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BLACK LIBRARY 2012 ADVENT CALENDAR [40K – WFB – HH]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue du Black Library 2012 Advent Calendar, pot-pourri de 24 nouvelles et audio dramas proposé par la BL à ses afficionados pendant les semaines ayant précédé Noël 2012 (qui tomba un mardi, comme vous le savez). Si, plus de dix après, ce concept vous semblera sans doute des plus familiers, à l’époque il s’agissait d’un saut dans l’inconnu de la part de Nottingham, qui se cherchait encore en matière de publication numérique. Nous sommes donc en présence du tout premier Advent Calendar de la Black Library, ce qui peut expliquer pourquoi ce lointain ancêtre ne ressemble guère aux dernières moutures sorties par la BL.

Black Library 2012 Advent Calendar

Outre le fait que la sélection que nous allons explorer ci-dessous compte des nouvelles prenant place dans le Monde Qui Fut (ce qui ne se reproduira plus, même si la Fin des Temps ne prit place qu’en 20151), une autre différence majeure entre le millésime 2012 et ceux qui suivirent est le format des histoires publiées par la BL : croyez-le ou non, mais il fut une époque (heureusement révolue depuis lors) où les nouvelles de 1.000 mots (soit entre quatre et cinq pages) étaient vues comme un produit tout à fait valable par la Black Library. Vendues à 1,49€ l’unité2, ces ultra courts formats étaient certes rapides à écrire pour les auteurs de GW-Fiction, mais peu furent en mesure de proposer des histoires un tant soit peu intéressantes en respectant cette longueur limite. Tout le monde n’est pas Hemingway ou Monterroso.

Les 21 nouvelles et 3 audio dramas n’ont donc pas marqué l’imposant corpus de la GW-Fiction, mais doivent plus être vues comme des exercices de style de la part des plumes de la BL, et pas des moindres (Abnett, Reynolds, Wraight, Thorpe, McNeill, Werner, Counter, Mitchell, Fehervari…). Avant même de m’atteler à cette revue, je peux déjà vous dire que le rapport qualité/prix de cette sélection sera absolument exécrable (près de 90€ à débourser pour disposer de toute la série…), mais j’espère ne pas être l’abri d’une (ou deux, ou plus) bonne(s) surprise(s) dans le lot…

1 : Je pense que la décision de bazarder Warhammer Fantasy Battle a été prise par Games Workshop fin 2013, ce qui peut expliquer pourquoi la Black Library a progressivement arrêté de publier des inédits pour cette franchise historique à partir de ce moment.
2 : À l’époque. Au moment où cette critique est écrite, la BL ne s’est pas gênée pour harmoniser les prix de tous ses courts formats, et le lecteur curieux devra s’acquitter des 3,49€ réglementaires pour mettre la main sur ces quelques pages. Ça pourrait passer si la BL indiquait clairement la longueur des nouvelles sur son site, afin de ne pas piéger les fans croyant avoir affaire à des histoires plus consistantes, mais non (pas de manière systématique en tout cas). Pas très élégant.

Black Library 2012 Advent Calendar

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Born to Us – D. Abnett [40K] :

INTRIGUE :

Born to UsComme il aime bien le faire en ses vieux jours (depuis qu’il a passé son premier siècle, en tout cas), Gregor Eisenhorn, Inquisiteur vétéran ayant roulé sa bosse et son crâne chauve d’un bout à l’autre du Daniverse, se remémore les épisodes les plus marquants de sa longue carrière. Cette fois-ci, direction la planète Koradrum où Greg a enquêté sur la disparition d’un archéologiste de renom, Darred Lenhema, alors qu’il fouillait un ancien tumulus avec son équipe.

Les temps de transport au sein de l’Imperium étant ce qu’ils sont, Eisenhorn et son gros bras de service Harlon Nayl n’arrivèrent sur les lieux que deux ans après que Lenhema ait été déclaré AWOL. Il ne servait donc à rien de se ruer sur le site de fouille pour relever des empreintes, ce qui laissa un peu de temps à notre duo de choc pour se renseigner sur la culture et les croyances locales. Il s’avéra que les crédules Koradrumois considéraient l’arrivée dans le firmament d’une nouvelle étoile (en fait un simple passage en supernova d’un astre proche) comme le signe de la réincarnation prochaine d’un grand meneur, voire d’une figure divine, qui mènerait son peuple vers le salut, ou quelque chose comme ça. Eisenhorn, qui est très culturé et aime entendre le son de sa propre voix, s’empressa de faire un cours magistral au pauvre Nayl sur la récurrence du mythe de la figure – n’ayons pas peur des mots – christique au sein de l’Imperium, même si à l’approche du 41ème millénaire, peu de gens savaient d’où ce mythe provient. Et c’est bien triste, ma pauvre dame.

Sur ces entrefaites, l’Inquisiteur et son garde du corps arrivèrent à proximité du tumulus, où l’équipement de Lenhema et de son équipe gisait au sol. Il semblerait que la réponse de cette énigme se trouve à l’intérieur de l’ancienne tombe…

Début spoiler…Et comme Eisenhorn aime à le marteler, toutes les légendes, mêmes les plus farfelues, ont toujours un fond de vérité. Un messie s’était bien réveillé sur Koradrum après un sommeil millénaire, mais il s’agissait d’un Tétrarque Necron et pas d’un charpentier hippie ; et s’il a bien multiplié les pains, ce fut en direction des archéologues sans gêne ayant envahi son intimité. Nous quittons Eisenhorn et Nayl sur cette épiphanie grimdark, mais rassurez-vous, ils s’en sont tous les deux sortis…Fin spoiler

AVIS :

Des personnages populaires, un peu de fluff et une petite surprise finale pour relever le tout : Dan Abnett fait bon usage de son budget très serré de mots dans cet inconséquent mais sympathique ‘Born to Us’, qui nous permet de nous souvenir que le brave Gregor est à l’origine un membre de l’Ordo Xenos. Il y a évidemment des nouvelles bien supérieures à celle-ci dans le corpus inquisitorial d’Abnett, mais ‘Born to Us’ tient assez bien son rang, dans la catégorie poids plume.

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Binding – R. Harrison [40K] :

INTRIGUE :

BindingLe Sergent vétéran Leonen Kyarus des Imperial Fists se réveille brutalement pour constater que quelqu’un a laissé la vitre de toit de son Rhino de fonction ouverte, ce qui rafraichit considérablement l’habitacle. Ah là là, ces j- Wait a minute. La minute qui suit voit notre héros reprendre péniblement ses esprits et sortir de la ruine fumante du véhicule, constatant au passage qu’une de ses mains n’a pas survécu au crash. Plus inquiétant, le reste de son escouade manque à l’appel, alors qu’une voix désincarnée râle « frérooooot… » à la limite de sa perception auditive. La radio de son armure ne fonctionnant plus guère, Leonen en est réduit à partir à la recherche de l’homme qui murmurait à l’oreille de Lyman (hoarse whisperer, en V.O.), ce qui l’amène dans un bâtiment en ruines…

Début spoiler…Où l’attendent ses frères de bataille, qui s’étaient passés le mot pour lui faire une surprise pour son anniversaire sont tous morts autour d’un pilier de pierre trotrodark, servant de perchoir et de prison à un Démon ventriloque (sans doute un Duc du Changement, si on prend en compte ses plumes, son bec et son champ lexical de perroquet domestique). Leonen comprend en un éclair que cette abomination a attiré ses camarades jusqu’à lui pour leur voler leur âme et gagner ainsi en puissance pour se libérer de son emprisonnement, et qu’il est le prochain sur la liste. Comme le Démon lui fait doctement remarquer, ce n’est pas un combat qu’il est statistiquement en mesure de remporter, mais le brave Sergent rétorque qu’il n’est pas venu pour ça avant que le combat ne s’engage et que le rideau tombe sur notre histoire. On ne saura jamais s’il a pu utiliser les toilettes, du coup…Fin spoiler

AVIS :

Pour sa toute première histoire écrite pour le compte de la Black Library Rachel (Ray) Harrison signe une micro-fiction appliquée et assez atmosphérique (ce qui est bien), même si son dénouement tombe un peu à plat1 (ce qui l’est moins). Je pense qu’il y avait moyen de choisir un autre antagoniste pour se sortir de cette ornière, mais dans l’ensemble, c’est très honnête pour une nouvelle de 1.000 mots.

1 : Ou plutôt, suscite des questions que Harrison laisse sans réponse, faute d’espace pour les traiter. Comment le Démon a-t-il fait pour attirer un à un les Space Marines jusqu’à son pilier, alors qu’ils ont tous commencé la nouvelle dans l’épave du Rhino (et qu’on peut supposer qu’ils ne s’en seraient pas écartés aussi facilement que Leonen s’ils avaient vu que leurs camarades étaient blessés) ? Est-ce lui qui a enchainé le cadavre de Damanios à son pilier, et pourquoi ? Le Démon peut animer les cadavres de ses victimes, mais à quoi cela lui sert-il ?

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The Riddle of Scorpions – J. Reynolds [WFB] :

INTRIGUE :

The Riddle of ScorpionsZavant Konniger et son assistant Vido ont été appelés pour enquêter sur la mort suspecte d’un marchand d’Altdorf, dont le corps a été retrouvé dans la caverne d’Ali Baba qui lui servait de bureau. Jorge Mueller, car c’était son nom, s’était en effet fait une réputation dans l’importation et la vente d’artefacts rares provenant des quatre coins du Vieux Monde et au-delà, et était bien connu pour ne pas hésiter à employer des moyens douteux pour enrichir sa collection.

Comme souvent, Konniger questionne Vido pour (tenter de) développer les capacités déductives du Halfling, lui-même ayant bien sûr déjà établi sans l’ombre d’un doute le motif et le déroulé des événements ayant conduit Herr Mueller à passer l’arme à gauche. Guère intéressé par le cadavre affalé sur sa chaise, ou par les remarques de son employeur d’ailleurs, Vido préfère inspecter le bureau du défunt, et ramasse un tube finement ouvragé dont les extrémités sont occupées par une reproduction de scorpion en métal. Voilà qui ferait un presse papier de premier choix…

Mais ce que Vido prenait pour un simple objet décoratif se révèle être un piège-scorpion arabien, qui se referme sur ses doigts alors qu’il le manipule, et dont les dards se rapprochent rapidement de ses phalanges. Si l’expérience se révèle traumatisante pour le Halfling aux mains baladeuses, Konniger lui ne se départit pas de son calme et continue de tester la sagacité de son acolyte sur les causes du décès de Mueller, tout en l’informant qu’il lui suffit d’entrer le bon code sur le cadran du piège pour se libérer avant qu’il ne soit trop tard. Un vrai jeu d’enfant (d’ailleurs, c’est comme ça que les jeunes Arabiens se distraient, à ce qu’il paraît) !

Début spoiler…Au final, Vido ne parvient pas à résoudre l’énigme des scorpions avant de se faire piquer, mais comme les dards n’étaient pas empoisonnés, la seule victime à déplorer est son amour propre. Konniger entre la combinaison en un tour de main, et révèle à son serviteur éprouvé que c’est cette même mésaventure qui a causé la mort de Mueller, dont le cœur a lâché sous le stress lorsqu’il s’est trouvé par inadvertance prisonnier du piège. On peut appeler ça les risques du métier.Fin spoiler

AVIS :

Josh Reynolds ne choisit pas la facilité en tentant un whodunit dans un format 1.000 mots (1.014 ici, si on veut chipoter), mais on ne pouvait pas s’attendre à autre chose dans une nouvelle dont le héros est le légendaire Zavant Konniger. Cela fait toujours plaisir de revoir des personnages mythiques de la GW-Fiction reprendre du service sous la plume de nouveaux auteurs, et le Sage-Détective d’Altdorf est à ce titre bien tombé avec Reynolds, qui se sort honorablement de cette situation épineuse (bien mieux que Vido en tout cas). Bien sûr, le côté « énigme » de ce ‘The Riddle of Scorpions’ n’est pas très abouti, mais pour un très court format, c’est loin d’être indigent. Bravo pour le panache, M. Reynolds.

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Failure’s Reward – C. Wraight [40K] :

INTRIGUE :

Failure's RewardTarolf est ce qu’on peut considérer comme un loser du 41ème millénaire, ou plutôt, un lo(up)ser. Né sur la planète Fenris, il a tenté pendant sa jeunesse de rejoindre les fiers Guerriers Célestes (aussi connus sous le nom de Space Wolves par l’Administratum) mais quelque chose s’est mal passé pour lui pendant le sévère processus de sélections des aspirants du Chapitre le plus cabotin de l’Imperium. On ne saura jamais ce qui est parti en cacahouète pour le pauvre Mister T. mais toujours est-il qu’il s’est fait recaler. Heureusement, les Space Wolves ont une fibre sociale bien connue et ont proposé au candidat malheureux de servir l’Empereur d’une autre manière qu’en zlatanant ses ennemis à travers la galaxie, et Tarolf est donc devenu assistant armurier dans les forges du Croc.

Comme il nous le raconte avec ses propres mots (assez simples, car il est probable que les Prêtres Loups l’aient un peu lobotomisé sur les bords pour s’assurer de sa docilité1), sa tâche consiste à customiser des genouillères d’armures énergétiques, afin que les Space Wolves puissent guerroyer avec le style flamboyant pour lequel ils sont réputés à travers tout l’Imperium. Free hand de dragon, de wyrm, de troll ou de loup : Toralf est un as du poinçon, de la cire et de l’acide, et même s’il reconnait sans mal que le moindre boulot peut lui prendre des mois (ce qui est long tout de même quand on considère la taille de la pièce), l’important est d’assurer un rendu irréprochable. La qualité totale, que voilà une belle doctrine !

1 : Et fait stériliser pour les mêmes raisons, mais en cela il ne diffère sans doute pas des recrues confirmées du Chapitre…

AVIS :

Chris Wraight lorgne clairement du côté des encarts fluff des Codex et suppléments de jeu de rôle avec ce contemplatif ‘Failure’s Reward’, qui décrit avec un luxe de détails le quotidien d’un des milliers de serfs anonymes qui triment pour le compte des Space Wolves. Pas d’intrigue passionnante ou de conclusion tonitruante à attendre ici, seulement la réalité terne, assez triste et souvent violente du 41ème millénaire, « filmée » à hauteur d’homme (ou d’humanoïde, un aspirant Space Wolves n’ayant pas un physique ordinaire). Assez proche dans l’esprit du ‘Sacrifice’ de Ben Counter, qui était une autre bonne surprise du corpus de 40K.

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The Quickening – A. Smillie [40K] :

INTRIGUE :

The QuickeningL’Archiviste Balthiel des Flesh Tearers a choisi d’opérer seul derrière les lignes ennemies pour mener à bien l’assassinat du Gouverneur hérétique de Spheris, et nous le voyons faire usage de ses pouvoirs psychiques, dont son signature move : the quickening (une sorte de bullet time qui lui permet de ralentir l’écoulement du temps autour de lui), pour se débarrasser de la garde personnelle du félon. Bien que très efficace, l’abus du Warp est dangereux pour la santé mentale, et Balthiel finit la novelinette (3 pages !) en PLS, sa mission accomplie mais sa messagerie mentale submergée de spam de Démons cherchant à lui vendre des analgésiques miraculeux et/ou à lui faire rencontre des hot single spawns dans son voisinage. Bref, un jeudi ordinaire pour notre ami Flesh Pseaker.

AVIS :

Andy Smillie continue sa série consacrée à la mise en scène des pouvoirs psychiques des Blood Angels (et descendants) dans ses nouvelles Flesh Tearers avec cet insignifiant à tout point de vue ‘The Quickening’. Les amateurs de ce genre très particulier peuvent se tourner vers ‘From the Blood’ pour voir l’incroyable Balthiel utiliser le Bouclier de Sanguinius d’une manière fort peu orthodoxe (et tomber à nouveau dans les pommes, comme le gros bébé fragile qu’il est). Les autres économiseront les 3.49€ demandés pour ces quelques lignes peu mémorables1 et iront dépenser leur capital chèrement acquis ailleurs.

1 : Qui bénéficient malgré tout d’une recommandation de nul autre que James Swallow (« So visceral, you can taste the blood in your teeth »). Si ça ne vous donne pas une bonne raison supplémentaire de ne pas acheter ‘The Quickening’, vous allez vite apprendre…

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Never Forgive – G. Thorpe [WFB] :

INTRIGUE :

Never ForgivePeu de temps après la bataille de Maledor, durant laquelle le jeune (à l’époque) Malekith se fit bellement corriger par Caledor the Preums, nous faisons la connaissance d’un des lieutenants du Roi Prétendant Sorcier, Alandrian de Nagarythe. Elfe féru de grands espaces et de randonnées, il prit le parti de mener ses guerriers survivants dans le Val de Caerasin après la défaite de son camp plutôt que de se réfugier à Anlec avec le gros des troupes druchii, et eut la chance de se trouver en hauteur lorsque ce rigolo de Malekith ouvrit les vannes et noya la province sous une vague monstrueuse. Plutôt que de se lamenter sur son sort, comme il aurait été pourtant en droit de le faire, Alandrian décida de partir à la conquête de sa propre contrée submergée et marcha sur le premier village du vallon avec la ferme intention d’en faire sa base d’opérations. That’s the spirit, boy.

Malheureusement pour lui, et surtout pour ses cinq cents guerriers, le village en question était placé sous la protection de dangereux anar(chiste)s, menés par un jeune prince du nom d’Alice Alith. Bien que les Druchiis disposassent (eh oui) de l’avantage numérique, les flèches des Guerriers Fantômes ne tardèrent pas à mettre la cohorte d’Alandrian en déroute, et ce dernier ne se fit guère prier pour prendre également ses jambes à son cou. C’est alors qu’Alith Anar en personne se dressa devant sa route, lui colla une flèche dans le cuissot pour le mettre à terre, avant de lui balancer un grand coup de latte dans la tempe, remportant cet affrontement fratricide par un K.O. probant à la première reprise.

À son réveil, Alandrian se rend compte qu’il est encore en un morceau, et seulement attaché aux branches et aux racines d’un jeune arbre. Cette clémence étonne beaucoup le Druchii, qui est bien placé pour savoir qu’à Nagarythe, on ne fait pas de cadeau à l’ennemi. Alith Anar lui affirme cependant qu’il ne sera ni torturé, ni affamé ou assoiffé, comme il en avait l’intuition. Au contraire, des enfants du village qu’il avait cherché à conquérir lui apporteront de quoi boire et manger tous les jours pour le garder en bonne santé. Vraiment, ça a l’air cool d’être fait prisonnier par Alith Cooper !

Début spoiler…À court et moyen termes tout du moins. Le dessein d’Alith Anar est en effet de laisser l’arbre auquel Alandrian est attaché faire le sale boulot pour lui : dans quelques années ou décennies, les branches auront suffisamment poussé pour que l’Elfe Noir se trouve écartelé par la tension de la corde qui lie ses pieds aux racines de l’arbre. La vengeance est un plat qui se mangera quand les moules auront des gants, comme on dit à Athel Maranth…Fin spoiler

AVIS :

Continuation de son roman dédié au plus mystérieux et revanchard des Hauts Elfes (‘Shadow King’), ‘Never Forgive’ ne brille pas par la qualité de son intrigue, mais compense par les éléments fluff qu’il apporte à l’amateur de culture et d’histoire elfique, et par la fin grinçante que Thorpe a concoctée pour le pauvre Alandrian. C’est assez bien trouvé je dois dire, car cela donne une bonne idée du rapport particulier que les Elfes ont au temps, en plus d’illustrer le caractère impitoyable d’Alith Anar. C’est validé.

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Warmaster – J. French [HH] :

INTRIGUE :

WarmasterHorus profite d’un de ses rares moments de paix depuis qu’il a lancé son hérésie pour soliloquer sur le sort qui est le sien dans le confort ouaté marbré de la salle du trône du Vengeful Spirit. Comme il le dit lui-même, être Maître de Guerre n’est pas une sinécure, surtout lorsque le titre est décerné par un Empereur plus concerné par ce que le Primarque inter pares ne doit pas faire que par ce que le poste apporte comme avantages. De même, il n’est pas facile de mener à bien un coup d’état galactique quand on hérite de la moitié la plus dysfonctionnelle de la super fratrie pour jouer au régicide contre son Pépé. À tout prendre, Horus aurait bien aimé que Sanguinius, Roboute Guilliman et même Corax (un peu d’amour pour les corbeaux emo, ça fait du bien) le rejoignent, plutôt que de se coltiner les manigances tarabiscotées et inefficaces de Lorgar et d’Alpharius, les bouderies de Mortarion et la cyclothymie de Perturabo. Comme on disait à la fin de M1, if you can’t be with the ones you love, love the ones you’re with.

Qu’importe ces menus désagréments et la nullité crasse des bras cassés qui l’accompagnent, Horus sait qu’il est le surhomme pour le job, et que chaque bataille, chaque massacre, chaque désastre, sert sa cause. C’est ça l’avantage de servir le Chaos : on est autorisé à se réjouir lorsque tout part à vau l’eau, car après tout c’est ce que les patrons désirent, pas vrai ? Notre histoire se termine avec la révélation de l’identité du bienheureux individu à qui Horus a déballé ses profondes réflexions sur la conjoncture, car non, il n’est pas (encore) assez fou pour parler tout seul…

Début spoiler…Et il s’agit du psychiatre préféré des Primarques félons, Ferrus Manus en personne1. Ou son crâne, en tout cas, que le Maître de Guerre a gardé comme souvenir du bon vieux temps. Qui pourrait se lasser de prendre la tête de la Gorgone, aussi, hein ?Fin spoiler

1 : Fulgrim aussi apprécie beaucoup faire des confidences à son frère favori (‘Imperfect’).

AVIS :

Un seul en scène d’Horus, sur un livret de John French, franchement, ça se prend. Mine de rien, recueillir les états d’âme du protagoniste (et antagoniste) de l’Hérésie, c’est toujours appréciable d’autant plus que ça n’arrive pas si souvent que ça au cours de la série. French nous livre un Horus encore fréquentable, toujours charismatique, et sans langue de bois sur ses alliés aussi bien que sur ses adversaires : voilà un Primarque tel qu’on aime en voir dans les pages de la GW-Fiction. Solide.

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Dust – G. McNeill [40K] :

INTRIGUE :

DustSur la Planète des Sorciers, le plus éminent et vaniteux d’entre eux (il parle de lui à la troisième personne tout de même) a rendu une petite visite à l’un de ses collègues, le bellâtre Hegazha. Ahzek Ahriman, car c’était bien sûr lui, est venu lui faire une offre qu’il ne peut pas refuser : rejoindre son projet top secret de boys band cabale (c’est techniquement la même chose, on est d’accord) afin de trouver une cure à l’épidémie de mutation qui décime les rangs des Thousand Sons, déjà clairsemés par la dérouillée infligée par Leman Russ et ses loubards sur Prospero. Après tout, qui ne souhaiterait pas participer à une mission de bien commun comme celle-ci, hein ?

Tout naturellement, Hegazha refuse et envoie son bureau fait en volonté (c’est ‘achement rare, ça doit coûter une blinde) dans la tête de son invité. Il a de bonnes raisons pour faire la sourde oreille au plaidoyer d’Ahriman, notez : déjà frappé par la malédiction de Tzeentch, qui a changé ses mains en serres d’oiseau, Hegazha s’est engagé à fond dans la voie du body positivism, et considère ces mutations comme une bénédiction plutôt que comme un fléau. Cependant, Ahri’ n’a jamais accepté non pour réponse, et s’il doit mettre les mains dans le cambouis pour mettre sur pied sa fine équipe, ainsi soit-il. Les deux rivaux échangent donc des sorts destructeurs en haut de la tour de Hegazha, jusqu’à ce que ce dernier saute à la gorge de son visiteur et que les deux basculent dans le vide et tombent comme des pierres vers le sol, quelques centaines de mètres plus bas…

Début spoiler…Cela ne trouble pas outre mesure Ahriman, qui en tant que Corvidae a vu son avenir et sait qu’il survivra à la chute. Et en effet, avant que la collision fatale ne se produise, le wingman que l’Archiviste en chef avait missionné pour lui donner un coup de main utilise ses propres pouvoirs pour amortir l’impact, et placer Hegazha en stase. C’est ce vieil Hathor Maat qui rend ce fier service à Ahriman, et bien que ses capacités de télékine laissent encore un peu à désirer, comme les lombaires douloureuses de notre héros peuvent en témoigner, il réussit par contre parfaitement à geler Heghaza sur pied, ce qui permettra aux cabalites de l’utiliser comme ingrédient pour leur futur grand œuvre, à défaut de pouvoir compter sur sa coopération active. Waste not, want change not, comme on disait à Tizca…Fin spoiler

AVIS :

Guère plus qu’une scène coupée dans l’épopée consacrée par Graham McNeill à Ahriman et Magnus le Rouge, ‘Dust’ fait partie de ces nouvelles irritantes qui n’apportent rien aux connaisseurs, tout en étant relativement cryptiques pour le néophyte. Si vous n’êtes pas familier des cultes Thousand Sons (Corvidae et Pavoni) ou ne savez pas qui sont Hathor Maat et Phosis T’kar, ne comptez pas sur McNeill pour vous briefer sur ces sujets, ce qui est dommage car ces détails sont au centre de son propos.

Si cette histoire est donc assez décevante, il est en revanche intéressant de noter que lors de sa sortie en 2012, elle fut rattachée au corpus 40K et non Hérésie d’Horus par la Black Library, ce qui était chronologiquement possible à ce moment. Cinq ans plus tard, McNeill fit mourir Hathor Maat avant la fin de l’Hérésie dans ‘The Crimson King’, plaçant une fois pour toute ‘Dust’ dans cette franchise. Cette nouvelle peut donc être considérée comme la secret track de l’Hérésie d’Horus (et comme beaucoup de secret tracks, elle n’est pas incontournable).

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Last Watch – L. Goulding [40K] :

INTRIGUE :

Last WatchSur la planète jungle de Phirus, le frère Felgir, Space Wolf rattaché à la Death Watch, a juré de traquer et de tuer en solo le dernier1 xénomorphe tyranide souillant de son infecte présence le domaine de l’Empereur. Bien qu’il soit parmi les chasseurs les plus mortels et discrets de la galaxie, le fier Loulou se fait toutefois surprendre comme un perdreau de l’année par sa proie, et un féroce combat s’engage entre le représentant de l’humanité et celui de la Grande Dévoreuse.

Malgré ses meilleurs efforts, récompensés par un poignet douloureux pour son adversaire chitineux, Felgir se fait surclasser par la vitesse et la férocité du Lictor, mais surtout par ses fléchettes thoraciques empoisonnées (et pourtant, c’est kikoolol, on est d’accord), dont la toxicité menace de transformer la Space Watch en Death Wolf. Terrassé par les toxines xenos, Fergy développe une gueule de bois express plus carabinée que s’il avait fait un cul sec de tonneau de mjød. Il se voit mourir et le lecteur aussi : cette histoire va-t-elle se conclure dans le sang et les larmes ?

Début spoilerRéponse : oui, mais pour le Lictor. Il s’avère que le Sergent de l’escouade de Felgir n’a finalement pas permis à cette tête brûlée de soloter le dernier boss de Phirus, mais a utilisé l’imprudent Space Wolf comme appât pour débusquer l’insaisissable bestiole et lui coller un bolt au mercure dans les cervicales pendant qu’elle était occupée à martyriser notre ami velu. Tout est bien qui finit bien (sauf pour le Lictor, encore une fois), et Marek Angeloi envoie un rapport confirmant le succès de la purge de Phirus à ses maîtres de l’Ordo Xenos, et demandant à être sorti du service actif de la Death Watch pour poursuivre ses xenocides sous les couleurs de son Chapitre d’origine. Et on peut compter sur un(e) Scythe of the Emperor pour continuer à moissonner du tyty…Fin spoiler

1 : Je sais ce que vous vous dîtes : comment peut-on être sûr que c’est le dernier ? Eh bien, il semble qu’il existe une technologie impériale très précise d’identification des Lictors, puisqu’il s’agit de la seconde histoire de la Black Library (après ‘13th Legion’) où le héros piste l’ultime Tyranide de la planète. TGCBL !

AVIS :

Goulding signe une petite histoire reprenant la trame classique du « chasseur/chassé », relevée par un coup de théâtre final relativement efficace (bien aidé en cela par le fait que dans un univers aussi grimdark que Warhammer 40,000, la nouvelle aurait très bien pu se terminer par la mort de Felgir). Il donne également des nouvelles de l’un de ses personnages SotE récurrents, la forte tête Marek Angeloi, dont on ne sait pas encore à ce stade si la demande de réaffectation a été acceptée par l’Inquisition. La bureaucratie génère des délais incompressibles, c’est connu…

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Thanquol Triumphant – C. L. Werner [WFB] :

INTRIGUE :

Thanquol TriumphantServir la volonté de l’Hérésiarque Kritislik n’est pas tous les jours chose facile, et ce n’est pas Thanquol qui dira le contraire. Chargé par son boss de détruire le Clan Krawl, dont l’alliance potentielle avec le Clan Mors pourrait déséquilibrer les rapports de force à Skarogne et réduire l’influence des Prophètes Gris sur la société skaven, notre machiavélique héros a réussi à convaincre le seigneur Fissk d’emmener son armée à l’assaut du camp orque le plus proche, en lui faisant le coup de la panne de la vision prophétique (en même temps, c’est dans sa fiche de poste).

Les combats font rage et ne tournent pas franchement en faveur des hommes rats, qui se font concasser par les brutes vertes au corps à corps et bombarder de rochers à distance. Cette situation compromise fait toutefois les affaires de Thanquol, qui n’attend que l’inévitable débâcle générale de l’armée skaven pour faire une belle plus-value. Le Prophète Gris s’est en effet arrangé avec le Clan Skully (on ne peut pas toujours compter sur le Clan Moulder) pour organiser un comité d’accueil dans les galeries du Clan Krawl, et réduire en esclavage les survivants de cette bataille. Cette fortune future ne lui sera toutefois d’aucune utilité s’il ne survit pas à la mêlée, et bien qu’il ait pris le soin de se positionner dans les lignes arrière, comme il sied à son rang, l’artillerie peau verte se révèle un peu trop précise à son goût. Après avoir manqué de finir en rat-prenade deux fois de suite en l’espace de quelques minutes, Thanquol décide que la plaisanterie a assez duré et envoie une bonne malefoudre carboniser l’irritant lance-roc. Problème réglé !

Début spoiler…Mais Thanquol ne serait pas Thanquol s’il arrivait tranquillement à ses fins, bien sûr. Il y a des gens qui ont de la chance dans leur malheur, Mr T. lui a de la poisse dans son bonheur. Avant de partir en fumée, le lance-roc a le temps d’expédier une ultime cartouche dans la boîte, qui dévie franchement et écrase le seigneur de guerre orque et sa garde rapprochée, paniquant le reste de sa Waaagh ! et renforçant le moral des Skavens. Voilà qui s’appelle arracher la victoire des mâchoires de la défaite, et si ce n’était pas ce qui avait été prévu par Thanquol, ce dernier a suffisamment de métier et de vice pour tirer profit de ce résultat improbable. Après tout, n’est-il pas le génial stratège ayant guidé le Clan Krawl vers une victoire éclatante sur la vermine orque grâce à ses visions, hein ?Fin spoiler

AVIS :

Thanquol, comme ses Némésis habituelles que sont Gotrek & Felix, fait partie des personnages de la Black Library dont les apparitions sont scriptées. On sait dès la première ligne que l’ingénieux Skaven va preeeeeeeeeesque réussir à mettre en exécution un plan aussi génial que retors, échouer de la manière la plus improbable qui soit, mais réussir malgré tout à se tirer d’affaire, souvent à un poil de moustache près. Ce petit ‘Thanquol Triumphant’ peut donc être vu comme un échantillon représentatif de ce (sous) genre, dont C. L. Werner est le principal représentant. Je pense qu’il aurait pu faire preuve d’un peu plus d’inventivité dans le déroulé de ces quelques pages, qui parviennent à être répétitives en dépit de leur nombre très limité, et la fin est un peu trop cousue de fil blanc à mon goût, mais ça reste tout à fait lisible.

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The Emperor’s Chosen – M. Lee [40K] :

INTRIGUE :

The Emperor's ChosenAlors qu’il se préparait studieusement avec ses frères au prochain assaut sur Sepharis Ultra, un jeune initié Black Templar du nom de Reinhardt est frappé par une vision de l’Empereur, lui annonçant qu’il est son 100,000,000,000,000ème sujet à lui adresser une prière aujourd’hui, et qu’il a donc gagné un iphone 7 ainsi que le droit de devenir son Champion dans la prochaine campagne. Quelle chance.

Reinhardt court au Reclusiam vider son sac auprès du Chapelain Karst, qui a tôt fait d’établir la véracité de l’expérience transcendantale vécue par le frère de bataille, et fait donc mander la panoplie du parfait petit Champion dans l’arsenal de la Barge de Bataille qui amène les Black Templars jusqu’à Sepharis Ultra. Protégé par l’Armure de la Foi et équipé de l’Epée Noire1, Reinhardt aura pour mission d’abattre le meneur des Seigneurs de la Désolation, une bande de Space Marines renégats ayant conquis cette planète impériale pour accomplir leurs sombres desseins. Du succès de ce duel avec le sorcier Word Bearers X’hal Urus dépendra le destin de ce monde, mais heureusement, l’Empereur a donné ses meilleurs conseils de bretteur à Son Champion, et Reinhardt débarque donc sur le champ de bataille avec une confiance inébranlable dans ses capacités…

Début spoiler…Malheureusement pour notre fringant héros, il sait aussi que son triomphe sera de courte durée, et que X’hal Urus lui portera un coup fatal avant de mourir. Un peu comme le duel entre l’Empereur et Horus, vous me direz. C’est tellement fluff que l’on peut supposer que ce fan transi de Reinhardt n’espérait pas meilleure destinée, et si le rideau tombe sur l’affrontement entre loyalistes et hérétiques avant que ce duel fatidique n’ait vraiment débuté, on peut tout de même considérer que cette nouvelle se termine par une happy end.Fin spoiler

1 : Enfin, une des Armures de la Foi, et une des Epées Noires du Chapitre (celle-ci avait tout de même plus de 9 400 ans au moment de la campagne, c’était un vieux modèle). Il faut bien faire des compromis sur l’originalité des reliques si on veut guerroyer à travers la galaxie.

AVIS :

Plus connu pour ses travaux Crimson Fists que Black Templars, Mike Lee s’empare d’un des mythes centraux de cette fière fraternité des fils de Dorn et en tire une micro-nouvelle illustrant le fanatisme fataliste des surhommes en noir et blanc. Sans être mauvais, le résultat est assez quelconque.

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Voyage of the Sunspear – B. Counter [WFB] :

INTRIGUE :

Voyage of the SunspearLorsqu’une flotte pirate mal inspirée décide de piller le littoral d’Ulthuan, la réaction des fiers Hauts Elfes ne se fait pas attendre, et une véritable armada prend la mer pour châtier les humains qui ont cru malin de titiller Doughnut Land. Menée par la grande amirale Caladoria depuis la barre de son catamaran de combat, le Sunspear, c’est une escadre entière de navires tous plus wahou les uns que les autres qui a pris la mer et franchi les portes de Lothern pour cingler vers le Vieux Monde. Bateau-tour pour l’Archimage Galindorm, yacht cristallin pour le Prince Keldorim, navire à menhirs envoyé par la cour de la Reine Éternelle, galère à feu grégeois de Caledor, sans compter la douzaine de vaisseaux classiques et les frégates-dagues qui escortent tout ce beau monde… c’est un spectacle époustouflant qui s’offre à la vue du lecteur (et des mouettes de Lothern), et on se dit que les malheureux adversaires de cette flotte bariolée ont vraiment du souci à se faire…

Début spoiler…Enfin ça, c’est si le Sunspear et ses camarades arrivent à bon port, ce qui est loin d’être certain. La nouvelle se termine en effet dans l’habitacle enfumé du Grimnir Revenge, un sous-marin nain dont le capitaine n’hésite pas longtemps avant d’ordonner un torpillage en règle de la flotte elfique. On ne saura pas ce qui a provoqué cette réaction belliqueuse, les Hauts Elfes n’en ayant pas après les Nains à ce stade, mais faut-il une raison à ces deux races pour se tirer dans les pattes (et les coques) depuis la Guerre de la Barbe, hein ? Fin spoiler

AVIS :

Ben Counter fait un crochet par le Monde qui Fut et nous livre une nouvelle maritime que l’on devine construite autour de son twist final, ce qui se conçoit tout à fait même si pour ma part, j’ai du mal à considérer qu’un vaisseau nain ferait acte de guerre envers une flotte haut elfe sans aucune provocation, rancune ou pas rancune. La décision fatidique du capitaine Granitebrow aurait pu être motivée dans une éventuelle suite à ce (dernier) ‘Voyage of the Sunspear’, mais à ma connaissance, on en est resté là.

Chose étonnante pour un habitué de 40K, et qui n’aura (à ma connaissance) signé qu’un roman et deux nouvelles – dont celle-ci – pour la franchise medfan de la GW-Fiction, Counter ne se gêne pas pour nous balancer des tonnes de fluff au détour de ces quelques pages, et nous livrer la description la plus fouillée de la marine de guerre des Hauts Elfes qui soit1. Cela rend la lecture de ‘Voyage of the Sunspear’ indispensable pour tout amateur de lore warhammeresque devant l’éternel.

1 : Il faut tout de même noter que Dread Fleet était sorti en 2011, l’année précédent la publication de cette nouvelle. Et la page du site de la Black Library où ‘Voyage of the Sunspear’ est offert à la vente fait encore la pub pour Man O ’War Corsair (mais que font leurs stagiaires ?)…

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The Third Wise Man – N. Vincent [40K] :

INTRIGUE :

The Third Wise ManPour le frère Constantine du Chapitre des Iron Snakes, l’heure du grand oral a sonné. Notre ami ambitionne de devenir Chapelain, mais pour cela il doit convaincre trois Capitaines (Didymos, Pheus et Cules) qu’il est le surhomme pour ce poste stratégique1. Prostré au sol dans la position du supplicateur ithakien (c’est-à-dire front contre sol, bras écarté et probablement en petite tenue – on sait s’amuser chez les Chapitres d’obédience hellénique), Constantine se fait fraîchement recevoir par son jury, chacun des Capitaines y allant de sa petite anecdote honteuse sur la carrière de l’impétrant.

Didymos ouvre les hostilités en lui rappelant qu’il a perdu trois hommes de son escouade lors de la mission sur Manolis. Cules renchérit en notant qu’il a fait pire sur Hrystalla, où il a été le seul survivant de son escouade, et a pantouflé pendant sept longues saisons sur Ithaka le temps de se refaire une santé après cela. Pheus enfonce enfin le clou en évoquant son refus d’obtempérer lors de la campagne de Baltasar, durant laquelle il n’a pas daigné participer à l’assaut en drop pod sur cette planète, qui fut finalement conquise par l’ennemi et arrachée du giron de l’Empereur. Ça fait tout de même beaucoup, vous le reconnaitrez, et ce ne sont pas les plus plates contritions de Constantine, qui « endure la douleur atroce de la perte de <insert boulette here>, depuis ce jour fatidique jusqu’à aujourd’hui, les cœurs lourds », qui changeront quelque chose à cette litanie d’échecs.

Toutefois, si Constantine n’a pas toujours brillé sur le champ de bataille, il a en revanche su cultiver de solides relations, et trois d’entre elles viennent prendre sa défense. Le premier à parler n’est autre que l’incontournable Sergent Priad, qui rappelle à l’auguste assemblée que Manolis s’est terminé par une victoire impériale, et que cinq milliards de loyaux sujets de l’Empereur ont été sauvés par l’action de Constantine et de ses hommes2. Et pour marquer le coup, Priad humecte délicatement le crâne chauve et les mains tendues de son poto, dans le respect des traditions aquatiques d’Ithaka.

Le deuxième avocat de Constantine est le frère Kater Holofurnace, fraîchement revenu de la Croisade de Sabbat, qui souligne que son camarade, dont Hrystalla était la première véritable mission, a réussi à ramener avec lui les glandes progénoïdes de toute son escouade, ce qui a permis au Chapitre de reconstituer ses forces. Ça n’excuse pas tout mais c’est tout de même honorable. Et Holofurnace de dégainer à son tour sa gourde pour une petit goutte à goutte rituel.

Enfin, c’est le Maître de Chapitre Seydon qui débarque en grande pompe dans la salle d’examen, et, conscient d’être en retard, se contente de micro waterboarder Constantine comme la tradition le veut, avant de le relever et de le féliciter pour son élévation au rang de Chapelain. Ce n’est qu’un peu plus tard que nous avons le fin mot de l’histoire à propos des opérations de Baltasar. Seydon, qui n’était que Capitaine à l’époque, a pris la décision d’un assaut en drop pod contre l’avis de Constantine, et le résultat désastreux de cette initiative montra avec le recul qui était le plus malin des deux. Mais ça n’a pas empêché Seydon de faire carrière, et c’est bien la morale de cette histoire : chez les Iron Snakes, la séniorité prend toujours le pas sur la sagesse. And I think it’s beautiful…

1 : Il doit aussi leur apporter des cadeaux (deux lances et un caleçon en cuir de wyrm marin), dans la plus grande tradition du népotisme impérial.
2 : Et puis Priad ne peut pas vraiment se permettre de juger sévèrement un collègue Sergent qui a perdu des hommes au combat, lui-même n’étant pas exempt de toute critique de ce point de vue là…

AVIS :

On croyait en avoir fini avec les Iron Snakes après ‘Brothers of the Snake’, mais ces Space Marines ont la peau dure et la sympathie d’un certain nombre d’auteurs de la Black Library (en plus de celle de Dan Abnett, bien sûr), ce qui explique leur persistance discrète dans la GW-Fiction. Cette petite histoire nous en apprend un peu plus sur les rites, décidément très fétichistes (tous ces échanges de fluides en gros balèzes en petite tenue, c’est suspect), de cette confrérie écailleuse, et de passer en revue une grande partie des têtes nommées de cet auguste Chapitre. Si vous êtes fans de ce dernier, c’est donc un must read absolu, sinon, vous pourrez tout de même apprécier une histoire de Space Marines où personne ne meurt et qui se finit bien (ce qui est assez rare).

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Strike and Fade – G. Haley [HH] :

INTRIGUE :

Strike and FadeAu lendemain de la monumentale trahison d’Isstvan V, un groupe de quatre Légionnaires Salamanders (Jo’phor, Hae’Phast, Go’sol et Donak) essaie tant bien que mal de survivre dans les désolations désolantes et désolées de cette planète désormais maudite. Bien que le moral soit bas, les loyalistes peuvent compter sur des activités de team building cathartique pour tenir le coup, comme par exemple embusquer des bikers Night Lords s’étant aventurés dans la pampa pour pratiquer la chasse à courre nostramane. C’est exactement comme celle que l’on connaît, sauf qu’il faut remplacer le renard par un Raven Guard à poil (si on n’en a pas, une autre Légion fait aussi l’affaire), et les chevaux par des motos. On peut utiliser une meute si on en a une sous la main, ce qui n’était pas le cas de nos amis de la 8ème. On ne peut pas toujours tout prévoir.

Comme on peut s’y attendre, les gentils lézards règlent leur affaire aux affreux jojos avec une efficacité consommée, et en profitent pour piquer le matos et les rations de leurs victimes afin d’alimenter leur effort de guérilla. Comme on dit, les petits ruisseaux font les grandes rafales de bolter. Malheureusement, leur camarade corbeau hérite d’une blessure thoracique mortelle au cours de l’échange de tir, et meurt dans les bras du noble Joe Fort, non sans avoir exprimé sa gratitude éternelle (plus que lui en tout cas) à ses frères de bataille pour l’avoir sauvé des griffes des Night Lords. Victoire tactique et victoire morale pour les Salamanders. Qu’ils en profitent, il n’y en aura plus beaucoup d’autres d’ici à la fin de l’Hérésie…

AVIS :

Si en 2012 tout le monde connaissait déjà la grande histoire d’Isstvan V (racontée dans ‘Galaxy in Flames’ par Ben Counter dès 2006), le sort des quelques survivants épars des Légions loyalistes étant tombées dans le piège de ce fieffé fripon d’Horus n’avait pas encore été couvert par grand-monde au sein de la Black Library. Guy Haley fut donc parmi les premiers à (re)donner leurs lettres de noblesse aux losers magnifiques des Légions Brisées, bien avant que Nottingham ne leur consacre un recueil de nouvelles (2017). Cette parenthèse historique mise à part, il n’y a pas grand-chose à dire de ce ‘Strike and Fade’, qui présente les Salamanders sous l’angle favorable qu’on leur connaît, mais ne développe pas assez son quatuor de personnages pour qu’on s’attache à eux. Potable.

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Honours – J. Swallow [40K] :

INTRIGUE :

HonoursLe Capitaine de la 1ère Compagnie des Blood Angels nous fait l’honneur d’expliquer comment il a gagné ses cicatrices, armes et emblèmes au cours de sa longue carrière. Il perdit un œil dans sa jeunesse, après avoir cru pouvoir se débarrasser en solo d’un Psyker finalement plus coriace que prévu. Son Maître de Chapitre lui remit l’épée énergétique Challenger après qu’il eut gagné un tournoi de tennis, et il l’utilisa pour bannir le Prince Démon de Tzeentch Sethselameth. Après être venu au secours d’une poignée d’Imperial Fists piégés pendant deux cents ans dans le siège d’une station spatiale (le rêve absolu pour eux), les fils de Dorn lui firent cadeau d’un bolter jaune poussin. Enfin, la gemme bleue ornant l’aquila de son plastron lui est revenue après des années de bons et loyaux services1.

On apprend pour terminer que le Capichef est en fait mort au combat, tout son stuff légendaire n’ayant pas fait le poids face à une horde de peaux vertes motivés à faire du vilain sur le monde ruche de Levion Gamma. Ce sont les risques du métier.

1 : Swallow ne devait plus avoir d’idées à ce moment là de l’écriture.

AVIS :

Swallow tire le maximum du format compliqué du 1.000 mots en troussant en décrivant par ses faits d’armes notables (avec un peu de fluff dedans, c’est appréciable) d’un héros méconnu du Chapitre des Blood Angels, ce qui est tout de même plus sympa à lire qu’une micro-baston entre deux tondus et trois pelés. Il y a même un micro-twist à la fin, attention appréciable de la part de l’auteur. Toujours trop cher pour ce que c’est, mais il y a bien pire que cet ‘Honours’, soyez-en certains.

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Deliverance Detail – D. Guymer [40K] :

INTRIGUE :

Deliverance DetailLa nouvelle commence mal pour Callan, membre des Forces de Défense Planétaire d’une planète tout juste conquise par un envahisseur extraterrestre. Emmené avec ses milliers de compagnons d’infortune dans une base militaire tenue par les vainqueurs, il attend, menotté et aveuglé, que son sort soit décidé. Malgré ces circonstances difficiles, il peut au moins compter sur sa foi en l’Empereur pour tenir le coup, à condition de rester discret pendant ses prières : ses gardes ont formellement interdit aux captifs de mentionner Son nom. Qu’importe : Callan est fier d’avoir fait son devoir et de s’être battu trois longues années contre les assauts des hordes chaotiques qui se sont abattues sur sa planète…

Début spoiler…En tout cas, c’est ce qu’il (et ses camarades) croyaient, jusqu’à ce que les assaillants soient rejoints par d’authentiques Space Marines. En plus de plier la campagne avec leur efficacité légendaire, les Astartes firent réaliser à Callan et ses comparses qu’ils s’étaient battus du mauvais côté de l’histoire, la faute à la corruption des dirigeants de la planète et à leur effort de propagande plutôt efficace.

Bien que notre héros dupé se soit aussitôt rendu après avoir réalisé sa méprise, la légendaire bienveillance impériale le mena tout droit au peloton d’exécution. On ne saura pas si la Garde Impériale réserva le même sort aux quinze millions de FDP hérétiques à l’insu de leur plein gré, mais ça ne m’étonnerait qu’à moitié…Fin spoiler

AVIS :

David Guymer livre une micro-histoire tout à fait grimdark dans ce ‘Deliverance Detail’, qui illustre à merveille que l’Imperium, lui, ne fait dedans (le détail, si vous ne suivez pas) lorsqu’il s’agit de pacifier une zone de guerre. Tant pis si vous avez été victime des circonstances ou d’un tour pendable du destin, la morale de l’histoire est qu’il y en a suffisamment comme vous à travers la galaxie pour que votre injuste disparition ne chagrine personne. Personne d’important en tout cas.

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The Contest – J. Ellinger [WFB] :

INTRIGUE :

The ContestLorsque Gotrek et Felix pénètrent dans une auberge minable comme le glorieux Empire en compte tant, après s’être tiré d’une embuscade perpétrée par des bandits locaux peu de temps auparavant, ils ne s’attendaient sans doute pas à ce que leur repos bien mérité soit interrompu par de belliqueux piliers de comptoir. Le récit de leur mésaventure par un Felix encore tout encrassé par cette algarade attire en effet l’attention hostile d’un certain Boxen, dont l’un des cousins a choisi l’honnête carrière de malandrin, et qui a sans doute payé de sa vie sa rencontre malavisée avec le power duo le plus mortel du Vieux Monde. Les risques du métier.

Boxen, qui bénéficie de l’avantage numérique grâce à la présence de quatre compagnons tout aussi interlopes que lui, est tout prêt à lancer une bagarre générale pour réparer l’honneur familial, mais l’aubergiste le convainc que ce n’est pas dans son intérêt d’attirer l’attention de la milice locale sur son gang de petites frappes : aussi, l’affaire sera résolue d’une manière beaucoup plus civile. Un concours de descente de pintes est lancé sans plus tarder, le perdant se retrouvant à la merci du gagnant pour une explication de texte dans un coin tranquille et à l’abri des regards.

Gotrek, sûr de la force de son bras (et de son foie) accepte sans broncher ni réfléchir les conditions défavorables formulées par le retors Boxen avant que l’épreuve ne commence. Alors que le Nain lèvera le coude seul, Boxen et ses hommes picoleront en équipe et se partageront les pintes, rapport de force qui alerte Felix malgré les solides atouts dont le Tueur dispose en matière de picole.

Au final, et après plusieurs heures et tonneaux vidés sans pitié, le concours se termine avant que Boxen et Gotrek n’aient rendu les armes, faute de liquide alcoolisé à ingérer. Très déçu par ce match nul, Gotrek décide de se passer les nerfs sur le dernier ruffian encore debout et éclate donc le pif de Boxen pour la forme, dont le coma éthylique doit se poursuivre encore aujourd’hui…

AVIS :

Une aventure de Gotrek et Felix où personne ne meurt (ou en tout cas, pas face caméra), c’est assez rare pour le souligner. Ceci dit, j’aurais bien aimé que Jordan Ellinger relève le défi d’adapter le plus fidèlement possible le schéma narratif classique de ce sous-genre emblématique de la GW-Fiction dans un format micro-fiction, pour pouvoir juger sur pièce si le concept tient la route (franchement, il y a moyen de faire quelque chose je pense). Cela aurait rendu ‘The Contest’ plus mémorable que ces quelques pages alcoolisées, sans nul doute.

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The Little Things – S. Mitchell [40K] :

INTRIGUE :

The Little THingsDe passage sur une station orbitale très touristique entre deux affections sur le front, le Commissaire Ciaphas Cain profite de la relâche pour rendre une visite de courtoisie à sa bonne amie l’Inquisitrice Amberley Veil, qui réside dans une suite de luxe sous une de ses identités d’emprunt. En gentleman qu’il est, Cain prend soin d’acheter en chemin un bouquet d’heganthas car comme il le dit très bien en aparté quelques lignes plus loin : sur le champ de bataille comme dans un rendez-vous galant, c’est l’attention aux petits détails qui sépare les victimes des vainqueurs.

Accueilli chez sa chère et tendre par sa suivante Zemelda pendant qu’Amberley vocalise sous la douche, Cain a à peine le temps de saluer sa sculpturale hôtesse à la sortie de sa toilette qu’un domestique indélicat vient tambouriner à la porte. Cette impolitesse s’explique par le fait que le nouveau venu n’est pas vraiment venu pour monter des clubs sandwiches aux tourtereaux, comme il le prétend, mais pour tenter de kidnapper Amberley a.k.a. la riche duchesse Trucmuche de la planète de Cétréloin afin de demander une rançon à sa famille. Les pauvres jaloux des riches, vraiment, quelle plaie.

Malheureusement pour le ruffian et ses deux comparses, il faut plus qu’une arrivée au débotté pour mettre en difficulté un héros de la trempe de Cain, surtout s’il peut compter sur l’aide d’Amberley qui n’hésite pas un instant à reconvertir sa serviette drap en fouet, désarmant le dernier larron au moment où il allait donner au Commissaire un nouveau trou de balle et permettant à ce dernier de lui rendre la pareille de manière préventive. Comme Cain le fait remarquer avant que le rideau ne tombe définitivement sur cette soirée entre adultes consentants, le malfrat aura au moins eu la chance d’emporter avec lui une dernière vision beaucoup plus plaisante que la majorité des tués du 41ème millénaire. Ce n’est pas grand-chose c’est vrai, mais comme dit plus haut, ce sont les petites choses qui comptent…

AVIS :

Aventure plus grivoise que musclée de Ciaphas Cain, ‘The Little Things’ ne fait rien d’autre que montrer au lectorat de l’héroïque Commissaire que ce dernier sait prendre du bon temps lorsque le devoir ne l’appelle pas, même si sa capacité surnaturelle à créer du drama autour de lui peut générer quelques menus désagréments de temps à autre. Rien que les habitués de la saga ne connaissent pas déjà.

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On the Heels of Morkai – N. Kyme [40K] :

INTRIGUE :

On the Heels of MorkaiÀ la surface de Fenris, un humain solitaire est poursuivi par deux des loups géants pour lesquels la planète est célèbre à travers l’Imperium. Sa course échevelée (tous les locaux portent la moumoute, c’est une coutume immémoriale) le mène à travers un lac gelé, où il réveille par mégarde un kraken endormi sous la surface. N’étant équipé que de sa biht1 et de son couteau, cette rencontre aurait pu très mal se terminer pour notre marathonien de l’extrême, qui parvient toutefois à regagner la terre ferme avant de se faire tentaculer par le poulpe d’eau douce.

Pas le temps de reprendre son souffle, cependant : il faut à notre coureur isolé traverser une forêt pleine d’arbres en bois, puis s’atteler à l’ascension en solo d’une falaise de 400 mètres de haut, toujours poursuivi par les infatigables prédateurs de la toundra de Fenris (qui ont certainement trouvé un chemin pour monter en haut du pic, ce qui pose la question de pourquoi notre athlète n’a pas fait la même chose au lieu de risquer sa vie de la sorte…). Enfin arrivé au sommet, il fait face à la figure imposante d’un Prêtre des Runes Space Wolf, et se prépare à être jugé par cet austère guerrier…

Début spoiler…Enfin ça, c’est si notre héros avait été un simple impétrant au Chapitre. Canis Wolfborn, car c’était lui, a passé cette épreuve depuis belle lurette, et le gonze qui l’attend en haut de la montagne est simplement venu le rappeler à ses devoirs. Un appel à l’aide est parvenu jusqu’au Croc, et en l’absence probable de Harald Deathwolf, il revient à son champion de décider si le rout y donnera suite. Comme on peut s’y attendre, Canis accepte avec joie de relever ce défi, promettant à ses loups de compagnie Timba et Mia (avec lesquels il faisait la course, et n’était pas chassé par ces derniers comme on en avait l’impression) qu’il leur accordera une revanche à son retour. Mais le travail avant tout. Fin spoiler

1 : Un mot fenrisien dont le sens a malheureusement été perdu. C’est dommage.

AVIS :

Mine de rien, les nouvelles de la Black Library où un Space Wolf court comme un dératé à travers la toundra en essayant de survivre aux conditions extrêmes dans lesquelles il évolue sont suffisamment nombreuses pour constituer un sous-genre de la littérature grimdark. Même si la concurrence n’est pas pléthorique, ‘On the Heels of Morkai’ peine à s’imposer comme un modèle du genre, la surprise finale réservée au lecteur par Nick Kyme ne s’avérant (à mon sens) guère crédible. Voir un Prêtre Rune attendre patiemment en haut d’une falaise que son boss termine sa morning routine (et venir sur place avec Fangir1 pour encore plus de fun) au lieu de cueillir Canis en plein milieu de la pampa avec un Stormfang me semble vraiment peu correspondre au lore de 40K. Dispensable.

1 : Ici orthographié Fregir, probablement parce que Kyme est trop haut placé à la BL pour que ses textes soient relus et édités.

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The Last Little Bit – R. Earl [WFB] :

INTRIGUE :

The Last Little BitIl est temps pour Gofg Dent d’Or Tyran de sa tribu depuis plus de quarante ans, de se choisir un héritier. Il se fait vieux (même pour un Ogre), et a déjà dû refroidir les ardeurs parricides de deux de ses fils d’une manière définitive par le passé : il est grand temps de passer la main. Pour ce faire, il a convié le reste de sa marmaille à un gueuleton de compétition, où les règles sont simples : qui mange gagne.

Après trois jours à banqueter sans interruption, ils ne sont plus que trois à la table : Papa Gofg, Grond et Graissus. Bien que les trois Ogres soient depuis longtemps passés dans le dur, aucun n’est prêt à baisser la garde ni à jeter la serviette, et le Boucher de la tribu continue à les régaler de ses spécialités carnées (et plus ou moins faisandées, ça rajoute du goût), jusqu’à ce que le drame se produise : le garde-manger a été vidé, il ne reste plus rien à ingérer pour nos fins gourmets.

Bien que Père Castor Dent d’Or soit en faveur de déclarer un match nul, quitte à recommencer plus tard (le temps de digérer un peu, et de passer au petit coin – je plains le service de ménage Gnoblar…), Graissus ne peut se résoudre à interrompre son effort si près de la victoire. Il attrape donc une chaise, et la fracasse péniblement sur le crâne paternel, envoyant ad patres le vieux Tyran. Dès lors, la suite est toute tracée : le Boucher découpe prestement le cadavre du macchabée en deux parts égales (de 250 kilos chacune, tout de même), et le concours d’ingestion peut reprendre de plus belle.

Malgré les conséquences terribles pour son système digestif, poussé dans ses derniers retranchements par cette boulimie cannibale, Graissus parvient en premier à terminer sa moitié alors que Grond démontre des signes manifestes de calage. Enfin, presque terminer. Il lui reste en effet sa part du « dernier petit bout1 » paternel à ingurgiter, et lorsque le Boucher fait son office et tranche l’ultime portion en deux, Grond se met à dégobiller le contenu de sa panse boursoufflée. Qui a dit que les Ogres n’étaient pas sensibles ? Ce déluge de vomi, dont il prend quelques litres en pleine figure, ne perturbe pas le moins du monde Graissus, qui avale sans faiblir le dernier morceau et devient par la même occasion Tyran incontesté de la tribu Dent d’Or. La suite appartient à l’histoire (et à la cuvette des toilettes…).

1 : Que Robert Earl se contente d’appeler de cette manière, comme s’il s’agissait d’une expression consacrée (après quelques recherches, je n’ai rien trouvé de tel). Vous pouvez donc vous représentez ce que vous voulez, et pas seulement l’option la plus salace qui soit (pervers).

AVIS :

Robert Earl, grand spécialiste des Ogres devant l’éternel, développe en quelques pages l’origin story du plus grand – et gras – des Tyrans des Montagnes des Larmes, présentée de manière succincte dans les Livres d’Armée de cette noble race. Même si on sait d’avance comment l’histoire se termine, notre homme est assez bon conteur pour que le récit de ce banquet proprement pantagruélique, voire même carrément gargantuesque, mérite la lecture. C’est gore, c’est glauque, mais ça reste malgré tout assez drôle tellement c’est over the top en matière d’ingestion de protéines. À consommer jusqu’au dernier petit bout, comme il se doit.

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Like Father, Like Son – M. Latham [WFB] :

INTRIGUE :

Like Father, Like SonUn homme (Jens) et son jeune fils de cinq ans s’aventurent en pleine nuit à travers les terres sauvages et pas vraiment hospitalières de l’arrière-pays du Middenland. En chemin, Jens prend soin d’inculquer à son rejeton tous les trucs et astuces de trappeur trotro balèze qu’il a lui-même appris de ses aïeux ou développé au cours de sa longue et ardue existence, comme ne jamais utiliser l’autoroute (c’est cher et c’est mal fréquenté), ou encore éviter la compagnie des étrangers. Un gai luron ce Jens, vraiment.

Leur road trip nocturne emmène les deux marcheurs à travers les ténèbres de la Drakwald, et sur le territoire des multiples prédateurs qui y rôdent. Après avoir repoussé l’attaque d’une meute de loups un peu trop entreprenante, et évité les toiles d’araignées de fort belle taille, la destination que Jens cherchait à atteindre apparaît enfin au détour du sentier. Nul doute que ça valait le déplacement…

Début spoiler…Et en effet, on ne trouve pas plus chaude ambiance à des lieues à la ronde que le campement d’Hommes Bêtes où le vieil excentrique a amenés son fiston. Jens n’est pourtant pas un adepte du Chaos, seulement un père lucide : son petit gars est un mutant dont les difformités sont trop visibles pour lui permettre de vivre normalement parmi ses semblables, et le seul moyen pour lui d’échapper au bûcher des Répurgateurs est de partir en pension dans une harde de Gors plus ouverts d’esprit que le péquin impérial moyen. La nouvelle se termine alors que le Chamane de la tribu s’en va accueillir la nouvelle recrue de cette dernière, laissant Jens partir sain et sauf mais le cœur gros d’abandonner son enfant. Le placement est parfois la seule solution qui vaille…Fin spoiler

AVIS :

Même si on se doute rapidement à la lecture de ‘Like Father, Like Son’ que Mark Latham nous réserve une surprise finale, ce dernier mène bien sa barque et parvient à accomplir son objectif avec cette petite nouvelle qui explore de manière assez touchante les liens ténus mais pas absents entre humains « normaux » et mutants dans le monde de Warhammer. A classer à proximité de ‘The Hunter’ (G. Lyon), tant pour la longueur que pour les protagonistes, mais à placer au-dessus de cette autre microfiction.

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Out Caste – P. Fehervari [40K] :

INTRIGUE :

Out CasteUne vétérane (et c’est assez rare pour le souligner) couturée de la Caste de Feu se souvient de ses débuts au service du Bien Suprême, du temps où elle était une jeune recrue charismatique et déterminée à s’élever dans les rangs. Baptisée J’kaara (miroir) en raison de sa nature altruiste et de sa capacité à tirer le meilleur de ses camarades, elle commença sa carrière lors de campagnes mineures contre la menace Ork. Le vrai test fut cependant l’invasion de la planète Oba’rai, monde impérial isolé et défendu par un seul régiment de Gardes Impériaux, des adversaires bien plus nobles que les peaux vertes aux yeux de l’idéaliste Kaaren.

La campagne se déroula parfaitement du point de vue du haut commandement, les humains se faisant surclasser par les tactiques de frappes éclair et la supériorité technologique de leurs adversaires. Lorsque la capitale planétaire tomba sous les bombardements, des auxiliaires Kroots furent envoyés faire le sale boulot (et casser la croûte) dans les décombres de la cité pour éliminer les dernières poches de résistance, plutôt que de risquer la vie de braves, mais pas téméraires, T’au. Ce choix raisonnable ne satisfit cependant pas J’Kaara, qui désobéit aux ordres et emmena son escouade faire un peu de tourisme en zone de guerre urbaine afin d’assouvir ses penchants héroïco-morbides.

Mal lui en prit toutefois, car elle croisa en route un Commissaire impérial brûlé au 8ème degré mais dont la vue d’une peau bleue le sortit de l’état catatonique dans laquelle la tempête de feu déchaînée par les T’au l’avait placé. Bien que ses camarades ionisèrent le faquin avant qu’il n’ait pu régler son affaire à la pauvre J’kaara, cette dernière sortit de cette rencontre fortuite avec une énorme balafre, l’épée tronçonneuse de l’officier gue’la ayant transpercé son casque sans coup férir. Cette mésaventure ne fractura pas seulement le crâne de notre héroïne, mais également son sentiment de fraternité avec ses camarades, qui se mirent à appeler la shas’ui Jhi’kaara, ou miroir brisé. Sometimes, it’s better not to say hi, you know…

AVIS :

Peter Fehervari nous entraîne dans les premières vrilles de son Dark Coil1 avec cet ‘Out Caste’, qui met en scène le premier personnage récurrent de cette série iconique de la Black Library, la gueule cassée Jhi’kaara (que l’on retrouve dans ‘A Sanctuary of Wyrms’ et ‘Altar of Maws’), dont on apprend en quelques pages l’histoire traumatisante – dans tous les sens du terme. Ce n’est pas aussi inventif dans le propos ou virtuose dans l’exécution que les nouvelles et romans qui ont suivi, mais ça reste malgré tout une très bonne entrée de GW-Fiction.

1 : Sa première nouvelle (‘Nightfall’) pour la Black Library date de 2011, et bien qu’elle se déroule techniquement dans le même coin de galaxie que le reste du corpus Fehervariesque, les liens avec ce dernier sont assez ténus, comme si notre homme n’avait pas encore décidé de se lancer dans une véritable œuvre au long cours à ce stade.

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Czevak to the Dark Tower Came – R. Sanders [40K] :

INTRIGUE :

Czevak to the Dark Tower CameLe calme profond de la lune Savignor, centre de recherche et de formation réputé parmi l’élite du Segmentum Obscurus, est brutalement brisé par l’arrivée pétaradante de l’Inquisiteur Bronislaw Czevak, qui franchit l’un des portails de la Toile aux manettes d’une motojet sans nul doute « empruntée » à une connaissance Eldar.

Si les universitaires qui composent la majorité des habitants de ce petit havre de paix et d’ordre dans une galaxie tourmentée s’offusquent de cette arrivée bruyante autant qu’inattendue, ils n’en donnent pas signe. Ils ont pour cela une bonne raison, comme Czevak ne tarde pas à le découvrir une fois qu’il a terminé des faire des burn dans les pelouses de son ancien QG (il a étudié sur Savignor en son jeune temps) : ils sont tous morts. Un suicide de masse semble avoir été décrété sur la lune il y a quelques heures, et les Savignoriens, en bons sujets de l’Imperium, se sont pliés à cette injonction morbide sans rechigner. Comme c’est gentil de leur part.

Enquêter sur les raisons de cet acte de folie collective aurait sans doute pris des plombes, mais heureusement notre héros a de bonnes raisons de suspecter que ce fieffé coquin d’Ahzek Ahriman est derrière tout ça (comme il était derrière Tizca). Czevak part donc à fond de train en direction de la fameuse Tour Sombre de Savignor, où sont enfermés les reliques et tomes les plus dangereux de la collection planétaire afin de préserver l’Imperium de leur sinistre influence tout en permettant aux quelques esprits assez aiguisés pour cette tâche de consulter ces archives interdites. Si le concept ressemble furieusement à la Bibliothèque Interdite des Eldars, où Czevak a finalement réussi à obtenir sa carte (‘Atlas Infernal’), ce n’est absolument pas une coïncidence. Malheureusement pour les gardiens de la Tour Sombre, le Materium est beaucoup trop accessible aux ruffians de tout espèce, et le petit contingent de Gardes Impériaux (en robe !) stationné sur la lune pour en assurer la sécurité n’a rien pu faire contre la fureur méthodique des Rubric Marines d’Ahriman, comme les impacts de bolter parsemant les murs et les corps croisés par Czevak le montrent bien.

Après une ascension éprouvante et capacitiste (il n’y a aucun ascenseur dans la Tour Sombre, soi-disant pour permettre aux visiteurs de discuter et débattre entre eux sur le chemin de la connaissance), notre héros arrive à l’épicentre du drame qui s’est joué sur Savignor. Dans un hall d’exposition comme la Tour en compte des dizaines, les éclats épars d’une statue de cristal jonchent le sol. Cette statue, un jeune Czevak l’avait contemplée un jour qu’il était entré par effraction dans la Tour Sombre (dont le niveau de protection laisse vraiment à désirer), sans comprendre qu’il s’agissait des restes d’un Prophète Eldar trèèèèèèèèès âgé. Ce n’est que des années plus tard, et grâce aux connaissances glanées au contact des Prophètes Blancs de la Bibliothèque Interdite, que l’Inquisiteur a réalisé que cette statue kitschissime était une relique psychique d’une valeur incommensurable, dont l’un des nombreux usages pouvait être un catalyseur de prophétie, ou quelque chose comme ça (vous voyez l’idée).

On ne saura pas comment Ahriman eut vent de l’existence et de la localisation de cette statue, mais force est de constater qu’il a réussi son coup, comme les fragments cristallins et la très lourde ambiance planant sur les décombres le laissent constater. L’esprit endurci de Czevak et la protection apportée par l’Atlas Infernal lui permettent de ne pas succomber à la même sinistrose terminale que celle qui a déferlé sur les pauvres Savignorais lorsque que le Sorcier suédois s’est offert une latte de crystal meth, mais les nouvelles ne sont pas bonnes pour autant. Il semble qu’Ahriman ait localisé un fil de destinée qui lui permettrait d’atteindre son but : être élevé au rang de divinité (mineure, faut pas déconner) du Chaos. À Bronislaw Czevak d’empêcher cette ascension s’il le peut : le sort de l’Imperium pourrait bien en dépendre…

AVIS :

Rob Sanders poursuit sa biographie de l’Inquisiteur Czevak dans ce court (sauf le titre) ‘Czevak to the Dark Tower Came1’, publié après la sortie du roman ‘Atlas Infernal’, déjà consacré à ce membre iconoclaste des Saints Ordos. On sent une volonté de l’auteur de remettre une pièce dans la machine, et de redonner un but à son héros bariolé après les événements narrés dans le long format précédemment cité. Le résultat est convenable, les miettes de fluff relatifs à Czevak et au Segmentum Obscurus que contiennent ces quelques pages venant agréablement compléter une intrigue simple mais bien alignée avec les canons du grimdark (il n’y a qu’à 40K que des millions de personnes peuvent se suicider après qu’une babiole en cristal de roche ait été fracassée au sol). Ayant déjà lu le reste des travaux Czevakiens de Sanders au moment où je m’attèle à cette revue, je peux malheureusement vous assurer qu’il est mieux de laisser définitivement le bon Inquisiteur sur ce relatif succès narratif, plutôt que de s’affliger les péripéties pataudes que Sanders et la BL crurent bon de développer dans ‘Necessary Evil’ et ‘Shadow Play’.

1 : Une référence au poème de ‘Childe Roland to the Dark Tower Came’ Robert Browning, lui-même inspiré d’une tirade du ‘Roi Lear’ de Shakespeare. C’est la même « tour sombre » qui inspira également les œuvres de C. S. Lewis (le papa des ‘Chroniques de Narnia’) et de Stephen King.

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Veritas Ferrum – D. Annandale [HH] :

INTRIGUE :

Veritas FerrumIl est des événements auxquels il vaut mieux arriver tôt pour être certain de les expérimenter dans les meilleures conditions. Qu’il s’agisse de se retrouver au 78ème rang d’un concert à la sono capricieuse, ou de découvrir que le bar ne sert plus que des soft, on a tous connu des grands moments de solitude de temps à autres. Fort heureusement (?) pour le Capitaine Durun Atticus et son contingent d’Iron Hands embarqués sur le Veritas Ferrum, le massacre d’Isstvan V ne se déroula pas selon la règle du « premier arrivé, premier servi ». Bien que relégués dans la seconde vague medusane à cause de l’empressement de Ferrus Manus d’aller mettre une taloche à ses frangins rebelles, et ainsi gagner la gratitude (à défaut de l’amour, ce serait trop demander) paternelle, Atticus et ses Space Marines arrivent dans le système à temps pour bénéficier de la légendaire hospitalité des légions renégates, et le Veritas Ferrum se retrouve engagé par deux croiseurs des Night Lords et de l’Alpha Legion à peine sorti du point de Mandeville. On peut dire ce qu’on veut de lui, mais Horus a toujours été un hôte prévenant.

Trop pragmatique et désincarné pour se ronger les ongles (par absence de dents et d’ongles) devant ce coup du sort, Atticus passe en mode MathHammer et prend les décisions qui s’imposent pour sortir victorieux de ce threesome non désiré. Rencardé sur la situation désastreuse des loyalistes à la surface d’Isstvan V et le probable décès de son Primarque par les extraits de communication entre unités Iron Hands captés par le pont du Veritas Ferrum, le pragmatique Capitaine ordonne la retraite, conscient qu’il est de sa responsabilité de sauver ce qui peut l’être de sa Légion de cette débâcle.

C’est le moment que choisissent deux Thunderhawks Salamanders pour se joindre aux réjouissances, talonnés par une escadre de vaisseaux Sons of Horus et Emperor’s Children. À leur bord, le Sergent Khi’dem contacte le Veritas Ferrum pour l’implorer de les prendre en stop avant qu’il ne leur arrive malheur, et parvient à toucher une des rares cordes sensibles d’Atticus lorsqu’il révèle que des Iron Hands font partie des survivants ramassés par les altruistes fils de Vulkan avant leur départ en catastrophe. Atticus se ravise donc, et le Veritas Ferrum se jette dans la gueule du loup lunaire1 pour prendre à son bord les Thunderhawks durement éprouvés, héritant au passage de quelques dommages supplémentaires dont une brèche critique sur un flanc.

Au final, l’acte chevaleresque d’Atticus lui coûte plus de vies d’Astartes qu’il n’en rapporte (c’est ce qui s’appelle se faire ratio au 31ème millénaire), et le saut Warp que le Veritas Ferrum s’apprête à faire pour semer ses poursuivants s’avère des plus risqués, les dommages de coque subis lors de la dernière canonnade ayant compromis son intégrité. Les mains de fer et leurs amis à écailles et à plumes parviendront-ils à s’en sortir ? La réponse au prochain épisode…

1 : Enfin plus vraiment à ce stade, mais si vous avez compris la référence, vous excuserez la blague (ou l’inverse).

AVIS :

Prologue du plus mauvais (ou en tout cas, le moins bien accueilli par la communauté, comme sa note de 3.23 – aux dernières nouvelles – sur GoodReads le montre) roman de l’Hérésie d’Horus, ‘Veritas Ferrum’ n’est pas aussi mauvais que son infâme filiation pourrait le laisser craindre. Cette petite nouvelle permet ainsi d’illustrer le côté sans concession des Iron Hands, prêts à abandonner leurs frères et leur Primarque sur le champ de bataille si cela leur permet de maximiser leurs chances de remporter la campagne. Pas mémorable, mais pas abominable non plus.

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Et voilà qui conclut cette revue, tardive mais pas inutile (en tout cas je l’espère) du Black Library 2012 Advent Calendar. Je dois reconnaître que j’ai été favorablement surpris par la qualité des soumissions proposées par les 24 auteurs rassemblés par les pontes de Nottingham pour cette expérimentation festive, malgré un format peu évident à négocier et une offre commerciale réservée à la clientèle la plus aisée de ce hobby de riches qui est le nôtre. Rien que pour ce dernier facteur, je ne regrette pas d’avoir fait l’impasse sur ce bundle à sa sortie, tout comme je ne regrette pas d’avoir parcouru cette sélection de microfictions écrites par quelques-unes de meilleures plumes de la GW-Fiction. Vous parlez d’un paradoxe. Rendez-vous dans un futur incertain mais sans doute pas trop lointain pour la suite de la série, dont vous pouvez déjà deviner l’année, sans nul doute…

INFERNO! – ANNEE 7

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue critique de l’année 7 d’Inferno!, le magazine bimensuel du fluff et du fun de la Black Library. À ce stade très avancé du projet de chronique de ces publications fondamentales pour la GW-Fiction, il n’est plus besoin de présenter ce qu’était Inferno!, mais je me permets tout de même de préciser que les numéros qui nous intéressent ici (du #37 au #42) ont été sortis par Nottingham entre juillet 2003 et mai 2004. Il s’agit de la dernière année « complète » pour la première mouture de cette illustre revue, et on y retrouve le nombre habituel de 24 nouvelles (4 par numéro).

Avec 6 histoires (7 si on prend en compteWings of Bone’, republié dansOn Wings of Blooden 2019) jamais republiée au moment où cette critique est écrite, l’année 7 est sans conteste la plus mystérieuse du lot, et celle qui vous intéressera le plus si vous êtes à l’affût de pépites vintage. Vous l’aimerez également si vous êtes un fan de Ciaphas Cain, qui revient faire un encore avec deux apparitions (Sector 13’, ‘Echoes of the Tomb’) dans ces pages. Autres revenants méritants : les Altdorf Cops Dirk Grenner et Karl Johansen (‘Night Too Long’), qui ne connaîtront pas le même destin enchanté que le Commissaire susnommé et disparaitront corps et biens du corpus de la BL après cet ultime tour de piste, ou de lice devrais je dire. De manière plus imagée, on peut dire que l’année 7 fut également celle de la Sangui’ Family (‘Crimson Nights’, ‘Blood of Angels’) et du Grand Nord (‘The Sleep of the Dead’, ‘Wind of Change’, ‘Cold Light of Day’, ‘The Vampire Hunters’, ‘A Storm Rising’). Prenez une petite laine.

Inferno!_Année 7

Terminons cette petite introduction avec, comme à notre habitude, un mot sur les vaillants contributeurs mis à pied et main d’œuvre par la Black Library. Il ne surprendra (à nouveau) pas grand monde d’apprendre qu’une fois encore, c’est l’increvable et omniprésent Dan Abnett qui remporte le prix de la prolixité avec trois soumissions à son actif, talonné par un peloton de doublant (Hinks, Swallow, Green, Scanlon, Kyme et Mitchell). L’année 7 fut également plus novatrice que les précédentes, avec les débuts des bibliothécaires juniors Andy Hoare, C. S. Goto, David Griffiths, James Peaty, Jim Alexander, Rob Sanders. Retenez bien (quelques-uns de) ces noms…

Inferno! Année 7

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Hunter/Prey – A. Hoare [40K] – #37 :

INTRIGUE :

40K_Hunter-PreyLa préparation de la <insert random number here> 13ème Croisade Noire bat son plein, et les mondes impériaux entourant la Porte Cadienne reçoivent la visite, pas franchement amicale, de légionnaires noirs de livrée et d’humeur afin d’organiser la venue prochaine de Papadon. Ormantep, planète désertique parsemée de colonies minières de l’Adeptus Mechanicus, ne fait pas exception à la règle, mais peut au moins compter sur une forte garnison de Cadiens pour préserver son intégrité, ou mourir bravement dans la tentative, comme la Garde sait si bien le faire. Nous suivons en particulier les pérégrinations mystico-impertinentes de la Lieutenant Neme Fortuna, Psyker assermentée et objectrice de conscience patentée1, rattachée au Capitaine Vrorst et ses Kasrkins. Tout ce petit monde soldate gentiment dans le bunker qui lui a été alloué par le haut commandement, en gardant en œil sur la Chambre des Etoiles et sa garniture d’Astropathes, lorsque la routine est interrompue par l’arrivée inattendue d’objets tombant non identifiés à proximité de la base impériale. N’étant pas né de la dernière pluie, Vrorst envoie quelques hommes patrouiller à proximité, et lorsque ces derniers se font copieusement bolteriser par les nouveaux arrivants, dissimulés dans une tempête de sable de mauvais aloi, peu de doute subsiste sur les intentions ou l’identité des visiteurs. Comme on dit sur Terra : « Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir ».

La suite des événements voit les Cadiens monter une défense désespérée mais en définitive futile contre leurs assaillants, qui ont pris soin d’inviter un sorcier top moumoute pour geler (littéralement) les communications astropathiques enter Ormantep et le reste du secteur. Retranchés dans la Chambre des Etoiles, les survivants impériaux se préparent à vendre chèrement leur armure carapace, lorsqu’un nouveau joueur entre dans la partie sans crier gare…

Début spoiler…Ou plutôt à pas de loup, car ce sont bien les Space Wolves qui s’invitent dans l’explication de texte entre groupies abaddonesques et bidasses impériaux. Et pas n’importe quels loulous, mais, 13ème Croisade Noire oblige, des membres de la 13ème Grande Compagnie, venus jeter un œil hors de l’Œil après quelques millénaires d’absence. À la tête de la meute, un Prêtre des Runes à peu près civilisé engage le sorcier chaotique en combat singulier au moment où il allait enrubanner Fortuna et Cie dans une gaze infernale, avec les conséquences fatales que l’on sait2. Cette distraction bienvenue permet à notre Lieutenant de retarder la mort glorieuse qui a fauché la plupart de ses camarades, Capitaine Vrorst compris, et la Psyker renvoie l’ascenseur à son sauveteur, sur le point d’être transformé en descente de lit par le Chaoteux, en balançant à ce dernier une grosse (s)mite en pleine face. Cette victoire inespérée des fidèles de l’Empereur manque toutefois d’être endeuillée par un Wulfen très joueur, qui saute que Fortuna pour lui faire des papouilles alors que le Prêtre des Runes reprend ses esprits. Fort heureusement, le chef de meute siffle son clebs avant que l’irréparable ait été commis et une euthanasie (de la Psyker) nécessaire. Après avoir balancé une phrase badass de circonstance, du style « le facteur sonne toujours deux fois » ou « to win the yes needs the no to win against the no », le treiziste vétéran repart comme un royal canin, laissant notre héroïne sauve mais perplexe.Fin spoiler

1 : Le nombre de fois où elle manque de respect et/ou remet en question son supérieur au cours de la nouvelle mérite une mention. Et la cour martiale.
2 : Si on serre très fort, le sujet peut en mourir hein. Faut pas rigoler avec ça.

AVIS :

Il y a des nouvelles dont la date de sortie explique beaucoup de choses, et ‘Hunter/Prey’ fait partie de cette catégorie. Publiée originellement dans le numéro #37 d’Inferno !, sorti en Juillet 2003, soit au moment de la campagne mondiale Œil de la Terreur organisée par Games Workshop pour décider du sort de la 13ème Croisade Noire, ce court-format sert d’illustration romancée au contenu du Codex éponyme, dont Andy Hoare se trouve être, surprise surprise, un des co-auteurs. Les Wulfens de la 13ème Grande Compagnie faisant partie des factions stars de ce supplément de jeu, il n’est guère étonnant de les voir mis en avant dans une nouvelle de la Black Library à ce moment précis, encore que Hoare ne les mette pas à mes yeux tellement en valeur pour le lecteur. Certes, ils sont dépeints comme pouvant massacrer des Space Marines du Chaos comme qui rigole, mais leur intervention dans le récit est trop tardive et limitée (ils restent majoritairement hors champ, et seul le Prêtre des Runes qui leur sert de nounou prend un peu la lumière) pour faire forte impression. La vedette est au contraire occupée par les vaillants mais peu efficaces Kasrkins Cadiens, qui meurent avec application d’un bout à l’autre de l’histoire. Le plus gros problème de ce ‘Hunter/Prey’ demeure toutefois son manque consommé d’inventivité et de surprise en matière de déroulé, faisant ces 24 pages une version deluxe d’un encart de background romancé dans le Codex ‘Œil de la Terreur’ davantage qu’une œuvre de fiction digne ce nom. Au moins, l’illustration est sympa.

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The Doom of the Sacramento – D. Abnett [WFB] – #37 :

INTRIGUE :

WFB_The Doom of the SacramentoRetour sur le pont de la Rumour, en compagnie du capitaine Luka Silvaro et de tout son équipage de joyeux flibustiers, déjà introduits dans ‘A Ship Called Rumour’. Littéralement embarqués dans la traque du Butcher Ship pour le compte de la cité-état de Luccini, nos héros doivent cependant composer avec une météo hostile alors qu’ils croisent en direction de l’archipel d’Estalie, où ils pensent avoir les meilleures chances de mettre le crochet sur l’insaisissable navire pirate. La sévère canicule qui s’abat sur la mer de Tilée rend en effet la traversée très pénible, et c’est au soulagement collectif que Silvaro ordonne de mettre le cap sur la première île venue afin de faire de l’eau douce.

Alors que la Rumour et le Safire s’apprêtent à jeter l’ancre dans une crique, les yeux perçants de Sesto Sciortini, qui se voit lui-même comme l’agent d’assurance de cette expédition, ayant pour mission de contrôler que Silvaro et ses Reivers accomplissent la leur pour pouvoir bénéficier des largesses de Luccini, détectent une voile à proximité de la côte. Un corsaire étant naturellement curieux, Silvaro décide d’aller jeter un œil sur ce mystérieux navire, dont les voiles sont déployées mais qui n’avance pourtant pas d’un pouce. L’énigme s’éclaircit rapidement lorsque les deux chaloupes que le capitaine a fait mettre à la mer pour ce contrôle de visu se rapprochent de ce qui se révèle être une épave échouée sur un haut fonds, et abandonnée par ses précédents occupants. Des marques de combat naval permettent aux visiteurs de deviner que le bateau en question, qui n’est autre que le Sacramento, navire amiral du fameux flibustier Reyno Bloodlock, a fait une mauvaise rencontre dans un passé récent, et a terminé sa course sur un récif après que son équipage ait été décimé par un ennemi inconnu. Jamais le dernier à se faire remarquer, Sciortini trouve le moyen de manquer de se faire boulotter par un requin alors qu’il explorait le sous-pont innondé du Sacramento, ne devant une nouvelle fois son salut qu’à l’intervention salvatrice de sa nourrice/Genestealer, Ymgrawl. On ne s’improvise pas loup de mer.

Sa curiosité non satisfaite, Silvaro entraîne ensuite ses hommes jusqu’à la plage toute proche, où des indices probants laissent à penser que des survivants ont gagné la terre ferme. Malgré l’imminence du déclenchement d’un orage carabiné, et la nuit qui est sur le point de tomber, le hardi capitaine trouve intelligent de partir explorer la forêt vierge qui recouvre l’île, à la recherche d’informations complémentaires. I mean, what could go wrong…

Début spoiler…La réponse est : beaucoup de choses. La tempête éclate, la nuit tombe, et un cri sinistre vient bientôt mettre le trouillomètre des explorateurs à zéro. Lorsqu’une silhouette peu avenante se trouve découpée entre deux arbres par un éclair, les corsaires se mettent à courir dans tous les sens, ce qui ne les amène à rien mais permet aux premiers membres du petit groupe de se faire trucider en douce hors caméra. Il faut bien ménager l’ambiance. Quelques minutes plus tard, leur tueur fait son apparition, et il semblerait qu’il s’agisse d’une sorte de Mourngul tropical (si son aspect squelettique et la longueur de ses membres peuvent faire foi), peu intéressé par une négociation à l’amiable et bien sûr immunisé aux armes tranchantes, contondantes et perforantes maniées par Silvaro et Cie. Après avoir perdu quelques hommes sous les griffes de l’apparition, le capitaine ordonne la retraite générale, et tout le monde se rue vers la plage.

Profitant des jets de course désastreux du spectre, qui met bien 10 minutes à les rejoindre, les flibustiers ont le temps de reprendre leur esprit et de mettre au point une stratégie de survie, le retour en barque jusqu’aux navires étant au moins aussi suicidaire qu’un tête à tête avec le poltergeist caribéen. Par bonheur, Silvaro avait demandé à son ami noir (Tende), et donc forcément calé en magie vaudou (#RacismeOrdinaire) de l’accompagner à terre. Après avoir protesté mollement pour la forme, l’aimable garçon accepte de recourir à sa magie occulte pour combattre le mal par le mal. Le Mourngul n’est pas sitôt arrivé sur la plage qu’il se fait lyncher par une horde de fantômes nains, qui le plaquent au « sol » suffisamment longtemps et fermement pour que Silvaro puisse mener un interrogatoire en règle de l’esprit frappeur. Il s’avère que ce dernier n’est autre que Reyno Bloodlock, maudit par Henri le Breton (et son bonnet à ponpon) après que le Sacramento ait croisé la route du Butcher’s Ship, formellement identifié comme étant la Kymera. Silvaro, qui est pote avec tout le monde apparemment, tombe des nues mais doit se rendre à l’évidence : l’affaire prend un tour personnel. Ayant banni les mânes de Bloodlock dans l’eau-delà (le paradis des gens de mer), les survivants éprouvés peuvent enfin retourner à bord et prendre le large pour poursuivre leur traque avec des informations plus précises sur la proie qu’ils recherchent.Fin spoiler

AVIS :

Une petite péripétie qui fait un peu avancer l’intrigue (on sait vraiment que c’est bien ce fieffé Henri qui sera l’antagoniste de la série), mais donne surtout l’occasion à Abnett de mettre en scène une histoire de pirate-fantôme, en plein cœur de la hype entourant le lancement de la franchises Pirates des Caraïbes1. Comme souvent avec notre homme, le résultat est solide, à défaut d’être particulièrement inspiré (je regrette par exemple qu’il n’y ait pas eu plus de character development dans cette histoire, seul le personnage de Tende gagnant un peu d’épaisseur). Ca se laisse lire sans problème, mais il s’agirait que la suite soit autrement plus ambitieuse pour maintenir l’intérêt du lectorat dans la durée.

1 : La Malédiction du Black Pearl est sorti à l’été 2003, exactement au même moment que le numéro #37 d’Inferno!, où cette nouvelle a été initialement publiée. Coïncidence ?

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Red Reward – M. Scanlon [40K] – #37 :

INTRIGUE :

40K_Red RewardAlors qu’il vaquait tranquillement à ses occupations dans les tranchées défendant la cité de Broucheroc contre les assauts des Orks, le Sergent Chelkar se fait interrompre dans l’animation de son activité « relocalisation de cadavre » par l’arrivée de quatre garde chiourmes rattachés au Commissariat. Ces derniers ont reçu l’ordre d’escorter notre héros jusqu’au QG de campagne, où le Commissaire Valk a quelques questions à lui poser. Après une marche éprouvante durant laquelle il se pète le pif à force de rater ses tests de terrain difficile1, suivie d’un petit tabassage en règle pour rendre le témoin coopératif, le Sergent est enfin mis au courant de ce dont il en retourne, ou plutôt de celui : c’est en effet le Lieutenant Lorannus qui intéresse Valk, et Chelkar, préférant s’exécuter plutôt que l’être, se fait un devoir de fournir un compte-rendu circonstancié sur le personnage.

Quelques jours auparavant, la division de Chelkar, occupée depuis dix longues années à défendre Broucheroc et ses réserves stratégiques de prométheum contre les appétits hydrocarburés des Xenos, avait reçu un coup de pouce de la part du destin (un peu) et du Haut Commandement (surtout), sous la forme d’un drop pod s’étant écrasé dans le no man’s land séparant les tranchées impériales des lignes orks. Mais attention, pas un Drop Pod plein de Space Marines hargneux et durs à cuire hein. Un drop pod rempli jusqu’à la gueule de Gardes Impériaux fraîchement affectés à cette zone de guerre, et dont le grand uniforme bleu poudré et les toques à plume feraient passer celui des Mordiens pour le nec plus ultra en termes de discrétion. Ce qui est toujours mieux que la cargaison de ballons de baudruche que les bidasses ont reçu la dernière fois, mais pas de beaucoup : d’une part parce que malgré les meilleurs efforts de Chelkar et de ses hommes pour couvrir la retraite des nouveaux-venus, la grande majorité termine sous les balles et les bombes des Orks, et d’autre part car leur officier commandant, le fameux Lieutenant Lorannus, sauvé in extremis d’une mort probable alors qu’il secouait le poing de manière menaçante en direction des lignes ennemies par l’intervention héroïque de Chelkar, se révèle bientôt être un illuminé de la pire espèce, combinant le courage suicidaire d’un Custer avec le flair tactique d’un Haig. Mais la hiérarchie doit être respectée, et comme son grade le place au-dessus de l’expérimenté Chelkar, c’est bien Lorannus qui se retrouve aux commandes de la division.

Dès lors, Chelkar s’applique à faire du damage-control afin de contrebalancer les idées ineptes de son nouveau supérieur. Cela aurait pu se terminer par un limogeage en bonne et due forme, mais une nouvelle offensive des peaux vertes vient sauver la carrière du Sergent et/ou l’intégrité physique du Lieutenant. Chacun positionné sur une aile, les deux officiers s’illustrent au cours de la bataille : Chelkar en attirant les assaillants dans un goulot d’étranglement où la première vague motorisée des Orks est rincée au lance-flammes, et Laurent Nus en contre chargeant sabre au clair l’assaut d’infanterie des Xenos, une initiative si spectaculairement stupide qu’elle convainc les peaux vertes de battre prudemment en retraite. Malheureusement pour lui, ce coup de génie poker militaire sera le dernier pour Lorannus, abattu au champ d’honneur par un sniper Grot revanchard. Chelkar, qui avait réussi à motiver sa division à monter au soutien de leur commandant, un peu seul au milieu du no man’s land, ne peut que recueillir les derniers mots de ce dernier, qui meurt en protestant qu’il n’est décidément pas un traître à l’Imperium.

Car c’est bien ce qui lui était reproché, et ce qui a conduit Chelkar, qui a commis la bévue de recommander son supérieur pour une distinction posthume, dans le viseur impitoyable du Commissariat. Un cousin de Lorannus avait en effet été désigné coupable de traîtrise envers l’Imperium quelques mois plus tôt, et Lolo aurait dû, comme c’est la procédure dans ces cas là, être purgé avec le reste de sa famille pour s’assurer de la résolution du problème. Une erreur administrative l’ayant envoyé se battre à Broucheroc au lieu de répondre des crimes de sa lignée, Lorannus a eu la chance de mourir au combat plutôt qu’exécuté par son propre camp. De son côté, Chelkar peut retrouver le service actif sans d’autres formalités, son récit ayant convaincu Valk de l’absence d’esprit factieux dans l’initiative prise par le Sergent pour honorer la mémoire de son frère d’armes. Sur le chemin du retour, Chelkar croit apercevoir le cadavre de Lorannus brûler sur un des bûchers réservés aux dépouilles des Orks tués la veille (le sol de Broucheroc étant considéré comme trop sacré pour y enterrer des Xenos) : une preuve supplémentaire s’il en fallait que l’Imperium ne jette pas le bébé avec l’eau du bain, il atomise le village à la place. Le micro-management, c’est bon pour les Eldars.

1 : Et on n’a pas le droit à une sauvegarde de couvert quand on a les mains attachées dans le dos, c’est canon.

AVIS :

Mitchel Scanlon avait une idée à faire passer dans sa nouvelle, celle de l’absurdité et du cynisme propres à l’Imperium dans le traitement de ses affaires internes, qui mène souvent à ce que nous considérons comme des injustices flagrantes soient commises. Cette idée est convenablement véhiculée à travers l’exemple du Lieutenant Lorannus, victime expiatoire d’un crime qu’il n’a pas commis et de l’infinie adversité au risque des autorités impériales depuis qu’un certain H. Lupercal a causé un foin pas possible aux alentours de M30. L’idée d’offrir à ce personnage une rédemption après l’avoir présenté comme un dangereux incompétent est intéressante, mais pas assez développée à mon sens, tout comme la veine de comique littéralement troupier s’incarnant dans les bidasses Davir (Astérix) et Bulaven (Obélix). En trente pages, il y avait pourtant la place nécessaire pour accentuer le trait, mais Scanlon s’est à mon sens un peu dispersé dans sa narration, obtenant au final une histoire cohérente et correcte, mais sans plus.

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Night Too Long – J. Wallis [WFB] – #37 :

INTRIGUE :

WFB_Night too LongLa penultième soirée de l’année civile est une journée de boulot comme les autres pour Dirk Jenner (a.k.a. le Kardashian caché) et Karl Johanssen, agents des Lices d’Altdorf. Les Lices, c’est un peu la PJ de l’Empire, sauf que les effectifs sont très limités – surtout depuis que cet abruti de Schmidt s’est fait liquider par un gang de Bretonniens : en cette période festive pour le quidam moyen, et avec tous leurs csollègues partis fêter la fin de l’année à la campagne, Dirk et Karl sont au four et au moulin sur tous les dossiers chauds du moment. En plus d’enquêter sur les disparitions mystérieuses de jeunes femmes depuis plusieurs semaines, ils doivent à présent mettre leur traditionnel afterwork à la taverne de la Chèvre Noire en standby pour tenter d’élucider une nouvelle affaire… fumante. L’auberge des Septs Etoiles vient en effet d’exploser, faisant quelques victimes mais surtout manquant d’emporter avec elle un personnage de haut rang : rien de moins que le Comte Electeur Valmir von Raukov d’Ostland, venu s’encanailler avec sa dernière conquête à l’abri des regards inquisiteurs. Heureusement, Valoche s’est eclipsé quelques minutes avant la détonation, mais il semble clair à Hoffman (qui n’est pas conte mais qui aimerait bien1), le supérieur de nos héros, que c’est le noble qui a été visé. L’affaire étant politique, c’est aux Lices qu’elle revient, et même en sous-effectif et en carence de sommeil, il va falloir obtenir des résultats.

Après une enquête de voisinage qui ne donne rien, quelques suspicions portées sur un groupe de terrassiers s’activant sur la Königplatz pour réparer les alentours de l’auberge soufflée avant que les célébrations de la Hexensnacht (notre St Sylvestre) et sur un marchand de vin bretonnien essayant de vendre du beaujolais nouveau au prix d’un Château Petrus, et une discussion rapide avec von Raukov à propos de sa cocotte (Anastasia), Jenner et Johanssen finissent par trouver une piste solide. Ils trouvent chez Anastasia l’adresse d’un entrepôt, où ils trouvent 1) son cadavre, encore frais et 2) des empreintes de tonneaux récemment déplacés, et que Karl suppose être utilisés pour stocker la poudre qui a volatilisé les Septs Etoiles. Malaise : il y avait là beaucoup plus de tonneaux que nécessaire pour réaliser l’attentat de la veille, ce qui laisse à penser que les coupables vont commettre un nouveau forfait. Persuadé que le marchand de vin bretonnien, qui après tout, utilise des tonneaux et a une charrette, est impliqué dans cette conspiration des poudres, Dirk est à deux doigts de le coffrer préventivement lorsque leurs chemins se croisent à nouveau, mais Karl l’en empêche, pour la bonne et simple raison qu’une suspicion ne suffira pas à convaincre le proc’ (ou quelque chose comme ça). Une série de coïncidences remet toutefois nos deux limiers sur la bonne voie, lorsqu’ils réalisent que le chef des terrassiers aperçus le matin même n’est autre que le frère d’Anastasia, ce qui en fait un suspect de premier ordre…

Début spoiler…De retour à toute berzingue sur la Königplatz, à présent noire de badauds en goguette, Jenner et Johanssen arrivent à temps pour se castagner avec les maçons du cœur d’Altdorf, qui se révèlent être d’odieux fondamentalistes Ulricains n’ayant pas digéré que von Raukov devienne sigmarite sur ses vieux jours. Le nouvel objectif des talibans de Middenheim est de perpétre une attaque à la bombe pendant les festivités de la Hexensnacht afin de déstabiliser Karl Franz et encourager la sécession des provinces nordiques. Malgré leur talent à l’arbalète et au couteau de lancer, nos héros échouent à rattraper une bête torche enflammée lancée par un random goon sur la traditionnelle traînée d’huile courant jusqu’à la poudrière, et c’est la caca, c’est la cata, c’est la große Katastrophen. Bilan des courses : des dizaines de morts et de blessés, une Konigplatz ravagée et toutes les statues des empereurs et impératrices qui la bordaient (y compris celle de Sigmar) à concasser pour faire du gravier, ou à mettre à la décharge. Pas le meilleur résultat pour notre équipe de choc/choquée, mais au moins cela met fin à l’enquête, pas vrai ? PAS VRAI ???

Début spoiler 2…Eh bien non. Car il s’avère que ces fieffé coquins d’Ulricains ont encore de la poudre en stock, d’après les calculs de Johanssen. Et comme l’Empereur insiste pour donner une grande messe dans la cathédrale de Sigmar dès le lendemain, et en présence de tous les officiels présents à Altdorf, en l’honneur des victimes de l’attentat, Hoffman pressent que les barbus vont encore frapper. Il accorde donc royalement une heure de sommeil à ses sous-fifres avant d’aller inspecter les lieux à la recherche d’entourloupes… mais part sur place avant qu’ils ne se réveillent. Jenner et Johanssen se ruent donc à la recherche de leur supérieur, et repèrent sa cape rouge flottant à la fenêtre du dernier étage du bâtiment. Il est toutefois assez peu aisé de se frayer un chemin dans l’édifice le plus sécurisé de l’Empire, sauf si on a des amis bien placés (Valmir von Raukov, dans le cas présent, auquel J&J promettent d’apporter la tête des assassins de sa maîtresse). Une cavalcade échevelée plus tard, nos héros se retrouvent face à face avec une nouvelle sULRICide squad, qui a pris en otage l’imprudent Hoffman et menace de lui régler son compte si les officiers s’approchent trop près. Bien entendu, cela n’arrête pas le poing de la justice, qui s’abat sans coup férir sur les malotrus, et parvient cette fois-ci à éviter un son et lumière pirate, qui aurait fait s’effondrer le plafond de la cathédrale sur l’auguste assemblée réunie en ces lieux. Tout est bien qui finit bien. A moins que…

Début spoiler 3…À moins que la route de Jenner rencontre à nouveau celle de sa Némésis (le marchand de vin bretonnien), alors que cette dernière s’apprête à quitter la ville. Beau joueur, il présente ses excuses à l’honnête commerçant qu’il a rudoyé sans raison… et réalise qu’un marchand de vin qui retourne chez lui après avoir vendu sa cargaison mais en emportant ses tonneaux, ce n’est pas normal. Et en effet, à l’examen, les fûts suspects ne contiennent pas de pinard, mais des jeunes femmes baillonnées et ligotées, que ce môdit franssais essayait de trafiquer hors de la ville. Deux affaires résolues en quelques heures, tu parles d’un coup de chance. Mais parfois, c’est mérité.Fin spoiler 

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AVIS :

Si la nuit a été longue pour les J&J d’Altdorf, le rythme de cette nouvelle est quant à lui d’une rapidité fulgurante, ce qui est à mettre au crédit du sieur Wallis. Les 15 pages de ‘Night Too Long’ débordent en effet de fausses pistes, péripéties et autres rebondissements, et, chose assez rare pour le souligner, cette abondance ne se manifeste pas aux dépends de l’intrigue, qui reste logique d’un bout à l’autre du récit. Cette savante alchimie permet à la présente nouvelle de dépasser haut la main l’assez médiocre ‘Rest for the Wicked’ que James Wallis avait également consacré aux officiers Jenner et Johanssen. Autre caractéristique notable de ‘Night Too Long’, ce court format met en scène des événéments marquants d’un point de vue fluff (la destruction des statues de la Königplatz, y compris celle de Sigmar), ce qui est là encore l’exception plutôt que la règle. Certes, les dégâts causés par les fondamentalistes ulricains ne sont pas irréparables dans l’absolu, et la confidentialité qui a entouré les écrits de Wallis pendant sa période de contribution à la Black Library peut mener à penser que l’attentat de la Hexensnacht n’est pas vraiment (poudre à) canon, mais cela fait toujours plaisir de voir un auteur de la BL laisser une empreinte, même minime1, sur le fluff avec un grand F plutôt que de faire évoluer ses personnages dans une sorte de dimension parallèle où aucune action n’a de conséquence sur le background décrit dans les suppléments. Pour ces deux raisons, cette nouvelle vaut le détour, et si vous avez l’occasion de mettre la main dessus, laissez vous tenter.

1 : Hommage se doit d’être rendu ici à Simon Jowett, qui n’a pas hésité à nommer un Primarque dans une de ses nouvelles. A true legend.

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Dry Land and Clean Drinking – D. Abnett [WFB] – #38 :

INTRIGUE :

WFB_Dry Land &amp; Clean DrinkingNous retrouvons notre équipage de joyeux pirates corsaires patentés après les événements relatés dans ‘The Doom of the Scramento’, et en besoin pressant d’eau douce et de vivres. Depuis le décès prématuré et tragique du magasinier Junio au cours de l’accrochage avec ce gougnafier de Ru’Af (‘A Ship Called Rumour’), personne n’a en effet pris au sérieux les avertissements répétés de son stagiaire Gello à propos de la dépletion avancée de la cambuse. Et à force de piocher dans la caisse sans se soucier de ce que font les copains, il est normal qu’une pénurie advienne. La tragédie des communs, toussa toussa… Fort heureusement, point de tragédie des horizons1 à redouter pour la Rumour et le Safire, puisque la côte d’Estalie est en vue, ce qui va permettre à Luka Silvaro et ses boyz d’aller se ravitailler à Porto Real, carrefour commercial bien connu des gens de mer du coin.

Descendu à terre avec son aéropage de sidekicks (l’agent de probation Sesto et le maître d’armes Roque), Silvaro constate bien vite que la menace que fait planer le Butcher Ship sur les routes maritimes a durement touché Porto Real, qui tourne au ralenti depuis des mois en l’absence de navires au mouillage. Cela est de bon augure pour la négociation avec les locaux sur le prix des vivres à embarquer, mais il faut pour cela que le gouverneur local, Emeric Gorge, donne son accord. Intercepté à la sortie de la taverne par le lieutenant de ce dernier, Silvaro dégaine sa lettre de marque à la place de sa rapière, et se voit gratifié d’une invitation à dîner par le généreux Gorge en réponse. Les Estaliens aimant bien faire les choses en grand, le faire part concerne la totalité de l’équipage de Silvaro, et tout ce petit monde se met donc en route vers le palais du gouverneur le soir venu, après avoir sorti ses crochets en argent et ses jambes de bois de cérémonie.

La soirée se passe bien jusqu’à ce qu’un énorme coup de barre collectif et simultané s’empare des corsaires entre la poire et le fromage. Moins affecté que ses camarades grâce à sa consommation raisonnable de spiritueux, Sisto se réveille dans une remise du palais, entouré des formes comateuses de ses compagnons. Sentant que quelque chose de louche se trame, il prend le parti d’explorer les environs à la recherche d’indices sur la mystérieuse létargie s’étant abattu sur les marins comme les hordes d’Archaon sur le Vieux Monde. Isolé, désarmé et pas vraiment dans son assiette, il lui faudra jouer finement pour tirer les choses au clair…

Début spoiler…D’autant plus qu’il ne tarde pas à se rendre compte qu’il ne fait pas seulement face à un hôte indélicat, mais à une côterie de vampires, dont Gorge est le patriarche. Son approche furtive lui a permis d’assister à la fin sanglante de plusieurs membres d’équipage, décapsulés et descendus d’une traite par le gouverneur aux dents longues. On comprend rapidement qu’il s’agit d’une mesure désespérée de la part des locaux, assoiffés par la faute du Butcher Ship et ayant grand besoin d’hémoglobine fraîche pour se requinquer.  

