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BLACK LIBRARY 2012 ADVENT CALENDAR [40K – WFB – HH]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue du Black Library 2012 Advent Calendar, pot-pourri de 24 nouvelles et audio dramas proposé par la BL à ses afficionados pendant les semaines ayant précédé Noël 2012 (qui tomba un mardi, comme vous le savez). Si, plus de dix après, ce concept vous semblera sans doute des plus familiers, à l’époque il s’agissait d’un saut dans l’inconnu de la part de Nottingham, qui se cherchait encore en matière de publication numérique. Nous sommes donc en présence du tout premier Advent Calendar de la Black Library, ce qui peut expliquer pourquoi ce lointain ancêtre ne ressemble guère aux dernières moutures sorties par la BL.

Black Library 2012 Advent Calendar

Outre le fait que la sélection que nous allons explorer ci-dessous compte des nouvelles prenant place dans le Monde Qui Fut (ce qui ne se reproduira plus, même si la Fin des Temps ne prit place qu’en 20151), une autre différence majeure entre le millésime 2012 et ceux qui suivirent est le format des histoires publiées par la BL : croyez-le ou non, mais il fut une époque (heureusement révolue depuis lors) où les nouvelles de 1.000 mots (soit entre quatre et cinq pages) étaient vues comme un produit tout à fait valable par la Black Library. Vendues à 1,49€ l’unité2, ces ultra courts formats étaient certes rapides à écrire pour les auteurs de GW-Fiction, mais peu furent en mesure de proposer des histoires un tant soit peu intéressantes en respectant cette longueur limite. Tout le monde n’est pas Hemingway ou Monterroso.

Les 21 nouvelles et 3 audio dramas n’ont donc pas marqué l’imposant corpus de la GW-Fiction, mais doivent plus être vues comme des exercices de style de la part des plumes de la BL, et pas des moindres (Abnett, Reynolds, Wraight, Thorpe, McNeill, Werner, Counter, Mitchell, Fehervari…). Avant même de m’atteler à cette revue, je peux déjà vous dire que le rapport qualité/prix de cette sélection sera absolument exécrable (près de 90€ à débourser pour disposer de toute la série…), mais j’espère ne pas être l’abri d’une (ou deux, ou plus) bonne(s) surprise(s) dans le lot…

1 : Je pense que la décision de bazarder Warhammer Fantasy Battle a été prise par Games Workshop fin 2013, ce qui peut expliquer pourquoi la Black Library a progressivement arrêté de publier des inédits pour cette franchise historique à partir de ce moment.
2 : À l’époque. Au moment où cette critique est écrite, la BL ne s’est pas gênée pour harmoniser les prix de tous ses courts formats, et le lecteur curieux devra s’acquitter des 3,49€ réglementaires pour mettre la main sur ces quelques pages. Ça pourrait passer si la BL indiquait clairement la longueur des nouvelles sur son site, afin de ne pas piéger les fans croyant avoir affaire à des histoires plus consistantes, mais non (pas de manière systématique en tout cas). Pas très élégant.

Black Library 2012 Advent Calendar

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Born to Us – D. Abnett [40K] :

INTRIGUE :

Born to UsComme il aime bien le faire en ses vieux jours (depuis qu’il a passé son premier siècle, en tout cas), Gregor Eisenhorn, Inquisiteur vétéran ayant roulé sa bosse et son crâne chauve d’un bout à l’autre du Daniverse, se remémore les épisodes les plus marquants de sa longue carrière. Cette fois-ci, direction la planète Koradrum où Greg a enquêté sur la disparition d’un archéologiste de renom, Darred Lenhema, alors qu’il fouillait un ancien tumulus avec son équipe.

Les temps de transport au sein de l’Imperium étant ce qu’ils sont, Eisenhorn et son gros bras de service Harlon Nayl n’arrivèrent sur les lieux que deux ans après que Lenhema ait été déclaré AWOL. Il ne servait donc à rien de se ruer sur le site de fouille pour relever des empreintes, ce qui laissa un peu de temps à notre duo de choc pour se renseigner sur la culture et les croyances locales. Il s’avéra que les crédules Koradrumois considéraient l’arrivée dans le firmament d’une nouvelle étoile (en fait un simple passage en supernova d’un astre proche) comme le signe de la réincarnation prochaine d’un grand meneur, voire d’une figure divine, qui mènerait son peuple vers le salut, ou quelque chose comme ça. Eisenhorn, qui est très culturé et aime entendre le son de sa propre voix, s’empressa de faire un cours magistral au pauvre Nayl sur la récurrence du mythe de la figure – n’ayons pas peur des mots – christique au sein de l’Imperium, même si à l’approche du 41ème millénaire, peu de gens savaient d’où ce mythe provient. Et c’est bien triste, ma pauvre dame.

Sur ces entrefaites, l’Inquisiteur et son garde du corps arrivèrent à proximité du tumulus, où l’équipement de Lenhema et de son équipe gisait au sol. Il semblerait que la réponse de cette énigme se trouve à l’intérieur de l’ancienne tombe…

Début spoiler…Et comme Eisenhorn aime à le marteler, toutes les légendes, mêmes les plus farfelues, ont toujours un fond de vérité. Un messie s’était bien réveillé sur Koradrum après un sommeil millénaire, mais il s’agissait d’un Tétrarque Necron et pas d’un charpentier hippie ; et s’il a bien multiplié les pains, ce fut en direction des archéologues sans gêne ayant envahi son intimité. Nous quittons Eisenhorn et Nayl sur cette épiphanie grimdark, mais rassurez-vous, ils s’en sont tous les deux sortis…Fin spoiler

AVIS :

Des personnages populaires, un peu de fluff et une petite surprise finale pour relever le tout : Dan Abnett fait bon usage de son budget très serré de mots dans cet inconséquent mais sympathique ‘Born to Us’, qui nous permet de nous souvenir que le brave Gregor est à l’origine un membre de l’Ordo Xenos. Il y a évidemment des nouvelles bien supérieures à celle-ci dans le corpus inquisitorial d’Abnett, mais ‘Born to Us’ tient assez bien son rang, dans la catégorie poids plume.

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Binding – R. Harrison [40K] :

INTRIGUE :

BindingLe Sergent vétéran Leonen Kyarus des Imperial Fists se réveille brutalement pour constater que quelqu’un a laissé la vitre de toit de son Rhino de fonction ouverte, ce qui rafraichit considérablement l’habitacle. Ah là là, ces j- Wait a minute. La minute qui suit voit notre héros reprendre péniblement ses esprits et sortir de la ruine fumante du véhicule, constatant au passage qu’une de ses mains n’a pas survécu au crash. Plus inquiétant, le reste de son escouade manque à l’appel, alors qu’une voix désincarnée râle « frérooooot… » à la limite de sa perception auditive. La radio de son armure ne fonctionnant plus guère, Leonen en est réduit à partir à la recherche de l’homme qui murmurait à l’oreille de Lyman (hoarse whisperer, en V.O.), ce qui l’amène dans un bâtiment en ruines…

Début spoiler…Où l’attendent ses frères de bataille, qui s’étaient passés le mot pour lui faire une surprise pour son anniversaire sont tous morts autour d’un pilier de pierre trotrodark, servant de perchoir et de prison à un Démon ventriloque (sans doute un Duc du Changement, si on prend en compte ses plumes, son bec et son champ lexical de perroquet domestique). Leonen comprend en un éclair que cette abomination a attiré ses camarades jusqu’à lui pour leur voler leur âme et gagner ainsi en puissance pour se libérer de son emprisonnement, et qu’il est le prochain sur la liste. Comme le Démon lui fait doctement remarquer, ce n’est pas un combat qu’il est statistiquement en mesure de remporter, mais le brave Sergent rétorque qu’il n’est pas venu pour ça avant que le combat ne s’engage et que le rideau tombe sur notre histoire. On ne saura jamais s’il a pu utiliser les toilettes, du coup…Fin spoiler

AVIS :

Pour sa toute première histoire écrite pour le compte de la Black Library Rachel (Ray) Harrison signe une micro-fiction appliquée et assez atmosphérique (ce qui est bien), même si son dénouement tombe un peu à plat1 (ce qui l’est moins). Je pense qu’il y avait moyen de choisir un autre antagoniste pour se sortir de cette ornière, mais dans l’ensemble, c’est très honnête pour une nouvelle de 1.000 mots.

1 : Ou plutôt, suscite des questions que Harrison laisse sans réponse, faute d’espace pour les traiter. Comment le Démon a-t-il fait pour attirer un à un les Space Marines jusqu’à son pilier, alors qu’ils ont tous commencé la nouvelle dans l’épave du Rhino (et qu’on peut supposer qu’ils ne s’en seraient pas écartés aussi facilement que Leonen s’ils avaient vu que leurs camarades étaient blessés) ? Est-ce lui qui a enchainé le cadavre de Damanios à son pilier, et pourquoi ? Le Démon peut animer les cadavres de ses victimes, mais à quoi cela lui sert-il ?

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The Riddle of Scorpions – J. Reynolds [WFB] :

INTRIGUE :

The Riddle of ScorpionsZavant Konniger et son assistant Vido ont été appelés pour enquêter sur la mort suspecte d’un marchand d’Altdorf, dont le corps a été retrouvé dans la caverne d’Ali Baba qui lui servait de bureau. Jorge Mueller, car c’était son nom, s’était en effet fait une réputation dans l’importation et la vente d’artefacts rares provenant des quatre coins du Vieux Monde et au-delà, et était bien connu pour ne pas hésiter à employer des moyens douteux pour enrichir sa collection.

Comme souvent, Konniger questionne Vido pour (tenter de) développer les capacités déductives du Halfling, lui-même ayant bien sûr déjà établi sans l’ombre d’un doute le motif et le déroulé des événements ayant conduit Herr Mueller à passer l’arme à gauche. Guère intéressé par le cadavre affalé sur sa chaise, ou par les remarques de son employeur d’ailleurs, Vido préfère inspecter le bureau du défunt, et ramasse un tube finement ouvragé dont les extrémités sont occupées par une reproduction de scorpion en métal. Voilà qui ferait un presse papier de premier choix…

Mais ce que Vido prenait pour un simple objet décoratif se révèle être un piège-scorpion arabien, qui se referme sur ses doigts alors qu’il le manipule, et dont les dards se rapprochent rapidement de ses phalanges. Si l’expérience se révèle traumatisante pour le Halfling aux mains baladeuses, Konniger lui ne se départit pas de son calme et continue de tester la sagacité de son acolyte sur les causes du décès de Mueller, tout en l’informant qu’il lui suffit d’entrer le bon code sur le cadran du piège pour se libérer avant qu’il ne soit trop tard. Un vrai jeu d’enfant (d’ailleurs, c’est comme ça que les jeunes Arabiens se distraient, à ce qu’il paraît) !

Début spoiler…Au final, Vido ne parvient pas à résoudre l’énigme des scorpions avant de se faire piquer, mais comme les dards n’étaient pas empoisonnés, la seule victime à déplorer est son amour propre. Konniger entre la combinaison en un tour de main, et révèle à son serviteur éprouvé que c’est cette même mésaventure qui a causé la mort de Mueller, dont le cœur a lâché sous le stress lorsqu’il s’est trouvé par inadvertance prisonnier du piège. On peut appeler ça les risques du métier.Fin spoiler

AVIS :

Josh Reynolds ne choisit pas la facilité en tentant un whodunit dans un format 1.000 mots (1.014 ici, si on veut chipoter), mais on ne pouvait pas s’attendre à autre chose dans une nouvelle dont le héros est le légendaire Zavant Konniger. Cela fait toujours plaisir de revoir des personnages mythiques de la GW-Fiction reprendre du service sous la plume de nouveaux auteurs, et le Sage-Détective d’Altdorf est à ce titre bien tombé avec Reynolds, qui se sort honorablement de cette situation épineuse (bien mieux que Vido en tout cas). Bien sûr, le côté « énigme » de ce ‘The Riddle of Scorpions’ n’est pas très abouti, mais pour un très court format, c’est loin d’être indigent. Bravo pour le panache, M. Reynolds.

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Failure’s Reward – C. Wraight [40K] :

INTRIGUE :

Failure's RewardTarolf est ce qu’on peut considérer comme un loser du 41ème millénaire, ou plutôt, un lo(up)ser. Né sur la planète Fenris, il a tenté pendant sa jeunesse de rejoindre les fiers Guerriers Célestes (aussi connus sous le nom de Space Wolves par l’Administratum) mais quelque chose s’est mal passé pour lui pendant le sévère processus de sélections des aspirants du Chapitre le plus cabotin de l’Imperium. On ne saura jamais ce qui est parti en cacahouète pour le pauvre Mister T. mais toujours est-il qu’il s’est fait recaler. Heureusement, les Space Wolves ont une fibre sociale bien connue et ont proposé au candidat malheureux de servir l’Empereur d’une autre manière qu’en zlatanant ses ennemis à travers la galaxie, et Tarolf est donc devenu assistant armurier dans les forges du Croc.

Comme il nous le raconte avec ses propres mots (assez simples, car il est probable que les Prêtres Loups l’aient un peu lobotomisé sur les bords pour s’assurer de sa docilité1), sa tâche consiste à customiser des genouillères d’armures énergétiques, afin que les Space Wolves puissent guerroyer avec le style flamboyant pour lequel ils sont réputés à travers tout l’Imperium. Free hand de dragon, de wyrm, de troll ou de loup : Toralf est un as du poinçon, de la cire et de l’acide, et même s’il reconnait sans mal que le moindre boulot peut lui prendre des mois (ce qui est long tout de même quand on considère la taille de la pièce), l’important est d’assurer un rendu irréprochable. La qualité totale, que voilà une belle doctrine !

1 : Et fait stériliser pour les mêmes raisons, mais en cela il ne diffère sans doute pas des recrues confirmées du Chapitre…

AVIS :

Chris Wraight lorgne clairement du côté des encarts fluff des Codex et suppléments de jeu de rôle avec ce contemplatif ‘Failure’s Reward’, qui décrit avec un luxe de détails le quotidien d’un des milliers de serfs anonymes qui triment pour le compte des Space Wolves. Pas d’intrigue passionnante ou de conclusion tonitruante à attendre ici, seulement la réalité terne, assez triste et souvent violente du 41ème millénaire, « filmée » à hauteur d’homme (ou d’humanoïde, un aspirant Space Wolves n’ayant pas un physique ordinaire). Assez proche dans l’esprit du ‘Sacrifice’ de Ben Counter, qui était une autre bonne surprise du corpus de 40K.

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The Quickening – A. Smillie [40K] :

INTRIGUE :

The QuickeningL’Archiviste Balthiel des Flesh Tearers a choisi d’opérer seul derrière les lignes ennemies pour mener à bien l’assassinat du Gouverneur hérétique de Spheris, et nous le voyons faire usage de ses pouvoirs psychiques, dont son signature move : the quickening (une sorte de bullet time qui lui permet de ralentir l’écoulement du temps autour de lui), pour se débarrasser de la garde personnelle du félon. Bien que très efficace, l’abus du Warp est dangereux pour la santé mentale, et Balthiel finit la novelinette (3 pages !) en PLS, sa mission accomplie mais sa messagerie mentale submergée de spam de Démons cherchant à lui vendre des analgésiques miraculeux et/ou à lui faire rencontre des hot single spawns dans son voisinage. Bref, un jeudi ordinaire pour notre ami Flesh Pseaker.

AVIS :

Andy Smillie continue sa série consacrée à la mise en scène des pouvoirs psychiques des Blood Angels (et descendants) dans ses nouvelles Flesh Tearers avec cet insignifiant à tout point de vue ‘The Quickening’. Les amateurs de ce genre très particulier peuvent se tourner vers ‘From the Blood’ pour voir l’incroyable Balthiel utiliser le Bouclier de Sanguinius d’une manière fort peu orthodoxe (et tomber à nouveau dans les pommes, comme le gros bébé fragile qu’il est). Les autres économiseront les 3.49€ demandés pour ces quelques lignes peu mémorables1 et iront dépenser leur capital chèrement acquis ailleurs.

1 : Qui bénéficient malgré tout d’une recommandation de nul autre que James Swallow (« So visceral, you can taste the blood in your teeth »). Si ça ne vous donne pas une bonne raison supplémentaire de ne pas acheter ‘The Quickening’, vous allez vite apprendre…

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Never Forgive – G. Thorpe [WFB] :

INTRIGUE :

Never ForgivePeu de temps après la bataille de Maledor, durant laquelle le jeune (à l’époque) Malekith se fit bellement corriger par Caledor the Preums, nous faisons la connaissance d’un des lieutenants du Roi Prétendant Sorcier, Alandrian de Nagarythe. Elfe féru de grands espaces et de randonnées, il prit le parti de mener ses guerriers survivants dans le Val de Caerasin après la défaite de son camp plutôt que de se réfugier à Anlec avec le gros des troupes druchii, et eut la chance de se trouver en hauteur lorsque ce rigolo de Malekith ouvrit les vannes et noya la province sous une vague monstrueuse. Plutôt que de se lamenter sur son sort, comme il aurait été pourtant en droit de le faire, Alandrian décida de partir à la conquête de sa propre contrée submergée et marcha sur le premier village du vallon avec la ferme intention d’en faire sa base d’opérations. That’s the spirit, boy.

Malheureusement pour lui, et surtout pour ses cinq cents guerriers, le village en question était placé sous la protection de dangereux anar(chiste)s, menés par un jeune prince du nom d’Alice Alith. Bien que les Druchiis disposassent (eh oui) de l’avantage numérique, les flèches des Guerriers Fantômes ne tardèrent pas à mettre la cohorte d’Alandrian en déroute, et ce dernier ne se fit guère prier pour prendre également ses jambes à son cou. C’est alors qu’Alith Anar en personne se dressa devant sa route, lui colla une flèche dans le cuissot pour le mettre à terre, avant de lui balancer un grand coup de latte dans la tempe, remportant cet affrontement fratricide par un K.O. probant à la première reprise.

À son réveil, Alandrian se rend compte qu’il est encore en un morceau, et seulement attaché aux branches et aux racines d’un jeune arbre. Cette clémence étonne beaucoup le Druchii, qui est bien placé pour savoir qu’à Nagarythe, on ne fait pas de cadeau à l’ennemi. Alith Anar lui affirme cependant qu’il ne sera ni torturé, ni affamé ou assoiffé, comme il en avait l’intuition. Au contraire, des enfants du village qu’il avait cherché à conquérir lui apporteront de quoi boire et manger tous les jours pour le garder en bonne santé. Vraiment, ça a l’air cool d’être fait prisonnier par Alith Cooper !

Début spoiler…À court et moyen termes tout du moins. Le dessein d’Alith Anar est en effet de laisser l’arbre auquel Alandrian est attaché faire le sale boulot pour lui : dans quelques années ou décennies, les branches auront suffisamment poussé pour que l’Elfe Noir se trouve écartelé par la tension de la corde qui lie ses pieds aux racines de l’arbre. La vengeance est un plat qui se mangera quand les moules auront des gants, comme on dit à Athel Maranth…Fin spoiler

AVIS :

Continuation de son roman dédié au plus mystérieux et revanchard des Hauts Elfes (‘Shadow King’), ‘Never Forgive’ ne brille pas par la qualité de son intrigue, mais compense par les éléments fluff qu’il apporte à l’amateur de culture et d’histoire elfique, et par la fin grinçante que Thorpe a concoctée pour le pauvre Alandrian. C’est assez bien trouvé je dois dire, car cela donne une bonne idée du rapport particulier que les Elfes ont au temps, en plus d’illustrer le caractère impitoyable d’Alith Anar. C’est validé.

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Warmaster – J. French [HH] :

INTRIGUE :

WarmasterHorus profite d’un de ses rares moments de paix depuis qu’il a lancé son hérésie pour soliloquer sur le sort qui est le sien dans le confort ouaté marbré de la salle du trône du Vengeful Spirit. Comme il le dit lui-même, être Maître de Guerre n’est pas une sinécure, surtout lorsque le titre est décerné par un Empereur plus concerné par ce que le Primarque inter pares ne doit pas faire que par ce que le poste apporte comme avantages. De même, il n’est pas facile de mener à bien un coup d’état galactique quand on hérite de la moitié la plus dysfonctionnelle de la super fratrie pour jouer au régicide contre son Pépé. À tout prendre, Horus aurait bien aimé que Sanguinius, Roboute Guilliman et même Corax (un peu d’amour pour les corbeaux emo, ça fait du bien) le rejoignent, plutôt que de se coltiner les manigances tarabiscotées et inefficaces de Lorgar et d’Alpharius, les bouderies de Mortarion et la cyclothymie de Perturabo. Comme on disait à la fin de M1, if you can’t be with the ones you love, love the ones you’re with.

Qu’importe ces menus désagréments et la nullité crasse des bras cassés qui l’accompagnent, Horus sait qu’il est le surhomme pour le job, et que chaque bataille, chaque massacre, chaque désastre, sert sa cause. C’est ça l’avantage de servir le Chaos : on est autorisé à se réjouir lorsque tout part à vau l’eau, car après tout c’est ce que les patrons désirent, pas vrai ? Notre histoire se termine avec la révélation de l’identité du bienheureux individu à qui Horus a déballé ses profondes réflexions sur la conjoncture, car non, il n’est pas (encore) assez fou pour parler tout seul…

Début spoiler…Et il s’agit du psychiatre préféré des Primarques félons, Ferrus Manus en personne1. Ou son crâne, en tout cas, que le Maître de Guerre a gardé comme souvenir du bon vieux temps. Qui pourrait se lasser de prendre la tête de la Gorgone, aussi, hein ?Fin spoiler

1 : Fulgrim aussi apprécie beaucoup faire des confidences à son frère favori (‘Imperfect’).

AVIS :

Un seul en scène d’Horus, sur un livret de John French, franchement, ça se prend. Mine de rien, recueillir les états d’âme du protagoniste (et antagoniste) de l’Hérésie, c’est toujours appréciable d’autant plus que ça n’arrive pas si souvent que ça au cours de la série. French nous livre un Horus encore fréquentable, toujours charismatique, et sans langue de bois sur ses alliés aussi bien que sur ses adversaires : voilà un Primarque tel qu’on aime en voir dans les pages de la GW-Fiction. Solide.

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Dust – G. McNeill [40K] :

INTRIGUE :

DustSur la Planète des Sorciers, le plus éminent et vaniteux d’entre eux (il parle de lui à la troisième personne tout de même) a rendu une petite visite à l’un de ses collègues, le bellâtre Hegazha. Ahzek Ahriman, car c’était bien sûr lui, est venu lui faire une offre qu’il ne peut pas refuser : rejoindre son projet top secret de boys band cabale (c’est techniquement la même chose, on est d’accord) afin de trouver une cure à l’épidémie de mutation qui décime les rangs des Thousand Sons, déjà clairsemés par la dérouillée infligée par Leman Russ et ses loubards sur Prospero. Après tout, qui ne souhaiterait pas participer à une mission de bien commun comme celle-ci, hein ?

Tout naturellement, Hegazha refuse et envoie son bureau fait en volonté (c’est ‘achement rare, ça doit coûter une blinde) dans la tête de son invité. Il a de bonnes raisons pour faire la sourde oreille au plaidoyer d’Ahriman, notez : déjà frappé par la malédiction de Tzeentch, qui a changé ses mains en serres d’oiseau, Hegazha s’est engagé à fond dans la voie du body positivism, et considère ces mutations comme une bénédiction plutôt que comme un fléau. Cependant, Ahri’ n’a jamais accepté non pour réponse, et s’il doit mettre les mains dans le cambouis pour mettre sur pied sa fine équipe, ainsi soit-il. Les deux rivaux échangent donc des sorts destructeurs en haut de la tour de Hegazha, jusqu’à ce que ce dernier saute à la gorge de son visiteur et que les deux basculent dans le vide et tombent comme des pierres vers le sol, quelques centaines de mètres plus bas…

Début spoiler…Cela ne trouble pas outre mesure Ahriman, qui en tant que Corvidae a vu son avenir et sait qu’il survivra à la chute. Et en effet, avant que la collision fatale ne se produise, le wingman que l’Archiviste en chef avait missionné pour lui donner un coup de main utilise ses propres pouvoirs pour amortir l’impact, et placer Hegazha en stase. C’est ce vieil Hathor Maat qui rend ce fier service à Ahriman, et bien que ses capacités de télékine laissent encore un peu à désirer, comme les lombaires douloureuses de notre héros peuvent en témoigner, il réussit par contre parfaitement à geler Heghaza sur pied, ce qui permettra aux cabalites de l’utiliser comme ingrédient pour leur futur grand œuvre, à défaut de pouvoir compter sur sa coopération active. Waste not, want change not, comme on disait à Tizca…Fin spoiler

AVIS :

Guère plus qu’une scène coupée dans l’épopée consacrée par Graham McNeill à Ahriman et Magnus le Rouge, ‘Dust’ fait partie de ces nouvelles irritantes qui n’apportent rien aux connaisseurs, tout en étant relativement cryptiques pour le néophyte. Si vous n’êtes pas familier des cultes Thousand Sons (Corvidae et Pavoni) ou ne savez pas qui sont Hathor Maat et Phosis T’kar, ne comptez pas sur McNeill pour vous briefer sur ces sujets, ce qui est dommage car ces détails sont au centre de son propos.

Si cette histoire est donc assez décevante, il est en revanche intéressant de noter que lors de sa sortie en 2012, elle fut rattachée au corpus 40K et non Hérésie d’Horus par la Black Library, ce qui était chronologiquement possible à ce moment. Cinq ans plus tard, McNeill fit mourir Hathor Maat avant la fin de l’Hérésie dans ‘The Crimson King’, plaçant une fois pour toute ‘Dust’ dans cette franchise. Cette nouvelle peut donc être considérée comme la secret track de l’Hérésie d’Horus (et comme beaucoup de secret tracks, elle n’est pas incontournable).

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Last Watch – L. Goulding [40K] :

INTRIGUE :

Last WatchSur la planète jungle de Phirus, le frère Felgir, Space Wolf rattaché à la Death Watch, a juré de traquer et de tuer en solo le dernier1 xénomorphe tyranide souillant de son infecte présence le domaine de l’Empereur. Bien qu’il soit parmi les chasseurs les plus mortels et discrets de la galaxie, le fier Loulou se fait toutefois surprendre comme un perdreau de l’année par sa proie, et un féroce combat s’engage entre le représentant de l’humanité et celui de la Grande Dévoreuse.

Malgré ses meilleurs efforts, récompensés par un poignet douloureux pour son adversaire chitineux, Felgir se fait surclasser par la vitesse et la férocité du Lictor, mais surtout par ses fléchettes thoraciques empoisonnées (et pourtant, c’est kikoolol, on est d’accord), dont la toxicité menace de transformer la Space Watch en Death Wolf. Terrassé par les toxines xenos, Fergy développe une gueule de bois express plus carabinée que s’il avait fait un cul sec de tonneau de mjød. Il se voit mourir et le lecteur aussi : cette histoire va-t-elle se conclure dans le sang et les larmes ?

Début spoilerRéponse : oui, mais pour le Lictor. Il s’avère que le Sergent de l’escouade de Felgir n’a finalement pas permis à cette tête brûlée de soloter le dernier boss de Phirus, mais a utilisé l’imprudent Space Wolf comme appât pour débusquer l’insaisissable bestiole et lui coller un bolt au mercure dans les cervicales pendant qu’elle était occupée à martyriser notre ami velu. Tout est bien qui finit bien (sauf pour le Lictor, encore une fois), et Marek Angeloi envoie un rapport confirmant le succès de la purge de Phirus à ses maîtres de l’Ordo Xenos, et demandant à être sorti du service actif de la Death Watch pour poursuivre ses xenocides sous les couleurs de son Chapitre d’origine. Et on peut compter sur un(e) Scythe of the Emperor pour continuer à moissonner du tyty…Fin spoiler

1 : Je sais ce que vous vous dîtes : comment peut-on être sûr que c’est le dernier ? Eh bien, il semble qu’il existe une technologie impériale très précise d’identification des Lictors, puisqu’il s’agit de la seconde histoire de la Black Library (après ‘13th Legion’) où le héros piste l’ultime Tyranide de la planète. TGCBL !

AVIS :

Goulding signe une petite histoire reprenant la trame classique du « chasseur/chassé », relevée par un coup de théâtre final relativement efficace (bien aidé en cela par le fait que dans un univers aussi grimdark que Warhammer 40,000, la nouvelle aurait très bien pu se terminer par la mort de Felgir). Il donne également des nouvelles de l’un de ses personnages SotE récurrents, la forte tête Marek Angeloi, dont on ne sait pas encore à ce stade si la demande de réaffectation a été acceptée par l’Inquisition. La bureaucratie génère des délais incompressibles, c’est connu…

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Thanquol Triumphant – C. L. Werner [WFB] :

INTRIGUE :

Thanquol TriumphantServir la volonté de l’Hérésiarque Kritislik n’est pas tous les jours chose facile, et ce n’est pas Thanquol qui dira le contraire. Chargé par son boss de détruire le Clan Krawl, dont l’alliance potentielle avec le Clan Mors pourrait déséquilibrer les rapports de force à Skarogne et réduire l’influence des Prophètes Gris sur la société skaven, notre machiavélique héros a réussi à convaincre le seigneur Fissk d’emmener son armée à l’assaut du camp orque le plus proche, en lui faisant le coup de la panne de la vision prophétique (en même temps, c’est dans sa fiche de poste).

Les combats font rage et ne tournent pas franchement en faveur des hommes rats, qui se font concasser par les brutes vertes au corps à corps et bombarder de rochers à distance. Cette situation compromise fait toutefois les affaires de Thanquol, qui n’attend que l’inévitable débâcle générale de l’armée skaven pour faire une belle plus-value. Le Prophète Gris s’est en effet arrangé avec le Clan Skully (on ne peut pas toujours compter sur le Clan Moulder) pour organiser un comité d’accueil dans les galeries du Clan Krawl, et réduire en esclavage les survivants de cette bataille. Cette fortune future ne lui sera toutefois d’aucune utilité s’il ne survit pas à la mêlée, et bien qu’il ait pris le soin de se positionner dans les lignes arrière, comme il sied à son rang, l’artillerie peau verte se révèle un peu trop précise à son goût. Après avoir manqué de finir en rat-prenade deux fois de suite en l’espace de quelques minutes, Thanquol décide que la plaisanterie a assez duré et envoie une bonne malefoudre carboniser l’irritant lance-roc. Problème réglé !

Début spoiler…Mais Thanquol ne serait pas Thanquol s’il arrivait tranquillement à ses fins, bien sûr. Il y a des gens qui ont de la chance dans leur malheur, Mr T. lui a de la poisse dans son bonheur. Avant de partir en fumée, le lance-roc a le temps d’expédier une ultime cartouche dans la boîte, qui dévie franchement et écrase le seigneur de guerre orque et sa garde rapprochée, paniquant le reste de sa Waaagh ! et renforçant le moral des Skavens. Voilà qui s’appelle arracher la victoire des mâchoires de la défaite, et si ce n’était pas ce qui avait été prévu par Thanquol, ce dernier a suffisamment de métier et de vice pour tirer profit de ce résultat improbable. Après tout, n’est-il pas le génial stratège ayant guidé le Clan Krawl vers une victoire éclatante sur la vermine orque grâce à ses visions, hein ?Fin spoiler

AVIS :

Thanquol, comme ses Némésis habituelles que sont Gotrek & Felix, fait partie des personnages de la Black Library dont les apparitions sont scriptées. On sait dès la première ligne que l’ingénieux Skaven va preeeeeeeeeesque réussir à mettre en exécution un plan aussi génial que retors, échouer de la manière la plus improbable qui soit, mais réussir malgré tout à se tirer d’affaire, souvent à un poil de moustache près. Ce petit ‘Thanquol Triumphant’ peut donc être vu comme un échantillon représentatif de ce (sous) genre, dont C. L. Werner est le principal représentant. Je pense qu’il aurait pu faire preuve d’un peu plus d’inventivité dans le déroulé de ces quelques pages, qui parviennent à être répétitives en dépit de leur nombre très limité, et la fin est un peu trop cousue de fil blanc à mon goût, mais ça reste tout à fait lisible.

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The Emperor’s Chosen – M. Lee [40K] :

INTRIGUE :

The Emperor's ChosenAlors qu’il se préparait studieusement avec ses frères au prochain assaut sur Sepharis Ultra, un jeune initié Black Templar du nom de Reinhardt est frappé par une vision de l’Empereur, lui annonçant qu’il est son 100,000,000,000,000ème sujet à lui adresser une prière aujourd’hui, et qu’il a donc gagné un iphone 7 ainsi que le droit de devenir son Champion dans la prochaine campagne. Quelle chance.

Reinhardt court au Reclusiam vider son sac auprès du Chapelain Karst, qui a tôt fait d’établir la véracité de l’expérience transcendantale vécue par le frère de bataille, et fait donc mander la panoplie du parfait petit Champion dans l’arsenal de la Barge de Bataille qui amène les Black Templars jusqu’à Sepharis Ultra. Protégé par l’Armure de la Foi et équipé de l’Epée Noire1, Reinhardt aura pour mission d’abattre le meneur des Seigneurs de la Désolation, une bande de Space Marines renégats ayant conquis cette planète impériale pour accomplir leurs sombres desseins. Du succès de ce duel avec le sorcier Word Bearers X’hal Urus dépendra le destin de ce monde, mais heureusement, l’Empereur a donné ses meilleurs conseils de bretteur à Son Champion, et Reinhardt débarque donc sur le champ de bataille avec une confiance inébranlable dans ses capacités…

Début spoiler…Malheureusement pour notre fringant héros, il sait aussi que son triomphe sera de courte durée, et que X’hal Urus lui portera un coup fatal avant de mourir. Un peu comme le duel entre l’Empereur et Horus, vous me direz. C’est tellement fluff que l’on peut supposer que ce fan transi de Reinhardt n’espérait pas meilleure destinée, et si le rideau tombe sur l’affrontement entre loyalistes et hérétiques avant que ce duel fatidique n’ait vraiment débuté, on peut tout de même considérer que cette nouvelle se termine par une happy end.Fin spoiler

1 : Enfin, une des Armures de la Foi, et une des Epées Noires du Chapitre (celle-ci avait tout de même plus de 9 400 ans au moment de la campagne, c’était un vieux modèle). Il faut bien faire des compromis sur l’originalité des reliques si on veut guerroyer à travers la galaxie.

AVIS :

Plus connu pour ses travaux Crimson Fists que Black Templars, Mike Lee s’empare d’un des mythes centraux de cette fière fraternité des fils de Dorn et en tire une micro-nouvelle illustrant le fanatisme fataliste des surhommes en noir et blanc. Sans être mauvais, le résultat est assez quelconque.

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Voyage of the Sunspear – B. Counter [WFB] :

INTRIGUE :

Voyage of the SunspearLorsqu’une flotte pirate mal inspirée décide de piller le littoral d’Ulthuan, la réaction des fiers Hauts Elfes ne se fait pas attendre, et une véritable armada prend la mer pour châtier les humains qui ont cru malin de titiller Doughnut Land. Menée par la grande amirale Caladoria depuis la barre de son catamaran de combat, le Sunspear, c’est une escadre entière de navires tous plus wahou les uns que les autres qui a pris la mer et franchi les portes de Lothern pour cingler vers le Vieux Monde. Bateau-tour pour l’Archimage Galindorm, yacht cristallin pour le Prince Keldorim, navire à menhirs envoyé par la cour de la Reine Éternelle, galère à feu grégeois de Caledor, sans compter la douzaine de vaisseaux classiques et les frégates-dagues qui escortent tout ce beau monde… c’est un spectacle époustouflant qui s’offre à la vue du lecteur (et des mouettes de Lothern), et on se dit que les malheureux adversaires de cette flotte bariolée ont vraiment du souci à se faire…

Début spoiler…Enfin ça, c’est si le Sunspear et ses camarades arrivent à bon port, ce qui est loin d’être certain. La nouvelle se termine en effet dans l’habitacle enfumé du Grimnir Revenge, un sous-marin nain dont le capitaine n’hésite pas longtemps avant d’ordonner un torpillage en règle de la flotte elfique. On ne saura pas ce qui a provoqué cette réaction belliqueuse, les Hauts Elfes n’en ayant pas après les Nains à ce stade, mais faut-il une raison à ces deux races pour se tirer dans les pattes (et les coques) depuis la Guerre de la Barbe, hein ? Fin spoiler

AVIS :

Ben Counter fait un crochet par le Monde qui Fut et nous livre une nouvelle maritime que l’on devine construite autour de son twist final, ce qui se conçoit tout à fait même si pour ma part, j’ai du mal à considérer qu’un vaisseau nain ferait acte de guerre envers une flotte haut elfe sans aucune provocation, rancune ou pas rancune. La décision fatidique du capitaine Granitebrow aurait pu être motivée dans une éventuelle suite à ce (dernier) ‘Voyage of the Sunspear’, mais à ma connaissance, on en est resté là.

Chose étonnante pour un habitué de 40K, et qui n’aura (à ma connaissance) signé qu’un roman et deux nouvelles – dont celle-ci – pour la franchise medfan de la GW-Fiction, Counter ne se gêne pas pour nous balancer des tonnes de fluff au détour de ces quelques pages, et nous livrer la description la plus fouillée de la marine de guerre des Hauts Elfes qui soit1. Cela rend la lecture de ‘Voyage of the Sunspear’ indispensable pour tout amateur de lore warhammeresque devant l’éternel.

1 : Il faut tout de même noter que Dread Fleet était sorti en 2011, l’année précédent la publication de cette nouvelle. Et la page du site de la Black Library où ‘Voyage of the Sunspear’ est offert à la vente fait encore la pub pour Man O ’War Corsair (mais que font leurs stagiaires ?)…

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The Third Wise Man – N. Vincent [40K] :

INTRIGUE :

The Third Wise ManPour le frère Constantine du Chapitre des Iron Snakes, l’heure du grand oral a sonné. Notre ami ambitionne de devenir Chapelain, mais pour cela il doit convaincre trois Capitaines (Didymos, Pheus et Cules) qu’il est le surhomme pour ce poste stratégique1. Prostré au sol dans la position du supplicateur ithakien (c’est-à-dire front contre sol, bras écarté et probablement en petite tenue – on sait s’amuser chez les Chapitres d’obédience hellénique), Constantine se fait fraîchement recevoir par son jury, chacun des Capitaines y allant de sa petite anecdote honteuse sur la carrière de l’impétrant.

Didymos ouvre les hostilités en lui rappelant qu’il a perdu trois hommes de son escouade lors de la mission sur Manolis. Cules renchérit en notant qu’il a fait pire sur Hrystalla, où il a été le seul survivant de son escouade, et a pantouflé pendant sept longues saisons sur Ithaka le temps de se refaire une santé après cela. Pheus enfonce enfin le clou en évoquant son refus d’obtempérer lors de la campagne de Baltasar, durant laquelle il n’a pas daigné participer à l’assaut en drop pod sur cette planète, qui fut finalement conquise par l’ennemi et arrachée du giron de l’Empereur. Ça fait tout de même beaucoup, vous le reconnaitrez, et ce ne sont pas les plus plates contritions de Constantine, qui « endure la douleur atroce de la perte de <insert boulette here>, depuis ce jour fatidique jusqu’à aujourd’hui, les cœurs lourds », qui changeront quelque chose à cette litanie d’échecs.

Toutefois, si Constantine n’a pas toujours brillé sur le champ de bataille, il a en revanche su cultiver de solides relations, et trois d’entre elles viennent prendre sa défense. Le premier à parler n’est autre que l’incontournable Sergent Priad, qui rappelle à l’auguste assemblée que Manolis s’est terminé par une victoire impériale, et que cinq milliards de loyaux sujets de l’Empereur ont été sauvés par l’action de Constantine et de ses hommes2. Et pour marquer le coup, Priad humecte délicatement le crâne chauve et les mains tendues de son poto, dans le respect des traditions aquatiques d’Ithaka.

Le deuxième avocat de Constantine est le frère Kater Holofurnace, fraîchement revenu de la Croisade de Sabbat, qui souligne que son camarade, dont Hrystalla était la première véritable mission, a réussi à ramener avec lui les glandes progénoïdes de toute son escouade, ce qui a permis au Chapitre de reconstituer ses forces. Ça n’excuse pas tout mais c’est tout de même honorable. Et Holofurnace de dégainer à son tour sa gourde pour une petit goutte à goutte rituel.

Enfin, c’est le Maître de Chapitre Seydon qui débarque en grande pompe dans la salle d’examen, et, conscient d’être en retard, se contente de micro waterboarder Constantine comme la tradition le veut, avant de le relever et de le féliciter pour son élévation au rang de Chapelain. Ce n’est qu’un peu plus tard que nous avons le fin mot de l’histoire à propos des opérations de Baltasar. Seydon, qui n’était que Capitaine à l’époque, a pris la décision d’un assaut en drop pod contre l’avis de Constantine, et le résultat désastreux de cette initiative montra avec le recul qui était le plus malin des deux. Mais ça n’a pas empêché Seydon de faire carrière, et c’est bien la morale de cette histoire : chez les Iron Snakes, la séniorité prend toujours le pas sur la sagesse. And I think it’s beautiful…

1 : Il doit aussi leur apporter des cadeaux (deux lances et un caleçon en cuir de wyrm marin), dans la plus grande tradition du népotisme impérial.
2 : Et puis Priad ne peut pas vraiment se permettre de juger sévèrement un collègue Sergent qui a perdu des hommes au combat, lui-même n’étant pas exempt de toute critique de ce point de vue là…

AVIS :

On croyait en avoir fini avec les Iron Snakes après ‘Brothers of the Snake’, mais ces Space Marines ont la peau dure et la sympathie d’un certain nombre d’auteurs de la Black Library (en plus de celle de Dan Abnett, bien sûr), ce qui explique leur persistance discrète dans la GW-Fiction. Cette petite histoire nous en apprend un peu plus sur les rites, décidément très fétichistes (tous ces échanges de fluides en gros balèzes en petite tenue, c’est suspect), de cette confrérie écailleuse, et de passer en revue une grande partie des têtes nommées de cet auguste Chapitre. Si vous êtes fans de ce dernier, c’est donc un must read absolu, sinon, vous pourrez tout de même apprécier une histoire de Space Marines où personne ne meurt et qui se finit bien (ce qui est assez rare).

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Strike and Fade – G. Haley [HH] :

INTRIGUE :

Strike and FadeAu lendemain de la monumentale trahison d’Isstvan V, un groupe de quatre Légionnaires Salamanders (Jo’phor, Hae’Phast, Go’sol et Donak) essaie tant bien que mal de survivre dans les désolations désolantes et désolées de cette planète désormais maudite. Bien que le moral soit bas, les loyalistes peuvent compter sur des activités de team building cathartique pour tenir le coup, comme par exemple embusquer des bikers Night Lords s’étant aventurés dans la pampa pour pratiquer la chasse à courre nostramane. C’est exactement comme celle que l’on connaît, sauf qu’il faut remplacer le renard par un Raven Guard à poil (si on n’en a pas, une autre Légion fait aussi l’affaire), et les chevaux par des motos. On peut utiliser une meute si on en a une sous la main, ce qui n’était pas le cas de nos amis de la 8ème. On ne peut pas toujours tout prévoir.

Comme on peut s’y attendre, les gentils lézards règlent leur affaire aux affreux jojos avec une efficacité consommée, et en profitent pour piquer le matos et les rations de leurs victimes afin d’alimenter leur effort de guérilla. Comme on dit, les petits ruisseaux font les grandes rafales de bolter. Malheureusement, leur camarade corbeau hérite d’une blessure thoracique mortelle au cours de l’échange de tir, et meurt dans les bras du noble Joe Fort, non sans avoir exprimé sa gratitude éternelle (plus que lui en tout cas) à ses frères de bataille pour l’avoir sauvé des griffes des Night Lords. Victoire tactique et victoire morale pour les Salamanders. Qu’ils en profitent, il n’y en aura plus beaucoup d’autres d’ici à la fin de l’Hérésie…

AVIS :

Si en 2012 tout le monde connaissait déjà la grande histoire d’Isstvan V (racontée dans ‘Galaxy in Flames’ par Ben Counter dès 2006), le sort des quelques survivants épars des Légions loyalistes étant tombées dans le piège de ce fieffé fripon d’Horus n’avait pas encore été couvert par grand-monde au sein de la Black Library. Guy Haley fut donc parmi les premiers à (re)donner leurs lettres de noblesse aux losers magnifiques des Légions Brisées, bien avant que Nottingham ne leur consacre un recueil de nouvelles (2017). Cette parenthèse historique mise à part, il n’y a pas grand-chose à dire de ce ‘Strike and Fade’, qui présente les Salamanders sous l’angle favorable qu’on leur connaît, mais ne développe pas assez son quatuor de personnages pour qu’on s’attache à eux. Potable.

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Honours – J. Swallow [40K] :

INTRIGUE :

HonoursLe Capitaine de la 1ère Compagnie des Blood Angels nous fait l’honneur d’expliquer comment il a gagné ses cicatrices, armes et emblèmes au cours de sa longue carrière. Il perdit un œil dans sa jeunesse, après avoir cru pouvoir se débarrasser en solo d’un Psyker finalement plus coriace que prévu. Son Maître de Chapitre lui remit l’épée énergétique Challenger après qu’il eut gagné un tournoi de tennis, et il l’utilisa pour bannir le Prince Démon de Tzeentch Sethselameth. Après être venu au secours d’une poignée d’Imperial Fists piégés pendant deux cents ans dans le siège d’une station spatiale (le rêve absolu pour eux), les fils de Dorn lui firent cadeau d’un bolter jaune poussin. Enfin, la gemme bleue ornant l’aquila de son plastron lui est revenue après des années de bons et loyaux services1.

On apprend pour terminer que le Capichef est en fait mort au combat, tout son stuff légendaire n’ayant pas fait le poids face à une horde de peaux vertes motivés à faire du vilain sur le monde ruche de Levion Gamma. Ce sont les risques du métier.

1 : Swallow ne devait plus avoir d’idées à ce moment là de l’écriture.

AVIS :

Swallow tire le maximum du format compliqué du 1.000 mots en troussant en décrivant par ses faits d’armes notables (avec un peu de fluff dedans, c’est appréciable) d’un héros méconnu du Chapitre des Blood Angels, ce qui est tout de même plus sympa à lire qu’une micro-baston entre deux tondus et trois pelés. Il y a même un micro-twist à la fin, attention appréciable de la part de l’auteur. Toujours trop cher pour ce que c’est, mais il y a bien pire que cet ‘Honours’, soyez-en certains.

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Deliverance Detail – D. Guymer [40K] :

INTRIGUE :

Deliverance DetailLa nouvelle commence mal pour Callan, membre des Forces de Défense Planétaire d’une planète tout juste conquise par un envahisseur extraterrestre. Emmené avec ses milliers de compagnons d’infortune dans une base militaire tenue par les vainqueurs, il attend, menotté et aveuglé, que son sort soit décidé. Malgré ces circonstances difficiles, il peut au moins compter sur sa foi en l’Empereur pour tenir le coup, à condition de rester discret pendant ses prières : ses gardes ont formellement interdit aux captifs de mentionner Son nom. Qu’importe : Callan est fier d’avoir fait son devoir et de s’être battu trois longues années contre les assauts des hordes chaotiques qui se sont abattues sur sa planète…

Début spoiler…En tout cas, c’est ce qu’il (et ses camarades) croyaient, jusqu’à ce que les assaillants soient rejoints par d’authentiques Space Marines. En plus de plier la campagne avec leur efficacité légendaire, les Astartes firent réaliser à Callan et ses comparses qu’ils s’étaient battus du mauvais côté de l’histoire, la faute à la corruption des dirigeants de la planète et à leur effort de propagande plutôt efficace.

Bien que notre héros dupé se soit aussitôt rendu après avoir réalisé sa méprise, la légendaire bienveillance impériale le mena tout droit au peloton d’exécution. On ne saura pas si la Garde Impériale réserva le même sort aux quinze millions de FDP hérétiques à l’insu de leur plein gré, mais ça ne m’étonnerait qu’à moitié…Fin spoiler

AVIS :

David Guymer livre une micro-histoire tout à fait grimdark dans ce ‘Deliverance Detail’, qui illustre à merveille que l’Imperium, lui, ne fait dedans (le détail, si vous ne suivez pas) lorsqu’il s’agit de pacifier une zone de guerre. Tant pis si vous avez été victime des circonstances ou d’un tour pendable du destin, la morale de l’histoire est qu’il y en a suffisamment comme vous à travers la galaxie pour que votre injuste disparition ne chagrine personne. Personne d’important en tout cas.

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The Contest – J. Ellinger [WFB] :

INTRIGUE :

The ContestLorsque Gotrek et Felix pénètrent dans une auberge minable comme le glorieux Empire en compte tant, après s’être tiré d’une embuscade perpétrée par des bandits locaux peu de temps auparavant, ils ne s’attendaient sans doute pas à ce que leur repos bien mérité soit interrompu par de belliqueux piliers de comptoir. Le récit de leur mésaventure par un Felix encore tout encrassé par cette algarade attire en effet l’attention hostile d’un certain Boxen, dont l’un des cousins a choisi l’honnête carrière de malandrin, et qui a sans doute payé de sa vie sa rencontre malavisée avec le power duo le plus mortel du Vieux Monde. Les risques du métier.

Boxen, qui bénéficie de l’avantage numérique grâce à la présence de quatre compagnons tout aussi interlopes que lui, est tout prêt à lancer une bagarre générale pour réparer l’honneur familial, mais l’aubergiste le convainc que ce n’est pas dans son intérêt d’attirer l’attention de la milice locale sur son gang de petites frappes : aussi, l’affaire sera résolue d’une manière beaucoup plus civile. Un concours de descente de pintes est lancé sans plus tarder, le perdant se retrouvant à la merci du gagnant pour une explication de texte dans un coin tranquille et à l’abri des regards.

Gotrek, sûr de la force de son bras (et de son foie) accepte sans broncher ni réfléchir les conditions défavorables formulées par le retors Boxen avant que l’épreuve ne commence. Alors que le Nain lèvera le coude seul, Boxen et ses hommes picoleront en équipe et se partageront les pintes, rapport de force qui alerte Felix malgré les solides atouts dont le Tueur dispose en matière de picole.

Au final, et après plusieurs heures et tonneaux vidés sans pitié, le concours se termine avant que Boxen et Gotrek n’aient rendu les armes, faute de liquide alcoolisé à ingérer. Très déçu par ce match nul, Gotrek décide de se passer les nerfs sur le dernier ruffian encore debout et éclate donc le pif de Boxen pour la forme, dont le coma éthylique doit se poursuivre encore aujourd’hui…

AVIS :

Une aventure de Gotrek et Felix où personne ne meurt (ou en tout cas, pas face caméra), c’est assez rare pour le souligner. Ceci dit, j’aurais bien aimé que Jordan Ellinger relève le défi d’adapter le plus fidèlement possible le schéma narratif classique de ce sous-genre emblématique de la GW-Fiction dans un format micro-fiction, pour pouvoir juger sur pièce si le concept tient la route (franchement, il y a moyen de faire quelque chose je pense). Cela aurait rendu ‘The Contest’ plus mémorable que ces quelques pages alcoolisées, sans nul doute.

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The Little Things – S. Mitchell [40K] :

INTRIGUE :

The Little THingsDe passage sur une station orbitale très touristique entre deux affections sur le front, le Commissaire Ciaphas Cain profite de la relâche pour rendre une visite de courtoisie à sa bonne amie l’Inquisitrice Amberley Veil, qui réside dans une suite de luxe sous une de ses identités d’emprunt. En gentleman qu’il est, Cain prend soin d’acheter en chemin un bouquet d’heganthas car comme il le dit très bien en aparté quelques lignes plus loin : sur le champ de bataille comme dans un rendez-vous galant, c’est l’attention aux petits détails qui sépare les victimes des vainqueurs.

Accueilli chez sa chère et tendre par sa suivante Zemelda pendant qu’Amberley vocalise sous la douche, Cain a à peine le temps de saluer sa sculpturale hôtesse à la sortie de sa toilette qu’un domestique indélicat vient tambouriner à la porte. Cette impolitesse s’explique par le fait que le nouveau venu n’est pas vraiment venu pour monter des clubs sandwiches aux tourtereaux, comme il le prétend, mais pour tenter de kidnapper Amberley a.k.a. la riche duchesse Trucmuche de la planète de Cétréloin afin de demander une rançon à sa famille. Les pauvres jaloux des riches, vraiment, quelle plaie.

Malheureusement pour le ruffian et ses deux comparses, il faut plus qu’une arrivée au débotté pour mettre en difficulté un héros de la trempe de Cain, surtout s’il peut compter sur l’aide d’Amberley qui n’hésite pas un instant à reconvertir sa serviette drap en fouet, désarmant le dernier larron au moment où il allait donner au Commissaire un nouveau trou de balle et permettant à ce dernier de lui rendre la pareille de manière préventive. Comme Cain le fait remarquer avant que le rideau ne tombe définitivement sur cette soirée entre adultes consentants, le malfrat aura au moins eu la chance d’emporter avec lui une dernière vision beaucoup plus plaisante que la majorité des tués du 41ème millénaire. Ce n’est pas grand-chose c’est vrai, mais comme dit plus haut, ce sont les petites choses qui comptent…

AVIS :

Aventure plus grivoise que musclée de Ciaphas Cain, ‘The Little Things’ ne fait rien d’autre que montrer au lectorat de l’héroïque Commissaire que ce dernier sait prendre du bon temps lorsque le devoir ne l’appelle pas, même si sa capacité surnaturelle à créer du drama autour de lui peut générer quelques menus désagréments de temps à autre. Rien que les habitués de la saga ne connaissent pas déjà.

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On the Heels of Morkai – N. Kyme [40K] :

INTRIGUE :

On the Heels of MorkaiÀ la surface de Fenris, un humain solitaire est poursuivi par deux des loups géants pour lesquels la planète est célèbre à travers l’Imperium. Sa course échevelée (tous les locaux portent la moumoute, c’est une coutume immémoriale) le mène à travers un lac gelé, où il réveille par mégarde un kraken endormi sous la surface. N’étant équipé que de sa biht1 et de son couteau, cette rencontre aurait pu très mal se terminer pour notre marathonien de l’extrême, qui parvient toutefois à regagner la terre ferme avant de se faire tentaculer par le poulpe d’eau douce.

Pas le temps de reprendre son souffle, cependant : il faut à notre coureur isolé traverser une forêt pleine d’arbres en bois, puis s’atteler à l’ascension en solo d’une falaise de 400 mètres de haut, toujours poursuivi par les infatigables prédateurs de la toundra de Fenris (qui ont certainement trouvé un chemin pour monter en haut du pic, ce qui pose la question de pourquoi notre athlète n’a pas fait la même chose au lieu de risquer sa vie de la sorte…). Enfin arrivé au sommet, il fait face à la figure imposante d’un Prêtre des Runes Space Wolf, et se prépare à être jugé par cet austère guerrier…

Début spoiler…Enfin ça, c’est si notre héros avait été un simple impétrant au Chapitre. Canis Wolfborn, car c’était lui, a passé cette épreuve depuis belle lurette, et le gonze qui l’attend en haut de la montagne est simplement venu le rappeler à ses devoirs. Un appel à l’aide est parvenu jusqu’au Croc, et en l’absence probable de Harald Deathwolf, il revient à son champion de décider si le rout y donnera suite. Comme on peut s’y attendre, Canis accepte avec joie de relever ce défi, promettant à ses loups de compagnie Timba et Mia (avec lesquels il faisait la course, et n’était pas chassé par ces derniers comme on en avait l’impression) qu’il leur accordera une revanche à son retour. Mais le travail avant tout. Fin spoiler

1 : Un mot fenrisien dont le sens a malheureusement été perdu. C’est dommage.

AVIS :

Mine de rien, les nouvelles de la Black Library où un Space Wolf court comme un dératé à travers la toundra en essayant de survivre aux conditions extrêmes dans lesquelles il évolue sont suffisamment nombreuses pour constituer un sous-genre de la littérature grimdark. Même si la concurrence n’est pas pléthorique, ‘On the Heels of Morkai’ peine à s’imposer comme un modèle du genre, la surprise finale réservée au lecteur par Nick Kyme ne s’avérant (à mon sens) guère crédible. Voir un Prêtre Rune attendre patiemment en haut d’une falaise que son boss termine sa morning routine (et venir sur place avec Fangir1 pour encore plus de fun) au lieu de cueillir Canis en plein milieu de la pampa avec un Stormfang me semble vraiment peu correspondre au lore de 40K. Dispensable.

1 : Ici orthographié Fregir, probablement parce que Kyme est trop haut placé à la BL pour que ses textes soient relus et édités.

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The Last Little Bit – R. Earl [WFB] :

INTRIGUE :

The Last Little BitIl est temps pour Gofg Dent d’Or Tyran de sa tribu depuis plus de quarante ans, de se choisir un héritier. Il se fait vieux (même pour un Ogre), et a déjà dû refroidir les ardeurs parricides de deux de ses fils d’une manière définitive par le passé : il est grand temps de passer la main. Pour ce faire, il a convié le reste de sa marmaille à un gueuleton de compétition, où les règles sont simples : qui mange gagne.

Après trois jours à banqueter sans interruption, ils ne sont plus que trois à la table : Papa Gofg, Grond et Graissus. Bien que les trois Ogres soient depuis longtemps passés dans le dur, aucun n’est prêt à baisser la garde ni à jeter la serviette, et le Boucher de la tribu continue à les régaler de ses spécialités carnées (et plus ou moins faisandées, ça rajoute du goût), jusqu’à ce que le drame se produise : le garde-manger a été vidé, il ne reste plus rien à ingérer pour nos fins gourmets.

Bien que Père Castor Dent d’Or soit en faveur de déclarer un match nul, quitte à recommencer plus tard (le temps de digérer un peu, et de passer au petit coin – je plains le service de ménage Gnoblar…), Graissus ne peut se résoudre à interrompre son effort si près de la victoire. Il attrape donc une chaise, et la fracasse péniblement sur le crâne paternel, envoyant ad patres le vieux Tyran. Dès lors, la suite est toute tracée : le Boucher découpe prestement le cadavre du macchabée en deux parts égales (de 250 kilos chacune, tout de même), et le concours d’ingestion peut reprendre de plus belle.

Malgré les conséquences terribles pour son système digestif, poussé dans ses derniers retranchements par cette boulimie cannibale, Graissus parvient en premier à terminer sa moitié alors que Grond démontre des signes manifestes de calage. Enfin, presque terminer. Il lui reste en effet sa part du « dernier petit bout1 » paternel à ingurgiter, et lorsque le Boucher fait son office et tranche l’ultime portion en deux, Grond se met à dégobiller le contenu de sa panse boursoufflée. Qui a dit que les Ogres n’étaient pas sensibles ? Ce déluge de vomi, dont il prend quelques litres en pleine figure, ne perturbe pas le moins du monde Graissus, qui avale sans faiblir le dernier morceau et devient par la même occasion Tyran incontesté de la tribu Dent d’Or. La suite appartient à l’histoire (et à la cuvette des toilettes…).

1 : Que Robert Earl se contente d’appeler de cette manière, comme s’il s’agissait d’une expression consacrée (après quelques recherches, je n’ai rien trouvé de tel). Vous pouvez donc vous représentez ce que vous voulez, et pas seulement l’option la plus salace qui soit (pervers).

AVIS :

Robert Earl, grand spécialiste des Ogres devant l’éternel, développe en quelques pages l’origin story du plus grand – et gras – des Tyrans des Montagnes des Larmes, présentée de manière succincte dans les Livres d’Armée de cette noble race. Même si on sait d’avance comment l’histoire se termine, notre homme est assez bon conteur pour que le récit de ce banquet proprement pantagruélique, voire même carrément gargantuesque, mérite la lecture. C’est gore, c’est glauque, mais ça reste malgré tout assez drôle tellement c’est over the top en matière d’ingestion de protéines. À consommer jusqu’au dernier petit bout, comme il se doit.

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Like Father, Like Son – M. Latham [WFB] :

INTRIGUE :

Like Father, Like SonUn homme (Jens) et son jeune fils de cinq ans s’aventurent en pleine nuit à travers les terres sauvages et pas vraiment hospitalières de l’arrière-pays du Middenland. En chemin, Jens prend soin d’inculquer à son rejeton tous les trucs et astuces de trappeur trotro balèze qu’il a lui-même appris de ses aïeux ou développé au cours de sa longue et ardue existence, comme ne jamais utiliser l’autoroute (c’est cher et c’est mal fréquenté), ou encore éviter la compagnie des étrangers. Un gai luron ce Jens, vraiment.

Leur road trip nocturne emmène les deux marcheurs à travers les ténèbres de la Drakwald, et sur le territoire des multiples prédateurs qui y rôdent. Après avoir repoussé l’attaque d’une meute de loups un peu trop entreprenante, et évité les toiles d’araignées de fort belle taille, la destination que Jens cherchait à atteindre apparaît enfin au détour du sentier. Nul doute que ça valait le déplacement…

Début spoiler…Et en effet, on ne trouve pas plus chaude ambiance à des lieues à la ronde que le campement d’Hommes Bêtes où le vieil excentrique a amenés son fiston. Jens n’est pourtant pas un adepte du Chaos, seulement un père lucide : son petit gars est un mutant dont les difformités sont trop visibles pour lui permettre de vivre normalement parmi ses semblables, et le seul moyen pour lui d’échapper au bûcher des Répurgateurs est de partir en pension dans une harde de Gors plus ouverts d’esprit que le péquin impérial moyen. La nouvelle se termine alors que le Chamane de la tribu s’en va accueillir la nouvelle recrue de cette dernière, laissant Jens partir sain et sauf mais le cœur gros d’abandonner son enfant. Le placement est parfois la seule solution qui vaille…Fin spoiler

AVIS :

Même si on se doute rapidement à la lecture de ‘Like Father, Like Son’ que Mark Latham nous réserve une surprise finale, ce dernier mène bien sa barque et parvient à accomplir son objectif avec cette petite nouvelle qui explore de manière assez touchante les liens ténus mais pas absents entre humains « normaux » et mutants dans le monde de Warhammer. A classer à proximité de ‘The Hunter’ (G. Lyon), tant pour la longueur que pour les protagonistes, mais à placer au-dessus de cette autre microfiction.

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Out Caste – P. Fehervari [40K] :

INTRIGUE :

Out CasteUne vétérane (et c’est assez rare pour le souligner) couturée de la Caste de Feu se souvient de ses débuts au service du Bien Suprême, du temps où elle était une jeune recrue charismatique et déterminée à s’élever dans les rangs. Baptisée J’kaara (miroir) en raison de sa nature altruiste et de sa capacité à tirer le meilleur de ses camarades, elle commença sa carrière lors de campagnes mineures contre la menace Ork. Le vrai test fut cependant l’invasion de la planète Oba’rai, monde impérial isolé et défendu par un seul régiment de Gardes Impériaux, des adversaires bien plus nobles que les peaux vertes aux yeux de l’idéaliste Kaaren.

La campagne se déroula parfaitement du point de vue du haut commandement, les humains se faisant surclasser par les tactiques de frappes éclair et la supériorité technologique de leurs adversaires. Lorsque la capitale planétaire tomba sous les bombardements, des auxiliaires Kroots furent envoyés faire le sale boulot (et casser la croûte) dans les décombres de la cité pour éliminer les dernières poches de résistance, plutôt que de risquer la vie de braves, mais pas téméraires, T’au. Ce choix raisonnable ne satisfit cependant pas J’Kaara, qui désobéit aux ordres et emmena son escouade faire un peu de tourisme en zone de guerre urbaine afin d’assouvir ses penchants héroïco-morbides.

Mal lui en prit toutefois, car elle croisa en route un Commissaire impérial brûlé au 8ème degré mais dont la vue d’une peau bleue le sortit de l’état catatonique dans laquelle la tempête de feu déchaînée par les T’au l’avait placé. Bien que ses camarades ionisèrent le faquin avant qu’il n’ait pu régler son affaire à la pauvre J’kaara, cette dernière sortit de cette rencontre fortuite avec une énorme balafre, l’épée tronçonneuse de l’officier gue’la ayant transpercé son casque sans coup férir. Cette mésaventure ne fractura pas seulement le crâne de notre héroïne, mais également son sentiment de fraternité avec ses camarades, qui se mirent à appeler la shas’ui Jhi’kaara, ou miroir brisé. Sometimes, it’s better not to say hi, you know…

AVIS :

Peter Fehervari nous entraîne dans les premières vrilles de son Dark Coil1 avec cet ‘Out Caste’, qui met en scène le premier personnage récurrent de cette série iconique de la Black Library, la gueule cassée Jhi’kaara (que l’on retrouve dans ‘A Sanctuary of Wyrms’ et ‘Altar of Maws’), dont on apprend en quelques pages l’histoire traumatisante – dans tous les sens du terme. Ce n’est pas aussi inventif dans le propos ou virtuose dans l’exécution que les nouvelles et romans qui ont suivi, mais ça reste malgré tout une très bonne entrée de GW-Fiction.

1 : Sa première nouvelle (‘Nightfall’) pour la Black Library date de 2011, et bien qu’elle se déroule techniquement dans le même coin de galaxie que le reste du corpus Fehervariesque, les liens avec ce dernier sont assez ténus, comme si notre homme n’avait pas encore décidé de se lancer dans une véritable œuvre au long cours à ce stade.

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Czevak to the Dark Tower Came – R. Sanders [40K] :

INTRIGUE :

Czevak to the Dark Tower CameLe calme profond de la lune Savignor, centre de recherche et de formation réputé parmi l’élite du Segmentum Obscurus, est brutalement brisé par l’arrivée pétaradante de l’Inquisiteur Bronislaw Czevak, qui franchit l’un des portails de la Toile aux manettes d’une motojet sans nul doute « empruntée » à une connaissance Eldar.

Si les universitaires qui composent la majorité des habitants de ce petit havre de paix et d’ordre dans une galaxie tourmentée s’offusquent de cette arrivée bruyante autant qu’inattendue, ils n’en donnent pas signe. Ils ont pour cela une bonne raison, comme Czevak ne tarde pas à le découvrir une fois qu’il a terminé des faire des burn dans les pelouses de son ancien QG (il a étudié sur Savignor en son jeune temps) : ils sont tous morts. Un suicide de masse semble avoir été décrété sur la lune il y a quelques heures, et les Savignoriens, en bons sujets de l’Imperium, se sont pliés à cette injonction morbide sans rechigner. Comme c’est gentil de leur part.

Enquêter sur les raisons de cet acte de folie collective aurait sans doute pris des plombes, mais heureusement notre héros a de bonnes raisons de suspecter que ce fieffé coquin d’Ahzek Ahriman est derrière tout ça (comme il était derrière Tizca). Czevak part donc à fond de train en direction de la fameuse Tour Sombre de Savignor, où sont enfermés les reliques et tomes les plus dangereux de la collection planétaire afin de préserver l’Imperium de leur sinistre influence tout en permettant aux quelques esprits assez aiguisés pour cette tâche de consulter ces archives interdites. Si le concept ressemble furieusement à la Bibliothèque Interdite des Eldars, où Czevak a finalement réussi à obtenir sa carte (‘Atlas Infernal’), ce n’est absolument pas une coïncidence. Malheureusement pour les gardiens de la Tour Sombre, le Materium est beaucoup trop accessible aux ruffians de tout espèce, et le petit contingent de Gardes Impériaux (en robe !) stationné sur la lune pour en assurer la sécurité n’a rien pu faire contre la fureur méthodique des Rubric Marines d’Ahriman, comme les impacts de bolter parsemant les murs et les corps croisés par Czevak le montrent bien.

Après une ascension éprouvante et capacitiste (il n’y a aucun ascenseur dans la Tour Sombre, soi-disant pour permettre aux visiteurs de discuter et débattre entre eux sur le chemin de la connaissance), notre héros arrive à l’épicentre du drame qui s’est joué sur Savignor. Dans un hall d’exposition comme la Tour en compte des dizaines, les éclats épars d’une statue de cristal jonchent le sol. Cette statue, un jeune Czevak l’avait contemplée un jour qu’il était entré par effraction dans la Tour Sombre (dont le niveau de protection laisse vraiment à désirer), sans comprendre qu’il s’agissait des restes d’un Prophète Eldar trèèèèèèèèès âgé. Ce n’est que des années plus tard, et grâce aux connaissances glanées au contact des Prophètes Blancs de la Bibliothèque Interdite, que l’Inquisiteur a réalisé que cette statue kitschissime était une relique psychique d’une valeur incommensurable, dont l’un des nombreux usages pouvait être un catalyseur de prophétie, ou quelque chose comme ça (vous voyez l’idée).

On ne saura pas comment Ahriman eut vent de l’existence et de la localisation de cette statue, mais force est de constater qu’il a réussi son coup, comme les fragments cristallins et la très lourde ambiance planant sur les décombres le laissent constater. L’esprit endurci de Czevak et la protection apportée par l’Atlas Infernal lui permettent de ne pas succomber à la même sinistrose terminale que celle qui a déferlé sur les pauvres Savignorais lorsque que le Sorcier suédois s’est offert une latte de crystal meth, mais les nouvelles ne sont pas bonnes pour autant. Il semble qu’Ahriman ait localisé un fil de destinée qui lui permettrait d’atteindre son but : être élevé au rang de divinité (mineure, faut pas déconner) du Chaos. À Bronislaw Czevak d’empêcher cette ascension s’il le peut : le sort de l’Imperium pourrait bien en dépendre…

AVIS :

Rob Sanders poursuit sa biographie de l’Inquisiteur Czevak dans ce court (sauf le titre) ‘Czevak to the Dark Tower Came1’, publié après la sortie du roman ‘Atlas Infernal’, déjà consacré à ce membre iconoclaste des Saints Ordos. On sent une volonté de l’auteur de remettre une pièce dans la machine, et de redonner un but à son héros bariolé après les événements narrés dans le long format précédemment cité. Le résultat est convenable, les miettes de fluff relatifs à Czevak et au Segmentum Obscurus que contiennent ces quelques pages venant agréablement compléter une intrigue simple mais bien alignée avec les canons du grimdark (il n’y a qu’à 40K que des millions de personnes peuvent se suicider après qu’une babiole en cristal de roche ait été fracassée au sol). Ayant déjà lu le reste des travaux Czevakiens de Sanders au moment où je m’attèle à cette revue, je peux malheureusement vous assurer qu’il est mieux de laisser définitivement le bon Inquisiteur sur ce relatif succès narratif, plutôt que de s’affliger les péripéties pataudes que Sanders et la BL crurent bon de développer dans ‘Necessary Evil’ et ‘Shadow Play’.

1 : Une référence au poème de ‘Childe Roland to the Dark Tower Came’ Robert Browning, lui-même inspiré d’une tirade du ‘Roi Lear’ de Shakespeare. C’est la même « tour sombre » qui inspira également les œuvres de C. S. Lewis (le papa des ‘Chroniques de Narnia’) et de Stephen King.

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Veritas Ferrum – D. Annandale [HH] :

INTRIGUE :

Veritas FerrumIl est des événements auxquels il vaut mieux arriver tôt pour être certain de les expérimenter dans les meilleures conditions. Qu’il s’agisse de se retrouver au 78ème rang d’un concert à la sono capricieuse, ou de découvrir que le bar ne sert plus que des soft, on a tous connu des grands moments de solitude de temps à autres. Fort heureusement (?) pour le Capitaine Durun Atticus et son contingent d’Iron Hands embarqués sur le Veritas Ferrum, le massacre d’Isstvan V ne se déroula pas selon la règle du « premier arrivé, premier servi ». Bien que relégués dans la seconde vague medusane à cause de l’empressement de Ferrus Manus d’aller mettre une taloche à ses frangins rebelles, et ainsi gagner la gratitude (à défaut de l’amour, ce serait trop demander) paternelle, Atticus et ses Space Marines arrivent dans le système à temps pour bénéficier de la légendaire hospitalité des légions renégates, et le Veritas Ferrum se retrouve engagé par deux croiseurs des Night Lords et de l’Alpha Legion à peine sorti du point de Mandeville. On peut dire ce qu’on veut de lui, mais Horus a toujours été un hôte prévenant.

Trop pragmatique et désincarné pour se ronger les ongles (par absence de dents et d’ongles) devant ce coup du sort, Atticus passe en mode MathHammer et prend les décisions qui s’imposent pour sortir victorieux de ce threesome non désiré. Rencardé sur la situation désastreuse des loyalistes à la surface d’Isstvan V et le probable décès de son Primarque par les extraits de communication entre unités Iron Hands captés par le pont du Veritas Ferrum, le pragmatique Capitaine ordonne la retraite, conscient qu’il est de sa responsabilité de sauver ce qui peut l’être de sa Légion de cette débâcle.

C’est le moment que choisissent deux Thunderhawks Salamanders pour se joindre aux réjouissances, talonnés par une escadre de vaisseaux Sons of Horus et Emperor’s Children. À leur bord, le Sergent Khi’dem contacte le Veritas Ferrum pour l’implorer de les prendre en stop avant qu’il ne leur arrive malheur, et parvient à toucher une des rares cordes sensibles d’Atticus lorsqu’il révèle que des Iron Hands font partie des survivants ramassés par les altruistes fils de Vulkan avant leur départ en catastrophe. Atticus se ravise donc, et le Veritas Ferrum se jette dans la gueule du loup lunaire1 pour prendre à son bord les Thunderhawks durement éprouvés, héritant au passage de quelques dommages supplémentaires dont une brèche critique sur un flanc.

Au final, l’acte chevaleresque d’Atticus lui coûte plus de vies d’Astartes qu’il n’en rapporte (c’est ce qui s’appelle se faire ratio au 31ème millénaire), et le saut Warp que le Veritas Ferrum s’apprête à faire pour semer ses poursuivants s’avère des plus risqués, les dommages de coque subis lors de la dernière canonnade ayant compromis son intégrité. Les mains de fer et leurs amis à écailles et à plumes parviendront-ils à s’en sortir ? La réponse au prochain épisode…

1 : Enfin plus vraiment à ce stade, mais si vous avez compris la référence, vous excuserez la blague (ou l’inverse).

AVIS :

Prologue du plus mauvais (ou en tout cas, le moins bien accueilli par la communauté, comme sa note de 3.23 – aux dernières nouvelles – sur GoodReads le montre) roman de l’Hérésie d’Horus, ‘Veritas Ferrum’ n’est pas aussi mauvais que son infâme filiation pourrait le laisser craindre. Cette petite nouvelle permet ainsi d’illustrer le côté sans concession des Iron Hands, prêts à abandonner leurs frères et leur Primarque sur le champ de bataille si cela leur permet de maximiser leurs chances de remporter la campagne. Pas mémorable, mais pas abominable non plus.

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Et voilà qui conclut cette revue, tardive mais pas inutile (en tout cas je l’espère) du Black Library 2012 Advent Calendar. Je dois reconnaître que j’ai été favorablement surpris par la qualité des soumissions proposées par les 24 auteurs rassemblés par les pontes de Nottingham pour cette expérimentation festive, malgré un format peu évident à négocier et une offre commerciale réservée à la clientèle la plus aisée de ce hobby de riches qui est le nôtre. Rien que pour ce dernier facteur, je ne regrette pas d’avoir fait l’impasse sur ce bundle à sa sortie, tout comme je ne regrette pas d’avoir parcouru cette sélection de microfictions écrites par quelques-unes de meilleures plumes de la GW-Fiction. Vous parlez d’un paradoxe. Rendez-vous dans un futur incertain mais sans doute pas trop lointain pour la suite de la série, dont vous pouvez déjà deviner l’année, sans nul doute…

BLACK LIBRARY WEEKENDER ANTHOLOGY I [Recueil]

Bonjour et bienvenue dans cette revue de la Black Library Weekender Anthology I, autre recueil confidentiel que la BL a « rendu disponible » en 2012. La particularité de l’objet qui nous intéresse aujourd’hui, partagée avec son pendant qu’est la Black Library Weekender Anthology… II, est qu’il ne fut diffusé qu’à un endroit (le Nottingham Belfry hotel), et pendant une seule journée (le 3 novembre 2012), ce qui en fait l’un des livres les plus collector qui soient de toute la GW-Fiction. Comme vous vous en doutez avec un nom pareil, le but était bien évidemment de récompenser les fans ayant fait le déplacement jusqu’à cette contrée reculée que sont les East Midlands en leur permettant de mettre la main sur quelques nouvelles inédites. Et on peut reconnaître à la BL d’avoir fait les choses en grand, puisqu’un recueil différent fut proposé pendant chacune des deux journées de l’événement.

Black Library Weekender Anthology I.

Sur le modèle des Black Library Games Day Anthologies (chroniqué ici pour le millésime 2011/12, et pour le millésime 2012/13), les BLWA regroupent six courts formats, mélangeant l’Hérésie d’Horus, le 41ème millénaire et le Monde Qui Fut. Côté line up, le 6 rassemblé par les éditeurs de la BL pour cette première mi-temps est plutôt solide, avec un James Swallow en dernier défenseur hérétique, Smillie, French et Mitchell en milieux grimdark et McNeill et Josh Reynolds à la pointe de l’attaque med fan. Que dire de plus, à part Go Go Notts !  

Black Library Weekender Anthology I

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Lost Sons – J. Swallow |HH] :

INTRIGUE :

Lost SonsLes jours se suivent et se ressemblent sur Baal depuis que les Blood Angels sont tous partis châtier les Nephilim dans l’amas de Signus, comme demandé par Horus ‘Primes Inter Pares’ Lupercal à son frérot Sanguinius. Tous ? Non ! Comme l’addendum de l’ordre de mission l’autorisait, l’Ange a laissé une équipe de maintenance dans sa forteresse pour veiller au grain de sable en attendant son retour. Les 20 tondus ayant eu le grand honneur de rester à domicile patientent depuis plus de cinq ans dans le calme absolu de l’arrière-pays baalite, maintenant l’inflexible discipline et l’élégance vestimentaire qui ont fait la réputation des Blood Angels. Le chef de cette petite confrérie est le Chapelain Arkad, catapulté Gardien de Baal (c’est mieux que gardien de but) par Sanguinius avant son départ. Bien qu’habituellement calme, son sacerdoce l’a déjà amené à deux doigts de crozuser la goule de ses frères, lorsque certains d’eux ont cherché à abandonner leur poste pour partir à la recherche de leur famille perdue. Le déclenchement de la Tempête de la Ruine a en effet rendu toute communication avec la Légion angélique impossible, laissant nos plantons ressasser des idées plus noires que rouges sur le destin des Blood Angels.

A cela est venu s’ajouter les rumeurs, puis la confirmation officielle, de la trahison d’Horus et des massacres d’Isstvan et de Calth, et plus généralement d’une guerre civile de grande ampleur dans l’Imperium. Aussi, lorsqu’un vaisseau émerge du point de Mandeville du système de Baal et se dirige droit vers la forteresse quasi-déserte, c’est la méfiance qui domine chez Arkad et ses comparses. Il s’avère que le nouvel arrivé dispose de l’immunité diplomatique du 30ème millénaire, en cela qu’il est au service de Malcador le Sigilite, qui du haut de son poste de Régent de Terra, agit comme bon lui semble pendant que l’Empereur essaie désespérément d’isoler les combles de son Palais contre les courants d’air de Warp. Pingre comme jamais, le vioque a envoyé un unique émissaire, le Space Marine Tylos Rubio, ayant abandonné le bleu profond des Ultramarines pour le gris terne des Chevaliers Errants. Au moins, l’entretien est facile. Arkad et son copain Hezen sont atterrés de voir que leur visiteur est un Archiviste (Edit de Nikea, etc…), mais le sont bien davantage lorsque Rubio leur tend un parchemin avec accusé de réception annonçant la dissolution des Blood Angels. Gasp.

 La raison de cet acte administratif d’une brutalité sans nom est simple : considérant la 9ème Légion définitivement perdue du fait de la disparition pure et simple de l’amas de Signus, Malcador souhaite mettre la main sur les ressources considérables des Blood Angels en termes de matériel, d’armement et de glandes progénoïdes, afin de gérer au mieux son effort de guerre. Rien de personnel les gars, c’est que du business. Rubio informe toutefois ses hôtes que refuser d’obtempérer leur vaudra d’être déclarés traîtres à l’Imperium à leur tour, mais qu’il peut faire jouer ses relations pour leur trouver un poste à la MLCDR Corp, s’ils le souhaitent.

Cette décision unilatérale passe évidemment très mal chez les anges, aussi sanguins que leur blase le laisse présager. Après une réunion de famille houleuse, le Gardien s’en va porter la réponse du groupe à Rubio, qui patiente dans son véhicule de fonction en écoutant les Grosses Têtes : un non franc et massif. L’Archiviste s’attendait à ce refus de principe, et ne trouve rien à redire au projet des 20 derniers Blood Angels, qui ont repeint leur armure en noir pour l’occasion (parce qu’ils se considèrent comme faisant partie de la Compagnie de la Mort maintenant, wink wink) d’aller traquer Horus pour lui passer un savon1. Il est par contre beaucoup moins conciliant lorsque ses vis-à-vis refusent aussi d’ordonner à l’équipage de la petite flotte laissée par Sanguinius en orbite autour de Baal de coopérer à leur réaffectation prochaine. La tension monte soudainement d’un cran entre les cousins énergétiques.

Avant que Rubio n’ait pu commettre l’irréparable, comme crier « tu dépasses les bornes, Arkad ! » à son homologue, l’Astropathe local arrive en courant pour transmettre un message des plus urgents à ses patrons. Il s’agit d’une communication signée Raldoron, le premier Capitaine des Blood Angels, déclarant que Sanguinius est bien en vie et que la Légion perdure. Ce voicemail opportun, même s’il sonne le glas de l’Astropathe (ou peut-être est-ce son sprint de 300 mètres qui lui a été fatal), réjouit fortement Arkad et ses boys, et leur donne une opportunité en or pour renvoyer Rubio vers Terra avec la coiffe psychique entre les jambes. Ça ne s’est pas joué à grand-chose, mais les Blood Angels sont toujours officiellement dans la course, et il faudra compter sur eux pendant la seconde moitié de l’Hérésie.

1 : Enfin si, il trouve ça très con. Mais chacun ses fétiches hein.

AVIS :

James Swallow nous sert une nouvelle behind the scenes de l’Hérésie d’Horus, en se penchant sur les lignes trèèèès arrières d’une galaxie certes déchirée par la guerre, mais où un bon paquet de planètes sont tout de même loin du front. L’ironie de voir des Astartes se languir dans leur forteresse déserte et isolée pendant que tout le monde s’amuse sans eux rajoute du piment à cette histoire à la fois rafraichissante et intéressante d’un point de vue fluff. Un autre de ses points forts est de brouiller les lignes entre la position pragmatique à l’extrême de Malcador, et la fidélité romantique mais contre-productive des Blood Angels à leur Primarque : aucun de ces deux points de vue ne peut être considéré comme étant intrinsèquement supérieur à l’autre, et il revient au lecteur de décider dans quel camp il se retrouve le plus. Très sympathique.

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Know Thyself – A. Smillie |40K] :

INTRIGUE :

Know ThyselfLa nouvelle s’ouvre sur une description proprement marseillaise dans son exagération du vaisseau amiral des Flesh Tearers, ce bon vieux Victus, avec sa coque de céramite de plusieurs kilomètres d’épaisseur, et ses états de service l’ayant amené à effectuer un millier d’Exterminatus. Bien que très marrante pour tout le monde, sauf pour la crédibilité de l’auteur et de la nouvelle, cette introduction superlative n’a pas grand-chose à voir avec la suite de l’intrigue, et c’est donc à regret que nous continuons à l’intérieur de la mirifique barge de bataille, où nous retrouvons le Chapelain Appollus et le Champion de Compagnie Harahel. Les deux compères ont été envoyé par Gabriel Seth, le Maître des Flesh Tearers, accueillir un visiteur de marque : l’Inquisiteur Corvin Herrold. La mauvaise réputation et les agissements borderline des Flesh Tearers ont en effet fini par les rattraper, et à la suite d’un massacre sanglant et avec témoin commis sur une population civile pendant les Guerres de l’Eclipse, un signalement a été envoyé aux autorités compétentes par des lanceurs d’alerte bien intentionnés1.

Ne pouvant pas envoyer balader un Inquisiteur comme il fuit d’habitude ses responsabilités, Gaby consent à une entrevue, mais avec une mauvaise volonté oscillant entre le palpable et le quasi physique. Séparé de sa suite dès son débarquement sur le Victus, même pas autorisé à enregistrer la conversation avec Seth, et forcé à poireauter dans une salle sans chaise pendant que son hôte finit sa séance de pilates dans le Reclusiam, Corvin endure les mesquineries des Flesh Tearers avec flegme, jusqu’à ce que le Maître de Chapitre finisse enfin par passer la porte. N’étant pas en temps normal particulièrement empathique et conciliant, Seth se montre ici particulièrement abrupt, menaçant et péremptoire au cours de la conversation, déniant en bloc les accusations d’exactions pesant sur son Chapitre, molestant physiquement Corvin, puis lui donnant quinze minutes pour quitter le Victus, sous peine d’être renvoyé à ses chères études par macrocanon interposé…

Début spoiler…Cette confrontation n’était toutefois qu’une ruse destinée à permettre au véritable Corvin d’explorer le vaisseau des Flesh Tearers sans attirer l’attention. Déguisé en simple scribe de la suite inquisitoriale, Coco parvient à se glisser jusqu’au niveau où les Space Marines ayant succombé à la Rage Noire sont gardés en attendant une bataille digne de ce nom. Ayant dû en abattre un qui menaçait de lui sauter au cou après qu’il ait ouvert la porte de sa cellule pour documenter son investigation, l’Inquisiteur se prépare à repartir incognito vers la navette, mais est pris la main dans le sac par ce diable d’Appollus, qui avait vu clair dans son petit jeu. Assommé par le Chapelain à l’issue d’un duel très déséquilibré, Corvin se réveille attaché à une chaise, en compagnie de Seth, Appollus, de l’Archiviste Balthiel et d’un autre membre de la Compagnie de la Mort des Flesh Tearers, amené dans la salle d’interrogatoire à des fins pédagogiques. Voulant faire comprendre à son prisonnier à quel point la Rage Noire est dévorante, Seth ordonne à Balthiel de donner à l’Inquisiteur un aperçu de la psyché dévastée de Frère Gragraouh, une expérience douloureuse et débilitante pour ce fragile de Corvin, qui fait un burn out. Dans un accès de magnanimité aussi rare que stratégiquement stupide, Seth laisse toutefois repartir son visiteur, balancé sans ménagement dans sa navette avec les morceaux déchiquetés de ses serviteurs et gardes du corps. Il pensait peut-être donner une bonne leçon à l’Inquisition, mais s’il y a une constante dans l’univers de Warhammer 40.000, c’est que les Ordos ne sont pas de bons perdants…Fin spoiler

1 : Quand ce sont les Space Wolves, et leur rapport conflictuel avec les saints Ordos, qui te balancent à l’Inquisition, c’est que la boulette que tu as commise pourrait être qualifiée de planétoïde.

AVIS :

Nouvelle de pur remplissage, où l’on n’apprend strictement rien de nouveau sur les Flesh Tearers du 41ème millénaire qui n’ait été couvert précédemment1 (par Smillie ou par d’autres), ‘Know Thyself’ a pour elle le petit twist sympathique de la révélation de l’échange des rôles entre l’Inquisiteur et son grouillot, que je n’avais franchement pas vu venir. Je ne sais pas si c’est à mettre honnêtement au crédit d’Andy Smillie, car je pensais initialement que la couardise manifeste du pseudo Corvin devant les grognements de Seth se justifiait simplement par une nouvelle mauvaise interprétation du lore de 40K par l’auteur. C’est dire à quel point je rabaisse mes standards quand je lis sa prose. ‘Know Thyself’ peut à l’extrême limite être considérée comme un tournant majeur dans l’histoire contemporaine du Chapitre, car c’est là que commence le feud avec l’Inquisition (poursuivi dans ‘Blood in the Machine’), mais c’est faire beaucoup de cas de 13 pages très banales.

1 : Bon, si on veut vraiment chipoter, on (moi en tous cas) découvre que Manakel – un personnage Flesh Tearers ayant vécu au moment de la création du Chapitre – est devenu un Dreadnought. C’est peut-être couvert dans une autre nouvelle, mais je l’avais laissé en un seul morceau dans ‘Sons of Wrath’ et ‘Flesh of Cretacia’.

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Gods of Flesh and Blood – G. McNeill |WFB] :

INTRIGUE :

Immédiatement après les événements racontés dans ‘Let the Great Axe Fall’ (Sigmar & Alaric vs Krell, en résumé), l’Empereur Unberogen et ses guerriers survivants, toujours accompagné du Sorcier Bransùil, peinent dans un col enneigé à la suite de Rangers Nains de Karak Izor. Certains des compagnons de Sigmar ayant grand besoin de soin, à commencer par Gorseth, qui s’est pris un méchant coup de hache dans la clavicule, Alaric a fait jouer ses relations et sa réputation de grand fou génie pour obtenir un sauf conduit jusqu’au hall du Thane Egril Barazul, dont le but dans la vie semble être de ressembler le plus possible à Abraracourcix. À chacun ses hobbies.

Accueillis plus avec la main sur la hache que le cœur sur la main, les humains bénéficient tout de même de la médecine de pointe des Dawi, qui consiste en des lits trop petits et des bains d’eau glacée. Ça forge le caractère, parait-il. Un vénérable Nain du nom de Gromthi Okri, si vieux que même sa barbe a des rides, est toutefois dépêché auprès des hôtes de Barazul pour leur faire faire une visite guidée de la forteresse (sympa), et leur faire remarquer que Gorseth, malgré son obstination à ne pas périr, est condamné par la magie funeste de l’arme de son bourreau. Ce qui attend le jeune guerrier, c’est une éternité à arpenter les Voûtes Grises comme une âme peine, et rien ne pourra conjurer ce triste sort.

