhammer 40,000, la nouvelle aurait très bien pu se terminer par la mort de Felgir). Il donne également des nouvelles de l’un de ses personnages SotE récurrents, la forte tête Marek Angeloi, dont on ne sait pas encore à ce stade si la demande de réaffectation a été acceptée par l’Inquisition. La bureaucratie génère des délais incompressibles, c’est connu…

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Thanquol Triumphant – C. L. Werner [WFB] :

INTRIGUE :

Thanquol TriumphantServir la volonté de l’Hérésiarque Kritislik n’est pas tous les jours chose facile, et ce n’est pas Thanquol qui dira le contraire. Chargé par son boss de détruire le Clan Krawl, dont l’alliance potentielle avec le Clan Mors pourrait déséquilibrer les rapports de force à Skarogne et réduire l’influence des Prophètes Gris sur la société skaven, notre machiavélique héros a réussi à convaincre le seigneur Fissk d’emmener son armée à l’assaut du camp orque le plus proche, en lui faisant le coup de la panne de la vision prophétique (en même temps, c’est dans sa fiche de poste).

Les combats font rage et ne tournent pas franchement en faveur des hommes rats, qui se font concasser par les brutes vertes au corps à corps et bombarder de rochers à distance. Cette situation compromise fait toutefois les affaires de Thanquol, qui n’attend que l’inévitable débâcle générale de l’armée skaven pour faire une belle plus-value. Le Prophète Gris s’est en effet arrangé avec le Clan Skully (on ne peut pas toujours compter sur le Clan Moulder) pour organiser un comité d’accueil dans les galeries du Clan Krawl, et réduire en esclavage les survivants de cette bataille. Cette fortune future ne lui sera toutefois d’aucune utilité s’il ne survit pas à la mêlée, et bien qu’il ait pris le soin de se positionner dans les lignes arrière, comme il sied à son rang, l’artillerie peau verte se révèle un peu trop précise à son goût. Après avoir manqué de finir en rat-prenade deux fois de suite en l’espace de quelques minutes, Thanquol décide que la plaisanterie a assez duré et envoie une bonne malefoudre carboniser l’irritant lance-roc. Problème réglé !

Début spoiler…Mais Thanquol ne serait pas Thanquol s’il arrivait tranquillement à ses fins, bien sûr. Il y a des gens qui ont de la chance dans leur malheur, Mr T. lui a de la poisse dans son bonheur. Avant de partir en fumée, le lance-roc a le temps d’expédier une ultime cartouche dans la boîte, qui dévie franchement et écrase le seigneur de guerre orque et sa garde rapprochée, paniquant le reste de sa Waaagh ! et renforçant le moral des Skavens. Voilà qui s’appelle arracher la victoire des mâchoires de la défaite, et si ce n’était pas ce qui avait été prévu par Thanquol, ce dernier a suffisamment de métier et de vice pour tirer profit de ce résultat improbable. Après tout, n’est-il pas le génial stratège ayant guidé le Clan Krawl vers une victoire éclatante sur la vermine orque grâce à ses visions, hein ?Fin spoiler

AVIS :

Thanquol, comme ses Némésis habituelles que sont Gotrek & Felix, fait partie des personnages de la Black Library dont les apparitions sont scriptées. On sait dès la première ligne que l’ingénieux Skaven va preeeeeeeeeesque réussir à mettre en exécution un plan aussi génial que retors, échouer de la manière la plus improbable qui soit, mais réussir malgré tout à se tirer d’affaire, souvent à un poil de moustache près. Ce petit ‘Thanquol Triumphant’ peut donc être vu comme un échantillon représentatif de ce (sous) genre, dont C. L. Werner est le principal représentant. Je pense qu’il aurait pu faire preuve d’un peu plus d’inventivité dans le déroulé de ces quelques pages, qui parviennent à être répétitives en dépit de leur nombre très limité, et la fin est un peu trop cousue de fil blanc à mon goût, mais ça reste tout à fait lisible.

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The Emperor’s Chosen – M. Lee [40K] :

INTRIGUE :

The Emperor's ChosenAlors qu’il se préparait studieusement avec ses frères au prochain assaut sur Sepharis Ultra, un jeune initié Black Templar du nom de Reinhardt est frappé par une vision de l’Empereur, lui annonçant qu’il est son 100,000,000,000,000ème sujet à lui adresser une prière aujourd’hui, et qu’il a donc gagné un iphone 7 ainsi que le droit de devenir son Champion dans la prochaine campagne. Quelle chance.

Reinhardt court au Reclusiam vider son sac auprès du Chapelain Karst, qui a tôt fait d’établir la véracité de l’expérience transcendantale vécue par le frère de bataille, et fait donc mander la panoplie du parfait petit Champion dans l’arsenal de la Barge de Bataille qui amène les Black Templars jusqu’à Sepharis Ultra. Protégé par l’Armure de la Foi et équipé de l’Epée Noire1, Reinhardt aura pour mission d’abattre le meneur des Seigneurs de la Désolation, une bande de Space Marines renégats ayant conquis cette planète impériale pour accomplir leurs sombres desseins. Du succès de ce duel avec le sorcier Word Bearers X’hal Urus dépendra le destin de ce monde, mais heureusement, l’Empereur a donné ses meilleurs conseils de bretteur à Son Champion, et Reinhardt débarque donc sur le champ de bataille avec une confiance inébranlable dans ses capacités…

Début spoiler…Malheureusement pour notre fringant héros, il sait aussi que son triomphe sera de courte durée, et que X’hal Urus lui portera un coup fatal avant de mourir. Un peu comme le duel entre l’Empereur et Horus, vous me direz. C’est tellement fluff que l’on peut supposer que ce fan transi de Reinhardt n’espérait pas meilleure destinée, et si le rideau tombe sur l’affrontement entre loyalistes et hérétiques avant que ce duel fatidique n’ait vraiment débuté, on peut tout de même considérer que cette nouvelle se termine par une happy end.Fin spoiler

1 : Enfin, une des Armures de la Foi, et une des Epées Noires du Chapitre (celle-ci avait tout de même plus de 9 400 ans au moment de la campagne, c’était un vieux modèle). Il faut bien faire des compromis sur l’originalité des reliques si on veut guerroyer à travers la galaxie.

AVIS :

Plus connu pour ses travaux Crimson Fists que Black Templars, Mike Lee s’empare d’un des mythes centraux de cette fière fraternité des fils de Dorn et en tire une micro-nouvelle illustrant le fanatisme fataliste des surhommes en noir et blanc. Sans être mauvais, le résultat est assez quelconque.

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Voyage of the Sunspear – B. Counter [WFB] :

INTRIGUE :

Voyage of the SunspearLorsqu’une flotte pirate mal inspirée décide de piller le littoral d’Ulthuan, la réaction des fiers Hauts Elfes ne se fait pas attendre, et une véritable armada prend la mer pour châtier les humains qui ont cru malin de titiller Doughnut Land. Menée par la grande amirale Caladoria depuis la barre de son catamaran de combat, le Sunspear, c’est une escadre entière de navires tous plus wahou les uns que les autres qui a pris la mer et franchi les portes de Lothern pour cingler vers le Vieux Monde. Bateau-tour pour l’Archimage Galindorm, yacht cristallin pour le Prince Keldorim, navire à menhirs envoyé par la cour de la Reine Éternelle, galère à feu grégeois de Caledor, sans compter la douzaine de vaisseaux classiques et les frégates-dagues qui escortent tout ce beau monde… c’est un spectacle époustouflant qui s’offre à la vue du lecteur (et des mouettes de Lothern), et on se dit que les malheureux adversaires de cette flotte bariolée ont vraiment du souci à se faire…

Début spoiler…Enfin ça, c’est si le Sunspear et ses camarades arrivent à bon port, ce qui est loin d’être certain. La nouvelle se termine en effet dans l’habitacle enfumé du Grimnir Revenge, un sous-marin nain dont le capitaine n’hésite pas longtemps avant d’ordonner un torpillage en règle de la flotte elfique. On ne saura pas ce qui a provoqué cette réaction belliqueuse, les Hauts Elfes n’en ayant pas après les Nains à ce stade, mais faut-il une raison à ces deux races pour se tirer dans les pattes (et les coques) depuis la Guerre de la Barbe, hein ? Fin spoiler

AVIS :

Ben Counter fait un crochet par le Monde qui Fut et nous livre une nouvelle maritime que l’on devine construite autour de son twist final, ce qui se conçoit tout à fait même si pour ma part, j’ai du mal à considérer qu’un vaisseau nain ferait acte de guerre envers une flotte haut elfe sans aucune provocation, rancune ou pas rancune. La décision fatidique du capitaine Granitebrow aurait pu être motivée dans une éventuelle suite à ce (dernier) ‘Voyage of the Sunspear’, mais à ma connaissance, on en est resté là.

Chose étonnante pour un habitué de 40K, et qui n’aura (à ma connaissance) signé qu’un roman et deux nouvelles – dont celle-ci – pour la franchise medfan de la GW-Fiction, Counter ne se gêne pas pour nous balancer des tonnes de fluff au détour de ces quelques pages, et nous livrer la description la plus fouillée de la marine de guerre des Hauts Elfes qui soit1. Cela rend la lecture de ‘Voyage of the Sunspear’ indispensable pour tout amateur de lore warhammeresque devant l’éternel.

1 : Il faut tout de même noter que Dread Fleet était sorti en 2011, l’année précédent la publication de cette nouvelle. Et la page du site de la Black Library où ‘Voyage of the Sunspear’ est offert à la vente fait encore la pub pour Man O ’War Corsair (mais que font leurs stagiaires ?)…

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The Third Wise Man – N. Vincent [40K] :

INTRIGUE :

The Third Wise ManPour le frère Constantine du Chapitre des Iron Snakes, l’heure du grand oral a sonné. Notre ami ambitionne de devenir Chapelain, mais pour cela il doit convaincre trois Capitaines (Didymos, Pheus et Cules) qu’il est le surhomme pour ce poste stratégique1. Prostré au sol dans la position du supplicateur ithakien (c’est-à-dire front contre sol, bras écarté et probablement en petite tenue – on sait s’amuser chez les Chapitres d’obédience hellénique), Constantine se fait fraîchement recevoir par son jury, chacun des Capitaines y allant de sa petite anecdote honteuse sur la carrière de l’impétrant.

Didymos ouvre les hostilités en lui rappelant qu’il a perdu trois hommes de son escouade lors de la mission sur Manolis. Cules renchérit en notant qu’il a fait pire sur Hrystalla, où il a été le seul survivant de son escouade, et a pantouflé pendant sept longues saisons sur Ithaka le temps de se refaire une santé après cela. Pheus enfonce enfin le clou en évoquant son refus d’obtempérer lors de la campagne de Baltasar, durant laquelle il n’a pas daigné participer à l’assaut en drop pod sur cette planète, qui fut finalement conquise par l’ennemi et arrachée du giron de l’Empereur. Ça fait tout de même beaucoup, vous le reconnaitrez, et ce ne sont pas les plus plates contritions de Constantine, qui « endure la douleur atroce de la perte de <insert boulette here>, depuis ce jour fatidique jusqu’à aujourd’hui, les cœurs lourds », qui changeront quelque chose à cette litanie d’échecs.