Au moment où Roque va subir le même sort, deux événements se produisent de manière simultanée : Gorge déclare que sa victime, pourtant estalienne comme lui, a un goût infect (ce qui n’est pas très gentil) et se met à avoir des hauts le cœur (ce qui est carrément insultant), et l’énigmatique maître canonier de la Rumour, Sheerglas, qui avait été très discret jusqu’ici, fait une apparition remarquée à la réunion de l’amicale du gros rouge de Porto Real. Son interpellation véhémente de Gorge, et le combat Dragon Ball Z-esque qui s’en suit, font apparaître assez clairement que Sheer Khan en est lui aussi, mais au point où ils en sont, Sisto et Roque ne font pas la fine bouche sur la nature profonde de leurs alliés. Pendant que le vampire canonier se coltine le vampire bourgeois, dans une surprenante transposition de la lutte des classes à Warhammer Fantasy Battle, les deux humains parviennent à tenir en respect les sous-fifres de Gorge, guère impressionnants pour des créatures techniquement immortelles et techniquement dotées d’une force et d’une vitesse surnaturelle, je dois dire. Au bout du compte et des dix pages de la nouvelle, le gouverneur finit empalé sur un pied de table reconverti en pieu et tombe prestement en poussière, immédiatement suivi dans la tombe par ses séides. C’est beau la solidarité post mortem. La suite au prochain épisode…Fin spoiler

1 : Je dédie cet enchaînement à Mark Carney, mon plus grand fan.

AVIS :

Dan Abnett relève le niveau de son feuilleton pirate avec ce court mais satisfaisant ‘Dry Land and Clean Drinking’ qui, s’il ne nous approche pas d’un pouce de la confrontation tant attendue avec le Butcher Ship et ce diable de Henri le Breton1, a pour grands mérites d’être très distrayant (particulièrement les premières pages, où Abnett rapporte un échange assez vif et imagé entre deux membres d’équipage n’ayant pas leur langue dans leur poche), et de nous présenter des personnages secondaires enfin dignes d’intérêt. Bien entendu, c’est l’énigmatique Sheerglas qui occupe le haut du pavé de ce côté-là, mais Roque (et son sang contaminé) gagne aussi en profondeur. Le maître d’armes estalien aurait-il été corrompu par le Chaos à un moment de son interlope et secrète carrière ? Nul doute que ce mystère sera levé en temps voulu par l’auteur, et cela donne envie de connaître la suite.

1 : Vu son blaze, on pourrait plutôt le qualifier de korrigan.

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Crimson Night – J. Swallow [40K] – #38 :

INTRIGUE :

Crimson NightDéployé sur le monde désertique de Merron avec le reste de la 3ème Compagnie des Doom Eagles, le Sergent Tarikus se retrouve au cœur d’un imbroglio diplomatique entre les nouveaux arrivants et ceux dont ils viennent prendre la place : la 4ème Compagnie des tristement célèbres Flesh Tearers du Capitaine Gorn. En plus des vieilles rancœurs opposant les deux Chapitres, qui ont servi ensemble sur un théâtre d’opérations où la sauvagerie des Flesh Tearers attira l’attention de l’Inquisition, le comportement suspect de la population locale en présence des Astartes, relevant davantage de la terreur abjecte que de la déférence habituelle, fait bientôt suspecter au sagace Tarikus que Merron dissimule un lourd secret. Chargé par son supérieur, le Capitaine Consultus, de tirer discrètement les choses au clair avant que les descendants de Sanguinius ne quittent les lieux, notre héros ne met pas longtemps à trouver un cadavre exsangue, et portant un éclat de céramite pourpre dans la blessure causée par la paille en fer qui l’a vidé de son sang (c’est pas moi qui le dit, c’est Swallow). Voilà qui fait deux solides indices incriminant les Flesh Tearers, dont la sanguinaire réputation n’est plus à faire, même chez les pragmatiques et formels (ils adorent faire des rapports) Doom Eagles. Ce n’est toutefois pas assez pour convaincre le consensuel Consultus de déclencher un incident diplomatique, et Tarikus et ses hommes en sont quitte pour se remettre en chasse de preuves indubitables de la responsabilité de leurs collègues dans les disparitions qui frappent les Merrons depuis plusieurs mois.

Leurs investigations les mènent dans les égouts de la capitale, où après un accrochage avec des rats laissant deux de ses hommes gravement blessés (dont un par un tir de bolter d’un de ses camarades… c’est pas moi qui le dit, C’EST SWALLOW), Tarikus doit continuer la mission seul et sans armure, le conduit menant jusqu’à la zone ayant affolé l’auspex de l’escouade étant trop étroit pour ses épaulières surdimensionnées. Ce n’est toutefois pas ça qui arrête notre farouche héros1, qui finit par arriver dans une salle remplie de cages où les prisonniers du croquemitaine local sont parqués, comme autant de packs de bière dans un frigo. Le Raide (le nom donné par les Merrons à leur Némésis) ne l’entend cependant pas de cette oreille, et se rue sur le Sergent naturiste dès que ce dernier pose l’orteil dans son repaire. Si les suspicions de Tarikus se révèlent exactes, ce n’est pas son slip de céramite qui va lui permettre de sortir victorieux de ce combat…

Début spoiler 1…Mais heureusement pour Tarik, il ne fait pas face à un Flesh Tearers consumé par la Rage Noire, mais à un cosplayeur chaotique, dont la fausse armure énergétique se fait rapidement enfoncer par les mandales sur vitaminées du meilleur de l’Empereur (ce qui ne l’empêche pas de se faire désarmer en deux secondes au début du combat, pour garder un peu de suspens je gage). Il s’agissait d’une manigance d’Axel Raide pour faire porter le chapeau aux Flesh Tearers, parce que… voilà2, et une fois le faquin mis hors d’état de nuire, l’ordre peut à nouveau régner sur Merron, et les Fleshy Bois partir en paix, lavés de tout soupçon.

Début spoiler 2…Ou pas tout à fait en fait, car quelques cadavres retrouvés après leur départ arborent des plaies incompatibles avec le mode opératoire du Raide, faisant repasser les Flesh Tearers sur la liste des suspects. Mais après tout, qu’est-ce qui nous prouve qu’un Chapitre s’appelant les déchireurs de chair soit d’une quelconque façon impliqué dans des meurtres où les victimes ont été déchiquetées par des mâchoires humaines, hein? Absolument rien, bien sûr.Fin spoiler

1 : Qui s’étale tout de même de tout son long dans la m*rde au passage. Une péripétie peu glorieuse, mais que Swallow a décidé non seulement d’inclure dans son récit, mais également de placer au tout début de la nouvelle, en guise d’introduction au personnage héroïque qu’est le Sergent Tarikus. En guise de consolation pour ce dernier, Swallow semble prendre un malin plaisir à envoyer au sol les Doom Eagles qu’il met en scène, comme ‘Relics’ le montre.
2 : Sans rire, Swallow n’explique ni comment un seul psychopathe épais comme une bicyclette est arrivé à faire des dizaines de victimes dans une ville gardée par des Space Marines, ni d’où il vient, ni à quoi lui servait d’incriminer les Flesh Tearers.

AVIS :

James Swallow commence (je crois) sa période Doom Eagles avec ce ‘Crimson Night’, qui lui donne l’occasion de mettre à nouveau en scène des descendants de Sanguinius, après s’être fait les canines sur les Blood Angels (‘Deus Encarmine’ étant sorti en 2004). Fidèle à sa réputation de jaggernaut littéraire, cherchant à dérouler son intrigue sans guère de considération pour des détails tels que la cohérence, la vraisemblance ou le ridicule patenté dans lequel son approche bourrine fait sombrer ses personnages à intervalles réguliers, Swallow accouche au forceps d’une nouvelle concluant sUbTiLeMeNt que les Flesh Tearers ne sont pas forcément les coupables de tous les meurtres sordides s’étant déroulés à proximité de leurs baraquements. L’idée a beau être intéressante, sa mise en pratique est si balourde que seule la publication de ‘Crimson Night’ dans un recueil officiel de la Black Library empêche de considérer ce court format comme une parodie du genre.

Swallow s’illustre particulièrement en ne prenant même pas la peine de rester cohérent avec ce qu’il a écrit passé les trois lignes précédentes, ce qui révèle soit sa grande audace, soit sa grande fainéantise (je penche pour la seconde option). En plus de l’absence de contextualisation de l’identité du tueur, décrite plus haut, on a également le droit à un échange lunaire entre Consultus et Gorn. Le premier demande au second de lui faire un rapport sur les crimes rapportés par la population locale avant de partir. Gorn accepte, et charge le Sergent Noxx (qui est aussi dans la pièce) de faire le sale boulot à sa place… et les deux s’en vont, sans plus d’explication1. Vous l’aurez compris, ‘Crimson Night’ ne dépeint pas les Doom Eagles et les Flesh Tearers sous leur meilleur jour, et je conseille aux lecteurs qui voudraient explorer le riche background de ces Chapitres de façon moins risible de se tourner vers d’autres auteurs.

1 : Et Swallow ne revient à aucun moment sur cet échange, pour faire comprendre au lecteur que le briefing a bien eu lieu, mais « hors champ ». C’est comme si le dialogue n’avait pas eu lieu.

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The Sleep of the Dead – D. Hinks [WFB] – #38 :

INTRIGUE :

WFB_The Sleep of the DeadAu cours d’une nuit de murge avec quelques gentilhommes de ses amis, le Comte Rothenburg met au défi son jeune cousin Gormont de régaler l’assistance, passablement éméchée à ce stade, d’une histoire d’horreur dont les bois sont tant friands. Après s’être fait longtemps désirer, arguant du caractère confidentiel et illicite du récit qu’il s’apprêtait à livrer, Gormont finit par sortir de sa redingotte un journal, écrit de la main de son médecin de famille, Gustav Insel. Ce dernier avait brusquement disparu après des années de bons et loyaux services, pour prendre part à l’expédition montée par le Baron Fallon von Kelspar, destinée à localiser la légendaire cité de Yin-Chi, sensée se trouver quelque part dans les étendues inhospitalières des Désolations du Chaos. Un super plan, donc. Récemment revenu de son périple nordique, encore que dans un état plus tertiaire que second, Insel fut repris par ses ancien employeurs, mais son comportement imprévisible et franchement pénible fit de sa nouvelle disparition soudaine, il y a deux jours de cela, un soulagement pour la maisonnée. C’est donc le journal du bon docteur dont il sera fait lecture ici.

Menée par l’enthousiaste von Kelspar, l’expédition partit sur le navire Heldenhammer du capitaine Hausenblas en direction des hautes latitudes… et ne tarda pas à s’égarer. Mais vraiment. On parle de « au lieu d’aller tout droit, je me suis retrouvé à vue de la côte de Clar Karond » en niveau de perdition. Vivement que les Skavens inventent le GPS, moi je dis. Bien évidemment, cette boulette ne fut pas sans conséquence pour nos hardis marins, qui durent essuyer un abordage en règle de la part de Corsaires Elfes Noirs ravis par cette aubaine. Les humains parvinrent cependant à repousser les Druchiis au prix de lourdes pertes, et les survivants de ce début de voyage mouvementé purent enfin poser le pied sur la toundra gelée, étape suivante de leur périple.

Les lecteurs avisés que vous êtes en matière de géographie du Vieux Monde ne seront guère surpris d’apprendre que ce trek de l’extrême ne tarda pas à rencontrer des difficultés, aussi bien causées par les conditions climatiques que par la faune indigène, rendue aussi sauvage que résistante par les rafales de vent chaotique soufflant en tempête dans le grand Nord. C’est ainsi qu’un shoggoth une bête de sang (sorte d’Enfant du Chaos, goût pastèque) tomba sur le groupe d’aventuriers et en réduisit une bonne partie en charpie, avant que l’implacable Baron ne la fasse décamper sans demander son reste. Ce ne fut cependant qu’un répit temporaire, Insel découvrant les cadavres atrocement mutilés et décapités des trois derniers participants non nommés (on ne compte pas les chiens de traineau) de l’expédition, quelques jours plus tard…

Début spoiler…A ce stade, le bon docteur n’avait plus qu’une envie : faire demi-tour pour retourner à l’Heldenhammer. Von Kelspar n’était cependant pas du tout de cet avis, convaincu que les montagnes vers lesquelles les deux hommes se dirigeaient marquaient l’entrée de la mythique Yin-Chi. En désespoir de cause, Insel attaqua par surprise son compagnon alors que ce dernier était en train de manipuler le coffre rempli d’explosifs dont l’expédition aurait besoin pour pénétrer dans la cité (Indiana Jones style). Au cours de l’empoignade, Insel réussit à casser la jambe de son patron, mais également à renverser le contenu du coffre, qui s’avéra être les têtes tranchées des trois aventuriers précédemment nommés mentionnés, et avec lesquelles von Kelspar avait l’intention de payer son passage dans le royaume du Dieu du Sang. Désormais convaincu de la folie homicidaire du Baron, Insel laissa ce dernier se dém*rder tout seul avec sa jambe en vrac et son couteau planté dans le torse pour faire bonne mesure, et reprit le chemin du Sud, où il finit par croiser la route de l’Heldenhammer qui le ramena à sa chère étude… Au moins temporairement.

Ce récit fait forte impression auprès des participants à la petite soirée de Rothenburg, au point que le narrateur entend au moment de prendre son congé le Comte demander discrètement à son cousin où trouver plus d’informations sur le mystérieux chamane Mansoul et la carte que ce dernier aurait remis à von Kelspar, déclenchant la fièvre exploratice de l’aristocrate. Quelque chose me dit que la course au pôle n’est pas près de s’arrêter…Fin spoiler

AVIS :

Après C. L. Werner dans ‘The Doom That Came To Sarnath’, c’est au tour de Darius Hinks de revisiter ses classiques lovecraftiens en signant un pastiche très convenable de ‘At the Mountains of Madness’ avec ‘The Sleep of the Dead1. Je dois dire que le parallèle fait par l’auteur entre l’horreur indicible des Grands Anciens (dans la mythologie originelle de Lovecraft) et celle du Chaos dans l’univers de Warhammer est tout à fait pertinent, et la copie qu’il rend est assez originale – notamment la narration autobiographique, rarement utilisée dans la GW-Fiction – et propre pour que sa lecture en soit intéressante. Mon seul (léger) reproche concerne l’intégration des Corsaires Elfes Noirs dans l’intrigue, qui n’avait à mes yeux pas lieu d’être, tant au niveau de son « utilité » narrative que dans l’établissement de l’atmosphère si particulière de l’horreur lovecraftienne (où les batailles rangées sont assez rares, reconnaissons-le). Une petite pépite du catalogue de la Black Library.

1 : Le titre est pour moi une référence claire à la fameuse phrase “That is not dead which can eternal lie, and with strange aeons even death may die”, issue de ‘The Nameless City’ (toujours Lovecraft).

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Sanctuary – J. Green [40K] – #38 :

INTRIGUE :

40K_SanctuarySi le zèle des Black Templars est bien connu et célébré par l’Imperium dans son ensemble, l’organisation de leurs Croisades laisse parfois à désirer. Prenez l’exemple de celle de Solemnus : initiée par le Maréchal Brant (Mike de son prénom) et mobilisant les effectifs respectables de trois Compagnies de Templiers, cette noble initiative, prise à la suite de la destruction de la forteresse chapitrale du monde de Solemnus par une bande de guerre Ork en maraude, s’est rapidement retrouvée confrontée à un problème de taille. Ce dernier serait risible si un tel adjectif avait droit de cité dans les ténèbres du lointain futur : les inflexibles Black Templars n’ont aucune idée de l’identité précise des assaillants de Solemnus, ce qui complique légèrement leur quête vengeresse1. Ne pouvant malgré tout laisser un tel outrage impuni, Brant a mené ses hommes à travers la galaxie afin d’explorer des pistes plus ou moins prometteuses, glanant des informations utiles contre de menus services, la plupart du temps pour le compte de l’Inquisition, trop heureuse de pouvoir refiler ses corvées de ménage galactique à l’Astartes. Au bout de sept ans, notre inflexible Maréchal, sentant qu’on se fout quand même un peu de sa gue*le, arrive à prendre rendez-vous avec le spécialiste Ork de l’Ordo Xenos dans le Segmentum, un certain Inquisiteur Ardus (à trouver manifestement) Ourumov. Ce dernier convie les chassés-croisés à le rejoindre sur la planète L-739, colonie minière récemment visitée par une Waaagh ! Ork qui pourrait entretenir des liens avec la cible des héritiers de Sigismund.

Arrivés sur place, Brant descend jusque dans la petite et seule ville que compte L-739, la poétiquement nommée Mining Facility Outpost Beta-Three, aussi appelée Sanctuary par ses habitants2, escorté de quelques3 hommes de confiance. Premier désillusion pour les Men in Black (and white), ils ne sont pas reçus par Ourumov en personne, mais par son Interrogateur et un représentant du Mechanicus, ce qui constitue une brèche protocolaire inqualifiable (apparemment, les Black Templars sont très à cheval sur l’étiquette) et une insulte patentée. L’Inquisiteur, trop occupé à inspecter les gravats de Sanctuary à la recherche d’une explication à l’absence de cadavres de colons dans les ruines de leur cité, accueille l’arrivée des Space Marines avec une indifférence palpable, ayant sûrement été briefé par les RH de l’Ordo que Brant était la bonne poire de service, corvéable à merci contre la moindre miette d’informations sur ses insaisissables ennemis. Et d’ailleurs, ce rusé Ourumov n’est disposé à éclairer le Maréchal sur l’identité de la tribu Ork qu’il poursuit de ses ardeurs depuis un lustre qu’en échange d’un nouveau petit service : l’exploration de la mine de Sanctuary, qui permettra peut-être de résoudre l’énigme se posant aux représentants impériaux. N’ayant guère le choix, Brant accepte, juste avant que les équipes de Serviteurs envoyés en avant-garde ne disparaissent des radars les unes après les autres. Chauffe le plasma Olaf, on va en avoir besoin.

Divisés en trois groupes, les impériaux finissent par identifier la source du problème lorsqu’une nuée4 de Genestealers s’abat sur eux avec la diligence propre à cette espèce. Pas plus bête qu’un autre, Ourumov, qui a pris la tête de l’une des escouades obligeamment mises à disposition par Brant, comprend que Sanctuary a été infecté par un Culte Genestealers, qui a pris le parti de se barricader dans les niveaux inférieurs de la mine à l’arrivée des peaux vertes plutôt que de livrer bataille. La force d’investigation impériale étant beaucoup plus restreinte que la horde Ork, le Magos a du décidé de tenter le coup et d’attaquer les Space Marines en espérant pouvoir gagner un vaisseau à propulsion Warp dans l’opération (ce qui est très con quand on y réfléchit, mais on ne peut pas avoir des idées brillantes en permanence). Cette épiphanie constituera cependant la dernière victoire de l’Inquisiteur, qui, malgré la présence rassurante des Astartes, écope d’une balle perdue et se vide de son sang avant d’avoir pu être évacué. La prochaine fois, il faudra peut-être faire un peu de place pour un Apothicaire dans le Thunderhawk au lieu de réserver un strapontin pour le maître saucier et le tailleur de mèches. Il aura toutefois le temps d’ordonner l’Exterminatus de la planète… mais sans en avoir les moyens, et en comptant sur les stocks de torpilles cycloniques de ses obligés pour faire le job. Malheureusement en rade eux aussi, les Space Marines décident d’exploiter la géologie particulière de L-379 en insérant des charges explosives dans une veine de fulgerium instable, ce qui revient finalement au même.

Se frayant un chemin jusqu’à la surface, malgré des pertes élevées (dont celle, tragique, du frère Taran, premier à tomber au champ d’honneur : faut-il y voir un symbole ?), Brant et ses hommes se retrouvent toutefois confrontés à une nouvelle déconvenue, ce fripon d’Inquisiteur ayant rejoint la droite de l’Empereur sans divulguer l’information qu’il leur avait promise. Déception et frustration chez les Templiers5… Jusqu’à ce que l’Interrogateur de feu Ourumov, psyker télépathe de son état, propose pour dépanner de siphonner le disque dur la matière grise de son boss. Confronté à un dilemme éthique (accepter l’aide d’un psyker6 ou reprendre sa course à l’échalote galactique), Brant fait un peu de résistance pour la forme, mais finit par accepter le coup de main. Il en ressort donc que la cible de la Croisade Solemnus n’est autre que la tribu Blood Scar. Ce qui, compte tenu de l’iconographie des malotrus (un emblème représentant un Ork balafré), ne semble pas être une information très pointue, mais il faut croire que c’était tout ce qu’il manquait au Black Templars, dont l’imagination n’a jamais été la plus grande vertu. Brant et Cies peuvent donc repartir vers de nouvelles aventures, qui les mèneront normalement jusqu’à Armageddon, pour autant que l’inclusion de cette nouvelle dans l’omnibus du même nom nous permet d’en juger.

1 : Ils ont toutefois pu porter plainte contre X (pour Xenos) une fois le constat des dommages effectué.
2 : Mais pas par l’auteur, qui continuera à utiliser la dénomination complète d’un bout à l’autre de la nouvelle. À croire qu’il était payé à la ligne.
3 : Vous êtes prêts ? Alors, au dernier recensement, étaient confirmés sur la feuille de match le Chapelain Wolfram et Koldo, son garde du corps, le Techmarine Isendur, les Sergents Vétérans Olaf et Lohengrin, le frère Vétéran Elidor, les Initiés Meleagant, Rivalin, Josef, Wuhur, Gauthier, Hale, Taran, Carrado, Naois, Kier, Drust et Ansgar, le Novice Petrus, le Protecteur (?) Folke, l’Apôtre (??) Uchdryd et le Pilote Brehus. Ah, et le Terminator Nudd. Parce que c’est bien connu, en cas de doute, send Nudesd.
4 : Ce qui pour un Black Templar, correspond à un chiffre plus grand que 7. Sans doute un héritage remontant à l’époque où Sigismund était le valet de pied de Rogal Dorn au sein de la VIIème Légion de l’Adeptus Astartes.
5 : Ah, si seulement les Space Marines disposaient d’un organe leur permettant d’acquérir des informations par ingestion… Ce serait tellement pratique…
6 : On n’était pas encore à l’époque où les Black Templars sont décrits comme ayant du respect pour les psykers officiels de l’Imperium les enfants. Je vous parle d’un fluff que les moins de vingt ans ne peuvent – presque – pas connaitre.

AVIS :

Jonathan Green et 40K (que je distingue de Necromunda, franchise pour laquelle notre homme a également signé son lot de nouvelles) entretiennent des rapports compliqués, mais souvent distrayants. Prenez Salvation par exemple : c’est tellement mauvais que ça en devient drôle, à tel point que l’on pourrait parler de nanard littéraire à l’encontre de cette nouvelle d’un genre très spécial. Si Sanctuary se situe au-dessus de sa – pas si – glorieuse – que ça  –  aînée en termes de qualité pure, elle contient cependant suffisamment de bizarreries en tout genre pour faire passer au lecteur un bon moment, pour peu que ce dernier soit d’une humeur facétieuse et doté d’un solide sens de la dérision. La grande différence que j’établis entre Salvation et Sanctuary tient en la nature de ces bizarreries, qui tenaient du viol de fluff pur et simple dans le premier cas, et davantage des partis pris d’intrigue et de character development de Green dans le second. Ce dernier s’autorise en effet bien des audaces, comme ces grades et titres de Space Marines, dont il revendique haut et fort l’originalité, ou ces quelques proverbes (1, 2) made in 40K qu’il nous fait découvrir. Si tous ces ajouts ne sont pas intrinsèquement faux (il est en tout cas compliqué de démontrer qu’ils le soient), ils apparaissent comme généralement déplacés, et témoignent d’un rapport avec le background des plus lointains. De même, le rapport que Green fait entretenir entre les Black Templars et l’Inquisition détonne avec les canons du fluff d’une manière assez diffuse. S’il est logique que les Astartes se plient aux demandes des Ordos, transformer les premiers en hommes à tout faire des seconds, qui les traitent littéralement comme de la bouse de grox, va à l’encontre des relations dépeintes entre ces deux institutions dans le reste du lore 40K. Si ces dernières peuvent être froides, et que l’autorité de l’Inquisition place (en théorie) cette dernière au-dessus des Anges de la Mort, ceux-ci ne sont pas pour autant des laquais serviles acceptant sans broncher de se faire balader à droite et à gauche pour obtenir l’information dont ils ont besoin (et je soupçonne même les Black Templars de manquer de la patience et du tact nécessaires à ce petit jeu). Bref, c’est sa vision personnelle de Warhammer 40K, et un brin dissonante et détonante, que nous livre Jonathan Green avec ce Sanctuary, qui devrait être pris avec les pincettes de rigueur.

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Threading the Teeth – D. Abnett [WFB] – #39 :

INTRIGUE :

WFB_Threading the TeethLa Rumour et le Safire ont repris la mer après la petite fête donnée en leur honneur à Porto Real (‘Dry Land & Clean Drinking’), et ont atteint la côte sud de l’Estalie, où le Butcher Ship que le capitaine Luka Silvaro doit arraisonner pour le compte de ses employeurs tiléens, hante les criques et les atolls du bien nommé Labyrinthe. D’après les récits des habitants des quelques villages où les corsaires ont mouillé pour récolter des informations, le Butcher a pris l’habitude de rançonner les communautés côtières, exigeant qu’elles lui remettent des vivres et de l’eau douce sous peine d’être canonisées, ce qui est un destin peu enviable pour les pêcheurs païens qui survivent dans cette contrée isolée. Ce racket à la petite semaine, peu aligné avec la réputation de vaisseau fantôme grouillant de démons qui est celle du Butcher, provoque quelques franches discussions entre Silvaro et son maître d’armes, Roque, qui pense avoir affaire à un imposteur. L’avenir le dira.

Cette possible usurpation d’identité prend un tour tragique et personnel lorsque l’équipage de la Rumour tombe dans une embuscade alors qu’il débarquait dans la baie de Salvar Bernadette, là encore pour interroger ses habitants sur les derniers mouvements du Butcher. Ayant confondu corsaires et pirates, les locaux piègent leurs cahutes et attaquent leurs visiteurs, après avoir pris le soin de se déguiser en sauvages guerriers tribaux (avec blackface et peintures de guerre, ça ne passerait plus aujourd’hui je crois…) pour tenter d’épouvanter leurs épouvanteurs. Cette méprise leur coûte cher, Silvaro et ses hommes se défendant vaillamment et abattant une trentaine de leurs assaillants avant que ces derniers ne battent en retraite, et que leur subterfuge soit découvert par les corsaires. Bien qu’étant dans leur bon droit, la réalisation qu’ils ont massacré des villageois trop paranoïaques et inventifs pour leur propre bien leur file un coup au moral, et renforce leur détermination à se venger sur le responsable de ce quiproquo tragique : le Butcher.

Ayant été tuyauté par un prisonnier sur la localisation de leur proie, la Rumour et le Safire reprennent la mer et surprennent un navire répondant à la description du vaisseau pirate en train de mouiller dans une crique abritée. Bien que leur proie soit un monstre de plus de trois cents pieds de long et soixante canons, Silvaro décide de tenter sa chance en comptant sur sa manoeuvrabilité supérieure, l’effet de surprise et le soutien du Safire… mais doit bientôt faire sans les deux derniers avantages susnommés, le Butcher ayant décidé de mettre les voiles avant que l’attaque n’ait débuté, ce qui convainc le capitaine du Safire, courageux mais pas téméraire, d’observer l’abordage d’une distance raisonnable.

Malgré ces coups du sort, Silvaro et son équipage de vétérans parviennent à leurs fins et se lancent à l’assaut du Butcher, après une furieuse canonade qui laisse les deux navires à moitié démâtés et les voiles en lambeaux. C’est le moment de vérifier si les mythes qui entourent ce sinistre vaisseau noir sont fondés…

Début spoiler…Et la réponse est : oui, mais non. Ou en tout cas, pas ici. S’étant rendu maître du navire adverse après un rude combat, Silvaro est ulcéré d’apprendre de la bouche de son quartier maître qu’il ne s’agit pas du Butcher, mais d’un vulgaire imitateur (le Demiurge) ayant pris l’aspect de ce dernier afin de capitaliser sur son effroyable réputation et pouvoir ainsi intimider les locaux. La journée n’est toutefois pas tout à fait perdue, le prisonnier révélant à Silvaro que la Kymera d’Henri le Rouge est bien le véritable Butcher Ship, depuis qu’elle a capturé un gallion revenant des terres lointaines et qui contenait très probablement un trésor maudit en soute (un classique). It’s a praaaaaank, broooo. Dans le Monde qui Fut comme ailleurs, il faut se méfier des copies et toujours demander l’original.Fin spoiler

AVIS :

Dan Abnett n’en finit plus de ménager le suspens avec ce quatrième (et dernier, le reste étant réservé au roman ‘Fell Cargo’) épisode de sa saga piratesque, où l’intrigue n’avance finalement pas d’un pouce1, et le retournement final est éventé par le simple fait que même Dan ‘je basarde mes conclusions’ Abnett n’aurait pas mis un point final à son roman feuilleton en une page bien tassée, ce qui est la place qui lui restait après l’abordage du Butcher par la Rumour. A cela vient s’ajouter l’abondance de termes nautiques que l’auteur utilise (sans doute à bon escient) pendant le passage décrivant les échanges de volées entre les deux navires, qui a rendu son propos plus dur à suivre que d’habitude pour moi. Je ressors de ‘Threading the Teeth’ avec le sentiment de m’être enquillé un chapitre de transition dans un roman dont je ne connaîtrais pas la fin, ce qui n’est pas le sentiment le plus agréable du monde.

1 : Je nuance ce propos en précisant que Roque confie à Sesto après la tuerie de Salvar Bernadette qu’il est bien le fameux explorateur Santiago de la Fortuna, qui a pris une nouvelle identité après être tombé en disgrâce et avoir été secouru par Silvaro. J’imagine que cela servira à quelque chose dans la suite du roman (comme le fait que Sheerglas est un vampire), mais à court terme, c’est purement gratuit.

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Sector Thirteen – S. Mitchell [40K] – #39 :

INTRIGUE :

40K_Sector ThirteenAprès les événements de Desolatia (‘Fight or Flight’), le Commissaire Cain profite enfin de la vie et d’un théâtre d’opérations beaucoup plus calme sur l’agrimonde de Keffia, où une coalition de régiments impériaux est à pied d’œuvre pour purger une infestation de Genestealers. Son rattachement à une compagnie d’artilleurs et sa popularité naissante donnent en effet à notre héros beaucoup d’occasions de faire son devoir de façon plaisante : à des kilomètres de la ligne de front et/ou à proximité des hors d’œuvre du Gouverneur local. Une vraie sinécure en quelque sorte, que le talent de Cain pour se mettre tout seul dans de sales draps va bien sûr interrompre de la plus brutale des façons.

Au début de la nouvelle, le Commissaire pensait pourtant avoir finement joué en trouvant un prétexte en plasbéton de décliner l’invitation du Colonel Mostrue de participer à un briefing de haut niveau, honneur lui ayant certainement valu de finir en première ligne sur une quelconque offensive décisive. Très peu pour Cain, qui a donc fait remarquer à l’officier qu’il était de son devoir d’aller superviser le rapatriement d’une poignée de Gardes des Glaces mis au trou par l’Arbites local, à la suite de troubles du voisinage dans la ville de Pagus Parva. Une tâche ingrate, mais qu’il faut bien faire, surtout quand cela permet de passer du temps avec la plastique Sergent Wynetha Phu. L’Empereur le veut, toussa toussa.

Rendu sur place avec son fidèle Jurgen, Cain badine un peu avec l’accorte Arbites, tout en sortant son numéro de Commissaire c’est juste mais vert (et inversement) aux cinq pochtrons bagarreurs qui ont causé du grabuge la nuit dernière. Bien que peu intéressé par les accusations de ses charges envers les locaux, qui auraient mis des roofies dans leurs verres pour leur faire les poches en douce, Cain accepte d’aller faire une enquête de voisinage (avec Wynetha bien sûr) pour tirer les choses au clair. Ses pas le conduisent alors jusqu’au bar du Crescent Moon, où travaille la sculpturale Kamella, escort girl rurale et ultime souvenir que gardent les Gardes de leur dernière soirée. Confrontés à la méfiance du propriétaire, qui ne consent à ouvrir la porte que devant le risque élevé de se la faire enfoncer par les enforcers – un comble –, Cain, Wynetha et le planton qu’elle a amené avec elle pour faire le nombre et grimper le bodycount à peu de frais1 sont forcés de prendre leur grosse voix impériale pour convaincre l’habitant de les laisser accéder à la chambre de Kamella. Et c’est là que les choses se corsent pour nos héros, car les paumes de Cain se mettent à le chatouiller, super pouvoir indiquant de façon indubitable que quelque diablerie est à l’œuvre…

Début spoiler…Et en effet, Kamella se trahit en demandant au Commissaire s’il aime ce qu’il voit (elle était nue sous ses vêtements à ce moment là) en utilisant son patronyme, qu’elle n’avait aucun moyen de connaître. La seule explication logique (mises à part celles basées sur la relative célébrité de Cain ou une ouïe un peu plus fine que la moyenne) est que la donzelle est capable de communiquer par télépathie avec le barman, comme deux hybrides Genestealers peuvent le faire. C’est le début des ennuis pour nos héros, qui se retrouvent vite assaillis par un essaim entier de cultistes plus ou moins présentables. Laissant l’Arbites inconnu mourir au champ d’horreur, comme convenu, Cain et Wynetha parviennent à s’échapper de ce guêpier et à rejoindre le commissariat (pas le sien, le nôtre, enfin je me comprends), où les attendent Jurgen et les cinq Gardes biturés. Bien que la bâtisse soit solidement construite et capable de soutenir un siège, la situation des impériaux ne va pas en s’améliorant car il s’avère bientôt que deux des bidasses ont chopés une MST tyrannique à trop fricoter avec l’habitant.e, et sont tombés sous la coupe de l’essaim. Contraints de se replier sur le toit du bâtiment après que leurs collègues aient fait défection et ouverts la porte aux hordes baveuses et chitineuses de Pagus Parva, Cain et Cie ne doivent leur salut qu’à l’arrivée propice et totalement inespérée d’un régiment de Cadiens, qui venait sans doute prendre un peu de bon temps après une campagne éprouvante sur le front, le vrai, le dur, le velu. Pas de chance pour les troupes de choc, il faudra passer sur le corps des filles de joie locales avant de leur passer… C’est peu conseillé de toute façon.

L’histoire se termine triplement bien pour Cain, qui écope d’une médaille, d’une réputation héroïque encore grandie (alors qu’il a simplement et bêtement pété les plombs en plein combat), et d’un regard lascif de Wynetha lors de la soirée de remise des honneurs. Vu comme ça, on aurait presque envie de s’engager.Fin spoiler

1 : Mitchell ne se donne même pas la peine de le baptiser, c’est dire s’il était mal barré le garçon.

AVIS :

Comme l’illustration d’époque qui accompagne cette chronique le fait subtilement remarquer, ‘Sector 13’ (le nom de la zone autour de Pagus Parva) est une nouvelle collector, remontant aux tout premiers chapitres de la longue, troublée et caustique histoire de Ciaphas Cain. 2003, pour être précis. La recette est la même que pour toutes les autres soumissions de Sandy Mitchell pour cette série : une approche décomplexée (les Anglais ont la jolie formule de tongue-in-cheek) du background de Warhammer 40.000 avec un gros B, permettant au personnage de sitcom qu’est Cain de vivre des aventures palpitantes à son corps défendant. Après avoir enquillé de nombreuses itérations de cette formule consacrée, qui a offert une carrière respectable à Mitchell au sein de la Black Library, je dois reconnaître que certains épisodes sont plus réussis que d’autres, et ‘Sector 13’ fait partie du haut du panier. Il m’est difficile de quantifier précisément ce qui fait de cette nouvelle un succès, mais il me semble que le rythme est plus enjoué, et les blagues plus efficaces que pour d’autres courts formats de Sandy Mitchell. Bref, c’est une des (més)aventures les plus satisfaisantes de l’incorrigible et incorrigé Ciaphas Cain que nous tenons là, et un point d’entrée idéal pour tout novice cherchant à se frotter à cette légende de la Black Library.

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Forever Loyal – M. Scanlon [40K] – #39 :

INTRIGUE :

40K_Forever LoyalArvus Drel, (clerc de) notaire de bas étage dans l’administration planétaire de l’illustrement inconnue Bajoris IV, a trouvé un plan infaillible pour sortir de la misère et de l’anonymat auxquels sa basse extraction et son absence d’entregent l’ont jusqu’ici condamné. Ayant déterré dans les archives dans lesquelles il officie un antique parchemin écrit de la main du sage Terodotus (en personne), il a redécouvert la civilisation des Neand, qui était tombé dans elle-même (à un -d/-t près) depuis des siècles et est aujourd’hui complètement ignorée des placides et incultes Bajorisiens. Pour la défense de ces derniers, les Neand ne résidaient pas sur la planète même, mais sur la lune de cette dernière, la bien nommée Hell’s Marsh (en rapport avec sa pittoresque et complète couverture marécageuse), sur laquelle ils ont régné pendant un demi-millénaire depuis leur prodigieuse cité-temple, avant qu’un grand malheur ne le frappe et que leur civilisation s’éteigne en l’espace d’une funeste nuit, dixit le mélodramatique Terreau d’Otus. Disposant d’indications lui permettant de retrouver les ruines de la cité, et persuadé que cette dernière regorge d’archeotech qui lui permettront de mener sa meilleure vie une fois pillés récupérés et vendus au plus offrant, Arvus piaffe d’impatience à l’idée de partir en lune inconnue, mais a tout de même l’intelligence de recruter une escorte auprès des Forces de Défense Planétaire avant de décoller, en falsifiant un tout petit peu les documents officiels pour convaincre un officier peu regardant de lui accorder des gardes du corps. Notre escroc de héros se rend compte un peu tard que son interlocuteur est un peu trop heureux d’accéder à sa requête, et comprend pourquoi lorsqu’il réalise que ses protecteurs seront des frustes Volgars, enrôlés de force dans l’armée planétaire en remboursement des dettes que ces arriérés ont omis de payer au Gouverneur. Mené par l’énorme et teigneux Sergent Jarl, le peloton qui accompagne Arvus faire trempette dans le bayou ne paie pas de mine, mais c’est toujours mieux que rien.

Les espoirs de l’ambitieux notaire de faire main basse sans coup férir sur les trésors perdus des Neand sont rapidement douchés lorsque les randonneurs des marécages tombent dans une embuscade tendue par des humanoïdes de métal, aussi appelés Necrons par les sachants. Ayant perdu 15 hommes pour venir à bout d’à peine six Terminators, Jarl exige d’en savoir un peu plus sur la mission sous peine de déserter, et Arvus est obligé de lui révéler que la légende parle bien de gardiens métalliques patrouillant le territoire des anciens Neand. Cette légère omission étant compensée par la promesse de couvrir d’or ses protecteurs, et, plus importants aux yeux de ces derniers, leur redonner leur liberté, Arvus parvint après quelques minutes de flottement à remotiver ses troupes et à leur faire reprendre la route.

On s’en doute, cet optimisme béat/cupidité aveugle ne pèsent pas lourd face à la détermination butée des Necrons à garder leur marais carré. La programmation des matons de métal a beau être digne d’un jeu Atari 2600 (chacun patrouille sa section des remparts, et se contrefout bien de ce qui arrive aux copains), et les pillards disposer d’assez de grenades pour réaliser un attentat à la brouette piégée digne de ce nom, les vagues de Guerriers Necrons finissent par réduire notre fine équipe à sa portion congrue et ses personnages nommés, puis juste à Arvus, après qu’il ait composé par un gros coup de bol le code donnant accès à la salle du coffre de la cité temple, laissant Jarl à la porte s’expliquer avec les concierges.

Avant de mourir de soif et de faim dans sa panic room d’emprunt, Arvus a le temps de percer à jour les mystères de la chute des Neand, grâce aux inscriptions gravées sur les murs de la salle. Il s’avère que la cité-temple n’a pas été bâtie par la tribu, mais trouvée par cette dernière au milieu des marais, et rapidement colonisée par les opportunistes. À l’origine, elle était peuplée par une race d’hommes-lézards ayant eu la mauvaise idée d’accepter la proposition du Deceiver (représenté en statue dans la pièce, avec son fameux sourire ultra bright) de le vénérer en échange d’un accès aux technologies C’tan. La seule exigence de Dédé était que son peuple d’adoption « montre de la force en toute chose », aussi fut il très déçu (façon de parler) lorsque ses protégés utilisèrent au moment de leur décadence le bouton magique « appuyer ici en cas de gros problème » qu’il avait innocemment laissé derrière lui. Contrairement à ce qu’espéraient les batraciens démunis, aucune aide ne leur fut apportée, car seuls les Necrons répondirent à l’appel et les exterminèrent rapidement. Quelques millénaires plus tard, ce furent les Neand qui goutèrent au remède de cheval de ce fourbe de D6 Veur, suite à quoi les hommes de métal décidèrent de continuer à squatter les lieux, et d’exterminer tous les pillards en puissance jusqu’à ce qu’une nouvelle race vienne tenter sa chance à « qui perd perd », le jeu favori de Mephet’ran. La nouvelle se termine avec le déverrouillage de la porte de la salle où le cadavre d’Arvus pourrit tranquillement (quand on fait des siestes de 65 millions d’années, obtenir un rdv avec un serrurier compétent peut prendre un peu de temps), et le largage de ce dernier dans le tout à l’égout de la cité. Il faut bien faire les poussières de temps en temps.

AVIS :

Mitchel Scanlon nous sert une histoire très classique d’exploration de nécropole Necron par une petite bande d’impériaux totalement dépassée par le cours des événements, et prévisiblement massacrée par les locaux une fois ces derniers réveillés. La seule variation que ‘Forever Loyal’ apporte au tableau est le décor marécageux dans lequel la nouvelle se déroule, ce qui ne gagnera pas à Scanlon le prix de l’originalité, je gage. Cette soumission aurait pu valoir la peine si l’auteur avait un peu plus creusé la veine background, exploitée de façon assez obscure (ce sont des Slanns qui vénéraient le Deceiver à la base ?) et limitée en fin de récit, mais comme Scanlon a préféré mettre ses œufs dans le panier de l’action insipide et convenue, on peut sans regret reléguer ‘Forever Loyal’ dans le tas des nouvelles bof de la BL, pour au moins quelques millions d’années.

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Wind of Change – C. L. Werner [WFB] – #39 :

INTRIGUE :

WFB_The Wind of CHangePartie avec armes (nombreuses) et bagages (portés par ses sous-fifres parce qu’il ne faut pas déconner non plus) dans le grand nord de Naggaroth afin de traquer quelques beaux spécimens de monstres pour la petite animalerie familiale qu’elle tient à Klar Karond, la maîtresse des bêtes Belithi ne se doute pas un instant du danger qui l’attend dans les steppes désolées du… Canada ? du Monde qui Fut. Escortée par ses deux apprentis en instance de diplomation, Tylath le noble méprisant et Malador le roturier méritant, une paire d’Ombres (le vieux Nithrind et l’ambitieux Uneldir) et la présence rassurante de sa Manticore de fonction, la belluaire arrive en vue du petit cabanon de chasse que son aïeul avait fait construire dans la taïga il y a de cela quelques décennies, et toujours habité par le concierge qu’il y avait laissé pour l’entretien des lieux (et qui a passé les derniers siècles à couper du bois au milieu d’une nature hostile sans avoir personne à qui parler : partant, on excusera sa folie manifeste).

Le concierge grabataire a beau prévenir notre héroïne du péril qui la guette si elle s’éternise dans ce bled paumé, ancienne terre de chasse des tribus humaines génocidées par les Druchii à leur arrivée à Naggaroth, il le fait dans des termes tellement grandiloquents, vagues et insolents qu’on ne s’étonnera guère qu’il rencontre rapidement une fin brutale – mais pas tellement prématurée, au vu de son âge – de la main de sa patronne, qui à défaut de parvenir à lui mettre du plomb dans la cervelle, se contente d’esquilles d’os nasaux. Simple et efficace. C’est toutefois le début des emmerdes pour notre bande de chasseurs, qui se retrouve rapidement confrontée à des phénomènes aussi paranormaux qu’inquiétants. Se pourrait-il que le vieux chnoque ait eu raison en les prévenant que la mort rôdait dans les environs ?

AVIS :

Connaissez-vous le mythe du Wendigo ? Cette créature surnaturelle et pas vraiment sympathique, du fait de ses tendances cannibales, peuple le folklore des tribus Amérindiennes, où il fait contrepoint à nos bons vieux loups-garous et vampires.  Souvent représenté comme un humanoïde cadavérique à tête de cerf, le Wendigo appartient également au monde des esprits, ce qui lui permet de jouer des tours pendables à ses victimes, en se matérialisant à leurs côtés sans crier gare, ou en les observant sous une forme éthérée depuis les profondeurs de sa forêt natale. Adaptation atmosphérique et fort réussie de cette légende algonquine dans l’univers de Warhammer Fantasy Battle, ce Wind of Change démontre avec brio que C. L. Werner maîtrise parfaitement les codes de l’horreur littéraire, en confrontant notre petite troupe de citadins blasés à un adversaire aussi insaisissable qu’imaginatif dans ses interventions. Tous les tropes horrifiques sont passés en revue, depuis la bête sauvage ne laissant que des cadavres déchiquetés derrière elle, l’étranger sinistre qui apparaît sans crier gare et disparaît tout aussi vite, les disparitions et apparitions inexplicables, les séparations involontaires, l’enfant maléfique, les psychoses qui finissent par faire oublier aux héros que des dangers bien réels les guettent… N’en jetez plus, il y en aura pour tout le monde ! Le fait que nos protagonistes soient tous d’immondes ordures au cœur noir (comme tous les Elfes Noirs) n’empêche pas le lecteur de les prendre d’empathie, mais ajoute une touche grimadark tout à fait savoureuse à la nouvelle, dont la conclusion fait élégamment le lien entre le mythe « réel » auquel elle se rattache et le lore de WFB. Il est bien dommage que The Wind of Change n’ait pas été republié dans un recueil ou une anthologie par la BL, la qualité de cette soumission la plaçant par les toutes meilleures contributions de C. L. Werner à mon avis. Vous voilà prévenus, en tout cas.

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Wings of Bone – J. Swallow [40K] – #40 :

INTRIGUE :

40K_Wings of BoneTechnicien de surface au sein du 404ème (error : origin of the regiment not found), la recrue de 3ème classe Aves vit sa passion pour les avions de guerre par procuration en astiquant le manche (et les autres parties charnues) du Maraudeur Griffon, malgré les railleries, mauvais traitements et passages à tabac réguliers dont il est victime de la part de l’équipage de ce dernier. Assigné au support aérien de la Garde Impériale sur le théâtre de Rocene, planète en proie à une insurrection chaotique de grande ampleur, le Griffon mène des actions d’arrière-garde pour couvrir l’héroïque retraite stratégique actée par le haut commandement depuis quelques semaines. Sur l’aérodrome du Point Novembre1, Aves termine de faire briller les cadrans et cirer les sièges en cuir en chuchotant des mots tendres à la carlingue de son gros ami de fer lorsqu’il est témoin de l’arrivée furtive d’un chasseur ennemi, volant en rase mottes en direction de l’installation impériale avec la probable intention d’aller se kamikazer dans les hangars loyalistes. Réagissant avec promptitude et sang-froid, notre héros saisit les joysticks du poste de tir du Maraudeur, et cartonne l’impudent en plein ciel avant qu’il n’ait pu commettre l’irréparable. Malheureusement, si son intervention salutaire a certainement permis de sauver des vies (mouais…) et du matériel (mieux !), elle n’est que moyennement appréciée par la team Gryffondor, et en particulier par cette brute épaisse de Nilner, qui refait le portrait du héros, coupable d’avoir osé prendre sa place dans le cockpit pour accomplir sa BA. Comme quoi, il vaut mieux ne jamais prendre d’initiative.

Parti chercher un Ibuprofen à l’infirmerie sur sa pause-café, Aves revient à temps pour surprendre la discussion entre le Capitaine Vought et son bras droit, le Bombardier Sorda, seul à prendre la défense du larbin méritant, à la grande surprise de ce dernier. Marqué par des poings mais ayant tout de même marqué des points, Aves commence à nourrir des ambitions aériennes, que les aléas de la guerre ne vont pas tarder à favoriser. La suite de la nouvelle permet en effet de suivre une opération conjointe entre le Griffon et le Basilisk à l’encontre du QG mobile des renégats, une monstruosité sur chenilles au blindage tellement épais que les honnêtes bombes classiques larguées par les Maraudeurs (200 kilos d’explosifs par ogive, tout de même) ricochent avec un klong grotesque sur l’épiderme ferreux du béhémoth. Pour ne rien arranger, le commandant de ce dernier, sans doute grand fan du Commissaire Yarrick, a fait monter un mauvais œil d’une taille titanesque sur la coque de son Panzer, qui a tôt fait de rôtir le Basilisk2. La sortie tourne définitivement au vinaigre lorsqu’un trio quatuor de chasseurs ennemis prend chasse le Griffon sur le chemin du retour, perforant l’opérateur de tourelle au passage et amputant Nilner de sa jambe gauche d’une rafale bien placée. Bien que Vought parvienne à ramener son coucou au nid, ce dernier est en piteux état à son arrivée, et il revient à Aves d’emmener Nilner en toute hâte jusqu’à l’infirmerie avant que le gâchettier ne se vide de son sang. Dilemme éthique de la part de notre héros, qui a la possibilité de rendre la monnaie de sa pièce à son tortionnaire simplement en levant le pied de l’accélérateur et en regardant à droite, à gauche, puis à droite, puis à gauche, à chaque intersection. Que va-t-il décider ?

Ayant réussi son test de compassion désintéressée, Aves livre son colis aux urgences avant que sa date de péremption n’expire, ce qui lui attire l’incrédulité respectueuse de Sorda. Cette bonne action se retrouve récompensée lorsque, quelques jours plus tard, et le Griffon remis en état, Aves réussit à convaincre3 Vought de prendre les manettes des flingues du Maraudeur afin de permettre à ce dernier de finir le boulot en larguant un Little Boy sur le nez du Baneblade ennemi. Cette mission à hauts risques, la dernière que le Griffon mènera avant que la Garde passe la main aux Space Marines des Doom Eagles, permettra-t-elle à notre fanboy enthousiaste de prouver sa valeur et de mériter le fameux pin’s à ailes d’os sur lequel il bave depuis si longtemps ?

1 : Si la campagne a commencé avec Janvier, ça donne une idée du terrain perdu par les troupes de Pépé depuis le début des combats.
2 : Ce qui est normal après tout, un coq vole moins bien et moins haut qu’un griffon.
3 : Vought : « Je suis désolé messieurs mais le haut commandement est formel. Nous ne serons autorisés à mener cette mission suicide consistant à larguer une bombe nucléaire sur le Baneblade ennemi que si l’équipage dispose d’un opérateur qualifié pour nos bolters lourds de coque. Avec la blessure de Nilner, ce n’est pas le cas, et nous allons donc malheureusement devoir nous contenter de faire le taxi brousse en attendant l’évacuation de la base. Ne me remerciez p- »
Aves : « Eh M’sieur ! Moi je peux remplacer Nilner M’sieur ! »
Vought : « Et qu’est-ce qui te fait penser que tu as l’étoffe d’un équipier du Griffon, moustique ? Je suis tombé sur tes fan-fictions aéroticonautiques, et j’ai connu des cultistes de Slaanesh qui avaient plus de décence. Il va en falloir plus que ça pour me convaincre de te laisser nous rejoindre ! »
Tous : « DUEL ! DUEL ! DUEL ! »
Aves : « Euh, c’est quoi cette histoire de duel là les gars ? J’avais préparé une lettre de motivation et j’ai amené une recommandation de la part de Riton de la cantine (si ça vous intéresse), mais je ne pensais pas qu’on en arriv- »
Vought : « Regarde-moi dans les yeux, petite fiotte ! Le premier qui cille a perdu ! »
Aves : « Ah. Ok. C’est dans mes cordes je pense. » – souffle dans le nez de Vought –
Vought : « Aaaaargh, il est fort l’animal ! C’est limite mais c’est réglo. Bien venu à bord, petit gars. »

AVIS :

Soumission assez honnête de la part de James Swallow, Wings of Bone a la bonne idée de ne pas se passer exclusivement dans une carlingue de Maraudeur en mission, théâtre de drames assez répétitifs dans l’absolu. Bien que l’auteur remplisse son quota de scènes d’engagements aériens (exercice dans lequel, sans véritablement exceller1, il fait le job de façon correcte pour la BL), c’est ce qui se passe sur le tarmac qui fait le sel de cette nouvelle, les désirs de promotion et de gloire martiale d’Aves, héros larmoyant mais exemplaire (des caractéristiques rares à 40K), constituant une respiration bienvenue entre deux séquences d’action. Rien n’est bien original, ni très développé (Aves le vaillant petit tailleur souffre-douleur, Nilner la grosse brute, Sorda le vétéran protecteur, Vought le commandant hautain mais qui a un bon fond…), dans ce que raconte Swallow, mais son texte ne comporte pas non plus de défauts rédhibitoires. Une nouvelle véritablement et littéralement passable, donc.

1 : En témoigne la dernière mission du Griffon, qui verra la totalité de l’équipage à l’exception d’Aves, mourir ou être gravement blessé hors champ et en mode silence, ce qui n’aide pas à construire et maintenir une tension narrative digne de ce nom. Consacrer quelques page de plus au grand final de l’Hindenburg n’aurait pas été une mauvaise idée.

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Cold Light of Day – R. Sanders [WFB] – #40 :

INTRIGUE :

WFB_Cold Light of DayCapitaine baleinier au long cours et à la santé mentale défaillante, Bale Charnoslav a le déplaisir de voir son navire investi par son employeuse, Bel’Kovo, représentante de la Compagnie de Commerce Paluga-Bel’Kovo, et un de ses domestiques, Nikolai Mendelstamm. Ayant récemment succédé à son défunt paternel à la tête de l’entreprise familiale, et peu satisfaite de la façon dont les affaires sont menées, Miss Bel’Kovo insiste donc pour participer à une campagne de chasse dans les eaux arctiques du Vieux Monde, malgré l’accueil peu sympathique qu’elle reçoit de la part du maître du Blagovashchenko. Ce dernier est en effet engagé dans une quête vengeresse, et traque un chaochalot proprement monstrueux (une baleine rétroéclairée et qui crache du feu, rendez-vous compte), responsable de la mort de sa sœur à la suite du naufrage provoquée par le monstre marin. Consumé par son désir de revanche, Charnoslav est prêt à naviguer jusque sous les latitudes chaotiques pour dresser, à coups de harpon, le constat à l’amiable faisant défaut au dossier d’assurance.

Après des mois de mer pendant lesquels il parvient tant bien que mal à maintenir son autorité sur les voleurs et meurtriers qui constituent son équipage (« recruté » en grande majorité parmi les pensionnaires des nombreux pontons qui jonchent l’estuaire du Lynsk), Charnoslav parvient enfin à sécuriser un tête-à-rostre avec sa proie, qui se termine de manière piteuse pour l’Achab d’Erengrad. Le cuir épais et (apparemment) enflammé du rorqual peu commun le protège en effet des piqûres d’aiguille de sa Némésis, qui peut s’estimer chanceux de s’en tirer avec la perte de seulement quelques hommes d’équipage et chaloupes. Abattu mais nullement résigné, Charnoslav poursuit sa croisière, qui n’amuse plus grand monde à part lui, dans le cercle polaire du Monde qui Fut, et repère un navire désemparé dans cette zone inhospitalière et interdite. Convaincu par ses employeurs et seconds d’aller au secours de la pinasse (car c’en était une, merci Sanders d’enrichir notre vocabulaire maritime), Charnobyl se rend sur place en compagnie de ces derniers, et aborde un navire absolument vide d’équipage et de cargaison. Il n’a pas le temps de creuser le mystère plus avant que le Blagovashchenko est emporté par une mutinerie, le laissant seul maître à bord d’un navire fantôme.

Nullement découragé, ou alors pas très longtemps, par ce léger aléa, Charnoslav se met en chasse des mutins avec son nouveau vaisseau, et les aurait sans doute rattrapés si une deuxième mutinerie n’avait pas éclatée à son bord (décidément, il les collectionne). Cette fois-ci, c’est au tour du jusqu’ici inoffensif Mendelstamm de révéler sa rouerie, le gratte-papier de Bel’Kovo étant en fait l’agent de l’autre associé de la CCPB (Mr Paluga, donc), ayant décidé de diversifier son portefeuille d’actifs en se lançant dans l’import-export de malepierre, minerai présent en grande quantité dans le Nord du Vieux Monde, mais soumis à un embargo logique de la part des autorités compétentes. C’est ce même Mendelstamm qui a facilité la mutinerie de l’équipage du Blagova… bon vous avez compris, en leur donnant les clés du coffre des armes du bord, afin que l’arrivée au port du Demetrius (le véhicule de courtoisie de Charnoslav et Cie) passe inaperçue1. Et si le Demetrius semble vide, il ne l’est en fait pas du tout, le ballast du navire étant en fait constitué de malepierre. Tout fourbe qu’il est, Mendelstamm est toutefois bien bête de révéler sa trahison en plein milieu d’une traversée périlleuse nécessitant la coopération de tous ses camarades d’infortune, si vous voulez mon avis. Ce mauvais timing ne portera toutefois pas directement préjudice à notre félon, qui succombe prestement aux assauts des rats géants peuplant le bord, et ayant généreusement profité de la cargaison un peu spéciale du Demetrius pour gagner en carrure et en appétit. Dans la confusion qui s’ensuit, l’équipage restant est promptement boulotté à son tour, laissant Charnoslav et Bel’Kovo seuls survivants du naufrage qui se produit lorsque le navire percute un iceberg qui passait par là. Notre histoire se termine sur le début de la dérive des naufragés sur leur gros glaçon, Charnoslav ayant au moins la satisfaction de constater que les premiers mutins ne l’ont pas emporté au paradis, à la vision d’une planche portant le nom du Blago… bref, rejetée elle aussi sur son iceberg privatisé. Victoire morale, I guess ?

1 : Comment, mystère. Ce n’est pas le seul point obscur de l’intrigue d’ailleurs.

AVIS :

Débuts de Rob Sanders comme contributeur pour la Black Library, ce ‘Cold Light of Day’ part sur des bases très sympathiques avec son parti pris de pastiche Moby Dickesque, mais se termine malheureusement en queue de poisson. La faute à mon sens au manque de « concentration » de l’auteur, qui multiplie les péripéties et les retournements de situation sans prendre le soin de terminer proprement son propos. Par exemple, la Némésis marine de Charnoslav disparaît corps et bien de la nouvelle une fois passé l’affrontement (et encore, on peut plus légitimement parler d’effleurement, Monstro se contentant de donner un léger coup de klaxon melon dans la carène du B.) initial, l’intrigue évoluant vers un pastiche des Révoltés du Bounty, puis vers celui de Prometheus (avec quelques années d’avance), avant de se terminer par une redite de Titanic, où cette fois, Rose laisse un peu de place à Jack sur sa coquille de noix. Bilan des courses, on se retrouve avec des manquements scénaristiques assez embêtants, et une sensation globale d’inachevé, alors qu’un duel homérique entre le capitaine fou et la bête chaotique aurait suffi à notre bonheur. D’un point de vue personnel d’anglophone non-natif, je dois également dire que l’usage soutenu que fait Sanders de termes spécialisés rend parfois son propos assez obscur, ce qui est suffisamment rare de la part d’une nouvelle de la BL pour que je le signale. Si vous ne saviez pas que fo’c’sle était un vrai mot anglais, c’est maintenant le cas. Ahoï, mates !

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Plague Ship – J. Alexander [40K] – #40 :

INTRIGUE :

40K_Plague ShipEnvoyés purger un vaisseau transportant un régiment de Gardes Impériaux vers le système Cadien après  qu’une épidémie de Fléau de l’Incroyance se soit déclarée à bord, les hommes du Capitaine Torrus commencent bien mal leur mission, le bien nommé frère Formica1 se téléportant directement dans une cloison avec un KLONG ! aussi bruyant que mortel2. Zut. Pour ne rien arranger, notre escouade de dix s’est trouvée scindée en deux dans la manœuvre, forçant le Techmarine Callinca (Rochard de son prénom) à prendre le commandement des brebis aigles égarés, et à les mener vers le pont du transporteur, objectif de notre taskforce d’élite. Nous suivons la progression des deux groupes à travers les coursives délabrées de l’épave, ainsi que leurs premières rencontres, riches en émotions, avec l’équipage du Deliverance, donnant aux Doom Eagles l’occasion de s’illustrer, et aux Zombies de la Peste celle de dégobiller leur haine et leur contenu stomacal sur les plates de céramite rutilante des meilleurs de l’Empereur. Car, oui, les morts-vivants d’Alexander ont cette arme à leur disposition, et comptent bien en faire usage.

Tandis que le groupe mené par Torrus fait la rencontre de l’Aumônier Shota Klos, seul survivant de l’épidémie de gastro carabinée ayant sévi à bord, et gardé attentivement à l’œil par ses sauveurs alors qu’il leur fait prendre un raccourci de son cru vers leur objectif, l’équipe de Callinca se divise en plusieurs groupes au gré de sa montée via un ascenseur capricieux et peu spacieux, avec des résultats peu probants puisque le Technmarine laissé en arrière-garde devra utiliser les précieux explosifs qu’il destinait au sabotage des commandes du vaisseau pour prendre ses distances avec des fans un peu trop collants (dans tous les sens du terme). Même si cette perte n’aura au final aucune conséquence fâcheuse, un simple arrachage de circuit imprimé faisant tout aussi bien l’affaire, le commandement peu inspiré de Callinca aurait pu à terme s’avérer dommageable pour ses hommes, si la jonction avec le groupe de Torrus ne s’était pas finalement opérée, après que le brave Ulcaca ait suffisamment merdé se retrouver submerger par les Zombies. Oui, je tenais à faire cette blague, ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de pouvoir exploiter des noms de Space Marines à si haut potentiel.

Leur mission accomplie, les Doom Eagles accompagnés de Santa Claus, dont la moindre quinte de toux suscite une mise en joue immédiate de la part de ses petits camarades de jeu, doivent à présent trouver un moyen de regagner leurs pénates, le recours à la téléportation n’étant pas une option disponible. La petite troupe prend donc le chemin de la soute du Deliverance, où un Thunderhawk envoyé par le  Mournful Passage pourra venir les cueillir. Ce plan infaillible est toutefois contrarié par la présence de l’entièreté du Régiment pestiféré à cet endroit précis, soit des milliers de Gardes tous prêts à faire des papouilles aux Space Marines en vadrouille. S’en suit une baston horriblement confuse qui voit la moitié de la fine équipe réussir à s’échapper en Blablacar, tandis que l’autre parvient à se barricader dans le hangar à fusils laser de la soute, avec assez de munitions pour soutenir un siège en attendant que la cavalerie revienne… ce qu’elle fait deux semaines plus tard. Il ne fallait pas être pressé. S’attendant à ne trouver que les cadavres de ses compagnons d’armes, cet incompétent de Callinca, en charge des opérations de purge du Deliverance, a l’heureuse surprise de constater que trois de ses frères (Torrus, Makindlus et Balbolca – qui avait pourtant accompagné Callinca dans le Thunderhawk, et est donc revenu sur place par ses propres moyens ou suite à un oubli d’Alexander – ) ont survécu à cette rude quinzaine, en grande partie grâce à l’aide dévouée et au sacrifice désintéressé de Klos, qui a donné sa vie quelques heures plus tôt (comme quoi, ça s’est joué à rien : si Callinca n’avait insisté pour assister à son cours de Pilates le matin même, l’Aumônier aurait pu s’en sortir) pour sauver celle de ses compagnons d’infortune. Comme quoi, si l’incroyance est un fléau, la procrastination peut l’être tout autant.

1 : En fait on ne connaît pas le nom de notre cher disparupersé, mais en se référant aux patronymes de ses collègues, on peut supposer qu’il se terminait soit en –ca (Balbolca, Althuca, Callinca, et mon préféré, Ulcaca), soit en –us (Torrus, Vidus, Stellus, Makindlus). J’ai donc toutes mes chances.
: En même temps, quand ton vaisseau s’appelle le ‘Mournful Passage’, soit littéralement le ‘Passage Funèbre’, il ne faut pas s’étonner que l’esprit de la machine ne prenne les choses au pied de la lettre.

AVIS :

Unique et poussive contribution de Jim Alexander au corpus de nouvelles de la Black Library, ‘Plague Ship’ est une histoire de Space Marines combinant une intrigue aussi fine qu’un Serment de l’Instant avec des énormités fluffiques telles qu’on se demande comment les éditeurs de la BL ont pu en autoriser la publication (et on comprend aisément pourquoi la nouvelle n’a pas connu d’autres tirages depuis). Même en évacuant la simple logique de notre approche (pourquoi envoyer des Space Marines saboter un vaisseau que l’on sait déjà corrompu sans espoir de rédemption, alors qu’on a un croiseur d’attaque sous la main ?), on se retrouve en effet avec une quête tenant plus d’une mauvaise partie de Space Hulk (ou Zombicide), où l’objectif est d’aller d’un point A à un point B, puis C, en zigouillant tous les mobs passant dans le viseur, ce qui n’est guère passionnant sous la plume d’un auteur compétent… ce que Jim Alexander ne m’a pas semblé être à la lecture de sa soumission. Le message qu’il semble vouloir faire passer (même les plus humbles serviteurs de l’Empereur peuvent se révéler l’égal des divins Space Marines1) est de plus d’une banalité consommée, en tout cas pour le lecteur « contemporain » de la Black Library, à qui on a servi cette rengaine larmoyante sur des pages et des pages (amen).

Ceci dit, le plus troublant (et fendard) reste le manque de culture SM (en tout bien tout honneur) d’Alexander, qui nous fait le coup des grades imaginaires (Techmarine Sergent) et de l’armement non-conventionnel (pistolet laser à gogo et grenade glaçante non homologuée). Passe encore. Le summum de l’infamie est atteint lorsque la psychologie même des inflexibles moines guerriers se retrouve compromise, les réflexions pseudo-humoristiques et les gros coups de flippe s’enchaînant avec une constance remarquable. Ils ne connaîtront pas la peur, qu’il disait Roboute ? Eh bien c’est loin d’être aussi évident dans le livre de Jim Alexander, qui n’est certes pas le Codex Astartes. Bref, une plantade quasi-totale, dans la droite lignée d’un ‘Salvation’ de Jonathan Green, de laquelle on hésite même à sauver les quelques bouts de fluff qui surnagent. Je conseillerais donc de placer ce ‘Plague Ship’ en quarantaine.

1 : Ce qui s’avère finalement assez facile quand on prend cette buse de Callinca pour référence, ceci dit.

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The Perfect Assassin – N. Kyme [WFB] – #40 :

INTRIGUE :

The Perfect AssassinKyme entraîne ses lecteurs dans la cité tiléenne de Luccini, sur les traces de Rannick, alias l’Ombre Vivante (the Living Shade), l’auto-proclamé « Roi des Assassins ». Notre héros doit faire face à la concurrence d’un petit nouveau dans la profession (le Corbeau Noir/Black Crowe), dont les récents exploits menacent sa réputation et son statut. Conscient qu’il doit frapper fort pour rappeler à tous qu’il est le patron, Rannick décide d’exécuter un contrat sur lequel huit autres confrères se sont déjà cassés les dents (et la pipe, par la même occasion) : assassiner le comte Banquo Degusta.

AVIS :

Enthousiasmé par son sujet, Nick Kyme met en scène une ménagerie de personnages très hauts en couleurs, un assassin tiléen ne pouvant être à ses yeux qu’un individu flamboyant exerçant son art de la manière la plus baroque possible (mention spéciale à « l’Artiste », qui exécute ses contrats en poignardant ses victimes avec une plume empoisonnée, puis utilise leur sang pour dessiner leur cadavre). Mis à part son insupportable suffisance, Rannick apparaît toutefois comme assez pragmatique en comparaison de la majorité de ses collègues, ce qui rend la lecture de la nouvelle supportable.

Tout à son souci de régaler ses lecteurs avec des mises à mort tarabiscotées, Perfect Assassin pêche franchement par son manque de vraisemblance, peut-être totalement assumé par l’auteur, mais plus probablement conséquence malheureuse de la volonté de Kyme d’en faire des caisses pour impressionner la galerie. De l’empoisonnement indétectable commis par un tueur insaisissable dont tout le monde connaît pourtant le déroulement précis, jusqu’au meurtre final dont la mise en œuvre comporte environ 43 étapes et dépend en grande partie des choix effectués par la victime, en passant par l’usurpation d’identité de plusieurs mois d’un notable très influent sans que personne ne perce à jour l’imposteur, c’est un véritable festival WTF auquel le lecteur est convié. À trop vouloir être cool, Nick Kyme enchaîne les bourdes avec la constance d’un scénariste de série B, tout cela afin de (mal) légitimer le twist final de sa nouvelle. C’est ce qu’on appelle ne pas avoir les moyens de ses ambitions.

Pour résumer, ce n’est pas ‘Perfect Assassin’ qui viendra faire de l’ombre à ‘Where Walks The Mardagg’, qui demeure le texte de référence pour tous les amateurs d’intrigues tiléennes. Digeste, sans plus.

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Echoes of the Tomb – S. Mitchell [40K] – #41 :

INTRIGUE :

40K_Echoes of the TombStar montante du Commissariat après que les récits de ses premiers exploits se soient répandus dans le secteur, Ciaphas Cain a été muté contre son gré à l’échelon supérieur, et s’est retrouvé impliqué par ses admirateurs dans de nombreuses missions bien trop dangereuses et exposées à son goût. Appelez ça la rançon du succès. Aussi, lorsqu’il apprend que l’état-major a besoin d’un officier pour faire liaison avec la barge de bataille des Reclaimers, Chapitre Space Marines mobilisé dans une campagne de pacification dans le système de Veridia, il n’hésite pas à se porter bravement volontaire, jugeant l’entreprise moins périlleuse que de continuer à jouer les héros de service auprès de ses collègues de bureau.

Son taxi jusqu’au point de rendez-vous avec les meilleurs de l’Empereur sera un vaisseau du Mechanicus dirigé par le Magos Killian, qui a monté une expédition pour excaver des ruines prometteuses sur le monde mort d’Interitus Prime. Arrivés sur place avec quelques jours d’avance sur les Reclaimers, les tech-archéologues se mettent à pied d’œuvre avec enthousiasme, et Cain accepte de descendre à la surface, et même sous la surface, de la planète pour prodiguer ses conseils avisés au jeune et inexpérimenté Lieutenant Tarkus, en charge de la sécurité des cogboys. Je sais que cela va vous surprendre, mais Interitus Prime abritait une colonie de Necrons, qui se réveille sans tarder après que les envahissants humains aient cherché à recharger une innocente Mecarachnide qui s’était mise en veille prolongée après sa dernière mise à jour Windows. Bilan des courses : les Scarabées déferlent, les Spectres phasent et déphasent, les Guerriers se gaussent, et les Impériaux se font tailler en pièces, ne laissant que notre héros en un seul morceau après quelques pages de rencontre du 3ème type. Fort heureusement pour Cain, les Necrons d’Interitus Prime sont diablement woke car ils disposent d’un authentique et totalement legit… portail Warp, qui téléporte le Commissaire dans la soute d’un vaisseau spatial fraîchement abordé par ces lambins de Reclaimers. Et tout est bien qui finit bien.

AVIS :

Echoes of the Tomb’ n’est pas la meilleure nouvelle de Ciaphas Cain proposée par Sandy Mitchell, et la faute en revient principalement à un déroulé étrange (la première partie est consacrée aux diners fins et aux parties de solitaires de Cain, à l’exclusion du moindre élément vaguement 40Kesque) et à un dénouement tristement bâclé (en plus de ne pas respecter le fluff Necron tel qu’on le connaît). Cain reste un personnage sympathique et Mitchell un auteur compétent dans son style de prédilection, mais tous deux ont connu de meilleurs jours et pages.

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The Vampire Hunters – R. Earl [WFB] – #41 :

INTRIGUE :

Bienvenue à Novograd, petit village kislevite blotti dans la nature sauvage de cette contrée septentrionale. Nous arrivons juste à temps pour surprendre un trio de natifs confinés dans l’auberge locale, absorbés par l’activité reine de la mauvaise saison : écouter la tempête secouer les maisons tout en fantasmant sur sa mort prochaine et se cuitant à la vodka pour passer le temps. Voilà bien toute l’âme indomptable du Kislev résumée en quelques mots. Plongés dans cette introspection profonde et alcoolisée, nos personnages sont surpris par les coups donnés sur la porte de leur gîte par une force mystérieuse. Délaissant un instant la mastication de sa moustache, autre passe-temps très populaire dans le pays, l’aubergiste Grigori1 va s’enquérir de la cause de ce raffut pendant que ses compagnons dégainent leurs couteaux à saucisson, dès fois que ce serait Peppa Pig qui viendrait demander l’hospitalité. À l’extérieur, ce sont deux voyageurs assez bien mis, Calixte Lesec et son valet Viento, qui demandent à s’abriter de la tempête. Après avoir hésité un moment, car, comme tout homme civilisé, Grigori à entendu parler de la déplorable réputation des Lesec (remontant jusqu’à leur patriarche, Noisy), le tavernier finit par laisser les visiteurs entrer après qu’ils aient prononcé le mot magique : « nous avons croisé Petrokov sur la route ». Car Petrokov est le fils de Grigori, et s’il est parti en direction de la capitale au cœur de l’hiver, c’est pour y chercher de l’aide. En effet, Novograd a un problème. Un gros, vorace et nudiste problème.

Une fois à l’intérieur, les nouveaux venus confirment qu’ils sont bien venus pour aider les locaux à se débarrasser de leur nuisance vampirique, car c’est bien de cela dont il s’agit, avec une confiance et une désinvolture qui ne leur attire pas les faveurs de Grigori. Pressé de questions par les mercenaires, il donne une description de l’individu suspect collant parfaitement avec le portrait type d’un Stryge (grand, baraqué, naturiste, avec une tête de chauve-souris), et accepte de mener ses hôtes dans les cavernes servant de repaire à la bête dès le lendemain. Sur la route dès potron minet – mais pas avant que Grigori ait pris son petit-déjeuner complet à base de porridge et de thé au miel (de Lustrie), car c’est le repas le plus important de la journée – les trois hommes progressent dans la poudreuse toute la matinée, et finissent par arriver devant les Dents de l’Ours, percées par un réseau de grottes dans lesquelles les locaux ont vu disparaître le vampire avec une proie sous le bras il y a quelques semaines…

Début spoiler…Une fois la partie lancée en indoor, c’est au tour de Grigori de se retrouver à la peine, les rapides et athlétiques Calixte et Viento redoublant de yamakaseries pour coller deux bonnes longueurs d’avance à leur « guide », laissant ce dernier former l’arrière-garde du groupe avec sa phlébite et son couteau. Guère rassuré par la situation, et seulement éclairée par la lueur tremblotante de sa torche, Grigori a beau se répéter que tout est sous contrôle, le bruit d’une cavalcade de griffes sur la roche, se rapprochant de plus en plus de sa position, n’a rien de très rassurant. Et lorsqu’un vieux réflexe de victime de film d’horreur le pousse à lever les yeux vers le plafond de la grotte, il ne peut que constater que la situation est compromise, ce coquinou de Stryge ayant opté pour une approche verticale et se trouvant à quelques centimètres de la tête de notre héros. Paralysé par une abjecte terreur, ce dernier en vient à lâcher son fidèle surin, mais, lorsque la bête se met en tête de lui fouailler la carotide, il a le bon réflexe de lui balancer un bon gros « parle à ma main » pour lui mettre un stop. Comme la main en question portait sa torche, le vampire en est quitte pour une bouchée de braise, ce qui n’est jamais agréable.

C’est le moment choisi par Calixte et Viento pour passer à l’attaque, de façon aussi coordonnée qu’acrobatique, les mercenaires prenant leur proie à son petit jeu de varappe en sautant eux aussi de prise en prise avec l’habileté d’un Alex Honnold sous speed. Sentant que l’on n’a plus vraiment besoin de lui, et plus qu’un peu dégoûté par la BO de la bataille et l’averse de sang qui commence à l’arroser, Grigori opte pour un petit évanouissement réparateur. À son réveil, et après avoir laborieusement retrouvé et rallumé sa torche, il peut constater que le Stryge a été vaincu, mais que ses problèmes, loin de disparaître, ont doublé. Car Calixte et Viento étaient eux aussi des vampires, que leur bataille contre leur lointain cousin skinhead a mis en appétit. Ils somment donc leur hôte de les ramener à Novograd, afin qu’ils puissent bénéficier du gîte et du couvert promis pendant une saison complète que l’offre d’embauche transmise par le délicieux Petrokov mentionnait. Ayant réalisé que son fils était très probablement mort, et que le reste du village ne tarderait pas à les suivre, Grigori, logiquement abattu par le tour qu’ont pris les événements, se met toutefois en route avec diligence, entraînant derrière lui les deux tueurs hémophiles.

Derrière son air de désespoir abêti, Grigori a toutefois un plan, et part au diable vau vert en compagnie des parasites, profitant de la tempête de neige s’étant levée entre temps pour les éloigner de Novograd. Lorsque Calixte finit par se rendre compte de la situation, il est trop tard pour les deux vamps, et la fringale qui travaille Viento pousse ce dernier à attaquer le Kislévite sans réfléchir aux conséquences de son geste, lorsque ce dernier lui balance quelques insultes savamment choisies. En plus de saigner à mort leur seul lien avec la civilisation, l’assoiffé ne s’est pas rendu compte que ce dernier se tenait à dessein sur le bord d’une corniche surplombant un abîme, et les trois randonneurs finissent donc par basculer dans le ravin après que Calixte ait tenté, sans résultat, de calmer les ardeurs de son séide. Ce n’est toutefois pas la fin pour Grigori, qui parvient à regagner la route quelques heures plus tard, malgré des blessures plus graves les unes que les autres, et la perte de 4 litres de sang. Réalisant qu’il est sur le point de devenir un vampire à son tour2, le dévoué aubergiste décide de se sacrifier pour la cause, et sort son meilleur saut de l’ange pour allez à nouveau s’écraser en contrebas. C’en est cette fois fini du petit Grigori, dont on retrouvera le cadavre flottant dans la rivière locale au dégel. Encore un mystère non éclairci…Fin spoiler

1 : Qui a contracté cette sale habitude il y a quarante ans, et qui en a quarante-deux. On vieillit vite à Kislev, c’est connu.
2 : On suppose que Viento a mis la langue pendant leur séance de base jumping en amoureux ?

AVIS :

Soumission solide de la part d’un Robert Earl pas encore obnubilé par les aventures de Florin et Lorenzo (bien que la paire Calixte – Viento s’avère assez semblable à son équivalente bretonienne dans ses relations maître – serviteur), ce Chasseurs de Vampire permet au lecteur de découvrir le Vieux Monde dans toute sa dureté, tant climatique que « sociologique », et de prendre la mesure du fameux tempérament kislévite, garant de la survie de ce peuple plus exposé que les autres aux déprédations des forces du mâââââl. Bénéficiant d’une intrigue bien trouvée et mise en scène, notamment le passage de la grotte et l’approche angoissante du Stryge, qui n’aurait pas dépareillée dans une nouvelle de Warhammer Horror, cette histoire met à profit les éléments constitutifs de la GW-Fiction que sont l’action, le suspense et le grimdark, pour un résultat des plus convaincants. À placer parmi les modèles du genre.

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Calculus Logi – D. Hinks [40K] – #41 :

INTRIGUE :

40K_Calculus LogiDepuis que leur vaisseau s’est écrasé à la surface de Belisarius IV, planète désertique à la température peu clémente, les journées du Calculus Logi Regulus et de ses compagnons d’infortune (Amaryllis, Hasan, Rabanus et Valens), sont d’une périlleuse monotonie. Lorsque le soleil est à son zénith, la température au sol est en effet tellement élevée que les gigantesques prédateurs tunneliers qui chassent sous la surface de la planète (pensez aux vers des sable de ‘Dune’, mais en plus moche) se retrouvent cantonnés aux profondeurs, laissant quelques minutes (7’42’’ exactement, comme le très précis Regulus l’a établi) aux survivants pour faire l’aller-retour entre la caverne où ils se sont réfugiés et les débris les plus proches de leur embarcation, qui contiennent de précieuses réserves d’eau. Les jambes à piston de Reg’ lui permettent de survoler cet exercice avec aisance, mais ce n’est pas le cas de ses lourdauds et organiques camarades, et à chaque nouvelle course poursuite, un naufragé finit dans la/les gueule(s) du monstre qui a pris la petite troupe en grippe.

Si Regulus vit plutôt bien ces éliminatoires quotidiens, certain qu’il est d’être le plus rapide de la bande et de toujours pouvoir rentrer à temps au bercail, le reste de sa fine équipe (tout les autres sauf Rabanus, dévoré pendant que vous lisiez les phrases précédentes1), n’est pas aussi chill que l’adepte du Mechanicus, à commencer par la vivace – elle finit toujours seconde – Amaryllis, qui souhaiterait convaincre les boyz de pousser jusqu’au gros de l’épave, situé plus loin que le morceau qu’ils visitent quotidiennement, qui leur offrirait un abri ainsi que des chances de survies plus élevées. Cependant, les simulations de Regulus sont formelles : les performances athlétiques de ses running partners ne sont pas suffisantes pour leur permettre de rallier cet objectif, et ils finiraient tous (sauf lui, évidemment) croqués par le monstre dans la tentative, comme Hasan et Valens il y a quinze secondes de cela (quelle idée aussi de se taper dessus pour une histoire de croche-patte quand on se trouve à découvert…). Il ne reste donc plus à ce stade que notre cyborg buté et sa première dauphine, bien décidée à lui crier dessus jusqu’à ce qu’il révise sa position et accepte de rallonger le parcours.

Il faut croire qu’Amaryllis peut être vraiment ch*ante quand elle s’y met, car après une journée de franche prise de tête, Regulus finit par jeter l’éponge, et consentir à trotter jusqu’à la deuxième base, même s’il prévient à nouveau sa camarade qu’il est mathématiquement impossible qu’elle parvienne à bon port, d’après ses infaillibles projections…

Début spoiler…Mais l’erreur de l’intègre Regulus aura été de ne pas considérer qu’Amaryllis pouvait tricher pour arriver à ses fins. Aussi est-il très surpris lorsque sa fourbe poursuivante lui balance un silex aiguisé dans ses guiboles à ressort, ruinant ses jantes alu mais surtout endommageant gravement cette mécanique de précision, et le laissant donc en rade au milieu de nulle part pendant qu’Amaryllis est libre de poursuivre son sprint. Comme cette dernière l’a bien compris, l’essentiel ne pas de courir plus vite que le monstre, mais plus vite que Regulus, dont le gobage par la taupe géante de Belisarius IV lui donnera suffisamment de temps pour arriver à bon port. Rien ne sert de courir… enfin si un peu quand même, mais vous voyez l’idée.Fin spoiler

1 : Il fallait être plus rapide (et ça s’applique aussi à lui).

AVIS :

Petite nouvelle ma foi fort sympathique de la part de Darius Hinks, autant par l’hommage qu’elle rend, au moins en termes de décor, à une œuvre majeure de la science-fiction moderne, que par la complexité du personnage de Regulus (à la fois protecteur et dévoué mais également froid et arrogant), ou encore son twist final bien senti (et d’autant plus efficace que la narration à la première personne rend la mort de Regulus moins prévisible que si l’histoire avait racontée depuis un point de vue externe). Travail propre et efficace de la part de celui qui, en Mars 2004, n’était encore qu’un nouveau contributeur de la Black Library, et qui démontre ainsi de quoi il est capable lorsqu’il s’en donne les moyens. Dommage que sa motivation se soit révélée fluctuante dans les années qui suivirent…

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Vespertine – D. Griffiths [WFB] – #41 :

INTRIGUE :

VespertineLa routine quotidienne de Falko Rummenach, officier (sans doute commissaire, avec un nom pareil) au sein de la milice civile de Nuln, est perturbée par les agissements philistins d’un zélote particulièrement peu sensibles aux choses artistiques, et organisant régulièrement des sitting véhéments devant la galerie comtale en appelant les bonnes gens à mettre le feu au bâtiment. La raison de l’ire du Frère Alberich est à trouver dans le récent et inexplicable suicide d’un de ses camarades de culte (et peut-être de cuite), Daelius, qui s’est ôté la vie peu de temps après avoir développé une étrange obsession pour la plus récente des acquisitions de la galerie, le dernier tableau de Vicci Sabero, Soleil de Minuit, qui ressemble très mais alors très fort à l’affiche de The Ring1. Malgré les dénégations véhémentes du conservateur adjoint (le conservateur ayant lui aussi mis fin à ses jours peu de temps auparavant) quant à la parfaite innocuité des œuvres exposées, Falko se décide à mener l’enquête, motivé en cela par la menace d’Alberich de déposer plainte auprès de la permanence locale des Chasseurs de Sorcières, ce que les autorités séculières souhaitent légitimement éviter.

Notre fin limier commence par se rendre dans l’infâme taudis où vit l’artiste en question, qui, malgré le patronage dont il bénéficie de la part de la comtesse en personne (toujours dans les bons coups celle-là, décidément), a choisi de s’installer dans un quartier mal famé de Nuln, soit disant pour pouvoir donner plus librement cours à son art. Faisant remarquer à plusieurs reprises à son interlocuteur qu’il devrait prendre un peu de repos et penser à allumer le chauffage s’il ne veut pas attraper la mort, l’altruiste Falko note avec un intérêt tout professionnel la présence d’une poudre noire à l’aspect assez particulier sur le chevalet (et autour du nez) de Sabero. Ses premières suspicions trouvent leur confirmation lorsqu’il est appelé en urgence à la galerie pour constater le décès du garde laissé en permanence devant Soleil de Minuit afin d’éviter tout acte de vandalisme2.

Reliant rapidement les faits entre eux, Falko organise une descente de milice chez le génie tiléen, qu’il trouve passablement changé depuis leur dernière rencontre. La faute en incombe à l’importante quantité de malepierre que l’artiste maudit s’est mis dans le pif afin de nourrir sa muse (qui doit ressembler à Régine au saut du lit un lendemain de fête, à ce stade), malepierre qu’il utilise également avec prodigalité dans les pigments de ses œuvres. Après avoir expédié les formalités d’usage et lui avoir lu ses droits, comme celui de conserver le silence à jamais, Falko sonne la fin de la récré et fait carreler le mutant par ses camarades miliciens. La victoire morale et artistique remportée par l’Empire est toutefois endeuillée par la disparition prématurée de l’homme par qui est arrivé le scandale, le frère Alberich ayant lui aussi sombré dans la déprime après une trop longue contemplation de Soleil de Minuit, et opté pour un magnifique saut de l’ancre depuis le pont de Nuln pour mettre fin à son mal-être. L’art tue, mes amis.

1 : Comme Vespertine a été publié un an et demi après la sortie du film de Gore Verbinski, j’y vois un gros clin d’œil à ce classique du genre.
2 : Le plus étonnant restant tout de même le fait que le suicidé savait écrire, et a laissé une lettre d’adieu derrière lui. L’instruction populaire progresse dans l’Empire.

AVIS :

Le thème de l’œuvre d’art maléfique a été souvent exploité par les contributeurs de la Black Library, ce ‘Vespertine’ (adjectif qualifiant ce qui a trait au crépuscule – donc sans vrai rapport avec le contenu du texte, mais je dois bien avouer que ça claque comme titre –) étant la troisième nouvelle publiée dans les pages d’Inferno ! à exploiter cette idée, après ‘The Blessed Ones’ de Rani Kellock et ‘Portrait of my Undying Lady’ de Gordon Rennie. Au petit jeu des comparaisons et filiations, on peut aussi souligner que la BL compte son lot de pastiches de films, comme ‘The Curiosity’ (Le Pacte des Loups) ou ‘The Tilean Rat’ (Le Faucon Maltais). Bref, David Griffiths évoluait en terrain plutôt connu, à tel point que son ouvrage (le seul qu’on lui connaisse pour la BL) peut légitiment être regardé comme un gros clin d’œil en direction du lectorat habitué, dont le thème lui a possiblement été soufflé par l’actualité cinématographique de l’époque.

Enquête policière sommaire et rapidement menée (en même temps, avec un seul suspect, on évite les fausses pistes), la soumission de Griffiths est une variation un peu originale du trope bien connu du Chaos corrupteur, menaçant l’ordre établi sous la forme d’une toile de maître plutôt que sous celle d’un grimoire impie (‘A Good Thief’) ou d’une arme maudite (‘The Faithful Servant’). Convenablement exécuté à défaut d’être follement original ou bigrement bien écrit, ‘Vespertine’ se révèle être un court format made in WFB des plus honnêtes.

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Blood of Angels – C. S. Goto [40K] – #42 :

INTRIGUE :

40K_Blood of AngelsNotre histoire commence sur les chapeaux de roue et des ailes de feu lorsque Tenjin, Chapelain des Angels Sanguine, Chapitre descendant des Blood Angels, fait irruption dans le Temple Sanguinien de la forteresse monastère, animé de bien sanglantes intentions à l’égard de son supérieur, le Haut Prêtre Sanguinien Ansatsu. Descendant depuis le velux fracassé du sanctuaire comme un spectre du jugement dernier, notre héros poursuit son œuvre de démolition et de profanation en tirant de manière indiscriminée avec l’intégralité de l’arsenal conséquent qu’il a pris avec lui pour l’accomplissement de sa mission de mort, jusqu’à faire sortir sa proie de sa cachette. Alors qu’Ansastu tente de s’échapper par le trou dans le plafond, Tanjin se lance à sa poursuite, et, tirant parti du poids kolossal du Graal de Sang (en fonte) et de l’Exsanguinator (en plomb) qu’Ansatsu a absolument tenu à emporter avec lui, rattrape le fugitif en pleine ascension pour lui flanquer son poing (énergétique), non pas dans la goule, mais à travers le thorax, ce qui a instantanément raison des velléités d’évasion du Prêtre. Malheureusement, ce petit meurtre entre amis déclenche une crise de Rage Noire chez Tenjin, qui, confronté à l’arrivée soudaine d’un Inquisiteur (Addiss) qui passait par là, accompagné par un Archiviste Angels Sanguine récemment démissionnaire de la Deathwatch, tient un discours suffisamment confus pour être neutralisé sans sommations par le service d’ordre. Lorsque Tajin de pruneaux se réveille, il est solidement attaché à une table d’opération dans l’Apothicarium du Chapitre, afin de permettre à son interrogatoire de se passer dans les meilleures conditions. Pourquoi donc le Chapelain a-t-il commis l’irréparable et trucidé son boss sans crier gare ? Nous n’allons pas tarder à l’apprendre.

Tout a commencé trois mois plus tôt, par la rétrogradation, plutôt suspecte, du brave Tenjin, réaffecté par Ansatsu de la 1ère à la 10ème Compagnie. Le principal intéressé, s’il n’en laisse rien paraître, en grand professionnel qu’il est, a bien du mal à comprendre le rationnel d’une telle décision, ayant prouvé depuis des décennies sa capacité à garder sous contrôle l’alcoolisme (Soif Rouge) et la psychose (Rage Noire) des vétérans très PTSD-isés dont il a la charge, mieux que tous ses prédécesseurs si on en croit les archives chapitrales. Son rattachement aux néophytes des Angels Sanguine, normalement peu touchés par les épisodes maniaques de leurs aînés, lui semble donc étrange, mais il ne tarde pas à découvrir, à son grand désarroi, que les p’tits jeunes du Chapitre ne sont pas exempts de la malédiction de Sanguinius, pas moins de neuf Scouts montrant des symptômes annonciateurs d’un pétage de plomb prochain. À l’occasion d’une virée en moto dans l’arrière-pays de Baalus Trine, le nouveau monde chapitral des Angels Sanguine, choisi pour son taux élevé de radiations (après tout, pourquoi pas) et d’où viennent toutes les nouvelles recrues du Chapitre, ce qui devait être une simple opération de purge de cultistes chaotiques dégénère en (véritable) bain de sang, après que plusieurs Néophytes aient vus plus rouge que de raison. Résultat : trois pertes à déplorer du côté de l’Astartes, et un Chérubin complètement aliéné à ramener à la maison, ce qui fait tache (de sang) sur les états de service jusque-là impeccables de Tenjin.

Convoqué par Ansatsu pour expliquer les raisons de cet incident, notre Chapelain tente de justifier ses actions en mettant en avant la nécessité de purger les mutants du domaine chapitral, mais se fait rabrouer par son boss qui insiste au contraire pour que ces derniers soient ménagés. Après tout, lui-même n’est-il pas un Baaltringue (je vous jure que c’est gentilé officiel), le premier natif de la planète à être monté si haut dans la hiérarchie du Chapitre ? Relégué dans ses quartiers dans l’attente de son jugement (on ne rigole pas avec les victimes collatérales chez les Angels Sanguine), Tenjin a tout loisir de réfléchir aux derniers évènements… et réalise avec stupeur qu’il y a sanguille sous broche. Convaincu qu’Ansatsu est l’architecte de la corruption du Chapitre, qu’il souhaite faire basculer dans la folie homicidaire en retirant à la 1ère Compagnie leur auxiliaire de vie le plus capable et en supervisant le recrutement de compatriotes complètement ravagés du bulbe, Tenjin saisit ses armes (qu’on lui avait laissées, car on est cool chez les Sanguine), rameute ses troupes et s’en va exposer à Ansatsu ses griefs, avec les résultats que l’on sait.

L’interrogatoire terminé, Addiss libère son prisonnier, convaincu par la conviction de ce dernier (on est cool aussi à l’Inquisition), et révèle qu’il soupçonnait lui aussi Ansastu d’agissements pas très catholiques ecclésiarchiques, ce pourquoi il avait envoyé l’Archiviste Ashok enquêter discrètement suite à son retour de la Deathwatch. Tellement discrètement d’ailleurs que ce dernier n’a absolument rien fait de concret, mis à part siroter des petits verres de rouge avec Ansatsu en se remémorant le bon vieux temps. À chacun ses méthodes. Malheureusement pour l’Inquisiteur, sa connaissance du secret honteux des Angels Sanguine se révèle être un problème pour Ashok et Tanjin, dont le meurtre de son patron (ainsi que celui d’un collègue de crozius, qui n’avait pourtant rien fait que chanter une berceuse aux Scouts névrotiques de la 10ème Compagnie pour les calmer un peu) a fait le nouveau Haut Prêtre Sanguinien du Chapitre. Notre infortuné légat souffre donc d’une rupture d’anévrisme purement fortuite au moment de quitter la pièce, ce qui fait les affaires de nos deux larrons, et permet aux Angels Sanguine de continuer leurs saintes déprédations en paix. Après tout, il faut laver son linge sanglant en famille.

AVIS :

C. S. Goto. Pour les familiers de la BL, ce nom ne manquera pas d’évoquer des souvenirs et des images, car notre homme dispose d’une solide réputation auprès du lectorat des franchises de Games Workshop. Et, malheureusement pour lui, cette réputation est loin d’être flatteuse (se référer à la page hagiographique qui lui est consacrée sur 1D4Chan pour prendre la mesure du phénomène). C’est bien simple, il faut s’imaginer un Abnett inversé, concentrant les critiques et les moqueries autant que le bon Dan attire les louanges. Pour ma part, ce Blood of Angels constituait ma première expérience avec ce personnage non grata, dont la contribution avec la BL s’est interrompue aux débuts des années 2000, après quelques nouvelles et romans publiés unanimement descendus par la critique populaire. Voilà pour le cadre.

À la lecture de ladite nouvelle, j’ai dû me rendre compte que le peu d’estime dans lequel Goto était tenu se basait sur des faits concrets. Et même si l’effroyable réputation traînée par l’auteur me faisait craindre un ratage plus complet que ce que j’ai constaté en parcourant Blood of Angels, l’objet en question est à ranger dans les cartons « Passable –  » de la Black Library. Les remarques et reproches que l’on peut adresser à ce court format sont en effet multiples et sérieux, à commencer par une intrigue aux ramifications nébuleuses et assez contre-intuitives. Si la duplicité d’Ansatsu ne fait en effet que peu de doute, et la réaction de Tenjin à cette dernière est logique (même si elle pose la question de l’absence de gouvernance manifeste au sein des Angels Sanguine, le Maître du Chapitre n’étant à aucun moment consulté ou averti par le Chapelain vengeur), le rôle de l’Inquisiteur Addiss et de son âme damnée Ashok dans cette sombre histoire interroge. À entendre le compte-rendu du premier, il était au courant de longue date du problème touchant les Angels Sanguine, mais n’a pas jugé bon d’intervenir car il n’avait pas encore tous les éléments en sa possession. Pour un représentant d’une institution aussi expéditive que la Sainte Inquisition, une telle prudence semble déplacée, mais après tout, Addiss n’apparaît pas comme un investigateur très méticuleux (voir plus haut).

À ce premier problème structurel viennent se greffer des incongruités d’origine fluffique, qui ne font que plomber la crédibilité du propos de Goto. Ce dernier, fort d’une maîtrise supposée du background des fils de Sanguinius, se permet ainsi d’abreuver son lecteur de détails sur l’organisation et l’histoire des Angels Sanguine, sans avoir pris soin de vérifier qu’il respectait les canons du lore. Depuis les Scouts de la 1ère Compagnie (qu’il présente bien comme celle des vétérans, pourtant) jusqu’aux bains de sang d’Ansatsu, en passant par le Crozius diffuseur d’aura d’émerveillement et le recrutement d’un Archiviste par la Deathwatch parce qu’il a prouvé sa capacité à résister à la Rage Noire (quel rapport avec la lutte contre les Xenos ?), Goto évolue sur un terrain de sa propre composition, ce qui décrédibilise fortement les ajouts qu’il fait au fluff par ailleurs, alors que certaines idées (comme la recherche de planètes chapitrales à haut niveau de radiations par les Chapitres descendants de Sanguinius, afin de faciliter l’assimilation du patrimoine génétique de ce dernier par les aspirants) n’étaient pas si fantaisistes que ça. À propos de Rage Noire, la connaissance approfondie qu’Addiss semble avoir de ce phénomène honteux va de même à l’encontre de la version officielle prêchée par GW, à savoir que l’Inquisition ne dispose que de vagues présomptions sur les conséquences des tares génétiques frappant les fils et petits-fils de Sanguinius (sans quoi les Anges se seraient faits plumés depuis longtemps).

Enfin, Blood of Angels n’est pas épargné par une foultitude de problèmes relativement mineurs par rapport à ceux exposés plus tôt, relevant davantage de lacunes narratives et stylistiques que des défauts structurels précédemment soulignés. Dans le désordre et pour le lol, citons l’armurerie complète avec laquelle Tenjin se déplace1, les missions de reconnaissance et d’infiltration passant par la prise de pose dramatiques au sommet d’une crête illuminée par la lune (en termes de discrétion, on a fait mieux), les petites dégustations de rouge entre vieux copains, la consignation du héros dans ses quartiers en attente de son jugement sans qu’on n’ait jugé bon de lui retirer ses armes et armure, ou encore les pensées stomacales entretenues par Addiss juste avant son décès prématuré. Ah, et si on a pu se moquer de l’amour de Ben Counter pour les dalles (slab en anglais), on tient avec Goto un concurrent sérieux, adepte convaincu du clic (3 mentions en 15 pages, c’est pas mal). Bref, les Angels Sanguine sont bien mal tombés avec C. S. Goto comme chroniqueur de leurs exploits, c’est une certitude. De là à invoquer la malédiction de Sanguinius, il n’y a qu’un pas à franchir…

1 : Notre homme utilise un lance-flamme, un bolter, un fuseur et un poing énergétique (sans compter son Crozius, qu’il a dû prendre avec lui également) dans sa traque d’Ashitsu.

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A Storm Rising – N. Kyme [WFB] – #42 :

INTRIGUE :

WFB_A Storm RisingFuyant les ruines fumantes de la ville de Svedska, mise à sac par une horde de Kurgans mal-élevés, une colonne de réfugiés menée par le capitaine disgracié Staniche et le chevalier Griffon Kreggar tente tant bien que mal de rallier la sécurité de Praag. L’entreprise tourne rapidement au chemin de croix, aux assauts réguliers des pillards1 venant se conjuguer un manque de nourriture, d’équipement et de leadership de la part de notre duo de meneurs, ainsi que des vols réguliers de vivres et des meurtres inexplicables de civils. Cela fait beaucoup, vous en conviendrez. Là-dessus, et alors que la menace d’une attaque décisive des poursuivants Kurgans pèse sur les fuyards, ces derniers croisent la route de deux ambassadeurs impériaux, fortement égarés par Google Maps, et acceptant avec gratitude l’offre de Staniche de se joindre à leur petite troupe après qu’ils aient été sauvés des haches des maraudeurs les ayant pris en embuscade.

Alors que Stan’ the Man se découvre des sentiments tendres pour la belle Adrianna Halstein (la moitié avenante de la délégation de l’Empire, l’autre étant le taciturne Kurn), et commence à la baratiner autour du feu de camp en lui faisant le récit de sa disgrâce, causée par le meurtre de son supérieur hiérarchique à la suite de paroles malheureuses, les choses qui allaient déjà assez vite comme ça s’accélèrent encore davantage. Une sentinelle vient en effet avertir notre Dom Juan de la découverte d’une trentaine de cadavres Kurgans à proximité du camp, tous égorgés en bonne et due forme. Il apprend à son retour au camp que les voleurs de vivres ont été identifiés, mais sont également à passer en pertes et profits, victimes eux aussi de la brigade canine (oh celle-là elle est bonne2) qui s’acharne. Cinq secondes plus tard, le camp est attaqué par un cavalier solitaire, qui se révèle être un Dragon de Sang. Pas le temps de souffler que Staniche, inquiet pour le sort de son crush, doit défendre sa vie contre les assauts de Kurn après avoir découvert que sa dulcinée était une Lahmiane. Bref, baston à tous les étages, mort violente de la plupart du casting, et clap de fin pour Staniche Barracheon, qui refuse crânement de devenir le nouveau gigolo d’Adrianna, cette dernière ayant réglé son petit conflit familial hors champ entre temps. Laissons à notre femme fatale le mot de la fin : c’était vraiment une histoire très bait.

1 : Dont l’usage immodéré de chiens d’attaque nous vaudra un affrontement d’anthologie : Staniche contre les caniches.
2 : Si si, je vous assure. Staniche et Kreggar sont persuadés que ce sont des mastiffs errants qui déciment leurs charges, alors que depuis le début, c’était un vampire Dragon de Sang qui venait se servir au bar. Ou peut-être Adrianna. C’est confus.

AVIS :

Qui trop embrasse, mal étreint. Ce proverbe bien connu pourrait s’appliquer à ce ‘A Storm is Rising’ de Nick Kyme, qui, à trop multiplier les intrigues et les sous-intrigues, s’achève sur un sentiment d’inachevé assez total, en plus de laisser planer un certain nombre de zones d’ombres dans son intrigue. C’était assez prévisible au final, 12 pages étant généralement suffisantes pour développer une intrigue simple, l’ajout de « complications », pour emprunter un terme d’horlogerie qui me paraît approprié, nécessitant un talent certain (les anglais ont le mot de wordsmith qui couvre bien ce type de compétences) afin d’obtenir un résultat probant. Comme pour une montre de luxe, tout l’enjeu consiste à faire un usage optimal d’un espace limité, afin que l’ensemble soit à la fois fonctionnel et équilibré. Kyme donne ici dans le bling bling, ses accroches racoleuses (une histoire avec de l’action ! des meurtres mystérieux ! des vols tout aussi mystérieux ! des alliés louches ! un héros au passé trouble ! qui tombe amoureux ! des hordes chaotiques ! un vampire ! non, deux vampires ! ) n’étant pour la plupart que des trompe l’œil. C’est d’autant plus dommage qu’avec cinq à dix pages de plus, afin de laisser son histoire respirer et l’ambiance s’installer, le résultat aurait pu être assez sympathique. Se concentrer sur les fondamentaux, Nick : c’est la clé.

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Blood Cries for Blood – J. Peaty [40K] – #42 :

INTRIGUE :

Nous suivons l’Enforcer vétéran Klimt, toujours hanté, dix après les faits, par la disparition brutale de son coéquipier de l’époque, l’idéaliste Yedas, alors que le passé refait surface en pleine insurrection populaire sur la planète de Persana. Le Gouverneur Schaar, aux vues notoirement anti-Imperium et anti-Enforcers (tout le monde déteste toujours la police au 41ème millénaire, apparemment), ce qui lui a acquis les faveurs de ses administrés, vient en effet de se faire assassiner, déclenchant des émeutes généralisées. Dans ce contexte troublé, Klimt reçoit un paquet contenant une adresse et le dog-tag de Yedas, qui a fait une chute mortelle dans un réacteur nucléaire laissé sans protection au cours d’une opération de routine il y a de cela une décennie, et a été logiquement présumé mort depuis. Animé par un sombre pressentiment, Klimt, accompagné par le rookie (Sacris) enthousiaste et émerveillé par la badassitude consommée de son collègue, qui l’a libéré d’une prise d’otage en passant prendre son café à la machine le matin même; se rend sur place et découvre le cadavre de celui que tout indique comme étant l’assassin du Gouverneur.

Pas dupe devant cette mise en scène évidente, Klimt remonte la piste jusqu’à la centrale énergétique où Yedas a perdu la vie… et se retrouve face à face avec ce dernier, qui a dû se raccrocher au traditionnel buisson pendant sa chute, et a profité que tout le monde le croit mort pour se consacrer pleinement à son hobby favori : l’activisme anti-Schaar, qu’il considère comme responsable de tous les malheurs de Persana. C’est donc lui le véritable assassin du Gouverneur (qu’il aurait pu zigouiller avec des explosifs pour un flavor win : tout le monde aime les grenades anti-Schaar), et s’il a voulu renouer les liens avec son ancien partenaire une fois son forfait accompli, c’est évidemment pour le recr- buter. \_(Ô_ô)_/ En tout cas, il n’essaie pas longtemps de la rallier à sa cause, la rebuffade à laquelle il se heurte de la part d’un Klimt toujours attaché à ses principes le mettant suffisamment en pétard pour qu’il dégaine le sien. Sans l’intervention opportune de Sacris, qui met en joue le revenant, s’en était fait de notre héros, qui rend la pareille à son sauveur, une nouvelle fois pris en otage pour sa peine (décidément, ce n’est pas sa journée), en lui flinguant les deux jambes, seul moyen à sa disposition pour atteindre Yedas à travers son bouclier humain. Laissant le bleu baigner dans son sang, les deux anciens collègues poursuivent leurs effusions jusqu’au cœur de la centrale, où, je vous le donne en mille, Yedas finit une nouvelle fois par tomber dans le réacteur, cette fois-ci de façon définitive je gage.