Avant que Gromthi ait eu le temps de dégainer son terminal carte bleue pour faire payer ses bons services aux Unberogens éplorés (rien n’est gratuit chez les Nains), Bransùil s’inscrit en faux du diagnostic du nabot cacochyme, prenant pour exemple Sigmar lui-même. L’Empereur n’a-t-il été secouru par son propre père de cet endroit maudit lorsqu’il s’y était perdu, lors de son adolescence ? C’est donc la preuve qu’il est encore possible de ramener Gorseth dans le monde des vivants, pour peu que Sigmar accepte d’y retourner, bien sûr. Ne pouvant pas laisser un guerrier ayant donné sa vie pour lui dans la hess, Ziggy relève le défi et se retrouve propulsé dans les limbes Warhammeriennes grâce aux compétences chamaniques de Bransùil.

Malgré la présence de son fidèle Ghal Maraz, très efficace dans le bannissement des esprits maudits qui errent dans la pénombre perpétuelle des Voûtes, Sigmar se retrouve rapidement à la peine, après avoir tout aussi rapidement retrouvé l’âme de Gorseth, qui luttait vaillamment (et sans arme OP, elle) depuis plusieurs jours contre les assauts des habitants spectraux de cette terre maudite. Le nombre infini des ennemis s’abattant sur les deux combattants, et le manque de réactivité de Bransùil à ramener ses alliés du bon côté de la barrière (il était sans doute parti se brosser les dents à ce moment), mènent le puissant guerrier à tomber à genoux et à lâcher son maillet magique au terme d’un dur combat. Serait-ce la fin pour l’infortuné Sigmar ?

Début spoiler…Bien sûr que non (vous n’y avez pas cru vous-mêmes, avouez-le). Car surgit soudainement de la brume le légendaire Nain Blanc, toujours là pour tirer ses copains de l’embarras. Quelques moulinets de hache runique plus tard, tous les esprits funestes dans un rayon de cinquante mètres se sont fait fumés (ou sont partis en fumée, c’est selon), ne laissant que nos trois compères sur le champ de bataille. Après avoir dûment remercié Grombrindal pour son intervention salutaire, et lui avoir promis de lui rendre la pareille lorsque le temps sera venu, Sigmar a toutefois la douleur de constater que c’en est fini pour Gorseth, qui a définitivement rejoint le monde des esprits et ne pourra plus revenir chez les vivants. Toutefois, le serviable Nain Blanc accepte de guider l’âme du nouvellement défunt jusqu’à un endroit plus recommandable que ces sinistres Voûtes, et Sigmar peut refaire surface auprès de ses guerriers pour leur raconter cette aventure peu commune (et enterrer le cadavre de Gorseth aussi, tant qu’à faire).Fin spoiler

AVIS :

Graham McNeill donne une troisième mi-temps au match contre Krell dans ce ‘Gods of Flesh and Blood1, ce qui est assez drôle si on considère qu’il avait déjà coupé cette nouvelle en deux lors de sa publication initiale dans Hammer & Bolter. A ce compte-là, une troisième partie n’aurait surpris personne et la séparation entre ‘Let the Great Axe Fall’ et cette nouvelle apparaît donc comme très artificielle.

Ces considérations séquentielles mises à part, on est en présence d’une petite nouvelle assez sympathique, pour trois raisons principales. Premièrement, des infos fluff sur Karak Izor, forteresse d’importance pour les Nains mais assez peu couverte dans la GW-Fiction jusqu’ici. Deuxièmement, la participation d’un personnage nommé des plus charismatiques, ce qui est tout à fait dans la veine super friends exploitée par McNeill sur cette série. Troisièmement et pour terminer, une conclusion bien plus intéressante que ce à quoi je m’attendais de prime abord, démontrant que même l’intervention de figures quasi-divines ne suffit pas toujours à obtenir un happy ending. Sans doute la meilleure partie de cette « trilogie ».

1 : Titre assez classe mais que je ne m’explique pas vraiment… Je veux bien qu’il y ait plusieurs « Dieux » au casting, mais un seul d’entre eux peut être considéré comme de chair et de sang.

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Crucible – J. French |40K] :

INTRIGUE :

CrucibleSi le travail en équipe est notre lot quotidien, mammifères sociaux que nous sommes, il n’en reste pas moins que pour certaines missions, il est préférable d’agir en autonomie. Ce n’est pas le Frère Istafel de la 7ème Fraternité des Chevaliers Gris qui dira le contraire, ni ses supérieurs d’ailleurs. Envoyé en solitaire aborder l’épave du Crucible, un vaisseau impérial détruit alors que son moteur Warp était en surchauffe, Istafel est chargé d’une authentique mission suicide comme son Chapitre d’adoption aime en donner à ses membres de temps à autre : botter les fesses d’un puissant démon en train de reprendre pied dans le Materium avant qu’il ne soit en mesure de nuire à l’Imperium.

Si notre héros doit se taper ce sale boulot en solitaire, c’est qu’il s’agissait du seul moyen de s’assurer que ce soit bien ce démon qui s’incarne sur le Crucible. En effet, le complexe système de Némésis et de karma cosmique auquel les résidents de l’Immaterium sont assujettis obligeait le Duc du Changement dont il est question ici (et qu’on appellera Obu pour des raisons de simplicité) à se manifester si le Chevalier Gris portant le « bon » nom, et uniquement lui, se présentait devant la faille Warp. Il faut s’imaginer une longue file de Démons Majeurs patientant pour revenir dans notre dimension avec leur petit ticket à la main, et le Duc Obu griller la politesse à tous ses camarades en caquetant « Heeeeey mais c’est my maaaaaaaaaaaan Istafel !!! », un peu comme lorsqu’on se fraie un chemin vers le premier rang d’un concert parce qu’un pote s’y trouve déjà (sérieusement, ne faîtes pas ça). Tout est possible dans le Warp, et c’est très drôle beau je trouve.

Si la perspective d’être envoyé se petit-suissider pour maximiser les chances de renvoyer le pauvre Obu patienter encore un millénaire sur le banc de touche trouble Istafel, ce fier parangon de noblesse et de dévouement n’en montre rien. Après avoir monté et démonté quatre fois de suite son armure et ses armes pendant le transit jusqu’au Crucible, et apposé les 777 sceaux de pureté réglementaires sur sa panoplie guerrière1 (il doit ressembler à Harry Tuttle à la fin de sa vie, truth be told), Istafel prend le chemin du Crucible et de sa destinée.

Sur place, il (et nous par la même occasion) a droit à un affrontement assez « classique » contre les forces démoniaques, se déroulant en grande partie dans son esprit et au cours duquel il a l’occasion de hallebarder – c’est comme poignarder, mais avec une hallebarde – quelques démons mineurs trop entreprenants, ainsi que le tout premier Spite-Revenant de l’histoire de Games Workshop (trois ans avant la sortie d’Age of Sigmar, c’est très fort). Après ce round d’échauffement, le combat contre Obu peut enfin commencer… et tout se passe comme prévu. C’est-à-dire que le pauvre Istafel se fait méchamment corriger, mais parvient tout de même à lier son âme à celle de sa proie, ce qui a pour effet de les bannir tous les deux (me demandez pas comment par contre). On remarquera juste qu’il est étrange que le Chevalier Gris ait attendu d’être à moitié mort pour dire les mots magiques et ainsi remporter la victoire morale et psychique, s’il n’avait que ça à faire pour gagner le match. Peut-être avait il des penchants masochistes, qui sait.

La nouvelle se termine avec une notification astrale envoyée au triumvirat d’officiers ayant envoyé Istafel saluer le Duc Obu. Après avoir observé une milliseconde de silence en l’honneur de leur frère disparu, ils ajoutent son nom à la loooooongue liste des morts glorieux de la Fraternité, qu’ils doivent régulièrement réciter en tant que responsables du devoir de mémoire. C’est la moindre des choses.

1 : Ce qui est assez mal avisé quand on doit se battre contre un démon de Tzeentch, et pas de Nurgle. Mais je suppose qu’il n’y avait plus de place.

AVIS :

John French prend un concept (assez sympa, il faut le dire) du fluff des Grey Knights et en fait une nouvelle de 13 pages. Sur le papier, et vu le pedigree de cet auteur, l’idée parait bonne mais on se retrouve au final avec 10 pages de baston, deux pages et demie de préparation à ladite baston, un quart de page de conclusion, et un quart de page de révélation un tant soit peu sympathique. Le ratio est, vous le reconnaitrez, assez famélique. On peut se consoler en se disant qu’une nouvelle de Grey Knights que l’on oubliera aussitôt après l’avoir terminé, c’est finalement tout à fait dans l’esprit de ce Chapitre des plus secrets, mais pour être honnête, j’aurais préféré lire quelque chose d’un peu plus mémorable.

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Berthold’s Beard – J. Reynolds |WFB] :

INTRIGUE :

Berthold's BeardDe passage à Wolfenburg, Gotrek et Felix acceptent l’offre d’Aldrich Berthold, dernier héritier connu de l’illustre famille du même nom, de l’escorter jusqu’à une bâtisse en ruines située au milieu des Montagnes du Milieu. La raison de ce périple en territoire Homme Bête est simple : pour prouver aux notaires qui préservent les intérêts des Berthold qu’il est le digne descendant du patriarche Bollin Berthold, et ainsi obtenir accès aux capitaux familiaux, Aldrich doit ramener une boucle de la barbe de son aïeul, enterré sous les fondations de sa demeure. Comme cette dernière a été abandonnée lorsque les hardes du Seigneur des Bêtes Gorthor1 ont ravagé le Nord de l’Empire, ce pèlerinage capillaire est loin d’être une partie de plaisir, et, bien que la tradition veuille que les Berthold accomplissent l’aller-retour en solitaire, l’épidémie de morts suspectes ayant frappé les autres héritiers de la dynastie au cours des derniers mois a convaincu Aldrich qu’un peu d’aide ne lui ferait pas de mal. On n’est jamais trop prudent.

Arrivé devant les décombres du Hall Etoilé (le nom du manoir), durement marqué par le passage des années, le trio se fait attaquer par une petite bande d’Hommes Bêtes squattant les ruines, et dont Gotrek et Felix se débarrassent sans beaucoup de difficultés. La nuit s’apprêtant à tomber, les aventuriers décident qu’il est plus prudent de bivouaquer dans les ruines, et de repartir le lendemain, une fois la preuve poilue prélevée sur le corps de papi Bollin. Ça tombe bien, les Hommes Bêtes avaient fait un feu au rez de chaussée, et il n’est pas encore éteint. Wait… depuis quand les Hommes Bêtes savent-ils faire du feu2 ?

Début spoiler…Il y a donc anguille, ou plutôt épi, sous roche, mais les manifestations troublantes ne commencent qu’un peu plus tard, lorsque Felix voit quelque chose remuer dans les ténèbres (Gotrek à ce moment là était en train de fixer le feu d’un air absent, sans doute en proie à des PTSD sévères et non traités). À l’inspection, il s’avère qu’il s’agit de sortes de tentacules noirs, qui s’emparent des cadavres des Hommes Bêtes pour les faire attaquer nos héros, comme des pantins manipulés par des fils. C’est le moment où Aldrich décide qu’il aimerait bien un peu d’intimité, et menace ses protecteurs avec un pistolet, leur intimant de partir sans tarder. Gotrek étant trop occupé à castagner les revenants, c’est à Felix que revient la lourde mais nécessaire tâche de tirer les choses au clair avec son commanditaire, qui dissimulait de noirs et très improbables secrets. Accrochez-vous.

Il s’avère que le Hall Etoilé a été construit dans le cratère d’une météorite de malepierre, et cette influence maligne a transformé Bollin Berthold en monstre difforme, que ses enfants ont emmuré vivant dans la crypte familiale avant d’aller s’installer à Wolfenburg. Maintenu en vie par cette source d’énergie aussi puissante que dangereuse qu’est la malepierre brute, Bollin a continué à croître en beauté pilosité dans son antre, se hissant au rang de divinité mineure pour les Hommes Bêtes des environs, qui lui sacrifièrent des victimes de temps à autre. Pater familias dans l’âme, Bollin ne s’attaqua jamais aux descendants qui vinrent lui tirer les moustaches à chaque nouvelle génération, faisant de son existence un secret honteux que les Berthold devaient assumer pour toucher leur héritage. Toutefois, Aldrich avait d’autres plans pour ce dernier, et après avoir orchestré la mort de tous ses cousins mieux placés que lui dans l’ordre de succession, a bien l’intention de s’établir à Marienburg sous un nom d’emprunt, mettant un terme à cette belle tradition.

Son erreur, autre que de menacer de mort deux personnages protégés par une armure de scenarium plus solide que la parole d’un Nain s’entend, fut de révéler son plan à haute voix pendant qu’il tenait Felix en joue, provoquant la fureur de Bollin, dont c’étaient – tenez-vous bien – les poils qui animaient les cadavres. On n’appelle pas ça des dreadlocks pour rien. Fou de rage, le patriarche (guère plus qu’une tête géante chevelue et barbue, à ce stade avancé) crève le plancher et dévore son rejeton ingrat, sous les yeux horrifiés de Felix et du lecteur. Ce crime ne restera pas impuni, Gotrek dégainant son coupe chou pour offrir une taille gratuite à ce monstre très particulier, avant de mettre feu à son abondante tignasse, provoquant la mort définitive du coriace Bollin. Une conclusion au poil, on peut le reconnaître.Fin spoiler

1 : Dont la fin a été racontée par le même Josh Reynolds dans l’un de ses premiers textes pour la Black Library, ‘The Gods Demand’. La boucle est bouclée.
2 : C’est une vraie question posée par Reynolds, et c’est un peu fâcheux car aussi bien les anciens Livres d’Armée que les nouvelles figurines montrent que les Hommes Bêtes, pour bestiaux qu’ils soient, maîtrisent cette technologie.

AVIS :

Je pense que Josh Reynolds devait s’ennuyer au moment d’écrire cette histoire de Gotrek & Felix (et comme il avait déjà écrit deux romans et deux nouvelles pour le duo à ce moment, cela peut se comprendre), et a décidé de troller un peu ses éditeurs de la Black Library. Le boss final de cette petite aventure est en effet tellement WTF que je peine à croire que le très professionnel et calé en fluff Reynolds n’avait pas un message subliminal à faire passer à ses patrons et aux lecteurs de ce ‘Berthold’s Beard1. Si vous êtes un fan hardcore du petit rouquin teigneux, cette nouvelle est donc incontournable car qui pourrait passer à côté de ce Hairslayer totalement échevelé, et de la Némésis la plus étrange que Gotrek ait eu à corriger de toute sa longue et distinguée carrière ? Dans tous les autres cas, vous pouvez faire l’impasse sur cette histoire absurde, qui tombe, oserais-je le dire, comme un cheveu sur la soupe.

1 : La BL a tellement aimé le concept que ‘Berthold’s Beard a été mis au sommaire de la Black Library Weekender Anthology I, ce qui peut être considéré comme une consécration.

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The Smallest Detail – S. Mitchell |40K] :

INTRIGUE :

The Smallest DetailÀ la recherche de petits extras pour égayer l’ordinaire de son cher Commissaire Cain, le brave Jurgen a pris sur lui de visiter les entrepôts de la milice de Helengon, monde banal sur lequel la Garde a été déployée pour écraser une insurrection l’étant tout autant. Usant de la considérable influence de son supérieur pour impressionner le responsable de l’entrepôt, un certain Sergent Merser, l’homme à tout faire du Héros de l’Imperium déambule longuement entre les travées et les étagères, emplissant sa musette des spécialités culinaires locales les plus appétissantes, à commencer par un saucisson d’anguille de sable tout simplement comestible, ce qui est déjà plus que ce que la majorité des rations du Ministorum peuvent revendiquer. Ces emplettes complétées, Jurgen se dirige tranquillement vers la sortie du site, mais remarque rapidement qu’il a été pris en filature par des amateurs, ce qui ne le trouble pas outre mesure1. Et en effet, l’embuscade dans laquelle il prend soin de tomber, et qu’il déjoue grâce à son entraînement et équipement supérieur, n’aurait pas cassé trois pattes à une Sentinelle. Seul petit problème, l’échange de tirs entre notre héros et son dernier adversaire a eu pour effet de déclencher un incendie (c’est ça que de s’abriter derrière des fûts de prométhéum), rendant l’identification des assaillants de Jurgen difficile.

Rejoint par la Prévôte Liana, qui se trouve en charge de l’enquête de cette tentative d’assassinat caractérisé, et par le Sergent Merser, qui accepte de jeter un œil sur les inventaires des autres entrepôts de la milice pour tenter de comprendre comment les tueurs en (im)puissance ont réussi à trouver uniformes et fusil laser2, Jurgen accepte de coopérer à l’investigation, mais seulement jusqu’au moment où il devra rentrer au camp pour préparer le jambon-purée de Cain. Très étrangement, l’étude des documents officiels ne donne rien, les inventaires inspectés par Merser étant trop mal tenus pour détecter des absences ou surplus de matériel (contrairement aux siens, d’une impeccable et implacable précision). Le dossier menaçant de piétiner, Jurgen prend congé, indiquant à ses comparses son intention de rentrer au bercail à pied, comme il est venu…

Début spoiler…Sauf qu’il était en fait venu en moto (une Salamander n’étant pas pratique dans une ville pas encore en ruines, et donc pleine de feux rouges, de livreurs Deliveroo et de petites mamies en déambulateur), et qu’il a fait exprès de mettre Merser sur une fausse piste, car il se doutait de la participation du Sergent dans la conspiration le visant. Aussi, lorsqu’il le voit sortir en courant de l’entrepôt quelques minutes après lui et sauter dans une camionnette qui part à fond de train pour rattraper le piéton qui n’en était pas un, Jurgen prévient Liana et se met en filature de la taupe, qu’il rattrape et immobilise au premier carrefour venu. Finalement, il s’avère que toute cette affaire n’a été qu’un énorme et regrettable (pour Merser, et plus encore pour ses complices) malentendu, le Sergent faisant partie d’un gang détournant de la nourriture pour la revendre à prix d’or sur le marché noir. Persuadé que Jurgen allait le dénoncer auprès de Cain (ce que l’aide de camp n’avait pas du tout l’intention de faire, car comme il le reconnaît lui-même, tout le monde fait ça), Merser a tenté de réduire le Valhallan odoriférant au silence, avec des résultats médiocres. Ironie de l’histoire, ce sont ses inventaires trop parfaits qui ont mis la puce à l’oreille de Jurgen, qui, en tant que Garde vétéran, sait bien que ce genre de documents sont par nature inexacts. Encore une fois, le mieux a été l’ennemi du bien !Fin spoiler

1 : Quand on est un vétéran ayant combattu les Tyranides et les Necrons à plusieurs reprises, plus grand-chose ne vous excite.
2 : L’absence de -s est volontaire, car sur les trois assaillants, un seul était convenablement armé.

AVIS :

Si cette petite nouvelle mettant à l’honneur le fidèle sidekick de Ciaphas Cain plutôt que ce dernier1 se laisse lire sans problème, et permet au lecteur non familier de l’approche particulière que Sandy Mitchell a du grimdark de découvrir cette dernière, je m’interroge sur la pertinence de l’intégrer dans un recueil dédié aux icônes de la GW-Fiction, dont Jurgen ne fait définitivement pas partie. Ce ne sont pourtant pas les courts formats où Cain tient la vedette qui manquent, et qui auraient à mes yeux bien mieux fait l’affaire ici. Je suis également un peu déçu que le titre équivoque de l’histoire n’ait au final débouché sur rien dans le dénouement de l’intrigue. Mitchell nous montre en effet Jurgen prendre en note mentale le nom d’un parfait inconnu, parce qu’on ne sait jamais, ça peut servir… sauf que ça n’a servi à rien ici. Le fusil de laser de Tchekov, ça te dit quelque chose ? Bref, ‘The Smallest Detail’ est loin d’être la meilleure, ni la plus adaptée, des nouvelles de Ciaphas Cain que l’on puisse parcourir, et je recommanderai donc au lecteur de retenter sa chance avec une autre soumission pour prendre la véritable mesure du Héros de l’Imperium.

1 : Ce n’est pas le premier texte de ce type, l’hyper court format ‘A Mug of Recaff’ étant également centré sur Jurgen.

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Et voilà qui termine cette revue de la Black Library Weekender Anthology I, qui n’a pas envoyé beaucoup de rêve, je dois dire. Espérons que le volume II soit autrement plus captivant.

HERALDS OF THE SIEGE [HH]

Bonjour et bienvenue dans cette critique de ‘Heralds of the Siege’, l’ultime1 recueil de nouvelles consacrées à l’Hérésie d’Horus sorti par la Black Library, en l’an de grâce 2018. Regroupant 16 courts formats prenant place dans les dernières années de cet événement cataclysmique, ‘Heralds’ renoue dès sa couverture avec la tradition des recueils thématiques, comme ‘Tales of the Heresy’, ‘Mark of Calth’ et ‘Shattered Legions’, qui ont laissé la place à des anthologies généralistes (ou fourre-tout, si on laisse tomber le politiquement correct) au fil des ans. Un signe de bon augure pour les lecteurs qui, comme votre serviteur, sont sensibles à la cohérence des ouvrages qu’ils parcourent, même si ces derniers ont été écrits par des auteurs différents. Reste à vérifier si derrière cette image d’un Rogal Dorn triomphant flanqué d’un Malcador mal remis de sa dernière virée en ville, ‘Heralds’ se révèle être une bonne introduction au Siège de Terra, comme on cherche à nous le faire croire. C’est ce que nous allons voir…

1 : En tout cas si on se réfère à la liste officielle de la BL, que cette dernière a largement laissé tomber après le début du Siège de Terra. C’est ainsi qu’on a pu voir sortir des OLNI, comme ‘Cthonia’s Reckoning’, qui n’appartiennent ni à l’Hérésie d’Horus, ni au Siège de Terra. Notons aussi que depuis le Summer of Reading 2017, les quelques nouvelles hérétiques inédites que la Black Library a publié n’ont été regroupées dans aucun recueil.

Heralds of the Siege

On le sait, contribuer à l’Hérésie n’est pas donné à tout le monde, et c’est pourquoi on ne retrouve que des noms connus au sommaire de cette anthologie. Parmi les auteurs vétérans mis à contribution dans cet effort collectif, c’est le futur Seigneur de Terra Chris Wraight qui se taille la part du lion, avec pas moins de quatre nouvelles au compteur, suivi par son camarade Gav Thorpe et ses trois offrandes. Signalons également que ‘Heralds’ marque la fin du parcours hérétique de deux compagnons de route de longue date de cette odyssée littéraire : Rob Sanders et Anthony Reynolds. Prenons un moment pour rendre hommage à leur contribution importante au grand œuvre de la BL, et attaquons sans plus attendre : on a un siège à préparer après cela.

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52. Heralds of the Siege

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Myriad – R. Sanders :

INTRIGUE :

MyriadNous suivons l’ex Princeps Kallistra Lennox et sa petite bande de loyalistes alors qu’ils mènent des opérations de sabotage à la surface de Mars, tentant à leur humble niveau de mettre des bâtons dans les chenilles du Mechanicus Noir qui règne en maître sur la planète rouge. Après avoir détruit l’Ajax Abominata, un Titan Warlord qui patientait dans la pampa que les Imperial Fists arrêtent leur blocus orbital pour rejoindre les hordes horusiennes, Lennox et ses ouailles répondent au SOS d’un martien en détresse sur le chemin du retour vers la base secrète de la résistance. Ils arrivent sur le lieu d’un accrochage entre une équipe de récupérateurs loyalistes et les forces du sinistre Gordicor, chargé par Kelbor-Hal de traquer les fidèles de l’Omnimessie, et se préparent à faire une nouvelle fois parler la poudre.

À la grande surprise de nos héros, leurs adversaires semblent cependant s’être entretués pour une raison inexpliquée peu de temps après leur arrivée sur site, leur facilitant grandement le travail et leur permettant de mettre la main sur du matos de premier choix parmi les décombres, en la figure d’un robot Kastelan presque neuf. L’automate a bien une espèce de protubérance mécanique non identifiée au milieu du torse, mais cela n’empêche pas Lennox et ses sous-fifres de l’embarquer dans le coffre de leur tunnelier de service, et de reprendre le chemin de la base Invalis en compagnie des camarades qu’ils ont secourus.

Une mauvaise nouvelle attend toutefois la Princeps Disney à son arrivée au poste de commandement des insurgés, dirigé par le presque mort mais toujours vaillant (il lui reste l’usage de la main droite, et pour un gamer, c’est plus que suffisant) Raman Synk : les forces de l’Ordo Reductor de cette brute de Gordicor se sont inexplicablement mises en route en direction d’Invalis peu de temps après le raid sur l’Ajax Abominata, ce qui ne peut que signifier qu’ils ont réussi à suivre la trace des loyalistes. Aussi pragmatiques que l’on pouvait s’y attendre de la part d’ingénieurs de leur calibre, Lennox et ses supérieurs ne tardent pas à soupçonner que la cause de leur problème vient de leur trouvaille miraculeuse, laissée en quarantaine dans un hangar en compagnie d’une nouvelle recrue enthousiaste mais pas encore testée, Lenk 4/12 (ces noms, ces noms…). Comme pour confirmer leurs suspicions, le Kastelan inerte reprend soudainement du service, et commence à pomper goulument la base de données d’Invalis sans que les adeptes ne puissent rien faire. En effet, l’appareil monté sur la carlingue du robot de combat est identifié (un peu tard) par le docte Synk comme la marque de la Myriade Tabula, une intelligence artificielle ayant tenté de conquérir la galaxie par le passé, et mise sous clé à fin d’étude par le Mechanicum après avoir été vaincue de haute lutte. Et l’IA semble très déterminée à prendre sa revanche…

Début spoiler…Fort heureusement pour les loyalistes, Mme Tabula considère, dans son infinie sagesse, qu’ils ne sont pas une menace, ce qui est à la fois rassurant et insultant, et se concentre exclusivement sur la purge du Mechanicus Noir, à commencer par l’émetteur corrompu que le pauvre Lenk 4/12 transportait dans son bedon sans même le savoir, et qui est prestement confisqué et détruit par le Kastelan « possédé », sauvant du même coup la base Invalis d’une attaque de Gordicor.

Peu optimistes quant à leur chance de neutraliser la Myriade, Synk et ses complices décident de faire contre mauvaise fortune bon cœur core et de capitaliser sur la haine que l’IA semble vouer au Chaos pour poursuivre leur lutte contre Kelbor-Hal et ses sbires. En effet, la puissance et la pureté logique du code tabulaire permet de retourner les machines corrompues les uns contre les autres, comme cela a été le cas lorsque Lennox et ses hommes ont répondu à l’appel à l’aide de leurs camarades, un peu plus tôt dans la journée. Il ne leur reste plus qu’à suivre le plan en 4.267 étapes concoctés par la Myriade pour parvenir à leurs fins, et avec un peu de chance, appuyer sur le bouton Reset juste avant que cette dernière parvienne à assujettir l’univers, comme elle en a l’intention. Tout sera une affaire de timing…Fin spoiler

AVIS :

Les lecteurs familiers du fluff de l’Hérésie d’Horus savent que le Schisme de Mars a constitué un événement important de cette campagne cataclysmique, que la Black Library a cependant traité assez légèrement dans sa couverture de cette dernière. Partant, il est difficile de cracher sur une nouvelle traitant de ce théâtre particulier, même si Rob Sanders livre une copie assez particulière avec ce ‘Myriad’, continuation logique de la novellaCybernetica’ (où la Myriade Tabula apparaît pour la première fois), et qui semble n’être qu’une succession de péripéties mineures (détruire un Titan, secourir des copains en rade…) jusqu’à ce qu’un littéral Deus Ex Machina se produise et le rideau tombe sur Kallistra Lennox et sa looooongue liste de camarades nommés1. Mars méritait mieux.

1 : Ce qui semble indique que Rob Sanders avait l’intention de développer cet arc dans d’autres publications, si vous voulez mon avis. Pas de chance, ‘Myriad’ a été son dernier travail pour l’Hérésie d’Horus…

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The Grey Raven – G. Thorpe :

INTRIGUE :

The Grey RavenL’ex-mais-pas-tout-à-fait-finalement Archiviste de la Raven Guard Balsar Kurthuri a été renvoyé sur Terra par Corax en personne après les événements relatés dans ‘Weregeld’, où il doit recevoir le jugement de Malcador le Sigilite. Tel le bouc (ici corbeau) émissaire, notre surhomme endosse une responsabilité collective dans cette histoire, puisqu’à travers lui, c’est tout le Librarium de la XIXème Légion qui se trouvera amnistié ou frappé d’anathème. Le Primarque furtif n’assume en effet plus trop la permission qu’il a donné à ses fils de s’asseoir sur l’Edit de Nikea, bien qu’il n’ait pas fait le fin bec lorsque les pouvoirs psychiques de Kurthuri – catapulté Archiviste en chef de la Raven Guard après le désastre d’Isstvan V – l’aidèrent à récupérer le patrimoine génétique nécessaire à la reconstruction accélérée de sa Légion. Avec les résultats que l’on sait (#JamaisPlus, etc). Très chill dans l’âme, Kurthuri a accepté la mission sans rechigner, tout comme il a juré à Corax de ne pas faire usage de ses pouvoirs jusqu’au verdict de Malcador. Voici les termes posés.

Les hasards de la guerre ont fait que notre corbeau énergétique a fait le voyage non pas sur un vaisseau appartenant à sa Légion, mais s’est fait prendre en stop par des Imperial Fists sous le commandement du Capitaine Noriz. Il est également accompagné par le Custodes Arcatus Vindix Centurio, détaché par Valdor pour s’assurer que le patrimoine génétique remis à la Raven Guard était utilisé dans le respect des clauses établies, et un peu désœuvré depuis que Corax a bousillé son kit de petit chimiste. Alors que le Wrathful Vanguard sort du Warp pour pénétrer dans le système solaire, les revenants sont accueillis par une armada de vaisseaux et de stations de combat, preuves irréfutables que la guerre ne tourne pas en faveur des forces impériales. Il ne faut pas longtemps avant que les demandes d’authentification pleuvent sur le Uber de Kurthuri, qui laisse sagement Tchuck Noriz et AVC gérer l’administratif avec leurs vis-à-vis. Après tout, qui de plus qualifié qu’un Imperial Fists et un Custodes pour négocier un passage vers Terra ?

Malheureusement pour l’Archiviste déclassé, ses comparses ne font pas un super taf, et lorsque le stagiaire Custodes (Ludivicus) que Malcador a placé à la régulation du trafic solaire se met à faire du zèle auprès de son collègue, la situation dérape très rapidement. Kurthuri, trop honnête, a en effet eut le malheur de déclarer qu’il était sous le coup de l’Edit de Nikea, aveu suffisant pour que Ludivicus éructe un mot code secret sur la fréquence radio, transformant aussitôt Arcatus en ennemi mortel de ce pauvre Corneille. Et lorsque les bolts commencent à lui voler dans les plumes, Kurthuri décide de connaître un petit peu la peur, et bat prudemment en retraite pendant que Noriz, tout aussi surpris que son camarade Légionnaire par la réaction à brûle pourpoint du Custodes, tente de raisonner ce dernier.

S’engage alors une partie de chasse d’une genre un peu particulier, les Custodes du Wrathful Vanguard se mettant à traquer Kurthuri dans les coursives, tandis que ce dernier cherche à s’échapper du vaisseau pour rejoindre Terra et plaider sa cause directement auprès du Régent de Pépé, bien aidé par les Imperial Fists dans ses manœuvres d’évasion. Comme ni les Jaunards ni les Dorés ne tiennent vraiment à causer des pertes dans l’autre camp, l’affrontement tient plus du match de paint ball que de la fusillade sans merci, jusqu’à ce qu’Arcatus rattrape Noriz et Kurthuri, et les engage au corps à corps.

Bien qu’en désavantage numérique, le Custodes a tôt fait de démontrer qu’il est une classe au-dessus de l’Astartes moyen, même gradé, et s’énerve tellement qu’il finit par empaler le pauvre Noriz sur sa lance gardienne. Comprenant qu’il n’a aucune chance de sortir vainqueur de ce combat à la régulière, Kurthuri décide de revenir sur sa parole et d’avoir recours à ses pouvoirs… jusqu’à qu’un froncement de sourcil dédaigneux de son adversaire lui fasse changer d’avis. Résigné à obéir à son Primarque, même au prix de sa vie, notre héros finit par se rendre, et est enfin mené jusqu’à Malcador…

Début spoiler…Qui avait en fait un job à lui proposer parmi ses Chevaliers Errants, et cherchait à tester… son self control j’imagine ? dans des conditions extrêmes avant de l’embrigader dans son organisation secrète. La nouvelle se termine donc avec l’arrivée de ce vieux lézard d’Umojen, chargé par le Sigilite de briefer le bizut sur ses missions à venir. L’histoire ne dit pas si Corax a été dédommagé pour ce détournement de ressources…Fin spoiler

AVIS :

Thorpe a beau être un expert de la Raven Guard, je n’ai pas trouvé cette histoire très aboutie. Outre le fait qu’elle n’apporte pas grand-chose à l’Hérésie d’Horus, et apparaît davantage comme un moyen pour l’auteur de faire faire des heures supplémentaires à l’un de ses personnages alors que la tendance générale est plutôt à l’écrémage sévère en préparation de la clôture de la saga, je reproche à Thorpe d’avoir dévoyé la loyauté fanatique des deux factions les plus Pépéphiles de l’époque, les Custodiens et les Imperial Fists, juste pour pouvoir mettre en scène à peu de frais le simulacre d’affrontement entre les deux gardes prétoriennes de l’Empereur sur le Wrathful Vanguard. Cette guéguerre sans (presque) victimes est totalement illogique à l’époque où l’histoire prend place (après la tentative d’infiltration de Terra par l’Alpha Legion), et la réaction imprévue d’Arcatus n’aurait dû selon moi avoir que deux conclusions : soit une coopération immédiate et totale entre Custodiens et Imperial Fists, même si les seconds ne comprennent pas les motivations des premiers, soit un combat sans merci, et autrement plus sanglant, entre les deux camps. On ne me fera pas croire qu’un Custodien qui a identifié un ennemi de l’Empereur retienne ses coups pour épargner quiconque se met sur son chemin, fut-il un Imperial Fists. Ajoutez à cela que le test de Malcador est, au fond, très bizarrement conçu (il cherchait une forte tête, mais pas trop quand même ?), et vous obtenez un résultat très passable. Espérons que Kurthuri justifie par la suite (et la fin) de l’Hérésie le traitement de faveur éhonté dont il bénéficie ici.

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Valerius – G. Thorpe :

INTRIGUE :

ValeriusOù il sera question de Marcus Valerius et de la Cohorte Therion, compagnons de route de la Raven Guard pendant la Grande Croisade et l’Hérésie d’Horus, et envoyés pour une raison non explicitée ici se faire euthanasier par les renégats d’Horus sur le théâtre de Beta-Garmon par ce brave type de Corax. Nous retrouvons donc le Vice-Caesari Valerius au volant de sa forteresse Capitol Imperialis, et chargé de tenir la rive gauche de la Veule (une rivière locale) avec ses frères d’armes – dont son propre frère, Antonius, Princeps de Titan Reaver. Lorsque les forces du Maître de Guerre lancent une offensive majeure sur sa position, Valerius, qui a toujours sa foi impériale chevillée au corps, refuse de battre en retraite comme aurait fait n’importe qui, mais préfère au contraire saisir Horus à l’oreille et l’entraîner dans un maquis. Ou en l’absence du grand chauve barraqué, les Titans envoyés à l’assaut des positions loyalistes.

Valerius_IllustrationTout à fait réaliste sur ses chances quasi nulles de remporter la victoire, Valerius n’aspire plus qu’au martyre, persuadé qu’il est que Pépé ne l’aurait pas envoyé crever comme un rat dans une bataille mineure sans une très bonne raison. Chacun voit midi à sa porte. Après une prière rapidement conduite dans sa chapelle improvisée, Valoche ordonne donc à la Cohorte de se battre jusqu’au dernier soldat, assiste à la mort d’Antonius, carbonisé dans son Titan en emportant son vis-à-vis chaotique, sans verser une larme, puis ordonne dans le plus grand des calmes la surcharge du réacteur1 de son véhicule de fonction lorsque les Sons of Horus arrivent frapper à la vitre pour demander un constat à l’amiable.

Début spoilerCe n’est toutefois pas la fin pour Valerius. Peut-être. Une inspection du champ de bataille quelques heures plus tard par une force de reconnaissance impériale permet en effet d’identifier un survivant hébété se promenant le zguegue à l’air dans le cratère de l’explosion de la Capitol Imperialis. Incapable de décliner ses nom et profession aux soldats qui le prennent en charge, le nudiste inconnu se baladait toutefois avec une copie du Lectitio Divinitatus camouflé dans son anatomie (vous ne voulez pas de détails additionnels), et attribue sa survie surnaturelle à rien de moins qu’un miracle. On se demande bien de qui il peut s’agir…Fin spoiler

1 : C’est une manœuvre tellement classique à Warhammer 40K qu’on peut se demander pourquoi les commandants continuent à envoyer des troupes essayer de capturer les vaisseaux ennemis. Sans doute des escouades que Horus ne pouvait pas blairer.

AVIS :

Gav Thorpe offre une sortie de scène digne de ce nom à l’un de ses personnages fétiches de l’Hérésie, ce qui fera sans doute plaisir aux lecteurs que la destinée de Marcus Valerius intéressent. Ne faisant pas partie de ces « fidèles », je dois avouer que mon attention s’est concentrée davantage sur le la forme que sur le fond du récit, et je suis au regret de penser que Thorpe aurait pu rendre une meilleure copie. Mes principaux griefs portent sur la contextualisation très lacunaire de ce morceau de bravoure final, qui ne prend pas la peine de présenter de manière suffisante les personnages, leurs motivations et leur parcours, et nous laisse donc avec un illuminé de la première heure qui semble incapable de réfléchir par lui-même et considère tout ce qui se passe comme le résultat de la volonté de l’Empereur (ce qui est rassurant pour lui, mais pas vraiment approprié à un officier supérieur de l’Armée Impériale), son frère et son valet de pied, apparemment envoyé à la mort par un Primarque loyaliste plutôt sympathique jusqu’ici, sans plus d’explications. Une question me brûle les lèvres doigts à ce stade : WHY SHOULD I CARE ? Certes, on pourrait arguer que Thorpe avait trop peu d’espace à disposition pour briefer les nouveaux arrivants sur la saga Valerienne, mais pour une nouvelle censée pouvoir être lue de manière indépendante, le résultat laisse vraiment à désirer. Je reste convaincu que ces quelques pages relevaient plus du chapitre d’un roman que Gav Thorpe aurait dû écrire pour boucler son arc Raven Guard que d’un stand alone.

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The Ember Wolves – R. Sanders :

INTRIGUE :

The Ember WolvesAbsolom, monde ruche de troisième ordre perdu dans le système de Gorgonopsii Maestrale, est le théâtre malheureux d’un affrontement aussi insignifiant au niveau global que destructeur à l’échelle locale alors que l’Hérésie bat son plein à travers la galaxie : une bataille entre deux Légions titaniques. Côté loyalistes, c’est la Legio Castigrata qui tient la ligne, tandis que les renégats peuvent compter sur les chiens fous de la Legio Audax, dont l’une des formations, les Loups de Braises du Princeps Balthus Voltemand, vont nous servir de protagonistes aujourd’hui.

Planquée au cœur des ruines fumantes de la banlieue industrielle ceinturant la ruche Septus, la meute de Warhounds de Voltemand attend patiemment qu’une cible juteuse se présente à elle. Lorsque le Warmonger Tantorus Magnificat se met à faire des claquettes dans les décombres, les six mini-Titans ne mettent pas longtemps à partir en chasse, confiants dans la puissance du collectif (et celle de leur harpon Griffe d’Ours, aussi) pour venir à bout d’un adversaire de cette taille. Au bout d’un combat acharné, durant lequel un tiers des Loulous se fait estourbir par Tantor le Magnifique, le Warmonger isolé et tiraillé de toutes parts finit par mordre la poussière, au grand plaisir de Voltemand qui s’approche de son adversaire au sol pour lui infliger le coup de grâce…

Début spoiler…Cependant, si les talents guerriers des Loups de Braises n’ont pas pâti de leur passage au Chaos, loin s’en faut, leur discipline laisse désormais grandement à désirer. Le Princeps Primus a ainsi la mauvaise surprise de se faire défier par son rival du Rubella Mortem, Grental Thrax, qui n’a pas supporté de se faire « voler son kill » par son supérieur hiérarchique. Accusant ce dernier de couardise, il ignore les sommations de Voltemand, et la victoire de la Legio d’Audax se transforme en règlement de comptes à KO Corral lorsque le Vulpium Nox abat le Rapacia Rex à bout portant (ou l’équivalent pour une machine de 15 mètres de hait), avant de se faire lui-même descendre par le turbo-laser du Rubella Mortem. Ayant vidé son mega-bolter sur le Tantorus Magnificat au cours des combats, le Canis Ulteriax de Voltemand ne réagit pas assez vite pour empêcher son adversaire de lui envoyer à son tour un coup de canon en plein dans le museau, mais il parvient malgré tout à sortir vainqueur de ce duel proprement titanesque en lui arrachant la tête d’un tir de harpon bien placé. Cinq machines détruites du côté des renégats, contre une seule pour les loyalistes : le ratio n’est pas terrible, mais c’est tout de même une victoire pour la team Horus, pas vrai ?

Début spoiler 2…Eh bien, non. Car pendant que les Loups de Braise lavaient leur linge sale en famille, l’équipage du Tantorus Magnificat a, je vous le donne en mille, mis son réacteur en surcharge pour éviter que la précieuse machine tombe aux mains du Chaos. Lorsque Voltemand et ce qui reste de son équipage se rendent compte de l’entourloupe, il est trop tard pour s’enfuir (à supposer qu’ils soient encore en état de le faire), et la nouvelle se termine sur une explosion cataclysmique qui détruit tout à des kilomètres à la ronde. Egalité.Fin spoiler

AVIS :

Une petite bataille de Titans de temps en temps, ça ne fait pas de mal (et ça varie agréablement des Space Marinades qui constituent l’ordinaire du lecteur hérétique). Rob Sanders soigne sa copie avec cette nouvelle simple sans être simpliste, puisqu’elle parvient à mettre en relief les tendances anarchiques des forces chaotiques, qui peuvent aussi bien se révéler être un avantage qu’un handicap au combat. On passera sur les envolées lyriques de Balthus Voltemand, qui adore déclamer des tirades pompeuses à tout bout de champ (on peut aimer mais je trouve ça too much) et sur les combats de coups de pied de Titans (ça aussi c’est too much), mais le reste se laisse très bien lire.

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Blackshield – C. Wraight :

INTRIGUE :

BlackshieldLa fin de la récré approche à grands pas pour Khorak de la Death Guard et ses quelques frères d’armes survivants, ayant fait sécession de leur Légion après le siège de Molech et s’étant transformés en pirates galactiques nourrissant le vague projet de faire payer son hypocrisie à Mortarion depuis lors. Poursuivis par de mystérieux adversaires jusqu’à l’orbite du monde hostile d’Agarvian, les non alignés sont contraints d’abandonner leur vaisseau (le joliment nommé Ghogolla… je pense que ces nerds de Thousand Sons – et leur énervante maîtrise de toutes les langues mortes de la galaxie, y compris le français – ont dû bien se foutre d’eux pendant la Grande Croisade) et de se poser en catastrophe à la surface de ce caillou aussi minable que gazeux, espérant que leur légendaire fortitude leur permettra de gagner un avantage sur ce champ de bataille des plus difficiles.

Après une marche éprouvante à travers les marais spongieux qui constituent l’unique écosystème d’Argavian, Khokho and the boyz finissent par trouver un endroit idéal pour livrer leur dernier carré (ça tombe bien, ils ne sont plus que quatre), une fois que leurs poursuivants les auront rattrapés, bien sûr. Littéralement quatre jours plus tard, une petite force de Space Marines passablement exténués par cet UTMB1 finit par arriver à portée de bolter, et se fait donc accueillir bellement par les Death Guards qui barbotaient dans la bouillasse sans bouger le petit doigt depuis un petit moment2.

Si les premiers instants de l’accrochage tournent logiquement en faveur des défenseurs embusqués, le nombre de leurs assaillants finit par renverser le rapport de forces, et Khorak, bien protégé par son armure Terminator et son statut de protagoniste, finit par se retrouver seul face à un véritable peloton d’exécution. Bravache jusqu’au bout, il défie en duel le meneur adverse, dont l’héraldique est totalement noire, comme celle de ses suivants. Souhaitant au moins savoir qui sera responsable de son futur et inévitable trépas, l’ex Death Shroud bombarde son homologue de question, jusqu’à ce que ce dernier consente à révéler son identité…

Début spoiler 1…Et, surprise, il s’agit d’un frérot, comme sa capacité à respirer l’air vicié d’Argavian sans protection le laisse apparaître. Les points communs ne s’arrêtent pas là, car Crysos Morturg (son petit nom) est également un renégat Death Guard, ayant été laissé pour mort sur le champ de bataille d’Isstvan III après la purge des premières Légions traîtresses par leurs frères d’armes. Ayant survécu au prix d’une reconstitution quasi-complète de son anatomie, Crysos s’est depuis donné comme mission de traquer et détruire les forces Death Guard sur lesquelles il arrive à mettre la prothèse, en compagnie d’un contingent issus des tristement célèbres Légions Brisées, renommé Black Shields en référence à leur héraldique monocolore. Comprenant qu’il partage le même but que son poursuivant, et malgré la perte regrettable de son vaisseau et ses camarades, Khorak semble prêt à passer l’éponge sur les derniers événements et à repartir du bon pied avec ses nouveaux copains, lorsqu’un accident fâcheux se produit…

Début spoiler 2…Un de ses frères d’armes, qui n’était pas tout à fait mort au final, s’extirpe de son bain de boue pour réaliser un headshot parfait sur le front dégarni et ridé de Jason Statham Crysos, avant d’être transformé en hachis parmentier par la riposte des Black Shields. Cette mort tragique et ironique aurait toutefois préférable pour Khorak à la réalité dont il est témoin, Crysos parvenant à stopper le projectile fatal grâce à ses pouvoirs psychiques. Ayant laissé tomber Mortarion, mais pas son endoctrinement psychophobe, Khorak renonce à rejoindre la team noiraud et préfère tomber au champ d’honneur en essayant de faire goûter de sa faux à Crysos, tentative évidemment vouée à l’échec et dans laquelle il perd le dernier de ses points de vie.

De retour sur son vaisseau, et plus qu’un peu dépité par la tournure qu’ont pris les événements, Crysos décide de mettre le cap sur Terra pour solliciter rien de moins qu’une audience avec l’Empereur en personne (qui n’a sans doute rien d’autre à faire en ce moment), afin d’attirer Son auguste regard sur les services rendus par Robocopmarine et sa bande d’irréguliers. On lui souhaite bien du courage…Fin spoiler

1 : Ultra Trail du Marécage Boueux. Le Mont Blanc a été rasé à la fin de M29 pour construire un centre commercial.
2 : Les amateurs de hard SF me feront remarquer, avec raison, qu’aucune indication n’est donnée sur la longueur du jour sur Agarvian. Il se peut donc que nos héros n’aient attendu que trois minutes avant que la bagarre ne s’engage, mais ce serait beaucoup moins badass, reconnaissons-le.

AVIS :

Chris Wraight se paie le luxe d’introduire une nouvelle faction (certes mineure) à l’Hérésie d’Horus avec ce ‘Blackshield’, ce qui n’est pas donné à tout le monde, et le fait plutôt bien (même s’il passera immédiatement le flambeau à l’infatigable Josh Reynolds après la publication de cette nouvelle). On a ici le droit à une histoire bien ficelée, n’oubliant pas de donner au lecteur sa ration d’action brutale, ni de mettre en relief les conséquences de l’Hérésie pour les personnages lambda qui y sont confrontés. Seul léger bémol : il est nécessaire de maîtriser un minimum le fluff hérétique (en particulier les événements d’Isstvan III et de Molech) pour bien comprendre de quoi Khorak et Crysos discutent lors de leur petit tête à tête agarvien et pourquoi ils sont autant surpris l’un que l’autre de la présence de leur vis-à-vis. En outre, et comme beaucoup d’arcs narratifs ébauchés à cette période charnière de l’Hérésie d’Horus, on reste pour le moment sans nouvelle du space trip vers Terra qui sert d’ouverture à ‘Blackshield’, ce qui est un peu dommage.

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Children of Sicarus – A. Reynolds :

INTRIGUE :

Children of SicarusAprès sa quasi-victoire à Calth et sa fuite honteuse pour échapper à la juste colère des Ultramarines, cette vieille baderne de Kor Phaeron se retrouve isolé sur la planète démon Sicarus, en compagnie d’une poignée de Légionnaires (dont un tout jeune Marduk) et une douzaine de Serfs. Comme on ne change pas une formule qui gagne, le Premier Capitaine n’a rien trouvé de plus urgent à son arrivée que de s’enjailler avec ses nouveaux voisins, en l’occurrence les tribus humaines contrôlées par la redoutable Larazzar, Elue de Tzeentch frôlant l’élévation démoniaque et défenderesse acharnée de son pré carré. Bien que la puissance de ses Space Marines, et en particulier celle de son Gal Vorbak de compagnie, Nemkhar, soit suffisante pour repousser les attaques adverses, ce n’est qu’une affaire de temps avant que les Astartes ne tombent sous les coups de leurs innombrables ennemis. Il faut donc un plan aux Word Bearers pour se sortir de ce pétrin, et heureusement pour eux, quelqu’un en a un à leur soumettre. Pas Kor Phareon, bien sûr, mais ça vous l’aviez deviné.

L’homme providentiel se nomme Jepeth 87 (comme le nombre de ses réincarnations successives), prophète de sa profession. Il se présente à la petite bande alors que cette dernière est sur le point de se faire rattraper par l’armée de Larazzar, qui a très mal pris la mort au combat de son fils préféré, le doux et tendre Orox’i’nor. Cet affrontement scellera sans nul doute le sort des naufragés, aussi, après avoir seulement tenté de le tuer une fois, ces derniers acceptent l’offre qui leur est faite d’accompagner Jep’ jusqu’à son village, camouflé des yeux indiscrets grâce à une puissante magie et quelques hologrammes convaincants. Il paraîtrait même que les Word Bearers sont les héros d’une prophétie top moumoute, ce qui redonne le moral à tout le monde (excepté à ce pisse-vinaigre de Kor Phaeron bien sûr, mais ça…).

Arrivé sur place, KP laisse ses hommes souffler un coup et part avec son cher Nemkhar visiter la caverne de Jepeth, où l’intégralité de la prophétie lui sera révélée. Cette dernière présente deux grands avantages : le premier étant d’annoncer une réunification avec Lorgar, et le second de nécessiter la mort de Kor Phaeron pour ouvrir le portail qui permettra à Marduk de mener ses frères d’armes et les tribus rebelles de Sicarus jusqu’au QG du Primarque. Bien que tout soit dépeint de manière irréfutable, dessins rupestres à l’appui, sur les murs de la grotte de Jepeth, et que ce dernier ait même réussi à mettre la main sur l’athame que Kor Phaeron avait offert à Lorgar lorsqu’ils étaient encore sur Colchis (un tour de magie des plus bluffants), le Maître de la Mauvaise Foi refuse ca-té-go-ri-que-ment d’embrasser la grandiose et altruiste destinée de martyr, et ordonne à Nemkhar de réduire au silence le pauvre Jepeth, qui ne l’avait absolument pas vu venir. La mort du prophète dissipe cependant les illusions qui protégeaient le village caché, et Larazzar ne tarde pas à débarquer avec son armée sur les talons.

Cependant, au lieu de massacrer les quelques Space Marines éprouvés qui lui font face, la Sorcière propose un marché à Kor Phaeron : s’il consent à l’aider à conquérir Sicarus (ce qui ne devrait pas être très compliqué, puisqu’apparemment, il n’y avait que Jepeth et ses hippies qui s’opposaient à son hégémonie) et à ainsi atteindre l’immortalité, elle lui laissera l’usufruit de la planète, qui pourra servir de camp de base aux Word Bearers. Ce qui leur serait utile puisque Colchis a été ravagée en punition de leur traîtrise. Kor Phareon a-t-il vraiment les moyens de refuser un pacte aussi avantageux ?

Début spoiler…La réponse est non, mais cela ne veut pas dire qu’il tient sa parole. Ce serait faire injure à sa réputation, après tout. Ainsi, dès que Larazzar déchaîne ses pouvoirs mutagènes pour transformer les suivants de Jepeth en Enfants du Chaos, le perfide Word Bearers lui tranche la gorge avec l’athame qu’il a récupéré dans la caverne du feu prophète (et qui, quelque part, lui appartenait de plein droit), récupérant au passage toute la… heu… faveur chaotique ? emmagasinée par la trop confiante Sorcière. La mort de leur maîtresse jetant ses serviteurs dans la confusion la plus totale, il ne faut pas longtemps avant que l’ambitieux et impitoyable Kor Phaeron s’affirme comme le suzerain incontesté de Sicarus, et commence à construire sa première cathédrale noire, peu soucieux de rejoindre sa Légion pour le grand final de l’Hérésie. Avait-il déjà compris que le projet d’Horus était voué à l’échec ? Ce n’est pas improbable, car s’il y a une règle immuable dans cette galaxie sans foi ni loi, c’est bien que le camp de Kor Phaeron ne peut pas l’emporter. Jamais.Fin spoiler

AVIS :

Pour sa dernière entrée dans l’Hérésie d’Horus, Anthony Reynolds nous donne des nouvelles du personnage que tout le monde avait oublié après ‘Know No Fear’, et qui n’avait sans doute manqué à personne : Kor Phaeron. Rien de particulièrement mémorable dans ce ‘Children of Sicarus’, mais on a au moins un arc narratif fermé assez proprement, ce qui est loin d’être négligeable eut égard à la sale manie des auteurs de cette franchise à laisser leurs intrigues en plan, soit que leur collaboration avec la BL ait cessé avant qu’ils n’aient pu aller plus loin, soit que cette dernière ne leur ait pas donné la possibilité de terminer le boulot. Reynolds en profite pour mettre en avant sa propre création (Marduk), comme il l’avait fait dans ‘Dark Heart’, mais c’est de bonne guerre.

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Exocytosis – J. Swallow :

INTRIGUE :

ExocytosisDurement éprouvés par la poursuite féroce que leur livre l’implacable Corswain depuis leur affrontement dans le système de Perditus (‘The Lion’), Calas Typhon et ses Grave Wardens ont fait escale sur la planète féodale de Zaramund pour panser leurs plaies et réparer leurs vaisseaux. Accueillis à bras ouverts par Luther et ses Dark Angels renégats, qui pensent pouvoir se faire bien voir du Maître de Guerre en échange de leur coup de main (les Dark Angels ne font jamais rien de manière désintéressée, c’est connu), les Death Guards ont cependant choisi de limiter les interactions avec leurs cousins Légionnaires au minimum, ce qui chagrine fortement ces snobs de Calibanites. Officiellement, comme l’annonce Typhon à son homologue après avoir filtré ses appels pendant plusieurs jours, il s’agit de réduire le risque d’accident malheureux entre les deux contingents, certains Death Guards étant apparemment trop neuneus pour faire la différence entre un bon et un mauvais chasseur Dark Angel. Officieusement, le Premier Capitaine sent qu’il couve quelque chose de pas net depuis Perditus, comme les triades de bubons qui se développent sur son épiderme et l’intérêt que sa personne provoque chez la gent diptère lui laissent à penser. Redoutant sans doute le jugement de cet arbitre des élégances qu’est Luther (et sa barbe de hipster), Typhon refuse poliment mais fermement que ses nouveaux alliés lui envoient des Techmarines pour superviser les réparations, et consent seulement à venir au pot de l’amitié que l’état-major Dark Angels organisera à la fin des travaux.

Ce manque flagrant de reconnaissance est mal vécu du côté de la Première Légion, et un Capitaine gaffeur et désœuvré (Vastobal) convainc Luther de le laisser aller espionner le camp retranché de la Death Guard. En chemin, il tombe sur une caravane de civils locaux, bien décidés à rendre visite et hommage à un certain Typhus, sur lequel ils ne tarissent pas d’éloges. Profitant de la diversion offerte par ce troupeau de pèlerins, Vastobal se planque dans un bosquet tout proche de l’entrée du camp, et prend la pose d’un mélèze pour ne pas se faire repérer, tandis que Typhon en personne sort pour aller s’enquérir de la cause de tout ce raffut…

Début spoiler…Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre qu’il est bien le Typhus dont ses groupies sont énamourés, et que ces derniers présentent tous les mêmes marques cutanées que lui. Appelé « Héraut du Grand-Père » par la petite mamie qui mène la congrégation, Typhon constate avec plus de fascination que de révulsion que ses visiteurs portent tous les symptômes de maladies graves, qui auraient dû les emporter depuis longtemps mais contre lesquelles ils semblent immunisés. Cette sympathique communion est toutefois interrompue par ce butor de Vastobal, qui sort de ses gonds et de ses bois lorsque les Zaramundois commencent à exsuder des essaims de mouches par tous leurs orifices. Fermement opposé aux choses du Warp, comme tout Calibanite qui se respecte, le Capitaine se met à massacrer les pèlerins à grands coups d’espadon, ce qui provoque la réaction de Typhon.

Le combat s’engage, au cours duquel le porteur de faux hérite d’une coupure au menton, ce qui le chagrine si fortement qu’il en devient authentiquement chaotique. Si si. Renforcé par les bienfaits de Nurgle, qui se manifestent pleinement après cette épiphanie barbière, Typhon décapite son adversaire, et part discrètement du système avant que les Dark Angels ne s’inquiètent de la disparition de Vastobal. Lorsque le Seigneur Cypher alerte Luther du départ en loucedé de ses invités, ces derniers sont déjà loin, et Typhon est fort occupé à précipiter la corruption de sa Compagnie en faisant goûter à ses officiers son hémoglobine suspecte lors du rituel des Coupes (encore un scandale de sang contaminé). Et ce n’est qu’un avant-goût de ce qu’il réservera à son vieux poto Mortarion lorsqu’ils seront à nouveau réunis…Fin spoiler

AVIS :

Si la déchéance de la Death Guard a été suggérée depuis les tout débuts de l’Hérésie (‘The Flight of the Eisenstein’), ‘Exocytosis’ marque véritablement le moment de la bascule définitive de cette Légion vers Nurgle, Calas Typhon servant de catalyseur à cette évolution fatidique. En cela, la lecture de cette nouvelle est obligatoire pour tous les amoureux du fluff de cette faction, et sert de prologue assez robuste aux événements couverts dans ‘The Buried Dagger’, où le même Swallow finira le travail et racontera le désastreux voyage de la Death Guard réunifiée jusqu’à Terra. Comme cet auteur prend un malin plaisir à faire passer Mortarion pour la dupe de son Premier Capitaine, l’absence du premier n’est absolument pas rédhibitoire, et permet même de relever le niveau de la nouvelle, si j’en suis seul juge. Les seules victimes de l’histoire sont finalement les Dark Angels, qui apparaissent comme les nice guys/dindons de cette farce. On peut s’interroger sur la nécessité de faire participer Luther à cette galéjade, d’où il ne sort pas vraiment grandi : vu l’importance qu’il a dans l’intrigue, n’importe quel Capitaine Dark Angels aurait pu tout aussi bien faire l’affaire. Peut-être que James Swallow avait des comptes à régler avec la Première Légion…

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The Painted Count – G. Haley :

INTRIGUE :

The Painted CountSi les lendemains de cuite sont difficiles, ceux de défaite cuisante le sont encore plus. Particulièrement quand on est aussi douillet que notre héros du jour, ou plutôt de la nuit, le Capitaine des Night Lords Gendor Skraivok, aussi connu sous le nom de Comte Peint du fait de son maquillage très bath. Dispersés, démoralisés et laissés orphelins après la bataille de Thramas et la capture de Konrad Curze (sans oublier ce bon vieux Sevatar), les Légionnaires de la VIIIème doivent faire face à une période de transition forcément chaotique, du fait de leur nature profonde et de leurs sales tendances au complot et au meurtre. Skraivok est l’un des prétendants les mieux placés pour devenir le nouveau meneur des Night Lords, notamment grâce à sa maîtrise du vaisseau amiral de la Légion, le redouté Nightfall, mais il doit se défaire de son rival Shang, qui dispose de nombreux soutiens et de l’aura d’avoir été l’Ecuyer de Hante-la-Nuit.

Cette lutte de pouvoir n’est cependant que l’un des problèmes qui tracassent le Comte. Il a aussi hérité sur Sotha d’une épée d’un genre un peu particulier, en cela qu’elle est très certainement démoniaque de nature, et plutôt collante dans ses attentions. Ainsi, malgré des efforts vigoureux, répétés et inventifs pour s’en débarrasser, elle a toujours trouvé le moyen de revenir à ses côtés pour le tenter. Dernière tentative en date, et donc dernier échec : le jeter dans l’espace depuis un sas ouvert (le tout sans casque, opa Guilliman style), qui n’a rien donné non plus, et s’est même montré contre-productif car Shang et deux Atramentar attendaient Skraivok à la sortie du vestiaire, et sans arme pour se défendre, se défaire d’un Capitaine et de Terminators est nettement moins facile, même pour un individu aussi talentueux que notre héros.

The Painted Count_IllustrationFort heureusement, Shang est plutôt chill pour un Night Lords, et se contente de balancer son rival dans le labyrinthe que Konrad Curze avait utilisé pour son animal de compagnie et néanmoins frère, Vulkan, au lendemain du massacre d’Isstvan. Comme l’élection du prochain maître de la Légion est prévue plus tard dans la journée, l’absence de Skraivok sera suffisante pour permettre à Shang de remporter les suffrages, où du moins le pense-t-il. Cela était sans compter sur l’aide apportée par l’épée, qui attendait comme de juste son porteur élu dans le labyrinthe, et grâce à son GPS intégré et son impressionnant bonus aux jets de pénétration d’armure, permet au Comte de se sortir de ce dédale beaucoup plus vite que cette chochotte de Vulkan. Bien sûr, il doit livrer son âme au démon enfermé dans l’arme, mais nécessité fait loi.

De retour sur le plancher des vaches chauves-souris, il se précipite jusqu’à la salle où le Kyreptoran Vicaria (Conseil d’Administration en bon nostraman) tient séance. Arrivant trop tard pour le vote, il a recours à la bonne vieille méthode du défi en duel à mort pour se défaire de ce fieffé coquin de Shang, qui finit promptement une demi-tête plus petit qu’au débit de la séance, grâce à la super-vitesse que lui confère son épée maudite. Cette démonstration de force ayant considérablement refroidi l’ambiance au sein de l’auguste assemblée, Skraivok est élu sans coup férir Overlord Nightest, et jure d’emmener sa Légion, ou ce qu’il en reste, participer au Siège de Terra pour faire les pieds à l’Empereur. Pas la motivation la plus noble ou la plus profonde, mais que peut-on attendre de la part d’un gonze dont le role model est Gene Simmons, je vous le demande.

AVIS :

Dans le sous-sous-sous genre des nouvelles de l’Hérésie d’Horus expliquant pourquoi et comment les Légions renégates sans Primarques décident de se rendre sur Terra, Guy Haley livre une histoire très correcte avec ce ‘The Painted Count’, qui s’inscrit fort bien dans la grande (la captivité de Vulkan et la capture de Konrad Curze) et la moyenne (la campagne de Pharos, couverte par le même Guy Haley dans le roman éponyme) histoires de l’Hérésie. Si l’utilisation du topos de l’épée maudite ne gagnera pas à l’auteur un prix d’originalité, le rendu est suffisamment propre et le personnage de Gendor Skraivok suffisamment distrayant – même si Sevatar reste, et de loin, le G.O.A.T – pour donner envie d’en savoir plus sur la destinée du Comte Peint, dont on devine qu’elle sera forcément fatidique et tragique. Sortez les mouchoirs et le popcorn.

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The Last Son of Prospero – C. Wraight :

INTRIGUE :

The Last Son of ProsperoRamené sur Terra grâce aux efforts conjoints des White Scars, qu’il a aidé à sortir de la tempête Warp dans laquelle ils étaient encalminés, et des Élus de Malcador le Sigilite, le Sergent Revuel Arvida des Thousand Sons n’est plus vraiment au pic de sa forme à son arrivée sur le monde Trône. En cause, cette cochonnerie de malédiction du changement, un temps contenue par Magnus le Rouge, mais à présent hors de tout contrôle. Exfiltré vers l’infirmerie privée du Régent de Terra au nez et à la moustache de Jaghatai Khan, pour que Papi Mougeot puisse jouer au docteur avec ses abattis, le pauvre Arvida n’est plus qu’un tas de chair décoloré et instable, mais auquel son âme s’accroche encore avec l’énergie du désespoir.

Pendant que Malcador joue du scalpel avec plus de ténacité que d’efficacité (6 heures d’opération, tout de même), puis doit expliquer à un Jag’ hors de lui pourquoi il a cru bon de lui emprunter celui que le Primarque considère comme étant son obligé – et notre gonze prend les serments très au sérieux – Arvida expérimente des visions mystiques, où le passé et le présent s’entremêlent. Après quelques flashbacks peu intéressants, il fait la rencontre de son progéniteur borgne, ou plutôt de l’un de ses éclats1, qui a choisi de rester sur Terra… pour demander pardon à l’Empereur, j’imagine ? Toujours est-il que cette fraction du Roi Ecarlate est tirée de sa stupeur hébétée par l’arrivée de celui qui peut prétendre être le dernier fils de Prospero, et commence à se matérialiser dans la salle d’opération, juste à temps pour éviter à Jaghatai de faire avaler son bâton à Malcador pour lui apprendre à piquer les sauvegardes invulnérables pupilles des autres.

Cette apparition, c’était sur quoi le rusé vieillard comptait, lui qui cherchait un moyen de sécuriser les niveaux inférieurs du Palais Impérial en y installant un concierge avec un DEUG en occultisme. Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas, ce qui laisse le champ libre au motivational speaker de Chogoris pour venir hurler des encouragements dans l’oreille la direction générale de son poulain. Miracle des miracles, cela marche beaucoup mieux que la combine de Malcador, et l’âme d’Arvida finit par fusionner avec l’éclat de Magnus, gagnant au passage une cure de beauté spectaculaire (les jeunes disent un glow up), qui redonne à notre comateux héros forme humaine. C’est ce qu’on appelle dans le jargon un coup d’éclat. Le rideau tombe sur une séance de présentation en bonne et due forme entre les membres du casting de cette nouvelle. Plutôt que de se prénommer Marvidus ou Manuel le Vouge, comme il en avait pourtant le droit et la possibilité, le « nouveau-né » s’introduit sous le nom d’Ianius, qui était le tutélaire (i.e. la mascotte démoniaque) d’Arvida au cours de sa carrière dans la Légion. Quelque chose me dit qu’on n’a pas encore fini d’entendre parler de lui…

1 : Parce que n’est plus Magn-I, c’est Magn-Us.

AVIS :

Chris Wraight signe une nouvelle pour connoisseurs de l’Hérésie d’Horus avec ‘The Last Son of Prospero’, qui ne peut être pleinement compris et apprécié qu’en maîtrisant, outre l’arc consacré par cet auteur au personnage de Revuel Arvida (‘Rebirth’, ‘Allegiance’), ceux propres à Malcador le Sigilite et ses élus (‘The Sigillite’), à Magnus (‘The Crimson King’) et aux White Scars (‘The Path of Heaven’, ‘Scars’)… ce qui fait un sacré bagage, mine de rien. Pour les happy few ayant investi assez de temps dans la maîtrise de l’Hérésie littéraire, cette nouvelle est à la fois intéressante sur le plan narratif et fluffique, ce qui est suffisamment rare pour être souligné, et apprécié. Pour les autres, qui formeront je crois la majorité, le bilan risque d’être un peu moins positif. Même si Wraight livre un récit de rédemption miraculeuse qui reste compréhensible pour un faux débutant (si vous ne savez pas qui sont Magnus, Jaghatai Khan et Malcador, ça va picoter), c’est bien le contexte dans lequel ‘The Last Son of Prospero’ se déroule qui fait tout l’intérêt de cette nouvelle. A ne pas mettre entre toutes les mains donc, ou en tous cas, à ne pas aborder sans préparation.

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The Soul, Severed – C. Wraight :

INTRIGUE :

The Soul, SeveredAprès les événements d’Iydris et l’abandon de poste de leur Primarque, les Emperor’s Children eurent une petite période de flottement pendant que la galaxie se déchirait autour d’eux. Bien que leur amour pour les belles choses et les plaisirs simples (mais intenses) de la vie les garda occupé pendant cet intérim, certains officiers prirent sur eux de tenter de redonner un cap et une unité à ce qui était pendant la Grande Croisade la fine fleur des Legiones Astartes, et était devenu un ramassis de glandeurs jouisseurs passant leurs journées à écouter de la dubstep à haute fréquence.

L’humilité et l’esprit d’équipe n’ayant jamais été des qualités fortes chez les Enfants (gâtés) de l’Empereur, il était à peu près certain que ces efforts hégémoniques déboucheraient sur des affrontements ouverts entre prétendants au climazon de Fulgrim (son bien le plus précieux et le symbole de son statut de Maître de Légion) plutôt que sur des tractations en bonne intelligence. Aussi, lorsque les Seigneurs Commandeurs Eidolon, dit Dondon la Raclure, et Archorian, dit l’Italique, (il parle toujours comme ça) acceptent de se rencontrer en terrain neutre, c’est-à-dire un terrain vague dans une friche industrielle de la planète Horvia, ravagée par la guerre, c’est forcément qu’ils ont un coup fourré caché dans leur manche énergétique. Reste à savoir qui aura le dernier mot dans cette partie de poker menteur dont la mise n’est rien de moins que le leadership sur la Légion…

Début spoiler…Archorian ouvre les hostilités le premier en lançant ses troupes à l’attaque de son rival et de son escorte de Kakophoni, mais Eidolon n’avait pas perdu la tête (hoho) et gardé sa propre armée en réserve. Le conflit tourne en faveur de ce dernier, forçant les hommes d’Archorian à se replier à travers les ruines d’un manufactorium en déréliction, poursuivis par leurs frères d’armes. Il s’agissait toutefois d’une feinte pour attirer le gros des forces d’Eidolon dans une zone piégée, et un tsunami de boue toxique s’abat sur les assaillants après qu’Archorian ait fait sauter les bombes placées sur la paroi des cuves de rétention qui surplombent la zone.

Seulement, on ne vient pas aussi facilement à bout d’une tache aussi tenace qu’Eidolon, qui se contente de hurler « MEUHHHH » à la face de son adversaire lorsqu’il vient terminer le travail au corps à corps. Comme les Kakophoni ont aussi survécu sans rétrécir au lavage, et donnent également de la voix à la suite de leur patron, le pauvre Archorian finit éparpillé aux quatre vents, et son armée suit rapidement. Comme on dit à Chemos, rira bien qui criera le dernier. Ces deux déluges consécutifs (l’un littéral, l’autre sonique) provoquent une frénésie de massacre et de sévices chez les Emperor’s Children, qui foncent assouvir leurs plus bas instincts sur la population locale de Horvia, qui n’en demandait pas tant et n’est pas assez nombreuse pour occuper longtemps cette bande d’esthètes en puissance. C’est alors qu’Eidolon a une idée de génie : sur Terra, il y a beaucoup plus de monde à torturer/distiller, de quoi tenir au moins quelques années en tout cas. Et c’est ainsi que la IIIème Légion prit le chemin de Terra, sur le caprice coup de tête de son commandant par défaut après qu’il ait pris un bain de boue. A quoi tient l’Imperium, finalement…Fin spoiler

AVIS :

Chris Wraight endosse le rôle peu glorieux mais nécessaire du manager de transition pour les Emperor’s Children1, Légion bien mise en avant au début de l’Hérésie puis laissée à son triste mais coloré destin à partir du milieu de la saga. Même si sa corruption était déjà bien amorcée au moment du congé sabbatique warpesque de Fulgrim, cette fière confrérie n’en était pas encore rendue à l’hédonisme désordonné qu’on lui connaitrait pendant le Siège de Terra, évolution qui nécessitait donc une justification digne de ce nom. C’est chose faite avec ‘The Soul-Severed’, qui utilise Eidolon plus qu’elle ne le met en valeur (et ça tombe bien, c’est le personnage favori d’absolument personne) pour mettre la IIIème Légion sur le chemin de Terra. On peut mettre cette petite nouvelle au même niveau que ‘Prince of Blood’ de Laurie Goulding, qui rend le même service à une autre Légion dont le Primarque n’était plus en état de la mener jusqu’au monde Trône (les World Eaters). Absolument indispensable si vous êtes un fluffiste acharné, car Wraight se pique de donner l’origine de pas mal de caractéristiques des Emperor’s Children « modernes » (héraldique, goût pour les poisons et l’esclavagisme…), seulement sympathique pour le reste.

1 : Il est assez surprenant que la BL ait confié cette tâche à un auteur qui n’avait jamais vraiment écrit pour cette faction jusqu’ici (spécialisation Space Wolves, Thousand Sons et White Scars pour notre homme).

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Dark Compliance – J. French :

INTRIGUE :

Dark ComplianceOn a tendance à l’oublier, mais l’Hérésie d’Horus a donné lieu à autant si ce n’est plus de tractations entre diplomates que de batailles entre forces loyalistes et renégates. Il faut s’imaginer que chaque planète d’une certaine importance a reçu la visite d’émissaires du Maître de Guerre, chargés de la délicate mission de convaincre le Gouverneur local de trahir Pépé pour rejoindre le camp des rebelles. Une tâche ingrate et très souvent mortelle, dont certains s’acquittèrent mieux que d’autres. Et parmi les meilleurs des meilleurs, nous retrouvons Kinor Argonis, un des messagers favoris du grand chauve, qui lui confia des missions sensibles d’un bout à l’autre de l’Hérésie. On le retrouve ici, peu de temps après les événements de Tallarn, en train de baratiner Desigus, despote des Mondes Dorés et gardien du Golfe Aventien. Desigual semble être un farouche partisan de Pépé, et a prévu d’esquinter sérieusement le messager horusien avant de le renvoyer à son maître avec un tatouage « C’est non » en Comic Sans MS en travers du front (ce qui constitue l’outrage le plus terrible qui soit, même à cette époque reculée). Argonis le sait bien, mais reste confiant dans sa capacité à retourner son interlocuteur, témoignage édifiant à l’appui. Il a en effet assisté aux premières loges à l’agonie d’un monde ayant commis l’erreur de refuser l’amitié du Lupercal, et ne se fait pas prier pour partager cette anecdote avec son hôte.

La malchanceuse planète dont il a été question se nommait Acazzar-Beta, et était placée sous la coupe de l’Adeptus Mechanicus. Son Gouverneur, le Technoprêtre Myrmidax Kadith1, accueillit très chaudement l’offre de sécession d’Horus en noyant ses émissaires dans le plasma, outrage que le Maître de Guerre ne pouvait laisser impuni. Défendue par une flotte respectable et des millions de Skitarii, Acazzar-Beta avait sur le papier une chance non nulle de sortir vainqueur d’une guerre ouverte avec les forces hérétiques, mais Horus avait comme a son habitude tout prévu, et l’affrontement, pour sanglant qu’il fut, se termina rapidement par une victoire sans appel des visiteurs. Dans un premier temps, l’Über Primarque remporta la bataille spatiale grâce à une attaque surprise de sa seconde flotte, qu’il avait caché… dans l’espace et qui prit par revers les stations de défense planétaire (il faut croire qu’elles regardaient toutes du mauvais côté, c’est ballot), et l’utilisation de quelques torpilles vortex pour faire des gros trous (noirs) dans les blindages ennemis. Bien que cela ait coûté cher en troupes et en personnages nommés (en l’occurrence, l’irremplaçable Galdron et son acolyte Night Lords Scarrix), ce fut un petit prix à payer pour pouvoir accéder à la surface d’Acazzar-Beta.

Rendu sur place avec ses Justaerin, son vieux pote Mal(oghurst), son témoin Argonis, un bouquet de fleurs et une perle rouge à l’aura très particulière, Horus passa à la seconde étape de son plan machiavélique. Contrairement à son habitude de décapiter et démoraliser l’ennemi en tuant de ses mains son commandant, ce que le fataliste Kadith avait escompté et intégré à son plan pour infliger le plus de pertes possibles aux Sons of Horus, le Primarque se posa loin du front et fit usage de son boulard écarlate, qui se révéla être une Master Ball démoniaque, pour invoquer le Prince Démon Doombreed et ses armées de Khorne. Ceci fait, il repartit aussi sec en orbite pour assister à l’annihilation des loyalistes, toujours escorté du fidèle Argonis, qui ne rata pas une miette de ce spectacle pittoresque.

De retour dans le présent et sur les Mondes Dorés, le même Argonis demande à un Desigus plus aussi sûr de lui de mûrement réfléchir à la décision qu’il va prendre, et qui pourrait sceller la fin de son empire et la mort de tous ses sujets. On ne saura pas au final quel fut le choix du despote, mais on ne peut pas vraiment lui reprocher d’avoir pris un petit temps de réflexion pour se mettre les idées au clair…

1 : Renommé dans tout le Segmentum pour sa manie de monter des optiques sur les pistons de ses moteurs. D’où l’expression « la bielle de Kadith a des yeux de velours ».

AVIS :

Dark Compliance’ a deux intérêts principaux : il remet sur le devant de la scène un personnage mineur mais régulier de l’Hérésie, le persistant Kinor Argonis (‘Tallarn: Ironclad’, ‘Slaves to Darkness’), ce qui est appréciable si vous vous êtes entichés de ce petit galopin. Il met également en scène un affrontement de grande ampleur entre hérétiques et loyalistes, avec rien de moins que le Maître de Guerre en personne à la tête des premiers, ce qui n’arrive pas souvent dans un court format. Ceci dit, French n’arrive pas vraiment à convaincre du génie tactique de son héros, qui remporte la bataille spatiale (affreusement condensée, on a l’impression qu’elle dure littéralement cinq minutes) sur un gros TGCM, et sort un Demonis ex Machina de sa poche pour plier la manche terrestre. Plutôt décevant.

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Duty Waits – G. Haley :

INTRIGUE :

Duty WaitsSur Terra, les loyaux défenseurs de l’Empereur ne savent plus quoi inventer pour tuer le temps. Nous suivons ainsi le quotidien à la fois morne et stressant de deux Astartes de la VIIème Légion, le Capitaine Maximus Thane de la 22ème Compagnie, et le poussin Kolo, fraîchement diplômé de la promotion Eltaune Jaune, alors qu’Horus n’en finit plus de faire traîner son quart d’heure d’impolitesse. Alors que Max’ a au moins le loisir de faire un peu d’exercice à la tête de ses hommes, qu’il emmène régulièrement faire des joggings sur le mur d’enceinte du Palais1, Kolo est assigné au support informatique de ce dernier, et, entre deux appels d’un certain M. Alcador, qui éprouve toutes les peines du monde à envoyer un mail ou à ouvrir une pièce jointe (et qui oublie une fois sur deux d’allumer son écran), doit gérer une bien pesante inactivité. Car, il faut bien le reconnaître : il ne se passe pas grand-chose d’intéressant sur Terra d’un point de vue strictement apocalyptique. Bref, les journées sont longues2.

À défaut de s’améliorer franchement, les choses évoluent un peu pour nos protagonistes après le départ de la flotte en destination de Beta-Garmon. Bien qu’ils n’aient pas eu la « chance » de faire partie des heureux élus envoyés au casse-pipe contre les renégats, Thane et Kolo ont en effet reçu de nouvelles affectations. Le Capitaine a ainsi la chance, la joie et l’avantage de faire le planton à 300 mètres au dessus d’un square fréquenté par les civils du Palais, afin de rassurer et d’inspirer ces derniers. Malheureusement, les cadences infernales de travail auxquelles sont soumises les masses laborieuses de Terra, les conditions météorologiques détestables de la région, et le manque d’intérêt du spectacle (les gars restent vraiment plantés comme des piquets pendant des heures, à tel point que son Lieutenant manque de déclencher une alerte jaune quand il voit Thane lever les yeux vers le ciel) viennent contrarier cette noble initiative de propagande. Ils auraient jonglé avec leurs bolters, ça aurait eu plus de gueule, moi je dis. Pour se distraire, Maximus imagine ce qu’il se passerait s’il se laissait tomber depuis le mur, et calcule les probabilités jusqu’à la 15ème décimale de sa survie en fonction de paramètres divers, comme l’écartement de ses bras pendant la chute, l’atterrissage sur un quidam, ou encore la vitesse de croisière d’un Stormbird (africain) non chargé. Il soupçonne que le développement d’un passe-temps tel que le suicide mental pourrait peut-être trahir un léger début de névrose, mais cela ne l’empêche évidemment pas de faire son devoir.

De son côté, Kolo participe à l’opération Sentinelle II (la première ayant pris place 28.000 ans plus tôt, même si personne ne s’en souvient), ce qui lui donne l’occasion d’interagir avec les civils que Thane ne voit que de loin. Entre deux contrôles d’identité et palpations aléatoires, le voilà sommé avec son escouade d’intervenir en support des forces de l’ordre, débordées par une foule hostile car affamée. La distribution du pain quotidien ayant en effet annulée sans prévenir, une poignée d’Arbites doivent calmer les velléités meurtrières de quelques milliers de mal-contents. L’arrivée des gilets plastrons jaunes n’a pas l’effet escompté, pas plus que les talents oratoires et diplomatiques, assez limités il faut bien le reconnaître, du Sergent Benedict ne permettent de désamorcer le conflit latent. Ce qui doit arriver arrive, et les manifestants commettent l’erreur de charger leurs protecteurs, qui répondent par une rafale de bolter dans le plus grand des calmes. 80 douilles très exactement plus tard, l’incident est clos, au prix d’un petit millier de morts seulement. Voilà qui mérite bien un honneur balistique, il me semble. Bref, sur Terra il n’y a pas que le temps qu’on tue.

1 : En revanche, pas question de traverser la route avant que le petit bonhomme ne passe au vert jaune. Sous peine de mort.
: Il est d’ailleurs murmuré dans les cercles autorisés que c’est la surutilisation de leur membrane cataleptique pour faire passer le temps plus vite pendant leur interminable garnison sur Terra qui a entraîné la dysfonction de cette dernière chez les Imperial Fists et leurs successeurs.

AVIS :

Dans la série des nouvelles de C.A.L.T.H.1 constituant une partie non négligeable du recueil Heralds of the Siege, Duty Waits se place en tête de peloton par ses importants apports en termes de fluff, ainsi que par la réussite de Haley à faire ressortir la torture mentale que représente cette attente interminable pour les défenseurs, fussent-ils des transhumains conditionnés et entraînés pour faire face à toute situation. Et les Space Marines ont beau ne pas connaître la peur, l’Empereur n’a rien dit ni prévu en ce qui concerne l’ennui, ce qui peut mener même les soldats les plus disciplinés à commettre quelques regrettables boulettes. Dans cette ambiance de Désert des Tartares, Thane et Kolo vivent chacun leur propre enfer, et se retrouvent, sans le savoir, complices d’une exaction qui ne manquera pas de venir les hanter après l’Hérésie. Sur le thème, déjà couvert de nombreuses fois mais tellement central pour la série qu’on pardonnera aisément cette nouvelle itération, du sacrifice des fins en faveur des moyens, Haley parvient à brosser un portrait singulier et sinistre du Monde Trône avant que l’apocalypse ne s’y déchaîne, et préfigurant sans le savoir la dictature brutale, liberticide et usine-à-gazesque que deviendra l’Imperium, autrefois « simple » despotisme éclairé et progressiste, une fois la guerre civile terminée. Et si la question du « mais comment en est-on arrivés là ? » est la plus importante à laquelle l’Hérésie d’Horus doit répondre, alors on peut considérer Duty Waits comme une vraie réussite.

1 : Calme Avant La Tempête Horusienne.

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Magisterium – C. Wraight :

INTRIGUE :

MagisteriumSortis très éprouvés de la Guerre dans la Toile, la première défaite qu’ils aient connu depuis leur fondation, et qui a réduit drastiquement leur nombre, les Custodes doivent à présent panser1 leurs plaies et se préparer pour l’arrivée prochaine d’Horus et ses Légions renégates. Nous suivons donc le Vestarios (soit littéralement, le préposé au vestiaire de la boîte de nuit, en grec ancien) Samonas, fidèle bras droit de imperturbable Constantin Valdor alors qu’il supervise la réhabilitation des gardes suisses de l’Empereur, qui, en plus d’avoir été nonagimés (mais si, mais si, c’est du haut gothique) par les hordes démoniaques, ont cabossé et égaré leur matériel dans des proportions abominables, ce qui force les services généraux de la custoderie à enquiller les heures sup’ sans compter. Au moins, le temps d’attente à la cantine et à la photocopieuse s’en trouve fortement réduit, et il n’y a plus de problème de place au parking des trottinettes électriques. C’est déjà ça.

Ayant obtenu une audience auprès de (son demi-frère ?) Rogal Dorn, avec lequel il entretient des relations aussi fraîches que le bloc Harpic qui orne ses toilettes personnelles, Valdor se rend dans les appartements du Seigneur Commandeur de l’Imperium, toujours escorté de son fidèle Samonas. Comme on peut s’y attendre, l’entrevue se passe assez mal, les deux surhommes se balançant des amabilités au visage sans prendre de gants, énergétiques ou pas. Tandis que le maître des Imperial Fists reproche à son interlocuteur sa roideur confinant parfois à l’autisme, dès lors qu’une directive lui ait été donnée par l’Empereur, ce qui a conduit les Custodiens à contenir seuls les brèches dans les niveaux inférieurs du Palais, alors qu’un retrait stratégique aurait permis d’épargner de nombreuses vies, Valdoche nous joue son air favori du « Oh-mais-vous-les-Primarques-vous-n-êtes-que-des-sales-gosses-pourris-gâtés-et-on-était-bien-mieux-avec-Pépé-avant-votre-naissance2 ». Le sentiment de supériorité de Darth Valdor est toutefois tout ce qui lui reste, Dorn soulignant avec à propos que les pertes subies par les 10.000 ont de facto condamnés ces derniers à jouer les seconds rôles dans le futur siège de Terra, et que le sort de l’Hérésie repose maintenant entre les gantelets des Legiones Astartes, qu’ils soient traîtres ou loyalistes. Bref, la garde aurique n’est plus bonne qu’à assurer le service d’ordre autour de la chaise d’affaires impériale, et doit laisser aux Space Marines la gestion des vrais dossiers.

La virulence des échanges entre la main droite et le poing gauche de l’Empereur n’est pas sans rappeler à Samonas, qui s’ennuie ferme pendant ce crêpage de chignon3, une conversation du même ordre qui avait pris place quelques années plus tôt sur Prospero, lorsque que les Custodiens étaient venus donner un coup de main aux Space Wolves dans le châtiment, que d’aucuns jugent mérités, de Magnus et ses Thousand Sons à la suite du poke un peu trop accentué que ce dernier avait envoyé à son paternel pour lui signaler le comportement déviant d’Horus. Bien que Leman Russ se soit révélé un tout autre animal (autant comparer un malamut à un poisson pierre), le zèle sanguinaire avec lequel le Fenrissien mena l’assaut sur Tizca, et sa volonté sans équivoque de ne pas faire de prisonnier, au mépris des instructions remises par l’Empereur au Capitaine-Général, ne furent pas sans générer des frictions entre les deux envoyés impériaux. Dans ce cas, comme plus tard avec Dorn, Valdor, en tant que Magisterium, disposait d’une autorité théoriquement absolue sur son vis à vis Primarque, mais cela n’a pas empêché ce dernier de n’en faire qu’à sa tête, avec des résultats spectaculaires, à défaut d’être satisfaisants. Et Constantin d’y aller de son petit « Primarque… » méprisant en voyant Russ hurler à la lune sur la grand-place de Tizca après la volatilisation du Cyclope. Décidément, ils n’ont pas les mêmes valeurs.

La nouvelle se termine sur une scène de remparts (comme beaucoup des histoires de Heralds of the Siege d’ailleurs), Valdor enjoignant son sous-fifre porte-cravate de ne pas désespérer que l’Empereur reprenne enfin contact avec ses Custodiens, malgré tous les travaux d’isolation des fondations du palais à terminer avant l’arrivée d’Horus, et qui l’occupent à plein temps depuis maintenant des mois. D’une manière ou d’une autre, la fin approche à grands pas…

1 : Et penser, ils ont tous passé l’agreg’ de philosophie après tout.
2 : Funfact : Sur les 1932 mots titres et qualificatifs gravés à l’intérieur de la cuirasse de Valdor, 93% sont des critiques adressées aux fistons du Patron.
3 : Dorn s’étant laissé pousser les tifs pendant ses sept années de permanence au domicile paternel, il y a largement de quoi faire un manbun.