Toutefois, si Constantine n’a pas toujours brillé sur le champ de bataille, il a en revanche su cultiver de solides relations, et trois d’entre elles viennent prendre sa défense. Le premier à parler n’est autre que l’incontournable Sergent Priad, qui rappelle à l’auguste assemblée que Manolis s’est terminé par une victoire impériale, et que cinq milliards de loyaux sujets de l’Empereur ont été sauvés par l’action de Constantine et de ses hommes2. Et pour marquer le coup, Priad humecte délicatement le crâne chauve et les mains tendues de son poto, dans le respect des traditions aquatiques d’Ithaka.

Le deuxième avocat de Constantine est le frère Kater Holofurnace, fraîchement revenu de la Croisade de Sabbat, qui souligne que son camarade, dont Hrystalla était la première véritable mission, a réussi à ramener avec lui les glandes progénoïdes de toute son escouade, ce qui a permis au Chapitre de reconstituer ses forces. Ça n’excuse pas tout mais c’est tout de même honorable. Et Holofurnace de dégainer à son tour sa gourde pour une petit goutte à goutte rituel.

Enfin, c’est le Maître de Chapitre Seydon qui débarque en grande pompe dans la salle d’examen, et, conscient d’être en retard, se contente de micro waterboarder Constantine comme la tradition le veut, avant de le relever et de le féliciter pour son élévation au rang de Chapelain. Ce n’est qu’un peu plus tard que nous avons le fin mot de l’histoire à propos des opérations de Baltasar. Seydon, qui n’était que Capitaine à l’époque, a pris la décision d’un assaut en drop pod contre l’avis de Constantine, et le résultat désastreux de cette initiative montra avec le recul qui était le plus malin des deux. Mais ça n’a pas empêché Seydon de faire carrière, et c’est bien la morale de cette histoire : chez les Iron Snakes, la séniorité prend toujours le pas sur la sagesse. And I think it’s beautiful…

1 : Il doit aussi leur apporter des cadeaux (deux lances et un caleçon en cuir de wyrm marin), dans la plus grande tradition du népotisme impérial.
2 : Et puis Priad ne peut pas vraiment se permettre de juger sévèrement un collègue Sergent qui a perdu des hommes au combat, lui-même n’étant pas exempt de toute critique de ce point de vue là…

AVIS :

On croyait en avoir fini avec les Iron Snakes après ‘Brothers of the Snake’, mais ces Space Marines ont la peau dure et la sympathie d’un certain nombre d’auteurs de la Black Library (en plus de celle de Dan Abnett, bien sûr), ce qui explique leur persistance discrète dans la GW-Fiction. Cette petite histoire nous en apprend un peu plus sur les rites, décidément très fétichistes (tous ces échanges de fluides en gros balèzes en petite tenue, c’est suspect), de cette confrérie écailleuse, et de passer en revue une grande partie des têtes nommées de cet auguste Chapitre. Si vous êtes fans de ce dernier, c’est donc un must read absolu, sinon, vous pourrez tout de même apprécier une histoire de Space Marines où personne ne meurt et qui se finit bien (ce qui est assez rare).

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Strike and Fade – G. Haley [HH] :

INTRIGUE :

Strike and FadeAu lendemain de la monumentale trahison d’Isstvan V, un groupe de quatre Légionnaires Salamanders (Jo’phor, Hae’Phast, Go’sol et Donak) essaie tant bien que mal de survivre dans les désolations désolantes et désolées de cette planète désormais maudite. Bien que le moral soit bas, les loyalistes peuvent compter sur des activités de team building cathartique pour tenir le coup, comme par exemple embusquer des bikers Night Lords s’étant aventurés dans la pampa pour pratiquer la chasse à courre nostramane. C’est exactement comme celle que l’on connaît, sauf qu’il faut remplacer le renard par un Raven Guard à poil (si on n’en a pas, une autre Légion fait aussi l’affaire), et les chevaux par des motos. On peut utiliser une meute si on en a une sous la main, ce qui n’était pas le cas de nos amis de la 8ème. On ne peut pas toujours tout prévoir.

Comme on peut s’y attendre, les gentils lézards règlent leur affaire aux affreux jojos avec une efficacité consommée, et en profitent pour piquer le matos et les rations de leurs victimes afin d’alimenter leur effort de guérilla. Comme on dit, les petits ruisseaux font les grandes rafales de bolter. Malheureusement, leur camarade corbeau hérite d’une blessure thoracique mortelle au cours de l’échange de tir, et meurt dans les bras du noble Joe Fort, non sans avoir exprimé sa gratitude éternelle (plus que lui en tout cas) à ses frères de bataille pour l’avoir sauvé des griffes des Night Lords. Victoire tactique et victoire morale pour les Salamanders. Qu’ils en profitent, il n’y en aura plus beaucoup d’autres d’ici à la fin de l’Hérésie…

AVIS :

Si en 2012 tout le monde connaissait déjà la grande histoire d’Isstvan V (racontée dans ‘Galaxy in Flames’ par Ben Counter dès 2006), le sort des quelques survivants épars des Légions loyalistes étant tombées dans le piège de ce fieffé fripon d’Horus n’avait pas encore été couvert par grand-monde au sein de la Black Library. Guy Haley fut donc parmi les premiers à (re)donner leurs lettres de noblesse aux losers magnifiques des Légions Brisées, bien avant que Nottingham ne leur consacre un recueil de nouvelles (2017). Cette parenthèse historique mise à part, il n’y a pas grand-chose à dire de ce ‘Strike and Fade’, qui présente les Salamanders sous l’angle favorable qu’on leur connaît, mais ne développe pas assez son quatuor de personnages pour qu’on s’attache à eux. Potable.

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Honours – J. Swallow [40K] :

INTRIGUE :

HonoursLe Capitaine de la 1ère Compagnie des Blood Angels nous fait l’honneur d’expliquer comment il a gagné ses cicatrices, armes et emblèmes au cours de sa longue carrière. Il perdit un œil dans sa jeunesse, après avoir cru pouvoir se débarrasser en solo d’un Psyker finalement plus coriace que prévu. Son Maître de Chapitre lui remit l’épée énergétique Challenger après qu’il eut gagné un tournoi de tennis, et il l’utilisa pour bannir le Prince Démon de Tzeentch Sethselameth. Après être venu au secours d’une poignée d’Imperial Fists piégés pendant deux cents ans dans le siège d’une station spatiale (le rêve absolu pour eux), les fils de Dorn lui firent cadeau d’un bolter jaune poussin. Enfin, la gemme bleue ornant l’aquila de son plastron lui est revenue après des années de bons et loyaux services1.

On apprend pour terminer que le Capichef est en fait mort au combat, tout son stuff légendaire n’ayant pas fait le poids face à une horde de peaux vertes motivés à faire du vilain sur le monde ruche de Levion Gamma. Ce sont les risques du métier.

1 : Swallow ne devait plus avoir d’idées à ce moment là de l’écriture.

AVIS :

Swallow tire le maximum du format compliqué du 1.000 mots en troussant en décrivant par ses faits d’armes notables (avec un peu de fluff dedans, c’est appréciable) d’un héros méconnu du Chapitre des Blood Angels, ce qui est tout de même plus sympa à lire qu’une micro-baston entre deux tondus et trois pelés. Il y a même un micro-twist à la fin, attention appréciable de la part de l’auteur. Toujours trop cher pour ce que c’est, mais il y a bien pire que cet ‘Honours’, soyez-en certains.

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Deliverance Detail – D. Guymer [40K] :

INTRIGUE :

Deliverance DetailLa nouvelle commence mal pour Callan, membre des Forces de Défense Planétaire d’une planète tout juste conquise par un envahisseur extraterrestre. Emmené avec ses milliers de compagnons d’infortune dans une base militaire tenue par les vainqueurs, il attend, menotté et aveuglé, que son sort soit décidé. Malgré ces circonstances difficiles, il peut au moins compter sur sa foi en l’Empereur pour tenir le coup, à condition de rester discret pendant ses prières : ses gardes ont formellement interdit aux captifs de mentionner Son nom. Qu’importe : Callan est fier d’avoir fait son devoir et de s’être battu trois longues années contre les assauts des hordes chaotiques qui se sont abattues sur sa planète…

Début spoiler…En tout cas, c’est ce qu’il (et ses camarades) croyaient, jusqu’à ce que les assaillants soient rejoints par d’authentiques Space Marines. En plus de plier la campagne avec leur efficacité légendaire, les Astartes firent réaliser à Callan et ses comparses qu’ils s’étaient battus du mauvais côté de l’histoire, la faute à la corruption des dirigeants de la planète et à leur effort de propagande plutôt efficace.

Bien que notre héros dupé se soit aussitôt rendu après avoir réalisé sa méprise, la légendaire bienveillance impériale le mena tout droit au peloton d’exécution. On ne saura pas si la Garde Impériale réserva le même sort aux quinze millions de FDP hérétiques à l’insu de leur plein gré, mais ça ne m’étonnerait qu’à moitié…Fin spoiler

AVIS :

David Guymer livre une micro-histoire tout à fait grimdark dans ce ‘Deliverance Detail’, qui illustre à merveille que l’Imperium, lui, ne fait dedans (le détail, si vous ne suivez pas) lorsqu’il s’agit de pacifier une zone de guerre. Tant pis si vous avez été victime des circonstances ou d’un tour pendable du destin, la morale de l’histoire est qu’il y en a suffisamment comme vous à travers la galaxie pour que votre injuste disparition ne chagrine personne. Personne d’important en tout cas.

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The Contest – J. Ellinger [WFB] :

INTRIGUE :

The ContestLorsque Gotrek et Felix pénètrent dans une auberge minable comme le glorieux Empire en compte tant, après s’être tiré d’une embuscade perpétrée par des bandits locaux peu de temps auparavant, ils ne s’attendaient sans doute pas à ce que leur repos bien mérité soit interrompu par de belliqueux piliers de comptoir. Le récit de leur mésaventure par un Felix encore tout encrassé par cette algarade attire en effet l’attention hostile d’un certain Boxen, dont l’un des cousins a choisi l’honnête carrière de malandrin, et qui a sans doute payé de sa vie sa rencontre malavisée avec le power duo le plus mortel du Vieux Monde. Les risques du métier.

Boxen, qui bénéficie de l’avantage numérique grâce à la présence de quatre compagnons tout aussi interlopes que lui, est tout prêt à lancer une bagarre générale pour réparer l’honneur familial, mais l’aubergiste le convainc que ce n’est pas dans son intérêt d’attirer l’attention de la milice locale sur son gang de petites frappes : aussi, l’affaire sera résolue d’une manière beaucoup plus civile. Un concours de descente de pintes est lancé sans plus tarder, le perdant se retrouvant à la merci du gagnant pour une explication de texte dans un coin tranquille et à l’abri des regards.