La nouvelle se termine avec un passage de relais entre Klimt, qui a enfin obtenu sa mutation vers une planète moins craignos, et Sacris, dont les derniers événements ont fait un homme, un dur, un vrai, un velu. Avec la Garde Impériale qui s’apprête à descendre sur Persana pour remettre de l’ordre chez tous ces anarchistes pouilleux de prolos, le concept de police de proximité risque de prendre un tout autre sens…

AVIS :

Blood Cries for Blood est la première contribution de James Peaty à la Black Library, mais on jurerait en lisant cette dernière avoir affaire à un vétéran de la maison. Outre le fait que son choix de protagonistes n’est pas banal, et révèle une vraie culture 40K, l’ambiance de film noir (mêlée à un zeste de buddy movie) qu’il donne à son propos place ce dernier dans les environs immédiats des travaux inquisitoriaux d’Abnett, qui lui non plus n’hésite pas à plonger son lecteur dans le vif du sujet et le « détail » d’une planète (en témoigne ce chiffre de 65% de chômeurs sur Persana, que je doute que l’on connaisse pour Macragge). L’intrigue en elle-même est plutôt correcte, le peu de pages dont Peaty dispose pour articuler son récit venant évidemment gâcher un peu le suspens de l’identité du tueur de Schaar, mais rien de rédhibitoire. Quelques paragraphes ou pages de plus n’auraient pas été de trop pour permettre de mieux faire ressortir la backstory de Yedas, dont l’affaire Josted, discrètement évoquée au début et à la fin de la nouvelle. La vraie valeur ajouté de Blood Cries for Blood réside toutefois dans l’immersion qu’elle offre dans le quotidien d’une brigade d’Enforcers, figures récurrentes du fluff de Warhammer 40.000, mais plus souvent utilisés comme éléments de décors que comme protagonistes de plein droit, ce qui est dommage car qui est mieux placé qu’eux pour saisir le caractère inhumain, cynique et bureaucratique de l’Imperium, tel qu’il apparaît à ses loyaux sujets ? Bref, si vous avez aimé la série des Shira Calpurnia de Matthew Farrer, Blood… peut être le petit extra appréciable que vous n’attendiez plus. C’est la maison qui régale.

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The Hanging Tree – J. Green [WFB] – #42 :

INTRIGUE :

WFB_The Hanging TreeeLe petit village de Viehdorf, situé à la frontière entre le Middenland et le Hochland, n’a pas la chance de bénéficier des voisins les plus conciliants qui soient. Isolé dans l’épaisse forêt qui recouvre le Nord de l’Empire, il doit composer avec les déprédations fréquentes des hardes d’Hommes Bêtes qui hantent les bosquets de la région. En cette situation, rien de tel que de pouvoir compter sur un protecteur tellement balèze que même un Wargor en rut hésiterait à deux fois avant de le défier, et, par chance, c’est justement le cas des Viehdorfer, qui paient tribut depuis des générations à… un arbre. Pas un bête chêne ou un simple frêne, bien sûr, mais un terrible frêche (Georges de son prénom), plus friand d’âmes de victimes sacrificielles que d’eau fraîche et de soleil1. Bien sûr, cette relation de symbiose interespèce est tenue secrète aux étrangers, les locaux considérant avec sagesse que leurs pratiques de répulsion des nuisibles, pour naturelles qu’elles soient, seraient mal perçues par les autorités. Hélas, cette harmonie ancestrale va être irrémédiablement perturbée par une funeste nuit de printemps.

Dans la salle commune de l’auberge du Veau Massacré (un nom poétique en diable), deux étrangers sont venus s’abriter des caprices de la météo locale. Le premier à s’être présenté est le patrouilleur Ludwig Hoffenbach, qui avait rencard avec un répurgateur de ses connaissances, un dénommé Sch(w)eitz (encore une fois, la relecture n’a pas été très attentive du côté de la BL). Le second est le Mage de Bataille disgracié Gerhart Brennend, du Collège Flamboyant. Pendant que Gégé se remet de ses émotions (il déteste la pluie, c’est lui qui le dit, et c’est compréhensible vu son choix de carrière) en se jetant un petit shot de luska sous le manteau, Hoffenbach demande et redemande au tavernier (Grolst) s’il n’a pas vu passer son comparse. Dénégation aussi formelle que gênée de la part de l’aubergiste, qui ne convainc ni le lecteur ni le patrouilleur, mais en l’absence d’autres éléments, Hoffenbach repart arpenter les chemins de traverse à la recherche de Brigands.

Si Grolst était si mal à l’aise, c’est que les Viehdorfer ont fait son affaire à Sch(w)eitz il y a quelques temps de cela, peu ravis qu’ils étaient de recevoir la visite d’un chasseur de sorcières. Livré en patûre bouture au terrible Georges, Sch(w)eitz pourrit maintenant au bout d’une branche, mais en cette époque troublée, il est nécessaire de nourrir l’arbre prédateur de façon régulière, et l’arrivée de Brennend donne une idée à Grolst. Plutôt que sacrifier la petite Gertrud, comme ils en avaient initialement le projet, les villageois n’ont qu’à livrer l’étranger en robe à leur protecteur branché. Un peu de jus de graine de coquelicot dans le verre de Brennend, et voilà le Sorcier plongé dans un profond sommeil, et emmené sans cérémonie jusqu’à la clairière où Georges a pris racine.

Dans son malheur, Brennend a toutefois la chance de pouvoir compter sur le professionnalisme de Hoffenbach, qui s’était caché à quelque distance de l’auberge pour observer les allées et venues des habitués, et n’a pas manqué la sortie furtive de Grolst et de ses complices. Lorsque ces derniers font mine de pendre le malheureux Mage à la première branche venue, le manque de coopération de Brennend, qui se réveille brutalement au moment où il sent la corde commencer à l’étrangler (un souvenir doux-amer de sa dernière rencontre avec une Démonette, sans doute), et la prise en revers de Hoffenbach et de son gros marteau, jettent une sacrée panique parmi les horticulteurs anonymes. Pris en tenaille entre les capacités martiales du patrouilleur et les talents arcaniques du Sorcier (un peu groggy certes, mais on n’oublie pas comment jeter une boule de feu), les villageois meurent ou s’enfuient, laissant nos héros faire connaissance devant un Georges affamé…

Début spoiler…Malheureusement pour lui, Hoffenbach finira donc comme son camarade Sch(w)eitz, réduit en terreau organique par et pour l’arbre chaotique, après s’être fait empaler puis écarteler par les branches de ce gourmand de Georges. Brennend aurait sans doute subi le même sort s’il n’avait pas pu compter sur ses flamboyants pouvoirs pour réduire le végétal carnassier en feu de joie. C’est pas Balthasar Gelt qui aurait pu faire ça, c’est moi qui vous le dit ! L’histoire se termine sur la promesse que se fait notre héros pyromane d’aller chaleureusement saluer les habitants de Viehdorf pour les remercier de leur grande hospitalité…Fin spoiler

1 : On pourrait se demander ce qui empêche les Hommes-Bêtes de raser un village placé sous la protection d’un arbre, qui part définition, est assez peu mobile. À cela, Green n’apporte pas de réponse, et on peut donc imaginer ce que l’on veut. Pour ma part, je choisis de penser que le pollen de Georges est très irritant pour les Gors et Ungors.

AVIS :

Une fois n’est pas coutume, Jonathan Green délaisse la bande de Torben Bad Enough et tourne ses talents de conteur vers d’autres personnages de l’Empire. Comme les occasions de voir un Sorcier de Bataille faire usage de ses pouvoirs ont été assez rares dans le catalogue de la Black Library (je pense à ‘The Judgement of Crows’ de Chris Wraight et au final de ‘Manslayer’ de Nathan Long), on peut tourner un œil charitable sur cette nouvelle très simple, qui vient compléter le ‘Magestorm’ écrit par le même Green en 2004, et au cours duquel on suit les exploits, forcément flamboyants, de Gerhart Brennend lors de la défense de Wolfenburg.

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Et voilà qui termine cette revue de l’année 7 de l’infernale revue, qui n’a pas été la meilleure du lot à mon avis. Elle n’a pas été la dernière non plus, mais ça ne s’est pas joué à grand-chose… A la prochaine pour le grand final !

BLACK LIBRARY ANTHOLOGY 2013/14 [Recueil]

Bonjour et bienvenue dans cette revue de la Black Library Anthology 2013/14, regroupement de six nouvelles proposées en avant-première par la BL aux chanceux présents sur les événements Games Workshop de cette période aujourd’hui bien lointaine. On ne le savait pas encore à l’époque, mais il s’agissait de la dernière publication de ce type avant 2017, année lors de laquelle le concept fut ressuscité par la Black Library pour trois nouvelles années. On peut également y trouver une des dernières nouvelles publiées pour le compte de Warhammer Fantasy Battle, qui n’avait à ce moment plus que quelques mois à vivre. Souvenirs, souvenirs…

Black Library Anthology 2013_14

Derrière cette couverture d’une terne simplicité, on retrouve quelques noms bien connus des amateurs de GW-Fiction, à l’instar de Graham McNeill et C. L. Werner, mais également des auteurs qui à l’époque, faisaient leurs premières armes dans la carrière, tels que Cavan Scott (qui s’attellera par la suite à la version 40K de Warhammer Adventures, Warped Galaxies) ou encore Andy Smillie, déjà aux commandes de ses Flesh Tearers adorés. Le décor étant planté, voyons ensemble de quel bois, ou plutôt papier, cette BLA se chauffe.

Black Library Anthology 2013_14

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Luna Mendax – G. McNeill [HH] :

INTRIGUE :

Luna MendaxGarviel Loken, protagoniste des premiers romans de l’Hérésie d’Horus, a connu une douloureuse déchéance depuis les événements d’Isstvan III. Récupéré parmi les ruines de la planète par Garro et patiemment remis sur pied par les bons soins des Apothicaires de Terra, l’ancien membre du Mournival n’est pas sorti indemne de son duel avec Abaddon, et sa mémoire autant que sa motivation en ont pris un sacré coup. Après avoir échoué dans les grandes largeurs à rallier Luther à la cause de l’Empereur lors de sa première mission en tant qu’agent du Sigilite, Loken a fait sien les mots immortels de Voltaire et est parti cultiver son le jardin de la défunte Sœur Elliana, laissé à l’abandon sous un dôme de Luna depuis la mort de cette dernière sur Prospero.

Alors que notre jardinier énergique et énergétique se trouve engagé à son corps défendant dans une action d’extermination de formes de vie indésirables d’une ampleur inédite depuis la fin de la Grande Croisade (il ne se souvient pas vraiment de la campagne de Murder, mais a une haine viscérale pour les araignées), il reçoit la visite d’un autre Astartes adepte des ricochets et des citations en français dans le texte, ce qui a tendance à crisper l’âme simple qu’est devenu Loken. Après avoir menacé d’aller bouder dans son coin, et refusé préemptivement de faire quoi que ce soit que Malcador lui demande, il se calme lorsqu’il réalise que le nouveau venu n’est autre que son vieux (et mort) copain Tarik Torgaddon. Bien sûr, il s’est fait décapiter sur Isstvan III par Horus Aximand, ce qui fait de lui un fantôme ou une hallucination, mais comme Loken n’a pas réussi à se faire de nouveaux amis depuis son expulsion des Sons of Horus, il est content de pouvoir discuter un peu du bon vieux temps avec le défunt.

Garviel LokenL’échange porte surtout sur les responsabilités qui pèsent sur Loken, qui en tant que Space Marine (vivant) n’a pas le droit de se laisser sombrer dans la dépression ou de tourner le dos à l’Empereur au moment où ce dernier a besoin de tous ses hommes. Torgaddon fait d’ailleurs remarquer au paysagiste amateur qu’il a inconsciemment transformé le jardin à l’abandon d’Elliana en réplique du parc de 63-19, où il a prêté serment pour rejoindre le Mournival. Si ce n’est pas la preuve qu’il n’a pas fait une croix sur son passé, c’est… sans doute autre chose. L’argument n’est pas terrible en effet. Passons.

Les retrouvailles sont interrompues par l’arrivée de cette vieille ganache d’Iacton Qruze, envoyé par Malcador mander Loken pour une nouvelle mission. Torgaddon disparait comme le font les amis imaginaires en pareilles circonstances, et Loken accepte à la grande surprise de son camarade de participer au prochain briefing. La nouvelle s’achève sur la révélation que l’hématome laissé par la pierre lancée par Torgaddon à la surface du bassin du jardin, et qu’un Loken encore un peu juste en termes de motricité fine n’a pas réussi à rattraper au vol, est bien visible par Qruze (en plus d’avoir la forme d’une lune gibbeuse, wink wink), ce qui accrédite la thèse que Torgaddon était bien présent, et non pas un fantasme généré par l’esprit malade et fracturé de Loken. Ou qu’il s’est lui-même fait cette marque dans son délire, mais ce serait tout de même beaucoup moins poétique, n’est pas ?

AVIS :

Nouvelle de fan service de la part de McNeill, ‘Luna Mendax1’ ne peut bien se comprendre que si on a lu la première trilogie de l’Hérésie d’Horus, dont les événements saillants sont évoqués en filigrane par l’auteur au cours de ces quelques pages. Il est assez reposant de voir des Space Marines faire autre chose que la guerre, et si cet interlude de jardinage et d’hallucination de contemplation n’apporte pas grand-chose à part un petit teasing sur de futures retrouvailles entre les deux compères de la XVIème Légion, cette fois-ci en temps de guerre, on peut tout du moins apprécier ces quelques pages contemplatives avant de replonger dans le fracas et la furie du reste de l’Hérésie.

1 : Pour le côté culturel, on peut noter que mendax veut dire trompeur, mensonger, irréel en latin, et que le titre de la nouvelle peut donc être traduit en « hallucinations lunaires » de manière très libre.

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The Wreckage – D. Annandale [40K] :

INTRIGUE :

The WreckageOù il sera question des premières années de service de Sebastian Yarrick, avant qu’il ne devienne la légende acariâtre que l’Imperium connaît et adore redoute. Déjà engagé aux côtés de la Légion d’Acier d’Armaggedon, notre héros se retrouve en mauvaise posture lors de la traque d’une bande de pirates hérétiques ayant fait du vilain dans le secteur de Statheros, et qui semble avoir un coup d’avance sur ses adversaires impériaux. Débarqué à la surface d’Aionos, une lune servant de décharge à vaisseaux spatiaux en fin de vie, le 252ème Régiment de la Légion d’Acier tombe dans une embuscade qui le force à s’abriter derrière une épave (d’où le titre. Ça, c’est fait.), en attendant des jours meilleurs, ou un coup de génie militaire de la part du Capitaine Jeren Marsec, leader charismatique mais tête brûlée de l’expédition. Yarrick, bien moins dominateur que dans ses dernières années, se contente d’observer avec circonspection la tournure que prennent les événements, échangeant quelques remarques acerbes avec son pote Otto Hanoszek, Sergent expérimenté du 252ème, avec lequel il partage quelques doutes sur la qualité du Capitaine Marsec. Ce dernier, qui a vraiment la confiance, se permet de faire des blagues au sujet de son Commissaire, et propose en toute simplicité de charger en masse les lignes ennemies (situées en hauteur et mieux fortifiées que celles des impériaux) afin de forcer les hérétiques à se concentrer au même endroit pour repousser l’attaque, les transformant en cible facile pour la frégate d’Armaggedon (Castellan Belasco) qui stationne en orbite. Moyennement emballé par ce plan à 80% suicidaire, Yarrick accepte tout de même de marcher dans la combine, mais le coup de bluff de Marsec ne donne rien. Il semble en effet que le fourbe ennemi se soit fait la malle au lieu de tenir sa position, comme il était convenu qu’il le fasse.

Dépité autant que déboussolé par ce coup du sort, Marsec contacte la frégate pour annuler la frappe orbitale, mais réalise un peu tard qu’il vient de re-re-retomber dans un piège, les hérétiques ayant capturé le vaisseau et n’attendant que la confirmation du Capitaine que ses troupes forment un gros tas bien compact au sol pour donner du macrocanon. Le subtil accent nazillard de l’opérateur radio auquel Marsec s’adresse met toutefois la puce à l’oreille de Yarrick, qui parvient à sauver quelques meubles en ordonnant une dispersion stratégique quelques instants avant que la catastrophe ne frappe. La situation du 252ème est toutefois des plus précaires, réduit à quelques escouades éparses, mené par un officier totalement hébété par la tournure qu’on prit les événements, et confronté, en plus des pirates de l’espace, à une escouade de Space Marines du Chaos des tristement célèbres Harkanor’s Reavers (la Légion des Damnés, goût Hérésie).

Prenant en charge les opérations le temps que Marsec sorte de sa torpeur, Yarrick entraîne ses survivants dans un complexe de pyramides enfoui sous le sol de Aionos, et découvert par le bombardement spatial. Je ne vous ferai pas l’insulte de laisser planer l’ombre d’un suspens sur la présence de Necrons dans cette nécropole, car c’est évidement le cas. Pris entre le marteau du Chaos et l’enclume des Xenos, Yarrick parvient à feinter son monde en passant en mode furtif, laissant les hérétiques menés par leurs gros copains énergétiques se ruer sur les robots tueurs, avec des résultats concluants. Un bonheur n’arrivant jamais seul, nos héros apprennent que l’équipage du Castellan Belasco a réussi à se libérer et est sur le point de reprendre le contrôle du vaisseau, ce qui permettrait au 252ème de tirer sa révérence sur cette victoire mineure. Problème, le bombardement a séparé les Gardes Impériaux en deux, et le groupe mené par le Sergent Hanoszek est confronté à la même situation que celui de Yarrick (hérétiques, Space Marines du Chaos, pyramide…), sans bénéficier de la présence scénaristiquement salvatrice de ce dernier.

Conscient que la situation de ses camarades est sans espoir1, Yarrick essaie de convaincre Marsec, qui a enfin repris ses esprits, de ne pas jouer au héros en essayant de monter une opération de secours vouée à l’échec. En vain. Seb la Frite passe alors en mode Commissaire et colle un bolt dans la tête de l’officier, qui n’attendait que ça en fait, histoire de mourir en martyre au lieu de devoir justifier son incompétence auprès du haut commandement à son retour. Grand prince, Yarrick annonce lui-même à Hanoszek qu’il a été désigné volontaire pour mourir au nom de l’Empereur, ce que ce dernier accepte avec stoïcisme, et laisse sa radio ouverte jusqu’au bout pour recueillir les derniers râles des héroïques bidasses. Kelôm.

1 : Ils sont confrontés à 3 Astartes du Chaos. 3 ! C’est Gaunt qui doit doucement rigoler dans son coin.

AVIS :

Une nouvelle sur Yarrick où aucun Ork ne vient pointer le bout de son (absence de) nez, cela fait bizarre, tant cette race de Xenos est centrale dans la saga du vieux Commissaire. Le récit que fait Annandale du début de la carrière du héros d’Armaggedon, que l’on découvre déjà animé de puissantes convictions quant à la manière d’accomplir son devoir, même s’il se laisse ici marcher sur les pieds par cette fantoche de Marsec, ne s’avère pas vraiment mémorable, et je pense que le nombre très important de factions convoquées dans cette courte nouvelle joue un rôle important dans ce constat de bofitude. Était-il vraiment nécessaire de faire intervenir les Necrons (qui n’apparaissent même pas directement dans le récit d’ailleurs) dans cette péripétie mineure de la carrière de Yarrick ? Cela renforce en tout cas le running gag de la nécropole enfouie sous trois centimètres de sable, et qui se réveille dès que le chien du héros la déterre par inadvertance en creusant un trou pour son os. À vouloir jouer à la fois sur le tableau de la psychologie (Yarrick se retrouve confronté à un dilemme moral qui aura des conséquences sur la suite de sa vie) et de l’action (Yarrick doit mener ses hommes à la victoire en dépit des circonstances) en aussi peu de pages, Annandale score moyennement sur les deux dimensions, et ce faisant, ne rend pas vraiment service au héros qu’il est sensé glorifier.

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The Lords of Borsis – L. Goulding [40K] :

INTRIGUE :

The Lords of BorsisAu grand désespoir de ses nobles vassaux, le régent Turakhin de l’enclave Bor passe plus de temps à organiser des banquets qu’à défendre son territoire contre les assauts des envahisseurs. Jugeant qu’il est de leur devoir de déposer leur suzerain pour sauver leur petit coin galactique, une poignée de seigneurs de Borsis échafaudent une conspiration qui… ne se passe pas super bien. Alors que le roi de Xanderat, Amontar, s’était arrangé pour empoisonner le vin de Turakhin, le caractère sanguin d’un autre conjuré, le Nemesor Khetmes, le conduit à défier en duel rituel son maître avant que ce dernier n’ait eu le loisir de prendre une gorgée du mortel liquide. Bien que Turakhin soit plus un épicurien qu’un bretteur, il peut compter sur la loyauté et l’efficacité de son Judicator, Metzoi, qui se fait un plaisir et un devoir de décoller l’outrecuidant avant qu’il n’ait pu s’approcher de son maître. Encore une occasion de ratée.

Un peu plus tard, les conspirateurs survivants se retrouvent dans un couloir du palais pour décider de leurs prochaines actions. En plus des seigneurs Amontar, Uluszakh et Hixos, le propre vizir de Turakhin, Heqiroth, se joint à la discussion, révélant aux nobles mécontents que derrière sa loyauté de façade, il est également opposé au règne du frivole régent. Les conjurés décident d’utiliser un labyrinthe tesseract pour mettre hors d’état de nuire le redoutable Metzoi, et de profiter de son absence pour organiser un coup d’état dans les règles de l’art, les prétoriens ne pouvant pas s’opposer à un putsch réalisé en respect des formes martiales reconnues par la Triarchie.

Tout commence par très bien aller (cette fois-ci) pour les seigneurs mécontents, qui parviennent sans encombre jusqu’à la salle du trône et y pénètrent pour déposer officiellement Turakhin. Cependant, ils sont surpris de voir que ce dernier les attend tranquillement à la tête de sa garde personnelle, comme si quelqu’un lui avait révélé tout le complot…

Début spoiler…Et en effet, le vizir Heqiroth a joué les balances auprès du régent, menant à l’arrestation d’Amontar, Uluszakh et Hixos par Metzoi et ses guerriers. Le triomphe de Turakhin est toutefois de courte durée, Heqiroth lui remettant innocemment le labyrinthe tesseract évoqué plus tôt, que le régent fait l’erreur de contempler par curiosité, et se retrouve donc banni dans un paradoxe fractal (vive les maths, vraiment). Curiosity killed the cat trapped the king. Il s’avère donc que Heqiroth était sincère dans son désir de renverser Turakhin, mais ne voulait pas partager le pouvoir avec les nobles de Borsis, et a donc trahi absolument tout le monde pour parvenir à ses fins. Fou de rage, Amontar dégaine la dague empoisonnée qu’il gardait en réserve sous ses vêtements et la plante entre les côtes du vizir pour le châtier de sa vilénie…

Début spoiler 2…Et absolument rien ne se passe, pour la simple et bonne raison que nous sommes sur un monde Necron, et que ses habitants sont donc tout à fait insensibles aux attaques perforantes et toxiques. Si Heqiroth est parfaitement lucide sur sa condition, ce n’est pas le cas des membres de la dynastie Magadha, dont Turakhin et ses nobles font partie, qui se voient encore comme des Necrontyrs de chair et de sang. Il est donc normal qu’un représentant de la dynastie Nephrekh prenne les choses en main pour redresser la barre, et la première décision du nouveau suzerain de Borsis est de faire mettre en service une arme capable de repousser les envahisseurs des jeunes races qui se pressent aux frontières de son domaine, le terrible Monde Machine…Fin spoiler

AVIS :

Ayant déjà lu des retours sur cette nouvelle avant de m’y coller à mon tour, je savais que Goulding avait ménagé un petit twist final à son récit, et m’attendais donc à cette ultime révélation lors de ma lecture1. Fort de cette connaissance, j’ai été assez surpris de constater que l’auteur n’avait (à mon sens) finalement pas tant bâti sa nouvelle autour de la folie de ses personnages principaux que ça. Les indices indiquant que les Necrontyrs sont en fait des Necrons m’ont en effet semblé trop nombreux et trop « grossiers » pour un contributeur du calibre de Goulding, qui a déjà prouvé qu’il savait mieux faire, et la bascule finale (le moment où Amontar poignarde Heqiroth sans que ce dernier n’en soit affecté) n’est même pas tellement appuyée. La vraie révélation de la fin de la nouvelle m’a semblé être la prochaine mise en service du World Engine, et je considère donc que l’objet premier de ‘The Lords of Borsis’ est de servir de prélude au roman éponyme de Ben Counter.

Cela ne réduit pas pour autant l’intérêt de cette nouvelle, qui donne à voir les rouages du pouvoir dynastique des Necrons et démontre que derrière leur aspect de squelettes métalliques cherchant à perpétuer une civilisation vieille de plusieurs millions d’années, tous ne sont pas aussi conservateurs qu’on pourrait le croire, loin de là. Je pense que Goulding avait la capacité de signer une histoire intéressante sur les deux tableaux (l’intrigue et le fluff), mais malgré les maladresses commises sur le premier plan, le second est suffisamment réussi pour faire de ‘The Lords of Borsis’ une solide addition au corpus necron.

1 : Et puis, ce n’est pas comme si l’illustration de couverture de la nouvelle laissait planer un grand suspens sur la réelle identité des protagonistes… Encore un spoil volontaire de la BL.

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The Last Man – C. L. Werner [WFB] :

INTRIGUE :

The Last ManL’année est 1111 (environ), le lieu est Wartenhof, petite bourgade de la Sylvanie profonde, et la situation est franchement mauvaise, pour parler vrai. Comme le reste de l’Empire, cette ville a été frappée de plein fouet par les ravages de la Peste Noire, et la gestion de l’épidémie par le Cneaz Vaclav Rezachevici s’inspire fortement de la stratégie « 0 cas » déployée par la Chine pendant la crise du COVID, provoquant une misère noire chez les Wartenhofer. Le héros de notre histoire est le garde-chasse Vincent Rabe, mis à disposition des mercenaires de la Nachtseer qui sont chargés de faire respecter le confinement strict décidé par l’aristocrate en raison de sa bonne connaissance de la communauté sinistrée. Bien qu’il n’approuve pas vraiment les méthodes de ces brutes épaisses, menées par un Ostlander patibulaire du nom d’Andreas, Vincent fait de son mieux pour suivre les ordres de son patron, et assiste ses nouveaux collègues dans leurs patrouilles à travers la cité pour identifier les foyers touchés par la maladie et procéder à l’évacuation des cadavres. Après tout, Wartenhof sera la base avancée d’une prochaine offensive de l’armée régulière de Sylvanie contre des rebelles illuminés au printemps prochain, et il est donc nécessaire que la ville soit en capacité d’accueillir les troupes du Voïvode von Drak.

Malheureusement pour Vincent et ses concitoyens, la Sylvanie dispose d’une spécificité locale qui vient fortement compliquer la gestion de cette crise sanitaire : bien que l’arriviste von Carstein n’ait pas encore jeté son dévolu sur la province, les morts ont déjà de grandes difficultés à rester inanimés. Le grand nombre de décès et le manque de bras pour traiter ces derniers dans les règles de l’art mène assez logiquement à la naissance d’une seconde épidémie, autrement plus durable que la Peste Noire, et les cadavres des Wartenhofer commencent à se transformer en Zombies. Pour ne rien arranger, les récoltes de l’année ont été rendues mauvaises par une pluie de météorites de malepierre (il y a des régions qui n’ont pas de chance, vraiment), et la plupart des denrées ont été confisquées par le Cneaz, conduisant les paysans du cru à sombrer dans le cannibalisme pour compléter leur régime alimentaire. Et paf, ça fait des Chocapics Goules. Comme vous pouvez le constater, il règne une très bonne ambiance à Wartenhof.

Confronté à toute la misère du monde, ou peu s’en faut, Vincent tente tant bien que mal de faire son boulot, assistant quotidiennement à des horreurs qui rendraient fou des moins coriaces que lui, comme voir son seul ami se jeter dans la cave où il avait gardé le cadavre réanimé de sa vieille maman plutôt que d’affronter les conséquences de sa nécrophilie. Lorsque sa propre femme, Mircalla, tombe à son tour malade, il reste à son chevet pendant son agonie et ne peut se résoudre à signaler son cadavre à la Nachtseer… qui a de toute façon cessé d’exister à ce point, ses membres étant soit morts, soit malades (comme Andreas, qui s’en va mourir à la taverne locale et implore Vincent de brûler son corps une fois qu’il aura passé l’arme à gauche), soit en fuite. Cela fait de Vincent the only living boy in Wartenhof, et plutôt que d’aller tenter sa chance ailleurs, notre héros casanier va tenter tant bien que mal de continuer à vivre dans sa ville natale, malgré sa population de Zombies, Goules et chiens errants agressifs qui veulent tous lui faire la peau. Il est chez lui, après tout.

Comme on peut s’y attendre, cette obstination le mène à presque perdre la vie plusieurs fois par jour, jusqu’à ce qu’il arrive à percer à jour le secret de la seule faiblesse des Zombies qui le persécutent : la décapitation le démembrement la crémation les lames enchantées les échelles. Réfugié dans le clocher de la chapelle de Shallya locale, Vincent semble avoir trouvé la parade à ses problèmes persistants de voisinage. Un beau jour cependant, il remarque que tous les morts vivants du canton se sont réunis en assemblée autour de l’auberge de Wartenhof, comme s’ils avaient senti que quelque chose ou quelqu’un de vivant s’y était réfugié.

Espérant trouver des compagnons d’infortune qui l’aideraient à ne pas sombrer dans la folie, Vincent prend tous les risques pour se rendre sur place, et croise au passage le cadavre animé d’Andreas, qu’il avait oublié d’immoler malgré la promesse qu’il lui avait faite. Ce sont des choses qui arrivent. Notre héros distrait se serait sans doute fait croquer tout cru par le Zombie furibard sans l’aide des mystérieux résidents de l’auberge, qui sortent de l’ombre pour mettre le mort vivant hors d’état de nuire au moment où il allait planter ses chicots pourris dans la carotide de ce pauvre Vince…

Début spoiler…Avant de décapiter ce dernier sans sommation. Car il ne s’agissait pas d’humains mais de Skavens, envoyés par le chef de guerre Skrittar nettoyer les rues de Wartenhof pour que les hommes rats puissent en prendre possession. Et à ce compte-là, Vincent n’est qu’un nuisible comme les autres, même s’il sent un peu moins mauvais que le reste des habitants de la bourgade. Moralité de l’histoire : les Skavens ne respectent pas la trêve hivernale, mais on s’en doutait un peu.Fin spoiler

AVIS :

The Last Man’ fait partie des nouvelles dont l’appréciation dépend en majeure partie du contexte de leur lecture. Il ne fait aucun doute que Werner a construit son récit pour surprendre le lecteur par une révélation finale, patiemment préparée après plus de vingt pages passées à instiller une ambiance lourde et sinistre à son histoire. Et, si on n’a pas idée du retournement final de cette nouvelle (qui est une incarnation assez parfaite du concept du grimdark, à mon avis), cette dernière se révélera être une expérience plaisante. Le problème est qu’il est très compliqué d’éviter tous les spoilers susceptibles de gâcher cette surprise finale, présents sur la couverture de la nouvelle, dans le résumé qui en est fait sur le site de la Black Library, ou encore via son intégration dans une anthologie dans laquelle les Skavens jouent le premier rôle. Bref, il n’y a guère que les chanceux qui ont découvert ‘The Last Man’ dans la Black Library Anthology 2013/2014 qui ont eu le loisir d’apprécier cette redite de ‘I Am Legend’ à la sauce Monde Qui Fut à sa juste valeur, et c’est bien dommage.

Ayant fait partie de la cohorte des lecteurs sachant déjà comment la nouvelle allait se terminer, j’ai tout de même pu apprécier l’approche assez originale de C. L. Werner en matière de narration (pour de la GW-Fiction, s’entend), puisque le récit de la lente déchéance de Wartenhof s’apparente plus à du survivalisme post-apocalyptique à la ‘The Road’ ou ‘The Last of Us’ qu’à du hack ‘n slash tel qu’on a l’habitude d’en croiser dans les œuvres de la Black Library (au moins avant le lancement de la gamme Warhammer Horror). Werner arrive à nous faire ressentir tout le désespoir de la situation de Vincent Rabe, et même si je n’aurais pas été contre qu’il noircisse un peu plus son héros (qui est décrit comme n’étant pas très sympathique et honorable au début de l’histoire, mais qui se comporte assez dignement lors de cette dernière) pour rendre la nouvelle encore plus intéressante, le rendu final mérite la lecture, que la conclusion soit connue a posteriori ou pas. Je ne peux que déplorer, et non pour la première fois, le manque de considération des éditeurs de la BL pour leurs propres histoires…

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Death’s Shepherd – A. Smillie [40K] :

INTRIGUE :

Death's ShepherdDe retour sur le monde à problème de Zurcon Primus (déjà « pacifié » par leurs grands anciens il y a dix mille ans1), les Flesh Tearers sont à pied d’œuvre pour mater une nouvelle rébellion des autorités locales contre le pouvoir impérial. Le conflit ayant déjà fait 300 millions de morts au moment où la nouvelle commence, on ne peut pas parler de frappe chirurgicale de la part des meilleurs de l’Empereur, mais comme le protagoniste de l’histoire est (probablement, il n’est pas formellement identifié) le Chapelain Appollus, à qui le concept de victimes collatérales est étranger2, ce bain de sang préliminaire n’est pas vraiment une surprise.

Appollus a pris la tête d’une bande de soldats zurconiens fidèles à l’Empereur, compensant leur manque d’équipement et de munitions par un fanatisme chevillé au corps et des baïonnettes attachées aux crosses de leurs fusils (ce qui n’est pas comment qu’on utilise une baïonnette, j’en suis presque certain). Le Chapelain et ses brebis galeuses doivent attaquer une position tenue par un régiment fidèle au Gouverneur local, et comme il est contractuellement tenu de faire un discours inspirant avant de mener ses hommes au carnage, Popol prononce royalement 37 mots qu’il estime motivants, avant de charger à toutes berzingues vers les lignes ennemies, confiant dans la protection que lui apporte son armure énergétique contre les tirs sporadiques des hérétiques.

Au terme d’un combat à sens unique, le Chapelain se retrouve à court d’ennemis à massacrer, ce qui semble mettre fin à la guerre de Zurcon (sans rire, c’étaient vraiment les derniers rebelles de toute la planète : ça pourrait expliquer pourquoi Appollus est le seul Flesh Tearers de la nouvelle, Gabriel Seth ayant rappelé ses forces pour les déployer sur d’autres campagnes, et laissé le Chapelain faire mumuse en arrière garde). Mais avant de partir, Appollus tient à rappeler au lecteur qu’il est toujours le roi des sales types, et exécute donc gratuitement les trois survivants de son unité, afin de les châtier d’avoir laissé Zurcon se rebeller à nouveau contre l’Empereur. Comme si Jojo, Bébert et Steeve étaient responsables de cette crise. Mais comme dit le proverbe : l’innocence ne prouve rien sans casser des œufs. Ou quelque chose comme ça.

1 : Voir ‘Sons of Wrath’.
2 : Voir ‘From the Blood’.

AVIS :

Quatre pages d’action bourrine et convenue et un clin d’œil pas vraiment inspiré à ‘Sons of Wrath’, c’est à peu près tout ce que l’on peut tirer de ‘Death’s Shepherd’. De façon contrintuitive, il se pourrait que cette histoire soit plus intéressante pour qui n’est pas familier du reste des travaux Flesh Tearers d’Andy Smillie, car ce nouveau lecteur aura plus de chances d’être surpris par la conclusion goredumb (c’est pas du grimdark pour moi) de cette micro nouvelle que l’habitué des pulsions homicidaires de ce bon Chapelain Appollus. Le risque couru d’être déçu par cette plongée dans le monde vermeilleux des Flesh Tearers à la sauce Smillie est cependant non négligeable. Bienvenue au club.

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Flayed – C. Scott [40K] :

INTRIGUE :

FlayedSur Sandran, planète impériale localisée en périphérie des Astres Fantômes, la vie des habitants est rythmée par les incursions régulières autant que malvenues, de squelettes métalliques aux doigts acérés et adeptes déviants du peau à peau. N’ayant pas trouvé d’autres remèdes à ce mal que de limiter autant que possible les actes de violence entre concitoyens, soupçonnés d’attirer l’attention de ces Écorcheurs même à des années lumières de distance, les Sandranites ont pris l’habitude de se claquemurer chez eux au premier carillon de la cloche annonçant un nouveau raid Nécron, priant pour que les témoins de Llandu’gor aillent frapper chez le voisin plutôt que chez eux, et ne sortant qu’une fois le danger écarté pour passer la serpillère.

C’est pendant une de ces descentes de peaux-lisses que Cavan Scott nous entraîne, braquant son stylo sur la preste Alundra, récemment orpheline de famille suite à une opération porte ouverte mal négociée par sa mère, femme au foyer trop crédule, mais déterminée à retrouver son frère Husim dans le dédale de la cité assaillie, malgré le danger permanent que représente les insaisissables Ecorcheurs. Fort évidemment, notre héroïne fait une mauvaise rencontre au détour d’une ruelle sombre, et ne doit son salut qu’à l’intervention opportune d’un Space Marine Death Spectre qui passait dans le coin, ainsi qu’à la main secourable que lui tend son frangin depuis une fenêtre proche, permettant à Alundra, dont les capacités d’esquive s’avèrent être légèrement surestimées – tant pis pour ses rêves de carrière à Dreadball, de toutes façons, ce n’était pas le bon univers –, de rejoindre la sécurité relative d’une boulangerie abandonnée. Sommés par leur sauveur de rester où ils sont, les deux ados rebelles ne trouvent rien de mieux que d’inciter le noble Astartes albinos à aller voir là haut s’ils y sont (spoiler : c’est vraiment le cas), avant qu’Husim n’entraîne sa sœur jusqu’au lit parquet de douleur de son meilleur ami, un certain Galeb, dont le tort fut d’avoir commencé une guerre de chatouilles avec un Écorcheur sans porter de plaque ventrale. Sortez couverts, kiddos.

Réalisant en son for intérieur que le gars-leb constitue un fardeau en plus de réduire leurs chances de gagner l’hypothétique salut de l’hôtel de ville, où d’autres survivants sont rassemblés, possiblement sous la protection des Death Spectres, mais ne pouvant se résoudre à laisser un camarade derrière elle, Alundra convainc ses comparses de tenter une virée en centre ville, ce qu’ils s’apprêtent à faire lorsque leur situation se dégrade fortement. D’une, un nouvel Écorcheur se matérialise dans la pièce, et entame fissa la numérotation des abattis de l’homme à terre, qui d’andouille de Galeb, devient une galette à l’andouille1. De deux, le Space Marine précédemment croisé par nos chenapans a réussi à trouver la porte de la boulangerie, et, suivant les instructions qui lui ont été données, est monté participer à la petite sauterie improvisée par les teenagers de Sandran. Profitant de la confusion qui s’en suit, Alundra parvient à s’éclipser en douce, soutenant un Husim fort marri d’avoir tenté d’interrompre le dîner presque (dur de manger quand on n’a pas de bouche) parfait du Nécron, et ayant récolté des blessures presque certainement fatales pour sa peine.

À nouveau à la rue, nos héros se font cueillir par un duo SM (en tout bien tout honneur cependant), qui ont tôt fait de capturer Alundra et de laisser Husim agoniser sur le trottoir. Cette froide logique est obligeamment explicitée par le Sergent Vilda, qui ressort de la boulangerie après avoir calmé les ardeurs coupe-file d’une poignée d’Écorcheurs mal-léchés et dévalisé le stock de chocolatines au passage : ayant réalisé qu’ils menaient une bataille perdue d’avance contre les Nécrons, les Death Spectres ont décidé de pratiquer la tactique de la terre brûlée contre les insidieux Xenos, et évacuent les planètes sujettes aux raids d’Écorcheurs. En échange de ce bon et loyal service, les Astartes s’arrogent cependant le droit de sélectionner les individus les plus aptes à engendrer les nouvelles recrues du Chapitre, et à les installer dans des camps de concentration reproduction. C’est donc le destin, pas forcément enviable, mais toujours mieux que rien, qui attend notre pauvre Alundra. C’est qu’on appelle donner de sa personne au service de l’Empereur.

1 : La nuance est fine, ce n’est pas étonnant qu’un Nécron s’y soit perdu. Un peu de tolérance envers nos amis métalliques, s’il vous plaît.

AVIS :

Flayed est l’illustration qu’il ne suffit pas d’un twist final acceptable (même si la réalisation laisse à désirer) et d’un cadre un brin exotique pour accoucher d’une nouvelle convenable. La faute à des personnages insuffisamment développés, et auxquels le lecteur a bien du mal à s’attacher, des péripéties génériques n’apportant pas grand chose au récit à part une dose de grimdark passablement frelatée, et un manque de contextualisation, sans parler d’éléments fluff (l’étrange cri de guerre des Death Spectres mis à part), faisant tomber Sandran et ses détestables sauveurs1 dans les limbes de l’impersonnalité où tant de planètes et sous-factions de 40K ont sombré corps et bien au fil des ans. C’est d’autant plus dommage que les Death Spectres commencent à se faire un nom dans les publications de la BL, et se trouvent de plus en plus utilisés par les auteurs de cette dernière. Il y avait donc des choses à faire pour Cavan Scott de ce côté, en commençant par respecter l’historique fixé pour ce Chapitre, dont le mutisme caractérisé est apparemment resté en orbite haute avec la compagnie de réserve. Pour le lol, on pourra faire le parallèle entre ce ‘Flayed’, assez gore à défaut d’être intéressant, et sa version « tout public », le ‘Attack of the Necron’ du même auteur, sorti dans la collection ‘Warhammer Adventures’. Attention à ne pas se tromper lors de l’achat du cadeau d’anniversaire du petit Timmy, les parents risquent de ne pas apprécier de devoir expliquer ce que « écorcher », « éventrer », et « femelle reproductrice » veut dire à leur chère tête blonde… Mais c’est ça aussi le 40K qu’on aime, par l’Empereur !

1 : Dont on se demande bien comment ils ont fait pour être là au bon endroit et au bon moment, si les Dépeceurs peuvent vraiment se matérialiser sur la planète en claquant des pinces.

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Et voilà pour la revue de cette Black Library Anthology 2013/14, qui se révèle d’être assez bonne facture même si la nouvellinette de quatre pages d’Andy Smillie fait tache par rapport aux standards habituels de la BL en la matière. Peut-être était-ce un signe que le concept était à bout de souffle, tout comme la couverture réalisée avec Paint ? En tout cas, voilà qui termine le premier cycle des anthologies privées de la Black Library, rendez-vous prochainement pour l’examen de la saison 2017-2020.

TYRANID INVASION 2023 [40K]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue de la Tyranid Invasion Week 2023, série de cinq nouvelles inédites sorties par la Black Library en septembre en guise de rentrée littéraire, placée sous le signe de la Grande Dévoreuse. Après avoir fait la part belle à d’autres factions de Warhammer 40K au cours des mois précédents (voir par exemple l’Inquisition Week 2021 et l’Astra Militarum Week 2023), il était assez logique que Nottingham braque les projecteurs sur les « grands méchants » de cette V10, à l’occasion de la sortie de leur nouveau Codex.

Tyranid Invasion Week 2023 [40K]

Si les Tyranides font partie de l’univers grimdark tel que nous le connaissons depuis un bon paquet d’années, ils jouissent d’un statut à part au sein de la GW-Fiction, du fait de l’impossibilité de raconter des histoires depuis leur point de vue, pour des raisons aussi évidentes qu’insurmontables. En raison de cela, nos chers Tytys ont été relégués au rang d’antagonistes décérébrés mais implacables pendant des décennies, illustrant par leur caractère insatiable et impitoyable tout le nihilisme du 41ème millénaire. Certes, le développement de la faction « filiale » des Cultes Genestealers a permis de nuancer un peu ce portrait simpliste1, mais il n’en reste pas moins que l’Esprit de la Ruche reste encore à ce jour une des grandes inconnues de 40K, que l’on peut contempler indirectement mais non comprendre au même titre que les motivations des autres races de cette turbulente galaxie.

Partant, le projet de la Black Library de donner à cinq auteurs (dont deux nouveaux venus : Tammy Nicholls et Richard Swan) carte blanche pour disserter sur cette menace Xenos ne pouvait qu’être accueilli favorablement par votre humble serviteur, toujours friand de contenus et de concepts un tant soit peu novateurs entre deux (cents) histoires de Space Marines et de Stormcast Eternals. Entre clin d’œil à des histoires classiques du répertoire BLesque (‘The Fall of Malvolion’) et nouvelles idées empruntées aux derniers soubresauts du fluff, il y a de quoi faire pour ces braves scribes : voyons maintenant si leur rencontre avec l’Ombre dans le Warp s’est bien déroulée…

1 : Je me permets de faire remarquer ici que ce développement a été beaucoup plus rapide du côté de la fiction que de celui du jeu de figurines. Le premier recueil de nouvelles 40K publié par l’ancêtre de la Black Library en 1990, ‘Deathwing’, contenait en effet une histoire d’infiltration d’un Culte Genestealer par une Assassin Callidus (‘The Alien Beast Within’).

Tyranid Invasion 2023

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The Long and Hungry Road – A. Tchaikovsky :

INTRIGUE :

The Long and Hungry RoadSi vous lisez ces lignes, il y a de fortes chances pour que vous sachiez déjà ce qui attend un monde impérial n’ayant pas la chance de compter sur d’importantes réserves de scénarium (natives ou importées, comme par exemple celles dont les Ultramarines font leurs armures) lorsqu’une flotte ruche tyranide affamée – pléonasme – arrive en orbite. Mais comme c’est Adrian Tchaikovsky qui fait office de narrateur, on ne va pas bouder son plaisir et écouter lire cet auteur confirmé mais nouveau-venu relatif au sein de l’écurie de la BL (au moment où cette nouvelle est sortie) donner sa version de ce grand classique du grimdark.

Nous suivons donc les dernières heures de (la biosphère de) la planète Chertes, placée pour son plus grand malheur sur le trajet d’une flotte tyty par le symbiote Waze de cette dernière, à travers les yeux de plusieurs personnages plongés dans cet événement cataclysmique. Du côté des défenseurs, le Capitaine Joal du croiseur Emperor’s Avenging Blade, le Techno-Prêtre Ashblend, et les membres des Forces de Défense Planétaire Walsh, Kirn et Burrows, donnent tout ce qu’ils ont pour tenter d’enrayer l’implacable fringale Xenos. Du côté des attaquants, le Magus Bartilam emmène ses fidèles participer à l’apocalypse qu’il n’espérait pas avoir la chance de vivre (et à laquelle il n’aura pas celle de survivre non plus). Dire que tout est bien qui se termine bien est une affaire de point de vue, et je laisserai chacun juger en son âme et conscience. En tout cas, la nouvelle se termine sur une satiété générale, et ça, c’est déjà appréciable.

AVIS :

17 ans après le maître Abnett et son classique ‘The Fall of Malvolion’, un autre talent prometteur de la BL se penche sur le trope de « l’invasion-tyranide-qui-finit-mal », qu’il remet au goût du jour et du fluff moderne dans ‘The Long and Hungry Road1. À l’époque en effet, point de Cultes Genestealers pour jouer les trouble-fêtes, et pas d’humour non plus dans la narration de cet épisode hautement tragique (et puis le personnage principal étant un Garde de Fer de Mordian, des calembours auraient été déplacés), deux additions qu’Adrian Tchaikovsky ajoute avec réussite à sa version de ce « mythe » de la littérature grimdark2.

Évidemment, il n’y a aucun suspens dans cette histoire, mais comme cela ne fait pas partie du cahier des charges, on n’en tiendra pas rigueur à l’auteur, qui se tire assez adroitement de cet exercice pas si facile que ça, et nous donne un nouveau mètre-étalon dans ce sous-genre de niche. Souhaitons lui la même longévité et postérité que ‘The Fall of Malvolion’, et rendez-vous en 2040 pour voir si cela a été le cas…

1 : Ça vaut ce que ça vaut, mais le clin d’œil à une chanson des Beatles dans le titre de nouvelles dédiées aux cafards de l’espace pourrait être un moyen pour Tchaikovsky de filer la métaphore entomologique.
2 : On aurait aussi pu s’attendre à ce qu’il nous décrive par le menu les 39 nouvelles entrées du bestiaire tyranide depuis les temps reculés de la V4. Heureusement, il n’en est rien ici et ce n’est pas plus mal.

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The Convocation – T. Nicholls :

INTRIGUE :

The ConvocationChargée de maintenir l’ordre sur le Gethsemane, l’escouade de Navy Breachers à laquelle appartient le Sapeur Halik est convoquée en urgence par le Sergent Boxer après que le contact ait été perdu avec le capitaine du vaisseau. Soucieux de faire leur devoir de manière optimale, les hardis agents de sécurité partent en mission (sans leur C.H.A.T., je le précise car Nicholls le fait aussi) afin d’investiguer sur les raisons de ce silence radio des plus inquiétants. En plus du rêveur – c’est littéralement son seul « trait de personnalité » – Halik et de la froide et gelée Boxer, nous faisons la connaissance de Sirius, le copain mutique et costaud du premier, et de l’Astrobrouilleuse et probable crush (toujours du même Halik) Cleilia, qui nous serviront de personnages principaux dans cette déambulation corridoresque.

Au bout de quelques minutes de progression, au cours desquelles Halik se fait mollement assaillir par un roi de rats (eh oui, c’est très spécifique mais ça ne débouchera sur rien de plus), l’escouade parvient jusqu’au pont du Gethsemane, où le capitaine les attend sur son trône, raide mort. C’est la tuile. Dépassée par les événements, Boxer décide d’aller demander conseille au légendaire Sergent-Chef Patersen, chargé de la sécurité d’une autre section du vaisseau sinistré. Ce trajet-ci se passe un peu moins bien, des membres d’équipage à la calvitie dérangeante attaquant les Sapeurs en chemin, et leur Grenadier se faisant négligemment croquer par un Genestealer (bleu à tête violette, je le précise car Nicholls le fait aussi) qui passait dans le coin.

Au bout du compte et d’une autre embuscade sanglante, le contact est établi avec le mythique Patersen, qui ne trouve rien de plus pressé que de réaliser l’imposition des mains la plus mortelle de l’histoire de la Black Library sur la tempe de la pauvre Boxer, qui décède d’un accès de fangirlisme aigu après avoir croisé le magnifique regard ambré de son supérieur. À l’arrière-plan, ce fragile de Halik est pris d’un malaise soudain, sans doute consécutif à son ingestion récente de champignons avariés, et l’ellipse brumeuse permise par le coup de moins bien expérimenté par le personnage principal permet à Nicholls de régler son compte à tous les PNJ restants de l’escouade (et celui du Spectocrâne, qui lui avait un nom) et de catapulter Halik, Sirius et Cleilia hors de portée des griffes du Culte Genestealer qui a pris possession du Gethsemane, car oui, c’était bien de cela dont il s’agissait. Quelle surprise.

Le trio décide de retourner sur le pont pour, je cite, « évaluer ses options », mais surprise : le cadavre du capitaine a été remisé en soute et les lieux ont été investi par le Patriarche du Culte, qui en avait sans doute marre d’être confiné dans les niveaux inférieurs du vaisseau (et on le comprend). Malgré, ou peut-être à cause (c’est confus), des signaux énergiques de la mini gargouille officiant à la porte1, Halix et Cie entrent dans le saint des saints et tombent sous la coupe psychique de l’abomination Xenos, accompagnée l’inénarrable Patersen. Serait-ce la fin pour nos héros ?

Début spoiler…Non. Enfin pas tout de suite, et pas pour tout le monde. Réussissant enfin un test de Commandement, Halik parvient à se défaire de l’influence néfaste du Patriarche, et son exemple inspire ses camarades qui regagnent également leur libre arbitre. Pendant que le brave Sirius reste en arrière-garde pour cribler de chevrotine les cultistes, Halik et Cleilia s’échappent du traquenard et décident d’envoyer le vaisseau s’écraser à la surface de la planète la plus proche (car oui, ils en avaient une sous la main, c’est pratique) avant que le Patriarche ne vienne les gourmander de leur vilenie. Grâce à la magie du scénario, nos deux tourtereaux – ils finissent la nouvelle en se tenant la main, c’est très hot– parviennent à accomplir ce tour de force en l’espace de quelques secondes, donnant leur vie pour annihiler la menace Xenos infestant le Gethsemane. Seule la mort, blablabla…Fin spoiler

1 : À ce stade, plus rien ne m’étonnait mais ça ne veut pas dire pour autant que je comprenne ce que l’auteur voulait dire par là.

AVIS :

Débuts compliqués dans la GW-Fiction pour Tammy Nicholls, qui nous donne à lire une histoire à la fois simple au niveau « macro » (Navy Breachers vs Cultes Genestealers, dans un format Kill Team), et confuse au niveau « micro ». ‘The Convocation’ contient en effet beaucoup d’éléments pas ou peu expliqués ou contextualisés par l’auteur, suffisamment mineurs pour qu’ils ne gênent pas la compréhension de l’intrigue, mais assez perturbants pour le lecteur quoi qu’il en soit. On a ainsi le droit à plusieurs mentions des rêves perturbants de Halik au cours de la nouvelle, sans que ces derniers ne soient jamais présentés alors qu’il aurait été simple pour Nicholls de faire commencer son histoire sur ces fameux cauchemars1.

Autre exemple, Boxer demande à Halik de lui décrire précisément le Xenos qui a attrapé le Grenadier de l’escouade, ce qui semble indiquer qu’elle est en mesure d’identifier un Genestealer, et pourra donc agir en conséquence grâce à l’information donnée par le Sapeur… Sauf que non, en fait. Je suis peut-être vieux jeu là-dessus, mais j’ai tendance à penser qu’aucun détail de cet ordre ne doit être donné « gratuitement » par l’auteur : si ce n’est pas utile à la suite de l’intrigue, il n’y a aucun besoin de s’y attarder. Malheureusement pour moi, Nicholls semble avoir un tout autre avis sur la question, et les incongruités narratives telles que celles décrites ci-dessus parsèment sa soumission. Je sors donc assez peu favorablement impressionné de la lecture de ‘The Convocation’, et espère que la suite sera d’un niveau plus abouti.

1 : Mais alors, vraiment simple.

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The Devouring Void – D. Ware :

INTRIGUE :

The Devouring VoidAlors qu’il était tout content de ramener un gros Psyker (Surkho) bien juteux à son Pépé après près de deux ans de traque, l’Inquisiteur Xaime Benita est confronté à des perturbations d’un genre un peu particulier lors du retour vers le système solaire. Le Vaisseau Noir sur lequel lui et sa troupe d’acolytes (le Garde vétéran Gana Munhir, l’Interrogateur flegmatique Caspar Melgaard et la Techno-Adepte Chiara d’Ursel) ont pris place pour regagner leurs pénates se retrouve brutalement expulsé du Warp à cause de l’Ombre dans l’icelui, conséquence de la présence d’une flotte ruche à proximité immédiate1.

Sitôt découvert, sitôt abordé par quelques essaims chitineux avides de biomasse fraîche, le vaisseau impérial se retrouve fortement compromis. Pour l’orgueilleux et résolu Benita (qui est malgré tout travaillé par une dépression carabinée, comme l’attestent les voix dans sa tête qui passent leur temps à lui répéter qu’il est un gros nul), il est hors de question de laisser quelques insectes sans gêne se mettre au travers de sa route vers Terra, et sa première réaction est de rassembler tout son staff à proximité de la cellule où est retenu Surkho pour… tirer dans le tas ? C’est en tout cas tout ce que le quatuor inquisitorial parvient à faire, parvenant à maintenir les Tyranides à distance, mais guère plus.

La situation prenant rapidement un tour désespéré, Benita finit par accepter la proposition de son prisonnier, qui se déclare capable de purger les coursives de leurs visiteurs non désirés pas la seule force de son esprit, pour peu qu’on le débarrasse des entraves psychiques qui pèsent sur lui depuis son arrivée sur le vaisseau. Laissant le Psyker sous la surveillance de Melgaard, l’Inquisiteur et ses deux sbires restants piquent leur meilleur sprint pour entraîner les Xenos jusqu’à l’endroit où le Vaisseau Noir a été transpercé par les tentacules du vaisseau ruche le plus proche, le but de la manœuvre étant d’expulser tous ces corps étrangers par ces orifices non désirés avant de refermer ces derniers afin d’éviter une dépressurisation fâcheuse. Un plan audacieux, pour dire le moins, mais en l’absence de solutions moins tarabiscotées, il faut bien faire avec ce qu’on a…

Début spoiler…Et ce stratagème désespéré va fonctionner, au moins en partie. Si les pouvoirs de Surkho, a.k.a. le Monsieur Propre des coursives, expulsent les Tyranides du vaisseau, ils envoient aussi valdinguer dans l’espace Benita, Munhir et d’Ursel. Un regrettable accident, sans doute ? Eh bien pas du tout : le fruit d’un pacte secret entre le Psyker et l’Interrogateur, qui convoitait apparemment la place de son patron et lui annonce dans l’oreillette avant d’appuyer sur la chasse d’air qu’il a commis une impardonnable hérésie en utilisant les pouvoirs d’un Psyker renégat. Après la promotion canapé, la promotion catapulté (dans le vide spatial) : décidément, on n’arrête pas le progrès.Fin spoiler 

1 : Ce qui me paraît un peu étrange du fait de la nature totalement intangible et non-euclidienne de l’Immaterium (comment peut-on être près d’un point qui n’a pas de position précise ?), mais il faut bien poser le cadre de cette nouvelle.

AVIS :

Danie Ware fait une infidélité à ses chères Sœurs de Bataille et revient à ses secondes amours (ex aequo avec les Orks) tyraniques dans ce très simple ‘The Devouring Void’. Il est en effet possible de condenser l’intrigue de cette nouvelle de 15 pages en 5 sans perdre grand-chose d’intéressant au passage, à moins d’être un fan absolu de bruits de couloir (ce n’est même pas du bolt porn, techniquement parlant), ce qui je l’espère n’est pas votre cas. En panne d’inspiration pour meubler son récit entre l’élément déclencheur et la conclusion – qui contient un petit mais assez bizarre1 retournement de situation, ce qui est… appréciable, je suppose – Ware multiplie les fusillades entre la fine équipe de Benita et quelques essaims tyranides peu motivés pour arriver à son quota. Ce manque de fantaisie est d’autant plus dommage que le théâtre de l’affrontement se prêtait au contraire à des péripéties extravagantes au possible, ce que les collègues de Danie Ware ne se sont pas privés de faire en pareille situation2.

Au moins, on peut savoir gré à la créatrice de l’implacable et invincible Augusta Santorus d’avoir respecté l’opposition, et de n’avoir pas fait des Tyranides de malheureux punching balls sur lesquels ses héros peuvent se défouler sans aucune conséquence sur leur intégrité physique, comme cela a été le cas par le passé (‘The Crystal Cathedral’). Même si les bestioles affamées s’avèrent être relativement discrètes dans cette histoire, leur degré de létalité n’est pas galvaudé, ce qui est heureux. Enfin, notons/regrettons que Danie Ware n’a pas fait le lien entre ses différents travaux inquisitoriaux (ou alors de manière tellement subtile que ça m’a échappé, mea culpa), alors que les personnages de la nouvelle ‘The Book of Change’ aurait pu se voir donner une seconde jeunesse ici. Tout le monde n’est pas aussi fan de recyclage de side kicks que Dan Abnett, il faut croire.

1 : Personnellement, je ne vois pas ce que gagne Caspar dans la manœuvre, car au bout du compte, il est toujours dans un vaisseau attaqué par une flotte ruche (qui a quelques tentacules gonflés, certes, mais ils s’en remettront), et ne doit son salut qu’à la coopération d’un Psyker renégat qui n’a aucune raison de l’épargner. Certains héros de la Black Library se sont sortis de pétrins plus profonds, mais ils avaient un Bac Pro boulangerie et/ou une aura d’invincibilité du fait de leur statut de personnage nommé, ce qui n’est pas le cas de cet ambitieux Interrogateur.
2 : Côté 40K, voir ‘The Stuff of Nightmares’ de Steve Lyons, et côté Hérésie d’Horus, on peut s’intéresser à ‘The Voice’ (James Swallow) et ‘Abyssal’ (David Annandale).

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Devilhunter – N. Wolf :

INTRIGUE :

DevilhunterLa planète O’Tash’Var, située dans la nébuleuse Undama, est passée sous domination T’au depuis quelques années, et tout irait pour le mieux dans la plus éclairée des dictatures si de nouveaux venus affamés n’avaient également posé les yeux sur ce petit coin de la galaxie. Des vaisseaux éclaireurs d’une flotte ruche tyranide ont en effet été localisés dans le système, et le Bien Suprême ne sait que trop bien qu’il est dans son intérêt bien compris de les neutraliser avant qu’ils n’attirent le reste de la smala à un banquet de biomasse. Fort heureusement, le jeune empire Xenos peut compter sur des spécialistes reconnus pour mener à bien cette mission capitale : les chasseurs du Shas’vre Takka, aussi connu sous le titre de Devilhunter, expert en extermination de cafards de l’espace.

Nous suivons la mission de Takka et de son équipe à la surface de O’Tash’Var à travers les yeux de Mason, un humain originaire du monde d’Andar Prime et forcé de rejoindre le camp des vainqueurs après que les T’au aient annexé cette lointaine colonie impériale. Bien qu’il ne porte pas les bleus dans son cœur, Mason est suffisamment pragmatique et soucieux du bien-être de sa famille pour ne pas s’arc-bouter sur ses principes xénophobes, et a mis ses compétences de trappeur au service de Takka. L’autre membre « alien » de cette fine équipe est le traqueur Kroot Sick, soupçonné par une bonne partie de ses camarades à sabots d’avoir bravé l’interdit portant sur la consommation de viande tyranide, et dont le comportement pour le moins erratique n’incite pas vraiment à la confiance.

De l’autre côté du ring, on retrouve un unique Lictor bien décidé à profiter de sa villégiature sur O’Tash’Var pour goûter le plus de pâtés de tête possibles avant d’être rappelé au bercail. La capacité du Xenos tentaculaire à se fondre avec son environnement ne tarde pas à faire tourner en bourrique et mourir par paquet de douze les membres de l’expédition, en dépit de la flexibilité tactique de Takka, jamais le dernier à changer son fusil d’épaule pour tenter de prendre sa proie par surprise. Au bout de quelques heures aussi intenses que sanglantes, il ne reste plus au Devilhunter qu’une poignée d’auxiliaires complètement traumatisés et/ou délirants pour mener à bien sa mission, tandis que le Lictor se fait de plus en plus retors et mortel grâce aux informations glanées dans le cortex de ses victimes. Il va falloir faire quelque chose…

Début spoiler…Malheureusement pour Mason, il n’aura pas le même succès que Schwarzie face au Predator dans ce reboot futuriste de ce grand classique du survivalisme, et finira à son tour dégusté comme un œuf à la coque après que le Lictor lui ai posé les grappins dessus. Takka, seulement accompagné par un Sick de plus en plus baveux et de moins en moins lucide, abattra sa dernière carte en hurlant « Promizoulin, finissons-en !!! » comme l’homme le T’au de goût qu’il est et chargeant dans la première clairière venue… seulement pour se rendre compte que son acolyte est tombé sous la coupe du Lictor, et a donc une forte envie de lui picorer la jugulaire. Si son statut de personnage principal permet au Devilhunter de sortir vainqueur de ce duel inter-espèce, il ne l’emportera toutefois pas au paradis : son ultime recours d’ordonner un bombardement orbital sur sa position lorsque le prédateur bondissant se présente enfin à lui échouant lamentablement à cause de l’absence de réseau au moment fatidique, ou autre avanie technique similaire. Ces jeunes (races) et leurs gadgets, alors…Fin spoiler

AVIS :

Nouvelle intéressante de la part de Nicholas Wolf, ‘Devilhunter’ emprunte beaucoup au ‘Predator’ de John McTiernan, avec une couche de coopération (plus ou moins facile) inter-espèce typique de la littérature T’au pour faire bonne mesure. Si le déroulé de l’intrigue est assez classique, on peut saluer l’effort d’innovation stylistique de l’auteur, qui fait mourir son narrateur principal aux trois quarts de l’histoire, battant en brèche le concept du « protagoniste invulnérable » traditionnellement utilisé dans les publications de la Black Library.  Sympathique.

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Blood Harvest – R. Swan :

INTRIGUE :

Blood HarvestSur l’agrimonde de Raphaela, l’Imperium cherche à faire barrage à une invasion tyranide menaçant les rations d’innombrables soldats de la Garde de ses appétits gloutons. Les hommes et le matériel ont afflué des secteurs environnants pour défendre la précieuse planète (190 millions de soldats, tout de même), mais le projecteur ne se braque pas sur ces valeureux immigrés, mais bien sur la main d’œuvre locale, elle aussi mise à pied d’œuvre pour participer à l’effort de guerre.

Nous faisons donc la connaissance de Mukta Lim, employé de bureau quarantenaire à la condition physique aussi affutée que son moral est solide, c’est-à-dire : non. Affecté à un régiment de réserve des FDP, il vit avec bonheur horreur son baptême du feu, sa position se faisant submerger en l’espace de quelques secondes par une marée de chitine agressive autant qu’affamée. Réfugié dans un des tracteurs laissés à l’abandon dans les champs de Raphaela avec une autre camarade de lutte (Altovi), Lim ne doit sa survie qu’à l’intervention décisive d’un Scion du 43ème Régiment des Dragons Iotans (Tessarik), dont la Valkyrie a été abattue à proximité des tranchées « tenues » par la brigade de notre fringant héros.

Après avoir fait montre de ses capacités et de son armement en tout point supérieurs à ceux des bouseux raphaeliens en dégommant négligemment quelques Termagants et Gargouilles un peu trop curieux, Tessarik entraîne ses nouveaux amis (après les avoir équipé du matériel du reste de sa défunte escouade) dans un trail en direction du garage agricole le plus proche, guidé en cela par les indications des deux autres survivants que le serviable Garde a également sauvé d’une mort atroce (et que je ne nommerai pas car ils ne servent à rien dans l’histoire). La source de cet empressement est facile à comprendre : les Scions avaient été chargés de remettre un message urgent au commandement militaire de la zone, mais sans aéroplane ni radio en état de marche, un bon vieux camion reste le moyen le plus rapide de mener à ben cette mission.

Comme on s’en doute, ce Blablacar improvisé en pleine invasion tyranide n’est pas sans danger, et Tessarik devra s’employer à plusieurs reprises pour repousser les assauts de bioformes trop entreprenants, bien aidé en cela par ses nouvelles recrues (ils sont vraiment nuls, tous autant qu’ils sont). Mais enfin, le camp fortifié se présente à l’horizon, et le Scion peut enfin faire son rapport à ses supérieurs… sans que cela ne serve à quelque chose. Ces délais supplémentaires ont en effet rendu caduque l’information transmise par Tessarik, les forces tyranides ayant frappé un point faible de la ligne impériale et massacré quelques deux cent mille défenseurs avant que ces derniers n’aient eu le temps de se redéployer. Ce sont les aléas de la guerre, voilà tout. The end.

Début spoiler Pardon ? Et Mukta Lim dans tout ça, vous entends-je demander ? Ah oui, c’est vrai. Il n’est pas mort mais comme il n’a pas joué un grand rôle dans l’histoire à part se brûler les bras tout seul en manipulant un lance plasma, je l’avais oublié.

Toujours accompagné de sa fidèle Altovi, Lim a été réquisitionné par la Commissaire Brun pour effectuer une tâche digne de ses hautes capacités : creuser de nouvelles tranchées en préparation de la deuxième vague d’assaut tyranide. Alors qu’il se morfond sur les dommages à long terme qu’auront les spores qu’il respire à plein poumons, Lim a toutefois la surprise de voir revenir Tessarik, inexplicablement attiré par l’énorme (absence de) charisme de ce brave gratte-papier, et qui vient à nouveau lui prodiguer ses sages conseils avant que le barrage d’artillerie et les tirs de la flotte impériale en orbite ne viennent pulvériser les premières lignes des Xenos en approche. S’il n’est pas certain que nos héros survivent aux prochaines minutes, leur franche camaraderie devant l’adversité ne manquera pas de réchauffer le cœur du lecteur et de l’Empereur, et c’est bien cela l’essentiel, pas vrai ? The end (pour de vrai cette fois).Fin spoiler

AVIS :

Pour sa première incursion dans le lointain futur, Richard Swan nous livre une nouvelle bizarrement optimiste compte tenu de la condition des protagonistes et de la nature de leur ennemi, mais après tout le grimdark est décliné en plusieurs saveurs. Cette petite vignette d’un conflit beaucoup plus large m’a remis en tête certaines de premières nouvelles 40K jamais écrites, telles que ‘Devil’s Maraudeurs’ (William King) ou ‘Emperor’s Grace’ (Alex Hammond), dans lesquelles on suit des personnages pas vraiment attachants alors qu’ils tentent de survivre à des situations très mal embarquées pour eux – généralement, ce sont des Gardes Impériaux, il n’y a pas de hasard. Une fois de temps en temps, ça passe, mais cette « naïveté » narrative semblera sans doute étrange au lecteur vétéran de la BL, habitué à une approche beaucoup plus cynique et pragmatique de la guerre éternelle du 41ème millénaire. Il faudra voir dans le futur si Swan se fond dans le moule ou arrive à maintenir sa singularité assez rafraichissante (à défaut d’être totalement appréciable, en tout cas je réserve mon jugement pour le moment), par rapport aux canons de la maison.

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Et voilà qui termine cette revue de la Tyranid Invasion Week 2023, qui s’est révélée assez classique en matière de nouvelles proposées par le quintet d’auteurs rassemblé par la Black Library. J’aurais bien aimé un peu plus d’audace de leur part pour enrichir le corpus tyranique, qui reste donc peu varié à l’issue de cette semaine thématique, mais avec deux soumissions solides et deux nouveaux auteurs à suivre dans le futur, ce mini recueil thématique n’est pas indigent pour autant. À la prochaine !

INFERNO! PRESENTS THE INQUISITION [40K]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue d’une anthologie infernale un peu spéciale, à commencer par son titre: Inferno! presents the Inquisition. Pour ceux qui ne sont pas familiers de l’institution BLesque qu’est Inferno!, un petit crash course s’impose: initialement lancé à la fin des années 90 comme un bimensuel consacré à la publication de nouvelles, comics et autres joyeusetés 100% fluff et 0% jeu, Inferno! a connu une longue traversée du désert Warp avant d’être ressuscité de ses cendres par Nottingham à la fin des années 2010, près de 15 ans après la fin de la publication de sa première incarnation. Désormais plus proche du recueil de nouvelles que du magazine, cette nouvelle mouture a (au moment de l’écriture) six numéros au compteur, et une ligne éditoriale finalement assez proche de son illustre et illustré ancêtre, à savoir permettre à de nouveaux contributeurs de faire leurs premières armes avant que les meilleurs ou plus chanceux d’entre eux soient affectés à d’autres travaux.

Inferno! presents the Inquisition

Inferno! mise donc sur la diversité plus que sur la spécialisation, ce qui fait de ce numéro spécial, uniquement consacré à une franchise et une faction, une curiosité. Ou annonce un changement radical de stratégie de publication de la part de la Black Library (ce qui ne serait pas plus surprenant que ça). On peut également noter, pour terminer ce briefing pré-chronique, que la moitié des 11 nouvelles regroupées ici ont connu une première sortie: cinq pendant l’Inquisition Week de 2021, et celle de Dan Abnett (la star du sommaire, qui a lui-même commencé sa glorieuse carrière pour la BL avec des piges infernales au millénaire précédent) dans l’édition limitée de ‘Penitent’. Restent donc cinq purs inédits, signés par des plumes (re)connues comme Robert Rath et Denny Flowers, mais également par d’honnêtes bizuths (Rich McCormick, Rob Young, Tom Toner). Voilà de l’Inferno! comme on – ou en tout cas, je – l’aime! Ce motley crew d’auteurs chevronnés et débutants sera-t-il à la hauteur de la délicate mission d’écrire au sujet de l’Inquisition, l’un des piliers du lore de Warhammer 40.000 ? Eh bien, c’est le moment de s’en assurer.

Inferno!_The Inquisition. Lire la suite

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue d’une anthologie infernale un peu spéciale, à commencer par son titre: Inferno! presents the Inquisition. Pour ceux qui ne sont pas familiers de l’institution BLesque qu’est Inferno!, un petit crash course s’impose: initialement lancé à la fin des années 90 comme un bimensuel consacré à la publication de nouvelles, comics et autres joyeusetés 100% fluff et 0% jeu, Inferno! a connu une longue traversée du désert Warp avant d’être ressuscité de ses cendres par Nottingham à la fin des années 2010, près de 15 ans après la fin de la publication de sa première incarnation. Désormais plus proche du recueil de nouvelles que du magazine, cette nouvelle mouture a (au moment de l’écriture) six numéros au compteur, et une ligne éditoriale finalement assez proche de son illustre et illustré ancêtre, à savoir permettre à de nouveaux contributeurs de faire leurs premières armes avant que les meilleurs ou plus chanceux d’entre eux soient affectés à d’autres travaux.

Inferno! presents the Inquisition

Inferno! mise donc sur la diversité plus que sur la spécialisation, ce qui fait de ce numéro spécial, uniquement consacré à une franchise et une faction, une curiosité. Ou annonce un changement radical de stratégie de publication de la part de la Black Library (ce qui ne serait pas plus surprenant que ça). On peut également noter, pour terminer ce briefing pré-chronique, que la moitié des 11 nouvelles regroupées ici ont connu une première sortie: cinq pendant l’Inquisition Week de 2021, et celle de Dan Abnett (la star du sommaire, qui a lui-même commencé sa glorieuse carrière pour la BL avec des piges infernales au millénaire précédent) dans l’édition limitée de ‘Penitent’. Restent donc cinq purs inédits, signés par des plumes (re)connues comme Robert Rath et Denny Flowers, mais également par d’honnêtes bizuths (Rich McCormick, Rob Young, Tom Toner). Voilà de l’Inferno! comme on – ou en tout cas, je – l’aime! Ce motley crew d’auteurs chevronnés et débutants sera-t-il à la hauteur de la délicate mission d’écrire au sujet de l’Inquisition, l’un des piliers du lore de Warhammer 40.000 ? Eh bien, c’est le moment de s’en assurer.

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INFERNO! A WARHAMMER 40K COLLECTION [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette revue critique de l’anthologie Inferno! A Warhammer 40,000 Collection, titre prosaïquement moche s’il en est, mais nécessaire à ne pas confondre l’objet du présent article avec son frère jumeau sigmarite (Inferno! An Age of Sigmar Collection, chroniqué ici). Le manque d’inspiration manifeste des puissants cerveaux de la Black Library au moment de nommer ce recueil reflète est un reflet assez fidèle du contenu de ce dernier, constitué uniquement de nouvelles publiées dans les numéros 1 à 6 d’Inferno ! nouvelle mouture1.

Inferno! 40K

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Sans inédit à se mettre sous la dent, ce produit est donc à réserver aux amateurs exclusifs de prose grimdark n’ayant pas acquis les 31 courts formats (pour 24 auteurs) repackagés ici lors de leur première publication. Le nombre conséquent de nouvelles proposés dans cette collection fait de son acquisition une bonne affaire sur le plan strictement financier, mais qu’en est-il de la qualité littéraire ? C’est ce à quoi nous (enfin, je surtout) allons tenter de répondre dans les lignes ci-dessous.

1 : Le seul particularisme à se mettre sous la dent pour les amateurs de fun-ish facts est que le sommaire du livre a été totalement expurgé des soumissions de Thomas Parrott, contributeur de la BL tellement blacklisté par cette dernière que je commence à penser qu’il est un des Primarques disparus.

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Inferno! 40K

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Raised in Darkness – A. Tchaikovsky :

INTRIGUE :

L’agrimonde de Shargrin reçoit la visite, pas vraiment amicale, de deux membres des Saints Ordos, les Inquisiteurs Vulpern et Jerrin, après qu’un de leurs collègue (Harghesh), ait disparu sans laisser de trace au cours d’une inspection de routine. Le dernier message envoyé par la rosette manquante faisant état de « difformité physiologiques régulières et persistantes » parmi la population de la planète, les deux compères arrivent sur place avec une jauge de suspicion déjà bien élevée, ainsi qu’une forte escorte de Space Marines de la Deathwatch. En effet, le jargon d’Harghesh, s’il rendrait fier n’importe quel fonctionnaire de l’Education Nationale, semble surtout indiquer que Shargrin a été infectée par la menace Xenos. Cela expliquerait pourquoi le premier Inquisiteur a si brutalement cessé de donner des nouvelles…

Accueilli par le Gouverneur en personne, ainsi que son statut le prévoit, le vieux et passablement désabusé Vulpern donne le change du côté des petits fours pendant que sa jeune, énergique et ambitieuse collègue va faire quelques prélèvements sur un site de transformation de la principale ressource de la planète : les champignons. Shargrin est en effet connu pour la richesse de sa biodiversité fongique, ayant colonisé les cavernes s’étendant sous la surface désolée de la planète. Sous le leadership avisé du Gouverneur Linus Donaghl, ancien officier de la Garde Impériale jouissant du statut de héros du sous-sous-sous secteur pour avoir flanqué en raclée aux Zoneilles en son jeune temps, Shargrin a réussi à faire croître sa production de bolets, girolles, morilles et autres vesses de grox de manière significative d’année en année, attirant l’intérêt professionnel des adeptes de l’Administratum, toujours prêts à augmenter les seuils de la dîme impériale à la moindre opportunité. Mieux vaut éviter de faire du zèle dans l’Imperium, c’est bien connu. Par un coup de chance ou une intervention de l’Empereur, l’intuition de Jerrin se trouve confirmée par la détection dans l’échantillon de travailleurs sélectionnés par l’Inquisitrice de plusieurs spécimens d’hybrides Genestealers, dûment exécutés par son escorte de Space Marines après que leur crâne allongé, yeux rouges et troisième bras recouvert de chitine aient été exposés au grand jour.

Commence alors une campagne de purge dans laquelle Jerrin joue le rôle de la zélote incendiaire, Donaghl celui du défenseur de son peuple (mais surtout de sa capacité de production, car le bougre est corporate), et Vulpern tente tant bien que mal de ménager la fièvre et le mou. La résistance acharnée qu’oppose un nombre croissant de Shargrinois à l’avancée impériale, le caractère opportun des attaques qui s’abattent sur les imperturbables et inoxydables Space Marines, et les multiples tentatives d’assassinat ciblant les Inquisiteurs font cependant réaliser à ces derniers que la corruption Xenos est profondément ancrée dans la société locale. Identifier les agents doubles au service du culte devient donc la priorité de nos envoyés spéciaux, avant même de jouer du lance-flamme dans les champignonnières (ce qui est dangereux quand les spores sont en suspension dans l’air, d’ailleurs)…

Début spoiler…À ce petit jeu, c’est Vulpern qui finit par gagner, ou plutôt Donaghl qui finit par perdre. Le brave Gouverneur était en effet de mèche avec le culte, seul capable de lui permettre de remplir et même dépasser ses quotas de production, grâce à la main d’œuvre robuste et motivée qu’une colonie de Genestealers est capable d’engendrer. Avec quatre bras, on cueille deux fois plus pleurotes à l’heure, c’est logique. Derrière ses apparences farouches et son passif de soldat inflexible, Donnie cachait cependant un cœur d’artichaud et/ou des nerfs fragiles, puisqu’il avoue de but en blanc à l’Inquisiteur au bout d’à peine neuf jours de campagne sa pleine et entière duplicité. Ses motivations resteront cependant à jamais un mystère pour la postérité et pour le lecteur, puisqu’il intervient personnellement en défense de ce vieux croulant de Vulpern, à nouveau attaqué par un hybride pendant la confession de Donaghl, alors que ses gardes du corps de la Deathwatch faisaient un bière pong dans la salle d’à côté. Cette intervention salutaire n’épargnera toutefois pas au Gouverneur une exécution sommaire, précédée de la longue séance de torture prévue par la procédure inquisitoriale afférente. Voilà ce qu’il en coûte de prendre les légats de l’Empereur pour des truffes.Fin spoiler

AVIS :

Adrian Tchaikovsky livre une copie intéressante pour ses premiers pas au 41ème millénaire, avec une histoire inquisitoriale jouant habilement sur quelques uns des contrastes et paradoxes centraux de cet univers grimdark à l’envie. La méthode forte est-elle toujours la seule qui soit valable ? La foi en un Empereur distant et en un Imperium inhumain passe-t-elle systématiquement avant le bonheur de leurs sujets ? La fraternité offerte par un culte Genestealers ne compense-t-elle pas la corruption de ses membres ? Si ces questions ne sont pas nouvelles au sein de la GW-Fiction, Tchaikovsky prouve ici qu’il maîtrise ses fondamentaux en les posant dans ‘Raised in Darkness’, allégorie à la fois des fungus de Shargrin, des hybrides du culte mais également des bons et honnêtes sujets impériaux, dont ne demande rien d’autre que l’obéissance aveugle à un système brutal et obscurantiste. Ambiance ambiance. En plus de ce fond solide, la forme de cette nouvelle bénéficie du style affirmé et différent des canons habituels de la BL qu’Adrian Tchaikovsky a développé au cours de sa carrière d’auteur vétéran. Bref, je suis curieux de lire davantage des œuvres BLesques de cet invité de choix dans le futur, s’il juge bon de poursuivre sur cette voie.

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The Exorcism of Karsa V – M. Smith :

INTRIGUE :

Sur la planète Karsa V, une insurrection surprise de cultistes du Chaos dans la capitale (Karsavaal) s’est soldée par la prise du palais du gouverneur, le Palacea Aeternum. La situation s’est depuis enlisée, les insurgés se contentant de faire des raids sur les quartiers environnants afin de capturer des otages pour des raisons aussi mystérieuses que certainement sinistres. De leur côté, les forces loyalistes du General Torres se montrent assez timides dans leurs assauts sur le bastion adverse, sans doute pour ne pas abimer ce joyau d’architecture qui fait la gloire et la fierté de Karsa V depuis plus de huit millénaires. Notre histoire s’ouvre sur une intervention presque concluante de la crème de la crème, les Karsan Cazadores du Major Nico Abatido. S’il faut leur reconnaître une pointe de vitesse impressionnante et une discipline de fer, on repassera en revanche pour la précision au tir. La course poursuite entre cultistes chargés de civils et loyalistes chargés de les rattraper finit par mener tout ce petit monde jusqu’aux abords du Palacea Aeternum, trop bien défendu pour que Nico et ses bidasses se risquent à continuer leur traque. L’épisode n’a toutefois pas été une totale perte de temps puisqu’en plus d’avoir sauvé une otage (qui s’est probablement fracassé le crâne sur le pavé lorsqu’Abatido a descendu son porteur en pleine course, mais c’est un détail), les Cazadores ont repéré dans le mur extérieur du complexe un pylône de défense en piteux état : s’il venait à être neutralisé, une offensive sur le palais deviendrait possible.

L’Empereur ayant de la suite dans les idées, c’est le moment que choisissent les Exorcists pour faire leur apparition sur ce théâtre d’opérations, sans avoir prévenu le QG de Kasra V avant évidemment, « une précaution nécessaire » d’après le meneur des Space Marines, le Sergent Vétéran Jago Sabarren. Comme on peut s’y attendre, le courant passe assez mal entre les Astartes laconiques mais très exigeants en matière d’autonomie (« vous nous laissez faire ce qu’on veut »), de soutien (« vous allez envoyer toutes vos Valkyries faire diversion pour péter ce pylône ») et d’aménagement urbain (« vous devrez raser le Palacea Aeternum quand on aura maté l’insurrection »), et le commandement des forces karsanes. Comme on peut s’y attendre également, le petit Général décide sagement d’obtempérer aux directives du grand, gros, moche et nauséeux Sergent Space Marine1, avant que ce dernier ne dégaine le moulin à baffes énergétiques. Plus surprenante est l’autorisation qu’il donne au dévoué et altruiste Major Abatido (toujours déterminer à sauver des otages) d’emmener quarante Cazadores à l’intérieur du Palacea une fois que la brèche a été ouverte, contre les recommandations explicites de Sabarren.

Une fois dans l’enceinte du palais, les choses vont rapidement de mal en pis pour les braves bidasses, que l’entraînement n’a pas préparé à faire face aux assauts insidieux du Warp. Malgré tout, les Cazadores arrivent à se rendre utiles entre deux crises de larmes (de sang) et affrontements internes, en sabotant une batterie d’Hydres d’abord, puis en prenant à revers un groupe de Serviteurs de combat qui faisaient la misère aux Exorcists, eux aussi à pied d’œuvre. C’est toutefois sur les larges épaules de Sabarren et de ses hommes que reposent les meilleures chances impériales, et après avoir enfoncé les défenses chaotiques, les Space Marines finissent par localiser leur cible principale, le Maître des Possessions et Sorcier de la Black Legion Belphegor. Comme le veut la tradition, ils arrivent une seconde trop tard pour empêcher ce professionnel de Bebel de terminer son rituel, qui se solde par l’arrivée dans le Materium du Prince des Cieux Brûlants, un Démon ayant déjà eu maille à partir avec les Exorcists au cours de sa longue son éternelle existence. Il reviendra à Sabarren, encore une fois aidé par Abatido (et son dernier point de vie) d’appréhender le malandrin, au terme d’un combat disputé qui verra l’Exorcist mettre à profit ses connaissances secrètes et ses talents de tatoueur-scarificateur pour emprisonner le Prince anciennement connu sous le nom de l’artiste Fi’ax’ra’fel dans le cadavre de son hôte (le Gouverneur local), et repartir avec le spécimen vers Banish, pour que ses camarades de la Basilica Malefex puissent l’étudier en détail. Ces informations seront sans doute utiles pour localiser le fuyant Belphegor, qui s’est téléporté hors du Palacea Aeternum une fois son forfait accompli. De son côté, le Général Torres a fini par accepter de donner l’ordre de détruire le précieux bâtiment, sous la menace à peine voilée d’une visite surprise de l’Inquisition s’il faisait signe de vouloir classer le complexe au patrimoine impérial de l’humanité pour le protéger d’une purge nécessaire. On ne dira rien à Stéphane Bern, promis.

1 : Dont les méthodes pour assurer le secret des réunions de crise sont aussi surprenantes qu’efficaces (comprendre que la manœuvre des loyalistes ne sera pas transmise aux insurgés par des traîtres).

AVIS :

Matt Smith livre une Space Marinade assez quelconque avec ‘The Exorcism of Kasra V’, ce qui est d’autant plus dommage que le pedigree des Astartes convoqués pour faire le coup de feu dans cette nouvelle était des plus prometteurs. S’il se rattrape quelque peu en livrant quelques éléments fluffiques intéressants sur le Chapitre des Exorcists, Smith ne parvient pas pour autant à les singulariser de la masse de leurs congénères énergétiques, et arrête son récit précisément au moment où je commençais à vouloir en apprendre plus (c’est vrai quoi, comment on « instille la peur » chez un Démon ?). Pour le reste, on a le droit à trente pages de combat sans interruptions ni subtilités, au service d’une intrigue ne recelant pas la moindre surprise. À ce jour, c’est donc à mes yeux Steve Parker qui reste l’auteur de référence pour quiconque s’intéresse aux demi-frères des Chevaliers Gris, alors même qu’il n’a intégré qu’un seul ressortissant de ce Chapitre borderline (Rauth//Watcher) dans ses travaux ‘Deathwatch’.

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Vova’s Climb – N. Van Nguyen :

INTRIGUE :

L’Arbites Vovamir, Vova pour les intimes et pour le narrateur, s’est lancé un défi de taille au cours des douze prochaines heures : traîner en justice la Gouverneur Laiana, coupable à ses inflexibles yeux de trahison envers la Lex Imperialis. Si ses prérogatives professionnelles lui permettent en théorie de mener cette tâche à bien, Vova doit cependant opérer dans des circonstances particulières : son équipe embusquée et massacrée par la milice locale, il est seul, blessé et doit remonter jusqu’en haut de la proto-ruche Noth Secundus jusqu’au palais gouverneurial, évitant au passage les gangs et les forces de l’ordre, ainsi que les Scions de l’Inquisiteur Truan, qui protège Laiana contre la juste justice impériale. Qui a débloqué le niveau de difficulté légendaire ?

Son sacerdoce et son ascension en solo très expo’ sont toutefois aidés par une rencontre fortuite avec la chef de gang Harkeen, qu’il convainc de l’aider à mener à bien sa mission punitive. Comme Laiana a décrété une guerre au crime d’un niveau qui ferait pâlir le préfet Lallemant, ayant mené les innocents gangers de Noth au bord de l’extermination, le discours de Vova porte, et ce dernier peut bientôt compter sur l’appui d’une foule en colère, armée de briques laser et de brocs énergétiques, et suffisamment nombreuse pour mobber la défense croisée de la milice et de l’Inquisition. En chemin, les justiciers d’allégeance chaotique (tout un concept) se font attaquer par une escouade de Scions de ce truand de Truan, armés de carabines à plasma t’au : la preuve indiscutable de la culpabilité de Laiana et de ses alliés, dont le crime aura été d’écouter d’une oreille un peu trop attentive le baratin des VRP du Bien Suprême.

Par une heureuse ellipse, permettant à Van Nguyen de ne pas expliquer comment Vova et ses auxiliaires ont réussi à se frayer un chemin jusqu’à leur cible (ce qui avait l’air de tenir du miracle deux lignes plus haut), nous retrouvons notre héros quelques instants avant qu’il ne mette en examen, juge, condamne et exécute Laiana, le tout en moins de trois secondes. On rappellera tout de même que la défunte a le droit de faire appel si elle le souhaite, car la justice impériale n’est pas inhumaine à ce point. Ceci fait, il ne reste plus à Vova qu’à s’expliquer franchement avec Truan, venu en personne mais sans escorte (ce qui est très stupide de sa part) commettre une bavure sur une personne détentrice de l’autorité. On comprend que si l’Inquisiteur a fait obstacle à l’investigation de l’Arbites, c’est parce qu’il avait besoin du matériel t’au pour mener à bien sa propre croisade contre le Warp et les forces chaotiques, ce qui est une preuve flagrante d’un évident manque de foi pour Vova. Ce dernier apprend en retour à son interlocuteur qu’il a été défroqué par contumace quelques années plus tôt, et est donc coupable de faux et usage de faux, crime passible de mort (comme beaucoup d’autres) dans le Code Imperialis. La médiation entre les deux fonctionnaires impériaux ayant lamentablement échouée, chacun se considérant comme au dessus de la juridiction de l’autre, les deux compères se mettent logiquement à échanger des bourre-pifs, et à ce petit jeu, c’est Vova et ses ouailles qui finissent par l’emporter. Notre héros perd toutefois des points de style en recourant à une carabine à plasma pour exécuter sa sentence, ouvrant la porte à une possible investigation à son encontre pour utilisation de matériel prohibé. Dura lex sed lex.

Notre histoire se termine donc sur la victoire sans appel de la Lex Imperialis sur la chienlit radicale, hérétique et xenophile, ce qui est bel et bien. Avant de retourner au poste taper son rapport en trois exemplaires, il reste toutefois deux choses importantes à faire pour notre procédurier protagoniste : primo, abattre Hakeen, qui avait été condamnée pour couardise par son Commissaire lorsqu’elle servait dans la Garde, et était depuis en attente d’exécution ; et secundo, demander à ses auxiliaires survivants d’empiler les cadavres en deux lignes bien nettes, pour faciliter le travail de l’équipe de nettoyage. C’est à ce genre de petites attentions que l’on reconnaît les gens de bien, pas vrai ?

AVIS :

Noah Van Nguyen poursuit son intégration dans la GW-Fiction avec une nouvelle plus originale que sa première publication (‘The Last Crucible’), mais explorant une nouvelle fois le thème de l’opposition entre la fin et les moyens. Le personnage de Vova, sorte de Judge Dredd grimdarkisé qui passe une bonne partie de l’histoire à peser le pour et le contre de ses actions, et semble plus préoccupé par la perspective de créer un précédent dans l’application de la Lex Imperialis que par le coût humain de sa croisade personnelle, incarne parfaitement cette dualité, mais on peut en dire autant de Laiana, qui est parvenue à pacifier et développer son monde grâce à une alliance avec les T’au, et de Truan, à la recherche du meilleur matos pour purger du démon et prêt à fermer les yeux sur des combines qu’il juge mineures par rapport à sa mission. L’utilisation par Van Nguyen de la figure de l’Arbites, qui connut sa fugitive heure de gloire avec la trilogie des Shira Calpurnia de Matthew Farrer au début des années 2000, permet d’illustrer de façon intéressante les complexes rapports qu’entretiennent entre elles les institutions « sécuritaires » de l’Impérium. Il ne manquait plus qu’un Space Marine laissé en garnison sur Noth pour que la confusion juridictionnelle soit totale, et le bain de sang qui fait suite au différent entre les factions impériales était sans doute la seule et unique sortie de crise possible. Que cet Impérium de l’Humanité est bien construit, alors ! Comme dit plus haut, je regrette toutefois le choix de l’auteur d’avoir coupé au montage une bonne partie de la fameuse ascension de Vova et de ses troupes, alors qu’il avait jusque là (et plus tard) donné tous les signes qu’il s’agissait d’une nouvelle d’action. Il aurait donc été logique de suivre la progression des justiciers d’un bout à l’autre de leur traque, au lieu de passer sous silence la partie la plus « complexe » des péripéties. Il s’agit toutefois d’un défaut assez mineur au final, et ‘Vova’s Climb’ prend donc sa place parmi les meilleures nouvelles d’escalade urbaine de la BL1.

1 : Qui est un sous-sous-sous-sous genre qui existe, puisqu’avec ‘Tower of Blood’ de Tony Ballantine, on arrive à deux nouvelles.

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The Stuff of Nightmares – S. Lyons :

INTRIGUE :

La jeune Nirri est sur le chemin de Terra pour réaliser le rêve de toutes les pieuses et dévouées adolescentes de son âge : rencontrer l’Empereur en personne. Cette chance inouïe lui est échue en raison de sa condition particulière : diagnostiquée Psyker par son médecin de famille, elle a été débusquée par les autorités de sa planète et remise au premier Vaisseau Noir qui croisait dans le coin. Dans ses moments de lucidité, notre héroïne se souvient de ses adieux déchirants (surtout pour elle il faut dire) avec le reste de sa famille, et se demande comment toute cette histoire va se terminer. Pour le moment, enchaînée à un mur en compagnie de centaines de ses camarades mutants et soumise à un cocktail explosif d’éclairage stroboscopique et de porridge au Xanax, elle passe le plus clair de son temps à halluciner, et ses visions sont de plus en plus sombres. Une bande de sémillants Démons a en effet décidé de flashback-bomber ses souvenirs de jeunesse, et par-dessus le marché, elle a eu le pressentiment de la destruction imminent du Vaisseau Noir au cours d’une tempête Warp. Bien que n’ayant pas réussi à convaincre les Serviteurs en charge de la popotte de l’importance vitale de sa révélation, ses pitoyables plaintes ont été enregistrées (probablement dans le cadre de l’amélioration de la qualité du service fourni, comme c’est l’usage depuis M3), et lorsque le vaisseau commence à traverser une zone de fortes turbulences, un petit détachement de gardes mené par une Sœur du Silence dévouée à Ste Mila plutôt que Mina (rapport à sa coloration violette du plus bel effet) se présente pour l’escorter là où son devoir semble l’appeler.

Bien évidemment, le transfert ne se passera pas comme prévu. Après avoir dû calmer quelques Psykers un peu trop forts en gueule dans les quartiers carcéraux du vaisseau, l’escouade se fait embusquer par des Démons branchés sur courant alternatif (un coup physique, un coup incorporel), preuve manifeste d’une fuite dans les champs de Geller du navire. Laissée sans chaperon dans la bagarre, Nirri erre dans les couloirs sans trop savoir que faire, et décide en désespoir de cause de revenir sur ses pas pour qu’on puisse au moins lui donner la direction de la cafeteria. Qui sait, ils auront peut-être des Pumpkin Latte. Pas de bol pour notre ado, la seule survivante du groupe chargé de son transfert est la Sœur du Silence, que sa mort prochaine ne convainc pas de briser son vœu de mutisme pour autant. Nirri devra donc se contenter de vagues directions pour reprendre sa route après le décès de sa garde chiourme, mais finira tout de même par tomber entre de bonnes et impériales mains quelques temps plus tard.

Amenée sur le pont de commandement du vaisseau, elle (ou plutôt, le lecteur) finit par comprendre qu’elle a été convoquée pour remplacer d’urgence le Navigateur du bord, très incapacité par la tempête et plus en état de guider le bâtiment hors de cette dernière. Comme plus d’un membre d’équipage le fait remarquer alors que Nirri est placée dans l’habitacle de son prédécesseur avec autant de soin qu’une pomme de terre utilisée en TP de SVT pour produire de l’électricité, ses chances de succès ne sont pas minces, elles sont photoshoppées. Qu’importe pour notre brave petite patate, qui s’est prise de passion pour la lumière bizarre pénétrant depuis la fissure du parebrise du vaisseau, et va donc tenter de retrouver le chemin du Materium1 en pure autodidacte… Et mourir sur le coup dans la tentative. The Stuff of Nightmares Legends.

Ce qui ne l’empêche pas de se réveiller quelques jours plus tard, preuve manifeste que tout ceci n’était qu’un rêve, pas vrai ? PAS VRAI ? En tout cas, son voisin de chambrée, ou plutôt de travée, décapité pour outrage à agent par Sœur Sourire lors de l’exfiltration de Nirri, est de nouveau à ses côtés, et en raisonnablement bonne santé. En tous cas, cette expérience transcendantale a raffermi la foi de notre héroïne en l’Empereur, qu’elle se jure à nouveau de servir du mieux qu’elle le pourra lorsqu’elle aura enfin la chance de faire un selfie duckface avec son idole. Cela passera sans doute par quelques heures à apprendre les rudiments de Warp Flight Simulator 18, car il y a indéniablement du boulot…

1 : Ou plus exactement, de dégager un vaisseau à moitié (?) sorti du Warp. Appelons ça « Opération Ever Given ».

AVIS :

Steve Lyons aurait-il tenter d’émuler Peter Fehervari (‘Requiem Infernal’) avec cette nouvelle horrifique et démoniaque ? Les points communs entre ce texte et le premier chapitre du roman de son collègue au sein de la BL sont en effet assez marqués, la jeune Nirri comme la Sœur Asenath Hyades se retrouvant prisonnières d’un vaisseau où la présence du Warp est manifeste, sans possibilité de savoir si elles vivent ou rêvent leur rencontre avec les joyeux et farceurs habitants de l’Immaterium. Au jeu des comparaisons, c’est toutefois Fehervari qui l’emporte, tant par sa capacité à convoquer des images malaisantes1 (tandis que Lyons se contente de va et vient dans les couloirs et de scènes de baston confuses et classiques) que par le soin qu’il apporte à clore les (possibles) hallucinations de sa protagonistes de façon à la fois équivoque mais compréhensible : si on ne peut pas dire si Hyades a tout inventé ou a vraiment été visitée par le Warp lors de sa traversée agitée, il n’y a rien qui vienne formellement invalider l’une ou l’autre de ces options. À l’inverse, le fait que Nirri se réveille au même endroit qu’avant le début de la tempête, et surtout discute avec un personnage qu’elle a vu mourir dans le « passé », rend caduque toute autre hypothèse que celle d’un cauchemar. Je pense qu’il aurait été bien plus réussi et efficace de laisser planer un vrai doute à ce niveau en clôture de nouvelle.

Par ailleurs, il m’a semblé que Steve Lyons prenait des largesses inhabituelles de sa part avec le fuff dans ‘The Stuff of Nightmares’. Cela passe notamment par le pouvoir incapacitant trèèèèèèès léger que la Sœur Violetta a sur les Psykers et les Démons, mais se perçoit aussi dans le dénouement de l’intrigue. Qu’est-ce que l’équipage du Vaisseau Noir espérait de l’utilisation sauvage d’une Psyker non formée en remplacement d’un Astropathe ? Nirri a-t-elle réussi à sauver le vaisseau (et donc à le faire sortir du Warp alors que les champs de Geller étaient désactivés, ce qui la positionnerait dans le top 10 des Psykers les plus puissants de son époque), ou bien est-elle seulement et bêtement morte sous la surcharge psychique, ce qui paraîtrait à la fois beaucoup plus logique et totalement anti-climatique ? Bref, on a connu mieux de la part de Steve Lyons2, qui rate quelque peu ses retours dans Inferno ! avec cette nouvelle en demi-teinte.

1 : Ici, c’est un compliment.
2 : Et notamment, dans un style « intimiste » similaire, ‘The Shadow in the Glass’.

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The Last Knight: Part 1 – G. G. Smith :

INTRIGUE:

Notre histoire se déroule sur le monde chevalier de Leucosia, dont la proximité syllabique avec Leukemia n’est pas totalement anodine. En effet, la planète a particulièrement souffert de l’ouverture de la Cicatrix Maledictum, et des incursions démoniaques l’ayant frappé avec régularité en conséquence de la signature des accords de Schengen entre le Materium et l’Immaterium. Notre héros, le noble Lacutus de la maison Honaratus, porte d’ailleurs un souvenir cuisant de la dernière excursion organisée1 par les hordes démoniaques depuis la Tempête de la Sirène (l’anticyclone warpien local), une engeance chaotique mal embouchée lui ayant craché dans l’œil avec des résultats corrosifs. Envoyé par son père et Gouverneur planétaire en exercice, Forganus, reprendre contact avec les communautés placées sous la protection de sa lignée, Lacutus arrive dans le petit village côtier d’Innsport, où il remarque l’épave d’un vaisseau spatial s’étant écrasé dans la lagune. D’abord content de la découverte, qui lui permettra peut-être de retaper le chevalier familial, le brinquebalant Wargod, en maintenance depuis la dernière bataille contre les springWarpbreakers en goguette sur Leucosia, Lacutus va rapidement déchanter. Sa rencontre avec les autorités locales se passe en effet très mal, l’ancien Fisher étant resté au règne d’Ignatius Honaratus, grand-père de notre héros, refusant de lui donner du « Monseigneur » et de lui faire une petite courbette, et finissant même par lui ordonner de mettre le pied à terre, et le faisant obtempérer d’une pichenette psychique à laquelle Lacutus ne s’attendait pas le moins du monde.

Sauvé par la ruade de son fidèle destrier Augustus, qui fidèle à sa réputation de monture d’un univers de Games Workshop, se charge d’infliger les blessures à l’adversaire quand son cavalier rate toutes ses attaques, Lacutus se relève, dégaine son épée énergétique branchée sur courant alternatif (elle marche un jour sur deux), et fend le faquin à tête bulbeuse en presque deux d’un horion bien placé. Il n’a cependant pas le temps de finir le dernier PV de l’increvable Fisher, qu’un duo de Genestealers émerge d’un taudis tout proche et commence à se rapprocher de façon aussi preste que menaçante. Décidant qu’il est de son devoir de porter la mauvaise nouvelle à la cour de son père plutôt que de mourir bravement au combat, Lacutus enfourche sa monture, pique des deux et arrive à se tirer de ce bien mauvais pas, aidé par sa maîtrise de l’arbalète et les carreaux à tête explosive2 que lui a préparé l’adepte du Mechanicus (formée en MOOG, car les contacts avec le monde forge le plus proche, Metalica, ont été interrompus par les tempêtes récentes3) locale. Une longue chevauchée plus tard, il arrive à bon port, c’est-à-dire le château paternel et capitale planétaire de fait, Landfall Castle, où il fait un rapport sommaire de sa mésaventure à son pôpa avant de tomber dans les pommes.

À son réveil, il est chargé par le vieux Gouverneur, rendu grabataire par sa dernière virée dans Wargod, de prendre la tête de l’armée locale pour aller brûler le village infesté, solution drastique mais efficace au problème rencontré par Leucosia. Les options ne sont en effet pas nombreuses pour les défenseurs de Landfall Castle, dont l’unique Chevalier n’a pas fini d’être retapé par Lydia (l’adepte du Mechanicus en question), et que Lacutus ne peut de toutes façons pas encore conduire, n’ayant jamais passé son permis poids lourd. Quant à l’astropathe local, Vervus, il a simplement déclaré qu’il était trop vieux pour cette m*rde après la dernière incursion démoniaque, et s’est mis de lui-même en pré-retraite clandestine dans les collines avoisinantes, craignant que son prochain envoi de mail soit le dernier. Ayant appelé la milice paysanne aux armes (principalement des arcs longs), Forganus est cependant pris de court par l’arrivée d’une horde de mécontents horriblement mutés, le Culte Genestealer local ayant décidé que l’occasion était bonne pour lancer une petite révolution contre la noblesse leucosiane. Après tout, elle n’a pas été vraiment capable de les protéger ces derniers temps.

C’est donc un siège en bonne et due forme qui s’engage, donnant à Lacutus l’occasion de démontrer ses talents de général (on attendra un peu pour juger ses performances martiales), bien aidé par les trébuchets et balistes customisés par Lydia, l’œil sûr et la main ferme (à défaut des dents) des archers Gult et One-Arrow Nokes, et les gros biscotos du palefrenier Ogryn Kark et de sa petite famille. Face au courage et la technologie rudimentaire des défenseurs, les milliers de cultistes et de mutants déployés par l’ancien Fisher, qui s’est apparemment recousu tout seul comme un grand dans l’intervalle, peuvent compter sur une supériorité numérique écrasante ainsi que sur des tours de siège quasiment efficaces. Car lorsque la dernière d’entre elles arrive finalement au contact des murs, condamnant très probablement les Bretonniens impériaux, Wargod émerge finalement des stands, et se charge de repousser la vague à grands coups d’épée tronçonneuse et de rafales de canon thermique. Face à la fureur mécanique du Chevalier, les Genies décident de ne pas être hasty, et se replient en désordre, permettant aux défenseurs de remporter la première victoire du conflit. Cependant, le prix est lourd pour les Leucosians, particulièrement pour Lacutus, qui ne peut que constater que le baroud d’honneur de son père lui a coûté la vie, le cœur du vieux Gouverneur ayant lâché sous l’effort. Notre héros est maintenant en charge des opérations, et il serait grand temps qu’il apprenne à se servir d’un pédalier et d’un levier de vitesse…

1 : C’est le Chaos après tout. Il y avait bien un Portepeste qui essayait de faire l’appel, mais c’est tout.
2 : Comme un carreau d’arbalète se dit « bolt » en anglais, on peut donc dire que Lacutus utilise des bolts ressemblant furieusement à des bolts.
3 : Comme le dit la sagesse populaire : « Metalica, c’est trop loin pour toi ».

AVIS:

Débuts intéressants de la part de Smith, dont les prémices de The Last Knight rappelleront sans doute quelques souvenirs aux lecteurs familiers des tous premiers temps de la GW-Fiction, époque mythique pendant laquelle des auteurs de SF bien établis s’étaient amusés à mettre l’Imperium en face de ses contradictions, en particulier celles provoquées par la grande diversité des mondes le composant. Qu’il s’agisse de Charles Stross dans Monastery of Death, Bryan Ansell et Bill King dans Deathwing ou encore Barrington J. Bayley dans Children of the Emperor ou Battle of the Archeosaurs, les rencontres entre cultures obscurantistes et merveilles de technologie étaient fréquentes, et c’était ma foi assez sympathique. L’avenir nous dira si Smith se place dans la droite ligne de ces grands anciens, ou bien s’il choisir de tracer sa voie, mais l’initiative est en tout cas à saluer.