AVIS :

Pure nouvelle de fluffiste, en ce qu’elle s’avère être beaucoup plus riche en petites révélations et lourdes insinuations de background qu’en action pure et dure, Magisterium est une soumission de qualité de la part de Chris Wraight. Son principal intérêt, et non des moindres pour les amateurs de grandes figures de l’Hérésie (c’est à dire la plupart des lecteurs de la série, soyons honnêtes), est d’apporter quelques os à ronger sur le discret mais crucial Constantin Valdor, et de le faire interagir avec d’autres VIP impériaux. Les bisbilles qui s’ensuivent permettent à Wraight de soumettre quelques concepts intéressants, et de soulever des questions l’étant tout autant, comme celles de l’origine de Valdor et du rôle que lui a attribué l’Empereur, qui semble dépasser celui de simple garde du corps et porte parole officiel de Son Altesse Suprêmissime (bien que la fonction de Magisterium, et les prérogatives qui vont avec, soient déjà une belle source de discussion). La rivalité latente entre l’aîné des surhommes de Pépé et la fratrie primarquielle, qui est venue après, ne sera pas sans susciter quelques folles hypothèses de la part du lecteur, et j’espère bien que l’auteur continuera sur cette prometteuse lancée dans le roman dédié à l’énigmatique Capitaine-Général. En sus, l’état des lieux dressé par Wraight du piteux état dans lequel la Guerre dans la Toile a laissé les Custodiens permet de faire le lien entre cet épisode bien couvert dans les dernières publications de l’Hérésie d’Horus et le Siège de Terra, ce qui est toujours bon à prendre. Bref, une lecture tout ce qu’il y a de plus conseillée pour celles et ceux qui prennent l’Hérésie à coeur.

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Now Peals Midnight – J. French :

INTRIGUE :

Now Peals MidnightAlors que l’horloge de l’ApocalypseTM se rapproche furieusement de l’heure fatidique du début de la plus grande bataille de Warhammer 40K de l’histoire de la galaxie, le capitaine de l’équipe loyaliste décide de passer le temps avant le lancement de la clock en se dégourdissant les jambes sur le chemin de ronde qu’il a passé le dernier lustre à bâtir. Rogal Dorn, Prétorien de Terra, a beau se répéter que lui et ses gars (et filles) sont aussi prêts qu’ils puissent l’être, il est difficile d’être certain de rien alors que l’express d’Isstvan V est sur le point d’entrer en gare système, rempli jusqu’à la gueule de félons et de traîtres. Un calme de mauvais augure est d’ailleurs tombé sur Terra, comme si la planète tout entière retenait son souffle dans l’attente de l’arrivée d’Horus et de ses ruffians.

Alors que le Primarque des Imperial Fists boucle son parcours en écoutant le podcast des meilleures prédictions pessimistes et autres maximes déprimantes de l’Hérésie, depuis Malcador dans The Lightning Tower1 jusqu’à Solomon Voss dans The Last Remembrancer2, en passant par… lui-même (il le vaut bien) dans The Crimson Fist3, il fait plusieurs rencontres aussi vides de sens que lourdes d’intérêt, ou peut-être est-ce le contraire. Après avoir demandé à l’astropathe et secrétaire de direction Armina Fel d’organiser un dîner de travail avec ses frangins, il passe une tête au PC Sécurité jauger des conditions de circulation sur le périphérique solaire. Vison Buté voit noir foncé. Zut. Juste le temps de donner sa soirée à l’Amiral Su-Kassen (qui ferait bien d’en profiter pour bingewatcher la saison IV de Stranger Things, elle n’aura plus le temps après), et Jauni est déjà reparti.

Un petit aparté littéraire nous permet de faire la connaissance de Seplin Tu et de son paternel (Tur-Lu’tu), banlieusards impériaux enrôlés de force dans la milice terrane, et qui feront peut-être/sûrement une apparition dans une des prochaines soumissions de French dans cette franchise. Hello Yellow. Retour sur les remparts, où Archamus-3 et Andromeda-17 attendent l’arrivée du taulier en discutant anthropologie et philosophie. On s’occupe comme on peut. Dorn finissant par pointer ses guêtres, le Huscarl et la Devineresse lui emboîtent le pas jusqu’au lieu de rendez-vous avec Sanguinius et le Khan… qui savent déjà ce qu’il avait à leur annoncer, à savoir que la flotte du Maître de Guerre vient de se matérialiser aux confins du système solaire, prélude à la guerre du même nom. La prochaine fois, utilisez Whatsapp les gars, ça ira plus vite.

Enfin, en orbite, dans l’assiette de guerre sur laquelle il est posté, le Capitaine Katafalque reçoit un message privé signé d’un « RD » très peu protocolaire, mais qui n’en contient pas moins une information de (pierre de) taille : l’ennemi vient d’arriver. Corporate jusqu’au bout, Dorn insiste toutefois pour que l’ordre de mobilisation générale ne soit passé dans un premier temps qu’à la 7ème Légion, les White Scars et les Blood Angels bénéficiant d’un léger sursis avant d’être mis au parfum. Pourquoi ? Mystère. Mais comme on le disait chez les tribus Franc à la fin de M2 : « Avant l’heure, c’est pas l’heure… »

1 : ‘He saw this Heresy coming in his visions. That is the truth you fear. You wish you had listened…’
2 : ‘The future is dead, Rogal Dorn. It is ashes running through our hands…’ C’est moche l’auto-citation, John.
3 : ‘You’re no son, you’re no son of maïïïïïne !’ Bon c’est Genesis (We Can’t Dance), mais vous saisissez l’idée.

AVIS :

Je pense que l’apprécation de cette nouvellinette de French variera fortement selon le contexte dans lequel elle sera lue. Prise individuellement, il serait facile (et exact) de souligner qu’il ne se passe vraiment pas grand-chose dans Now Peals Midnight, Dorn se contentant de faire ce qu’il fait depuis les prémices de l’Hérésie d’Horus (The Lightning Tower, 2007) : regarder le ciel d’un air pénétré en fronçant très fort les sourcils. Cette fois-ci, c’est vréééééééééément la bonne, Rogal ! Bien sûr, il a gagné quelques souvenirs et connaissances dans l’intervalle, certains d’entre elles convoquées pour quelques lignes de dialogue, mais dans l’ensemble, rien de nouveau sous la plateforme de défense orbitale. D’un autre côté, si Now Peals Midnight est la culmination du corpus (entier ou partiel) de l’Hérésie, et que le lecteur sait que la prochaine fois qu’il recroisera la route des personnages de la nouvelle (qu’il a appris à connaître au cours de ses précédentes lectures), l’acte final de cette tragédie galactique aura débuté, il y a de bonnes chances qu’il éprouve quelques trépidations de bon aloi en parcourant ces quelques pages. Bref, comme souvent avec ce genre de production purement atmosphérique, time is the essence. J’appose donc la mention « à conserver dans un endroit frais et sec, à l’abri de la lumière, de la chaleur et de la précipitation » sur cette soumission. On connaissait la slow food, nous voilà avec du slow reading. Ce siècle est décidément étrange.

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Dreams of Unity – N. Kyme :

INTRIGUE :

Dreams of Unity« Démobilisé » comme ses camarades à la fin des Guerres d’Unification, l’ancien (dans tous les sens du terme) Légionnaire Tonnerre Dahren Heruk s’est reconverti dans le gladiatorat avec une poignée de comparses afin de joindre les deux bouts. L’Empereur n’ayant visiblement pas prévu de plan épargne retraite digne de ce nom en faveur de ses premiers prototypes de post-humains, la joyeuse bande vivote sur les maigres bénéfices des combats auxquels elle participe dans le Swathe, bidonville Terran s’étendant en périphérie du Palais de leur ancien patron. Pour ne rien arranger, les vétérans sont affligés de divers troubles physiques et psychologiques, dont une forme particulièrement vivace et handicapante de PTSD, poétiquement nommée les Rêves d’Unité, qui les mène à revivre leurs souvenirs de bataille comme s’ils y étaient, avec des conséquences généralement fâcheuses pour les quidams évoluant à proximité. Les Blood Angels n’ont vraiment rien inventés.

Ayant été témoin de la mort d’un de ses comparses (Kabe) sur le sable de l’arène, des mains d’un chrono-gladiateur au final desservi par son propre sadisme, Heruk commence sa journée par un peu de manutention, ramenant les restes mortels de son défunt collègue jusqu’au domicile de son dominus et imprésario (Tarrigata), afin de procéder au recyclage, puis à l’incinération de ces derniers. Il part ensuite à la recherche d’un autre gladiateur de l’écurie (Gairok) aux abonnés absents depuis quelques heures, ce qui n’augure rien de bon. Pris en chemin d’une crise de somnambulisme aiguë, il revient à lui dans un bar dévasté du Swathe, où Gairok1 semble avoir organisé une reconstitution hyper réaliste du siège d’Abyssna, avec les piliers de comptoir comme figurants (involontaires). Jugeant son camarade trop atteint pour qu’une autre issue soit possible, Heruk l’euthanasie la mort dans l’âme, et poursuit sa mission de porteur d’os en charriant le cadavre jusqu’au QG de la bande.

Ailleurs dans le Swathe, le SWAT impérial (see what I did there ?) se déploie à grand renfort de gadgets, sous les traits aquilins mais masqués du Custodien Tagiomalchian. Ce dernier a été chargé de trouver et de neutraliser des éléments séditieux opérant depuis les dédales mal famés du bidonville, et se montre très intéressé par le carnage commis par Gairok au café PMU du coin. Alors qu’il est occupé à faire quelques relevés en mode les Experts : Terra, il est violemment attaqué par un agresseur non identifié, ce qui coupe la transmission envers la Tour de l’Hegemon. Sus-pense.

Nous retrouvons Heruk et son poids mort alors qu’ils arrivent enfin en vue de la bicoque de Tarrigata, qui se trouve être en proie des flammes. Décidément, ce n’est pas la journée de notre heruk. Réussissant à extraire son patron des décombres au péril de sa vie, le Guerrier Tonnerre n’arrive pas à lui sous-tirer d’informations vraiment utiles quant à l’identité des petits gougnafiers responsables de cette destruction de propriété privée avant que Papy Tarri’ n’aille rejoindre la droite de l’Empereur. Supputant que l’incident ait pu être causé par une autre crise de delirium tremens du dernier de ses corelégionnaires vivants (Vezulah Vult), Heruk se met à nouveau en chasse, et parvient à débusquer Vivi dans les égouts du Swathe. Ce dernier, également à l’article de la mort, et aveuglé par un Bitch Betcher move réalisé par son assassin, refait le coup du « je meurs avant d’avoir donné la bonne info à mon pote pour préserver le suspens de l’histoire mouahaha- couic » à Heruk. Au moins, l’honneur des Guerriers Tonnerre est sauf, car ce n’est pas Vult qui a foutu le feu aux pénates de son patron. C’est déjà ça. Résolu à tirer ce mystère au clair, et désormais libre de toute obligation professionnelle du fait du décès de tous ses collègues, Heruk poursuit son avancée dans les niveaux inférieurs du Swathe…

Début spoiler…et arrive à temps pour filer un salutaire coup de main à Tagiomalchian, fort occupé à maîtriser un Alpha Légionnaire possédé et son culte de groupies, que l’on devine être responsables du saccage du Balto pendant que Gairok s’en jetait un petit, ce qui lui a fait péter les plombs, et de l’attaque des locaux de Tarrigata… parce qu’il leur devait de l’argent, peut-être ? Toujours est-il que ce sont les méchants de la nouvelle, les vrais, en plus d’avoir été impliqués dans la tentative d’infiltration du Palais Impérial quelque temps auparavant, bien sûr. Prudence étant mère de sûreté, Heruk commence par s’occuper des goons chaotiques pendant que Tag’ et Alpharius (car c’était lui… c’est toujours lui) se roulent par terre en bonne intelligence, écopant de quelques légères blessures mais se montrant si convaincant dans son approche qu’il arrive même à convaincre la meneuse adverse de se suicider plutôt que de l’affronter2. Ceci fait, il ne reste plus à notre increvable vétéran qu’à régler son compte au bossédé de fin, en partenariat avec l’Adeptus Custodes, et en écopant d’une déchirure mortelle au passage (si seulement il s’était souvenu qu’il avait piqué le pistolet à radiations de Tarrigata avant que d’engager le renégat au corps à corps… les ravages de la grande vieillesse). Herruïque jusqu’au bout, notre briscard peut ainsi tirer sa révérence la tête haute, ayant bien mérité un honorable coup de grâce de la part de son camarade de jeu. Dreams are my reality… (air connu).Fin spoiler

1 : Pour être honnête, on ne sait pas trop qui blâmer pour ces troubles de voisinage, Heruk ayant été tout aussi parti que son poto à son arrivée sur les lieux. Dans ces cas là, mieux vaut reporter le problème sur le type d’en face c’est vrai.
2 : Il faut dire que voir un colosse écumant perforer la cage thoracique de Roger de la compta’ à coup de pied ne donne pas en vie d’engager le dialogue.

AVIS :

Cette nouvelle de Kyme s’avère être assez satisfaisante, et plus qualitative que nombre de ses travaux précédents, ce qui est appréciable pour le lecteur et peut laisser à penser que notre homme s’améliore au fil du temps. Tant qu’il y a de la vie… En plus de la généreuse dose de fluff relative aux Guerriers Tonnerre dont nous bénéficions ici, le petit thriller mis en scène par Kyme quant à l’identité des proies traquées par Tagiomalchian tient plutôt bien la route, dès lors qu’on ne le regarde pas de trop près. À titre personnel, j’ai trouvé que l’auteur s’inspirait lourdement des travaux de certains collègues (le Custodes est un clone Kymesque du Tauromachian d’Abnett dans Blood Games, le crachat venimeux un emprunt au Talos d’ADB), ce qui peut peut-être expliquer pourquoi cette soumission est de meilleure facture que d’ordinaire. La tendance de Kyme à saboter l’exécution d’idées pourtant intéressantes par la non prise en compte de détails mineurs (affliction baptisée annandalisme par votre serviteur) vient toutefois fragiliser l’édifice1, ce qui est dommage mais pas surprenant. Mais on progresse, on progresse…

1 : Exemple gratuit, le chrono-gladiateur du début de la nouvelle est d’abord décrit d’une telle manière à ce que le lecteur croit qu’il s’agit d’un Custodien (ce qui ferait sens car ce sont eux qui ont massacrés les Guerriers Tonnerre sur l’ordre de l’Empereur). Ce quiproquo assez malin est affaibli par le choix de Kyme de faire de son antagoniste un tueur sadique, qui prend son temps pour tuer sa victime au lieu de l’achever efficacement. Pour un guerrier vivant littéralement sur du temps emprunté, une telle procrastination est en effet très improbable.

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The Board is Set – G. Thorpe :

INTRIGUE :

The Board is SetSur le sol de cette bonne vieille Terra, les armées loyalistes se préparent à recevoir comme il se doit le retour du fils indigne et de sa bande de potes, dont on entend déjà les « boum boum boum » crachés par les enceintes de leurs Clio tunées résonner depuis le parking de la copropriété, brisant le calme légendaire du quartier1. Comme le petit vieux acariâtre qu’il est, Macaldor, après avoir balancé une ou deux références que les moins de 20.000 ans ne peuvent ni connaître, ni comprendre, s’en va en grommelant dans sa barbe psychique que Dorn est définitivement une grande et jaune godiche, et que son obsession pour les briquettes et les portails électriques n’est qu’une lubie de jeune crétin. Ca tombe bien, notez, c’est l’heure de la coinche à l’EHPAD Bon Séjour, et le Mac’ ne raterait pour rien au monde ce moment de la journée.

À peine a-t-il fini d’installer la table que son acolyte de jeu révèle (you see what I did there…) sa présence et engage sans plus tarder les hostilités. Dans les ténèbres mi-obscures du 31ème millénaire, l’antique jeu de belote se joue en effet à deux plutôt qu’à quatre, et sur un plateau de jeu avec figurines en plus du traditionnel paquet de cartes. En fait, ça ressemble furieusement à une version Shadespirée des échecs, et ça a l’air donc vachement cool, d’autant plus que toutes les pièces se trouvent être des représentations des Primarques engagés dans l’Hérésie d’Horus2. Comme à chaque partie depuis leur internement respectif, Pépé et… Mémé ? rejouent la bataille finale de l’Hérésie, avec l’Empereur dans son propre rôle et Malcador dans celui de ce fripon d’Horus. Et comme à chaque fois depuis le début de ces amicales sessions, le Sigillite constate que son adversaire passe son temps à tricher. Manipulation de la pioche, duplication de cartes, ajout de pièces non WYSIWYG en cours de jeu… s’il y avait un arbitre, celà ferait longtemps que le Maître de l’Humanité aurait mangé son ban. Malheureusement pour lui, Malky ne peut compter que sur lui même pour se faire justice, ce à quoi il s’emploie avec toute la rouerie et la malice qu’on lui connaît.

En face de lui, l’Empereur semble peu intéressé par le déroulé de la partie, et joue franchement comme une savate, seulement sauvé par sa capacité à top decker comme un porcasse avec une régularité des plus suspectes. Ajoutant l’insulte à l’outrage, il se permet même de tancer son partenaire sur son faible niveau de jeu, alors que Horus, lui, était un opposant digne de ce nom. Sans doute très fatigué par l’enchaînement des nuits blanches à pousser sur son trône (la constipation psychique est un problème commun chez les démiurges millénaires, tous les auxiliaires de vie vous le diront), Big E va même jusqu’à utiliser des mots très durs à l’encontre de son vieux comparse, au point d’arracher à ce dernier des larmes de collyre. Qu’à cela ne tienne, Malcador en a vu d’autres, et met à profit sa rogne pour sortir un enchaînement digne de Magnus Carlsen le Rouge, le laissant en position de remporter la partie au coup suivant. « Ha ha, tu l’avais pas vu venir celui-ci, bouffi » exulte notre vieillard échevelé, pas peu fier de tenir sa première victoire en 1.834.427 confrontations. Sauf que, sauf que… Sauf que l’Empereur est décidément un mauvais joueur à la main leste, et trouve le moyen de substituer à son Roi Empereur lui-même une nouvelle pièce, le Fou, qui va héroïquement se sacrifier pour lui permettre de gagner la partie. Comble de la bassesse, le Fou a la tête de Malcador, à qui il prend l’envie folle de fracasser l’échiquier sur le crâne de son suzerain.

Sur ces entrefaites, une estafette se présente à la porte, et vient apporter la nouvelle tant redoutée au Premier Seigneur de l’Impérium : la flotte d’Horus vient de se matérialiser dans le système solaire, et la plus grande bataille de l’Humanité est sur le point de s’engager. Cherchant du regard son boss, Malcador a la surprise de s’apercevoir qu’il est seul dans la pièce, et l’a apparemment toujours été, d’après le retour un peu honteux du messager, qui n’a pas osé déranger tout de suite l’aïeul vociférant qui faisait une tournante autour du plateau de jeu à son arrivée. Conclusion de l’histoire : la grande vieillesse est un naufrage, mais au moins, on ne s’ennuie pas.

1 : Et je ne rigole même pas, la nouvelle commence par un constat par Macaldor et le chef de l’Adeptus Astra Telepathica du tapage nocturne diurne warpurne généré par l’approche de la flotte traîtresse.
2 : On comprend mieux du coup pourquoi l’Empereur tenait absolument à avoir un nombre pair de rejetons. C’est mieux pour équilibrer les parties.

AVIS :

The Board is Set est une nouvelle intéressante, mais dont l’inclusion dans un BLC ne tombait pas, de mon point de vue, sous le sens. Parmi les qualités notables de cette soumission, on peut mettre en avant l’art consommé avec lequel Thorpe distille à la foi clins d’oeil aux évènements passés et à venir de l’Hérésie, à coups de manœuvres lourdes de sens des pièces sur l’échiquier et de remarques sibyllines soufflées par un Empereur plus que jamais omniscient au bras droit/fusible qu’il s’apprête à griller, mais également allusions fluffiques subtiles, sur lesquelles les fans hardlore passeront des pages et des pages à s’étriper, par les mêmes biais que ceux donnés ci-dessus. Même sans être un amateur transi du style du Gav, on peut lui reconnaître un certain talent de mise en scène de ces passages prophétiques, ce qui n’était pas gagné d’avance au vu du casting de monstres sacrés qu’il convoque.

À titre personnel, j’ai également apprécié la tirade que MoM (Master of Mankind) balance à son larbin dans le but de le mettre en rogne et de le forcer à la jouer comme Lupercal, qui est un condensé de remarques blessantes mettant en évidence que Malcador n’a été qu’un outil utilisé par l’Empereur pour arriver à ses fins, et qu’il n’aura absolument aucun scrupule à s’en débarrasser une fois qu’il n’en n’aura plus l’usage. Ce discours des plus cash trouve une résonnance particulière depuis Dark Imperium, où il est clairement indiqué la dualité de l’Empereur dans ses « sentiments » envers ses congénères : incapable d’aimer l’homme, mais absolument dévoué à l’Humanité. On peut alors se demander si les piques envoyées par Pépé ne sont pas simplement le fond de sa pensée, qu’il livre à un Malcador qui reste persuadé qu’il ne s’agit que de la manoeuvre d’un monarque bienveillant et attentionné pour lui faire donner le meilleur de lui-même. Chacun se fera sa religion sur le sujet, mais cette dualité d’interprétation est assez intéressante.

D’un autre côté, The Board is Set s’avère être l’antithèse absolue de la nouvelle à mettre dans les pattes d’un novice de la BL ! Regorgeant de sous-entendus et d’Easter eggs qui feront les gorges chaudes des lecteurs vétérans, pour peu qu’ils soient des fluffistes un minimum intéressés, cette soumission possède en effet une valeur ajoutée littéraire qui passera à 31.014 pieds au dessus de la tête du newbie. Il est plutôt probable que ce dernier ressorte du propos de Thorpe ou perplexe ou soulé par l’accumulation de mentions et notions « members only » qui lambrissent les pages d’un bout à l’autre du récit. D’une manière plus large, on peut considérer l’Hérésie d’Horus comme étant, de manière générale, une franchise trop spécialisée pour être incluse dans des ouvrages de « propagande » de la Black Library. Sans mettre en question l’intelligence et les capacités de déduction du novice moyen, je doute en effet qu’il ait la patience ou l’intérêt pour percer à jour les tenants et aboutissants de cette absconse partie de Cards against Humanity. Bref, la définition même de l’acquired taste, et en tant que tel, aussi surprenant qu’une douzaine d’huitres au fond d’un Happy Meal.

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Voilà qui conclut cette critique de ‘Heralds of the Siege, recueil dont je ressors avec un sentiment mitigé. Si certaines des nouvelles proposées aussi sont d’un très bon niveau, et se placent parmi mes favorites de toute l’Hérésie, et que la dernière section du bouquin possède une atmosphère « veillée d’armes avant le début du siège » tout à fait plaisante, il me faut également constater qu’un bon tiers des histoires au sommaire de ce tome ne s’intègrent pas du tout ce fil conducteur, ce qui est très dommage1. On peut cependant mettre au crédit de cette anthologie sa quasi-exhaustivité en matière de factions (treize Légions de Space Marines, les deux Mechanicus, l’Armée Impériale, l’Adeptus Custodes et même les Guerriers Tonnerre) et de personnages nommés (l’Empereur, Horus, Malcador, cinq Primarques et une demi-douzaine de VIP tels que Valdor, Luther et Eidolon), ce qui devrait permettre de contenter le plus grand nombre de lecteurs, quelles que soient leurs sympathies.

1 : Et d’autant plus qu’une nouvelle qui aurait parfaitement eu sa place dans cette anthologie, ‘Restorer’ (la convalescence de Shiban Khan sur Terra) n’y figure pas alors que sa première publication date de l’été 2017.

LUPERCAL’S WAR [HH]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette chronique de ‘Lupercal’s War’, le premier recueil de nouvelles introductif pour la franchise Hérésie d’Horus publié par la Black Library. Ce n’était sans doute qu’une question de temps avant que Nottingham franchisse le Rubicon litteris et adapte à son troisième univers majeur un format qui a déjà été testé et re-testé pour 40K (‘Crusade & Other Stories’, ‘Nexus & Other Stories1) et Age of Sigmar (‘Hammerhal & Other Stories’, ‘Sacrosanct & Other Stories2), voire les deux (‘The Hammer & the Eagle3), avec des résultats assez probants je dois dire. Cependant, l’Hérésie ne se prête sans doute pas un décalquage bête et méchant (comme l’Empereur, quoi) du concept, du fait de ses particularités.

Lupercal's War

Contrairement à 40K et AoS, le 30ème millénaire suit un narratif précis (même si très fouillé et foisonnant), qui oblige le lecteur à ingurgiter des pages et des pages de fluff pour chacun des personnages et factions majeurs de la franchise pour pouvoir comprendre ce dont il en retourne lors des derniers événements de la série. Parvenir à donner à un lecteur non-familier à cet univers les bases historiques, culturelles et idéologiques pour chacune des 18 Legiones Astartes + Pépé (l’approche choisie par la Black Library), par le biais d’une (deux pour les chanceuses) seule nouvelle, est loin d’être facile.  Format introductif – et prix très réduit – oblige, les éditeurs de cet imposant volume se sont également astreints de n’utiliser que des travaux déjà publiés pour remplir leur sommaire, ce qui rajoute une nouvelle contrainte. Le défi que ce ‘Lupercal’s War’ doit relever est donc beaucoup plus important que celui de ses prédécesseurs, à mon humble avis.

Comme pour tous les recueils de cette gamme, j’élargirai donc mon approche critique à une nouvelle dimension : le caractère approprié de la.es nouvelle.s choisie.s par les pontes de la BL pour présenter chacune des factions abordées ici4. Le cas échéant, je ne me priverai pas pour mettre en avant l’histoire qui me semblait faire mieux l’affaire, à mon petit niveau. Le cadre étant posé, il est temps de passer à l’autopsie de cet ambitieux pavé (le petit nom donné par Valdor à Horus avant que tout parte en cacahouète). Start here ⬇️, comme ils disent.

1 : Chroniqués ici et , si ça vous intéresse.
2 : Ici et .
3 : Ici.
4 : J’en profite pour me plaindre de l’absence dans ‘Lupercal’s War’ de protagonistes majeurs, qui auraient pourtant mérité un tel traitement : l’Adeptus Custodes, les Sœurs du Silence,  l’Adeptus Mechanicus, les Légions Titaniques, l’Armée Impériale et les Chevaliers Errants.

Lupercal's War

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L’Empereur – The Last Church (G. McNeill) :

INTRIGUE:

The Last ChurchIl n’est pas loin de minuit dans l’Église de la Pierre Foudroyée, comme le constate le Père Uriah Olathaire en allumant les cierges du saint lieu. Un seul coup d’œil au coucou suisse cassé qu’il a volé à son propriétaire légitime lors de sa folle jeunesse suffit à notre héros pour se rendre compte que l’heure est grave, très précisément minuit moins deux sur l’horloge de l’apocalypse. Lorsqu’elle se mettra à sonner, l’a prévenu l’horloger auquel il a dérobé l’artefact, cela chauffera dans les chaumières. En attendant, Olathaire se prépare à célébrer la messe de minuit dans une profonde solitude, aucune de ses ouailles n’ayant jugé bon de braver la tempête sévissant cette nuit là pour monter au sommet du Ben Nevis1 assister au sermon de notre ecclésiastique. Plus que sur les conditions climatiques ou le dénivelé, il faut mettre cette désertion sur le compte des commandements laïques édictés par ce soi-disant Empereur, ayant conquis presque tout Terra pour y imposer son joug athée. Résolu à accomplir tout de même son office, Uriah est interrompu par l’arrivée d’un visiteur, se présentant sous le nom de Révélation, et venu avec quelques amis patientant tranquillement sur le parvis, discuter avec le prêtre de la dernière église terrane avant que cette dernière ne soit réduite en cendres. Du tourisme de l’apocalypse en quelque sorte…

Début spoiler 1…Ravi d’avoir un peu de compagnie, Uriah engage la discussion avec l’intrigant voyageur, qui ne met pas longtemps à exprimer ses vues résolument séculières et rationnelles à son hôte. S’engage alors une joute enfiévrée voyant les deux hommes échanger leurs arguments sur les mérites et les dangers de la foi. Guère convaincu par l’exhibition de la pierre sacrée dont l’église tient son nom, Révélation se montre cependant disposé, après un petit whiskey, à écouter Uriah lui raconter le soi-disant miracle dont il a été témoin lors de sa jeunesse, et qui l’a poussé à endosser le surplis. Notre prêtre était de son propre aveu une canaille en son jeune temps, et s’était piqué de voyager à la recherche de contrées pas encore assujetties au règne de l’Empereur, qui avait à cette époque déjà conquis la majeure partie de l’Europe. N’ayant réussi à rien d’autre qu’à se faire jeter d’une falaise italienne par un Guerrier Tonnerre dont il avait traité la maman de gorille, l’infernal Écossais était revenu chez lui pour un temps, avant de repartir pour se faire soldat dans toute armée de résistance à la tyrannie impériale qui voudrait bien le prendre. Et, comme de juste, il avait trouvé avec qui parler en se rendant en France (Franc dans le texte), un Etat connu dans le monde entier pour la belligérance de ses habitants. C’est ainsi qu’il s’était retrouvé mêlé à un soulèvement local, vite écrasé dans le sang par la patrouille de Guerriers Tonnerre de la région. Seul survivant du massacre, Uriah avait repris connaissance dans une forêt et vu une figure lumineuse s’approcher de lui pour tenir à peu près ce langage : « Yo dog, we cool now ? ». Transporté par cette expérience extraordinaire, il avait abandonné sa vie de marginal pour obéir au commandement divin qu’il était certain d’avoir reçu dans cette clairière abandonnée.

Cette émouvante anecdote ne convainc cependant pas Révélation de baisser sa garde, et il continue à critiquer les ravages de la religion2 à travers l’histoire avec tant de hargne que le bon prêtre finit par lui montrer la porte. Comprenant qu’il a épuisé la patience de son hôte, le visiteur laisse alors tomber le masque et se révèle être…

Début spoiler 2…L’Empereur en personne. Sous sa forme néon de cabine d’UV, qui plus est. Il ne faut pas longtemps à Uriah pour réaliser que c’est lui qu’il a vu dans la forêt il y a toutes ces années, et qu’une mauvaise interprétation a conditionné toute sa vie jusqu’à ce moment. C’est la lose. Un peu hébété par cette…épiphanie, le prêtre accepte de suivre Pépé à l’extérieur de l’église, et d’enfin souscrire à sa vision du monde… jusqu’à ce que l’Empereur lui révèle son grand projet de conquête de la galaxie, à laquelle Uriah ne croit pas du tout. Et lorsque le puissant monarque répond à la question « pourquoi ? » par un pauvre « parske-euh », le charme est définitivement rompu. Uriah préfère donc retourner dans son église, incendiée par les Guerriers Tonnerre amenés en renfort par leur boss, plutôt que de donner la satisfaction d’une victoire morale à son contradicteur. Ainsi brûle la dernière église de Terra, au son prophétique du coucou de l’apocalypse…Fin spoiler

1 : Pure supposition de ma part, mais McNeill, qui s’est donné pour mission de vendre son Écosse natale dans l’univers de 40K, donne quelques indices supportant cette thèse.
2 : On apprend à cette occasion qu’au 30ème millénaire, les gens se souviennent encore de Béziers. C’est tout de même la classe.

AVIS:

Je ne sais pas si la GW-Fiction sera un jour considérée comme autre chose que de la littérature de gare (ou de spatioport, pour rester dans l’ambiance), mais je peux déjà m’avancer en plaçant ‘The Last Church’ parmi les « classiques » de ce sous-sous-sous-sous-genre. Car McNeill réussit ici à livrer un texte aussi surprenant qu’intéressant et profond (toute proportion gardée, bien entendu), et justifie ainsi son positionnement parmi les meilleurs contributeurs de la Black Library… quand il s’en donne les moyens1.

Cette nouvelle est surprenante, car elle est (presque) totalement non-violente, et place le lecteur dans une situation des plus inhabituelles pour la littérature millénariste de Games Workshop : foin d’héroïques Space Marines, de courageux soldats impériaux, d’inflexibles Inquisiteurs, ou de civils apeurés2 ici, seulement un vieux prêtre et son visiteur inattendu, dialoguant des mystères de la foi et des conséquences, aussi positives que négatives, que cette dernière a eu pour l’humanité depuis l’aube des temps. Si les arguments convoqués par les débatteurs ne sont pas à placer au pinacle de la réflexion philosophique ni au sommet de l’art oratoire, il faut tout de même reconnaître que McNeill réussit à faire passer cet échange de façon distrayante et parfois instructive pour le lecteur, ce qui n’était pas couru d’avance pour un auteur spécialisé dans l’art délicat du grimdark d’action. Autre surprise et prise de risque, à mes yeux concluante, de Graham McNeill, son utilisation du personnage le plus central et intouchable de l’univers de 40K, Pépé 1er. La véritable identité de Révélation sera comprise par le lecteur plus ou moins tôt dans la nouvelle, en fonction de sa connaissance du fluff et de son attention aux petits indices égrenés par McNeill, mais la véritable surprise demeure ce choix de mettre l’Empereur à hauteur d’homme le temps d’une nouvelle, et de le laisser s’exprimer assez longuement au cours de cette dernière, alors que la norme avait jusqu’ici été de cantonner MoM à l’élément de décor3, balançant de temps à autres une phrase d’une infinie sagesse pour le bénéfice du fanboy transi. Ici, ce dernier en aura vraiment pour son argent, et The Last Church constitue encore à ce jour l’un des textes où Big E est le plus disert, ce qui en fait un passage quasi obligé pour tout citoyen impérial qui se respecte.

Cette nouvelle est également intéressante, car elle couvre de nombreux aspects des Luttes d’Unification, sorte de préhistoire impériale pendant laquelle de nombreux événements ont été mis en branle qui trouveront leur conclusion dans les siècles et millénaires suivants. Qu’il s’agisse de détails géographiques, historiques ou personnels, l’éclairage apporté par les souvenirs du Père Olathaire est précieux pour le fluffiste acharné, ou simplement curieux d’en apprendre un peu plus sur la manière dont Pépé a enfin tapé du poing énergétique sur la table pour réaliser son rêve galactique. En matière de construction narrative, McNeill parvient également à tirer son épingle du jeu en maintenant du suspens jusqu’à la fin de son récit. Comment Olathaire va-t-il réagir à sa propre révélation, lorsqu’il comprendra que son miracle personnel, sur lequel sa foi s’appuie, n’était en fait qu’une rencontre furtive entre un survivant en état de choc et un Empereur parti faire un tour en forêt ? Tout se joue dans les dernières lignes de la nouvelle, faisant de cette dernière une des plus abouties de McNeill de ce point de vue.

Enfin, cette nouvelle est profonde, et confine parfois à l’ironie, à travers le discours tranché livré par Révélation sur la religion et ses méfaits. Quand on sait comment l’histoire se termine, ou en tout cas se poursuit après cet ultime incendie d’église par un païen à cheveux longs4, la laïcité militante de l’Empereur apparaît comme le plus gros You had ONE job de l’histoire de l’humanité, tout comme son horreur absolue de l’Inquisition… Encore plus intéressant est le renversement de situation opéré par McNeill dans les dernières pages de la nouvelle, lorsque le jusqu’ici très rationnel Empereur ne peut justifier son projet de conquérir la galaxie par un « je sais que j’ai raison » assez minable, qui vient ruiner tout son argumentaire nocturne, et pousse finalement son interlocuteur à demeurer fidèle à sa foi, et à prendre son congé en prévenant Révélation qu’il deviendra sûrement ce qu’il s’était juré de détruire. Warhammer 40.000 étant un univers reposant à bien des égards sur de profonds paradoxes, l’exposition d’un des plus centraux de ces derniers prouve, si besoin était, l’excellente compréhension que Graham McNeill a du cadre dans lequel il évolue. Cela peut certes sembler banal pour le lecteur, mais la BL a connu son lot de soumissions ratées à cause de connaissances trop légères de la part de ses contributeurs : il faut donc reconnaître un auteur « bien (in)formé » quand on en croise un. En définitive, The Last Church se positionne très sérieusement comme l’une des meilleures nouvelles signées McNeill de l’Hérésie d’Horus, et peut-être même de sa production totale pour le compte de la Black Library.

1 : Car il y a tout de même beaucoup de scories dans sa production, vous ne m’en ferez pas démordre.
2 : Probablement parce qu’ils ont tendance à tomber comme des mouches dès lors que les trois autres catégories de personnages sont présents.
3 : Du genre luminaire, si on doit en croire sa propension à générer des flashs aveuglants.
4 : C’était bien la peine d’exterminer les Scandinaves pour leur piquer leurs traditions ancestrales.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Comme dit ci-dessus, on est en présence d’un des textes les plus marquants et importants de l’Hérésie d’Horus, dans lequel l’Empereur est présenté sous son « meilleur » jour, d’un point de vue narratif. Malheureusement pour Lui, et pour nous, Pépé passera en effet la majorité de l’Hérésie à balancer des one liners plus ou moins profonds comme un PNJ donneur de quête, ce qui est un niveau d’implication un chouilla décevant pour un personnage à l’omniscience et l’omnipotence quasi établies. Ici, on le voit en majesté, si je puis dire, mais McNeill prend également soin de montrer que derrière la bienveillance apparente de son grand projet d’unité terrane et de conquête de la galaxie se cache une tendance absolutiste pas vraiment subtile, et un complexe de supériorité irrépressible (« t’es pas content? Bim, triplé autodafé. »), qui viennent tempérer l’image d’autocrate idéal qu’il cherche à se donner. Une très bonne addition à cette anthologie, donc.

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Dark Angels – Savage Weapons (A. Dembski-Bowden) :

INTRIGUE:

Savage WeaponsDébut de journée classique pour Corswain, Champion du 9ème Ordre (ce qui est mieux que champion de 9ème ordre, reconnaissons-le). Après avoir fait son rêve habituel, étrange et pénétrant, d’une bête bien connue qu’il n’arrive jamais à vaincre dans son état catatonique, bien qu’il porte la pelisse de ce prédateur de Caliban sur l’épaule, il est convoqué avec son supérieur, le balafré+++ Alajos, par le Primarque des Dark Angels, Lion El’Jonson en personne. Et comme d’habitude, le léonin surhomme se prend la tête pour essayer de déjouer les friponneries des Night Lords dans le sous-secteur de Thramas, sans succès concluant depuis deux ans1. Ce manque de progrès tape sur les nerfs de ce bon Lionel, qui se doute bien qu’il y a de plus gros poissons hérétiques à ferrer dans le reste de la galaxie. Malgré tout, le devoir chevillé au corps du Primarque le pousse à persévérer dans ce jeu du chat et de la chauve-souris, et même à accepter l’invitation, inattendue il faut le reconnaître, de Kurze de se rencontrer sur une planète paumée pour taper la discute, comme au bon vieux temps. Le Lion, qui a juste entendu « taper », est d’accord, malgré les remarques sensées de ses petits frères, qui soupçonnent logiquement un piège. Confiant dans sa bogossitude naturelle et son statut de personnage nommé, le patron des anges sombres fait fi des conseils de prudence, et part avec le 9ème Ordre comme escorte au rencard fixé par son frérot.

Arrivée à proximité du monde de Tsagualsa, où doivent se tenir les pourparlers, la flotte loyaliste est accueillie par l’opérateur radio le plus irrespectueux de la galaxie, le Premier Capitaine Sevatar des Night Lords. Entre deux punchlines désinvoltes, le hallebardier le plus tristement célèbre des Legiones Astartes informe ses interlocuteurs que le point de rendez-vous a été fixé dans le chantier de forteresse que les Night Lords sont en train de construire sur la planète. Une petite téléportation plus tard (malgré le fait que Corswain n’aime pas vraiment ça, mais tout le monde s’en fout et le Lion en premier), voilà Lionel rendu sur place avec ses deux gardes du corps, comme convenu par le gentlepostmen’s agreement fixé par les parties en présence. Il ne faut pas longtemps pour que Konrad, bronzé comme jamais, n’arrive à son tour, avec son gang: l’impayable Sevatar bien sûr, mais également un dénommé Shang, choisi sans doute pour respecter les quota de représentation des minorités.

Les retrouvailles entre les deux frangins sont glaciales, malgré les efforts déployés par Konrad pour briser la glace et raviver l’esprit de franche camaraderie entre les deux enfants sauvages de la fratrie… qui n’a sans doute jamais existé. Il convainc toutefois Lionel d’aller faire un petit tour en tête à tête, laissant les quatre Capitaines échanger quelques boutades de bon aloi. Sevatar, qui est responsable de la défiguration d’Alajos, ne se gène pas pour mettre évoquer ce sujet encore douloureux (surtout pour le principal intéressé, que l’on sent tout prêt à lancer la belle), mais le tact et l’érudition de Corswain, qui parle Nostraman comme une vache espagnole, c’est à dire relativement bien, font légèrement retomber la pression entre cousins. On apprend également l’origine des magnifiques gantelets rouges arborés par le Premier Capitaine des Night Lords, une marque d’infamie pas si différente des casques écarlates des Ultramarines censurés. Comme quoi, tout est dans tout, et inversement.

Ce plaisant badinage est toutefois interrompu par le retour des Primarques, toujours aussi fâchés l’un contre l’autre. Enfin, surtout Lionel, outré que l’on soupçonne la fidélité de la moitié de Légion qu’il a laissé pourrir sur Caliban, et qui profite de l’inattention de Konrad pour l’empaler avec son espadon de maître de deux mètres, un peu en traître tout de même. Ce qui aurait été une blessure mortelle pour n’importe qui n’a que l’effet d’une simple gifle pour Kurze, que ses capacités physiques de Primarque sauvent d’un trépas ignominieux. C’en est toutefois terminé des gentillesses, et le combat s’engage entre la team robe de bure et la team cheveux gras. Si le Lion a d’abord l’avantage grâce à ses talents d’escrimeur, la tentative de strangulation dont il est la victime de la part du Nighthaunter lui fait perdre un peu de sa superbe, et motive Corswain à voler au secours de son seigneur. Cela laisse le pauvre Alajos Alaramasse (son deuxième prénom) contre Shang et Sevatar, combat inéquitable dans lequel le Capitaine laisse bientôt sa tête, non sans avoir réussi à faire perdre la main au Night Lord pas important (je vous laisse deviner de qui il s’agit) auparavant.

L’intervention de Corswain, si elle permet au Lion d’éviter d’avaler sa neuroglotte, se passe assez mal pour le chevalier blanc et noir, dont la tentative de rodéo kurzien se termine assez rapidement, et dans la douleur. Malmené par son adversaire, et avec un taux d’invalidité en rapide progression, le Champion n’est sauvé que par le retour sur le ring de Lionel, qui a mis beaucoup de temps à se relever pour un Primarque2. Son paternel étant à nouveau occupé, notre héros est sur le point de finir en kebab sur la lame de Sevatar quand les renforts finissent enfin par arriver. Dark Lords et Night Angels déferlent par dizaines sur le champ de bataille, parviennent à séparer leurs patrons qui en étaient réduits au bras de fer chinois pour se départager, et repartent chacun de leur côté. Corswain regrette un peu d’avoir perdu son épée dans la mêlée, mais comme il l’a égarée dans le fessier d’un Primarque, il ne s’en formalise pas trop…

Notre nouvelle se conclut presque comme elle a commencé, Corswain arrivant enfin à (r)avoir la peau de la marmotte de Caliban qui lui faisait tant de misère dans ses rêves, avant d’être convoqué par son boss. Il est depuis devenu Capitaine du 9ème Ordre, en remplacement du pauvre Alajos, qui s’est bien frotté à plus fort que lui en la personne de Sevatar. Les nouvelles qui tombent sont toutefois un peu particulières, car Roboute Guilliman a envoyé un smiley à Lionel, qui ne pige rien aux émojis. Le message qui a suivi a cependant fait comprendre au Lion que son frère nourrissait lui aussi quelques pensées plus ou moins hérétiques, ou, tout du moins, sécessionnistes…

1 : Plus j’avance et plus tu recules, comment veux-tu que je t’accule?
2 : Peut-être essayait-il de solliciter l’arbitre de la rencontre pour demander la VAR sur l’étranglement des yeux bassement exécuté par Kurze. 

AVIS:

Aaron Dembski-Bowden débute dans l’hérétique carrière en terrain à moitié connu avec ce Savage Weapons, puisque celui qui était jusqu’ici principalement connu pour ses travaux Night Lords ne se gène pas pour mettre les fils de Nostramo au casting de son histoire. En plus de mettre en scène le Joker des Primarques (qui avait commencé par être Batman, c’est dire si les années ne lui ont pas été clémentes), ADB introduit également l’un de mes personnages préférés de la série, le caustique, cruel mais surtout charismatique Premier Capitaine Sevatar, qui parvient sans mal à voler la vedette au pauvre Corswain, sensé être le héros de l’histoire. En plus de balancer des répliques d’anthologie (et ça tombe bien pour un recueil de nouvelles) et de se foutre ouvertement de la gueule de Lionel par moment, Sev’ se révèle avoir une personnalité complexe et profonde, et absolument pas aussi dénuée d’honneur qu’il essaie de le faire croire. S’ajoute à cela son passif mystérieux de condamné à mort en sursis, qui en fait un paria en même temps que l’individu le plus influent de la Légion après son Primarque. Et pour ne rien gâcher, notre surhomme est un bretteur de talent, maniant une arme certes improbable, mais absolument classe, avec des effets dévastateurs. Bref, voilà une entrée réussie dans le grand bazar qu’est cette Hérésie!

‘Savage Weapons’ mérite également la lecture en raison des portraits intéressants qu’ADB fait des Primarques convoqués, à la fois radicalement opposés et étrangement similaires sur certains points. Usant des talents de divination de Kurze, l’auteur peut également balancer quelques clins d’œil sur le lointain futur, et commencer à détruire la réputation de loyaliste de Lion El’Jonson. De son côté, le chevaleresque Maître de la Première Légion exsude une aura paladine presque palpable… mais est tout de même celui qui frappe son frérot en traître au début de leur bataille de polochons1. Le natif de Caliban apparaît comme un être parfait et froid, jusqu’à la limite de la sociopathie, et c’est très bien comme ça. Après tout, on est pas dans le monde des Bisounours2. De bonnes bases donc pour ces personnages importants, mais pas centraux, de l’Hérésie, sur lesquelles les auteurs prenant la suite de la couverture médiatique de la Croisade de Thramas, et de l’arc de l’Imperium Secondus, purent capitaliser (ou pas)3.

Enfin, notons les effets de style assez intéressants intégrés par ADB à son histoire, avec une introduction et une conclusion construite en quasi-miroir, ce qui est une manière de souligner que les Dark Angels n’ont pas fini de courir le sous-secteur à la poursuite de leurs insaisissables Némésis. Un jour de la marmotte un peu spécial (et spatial) pour Corswain, en quelque sorte, qui a tout de même gagné au change à la fin de la nouvelle, en ayant reçu une belle promotion et avoir enfin remporté son match de catch onirique. Il faut savoir profiter des petits bonheurs de la vie…

1 : Je remarque que ce pauvre Lionel n’a pas de chance dans ses duels avec ses frangins. Qu’il s’agisse de Leman Russ ou de Konrad Kurze, à chaque fois ça se finit en grosse empoignade de pochtrons se balançant des patates de forains. C’était bien la peine de passer autant de temps à pratiquer l’escrime médiévale sur l’Invicible Reason, tiens. 
2 : Et pour cause, les Dark Angels les ont exterminés au cours de l’invasion de Caring, leur planète natale, au début de la Grande Croisade.
3 : On appréciera la référence faite à ‘The Lightning Tower’ dans le dialogue entre Konnie et Lionel, le premier ayant bien compris qu’il foutait les chocottes à ce planqué de Rogal Dorn, dont la peur du noir est la plus grande faiblesse. 

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Étrangement pour une Légion aussi importante dans le fluff du 30ème et du 40ème millénaire, les Dark Angels n’ont pas bénéficié d’une couverture très importante dans le corpus de nouvelles hérétiques, ce qui a limité les choix possibles au moment de construire ce recueil. ‘Savage Weapons‘, même si elle est au moins autant consacrée aux Night Lords qu’à leurs adversaires loyalistes, était une des meilleures alternatives possibles à mon avis, puisqu’elle permet au lecteur d’aborder quelques uns des thèmes les plus importants de l’importante Première Légion: la fidélité absolue de Lion El’Jonson envers son Pôpa, ses problèmes relationnels persistants (aussi bien avec ses parties prenantes internes et externes), son tempérament chevaleresque (jusqu’à un certain point), sa future implication dans l’Imperium Secundis, et évidemment la trahison prochaine des Déchus. Il ne manque à mon avis à ce tableau très convaincant que l’évocation du culte du secret chez les natifs de Caliban pour cocher toutes les cases du bingo Dark Angels. C’est donc validé de mon côté.

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Emperor’s Children – Imperfect (N. Kyme) :

INTRIGUE:

ImperfectNous surprenons une innocente partie de régicide entre les deux frangins les plus proches de la smala primarquielle : Horus et Sanguinius Fulgrim et Ferrus Manus. Entre deux mouvements savamment planifiés, les joueurs tapent la discute avec bonhommie. Enfin, c’est surtout le Phénicien qui mène la danse de ce côté, sa tendance à jacasser comme une pie tout en buvant du chardonnay et en prenant des poses alanguies semblant dissimuler un objectif plus profond que de faire tourner en bourrique la Gorgone. Les questions que Fulgrim adressent à son cher frère (Est-ce que tu te vois plutôt comme l’Empereur ou le Tétrarque ? Tu sais d’où vient le terme de régicide ? Quelle est la capitale du Lesotho ?) sont d’ailleurs assez spécieuses, pour ne pas dire borderline hérétiques…

Début spoiler…Lorsque Fulgrim finit par dévoiler son coup gagnant, appelé le jeu du traître, Ferrus finit par perdre son calme et rage quit comme la petite personne qu’il a toujours été. Déçu par la réaction de son frère, qu’il n’a pas réussi à rallier à sa cause comme il s’en était pourtant donné l’objectif, Fulgrim débranche l’éclairage tamisé qui baignait la scène et se révèle dans toute sa sinueuse et serpentine majesté. Ferrus, ou plutôt son clone, en reste bouche bée et finit empalé sur la queue du Primarque démon (en tout bien tout honneur, hein), qui pique une grosse colère devant l’hologramme de Fabius Bile patientant à l’arrière-plan.

L’Araignée a en effet une nouvelle fois échoué à produire une copie parfaite de la Gorgone (à sa décharge, il a dû travailler uniquement avec le sang séché qui restait sur la lame de l’épée de son boss), comme les vulgaires gantelets métalliques qui lui enserraient les mains le révélaient1. Heureusement, Bile est venu avec des stocks importants, et calme Fulgrim en lui envoyant la petite sœur, ou plutôt le petit frère dans ce cas précis. On quitte le boudoir du Primarque alors qu’un nouveau Ferrus Manus arrive pour débuter une partie avec son frérot préféré, sans voir le carnage absolu et le bordel monstre2 qui règne dans la pénombre renouvelée (les clones de Buffalo Bile ont la vue basse on dirait).

De son côté, l’Apothicaire dévoyé retourne à ses chères et chairs études, et la nouvelle se termine avec une petite visite de son laboratoire secret, caché au plus profond du Pride of the Emperor. Fidèle à sa réputation de bourreau de travail, l’Araignée ne s’est pas contentée de produire des quantités industrielles de Ferrus Manus pour flatter l’ego démesuré de son patron, mais a également planché sur d’autres modèles primarquiels, avec plus ou moins de succès il faut dire (son Sanguinius est assez raté). Son chef d’œuvre est un bébé Horus, reconnaissable à la tache de naissance cthonienne (un manbun ?) qu’il arbore sur la fesse. Ce pauvre petit être ne se doute pas de la vie de m*rde qu’il aura bientôt à affronter…Fin spoiler

1 : Ça montre surtout que Fulgrim ne comprend rien à la génétique.
2 : Vous pensez vraiment que Fulgrim est du genre à ramasser les pièces et à les reposer sur la table ? Je suis 100% convaincu qu’il a fait installer 40 plateaux de régicide dans la pièce pour s’éviter cette infamie.

AVIS:

Quelques années avant le (très bon) ‘The Board is Set’ de Gav Thorpe, Nick Kyme a exploré le parallèle entre jeu de plateau et hérésie à travers ce sympathique ‘Imperfect’, dont le retournement final est assez bien amené je dois dire. En bonus, on en apprend plus sur les relations qui unissaient Fulgrim et Ferrus Manus du temps où ils pouvaient se voir tête à tête (mouahaha), ce qui est toujours bon à prendre pour les fluffistes acharnés. Une nouvelle de qualité à mettre au crédit de Kyme.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Malgré ses qualités intrinsèques, ‘Imperfect’ est à mes yeux une erreur de casting retentissante de la part de la Black Library, puisqu’elle traite de Fulgrim (et de Ferrus Manus) au lieu de nous éclairer sur les Emperor’s Children. On pourrait arguer que c’est finalement assez fluff que le Primarque avec l’ego le plus KOLOSSAL1 vienne s’arroger la nouvelle qui aurait dû présenter sa Légion, mais cette dernière méritait mieux. Je pense notamment à ‘Chirurgeon’ (toujours signée Nick Kyme), qui met à nouveau en vedette ce vieux Fabius Bile et lève le voile sur l’affliction dégénérative qui a faillit faire disparaître les Emperor’s Children. A mon sens, c’est cet événement qui permet de comprendre pourquoi la 3ème Légion est tellement obsédée par la recherche de la perfection (un trait de personnalité qui la mènera à sa chute), et il aurait donc été judicieux de la part de la BL d’intégrer cette nouvelle au sommaire de ‘Lupercal’s War’.

1 : Je suis persuadé qu’il a reçu une queue de serpent lors de son apothéose afin de se débarrasser des disgracieuses chevilles d’éléphant qu’il avait développées pendant sa vie mortelle.

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Iron Warriors – The Iron Within (R. Sanders) :

INTRIGUE:

The Iron Within‘The Iron Within’ permet à Sanders de mettre sous les feux de la rampe un Iron Warrior ayant choisi de se battre dans le sens de l’histoire, le Warsmith Barabas Dantioch. Il reste en ceci fidèle au portrait en clair obscur qu’il avait dressé de son dernier héros Marine (Elias « le Codex Astartes est formel sur ce point » Artegall, Maître du Chapitre des Crimson Consuls1), préférant s’attarder sur les faiblesses de son personnage pour le caractériser plutôt que sur ses forces, logique tout à fait défendable quand on parle de surhommes génétiquement supérieurs en tous points au reste de l’humanité.

La tare de Barabas, qui lui attache la sympathie du lecteur, n’est cette fois pas d’ordre psychologique, mais physique, puisque le Warsmith est le premier Marine atteint de mucoviscidose (et pas qu’un peu) de l’histoire de la Black Library. Évidemment, cette affliction découle d’une glorieuse campagne contre les Hruds, apparemment capable de réduire en grabataires même les meilleurs de l’Empereur par le seul poids du nombre (me demandez pas pourquoi). Prématurément usé par cette ultime bataille dont il fut quasiment le seul rescapé (l’autre survivant ayant fini dans un Dreadnought, et encore, un Dreadnought avec déambulateur), Barabas s’est trouvé affecté à la garde d’une planète de huitième ordre, poste honorifique mais véritable mise au placard déguisée, Perturabo n’ayant semble toute guère apprécié que sa Légion soit la première à devoir verser une pension vieillesse à un de ses combattants.

Isolé dans son trou ferreux, Barabas s’est occupé comme il a pu pour tuer le temps, ce qui pour un Iron Warrior, consiste surtout à construire des miradors derrière la haie et à installer des multi-lasers dans les bacs à géraniums. Malheureusement pour le pré-retraité qu’il est devenu, l’arrivée de l’arrogant et hérétique Warsmith Krendl va le forcer à prouver au reste de la galaxie que le vioque touche toujours sa bille en matière de conduite de siège.

1 : Voir ‘The Long Games at Carcharias’.

AVIS:

Si ni le thème, ni la conclusion de l’histoire ne sont très originaux, Sanders parvient bien à retranscrire l’effroyable guerre de positions qui oppose loyalistes et chaotiques, dans une sorte de préquelle clin d’œil à la bataille de Terra, au cours de laquelle les Iron Warriors affronteront cette fois leurs rivaux de toujours au lieu de leurs propres frères. S’il fallait retenir une morale de tout ceci, c’est que l’abus de Chaos est mauvais pour le sens stratégique, le méchant Krendl conduisant son offensive comme une savate, malgré les avantages quantitatif et qualitatif dont il dispose pour mener la réduction de la place-forte ennemie.

The Iron Within_IllustrationCertes, on peut se dire que Barabas est un Warsmith vétéran, défendant son chef d’œuvre en compagnie de troupes sur-motivées, mais son adversaire étant lui aussi un Iron Warrior de haut rang, et de ce fait un expert de la prise de fortifications, la correction que papy gaga lui inflige apparaît légèrement too much. On n’a pas vraiment l’impression de voir deux grands stratèges s’affronter à distance en se rendant coup pour coup, mais plutôt le sentiment d’assister à une partie de tower defense, les assaillants tombant comme des mouches pour gagner le moindre mètre.

Cette petite déception écartée, il faut bien avouer que Sanders maîtrise tout à fait les codes du dernier carré super héroïque, le rythme s’accélérant progressivement au fur et à mesure que le nombre des gentils diminue et que ces derniers doivent sans cesse reculer devant l’avance inexorable des vagues ennemies. Il y a bien quelques sujets à froncement de sourcils, comme le personnage de Vastopol, « Guerrier-Poète » à l’importance dans le récit aussi grande que son utilité à ce dernier apparaît comme contestable, mais Sanders ne relâche jamais le rythme, et toutes les incohérences sont vite laissées de côté. En conclusion, une autre nouvelle de Marines de bonne facture à mettre au crédit du petit Rob, dont j’attends personnellement de voir s’il peut faire aussi bien en long format et avec d’autres protagonistes.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Inclure dans un recueil introductif comme celui-ci une nouvelle relatant un siège pour parler des Iron Warriors était un no brainer, mais je suis tout de même content (et soulagé) que la Black Library ait fait le choix de la facilité. Si on veut chipoter, on peut regretter que ‘The Iron Within‘ soit centré sur l’exception Barabas Antioch, qui en tant que loyaliste ne représente pas la mentalité dominante chez les autres Iron Warriors, entièrement loyaux à leur Primarque otaku. Comme Krendl a eu l’honneur d’être le héros de sa propre nouvelle (‘Ironfire‘, écrit par le même Sanders), cette dernière aurait pu être considérée, tout comme la plus récente ‘Embers of Extinction‘ du nouveau-venu Brandon Ellis.

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Iron Warriors – Black Oculus (J. French) :

INTRIGUE:

Black OculusLes journées d’un Navigateur sont plus riches et hautes en couleurs que celles de la majorité des êtres humains de la galaxie, et le compte rendu fait par l’un des pilotes de l’Iron Blood de Perturabo de son voyage à travers l’Œil Noir en direction de Tallarn le montre bien. Malgré le fait que le saut Warp se soit bien passé, l’expérience a laissé le narrateur avec des séquelles profondes et sans doute définitives, qui ont mené les rationnels Iron Warriors à le placer sous sédation et à l’isolement, pour éviter que son malaise psychique ne les fasse rouiller (?).

Le plus traumatisant dans cette (nécessairement) sombre histoire semble avoir été les rires pré-enregistrés que notre héros triclope a entendu tout du long de sa transition galactique, et qu’il interprète maintenant comme la preuve indubitable que les dieux ne sont pas tombés sur la tête, mais se paient celles de Perturabo (et du reste de l’humanité d’ailleurs, comme ça pas de jaloux). Cela nous semble le comble du banal à nous, hobbyistes du M3, mais pour nos lointains descendants du 30ème millénaire, la surprise a dû être grande…

AVIS:

Si vous aviez envie d’avoir l’équivalent littéraire d’un écran de chargement entre ‘Angel Exterminatus’, qui se termine avec les Iron Warriors coincés au milieu de l’Œil de la Terreur suite au glow up de Fulgrim et ‘Tallarn’, la prochaine victime sur la to besiege liste de Perturabo, ‘Black Oculus’ est ce qu’il vous faut. Je pense que la plupart des lecteurs de l’Hérésie feront l’impasse sans sourciller.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Cette très courte nouvelle permet de se rendre compte que Perturabo n’est pas du genre à prendre des demi-mesures… et c’est à peu près tout. Comme l’Iron Man des Primarques n’apparait pas dans l’autre nouvelle Iron Warriors du recueil, je suppose que c’est un complément utile, mais ‘Black Oculus’ propose également un niveau de lecture inaccessible aux nouveaux-venus (mentions non contextualisées de l’Œil Noir et de Tallarn), ce qui est problématique ici.

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White Scars – Brotherhood of the Moon (C. Wraight) :

INTRIGUE:

Brotherhood of the MoonLa vie du Khan Torghun, chef de la Confrérie de la Lune des White Scars (aussi appelée 64ème Compagnie par les normies et les Sons of Horus), a pris un tour désagréable depuis qu’il a été associé avec la faction pro-Horus, et donc heresy-friendly de sa Légion. Mais peut-on vouloir à un White Scar de choisir l’option Faucon quand l’opportunité se présente, hein ? Capturé et interrogé par ses camarades ayant eu le nez de rester fidèles à Pépé, il consent à leur raconter comment il en est arrivé là.

Tout remonte à la campagne menée en coopération avec les Luna Wolves du Capitaine Verulam Moy dans la Ceinture de Tarsch. Le manque de progrès du contingent de la 16ème Légion avait contraint le haut commandement de la Croisade à lui dépêcher des alliés, sous la forme de la Confrérie de Torghun. Sans doute un appareillement décidé par un adepte un peu fleur bleue, trouvant poétique de faire coopérer deux factions lunaires sur le même conflit1. Sentant son homologue vexé par l’arrivée de renforts non sollicités, Torghun fit ce qu’il put pour arrondir les angles et put compter en cela sur l’aide de son second Hakeem, qu’il découvrit très déférent envers Moy (Moche et Méchant), sans qu’il comprenne tout de suite d’où venait ce respect interlegionnel.

Une attaque décidée sur une cité majeure du neuvième monde de la Ceinture fut l’occasion pour les deux forces de travailler de concert : pendant que les Luna Wolves infiltreraient à pinces les défenses adverses pour saboter les générateurs alimentant le bouclier défendant la position ennemie, les White Scars devraient faire diversion depuis les ailes, à grands renforts de burns et de rodéo urbain dans la périphérie de la cité. Car si la 5ème Légion déteste les Dreadnoughts, elle adore en revanche les doughnuts. Nuance importante.

L’opération se passa comme sur des roulettes (normal avec des White Scars me direz-vous), les assauts commandés par Torghun et Hakeem réussissant à semer la confusion parmi les défenseurs, et à sécuriser les objectifs fixés en amont de l’attaque. Au moment de se replier cependant, Hakeem insista auprès de son supérieur pour que les fiers bikers fassent une entorse à la règle du hit and ride qui les caractérisait pour mettre pied à terre et défendre leurs positions le temps que les Sons of Horus n’arrivent les soulager. Bien que 1) cela contredise la philosophie martiale du Grand Khan et 2) ses hommes ne soient pas équipés pour ce type d’affrontement (dur de caler un bouclier tempête à l’arrière d’une 125), Torghun accepta le défi après avoir compris de son subalterne qu’il s’agissait du plus sûr moyen de gagner le respect des coriaces Sons of Luna.

« Et Moy, et Moy, et Moy ? » vous entends-je demander. Eh bien Moy finit par arriver, et, bien que surpris de la résistance de ses alliés et du non-respect par ces derniers du plan de bataille, ne leur en tint absolument pas rigueur. Bien au contraire, et comme l’avait annoncé Hakeem, il devint bien plus amical envers les White Scars, au point d’inviter leurs deux commandants dans sa tente après le banquet de la victoire, pour une petite réunion de loge. On comprend alors que Hakeem était déjà initié, et qu’il a tout fait pour que Torghun le devienne aussi. Notre héros aura l’occasion plus tard de réaliser que le népotisme et l’entre soi causent autant de problèmes qu’ils ouvrent de portes, particulièrement lorsque son réseau fricote avec le Chaos. Mais ceci est une autre histoire (‘Scars’, pour être précis).

1 : Même cette vieille baderne de Moy relève cette coïncidence, c’est dire si l’intention était transparente.   

AVIS:

Chris Wraight développe l’origine du protagoniste de sa série White Scars, Torghun Khan, dans cette petite mais solide nouvelle, qui lorgne franchement du côté du fan service pour les inconditionnels de Dan Abnett1. Comme tout le monde faisait ça à l’époque et que cela ne dessert pas le récit, on passera l’éponge sans problème. Après tout, ‘Brotherhood of the Moon’ est l’histoire d’un petit nouveau qui gagne la confiance et l’amitié d’un gros bonnet de la Grande Croisade : le parallèle avec Wraight, dont ‘Scars’ était le premier roman dans cette franchise et qui était encore loin d’être un Seigneur de Terra à l’époque, est assez troublant. Il faut voir cette nouvelle comme un bonus appréciable mais non nécessaire à la compréhension de ce dernier roman (qui était déjà publié au moment de la sortie de ‘Brotherhood of the Moon’, d’ailleurs).

1 : C’est lui qui a créé le personnage de Verulam Moy dans ‘Horus Rising’.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Les White Scars sont sans doute la Légion dont le fluff a été le plus enrichi par la franchise Hérésie d’Horus, comparé à ce qu’il était dans le background prédatant le lancement de la série. Les scissions internes qui ont travaillé cette faction lors des premiers temps de l’Hérésie sont en effet un ajout (intéressant, si je peux me permettre) récent à son histoire officielle, et Chris Wraight en a été le chroniqueur attitré dans ses travaux consacrés aux bikers de Jaghatai Khan. Le choix de la Black Library d’évoquer ce schisme, encore que de manière très indirecte, dans ‘Lupercal’s War’ est compréhensible (notamment d’un point de vue marketing, cet arc hérétique se poursuivant sur plusieurs romans et nouvelles), et ‘Brotherhood of the Moon’ permet au lecteur de saisir les bases de la culture de cette Légion (fais ce que voudras, mais à moto) au début de l’Hérésie, ce qui en fait une soumission pertinente à mes yeux.

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Space Wolves – Bjorn: Lone Wolf (C. Wraight) :

INTRIGUE:

Bjorn_Lone WolfSur une plaine volcanique de Velbayne, les Space Wolves sont engagés dans une féroce bataille contre un ost démoniaque, une préparation adéquate à leur future purge de Prospero (l’univers est bien fait tout de même). Bien que Leman Russ en personne ait fait le déplacement, la star du jour est Bjorn, surnommé le loup solitaire par le reste du Rout depuis que le reste de sa meute a été unsuscribed from life par un Buveur de Sang lors de la campagne de Gryth. Par un heureux hasard, le même démon majeur, reconnaissable à ses mèches blondes effet mouillé (j’imagine), est présent sur Velbayne, et Bjorn est bien décidé à régler ses comptes avec la bête canicide d’une manière définitive.

Nous suivons donc sa course folle, son triple saut, son enfonçage de cordon (le joueur Démons était un gros newb) et pour finir son combat acharné contre sa Némésis khorneuse et cornue, en même temps que notre héros jusqu’ici silencieux égrène les noms de ses frères d’armes défunts. Protégé par son statut de personnage nommé et renforcé par une myriade de buffs, Bjorn couche le Buveur en moins de temps qu’il faut à son Primarque pour vider un tonneau de mjød, pour l’honneur de ses morts et la gloire des Space Wolves. On voit qu’il n’a pas perdu la main…

AVIS:

Soumission très honnête de la part de Chris Wraight pour cette micro-nouvelle, qui montre à quel point les liens unissant les frères de meute sont forts chez les Space Wolves, et à quel point le jeune Bjorn était une brute de corps à corps. Il n’était pas possible de faire beaucoup mieux que ça en trois pages/1.000 mots, c’est donc une mission accomplie en ce qui me concerne.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Fort heureusement, ‘Bjorn : Lone Wolf’ n’est pas la nouvelle choisie pour représenter les Space Wolves dans ‘Lupercal’s War’, car cela aurait fait court. Malgré sa brièveté, cela reste à mon sens un choix pertinent, car le lecteur est introduit aux valeurs profondes de cette Légion dans ces quelques pages, et se familiarise avec une des figures majeures de cette faction. Un bon bonus.

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Space Wolves – Bloodhowl (C. Forrester) :

INTRIGUE:

BloodhowlQue faire quand sa faction a pris une telle rouste qu’elle a été virtuellement annihilée et n’aura plus aucun impact sur la conclusion de l’Hérésie ? Plutôt que de demander conseil aux Légions Brisées ou aux Custodes, qui les ont précédés au panthéon de la lose glorieuse, les Space Wolves ont décidé de laver leur linge sale en et de famille au sortir de la campagne de Trisolian. Nous suivons donc le Jarl de la 13ème Compagnie (Dekk-Tra), Jorin Bloodhowl, alors qu’il emmène ses vétérans grisonnants et grommelants sur la planète de Bloodfall, après qu’un Leman Russ totalement déprimé lui ait donné la permission de s’absenter. Le but de l’escapade est de localiser un des lieutenants de Bloodhowl, Gunnar Thorolfsson, AWOL depuis l’incendie de Prospero. Le Jarl, qui espère toujours que la 6ème Légion pourra se rendre utile dans la défense de Terra, a en effet grand besoin de regonfler ses effectifs, et compte bien convaincre Thorolfsson et ses 200 loulous de regagner le bercail de Morkai, de gré ou de force.

L’explication de texte entre les frères d’armes devra toutefois attendre un peu, Bloodfall se trouvant être contestée par une bande de Night Lords en goguette, menée par le Prince de Bel Air du Perif1 en personne. Ce sinistre individu, qui avait déjà montré une sale tendance à la sociopathie et aux crimes contre l’humanité pendant la Grande Croisade, est devenu l’ennemi juré de Thorolfsson, qui a passé une bonne partie de son congé sabbatique à le pourchasser à travers la galaxie. Jugeant avec sagesse que s’il arrive à mettre la patte sur le Prince, il n’aura pas de mal à localiser son subalterne, Bloodhowl emmène donc ses hommes à l’assaut des positions Night Lords… et réalise assez rapidement que Booba (a.k.a. le Duc de Boulogne) est grave chaud avec son sabre énergétique. Largement surclassé par son adversaire, il ne doit sa survie qu’à l’intervention opportune de Thorolfsson, qui envoie un tir de plasma dans le buffet de son Altesse Noctilienne, et permet à Bloodhowl de remporter son « duel ».

Ayant contraint les Night Lords à se replier, les Space Wolves sont enfin libres de palabrer entre gens de bonne compagnie. Le ton de la discussion monte assez vite, Thorolfsson refusant tout net de retourner se battre contre les hérétiques menaçant Terra, comme lui demande Bloodhowl, arguant que ses hommes et lui sont plus utiles aux péquins moyens de l’Imperium dans leur défense des planètes laissées à la merci des Légions renégates du fait de leur peu d’importance stratégique. Le Jarl n’est pas de cet avis, et rappelle à son subalterne et objecteur de conscience qu’il a prêté serment à Russ et à l’Empereur, et qu’il ne lui appartient pas de choisir les combats qui lui semblent être les plus nobles. Aucun des deux tribuns n’arrivant à convaincre son vis-à-vis, on se résout à régler la situation par un duel à mort, comme le veut la tradition.

Bloodhowl, bien amoché par son combat contre le Prince du Périf, refuse de se faire représenter par un champion, et se fait donc fort logiquement mettre en KO technique par son adversaire. Thorolfsson, beau joueur, laisse toutefois la vie sauve à son adversaire, prétextant qu’obéir aveuglement aux traditions est aussi néfaste qu’obéir aveuglement aux ordres (quel esprit libre, vraiment). Il en veut pour exemple l’incendie de Prospero, commis par les Space Wolves sur l’ordre d’un Horus qui avait déjà basculé du côté sombre, et qui aurait pu être évité si la 6ème Légion n’avait pas bêtement obéi au Maître de Guerre. « Hmm maintenant que tu le dis, ça a pas l’air débile » répond Bloodhowl du haut de son ultime PV, avant de repartir la queue entre les jambes. Moralité : Jorin est nul au close.

1 : Sans rire, le gus s’appelle ‘The Prince of the City’s Edge’ en V.O. Ma traduction est tout à fait legit.

AVIS:

Chris Forrester réalise un début sans faute dans l’Hérésie d’Horus avec ce ‘Bloodhowl’, mélange de Space Marinade d’action bien dosée et de réflexion sur la culture et l’histoire des Space Wolves pendant leur heure de doute (juste après les événements de ‘Wolfsbane’). Un travail soigné et bien documenté, puisqu’on y trouve des références à la campagne de Dulan ainsi qu’à celle de Prospero, pourtant couvertes par d’autres auteurs (respectivement Chris Wraight et Dan Abnett), et des personnages tirés de ces vénérables écrits (Ulbrandr Crowhame, Hjalmar Stormfist, sans oublier ce vieux Bulveye). Mon seul regret fut de constater l’absence totale de conséquence de ‘Bloodhowl’ sur la suite de l’Hérésie, Jorin Bloodhowl et ses loyalistes premier degré repartant écluser du mjød avec Leman Russ, tandis que Gunnar Thorolfsson et ses loyalistes rebelles restent s’occuper du cheptel de Bloodfall. Comme Thorolfsson était une création de Forrester, et ne disposait donc pas d’une armure en scenarium1, on aurait pu s’attendre à une conclusion un peu plus tranchante et tranchée. Maintenant qu’il a prouvé qu’il avait les bases nécessaires pour participer à cette complexe œuvre collective qu’est l’Hérésie d’Horus, j’espère que Chris Forrester aura l’occasion de prendre en main des arcs narratifs (ce qui veut parfois dire les conclure), avant que la BL ne sonne la fin de la récré.

1 : Armure toute relative pour Bloodhowl lui-même, puisque personne ne s’est donné la peine de le faire revenir au 41ème millénaire (à la différence de presque tous ses sous-fifres). Et n’oublions pas que Mike Lee avait placé Bulveye à sa place à la tête de la Dekk-Tra dans ‘Wolf at the Door’…

ET POUR LES NOUVEAUX ?

‘Bloodhowl’ est indubitablement une nouvelle de qualité, mais elle arrive bien tard dans le déroulé de l’Hérésie, posant la question de sa pertinence dans un recueil destiné à des lecteurs novices. Chris Forrester prend certes le soin de contextualiser ses écrits pour ne pas perdre son public (qui autrement serait pardonné de ne pas comprendre pourquoi les Space Wolves ont leur mini-hérésie), et se paie le luxe d’un caméo de Leman Russ au lout de sa bife (toujours sympathique), mais j’ai un faible pour ‘The Thirteenth Wolf‘ en lieu et place de ‘Bloodhowl‘, ne serait ce que parce que cette histoire est directement liée à l’événement le plus marquant d’un point de vue Space Wolves de l’Hérésie : l’incendie de Prospero.

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Imperial Fists – Champion of Oaths (J. French) :

INTRIGUE:

Il y a des entretiens d’embauche plus facile que d’autres. Alors que la majorité d’entre nous a juste à savoir nommer trois qualités et trois défauts pour convaincre le recruteur, Sigismund des Imperial Fists va vraiment devoir donner de sa personne pour obtenir son dream job, lui. Notre homme candidate pour devenir le Maître du Temple, fonction honorifique s’il en est au sein de la VIIème Légion puisque les Templiers en question gardent le… temple du Phalanx où les Frères de Bataille jurent fidélité à l’Empereur et à Rogal Dorn. Pour obtenir ce poste convoité, l’impétrant doit vaincre en combat singulier la totalité de ses camarades, soit 199 Astartes vétérans à se farcir les uns après les autres. Même pour un guerrier de la trempe de Ziggy Jaune d’Œuf, l’épreuve est difficile, et notre héros encaisse les coups et les bosses au fur et à mesure que les duels se succèdent.

Cet affrontement au long cours est entrecoupé de flashbacks nous renseignant sur la trajectoire de Sigismund, depuis son enfance malheureuse dans les camps de réfugiés de Turquie (rebaptisée plateau ionien en M31), où il vit sa protectrice se faire tabasser à mort par une bande de wesh sanguinaires, jusqu’à son entraînement sous la conduite du maître d’armes Appius, alors qu’il n’était encore qu’un jeune et prometteur jaunard. L’occasion pour nous d’en apprendre plus sur la motivation profonde de Sigismund, qui va toujours de l’avant parce qu’il sait que les Space Marines ont le devoir de se battre à la place de ceux qui ne le peuvent pas. C’est beau, c’est noble, c’est grand, c’est corporate. Ce petit gars aurait pu faire Miss France, s’il n’avait pas choisi une autre voie.

Retour au Temple, et au boss de fin de la série infernale du Zig. Après avoir fisté sans répit et écopé de quelques bleus au passage, ne reste plus que ce bon vieil Appius en personne à maraver. Le problème, c’est que le vétéran a assez mal vieilli, et s’est fait enfermer dans un Dreadnought depuis l’époque où il refaisait le portrait de son padawan à grands coups d’espadon. Le combat n’est pas des plus équitables, mais les Imperial Fists sont du genre exigeant. Malgré un coup de moins bien passager, et un revers de bouclier énergétique en pleine face, Sigismund vient à bout de cet ultime adversaire en lui coupant le câble (ce qui est cruel quand on est confiné à un réservoir de liquide amiotique, tout de même). Félicité par Rogal Dorn en personne, qui était là incognito pour suivre l’épreuve pratique de son fiston favori, Sigismund devient officiellement le Maître des Serments, et reçoit l’épée de fonction qui va bien en reconnaissance de son nouveau statut. Un petit passage à l’infirmerie pour mettre de l’arnica (eh, c’est jaune aussi) sera sans doute nécessaire après cela…

AVIS:

John French se fait plaisir en retraçant en quelques pages bien senties la trajectoire de l’un des personnages les plus marquants des Imperial Fists pendant la Grande Croisade et l’Hérésie d’Horus (et même après cela), depuis ses humbles débuts jusqu’à sa prise de fonction comme Enfant de Juron. On peut y voir un avant-goût et un condensé du roman qu’il écrira un peu plus tard sur le même personnage, car tout est déjà bien en place à la conclusion de ces douze pages. L’exemple-type de la petite nouvelle à vocation fluffique, sans ambition particulière en matière d’intrigue mais très satisfaisante tout de même pour les amoureux de background, et grâce à la maîtrise consommée que l’auteur a de son sujet. Bref, un incontournable si vous êtes fan des Imperial Fists et/ou des Black Templars, ou tout simplement de l’Hérésie d’Horus en tant que telle.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Au risque de me faire huer par les fans les plus convaincus des Imperial Fists, qui auront sans doute apprécié cette nouvelle à la gloire du redoutable Sigismund, je pense que la Black Library aurait mieux fait de remplacer ‘Champion of Oaths‘ par ‘Duty Waits‘. Cette dernière histoire est beaucoup moins héroïque et riche en fluff que la première, mais elle a l’énorme intérêt de présenter la réalité du terrain pour un Imperial Fist forcé à patienter sur Terra que les hérétiques arrivent, ce qui a été leur lot pendant sept longues années, il faut le souligner. Mention honorable à ‘The Crimson Fist‘, qui illustre l’approche méthodique et disciplinée de la guerre qu’ont les surhommes en jaune, mais qui était évidemment trop longue pour être intégrée ici.

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Night Lords – Child of Night (J. French) :

INTRIGUE:

Child of NightL’heure du jugement a sonné pour Fel Zharost, maître déchu du Librarium des Night Lords. Alors qu’il était retourné dans ses ténèbres natales du sous-monde d’Albia, sur Terra, pour attendre d’être assez âgé pour toucher sa pension d’ancien combattant, le légionnaire déserteur s’est fait traquer par un autre Astartes nyctalope, et commence la nouvelle en contemplan le canon du pistolet bolter pointé sur son crâne chauve. Se jugeant sans doute coupable d’assez de crimes pour mériter une exécution sommaire, Fel Zharost exprime toutefois la dernière volonté de partager avec son futur bourreau ses souvenirs les plus mémorables, afin que ce dernier puisse appuyer sur la gâchette en connaissance de cause. Son interlocuteur n’est pas d’accord, mais on ne peut pas vraiment dire non à un Psyker télépathe qui veut remonter sa memory lane, et nous voilà donc partis pour un voyage dans les années tendres du Night Lord.

Tout a commencé de manière violente, cruelle et tragique, comme souvent à Albia1. À l’époque guère plus qu’un minot dégingandé et territorial, Baby Fel avait été surpris en compagnie d’une camarade de gang (Calliope) par un estranger en armure de céramite, à la recherche de nouvelles recrues pour les Légions de son Pépé, déjà parti depuis plusieurs décennies faire croisade dans la galaxie. Habités d’une confiance en eux inversement proportionnelle à leurs chances de sortir vainqueurs d’un tel affrontement, les deux jeunots avaient décidé de se venger de l’intrusion en assassinant le Space Marine alors qu’il repartait bredouille vers la surface. Bien qu’ils s’en soient sortis de manière très honorable, en lui sectionnant la jugulaire et lui crevant un œil avec leurs tessons de bouteille (le fighting spirit des Anglais n’est plus à démontrer), cela n’avait pas empêché le colosse transhumain d’abattre Calliope et de ramener Fel Zharost avec lui jusqu’au centre de formation le plus proche. L’expérience avait été si violente que l’adolescent avait pris pleine connaissance de ses pouvoirs psychiques, jusque là latents. Certaines pubertés sont plus difficiles que d’autres.

Le deuxième souvenir qui nous est proposé est celui d’une mission menée par les Night Lords pendant la Grande Croisade contre les dirigeants corrompus de l’Enclave Saragorn, coupables d’avoir fait du trafic d’organes à l’échelle industrielle (ce dont l’Empereur se fout comme de son premier fer à lisser) et d’avoir utilisé pour cela des mutants impurs (un scandale sanitaire et éthique absolument terrible). On assiste à l’approche onirique cauchemardesque de la guerre qu’ont les Night Lords, Fel Zharost plongeant le Gouverneur déchu (Mortinar) dans une boucle sans fin d’hallucinations terrifiantes, le réveillant de temps à autre pour prolonger le plaisir. Comme il l’explique posément pour la huitième fois de suite – ils ont des défauts, c’est certain, mais les Night Lords sont pédagogues – à sa victime hébétée, la 8ème Légion n’est pas là pour rendre la justice ou corriger les torts causés, mais seulement pour punir de manière spectaculaire ceux qui le méritent. Comme dit la Compagnie Créole (rattachée directement au Nighthaunter d’après mes sources) : c’est bon pour le moral… des autres.

La troisième et dernière vision partagée par Fel Zharost est celle de sa déchéance, prononcée de manière évidemment nonchalante par Sevatar en personne, alors que le petit Konrad était en train de se faire morigéner par ses frères dans une autre nouvelle. La scène se déroula après la proclamation de l’Edit de Nikea, auquel les Night Lords essayèrent – au début – de se conformer. Les deux Night Lords ne s’appréciant guère, l’Archiviste démobilisé reprochant au premier Capitaine d’être le symptôme de la corruption et du dévoiement des « valeurs » originales de la Légion, il ne fut guère étonnant que l’entrevue finisse par déboucher sur une petite baston entre Fel Zharost et Sevatar, après que le second eut condamné le premier à l’exil, sous peine de mort. Bien que l’Ecuyer du Primarque soit le meilleur combattant des deux, les pouvoirs psychiques de Fel Zharost lui permirent de laisser quelques marques sur l’armure de sa Némésis, avant que le flash de la Go Pro de coque de Sevatar ne vienne ruiner sa concentration et mettre fin à ce duel.

Retour dans les bas-fonds terrans, où cette diva de Fel Zharost a une nouvelle doléance à faire passer à son nouveau copain (un peu givré et désorienté à ce stade) : utiliser ses souvenirs pour voir le soleil une dernière fois. La nature fouineuse du Night Lords le mène cependant à fouiller dans d’autres dossiers mentaux du légionnaire Abribus, ce qui lui permet d’apprendre ce petit détail qu’est le déclenchement de l’Hérésie. Car il faut croire que Pépé n’a pas jugé bon de faire installer la 5G dans les zones déshéritées d’Albia, qu’il déteste cordialement depuis l’époque où il avait pris la forme de Margaret Thatcher pour mettre l’histoire sur de bons rails. Falafel comprend alors que son visiteur n’est pas venu pour le liquider, mais, à nouveau, pour le recruter. Engagez-vous, rengagez-vous qu’ils disaient…

1 : C’est comme là qu’a été décidée l’arrêt de Warhammer Fantasy Battle et l’augmentation continue des prix du zhobby. Never forget.

AVIS:

Nouvelle sympathique qui compile et condense en quelques pages les moments les plus marquants d’une vie de Night Lords, ‘Child of Night’ montre en particulier le rôle (tout aussi particulier) qu’avait cette Légion de joyeux drilles lorsqu’elle roulait encore pour son Empereur, ce qui est appréciable. Le troisième souvenir de Fel Zharost manque cependant un peu de contextualisation à mes yeux, car on ne comprend pas si l’Archiviste se fait virer du fait de l’Edit de Nikea, à cause de l’aversion de Sevatar pour lui, ou pour un autre crime non explicité par John French. Mise à part cette petite doléance, il s’agit d’un ajout qualitatif dans le corpus des Night Lords.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Comme dit ci-dessus, ‘Child of Night’ donne un aperçu de la philosophie des Night Lords, ce qui est ce qu’on peut attendre d’une nouvelle incluse dans ‘Lupercal’s War’ : ce choix est donc tout à fait pertinent de la part de la Black Library1. Comme le Nighthaunter et Sevatar servent d’antagonistes aux vertueux et ombrageux Dark Angels dans ‘Savage Weapons’ (et aux féroces et enjoués Space Wolves dans ‘Bloodhowl’ – ce sont les ennemis les renégats les plus populaires de l’Hérésie), cette faction s’en sort très bien au final en termes de représentation.

1 : Mention honorable à ‘The Conqueror’s Truth’, dont le pitch est littéralement : « voici comment les Night Lords soumettent les mondes isolationnistes pendant la Grande Croisade ».

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Blood Angels – Lost Sons (J. Swallow) :

INTRIGUE:

Lost SonsLes jours se suivent et se ressemblent sur Baal depuis que les Blood Angels sont tous partis châtier les Nephilim dans l’amas de Signus, comme demandé par Horus ‘Primes Inter Pares’ Lupercal à son frérot Sanguinius. Tous ? Non ! Comme l’addendum de l’ordre de mission l’autorisait, l’Ange a laissé une équipe de maintenance dans sa forteresse pour veiller au grain de sable en attendant son retour. Les 20 tondus ayant eu le grand honneur de rester à domicile patientent depuis plus de cinq ans dans le calme absolu de l’arrière-pays baalite, maintenant l’inflexible discipline et l’élégance vestimentaire qui ont fait la réputation des Blood Angels. Le chef de cette petite confrérie est le Chapelain Arkad, catapulté Gardien de Baal (c’est mieux que gardien de but) par Sanguinius avant son départ. Bien qu’habituellement calme, son sacerdoce l’a déjà amené à deux doigts de crozuser la goule de ses frères, lorsque certains d’eux ont cherché à abandonner leur poste pour partir à la recherche de leur famille perdue. Le déclenchement de la Tempête de la Ruine a en effet rendu toute communication avec la Légion angélique impossible, laissant nos plantons ressasser des idées plus noires que rouges sur le destin des Blood Angels.

A cela est venu s’ajouter les rumeurs, puis la confirmation officielle, de la trahison d’Horus et des massacres d’Isstvan et de Calth, et plus généralement d’une guerre civile de grande ampleur dans l’Imperium. Aussi, lorsqu’un vaisseau émerge du point de Mandeville du système de Baal et se dirige droit vers la forteresse quasi-déserte, c’est la méfiance qui domine chez Arkad et ses comparses. Il s’avère que le nouvel arrivé dispose de l’immunité diplomatique du 30ème millénaire, en cela qu’il est au service de Malcador le Sigilite, qui du haut de son poste de Régent de Terra, agit comme bon lui semble pendant que l’Empereur essaie désespérément d’isoler les combles de son Palais contre les courants d’air de Warp. Pingre comme jamais, le vioque a envoyé un unique émissaire, le Space Marine Tylos Rubio, ayant abandonné le bleu profond des Ultramarines pour le gris terne des Chevaliers Errants. Au moins, l’entretien est facile. Arkad et son copain Hezen sont atterrés de voir que leur visiteur est un Archiviste (Edit de Nikea, etc…), mais le sont bien davantage lorsque Rubio leur tend un parchemin avec accusé de réception annonçant la dissolution des Blood Angels. Gasp.

 La raison de cet acte administratif d’une brutalité sans nom est simple : considérant la 9ème Légion définitivement perdue du fait de la disparition pure et simple de l’amas de Signus, Malcador souhaite mettre la main sur les ressources considérables des Blood Angels en termes de matériel, d’armement et de glandes progénoïdes, afin de gérer au mieux son effort de guerre. Rien de personnel les gars, c’est que du business. Rubio informe toutefois ses hôtes que refuser d’obtempérer leur vaudra d’être déclarés traîtres à l’Imperium à leur tour, mais qu’il peut faire jouer ses relations pour leur trouver un poste à la MLCDR Corp, s’ils le souhaitent.

Cette décision unilatérale passe évidemment très mal chez les anges, aussi sanguins que leur blase le laisse présager. Après une réunion de famille houleuse, le Gardien s’en va porter la réponse du groupe à Rubio, qui patiente dans son véhicule de fonction en écoutant les Grosses Têtes : un non franc et massif. L’Archiviste s’attendait à ce refus de principe, et ne trouve rien à redire au projet des 20 derniers Blood Angels, qui ont repeint leur armure en noir pour l’occasion (parce qu’ils se considèrent comme faisant partie de la Compagnie de la Mort maintenant, wink wink) d’aller traquer Horus pour lui passer un savon1. Il est par contre beaucoup moins conciliant lorsque ses vis-à-vis refusent aussi d’ordonner à l’équipage de la petite flotte laissée par Sanguinius en orbite autour de Baal de coopérer à leur réaffectation prochaine. La tension monte soudainement d’un cran entre les cousins énergétiques.