Gotrek, sûr de la force de son bras (et de son foie) accepte sans broncher ni réfléchir les conditions défavorables formulées par le retors Boxen avant que l’épreuve ne commence. Alors que le Nain lèvera le coude seul, Boxen et ses hommes picoleront en équipe et se partageront les pintes, rapport de force qui alerte Felix malgré les solides atouts dont le Tueur dispose en matière de picole.

Au final, et après plusieurs heures et tonneaux vidés sans pitié, le concours se termine avant que Boxen et Gotrek n’aient rendu les armes, faute de liquide alcoolisé à ingérer. Très déçu par ce match nul, Gotrek décide de se passer les nerfs sur le dernier ruffian encore debout et éclate donc le pif de Boxen pour la forme, dont le coma éthylique doit se poursuivre encore aujourd’hui…

AVIS :

Une aventure de Gotrek et Felix où personne ne meurt (ou en tout cas, pas face caméra), c’est assez rare pour le souligner. Ceci dit, j’aurais bien aimé que Jordan Ellinger relève le défi d’adapter le plus fidèlement possible le schéma narratif classique de ce sous-genre emblématique de la GW-Fiction dans un format micro-fiction, pour pouvoir juger sur pièce si le concept tient la route (franchement, il y a moyen de faire quelque chose je pense). Cela aurait rendu ‘The Contest’ plus mémorable que ces quelques pages alcoolisées, sans nul doute.

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The Little Things – S. Mitchell [40K] :

INTRIGUE :

The Little THingsDe passage sur une station orbitale très touristique entre deux affections sur le front, le Commissaire Ciaphas Cain profite de la relâche pour rendre une visite de courtoisie à sa bonne amie l’Inquisitrice Amberley Veil, qui réside dans une suite de luxe sous une de ses identités d’emprunt. En gentleman qu’il est, Cain prend soin d’acheter en chemin un bouquet d’heganthas car comme il le dit très bien en aparté quelques lignes plus loin : sur le champ de bataille comme dans un rendez-vous galant, c’est l’attention aux petits détails qui sépare les victimes des vainqueurs.

Accueilli chez sa chère et tendre par sa suivante Zemelda pendant qu’Amberley vocalise sous la douche, Cain a à peine le temps de saluer sa sculpturale hôtesse à la sortie de sa toilette qu’un domestique indélicat vient tambouriner à la porte. Cette impolitesse s’explique par le fait que le nouveau venu n’est pas vraiment venu pour monter des clubs sandwiches aux tourtereaux, comme il le prétend, mais pour tenter de kidnapper Amberley a.k.a. la riche duchesse Trucmuche de la planète de Cétréloin afin de demander une rançon à sa famille. Les pauvres jaloux des riches, vraiment, quelle plaie.

Malheureusement pour le ruffian et ses deux comparses, il faut plus qu’une arrivée au débotté pour mettre en difficulté un héros de la trempe de Cain, surtout s’il peut compter sur l’aide d’Amberley qui n’hésite pas un instant à reconvertir sa serviette drap en fouet, désarmant le dernier larron au moment où il allait donner au Commissaire un nouveau trou de balle et permettant à ce dernier de lui rendre la pareille de manière préventive. Comme Cain le fait remarquer avant que le rideau ne tombe définitivement sur cette soirée entre adultes consentants, le malfrat aura au moins eu la chance d’emporter avec lui une dernière vision beaucoup plus plaisante que la majorité des tués du 41ème millénaire. Ce n’est pas grand-chose c’est vrai, mais comme dit plus haut, ce sont les petites choses qui comptent…

AVIS :

Aventure plus grivoise que musclée de Ciaphas Cain, ‘The Little Things’ ne fait rien d’autre que montrer au lectorat de l’héroïque Commissaire que ce dernier sait prendre du bon temps lorsque le devoir ne l’appelle pas, même si sa capacité surnaturelle à créer du drama autour de lui peut générer quelques menus désagréments de temps à autre. Rien que les habitués de la saga ne connaissent pas déjà.

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On the Heels of Morkai – N. Kyme [40K] :

INTRIGUE :

On the Heels of MorkaiÀ la surface de Fenris, un humain solitaire est poursuivi par deux des loups géants pour lesquels la planète est célèbre à travers l’Imperium. Sa course échevelée (tous les locaux portent la moumoute, c’est une coutume immémoriale) le mène à travers un lac gelé, où il réveille par mégarde un kraken endormi sous la surface. N’étant équipé que de sa biht1 et de son couteau, cette rencontre aurait pu très mal se terminer pour notre marathonien de l’extrême, qui parvient toutefois à regagner la terre ferme avant de se faire tentaculer par le poulpe d’eau douce.

Pas le temps de reprendre son souffle, cependant : il faut à notre coureur isolé traverser une forêt pleine d’arbres en bois, puis s’atteler à l’ascension en solo d’une falaise de 400 mètres de haut, toujours poursuivi par les infatigables prédateurs de la toundra de Fenris (qui ont certainement trouvé un chemin pour monter en haut du pic, ce qui pose la question de pourquoi notre athlète n’a pas fait la même chose au lieu de risquer sa vie de la sorte…). Enfin arrivé au sommet, il fait face à la figure imposante d’un Prêtre des Runes Space Wolf, et se prépare à être jugé par cet austère guerrier…

Début spoiler…Enfin ça, c’est si notre héros avait été un simple impétrant au Chapitre. Canis Wolfborn, car c’était lui, a passé cette épreuve depuis belle lurette, et le gonze qui l’attend en haut de la montagne est simplement venu le rappeler à ses devoirs. Un appel à l’aide est parvenu jusqu’au Croc, et en l’absence probable de Harald Deathwolf, il revient à son champion de décider si le rout y donnera suite. Comme on peut s’y attendre, Canis accepte avec joie de relever ce défi, promettant à ses loups de compagnie Timba et Mia (avec lesquels il faisait la course, et n’était pas chassé par ces derniers comme on en avait l’impression) qu’il leur accordera une revanche à son retour. Mais le travail avant tout. Fin spoiler

1 : Un mot fenrisien dont le sens a malheureusement été perdu. C’est dommage.

AVIS :

Mine de rien, les nouvelles de la Black Library où un Space Wolf court comme un dératé à travers la toundra en essayant de survivre aux conditions extrêmes dans lesquelles il évolue sont suffisamment nombreuses pour constituer un sous-genre de la littérature grimdark. Même si la concurrence n’est pas pléthorique, ‘On the Heels of Morkai’ peine à s’imposer comme un modèle du genre, la surprise finale réservée au lecteur par Nick Kyme ne s’avérant (à mon sens) guère crédible. Voir un Prêtre Rune attendre patiemment en haut d’une falaise que son boss termine sa morning routine (et venir sur place avec Fangir1 pour encore plus de fun) au lieu de cueillir Canis en plein milieu de la pampa avec un Stormfang me semble vraiment peu correspondre au lore de 40K. Dispensable.

1 : Ici orthographié Fregir, probablement parce que Kyme est trop haut placé à la BL pour que ses textes soient relus et édités.

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The Last Little Bit – R. Earl [WFB] :

INTRIGUE :

The Last Little BitIl est temps pour Gofg Dent d’Or Tyran de sa tribu depuis plus de quarante ans, de se choisir un héritier. Il se fait vieux (même pour un Ogre), et a déjà dû refroidir les ardeurs parricides de deux de ses fils d’une manière définitive par le passé : il est grand temps de passer la main. Pour ce faire, il a convié le reste de sa marmaille à un gueuleton de compétition, où les règles sont simples : qui mange gagne.

Après trois jours à banqueter sans interruption, ils ne sont plus que trois à la table : Papa Gofg, Grond et Graissus. Bien que les trois Ogres soient depuis longtemps passés dans le dur, aucun n’est prêt à baisser la garde ni à jeter la serviette, et le Boucher de la tribu continue à les régaler de ses spécialités carnées (et plus ou moins faisandées, ça rajoute du goût), jusqu’à ce que le drame se produise : le garde-manger a été vidé, il ne reste plus rien à ingérer pour nos fins gourmets.

Bien que Père Castor Dent d’Or soit en faveur de déclarer un match nul, quitte à recommencer plus tard (le temps de digérer un peu, et de passer au petit coin – je plains le service de ménage Gnoblar…), Graissus ne peut se résoudre à interrompre son effort si près de la victoire. Il attrape donc une chaise, et la fracasse péniblement sur le crâne paternel, envoyant ad patres le vieux Tyran. Dès lors, la suite est toute tracée : le Boucher découpe prestement le cadavre du macchabée en deux parts égales (de 250 kilos chacune, tout de même), et le concours d’ingestion peut reprendre de plus belle.

Malgré les conséquences terribles pour son système digestif, poussé dans ses derniers retranchements par cette boulimie cannibale, Graissus parvient en premier à terminer sa moitié alors que Grond démontre des signes manifestes de calage. Enfin, presque terminer. Il lui reste en effet sa part du « dernier petit bout1 » paternel à ingurgiter, et lorsque le Boucher fait son office et tranche l’ultime portion en deux, Grond se met à dégobiller le contenu de sa panse boursoufflée. Qui a dit que les Ogres n’étaient pas sensibles ? Ce déluge de vomi, dont il prend quelques litres en pleine figure, ne perturbe pas le moins du monde Graissus, qui avale sans faiblir le dernier morceau et devient par la même occasion Tyran incontesté de la tribu Dent d’Or. La suite appartient à l’histoire (et à la cuvette des toilettes…).

1 : Que Robert Earl se contente d’appeler de cette manière, comme s’il s’agissait d’une expression consacrée (après quelques recherches, je n’ai rien trouvé de tel). Vous pouvez donc vous représentez ce que vous voulez, et pas seulement l’option la plus salace qui soit (pervers).

AVIS :

Robert Earl, grand spécialiste des Ogres devant l’éternel, développe en quelques pages l’origin story du plus grand – et gras – des Tyrans des Montagnes des Larmes, présentée de manière succincte dans les Livres d’Armée de cette noble race. Même si on sait d’avance comment l’histoire se termine, notre homme est assez bon conteur pour que le récit de ce banquet proprement pantagruélique, voire même carrément gargantuesque, mérite la lecture. C’est gore, c’est glauque, mais ça reste malgré tout assez drôle tellement c’est over the top en matière d’ingestion de protéines. À consommer jusqu’au dernier petit bout, comme il se doit.