Ce premier épisode permet également de se rendre compte que, bien que nouveau dans les ténèbres du futur lointain, Smith maîtrise bien le fluff de la franchise, y compris ses derniers développements, comme l’ouverture de la Cicatrix Maledictum, ou, tout simplement, l’existence des mondes chevaliers de l’Imperium, qui n’ont été mis sur la carte galactique que relativement récemment par Games Workshop. Comme tous les auteurs recrutés par la BL ne se donnent pas forcément la peine de se documenter sur leur univers d’adoption avant de prendre la plume (et l’Empereur sait à quel point il est facile de partir en hors sujet dans les franchises de GW), il convient de le mettre en avant comme point positif. À cela on peut ajouter une bonne capacité à dérouler une histoire prenante, particulièrement grâce à des personnages naturellement attachants, depuis notre adolescent borgne ninja, l’adepte du Bricolicum, les archers patibulaires, ou encore la famille d’Ogryns qui murmuraient à l’oreille des chevaux1. Finalement, le seul reproche que je peux formuler à Smith pour le moment est sa description parfois assez confuse du siège, particulièrement quand les tours de siège se joignent à la fête. On peut également regretter, à la marge, qu’il ait arrêté son propos dans un temps faible de l’intrigue, les hordes chitineuses repoussées pour le moment et la victoire remportée par les héros. Un cliffhanger facile (mais efficace) aurait été de mettre l’histoire sur pause au moment où le pont-levis est abaissé, au grand désespoir de Lacutus. Cela aurait nous amené à attendre le deuxième épisode avec encore plus d’impatience, mais de ce point de vue, Gavin Smith n’a pas de grands soucis à ce faire. Bring it on boy…

1 : Je suis déjà certain que je serais triste s’il leur arrive quelque chose dans les prochains épisodes.

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The Last Knight: Part 2 – G. G. Smith :

INTRIGUE :

Retour sur Leucosia après le premier acte de ‘The Last Knight’, où la situation est précaire pour les défenseurs de Landsfall Castle. Ayant tout donné pour repousser l’assaut des cultistes Genestealers de l’Ancien Fisher1, Lacutus Honaratus, maintenant Gouverneur de la planète, et ses fidèles péons se creusent la tête pour arracher leur qualification survie dans un match retour qui s’annonce très compliqué. Pas foutu de passer son permis Chevalier, comme son père et la troupe entière de ses aïeux avant lui, Lac’ décide après une nouvelle simulation non concluante, pendant laquelle il revit la purge de Landsfall City ayant pris place trois ans plus tôt (et lui a coûté un œil) sous le regard sévère et critique de ses ancêtres qui essaient désespérément de lui trouver des défauts, de passer au plan B. Ou plutôt V. Pas comme Vendetta, mais comme Vervius, le nom du vieil Astropathe de la cour de son père, ayant décidé de faire retraite dans la montagne il y a quelques temps, soi-disant pour éviter qu’une utilisation trop poussée de ses pouvoirs ne lui coûte sa vie et son âme (la planète Leucosia étant dangereusement proche de la Cicatrix Maledictum). Encore un auquel il faut expliquer que seule la mort met fin au devoir. C’est pourtant pas compliqué, hein.

Ayant mâlement repoussé les protestations de sa bonne amie et mecano et probable love interest mais bon on n’a pas le temps pour ça, Lydia, qui voudrait que son altesse reste sur place pour remonter le moral des troupes plutôt que d’aller risquer sa couenne dans une sortie aux chances de succès des plus minces, Lacutus part sur son fidèle destrier Augustus, armé de son épée énergétique sur courant alternatif Woundthirst et son bouclier boucliant Faith2. Par un heureux hasard, il arrive à proximité de la bicoque de Vervius au même moment qu’une bande d’hybrides et de néophytes qui passait dans le coin, et a ainsi l’occasion de prouver sa valeur au combat, à peine aidé par les pouvoirs télékinesiques de son hôte. Problème, Vervius n’est toujours pas décidé à faire un come back, jusqu’au moment où Lacutus abat sa carte maîtresse : plutôt que de prendre le risque de se faire exécuter par son suzerain pour défection, pourquoi le vieil Astropathe ne ferait pas deux jours de cheval à fond de train, traverserait les lignes de défense du culte Genestealers, puis tenterait d’envoyer un message de détresse au reste de l’Imperium à proximité de puissants Psykers Xenos, au risque de se faire posséder par le Warp ? Après tout, Lacutus lui a promis d’abréger ses souffrances le cas échéant. Devant un raisonnement aussi perché, Vervius ne peut que se ranger à la voix de la déraison, et se met en croupe d’Augustus (le cheval, pour ceux qui suivent pas), direction le château assiégé.

À Landsfall Castle, la situation n’a guère évolué au cours des quelques jours qui ont été nécessaires à Lacutus pour faire la navette. Ah, si : un unique bio-vaisseau tyranide s’est mis en orbite de Leucotis (coupe des budgets, réduction des effectifs, toussa toussa…). Comme il a apparemment fallu toute la concentration des Genestealers du culte pour maintenir la connexion avec l’Esprit de la Ruche, cette arrivée a au moins permis aux défenseurs de ne pas être confrontés à l’élite adverse, qui est maintenant libre de… faire un five au quartier, j’imagine ? En tous cas, les terrifiants Xenos n’apparaissent pas dans le récit que fait Smith de l’assaut des cultistes sur la forteresse. De leur côté, Lacutus, Vervius mais surtout Augustus parviennent à traverser le rideau défensif adverse à la manière d’un Antoine Dupont des grands jours, mais dans la bagarre confuse qui s’engage autour du porteur du cuir, l’Ogryn Kark (croisé au précédent épisode) se retrouve coincé du mauvais côté d’une herse impossible à remonter. La tuile. Courant sur les remparts à la recherche d’une solution, Lacutus ne peut que constater l’arrivée du Patriarche Genestealer, enfin réveillé après une murge de plusieurs semaines (il n’a pas participé à la première attaque de ses troupes sur le château). L’affrontement déséquilibré entre le vaillant abhumain et l’abomination extraterrestre, s’il vendait un peu de rêve sur le papier, se cantonne malheureusement à un duel de regard, vite perdu par Kark, qui titube en direction du monstre qui l’a hypnotisé pour recevoir un gros poutou. Tout n’est cependant pas perdu pour les défenseurs, qui disposent encore d’une baliste prête à tirer, et qui fait feu sur l’ordre de Lacutus… sur Kark. Et pas sur le Patriarche. Parce que ce dernier était apparemment insensible aux flèches, because of reasons. Avec un ami pareil, pas besoin d’avoir des ennemis.

Tout s’enchaîne alors très vite dans une dernière ligne droite digne d’un 200 mètres olympique. Lacutus va coacher Vervius dans sa tentative de remise de message d’alerte au reste de l’Imperium, mais l’Astropathe se fait apparemment tout de suite gauler et posséder par le Magos adverse (Fisher), convainquant le vaillant paladin de décapiter sur le champ son fidèle serviteur pour limiter la casse. Et l’Oscar du second rôle le plus inutile est attribué à… On apprendra au détour d’une ligne un peu plus tard que Vervius a peut-être malgré tout réussi à lancer son SOS. Appelons ça l’instinct, car de la part d’un personnage ne disposant pas de capacités psychiques comme Lacutus, on ne peut pas expliquer cette certitude autrement. Ceci fait, notre héros décide de retenter sa chance et de passer son épreuve pratique de Chevalerie en candidat libre. Très étonnamment, il parvient cette fois-ci à passer la seconde, après avoir annoncé à son examinateur spectral (son père) qu’il s’en balekait de ses jugements. Et c’était apparemment ça qui était attendu de lui, puisque le bon gros osef des familles de Lacutus empli son pôpa de fierté. Ca me fait furieusement penser à la réponse à la question « qu’est-ce que le courage » au bac de philo, d’après la légende urbaine. On est pas à ça près, ceci dit.

Enfin en selle, Lacutus Wargod Honaratus sort découper du Xenos, qui avaient pour des raisons non élucidées par la science moderne décidés de ne pas envahir le château et massacrer ses défenseurs dans l’intervalle. Comme c’est sportif. En guise de boss de fin, le Chevalier se coltine un (1) Trygon envoyé sur la surface de Leucosia par le SUV ruche stationné en orbite haute. Chez les Genestealers, tout le monde décide alors de partir à la plage et met les voiles, mais l’Ancien Fisher s’emmêle les pieds dans sa toge et finit grillé par le canon thermique de Wargod, alors même que ce dernier s’étale également de tout son long. Et l’Oscar de la mort la plus décevante est attribué à…  

Tout ça ne règle pas les affaires des défenseurs de Leucosia, vous allez me dire. Ils doivent en effet faire face à un culte Genestealers disposant encore de son Patriarche (non violent, certes), et soutenu (timidement, certes) par l’Esprit de la Ruche. Sauf que, sauf que : voilà qu’apparaissent à l’horizon les vaisseaux du monde ruche Metalica, tellement plus fort que toi qu’ils ont réussi à arriver sur place moins d’une journée après l’appel de Vervius (estimation large de votre serviteur). Je suppose que l’on peut en conclure que la planète est sauvée, mais le plus important est que cette histoire est finie. Bye Lacutus, ouvre l’œil et le bon.

1 : Qui ne vit pas dans une cabane, comme dit la chanson, mais dans un barnum.
2 : On pourrait penser que ce n’est pas important de tout nommer comme ça, mais Smith n’est pas de cet avis.

AVIS :

Gavin G. Smith rend une copie bâclée pour achever ‘The Last Knight’, rendant caduques tous les points forts du premier volet de cette novella. Les personnages présentés et esquissés précédemment sont les premiers à en pâtir, Lydia, Gult, One-Arrow Nokes et le regretté Kark apparaissant dans de petits cameos sans intérêt, pendant que les seconds rôles sont tenus par un Astropathe ne servant à rien/tout (selon que l’on se place du point de vue du spectateur ou du scénariste) et un cheval. Lacutus ne semble pas progresser d’un iota dans sa quête de réalisation personnelle, jusqu’au moment où les étoiles s’alignent et qu’il parvient miraculeusement à faire honneur à son rang. De l’autre côté du ring, il n’y a tout simplement personne pour endosser le peignoir d’antagoniste principal, Fisher et le Patriarche se contentant d’apparitions nonsensiques de temps à autres. Leurs troupes ne sont pas en reste de ce point de vue, notez, car on ne comprend pas ce qui retarde ou empêche les hordes si menaçantes du premier épisode de submerger les défenseurs à tout moment (ils ont même 50% de plus de tours de guet cette fois-ci !). Tout aussi grave et décevant, la maîtrise du fluff que je reconnaissais à Smith à l’issue de la première partie de la novella est ici sérieusement remise en question, comme l’apparition miraculeuse d’un littéral deus (ex) machina à la fin de l’histoire, et avant cela, la convocation étrange et anémique d’une flottille-ruche, l’illustrent. Au final, ‘The Last Knight’ se termine en queue de Mawloc, ce qui est bien dommage pour les débuts de Gavin G. Smith au sein de la BL, mais également pour nous autres lecteurs.

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Respite’s End – M. Collins :

INTRIGUE:

Sur la planète Respite, les affaires vont pour le mieux pour le Medicae Primus Arlen Cedano, responsable de la production des médicaments qui constitue la principale activité du monde en question. On connaissait les mondes forges, il faudra s’habituer aux mondes pharmacies. Après tout, la Garde Impériale consomme des quantités astronomiques de Mercurochrome, c’est bien connu. Cedano vaque tranquillement à ses occupations dans le complexe de Valderos, qui consistent principalement à développer de nouvelles molécules miraculeuses, telles que le Prime (le redbull du 41ème millénaire), à s’assurer de la santé de la main d’œuvre locale, et accessoirement de faire des rapports réguliers à sa bonne amie Vector Phi, Magos entubée (comprendre qu’elle vit dans un tube), et à l’envoyé plénipotentiaire de ses actionnaires, un progenitor Genestealer. Car derrière ses apparences proprettes de Sanofi véritablement mondialisé, Respite est tombé sous la coupe du culte de l’Hélice Altérée, et répond donc aux commandements de Vejovium III. À chacun ses petits secrets.

Cette tranquillité industrieuse va toutefois voler en éclats lorsque les premiers cas d’une maladie mystérieuse commencent à se manifester parmi les laborantins, et dont les victimes se transformant en Zombies certes décérébrés mais pétés de rire. En première ligne pour trouver un remède au COVID-40.148 (à peu près), Cedano se fait contacter par radio par un certain Jast alors qu’il planche sur son vaccin. Ce dernier lui apprend qu’il est responsable de cette nouvelle pandémie, et qu’il l’a déclenchée uniquement pour mettre à l’épreuve la compétence de celui qu’il voit comme un digne un adversaire. Profitant de la tendance à l’épanchement de ce fan inconnu, Cedano convoque discrètement son vieux copain Heinrich, Clamavus de son état et donc spécialiste en communication, pour qu’il l’aide à trouver l’origine de l’appel et donc l’adresse de ce petit plaisantin. Dans l’intervalle, notre héroïque docteur donne de sa personne pour endiguer la contagion, n’hésitant pas à manier le lance-flamme pour traiter les patients les plus atteints, ce qui le met assez logiquement sur les dents et le plonge temporairement dans les abîmes de la dépression… dont une idée géniale (la chloroquine, peut-être) le sort. Malgré les coups de fil incessants de son groupie pestilentiel, Cedano arrive finalement à mettre au point un protocole a priori efficace, laissant espérer une fin prochaine à la crise.

De leurs côtés, Heinrich et le reste du Comex n’ont pas chômé non plus, le premier localisant l’origine du signal pirate, et les autres mobilisant les forces du culte pour aller purger les importuns une fois pour toutes, dans la cité-usine de Queveron où ils semblent s’être installés. Pendant que l’armée, menée par Heinrich et Vector Phi, sortie de sa boîte pour l’occasion, encercle le complexe, Cedano prépare un plan de contingence et donne la permission de minuit à sa smala d’Aberrants, avant d’entreprendre la longue descente jusqu’aux niveaux inférieurs de Valderos, où son intuition lui indique que se terre sa Némésis.

Et effectivement, pendant que le gros des forces de l’ordre se coltine l’extermination des Zombies ayant remplacé la population de Queveron, Cedano débusque un trio de Death Guards squattant la cave de son propre immeuble. Le leader de l’infecte trinité est bien Jast, Hektor de son prénom, venu proposer un CDI au bon docteur, dont la compétence l’a impressionnée. Cependant, le refus de ce dernier de faire une croix sur ses recherches et de reconnaître le crime de xenophilie, qui reste même en travers de la gorge – ou équivalent – d’un Space Marine du Chaos, provoque l’ire du débonnaire infectiologue. Qu’à cela ne tienne, Cedano n’est pas venu seul, et sa famille élargie tombe sur le râble – ou équivalent – des importuns. Après une mêlée générale plus serrée que ce que le rapport de force initial ne le laissait penser, les Astartes pétomanes sont mis hors d’état de nuire, laissant le seul Cedano en piteux état parmi les cadavres des combattants. À son réveil, un Heinrich très mécontent l’informe que ses petites cachotteries sur la composition des vitamines administrées aux forces chargées de la pacification de Queveron ont eu des effets indésirables, comme la transformation des auxiliaires humains en berserkers ayant chargé dans le tas sans réfléchir, ce qui a conduit à des pertes colossales qui auront des lourdes répercussions sur les projections de croissance du culte. Inacceptable ! Cette dérogation à l’éthique de l’Hélice a tellement mécontenté le Conseil d’Administration que le Medicae Primus est convoqué sur Vejovium III pour un tête à tête avec le Prime Specimen. Et en plus de ça, il a choppé un virus. La médecine du travail n’est décidément pas une sinécure…

AVIS:

Si la deuxième contribution de Marc Collins à la Black Library1 s’avère être une lecture plus intéressant que ses travaux initiaux, j’avoue que la restitution d’un avis sur la qualité de ce ‘Respite’ End’ m’a posé davantage de problèmes que je ne me l’imaginais. En cause, un facteur que je n’ai pas souvent abordé ici, mais qui à mes yeux mérite qu’on le prenne en compte : la familiarité du lecteur avec le background spécifique que l’auteur utilise pour mettre en scène son histoire. En ce qui me concerne, ayant arrêté de longue date de suivre les avancées du fluff avec le zèle des mes jeunes années, où je me faisais un point d’honneur d’acheter les Codex de toutes les factions du jeu (même si je n’ai jamais joué à ce dernier), les Cultes Genestealers restent une race assez mystérieuse. Aussi, j’ai dû « découvrir » par moi-même que la planète Respite était sous leur contrôle au fur et à mesure du récit, à travers les indications, loin d’être transparentes pour le tout venant, de Collins. Ainsi, je n’ai réalisé que l’Hélice Altérée et le culte Verjovian étaient canon, et pas une simple création de Collins, qu’en faisant des recherches annexes pour tenter de confirmer le vieux soupçon qui me tenaillait sur la nature pas très orthodoxe du crédo du héros. Découvrir que la planète modèle est en fait sous la coupe d’un culte Xenos en cours de lecture a donc rendu l’expérience plus plaisante que si ma connaissance du fluff m’avait permis d’identifier le problème à sa première mention. Bref, il se peut très bien qu’un lecteur mieux au fait que votre serviteur des arcanes du background récent trouve ce ‘Respite’s End’ d’une platitude consommée, son principal intérêt ayant été ce qui me concerne cette épiphanie peut-être pas du tout recherchée par l’auteur2.

Car il faut bien reconnaître que l’enquête menée par Cedano et sa fine équipe de freaks pour retrouver les petits malins ayant jeté des boules puantes dans leur magnifique monde-pharmacie ne casse pas trois bras à un Aberrant, tout comme le règlement compte final entre le Professeur Raoult du 41ème millénaire et ce parasite de Jast. Certes, Collins arrive à relever son propos avec quelques trouvailles bien senties, comme les Zombies de la Peste hilares (clin d’œil au Smilex du Joker ?) ou le jugement sévère porté par un Space Marines du Chaos sur l’infestation Genestealers, qu’il considère être un crime terrible envers l’Humanité (alors que se révolter contre l’Empereur et vouer son âme à Nurgle, c’est chill), mais dans l’ensemble, l’intrigue en elle-même est vraiment très classique. À lire pour ceux qui seraient intéressés par une plongée dans ce que Collins présente comme une « utopie tyrani(di)que », soit une planète complètement sous la coupe des agents de la Grande Dévoreuse, mais dont les habitants ont l’air de mieux s’en sortir que ceux du monde-ruche moyen. Je serai intéressé de connaître votre retour sur cette nouvelle (qui a au moins le mérite de s’affranchir de la malédiction du titre jeu de mots3), pour voir si mon relatif noviciat en matière d’infestation extraterrestre à véritablement faussé mon jugement…

1 : La première étant ‘Champions, All’, publiée pendant le Black Library Advent Calendar 2019.
2 : Bien que sa non-utilisation du terme « Genestealer » d’un bout à l’autre de la nouvelle me laisse tout de même penser qu’il savait ce qu’il faisait.
3 : Qui veut que ce type de nouvelle paie les velléités humoristiques de son auteur par un contenu généralement médiocre. Allez lire ‘Virtue’s Reward’ pour vous en convaincre.

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Castle of the Exile – G. Hanrahan :

INTRIGUE:

Sur un monde féodal inconnu au bataillon, un trio de voyageurs progresse difficilement vers un lieu baigné de légendes dans la culture locale : le château de l’Exilé. Si on en croit les chroniques, un puissant guerrier est descendu du ciel sur un chariot de feu à cet endroit il y a plus de trois siècles, et a amené la paix sur la planète en jetant à bas le maléfique royaume de Calbech, puis en vainquant à lui seul les armées des trois autres royaumes s’étant alliés contre lui à la bataille du champ d’Esstesea1. Devant tant de puissance, les souverains défaits préfèrent capituler plutôt que de connaître le même sort que leur collègue de Calbech et finir eux aussi la tête dans le calbut, ouvrant ainsi une ère de paix centenaire en application de l’édit de l’Exilé, interdisant à l’homme de se battre comme l’homme. Seulement, n’est pas Leto II qui veut, et le sentier d’or imposé par Bob le Conquérant n’a pas résisté très longtemps à la disparition de ce dernier, qui s’est retiré dans le château qu’il a fait construire sur le site de son arrivée par les artisans locaux il y a bien longtemps. Alors que leur planète est sur le point de retomber dans ses vieilles habitudes belliqueuses, le noble Lanig emmène donc le vieil érudit Wrmonoc et le mercenaire Elorn sur les lieux du prodige afin de déterminer si les légendes disaient vrai.

Après avoir bravé la jungle hostile ayant colonisé le parc du château, les voyageurs arrivent enfin devant la bâtisse, qui se révèle être… particulièrement moche et fermée à clé. Flûte. Qu’à cela ne tienne, un léger détour le long des murailles leur permet d’identifier un passage escaladable pour accéder au chemin de ronde. Leurs problèmes ne s’arrêtent cependant pas là, car la cour du château se révèle être envahie par des singes-loups géants, dont certains ont profité du crapahutage de nos héros pour aller se servir dans leurs montures. Il ne reste donc plus aux explorateurs qu’à se glisser discrètement à l’intérieur du bâtiment pour éviter tout prob- en fait non, car cette andouille de Wrmonoc fait tomber une pierre sous le nez des primates carnassiers, ce qui suscite une réaction outrée de ces derniers. Bien que les prouesses martiales d’Elorn parviennent à tenir les brutes affamées en respect, c’est toutefois l’étrange gant lanceur de cristaux que Lanig sort de son sac, et utilise pour aveugler la meute sanguinaire, qui sauve véritablement nos héros d’un destin funeste. Ce petit impondérable ayant été géré, il est grand temps pour eux d’enfin faire leur entrée dans la demeure de l’Exilé…

Début spoiler…Et cette dernière se révèle fidèle en tous points aux légendes locales, en plus de receler d’or et de joyaux. Elorn, dont le père l’a élevé dans le respect du Culte de l’Homme fondé par l’Exilé, avant de se faire trucider pour ses croyances par la milice locale, est profondément marqué par cette découverte, et manque de tomber en pâmoison devant l’armure dorée du guerrier légendaire. Lanig se révèle quant à lui bien moins impressionné, et même plutôt énervé, par cette découverte, et entraîne Wrmonoc à sa suite pour explorer le reste du château, laissant le mercenaire garder leurs arrières. Finissant par retrouver ses esprits, Elorn entreprend de délester un autel richement orné de ses pierreries pour rentrer dans ses frais, ce qui déclenche l’ouverture d’une trappe secrète, contenant un caisson gravé du mot « Calbech » et dans lequel notre insatiable curieux découvre le squelette d’un Eldar Noir2 ainsi qu’un éclat de cristal très similaire à ceux utilisés par son employeur pour repousser la faune locale3. Comprenant qu’il y a Mawloc sous gravillon, Elorn sèche ses larmes – c’est un tueur sensible – et s’empresse de partir à la recherche de ses compagnons, pressentant l’arrivée d’un drame.

En chemin, il découvre le lieu où le chariot de feu de l’Exilé s’est posé sur la planète, ou plutôt s’est écrasé au sol, si on doit en juger par le piteux état de la carrosserie du vaisseau spatial. Ce dernier a cependant subi de légères réparations, dont la pose d’une antenne de fortune fabriquée par les artisans locaux, et dont le but semble d’être de relayer le message à l’aide d’un certain frère de bataille Cromadus de la 4ème Compagnie, seul survivant de l’équipage. Un peu plus loin, Elorn tombe sur le presque cadavre de Wrmonoc, blessé à mort par Lanig alors que les deux hommes étaient sur le point d’accéder au lieu de repos de l’Exilé. Se précipitant dans la crypte pour empêcher son employeur de commettre l’irréparable, le mercenaire se retrouve victime d’un autre gadget de Lanig, qui, en bon méchant de série B qu’il se révèle être, explique longuement qu’il descend en droite ligne de la dernière reine de Calbech, exécutée par l’Exilé à son arrivée sur la planète. Son crime aura été de tolérer les  « Gens Pâles » vivre à sa cour, et dont Lanig a hérité quelques accessoires bien pratiques, dont une télécommande synaptique qu’il compte utiliser pour mettre douloureusement fin au sommeil et à la vie du bourreau de son aïeule, après l’avoir calibré en utilisant son homme de main comme cobaye. Et en effet, l’Exilé, bien qu’endormi, est bien vivant, comme prouve le sang qui s’écoule de la blessure que Lanig lui a fait sur la joue.  

Bien évidemment, la tendance de Lanig à déblatérer d’un air satisfait finira par lui jouer des tours, puisqu’elle permettra à Elorn de prononcer le nom du Beau au Bois Dormant, provoquant un spasme de ce dernier. Profitant de la panique de son tortionnaire, Elorn lui subtilise son gant de pouvoir et lui décoche un cristal en pleine gorge, mettant fin pour de bon à sa traître lignée. Cromadus, lui, retombe dans les bras de Morphée Sus-an, et ne regagnera jamais pleine conscience avant que, cinquante ans après les faits relatés ici, une force de Space Marines arrive finalement sur la planète et vienne le récupérer, au grand désarroi du vieil Elorn, ayant embrassé la vocation de concierge de l’Exilé après avoir sauvé ce dernier. On notera également que notre rusé héros a utilisé la reproduction de l’armure de son idole pour maintenir la paix mondiale, faisant bon usage de l’aura de terreur entourant son personnage pour convaincre les belligérants de regagner leurs pénates avant de se faire claquer le beignet, comme au bon vieux temps. C’est ainsi que se termine la villégiature de Cromadus dans la ruralité galactique profonde, mais, un bonheur/malheur n’arrivant jamais seul, la planète d’Elorn sera désormais rattachée à l’Impérium de l’Humanité, et va pouvoir découvrir que la paix imposée par leur figure tutélaire, finalement, avait ses bons côtés…Fin spoiler

1 : Fun fact, le rapport de force a été estimé par les historiens à 40.000 contre 1.
2 : Pas qu’Elorn soit particulièrement calé en xenologie, mais c’est le squelette lui-même qui lui souffle son origine à l’oreille.
3 : Dont la description fait fortement penser aux Bêtes Griffues utilisées par les Drukhari comme bichons. Comme quoi, il n’y a pas que des mauvais côtés dans la culture Xenos.

AVIS:

Peut-on se lasser de nouvelles dont l’intrigue repose sur l’hétérogénéité des mondes de l’Impérium, dont beaucoup disposent d’un niveau technologique bien rudimentaire par rapport à ce que nous considérons comme étant « la norme » dans le jeu? Pour ma part, la réponse est non, en tout cas tant que des auteurs inspirés comme Gareth Hanrahan arriveront à mettre en scène leurs histoires de façon aussi satisfaisante que c’est le cas ici1. L’auteur prend en effet bien soin de ménager quelques mystères et révélations pour l’amusement de son lectorat, qui s’associe donc rapidement avec les héros archéologues-pillards de Castle of the Exile. Cet exilé mythique est-il bien celui que l’on pense être, ou bien les siècles s’étant écoulés depuis sa distribution de torgnoles généralisée ont-ils déformé la réalité2 ? Qu’est-il devenu après être revenu prendre sa retraite dans son château ? Et pourquoi notre trio tient-il tant à connaître la vérité ? Hanrahan apporte une réponse, au moins partielle, à toutes ces questions, et rehausse au passage le blason des meilleurs de l’Empereur, capables de pacifier une planète littéralement à la mano. Abnett avait posé ce postulat il y a fort longtemps dans Frères du Serpent, et nous assistons donc ici à une remise au goût du jour de la badasserie naturelle de l’Astartes. Nécessaire ou too much, à vous d’en juger, mais l’histoire qui est livrée ici tient en tout cas bien la route, et se termine de façon élégante sur un retournement de perspective sur l’identité de l’exilé : finalement, ce n’était pas le belliqueux surhomme de Cromagnon qui était perdu dans une galaxie hostile, mais bien sa planète d’adoption de transit, qui va désormais pouvoir bénéficier des « largesses » et de la « bonté » de l’Impérium. Elle est pas belle la vie ?

1 : Un autre exemple intéressant de l’exploitation de cette idée peut être trouvée dans le ‘Angels’ de Robert Earl.
2 : Je m’étais hypé pour une révélation de l’Exilé comme étant un Space Marines du Chaos (hypothèse renforcée par le symbole de ce dernier, un crâne ailé). Mais Hanrahan a préféré donne une conclusion « heureuse » à son histoire.

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Best Death Wins – S. Grigsby :

INTRIGUE:

Alors que la planète Malum vit ses dernières heures de bio-intégrité, un trio de Gardes Impériaux réfugiés dans un bunker blindé doit parvenir à un consensus pour trancher l’épineuse question de leur fin de vie. En effet, les Tyranides ayant infesté ce théâtre d’opérations de manière totale et définitive, il ne reste plus qu’à nos héros, Regula Morrison (l’arrière petite-fille376 de Jim), Consus et Amulius qu’à décider de la manière dont ils rejoindront la droite de l’Empereur. Alors que Regula serait favorable à une charge héroïque, tous fusils laser dehors, Amulius souhaiterait lui mettre à profit les charges de démolition entreposées dans la casemate pour faire un gros trou dans la nuée chitineuse qui commence à faire ses griffes sur la porte. Quant à Consus, dont la jambe a servi de casse-croûte à un Hormagaunt affamé il y a peu, ce qui semble générer chez lui plus d’énervement que de souffrance, et dont l’espérance de vie se compte donc en minutes, il est prêt à partir en cloche-pied botter des derches de cafards de l’espace – très compliqué à faire sans une excellente coordination musculaire ceci dit – ou à participer à la sur-BOOM qu’Amulius appelle de ses vœux. Problème, comme Regula n’est pas du tout chaude pour set the night on fire, comme aurait dit son lointain ancêtre, ce qu’elle considère comme étant une solution de facilité, et qu’Amulius ne veut pas faire de l’entomologie militante, il faut trouver un moyen de résoudre cette opposition de façon civilisée. Mumu propose donc que chacun raconte le récit de la meilleure mort à laquelle il a assistée, et le gagnant du vote populaire décidera de la façon dont la Garde mourra (c’est ce qu’elle sait faire de mieux après tout).

C’est Regula qui commence le tour de table, en racontant la manière dont elle a envoyé son insupportable Sergent, le bien nommé Bernard Wellsmith, rejoindre ses ancêtres en rejouant la bataille du pont 2-4 sur Thracia, avec Bernie le Dingue dans le rôle d’Idaeus et elle-même dans celui du pistolet plasma utilisé par le Capitaine Ultramarines pour provoquer la destruction du pont en question. Il faut dire que Wellsmith s’était montré un bien mauvais officier jusqu’ici, sa recherche permanente de gloire l’ayant conduit à charger régulièrement dans le tas au mépris de ses ordres, entraînant à sa suite son escouade considérablement blasée, et menant cette dernière à subir de nombreuses pertes, dont certaines causées par la CT pitoyable de leur bien-aimé leader.

C’est ensuite à Consus, qui sent son heure approcher, de prendre le mic’ et de narrer la manière dont son pote de régiment et mascotte de peloton, un gringalet du nom de Veritus, a donné ses vies au service de l’Empereur. Oui, ses vies. Capturés par les Orks au cours d’une mission de scoutisme mal négociée, Consus, Veritus et quelques autres bidasses furent amenés dans le camp des peaux-vertes et remis aux bons soins du Painboy local, un nommé Kutrag. Veritus eut alors le bonheur d’être choisi par le dorkteur pour une expérimentation électrifiante aussi novatrice que douloureuse. Le principe était d’une élégante simplicité : tuer le sujet, puis essayer de le ramener à la vie par tous les moyens possibles. À ce petit jeu, Veritus se révéla être particulièrement doué, revenant d’un tir de fling’ en pleine tête, d’une noyade, d’une amputation et d’une bastonnade… et sans doute d’autres morts tout aussi inventives, dont on ne saura malheureusement jamais la teneur, le narrateur décédant en cours de récit. En tout cas, il tient la corde auprès des bookmakers, c’est certain.

Finalement, et bien que le décès de leur comparse ait rendu la perspective d’un vote décisif assez illusoire, c’est au tour d’Amulius de se mettre à table. Et là, surprise, le vétéran raconte simplement comment il a choisi de se réfugier dans ce bunker quelques heures plus tôt, laissant son escouade à la porte par égoïsme, jusqu’à ce que Regula et Consus soient arrivés. Amulius reconnait être un poltron, dont les nerfs l’ont lâché à l’idée de combattre les Tyranides, et qui souhaite simplement une mort rapide et indolore. Ne sachant pas comment déclencher les charges de démolition entreposées dans le bunker, il espérait bénéficier d’un coup de main de la part des nouveaux arrivants, ou, à défaut, d’une exécution sommaire de leur part, sa couardise allant jusqu’à l’empêcher de retourner son arme contre lui. Bref, son histoire ne répond pas du tout au cahier des charges, et est donc disqualifiée. Sur ces entrefaites, un Guerrier Tyranide au bras long parvient à empaler le pleutre sur le bout de sa griffe par un trou dans le plafond, laissant Regula toute latitude quant à la manière dont elle mènera sa vie. Pour les quelques secondes que durera cette dernière, s’entend…

AVIS:

Malgré un titre, un concept et une ouverture alléchants (notamment à cause des petites touches d’humour pince sans rire que Grigsby intègre dans sa narration), Best Death Wins se révèle un peu décevant sur le long-terme. Ceci est dû en bonne partie au déroulé et à la conclusion en demi-teinte de cette nouvelle, qui ne contient finalement qu’un seul récit de mort vraiment spectaculaire (celle de Veritus), que l’auteur laisse d’ailleurs inachevé, et se termine de façon tout à fait classique, ce qui pose la question de l’intérêt du format « porte-manteaux1 » choisi par Grigsby. Puisque rien de surprenant ne se passe dans les dernières pages qui justifie cette version sanglante et futuriste du Decameron, Best Death Wins apparaît davantage comme le moyen pour son auteur de signer une nouvelle d’une longueur suffisante en assemblant des histoires indépendantes les unes aux autres, plutôt qu’un ensemble de récits certes disparates, mais liés par un dénouement unificateur. Je pense qu’il y avait moyen de faire mieux dans l’exploitation de cette idée sympathique, particulièrement dans un univers comme Warhammer 40.000 où la mort est omniprésente.

1 : C’est ainsi que l’anglais désigne une histoire qui contient d’autres histoires.

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No Quarter – R. J. Hayes :

INTRIGUE:

Le Sergent Malvian Craw et son escouade font partie des forces déployées par l’Imperium pour lutter contre les Eldars sur un monde inconnu, dont on saura juste qu’il comporte au moins une forêt. Craw et ses hommes font partie de la Légion d’Acier d’Armaggedon et… ouaiteuh minüteuh. Armaggedon ? Comme Armaggedon ? La planète consumée par une guerre apocalyptique depuis que Ghazghkull y a décidé de planter sa tente pour les vacances? Celle-là même. Il faut croire que la situation n’est pas si grave que ça, puisque le Gouverneur peut se permettre d’envoyer des troupes prêter main-forte aux copains du Segmentum1. Nous n’en sommes qu’à la troisième ligne de l’histoire, et le lecteur circonspect fronce déjà les sourcils. Voyons ce que donne la suite.

Craw et Cie (le vétéran Kule, le presque Medic Maine, le cadavre Rorak, le futur cadavre Benson, et les soldats Bidule, Truc, Machin, Chose et Laraiponsedaix, dont on n’entendra bien sûr jamais parler) sont donc en vadrouille dans la seule forêt identifiée par l’auteur, et sont tombés dans une embuscade tendue par les perfides Zoneilles. La tuile. Jusqu’alors, les Eldars auxquels ils avaient eu affaire s’étaient laisser expulser sans problème à coup de crosse dans le dos, et… hmmm… my bullshit sense is tingling, comme dirait l’autre. Je me demande bien d’où cela peut venir. Ah, oui, ça y est. Le fait que la Garde Impériale se comporte comme une brigade de CRS mobilisée pour évacuer une ZAD tenue par des Xenos, et pas comme le marteau de l’Empereur. Le lecteur circonspect tombe de sa chaise, mais ne se fait pas trop mal. Poursuivons.

Pris à parti par des tireurs de shurikens habilement camouflés par la verdure environnante, les impériaux sont bloqués sur place, et la mauvaise qualité de leur matos les empêche de prévenir le QG de leurs déboires. Pour passer le temps, Craw va donc s’enquérir de la santé de ses hommes, et plus particulièrement de celle de Benson, qui s’est pris un peu de ferraille dans le bide et geint donc comme la petite pleureuse qu’il est. Demandant au fidèle Kule de le couvrir pendant qu’il sprinte jusqu’au blessé, couché en évidence contre un tronc d’arbre, et désarmé par la rafale qui l’a mis à terre, Craw arrive à bon port, ramasse l’engagé Mauviette, et repart en courant vers la sécurité relative des lignes amies, confiant son fusil à Benson pour qu’il puisse les couvrir. Malgré sa nature sensible, Benson fait mieux que ça, puisqu’il arrive à abattre l’un des assaillants de l’escouade, qui dégringole de son arbre et se cogne la tête sur une racine. Ouille. Ce spectacle insoutenable pousse alors les autres Eldars à balancer une grenade à plasma sur les mon-keigh. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait avant ? Mystère. En tout cas, la déflagration carbonise le pauvre Benson. RIP.

Le deuil du malheureux attendra un peu, cependant, car un tout autre problème se matérialise littéralement sous le nez, ou en tout cas dans le ciel, de la planète inconnue. Un Rok vient en effet de se téléporter en orbite très proche, et s’écrase au sol dans les secondes qui suit. Qu’on ne vienne pas me dire que la technologie peau-verte est imprécise après cela. L’onde de choc secoue violemment les arbres sous lesquels le drame se noue, et, après être émergé de la torpeur dans laquelle la chute d’une pomme de pin extraterrestre l’avait plongée, notre brave Sergent se rend compte qu’il est le seul survivant de son escouade. Maine s’est fait enterrer vivant avant d’avoir pu mettre son respirateur, et Kule, qui avait jusqu’ici évité les blessures, à l’exception de cette fois où il s’était fait mordre le derche par un Ork sur Armaggedon (true story), a été écrasé par la chute d’un arbre. Un malheur n’arrivant jamais seul, le premier Ork de la nouvelle fait bientôt son apparition, car, c’est bien connu, certains Boyz sautent de leur Rok avant l’impact pour être les premiers à la castagne. Je veux bien que les Orks soient solides, mais là… Je doute un peu. Le lecteur circonspect est maintenant au troisième sous-sol, entraîné vers les abysses par une force mystérieuse. Où s’arrêtera sa chute ?

Surpris et privé de fusil laser, Craw se prépare à vendre chèrement sa vie, et fait face au Xenos le couteau à la main, lorsque le peau-verte se la fait percer (la peau) par une rafale de shurikens. L’Eldar tombée du nid n’était en fait qu’inconsciente, et a choisi son camp et sa couleur dans la lutte entre le règne animal et végétal (ou mycétique). Cette intervention salutaire permet à Craw de se débarrasser de son adversaire, et avisant que toute combativité semble avoir déserté l’Eldar, peut-être à cause de la blessure qu’elle a récolté à la jambe, il décide donc… de la prendre avec lui pour fuir l’arrivée des Orks. Un Garde Impérial. D’Armageddon (donc naturellement xénophobe, m’est avis). Dont la moitié de l’escouade a été butée par les Eldars même pas deux minutes plus tôt. On m’informe dans l’oreillette que le lecteur circonspect a percé le manteau terrestre, et que sa vitesse continue à croître. Il nous faut pourtant continuer notre chronique.

Bref, Craw et Feuran (c’est le nom de l’elfette cosmique) font contre mauvais karma bon cœur, et cheminent clopin-clopant vers le salut incertain représenté par l’orée de la forêt, s’arrêtant de temps à autre pour flinguer les Orks les plus rapides qui sont partis explorer leur nouveau terrain de jeu. Je vous passe les dialogues mirifiques à base de « Vous les humains, vous êtes tous des monstres/comme les Orks » « Mais non » « Mais si » « C’est celui qui dit qui y est », qui meublent un peu et permettent surtout à nos deux héros d’apprendre à mieux se connaître. C’est d’ailleurs au cours d’une agréable discussion de ce genre que Feuran fait l’erreur fatale d’expliquer à son camarade d’infortune à quoi sert la pierre esprit qu’elle porte sur son armure. Et ça, c’est l’équivalent du flic qui dit qu’il part à la retraite à la fin de la semaine dans un film des années 80. Il est absolument certain que le personnage va crever dans les vingt minutes qui vont suivre. Tant mieux, j’ai envie de vous dire.

Au bout de quelques minutes de course d’orientation, notre duo choqué arrive finalement à découvert, mais poursuivi de près par une foule d’Orks très en colère. La radio de Craw se remet miraculeusement en marche, et l’acariâtre Commissaire-Speaker-DJ de garde, Vanx, lui apprend que les renforts ne vont pas tarder à arriver. Et en effet, une barge de bataille se matérialise par miracle dans le ciel, et largue quelques drop pods pile sur la position de nos fuyards. J’ai envie d’écrire WIJH. Et je le mets en gras. Et en rouge. Et en énorme (et tant pis si ça salope le paragraphe, c’est mérité).

WIJH.

Ça fait du bien. Et le lecteur circonspect s’extirpe d’un cratère, quelque part en Nouvelle Zélande. Je ne pense pas qu’il pourra aller plus loin.

Finissons-en avec notre histoire. Craw est fou de joie devant la tournure prise par les événements. Feuran, elle, tire un peu la tête, sans doute parce qu’elle a lu le Codex Space Marines. En effet, le Sergent Ultramarines2 Shatopethrus qui mène l’assaut des Astartes flingue la Xenos sans sommation, malgré l’air chagrin de Craw, avant d’intimer à ce dernier d’aller rejoindre la bataille. Enfin une décision logique, mais elle arrive bien trop tard pour sauver notre récit. Dégoûté par la tournure prise par les événements (il espérait peut-être conclure, après tout il trouvait les Eldars très similaire aux Humains quelques minutes plus tôt), Craw ramasse la pierre esprit de son ex meilleure pote, et lui promet d’aller la rendre à ses semblables. Peut-être croisera-t-il dans l’espace le cadavre gelé et outré du lecteur circonspect, victime collatérale, comme Feuran, de la terrible littérature de Hayes…

1 : Pour ceux qui argueraient que l’intrigue se passe peut-être avant ou pendant les deux guerres susnommées, la réponse est un grand et massif NON. C’est le héros lui-même qui le dit : il est né peu après la fin de la première, et a participé à la seconde. Seule hypothèse valable restante, ‘No Quarter’ se déroule en M42, et Craw a plus de cent balais.  
2 : Toujours dans les coups foireux ceux-là… Remember ‘Salvation’.

AVIS:

Je me souviens très clairement, au moment de l’écriture de la critique de la nouvelle Salvation de Jonathan Green, m’être dit : « certes, c’est comiquement mauvais et cela entre en conflit frontal avec le fluff le plus basique sur un grand nombre de points, mais cela a été écrit il y a fort longtemps, à une époque où la Black Library venait à peine d’être créée, et où le contrôle éditorial était en conséquence bien plus faible que ce ce que nous connaissons maintenant ». En d’autres termes : cela ne se reproduira plus. Eh bien, j’avais tort. En 2020, la BL est toujours capable de publier des soumissions tellement WTF que l’on peut légitimement se demander si elles n’ont pas été relues et approuvées par un opossum alcoolique, analphabète et surtout aveugle. Comme disait Brassens, rien n’est jamais acquis à l’homme, ni sa faiblesse, ni sa force, ni la qualité des nouvelles de GW-Fiction qu’il lit pour se détendre1. Je nous croyais à l’abri de ce genre de déconvenues, tellement 2000’s, voire 2010’s pour les dernières d’entre elles. Naïf que j’étais. Et le malheureux Rius est donc mort pour rien.

Comme indiqué dans la description de l’intrigue, ce ne sont en effet pas les entorses sauvages au lore qui manquent dans No Quarter, titre pouvant aussi bien faire référence à l’action qui se déroule dans ses pages qu’à la volonté de Hayes de sabrer la guimauve comme rarement avant lui. Et, si je veux bien admettre que tout peut se défendre en termes de background dans une franchise SF couvrant la galaxie entière sur une période de plusieurs millénaires, il faudrait cependant que ces libertés soient argumentées et mises en contexte par l’auteur pour convaincre le lecteur de leur validité. Un peu comme une articulation raide qui gagnerait en souplesse à force d’échauffement et de mise en condition, l’historique peut être permissif, si l’auteur s’en donne les moyens2. Ce n’est pas le cas ici, le fluff se prenant clé de bras sur clé de bras, et finissant la nouvelle en PLS terminale. Ajoutez à cela une intrigue d’une fadeur consommée, une fois toutes les incongruités la parsemant évacuée, ainsi qu’une narration fainéante au possible (ne nommer que quatre soldats d’une escouade de Gardes Impériaux, parce que les autres « ne servent à rien », vraiment…) et vous obtenez ce qui a de grandes chances de définir le nadir absolu de la soumission à Inferno !, nouvelle génération. Rendez-vous en 2040 pour voir si les successeurs de Rob J. Hayes ont réussi à briser la malédiction.

1 : Ce vers n’a été chanté que sur une obscure version bootleg, lors d’un concert à Nottingham.
2 : C’est d’ailleurs ce que Nate Crowley a démontré dans ces mêmes pages avec ‘The Enemy of my Enemy’. On pouvait aimer ou pas le résultat final, mais son raisonnement tenait beaucoup mieux la route que celui de Hayes.

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The Karsharat Abomination – G. Mann :

INTRIGUE:

The Karsharat AbominationSur la lune de Karsharat, il pleut du sang. Ce n’est certes pas banal, mais cela n’empêchera pas l’Inquisitrice Sabbathiel et sa suite (Bledheim l’Interrogateur aussi seringuée qu’une tarte au mitron, la femme de main upcyclée Mercy, Brondel le Squat grenadier et le servo-crâne Fitch) d’aller faire leur devoir, qui consiste à stopper les machinations et la cavale d’un renégat martien du nom de Restak, quand bien même ça leur coûterait très cher en pressing après. Malheureusement pour le lecteur anxieux d’en savoir plus sur ce qui l’attend au détour des pages, le protagoniste de notre histoire, Bledheim, n’a de son propre aveu pas été très attentif pendant le briefing, et les motivations des Saints Ordos resteront des plus floues.

Avisant une entrée dans les ruines ecclésiarchiques squattées par le maroufle (et non pas marouflées par le Squat, ce qui arrive pendant les scènes coupées de la nouvelle), Sab’ et Cie décident de tenter leur chance et l’Inquisitrice, engoncée dans son armure Terminator sur mesure… toque à la porte. Ce choix des plus bizarres ayant résulté en un double échec à son test de furtivité (un corbeau espion s’envole en croassant) et d’infiltration (des méchadendrites peu amènes sortent du montant de la porte et commencent à ceinturer l’Inquisitrice), il est grand temps pour la petite bande de livrer sa première bataille de la nouvelle, qui est rapidement expédiée et évite à notre propos de virer au hentaï dès la troisième page, ce qui est toujours appréciable. Une fois rentrée, la fine équipe emprunte quelques couloirs à l’atmosphère convenablement angoissante, et Bledheim développe une tendinite palmaire aussi soudaine qu’handicapante. Cette arthrite fulgurante est le prélude à une crise d’angoisse carabinée, qui voit notre Interrogateur faire un very bad trip, tomber dans les pommes et se réveiller une fois la baston #2 remportée par la team Pépé. Ça fait toujours moins de boulot pour l’auteur. On apprend tout de même que le grand vilain utilise la peur comme arme, ce qui explique la terreur diurne de Bledheim. Nous voilà prévenus.

L’ambiance n’a pas vraiment le temps de monter plus que ça que Sabbathiel et sa clique arrive dans la salle du boss de fin, qui se révèle être (*jette un dé sur le tableau de génération des monstres) un savant fou bio-mécanique, accompagné de (*jette un D3) deux de ses créations bodybuildées, et défendant un (*jette un dé sur le tableau de génération de trésor) psyker apeurant. OK tout le monde, vous pouvez commencer à vous batter. L’empoignade qui s’en suit ne rentrera guère dans les annales des combats les plus épiques ni les plus prenants de l’histoire de la Black Library, Sabbathiel s’illustrant une nouvelle fois par la non-maîtrise manifeste de son matos (elle se fait arracher sa lance par un goon à la première passe d’armes, et manque de partir à la renverse lorsqu’elle tire au fulgurant à bout portant), alors que Brondel, lui, démontre une adresse folle au lancer-franc, et parvient à loger une grenade dans le trou laissé par un impact de bolt dans la carapace d’un robot tueur. Sentant la partie mal engagée, Restak appuie sur le bouton on de son joujou, et les vagues de terreur crachées par le mutant viennent calmer les ardeurs de l’Ordo Hereticus… sauf pour Bledheim, qui s’est découvert une résistance aux attaques Psy (peut-être que son père était un Tarinorme), et arrive à se rapprocher assez près pour anesthésier le faquin en tour de main (littéralement, notre homme a des canules à chaque doigt). Le charme rompu, Sabbathiel se fait forte de décapsuler Restak d’une légère torsion du poignet, et nos héros sont libres de repartir vers leur vaisseau avec leur butin léthargique, qui finira bien par servir à quelque chose, tenez-le-vous pour dit.

AVIS:

N’étant familier ni de George Mann, ni de l’Inquisitrice Sabbathiel1, deux figures discrètes mais établies de la GW-Fiction, je dois reconnaître que ma découverte de l’un comme avec l’autre m’a laissé dubitatif. Si l’héroïne de The Abomination… se révèle assez peu mémorable, autrement que par son look de kit-bashing raté (ou comment pousser le syndrome de la petite tête dans ses derniers retranchements) et ses maladresses martiales récurrentes, on ne peut toutefois pas lui en vouloir, la faute en incombant principalement à son metteur en scène. Ne se donnant pas la peine de contextualiser son récit ni de développer son intrigue au delà du « héros chasser méchant », Mann déroule sa nouvelle avec un manque consternant d’imagination et d’originalité, la traque de Restak se révélant être un Porte/Monstre/Trésor à la sauce 40K, plus terne et chiant que bête et méchant. Je dois remonter au tout aussi insipide Lesser Evils de Tom Foster (Hammer & Bolter #13) pour trouver trace d’une nouvelle inquisitoriale aussi meh… que The Kasharat Abomination, ce qui n’est guère flatteur pour Mr Mann. Passez votre chemin.

: Qui a été mise à l’honneur des comics Will of Iron, Revelations et Fallen, où elle cherche des noises à ces pauvres innocents de Dark Angels.

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A Firstborn Exile – F. Wiltgren :

INTRIGUE:

Nous retrouvons le 86ème Vostroyan First Born quelques jours après la conclusion de The First Daughter (Inferno! #1), et suivons nos héros éprouvés dans la suite de la campagne de Tovoga, monde gris et aigri ayant rejeté l’autorité bienveillante de l’Empereur par pur égoïsme. Toujours dirigés par la Lieutenant Ekaterina Idra, les Vostroyens sont appelés en renfort du Groupe de Commandement Gurlov, commandé par le Colonel du même nom, et actuellement engagé dans une opération de reconquête de la ville de Salomar, dont le Factorum (usine gigantesque produisant des blindés) est convoité par les deux camps. Une fois rendus sur place, Katie et sa centaine de survivants (The First Daughter n’a pas été clément avec les effectifs du 86ème) font la connaissance de Ramrod Gurlov, l’incarnation même de l’officier inflexible ne jurant que par le Tactica Imperium, le Treatis Elatii et/ou les ordres du Haut Commandement. Entre le Colonel vétéran et la dynamique Lieutenant, le courant passe évidemment très mal, mais cela ne les empêchera pas de collaborer pour chasser les infâmes Tovogans du Factorum de Salomar, ou de mourir en essayant1

AVIS:

Comme vous pouvez le constater à la lecture du paragraphe ci-dessous, Firstborn Exile est une nouvelle assez particulière en ceci qu’il ne s’y passe pas grand-chose de saillant. Certes, les péripéties militaires ne manquent pas (et on doit reconnaître à Wiltgren une bonne maîtrise de son sujet, même si sa tendance à l’ellipse peut parfois surprendre), mais l’intrigue en elle-même tient en quelques phrases, et je dois avouer qu’à la lecture, cette deuxième soumission de Wiltgren m’a davantage fait l’effet d’un chapitre de roman que d’une nouvelle indépendante. Un exemple concret de cet état de fait est le titre même de ce court format, que l’auteur révèle en cours de récit comme étant lié à l’histoire personnelle du Colonel Gurlov. Ce dernier a en effet participé à la bataille de Pulveron, durant laquelle les Vostroyens auraient apparemment fait preuve d’initiative et désobéi à leurs ordres (les monstres !), ce qui se serait soldé par une raclée magistrale pour la team Pépé, et aurait poussé Gurly à partir en exil, accompagné de ses fidèles. Nous n’en saurons pas plus sur cette anecdote, que Wiltgren a pourtant jugé comme assez importante pour qu’elle donne son titre à la nouvelle2. Pour ma part, je pense que l’auteur a pris le parti de sérialiser ses contributions à la Black Library, et que nous pouvons nous attendre à de nouvelles aventures et révélations de la geste Idrique au cours d’un prochain numéro d’Inferno !, ou d’un recueil de nouvelles 40K. Il ne reste plus qu’à espérer que ces dernières seront plus palpitantes que la trentaine de pages de filler auxquelles nous avons eu droit ici.

: Meilleure scène de la nouvelle : Idra qui charge les lignes ennemies avec Gurlov sur le dos, le vieux Colonel ayant perdu l’usage de sa jambe bionique dans la bagarre.
2 : On note également que Firstborn Exile se termine sur le teaser de ce fameux exil, un des compagnons survivants de Gurlov proposant à Idra de lui narrer ce dernier par le menu… La suite au prochain épisode ?

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Journey of the Magi – J. Green :

INTRIGUE:

Journey of the MagiLe Godstar1, monde machine Necrontyr et possession éteinte de la dynastie Nephrekh, dérive tranquillement dans le Halo, lorsqu’un portail démoniaque s’ouvre sans crier gare à sa surface, et en émergent bientôt trois superbes spécimens de Space Marines du Chaos. Mon premier est Prototokos (si si) le Clairvoyant, sorcier Thousand Sons de niveau 1. Il est à pinces mais peut tout de même se flatter de posséder une très jolie cape rouge sang. Mon second est le Sorcier-Magister Opados, Thousand Sons également, et justifiant d’un bon niveau 35, comme le prouve sa swagesque armure Terminator, ainsi que sa cape écarlate et ses deux cornes d’or, de platine et de lapis-lazuli. Mon troisième est l’honorable Arch-Magister Tritos, Thousand Sons toujours, monté sur un disque de Tzeentch et, surtout, arborant un jeu d’épaulières hololithiques2, comme preuve manifeste de son niveau 105. Si nos trois larrons se sont rendus sur le Godstar, ce n’est pas pour participer à la Fashion Week, non non, mais pour libérer un prisonnier retenu au cœur du complexe Nécron.

Comme on peut s’en douter, le trajet n’est pas de tout repos, et la suffisance des sorciers est assez rapidement battue en brèches par l’insistance du service d’ordre à leur mettre des pâtons dans les trous (ce qui est assez inconvenant). L’Affaire Louis’ Tri-os a beau multiplier les tours de cartes, les baguettes molles et les lapins tirés du chapeau, les Nécrons ne se montrent guère impressionnés, et l’inévitable finit par se produire : l’impotent Tritos se retrouve compromis, et, beau joueur, jette un sort de stase3 qui fait lagger tous les automates à dix mètres à la ronde, ce qui laisse le temps à ses compagnons de s’échapper. Ils ne sont cependant pas tirés d’affaire, car ce sont des Spectres immatériels par intermittence qui leur fondent bientôt dessus, forçant Opados à se lancer dans un pas de deux endiablé avec les rôdeurs pendant que Prototokos se hâte vers la salle du trésor.

Une fois à l’intérieur, le dernier survivant fait face à celui qu’il est venu chercher au péril de ses vies. Car Prototokos, en plus d’avoir un nom tout bonnement hilarant4, est également un membre du Culte du Temps, et maîtrise donc le voyage temporel. Il s’est donc rendu sur le Godstar en compagnie de ses futures incarnations – qui ont changé de nom pour marquer leur progression hiérarchique, suppose-t-on – pour libérer son lui du futur, qui se trouve être un Metabrutus du nom de Demis Roussos Thanatos. Enfin, libérer… Plutôt écarter un futur qui ne lui plaît pas, ce qui passe par le meurtre de Metabrutos, coupable de s’être fait capturer par le Dynaste Nephrekh après que la trahison d’un confrère légionnaire l’ait laissé en piteux état. Ne réfléchissez pas trop sur comment cela est sensé marcher, les boucles temporelles et les auteurs de SF font généralement mauvais ménage. Toujours est-il que Thanatos ne se montre pas très coopératif, et profite d’une erreur de jugement de… lui-même, pouvons-nous dire, qui est après tout jeune et con, pour libérer une de ses tentacules des entraves Necrons et garrotter le faquin de façon terminale. C’est donc un échec pour nos trois boloss, mais, comme vous pouvez vous en douter, la nouvelle se termine bien évidemment sur l’arrivée des Daltos sur le Godstar, prêts à retenter le coup pour la nième fois. Tant qu’il y a de la vie mana, il y a de l’espoir.

AVIS:

Pour ses retours à la Black Library, et qui plus est dans une franchise dans laquelle il ne s’était jamais montré très adroit (remember Salvation ?), Jonathan Green limite la casse. C’est triste à dire, mais je m’attendais à un plantage dans les grandes longueurs (et les grandes largeurs aussi, tant qu’à faire), et si le début de sa nouvelle lorgnait dangereusement avec l’exploration bête et méchante et fade et convenue et inimaginative d’un tombeau Nécron, intrigue tellement utilisée (et mal, qui plus est) par les auteurs de la BL qu’elle devrait être interdite d’emploi jusqu’à la reconstitution des stocks (de patience des lecteurs), son idée d’injecter un twist temporel à son récit est, ma foi, fort honorable. L’exécution est certes loin d’être parfaite, tant sur le fond que sur la forme5, mais on est très loin des calamiteuses soumissions commises par notre homme il y a une quinzaine d’années, lorsque les pontes de la BL s’échinaient, pour des raisons encore mystérieuses aujourd’hui, à le faire bosser sur du 40K. Coup de chance ou véritables progrès ? Il faudrait d’autres soumissions pour pouvoir se prononcer. Est-on sûrs de vouloir celà ? Eh bien, oui, pourquoi pas. Bring it on, Jon.

1 : À ne pas confondre avec le Go Sport, qui est encore plus rare en ce 41ème millénaire qu’un monde artefact Nécron.
2 : Comme à WOW, ce sont les épaulières qui établissent les rapports de pouvoir entre les PJ. Plus elles sont grosses, criardes et kitsch, mieux c’est.
3 : Je me plais à m’imaginer qu’il s’est contenté de proposer une formule à référence circulaire sur Excel, ce qui a fait planter les logiciels des Nécrons.
4 : Peut-être choisi à dessein par les Magisters Thousand Sons pour les apprentis sorciers, afin de leur donner une raison supplémentaire de progresser dans la hiérarchie pour pouvoir en changer.
5 : On remarquera le penchant certain de Green pour les descriptions vestimentaires, puis architecturales, au détriment du développement de ses personnages ou de la description de leurs actions. C’est un choix.

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Green and Grey – E. Albert :

INTRIGUE:

Green &amp; GreyPris en flagrant de roupillon pendant le service, le tankiste de première classe Lucius Stilo se réveille doucement dans l’habitacle confiné du Leman Russ où il opère en temps que rechargeur d’obusier. Pour sa défense, cette brave bête de Sancta Fide (le petit nom de la monture mécanique de Lucius) s’est pris un barrage d’artillerie en pleine poire il y a quelques minutes, avec des conséquences catastrophiques pour son équipage, décimé jusqu’à son dernier homme, qui se trouve donc être Lulu. Vous parlez d’une première mission. Notre héros, déjà légèrement traumatisé par le choc et par la vision des cadavres de ses camarades, doit de plus composer avec la réalisation qu’il se trouve dangereusement exposé, son escadron ayant été envoyé par le haut commandement ralentir l’avancée des peaux vertes assaillant la planète de Calleva, le temps que les grosses têtes du génie fassent sauter le pont reliant les basses plaines au reste du continent. Dans son malheur, Lucius a toutefois la chance de pouvoir compter sur une écoutille fermement cadenassée et une radio en état de marche ; la première tenant la patrouille Ork venue inspecter les épaves à distance, la seconde permettant d’établir le contact avec le QG de la Garde Impériale, d’où le Colonel du 5ème Régiment Mécanisé d’Alphard le prend en direct.

Bien qu’ayant embrassé la carrière militaire pour suivre l’exemple de son paternel, Lucius sent son courage vaciller à l’idée de finir bientôt en punching ball pour peaux vertes, et il faut des trésors de patience et de fermeté paternaliste à son interlocuteur pour motiver son dernier homme à agir comme l’Empereur attend qu’il le fasse. Ayant quelque peu repris ses esprits et retrouvé son sang-froid, Lucius prend bonne note (normal pour un Stilo, vous allez me dire) des directives transmises par son chef, et apprend à ce dernier après avoir réussi à rétablir l’auspex du Sancta Fide que le pont est toujours debout, et que les Orks s’apprêtent à le traverser. La tuile. En attendant que les Valkyries envoyées dare dare sur place pour finir le job et récupérer Lucius arrivent, ce dernier est donc sommé de ralentir le plus possible la migration Xenos, ce qui passe nécessairement par l’ouverture du feu sur la Waaagh!, et n’enchante pas vraiment notre héros, plutôt partisan du ‘live and let leave’. Saleté de hippie, va.

Informé en termes non incertains par son Colonel que sa coopération n’était pas optionnelle, Lucius se résout enfin à faire son devoir, et commence donc à obuser les Orks, ce qui attire inévitablement l’attention et l’intérêt de ces derniers. Ayant annihilé l’avant-garde peau-verte d’un strike chanceux, Lulu poursuit ses bonnes œuvres en étrillant et artillant les Xenos, puis en les bolterisant une fois ces derniers trop près pour continuer son approche 120 millimétrée. Las, comme on peut se l’imaginer, les Orks finissent par déborder le vaillant petit tankiste, et c’est le Big Boss en personne qui s’approche pour rosser le Russ…

Début spoiler…Comprenant en définitive qu’il ne bénéficiera pas d’un sauvetage à la Ryan, ce que lui confirme le Colonel avec une tristesse non feinte, Lucius décide de vendre chèrement sa vie, et réussit à planter l’épée énergétique prise sur le cadavre de son Capitaine dans le crâne de sa Némésis après qu’elle ait réussi à décapsuler l’habitacle du Santa Fide. Surprise, cela n’est pas suffisant pour venir à bout de l’Ork (sûrement hydrocéphale), qui revient la charge après s’être délesté de l’encombrant bout de ferraille. Surprise (bis), Lucius a mis à profit ce court répit pour se saisir d’un pistolet de détresse, qu’il décharge dans l’intérieur inondé de prométhéum du tank, avec des résultats spectaculaires, mais malheureusement définitifs. À l’autre bout du fil, le Colonel Markus Stilo ne peut que constater que son fils a fait son devoir jusqu’au bout, et bien qu’éprouvé par la tournure prise par les événements, prend sur lui de continuer à coordonner la riposte impériale. Comme il l’a appris à feu Lucius, ‘the Emperor protects (parfois) but the Emperor expects (toujours)’.Fin spoiler

AVIS:

Très sympathique et efficace soumission que ce Green and Grey, qui permet au nouveau-venu Edoardo Albert de rafler à David Annandale le titre de meilleur metteur en scène de nouvelle se déroulant dans un Leman Russ, catégorie certes très spécifique, mais qui compte donc (au moins) deux récits à ce jour. Là où le Sarcophagus d’Annandale pêchait par son manque d’action et son propos incertain, l’offrande d’Albert se révèle à la fois rythmé, crédible et bien pensé. Si la triste, mais héroïque – et en définitive, pas si surprenante que ça – fin de Lucius Stilo creuse un peu plus le sillon du fondamentaliste grimdark de 40K, le talent de l’auteur aura consisté à nous ménager un très bon twist final, à la fois efficacement préparé (relisez Green and Grey et vous verrez quelques fusils laser de Tchekhov), parfaitement délivré et tout à fait there-is-only-war compatible. Albert (pas en Somme), un nom à suivre, en somme.

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Where Dere’s Da Warp Dere’s A Way – M. Brook :

INTRIGUE:

Where dere's da warp dere's a wayAssistant de direction d’une bande de Pistol Boyz Bad Moon rattachée à la Waaagh ! de Da Meklord, Ufthak Blackhawk vit à fond le rêve américain Ork, fait de bagarres, d’abordages et de compétitions pour devenir le boss à la place du boss. Le o+1 de notre héros est Badgit Snazzhammer, charismatique, à défaut d’être cérébral, Nob et tirant son nom de son arme de prédilection, un combi marteau énergétique/lime à ongles, qu’il ne dédaigne pas utiliser pour motiver les troupes lorsque le besoin s’en fait sentir. Chargés par Da Meklord en personne de sécuriser la salle du réacteur Warp d’un vaisseau de l’Adeptus Mechanicus afin de permettre à un Mek inventif de jouer avec la tek’ des zoms, Ufthak, Badgit et consorks prennent le premier ‘Ullbreaker pour aller apporter leurs sentiments et bourre-pifs les meilleurs aux fidèles de l’Omnimessie.

Une fois sur place, et après avoir dérouillé une malheureuse patrouille qui tentait de faire son devoir, nos Orks se mettent à errer dans les coursives du croiseur martien, les indications du Mek à roulette1 leur servant de GPS manquant en précisions. Au petit jeu du porte/monstre/trésor, les peaux-vertes finissent par tomber sur plus fort et plus dur qu’eux, comme le malheureux Badgit en fait l’expérience lorsque lui prend la mauvaise idée de charger un Kastelan opérant comme physionomiste à l’entrée de la boite de Warp. Comme quoi, foncer tête baissée est le meilleur moyen pour la perdre. À toute chose malheur est bon, car le décès de son chef permet à Ufthak de s’improviser leader de la bande de Pistol Boyz, malgré les protestations de Mogrot Redtoof, l’autre bras droit de feu Snazzhammer. Ruzé mais brutal, Ufthak accouche d’une tactique de diversion qui lui permet d’arriver au contact de l’angry robot, récupérer l’arme de fonction de son boss, et terrasser l’ennuyeux androïde au cours d’un corps à corps épique et piquant, et même détonnant, l’usage malavisé d’une arme à contondante à champ de force sur le réacteur du Kastelan dispersant Ufthawk façon puzzle2.

Ce n’est toute fois pas la fin pour notre héros, les Orks étant, comme chacun sait, plutôt coriaces. Se réveillant très diminué, mais se réveillant tout de même (ce qui est déjà pas mal quand on n’est plus qu’une tête sur un demi-tronc), Ufthak se voit proposer par le Dok Drozfang, qui accompagnait la bande, un marché qu’il ne peut décemment pas refuser. En un tour de scie circulaire et quelques agrafes, voilà la tête du Boy greffée sur le corps de Badgit, sans trop d’effets secondaires. Ça c’est ce qu’on peut appeler de la chirurgie reconstructrice. Remis de ses émotions, bien qu’ayant – et c’est compréhensible – un peu mal aux cheveux qu’il n’a pas, Ufgit (Badthak ?) refait son retard sur le reste des Boyz, calme les ardeurs de ce parvenu de Mogrot et lui reprend le bâton marteau de parole, et invite le Mek à appuyer sur le gros bouton rouge qu’il a branché sur le moteur Warp du croiseur. Selon les savants calculs de l’ingéniork, cette machine devrait permettre au vaisseau de rebrousser chemin jusqu’à sa planète d’origine, monde forge plein de tek’ à piller…

Début spoilerMalheureusement, le buzzer magique a surtout pour effet de remplir le croiseur de démons, ce qui ne refroidit pas le légendaire enthousiasme peau-verte, bien au contraire. Ils commençaient justement à s’ennuyer…Fin spoiler

AVIS:

Nouvelle rigolork (c’est le dernier mot-valise à base d’Ork, je le jure) de Mike Brooks, et à laquelle je décerne la palme d’argent du titre le plus inventif (catégorie 5 mots et plus), derrière l’indétrônable Badlands Skelter’s Downhive Monster Show de Matthew Farrer, Were Dere’s… n’a pas grand-chose à offrir au lecteur à part une plongée humoristique dans le quotidien, forcément agité, d’un Boy. Les péripéties grand-guinorkesque (j’ai menti) s’enchaînent de manière plaisante, mais ne vous attendez pas à une conclusion édifiante, ou même intéressante, à cette nouvelle. C’est dommage, car Brooks avait prouvé dans Dead Drop qu’il savait terminer un court format comme il se doit. Nous tenons donc ici la pastille comique de l’Inferno! #4, et il ne faudra pas lui demander davantage.

1 : Car oui, il n’y en a qu’une dans son cas, on peut parler de monorkwheel.
2 : Après l’Interrogatrice Spinoza dans ‘Argent’, c’est la deuxième nouvelle de la BL qui souligne les dangers des masses énergétiques pour leur porteur. Faut-il voir une ligne éditoriale de Nottingham ?

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Blackout – J. C. Stearns :

INTRIGUE:

Lorsqu’une panne de courant massive vient plonger Seidon City dans les ténèbres, les kids Chib, Zaylin, Bugeye et le reste des 77, gang de loubards vivotant dans un quartier défavorisé de cette cité-ruche, en sont réduits à échafauder des hypothèses plus ou moins farfelues pouvant expliquer cette nième interruption de l’alimentation électrique du voisinage. L’arrivée sanglante de deux comparses, Soter et Jerrick, vient toutefois mettre un point final à la joute oratoire entre polémistes sous acide, juste avant qu’ils ne se commencent à se mettre sur la gu*ule, comme souvent lorsqu’un consensus peine à être trouvé entre gangers. Les nouveaux-venus expliquent être tombés dans une embuscade alors qu’ils attendaient innocemment de régler leur compte à quelques membres d’un gang rival, et avoir fait les frais d’un arsenal très peu commun à ces niveaux de la ruche, comme peut en témoigner l’épaule du pauvre Jerrick, réduite à quelques filaments de barbaque après sa rencontre malheureuse avec une balle perdue.

Outrés par ce déchaînement de violence qu’ils sont presque certains de n’avoir pas mérités, les 77 optent pour la mise sur pied d’un raid punitif contre leurs mystérieux assaillants, mais n’ont même pas à sortir de leur planque que cette dernière se retrouve sous un feu nourri. Dans la confusion qui s’en suit, Chib, Zaylin et Bugeye, comprenant rapidement que leurs collègues n’ont pas la main haute dans cet affrontement, optent pour une prudente retraite tactique dans les profondeurs de la ruche, confiants dans leur capacité de distancer les bourreaux des 77.

Malheureusement pour nos stagiaires, leurs poursuivants s’avèrent être aussi rapides et tenaces que bien armés, et Chib se retrouve bientôt seul dans les égouts de la cité, après que ses deux acolytes soient tombés dans les griffes de l’anti-gang. Jouant le tout pour le tout, notre héros tend un piège à ses traqueurs en utilisant le cadavre d’un autre ruchier ayant eu la malchance de se trouver sur le passage de ces derniers, et arrive ainsi à poser les yeux, juste avant de tirer, sur sa mystérieuse Némésis…

Début spoiler…qui s’avère être un Space Marine, et accueille donc avec un haussement d’épaule blasé la fléchette que le kid lui loge dans l’aisselle. S’attendant à rencontrer une fin aussi violente et prématurée que ses camarades, dont l’équipement et les compétences n’ont pas servi à grand-chose face aux bolts et épées tronçonneuses des meilleurs de l’Empereur, Chib a la surprise de se faire manutentionner par son ennemi jusqu’à un entrepôt désert, où, vous l’avez deviné, sagace lecteur, les Space Marines ont reçu ordre de ramener leurs trouvailles, qui sont toutes de jeunes gangers terrorisés. La nouvelle se termine sur l’annonce par l’Apothicaire de service, un certain Herodytes du Chapitre des Crimson Shades, que le casting tenu sur Stratigardin avec la bénédiction du Gouverneur Galliarnos est maintenant terminé. Décidément, la télé-réalité du 41ème millénaire est un peu plus hardcore que la nôtre…Fin spoiler

AVIS:

Je pense que l’on peut porter deux jugements sur ce Blackout de Stearns, qui seront fonction de la « maturité » (parce que la « vétéranitude » n’existe pas en français, et c’est bien dommage) du lecteur. Pour le nouveau-venu dans l’univers de 40K et de la Black Library, et qui aura donc une chance d’être authentiquement surpris par la révélation finale de cette nouvelle, cette dernière devrait être tout à fait satisfaisante. Pour les hobbyistes un peu plus expérimentés, qui auront éventé l’identité des persécuteurs des 77 dès la description de la blessure de Jerrick, la lecture de Blackout se révélera bien moins passionnante, d’autant plus que Stearns ne glisse aucun easter eggs1 ou référence à du fluff « avancé » dans son récit, pour une conclusion tristement banale. On m’excusera (ou pas, en fait je m’en fiche) à nouveau de mettre en avant Peter Fehervari, qui, sur une trame très similaire, avait réussi à soigner sa sortie dans son Nightfall. Si j’osais, je dirais que Blackout est un épisode de Dora l’Exploratrice, et Nightfall un court-métrage de Pixar : là où le premier ne s’adresse qu’à un « jeune » public, le second est suffisamment bien construit pour intéresser toutes les générations de spectateurs. Bref, une nouvelle à ne pas mettre entre toutes les mains, mais pas pour les raisons habituelles.

1 : On pourrait toutefois argumenter que les Crimson Shades se livrent eux-mêmes à une chasse aux œufs (à la sauce 40K, certes), ce qui constituerait une habile mise en abyme.

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The Spirit of Cogs – J. French :

INTRIGUE:

The Spirit of CogsComme tous les Inquisiteurs dignes de leur rosette, Covenant est à la tête d’une petite bande de loyaux suivants et serviteurs, apportant chacun leurs compétences uniques à l’éternelle bataille pour la sauvegarde de l’Imperium. Coco étant parti refaire sa permanente au moment où notre histoire débute, c’est vers deux de ses nervis que le projecteur se braque. L’occasion est ainsi offerte au Magos défroqué reformaté Glavius-4-Rho de narrer à sa comparse, l’ex Soeur de Bataille Severita, une petite anecdote pas piquée des voraces, illustrant selon lui l’existence de fantômes, et non d’esprits, dans la machine.

L’histoire nécessitant une légère contextualisation pour être bien comprise, nous commençons donc par entendre Glaviot raconter son enfance et son éducation en tant que pupille de l’Adeptus Mechanicus, les améliorations successives dont il a bénéficié au fur et à mesure qu’il s’élevait dans les rangs de l’Omnimessie, et enfin sa prise de fonction sur le monde forge de Zhao-Arkkad une fois diplômé Magos en bonne et due forme. Spécialiste de l’acheminement énergétique (un héritage du temps où il était stagiaire en charge de distribuer les cafés, ou ce que les tech-adeptes insèrent dans leur système pour libérer de la mémoire vive après un reboot mal négocié), notre héros a à peine le temps de commencer à se familiariser avec ses nouvelles attributions que le voilà sommé de se rendre à l’autre bout de la planète à bord d’une navette banalisée, accompagné d’un Princeps au physique et à la discussion digne de Buzz l’Eclair (comprendre qu’il connaît 3 phrases, répétées en boucle). Soupçonnant un bizutage d’un style un peu particulier, il a toutefois l’occasion de discuter de l’étrangeté de la situation avec l’autre passagère du vaisseau, une Magotte (?) dénommée Ishta-1-Gamma, spécialiste en transmission de données (à mon époque, on appelait ça le bavardage), tout aussi intriguée que Glavius quant aux causes ayant motivé leur hiérarchie à monter ce parcours d’intégration d’un genre un peu particulier.

Arrivés sur place, et toujours escorté du charmant Princeps (Zavius), notre binôme fait la connaissance de leur futur n+1, un Archmagos (Atropos) peu pimpant mais très pimpé, qui les entraîne jusqu’à leur lieu de travail, toujours sous le sceau du secret. C’est là, au cœur d’une caverne sise au plus profond d’une montagne isolée, que les attend une surprise de taille (et pour cause) : une Légion Titanesque entière repose dans les ténèbres. Chargés par leur nouveau boss de remettre les Gundams en état de marche, Glavius et Ishta s’attèlent sans tarder à la tâche, mais ne tardent pas à découvrir que l’équation qui leur a été soumise comporte plus d’une inconnue. Ainsi, au cours de la première visite réalisée dans leur Titan pilote en compagnie de la chef-ingénieure (Thamus-91) de l’opération, ils découvrent que quelque chose semble aspirer toute forme d’énergie à proximité, ce qui les force à charger à fond les accus avant de partir en vadrouille dans la salle du réacteur. Sur place, Glavius a la surprise de découvrir que des composants cristallins, d’une nature et d’une fonction inconnue, ont été intégrés dans les circuits de Dormeur, mais ses savantes supputations sont rapidement écourtées par 1) la nécessité de quitter les lieux avant de tomber en panne sèche et 2) le karoshi inopiné de Thamus-91, grillée comme un fusible de s’être branchée à tort et à travers à l’interface titanesque. C’est le CHSCT qui va gueuler.

Profitant de l’inhibition sentimentale qui est le lot des servants du Dieu Machine, nos experts ne perdent cependant guère de temps à gamberger sur les tragiques événements et menues bizarreries entourant l’opération, et sont bientôt en capacité de proposer un mode opératoire expérimental à même de relancer les batteries de leur Titan. Ishta a beau faire part à Glavius de ses doutes et ses scrupules à réveiller celui qui à jamais dormait, ce dernier, tout à sa rationalité masculine, balaie d’un revers de mécha-dendrite les atermoiements de sa collègue. Sa belle assurance vole toutefois en éclats lorsque le protocole « Wake Up Big Susie » ne se déroule pas vraiment comme prévu, l’afflux massif d’énergie dans le réacteur du Titan entraînant une réaction en chaîne1 à base de terminaux HS, d’hallucinations auditives et visuelles, glaciation de principe et combustion de Princeps (ciao Zavius), pour finir par la dissolution terminale de la pauvre Ishta, qui fait don de sa personne pour stopper l’escalade2.

Le titanesque roupillon n’ayant finalement pas été interrompu, au grand soulagement d’un Glavius finalement convaincu que toute l’entreprise dissimulait quelque chose de pas très cathodique, notre Magos rescapé est sommairement démissionné par Atropos, qui insiste pour que toutes les données relatives à l’opération soient soigneusement purgées des banques de données de son sous-fifre. Ce dernier est tout de même autorisé à partir entier et à garder ses souvenirs de la mésaventure qui a faillit l’envoyer à la casse (au prix de la lobotomie, franchement, c’est une économie de bout de diode), sans quoi il aurait été fort en peine de raconter cette dernière à la brave Severita. Et si nul ne sait à ce jour ce qu’il est advenu de la Légion perdue de Zhao-Arkkad, une chose est sûre… utilisez toujours un VPN les enfants.

AVIS:

Il y a du bon et du moins bon dans cette incursion de French aux limites du récit horrifique 2.0 (je m’étonne d’ailleurs que la nouvelle n’ait pas été incluse dans le premier recueil de Warhammer Horror, elle y aurait eu sa place). Parmi les sources de satisfaction, je place l’immersion convaincante du lecteur dans le fonctionnement quotidien d’un monde forge, milieu à part même dans le vaste Imperium, car régi par des codes et des conventions bien particuliers. Peu d’auteurs avaient jusque là réussi à transmettre le caractère d’étrangeté (dans tous les sens du terme) des disciples de l’Omnimessie, la représentation récurrente de ce type de personnage les changeant plutôt en geeks steam punks jurant en binaire. C’est à une étude de caractère un peu plus poussée, et donc satisfaisante, que le lecteur a droit ici, à grand renfort d’aura noosphérique et de règle sacrée des cinq secondes (qui a donc réussi à survivre, sous une autre forme, jusqu’au 41ème millénaire).

Autre bon point à décerner, la construction réussie d’un suspense morbide autour du mystérieux Titan que notre équipe de choc essaie de réveiller. On comprend tout de suite que la placardisation dont a fait les frais la Légion étrange(re) exhumée par Atropos tire son origine d’une tragédie quelconque, et que nos héros auraient tout à gagner à suivre leur instinct et prendre leurs chenilles à leur cou. Les révélations que distille French tout au long du récit attisent la curiosité et permettent échafauder quelques hypothèses sur la nature du mal en question… et c’est pourquoi j’ai trouvé plutôt frustrant de terminer la nouvelle sans connaître le fin mot de l’histoire. Car à part le crime contre le bon goût que représente la livrée orange et verte du premier équipage des Titans oubliés, on n’est guère éclairé sur ce qui ne processe pas rond chez ces derniers. Certes, cela a à voir avec la tentative, pas franchement concluante au final, de lier l’âme de victimes sacrificielles aux divines machines, apparemment via le truchement de cristaux spéciaux, mais comme French ne se donne pas la peine de clarifier sa vision des choses, on termine la lecture de The Spirit of Cogs avec un fort goût d’inachevé3.  C’est bien dommage car je ne doute pas de la capacité de l’auteur de conclure ses œuvres de façon satisfaisante, ce qu’il a déjà eu l’occasion de prouver dans de précédents travaux. Bref, dear John, à trop vouloir faire le flupster (le hipster du fluff), on perd les normyistes (les normies du Zhobby). Tiens-le-toi pour écrit.

: Personnellement, j’attribue ce fiasco à l’utilisation malavisée d’un trans-uranic adjuster, qui plus est par du personnel non-formé au maniement de cet appareil bien particulier. Personne n’aime être réveillé par une décharge de tazer dans le fondement.
Comme quoi, on peut mourir de crier « Ta G**** » trop fort. C’est dur de couper la parole à quelqu’un qui parle à 280 décibels, il faut dire.
Après quelques recherches, j’ai pu établir que French a repris l’historique de la Legio Xestobiax, « améliorée » au cours des années précédent l’Hérésie d’Horus par un dispositif expérimental s’inspirant de la moelle spectrale Eldar, et baptisé Noyaux de Fer Noir par l’Imperium. Evidemment, ça a fini par déconner, et le fait que la Legion ait choisi de combattre aux côtés des Thousand Sons après qu’ils aient été déclarés Astartes Non Grata par l’Empereur n’a pas joué en sa faveur, même si un petit nombre de machines ont réussi à survivre à cet âge troublé. Pour plus d’informations, se référer au Livre VII de Forge World consacré à l’Hérésie, appelé (faut-il y voir un clin d’œil ?) Inferno.

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City of Blood – M. Smith :

INTRIGUE:

Alors qu’elle sirote tranquillement un cocktail dans un bar louche de Scavtown, quartier classé ZUS de la ruche Obergard Secundus, Jesca Veil, héroïne au passé trouble et à la gâchette facile, se fait aborder par un malabar animé d’intentions peu charitables. Peu encline à accepter son invitation à poursuivre la soirée dans un endroit plus calme, Jesca règle prestement son compte au malotru, et s’éclipse discrètement vers l’endroit où doit l’attendre le passeur avec lequel elle a conclu un marché pour quitter la planète dans les plus brefs délais. Elle ne tarde cependant pas à réaliser que le butor dont elle a si définitivement refroidi les avances n’avait pas fait le déplacement seul, et se retrouve finalement acculée dans une ruelle obscure, à la merci du Commissaire Timur Iovac et de son équipe de chasseurs de déserteurs, ce que Jesca semble être. Faisant mine d’accepter sa mise en état d’arrestation, Veil réussit à tromper la vigilance de sa Némésis et de ses sbires, dérobant au passage à cette dernière une des grenades d’apparat qui pendent à sa ceinture, et fonce ventre à terre vers le lieu de son rendez-vous galant, poursuivie par les invectives outrées d’Iovac (it’s okay) ainsi que par le mastiff robotique de l’officier (it’s not okay).

Au prix d’un combo steeple – saut en longueur parfaitement négocié, et surtout, de salutaire du contact de Veil, une grande brute atteinte d’une forme sévère de psoriasis répondant au nom de Heizer, qui euthanasie le clebs du Commissaire sans autre forme de procès, Jesca se reprend à espérer une conclusion rapide et sans problème de son transfert vers l’orbite haute, ce qui ne se produira évidemment pas (la nouvelle aurait été un peu courte sinon). Emmenée par son Sherpa urbain à travers une zone à hauts risques, et pas seulement à cause des mauvaises relations que Heizer entretient avec le gang qui occupe le territoire suite à une opération ne s’étant pas bien terminée, notre AWOL d’héroïne ne tarde pas à faire la connaissance des Affligés, variante locale des Zombies de la Peste ayant tous choisis l’option 3*500 mètres au bac, ce qui rend leur gestion assez délicate même pour notre duo de vétérans endurcis. Fort heureusement, la grenade lootée par Veil se révèle être une authentique bombe de stase1, et laisse assez de temps aux fugitifs pour sortir de la zone infectée.

Leur rencontre fortuite avec une escouade de miliciens locaux, chargés par le gouverneur de pacifier Scavtown suite à de légers débordements et la disparition suspecte de quelques enfants de la haute société dont le tort a été de s’improviser Spyriens (erreur de jeunesse, comment leur en vouloir?), leur fait toutefois perdre aussi vite le temps gagné par le gadget d’Iovac, et l’émeute éclate rapidement lorsque les effets pacificateurs de la grenade finissent par se dissiper. Si la boucherie qui s’en suit permet à Veil de fausser compagnie aux pauvres forces de l’ordre, très rapidement débordées, puis disséquées, par les événements, elle voit également Heizer lui fausser compagnie à la recherche d’un shoot de cortisone suite à une crise urticante carabinée, et, plus embêtant, permet à Iovac et ses nervis de refaire leur retard sur la fugitive. Très déçu par le comportement égoïste de sa proie, le Commissaire parvient presque à mettre la main au collet à cette dernière (ce qui se serait mal terminé pour elle, gantelet énergétique oblige), mais doit finalement déposer les armes après avoir rate la sauvegarde d’armure de trop – en même temps, sur cinq blessures, le contraire eut été hors stats –. Ce moment de relâchement lui coûte cher, son Feel No Pain salvateur ne faisant pas le poids face au Got No Brain de la demi-douzaine d’Affligés qui lui tombent sur le râble pendant que Jesca repart en petites foulées.

Ramassée par un Heizer luisant sous la biaffine, mais de nouveau maître de lui-même, dans une ambulance militaire détournée pour la cause, Jesca croit arriver au bout de ses peines, mais une dernière épreuve l’attend néanmoins. Témoin de la bad assitude consommée de sa cliente, le passeur gratteur profite de l’inattention de cette dernière pour lui coller la tête sur le tableau de bord en vue de lui soutirer des réponses au sujet de son véritable passif. Réalisant que la coopération de son seul allié est nécessaire au succès de ses plans, notre héroïne obtempère et lui avoue qu’elle sert l’Inquisition en enquêtant sur la cause de l’Affliction, et que le mandat d’arrêt dont elle fait l’objet n’est qu’une manœuvre de la part des responsables de l’infestation qui frappe Obergard Secundus pour l’empêcher de nuire. Convaincu par la réponse qui lui a été faite, Heizer accepte d’honorer sa part du marché et escorte Jesca jusqu’au point de ramassage scolaire stellaire le plus proche, en échange d’un logiciel de credit skimming pas piqué des vers. Il faut croire que le monde de la finance fait également partie des ennemis de la Sainte Inquisition (l’Ordo Fiscalus, en particulier)…

AVIS:

Débuts plutôt réussis pour Matt Smith en tant qu’auteur de la Black Library avec ce City of Blood. Parmi les éléments favorables à verser au dossier du rookie, citons par exemple sa maîtrise du rythme et du séquençage de l’action, qui permettent à sa nouvelle de proposer en peu de pages un nombre conséquents de péripéties variées au lecteur (scène de baston dans le bar, 1ère confrontation avec Iovac, fuite et rencontre avec Heizer, confrontation avec les Affligés, Affligés vs miliciens, 2ème confrontation avec Iovac, taxi avec Heizer & conclusion). Notons également le bel aplomb avec lequel Smith intègre des éléments “Necromund-esques” dans son propos, sans pour autant placer ce dernier sur la planète araignée. Mine de rien, cela révèle une bonne maîtrise du fluff de 40K et de la sous franchise que Necromunda représente, ce qui est prometteur pour la suite. Enfin, les Affligés sont dépeints de manière fort honorable, notamment leur entrée en scène dans les ténèbres de Scavtown, convenablement flippante dans le genre “on ne les voit pas mais on les entend”. La seule remarque un tant soit peu négative que je ferai à Smith sur ce texte inaugural concerne la contextualisation, ou plutôt son absence, de la relation entre Jesca et Iovac. Si on comprend sans mal ce que le second reproche à la première au fil du récit, les révélations faites à la fin de la nouvelle quant à l’identité secrète de l’héroïne tombent un peu à plat, puisque le lecteur ne sait rien de la mission de Jesca, ni de la manière dont elle s’est retrouvée piégée par les “Afflicteurs”, qui ont dépêché l’inflexible Commissaire à ses trousses. City of Blood a donc un arrière-goût prononcé de “2ème épisode”, ce qu’il n’est à ma connaissance pas, et en est un peu frustrant de ce fait. Espérons que les zones d’ombre du passé de Miss Veil seront au moins partiellement levées au cours d’une prochaine soumission Smithienne.

: On se demande ce qu’un Commissaire lambda faisait avec un matériel aussi sophistiqué sur lui. En même temps, c’est pratique de pouvoir immobiliser un suspect de façon non léthale quant on a besoin d’une petite exécution pour l’exemple pour remonter le moral des troupes.

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Empra – N. Crowley :

INTRIGUE:

EmpraToa, de la tribu des Shellmakers, voit sa vie basculer lorsqu’au cours d’une chasse au fivejaw dans les ruines de la cité des premiers hommes, elle fait la connaissance d’une masse de tentacules métalliques enrobés dans des haillons écarlates, qui se révèle être, après inspection approfondie, un ange blessé d’Empra, la divinité vénérée par les farouches peuplades de la planète. Ramené au campement-forge de la tribu, où cette dernière s’emploie à réaliser des obus de fort belle taille qui sont régulièrement embarqués par Two-Birds, l’émissaire envoyé par Empra à la rencontre de ses fidèles, l’Ange récupère lentement de ses blessures et se familiarise avec le dialecte de ses sauveteurs, jusqu’à être capacité de faire une révélation terrible aux pieux indigènes: on leur a menti. Two-Birds n’est pas le messager d’Empra, mais son ennemi mortel, qui l’a grièvement blessé et profite de la dévotion des Shellmakers, ainsi que des autres tribus locales, pour exploiter le fruit de leur travail. Pire, Two-Birds est le responsable de la pollution galopante qui rend chaque jour la vie plus difficile sur la planète, moyen commode pour l’usurpateur de rendre les rations alimentaires qu’il largue à chaque venue indispensables aux tribus, et s’assurer ainsi de leur obéissance aveugle.

Estomaquée par ces révélations, qui battent en brèche toutes les valeurs et croyances entretenues par la tribu depuis des temps immémoriaux (en même temps, quand l’espérance de vie ne dépasse pas 30 ans et que l’on ne maîtrise pas très bien l’écriture, l’immémorial arrive vite), Toa et sa chamane de mère acceptent de venir en aide à l’Ange déchu, dont le dessein consiste à implanter un skrapkoad dans le système du Corps Céleste (Body’s Above), afin de permettre à l’esprit d’Empra de s’incarner à nouveau et de chasser Two-Birds. Ne pouvant pas entreprendre lui même cette mission des plus périlleuses, l’Ange charge Toa de la mener à bien. Le prochain jour de collecte pourrait fournir à nos conspirateurs l’occasion dont ils ont besoin pour accéder jusqu’au Corps Céleste, même s’il faudra pour cela que Toa traverse l’immensité glacée du voyd

AVIS:

Crowley effectue un spectaculaire retour dans Inferno !, après les vaudevillesques débuts de The Enemy of my Enemy. Abandonnant le second degré, il embarque le lecteur dans une épopée intense et rythmée, depuis les forges chamaniques d’une tribu de dévots primitifs, jusqu’aux ténèbres des niveaux inférieurs d’un vaisseau de la flotte impériale. Les péripéties s’enchaînent avec brio et inventivité, maintenant le public aux aguets alors que l’intrépide Toa progresse dans sa quête initiatique. La BL ayant plutôt tendance à surprendre en mal qu’en bien, l’impeccable exécution de Crowley n’en est que plus remarquable, et incite à souhaiter que soit confiée à notre homme l’écriture d’un roman, afin de voir s’il est capable de réitérer ce succès à l’échelle supérieure.

Mais la principale trouvaille de Crowley reste d’avoir choisi d’exploiter un aspect fascinant, et sous-employé, du background de 40K : l’asymétrie d’information existant entre les sujets de l’Imperium, et la manière dont les quelques éléments communs à ces derniers (comme le culte de l’Empereur) s’en trouveront déformés, modifiés et ré-assemblés, pour finir par ne plus ressembler du tout à ce que nous, hobbyistes omniscients, savons être la réalité. En braquant son regard sur le peuple de Toa, de braves indigènes fabriquant des munitions de macro-canons (qu’ils pensent être les dents d’Empra) pour un vaisseau spatial déglingué dont ils ne soupçonnent même pas l’existence, l’auteur illustre parfaitement toute la diversité constitutive de l’Imperium, trop souvent sacrifiée au profit des mondes ruches, forges et chapitraux que la BL nous ressort à tour de bras. Sur le million de mondes du domaine de Pépé, des dizaines, voire des centaines de milliers doivent en effet être peuplés d’habitants aussi au fait de l’état de la galaxie que Toa et ses camarades, et contribuant à l’effort d’une guerre dont ils n’ont pas idée par le biais d’un endoctrinement adapté à la culture locale.

Autre source de satisfaction, l’inclusion d’un passage conséquent sur le Princeps Misericordiae (le nom du vaisseau abordé par Toa), et la bonne description de la vie des pauvres hères qui constituent l’équipage des ponts inférieurs du navire. Car, et c’est une autre injustice criante du fluff, on ne parle que trop rarement de cette population se dénombrant en milliards d’individus, et absolument essentielle au bon fonctionnement des béhémoths métalliques que sont les navires de la Flotte Impériale. Condamnés à une vie de servitude dans des conditions que l’on qualifiera pudiquement de difficiles, les matelots de la Flotte constituent à mes yeux l’une des populations incarnant le mieux le côté grimdark de 40K, plus que le Garde Impérial, le Tech-Adepte ou le fonctionnaire de l’Administratum qui sont légèrement moins à plaindre que les galériens galactiques. Empra permet au lecteur de s’imprégner du quotidien de ces derniers, et met bien en perspective les échelles inhumainement gigantesques (tant d’un point de vue physique que temporel1) dans lesquelles se déroule leur existence. C’est rare, donc on en profite.

Bref, une très bonne nouvelle que cet Empra de la part de Nat Crowley, qui démontre à la fois qu’il a un potentiel certain, et plusieurs cordes à son arc en matière d’approche littéraire. Une combinaison intéressante s’il en est.

Le Misericordiae est en orbite pour réparation depuis des dizaines, voire des centaines d’années, la mère de Toa étant la 42ème Grande Chamane de la tribu.

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The Weight of Silver – S. B. Fischer :

INTRIGUE:

Sur la planète d’Ourea, le Lieutenant Glaviot Errant, heu, non pardon, Glavia Aerend vit une prise de fonction des plus compliquées. Alors qu’elle mène son bataillon de Cadiens dans une patrouille tout ce qu’il y a de plus classique, la découverte d’un hameau incendié par les cultistes du Chaos qui mènent la vie dure aux serviteurs de l’Empereur sur ce monde montagne (si si, ça existe apparemment) provoque chez notre héroïne un bad trip aussi étrange qu’handicapant, car il a la mauvaise idée de prendre place au moment même où ces fripons de rebelles déclenchent une embuscade contre les impériaux. Et même si ces derniers corrigent les impudents en deux temps, trois mouvements, et quatre grenades à fragmentation, ils subissent tout de même quelques pertes dans la bagarre, ce dont la consciencieuse Aerend ne peut s’empêcher de se reprocher.

Convoquée par la Colonel Yarin à la suite de ces débuts hésitants, Glavia hérite d’une mission de surveillance pas vraiment glorieuse en récompense de ses premiers exploits, pendant que le reste du régiment part écraser l’armée ennemie repérée à quelques kilomètres, dans l’espoir de mettre un point final à cette campagne qui s’éternise. Menés par le masochiste et dépressif (il a un collier en fil de fer barbelé dont chaque maillon commémore une défaite de son Chapitre) Lord Tarvarius des Storm Wings, les Cadiens désertent donc la forteresse d’Apex Inruptus, sans savoir qu’ils s’embarquent dans une chasse au dahu. Ce n’est que quelques heures plus tard, et après avoir passé la zone au peigne fin, qu’ils finissent en effet par comprendre qu’ils se sont fait possédés (non, pas dans ce sens là, Robert), et rappliquent donc à toute berzingue en direction de leur point de départ. La capture de ce bastion constituerait en effet une victoire tactique d’importance pour les insurgés, ce que le Haut Commandement aimerait donc éviter (on le comprend).

Prévenue par Tarvarius de la feinte ourdie par ces môôôdits cultistes, Aerend essaie tant bien que mal de motiver ses troupes à prendre position sur les remparts de la forteresse, mais, pas de bol, il pleut, et les bidasses préfèrent rester au sec pour jouer aux cartes. Malgré l’échec critique de son test de charisme, Aerend décide de mener par l’exemple et sort donc affronter la pluie, et possiblement toute l’armée adverse, seule. Un vague reflux de conscience professionnelle poussera le reste de son bataillon à lui emboîter le pas au bout de quelques minutes, juste à temps pour accueillir comme il se doit l’arrivée de l’infâme ennemi, dont l’assaut n’est stoppé à grand peine qu’avec la destruction des ponts gardant l’entrée de la position impériale.

La suite, et la fin, de la nouvelle verra Aerend, Tarvarius (qui trouve le moyen de se matérialiser dans l’enceinte de la forteresse sans que cela soit expliqué1) et quelques potes, dont le vétéran grincheux-et-plein-de-morgue-envers-les-jeunes-recrues-mais-avec-un-bon-fond-tout-de-même Olemark, aller bastonner un psyker renégat (qui trouve le moyen de se matérialiser aussi – et lui avec huit batteries externes humaines dans les poches qui plus est – dans l’enceinte de la forteresse2), présumant fort heureusement un peu trop de ses forces, et auquel la team Pépé se fait un plaisir d’émettre un avis d’expulsion. La bataille gagnée, notre propos se conclut par le mini conseil martial de notre héroïne, à laquelle ses défaillances initiales n’ont pas été pardonnées. Fort heureusement pour notre glaviot méritant, la Commissaire (eh oui, c’est une nouvelle placée sous le signe du Women’s Empowerment) en charge de l’instruction du dossier reçoit une missive polie de la part des Storm Wings, l’enjoignant en des termes courtois mais fermes à prononcer un non-lieu si elle sait ce qui est bon pour elle. Ingérence, ingérence votre honneur! N’empêche que ça marche, et Aerend hérite même pour sa peine d’un shrapnel dédicacé de la part de Tarvarius, au cas où elle aussi souhaiterait réaliser son propre cilice custom. À chacun ses délires.

AVIS:

Fischer revient en meilleure forme dans Inferno! avec The Weight of Silver, poursuite de ses travaux Cadiens n’ayant pas grand chose à voir avec son initial The Emperor’s Wrath, la couleur des yeux des protagonistes mise à part. Si là encore, ce n’est pas l’originalité de l’intrigue qui prime, j’ai trouvé cette seconde soumission de meilleure facture, peut-être parce qu’elle se concentre sur les fondamentaux de la nouvelle martiale de Warhammer 40K: une baston rythmée et clairement mise en scène, présentant des éléments intéressants pour toutes les factions impliquées, et dans le respect général des conventions fluffiques. C’est grosso modo ce que propose Fischer dans la seconde moitié de sa nouvelle, pleine d’héroïques Cadiens, de Space Marine bad ass et de cultistes torturés, dans un remake de Fort Alamo avec Aerend dans le rôle de Davy Crockett et les hordes chaotiques dans celui de l’armée mexicaine (qui aurait moins fait la fière si les défenseurs avaient eu le support d’un Space Marine). Lisible, mais loin d’être mémorable.

Le début de l’histoire, pour “apaisé” qu’il soit, était lui porteur de prémisses intéressantes, notamment le mini scare jump du cadavre qui ouvre les yeux, sur lesquelles Fischer n’a pas su capitaliser, la part belle ayant été donnée aux errements psychiques, puis moraux, puis psychologiques, de l’héroïne. N’ayant pas été plus touché que cela par les malheurs de Glavie, j’aurais en revanche apprécié en savoir plus sur le passif du mystérieux autant que masochiste Seigneur Tarvarius et de son choker en fils barbelés. Fischer tenait là une piste intéressante, l’exorcisme de la piteuse performance de leur Légion primogénitrice durant l’Hérésie à travers une philosophie particulière s’avérant être une idée digne de considération, et qui ne demandait qu’à être développée plus avant3. Malheureusement, nous n’en saurons pas plus cette fois-ci. Ceci dit, s’il continue sa montée en puissance, la troisième publication de notre homme devrait envoyer de la céramite.

1 : TGC(S)M
2 : TGCC
3 : On peut noter la très grande ressemblance, tant en termes d’héraldique que de mentalité, entre les Doom Eagles et les Storm Wings. La différence majeure entre ces deux Chapitres est que le premier descend des Ultramarines, et le second de la Raven Guard.

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The Emperor’s Light – Leahy :

INTRIGUE:

Alors qu’ils approchent de la Station Mausolus, forteresse tenue par la Death Watch au milieu d’un champ d’astéroïdes, l’Inquisiteur Deavos et les membres de sa suite finalisent leurs préparatifs pour une mission s’annonçant des plus délicates: convaincre les revêches moines soldats gardant le lieu de leur remettre l’arme secrète qui dort dans les cryptes de Mausolus. La raison motivant le besoin impérieux qu’éprouve Daevos de mettre la main sur ce qui semble être… un Paria, n’étant pas clairement défini dans les six pages de The Emperor’s Light1, le lecteur en est quitte pour une rapide présentation des différents spécialistes opérant aux côtés de l’Inquisiteur, et plus particulièrement de la sestra Silvana. Cette dernière semble être en froid avec son employeur, ce qui ne l’empêche pas d’obéir à l’ordre qu’il lui donne d’aller préparer ses sœurs en vue du déroulement de la mission. Transformées en archo-flagellantes en expiation d’un crime lui aussi passé sous silence, mais dans lequel on devine l’implication de Daevos en personne, Solvana et Sulvana se sont éveillées de leur sommeil béat, et attendent les bons soins de leur aînée afin d’être les plus belles pour aller purger. Trouveront-elles un bon parti parmi les gentlemen célibataires de Mausolus? That, my friends, is the question.

AVIS:

Nous ne saurons peut-être jamais ce qui attend l’Inquisiteur Daevos et sa suite dans les ténèbres de la Station Mausolus. Notre fine équipe a-t-elle seulement réussi à rejoindre bon port, ou s’est elle faite désintégrer par la garnison Death Watch en chemin? Ce ne serait pas la première fois que les farouches Xenocidaires ont éconduit une visite de courtoisie, même initiée par la plus haute autorité qui soit, m’est avis. Après tout, personne n’aime qu’on lui ordonne de ranger sa chambre (militante de l’Ordo Xenos). La tragédie entourant les sœurs de Silvana restera également secrète, et c’est bien dommage car cette intrigue en particulier exsudait de capiteux relents de trucs pas jojo, et promettait de jouer un grand rôle dans la suite des événements. Bref, nous n’en saurons pas plus, et c’est regrettable, car ces débuts étaient prometteurs. Good night, sweet prince.

: Peut-être que notre Inquisiteur était simplement jaloux du fait que toutes les stars de la BL disposent de ce petit accessoire fashion, et lui non.

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The Thirteenth Psalm – P. Fehervari :

INTRIGUE:

The Thirteenth PsalmFehervari entraîne le lecteur dans les pas du Chapelain Castigant Bjargo Rathana, du Chapitre des Angels Penitent, alors que ce dernier médite gravement devant une rédaction des plus compliquées. Non pas que le brave Bjargo passe son bac blanc de français et ait fait l’impasse sur le commentaire composé et la dissertation : il s’agit pour lui de trouver la bonne approche pour mettre hors d’état de nuire une relique impie, le miroir d’Athazanius, qui, à sa grande honte, a été façonné par ses prédécesseurs, au temps où les Angels Penitent s’appelaient encore Angels Resplendent.

Narré sous forme de flashbacks « centripètes » (se rapprochant de plus en plus de l’instant présent, qui voit Rathana rire de se voir si beau en ce miroir), The Thirteenth Psalm nous embarque dans une expédition de la Compagnie de l’Absolution, bande de joyeux drilles ayant fait voeu d’écumer la galaxie à la recherche des oeuvres d’art dispersées par le Chapitre à l’époque où l’option Craftbooking/Macramé/Flûte à Bec était obligatoire dans le cursus des aspirants, et cherchant ainsi à racheter les moeurs dissolues de leur confrérie, tant aux yeux de l’Empereur qu’à ceux du mystérieux Martyr Immortel, sorte de Calvin puissance 40.000, ayant récemment réalisé une OPA hostile sur Malpertuis (le monde chapitral des Angels), et convaincu les Astartes que l’art, c’était mal1. Incarnation vivante, et odoriférante (serment de sainte craditude oblige2) du nouveau converti zélé, Bjargo Rathana était un des artisans les plus doués des Angels Resplendent avant la Purge, ayant depuis laissé son passé de sculpteur de pierre derrière lui, pour devenir Chapelain Castigant, membre de la Couronne d’Epines, instance dirigeante des Angels Penitent, et patron de la Compagnie de l’Absolution.