Avant que Rubio n’ait pu commettre l’irréparable, comme crier « tu dépasses les bornes, Arkad ! » à son homologue, l’Astropathe local arrive en courant pour transmettre un message des plus urgents à ses patrons. Il s’agit d’une communication signée Raldoron, le premier Capitaine des Blood Angels, déclarant que Sanguinius est bien en vie et que la Légion perdure. Ce voicemail opportun, même s’il sonne le glas de l’Astropathe (ou peut-être est-ce son sprint de 300 mètres qui lui a été fatal), réjouit fortement Arkad et ses boys, et leur donne une opportunité en or pour renvoyer Rubio vers Terra avec la coiffe psychique entre les jambes. Ça ne s’est pas joué à grand-chose, mais les Blood Angels sont toujours officiellement dans la course, et il faudra compter sur eux pendant la seconde moitié de l’Hérésie.

1 : Enfin si, il trouve ça très con. Mais chacun ses fétiches hein.

AVIS:

James Swallow nous sert une nouvelle behind the scenes de l’Hérésie d’Horus, en se penchant sur les lignes trèèèès arrières d’une galaxie certes déchirée par la guerre, mais où un bon paquet de planètes sont tout de même loin du front. L’ironie de voir des Astartes se languir dans leur forteresse déserte et isolée pendant que tout le monde s’amuse sans eux rajoute du piment à cette histoire à la fois rafraichissante et intéressante d’un point de vue fluff. Un autre de ses points forts est de brouiller les lignes entre la position pragmatique à l’extrême de Malcador, et la fidélité romantique mais contre-productive des Blood Angels à leur Primarque : aucun de ces deux points de vue ne peut être considéré comme étant intrinsèquement supérieur à l’autre, et il revient au lecteur de décider dans quel camp il se retrouve le plus. Très sympathique.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Comme les Space Wolves, les Blood Angels n’ont pas bénéficié d’une couverture très importante dans le corpus de nouvelles de l’Hérésie d’Horus, et une bonne partie de ces dernières sont d’abord consacrées à Sanguinius (et sa plastique de rêve) plutôt qu’à ses fils – si on met de côté Azkaellon et Amit, les Dupont et Dupond de la 9ème Légion. Fort heureusement, ‘Lost Sons’ fait le job d’une façon tout à fait satisfaisante, en présentant au lecteur l’attachement viscéral que les Bloodies ont pour leur Primarque emplumé, et en lorgnant vers la Rage Noire et la Compagnie de la Mort, deux des « marqueurs » les plus notables de cette faction. On a aussi une bon teasing de la campagne de Signus Prime (pas trop subtil en plus), ce qui n’est pas étonnant vu que Swallow a raconté cette campagne dans un de ses romans. En bonus, il s’agit d’une nouvelle non-violente, ce qui est assez rare pour le signaler dès lors que des Space Marines sont les protagonistes, et qui contraste donc agréablement avec le reste du contenu de ‘Lupercal’s War’.

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Iron Hands – Immortal Duty (N. Kyme) :

INTRIGUE:

Immortal DutyAhrem Gallikus est un Immortel au sein de la Légion des Iron Hands. Ce titre n’est cependant pas une marque d’honneur, mais plutôt un symbole de disgrâce : dans la famille Manus, il est accolé aux guerriers qui auraient mieux fait de mourir dans l’accomplissement de leur tâche plutôt que de survivre et de faire honte à leurs camarades. En récompense de leurs mauvais services, ils se voient donc remettre un bouclier d’assaut et sont reversés dans les unités de Breachers de la 10ème, où ils hériteront des missions les plus pourries jusqu’à ce qu’ils aient la bonne idée de décéder dans l’exercice de leur fonction. Personne n’aime les CRS, ça reste vrai dans les ténèbres du lointain futur.

Gallikus commence la nouvelle sur le point d’être exécuté par un petit groupe de Space Marines l’ayant recueilli alors qu’il dérivait dans le vide à proximité d’Isstvan. Trop dans le coltar au moment de son réveil pour repérer l’héraldique de ses sauveteurs/bourreaux (rayer la mention inutile), il est amené manu militari dans un hangar décoré avec des têtes tranchées d’Iron Hands – un choix radical, mais tout le monde ne connaît pas les Displates – et sommé de faire un rapport sur les derniers événements dont il se souvient, sous peine de finir à son tour comme ornement d’intérieur. Notre héros groggy commence donc à raconter la mission qu’il avait entreprise avec quelques copains de section : aborder le Retiarus.

Cette attaque avait été rendue nécessaire par la participation de ce vaisseau World Eaters au blocus autour d’Isstvan V, empêchant le Gorgonesque Iron Hands d’aller s’enquérir de l’état de son Primarque à la surface de cette planète suppliciée. Disposant d’un plein contingent d’Immortels, le Capitaine Udris avait envoyé ces parias de choc à l’assaut du vaisseau adverse, et l’escouade de Gallikus, commandée par un Prêtre de Fer dégradé (Azoth) avait été couchée sur la feuille de match. Comme on pouvait s’y attendre, la progression avait été lente, pénible et sanglante, les fils d’Angron n’étant pas les hôtes les plus gracieux et civilisés de la galaxie. Après avoir fait leurs preuves contre l’équipage humain, transhumain et posthumain (un Dreadnought Contemptor surpris au saut du lit par l’abordage des Iron Hands), les quelques Immortels survivants arrivèrent au niveau de l’arène de combat du Retiarus, elle aussi décorée avec des bouts de cadavres appartenant à leur Légion. Ça commence à faire beaucoup.

Les y attendaient un petit groupe de berserkers, bien décidés à faire couler le sang des intrus. Pour la petite histoire, le chef des World Eaters (Robert Varken Rath) se trouvait être une ancienne connaissance de Gallikus, rencontré pendant la fatale campagne de Golthya pendant laquelle la Compagnie de notre héros fut victime d’un spectaculaire retour de flamme (de phosphex) alors qu’elle était en train de xenocider des Kethid. Ferrus Manus ayant comme chacun sait de gros problèmes de confiance en lui, il n’apprécia pas du tout les blagues potaches que Jaghatai et Leman Russ firent circuler en douce sur le démarrage de barbecue à la medusane lors du conseil primarquiel qui suivit ce regrettable événement, et catapulta les survivants chez les Immortels pour lui apprendre à lui faire honte.

Comme de juste, Gallikus et Rath se retrouvèrent au cœur de la mêlée, et notre héros aurait fini une tête plus court sans l’intervention désintéressée mais désabusée d’Azoth, qui profita du chaos des combats pour dépressuriser le sas et envoyer les combattants faire de la brasse coulée dans l’espace, constatant que les loyalistes avaient la main basse dans l’affrontement. Ça apprendra aux Iron Hands à relâcher leur discipline et à se battre comme des guerriers, et non comme des fonctionnaires CRS soldats.

Gallikus termine son compte rendu et s’attend à ce que ses mystérieux sauveteurs terminent ce que Rath avait commencé quelques heures plut tôt, mais à sa grande surprise, ce sont des loyalistes qui l’ont pris en stop, et non des hérétiques. Il fait ainsi la connaissance d’un Prêtre de Fer Iron Hands, d’un Salamander et d’un Raven Guard, et retrouve ce bon vieil Azoth, certes un peu zombifié sur les bords, comme son teint grisâtre et son œil morne le laissent apparaître, mais opérationnel à part ça. Il est temps pour les Légions brisées d’aller se venger sur les noix d’Horus…

AVIS:

Nick Kyme adapte le concept des Tueurs Nains de feu Warhammer Fantasy Battle au 30ème millénaire, les guerriers déshonorés cherchant une mort glorieuse au combat étant cette fois-ci des inflexibles Iron Hands plutôt que des nabots à crète. Nouvelle d’action pure, ‘Immortal Duty’ semble avoir été pensée comme une introduction au personnage d’Ahrem Gallikus, comme sa rencontre et son acceptation par un petit groupe de guerriers des Légions brisées à la fin du récit le laisse présupposer. Mis à part les torrents d’hémoglobine et d’huile de vidange qui s’écoulent de ces quelques pages, David Annandale nous propose de nous familiariser avec la caste des Immortels Iron Hands, introduite dans le volume ‘Massacre’ de Forge World quelques années avant la publication de cette nouvelle. Les quelques bribes de fluff parsemées au hasard des paragraphes valent-elles la peine de s’enquiller cette histoire simpliste1 ? Je vous laisse décider en votre âme et conscience.

1 : Mais qui se clôt aussi sur des questions non résolues : pourquoi des loyalistes s’amusent-ils à collectionner des têtes d’Iron Hands ? Comment Azoth a-t-il été « zombifié » ? Autant d’indices indiquant à mes yeux que Kyme n’en avait pas fini avec Gallikus et ses nouveaux copains.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Immortal Duty’ aborde beaucoup des thèmes et intrigues principaux des Iron Hands (leur penchant pour les bioniques, leur code d’honneur intransigeant, leur ténacité légendaire, la mort de Ferrus Manus et la quasi-destruction de la Légion sur Isstvan), ce qui en fait un choix pertinent pour un ouvrage comme ‘Lupercal’s War’. À titre personnel, je trouve que ‘Riven’ de John French fait encore mieux l’affaire, mais on n’est pas en présence d’une erreur de casting, comme pour certaines autres factions.

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World Eaters – After Desh’ea (M. Farrer) :

INTRIGUE:

Après Desh'eaUn sombre sentiment étreint les cœurs du fier Khârn et de ses compagnons War Hounds alors qu’ils patientent dans la salle d’attente du Conqueror. Pas de la peur, non (après tout, ils ne peuvent pas ressentir cette émotion, pas vrai ?), mais une certaine appréhension à l’idée de rencontrer pour la première fois leur Primarque perdu, le colérique Angron, que l’Empereur a téléporté chez ses fils en coup de vent avant de repartir vers sa Grande Croisade, justifiant son départ précipité pour Aldebaran par la nécessité de ne pas rater sa correspondance avec la 37ème. Le tout griffoné sur un post-it maculé de sang et collé sur la porte de la salle où Angron fait les cent pas et les quatre cents coups. Les tragédies causées par les parents démisionnaires…

Par le jeu des successions déclenché par le massacre systématique de tous les émissaires envoyés par les War Hounds se présenter au Primarque, Khârn est maintenant en charge de réussir là où ses supérieurs et camarades ont échoué au cours des heures précédentes. Faisant fi des conseils de prudence de ce planqué de Dreagher, le Capitaine toque à la porte, entre discrètement, et s’avance de quelques pas pour essayer d’apercevoir son père génétique. S’ensuit une conversation honnête et amicale entre Angron, toujours un peu jet lag depuis son départ de Nuceria, et celui qui ne tardera pas à devenir son Ecuyer. Hum. En fait, pas vraiment. Reprenons : Khârn entre, scrute les ténèbres de la pièce jonchée de cadavres mutilés, et… SE FAIT DEFONCER DANS LES GRANDES LARGEURS par un Angron toujours aussi grognon. Entre deux rebonds sur les murs, fractures, dislocations et hémorragies internes, Khârn, en grand professionnel qu’il est, tente de faire passer quelques infos capitales à son nouveau chef, comme qui il est vraiment, ce que sont les War Hounds, pourquoi ces derniers, à la grande frustration du Primarque, ne se sont pas défendus lorsqu’il leur est tombé sur le râble, ou encore comment se servir du papier toilette. Tout un programme, que seuls sa constitution renforcée de Space Marine et le bonus de résistance offert par son statut de personnage nommé lui permettent de dérouler de façon presque posée.

Angron, de son côté, s’il a tendance à évacuer sa légitime frustration d’avoir été forcé d’abandonner ses compagnons d’armes à leur destin sur Nuceria en utilisant le Capitaine comme ballon de foot, ne perd pas une miette de ce que son sous-fifre cherche à lui inculquer. Il peut également initier ce dernier à la culture martiale de sa planète d’adoption, où il exerçait la noble et utile profession de gladiateur jusqu’à ce qu’il réussisse à s’évader avec quelques collègues. Lui et ses Eaters of Cities s’étaient alors livrés à une orgie de pillages et de destruction dans l’arrière-pays de Desh’ea, vainquant l’une après l’autre les armées envoyées par les high riders pour écraser les rebelles. Coup de chance pour l’Empereur, Nuceria a été approchée juste au moment où les derniers gladiateurs étaient sur le point de livrer une ultime bataille contre les forces de l’ordre. Déveine pour Angron, recruté manu militari par son paternel pour sa Grande Croisade, même s’il ne souhaitait rien d’autre qu’une mort glorieuse aux côtés de ses frères et soeurs d’armes. La première confrontation orbitale entre le Père et le fils s’étant soldée par la mort atroce d’un des précieux Custodiens du premier, Pépé a donc décidé qu’il était too old for this shit1 et laissé son garnement de rejeton faire mumuse avec les chiens. Khârn apprend ainsi ce qu’est la Corde de Gloire, les Crocs du Boucher, ainsi que l’intégralité des techniques de soumissions, étranglements et self-defense pratiquées sur Nuceria auprès d’un professeur émérite, qui, sous ses abords de brute épaisse, se révèle redoutablement intelligent et…profondément timide (en effet, il ne lui est pas venu un instant à l’esprit qu’il avait la possibilité de sortir de la pièce dans laquelle l’Empereur l’avait confiné).

C’est toutefois la description par un Khârn au bord du KO (le Chaos viendra plus tard) de la campagne de Nove Shendak, à laquelle les War Hounds ont participé aux côtés des Iron Warriors de Perturabo et de l’Empereur en personne, qui achève de calmer Angron. Le récit des exploits vermifuges des Légions Space Marines, menées par le Maître de l’Humanité en personne, captive le Primarque au point qu’il se met à mimer les affrontements relatés par le Capitaine comateux, et la confirmation par ce dernier que Pépé est un grand guerrier n’hésitant pas à mouiller le maillot en compagnie de ses troupes, et pas un dirigeant dédaigneux laissant aux autres le sale boulot, comme l’étaient les high riders, pèse d’un certain poids dans la décision d’Angron de calmer sa colère, et d’engager la conversation honnête et amicale dont nous parlions précédemment avec ses fistons. Sa première décision, une fois ce pas franchi, sera de renommer les War Hounds World Eaters, en hommage aux camarades dont il n’a pu, à sa grande honte, ni accompagner dans la mort, ni commémorer le trépas en dotant sa Corde d’un tour funèbre avec la poussière de Nuceria. Une manière comme une autre de bien montrer à sa nouvelle famille qu’elle ne pourra jamais remplacer, ni rivaliser, avec la chaude camaraderie de l’arène. Mais c’est déjà mieux que rien…

1 : Se rappeler qu’Angron a été le 17ème Primarque découvert, et que l’Empereur en avait certainement par-dessus la tête des biberons et changements de couches à ce stade.

AVIS:

Je dois reconnaître que mon appréciation de cette nouvelle de Matthew Farrer a évolué au cours du temps. Lors de ma première lecture, j’avais été un peu déçu par ce qui m’était apparu comme une histoire simpliste, mettant en scène des personnages l’étant tout autant (un Primarque éructant de rage en mode Hulk, et un Space Marine encaissant les coups en lui refaisant son éducation). À présent, et même si je comprends toujours ce qui m’a poussé à émettre ce premier jugement, j’ai une vision plus favorable de ce ‘After Desh’ea’, que j’ai trouvé être plus complexe qu’il n’y paraissait.

Pour remettre en contexte le boulot effectué par Farrer, un auteur plutôt doué de la BL, avec cette nouvelle, il faut se rappeler que nous étions au tout début de l’Hérésie, dont les personnages étaient donc moins caractérisés qu’ils le sont aujourd’hui. Pour Angron, je pense même qu’il s’agissait de sa première apparition dans la série comme personnage de premier plan1, avant qu’ADB (entre autres) ne vienne s’occuper de son cas. Le fluffiste savait juste que ce Primarque avait été secouru contre son gré par l’Empereur d’une mort certaine à laquelle il était résigné, et que ce ressentiment allait le pousser à se rebeller contre son « sauveur » des années plus tard. Tout l’enjeu était d’expliquer de manière satisfaisante comment un gladiateur aux tendances homicidaires établies avait pu donner la patte à un maître honni pendant une période de temps assez longue, et n’était pas entré immédiatement en conflit avec son supérieur hiérarchique. Sur ce brief vraiment casse-gueule, Farrer est parvenu à livrer une copie relativement propre, ou en tout cas bien conçue, qui pemet au lecteur de suivre la progression émotionnelle et intellectuelle du Primarque, depuis sa téléportation sauvage en orbite, jusqu’à l’acceptation de ses nouveaux rôle et statut. D’abord convaincu d’avoir échappé à une tyrannie pour une autre, il finit par comprendre pourquoi les War Hounds n’ont pas cherché à riposter à ses attaques, et trouver une raison de respecter un Empereur très peu favorablement mis en avant dans cette nouvelle, lorsqu’il apprend que son père est un guerrier qui mène ses hommes à la bataille. La transition du point A au point B n’est certes pas facilitée par les caprices et tics nerveux du Primarque, qui use du pauvre Khârn comme un sac de frappe pour réguler son humeur mutine, mais on sent que Farrer avait à cœur de donner une justification logique à un ralliement peu évident, pour dire le moins.

Khârn, de son côté, est dépeint pour la première fois comme un individu sensé et sensible (qualificatifs ne s’appliquant plus guère à la fin de sa carrière), ce qui a dû surprendre plus d’un lecteur s’attendant sans doute à ce que Farrer prenne le pas de King à cet égard. Presque quinze ans plus tard, et grâce aux romans et nouvelles s’étant inscrit dans la droite ligne de ce choix de Matthew Farrer, cette divergence notable est parfaitement digérée, et, si je ne peux pas parler pour l’ensemble des hobbyistes, je suis en ce qui me concerne très satisfait de la profondeur du personnage, qui justifie à lui seul mon intérêt pour cette Légion de brutasses. Bref, si vous avez aimé le guerrier badass engagé dans une bromance déchirante avec ce vieil Argel Tal2, le combattant implacable animé par un sens du devoir chevillé au corps ayant maintenu les World Eaters à peu près dans les clous (du Boucher) pendant une bonne partie du mandat de PDG (Primarque Découpeur Général) d’Angron, et le fils dévoué prêt à se damner pour garder son père parmi les siens, vous pouvez remercier Matthew Farrer d’avoir établi ces fondations dans sa nouvelle, comme Perturabo l’a fait pour la digue impériale sur Nove Shendak. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de souligner que l’auteur donne également quelques éléments fluffiques dignes d’intérêt, tant au niveau micro (les traditions martiales de Nuceria) que macro (l’origine des noms de la 12ème Légion) et même meta (Big E est vraiment un très mauvais père) dans son récit, ce qui doit également être mis à son crédit.

Finalement, After Desh’ea a permis de poser de nombreuses bases de l’héritage « hérétique » des World Eaters, depuis la personnalité complexe de son Primarque et le rapport ambivalent de ce dernier avec ses fils génétiques, qu’il placera toujours en-dessous de ses premiers compagnons d’armes, jusqu’à l’adoration masochiste des World Eaters pour Angron, qui a poussé les premiers à des sacrifices toujours plus importants pour gagner l’amour et le respect du second. Il pose également Khârn comme l’excellent personnage que nous connaissons aujourd’hui, un guerrier réfléchi et pragmatique, qui finira par embrasser sa destinée et sombrer dans une folie meurtrière dont les écrits de Bill King et sa description dans le fluff de 40K se font écho (ce qui lui donne une profondeur tragique indéniable). Voilà pourquoi je considère que cette nouvelle a, au minimum, eu un impact fort sur le reste de l’Hérésie, au moins en ce qui concerne la 12ème Légion, et mérite donc la lecture à ce titre seul, mais peut également être appréciée pour la description que l’auteur fait d’Angron, tout à la fois une bête de guerre sanguinaire devant lutter contre les Clous du Boucher en permanence, un guerrier honorable et fidèle à ses compagnons, et un être à l’intelligence supérieure capable d’intégrer rapidement les informations que lui livre Khârn sous ses abords de primitif balbutiant. Bref, il y a du potentiel ici, peut-être pas superbement exprimé par Farrer3, mais présent tout de même. Dommage que l’auteur en soit (presque) resté là pour l’Hérésie d’Horus, un roman de sa main sur les World Eaters aurait été très intéressant…

1 : Je fais abstraction de son rôle de taupe de choc dans ‘Galaxy in Flames’.
2 : Et qui accomplira le rêve de tous les lecteurs de l’Hérésie d’Horus en bottant les fesses de ce faux jeton d’Erebus en one to one.
3 : Et peut-être affaibli par la traduction en français (que je n’ai pas lue). Difficile de transcrire dans une autre langue les borborigmes d’Angron de façon satisfaisante. En tous cas, j’ai trouvé qu’en anglais (et peut-être est-ce dû au fait que ce n’est pas ma langue natale) cela passait plutôt bien.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Les World Eaters ont eu la chance de se faire attribuer à Aaron Dembwki-Bowden lors de la répartition des Légions parmi les auteurs de la Black Library, ce qui leur a permis de gagner une profondeur intéressante par rapport à l’image de bêtes furieuses que le fluff leur avait accolé. Matthew Farrer a certainement joué un rôle dans cette « rédemption littéraire », qui est une des vraies réussites de l’Hérésie d’Horus, et le choix d’intégrer ‘After Desh’ea’ à ce recueil ne me surprend pas, même si le propos de cette nouvelle concerne d’abord Angron, et non pas sa Légion. Comme la trajectoire tragique du Primarque a induit en large partie celle de ses fils génétiques, trop attachés à lui pour réaliser qu’ils allaient dans la mauvaise direction, cette décision de la BL est compréhensible et pertinente. Nottingham aurait pu doubler la mise, comme pour d’autres Légions présentées dans ce recueil, avec le court mais efficace ‘Lord of the Red Sands‘.

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Ultramarines – The Laurel of Defiance (G. Haley) :

INTRIGUE:

The Laurel of DefianceLa Croisade des Ombres a été gérée, ou peu s’en faut, par les héroïques Ultramarines et l’ambiance est donc festive sur Macragge, centre politique du tout nouvel Imperium Secundus voulu par Roboute Guilliman. Mister Théorie_Pratique a organisé une cérémonie grandiose dans sa capitale pour honorer et récompenser les innombrables héros, civils et militaires, humains et Astartes, qui ont contribué à remporter cette éclatante victoire pour le camp loyaliste. Parmi eux, on trouve le Capitaine de la 90ème Compagnie des Ultramarines, le peu mondain Lucretius Corvo. Grâce à son leadership inspiré sur le monde d’Astagar, ses hommes ont mis en échec l’invasion chaotique de cette paisible planète de second ordre, lui gagnant le titre de Tueur de Titans dans la foulée (une accolade qu’il n’apprécie guère, mais il n’est pas d’une humeur très enjouée de toute façon). Nous suivons donc en parallèle la dure campagne des bleusailles contre les fanatiques de Lorgar et Angron, et le combat tout aussi éprouvant de Corvo contre le décorum et le protocole alors qu’il participe en traînant des savates énergétiques aux interminables cérémonies et soirées de Guilliman. Son arme secrète : se murger sans retenue (c’est au moins vrai pour l’un des deux événements évoqués ci-dessus).

Faisons les choses dans l’ordre et commençons par la défense d’Astagar. Ayant été retenu par l’avarie d’un moteur Warp sur le chemin de Calth, Corvo rata la surprise party donnée par les Word Bears en souvenir de Monarchia à leurs cousins a-do-rés, et fut donc surpris de constater que les renégats attaquaient comme des patates. Son petit rictus de supériorité fut toutefois remisé au placard de son Rhino de fonction lorsque les hérétiques dévoilèrent leur arme secrète : un Titan Warlord tombé dans la marmite du Chaos lorsqu’il était petit en kit1. Malgré le fait qu’avoir une langue et une truffe articulées est indéniablement cool, cette abomination (Ferghaaaaaaast de son petit nom) ne pouvait être laissée à vagabonder dans les rues d’Astagar les Vignes, mais sa vitesse et son caractère mutin empêchèrent dans un premier temps les Ultras de se débarrasser de cette menace d’une manière conventionnelle (et donc ennuyeuse), c’est-à-dire en la mettant face à un escadron de Shadowswords. N’écoutant que son instinct – ainsi qu’une remarque pleine de bon sens d’un de ses subalternes, qui ne bénéficia d’aucune médaille pour sa contribution, lui – Corvo décida de traiter le Warlord comme une bête fauve, et lui tendit un piège digne de Rahan, fils des âges farouches.

Dans les grandes lignes, il s’agît d’attirer la grosse nuisance en lui mettant un Rhino dans le champ de vision sur une place préalablement minée par les Ultramarines, et de faire péter les charges une fois le Titan en position. Brusquement plus si agile que ça, la machine chaotique n’eût d’autre choix que de sombrer dans la dépression (comme Corax avant elle) lorsque le sol se déroba sous ses gros petons, même si son augmentation « queue de singe » lui permit un instant de retarder l’échéance en se retenant à la statue de Konor Guilliman la plus proche. Iconoclaste dans l’âme, Corvo n’hésita pas un instant à déclarer une mêlée ouverte sur l’ennuyeux piédestal, dont l’effondrement provoqué par le solide pack d’avants de sa Compagnie mit fin au numéro d’équilibriste de Ferghast. Quelques tirs de fuseurs plus tard, la bête était hors d’état de nuire, et sa perte mina tant le moral des renégats qu’ils ne tardèrent pas à se faire écraser à leur tour.

Quelques semaines plus tard, sur Macragge, le même Corvo s’échine à esquiver les questions gênantes (comprendre : les questions) des participants à la soirée de pré-remise des médailles à laquelle il est forcé d’apparaître. Après s’être fait tenir la jambe par la charmante Medullina, qui ne réussit pas à le mettre sur son tableau de chasse, et avoir remonté le moral d’un autre Légionnaire habité par un sérieux syndrome de l’imposteur, le bon Capitaine va prendre l’air sur le balcon du palais où se tient la petite sauterie, et tombe sur l’Archiviste Titus Prayto, déployé comme agent de sécurité par un Guilliman très conscient de la tendance des Night Lords à venir pourrir les fêtes des autres, à plus forte mesure quand leur Primarque est en zonzon à proximité. Grâce à ses pouvoirs psychiques, Prayto repère sans mal la sale idée qu’a Corvo pour sa participation à la cérémonie du lendemain, et conseille à son frère d’armes de la jouer corporate, pour le bien de tous. « Tu peux siffler beau merle » répond un Corvo aussi éméché qu’un Astartes peut l’être, avant de monter une frappe préventive sur le buffet le plus proche…

Début spoiler…Et le jour suivant, on se rend compte que ce n’était pas une promesse d’ivrogne. Corvo accepte de recevoir les Lauriers de la Résistance que lui remet Guilliman devant la foule en délire (ou peut-être pas, car à ce stade la cérémonie durait déjà depuis 12 heures), mais il refuse en revanche de prêter à nouveau serment à sa Légion et à l’Imperium, comme tous ses prédécesseurs l’ont pourtant fait, jetant un malaise malaisant sur l’auguste assemblée. Shocking. Lorsque ce rigoriste de Lion El’Jonson lui demande de se justifier, il affirme qu’une fois c’est bien assez, car le serment d’un Ultramarine est inviolable (ce qui fait passer tous les copains qui sont passés avant lui pour des trompettes, au passage). Sourire crispé de la part de Guilliman, qui arrive tout de même à retomber sur ses pattes en faisant chanter le public (quel showman tout de même), pendant que Sanguinius se cure le nez d’un air pénétré et le Lion fronce les sourcils si fort qu’il commence à fissurer le noyau de Caliban.

La nouvelle se termine sur un dernier échange lapidaire entre Corvo et le Primarque Dark Angels, qui fait remarquer au petit impertinent que son armure est bien dépareillée pour un Ultramarine, ce à quoi notre héros répond « k » et s’en va comme un prince. La légende raconte que c’est à ce moment précis que Lionel décida qu’il préférait encore tenter sa chance à travers la Tempête de la Ruine plutôt que de continuer à se faire mal parler par le premier Schtroumpf venu. L’histoire était en marche…Fin spoiler

1 : Et à propos de marmite, son arrivée sur Astagar s’accompagna d’un tsunami de sang à l’ouverture de son vaisseau de transport, repeignant les rues de la capitale ainsi que l’armure de tous les Ultramarines du coin (dont Corvo) en cinq secondes. C’est peut-être de là que vient son goût pour l’héraldique clivante.  

AVIS:

Guy Haley honore un cahier des charges fourni dans ‘The Laurel of Defiance’, qui est à la fois une Space Marinade correcte et la réponse à la question : « et si on faisait référence à tous les événements de l’arc Ultramarines couverts dans l’Hérésie jusqu’ici ? ». La bataille de Calth, l’Imperium Secundus, l’emprisonnement du Nighthaunter, le Pharos… Haley met un point d’honneur à couvrir tous les faits saillants de sa faction d’adoption, pour un résultat qui fera sans doute la joie de l’expert, mais restera hors de portée du néophyte. Il prend aussi soin de lever un peu le voile sur les origines des Novamarines, ce qui devrait intéresser les fans du 40ème millénaire. Pour résumer : très gratifiant si vous avez pris le temps de vous pencher sur l’arc Unremembered Empire, sympathique sans plus sinon.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Comme les White Scars, les Ultramarines ont été dotés d’un historique hérétique particulièrement riche lorsque la Black Library s’est piquée de raconter cet épisode par le menu. L’Imperium Secundus, aussi appelée boulette de Guilliman dans certains cercles autorisés, est un arc intéressant de la saga, et il n’est donc pas étonnant que la BL ait choisi une nouvelle qui se situe au milieu de ce dernier, afin d’inciter le chaland à creuser dans cette direction après avoir terminé ‘The Laurel of Defiance’. Reste à savoir si le chaland en question aura l’envie et la motivation nécessaires pour relier les bribes d’informations et les mentions passagères que Haley fait aux événements précédant cette remise de médailles très mondaine, ou laissera ce (gros) morceau en plan. Mine de rien, tomber sur un passage comme celui-ci quand on débarque complètement dans l’Hérésie d’Horus peut être un peu fort de café !

Personnellement, j’aurais misé sur le plus simple à appréhender ‘Rules of Engagement’, qui a pour lui de présenter le véritable héritage éternel de Papa Schtroumpf : le Codex Astartes. Mieux adapté à l’exercice pédagogique que constitue ‘Lupercal’s War’ en théorie, mais moins marketing en pratique : on sait comment ce genre de dilemme est tranché.

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Death Guard – Daemonology (C. Wraight) :

INTRIGUE:

DaemonologyLa planète-bibliothèque Terathalion coulait des jours paisibles (et silencieux) depuis des décennies, ayant déplacé son allégeance de l’Ipsissimus (#TeamMagnus) à l’Impérium (#TeamPépé) après son annexion pacifique lors de la Grande Croisade. Plus occupés par la refonte de leur système de rayonnage (par auteur et/ou par spécialité ?) que par les choses bassement terre à terre comme euh… la guerre, les Terathalionnais ne se rendirent compte qu’indirectement du début de l’Hérésie, lorsque leurs grands copains Thousand Sons cessèrent de leur rendre visite. Les fils de Magnus ayant pris soin de rendre tous les bouquins qu’ils avaient emprunté chez leurs voisins, les autorités planétaires n’investiguèrent pas cette absence prolongée, et furent donc prises au dépourvu lorsque l’Endurance et une escadre de vaisseaux de la Death Guard vinrent se mettre en orbite haute au-dessus de Terathalion. Avec leur brutale efficacité habituelle, Mortarion et ses fils bombardèrent méthodiquement la planète, rasant toutes ses villes et réduisant en cendres ses inestimables archives. Ceci fait, le Primarque se téléporta à la surface du monde martyrisé afin de localiser la chose pour laquelle il avait fait le déplacement, pendant que ses hommes s’occupaient en massacrant les survivants désorientés.

Pour tenter de comprendre la raison de ce coup de folie, il faut remonter quelques décennies plus tôt, à l’époque où l’Empereur avait ramené avec lui sur Terra un Mortarion fraîchement retrouvé et dans un état physique et psychologique déjà inquiétant. Si le Maître de l’Humanité comptait à la base passer du temps avec son fiston pour resserrer les liens les unissant avant de l’envoyer conquérir la galaxie en Son nom, Ses divers projets ne tardèrent pas à L’accaparer totalement, laissant le Primarque anémié déambuler dans les couloirs du Palais Impérial sans supervision.

Comme toujours dans ces cas-là, il revint à Malcador de gérer la situation, et lorsque le service de sécurité fit une annonce micro pour demander à ce que le tuteur légal du petit Morty vienne le chercher au niveau du portail dans la toile (qui était à l’époque en chantier), le Régent de Terra se hâta en direction du sous-sol du Palais. Il n’était en effet pas nécessaire de disposer de la panoplie de pouvoirs psychiques de Malcador pour deviner qu’un individu aussi warpophobe que Mortarion soit révulsé par le grand dessein de son paternel, et puisse en conséquence agir de manière inappropriée. Après quelques minutes de discussion, Malcador réussit à attirer l’ado rebelle taille XXXXL jusque dans ses quartiers, afin d’avoir un tête à tête d’aberration à expérimentation. Echange qui se passa relativement bien, à l’aune des rapports compliqués entretenus par le Sigilite et les Primarques, puisque Mortarion se contenta d’étrangler légèrement son interlocuteur dans un accès de colère, reprochant à l’Empereur et à son bras droit de n’être pas très réglo à propos de leur rapport à la « sorcellerie ». Et en effet, prêcher une Vérité Impériale établissant l’absence du surnaturel et du divin d’un côté, et autoriser le recours aux pouvoirs psychiques de l’autre, c’est faire preuve d’une souplesse d’esprit qui se rapproche dangereusement de l’hypocrisie. « Si c’est comme ça, votre croisade, ce sera sans moi, na » conclut Mortarion d’un air boudeur.

S’étant remis le larynx en place, Malcador tenta d’amadouer cet enfant à problèmes en lui montrant que Pépé et lui travaillaient depuis des années sur un projet devant se terminer sur le monde de Nikaea, et dans lequel lui, Mortarion, aurait un grand rôle à jouer. Il faudrait seulement attendre le bon moment pour pouvoir prêcher sa cause devant l’Imperium entier, et, peut-être, obtenir l’interdiction pure et simple des pouvoirs psychiques dans les Legiones Astartes. Si le flashback d’interrompt avant que nous ayons pu voir Mortarion conclure un pacte avec son auguste géniteur sur ce sujet, sa coopération à la Grande Croisade laisse peu de doutes sur le fait qu’un compromis ait été trouvé.

Retour sur Terathalion, où la citoyenne Lermenta est venu faciliter la traque du Faucheur en chef en se jetant littéralement dans ses bras alors qu’elle tentait de fuir les combats. C’est en effet elle, ou plutôt ça, que Mortarion était venu chercher à la surface : un Démon ayant possédé un être humain, et qu’il compte utiliser pour obtenir des informations complémentaires sur le Warp, afin de combattre son influence néfaste (vaste programme). Ramenée dans les quartiers du Primarque sur l’Endurance, remplis jusqu’au plafond de grigris et autres colifichets sensés agir comme des protections contre l’Immaterium, Lermenta se retrouve attachée au mur et interrogée par un Morty se présentant comme un docteur es-ésotérisme, ce qui fait bien rire notre Démon. Etant elle-même affiliée à Tzeentch, alors qu’elle perçoit que son interlocuteur a été marqué par Nurgle, Lermenta décide de faire tourner en bourrique Mortarion en le forçant à recourir à une invocation arcanique afin de la bannir, au lieu de l’approche scientifique qu’il prétendait avoir développé à force d’étude et d’observations (mais qui ressemble furieusement à un match de MMA vu de loin). S’étant facilement libérée de ses chaînes et de son apparence humaine, la captive du Primarque titille un peu le cuir épais et la nuque roide de son hôte, et lui lâche un beau Hasta la Plagua, Baby au moment de repartir dans sa dimension natale. Ces résultats peu concluants ne font cependant que renforcer Mortarion dans son obsession anti-Warp, et la nouvelle se conclut sur la résolution prise par ce dernier de poursuivre ses investigations pour renforcer ses connaissances de l’ennemi, quitte à devenir ce qu’il déteste par­-dessus tout. 10 millénaires plus tard, les résultats parlent pour eux-mêmes…

AVIS:

Une nouvelle plus riche en révélations qu’en rebondissements, et qui fera donc la joie des fluffistes avertis (qui découvriront que Nikaea n’a pas été aussi impartial que les autorités voudraient qu’on le croit…) plus que des lecteurs occasionnels, qui pourraient se demander avec raison s’il est bien raisonnable de détruire une planète entière pour mettre la main sur un Démon (même pas majeur ou important, en plus), et souligner que Mortarion a tout de même été très chanceux de localiser en trente minutes max sa cible parmi une population s’élevant en milliards, et sur un périmètre aussi étendu qu’une métropole majeure. On pourrait me rétorquer que cela était en fait voulu par les Dieux du Chaos, la capture de Lermenta faisant progresser la corruption du Primarque et donc étant favorable aux Fab Four, mais comme Wraight ne donne aucun indice dans sa narration que c’était bien le cas, l’hypothèse du gros coup de bol WIJHesque tient la route.

On peut aussi remarquer quelques faux raccords entre la version de Mortarion de Chris Wraight et celles des autres auteurs de la Black Library ayant écrit la geste du Primarque asthmatique. Ainsi, James Swallow nous apprend dans ‘Lantern’s Light’ que la période probatoire durant laquelle l’Empereur a gardé un œil sur Son fils avant de lui donner les clés de sa Légion s’est passée dans les alentours de Barbarus, et non sur Terra comme c’est sous-entendu ici. De même, Mortarion semble être à deux doigts de basculer dans l’étreinte amicale de Nurgle à la fin de ‘Daemonology’, alors que pour Swallow (encore) et Annadale, cet événement arrivera bien plus tard et sera en grande partie orchestré par Typhon. Rien de très choquant, mais la continuité est toujours préférable.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Même si je considère ‘Daemonology’ comme une nouvelle de bonne qualité, elle ne répond selon moi pas assez au cahier des charges de ‘Lupercal’s War’ pour être considérée comme un bon choix de la part de la Black Library. Elle se concentre en effet davantage sur des arcs secondaires de l’Hérésie (et notamment l’avant Nikaea) et sur la personnalité de Mortarion, deux sujets intéressants en tant que tel, mais hors de propos ici ; que sur la Death Guard en elle-même. La description du début de l’attaque de la Légion sur Terathalion permet certes de se rendre compte de la brutalité industrielle et dépassionnée dont sont capables les ex-Dusk Raiders, mais le reste de la nouvelle ignore totalement le Death Guard moyen pour se concentrer sur la triade Mortarion – Malcador – Lermenta. À tout prendre, je pense que ‘Exocytosis’ aurait mieux fait l’affaire : même si cette histoire tourne exclusivement autour du premier Capitaine Callas Typhon, elle raconte son passage à Nurgle, qui peut être considéré comme la base de l’identité de la Death Guard hérétique.

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Thousand Sons – Rebirth (C. Wraight) :

INTRIGUE:

RebirthRetour au bercail compliqué pour le Capitaine Menes Kalliston et son escouade de Thousand Sons. Partis au Warp vauvert sur les instructions de leur Primarque six mois auparavant, ils ont tout raté de l’arrivée remarquée des Space Wolves, Custodiens et Sœurs de Bataille sur Prospero, et de l’expulsion dans l’Immaterium dont le Cyclope et ses quelques fistons survivants ont fait les frais1. Malgré la présence d’un Corvidae2 (le Sergent Revuel Arvida) dans son effectif, Kalliston ignore tout bonnement ce qu’il s’est passé sur la planète des sorciers, transformée en planète des cendriers par les bons soins des loulous pendant son absence. Pas très pro pour un Thousand Sons, vous en conviendrez. C’est donc ce qui motive notre héros à aller mener une petite due diligence sur le terrain, malgré les vagues mais mauvais pressentiments de son subalterne.

Sur place, les légendaires facultés cognitives des fils de Magnus ne mettent pas longtemps à conclure que quelque chose, ou quelqu’un, hante toujours la surface dévastée de Prospero. Les indices concordent vers la piste lupine, d’autant plus aisée à soupçonner que l’inimité entre les frères Husse (Lemaneur et Magueunne) est connue de tusse, euh, de tous. Ces savantes spéculations sont toutefois repoussées à plus tard lorsque l’un des gardes du corps de Kalliston prend un bolt en pleine tête, ce qui donne d’autres chats à fouetter à l’inspecteur Gadget. Walking like an Egyptian jusqu’au couvert le plus proche, il donne l’ordre à ses hommes de le rejoindre pour essayer de regagner ensemble leur transport…

J’opère ici une ellipse concave qui me permettra de ménager un peu de suspens à mon propos. Nous retrouvons un peu plus tard Kalliston en train d’émerger du kohl (le cirage, c’est bon pour les Dark Angels), nu comme un ver et attaché à une chaise dans une pièce plongée dans la pénombre. « Comme dans Casino Royal ! » réalise notre héros cultivé, qui se prend alors à craindre pour l’intégrité de ses bijoux de famille. Enfin, c’est sans doute ce qu’il aurait pensé s’il se souvenait de quelque chose. En l’état, le mauvais coup qu’il a reçu sur le crâne lorsqu’un missile krak est venu le photo-bomber lui a retourné le ciboulot, au point qu’il a même du mal à se souvenir de qui il est, et de comment il est arrivé ici. Quant à ses pouvoirs psychiques, ils commencent péniblement à revenir une fois son interrogatoire débuté. Car, bien évidemment, cette mise en scène funeste a pour but de prévenir le lecteur que quelqu’un, ou quelque chose, a les moyens de faire parler Kalliston… qui est plutôt OK avec ça. Après tout, il lui faut du temps pour pouvoir lancer un sort de démenottage que ses capacités d’Athanean3 ne laissent absolument pas envisager. La magie de… la magie. Bref.

Rebirth_IllustrationLa discussion s’engage donc entre le Capitaine abandonné et son interrogateur, qui prend bien soin de rester dans le noir pour laisser planer un vieux doute sur son identité. Mais on ne la fait pas facilement à ce rusé de Kalliston, qui, d’après la respiration bestiale, la voix gutturale et la tendance à l’énervement de son interlocuteur, a tôt fait de comprendre qu’il se trouve en présence d’un Space Wolf. Tout content de sa propre ingéniosité, il se permet même de titiller l’égo de son tortionnaire, oubliant un peu vite que le type en peau de slip énergétique attaché sur une chaise, c’est lui. Résultat des courses, il se mange une belle correction après avoir demandé à appeler son avocat, trait d’humour évidemment peu partagé par son vis-à-vis. Ce dernier riposte toutefois (autrement que par la violence) en faisant exprès de ne pas révéler à Kalliston ce qui s’est passé sur Prospero, information que le Thousand Son donnerait cher pour connaître. Après quelques minutes d’échanges de petites piques et de grosses torgnoles, c’est enfin le moment de jeter bas les masques, ou, dans notre cas, d’allumer la lumière. Et le colosse musculeux aux yeux injecté de sang et au comportement maniaque qui fait face au prisonnier se révèle être…

Début spoiler…Line Renaud. Ou plutôt, son descendant lointain, Khârn des World Eaters (et pourquoi pas d’abord, hein ?). Incompréhension compréhensible de la part de Kalliston, qui se trouve très Kallis-con devant ce retournement de situation. Pour sa défense, rien ne ressemble plus à un loup qu’un chien, même si on peut se poser la question pour les carlins. Bref, les Thousand Sons ont été pris en chasse et massacré par les suivants d’Angron, qui sont arrivés sur la planète après la bagarre (ce qui a dû les énerver) pour aller effacer le numéro personnel d’Horus du téléphone de Magnus (ou l’équivalent), ce qui a dû les mettre vraiment en rogne. Ils se foutent bien de savoir quel camp ont rejoint les Astartintellos, qu’ils méprisent copieusement, comme le reste des Légions d’ailleurs. Kalliston, qui pense que son vis-à-vis cherchait également la réserve de Xanax de Magnus pour gérer son stress de façon plus efficace, a alors la mauvaise idée de proposer un deal à Khârn : une thérapie complète assortie d’un stage de méditation tantrique pour retrouver sa paix intérieure, contre sa libération. Se passe alors une longue seconde pendant laquelle l’Ecuyer d’Angron semble hésiter… avant de décider bien sûr de corriger le maraud qui a osé sous-entendre qu’il était fou à lier. Et contre un personnage nommé spécialiste du corps à corps, notre héros ne fait pas le poids, même s’il arrive à se libérer de ses liens pour la bagarre finale. Surclassé par la puissance de son adversaire, Kalliston finit donc au tapis, puis dans le tapis, puis sous le tapis, au fur et à mesure que Khârn le réduit en porridge. Personne n’aime les psychiatres, c’est connu.

Finissons notre histoire et revenons en arrière pour suivre l’émancipation du dernier Thousand Son en un seul morceau de la nouvelle, le Sergent Arvida. Grâce à ses super pouvoirs de divination, il arrive à esquiver les ennemis et les balles avec un peu plus de succès que ses camarades, et échappe ainsi à la mort et à la capture. Le poids du nombre l’empêchant de secourir Kalliston, et son transport ayant été détruit par les World Eaters, notre loup solitaire joue un peu avec le feu en collant un bolt dans le casque du Capitaine Khorneux fort occupé à violenter la dépouille mortelle de ses frères d’armes, avant de partir comme un dératé dans le dédale carbonisé de Tizca. Tout finit cependant bien pour notre héros de rechange, dont le don de double vue lui a donné la certitude qu’il repartirait de la planète en vie. Bienvenue au club des personnages nommés, p’tit gars ! N’oublie pas de prendre tes chaussettes de scenarium avec toi pour la suite !Fin spoiler

1 : Après tout, il ne faut pas compter sur Leman Russ pour appliquer la trêve hivernale. Ça doit bien le faire rigoler.
2 : Les présentateurs météo de la Légion (ils voient le futur).
3 : Les psychologues de la Légion (ils lisent dans l’esprit).

AVIS:

Pour ses débuts dans l’Hérésie, Chris Wraigth a voulu soigner son lecteur avec une nouvelle à suspens. Cette intention louable s’est toutefois heurtée à une réalité que le futur seigneur de Terra ne pouvait pas vraiment deviner au moment où il a soumis son texte à la BL: l’évolution du personnage de Khârn dans la série. Car si on a droit dans ce ‘Rebirth’ à un berzerk de Khorne écumant de rage et guère maître de ses émotions, dans la droite lignée du positionnement choisi par Bill King pour cette figure chaotique dans ses propres écrits1, l’écuyer d’Angron est au contraire devenu sous la plume d’Aaron Dembski-Bowden la tête pensante et froide de sa Légion, jusqu’à un stade avancé de l’Hérésie tout du moins. De ce fait, le voir sombrer dans une démence sanguinaire au lendemain du sac de Prospero apparaît avec le recul comme un faux raccord narratif, dont Wraight n’est certes pas coupable, mais qui réduit le plaisir de lecture de cette nouvelle.  Le plus ironique dans tout ça est que n’importe quel autre Capitaine des World Eaters aurait magnifiquement fait l’affaire, alors que la présence au casting de cette célébrité, utilisée donc à contre-emploi par l’auteur, dessert ce ‘Rebirth’.

Cette déception évacuée, il faut reconnaître que Chris Wraigth livre une histoire assez correcte, sérieusement bâtie et respectueuse du fluff Thousand Sons et hérétique déjà établi – à l’exception de celle notée ci-dessus, évidemment – qui lui permet d’introduire son personnage récurrent d’Arvida, que l’on retrouvera (comme présagé en conclusion de la nouvelle) plus loin dans l’Hérésie2, et pas forcément du côté où on l’attendait. Et c’est plutôt heureux, car le « héros » malheureux Kalliston n’inspirait ni intérêt, ni sympathie à l’auteur de ces lignes. Ce ne sont pas toujours les meilleurs (personnages) qui partent les premiers, heureusement…

1 : Et dans une moindre mesure, Graham McNeill et Ben Counter dans ‘False Gods’ et ‘Galaxy in Flames’.
2 : ‘Allegiance’, ‘The Last Son of Prospero’.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Je peux comprendre pourquoi la Black Library a choisi de placer ‘Rebirth‘ dans l’emplacement dédié aux Thousand Sons dans ce recueil : il s’agit du premier épisode de la saga de Revuel Arvida, et avec un peu de chance, il intéressera suffisamment le lecteur pour que ce dernier achète les bouquins où cette dernière se poursuit. Ce raisonnement marketing ne fait cependant pas grand sens d’un point de vue didactique, ce qui aurait dû être la priorité des éditeurs de ‘Lupercal’s War‘: outre le fait que cette nouvelle est finalement plus liée aux World Eaters qu’aux Thousand Sons, elle ne contextualise pas assez à mes yeux l’incendie de Prospero. Plus grave, elle ne permet pas au newbie de comprendre pourquoi Magnus n’a rien fait de mal, ce qui est la BASE de la culture Thousand Sans, reconnaissons-le. Un meilleur choix aurait été ‘Thief of Revelations‘, avec une mention honorable pour ‘The Sixth Cult of the Denied‘, qui a l’énorme avantage d’expliquer en détail le système de cultes que Wraight mentionne rapidement ici.

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Sons of Horus – Little Horus (D. Abnett) :

INTRIGUE:

Little HorusDans la famille Horus, il y a bien sûr le père, Lulu la Percale1, mais il y a aussi le fils, Aximand, surnommé Horus Minus par ses petits camarades de jeu. Ou l’autre Horus, si on veut être corporate. Capitaine de la 5ème Compagnie des Sons of H…imself et membre du Mournival, c’est un individu qui compte au sein de la Légion. Son tort aura de ne pas avoir la personnalité, la fabuleuse destinée, ou le destin tragique de ses condisciples mal lunés, ce qui l’a contraint à jouer les seconds couteaux pendant ce début d’Hérésie. Tout le monde ne peut pas se retrouver sous les feux des projecteurs, il faut bien qu’il y ait des gens qui se battent (ou font semblant de se battre) à l’arrière-plan. Pourtant, notre héros du jour a des arguments à faire valoir, à part sa première place au concours inter-Segmentum des sosies de Michel Blanc, s’entend. C’est ce que cette nouvelle d’Abnett nous propose de découvrir.

Le propos prend place quelques temps après les événements d’Isstvan, alors que les Sons of Anarchy Chaos commencent leur course de fond en direction de Terra. Sur leur chemin se trouve le monde de Dwell, farouchement loyal à Pépé et trop militarisé pour être ignoré par les renégats. De plus, un petit comique en fer blanc du nom de Shendrak Meduson commence à faire parler de lui, et pas en bien. Très mécontent d’avoir retrouvé son Primarque rétréci à l’essorage, ce Capitaine Iron Hand a mis sur pied une force de guérilla galactique, qui s’est faite une spécialité de titiller les flancs du Maître de Guerre. Si Meduson parvient à rallier Dwell à sa cause, son pouvoir de nuisance en sera décuplé, et ça, Horus ne le souhaite pas le moins du monde. Alors que la Légion se prépare à illuminer la planète, nous surprenons une discussion entre les derniers Mournivaliers encore debout. Aximand, qui s’est mis à rêver que quelqu’un le regardait, et à entendre une respiration mystérieuse autour de lui depuis la purge des Sons, serait pour une reconstitution de cette saine institution. Il faudrait pour cela des candidats dignes de ce nom, et alors que lui penche pour un petit nouveau prometteur du nom de Grael Noctua, même pas encore Capitaine mais c’est pas grave, Abaddon se contente d’égrener les noms des types de sa Compagnie jusqu’à ce qu’Aximand finisse par lui accorder Falkus Kibre. Tope là mon gaillard, cochon qui s’en dédit.

Chargé de la prise du Mausolytique, croisement entre une morgue et une bibliothèque où les défunts de Dwell sont gardés sur étagère pour que leurs descendants puissent bénéficier de leur savoir, Aximand entraîne ses hommes, ainsi que son stagiaire Noctua, à l’assaut du complexe défendu par les Tyjunate Compulsories, une garde d’élite dont la chance est de pouvoir compter sur des boucliers énergétiques de bonne qualité. Résultat des courses, les bolts des Astartes se révèlent assez peu efficaces, ce qui chagrine profondément Horus Minus. Heureusement, la honte d’un retard lui est épargnée par la bonne idée de son rookie, qui suggère tout bêtement de foncer dans le tas l’épée au clair, ce qui marche du (marteau) tonnerre. Vive la jeunesse. Emporté par son élan, et bien aidé par les moulinets ravageurs de sa latte personnelle, qu’il a spirituellement appelé Mourn-it-all2, Aximand se retrouve un peu isolé en tête de l’assaut, et manque de se faire occire par la contre-attaque féroce d’un Iron Hand isolé, qu’il identifie comme étant Bion Henricos, l’un des lieutenants de ce diaaaaaable de Meduson. Il faut dire que ses hallucinations auditives l’ont distrait au pire moment, et il s’en est fallu d’un rien pour que notre héros se fasse bellement navrer par son adversaire, qui a une grande épée et sait bien s’en servir. Après quelques passes d’armes dans le Mausolytique, artistement décoré de grandes statues blanches, les renforts finissent enfin par arriver du côté renégat, permettant à Aximand de vaincre – en traître (c’est fluff) – Henricos. Une question lui brûle alors les lèvres : pourquoi son assaillant était il seul ?

Début spoiler…Et la réponse est : il ne l’était pas. Car les statues blanches de la pièce n’étaient pas en marbre mais en chogorite, et les White Scars les plus patients de la galaxie peuvent enfin déclencher leur attaque, menés par ce rusé de Hibou Khan.Les statuesques Astartes espéraient mettre le sabre sur Horus, mais faute de grives… Se rouler dans la farine pour rendre la pareille à son adversaire, c’est beau tout de même. Il y a un mot de Chogoris pour ça d’ailleurs: prank’h. Après avoir prononcé la seule phrase qui s’imposait en cette situation3, Baby Horus doit à nouveau défendre sa vie, et y arrive beaucoup moins bien. Une estocade de l’oiseau de nuit fend en effet son casque en deux, délestant notre héros de la plus grande partie de son visage. La blessure n’est pas mortelle, mais seulement évanouissante pour Aximand, qui, dans son coma réparateur, met enfin un nom sur le triste sire qui le stalke à coups de soupirs depuis ces dernières semaines : Garviel Loken. Le fâcheux en question étant présumé mort sur Isstvan III, cela règle le problème pour Horus Minus, dont la chirurgie reconstructrice a laissé quelques traces. Mais, comme il le dit lui-même, il n’a pas peur du changement, alors…Fin spoiler  

1 : Surnommé ainsi à cause de la finesse de ses draps.
2 : J’aimerais bien savoir comment la VF s’est dépatouillée de ce petit jeu de mots du père Abnett. Avis aux lecteurs francophones.
3 : Coucou, coucou, coucou, hibou, coucou.

AVIS:

Après avoir mis l’Hérésie sur les rails avec ‘Horus Rising’, Dan Abnett reprend les commandes d’une Légion dé-Lokenisée, et désormais en guerre ouverte contre l’Imperium. C’est l’occasion pour lui de donner son heure de gloire à l’un des membres les plus discrets du Mournival, Horus Aximand, qu’on sentait un peu mal à l’aise par la tournure prise par les événements dans ‘Galaxy in Flames’, même si cela ne l’avait pas empêché de rabattre le caquet de cette grande gueule de Torgaddon sur Isstvan III. C’est également par ce biais qu’il commence à nous présenter son nouveau projet hérétique, mené d’une main de fer (héhé) par un nouveau-venu du nom de Shendrak Meduson, déterminé à venger la mort de son Primarque en enquiquinant les traîtres sur la route de Terra au maximum de ses capacités.

On retrouve donc dans ce ‘Little Horus’ le mélange d’action frénétique, de rebondissements cinématiques et de réflexions plus posées sur l’état des Sons of Horus après qu’ils aient franchi le Rubicon (avant que ça ne devienne tendance) auquel Abnett nous avait habitué dans son pavé initial. Tout cela est bel et bien bon, et nous donne un précieux éclairage sur cette période de transition des fils d’Horus, à la trahison déjà consommée mais, pour la majorité d’entre eux, encore des Space Marines à peu près fréquentables, croyant sans doute s’être embarqués dans une noble révolution contre un Empereur tyrannique. Les années qui suivront en surprendront donc quelques uns… à commencer par notre protagoniste, déjà travaillé par sa conscience coupable1, et qui devra perdre la face au sens premier du terme pour laisser derrière lui ses allégeances passées. Little Horus est donc une lecture des plus sympathiques, pas indispensable en termes de compréhension de l’Hérésie, mais très intéressante pour ceux qui se passionnent pour les jeux de pouvoirs à l’oeuvre au sein des Sons of Horus.

1 : Il y a fort à parier que la révélation de l’identité de l’individu venant lui souffler dans les oreilles H24 ait été un moyen pour Abnett de nous prévenir qu’un duel entre Aximand et Loken dans la suite de l’Hérésie était à attendre.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Les Sons of Horus sont sans doute la Légion de Space Marines qui compte le plus de personnages nommés importants de toute l’Hérésie d’Horus, à commencer par leur père génétique, d’après qui la franchise est tout de même nommée. Cela explique que la majeure partie des nouvelles qui leur sont consacrées se concentrent sur leurs VIP et pas sur le sort du légionnaire de base (dont le point de vue aurait été intéressant, je le dis au passage). C’est le cas avec ce ‘Little Horus‘, qui a le mérite de faire ressortir les complexes rouages politiques qui meuvent cette Légion, surtout après qu’elle soit passée au Chaos. Et puis, c’est la seule nouvelle signée Abnett du recueil, donc il serait dommage de bouder son plaisir. Mentions honorables pour ‘Twisted‘ (sur la grande famille du Chaos) et ‘The Wolf of Ash and Fire’ (sur les relations entre Horus et l’Empereur avant l’Hérésie).

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Word Bearers – Child of Chaos (C. Wraight) :

INTRIGUE:

Child of ChaosLe Siège de Terra approche méchamment et quelque part en orbite du Monde Trône, un Astartes en arrêt maladie contemple la planète de Pépé avec un œil torve et un visage couvert de biafine. Notre protagoniste est, vous l’aurez deviné, Erebus. Sauf que en fait, non, mais nous y viendrons un peu plus tard. Passé à la râpe à fromage par Horus et slam dunk-é dans le bac à ordures dangereuses par Lorgar, le surhomme par qui le scandale éclata n’a pas vraiment d’épaule sur laquelle suinter, mais il s’en fout royalement car son auguste compagnie lui suffit. Et comme dit son deuxième proverbe favori (on parlera de son premier un peu plus loin): « plus on est de fous, plus on rit, moi je suis tout seul parce que personne ne m’aime alors je compense en étant complétement ravagé du bulbe et je peux rigoler un bon coup ». Quel dommage que seule la version abrégée de cette maxime si profonde nous soit parvenue. Toujours est-il qu’Erebus est décidé à se parler à lui-même pour passer le temps, et il embarque donc le lecteur dans le récit de son origin story, qu’il considère comme étant édifiante. Voyons cela.

Première confession: Bubus a toujours été mauvais. Et surtout en dictée. Il ne s’en cache ni ne s’en excuse, et il n’y a pas d’élément déclencheur à chercher pour explique sa chute, à part peut-être le fait qu’il ne supporte pas la chaleur. Mais bon, se dire que l’Hérésie aurait été évitée par un malheureux climatiseur, ce n’est pas très glamour, donc restons sur l’hypothèse de la malignité incarnée. Déjà tout môme, son passetemps favori était d’arracher les pattes de scorpion de Colchis, ce qui n’est guère charitable. Issu d’une famille miséreuse, il se mit à lorgner du côté des khôl gris du Covenant après avoir constaté que les prêtres menaient une vie de patachon. Après quelques mois à apprendre par cœur des cantiques et à apprendre à lire sur des bouquins piqués en douce dans le temple local, notre zéro accomplit ses premières armes en garrotant de sang froid un jeune dévôt de son quartier, auquel sa mufle de mère le comparait à longueur de journée pour le rabaisser. L’individu en question témoignait de sa foi envers les Puissances en se peignant des mots sacrés sur le visage, habitude que son assassin reprit, tout comme il lui emprunta son nom: Erebus. MIND BLOWN. On est passé à ça d’avoir l’Hérésie manigancée par un gonze appelé Post Malone ou Tekashi69, ça fait froid dans le dos tout de même. Heureusement que Môman Bubus n’aimait pas le rap.

Ce premier assassinat permit toutefois à l’usurpateur d’entrer dans les ordres sans coup férir, et de commencer à tailler son chemin vers le pire, soit le Pouvoir, l’Influence, la Richesse et l’Efferalgan. Car Erebus n’est pas vraiment croyant à la base, et avoue volontiers s’être piqué d’intérêt pour la chose religieuse de la même manière que tu as pris goût aux endives au jambon: à l’usure. BLIND MOWN. Pendant qu’il faisait ses classes, un certain Prophète commençait à faire parler de lui dans l’arrière pays colchitique, et il ne fallut pas longtemps avant qu’Erebus ne pose les yeux sur celui qui allait devenir son père adoptif (Lorgar), accompagné par sa future marâtre (Kor Phaeron). Ce ne fut pas le coup de foudre mais le jeunot comprit qu’il fallait qu’il se rapproche de Mr Tête d’Œuf pour son propre bien, ce qu’il fit.

Une arrivée impériale et une transformation en Space Marine plus tard, notre désormais fringant héros part sillonner la galaxie à la recherche des Dieux du Chaos, envers qui il sent une attirance particulière. Rien de très intéressant ne se produit jusqu’à l’arrivée sur Davin, et la visite qu’Erebus rend à un temple décati que lui ont révélé ses visions. Sur place, il rencontra un vieux prêtre ridé et impoli, ce qui n’est pas très malin quand on s’adresse à un type qui fait deux fois sa taille et trois fois son poids. Parmi les tags effacés et les inscriptions désobligeantes, les sens de sorceleur du surhomme firent clignoter en rouge un dessin de l’Anathame (qui ne se trouvait pas sur place, ce serait trop simple) ce qui fut apparemment suffisant pour son bonheur immédiat. Il repartit donc avec une envie folle de farmer du Wither squelette1, en ordonnant au vioque de faction de retaper un peu la bicoque, et en donnant rendez-vous dans quelques décennies à une très jeune Akshub (qui ironie de l’histoire, lui donnera des cours en chaotique appliqué lorsqu’il reviendra… quel fumiste tu fais Bubus alors). La suite de l’histoire, sans être parfaitement connue, l’est toutefois suffisamment pour pouvoir laisser Erebus à ses divagations fiévreuses et purulentes. Mais tel est le destin de ceux qui manquent de peau.

1Mais sans accès au Nether, il dut se contenter de piller les collections permanentes du musée de la vie rurale de l’Interex, comme chacun sait.

AVIS:

Chris Wraight lève le voile sur l’origine d’un des personnages les plus importants de l’Hérésie n’étant pas Pépé ou un Primarque : bonne idée dans l’absolu, et assez bien réalisée même si ‘Child of Chaos’ tient plus de la lecture complémentaire intéressante que du must read définitif. Il y a certes quelques révélations bien senties de la part d’un auteur qui a trop de métier pour ne pas jeter quelques bouts de fluff anecdotiques (au sens littéral) en pâture à son public de fanboys dans une nouvelle telle que celle-ci, mais rien qui changera la face du lore. On apprend par exemple que c’est à Erebus que l’on doit la maxime « béni soit l’esprit trop étroit pour le doute », ce qui est utile à savoir pour briller dans un centre GW mais relève de la trivia hérétique au final. Notons également que Wraight se retrouve piégé par cet ennemi acharné de l’auteur de l’Hérésie d’Horus qu’est la continuité temporelle (à égalité avec la bonne vieille logique cartésienne): si Erebus a pu devenir un Word Bearers, c’est qu’il était très jeune à l’arrivée de l’Empereur. Or on sait (‘Lorgar: Bearer of the Word’) que Kor Phaeron avait déjà mis des pensées non euclidiennes dans la tête de son pupille bien avant que Bubus soit en mesure de susurrer des salaceries à l’oreille de son Primarque : l’image d’Epinal d’instigateur de l’Hérésie qui accompagne le Chapel-Un depuis quelques années en prend donc un sacré coup dans les ratiches.

Bref, on tient ici une lecture sympathique et qui permet à Wraight de mettre un peu d’ordre1 dans, et de faire quelques clins d’œil à la suite de, l’histoire d’Erebus, ce qui peut, ou non, justifier les 3,49€ demandés par la Black Library pour tuyauter le lecteur/fluffiste sur ce VIP chaotique.

1J’ai bien aimé le fait qu’il cherche à couvrir les traces de Thorpe en indiquant au détour d’une phrase que, oui, les Dieux du Chaos avaient bien un œil (mais juste un œil) sur Colchis et le Covenant, respectivement élus « Planète chaotique la plus calme du Materium » et « Secte chaotique hégémonique la moins efficace de la galaxie » 10.000 ans de suite. Il ne pouvait guère faire plus que cela sans réécrire l’histoire.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Erebus est certainement un des personnages les plus importants de l’Hérésie d’Horus, mais sa tendance à ne parler que de sa vie et de son oeuvre fait de ‘Child of Chaos‘ une piètre entrée pour les Word Bearers dans ce recueil introductif. C’est dommage car cette Légion bénéficiait d’un corpus assez imposant par rapport à sa notoriété, dans lequel la Black Library aurait été bien inspirée de puiser. Ma préférence va à ‘Children of Sicarus‘, qui illustre le lien particulier qu’entretiennent les Word Bearers avec les Puissances Noires, et met également en lumière les relations tendues entre Kor Phaeron et Lorgar. Si les longs formats ne vous font pas peur, il faut évidemment lire ‘The First Heretic‘, qui reste à ce jour l’un des meilleurs bouquins de toute la série.

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Salamanders – Artefacts (N. Kyme) :

INTRIGUE:

ArtefactsHorus a franchi le Rubicon Traitoris et les Salamanders s’activent pour rejoindre la flotte envoyée par l’Empereur punir la rébellion de son Maître de Guerre. Vulkan est de passage par Nocturne et par la lune-arsenal Prometheus pour se ravitailler avant le grand départ, mais lorsqu’il convoque le Maître de Forge T’kell dans son atelier personnel, ce n’est pas pour parler batteries ou boulons.

Tout commence par le récit que fait le Primarque à son fils génétique de la destruction de Nostramo des mains armes de coque de ce mauvais sujet de Konrad Curze, il y a bien des années de cela. Arrivé en catastrophe dans le système en compagnie d’Horus et de Jaghatai pour tenter de raisonner le dément, il ne put qu’assister à la dislocation de la planète, expérience qui le marqua profondément (c’est un sensible). Toutefois, si le Nighthaunter n’avait pas son pareil pour se fondre dans l’obscurité lorsqu’il agissait en solo, il était moins insaisissable au volant du Nightfall (la légende raconte qu’il n’avait pas son permis), et le terrocide fut rapidement arrêté par ses frangins, qui durent décider que faire de ce mauvais sujet. Horus étant Horus, c’est son idée de réhabilitation par chaperonnage qui finit par l’emporter, et ce bonimenteur de première réussit même à refiler le bébé à Vulkan pendant que lui-même allait briller ailleurs dans la galaxie et devenir Maître de Guerre quelques années plus tard. Comme quoi, même au 30ème millénaire et même pour un Primarque, avoir la garde des enfants est un gros frein à la carrière.

Vulkan fit de son mieux, mais la psyché torturée et fracturée de Konrad Curze ne se remit jamais du Nostramo Incident, comme les Commémorateurs diplomates appelèrent cette boulette regrettable1. La campagne de Kharaatan, menée de front par les Salamanders et les Night Lords, en apporta l’éclatante et sanglante démonstration, bien que Papamander ne soit pas non plus exempt de tous reproches sur ce coup là (je suis presque certain que passer un enfant désarmé qui se rend au lance-flammes est un crime de guerre). Le plan initial prévoyait que Konrad soit confié à Rogal Dorn une fois dégrossi par les bons soins de Vulkan, mais, ô surprise des surprises, le Prétorien de Terra ne donna jamais suite aux multiples messages laissés par son frérot sur son répondeur. À croire qu’il ait gardé une dent contre le fou furieux qui manqua de le tuer quelques années plus tôt2… N’ayant pas d’autres recours, Mister V. finit par appeler Horus à la rescousse, mais manque de pot, son frère bien aimé était déjà secrètement corrompu (et pas secrètement du tout imbittable), et accueillit la nouvelle de l’indécrottable perversité du Nighthaunter avec un émoji ptdr avant de mettre fin à la discussion.

Long story short, si Vulkan a fait venir son teckel, c’est parce qu’il s’est rendu compte que certaines armes étaient trop puissantes pour prendre le risque qu’un être malintentionné s’en empare et les retourne contre l’Imperium. C’était vrai de Konrad Curze et du marteau tonnerre que le sympathique Primarque avait forgé pour Horus avant qu’il ne se rebelle contre l’autorité paternelle, ça l’est aussi des milliers de gadgets de maître que Vulkan a bricolé pendant la Grande Croisade, et dont il rempli un hangar sur Prometheus. Il souhaite donc que T’kell passe tout à la broyeuse pendant que lui ira passer les menottes énergétiques à son frère dévoyé.

C’est un grand sacrilège pour T’kell, qui ne peut se résoudre à laisser des trésors tels que l’Adamant Flyswatter ou le Perpetual Handspinner rejoindre les poubelles de l’histoire. A force de pleurnicheries éhontées, il finit par convaincre son boss d’épargner sept artefacts, un pour chaque royaume de Nocturne, dans sa corvée valorisation des pas-encore déchets dangereux. Troll dans l’âme, Vulkan bombarde son subalterne Père de Forge et lui indique que sa mission est tellement importante qu’il devra rester sur place pour la mener à bien au lieu d’accompagner les copains sur Isstvan. On connaît la suite de l’histoire…

1 : Fun fact, c’est également sous ces termes que l’Empereur désigna Nostramo la première fois qu’Il posa les yeux sur la planète.
2 : Et dont il a confessé à Malcador avoir une trouille bleue, qui plus est.

AVIS:

Une nouvelle très intéressante pour les amateurs de fluff car on y découvre un pan jusque là caché de la Grande Croisade (les efforts déployés par Horus et Vulkan pour réhabiliter Konrad Curze), ‘Artefacts’ est un travail de jonction soigné de la part de Nick Kyme. En plus de faire référence à la grande histoire de l’Hérésie (le départ de Vulkan vers Isstvan), cette nouvelle fait échos à certains événements dépeints dans le ‘Vulkan Lives’ du même auteur, et pose les fondations de l’un des mythes les plus importants du Chapitre des Salamanders au cours des millénaires qui suivront : la quête des artefacts légendaires mis de côté par le premier Père de Forge, T’Kell. Un vrai succès en ce qui me concerne.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Je suis partagé sur ‘Artefacts’ : d’un côté, cette nouvelle parle beaucoup plus des complexes relations entre Primarques que des Salamanders eux-mêmes, mais de l’autre, aborder le sujet des origines des Artefacts de Vulkan, c’est toucher du doigt l’une des facettes les plus importantes de la culture des lézards énergétiques. Ce qu’il manque à cette histoire pour remplir totalement son but pédagogique est à mon sens une emphase plus importante sur le caractère humain de cette Légion, qui est l’autre de ses caractéristiques notables. On peut arguer que l’exemple donné par Vulkan (a.k.a. le babysitter d’Horus) est déjà parlant, mais comme les actions du Primarque ne présupposent pas toujours celles de leurs fils génétiques, je n’accorde pas ce point à ‘Artefacts’. Ceci dit, il y a assez peu de nouvelles hérétiques dans lesquelles les héros sont des Salamanders : la BL n’avait pas des masses de choix pour cette section de ‘Lupercal’s War’.

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Raven Guard – The Grey Raven (G. Thorpe) :

INTRIGUE:

The Grey RavenL’ex-mais-pas-tout-à-fait-finalement Archiviste de la Raven Guard Balsar Kurthuri a été renvoyé sur Terra par Corax en personne après les événements relatés dans ‘Weregeld’, où il doit recevoir le jugement de Malcador le Sigilite. Tel le bouc (ici corbeau) émissaire, notre surhomme endosse une responsabilité collective dans cette histoire, puisqu’à travers lui, c’est tout le Librarium de la XIXème Légion qui se trouvera amnistié ou frappé d’anathème. Le Primarque furtif n’assume en effet plus trop la permission qu’il a donné à ses fils de s’asseoir sur l’Edit de Nikea, bien qu’il n’ait pas fait le fin bec lorsque les pouvoirs psychiques de Kurthuri – catapulté Archiviste en chef de la Raven Guard après le désastre d’Isstvan V – l’aidèrent à récupérer le patrimoine génétique nécessaire à la reconstruction accélérée de sa Légion. Avec les résultats que l’on sait (#JamaisPlus, etc). Très chill dans l’âme, Kurthuri a accepté la mission sans rechigner, tout comme il a juré à Corax de ne pas faire usage de ses pouvoirs jusqu’au verdict de Malcador. Voici les termes posés.

Les hasards de la guerre ont fait que notre corbeau énergétique a fait le voyage non pas sur un vaisseau appartenant à sa Légion, mais s’est fait prendre en stop par des Imperial Fists sous le commandement du Capitaine Noriz. Il est également accompagné par le Custodes Arcatus Vindix Centurio, détaché par Valdor pour s’assurer que le patrimoine génétique remis à la Raven Guard était utilisé dans le respect des clauses établies, et un peu désœuvré depuis que Corax a bousillé son kit de petit chimiste. Alors que le Wrathful Vanguard sort du Warp pour pénétrer dans le système solaire, les revenants sont accueillis par une armada de vaisseaux et de stations de combat, preuves irréfutables que la guerre ne tourne pas en faveur des forces impériales. Il ne faut pas longtemps avant que les demandes d’authentification pleuvent sur le Uber de Kurthuri, qui laisse sagement Tchuck Noriz et AVC gérer l’administratif avec leurs vis-à-vis. Après tout, qui de plus qualifié qu’un Imperial Fists et un Custodes pour négocier un passage vers Terra ?

Malheureusement pour l’Archiviste déclassé, ses comparses ne font pas un super taf, et lorsque le stagiaire Custodes (Ludivicus) que Malcador a placé à la régulation du trafic solaire se met à faire du zèle auprès de son collègue, la situation dérape très rapidement. Kurthuri, trop honnête, a en effet eut le malheur de déclarer qu’il était sous le coup de l’Edit de Nikea, aveu suffisant pour que Ludivicus éructe un mot code secret sur la fréquence radio, transformant aussitôt Arcatus en ennemi mortel de ce pauvre Corneille. Et lorsque les bolts commencent à lui voler dans les plumes, Kurthuri décide de connaître un petit peu la peur, et bat prudemment en retraite pendant que Noriz, tout aussi surpris que son camarade Légionnaire par la réaction à brûle pourpoint du Custodes, tente de raisonner ce dernier.

S’engage alors une partie de chasse d’une genre un peu particulier, les Custodes du Wrathful Vanguard se mettant à traquer Kurthuri dans les coursives, tandis que ce dernier cherche à s’échapper du vaisseau pour rejoindre Terra et plaider sa cause directement auprès du Régent de Pépé, bien aidé par les Imperial Fists dans ses manœuvres d’évasion. Comme ni les Jaunards ni les Dorés ne tiennent vraiment à causer des pertes dans l’autre camp, l’affrontement tient plus du match de paint ball que de la fusillade sans merci, jusqu’à ce qu’Arcatus rattrape Noriz et Kurthuri, et les engage au corps à corps.

Bien qu’en désavantage numérique, le Custodes a tôt fait de démontrer qu’il est une classe au-dessus de l’Astartes moyen, même gradé, et s’énerve tellement qu’il finit par empaler le pauvre Noriz sur sa lance gardienne. Comprenant qu’il n’a aucune chance de sortir vainqueur de ce combat à la régulière, Kurthuri décide de revenir sur sa parole et d’avoir recours à ses pouvoirs… jusqu’à qu’un froncement de sourcil dédaigneux de son adversaire lui fasse changer d’avis. Résigné à obéir à son Primarque, même au prix de sa vie, notre héros finit par se rendre, et est enfin mené jusqu’à Malcador…

Début spoiler…Qui avait en fait un job à lui proposer parmi ses Chevaliers Errants, et cherchait à tester… son self control j’imagine ? dans des conditions extrêmes avant de l’embrigader dans son organisation secrète. La nouvelle se termine donc avec l’arrivée de ce vieux lézard d’Umojen, chargé par le Sigilite de briefer le bizut sur ses missions à venir. L’histoire ne dit pas si Corax a été dédommagé pour ce détournement de ressources…Fin spoiler

AVIS:

Thorpe a beau être un expert de la Raven Guard, je n’ai pas trouvé cette histoire très aboutie. Outre le fait qu’elle n’apporte pas grand-chose à l’Hérésie d’Horus, et apparaît davantage comme un moyen pour l’auteur de faire faire des heures supplémentaires à l’un de ses personnages alors que la tendance générale est plutôt à l’écrémage sévère en préparation de la clôture de la saga, je reproche à Thorpe d’avoir dévoyé la loyauté fanatique des deux factions les plus Pépéphiles de l’époque, les Custodiens et les Imperial Fists, juste pour pouvoir mettre en scène à peu de frais le simulacre d’affrontement entre les deux gardes prétoriennes de l’Empereur sur le Wrathful Vanguard. Cette guéguerre sans (presque) victimes est totalement illogique à l’époque où l’histoire prend place (après la tentative d’infiltration de Terra par l’Alpha Legion), et la réaction imprévue d’Arcatus n’aurait dû selon moi avoir que deux conclusions : soit une coopération immédiate et totale entre Custodiens et Imperial Fists, même si les seconds ne comprennent pas les motivations des premiers, soit un combat sans merci, et autrement plus sanglant, entre les deux camps. On ne me fera pas croire qu’un Custodien qui a identifié un ennemi de l’Empereur retienne ses coups pour épargner quiconque se met sur son chemin, fut-il un Imperial Fists. Ajoutez à cela que le test de Malcador est, au fond, très bizarrement conçu (il cherchait une forte tête, mais pas trop quand même ?), et vous obtenez un résultat très passable. Espérons que Kurthuri justifie par la suite (et la fin) de l’Hérésie le traitement de faveur éhonté dont il bénéficie ici.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

La Raven Guard est tellement discrète que les nouvelles qui parlent vraiment d’elle (et pas de ce poseur de Valerius) sont relativement rares. Je dois avouer au moment où j’écris ces lignes que je n’ai pas de référence à mettre en avant à la place de ce ‘Grey Raven‘, qui ne rend pas vraiment justice à la Légion de Corax, et se concentre plutôt sur l’application de l’Edit de Nikea et la circulation compliquée sur le périphérique du système solaire (deux sujets très importants, j’en conviens). Pour ne rien arranger, cette histoire prend place relativement tard dans l’Hérésie, et a toutes les chances de ne pas être bien appréciée par un lecteur novice. Une nouvelle mettant en scène les talents d’infiltrateurs hors normes des surhommes corneilles aurait été à mon sens plus adaptée.

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Alpha Legion – Liar’s Due (J. Swallow) :

INTRIGUE:

Liar's DueMalgré le déclenchement de l’Hérésie, la vie suit son cours normal à la surface de Virger-Mos II, planète agricole de pouillème ordre située tellement loin en périphérie de l’Imperium que ses habitants doivent se contenter des podcasts envoyés par des YouTubers de Terra pour se tenir informés de l’avancement du conflit. L’épisode qui est retransmis le jour où commence notre histoire, dans la ville 441, est cependant un peu spécial, dans la droite lignée des ‘Noces Pourpres’ de Game of Thrones2. Et pour cause : on annonce à nos braves péquenauds que l’Empereur a cassé sa pipe, et qu’Horus a gagné la guerre et pris le trône paternel. Stupeur et tremblements parmi la populace, sur laquelle souffle bientôt un vent de panique. Que va devenir leur petite colonie ? Quelle position adopter après ce retournement de situation que nul n’avait vu venir ? Faut-il attendre de la visite dans les jours/mois/années à venir de la part du nouveau maître de l’Imperium et de ses armées ? Quel bruit fait le renard ? Des dizaines de questions à la gravité inédite fusent de part et d’autre, tandis qu’au milieu de la ville, notre héros, le jeune et idéaliste Leon Kyyter, a bien du mal à digérer la nouvelle.

Car Leon est un lointain descendant des fanboys pratiquant le « Hobby » sur Terra en M2. En plus de posséder une armée de figurines en métal (et en bois, ça coûte moins cher) peinte avec amour, il est un lecteur assidu du fluff de la propagande impériale, et possède même une authentique douille de bolter (les ravages du merchandising). Si son père lui avait permis, il se serait fait tatouer « I ❤ Pépé » sur le front. Aussi, apprendre de but en blanc que son idole absolue a tiré sa révérence le chagrine au plus haut point. Laissant ses concitoyens débattre entre eux de la marche à suivre, il s’en va relayer la nouvelle au seul résident du foyer de jeunes travailleurs que son père et lui font tourner, le sieur Mendacs, Commémorateur de son état.

Liar's Due_IllustrationMendacs est arrivé deux mois plus tôt à 44, annonçant aux locaux estomaqués par la survenue d’un estrangé dans leur communauté que sa mission était de peindre quelques paysages bucoliques de champs et de nuages, sans doute à fin d’illustrer les cartes postales et calendrier des postes du Segmentum. On ne saura jamais ce que notre Commémorateur a fait ou dit à son supérieur pour être envoyé sur une mission aussi pourrie, mais Mendacs prend son boulot avec philosophie, comme la nouvelle que lui apporte Leon, d’ailleurs. À la grande surprise de son jeune ami, il se montre en effet assez posé dans sa réaction, et rassure ce dernier que cette annonce n’aura sans doute aucune conséquence pour Virger-Mos II, dont l’enclavement galactique et le peu de valeur stratégique mettent à l’abri d’une invasion. Tous les locaux ne partagent cependant pas l’avis du chill-ommémorateur, et le conseil municipal improvisé le soir même tourne bientôt au vinaigre, loyalistes, opportunistes et jemenfoutistes n’arrivant pas à trouver un consensus sur la décision à prendre, et quel drapeau faire flotter sur la devanture de la mairie. La tension monte encore d’un cran lorsque des traînées lumineuses sont aperçues dans le ciel nocturne, faisant redouter à nos braves ruraux que l’invasion de leur patelin a déjà commencé. Dès lors, il ne faut pas s’étonner que la plèbe finisse par faire des choses stupides (sa spécialité depuis des temps immémoriaux), comme tirer d’abord et poser des questions après. C’est ainsi que l’apprenti vigilante local, Dallon Prael, tue par accident son pote de comptoir Silas Cincade avec le fusil laser de sa grand-maman, ayant pris la Kangoo de son compaing, parti chercher des nouvelles à la capitale, pour un Land Raider des Sons of Horus. Un tragique accident.

Début spoiler…Pendant que la psychose progresse gentiment mais sûrement dans sa cité, Leon décide de suivre un Mendacs parti en vadrouille en mode sneaky dans les rues de 44. Le Commémorateur se dirige vers le Skyhook, l’ascenseur orbital entièrement automatisé utilisé pour acheminer les récoltes de la planète jusqu’aux cargos spatiaux qui transporteront le précieux quinoa de Viger-Mos II jusqu’aux confins de l’Imperium. Déterminé à comprendre les raisons de ces agissements étranges, Leon parvient à sauter dans une cabine à la suite de Mendacs, et se retrouve quelques minutes plus tard sur la plateforme d’échange du Skyhook, qui se trouve être le lieu de résidence de la seule Astropathe de la planète. Cette dernière a passé les deux derniers mois emprisonnée dans un champ de stase posé par Mendacs, qui a mis ce temps à profit pour effectuer son œuvre de désinformation de masse. C’est lui qui a envoyé le message qui a mis le feu aux poudres en contrebas, utilisant le matériel et la formation de pointe fournis aux agents de l’Alpha Légion pour ce faire. C’est également lui qui a fait basculer la planète dans la paranoïa en programmant quelques drones faire s’écraser d’innocentes météorites à la surface de Virger-Mos II. Sa mission accomplie, il ne lui reste plus qu’à convaincre l’Astropathe d’envoyer un Tweet à ses patrons pour les informer de la réussite des opérations, avant de repartir vers de nouvelles aventures, non s’en s’être débarrassé des témoins gênants de son triomphe : l’Astropathe en question… et pas Leon. Mendacs décide en effet d’épargner le garçon, trop content d’avoir eu, pour une fois, un public témoin de ses manigances, et confiant dans l’incapacité de ce dernier d’enrayer la spirale de méfiance et de violence à l’œuvre sur la planète. En cela, il a probablement raison. Des dangers des fake news…Fin spoiler 

1 : Ça en dit long sur le niveau de motivation des colonisateurs au moment où ils sont arrivés sur la Saint-Sauveur-de-Ginestoux de l’Ultima Segmentum. Pas de noms pour les villes, juste des numéros.
: Que les habitants de Virger-Mos II ont pu commencer à visionner seulement depuis deux mois.

AVIS:

James Swallow prend son monde à contre-pied avec ‘The Liar’s Due’, dont le ton s’éloigne résolument du grimdark industriel auquel notre homme nous avait habitué jusqu’ici. J’ai trouvé pour ma part que ce récit se plaçait davantage dans la lignée de la SF classique (notamment le Skyhook, qui m’a fait penser à l’ascenseur spatial de la trilogie Mars de Kim Stanley Robinson), avec son intrigue majoritairement non-violente et placée à hauteur d’homme, que dans celle de la GW-Fiction telle qu’on la connaît. Je dois reconnaître que j’ai apprécié ce parti pris, qui change agréablement de ce que l’on peut lire ailleurs dans l’Hérésie d’Horus, et permet de réfléchir sur les implications concrètes de cette dernière pour les milliers de planète ayant eu la chance de ne pas retrouver au centre des violents combats entre loyalistes et renégats. Cette apparente tranquillité n’a sans doute pas toujours été synonyme de sérénité pour les populations aux secondes loges de cette guerre galactique, et la mise en avant de la cinquième colonne d’Alpharius, et du rôle joué par les agents de ce dernier en matière de propagande, est la bienvenue. Je regrette simplement que Swallow n’ait pas jugé bon d’entretenir un peu de suspens dans sa nouvelle, la duplicité de Mendacs étant établie très tôt dans l’histoire, ce qui entame un peu de son intérêt. Mais la balance reste malgré tout positive, et je place ‘The Liar’s Due’ en tête de la production de cet auteur, confortablement devant la majorité de ses écrits Blood Angelesques et Sœurs de Bataillesques.

ET POUR LES NOUVEAUX ?

Liar’s Due‘ est une nouvelle intéressante, mais où ne figure pas le moindre Alpha Légionnaire, ni le plus petit Alpharius, ce qui aurait dû la disqualifier d’office pour une inclusion dans ‘Lupercal’s War‘. C’est d’autant plus dommage que la Black Library avait en stock bon nombre de nouvelles traitant de la manière si particulière dont cette Légion atteint ses objectifs sur le champ de bataille, et pas dans les champs de colza : ‘Council of Truth‘, ‘The Face of Treachery‘, ‘The Harrowing‘… Pour les amateurs, la novella ‘The Serpent Beneath‘ et le roman ‘Legion’ valent également le détour.

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Et voilà qui conclut cette revue de ‘Lupercal’s War‘, première (et probablement seule, vu l’époque tardive, Heresy wise, à laquelle elle a été publiée) anthologie introductive consacrée à l’Hérésie d’Horus. Comme on l’a vu dans les critiques ci-dessus, la Black Library n’a pas réalisé un sans faute dans la sélection des nouvelles choisies pour présenter chacune des Légions impliquées dans ce conflit galactique, mais l’effort reste tout de même globalement satisfaisant. Au chapitre des regrets, j’aurai également apprécié que d’autres factions soient intégrées au sommaire de ce recueil, qui du haut de ses moins de 400 pages, n’a pas atteint la limite haute fixée par la BL en matière de longueur. Comme un autre recueil hérétique sorti en 2022 (‘Heirs of the Emperor‘, chroniqué ici si ça vous intéresse), approche les 450 pages, il aurait été possible d’aborder les Custodiens (‘Blood Games’), l’Adeptus Mechanicus (‘The Kaban Project‘, ou ‘Vorax‘ par souci de concision) et l’Armée Impériale (‘All That Remains‘) dans ‘Lupercal’s War1, quitte à bazarder les ‘Black Oculus‘ et ‘Bjorn: Lone Wolf‘ pour gagner un peu de place. Enfin, l’absence d’une version française est également dommage, la BL ayant jusqu’ici pris la peine de proposer ses recueils introductifs en plusieurs langues.

Toutefois, le bilan reste à mon sens largement positif, en bonne partie grâce à un prix de vente encore une fois très intéressant par rapport aux tarifs habituels de la maison (et c’est encore plus vrai pour la version audio book, vendue à 10,99€). Ces 21 nouvelles permettent au lecteur, quel que soit son niveau de connaissance es-hérésie, de découvrir les arcs narratifs et les styles d’écriture d’une palanquée de personnages et auteurs ayant marqué cette franchise iconique, et c’est bien cela qu’on attend de ce type de compilation. À titre personnel, je reste convaincu que la meilleure façon d’aborder ce mastodonte littéraire est de commencer par la trilogie originelle, qui, en plus d’être parmi les meilleures sorties de toute l’Hérésie, a été écrite pour permettre à n’importe que fan de science-fiction de comprendre les tenants et les aboutissants de cet événément tentaculaire, quitte à réserver ‘Lupercal’s War‘ pour un deuxième temps. À chacun sa méthode pour sombrer dans le schisme, cependant !