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Like Father, Like Son – M. Latham [WFB] :

INTRIGUE :

Like Father, Like SonUn homme (Jens) et son jeune fils de cinq ans s’aventurent en pleine nuit à travers les terres sauvages et pas vraiment hospitalières de l’arrière-pays du Middenland. En chemin, Jens prend soin d’inculquer à son rejeton tous les trucs et astuces de trappeur trotro balèze qu’il a lui-même appris de ses aïeux ou développé au cours de sa longue et ardue existence, comme ne jamais utiliser l’autoroute (c’est cher et c’est mal fréquenté), ou encore éviter la compagnie des étrangers. Un gai luron ce Jens, vraiment.

Leur road trip nocturne emmène les deux marcheurs à travers les ténèbres de la Drakwald, et sur le territoire des multiples prédateurs qui y rôdent. Après avoir repoussé l’attaque d’une meute de loups un peu trop entreprenante, et évité les toiles d’araignées de fort belle taille, la destination que Jens cherchait à atteindre apparaît enfin au détour du sentier. Nul doute que ça valait le déplacement…

Début spoiler…Et en effet, on ne trouve pas plus chaude ambiance à des lieues à la ronde que le campement d’Hommes Bêtes où le vieil excentrique a amenés son fiston. Jens n’est pourtant pas un adepte du Chaos, seulement un père lucide : son petit gars est un mutant dont les difformités sont trop visibles pour lui permettre de vivre normalement parmi ses semblables, et le seul moyen pour lui d’échapper au bûcher des Répurgateurs est de partir en pension dans une harde de Gors plus ouverts d’esprit que le péquin impérial moyen. La nouvelle se termine alors que le Chamane de la tribu s’en va accueillir la nouvelle recrue de cette dernière, laissant Jens partir sain et sauf mais le cœur gros d’abandonner son enfant. Le placement est parfois la seule solution qui vaille…Fin spoiler

AVIS :

Même si on se doute rapidement à la lecture de ‘Like Father, Like Son’ que Mark Latham nous réserve une surprise finale, ce dernier mène bien sa barque et parvient à accomplir son objectif avec cette petite nouvelle qui explore de manière assez touchante les liens ténus mais pas absents entre humains « normaux » et mutants dans le monde de Warhammer. A classer à proximité de ‘The Hunter’ (G. Lyon), tant pour la longueur que pour les protagonistes, mais à placer au-dessus de cette autre microfiction.

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Out Caste – P. Fehervari [40K] :

INTRIGUE :

Out CasteUne vétérane (et c’est assez rare pour le souligner) couturée de la Caste de Feu se souvient de ses débuts au service du Bien Suprême, du temps où elle était une jeune recrue charismatique et déterminée à s’élever dans les rangs. Baptisée J’kaara (miroir) en raison de sa nature altruiste et de sa capacité à tirer le meilleur de ses camarades, elle commença sa carrière lors de campagnes mineures contre la menace Ork. Le vrai test fut cependant l’invasion de la planète Oba’rai, monde impérial isolé et défendu par un seul régiment de Gardes Impériaux, des adversaires bien plus nobles que les peaux vertes aux yeux de l’idéaliste Kaaren.

La campagne se déroula parfaitement du point de vue du haut commandement, les humains se faisant surclasser par les tactiques de frappes éclair et la supériorité technologique de leurs adversaires. Lorsque la capitale planétaire tomba sous les bombardements, des auxiliaires Kroots furent envoyés faire le sale boulot (et casser la croûte) dans les décombres de la cité pour éliminer les dernières poches de résistance, plutôt que de risquer la vie de braves, mais pas téméraires, T’au. Ce choix raisonnable ne satisfit cependant pas J’Kaara, qui désobéit aux ordres et emmena son escouade faire un peu de tourisme en zone de guerre urbaine afin d’assouvir ses penchants héroïco-morbides.

Mal lui en prit toutefois, car elle croisa en route un Commissaire impérial brûlé au 8ème degré mais dont la vue d’une peau bleue le sortit de l’état catatonique dans laquelle la tempête de feu déchaînée par les T’au l’avait placé. Bien que ses camarades ionisèrent le faquin avant qu’il n’ait pu régler son affaire à la pauvre J’kaara, cette dernière sortit de cette rencontre fortuite avec une énorme balafre, l’épée tronçonneuse de l’officier gue’la ayant transpercé son casque sans coup férir. Cette mésaventure ne fractura pas seulement le crâne de notre héroïne, mais également son sentiment de fraternité avec ses camarades, qui se mirent à appeler la shas’ui Jhi’kaara, ou miroir brisé. Sometimes, it’s better not to say hi, you know…

AVIS :

Peter Fehervari nous entraîne dans les premières vrilles de son Dark Coil1 avec cet ‘Out Caste’, qui met en scène le premier personnage récurrent de cette série iconique de la Black Library, la gueule cassée Jhi’kaara (que l’on retrouve dans ‘A Sanctuary of Wyrms’ et ‘Altar of Maws’), dont on apprend en quelques pages l’histoire traumatisante – dans tous les sens du terme. Ce n’est pas aussi inventif dans le propos ou virtuose dans l’exécution que les nouvelles et romans qui ont suivi, mais ça reste malgré tout une très bonne entrée de GW-Fiction.

1 : Sa première nouvelle (‘Nightfall’) pour la Black Library date de 2011, et bien qu’elle se déroule techniquement dans le même coin de galaxie que le reste du corpus Fehervariesque, les liens avec ce dernier sont assez ténus, comme si notre homme n’avait pas encore décidé de se lancer dans une véritable œuvre au long cours à ce stade.

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Czevak to the Dark Tower Came – R. Sanders [40K] :

INTRIGUE :

Czevak to the Dark Tower CameLe calme profond de la lune Savignor, centre de recherche et de formation réputé parmi l’élite du Segmentum Obscurus, est brutalement brisé par l’arrivée pétaradante de l’Inquisiteur Bronislaw Czevak, qui franchit l’un des portails de la Toile aux manettes d’une motojet sans nul doute « empruntée » à une connaissance Eldar.

Si les universitaires qui composent la majorité des habitants de ce petit havre de paix et d’ordre dans une galaxie tourmentée s’offusquent de cette arrivée bruyante autant qu’inattendue, ils n’en donnent pas signe. Ils ont pour cela une bonne raison, comme Czevak ne tarde pas à le découvrir une fois qu’il a terminé des faire des burn dans les pelouses de son ancien QG (il a étudié sur Savignor en son jeune temps) : ils sont tous morts. Un suicide de masse semble avoir été décrété sur la lune il y a quelques heures, et les Savignoriens, en bons sujets de l’Imperium, se sont pliés à cette injonction morbide sans rechigner. Comme c’est gentil de leur part.

Enquêter sur les raisons de cet acte de folie collective aurait sans doute pris des plombes, mais heureusement notre héros a de bonnes raisons de suspecter que ce fieffé coquin d’Ahzek Ahriman est derrière tout ça (comme il était derrière Tizca). Czevak part donc à fond de train en direction de la fameuse Tour Sombre de Savignor, où sont enfermés les reliques et tomes les plus dangereux de la collection planétaire afin de préserver l’Imperium de leur sinistre influence tout en permettant aux quelques esprits assez aiguisés pour cette tâche de consulter ces archives interdites. Si le concept ressemble furieusement à la Bibliothèque Interdite des Eldars, où Czevak a finalement réussi à obtenir sa carte (‘Atlas Infernal’), ce n’est absolument pas une coïncidence. Malheureusement pour les gardiens de la Tour Sombre, le Materium est beaucoup trop accessible aux ruffians de tout espèce, et le petit contingent de Gardes Impériaux (en robe !) stationné sur la lune pour en assurer la sécurité n’a rien pu faire contre la fureur méthodique des Rubric Marines d’Ahriman, comme les impacts de bolter parsemant les murs et les corps croisés par Czevak le montrent bien.

Après une ascension éprouvante et capacitiste (il n’y a aucun ascenseur dans la Tour Sombre, soi-disant pour permettre aux visiteurs de discuter et débattre entre eux sur le chemin de la connaissance), notre héros arrive à l’épicentre du drame qui s’est joué sur Savignor. Dans un hall d’exposition comme la Tour en compte des dizaines, les éclats épars d’une statue de cristal jonchent le sol. Cette statue, un jeune Czevak l’avait contemplée un jour qu’il était entré par effraction dans la Tour Sombre (dont le niveau de protection laisse vraiment à désirer), sans comprendre qu’il s’agissait des restes d’un Prophète Eldar trèèèèèèèèès âgé. Ce n’est que des années plus tard, et grâce aux connaissances glanées au contact des Prophètes Blancs de la Bibliothèque Interdite, que l’Inquisiteur a réalisé que cette statue kitschissime était une relique psychique d’une valeur incommensurable, dont l’un des nombreux usages pouvait être un catalyseur de prophétie, ou quelque chose comme ça (vous voyez l’idée).

On ne saura pas comment Ahriman eut vent de l’existence et de la localisation de cette statue, mais force est de constater qu’il a réussi son coup, comme les fragments cristallins et la très lourde ambiance planant sur les décombres le laissent constater. L’esprit endurci de Czevak et la protection apportée par l’Atlas Infernal lui permettent de ne pas succomber à la même sinistrose terminale que celle qui a déferlé sur les pauvres Savignorais lorsque que le Sorcier suédois s’est offert une latte de crystal meth, mais les nouvelles ne sont pas bonnes pour autant. Il semble qu’Ahriman ait localisé un fil de destinée qui lui permettrait d’atteindre son but : être élevé au rang de divinité (mineure, faut pas déconner) du Chaos. À Bronislaw Czevak d’empêcher cette ascension s’il le peut : le sort de l’Imperium pourrait bien en dépendre…

AVIS :

Rob Sanders poursuit sa biographie de l’Inquisiteur Czevak dans ce court (sauf le titre) ‘Czevak to the Dark Tower Came1’, publié après la sortie du roman ‘Atlas Infernal’, déjà consacré à ce membre iconoclaste des Saints Ordos. On sent une volonté de l’auteur de remettre une pièce dans la machine, et de redonner un but à son héros bariolé après les événements narrés dans le long format précédemment cité. Le résultat est convenable, les miettes de fluff relatifs à Czevak et au Segmentum Obscurus que contiennent ces quelques pages venant agréablement compléter une intrigue simple mais bien alignée avec les canons du grimdark (il n’y a qu’à 40K que des millions de personnes peuvent se suicider après qu’une babiole en cristal de roche ait été fracassée au sol). Ayant déjà lu le reste des travaux Czevakiens de Sanders au moment où je m’attèle à cette revue, je peux malheureusement vous assurer qu’il est mieux de laisser définitivement le bon Inquisiteur sur ce relatif succès narratif, plutôt que de s’affliger les péripéties pataudes que Sanders et la BL crurent bon de développer dans ‘Necessary Evil’ et ‘Shadow Play’.

1 : Une référence au poème de ‘Childe Roland to the Dark Tower Came’ Robert Browning, lui-même inspiré d’une tirade du ‘Roi Lear’ de Shakespeare. C’est la même « tour sombre » qui inspira également les œuvres de C. S. Lewis (le papa des ‘Chroniques de Narnia’) et de Stephen King.