Ayant localisé ce fameux miroir sur le monde glacé d’Oblazt, dont la proximité avec le Golfe de Damocles et l’empire bleuâtre qui s’y love (nan, je ne parle pas d’Ultramar) a généré une insurrection en bonne et due forme contre l’Imperium, Bjargo emmène une poignée de ses hommes à la surface de la planète pour une mission de déménagement un peu spéciale. La glace en question étant devenu la propriété de la Konteza Esseker, sorte d’Elisabeth Bathory du 41ème millénaire, et jamais la dernière pour organiser une orgie décadente dans son petit F666 de Zakhalin, sobrement nommé le Foyer de la Concupiscence (la Villa Sam’Suffit étant déjà prise par les voisins de gauche), Bjar Bjar Inks et ses potes optent pour le porte-à-porte, et sont rapidement plongés dans un dédale chaotique… à tout niveau. Malgré l’absence de la maîtresse de maison et l’état de décomposition avancée de tous les invités de la dernière petite sauterie organisée par Mam’ Esseker (plus adepte de la cryogénisation et de l’éviscération de crémaillère que de sa banale pendaison), les Anges trouvent malgré tout à qui parler, c’est à dire à eux mêmes, l’ambiance délétère, les motifs psychédéliques du lino de la salle de bain, et peut être la maléfique influence du fantôme de la Konteza, ayant rapidement raison de la raison du frère Veland, dont l’écart de conduite coûte la vie à deux de ses compères (Laurent3, prude puceau, et Salvatore, brosseur à sec impénitent) avant que Bjargho unchained ne se déchaîne, puis enchaîne sur la rédaction (nom du rituel de fracassage d’une œuvre d’art) en elle même.

Ebranlé dans sa foi par la corruption expresse d’une de ses charges, ainsi que par la duplicité de certains de ses frères d’armes, ayant poursuivi leurs activités artistiques extra-scolaires malgré l’interdiction formelle du conseil de classe (fourberie en partie démasquée par le miroir d’Athazanius, qui a le pouvoir de révéler la vérité profonde à celui qui le regarde) Rathana vacille dans ses certitudes. Si la Compagnie de l’Absolution, et jusqu’à l’élite du Chapitre, la Garde des Epines elle-même, comptaient des brebis galeuses, n’est-ce pas la preuve de l’échec patent des Chapelains Castigant à purger le passé des Angels Resplendent ? Ne devrait-il pas épargner, au moins temporairement, cette relique pour sonder la pureté de Angels Penitent, et exposer les tartuffes et les hypocrites au grand jour ? Mais s’il endosse l’habit du juge des consciences de ses frères, ne doit-il pas d’abord s’assurer que lui-même, autrefois pécheur parmi les pécheurs, est désormais exempt de toute tache ? C’est sur cette question lourde de conséquences que se termine The Thirteenth Psalm, alors que Rathana déclipse arrache le masque de fer rituel qui lui couvrait le visage et lève les yeux vers le miroir d’Athazanius afin de prendre la mesure de qui il est vraiment.

AVIS:

N’étant pas familier des travaux de Peter Fehervari, malgré une bibliographie BL déjà conséquente, cette nouvelle m’a très agréablement surpris. Rare en effet sont les auteurs à réussir à rendre intéressant leurs « histoires de Space Marines », pour mettre un nom – certes simpliste – sur cette catégorie de soumission typique du catalogue de la maison d’édition de Nottingham. La faute a une tendance aussi lourde que répandue à tout miser sur des scènes d’action généralement peu inspirées, sans chercher à donner un peu de contexte et de profondeur aux actions des surhommmes en armures énergétiques obligeamment convoqués par l’auteur, et dont le nom, le Chapitre et les motivations sont trop souvent aussi interchangeables que les charnières du XV de France sous le mandat de Jacques Brunel (il y a de fortes chances que cette comparaison vieillisse mal – comme Jacques Brunel – mais puisque cette chronique a été écrite pendant un tournoi des VI Nations calamiteux, autant que les avanies bleues servent à quelque chose). Dans l’histoire récente de la BL, ce fut ainsi la pénible saga Silver Skulls de Sarah Cawkwell (Hammer & Bolter) qui eut le douteux privilège de faire vivre ce genre ô combien casse-gueule, sans grand succès d’ailleurs. Loin de sombrer dans les mêmes poncifs éculés, Fehervari signe un travail des plus intéressants, qui pourrait bien réconcilier les lecteurs les plus blasés de la BL (dont votre humble serviteur fait partie) avec le protagoniste Adeptus Astartes. Comment s’y est-il pris ?

Tout d’abord, en prenant soin de doter sa confrérie génétiquement modifiée d’un background aussi riche qu’intrigant. Je ne connaissais pas les Angels Resplendent/Penitent avant de commencer The Thirteenth Psalm, et je ne sais pas s’il s’agit d’une création originale de Fehervari, ou d’une remise à jour d’un obscur bout de fluff, mais force est de constater que ces petits gars ont un historique des plus intéressants. Un Chapitre Space Marines qui préfère se dédier à la création artistique plutôt qu’à la destruction aveugle ? Ma foi, pourquoi pas ? Ce sont des descendants de Sanguinius après tout, Primarque esthète et progressiste s’il en était (le contraire eut été étonnant de la part d’un psyker mutant, ceci dit). Une purge initiée par un mystérieux prophète, dont on ne sait pas bien pour le moment s’il s’agit d’un véritable saint ou d’un suppôt des Dieux Sombres en mission d’infiltration (et c’est ça qui est bon !), et qui a transformé les préraphaélites en philistins obtus et intolérants ? En voilà une riche idée ! J’ajoute que le concept de la Compagnie de l’Absolution, Monuments (Uber)Men d’un genre un peu particulier, est une jolie trouvaille, qui fait écho aux honteuses tribulations des Dark Angels à la recherche de leurs sales secrets de famille. Un schisme quasi certain, mais tenu secret, entre les Penitent pur jus et Resplendent reformés (d’autant plus que le Maître du Chapitre n’était pas sur Malpertuis au moment de l’arrivée du Martyr Immortel, et qu’il risque de ne pas aimer du tout le virage pris par ses ouailles si/quand il reviendra au bercail), chacun étant persuadé de la justesse de sa cause et de l’hérésie de ses adversaires ? Je signe des deux mains. Ajoutez à cela un nappage considérable de détails fluff sur l’histoire des Angels avant et après leur épiphanie forcée, et vous obtenez du Space Marine de littérature sur-choix. Je n’hésiterai même pas à dire qu’il y a des Chapitres au pedigree bien plus impressionnant que les Angels Resplendent/Penitent qui s’avèrent être au final bien plus fades à voir évoluer que ces petits nouveaux, c’est dire.

En plus de cela, on peut reconnaître au gars Peter une maîtrise consommée de l’écriture de nouvelle, ce qui ne gâche rien. Certes, ce n’est pas du Lovecraft ou du Maupassant, mais force est de constater que le type mène sa barque avec autorité et distinction. On comprend sans équivalence possible que Fehervari a choisi de livrer sa version de la maison hantée (ce qui est déjà un accomplissement quand on connaît la tendance du contributeur moyen de la BL à balancer des idées sans se donner la peine de les déployer de manière sérieuse), et il se tient à son cahier des charges de manière appliquée, mais pas scolaire, pour un résultat convaincant. L’utilisation de la narration en flashback, la bonne exploitation « cinégénique » (lirez et vous comprendrez) des caractéristiques du miroir de l’Etirév, et la conclusion sur un cliffhanger bien posé, sont autant de « complications littéraires » venant enrichir l’expérience de lecture, pour un résultat que j’ai trouvé captivant d’un bout à l’autre. J’espère donc que cet arc narratif se poursuivra dans les années à venir, par nouvelles, novellas ou romans interposés, afin que nous puissions avoir le fin mot de l’histoire tragique des Angels Penisplendent.

1 : Et pourtant, on ne peut écrire Astartes sans « art ».
2 : Il a fait voeu de ne jamais laver ou entretenir son matériel jusqu’à la fin de sa pénitence (ce qui le rapproche de ce bon vieux Reinez des Crimson Fists, tel que décrit par Ben Counter dans sa série Soul Drinkers)… because of reasons. L’odeur doit être suffisante pour faire fuire les vaisseaux mondes Eldars à des années lumières à la ronde.
3 : Oui, il s’appelle vraiment comme ça. Et sur un million de Marines, il y a fort à parier qu’on puisse aussi trouver des frères Norbert, Polycarpe et Jean-Kevin.

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What Wakes in the Dark – M. A. Drake :

INTRIGUE:

Affecté à la surveillance de la zone tampon séparant l’Imperium des sinistres Etoiles Fantômes, le sergent Achairas du Chapitre des Death Spectres est sujet à un rêve humide1, qui le pousse à rejoindre la station de recherche de Thirsis 41-Alpha, afin d’investiguer sur les raisons du silence de mauvais augure qui frappe le lieu depuis quelques semaines. Faisant équipe avec l’Inquisiteur Senerbus Astolyev de l’Ordo Xenos et le Magos Explorator Vemek, dont la coopération a permis la mise en place de la station, Achairas a tôt fait de se rendre sur place en compagnie de son escouade et des VIP susnommés, afin de tenter de tirer les choses au clair.

Accueillie par les cadavres mutilés d’une bonne partie du personnel de la station, la fine équipe se perd en conjonctures explicatives et suppositions érudites à même de justifier ce massacre, jusqu’à ce qu’elle tombe dans une embuscade de techno-adeptes un peu trop fans d’Edward au Mains d’Argent au goût de notre taskforce, qui administre aux faquins la paix de l’Empereur avec une brutale efficacité. Cette péripétie permet en tout cas de lever un peu le voile de mystère entourant Thirsis 41-Alpha, les scions corrompus du Mechanicus ayant tous le nom de Llandu Gor aux lèvres (ou aux enceintes, pour les plus tunés d’entre eux). Si on ajoute à cela que la joint venture Mechanisitoriale avait pour mission de percer à jour les secrets d’une construction Xenos vieille de plusieurs millions d’années et constituée d’un métal disposant de capacités auto-régénératrices d’un grand intérêt technologique, il ne fait plus guère de doute pour le lecteur avisé que vous êtes qu’Achairas et Cie ne vont pas tarder à goûter à la proverbiale hospitalité necrontyr, reconnue à sa juste valeur à travers toute la galaxie.

Malheureusement pour nos héros, la mauvaise couverture wifi du secteur de Tharsis les empêche de checker le Lexicanum en temps et en heure, et c’est sans plus d’informations qu’ils pénètrent à l’intérieur de la structure Xenos, cherchant à comprendre la cause de l’activité électromagnétique croissante qui est reportée sur leurs auspex. Accueillis par des ténèbres stygiennes, des dimensions non-euclidiennes, une décoration d’intérieure très clivante, et une gardienne Canoptek aussi insaisissable que tranchante dans ses interventions, les Impériaux doivent de plus composer avec des tensions de plus en plus fortes entre Astolyev et Vemek, le premier soupçonnant le second d’avoir trempé dans l’usurpation de son compte admin, utilisé de manière frauduleuse pour autoriser l’entrée des équipes de recherche dans la structure nécron. Bien que jurant sur le processeur du Fabricateur Général (le serment le plus grave qu’un suivant de l’Omnimessie puisse faire) qu’il n’y est pour rien, Vemek a tout de même trouvé plus prudent de suivre l’expédition par servo-crâne interposé, et ses remarques admiratives à propos du potentiel technologique Xenos, tout autant que son insistance à capturer des spécimens de Roomba V3-Kρον qui semblent servir de service d’entretien2, contribuent à jeter le trouble sur les véritables allégeances du Magos renégat.

Au terme d’une descente éprouvante, les survivants débouchent sur ce qui ne peut être décrit que comme la salle du réacteur, et doivent se rendre à l’évidence : l’édifice était une tombe, la tombe était un vaisseau spatial, et le vaisseau spatial est sur le point de décoller. Résolu à empêcher ce qu’il considère – à raison – comme une nouvelle menace pour l’Imperium de partir folâtrer dans les plates-bandes de Pépé, Achairas convainc l’Inquisiteur de lui prêter la grenade vortex que ce dernier avait intelligemment emmené avec lui (dans le pire des cas, ça peut servir à déboucher les chiottes de l’appart’ d’un pote, et s’éviter ainsi une conversation gênante) et de remonter à la surface pour organiser la riposte de l’Imperium contre ce menaçant OVNI, pendant que lui et ce qu’il reste de son escouade mèneront un baroud d’honneur pour tenter de casser le joint de culasse, saboter la courroie de transmission, sucrer le réservoir, ou tout autre moyen menant à l’immobilisation du véhicule suspect. Cette juste répartition des tâches est toutefois compliquée par l’arrivée impromptue de Vemek et ses skitarii, fervents adeptes de la méthode douce en dépit du peu de succès qu’elle a rencontré jusqu’ici. Ce qui doit arriver arrive, et notre triumvirat impérial implose dans la joie et la bonne humeur, sous le regard inexpressif mais certainement interloqué des Nécrons qui se rassemblent non loin pour mettre fin à la fête.

Laissant Astorlyev et Vemek régler leur querelle de couple de leur côté, Achairas tente une relance depuis ses 22 pour apporter sa sainte grenade en terre promise, bien que les trombes d’eau lui faisant office de bande son indiquent clairement que sa tentative a peu de chance de réussir3. Stoppé dans son élan par un raffut brutal assené par le Seigneur Nécron de garde, le Death Spectre a le chagrin de périr son devoir non accompli, sa grenade s’avérant au final n’être qu’un vulgaire litchi. De son côté, Astorlyev réussit à émerger du tombeau en compagnie de la dernière de ses goons, ayant eu la satisfaction de carbiner au passage Vemek le vil. Profitant de la relative léthargie du croiseur Xenos, qui s’extrait pesamment de sa gangue de roche, l’Inquisiteur parvient à regagner le vaisseau qui l’attend en orbite de Tharsis 41-Alpha, et s’éclipse sans tarder afin d’apporter la mauvaise nouvelle au Segmentum Ultima : they are back.

AVIS:

Soumission plus qu’honorable pour l’ami Drake, qui n’avait pourtant pas choisi la facilité en combinant deux des partis pris les plus tartes à la crème de la littérature 40K : l’utilisation de Space Marines (qui plus est, d’un Chapitre relativement peu connu) comme protagonistes d’une part, et l’exploration d’une Nécropole Nécron d’autre part. Bien que What Wakes In The Dark ne soit pas une expérience littéraire marquante, ce n’est pas non plus le fiasco que tout lecteur familier du catalogue de la BL était en droit de redouter, au vu des nombreuses nouvelles d’un niveau médiocre ayant tenté de capitaliser sur l’un ou l’autre de ces hypothèses au fil des ans. Bien que l’on n’échappe ni aux scènes de baston « Astartes Approved » (efficacité brutale : check ; supériorité par rapport aux humains normaux : check ; capacité à endurer des blessures mortelles : check ; perte occasionnelle pour montrer que l’ennemi est très dangereux : check ; bravoure suicidaire du héros : check), ni au schéma classique d’une excursion dans un sépulcre necrontyr (Phase 1 : « On va se faire un fric dingue avec ces reliques ! » ; Phase 2 : « C’est quoi cette lumière verte qui s’allume tout d’un coup ? » ; Phase 3 : « Macragge, nous avons un prob- »), l’inclusion par Drake d’éléments annexes venant enrichir son propos permettent à ce dernier de sombrer dans l’océan de platitudes bourrino-grimdark dans lequel tant de contributions précédentes ont coulé corps et bien. Citons par exemple la large place dédiée au fluff des Death Spectres, Chapitre de la Fondation Maudite dont le système de gouvernance et la philosophie morbide sont autant d’aspects distinctifs, et donc intéressants, par rapport aux hordes de confréries vanilles bénéficiant de temps à autre d’un coup de projecteur de la part de la Black Library. Autre bon point : la fragile alliance entre un Inquisiteur radical et un Magos renégat, qui permet d’ajouter une dimension thriller au récit lorsqu’il devient évident que l’intérêt des deux parties n’était pas aussi partagé qu’il n’y paraissait. Enfin, l’utilisation du virus Dépeceur du côté des Terminators comateux vient donner une (légère, mais bienvenue) profondeur supplémentaire à ces derniers, dont la sempiternelle perfection mécanique se trouve battue en brèche par les effets débilitants du cadeau d’adieu de ce mauvais joueur de Llandu’Gor. Bref, une nouvelle très correcte pour notre rookie, qui devrait servir à l’instruction des prochaines promotions des bébés BL, histoire de leur montrer comment réussir une « figure imposée » se déroulant dans les ténèbres d’un lointain futur, où il n’y a que la guerre des histoires de Space Marines.

1 : La culture des Death Spectres, confrérie de surhommes passablement pessimistes, voire nihilistes, est profondément marquée par la Rivière Noire d’Occludus (leur monde chapitral), qui sépare les vivants des morts. Le fait que le bureau du Maître du Chapitre se trouve du « mauvais » côté du fleuve est révélateur du rapport très sain que les Spectres entretiennent avec le concept de mortalité. Lorsque leur fin approche, ou lorsqu’une situation potentiellement mortelle se présente, les membres du Chapitres entendent distinctement couler la Rivière Noire au fond de leur esprit.
: Avec autant d’efficacité que leurs contreparties humaines, à savoir qu’ils passent leur temps à tourner en rond en se percutant, et à déplacer la poussière matière d’un point A à un point B au lieu de l’aspirer proprement. Il y a des problèmes si complexes que même les C’Tan ne peuvent les résoudre.
3 : Fun fact : Depuis qu’un problème de fuite d’une chasse d’eau du dortoir des Néophytes Death Spectres a conduit au suicide d’une promotion entière d’aspirants, ayant cru à tort que leur dernière heure était arrivée, le Menrahir a fait installer des toilettes sèches dans la forteresse chapitrale.

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Solace – Lyons :

INTRIGUE:

Séparés du reste de leur régiment et coupés de la civilisation après un accrochage avec des Exodites Eldars refusant obstinément d’évacuer leur ZAD, le Garde de Fer Maximillian Stürm et les survivants de son escouade errent dans la jungle de Silva Proxima, à la recherche d’un endroit sûr pour passer la nuit. Coup de chance pour nos bidasses bien éprouvées, elles tombent au détour d’un bosquet sur un cadavre de Zoneille pendu à une branche (ce qui fait chaud au cœur), signe irréfutable que des gens de bonnes et saines mœurs ne sont pas loin. Et en effet, c’est le petit village de Solace qui se dresse dans une clairière toute proche, bastion d’irréductibles colons résistant encore et toujours à l’envahis… à non, c’est vrai, ce sont eux les envahisseurs. En tout cas, les Solaçois ont semble-t-il trouvé un moyen de tenir en respect leurs acariâtres voisins, ce qui intrigue nos Mordians, mais ne les décourage pas d’accepter l’hospitalité gracieusement offerte par le Magister Gideon Lymax, shérif en titre de la communauté.

Amenés au saloon local pour se remettre de leurs émotions, nos héros font la rencontre de deux autres figures d’importance, le Vieux Jerebeus, qui donnait sa fête d’adieu au même moment, et la jeune Alyce, candide et blonde fillette adoptée par Solace après le décès prématuré de ses géniteurs. Quelque peu fatigués par la dure journée qu’ils viennent de vivre, et ne pouvant de plus pas boire pendant leur service, les Mordians décident d’aller se pieuter sans tarder, et se séparent en deux groupes : les valides avec Stürm, tandis que le Sergent Kramer, blessé par un tir de boule de pétanque « shurikenée », est accompagné à l’office du médecin de Solace par le garde Zolansky (Stürm, Kramer, Zolansky… Mordian, c’est le Märkisch-Oderland en fait). Malgré la fatigue, Max n’arrive pas à trouver le sommeil et décide d’aller rôder en ville pour tenter de percer le secret de la potion magique ayant permis aux habitants de Solace de tenir en respect les Eldars.

Peu habitué aux missions d’infiltration, il se fait toutefois gauler en quelques minutes par une Alyce elle aussi en vadrouille (le couvre-feu est un concept assez vague pour les bonnes gens de Solace), et fermement renvoyé repasser sa capote et cirer ses godillots par un Lymax pas dupe des motivations de son remuant invité. Nullement découragé par ce premier échec, Stürm réussit à localiser l’infirmerie pour faire part à ses camarades de ses suspicions, mais ne peut que constater la disparition de son sergent et le décès de Zolansky (dans les films allemands, c’est toujours les Polonais qui meurent en premier, c’est connu), avant de devoir défendre sa vie contre une bande de Solaciens résolus à garder leurs secrets intacts. Capturé après une brève algarade et placé en cellule de dégrisement, notre héros apprend de la bouche de Lymax que les Mordians vont être utilisés par les locaux dans le cadre d’un pacte mystérieux, expliquant la subsistance du village dans une jungle grouillante d’Eldars. À l’aide d’un chantage au suicide savamment orchestré (vous ne pouvez pas me tuer si je suis déjà mort, na !) et d’un nœud de galère réalisé avec art, Stürm parvient à tromper la vigilance de l’adjoint, et sort de sa geôle à temps pour assister au rituel des Solaçais, avec Kramer dans le rôle du dindon de la farce. À chaque nouvelle lune, un sacrifice doit en effet être réalisé pour renouveler la protection dont bénéficie Solace, et l’arrivée des hommes en bleu de GDF a offert un sursis bienvenu aux candidats au suicide altruiste, le Vieux Jerebeus en tête.

Réalisant qu’il n’a aucune chance de réussir à libérer son supérieur des intentions homicidaires d’une centaine de villageois avec un chargeur de seulement 6 balles (on ne plaisante pas avec l’option maths sur Mordian), il se résout à offrir une mort digne à Kramer… mais le rate. Pas le temps de recharger qu’Alyce, décidément insomniaque, lui tombe sur le râble. Entre le Garde de Fer et la fluette fillette, le combat est bien sûr inégal, l’un des deux se révélant être un psyker de haut niveau. Avant qu’Alyce ne puisse lui sortir le coup du lapin (blanc), Stürm réussit toutefois à ajuster un tir fatal, avec des conséquences aussi définitives pour la mutante, qui passe de l’autre côté du miroir l’arme à gauche aussi sec, que pour le reste des habitants de Solace, soudainement à la merci des intentions monkeighcides des Eldars, qui n’attendaient que ça pour payer à leurs chers voisins une visite de courtoisie. Dans le chaos qui s’ensuit, Stürm arrive trop tard pour sauver son sergent du couteau de Jerebeus, qui voulait voir si l’opération avait une chance de réussir sur un malentendu (avec le Warp, on ne sait jamais), et se prend un pruneau dans le buffet pour la peine. Mis en joue à son tour par un Lymax peiné par la tournure prise par les évènements (on le serait à moins), Max ne doit son salut qu’à l’intervention fortuite d’un surineur Exodite1, laissant notre héros libre de se frayer un chemin jusqu’à ses camarades survivants, et laisser Solace à son triste destin. Il faut choisir ses combats.

AVIS:

Soumission 40K mâtinée de western et de rednecksploitation2, Solace est une variation intéressante proposée par Lyon au format classique de la nouvelle BL, comme The Shadow in the Glass (Hammer & Bolter #16) l’avait été quelques années plus tôt, sur un autre registre (le fantastique pur). Plus que son intrigue (facilement résolue par le lecteur un tant soit peu averti), ses personnages (tous plus ou moins stéréotypés, y compris Alyce, la triplette Apex perdue) ou ses apports en termes de fluff (assez limités), c’est donc son atmosphère particulière qui fait le charme et l’intérêt de cette petite mignardise littéraire, dont Lyons s’avère être un pourvoyeur régulier.

1 : Sous la plume de Lyons, les Zoneilles bénéficient d’une animation à 40K FPS, les rendant quasi indétectables à l’œil nu pour de simples humains. De l’initiative 4 de film d’action !
2 : Le nom de Solace – réconfort – est d’ailleurs sans doute un clin d’œil à Deliverance ­­– …vous allez trouver, je vous fais confiance – , film culte de John Boorman sorti en 1972, dans lequel un quatuor de citadins doivent composer avec une nature et des natifs hostiles lors d’une expédition en canöe.

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The Turn of the Adder – J. C. Stearns :

INTRIGUE:

Turn of the AdderStupeur et tremblements au sein de la Cabale du Lotus Acéré (Bladed Lotus1). Leurs alliées Cérastes du Labyrinthe de Jade ont soudainement fait défection pour rejoindre les rangs des disciples du nouveau Dieu des Morts Eldar, les privant des bénéfices promis par la vente des prises de leurs derniers raids (laisser les femmes marchander pour obtenir les meilleurs prix, ça marche aussi chez les Drukaris) en plus de les faire passer pour des abrutis auprès du tout Commoragh. Le ridicule étant une arme de destruction massive dans la société Eldar Noir, le patriarche de la CLA, K’Shaic, n’a d’autre choix que de déclarer une vendetta expresse et définitive contre les nouvelles converties afin de laver dans le sang l’impardonnable affront. Il peut compter pour celà sur le soutien aussi inconditionnel qu’intéressé – les deux n’étant pas incompatibles – de ses deux fils, Qeine et Naeddre, dont la pas si saine que ça rivalité pour obtenir ses faveurs et se placer en pôle position pour lui planter un klaive dans le dos est une source d’éternel amusement pour le vieil Archonte. Chargeant les deux garnements de libérer le chemin de la place forte ennemie en prenant les deux garnisons défendant l’accès à cette dernière, K’Shaic embarque sur son trimaran de combat et donne rendez-vous aux frangins sur le champ de bataille.

Optant pour le benjamin (Naeddre), Stearns entraîne le lecteur à la suite de ce dernier et de ses troupes alors qu’ils partent à l’assaut des positions Ynnari. Ne pouvant rivaliser avec la richesse, l’influence et le prestige de ses père et frère, Naed’ a choisi de se démarquer en devenant un caïd de banlieue, chevauchant un surf custom à la guerre et recrutant ses suivants parmi la mauvaise société (mais y en a t-il une bonne ?) Drukhari, Hellions en tête. Ces fréquentations plus que limite ne l’empêchent pas de prendre assez facilement pied dans le périmètre ennemi, où il a la surprise de rencontrer des cousins BCBG d’un Vaisseau Monde voisin, venus apporter leur aide aux Cérastes en leur heure de besoin. Ayant proprement trucidé une petite escouade de Rangers dont l’erreur aura été d’amener un fusil de sniper à un combat au couteau, Naeddre constate bientôt, non pas une perturbation dans la force, mais une fadeur suspecte de l’âme de ses victimes, en partie siphonée par une source inconnue avant qu’il n’ait pu en tirer la substantifique moelle. Bizarre autant qu’étrange.

Un peu plus loin, notre punk à Khymeræ, rejoint tant bien que mal par un trio d’Incubes agissant comme ses chaperons sur ordre de son père aimant méfiant, se fait embusquer par un Scorpion Foudroyant prêté lors du mercato d’été par le FC Karandras, dont le prosélytisme manifeste épargne à Naeddre de commencer sa partie d’1 2 3 Slaanesh de manière prématurée. Visiblement plus intéressé par le recrutement d’un jeune cadre dynamique comme notre héros au bénéfice de sa cause que par des préoccupations bassement matérielles telles que la victoire ou la survie, l’affable Scorpion pousse même la gentillesse jusqu’à s’empaler sur sa propre épée tronçonneuse pour démontrer par l’exemple et l’absurde qu’Ynnead est bien capable de capter les âmes de ses suivants avant que la Goulue ne puisse y planter les crocs. Fort aimable de sa part, n’est-ce pas ? Convaincu par cette démonstration imparable, Naeddre, qui entendait lui aussi des voix depuis quelques temps, décide qu’il est temps pour lui de faire son com(moragh)ing out et décrète la fin des hostilités contre les Ynnari, exécutant au passage le dernier Incube financé par son paternel, estimant avec raison que ce dernier n’allait certainement pas approuver son choix2.

La suite et fin de The Turn of the Adder voit Naeddre et ses gangers prendre les forces caballites à revers, ce qu’elles apprécient moyennement, n’en déplaise à la culture populaire et aux blagues potaches des Primaris, au cri de « L’avenir appartient aux Aeldari ». Fureur et balbutiements de la part de K’Shaic, qui n’avait pas vu le coup venir et dégaine sa sandale (électrique) pour corriger le galapiat. Les choses manquent de mal se passer pour notre héros, violemment tasé pendant la passe d’armes et laissé plus tremblant qu’un oscillographe parkisonien par l’expérience, mais son éloquence enfiévrée et son attitude badass ont heureusement convaincu l’une des sous fifres de l’Archonte de rejoindre sa cause, avec des conséquences fâcheuses pour l’intégrité physique de ce dernier. À K’Shaic, à K’Shaic, à K’Shaic ? Aïe aïe aïe. Vainqueur par KO, mais n’ayant pas réussi à empêcher son frère de lui piquer la moitié de la cabale dans l’opération, Naeddre devra désormais trouver les meilleurs moyens de servir sa nouvelle cause, mais ceci est une autre histoire…

AVIS:

Ayant abandonné depuis longtemps le suivi régulier des évolutions du fluff via l’ingestion des parties background des suppléments de jeu publiés par GW, je suis personnellement reconnaissant à Stearns de contribuer à me maintenir un tant soit peu aux prises avec les bouleversements frappant le Sombre Imperium depuis quelques décennies. L’ascension des Ynnari, entre autres choses, m’était ainsi passée au dessus de la pierre esprit, ce qui, avec le recul apporté par la lecture cette nouvelle et de quelques articles du Lexicanum, était plutôt dommage en raison du potentiel fluffique et narratif de cette faction de Zoneilles « unifiés ».

Le principal mérite de The Turn of the Adder est ainsi selon moi de poser et de répondre à deux questions cruciales pour tous ceux s’intéressant un tant soit peu à la condition Eldar au 41ème millénaire, à savoir : « tous les Aeldari ont-ils entendu l’appel d’Ynnead ? », et « est-on sûr que ce nouveau Dieu n’est pas un bon gros clickbait de Slaanesh pour se goinfrer d’âmes candides ? ». Même si le statut de rookie de Stearns doit inciter le lecteur à ne pas graver dans le marbre la vision qu’a JC de ces problèmes, force est de constater que sa démonstration est plutôt convaincante, ce qui est suffisant pour justifier une lecture « académique » de cette nouvelle. À côté de ça, les quelques détails fluff Eldars Noirs à grappilller dans le texte ne gâchent rien non plus, tout comme le potentiel héroïque de Naeddre, qui vaut largement celui d’Yvraine, la nouvelle tête de gondole des personnages nommés Eldars. Affaire à suivre…

1 : Fun fact : Cette cabale tire son nom et sa réputation de cruauté de l’idée de son premier Archonte de dissimuler des lames de rasoir dans les feuilles du papier toilette utilisé par ses ennemis.
2 : Et il fait bien de tirer avant de discuter, au vu du faible niveau rhétorique du gorille en question, adepte décomplexé du « c’est celui qui dit qui y est ». Pathétique.

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The Unsung War –  D. Annandale :

INTRIGUE:

The Unsung WarAnnandale propose un huis clos entre trois factions de 40K dans les entrailles du vaisseau impérial Summons of Faith. À ma droite, l’équipage du cargo, partageant tous une élégante calvitie et hébergeant gracieusement un gang de voleurs de Gênes. À ma gauche, une cabale Drukhari qui faisait du stop le long de l’Immaterium et a sournoisement investi les lieux quand le pilote du SoF a dû ralentir pour négocier un virage en épingle (tout est possible dans le Warp). Et au milieu de ce conflit latent entre propriétaires et locataires, trois honnêtes citoyens de l’Imperium, auxquels il reviendra la lourde tâche de calmer les ardeurs belliqueuses de leurs compagnons de croisière : Sebastia Hoven, alias le Rat (ou la Rat(t)e, l’anglais n’est pas clair à ce sujet), SDF kleptomane dont le plan de carrière a jusqu’ici consisté à passer incognito de vaisseau en vaisseau en volant et revendant des cure dents et du papier toilette au passage, et les frères Bogdanov du 41ème millénaire, c’est-à-dire le sergent Primaris Ultramarines Aetius et son sous-fifre Calenus, derniers rescapés d’une escouade d’Intercessors ayant eu le malheur de se lancer dans la purge du Summons of Faith au moment de l’arrivée impromptue des Eldars Noirs, et s’étant retrouvée dépassée par la tournure des évènements.

Notre histoire commence par la libération des deux Über Schtroumpfs par une Hoven dont la capacité à ouvrir des portes et à se matérialiser à côté des consoles de contrôle de manière aussi infaillible qu’instantanée jouera un grand rôle tout au long de la nouvelle. Terrifiée à égales mesures par les groupies de la Grande Dévoreuse et ceux de la Grande Avaleuse, la Rate, qui a assisté à la défaite et la capture des Ultramarines, décide en effet de la jouer comme Guilliman, comptant sur les gros biscotos de Cubitus et Jean-Claude Dusse pour la tirer d’affaire. Sitôt libérés de la cale où leurs geôliers les avaient remisés, et ayant repris possession de leurs fidèles carabolters (obligeamment localisés par une Rate décidément très bien informée), Rambo et son frère mettent au point une stratégie pour triompher de leurs adversaires malgré le très net désavantage numérique avec lequel ils doivent composer. Leur plan, d’une imparable simplicité, consiste à libérer l’équipage et leurs mascottes Xenos, eux aussi confinés dans la soute après le putsch des Drukhari, et de profiter de l’explication de texte qui ne manquera pas de s’en suivre pour achever les survivants de l’algarade.

Joignant l’action à la réflexion, Olibrius et Cirque Arlette Grüss pètent quelques cloisons à coups de bombes à fusion et partent s’embusquer à proximité de la salle de commandement. Ils n’ont pas à attendre longtemps avant qu’une horde de chauves, pas vraiment souriants, ne fasse son arrivée sur les lieux, insulte à la lèvre et acte d’expulsion à la main. En face, les scions de Commoragh, guère disposés à quitter leur Blablacar avant d’être arrivés à bon port, ont d’abord la partie facile, mais l’arrivée opportune de Château Petrus et Canal + et leur ciblage exclusif des Drukhari, ont tôt fait de rétablir l’équilibre des forces. Experts consommés du micromanagement en STR, sans doute grâce à toutes ces soirées passées en LAN sur Starcraft III, nos héros s’assurent qu’aucun camp ne prenne un trop grand ascendant sur l’autre, et retournent leurs vestes (énergétiques) avec un art consommé, ce qui ne les empêche pas de se retrouver en difficulté lorsque Papi Eugène Stiller (beaucoup moins sympa que son arrière-grand-père Ben) décide de passer une tête, puis un bras, puis deux, puis tous, à travers l’intégrité physique des galopins qui tourmentent sa smala. Littéralement éreinté par les fougueuses attentions du One-Man Chauve, Aetius doit se résoudre à jouer son joker (énergétique) pour mettre fin à la partie : à son appel plein de mâles accents, la Rate se téléporte sur le pont, et appuie sur le bouton « toit ouvrant » de la console. Même si on peut se demander pourquoi une option aussi incongrue avait été prise par le commanditaire du Summons of Faith (sans doute une petite mamie du Segmentum Obscurus abusée par un télévendeur peu scrupuleux), force est de constater que le résultat est des plus spectaculaires : comme dans la conclusion de la moitié des films de la série Alien, les odieux antagonistes sont catapultés dans les profondeurs stygiennes et glacées de l’espace infini, laissant nos héros seuls maîtres de la situation1. Hosanna, Magnificat et Biscopea, loué soit Lampe Erreur.

AVIS:

Les hasards de la vie ont fait que The Unsung War a été ma première rencontre littéraire avec les Space Marines Primaris. Après des dizaines de romans et nouvelles à la gloire du « simple » Space Marine lus au fil des ans, j’étais curieux de découvrir le traitement réservé par la Black Library au grand cousin de la tête de gondole de Games Workshop. Tout l’enjeu, de mon point de vue, était de montrer à la fois la proximité et l’altérité de ces deux versions du même modèle, comme cela avait été fait (parfois) entre Astartes « trentistes » et « quarantistes » via les publications de l’Hérésie d’Horus (voir par exemple Bloodline de James Swallow). Présentés dans les Codex et suppléments comme des Super Marines, plus grands, plus forts, plus résistants, mieux armés et équipés que leurs petits frères, les Primaris ne seraient-ils qu’un simple upgrade de ces derniers, ou une différence peut-elle également se percevoir au niveau psychologique (ce qui serait beaucoup plus intéressant que trois organes surnuméraires et un bolter qui tire plus loin, dans l’absolu) ? Dire que je préfère réserver mon jugement définitif sur la question après avoir pu lire d’autres travaux que celui du sieur Annandale suffit je pense à vous donner une idée de ce que j’ai pensé de sa soumission. Comment expliquer ces débuts poussifs ?

À mon sens, c’est la compréhension même d’Annandale de ce qu’est un Astartes (goût vanille ou goût stéroïdes) qui a pêché, état de fait à partir duquel il n’était tout simplement pas possible de bâtir quelque chose de correct. Sans connaître à fond le corpus du bonhomme (mis à part The Carrion Anthem Hammer & Bolter #11, guère folichon il faut le reconnaître, et au cours duquel il s’était déjà illustré par une utilisation assez contrintuitive du fluff établi), ce que j’ai pu lire dans The Unsung War ne le qualifie pas comme docteur es Spacemarinologie. D’un point de vue physique, tout d’abord, les héros d’Annadale se révèlent assez inconstants, capables de tenir tête à un Patriarche Genestealer à un moment, et infoutu de tenir en respect une doublette de Cérastes sans se faire perforer les poumons (et même s’ils en ont trois, ce n’est jamais agréable) à un autre. Leur plus haut fait d’armes de la nouvelle restera d’ailleurs le massacre de quelques serviteurs de réparation lobotomisés, seuls ennemis contre lesquels un clean sheet sera préservé. On remarquera également la non-utilisation des glandes de Betcher par Aetius et Calenus en début de récit, pourtant placés par l’auteur dans une situation (enfermés, désarmés mais laissés sans surveillance) où le recours à cet organe kikoolol était tout indiqué par le Codex.

C’est cependant au niveau mental que les Primaris d’Annadale détonnent le plus. Leur manque cruellement le fanatisme propre aux Astartes, qui aurait pu être moindre que celui des Space Marines classiques, formatés par dix millénaires de lutte implacable pour la survie de l’humanité, quand une certaine « candeur » de la part des nouveaux-venus Primaris n’aurait pas été déplacée, mais pas totalement absent tel qu’il semble l’être dans The Unsung War. Car c’est bien simple, à aucun moment Annandale ne parvient à faire transparaître un tant soit peu de zèle chez ses protagonistes, préférant l’approche scientifique (« il y a trop de variables en jeu pour pouvoir calculer nos chances de succès »), pince sans rire (« ils n’ont pas aimé ça » « alors ils aimeront encore moins ça ») ou fataliste (« laissons-nous mourir de froid dans l’espace au lieu de chercher à rejoindre la capsule d’évacuation et nous mettre en catalepsie pour ralentir l’action des toxines Drukhari, dans l’espoir que nous soyons retrouvés par le Chapitre »). Ajoutez à cela une nette propension de l’auteur de faire parler ses Ultras pour ne rien leur faire dire d’intéressant, et vous obtenez un honnête script de série B d’action, ce qui est un franc gâchis du potentiel intrinsèque de 40K en termes de construction narrative. Finalement, il n’y a que la Rate qui vienne (un peu) relever le niveau du casting, et encore, seulement lors de son introduction par Annandale, qui met en lumière un aspect intéressant, mais assez peu exploité par les auteurs de la BL (Ancient History d’Andy Chambers étant l’une des rares – à ma connaissance – exception à cette règle) du 41ème millénaire : la vie des milliards de serfs navaux (à ne pas confondre avec les cerfs-volants) nécessaires au bon fonctionnement de la flotte impériale. Malheureusement, une fois la libération des Primaris acquise, notre sympathique rongeur sortira largement du cadre, et ne fera plus office que de Deus Rattus ex Machina1 par la suite.

Enfin, on peut aussi s’amuser à relever quelques bourdes éparses de la part d’un Annandale qui faute tantôt par manque de cohérence (comme ces cultistes qu’il présente comme soucieux de reprendre le pont sans l’endommager… et qui arrosent les Drukhari au lance-missile), tantôt par manque de connaissance nerdique (c’est bien beau de mentionner les points de Geller, mais si c’est pour permettre l’abordage d’un vaisseau par un autre pendant qu’ils sont dans le Warp, ça ne relève pas vraiment le niveau). Parfois, tirer sur l’ambulance est le meilleur moyen d’abréger les souffrances d’un patient condamné.

Finalement, The Unsung War n’a pas grand-chose à apporter au lecteur que quelques scènes d’actions potables dans lesquelles figurent des Space Marines, qui se trouvent être des Primaris. Comme ce type de littérature se ramasse à la pelle dans les publications BL, on ne peut pas dire que cette soumission ait un quelconque intérêt, aficionados d’Annandale exceptés. Vous valez mieux que ça, ami lecteur.

1 : Grâce à leurs semelles magnétiques pour Carte à Puce et Ingérence Russe, et grâce à un trou de ver scénaristique pour la Rate, qui s’est glissée dans des passages bien plus étroits dans sa jeunesse, merci pour elle.
2 : On peut se demander, si on veut vraiment pousser le Dav’ dans ses retranchements de scénariste, pourquoi les Primaris se sont embêtés à participer à la baston sur le pont du Summons of Faith, une fois les cultistes sortis de leur quarantaine forcée. Il leur suffisait d’attendre que la Battle Royale soit engagée pour envoyer Hamtaro appuyer sur le bon bouton, au plus fort des combats.

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No Hero – P. McLean :

INTRIGUE:

Engagé dans une campagne désastreuse contre les Orks sur le monde jungle de Vardan IV, le 45ème Reslian reçoit l’ordre tant attendu de l’évacuation du redéploiement de la part du haut commandement, au grand soulagement de notre narrateur (surnommé Boy par ses camarades, peut-être à cause de son jeune âge – 19 ans – mais plus sûrement parce qu’il doit s’appeler Georges) et de ses comparses de la compagnie D. Cette dernière joue cependant de malchance lorsque la Valkyrie-taxi qui devait les transporter jusqu’au spatioport survole une bande de Frimeurs peu fans de Wagner, qui ont tôt fait de transformée la chevauchée en concassée. Ayant survécu au crash avec une poignée d’autres Gardes, Georges entame sans grand enthousiasme son « Rendez-Vous en Terre Inconnue » personnel, les petits aléas de ce genre de trek (chaleur étouffante, pluie constante, boue omniprésente, faune agressive, pièges à cons à base de grenades, scouts incompétents, blagues lourdingues de Frédéric Lopez…) ayant tôt fait de lui courir sur le haricot. Le comble est atteint lorsque nos Mike Horn en herbe se retrouvent embusqués par quelques éclaireurs Orks, rencontre pas vraiment amicale, qui verra toutefois la brute du groupe (Lopata) s’illustrer en un contre un face à un adversaire de son gabarit. Après toutes ces avanies, c’est avec un soulagement non feint que l’ultime quatuor de survivants finit par débouler, de manière totalement fortuite, sur un village humain perdu au milieu de rien. Joie. Ayant abandonné tout espoir d’être secouru par leurs frères d’armes (car la Garde meurt mais ne se rend pas à Ban Kha – en même temps, c’est loin –), les Reslians décident de défendre leurs hôtes jusqu’à la mort… avant de changer d’avis lorsqu’une Valkyrie se décide à pointer le bout de son fuselage. À quoi tient l’héroïsme désintéressé de nos jours, je vous jure. Alerté par un tir de fusée de détresse, l’appareil se pose et repart aussi sec avec nos héros. Tous ? Non. Tel l’irréductible gaulois qui fut peut-être son lointain aïeul, Georges a décidé d’honorer son serment, et est donc resté sur place, prêt à donner sa vie pour la défense de cette insignifiante communauté humaine. En tant que Garde Impérial, pouvait-il faire autrement1 ?

AVIS:

No Hero est une publication intéressante à plus d’un titre. Le choix de McLean d’utiliser la première personne pour relater son récit, choix assez peu usité par les auteurs de la BL, apporte une fraîcheur indéniable à l’exercice, et son style dénote également assez fortement des canons habituels, sans qu’il me soit possible de mettre le doigt sur une caractéristique particulièrement distinctive de ce dernier. C’est tout simplement différent à la lecture, sans que cette variation soit rédhibitoire, et c’est donc assez appréciable. Logique, me direz-vous, pour une revue comme Inferno!, qui publie les travaux de nouveaux venus, pas forcément imprégné (encore) du « BL-style » que l’on retrouve assez largement dans le corpus de la maison d’édition. D’autant plus logique que Peter McLean, présenté dans l’introduction de No Hero comme un auteur établi, dispose d’un pedigree déjà assez fourni (séries War for the Rose Throne et Burned Man). Ce n’est pas de l’Asimov ou du Lovecraft, certes, mais ce n’est pas du McNeill ou du Kyme non plus, et c’est déjà pas mal.

On peut également créditer McLean de quelques efforts en matière de character development, en particulier pour le personnage de Lopata, dont la dualité, progressivement révélée (il commence comme un pseudo Bragg, il finit comme lookalike Gilbear) ajoute du piment à l’intrigue. Sur un format aussi court, l’effet ne joue certes pas à plein, mais cette capacité à approfondir ses personnages est un bon point indéniable pour McLean, à garder en tête si le sieur se lance dans des travaux plus conséquents pour le compte de la Black Library.

À côté de cela, le propos couvert dans cette nouvelle est d’une banalité assez consommée, et donc guère mémorable pour lui-même. Le canevas du groupe de Gardes Impériaux en perdition sur un monde jungle hostile n’est en rien inédit (et on peut remonter jusqu’au Devil’s Marauders de Bill King – 1990, tout de même – pour s’en convaincre), et si l’approche « Platoonesque » choisie par McLean ajoute un peu de singularité à l’ensemble, un scénario un peu plus original n’aurait pas desservi la nouvelle, loin de là. Bref, une première soumission respectable, mais perfectible, qui m’a donné l’envie de pratiquer à nouveau le bonhomme à l’occasion, afin de voir comment il a transformé l’essai.

1 : Ce n’est pas pour jouer les rabat-joie, mais il est quasiment certain qu’il est plus bénéfique pour l’Imperium de récupérer un soldat, qui pourra être redéployé sur un autre champ de bataille et contribuer de cette façon à l’effort de guerre, plutôt que de retarder de 0,0000000000001% l’avancée d’une horde Orks grâce au sacrifice dudit soldat. Comme quoi Georges aurait dû accepter de retaper sa 3ème SEGPA et persévérer dans ses études plutôt que de s’engager dans la Garde. Stay in school kiddos.

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The Emperor’s Wrath – S. B. Fischer :

INTRIGUE:

Sur l’agrimonde d’Halcyon, Caius et ses jeunes frère et sœur Remus et Rhea, laissés orphelins par le meurtre de leurs parents dix ans plus tôt par une milice pas très Charlie baptisée la Fureur de l’Empereur (The Emperor’s Wrath), cherchent à s’exfiltrer discrètement à la suite de l’arrivée en orbite d’une flotte impériale. Animé, et c’est compréhensible, d’une haine farouche envers l’Imperium, qu’il tient responsable de ses malheurs, Caius compte sur ses relations avec un trafiquant notoire possédant un vaisseau à même de percer le blocus impérial (non, ce n’est pas Han Solo) pour fausser une fois pour toute compagnie aux sbires de Pépé. Manque de bol, le trio arrive trop tard dans la planque du contrebandier, et est accueilli par le cadavre de ce dernier et de son équipage, avant que Caius ne fasse connaissance avec la crosse d’un fusil laser et se réveille attaché à une caisse et tout prêt à subir lui-aussi la fureur2 de l’Empereur.

Sauvé par l’arrivée opportune d’une escouade de survivants du 1109ème Cadien, qui a tôt fait de renvoyer les amateurs de la FdE à leurs chères études, Caius, d’abord franchement hostile envers ses bienfaiteurs du fait de leur allégeance au Trône de Terra, a la surprise d’apprendre que ces derniers sont des frères d’armes de son défunt paternel (l’Imperium est un village, vraiment), et qu’ils sont sur place pour reprendre la planète aux vilains Furieux, qui malgré leur nom ne sont autres qu’une faction chaotique. 30 ans de thérapie en perspective pour notre héros, qui réalise que l’Empereur est finalement le gentil de l’histoire, en contradiction avec ce qu’il avait cru pendant toute sa vie. Heckin bamboozled. Par solidarité envers les rejetons d’un ancien camarade, les Cadiens acceptent obligeamment de prendre la marmaille sous leur aile et de les accompagner jusqu’au spatioport d’Halcyon, où ils pourront être évacués vers une planète plus funky. Cependant, la route jusqu’à la fin du niveau ne sera pas une promenade de santé, d’autant plus que l’Empereur semble être bel et bien présent sur Halcyon, et qu’il est effectivement plutôt énervé…

AVIS:

Introduite comme une réflexion habile sur la manière dont les croyances et idéaux d’un individu peuvent et doivent être mis en perspective de la compréhension, parfois limitée, que ce dernier a de sa situation (tournure alambiquée #1), The Emperor’s Wrath rencontre beaucoup de difficultés à honorer cette promesse, et se contente pour la majeure part d’être une banale nouvelle de GI Joe(s) vs cultistes pas bô. Le mètre étalon en la matière restant le gars Abnett et ses Fantômes de Gaunt, dont Fischer s’inspire de façon peu inspirée (un comble), le lecteur vétéran de la BL ne trouvera guère d’intérêt dans cette nième resucée d’un topos éculé de la littérature 40Kesque (tournure alambiquée #2). Il aurait été à mon avis plus intéressant de limiter la partie action pure et dure de la nouvelle à sa portion congrue, et dédier le gros de cette dernière à la confrontation de points de vue entre un Caius méprisant l’Imperium pour les mauvaises raisons, et découvrant peut-être de meilleurs motifs d’ire au contact des survivants de Cadia, et le prosélytisme impérial, peut-être un peu ébranlé par le destin de leur monde, mais toujours chevillé au corps, de ces derniers (ouaaaaais, le hat trick des tournures alambiquées!). McNeill avait, de l’opinion générale (je n’ai pas, au moment de l’écriture de ces lignes, lu le bouzin) plutôt réussi son coup avec cette approche “intellectuelle” dans The Last Church, développement d’une idée somme toute assez proche de celle servant d’argument à The Emperor’s Wrath: il y avait à mon avis largement la place pour Fischer de s’inscrire dans cette logique. Ce n’a pas été le cas, tant pis.

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The Enemy of my Enemy – N. Crowley :

INTRIGUE:

Embourbé, dans tous les sens du terme, dans une guerre de positions stérile contre une pugnace Waaagh ! ork, le VIIIème régiment de Mystras, commandé par le général Nestor Pyrrhus, doit composer avec l’arrivée imminente d’une flotte ruche tyranide sur la planète minière de Cavernam Tertius. Ne pouvant compter sur aucun renfort impérial pour l’aider à défendre son caillou de troisième ordre, Pyrrhus décide d’offrir une alliance à son homologue, le colonel Taktikus, dans l’espoir que la combinaison du génie tactique et technologique des humains et de la sauvagerie et des innombrables effectifs des peaux vertes se révèle suffisante pour repousser les funestes locustes. Ayant convaincu Taktikus de coopérer, ce qui est déjà une victoire en tant que tel, Pyrrhus s’emploie ensuite à coordonner l’action de la coalition, qui, malgré des pertes importantes, parvient à tenir en respect les essaims de criquets jusqu’à ce qu’une chance de victoire se dessine à l’horizon. Ayant pris soin de laisser ses alliés encaisser les plus féroces assauts tyranides, le roué Pyrrhus subodore, à juste à titre, avoir la possibilité de joindre l’utile à l’agréable et de porter son xenocide au carré, en laissant les dernières forces orks et tyranides se compter fleurette sur le pré pendant que la Garde compterait, elle, les points. Mais ce faisant, ne sous-estimerait-il pas dangereusement la ruse bestiale de son allié de fortune ?

AVIS:

L’école « humoristique » de la BL compte désormais un nouvel adepte, le rookie Nate Crowley, dont la première publication s’inscrit dans la droite ligne des travaux d’Andy Jones et Sandy Mitchell, pour citer deux des figures de ce groupuscule. Jamais les derniers dès qu’il s’agit d’apporter un peu de gaudriole au futur nihilistico-millitariste de GW, ces boutes en train d’Orks étaient une valeur sûre à inclure au casting. Face à eux, et porteurs d’un autre style de comique, les nervis du général Nestor Pyhrrus cherchent à se convaincre qu’ils ne sont pas le squigon de la farce, la soudaine coopération d’un ennemi décennal, et totalement Xenos qui plus est, étant perçue comme hautement suspecte par les plus zélés des Mystrasiens. Pour le reste, The Enemy of my Enemy ne changera pas votre vision de 40K, la forme l’emportant assez nettement sur le fond.

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The First Daughter – F. Wiltgren :

INTRIGUE:

Dans les ténèbres d’un lointain futur, la misogynie reste un fléau persistant, comme peut en témoigner la Lieutenant Ekaterina Idra, officier au sein du 86ème Vostroyan. Aînée d’un voyarin n’ayant eu que de filles, et trop d’amour propre pour accepter la disgrâce que constituerait une non-participation de sa lignée à la levée impériale, Kat, telle une Mulan steam-punk de Sibérie, s’est engagée dans la Garde Impériale, et a enduré depuis des tombereaux de mufleries. La campagne de Tovoga va toutefois lui changer agréablement de son morne, si dangereux, quotidien, en lui donnant l’occasion de combattre aux côtés d’un de ses héros, le Major Jorun Haskel en personne. Encore plus alpha que Vladimir Poutine chevauchant un ours dans le soleil couchant, Haskel est l’incarnation même de l’âme indomptable de Vostroya, un guerrier accompli maniant une relique clinquante et auréolé d’innombrables hauts faits guerriers, en plus de touffes de cheveux gras sous un chako pelé (ce qui ne fait que renforcer son charisme). Les hasards de la guerre ayant voulu que la section motorisée de Kat soit dans le coin au moment où le 262ème de Haskel enquillait une attaque en règle des traîtres Tovogans, c’est à Idra que revient l’insigne honneur de secourir les survivants de l’assaut, ce qu’elle fait avec compétence et distinction.

Elle ne tarde cependant pas à découvrir que son idole n’est pas sans avoir ses propres défauts, à commencer par une légère, mais néanmoins fâcheuse, tendance à fOnCeR dAnS lE tAs CoMmE uN ImMoNdE bOuRrIn, sans guère de considération pour les plus élémentaires notions de stratégie, ou pour les chances de survie de ses hommes. Ditto cette attaque frontale contre un adversaire plus nombreux et mieux armé que les Vostroyens, victoire coûteuse en vies impériales, mais victoire tout de même, arrachée de haute lutte par Haskel et son indomptable pénis foi en l’Empereur. Plus tard, alors qu’elle rumine sa déception de retour au campement, elle apprend que sa section, déjà bien affaiblie par la rigueur des combats, est réquisitionnée pour une opération des plus risquées : attirer une compagnie de rebelles dans la cité de Dolemino, et la tenir en respect assez longtemps pour permettre au reste du régiment de prendre les hérétiques en tenailles. Idée géniale, signée J.H. Résignée à faire son devoir, Kat mène donc ses hommes au contact de l’ennemi… qui se révèle être bien plus nombreux que prévu, ce qui ne fait évidemment pas les affaires de nos flegmatiques ruskoffs. Dans la mêlée qui s’ensuit, notre héroïne parvient une nouvelle fois à sauver les meubles, perdant au passage la majeure partie de ses soldats, tandis qu’un Haskel totalement berserk et de plus en plus dentu (si si) se charge de remporter la bataille sous le poids de sa paire de c……. du nombre. Kelôm.

Survivante bien amochée d’une nuit de combat intense, Idra sort du coltar à temps pour recevoir un sinistre debriefing de la part de son second : le régiment réduit à mi-force, la quasi-totalité du cadre de commandement passée en pertes et profits, Haskel seul aux commandes et bien décidé à finir le job sans pitié, sans support et sans attendre. Le temps de re-sombrer à nouveau dans un coma réparateur, la voilà réveillée par son officier de liaison, porteur de mauvaises nouvelles (c’est une constante, décidément) : les Vostroyens ont été trahis et sont piégés dans les ruines de Dolemino, sans espoir de renforts dans les heures à venir. Ni один, ni два, Idra embarque les plus mobiles des invalides de l’infirmerie au secours de leurs frères d’armes. Moults combats. Beaucoup violence. Très héroïsme. Wow. Finalement, arrive ce qui doit arriver, c’est à dire l’ultime combat entre Kat et Haskel, qui se révèle possédé par un démon de Khorne à la dentition de Fernandel et à la répartie d’Eric Zemmour, combinaison mortelle s’il en est, ce qui n’empêche pas notre héroïne de prévaloir, pour la plus grande gloire du camarade Staline et de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques de Pépé. Nous quittons le Lieutenan Idra sur un dernier échange avec son mentor, le sage et équitable Capitaine Twarienko, qui se met à rêver, non pas d’une galaxie en paix, ce serait hérétique, mais d’un âge prochain où les femmes de Vostroya auraient tout autant le droit que les hommes d’aller se faire tuer au service de l’Imperium. Après tout, avec des exemples positifs comme celui de Kat, tout est possible. Bref, osez le féminisme.

AVIS:

Copie plus que convenable pour la recrue Wiltgren, guère novatrice dans son approche mais solidement bâtie. L’ajout de passages en flashback, entrecoupant l’intrigue principale et éclairant le lecteur sur le passif, assez chargé, de Miss Idra avant les évènements de Tovoga, relève The First Daughter de façon sympathique, en plus de démontrer que le petit Filip est capable de manier sa barque, ou plutôt son stylo, de manière plus aboutie que bien des aspirants à la BL. Allons jusqu’à reconnaître que le gars Abnett était d’un niveau sensiblement similaire lors de ses premiers travaux Ghostiens, et vous aurez une idée du potentiel que je choisis de placer sur les frêles épaules de ce newbie. Reste à voir si l’approche Social Justice Warrior (assez peu courante au pays des bolters) de Mister Wilgren relevait du one-shot ou est un trait caractéristique de son style. Je ne juge pas, hein, je constate, et je m’interroge. Critico ergo sum.

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Mercy – D. Ware :

INTRIGUE:

Sur le monde de Lautis, isolé dans l’arrière-pays de l’Ultima Segmentus, une escouade de Sœurs de Bataille de l’Ordre de la Rose de Sang menée par la Sœur Supérieure Augusta Santorus explore les ruines d’une cathédrale impériale, peut-être dédiée à Sainte Mina, et peut-être dédiée à Saint Maclou (qui peut dire ?), à la recherche de… quelque chose. Escortées par un missionnaire de l’Ecclésiarchie (Lysimachus Tanichus), ayant pris sur lui de ranimer la flame de la foi en l’Empereur parmi la plèbe locale après des siècles d’isolement et d’obscurantisme, l’Adeptus Sororita s’est en effet lancé dans une quête aussi pressante que floue pour une statue pouvant être liée aux origines de l’Ordre. On ne saura jamais pourquoi l’identification du patrimoine sacré constitue une priorité telle pour les membres de la Rose de Sang, mais toujours est-il que nos intrépides sistas se retrouvent fort dépourvues quand la Waaagh ! locale fut venue.

Coincées dans les ruines de la maison de Pépé (Question : peut-on considérer les temples impériaux comme des Ehpads, de ce fait ?), Santorus et ses sous-fifres optent alors pour un dernier carré héroïque et commencent à arroser les peaux vertes de bolts et d’imprécations en Haut Gothique, avec des effets spectaculaires, tant sur les effectifs de la horde ork que sur la culture générale du lecteur. Las, cela ne suffit pas à décourager les belliqueux Xenos de forcer l’entrée du lieu saint sous le seul poids du nombre, forçant les fifilles survivantes à, je vous le donne en mille, engager les brutes au corps à corps. Et pas n’importe comment, qui plus est : à mains nues. Oui, vous avez bien lu, ô incrédules lecteurs : c’est bien à coup de poing et de pied (pas de crépage de chignon possible avec les Orks malheureusement) que Santorus et consœurs tombent sur le râble, plutôt costaud, des aliens mécréants. Et le meilleur dans tout ça, c’est qu’elles leur mettent une énorme race, à l’image d’une Sœur Supérieure déchainée et tenant facilement tête à un Warboss Blood Axe, avec et sans arme. Pourquoi avoir des progénoïdes quand on peut avoir des stéroïdes ?

Les Orks finalement mis en déroute, et leur chef exécuté d’un bolt en pleine tête après un sommaire interrogatoire ayant permis de mettre à jour la duplicité de ce traître de Tanichus (c’est un nom de fourbe, je l’ai toujours dit), il est temps pour Augusta de (se) rendre justice afin des réparer les torts subis (une Soeur décédée d’allergie à la grenade, et quatre permanentes totalement ruinées). Guidée par une inspiration soudaine, et sans doute divine, elle décrète donc la mort du félon, ignorant ses piteuses justifications pseudo humanitaires, et l’annexion de Lautis au sein du protectorat de l’Ordre. Pourquoi ? Parce que. The end.

AVIS:

Que garder de Mercy, première soumission de la newbie Dannie Ware pour la Black Library ? Pas grand-chose, malheureusement. Sur le fond, l’intrigue proposée tient en une demi-ligne (attention, vous êtes prêts ? “Sistas versus Orks dans une cathédrale”. Ta-daaaaa!), et le “twist” final gardé en réserve par l’auteur tombe tellement à plat qu’on aurait même du mal à le considérer comme tel. Que Tanichus ait mené son escorte dans un piège, soit. Mais apprendre que la motivation profonde des Orks, et la raison pour laquelle ils ont accepté la proposition du missionnaire, est la récupération des armes d’une pauvre escouade de cinq Sororitas, no way. L’histoire a beau se dérouler dans l’Ultima profond, plus cheap que ça, c’est fouiller les poubelles des colons locaux pour récupérer les bouteilles d’amasec consignées au Simply Market du coin. Respectez-vous tout de même, Messieurs les peaux vertes.

Sur la forme, on aura bien du mal à pardonner à Ware les libertés qu’elle prend avec quelques principes fondateurs et porteurs du fluff de GW, au premier du rang duquel on trouve l’axiome : “Les Orks sont des forces de la nature”. Faire triompher une escouade de Space Marines d’Assaut vétérans d’une empoignade contre ce type d’adversaires, pourquoi pas (et encore). Mais une poignée de Sœurs de Bataille qui tatane comme qui rigole dix fois leur nombre et cent fois leur poids en géants verts, sans subir une seule perte dans le feu de l’action, et en recourant à des prises de catch histoire de faire kwioul, non merci. Ajoutez à cela un character development aux abonnés absents et quelques incongruités (comme une statue disposée de telle façon à ce qu’elle soit tournée vers Sainte Terra… donc vers l’Ouest-Sud-Ouest, c’est bien connu) sans conséquences pour le récit mais pas pour la crédibilité de ce dernier, et vous obtenez une nouvelle à remiser dans le fond des cartons du second choix de la BL. Mercy ? Sans façons.

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Sans surprise, on peut donc conclure que cet Inferno! A Warhammer 40,000 Collection souffle le chaud (logique) et le froid (moins logique) en termes de contenu : un constat s’appliquant à l’écrasante majorité des recueils de la Black Library, mais qui ne demeure pas moins vrai. A titre personnel, et en tant que fan de longue date du format et de la ligne éditoriale d’Inferno !, je trouve que cette bundlisation sans âme ni valeur ajoutée constitue une faute de goût de la part des éditeurs de la BL, qui y ont sans doute vu l’occasion de vendre quelques bouquins de plus à très peu de frais. Comme ils l’ont fait à un prix très abordable, je ne leur en tiens pas grande rigueur, mais aurais tout de même préféré qu’ils se consacrent à la publication de nouveaux numéros plutôt qu’à celle de ce qui ressemble fort à un enterrement de première classe d’Inferno ! Jr. J’espère que la sortie du #7 viendra me faire ravaler ces présages de mauvais augure, cependant. Until we meet again…

SONS OF SANGUINIUS [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette revue critique de ‘Sons of Sanguinius’, une anthologie consacrée aux nombreux et sanguins descendants du Primarque ailé. Si vous avez l’impression d’avoir déjà vu sortir un recueil centré sur ce type d’Astartes, c’est que ‘Sons of Sanguinius‘ n’est effectivement pas la première tentative de la Black Library pour abreuver ses lecteurs de récits à haute teneur en fer. On peut ainsi penser à ‘The Book of Blood’ (2010), qui avait la particularité d’intégrer le roman graphique ‘Blood Quest’ en plus de nouvelles soigneusement choisies par nul autre que Christian Dunn. Plus proche de nous (2020), le personnage de Rafen eut le droit à sa propre anthologie (‘The Complete Rafen Omnibus‘), regroupant dans un copieux pavé toutes les péripéties du héros Blood Angels par excellence (…)1. ‘Sons of Sanguinius’ paraît et apparaît donc en terrain relativement connu, et devra bien sûr tenter de justifier son existence en se différenciant de ses prédécesseurs. Il faudra garder cela en tête au moment de juger de ses qualités. On peut toutefois déjà reconnaître à ‘SoS’ son rapport quantité-prix exemplaire : à 15.99€ en format numérique, il est 8 fois moins cher que la somme de ses parties, achetées individuellement. Tout le monde n’ayant pas le budget pour se permettre ce genre de frais somptuaires, ce regroupement est d’ores et déjà une bonne nouvelle pour les fans de Space Vampires n’ayant pas 130 Baal à mettre dans leur liste de lecture.

1 : Il n’y a que la micro-nouvelle ‘The Fury’ qui soit commune à ‘Rafen…’ et ‘Sons of Sanguinius’.

Un rapide regard au sommaire de cette véritable brique (plus de 1.000 pages au format mobi) permet de déceler quelques tendances intéressantes, avant même d’avoir commencé la lecture de l’ouvrage. On constate ainsi que, contrairement à ce qu’on aurait pu penser, ce n’est pas James Swallow (Rafen’s Dad) qui occupe la place de premier contributeur (en termes de pages) pour les Blood Angels, mais bien David Annandale, qui au cours de ces dernières années s’est imposé comme la plume de référence pour ce Chapitre. Le retrait de Swallow de la BL s’en trouve acté par écrit, comme une transmission du Graal Rouge entre deux générations d’auteurs. En plus de Haley, qui signe le seul roman2 du recueil, les autres plumes particulièrement mises à contribution ici appartiennent à Andy Smillie (M. Flesh Tearers) et Gav Thorpe (qui a vu de la lumière et était comme souvent dispo pour écrire une novella et une nouvelle), Wraight, Harrison et Abnett ne faisant guère plus qu’un cameo avec un « 1.000 caractères » chacun3. Cette diversité des formats, allant de 4 à 416 pages, est l’une des autres caractéristiques notables de ‘Sons of Sanguinius‘, promettant au lecteur une expérience variée, mais pas nécessairement intéressante pour autant. Nous verrons bien.

2 : Qui ne sera pas critiqué ici, je le précise d’emblée. D’une part à cause de la prédilection de l’auteur de ces lignes pour les courts et moyens formats, d’autre part pour tenter de publier cette chronique dans des délais raisonnables après la sortie du bouquin.
3 : On remercie au passage la BL d’avoir laissé tomber ce format bizarroïde, très en vogue à Nottingham au début des années 2010, mais nécessitant des auteurs de très haute volée pour obtenir un résultat intéressant en si peu d’espace. Le fait que ces micro-nouvelles aient été, et soient toujours, vendues au prix de 3,49€ est un scandale autrement plus honteux que le Failcast, si vous voulez mon avis.

Sons of Sanguinius

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Flesh of Cretacia – A. Smillie :

INTRIGUE:

Flesh of CretaciaNous sommes quelques années après la fin de l’Hérésie d’Horus, alors que ce planqué de Guilliman a réussi à mettre son plan de scission des Légions loyalistes à exécution. L’un des Chapitres successeurs des orphelins laissé par Sanguinius est les Flesh Tearers, mené par l’irascible et énervé Amit. Occupés à astropoutrer une flottille de vaisseaux Orks ayant eu le malheur de croiser leur route à proximité d’un système solaire inconnu, les Fleshy Boyz se retrouvent fort dépourvus quand la victoire fut viendue. L’affrontement n’ayant pris place que dans l’espace, sans le moindre petit corps à corps pour faire descendre le niveau de testostérone inhabituellement élevé de ces rageux devant l’éternel, nos héros restent sur leur faim et leur soif rouge. Une distraction salutaire leur est toutefois offerte lorsque la capitaine du vaisseau amiral des Flesh Tearers informe le bouillant Amit que quelques survivants Orks ont réussi à rejoindre une planète toute proche. Sautant sur cette excuse facile et dans son Thunderhawk de fonction, le Maître de Chapitre emmène sa Compagnie personnelle (phoque le Codex) en vadrouille à la surface de Cretacia1, démontrant au passage toute la virilité de son leadership (un gros front à front des familles lorsqu’un de ses Capitaines ose lui faire la réflexion que c’était pas une grande idée2). Prennent part à cette vadrouille improvisée tout un tas de francs Tearers plus ou moins intéressants pour notre histoire, dont le Scout Cassiel (Vincient de son prénom) et le Sergent d’Assaut Manakel. Je vous épargne la présentation des frères Bridel, Bonduel, Minitel, Pernohel et Komainavionsanzel, qui sont la même variation du colosse écumant de rage et d’hormones si commun parmi les effectifs du Chapitre. Notons tout de même la présence au casting du Chapelain Zophal, en charge de la Compagnie de la Mort qu’Amit embarque aussi avec lui, parce que voilà.

Ce que les Flesh Tearers ne savent pas, ou n’ont pas pris le temps de demander à leurs subalternes, c’est que Cretacia est un monde méchamment hostile, depuis son atmosphère très venteuse jusqu’à sa faune ultra-agressive, et composée en grande partie de… roulements de tambour… dinosaures. C’est le Thunderhawk transportant l’escouade de Manakel qui prend le plus cher dans la descente, une attaque de ptérodactylllles (ils ont quatre ailes) en rogne faisant tellement de dégâts que les Space Marines décident de sauter en vol. Vous allez me dire que ça peut le faire quand on est équipé d’un réacteur dorsal. Sauf que celui de Manucure connait une avarie technique au pire moment, envoyant notre personnage secondaire se crasher au sol avec la grâce d’un sac de sable largué d’un ballon. Il survivra à l’expérience, ne vous inquiétez pas. Les autres appareils de l’escadron parviennent eux à garder le cap et à se poser en formation resserrée, ce qui est un petit miracle en soit quand on juge du rapport très particulier qu’ont les Flesh Tearers avec la technologie. Après avoir dégagé une piste d’atterrissage dans la jungle en deforestant au bolter lourd, le contingent de Space Marines décide sagement d’établir un périmètre fortifié (un peu) et d’organiser un tournoi de MMA (surtout), pendant que les Scouts partent explorer les alentours à la recherche d’Orks auxquels vendre des boîtes de cookies.

Retour à Manakel, qui se sort de sa mauvaise chute avec seulement un bras démis et un casque fêlé. Abandonnant ce dernier d’un geste altier, et devenant du même coup un véritable Sergent Space Marines, l’officier se met ensuite à la recherche de ses hommes, éparpillés sur des kilomètres par leur largage sauvage. Malheureusement, les vélociraptors de Cretacia ne sont pas du genre commode et Manakel ne retrouve que des fragments mâchonnés de son escouade, ce qui le met d’humeur chagrine. Tellement chagrine d’ailleurs qu’il charge soudainement un arbre qui l’avait regardé de travers… et se fait remettre en place par cet adversaire trop coriace pour lui. Cette scène peu banale décide la horde de guerriers locaux, en chasse eux aussi des Orks qui par un gros coup de bol ont atterri à proximité d’un village d’indigènes et en ont massacré les femmes et enfants pendant que les hommes étaient partis escalader une falaise de 6.000 mètres sans corde pour ramener des œufs au logis, à se manifester auprès du colosse non identifié qui trouve malin de mettre des coups de boule à des troncs. Les natifs étant peu pacifiques par nature, c’est un combat singulier contre l’un des petits chefs tribaux qui attend Manakel, suivi d’une mêlée fermée contre la centaine de zoulous décomplexés de feu le grand sachem. Rien de bien difficile pour un Flesh Tearer ceci dit, et la vision du massacre (suivi d’une ingestion de quelques cadavres par le Space Marine affamé) convainc les autres nobles sauvages d’opter pour une approche plus consensuelle. Par un heureux hasard, il se trouve que Cretacia a été visitée dans un passé plus ou moins lointain par des envoyés de l’Imperium, qui ont laissé derrière eux un collier en forme d’aquila et un souvenir suffisamment positif3 pour que les natifs essaient de convaincre Manakel qu’ils sont dans le même camp en utilisant ce symbole commun. Malgré la barrière de la langue, une entente est rapidement scellée entre les Cretaciens et leur visiteur, qui joue de son statut de dieu vivant auprès de ses hôtes pour les enrôler comme auxiliaires et repartir avec eux en direction du camp avancé des Flesh Tearers.

Du côté d’Amit et de ses frérots, la situation a légèrement dégénéré quelques heures après leur arrivée à la surface. Attaqués sans qu’on sache vraiment pourquoi par tous les dinosaures à des lieues à la ronde (capables de coordonner leur attaque avec une précision digne de force spéciales), les Space Marines encaissent sans broncher la furia animale, prenant quelques pertes au passage mais amorçant franchement l’extinction de masse qui ne tardera pas à suivre. Amit se fait plaisir en fourrant un T-Rex un peu trop curieux à la bombe à fusion, et lorsque le calme finit par revenir, il décrète brutalement que cette planète est tellement cool qu’elle deviendra le monde chapitral des Flesh Tearers. Et les Orks, me direz vous ? Eh bien ils sont tous morts à ce stade, comme la reconnaissance douloureuse et semée d’embuches de l’escouade de Cassiel a permis de l’établir. Je vous épargne les détails de cette fade épopée (il y a quand même eu un duel triffides vs trouffions au menu), qui ne sert qu’à faire passer le Sergent Vétéran Asmodel et ses cinquante ans de service dans les rangs de la Compagnie de la Mort, et ainsi démontrer que nul n’est à l’abri d’une déprime passagère et d’une folie psychotique terminale. Ramené jusqu’au camp par les deux derniers Scouts de son escouade, Asmodel est remis aux bons soins du Chapelain Zophal, qui passe son armure au chalumeau pour acter de son intégration dans les rangs des condamnés… et c’est tout. Je dois aussi préciser que la Compagnie de la Mort est restée tranquillement dans l’habitacle de son Thunderhawk pendant toute l’attaque des dinosaures. C’est pas comme si les autres Flesh Tearers auraient eu besoin d’un coup de main de spécialistes du corps à corps pour repousser des mastodontes enragés. Mais gardez bien ça en tête car la suite n’en est que plus ridicule.

Tous nos personnages étant regroupés au même endroit, il est temps de passer à l’acte final de cette sinistre farce. Par un heureux hasard bis, le chef indigène qui a fait ami ami avec Manakel avait également sous la main une épée monstrueuse, fabriquée à partir de l’incisive d’un prédateur encore plus colossal que celui qu’Amit a fait sauter à grand peine (pour donner un ordre de grandeur, les dents de cette bestiole – un raktor – sont à peine assez grandes pour faire une dague, alors que celles du raktoryx sont plus grandes qu’un Space Marine en armure Terminator). Inspiré par cette réalisation, ou plus prosaïquement rendu malade de jalousie par la réalisation que quelqu’un s’est battu avec un dino encore plus gros que le sien, Amit décide naturellement qu’il faut exterminer le/un raktoryx. Ce qui est complètement con, lui fait remarquer le Capitaine Barakiel, car les Flesh Tearers ont déjà subi de lourdes pertes en participant au safari improvisé à la waneugaine par leur boss, et sont attendus par les Angel Vermillions pour filer un coup de main à la croisade de Sakkara. Ce à quoi l’éloquent Amit ne peut que répondre « MAIEUUUUUUUUUUUUUHHHH !!! », et lui latter sa face de type raisonnable (à travers son armure Terminator), pour lui apprendre à être intelligent4. Cette menue querelle ayant été vidée, il ne reste plus à nos héros qu’à s’organiser pour trouver le fameux raktoryx et lui faire la peau.

Par un heureux hasard ter, le dernier Thunderhawk en état de voler du contingent tombe sur un spécimen adulte qui faisait ses courses dans les environs, et par un heureux hasard quater, le Biocoop fréquenté par le reptile géant se trouve dans la vallée d’un volcan actif. Mother of all heureux hasards, la Compagnie de la Mort emmenée par Zophal en direction du raktoryx et du volcan, dont ils ne pouvaient pas connaître à l’avance la localisation, arrive à proximité du cratère au moment où Amit ordonne au Thunderhawk d’attaquer Godzilla (car oui, la bestiole crache du feu). Le plan des Flesh Tearers était de déclencher une éruption volcanique, seule capable de tuer un monstre de cette taille, en jetant quelques bombes à fusion dans le cratère, pendant que le Thunderhawk maintenait la bestiole sur place. Un peu concon (qu’est-ce qui empêche un dinosaure insensible à des tirs de canon laser de s’éloigner d’un volcan sur le point de péter s’il en a envie ?) mais pourquoi pas. Il faudra cependant m’expliquer pourquoi Zophal a trouvé malin de partir à pied vers un cratère situé à des jours de marche avec sa bande de psychopathes, alors qu’il pouvait faire le voyage en Thunderhawk avec Amit et se sacrifier héroïquement (apparemment, il faut se jeter en même temps que les charges explosives dans le cratère, sinon c’est pas du jeu) sans avoir besoin de trekker pendant une semaine avec les pires randonneurs de la galaxie. Mais ainsi l’a voulu Smillie, et ainsi disparaissent Zophal, qui promeut Manakel Chapelain avant de faire son saut de l’ange fatal, et le raktoryx qui n’avait rien demandé à personne. Mission accomplished ? Pas encore tout à fait, car avant de repartir vers d’autres cieux, en laissant les larbins du Mechanicum lui construire une forteresse chapitrale digne de ce nom, Amit fait un discours enfiévré aux guerriers tribaux de Cretacia, qui ne comprennent bien sûr rien, et fait exécuter leurs chefs devant leur yeux (y compris celui qui avait coopéré depuis le début et lui avait révélé l’existence du raktoryx), pour bien montrer que c’est lui le patron. Mais pourquoi est-il si méchant ?

1 : Qui s’appelait déjà Cretacia pour les natifs apparemment. Par un heureux hasard, les Flesh Tearers eurent la même idée un peu plus tard. Bravo Smillie.
2 : En même temps, qu’attendre de la part d’un type qui dit dans le plus grand des presque calmes : « Dans le doute, faut tout tuer » ?
3 : Il faut aussi noter que les indigènes ont deux cœurs. Non ça n’est pas justifié ni contextualisé par Smillie (c’est pas comme si c’était une caractéristique notable d’une des factions les plus iconiques de l’univers hein). Deal with it, comme pour le reste.
4 : Précisons ici que sans l’intervention du Sergent « CRS » de la Compagnie, Amit aurait battu Barakiel à mort. Et ça se dit civilisé ?

AVIS:

Andy Smillie fait très fort avec cette novella retraçant l’établissement du Chapitre des Flesh Tearers sur Cretacia. Très fort dans le n’importe nawak, malheureusement pour lui (et heureusement pour nous – mis à part les fans des Flesh Tearers, qui auront sans doute déchiqueté leur livre/liseuse avant d’arriver à la fin), mais très fort tout de même. On passera rapidement sur le trip « Space Marines vs Dinosaures », que l’on peut aimer ou non (moi c’est non) mais qui relève de la licence artistique de l’auteur et est donc assez peu critiquable dans l’absolu. La chasse est par contre ouverte sur le reste de ‘Flesh of Cretacia’, qui cumule personnages grotesques, intrigue décousue, obscure et illogique, bolt porn bas du front et pépites WTF dans un mélange détonnant dont Smillie avait le secret. Cette novella passe complètement à côté de son objectif (donner un passé digne de ce nom à un Chapitre de descendants de Sanguinius particulièrement affecté par la Soif Rouge et la Rage Noire), et, loin de faire d’Amit et de ses fidèles des parangons de noblesse torturés par des pulsions psychotiques qu’ils essaient à grand peine de contenir, elle les dépeint (et surtout lui d’ailleurs) comme des berserks butés, colériques, cruels et complètement stupides. Lorsque le rideau tombe enfin sur Cretacia, un génocide et écocide totalement gratuits plus tard, les Flesh Tearers n’ont pas évolué d’un iota par rapport au début de l’histoire, laissant le lecteur se forger sa propre explication de la survie, proprement miraculeuse à ce stade, du Chapitre pendant les dix millénaires qui ont suivi. Alors que c’était un peu la raison d’être de ce… truc à la base, non ? YOU HAD ONE JOB, SMILLIE ! Si on est vraiment d’humeur charitable, on pourra accorder quelques points à l’auteur pour les détails fluff qu’il apporte sur ses Angry Marines entre deux poussées frénétiques. Ceci dit, le désastre ambiant est tel qu’il fait considérer à deux fois le bien fondé de prendre les ajouts de Smillie au background au premier degré (coucou la céramite liquide). Bref, un disasterclass comme on n’en fait heureusement peu et plus pour la Black Library, et une preuve supplémentaire du mauvais karma des Flesh Tearers devant l’éternel.

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Sons of Wrath – A. Smillie :

INTRIGUE:

Sons of WrathLa novella commence avec le récemment nommé, et à son corps défendant, Maître de Chapitre des Flesh Tearers, Amit, contemplant d’un œil vitreux et torve une armure Terminator flottant dans un champ de stase. Cette armure, ce sera la sienne s’il accepte d’endosser le rôle qui lui a été confié après la scission de la Légion des Blood Angels, et de présider à la destinée de ses frères dans un Imperium encore ébranlé par l’Hérésie d’Horus. Amit est un légionnaire dans l’âme, et aurait bien aimé la Sangui Family ne soit pas dispersée aux quatre sangs, mais quand on a du mal à faire une phrase avec des mots de plus de trois syllabes, difficile de convaincre Roboute Guilliman que ses idées sont stupides. Alors Amit boude dans sa cellule gelée (on ne chauffe pas les locaux chez les Flesh Tearers), et aurait pu rester à fixer son nouveau jouet pendant quelques centaines d’années si le dévoué Capitaine Barakiel n’était pas venu lui secouer les puces et lui rappeler qu’il avait des missions à remplir, comme choisir à qui attribuer le dernier caisson de Dreadnought disponible dans l’armurerie du Chapitre. Entre le (petit) Sergent Grigori et le Chapelain Varel, Amit choisit le premier par pur népotisme. C’est son droit le plus strict, notez bien.

Un peu plus loin, toujours sur la barge de bataille Victus et vaisseau amiral du Chapitre, nous faisons la connaissance d’un autre personnage important de l’histoire : l’Archiviste Nuriel, qui a très mal à la tête. Cela est en partie dû au fait que le Victus et le reste de la flotte chapitrale sont dans le Warp et se dirigent vers le système de Zurcon, afin de… euh… crier dans le vide sans être dérangé (ils ont une prescription pour ça je suis sûr), et en partie dû à la grosse déception de ne pas avoir été choisi comme Chef Archiviste par Amit. Nuriel est en effet persuadé d’être ZEU BAIST, et après avoir échoué à calmer son mal de crâne en donnant des coups de tête dans les murs de sa cellule, il décide d’aller se passer les nerfs en descendant dans l’arène du vaisseau, et plongeant dans le coma le plus grand nombre de ses condisciples possibles. Nuriel est un chouilla caractériel, voyez vous. Il faudra l’intervention personnelle d’Amit, qui assoit sa dominance en montrant que celui qui met les meilleurs coups de casque, c’est lui, pour clore l’incident (et remplir l’infirmerie). La séquence se termine sur une visite du Maître de Chapitre dans le niveau ultra top secret du Victus (il y fait tellement noir que même un Space Marine n’y voit rien – et il y a des trous partout dans le sol), où Amit garde sa réserve personnelle d’Astartes renégats, qu’il massacre à main nue quand il a besoin de faire descendre la pression. Un Emperor’s Children et un World Eater plus tard, et ça repart1.

Après un voyage presque sans encombre d’un point de vue warpesque (seulement un petit saut des champs de Geller pendant quelques secondes dans un pont inférieur occupé par des serfs… rien de graaaaave), la flotte Flesh Tearers arrive dans le système de Zurcon. Elle y est attendue, sans que Smillie explique comment cela est possible, par la flotte locale, qui ne semble pas être animée d’intentions charitables envers les nouveaux venus. Le désamorçage de conflit n’étant pas le point fort de nos héros, ces derniers foncent dans le tas sans trop se poser de questions, contents de pouvoir enfin tuer quelque chose, même de loin, après toutes ces semaines de restreinte. La bataille ne se déroule cependant pas comme prévu, les vaisseaux ennemis se révélant impossibles à toucher par les canons impériaux. Incapables de réfléchir à une autre stratégie que de tirer au pif, les Flesh Tearers auraient sans doute été le premier Chapitre de la seconde fondation à être éradiqué sans la vision salutaire qui vient frapper Nuriel à l’improviste. Catapulté par cette dernière à la surface de Zurcon Primus, il se rend compte qu’une assemblée de Psykers est responsable des déboires de ses collègues, en camouflant la position des vaisseaux zurconiens et conjurant des illusions trompant les appareils impériaux. Attaqué par des manifestations psychiques branchées elles aussi sur réalité alternative, il est secouru par un mystérieux guerrier rouge, qui l’aide à vaincre les maléfices de ses ennemis. Grâce à cette révélation bien pratique, les Flesh Tearers parviennent à renverser le cours de la bataille en bombardant la tour servant d’antenne wifi aux défenseurs à la surface de Zurcon Primus, ce qui rend détectable la flotte des défenseurs, prestement exterminée par le Victus et les autres vaisseaux survivants de l’irrascible armada.

Ne voulant rien laisser au hasard, Amit déclare la saison du massacre ouverte et déploie son Chapitre de psychopathes à la surface de Zurcon Primus pour châtier du mécréant. Il charge également Nuriel d’inspecter les ruines de la tour bombardée afin de s’assurer que le travail a été bien fait (ce que la destruction de la flotte de Zurcon semblait déjà démontrer…). Ce sera la corvée de trop pour l’ambitieux Archiviste, qui pète une durite à son arrivée sur les lieux, se retourne contre l’escouade qui l’accompagnait (et le pauvre Capitaine Barakiel, dans tous les mauvais plans2), sous l’influence maléfique et passablement démoniaque du fameux guerrier rouge, qui se révèle être un démon de Khorne affilié à Kabanda. Possédé par le faquin, Nuriel commet ensuite un incident diplomatique en détruisant un Thunderhawk appartenant au Chapitre des Eagle Warriors, ainsi que ses occupants. Car oui, les Flesh Tearers ont été rejoints en cours de bataille par la Compagnie du Capitaine Nikon, qui croyait répondre à un appel à l’aide envoyé par les Zurconiens (depuis plusieurs mois, askip). Cette simultanéité des événements est tellement parfaite qu’elle en devient non euclidienne, moi je dis. Nous reviendrons sur les good guys Marines un peu plus loin : pour le moment, il faut juste noter qu’ils décident de se déployer également dans la capitale de Zurcon Primus, afin d’avoir une petite discussion avec Amit (mauvaise idée).

Sur le Victus, les choses évoluent également rapidement et brutalement. L’avarie des champs de Geller précédemment évoquée était en fait plus grave que prévue, puisqu’elle se termine par la possession de la Capitaine du vaisseau (une pâle copie de Lotara Sarrin jusqu’ici) par un démon de Khorne doté de pouvoirs psychiques. Ce qui n’est pas banal, vous me l’accorderez. Résultats des courses : le Victus atomise le vaisseau de ces pauvres Eagle Warriors à l’improviste, et les quelques Flesh Tearers étant restés à bord doivent se sortir les doigts du culte (il y a une majorité de Chapelains dans le lot) pour reprendre le contrôle de la barge à la barje. Comme si la situation n’était pas assez complexe, Smillie invite à table un nouveau personnage : le Thousand Sons Omari, gardé au frais par Amit dans son frigo à victimes expiatoires, et qui proteste depuis des années de sa fidélité à l’Empereur. Ayant besoin d’un Psyker pour bouter les démons et rebooter l’ordinateur de bord, Zophal promet au prisonnier de le remettre en liberté s’il accepte de filer un coup de main, ce qu’il fait, évidemment. Tout aussi évidemment, les gentils finissent par arriver à leurs fins malgré de lourdes pertes… et Zophal parvient à convaincre Omari qu’il est dans son meilleur intérêt de retourner dans sa cellule, démontrant ainsi à Amit qu’il est vraiment un loyaliste n’ayant rien à se reprocher. Un choix que je qualifierais de ballsy, quand on connaît les tendances psychotiques du personnage, mais en tous cas, Omari finit la novella en un seul morceau.

Sur le plancher des grox, on suit Amit se frayer un chemin jusqu’au parlement de la capitale afin de s’expliquer calmement avec les autorités locales, en commettant un tout petit peu de génocide au passage. Mais comme les élites de Zurcon Primus étaient au final des cultistes de Tzeentch, comme l’apparition de mutants aviformes dans l’hémicycle permet de l’attester, les Flesh Tearers ne massacrent pas, ils purgent. C’est très différent. De son côté, le Capitaine Nikon se voit contraint d’autoriser ses hommes à se défendre contre les assauts des Flesh Tearers les plus enragés3, ce qui ne facilite pas la discussion avec Amit lorsque les deux officiers finissent par se rencontrer. Avant que l’aigle énergétique ne se soit fait déplumer par son homologue, l’arrivée de Nuriel Robin permet au Maître de Chapitre de se concentrer sur le véritable ennemi, et d’en apprendre un peu plus sur les plans de Khorne au sujet des Flesh Tearers. Au terme d’un combat très meh, au cours duquel Amit invoque Grigori le Dreadnought dans le plus pur style d’un dresseur pokémon, Kabandinho est renvoyé dans le Warp après que son adversaire ait cassé sa jolie épée. Une faiblesse peu commune pour un démon, mais celui-ci devait sans doute beaucoup tenir à ses affaires.

L’histoire se termine sur la réalisation par Amit qu’il faudrait vraiment qu’il règle le problème des sautes d’humeur de ses hommes (et les siennes) s’il veut éviter aux Flesh Tearers de speedrun le chemin octuple. Aux insinuations du démon est en effet venue s’ajouter l’extermination « préventive »  des Eagles Warriors survivants, décidée par le pragmatique Zophal pendant qu’Amit se remettait de ses blessures, afin que les fistons de Guilliman n’aillent pas balancer les Flesh Tearers à Terra. Pas de témoin, pas de problème.

1 : Mais c’est tout de même au Chapelain Zophal de littéralement passer la serpillière après coup. Les avantages du leadership.
2 : Et les séquences étranges. Smillie fait ainsi rêver à Barakiel qu’il parvient à prévenir Amit du coup de sang de Nuriel avant de sombrer dans un coma sus-an des familles… sans que cette information finalement pas transmise soit d’une quelconque importance pour la suite.
3 : Et pourtant, il n’est pas du genre à prendre une décision aussi lourde de conséquences à la légère. Même la vue de son propre porte étendard, éventré par deux Flesh Tearers écumant de rage, pouvait à ses yeux s’expliquer par un simple malentendu. M’est avis que lui devait connaître un peu plus la peur que la moyenne des Space Marines.

AVIS:

Soumission un peu foutraque de la part d’Andy Smillie, mais présentant quelques idées valides sur le positionnement et les failles des Flesh Tearers juste après leur création, ‘Sons of Wrath’ positionne surtout ce nouveau Chapitre comme les héritiers de la face sombre et torturée de Sanguinius, comme leur bisbille avec la smala de Kabanda le laisse apparaître de façon transparente. Tel père, tels vices, comme dit le proverbe. Il me semble que le résultat final aurait pu être plus satisfaisant si l’auteur s’était contenté de concentrer son récit autour de quelques personnages vraiment importants (Amit, Nuriel, Nikon) au lieu de convoquer le ban, l’arrière-ban, la chaise et le tabouret des Flesh Tearers1 dans son histoire, et avait de même épuré son intrigue en se concentrant sur les péripéties les plus significatives (donc exit la bataille spatiale et les Psykers de Zurcon, qui sont juste une distraction) à la conclusion de la novella : les Flesh Tearers et Amit en particulier sont à deux doigts de passer à Khorne, et ont commis des actions méritant leur extermination par l’Imperium à peine quelques semaines après leur fondation. On peut penser ce qu’on veut des capacités de scénariste et de romancier de Smillie, mais ces idées étaient assez intéressantes dans l’absolu, et auraient mérité d’être davantage exploitées par la suite (ce qui ne semble pas avoir été le cas, comme ‘Flesh of Cretacia’ et son approche purement « safaresque » le montre). Que les amateurs cyniques du bonhomme se rassurent, cette novella est d’une teneur en WTF tout à fait satisfaisante, mais contrairement à d’autres travaux de Smillie, le fond n’est pas aussi biscornu et irrécupérable que la forme, et c’est un… progrès, j’imagine ?

1 : Un parti pris que je soupçonne Smillie d’avoir emprunté à Dan Abnett et à son ‘Know No Fear’ (pas le meilleur bouquin de ce dernier d’ailleurs).

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Trial by Blood – A. Smillie :

INTRIGUE:

Trial by BloodUn conclave de Maîtres de Chapitre descendants des Blood Angels s’est réuni sur Baal, pour juger l’un des leurs dans l’intimité cosy du Forum Judicium, sorte de Cour Suprême pour les petits enfants de Sanguinius. L’accusé est, ô surprise, Gabriel Seth des Flesh Tearers, dont la réputation de tueurs sanguinaires et incontrôlables n’est plus à faire. Appelé à répondre de ses actes devant ses pairs, Seth sait que la survie de son Chapitre est dans la balance, mais n’est pas du genre à tourner autour du pot de Mephiston Red, et refuse de faire acte de contrition pour les génocides erreurs passées des Fleshy Bois.

Comme dans tous les forums, la tension monte vite entre les participants, et les insultes et coups bas ne tardent pas à voler1. Entre deux invectives virulentes, Seth et ses juges se remémorent les actions des Flesh Tearers sous le commandement du premier, litanie de massacres et de bains de sang parfois perpétrés pour une bonne cause, mais le plus souvent causés par le mental fragile et le tempérament irascible des descendants d’Amit. Après que toutes les parties en présence aient eu l’opportunité de s’exprimer et de se faire menacer de mort par Seth, la séance est ajournée pour que les Maîtres de Chapitre puissent ruminer en paix2, et rendre leur jugement…

Début spoiler…Qui trouve, à une écrasante majorité, Dante compris, les Flesh Tearers coupables des crimes qui leur sont reprochés. La sentence prononcée est la dissolution du Chapitre, dont les Frères seront dispersés parmi les autres Chapitres descendants des Blood Angels, tandis que Seth restera emprisonné sur Baal jusqu’à sa mort. C’est toutefois à ce moment qu’un nouveau joueur (Astorath) entre dans la partie, et vient dans le plus grand des calmes casser le jugement de son supérieur hiérarchique, pour la simple et bonne raison qu’il a raison3… et qu’il a bien aimé se faire corriger par Seth lorsque leurs chemins se sont croisés par le passé, j’imagine. À chacun ses fétiches. Toujours est il que l’intervention autoritaire d’Astorath convainc l’auguste (comme le clown, pas l’empereur) assemblée de reconsidérer sa position, et de laisser les Flesh Tearers et leur Maître de Chapitre continuer leur œuvre destructrice, au prix d’une simple remontrance orale et d’une petite tape énergétique sur les fesses. Viendra un temps où la sauvagerie des tireurs de flèches sera une arme essentielle dans la lutte pour la survie de l’Imperium (source : vision toute chelou d’Astorath, qui tient mieux la hache que l’alcool), et il serait donc inopportun de les faire répondre de leurs crimes avant cette épreuve fatidique…Fin spoiler

1 : Gaby s’illustrant particulièrement en s’attaquant à la couleur de la livrée des Lamenters, qui pour leur malheur ont une armure jaune, preuve irréfutable de lâcheté d’après l’expert en psycho-héraldique qu’est notre ami Seth.
2 : C’est pas moi qui le dit, c’est Smillie. On le sait peut, mais Sanguinius adorait les vaches.
3 : On rigole mais Seth est littéralement émerveillé par les talents d’orateur du nouveau venu. Faut dire que lui passe plus de temps à grogner qu’à pratiquer la rhétorique.

AVIS:

Il est compliqué de donner un avis sur ‘Trial by Blood’ car cette novella est en fait une anthologie à part entière, intégrant dix courts formats1 pondus par Andy Smillie sur son Chapitre de prédilection, reliés de façon très lâche entre eux par quatre séquences écrites pour l’occasion, et décrivant le déroulé du procès des Flesh Tearers. Si on se concentre sur ces dernières, on doit reconnaître que l’auteur se montre plutôt généreux en termes d’apports fluff, comme la description du Forum Judicium et l’inclusion de nombreux Maîtres de Chapitre l’attestent. C’est à mes yeux le principal point fort de cette pseudo-novella, dont le caractère artificiel se ressent rapidement, et vient cruellement souligner la vacuité des (més)aventures des Flesh Tearers telles qu’écrites par Smillie.

En effet, on a l’impression de lire dix fois de suite la même histoire de Space Marines trotro énervés2, cherchant à contrôler leurs pulsions pour faire leur devoir, mais échouant lamentablement et multipliant les gaffes et les bévues en conséquence. Cela est particulièrement évident lorsque l’auteur introduit ‘Beneath the Flesh’, ‘Torturer’s Thirst’ et ‘Death’s Shepherd’ comme le plaidoyer de Seth cherchant à démontrer les efforts accomplis par les Flesh Tearers pour lutter contre la Soif Rouge et la Rage Noire. Le seul problème est que ces histoires ne montrent rien de tel (se référer à leurs critiques respectives), et dépeignent les Flesh Tearers comme les mêmes psychopathes en armure énergétique que Smillie prend plaisir à stigmatiser depuis des lustres.

Au final, ‘Trial by Blood’, malgré sa construction particulière, s’avère être du même tonneau que le reste du corpus Flesh Tearers d’Andy Smillie : une Space Marinade assez insipide sur la forme, truffée de problèmes structurels majeurs3, sur lesquels on passe l’éponge par lassitude plus que par sympathie. Vu les contraintes de mise en forme avec lesquelles cette novella a dû composer, le résultat n’aurait sans doute pas pu être brillant, mais un auteur un peu plus doué/motivé aurait pu à mon sens obtenir un tout un peu plus cohérent que ce patchwork inabouti.

1 : ‘Know Thyself’, ‘Blood in the Machine’, ‘From the Blood’, ‘Beneath the Flesh’, ‘Torturer’s Thirst’, ‘Death’s Shepherd’, ‘Immortalis’, ‘The Quickening’, ‘Astorath: Redemeer of the Lost’ et ‘Gabriel Seth: The Flesh Tearer’.
2 : Ils devraient prendre un âne comme emblème, ce serait approprié à plus d’un titre.
3 : Ici, on a Astorath qui se donne le pouvoir de contredire un jugement prononcé par plusieurs Maîtres de Chapitre, dont le sien, sur un simple coup de tête…

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Know Thyself – A. Smillie :

INTRIGUE:

Know ThyselfLa nouvelle s’ouvre sur une description proprement marseillaise dans son exagération du vaisseau amiral des Flesh Tearers, ce bon vieux Victus, avec sa coque de céramite de plusieurs kilomètres d’épaisseur, et ses états de service l’ayant amené à effectuer un millier d’Exterminatus. Bien que très marrante pour tout le monde, sauf pour la crédibilité de l’auteur et de la nouvelle, cette introduction superlative n’a pas grand-chose à voir avec la suite de l’intrigue, et c’est donc à regret que nous continuons à l’intérieur de la mirifique barge de bataille, où nous retrouvons le Chapelain Appollus et le Champion de Compagnie Harahel. Les deux compères ont été envoyé par Gabriel Seth, le Maître des Flesh Tearers, accueillir un visiteur de marque : l’Inquisiteur Corvin Herrold. La mauvaise réputation et les agissements borderline des Flesh Tearers ont en effet fini par les rattraper, et à la suite d’un massacre sanglant et avec témoin commis sur une population civile pendant les Guerres de l’Eclipse, un signalement a été envoyé aux autorités compétentes par des lanceurs d’alerte bien intentionnés1.

Ne pouvant pas envoyer balader un Inquisiteur comme il fuit d’habitude ses responsabilités, Gaby consent à une entrevue, mais avec une mauvaise volonté oscillant entre le palpable et le quasi physique. Séparé de sa suite dès son débarquement sur le Victus, même pas autorisé à enregistrer la conversation avec Seth, et forcé à poireauter dans une salle sans chaise pendant que son hôte finit sa séance de pilates dans le Reclusiam, Corvin endure les mesquineries des Flesh Tearers avec flegme, jusqu’à ce que le Maître de Chapitre finisse enfin par passer la porte. N’étant pas en temps normal particulièrement empathique et conciliant, Seth se montre ici particulièrement abrupt, menaçant et péremptoire au cours de la conversation, déniant en bloc les accusations d’exactions pesant sur son Chapitre, molestant physiquement Corvin, puis lui donnant quinze minutes pour quitter le Victus, sous peine d’être renvoyé à ses chères études par macrocanon interposé…

Début spoiler…Cette confrontation n’était toutefois qu’une ruse destinée à permettre au véritable Corvin d’explorer le vaisseau des Flesh Tearers sans attirer l’attention. Déguisé en simple scribe de la suite inquisitoriale, Coco parvient à se glisser jusqu’au niveau où les Space Marines ayant succombé à la Rage Noire sont gardés en attendant une bataille digne de ce nom. Ayant dû en abattre un qui menaçait de lui sauter au cou après qu’il ait ouvert la porte de sa cellule pour documenter son investigation, l’Inquisiteur se prépare à repartir incognito vers la navette, mais est pris la main dans le sac par ce diable d’Appollus, qui avait vu clair dans son petit jeu. Assommé par le Chapelain à l’issue d’un duel très déséquilibré, Corvin se réveille attaché à une chaise, en compagnie de Seth, Appollus, de l’Archiviste Balthiel et d’un autre membre de la Compagnie de la Mort des Flesh Tearers, amené dans la salle d’interrogatoire à des fins pédagogiques. Voulant faire comprendre à son prisonnier à quel point la Rage Noire est dévorante, Seth ordonne à Balthiel de donner à l’Inquisiteur un aperçu de la psyché dévastée de Frère Gragraouh, une expérience douloureuse et débilitante pour ce fragile de Corvin, qui fait un burn out. Dans un accès de magnanimité aussi rare que stratégiquement stupide, Seth laisse toutefois repartir son visiteur, balancé sans ménagement dans sa navette avec les morceaux déchiquetés de ses serviteurs et gardes du corps. Il pensait peut-être donner une bonne leçon à l’Inquisition, mais s’il y a une constante dans l’univers de Warhammer 40.000, c’est que les Ordos ne sont pas de bons perdants…Fin spoiler

1 : Quand ce sont les Space Wolves, et leur rapport conflictuel avec les saints Ordos, qui te balancent à l’Inquisition, c’est que la boulette que tu as commise pourrait être qualifiée de planétoïde.

AVIS:

Nouvelle de pur remplissage, où l’on n’apprend strictement rien de nouveau sur les Flesh Tearers du 41ème millénaire qui n’ait été couvert précédemment1 (par Smillie ou par d’autres), ‘Know Thyself’ a pour elle le petit twist sympathique de la révélation de l’échange des rôles entre l’Inquisiteur et son grouillot, que je n’avais franchement pas vu venir. Je ne sais pas si c’est à mettre honnêtement au crédit d’Andy Smillie, car je pensais initialement que la couardise manifeste du pseudo Corvin devant les grognements de Seth se justifiait simplement par une nouvelle mauvaise interprétation du lore de 40K par l’auteur. C’est dire à quel point je rabaisse mes standards quand je lis sa prose. ‘Know Thyself’ peut à l’extrême limite être considérée comme un tournant majeur dans l’histoire contemporaine du Chapitre, car c’est là que commence le feud avec l’Inquisition (poursuivi dans ‘Blood in the Machine’), mais c’est faire beaucoup de cas de 13 pages très banales.

1 : Bon, si on veut vraiment chipoter, on (moi en tous cas) découvre que Manakel – un personnage Flesh Tearers ayant vécu au moment de la création du Chapitre – est devenu un Dreadnought. C’est peut-être couvert dans une autre nouvelle, mais je l’avais laissé en un seul morceau dans ‘Sons of Wrath’ et ‘Flesh of Cretacia’.

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Blood in the Machine – A. Smillie :

INTRIGUE:

Blood in the MachineEngagés dans la défense d’Armageddon contre les hordes d’Orks de Ghazgkull, les Flesh Tearers tentent de se racheter une réputation en faisant des trucs héroïques, comme venir au secours d’un bataillon de Gardes Impériaux sur le point d’être anéantis par les Xenos. Ces nobles desseins sont toutefois interrompus par l’arrivée d’une escouade de Gardes Sanguiniens, envoyée par le Capitaine ‘Double Face’ Tycho des Blood Angels afin d’inviter Gabriel Seth à une réunion des plus urgentes. Après avoir protesté un peu pour la forme (c’est ennuyeux, il venait de remettre des piles dans son Eviscerator), le Fleshest des Tireurs accepte de laisser la Légion d’Acier prendre la rouille et la dérouillée qui lui était promise avant l’arrivée providentielle de son escouade de commandement, et se fait hélitreuiller (sans rire) jusqu’au QG des Blood Angels.

Là, il rencontre l’Inquisitrice Nerissa, recommandée par Dante en personne, et la véritable raison pour laquelle il a été rappelé au bercail. Nerissa a en effet une hypothèse potentiellement lourde de conséquences pour la suite du conflit, qu’elle veut vérifier dans les plus prompts délais : selon elle, les Orks sont revenus sur Armageddon parce qu’ils ont été attirés à leur insu par l’esprit belliqueux d’un Titan chaotique ayant été enseveli lors de la première guerre mondiale ayant pris place sur la planète. Après lui avoir demandé si elle n’avait pas par hasard glissé le scénario de Dawn of War : Winter Assault dans son dossier de recherche, Seth accepte en grommelant très fort (et pour esquiver une perquisition de glandes progénoïdes) de servir de garde du corps à l’Inquisitrice lors de son voyage jusqu’à la mine où le Titan a été localisé. Il reste bien sûr accompagné de sa fidèle escouade de commandement, composé d’un nombre non nul de personnages précédemment inconnus au bataillon (il y a Harahel le Champion de Compagnie et l’Apothicaire Nisroc parmi les véritables VIP), qui se feront une joie et un devoir de mourir en cours de mission1, afin de montrer toute la dangerosité de cette dernière. Après quinze pages de progression sanglante et tout terrain (air, terre, mer, mine : c’est un véritable trail cette mission), nos héros pénètrent enfin dans la salle de contrôle du Titan oublié, et Seth réalise soudainement qu’il y a un petit problème…

Début spoiler…Tout est trop propre pour une machine supposément inféodée à Khorne. N’écoutant que son instinct, il flingue les derniers acolytes de Nerissa, qui étaient en train de poser des explosifs pour détruire le Titan, et somme cette dernière de s’expliquer. Ce qu’elle fait de façon tellement confuse que je ne sais pas vous dire si elle voulait vraiment détruire la machine, la capturer, et/ou se venger de Seth et des Flesh Tearers, qui ont plongé son mentor, l’Inquisiteur Corvin Herrold (‘Know Thyself’) dans une profonde dépression. Nerissa étant une Psyker, elle parvient à se tirer de ce mauvais pas en accentuant les pulsions violentes des Space Marines, qui s’attaquent mutuellement et s’entretuent avec entrain pendant qu’elle s’éclipse (et parvient à se frayer un chemin seule dans une mine infestée d’Orks, puis à retourner en territoire impérial par ses propres moyens -> la magie du hors champ). Il faudra l’intervention inespérée d’Harahel, laissé en dernier défenseur/dos d’âne sacrificiel par Seth quelques niveaux plus haut, et qui a réussi à contre toute attentes à sortir vainqueur de sa battle royale contre les Xenos, pour faire reprendre leurs esprits aux survivants.