1 : Pour être vraiment complet, on peut rajouter les Légions Titaniques (‘The Ember Wolves’), les Soeurs du Silence (‘The Voice’) et les cultistes du Chaos (‘Twisted’). Et je suis sûr que j’en oublie…

HEIRS OF THE EMPEROR [HH]

Bienvenue dans la revue de Heirs of the Emperor, anthologie finale des courts formats dédiés aux Primarques publiés par la Black Library entre 2018 et 2021. Nous sommes en effet en présence de la compilation ultime de toutes les nouvelles rattachées à cette sous-sous-franchise à très haute teneur en personnages marquants du 30ème millénaire, soit 26 histoires et près de 450 pages consacrées à la fratrie impériale. Il va de soi que si vous cherchiez à en savoir plus sur ces individus légendaires, Heirs of the Emperor est le livre qu’il vous faut, en attendant que la Black Library se lance (peut-être un jour) dans la réédition des romans Primarques sous forme de bundles. Avant d’aller plus loin, ayons une pensée pour les acquéreurs des deux anthologies Loyal Sons et Traitorous Scions, qui pensaient sans doute faire une bonne affaire avec ces recueils thématiques (un consacré aux Primarques loyalistes et l’autre aux renégats, comme leur nom l’indique), vendus 15€ l’unité par la BL à l’époque reculée de… 2021. Quand on vous disait qu’il était rentable de ne pas choisir de camp1

1 : Pour être tout à fait exact, il y a trois nouvelles de ces recueils qu’on ne retrouve pas dans Heirs of the Emperor: ‘Child of Chaos’ et ‘Champion of Oaths’ (pour la troisième, voir ci-dessous). Comme ni l’une ni l’autre ne sont centrées sur un Primarque, cette absence est somme toute logique (mais leur inclusion dans Loyal Sons et Traitorous Scions fait débat, par contre).

Heirs of the Emperor

Il ne surprendra personne de constater que la majeure partie des nouvelles présentes au sommaire de cette brique que Rogal Dorn aurait intégré sans sourciller dans ses fortifications de Terra provienne des trois recueils Sons of the Emperor, Scions of the Emperor et Blood of the Emperor (encore une fois, le titre donnait un indice). Cinq histoires viennent compléter la liste, toutes précédemment publiées mais pas forcément incluses dans une anthologie avant cette réédition: ‘A Lesson in Iron‘, ‘The Atonement of Fire‘, ‘Lantern’s Light‘, ‘Embers of Extinction‘ et ‘Grandfather’s Gift‘. Cela est amplement suffisant pour couvrir les 18 bad boys de Pépé, même si à ce petit jeu, certains s’en sortent mieux que d’autres (il y a toujours eu des favoris dans les familles nombreuses). Ainsi, c’est Mortarion qui remporte la palme avec quatre apparitions, devant Horus et Ferrus Manus (3), et loin devant Lion El’Jonson, Leman Russ et Jaghatai Khan, qui doivent se contenter d’une pige chacun. Ils peuvent toutefois s’estimer chanceux car le pauvre Angron a purement et simplement été coupé au montage, la nouvelle ‘Prince of Blood‘ dans laquelle il apparaissait dans le recueil Sons of the Emperor ne figurant pas au sommaire du présent ouvrage. Oubli des éditeurs de Nottingham (ce serait fâcheux) ou volonté délibérée de nuire à l’Ange Rouge (ce serait dangereux)? On ne le saura sans doute jamais…

Malgré ces choix éditoriaux étranges et contestables, il n’en demeure pas moins que Heirs of the Emperor est une superbe affaire pour tous les passionnés de la Grande Croisade et de l’Hérésie (mais pas que, certaines nouvelles prenant place bien après ces événements majeurs), en tous cas au niveau quantité/prix. Si vous avez besoin de davantage d’informations pour consentir à payer les 15.99€ demandés par la BL pour ce pavé, c’est votre jour de chance cependant. Laissons les commémorateurs tresser des louanges à tout va, nous sommes ici pour dire les choses telles qu’elles sont. Une occupation dangereuse, mais il faut bien que quelqu’un s’en charge…

Heirs of the Emperor

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The Passing of Angels – J. French :

INTRIGUE:

The Passing of ANgelsLa planète Harpic, intégrée à l’Imperium pendant la Grande Croisade, a décidé de faire sécession de l’empire de Pépé. Ce crime de lèse majesté ne pouvant évidemment pas rester impuni, l’Armée Impériale est envoyée sur place pour calmer les velléités indépendantistes du Gouverneur Planétaire… et est accueillie à coup de bombes nucléaires, résultant en des pertes colossales parmi les assaillants mais également la population locale, sacrifiée sur l’autel du « vous ne m’aurez jamaaaaaaaaaaais ». L’Empereur ayant clairement établi que l’atome, c’était le mâââl dans une célèbre interview donnée au Journal de Mickey en M30, la machine de guerre impériale passe en mode hardcore et envoie Sanguinius et ses Blood Angels « pacifier » pour de bon la planète mutine, renommée H_____ en signe de la gravité de ses crimes.

Nous suivons donc le Primarque ailé et les soixante Space Marines de l’Ost de la Destruction, armés de l’arsenal le plus sale à disposition de l’Astartes (armes à phospex, grenades à radiations, cocktails cacatov et tutti quanti), alors qu’ils font s’abattre le jugement de l’Empereur sur les dissidents de H_____. Sanguinius a donné des ordres stricts : il ne doit y avoir aucun survivant, et, conscient du lourd fardeau psychologique qu’un tel massacre pourrait avoir sur ses fragiles de fistons, il leur a ordonné de revêtir le masque d’argent des Destructeurs, permettant à son porteur de dissocier son identité des actes horribles commis en tant que membre de l’Ost1. Seul le Primarque se rend au combat tête nue, car sa nature surhumaine lui permet d’endosser sans faiblir la responsabilité de ce massacre (raison officielle) et que mettre un casque lui aplatit les cheveux de manière disgracieuse (raison officieuse). Bien évidemment, les soldats de H_____ ne font pas le poids face à la furie sanguin(ius)aire des Blood Angels, et leur insignifiante petite planète ne tarde pas à repasser du bon côté de l’histoire.

La nouvelle se termine par une réunion informelle entre Horus et Sanguinius sur le Vengeful Spirit, pendant laquelle les deux frangins se livrent à leur activité préférée : battre son frère à un jeu de plateau pour Horus, et faire de lourds sous-entendus sur l’avenir pour Sanguinius. C’était une époque plus simple…

1 : C’est dans l’esprit très semblable aux masques de guerre des Guerriers Aspects Eldars… sauf qu’ici, on ne nous dit pas s’il y a une véritable technologie permettant de brainwasher le porteur, ou bien s’il devra faire la dissociation tout seul comme un grand.

AVIS:

Je suis un peu déçu de l’approche choisie par French pour cette nouvelle estampillée Primarques, car elle ne nous apprend au final pas grand-chose sur le personnage que l’auteur a choisi de traiter (Sanguinius)1, et aurait donc pu être cataloguée comme nouvelle « classique » de l’Hérésie à la place. Certes, on voit le Primarque mener ses fils à la bataille, mais la noblesse tragique dont il fait preuve au cours de la purge de H_____ n’est pas une caractéristique inconnue de Sanguinius : quiconque est un tant soit peu familier du personnage sait qu’il s’agit au contraire de la base de son identité. Partant, le propos déroulé par French dans ‘The Passing of Angels’ n’apporte pas de nouvel éclairage sur l’Archange de Baal, ce qui est à mes yeux la raison d’être d’un récit Primarques. Le même argument peut être avancé pour la scène de dialogue entre Sanguinius et Horus, qui relève à mon sens plus du clin d’œil à des éléments de fluff déjà établis au cours de l’Hérésie que d’une quelconque avancée de l’arc des Pépé Bros.

Je suis également resté sur ma faim avec l’Ost de la Destruction, convoqué par French pour montrer que même la Légion de Space Marines la plus angélique ne rechignait pas à faire le sale boulot de temps à autre, mais avait développé une technique bien à elle pour ne pas laisser ces actes barbares affecter durablement ses membres. L’idée est intéressante, mais sa mise en pratique tellement lacunaire que l’on ne sait pas comment le processus en question fonctionne. Les masques mortuaires des Destructeurs ont-ils seulement une fonction symbolique, ou sont-ils capables d’effacer les souvenirs de ceux qui les portent ? Bref, ‘The Passing of Angels’ passe à mes yeux à côté de son sujet, et si French est suffisamment compétent en tant qu’auteur pour que la lecture de cette nouvelle ne soit en rien désagréable, j’attendais plus et mieux de sa part ici.

1 : La plus grande révélation de ‘The Passing of Angels’ a été pour ma part d’apprendre que Sangui avait une vision laser, qui pouvait détecter une rupture d’alignement de l’ordre d’un micron. Il aurait dû être coiffeur au lieu de chef de guerre avec ce don, moi je dis.

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The Abyssal Edge – A. Dembski-Bowden :

INTRIGUE:

Gravement blessé dans le crash de son appareil au cours d’une glorieuse victoire impériale, le chef d’escadron Orthos Ulatal a été réaffecté au service des archives de la Grande Croisade, son corps étant trop endommagé pour lui permettre de s’envoyer en l’air comme autrefois. La réception par notre héros cabossé et amer d’un rapport d’un genre particulier va l’arracher à la monotonie pré-dépressive qui constituait son nouvel ordinaire : un certain Khayon des Khenetai, légionnaire Thousand Sons, a en effet proféré de graves accusations à l’encontre des Night Lords de Konrad Curze, alors que les deux Légions « coopéraient » au cours de la campagne de pacification de Zoah, plus connue sous le nom de « Dévastation de Zoah ». Après avoir cherché conseil – un peu – et échangé quelques remarques acerbes – surtout – avec son ancienne camarade et désormais remplaçante, Perdita, Lulu décide qu’il est de son devoir de faire toute la lumière sur cette bisbille inédite entre deux Légiones Astartes. La révélation de conflits larvés entre les champions de l’humanité risquerait en effet d’avoir un effet désastreux sur le moral des troupes, gavées de propagande impériale où tout le monde il est bô, tout le monde il est jenti (sauf le fourbe et puant ENNEMI, bien sûr).

Après un voyage mouvementé et donc vomitif à travers l’espace impérial, Ulatal parvient jusqu’au Nightfall, vaisseau amiral des Night Lords, et demande à être reçu par un des archivistes (et pas Archivistes) de la Légion, afin d’entendre la version des natifs de Nostramo sur les événements de Zoah. À sa grande, et pas franchement heureuse, surprise, c’est le Premier Capitaine de la VIIIème Légion, ce farceur de Sevatar, qui vient finalement toquer à sa porte, pour lui proposer un deal aux conséquences potentiellement funestes : enterrer le rapport de ce couillon de Khayon comme n’importe quel fonctionnaire sensé l’aurait fait depuis belle lurette, ou apprendre ce qu’il s’est réellement passé entre Night Lords et Thousand Sons sur Zoah…

Début spoiler…Comme la nouvelle aurait été beaucoup moins intéressante si Ulatal avait choisi la première option, nous embrayons donc sur un flash back des familles familial, durant lequel nous suivons Sevatar et son bodycam assister aux délibérations houleuses du camp impérial à propos de la Tour de la Sérénité, monument servant de bibliothèque et d’archives à la civilisation de Zoah, prestement incorporée à l’Imperium après un petit massacre pédagogique dont Curze à le secret. Ce même Curze serait d’avis de réduire la tour en poussière, comme le demande le manuel du parfait petit légionnaire, afin que les dangereuses connaissances qu’elle renferme ne viennent pas risquer de contredire la Vérité Impériale. Magnus (également présent) est bien sûr opposé à ce projet d’autodafé, et implore son frère de lui laisser le temps de contacter l’Empereur afin que ce dernier puisse trancher la question. Mais Konrad reste intraitable, et finit par ordonner à Sevatar de commencer le bombardement de la tour, malgré le fait que les Thousand Sons soient positionnés autour de cette dernière et la protègent grâce à leurs pouvoirs psychiques. Après avoir fait son Captain America pendant à peu près 12 secondes, Maggie finit par lâcher l’affaire, mais promet à Curze qu’il en parlera au manager (i. e. Pépé). Bilan des courses : la Tour de la Sérénité finit en gravats, son incommensurable et incommensuré savoir avec elle.

Ayant été témoin de ce clash frontal entre deux des fils de l’Empereur, Ulatal n’est guère surpris lorsque Sevatar prend son élan pour lui refaire le portrait à coup de glaive tronçonneur, cette information hautement sensible ne pouvant être ébruitée en dehors de la grande famille des Astartes. Notre héros est toutefois sauvé, non pas par le gong, mais par le Shang (un autre Capitaine des Night Lords), qui annonce à Sevatar que sa future victime a été nommée officier sur un des vaisseaux de la Légion, le Voidmaw. La nouvelle se termine sur le choix laissé à Ulatal : accepter son nouveau poste ou emporter son secret dans la tombe…Fin spoiler

AVIS:

Aaron Dembski-Bowden opère une fois encore sa magie narrative avec ce ‘The Abyssal Edge’, qui replonge le lecteur dans les savoureux paradoxes des Night Lords pré-Hérésie (un sujet de prédilection de cet auteur). On y retrouve bien sûr l’incontournable Sevatar, égal à lui-même en matière de killer one-liners, je m’en foutisme insolent1 et droiture morale bien cachée, mais le clou du spectacle est évidemment la joute verbale entre Konrad Curze et Magnus le Rouge au sujet de la Tour de la Sérénité. Dembski-Bowden prend soin de dépeindre les deux protagonistes de façon équilibrée, chacun ayant ses qualités (l’esprit critique de Magnus, qui lui donne la perspective nécessaire pour aller à l’encontre d’un édit impérial qu’il trouve stupide ; la « magnanimité » de Curze, qui a déterminé que l’utilisation de tactiques de terreur était la manière la plus efficace et la moins meurtrière pour conquérir Zoah) et ses défauts (l’indignation sélective de Magnus, qui a laissé les Night Lords mener la campagne comme ils le souhaitaient et ne s’oppose à eux que lorsqu’ils décident de raser la Tour de la Sérénité ; et ai-je vraiment besoin de souligner les problèmes de Curze2 ?), ce qui laisse au lecteur le soin de déterminer pour qui il prend fait et cause à la fin de la nouvelle.

Reste la partie consacrée à Ulatal, qui me paraît être trop développée pour un personnage à usage unique, et qui se conclut avec une indication assez nette que la gueule cassée se trouve un nouveau job parmi les auxiliaires humains de la Légion. Comme ADB a mis sous les feux des projecteurs les pilotes des escadrons de chasseurs de la flotte des Night Lords3 dans d’autres textes, je m’attendais à ce qu’Ulatal reparaisse à un moment ou à un autre dans le corpus nostramien de cet auteur, mais mes recherches n’ont rien donné à ce jour. Cela n’empêche pas de savourer cette nouvelle à son plein potentiel, mais pose la question de ce que voulait faire l’auteur avec ce personnage. À suivre ?

1 : La scène où Curze et Magnus lui disent en même temps de la fermer vaut son pesant de viande de grox.
2 : Le fait que l’on en apprenne plus sur Magnus dans ‘The Abyssal Edge’ que sur Konrad Curze me mène à considérer que cette nouvelle devrait être liée au premier plutôt qu’au second dans une optique ‘Primarques’.
3 : Particulièrement la pilote Taye Karenna, commandante de l’escadron des Voilés et chauffeur privé de Sevatar dans ‘Prince of Crows’.

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Mercy of the Dragon – N. Kyme :

INTRIGUE:

Mercy of the DragonLes réunions de famille ne sont pas toujours une partie de plaisir, c’est bien connu. Toutefois, les retrouvailles entre Vulkan et l’Empereur sur Nocturne se passèrent de manière que l’on peut qualifier de cordiale, surtout si on les compare à d’autres épisodes d’affiliés au premier regard tournées plus tard au cours de la Grande Croisade. Bien sûr, le fils adoptif de N’bel le forgeron a une âme paisible sous ses abords farouches, et il faudra une longue discussion (et une salamandre encore plus longue, mais c’est une autre histoire…) pour le convaincre de laisser tomber sa planète pourrie et sa salopette rapiécée pour prendre sa place aux côtés de son créateur dans la conquête de la galaxie. C’était à l’époque où Pépé prenait encore le temps de discuter avec ses fistons avant de les bombarder à la tête de leur Légion1… Et croyez-le ou non, mais un des critères majeurs ayant guidé la décision du colosse aux yeux de braise fut de savoir si ses nouveaux camarades de jeu allaient être gentils avec lui pouvaient apprendre quelque chose de sa part, lui qui se voyait davantage chaudronnier que chef de guerre. « Mais bien sûr gros bêta », lui répondit son papounet. « Attends un peu de rencontrer ce joyeux drille de Ferrus… ».

Flash forward quelques temps plus tard, au cours de la campagne de mise en conformité de Ranknar. Les indigènes ne se sont montrés sensibles ni aux talents oratoires, ni aux sculptures en ballons de l’Empereur (on ne peut pas être bon partout hein), et la guerre fait rage à la surface de la planète. Les défenseurs vont de défaites en défaites, leurs forteresses imprenables se faisant mettre minables en un temps ridicule et un déluge de flammes par un guerrier terrifiant, surnommé le Dragon par ses adversaires malheureux. Nous suivons le soldat Sarda et le prêtre Veddus alors qu’ils se rendent jusqu’à l’ultime bastion de la résistance : la Citadelle Rouge de Romistad. Le dernier carré des ranknariens dans la cité de Venikov s’est en effet terminé de manière abrupte et infernale, après que le Dragon ait décidé d’y allumer le feu.

À Romistad, la situation des défenseurs semble un chouilla moins désespérée, car ils ont à leur disposition non pas une, mais deux armes top secrètes moumoutes. Ceci dit, les impériaux ont de leur côté non pas deux, mais trois membres des Ramones (nouvelle période) : Peypey, Féroce Manosque, et bien sûr le Dragon, qui est bien sûr le nom de code trop trop secret de Vulkan. Bref, les carottes ne sont pas cuites, elles sont sur le point d’être carbonisées pour les irréductibles gaulois.

La stratégie de l’Empereur, qui consiste à lancer un Vulkan fou de rage (sans qu’on sache trop bien pourquoi d’ailleurs) sur l’ennemi en mangeant des chips avec Ferrus Manus à bonne distance des combats, rencontre toutefois ses limites lorsque les défenseurs abattent leur premier joker : un trio de bogatyrs, c’est-à-dire des golems de la taille d’un Titan, menant une sortie désespérée sur les lignes impériales. Ne pouvant pas laisser Vuvu se faire exploser sans intervenir, Pépé intervient gracieusement pour rétablir le déséquilibre en faveur de ses troupes, ce qui permet à l’irrascible Hulk, mit encore plus en rogne par la découverte de la source d’énergie des bogatyrs (des enfants sous hémodialyse) de charger seul la porte de la Citadelle Rouge, afin d’apprendre à ses occupants de quel boa il se chauffe…. Et c’est là qu’arrive la boulette.

Malgré ses puissants pouvoirs de guidage de missiles, l’Empereur n’est en effet pas foutu d’empêcher le dernier tir d’une salve tardive d’exploser pile sur la position de Vulkan, alors qu’il attendait que la gardienne vienne lui ouvrir. Pour sa défense, il y avait péril en demeure pour les impériaux, l’ultime botte secrète des défenseurs étant de déclencher une bombe virale, ce qui n’aurait pas été fair play. Fort heureusement, ‘tis but a scratch pour Papamanders, qui étrenne certainement ainsi sa perpétualité (reste à voir comment il a regénéré aussi vite ceci dit), et convainc les Ranknariens de déposer les armes après que ces derniers aient constaté que le féroce Dragon a fait obstacle de son corps pour protéger un frêle enfançon qui jouait à la marelle sur le champ de bataille. Le pouvoir de la gentillesse ! Bon, on ne dira rien sur les centaines de milliers de morts avant ça parce que ça serait un peu mesquin…

1 : D’après la chronologie donnée par Laurie Goulding (et donc aussi officielle que possible), Vulkan a été le cinquième Primarque retrouvé. L’Empereur a commencé à s’en balec au douzième round (Mortarion).

AVIS:

Nick Kyme n’a pas écrit le roman Primarques de sa Légion de cœur (l’honneur en est revenu à David Annandale), mais il s’est tout de même payé le luxe de raconter en quelques pages comment la rencontre entre le père et le fils s’est déroulée… et je reste un peu dubitatif sur la valeur de cette offrande. Le problème tient en deux mots : character development. Mettre en scène des personnages aussi iconiques que l’Empereur et ses Primarques de fils nécessite en effet de connaître le riche background de ces figures majeures, mais également de les faire agir en gardant en tête leur stature d’êtres sur(sur)humains. Et si j’aborde ce sujet, c’est bien entendu que Nick Kyme s’est planté sur les deux tableaux. On a ainsi un Empereur qui minaude en faisant briller ses gantelets au soleil et balance des répliques dignes du Thesaurus, mais également un Vulkan utilisé à total contre-emploi avec son fluff établi (le Primarque qui se soucie des simples humains), puisqu’il passe la majorité de la campagne de Raknar à se comporter comme un proto-Angron, massacrant l’ennemi sans lui montrer aucune pitié1, et sans que Kyme ne justifie d’aucune façon cette soudaine agressivité. Que Vulkan ait pété une durite après avoir vu comment ses adversaires faisaient avancer leurs golems de combat, ok, mais avant cela ? Ce n’est pas comme si le même Vulkan avait failli refusé la proposition de l’Empereur de rejoindre la Grande Croisade parce qu’il ne se sentait pas l’âme d’un guerrier littéralement deux paragraphes avant, hein.

On peut toutefois reconnaître à Kyme les efforts sincères qu’il a fait pour donner une culture un peu fouillée à Raknar et ses habitants/fidèles (car oui, c’est à la fois une planète et un dieu), ce qu’il ne s’est pas toujours motivé à faire dans sa production pour la Black Library. Ce n’est toutefois pas suffisant pour équilibrer l’ardoise, et ‘Mercy of the Dragon’ reste à mes yeux globalement raté.

1 : En témoigne le dialogue entre Sarda et Veddus au début de la nouvelle, qui permet d’établir que plus de cent mille hommes ont péri dans la défense de Venikov (sans compter les civils), avec Vulkan en allumeur en chef.

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Shadow of the Past – G. Thorpe :

INTRIGUE:

Pendant que la galaxie part en sucette énergétique, sur Sicarus les grands travaux lancés par Lorgar afin de templaformer la planète avancent gentiment. Sous le patronage avisé et le commandement sévère mais brusque de l’Apôtre Noir/chef de chantier Kalta-Ar, des milliers d’esclaves suent sang et os (on est dans l’Œil de la Terreur, tout est possible) pour bâtir la Beneficta Diabola, basilique impie qui comportera deux piscines, un centre commercial et un boulodrome olympique. Soucieux du respect le plus strict des meilleurs standards de santé et sécurité, Kalta-Ar a pris soin de protéger le chantier d’incursions démoniaques, fréquentes en ces latitudes, par des pentacles et sceaux de protection du tout dernier cri1. Aussi est il fort mécontent d’apprendre de la part de ses acolytes qu’un nombre croissant de légionnaires disparaissent sans laisser de trace, au lieu de monter la garde en chantant des cantiques impies comme ils étaient sensés le faire.

Accompagné de son bras droit Arkula le Coryphaus et du Sergent Isaikash, K-A se rend sur les lieux de la dernière disparition, qui devient vite l’avant-dernière car un autre Word Bearer fait soudainement une mauvaise rencontre sur le chemin de ronde, et rend l’âme après cinq secondes de hurlements stridents sur le WhatsApp de groupe. Malaisant. Si quelques esclaves ont été témoins des derniers instants de frère Barbaque, les subtiles techniques d’interrogatoire de nos héros ne leur permettent pas d’apprendre grand-chose sur la nature du prédateur qui s’amuse à les faire tourner bourrique. Les mortels ont en effet seulement vus une ombre écarteler le malheureux Space Marine, ce qui n’est pas lourd pour faire avancer une enquête. Jugeant probable que ces déboires sont de nature démoniaque, et suspectant les serfs d’avoir réussi à appâter un gros Nurgling dans le Materium pour se venger des mauvais traitements infligés par leurs geôliers, Kalta-Ar est sur le point de diligenter une inspection surprise de ses propres opérations (aux grands porteurs du mot, les grands remèdes) lorsqu’une présence indistincte mais pas franchement amicale se matérialise soudain à proximité.

Les rapports alarmistes et disparitions brutales commençant à se multiplier, nos trois affreux décident finalement de prudemment de battre en retraite en direction du portail Warp reliant la Beneficta Diabola au QG de Lorgar, afin de respectueusement demander au boss de venir gérer un impondérable que ses incapables de larbins sont bien en peine de pondérer de leur côté. Cette retraite stratégique, qui se transforme sous peu en débâcle effrénée vers la chambre de papa, voit un nombre non négligeable de Word Bearers aux noms plus exotiques les uns que les autres2 se faire oblitérer par le terrible blurry man qui les poursuit, mais également ce fieffé coquin de Marduk, fier comme Ar-Thaban dans son armure Terminator, faire son apparition dans l’histoire. Fidèle à lui-même, il se montre odieux envers Kalta-Ar et ses survivants, et d’une piètre aide lorsque the thing se remet à faire des siennes. Pourquoi se donner du mal quand on a une armure en scenarium, pas vrai ?

Heureusement pour nos héros, Lorgar avait les oreilles qui traînait et, bien qu’il tique un peu sur le vocabulaire peu flatteur utilisé par ses fils pour parler de lui, l’adoré doré fait son apparition pour se confronter au démon qui tourmente sa marmaille…

Début spoiler…Sauf qu’il ne s’agit pas d’un démon, mais de ce lascar de Corax, qui a gagné quelques pouvoirs funky et emo en diable (comme se changer en brume ou en nuée de corbeaux, ou se faire pousser des bras et des lames surnuméraires) à trop traîner dans le Warp, mais est resté fidèle à sa nature profonde : se venger des méchants très méchants. On se souvient que les deux Primarques se sont déjà frittés sur Isstvan au début de l’Hérésie, et que sans l’intervention salutaire de Konrad Curze, Lolo aurait avalé son crozius. La revanche qui prend place sur Sicarus, alors que Lorgar a été élevé au rang de Prince Démon et que Corax se bat seul sur une planète baignée par le Warp… va rigoureusement dans le même sens, ce nullard d’Aurelian se faisant perforer la glotte par les griffes énergétiques de son frangin, et ne devant son salut qu’à l’intervention peu sportive de ses Word Bearers pour occuper le Seigneur Corbaffe le temps que son adversaire malheureux soit évacué à travers son propre portail. La lose totale.

Coincé sur Sicarus à cause de sa nature à demi-démoniaque, Corax jure à son frère qu’il y aura une belle et s’en va fracasser sa basilique pour se passer les nerfs. De son côté, Lorgar décide d’aller bouder dans sa chambre pour marquer sa désapprobation, et la légende raconte qu’il n’en est toujours pas sorti à ce jour…Fin spoiler

1 : …des victimes sacrificielles utilisées pour les tracer.
2 : Hesta-Pek, Takla-Gad, Apall-Af, Ghoa-Lok, Ukna-Tav…

AVIS:

Gav Thorpe se paie le luxe de conclure la saga hérétique (et la saga tout court pour Corax) de deux Primarques à travers ce sympathique ‘Shadow of the Past’, ce qui est un ratio fluffique tout bonnement exceptionnel pour une simple nouvelle. Si les prémisses de cette histoire ne sont pas très intéressantes, et qu’un lecteur un peu au fait du passif de cet auteur pendant l’Hérésie d’Horus aura tôt fait d’identifier le mystérieux persécuteur de cette cruche de Kalta-Ar, je trouve la deuxième partie du récit nettement supérieure, notamment grâce à l’idée de faire de Corax une sorte de démon non chaotique1, ce qui permet de justifier à la fois comment le Primarque a pu survivre à son départ dans le Warp, et à quoi il occupe ses journées. En plus de ça, un petit duel entre deux frangins légendaires, ça ne se refuse pas (surtout quand c’est la tête à claque qui perd). Il y a même le Marduk d’Anthony Reynolds qui vient faire coucou, ce qui est sympa de la part de Thorpe, et fera sans doute plaisir aux fans du personnage. Bref, un final vraiment sympathique qui fait plus que rattraper un début assez meh. Si Gav Thorpe pouvait toujours s’en tenir à ce standard, je serais un lecteur comblé.

1 : Ou carrément affilié à Malal/Malice, ce qui serait encore plus cool, et une hypothèse pas si farfelue que ça pour une soumission d’un auteur aussi au fait du fluff que Thorpe. Après tout, les motivations et le code couleur de Corax correspondent tout à fait à ceux du dieu banni…

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The Emperor’s Architect – G. Haley :

INTRIGUE:

Olivier et Marissa LeBon, associés à la ville comme à la scène, arrivent sur Olympia pour tenter d’exercer leur noble mais difficile profession au mieux de leur capacité. Le couple est en effet spécialisé dans l’écriture de biographie de Primarques, et malgré leur patronage par Malcador en personne, il n’est pas aisé de convaincre un demi-dieu boudeur (et ils le sont tous) de prendre quelques heures pour raconter sa vie à cœur ouvert. Il n’y a d’ailleurs que Vulkan qui a accepté de jouer le jeu, mais seulement pendant une petite heure, car cette galaxie ne va pas se conquérir toute seule, nom de Pépé ! Leurs trente années de collaboration et cohabitation ont également mis l’amour et la patience d’Olivier envers sa tendre moitié à rude épreuve, et on sent bien qu’il a lost that lovin’ feelin’ à la manière dont il passe son temps à souffler pendant que la navette approche du spatioport et que Marissa s’émerveille du paysage si pittoresque de la planète natale de Perturabo.

Malheureusement pour le couple, le moment est mal choisi pour débuter ce nouveau projet. Non seulement leur sujet d’étude est parti aux confins de la galaxie mener une campagne ingrate de déhrudisation sur les ordres de l’Empereur, mais le régent qu’il a laissé pour régler les affaires courantes, et qui n’était autre que son vieux père adoptif, Dammekos, vient de mourir. Saignée à blanc par les besoins de la Légion en recrues et en ressources, Olympia gronde sourdement, et les quelques Iron Warriors chargés du service d’ordre ont fort à faire pour réprimer les manifestations et les émeutes de la populace mécontente. Cela n’empêche toutefois pas nos héros d’hériter d’un factotum/guide touristique à neuroglotte, le stoïque et froncé Krashkalix, qui se fait un devoir de les amener visiter les sites les plus notables de la planète, afin de leur (enfin, surtout Marissa, Olivier n’en a plus grand-chose à faire) permettre de prendre la mesure de Perturabo.

En parallèle de cette excursion hagiographique, nous suivons les premiers pas du Primarque sur la planète, avant qu’il ne soit surpris en train de faire de l’escalade sur les falaises de Lochos. Sans surprise, Perturabo s’est révélé être un enfant précoce, chassant le monstre à coup de gourdin pour le bénéfice et la sécurité de pauvres bergers, et squattant la forge de villages isolés pour se faire son matos. C’est d’ailleurs dans la forge où il a ouvragé sa première épée que les LeBon font la rencontre d’une forte tête n’ayant pas la langue dans sa poche : Gerademos, petit-fils d’Andos, lui-même fils de Dammekos et donc frère adoptif de Perturabo. Gege n’hésite pas longtemps avant de balancer du gros dossier sur le Primarque, dont l’un des petits plaisirs coupables était de défier son frangin à des concours d’artisanat ou d’ingénierie, dont il sortait logiquement systématiquement vainqueur. Sauf UNE fois, ce qui mit Rabo tellement en rogne qu’il détruisit les statues réalisées pour l’occasion (en prenant soin de laisser de beaux restes à la sienne pour que les gens puissent tout de même voir à quel point il est doué). Olivier trouve ça génial, mais Marissa est horrifiée par cette anecdote, inexploitable pour le panégyrique qu’elle en a tête.

Les dissensions entre mari et femme vont alors croissants, jusqu’à ce que cette dernière finisse par avouer qu’elle considère l’Empereur comme un dieu, et est donc prête à sacrifier la vérité sur l’autel de la glorification de Pépé et de ses créations. C’est évidemment contraire à la Vérité Impériale instituée par le même Pépé, et Olivier considère l’infraction comme étant assez grave pour pouvoir demander un divorce en tort exclusif… ou en tout cas, abandonner Marissa à sa lecture du ‘Lectitio Divinitatus’ pendant que lui va faire le coup de feu avec les gilets jaunes d’Olympia, qui parviennent finalement à déclarer leur indépendance de l’Imperium, sous la tutelle de la sœur du Primarque absent, Calliphone. L’histoire se terminera mal, on le sait, mais il reste permis d’espérer que Marissa a réussi à compléter en solo la biographie de Perturabo avant le début de l’Hérésie. Elle a peut-être pu s’inspirer du travail d’un obscur écrivain de M3 du nom de Gaïallet pour ce faire…

AVIS:

Guy Haley se démarque de ses petits camarades de Library par sa capacité à surprendre son lecteur en s’aventurant, souvent avec succès, sur des chemins que la maison d’édition de Nottingham ne fréquente pas. ‘The Emperor’s Architect’ vient démontrer la versatilité de Haley en mettant au cœur de son propos les querelles mesquines d’un vieux couple marié1, à des années lumières de ce à quoi on pouvait s’attendre de la part d’une nouvelle estampillée Primarques. Si vous êtes comme moi à la recherche de fantaisie (et pas de fantasy) et de caractère dans vos lectures de GW-Fiction, cette simple idée, farfelue mais suffisamment bien intégrée à l’univers et à l’ambiance générale de 40K pour ne pas jurer avec ces derniers, vous convaincra de donner sa chance à cette petite histoire. Ce vent de fraîcheur m’a d’ailleurs tellement plu que j’ai regretté que Guy Haley finisse son propos en faisant reposer une bonne partie de l’opposition entre Olivier et Marissa sur la lecture du ‘Lectitio Divinitatus’ par cette dernière. Comme s’il avait senti le besoin de justifier son « audace » en dégainant une explication que le fanboy moyen ne pourrait pas lui contester. Il aurait pu passer outre à mon avis (c’est pas comme si les couples humains avaient attendu la prose de Lorgar pour s’engu*uler), mais ce n’est que mon ressenti.

En plus de cette caractéristique très sympathique, ‘The Emperor’s Architect’ a le bon goût d’être le parfait complément du roman que Haley a consacré au maître d’Olympia, dont je vous recommande la lecture. En plus de couvrir des périodes de la saga perturabienne précédemment passées sous silence (son arrivée sur la planète, la campagne contre les Juges Noirs, le soulèvement de la population), cette nouvelle continue de fouiller la personnalité, décidemment très complexe, de cet enferré de Primarque. On le voit ainsi faire preuve d’un altruisme d’une pureté immaculée envers les bergers des montagnes, mais également se comporter avec une mesquinerie incroyablement puérile avec son pauvre frère adoptif, qui n’avait rien fait pour mériter ça. Une force de l’écriture de Haley est de parvenir à réconcilier ces aspects pourtant opposés du caractère de Perturabo pour donner l’impression d’une psyché véritablement surhumaine (et donc incompréhensible), alors qu’un auteur moins doué aurait juste donné l’impression de se contredire par manque de sérieux. Pour terminer, ‘The Emperor’s Architect’ n’est pas avare en détails fluffiques allant du notable (pourquoi Perturabo ne souvient-il pas de ses premiers jours sur Olympia ?) au superficiel (ne pas faire de tartare de jalpidae si on est pas un Space marines ou mieux), ce qui est toujours sympathique. Une vraie réussite.

1 : Aux noms tout à fait banal qui plus est, ce qui renforce encore le décalage par rapport à l’exotisme patronymaire (?) auquel la BL nous a habitué. Je soupçonne Haley d’en avoir fait exprès, et il a eu raison.

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The Ancient Awaits – G. McNeill :

INTRIGUE:

Un trio de sorciers Thousand Sons, Vistario le Corvidae (visions du futur), Murshid l’Athanean (télépathe) et Akhtar le Raptora (télékine), a été envoyé par Magnus le Rouge enquêter sur l’origine d’une vision subie par le premier. Ne pouvant pas désobéir à un ordre direct de leur borgne de boss, mais disposant de très peu d’indices pour localiser l’origine du message, une vague demande d’aide faite depuis les ruines d’une cité détruite, les compères ont passé les dernières années (ou l’équivalent en temps warpique) à voyager de monde mort en monde mort, sans succès. Leur chance a toutefois tourné lorsque le message s’est soudainement précisé, faisant état de l’identité de son émetteur, un certain « Ancien », qui patienterait donc à proximité. 

Guidé par une intuition de Murshid, les Thousand Sons prennent pied sur une nouvelle planète ravagée, sans savoir son nom ou ce qui lui est arrivé. Les indices troublants s’accumulent toutefois au fur et à mesure que nos héros s’approchent de leur destination : des douilles de bolts marquées du sceau des World Eaters sont retrouvées dans les décombres, et les ruines explorées par le trio portent la marque caractéristique d’un Exterminatus. Cependant, les niveaux inférieurs de la cité dans laquelle ils progressent ont résisté au terrible bombardement orbital déclenché par l’Imperium, ce qui indique que la civilisation qui a occupé cette planète était au fait des capacités destructrices des Legiones Astartes, et a pris des mesures pour résister à leur fureur. De façon tout aussi mystérieuse, mais beaucoup plus pressante, une tierce présence est détectée à proximité par les sens affutés de Murshid et Vistario : il semblerait que Magnus le Rouge ne soit pas le seul à s’intéresser à ce que cet énigmatique Ancien a à révéler.

Le fameux Ancien s’avère être un Dreadnought en très mauvais état, avachi à quelques mètres de la navette qu’il prévoyait sans doute d’utiliser pour quitter la planète au moment de son martyr. Il reste cependant suffisamment de batterie à la vénérable machine pour attraper Murshid alors qu’il passait à proximité, et pointer son canon d’assaut sur Vistario pour faire bonne mesure. Jugeant plus sage de négocier avec l’acariâtre vieillard énergétique plutôt que d’engager un combat qu’il n’est pas sûr de pouvoir remporter, Vistario opte pour une petite discussion avec l’Ancien, passablement confus après sa longue période d’isolation…

Début spoiler 1…Période qui se chiffre en millénaires plutôt qu’en années, car notre histoire prend place bien après la fin de l’Hérésie. Vistario finit par comprendre que la planète sur laquelle il se trouve n’est autre qu’Isstvan III, théâtre de la purge des éléments loyalistes des Légions renégates il y a dix mille ans. Son interlocuteur est une autre célébrité, l’Ancien Rylanor des Emperor’s Children, resté fidèle à l’Empereur malgré la trahison de son Primarque, mais rendu un peu barjo par cent siècles à fixer un mur effondré sans pouvoir se relever. Rylanor n’ayant pas appris que les Thounsand Sons ont également fait défection à Pépé, Vistario tente de détourner la conversation vers un sujet un peu moins polémique, échoue lamentablement, et aurait certainement fini en enduit organique sur ledit mur effondré sans l’arrivée opportune d’un nouveau personnage…

Début spoiler 2…Fulgrim en personne. Le Primarque démoniaque a en effet été attiré par la complainte de Rylanor au même titre que les Thousand Sons, et a décidé de corrompre le vénérable loyaliste pour son propre amusement pervers. Il tombe ce faisant dans le piège de Ryry, dont le châssis dissimulait une ogive contenant le virus mangeur de vie utilisé par feu Horus il y a fort longtemps pour régler son problème de dissensions internes. Cela était sans compter sur les manigances psychiques des Thousand Sons, qui parviennent à circonscrire l’explosion dans une bulle de force avant qu’elle n’ait pu engloutir les participants de cette petite réunion Copains d’Avant… pendant à peu près 27 secondes ½, soit le temps qu’il faut pour réaliser à Vistario qu’il préfère encore mourir et possiblement emporter Fulgrim avec lui (spoiler : ça ne marche pas) plutôt que de laisser le salace et serpentin Primarque faire des misères au pauvre Rylanor. Le sacrifice des Thousand Sons permet donc à la bombe d’exploser, faisant d’Isstvan III l’une des rares planètes à avoir subi un double Exterminatus (et sans doute la détentrice du record de l’Exterminatus le moins mortel de l’histoire, avec seulement quatre victimes confirmées). Fulgrim en est quitte pour aller se refaire une beauté dans l’Œil de la Terreur, mais surtout pour une éternité de séances auprès de son thérapeute attitré, car le refus catégorique de Rylanor de rejoindre le côté nervuré et lubrifié de la Force a profondément affecté le fragile ego du Pretty Primarque. Ce sont des choses qui arrivent.Fin spoiler

AVIS:

Graham McNeill n’en avait pas fini avec l’Ancien Rylanor (abandonné à son sort à la fin de ‘La Galaxie en Flammes’ et ‘Fulgrim’), et « détourne » une nouvelle Primarques pour donner à ce personnage secondaire du début de l’Hérésie la sortie de scène qu’il pensait lui devoir. Je suis moins convaincu que McNeill de la nécessité de terminer des arcs narratifs dont la plupart des lecteurs de la BL avaient dû oublier l’existence, mais c’est après tout la prérogative d’un auteur de raconter ce qui lui passe par la tête et le stylo.

Là où le bât blesse, en ce qui me concerne, est l’absence d’un travail de contextualisation/explication digne de ce nom de la part de McNeill. J’ai beau voir d’un œil permissif l’emploi « d’heureuses coïncidences » pour faire avancer et dénouer une intrigue, ‘The Ancient Awaits’ prend beaucoup trop de liberté à cet égard, et fait joyeusement exploser son compteur de WIJH. Comment Rylanor parvient-il à envoyer son RSVP à travers le Warp (ce personnage n’ayant aucune espèce de pouvoirs psychiques) ? Comment expliquer que le trio de Thousand Sons arrive pile au même moment que Fulgrim ? Et en bonus, pourquoi Magnus tenait tant à ce que ses fils se rendent sur place pour investiguer ce vague écho de l’Empyrean ? On peut supposer, au vu de ses pouvoirs, qu’il savait ce qu’ils allaient trouver, ce qui revient à poser la question de pourquoi le Cyclope voulait nuire à Fulgrim. Je laisse à chacun le soin d’apporter ses réponses à ces questions : pour ma part, je mets tout sur le compte d’un manque d’investissement de la part de Graham McNeill dans la construction de cette nouvelle, obnubilé qu’il était par son désir d’en terminer avec Rylanor sous couvert d’écrire une nouvelle Primarques1. Je sors donc déçu de cette lecture, qui ne mérite pas à mon sens son inclusion au sommaire de ‘Sons of the Emperor’.

1 : Dont le cahier des charges est tout autre. Si vous voulez lire un court format très instructif sur la personnalité et le destin de Fulgrim écrit par le même McNeill, je vous conseille chaudement ‘The Reflection Crack’d’.   

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Misbegotten – D. Abnett :

INTRIGUE:

Alors que les préparations pour la campagne d’Ullanor se terminent, la 63ème flotte d’expédition, commandée par nul autre qu’Horus Lupercal, se regroupe dans le système d’Issinium après vingt mois d’intenses mises en conformité. À la grande satisfaction du Primarque, pas moins de six civilisations humaines isolées au cours de la longue nuit ont accepté de rejoindre l’Imperium, et ce sans que le moindre bolt ne soit tiré ni aucune vie perdue. Ce tableau idyllique est toutefois compromis par les difficultés rencontrées par Hastur Sejanus à convaincre les habitants de Velich Tarn de give Pépé a chance. La planète a beau être insignifiante, tant en terme stratégique que démographique (400 habitants d’après les scans orbitaux), il n’est pas dans la nature des Luna Wolves de quitter un niveau sans l’avoir fini à 100%, et, comme il n’a plus rien d’autre à faire pour le moment, Horus décide d’aller pranker/soutenir son vieux poto Sejanus en se rendant incognito sur Velich Tarn.

Sur place, il se fait briefer en détail par le Capitaine dans son bunker de commandement, et réalise que la situation est plus compliquée que ce que le briefing initial le laissait à penser. Le maître de Velich Tarn est en effet un biogénéticien de sinistre réputation, Basilio Fo, ayant fuit Terra il y a plus de cinq mille ans après que ses voisins aient dénoncé ses expérimentations pas très ragoutantes aux autorités. N’ayant rien perdu de son génie morbide, Fo a passé le temps en transformant la population de sa planète d’adoption en abominations biologiques (pensez à The Human Centipede version 40K), plus que capables de dévorer/découper/éventrer/bouillir/écorcher un Space Marine qui leur tomberait sous la main/griffe/sabot/tentacule/trompe/nageoire. De plus, si les scanners n’ont détecté que 400 formes de vie humaine à la surface de la planète, c’est sans tenir compte des milliers de clones de chacune d’entre elles : les combats opposant la 4ème Compagnie des Luna Wolves aux hordes bioadaptées de Fo, surnommés « les bâtards » (misbegotten en VO) par les toujours inventifs transhumains, ont donc été beaucoup plus sanglants et accrochés que prévus (16 morts du côté des Legiones Astartes, tout de même).

L’arrivée d’Horus et de son massif buff de zone a toutefois accéléré le dénouement de cette campagne, et Sejanus apprend de son avant-garde que ce fieffé fripon de Fo a été capturé. Un peu trop facilement d’ailleurs. Horus a à peine le temps de froncer ses sourcils primarquiels que le bunker est éventré par l’arrivée du méga-monstre gardé en réserve par Fo, dans le but avoué d’abattre le meneur adverse dans un dernier acte de défiance. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que cela ne fonctionne pas, et bien qu’Horus sorte de l’affrontement recouvert de sang, de bile et d’autres liquides encore moins identifiables, le coup fourré du bio-généticien dément échoue lamentablement.

D’une humeur magnanime, le Primarque tient à interroger son prisonnier plutôt que de l’exécuter sommairement, comme n’importe qui d’autre l’aurait fait. La conversation qu’il a avec Fo vient donner un éclairage particulier au projet de l’Empereur de réunir l’humanité sous sa bannière : on apprend ainsi que notre bad guy du jour a quitté Terra car même lui jugeait les desseins de Pépé comme étant trop démesurés et intrinsèquement condamnables pour tremper de près ou de loin dans cette future combine. Se voyant comme un simple scientifique s’amusant avec le potentiel infini du génome humain, Fo est sincèrement horrifié par Horus, qu’il considère comme une monstruosité bien plus repoussante et dangereuse que la plus mortelle de ses propres créations. Après tout, même son lombric géant n’avait pas le potentiel nécessaire pour mettre à feu et à sang la galaxie… On est toujours le Misbegot de quelqu’un d’autre, Fo croire. Interloqué par cette discussion, et toujours dans sa phase touleumondilégenty, Horus se résout à envoyer Fo à son cher Pôpa pour que le dissident puisse recevoir la vérité impériale de la bouche (ou de tout autre orifice qu’Il choisirait d’utiliser pour l’occasion) de Son créateur. Il est désormais temps pour les Luna Wolves de préparer la prochaine campagne de la Grande Croisade, car comme dit le proverbe : « quand y en a plus, y a Ullanor ».

AVIS:

Pour ce qui a toutes les chances d’être sa dernière nouvelle écrite pour le compte de l’Hérésie d’Horus (hélas), Dan Abnett retourne aux origines et nous livre une sorte de prologue au roman ‘Horus Rising’, mettant enfin en scène la relation fratermicale entre Horus et Hastur Sejanus, seulement esquissée dans le précédent roman. On a plaisir à retrouver ce monstre de charisme, d’empathie et de badasserie qu’était le demi-divin chauve au moment de la Grande Croisade, et Abnett démontre en quelques pages qu’il est toujours capable de signer des nouvelles de remplissage1 de très grande qualité. C’est bien simple, il n’y a que du contenu appréciable dans ‘Misbegotten’, qui choisit de limiter les combats à leur portion congrue pour se concentrer sur des descriptions de l’avancement de la Grande Croisade, des interactions sympathiques entre les (nombreuses) têtes connues de son casting, et des réflexions intéressantes/clins d’œil prophétiques sur le lore de 30K. Il n’y a rien à jeter ici, et si la BL avait la bonne idée de commander à Abnett un bouquin consacré uniquement aux aventures d’Horus et de sa Légion avant que le premier devienne Maître de Guerre, je le pré-commanderais dès son annonce (c’est dire à quel point j’apprécie ce qu’Abnett parvient à faire ici). Bien entendu, les chances que cela se produisent sont infinitésimales, aussi me contenterai-je de recommander chaudement ‘Misbegotten’ à tous ceux qui aiment Dan Abnett, l’Hérésie d’Horus, et Dan Abnett écrivant l’Hérésie d’Horus.

1 : J’utilise ce terme sans arrières-pensées péjoratives. Il faut reconnaître que ‘Misbegotten’ n’apporte rien à l’Hérésie en termes d’intrigue ou de révélation, mais cela ne veut pas dire que sa lecture est superflue.

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A Lesson in Iron – D. Guymer :

INTRIGUE:

A Lesson in IronS’il y a une chose que Ferrus Manus, paix à son âne, détestait, c’était bien perdre du temps. Aussi, sitôt réuni avec sa Légion, engagée dans le démantèlement de l’empire de rouille ork, le Primarque tint à imposer sa marque sur ses Légionnaires. Nous rejoignons ainsi l’impulsif M. Manus alors qu’il fait la chasse de quelques vaisseaux peaux vertes ayant survécu à la colère de l’Imperium, et qu’il compte bien détruire afin d’obtenir la complétion à 100% de sa mission, et ainsi prouver à l’univers qu’il vaut mieux que ces poseurs d’Horus et de Russ1. Et tant pis si ces couards d’Orks décident de foncer coque baissée dans une faille Warp qui flottait par là pour échapper au courroux de l’Astartes, et que personne n’a jamais été assez timbré du côté impérial pour se risquer dans ce genre d’environnement chelou. Ferrus, et son Fist of Iron, seront les premiers à tenter le coup. Encore un record à mettre au crédit du Primarque qui en voulait.

Ferrus n’est pas seul sur le pont de son vaisseau amiral alors que ce dernier réalise le premier fistage d’une faille Warp. Il est accompagné de deux Sergents vétérans, le Terran Harik Morn et le Medusan Gabriel Santar, tous deux pressentis pour devenir son bras droit. Alors que le Fist of Iron s’enfonce dans le trans Materium comme s’il s’agissait de caramel mou, avec des effets funky sur les appareils de navigation, comme on peut l’imaginer, les auspex détectent soudain des silhouettes de vaisseaux à proximité. Il s’agit des kroiseurs orks, mais également d’un nouvel arrivant, qui n’avait pas été identifié pendant la poursuite dans l’espace réel. Point commun : tous ont été réduits à l’état d’épave, et dans un passé lointain qui plus est. À la grande surprise des impériaux, il semble que le vaisseau en question appartienne à la 10ème Légion, ce qui hautement improbable mais pas totalement impossible. Pragmatique comme toujours, Ferrus Manus décide d’aller y jeter un œil.

Alors que les pauvres grunts qui forment son escorte découvrent avec émoi 1) l’existence de Démons et 2) s’il y a une vie après la mort, le Primarque et ses comparses arrivent jusqu’au pont du vaisseau mystère, où les attend un cadavre desséché de Space Marine. Ce dernier porte les marquages d’un Iron Hands, mais, au grand dégoût de FM, il semble avoir terminé sa carrière plus machine que (sur)homme, au vu de toutes les augmétiques et bioniques que la dépouille arbore. C’est le Tech-adepte qui accompagne la fine équipe qui finit par proposer l’hypothèse la plus intéressante pour expliquer ce répugnant mystère : l’épave sur laquelle ils se trouvent est un vaisseau des Iron Hands provenant du futur, transporté dans le passé par les caprices du Warp.

Avant que la nouvelle n’ait pu être digérée par l’assemblée, une palanquée de Démons se manifeste (dans tous les sens du terme) sur le pont, et forcent nos héros à – enfin – faire usage de la force. Si ce bogoss de Ferrus s’illustre à grands coups de marteau, ses subalternes sont plus à la peine. Surpris par les nouveaux arrivants, Santar se fait ainsi arracher le bras gauche par une Bête de Nurgle joueuse, tandis que Morn est submergé par des Horreurs rigolardes. Le premier réussit toutefois à marquer des points auprès du Primarque en retournant dans la mêlée sitôt ses esprits recouvrés, tandis que le Terran se contente de haleter comme un bébé phoque sur la banquise. Avant d’ordonner une retraite tactique vers le Fist of Iron, ignorant les avis de ses sous-fifres de rester pour looter de la technologie futuriste, et/ou défendre une relique de la Légion, Ferrus tranche en son for intérieur : ce sera Gaby qui deviendra son Ecuyer et 1er Capitaine. C’est dit.

1 : C’était l’époque de la Grande Croisade où tous les Primarques avaient un nom qui rimait avec « platypus », l’animal préféré de Pépé.

AVIS:

Petite nouvelle fort sympathique consacrée par leur spécialiste incontesté, David Guymer, aux Iron Hands et à leur Primarque caractériel, ‘A Lesson in Iron’ se paie le luxe de nous présenter en quelques lignes la prise de fonction de Ferrus Manus au sein de sa Légion (choix du 1er Capitaine, et autres révélations fluffiques intéressantes incluses), combiné avec une savoureuse mise en abîme du futur qui attend le Chapitre dans quelques millénaires. Le fait que les améliorations bioniques répugnent au plus haut point l’homme aux mains de fer n’est pas une nouveauté à ce stade, mais Guymer parvient tout de même à surfer sur cette iron-ie de façon tout à fait satisfaisante. Le pauvre Ferrus Manus aura soupé de prémonitions malheureuses car jamais utilisées pour modifier la destinée pas vraiment enviable attend ses fils et lui-même à la sortie de la Grande Croisade, et on en a encore un exemple ici. Ca reste plus distrayant à lire que la moyenne des soumissions de la BL, donc pourquoi cracher dans soupe ?

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The Atonement of Fire – D. Annandale :

INTRIGUE:

The Atonement of FireNous sommes dans la dernière ligne droite de l’Hérésie, quelques mois avant que le Siège de Terra ne débute. Roboute Guilliman a fini par réaliser que lancer sa petite entreprise personnelle alors qu’il est toujours techniquement employé par Pépé Corp., et en piquant dans la caisse de Big E. en profitant d’une panne généralisée d’internet pour ne pas se faire prendre, c’était assez craignos tout de même. Pétri de remords, Roro est désormais à la recherche d’un moyen de se faire pardonner ses errements passés. En sortant de sa séance hebdomadaire avec le Chapelain/Psychiatre Volusius, lui vient une idée toute simple pour expier son énorme hubris : aider Sanguinius à rejoindre Terra en détruisant les flottes hérétiques qui se mettront sans nul doute sur la route de l’Ange à la Moumoute.

Après une petite séance de triangulation avec les poteaux dans le strategium de l’Ultima Mundi, les Ultras de l’Empereur décident d’aller au secours de la planète Diavanos, d’où est arrivé un message astropathique implorant de l’assistance pour gérer une invasion de World Eaters mal-lunés. Diavanos est de plus un monde que les Ultramarines ont rattaché à l’Imperium il y a plusieurs décennies, et dont la technique de vitraux teintés a grandement impressionné le Primarque lorsqu’il flânait dans les rues de la capitale Ecstasia à la recherche d’inspiration pour son dernier roman. Pour toutes ces raisons, ainsi que pour celle, plus prosaïque, de se venger des ravages commis par les séides d’Angron et de Lorgar dans leur pré carré, les gars de la XIIIème se ruent au secours de Diavanos, et tombent à bras raccourcis sur leurs frères ennemis alors que ces derniers s’apprêtaient à repartir pour embusquer la flotte des Blood Angels.

La bataille spatiale qui s’en suit, si elle n’est guère équilibrée (les Ultramarines sont deux fois plus nombreux, sérieux, hargneux, farineux et bleus que leurs adversaires), permet à nos héros de relâcher la pression après tous ces mois à écouter les podcasts interminables du triumvirat de l’Imperium Secundus. Alors que les derniers vaisseaux renégats sont méthodiquement désintégrés par la froide fureur ultramarine, le cuirassé Gladiator profite de la confusion pour repartir en direction de Diavanos, et certainement pas pour une visite de politesse. Guilliman comprend que les World Eaters ont un petit creux, et que s’il n’intervient pas rapidement, la planète qu’il est venu sauver va s’en prendre plein la face. Mais arrivera-t-il à temps pour empêcher les fils d’Angron de commettre l’irréparable ?

Début spoiler…Après de multiples péripéties dans les coursives du Gladiator, que les World Eaters ont faites effondrer pour gêner la progression de leurs ennemis, Roboute et ses hommes (en grande partie des Destroyers, wink wink The Lord of Ultramar’) parviennent jusqu’à la salle des torpilles où les hérétiques se sont barricadés. La mêlée désespérée et surtout très sale qui s’ensuit tourne logiquement en faveur des surhommes en bleu, mais les World Eaters sont proches de réaliser leur objectif secret (faire péter une torpille à l’intérieur du vaisseau afin d’emporter Guilliman avec eux). Seule l’habilité du Grand Schtroumpf avec son combi-bolter customisé permet d’éviter la catastrophe, mais la victoire morale revient tout de même aux groupies d’Horus. Il est en effet trop tard pour prévenir le crash du Gladiator à la surface de Diavanos, et l’onde de choc qui s’en suit rase la capitale et dévaste une grande partie de la planète. Bien évidemment, les Ultramarines ont eu le temps de regagner leurs 22 avant que cette tragédie n’arrive, mais Guilliman finit la nouvelle avec le blues. Approprié, vous me direz.Fin spoiler

AVIS:

Vu le passif peu glorieux de David Annandale avec la XIIIème Légion (‘Lord of Ultramar’…), j’ai attaqué cette nouvelle dans un état d’esprit assez peu favorable à cette dernière, et j’ai été surpris de constater que cet ‘Atonement of Fire’ tenait tout à fait la route. Nous sommes en présence d’un court format siglé HH de facture assez classique (un peu de réflexion, beaucoup d’action, et en bonus une belle tranche de Primarque), mais débarrassé de tous les défauts que l’on pouvait trouver dans les autres soumissions de notre homme (personnages stupides/inintéressants, intrigue bancale, rythme chaotique)1. Ça pourrait et devrait être considéré comme le strict minimum, mais nous savons tous que la BL ne croit pas dans des concepts aussi restrictifs que le contrôle qualité. Enfin, pas tout le temps.

Surtout, et c’est assez rare dans une publication de la Black Library (quel que soit la franchise ou l’auteur) pour le souligner, Annandale parvient à ménager un vrai suspens jusqu’au bout de son propos. Guilliman et ses Schtroumpfs destructeurs arriveront-ils à sauver Diavanos des déprédations suicidaires des World Eaters ? Même si la planète a été créée de toute pièce pour l’occasion, l’auteur arrive à nous intéresser à la conclusion de cet accrochage mineur de la fin de l’Hérésie en appuyant de façon intelligente sur les remords éprouvés par Guilliman au sujet de son Imperium Secondus et son besoin de se faire pardonner de ce petit caprice. Annandale nous ressert également la vieille rengaine du « I am never going to financially recover from this », 30K style, déjà bien exploitée par d’autres avant lui, mais qui fait toujours son petit effet quand utilisée à dessein, ce qui est le cas ici. Bref, une vraie bonne surprise pour ma part, et une des meilleures soumissions de David Annandale pour le compte de cette franchise, si vous demandez mon avis.

1 : On pourrait lui reprocher de ne toujours pas maîtriser les bases spatio-temporelles d’une bataille spatiale (exemple gratuit : la course poursuite entre l’Ultimus Mundi et le Gladiator ne semble durer que quelques minutes, alors qu’elle s’engage à proximité du point de Mandeville du système et se termine dans l’atmosphère d’une planète habitable (donc proche de son soleil), ce qui devrait prendre au bas mot quelques jours), mais dans mon infinie générosité, je passe l’éponge là-dessus.

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Lantern’s Light – J. Swallow :

INTRIGUE:

Lantern's LightDepuis une année, Mortarion se morfond dans le système de Barbarus, après que ce dernier ait été intégré à l’Imperium par la volonté de son divin souverain, Pépé 1er. Bien que cette période ait permis au Primarque d’apprendre beaucoup sur le royaume galactique de son Père, la Grande Croisade et la place qu’il devra bientôt prendre dans cette dernière, Morty et son esprit rebelle (il a une petite voix dans la tête qui prend un malin plaisir à poser toutes les questions malaisantes) ne se satisfont pas de la situation. Pour faire simple, la seule chose qu’il trouve vraiment cool est le lien qu’il a réussi à tisser avec ses Dusk Raiders, bientôt renommés en Death Guard en l’honneur des compagnons de lutte qui l’ont soutenu sur Barbarus. Pour le reste, c’est la soupe à la grimace, comme si dans le corps gigantesque de notre héros se cachait un collégien complexé (ce qui est peut-être le cas, vu la vitesse à laquelle les Primarques grandissent).

Aujourd’hui est un jour spécial, cependant, puisque son Pôpa l’a invité à le rejoindre sur son vaisseau amiral, afin d’avoir une discussion avec son plus jeune rejeton. Ne pouvant pas s’enfermer dans sa chambre en écoutant The Cure, comme tout bon ado emo qui se respecte, Mortarion se rend sur le Bucephelus comme convenu, mais prend un malin plaisir à crash the party en piétinant le protocole de ses grosses bottes cloutées. Hôte gracieux s’il en est, l’Empereur ne s’en formalise pas et propose à son fiston une petite balade en tête, loin des petits fours et orchestres de chambre qui semblent taper sur les nerfs de son nihiliste de fils. Seulement, à vouloir en mettre plein la vue à ce dernier1, Papy gâteau ne parvient qu’à faire croître le ressentiment de Morty à son égard. Ce dernier n’a en effet toujours pas digéré la manière dont la campagne de Barbarus s’est terminée : lui crachant ses poumons et suintant du pus par tous les pores, et l’Empereur se téléportant par magie devant Necare (seigneur suprême de Barbarus et père adoptif de Mo’) pour lui voler son kill. On sent donc que les relations ne seront jamais au beau fixe entre ces deux là, mais que pouvait attendre donc de la part d’un Primarque ayant grandi sur une planète perpétuellement recouverte de nuages verdâtres ?

Un peu plus tard, l’Empereur tente une autre avancée, en amenant Son fils dans le « modeste » atelier où il se délasse l’esprit et les doigts lorsqu’il a un peu de temps libre. Comme Il le révèle à Morty, Il offre à chacun de Ses Primarques un cadeau fait de Son auguste et blanche main avant que ces derniers ne partent rejoindre la Grande Croisade, et c’est ainsi que Mortarion hérite d’un magnifique cimeter-. En fait non. Le goujat refuse tout net de se séparer de sa faux énergétique, ce qui crispe légèrement l’Empereur. Pour ne pas avoir l’air de refuser le cadeau paternel, Mortarion s’empare d’une autre relique qui traînait dans le coin, le pistolet Lanterne que Pépé a gardé comme souvenir de sa conquête de la planète Shenlong. Et voilà comment une bouderie puérile a fait de Morty le Primarque pistolero. The more you know…

La nouvelle se termine avec un Empereur sensiblement agacé par les caprices de Son Fils, et qui fait ce qu’il a l’habitude de faire depuis cinquante ans quand quelque chose Le gonfle : refiler la patate chaude à ce brave Horus. Comme Lulu la Percale tenait à rencontrer au plus tôt son nouveau frérot, il attendait patiemment dans une antichambre du Bucephelus, ce qui donne l’occasion à Pépé d’aller martyriser un sac de frappe à la salle de gym pendant que Ses fistons font connaissance. Pas tous les jours faciles d’être un père célibataire de famille nombreuse…

1 : La discussion dans la coursive avait pour but principal de montrer à Mortarion le véhicule de fonction gracieusement offert par l’Empereur, l’Endurance. On raconte que les derniers arbres de la forêt amazonienne ont été coupés pour produire le papier cadeau nécessaire à l’emballage.

AVIS:

James Swallow signe peut-être sa meilleure soumission consacrée à Mortarion avec Lantern’s Light, nouvelle qui explore de manière assez fine la psyché torturée du Primarque de Barbarus, et la relation complexe qu’il a toujours entretenue avec l’Empereur. Tout l’intérêt de ces quelques pages repose dans la dualité des sentiments ressentis par le nouveau patron des Dusk Raiders : a-t-il raison de considérer Pépé comme un tyran égoïste et incapable de considérer les autres que comme des expédients à utiliser comme bon lui semble, ou est il juste sujet à une paranoïa aigüe, sans doute renforcée par l’enfance traumatisante qu’il a subi avec son père adoptif ? Ce sera au lecteur de décider, et c’est bien mieux ainsi. En bonus, on a le droit à pas mal de détails fluff, ce qui est toujours appréciable, et à un Empereur pas totalement à côté de Ses pompes (ce qui est malheureusement souvent le cas lorsqu’Il intervient personnellement dans un récit de la BL). Je recommande donc une nouvelle de James Swallow, et c’est assez rare pour le souligner.

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Canticle – D. Guymer :

INTRIGUE:

On a tous nos surnoms, plus ou moins glorieux, et Ferrus Manus ne fait pas exception. Bien avant d’être baptisé pognes d’acier (en latin haut gothique pour faire plus classe), notre héros a ainsi été appelé Numerodis (l’Empereur), Cataclysme (les géants des tempêtes du Pinacle de Karaashi), La Finalité (des morts-vivants quelconques), Rehew Netjer, soit le Fils de l’Homme (les Necrons), Mon très Chair (les despotes fragmentés du Subliminat), et Empafé de première (le type auquel il a piqué sa place sur le parking du Monoprix de Medusa). Pour sa part, et après avoir malencontreusement libéré Asimoth sur sa planète d’adoption peu de temps après son arrivée remarquée sur cette dernière et s’être révélé trop faiblard pour ramener la bestiole dans son enclos, le Primarque des Iron Hands s’est donné le nom et la vocation de Chasseur, ayant décidé de réparer sa bévue en traquant le wyrm d’argent à travers les paysages bucoliques de Medusa.

Ces premières années sont également l’occasion pour Ferrus Manus de faire ses premières armes, dans tous les sens du terme. On apprend ainsi qu’il a rencontré quelques difficultés sur sa route, d’ordre robotique, semi-robotique et infernal, ce qui donne une idée de la très riche « biodiversité » de la planète sur laquelle il a fait son trou. Rien de très mémorable cependant pour FM (et pour Guymer), dont l’équipement consiste en une cuirasse d’adamantium upcyclé et une bardiche bricolée à partir des dépouilles fumantes de ses malheureux adversaires biomécaniques. On apprend également que ce gentil garçon est capable de subsister sur un régime composé de sable, minéraux et métaux1, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Poursuivant sans relâche sa proie insaisissable, Ferrus finit tout de même par rencontrer des membres de son espèce, d’abord sous forme de cadavres entourant l’épave d’un camping-car Medusan. Curieux d’en apprendre plus sur ces étrangers qui lui ressemblent tant, et soucieux de récupérer un peu de matos utile dans la boîte à gants du véhicule éventré avant que tous les charognards du coin ne débarquent, le jeune Primarque se fraie un chemin jusqu’à la chambre forte du Sandcrawler, négociant au passage dix zombies cyborgs (zomborgs ?) occupés à mastiquer les cartes mères et câbles jack leur étant tombé sous la pince. Ce régime majoritairement électrovore ne les empêche cependant pas de sauter sur l’aventurier pour lui faire les poches dès qu’il s’approche un peu trop, forçant notre héros à faire montre de force autant que de ruse.

Une fois parvenu dans la salle des coffres, Ferrus a la surprise d’être mis en joue par une rescapée de l’embuscade ayant scellé le destin du véhicule et de ses occupants. Guère impressionné par la pétoire plasmique que son interlocutrice lui pointe sur le torse, le Chasseur refuse l’offre qui lui est faite par cette dernière de rejoindre son clan, arguant qu’il a encore une opération de vermifuge à accomplir, et un véritable nom à obtenir, avant de pouvoir faire son entrée dans le monde et participer au Bal des Débutant.e.s de Medusa. La suite de l’histoire de Chéri FM, si elle est connue, sera toutefois narrée dans un autre cantique que celui-ci.

1 : Avec quelques protéines et lipides occasionnelles de temps à autres, par exemple lorsqu’il croise la route d’une escouade de Dépeceurs sur leur 31. On peut donc classer Ferrus Manus dans la sous-catégorie des Primarques cannibales, avec Konrad Curze et Sanguinius.

AVIS:

On a plus l’impression d’un épisode pilote pour une série consacrée à l’enfance de Ferrus Manus que d’une nouvelle indépendante à la lecture de ce ‘Canticle’. Guymer passe en effet la majorité de ses pages à présenter de façon intrigante le jeune Primarque et sa planète, dont on aimerait bien apprendre davantage à la fin de son récit. L’intrigue semble avoir été volontairement tronquée pour permettre à l’auteur de la reprendre au cours de l’épisode suivant, qui n’a, à ma connaissance, pas été publié à ce jour. Peut-être faut-il creuser du côté de la novella1 que David Guymer a consacré à son héros pour mettre en perspective cette nouvelle ? Ou plutôt dans le ‘Voice of Mars’ du même auteur, où le Cantique des Voyages occupe une place importante ? En tous cas, si elle n’est certes pas désagréable à lire, et livre quelques éléments de fluff sur le plus moyen des fils de l’Empereur, cette histoire aurait gagné à se conclure de façon plus définitive.

1 : ‘Ferrus Manus : La Gorgone de Medusa’.

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The Verdict of the Scythe – D. Annandale :

INTRIGUE:

Nous retrouvons Mortarion, le plus sec (dans tous les sens du terme) des Primarques pendant la Grande Croisade, alors que la flotte d’expédition qu’il mène approche de la planète Absyrthus en mode bulldozer, perforant comme qui rigole – si Morty savait ce que cela veut dire – les défenses orbitales des locaux et se préparant à larguer son contingent de Death Guards sur les positions stratégiques de ce théâtre d’opération. Pour une fois, cette brutalité, pour laquelle sa Légion est fameuse, semble être justifiée. La civilisation d’Absyrthus est en effet similaire à celle de Barbarus, en cela qu’elle est gouvernée par une caste de sorciers1, ce qui a le don de mettre le Primarque psychophobe en rogne. Son plan pour remédier à ce problème fâcheux et mettre ce monde en conformité avec le cahier des charges impérial est aussi simple qu’élégant que direct : envoyer une barge Astartes s’écraser sur le QG adverse, ici la capitale planétaire, Temnis, pour décapiter (et aplatir) sa chaîne de commandement et frapper l’ennemi au cœur. Il a déjà employé cette technique, sans doute piquée aux Orks, avec un succès indéniable mais un peu trop sanglant pour ses fragiles de frères, lors de la campagne de Galaspar, achevée en un temps record par l’envoi d’un vaisseau spatial dans sa cité ruche principale. Un vieux fond de compassion qu’il ne se savait pas avoir pousse toutefois Mortarion à limiter la casse sur Absyrthus, qui ne perdra que son spatioport sous les patins blindés du Fourth Horseman, avant de demander grâce quelques minutes plus tard. Toujours d’humeur miséricurieuse (ça veut dire ce que ça veut dire), le Faucheur masqué accepte la réédition sans condition du camp d’en face au lieu d’ordonner le massacre complet des habitants de Temnis, comme ses officiers, à commencer par ce fourbe de Typhon Calas, s’y attendaient.

Il s’avère en effet que Mortarion est travaillé par une vague pulsion empathique, et s’interroge sur la possibilité, même mineure, d’apporter la paix et l’ordre à la galaxie autrement qu’en massacrant les mécontents. Absyrthus fera donc figure de test grandeur nature, et notre ombrageux et ombragé héros accepte avec stoïcisme de se plier aux formalités organisées par la reine déposée Cirkesce après la fin des combats. Typhon, entraîné par son boss dans le traquenard absolu que constitue un dîner diplomatique, questionne ouvertement le bien-fondé de la décision du Primarque, arguant que si la Légion s’appelle DEATH Guard, et pas la IDAWYBRYO2 Guard, c’est bien pour une raison. Habitué à se faire bolosser par son sous-fifre dans les écrits de James Swallow, Morty ne trouve pas grand-chose à dire pour justifier sa magnanimité soudaine, et décide d’aller prendre l’air pour rencontrer les vrais gens d’Absyrthus, et ainsi se faire une opinion définitive sur la situation. Laissant le palais derrière lui et ses Deathshrouds à longue portée (49 pas exactement), sa (future) Majesté des Mouches s’enfonce dans le dédale de la vieille ville…

Début spoiler…Et là, cela tourne rapidement au drame. Les oreilles sensibles de Mortarion finissent en effet par détecter les bruits révélateurs d’un rituel chaotique, ce qu’il a formellement interdit aux nouveaux sujets de l’Imperium. On pourrait arguer que c’est un peu chien de sa part de se formaliser de la persistance d’une pratique traditionnelle bannie il y a moins d’une journée, mais le Primarque acquiert bientôt la certitude que la vieille femme qui fait couiner son brasero au cœur de la casbah de Temnis EN A FAIT EXPRÈS POUR LE FAIRE CHIER ce qui est un crime impardonnable. Pire, sa rapide entrevue avec la mégère décomplexée, et son retour jusqu’au palais de Cirkesce, le convainquent que les Absyrthusiens sont tous des hypocrites, faisant semblant de se plier aux consignes des envoyés de l’Empereur le temps que ces derniers repartent purger les étoiles.

Devant ce constat accablant, et peut-être un peu précipité, le sort de la planète est scellé. Mortarion siffle la fin de la récré, arrachant Typhon au buffet froid que le Premier Capitaine était en train de nettoyer avec lenteur et méthode3, repart en orbite et décrète l’Exterminatus pendant que ‘Won’t Get Fooled Again’ des Who est envoyé à fond les ballons par l’auto radio du Fourth Horseman. Ce sera désormais le seul verdict que délivrera la Death Guard à ses adversaires, en faisant la Légion la plus efficace de la Grande Croisade pour un temps…Fin spoiler

1 : Autre point commun avec la planète natale de Mortarion (et le Finistère Nord) un taux d’ensoleillement inférieur à 1%.
: I Don’t Agree With You But Respect Your Opinion.
3 : On le sait peut, mais c’est de là que vient la règle spéciale de la Death Guard.

AVIS:

David Annandale montre avec ‘The Verdict of the Scythe’ qu’il a parfaitement compris les modalités de l’exercice représenté par une nouvelle Primarchs, soit un récit mettant en scène un épisode marquant de la vie de son sujet, et éclairant le lecteur sur les raisons ayant poussé ce dernier à devenir la figure qu’il est dans le fluff. En 12 pages bien pesées, Annandale répond ainsi à la question Orangina Rouge (mais pourquoi est-il si méchant) pour Mortarion, brossant le portrait d’un Primarque dont le caractère impitoyable a été, à un certain niveau, causé/renforcé par un événement particulier l’ayant détourné pour de bon de la voie du Bisounours. On peut trouver l’histoire et la justification qu’elle apporte à la rigidité morale de son protagoniste simpliste, mais force est de reconnaître à l’auteur qu’il a rempli son contrat de façon satisfaisante, même si pas extraordinaire.

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A Game of Opposites – G. Haley :

INTRIGUE:

C’est malheureusement très peu traité dans les livres d’histoire impériaux, mais la bataille de Beta Garmon, aussi connue sous le nom de casse (de Titans) du millénaire, ne s’est pas tenue du jour au lendemain. Cette rencontre décisive entre renégats et loyalistes, et les milliards de morts qui en ont découlé, n’a été rendue possible que par le dévouement et le travail de l’ombre de Légions de sous-fifres, comme l’histoire dont il est question ici s’en fait écho. Bienvenue donc à la surface d’Epsilon Garmon II, planète du cluster garmonien que les Iron Warriors souhaiteraient fortifier pour ralentir l’arrivée prochaine de Guilliman et de ses hordes de Schtroumpfs. Le conditionnel est ici de mise car les efforts de terrassement des hommes de fer se sont jusqu’ici faits contrecarrer par les manœuvres destructrices d’une petite force de White Scars. Peu familiers des techniques de hit and run de leurs cousins des steppes, les fils de Perturabo sont perturbés par cette campagne d’un genre nouveau, où ils arrivent toujours trop tard pour empêcher les Space Bikers de sévir.

Fort heureusement, le Maître de Forge Xyrokles, affublé de son larbin et souffre douleur Phideark, ainsi que d’une ribambelle de Capitaines dont je vous épargnerai les noms, a un plan machiavélique pour venir à bout du péril jaune blanc à éclair rouge. Ayant récupéré dans un campement abandonné par ses ennemis quelques bouquins philosophiques signés de la main même de Jaghatai Khan et remplis d’aphorismes aussi profonds que « La taupe ne voit pas le vol de l’éléphant », « Pourquoi rester debout quand on peut s’asseoir » ou « Plus il y a de fous, moins il y a de riz », Xyrokles a tellement bûché sa philo1 qu’il est certain de pouvoir prendre les White Scars à leur propre piège, en réalisant un coup de billard à IV bandes à base de feintes, de retraites et d’embuscades tellement complexes que la majorité de ses sbires n’y blaire que dalle. Lorsque vient enfin le jour le plus long, le Khan Ishigu emmène ses motards énergétiques faire une petite virée dans un avant poste renégat, sans se doute un instant que ses minutes sont comptées.

Et en effet, le plan de Xyrokles se déroule comme sur des roulettes, la colonne blindée qu’il a envoyé leurrer les loyalistes au moment où ils commencent à se replier en bon ordre se révélant être un extra trop tentant pour qu’Ishigu et Cie résistent à la tentation d’y planter leurs pneus. Ce détour est toutefois lourd de conséquences pour les White Scars, qui se font surprendre par une contre-attaque vigoureuse de la part des Iron Warriors, et canalisés dans un goulet étroit débouchant sur la ligne de blindés du Maître de Forge, qui n’a plus qu’à donner l’ordre d’ouvrir le feu pour régler une fois pour toutes leur compte aux scarifiés d’en face…

Début spoiler…Mais c’était sans compter sur la légendaire flexibilité tactique des fils du Khan, qui avaient tout planifié depuis le début et cachés également une réserve mobile pour surprendre l’adversaire. Confrontés à une force anti-chars conséquente et bénéficiant de l’effet de surprise, Xyrokles et ses hommes ne font pas long feu (c’est la vieille histoire de l’artilleur artillé). L’honneur est toutefois sauf pour ce dernier, puisqu’il s’aperçoit après avoir été fait prisonnier que c’était Jaghatai Khan en personne qui était aux commandes dans le camp d’en face. S’en suit un échange d’amabilités qui nous permet d’apprendre que le Khan se tamponne le samovar avec la vérité impériale, qu’il considère poliment comme un avis parmi d’autres. Stupeur chez Xyrokles, qui en surhomme de principe, pensait que tous les loyalistes adhéraient scrupuleusement au dogme de Pépé. Il emportera toutefois ce secret dans la tombe, que son généreux vainqueur lui accorde en récompense de ses méritants efforts de réflexion, Jaggie Chan lui dévissant les cervicales d’un tour de main à la fin de leur échange. C’est qu’il a du pain sur la planche, et un retour sur Terra à préparer…Fin spoiler

1 : Ce qui est somme toute logique pour un grec ancien.

AVIS:

Je suis partagé sur la valeur de ce ‘A Game of Opposites’, qui comporte des éléments positifs comme négatifs. Pour commencer par ce qui ne fâche pas, j’ai apprécié le choix de Haley de donner une dimension, si ce n’est comique, au moins caustique, à ses Iron Warriors, qui font ainsi mentir leur réputation de guerriers prenant tout au premier degré. La dynamique entre Xyrokles et Phideark est particulièrement savoureuse, le second encaissant sans broncher toutes les punchlines que son supérieur lui balance à la tête. Dommage que le destin tragique du Coluche d’Olympia nous prive d’autres saillies drolatiques de sa part pour la suite de l’Hérésie. Cette nouvelle est également intéressante d’un point de vue fluffique, car elle donne à voir un Jaghatai Khan d’un pragmatisme assumé et presque hérétique, ayant pris parti pour son Père mais loin de se ranger à toutes ses vues, y compris sur des sujets aussi sensibles que la religion (il croit en la réincarnation). D’un autre côté, ‘A Game of Opposites’ pêche franchement pas son manque de suspens et son déroulement sans surprise. Car le résumé ci-dessus ne suit pas exactement le récit de Haley, qui choisit de révéler la présence du Khan au côté d’Ishigu dès le premier tiers de la nouvelle, ce qui condamne d’office le stratagème de Xyrokles à l’échec1. Le retournement de situation final et la victoire des White Scars sont donc aussi attendus que l’heure de la pause syndicale dans un guichet de poste, ce qui peut blaser le lecteur (en tout cas, ça a été mon cas). En conclusion, pas le meilleur texte de Guy Haley, mais pas désagréable ou inutile pour autant.

1 : Il n’y a que John French qui fait battre un Primarque par un Space Marine (‘The Crimson Fist’).

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Better Angels – I. St. Martin :

INTRIGUE:

Les Légions Space Marines sont un peu comme les filières post bac : il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux. Si les impétrants ayant de la suite dans les idées et la volonté de faire carrière se rabattront sur des spécialisations ternes mais assurant la sécurité de l’emploi (BTS Gestion avec les Ultramarines, Bac Pro travaux publics avec les Imperial Fists ou les Iron Warriors, CAP Esthétique avec les Emperor’s Children…), les plus aventureux tenteront leur chance dans des cursus plus pointus, à leurs risques et périls. C’est ainsi que l’Empereur se retrouva avec des cohortes de philosophes désagrégés (Thousand Sons), théologiens en déshérence (Word Bearers), et vétérinaires ayant raté leur concours d’entrée (Space Wolves), qu’il dût bien recaser à droite et à gauche pour éviter la crise. Enfin, pour un temps. Mais, parmi tout l’Astartes, aucune Légion n’égale les Blood Angels en termes de réputation. Si on appelle les fils de Sanguinius (derrière ses ailes) des poètes, des peintres ou des danseuses, c’est pour une bonne raison : le Primarque exige que tout le monde pratique une discipline artistique, depuis le plus humble novice jusqu’au plus ancien des Dreadnoughts1. Notre héros, que nous allons suivre depuis le début de sa carrière jusqu’à l’arrivée de la flotte de la IXème en orbite de Terra, peu de temps avant le début du siège, ne fait pas exception. Jehoel (il faut croire que Joël était déjà pris) s’est ainsi spécialisé dans la verrerie, ce qui lui a attiré l’intérêt et le mentorat de son père génétique, souvent présent lorsque le souffleur fait parler la poudre le sable.

Ces rencontres ponctuelles mais fréquentes, si elles permettent aux deux surhommes de discuter technique et philosophie, amènent surtout le lecteur à suivre en filigrane la fin de la Grande Croisade et l’Hérésie d’Horus du point de vue d’un Primarque et d’une Légion particulièrement éprouvés par la traîtrise du Maître de Guerre, et le déclenchement de la baalédiction des fils de Malle, ou l’inverse. Finies donc les évocations de la prochaine reconversion des légionnaires en portraitistes et potiers une fois la galaxie conquise, et bonjour les sculptures de démons réalisées dans un état second, au grand déplaisir de Sanguinius – qui passe la nouvelle à critiquer Jehoel, ceci dit. Adieu aux riches galeries du Red Tear, et bonjour à la décoration minimaliste du Convenant of Blood, véhicule de courtoisie prêté par l’Imperium après le carambolage de Signus Prime. Lorsque St Martin décide enfin de mettre un point final à sa nouvelle, on apprend tout de même que si Sanguinius s’est montré aussi assidu dans ses discussions avec Jehoel au cours des décennies passées, c’est parce qu’il considérait que ce dernier était l’un des Blood Angels les plus bloodangeliques de la Légion, et pouvait ainsi se contempler à sa guise dans son interlocuteur. Un peu égocentrique le garçon, tout de même. Le rideau tombe sur la scène après que Jehoel ait montré à son pôpa la représentation idéalisée de Terra qu’il a réalisée avec de la pâte de verre, ce qui lui vaut les félicitations (enfin !) du jury, et que l’Ange ait balancé la remarque à connotation fataliste de rigueur, davantage pour le bénéfice du lecteur que pour celui de son fiston. Si jeunesse savait…

1 : À l’exception notable de la danse classique, après que le Vénérable Neolardon ait failli écraser Sanguinius en passant à travers le plancher du gymnase à la suite d’un saut carpé mal négocié.

AVIS:

Je placerais ce ‘Better Angels’ dans le prolongement de ‘Death of a Siversmith’/’Mort d’un Orfèvre’ (Graham McNeill), et pas seulement parce qu’il met en scène un protagoniste très porté sur les arts plastiques. On retrouve en effet, et surtout, dans cette nouvelle la volonté assumée de l’auteur de surprendre son public en livrant une histoire s’écartant largement du bolter porn qui est la norme de l’Hérésie d’Horus. Et, là encore, le résultat penche davantage vers l’exercice de style un brin forcé que vers la réussite incontestable. Ou peut-être n’ai-je pas lu assez sur Sanguinius et les Blood Angels pour tirer la substantifique mehoelle de ce texte ? C’est bien possible. Toujours est il que je sors du studio du Primarque à plumes un peu circonspect sur la valeur de cette soumission, qui aurait pu, pour reprendre son titre, être bien meilleure.

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The Conqueror’s Truth – G. Thorpe :

INTRIGUE:

La chance d’une vie. C’est ainsi que la Commémoratrice Ennylin Ares, rattachée à l’équivalent d’un car de manœuvres moldaves en matière de flotte d’expédition de la Grande Croisade, accueille la nouvelle d’une rencontre fortuite avec une escadre de vaisseaux de l’Astartes dans le système de Vestogorn. Et tant pis s’il s’agit des Night Lords, dont la réputation de brutalité et de sadisme commence à transpirer largement d’un bout à l’autre de l’Imperium. C’est en effet l’occasion pour notre héroïne, qui a jusque-là usé ses pellicules à immortaliser des inaugurations de barres de HLM pour déportés colons sur une douzaine de mondes conquis depuis belle lurette, de se confronter à la réalité de l’expansion humaine dans la galaxie, et de saisir sur le vif les glorieux Space Marines alors qu’ils apportent l’unité impériale à une planète un peu récalcitrante. Après tout, c’est pour son bien.

Sa requête d’un rattachement aux opérations des Night Lords ayant été rapidement acceptée, Ares bénéficie d’un traitement VIP, accordé à la demande expresse de Konrad Curze, qui dirige la mise en conformité de Vestogorn d’une main de fer et d’un air satisfait. C’est tout lui ça. Après une rencontre convenablement inquiétante et crépusculaire sur le Nightfall avec le Primarque en personne pour un entretien de motivation rapidement expédié, Konnie charge son surhomme à tout faire, le sarcastique Premier Capitaine Sevatar, de chaperonner la Commémoratrice sur le terrain. N’ayant que peu de temps à consacrer à une touriste à appareil photo, l’officier se contente de la déposer à bonne distance de la ligne de front, en lui intimant de ne pas se rapprocher de cette dernière, sous peine de rencontrer les mêmes problèmes que les Commémorateurs précédemment rattachés à la VIIIème Légion, dont les effectifs ont fondu comme neige au soleil après une série d’accidents fâcheux et de démissions subites. C’est que tout le monde ne supporte pas bien la manière très personnelle dont les Night Lords s’acquittent de leur mission de reconquête du Lebensraum impérial. Il y a des Croisés qu’il ne vaut mieux pas croiser dans une allée sombre…

Bien évidemment, dans la plus pure tradition des civils indisciplinés fourrés dans les pattes énergétiques des Space Marines, Ares décide de ne pas suivre le sage conseil de Sevatar, et bien évidemment, elle se met rapidement dans de beaux draps. Sa décision de grimper en haut d’un immeuble en ruines pour bénéficier d’une vision d’ensemble sur la cité « pacifiée » par les Night Lords se révèle être une mauvaise idée lorsqu’une petite bande de combattants locaux la repère et converge sur sa position, et sans doute pas pour lui demander de prendre une photo de groupe. Tout cela aurait pu très mal se finir pour notre héroïne sans l’intervention parfaitement ponctuelle des Night Lords, qui font leur fête aux insurgés, récupèrent la Commémoratrice égarée, et l’emmènent à quelques blocs de là rencontrer à nouveau Curze, qui a besoin de ses talents de communicante pour faire passer un message…

Début spoiler…Ce message, qu’il destine et dédicace à tous les pontes de Terra qui décident du devenir de la Grande Croisade sans y avoir jamais participé, et aussi cash que trash. Le rêve de l’Empereur est, dans bien des cas, un véritable cauchemar pour les populations des planètes qui résistent à l’assimilation, comme l’illustre bien le destin des Vestogorniens, victimes d’un grand remplacement littéral et expéditif pour faire la place aux colons impériaux. Faits prisonniers par les Night Lords, ils sont en effet précipités dans les puits géo-thermaux dont la cité tire son énergie, ce qui règle d’un seul coup les problèmes d’insécurité et de surpopulation auxquels Curze est confronté, en plus de se révéler économe en munitions. C’est Gégé de la compta’ qui va être content. Evidemment, Ares est scandalisée par ce crime de guerre puissance 30.000 auquel elle est forcée d’assister, mais est prise au dépourvu par le désir sincère du Primarque que cette vérité peu glamour soit partagée avec le reste de l’Imperium, et par la révélation (peut-être mensongère) que l’Empereur est déjà au courant de l’approche radicale de son fils indigne, et n’a rien trouvé à y redire… pour le moment. Curze insiste même pour récupérer les images et vidéos prises par Ares afin que les Community Managers de sa Légion puissent monter un petit clip d’avertissement sans frais pour les prochaines planètes que les Night Lords seront chargés d’ambiancer. Bref, tout le monde y gagne, et tout va (déjà) pour le mieux dans le meilleur des univers…Fin spoiler

AVIS:

Gav Thorpe fait le job avec cette chtite nouvelle, qui donne à voir les méthodes et philosophies d’un Konrad Curze encore loyal mais déjà fortement désabusé et totalement marginal, au plus fort de la Grande Croisade. Rien de tout cela n’est très nouveau, à part peut-être le fait que l’Empereur ait soi-disant choisi de fermer les yeux sur les méthodes incisives de l’ex futur Night Haunter, mais le propos est bien servi et mis en scène, et Thorpe ne se gêne pas pour souligner la logique dans la folie du Primarque justicier, qui fera finalement école dans les millénaires qui suivront. Quel visionnaire alors, ce Konrad. On a également plaisir à retrouver Sevatar, pas encore blanchi sous le harnais ni rougi sur le gantelet, et le voir faire du Sevatar (ADB style), c’est-à-dire balancer des remarques acerbes avec l’aplomb d’un Gaspard Proust sous progénoïdes. C’est du fan service certes, mais c’est pas mal fait et on aurait donc tort de s’en priver. Au final, ‘The Conqueror’s Truth’ est une version revue, corrigée et améliorée de ‘The Dark King’/’Le Roi Sombre’ (Graham McNeill), qui se donne l’espace et les moyens de délivrer son message de façon efficace.