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Veritas Ferrum – D. Annandale [HH] :

INTRIGUE :

Veritas FerrumIl est des événements auxquels il vaut mieux arriver tôt pour être certain de les expérimenter dans les meilleures conditions. Qu’il s’agisse de se retrouver au 78ème rang d’un concert à la sono capricieuse, ou de découvrir que le bar ne sert plus que des soft, on a tous connu des grands moments de solitude de temps à autres. Fort heureusement (?) pour le Capitaine Durun Atticus et son contingent d’Iron Hands embarqués sur le Veritas Ferrum, le massacre d’Isstvan V ne se déroula pas selon la règle du « premier arrivé, premier servi ». Bien que relégués dans la seconde vague medusane à cause de l’empressement de Ferrus Manus d’aller mettre une taloche à ses frangins rebelles, et ainsi gagner la gratitude (à défaut de l’amour, ce serait trop demander) paternelle, Atticus et ses Space Marines arrivent dans le système à temps pour bénéficier de la légendaire hospitalité des légions renégates, et le Veritas Ferrum se retrouve engagé par deux croiseurs des Night Lords et de l’Alpha Legion à peine sorti du point de Mandeville. On peut dire ce qu’on veut de lui, mais Horus a toujours été un hôte prévenant.

Trop pragmatique et désincarné pour se ronger les ongles (par absence de dents et d’ongles) devant ce coup du sort, Atticus passe en mode MathHammer et prend les décisions qui s’imposent pour sortir victorieux de ce threesome non désiré. Rencardé sur la situation désastreuse des loyalistes à la surface d’Isstvan V et le probable décès de son Primarque par les extraits de communication entre unités Iron Hands captés par le pont du Veritas Ferrum, le pragmatique Capitaine ordonne la retraite, conscient qu’il est de sa responsabilité de sauver ce qui peut l’être de sa Légion de cette débâcle.

C’est le moment que choisissent deux Thunderhawks Salamanders pour se joindre aux réjouissances, talonnés par une escadre de vaisseaux Sons of Horus et Emperor’s Children. À leur bord, le Sergent Khi’dem contacte le Veritas Ferrum pour l’implorer de les prendre en stop avant qu’il ne leur arrive malheur, et parvient à toucher une des rares cordes sensibles d’Atticus lorsqu’il révèle que des Iron Hands font partie des survivants ramassés par les altruistes fils de Vulkan avant leur départ en catastrophe. Atticus se ravise donc, et le Veritas Ferrum se jette dans la gueule du loup lunaire1 pour prendre à son bord les Thunderhawks durement éprouvés, héritant au passage de quelques dommages supplémentaires dont une brèche critique sur un flanc.

Au final, l’acte chevaleresque d’Atticus lui coûte plus de vies d’Astartes qu’il n’en rapporte (c’est ce qui s’appelle se faire ratio au 31ème millénaire), et le saut Warp que le Veritas Ferrum s’apprête à faire pour semer ses poursuivants s’avère des plus risqués, les dommages de coque subis lors de la dernière canonnade ayant compromis son intégrité. Les mains de fer et leurs amis à écailles et à plumes parviendront-ils à s’en sortir ? La réponse au prochain épisode…

1 : Enfin plus vraiment à ce stade, mais si vous avez compris la référence, vous excuserez la blague (ou l’inverse).

AVIS :

Prologue du plus mauvais (ou en tout cas, le moins bien accueilli par la communauté, comme sa note de 3.23 – aux dernières nouvelles – sur GoodReads le montre) roman de l’Hérésie d’Horus, ‘Veritas Ferrum’ n’est pas aussi mauvais que son infâme filiation pourrait le laisser craindre. Cette petite nouvelle permet ainsi d’illustrer le côté sans concession des Iron Hands, prêts à abandonner leurs frères et leur Primarque sur le champ de bataille si cela leur permet de maximiser leurs chances de remporter la campagne. Pas mémorable, mais pas abominable non plus.

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Et voilà qui conclut cette revue, tardive mais pas inutile (en tout cas je l’espère) du Black Library 2012 Advent Calendar. Je dois reconnaître que j’ai été favorablement surpris par la qualité des soumissions proposées par les 24 auteurs rassemblés par les pontes de Nottingham pour cette expérimentation festive, malgré un format peu évident à négocier et une offre commerciale réservée à la clientèle la plus aisée de ce hobby de riches qui est le nôtre. Rien que pour ce dernier facteur, je ne regrette pas d’avoir fait l’impasse sur ce bundle à sa sortie, tout comme je ne regrette pas d’avoir parcouru cette sélection de microfictions écrites par quelques-unes de meilleures plumes de la GW-Fiction. Vous parlez d’un paradoxe. Rendez-vous dans un futur incertain mais sans doute pas trop lointain pour la suite de la série, dont vous pouvez déjà deviner l’année, sans nul doute…

BLACK LIBRARY WEEKENDER ANTHOLOGY II [Recueil]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette chronique de la Black Library Weekender Anthology II, miroir du premier tome de cette fameuse duologie (chroniquée ici). Pour ceux qui n’ont pas suivi l’épisode précédent – les monstres – il s’agit d’un recueil de six nouvelles diffusé uniquement lors du deuxième jour du Black Library Weekender de 2012, soit le dimanche 4 novembre, pour être exact. Il ne fallait donc pas rater ce moment, ni cet endroit, mais heureusement la plupart1 des histoires mises au sommaire de la BLWA II ont été ressorties plus tard, ce qui permet d’en livrer l’analyse a posteriori.

1 : Le ‘Shadow Play’ de Rob Sanders reste toutefois – presque – introuvable ailleurs au moment où cette chronique est écrite, et vu la soudaineté avec laquelle cet auteur a cessé sa collaboration avec la Black Library à cette époque, je doute que la nouvelle sera republiée…

Black Library Weekender Anthology II

Je dois avouer que de tous les ouvrages de ce type dont j’ai retrouvé la trace, la Black Library Weekender Anthology II est celui qui m’intéressait le plus, pour la simple raison qu’il s’agissait le seul du lot dont je n’avais précédemment chroniqué aucune nouvelle. La BL ayant horreur du gâchis, beaucoup des nouvelles publiées dans ces anthologies « de prestige » dans les années qui ont suivi, faisant de ce codex incognitus une véritable rareté, d’autant plus que les auteurs mis à contribution ici, à l’exception de George Mann peut-être, sont des figures bien connues de la GW-Fiction. Ce relatif anonymat dissimule-t-il quelques gemmes cachées, ou bien cette discrétion de la part de la BL était-elle méritée ? C’est ce que nous allons voir…

Black Library Weekender Anthology II

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The Divine Word – G. Thorpe [HH] :

INTRIGUE :

The Divine WordL’Hérésie ne prend pas de vacances, et la cohorte Therion de Marcus Valerius non plus. Engagés sur le théâtre d’Euesa, monde tenu par les renégats et sur la to take back list de la Raven Guard, les braves soldats de MV commencent la nouvelle par une retraite infamante, l’assaut sur les murs de la cité de Milvian ayant été repoussé par un champ de force à éclair (très stylé) non prévu sur la feuille de match par le Vice-Caesari. Comme le rappelle – gentiment – le Commandant Branne de la XIXème Légion, il serait cependant préférable que les auxiliaires se sortent les doigts du cloaque, car de cela dépend le succès d’un futur assaut direct des Space Marines sur le bunker où s’est réfugié le haut commandement ennemi. Ce dernier, pas plus bête que le clampin moyen, sera relocalisé dans un nouvel emplacement sécurisé sous quelques heures, ce qui oblige la cohorte à accomplir ses objectifs avant le lendemain midi. Grosse pression, donc.

En ces moments difficiles, Valerius peut heureusement compter sur le soutien indéfectible de son adjudant Pelon, toujours là pour lui enlever ses bottes, lui repasser ses uniformes, lui servir de réveil, et lui proposer de lire une copie fan made du (pas encore) fameux Lectitio Divinatus, dont il s’est procuré une version en parlant à son dealer un camarade. Refus catégorique de la part de Marlerius, qui a décidé que la spiritualité, c’était un passe-temps trop frivole pour un guerrier tel que lui1, et gourmande vertement son aide de camp sur la vacuité de ses lectures. Notre héros peut aussi, et c’est assez drôle si on considère le point précédent, se reposer sur sa capacité à faire des songes cryptiques mais prémonitoires pour établir ses plans de bataille. Une petite sieste réparatrice lui permet ainsi de visiter une prairie herbeuse, où des serpents venimeux lui mordent cruellement le bedon, et se révèlent être les têtes d’une hydre. CA C’EST DU SYMBOLE. Ah, et il a des troupes, véhicules et titans à ne plus savoir quoi en faire aussi, ce qui est appréciable (et donne une bonne idée du stratège génial qu’il doit être). Mais je suis un peu mesquin, je l’avoue.

Ragaillardi par son roupillon, Marcus se rend à son conseil de guerre et décide… de continuer comme avant. Après tout, si ça n’a pas marché la première fois, c’est parce que l’ennemi a été fourbe, et pas du tout parce que ses plans étaient mal conçus. Maintenant que la cohorte Therion sait que les générateurs sont très très importants, alors qu’ils n’étaient que très importants précédemment, la victoire lui tend les bras. Un vague pressentiment le mène aussi à laisser dix compagnies et deux Titans en réserve dans le village qui verrouille le flanc impérial, malgré l’absence de signes annonçant une contre-attaque à cet endroit. Le flair des vieux briscards, c’est important.

Bien entendu, cette intuition se révélera payante lorsqu’une petite force de l’Alpha Legion se faisant passer pour des Raven Guards tentera une remontada de la dernière chance alors que l’assaut principal sur Milvian était sur le point de réussir. Faisant une fois encore confiance à son instinct, Marcus ordonne à ses troupes d’ouvrir le feu sur les Space Marines s’étant matérialisés sur le flanc impérial, quand bien même ces derniers utilisent des codes un peu datés mais toujours valides. Ce coup de génie militaire, comme ses officiers le considèrent, permet à la cohorte de prendre les murs de la cité dans les délais impartis, et à la Raven Guard de décapiter le commandement ennemi dans la foulée quelques minutes plus tard.

Notre histoire se termine à nouveau sur le lit de Marcus (décidément, c’est un gros dormeur), qui demande à Pelon de lui passer sa copie du Lectitio Divinatus, finalement et tout bien considéré. Après tout, il n’y a que les abrutis qui ne changent pas d’avis…

1 : Je crois que ce revirement à 180°C s’explique par sa déception de n’avoir pas eu la confirmation de Corax qu’il avait effectivement pensé très fort à lui pendant la galère d’Isstvan V. Les otakus sont des grands fragiles.