La nouvelle se termine dans l’espace, avec un dilemme politico-moral se présentant à Seth. Il peut soit laisser Nerissa, qui a réquisitionné un vaisseau, lui filer entre les doigts, soit se venger de l’Inquisitrice en lui envoyant un petit cadeau d’adieu (une torpille d’abordage remplie jusqu’à la gueule de membres de la Compagnie de la Mort) avant qu’elle ne s’échappe dans le Warp, mais il lui faudra pour cela également détruire les deux navires hôpitaux accompagnant le transport de Nerissa pour ne pas laisser de témoins2. Après deux longues secondes – au moins – de réflexion, il opte pour la seconde option, et donne l’ordre au Chapelain Zophal3 de remettre une pièce dans la machine de la VENGEANCE !!!, enterrant définitivement toutes velléités (crédibles) de faire des Flesh Tearers des Space Marines un minimum sympathique. Et pourtant, l’Empereur en est témoin, il avait fait des efforts en ce sens en début de nouvelle !Fin spoiler

1 : Mention spécial au Frère Shemal (sans -e à la fin), qui disparaîtra pendant un saut depuis un Stormraven jusqu’au Titan-taxi réquisitionné par Nerissa pour traverser un bras de la mer bouillonnante à pied, et perpétue ainsi la longue et distinguée tradition des Flesh Tearers s’écrasant au sol comme des bouses.
2 : Notons au passage que l’exécution par Compagnie de la Mort interposée laisse en pratique suffisamment de temps à l’Inquisitrice pour envoyer un message alertant sa hiérarchie de la trahison des Flesh Tearers. C’est donc un nouveau super plan de la part de ce génie de Seth.
3 : Qui va sur ses dix mille ans à ce moment, à moins qu’il ne s’agisse d’un homonyme du compagnon du premier Maître de Chapitre des Flesh Tearers, bien sûr. Autre hypothèse : c’est un Dreadnought/Chapelain/Capitaine de croiseur d’attaque, ce qui fait beaucoup de spécialisation pour un même individu.

AVIS:

Je suppose qu’il faut voir cette nouvelle comme le récit de la descente aux enfers progressive des Flesh Tearers, entraînés « malgré eux » (mouarf) dans une spirale incontrôlable de vengeance et de trahison, dont la seule issue ne peut être que l’excommunication et la destruction du Chapitre. C’est en tout cas ce que Smillie voudrait nous vendre, et je ne suis que très moyennement convaincu. Si on passe outre tous les passages d’action pure, qui forment le gros de ‘Blood in the Machine’, il ne reste en effet que les actions mercurielles d’un Gabriel Seth dont l’empathie pour les simples humains fluctue entre héroïsme chevaleresque et sociopathie profonde en fonction des situations. Il aurait fallu un auteur un peu plus solide que Smillie pour faire apparaître une logique dans ces oscillations d’humeur, et au final dépeindre le Maître des Flesh Tearers comme un personnage torturé par sa conscience, et non comme un boucher colérique et inconstant. ‘Blood in the Machine’ n’a donc pas le moindre intérêt intrinsèque, que l’on se place du point de vue de la saga Flesh Tearers ou de celui du corpus de textes 40K de la Black Library. À archiver.

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From the Blood– A. Smillie :

INTRIGUE:

From the BloodLes Flesh Tearers de l’Archiviste Balthiel et du Chapelain Appollus (Gabriel Seth avait rage poney ce jour là) prennent part à la campagne de pacification du système de Stromark, déchiré par une guerre civile opposant les familles dirigeantes de ses deux planètes habitées, Prime et Secundus. Les armées de l’Empereur ayant grand besoin des armes et munitions produites par ces bastions industriels, les autorités du secteur ont envoyé une flotte balancer quelques glaçons dans le slip des Gouverneurs en bisbille, depuis l’orbite haute s’il le faut. L’expédition a également la « chance » de pouvoir compter sur non pas un, mais deux contingents de Space Marines en support, tous deux issus de Chapitres descendants des Blood Angels : les Flesh Tearers donc, et les Angels Encarmine, menés par le Maître de Chapitre Zargo en personne.

Nous suivons nos héros sanguinaires dans leur attaque de Stromark Prime, dont les défenses aériennes sont tellement formidables qu’elles forcent Balthiel à user d’un pouvoir psychique d’une manière pas franchement permise par les règles. Le brave Archiviste puise en effet dans ses réserves pour déployer un Bouclier de Sanguinius sur les drop pods de la Compagnie de la Mort alors qu’elle est déployée au sol, ce qui le fatigue fortement mais permet aux Flesh Tearers de s’emparer du palais de la Gouverneure Agrafena en un temps record. Fidèle à sa nature de psychopathe, le Chapelain Appollus laisse Agrafena, blessée à mort dans les affrontements, lancer par pure malice une frappe massive (300 milliards de morts, tout de même) sur Stromae Secundus dans ses derniers instants, officiellement pour accélérer la résolution du conflit, officieusement pour emm*rder les Angels Encarmine, chargés de la prise de la seconde planète du système. On apprend à la toute fin de la nouvelle qu’il ne faudra « que » sept générations pour que les capacités de production de Stromark reviennent à leur niveau d’avant la guerre civile, ce qui fait de cette campagne un succès total. Quelqu’un aurait-il l’obligeance de me rappeler pourquoi l’Imperium est intervenu, pour commencer ?

AVIS:

Encore une nouvelle où les Flesh Tearers démontrent à quel point ils sont peu fréquentables (enfin, surtout Appollus), avec Balthiel occupant la place du personnage principal en remplacement de l’incontournable Gabriel Seth. À défaut de donner plus de profondeur à son Chapitre fétiche, ou de nous servir des scènes d’action un tant soit peu originales/satisfaisantes, Andy Smillie atteint son quota de pages en intégrant une nouvelle bataille spatiale peu intéressante – son péché mignon, voir ‘Sons of Wrath’ – dans son propos, ce qui lui donne l’occasion d’ajouter un nouveau personnage secondaire au casting déjà bien fourni de son Chapitre : le Chapelain cul de jatte Zuphias, condamné à servir comme Capitaine du Death Cowl jusqu’à sa mort à cause du manque de fauteuil roulant dans les réserves du Chapitre1. Pas grand-chose à dire de plus sur ce ‘From the Blood’, dont l’intérêt m’échappe encore à ce jour.

1 : Smillie nous dit qu’il aurait dû être incarcéré dans un sarcophage de Dreadnought après avoir perdu ses jambes lors d’une bataille contre des Démons de Khorne, mais qu’il est maintenant trop tard pour le retirer du trône de commandement du vaisseau où il avait été placé pour sa survie. Mais le gus n’a « juste » plus de jambes, et il est encore revêtu de son armure (et pas placé dans un caisson de survie) : on a du mal à déterminer la gravité réelle de ses blessures.

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Beneath the Flesh – A. Smillie :

INTRIGUE:

Beneath the FleshRelatant la mission d’une escouade de Flesh Tearers envoyée récupérer des données sensibles dans une base avancée du chapitre sur la planète d’Aere, et ce alors que la garnison stationnée sur place ne répond plus et que les forces du Chaos menacent de fondre sur l’avant-poste à tout moment (avec un rapport de force de un pour à peu près mille dix-neuf en faveur des cultistes – ne riez pas, c’est écrit noir sur blanc dans la nouvelle – ), Beneath The Flesh n’impressionne pas par son originalité, mais contient tout de même suffisamment d’éléments intéressants distrayants pour que sa lecture ne constitue pas la purge qu’elle aurait pu être. Car c’est une qualité que l’on doit reconnaître aux travaux de Smillie : pour perfectibles qu’ils soient, leur imprévisibilité et/ou incongruité les rend assez fendards à parcourir. Du Counter 2.0 en quelque sorte.

Mis à part la poignée de soldats humains présentés comme renégats par Smillie, mais finalement tout à fait loyaux au Trône de Terra, et dûment massacrés par les Flesh Tearers pendant leur « investigation » de la base avancée, la première moitié de récit est assez calme, l’auteur se concentrant davantage sur la construction d’une atmosphère oppressante (bof) et la mise en relief de la tare génétique des descendants de Sanguinius (pas mal) que sur l’action pure. Et s’il aurait été intéressant, ou en tout cas original, de poursuivre sur cette voie de relative non-violence jusqu’au bout1, il ne fallait pas compter sur Andy pour se détourner de la voie royale de l’auteur BL qui se respecte, à savoir une franche explication de texte entre protagonistes et antagonistes.

Au contraire, ayant rongé son frein pendant les 25 premières pages, Smillie embarque ses lecteurs dans un carnage digne des heures les plus sombres de l’Hérésie d’Horus, bien aidé il faut le reconnaître par le pedigree des forces en présence. Car aux (ig)nobles Flesh Tearers de l’escouade Barbelo est opposée une cohorte de World Eaters écumants, opposition ne pouvant déboucher sur autre chose qu’un tsunami d’hémoglobine. Heureusement pour nos héros, les Khorneux leur faisant face ne brillent ni par leur sens tactique (soit), ni par leurs capacités martiales (heu…), permettant aux six Flesh Tearers de massacrer leurs adversaires avec une désinvolture scandaleuse. Berzerkers, Raptors, Dreadnought et Aspirant Champion : tous finiront réduits en tapenade par la vertueuse furie et les pièges à cons des loyalistes, qui, au prix de quelques péripéties très confuses, arriveront à se regrouper et à tirer leur révérence au nez et à la barbe des séides d’Angron2.

1 : Je pense qu’une grande partie du désamour que j’éprouve à l’heure actuelle pour les histoires de Space Marines vient du fait que ces derniers sont toujours mis en scène dans des récits guerriers. À croire que leur vie se résume à foutre sur la tronche des ennemis de l’Empereur H24. Il doit pourtant y avoir des temps morts dans leurs vies trépidantes de surhommes, faute de quoi la longévité moyenne ne dépasserait pas les trois mois. Je trouve dommage que ces zones d’ombres de la vie des meilleurs de Pépé n’aient pas été plus explorées par les auteurs de la BL (bon, Counter a bien essayé de mettre en scène un tribunal militaire dans Phalanx, avec les résultats que l’on sait, mais je suis sûr qu’un ADB ou un French seraient capables de traiter le sujet de manière intéressante).
2 : Leur Stormraven ayant été détruit dans la bagarre (il était de toute façon incertain que l’esprit de la machine ait suffisamment récupéré de l’immonde atterrissage voulu par ses passagers pour décoller), nos héros s’échappent en fusée. Si si. Le plus drôle est que la séquence, telle que narrée par Smillie, ressemble à s’y méprendre à la fin du générique d’Il Etait Une Fois l’Homme.

AVIS:

Commençons par distribuer le seul et unique bon point de la nouvelle, qui tient mieux la route que les deux précédentes publications du bon Andy dans Hammer & Bolter. L’auteur arrive à rendre assez bien l’état de tension permanente qui est le lot des Flesh Tearers quand ils sont en opération, leur penchant pathologique pour le prélèvement d’organes à mains nues et sans anesthésie devant être strictement contrôlé sous peine de céder définitivement à la Rage Noire. Et à ce petit jeu-là, les vétérans (comme le sergent Barbelo de l’escouade du personnage principal – Maion –) partent avec un gros désavantage, la tare génétique de Sanguinius les travaillant depuis plus longtemps que les Marines fraîchement intégrés. Le brave Barbelo fait donc (peut-être à dessein) bondir le compteur de conneries dès qu’il ouvre la bouche, mais j’anticipe sur la suite.

Car ‘Beneath The Flesh’, c’est d’abord un festival de passages what the fuck-esques, qui continue avec une constance admirable d’un bout à l’autre de cette première partie. Ça commence très fort avec une arrivée sur site de l’escouade de Maion dans un Stormraven qui vient sciemment s’écraser à proximité de la base1 pour des raisons qui continuent à m’échapper à l’heure actuelle, Smillie ne prenant pas la peine d’expliquer pourquoi ses Flesh Tearers ont préféré prendre le risque de tous périr dans l’accident et de bousiller leur seul moyen de quitter la zone avant l’arrivée de l’ennemi, alors qu’un simple atterrissage conventionnel aurait parfaitement fait l’affaire. Pour ma part, je le soupçonne de ne pas bien faire la différence entre un Stormraven et un Drop Pod, mais passons.

Passons également sur les fourreaux d’épée-tronçonneuse, l’identification d’un modèle de magasin d’autocanon (ainsi que sa capacité) à l’oreille, ou encore – et à regret cette fois-ci – sur le kill le plus saugrenu de l’histoire de la BL2 , pour nous concentrer sur le cas du sergent Barbelo. Comme dit plus haut, le loustic s’est spécialisé dans la stupidité crasse une fois sorti du Noviciat, ce qui lui a fort logiquement permis d’accéder à des fonctions de commandement. Refusant catégoriquement au Prêtre Sanguinien qui accompagne l’escouade l’autorisation de s’enquérir des glandes progénoïdes des Flesh Tearers qui étaient stationnés dans la base, sous prétexte que ce n’est pas l’objectif principal de la mission (c’est pas comme si le chapitre était en train de s’éteindre, hein), ne s’émouvant pas le moins du monde de l’absence de cadavres dans un bâtiment maculé de sang et d’organes (« c’est pas l’objectif principal de la mission ! » bis), coupant volontairement sa radio au moment où l’inévitable embuscade est lancée contre ses hommes (qui aurait besoin de coordonner son escouade dans une situation pareille, après tout ?), et adepte convaincu de la scission en groupes de un, Barbelo est une vraie tête de lard comme on n’en croise plus guère au fil des pages de la BL.

Dans un autre registre, force est de constater qu’Andy Smillie a encore du chemin à faire pour amener ses rebondissements de manière un tant soit peu crédible. Ayant – à mon grand soulagement – laissé tomber l’approche du « zapping narratif »3  pour un rythme un peu plus compréhensible, il pêche cette fois par naïveté, les indices égrenés au long de son récit (car un bon twist est un twist dont le lecteur se dit qu’il aurait dû se rendre compte s’il avait fait plus attention à certains détails) ayant la subtilité d’un Nob en méga-armure défoncé aux champignons.

La conclusion de ‘Beneath the Flesh’ est ainsi une compilation de révélations éventées depuis belle lurette et de zones d’ombres laissées sans explications. Comme prévu, Smillie confirme donc (enfin) que les malheureux Gardes Impériaux dépecés à l’apéritif par l’escouade Barbelo étaient de fidèles sujets de l’Empereur. Quel dommage que personne n’ait eu la riche idée de se servir de sa radio pour dissiper ce malentendu avant que la demi-douzaine de Space Marines en rut faisant figures de héros ne leur tombe sur leur râble ! À quoi tient la vie d’un bidasse (et la crédibilité d’un récit) parfois…

Du côté des mystères non résolus, Andy Smillie se garde bien de révéler pourquoi la garnison originelle de la base avancée s’est retournée contre ses alliés (même si le classique « c’est diablerie, monseigneur » est balancé en loucedé par un Capitaine SM qui passait dans le coin), ni qui était le gus qui a mis en scène les corps des huit Flesh Tearers dans la chapelle. Je suis sûr que l’on pourrait multiplier les exemples à l’envi en creusant un peu, tant l’intrigue développée par Smillie est friable, mais à quoi bon tirer sur l’ambulance ? Toujours est-il que c’est Gabriel Seth himself (le Maître de Chapitre des Flesh Tearers, pour ceux qui ne suivent pas) qui clôt les débats, en ordonnant l’Exterminatus d’Arare, là non plus sans grande justification de la part de l’auteur. Mais qu’importe : c’est kwioul.

Au final, ‘Beneath the Flesh’ n’est rien de plus qu’une nouvelle classique de Space Marines, dont seule la longueur justifiait qu’elle soit séparée en deux parties. Les possibilités narratives offertes par ce format n’ont malheureusement pas été exploitées par Andy Smillie, dont cette troisième contribution à Hammer & Bolter reste du même acabit que les précédentes, c’est-à-dire très dispensable.

1 : Le Techmarine de la fine équipe coupe les moteurs et les rallume juste avant l’impact, ce qui ne sert strictement à rien au final puisque le fier vaisseau termine sa course dans le même état qu’une compression de César. Cette scène mémorable a été fidèlement adaptée dans Madagascar 2.
2 : Etape 1 : Arracher le crâne du cadavre de votre dernière victime en date.
Etape 2 : Balancer le dit crâne sur le torse d’un nouvel adversaire.
Etape 3 : L’impact écrase quelques côtes : le cœur s’arrête de battre. Fatality
3 : cf la critique de ‘Mountain Eater‘.

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Torturer’s Thirst – A. Smillie :

INTRIGUE:

Les documentalistes du CDI d’Onuris Siti (très très réputé magheul) se sont mis en grève pour dénoncer leurs conditions de travail et ont fondé un syndicat d’obédience socialo-tzeenchienne, la Fraternité du Changement (c’est maintenant), pour porter leurs revendications en haut lieu. Envoyés à la table des négociations1 aux côtés de la Garde Impériale pour défendre les intérêts de Terra, les Flesh Tearers ont opté pour une approche agressive (pour changer), et nous suivons en particulier l’escouade de la Compagnie de la Mort du Chapelain Appollus, alors qu’elle part à l’assaut des cultistes avec une énergie débordante et un respect minimal pour les consignes du haut commandement. Appo’, dont la spécialité est d’ignorer les avertissements qui lui sont donnés (d’abord sur ses réserves de munitions, puis de carburant pour son jet pack, et pour finir sur le déclenchement d’un bombardement allié), se retrouve isolé de ses petits camarades et du soutien au porteur de crozius, et malgré toute sa vaillance et sa détermination, est fait prisonnier par l’ennemi après qu’un mystérieux Psyker en armure noire l’ai fait rebondir sur le sol plus de fois qu’une balle de service de Nadal. Ce sont des choses qui arrivent à la guerre.

Appollus revient à lui dans une cellule obscure et en mauvaise position, nu comme un ver et pendu par les pieds, à la merci des sinistres tortionnaire de la Fraternité du Changement, les Fratris Crucio. Convaincu que le Chapelain dispose de secrets qui pourraient être utiles à sa victoire finale contre l’Imperium, le chef suprême du culte, le Space Marine du Chaos et Psyker précédemment aperçu, Abasi Amun, déchaîne les douloureux talents des Crucio contre son invité de marque, qui finit très très marqué par leurs délicates attentions, mais refuse obstinément de cracher autre chose que des mollards acides à la face de ses bourreaux. Prenant acte de l’échec de la manière forte, Abasi rend visite au Flesh Tearer (qui n’a jamais aussi bien porté son nom), et pénètre son esprit à l’aide de ses pouvoirs psychiques afin de lui arracher le secret qu’il dissimule au plus profond de son être…

Début spoiler…Manque de pot pour Baba, ce secret n’était pas d’ordre stratégique, mais psychologique, et la RAAAAAAGE des fils de Sanguinius lui contamine fissa le cortex, transformant l’arrogant sorcier en bête de foire. Appollus, qui attendait patiemment le moment de briser ses liens (car il pouvait apparemment le faire sans problème), saisit cette opportunité pour regagner le plancher des vaches, et solote tranquillement son adversaire malgré son état d’affaiblissement et son absence d’armure énergétique. Il faut croire que l’on apprend aux Chapelains des Flesh Tearers à maîtriser leurs patients dans toutes les situations possibles au cours de leur formation pratique.

Ceci fait, Popol s’en va libérer les membres survivants de son escouade, gardés prisonniers dans des cellules toutes proches2, puis s’offre une scène d’action inutile pour la résolution de l’intrigue (il finira la nouvelle dans la base du grand méchant, dans l’attente de l’arrivée des renforts j’imagine), mais à haute valeur cinégénique, puisqu’elle combine à la fois l’explosion spectaculaire d’un vaisseau spatial, un aller retour du Chapelain (toujours en tenue d’Adam) dans l’espace pour échapper au souffle de ladite explosion – enfoncé Guilliman ! –, et l’arrivée à point nommé des Compagnons de la Mort pour envoi d’un petit one liner d’une kioulitude absolue. Morale de l’histoire : il vaut mieux laisser aux Flesh Tearers leurs petits secrets énervants, c’est un coup à perdre la tête.Fin spoiler

1 : Ni la table, ni les négociations, ne sont contractuelles.
2 : Avant cela, il se grave à l’acide mollardique le symbole de son Chapitre sur le torse. Parce que c’est COOL.

AVIS:

Andy Smillie avait l’occasion de nous en dire un peu plus sur le rapport que les Flesh Tearers entretiennent avec la Rage Noire dans cette nouvelle centrée sur le Chapelain Appollus et ses charges, mais on devra se contenter de l’approche très premier degré que l’auteur a choisi de mettre en pratique pour ce ‘Torturer’s Thirst’. Il y avait pourtant du potentiel à exploiter, le caractère quasi viral de l’affliction frappant le Chapitre (déjà souligné par Smillie dans ‘Know Thyself’) en faisant une arme qu’il est possible d’utiliser contre l’ennemi de plus d’une manière, comme l’inquisiteur Abasi Amun l’apprend à ses dépends. De la même manière, j’aurais bien aimé que Smillie explique pourquoi les membres de la Compagnie de la Mort n’attaquent pas Appollus quand il vient les libérer, alors qu’ils ne devraient être que des bêtes de guerre décérébrées à ce stade. Il y avait là aussi de la place pour donner quelques éléments de fluff sympathiques aux Flesh Tearers, mais tel n’a pas été le choix de l’auteur, qui a préféré miser sur l’action à outrance (et même pas tellement sur le gore porn que le titre laissait pourtant présager), comme dans tous ses autres travaux consacrés à ce Chapitre. Et qui comme pour tous ses autres travaux consacrés à ce Chapitre, livre au final une nouvelle très moyenne. La persévérance, c’est la clé.

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Death’s Shepherd – A. Smillie :

INTRIGUE:

De retour sur le monde à problème de Zurcon Primus (déjà « pacifié » par leurs grands anciens il y a dix mille ans1), les Flesh Tearers sont à pied d’œuvre pour mater une nouvelle rébellion des autorités locales contre le pouvoir impérial. Le conflit ayant déjà fait 300 millions de morts au moment où la nouvelle commence, on ne peut pas parler de frappe chirurgicale de la part des meilleurs de l’Empereur, mais comme le protagoniste de l’histoire est (probablement, il n’est pas formellement identifié) le Chapelain Appollus, à qui le concept de victimes collatérales est étranger2, ce bain de sang préliminaire n’est pas vraiment une surprise.

Appollus a pris la tête d’une bande de soldats zurconiens fidèles à l’Empereur, compensant leur manque d’équipement et de munitions par un fanatisme chevillé au corps et des baïonnettes attachées aux crosses de leurs fusils (ce qui n’est pas comment qu’on utilise une baïonnette, j’en suis presque certain). Le Chapelain et ses brebis galeuses doivent attaquer une position tenue par un régiment fidèle au Gouverneur local, et comme il est contractuellement tenu de faire un discours inspirant avant de mener ses hommes au carnage, Popol prononce royalement 37 mots qu’il estime motivants, avant de charger à toutes berzingues vers les lignes ennemies, confiant dans la protection que lui apporte son armure énergétique contre les tirs sporadiques des hérétiques.

Au terme d’un combat à sens unique, le Chapelain se retrouve à court d’ennemis à massacrer, ce qui semble mettre fin à la guerre de Zurcon (sans rire, c’étaient vraiment les derniers rebelles de toute la planète : ça pourrait expliquer pourquoi Appollus est le seul Flesh Tearers de la nouvelle, Gabriel Seth ayant rappelé ses forces pour les déployer sur d’autres campagnes, et laissé le Chapelain faire mumuse en arrière garde). Mais avant de partir, Appollus tient à rappeler au lecteur qu’il est toujours le roi des sales types, et exécute donc gratuitement les trois survivants de son unité, afin de les châtier d’avoir laissé Zurcon se rebeller à nouveau contre l’Empereur. Comme si Jojo, Bébert et Steeve étaient responsables de cette crise. Mais comme dit le proverbe : l’innocence ne prouve rien sans casser des œufs. Ou quelque chose comme ça.

1 : Voir ‘Sons of Wrath’.
2 : Voir ‘From the Blood’.

AVIS:

Quatre pages d’action bourrine et convenue et un clin d’œil pas vraiment inspiré à ‘Sons of Wrath’, c’est à peu près tout ce que l’on peut tirer de ‘Death’s Shepherd’. De façon contrintuitive, il se pourrait que cette histoire soit plus intéressante pour qui n’est pas familier du reste des travaux Flesh Tearers d’Andy Smillie, car ce nouveau lecteur aura plus de chances d’être surpris par la conclusion goredumb (c’est pas du grimdark pour moi) de cette micro nouvelle que l’habitué des pulsions homicidaires de ce bon Chapelain Appollus. Mais à 3,49€ les mille mots, l’addition est salée et le risque couru d’être déçu par cette plongée dans le monde vermeilleux des Flesh Tearers à la sauce Smillie non négligeable. Bienvenue au club.

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Immortalis – A. Smillie :

INTRIGUE:

Alors qu’il agonise sur le champ de bataille, un Space Marine des Flesh Tearers se rappelle ses deux morts précédentes. La première a été symbolique, et a pris place lorsque la Rage Noire s’est emparée de lui après qu’il soit tombé à court d’Orks à tuer, et ait compensé ce manque en faisant mumuse avec les Gardes Impériaux qui accompagnaient le Chapitre au combat. Cette incartade lui a valu d’être transféré au sein de la Compagnie de la Mort, et c’est au cours d’une mêlée furieuse contre ces pleureuses d’Eldars que notre héros a connu sa deuxième mort, le cœur primaire empalé par une lame Xenos. Il faut toutefois croire que FT Man était doué dans ce qu’il faisait, puisqu’au lieu de le laisser mourir en paix, le Maître du Chapitre le fit incarcérer dans un Dreadnought. Ce troisième service, et cette courte nouvelle, se terminent avec la troisième mort de notre gus, victime d’un « coucou qui c’est » pas franchement amical de la part d’un Genestealer Alpha en maraude.

AVIS:

La trajectoire classique et tragique d’un Flesh Tearer, relatée en 1.000 mots par Andy Smillie, n’apprend pas grand-chose de neuf sur le Chapitre, et sa lecture est donc tout à fait dispensable. On notera au passage que contrairement aux Blood Angels, les Flesh Tearers atteints de la Rage Noire ne revivent pas les derniers instants de Sanguinius pendant le Siège de Terra (ce qui est totalement la classe, tout de même) : ils sont juste très très énervés. Symptôme propre au Chapitre ou gaffe fluffique de la part d’un auteur qui n’est décidément pas à l’abri de ce genre de bévue ? Je laisse à chacun le soin de se faire une opinion.

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The Quickening – A. Smillie :

INTRIGUE:

L’Archiviste Balthiel des Flesh Tearers a choisi d’opérer seul derrière les lignes ennemies pour mener à bien l’assassinat du Gouverneur hérétique de Spheris, et nous le voyons faire usage de ses pouvoirs psychiques, dont son signature move : the quickening (une sorte de bullet time qui lui permet de ralentir l’écoulement du temps autour de lui), pour se débarrasser de la garde personnelle du félon. Bien que très efficace, l’abus du Warp est dangereux pour la santé mentale, et Balthiel finit la novelinette (3 pages !) en PLS, sa mission accomplie mais sa messagerie mentale submergée de spam de Démons cherchant à lui vendre des analgésiques miraculeux et/ou à lui faire rencontre des hot single spawns dans son voisinage. Bref, un jeudi ordinaire pour notre ami Flesh Pseaker.

AVIS:

Andy Smillie continue sa série consacrée à la mise en scène des pouvoirs psychiques des Blood Angels (et descendants) dans ses nouvelles Flesh Tearers avec cet insignifiant à tout point de vue ‘The Quickening’. Les amateurs de ce genre très particulier peuvent se tourner vers ‘From the Blood’ pour voir l’incroyable Balthiel utiliser le Bouclier de Sanguinius d’une manière fort peu orthodoxe (et tomber à nouveau dans les pommes, comme le gros bébé fragile qu’il est). Les autres économiseront les 3.49€ demandés pour ces quelques lignes peu mémorables1 et iront dépenser leur capital chèrement acquis ailleurs.

1 : Qui bénéficient malgré tout d’une recommandation de nul autre que James Swallow (« So visceral, you can taste the blood in your teeth »). Si ça ne vous donne pas une bonne raison supplémentaire de ne pas acheter ‘The Quickening’, vous allez vite apprendre…

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Astorath the Grim: Redemeer of the Lost – A. Smillie :

INTRIGUE:

Nous suivons Astorath dans son quotidien de Haut Chapelain des Blood Angels et voiture balai hache des descendants de Sanguinius, alors qu’il piste un groupe de Flesh Tearers de la Compagnie de la Mort ayant eu la mauvaise idée de survivre à la campagne d’Hamenlina. Le croirez-vous, mais même à un contre cinq, Astorath le bath parvient à apporter la paix des braves à ses brebis égarées. À peine le temps de prendre un petit café crémation, et voilà le Rédempteur reparti pour de nouvelles aventures sans queue (un peu) ni tête (surtout).

AVIS:

Aucune surprise dans ces quatre pages, qui dépeignent un Astorath en tout point conforme à la présentation qui en est faite dans le Codex Blood Angels. Allez, si on veut être charitable, on peut dire que l’identité de ses victimes est une micro surprise pour qui ne connaît pas le passif d’Andy Smillie avec les Flesh Tearers (chanceux que vous êtes). Cela ne sert absolument à rien dans l’histoire, mais c’est une surprise (je vous avais dit que c’était de la charité hein). Encore une micro-nouvelle vendue beaucoup trop chère pour ce qu’elle apporte en termes de plaisir de lecture et d’éléments de fluff, et donc à éviter comme la Rage Noire1.

1 : Si le personnage d’Astorath vous intéresse, je vous conseille d’aller lire ‘Redeemer’ de Guy Haley, qui est d’un rapport qualité prix sans aucune mesure avec la soumission de Smillie. Et les deux sont vendues au même tarif par la BL !

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Gabriel Seth: The Flesh Tearer – A. Smillie :

INTRIGUE:

Gabriel Seth en a gros sur la patate (énergétique). Ayant appris qu’Astorath avait exécuté des Flesh Tearers sans demander la permission auparavant1, le Maître de Chapitre lésé voyage jusqu’à Baal incognito (il a mis une capuche) afin de s’expliquer franchement avec le Haut Chapelain.

Par un heureux hasard, Astorath est présent dans le Reclusiam de Baal lorsque Gaby y fait irruption2, et les deux surhommes peuvent enfin se dire leurs quatre vérités… et se mettre des bourre pifs. On ne va pas se mentir, je n’en attendais/espérais pas moins de la part Gabriel « coup de boule » Seth, toujours aussi doué en matière de diplomatie. Seulement voilà, notre héros fait moins le malin lorsque son adversaire est un personnage nommé en armure d’artificier renforcé au scénarium, et le crétin de Cretacia crache rapidement quelques dents (même s’il parvient à abimer le jet pack de son adversaire dans la bagarre). Ayant compris qu’il ne sortirait pas vainqueur de ce combat, Seth abandonne sa stratégie initiale (occuper Astorath pour l’empêcher d’aller chercher des noises à d’autres Flesh Tearers), d’une stupidité aussi redoutable que lui-même, et s’en va se faire poser des implants en céramite en jurant à son adversaire qu’il n’a pas intérêt à revenir prendre la tête à d’autres Flesh Tearers. Sinon… Sinon.

1 : Voir ‘Astorath the Grim: Redeemer of the Lost’ du même auteur.
2 : Astorath passant son temps à voyager à travers la galaxie pour décoiffer les descendants les plus indisciplinés de la Légion de Sanguinius (ce qui fait un paquet de Chapitres à couvrir), on peut raisonnablement penser qu’il n’est pas souvent sur Baal. La nouvelle est d’ailleurs encore plus drôle si on considère que Seth est déjà venu vingt fois sur la planète, et est tombé à chaque fois sur une pancarte « sorry, we’re closed » lorsqu’il s’est présenté devant le Reclusiam.

AVIS:

De toutes les micro-histoires tournant autour des Flesh Tearers qu’Andy Smillie a écrit pour son Chapitre de prédilection, ‘Gabriel Seth : The Flesh Tearer’ est de loin celle que j’ai trouvée la plus intéressante. Voir le patron des Flesh Tearers aller régler ses comptes avec Astorath sur Baal pour protéger ses frères, même si ces derniers méritent dans l’absolu l’exécution que le Haut Chapelain des Blood Angels leur délivre, donne en effet plus de profondeur et de sympathie à Seth que toutes ses précédentes apparitions dans le corpus de Smillie. Cela n’est pas suffisant pour justifier le prix de vente de ces quelques pages, mais j’aurais apprécié que cette intrigue soit développée sur un format plus classique, afin de permettre une plus grande immersion dans les relations compliquées entre Gabriel Seth et ses « tuteurs » au sein des Blood Angels (Dante et Astorath), dont Smillie ne livre que des bribes au détour de ses dernières soumissions (voir ‘Trial by Blood’ et ‘A Son’s Burden’). Il reste un peu d’espoir…

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A Son’s Burden – A. Smillie :

INTRIGUE:

A Son's BurdenLa planète Nekkaris est assiégée par les forces chaotiques de Da’ka Jumoke, Space Marine renégat et impotent (il passera toute la nouvelle juché sur son trône, pépouze dans son Thunderhawk), mais peut compter sur l’aide des féroces Flesh Tearers de Gabriel Seth pour faire face à ce coup du sort. Venu avec l’intégralité de son Chapitre, Gab’ a toutefois commis l’erreur de renvoyer ses propres Thunderhawks passer leur contrôle technique une fois les Space Marines déployés au sol, réduisant drastiquement leur mobilité, et donc leur efficacité. Au moment où la nouvelle commence, on comprend que les fils bourrins de Sanguinius sont piégés avec leurs alliés dans les ruines de la capitale planétaire, et ne peuvent monter à l’assaut sans être réduits en pulpe d’Orangina Rouge par l’artillerie chaotique, qui pilonne la ville avec insistance. Résultat des courses : la galerie de personnages secondaires Flesh Tearers développée par Smillie au cours des précédents épisodes (le Chapelain Appollus, le Champion Harahel, l’Apothicaire Nisroc, l’Archiviste Balthiel) s’occupe comme elle peut en balançant des remarques désobligeantes sur le potentiel intellectuel des Nekkarites, qui n’ont pas encore maîtrisé l’art subtil du baissage de tête pour éviter les obus, comme les meilleurs de l’Empereur savent si bien le faire. What the duck, quoi. Un moyen comme un autre de canaliser la rââââââge qui menace de les faire dégoupiller à tout moment, comme c’est le lot des Sangui’ Bois de Cretacia.

Plus intéressant, nous suivons en parallèle la mission d’infiltration de la Compagnie des Scouts1 du Capitaine Temel, chargée de neutraliser les batteries adverses afin de permettre au gros des troupes de charger, éviscerateur au clair. Dans ces conditions difficiles, les novices font du mieux qu’ils peuvent, mais la présence de patrouille de Space Marines du Chaos dans le cordon défensif d’une part, et les gros problèmes de self-control qui sont le lot des Tireurs de Flèches d’autre part, prélèvent un lourd tribut chez les loyalistes. Déterminé à mener sa mission à bien dans les délais qui lui ont été impartis, Temel fait fi des pertes catastrophiques et parvient à faire exploser les obusiers adverses, mais se fait gravement grenailler le bedon dans l’opération. Il peut toutefois contacter Gabriel Seth avec le sentiment du devoir accompli, et la certitude que ses Scouts ne vont pas tarder à être secourus par leurs gros copains…

Début spoiler…Enfin, ça, c’était le plan A. Le plan B, comme Baal-Est-En-Danger-Il-Faut-Venir-Nous-Aider-Tout-De-Suite-Bisous-Dante, ne laisse pas l’ombre d’une chance aux infiltrés, car Seth annonce à son subalterne que tout le Chapitre est déjà sur le chemin de l’orbite2, et qu’il n’est pas possible d’attendre ni d’aider les survivants de Temel. La tuile. En effet, le message de détresse envoyé par les Blood Angels, constatant que les Tyranides se rapprochaient dangereusement de leur planète chapitrale, à leurs successeurs, a eu un effet bœuf chez le patriote Gaby 7, qui considère qu’il est du devoir des Flesh Tearers de répondre à l’appel de leurs Primogenitors, même si ces derniers n’ont pas été très tendres avec les débordements des fistons d’Amit au cours des derniers siècles. La famille, c’est sacré. Beau joueur, Temel souhaite bon vent à son supérieur démissionnaire, et se prépare à mourir dignement après s’être tranché la langue, dans la plus pure tradition cretacienne (il a raccroché avant, bien sûr).

La nouvelle se termine avec un petit passage dans la salle du trône de Da’ka, qui était venu pour casser du Flesh Tearers plutôt que pour conquérir la planète, et décide donc de partir à son tour de Nekkaris lorsque ses subalternes locaux viennent lui annoncer la bonne nouvelle. À suivre, donc…Fin spoiler

1 : Qui devrait être la 10ème Compagnie, mais comme certaines sources établissent que le Chapitre n’en compte plus que quatre, je préfère ne pas m’avancer sur les nombres.
2 : C’est à se demander qui gère les Thunderhawks des Flesh Tearers.

AVIS:

Andy Smillie livre avec ‘A Son’s Burden’ une introduction satisfaisante aux événements relatés dans ‘The Devastation of Baal’, du point de vue de ses chouchous Flesh Tearers. Si la mission commando de Temel occupe le plus gros de la nouvelle, et nous donne à voir toute l’abnégation du Capitaine, prêt à sacrifier ses hommes (et pour certains d’entre eux, à les abattre de ses mains lorsque la Soif Rouge se fait un peu trop pressante) et à laisser massacrer des civils pour parvenir à son objectif, la description de la décision de Seth d’abandonner des frères d’armes pour voler au secours de Blood Angels pourtant peu sensibles à la difficile situation de leur Chapitre successeur, donne une dimension noble et tragique à des Flesh Tearers que l’on avait jusqu’ici dépeint en brutes sanguinaires. Cet enrichissement du background des natifs de Cretacia est à mettre à l’actif d’un Smillie que j’ai trouvé plus mature et à l’aise dans son propos qu’il ne l’était dans ses premiers textes pour la Black Library. Deux défauts significatifs empêchent toutefois ‘A Son’s Burden’ d’être une réussite totale. Le premier est son traitement très « épisodique », en cela qu’on a l’impression tenace, et sans doute fondée1, que les événements relatés ici ne sont qu’un fragment d’un arc narratif beaucoup plus large : un tel procédé n’est pas interdit, mais je considère tout de même qu’une histoire vendue comme une nouvelle indépendante devrait pouvoir être lue de manière indépendante, sans avoir l’impression de passer à côté d’une partie du propos. Le second est l’usage inconstant des Thunderhawks des Flesh Tearers fait par Smillie : ce n’est certes qu’un détail, mais cela démontre un manque de connaissances et de réflexion sur le mode de fonctionnement d’un Chapitre Space Marines assez problématique. Bref, des progrès mais pas encore un sans faute.

1 : Même si Da’Ka Jumoke semble avoir tout à fait disparu de la surface de l’univers après cette nouvelle.

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The Rite of Holos – G. Haley :

INTRIGUE:

The Rite of HolosNotre histoire débute dans l’astroport du monde de Catria, planète de 43ème ordre en proie depuis quelques mois à un schisme profond. Détail mineur du récit, mais source potentiellement inépuisable de blagues lamentables (dont les écrits de votre serviteur font une consommation invétérée) que je ne peux donc (in)décemment passer sous silence, la population de Catria a pour particularité d’être à majorité féminine, les individus mâles étant chétifs et n’atteignant généralement pas l’âge adulte. L’immense majorité des protagonistes et antagonistes locaux de The Rite of Holos sont donc des représentants du beau sexe, dont la confrontation avec ce parangon d’uber virilité patriarcale qu’est le Space Marine impérial ne peut logiquement que faire des étincelles. Fin de la parenthèse et début de la beauferie.

Dépassée par les évènements, la garnison locale a donc fini par contacter le SAC (Service Après Colonisation) impérial, demandant l’envoi de renforts pour mater la rébellion initiée par une certaine Hesta, sainte vivante autoproclamée ayant le goût des choses simples. Par chance pour les loyalistes, le chapitre des Blood Drinkers passait dans le coin au moment des faits, lancé qu’il était dans la traque de l’origine d’une infection Genestealers dans ce même sous-secteur1. Jamais un à laisser être bafouées saintes prérogatives de Pépé, le Maître de Chapitre des Buveurs (Caedis) accepte la requête des Catrians et se téléporte sur place en compagnie de sa garde rapprochée.

Rapidement briefé sur la situation par la Colonel Indrana au cours d’une visite des abords du Reliquary Sanctum, place forte des rebelles s’étant révélée jusqu’ici inexpugnable, Caedis rejoint ensuite ses potes à la morgue pour procéder à l’étude d’un spécimen de mutant abattu à grand peine par les Gardes de Catria alors qu’il procédait à une distribution de (pâtes à) tartes sur les positions loyalistes. Trahie par de subtils détails, invisibles pour le tout-venant mais évidents pour les yeux entraînés des Blood Drinkers (absence de manucure, jean boyfriend sans talons, carapace chitineuse, troisième bras…), l’appartenance du mutant à un culte Genestealers apparaît au grand jour, au grand plaisir de Caedis et de ses lieutenants, le Réclusiarque Mazrael et le Maître Sanguinien Teale (qu’à partir de maintenant, j’appellerai frère Canardo). Ayant gentiment mais fermement envoyé la Colonel Indara lui préparer un sandwich pour pouvoir discuter de manière privée, Caedis expose son plan de bataille à ses sous-fifres pendant que Canardo eviscère le cadavre de Gennie avec un entrain déplacé : afin de pouvoir localiser l’origine de l’infection Xenos, il sera nécessaire pour les meilleurs de l’Empereur d’accéder au cœur du culte, là où la Matriarche et les jeunes ont trouvé refuge. Ce n’est en effet qu’en tirant parti de l’écho Warp des appels vers la Grande Dévoreuse de ces derniers que l’Archiviste de service (Guinian) pourra remonter à la source du problème. Il faudra donc faire le sale boulot soi-même au lieu de régler le problème d’une petite frappe orbitale bien placée, ce qui convient tout à fait à la philosophie martiale des Blood Drinkers. En guise d’ultime mais nécessaire préparation à cet assaut, Caedis autorise Ma et Canardo à réaliser le fameux rite d’Holos afin de préparer les frères de bataille à la confrontation avec l’ennemi et « aiguiser » leur Soif Rouge. Si les détails de l’opération ne sont pas donnés par Haley, on comprend assez facilement qu’une quantité significative de sang sera nécessaire à cette dernière, et que les brave Blood Drinkers ne seraient pas contre une participation active de la populace locale. Voilà qui est bien suspect.

La suite de la nouvelle est consacrée à l’attaque sur Reliquary Sanctum, menée de main de maître par des Blood Drinkers ayant bien compris que cribler une femme de bolts est la plus belle preuve de respect qu’on puisse lui donner au 41ème millénaire. À la pointe de l’assaut, Caedis, Canardo, Guinian et une escouade de Terminators se fraient un chemin dans les niveaux inférieurs de la cathédrale de Sainte Catria, devant à la foi se garder des embuscades des genestealers et des pulsions meurtrières induites par la Soif Rouge, qui les incite à foncer tête baissée dans la mêlée et les place donc à la merci de leurs perfides adversaires. Malgré toute l’expérience et la discipline qui caractérisent les vétérans Blood Drinkers, frère Metrion est le premier à péter une durite, la vue des cheveux ternes (et probablement gras) des cultistes ayant outragé l’esthète qui sommeille au cœur de chaque descendant de Sanguinius. C’en est fini de la progression méthodique des Buveurs, qui tourne à la fuite en avant matinée de battle royale, les frères de bataille les plus posey tentant tant bien que mal de venir au secours des mâles en rut qui leur servent de compagnons d’armes, avec des résultats plus ou moins concluants.

Ayant malgré tout atteint le cœur des positions ennemies (la cuisine de la cathédrale), les Blood Drinkers survivants se retrouvent face à face avec la magos Hesta, dont les pouvoirs psychiques et les lâches insinuations à propos de la virilité de nos héros les maintiennent un temps en respect. Heureusement pour les meilleurs de l’Empereur, le statu quo fini par être pulvérisé, en même temps qu’un des murs de la cathédrale, par l’intervention salutaire du Dreadnought Endarmiel. Ayant astucieusement fait le tour de la zone de combat grâce à sa capacité à lire des cartes, il effectue ensuite un parfait créneau qui met le canon de son fulgurant à hauteur du sternum de cette mégère d’Hesta, et transforme cette dernière en dés de poitrine fumé. La suite n’est plus qu’une formalité pour les Blood Drinkers survivants, qui peuvent repartir de Catria avec la satisfaction du travail bien fait et l’information cruciale qu’ils recherchaient depuis plusieurs mois, et laissant à leurs obligées le soin de faire le ménage de leurs sanglants exploits (cadavres de Gardes saignées comme des cochettes pour les besoins de leur potion magique secrète inclus). Voilà ce qui s’appelle une juste répartition des tâches.

1 : Arc narratif qui se conclura dans ‘Death of Integrity’, commis par the same Guy.

AVIS:

The Rite of Holos s’avère être une nouvelle assez sympathique à lire, même si la vacuité de son propos n’en fait pas une expérience mémorable. À ce titre, c’est bien la première partie du récit, pendant laquelle Haley réussit à peindre de manière assez convaincante la dangereuse dualité des Blood Drinkers, dont l’apparence angélique et la bienveillance manifeste dont ils font preuve envers leurs compagnons d’armes humains dissimulent un besoin viscéral et impérieux de satisfaire (de manière littérale et figurée) leur soif de sang, à n’importe quel prix, qui constitue le principal intérêt du récit. À titre personnel, j’aurais apprécié qu’Haley passe plus de temps sur ce fameux rite d’Holos, dont les modalités ne laissent que peu de doutes mais dont l’intérêt pour les Blood Drinkers est loin d’être évident, si on en juge par la facilité avec laquelle ils succombent à la Soif Rouge. Boire ou occire, il faudrait donc choisir.

Au crédit de Haley, on peut également mettre son souci d’intégrer à son récit des éléments de fluff que la plupart des auteurs de la BL auraient tout bonnement ignorés (ici le souci de l’esthétisme chez un chapitre héritier des Blood Angels, dont le Maître de Chapitre préfère attaquer une position ennemie que la bombarder afin de préserver autant que possible les reliques architecturales du site), ainsi que sa capacité à soumettre des idées pertinentes et originales (comme une planète peuplée seulement de femmes, ce qui doit exister dans un Impérium d’un million de mondes2).

Les scènes de combat sont, elles, d’une platitude consommée, l’auteur ne parvenant pas à faire ressortir du lot cette nème confrontation entre Space Marines et ennemis de l’Imperium des dizaines, voire centaines de passages similaires produits par la BL au cours des dernières décennies. Bien sûr, la Soif Rouge vient pimenter un peu les choses, mais on reste là encore sur le territoire très connu du « ouhlala-ça-n’a-jamais-été-aussi-dur-mais-je-dois-absolument-résister », sur lequel Swallow (saga Rafen) et Smillie (Beneath the Flesh) ont déjà bâti des arcs narratifs entiers3.

Dernier point d’insatisfaction, une « individualité » de la nouvelle pas assez marquée de la part de Haley. Si cela n’est pas rédhibitoire à la lecture, il est en revanche très clair que The Rite of Holos n’est qu’une bouture d’une œuvre plus conséquente (dans ce cas précis, Death of Integrity), et dont la raison d’être consiste à apporter quelques détails supplémentaires à cette dernière. Cela se perçoit particulièrement à travers le nombre important de personnages BD que Haley convoque (Caedis, Ma, Canardo, Guinian, Endarmiel), sans que ces derniers ne jouent un rôle vraiment important dans le récit. Un casting un peu plus réduit aurait sans doute permis à l’auteur de s’investir plus fortement sur ses protagonistes, et les rendre ainsi plus intéressant pour le lecteur.

Ceci dit, la balance reste tout de même positive pour The Rite of Holos, et on peut qualifier les débuts de Guy Haley dans Hammer & Bolter de succès, certes pas éclatant, mais pas bradé non plus.

1 : Peu d’auteurs de la BL ont pris la liberté d’explorer toutes les possibilités ouvertes par un cadre proprement galactique, les mondes impériaux en particulier étant en particulier touchés par une standardisation qui n’a pas lieu d’être. Guy Haley reprend le flambeau de Barrington J. Bayley, qui n’avait pas hésité à s’amuser franchement avec les planètes et cultures convoquées dans ses soumissions BL.
2 : La référence en la matière d’utilisation « optimisée » de la tare génétique des descendants de Sanguinius reste Aaron Dembski-Bowden et son ‘At Gaius Point’.

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Lemartes: Guardian of the Lost – D. Annandale :

INTRIGUE:

Lemartes_Guardian of the LostUne catastrophe minière s’étant produite dans la ceinture d’astéroïdes entourant la planète de Phlegethon a des conséquences tragiques pour les habitants de ce monde ruche, et démontre de façon irréfutable que les Blood Angels sont des planqués. Qui ? Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Tout fera bientôt sens pour vous, lecteurs.

Le prélude de notre histoire suit la trajectoire misérable et ténébreuse de Baldwin Morrov, l’un des mineurs piégés dans une galerie creusée dans l’une des nombreuses petites lunes orbitant autour de Phlegethon. Notre homme possède la capacité, totalement inutile pour lui et pour l’intrigue, de percevoir les prières qui sont adressées pour son salut. Au fur et à mesure que ces dernières se font moins nombreuses, les habitants de Phlegethon renonçant à envisager que la catastrophe a laissé des survivants, Morrov commence à déprimer, et, comme la plupart de ses camarades d’infortune, sombre dans la folie et le cannibalisme. Lui aura pourtant la chance de taper dans l’œil et le trône de Khorne, qui décide de jouer un tour pendable à ses voisins du Matérium en faisant de Morrov son prophète. Ayant trouvé par miracle un chemin jusqu’à la surface de la lune, Mo’ est récupéré par une équipe de secours qui passait dans le coin, et ramené en toute hâte sur Phlegethon afin d’y recevoir les meilleurs soins possibles, en sa qualité de héros et martyr. L’opération de com’ du Gouverneur local, qui a poussé le dévouement jusqu’à porter lui-même le brancard de Morrov, tourne toutefois au vinaigre lorsque ce dernier se réveille brutalement en salle d’opération, et balance un gros « BOOOOOOOOOOOOOR*EEEEEEEEEEEL DE M*RDDDDDE » à la cantonade, plongeant immédiatement ses soignants, puis par le jeu d’une contagion très rapide, toute la population de la ruche Profundis, dans une frénésie sanguinaire. Le début des ennuis pour Phlegethon.

À l’autre bout du Segmentum, nous faisons la connaissance de nos véritables protagonistes et antagonistes. À ma droite, le Chapelain Lemartes, dont la Rage Noire s’exprime littéralement et littérairement par son utilisation de phrases très courtes. Pas plus de quatre mots. Parfois cinq. Mais c’est rare. Concentré il doit rester. Tout le temps. Faire la part des choses. Respirer profondément. Boire de l’eau. Beaucoup d’eau. À ses côtés, son thérapiste personnel, le brave et haut Prêtre Sanguinien Corbulo, qui passera beaucoup de temps dans la novella à demander à Lemartes où il est, afin de s’assurer qu’il n’est pas enfermé dans une lubie terrestre dangereuse1. Enfin, un mot sur le Capitaine de la 4ème Compagnie des Blood Angels, Castigon, à la tête de la force envoyée par Dante sur Phlegethon pour remettre un peu d’ordre sur la planète après que les déboires du monde ruche ait fuité. Du côté des méchants, ce sont les Blood Disciples de Khevrak, une bande de Space Marines renégats et affiliés à Khorne, qui tiennent le haut de l’affiche. Leur connexion divine leur a permis de détecter la venue du prophète rageux sur Phlegethon, et comme ils s’en veulent encore d’avoir tué sa dernière incarnation du temps où ils étaient encore loyaux et formaient la 8ème Compagnie des Emperor’s Wolves, il se rendent également sur place pour… euh… faire des excuses à qui de droit, et se racheter aux yeux de Khorne.

Et c’est à présent qu’il me faut passer à la vitesse supérieure, tel un Rhino bénéficiant de la règle Moteurs Gonflés, car les 100 pages suivantes de ‘Lemartes: Guardian of the Lost’ sont d’une longueur et d’une lenteur absolue. Pour aller au fond des choses, nous suivons les Blood Angels alors qu’ils attaquent la ruche de Profundis, qui n’est plus peuplée que par des centaines de millions de Zombies de la Peste Raaaaage, afin de faire la peau au prophète susmentionné. Ce dernier les attend aux portes de la cité en faisant de la breakdance et du beat box très énervant, protégé par les Blood Disciples qui se répandent en excuses et en tirs de bolter. Les impériaux (il y a en plus des Blood Angels un régiment motorisé de Gardes de Fer de Mordian qui traînait dans le coin et cherche à se rendre utile) doivent à la fois repousser en permanence les assauts des citoyens enragés de Phlegethon, et composer avec les conditions climato-cataclysmiques difficiles que le prophète déchaîne sur eux toutes les vingt pages. Cela commence par un pilier de sang, qui aiguise la Soif Rouge des Blood Angels (dont Castigon, qui revient dans le droit chemin après que Corps de Bulot lui ait renversé le Graal Rouge sur la tête pour lui faire reprendre ses esprits) qui s’approchent trop à un niveau problématique. Puis on passe à une pluie de météorites. Puis à une vague de sang. Puis à un déluge de sang. Et pour terminer, un déluge de sang enflammé. Si ces intempéries rougeâtres n’affectent pas tellement Lemartes et ses petits copains de la Compagnie de la Mort, qui ont d’autres problèmes plus graves à gérer de leur côté, les Blood Angels « normaux », eux, dégustent méchamment, au point que Castigon, qui a sombré dans l’alcoolisme sanguinaire une deuxième fois au cours de l’histoire, et a été sevré une deuxième fois par Corbulo (qui lui a juste donné un grand coup de Graal sur le crâne), décide héroïquement de donner le commandement au Chapelain, et de rester tranquillement à l’abri dans son Rhino jusqu’à la fin de la bataille (avec Coco, évidemment). C’est d’autant plus drôle que les Mordians du Colonel Reinecker, eux, réussissent à maintenir leur discipline malgré tout ce qu’ils prennent dans les dents, depuis les hordes de rageux de Profundis jusqu’aux manifestations démoniaques de force 88 sur l’échelle de Magnus, en passant par les assauts des Blood Disciples et ceux de la Compagnie de la Mort de Lemartes (un malentendu2). Comme quoi, la taille et le nombre d’organes surnuméraires ne fait pas tout…

Début spoiler…La surprise du chef et l’invité de marque de la fin de la novella sera ce bon vieux Skarbrand, qui se matérialise finalement (seul) dans le money time, et provoque la mutation des Blood Disciples survivants. Annandale nous tresse un parallèle entre le rachat impossible du démon majeur et celui des Space Marines du Chaos aux yeux de Khorne, dont la bouderie est éternelle, mais who cares à ce stade franchement. Les derniers Mordians donnent leur vie pour distraire le Buveur de Sang, ce qui permet à Lemartes et aux Blood Angels ne s’étant pas fait porter paal de monter une charge décisive sur les positions ennemies. Après un dernier round de corps à corps meurtrier, Skarbrand est renvoyé à ses chères études, les Blood Disciples massacrés ou mis en fuite, et le calme peut enfin revenir sur Phlegethon (il reste encore quelques millions de Zombies enragés à euthanasier, mais la femme de ménage peut s’en charger). De son côté, l’inflexible Lemartes regagne sans faire d’histoire sa camisole énergétique, son impeccable self control lui permettant de repousser encore un peu l’exécution sommaire qui lui pend au bout du sellion. Une tisane à l’aubépine, et ça repart.Fin spoiler

1 : Lemartes lui répètera au moins aussi souvent que sa méthode ne sert à rien car il n’y a que lui qui peut se faire revenir à la réalité. Mais ça ne décourage pas Corbulo.
2 : Après coup, Lemartes vient engueuler le Colonel Reinecker dans l’hôpital de campagne (il s’est fait à moitié arracher le bras par le Chapelain), car ce dernier a osé voulu faire son devoir en progressant vers l’objectif. On peut être très zélé et de très mauvaise foi.

AVIS:

Je dois à David Annandale d’avoir écrit le premier texte publié par la Black Library qui m’a semblé tellement long, et disons le tout net, chiant, que j’ai douté de ma capacité à en venir à bout. Ce ‘Lemartes: Guardian of the Lost’ manque en effet tellement d’idées pour meubler ses 125 pages que l’auteur étiiiiiiiiire/répète jusqu’à la nausée les trois péripéties auquel il a pensé pour l’animation de cette campagne d’une banalité confondante. Je pense sincèrement que cette novella pourrait être moitié moins longue, garder la même structure et les mêmes événements, et s’avérer plus lisible que cet extended cut qui pourrait être sous-titré « Voyage jusqu’au bout de l’ennui ».

Si ce défaut structurel, sans doute causé par le besoin d’Annandale de donner à son éditeur un moyen format sur un sujet qui ne l’intéressait pas vraiment, est pour moi le plus gros point noir de ce texte, ce n’est pas le seul (comme souvent avec cet auteur). Je dois également souligner quelques passages incongrus, comme Lemartes qui bugge pendant cinq pages à rentrer dans son Rhino en essayant de se rappeler s’il a laissé ses clefs sur Terra en M31 ou sur Phlegethon en M41, qui durent également bien trop longtemps pour la crédibilité de cette novella. Lemartes lui-même, ou plutôt le traitement qui en est fait par l’auteur, est d’ailleurs une autre source de crispation, l’abus de phrases courtes pour représenter la folie contenue du personnage s’avérant rapidement lassant, car peu clair pour le lecteur. Citons également la tendance d’Annandale à intégrer à sa narration des détails potentiellement important pour la suite de l’histoire, mais qui ne serviront finalement à rien (comme le fait que le mineur Morrov perçoive les prières sans être un Psyker, ou que les Blood Angels reviennent sur Phlegethon après plusieurs millénaires). Enfin, et c’est peut-être la critique la plus subjective que j’adresserai à ce ‘Lemartes…’, j’ai trouvé la distinction qu’Annandale fait entre Rage Noire et Soif Rouge artificiellement nette. Le fait que les membres de la Compagnie de la Mort soit immunisés aux effets du pilier de sang « grâce » à leur affliction enlève à mes yeux le côté mystique de cette malédiction centrale à l’identité des Blood Angels, et la rapproche plutôt d’une pathologie classique (comme une grippe qui empêcherait d’attraper un rhume). Bref, il n’y a à mes yeux absolument aucune raison, sincère ou déviante, de s’infliger la lecture de la véritable purge littéraire qu’est cette novella, et c’est pour moi une désagréable nouveauté : jusqu’ici, Annandale avait au moins eu l’amabilité d’être distrayant dans sa bofitude.

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Sin of Damnation – G. Thorpe :

INTRIGUE:

Sin of DamnationPlus de six siècles après s’être fait botter les fesses, qu’ils ont pourtant comme le nez, aquilines, par la colonie Genestealers créchant dans le Space Hulk Sin of Damnation, les Blood Angels repartent à l’assaut de ce môôôôôdit vaisseau fait de vaisseaux, afin de venger leur honneur (beaucoup) et de peut-être récupérer quelques gadgets de valeur dans l’épave (un peu). Guidés1 plutôt que menés par le Capitaine Raphael, la 1ère Compagnie des Anges de la Mort s’est déployée en force sur le Sin, et nous suivons en particulier les escouades des Sergents Lorenzo et Gideon, qui se trouvent être les protagonistes de la quatrième version du jeu Space Hulk. Le hasard fait tout de même bien les choses. Ces dix farouches vétérans seront rejoints à l’occasion par le Terminator d’Assaut Claudio et l’Archiviste Calistarius, et vivront de nombreuses et passionnantes aventures dans un environnement hostile et plein de blips.

Au cours des 60 pages de ce ‘Sin of Damnation’, nous les verrons ainsi détruire les navettes de sauvetage du Space Hulk (au cas où le Genestealer à Lunettes trouverait comment les faire fonctionner, j’imagine), avoir des problèmes d’armure, aller secourir un chat – pardon un C.A.T.2 – perdu, lancer une diversion, empoisonner l’atmosphère de l’épave pour rétablir un peu le rapport de force (80 contre 40.000, c’est un peu déséquilibré même pour du jeu narratif3), se faire hypnotiser endormir par le Genestealer Alpha d’en face puis réveiller par quelques claques amicales de Calistarius, avoir des problèmes d’armure, retrouver l’éprouvette soumise par Sanguinius pour sa visite médicale d’embauche auprès de l’Empereur, battre en retraite et se perdre (saleté de mémoire eidétique discount), tomber dans des trous et mourir hors champ3, tomber dans la dépression et revenir au top, tenir la ligne pour permettre l’évacuation des camarades, AVOIR DES PROBLEMES D’ARMURE, repartir à l’assaut pour réaliser une biopsie d’un Genestealer Alpha, et finalement quitter le Sin of Damnation avec la satisfaction du devoir accompli et d’une campagne rondement menée. Le mot de la fin alternative revient tout de même au Frère Noctis, le seul à s’émouvoir de la stupidité de contester le Space Hulk à des nuées de Genestealers ayant réduit le Chapitre à 5% de ses effectifs quelques siècles plus tôt, alors qu’il serait facile de détruire cette menace depuis la sécurité d’une barge de bataille. Il faut savoir ravaler son panache parfois : c’est aussi à ça que sert le preomnor, que diable.

1 : Il passe toute la novella à (littéralement) mille kilomètres des combats, à donner ses instructions et délivrer des proverbes baalites depuis son studio de (drop)podcast.
2 : Cyber-Altered Task (unit), soit un Roomba avec une webcam scotchée sur le capot, et qui sert aux Techmarines Blood Angels à reconnaître les couloirs du Space Hulk. Déjà que c’est pas gagné contre de vrais chats, je ne pense pas qu’un vaisseau abandonné rempli de Xenos mals en groin soit le meilleur endroit pour déployer ce bidule.
3 : Ce tyran de Raphael ne voit pas de problème à envoyer nos dix héros contenir deux mille Genestealers à eux tous seuls. The bravery of being out of ra(n)ge.
4 : C’est le cas du Frère Omnio, que Thorpe fait simplement disparaître de la novella après qu’il soit passé à travers une cloison (sans dommage), et ait donné rendez-vous au reste de son escouade à l’escalier le plus proche.

AVIS:

Gav Thorpe était tout autant en mission que ses héros lorsqu’il a écrit cette novella, ou plutôt les morceaux de cette dernière accompagnant chacun des scénarios jouables de la boîte de jeu Space Hulk, et qui ont été assemblés pour former un tout certes cohérent, mais pas franchement intéressant, dans un deuxième temps. Il m’est donc difficile de reprocher à l’auteur sa responsabilité dans ces longuettes et répétitives péripéties, pendant lesquelles personne ne peut contractuellement mourir pendant la majeure partie du récit, et ne laissant guère de place au développement d’une véritable tension narrative, malgré les passages écrits depuis le point de vue d’un Genestealer Alpha. Thorpe étant Thorpe, il reste des passages/idées/détails pour lesquels il aurait pu faire un meilleur boulot s’il y avait réfléchi deux secondes (à commencer par une quasi absence de Soif Rouge/Rage Noire dans l’histoire, ce qui est contre-intuitif pour une novella dont les protagonistes sont tous des vétérans Blood Angels1), mais le véritable coupable de cette purge littérale et figurée reste la Black Library, qui n’a pas résisté à la tentation de se faire quelques crédits impériaux en proposant de la novella reconstituée à un public non averti2. Amis lecteurs, soyez un peu plus malins que les personnages de cette triste histoire, et ne tombez pas dans le piège grossier tendu par un adversaire retors mais pas très finot : si vous lisez ceci à temps pour suspendre votre potentiel achat de ‘Sin of Damnation’, cease and desist et trouvez quelque chose d’autre à consommer.

1 : Et avec un Archiviste du nom de Calistarius (i. e. Baby Mephiston) au casting…
2 : 13.99€ le packageSin of Damnation’ + ‘Sanguis Irae’ (88 pages seulement), et pas une seule mention sur le site de la BL de l’origine du « produit ». J’appelle ça de la tromperie sur marchandise.

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Sanguis Irae – G. Thorpe :

INTRIGUE:

Sanguis IraeLes maraudes galactiques de la 1ère Compagnie des Blood Angels, aussi appelée Eboueurs de l’Espace, se poursuivent tranquillement. Déployée en reconnaissance sur le Space Hulk SA-BA-325, l’escouade du Sergent Dioneas a fait une découverte peu banale alors qu’elle explorait les décombres du vaisseau : enfermé dans une salle isolée, un Terminator anonyme à l’armure trop endommagée pour permettre son identification s’accroche comme un forcené à son dernier point de vie. Seule certitude, le comateux anonyme est également un Blood Angel, ce qui motive le perspicace Dioneas à demander l’appui d’un A…rchiviste. Pourquoi essayer de réanimer un frère de bataille gravement blessé faisant tourner à plein régime sa membrane cataleptique quand on peut se contenter de sonder son esprit pour en percer les secrets, hein ? Toujours est il que ce raisonnement particulier convainc l’imperturbable Capitaine Raphael d’envoyer le brave Calistarius, déjà croisé dans ‘Sin of Damnation’, prêter assistance aux éclaireurs. Les ordres sont les ordres.

Après une transition paisible pendant laquelle notre héros se souvient avec émotions de sa classe d’initiation musicale au conservatoire de Baal, et de ses tentatives peu concluantes de maîtriser l’hélicon énergétique, Calistarius se met à pied d’œuvre et se plonge dans la psyché du survivant miraculé, qui se révèle 1) être le frère Vespesario, ce qui permet d’identifier SA-BA-325 comme étant le Space Hulk Omen of Despair, disparu dans le Warp pendant que l’escouade de V pour Vespa était en train de l’explorer, il y a de cela deux siècles, et 2) complètement ravagé par la Rage Noire, ce qui ne facilite pas le travail de recherche et d’analyse de Calistarius. Par contre, le lecteur a le droit au récit circonstancié de l’abordage du Vengeful Spirit par Sanguinius et sa Garde d’Honneur, ce qui est tout de même sympathique je dois dire.

Sur ces entrefaites, les inévitables Genestealers commencent à bliper à l’horizon de l’auspex de la fine équipe, ce qui motive Dioneas à demander un repli stratégique jusqu’au point d’entrée des Blood Angels, afin de leur permettre de tenir la ligne jusqu’à l’arrivée des renforts. Cela laisserait toutefois Vespesario à la merci des Xenos, ce qui n’est pas acceptable pour Calistarius. Ce dernier est en effet persuadé que le vétéran s’est enfermé dans sa chambre – malgré la Rage Noire – pour une bonne raison, et demande qu’on lui laisse quelques minutes supplémentaires pour identifier cette dernière. Après avoir court-circuité Dioneas pour plaider sa cause directement auprès de Raphael, qui accepte de retarder l’envoi de la deuxième vague de cinq minutes pour faire plaisir à son sous-fifre et mal au crâne au lecteur1, Calistarius poursuit ses explorations métaphysiques, et entre deux flashbacks hérétiques, en apprend de bien belles sur les occupants de l’Omen of Despair

Début spoiler…Le Culte Genestealers qui occupe le Space Hulk est en effet très particulier, car son Patriarche a réussi à assimiler des gènes de Navigateur, ce qui lui permet de faire entrer et sortir son vaisseau du Warp à volonté, et donc de piéger les explorateurs qui y prennent pied. C’est ce qui est arrivé à Vespesario et ses compagnons lors de leur reconnaissance il y a deux cents ans, et ce qui risque d’arriver au reste de la 1ère Compagnie des Blood Angels si elle aborde l’Omen of Despair. Plutôt que de demander à Raphael d’annuler les renforts, ce qui pourrait convaincre Pépé Stiller de repasser dans l’Immaterium avec ses nouveaux copains, l’intrépide mais égoïste Calistarius préfère foncer dans le tas pour neutraliser l’aberration psychique aux commandes de l’épave (et dont le rêve est de retourner sur Terra pour rendre visite au gardien de phare impérial) sans rien dire à Raphael. Grâce aux souvenirs de Vespesario, dont la Rage Noire a transformé sa dernière mission en redite de l’abordage du Vengeful Spirit2, les Blood Angels parviennent à se rendre dans l’antre du Patriarche en deux temps, trois mouvements, et Calistarius déverse la rââââââge de son désormais défunt camarade dans le cortex du Xenos, plongeant par ricochet tout son essaim dans une frénésie auto destructrice, et permettant aux Terminators de lui régler son compte sans trop de problèmes. Cette victoire nette et sans bavure n’est toutefois pas sans séquelle pour the great Cali, dont l’usage sans modération d’ire sombre, même par procuration, lui a planté une vision inquiétante au fond du cortex. Il s’est en effet vu, piégé sous des tonnes de décombres, submergé à son tour par les affres de la malédiction de Sanguinius. La suite ne vous étonnera que si vous ne connaissez pas votre fluff Blood Angels…Fin spoiler

1 : Pourquoi ne pouvait-il pas envoyer les renforts dans les meilleurs délais et permettre à Calistarius de rester dans la salle où se trouve Vespesario pendant quelques minutes supplémentaires ? La science n’a pas encore la réponse à cette question.
2 : Ce qui conduit à prendre le fluff hérétique intégré par Thorpe à son histoire avec des pincettes (notamment le fait qu’Horus était un Psyker et que Sanguinius s’est laissé tuer par son frère pour sauver sa Légion).

AVIS:

Pour son retour dans la littérature hulkesque, après le très dispensable ‘Sin of Damnation’, Thorpe fait beaucoup mieux que cette passable novella et répond présent sur tous les tableaux avec ‘Sanguis Irae’. Cette nouvelle ne se contente en effet pas de mettre aux prises quelques Terminators avec beaucoup plus de Genestealers, mais ménage également un peu de suspens dans son déroulé et sa conclusion, nous fait la surprise d’un pseudo-caméo à haute valeur ajoutée (Sanguinius qui visite la chambre de son frérot, rien que ça), et contextualise le background de l’une des figures centrales des Blood Angels, l’irrascible et totalement emo Mephiston. En plus de se terminer avec un clin d’œil appuyé sur le futur qui attend Calistarius sur Armageddon, ‘Sanguis Irae’ avance quelques pistes permettant de comprendre le rapport particulier que l’Archiviste entretient avec la Rage Noire, dont il est devenu familier et a utilisé comme une arme psychique longtemps avant d’en ressentir lui-même les effets grâce à ses capacités mentales, ce qui autorise à développer des hypothèses pour expliquer le parcours sans commune mesure du Seigneur de la Mort. Bref, il est assez plaisant de constater que Thorpe a pris la peine de corriger dans cette nouvelle la plupart des défauts relevés dans ‘Sin of Damnation’, et je ne peux que conseiller à ceux qui voudraient prendre la mesure de la contribution de ce pilier de la BL au corpus Blood Angels de se détourner de la novella et de privilégier le court format. Vous ne le regretterez pas (ou au moins, moins).

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Mephiston: Lord of Death – D. Annandale :

INTRIGUE:

Mephiston_Lord of DeathMis sur une affaire pas claire à la suite de son exploration métaphysique d’une barge de bataille Blood Angels portée disparue depuis cinq millénaires (‘Eclipse of Hope’), Mephiston a réussi à convaincre le Capitaine Castigon et sa 4ème Compagnie de l’accompagner jusque dans le système de Pallevon, dont les coordonnées étaient inscrites dans la salle du boss final de la nouvelle précédemment citée. C’est pas lourd, et ça sent le piège à plein nez, mais cela reste une piste à exploiter. Pendant que les rouges voyagent dans le Warp, Mémé médite dans ses quartiers privés, et on apprend que notre homme a maîtrisé la dimension du « sombre », qui est distincte de l’Immaterium mais influencée par ce dernier. Tout cela est bien mystérieux.

À peine revenu dans l’espace réel, les Blood Angels sont confrontés à une vision d’urgence : la frégate Harrowing Faith, portée elle aussi perdue dans le Warp, mais il y a bien moins longtemps (troisième guerre d’Armageddon), est en train de se faire aborder sans son consentement par une force de Sanctifiés, une bande de Space Marines deux fois renégats (ils ont trahi Pépé puis les Word Bearers). N’écoutant que son devoir et son statut de personnage principal, Mephiston emmène une escouade sur place remettre les pendules à l’heure, et apprendre aux chaoteux à aller squatter en terre sanguinienne. Au bout d’un affrontement à sens unique, les Sanctifiés sont envoyés ad patres, et l’unique occupant de l’Harrowing Faith secouru. Il s’agit du Réclusiarque Quirinus, présumé mort depuis sa disparition dans le Warp au retour d’Armageddon, et dont la foi est tellement forte qu’elle a empêché la frégate de tomber en morceaux pendant ses quelques années/décennies/siècles à dériver dans la mare des khanards. Quirinus était également un ami de Calistarius, l’Archiviste Blood Angels étant devenu/ayant été remplacé par Mephiston après avoir succombé à la Rage Noire sur Armageddon, et s’être pris une spire dans le buffet. Le Chapelain rescapé accueille donc la nouvelle identité de son ancien camarade avec méfiance, malgré les assurances répétées que « ce n’est pas une phase » des officiers présents.

Cette petite querelle devra cependant attendre car il reste un mystère à percer. Et ça tombe bien, Mephiston et Quirinus ont le même objectif : se rendre à la surface de Pallevon, dans la cité de Vekaira, où… ship will happen1. L’approche est compliquée par ces fripons de Sanctifiés, qui se sont apparemment rendus sur place pour la même raison que tout le monde, et s’amusent à tendre des embuscades, que Mephiston s’amuse à faire échouer, parfois en usant de ses pouvoirs de façon très limite (Quirinus en fronce des sourcils sous son casque, c’est dire). De toute façon, Vekaira est une ville désertée depuis des siècles, ce qui réduit d’autant le risque de pertes civiles – comme si les Blood Angels en avaient quelque chose à carrer, ceci dit. Les choses deviennent cependant plus sérieuses et plus complexes lorsque la 4ème Compagnie arrive au bord d’un amphithéâtre géant, doté de quelques caractéristiques intéressantes. Primo, il est vraiment très grand. Secundo, les niveaux supérieurs sont occupés par le campement de fortune de la population de la cité, qui semble n’être constituée que de parfaits demeurés. Tertio, au centre de l’amphithéâtre se dresse une tour qui semble avoir été construite par une autre civilisation que celle qui a bâti Vekaira. Quatro, la place qui entoure la tour est recouverte de Space Marines figés dans une battle royale de grande ampleur. Quinto (?), les Sanctifiés ont pris la tour et attendent de pied énergétique ferme les loyalistes.

Guidés par leur ferveur et leur QG imprenable au corps à corps, les Blood Angels ne mettent pas longtemps à bouter les faquins hors du périmètre convoité. La tour se révèle être faite d’armes agglomérées, ce qui est pas banal et presque certainement inspiré de Game of Thrones, et, plus intéressant, en son sein se dresse une statue époustofibolmiracubandayable de Sanguinius, représenté au moment où il a glissé sur une peau de banane chaotique sur le pont du Vengeful Spirit, pendant qu’Horus riait grassement en se tenant la bedaine. L’effet sur les Blood Angels est immédiat : ils se prosternent tous devant le chef d’œuvre et se répandent en prières, guidés par la voix de stentor de Quirinus, qui vit sa meilleure vie. Tous ? Non ! Ce pisse vinaigre de Mephiston se montre peu enthousiasmé par la statue, ce qui convainc le Chapelain que le Maître Archiviste n’est plus réellement un Blood Angel. Avant que les choses ne s’enveniment, Mephiston décide d’aller prendre l’air pour ne pas faire avaler son épée de force au cureton en furie. La marque des grands.

Sa petite balade lui permet de s’apercevoir que les Vekairans sont vraiment au-delà de toute rédemption (ils survivent depuis des siècles en se mangeant les uns les autres), et de se calmer les nerfs en en massacrant une bonne poignée. Cette dégénération terminale le conforte également dans sa suspicion envers la tour et la statue, dont la présence sur une planète corrompue jusqu’au trognon semble être trop belle pour être vraie. Ces savantes supputations sont cependant interrompues par l’attaque finale des Sanctifiés, dont le désavantage numérique et l’absence de blindés n’empêchent pas de foncer dans le tas avec une belle énergie. Suspectant un nouveau coup fourré, Mephiston déploie ses ailes pour aller inspecter les lignes arrières de l’ennemi, et débusque trois sorciers occupés à ritualiser quelque chose de pas très ecclésiastique. Malgré tous ses pouvoirs et sa bogossitude consommée, Mémé n’arrive pas à stopper l’incantation à temps, et cette dernière fait revenir à la vie les Space Marines en stase massés aux portes de la tour. Ces derniers étant tous des berzerkers écumants de rage, le rapport de force bascule tout d’un coup en défaveur des Blood Angels, et Mephiston tente alors le tout pour le tout : détruire la statue miraculeuse, en espérant que cela dissipera les énergies chaotiques à l’œuvre.

Bien évidemment, Quirinus n’est pas de cet avis, et après être passé à deux doigts de convaincre le Chapelain de voir la vérité en face, Mephiston opte pour la méthode mi-forte (il paralyse Quirinus sans le tuer/le faire exploser/lui faire bouillir le sang), et fracasse enfin l’offensante sculpture. Ce qui fait basculer Quirinus dans la Rage Noire, comme le véritable esthète qu’il est. Fin de la partie ? Non, arrivée du boss de fin…

Début spoiler…Qui n’est autre que ce (très très très) vieux Doombreed, envoyé par Khorne comme chasseur de tête pour enrôler le Seigneur de la Mort au service du Dieu du Sang. Pendant que Castigon et la 4ème Compagnie repoussent les nuées de Sanguinaires qui servent d’accompagnateurs au Prince Démon, l’Archiviste et son prétendant échangent des amabilités et des grosses tatanes au dessus du champ de bataille. Le combat est serré pendant les 10 pages réglementaires, puis Mephiston balance un Hadouken sanglant dans la tête de Doodoo, qui retourne prêcher la paix et l’amour dans l’Immaterium en conséquence. Bravo, phiston.

La bataille est enfin remportée pour de bon par les Blood Angels, réduits à peau de chagrin par les affrontements violents qui ont secoué Vekaira. La planète sera soumise à l’Exterminatus en punition de ses péchés, et on apprend en conclusion que ce rageux (haha) de Quirinus a décidé de ne pas lutter contre sa démence, alors qu’il avait la possibilité de devenir un Lemartes bis, car cela entrerait en conflit avec sa doctrine personnelle (la Rage Noire est ce qui fait un Blood Angels)2. À quand un organe qui supprimerait la mesquinerie en même temps que la peur chez les Space Marines ?Fin spoiler

1 : Plus exactement, les visions de Quirinus lui ont révélé l’existence d’une relique de Sanguinius, qu’il faut absolument récupérer. À peine plus original que la proposition de votre serviteur.
: Quirinus appairaitra brièvement dans ‘Lemartes : Guardian of the Lost’ du même Annandale, et connaîtra la fin d’un crapaud traversant une quatre voies.

AVIS:

Annadale conclut son cycle Mephistonesque commencé avec ‘Eclipse of Hope’ avec cette novella, que l’on ne peut que comparer à celle qu’il a consacré à une autre figure des colériques anonymes des Blood Angels, Lemartes. Et pour être honnête, je dois dire que ‘Mephiston : Lord of Death’ est bien plus abouti et plaisant à lire que sa contrepartie. Certes, il aurait été difficile de faire pire, mais Annandale semble avoir été inspiré par son personnage principal et cela se ressent clairement dans l’intrigue et dans le développement donné à Mephiston, qui derrière ses abords froids et sûrs de lui, est le premier à douter de sa véritable identité et de sa nature profonde. Cela change agréablement de « Je. Dois. Me. CONTRÔLEEEEEER. » Lemartes, que l’auteur n’a pas pris la peine de rendre intéressant ni (un minimum) profond. Il faut également reconnaître que Mephiston est beaucoup plus permissif en termes de potentiel narratif, puisqu’il peut utiliser ses pouvoirs psychiques pour régler tous ses problèmes, et qu’on attend de lui qu’il ne soit pas mesuré et circonspect quand il fait chauffer la coiffe. Je dois également donner à Annandale un bon point pour l’intégration du Chapelain Quirinus à son propos, car la philosophie fataliste de ce dernier (voir ci-dessus) donne un contrepoint intéressant au discours officiel des Blood Angels sur leur tare, que ce soit dans le fluff de leur Codex ou dans celui de la Black Library. Le choix de Quirinus de sombrer corps et âme dans la Rage Noire à la fin de la novella est une autre bonne trouvaille à mes yeux, car elle donne à l’histoire une conclusion un chouilla mélancolique que l’on trouve assez rarement dans les Space Marinades, et quasiment jamais chez David Annandale. Sans être un must read absolu, l’enchaînement ‘Eclipse of Hope’ et ‘Mephiston : Lord of Death’ se positionne comme l’une des toutes meilleures soumissions d’Annandale pour la BL, et mérite donc le détour si vous voulez juger du niveau maximum de notre homme (pour autant que je puisse en attester).

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Eclipse of Hope – D. Annandale :

INTRIGUE:

Eclipse of HopeAppelés à l’aide par la Garde de Fer de Mordia, elle-même sollicitée par les habitants de Supplicium Secundus en leur heure de besoin, les Blood Angels ont répondu en envoyant Mephiston et quelques potes dans le système en question. Les vampires énergétiques arrivent toutefois trop tard à la surface de la planète, et ne peuvent que constater que la totalité de sa population, ainsi que les braves Mordian débarqués pour faire le service d’ordre, se sont entre tués dans une orgie de massacre à faire se pâmer un héraut de Khorne. Mephiston trouve le spectacle de la plaine jonchée de cadavres jusqu’à l’horizon plutôt poétique, mais se garde bien de partager cette réflexion pas très Charlie avec ses sous fifres. Les questions que les Astartes et le lecteur se posent sont en partie résolues par l’arrivée de l’ultime survivant de cette battle royale planétaire, un Colonel Mordian complètement ravagé du bulbe, qui agresse violemment le brave Sergent Gamigin en grognant comme une bête enragée. Courtois mais un peu rude, le surhomme dans la pampa finit par tordre le cou au minus qui lui salit ses plates avec ses grosses mains pleines de doigts, mais semble récupérer le mal qui tourmentait son assaillant au passage, et commence à montrer des signes d’énervement qui n’augurent rien de bon venant d’un colosse génétiquement modifié et armé jusqu’aux canines. Heureusement, Mephiston est là pour faire un peu d’hypnose suggestive, ce qui permet à Gamigin de décompresser sans avoir tué personne (à part le Mordian bien sûr, mais il ne compte pas vraiment).

De retour sur leur vaisseau, les Blood Angels découvrent la flotte de secours des Mordians, complètement désertée et remplie de cadavres. Les puissantes capacités déductives de Mephiston ne mettent pas longtemps à soupçonner que les transports de troupe ont été victimes de la même rage irrépressible que celle qui a décimé Supplicium Secundus, et la réception d’un nouvel appel à l’aide, celui-là venant de Supplicum Tertius, située un peu plus loin dans le système, vient confirmer les craintes de Seigneur de la Mort. Le virus du VENER-40.000 circule encore dans la zone, et il est du devoir des Blood Angels d’en trouver la cause et la cure.

Parti dare dare vers la planète souffrante, dont les masses laborieuses commencent à s’entre-tuer avec méthode et enthousiasme, le croiseur d’attaque Crimson Exhortation manque d’être percuté en chemin par un vaisseau non identifié, ce qui ne peut pas être une coïncidence dans un milieu aussi espacé que… l’espace. Et en effet, le nouveau venu se révèle être l’Eclipse of Hope, ou plutôt son portrait robot dessiné par un enfant de 6 ans (comprendre que les proportions ne sont pas très bien respectées), une barge de bataille perdue par le Chapitre pendant la 5ème Croisade Noire. L’étude de la trajectoire du vaisseau fantôme ne laisse aucun doute à Mephiston : c’est bien la cause de la folie meurtrière qui a infecté Supplicum Secundus et Tertius, et il doit être détruit en conséquence. Plus facile à dire qu’à faire cependant, l’Eclipse encaissant sans problème et sans dégâts apparents un tir direct de canon nova. Comprenant que le Warp est à l’œuvre, Mephiston décide d’aller régler le problème à l’ancienne, B.A. style, c’est-à-dire en envoyant une poignée de vétérans purger l’épave de l’intérieur, comme cela a si bien réussi au Chapitre par le passé (remember Secoris ?). En plus de notre souriant héros et du Sergent Gamigin, résolu à prouver à l’univers combien il est cool, on retrouve un Chapelain, un Techmarine, un Prêtre Sanguinien et un Épistolier dans l’équipe des rouges. Tout ce petit monde aborde l’Eclipse, qui est une sorte de fantasme semi-solide, se nourrissant des souvenirs de ses hôtes pour prendre une forme concrète, et se dirige vers la salle de commandement du vaisseau, où se situe probablement le nœud du problème.

En chemin, la rage instillée par l’épave est gardée sous contrôle par les Blood Angels, qui ont tous pris un Lexomil dans leur lait fraise avant de partir en mission, mais la manifestation d’un petit groupe de Sanguinaires à proximité de l’objectif des Astartes force ces derniers à passer en mode agressif, avec des résultats mitigés, la sainte colère des meilleurs de l’Empereur provoquant le spawnage de plus en plus rapide de leurs adversaires. Il revient à Mephiston, comme le héros qu’il est, de prendre les choses en main et de remettre ses compagnons sur la bonne route. Ses pouvoirs psychiques lui ayant permis de déterminer que la source du problème se trouvait dans le Librarium, et non sur le pont, il convoque un bouclier d’apathie, ou quelque chose comme ça, permettant à ses gardes du corps de s’extirper de la mêlée et de progresser jusqu’à la bibliothèque de l’Eclipse, où la messe devra être dite…

Début spoiler…Laissant les normies monter la garde devant la porte, Mephiston et l’Epistolier Stolas pénètrent dans le saint des saints, où se trouvent des bouquins démoniaques de fort belle taille, une carte du système de Pallevon, ainsi qu’une statue de Mephiston zieutant un des grimoires de façon insistante. Le signal est clair, et bien que le Seigneur de la Mort ait la discipline nécessaire pour s’arracher de la contemplation de l’ouvrage maudit, une fois les premières pages parcourues, Stolas se fait corrompre comme un bleu entre le sommaire et la préface. Il brûlera donc avec le reste du Librarium, purifié de manière définitive par un Mephiston qui ne transige pas avec ses principes. L’Eclipse dûment désinfecté de sa peste warpique, et la situation revenue sous contrôle sur Supplicium Tertius, Mephiston est libre de poursuivre sa quête de réponses en direction de Pallevon, où l’attend un autre revenant du Chapitre…Fin spoiler

AVIS :

Avant que Darius Hinks ne reprenne en main la carrière littéraire de Mephiston, c’était David Annandale qui avait la charge du Seigneur de la Mort, auquel il a consacré cette nouvelle et le roman ‘Lord of Death’. Ces deux histoires s’inscrivent dans le même arc narratif, ‘Eclipse of Hope’ faisant office de prologue à ‘Lord of Death’, et accomplissant bien cette fonction, donnant envie au lecteur de connaître la suite des aventures du grand blond avec une humeur noire. Je dois également reconnaître avoir été agréablement surpris par le style déployé par Annandale dans sa narration, d’un niveau nettement supérieur à sa propre moyenne. Cela contribue grandement au caractère digeste d’une nouvelle qui ne serait sans cela rien d’autre qu’une énième Space Marinade. Une des soumissions les plus abouties d’Annandale hors de son créneau horrifique de prédilection, et donc à lire de préférence aux (nombreux) autres textes moins convaincants signés par cet auteur.

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Heart of Rage – J. Swallow :

INTRIGUE:

Heart of RageMis au service d’un Magos de l’Adeptus Mechanicus (Epja Xeren) aussi aimable qu’une porte de prison par cet animal politique de Dante, le Codicier Garas Nord et ses camarades Blood Angels (le Sergent Kale et les frères Dane, Corae et Serun) découvrent avec stupeur et tremblements que le plan de leur patron par procuration est d’aborder un vaisseau ruche tyranide plongé en hibernation. La fine équipe devra retrouver la trace, ou la dépouille mortelle, d’un larbin de Xeren, l’Adepte Indus, qui était en charge de la précédente tentative d’exploration du bio vaisseau. Le croirez-vous, mais cette dernière s’est terminée par une disparition pure et simple des vaillants et imprudents scientifiques, ce qui ne présage rien de bon pour les Space Marines qui passeront après eux. Les ordres sont toutefois les ordres, et même si ce briefing pourri est encore assombri par la sensation diffuse de Nord qu’une présence psychique indistincte flotte autour de l’épave Xenos, les Blood Angels se mettent à pied d’œuvre sans rechigner.

Une fois sur place, et passé le premier accrochage réglementaire avec les formes de vie les plus caféinées du vaisseau (un trio de Lictors rapidement expédiés par les meilleurs de l’Empereur), nos héros ont la gentillesse de se séparer en deux groupes « pour couvrir plus de terrain », selon les conseils avisés de Xeren, qui se fait sans doute facturer à la minute les services de ses gros copains rageux. Dans le premier groupe, le Sergent Kale et Nord. Dans le second, les trois grouillots de service. Saurez vous deviner qui rencontre une mort rapide et horrible (piétinés à mort par une horde de Termagaunts déchaînés) à peu près 38 secondes après cette séparation ? Un indice ? L’indice de masse corporelle. Voilà voilà. Swallow s’étant débarrassé de la moitié de son casting en un paragraphe, il peut se concentrer sur ses vrais protagonistes, qui progressent lentement dans le dédale du bio vaisseau, mais ne rencontrent pas grand-chose de menaçant mis à part les attaques psychiques répétées dont est victime Nord. Au danger vient se mêler le mystère car l’Archiviste en souffrance est convaincu que ce qui le tourmente n’est qu’en partie tyranide. Décidé à tirer cette sombre affaire au clair, le duo magique laisse tomber la recherche d’Indus et part en direction du cœur de la structure Xenos, où Nord a détecté l’origine de ses tourments…

Début spoiler…Cette side quest impromptue permet toutefois à nos héros de faire d’une bière deux clous, car le Prince tyranide qui les attend dans sa suite… euh… princière a fusionné tentaculairement/a tiré un câble bio-jack avec Indus. Qui était un Psyker1. BAMBOOZLED AGAIN. Le récent hybride explique à ses hôtes qu’il a choisi de se brancher sur l’esprit de la ruche pour puiser dans les connaissances illimitées de cette dernière, ce que ce jaloux de Xeren (qui était là aussi) n’a pas supporté. D’où l’envoi d’une escouade de Space Marines pour neutraliser le hacker de bugs (tout un symbole), et reprendre possession du bio-vaisseau une fois l’incident résolu. L’espèce marine en question n’est pas très jouasse des cachotteries de son commanditaire, mais cela passe après l’extermination en règle de l’assemblage psycho-mécanico-xeno-humanoïde qui lui/leur fait face. Indus a beau proposer à Nord une place douillette au sein de l’essaim, l’Archiviste refuse avec noblesse de trahir ses vœux. En conséquence, le renégat balance un hurlement de seum tellement violent qu’il fait basculer Kage dans la Rage Noire, et force Nord à planter sa lame de combat dans le cœur principal du Sergent pour le calmer un peu. Comprenant que la situation le dépasse, le dernier Blood Angel vaillant utilise une bombe à fumée mentale pour dissimuler sa fuite, et repart avec Kage sur le dos en direction de la navette des impériaux.

Il ne s’agit toutefois que d’une retraite stratégique : après avoir renvoyé son officier (qui se réveille un peu confus mais tout à fait calme) se faire soigner à l’infirmerie, et surtout bourrer le mou à Xerox pour lui apprendre faire de la rétention d’informations, Nord repart bravement à l’attaque, et malgré un rapport de force très défavorable, parvient à se rapprocher suffisamment d’Indus pour lui sortir le grand classique de l’attaque suicide à la bombe, ici un détonateur à fusion (si Swallow l’écrit, c’est que ça existe qu’il trouvait ça cool) qu’il avait pioché dans la boîte à gant à un moment quelconque plus tôt dans la nouvelle. Bilan des courses : une menace tyranide écartée, un Magos indélicat mis à la casse, et un Blood Angel mort avant de sombrer dans la Rage Noire. Victoire totale pour l’Imperium.Fin spoiler

1 : Je ne suis pas particulièrement au fait du background de cette faction, mais est-ce possible qu’un membre de l’Adeptus Mechanicus soit doté de pouvoirs psychiques ?  

AVIS:

James Swallow nous livre avec ‘Heart of Rage’ sa version de ‘In the Belly of the Beast’ (William King), « classique » de la Black Library et première nouvelle à avoir mis en scène une escouade de Space Marines explorant un bio-vaisseau tyranide au sommeil (très) léger. Si on peut reconnaître au reboot une meilleure contextualisation des raisons qui ont poussé les Blood Angels à entreprendre une mission qui puait à des années lumières à la ronde sur le papier, au lieu de faire exploser le vaisseau de loin comme tout être intelligent l’aurait fait, et savoir gré à Swallow d’avoir voulu (plutôt que réussi) offrir au lecteur un peu de surprise dans le dernier tiers de son récit par la révélation de la destinée d’Indus, l’original reste à mes yeux supérieur sur le plan de la tension narrative et de l’atmosphère proprement grimdark qui s’en exsude. La manière dont Swallow évacue trois personnages en une seule péripétie alors que King a pris le soin de les faire disparaître un par un en dit ainsi long sur les différences d’approche de ces deux auteurs. Chacun est libre de choisir lequel et laquelle il préfère, et dans mon cas, c’est encore une fois James Swallow qui se fait griller la politesse. Un autre grand classique de la BL, ça.

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Crimson Night – J. Swallow :

INTRIGUE:

Crimson NightDéployé sur le monde désertique de Merron avec le reste de la 3ème Compagnie des Doom Eagles, le Sergent Tarikus se retrouve au cœur d’un imbroglio diplomatique entre les nouveaux arrivants et ceux dont ils viennent prendre la place : la 4ème Compagnie des tristement célèbres Flesh Tearers du Capitaine Gorn. En plus des vieilles rancœurs opposant les deux Chapitres, qui ont servi ensemble sur un théâtre d’opérations où la sauvagerie des Flesh Tearers attira l’attention de l’Inquisition, le comportement suspect de la population locale en présence des Astartes, relevant davantage de la terreur abjecte que de la déférence habituelle, fait bientôt suspecter au sagace Tarikus que Merron dissimule un lourd secret. Chargé par son supérieur, le Capitaine Consultus, de tirer discrètement les choses au clair avant que les descendants de Sanguinius ne quittent les lieux, notre héros ne met pas longtemps à trouver un cadavre exsangue, et portant un éclat de céramite pourpre dans la blessure causée par la paille en fer qui l’a vidé de son sang (c’est pas moi qui le dit, c’est Swallow). Voilà qui fait deux solides indices incriminant les Flesh Tearers, dont la sanguinaire réputation n’est plus à faire, même chez les pragmatiques et formels (ils adorent faire des rapports) Doom Eagles. Ce n’est toutefois pas assez pour convaincre le consensuel Consultus de déclencher un incident diplomatique, et Tarikus et ses hommes en sont quitte pour se remettre en chasse de preuves indubitables de la responsabilité de leurs collègues dans les disparitions qui frappent les Merrons depuis plusieurs mois.

Leurs investigations les mènent dans les égouts de la capitale, où après un accrochage avec des rats laissant deux de ses hommes gravement blessés (dont un par un tir de bolter d’un de ses camarades… c’est pas moi qui le dit, C’EST SWALLOW), Tarikus doit continuer la mission seul et sans armure, le conduit menant jusqu’à la zone ayant affolé l’auspex de l’escouade étant trop étroit pour ses épaulières surdimensionnées. Ce n’est toutefois pas ça qui arrête notre farouche héros1, qui finit par arriver dans une salle remplie de cages où les prisonniers du croquemitaine local sont parqués, comme autant de packs de bière dans un frigo. Le Raide (le nom donné par les Merrons à leur Némésis) ne l’entend cependant pas de cette oreille, et se rue sur le Sergent naturiste dès que ce dernier pose l’orteil dans son repaire. Si les suspicions de Tarikus se révèlent exactes, ce n’est pas son slip de céramite qui va lui permettre de sortir victorieux de ce combat…

Début spoiler 1…Mais heureusement pour Tarik, il ne fait pas face à un Flesh Tearers consumé par la Rage Noire, mais à un cosplayeur chaotique, dont la fausse armure énergétique se fait rapidement enfoncer par les mandales sur vitaminées du meilleur de l’Empereur (ce qui ne l’empêche pas de se faire désarmer en deux secondes au début du combat, pour garder un peu de suspens je gage). Il s’agissait d’une manigance d’Axel Raide pour faire porter le chapeau aux Flesh Tearers, parce que… voilà2, et une fois le faquin mis hors d’état de nuire, l’ordre peut à nouveau régner sur Merron, et les Fleshy Bois partir en paix, lavés de tout soupçon.

Début spoiler 2…Ou pas tout à fait en fait, car quelques cadavres retrouvés après leur départ arborent des plaies incompatibles avec le mode opératoire du Raide, faisant repasser les Flesh Tearers sur la liste des suspects. Mais après tout, qu’est-ce qui nous prouve qu’un Chapitre s’appellant les déchireurs de chair soit d’une quelconque façon impliqué dans des meurtres où les victimes ont été déchiquetées par des mâchoires humaines, hein? Absolument rien, bien sûr.Fin spoiler

1 : Qui s’étale tout de même de tout son long dans la m*rde au passage. Une péripétie peu glorieuse, mais que Swallow a décidé non seulement d’inclure dans son récit, mais également de placer au tout début de la nouvelle, en guise d’introduction au personnage héroïque qu’est le Sergent Tarikus. En guise de consolation pour ce dernier, Swallow semble prendre un malin plaisir à envoyer au sol les Doom Eagles qu’il met en scène, comme ‘Relics’ le montre.
2 : Sans rire, Swallow n’explique ni comment un seul psychopathe épais comme une bicyclette est arrivé à faire des dizaines de victimes dans une ville gardée par des Space Marines, ni d’où il vient, ni à quoi lui servait d’incriminer les Flesh Tearers.

AVIS :

James Swallow commence (je crois) sa période Doom Eagles avec ce ‘Crimson Night’, qui lui donne l’occasion de mettre à nouveau en scène des descendants de Sanguinius, après s’être fait les canines sur les Blood Angels (‘Deus Encarmine’ étant sorti en 2004). Fidèle à sa réputation de jaggernaut littéraire, cherchant à dérouler son intrigue sans guère de considération pour des détails tels que la cohérence, la vraisemblance ou le ridicule patenté dans lequel son approche bourrine fait sombrer ses personnages à intervalles réguliers, Swallow accouche au forceps d’une nouvelle concluant sUbTiLeMeNt que les Flesh Tearers ne sont pas forcément les coupables de tous les meurtres sordides s’étant déroulés à proximité de leurs baraquements. L’idée a beau être intéressante, sa mise en pratique est si balourde que seule la publication de ‘Crimson Night’ dans un recueil officiel de la Black Library empêche de considérer ce court format comme une parodie du genre.

Swallow s’illustre particulièrement en ne prenant même pas la peine de rester cohérent avec ce qu’il a écrit passé les trois lignes précédentes, ce qui révèle soit sa grande audace, soit sa grande fainéantise (je penche pour la seconde option). En plus de l’absence de contextualisation de l’identité du tueur, décrite plus haut, on a également le droit à un échange lunaire entre Consultus et Gorn. Le premier demande au second de lui faire un rapport sur les crimes rapportés par la population locale avant de partir. Gorn accepte, et charge le Sergent Noxx (qui est aussi dans la pièce) de faire le sale boulot à sa place… et les deux s’en vont, sans plus d’explication1. Vous l’aurez compris, ‘Crimson Night’ ne dépeint pas les Doom Eagles et les Flesh Tearers sous leur meilleur jour, et je conseille aux lecteurs qui voudraient explorer le riche background de ces Chapitres de façon moins risible de se tourner vers d’autres auteurs.

1 : Et Swallow ne revient à aucun moment sur cet échange, pour faire comprendre au lecteur que le briefing a bien eu lieu, mais « hors champ ». C’est comme si le dialogue n’avait pas eu lieu.

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The Fury – J. Swallow :

INTRIGUE:

The FuryUne bataille comme les Blood Angels en ont mené des millions d’autres, à fracasser du cultiste du Chaos mal équipé, mal formé et malformé, dans la joie et la bonne humeur. Le personnage principal (Pépé) à une épée qui fait « Waaaaaah » et « Nieeeeeeeeuuuuuuh » (en tout cas, elle hurle). Il a aussi un frérot répondant au nom de Celcinan, qui a très visiblement perdu son combat personnel contre la Soif Rouge et/ou la Rage Noire, comme son absence de casque « pour des raisons logiques » l’indique très clairement.

Celcinan s’amuse comme un fou, et c’est normal car il est, jusqu’au moment où un tir de canon laser lui applique un piercing thoracique d’un diamètre incompatible avec la continuation de son existence. Il tombe au ralenti, et sa dernière action est de jeter un regard rangouleux à Pépé… ce qui lui inocule la HAINE. La vache, que ce truc est contagieux. Pépé se rue donc sur le fâcheux qui a osé se défendre contre un Blood Angel en rut, et le met en pièce d’une manière pas très Codex Approved. La nouvelle le texte se termine sur ce suspens insoutenable et insoutenu (hommage à Daniel Baal Avoine, un Maître de Chapitre de M33) : la bataille extérieure – contre les cultistes – sera remportée sans doute possible, mais qu’en sera-t-il de la bataille intérieure – contre cette coquine d’adrénaline – hein ? Je vous le demande. Ne dîtez rien ceci dit : je me fous de la réponse.

AVIS:

À ce stade de ma lecture de l’anthologie ‘Sons of Sanguinius’, dans laquelle ‘The Fury’ figure dans les toutes dernières pages, lire quatre pages sur les dangers du Fléau qui affecte les Blood Angels pendant les combats m’a semblé totalement superflu. Ca aurait été aussi le cas si cet échantillon littéraire avait été mis en ouverture du tome ceci dit. Bref, aucune espèce d’intérêt à moins que ce ne soit votre toute première rencontre avec ce Chapitre, auquel cas je peux vous dire sans trembler ni rougir que vous n’êtes pas vraiment chanceux. J’espère au moins que vous n’avez pas payé cet amuse-gueule au prix fort (3,49€) : si c’est le cas, celui qui devrait lutter pour réfréner sa colère, c’est plutôt vous.

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Honours – J. Swallow :

INTRIGUE:

HonoursLe Capitaine de la 1ère Compagnie des Blood Angels nous fait l’honneur d’expliquer comment il a gagné ses cicatrices, armes et emblèmes au cours de sa longue carrière. Il perdit un œil dans sa jeunesse, après avoir cru pouvoir se débarrasser en solo d’un Psyker finalement plus coriace que prévu. Son Maître de Chapitre lui remit l’épée énergétique Challenger après qu’il eut gagné un tournoi de tennis, et il l’utilisa pour bannir le Prince Démon de Tzeentch Sethselameth. Après être venu au secours d’une poignée d’Imperial Fists piégés pendant deux cents ans dans le siège d’une station spatiale (le rêve absolu pour eux), les fils de Dorn lui firent cadeau d’un bolter jaune poussin. Enfin, la gemme bleue ornant l’aquila de son plastron lui est revenue après des années de bons et loyaux services1.

On apprend pour terminer que le Capichef est en fait mort au combat, tout son stuff légendaire n’ayant pas fait le poids face à une horde de peaux vertes motivés à faire du vilain sur le monde ruche de Levion Gamma. Ce sont les risques du métier.

1 : Swallow ne devait plus avoir d’idées à ce moment là de l’écriture.

AVIS:

Swallow tire le maximum du format compliqué du 1.000 mots en troussant en décrivant par ses faits d’armes notables (avec un peu de fluff dedans, c’est appréciable) d’un héros méconnu du Chapitre des Blood Angels, ce qui est tout de même plus sympa à lire qu’une micro-baston entre deux tondus et trois pelés. Il y a même un micro-twist à la fin, attention appréciable de la part de l’auteur. Toujours trop cher pour ce que c’est, mais il y a bien pire que cet ‘Honours’, soyez-en certains.

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The Chalice – C. Wraight :

INTRIGUE:

The ChaliceOù l’on suit en parallèle le travail d’orfèvre d’un Prêtre Sanguinien restaurant un Calice de Sang micromètre par micromètre afin de lui rendre son éclat originel, et l’attaque désespérée du Capitaine de la 8ème Compagnie des Blood Angels, Laurentis, et de son escouade de Space Marines d’Assaut, sur une tour de la planète d’Arantia, gardée par un ost de Démons n’acceptant plus les visiteurs.

Après de durs combats, au cours desquels tous ses hommes sont tués et lui-même gravement blessé, Laurentis parvient à récupérer le rubis qui ornait la face du Graal sur lequel le Prêtre Sanguinien travaille, et à le ramener sur Baal. Tout ça pour ça vous me direz (et Laurentis avec vous) ? Eh bien oui réponds-je, et le Prêtre Sanguinien avec moi, car c’est dans la nature des Blood Angels de mettre la beauté et sa recherche (parfois suicidaire) parmi leurs vertus cardinales. « L’art pour l’art, bande de gros lards », comme l’a dit lui-même Sanguinius (à Guilliman et Perturabo) pendant la Grande Croisade.