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The Sinew of War – D. Hinks :

INTRIGUE:

Sur Macragge comme sur Terra, bien des millénaires plus tôt, la vile populace s’est soulevée contre ses justes et bienveillants maîtres, provoquant émeutes, massacres, feux de poubelle et occupations de ronds-points, tous crimes abominables mais heureusement sévèrement punis par les forces de l’ordre. Et en termes de répression policière, la capitale des 500 mondes a un avantage de taille et de poids par rapport à notre bonne vieille planète : Roboute Guilliman, génie précoce et baraqué, général visionnaire, humaniste convaincu, et fils adoptif du Consul Konor Guilliman, qui forme avec son collègue Gallan le duumvirat exécutif de l’espèce de république (il y a un sénat aussi) établie sur Macragge City. Occupé en Illyrium à pacifier une bande d’autochtones ayant eu la mauvaise idée de se rebeller contre l’ordre établi, notre héros a raté le début du soulèvement urbain qui a transformé la cité idéale de son enfance en champ de bataille. L’idéaliste, et un brin méprisant, surhomme a bien du mal à comprendre pourquoi diable une partie de l’armée s’est rangée du côté des casseurs, tout ça pour une bête histoire d’argent. C’est bien une réflexion de gosse de riches ça, Roro. Mais il lui faut attendre avant de consigner par écrit ses savantes réflexions sur les causes et les répercussions de ce mouvement social aussi inédit que violent : son père est resté dans la cité et a sans doute été pris pour cible par les fainéants et les sans dents. Il faut lui venir en aide.

Progressant rapidement vers le palais du Consul en distribuant quelques baffes aux mutins au passage, et utilisant son armure de scenarium pour passer entre les balles1, Gui est rejoint en chemin par Gallan, qui est venu lui aussi s’enquérir de la situation de son collègue de bureau. N’hésitant pas à joindre le geste à la parole, le Consul consort est même blessé dans la bagarre, écopant d’une estafilade au biceps pour preuve de son dévouement. Las, les deux compères arrivent trop tard pour sauver Konor (ce qui est triste) et les tapisseries (ce qui est pire). Papa Guilliman a été lâchement égorgé par ses assaillants, l’empêchant de dire adieu à son fils mais surtout de donner le nom des coupables. Bizarrement, il refuse catégoriquement que Roboute s’approche de lui dans ses derniers instants, allant jusqu’à le mettre en joue avec son pistolet pour le maintenir à distance. Le respect des gestes barrières jusqu’à la dernière seconde, on reconnaît bien là la trempe d’un vrai Macraggien. Konor a toutefois un message à faire passer à son fiston avant de mourir pour la patrie : une pièce frappée à l’effigie des deux Consuls de Macragge, et symbolisant le caractère éternel de la république, même en ces heures difficiles. Ou du moins, c’est ce que le cerveau embrouillé de Roboute en déduit, se souvenant d’une leçon de vie mémorable inculquée par son père avec un sesterce du même genre bien des années plus tôt. Sur ces considérations philsophico-fiduciaires, Konor passe de vie à trépas, provoquant une colère noire bleue chez son fils.

Convaincu par Gallan d’aller défendre le Sénat, probablement attaqué lui aussi par les vandales en sandales, Roboute sèche ses larmes et lèche ses armes, avant de se frayer un chemin jusqu’au parlement local en commettant quelques crimes de guerres au passage. On va dire qu’il bénéficiait de circonstances atténuantes. Pendant que Gallan tente d’aller raisonner les sénateurs, qui débattent férocement entre eux du meilleur moyen de châtier les gueux, Guilliman est envoyé se changer au vestiaire, son apparence dépenaillée risquant fort de provoquer des remous contre productifs dans les rangs de l’auguste assemblée. Cet enfilage de toge manque toutefois de tourner court pour le Primarque, qui se fait soudainement attaquer par le préposé aux cabines d’essayage, armé d’un poignard empoisonné. Le nez très fin de Guilliman lui permet de comprendre en un éclair que la même toxine a été utilisée sur Konor, et que c’est pour protéger son fils d’une intoxication involontaire que le Consul mourant l’a empêché d’approcher. Passé l’effet de surprise, l’assassin en puissance ne fait pas longtemps le malin face aux réflexes de mangouste et à la poigne de langouste de notre héros, qui ne parvient cependant pas à lui faire cracher autre chose que des bulles de bave (le bougre retourne son surn contre lui), à commencer par le nom de son commanditaire. Encore un crime crapuleux, c’est dingue ça. Il faudrait vraiment que les pauvres songent à être moins pauvres, ça réglerait beaucoup de problèmes d’un coup. Cette péripétie évacuée, il est temps pour Roboute de rejoindre Gallan sur l’estrade, afin de soutenir le coup d’état salutaire que ce dernier veut initier pour sauver la république…

Début spoiler…Mais, ô surprise, Rob’ est accueilli par un discours très critique de ce galopin de Gallan à l’encontre de son père, taxé de populiste et de socialiste par son homologue, et à l’annonce de son propre assassinat, pour le bien de Macragge. Evidemment, le « hum hum » que jette Guilliman juste après ruine un peu le groove de celui qui aurait bien aimé être empereur, qui se prend les pieds dans le tapis à tenter de justifier son double langage. Pas plus bêtes que la moyenne, les sénateurs comprennent vite que Gallan est le méchant de l’histoire, et qu’il a manigancé ce soulèvement populaire pour se débarrasser de ses rivaux et saisir le pouvoir. Roboute était parvenu à la même conclusion quelques instants auparavant en réalisant que la pièce que lui avait donné son père désignait en fait son meurtrier, puisqu’elle avait le profil de Gallan frappé sur ses deux faces2. Plus démasqué que Donald Trump au milieu d’une épidémie de COVID-19, le félon se fait appréhender par le service de sécurité, après que le noble Guilliman, ayant réalisé que tuer le traître de ses propres mains aurait été certes cathartique, mais contre-productif et contre ses valeurs, ait indiqué qu’il laisserait la justice suivre son cours. Devant tant de légalisme, les sénateurs ne peuvent que jurer allégeance au Primarque, exemple vivant d’une intégration réussie par un immigré méritant. L’histoire est en route pour Roboute…Fin spoiler

1 : Le pouvoir psychique caché de Guilliman est de faire voir flou à ses ennemis. C’est subtil mais très efficace. Ça marche malheureusement moins bien au corps à corps, comme Angron et Fulgrim le constateront.
2 : On pourrait dire qu’il aurait été plus efficace à Konor de simplement pointer du doigt Gallan au moment où lui et Roboute sont arrivés dans la pièce, mais l’histoire se serait terminée un peu brutalement.

AVIS:

Darius Hinks livre la version romancée de l’épisode le plus connu de la jeunesse de Roboute Guilliman (que David Annandale avait mystérieusement choisi d’ignorer dans la novella consacrée au Primarque), et le fait plutôt bien. Certes, si vous connaissez votre fluff, le suspense que l’auteur se donne du mal à entretenir jusqu’au bout de son récit tombe rapidement à l’eau, mais on ne peut pas reprocher à Hinks d’avoir voulu soigner sa sortie, et la relation de confiance qui existait auparavant entre les Guilliman et Gallan est un choix intéressant de sa part, qui peut en partie expliquer pourquoi le futur patron des Ultramarines a tendance à vouloir faire les choses tout seul de son côté. On glane également quelques informations sur la société de Macragge avant son intégration dans l’Imperium, ce qui est de l’ordre du notable. Il y avait sans doute moyen de capitaliser davantage sur cet événement fondateur pour expliquer la suite de l’histoire de Guilliman, voire l’Hérésie, voire le Sombre Imperium, ou, plus simplement, insérer quelques easter eggs saveur ultramarine (notons tout de même la mention faite à Tarasha Euten, Chambellan du Primarque et héroïne de l’audio book ‘Illyrium’ du même auteur) , mais pour une nouvelle de 16 pages, Hinks s’en sort très honorablement, autant sur le plan théorique que pratique.

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The Chamber at the End of Memory – J. Swallow :

INTRIGUE:

Comme tous les créatifs peuvent vous le dire, ce sont les derniers moments avant le rendu final qui sont les plus stressants. Et bien que Rogal Dorn ne mérite pas franchement ce qualificatif, il partage néanmoins ce souci du détail et cette tendance au micro-management qui distingue les génies et les pervers narcissiques du reste de la population. Ayant pris son hoverboard gravitationnel et son mécapigeon holographique1 pour inspecter l’avancée des travaux, l’Homme de Pierre corrige et réajuste les milliers de petites variables qu’il est le seul à voir mais dont la victoire dépendra peut-être. Après tout, si Horus tombe des fortifications après avoir glissé sur un gravillon énergétique, la guerre sera tout de même gagnée. Alors qu’il s’approche de l’Investiary, l’amphithéâtre anciennement décoré de 20 statues monumentales de la fratrie impériale, et dont deux des plinthes sont maintenant vides, une explosion attire son attention. Il semblerait que l’une des tours de stockage de la zone ait contenu du nitrate d’ammonium, et pas les précieuses antiquités collectionnées par Malcador le Sigilite, qui avait demandé au Prétorien de Terra de ne pas raser le quartier pour en faire des gravillons (énergétiques), comme il en a la sale habitude. N’écoutant que son statut de protagoniste de nouvelle, Rogal se hâte sur les lieux pour mener sa petite enquête.

Sur place, il constate qu’un début d’incendie a ravagé la façade, et que l’équipe en charge de l’audit/expropriation/démolition a connu une fin horrible et peu commune, les cadavres jonchant l’intérieur du bâtiment semblant avoir été causé par des ondes de choc, des explosions internes ou vaporisations pures et simples de l’individu, ce qui n’est certes pas banal. Pas banale non plus est la sensation persistante et croissante qu’éprouve le Primarque qu’il doit faire demi-tour au fur et à mesure qu’il progresse vers l’épicentre de la catastrophe. Ce mauvais pressentiment n’est pas suffisant pour arrêter la marche (du fils) de l’Empereur, mais les apparitions psioniques (des démons libres de droit, pour faire simple) qui l’attaquent dès qu’il pose le pied dans l’antichambre finale le convainquent de consulter un spécialiste, une fois les fâcheux renvoyés dans le Warp. Et justement, il a une soute pleine d’Archivistes sous scellés en orbite, qui n’attendent que son bon vouloir ou l’arrivée d’Horus pour se rendre utiles2.

Le destin ayant désigné le frère Yored Massak pour prêter main, ou plutôt tête, forte à son Primarque, nous suivons les deux guerriers revenir jusque dans la salle piégée, où les horreurs éthérées re-spawnent avec diligence, pour se faire à nouveau bannir en deux temps trois mouvements par nos héros. Si ces derniers étaient prêts à combattre des ennemis de cette trempe, qui ont fait leur fête aux malheureux larbins ayant eu la mauvaise idée de vouloir faire leur boulot, ils se figent sur place en remarquant les symboles qui marquent les deux gigantesques portes qui terminent le corridor : II et XI

Il s’agit bien entendu d’une référence aux deux Primarques disparus, frappés d’anathème par l’Empereur en personne, mais dont l’éphémère existence reste de notoriété publique au sein des Légions de l’Astartes. Pendant que Dorn se creuse les méninges pour percer ce mystère insondable, Massak parvient finalement à mettre le doigt, ou plutôt la tête, sur le sentiment de déjà perçu qui l’habitait depuis son entrée dans la tour. L’installation psychique de cette dernière a été effectuée par Malcador en personne, l’Archiviste repentant en est certain. Et l’intéressé confirme aussitôt sa déclaration, en arrivant sans crier gare dans la pièce. Ayant envoyé Massak poser des parpaings à l’extérieur pour avoir un peu d’intimité, le Régent de Terra a enfin la possibilité de s’expliquer auprès d’un Rogal Dorn qui sent de manière confuse qu’il s’est fait mindfucker par l’éminence grise dans un passé plus ou moins lointain. Il ne s’explique en effet pas son absence totale de souvenirs de Deuzio et Onzio, alors qu’il dispose d’une mémoire eidétique tout ce qu’il y a de plus primarquielle. Et Malcador d’avouer que c’est bien lui qui est responsable de ce trou de mémoire généralisé, touchant à la fois les Astartes des Légions décapitées (avant qu’ils puissent être réformés et repackagés), mais également les Primarques ayant connu personnellement les fils indignes de Pépé. Mais attention, il avait une bonne raison de le faire, se dépêche-t-il d’ajouter avant de finir tronçonné par l’Homme de Pierre : c’est Dorn et ses frères eux-mêmes qui lui avaient demandé un brainwash pour permettre à l’Imperium de se relever d’une tragédie si terrible qu’elle avait manqué de le mettre à genoux. L’Empereur, comme à son habitude, avait tout vu/su mais n’avait rien dit/fait. Classic MoM move here.

À moitié convaincu par l’explication du Sigilite, qu’il ne peut plus blairer depuis le début de la fortification de Terra, Dorn fronce les sourcils tellement fort que son interlocuteur décide de lui accorder un droit de flashback limité et provisoire sur son passé oublié, afin qu’il puisse se rendre compte par lui-même de la bonne foi du Régent. EVIDEMMENT, le lecteur ne sera pas convié à cette introspection douloureuse, dont les effets se dissipent rapidement mais qui convainc Dorn de la véracité des dires de Malcador, et surtout de la nécessité que ce passé, semble-t-il absolument honteux, de la Grande Croisade ne refasse jamais surface. Lorsqu’il ressort de la tour, il ordonne donc aux équipes venues en renforts de la détruire (plus de gravillons !). De toute façon, Massak avait achevé une copie conforme du bâtiment avant que le sort ne soit rompu par un claquement de doigts de Rogal Dorn, ce n’est donc pas une grande perte d’un point de vue stratégique.

1 : Surtout pour se délecter de le voir ch*er sur les hélotes en contrebas, je pense. Il faut bien trouver un moyen d’évacuer le stress quand on ne boit/fume/joue/prie/couche/rigole pas.
2 : Enfin, plus utiles qu’ils ne le sont à l’heure actuelle, le tricotage d’écharpes pour les soldats impériaux de faction sur les murailles du Palais n’exploitant pas tout le potentiel des Anges de la Mort susnommés.

AVIS:

James Swallow touche à l’un des mystères fluffiques les plus importants du background de l’Hérésie d’Horus dans ce ‘The Chamber…’ et parvient à nous vendre une once de révélations sur la destinée des Primarques disparus comme s’il s’agissait d’une avancée majeure du lore. C’est en tout cas le sentiment qui dominait chez votre serviteur à la fin de la lecture de cette nouvelle, qui contient trop de micro-informations et de sous-entendus sur lesquels gloser à l’infini pour ne pas mériter sa place dans la liste de lecture de tout fanboy/girl revendiqué.e. Mais on n’est certes pas au niveau d’un ‘Legion’ ou d’un ‘Saturnine’ en termes de coup de théâtre, ce qui est somme toute logique pour une histoire au tirage assez confidentiel telle que ‘The Chamber…’. Notons au passage la présence que quelques bouts de fluff « autres » au fil des pages, qu’il s’agisse du Palais Impérial ou de l’armement de Rogal Dorn, ainsi que le retour d’un second couteau souvent employé par Swallow en la personne de Yored Massak (‘La Fuite de l’Eisenstein’, ‘Garro’), et restons-en là.

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First Legion – C. Wraight :

INTRIGUE:

Spécialistes reconnus des campagnes pourries, les Dark Angels ont bien du mal à exterminer les Rangdan, espèce de Xenos experte en subterfuges et en tentacules, ce qui n’est guère du goût des roides et psychofrigides paladins de la Première Légion. Malgré tout, un ordre est un ordre, et les Astartes poursuivent leurs vaillants et violents efforts pour sécuriser ce petit bout de l’empire de leur Pépé, menés par nul autre que Lion El’Jonson en personne. Nous faisons tout d’abord la connaissance du Capitaine Arnaid, 45ème Compagnie, 8ème Ordre, 1ère Légion, dont la frégate a connu des jours meilleurs, mais qui n’hésite pas le moins du monde à intercepter le mystérieux vaisseau qui fait irruption dans la zone de « pacification » avec son Nightsward, bien que le nouveau-venu soit plus imposant et en meilleure forme. Alors que le Capitaine est sur le point d’ordonner un tir de semonce, ses salutations répétées n’ayant pas été retournées par les touristes en goguette, ceux-ci daignent enfin répondre, par la voix d’un autre officier Space Marine, un Capitaine de la nouvellement formée XXème Légion répondant au nom de…

Début spoilerJules-Edouard Petitbedon.

Bon ok : il s’appelle Alpharius. Incroyable, je sais.Fin spoiler

Alpharius s’excuse de ses manières cavalières et de son manque de décorum (son vaisseau, Perseus, a l’air d’avoir quitté les docks spatiaux avant que le Mechanicum n’y passe un coup de peinture), mais annonce qu’il est venu porteur de nouvelles pour Lion El’Jonson.

Pendant ce temps là, nous nous introduisons dans une réminiscence de Lionel en personne, du temps où il était un enfant sauvage qui courait cul nu dans les forêts de Caliban. Notre petit bonhomme semble être occupé à traquer une bête particulièrement bestiale, seulement armé d’une défense de phacochère nain et de sa volonté implacable. Wraight nous fait bien comprendre que c’est la destinée même d’El’Jonson qui est à l’œuvre ici, et entraîne le jeune Primarque au clash contre un monstre que la partie raisonnable/froussarde de Lionel aimerait éviter si possible. Pause pub.

Retour sur le Nightsward, où Alpharius est reçu par son homologue. Constatant qu’il ne sert à rien de féliciter ce dernier sur son goût (pratiquement inexistant) en matière de décoration d’intérieur, ni de tenter de piquer la curiosité (totalement inexistante) de l’austère Terran, l’Alpha Légionnaire qui s’ignore1 tente de soutirer quelques infos psychologiques et tactiques à Arnaid en jouant la carte de la franche admiration pour les exploits et la réputation de la Première Légion, avec un succès relatif. Ces oiseuses discussions sont toutefois interrompues par la réception d’un message autorisant Alpharius à voyager jusqu’à l’Invicible Reason pour y rencontrer Lion El’Jonson, avec Arnaid lui servant de Kaptain pour l’occasion. Simple déformation professionnelle, en somme.

Suite et fin du documentaire animalier commencé un peu plus haut avec la confrontation entre Lionel et sa Némésis, qui se trouve être un chevalier en armure. Car en fait, le zouave qui courrait dans la savane avec son coutelas d’ivoire n’était pas le Primarque, mais une sorte de démon ayant pris forme humaine, et décidé de mettre fin à l’écocide décrété par le chef de l’Ordre. Malheureusement pour notre ami, ce dernier se révèle être un adversaire trop coriace pour ses maigres ressources, et il finit promptement embroché par la rapière du palouf. Voilà qui lui apprendra à ne pas usurper, même littéralement, l’identité d’autrui. Avant de repartir dans le Warp, le Rahan de Caliban a le temps de traiter son assassin de « Premier Fils » et de l’accuser d’être « la mort de son monde », ce à quoi Lionel répond que son titre correct est le tueur de bêtes. Fin de l’épisode.

Sur l’Invicible Reason, le Dark Archangel reçoit comme convenu Arnaid et Alpharius, qui est en fait venu lui proposer un coup de main, en toute amitié2, pour en finir avec la campagne d’extermination des Rangdan. Les pertes terribles souffertes par la Première Légion menacent en effet son statut et son prestige par rapport à ses sœurs, et pourraient faire échapper à El’Jonson le titre de Maître de Guerre, que ce visionnaire d’Alpharius anticipe déjà qu’il sera décerné par l’Empereur à l’un de ses fils dans un futur pas trop lointain (dès que les 20 Primarques auront été retrouvés en fait…wait a minut-). Bien que ne contestant pas l’argumentaire de son petit neveu/frère, Lionel se montre méfiant devant l’intérêt qu’il semble attacher à la prédominance des Dark Angels dans l’équilibre politique de l’Imperium, et après avoir menacé de le couper en deux, en toute amitié, pour le forcer à exposer ses véritables motifs (Alpharius n’aime vraiment pas Guilliman), il le renvoie sur son vaisseau où il lui fera savoir sa réponse sous une heure. Resté seul avec Arnaid, El’Jonson consulte son Capitaine pour avis secondaire, avant de lui révéler que l’énorme poids de… sa parole donnée l’empêche et l’empêchera toujours de placer son intérêt personnel avant celui de son seigneur. C’est sur cette déclaration de loyauté véritablement désintéressée que se termine notre histoire, qui démontre à quel point Lion El’Jonson est un végétal politique. Un concombre, pour être précis.

1 : Il insiste pour être désigné comme être membre de la XXème Légion, sans autre précision. Quel coup de chance tout de même qu’il ait le même nom que le Primarque pas encore découvert de cette dernière
2 : Et surtout parce qu’il ne peut pas blairer Guilliman, ce qui lui fait un point commun avec Lionel.

AVIS:

On retrouve dans ‘The First Legion’ le goût de Chris Wraight pour des petits exposés au débotté sur la géopolitique impériale au moment de la Grande Croisade (tendance déjà aperçue dans ‘Leman Russ : Le Loup Suprême’), et c’est tant mieux si vous voulez mon avis. S’il ne se passe pas grand-chose dans cette nouvelle, on n’en ressort pas pour autant frustré de sa lecture, l’échange entre Alpharius et Lion El’Jonson, qui permet d’identifier les points communs et les différences entre le premier et le dernier de cordée et leurs Légions respectives, ainsi que d’en apprendre un peu plus sur la manière dont les Legiones Astartes étaient perçues par Terra au moment où Pépé songeait à partir en pré-retraite dans le Bhoutan profond, valant son pesant de papier. Lionel y apparaît comme le type imbuvable socialement (il le reconnaît lui-même d’ailleurs) mais irréprochable moralement que les derniers ouvrages de l’Hérésie tendent à dessiner, tandis qu’Alpharius est dépeint comme un intrigant de première, n’ayant aucunement besoin d’un slideshow de la Cabale pour trouver des raisons de comploter dans le dos de tout le monde. Bref, une soumission solide de la part de Chris Wraight, qui fait honneur à ses deux Légions secondaires avec cette nouvelle.

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Embers of Extinction – B. Easton :

INTRIGUE:

Embers of ExtinctionSouvenez-vous de la bataille de Phall. En toute objectivité, Perturabo s’y était fait botter le joint de culasse par un Alexis Polux héroïque en défense, et qui aurait même pu remporter l’affrontement si son pôpa ne lui avait pas hurlé de rentrer tout de suite à la maison depuis la fenêtre du Palais Impérial au pire moment (‘The Crimson Fist’). Ce qui s’est passé immédiatement après cet épisode honteux pour les Iron Warriors, Brandon Easton propose au lecteur de le découvrir ici.

Notre récit commence sur les pondérations mathématiques et paléolithiques du Primarque de Fer alors que le Capitaine Vort de l’Iron Blood passe en revue les pertes subies par la Légion durant le tragique épisode phallique. Il ne faudra pas s’étonner si les Légionnaires développent des complexes à ce niveau et commencent à surcompenser. Bien loin de remettre en question le bien fondé de sa stratégie, dont l’implacable logique se contrefiche bien de quelques dizaines de milliers de morts et centaines de vaisseaux détruits ou endommagés, Perturabo cherche au contraire à maximiser les pertes chez les Imperial Fists, et ordonne donc la poursuite de trois croiseurs loyalistes jusque dans le système de Tarkovsky Epsilon. Une tâche bien triviale pour un vaisseau de type Gloriana, mais si on ne peut plus exercer ses penchants sadiques rigoler de temps en temps, où va la galaxie ma bonne dame ? Comme on peut s’y attendre, le Pylades, le Ramses et la Dévastation ne font pas de vieux os face à la fureur mathématiquement appliquée de l’Iron Blood. Avec un torpillage en règle, un écrasement provoqué sur une géante gazeuse et un éperonnage en bonne et due forme, Pervers Peper’ se paie même le luxe de marquer des points de style en offrant à chacune de ses victimes une fin personnalisée. S’il avait eu un nombre suffisant de victimes, on peut imaginer que l’un des vaisseaux de Dorn aurait été intégralement mastiqué, avalé, digéré et déféqué par son intraitable frangin afin de varier les plaisirs d’un côté et les insultes de l’autre. Et on ose dire que Perturabo n’a pas l’âme d’un artiste !

Cette sidequest rondement menée, le bourreau d’Olympia consent enfin à reprendre des activités normales, comme par exemple se rendre sur Hydra Cordatus, où l’attendent Fulgrim et ses Emperor’s Children, ainsi qu’un nouveau camp retranché romain Imperial Fists à raser de fond en comble, afin de prouver à l’Empereur qu’il est le plus brave de tous les peuples de la Gaule, ou quelque chose comme ça. Tout cela a été couvert dans ‘Angel Exterminatus’ et nous intéresse donc pas ici. En revanche, Easton se permet de meubler un autre « blanc » du parcours hérétique de son héros, précisément le moment qui suivit la remise de Forgebreaker à Perturabo par Horus en gage d’une bro-itude éternelle. L’épisode ayant eu lieu quelques semaines après la purge de sa planète d’adoption, il est somme toute logique que le Primarque se soit retrouvé avec un peu de temps à tuer, après avoir épuisé tout son stock d’Olympiens (à tuer également, pour ce qui ne suivent pas). Malgré la perfection manifeste de son cadeau, forgé par Fulgrim en personne, Perturabo ne put s’empêcher d’apporter de nombreuses modifications à l’arme, dont un changement de son centre d’équilibre afin d’en maximiser les dégâts1. Cette longue session de forge fut également l’occasion d’échanger quelques aphorismes impatients et acérés avec un de ses fistons, le pâle autant que curieux Arhalin, dont les questions lancinantes ne s’avèrèrent pas assez stupides pour que son père juge bon de l’utiliser comme sac de frappe pour tester son nouveau jouet. Cela ne s’est pas joué à grand-chose, ceci dit…

1 : Et également (et surtout) pour déconcerter et handicaper un éventuel adversaire qui tenterait de retourner Forgebreaker contre lui. Easton a tapé dans le mille avec ce mélange de paranoïa absurde et de rationalité implacable, tout à fait « perturabien » dans l’esprit.

AVIS:

Débuts solides et sérieux pour Brandon Easton, qui n’a pourtant pas choisi la facilité en documentant deux épisodes de la vie de Perturabo prenant place entre plusieurs périodes et événements déjà traités par d’autres auteurs avant lui (French, McNeill et Haley, pour n’en citer que trois). Le risque de faux raccord s’en trouvait logiquement accru, mais le rookie s’est fort bien acquitté de sa tâche, en inscrivant sa prose dans la droite ligne de celles de ses prédécesseurs. Au passage, il confirme et souligne le portrait psycho-rigide et surhumainement intransigeant de l’Homme de Fer à l’aide d’exemples et d’illustrations de son cru, ce qui permet d’envisager Perturabo sur un jour à la fois un peu différent et totalement cohérent avec le reste du corpus hérétique (que j’ai lu). Tous les Primarques et personnages de l’Hérésie n’ayant pas eu cette chance, pour diverses raisons (au rang desquelles le manque de recul et de préparation de nouveaux auteurs), je me devais de saluer le sans-faute d’Easton à cet endroit.

J’ai également bien aimé les raisons convoquées par l’auteur pour expliquer pourquoi un être aussi rationnel et résilient que le fils d’Olympia a fini par commettre l’inexplicable : trahir son Père et l’Imperium pour le Chaos. Selon Easton, ce serait – en partie – à cause de la trop grande tolérance de Pépé envers le mysticisme et les chicaneries en tout genre dans lesquelles le genre humain à tendance à se vautrer naturellement. Pour un progressiste hard boiled comme Perturabo, il aurait fallu guider l’humanité au forceps vers un idéal de perfection scientifique et technique, en extirpant au passage tous les corps et concepts « mous » venant freiner la transition. Ce à quoi on pourrait répondre que c’est justement ce à quoi l’Empereur tendait, comme sa tentative malheureuse d’excommunier le fait religieux l’a laissé apparaître. Sans doute était-ce trop peu et trop tard pour son intraitable fiston, dont la patience a fini par craquer à la suite de sa campagne cauchemardesque contre les Hruds et l’annonce de la trahison d’Olympia. Cette nouvelle nuance de gris sur la palette de la trahison de l’Iron Man vient enrichir le camaïeu de sa psyché (si si), sans jurer avec les touches déjà apportées par les biographes précédents de notre homme. Pas mal du tout. J’ai donc hâte de lire la suite des travaux de Mr Easton pour la BL, en espérant qu’il reste dans cette veine.

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Lupus Daemonis – G. McNeill :

INTRIGUE:

Sur Cthonia, la vie est d’une dureté et d’une violence absurde. Les meurtres et pillages sont monnaie courante (par contre il n’y a pas de monnaie, c’est trop avancé pour cette brillance société), les dizaines de clans tribaux se disputant ressources et territoires passant leur temps à se fritter les uns aux autres. Une vie humaine vaut moins qu’un couteau à huître bien aiguisé, et on apprend aux enfants dès leur plus jeune âge à ne pas se laisser prendre vivant par l’ennemi1. Les ados ne rêvent que du jour où ils auront tué leur premier adversaire au combat, mutilé son cadavre et gagné le droit de faire la ola autour de leur suprême leader pendant qu’il décapite à l’opinel une malheureuse victime. Bref, c’est du grim.extra.dark auquel nous avons droit en guise de décor, dans lequel évolue tant bien que mal notre héros Nagui. Euh pardon, Nergüi.

Nergüi occupe une place à part, et pas vraiment enviable, parmi les Reivers (son clan d’adoption). Il a été trouvé en train de pendouiller à un croc de boucher par le puissant Khageddon, qui décida de le sauver du destin de cheeseburger auquel il était destiné, pour des raisons qu’il a lui-même du mal à s’expliquer. En fait, toute la tribu déteste et craint en même temps Nerguï, dont le nom signifie « personne » dans le chantant dialecte chtonien. Ce patronyme lui a été donné par Khageddon, là encore sur un éclair de génie non expliqué, et soi-disant pour assurer la protection des Reivers. La menace qui pèse sur ces derniers est laissée à l’imagination du lecteur, mais ce n’est en tout cas pas Nerguï qui y contribuerait de façon sérieuse. Notre héros est un avorton couturé de cicatrices, doté d’un corps de lâche mais d’une résilience hors du commun, ce qui l’aide à encaisser les nombreuses bastonnades auxquelles il est régulièrement sujet. Ah, et il a des yeux gris vert aussi. Qui doivent sans doute servir à envoyer des clins d’œil au lecteur sur sa véritable identité, au cas où cela serait nécessaire.

Après avoir vu ses camarades être « diplômés » sans lui grâce à leur participation à un raid contre les Deeprats, avoir échappé de peu à la mort des mains du bully de service, balancé le cadavre de celle qui a eu le malheur de prendre sa défense et s’est donc faite poignarder pour la peine dans une faille magmatique, avoir failli être poussé à son tour dans la faille par ce père indigne de Khageddon (qui passait par là et ne maîtrise pas bien ses pulsions), le tout en l’espace de 82 minutes, Nerguï décide qu’un petit break ne lui ferait pas de mal. Il part donc  pour la surface de Cthonia voir si l’herbe y est plus verte, ou la lumière plus bleue, que dans les cavernes des Reivers. Sur le chemin, il croise un supplicié en fin de vie qui lui servira de toute première victime (on n’oublie jamais sa première fois il paraît), avant d’arriver enfin à l’air libre.

Là, après avoir constaté que tout est aussi abandonné qu’on le lui avait dit, mais construit à l’échelle 3:1 (ce qu’on ne savait pas, et qui ne sert à rien dans l’histoire, mah bon), il perturbe les fouilles entreprises par ce que l’on devine être une expédition de l’Adeptus Mechanicus. Les Skitarii de garde ayant réglé leur protocole d’interaction avec les locaux sur le mode ‘Murica, ils tirent à vue sur le pauvre Nergüi, qui parvient tout de même à en tuer un au corps à corps et à lui piquer son fusil avant de repartir en sous-sol. S’il espère que le récit de ses exploits et le cadeau de ce trophée peu banal à Khageddon lui permettront de se faire accepter comme guerrier scarifié chez les Reivers, il lui faudra rapidement tempérer ses espérances. Sous ses abords de brute épaisse, Khag’ est un érudit, qui comprend que son punching ball adoptif s’est fait un ennemi un peu plus balèze que les bandes de goules aux yeux bleus qui hantent la surface de Cthonia. Il lui met donc une mandale paternelle pour lui apprendre la vie pendant que le plafond commence à s’écrouler sur la tribu, catastrophe causée par l’arrivée en termite des forces du Mechanicum. Il faut croire qu’ils pucent tout leurs fusils. Qui pourrait les en blâmer ceci dit.

Dans le séisme qui s’en suit, Nerguï, qui est passé en mode adolescent rebelle en lutte contre l’autorité depuis sa sortie à l’air libre, décide pour la première fois de rendre les coups, et plante donc son couteau dans le cœur de Khageddon, pour l’ensemble de son œuvre dirons nous. Mais attention, il le fait avec la bénédiction de ce dernier, dont les desseins resteront à jamais un mystère pour la science je pense. Dans ses derniers moments, Khageddon accomplit sa cryptique destinée en chuchotant à l’oreille de Nergüi son véritable nom. Et là, surprise.

Non pas qu’apprendre que Nergüi = Horus soit à ce stade une révélation sidérante (si c’est le cas, vous avez peut-être raté le titre de l’ouvrage et le titre de la nouvelle, qui donnaient tout de même des bons gros indices, hein). Mais c’est ce que cette connaissance déclenche chez notre héros qui est proprement bluffant. En quelques mots, Horus apprend par cœur tous les articles de Wikipedia, et envoie un poke psychique à son Pépé qui attendait telle la sœur Anne dans sa tour terrane, et contemplait la galaxie d’un air pensif en se demandant ouksé que ses fistons étaient, nom de Lui-Même. L’Empereur a alors ces trois mots éternels : +Pas trop tôt+, qui font, par absence de meilleure image, évoluer Horus. En mode Pokemon, exactement. Adieu au Magicarpe maigrichon et emo qu’était Nergüi, et bonjour au Léviathan majestueux mais colérique qu’est Horus. La nouvelle se termine sur la promesse d’une réunion prochaine entre le Père et le fils, si tant est que ce dernier ne massacre pas à mains nues les pauvres émissaires de l’Omnimessie. Ça m’étonnerait pas qu’il ait un trouble du caractère, ce petit gars.

1 : On les abandonne aussi dans les souterrains pour voir s’ils ont un sens de l’orientation correct. C’est une éducation complète(ment barge).

AVIS:

Graham McNeill ne fait pas dans la subtilité avec cette nouvelle horusienne, aussi larger than life que son héros (quand il adopte enfin sa forme finale, s’entend). Si le lecteur voulait avoir des révélations sur l’enfance du Primarque #1, avant que l’Empereur n’obtienne le droit de garde, il en aura certes pour son argent. Savoir que penser de ces révélations, qui posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses, est en revanche un débat distinct, auquel je soupçonne qu’il est encore trop tôt pour pouvoir participer. Au moment de sa publication, ‘Lupus Daemonis’ entraîne en effet le fluff hérétique sur des rivages inconnus (le stade « larvaire » des Primarques – à moins que Horus soit le seul concerné –, à ma connaissance jamais décrit à ce stade, mais également l’espèce d’aura de destinée manifeste qui entoure Nergüi et influence, de façon tellement grossière que tout le monde s’en rend compte, les actions de ses proches), que l’on pourrait considérer comme un peu too much de la part de McNeill, si « tard » dans la saga et sans donner plus d’explications. Mais comme cet auteur a prouvé qu’il adorait dérouler ses arcs sur le temps long, et qu’il lui reste encore quelques occasions de revenir sur l’origine d’Horus (au moment où cette chronique est écrite tout du moins), il se peut que ces additions volontairement choquantes soient intégrées de manière plus harmonieuse dans le reste du background de l’Hérésie en fin de compte1. Quoiqu’il en soit, on tient avec ‘Lupus Daemonis’ l’un des must-read des nouvelles Primarques, non pas par sa qualité intrinsèque (vous l’aurez deviné), mais par ses apports à l’historique du personnage principal de la série.

1 : Si c’est le cas, j’espère que McNeill expliquera également comment Cthonia n’est pas devenue une planète chaotique, vu l’anarchie sanglante et sadique qui y règne depuis des décennies. Je comprends que ça permet de renforcer la vibe « enfance difficile » d’Horus, mais si on pouvait éviter de s’arranger avec un des concepts cardinaux du lore de 40K, ça m’arrangerait.

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Skjalds – N. Kyme :

INTRIGUE:

Un monstre rôde dans l’arrière-pays de Fenris, attaquant des villages isolés et massacrant tous leurs habitants, depuis le huskarl sans défense jusqu’au bébé sans peur. Un jeudi normal sur un monde hostile, en quelque sorte, sauf que le monstre en question came to the wrong neighborhood, à savoir celui de Baerelt, Torvur, Ulfvye et Laggenhuf. Ces quatre hardis chasseurs ayant chacun perdu un ou plusieurs êtres chers dans l’attaque de l’innommable et innommée bestiole, ils ont fait le serment de traquer cette dernière et de mettre fin à ses déprédations. Et tant pis pour la biodiversité terrestre fenrissienne, qui se porte parfaitement bien vous pouvez me croire. L’histoire commence alors que notre petite bande est en train d’essayer d’allumer des torches pour y voir quelque chose dans la tempête de neige nocturne qui s’est abattue sur eux. Ce qui est bien le cadet de leurs soucis, car des profondeurs de la toundra jaillit bientôt un mini boss, une draugr.

Cette dernière (car le cadavre desséché et tirant la langue qui fond sur les chasseurs pour leur rouler des gamelles est indubitablement féminin) donne du fil à retordre aux humains, qui finissent toutefois par en venir à bout d’un jet de torche bien placé, mais perdent une lance dans la bataille. Ce qui est presque aussi grave que la mort d’un guerrier, si on écoute le vieux ronchon de service (mais expert en lance, sans doute parce qu’il a le bras fort), Ulfvye. Malgré l’issue heureuse de cette bataille, il ne fait pas de doute pour Baerelt que la draugr n’était qu’une vamp opportuniste, et pas la bête responsable de tous les malheurs de sa communauté. La petite troupe reprend donc sa marche sous un léger crachin (humour), et finit par bivouaquer dans une caverne miraculeusement vide de tout prédateur alpha. Le temps gagné à ne pas avoir à faire la peau à un phacochère laineux ou à un gigagolin est utilement mis à profit pour échanger quelques récits épiques au coin d’un feu de brindilles. Transformés en skjalds pour l’occasion, les compères s’écharpent sur la véridique légende du Russ, l’incarnation de l’hiver fenrissien, considéré par l’un comme un géant à lance de gel, par l’autre comme une tempête de neige douée de raison, par le troisième comme un loup géant qui accompagne les âmes dans l’autre monde, et par le dernier comme un roi. Et comme le gage de cette veillée était manifestement le premier tour de garde pour l’histoire la plus pourrie, c’est Baerelt le barbant qui s’y colle.

Le lendemain, les chasseurs se remettent en route et parviennent à un village qui a reçu la visite du monstre il y a peu de temps, comme les cadavres massacrés et à moitié boulottés des habitants en témoignent. S’étant rendus compte que quelque chose ou quelqu’un était toujours présent sur place, nos héros convergent sur la salle commune de la bourgade, qu’ils trouvent en effet occupées par un animal gigantesque, recouvert d’une fourrure hirsute, munis de crocs acérés et dégageant une odeur abominable. Vous l’avez compris, c’est Leman Russ en personne (qui se fait appeler ici Jotun, pour préserver son anonymat sans doute) qui fait son apparition dans l’histoire, et après avoir indiqué aux traqueurs tétanisés par son aura primarquielle qu’il est également sur la piste du gros gibier, accepte que ces derniers le suivent dans son pistage. Il a pour cela une méthode infaillible : suivre les loups.

Sortis du village à la suite de leur nouveau copain, Baerelt et Cie ne tardent pas à se rendre compte que si les loups peuvent être suivis, ils peuvent également suivre. Aussi, lorsqu’une meute de six herravargr (des loups géants) encercle le club des cinq au sommet d’une falaise, l’ambiance retombe un peu. Le combat qui s’en suit se termine par une nouvelle victoire de l’équipe bipède, en grande partie grâce à l’intervention efficace de Jotun, mais Ulfvye est gravement mordillé dans la bagarre, ce qui ralentit la progression de ses camarades. Comme la veille au soir, les chasseurs passent le temps en devisant au coin du feu et c’est au tour de Jojo de donner sa version du mythe de Russ, qu’il connaît sans doute mieux que la moyenne. Et en toute modestie, il choisit de raconter son histoire (sans dire qu’il s’agit de lui, évidemment), celle de l’enfant sauvage élevé par les loups et adopté par un roi de Fenris, avant que l’Empereur ne vienne plomber l’ambiance d’un petit gueuleton entre copains, on connait la suite.

Le jour suivant, la traque reprend et amène les chasseurs jusque dans une forêt, où ils croisent un Wulfen bien amoché sur le bord du sentier. Il ne fait aucun doute que le lycanthrope a combattu la bête (et a perdu), mais plutôt que de venir en aide à son fiston poilu, Jotun continue sa route en laissant le wyrd du comateux faire son office. Un peu plus loin, c’est le grand ménage parmi les suiveurs du Primarque, Ulfvye décédant d’une hémorragie interne, et Torvur et Laggenhuf ratant leur test de commandement lorsqu’ils entendent le monstre faire sa balance en préparation du combat final. Ne reste donc plus que Baerelt pour sauver l’honneur des péquenauds de Fenris, ce qu’il fait en partant à la poursuite de Jotun, qui n’a pas attendu de voir qui lui collait au train pour régler ses comptes avec le monstre de la pampa…

Début spoiler…Ou plutôt, les monstres. Car c’était un bien un couple d’ours géants avec des bois de cerf, ou beer en langage scientifique, qui était responsable de tout ce tintouin. N’étant venu qu’avec une hache même pas énergétique pour mieux se fondre dans la masse, Leman se retrouve rapidement dans le mal. Et même si l’andouille parvient à saisir un de ses adversaires par les andouillers, dans le but de lui tordre le cou jusqu’à ce que mort s’en suive, cette manœuvre n’a de chances d’aboutir que si elle n’est pas interrompue. Il faut donc que quelqu’un distraie Maman Ours jusqu’à ce que Boucles d’Or ait fini le sale boulot. Et ce quelqu’un, ça ne peut être évidemment que Baerelt. Enfin, pendant à peu près trois secondes, car notre héros est ensuite rejoint par le Wulfen croisé un peu plus tôt, assez remis de ses émotions pour demander une revanche à ses vainqueurs. Bilan de cette deuxième manche : une nouvelle victoire de la grande ourse sur Mini Loup, qui finit la baston en deux morceaux, mais de très peu. La bête fauve s’écroule en effet quelques instants plus tard, cannellisée à titre posthume par le Space Wolves déchu1. En arrière-plan, Jotun avait réussi à décoller les cervicales à l’autre affreux, ce qui met fin aux déprédations de Baloo et Baloote. Notre histoire se termine sur l’arrivée d’un Thunderhawk, venu raccompagner le patron vers le Croc où une mission importante l’attend sans aucun doute. On ne peut pas passer sa vie à se ressourcer dans la nature quand on est un Primarque, et c’est bien dommage…Fin spoiler

1 : Ce qui est finalement un destin enviable pour un membre du rout, puisque cela fait ch*er les Dark Angels.

AVIS:

Nick Kyme revient à ses anciennes et velues amours (les Salamanders étant plutôt écailleux, comme chacun sait), avec ce récit fenrissien de facture classique. Fort heureusement pour nous, l’auteur a progressé, ou s’est davantage intéressé à son sujet, depuis l’époque héroïque de ‘Thunder from Fenris’ et ce ‘Skjalds‘ s’avère être une lecture plaisante… au premier degré1. Si l’intégration de cette histoire dans l’anthologie ‘Blood of the Emperor‘ retire évidemment tout suspens sur la véritable identité de Jotun, cette absence de surprise est compensée par d’autres éléments intéressants, à commencer par une intrigue plus surprenante (là encore, dans le bon sens du terme) qu’à l’accoutumée pour une nouvelle de Kyme: le premier accrochage avec le.a draugr, dont on ne sait pas s’iel est le monstre traqué par les chasseurs constitue ainsi une sorte de prélude sympathique au reste du récit. Le choix de l’auteur de narrer son récit avec une perspective « humaine » lui permet également de glisser quelques infos sur la manière dont Russ considère l’Empereur, ses frères, sa Légion et son rôle dans l’Impérium, à la manière de confidences échangées sans arrière-pensées, pour le seul bénéfice du lecteur. Enfin, cette nouvelle n’est pas avare en fluff (pas moins de quatre légendes différentes sur le Russ, tout de même) ni en fragments de lore Space Wolves: je pense particulièrement aux considérations du Primarque sur les Wulfens, qui sont à replacer dans la saga du rout2, mais également au rôle proprement héroïque (au sens grec antique du terme) que Leman Russ choisit d’occuper dans la culture de Fenris, en tant que guerrier solitaire accomplissant des exploits pour le compte d’un peuple qui ignore sa véritable identité. Bref, une nouvelle qui vaut tout à fait le détour pour qui s’intéresse aux mythes et légendes du Vlka Fenryka, et un pas accompli par le skjald Nick Kyme sur le chemin de sa rédemption littéraire.

1‘Thunder from Fenris’ valant également le détour, mais pas d’une façon dont son auteur serait fier.
2Avant ou après la campagne de Dulan, pendant laquelle les Space Wolves apprennent que leur père savait pour les Wulfens? Si l’absence de réaction des deux Astartes qui servent de Kaptains à leur Primarque devant le cadavre de l’homme loup à la fin de l’histoire n’est pas un bête oubli de Kyme, ce serait plutôt la deuxième option qui tient la corde.

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The Sixth Cult of the Denied – D. Guymer :

INTRIGUE:

Aqhet Hakoris, Sergent au sein des Thousand Sons et explorateur au long cours du grand océan qu’est le Warp, est persuadé d’avoir fait une découverte fondamentale sur la nature de cette dimension mystérieuse, d’où sa Légion et son Primarques tirent leurs pouvoirs surhumains. Aidé dans ses recherches par deux associés Légionnaires (Khaleif et Nepfithu), ainsi que par son jeune et prometteur padawan (ou practicus, en prosperien) Djet, Hakoris doit présenter les résultats de ses recherches à un conclave d’Astartes dans le cadre de la prochaine session d’exposé libre organisée dans la capitale de la dernière planète conquise par les Thousand Sons, Thera. Impatient à l’idée de mettre ses idées à l’épreuve de la légendaire sagacité de la XVème, notre héros se rend dans la grande pyramide élevée au centre de Therebarg suivi par ses side kicks pour effectuer sa démonstration.

Une mauvaise surprise l’attend toutefois sur place : au lieu de la foule compacte qu’il attendait et espérait, l’amphithéâtre où doit se tenir sa soutenance n’accueille que six Astartes. Pas n’importe lesquels cependant : rien de moins que l’Ecuyer du Primarque, Amon, et les chefs des cinq cultes de la Légion, dont bien sûr l’inévitable Ahzek Ahriman. Autrement dit, le rehati, ou Comex des Thousand Sons, nommé par Magnus en personne. Faisant contre mauvaise fortune bons cœurs, Hakoris se présente comme le Magister du culte de l’Aquilae, titre auto-décerné qui fait grincer quelques dents et froncer quelques sourcils dans l’auguste assistance. En plus des problèmes immobiliers qu’une telle reconnaissance susciterait, les cultes établis ne sont pas très chauds à l’idée de reconnaître une nouvelle discipline qui ne serait non pas leur égale, mais leur supérieure, en cela qu’Hakoris affirme que c’est de l’Aquilae que proviendrait les « spécialisations » de chaque culte (à l’aide d’une métaphore mettant en scène Babar, Ray Charles, Stevie Wonder et Gilbert Montagné). Le vaillant petit théoricien n’a cependant pas loisir de commencer son exposé qu’arrive le big borgne en personne, qui se téléporte dans la salle1 et place une mention strictement confidentielle sur les futurs débats, enjoignant les présents à ne pas partager ce qui sera échangé ce jour, et brouillant la wifi (ou plutôt le Warpi) pour empêcher que des tours de passe passe psychiques ne viennent perturber la discussion.

Logiquement impressionné et pris au dépourvu par la venue impromptue du Primarque, Hakoris a bien du mal à défendre ses idées, d’autant plus qu’il perçoit vite que Magnus n’est pas aussi ouvert d’esprit et bienveillant envers ces dernières qu’il le donne à voir. Hakoris ayant fait ses découvertes sur la nature du Warp en bravant l’interdit paternel de ne pas chercher à communiquer avec les formes de vie « aquatiques » peuplant le grand océan (les démons quoi), il se retrouve dans une situation délicate, et se résout à mentir au Roi Écarlate pour éviter une remontrance qu’il devine être potentiellement très sévère. Ayant demandé et obtenu une pause clope pour se remettre les idées en place, Koko réunit ses acolytes et prend une décision que l’on qualifiera poliment d’audacieuse : tenter d’invoquer un démon comme témoin, en passant outre le sceau psychique apposé par Magnus en personne. Bien évidemment, cet appel à un honni2 tournera court, Mag’ étant beaucoup trop omniscient et omnipotent pour laisser une entité chaotique venir suinter sur la moquette de sa pyramide. La franche explication de texte entre le Primarque et le Légionnaire, si elle ne se solde pas par la mort subite du Thousand Son, viendra toutefois rappeler à Hakonis que si la recherche fondamentale, c’est bien, l’obéissance, c’est mieux, surtout dans un Imperium qui regarde déjà un peu bizarrement les frasques arcaniques de la XVème Légion. Après avoir décillé son naïf subordonné sur la véritable nature des démons, qu’il a fait semblant de ne pas connaître pour ne pas « corrompre » l’esprit du raheti avec cette connaissance empoisonnée, Magnus fait comprendre à Hakonis qu’il a tout intérêt à changer son bolter d’épaule lors de son imminente soutenance, pour le bien du reste de la Légion (et sa survie à court terme).

J’ai bien dit son imminente soutenance, car le borgne est tellement balèze qu’il est parvenu à arrêter le temps sans qu’Hakonis ou les autres participants à la présentation ne s’en rendent compte. Résultat des courses : notre héros se livre à un exposé aussi banal que consensuel sur le grand océan, à la surprise et/ou à la déception de son auditoire. Il n’y aura pas de reconnaissance du culte de l’Aquilae, et Hakonis est mis au placard dans une zone de guerre de troisième ordre au cours des années qui suivent pour éviter quesles vues hétérodoxes (on ne parle pas encore d’hérésie à cette époque) ne provoquent un schisme dans la Légion, au cas où il déciderait de reprendre ses activités prosélytes. Et c’est une sage précaution de la part de Magnus car, neuf ans après la fin du conclave de Therebarg, le Sergent dégradé décide qu’il est temps pour lui d’avoir une nouvelle discussion avec un vieil, et même éternel, ami, qui attendait patiemment son appel depuis son petit F3 au fond du Warp…

1 : Les Thousand Sons n’ont pas la même compréhension du terme télétravail que le reste des mortels.
2 : Une personnalité du Warp attention : rien de moins que the Dweller in the Abyss, aussi connu sous le nom de Choronzon. Même Aleister Crowley l’avait croisé de son temps.

AVIS:

David Guymer se fait et nous fait plaisir dans l’exploration de l’histoire, forcément alambiquée1, de l’âge d’or des Thousand Sons. Après avoir retrouvé leur Primarque et vaincu le fléau de la mutation, tout semblait bien aller pour les golden boys de Tizca… jusqu’à ce que leur sale manie d’aller chercher midi à 14 heures et de ne pas appliquer le sacro-saint principe de précaution leur joue des tours. Si ‘The Sixth Cult of the Denied‘ ne finit pas aussi mal pour le XV de l’Empereur que l’Incendie de Prospero, les déboires de Hakoris offrent une similitude frappante avec ceux de son borgne de père, des années/décennies plus tard. Et les raisons à l’origine de la disgrâce de l’un comme de l’autre sont frappées du même sceau de l’hubris: à croire naïvement que toute vérité mérite d’être établie, et qu’il n’y a pas de sujets tabous dans un univers où le spirituel joue finalement un rôle aussi grand que le matériel, le wanabee chef de culte pave la route qu’empruntera son Primarque, avec les conséquences que l’on sait. Il est ainsi amusant et révélateur du caractère de Magnus « I’m so SMRT » Lerouge de le voir adopter la posture toute impériale du « faîtes ce que je dis, pas ce que je fais, et je vous explique pas pourquoi parce que vous êtes trop c*ns » face à son fiston. Cet écho de la grande histoire dans la petite est une trouvaille sympathique de la part de l’auteur, et une raison suffisante de lire ‘The Sixth Cult of the Denied‘.

En plus de cela, cette nouvelle s’avère très riche en fluff Thousand Sons, depuis la révélation de la (presque) existence d’un sixième culte au sein de la Légion, jusqu’à l’identification d’une conquête de cette dernière, en passant par la description de la vision qu’à Magnus de l’assujettissement des planètes intégrées par l’Imperium, où encore des aspects de la culture des Thousand Sons, comme le système d’apprentissage liant novice et initié (qui ressemble un peu, et c’est ironique pour de tels opposés, à celui des Black Templars). La présence de la plupart des têtes connues de la Légion lors de la soutenance d’Hakoris, même si elle sont cantonnées à de la figuration (à part Amon, un peu plus développé que le reste du casting), ajoute un surplus d’awesomeness à l’histoire, et il est probable que Guymer ait caché quelques bribes de révélations seulement accessibles à l’érudit prospérien (ce que je ne suis pas à ce stade) dans les interactions entre Hakoris, ses disciples et son jury. Cependant, c’est Magnus qui crève l’écran dès son apparition, l’auteur parvenant parfaitement à retranscrire la quasi omnipotence et omniscience du Primarque, qui sait et peut (presque) tout. Ces capacités psychiques inégalables et insoupçonnables même pour les plus doués de ses fils servent bien l’intrigue en permettant à Guymer en rebootant l’exposé d’Hakoris, une fois que ce dernier a été convenablement briefé sur ce qu’il a intérêt à dire. Bref, une franche réussite pour David Guymer, qui démontre ici sa capacité à mettre en valeur une nouvelle Légion d’Astartes (après les Iron Hands et les Dark Angels).

1: À quoi fallait-il s’attendre de la part d’adeptes de la pensée complexe, aussi.

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The Will of the Legion – A. Clark :

INTRIGUE:

The Will of the LegionLa 3ème flotte d’expédition de la Grande Croisade, engagée dans la joyeuse réunification humanitaire de la galaxie désirée par l’Empereur, est tombée dans une embuscade à la sortie d’une rocade warpienne. Assaillis par l’armada destroy mais pléthorique des Driftborn, une civilisation humaine ayant passé quelques millénaires à vivoter dans une ceinture d’astéroïdes en s’adonnant à la récupération et à l’upcycling des épaves passant à portée de leurs cités roches (les ruches, ce sera après le passage à l’âge impérial), les Imperial Fists qui constituent le gros (et le grand) des forces expéditionnaires se font donc un devoir de repousser les piteux abordages de leurs lointains cousins. Nous faisons ainsi la connaissance du Capitaine Hashin Yonnad, de la 39èmeCompagnie Maisonnée d’Inwit, alors qu’il mène une escouade de Breachers, le corps anti-émeutes de sa Légion, dans la purge du Tribune, vaisseau amiral de la flotte impériale. Ayant massacré la plupart des malheureux corsaires ayant croisé sa route, et fait, dans son infinie bonté, prisonniers les autres avant qu’ils ne meurent de froid  dans les coursives extérieures mal isolées du Tribune, Yonnad reçoit une convocation urgente à se rendre à l’autre bout du vaisseau, où il embarque sans tarder dans un Stormbird, en compagnie de ses vétérans… et de Rogal Dorn, rendu très chafouin par la tournure prise par les événements1.

Rendu perplexe par l’absence de briefing quant au déploiement de la force de frappe Astartes que le Primarque emmène à l’assaut de la principale cité ennemie, Yonnad demande respectivement à son boss de bien vouloir partager sa gnose avec ses fistons, afin que ces derniers soient en mesure de mener à bien ses plans. Dorn s’exécute, et indique à ses Légionnaires que leur cible est un dôme stratégiquement important, dont la capture mettra fin au conflit de façon rapide. La moue désapprobatrice (encore plus que d’habitude) qu’il affiche fait cependant rapidement comprendre à Yoyo que les Driftborn ont épuisé la patience, pas très fournie de base, du Primarque, et que ce dernier considère très clairement l’annihilation pure et simple de ces derniers comme une option de travail. Après tout, la mort, autant que le mur, est son métier.

Débarqués en plein cœur du marché aux puces local, les Imperial Fists tracent la route sans trop (trois morts) forcer jusqu’à leur objectif, massacrant l’arrière garde adverse au passage, un Rogal Dorn toujours aussi revêche collé à leur train. Papa se contente en effet de marcher derrière sa marmaille en fronçant très fort les sourcils, observateur plutôt qu’acteur de la sanglante et implacable progression impériale. Une fois le dôme sécurisé, il demande, que dis-je, il orDORNne à ses Techmarines de bidouiller les consoles de l’endroit afin de pouvoir disposer d’un gros bouton (sans doute jaune) qui pourra couper le chauffage et l’air conditionné  l’échelle de la cité entière d’une simple pression, avec des conséquences funestes pour qui ne porterait pas une armure énergétique (ou s’appellerait Marneus Calgar). Trop snob pour se salir les mains, il somme le brave Yonnad de se mettre en position devant le buzzer magique, tandis que lui donne une dernière chance à ses malheureux adversaires de se rallier à l’Imperium. Ayant bien fait comprendre aux Driftborn qu’il avait été bien gentil jusqu’ici, mais qu’il n’avait, en sa qualité d’architecte de la destinée galactique de l’humanité (d’abord) et de décorateur intérieur de l’Empereur (surtout), absolument rien à carrer de leur civilisation minable, il leur donne royalement impérialement quelques instants de réflexion après avoir terminé sa harangue. Assez pour plonger Yonnad dans de profondes considérations éthiques quant à la trop grande facilité qu’il aurait à presser le bouton, et donc à signer l’arrêt de morts de millions d’êtres humains, pas coupables de grand-chose au fond, sur un simple branlement du chef de son Primarque. Fort heureusement pour notre héros philosophe, les Driftborn choisissent sagement de capituler, rendant leur dépressurisation inutile. La nouvelle se termine sur cette victoire décisive de la Team Pépé, qui ne suffit cependant pas à dissiper les doutes du Capitaine Dubious. Béni soit l’esprit…

1: Cela se perçoit dans la manière dont il prononce « connerie ». Et je ne parle pas de son accent chantant de Mareuh-seilleuh.

AVIS:

Petite nouvelle de bonne facture de la part d’Andy Clark, qui donne un peu de profondeur tant à Hashin Yonnad, avant sa sortie de route sur Phall, qu’à Rogal Dorn, qui gagne ici quelques précisions fluffiques qui ne manqueront pas d’intéresser le chaland, en attendant que le Primarque trumpien (build the wall!) ne dispose de son tome dans la série du même nom. Les lecteurs du troisième livre Forge World de l’Hérésie d’Horus apprécieront sans doute également de revoir apparaître les Driftborn du Consus Drift, présentés dans ce même ouvrage il y a quelques années. Narrativement parlant, l’intérêt principal de The Will of the Legion repose toutefois dans ses dernières pages, et la réalisation incrédule et dérangeante par Yonnad de son total endoctrinement à la cause de Dorn, dont il appliquera sans hésiter tous les ordres, même les plus immoraux. Nul doute que Clark voulait faire ressortir par cette réflexion intérieure toute l’ambivalence de l’Hérésie d’Horus, dont beaucoup des combattants se sont retrouvés dans un camp qu’ils n’avaient au final pas vraiment choisi, simplement parce qu’ils s’étaient contentés de suivre l’exemple, presque irrésistible, de leur Primarque. Il réussit bien son coup, et souligne donc de manière convaincante qu’entre « gentils » et « méchants », la ligne est souvent des plus fines.

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Council of Truth – M. Brooks :

INTRIGUE:

Sur l’Alpha, vaisseau amiral de la Légion du même nom, une réunion secrète a lieu entre quatre Astartes. Ou plutôt, trois Astartes et un Primarque. Réunis dans un cagibi étroit comme les navires de l’Alpha Legion en comptent un nombre irrationnel, les surhommes participent à un conseil de vérité, sorte d’interrogatoire sans haine, sans arme et sans violence (pour changer) dont le but est de clarifier une situation complexe ou des motivations absconses. Ce qui est assez fréquent chez les sous-fifres d’Alpharius, reconnaissons-le. Il n’est en revanche pas usuel que ce soit ce dernier qui se trouve dans la position du cuisiné. En cause, son manque flagrant d’esprit de camaraderie lorsque l’Alpha Legion s’est trouvée associée aux Ultramarines de Guilliman lors de la conquête de la Conservation Tesstranne, un empire humain isolé n’ayant pas trouvé bon de prendre son abonnement au club Pépé quand il en avait l’occasion.

Les questions et les réponses, qui permettent à Alphie d’expliquer un peu plus pourquoi il considère ses frères comme des crétins et tout particulièrement Roboute (grab popcorn), sont entrecoupées de flashbacks écrits du point de vue de divers défenseurs de la capitale de Tesstra, Prime, qui se trouvaient évidemment très malins et très bien préparés, hohoho, jusqu’à ce que l’impensable se produise et que l’Alpha Legion déclenche une attaque chirurgicale. D’abord en faisant sauter les ponts reliant les fortifications au reste de la cité, puis en infiltrant le QG adverse en se faisant passer pour les gardes du corps transhumains protégeant les hauts gradés et les personnalités politiques de la Conservation, et enfin en détournant l’endoctrinement subconscient des officiers restants, sortis de leurs barraquements à la tête d’une compagnie d’Ogryns pour reprendre Prime, et les forçant à se suicider avec coup de fil anonyme chargé en mots clés déprimants. Bilan des courses : une planète conquise en quelques semaines, au lieu des quelques mois que l’approche lente et méthodique de Guilliman laissait envisager. Evidemment, ce n’est pas « glorieux » ni « honorable », mais est-ce que l’Impérium l’est au fond, hein ? Parfaitement. C’est en quelque sorte le message que fait passer Alpharius à son jury, qui, très étonnamment, le déclare parfaitement dans son droit d’avoir envoyer scier le grand Schtroumpf, et le déclare vainqueur aux points sur décision unanime.

Début spoiler…On apprend en toute fin d’histoire que finalement, ce n’était pas Alpharius qui répondait aux questions d’anonymes clampins, mais Omegon qui répondait à celles d’anonymes clampins et d’Alpharius. Un grand classique de la XXème. Les deux frangins échangent un sourire complice et quelques boutades à quintuples sens qui n’en font sans doute pas pour nous, et le rideau tombe sur la fin de ce conseil, qui nous aura appris que la vérité est bien relative…Fin spoiler

AVIS:

Council of Truth’ fait partie de ces œuvres dont l’appréciation dépend grandement de votre niveau de connaissance, ou d’accoutumance (les deux termes étant ici synonymes) de/à l’univers et des protagonistes qu’on y retrouve. L’Alpha Legion, si elle n’est pas la faction de l’Hérésie d’Horus la plus populaire parmi les auteurs de la Black Library, dispose en revanche d’une sorte de cahier des charges littéraire auquel le lecteur peut se référer à chaque fois qu’une soumission traitant des fils d’Alpharius (et d’Omegon) est publiée. Organisation inhumainement secrète et retorse, cette Légion met un point d’honneur à ne jamais agir de manière claire, et cela s’illustre évidemment dans les histoires mises en scène dans la GW-Fiction: il y aura toujours des révélations, des retournements de situation et des personnages dupés lorsque la XXème est de la partie. Cela a été la règle depuis le ‘Legion‘ de Dan Abnett, et tous les auteurs qui sont passés après lui ont pris soin de se conformer à cette approche cryptique, avec plus ou moins de bonheur.

Aussi, lorsqu’en 2021 (13 ans après la sortie de ‘Legion’), Mike Brooks nous livre le récit d’une campagne tout à fait classique – si on peut utiliser cette expression pour ces Astartes – de l’Alpha Legion, sur fond de guéguerre d’ego avec les Ultramarines et de réunions secrètes et trotromystérieuses1, je dois admettre que c’est la déception qui prime. Tout cela a été lu et relu de nombreuses fois au cours des dernières années, et si Brooks livre une nouvelle efficace sur la forme, il lui manque de la valeur ajoutée sur le fond pour être qualifiée de réussite. À mes yeux, les publications de la gamme Primarques sont l’occasion de faire avancer notre compréhension sur cette confrérie de surhommes iconiques, et par extension, sur la manière dont ils organisent leur Légion et considèrent l’Impérium. Mike Brooks nous lance quelques bribes de fluff en cette direction (notamment la réflexion d’Alpharius que l’Alpha Legion doit être polyvalente pour éviter d’être vue comme obsolète par l’Empereur, dont il se méfie grandement), mais se contente sinon de nous servir sa version de ‘Legion’2//’The Harrowing’//’The Serpent Beneath‘, ce qui n’a pas grand intérêt je dois dire. Plus embêtant, il se vautre à certains endroits dans le fan service le plus grossier, en complexifiant les opérations de l’Alpha Legion pour le plaisir (si t’es capable de descendre une compagnie d’Ogryns au bolter, c’est pas le petit officier planqué dans son véhicule qui va beaucoup t’ennuyer s’il n’est pas absolument mis hors d’état de nuire avant l’embuscade hein), ou en incluant la fameuse catchphrase de la Légion (« I am… absolutely not original« ) et un Alpharius/Omegon swap de façon très artificielle à l’intrigue. Bref, on est ici sur une nouvelle très honnête mais plutôt décevante de la part de Mike Brooks, de qui j’attendais plus pour sa première publication au service d’Hydra. En espérant que le roman qu’il a écrit sur Alpharius soit plus audacieux que ça.

1: Brooks m’a mal vendu le concept du conseil de vérité je dois dire. Qui a des comptes à demander à un Primarque sur la manière dont il conduit ses opérations (qui plus est de façon victorieuse) au sein de sa propre Légion? Soit Alpharius a un ego tellement monstrueux qu’il a besoin de prouver qu’il avait raison même quand personne ne lui a rien demandé, soit il s’agissait de faire passer quelques éléments de langage aux officiers supérieurs de la Légion au cas où ils seraient interrogés sur les méthodes de cette dernière. Auquel cas, la transmission d’un memo ou l’organisation d’une réunion sur Teams aurait été plus efficace.
2: Avec les soldats génétiquement améliorés du roman d’Abnett du côté non-Impérial cette fois-ci. Mais c’est vraiment la même vibe.

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Terminus – C. Wraight :

INTRIGUE:

Notre histoire s’ouvre sur la glorieuse scène d’un Légionnaire Death Guard, Caipha Morarg, vomissant dans son casque et constatant avec inquiétude que le contenu de son estomac n’est pas évacué par les valves de son casque, sérieusement encrassées. Fort heureusement pour notre héros, le pouvoir de Nurgle lui permet de tenir en apnée longue dans ses glaires jusqu’à ce que l’Apothicaire Zadal Crosius (avec un nom pareil, il aurait dû faire Chapelain moi je dis) arrive avec sa fidèle clé de 12 et purge le heaume de son camarade. Bienvenue dans ‘Terminus’ et sur Terra, au début du siège de la planète par l’avant-garde d’Horus.

Récemment buzzés par Nurgle – et ses mouches – pour rejoindre sa team, les Death Guards doivent encore s’habituer à leur nouvelle condition de pestiférés ambulants, perclus de maux divers et variés, mais guère incapacités par ces derniers, mis à part au niveau de l’agilité. Nous suivons donc Morarg, qui se trouve être, en plus de barbouillé, l’Ecuyer personnel de Mortarion, et Crosius alors que la paire progresse lentement mais sûrement vers le Palais Impérial, rasant les avants postes fortifiés et exterminant les traînards de l’Armée Impériale avec détachement, tout en essayant de mettre des mots sur leur douloureux et désespérant passage de guerriers surhumains insensibles à toutes maladies, à celui de creusets de microbes, virus et autres bactéries. Une chose semble certaine : Mortarion a joué un rôle dans cette transition (énergétique, mouahaha).

Et à tout seigneur glandeur, tout honneur, Mort Shuman finit par rejoindre la ligne de front, sans doute fatigué que Typhon lui ressorte en boucle la blague de la grosse mite depuis qu’il lui a poussé des ailes. Cette arrivée funeste se solde d’un échange de haut niveau entre le Primarque et son chief of staff littéralement défroqué, par lequel on apprend que l’Empereur a interdit à son fils de remettre les pieds chez lui tant qu’il n’aurait pas pris une douche. La nouvelle se termine par une démonstration des nouveaux pouvoirs entropiques de Mortarion, qui est capable de faire vieillir en accéléré une zone de son choix à une distance respectable1, et c’est un bastion isolé dans la pampa himalayenne qui en fait les frais. Comme on disait au tout début de M3 : « va y avoir des spores ».

1 : Une compétence toute christique quand on y réfléchit. Mortarion est capable d’apporter mille ans de pets sur terre, ça se respecte.

AVIS:

Je ne sais pas vraiment ce que Chris Wraight a voulu faire avec ce ‘Terminus’, qui évoque plus le dernier arrêt d’une ligne de métro (« nous arrivons sur Terra, merci de ne rien laisser ni oublier derrière vous« ) que la conclusion fatidique d’une épopée sanglante, ou même, ce qui aurait été logique, le vaisseau spatial le plus tristement célèbre de la Légion. Ce n’est pourtant pas comme si cet auteur n’avait pas déjà un passif, et de qualité qui plus est, avec ces protagonistes, et des personnages et arcs narratifs à mettre en scène pour donner un semblant d’intérêt à cette soumission. Je m’attendais ainsi à retrouver, ou au moins à croiser le temps d’un caméo, ce bon vieux Vorx (‘Lords of Silence’), que l’on avait déjà vu à l’œuvre sur le temps long dans ‘Unification‘, mais me suis retrouvé à la place avec l’illustre pas très connu Morarg, le positivement obscur Crosius, et Mortarion faisant du sale sur les trois dernières pages. Ce casting surprenant aurait pu faire l’affaire si on lui avait donné une intrigue et une mise en scène digne de ce nom, mais la première s’est avérée être un mélange de poncifs (« Ahlala que nous sommes malades présentement une fois par exemple là dis donc… Mais on reste tout de même trotrobalèze paske fô pas déconner non plus« ) et de renvois au déroulé de ‘The Buried Dagger‘, et la seconde à une sorte de plan large sur une partie de tower defense en mode ralenti. Pas de surprise scénaristique comme dans ‘Endurance‘, ni de construction un peu travaillée comme dans ‘Unification‘: rien que le récit plan-plan du retour de la Death Guard sur le Monde Trône, dans une sorte de filler faisant le lien entre deux épisodes autrement plus intéressants de l’histoire de la Légion: sa corruption par Nurgle et sa participation au vrai siège du Palais Impérial. Au final, rien à retirer de ce ‘Terminus’ qui n’ait été déjà couvert, et de façon plus intéressante, par d’autres récits consacrés aux Barbarus Boyz au cours de l’Hérésie d’Horus.

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Grandfather’s Gift – G. Haley :

INTRIGUE:

Grandfather's GiftLe propos de notre récit se situe dans un jardin public, où un clochard toxicomane émerge péniblement d’un sniff de crack frelaté, dans une tenue étrange et avec une très vague idée de qui il est et ce qu’il fait là. Vous allez me dire : « C’est pas une nouvelle de l’Hérésie ça, c’est la Villette un mardi matin classique ». Vous auriez raison, sagaces lecteurs, ne serait-ce que pour les quelques détails ci-après : le jardin est géré par le NURGLE (Node Urbain de la Régie Générale de Laval Est), le clochard est un Primarque, et la mémoire qui lui revient progressivement lui apprend, et nous avec, qu’il est Mortarion, seigneur de la Death Guard.

Malgré ces débuts prometteurs, Morty se demande bien comment il est arrivé dans ce bouge, lui qui aux dernières nouvelles travailllait tranquillement dans son laboratoire de la planète de la peste à quelque grand dessein arcano-technologique. Plus curieux qu’inquiet devant le charme sauvage de l’endroit, à mi chemin entre le jardin anglais dans toute sa bucolique liberté et le fond d’un baril d’eau lourde oublié dans un terrain vague de Chernobyl, notre Primarque décide de partir en vadrouille, espérant trouver un agent municipal qui lui indiquera la station de tram la plus proche pour l’Oeil de la Terreur. Au bout de quelques secondes/minutes/heures/jours/mois/années/siècles/éons, il finit par tomber sur un Grand Immonde, en chair autant qu’en larmes, auprès duquel il s’enquiert poliment des raisons de son tracas. On a beau dire ce qu’on veut des qualités paternelles de l’Empereur, il a su inculquer à ses fils des manières tout ce qu’il y a de plus urbaines.

Khu’gath, car c’était lui, se fait un plaisir de rafraîchir la mémoire du dormeur du val, le taquinant au passage sur son aveuglement volontaire, et hilarant, quant au fait qu’il soit un psyker, appellation que Mortarion refuse catégoriquement1. Toujours totalement perturbé par une enfance difficile et un complexe d’Oedipe asymétrique (il veut tuer son père et… tuer son père) mal digéré, notre héros atrabilaire ne démord pas qu’il est un scientifique et non un praticien des arts occultes, ce que Khu’gath, conciliant, finit par lui accorder. En guise de cadeau d’adieu, l’affable démon a la bonté de remodeler le Primarque a sa véritable image, ailes de bourdon (l’animal totem de Mortarion) incluses, et de lui souffler à l’oreille la raison de sa venue à Neverland. Le bon Papa Nurgle lui a organisé une chasse au trésor pour le récompenser de sa piété, et l’âme de son beau-père l’attend quelque part sous les frondaisons moites de son jardin.

« Bon sang, mais c’est bien sûr ! » s’exclame Mort Shuman, qui s’envole à tire d’aile chercher la récompense qu’il poursuit depuis si longtemps, et qu’il finit par trouver, disséquer et enfermer dans une fiole en un tour de faux. Satisfait d’avoir rayé cet important item de sa to do list personnelle, Mortarion peut enfin regagner ses pénates et appeler son psy pour convenir d’une prochaine séance, se jurant au passage qu’il finira par régler ses comptes avec son autre père, dont la lampe torche psychique clignote en lisière du jardin de Grand-Père Nurgle. Pépé ou Papy, il fallait choisir, et il a choisi !

1 : « Tu es un sorcier, Mort- » « AGNANANANA, JE N’ENTENDS RIEN-EUH !»

AVIS:

‘Grandfather’s Gift’ a beau se concentrer sur un épisode somme toute négligeable de la saga de Mortarion, personnage l’étant – jusqu’à récemment – tout autant en termes d’importance sur le lore de 40K, sa (courte) lecture n’en demeure pas moins intéressante, en ce qu’elle permet à Haley de poursuivre sa description pour le moins contrastée du Primarque de la Death Guard, déjà généreusement ébauchée dans ‘Plague War’ : celui d’un être totalement paradoxal, qu’il est le seul à ne pas voir, ce qui a la fâcheuse tendance à miner son autorité naturelle. Prince Démon jurant ses grands dieux qu’il a réussi à dompter les forces du Chaos à force d’études et d’analyses tout ce qu’il y a de plus scientifiques, Morty apparaît comme un être aussi amer que pathétique, ce qui contribue à le rendre intéressant, même si la frontière est fine entre profondeur tourmentée et ridicule patenté. L’autre trait notable de son caractère, le mépris souverain qu’il semble éprouver envers toute chose (la condition humaine, ses frères, ses pères) pourrait tout autant le magnifier que le plomber, si utilisé de manière peu fine par un auteur en manque d’inspiration1. Affaire à suivre, donc.

Pour poursuivre mon fil rouge BLC-esque, enfin, je dois reconnaître que l’inclusion de cette nouvelle au recueil s’avère un choix assez pertinent, puisqu’elle offre au lecteur novice une bonne présentation d’un lieu (de) culte des franchises de Games Workshop : les fameux jardins de Nurgle, en plus d’une introduction intéressante au concept de « destruction créatrice » // « je meurs donc je ris » qui est à la base du dogme prouteux. L’utilisation de l’amnésie de Mortarion permet également à Haley de présenter le background de ce dernier de manière progressive et pédagogique, brossant en toile de fond les grandes lignes du fluff de 31K. Bref, une soumission qui répond plutôt bien au cahier des charges, sans pour autant se révéler être vide de substance pour les vieux BL-iscards. Pas mal du tout.

1 : L’extrait gratuit de ‘La Dague Enfouie’ de James Swallow me fait ainsi redouter le pire pour le DG de la DG, qui apparaît comme le pion d’un Typhus même pas respectueux de son père génétique, sans que ce dernier ne s’en offusque.

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Et voilà qui termine cette revue de Heirs of the Emperor, anthologie se plaçant dans le haut du panier des productions de la Black Library, tant en termes de qualité que de quantité. Un petit inédit (par exemple sur la création de ces fameux Primarques par l’Empereur) n’aurait certes pas été de refus, et l’absence d’Angron reste injustifiable, mais ce bouquin est appelé à devenir un classique du corpus de l’Hérésie d’Horus, en particulier pour les lecteurs n’ayant ni le temps, ni l’envie de se coltiner l’entièreté du catalogue (qui est assez inégal, il faut bien le reconnaître). Qu’on les aime ou qu’on les déteste, les Primarques sont en effet intrinsèquement distrayants, et on prend plaisir à les suivre d’un bout à l’autre de la galaxie, quelles que soient leurs motivations profondes. Pour finir, notons qu’il est tout de même savoureux que la majorité des soit-disant héritiers de Pépé soient morts bien avant lui… Toujours bon pied bon œil, le vioque, même 10.000 ans plus tard!

BLACK LIBRARY 2017 ADVENT CALENDAR [40K – AoS – HH]

Bonjour à tous et bienvenue dans une chronique franchement opportuniste, mais qui n’est tout de même pas totalement gratuite. Il sera ici question des nouvelles intégrées par la Black Library à son calendrier de l’avent…2017. Soumission de première fraîcheur donc, mais j’avais plusieurs raisons de consacrer un post à ce cru particulier.

Black Library 2017 Advent Calendar

La première d’entre elle était, je l’avoue sans mal, franchement prosaïque. Je me suis aperçu en mettant à jour mes fichiers de suivi (#IAmAFunGuy) qu’il ne me manquait que la revue de ‘The Tainted Axe’ de Josh Reynolds pour avoir chroniqué toutes les nouvelles de cette sélection (les audio dramas étant naturellement sortis de l’équation, car je n’ai jamais pu me faire à ce format). Si vous avez suivi mes publications sur le Warfo, je vous conseille donc de vous concentrer sur cette section de l’article, et de passer à autre chose, car le reste n’est pas inédit. En revanche (et c’est la deuxième raison), si vous ne connaissez que ce blog, j’ai le bonheur et l’avantage de vous annoncer que les nouveautés sont un peu plus fournies, car les nouvelles de l’Hérésie d’Horus ‘Duty Waits‘ (Guy Haley), ‘Magisterium‘ (Chris Wraight), ‘Now Peals Midnight‘ (John French) et ‘Dreams of Unity‘ (Nick Kyme) n’avaient pas été couvertes dans de précédents posts. C’est votre jour de chance!

Ce sujet de nouveau contenu évacué, il est enfin intéressant de revenir cinq ans en arrière – une période de temps importante pour la Black Library, pensez donc: c’était avant Warhammer Crime, Warhammer Horror et la série L’Aube de Feu – afin de juger de la qualité de cette sélection hivernale. 2017, grand cru ou récolte famélique? On va bien voir.

Black Library Advent Calendar 2017

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Endurance – C. Wraight [40K] :

INTRIGUE :

EnduranceSur le monde ruche de Lystra, l’escouade du frère Sarrien des Imperial Talons livre un combat d’arrière-garde aussi noble que vain contre les hordes innombrables des Zombies de la Peste ayant plus ou moins remplacées la population locale. Envoyés au casse-pipe pour permettre à un fonctionnaire de l’Adeptus Administratum obèse et tire au flanc (du moins, c’est comme ça que Sarrien se le représente) de maintenir son quota de dîme mensuel, ou autre raison purement technocratique, les braves Space Marines tiennent la ligne du mieux qu’ils peuvent, mais même leur constitution suprahumaine commence à donner d’inquiétants signes de fatigue. Pour ne rien arranger, les lignes de ravitaillement avec le reste de l’Imperium sont totalement coupées, ne laissant à nos fiers héros que la bonne vieille énergie cinétique pour défendre le domaine de l’immortel Empereur contre la corruption galopante titubante représentée par les Stumblers. Isolé de ses frères pour maximiser l’efficacité du soutien martial et moral que les Astartes représentent pour leurs alliés de la Garde, Sarrien débute la soirée comme toutes les autres auparavant : il chante chante chante ce rythme qui lui plaît (Endure ! For the Emperor ! Stand Fast ! Chihuahua !) et il tape tape tape (c’est sa façon d’aimer). On comprend cependant assez clairement que notre héros en a gros, et qu’il n’y a que son exemplaire éthique qui le pousse à suivre des ordres qui lui semblent totalement débiles.

À quelques encablures de cette planète condamnée, nous faisons la connaissance de notre deuxième protagoniste, le réfléchi (il ne court jamais) et hédoniste Dragan, Death Guard appartenant à la faction des Lords of Silence. Bénéficiant d’un quartier libre entre deux opérations de grande ampleur, Dragan a embarqué sa coterie sur son vaisseau personnel, l’Incaligant, et vogue là où le Warp le mène, massacrant tous les Impériaux qui lui tombent sous le moignon au passage. Les petits plaisirs de la vie, il n’y a que ça de vrai. Ayant fondu (dans tous les sens du terme) sur un transporteur de troupes de la Garde Impériale dépêché sans escorte en renforts de Lystra, Dragan décide sur un coup de tête, une fois le carnage expédié, d’emmener ses ouailles sur le monde en question, où il suppute (en même temps qu’il supure) qu’une distraction peut être trouvée.

Nous retrouvons ensuite Sarrien, toujours plus amer et toujours plus crevé, qui décide d’aller rôder derrière les lignes ennemies pour… le fun ? (étant donné que les défenseurs sont au bout du rouleau et s’attendent tous à crever, et que l’adversaire n’a aucune chaîne de commandement à décapiter ni de cibles stratégiques à prendre, l’utilité de la manœuvre me semble obscure). Bien que durement éprouvé par des semaines de combat sans répit, notre surhomme se révèle malgré tout capable de faire mordre la poussière à son poids en Stumblers, voire plus, jusqu’à ce qu’il tombe sur un Fatty dont l’odeur corporelle, ou l’aura de zenitude, c’est selon, est telle qu’il a bien du mal à lever la main sur lui. Malgré l’attitude résolument peace man du gros lard, Sarrien parvient à le décoller proprement, non sans que sa victime n’ait eu le temps de le prévenir 1) des dangers physiques et mentaux du surmenage (il devait être élu au CHSCT dans sa première vie), 2) de l’arrivée prochaine du Potencier (Gallowsman). Bien en peine de faire quelque chose de cette information, et sappé comme jamais, l’Imperial Talon décide de se rentrer, avec l’espoir futile de trouver un McDo encore ouvert sur le chemin pour s’envoyer un bon Coca bien frais.

De son côté, Dragan a fini par arriver en orbite autour de Lystra, et emmène sa bande sur les lieux du dernier conflit agitant encore la planète, dans l’espoir de trouver un adversaire de valeur. Escortés par quelques cohortes de die hard fans, les Lords of Silence progressent pondéreusement vers la ligne de front, où les attendent…

Spoiler Des Iron Warriors. Eh oui. Car en fait, Sarrien et Dragan ont visité Lystra à deux moments distincts, petite surprise savamment préparée par Wraight. Il est d’ailleurs fortement suggéré que Sarrien est devenu Glask (le second de Dragan, qui passe son temps à l’appeler Potencier – au grand ennui de son boss – et dont la jambe torse pourrait être la conséquence de la blessure subie par Sarrien au même endroit à la fin de la campagne) peu de temps après sa rencontre avec le gros plein de pus, lorsque, finalement submergé par le nombre de ses ennemis et l’amertume envers l’Imperium, il a décidé que sa survie était plus importante que son devoir. Ceci dit, le récit se termine sur un flou artistique et un amoncellement de Zombies affamés sur Sarrien, dont le salut final n’est pas garanti, ralliement à papa Nurgle bien acté par ce dernier ou pas. Quelques dizaines/centaines/milliers d’années plus tard, Dragan est quant à lui saisi d’une impression de déjà vu alors qu’il corrode les armures chromées de ces frimeurs de la IVème, ce qui ne fait que renforcer l’hypothèse de la défection de Mr Talon. Fin du spoiler

AVIS :

Mis à part le manque de clarté de sa conclusion (voir la partie spoiler ci-dessus), Endurance est une soumission solide de la part de l’ami Wraight, sans doute rédigée en accompagnement de son roman The Lords of Silence pour un galop d’essai littéraire. En quelques pages, Chris arrive ainsi à donner une véritable profondeur à ses répugnants héros, dont l’attitude chill, thrill & kill les distingue clairement des autres factions d’Astartes chaotiques et renégats de notre sombre galaxie, en plus de s’accorder parfaitement avec la philosophie débonnaire de Papa Nurgle, ce qui ne gâche rien. Sans rien galvauder de leur nature éminemment mauvaise, Wraight réussit également à rendre attachant (sans mauvais jeu de mots) le personnage de Dragan, dont le caractère égal et l’approche désinvolte de sa pestilentielle vocation le font apparaître comme éminemment plus sympathique que le Seigneur du Chaos lambda de la BL. De l’autre côté du ring, Sarrien s’avère moins mémorable, mais le récit que fait l’auteur de la lutte désespérée du loyaliste pour retarder l’inévitable, de part son caractère assez original (il combat en solo, et pas avec le reste de son escouade) et la bonne prise en compte des effets débilitants de la fatigue et des blessures sur la constitution d’un Space Marine – qui reste une machine de guerre insurpassable, mais peut se mettre dans le rouge s’il tire trop sur la corde – s’avère prenant et plaisant, sur les quelques pages qu’il dure. Une nouvelle SM comme je les aime donc : courte dans son propos, précise dans son dessein, efficace dans sa réalisation et à twist dans sa conclusion. Prenez-en de la graine, les rookies.

Gardant une nouvelle en fois en tête le but premier d’un recueil tel que celui dans lequel elle a été incluse, j’ajouterai pour conclure qu’Endurance fait un beau boulot de présentation d’une faction amenée à jouer un rôle important dans l’univers 40K (la Death Guard), en plus de donner assez envie de lire le long format mettant en vedette les Lords of Silence. Que l’exploration d’un concept central du fluff, le ralliement d’un Space Marine loyaliste au Chaos, soit également présente pour l’instruction des lecteurs novices ajoute encore a l’intérêt du propos, qui mérite donc largement sa place dans le Black Library Celebration 2019.

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Duty Waits – G. Haley [HH] :

INTRIGUE :

Duty WaitsSur Terra, les loyaux défenseurs de l’Empereur ne savent plus quoi inventer pour tuer le temps. Nous suivons ainsi le quotidien à la fois morne et stressant de deux Astartes de la VIIème Légion, le Capitaine Maximus Thane de la 22ème Compagnie, et le poussin Kolo, fraîchement diplômé de la promotion Eltaune Jaune, alors qu’Horus n’en finit plus de faire traîner son quart d’heure d’impolitesse. Alors que Max’ a au moins le loisir de faire un peu d’exercice à la tête de ses hommes, qu’il emmène régulièrement faire des joggings sur le mur d’enceinte du Palais1, Kolo est assigné au support informatique de ce dernier, et, entre deux appels d’un certain M. Alcador, qui éprouve toutes les peines du monde à envoyer un mail ou à ouvrir une pièce jointe (et qui oublie une fois sur deux d’allumer son écran), doit gérer une bien pesante inactivité. Car, il faut bien le reconnaître : il ne se passe pas grand-chose d’intéressant sur Terra d’un point de vue strictement apocalyptique. Bref, les journées sont longues2.