AVIS :

Dans une répétition à moindre enjeu (pas de Primarque emplumé à sauver cette fois) de ‘Raven’s Flight’, Marcus Valerius se débat dans les affres de la foi à un moment où le concept était considéré comme définitivement has been du côté des fidèles (pas dans ce sens-là, hein) de l’Empereur. Ici, pas de Space Marines circonspects à rallier à sa cause, ni de blocus orbital à braver, mais seulement une cité ennemie à prendre en mode contre la montre, avec quelques visions animalo-mystiques pour guider notre crédule héros jusqu’à la bonne décision. La seule petite différence que l’on peut mettre sur le compte de ‘The Divine Word’ est la tentative – vaine – du Vice-Caesari de (re)devenir l’être rationnel que tout le monde s’attend qu’il soit. Pour le reste, c’est du déjà lu, et donc pas l’épisode le plus intéressant de l’arc valerian qui soit.

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Old Scars – G. Mann [40K] :

INTRIGUE :

Old ScarsIl est précisément 07:13 lorsque notre histoire commence, dans la Barge de Bataille Pride of Tauron des Brazen Minotaurs. Appelés à l’aide par les habitants de la planète de Karos, orbitant autour de deux soleils en fin de vie responsables des températures glacées affligeant la planète depuis quelques millénaires (à l’échelle cosmique, c’est quand même pas de chance d’avoir bâti sa civilisation « pile » à ce moment), les Space Marines du Capitaine Daed s’apprêtent à porter le feu et le fer aux envahisseurs Orks étant venus en classe de neige sur ce monde gelé. Pour Daed, il est temps de se faire briefer sur l’histoire locale par nul autre que son serf personnel, Pradeus, qui a apparemment visité ce monde pendant sa prime jeunesse. Cette savante contextualisation, faite pendant que le Minotaure bronzé se dessape, est interrompue par l’arrivée du deuxième individu le plus calé en Karosserie du Pride of Tauron, le Chef Archiviste Theseon, qui rappelle à l’officier en plein strip tease qu’il s’est fait joliment corrigé par les peaux vertes lors de la campagne de Praxis, ce qui est… cathartique, j’imagine ? Pas le temps de traîner cependant, car l’impétueux Capitaine veut mettre pied sur Karos dans l’heure, laissant très peu de temps à Pradeus pour astiquer l’armure, encore tachée du « sang des traîtres » (dixit Daed1), de son patron. Si ce n’est pas du management toxique, je ne sais pas ce que c’est. Mais que font les RH du Chapitre ?

À 08:09, la Compagnie de Daed prend le chemin de la surface pour rencontrer les derniers Gardes Impériaux non congelés de la planète. Malgré quelques tirs de DCA tardifs, l’expédition arrive à bon port et nous faisons la connaissance du Lieutenant Ariseth, emmitouflé sous trois couches de fourrure et très pessimiste quant aux chances de l’Imperium de triompher sur ce théâtre d’opérations. Plus que les températures et le moral de ses troupes, tous deux fermement négatifs, c’est la capacité des Orks à prévoir toutes les offensives de la Garde qui fait douter le Lieutenant de l’issue de ce conflit. À cela, Daed oppose son écrasant sentiment de supériorité sur les humains non augmentés3, renforcé par un désir brûlant de se venger du Big Boss adverse, qui se révèle être cette crevure de Grakka ! Quoi, ça ne vous dit rien ? Mais enfin, c’est le même Grakka qui a chatouillé les dorsaux de notre héros sur Praxis, le laissant avec une cicatrice impressionnante de l’épaule à la fesse (ou la croupe, vu son Chapitre) ! Cette fois-ci, c’est donc personnel, et malgré le rapport de force très défavorable – il y aurait au moins 5.000 Orks à la surface de la planète, c’est ENORME – Daed est décidé à porter un coup décisif sur le QG ennemi, qu’Ariseth lui apprend être une des cheminées thermiques évacuant la chaleur des ruches souterraines.

En dépit des protestations de son escouade de commandement, si mémorable que je me garderais d’en nommer les membres (#DontNameTheThrole), le Minotaine (ou Capitaure si vous êtes de Toulouse) lance donc un assaut aéroporté sur le repaire de Grakka… qui se retrouve rapidement contrecarré par un déluge de balles et de missiles, comme si une fois encore, quelqu’un avait glissé le plan de bataille des impériaux aux Orks. Alors que tout semble perdu pour les vaches énergétiques, Daed arrivera-t-il à renverser la vapeur ?

Début spoiler…A cela, la réponse au sens strict du terme est non. En revanche, il peut compter sur les bons conseils de Theseon, qui prend le commandement de l’assaut au moment décisif et ordonne une frappe non pas sur la première, mais sur la seconde cheminée (elles sont toutes alignées sur des centaines de kilomètres) thermique, bien moins défendue. En résulte une grande explosion en chaîne4, qui annihile la majorité des Orks du périmètre, et permet aux Brazen Minotaurs de remporter la bataille et le conflit avant le film de 20:55. Sur le chemin du retour, l’Archiviste explique à l’officier furibard qu’il a volontairement tenu son plan secret jusqu’au dernier moment pour éviter que le Bizarboy de Grakka ne lise dans les pensées du Capitaine, comme il l’avait fait auparavant. Pragmatique, Daed accepte d’avoir été le dindon de cette farce, et va se passer les nerfs en découpant les derniers survivants Orks en compagnie de sa Compagnie, laissant Theseon rêver à sa prochaine rencontre avec son propre meilleur ennemi, l’infâme Gideous Krall… Me dîtes pas que vous ne le connaissez pas non pl-Fin spoiler

1 : Ce qui indique soit que les Brazen Minotaurs se sont battus contre des Space Marines du Chaos en orbite de la planète (ce qui serait tout de même pas de chance), soit que Daed a mariné dans son armure pendant les jours/semaines séparant l’accrochage avec les renégats et l’arrivée dans le système de Karos.
2 : On ne saura jamais si Daed a été grateful de l’efficacité de Pradeus, ni si cette blague a trouvé son public.
3 : Pour la simple et bonne raison qu’ils, et je cite, « ne peuvent pas flexer ».
4 : Qui va probablement condamner les civils réfugiés dans les ruches de Karios à mourir ébouillantés, la chaleur géothermique ne pouvant plus s’échapper vers la surface. Mais c’est un détail.

AVIS :

Nouvelle filler par excellence, ‘Old Scars’ se voit comme une démonstration de l’efficacité clinique des Space Marines, capable de vaincre un ennemi en moins d’une journée, mais ne se révèle être qu’une histoire assez médiocre, handicapée par un scénario bancal et complaisant. Si l’idée de jouer sur la désinformation intentionnelle pour vaincre un ennemi trop sûr de lui est intéressante en soi, tout s’enchaine trop rapidement pour que la révélation finale n’apporte la moindre satisfaction au lecteur, brinquebalé d’un bout à l’autre de la nouvelle aux côtés du couturé Daed et du taiseux Theseon. La revanche du Capitaine meurtri contre sa Némésis verte, qui semblait être le point d’orgue logique de ce ’Old Scars’, n’aura finalement pas lieu, grâce à un tir précis de Thunderhawk et une réaction en chaîne très commode pour clore les débats d’une manière définitive. Vous parlez d’un speed run ! Au moins, Mann nous épargne une énième Space Marinade goût bolt porn, il faut lui reconnaître cela. Espérons que la suite de sa saga consacrée aux Brazen Minotaurs se révèle d’un autre calibre.

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The Great Maw – L. J. Goulding [WFB] :

INTRIGUE :

The Great MawAlors que la situation diplomatique avec la tribu ogre des Bonecrunchers, jusqu’ici employée comme mercenaire par la comtesse von Liebwitz pour limiter ses gloutonnes déprédations, est en train de se tendre méchamment, du fait d’une remarque malheureuse faite par feu le Baron Helmut von Streissen au chef tribal Gurthodd (qui l’a très mal prise, comme quoi on peut être un colosse de 3 mètres pour une demie tonne et avoir le cuir sensible), un conclave d’experts et de savants de la renommée université de Nuln se réunit pour conseiller l’Electrice sur la marche à suivre. La parole est donnée à un illustre professeur es ogrologie, qui se lance dans un exposé destiné à donner à ses estimés collègues les bases en matière de culture et croyances ogrines. Il sera en effet difficile de parvenir à une résolution pacifique de ce conflit latent si les impériaux passent leur temps à froisser la sensibilité de ces immigrés peu commodes, pas vrai ? Nous voilà donc embarqués dans la leçon inaugurale de Ogre Study 101, qui portera sur une figure incontournable de l’histoire de cette race insatiable : le prophète de la Gueule en personne, Groth N’a qu’un Doigt.

En des temps très anciens, les ancêtres des Ogres vivaient assez paisiblement dans l’empire de Cathay, où ils louaient leurs bras musclés et leur carrure imposante comme soldats dans les armées de l’Empereur Dragon. La tribu la plus puissante était celle des Lass’ar, menée par le vieux chef Rothyogg, dont Groth était le fils. Philosophe dans l’âme mais doté de capacités cognitives assez limitées, comme les autres membres de son espèce, Groth passait tout son temps à écouter et apprendre les contes et légendes racontés par les voyageurs croisant le chemin de sa tribu, plutôt qu’à se castagner avec ses petits camarades pour se positionner comme le digne héritier de son paternel. Bref, un nerd de la pire espèce, malgré son gabarit des plus respectables. Laissé à l’arrière pendant que Rothyogg et ses guerriers partaient guerroyer dans l’Est, Groth eut la lourde tâche d’expliquer à son père à son retour pourquoi les trésoriers payeurs de l’Empereur étaient partis sans honorer leur contrat, laissant la tribu fort dépourvue quand l’hiver fut viendu. Pendant que les Ogres combattaient en première ligne, des rumeurs avaient commencé à circuler à la cour sur des disparitions fréquentes d’enfants de paysans à proximité du camp des Lass’ar. En l’espace de quelques mois, une réputation d’anthropophagie avait été accolée à ces imposants mercenaires, provoquant l’hostilité du puissant monarque (et l’arrêt de tout paiement, parce que les sanctions commencent toujours par ça).

Malgré l’incrédulité de Rothyogg devant cette accusation non fondée, Groth continua sur sa lancée et révéla à son père qu’il avait eu de funestes visions. La comète qui grossissait sans cesse au firmament ne tarderait pas à frapper le monde, et condamnerait la race des Ogres quand elle le ferait. Ce délire mystique passa moyennement chez le pragmatique (et passablement affamé) Rothyogg, qui maudit son rejeton et en vint à souhaiter de l’avoir noyé dans l’abreuvoir à Rhinox à sa naissance, ce qui n’est tout de même pas très sympa. « Toi d’abord, na !!! » rétorqua l’éloquent Groth, ce qui provoqua un malaise cardiaque chez son père, sans doute terrassé par la puissante rhétorique de son fiston. Ayant dit ce qu’il avait à dire, Groth partit seul en direction des montagnes, laissant Rothyogg aux bons soins du reste de la tribu. Malheureusement, la pose d’un pacemaker bricolé de toute pièce s’avéra fatale au patriarche éprouvé, qui décéda peu de temps après l’algarade, laissant le leadership et sa masse en cuivre au jeune et fringant Gilmog.