AVIS:

Chris Wraight choisit de mettre en avant un aspect central de la culture des Blood Angels, mais assez peu représenté dans les œuvres de la Black Library1 : leur amour immodéré pour l’art, l’artisanat et l’esthétique en général, et de montrer jusqu’à quel point les fils de Sanguinius sont prêts à aller pour assouvir leur soif de beauté et d’harmonie (très, très loin). Ces prémisses sont intéressantes, et l’exécution de Wraight sur un format aussi court est satisfaisante, ce qui fait de ‘The Chalice’ une lecture honnête pour les trois minutes qu’elle prend – beaucoup moins pour les 3,49€ qu’elle coûte.

1 : Je pense à ‘Better Angels’ d’Ian St. Martin, et c’est à peu près tout.

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The Blooding – R. Harrison :

INTRIGUE:

The BloodingLe Blood Angel Helias a été chargé par son Capitaine, Aphael1, de faire la peau à un Space Marine du Chaos qui faisait des dingueries dans une cathédrale profanée. Ce travail simple dans l’esprit, mais difficile dans l’exécution, met notre héros à rude épreuve, car il bascule tête la première, dents en avant et menton pointé dans la râââââge pendant son combat contre le renégat.

L’expérience le plonge dans une série de visions illustrant tout ce qu’il risque d’arriver de pas glop à sa précieuse personne (comme sombrer métaphoriquement dans des sables mouvants pendant qu’Aphael fait des pâtés en arrière-plan), aux péquins moyens qui auraient le malheur de croiser sa route et, plus grave, au Chapitre, s’il ne parvient pas à se maîtriser. Ce micro-coma se termine avec un entretien avec super vampire (Sanguinius en personne), qui se montre dubitatif de la technique développée par ses fistons pour combattre le Fléau. Baptisée l’initiation2, cette pratique consiste à boire le sang de l’ennemi en un acte de catharsis, et ainsi pouvoir me se contrôler en bonne société. Sangui’ n’est pas convaincu, mais après dix millénaires de traitements infructueux, il est prêt à tenter des thérapies expérimentales, et donne donc son pseudo feu vert à Helias pour picoler un bon coup.

Lorsque ce dernier revient enfin à lui, il se rend compte qu’il a saigné comme un goret son adversaire chaotique (ce qui ne doit pas être très bon en termes d’apports nutritifs), et bien qu’il soit maître des ses actions lorsqu’Aphael vient s’enquérir de la situation, il commence à douter de l’efficacité du remède de grand-père qu’on lui a prescrit jusqu’ici. Mais il vaut mieux un buvard qu’une bavure, comme on dit sur Baal.

1 : Head-cannon : les Capitaines des Blood Angels s’appellent tous Raphael, mais leur nom est raccourci d’une lettre au fur et à mesure que le numéro de la Compagnie augmente.
2 : Blooding en V.O., il y a évidemment un jeu de mot avec blood dans le terme employé, mais il est difficile de lui rendre justice.

AVIS:

Rachel Harrisson, qui signait à l’époque Ray, a fait ses débuts au sein de la Black Library avec cette petite histoire très classique de Blood Angels pas aussi maître de leurs pulsions qu’ils semblaient le penser. Le sujet est éculé, mais l’exécution, sous forme de petites vignettes assez cinégéniques dans leur mise en scène, convenable. Elle a fait beaucoup plus ambitieux, original et intéressant depuis, mais n’a pas à rougir de cette œuvre de jeunesse, qui reste tout à fait lisible aujourd’hui (même si, encore une fois, beaucoup trop chère pour ses quatre pages).

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Honour & Wrath – D. Annandale :

INTRIGUE:

Par une belle nuit étoilée, un grand père (Kelaus Uhle) et son petit-fils (Harn) devisent à l’extérieur de la cathédrale de Laudamus. Papy a un peu froid, mais tient à partager avec son descendant ses souvenirs de l’invasion de la planète par le Flawless Host, quand il était tout gamin. S’étant rendus rapidement maîtres de Laudamus, les Space Marines renégats corrompirent la population locale et persécutèrent ceux qui choisirent de rester fidèles au culte impérial, forçant le jeune Kelaus Uhle et ses parents à se réfugier dans les égouts et la clandestinité pour survivre aux purges incessantes.

La situation se renversa brutalement lorsque les Blood Angels débarquèrent et sifflèrent la fin de la partie : peu soucieux d’épargner la population civile dans leur campagne punitive, les fils de Sanguinius rasèrent une bonne partie de la cité dans laquelle se déroula la bataille finale contre les chaotiques, faisant des centaines de milliers de morts parmi les Laudamusiens. Caché dans les décombres, Kelaus Uhle vit ce bon vieux Sergent Gamigin (un second couteau/épée tronçonneuse habitués des récits de David Annandale) faire la peau à deux Astartes félons, d’une manière pas tellement PEGI 16, lui inspirant un respect mâtiné de terreur envers les libérateurs de sa planète. C’est le message qu’il souhaite faire passer à son petit-fils, qui l’écoute religieusement : nul ne défie impunément les Blood Angels…

Début spoiler…Et c’est une leçon que Harn, qui est en fait un cultiste (plutôt chill il faut reconnaître, même s’il a planté un couteau dans le bedon de son pépé juste avant que l’histoire ne commence) rallié au Flawless Ost (revenus faire du vilain), ferait bien de méditer. Car les Blood Angels sont également à nouveau de retour sur Laudamus, prêts à refaire le match contre leurs adversaires hérétiques. La facture risque à nouveau d’être salée…Fin spoiler

AVIS:

Un format aussi réduit que le 1.000 mots force logiquement à faire des choix, et celui d’Annandale a été de privilégier la mise en scène d’un twist final, ma foi fort correct (il y a même un frisson de Tchekhov en introduction) à sa petite histoire familiale. Zéro fluff, deux personnages à peine ébauchés, un chouilla d’action : le reste de ‘Honour and Wrath’ ne paie pas de mine, mais je peux respecter l’approche de David Annandale sur ce micro-récit, vendu comme tout le reste de la gamme trois fois et demi trop cher.

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Eternal – D. Abnett :

INTRIGUE:

Le Capitaine Froer du 16ème Régiment de Betal est bloqué dans son avance par une créature aux grognements et au caractère de cochon, et qui prend un malin plaisir à boulotter ses hommes lorsqu’ils s’approchent un peu trop près de la mare où elle a élu domicile. Rejoint par Gammarael, un Blood Angel élève de Mkoll (il est capable de marcher sans piétiner les petites fleurs sur le chemin, et déteste faire la conversation), l’officier est témoin d’une lutte sans merci entre le demi-dieu de Baal et… une guenaude aquatique ? Bien évidemment, ce sont les gentils impériaux qui gagnent à la fin et prennent possession du pédiluve pour la plus grande gloire de l’Empereur, mais cet accrochage a donné soif au farouche Gammarel. Plutôt que de se décapsuler un petit Garde pour la route, ou sucer un caillou pour faire passer l’envie, Gam’ rouge pique une tête au fond du bassin, laissant le brave Froer perplexe, mais vivant. Il ne connaît pas sa chance…

AVIS:

Du Abnett correct sur la forme, mais très paresseux/peu inspiré sur le fond : j’attendais de voir ce que l’une des meilleures plumes de la BL serait capable de produire sous le format 1.000 mots, et la déception est grande. Quand même Annandale et Swallow te passent devant au classement, c’est qu’il y avait moyen de faire mieux. Ou alors le sens caché de cet ‘Eternal’ (pourquoi ce titre d’ailleurs) m’est passé totalement au dessus la tête, du fait de ma méconnaissance approfondie du Daniverse. En tous cas, l’un de nous (la nouvelle ou moi) is not worthy de l’autre…

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The Sanguinor: Exemplar of the Host – J. Swallow :

INTRIGUE:

Sur la planète de Skylos, un petit groupe de Blood Angels livre une guerre d’attrition perdue d’avance contre une horde de Tyranides. Alors que la fin/faim (ça dépend de quel bord on est) approche, une dispute d’ordre théologique éclate entre les survivants. En cause, la croyance du Scout Endemor en la véracité du mythe du Sanguinor, alors que le Sergent Vétéran Ganon considère qu’il s’agit d’un conte pour novices influençables. Sentant grâce à ses pouvoirs mystiques que l’on dit de la m*rde sur lui, Mr Bling Bling apparaît comme par magie pour inspirer ses frères/fils (ça dépend de quelle version on considère), juste au moment où les Tyranides se lancent à l’attaque de l’irréductible cratère gaulois. Galvanisés, même ce vieux reac’ de Ganon1, par l’exemplaire Exemplar qui leur a fait l’honneur de sa venue, les Blood Angels massacrent les Xenos malgré un rapport de force très défavorable, et remportent la bataille qui fait basculer le cours de la guerre pour Skylos. La morale de l’histoire est sans doute qu’il ne faut jamais cesser de croire au Père Noël : après tout avec un nom comme le sien, il y a de grandes chances qu’il soit lui aussi un descendant de Sanguinius…

1 : Qui sera toutefois le seul Space Marine à ne pas survivre à la bataille. Coïncidence ? I think not. Faut pas bitcher sur le Sanguinor.

AVIS:

1.000 mots avec un Sanguinor faisant exactement ce qu’on attend de lui dedans. Aucune sorte d’intérêt je dois dire, à moins d’être un amateur acharné du personnage (le Sanguinor ou Swallow, les deux fonctionnent), et avoir 3,49€ à claquer pour ce contenu ni décevant (je ne m’attendais à rien je dois dire) ni surprenant. Vous voilà prévenus.

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Dante: Lord of the Host – J. Swallow :

INTRIGUE:

Skylos à nouveau1, mais cette fois vue d’orbite. Les perturbations atmosphériques ayant piégé les Blood Angels et les Tyranides à la surface de la planète étaient en fait causées par les machinations d’une cabale de chronomanciens de Tzeentch, pour des raisons n’appartenant qu’à eux. Pas de chance pour les horlogers chaotiques, Dante passait par là et décide de partir à l’assaut de l’œuf de Fabergé géant qui leur sert d’atelier, boutique et repaire.

Après s’être frayé un chemin dans les allées cryptiques et peuplées de démonstres (dur de dire, franchement), le vénérable Maître de Chapitre parvient enfin à parler à un manager, sorcier du Chaos ne ressemblant positivement à rien, et un peu trop sûr de lui pour un antagoniste lambda confronté à un personnage nommé. Grâce à ses pouvoirs impies, le maître des horloges plonge Old D (but goldy) dans une confusion sénile, certes débilitante, mais toutefois passagère. Dante a en effet trop de bouteille et de foi pour se laisser abuser par les faux souvenirs démoralisants que son adversaire souhaite lui faire revivre, et, prenant sa hache Mortalis bien en main, il décapite l’impudent jeunot, non sans lui avoir avant, chose suffisamment rare pour être soulignée, montré ses face. Et pour couronner le tout, il termine la nouvelle sur un one liner digne des Experts Miami. Tout simplement lé-gen-daire.

1 : Planète déjà visitée en speed par les Blood Angels dans ‘The Sanguinor: Exemplar of the Host’, du même auteur.

AVIS:

Micro-nouvelle assez divertissante par son n’importe nawakisme (je ne sais pas qui était le prof de physique du jeune Swallow, mais iel a fait du sale boulot), ‘Dante : Lord of the Host’ aurait pu être intéressant (un peu plus en tout cas) si l’auteur avait pris soin de relier cette histoire à sa micro-jumelle1, et/ou de développer un peu les passages de la loooooooongue vie de son héros qui défilent pendant quelques secondes devant ses yeux et ceux du lecteur2. Au lieu de ça, Swallow clichetonne et nanarde comme un beau diable, ce qui n’est pas le pire des aspects, il faut bien le reconnaître. Comme toujours beaucoup trop cher, même en prenant en compte le capital sympathie de ces quelques pages.

1 : Ce qui n’est pas le cas mis à part la mention lapidaire des Blood Angels coincés sur Skylos. Cette planète ne semble d’ailleurs apparaître nulle part ailleurs dans le corpus de la Black Library.
2 : À la place, on a seulement du déjà connu ou du pas intéressant car pas assez détaillé.

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Et nous voilà enfin au bout de cette critique de ‘Sons of Sanguinius‘, the graal that kept bleeding content comme on dit sur Baal (peut-être). Pour ceux qui n’ont pas eu la patience de lire le détail des retours sur les 29 (!) histoires distinctes qui forment cette anthologie et/ou qui voudraient avoir un avis final sur le bouzin, voici quatre points majeurs retenus par votre serviteur – qui a ce stade peut aussi être qualifié de Serviteur – à propos de ce recueil.

Premièrement, et en dépit de son rapport quantité-prix impeccable (comme établi en introduction), ‘Sons of Sanguinius‘ a une qualité intrinsèque assez faible, beaucoup de histoires mises au sommaire de l’anthologie variant du médiocre au moyen. Mention spéciale ici au ‘Lemartes: Guardian of the Lost‘ de David Annandale, qui est littéralement pire que tout. L’habitué de la BL ne sera pas surpris de ce jugement sévère, vu les noms des auteurs ayant contribué à cette anthologie, qui ne font pas partie des tous meilleurs éléments de la maison d’édition de Nottingham. Mises à part quelques fulgurances de la part de Thorpe et du même Annandale, le contenu de ‘Sons…‘ s’avère aussi peu inspiré que prévu, et pour un bouquin de près de 1.000 pages, c’est rédhibitoire.

Deuxièmement, je dois dire que j’ai apprécié l’idée des éditeurs de varier les formats et les longueurs (et cela sans avoir lu le roman, qui plus est), ce qui n’arrive que rarement dans les recueils de la BL. Cela aurait été encore plus appréciable si cette variété avait été utilisée à plein potentiel, pour offrir une expérience de lecture réellement inédite en alternant micro-récits et nouvelles et novellas plus posées, par exemple. Au lieu de ça, on a l’impression que les 1.000 mots ont été rajoutés pour booster le nombre de contributeurs et d’histoires à mettre au sommaire… et c’est tout. Pour être honnête, c’est sans doute le cas, mais même si ce format m’a toujours semblé une arnaque dans la manière dont il est traité par la Black Library, je considère qu’il n’est pas intrinsèquement mauvais et aurait pu apporter quelque chose de plus qu’une poignée de pages et de noms supplémentaires à cette anthologie. À la place, ils sont relégués en fin de volume, et sont donc parcourus par le lecteur au moment où la bienveillance de ce dernier pour l’ouvrage est à son niveau le plus bas. Pas les meilleures conditions pour briller.

Troisièmement, et je dois le souligner de manière explicite, très stupidement, le sommaire de ‘Sons…‘ a été construit de manière absolument terrible. Passe encore de mettre les 1.000 mots en vrac à la fin, alors que certains sont centrés sur des personnages qui apparaissent bien plus tôt dans l’anthologie (Dante par exemple) : c’est à mon sens peu malin mais cela reste du nice to have (ou nice to be had). Par contre, il faut un certain niveau de génie pervers ou d’incompétence primaire pour mélanger l’ordre logique d’histoire prenant place les unes après les autres. On a ainsi ‘Flesh of Cretacia‘ qui aurait du suivre ‘Sons of Wrath‘, ‘Eclipse of Hope‘ qui aurait du précéder ‘Mephiston: Lord of Death‘, et en bonus, ‘Lemartes: Guardian of the Lost’ qui aurait dû être placé derrière le diptyque consacré à Mephiston. Pour moi, il s’agit d’une des tâches premières d’un éditeur digne de ce nom, et il a été glorieusement sabordé par quiconque a tenu ce rôle dans la réalisation de cette anthologie. Son nom n’apparaît d’ailleurs pas dans le livre : il reste possible que ‘Sons…‘ ait été mis en forme de manière automatique, sans prise en compte de son contenu. Ca ne m’étonnerait même pas de la part de la BL.

Quatrièmement et pour terminer, je regrette que cette anthologie ne couvre pas les événements notables du background les plus récents, depuis la défense de Baal contre les Tyranides (brièvement évoquée dans ‘A Son’s Burden‘, mais point de ‘The Devastation of Baal’, qui est la suite logique) jusqu’à l’arrivée des Space Marines Primaris. Je sais que ce genre de recueil est par nature limité par le matériel disponible au moment de sa création, et peut-être que Nottingham a décidé qu’il n’y en avait pas assez pour couvrir l’époque contemporaine du fluff (‘Shield of Baal’, anyone?), mais même une poignée de nouvelles auraient fait l’affaire, et montré de façon claire que la BL ne fermait pas volontairement les yeux sur ces derniers développements. J’aurais aussi apprécié et compris de voir des nouvelles récentes comme ‘Blood Rite‘ (Rachel Harrison) ou ‘Redeemer’ (Guy Haley) être incorporés dans cette anthologie : elles y auraient eu tout à fait leur place.

J’en ai enfin, cette fois, fini avec ‘Sons of Sanguinius‘. Vous voilà briefés dans le détail sur ce tome qui fera date dans la couverture littéraire des exploits et tragédies des descendants de Sanguinius : lisez maintenant à vos propres risques…

WHAT PRICE VICTORY [40K]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette critique de ‘What Price Victory’, anthologie de nouvelles se déroulant dans les ténèbres d’un lointain futur, et publiée dans celles d’un lointain passé (2004, c’est dire). Ayant terminé peu de temps auparavant la revue de ‘Bringers of Death’, que l’on peut considérer à bien des égards comme le jumeau du présent opus, je me suis dit qu’il serait opportun de passer son prédécesseur immédiat sur le grill de la critique, afin de permettre une comparaison entre les deux derniers ouvrages de courts formats 40K de la première époque infernale! de la Black Library. On peut déjà reconnaître à ‘What Price Victory’ une couverture plus réussie que celle de son successeur, ce qui, compte tenu de la posture discutable du Space Marines du Chaos mis au premier plan, dit quelque chose du niveau de la compétition. Je vous laisse seuls juges.

Comme dit plus haut, c’est Inferno! qui fournit l’essentiel des nouvelles placées au sommaire de ce court recueil (250 pages), cinq des histoires publiées ici l’ayant déjà été entre Mars 2003 et Mars 2004 dans le bimensuel de la BL. Il revient à Dan Abnett et à Simon Spurrier d’apporter un peu de nouveauté à la tambouille, le premier avec une aventure inédite de l’Inquisiteur Ravenor (& Friends), le second avec un novella tout aussi inquisitrice. Pour le reste, on retrouve au casting bon nombre de noms familiers de l’habitué de la GW-Fiction, même si certains (Swallow, Hinks) faisaient ici leurs débuts dans la carrière. ‘What Price Victory’ est-il un classique oublié du catalogue de la Black Library, ou une brique dans le mur des lamentations d’icelle? Voyons cela de plus près…

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Thorn Wishes Talon – D. Abnett :

INTRIGUE :

Thorn Wishes TalonPar une sombre nuit d’orage, un petit groupe de mystérieux individus débarque sur la planète Malinter, et prend la direction d’une tour en ruines où un rendez-vous a été fixé avec une tierce partie anonyme. Voilà qui est bien brumeux, voire fumeux, vous en conviendrez. Sur le chemin, les marcheurs sont attaqués par 6/7 hostiles, donnant l’occasion à Abnett de présenter ses protagonistes de façon convenable. À tout seigneur container, tout honneur, commençons par le meneur de la bande, l’Inquisiteur Gideon Ravenor, puissant Psyker réduit à l’état de loque humaine lors d’un attentat chaotique il y a bien longtemps, et confiné dans un fauteuil flottant énergétique depuis lors. Il a amené avec lui quelques copains pour lui servir de garde de la carrosserie : l’Interrogateur Carl Thonius, incarnation parfaite du hacker nerd passant la moitié de son temps à se plaindre, et l’autre à balancer des vannes caustiques, les hommes et femmes de main Harlon Nayl, Kara Swole et Zeph Mathuin, et la télékine Patience Kys. Seul Gigi sait ce qui les attend sur Malinter, et il refuse obstinément de s’en ouvrir à ses collaborateurs, même après que cette première embuscade, prélude à de nombreuses autres, se soit terminée en faveur des visiteurs (grâce à la combo mortellement efficace lévitation forcée + canon d’assaut rotatif).

La progression de nos héros devient de plus en plus difficile au fur et à mesure qu’ils s’approchent du sommet de la tour, des hordes des cultistes chaotiques se mettant en travers de leur route dans le but d’empêcher la rencontre de haut niveau (à tout point de vue) de se produire. Laissant Thonius, Nayl et Mathuin retenir la plèbe et échanger des blagounettes, ce Dom Juan de Ravenor entraîne Kys et Swole à sa suite jusqu’au rooftop du gratte ciel, où les attend ce bon vieux Gregor Eisenhorn, mentor de Gideon et ex-employeur de Kara. Disparu de la circulation depuis des lustres, et présumé mort ou radical par l’Imperium (voir la trilogie ‘Eisenhorn’ d’Abnett à ce sujet), Greg le Grabataire est toujours actif dans le game et déterminé à s’opposer au Chaos par tous les moyens nécessaires, y compris en retournant ses armes et méthodes contre lui. Le seul équipier conservé par Eisenhorn dans sa lutte contre l’anarchie galactique est ainsi le possédé Cherubael, qui lui sert de gros bras mais également d’auxiliaire de vie (dur de monter en haut d’une tour de 500 mètres – sans ascenseur – quand on est invalide à 93%1). Ces retrouvailles émouvantes entre les deux invalides tournent rapidement à la réunion professionnelle, Eisenhorn ayant voulu prévenir son disciple de l’intérêt que lui portent les membres de la Divine Fraternité, un culte chaotique spécialisé dans les catastrophes à venir. D’après leurs dernières (pré)visions, Ravenor, ou quelqu’un de son entourage, jouera un rôle décisif dans l’incarnation du démon Sliite dans notre dimension, ce qui aura évidemment des conséquences néfastes pour l’Imperium. Une barquette avertie en valant deux, Eisenhorn tenait à faire passer le message à son ancien Interrogateur, qui décide naturellement de… continuer ses investigations sur Eustis Majoris, précisément là où le démon fera son entrée dans le Matérium. Mais attention, en faisant attention.

Un peu plus bas, le Supreme NTM (Nayl, Thonius & Mathuin) a bien du mal à gérer le Dreadnought que les cultistes ont fait venir en renfort. Ils parviennent cependant à le retenir suffisamment longtemps avec leurs grenades krak (un peu) et chamailleries (surtout) pour que les Inquisiteurs se traînent enfin à leur niveau, leur conciliabule achevé, et règlent son compte à la menaçante machine. Le reste n’est qu’une formalité, et après un joyeux massacre de chaoteux et un salut au club des anciens (Nayl et Swole ayant commencé par servir Gregor avant de rejoindre Gideon), Ravenor et Eisenhorn se séparent à nouveau, peut-être pour la dernière fois. La suite sera racontée dans ‘Ravenor Returned’, le deuxième tome de la trilogie consacrée par Abnett au Stephen Hawkins du 41ème millénaire.

1 : Ce qui pose la question : pourquoi Eisenhorn a-t-il donné rendez-vous à son pupille, à la mobilité également réduite, dans un endroit aussi difficile à atteindre ? Autrement que pour le côté grandiose, s’entend ?

AVIS :

Abnett trouve un prétexte assez quelconque pour réunifier le temps d’une nouvelle la team GG de l’Inquisition, et on peut lui en être gré. Il est clair à la lecture de ‘Thorn Wishes Talon’ que l’équilibre des forces penche en faveur de Ravenor (dont la saga était en cours d’écriture au moment de la première publication de cette nouvelle), Eisenhorn en étant réduit à faire un cameo plutôt qu’à participer réellement à l’intrigue. En ce sens, cette nouvelle donnera sans doute plus envie au lecteur de se pencher sur les aventures de Gideon le gai luron plutôt que sur celles de Gregor Trompe-la-Mort, même si les deux séries méritent définitivement la lecture. On prend plaisir à voir opérer une équipe d’agents de l’Inquisition, constituée d’individus au caractère bien trempé et aux compétences uniques, ce qui donne un cocktail savamment mixé d’action et de punchlines, saupoudré par quelques éléments de fluff dignes d’intérêt, dans le plus pur style d’Abnett. Je place ‘Thorn Wishes Talon’ en dessous des histoires policières/roman noir (‘Missing in Action’‘Backcloth for a Coin Additional’) et détaillant l’origine/la destinée de personnages secondaires importants des travaux inquisitoriaux de Dan Abnett (‘Playing Patience’‘The Strange Demise of Titus Endor’), mais vous pouvez tout de même y aller les yeux fermés (ou pas, c’est tout de même plus pratique pour lire un texte).

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Forever Loyal – M. Scanlon :

INTRIGUE :

Arvus Drel, (clerc de) notaire de bas étage dans l’administration planétaire de l’illustrement inconnue Bajoris IV, a trouvé un plan infaillible pour sortir de la misère et de l’anonymat auxquels sa basse extraction et son absence d’entregent l’ont jusqu’ici condamné. Ayant déterré dans les archives dans lesquelles il officie un antique parchemin écrit de la main du sage Terodotus (en personne), il a redécouvert la civilisation des Neand, qui était tombé dans elle-même (à un -d/-t près) depuis des siècles et est aujourd’hui complètement ignorée des placides et incultes Bajorisiens. Pour la défense de ces derniers, les Neand ne résidaient pas sur la planète même, mais sur la lune de cette dernière, la bien nommée Hell’s Marsh (en rapport avec sa pittoresque et complète couverture marécageuse), sur laquelle ils ont régné pendant un demi-millénaire depuis leur prodigieuse cité-temple, avant qu’un grand malheur ne le frappe et que leur civilisation s’éteigne en l’espace d’une funeste nuit, dixit le mélodramatique Terreau d’Otus. Disposant d’indications lui permettant de retrouver les ruines de la cité, et persuadé que cette dernière regorge d’archeotech qui lui permettront de mener sa meilleure vie une fois pillés récupérés et vendus au plus offrant, Arvus piaffe d’impatience à l’idée de partir en lune inconnue, mais a tout de même l’intelligence de recruter une escorte auprès des Forces de Défense Planétaire avant de décoller, en falsifiant un tout petit peu les documents officiels pour convaincre un officier peu regardant de lui accorder des gardes du corps. Notre escroc de héros se rend compte un peu tard que son interlocuteur est un peu trop heureux d’accéder à sa requête, et comprend pourquoi lorsqu’il réalise que ses protecteurs seront des frustes Volgars, enrôlés de force dans l’armée planétaire en remboursement des dettes que ces arriérés ont omis de payer au Gouverneur. Mené par l’énorme et teigneux Sergent Jarl, le peloton qui accompagne Arvus faire trempette dans le bayou ne paie pas de mine, mais c’est toujours mieux que rien.

Les espoirs de l’ambitieux notaire de faire main basse sans coup férir sur les trésors perdus des Neand sont rapidement douchés lorsque les randonneurs des marécages tombent dans une embuscade tendue par des humanoïdes de métal, aussi appelés Necrons par les sachants. Ayant perdu 15 hommes pour venir à bout d’à peine six Terminators, Jarl exige d’en savoir un peu plus sur la mission sous peine de déserter, et Arvus est obligé de lui révéler que la légende parle bien de gardiens métalliques patrouillant le territoire des anciens Neand. Cette légère omission étant compensée par la promesse de couvrir d’or ses protecteurs, et, plus importants aux yeux de ces derniers, leur redonner leur liberté, Arvus parvint après quelques minutes de flottement à remotiver ses troupes et à leur faire reprendre la route.

On s’en doute, cet optimisme béat/cupidité aveugle ne pèsent pas lourd face à la détermination butée des Necrons à garder leur marais carré. La programmation des matons de métal a beau être digne d’un jeu Atari 2600 (chacun patrouille sa section des remparts, et se contrefout bien de ce qui arrive aux copains), et les pillards disposer d’assez de grenades pour réaliser un attentat à la brouette piégée digne de ce nom, les vagues de Guerriers Necrons finissent par réduire notre fine équipe à sa portion congrue et ses personnages nommés, puis juste à Arvus, après qu’il ait composé par un gros coup de bol le code donnant accès à la salle du coffre de la cité temple, laissant Jarl à la porte s’expliquer avec les concierges.

Avant de mourir de soif et de faim dans sa panic room d’emprunt, Arvus a le temps de percer à jour les mystères de la chute des Neand, grâce aux inscriptions gravées sur les murs de la salle. Il s’avère que la cité-temple n’a pas été bâtie par la tribu, mais trouvée par cette dernière au milieu des marais, et rapidement colonisée par les opportunistes. À l’origine, elle était peuplée par une race d’hommes-lézards ayant eu la mauvaise idée d’accepter la proposition du Deceiver (représenté en statue dans la pièce, avec son fameux sourire ultra bright) de le vénérer en échange d’un accès aux technologies C’tan. La seule exigence de Dédé était que son peuple d’adoption « montre de la force en toute chose », aussi fut il très déçu (façon de parler) lorsque ses protégés utilisèrent au moment de leur décadence le bouton magique « appuyer ici en cas de gros problème » qu’il avait innocemment laissé derrière lui. Contrairement à ce qu’espéraient les batraciens démunis, aucune aide ne leur fut apportée, car seuls les Necrons répondirent à l’appel et les exterminèrent rapidement. Quelques millénaires plus tard, ce furent les Neand qui goutèrent au remède de cheval de ce fourbe de D6 Veur, suite à quoi les hommes de métal décidèrent de continuer à squatter les lieux, et d’exterminer tous les pillards en puissance jusqu’à ce qu’une nouvelle race vienne tenter sa chance à « qui perd perd », le jeu favori de Mephet’ran. La nouvelle se termine avec le déverrouillage de la porte de la salle où le cadavre d’Arvus pourrit tranquillement (quand on fait des siestes de 65 millions d’années, obtenir un rdv avec un serrurier compétent peut prendre un peu de temps), et le largage de ce dernier dans le tout à l’égout de la cité. Il faut bien faire les poussières de temps en temps.

AVIS :

Mitchel Scanlon nous sert une histoire très classique d’exploration de nécropole Necron par une petite bande d’impériaux totalement dépassée par le cours des événements, et prévisiblement massacrée par les locaux une fois ces derniers réveillés. La seule variation que ‘Forever Loyal’ apporte au tableau est le décor marécageux dans lequel la nouvelle se déroule, ce qui ne gagnera pas à Scanlon le prix de l’originalité, je gage. Cette soumission aurait pu valoir la peine si l’auteur avait un peu plus creusé la veine background, exploitée de façon assez obscure (ce sont des Slanns qui vénéraient le Deceiver à la base ?) et limitée en fin de récit, mais comme Scanlon a préféré mettre ses œufs dans le panier de l’action insipide et convenue, on peut sans regret reléguer ‘Forever Loyal’ dans le tas des nouvelles bof de la BL, pour au moins quelques millions d’années.

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Elucidium – S. Spurrier :

INTRIGUE :

Sur le monde ruche de Garial-Fall, le Culte Genestealers de la Matrice Céleste végète gentiment sous le dôme de la Ruche Primus et grâce/à cause du leadership prudent de ses Magii. La succursale de la secte implantée dans la Ruche Secundus de la planète ayant été purgée par l’Inquisition il y a quelques années, l’aversion au risque des pontifes du Culte est compréhensible, mais ne fait pas l’unanimité parmi les fidèles. Allant à l’encontre de la vision long termiste de l’Archimagus Jezahael, le Magus Primacii Kreista, seul survivant de la cellule Secundus, a contacté l’Elucidium, une mystérieuse organisation au service de la Grande Mère (le petit nom donné par les locaux aux Tyranides) et envoyant ses agents assister les Cultes dans l’accomplissement de leurs funestes desseins et ainsi accélérer la venue des funestes essaims. À la surprise générale, à commencer par celle du maelignaci (hybride) G’hait, assistant personnel de Kreista et dépêché par ce dernier pour accueillir son invité de marque à sa sortie du spatioport, Ebrehem Arkannis, envoyé spécial de l’Elucidium, se révèle être un Cardinal de l’Ecclésiarchie…

AVIS :

Si le résumé proposé ci-dessus de la novella de Simon Spurrier (94 pages tout de même) est si court et se termine si tôt dans l’exposition de l’intrigue, c’est tout simplement que j’ai jugé qu’il ne serait pas acceptable de gâcher cette expérience de lecture à l’amateur de GW-Fiction en éventant le suspens que Spurrier réussit à insuffler à son récit. Pour les mêmes raisons de « préservation » de l’objet littéraire dont il est ici question, je ne pourrai pas longuement détailler les forces (et elles sont nombreuses) de cet ‘Elucidium’, et me contenterai donc de dire que ce dernier occupe confortablement une place dans mon Top 3 des meilleurs courts formats de 40K (et Top 10 de la GW-Fiction). Spurrier donne ses lettres de noblesse au grimdark avec un récit poignant, brutal, complexe et peu avare en fluff et en lore1, que je conseille évidemment aux fidèles de la Grande Dévoreuse, mais également à tous les amateurs de littérature 40K en général. L’Empereur sait que vous avez assez souffert dans vos pérégrinations BLesques, et dans son infinie mansuétude, a envoyé Simon Spurrier signer une masterclass et rappeler à l’humanité que dans les ténèbres du 41ème millénaire, il y a tout ce qu’il faut pour écrire des sacrés bonnes histoires…

1 : Je fais la distinction entre le fluff, qui couvre les petits détails de background dignes d’être relevés dans les publications de la BL, et le lore, souvent plus diffus et moins « isolable » que ce dernier, et à la vocation plus globale et universelle. Ca vaut ce que ça vaut et je ne prétends pas que mon interprétation soit canon, mais je trouve qu’elle permet de différencier deux types d’information de background assez particulières.

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Calculus Logi – D. Hinks :

INTRIGUE :

40K_Calculus LogiDepuis que leur vaisseau s’est écrasé à la surface de Belisarius IV, planète désertique à la température peu clémente, les journées du Calculus Logi Regulus et de ses compagnons d’infortune (Amaryllis, Hasan, Rabanus et Valens), sont d’une périlleuse monotonie. Lorsque le soleil est à son zénith, la température au sol est en effet tellement élevée que les gigantesques prédateurs tunneliers qui chassent sous la surface de la planète (pensez aux vers des sable de ‘Dune’, mais en plus moche) se retrouvent cantonnés aux profondeurs, laissant quelques minutes (7’42’’ exactement, comme le très précis Regulus l’a établi) aux survivants pour faire l’aller-retour entre la caverne où ils se sont réfugiés et les débris les plus proches de leur embarcation, qui contiennent de précieuses réserves d’eau. Les jambes à piston de Reg’ lui permettent de survoler cet exercice avec aisance, mais ce n’est pas le cas de ses lourdauds et organiques camarades, et à chaque nouvelle course poursuite, un naufragé finit dans la/les gueule(s) du monstre qui a pris la petite troupe en grippe.

Si Regulus vit plutôt bien ces éliminatoires quotidiens, certain qu’il est d’être le plus rapide de la bande et de toujours pouvoir rentrer à temps au bercail, le reste de sa fine équipe (tout les autres sauf Rabanus, dévoré pendant que vous lisiez les phrases précédentes1), n’est pas aussi chill que l’adepte du Mechanicus, à commencer par la vivace – elle finit toujours seconde – Amaryllis, qui souhaiterait convaincre les boyz de pousser jusqu’au gros de l’épave, situé plus loin que le morceau qu’ils visitent quotidiennement, qui leur offrirait un abri ainsi que des chances de survies plus élevées. Cependant, les simulations de Regulus sont formelles : les performances athlétiques de ses running partners ne sont pas suffisantes pour leur permettre de rallier cet objectif, et ils finiraient tous (sauf lui, évidemment) croqués par le monstre dans la tentative, comme Hasan et Valens il y a quinze secondes de cela (quelle idée aussi de se taper dessus pour une histoire de croche-patte quand on se trouve à découvert…). Il ne reste donc plus à ce stade que notre cyborg buté et sa première dauphine, bien décidée à lui crier dessus jusqu’à ce qu’il révise sa position et accepte de rallonger le parcours.

Il faut croire qu’Amaryllis peut être vraiment ch*ante quand elle s’y met, car après une journée de franche prise de tête, Regulus finit par jeter l’éponge, et consentir à trotter jusqu’à la deuxième base, même s’il prévient à nouveau sa camarade qu’il est mathématiquement impossible qu’elle parvienne à bon port, d’après ses infaillibles projections…

Début spoiler…Mais l’erreur de l’intègre Regulus aura été de ne pas considérer qu’Amaryllis pouvait tricher pour arriver à ses fins. Aussi est-il très surpris lorsque sa fourbe poursuivante lui balance un silex aiguisé dans ses guiboles à ressort, ruinant ses jantes alu mais surtout endommageant gravement cette mécanique de précision, et le laissant donc en rade au milieu de nulle part pendant qu’Amaryllis est libre de poursuivre son sprint. Comme cette dernière l’a bien compris, l’essentiel ne pas de courir plus vite que le monstre, mais plus vite que Regulus, dont le gobage par la taupe géante de Belisarius IV lui donnera suffisamment de temps pour arriver à bon port. Rien ne sert de courir… enfin si un peu quand même, mais vous voyez l’idée.Fin spoiler

1 : Il fallait être plus rapide (et ça s’applique aussi à lui).

AVIS :

Petite nouvelle ma foi fort sympathique de la part de Darius Hinks, autant par l’hommage qu’elle rend, au moins en termes de décor, à une œuvre majeure de la science-fiction moderne, que par la complexité du personnage de Regulus (à la fois protecteur et dévoué mais également froid et arrogant), ou encore son twist final bien senti (et d’autant plus efficace que la narration à la première personne rend la mort de Regulus moins prévisible que si l’histoire avait racontée depuis un point de vue externe). Travail propre et efficace de la part de celui qui, en Mars 2004, n’était encore qu’un nouveau contributeur de la Black Library, et qui démontre ainsi de quoi il est capable lorsqu’il s’en donne les moyens. Dommage que sa motivation se soit révélée fluctuante dans les années qui suivirent…

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Crimson Night – J. Swallow :

INTRIGUE :

Crimson NightDéployé sur le monde désertique de Merron avec le reste de la 3ème Compagnie des Doom Eagles, le Sergent Tarikus se retrouve au cœur d’un imbroglio diplomatique entre les nouveaux arrivants et ceux dont ils viennent prendre la place : la 4ème Compagnie des tristement célèbres Flesh Tearers du Capitaine Gorn. En plus des vieilles rancœurs opposant les deux Chapitres, qui ont servi ensemble sur un théâtre d’opérations où la sauvagerie des Flesh Tearers attira l’attention de l’Inquisition, le comportement suspect de la population locale en présence des Astartes, relevant davantage de la terreur abjecte que de la déférence habituelle, fait bientôt suspecter au sagace Tarikus que Merron dissimule un lourd secret. Chargé par son supérieur, le Capitaine Consultus, de tirer discrètement les choses au clair avant que les descendants de Sanguinius ne quittent les lieux, notre héros ne met pas longtemps à trouver un cadavre exsangue, et portant un éclat de céramite pourpre dans la blessure causée par la paille en fer qui l’a vidé de son sang (c’est pas moi qui le dit, c’est Swallow). Voilà qui fait deux solides indices incriminant les Flesh Tearers, dont la sanguinaire réputation n’est plus à faire, même chez les pragmatiques et formels (ils adorent faire des rapports) Doom Eagles. Ce n’est toutefois pas assez pour convaincre le consensuel Consultus de déclencher un incident diplomatique, et Tarikus et ses hommes en sont quitte pour se remettre en chasse de preuves indubitables de la responsabilité de leurs collègues dans les disparitions qui frappent les Merrons depuis plusieurs mois.

Leurs investigations les mènent dans les égouts de la capitale, où après un accrochage avec des rats laissant deux de ses hommes gravement blessés (dont un par un tir de bolter d’un de ses camarades… c’est pas moi qui le dit, C’EST SWALLOW), Tarikus doit continuer la mission seul et sans armure, le conduit menant jusqu’à la zone ayant affolé l’auspex de l’escouade étant trop étroit pour ses épaulières surdimensionnées. Ce n’est toutefois pas ça qui arrête notre farouche héros1, qui finit par arriver dans une salle remplie de cages où les prisonniers du croquemitaine local sont parqués, comme autant de packs de bière dans un frigo. Le Raide (le nom donné par les Merrons à leur Némésis) ne l’entend cependant pas de cette oreille, et se rue sur le Sergent naturiste dès que ce dernier pose l’orteil dans son repaire. Si les suspicions de Tarikus se révèlent exactes, ce n’est pas son slip de céramite qui va lui permettre de sortir victorieux de ce combat…

Début spoiler 1…Mais heureusement pour Tarik, il ne fait pas face à un Flesh Tearers consumé par la Rage Noire, mais à un cosplayeur chaotique, dont la fausse armure énergétique se fait rapidement enfoncer par les mandales sur vitaminées du meilleur de l’Empereur (ce qui ne l’empêche pas de se faire désarmer en deux secondes au début du combat, pour garder un peu de suspens je gage). Il s’agissait d’une manigance d’Axel Raide pour faire porter le chapeau aux Flesh Tearers, parce que… voilà2, et une fois le faquin mis hors d’état de nuire, l’ordre peut à nouveau régner sur Merron, et les Fleshy Bois partir en paix, lavés de tout soupçon.

Début spoiler 2…Ou pas tout à fait en fait, car quelques cadavres retrouvés après leur départ arborent des plaies incompatibles avec le mode opératoire du Raide, faisant repasser les Flesh Tearers sur la liste des suspects. Mais après tout, qu’est-ce qui nous prouve qu’un Chapitre s’appellant les déchireurs de chair soit d’une quelconque façon impliqué dans des meurtres où les victimes ont été déchiquetées par des mâchoires humaines, hein? Absolument rien, bien sûr.Fin spoiler

1 : Qui s’étale tout de même de tout son long dans la m*rde au passage. Une péripétie peu glorieuse, mais que Swallow a décidé non seulement d’inclure dans son récit, mais également de placer au tout début de la nouvelle, en guise d’introduction au personnage héroïque qu’est le Sergent Tarikus. En guise de consolation pour ce dernier, Swallow semble prendre un malin plaisir à envoyer au sol les Doom Eagles qu’il met en scène, comme ‘Relics’ le montre.
2 : Sans rire, Swallow n’explique ni comment un seul psychopathe épais comme une bicyclette est arrivé à faire des dizaines de victimes dans une ville gardée par des Space Marines, ni d’où il vient, ni à quoi lui servait d’incriminer les Flesh Tearers.

AVIS :

James Swallow commence (je crois) sa période Doom Eagles avec ce ‘Crimson Night’, qui lui donne l’occasion de mettre à nouveau en scène des descendants de Sanguinius, après s’être fait les canines sur les Blood Angels (‘Deus Encarmine’ étant sorti en 2004). Fidèle à sa réputation de jaggernaut littéraire, cherchant à dérouler son intrigue sans guère de considération pour des détails tels que la cohérence, la vraisemblance ou le ridicule patenté dans lequel son approche bourrine fait sombrer ses personnages à intervalles réguliers, Swallow accouche au forceps d’une nouvelle concluant sUbTiLeMeNt que les Flesh Tearers ne sont pas forcément les coupables de tous les meurtres sordides s’étant déroulés à proximité de leurs baraquements. L’idée a beau être intéressante, sa mise en pratique est si balourde que seule la publication de ‘Crimson Night’ dans un recueil officiel de la Black Library empêche de considérer ce court format comme une parodie du genre.

Swallow s’illustre particulièrement en ne prenant même pas la peine de rester cohérent avec ce qu’il a écrit passé les trois lignes précédentes, ce qui révèle soit sa grande audace, soit sa grande fainéantise (je penche pour la seconde option). En plus de l’absence de contextualisation de l’identité du tueur, décrite plus haut, on a également le droit à un échange lunaire entre Consultus et Gorn. Le premier demande au second de lui faire un rapport sur les crimes rapportés par la population locale avant de partir. Gorn accepte, et charge le Sergent Noxx (qui est aussi dans la pièce) de faire le sale boulot à sa place… et les deux s’en vont, sans plus d’explication1. Vous l’aurez compris, ‘Crimson Night’ ne dépeint pas les Doom Eagles et les Flesh Tearers sous leur meilleur jour, et je conseille aux lecteurs qui voudraient explorer le riche background de ces Chapitres de façon moins risible de se tourner vers d’autres auteurs.

1 : Et Swallow ne revient à aucun moment sur cet échange, pour faire comprendre au lecteur que le briefing a bien eu lieu, mais « hors champ ». C’est comme si le dialogue n’avait pas eu lieu.

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Hunter/Prey – A. Hoare :

INTRIGUE :

La préparation de la <insert random number here> 13ème Croisade Noire bat son plein, et les mondes impériaux entourant la Porte Cadienne reçoivent la visite, pas franchement amicale, de légionnaires noirs de livrée et d’humeur afin d’organiser la venue prochaine de Papadon. Ormantep, planète désertique parsemée de colonies minières de l’Adeptus Mechanicus, ne fait pas exception à la règle, mais peut au moins compter sur une forte garnison de Cadiens pour préserver son intégrité, ou mourir bravement dans la tentative, comme la Garde sait si bien le faire. Nous suivons en particulier les pérégrinations mystico-impertinentes de la Lieutenant Neme Fortuna, Psyker assermentée et objectrice de conscience patentée1, rattachée au Capitaine Vrorst et ses Kasrkins. Tout ce petit monde soldate gentiment dans le bunker qui lui a été alloué par le haut commandement, en gardant en œil sur la Chambre des Etoiles et sa garniture d’Astropathes, lorsque la routine est interrompue par l’arrivée inattendue d’objets tombant non identifiés à proximité de la base impériale. N’étant pas né de la dernière pluie, Vrorst envoie quelques hommes patrouiller à proximité, et lorsque ces derniers se font copieusement bolteriser par les nouveaux arrivants, dissimulés dans une tempête de sable de mauvais aloi, peu de doute subsiste sur les intentions ou l’identité des visiteurs. Comme on dit sur Terra : « Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir ».

La suite des événements voit les Cadiens monter une défense désespérée mais en définitive futile contre leurs assaillants, qui ont pris soin d’inviter un sorcier top moumoute pour geler (littéralement) les communications astropathiques enter Ormantep et le reste du secteur. Retranchés dans la Chambre des Etoiles, les survivants impériaux se préparent à vendre chèrement leur armure carapace, lorsqu’un nouveau joueur entre dans la partie sans crier gare…

Début spoiler…Ou plutôt à pas de loup, car ce sont bien les Space Wolves qui s’invitent dans l’explication de texte entre groupies abaddonesques et bidasses impériaux. Et pas n’importe quels loulous, mais, 13ème Croisade Noire oblige, des membres de la 13ème Grande Compagnie, venus jeter un œil hors de l’Œil après quelques millénaires d’absence. À la tête de la meute, un Prêtre des Runes à peu près civilisé engage le sorcier chaotique en combat singulier au moment où il allait enrubanner Fortuna et Cie dans une gaze infernale, avec les conséquences fatales que l’on sait2. Cette distraction bienvenue permet à notre Lieutenant de retarder la mort glorieuse qui a fauché la plupart de ses camarades, Capitaine Vrorst compris, et la Psyker renvoie l’ascenseur à son sauveteur, sur le point d’être transformé en descente de lit par le Chaoteux, en balançant à ce dernier une grosse (s)mite en pleine face. Cette victoire inespérée des fidèles de l’Empereur manque toutefois d’être endeuillée par un Wulfen très joueur, qui saute que Fortuna pour lui faire des papouilles alors que le Prêtre des Runes reprend ses esprits. Fort heureusement, le chef de meute siffle son clebs avant que l’irréparable ait été commis et une euthanasie (de la Psyker) nécessaire. Après avoir balancé une phrase badass de circonstance, du style « le facteur sonne toujours deux fois » ou « to win the yes needs the no to win against the no », le treiziste vétéran repart comme un royal canin, laissant notre héroïne sauve mais perplexe.Fin spoiler

1 : Le nombre de fois où elle manque de respect et/ou remet en question son supérieur au cours de la nouvelle mérite une mention. Et la cour martiale.
2 : Si on serre très fort, le sujet peut en mourir hein. Faut pas rigoler avec ça.

AVIS :

Il y a des nouvelles dont la date de sortie explique beaucoup de choses, et ‘Hunter/Prey’ fait partie de cette catégorie. Publiée originellement dans le numéro #37 d’Inferno !, sorti en Juillet 2003, soit au moment de la campagne mondiale Œil de la Terreur organisée par Games Workshop pour décider du sort de la 13ème Croisade Noire, ce court-format sert d’illustration romancée au contenu du Codex éponyme, dont Andy Hoare se trouve être, surprise surprise, un des co-auteurs. Les Wulfens de la 13ème Grande Compagnie faisant partie des factions stars de ce supplément de jeu, il n’est guère étonnant de les voir mis en avant dans une nouvelle de la Black Library à ce moment précis, encore que Hoare ne les mette pas à mes yeux tellement en valeur pour le lecteur. Certes, ils sont dépeints comme pouvant massacrer des Space Marines du Chaos comme qui rigole, mais leur intervention dans le récit est trop tardive et limitée (ils restent majoritairement hors champ, et seul le Prêtre des Runes qui leur sert de nounou prend un peu la lumière) pour faire forte impression. La vedette est au contraire occupée par les vaillants mais peu efficaces Kasrkins Cadiens, qui meurent avec application d’un bout à l’autre de l’histoire. Le plus gros problème de ce ‘Hunter/Prey’ demeure toutefois son manque consommé d’inventivité et de surprise en matière de déroulé, faisant ces 24 pages une version deluxe d’un encart de background romancé dans le Codex ‘Œil de la Terreur’ davantage qu’une œuvre de fiction digne ce nom. Au moins, l’illustration est sympa.

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The Beguiling – S. Mitchell :

INTRIGUE :

The BeguilingNous retrouvons le Commissaire préféré de ton Garde Impérial préféré peu de temps après la campagne de Keffia (‘Sector 13’), sur la planète de Slawkenberg et engagé, aux côtés du 12ème Régiment d’artillerie de campagne de Valhalla (Jurgen, Divas et Mostrue sont de la partie), dans la purge du culte chaotique ayant déclenché une insurrection sur ce monde autrement paisible. Ou plutôt, des cultes chaotiques, comme nous allons le voir. Après quelques mois de routine agréable, passés à bombarder les positions ennemies à 71,99 pouces de la ligne de front le matin, déjeuner dans des petits bistrots sympathiques, et déguster de l’amasec vintage en charmante compagnie l’après-midi, notre fringant mais prudent héros se rend compte qu’il s’ennuie quelque peu, et décide de suivre une patrouille d’observateurs avancés de son régiment, accompagné de son fidèle Jurgen, pour voir du paysage et soigner sa réputation d’officier héroïque et proche de ses hommes.

Ce qui ne devait être qu’une simple balade en Salamander va bien sûr mal tourner, d’abord en raison d’une météo capricieuse et de l’absence de capote (livrée en option sur ce type de véhicule), puis à cause d’une embuscade maladroitement commise par un groupe de Prouteux en vadrouille, forçant les Valhallans à s’enfoncer dans une forêt profonde sur un petit chemin au lieu de rester sur la route (détruite par leur botte secrète : l’appel à un ami qui a une batterie de Basilisks sous ses ordres). Au bout de quatre heures de rallye pluvieux, Cain et ses charges retournent enfin à la civilisation, représentée par un manoir isolé mais apparemment occupé, comme son illumination l’atteste.

Ayant garé leur Salamander à quelque distance de la bâtisse afin de pouvoir la reconnaître discrètement, les Gardes sont surpris par l’arrivée désespérée d’une jeune fille affolée et fort peu vêtue, poursuivie par un petit groupe de cultistes de Nurgle. Si les maraudeurs pestiférés sont rapidement mis hors d’état de nuire, à défaut de puire, par les bidasses en goguette, et que la demoiselle en détresse, rapidement rejointe par quelques accortes amies, tombe dans les bras de ses sauveurs, Cain éprouve un vague mal-être (et une démangeaison palmaire de mauvais augure) devant la tournure prise par les événements. Quelque chose ne sent pas bon dans cette affaire, et ce n’est pas Jurgen (pas que, en tous cas)…

Début spoiler…Et en effet, la petite soirée que nos quatre militaires passent à l’Académie pour jeunes filles du monde de St Trynia, si elle s’avère mémorable, ne l’est pas pour les bonnes raisons, et se révèle aussi être la dernière pour deux des camarades de Cain. Alors que ce dernier se retrouve dans les quartiers privés de la directrice pour une séance de tantrisme extra-curriculum, l’ambiance retombe brutalement lorsque la voluptueuse Mademoiselle Duboir confie à son coup d’un soir qu’elle l’a tout de suite identifié comme un fidèle de Slaanesh. Ce que Cain ne pense pas qu’il est (encore1), merci pour lui. Il prend d’ailleurs la mouche au point d’abattre sans sommation son hôte après cette petite confidence. Et à propos de mouche, voici les Nurgleux qui reviennent à la charge, et prennent d’assaut le manoir et ses habitantes, offrant à Cain et à Jurgen (mis très mal à l’aise par le rentre dedans qu’il a subi toute la soirée de la part des prêtresses du plaisir sous camouflage) la couverture parfaite pour s’éclipser discrètement, laissant les dépouilles de leurs camarades malheureux au milieu du champ de bataille. Un petit coup de fil au Colonel Mostrue et un bombardement de la Chaos Star Academy plus tard, tout est bien qui finit bien pour le Héros de l’Imperium, qui décide suite à cette aventure de reprendre en main son hygiène de vie afin de ne plus être pris pour sex addict par la première cultiste venue. Non mais.Fin spoiler

1 : D’ailleurs à l’époque, Cain ne sait même pas trop qui sont les Dieux du Chaos (il l’apprendra plus tard en traînant avec l’Inquisitrice Vail). Mais comme Mitchell est partisan de la théorie des signes chaotiques (les noms et symboles des Dieux du Chaos sont tellement horribles que les entendre ou les voir provoque une réaction épidermique même chez les profanes), la confidence sur l’oreiller de Miss Duboir suffit à convaincre notre héros qu’il y a slaanguille sous resh.

AVIS :

Mitchell livre une nouvelle Cainesque tout ce qu’il y a de plus classique avec ce ‘The Beguiling’, qui mélange action, humour, grimdark et second degré avec un goût certain. Si l’expérience de lecture est assez plaisante, comme souvent avec les aventures du Commissaire le plus cool1 et coulant de tout le Segmentum, je regrette toutefois que Sandy Mitchell n’ait fait aucun effort pour ménager un peu de suspens sur l’opposition entre les deux factions antagonistes (Prout vs Meuh), qui nous est annoncée dès la première page, puis est mise en scène de façon très directe dès l’arrivée de Cain et ses hommes dans le manoir de Duboir. Etant certain de la capacité de Mitchell, en tant que scénariste et narrateur, à obtenir un résultat plus palpitant que ce très et trop convenu ‘The Beguiling’ (comme il a pu le montrer dans ‘Last Night at the Resplendent’ par exemple) s’il avait voulu s’en donner la peine, je reste un peu sur ma faim avec cette nouvelle, et ne la place donc pas parmi les tout meilleurs épisodes de la saga de Ciaphas Cain. Peut mieux faire et a mieux fait.

1 : Logique pour un officier rattaché à un régime de Valhalla, vous me direz.

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Et voici qui conclut cette revue de ‘What Price Victory’, recueil qui surclasse facilement et largement ‘Bringers of Death’ en termes de qualité, tant dans l’absolu (merci Spurrier) qu’en moyenne (merci Abnett, Hinks et Mitchell). Il y a même débat dans la catégorie « tellement nul que c’est drôle », dans laquelle Swallow rend coup pour coup à Goto. Un duel épique pour la lanterne rouge, dont je vous laisse déterminer le « vainqueur ». ‘Elucidium’ n’ayant à ma connaissance jamais été republié, ‘What Price Victory’ est un passage/achat obligé pour l’amateur de bonnes feuilles de littérature 40K, mais reste sinon un ouvrage dispensable parmi les dizaines de recueils de courts formats mettant à l’honneur le lointain futur.

INFERNO! [N°6]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette chronique du sixième numéro d’Inferno!, nouvelle version. Publié un an après la sortie de son prédécesseur, Numerosix se sera fait désirer. Le rythme éditorial choisi par la BL pour ce type de recueil n’est pas encore clairement défini, même s’il semble désormais acquis que les parutions trimestrielles des débuts n’étaient qu’un trompe l’œil. Et c’est bien dommage, car je ne connais pas d’anthologies plus enthousiasmantes à découvrir que les Inferno! au sein de la GW-Fiction.

Sommaire Inferno!#6

Cela tient beaucoup au casting varié, et composé en grande partie de nouvelles têtes/plumes, que l’on retrouve dans ces recueils. La proportion de newbies de ce numéro n’est pas la plus forte que nous ayons connue à ce jour, puisque Drake, Van Nguyen, Lyons, Guymer et les deux Smith (Matt et Gavin G.) sont déjà plus ou moins connus des habitués de la BL. En revanche, Fomley, Gross et Merciel sont d’authentiques nouveaux-venus, tout comme la vedette américaine (mais tout de même anglaise) de cet opus, Adrian Tchaikovski. Ce dernier semble répondre, de ce que j’ai pu lire sur Twitter, à la définition de « l’auteur préféré de ton auteur préféré ». En tout cas, il a à son palmarès un nombre conséquent de prix littéraire, et j’espère que ses débuts au sein de la Black Library seront à la hauteur de cette flatteuse réputation. Il n’y a qu’un moyen de le savoir ceci dit, et je vous invite donc sans plus tarder à passer aux choses sérieuses.

#6 - Cover

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Raised in Darkness – A. Tchaikovsky [40K] :

INTRIGUE :

L’agrimonde de Shargrin reçoit la visite, pas vraiment amicale, de deux membres des Saints Ordos, les Inquisiteurs Vulpern et Jerrin, après qu’un de leurs collègue (Harghesh), ait disparu sans laisser de trace au cours d’une inspection de routine. Le dernier message envoyé par la rosette manquante faisant état de « difformité physiologiques régulières et persistantes » parmi la population de la planète, les deux compères arrivent sur place avec une jauge de suspicion déjà bien élevée, ainsi qu’une forte escorte de Space Marines de la Deathwatch. En effet, le jargon d’Harghesh, s’il rendrait fier n’importe quel fonctionnaire de l’Education Nationale, semble surtout indiquer que Shargrin a été infectée par la menace Xenos. Cela expliquerait pourquoi le premier Inquisiteur a si brutalement cessé de donner des nouvelles…

Accueilli par le Gouverneur en personne, ainsi que son statut le prévoit, le vieux et passablement désabusé Vulpern donne le change du côté des petits fours pendant que sa jeune, énergique et ambitieuse collègue va faire quelques prélèvements sur un site de transformation de la principale ressource de la planète : les champignons. Shargrin est en effet connu pour la richesse de sa biodiversité fongique, ayant colonisé les cavernes s’étendant sous la surface désolée de la planète. Sous le leadership avisé du Gouverneur Linus Donaghl, ancien officier de la Garde Impériale jouissant du statut de héros du sous-sous-sous secteur pour avoir flanqué en raclée aux Zoneilles en son jeune temps, Shargrin a réussi à faire croître sa production de bolets, girolles, morilles et autres vesses de grox de manière significative d’année en année, attirant l’intérêt professionnel des adeptes de l’Administratum, toujours prêts à augmenter les seuils de la dîme impériale à la moindre opportunité. Mieux vaut éviter de faire du zèle dans l’Imperium, c’est bien connu. Par un coup de chance ou une intervention de l’Empereur, l’intuition de Jerrin se trouve confirmée par la détection dans l’échantillon de travailleurs sélectionnés par l’Inquisitrice de plusieurs spécimens d’hybrides Genestealers, dûment exécutés par son escorte de Space Marines après que leur crâne allongé, yeux rouges et troisième bras recouvert de chitine aient été exposés au grand jour.

Commence alors une campagne de purge dans laquelle Jerrin joue le rôle de la zélote incendiaire, Donaghl celui du défenseur de son peuple (mais surtout de sa capacité de production, car le bougre est corporate), et Vulpern tente tant bien que mal de ménager la fièvre et le mou. La résistance acharnée qu’oppose un nombre croissant de Shargrinois à l’avancée impériale, le caractère opportun des attaques qui s’abattent sur les imperturbables et inoxydables Space Marines, et les multiples tentatives d’assassinat ciblant les Inquisiteurs font cependant réaliser à ces derniers que la corruption Xenos est profondément ancrée dans la société locale. Identifier les agents doubles au service du culte devient donc la priorité de nos envoyés spéciaux, avant même de jouer du lance-flamme dans les champignonnières (ce qui est dangereux quand les spores sont en suspension dans l’air, d’ailleurs)…

Début spoiler…À ce petit jeu, c’est Vulpern qui finit par gagner, ou plutôt Donaghl qui finit par perdre. Le brave Gouverneur était en effet de mèche avec le culte, seul capable de lui permettre de remplir et même dépasser ses quotas de production, grâce à la main d’œuvre robuste et motivée qu’une colonie de Genestealers est capable d’engendrer. Avec quatre bras, on cueille deux fois plus pleurotes à l’heure, c’est logique. Derrière ses apparences farouches et son passif de soldat inflexible, Donnie cachait cependant un cœur d’artichaud et/ou des nerfs fragiles, puisqu’il avoue de but en blanc à l’Inquisiteur au bout d’à peine neuf jours de campagne sa pleine et entière duplicité. Ses motivations resteront cependant à jamais un mystère pour la postérité et pour le lecteur, puisqu’il intervient personnellement en défense de ce vieux croulant de Vulpern, à nouveau attaqué par un hybride pendant la confession de Donaghl, alors que ses gardes du corps de la Deathwatch faisaient un bière pong dans la salle d’à côté. Cette intervention salutaire n’épargnera toutefois pas au Gouverneur une exécution sommaire, précédée de la longue séance de torture prévue par la procédure inquisitoriale afférente. Voilà ce qu’il en coûte de prendre les légats de l’Empereur pour des truffes.Fin spoiler

AVIS :

Adrian Tchaikovsky livre une copie intéressante pour ses premiers pas au 41ème millénaire, avec une histoire inquisitoriale jouant habilement sur quelques uns des contrastes et paradoxes centraux de cet univers grimdark à l’envie. La méthode forte est-elle toujours la seule qui soit valable ? La foi en un Empereur distant et en un Imperium inhumain passe-t-elle systématiquement avant le bonheur de leurs sujets ? La fraternité offerte par un culte Genestealers ne compense-t-elle pas la corruption de ses membres ? Si ces questions ne sont pas nouvelles au sein de la GW-Fiction, Tchaikovsky prouve ici qu’il maîtrise ses fondamentaux en les posant dans ‘Raised in Darkness’, allégorie à la fois des fungus de Shargrin, des hybrides du culte mais également des bons et honnêtes sujets impériaux, dont ne demande rien d’autre que l’obéissance aveugle à un système brutal et obscurantiste. Ambiance ambiance. En plus de ce fond solide, la forme de cette nouvelle bénéficie du style affirmé et différent des canons habituels de la BL qu’Adrian Tchaikovsky a développé au cours de sa carrière d’auteur vétéran. Bref, je suis curieux de lire davantage des œuvres BLesques de cet invité de choix dans le futur, s’il juge bon de poursuivre sur cette voie.  

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Red Knight – M. A. Drake [AoS] :

INTRIGUE :

C’est jour de match pour Saroglek l’Amarkhaian et son banderium de guerriers d’élite. Envoyée par le bon roi Vlagorescu à l’assaut du dernier bastion de leurs ennemis honnis, les barbares Atrogai, la fine fleur du Domaine Reconnaissant se prépare à mettre un terme aux déprédations de cette peuplade sauvage. Toutefois, le maréchal Saroglek a reçu des instructions précises de la part de son suzerain : offrir à tous ceux qui se rendront la vie sauve et le pardon de leurs crimes passés s’ils consentent à jurer fidélité à l’impuissant monarque1.

Si Vlagorescu a envoyé une bande de tirailleurs plutôt que de déployer son armée, c’est parce que les Atrogai, malgré leur manque de bonnes manières, disposent de machines de guerre d’une puissance inégalée, qui auraient prélevé un lourd tribut dans les rangs de ses guerriers. Le banderium est toutefois un adversaire trop rapide et mortel pour que cet avantage technologique puisse être mis à profit par les défenseurs de la forteresse, pris de court par l’assaut impromptu que lancent Charro le Grec et ses comparses. Et une fois le corps à corps engagé, les prouesses martiales des serviteurs du roi font rapidement la différence, avec une efficacité un peu trop sanglante au goût de notre héros, qui se chagrine de constater que personne n’accepte l’honnête proposition de reddition qu’il offre pourtant à ses adversaires terrifiés dès que la mêlée s’interrompt (généralement lorsque tous les Atrogai ont été démembrés par le bandonéon, soit un peu trop tard pour être utile). Après avoir pris les murs, puis vaincus les défenseurs du donjon où se terre Nashan, le seigneur adverse, Saroglek mène ses vétérans à la rencontre des ultimes guerriers ennemis, retranchés dans une chapelle pour un dernier carré…

Début spoiler…Là encore, il ne peut que constater que sa proposition d’amnistie tombe dans l’oreille d’un sourd. Cependant, il comprend mieux pourquoi ses tests de charisme se sont tous soldés par des échecs critiques en contemplant son reflet dans les miroirs qui recouvrent les murs de la chapelle. Au lieu des fiers et nobles guerriers en armure de son banderium, ce sont des goules recouvertes de viscères et maniant des fémurs à moitié rongés qui lui apparaissent. Il s’agit évidemment d’un maléfice jeté par un sorcier Atrogai, et en l’absence de terrain d’entente possible entre assaillants et défaillants, les premiers massacrent les seconds de manière remarquablement horrible2. Un peu traumatisé de se voir si moche en ce miroir, Saroglek finit par lever le malentendu en fracassant les glaces à coup de masse, lui permettant de se refaire une beauté et une noblesse. L’histoire se termine par l’arrivée de Vlagorescu à la tête de son armée, un peu triste que son fidèle lieutenant n’ait pas réussi à rallier quelques survivants à sa cause, mais tout prêt à lui pardonner car avec l’annexion des terres des Atrogai, c’est un nouveau chapitre du Domaine, que dis-je, de l’Empire Reconnaissant qui va s’ouvrir. Et qui serait plus qualifié que le nouvellement appointé Grand Duc Saroglek pour mener les armées de son seigneur et maître à la conquête de Chamon ? Comme on dit dans les cercles autorisés : quand on l’attaque, le vampire contre-attaque. Fin spoiler

1 : Je vous jure que c’est son titre officiel.
2 : On salue le talent de Saroglek, qui parvient à éviscérer un adversaire par la gorge. C’est ce qui s’appelle avoir le bras long.

AVIS :

Il est difficile de donner un avis sur ‘Red Knight’ sans gâcher le plaisir de la lecture de cette nouvelle, aussi resterai-je volontairement cryptique1 dans mon analyse. Je commencerai par attribuer un carton rouge indiscutable à la Black Library, qui se permet de spoiler la fin de l’histoire dans le paragraphe introductif à cette dernière dans Inferno ! #6 (ne dîtes pas que je vous n’aurais pas prévenu). Non mais what the fluff, guys ? Il y a tout de même une raison pour laquelle Psychose ne commence pas avec Hitchock alertant le public que Norman Bates est sans doute complètement fou, mais cette dernière a visiblement échappé aux éditeurs de la BL. Ce (gros) grief mis à part, on se retrouve en présence d’un facsimilé d’une autre nouvelle de Drake, publiée quelques mois avant ‘Red Knight’, ‘Claws of Famine’ (‘Direchasm’). Si l’exécution est très satisfaisante, et l’auteur s’est indéniablement donné du mal pour donner de la consistance au royaume dans lequel l’histoire prend place, cette déclinaison du même thème par Miles A. Drake m’apparaît tout de même comme un signe de paresse narrative : dans un univers aussi riche qu’Age of Sigmar, resasser ses vieilles rengaines est encore moins pardonnable que dans d’autres franchises, moins permissives en matière d’invention. J’espère sincèrement, pour Drake et sa nouvelle faction de cœur que ni l’un ni l’autre ne resteront cantonnés à broder sur le même thème ad vitam aeternam. Autrement, il n’y a pas que leurs héros qui risquent de sombrer dans la désillusion…

1 : Mon Dieu, déjà un indice…

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The Exorcism of Karsa V – M. Smith [40K] :

INTRIGUE :

Sur la planète Karsa V, une insurrection surprise de cultistes du Chaos dans la capitale (Karsavaal) s’est soldée par la prise du palais du gouverneur, le Palacea Aeternum. La situation s’est depuis enlisée, les insurgés se contentant de faire des raids sur les quartiers environnants afin de capturer des otages pour des raisons aussi mystérieuses que certainement sinistres. De leur côté, les forces loyalistes du General Torres se montrent assez timides dans leurs assauts sur le bastion adverse, sans doute pour ne pas abimer ce joyau d’architecture qui fait la gloire et la fierté de Karsa V depuis plus de huit millénaires. Notre histoire s’ouvre sur une intervention presque concluante de la crème de la crème, les Karsan Cazadores du Major Nico Abatido. S’il faut leur reconnaître une pointe de vitesse impressionnante et une discipline de fer, on repassera en revanche pour la précision au tir. La course poursuite entre cultistes chargés de civils et loyalistes chargés de les rattraper finit par mener tout ce petit monde jusqu’aux abords du Palacea Aeternum, trop bien défendu pour que Nico et ses bidasses se risquent à continuer leur traque. L’épisode n’a toutefois pas été une totale perte de temps puisqu’en plus d’avoir sauvé une otage (qui s’est probablement fracassé le crâne sur le pavé lorsqu’Abatido a descendu son porteur en pleine course, mais c’est un détail), les Cazadores ont repéré dans le mur extérieur du complexe un pylône de défense en piteux état : s’il venait à être neutralisé, une offensive sur le palais deviendrait possible.

L’Empereur ayant de la suite dans les idées, c’est le moment que choisissent les Exorcists pour faire leur apparition sur ce théâtre d’opérations, sans avoir prévenu le QG de Kasra V avant évidemment, « une précaution nécessaire » d’après le meneur des Space Marines, le Sergent Vétéran Jago Sabarren. Comme on peut s’y attendre, le courant passe assez mal entre les Astartes laconiques mais très exigeants en matière d’autonomie (« vous nous laissez faire ce qu’on veut »), de soutien (« vous allez envoyer toutes vos Valkyries faire diversion pour péter ce pylône ») et d’aménagement urbain (« vous devrez raser le Palacea Aeternum quand on aura maté l’insurrection »), et le commandement des forces karsanes. Comme on peut s’y attendre également, le petit Général décide sagement d’obtempérer aux directives du grand, gros, moche et nauséeux Sergent Space Marine1, avant que ce dernier ne dégaine le moulin à baffes énergétiques. Plus surprenante est l’autorisation qu’il donne au dévoué et altruiste Major Abatido (toujours déterminer à sauver des otages) d’emmener quarante Cazadores à l’intérieur du Palacea une fois que la brèche a été ouverte, contre les recommandations explicites de Sabarren.

Une fois dans l’enceinte du palais, les choses vont rapidement de mal en pis pour les braves bidasses, que l’entraînement n’a pas préparé à faire face aux assauts insidieux du Warp. Malgré tout, les Cazadores arrivent à se rendre utiles entre deux crises de larmes (de sang) et affrontements internes, en sabotant une batterie d’Hydres d’abord, puis en prenant à revers un groupe de Serviteurs de combat qui faisaient la misère aux Exorcists, eux aussi à pied d’œuvre. C’est toutefois sur les larges épaules de Sabarren et de ses hommes que reposent les meilleures chances impériales, et après avoir enfoncé les défenses chaotiques, les Space Marines finissent par localiser leur cible principale, le Maître des Possessions et Sorcier de la Black Legion Belphegor. Comme le veut la tradition, ils arrivent une seconde trop tard pour empêcher ce professionnel de Bebel de terminer son rituel, qui se solde par l’arrivée dans le Materium du Prince des Cieux Brûlants, un Démon ayant déjà eu maille à partir avec les Exorcists au cours de sa longue son éternelle existence. Il reviendra à Sabarren, encore une fois aidé par Abatido (et son dernier point de vie) d’appréhender le malandrin, au terme d’un combat disputé qui verra l’Exorcist mettre à profit ses connaissances secrètes et ses talents de tatoueur-scarificateur pour emprisonner le Prince anciennement connu sous le nom de l’artiste Fi’ax’ra’fel dans le cadavre de son hôte (le Gouverneur local), et repartir avec le spécimen vers Banish, pour que ses camarades de la Basilica Malefex puissent l’étudier en détail. Ces informations seront sans doute utiles pour localiser le fuyant Belphegor, qui s’est téléporté hors du Palacea Aeternum une fois son forfait accompli. De son côté, le Général Torres a fini par accepter de donner l’ordre de détruire le précieux bâtiment, sous la menace à peine voilée d’une visite surprise de l’Inquisition s’il faisait signe de vouloir classer le complexe au patrimoine impérial de l’humanité pour le protéger d’une purge nécessaire. On ne dira rien à Stéphane Bern, promis.

1 : Dont les méthodes pour assurer le secret des réunions de crise sont aussi surprenantes qu’efficaces (comprendre que la manœuvre des loyalistes ne sera pas transmise aux insurgés par des traîtres).

AVIS :

Matt Smith livre une Space Marinade assez quelconque avec ‘The Exorcism of Kasra V’, ce qui est d’autant plus dommage que le pedigree des Astartes convoqués pour faire le coup de feu dans cette nouvelle était des plus prometteurs. S’il se rattrape quelque peu en livrant quelques éléments fluffiques intéressants sur le Chapitre des Exorcists, Smith ne parvient pas pour autant à les singulariser de la masse de leurs congénères énergétiques, et arrête son récit précisément au moment où je commençais à vouloir en apprendre plus (c’est vrai quoi, comment on « instille la peur » chez un Démon ?). Pour le reste, on a le droit à trente pages de combat sans interruptions ni subtilités, au service d’une intrigue ne recelant pas la moindre surprise. À ce jour, c’est donc à mes yeux Steve Parker qui reste l’auteur de référence pour quiconque s’intéresse aux demi-frères des Chevaliers Gris, alors même qu’il n’a intégré qu’un seul ressortissant de ce Chapitre borderline (Rauth//Watcher) dans ses travaux ‘Deathwatch’.

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Mourning in Rainhollow – D. Gross [AoS] :

INTRIGUE :

La chasseuse de primes Janneke Ritter s’est mise sur la piste d’une nouvelle proie, un déserteur parti de Glymmsforge vers l’arrière-pays de Shyish. Sur le chemin qui l’amène à Rainhollow, la petite bourgade où elle rattrape enfin le fugitif, on apprend à mieux connaître cette héroïne droite dans ses bottes et hautement pragmatique, comme les noms qu’elle donne à ses armes (Coupeur, Attrapeur et Souffleur) et monture (Bidet), le démontrent. Cette grande professionnelle n’est toutefois pas en-dessous d’une bonne et gratuite action de temps à autre, comme le sauvetage qu’elle effectue en chemin d’une famille de colons attaqués par deux cadavres de cougars animés (de mauvaises intentions) le démontre. Cette péripétie mineure lui permet également de prendre la mesure de son gibier, le mage fantasque Eldredge Duul, qui a généreusement donné son âne aux voyageurs pour aider leur poney à tirer leur chariot. On est loin du mercenaire sanguinaire ou tueur psychotique, donc.

Lorsqu’elle parvient à Rainhollow, Ritter est guidée par les locaux jusqu’à la place centrale de la ville, où elle trouve Duul en plein combat contre un Bladegheist Revenant ayant décidé de s’installer dans la fontaine municipale. Malgré sa maîtrise magique appréciable, le bon samaritain n’en mène pas large face au spectre, et ce n’est qu’en coopérant avec celle dont il ne sait pas encore qu’elle est venue pour l’arrêter qu’il parvient à bannir l’insistant ectoplasme. Une fois le danger écarté, Ritter se fait un devoir d’annoncer à sa cible qu’elle est en état d’arrestation, mais cette dernière ne s’en formalise pas plus que ça, et parvient grâce à son charme naturel à entraîner l’austère matamore jusqu’à la porte d’une maison toute proche. C’est ici que vit celle pour laquelle il a décidé de prendre un congé sabbatique et non validé par sa hiérarchie, son amour de jeunesse et ex-femme, Zora.

Malheureusement pour le jovial Duul, Zora a été victime de la micro-invasion de Nighthaunt que Rainhollow a connu depuis le passage fugace mais remarqué d’un touriste tellement mécontent de l’accueil qu’il a reçu des locaux (il a dû attendre des plombes à l’entrée de la ville avant qu’on lui ouvre) qu’il a réanimé les morts au lieu de se contenter de laisser des avis incendiaires sur Trip Advisor. Zora, qui n’avait pas la langue dans poche ni l’habitude de se laisser marcher sur les pieds, a eu la mauvaise idée d’engrainer ce visiteur peu commode, et est passée de vie à trépas dans l’opération. Double peine pour ses maris (Duul et Ritter sont accueillis et mis au courant par Gerren, le veuf de Zora – qui s’était remarié après son divorce d’avec son premier amour1), il est de notoriété publique que les victimes du springbreaker fou reviennent hanter leurs proches sous la forme d’entrées du Battletome Nighthaunts à la nuit tombée. En même temps, c’est comme le Port Salut, c’était écrit dessus.

Peu confiant dans sa capacité à faire le nécessaire pour bannir son grand amour, Duul convainc la finalement assez serviable Ritter de participer à une veillée d’armes, et au bout de la nuit, du suspense, du soleil violet de rigueur, et d’une engueulade de vieux couple (et personne ne veut s’engueuler avec une Banshee, croyez moi…), Zora la Blanche trouve enfin la paix de l’au-delà, non sans avoir estafilé à mort son second époux avec le couteau à pain qu’il lui avait offert pour leurs noces de kouisine. Il le méritait aussi un peu, tout de même. Désormais plus intéressée par la conquête que par la capture de Duul (if you see what I mean), Ritter décide d’aller apprendre les bonnes manières au touriste mal en groin responsable des malheurs de Rainhollow plutôt que de traîner le mage AWOL en justice, et ce dernier s’avère partant pour donner un coup de main à la vigilante Vigilante. Et à Bidet, évidemment.  

1 : Comme quoi, on peut vivre dans un Royaume des morts sans repos gouvernés par Skeletor, Premier du Nom, et avoir des mœurs très modernes.

AVIS :

Il flotte sur ce ‘Mourning in Rainhollow’ un parfum de fantasy fantasque et espiègle, pas si éloigné dans l’esprit et le style de ce que le regretté Terry Pratchett était capable de mettre en scène avec sa série du Disque Monde. Eldredge Duul campe un Rincevent des Royaumes Mortels assez convaincant (mais beaucoup plus doué), tandis que Janneke Ritter semble être un mélange de Mémé Ciredutemps et Sam Vines. L’intrigue proposée par Gross n’est certes pas très complexe, mais la fraîcheur que ce nouvel contributeur apporte à la GW-Fiction, tout en prenant soin de ne pas galvauder le background établi (et donc de s’aliéner les fluffistes qui constituent une bonne partie de son lectorat potentiel), compense amplement cette simplicité assumée. Je ne sais pas si Dave Gross s’acclimatera aux contrées généralement sinistrement sérieuses de la Black Library, ou si son passage parmi nous n’est qu’éphémère, à l’image de celui d’un Andy Jones il y a plus de vingt ans de cela, mais cette petite nouvelle « exotique » vaut le détour à mon sens.

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Vova’s Climb – N. Van Nguyen [40K] :

INTRIGUE :

L’Arbites Vovamir, Vova pour les intimes et pour le narrateur, s’est lancé un défi de taille au cours des douze prochaines heures : traîner en justice la Gouverneur Laiana, coupable à ses inflexibles yeux de trahison envers la Lex Imperialis. Si ses prérogatives professionnelles lui permettent en théorie de mener cette tâche à bien, Vova doit cependant opérer dans des circonstances particulières : son équipe embusquée et massacrée par la milice locale, il est seul, blessé et doit remonter jusqu’en haut de la proto-ruche Noth Secundus jusqu’au palais gouverneurial, évitant au passage les gangs et les forces de l’ordre, ainsi que les Scions de l’Inquisiteur Truan, qui protège Laiana contre la juste justice impériale. Qui a débloqué le niveau de difficulté légendaire ?

Son sacerdoce et son ascension en solo très expo’ sont toutefois aidés par une rencontre fortuite avec la chef de gang Harkeen, qu’il convainc de l’aider à mener à bien sa mission punitive. Comme Laiana a décrété une guerre au crime d’un niveau qui ferait pâlir le préfet Lallemant, ayant mené les innocents gangers de Noth au bord de l’extermination, le discours de Vova porte, et ce dernier peut bientôt compter sur l’appui d’une foule en colère, armée de briques laser et de brocs énergétiques, et suffisamment nombreuse pour mobber la défense croisée de la milice et de l’Inquisition. En chemin, les justiciers d’allégeance chaotique (tout un concept) se font attaquer par une escouade de Scions de ce truand de Truan, armés de carabines à plasma t’au : la preuve indiscutable de la culpabilité de Laiana et de ses alliés, dont le crime aura été d’écouter d’une oreille un peu trop attentive le baratin des VRP du Bien Suprême.

Par une heureuse ellipse, permettant à Van Nguyen de ne pas expliquer comment Vova et ses auxiliaires ont réussi à se frayer un chemin jusqu’à leur cible (ce qui avait l’air de tenir du miracle deux lignes plus haut), nous retrouvons notre héros quelques instants avant qu’il ne mette en examen, juge, condamne et exécute Laiana, le tout en moins de trois secondes. On rappellera tout de même que la défunte a le droit de faire appel si elle le souhaite, car la justice impériale n’est pas inhumaine à ce point. Ceci fait, il ne reste plus à Vova qu’à s’expliquer franchement avec Truan, venu en personne mais sans escorte (ce qui est très stupide de sa part) commettre une bavure sur une personne détentrice de l’autorité. On comprend que si l’Inquisiteur a fait obstacle à l’investigation de l’Arbites, c’est parce qu’il avait besoin du matériel t’au pour mener à bien sa propre croisade contre le Warp et les forces chaotiques, ce qui est une preuve flagrante d’un évident manque de foi pour Vova. Ce dernier apprend en retour à son interlocuteur qu’il a été défroqué par contumace quelques années plus tôt, et est donc coupable de faux et usage de faux, crime passible de mort (comme beaucoup d’autres) dans le Code Imperialis. La médiation entre les deux fonctionnaires impériaux ayant lamentablement échouée, chacun se considérant comme au dessus de la juridiction de l’autre, les deux compères se mettent logiquement à échanger des bourre-pifs, et à ce petit jeu, c’est Vova et ses ouailles qui finissent par l’emporter. Notre héros perd toutefois des points de style en recourant à une carabine à plasma pour exécuter sa sentence, ouvrant la porte à une possible investigation à son encontre pour utilisation de matériel prohibé. Dura lex sed lex.

Notre histoire se termine donc sur la victoire sans appel de la Lex Imperialis sur la chienlit radicale, hérétique et xenophile, ce qui est bel et bien. Avant de retourner au poste taper son rapport en trois exemplaires, il reste toutefois deux choses importantes à faire pour notre procédurier protagoniste : primo, abattre Hakeen, qui avait été condamnée pour couardise par son Commissaire lorsqu’elle servait dans la Garde, et était depuis en attente d’exécution ; et secundo, demander à ses auxiliaires survivants d’empiler les cadavres en deux lignes bien nettes, pour faciliter le travail de l’équipe de nettoyage. C’est à ce genre de petites attentions que l’on reconnaît les gens de bien, pas vrai ?  

AVIS :

Noah Van Nguyen poursuit son intégration dans la GW-Fiction avec une nouvelle plus originale que sa première publication (‘The Last Crucible’), mais explorant une nouvelle fois le thème de l’opposition entre la fin et les moyens. Le personnage de Vova, sorte de Judge Dredd grimdarkisé qui passe une bonne partie de l’histoire à peser le pour et le contre de ses actions, et semble plus préoccupé par la perspective de créer un précédent dans l’application de la Lex Imperialis que par le coût humain de sa croisade personnelle, incarne parfaitement cette dualité, mais on peut en dire autant de Laiana, qui est parvenue à pacifier et développer son monde grâce à une alliance avec les T’au, et de Truan, à la recherche du meilleur matos pour purger du démon et prêt à fermer les yeux sur des combines qu’il juge mineures par rapport à sa mission. L’utilisation par Van Nguyen de la figure de l’Arbites, qui connut sa fugitive heure de gloire avec la trilogie des Shira Calpurnia de Matthew Farrer au début des années 2000, permet d’illustrer de façon intéressante les complexes rapports qu’entretiennent entre elles les institutions « sécuritaires » de l’Impérium. Il ne manquait plus qu’un Space Marine laissé en garnison sur Noth pour que la confusion juridictionnelle soit totale, et le bain de sang qui fait suite au différent entre les factions impériales était sans doute la seule et unique sortie de crise possible. Que cet Impérium de l’Humanité est bien construit, alors ! Comme dit plus haut, je regrette toutefois le choix de l’auteur d’avoir coupé au montage une bonne partie de la fameuse ascension de Vova et de ses troupes, alors qu’il avait jusque là (et plus tard) donné tous les signes qu’il s’agissait d’une nouvelle d’action. Il aurait donc été logique de suivre la progression des justiciers d’un bout à l’autre de leur traque, au lieu de passer sous silence la partie la plus « complexe » des péripéties. Il s’agit toutefois d’un défaut assez mineur au final, et ‘Vova’s Climb’ prend donc sa place parmi les meilleures nouvelles d’escalade urbaine de la BL1.

1 : Qui est un sous-sous-sous-sous genre qui existe, puisqu’avec ‘Tower of Blood’ de Tony Ballantine, on arrive à deux nouvelles.

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Blood Drought – E. Fomley [AoS] :

INTRIGUE :

Une sévère crise des liquidités guette la bande de Mylox l’Ecorcheur, champion de Khorne dans le désert de Callidium, en Aqshy. Depuis plusieurs semaines, les victimes sacrificielles se sont faites rares, et le moral des troupes s’en est trouvé atteint. Avant que son statut de chef de meute ne soit remis en question par ses bidasses, Mylox doit donc impérativement trouver du péon à charcuter. Dur dur d’être un be…rzerker. Aussi, lorsqu’il tombe sur une colonne de Flagellants emmenés par un Prêtre Guerrier purifier cette région des déprédations chaotiques, il ne perd qu’un tout petit peu de temps1 avant d’emmener sa bande à l’assaut des Sigmarites en vadrouille.

Plus doués en EPS qu’en statistiques, les Blood Warriors se retrouvent cependant assez rapidement dans le mal. À cinq contre cent en effet, le combat finit logiquement par tourner en faveur des défenseurs, qui malgré des pertes effroyables ne lâchent pas un pouce de terrain. Alors que les deux derniers Khorneux se préparent à vendre chèrement leur vie, un autre joueur rejoint cependant la partie : Skyrut le Slaughterpriest (et sa bande de benis oui oui). Mylox a un gros passif avec le nouvel arrivant, car ce dernier l’a plus d’une fois devancé dans le massacre des caravanes traversant le désert de Callidium au cours des dernières semaines, et comme le dit le proverbe : même la plus belle fille du monde ne peut être décapitée qu’une seule fois. Il est donc hors de question de laisser cet arriviste mettre l’épée sur le cou parcheminé du Prêtre Guerrier que Mylox se réserve, et cette jalousie puérile donne un tel coup de fouet (de Khorne) à notre héros qu’il parvient à enfoncer les lignes ennemies, taper son meilleur sprint, établir un nouveau record de saut en hauteur, enfourcher un cheval qui traînait dans le coin, et finalement engager le combat contre le meneur adverse2, en toute intimité.

Le duel ne se passe cependant pas comme prévu pour Mylox, fatigué par la première mi-temps qu’il a dû livrer contre les mobs enragés pour réussir à chopper le cureton entre quatre yeux (ou plutôt trois, puisqu’il en a perdu un dans la bataille). Mis à terre par son adversaire, il est sauvé par un assist déterminant de son rival, qui décapite le Prêtre Guerrier en loucedé, rien que pour faire bisquer notre brave petit psychopathe. Les Royaumes Mortels sont décidément bien injustes. Evidemment, un tel affront à son honneur martial ne peut se solder que par un nouveau duel à mort, mais Skyrut choisit de se la jouer petit bras en invoquant une hache de colère pour faire le boulot à sa place. Confronté à la manifestation de la haine de Khorne, Mimile n’en mène pas large, mais parvient tout de même à tenir jusqu’à la fin du timer et la dissipation du jugement divin. Sentant la faveur patronale changer de camp, Skyrut daigne enfin donner de sa personne, et le tête à tête qu’il engage avec Mylox se termine par la perte de cette dernière par le Slaughterpriest. Comme quoi, ce n’est pas la taille qui compte.

Après avoir assené à son adversaire vaincu une punchline digne d’une cour de récré et/ou de Vladimir Poutine (un autre champion de Khorne reconnu), Mylox ramasse ses trophées chèrement acquis et retourne sur les lieux de la bataille principale, non sans avoir débloqué une nouvelle récompense divine (des khornes rasoir) au passage. À la vue de ses nouveaux attributs, les survivants des deux bandes rivales s’accordent pour dire que notre héros est le fenec des hottes de ce boa, comme on leur a appris à l’école, et à enterrer pour un temps la hache de guerre pour se mettre à son service inconditionnel. A Skarr is born.  

1 : À faire comprendre à ses sous-fifres que le crâne du meneur adverse lui revient (et à personne d’autre). Et vous savez ce que l’on dit : le Blood Warrior comprend vite, mais il faut lui expliquer longtemps.
2 : Soit la liste des épreuves du pentathlon fantastique.

AVIS :

Eric Fomley nous renvoie à l’époque de ‘Call of Chaos’, et ses récits de bandes de guerriers chaotiques luttant pour s’attirer la faveur de leur Dieu (ou le retrouver, dans le cas de Slaanesh), avec ‘Blood Drought’. Comme on pouvait s’y attendre avec un tel casting, c’est l’action sanglante qui prédomine au long de ces 13 pages, le brave Mylox se taillant la part du lion en s’offrant pas moins de trois duels de boss (la hache de Khorne compte comme un, je suis désolé), pour au final être khokhufié par sa divinité. Mais il le prend bien, merci pour lui. Si Fomley parvient à maintenir l’intérêt du lecteur malgré la nature répétitive « Kill Maim Burn » de sa prose, ‘Blood Drought’ est trop limité d’un point de vue narratif pour faire de sa lecture une expérience mémorable. À réserver aux Khorneux les plus zélés (à condition qu’ils sachent lire, bien sûr).

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The Stuff of Nightmares – S. Lyons [40K] :

INTRIGUE :

La jeune Nirri est sur le chemin de Terra pour réaliser le rêve de toutes les pieuses et dévouées adolescentes de son âge : rencontrer l’Empereur en personne. Cette chance inouïe lui est échue en raison de sa condition particulière : diagnostiquée Psyker par son médecin de famille, elle a été débusquée par les autorités de sa planète et remise au premier Vaisseau Noir qui croisait dans le coin. Dans ses moments de lucidité, notre héroïne se souvient de ses adieux déchirants (surtout pour elle il faut dire) avec le reste de sa famille, et se demande comment toute cette histoire va se terminer. Pour le moment, enchaînée à un mur en compagnie de centaines de ses camarades mutants et soumise à un cocktail explosif d’éclairage stroboscopique et de porridge au Xanax, elle passe le plus clair de son temps à halluciner, et ses visions sont de plus en plus sombres. Une bande de sémillants Démons a en effet décidé de flashback-bomber ses souvenirs de jeunesse, et par-dessus le marché, elle a eu le pressentiment de la destruction imminent du Vaisseau Noir au cours d’une tempête Warp. Bien que n’ayant pas réussi à convaincre les Serviteurs en charge de la popotte de l’importance vitale de sa révélation, ses pitoyables plaintes ont été enregistrées (probablement dans le cadre de l’amélioration de la qualité du service fourni, comme c’est l’usage depuis M3), et lorsque le vaisseau commence à traverser une zone de fortes turbulences, un petit détachement de gardes mené par une Sœur du Silence dévouée à Ste Mila plutôt que Mina (rapport à sa coloration violette du plus bel effet) se présente pour l’escorter là où son devoir semble l’appeler.

Bien évidemment, le transfert ne se passera pas comme prévu. Après avoir dû calmer quelques Psykers un peu trop forts en gueule dans les quartiers carcéraux du vaisseau, l’escouade se fait embusquer par des Démons branchés sur courant alternatif (un coup physique, un coup incorporel), preuve manifeste d’une fuite dans les champs de Geller du navire. Laissée sans chaperon dans la bagarre, Nirri erre dans les couloirs sans trop savoir que faire, et décide en désespoir de cause de revenir sur ses pas pour qu’on puisse au moins lui donner la direction de la cafeteria. Qui sait, ils auront peut-être des Pumpkin Latte. Pas de bol pour notre ado, la seule survivante du groupe chargé de son transfert est la Sœur du Silence, que sa mort prochaine ne convainc pas de briser son vœu de mutisme pour autant. Nirri devra donc se contenter de vagues directions pour reprendre sa route après le décès de sa garde chiourme, mais finira tout de même par tomber entre de bonnes et impériales mains quelques temps plus tard.

Amenée sur le pont de commandement du vaisseau, elle (ou plutôt, le lecteur) finit par comprendre qu’elle a été convoquée pour remplacer d’urgence le Navigateur du bord, très incapacité par la tempête et plus en état de guider le bâtiment hors de cette dernière. Comme plus d’un membre d’équipage le fait remarquer alors que Nirri est placée dans l’habitacle de son prédécesseur avec autant de soin qu’une pomme de terre utilisée en TP de SVT pour produire de l’électricité, ses chances de succès ne sont pas minces, elles sont photoshoppées. Qu’importe pour notre brave petite patate, qui s’est prise de passion pour la lumière bizarre pénétrant depuis la fissure du parebrise du vaisseau, et va donc tenter de retrouver le chemin du Materium1 en pure autodidacte… Et mourir sur le coup dans la tentative. The Stuff of Nightmares Legends.

Ce qui ne l’empêche pas de se réveiller quelques jours plus tard, preuve manifeste que tout ceci n’était qu’un rêve, pas vrai ? PAS VRAI ? En tout cas, son voisin de chambrée, ou plutôt de travée, décapité pour outrage à agent par Sœur Sourire lors de l’exfiltration de Nirri, est de nouveau à ses côtés, et en raisonnablement bonne santé. En tous cas, cette expérience transcendantale a raffermi la foi de notre héroïne en l’Empereur, qu’elle se jure à nouveau de servir du mieux qu’elle le pourra lorsqu’elle aura enfin la chance de faire un selfie duckface avec son idole. Cela passera sans doute par quelques heures à apprendre les rudiments de Warp Flight Simulator 18, car il y a indéniablement du boulot…

1 : Ou plus exactement, de dégager un vaisseau à moitié (?) sorti du Warp. Appelons ça « Opération Ever Given ».

AVIS :

Steve Lyons aurait-il tenter d’émuler Peter Fehervari (‘Requiem Infernal’) avec cette nouvelle horrifique et démoniaque ? Les points communs entre ce texte et le premier chapitre du roman de son collègue au sein de la BL sont en effet assez marqués, la jeune Nirri comme la Sœur Asenath Hyades se retrouvant prisonnières d’un vaisseau où la présence du Warp est manifeste, sans possibilité de savoir si elles vivent ou rêvent leur rencontre avec les joyeux et farceurs habitants de l’Immaterium. Au jeu des comparaisons, c’est toutefois Fehervari qui l’emporte, tant par sa capacité à convoquer des images malaisantes1 (tandis que Lyons se contente de va et vient dans les couloirs et de scènes de baston confuses et classiques) que par le soin qu’il apporte à clore les (possibles) hallucinations de sa protagonistes de façon à la fois équivoque mais compréhensible : si on ne peut pas dire si Hyades a tout inventé ou a vraiment été visitée par le Warp lors de sa traversée agitée, il n’y a rien qui vienne formellement invalider l’une ou l’autre de ces options. À l’inverse, le fait que Nirri se réveille au même endroit qu’avant le début de la tempête, et surtout discute avec un personnage qu’elle a vu mourir dans le « passé », rend caduque toute autre hypothèse que celle d’un cauchemar. Je pense qu’il aurait été bien plus réussi et efficace de laisser planer un vrai doute à ce niveau en clôture de nouvelle.

Par ailleurs, il m’a semblé que Steve Lyons prenait des largesses inhabituelles de sa part avec le fuff dans ‘The Stuff of Nightmares’. Cela passe notamment par le pouvoir incapacitant trèèèèèèès léger que la Sœur Violetta a sur les Psykers et les Démons, mais se perçoit aussi dans le dénouement de l’intrigue. Qu’est-ce que l’équipage du Vaisseau Noir espérait de l’utilisation sauvage d’une Psyker non formée en remplacement d’un Astropathe ? Nirri a-t-elle réussi à sauver le vaisseau (et donc à le faire sortir du Warp alors que les champs de Geller étaient désactivés, ce qui la positionnerait dans le top 10 des Psykers les plus puissants de son époque), ou bien est-elle seulement et bêtement morte sous la surcharge psychique, ce qui paraîtrait à la fois beaucoup plus logique et totalement anti-climatique ? Bref, on a connu mieux de la part de Steve Lyons2, qui rate quelque peu ses retours dans Inferno ! avec cette nouvelle en demi-teinte.

1 : Ici, c’est un compliment.
2 : Et notamment, dans un style « intimiste » similaire, ‘The Shadow in the Glass’.

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The Nefarious Antipustulent of Clan Morbidus – D. Guymer [AoS] :

INTRIGUE :

Nous avions laissé le Clan Morbidus empêtré dans les putrides subtilités de l’élection de son meneur spirituel, l’Archipustulent, à la fin de la nouvelle éponyme1 consacrée par le petit rat-porter David Guymer à cet événement d’importance. La situation s’est quelque peu décantée lorsque notre histoire débute, car c’est Makulitt Pus, acolyte du défunt Verminable Cruor, qui a endossé la chasuble souillée et la mitre mitée de Pape des Pestes. Son autorité est toutefois contestée par Moldrent Sour, qui a déclenché un schisme religieux à l’intérieur du Clan et s’est fait proclamer Antipustulent. Les deux factions sont à couteaux et gourdins tirés, et se sont lancées dans de grandes campagnes évangéliques pour rat-meuter de nouveaux fidèles à leur cause. L’un de leurs terrains d’affrontement est le district de Fleshstink, un quartier industriel de Vile-Ville contrôlé par le Clan Moulder, et le duel d’o-rat-eurs qui s’apprête à s’y dérouler va donner un tour nouveau à cette querelle épiscopale.

Du côté de…euh… l’ordre (?) établi, c’est le Poxmaster Gagrik, rat de confiance de l’Archipustulent, qui est chargé de défendre les couleurs (vert caca d’oie et marron vomi) de son éminence. Son challenger est Weep Dripclaw, simple prêtre du Corrupteur mais conseiller proche de l’Antipustulent (casaque vert vomi et marron caca d’oie). Dans la plus pure tradition skaven, les concurrents ont fait construire leurs estrades de prêche à une distance stratégique l’une de l’autre (assez loin pour ne pas risquer de se faire tabasser par la faction ennemie, assez proche pour entendre ce que l’autre camp raconte), et le match de gospel reste longtemps indécis… jusqu’à ce que la plateforme de Dripclaw s’effondre à cause du zèle de ses propres partisans. L’avantage passe alors à Gagrik, plus doué avec les clous qu’avec les mots, jusqu’à ce qu’une émeute religieuse vienne dévaster les rues, déjà dangereuses et sales, de Fleshstink. La situation dégénère totalement lorsque Makulitt Pus en personne décide de se joindre à la querelle, et qu’une catapulte de la peste amenée en douce dans le voisinage par un bedeau trop enthousiaste, commence à arroser le quartier de manière indiscriminée (un évènement qui restera gravé dans les mémoires comme le Bloody Squeekday).

Cette guerre ouverte entre zélotes pestilentiels sur son territoire ne faisant pas les affaires de Zhurn Aelf-Eater, maître Moulder du Clan Dregg et membre du Conseil des Treize, il convoque le Prophète Gris Ratskitten, diplomate skaven reconnu, pour négocier la fin des hostilités, ou en tout cas des affrontements, entre Archie et Andy Pustulent. P-rat-gmatique, Ratskitten décide d’inviter les deux chefs de faction à des négociations privées et sécurisées par les vermines de choc personnelles de Zhurn. Après avoir recueilli l’avis favorable de Pus, et un grognement presque apaisé de Sour (qui est tellement béni par le Rat Cornu que ses propres fidèles le gardent enfermé avec camisole et muselière hors du champ de bataille), le Prophète Gris invite tout ce beau monde à le rejoindre dans la Tour de Kavzar, où se tiendront les pourparlers.

Bien évidemment, les deux camps ne se tiennent pas aux clauses de non-agression édictées par Ratskitten, et trouvent le moyen de déjouer la surveillance du service d’ordre dans le but de se débarrasser du chef adverse. L’Archipustulent dissimule ainsi des assassins dans le châssis du char de la peste de son rival, tandis que l’Antipustulent coupe les coffres d’épices apportés comme cadeau de Pus à Zhurn avec de la poudre à canon. Sour n’attend cependant même pas que sa manigance fasse effet : sortant un encenseur à peste de sous ses robes (la palpation des Vermines de Choc laisse vraiment à désirer), il part rejoindre la mêlée générale qui s’est déclarée à peu près 13 secondes après que Ratskitten, Pus et lui-même se soient retirés dans la chambre de négociations. Ce choix intrigue (mais soulage aussi un peu, soyons honnêtes) le Prophète Gris, qui ne comprend pas pourquoi Sour n’a pas profité de la situation pour réduire l’Archipustulent en archiporridge, et réunifier ainsi le Clan Morbidus sous sa bannière. La réponse est, très prosaïquement, que Sour n’a pas envie de prendre la place de son rival, et préfère de loin répandre la corruption sur les champs de bataille, occupation peu compatible avec la fonction d’Archipustulent. Pus, de son côté, ne rêve que de retourner à l’anonymat qui était le sien avant que la mort de tous les autres prétendants à l’élection rat-pale ne le fasse devenir Archipustulent (et donc la cible d’innombrables complots), contre sa volonté. Voyant dans le chaos complet qui descend sur la Tour de Kavzar sa chance de filer à l’ulguaise, il enclenche sa skitterstone et se téléporte loin, très loin des intrigues néfastes et malodorantes de Vile-Ville…

Début spoiler…Mais pas assez loin pour empêcher ses fidèles, toujours plus nombreux depuis son audacieux assassinat de l’Antipustulent dans l’édifice le plus sacré de la race skaven, de le retrouver dans sa retraite d’Aqshy, et de le ramener aux affaires. Après tout, le Clan Morbidus n’a jamais été plus puissant depuis que le schisme s’est résorbé, et il est de notoriété publique que le très pieux et très rusé Makulitt Pus a les yeux tournés sur le siège de Zhurn Aelf-Eater au Conseil des Treize. ‘Twas ze plan all along, of course…Fin spoiler    

1 : ‘The Unlamented Archpustulent of Clan Morbidus’ (Inferno! #3).

AVIS :

David Guymer donne une suite de haute volée à sa fantastique nouvelle explorant les arcanes de la politique et de la religion skavens avec ‘The Nefarious Antipustulent of Clan Morbidus’. Les ingrédients qui ont fait le succès du premier opus (du fluff, du fun et du sale) sont à nouveau au rendez-vous, et si je place ‘The Nefarious…’ un peu en deçà de ‘The Unlamented…’ (comment surpasser le potentiel littéraire d’une élection papale chez les Skavens, ceci dit ?), il ne fait aucun doute que si vous avez apprécié l’original, la lecture de la copie vous est plus que recommandée.

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The Last Knight: Part 2 – G. G. Smith [40K] :

INTRIGUE :

Retour sur Leucosia après le premier acte de ‘The Last Knight’, où la situation est précaire pour les défenseurs de Landsfall Castle. Ayant tout donné pour repousser l’assaut des cultistes Genestealers de l’Ancien Fisher1, Lacutus Honaratus, maintenant Gouverneur de la planète, et ses fidèles péons se creusent la tête pour arracher leur qualification survie dans un match retour qui s’annonce très compliqué. Pas foutu de passer son permis Chevalier, comme son père et la troupe entière de ses aïeux avant lui, Lac’ décide après une nouvelle simulation non concluante, pendant laquelle il revit la purge de Landsfall City ayant pris place trois ans plus tôt (et lui a coûté un œil) sous le regard sévère et critique de ses ancêtres qui essaient désespérément de lui trouver des défauts, de passer au plan B. Ou plutôt V. Pas comme Vendetta, mais comme Vervius, le nom du vieil Astropathe de la cour de son père, ayant décidé de faire retraite dans la montagne il y a quelques temps, soi-disant pour éviter qu’une utilisation trop poussée de ses pouvoirs ne lui coûte sa vie et son âme (la planète Leucosia étant dangereusement proche de la Cicatrix Maledictum). Encore un auquel il faut expliquer que seule la mort met fin au devoir. C’est pourtant pas compliqué, hein.

Ayant mâlement repoussé les protestations de sa bonne amie et mecano et probable love interest mais bon on n’a pas le temps pour ça, Lydia, qui voudrait que son altesse reste sur place pour remonter le moral des troupes plutôt que d’aller risquer sa couenne dans une sortie aux chances de succès des plus minces, Lacutus part sur son fidèle destrier Augustus, armé de son épée énergétique sur courant alternatif Woundthirst et son bouclier boucliant Faith2. Par un heureux hasard, il arrive à proximité de la bicoque de Vervius au même moment qu’une bande d’hybrides et de néophytes qui passait dans le coin, et a ainsi l’occasion de prouver sa valeur au combat, à peine aidé par les pouvoirs télékinesiques de son hôte. Problème, Vervius n’est toujours pas décidé à faire un come back, jusqu’au moment où Lacutus abat sa carte maîtresse : plutôt que de prendre le risque de se faire exécuter par son suzerain pour défection, pourquoi le vieil Astropathe ne ferait pas deux jours de cheval à fond de train, traverserait les lignes de défense du culte Genestealers, puis tenterait d’envoyer un message de détresse au reste de l’Imperium à proximité de puissants Psykers Xenos, au risque de se faire posséder par le Warp ? Après tout, Lacutus lui a promis d’abréger ses souffrances le cas échéant. Devant un raisonnement aussi perché, Vervius ne peut que se ranger à la voix de la déraison, et se met en croupe d’Augustus (le cheval, pour ceux qui suivent pas), direction le château assiégé.