À défaut de s’améliorer franchement, les choses évoluent un peu pour nos protagonistes après le départ de la flotte en destination de Beta-Garmon. Bien qu’ils n’aient pas eu la « chance » de faire partie des heureux élus envoyés au casse-pipe contre les renégats, Thane et Kolo ont en effet reçu de nouvelles affectations. Le Capitaine a ainsi la chance, la joie et l’avantage de faire le planton à 300 mètres au dessus d’un square fréquenté par les civils du Palais, afin de rassurer et d’inspirer ces derniers. Malheureusement, les cadences infernales de travail auxquelles sont soumises les masses laborieuses de Terra, les conditions météorologiques détestables de la région, et le manque d’intérêt du spectacle (les gars restent vraiment plantés comme des piquets pendant des heures, à tel point que son Lieutenant manque de déclencher une alerte jaune quand il voit Thane lever les yeux vers le ciel) viennent contrarier cette noble initiative de propagande. Ils auraient jonglé avec leurs bolters, ça aurait eu plus de gueule, moi je dis. Pour se distraire, Maximus imagine ce qu’il se passerait s’il se laissait tomber depuis le mur, et calcule les probabilités jusqu’à la 15ème décimale de sa survie en fonction de paramètres divers, comme l’écartement de ses bras pendant la chute, l’atterrissage sur un quidam, ou encore la vitesse de croisière d’un Stormbird (africain) non chargé. Il soupçonne que le développement d’un passe-temps tel que le suicide mental pourrait peut-être trahir un léger début de névrose, mais cela ne l’empêche évidemment pas de faire son devoir.

De son côté, Kolo participe à l’opération Sentinelle II (la première ayant pris place 28.000 ans plus tôt, même si personne ne s’en souvient), ce qui lui donne l’occasion d’interagir avec les civils que Thane ne voit que de loin. Entre deux contrôles d’identité et palpations aléatoires, le voilà sommé avec son escouade d’intervenir en support des forces de l’ordre, débordées par une foule hostile car affamée. La distribution du pain quotidien ayant en effet annulée sans prévenir, une poignée d’Arbites doivent calmer les velléités meurtrières de quelques milliers de mal-contents. L’arrivée des gilets plastrons jaunes n’a pas l’effet escompté, pas plus que les talents oratoires et diplomatiques, assez limités il faut bien le reconnaître, du Sergent Benedict ne permettent de désamorcer le conflit latent. Ce qui doit arriver arrive, et les manifestants commettent l’erreur de charger leurs protecteurs, qui répondent par une rafale de bolter dans le plus grand des calmes. 80 douilles très exactement plus tard, l’incident est clos, au prix d’un petit millier de morts seulement. Voilà qui mérite bien un honneur balistique, il me semble. Bref, sur Terra il n’y a pas que le temps qu’on tue.

1 : En revanche, pas question de traverser la route avant que le petit bonhomme ne passe au vert jaune. Sous peine de mort.
: Il est d’ailleurs murmuré dans les cercles autorisés que c’est la surutilisation de leur membrane cataleptique pour faire passer le temps plus vite pendant leur interminable garnison sur Terra qui a entraîné la dysfonction de cette dernière chez les Imperial Fists et leurs successeurs.

AVIS :

Dans la série des nouvelles de C.A.L.T.H.1 constituant une partie non négligeable du recueil Heralds of the Siege, Duty Waits se place en tête de peloton par ses importants apports en termes de fluff, ainsi que par la réussite de Haley à faire ressortir la torture mentale que représente cette attente interminable pour les défenseurs, fussent-ils des transhumains conditionnés et entraînés pour faire face à toute situation. Et les Space Marines ont beau ne pas connaître la peur, l’Empereur n’a rien dit ni prévu en ce qui concerne l’ennui, ce qui peut mener même les soldats les plus disciplinés à commettre quelques regrettables boulettes. Dans cette ambiance de Désert des Tartares, Thane et Kolo vivent chacun leur propre enfer, et se retrouvent, sans le savoir, complices d’une exaction qui ne manquera pas de venir les hanter après l’Hérésie. Sur le thème, déjà couvert de nombreuses fois mais tellement central pour la série qu’on pardonnera aisément cette nouvelle itération, du sacrifice des fins en faveur des moyens, Haley parvient à brosser un portrait singulier et sinistre du Monde Trône avant que l’apocalypse ne s’y déchaîne, et préfigurant sans le savoir la dictature brutale, liberticide et usine-à-gazesque que deviendra l’Imperium, autrefois « simple » despotisme éclairé et progressiste, une fois la guerre civile terminée. Et si la question du « mais comment en est-on arrivés là ? » est la plus importante à laquelle l’Hérésie d’Horus doit répondre, alors on peut considérer Duty Waits comme une vraie réussite.

1 : Calme Avant La Tempête Horusienne.

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Gods’ Gift – D. Guymer [AoS] :

INTRIGUE :

Gods' GiftPrenant place après les évènements narrés dans Great Red et The Beasts of Cartha, pour ne citer que deux des précédentes aventures de notre fougueux héros, Gods’ Gift voit Hamilcar et quelques uns de ses potes des Astral Templars accomplir une mission d’intérêt général, sans doute pour avoir commis quelque tour pendable à une chambre rivale lors d’une permission à Hammerhall. Il s’agit en l’état de punir et faire stopper les exactions d’une bête monstrueuse s’amusant à disposer des hardis bûcherons d’un camp de colons récemment implanté dans les terres farouches de Ghur, tâche récréative pour des Stormcast Eternals de la trempe de nos gais lurons. Guidés par un local – Fage – qui malgré son âge vénérable semble tout émoustillé par la seule présence des Elus de Sigmar, Hamilcar & Cie s’embarquent donc dans une épopée aussi directe et rapide qu’une quête de zone de didacticiel de World of Warcraft.

Depuis le relevé de empreintes jusqu’à la constatation de l’heure du décès, ou plutôt, de l’abattage, il ne se passera ainsi qu’une petite journée, soit une vingtaine de pages pour le lecteur, juste le temps pour Ham’ de piquer un roupillon qui lui apportera un rêve plus ou moins prophétique, dans lequel un chêne vient lui chanter Je suis malade (ce qui est ‘achement dur pour un végétal, et mérite le respect), ce qui lui permettra de prendre une décision des plus inspirées quelques heures plus tard. La nouvelle se terminant pour un petit cliffhanger pas vraiment haletant, mais sans doute important pour la suite de la saga d’Hamilcar (Mark de son prénom), le lecteur en est quitte pour embrayer sur directement sur la première, ou plutôt le premier roman dédié à Guymer à sa coqueluche hirsute (Champion of the Gods), dans lequel il est presque certain que des réponses seront apportées aux questions laissées en suspens à la fin de Gods’ Gift.

: L’Homme Arbre qui s’était chargé de la besogne de déshumanisation – c’est comme la désinsectisation, mais avec des primates – servant de pied à terre racine à humus à une sylvaneth passablement enrhumée.

AVIS :

Malgré les dizaines de titres que compte sa bibliographie BL à l’heure actuelle, ce n’était que la deuxième soumission de Mr Guymer m’étant tombée sous la main depuis l’inaugural The Tilean Talisman, initialement publié en 2011. Et je dois dire que mon appréciation de l’œuvre du bonhomme est resté scrupuleusement identique, huit ans plus tard : des aptitudes certaines en terme de narration, avec des personnages au minimum distrayants, à défaut d’être immédiatement attachants (mention spéciale à Brouddican, l’Hillarion Lefuneste personnel de cette grande gueule d’Hamilcar), relevé par quelques notes boisées – c’est le cas de le dire – de fluff, plombées par une vacuité de l’intrigue assez rédhibitoire. C’est bien simple, celle de Gods’ Gift (d’ailleurs, on ne comprend pas vraiment quel est le don auquel Guymer fait référence dans le titre de sa nouvelle1) s’articule en deux temps trois mouvements, sans qu’on ait l’impression d’une quelconque progression entre le début et la fin de la nouvelle. Hamilcar traque un monstre. Hamilcar rêve d’un chêne. Hamilcar tombe dans une embuscade d’Hommes Bêtes (il faut bien qu’il montre qu’il est un cador du corps à corps). Hamilcar débouche sur un bosquet de chênes sacrés, gardé par… le monstre qu’il traquait. Coup de bol. Baston. Victoire. Fin.

Bref, rien de bien challengeant pour l’intellect du lecteur, qui aurait pu s’attendre à quelques liens de causalité entre les différents éléments constitutifs du propos de Guymer. Rien de tel ici, ou de manière tellement évidente et peu fine que les relever n’a pas grand intérêt. Comme dit plus haut, cela peut sans doute se justifier par le fait que Gods’ Gift est un rehaut littéraire à un travail plus conséquent, avec lequel l’auteur prend bien soin de faire la liaison. Telle la rondelle de tomate venant décorer une entrecôte frites, cette nouvelle peut être consommée si on a vraiment faim, mais ne remplira pas l’estomac pour autant. Et comme dit plus tôt (Décembre 2014, pour être précis), c’est plutôt cher payé pour ce que c’est. On me souffle dans l’oreillette que c’est fois ci, c’est gratuit. Bon. Mais avant cela, cela ne valait certes pas les 2,99€ demandés. Rem-bour-sez nos in-vi-tat-tions !

1 : Soit ce sont les visions vagues envoyées par Sigmar, soit c’est le photophore magique remis par icelui, et qui permettra à notre fier héros de venir à bout de Marylise Lebranchu. Au lecteur de décider s’il prend le messie ou la lanterne.

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Magisterium – C. Wraight [HH] :

INTRIGUE :

MagisteriumSortis très éprouvés de la Guerre dans la Toile, la première défaite qu’ils aient connu depuis leur fondation, et qui a réduit drastiquement leur nombre, les Custodes doivent à présent panser1 leurs plaies et se préparer pour l’arrivée prochaine d’Horus et ses Légions renégates. Nous suivons donc le Vestarios (soit littéralement, le préposé au vestiaire de la boîte de nuit, en grec ancien) Samonas, fidèle bras droit de imperturbable Constantin Valdor alors qu’il supervise la réhabilitation des gardes suisses de l’Empereur, qui, en plus d’avoir été nonagimés (mais si, mais si, c’est du haut gothique) par les hordes démoniaques, ont cabossé et égaré leur matériel dans des proportions abominables, ce qui force les services généraux de la custoderie à enquiller les heures sup’ sans compter. Au moins, le temps d’attente à la cantine et à la photocopieuse s’en trouve fortement réduit, et il n’y a plus de problème de place au parking des trottinettes électriques. C’est déjà ça.

Ayant obtenu une audience auprès de (son demi-frère ?) Rogal Dorn, avec lequel il entretient des relations aussi fraîches que le bloc Harpic qui orne ses toilettes personnelles, Valdor se rend dans les appartements du Seigneur Commandeur de l’Imperium, toujours escorté de son fidèle Samonas. Comme on peut s’y attendre, l’entrevue se passe assez mal, les deux surhommes se balançant des amabilités au visage sans prendre de gants, énergétiques ou pas. Tandis que le maître des Imperial Fists reproche à son interlocuteur sa roideur confinant parfois à l’autisme, dès lors qu’une directive lui ait été donnée par l’Empereur, ce qui a conduit les Custodiens à contenir seuls les brèches dans les niveaux inférieurs du Palais, alors qu’un retrait stratégique aurait permis d’épargner de nombreuses vies, Valdoche nous joue son air favori du « Oh-mais-vous-les-Primarques-vous-n-êtes-que-des-sales-gosses-pourris-gâtés-et-on-était-bien-mieux-avec-Pépé-avant-votre-naissance2 ». Le sentiment de supériorité de Darth Valdor est toutefois tout ce qui lui reste, Dorn soulignant avec à propos que les pertes subies par les 10.000 ont de facto condamnés ces derniers à jouer les seconds rôles dans le futur siège de Terra, et que le sort de l’Hérésie repose maintenant entre les gantelets des Legiones Astartes, qu’ils soient traîtres ou loyalistes. Bref, la garde aurique n’est plus bonne qu’à assurer le service d’ordre autour de la chaise d’affaires impériale, et doit laisser aux Space Marines la gestion des vrais dossiers.

La virulence des échanges entre la main droite et le poing gauche de l’Empereur n’est pas sans rappeler à Samonas, qui s’ennuie ferme pendant ce crêpage de chignon3, une conversation du même ordre qui avait pris place quelques années plus tôt sur Prospero, lorsque que les Custodiens étaient venus donner un coup de main aux Space Wolves dans le châtiment, que d’aucuns jugent mérités, de Magnus et ses Thousand Sons à la suite du poke un peu trop accentué que ce dernier avait envoyé à son paternel pour lui signaler le comportement déviant d’Horus. Bien que Leman Russ se soit révélé un tout autre animal (autant comparer un malamut à un poisson pierre), le zèle sanguinaire avec lequel le Fenrissien mena l’assaut sur Tizca, et sa volonté sans équivoque de ne pas faire de prisonnier, au mépris des instructions remises par l’Empereur au Capitaine-Général, ne furent pas sans générer des frictions entre les deux envoyés impériaux. Dans ce cas, comme plus tard avec Dorn, Valdor, en tant que Magisterium, disposait d’une autorité théoriquement absolue sur son vis à vis Primarque, mais cela n’a pas empêché ce dernier de n’en faire qu’à sa tête, avec des résultats spectaculaires, à défaut d’être satisfaisants. Et Constantin d’y aller de son petit « Primarque… » méprisant en voyant Russ hurler à la lune sur la grand-place de Tizca après la volatilisation du Cyclope. Décidément, ils n’ont pas les mêmes valeurs.

La nouvelle se termine sur une scène de remparts (comme beaucoup des histoires de Heralds of the Siege d’ailleurs), Valdor enjoignant son sous-fifre porte-cravate de ne pas désespérer que l’Empereur reprenne enfin contact avec ses Custodiens, malgré tous les travaux d’isolation des fondations du palais à terminer avant l’arrivée d’Horus, et qui l’occupent à plein temps depuis maintenant des mois. D’une manière ou d’une autre, la fin approche à grands pas…

1 : Et penser, ils ont tous passé l’agreg’ de philosophie après tout.
2 : Funfact : Sur les 1932 mots titres et qualificatifs gravés à l’intérieur de la cuirasse de Valdor, 93% sont des critiques adressées aux fistons du Patron.
3 : Dorn s’étant laissé pousser les tifs pendant ses sept années de permanence au domicile paternel, il y a largement de quoi faire un manbun.

AVIS :

Pure nouvelle de fluffiste, en ce qu’elle s’avère être beaucoup plus riche en petites révélations et lourdes insinuations de background qu’en action pure et dure, Magisterium est une soumission de qualité de la part de Chris Wraight. Son principal intérêt, et non des moindres pour les amateurs de grandes figures de l’Hérésie (c’est à dire la plupart des lecteurs de la série, soyons honnêtes), est d’apporter quelques os à ronger sur le discret mais crucial Constantin Valdor, et de le faire interagir avec d’autres VIP impériaux. Les bisbilles qui s’ensuivent permettent à Wraight de soumettre quelques concepts intéressants, et de soulever des questions l’étant tout autant, comme celles de l’origine de Valdor et du rôle que lui a attribué l’Empereur, qui semble dépasser celui de simple garde du corps et porte parole officiel de Son Altesse Suprêmissime (bien que la fonction de Magisterium, et les prérogatives qui vont avec, soient déjà une belle source de discussion). La rivalité latente entre l’aîné des surhommes de Pépé et la fratrie primarquielle, qui est venue après, ne sera pas sans susciter quelques folles hypothèses de la part du lecteur, et j’espère bien que l’auteur continuera sur cette prometteuse lancée dans le roman dédié à l’énigmatique Capitaine-Général. En sus, l’état des lieux dressé par Wraight du piteux état dans lequel la Guerre dans la Toile a laissé les Custodiens permet de faire le lien entre cet épisode bien couvert dans les dernières publications de l’Hérésie d’Horus et le Siège de Terra, ce qui est toujours bon à prendre. Bref, une lecture tout ce qu’il y a de plus conseillée pour celles et ceux qui prennent l’Hérésie à coeur.

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Now Peals Midnight – J. French [HH] :

INTRIGUE :

Now Peals MidnightAlors que l’horloge de l’ApocalypseTM se rapproche furieusement de l’heure fatidique du début de la plus grande bataille de Warhammer 40K de l’histoire de la galaxie, le capitaine de l’équipe loyaliste décide de passer le temps avant le lancement de la clock en se dégourdissant les jambes sur le chemin de ronde qu’il a passé le dernier lustre à bâtir. Rogal Dorn, Prétorien de Terra, a beau se répéter que lui et ses gars (et filles) sont aussi prêts qu’ils puissent l’être, il est difficile d’être certain de rien alors que l’express d’Isstvan V est sur le point d’entrer en gare système, rempli jusqu’à la gueule de félons et de traîtres. Un calme de mauvais augure est d’ailleurs tombé sur Terra, comme si la planète tout entière retenait son souffle dans l’attente de l’arrivée d’Horus et de ses ruffians.

Alors que le Primarque des Imperial Fists boucle son parcours en écoutant le podcast des meilleures prédictions pessimistes et autres maximes déprimantes de l’Hérésie, depuis Malcador dans The Lightning Tower1 jusqu’à Solomon Voss dans The Last Remembrancer2, en passant par… lui-même (il le vaut bien) dans The Crimson Fist3, il fait plusieurs rencontres aussi vides de sens que lourdes d’intérêt, ou peut-être est-ce le contraire. Après avoir demandé à l’astropathe et secrétaire de direction Armina Fel d’organiser un dîner de travail avec ses frangins, il passe une tête au PC Sécurité jauger des conditions de circulation sur le périphérique solaire. Vison Buté voit noir foncé. Zut. Juste le temps de donner sa soirée à l’Amiral Su-Kassen (qui ferait bien d’en profiter pour bingewatcher la saison IV de Stranger Things, elle n’aura plus le temps après), et Jauni est déjà reparti.

Un petit aparté littéraire nous permet de faire la connaissance de Seplin Tu et de son paternel (Tur-Lu’tu), banlieusards impériaux enrôlés de force dans la milice terrane, et qui feront peut-être/sûrement une apparition dans une des prochaines soumissions de French dans cette franchise. Hello Yellow. Retour sur les remparts, où Archamus-3 et Andromeda-17 attendent l’arrivée du taulier en discutant anthropologie et philosophie. On s’occupe comme on peut. Dorn finissant par pointer ses guêtres, le Huscarl et la Devineresse lui emboîtent le pas jusqu’au lieu de rendez-vous avec Sanguinius et le Khan… qui savent déjà ce qu’il avait à leur annoncer, à savoir que la flotte du Maître de Guerre vient de se matérialiser aux confins du système solaire, prélude à la guerre du même nom. La prochaine fois, utilisez Whatsapp les gars, ça ira plus vite.

Enfin, en orbite, dans l’assiette de guerre sur laquelle il est posté, le Capitaine Katafalque reçoit un message privé signé d’un « RD » très peu protocolaire, mais qui n’en contient pas moins une information de (pierre de) taille : l’ennemi vient d’arriver. Corporate jusqu’au bout, Dorn insiste toutefois pour que l’ordre de mobilisation générale ne soit passé dans un premier temps qu’à la 7ème Légion, les White Scars et les Blood Angels bénéficiant d’un léger sursis avant d’être mis au parfum. Pourquoi ? Mystère. Mais comme on le disait chez les tribus Franc à la fin de M2 : « Avant l’heure, c’est pas l’heure… »

1 : ‘He saw this Heresy coming in his visions. That is the truth you fear. You wish you had listened…’
2 : ‘The future is dead, Rogal Dorn. It is ashes running through our hands…’ C’est moche l’auto-citation, John.
3 : ‘You’re no son, you’re no son of maïïïïïne !’ Bon c’est Genesis (We Can’t Dance), mais vous saisissez l’idée.

AVIS :

Je pense que l’apprécation de cette nouvellinette de French variera fortement selon le contexte dans lequel elle sera lue. Prise individuellement, il serait facile (et exact) de souligner qu’il ne se passe vraiment pas grand-chose dans Now Peals Midnight, Dorn se contentant de faire ce qu’il fait depuis les prémices de l’Hérésie d’Horus (The Lightning Tower, 2007) : regarder le ciel d’un air pénétré en fronçant très fort les sourcils. Cette fois-ci, c’est vréééééééééément la bonne, Rogal ! Bien sûr, il a gagné quelques souvenirs et connaissances dans l’intervalle, certains d’entre elles convoquées pour quelques lignes de dialogue, mais dans l’ensemble, rien de nouveau sous la plateforme de défense orbitale. D’un autre côté, si Now Peals Midnight est la culmination du corpus (entier ou partiel) de l’Hérésie, et que le lecteur sait que la prochaine fois qu’il recroisera la route des personnages de la nouvelle (qu’il a appris à connaître au cours de ses précédentes lectures), l’acte final de cette tragédie galactique aura débuté, il y a de bonnes chances qu’il éprouve quelques trépidations de bon aloi en parcourant ces quelques pages. Bref, comme souvent avec ce genre de production purement atmosphérique, time is the essence. J’appose donc la mention « à conserver dans un endroit frais et sec, à l’abri de la lumière, de la chaleur et de la précipitation » sur cette soumission. On connaissait la slow food, nous voilà avec du slow reading. Ce siècle est décidément étrange.

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The Witch Takers – C. L. Werner [AoS] :

INTRIGUE :

The Witch TakersMis sur une sale histoire de meurtre dans la ruralité profonde du Khanat d’Arkl, en Chamon, les chasseurs de sorcières Esselt et Talorcan, unis à la scène comme à la ville, remontent une piste, forcément chaude, à travers les dunes du désert de Droost. De villages martyrs en tombes profanées et cadavres possédés il ne faut pas longtemps à notre fine équipe pour subodorer que quelque chose de pas sigmarite se cache au fond de ce dossier. Il semblerait que quelqu’un hante Droost avec pour seule mission de massacrer tout ceux ayant le malheur de croiser sa route. Quelqu’un… ou quelque chose, qui asservirait ses hôtes les uns après les autres, passant de main en main et ne laissant que les dépouilles de ses victimes et de ses porteurs derrière lui. Alors que les deux Répurgateurs approchent l’oasis de Tora Grae, miraculeusement épargnée par la folie environnante, il leur faudra agir rapidement et intelligemment pour empêcher le Tournetueur (pun intended) de commettre un nouveau carnage…

AVIS :

C.L. Werner qui met en scène un duo de Répurgateurs embarqués dans une quête qui les conduira dans quelque sinistre recoin de leur « circonscription » : du tout cuit pour l’auteur de la (plutôt bonne) série des Mathias Thulmann me direz-vous. C’est aussi ce que je pensais avant de commencer la lecture de ces Tueurs de Sorcières, et me suis donc surpris à reconsidérer légèrement ce postulat une fois passé le point final. Comme quoi, rien n’est gravé dans le marbre dans ce bas monde. La première divergence notable qui m’est apparue est la relation amoureuse unissant Esselt et Talorcan, ce qui n’a rien de rédhibitoire en soi (et est même suffisamment rare dans une publication de la Black Library pour qu’on puisse au contraire saluer l’audace de l’auteur), mais m’a semblé tellement éloignée des conventions usuelles de ce genre de littérature que mon expérience de lecture s’en est trouvée, pas polluée, le terme serait un peu fort, mais au moins perturbée par les roucoulades échangées par nos héros1. Passées ces considérations romantiques, l’intrigue que nous propose Werner ne s’avère pas être très haletante, la course poursuite par hôte interposé à laquelle se livrent Buffy, Xander et le bracelet perdu de Valkia la Sanglante suivant son cours avec une linéarité décevante, alors que la méconnaissance par nos héros de la nature et de la forme du mal qu’ils ont à combattre ouvrait la porte au développement de fausses pistes. Quant au binôme de choc proposé par l’auteur, il se révèle être d’une décevante platitude, Esselt et Talcoran ne s’écartant pas d’un pouce de leur stéréotype respectif (la paladine zélée et le rôdeur débrouillard), ce qui ne donne pas vraiment envie d’embrayer sur le roman que Werner leur a consacré (Le Cœur Corrompu//The Tainted Heart). Pour terminer, les apports fluff de cette nouvelle se comptent sur les doigts d’une main d’un Zombie de la Peste, le fait qu’elle se déroule dans un bout de désert perdu au milieu de nulle part ne jouant évidemment pas en la faveur d’inclusions significatives (même si ce genre de théâtre d’opérations n’est en rien rédhibitoire pour peu qu’on veuille s’en donner la peine, comme Guy Haley l’a prouvé avec Les Sables du Chagrin//The Sands of Grief). En conclusion, il ne reste guère que le métier de C. L. Werner pour faire tenir ces Tueurs de Sorcières debout, ce qui est suffisant pour une lecture rapide de l’ouvrage, mais à peine.

1 : Quand bien même ces dernières sont restées d’une sobriété bienvenue. C’est ainsi, j’ai du mal à voir des « Mon amour » apparaître dans une nouvelle de la Black Library.

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Dreams of Unity – N. Kyme [HH] :

INTRIGUE :

Dreams of Unity« Démobilisé » comme ses camarades à la fin des Guerres d’Unification, l’ancien (dans tous les sens du terme) Légionnaire Tonnerre Dahren Heruk s’est reconverti dans le gladiatorat avec une poignée de comparses afin de joindre les deux bouts. L’Empereur n’ayant visiblement pas prévu de plan épargne retraite digne de ce nom en faveur de ses premiers prototypes de post-humains, la joyeuse bande vivote sur les maigres bénéfices des combats auxquels elle participe dans le Swathe, bidonville Terran s’étendant en périphérie du Palais de leur ancien patron. Pour ne rien arranger, les vétérans sont affligés de divers troubles physiques et psychologiques, dont une forme particulièrement vivace et handicapante de PTSD, poétiquement nommée les Rêves d’Unité, qui les mène à revivre leurs souvenirs de bataille comme s’ils y étaient, avec des conséquences généralement fâcheuses pour les quidams évoluant à proximité. Les Blood Angels n’ont vraiment rien inventés.

Ayant été témoin de la mort d’un de ses comparses (Kabe) sur le sable de l’arène, des mains d’un chrono-gladiateur au final desservi par son propre sadisme, Heruk commence sa journée par un peu de manutention, ramenant les restes mortels de son défunt collègue jusqu’au domicile de son dominus et imprésario (Tarrigata), afin de procéder au recyclage, puis à l’incinération de ces derniers. Il part ensuite à la recherche d’un autre gladiateur de l’écurie (Gairok) aux abonnés absents depuis quelques heures, ce qui n’augure rien de bon. Pris en chemin d’une crise de somnambulisme aiguë, il revient à lui dans un bar dévasté du Swathe, où Gairok1 semble avoir organisé une reconstitution hyper réaliste du siège d’Abyssna, avec les piliers de comptoir comme figurants (involontaires). Jugeant son camarade trop atteint pour qu’une autre issue soit possible, Heruk l’euthanasie la mort dans l’âme, et poursuit sa mission de porteur d’os en charriant le cadavre jusqu’au QG de la bande.

Ailleurs dans le Swathe, le SWAT impérial (see what I did there ?) se déploie à grand renfort de gadgets, sous les traits aquilins mais masqués du Custodien Tagiomalchian. Ce dernier a été chargé de trouver et de neutraliser des éléments séditieux opérant depuis les dédales mal famés du bidonville, et se montre très intéressé par le carnage commis par Gairok au café PMU du coin. Alors qu’il est occupé à faire quelques relevés en mode les Experts : Terra, il est violemment attaqué par un agresseur non identifié, ce qui coupe la transmission envers la Tour de l’Hegemon. Sus-pense.

Nous retrouvons Heruk et son poids mort alors qu’ils arrivent enfin en vue de la bicoque de Tarrigata, qui se trouve être en proie des flammes. Décidément, ce n’est pas la journée de notre heruk. Réussissant à extraire son patron des décombres au péril de sa vie, le Guerrier Tonnerre n’arrive pas à lui sous-tirer d’informations vraiment utiles quant à l’identité des petits gougnafiers responsables de cette destruction de propriété privée avant que Papy Tarri’ n’aille rejoindre la droite de l’Empereur. Supputant que l’incident ait pu être causé par une autre crise de delirium tremens du dernier de ses corelégionnaires vivants (Vezulah Vult), Heruk se met à nouveau en chasse, et parvient à débusquer Vivi dans les égouts du Swathe. Ce dernier, également à l’article de la mort, et aveuglé par un Bitch Betcher move réalisé par son assassin, refait le coup du « je meurs avant d’avoir donné la bonne info à mon pote pour préserver le suspens de l’histoire mouahaha- couic » à Heruk. Au moins, l’honneur des Guerriers Tonnerre est sauf, car ce n’est pas Vult qui a foutu le feu aux pénates de son patron. C’est déjà ça. Résolu à tirer ce mystère au clair, et désormais libre de toute obligation professionnelle du fait du décès de tous ses collègues, Heruk poursuit son avancée dans les niveaux inférieurs du Swathe…

Début spoiler…et arrive à temps pour filer un salutaire coup de main à Tagiomalchian, fort occupé à maîtriser un Alpha Légionnaire possédé et son culte de groupies, que l’on devine être responsables du saccage du Balto pendant que Gairok s’en jetait un petit, ce qui lui a fait péter les plombs, et de l’attaque des locaux de Tarrigata… parce qu’il leur devait de l’argent, peut-être ? Toujours est-il que ce sont les méchants de la nouvelle, les vrais, en plus d’avoir été impliqués dans la tentative d’infiltration du Palais Impérial quelque temps auparavant, bien sûr. Prudence étant mère de sûreté, Heruk commence par s’occuper des goons chaotiques pendant que Tag’ et Alpharius (car c’était lui… c’est toujours lui) se roulent par terre en bonne intelligence, écopant de quelques légères blessures mais se montrant si convaincant dans son approche qu’il arrive même à convaincre la meneuse adverse de se suicider plutôt que de l’affronter2. Ceci fait, il ne reste plus à notre increvable vétéran qu’à régler son compte au bossédé de fin, en partenariat avec l’Adeptus Custodes, et en écopant d’une déchirure mortelle au passage (si seulement il s’était souvenu qu’il avait piqué le pistolet à radiations de Tarrigata avant que d’engager le renégat au corps à corps… les ravages de la grande vieillesse). Herruïque jusqu’au bout, notre briscard peut ainsi tirer sa révérence la tête haute, ayant bien mérité un honorable coup de grâce de la part de son camarade de jeu. Dreams are my reality… (air connu).Fin spoiler

1 : Pour être honnête, on ne sait pas trop qui blâmer pour ces troubles de voisinage, Heruk ayant été tout aussi parti que son poto à son arrivée sur les lieux. Dans ces cas là, mieux vaut reporter le problème sur le type d’en face c’est vrai.
2 : Il faut dire que voir un colosse écumant perforer la cage thoracique de Roger de la compta’ à coup de pied ne donne pas en vie d’engager le dialogue.

AVIS :

Cette nouvelle de Kyme s’avère être assez satisfaisante, et plus qualitative que nombre de ses travaux précédents, ce qui est appréciable pour le lecteur et peut laisser à penser que notre homme s’améliore au fil du temps. Tant qu’il y a de la vie… En plus de la généreuse dose de fluff relative aux Guerriers Tonnerre dont nous bénéficions ici, le petit thriller mis en scène par Kyme quant à l’identité des proies traquées par Tagiomalchian tient plutôt bien la route, dès lors qu’on ne le regarde pas de trop près. À titre personnel, j’ai trouvé que l’auteur s’inspirait lourdement des travaux de certains collègues (le Custodes est un clone Kymesque du Tauromachian d’Abnett dans Blood Games, le crachat venimeux un emprunt au Talos d’ADB), ce qui peut peut-être expliquer pourquoi cette soumission est de meilleure facture que d’ordinaire. La tendance de Kyme à saboter l’exécution d’idées pourtant intéressantes par la non prise en compte de détails mineurs (affliction baptisée annandalisme par votre serviteur) vient toutefois fragiliser l’édifice1, ce qui est dommage mais pas surprenant. Mais on progresse, on progresse…

1 : Exemple gratuit, le chrono-gladiateur du début de la nouvelle est d’abord décrit d’une telle manière à ce que le lecteur croit qu’il s’agit d’un Custodien (ce qui ferait sens car ce sont eux qui ont massacrés les Guerriers Tonnerre sur l’ordre de l’Empereur). Ce quiproquo assez malin est affaibli par le choix de Kyme de faire de son antagoniste un tueur sadique, qui prend son temps pour tuer sa victime au lieu de l’achever efficacement. Pour un guerrier vivant littéralement sur du temps emprunté, une telle procrastination est en effet très improbable.

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The Old Ways – N. Horth [AoS] :

INTRIGUE :

Callis and Toll_The Old WaysAffecté à la surveillance de la cité d’Excelsis, dans le royaume de Ghur, le répurgateur de l’Ordre d’Azyr Halliver Toll, escorté de son sidekick Armand Callis, est envoyé par ses supérieurs tirer au clair une sombre histoire de disparition à Marshpoint, une ville agricole située en périphérie de la Cité des Secrets. Le fils aîné de la puissante famille Junica n’a en effet plus donné signe de vie après avoir eu maille à partir avec quelques soldats de l’autre grande famille locale, les Dezraed, qui l’ont poursuivi jusque dans les profondeurs de la forêt d’Ulwhyr. L’entente entre Junica et Dezraed n’ayant jamais été cordiale, c’est une vendetta en bonne et due forme qui menace d’éclater entre les Capulet et les Montaigu de Ghur, gueguerre qui mettrait en péril l’approvisionnement des régiments d’Excelsis en précieuse soie d’acier, ressource collectée depuis les fermes arachnides de Marshpoint. Il va donc de l’interêt général que cette triste affaire soit réglée dans les meilleurs délais, et qui de plus qualifié qu’un répurgateur pour traiter ce problème ?

Nous suivons donc Thalys et Colle au cours de l’enquête à laquelle ils se livrent à leur arrivée dans le bourg miteux et boueux de Marshpoint. Après un interrogatoire croisé des patriciens des deux familles, l’énorme et suintant Fenrol var Dezraed, autoproclamé Gardien de Marshpoint du fait de sa capacité de bloquer à lui seul l’entrée de la ville s’il lui prenait l’envie de s’asseoir en travers du portail, et le sec et irritable Kiervaan Junica, nos experts se rendent sur les lieux de la disparition à proprement parler, escortés par l’homme de confiance du patricien Junica, un natif du nom de Ghedren, et par un trio de gardes Dezraed. Et s’il se pourrait bien que la rivalité larvée entre familles nobles ait bien fait couler le sang, les enquêteurs feraient bien de prendre au sérieux les rumeurs entourant la Sorcière Blanche d’Ulwyhr. Après tout, ils ont pénétré sur son domaine…

AVIS :

C’est avec enthousiasme que j’avais vu revenir la figure iconique du chasseur de sorcières/répurgateur dans le lore d’Age of Sigmar, que son inclinaison high fantasy aurait pu « immuniser » à l’introduction de ce type de personnage, très grimdark par nature. La lutte contre les cultes chaotiques gangrénant le nouvel ordre rutilant de Sigmar constitue en effet à mes yeux un axe de développement des plus intéressants, et une prise de recul bienvenue sur le manichéisme caractéristique des premières années d’AoS. Encore fallait-il que l’image d’Epinal Hammerhal de l’inquisiteur traquant le vice et la trahison parmi les sujets obéissants de l’autorité centrale (préférablement divine, c’est plus classe) soit convenablement adaptée dans cette nouvelle franchise, la profession en question exigeant une rigueur morale confinant à la psychose, ce qui n’est pas franchement la norme parmi la soldatesque sigmarite (ces martel-sans-rire de Celestial Vindicators mis à part), dépeinte à de nombreuses reprises comme adepte du compromis et de la tempérance. Qu’en est-il avec la paire Callis & Toll, promise à un bel avenir au sein de la BL à en juger de la façon dont leurs noms ressortent dans tous les ouvrages auxquels ils ont été inclus ? Eh bien, c’est plutôt pas mal, encore que pas spécialement pour les raisons détaillées ci-dessus. Je m’explique.

Si le fanatisme (dans le bon sens du terme, car, si si, dans la littérature med-fan, cela existe) de nos héros laisse à désirer, la retenue dont fait preuve Toll, sensé être le vrai bad guy du duo, dans le jugement qu’il délivre au coupable, le plaçant à un petit 2 sur l’échelle de Mathias Thulmann (le référentiel absolu de la maison à cet égard), Horth se rattrape néanmoins en glissant quelques remarques de bon aloi à propos d’un certain White Reaper (Cerrus Sentanus sur son état civil), Stormcast Eternal pas vraiment Charlie, à tel point que son nom est utilisé pour effrayer les enfants d’Excelsis. Voilà un type qui mérite que l’on suive, et j’espère bien que ça sera le cas dans un futur pas trop lointain. Celà étant dit, The Old Ways a d’autres qualités, la première étant de proposer une petite enquête policière pas trop mal troussée au vu du nombre de pages limité avec lequel elle doit composer1, l’atmosphère horrifique du passage « sylvestre » du récit étant une autre source de satisfaction. D’autre part, cette nouvelle présente également l’intérêt de creuser le background de la cité libre d’Excelsis, qui devrait normalement ne pas disparaître corps et bien dans les annales du fluff, au vu du nombre d’apparitions qu’elle a faite dans divers écrits depuis son introduction dans le background. En apprendre plus sur cette bourgade présente donc un intérêt pour le fluffiste, tellement bombardé d’informations géographiques par ailleurs qu’on ne peut lui reprocher de ne pas prendre note de tout ce qu’on lui soumet.

Enfin, de façon plus large, elle fait ressortir un concept intéressant : le fossé existant entre natifs d’Azyr et populations locales au sein des cités libres, les seconds étant généralement mal considérés, voire méprisés par les premiers, qui les qualifient « d’Amendés » (traduction personnelle de Reclaimed, qui peut aussi s’entendre comme « Récupéré ») ou de « Sang Maudit » (curseblood), ce qui n’est pas très sympathique, mais ajoute de la profondeur à la société sigmarite. Quand on lit que même un personnage « égalitariste » comme Toll n’aurait pas de problème à raser toutes les forêts de Ghur pour pouvoir accélérer la colonisation de ce Royaume, au grand désarroi des locaux qui ont appris à vivre dans les étendues sauvages et à les respecter, on se dit que la possibilité d’un soulèvement des indigènes contre la métropole et ses représentants est une possibilité réelle… et c’est tant mieux en termes de potentiel narratif ! Bref, une plongée satisfaisante dans l’arrière-pays d’Excelsis, et une nouvelle qui vaut le coup d’être lue pour qui s’intéresse au fluff des cités libres.

: On saluera également le twist proprement « meta » de Horth, qui fait dire à Toll qu’il avait identifié le coupable depuis belle lurette et attendait juste de voir combien de temps il faudrait à Callis (et donc au lecteur) pour faire de même. On ne me l’avait jamais faite celle-là.

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The Battle for Markgraaf Hive – J. D. Hill [40K] :

INTRIGUE :

The Battle of Markgraaf HiveComme les plus sagaces des lecteurs de cette chronique l’auront certainement deviné, la nouvelle du sieur Hill traite donc de la bataille pour la ruche Markgraaf1, opération de reconquête et pacification à laquelle l’unité de Minka Lensk, héroïne récurrente de l’auteur, à le plaisir et l’avantage de participer, en compagnie du \[|{™#{ème Cadien (comprendre qu’entre les pertes au combat non remplacées et les fusions régimentaires qui s’en suivent, les numéros défilent plus rapidement que lors d’une soirée bingo à l’Ehpad de Bois-Robert-sur-Veule).

Au menu de ce qui peut sans doute être considéré comme un séminaire annuel pour les derniers des Targaryen – cette manie de coller des yeux violets aux protagonistes pour les distinguer de la masse… –, une activité de team building dans les ténèbres des niveaux inférieurs de la ruche en question, avec les habituels cultistes hargneux-mais-bon-ça-va-on-a-vu-pire en lieu et place des assiettes en céramique à décorer, qui étaient à la mode en ce genre d’occasions quelques millénaires plus tôt. Une fois la séance initiale de laser game terminée, on enchaîne avec une découverte de la faune locale, qui consiste en des rats de la taille d’un rat et des asticots de la taille d’un chien (appelons-les maxticots), suivie par une session d’aqua-relax dans un bassin naturel, sous les ordres d’un Commissaire-Nageur un brin autoritaire.

À peine le temps de réaliser que les maxticots ne font pas de bons candidats au fish pédicure, à moins d’être un Ogryn peu chatouilleux, qu’il faut enchaîner avec une initiation à l’escrime médiévale/escape game sous la houlette de Philippe Chaos-therine (il coupe sa hache… et il rallume sa hache…), Space Marine renégat reconverti en coach de vie. Cette journée intense se termine par quelques longueurs de brasse coulée, un temps calme de 10 minutes devant une œuvre d’art moderne convenablement moche, et un ultime passage au hammam (mais habillé, ce qui est concept). Ce n’est pas tout le monde qui a la chance de vivre des séminaires aussi riches. Merci qui ? Merci Abby !

À ne pas confondre avec la ruche Steffigraaf, qui malgré quelques revers, est toujours au service de l’Empereur.

AVIS :

Propulsé directement dans le feu de l’action dès les premières lignes de The Battle… (au moins, le titre n’est pas mensonger), le lecteur aura sans doute quelques difficultés à comprendre les tenants et les aboutissants de cette successions de péripéties aussi guerrières que brouillonnes, expédiées sans tact, ni finesse, ni connecteurs logiques (ce qui surprend au début, irrite au milieu, et fait marrer à la fin) par un Justin Hill aussi maître de son propos qu’un élève de CM1 couchant par écrit le récit de ses vacances de printemps.

Si le début de la nouvelle fait illusion, tout se corse à l’arrivée sur la mare aux maxticots, théâtre d’une empoignade confuse, suivi de l’arrivée d’un groupe de survivants – dont un Valhallan, qui passait dans le coin – mené par un Commissaire, suivi de l’exécution d’un Garde qui trouvait l’eau trop froide, suivi de l’arrivée du random Chaotic Space Marine de base, suivi d’une ré-empoignade confuse, suivie d’une fuite éperdue de l’héroïne jusqu’au fond du bassin, suivi d’un questionnement philosophique sur la destinée des Cadiens survivants, suivi d’un séchage express, inexpliqué et interprété comme miraculeux par une Minka à laquelle il ne faut pas grand chose, des vêtements de nos héros, suivi de la fin du récit, qui s’achève donc davantage comme un chapitre de roman qu’un court format digne de ce nom, faute d’un dénouement digne de ce nom (sauf si être coincé à deux sans matos dans une caverne inondée peuplée de vers carnivores géants et squattée par des hordes d’hérétiques peu aimables et un Space Marine du Chaos altéré de sang constitue un explicit satisfaisant, bien sûr1).

Pauvre en termes de fluff, d’informations sur le passif de Mina Lensk, et d’une assez grande banalité dans son propos, The Battle… lorgnait peut-être du côté de la saga Gaunt’s Ghosts, et notamment du siège de Vervunhive couvert dans Necropolis, pour son inspiration, mais le fruit (plein d’asticots, donc) est tombé trèèèès loin de l’arbre. Pour laisser le mot de la fin, en même temps que du début, car j’aime bien boucler des boucles sur mon temps libre, à Hill en personne : « What the hell is happening ? »

1 : Si c’est le cas, vous êtes bizarre.

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A Brother’s Confession – R. MacNiven [40K] :

INTRIGUE :

A Brother's ConfessionSur la barge de bataille Ultramarines Spear of Macragge, l’Apothicaire Primaris Polixis se rend à confesse pour expier le crime qui lui pèse sur la conscience depuis le dernier engagement auquel il a participé aux côtés de ses comparses de la Fulminata, contingent de Necmarines1 rattaché au Chapitre natal de ce bon Roboute. Et quel crime ! Rien de moins que le meurtre d’un de ses frères de bataille, l’infortuné Artimeus Tulio. Avant que le sévère Chapelain Kastor, qui se trouve être le véritable frère de Popol (d’où la subtile référence mythologique que le lecteur sagace n’aura pas manqué d’identifier) et auquel pleins pouvoirs sont laissés pour traiter cette affaire, ne délivre son jugement, un petit flashback explicatif des familles (et pour cause) s’impose…

Nous voilà donc sur Atari, planète renommée dans tout l’Ultima Segmentum pour la rectitude de ses arcades et la qualité de ses bornes, et plus précisément dans le manoir du gouverneur local, où les Fulminata sont engagés dans une furieuse partie de FPS contre des hordes de cultistes de Tzeentch. Le monde est en effet la proie à une rébellion caractérisée contre la sainte autorité de l’Empereur, et la situation est suffisamment mal engagée pour que les grands bleus se retrouvent engagés dans une course contre la montre pour mettre le gouverneur De La Sario en sécurité, ou a défaut, lui coller un bolt dans le caisson, afin d’empêcher les dissidents chaotiques d’activer les plateformes orbitales de la planète, verrouillées génétiquement sur le profil du dirigeant légitime d’Atari.

Accompagnant une escouade d’Intercessors sur place, Polixis se trouve confronté à un choix difficile : voler à la rescousse de ses frères, dont certains ont été grièvement blessés par un assaut de cultistes à la férocité imprévue, à l’autre bout du palais, ou battre en retraite en compagnie des hommes du Sergent Nerva, comme ce dernier, le bon sens, et jusqu’au Codex Astartes le préconisent. Confiant en l’épaisseur de son armure en scenarium renforcé, l’intrépide Apothicaire décide de taper un sprint jusqu’à la position des surhommes à terre, ce qu’il parvient à faire sans trop de difficultés. Il est cependant déjà trop tard pour le pauvre Scaevola, plus perforé qu’une copie double à la sortie de la presse, et dans un état trop désespéré pour que Polixis ne puisse lui accorder autre chose que la Paix de l’Emper- ah, non, visiblement il n’y a même pas le temps pour ça, et c’est donc à une ablation de ses glandes progénoïdes pre-mortem (en atteste le fait que Polixis ait besoin de clamper l’incision cervicale pour éviter que la plaie se referme trop vite) à laquelle le doublement malchanceux Scav’ a droit. Il y a des jours comme ça…

L’affaire réglée en moins d’une minute, qui a dû tout de même paraître très longue au patient opéré2, Polixis, décidément très joueur, opte pour une action d’arrière garde afin de s’enquérir de la santé du dernier membre de l’escouade, qui se trouve être le fameux Tulio. Pendant que ses petits copains, qui ne connaissent ni la peur, ni la témérité, se replient sagement vers le point d’extraction, notre héroïque Apothicaire se glisse jusqu’à la position de Tutu, qui git dans une mare de sang et un monceau de cultistes du mauvais côté d’un pas de tir chaotique. Pas de quoi arrêter Polixis, que son statut de personnage principal racontant un flashback rend confiant quant à sa capacité de braver la mort, n’eut été la présence im- ou o- pportune de la fille du gouverneur de l’autre côté de la pièce. Cette dernière pouvant tout autant que son pôpa donner aux Ultramarines l’accès à la plateforme orbitale, c’est à un nouveau dilemme que Polixis doit faire face. Il ne peut en effet secourir qu’un des deux individus susnommés, et c’est peu dire que ses cœurs balancent. Optant finalement pour la fille (chez les Ultras, c’est pas « bros before hoes » donc), il récupère le précieux colis et repart enfin vers la sécurité du Thunderhawk garé en double file à l’extérieur du palais, les quelques blessures qu’il récolte au passage n’étant pas assez graves pour l’empêcher de mener sa mission à bien.

Et nous voilà de retour sur le Spear of Macragge, où l’inflexible Kastor doit bien se demander ce qu’il a fait pour avoir un tel Mary Sue comme frangin. Car non, Polixis n’a pas tué Tulio. Son « crime » est d’avoir sciemment abandonné le patrimoine génétique d’un frère tombé au combat, pour accomplir une mission qui lui semblait plus importante sur le moment. Oh mon Empereur, mais c’est absolument terribleuh ! Et Kastor de broder une jolie parabole sur le sauvetage d’un chiot tombé dans la rivière quand lui et Polixis étaient gamins, afin de convaincre son fragile de frère qu’il n’a rien fait de rédhibitoire. À se demander comment il a réussi à gagner sa carapace noire avec cette sensibilité malvenue. Je te l’enverrais vers un stage d’endurcissement chez les Iron Hands ou les Marines Malevolent, moi. MauviBleuette, va.

1 : Car comme le dit l’expression : « Nec plus ultra ».
2 : D’autant plus que le Sergent décide une fois les glandes extraites de repartir avec le corps de Scaevola. Sauf perissabilité extrême des progénoïdes, ce qui serait étonnant vu la résilience généralisée d’un Space Marine, on peut donc plaider la cause de l’acharnement thérapeutique sur le pauvre bougre.

AVIS :

Malgré une introduction prometteuse, augurant d’un fratricide en bonne et due forme commis par le plus insoupçonnable des coupables (un Primaris Ultramarine : plus droit dans ses bottes que ça, c’est un chausse-pied), cette courte nouvelle de McNiven se révèle être au final composée à 50% de bolter porn, et à 50% de publicité pour les organes supplémentaires des Primaris. À croire que le déclenchement de la Fournaise Belisarienne du frère Posthumus constitue une information cruciale à transmettre lorsqu’on est sous le feu ennemi. L’occasion pour les fans de Bonnet Bleu et Bleu Bonnet, héros du roman Blood of Iax/Le Sang d’Iax de retrouver les frangins dans un contexte un peu différent, mais qui ne devrait, sauf erreur de ma part, pas fondamentalement changer la vision que le lecteur a de nos deux larrons. Pas désagréable, mais très loin d’être indispensable.

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The Tainted Axe – J. Reynolds [AoS] :

INTRIGUE :

The Tainted AxePeu de temps après les événements relatés dans ‘Spear of Shadows’, nous retrouvons le chevalier – ou plutôt, demigryphier – Roggen de Ghyrwood March, de retour en Ghyran avec une main en moins et des souvenirs en plus. Ayant refusé l’offre de Grugni de remplacer son membre manquant par une réplique mécanique, au profit d’une solution plus naturelle, notre héros n’a toutefois pas trouvé chaussure à son pied ni prothèse à son moignon. Sa convalescence prend un tour particulier lorsqu’il se sent appelé une nuit dans le bosquet de ferbois consacré de son ordre, où l’attend une Branchwraith mutine, avec une nouvelle quête divine à lui confier.

Loin au Sud se trouve le Gaut Tors1, une forêt qui a cruellement souffert des déprédations de Nurgle et des ses séides au cours des dernières années. Un champion du Dieu des maladies y a jadis mené une expédition corruptrice, dont il n’est jamais revenu mais qui a résulté en l’abandon de sa hache maudite sous un tas de feuilles. Depuis lors, cette arme maléfique corrompt les bois aux alentours, comme une pile au mercure enterrée dans l’humus. La mission de Roggen consistera donc à localiser cette relique impie et à la ramener à sa commanditrice, qui en échange de ses bons et loyaux ordonnés services lui fera pousser une nouvelle menotte. Bien que notre héros ne soit pas né de la dernière pluie, et se méfie à juste titre des fantasques Sylvaneth, le serment d’allégeance à Alarielle qu’il a prêté en devenant chevalier, et l’attrait de retrouver la main, le convainquent rapidement d’accepter cette quête. Avant de retourner écouter pousser les fleurs, la Branchwraith a l’amabilité de lui adjoindre les services d’un sherpa forestier, en la personne compacte mais grincheuse d’un esprit de la forêt.

Nous suivons alors Roggen, son guide mal-luné (il passe son temps à appeler le chevalier « viande », ce qui n’est guère aimable) et sa farouche monture (Harrow) jusque dans les profondeurs mal famées du Gaut Tors. Bien que sa patronne lui a promis qu’il aurait un droit de passage auprès des Sylvaneth du cru, le fait que ces derniers soient perturbés par les émanations toxiques de la hache perdue d’une part, et leur allégeance à nulle autre que Drycha Hamadreth d’autre part (un petit détail que la Branchwraith avait omis de préciser à son prestataire pendant le briefing), n’incitent pas Roggen à la détente de son slip (en bois, comme le reste de sa garde-robe). Le trio finit toutefois par arriver dans une clairière, où un petit groupe de Rotbringers est à pied (gangréné) d’œuvre, et vient d’exhumer une sorte de cocon de racines calcifiées, qui ne peut être que le réceptacle de cette fameuse hache.

Confiant dans ses capacités de bretteur et l’effet de surprise, Roggen fonce dans le tas avec abandon, mais se retrouve rapidement en difficulté, notamment du fait que ses adversaires ont apporté avec eux des arbalètes, ce qui n’est pas très fluff tout de même. Avant que l’impétueux chevalier n’ait été transformé en hérisson manchot (ce qui vaut mieux qu’un échidné pingouin, qu’on se le dise), une voix tonitruante vient intimer aux Nurgoons de cesser le feu. Il s’agit du Blight Knight qui commande l’expédition des prouteux, et qui, en véritable chevalier de l’ordre de la mouche, propose à Roggen de régler l’affaire par un duel tout ce qu’il y a de plus honorable, et au gagnant le loot. N’ayant pas de meilleure option sous la main, notre héros accepte la proposition de son adversaire (Feculus), et les deux champions se mettent sans tarder à l’ouvrage.

Si sa monture parvient sans mal à vaincre le destrier démoniaque de sa Némésis, Roggen éprouve quant à lui les pires difficultés à tenir tête à cette dernière, qui est à la fois plus forte et plus résistante que lui. Au bout du compte, il faudra l’intervention, pas vraiment fair play mais très secourable, de son sidekick végétal (qui utilise l’attaque airbark) pour que Roggen parvienne à vaincre l’ignoble Feculus. La mort de leur patron libère toutefois les Rotbringers de leur serment de non-intervention, et le chevalier Dubois n’aurait pas fait long feu sans l’arrivée à point nommée des Sylvaneth du Gaut Tors, qui se font un plaisir d’offrir une démonstration de bio compostage express à leurs ennemis honnis. Cela laisse le temps à Roggen de repartir avec sa relique rouillée, et de se retrouver en bout du compte avec une greffe maniable. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.    

1 : Je ne sais pas si cette nouvelle a été traduite en français, mais je suis hyper fier de ma proposition (Writhing Weald en VO).

AVIS :

On ne le savait pas encore à l’époque de sa publication, mais ‘The Tainted Axe’ constituait la dernière apparition du chevalier Roggen de de Ghyrwood March, l’un des personnages attachants1 créés par Josh Reynolds dans le cadre de sa saga – laissée inachevée – des Lamentations de Khorne. Si cette péripétie mineure ne se place pas parmi les meilleures soumissions de notre homme, on y retrouve toutefois les points forts habituels de sa prose, à savoir des personnages intéressants (mention spéciale au jovial Feculus, que l’on retrouve cité dans les écrits consacrés par Reynolds à l’ordre de la mouche), une intrigue et un développement qui tiennent la route, et une généreuse dose de fluff pour napper le tout. Des nouvelles comme ça, je pourrais en lire 10 par jour sans me lasser. A mettre entre toutes les mains (haha).

1 : Notamment parce qu’il a pas mal de traits communs avec Erkhart Dubnitz, du très saint et très violent ordre de Manann, un des héros les plus hauts en couleurs de la Black Library.

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Fireheart – G. Thorpe [40K] :

INTRIGUE :

FireheartEnvoyée par Yvraine comme émissaire auprès des Eldars du Saim Hann afin d’obtenir de l’aide dans la quête des mondes de Morai-Heg, la Céraste Druthkala Shadowspite (Drudru pour les intimes) a bien du mal à convaincre ses hôtes de prêter une oreille pointue attentive à ses doléances. Car étonnamment, les Zoneilles sont égoïstes et mesquins. Qui l’eut pensé, vraiment ? Alors que les Clans réunis en assemblés dans le bois de Vincennes du Vaisseau Monde n’en finissent plus de se crêper le chignon, et que Druthkala tue le temps, faute de mieux, en imaginant les sévices qu’elle pourrait infliger à ses lointains cousins, Nuadhu du Clan Fireheart fait son apparition, en retard comme à son habitude. Bien que seulement héritier putatif du Clan, l’état végétatif de son père lui donne le pouvoir de décider à sa place, et un seul regard sur les courbes généreuses et l’armure minimaliste de la diplomate Ynnari convainquent notre dalleux de héros qu’il doit lui venir en aide pour s’en faire bien voir, et plus si affinités. Le choix d’Yvraine d’envoyer une bombasse plutôt qu’un érudit fait tout d’un coup plus de sens…

La mission de Shadowspite et de ses nouveaux amis est assez simple : mener une reconnaissance sur le monde vierge d’Agarimethea, où un vaisseau Exodite patiente en double file orbitale depuis quelques semaines, ce qui indique que quelque chose ne tourne pas rond à la surface. Après un petit go fast dans la Toile, dans la plus pure tradition des Wild Riders, les bikers au serpent arrive sur place, où ils ne mettent pas longtemps à repérer un complexe Necron défigurant le paysage champêtre, comme un magasin Bricodépôt construit au milieu d’un parc naturel. La présence de l’ennemi primordial des Eldars sur une planète qui devrait pourtant être exempte de toute souillure provoque des réactions mitigées dans la compagnie. Ceux qui réfléchissent avec le cerveau (Caelledhin, la demi-sœur du héros) sont pour une retraite prudente, ceux qui réfléchissent avec un autre organe (Nuadhu, qui n’en finit plus de baver sur les jambes de Shadowspite) insistent pour aller jeter un œil sur site, afin de peut-être trouver une arme qui pourrait aider les Eldars dans leur lutte contre les Necrontyr. Nuadhu étant techniquement aux commandes (même si cet incapable a laissé le pilotage de sa Vyper à son chauffeur de fonction), l’expédition fait fi de toute prudence et va se garer devant la pyramide principale. Bien évidemment, le calme qui baigne les lieux n’est qu’apparent, et lorsque Nuadhu pose la main sur la surface inerte du monument aux des morts, une alarme se déclenche et le ciel se remplit bientôt de tirs de désintégrateurs et d’aéronefs Necrons.

La fuite éperdue qui s’en suit voit la disparition tragique d’un certain nombre de cousins Fireheart, victimes des tirs ennemis, du relief ou du troupeau de dinosaures local (obligatoire sur un monde vierge). J’imagine qu’il en reste encore plein de là où ils viennent, et on ne pleurera donc pas trop sur leur sort. Les Eldars, bien diminués par la tournure qu’ont pris les événements, et la stupidité crasse de leur chef, jurent toutefois de revenir pour rendre aux Necrons la monnaie de leur pièce, ce qui sera fait dans ‘Wild Rider’/’Le Cavalier Rebelle’, le deuxième bouquin consacré aux suivants d’Ynnead par Gav Thorpe.

AVIS :

Je dois avouer tout de suite que je n’ai pour le moment pas réussi à m’intéresser aux Ynnari, ce qui est un handicap pour qui veut effectuer une chronique impartiale d’une nouvelle consacrée à cette nouvelle faction de 40K. Toutefois, même si les cultistes d’Ynnead avaient bénéficié de ma légendaire bienveillante neutralité, je pense que mon jugement de ce ‘Fireheart’ serait resté sévère. Il n’y en a en effet pas grand-chose à tirer de cette histoire, mis à part quelques fragments de fluff sur l’organisation et la culture de Saim Hann, et le nom du canasson de Khaine, ce qui n’est pas lourd. Pour le reste, on assiste à un festival de gaffes, puis de baffes, provoqué par l’incompétence notoire de Nuadhu, dont la concupiscence irréfléchie mettra Saim Hann en danger, et, surtout, donnera à peu de frais à Thorpe le pitch d’un de ses bouquins. C’est à une nouvelle purement et crânement utilitaire que nous avons affaire ici, qu’il convient de lire à l’extrême limite en prologue de ‘Wild Rider’ et c’est bien tout.

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The Dance of the Skulls – D. Annandale [AoS] :

INTRIGUE :

The Dance of the SkullsInvitée à honorer de sa présence un bal donné par la reine Ahalaset et le seigneur Nagen dans la cité de Mortannis, Nefarata se doute bien que cet évènement mondain n’est qu’un prétexte commode pour permettre à ces deux grandes lignées d’agir à ses dépends, ce qui ne l’empêche pas d’accepter gracieusement de se rendre sur place, n’ayant de toute façon rien d’autre de prévu ce soir là. Voyant d’un mauvais oeil le rapprochement s’étant récemment opéré entre Ahalaset et Nagen, la Mortarque de Sang suppute avec raison qu’un piège va lui être tendu, et se réjouit d’avance de cette (més)aventure, le quotidien de Nulahmia devant apparemment être assez terne.

Après avoir été accueillie avec tout le faste et la pompe liés à son r/sang (et infligé rateau sur rateau à ce pauvre Nagen, auquel elle promet toutefois une danse plus tard dans la soirée1), Neffie se voit proposer par son hôte une dégustation privée de crus tirés de l’hématothèque personnelle d’Ahalaset, ce qui ne se refuse pas. Guidée jusqu’à un salon lounge où l’attendent une dizaine d’esclaves qui s’appellent tous Mathusalem ou Réhoboam, notre rusée vampire à tôt fait d’identifier l’aiguille d’argent se terrant sous la roche, en l’occurrence un assassin assermenté doté d’une fourchette à escargot à la place du bras (c’est la mode à Hammerhal). Ayant raté son test d’Initiative, le faquin est toutefois aisément neutralisé par sa victime supposée, qui l’attache à son service d’un langoureux battement de cils. Satisfaite de la tournure prise par les évènements, et comme toute quinqua-millénaire de la bonne société après une dure journée de labeur, Neferata s’accorde un petit verre (et fracasse au passage toutes les « bouteilles », qui espéraient peut-être qu’on les laisse tranquille le temps qu’elles refassent le plein) aux frais de ses hôtes avant de revenir se joindre à la fête.

Là, il est temps pour la Lahmiane de porter l’estocade aux traîtres débusqués, et en musique s’il vous plaît, la danse des crânes consentie à ce benêt de Nagen donnant amplement le temps à notre héroïne de cimenter sa victoire en enchantant légèrement son cavalier, qui ne trouvera rien de plus malin lorsque l’assassin d’Ahalaset viendra sonner les douze coups de minuit à son ancienne patronne à l’aide de son argenterie intégrée, de lancer sa devise dans le silence de mort (héhé) qui s’ensuit. Cette dernière tombera à plat comme la totalité de ses blagues, et, mal comprise par la garde de la reine défunte, aura des conséquences tragiques pour notre pauvre Nagen. Un verre ça va, trois verres…

1 : En même temps, cette coquetterie de laisser dépasser une canine par dessus sa lèvre inférieure ne doit pas aider à lui donner un air très intelligent.

AVIS :

C’est peu de chose de dire que la prose de Herr Annandale n’était pas tenue en haute estime de ce côté du clavier, depuis la chronique de ses débuts pour la BL (The Carrion AnthemHammer & Bolter #11) jusqu’à aujourd’hui. Les choses ont légèrement évolué avec cette Danse des Crânes, qui s’affirme facilement comme la meilleure soumission de notre homme que j’ai pu lire à ce jour. Certes, on parle ici en progrès relatif plutôt qu’en performance absolue, cette courte nouvelle ne se comparant guère aux travaux d’auteurs que je considère être plus méritants que David Annandale, Abnett, Dembski-Bowden, Farrer et Fehervari en tête, pour n’en citer que quelques uns (la liste serait assez longue sinon), mais j’aurais trop beau jeu de ne pointer que les trous dans la cuirasse ou les défauts dans la raquette des travaux de ce régulier de la BL, si je ne soulignais pas également les sources de satisfaction à la lecture de ces derniers. L’Empereur sait qu’ils sont encore rares à cette heure.

Alors, quels sont les éléments positifs de La Danse des Crânes ? Pour commencer, une absence de ce que l’on peut presque appeler une « annandalerie », terme forgé par votre serviteur et désignant une mauvaise, grossière ou grotesque exploitation d’une idée de départ pourtant assez sympathique, pour des résultats évidemment décevants. Le huis-clos victorien qui nous est proposé ici ne pêche ainsi pas par excès de zèle ou manque de structuration, les péripéties s’enchaînant de façon tout à fait convenable et crédible, ce qui pourrait sembler aller de soi mais n’était pas gagné d’avance au vu du pedigree de l’auteur. On sent que ce dernier a réfléchi à la manière dont il devait dérouler son récit pour que le plan alambiqué de Nefarata puisse se dérouler sans (trop) d’accroc, et même si l’usage d’un petit TGCM en fin de nouvelle pour parfaire le triomphe de Mama Lahmia peut être noté, c’est finalement peu de chose comparé aux problèmes structurels émaillant quelques unes des précédentes soumissions de David Annandale.

Autre source de contentement, la description intéressante qui nous est faite de la haute société mort-vivante, nid de vipères aux crocs acérés et n’hésitant pas un instant à comploter pour précipiter la chute de leurs prochains, alors même que les ennemis extérieurs se comptent par milliers, et qu’un brin de solidarité entre macchabées ne serait pas de trop pour défendre le pré carré de Nagash. Le fait que cette société, mêlant vampires et humains à tous les échelons, apparaisse comme fonctionnelle et pérenne (en même temps, c’est bien le minimum quand on est immortel) est une autre réussite d’Annandale, qui parvient à donner un volume fort bienvenu à une faction qui jusque là se réduisait à des légions de squelettes traînant leur mélancolie dans des déserts violacés. On peut s’amuser aussi en Shyish, telle est la morale de cette petite histoire.

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The Board is Set – G. Thorpe [HH] :

INTRIGUE :

The Board is SetSur le sol de cette bonne vieille Terra, les armées loyalistes se préparent à recevoir comme il se doit le retour du fils indigne et de sa bande de potes, dont on entend déjà les « boum boum boum » crachés par les enceintes de leurs Clio tunées résonner depuis le parking de la copropriété, brisant le calme légendaire du quartier1. Comme le petit vieux acariâtre qu’il est, Macaldor, après avoir balancé une ou deux références que les moins de 20.000 ans ne peuvent ni connaître, ni comprendre, s’en va en grommelant dans sa barbe psychique que Dorn est définitivement une grande et jaune godiche, et que son obsession pour les briquettes et les portails électriques n’est qu’une lubie de jeune crétin. Ca tombe bien, notez, c’est l’heure de la coinche à l’EHPAD Bon Séjour, et le Mac’ ne raterait pour rien au monde ce moment de la journée.

À peine a-t-il fini d’installer la table que son acolyte de jeu révèle (you see what I did there…) sa présence et engage sans plus tarder les hostilités. Dans les ténèbres mi-obscures du 31ème millénaire, l’antique jeu de belote se joue en effet à deux plutôt qu’à quatre, et sur un plateau de jeu avec figurines en plus du traditionnel paquet de cartes. En fait, ça ressemble furieusement à une version Shadespirée des échecs, et ça a l’air donc vachement cool, d’autant plus que toutes les pièces se trouvent être des représentations des Primarques engagés dans l’Hérésie d’Horus2. Comme à chaque partie depuis leur internement respectif, Pépé et… Mémé ? rejouent la bataille finale de l’Hérésie, avec l’Empereur dans son propre rôle et Malcador dans celui de ce fripon d’Horus. Et comme à chaque fois depuis le début de ces amicales sessions, le Sigillite constate que son adversaire passe son temps à tricher. Manipulation de la pioche, duplication de cartes, ajout de pièces non WYSIWYG en cours de jeu… s’il y avait un arbitre, celà ferait longtemps que le Maître de l’Humanité aurait mangé son ban. Malheureusement pour lui, Malky ne peut compter que sur lui même pour se faire justice, ce à quoi il s’emploie avec toute la rouerie et la malice qu’on lui connaît.

En face de lui, l’Empereur semble peu intéressé par le déroulé de la partie, et joue franchement comme une savate, seulement sauvé par sa capacité à top decker comme un porcasse avec une régularité des plus suspectes. Ajoutant l’insulte à l’outrage, il se permet même de tancer son partenaire sur son faible niveau de jeu, alors que Horus, lui, était un opposant digne de ce nom. Sans doute très fatigué par l’enchaînement des nuits blanches à pousser sur son trône (la constipation psychique est un problème commun chez les démiurges millénaires, tous les auxiliaires de vie vous le diront), Big E va même jusqu’à utiliser des mots très durs à l’encontre de son vieux comparse, au point d’arracher à ce dernier des larmes de collyre. Qu’à cela ne tienne, Malcador en a vu d’autres, et met à profit sa rogne pour sortir un enchaînement digne de Magnus Carlsen le Rouge, le laissant en position de remporter la partie au coup suivant. « Ha ha, tu l’avais pas vu venir celui-ci, bouffi » exulte notre vieillard échevelé, pas peu fier de tenir sa première victoire en 1.834.427 confrontations. Sauf que, sauf que… Sauf que l’Empereur est décidément un mauvais joueur à la main leste, et trouve le moyen de substituer à son Roi Empereur lui-même une nouvelle pièce, le Fou, qui va héroïquement se sacrifier pour lui permettre de gagner la partie. Comble de la bassesse, le Fou a la tête de Malcador, à qui il prend l’envie folle de fracasser l’échiquier sur le crâne de son suzerain.

Sur ces entrefaites, une estafette se présente à la porte, et vient apporter la nouvelle tant redoutée au Premier Seigneur de l’Impérium : la flotte d’Horus vient de se matérialiser dans le système solaire, et la plus grande bataille de l’Humanité est sur le point de s’engager. Cherchant du regard son boss, Malcador a la surprise de s’apercevoir qu’il est seul dans la pièce, et l’a apparemment toujours été, d’après le retour un peu honteux du messager, qui n’a pas osé déranger tout de suite l’aïeul vociférant qui faisait une tournante autour du plateau de jeu à son arrivée. Conclusion de l’histoire : la grande vieillesse est un naufrage, mais au moins, on ne s’ennuie pas.

1 : Et je ne rigole même pas, la nouvelle commence par un constat par Macaldor et le chef de l’Adeptus Astra Telepathica du tapage nocturne diurne warpurne généré par l’approche de la flotte traîtresse.
2 : On comprend mieux du coup pourquoi l’Empereur tenait absolument à avoir un nombre pair de rejetons. C’est mieux pour équilibrer les parties.

AVIS :

The Board is Set est une nouvelle intéressante, mais dont l’inclusion dans un BLC ne tombait pas, de mon point de vue, sous le sens. Parmi les qualités notables de cette soumission, on peut mettre en avant l’art consommé avec lequel Thorpe distille à la foi clins d’oeil aux évènements passés et à venir de l’Hérésie, à coups de manœuvres lourdes de sens des pièces sur l’échiquier et de remarques sibyllines soufflées par un Empereur plus que jamais omniscient au bras droit/fusible qu’il s’apprête à griller, mais également allusions fluffiques subtiles, sur lesquelles les fans hardlore passeront des pages et des pages à s’étriper, par les mêmes biais que ceux donnés ci-dessus. Même sans être un amateur transi du style du Gav, on peut lui reconnaître un certain talent de mise en scène de ces passages prophétiques, ce qui n’était pas gagné d’avance au vu du casting de monstres sacrés qu’il convoque.

À titre personnel, j’ai également apprécié la tirade que MoM (Master of Mankind) balance à son larbin dans le but de le mettre en rogne et de le forcer à la jouer comme Lupercal, qui est un condensé de remarques blessantes mettant en évidence que Malcador n’a été qu’un outil utilisé par l’Empereur pour arriver à ses fins, et qu’il n’aura absolument aucun scrupule à s’en débarrasser une fois qu’il n’en n’aura plus l’usage. Ce discours des plus cash trouve une résonnance particulière depuis Dark Imperium, où il est clairement indiqué la dualité de l’Empereur dans ses « sentiments » envers ses congénères : incapable d’aimer l’homme, mais absolument dévoué à l’Humanité. On peut alors se demander si les piques envoyées par Pépé ne sont pas simplement le fond de sa pensée, qu’il livre à un Malcador qui reste persuadé qu’il ne s’agit que de la manoeuvre d’un monarque bienveillant et attentionné pour lui faire donner le meilleur de lui-même. Chacun se fera sa religion sur le sujet, mais cette dualité d’interprétation est assez intéressante.

D’un autre côté, The Board is Set s’avère être l’antithèse absolue de la nouvelle à mettre dans les pattes d’un novice de la BL ! Regorgeant de sous-entendus et d’Easter eggs qui feront les gorges chaudes des lecteurs vétérans, pour peu qu’ils soient des fluffistes un minimum intéressés, cette soumission possède en effet une valeur ajoutée littéraire qui passera à 31.014 pieds au dessus de la tête du newbie. Il est plutôt probable que ce dernier ressorte du propos de Thorpe ou perplexe ou soulé par l’accumulation de mentions et notions « members only » qui lambrissent les pages d’un bout à l’autre du récit. D’une manière plus large, on peut considérer l’Hérésie d’Horus comme étant, de manière générale, une franchise trop spécialisée pour être incluse dans des ouvrages de « propagande » de la Black Library. Sans mettre en question l’intelligence et les capacités de déduction du novice moyen, je doute en effet qu’il ait la patience ou l’intérêt pour percer à jour les tenants et aboutissants de cette absconse partie de Cards against Humanity. Bref, la définition même de l’acquired taste, et en tant que tel, aussi surprenant qu’une douzaine d’huitres au fond d’un Happy Meal.

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Au final, je dois reconnaître que la cuvée 2017 envoyait plutôt du bois, surtout du côté de l’Hérésie d’Horus, avec des soumissions assez mémorables (et kudos à la BL pour avoir placé ‘The Board is Set‘ en dernière position pour impact maximal). Age of Sigmar a également bien tenu son rang, et seul 40K s’est montré globalement décevant, avec uniquement ‘Endurance’ d’intéressant dans le lot (as far as I am concerned). Comme la plupart de ces nouvelles ont trouvé leur chemin dans des recueils et anthologies (certains gratuits) depuis leur première sortie, j’espère que cette revue tardive aura été tout de même utile, et je vous donne rendez-vous bientôt pour de nouvelles aventures.

BLACK LIBRARY CELEBRATION WEEK 2019 [Recueil]

Bonjour à tous, et bienvenue dans cette revue totalement à contre-temps des cinq nouvelles ayant formé la Black Library Celebration Week 2019. Après avoir traité le millésime 2022 (ici), l’envie m’a pris de boucler la boucle en remontant aux origines du concept, mis en place par la BL il y a quatre ans. Si le nombre de nouvelles proposées a décru au cours de éditions (de 6 en 2019 et 2020 à 5 en 2021 et 2022), le principe de base est resté le même: un inédit mis à disposition chaque jour pendant une – petite – semaine à l’occasion de la Black Library Celebration annuelle, avec un effort consenti de la part des éditeurs de Nottingham pour offrir un panorama assez complet des différentes franchises de la GW-Fiction.

Black Library Celebration Week 2019

Le printemps 2019 ayant vu le lancement de la dernière phase de l’Hérésie d’Horus avec la publication de ‘The Solar War‘ en Mars, il était assez logique que la BL mette le paquet sur cette série au cours du millésime festif qui nous intéresse ici: pas moins de trois nouvelles y sont consacrées, dont une signée de la main d’un des Seigneurs de Terra, Aaron Dembski-Bowden. L’absence totale d’histoires siglées Age of Sigmar constitue à l’inverse un choix incompréhensible de la part de Games Workshop, qui sera heureusement corrigé dès l’année suivante. Restent donc trois nouvelles pour 40K, rédigées par un trio d’auteurs ayant déjà ou étant amené à faire leurs preuves : John French, Rachel Harrison et Guy Haley. Les quatre années écoulées depuis cette semaine fatidique, et la republication de certains de ces courts formats dans d’autres anthologies aura certainement un impact sur la critique de ces travaux, mais comme a pensé Pépé en voyant arriver Rob’ et Lionel en orbite de Terra alors qu’on le mettait sur le trône ++Mieux vaut tard que jamais++

Black Library Celebration Week 2019

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Bringer of Sorrow – A. Dembski-Bowden [HH] :

INTRIGUE :

Bringer of SorrowAlors que sur Terra, tout le monde se prépare à l’arrivée des horribles hordes horusiennes (Ho ho ho), nous retrouvons un couple de personnages des plus singuliers, coincés sur le Monde Trône par la force des choses. À ma droite, le génial mais asocial au plus haut point Arkhan Land, techo-archéologue de renom et polymathe à ses heures perdues, en plus d’être très certainement l’idole absolue de cet arriviste de Cawl. À ma gauche, le Capitaine Blood Angels Zephon (peut-être nommé ainsi à cause de sa tendance aux flatulences), victime d’une maladie auto-immune ayant conduit son organisme à rejeter ses implants de Space Marines, et assigné à l’inauguration des chrysanthèmes par sa hiérarchie en conséquence depuis quelques années. Une bien triste mise au placard pour le fameux Porteur de Tourments de la Grande Croisade!

Ayant fraternisé à l’occasion de la Guerre dans la Toile, à laquelle ils ont participé dans la mesure de leurs moyens (‘Le Maître de l’Humanité‘), les deux méta-hommes contemplent l’arrivée de la Légion de Sanguinius, qui n’est pas sans arracher quelques larmes de joie à ce fragile de Zephon. Land, qui est un être rationnel, lui, ne comprend pas bien la cause de ces épanchements hormonaux, démonstration imparable à l’appui. Qu’importe, Zephon est la patience et la bienveillance incarnées, et le techo-archéologue n’est pas loin de considérer le grabataire en armure rouge qui sert de perchoir à son psyber-macaque (les Jokaero, ça fait vraiment peuple) comme un ami, ce qui l’amène à lui proposer – à trois reprises car Zeph’ n’écoutait pas les deux premières – une séance de chirurgie réparatrice, ce que l’Astartes accepte de grand cœur.

Un peu plus tard, dans le laboratoire de Land, ce dernier débute une opération de grande ampleur visant à remplacer les ressorts de sommier, tringles à rideau et autres rustines en chewing-gum qu’il a mis à profit pour remettre sur pied son comparse lorsque les démons sont venus toquer à la porte pendant que Pépé était sur le trône. Pour efficace que se soit avéré ce bricolage, en effet, les conséquences de long terme pour Zephon ne se sont pas avérées plaisantes. Mettant à profit ses connaissances scientifiques poussées, son approche radicalement hétérodoxe (pour ne pas dire hérétique) du problème, et sa réserve personnelle de gadgets récupérés de ci de là au cours de ses fouilles précédentes (dont un implant cérébral très probablement piqué à un homme de fer), Land parvient à retaper à neuf le Blood Angel, qui déborde donc de gratitude à sa sortie de catalepsie. La pureté du moment est toutefois battue en brèche lorsque Zephon se rend compte que l’intervention du Martien en exil a été motivée, non pas par son sens de l’amitié, mais par son désir d’obtenir une entrevue avec Sanguinius pour le convaincre d’aller botter le joint de culasse du séditieux de Kelbor-Hal, ce que ce jean et jaune foutre de Dorn s’est montré incapable de faire. Blessé dans son for intérieur par la froideur de Land, Zephon promet toutefois de faire ce qu’il peut pour organiser la rencontre.

Quelques jours après cette opération à corps ouvert, Big Nose et son ouistiti attendent dans l’antichambre de la suite Aphelion, réquisitionnée par l’Ange pour la durée de son séjour sur Terra. Lorsqu’un membre de la Garde Sanguinienne se pose à ses côtés pour lui signifier que le Primarque attend son bon plaisir entre l’EAP de Raldoron et son Skype avec le Khan, Land ne met pas longtemps à comprendre que derrière l’armure clinquante et le masque doré du Rocket Man se cache Zephon, réintégré dans ses fonctions actives à la suite d’une visite médicale apparemment concluante. Ce qui fait chaud à son petit cœur de Martien, tout de même.

AVIS :

Exercice de style plus drolatique que dramatique de la part d’ADB, cette petite nouvelle remet en scène deux personnages déjà utilisés par l’auteur dans des travaux précédents, et permet à ce dernier de souligner un peu plus l’opposition/complémentarité fondamentale entre le noble, droit et émotif Zephon, et l’acariâtre, rationnel mais néanmoins génial Arkhan Land. Parfait en mouche du coche protégé par ses relations hauts placées (il a causé à l’Empereur, tout de même) et totalement étranger à la moindre notion de savoir-être et d’entregent, le Arkhan le Martien révèle un côté un peu plus sombre de sa personnalité sous la plume de Dembski-Bowden. De son côté, Zephon a bien du mal à sécuriser sa place d’autre personnage principal, concurrencé bassement par le singe adoptif de son comparse et la mention de Diocletian. C’est dire s’il est charismatique. Bref, un petit extra littéraire sans grandes conséquences pour l’Hérésie avec un grand H, mais qui bénéficie du savoir-faire d’ADB pour faire passer un bon moment au lecteur. 

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The Mistress of Threads – J. French [40K] :

INTRIGUE :

The Mistress of ThreadsChez les libres marchands, les liens du sang sont, si ce n’est sacrés, au moins très importants, particulièrement lors d’un coup dur. C’est donc tout naturellement que Cressida Syr Morio contacte sa cousine Viola von Castellan afin de solliciter son aide dans une affaire louche qu’elle a récemment mis au grand jour. Tête pensante de la dynastie décadente des Morio après son mariage arrangé avec Osric Morio, Cressida croyait avoir réussi à se faire une place aux soleils1, une destinée peu évidente pour celle qui n’avait été jusqu’ici que la « Cousine Cress’ » dans l’arbre généalogique des illustres van Castellan. L’ouverture de la Cicatrix Maledictum plongea cependant la petite affaire familiale des Morio dans la tourmente, le fret intra galactique étant difficile à déplacer lorsque l’Imperium est coupé en deux par des tempêtes Warp et que la lumière de l’Astronomicon est montée sur courant alternatif. Une solution tombée du ciel se présenta cependant en cette heure dramatique, sous la forme du cartel Cytos, une organisation commerciale et religieuse à la réputation impeccable (les Quakers de 40K), et toute prête à secourir la maison Morio en son heure de déboire, en échange de la possibilité d’utiliser les flottes et installations de cette dernière.

Cet arrangement permit aux Morio d’encaisser cette période de troubles, mais au hasard d’une découverte fortuite dans son manoir de Mithras, Cressida réalisa que les sympathiques et propres sur eux Cytos faisaient circuler des spécimens un peu trop funky à son goût sous couvert de colissimos siglés Morio. Soupçonnant que les Cytos ont déjà mis en place une surveillance de ses faits et gestes, elle ne peut que se tourner vers sa chère cousine Viola, qu’elle sait être de mèche avec l’Inquisiteur Catogan Covenant, et peut-être en mesure de l’aider à régler cet épineux problème…

Début spoiler…Seulement voilà, on ne peut pas compter que les Saints Ordos pour agir dans l’intérêt bien compris de ceux qui les sollicitent (on n’est pas dans Ca Peut Vous Arriver ici) mais seulement dans celui de la pérennité de l’Imperium. Si Viola prend la missive de Cressida très au sérieux, et organise une collecte d’informations/préparation d’intervention en un temps record, grâce à son carnet d’adresses des plus fournis et ses talents consumés de stratégiste – qui lui ont valu le surnom de Maîtresse des Fils – le résultat final n’est guère du goût de la principale intéressée. Ayant acquis la certitude, autopsie à l’appui, que le cartel Cytos n’est qu’une couverture d’un Culte Genestealers, Viola obtient le feu vert de son illustre patron pour purger ces affreux Xenos. L’opération Chauve Qui Peut est lancée sans tarder, et voit une escouade de la Deathwatch prendre d’assaut le manoir de Viran où Cressida était placée en résidence très surveillée par ses partenaires commerciaux, ce qui se solde par sa « libération » mais également et surtout par l’élimination d’un des Magus de Cytos, venu questionner lui-même Cressida après avoir eu vent de ses dernières manigances.

La nouvelle se termine avec un dernier échange, beaucoup plus froid, entre les deux cousines : Cressida reprochant à Viola d’avoir déclenché l’annihilation préventive de la maison Morio par pure bitcherie, ne lui laissant d’autre choix de carrière que pèlerine en route vers Terra en classe économique. La vilenie. Magnanime, Viola se contente de répondre qu’elle n’a pas le temps pour les gens négatifs, en tant que business women overbookée H24, mais qu’elle prendra un pumpkin latte avec Cress’ dès que cette dernière sera de retour de son petit périple tantrique dans le Segmentum Solar. Enjoy your holidays, guuuuuuurl !!! XOXOFin spoiler

1 : Avec un million de mondes dans l’Imperium, le pluriel est toléré.

AVIS :

John French enrichit son corpus de nouvelles dédiées aux nombreux et variés acolytes de l’Inquisiteur Covenant avec ce ‘The Mistress of Threads’, qui suit de plus près Viola von Castellan (et un peu son frère Cleander), libre marchande mais pas vraiment en fait puisque sa maison a été mise sous tutelle de l’Inquisition en punition des errements de quelques-uns de ses membres les moins inspirés. En plus de nous gratifier d’une enquête inquisitoriale en bonne et due forme, pleine d’éléments fluff qui feront plaisir aux amateurs, comme à la belle époque où Dan Abnett publiait des nouvelles du bon Gregouze Cornedeglace dans Inferno !, French démontre que sous ses abords respectables, il est capable de faire preuve de plus d’inventivité formelle dans ses soumissions que 95% des autres contributeurs de la BL. La nouvelle est en effet constituée de pas moins de 30 sections successives, qui permettent de suivre le déroulé de l’intrigue à travers des échanges épistolaires, des mails professionnels (ou l’équivalent 40K), des échanges de SMS (idem), ou encore des retranscriptions de conversations ou d’interrogatoires. Tout cela marche ma foi fort bien, et est très rafraîchissant à lire, ce qui fait de ‘The Mistress of Threads’ la meilleure nouvelle du cycle ‘The Horusian Wars’, et peut-être même la meilleure nouvelle de John French pour la BL à ce jour.

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Lantern’s Light – J. Swallow [HH] :

INTRIGUE :

Lantern's LightDepuis une année, Mortarion se morfond dans le système de Barbarus, après que ce dernier ait été intégré à l’Imperium par la volonté de son divin souverain, Pépé 1er. Bien que cette période ait permis au Primarque d’apprendre beaucoup sur le royaume galactique de son Père, la Grande Croisade et la place qu’il devra bientôt prendre dans cette dernière, Morty et son esprit rebelle (il a une petite voix dans la tête qui prend un malin plaisir à poser toutes les questions malaisantes) ne se satisfont pas de la situation. Pour faire simple, la seule chose qu’il trouve vraiment cool est le lien qu’il a réussi à tisser avec ses Dusk Raiders, bientôt renommés en Death Guard en l’honneur des compagnons de lutte qui l’ont soutenu sur Barbarus. Pour le reste, c’est la soupe à la grimace, comme si dans le corps gigantesque de notre héros se cachait un collégien complexé (ce qui est peut-être le cas, vu la vitesse à laquelle les Primarques grandissent).

Aujourd’hui est un jour spécial, cependant, puisque son Pôpa l’a invité à le rejoindre sur son vaisseau amiral, afin d’avoir une discussion avec son plus jeune rejeton. Ne pouvant pas s’enfermer dans sa chambre en écoutant The Cure, comme tout bon ado emo qui se respecte, Mortarion se rend sur le Bucephelus comme convenu, mais prend un malin plaisir à crash the party en piétinant le protocole de ses grosses bottes cloutées. Hôte gracieux s’il en est, l’Empereur ne s’en formalise pas et propose à son fiston une petite balade en tête, loin des petits fours et orchestres de chambre qui semblent taper sur les nerfs de son nihiliste de fils. Seulement, à vouloir en mettre plein la vue à ce dernier1, Papy gâteau ne parvient qu’à faire croître le ressentiment de Morty à son égard. Ce dernier n’a en effet toujours pas digéré la manière dont la campagne de Barbarus s’est terminée : lui crachant ses poumons et suintant du pus par tous les pores, et l’Empereur se téléportant par magie devant Necare (seigneur suprême de Barbarus et père adoptif de Mo’) pour lui voler son kill. On sent donc que les relations ne seront jamais au beau fixe entre ces deux là, mais que pouvait attendre donc de la part d’un Primarque ayant grandi sur une planète perpétuellement recouverte de nuages verdâtres ?

Un peu plus tard, l’Empereur tente une autre avancée, en amenant Son fils dans le « modeste » atelier où il se délasse l’esprit et les doigts lorsqu’il a un peu de temps libre. Comme Il le révèle à Morty, Il offre à chacun de Ses Primarques un cadeau fait de Son auguste et blanche main avant que ces derniers ne partent rejoindre la Grande Croisade, et c’est ainsi que Mortarion hérite d’un magnifique cimeter-. En fait non. Le goujat refuse tout net de se séparer de sa faux énergétique, ce qui crispe légèrement l’Empereur. Pour ne pas avoir l’air de refuser le cadeau paternel, Mortarion s’empare d’une autre relique qui traînait dans le coin, le pistolet Lanterne que Pépé a gardé comme souvenir de sa conquête de la planète Shenlong. Et voilà comment une bouderie puérile a fait de Morty le Primarque pistolero. The more you know…

La nouvelle se termine avec un Empereur sensiblement agacé par les caprices de Son Fils, et qui fait ce qu’il a l’habitude de faire depuis cinquante ans quand quelque chose Le gonfle : refiler la patate chaude à ce brave Horus. Comme Lulu la Percale tenait à rencontrer au plus tôt son nouveau frérot, il attendait patiemment dans une antichambre du Bucephelus, ce qui donne l’occasion à Pépé d’aller martyriser un sac de frappe à la salle de gym pendant que Ses fistons font connaissance. Pas tous les jours faciles d’être un père célibataire de famille nombreuse…

1 : La discussion dans la coursive avait pour but principal de montrer à Mortarion le véhicule de fonction gracieusement offert par l’Empereur, l’Endurance. On raconte que les derniers arbres de la forêt amazonienne ont été coupés pour produire le papier cadeau nécessaire à l’emballage.