Comme annoncé par Groth, la comète frappa de plein fouet la chaîne des Montagnes des Larmes, provoquant une série de cataclysmes qui décimèrent les Ogres, et pire, les affamèrent cruellement. Persona non grata (et non gras non plus), les Lass’ar prirent le chemin de l’Ouest, et en furent réduits à dévorer leurs morts faute d’autres victuailles, point de départ de la longue tradition de gros mangeurs d’à peu près n’importe quoi que nous leur connaissons aujourd’hui. Pour les érudits qui ont étudié la question d’un point de vue sociologico-philosophique (eh oui, certains l’ont fait), de là vient le comportement « égoïste » (ils prennent, i.e. bouffent, mais ne donnent jamais) des Ogres, encore traumatisés par le jeûne forcé subi par leurs ancêtres pendant leur exil. Mais nous digressons. Après des semaines de marche éreintante, Gilmog et ses suivants atteignirent enfin les contreforts des Montagnes des Larmes, et commencèrent l’ascension pour passer en des terres plus clémentes, certains n’hésitant pas à ingurgiter de la roche pour tromper leur fringale (de là vient sans doute l’appellation Ventre Dur). Un matin, avant que l’ordre de marche ne soit donné, une silhouette solitaire apparut à quelque distance du campement, et demanda à parler à Gilmog…

Début spoiler…C’était Groth, totalement métamorphosé (et pas en bien) par l’épreuve, mais plus mystique que jamais. Quand Gilmog lui demanda, goguenard, comment il avait réussi à survivre seul alors que tant d’Ogres étaient morts, le voyageur révéla ses mains suppliciées, dont tous les doigts sauf un avaient été arrachés et dévorés par le prophète. Pas sûr que ça apporte beaucoup de calories, mais ça vous pose un homme Ogre. Groth avait également dégusté côté visage, s’étant fait remplacer les dents par des silex taillés en pointe, et ayant découpé (et probablement ingéré) tous les tissus mous de sa propre tête (lèvres, joues, nez, paupières…) pour un look franchement répugnant. Ces transformations lui avaient toutefois permis d’atteindre une clairvoyance des plus troublantes, au point de révéler aux membres de la tribu qui suivaient les échanges en suçotant des cailloux pour tromper leur faim que c’était Gilmog, qualifié de tyran (wink wink) par son interlocuteur, qui avait provoqué l’ire de l’Empereur Dragon en dévorant le premier des enfants cathayens lors de la dernière campagne des Lass’ar. Cette révélation provoqua un mouvement de colère bien compréhensible chez les Ogres, pas stupides au point de ne pas tracer le lien de causalité entre le comportement déviant de leur nouveau chef et la situation peu enviable qui était maintenant la leur. Assailli de toutes parts par ses congénères, Gilmog finit battu à mort et promptement ingéré à son tour, laissant Groth prendre le commandement des opérations du côté des Lass’ar. La suite : un petit pèlerinage jusqu’à un cratère des plus pittoresques…Fin spoiler

AVIS :

Si la littérature ogre n’est pas très fournie, elle peut en revanche se targuer de pièces de haute qualité telles que cet admirable The Great Maw’, qui ne propose rien de moins qu’une version romancée de la difficile renaissance de cette noble et insatiable race. Se basant sur le background du Livre d’Armée, Goulding étoffe la légende du mythique Groth N’a qu’un Doigt, de l’arrivée cataclysmique de la Gueule, et de la déchéance qui frappa les Ogres à cette époque cruciale de leur histoire. Outre l’apport massif de fluff que cette nouvelle apporte (on est facilement dans le top 10 de Warhammer Fantasy Battle pour un court format), Goulding n’oublie qu’une bonne histoire de GW-Fiction repose d’abord et avant tout sur la qualité de son intrigue et de ses personnages, et fait le job d’une manière tout à fait respectable sur ces deux aspects. J’ai également apprécié les libertés stylistiques qu’il a pris, en présentant son récit comme l’exposé d’un académicien de Nuln, ce qui démarque encore une fois (en bien) sa soumission du reste de la production plus classique de ses collègues. Mon seul regret à propos de ‘The Great Maw’ est, pour conclure, que cette histoire proprement exemplaire n’ait pas bénéficié d’une diffusion plus large, comme une inclusion dans le recueil ‘Time of Legends’. À l’heure où j’écris cette revue, la nouvelle est toujours disponible sur le site de la Black Library, et je vous en conseille fortement la découverte si vous êtes nostalgiques du Monde Qui Fut.

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Signal to Noise – C. Z. Dunn [40K] :

INTRIGUE :

Signal to NoiseLorsque la flottille Space Marines à laquelle elle est rattachée se fait embusquer par des pillards Eldars Noirs à proximité d’un monde mort, la Sœur Dialogus Agentha de l’Ordre du Code Déchiffré se trouve confrontée à une énigme des plus intrigantes. Alors que le Croiseur d’Attaque Inevitable Retribution est parti se camoufler dans les anneaux de la planète le temps de faire quelques réparations, échappant ainsi pour un temps aux mortels mais fragiles vaisseaux drukharis, un signal radio est capté par les instruments du bord. Après analyse, il semble qu’il s’agit d’une communication émise dans une forme de Haut Gothique encore plus archaïque que d’habitude, et que l’érudite Agentha date aux alentours du 31ème millénaire, soit au moment de la Grande Croisade. Piégé par les conditions particulières de cette planète inconnue, le message a ricoché entre la surface et l’atmosphère pendant dix mille ans, et n’ayant rien de plus pressé à faire, notre brave sœurette décide d’investiguer ce mystère plus avant.

Elle doit cependant composer avec un concurrent de taille (dans tous les sens du terme) : le Chapelain Gerataus des Black Templars, grand adepte du mansplaining et plus qu’un petit peu misogyne, qui ne se fait pas prier pour lui piquer les meilleurs bouquins et cartes dans la bibliothèque de l’Inevitable Retribution. Mais comme le Croiseur d’Attaque appartient aux Black Templars, face de crâne est dans son bon droit. Au bout de quelques heures, les deux rivaux sont convoqués sur le pont par le Castellan Kaleb, curieux d’entendre les résultats de leurs recherches avant de repartir combattre les Xenos en orbite haute. Les deux chercheurs sont formels sur un point : la planète en question se trouve être Remonora Majoris, berceau d’une civilisation humaine avancée recontactée après la Longue Nuit par les flottes d’expédition de la Grande Croisade. Ayant refusé de rejoindre Pépéland malgré le plaidoyer sincère des itérateurs impériaux, dont les échos ont été captés par les appareils de l’Inevitable Retribution, cette enclave isolationniste et aux mœurs un peu trop dépravées pour les goûts terrans fut méticuleusement bombardée par ses lointains cousins, et sa flotte détruite en orbite, créant les anneaux dans lesquels le Croiseur s’est réfugié. En revanche, un point tout à fait majeur oppose Agentha à Gerataus…

Début spoiler…Pour le Chapelain, il ne fait aucun doute que la destinée de Remonora Majoris a été décidée par l’Empereur en personne, qui a lui-même ordonné la destruction de la planète. La Sœur Dialogus, qui a beaucoup plus de connaissances que le Black Templar en historiographie impériale du fait de sa spécialisation, est en revanche catégorique sur le fait que cette version de l’histoire a été réécrite pendant la Purge qui a suivi la fin de l’Hérésie. Ce n’est pas l’Empereur qui était présent en orbite de Remonora Majoris au moment des faits, mais bel et bien Son fils favori : Horus Lupercal. Si le résultat a été au final le même pour cette malheureuse planète, Gerataus n’apprécie pas du tout cette hypothèse, car il se faisait déjà une joie d’entendre l’authentique voix de baryton basse de Pépé 1er implorer les habitants de la planète de ne pas faire les c*ns et de participer à son Go Fund Me, ou quelque chose comme ça. Ce n’est pas tous les jours que l’on a la chance d’entendre son dieu à la radio tout de même.

Avant que le suspens ne soit levé, et sans doute pour éviter un incident regrettable entre l’armoire à glace soupe au lait et la bibliothécaire maigrichonne mais sûre de son fait, Kaleb décide d’aller fritter du Drukhari pour détendre un peu l’atmosphère. Si les Space Marines remportent la revanche, les combats sont si intenses que la pauvre Agentha se cogne violemment le crâne sur une console avant que l’extrait fatidique ne soit diffusé. À son réveil, elle peut toutefois constater que la radio du bord a été explosée à grands coups de crozius, et Kaleb lui conseille amicalement de ne pas croiser la route de Gerataus d’ici à la fin de son séjour sur l’Inevitable Retribution, ce qui indique clairement laquelle des deux hypothèses était la bonne. Video Black Templars killed the radio stars…Fin spoiler

AVIS :

Dunn choisit de brouiller les cartes et les époques et nous livre une nouvelle à mi-chemin entre l’Hérésie d’Horus et le 41ème millénaire avec ce ‘Signal to Noise’. Si la partie « contemporaine » de cette histoire (la bataille spatiale avec les Eldars Noirs) n’a pas grand intérêt, et aurait pu à mon sens être supprimée purement et simplement, celle traitant du lointain passé et de la Grande Croisade s’avère plus intéressante… de prime abord. J’avoue que je m’attendais à une petite révélation fluffique lorsque l’identification du special guest du podcast « Remonorains majeurs, je vous ai compris » a été faite, mais Dunn n’avait visiblement rien en stock à ce niveau, et se contente d’un Chapelain rageux (pléonasme) et d’une héroïne instable sur ses jambes et de constitution fragile pour conclure son récit sans rien nous apporter de nouveau de ce point de vue là. C’est assez dommage et ça retire à ‘Signal to Noise’ la plupart de son intérêt (il reste un fond de fluff, tout de même), mais comme Sœur Agentha peut en témoigner, le métier d’archiviste est fait de nombreuses désillusions.

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Bloodwalker – C. L. Werner [WFB] :

INTRIGUE :

BloodwalkerOn retrouve l’Elfe Noir démon(étisé) le plus populaire de la Black Library, Malus Darkblade en personne, alors qu’il chevauche son fidèle Spite en direction de Hag Graef après avoir fait son affaire à l’affreux squatteur de corps et voleur d’âme qui lui avait fait des misères pendant une très longue (mais également très courte) année. La route est longue, le fond de l’air est frais et la faim se fait sentir, mais ces préoccupations très terre à terre sont mises de côté lorsqu’une bande de chevaliers sur sangs-froids s’extirpent des bas-côtés de la piste pour attaquer notre anti-héros éprouvé sans sommation. Dans son malheur, Malus peut toutefois compter sur son matos totalement OP (l’Epée du Warp, pour être précis) pour corriger les hooligans venus lui chercher des noises. Après un combat à sens unique, le dernier malotru choisit de battre prudemment en retraite pour éviter de connaître le même sort que ses infortunés collègues, et avertir la commanditaire de l’attaque, la Sorcière Belladon de Naggor, de l’échec de la manœuvre. Peu étonnée par le manque de réussite de ses sbires, Bella se contente de décocher un sort mortel (par visio interposée, c’est fort tout de même) à son ultime goon, qui décède brutalement d’une hémorragie généralisée et permet ainsi au bien nommé Bloodwalker, démon sanguin par excellence, de se matérialiser dans le monde réel.