À Landsfall Castle, la situation n’a guère évolué au cours des quelques jours qui ont été nécessaires à Lacutus pour faire la navette. Ah, si : un unique bio-vaisseau tyranide s’est mis en orbite de Leucotis (coupe des budgets, réduction des effectifs, toussa toussa…). Comme il a apparemment fallu toute la concentration des Genestealers du culte pour maintenir la connexion avec l’Esprit de la Ruche, cette arrivée a au moins permis aux défenseurs de ne pas être confrontés à l’élite adverse, qui est maintenant libre de… faire un five au quartier, j’imagine ? En tous cas, les terrifiants Xenos n’apparaissent pas dans le récit que fait Smith de l’assaut des cultistes sur la forteresse. De leur côté, Lacutus, Vervius mais surtout Augustus parviennent à traverser le rideau défensif adverse à la manière d’un Antoine Dupont des grands jours, mais dans la bagarre confuse qui s’engage autour du porteur du cuir, l’Ogryn Kark (croisé au précédent épisode) se retrouve coincé du mauvais côté d’une herse impossible à remonter. La tuile. Courant sur les remparts à la recherche d’une solution, Lacutus ne peut que constater l’arrivée du Patriarche Genestealer, enfin réveillé après une murge de plusieurs semaines (il n’a pas participé à la première attaque de ses troupes sur le château). L’affrontement déséquilibré entre le vaillant abhumain et l’abomination extraterrestre, s’il vendait un peu de rêve sur le papier, se cantonne malheureusement à un duel de regard, vite perdu par Kark, qui titube en direction du monstre qui l’a hypnotisé pour recevoir un gros poutou. Tout n’est cependant pas perdu pour les défenseurs, qui disposent encore d’une baliste prête à tirer, et qui fait feu sur l’ordre de Lacutus… sur Kark. Et pas sur le Patriarche. Parce que ce dernier était apparemment insensible aux flèches, because of reasons. Avec un ami pareil, pas besoin d’avoir des ennemis.

Tout s’enchaîne alors très vite dans une dernière ligne droite digne d’un 200 mètres olympique. Lacutus va coacher Vervius dans sa tentative de remise de message d’alerte au reste de l’Imperium, mais l’Astropathe se fait apparemment tout de suite gauler et posséder par le Magos adverse (Fisher), convainquant le vaillant paladin de décapiter sur le champ son fidèle serviteur pour limiter la casse. Et l’Oscar du second rôle le plus inutile est attribué à… On apprendra au détour d’une ligne un peu plus tard que Vervius a peut-être malgré tout réussi à lancer son SOS. Appelons ça l’instinct, car de la part d’un personnage ne disposant pas de capacités psychiques comme Lacutus, on ne peut pas expliquer cette certitude autrement. Ceci fait, notre héros décide de retenter sa chance et de passer son épreuve pratique de Chevalerie en candidat libre. Très étonnamment, il parvient cette fois-ci à passer la seconde, après avoir annoncé à son examinateur spectral (son père) qu’il s’en balekait de ses jugements. Et c’était apparemment ça qui était attendu de lui, puisque le bon gros osef des familles de Lacutus empli son pôpa de fierté. Ca me fait furieusement penser à la réponse à la question « qu’est-ce que le courage » au bac de philo, d’après la légende urbaine. On est pas à ça près, ceci dit.

Enfin en selle, Lacutus Wargod Honaratus sort découper du Xenos, qui avaient pour des raisons non élucidées par la science moderne décidés de ne pas envahir le château et massacrer ses défenseurs dans l’intervalle. Comme c’est sportif. En guise de boss de fin, le Chevalier se coltine un (1) Trygon envoyé sur la surface de Leucosia par le SUV ruche stationné en orbite haute. Chez les Genestealers, tout le monde décide alors de partir à la plage et met les voiles, mais l’Ancien Fisher s’emmêle les pieds dans sa toge et finit grillé par le canon thermique de Wargod, alors même que ce dernier s’étale également de tout son long. Et l’Oscar de la mort la plus décevante est attribué à…  

Tout ça ne règle pas les affaires des défenseurs de Leucosia, vous allez me dire. Ils doivent en effet faire face à un culte Genestealers disposant encore de son Patriarche (non violent, certes), et soutenu (timidement, certes) par l’Esprit de la Ruche. Sauf que, sauf que : voilà qu’apparaissent à l’horizon les vaisseaux du monde ruche Metalica, tellement plus fort que toi qu’ils ont réussi à arriver sur place moins d’une journée après l’appel de Vervius (estimation large de votre serviteur). Je suppose que l’on peut en conclure que la planète est sauvée, mais le plus important est que cette histoire est finie. Bye Lacutus, ouvre l’œil et le bon.

1 : Qui ne vit pas dans une cabane, comme dit la chanson, mais dans un barnum.
2 : On pourrait penser que ce n’est pas important de tout nommer comme ça, mais Smith n’est pas de cet avis.

AVIS :

Gavin G. Smith rend une copie bâclée pour achever ‘The Last Knight’, rendant caduques tous les points forts du premier volet de cette novella. Les personnages présentés et esquissés précédemment sont les premiers à en pâtir, Lydia, Gult, One-Arrow Nokes et le regretté Kark apparaissant dans de petits cameos sans intérêt, pendant que les seconds rôles sont tenus par un Astropathe ne servant à rien/tout (selon que l’on se place du point de vue du spectateur ou du scénariste) et un cheval. Lacutus ne semble pas progresser d’un iota dans sa quête de réalisation personnelle, jusqu’au moment où les étoiles s’alignent et qu’il parvient miraculeusement à faire honneur à son rang. De l’autre côté du ring, il n’y a tout simplement personne pour endosser le peignoir d’antagoniste principal, Fisher et le Patriarche se contentant d’apparitions nonsensiques de temps à autres. Leurs troupes ne sont pas en reste de ce point de vue, notez, car on ne comprend pas ce qui retarde ou empêche les hordes si menaçantes du premier épisode de submerger les défenseurs à tout moment (ils ont même 50% de plus de tours de guet cette fois-ci !). Tout aussi grave et décevant, la maîtrise du fluff que je reconnaissais à Smith à l’issue de la première partie de la novella est ici sérieusement remise en question, comme l’apparition miraculeuse d’un littéral deus (ex) machina à la fin de l’histoire, et avant cela, la convocation étrange et anémique d’une flottille-ruche, l’illustrent. Au final, ‘The Last Knight’ se termine en queue de Mawloc, ce qui est bien dommage pour les débuts de Gavin G. Smith au sein de la BL, mais également pour nous autres lecteurs.

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Roadwarden – L. Merciel [AoS] :

INTRIGUE :

Recrutée par une bande d’aventuriers convenablement hétéroclite (un sorcier à masque mécanique, un Aelf à dagues cristallines, une Duardin chauve et cinq cultistes de Khorne repentis) pour leur servir de guide à travers les terres brûlées au vent des landes de pierre d’Aqshy, la patrouilleuse (roadwarden) Fereyne s’embarque sans le savoir dans la quête d’une vie. Le but de l’expédition montée par le mage Veskil est, sur le papier, très simple : il s’agit de localiser la légendaire Fontaine d’Eshael, dont le pouvoir regénérant pourrait permettre de redonner vie au désert désolé qui couvre une bonne partie du Royaume de Feu, et peut-être même de faire pousser des choux-fleurs sur place. On rigole, on rigole, mais ça coûte cher à l’import, ces petites choses là. Quoi qu’il en soit, les indices rassemblés par le sorcier indiquent que l’artefact se trouve au cœur du territoire d’une des nombreuses tribus qui essaient tant bien que mal de survivre dans cet environnement aride, les Smokescars. Coup de chance, ces derniers ont toujours farouchement repoussés l’influence corruptrice de Khorne, et sont restés des « bons » sauvages, avec lesquels il serait techniquement possible de palabrer. En revanche, le fait que la moitié de la troupe de Fereyne soit marquée (au fer rouge) comme de confession khorny, même si la situation est plus nuancée qu’il n’y parait, incite la patrouilleuse à la prudence et l’évitement de la confrontation. Après tout, il n’est pas dit que les Smokescars soient des adeptes de la pensée complexe, même si les experts débattent encore de la couleur de leurs gilets.

Cependant, le manque d’eau et de vivres finit par pousser les aventuriers à tenter d’aller dormir chez les autres, mais en vain : tous les sites où la tribu s’est établie sont déserts, ce qui apparaît à Fereyne, guère sereyne, comme un mauvais pressentiment. Même l’EHPAD de Beau Séjour, où les Smokescars font résider leurs vieux et leurs malades à l’année, semble déserté. Semble seulement, car les cadavres putréfiés des quelques locaux qui sont restés sur place portent la marque indéniable de Nurgle. Il semblerait que le Seigneur des Pestes ait jeté son dévolu et ses germes sur ce petit bout d’Aqshy, ce qui s’expliquerait par la proximité de la Fontaine d’Eshael, seule capable de faire subsister la forêt de cuivrécailles (copperscales) s’étendant à proximité du campement, et accessoirement, de donner de la biomasse à moudre à ce grand cultivateur qu’est Nurgle (qui aime moyen le sable et les cendres). Ayant purifié l’endroit grâce aux pouvoirs aseptisants et cautérisants de Veskil, qui découvre par la même occasion que Fereyne est une mage en puissance, les voyageurs peuvent remonter la trace des habitants du campement, qui se dirigent vers le cœur de ladite forêt.

Comme on pouvait s’y attendre, les Smokescars ont été corrompus jusqu’au trognon, et tendent rapidement une embuscade aux aventuriers, qui la repoussent sans trop de pertes. Un peu plus loin, ils tombent sur un crop circle d’un style particulier, puisque fait avec des Sylvaneth corrompus figés dans du mucus solidifié. Cette vision de nature morte vivante fait comprendre à Veskil, qui n’est pas le dernier des abrutis, que la Fontaine est en fait un Portail des Royaumes reliant Aqshy à Ghyran, ce qui ne va pas être très pratique à transporter. Le mage commet toutefois l’erreur de trop réchauffer la gangue emprisonnant les esprits de la forêt avec son fer à friser magique, ce qui contraint la petite bande à faire un peu de bucheronnage avant de pouvoir repartir.

Laissant la corruption derrière eux, les survivants se dirigent vers la partie la plus saine de la forêt, et tombent sur un combat titanesque entre un Homme Arbre et un Rotbringer. Se découvrant une fibre écolo, Fereyne vole au secours du végétal malmené, malgré son pauvre niveau 2 et sa spécialisation Ranger, entraînant le reste de sa team avec elle. Si la magie enflammée de Veskil semble faire effet sur le seigneur Maggotkin, l’absence de tank dans l’équipe pour prendre l’aggro et le gros permet au boss pansu d’engager le corps à corps avec le sorcier (horreur !) avec son gros tentacule (malheur !), et on sait tous comment ce genre de plan finit en général. Fort heureusement, une inspiration géniale de Fereyne, couplée à une indigestion sévère et un haut niveau de stress des remurants servant de bêtes de somme aux aventuriers, permettent à la patrouilleuse de terminer le boulot. Un gros rototo à tendance lance-flamme plus tard, il ne reste plus du jovial Nurgleux que la semelle de ses bottes et une odeur tenace de graillon.

La situation n’est cependant pas brillante du côté de l’alliance Ordre et Engrais : Veskil a choppé une maladie sporiquement transmissible et préfère s’immoler par le feu plutôt que de finir corrompu, les autres comparses de Fereyne sont dans un coma profond, et l’Homme Arbre que le prouteux avait couché d’un coup de masse est en train de finir de croquer sa feuille. Avant de demander à la patrouilleuse de l’allumer à son tour, il lui passe quelques lamentiri, remet sur pied ses camarades, et lui demande d’aller alerter Alarielle en personne que les gardiens de la clairière de Taelrhunil ont choppé le mildiou, et qu’il ne faudra pas compter sur eux pour la prochaine kermesse. Désormais investie d’une mission, la patrouilleuse/mage (matrouilleuse ?) emmène ses side kicks à travers le Portail pour mener à bien ses toutes premières quêtes comme véritable chef de groupe. On est tous passé par là.

AVIS :

Débuts appliqués dans la GW-Fiction pour Liane Merciel, qui démontre avec cette quête initiatique à forte teneur en high fantasy son savoir-faire en matière de sword & sorcery. En tant qu’auteur établie dans ce genre littéraire, cela tenait plus de sa part de la confirmation attendue que de la plaisante surprise. À ce compte là, ce sont les nombreux détails fluff qui parsèment son récit, et viennent donner une épaisseur bienvenue au coin d’Aqshy où se déroule l’histoire, qui me sont apparus comme de vrais bonus. Du côté des points d’amélioration, je mettrai principalement en avant le caractère assez terne des personnages convoqués par Merciel, qui ne dépassent pas leur fonction de quota de race/classe, et ont bien du mal à justifier leur « présence nommée » dans la nouvelle. Cette dernière se finissant comme le premier épisode d’une série au long cours (il faudra bien que quelqu’un apporte ces graines à Alarielle), il n’est pas interdit d’envisager une suite à ce ‘Roadwarden’, qui permettrait peut-être à Khensev, Whyrlin et Brokkar de justifier leur statut de personnages secondaires-mais-pas-marginaux, si vous voyez l’idée. On verra bien.

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Et voilà qui conclut cette revue du sixième numéro d’Inferno!, qui s’est avéré égal à ses prédécesseurs en matière de diversité et de qualité (avec un léger avantage pour Age of Sigmar sur ce point). Comme d’habitude pour une anthologie de ce type, toutes les soumissions ne sont pas du même niveau, mais à part la déception de la conclusion de ‘The Last Knight’, le reste des nouvelles proposées ici est au minimum assez correct. Le principal point positif à mes yeux reste une nouvelle fois la variété des styles et des approches des contributeurs convoqués au sommaire de ce numéro, offrant à Inferno! une ligne éditoriale très distincte des autres recueils de courts formats publiés par la Black Library, bien plus uniformes et consensuels dans leur approche de la GW-Fiction. Je recommande à ce titre la lecture des offrandes de Tchaikovsky, Gross et Merciel, trois auteurs apportant leur propre vision du lointain futur ou des Royaumes Mortels, avec suffisamment de respect pour le background de ces univers pour ne pas sombrer dans le pastiche de ces derniers.

La Black Library n’ayant jamais communiqué sur le rythme de sortie des anthologies infernales, il m’est impossible de vous donner avec une quelconque certitude rendez-vous pour une nouvelle revue d’un hypothétique septième numéro. Le suspens est d’autant plus grand que #6 a été le premier de la série à n’intégrer aucun feuilleton en cours (‘The Last Knight’ s’étant conclus avec son second épisode), et donc aucune « obligation » pour la BL de publier un nouveau numéro. Il ne reste donc plus qu’à prier votre divinité de choix avec moi dans l’espoir que l’histoire et les histoires ne s’arrêtent pas là pour Inferno! : en ce qui me concerne, je considèrerais qu’un abandon avant d’avoir atteint le neuvième numéro serait un acte manqué tout bonnement dantesque, mais je ne suis pas sûr que Nottingham soit sensible à ce genre de détail… Qui vivra lira.

WARRIORS & WARLORDS [40K]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette chronique du recueil Warriors & Warlords, dédié à l’illustration des hauts faits et dirty deeds1 commis par les guerriers et seigneurs du 41ème millénaire, mais également, et de manière plus prosaïque, au regroupement de nouvelles 40K publiées précédemment sous d’autres formats, et rassemblées dans cette anthologie assez conséquente. Comme cela avait été le cas pour son « grand frère » Lords & Tyrants, W&W est donc un moyen commode pour la BL de redonner une seconde jeunesse à des histoires déjà sorties, mais à un prix de gros, ou de grosse, vu que nous sommes ici en présence de 12 courts formats. Et on ne va pas s’en plaindre !

Sommaire Warriors & Warlords (40K)

Première chose à noter avant de se lancer à corps perdu dans la dissection de ce volume, tel un Fabius Bile – qui se trouve d’ailleurs sur la feuille de match, courtesy of Mr Reynolds – en roue libre : le nombre significatif de pointures de la Black Library rassemblée en ces pages. C’est bien simple, la quasi-totalité des noms convoqués ici sera familière aux lecteurs habitués à la GW-Fiction à la sauce grimdark, et même les « nouveaux-venus » que sont Peter McLean, Matt Smith et Rachel Harrison ont déjà fait leurs premières armes pour le compte de la BL. On se gardera bien de présenter les piliers de Segmentum que sont Wraight, Thorpe, McNeill et Haley, et il y a fort à parier que vous ayez déjà jeté un œil aux travaux de Reynolds, McNiven, Lyons et Kelly par le passé, ou que ces noms vous soient a minima familiers si vous lisez ces lignes. Bref, nous sommes ici en territoire plutôt connu, ce qui ne doit pas nous empêcher d’exercer un œil critique et un jugement impartial sur la qualité des nouvelles qui nous sont proposées. Après tout, nous (ou en tout cas, je) avons payé pour les lire. Cet investissement s’est-il avéré rentable ? Voyons donc ça…

1 : Done dirt cheap pour certains d’entre eux, spécialement si un Noise Marines est aux commandes.

Warriors & Warlords

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Unification – C. Wraight :

INTRIGUE:

UnificationUnification nous propose de suivre le Capitaine Vorx de la Death Guard, bien avant qu’il ne devienne littéralement le Roi du Silence (Lords of Silence), pendant trois événements de sa longue carrière s’étant déroulés, non pas au temps des rires et des chants du rift qu’il est grand, mais au tournant du 31ème millénaire, quand la XIVème Légion était encore fidèle à l’Empereur, et juste après qu’elle se soit faite empestée par Nurgle lors de son voyage retour vers Terra (c’est ce qu’on peut appeler un problème de transit).

Le premier tableau voit les stoïques ex-Dusk Raiders mener à bien la mise en conformité du monde Xenos d’Oura’Nuoma, jusqu’ici la possession d’hommes papillons – ou équivalent, ils ont des ailes1 et des bouches qui ressemblent à des flûtes – en compagnie d’un petit contingent de Blood Angels, affecté à cette opération uniquement pour des raisons marketing, ou du moins si l’on se fie à la vision des choses de notre héros. Après tout, tout le monde sur Terra est fou des fils de Sanguinius, alors que la Death Guard doit se contenter de la simple satisfaction du travail bien accompli. Cela n’empêche pas Vorx de tenter de sympathiser avec un de ses homologues sur le champ de bataille, le Capitaine Camanio. Après s’être tapé deux vents de suite, d’abord en le complimentant sur la précision de ses tirs, puis en assurant que le bastion qu’ils assiègent tombera bientôt (ce qui revient à discuter de la météo pour un Astartes pendant la Grande Croisade), Vorx est distrait de ses tentatives de socialisation par l’arrivée de Mortarion en personne sur le champ de bataille. S’il est ravi et honoré par l’implication de son Primarque, le commentaire acerbe que lui souffle Camanio, qui qualifie Morty de « sac d’os » et tous ceux qui le considèrent comme un fils de l’Empereur de grands malades mentaux (en substance), choque en revanche profondément notre pauvre Capitaine, qui se met à éprouver une certaine colère à l’encontre de son vis-à-vis.

Bien avant cette campagne, nous partons ensuite sur Barbarus, surnommé par l’Empereur « le Finistère galactique » à son arrivée en orbite autour de la planète pour des raisons qui restèrent mystérieuses à la plupart de son entourage, sauf Malcador. C’est un Vorx encore tout minot que nous retrouvons alors, recruté avec le reste des valides de son minuscule hameau pour défendre ce dernier contre les déprédations d’un des terribles Rois Pâles, humanoïdes géants et blafards au sourire bovin et à l’appétit féroce. Au cours de l’escarmouche, Vorx perd ses deux parents sous les coups ou les semelles de l’envahisseur, mais est sauvé par l’intervention inattendue autant que salutaire d’un inconnu gigantesque maniant la faux avec une aisance consommée, et qui a tôt fait de réduite Paulo le Pâlot en carpaccio. Mortarion, car c’était lui, propose ensuite aux villageois reconnaissants de se joindre à son entreprise de fédération rebelle, ce que ces derniers déclinent poliment. Vorx, que plus rien ne retient sur place de toutes façons, décide lui de suivre l’étranger masqué, et finit par devenir l’un des soldats de la petite armée que le Primarque entraîne pour renverser les Rois Pâles. C’est ainsi que le jeune homme apprend lui aussi à manier la faux et à décupler son endurance, lors de trails réguliers dans les montagnes de Barbarus et de batailles incessantes contre les hordes livides des Xenos esclavagistes qui dominent la planète.

Notre histoire se termine pendant le siège de Terra, auquel l’incontournable (et d’autant plus depuis que les dons de Nurgle lui ont fait gagner un bon mètre de tour de taille) Vorx participe avec le reste de sa Légion. L’occasion pour lui de régler un vieux compte avec un certain Blood Angel, dont la remarque mesquine sur Oura’Nuoama n’a toujours pas été digérée. Le duel qui s’engage entre les deux Capitaines, s’il ne s’avère guère équilibré, Vorx pétant la forme dans tous les sens du terme alors que Camanio a été affaibli par des jours de combats incessants et la dégradation irrémédiable de sa précieuse panoplie, permet au moins au futur Seigneur du Silence de mettre un point, ou une faux, final à la querelle qui l’opposait à son rival, et d’apprendre à ce dernier à respecter le nom et le look de Mortarion. Cette leçon de lutte contre le body-shaming valait bien une hérésie, sans doute.

1 : Ironiquement, Vorx considère ces appendices comme une déchéance totale. J’imagine qu’il a changé d’avis lorsque Mortarion est passé sur le bloc des chirurgiens démoniaques.

AVIS:

Si l’inclusion de cette nouvelle dans un recueil portant sur le 41ème millénaire et non l’Hérésie d’Horus, où Unification aurait eu toute sa place, peut poser question, ce qui ne fera pas débat est en revanche le grand intérêt fluffique de cette lecture pour les hobbyistes s’intéressant de près ou de loin à la Death Guard et son Primarque, que l’on voit ici à l’œuvre sur Barbarus, période encore mal couverte de la vie du fumeur de chicha de la fratrie. En moins de vingt pages, Wraight parvient ainsi à donner un éclairage instructif sur la psyché de Mortarion, qui influencera fortement celle de sa Légion après sa redécouverte, ainsi qu’à livrer quelques bribes du combat mené par le fauchard masqué et son armée de partisans contre les mystérieux Rois Pâles régnant sur sa planète d’adoption (dont on apprend également l’origine du nom, au passage). À cela s’ajoute quelques éléments instructifs sur la manière dont la Death Guard opérait en son temps de loyauté, les effectifs qu’elle pouvait mobiliser, les campagnes sur lesquelles elle a été déployée, et, plus important, la manière dont elle était perçue par ses pairs à l’époque. Pour finir, Wraight parvient à faire passer ce contenu utile et passionnant pour les amateurs de lore sous le couvert d’une petite histoire de rivalité professionnelle entre l’affable Vorx et le dédaigneux Camanio, juste assez caractérisés par l’auteur en introduction de son propos pour que le lecteur s’intéresse au règlement de comptes qui vient clore cet Unification, en même temps qu’il semble ouvrir le siège de Terra. Je ne sais s’il faut demander à la Black Library de donner un cookie à Chris Wraight devant ce résultat des plus probants, mais j’espère en tout cas que les pontes de Nottingham penseront à lui lorsque se posera la question de choisir l’auteur de la novella Primarques dédiée à Mortarion…

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Lightning Run – P. McLean :

INTRIGUE:

Lightning RoadSur la planète d’Elijan III, les forces du glorieux Empereur de l’Humanité sont en train de se faire mettre minable par le culte chaotique local, menaçant de priver l’Imperium des précieuses ressources de prométheum de cette colonie. Affectée au transport d’un général de la Flotte, la pilote Salvatoria Grant patiente dans le cockpit de sa bien-aimée Valkyrieen attendant l’arrivée du colis, et tue le temps en murmurant à l’oreille du tableau de bord de son oiseau de fer, s’attirant des remarques acerbes de son co-pilote, le fumiste et fumeur Herrion. Avant que Grant n’ait eu le loisir de mettre sa menace de flinguer l’irrespectueux à bout portant (grosse ambiance), le général Gobrecht arrive avec son escorte, et enjoint son chauffeur Uber de l’amener à la base Patroclus en moins de huit heures, ce qui ferait la différence entre la victoire et la défaite pour cette campagne. Si un raccourci est techniquement faisable pour tenir ces délais serrés, ce dernier force toutefois la Valkyrie à chevaucher au dessus du territoire ennemi, ce qui, je vous le donne en mille, ne se termine pas super bien pour le fringant appareil. Heureusement pour nous d’ailleurs, sinon la nouvelle aurait fait cinq pages. Bref, le coucou se prend un missile en pleine queue, Sal’ fait du sale, et crashe son appareil dans un bout de forêt bien loin derrière la ligne de front, avant de sombrer dans l’inconscience avec la satisfaction du devoir presque bien accompli1.

À son réveil, elle a tôt fait de réaliser qu’elle est la seule survivante de son atterrissage sauvage, le général Gobrecht s’accrochant à son ultime point de vie juste assez longtemps pour lui remettre un anneau de pouvoir qu’elle devra aller jeter au cœur de la Montagne du Destin, et… euh, pardon, erreur d’univers. L’anneau que le gradé blessé à mort lui remet est un décodeur de niveau vermillon, dont le haut commandement de la base Patroclus aura besoin pour décrypter les plans de bataille de l’ennemi, envoyés par mail sécurisé quelques heures plus tôt. À cela s’ajoute un mot de passe en haut gothique, parce que ça fait classe, qui permettra à la coursière commise d’office d’accéder jusqu’à la base en question sans se faire abattre en cours de route. Ceci fait, il ne reste plus qu’à notre héroïne qu’à troquer sa licence de Kaptain pour celle de Deliveroo, ce qui ne fait pas grande différence, il faut bien le reconnaître. Un rapide coup d’œil sur le temps qui lui reste et sa position sur la carte l’amène toutefois à une conclusion logique : il lui faudra piquer un avion aux hérétiques pour tenir les délais. Coup de chance, une base aérienne chaotique ne se trouve qu’à quelques kilomètres du lieu du crash, permettant à la débrouillarde Grant de hijacker un Lightning laissé à l’abandon sur le tarmac. Quelques tirs de pistolet laser plus tard, et grâce à la magie de la standardisation de la technologie impériale, notre pilote est donc de retour dans les nuages, dans un cockpit détrempé de sang certes, mais nécessité fait loi.

Ce n’est cependant pas la fin des problèmes pour Grant, qui doit maintenant trouver un moyen de se poser sans se faire dégommer par un tir ami, l’aspect proto-punk de son avion incitant les forces impériales de tirer à vue. Ces petits rigolos de cultistes ayant piraté la radio de bord, elle a ainsi toutes les difficultés du monde à se faire comprendre de la part de la tour de contrôle locale, et ne réussit à négocier une autorisation d’atterrir qu’après avoir été forcée d’abattre quelques missiles et détruire quelques Hydres en dessinant l’aquila dans le ciel. Ce léger malentendu, ayant toutefois fait 29 morts du côté loyaliste et réduit l’épaule de notre héroïne en steak haché, dissipé, Grant peut enfin remettre sa précieuse bagouze à la colonel Shrake (baptisée en hommage à l’Ogryn philosophe, avec lequel elle partage une certaine ressemblance physique), et recevoir quelques soins. S’attendant à finir devant le peloton d’exécution à cause du carnage – certes involontaire – qu’elle a provoqué sur la base à son arrivée, elle est cependant la première surprise de se retrouver catapultée héroïne de l’Impérium pour son action décisive dans la campagne d’Elijan III, prestement remportée par le camp des gentils une fois leur décodeur installé.

Ce n’est cependant pas tout à fait la fin pour Grant, dont l’élévation au statut d’outil de propagande ne fait pas grand-chose pour combattre la profonde dépression dans laquelle ses actes désespérés l’ont fait sombrer. Devenue alcoolique, et utilisée sans vergogne par le haut commandement comme motivation speaker, ou quelque chose comme ça, à destination des bidasses des Flotte et Garde impériaux, Grant réalise amèrement qu’il n’est décidément pas facile de faire son devoir pour l’Impérium, que l’on soit simple pilote ou tête de gondole. Espérons qu’elle puisse bénéficier des sages conseils de Ciaphas Cain sur le sujet avant de commettre l’irréparable…

1 : Il y a une leçon à tirer de cet accident. Si tu es un personnage de McLean et que l’on te propose de faire un tour de Valkyrie, run (‘No Hero’).

AVIS:

McLean livre avec Lightning Run une nouvelle d’action pure, qui n’aurait pas dépareillée au sommaire de l’anthologie Wings of Blood, se terminant avec un twist final d’un genre un peu particulier et faisant à mes yeux tout l’intérêt d’une soumission autrement très classique (mais efficacement mise en scène et déroulée quoi qu’il en soit). En effet, en suivant Grant pendant les quelques semaines venant après son sauvetage de la campagne d’Elijan III, l’auteur montre à quel point le statut d’héros de l’Imperium peut être dur à porter malgré les apparences, et comment l’appareil de propagande impérial a tôt fait de mettre à profit les individus méritants, sans grande considération pour leur bien-être ou leur santé mentale. Cet aspect de l’effort de guerre, peu abordé jusqu’ici dans la GW-Fiction, permet de conclure la nouvelle sur une touche un peu plus originale, même si bien sombre1, que ce que le déroulement des événements ne nous le laissait pressentir. La marque d’un auteur qui ne se contente pas de servir la soupe, mais cherche à faire sortir ses écrits du lot, ce qui n’est jamais un mal dès lors que les idées sont intéressantes et l’exécution convenable.

1 : Et encore, je pense que McLean aurait pu faire bien pire dans ce registre. Après tout, Grant finit l’histoire vivante, non ?

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Light of a Crystal Sun – J. Reynolds :

INTRIGUE:

Light of a Crystal Sun

De retour de sa petite virée shopping & smashing dans le Vaisseau Monde Lugganath (Primogenitor), Fabius Bile se retrouve confronté à un problème aussi insoluble qu’acéré. Le cristal qu’il a dérobé dans le bosquet psychique des Zoneilles, et qu’il compte utiliser pour découvrir la manière dont ces derniers arrivent à stocker l’intellect et la personnalité de leurs Prophètes dans de la matière inerte, refuse obstinément de livrer ses secrets. Pire que ça, il se permet de gueuler comme un putois en rut dans son laboratoire, ce qui apparaît à notre rationnel savant fou (car l’un n’exclut pas l’autre) comme hautement improbable. Après tout, si les morts peuvent danser, ils ne devraient pas pouvoir hurler. Fascinant. Ab-so-lu-ment fa-sci-nant.

Si Bile tient tant que cela à craquer les mots de passe des Eldars, c’est qu’il aimerait bien pouvoir disposer d’une copie externe de sa précieuse personne, qui consomme corpus sur corpus à un rythme soutenu depuis plusieurs millénaires. Et si la maîtrise du clonage dont il dispose lui permet de continuer son grand œuvre sans trop perdre de temps, chaque transfert dans un nouvel organisme s’avère plus risqué que le précédent. Voilà pourquoi notre Apothicaire touche à tout bricole dans son laboratoire depuis plusieurs jours, faisant grande consommation de Psykers maison pour tenter de débloquer ce contenu caché. Ses tâtonnements ayant conduit un grand nombre de ses serviteurs à l’état de légumes décérébrés, Fabio décide de prendre les choses en main, ou plutôt, en tête, se prépare un petit cocktail psychotrope carabiné, et prend place dans le cercle des mutants en voie de disparition, malgré les conseils de prudence proférés par son fidèle Narthecium1, Arrian Zorzi. Après un petit cul sec, c’est donc parti pour une session d’oculus rift d’un genre particulier.

Et si le début de partie se passe sans problème pour notre cyber grand-père, qui, coquet, se choisit même un avatar reflétant sa plastique au moment du siège de Terra, le soleil cristallin au cœur du Vaisseau Monde, habité par les âmes et esprits des Eldars défunts de Lugganath, ne tarde pas à darder des rayons hostiles en direction de l’intrus. S’en suit une bataille digne d’un boss fight de Dark Souls, Fabius cassant du cristal de droite et de gauche – et assommant sans doute quelques Psykers au passage avec ses grands moulinets – sans obtenir de résultats probants jusqu’à l’expiration du timer, marqué par la combustion spontanée des batteries psychiques survivantes. Jugeant cette manifestation comme un signe que la partie était mal engagée, Arrian coupe la connexion à la borne, sauvant probablement la vie de son chef, mais ne décourageant pas ce dernier de retenter sa chance dès que ses laborantins lui auront installé une nouvelle LAN. Press Start… Press Start…

1 : L’équivalent d’un bras droit chez les Apothicaires.

AVIS:

Quand une nouvelle se termine sans avoir fait avancer la situation dans laquelle le protagoniste se trouve au départ, on peut légitimement se poser la question de son intérêt. Et, bien que mon attachement pour Josh Reynolds reste aussi sincère que profond, nous nous trouvons malheureusement dans ce cas de figure avec Light of a Crystal Sun. L’Apothicaire cancéreux arrivera-t-il à hacker le disque dur cristal externe de Lugganath, ou les pare-feux psychiques installés par les Guerriers Aspects du Temple de Dent Bleue1 se révéleront-ils trop coriaces pour le papy gâteux ? Eh bien, on ne le saura pas, ou en tout cas pas ici. Si l’auteur démontre une fois encore qu’il est parfaitement à l’aise dans la mise en scène du 41ème millénaire et l’utilisation de personnages nommés aussi iconiques que Fabius Bile, la copie qu’il rend cette fois-ci est tristement quelconque, et même assez confuse lorsque Georges Cloné se frite avec l’avatar vitreux et vitré du Vaisseau-Monde pillé. Retenons simplement que Fabius a un beef en cours avec ce poseur d’Ahriman – l’information la plus importante de la nouvelle, en toute objectivité – et restons-en là.

1 : Peu connu mais très utile, surtout quand l’âge moyen de votre population dépasse allègrement les 500 ans.

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Exodus – S. Lyons :

INTRIGUE:

Exodus

Sur la planète Katraxis flotte une petite atmosphère de fin du monde. Et pour cause. Le Culte Genestealers local – parce que maintenant que c’est une faction Codex, tous les mondes dignes de ce nom se doivent d’en avoir un – a particulièrement bien fait ses devoirs, et est parvenu à déclencher catastrophe naturelle sur catastrophe naturelle depuis qu’il a fait son coming out. Entre les séismes, ouragans, tsunamis et autres éruptions solaires que les cultistes semblent capables de provoquer1, les vaillants efforts des Forces de Défense Planétaire du Gouverneur Strawhagen se révèlent insuffisants pour endiguer l’hémorragie et faire revenir la situation à la normale. Même l’aide appréciable apportée par le 132ème Régiment de Valhalla, les fameux Guerriers de Glace, et le coup de main désintéressé des Ultramarines, n’a pas permis d’inverser le cours des choses. Et pourtant, tous les chauves de la planète ont été fusillés en l’espace de quelques semaines (pas de demi-mesure). Rien n’y a fait cependant, et Katraxis ne tardera pas à recevoir la visite d’une vrille de la flotte ruche Kraken, pourtant majoritairement vaincue par ce beau gosse de Calgar il y a peu. Ce que la population civile de la planète, qui se chiffre tout de même en quelques dizaines de milliards, et notre premier héros, le jeune FDP2 Arch Teilloch, ne savent pas, c’est que les pontes de l’Imperium ont déjà fait leurs calculs, et que Katraxis ne sera pas disputée à l’adversaire. Pour l’heure, Teilloch a reçu la mission d’escorter le cortège du Gouverneur jusqu’au spatioport local, malgré l’animosité non dissimulée et grandissante de la plèbe. Car sur Katraxis, tout le monde déteste vraiment la police.

Un peu plus loin, nous faisons la connaissance de notre second protagoniste, le Sergent Konrad Ven Mikkelson de Valhalla, qui, tel le lapin blanc dont il a utilisé la fourrure pour se faire une chapka, est en retard, très en retard. Le zèle xénocide de son escouade l’a en effet poussée à prêter main forte aux locaux dans la purge des cultistes, alors que l’évacuation du régiment était déjà en cours. Rechignant à quitter ce théâtre d’opérations sur ce qui lui semble être une défaite morale (et un taux de pertes scandaleusement bas), Ven Mikkelson doit cependant se hâter s’il ne veut pas être laissé derrière, à un destin qu’il sait ne pas être enviable. Manque de pot pour nos retardataires, leur chemin dans les ruines de la ville croise celui d’un couple de Lictors en goguette, qui mettent à mal un soldat de l’escouade, et auraient sans doute taillés des croupières à ses petits camarades sans l’intervention salutaire d’une escouade d’Ultramarines d’assaut, elle aussi engagée en plein repli tactique. Ayant achevé leur blessé, volé une voiture et grillé allègrement tous les feux rouges et Stops du quartier, Ven Mikkelson et Cie parviennent finalement à sauter dans leur navette au dernier moment possible, provoquant chez le Sergent un soulagement bien compréhensible mêlé d’un sentiment de honte qu’il l’est tout autant…

De l’autre côté du spatioport, la situation est moins joyeuse pour Teilloch et ses collègues, qui se retrouvent contraints de tirer à balles réelles dans la foule pour l’empêcher de prendre d’assaut le terminal. Même les rares bonnes nouvelles de cette sale journée, comme la réquisition d’une flotte marchande pour évacuer quelques centaines de milliers de civils, arrivent avec leur lot de tâches peu enviables, ici le filtre des candidats à l’émigration. Les critères sont draconiens : moins de 35 ans, en bonne santé (après la chauvophobie, c’est la grossophobie qui fait des ravages) et surtout, surtout, pas un cultiste Genestealers. Plus facile à dire qu’à faire, surtout quand on a une demi-seconde pour prendre sa décision et que les éconduits ont la fâcheuse tendance à vouloir vous faire la peau. De plus en plus écœuré par son boulot, et notamment par la fuite sans gloire du Gouverneur, Téloche conserve cependant suffisamment de conscience professionnelle pour… abattre un de ses amis s’étant fait déserteur et tentant d’embarquer à son tour à bord d’un des vaisseaux réquisitionnés. L’uniforme – même s’il est moche – c’est sacré après tout. Cependant, ce dévouement ne sera pas justement récompensé, le dernier message pré-enregistré par ce planqué de Strawhagen informant les masses laborieuses qu’elles auront l’honneur et la joie de recevoir un Exterminatus sur le coin du nez pour priver l’odieux Xenos de son prochain déjeuner. Bizarrement, la nouvelle est assez mal reçue par le petit peuple…

Début spoiler…Dans la sécurité relative de l’espace, nous retrouvons Ven Mikkelson et ses survivants. Le départ de leur vaisseau vers un nouveau théâtre d’opération est cependant brutalement interrompu, provoquant le renversement intempestif d’hectolitres de vodka lorsque tous les buveurs se retrouvent jetés au sol par un soubresaut imprévu. Après les traditionnelles deux heures d’attente pour autant de messages cryptiques de la part du personnel navigant (il y a des choses qui ne s’amélioreront jamais), le Colonel Stan Lee Ztanlev briefe ses hommes sur la situation. Le retard pris au décollage *bravo Ven Mikkelson* a permis aux premiers éléments de la flotte ruche d’arriver dans le système et de couper ce dernier du Warp. Si les autres vaisseaux impériaux ont pu s’échapper à temps, celui du 132ème est coincé sur place, ne laissant plus qu’une option aux vaillants Gardes Impériaux : foncer sur le vaisseau ruche adverse en espérant faire le plus de dégât possible. Et, bien évidemment, en ne débarquant pas les soldats sur la planète auparavant, histoire qu’ils puissent servir à autre chose que rajouter un peu de poids à la tentative d’emboutissage tentée par le capitaine. Ven Mikkelson se sent logiquement très mal, et c’est ainsi que nous quittons ce fieffé traînard, dont le sacrifice ne pèsera finalement pas lourd dans la balance (pensez à un kart qui tenterait de renverser un 35 tonnes).

Sur terre, Teilloch rentre machinalement chez lui après la fin de sa probable dernière journée de travail. Cherchant à donner un but à sa vie, qu’il sait être courte, il assiste avec effroi à l’arrivée en orbite de la flotte Xenos et au vain sacrifice des Valhallans, ce qui le décide à donner un petit discours inspirant aux quelques pelos qui l’entourent. Il n’a pas le temps de finir cependant que les premiers pods s’écrasent sur la planète, enclenchant l’end game pour Katraxis. Teilloch aura au moins la satisfaction de mourir en combattant l’invasion, en compagnie de ses compatriotes. Tout le monde n’a pas pu en dire autant…Fin spoiler

1 : Ils ont dû recruter un joueur désœuvré de Sims City, ce n’est pas possible autrement.  
2 : Vous y avez pensé. Pas moi.

AVIS:

Derrière sa façade de « bête » histoire de Gardes Impériaux issus d’un régiment nommé1, Lyons trousse une nouvelle se concentrant, plus que sur les performances martiales et policières de ses héros, sur les conséquences cruelles des guerres tyraniques pour les planètes jugées indéfendables par l’Imperium, sujet in fine plus intéressant que le récit circonstancié de la purge d’un Culte Genestealers ou l’annihilation d’un essaim de Termagaunts, deux tâches que les défenseurs de Katraxis se sont de toutes façons révélés incapables de mener à bien de façon satisfaisante. Bien fait pour eux, donc.

Mis en fausses vedettes de cette publication, couverture porteuse de chapka à l’appui, les braves Guerriers des Glaces de Valhalla ne s’illustrent pas par leur légendaire bravitude face à l’adversité, seule la décision finale de leur officier de transformer leur vaisseau de transport en voiture bélier (avec des résultats a priori peu concluants) venant sauver l’honneur pour les Ruskovs galactiques. Les irréprochables Ultramarines en prennent également pour leur grade, leur tendance à se frayer un chemin à coups de bolter à travers une foule de civils n’étant certainement pas Codex approved. Dans les deux cas, nécessité fait loi j’imagine, mais le portrait que dresse Lyons du marteau et des meilleurs de l’Empereur n’est certes pas très flatteur. Face à cette faillite morale dissimulée derrière une retraite stratégique, c’est finalement le parcours d’Arch Teilloch qui apparaît le plus héroïque. Passé de milicien sans états d’âmes et tueur de sang froid à figure inspirante pour la résistance locale – certes pour moins de deux minutes au final – il porte haut les couleurs (orange et bleu) des Forces de Défense Planétaire, et devient de fait le parangon de la combativité humaine face aux invasions Xenos2. Mis bout à bout, ces partis pris intéressant, intrigues miroirs et conclusions surprenantes font grimper le capital sympathie de cet Exodus, sauvé de la banalité absolue par l’inventivité de Steve Lyons.

1 : Un sous-genre de la 40K-Fiction auquel Lyons a souvent contribué, que ce soit pour les Guerriers de la Jungle de Catachan (‘Waiting Death’), le Death Korps de Krieg (‘Left for Dead’) ou la Garde de Fer de Mordia (‘Solace’).
2 : Il y a une double trajectoire intéressante dans cette nouvelle. Ven Mikkelson et ses hommes croient qu’ils sont sauvés mais finissent par mourir tout de même, avec un fort sentiment de culpabilité pour le Sergent (positif -> négatif). À l’inverse, la réalisation de Teilloch qu’il est condamné le pousse à devenir meilleur qu’il ne l’a été jusque là (négatif -> positif). Ce double twist final est à mettre au crédit de Lyons.

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A Company of Shadows // La Compagnie des Ombres – R. Harrison :

INTRIGUE:

A Company of Shadows

Les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu sur le front de Gholl pour la Commissaire Severina Raine et ses Fusilières du 11ème régiment d’Antari, forcés d’effectuer un redéploiement stratégique depuis la cité de l’Arrête de Caulder suite à la poussée de ces diables de Clairvoyants. Escortant un officier impérial aussi important pour la suite de la campagne qu’insupportable de morgue, l’escouade de Raine embarque dans une Valkyrie, promptement descendue par un missile qui lui a grillé la priorité à droite, avec des conséquences variant du dommageable au définitif pour notre petite bande de personnages, qui se trouve encore réduite une fois le sol atteint. Perdus au milieu des contreforts escarpés et sous contrôle ennemi connus sous le nom de la Gueule, ralentis par leurs blessés et ne pouvant décemment laisser tomber leur charge entre les mains des cultistes, qui ont déjà démontré de manière graphique qu’ils faisaient grand et bon usage des gradés impériaux, Raine et ses hommes décident de tenter un bluff pour priver les Clairvoyants de leur proie. L’intrépide Commissaire endosse donc l’uniforme de la Tacticae Principal, et organise un dernier carré ne pouvant se terminer par autre chose que sa capture, mais permettant, l’Empereur aidant, au colis d’être récupéré ni vu ni connu par les renforts de la Garde. Téméraire mais pas suicidaire, Raine prend soin de confier au Sergent Wyck (Daven de son nom malheureusement, et pas Jöhn) sa montre de gousset, dont l’imprégnation psychique devrait permettre à un psyker digne de Lui de la retrouver jusque dans le bastion des chaotiques.

Le succès quasi total de la première partie de ce plan audacieux laisse donc nos héros séparés. D’un côté, un commando d’Antaris, incluant, outre les Farouches de Wyck, une escouade de Storm Troopers menée par le Capitaine Andren Fel, âme damnée et probable love interest de Miss Raine, ainsi que la psyker sanctionnée Lydia Zane, se lance dans une course contre la montre (mais avec le concours de cette dernière également, if you see what I mean) pour extraire leur petite camarade des griffes des Clairvoyants. De l’autre, cette dernière a la désagréable surprise d’apprendre que les cultistes ne sont absolument pas tombés dans le panneau, mais qu’ils voulaient la capturer depuis le début. C’est ce que lui apprend le magos en charge des opérations, un charmant individu répondant au nom d’Arcadius Verastus, alias 9/9. Il a en effet perçu dans l’âme de sa prisonnière un potentiel des plus alléchants, qu’il compte offrir à Tzeentch pour favoriser son avancement. Ayant manifestement un peu de temps à tuer avant Severina, il prend plaisir à soumettre l’inflexible Commissaire à un interrogatoire poussé, s’insinuant sans gène dans son esprit pour tenter de lui dérober ses secrets les plus honteux1. Même si ces introspections malpolies permettent au lecteur d’en apprendre un peu plus sur le passé de Raine, et notamment le fait qu’elle a repris le nom de sa mère (la Raine-Mère donc), Lord-General Militant de carrière, et choisi d’enterrer celui de son père, sommairement exécuté pour couardise, elles coûtent cher au psyker indélicat, qui se prend une mandale mentale dans les gencives pour sa peine. Victoire morale de l’Imperium.

Pendant ce temps, les intrépides sauveteurs en terre et Antari réussissent à franchir les cordons de sentinelles (pas si) Clairvoyantes (que ça) grâce à leur badasserie naturelle, et à pénétrer dans le bastion ennemi grâce au traqueur GPS de Zane, qui voit clair à travers les illusions tissées par les sorciers ennemis et emmène ses camarades dans la gueule du loup sous couvert d’un tour de passe-passe de son propre cru. Juste à temps pour empêcher l’énucléation et égorgement sauvage de Purple Raine (interrogatoire musclé oblige) par 9/9, qui apprécie moyennement l’intervention non scriptée des bidasses en folie, et se met à leur tailler des croupières psychiques pour la peine. Malheureusement pour Arcadius, Zane détient un MBA de Stanford en occultisme, alors que lui a à grand peine bouclé sa première année de BTS au Lycée Professionnel Ohrmuzd Ahriman de Vaulx-en-Velin, et la confrontation qui s’en suit est à sens unique. Bien que jurant son grand dieu que tout ça faisait partie de son plan, Arcadius a donc l’obligeance de décéder de mort violente quelques secondes plus tard, après que sa prisonnière lui ait mis un peu de plomb dans la cervelle.

Dès lors, il ne s’agit plus pour nos hardis Antaris (Anthardis donc) que d’évacuer les lieux avant que le Haut Commandement ne déclenche le bombardement orbital de la Gueule, ce qui n’est bien sûr qu’une formalité pour ces soldats d’élite. Voilà comment transformer une honteuse défaite en glorieuse victoire, et arracher l’initiative aux hordes damnées contestant la mainmise de Pépé sur la belle planète de Gholl. Comme on dit chez les Ogryns : Go Gholl !

1 : Comme le nom du Primarque sur lequel elle a écrit des fan fictions torrides pendant ses années à la Schola Progenium. On a tous été jeunes !

AVIS:

Nouvelle conséquente dédiée à la nouvelle égérie de la BL, catégorie Commissaire, A Company of Shadows permet à Rachel Harrison de donner du relief à son imposante galerie de personnages, ainsi que de situer le cadre dans lequel ils évoluent. Tout cela est fait de manière fort capable, et dénote d’une belle ambition en terme de construction d’intrigue , mais le grand nombre de points communs avec la saga Gaunt’s Ghosts (une Commissaire héroïque avec un lourd secret de famille et ses relations tantôt amicales – Fel = Corbec – tantôt à couteaux tirés – Wyck = Rawne – avec les officiers de son régiment, qui sont des super soldats venant d’un monde recouvert de forêts, et engagée dans une vaste campagne contre une faction chaotique…) ne risque-t-il pas d’être rédhibitoire à la dernière née de la Black Library ? Même s’il est plus que probable qu’Abnett approche de la toute fin de sa propre série, à supposer qu’il démarre un nouveau cycle après celui de La Victoire, et laissera donc le champ libre à d’autres auteurs dans un futur plus ou moins proche, il est loin d’être évident que les lecteurs de la BL adhèrent en masse à ce qui sera toujours perçu, plus ou moins consciemment, comme la resucée de la saga phare 40K. Le succès du premier roman de cette nouvelle série en puissance, Honourbound, sera sans doute déterminant pour le futur de Raine et de ses Antari, comme First and Only l’a été, en son temps, pour Gaunt et ses Tanith.

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Blood and Bone – R. McNiven :

INTRIGUE:

Mystas est perdue. Cette pauvre planète, aux plages ensoleillées et aux mers irisées, avant que les vaisseaux ruches Tyranides ne viennent les siphonner avec leurs pailles géantes, vit en effet ses dernières heures sous domination impériale. Seule une demi-escouade d’Intercessors Space Marines menée par un inflexible Chapelain offre encore quelque résistance aux vagues de chitine qui déferlent sur sa position. Rendu colère par le tour qu’ont pris les événements, le manieur de crozius (et mangeur de crozets), un dénommé Kastor que les lecteurs habitués ne manqueront pas de reconnaître, refuse toutefois obstinément de lâcher le moindre pouce de terrain face aux haineux Xenos, quand bien même son Capitaine (Demeter) lui a donné l’ordre de rentrer au bercail.

Ayant flingué les Gaunts venus demander sa dédicace (un peu) et prélever des échantillons ADN (surtout) en mode automatique jusqu’à ce que même les sophistes reconnaissent que les bestioles sont au contact, Kastor passe en mode manuel, active sa fidèle matraque énergétique et commence à latter des carapaces, prenant suffisamment la confiance pour aller titiller les Guerriers Tyranides formant la seconde ligne des assaillants. Et là, c’est le (quasi) drame. Pris d’un trou de mémoire soudain après la première strophe de sa litanie de haine, Rhagondin se fait malmener par son adversaire, et n’est sauvé que par l’intervention salutaire du frère Cassians, qui se prend un grand jet de bio-acide dans la carrosserie en récompense de ses loyaux services. La situation ne va pas en s’améliorant pour notre héros, qui, victime d’une droite vicieuse d’un autre poids lourd ennemi, se mord la langue et a donc bien du mal à articuler les vers de son rap extrémiste. Sans doute concussé dans la mêlée, il commence même à agir de façon incohérente, en crachant à la gu*ule de l’adversaire… sans enlever son casque. Je demande un protocole commotion cérébrale immédiatement ! Mais que fait l’Arbites ? Finalement, il faut que Demeter, vraiment très déter’, vienne le tirer par la peau du slip énergétique jusqu’à la soute de l’Overlord qu’il a réquisitionné pour évacuer ses derniers hommes de la planète, pour que le combatif Chapelain accepte de rentrer à la niche, non sans avoir écopé d’une belle entaille sur le côté de la figure, et d’un bout de griffe en plein cœur. Just a scratch.

En orbite de la planète condamnée, nous arrivons au côté de l’autre moitié du sang d’Iax, Polixis, frère de Kastor et Apothicaire de la Fulminata (le détachement Primaris rattaché aux Ultramarines). Polo, qui est un type ordonné et méticuleux, applique la procédure et commence donc par traiter les blessés les plus graves, en l’occurrence le malheureux frère Cassians, qui pèle vraiment sévèrement sous son armure. Tout en raclant la bouillasse qui recouvre le torse du malheureux jusqu’à l’os, et en pratiquant son special move, perfectionné après des années de pratiques dans le bloc opératoire, le triple pontage du cœur aux- la réception de scalpel en aveugle, Polixis se fait la réflexion qu’il a condamné son frère à mort. Oh ! Shocking ! Ce qui est bien sûr faux, mais permet de redonner un peu de suspens à une nouvelle qui risquait sinon d’en manquer.

Une fois l’application des deux fines couches de pe…au artificielle appliquée sur le thorax de Cassians, et en attendant de pouvoir lui éclaircir les pec’ et lui faire des free-hands de tétons, Polixis daigne enfin passer au cas familial. On découvre alors que notre bougre donne ses consultations et pratique ses opérations en armure complète, casque compris. Peut-être a-t-il peur de choper le coronavirus. En tout cas, c’est ridicule, tout comme le vilain tour que joue Kastor à son aîné, en faisant semblant de mourir un peu, vision mystique à l’appui, pour le faire bisquer. Cela n’empêche cependant pas l’Apothicaire de retirer la vilaine écharde que le Chapelain avait dans le palpitant à l’aide d’une grosse pince à épiler, et de stabiliser l’état de son frère en deux temps, trois mouvements. Il réalise également que Kastor n’a pas subi une vision prophétique, mais s’est simplement souvenu du bon vieux temps, lorsque tous deux étaient enfants et qu’ils ont décidé d’emprunter la noble voie de l’Astartes. Si Polixis s’est fourvoyé, c’est que lui n’a aucun souvenir de son enfance1. Comment ça, on s’en fout ? En tout cas, c’est sur ces touchantes retrouvailles fraternelles que se termine notre propos, prélude aux événements relatés dans Blood of Iax/Le Sang d’Iax.

1 : Peut-être à cause d’un vilain coup sur la tête pendant son noviciat ? En tout cas ça expliquerait le casque.

AVIS:

Archétype/caricature de la nouvelle filler, Blood and Bone n’a vraiment pas grand-chose à apporter au lecteur, mis à part quelques scènes de combat pas originales du tout entre Ultramarines et Tyranides, suivies d’une opération à cœur ouvert plus ridicule qu’instructive sur les pratiques médicales des Space Marines. Pour les passionnés des frangins bodybuildés1, McNiven soupoudre son récit d’une micro-révélation sur leur passé à moitié oublié (littéralement), et d’un échantillon de leur relation de complémentarivalité, qui sera bien sûr au cœur du roman Blood of Iax/Le Sang d’Iax. Il semblerait toute fois que l’une comme l’autre soit déjà abondamment couvertes dans l’ouvrage en question, ce qui réduit d’autant plus l’intérêt de cette lecture, plus redondante (un peu comme le style de McNiven) qu’éclairante au final.

Bien que l’auteur ait cumulé les handicaps sur cette soumission (travail de commande pour apporter du contenu « exclusif » à l’édition limitée de son roman, protagonistes étant des Space Marines Primaris du Chapitre des Ultramarines – soit la sous-faction la plus soporifique de 40K –, petit nombre de pages…), ces derniers n’expliquent pas à eux seuls le niveau absolument basique de la nouvelle, qui ne donne certes pas envie d’en savoir plus sur les pérégrinations cosmiques des Rizzoli & Isles de l’Ultima Segmentum. Pire, McNiven réutilise ici la technique dite de la « phrase-choc-qui-se-révèle-en-fait-être-une-grossière-exagération », déjà mise à profit dans A Brother’s Confession2, et aggrave donc sérieusement son cas en plus d’épuiser le peu de patience que l’auteur de ses lignes avait gardé en réserve pour sa prose. Bref, je propose de renommer ce Blood & Bone en Bullsh*t & Billevesées (indeed) et de ne plus évoquer ce sujet embarrassant avant quelques millénaires.

1 : Pro tip : l’histoire est beaucoup plus drôle si on se représente les Barbarian Brothers à la place des proprets Kastor et Polixis. Ce qui donnerait ça.
2 : Dans le premier cas, on avait eu le droit à la confession de Polixis du meurtre de l’un de ses frères de bataille… qui s’était avéré n’être qu’un non-ramassage de ses glandes progénoïdes post-mortem, pour cas de force majeure. Ici, on nous expliquer que Polixis a choisi de laisser mourir Kastor… alors que non, il se contente d’appliquer les consignes et de prodiguer des soins aux blessés les plus graves en priorité.

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The Battle of Blackthunder Mesa – P. Kelly :

INTRIGUE:

The Battle of Blackthunder Mesa

La situation des défenseurs T’au de la planète Dal’yth, et plus particulièrement, de l’académie militaire située sur cette dernière, est positivement catastrophique. Isolés par le retrait des troupes de cette fayotte de Shadowsun, qui s’est repliée sans coup férir au lieu de se battre jusqu’au bout, comme le préconisait Farsight, les derniers guerriers de la caste du feu en sont réduits à livrer de coûteux et futiles combats d’arrière-garde pour ralentir l’avancée des impériaux, et permettre, peut-être, d’évacuer les survivants de la Star Academy locale. Placés sous l’autorité du Commander Bravestorm, adepte convaincu de la vision hypermétrope de la guerre de Farsight (et pour cause), nos héros viennent cependant de recevoir du matos un peu spécial, commandé auprès des grosses têtes de la caste de la terre il y a peu et livré sous forme encore expérimentale : des gants de boxe énergétiques. En effet, poussés par l’épuisement de leurs munitions et la puissance de feu de leur adversaire, Farsight et Bravestorm ont changé leur fusil à impulsion d’épaule, et monté une opération osée pour engager les tanks ennemis au corps à corps. Cela n’est certes pas très conventionnel, comme le fait remarquer la pimbêche (Furuja) du groupe1, mais nécessité faisant loi, Bravestorm emmène donc son cadre de cadets à l’assaut de la tristement célèbre Blackthunder Mesa, transformée en drive-in pour Leman Russ et Basilisks par l’Imperium depuis quelques semaines, avec des conséquences architecturales dramatiques pour la ville universitaire de Dal’Ryu, située en contrebas.

Si le déploiement de notre petite force d’Iron Men ne pose pas de problèmes, grâce à la maîtrise du vol furtif et à la technologie avancée du Bien Suprême, les choses se compliquent toutefois assez rapidement pour les concasseurs de tôle. Bien que Bravestorm ait pris soin d’indiquer à ses élèves qu’il fallait mieux rester au cœur de la mêlée pour gêner les tanks dans leur utilisation de leurs armes de défense, le poids du nombre, le comportement kikoulol de certains, et l’arrivée importune d’un Stormhammer, font lentement grimper les pertes du côté des punchers, bien que leurs maniques custom prélèvent un lourd tribut parmi les colonnes blindées de l’ennemi. L’équilibre des forces se renverse cependant brutalement lorsque, non pas un, mais deux Titans Warlord viennent se joindre aux festivités. L’apparition « subite » de ces discrètes et furtives machines de guerre en dit long sur le degré de préparation de l’opération, mais cela sera une discussion pour une autre fois. De toute façon, Bravestorm est certain que les nouveaux-venus n’oseront pas tirer sur les T’au, qui sont toujours engagés dans une partie d’auto-tamponneuse hardcore avec les blindés impériaux. Sa suffisance de Xenos idéaliste se trouve donc méchamment battue en brèche lorsque le turbo-laser du Titan de tête ouvre le feu sur les empêcheurs de bombarder en rond, réduisant le cadre de Bravestorm en confettis et cuisant ce dernier dans son armure.

Ce n’est cependant pas la fin pour notre héros trop confiant, qui trouve les ressources intérieures nécessaires pour faire abstraction de ses blessures et partir à l’assaut de la machine meurtrière. Son dernier fait d’arme consistera donc à « égorger » son adversaire en lui arrachant le câble d’alimentation, « fier comme un dindon », euh, tendon, courant le long du « cou » de la machine. À quoi cela a-t-il servi ? À rien en fait, puisque Bravestorm se prend à son tour une baffe monumentale – on saluera la dextérité de l’équipage impérial pour arriver à atteindre une cible aussi petite – s’écrase au sol comme une bouse, et sombre dans une inconscience logique. Certes, il a le temps de voir les forces impériales, dont le Titan trachéotomisé, se retirer de la mesa avant de tomber dans le coma, mais la victoire stratégique qu’il revendique au nom du Bien Suprême me semble un peu tirée par les cheveux (lui n’en a pas, je vous l’accorde). Après tout, c’était peut-être seulement l’heure de la cantine du côté adverse ?  En tout cas, notre increvable héros n’a pas dit son dernier mot, puisque sa carcasse mutilée finit par être récupérée sur le champ de bataille par les éboueurs de la caste de la terre. Pas encore tout à fait mort, il entend ses sauveteurs discuter des conséquences positives de son coup d’éclat quasiment fatal, qui a au moins permis de préserver les derniers quartiers de Dal’Ryu des déprédations impériales. La nouvelle se termine sur la réalisation que Bravestorm sera bien sauvé, mais au prix d’un enfermement perpétuel dans son Exo-armure, ses blessures étant trop graves pour espérer une véritable guérison. Assez ironique pour un personnage ouvertement Dreadnoughtophobe2

1 : Qui remonte toutefois dans mon estime grâce au magnifique « OK Gooder » (l’équivalent de notre OK Boomer) expédié à son supérieur un peu plus loin.
2 : Ce n’est pas qu’il en ait peur, mais la vue des pilotes Space Marines mutilés le dégoûte. Il en fait même des cauchemars.

AVIS:

Kelly retourne une fois encore sur la planète Dal’yth (Redemption on… Dal’yth) pour livrer un compte rendu romancé de la première utilisation d’une arme expérimentale T’au, le fameux gantelet Onagre. Si j’ai pu deviner à la lecture de cette nouvelle qu’elle mettait en scène des personnages déjà présentés dans d’autres textes qu’il a consacré à la couverture de la campagne de Damocles, l’immersion dans la galerie de seconds couteaux (rituels) gravitant autour de Farsight ne s’est pas faite sans difficultés de mon côté. En cause, le nombre de personnages convoqués par l’auteur1, et la complexité naturelle des patronymes T’au, qui se sont conjugués pour rendre difficile l’identification, et à travers elle, l’intérêt, de votre serviteur envers les pioupious de l’académie que Bravestorm a pris sous son aile. Cette difficulté évacuée, le récit de la fameuse bataille de Blackthunder Mesa ne m’a pas collé à mon siège, du fait du caractère binaire de l’affrontement en question. Si les Exo-armures commencent par faire des gros trous dans les tanks impériaux, sans vraiment être mises en danger par leurs proies (plutôt qu’adversaires), l’arrivée du titan renverse totalement la situation en un seul tir (merci Bravestorm), éparpillant le maigre suspens agencé jusqu’ici par Kelly aussi facilement que les assaillants Xenos venus souffler dans les chenilles des blindés de l’Empereur. On saluera tout de même la bonne « préparation » faite par l’auteur de la destinée claustrophobie de Bravestorm, qui après la Voie de la Lame Courte suivra celle de la Boîte de Conserve, sort ironique eut égard à l’effroi que lui inspirait les Dreadnoughts Space Marines. Au final, une lecture qui pourra intéresser les familiers de la prose suprêmiste de Kelly, mais qui n’a pas grand-chose à apporter au tout venant à la recherche d’un récit de bataille prenant.

1 : Ironie du sort, ils y passeront presque tous avant la fin de la nouvelle. C’était bien la peine de faire des efforts.

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By Your Command – G. Thorpe :

INTRIGUE:

By Your Command

<surlaplanetenicomedua> + <ledatasmithundrasactivea> + <reveillerungroupederobotskastelan>… … … <reparamétrage_enclenché>. Ahem. Je disais donc que sur la planète Nicomedua, le Datasmith Undra s’active à réveiller un groupe de robots Kastelan. Plus lisible, clair et agréable ? Je m’en doutais. Mais il va pourtant falloir vous endurcir, amis lecteurs, car cette synthaxe aglutinée reviendra à plusieurs reprises dans notre nouvelle, trouvaille suicidaire1 de Gav Thorpe pour faire comprendre à son public qU’iL y A dEs RoBoTs DaNs SoN hIsToIrE. Mais revenons-en à nos moutons électriques. Nous faisons la connaissance d’Alpha 6-Terror, Kastelan en chef de l’escouade de six qu’Undra a sorti de sa torpeur pour aider l’équipage du Titan Casus Belli à repousser les assauts d’une bande de Space Marines du Chaos, dont les semelles boueuses et les goûts musicaux déplorables (ce sont des Emperor’s Children) menacent la sainteté de leur machine de guerre géante. Ayant reçu ses instructions (Détruire. Sécuriser. Protéger.) de la part du Datasmith, assorties d’une mise en garde formelle contre la puissance destructrice des armes soniques de ses ennemis, Alpha part au combat à la tête de ses hommes machines, le zélé Undra sur ses talons.

Bien que l’épaisseur de leur carapace protectrice et le prodigieux armement qu’ils trimbalent permettent à nos marcheurs de combat de repousser sans ménagement les quatre Astartes emperruqués qu’ils finissent par débusquer en train de faire des cochonneries dans un coin de l’akropoliz titanesque, l’échauffourée en question ne réussit pas le moins du monde à Undra, proprement tronçonné par un Space Marine revanchard avant que ce dernier ne se trouve contraint à la retraite. Dans son dernier souffle, l’adepte parvient toutefois à insérer sa clé USB personnelle dans un port du brave Alpha, transférant son esprit dans la machine. Bien que la perte de son enveloppe corporelle, et l’impossibilité pour le robot porteur de manipuler la délicate tablette de données de son garde chiourme avec ses gros doigts énergétiques, empêche notre duo de garder le contrôle du reste de l’escouade, qui s’en va pesamment DPS-er un peu plus loin, Undra réussit à ordonner à sa nouvelle monture de se rendre à la metempsykoza, où l’animus du défunt pourra être définitivement sauvegardé. Contraint par les trois lois de la robotique, c’est donc le chemin que prend cette terreur d’Alpha.

Evidemment, le parcours se révélera semé d’embûches, mais notre vaillant androïde, bien aidé par son copilote à certains moments, et par d’heureuses coïncidences à d’autres, parvient finalement à proximité de son objectif… pour se prendre un méchant riff de gratte bien saturé en plein cortex de la part d’un Noise Marine embusqué au deuxième balcon, incapacitant notre héros de façon terminale. Et pourtant, on lui avait dit que l’écoute prolongée à haut volume pouvait provoquer des lésions irréversibles ! Alors que ses systèmes se ferment les uns après les autres, présageant sa « mort » prochaine, Alpha a le temps d’échanger quelques questions métaphysiques avec son passager, condamné comme lui, sur la vie, la mort, l’âme et les pizzas hawaïennes avant que son système interne ne plante définitivement. Notre histoire se termine-t-elle sur ce constat d’échec ? Non ! Car Alpha 6-Terror finit par se réveiller, mais réalise qu’il n’est plus en possession de ses membres. Et pour cause, cette sangsue d’Undra, aussi intransférable que Lionel Messi, a échappé au trépas en parasitant son hôte et prenant le contrôle de ses fonctions motrices. Le 31ème millénaire a vu l’invention des Kastelans, le 41ème millénaire celui des Kastelans schizophrènes. Et on dit que l’Imperium ne sait plus innover…

1 : Je veux dire que jusqu’à présent, la seule chose qu’on ne pouvait pas retirer à Thorpe était que son style était lisible. Et voilà qu’il se met lui-même un bâton dans les roues. Quelle légende.

AVIS:

Même en lui faisant grâce de ses vaillants mais peu inspirés efforts calligraphiques, sensés représenter les communications de la sainte trinité du Mechanicus (l’homme, [lamachine] et {l’animus}), Gav Thorpe signe avec ce By Your Command une autre soumission des moins mémorables, car se concentrant quasi-exclusivement sur la mise en scène d’un affrontement insipide entre deux factions dont les particularités ne sont pas bien mises en valeur. Ainsi, la cohorte robotique d’Alpha 6-Terror, bientôt réduite à sa plus simple expression à cause d’un bête oubli de mot de passe (ou l’équivalent au 41ème millénaire), se contente d’errer de salles en salles en tentant de neutraliser quelques Emperor’s Children en maraude, tandis que ces derniers restent cantonnés au rôle de goons en armure à paillettes.

Ce manque d’inventivité de la part de Thorpe dans la nature des péripéties qu’il met sur la route du mâle robot Alpha est d’autant plus triste qu’il semblait avoir préparé le terrain à plusieurs endroits pour introduire un peu de variété à son propos. Undra met en garde son roomba blindé contre le potentiel dévastateur des armes soniques des Noise Marines ? Alpha se prend un tir, certes dévastateur, mais sans grande valeur ajoutée d’un point de vue narratif, d’éclateur sonique, point. Les membres de l’escouade Terror se « rebellent » contre l’autorité de leur chef ? Il les laisse partir sans rechigner1. L’über super duper Magos Dominus Exasas arrive avec ses troupes pour flinguer du traître ? Il repart tout de suite après, et on ne le reverra plus de la nouvelle. Bref, Thorpe a vraiment opté pour la ligne droite en termes d’intrigue et de déroulement de son histoire, ce qui lui permet certes de la boucler en quelques pages, mais n’incite pas vraiment le lecteur à l’enthousiasme délirant à propos de cette dernière.

On pourrait arguer que l’intérêt de ce By Your Command repose davantage dans les réflexions sur ce que la mort (et à travers elle, la conscience de son individualité) représente pour un adepte du Mechanicus (qui peut donc se « réincarner » dans un appareil électroménager à proximité de sa dépouille) et pour un robot conscient comme les modèles Kastelan, mais là encore, ça ne casse pas trois méchadendrites à un Servo-Crâne. Si le sujet peut être intéressant, et a donné à la Science-Fiction des chefs d’œuvre tels que Le Cycle des Robots (Asimov), ce ne sont pas les deux pages que Thorpe consacre à ce thème en conclusion de sa nouvelle qui viendront bouleverser la perception du lecteur sur cette thématique2. La somme de péripéties banales et d’une conclusion embryonnaire ne se révélant pas supérieure à ses parties constitutives, on sera donc pardonné de ranger cette nouvelle dans le dossier meh de la BL.

1 : Moi qui commençait à me hyper pour un duel de robots, j’ai dû prendre sur moi.
2 : Si vous voulez lire une adaptation plus réussie de cette dernière dans l’univers de 40K, je vous recommande ‘The Kaban Project’ de Graham McNeill.

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Sand Lords – P. McLean :

INTRIGUE:

Sand Lords

Où il sera question du Capitaine Amareo Thrax et de sa colonne blindée du 236ème Régiment des Tallarn Desert Raiders, engagés dans une course éperdue vers la sécurité des lignes impériales. Si Thrax et ses hommes (et femmes, pas de sexisme chez les Tallarn) sont si pressés de rentrer au bercail, c’est d’abord qu’ils ne sont plus très nombreux (un Leman Russ et trois Chimères, sur vingt-huit véhicules initialement engagés), ensuite que les réserves d’eau et de carburant commencent à baisser dangereusement, et enfin que quelque chose de gros, menaçant et très énervé les poursuit sans relâche à travers les dunes de Marbas II. Quelque chose contre lequel même le courage et les ressources de ces légendaires guerriers des sables ne peuvent espérer prévaloir. Mais pour mieux comprendre de quoi il en retourne, il nous faut faire un petit crochet vers le passé récent, pendant que nous laissons Thrax porter un toast à l’urine en l’honneur de la Chimère qui vient de perforer son joint de culasse de façon irrémédiable…

Si notre vaillant Capitaine se trouvait dans le désert de cette planète pour commencer, c’est parce qu’il avait reçu la mission de la part d’un Colonel1 de se rendre dans les ruines de la ville d’Iblis Amrargh, prise par les envahisseurs Orks dont la présence a justifié le déploiement des Tallarn sur Marbas II, pour récupérer le khalig (cimeterre) du Général Al-Fallan, héros des Desert Raiders, dérobé après sa mort par le Big Boss Gorebrakah Urlakk. Une telle relique ne pouvant pas rester entre les griffes des Xenos, qui n’en auraient de toute façon aucune utilité si ce n’est pour émincer des Squigs, le haut commandement du 236ème a donc donné à Thrax l’ordre de reprendre le légendaire coupe papier, localisé dans la cathédrale de la ville, investie par la vermine verte. L’officier a également reçu un briefing plus complet de la part de son boss sur les tenants et aboutissants de la mission, mais ne le partagera pas avec de simples lecteurs tels que nous. Ou en tout cas, pas tout de suite.

Si les premiers temps de l’assaut donné par la colonne blindée sur Iblis Amargh se passent sans soucis, l’armement, le blindage et la vitesse des tanks impériaux leur permettant de forcer sans coup férir les barrages mis en place par les fonctionnaires Grots délégués à la surveillance du camp Ork, un tir de plasma bien senti, pulvérisant une Chimère dans le plus grand des calmes, marque le début des ennuis pour Thrax, qui ne s’attendait pas à rencontrer une résistance si forte si tôt dans la mission. Ayant perdu un peu de temps et beaucoup de munitions à canarder les alentours dans le vain espoir d’abattre le faquin plasmique qui lui a fait des misères et vaporisé son vieux copain Al-Nasir, Thrax finit par donner l’ordre de repartir, perdant de plus en plus de châssis et de personnel au fur et à mesure que les Orks réalisent qu’ils sont attaqués, et que l’insaisissable franc-tireur continue à dégommer les SUV de l’Empereur sans se faire voir. Il en faut cependant plus pour décourager nos héros, qui finissent par pénétrer (en char, sinon c’est pas drôle) dans la cathédrale, où les attend le fameux khalig du nom moins célèbre Al-Fallan, ainsi que des hordes de peaux vertes pas vraiment jouasses…

Début spoiler 1…Victimes de mines dissimulées, et embusqués par des centaines d’Orks gardés en réserve par ce ruzé de Gorebrakah, les Tallarn se battent comme des lions fennecs, parvenant à récupérer le précieux cimeterre à l’absence de nez et au manque de barbe du Big Boss, qui daigne enfin se joindre aux réjouissances après que les assaillants soient parvenus à se défaire de ses deux mini-boss (un Kommando mastoc avec lance-plasma, et un Nob en Mega-armure). Et là, surprise : Gorebrakah a cassé sa tirelire (ou la figure de tous ses rivaux pour leur piquer leurs dents) depuis la dernière fois qu’il a croisé les Desert Raiders, et est maintenant plus machine que champignon, sa parenté avec un Dred Eud’la mort lui permettant  de désosser sans mal les malheureux tanks lui tombant sous la pince. Pour Thrax cependant, l’objectif primaire consiste seulement à repartir avec le coupe-chou d’Al-Fallan, ce qu’il a fait sans hésiter, laissant derrière lui la plus grande partie de ses soldats.

De retour dans le désert, nous apprenons/comprenons donc que le traqueur des Tallarn n’est autre que Gorebrakah, dont l’amour-propre et le statut contraignent à récupérer son bien sous peine de se faire défier par l’ensemble de ses Nobs-1, et que c’est bien sur cela que comptait le Colonel qui a monté le raid de Thrax. Ce dernier doit donc trouver un moyen de franchir la ligne d’arrivée (bleue) avec le colis pour permettre aux forces impériales de régler son compte à cet illustre ennemi. Les Tallarn sont en effet sport, et se sont contentés d’installer une batterie de Basilisks à plusieurs heures/jours de distance d’Iblis Amrargh pour faire sa fête au Big Boss plutôt que, je ne sais pas moi, réquisitionner des appareils de la Flotte qui les amenés sur place ? Gorebrakah est également sport, notez, puisqu’il poursuit les voleurs de loot tout seul. A gentleman’s war, really.

Ce fair-play ne fait cependant pas les affaires de Thrax et de ses survivants, qui se font insensiblement rattraper par leur poursuivant, condamnant d’abord les malheureux n’ayant pas trouvé place dans les Chimères, puis ces dernières et leur équipage (malgré une héroïque action d’arrière-garde de la Duf’Adar Al-Maddon), ne laissant plus que le Leman Russ du Capitaine, à court de munitions et à bout de nerfs (un des servants se suicidera d’ailleurs plutôt que de se faire éplucher par le Big Boss), tenter d’arracher la victoire…

Début spoiler 2…Ce qui sera finalement cas (ouf), Thrax parvenant à passer la ligne en un morceau, avant que le bombardement déclenché par ses petits copains ne vienne sonner le glas de Gorebrakah, qui aurait dû investir dans un Gargant plutôt que dans un Deff’Dread. Tiré de l’inconscience dans laquelle le barrage ami l’avait plongé par la seule autre survivante de la mission, la pilote Kalan, rendue borgne et folle par les événements (ce qui ne lui a pas retiré son sens de l’humour), Thrax n’a plus qu’à attendre l’arrivée des secours, en espérant que la perte de sa jambe dans l’accident ne lui soit pas fatale. La routine, quoi…Fin spoiler

1 : Qui ne sera jamais nommé (j’ai vérifié). McLean devait être tombé en rade de nom à consonance arabe (on peut d’ailleurs s’interroger sur « Amareo Thrax », au passage…).

AVIS:

Pour sa première virée avec un régiment nommé de la Garde Impériale, Peter McLean livre une nouvelle aboutie, généreuse en termes de fluff et consistante en termes d’intrigue, grâce à sa progression alternée entre le Paris-Dakkar extrême auxquels se livrent Thrax et ses survivants, et les flashbacks de leur mission suicide dans la cathédrale d’Iblis Amargh. L’auteur a suffisamment de maîtrise pour prendre son lecteur au jeu des devinettes quant à l’identité de la chose qui traque les valeureux guerriers des sables dans leur retraite éperdue, et aux véritables objectifs poursuivis par la colonne blindée Tallarn, ce qui rend l’expérience assez plaisante, même si les deux révélations en question ne s’avéreront pas renversantes. Autre point appréciable, McLean applique à ses nouveaux souffre-douleur sujets l’approche sans concession qu’il l’avait vu massacrer les uns après les autres ses personnages du 45ème Reslian (‘No Hero’, ‘Baphomet by Night’, ‘Predation of the Eagle’, ‘Blood Sacrifice’), laissant les deux seuls survivants du carnage perpétré par le ruzé mais brutal (et surtout blindé) Gorebrakah profiter du calme après la tempête dans un piteux état, tant physique que mental. À la guerre comme à la guerre, après tout, et McLean fait partie des contributeurs de la BL qui n’a pas peur d’être graphique dans son approche, ce qui est plutôt un trait positif dans ce genre de littérature, à mon humble avis.

Les seuls reproches que j’adresserai à cette soumission seraient relatifs au choix de l’auteur de ne pas expliquer pourquoi le sous-sol de la cathédrale semble regorger d’armes de pointe d’une part, et de faire se terminer son épreuve d’enduro sous un déluge d’obus plutôt que sous les lasers d’un escadron de Vendettas, ce qui aurait certainement permis aux Tallarn de sauver leur chèche, d’autre part. On me dira que leur mort était de toute façon nécessaire pour le déroulement de l’histoire, et on aura raison, mais je trouve tout de même que le plan du Colonel X – et par extension, celui de McLean – n’est pas au dessus de tout reproche. Il y avait certainement moyen de faire mieux, sans épargner pour autant aux soldats de Thrax leur glorieux sacrifice. Après tout, qui peut dire à quelle vitesse un Ork en Giga-armure peut courir, quand il est recouvert du sang de ses ennemis, et qu’on lui a volé son présssssieux ?

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The Twisted Runes – M. Smith :

INTRIGUE:

The Twisted Runes

Tel Martin Luther King, le Prognosticator Beynan Rhondus a fait un rêve. Contrairement à Martin Luther King, dont le tort a consisté à ne pas être un Psyker du Chapitre des Silver Skulls, Beynan n’a pas rêvé d’harmonie universelle et de paix éternelle, mais de destruction et de malheur. Et contrairement à son estimé collègue Bhehan (‘The Pact’), aucune bannière(s) n’est venue troubler les nuits de notre héros, qui est plutôt du genre à fantasmer sur des dragons, des voleurs masqués (ohé ohé), des armées d’esclaves, des sentinelles au carré et des prophètes désespérés, une grande bête à tuer et un sorcier aux chevilles enflées. En gros. En tout cas, notre ami est formel lors de son grand oral devant le conseil du Prognosticatum : si le Chapitre ne suit pas sa vision, et ne récupère pas l’objet mystérieux dont le fantôme de son mentor, Aharan, lui a révélé l’existence, c’en sera fini des Silver Skulls. Convaincu par l’exposé de son collègue, le maître des Pronos (Vashiro) autorise le rêveur à procéder comme il l’entend, sans savoir que ce dernier ne lui a pas tout dit. En effet, Beynan a également vu un héros auréolé de gloire et célébré pendant des siècles dans sa vision, et a la ferme intention de se garder ce rôle pour lui-même. Il embarque donc pour la planète de Skythis, dont le ciel est marqué par une constellation semblable à des dragons en train de se battre, accompagné de deux escouades de frères de bataille, dont l’une menée par le Sergent Vétéran Tor’ra, grand ami de son défunt maître, et du Techmarine Rikolux.

Arrivés sur place, et après la consultation des runes protocolaire, qui permet à Beynan de s’assurer que les auspices sont favorables, les Silver Skulls s’enfoncent dans la jungle épaisse du monde sauvage, guidés par l’auspex modifié de Rikolux. Il ne leur faut pas longtemps avant de rencontrer leur premier obstacle, en la présence d’une meute de varans (ou équivalent) cracheurs d’acide et très grégaires, qui ne consentira à battre en retraite qu’une fois leur alpha cuit à l’étouffée par les pouvoirs du Prognosticator. Malgré les pertes subies par son escorte, il conserve son optimisme en cochant une nouvelle case de son bingo divinatoire : la grande bête à abattre, c’est fait ! On commence alors à deviner que ce n’est pas l’humilité qui étouffe notre héros, lorsqu’il balance au circonspect Tor’ra que l’histoire se souvient davantage des meneurs (lui) que des serviteurs (Torah). Grosse ambiance chez les crânes argentés. En même temps, la devise du Chapitre est Primus Inter Pares, alors…

Au bout de quelques heures de marche, les Space Marines finissent par arriver devant une petite clairière où les attend un bunker. Avant qu’ils n’aient pu accéder à la porte de ce dernier, quatre emplacements de bolters lourds sortent du sol et commencent à mitrailler à tout va, renvoyant quelques têtes chromées supplémentaires conter fleurette à Pépé. Protégé par ses pouvoirs psychiques et son armure de scénarium, Beynan parvient à distraire les machines suffisamment longtemps pour que ses frères se débarrassent de ce menu désagrément. Il est toutefois trop tard pour le pauvre Rikolux, dont le cadavre est retrouvé par le Sergent Braxus à la fin des combats. Plus inquiétant, le Techmarine n’a pas été victime d’un bolt, mais d’un tir de sniper. Alors que Tor’ra suggère la prudence, Beynan, tout heureux d’avoir vaincu les quatre sentinelles de sa vision, et de plus en plus paranoïaque quant aux intentions du Sergent Vétéran (qu’il soupçonne de vouloir devenir le héros de la prophétie… alors qu’il n’en a parlé à personne), opte pour une méthode différente : confronter la menace invisible en lui hurlant de se montrer. Evidemment, ça ne donne pas de grands résultats, confortant Beynan dans sa conviction que la mort de Rikolux, qu’il n’a pas vu venir, n’est qu’un détail de son histoire. Après avoir dégagé l’accès du bunker et évité les assauts sauvages de la porte, il est temps pour les survivants de pénétrer dans les ténèbres de Skythis…

Début spoiler 1…Là, ils ne mettent pas longtemps à découvrir une projection holographique très endommagée, représentant un Inquisiteur interdisant formellement à quiconque d’aller plus loin. Il en faut toutefois plus pour forcer Beynan à faire demi-tour, quand bien même Tor’ra semble se souvenir d’avoir croisé le gonze il y a longtemps, et que l’autorité du Prognosticator se trouve de plus en plus contestée par son escorte. La mini-crise interne entre Space Marines est toutefois interrompue lorsque Beynan balance un gros « Qui m’aime et est fidèle au Chapitre me suive » avant de rusher dans la salle suivante, entraînant sa petite troupe derrière lui. Il faudra alors à nos surhommes composer avec une armée de Serviteurs surarmés (l’armée d’esclaves de la vision), puis courir après l’intenable Beynan, qui décide de se la jouer solo et parvient à atteindre le niveau inférieur du complexe bien en avance de ses poursuivants, grâce à ses pouvoirs psychiques et son immense confiance en lui. Lorsque les derniers survivants, incluant Tor’ra et Braxus, parviennent enfin à refaire leur retard, le Prognosticator a déjà vaincu l’automate de combat (le prophète désespéré – oui, ça devient un peu tiré par les cheveux –) qui faisait office de boss de fin en lui faisant tomber une dalle de plafond sur la tête. C’est l’avantage d’utiliser du plasbéton au lieu du placo-plâtre dans sa décoration d’intérieur. Enfin, les Silver Skulls peuvent accéder à l’objet recherché par Beynan, qui se révèle être un bouquin conservé dans un champ de stase. Avant qu’il ait pu s’en saisir, toutefois, Tor’ra vient l’interrompre…

Début spoiler 2…Car les souvenirs du vétéran ont été ravivés par la vision du livre. Il s’est remémoré la mission auquel il avait participé, en compagnie d’Aharan et de l’Inquisiteur désincarné il y a bien longtemps, et au cours de laquelle les Silver Skulls ont aidé ce dernier à voler le grimoire aux Eldars. Dûment brainwashés après la réussite de la mission pour empêcher quiconque d’utiliser leurs souvenirs pour accéder à cette relique, les Space Marines purent retourner à leur Chapitre. Alors que Beynan essaye encore de trouver la quadrature du cercle entre cette révélation et sa propre vision, une bande d’Eldars débarque dans la pièce, menée par la Prophétesse Endrasil du Vaisseau Monde Iybraesil. Le combat qui s’en suit est à sens unique, les Banshees de compagnie d’Endrasil se débarrassant sans difficultés des Silver Skulls blessés et épuisés, pendant que cette dernière met Beynan en PLS d’une pichenette mentale. Elle a toutefois l’amabilité d’expliquer au Prognosticator confus le vrai sens de sa vision, qu’elle avait réussi à provoquer grâce à la possession d’une des runes utilisées par Aharan, et héritées par Beynan à la mort de ce dernier. Ayant besoin d’accéder à la relique dérobée par l’Inquisition il y a un siècle, et peu désireuse de mettre en danger de vies Eldars pour ce faire, Endrasil a lancé Beynan sur cette quête, mais s’il était bien le héros de la vision (les Eldars se souviendront de son sacrifice), le voleur masqué était en fait Aharan, la bête à abattre Tor’ra, et l’armée d’esclaves les Space Marines manipulés par la Prophétesse pour faire son sale boulot. Tout fait enfin sens pour Beynan, qui pourra méditer dans l’autre monde sur les difficultés de l’onirocritique…Fin spoiler

AVIS:

Je dois reconnaître que j’ai abordé The Twisted Runes avec une double appréhension, la première causée par l’appréciation mitigée de votre serviteur des travaux de Matt Smith, et la seconde provenant de l’aura de lose entourant le Chapitre depuis son passage entre les mains de Sarah Cawkwell, du temps de Hammer & Bolter. Eh bien, je suis heureux de vous apprendre que ces doutes étaient infondés, et que Smith est brillamment parvenu à briser la malédiction pesant sur les Silver Skulls, en leur donnant une nouvelle des plus intéressantes (même s’ils n’en sortent pas forcément grandis). En plus d’intégrer à son récit de nombreux éléments de fluff intéressants, pour une teneur en background bien supérieure à celle à laquelle Sarah Cawkwell nous avait habituée, Matt Smith parvient également à faire transparaître l’identité « culturelle » du Chapitre dans The Twisted Runes, et particulièrement le rôle central que la divination et ceux qui en sont chargés (les Prognosticators) occupent pour cette confrérie de super soldats. À la fois force et faiblesse, la lecture intensive des présages que font les Silver Skulls apparaît ici comme un trait central de leur credo, leur permettant (enfin !) de se singulariser de la masse des Chapitres vanille.

En plus de contenter le fluffiste, cette nouvelle bénéficie également d’une intrigue soignée, crédible (ce qui n’est jamais garanti lorsque les intrinsèquement casse-gueule « visions de l’avenir » sont convoquées par l’auteur) et bien ancrée dans le lore de 40K1, faisant de sa lecture une expérience prenante et plaisante. Si l’on se doute rapidement que Beynan (que l’auteur rend à la fois héroïque et antipathique, richesse de caractère assez rare pour un Space Marines créé de toutes pièces pour une nouvelle de vingt pages) n’est sans doute pas aussi en contrôle de sa destinée qu’il semble le croire, et que la surprise du dénouement s’en trouve donc un peu amoindrie, Matt Smith parvient néanmoins à clôturer son propos de façon élégante2 et appropriée, sans faux raccord narratif ou omission discutable. Bref, sans doute la nouvelle à lire en priorité si vous voulez (re)donner une chance aux Silver Skulls de briller.

1 : En particulier la bonne utilisation que fait Smith de l’effacement de la mémoire des Space Marines ayant assisté un Inquisiteur sur une mission particulièrement sensible. La pratique a beau être tout ce qu’il y a de plus canon, je l’ai toujours trouvée sous-employée par les auteurs de la BL.    
2 : J’ai particulièrement aimé la double mise en perspective de la science délicate de la divination, d’abord par la révélation d’Endrasil à Beynan qu’il avait fait un hors sujet complet, puis par la réalisation par cette dernière qu’elle-même s’était (légèrement) plantée en pensant que c’était Aharan qui mènerait les Silver Skulls, sans avoir réalisé qu’il était mort depuis des mois.

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Savage – G. Haley :

INTRIGUE:

SavageNotre histoire s’ouvre sur un concert de ronflements remplissant une tente à l’atmosphère étouffante, alors que le soleil est sur le point de se lever sur Omdurman. Allongé sur son lit de camp, notre héros, Gollph, après avoir courageusement mais vainement tenté de faire abstraction du bruit et de l’odeur la chaleur, décide d’aller se dégourdir les jambes pendant que la température est encore supportable. Gollph, comme ses camarades de la 7ème Companie Motorisée Super-Lourde de Paragonian (ou quelque chose comme ça), est un tankiste, et fier de l’être. Rattaché au Baneblade Cortein’s Honour, où il exerce la noble profession de senior chargeur – ce qui est mieux que serial killer, même si, au fond, cela revient au même –, Gollph espère un jour devenir artilleur. Bien que disposant des aptitudes nécessaires pour occuper cette fonction, notre héros est toutefois handicapé par ses origines : il vient en effet du monde sauvage de Bosovar, qui rime trop avec Kosovar pour que ses ressortissants soient pris au sérieux par les impériaux venant de mondes civilisés. En plus de ça, les Bosovarois ont la peau rose, ce qui, dans le régiment de Paragon dans lequel les hasards de la vie et de la guerre l’ont fait atterrir, est une source de discrimination et de brimades. Que fait donc la HALDE ?

Pour l’heure, Gollph profite du calme ambiant pour aller saluer son char, qui n’a pas vu le moindre combat depuis le début de la campagne, et aller contempler le lever du soleil en marchant pieds nus dans les hautes herbes, comme le petit sauvageon qu’il est resté au fond de lui-même (il n’enlève pas sa chemise tout de même, car le Commissaire n’aimerait pas ça). C’est l’occasion pour lui de se remémorer son parcours depuis les plaines de Bosovar jusqu’aux collines d’Omdurman, en passant par son recrutement dans la Garde, où il a appris à vaincre sa peur des portes. On n’en parle pas assez, mais c’est une technologie des plus dangereuses. Après tout, personne ne s’est jamais coincé les doigt dans un rideau de perles. De retour au camp, et occupé à lustrer des obus pour passer le temps en compagnie de son supérieur ronfleur, le 1er Artilleur Meggen, Gollph est surpris dans son ouvrage par l’arrivée silencieuse, mais pas inodore, de Shoam, le pilote du Cortein’s Honour. Ce dernier a obtenu des nouvelles fraîches faisant état d’un redéploiement imminent de la Compagnie, et de son départ d’Omdurman. Il vient donc rappeler à Gollph et à Meggen le pacte secret que les trois hommes avaient conclu des mois plus tôt, et qu’il leur faut mettre à exécution avant qu’il ne soit trop tard. Si Meggen se montre très enthousiaste à cette idée, Gollph l’est beaucoup moins, s’étant engagé dans l’aventure sous l’emprise de la boisson. Toutefois, une promesse est une promesse, et nos trois conspirateurs se retrouvent donc le soir venu derrière un buisson odoriférant1 pour accomplir leur sinistre dessein…

Début spoiler 1…Si Gollph avait traîné des pieds pour marcher dans la combine, c’est d’abord parce qu’il doit se taper le sale boulot, c’est-à-dire distraire les sentinelles placées devant la tente contenant les réserves de la Compagnie, pendant que ses comparses se glisseront à l’intérieur pour dérober ce dont ils ont besoin pour l’étape suivante de leur machination. En plus d’être dangereuse, cette tâche est humiliante pour le fier Bosovarien, car elle l’oblige à jouer au sauvage pour parvenir à ses fins, alors qu’il se considère comme étant parfaitement intégré au sein de la Garde Impériale. On voit donc Gollph se présenter devant les plantons de service, affublé d’un plastron fait de roseaux tressés (ça fait exotique, dixit Meggen), avec un formulaire mal rempli en main et un affreux dialecte petit nègre à la bouche, et tenter de se faire remettre farine pour dîner Lieutenant, oui oui, s’il te plait Monsieur présentement là dis donc. Pendant que l’héroïque peau rose occupe les gardes, et se fait dérouiller par le plus mal embouché des deux, Meggen et Shoam dévalisent les stocks du régiment, le premier intervenant une fois le forfait commis pour interrompre la bastonnade à laquelle le pauvre Gollph avait droit, et repartir avec lui vers leurs quartiers. La mission a été accomplie, reste à savoir quelle en était le but…

Début spoiler 2…Eh bien, et je n’invente rien, il s’agissait simplement d’organiser une petite fête d’anniversaire pour le Capitaine Bannick, avant que le camp soit levé. Ce dernier est donc pris au dépourvu lorsque son équipage et quelques amis le surprennent à la cantine avec un buffet de pâtisseries paragoniennes et quelques bonnes bouteilles. Parce que ce n’est pas parce que la galaxie est sur le point de s’effondrer qu’il ne faut pas profiter des petits plaisirs de la vie et prendre un pot entre collègues de temps à autres. L’enthousiasme collectif peine toutefois à déteindre sur Gollph, encore un peu marqué par son implication dans le complot pâtissier auquel il a participé, et surtout honteux que trois de ses compatriotes de Bosovar aient été sévèrement punis par les autorités régimentaires pour la disparition des victuailles dérobées par Meggen et Shoam. Il n’y a pas à dire, le racisme anti-rose reste un des fléaux cachés du 41ème millénaire…Fin spoiler

1 : Il a certainement été utilisé par un tankiste pressé comme petit coin, comme Gollph a le plaisir de le découvrir.   

AVIS:

Attention, OVNI. Guy Haley signe avec Savage ce qui restera sans doute comme l’une des nouvelles de Gardes Impériaux les plus surprenantes du corpus de la Black Library. Pas de Xenos, pas de mutants et pas d’hérétiques ici, et à peine un peu de combat à proprement parler (même si la mâchoire de Gollph pourrait contester ce constat), mais la description de la vie d’un camp impérial dans toute sa singulière normalité. Si le « complot » fomenté par nos héros a une dimension comique assumée, et permet à Haley de démontrer qu’il est capable de jouer sur le registre humoristique de façon convaincante, c’est la description que l’auteur fait de la réalité sociologique de ce microcosme, où les préjugés et les discriminations1 entre Gardes de différentes origines demeurent aussi vivaces qu’aujourd’hui malgré les milliers d’années écoulées et la découverte d’autres espèces intelligentes, qui donne tout son sel à cette histoire. Le cosmopolitisme de l’Imperium est une de ses caractéristiques les plus intéressantes, mais rarement mise en valeur par la BL autrement qu’à travers l’exemple extrême des abhumains, du fait de sa ligne éditoriale résolument militariste. Haley démontre ici que la GW-Fiction peut encore totalement surprendre, et en bien, le lecteur, et que si la guerre est éternelle au 41ème millénaire, les à côté de cette dernière valent également la peine d’être racontés.

1 : Autre exemple, Shoam est traité comme un paria par ses camarades car il vient de Savlar, réputée pour être peuplé de criminels.

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The Death of Uriel Ventris – G. McNeill :

INTRIGUE:

La Mort d'Uriel VentrisCe qui ne devait être qu’un contrôle dentaire de routine est sur le point de prendre un vilain tour pour le Capitaine Uriel Ventris, de la 4ème Compagnie des Ultramarines. Allongé dans le fauteuil du praticien, le patricien écoute avec angoisse le servocrâne de service lui demander de prendre une grande respiration et de la bloquer, afin que l’anesthésie puisse être effectuée. Cela risque de piquer un peu. En repensant à toutes ses sucreries englouties avec Pasanius pendant la Guerre de la Peste, notre héros se dit que s’il s’en sort, il investira pour sûr dans une brosse à dents énergétique, qu’il usera énergétiquement1. Mais pour l’heure, il est temps pour le vaillant mais douillet Capitaine de tomber dans les pommes pour échapper au supplice de la fraise.

Se réveillant dans une espèce de caverne qui ressemble fort à sa Calth natale, Ventris comprend rapidement qu’il expérimente une vision lorsque sa sortie de la grotte se fait sous un grand soleil et devant un paysage bucolique, loin des plaines radioactives dont la véritable planète peut s’enorgueillir depuis 10.000 ans. Comme pour confirmer son délire, il se fait héler par un quidam assis sur un rocher, qui se révèle être ce bon vieux Idaeus, Capitaine de la 4ème Compagnie avant lui, et auquel il a succédé après le sacrifice héroïque du briscard sur Thracia. À peine le temps de détailler les nombreuses cicatrices qui parsèment le corps de l’auguste héros pour s’assurer de son identité que les deux surhommes se mettent à dévaler la pente en direction de la caserne Asigelus (qui n’est pas sur Calth mais sur Macragge, mais bon on s’en fout c’est un rêve), où les hallucinations de Ventris l’entraînent. En chemin, ils croisent la route d’un groupe de jeunes coureurs engagés dans une compétition acharnée pour être le premier à utiliser la douche au retour de leur session d’entraînement, et Uriel reconnaît sans mal Learchus, Cleander, Pasanius et lui-même, tels qu’ils étaient à l’adolescence. Il ne peut qu’assister à nouveau à la tentative malheureuse de dépassement de ce snob de Learchus que son jeune lui avait tenté il y a toutes ces années, et sentir, très douloureusement, le vicieux coup de coude que son rival devenu rival devenu balance devenu Capitaine par intérim devenu Sergent Vétéran lui avait balancé dans le pif pour calmer ces ardeurs. Cela fait toujours aussi mal, et même beaucoup plus mal que cela devrait, mais cette soudaine vulnérabilité attendra un peu, car voici nos deux vétérans rendus devant les portes de la caserne, qui sont, comme de juste, fermées.

Peu disposé à laisser quelques quintaux de fer et d’adamantium se mettre en travers de la route de son flashback, et constatant qu’Idaeus se dégrade à vue d’œil, Ventris pousse de toutes ses forces sur les lourds battants pour pouvoir entrer, là aussi déclenchant des douleurs sans doute excessives par rapport à l’effort consenti par un Space Marines en bonne santé. Enfin parvenu à ses fins, il finit par rentrer dans les baraquements, un Idaeus positivement cacochyme sur les talons. Là, il est témoin du rassemblement de la 4ème Compagnie dans son ensemble, spectacle grandiose même si esthétiquement critiquable2, qui fait battre très fort ses petits cœurs. Après avoir identifié pour le lecteur qui n’en demandait pas temps la moitié des guerriers assemblés en silence sur la place, il est pris à partie par cette vieille baderne de Learchus, qui vient lui reprocher de les avoir abandonnés. « Oui mais bon c’est un rêve buddy et t’étais pas obligé de me foutre la honte devant Idaeus en mentionnant que j’avais prêté un serment de mort petit galapiat » répond Uriel, un peu embarrassé. Qu’importe, Learchus répète à nouveau que Ventris est en train de les abandonner à l’instant même, et lui tourne le dos comme un prince, suivi par l’intégralité de la Compagnie. C’est moche de bouder les enfants. Lorsque le Capitaine abandonné cherche à raisonner le Sergent, ce dernier a de plus la mesquinerie de tomber en poussière, suivi par 99% des Ultra Schtroumpfs. Seul reste ce bon vieux Pasanius, qui en guise d’adieu lui applique une petite imposition des mains sur le torse, mais seulement après avoir passé son membre augmétique au micro-ondes. Bref, ça brûle très fort pour notre pauvre Uriel, qui commence sérieusement à regretter sa consommation irraisonnée de Chupa Chups.

Lorsqu’il reprend ses esprits, le voilà sur Medrengard, et Idaeus a laissé la place à ce fieffé filou de Honsou. Réagissant comme un vrai serviteur de l’Empereur, notre héros commence par corriger bellement cette canaille à mains nues, qui se laisse faire sans protester. Sur le point de commettre l’irréparable avec la propre hache démoniaque de sa Némésis, Ventris réalise au dernier moment que ça pourrait être une mauvaise idée, et suspend son geste. S’engage alors un dialogue Batman vs Joker like entre Force Bleue et Force Jaune avec Rayures Noires, les deux adversaires se balançant des amabilités pendant quelques minutes jusqu’à ce qu’un nuage de poussière ne se profile à l’horizon, annonçant l’arrivée prochaine des War Boys d’Immortan Joe (sans doute le dernier film visionné par Ventris avant son opération), ce qui ne présage rien de bon pour notre héros. Qu’importe, ce dernier se tient prêt à faire face à son destin, et à mourir bravement au combat si nécessaire. Après un dernier « Witness meeeeeee ! » envoyé à Honsou, Uriel se fait pulvériser par l’artillerie montée sur les machines hurlantes qui convergent sur sa position. Fin de l’histoire.

Début spoilerOu en tout cas fin du rêve. De retour dans le cabinet du dentiste, nous assistons à un court dialogue entre l’Apothicaire Selenus et le Chapelain Clausel, alors que l’enveloppe corporelle de Ventris décède sur la table d’opération. Bien que le premier se félicite de la réussite de l’opération3, il prévient son interlocuteur que le plus délicat reste à venir, le Capitaine devant maintenant trouver la force de traverser ce fameux Rubicon4Fin spoiler

1 : Pour sa défense, l’Empereur lui-même n’avait rien prévu de spécial dans ce département pour ses Space Marines. Et pourtant, avec une salive acide, ils auraient eu grand besoin d’un émail renforcé à l’adamantium.
2 : Vert + bleu + jaune, franchement, c’est moche.
3 : « Ça a marché ? »
« Oui, il est mort. »
« GG. »
4 : Qui doit maintenant être encombré de Space Marines de toutes origines, au grand déplaisir de la faune locale et des touristes.

AVIS:

Ayant laissé tomber la saga d’Uriel Ventris il y a bien des années et après avoir seulement lu la première trilogie consacrée par McNeill à sa figure tutélaire dans le futur grimdark, j’avoue que la lecture de The Death of Uriel Ventris ne m’a pas touché plus que ça, mais peut aisément comprendre qu’un fan plus impliqué que votre serviteur ait une toute autre opinion du texte en question. Si l’auteur ne prend pas grand soin pour dissimuler la véritable nature de l’épreuve que le Capitaine traverse en filigrane de cette nouvelle (toutes les douleurs ressenties par ce dernier au fil des pages étant la conséquence de sa Primarisation douloureuse), enlevant donc un peu de suspense à cette dernière, il a au moins l’amabilité de terminer son propos sur un cliffhanger convenable, justifiant le titre donné à l’histoire. Même si je ne doute pas une seconde que notre héros finira par émerger du Rubicon – il doit y avoir un service de ferry pour les personnalités Space Marines, car elles sont vraiment peu nombreuses à s’y être noyées – comme les lois du marketing le demandent expressément, on peut au moins accorder à McNeill une utilisation appropriée de la formule « mort d’Uriel Ventris », ce dernier finissant la nouvelle dans un état minéral (c’est plus grave que le végétatif). À titre personnel, j’aurais apprécié que McNeill précise ou rappelle pourquoi le fier Capitaine a choisi/subi cette opération « risquée », à part pour suivre la dernière mode chez l’Astartes, bien entendu.

Pour le reste, le passage en revue de la carrière et des connaissances les plus marquantes de notre personnage, s’il est cinématiquement mis en scène par l’auteur, risque fort de diviser le lectorat entre ceux qui comprennent qui est qui et a fait quoi, et les autres. En d’autres termes, si vous découvrez Uriel Ventris par l’intermédiaire de cette nouvelle, je ne suis pas convaincu que l’expérience vous semble très intéressante (mais ce n’est que mon avis). En tous les cas, sachez que le personnage dispose d’ores et déjà d’une abondante biographie signée de la main de Graham McNeill, et que ce dernier ne l’ayant certes pas fait « mourir » pour rien, il est à parier que d’autres ouvrages ou nouvelles suivront. Dans le second cas, rendez-vous ici dans quelques temps pour un retour positivement objectif sur la suite des aventures de ce vieux Vent Triste.

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Et voilà qui conclut cette revue de l’anthologie Warriors & Warlords, qui contenait bien ces deux types d’individus en quantités substantielles, en plus de pilotes dépressifs, Chapelains agressifs et sauvages contemplatifs, pour n’en citer que quelques uns. Pour ma part, je place cette anthologie au-dessus de celle qui l’a précédée (Lords & Tyrants), notamment grâce aux vaillants efforts de Peter McLean, Steve Lyons et Guy Haley, qui ont réussi à illustrer par leurs récits des aspects pas vraiment explorés de l’univers de 40K, et/ou à livrer des nouvelles assez différentes de l’habituel de la BL, ce dont je leur sais gré. Pour le reste, Wraight, Harisson, Smith et McNeill livrent des copies plus classiques mais loin d’être désagréables, la déception venant du « ventre mou » du recueil, où les nouvelles d’un Reynolds et un Kelly peu inspirés d’une part, et celles d’un Thorpe et McNiven égaux à eux-mêmes d’autre part, ont été regroupées. En attendant que la Black Library nous dévoile ses prochaines sorties de recueils de courts formats (pour l’heure, je n’ai que l’anthologie No Good Men pour Warhammer Crime dans mon viseur), votre serviteur va pouvoir se replonger dans la chronique de publications plus anciennes, et l’Empereur sait qu’il en reste ! Seule la mort…