Un peu plus loin, Malus a décidé qu’il était dans son intérêt de trouver un peu de compagnie pour éviter de faire de nouvelles mauvaises rencontres, et s’est donc rendu au poste avancé de Hag Graef le plus proche dont il a la connaissance, le fortin d’Yrkool. A sa grande surprise, il reçoit un accueil de star de la part du commandant de la garnison, Nehloth, et croit à tort que ce dernier cherche simplement à gagner ses faveurs pour obtenir un poste moins minable (le népotisme étant un puissant outil de promotion chez les Druchiis). MAIS EN FAIT PAS DU TOUT. Nehloth est sous les ordres de Severin, le fils du Drachau de Hag Graef, qui cherche à renverser son père pour prendre sa place et a donc conclu un pacte secret avec la cité de Naggor (rivale de Hag Graef devant l’éternel) pour y parvenir. On ne sait pas pourquoi1, mais Naggor en veut à ce pauvre Malus et Severin est tout disposé à remettre ce nobliau turbulent à ses alliés pour gagner leurs bonnes faveurs. C’est simple.

Au bout du compte, Malus est capturé après que le pauvre Spite se soit pris un somnifère en plein museau, et aurait sans doute été victime d’un malheureux accident sur la route vers sa future prison si les plans tentaculaires des Naggorites ne s’étaient pas retournés contre eux. Le Bloodwalker vient en effet toquer à la porte, et comme sa forme démoniaque le rend invulnérable aux armes conventionnelles, il commence à massacrer la garnison de manière tellement graphique que Nehloth, qui sait pourtant que l’Epée Warp est en mesure de blesser le nouveau-venu, trouve plus prudent d’envoyer Malus faire le boulot à sa place en échange de sa liberté, mais non sans lui avoir fait jurer sur la tête l’âme de sa mère qu’il rendrait l’épée à son geôlier avant de partir. Un loot comme ça, on ne le laisse pas partir si facilement.

Short story even shorter, Malus parvient à renvoyer le démon faire du bloodwalk dans sa dimension natale, et honore sa parole en redonnant l’Épée Warp, lame en avant et en plein torse, à un Nehloth qui aurait dû être plus spécifique dans les termes du contrat. Ceci fait, il massacre les quelques gardes survivants pour camoufler ses traces, et reprend sa route avant qu’une petite force montée menée par Belladon arrive sur les lieux et constate à nouveau son échec. Ce n’est toutefois que partie remise pour les Naggorites, car la Sorcière est venue avec sa fameuse dague sacrificielle et il se trouve toujours un grouillot pour donner de sa personne pour le bien commun, pas vrai ? Ah, c’est tout le charme du livre de bataille V7 ça…

1 : Moi en tout cas, j’ai oublié depuis le temps et Werner ne fait pas vraiment d’effort pour mettre son lectorat au parfum du beef entre Darkblade et Naggor.

AVIS :

Pour sa prise en main du fameux personnage de Malus Darkblade, précédemment copiloté par le duo Abnett et Lee au début des années 2000, C. L. Werner choisit de coller de près à la conclusion de la quadrilogie initiale pour un résultat assez déroutant. Si l’intrigue de cette péripétie des plus mineures est très facile à suivre (et d’une simplicité décevante pour un auteur avec le métier de Werner), c’est le contexte qui entoure cette aventure qui reste mystérieux. Qui est Belladon, pourquoi en-a-t-elle après Darkblade, et que viennent faire Severin et Balneth Bale dans cette affaire ? Pourquoi Tzarkan n’est-il pas mentionné lors de cette nouvelle, à part à travers quelques réminiscences sur le passé troublé entre ces deux colocs, alors que le démon est sensé avoir définitivement emménagé dans l’enveloppe corporelle de l’Elfe ? Si on peut avancer que les premières questions auraient dû être résolues dans la suite des travaux de Werner (qui à ma connaissance, a tout laissé en plan pour se coller à la Fin des Temps et son casting autrement plus prestigieux), l’absence du démon tutélaire de Darkblade est en revanche assez injustifiable. Au final, on se retrouve en face d’une sorte de « faux départ » de C. L. Werner, qui aurait pu et dû faire mieux que ça.

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Shadow Play– R. Sanders [40K] :

INTRIGUE :

Nous retrouvons notre Bro préféré, l’Inquisiteur bariolé Czevak, alors qu’il passe un portail de la Toile pour pénétrer sur le monde hostile et très mal éclairé d’Umbra-Epsilon V. Comme d’habitude pour ce baroudeur galactique, la raison de sa visite est de mettre des bâtons dans les roues d’Ahriman des Thousand Sons, dont les meilleurs efforts pour prendre un abonnement à la Bibliothèque Interdite n’ont pas été couronnés de succès en plus de dix millénaires. La confiscation de la culture par une élite cultivant l’entre-soi est décidemment une triste réalité du lointain futur, et c’est regrettable.

Alors qu’il s’apprête à poser quelques bombes à fusion sur le portail de cette planète ténébreuse, Czevak se fait gauler comme un bleu par un Caballite Drukhari, appartenant à une partie de chasse de passage que Umbra-Epsilon V pour collecter quelques robustes spécimens pour les arènes de Commoragh. Emmené en captivité, l’Inquisiteur croise la route de deux compagnons d’infortune à la case prison : le pilote Huggan et Jean-Robert, cultiste du Chaos inféodé aux Thousand Sons, comme l’ouroboros qu’il s’est fait tatouer autour du crâne l’atteste formellement. Après s’être moqué du style ringard (ce qui est gonflé pour un gars qui ressemble à ça) et des espérances débiles de l’hérétique, persuadé qu’Ahriman-san viendra le secourir sous peu, Czevak est emmené par un Sslyth pour un interrogatoire serré conduit par les meneuses de l’expédition eldar noire : rien de moins que la sculpturale Lelith Hesperax, qui voulait sans doute prendre l’air, et sa concubine Lhamaeaeaeanne (quelque chose comme ça en VF). Confronté à une maîtresse de la torture et des poisons, comment l’Inquisiteur parviendra-t-il à sauver sa vie ?

Début spoiler…Eh bien, très (trop !) facilement. Vous souvenez des 12 Travaux d’Asterix, et de la séance d’hypnotisme malheureuse du mage Iris ? Eh bien c’est à peu près du même niveau ici, la pauvre empoisonneuse se faisant balader par un Czevak fort en verve, qui s’amuse à identifier un à un toutes les toxines qu’elle prévoit d’utiliser sur lui, avant de révéler qu’il est immunisé à chacune d’entre elles. Avant qu’elle n’ait pu lui planter une lame dans la jugulaire pour mettre fin à ses pitreries, Lelith Hesperax est interrompue par l’arrivée d’un de ses sous-fifres, qui l’informe que quelque chose encore plus vorace et mortel que les prédateurs déjà voraces et mortels de ce monde hostile est en train de décimer les Cabalites. Serviable, Czevak (qui a vraiment réponse à tout) lui indique qu’il s’agit sans doute des Mandragores que le précédent Archon (tué par la Lhamaeaeaeaenne) avait embauché comme mercenaires, et qui réclament leur salaire. Passablement irritée par la nullité crasse de sa tortionnaire, Lelith envoie cette dernière valdinguer dans un coin sombre avec l’enregistrement 5D de l’agonie de l’Archon, ce qui suffit à contenter les Mandragores (je vais vite parce que c’est vraiment nul).

Malgré ce fier service rendu, Lelith n’accepte de rendre leur liberté à ses captifs qu’après que l’érudit Czevak l’ait à nouveau dépannée en lui indiquant comment survivre à la méchante griffure que son ancienne amante lui a faite sur le visage au moment où elle lui a balancé son high kick fatal. Car il est bien connu que les Eldars Noirs ne peuvent revenir qu’une seule fois (et pas deux) sur leur parole, c’est écrit dans le Codex V2. Bref, les Drukharis se font la malle pour trouver de l’arnica pour leur cheffe, les humains capturés repartent de leur côté jusqu’à leur vaisseau, et Czevak est libre de faire sauter le portail comme il en avait l’intention. C’est vraiment simple le 41ème millénaire, quand on y pense…Fin spoiler

AVIS :

J’avais été déçu par ma première expérience du duo Czevak/Sanders (‘Necessary Evil’), qui lorgnait du côté des séries SF un peu cheap des années 2000 comme Stargate et Doctor Who1 plutôt que du bon vieux grimdark que j’apprécie tant. Malheureusement, ‘Shadow Play’ propose une histoire sensiblement similaire, l’Inquisiteur Czevak faisant un arrêt express sur une planète lambda pour mener à bien une mission quelconque, triomphant au passage de l’adversité avec l’assurance et le premier degré d’un héros de série B. Tout semble trop facile sous la plume de Sanders, qui bat en brèche le potentiel terrifiant des Eldars Noirs et se permet de ridiculiser (et de balafrer, ce qui est encore plus grave eut égard à son historique) Lelith Hesperax au passage1. Le rendu final est plus adapté à de la GW-Fiction édulcorée comme on peut en trouver dans la série pour enfants Warped Galaxies qu’à un public accoutumé à la noirceur nihiliste de 40K, et c’est vraiment dommage. Avec le recul apporté par cette lecture, je comprends pourquoi la BL n’a pas jugé bon de republier cette très dispensable nouvelle après sa sortie dans la Black Library Weekender Anthology II, et suis au regret de vous dire qu’il n’y a pas grand-chose à sauver de ces quelques pages.

: Une référence peut-être assumée par Rob Sanders, car l’épisode ‘Shadow Play’ de Doctor Who se déroule sur une planète bibliothèque abandonnée.
1 : Un des personnages nommés les plus maltraités par la Black Library, au passage. On se souvient que son caméo sous la plume du célèbre C. S. Goto dans ‘Menshad Korum’ n’était pas non plus à son avantage.

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Et voilà qui conclut cette revue de la Black Library Weekender Anthology II, qui s’est révélée n’ayons pas peur de le dire, assez décevante. Même si la nouvelle de Laurie Goulding mérite à coup sûr d’être lue par les amateurs de Warhammer Fantasy Battle, le reste du sommaire est plutôt médiocre, malgré la présence au casting d’auteurs confirmés et de personnages nommés charismatiques. Personne n’est à l’abri d’un coup de moins bien, semble-t-il. Rendez-vous sous peu pour poursuivre notre exploration des recueils secrets de la Black Library !