AVIS :

James Swallow signe peut-être sa meilleure soumission consacrée à Mortarion avec Lantern’s Light, nouvelle qui explore de manière assez fine la psyché torturée du Primarque de Barbarus, et la relation complexe qu’il a toujours entretenue avec l’Empereur. Tout l’intérêt de ces quelques pages repose dans la dualité des sentiments ressentis par le nouveau patron des Dusk Raiders : a-t-il raison de considérer Pépé comme un tyran égoïste et incapable de considérer les autres que comme des expédients à utiliser comme bon lui semble, ou est il juste sujet à une paranoïa aigüe, sans doute renforcée par l’enfance traumatisante qu’il a subi avec son père adoptif ? Ce sera au lecteur de décider, et c’est bien mieux ainsi. En bonus, on a le droit à pas mal de détails fluff, ce qui est toujours appréciable, et à un Empereur pas totalement à côté de Ses pompes (ce qui est malheureusement souvent le cas lorsqu’Il intervient personnellement dans un récit de la BL). Je recommande donc une nouvelle de James Swallow, et c’est assez rare pour le souligner.

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Trials – R. Harrison [40K] :

INTRIGUE :

TrialsLa guerre sur Atraxis s’est littéralement embourbée, forçant les défenseurs impériaux à patienter dans leurs tunnels pendant que les cultistes chaotiques (Sighted) bombardent leurs positions sans merci. Pour tuer le temps à défaut des soldats de son régiment d’adoption, la Commissaire Severina Raine fait des rondes régulières le long de la tranchée souterraine où le 11ème Fusilier d’Antari attend des jours si ce n’est meilleurs, au moins plus actifs. Ses devoirs lui laissent cependant suffisamment de temps pour aller taper la discute avec son acolyte Andren Fel, Capitaine Storm Trooper et armurier émérite. Unis par le fait d’être tous deux passés par l’école d’excellence qu’est la Schola Progeniam, les deux officiers échangent quelques anecdotes sur leurs parcours respectifs, tout en sirotant un peu d’eau gazeuse huileuse et grignotant des barres de grox soufflé. Aujourd’hui, la discussion tourne autour du délicat sujet de l’épreuve pratique de dernière année, redoutée de tous les étudiants depuis des temps immémoriaux.

Pour Andren Fel, le test a consisté en une épreuve d’orientation en mode hardcore, s’étant déroulée dans les bois ténébreux d’Antari. Abandonné en pyjama et en crocs, drogué, menotté et seulement équipé d’un couteau à beurre émoussé, le jeune Fel a eu trois jours pour retrouver le chemin de son école, sous peine de… redoublement j’imagine ? A côté de ça, les marathons de Barkley c’est pour les mioches et leurs grand-mères. Bien entendu, le Capitaine a réussi à boucler ce petit trek primesautier dans les temps, écopant au passage d’une belle cicatrice après avoir dû repousser les assauts d’un couple de wyldwolves en maraude.

Severina Raine, quant à elle, a eu droit à une épreuve en intérieur, mais pas moins dangereuse et difficile que celle de son acolyte. Ayant constaté que les élèves de dernière année de sa promotion disparaissait régulièrement dans les semaines précédant la diplomation, la méfiante Severina avait pris le parti de ne plus dormir que d’un œil, et avec une arme à portée de main, au cas où l’épreuve consistait à survivre à un mariage traditionnel kirghize. Bien lui en a pris car cela lui a permis de contrecarrer les desseins feminicides d’un de ses camarades de promotion, Yuzoh, qui se présenta une nuit avec un pistolet et des intentions peu charitables au pied de sa couchette. Mis en fuite par une attaque Gros Yeux bien exécutée par la déjà pas commode Severina, Yuzoh disparut à son tour. Quelques jours plus tard, l’élève Raine reçut une convocation de la part des intraitables abbés de la Schola, l’invitant à se rendre sans délai en salle 504, où son épreuve finale prendrait place…

Début spoiler…Comme on pouvait s’y attendre, Severina retrouva sur place Yuzoh, enchaîné à la cellule, ainsi que le pistolet que ce dernier aurait dû utiliser pour réussir sa propre épreuve, qui était de supprimer sa camarade. Un peu rude comme travaux pratiques, mais quand on forme des Commissaires, il faut bien mettre les étudiants en conditions réelles à un moment donné. Malgré les larmes et supplications de Yuzoh, Severina n’hésita pas longtemps avant de prendre le shoot, gagnant ses galons d’officier et éliminant du même coup un candidat indigne de la casquette commissariale. Un win-win en quelque sorte.Fin spoiler

AVIS :

Petite nouvelle explorant le passé mystérieux et le passif meurtrier de Severina Raine (et celui d’un des personnages secondaires de la saga, pour faire bonne mesure), ‘Trials’ est une variation tout à fait satisfaisante sur le thème du ‘there is only war’. Rachel Harrison compense le manque de suspens de son propos (il est évident que les deux protagonistes vont survivre à leur épreuve, quelque soit la difficulté de cette dernière) en dépeignant les institutions impériales dans toute leur inhumaine rigueur, et montre au passage que même les humbles Gardes Impériaux disposent dans leurs rangs d’individus absolument exceptionnels, tant sur le plan physique que mental. Rien qui ne nécessite le détour si vous êtes un vétéran de la GW-Fiction, mais une soumission robuste de la part de Harrison quoi qu’il en soit.

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Ghost of Nuceria – I. St. Martin [HH] :

INTRIGUE :

Ghost of NuceriaLa fin approche sur Nuceria pour Grongron et sa petite bande de gladiateurs rebelles. Après avoir ravagé l’arrière-pays au cours d’une révolte sanglante, qui a permis au Primarque aux dreadlocks de gagner le titre de Mangeur de Cités (we see what you did here), les derniers myrmidons grimdark ont été repoussés dans les montagnes par les armées des high riders. Comme personne n’avait pensé à prendre des pyjamas en pilou au cours du sac de la dernière ville (Hozzean) et que le fond de l’air est franchement frais en cette saison, le nombre de nos intrépides mais courts vêtus guerriers fond comme neige au soleil, malgré le recours à des techniques de conservation de chaleur éprouvées1. Seul Angron semble ne pas souffrir de ces conditions météorologiques peu clémentes, mais en tant que surhomme génétiquement modifié et constamment énervé, le contraire eut été étonnant. Pendant que ses camarades font des pogos thermiques dans une caverne, il patrouille donc aux alentours, et surprend un éclaireur ennemi qui perd rapidement la tête. La baston finale est pour bientôt.

De retour au camp de base, l’altruiste Primarque donne un peu de son sang à boire à ses troupes pour leur donner du cœur au ventre, et tout ce petit monde se prépare à vendre chèrement sa peau contre les hordes innombrables des high riders, qui viennent sonner à la porte quelques heures plus tard. Les dirigeants de Nuceria sont prêts à passer l’éponge sur les dernières excentricités d’Angron si ce dernier accepte de rentrer au bercail sans faire d’histoires, mais Gladiator refuse tout net de faire le jeu du système, et préfère mourir aux côtés de ses frères et sœurs d’armes avec honneur. La bataille qui s’engage après ces négociations infructueuses est aussi sanglante que déséquilibrée, mais alors qu’il vient de découper à main nue sa Némésis du jour (l’énorme commentateur vedette des combats de gladiateurs sur Nuceria, appelons-le Mierre Penez), il se retrouve soudainement figé sur place par une force inconnue, qui lui souffle à l’oreillette quelque chose du style +Viens dire bonjour à ton Pépé+. Angie n’est pas très chaud, mais on ne lui laisse pas le choix, et il se retrouve téléporté sans sommation sur le vaisseau de son Illustre Géniteur, qui commet l’erreur de libérer Son fiston de la clé de cerveau qui le tenait en respect. Bilan des courses : un Adeptus Custodes un peu trop faraud réduit en compression de Cesar, ce qui tend légèrement les relations entre le Père et le fils.

D’habitude un peu plus à l’écoute des états d’âme de ses rejetons, Pépé se montre particulièrement obtus et péremptoire, et informe Angron qu’il prendra la tête de sa Légion et l’aidera à conquérir la galaxie, que ça lui plaise ou non. A nouveau enfermé dans une camisole de force psychique, Grongron ne peut pas faire grand-chose à part penser à des gros mots particulièrement osés comme « gros pif » ou « vieux beau2 », ce qui fait déborder le vase de la patience infinie mais pas trop de l’Empereur. Ce dernier balance donc Son impertinent de fils sur le pont du vaisseau amiral des War Hounds et repart aussi sec vaquer à d’autres tâches, laissant aux pauvres Space Marines qui se faisaient une joie de rencontrer leur père génétique le soin de gérer la GROSSE colère d’Angron. La suite va vous surprendre…

1 : Je suis sûr que c’est cela qui a attiré l’attention de Pépé. Après tout, on ne s’inspire pas du manchot Empereur impunément.
2 : Plus sérieusement, on a l’explication du titre de la nouvelle lorsque qu’Angron informe l’Empereur que celui qui combattra pour lui ne sera qu’un fantôme, car lui-même est mort sur Nuceria au côté de ses compagnons. Ce à quoi Pépé répond « K ». RUDE.

AVIS :

Ian St. Martin boucle la boucle (ou tresse la corde, ce serait plus fluff) de l’origin story du plus colérique des Primarques avec ce court mais satisfaisant ‘Ghost of Nuceria’, qui se termine une demi-seconde avant le début de la nouvelle ‘After Desh’ea’ de Matthew Farrer, publiée dix ans plus tôt dans le tout premier recueil dédié à l’Hérésie d’Horus. Ça ne nous rajeunit pas. Etant un amateur impénitent de l’enrichissement du background par épisodes romancés interposés, ce parti pris ne pouvait que me convenir, à condition que la réalisation n’en fut pas indigente, ce qui est le cas ici. St. Martin a semble-t-il pris le temps de réviser le travail de ses prédécesseurs et de se pencher sur la psyché de son personnage principal avant de prendre la plume, ce qui se ressent bien dans ses écrits.

Angron n’avait pas besoin d’une raison particulière pour haïr l’Empereur par rapport à ce que le fluff établi nous indiquait d’ores et déjà (ce n’est pas très dur de détester le type qui sacrifie vos frères et sœurs d’armes pour ses propres motifs mégalomaniaques, d’autant plus qu’il n’avait qu’à lever le petit doigt pour sauver tout le monde), mais le parallèle fait entre les détestables high riders et l’intraitable Pépé, qui ont tous besoin d’Angron et se contrefichent de ce que ce dernier en pense, est bien trouvé. Ça ne nous donne pas plus d’informations sur les raisons profondes du dick move de Big E, mais ce n’est pas à mon sens le but de cette nouvelle, donc tout va bien de ce côté. Bref, une nouvelle incontournable pour les amateurs de fluff primarquiel, ce qui est encourageant pour un contributeur aussi nouveau que Ian St. Martin, et une date de publication aussi avancée dans le déroulement de l’Hérésie.

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Redeemer – G. Haley [40K] :

INTRIGUE :

RedeemerOn a tous déjà été confronté à ce moment, plus ou moins long, pendant lequel une chanson – souvent débile, comme La Danse des CanardsT’Es Si Mignon ou Despacito – nous restait collée dans la tête malgré tous nos efforts pour forcer notre cerveau de passer à autre chose. Eh bien cette expérience abominable, c’est le quotidien d’Astorath l’Inflexible, Grand Chapelain des Blood Angels et Rédempteur des Égarés, dont il entend les fredaines pathétiques lui rabâcher les oreilles dès que l’un d’entre eux sombre totalement dans la Rage Noire. Il est alors de son devoir de rappliquer dare dare pour abréger les souffrances (les leurs et les siennes) à grands coups de hache, ce qui le conduit à passer sa vie dans l’espace, voyageant de zones de guerres en théâtres d’opérations dans son véhicule de fonction (l’Eminence Sanguis), accompagné de quelques fidèles acolytes. Aujourd’hui, direction Asque, d’où proviennent les échos lointains de Djadja joués à la flûte à bec par un Snotling asthmatique, ce qui est passablement désagréable, vous en conviendrez.

Laissant le fidèle Sergent Dolomen garder le vaisseau, comme il en a l’habitude1, Astorath part à la rencontre de l’escouade de Blood Angels affectés par le mâââl, escorté par le Prêtre Sanguinien Artemos et guidé par un trio de locaux, fortement impressionnés par la panoplie macabre de leur visiteur (qui fait moins le malin lorsque les ailes factices de son jet pack se prennent dans les branches sur le chemin, ceci dit). En chemin, les bouseux apprennent au Grand Chapelain que leur monde est victime depuis plusieurs décennies des attaques d’une race de Xenos peu sympathiques, baptisés les Silencieux par les pragmatiques Asquiens, et qui ont forcé ces derniers à abandonner leur cité ensoleillée pour se réfugier dans les forêts de champignons insalubres et humides recouvrant la majeure partie de la planète. Leurs appels à l’aide étant resté lettre morte pendant des décennies, l’ouverture de la Cicatrix n’aidant certainement pas, il leur a fallu prendre leur mal en patience et apprendre à vivre comme Yoda sur Dagobah, la Force en moins, le temps qu’une demi-escouade de Blood Angels soit dépêchée sur place pour botter le train aux Silencieux. Tout se passait très bien jusqu’à ce qu’un des Astartes ne pique une colère noire pour un motif indéterminé, et fausse compagnie à ses camarades pour aller baguenauder dans les sous-bois d’Asque.

Cette version est confirmée par le trio de Primaris qu’Astorath et Artemos rencontrent à leur retour de patrouille, et encore traumatisés par le pétage de plomb de leur mentor, le Sergent Erasmus, après que leurs hôtes leur aient apportés un steak d’ordes bien cuit au lieu de saignant. Détail important, Erasmus était un Space Marine de la vieille école, et pas un Primaris, dont la résistance à la Soif Rouge et à la Rage Noire relève encore de la théorie et des boniments de Belisarius Cawl. Ayant recueilli assez d’indices pour procéder à la traque et à la rédemption d’Erasmus, dont le séjour sur Asque sera le dernier échange culturel, Astorath se prépare à apporter la paix à la brebis énergétique égarée, siphonant un peu de rouge à la veine d’Artemos pour se donner du cœur à l’ouvrage, mais refusant catégoriquement que son acolyte vienne lui porter main forte dans sa mission sacrée. La confidentialité de la relation patient-thérapeute/confesseur/bourreau doit être respectée, que diable.

Après une petite partie de beat ‘em all sur le chemin de la ville abandonnée par les Asquais (les Silencieux trouvant malin de s’attaquer à Astorath à son passage, malgré leur corps de lâche et leur équipement rudimentaire), notre héros parvient enfin à localiser Erasmus, complètement enragé et donc persuadé de purger le Vengeful Spirit en lieu et place de son Primarque, alors qu’il massacre en fait la colonie de Silencieux ayant investi les habitations des colons après le départ de ces derniers. L’arrivée du Grand Chapelain fait définitivement pencher la balance en faveur de l’Imperium, et après que les derniers mobs aient été farmés, il est temps pour l’ultime séance de psychiatrie du Sergent Erasmus, administrée de main et de hache énergétique de maître par Astorath. Guidé par son amour fraternel et sa miséricorde absolue, le Rédempteur rédemptionne avec retenue, se contentant de saigner son patient pour saper sa force plutôt que de le décapiter sans sommation. Ah, il lui coupe une jambe aussi, mais seulement pour qu’Erasmus se tienne enfin tranquille, et qu’il puisse lui adresser une imposition des mains salutaire, permettant à l’égaré d’enfin refaire surface, et de mourir dans la lumière de Sanguinius et de l’Empereur. C’est presque une happy end, en fait. Ce problème résolu, et les glandes d’Erasmus récoltées, il est temps pour Astorath et Artemos de repartir sur les routes, la version de Bella exécutée au mirliton et à la scie musicale venant lui trotter dans la tête lui indiquant qu’un autre frère a besoin de ses bons offices…

1 : La planque ultime pour un Blood Angels tout de même. M’est avis que Dolomen a dû faire une remarque désobligeante lors du dernier vernissage de Dante pour avoir été affecté à une mission aussi chiante.

AVIS :

Guy Haley s’empare du personnage d’Astorath l’Inflexible (possiblement le Blood Angels doté du background au plus fort potentiel narratif) et nous sert une petite mise en situation dont il a le secret, soulignant à la fois les caractéristiques saillantes de son héros et levant le voile sur des aspects de sa personnalité et de son passé non abordés par les quelques paragraphes qui lui sont dédiés dans le Codex Blood Angels. Sur cette base éprouvée, Haley trouve également le moyen de faire le lien avec le lore avec un grand L (ce qui est approprié pour un personnage avec des grande ailes), en mentionnant l’ouverture de la Cicatrix et la dévastation de Baal, ainsi qu’en abordant la question fondamentale de la vulnérabilité potentielle des Primaris Blood Angels aux tares du matériel génétique de leur Primarque. Le résultat est très solide, à défaut d’être particulièrement original, et on se prend à espérer que la BL commissionne Haley pour d’autres travaux mettant l’Inspection Générale faite (sur)homme en vedette.

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Au final, ce coup d’essai se rapproche plus du coup de maître que du coup dans l’eau, toutes les nouvelles proposées au cours de cette semaine s’avérant au minimum solide, et parfois plus que cela. Il aurait fallu seulement prendre soin d’intégrer Age of Sigmar dans le programme des réjouissances pour que le sans faute soit considéré, mais cela sera pour une autre fois. Un bon millésime pour les amateurs de GW-Fiction, heureusement republié en partie dans d’autres recueils pour en faciliter l’acquisition.

LOYAL SONS [HH]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue de ‘Loyal Sons, le fidèle reflet de ‘Traitorous Scions’ (chroniqué ici). Comme le nom de l’anthologie le laisse apparaître, nous sommes en présence exclusive de membres du good boys club de l’Empereur, autrement dit les Primarques qui ont choisi de se battre du bon côté de l’histoire. Au menu, et comme cela avait été le cas pour leurs homologues rebelles, les fistons loyaux sont évoqués à travers 14 nouvelles, dont aucune n’est inédite1. L’occasion de découvrir, ou redécouvrir, les hauts faits de cette fraternité surhumaine, avant et pendant l’Hérésie de la brebis loup galeux.  

1 : On pourrait cependant considérer que ‘Champion of Oaths’ de John French est une nouveauté à part entière, car elle n’avait été avant cela proposée que dans un recueil papier uniquement vendu lors d’événements organisés à Nottingham.

Loyal Sons

Au petit jeu des favoris (des éditeurs de la Black Library, ce qui est presque aussi bien que d’avoir l’attention de Pépé, quand on y réfléchit), on constate que pour une fois Ferrus Manus finit devant ses frangins (so happy for him!), à égalité avec l’incontournable Rogal Dorn. À l’autre bout du spectre, Vulkan, Leman Russ, Corax, Jaghatai Khan et Lion El’Jonson ne bénéficient que d’une nouvelle à leur nom (et encore, c’est assez discutable pour le Jag’ qui ne fait qu’un caméo à la fin de ‘A Game in Opposites‘): si vous êtes des fans transis et exclusifs de ces estimés gentlemen, peut-être que ‘Loyal Sons‘ n’est pas pour vous. Mais si vous voulez connaître un peu plus les faithful nine de l’Imperium, n’allez pas plus loin. Par ici la visite…

Loyal Sons

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The Passing of Angels – J. French :

INTRIGUE :

The Passing of ANgelsLa planète Harpic, intégrée à l’Imperium pendant la Grande Croisade, a décidé de faire sécession de l’empire de Pépé. Ce crime de lèse majesté ne pouvant évidemment pas rester impuni, l’Armée Impériale est envoyée sur place pour calmer les velléités indépendantistes du Gouverneur Planétaire… et est accueillie à coup de bombes nucléaires, résultant en des pertes colossales parmi les assaillants mais également la population locale, sacrifiée sur l’autel du « vous ne m’aurez jamaaaaaaaaaaais ». L’Empereur ayant clairement établi que l’atome, c’était le mâââl dans une célèbre interview donnée au Journal de Mickey en M30, la machine de guerre impériale passe en mode hardcore et envoie Sanguinius et ses Blood Angels « pacifier » pour de bon la planète mutine, renommée H_____ en signe de la gravité de ses crimes.

Nous suivons donc le Primarque ailé et les soixante Space Marines de l’Ost de la Destruction, armés de l’arsenal le plus sale à disposition de l’Astartes (armes à phospex, grenades à radiations, cocktails cacatov et tutti quanti), alors qu’ils font s’abattre le jugement de l’Empereur sur les dissidents de H_____. Sanguinius a donné des ordres stricts : il ne doit y avoir aucun survivant, et, conscient du lourd fardeau psychologique qu’un tel massacre pourrait avoir sur ses fragiles de fistons, il leur a ordonné de revêtir le masque d’argent des Destructeurs, permettant à son porteur de dissocier son identité des actes horribles commis en tant que membre de l’Ost1. Seul le Primarque se rend au combat tête nue, car sa nature surhumaine lui permet d’endosser sans faiblir la responsabilité de ce massacre (raison officielle) et que mettre un casque lui aplatit les cheveux de manière disgracieuse (raison officieuse). Bien évidemment, les soldats de H_____ ne font pas le poids face à la furie sanguin(ius)aire des Blood Angels, et leur insignifiante petite planète ne tarde pas à repasser du bon côté de l’histoire.

La nouvelle se termine par une réunion informelle entre Horus et Sanguinius sur le Vengeful Spirit, pendant laquelle les deux frangins se livrent à leur activité préférée : battre son frère à un jeu de plateau pour Horus, et faire de lourds sous-entendus sur l’avenir pour Sanguinius. C’était une époque plus simple…

1 : C’est dans l’esprit très semblable aux masques de guerre des Guerriers Aspects Eldars… sauf qu’ici, on ne nous dit pas s’il y a une véritable technologie permettant de brainwasher le porteur, ou bien s’il devra faire la dissociation tout seul comme un grand.

AVIS :

Je suis un peu déçu de l’approche choisie par French pour cette nouvelle estampillée Primarques, car elle ne nous apprend au final pas grand-chose sur le personnage que l’auteur a choisi de traiter (Sanguinius)1, et aurait donc pu être cataloguée comme nouvelle « classique » de l’Hérésie à la place. Certes, on voit le Primarque mener ses fils à la bataille, mais la noblesse tragique dont il fait preuve au cours de la purge de H_____ n’est pas une caractéristique inconnue de Sanguinius : quiconque est un tant soit peu familier du personnage sait qu’il s’agit au contraire de la base de son identité. Partant, le propos déroulé par French dans ‘The Passing of Angels’ n’apporte pas de nouvel éclairage sur l’Archange de Baal, ce qui est à mes yeux la raison d’être d’un récit Primarques. Le même argument peut être avancé pour la scène de dialogue entre Sanguinius et Horus, qui relève à mon sens plus du clin d’œil à des éléments de fluff déjà établis au cours de l’Hérésie que d’une quelconque avancée de l’arc des Pépé Bros.

Je suis également resté sur ma faim avec l’Ost de la Destruction, convoqué par French pour montrer que même la Légion de Space Marines la plus angélique ne rechignait pas à faire le sale boulot de temps à autre, mais avait développé une technique bien à elle pour ne pas laisser ces actes barbares affecter durablement ses membres. L’idée est intéressante, mais sa mise en pratique tellement lacunaire que l’on ne sait pas comment le processus en question fonctionne. Les masques mortuaires des Destructeurs ont-ils seulement une fonction symbolique, ou sont-ils capables d’effacer les souvenirs de ceux qui les portent ? Bref, ‘The Passing of Angels’ passe à mes yeux à côté de son sujet, et si French est suffisamment compétent en tant qu’auteur pour que la lecture de cette nouvelle ne soit en rien désagréable, j’attendais plus et mieux de sa part ici.

1 : La plus grande révélation de ‘The Passing of Angels’ a été pour ma part d’apprendre que Sangui avait une vision laser, qui pouvait détecter une rupture d’alignement de l’ordre d’un micron. Il aurait dû être coiffeur au lieu de chef de guerre avec ce don, moi je dis.

Mercy of the Dragon – N. Kyme :

INTRIGUE :

Mercy of the DragonLes réunions de famille ne sont pas toujours une partie de plaisir, c’est bien connu. Toutefois, les retrouvailles entre Vulkan et l’Empereur sur Nocturne se passèrent de manière que l’on peut qualifier de cordiale, surtout si on les compare à d’autres épisodes d’affiliés au premier regard tournées plus tard au cours de la Grande Croisade. Bien sûr, le fils adoptif de N’bel le forgeron a une âme paisible sous ses abords farouches, et il faudra une longue discussion (et une salamandre encore plus longue, mais c’est une autre histoire…) pour le convaincre de laisser tomber sa planète pourrie et sa salopette rapiécée pour prendre sa place aux côtés de son créateur dans la conquête de la galaxie. C’était à l’époque où Pépé prenait encore le temps de discuter avec ses fistons avant de les bombarder à la tête de leur Légion1… Et croyez-le ou non, mais un des critères majeurs ayant guidé la décision du colosse aux yeux de braise fut de savoir si ses nouveaux camarades de jeu allaient être gentils avec lui pouvaient apprendre quelque chose de sa part, lui qui se voyait davantage chaudronnier que chef de guerre. « Mais bien sûr gros bêta », lui répondit son papounet. « Attends un peu de rencontrer ce joyeux drille de Ferrus… ».

Flash forward quelques temps plus tard, au cours de la campagne de mise en conformité de Ranknar. Les indigènes ne se sont montrés sensibles ni aux talents oratoires, ni aux sculptures en ballons de l’Empereur (on ne peut pas être bon partout hein), et la guerre fait rage à la surface de la planète. Les défenseurs vont de défaites en défaites, leurs forteresses imprenables se faisant mettre minables en un temps ridicule et un déluge de flammes par un guerrier terrifiant, surnommé le Dragon par ses adversaires malheureux. Nous suivons le soldat Sarda et le prêtre Veddus alors qu’ils se rendent jusqu’à l’ultime bastion de la résistance : la Citadelle Rouge de Romistad. Le dernier carré des ranknariens dans la cité de Venikov s’est en effet terminé de manière abrupte et infernale, après que le Dragon ait décidé d’y allumer le feu.

À Romistad, la situation des défenseurs semble un chouilla moins désespérée, car ils ont à leur disposition non pas une, mais deux armes top secrètes moumoutes. Ceci dit, les impériaux ont de leur côté non pas deux, mais trois membres des Ramones (nouvelle période) : Peypey, Féroce Manosque, et bien sûr le Dragon, qui est bien sûr le nom de code trop trop secret de Vulkan. Bref, les carottes ne sont pas cuites, elles sont sur le point d’être carbonisées pour les irréductibles gaulois.

La stratégie de l’Empereur, qui consiste à lancer un Vulkan fou de rage (sans qu’on sache trop bien pourquoi d’ailleurs) sur l’ennemi en mangeant des chips avec Ferrus Manus à bonne distance des combats, rencontre toutefois ses limites lorsque les défenseurs abattent leur premier joker : un trio de bogatyrs, c’est-à-dire des golems de la taille d’un Titan, menant une sortie désespérée sur les lignes impériales. Ne pouvant pas laisser Vuvu se faire exploser sans intervenir, Pépé intervient gracieusement pour rétablir le déséquilibre en faveur de ses troupes, ce qui permet à l’irrascible Hulk, mit encore plus en rogne par la découverte de la source d’énergie des bogatyrs (des enfants sous hémodialyse) de charger seul la porte de la Citadelle Rouge, afin d’apprendre à ses occupants de quel boa il se chauffe…. Et c’est là qu’arrive la boulette.

Malgré ses puissants pouvoirs de guidage de missiles, l’Empereur n’est en effet pas foutu d’empêcher le dernier tir d’une salve tardive d’exploser pile sur la position de Vulkan, alors qu’il attendait que la gardienne vienne lui ouvrir. Pour sa défense, il y avait péril en demeure pour les impériaux, l’ultime botte secrète des défenseurs étant de déclencher une bombe virale, ce qui n’aurait pas été fair play. Fort heureusement, ‘tis but a scratch pour Papamanders, qui étrenne certainement ainsi sa perpétualité (reste à voir comment il a regénéré aussi vite ceci dit), et convainc les Ranknariens de déposer les armes après que ces derniers aient constaté que le féroce Dragon a fait obstacle de son corps pour protéger un frêle enfançon qui jouait à la marelle sur le champ de bataille. Le pouvoir de la gentillesse ! Bon, on ne dira rien sur les centaines de milliers de morts avant ça parce que ça serait un peu mesquin…

1 : D’après la chronologie donnée par Laurie Goulding (et donc aussi officielle que possible), Vulkan a été le cinquième Primarque retrouvé. L’Empereur a commencé à s’en balec au douzième round (Mortarion).

AVIS :

Nick Kyme n’a pas écrit le roman Primarques de sa Légion de cœur (l’honneur en est revenu à David Annandale), mais il s’est tout de même payé le luxe de raconter en quelques pages comment la rencontre entre le père et le fils s’est déroulée… et je reste un peu dubitatif sur la valeur de cette offrande. Le problème tient en deux mots : character development. Mettre en scène des personnages aussi iconiques que l’Empereur et ses Primarques de fils nécessite en effet de connaître le riche background de ces figures majeures, mais également de les faire agir en gardant en tête leur stature d’êtres sur(sur)humains. Et si j’aborde ce sujet, c’est bien entendu que Nick Kyme s’est planté sur les deux tableaux. On a ainsi un Empereur qui minaude en faisant briller ses gantelets au soleil et balance des répliques dignes du Thesaurus, mais également un Vulkan utilisé à total contre-emploi avec son fluff établi (le Primarque qui se soucie des simples humains), puisqu’il passe la majorité de la campagne de Raknar à se comporter comme un proto-Angron, massacrant l’ennemi sans lui montrer aucune pitié1, et sans que Kyme ne justifie d’aucune façon cette soudaine agressivité. Que Vulkan ait pété une durite après avoir vu comment ses adversaires faisaient avancer leurs golems de combat, ok, mais avant cela ? Ce n’est pas comme si le même Vulkan avait failli refusé la proposition de l’Empereur de rejoindre la Grande Croisade parce qu’il ne se sentait pas l’âme d’un guerrier littéralement deux paragraphes avant, hein.

On peut toutefois reconnaître à Kyme les efforts sincères qu’il a fait pour donner une culture un peu fouillée à Raknar et ses habitants/fidèles (car oui, c’est à la fois une planète et un dieu), ce qu’il ne s’est pas toujours motivé à faire dans sa production pour la Black Library. Ce n’est toutefois pas suffisant pour équilibrer l’ardoise, et ‘Mercy of the Dragon’ reste à mes yeux globalement raté.

1 : En témoigne le dialogue entre Sarda et Veddus au début de la nouvelle, qui permet d’établir que plus de cent mille hommes ont péri dans la défense de Venikov (sans compter les civils), avec Vulkan en allumeur en chef.

Shadow of the Past – G. Thorpe :

INTRIGUE :

Pendant que la galaxie part en sucette énergétique, sur Sicarus les grands travaux lancés par Lorgar afin de templaformer la planète avancent gentiment. Sous le patronage avisé et le commandement sévère mais brusque de l’Apôtre Noir/chef de chantier Kalta-Ar, des milliers d’esclaves suent sang et os (on est dans l’Œil de la Terreur, tout est possible) pour bâtir la Beneficta Diabola, basilique impie qui comportera deux piscines, un centre commercial et un boulodrome olympique. Soucieux du respect le plus strict des meilleurs standards de santé et sécurité, Kalta-Ar a pris soin de protéger le chantier d’incursions démoniaques, fréquentes en ces latitudes, par des pentacles et sceaux de protection du tout dernier cri1. Aussi est il fort mécontent d’apprendre de la part de ses acolytes qu’un nombre croissant de légionnaires disparaissent sans laisser de trace, au lieu de monter la garde en chantant des cantiques impies comme ils étaient sensés le faire.

Accompagné de son bras droit Arkula le Coryphaus et du Sergent Isaikash, K-A se rend sur les lieux de la dernière disparition, qui devient vite l’avant-dernière car un autre Word Bearer fait soudainement une mauvaise rencontre sur le chemin de ronde, et rend l’âme après cinq secondes de hurlements stridents sur le WhatsApp de groupe. Malaisant. Si quelques esclaves ont été témoins des derniers instants de frère Barbaque, les subtiles techniques d’interrogatoire de nos héros ne leur permettent pas d’apprendre grand-chose sur la nature du prédateur qui s’amuse à les faire tourner bourrique. Les mortels ont en effet seulement vus une ombre écarteler le malheureux Space Marine, ce qui n’est pas lourd pour faire avancer une enquête. Jugeant probable que ces déboires sont de nature démoniaque, et suspectant les serfs d’avoir réussi à appâter un gros Nurgling dans le Materium pour se venger des mauvais traitements infligés par leurs geôliers, Kalta-Ar est sur le point de diligenter une inspection surprise de ses propres opérations (aux grands porteurs du mot, les grands remèdes) lorsqu’une présence indistincte mais pas franchement amicale se matérialise soudain à proximité.

Les rapports alarmistes et disparitions brutales commençant à se multiplier, nos trois affreux décident finalement de prudemment de battre en retraite en direction du portail Warp reliant la Beneficta Diabola au QG de Lorgar, afin de respectueusement demander au boss de venir gérer un impondérable que ses incapables de larbins sont bien en peine de pondérer de leur côté. Cette retraite stratégique, qui se transforme sous peu en débâcle effrénée vers la chambre de papa, voit un nombre non négligeable de Word Bearers aux noms plus exotiques les uns que les autres2 se faire oblitérer par le terrible blurry man qui les poursuit, mais également ce fieffé coquin de Marduk, fier comme Ar-Thaban dans son armure Terminator, faire son apparition dans l’histoire. Fidèle à lui-même, il se montre odieux envers Kalta-Ar et ses survivants, et d’une piètre aide lorsque the thing se remet à faire des siennes. Pourquoi se donner du mal quand on a une armure en scenarium, pas vrai ?

Heureusement pour nos héros, Lorgar avait les oreilles qui traînait et, bien qu’il tique un peu sur le vocabulaire peu flatteur utilisé par ses fils pour parler de lui, l’adoré doré fait son apparition pour se confronter au démon qui tourmente sa marmaille…

Début spoiler…Sauf qu’il ne s’agit pas d’un démon, mais de ce lascar de Corax, qui a gagné quelques pouvoirs funky et emo en diable (comme se changer en brume ou en nuée de corbeaux, ou se faire pousser des bras et des lames surnuméraires) à trop traîner dans le Warp, mais est resté fidèle à sa nature profonde : se venger des méchants très méchants. On se souvient que les deux Primarques se sont déjà frittés sur Isstvan au début de l’Hérésie, et que sans l’intervention salutaire de Konrad Curze, Lolo aurait avalé son crozius. La revanche qui prend place sur Sicarus, alors que Lorgar a été élevé au rang de Prince Démon et que Corax se bat seul sur une planète baignée par le Warp… va rigoureusement dans le même sens, ce nullard d’Aurelian se faisant perforer la glotte par les griffes énergétiques de son frangin, et ne devant son salut qu’à l’intervention peu sportive de ses Word Bearers pour occuper le Seigneur Corbaffe le temps que son adversaire malheureux soit évacué à travers son propre portail. La lose totale.

Coincé sur Sicarus à cause de sa nature à demi-démoniaque, Corax jure à son frère qu’il y aura une belle et s’en va fracasser sa basilique pour se passer les nerfs. De son côté, Lorgar décide d’aller bouder dans sa chambre pour marquer sa désapprobation, et la légende raconte qu’il n’en est toujours pas sorti à ce jour…Fin spoiler

1 : …des victimes sacrificielles utilisées pour les tracer.
2 : Hesta-Pek, Takla-Gad, Apall-Af, Ghoa-Lok, Ukna-Tav…

AVIS :

Gav Thorpe se paie le luxe de conclure la saga hérétique (et la saga tout court pour Corax) de deux Primarques à travers ce sympathique ‘Shadow of the Past’, ce qui est un ratio fluffique tout bonnement exceptionnel pour une simple nouvelle. Si les prémisses de cette histoire ne sont pas très intéressantes, et qu’un lecteur un peu au fait du passif de cet auteur pendant l’Hérésie d’Horus aura tôt fait d’identifier le mystérieux persécuteur de cette cruche de Kalta-Ar, je trouve la deuxième partie du récit nettement supérieure, notamment grâce à l’idée de faire de Corax une sorte de démon non chaotique1, ce qui permet de justifier à la fois comment le Primarque a pu survivre à son départ dans le Warp, et à quoi il occupe ses journées. En plus de ça, un petit duel entre deux frangins légendaires, ça ne se refuse pas (surtout quand c’est la tête à claque qui perd). Il y a même le Marduk d’Anthony Reynolds qui vient faire coucou, ce qui est sympa de la part de Thorpe, et fera sans doute plaisir aux fans du personnage. Bref, un final vraiment sympathique qui fait plus que rattraper un début assez meh. Si Gav Thorpe pouvait toujours s’en tenir à ce standard, je serais un lecteur comblé.

1 : Ou carrément affilié à Malal/Malice, ce qui serait encore plus cool, et une hypothèse pas si farfelue que ça pour une soumission d’un auteur aussi au fait du fluff que Thorpe. Après tout, les motivations et le code couleur de Corax correspondent tout à fait à ceux du dieu banni…

A Lesson in Iron – D. Guymer :

INTRIGUE :

A Lesson in IronS’il y a une chose que Ferrus Manus, paix à son âne, détestait, c’était bien perdre du temps. Aussi, sitôt réuni avec sa Légion, engagée dans le démantèlement de l’empire de rouille ork, le Primarque tint à imposer sa marque sur ses Légionnaires. Nous rejoignons ainsi l’impulsif M. Manus alors qu’il fait la chasse de quelques vaisseaux peaux vertes ayant survécu à la colère de l’Imperium, et qu’il compte bien détruire afin d’obtenir la complétion à 100% de sa mission, et ainsi prouver à l’univers qu’il vaut mieux que ces poseurs d’Horus et de Russ1. Et tant pis si ces couards d’Orks décident de foncer coque baissée dans une faille Warp qui flottait par là pour échapper au courroux de l’Astartes, et que personne n’a jamais été assez timbré du côté impérial pour se risquer dans ce genre d’environnement chelou. Ferrus, et son Fist of Iron, seront les premiers à tenter le coup. Encore un record à mettre au crédit du Primarque qui en voulait.

Ferrus n’est pas seul sur le pont de son vaisseau amiral alors que ce dernier réalise le premier fistage d’une faille Warp. Il est accompagné de deux Sergents vétérans, le Terran Harik Morn et le Medusan Gabriel Santar, tous deux pressentis pour devenir son bras droit. Alors que le Fist of Iron s’enfonce dans le trans Materium comme s’il s’agissait de caramel mou, avec des effets funky sur les appareils de navigation, comme on peut l’imaginer, les auspex détectent soudain des silhouettes de vaisseaux à proximité. Il s’agit des kroiseurs orks, mais également d’un nouvel arrivant, qui n’avait pas été identifié pendant la poursuite dans l’espace réel. Point commun : tous ont été réduits à l’état d’épave, et dans un passé lointain qui plus est. À la grande surprise des impériaux, il semble que le vaisseau en question appartienne à la 10ème Légion, ce qui hautement improbable mais pas totalement impossible. Pragmatique comme toujours, Ferrus Manus décide d’aller y jeter un œil.

Alors que les pauvres grunts qui forment son escorte découvrent avec émoi 1) l’existence de Démons et 2) s’il y a une vie après la mort, le Primarque et ses comparses arrivent jusqu’au pont du vaisseau mystère, où les attend un cadavre desséché de Space Marine. Ce dernier porte les marquages d’un Iron Hands, mais, au grand dégoût de FM, il semble avoir terminé sa carrière plus machine que (sur)homme, au vu de toutes les augmétiques et bioniques que la dépouille arbore. C’est le Tech-adepte qui accompagne la fine équipe qui finit par proposer l’hypothèse la plus intéressante pour expliquer ce répugnant mystère : l’épave sur laquelle ils se trouvent est un vaisseau des Iron Hands provenant du futur, transporté dans le passé par les caprices du Warp.

Avant que la nouvelle n’ait pu être digérée par l’assemblée, une palanquée de Démons se manifeste (dans tous les sens du terme) sur le pont, et forcent nos héros à – enfin – faire usage de la force. Si ce bogoss de Ferrus s’illustre à grands coups de marteau, ses subalternes sont plus à la peine. Surpris par les nouveaux arrivants, Santar se fait ainsi arracher le bras gauche par une Bête de Nurgle joueuse, tandis que Morn est submergé par des Horreurs rigolardes. Le premier réussit toutefois à marquer des points auprès du Primarque en retournant dans la mêlée sitôt ses esprits recouvrés, tandis que le Terran se contente de haleter comme un bébé phoque sur la banquise. Avant d’ordonner une retraite tactique vers le Fist of Iron, ignorant les avis de ses sous-fifres de rester pour looter de la technologie futuriste, et/ou défendre une relique de la Légion, Ferrus tranche en son for intérieur : ce sera Gaby qui deviendra son Ecuyer et 1er Capitaine. C’est dit.

1 : C’était l’époque de la Grande Croisade où tous les Primarques avaient un nom qui rimait avec « platypus », l’animal préféré de Pépé.

AVIS :

Petite nouvelle fort sympathique consacrée par leur spécialiste incontesté, David Guymer, aux Iron Hands et à leur Primarque caractériel, ‘A Lesson in Iron’ se paie le luxe de nous présenter en quelques lignes la prise de fonction de Ferrus Manus au sein de sa Légion (choix du 1er Capitaine, et autres révélations fluffiques intéressantes incluses), combiné avec une savoureuse mise en abîme du futur qui attend le Chapitre dans quelques millénaires. Le fait que les améliorations bioniques répugnent au plus haut point l’homme aux mains de fer n’est pas une nouveauté à ce stade, mais Guymer parvient tout de même à surfer sur cette iron-ie de façon tout à fait satisfaisante. Le pauvre Ferrus Manus aura soupé de prémonitions malheureuses car jamais utilisées pour modifier la destinée pas vraiment enviable attend ses fils et lui-même à la sortie de la Grande Croisade, et on en a encore un exemple ici. Ca reste plus distrayant à lire que la moyenne des soumissions de la BL, donc pourquoi cracher dans soupe ?

The Atonement of Fire – D. Annandale :

INTRIGUE :

The Atonement of FireNous sommes dans la dernière ligne droite de l’Hérésie, quelques mois avant que le Siège de Terra ne débute. Roboute Guilliman a fini par réaliser que lancer sa petite entreprise personnelle alors qu’il est toujours techniquement employé par Pépé Corp., et en piquant dans la caisse de Big E. en profitant d’une panne généralisée d’internet pour ne pas se faire prendre, c’était assez craignos tout de même. Pétri de remords, Roro est désormais à la recherche d’un moyen de se faire pardonner ses errements passés. En sortant de sa séance hebdomadaire avec le Chapelain/Psychiatre Volusius, lui vient une idée toute simple pour expier son énorme hubris : aider Sanguinius à rejoindre Terra en détruisant les flottes hérétiques qui se mettront sans nul doute sur la route de l’Ange à la Moumoute.

Après une petite séance de triangulation avec les poteaux dans le strategium de l’Ultima Mundi, les Ultras de l’Empereur décident d’aller au secours de la planète Diavanos, d’où est arrivé un message astropathique implorant de l’assistance pour gérer une invasion de World Eaters mal-lunés. Diavanos est de plus un monde que les Ultramarines ont rattaché à l’Imperium il y a plusieurs décennies, et dont la technique de vitraux teintés a grandement impressionné le Primarque lorsqu’il flânait dans les rues de la capitale Ecstasia à la recherche d’inspiration pour son dernier roman. Pour toutes ces raisons, ainsi que pour celle, plus prosaïque, de se venger des ravages commis par les séides d’Angron et de Lorgar dans leur pré carré, les gars de la XIIIème se ruent au secours de Diavanos, et tombent à bras raccourcis sur leurs frères ennemis alors que ces derniers s’apprêtaient à repartir pour embusquer la flotte des Blood Angels.

La bataille spatiale qui s’en suit, si elle n’est guère équilibrée (les Ultramarines sont deux fois plus nombreux, sérieux, hargneux, farineux et bleus que leurs adversaires), permet à nos héros de relâcher la pression après tous ces mois à écouter les podcasts interminables du triumvirat de l’Imperium Secundus. Alors que les derniers vaisseaux renégats sont méthodiquement désintégrés par la froide fureur ultramarine, le cuirassé Gladiator profite de la confusion pour repartir en direction de Diavanos, et certainement pas pour une visite de politesse. Guilliman comprend que les World Eaters ont un petit creux, et que s’il n’intervient pas rapidement, la planète qu’il est venu sauver va s’en prendre plein la face. Mais arrivera-t-il à temps pour empêcher les fils d’Angron de commettre l’irréparable ?

Début spoiler…Après de multiples péripéties dans les coursives du Gladiator, que les World Eaters ont faites effondrer pour gêner la progression de leurs ennemis, Roboute et ses hommes (en grande partie des Destroyers, wink wink The Lord of Ultramar’) parviennent jusqu’à la salle des torpilles où les hérétiques se sont barricadés. La mêlée désespérée et surtout très sale qui s’ensuit tourne logiquement en faveur des surhommes en bleu, mais les World Eaters sont proches de réaliser leur objectif secret (faire péter une torpille à l’intérieur du vaisseau afin d’emporter Guilliman avec eux). Seule l’habilité du Grand Schtroumpf avec son combi-bolter customisé permet d’éviter la catastrophe, mais la victoire morale revient tout de même aux groupies d’Horus. Il est en effet trop tard pour prévenir le crash du Gladiator à la surface de Diavanos, et l’onde de choc qui s’en suit rase la capitale et dévaste une grande partie de la planète. Bien évidemment, les Ultramarines ont eu le temps de regagner leurs 22 avant que cette tragédie n’arrive, mais Guilliman finit la nouvelle avec le blues. Approprié, vous me direz.Fin spoiler

AVIS :

Vu le passif peu glorieux de David Annandale avec la XIIIème Légion (‘Lord of Ultramar’…), j’ai attaqué cette nouvelle dans un état d’esprit assez peu favorable à cette dernière, et j’ai été surpris de constater que cet ‘Atonement of Fire’ tenait tout à fait la route. Nous sommes en présence d’un court format siglé HH de facture assez classique (un peu de réflexion, beaucoup d’action, et en bonus une belle tranche de Primarque), mais débarrassé de tous les défauts que l’on pouvait trouver dans les autres soumissions de notre homme (personnages stupides/inintéressants, intrigue bancale, rythme chaotique)1. Ça pourrait et devrait être considéré comme le strict minimum, mais nous savons tous que la BL ne croit pas dans des concepts aussi restrictifs que le contrôle qualité. Enfin, pas tout le temps.

Surtout, et c’est assez rare dans une publication de la Black Library (quel que soit la franchise ou l’auteur) pour le souligner, Annandale parvient à ménager un vrai suspens jusqu’au bout de son propos. Guilliman et ses Schtroumpfs destructeurs arriveront-ils à sauver Diavanos des déprédations suicidaires des World Eaters ? Même si la planète a été créée de toute pièce pour l’occasion, l’auteur arrive à nous intéresser à la conclusion de cet accrochage mineur de la fin de l’Hérésie en appuyant de façon intelligente sur les remords éprouvés par Guilliman au sujet de son Imperium Secondus et son besoin de se faire pardonner de ce petit caprice. Annandale nous ressert également la vieille rengaine du « I am never going to financially recover from this », 30K style, déjà bien exploitée par d’autres avant lui, mais qui fait toujours son petit effet quand utilisée à dessein, ce qui est le cas ici. Bref, une vraie bonne surprise pour ma part, et une des meilleures soumissions de David Annandale pour le compte de cette franchise, si vous demandez mon avis.

1 : On pourrait lui reprocher de ne toujours pas maîtriser les bases spatio-temporelles d’une bataille spatiale (exemple gratuit : la course poursuite entre l’Ultimus Mundi et le Gladiator ne semble durer que quelques minutes, alors qu’elle s’engage à proximité du point de Mandeville du système et se termine dans l’atmosphère d’une planète habitable (donc proche de son soleil), ce qui devrait prendre au bas mot quelques jours), mais dans mon infinie générosité, je passe l’éponge là-dessus.

Canticle – D. Guymer :

INTRIGUE :

On a tous nos surnoms, plus ou moins glorieux, et Ferrus Manus ne fait pas exception. Bien avant d’être baptisé pognes d’acier (en latin haut gothique pour faire plus classe), notre héros a ainsi été appelé Numerodis (l’Empereur), Cataclysme (les géants des tempêtes du Pinacle de Karaashi), La Finalité (des morts-vivants quelconques), Rehew Netjer, soit le Fils de l’Homme (les Necrons), Mon très Chair (les despotes fragmentés du Subliminat), et Empafé de première (le type auquel il a piqué sa place sur le parking du Monoprix de Medusa). Pour sa part, et après avoir malencontreusement libéré Asimoth sur sa planète d’adoption peu de temps après son arrivée remarquée sur cette dernière et s’être révélé trop faiblard pour ramener la bestiole dans son enclos, le Primarque des Iron Hands s’est donné le nom et la vocation de Chasseur, ayant décidé de réparer sa bévue en traquant le wyrm d’argent à travers les paysages bucoliques de Medusa.

Ces premières années sont également l’occasion pour Ferrus Manus de faire ses premières armes, dans tous les sens du terme. On apprend ainsi qu’il a rencontré quelques difficultés sur sa route, d’ordre robotique, semi-robotique et infernal, ce qui donne une idée de la très riche « biodiversité » de la planète sur laquelle il a fait son trou. Rien de très mémorable cependant pour FM (et pour Guymer), dont l’équipement consiste en une cuirasse d’adamantium upcyclé et une bardiche bricolée à partir des dépouilles fumantes de ses malheureux adversaires biomécaniques. On apprend également que ce gentil garçon est capable de subsister sur un régime composé de sable, minéraux et métaux1, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Poursuivant sans relâche sa proie insaisissable, Ferrus finit tout de même par rencontrer des membres de son espèce, d’abord sous forme de cadavres entourant l’épave d’un camping-car Medusan. Curieux d’en apprendre plus sur ces étrangers qui lui ressemblent tant, et soucieux de récupérer un peu de matos utile dans la boîte à gants du véhicule éventré avant que tous les charognards du coin ne débarquent, le jeune Primarque se fraie un chemin jusqu’à la chambre forte du Sandcrawler, négociant au passage dix zombies cyborgs (zomborgs ?) occupés à mastiquer les cartes mères et câbles jack leur étant tombé sous la pince. Ce régime majoritairement électrovore ne les empêche cependant pas de sauter sur l’aventurier pour lui faire les poches dès qu’il s’approche un peu trop, forçant notre héros à faire montre de force autant que de ruse.

Une fois parvenu dans la salle des coffres, Ferrus a la surprise d’être mis en joue par une rescapée de l’embuscade ayant scellé le destin du véhicule et de ses occupants. Guère impressionné par la pétoire plasmique que son interlocutrice lui pointe sur le torse, le Chasseur refuse l’offre qui lui est faite par cette dernière de rejoindre son clan, arguant qu’il a encore une opération de vermifuge à accomplir, et un véritable nom à obtenir, avant de pouvoir faire son entrée dans le monde et participer au Bal des Débutant.e.s de Medusa. La suite de l’histoire de Chéri FM, si elle est connue, sera toutefois narrée dans un autre cantique que celui-ci.

1 : Avec quelques protéines et lipides occasionnelles de temps à autres, par exemple lorsqu’il croise la route d’une escouade de Dépeceurs sur leur 31. On peut donc classer Ferrus Manus dans la sous-catégorie des Primarques cannibales, avec Konrad Curze et Sanguinius.

AVIS :

On a plus l’impression d’un épisode pilote pour une série consacrée à l’enfance de Ferrus Manus que d’une nouvelle indépendante à la lecture de ce ‘Canticle’. Guymer passe en effet la majorité de ses pages à présenter de façon intrigante le jeune Primarque et sa planète, dont on aimerait bien apprendre davantage à la fin de son récit. L’intrigue semble avoir été volontairement tronquée pour permettre à l’auteur de la reprendre au cours de l’épisode suivant, qui n’a, à ma connaissance, pas été publié à ce jour. Peut-être faut-il creuser du côté de la novella1 que David Guymer a consacré à son héros pour mettre en perspective cette nouvelle ? Ou plutôt dans le ‘Voice of Mars’ du même auteur, où le Cantique des Voyages occupe une place importante ? En tous cas, si elle n’est certes pas désagréable à lire, et livre quelques éléments de fluff sur le plus moyen des fils de l’Empereur, cette histoire aurait gagné à se conclure de façon plus définitive.

1 : ‘Ferrus Manus : La Gorgone de Medusa’.

First Legion – C. Wraight :

INTRIGUE :

Spécialistes reconnus des campagnes pourries, les Dark Angels ont bien du mal à exterminer les Rangdan, espèce de Xenos experte en subterfuges et en tentacules, ce qui n’est guère du goût des roides et psychofrigides paladins de la Première Légion. Malgré tout, un ordre est un ordre, et les Astartes poursuivent leurs vaillants et violents efforts pour sécuriser ce petit bout de l’empire de leur Pépé, menés par nul autre que Lion El’Jonson en personne. Nous faisons tout d’abord la connaissance du Capitaine Arnaid, 45ème Compagnie, 8ème Ordre, 1ère Légion, dont la frégate a connu des jours meilleurs, mais qui n’hésite pas le moins du monde à intercepter le mystérieux vaisseau qui fait irruption dans la zone de « pacification » avec son Nightsward, bien que le nouveau-venu soit plus imposant et en meilleure forme. Alors que le Capitaine est sur le point d’ordonner un tir de semonce, ses salutations répétées n’ayant pas été retournées par les touristes en goguette, ceux-ci daignent enfin répondre, par la voix d’un autre officier Space Marine, un Capitaine de la nouvellement formée XXème Légion répondant au nom de…

Début spoilerJules-Edouard Petitbedon.

Bon ok : il s’appelle Alpharius. Incroyable, je sais.Fin spoiler

Alpharius s’excuse de ses manières cavalières et de son manque de décorum (son vaisseau, Perseus, a l’air d’avoir quitté les docks spatiaux avant que le Mechanicum n’y passe un coup de peinture), mais annonce qu’il est venu porteur de nouvelles pour Lion El’Jonson.

Pendant ce temps là, nous nous introduisons dans une réminiscence de Lionel en personne, du temps où il était un enfant sauvage qui courait cul nu dans les forêts de Caliban. Notre petit bonhomme semble être occupé à traquer une bête particulièrement bestiale, seulement armé d’une défense de phacochère nain et de sa volonté implacable. Wraight nous fait bien comprendre que c’est la destinée même d’El’Jonson qui est à l’œuvre ici, et entraîne le jeune Primarque au clash contre un monstre que la partie raisonnable/froussarde de Lionel aimerait éviter si possible. Pause pub.

Retour sur le Nightsward, où Alpharius est reçu par son homologue. Constatant qu’il ne sert à rien de féliciter ce dernier sur son goût (pratiquement inexistant) en matière de décoration d’intérieur, ni de tenter de piquer la curiosité (totalement inexistante) de l’austère Terran, l’Alpha Légionnaire qui s’ignore1 tente de soutirer quelques infos psychologiques et tactiques à Arnaid en jouant la carte de la franche admiration pour les exploits et la réputation de la Première Légion, avec un succès relatif. Ces oiseuses discussions sont toutefois interrompues par la réception d’un message autorisant Alpharius à voyager jusqu’à l’Invicible Reason pour y rencontrer Lion El’Jonson, avec Arnaid lui servant de Kaptain pour l’occasion. Simple déformation professionnelle, en somme.

Suite et fin du documentaire animalier commencé un peu plus haut avec la confrontation entre Lionel et sa Némésis, qui se trouve être un chevalier en armure. Car en fait, le zouave qui courrait dans la savane avec son coutelas d’ivoire n’était pas le Primarque, mais une sorte de démon ayant pris forme humaine, et décidé de mettre fin à l’écocide décrété par le chef de l’Ordre. Malheureusement pour notre ami, ce dernier se révèle être un adversaire trop coriace pour ses maigres ressources, et il finit promptement embroché par la rapière du palouf. Voilà qui lui apprendra à ne pas usurper, même littéralement, l’identité d’autrui. Avant de repartir dans le Warp, le Rahan de Caliban a le temps de traiter son assassin de « Premier Fils » et de l’accuser d’être « la mort de son monde », ce à quoi Lionel répond que son titre correct est le tueur de bêtes. Fin de l’épisode.

Sur l’Invicible Reason, le Dark Archangel reçoit comme convenu Arnaid et Alpharius, qui est en fait venu lui proposer un coup de main, en toute amitié2, pour en finir avec la campagne d’extermination des Rangdan. Les pertes terribles souffertes par la Première Légion menacent en effet son statut et son prestige par rapport à ses sœurs, et pourraient faire échapper à El’Jonson le titre de Maître de Guerre, que ce visionnaire d’Alpharius anticipe déjà qu’il sera décerné par l’Empereur à l’un de ses fils dans un futur pas trop lointain (dès que les 20 Primarques auront été retrouvés en fait…wait a minut-). Bien que ne contestant pas l’argumentaire de son petit neveu/frère, Lionel se montre méfiant devant l’intérêt qu’il semble attacher à la prédominance des Dark Angels dans l’équilibre politique de l’Imperium, et après avoir menacé de le couper en deux, en toute amitié, pour le forcer à exposer ses véritables motifs (Alpharius n’aime vraiment pas Guilliman), il le renvoie sur son vaisseau où il lui fera savoir sa réponse sous une heure. Resté seul avec Arnaid, El’Jonson consulte son Capitaine pour avis secondaire, avant de lui révéler que l’énorme poids de… sa parole donnée l’empêche et l’empêchera toujours de placer son intérêt personnel avant celui de son seigneur. C’est sur cette déclaration de loyauté véritablement désintéressée que se termine notre histoire, qui démontre à quel point Lion El’Jonson est un végétal politique. Un concombre, pour être précis.

1 : Il insiste pour être désigné comme être membre de la XXème Légion, sans autre précision. Quel coup de chance tout de même qu’il ait le même nom que le Primarque pas encore découvert de cette dernière
2 : Et surtout parce qu’il ne peut pas blairer Guilliman, ce qui lui fait un point commun avec Lionel.

AVIS :

On retrouve dans ‘The First Legion’ le goût de Chris Wraight pour des petits exposés au débotté sur la géopolitique impériale au moment de la Grande Croisade (tendance déjà aperçue dans ‘Leman Russ : Le Loup Suprême’), et c’est tant mieux si vous voulez mon avis. S’il ne se passe pas grand-chose dans cette nouvelle, on n’en ressort pas pour autant frustré de sa lecture, l’échange entre Alpharius et Lion El’Jonson, qui permet d’identifier les points communs et les différences entre le premier et le dernier de cordée et leurs Légions respectives, ainsi que d’en apprendre un peu plus sur la manière dont les Legiones Astartes étaient perçues par Terra au moment où Pépé songeait à partir en pré-retraite dans le Bhoutan profond, valant son pesant de papier. Lionel y apparaît comme le type imbuvable socialement (il le reconnaît lui-même d’ailleurs) mais irréprochable moralement que les derniers ouvrages de l’Hérésie tendent à dessiner, tandis qu’Alpharius est dépeint comme un intrigant de première, n’ayant aucunement besoin d’un slideshow de la Cabale pour trouver des raisons de comploter dans le dos de tout le monde. Bref, une soumission solide de la part de Chris Wraight, qui fait honneur à ses deux Légions secondaires avec cette nouvelle.

A Game of Opposites – G. Haley :

INTRIGUE :

C’est malheureusement très peu traité dans les livres d’histoire impériaux, mais la bataille de Beta Garmon, aussi connue sous le nom de casse (de Titans) du millénaire, ne s’est pas tenue du jour au lendemain. Cette rencontre décisive entre renégats et loyalistes, et les milliards de morts qui en ont découlé, n’a été rendue possible que par le dévouement et le travail de l’ombre de Légions de sous-fifres, comme l’histoire dont il est question ici s’en fait écho. Bienvenue donc à la surface d’Epsilon Garmon II, planète du cluster garmonien que les Iron Warriors souhaiteraient fortifier pour ralentir l’arrivée prochaine de Guilliman et de ses hordes de Schtroumpfs. Le conditionnel est ici de mise car les efforts de terrassement des hommes de fer se sont jusqu’ici faits contrecarrer par les manœuvres destructrices d’une petite force de White Scars. Peu familiers des techniques de hit and run de leurs cousins des steppes, les fils de Perturabo sont perturbés par cette campagne d’un genre nouveau, où ils arrivent toujours trop tard pour empêcher les Space Bikers de sévir.

Fort heureusement, le Maître de Forge Xyrokles, affublé de son larbin et souffre douleur Phideark, ainsi que d’une ribambelle de Capitaines dont je vous épargnerai les noms, a un plan machiavélique pour venir à bout du péril jaune blanc à éclair rouge. Ayant récupéré dans un campement abandonné par ses ennemis quelques bouquins philosophiques signés de la main même de Jaghatai Khan et remplis d’aphorismes aussi profonds que « La taupe ne voit pas le vol de l’éléphant », « Pourquoi rester debout quand on peut s’asseoir » ou « Plus il y a de fous, moins il y a de riz », Xyrokles a tellement bûché sa philo1 qu’il est certain de pouvoir prendre les White Scars à leur propre piège, en réalisant un coup de billard à IV bandes à base de feintes, de retraites et d’embuscades tellement complexes que la majorité de ses sbires n’y blaire que dalle. Lorsque vient enfin le jour le plus long, le Khan Ishigu emmène ses motards énergétiques faire une petite virée dans un avant poste renégat, sans se doute un instant que ses minutes sont comptées.

Et en effet, le plan de Xyrokles se déroule comme sur des roulettes, la colonne blindée qu’il a envoyé leurrer les loyalistes au moment où ils commencent à se replier en bon ordre se révélant être un extra trop tentant pour qu’Ishigu et Cie résistent à la tentation d’y planter leurs pneus. Ce détour est toutefois lourd de conséquences pour les White Scars, qui se font surprendre par une contre-attaque vigoureuse de la part des Iron Warriors, et canalisés dans un goulet étroit débouchant sur la ligne de blindés du Maître de Forge, qui n’a plus qu’à donner l’ordre d’ouvrir le feu pour régler une fois pour toutes leur compte aux scarifiés d’en face…

Début spoiler…Mais c’était sans compter sur la légendaire flexibilité tactique des fils du Khan, qui avaient tout planifié depuis le début et cachés également une réserve mobile pour surprendre l’adversaire. Confrontés à une force anti-chars conséquente et bénéficiant de l’effet de surprise, Xyrokles et ses hommes ne font pas long feu (c’est la vieille histoire de l’artilleur artillé). L’honneur est toutefois sauf pour ce dernier, puisqu’il s’aperçoit après avoir été fait prisonnier que c’était Jaghatai Khan en personne qui était aux commandes dans le camp d’en face. S’en suit un échange d’amabilités qui nous permet d’apprendre que le Khan se tamponne le samovar avec la vérité impériale, qu’il considère poliment comme un avis parmi d’autres. Stupeur chez Xyrokles, qui en surhomme de principe, pensait que tous les loyalistes adhéraient scrupuleusement au dogme de Pépé. Il emportera toutefois ce secret dans la tombe, que son généreux vainqueur lui accorde en récompense de ses méritants efforts de réflexion, Jaggie Chan lui dévissant les cervicales d’un tour de main à la fin de leur échange. C’est qu’il a du pain sur la planche, et un retour sur Terra à préparer…Fin spoiler

1 : Ce qui est somme toute logique pour un grec ancien.

AVIS :

Je suis partagé sur la valeur de ce ‘A Game of Opposites’, qui comporte des éléments positifs comme négatifs. Pour commencer par ce qui ne fâche pas, j’ai apprécié le choix de Haley de donner une dimension, si ce n’est comique, au moins caustique, à ses Iron Warriors, qui font ainsi mentir leur réputation de guerriers prenant tout au premier degré. La dynamique entre Xyrokles et Phideark est particulièrement savoureuse, le second encaissant sans broncher toutes les punchlines que son supérieur lui balance à la tête. Dommage que le destin tragique du Coluche d’Olympia nous prive d’autres saillies drolatiques de sa part pour la suite de l’Hérésie. Cette nouvelle est également intéressante d’un point de vue fluffique, car elle donne à voir un Jaghatai Khan d’un pragmatisme assumé et presque hérétique, ayant pris parti pour son Père mais loin de se ranger à toutes ses vues, y compris sur des sujets aussi sensibles que la religion (il croit en la réincarnation). D’un autre côté, ‘A Game of Opposites’ pêche franchement pas son manque de suspens et son déroulement sans surprise. Car le résumé ci-dessus ne suit pas exactement le récit de Haley, qui choisit de révéler la présence du Khan au côté d’Ishigu dès le premier tiers de la nouvelle, ce qui condamne d’office le stratagème de Xyrokles à l’échec1. Le retournement de situation final et la victoire des White Scars sont donc aussi attendus que l’heure de la pause syndicale dans un guichet de poste, ce qui peut blaser le lecteur (en tout cas, ça a été mon cas). En conclusion, pas le meilleur texte de Guy Haley, mais pas désagréable ou inutile pour autant.

1 : Il n’y a que John French qui fait battre un Primarque par un Space Marine (‘The Crimson Fist’).

Better Angels – I. St Martin :

INTRIGUE :

Les Légions Space Marines sont un peu comme les filières post bac : il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux. Si les impétrants ayant de la suite dans les idées et la volonté de faire carrière se rabattront sur des spécialisations ternes mais assurant la sécurité de l’emploi (BTS Gestion avec les Ultramarines, Bac Pro travaux publics avec les Imperial Fists ou les Iron Warriors, CAP Esthétique avec les Emperor’s Children…), les plus aventureux tenteront leur chance dans des cursus plus pointus, à leurs risques et périls. C’est ainsi que l’Empereur se retrouva avec des cohortes de philosophes désagrégés (Thousand Sons), théologiens en déshérence (Word Bearers), et vétérinaires ayant raté leur concours d’entrée (Space Wolves), qu’il dût bien recaser à droite et à gauche pour éviter la crise. Enfin, pour un temps. Mais, parmi tout l’Astartes, aucune Légion n’égale les Blood Angels en termes de réputation. Si on appelle les fils de Sanguinius (derrière ses ailes) des poètes, des peintres ou des danseuses, c’est pour une bonne raison : le Primarque exige que tout le monde pratique une discipline artistique, depuis le plus humble novice jusqu’au plus ancien des Dreadnoughts1. Notre héros, que nous allons suivre depuis le début de sa carrière jusqu’à l’arrivée de la flotte de la IXème en orbite de Terra, peu de temps avant le début du siège, ne fait pas exception. Jehoel (il faut croire que Joël était déjà pris) s’est ainsi spécialisé dans la verrerie, ce qui lui a attiré l’intérêt et le mentorat de son père génétique, souvent présent lorsque le souffleur fait parler la poudre le sable.

Ces rencontres ponctuelles mais fréquentes, si elles permettent aux deux surhommes de discuter technique et philosophie, amènent surtout le lecteur à suivre en filigrane la fin de la Grande Croisade et l’Hérésie d’Horus du point de vue d’un Primarque et d’une Légion particulièrement éprouvés par la traîtrise du Maître de Guerre, et le déclenchement de la baalédiction des fils de Malle, ou l’inverse. Finies donc les évocations de la prochaine reconversion des légionnaires en portraitistes et potiers une fois la galaxie conquise, et bonjour les sculptures de démons réalisées dans un état second, au grand déplaisir de Sanguinius – qui passe la nouvelle à critiquer Jehoel, ceci dit. Adieu aux riches galeries du Red Tear, et bonjour à la décoration minimaliste du Convenant of Blood, véhicule de courtoisie prêté par l’Imperium après le carambolage de Signus Prime. Lorsque St Martin décide enfin de mettre un point final à sa nouvelle, on apprend tout de même que si Sanguinius s’est montré aussi assidu dans ses discussions avec Jehoel au cours des décennies passées, c’est parce qu’il considérait que ce dernier était l’un des Blood Angels les plus bloodangeliques de la Légion, et pouvait ainsi se contempler à sa guise dans son interlocuteur. Un peu égocentrique le garçon, tout de même. Le rideau tombe sur la scène après que Jehoel ait montré à son pôpa la représentation idéalisée de Terra qu’il a réalisée avec de la pâte de verre, ce qui lui vaut les félicitations (enfin !) du jury, et que l’Ange ait balancé la remarque à connotation fataliste de rigueur, davantage pour le bénéfice du lecteur que pour celui de son fiston. Si jeunesse savait…

1 : À l’exception notable de la danse classique, après que le Vénérable Neolardon ait failli écraser Sanguinius en passant à travers le plancher du gymnase à la suite d’un saut carpé mal négocié.

AVIS :

Je placerais ce ‘Better Angels’ dans le prolongement de ‘Death of a Siversmith’/’Mort d’un Orfèvre’ (Graham McNeill), et pas seulement parce qu’il met en scène un protagoniste très porté sur les arts plastiques. On retrouve en effet, et surtout, dans cette nouvelle la volonté assumée de l’auteur de surprendre son public en livrant une histoire s’écartant largement du bolter porn qui est la norme de l’Hérésie d’Horus. Et, là encore, le résultat penche davantage vers l’exercice de style un brin forcé que vers la réussite incontestable. Ou peut-être n’ai-je pas lu assez sur Sanguinius et les Blood Angels pour tirer la substantifique mehoelle de ce texte ? C’est bien possible. Toujours est il que je sors du studio du Primarque à plumes un peu circonspect sur la valeur de cette soumission, qui aurait pu, pour reprendre son titre, être bien meilleure.

The Sinew of War – D. Hinks :

INTRIGUE :

Sur Macragge comme sur Terra, bien des millénaires plus tôt, la vile populace s’est soulevée contre ses justes et bienveillants maîtres, provoquant émeutes, massacres, feux de poubelle et occupations de ronds-points, tous crimes abominables mais heureusement sévèrement punis par les forces de l’ordre. Et en termes de répression policière, la capitale des 500 mondes a un avantage de taille et de poids par rapport à notre bonne vieille planète : Roboute Guilliman, génie précoce et baraqué, général visionnaire, humaniste convaincu, et fils adoptif du Consul Konor Guilliman, qui forme avec son collègue Gallan le duumvirat exécutif de l’espèce de république (il y a un sénat aussi) établie sur Macragge City. Occupé en Illyrium à pacifier une bande d’autochtones ayant eu la mauvaise idée de se rebeller contre l’ordre établi, notre héros a raté le début du soulèvement urbain qui a transformé la cité idéale de son enfance en champ de bataille. L’idéaliste, et un brin méprisant, surhomme a bien du mal à comprendre pourquoi diable une partie de l’armée s’est rangée du côté des casseurs, tout ça pour une bête histoire d’argent. C’est bien une réflexion de gosse de riches ça, Roro. Mais il lui faut attendre avant de consigner par écrit ses savantes réflexions sur les causes et les répercussions de ce mouvement social aussi inédit que violent : son père est resté dans la cité et a sans doute été pris pour cible par les fainéants et les sans dents. Il faut lui venir en aide.

Progressant rapidement vers le palais du Consul en distribuant quelques baffes aux mutins au passage, et utilisant son armure de scenarium pour passer entre les balles1, Gui est rejoint en chemin par Gallan, qui est venu lui aussi s’enquérir de la situation de son collègue de bureau. N’hésitant pas à joindre le geste à la parole, le Consul consort est même blessé dans la bagarre, écopant d’une estafilade au biceps pour preuve de son dévouement. Las, les deux compères arrivent trop tard pour sauver Konor (ce qui est triste) et les tapisseries (ce qui est pire). Papa Guilliman a été lâchement égorgé par ses assaillants, l’empêchant de dire adieu à son fils mais surtout de donner le nom des coupables. Bizarrement, il refuse catégoriquement que Roboute s’approche de lui dans ses derniers instants, allant jusqu’à le mettre en joue avec son pistolet pour le maintenir à distance. Le respect des gestes barrières jusqu’à la dernière seconde, on reconnaît bien là la trempe d’un vrai Macraggien. Konor a toutefois un message à faire passer à son fiston avant de mourir pour la patrie : une pièce frappée à l’effigie des deux Consuls de Macragge, et symbolisant le caractère éternel de la république, même en ces heures difficiles. Ou du moins, c’est ce que le cerveau embrouillé de Roboute en déduit, se souvenant d’une leçon de vie mémorable inculquée par son père avec un sesterce du même genre bien des années plus tôt. Sur ces considérations philsophico-fiduciaires, Konor passe de vie à trépas, provoquant une colère noire bleue chez son fils.

Convaincu par Gallan d’aller défendre le Sénat, probablement attaqué lui aussi par les vandales en sandales, Roboute sèche ses larmes et lèche ses armes, avant de se frayer un chemin jusqu’au parlement local en commettant quelques crimes de guerres au passage. On va dire qu’il bénéficiait de circonstances atténuantes. Pendant que Gallan tente d’aller raisonner les sénateurs, qui débattent férocement entre eux du meilleur moyen de châtier les gueux, Guilliman est envoyé se changer au vestiaire, son apparence dépenaillée risquant fort de provoquer des remous contre productifs dans les rangs de l’auguste assemblée. Cet enfilage de toge manque toutefois de tourner court pour le Primarque, qui se fait soudainement attaquer par le préposé aux cabines d’essayage, armé d’un poignard empoisonné. Le nez très fin de Guilliman lui permet de comprendre en un éclair que la même toxine a été utilisée sur Konor, et que c’est pour protéger son fils d’une intoxication involontaire que le Consul mourant l’a empêché d’approcher. Passé l’effet de surprise, l’assassin en puissance ne fait pas longtemps le malin face aux réflexes de mangouste et à la poigne de langouste de notre héros, qui ne parvient cependant pas à lui faire cracher autre chose que des bulles de bave (le bougre retourne son surn contre lui), à commencer par le nom de son commanditaire. Encore un crime crapuleux, c’est dingue ça. Il faudrait vraiment que les pauvres songent à être moins pauvres, ça réglerait beaucoup de problèmes d’un coup. Cette péripétie évacuée, il est temps pour Roboute de rejoindre Gallan sur l’estrade, afin de soutenir le coup d’état salutaire que ce dernier veut initier pour sauver la république…

Début spoiler…Mais, ô surprise, Rob’ est accueilli par un discours très critique de ce galopin de Gallan à l’encontre de son père, taxé de populiste et de socialiste par son homologue, et à l’annonce de son propre assassinat, pour le bien de Macragge. Evidemment, le « hum hum » que jette Guilliman juste après ruine un peu le groove de celui qui aurait bien aimé être empereur, qui se prend les pieds dans le tapis à tenter de justifier son double langage. Pas plus bêtes que la moyenne, les sénateurs comprennent vite que Gallan est le méchant de l’histoire, et qu’il a manigancé ce soulèvement populaire pour se débarrasser de ses rivaux et saisir le pouvoir. Roboute était parvenu à la même conclusion quelques instants auparavant en réalisant que la pièce que lui avait donné son père désignait en fait son meurtrier, puisqu’elle avait le profil de Gallan frappé sur ses deux faces2. Plus démasqué que Donald Trump au milieu d’une épidémie de COVID-19, le félon se fait appréhender par le service de sécurité, après que le noble Guilliman, ayant réalisé que tuer le traître de ses propres mains aurait été certes cathartique, mais contre-productif et contre ses valeurs, ait indiqué qu’il laisserait la justice suivre son cours. Devant tant de légalisme, les sénateurs ne peuvent que jurer allégeance au Primarque, exemple vivant d’une intégration réussie par un immigré méritant. L’histoire est en route pour Roboute…Fin spoiler

1 : Le pouvoir psychique caché de Guilliman est de faire voir flou à ses ennemis. C’est subtil mais très efficace. Ça marche malheureusement moins bien au corps à corps, comme Angron et Fulgrim le constateront.
2 : On pourrait dire qu’il aurait été plus efficace à Konor de simplement pointer du doigt Gallan au moment où lui et Roboute sont arrivés dans la pièce, mais l’histoire se serait terminée un peu brutalement.

AVIS :

Darius Hinks livre la version romancée de l’épisode le plus connu de la jeunesse de Roboute Guilliman (que David Annandale avait mystérieusement choisi d’ignorer dans la novella consacrée au Primarque), et le fait plutôt bien. Certes, si vous connaissez votre fluff, le suspense que l’auteur se donne du mal à entretenir jusqu’au bout de son récit tombe rapidement à l’eau, mais on ne peut pas reprocher à Hinks d’avoir voulu soigner sa sortie, et la relation de confiance qui existait auparavant entre les Guilliman et Gallan est un choix intéressant de sa part, qui peut en partie expliquer pourquoi le futur patron des Ultramarines a tendance à vouloir faire les choses tout seul de son côté. On glane également quelques informations sur la société de Macragge avant son intégration dans l’Imperium, ce qui est de l’ordre du notable. Il y avait sans doute moyen de capitaliser davantage sur cet événement fondateur pour expliquer la suite de l’histoire de Guilliman, voire l’Hérésie, voire le Sombre Imperium, ou, plus simplement, insérer quelques easter eggs saveur ultramarine (notons tout de même la mention faite à Tarasha Euten, Chambellan du Primarque et héroïne de l’audio book ‘Illyrium’ du même auteur) , mais pour une nouvelle de 16 pages, Hinks s’en sort très honorablement, autant sur le plan théorique que pratique.

The Chamber at the End of Memory – J. Swallow :

INTRIGUE :

Comme tous les créatifs peuvent vous le dire, ce sont les derniers moments avant le rendu final qui sont les plus stressants. Et bien que Rogal Dorn ne mérite pas franchement ce qualificatif, il partage néanmoins ce souci du détail et cette tendance au micro-management qui distingue les génies et les pervers narcissiques du reste de la population. Ayant pris son hoverboard gravitationnel et son mécapigeon holographique1 pour inspecter l’avancée des travaux, l’Homme de Pierre corrige et réajuste les milliers de petites variables qu’il est le seul à voir mais dont la victoire dépendra peut-être. Après tout, si Horus tombe des fortifications après avoir glissé sur un gravillon énergétique, la guerre sera tout de même gagnée. Alors qu’il s’approche de l’Investiary, l’amphithéâtre anciennement décoré de 20 statues monumentales de la fratrie impériale, et dont deux des plinthes sont maintenant vides, une explosion attire son attention. Il semblerait que l’une des tours de stockage de la zone ait contenu du nitrate d’ammonium, et pas les précieuses antiquités collectionnées par Malcador le Sigilite, qui avait demandé au Prétorien de Terra de ne pas raser le quartier pour en faire des gravillons (énergétiques), comme il en a la sale habitude. N’écoutant que son statut de protagoniste de nouvelle, Rogal se hâte sur les lieux pour mener sa petite enquête.

Sur place, il constate qu’un début d’incendie a ravagé la façade, et que l’équipe en charge de l’audit/expropriation/démolition a connu une fin horrible et peu commune, les cadavres jonchant l’intérieur du bâtiment semblant avoir été causé par des ondes de choc, des explosions internes ou vaporisations pures et simples de l’individu, ce qui n’est certes pas banal. Pas banale non plus est la sensation persistante et croissante qu’éprouve le Primarque qu’il doit faire demi-tour au fur et à mesure qu’il progresse vers l’épicentre de la catastrophe. Ce mauvais pressentiment n’est pas suffisant pour arrêter la marche (du fils) de l’Empereur, mais les apparitions psioniques (des démons libres de droit, pour faire simple) qui l’attaquent dès qu’il pose le pied dans l’antichambre finale le convainquent de consulter un spécialiste, une fois les fâcheux renvoyés dans le Warp. Et justement, il a une soute pleine d’Archivistes sous scellés en orbite, qui n’attendent que son bon vouloir ou l’arrivée d’Horus pour se rendre utiles2.

Le destin ayant désigné le frère Yored Massak pour prêter main, ou plutôt tête, forte à son Primarque, nous suivons les deux guerriers revenir jusque dans la salle piégée, où les horreurs éthérées re-spawnent avec diligence, pour se faire à nouveau bannir en deux temps trois mouvements par nos héros. Si ces derniers étaient prêts à combattre des ennemis de cette trempe, qui ont fait leur fête aux malheureux larbins ayant eu la mauvaise idée de vouloir faire leur boulot, ils se figent sur place en remarquant les symboles qui marquent les deux gigantesques portes qui terminent le corridor : II et XI

Il s’agit bien entendu d’une référence aux deux Primarques disparus, frappés d’anathème par l’Empereur en personne, mais dont l’éphémère existence reste de notoriété publique au sein des Légions de l’Astartes. Pendant que Dorn se creuse les méninges pour percer ce mystère insondable, Massak parvient finalement à mettre le doigt, ou plutôt la tête, sur le sentiment de déjà perçu qui l’habitait depuis son entrée dans la tour. L’installation psychique de cette dernière a été effectuée par Malcador en personne, l’Archiviste repentant en est certain. Et l’intéressé confirme aussitôt sa déclaration, en arrivant sans crier gare dans la pièce. Ayant envoyé Massak poser des parpaings à l’extérieur pour avoir un peu d’intimité, le Régent de Terra a enfin la possibilité de s’expliquer auprès d’un Rogal Dorn qui sent de manière confuse qu’il s’est fait mindfucker par l’éminence grise dans un passé plus ou moins lointain. Il ne s’explique en effet pas son absence totale de souvenirs de Deuzio et Onzio, alors qu’il dispose d’une mémoire eidétique tout ce qu’il y a de plus primarquielle. Et Malcador d’avouer que c’est bien lui qui est responsable de ce trou de mémoire généralisé, touchant à la fois les Astartes des Légions décapitées (avant qu’ils puissent être réformés et repackagés), mais également les Primarques ayant connu personnellement les fils indignes de Pépé. Mais attention, il avait une bonne raison de le faire, se dépêche-t-il d’ajouter avant de finir tronçonné par l’Homme de Pierre : c’est Dorn et ses frères eux-mêmes qui lui avaient demandé un brainwash pour permettre à l’Imperium de se relever d’une tragédie si terrible qu’elle avait manqué de le mettre à genoux. L’Empereur, comme à son habitude, avait tout vu/su mais n’avait rien dit/fait. Classic MoM move here.

À moitié convaincu par l’explication du Sigilite, qu’il ne peut plus blairer depuis le début de la fortification de Terra, Dorn fronce les sourcils tellement fort que son interlocuteur décide de lui accorder un droit de flashback limité et provisoire sur son passé oublié, afin qu’il puisse se rendre compte par lui-même de la bonne foi du Régent. EVIDEMMENT, le lecteur ne sera pas convié à cette introspection douloureuse, dont les effets se dissipent rapidement mais qui convainc Dorn de la véracité des dires de Malcador, et surtout de la nécessité que ce passé, semble-t-il absolument honteux, de la Grande Croisade ne refasse jamais surface. Lorsqu’il ressort de la tour, il ordonne donc aux équipes venues en renforts de la détruire (plus de gravillons !). De toute façon, Massak avait achevé une copie conforme du bâtiment avant que le sort ne soit rompu par un claquement de doigts de Rogal Dorn, ce n’est donc pas une grande perte d’un point de vue stratégique.

1 : Surtout pour se délecter de le voir ch*er sur les hélotes en contrebas, je pense. Il faut bien trouver un moyen d’évacuer le stress quand on ne boit/fume/joue/prie/couche/rigole pas.
2 : Enfin, plus utiles qu’ils ne le sont à l’heure actuelle, le tricotage d’écharpes pour les soldats impériaux de faction sur les murailles du Palais n’exploitant pas tout le potentiel des Anges de la Mort susnommés.

AVIS :

James Swallow touche à l’un des mystères fluffiques les plus importants du background de l’Hérésie d’Horus dans ce ‘The Chamber…’ et parvient à nous vendre une once de révélations sur la destinée des Primarques disparus comme s’il s’agissait d’une avancée majeure du lore. C’est en tout cas le sentiment qui dominait chez votre serviteur à la fin de la lecture de cette nouvelle, qui contient trop de micro-informations et de sous-entendus sur lesquels gloser à l’infini pour ne pas mériter sa place dans la liste de lecture de tout fanboy/girl revendiqué.e. Mais on n’est certes pas au niveau d’un ‘Legion’ ou d’un ‘Saturnine’ en termes de coup de théâtre, ce qui est somme toute logique pour une histoire au tirage assez confidentiel telle que ‘The Chamber…’. Notons au passage la présence que quelques bouts de fluff « autres » au fil des pages, qu’il s’agisse du Palais Impérial ou de l’armement de Rogal Dorn, ainsi que le retour d’un second couteau souvent employé par Swallow en la personne de Yored Massak (‘La Fuite de l’Eisenstein’, ‘Garro’), et restons-en là.

The Will of the Legion – A. Clark :

INTRIGUE :

The Will of the LegionLa 3ème flotte d’expédition de la Grande Croisade, engagée dans la joyeuse réunification humanitaire de la galaxie désirée par l’Empereur, est tombée dans une embuscade à la sortie d’une rocade warpienne. Assaillis par l’armada destroy mais pléthorique des Driftborn, une civilisation humaine ayant passé quelques millénaires à vivoter dans une ceinture d’astéroïdes en s’adonnant à la récupération et à l’upcycling des épaves passant à portée de leurs cités roches (les ruches, ce sera après le passage à l’âge impérial), les Imperial Fists qui constituent le gros (et le grand) des forces expéditionnaires se font donc un devoir de repousser les piteux abordages de leurs lointains cousins. Nous faisons ainsi la connaissance du Capitaine Hashin Yonnad, de la 39èmeCompagnie Maisonnée d’Inwit, alors qu’il mène une escouade de Breachers, le corps anti-émeutes de sa Légion, dans la purge du Tribune, vaisseau amiral de la flotte impériale. Ayant massacré la plupart des malheureux corsaires ayant croisé sa route, et fait, dans son infinie bonté, prisonniers les autres avant qu’ils ne meurent de froid  dans les coursives extérieures mal isolées du Tribune, Yonnad reçoit une convocation urgente à se rendre à l’autre bout du vaisseau, où il embarque sans tarder dans un Stormbird, en compagnie de ses vétérans… et de Rogal Dorn, rendu très chafouin par la tournure prise par les événements1.

Rendu perplexe par l’absence de briefing quant au déploiement de la force de frappe Astartes que le Primarque emmène à l’assaut de la principale cité ennemie, Yonnad demande respectivement à son boss de bien vouloir partager sa gnose avec ses fistons, afin que ces derniers soient en mesure de mener à bien ses plans. Dorn s’exécute, et indique à ses Légionnaires que leur cible est un dôme stratégiquement important, dont la capture mettra fin au conflit de façon rapide. La moue désapprobatrice (encore plus que d’habitude) qu’il affiche fait cependant rapidement comprendre à Yoyo que les Driftborn ont épuisé la patience, pas très fournie de base, du Primarque, et que ce dernier considère très clairement l’annihilation pure et simple de ces derniers comme une option de travail. Après tout, la mort, autant que le mur, est son métier.

Débarqués en plein cœur du marché aux puces local, les Imperial Fists tracent la route sans trop (trois morts) forcer jusqu’à leur objectif, massacrant l’arrière garde adverse au passage, un Rogal Dorn toujours aussi revêche collé à leur train. Papa se contente en effet de marcher derrière sa marmaille en fronçant très fort les sourcils, observateur plutôt qu’acteur de la sanglante et implacable progression impériale. Une fois le dôme sécurisé, il demande, que dis-je, il orDORNne à ses Techmarines de bidouiller les consoles de l’endroit afin de pouvoir disposer d’un gros bouton (sans doute jaune) qui pourra couper le chauffage et l’air conditionné  l’échelle de la cité entière d’une simple pression, avec des conséquences funestes pour qui ne porterait pas une armure énergétique (ou s’appellerait Marneus Calgar). Trop snob pour se salir les mains, il somme le brave Yonnad de se mettre en position devant le buzzer magique, tandis que lui donne une dernière chance à ses malheureux adversaires de se rallier à l’Imperium. Ayant bien fait comprendre aux Driftborn qu’il avait été bien gentil jusqu’ici, mais qu’il n’avait, en sa qualité d’architecte de la destinée galactique de l’humanité (d’abord) et de décorateur intérieur de l’Empereur (surtout), absolument rien à carrer de leur civilisation minable, il leur donne royalement impérialement quelques instants de réflexion après avoir terminé sa harangue. Assez pour plonger Yonnad dans de profondes considérations éthiques quant à la trop grande facilité qu’il aurait à presser le bouton, et donc à signer l’arrêt de morts de millions d’êtres humains, pas coupables de grand-chose au fond, sur un simple branlement du chef de son Primarque. Fort heureusement pour notre héros philosophe, les Driftborn choisissent sagement de capituler, rendant leur dépressurisation inutile. La nouvelle se termine sur cette victoire décisive de la Team Pépé, qui ne suffit cependant pas à dissiper les doutes du Capitaine Dubious. Béni soit l’esprit…

1: Cela se perçoit dans la manière dont il prononce « connerie ». Et je ne parle pas de son accent chantant de Mareuh-seilleuh.

AVIS :

Petite nouvelle de bonne facture de la part d’Andy Clark, qui donne un peu de profondeur tant à Hashin Yonnad, avant sa sortie de route sur Phall, qu’à Rogal Dorn, qui gagne ici quelques précisions fluffiques qui ne manqueront pas d’intéresser le chaland, en attendant que le Primarque trumpien (build the wall!) ne dispose de son tome dans la série du même nom. Les lecteurs du troisième livre Forge World de l’Hérésie d’Horus apprécieront sans doute également de revoir apparaître les Driftborn du Consus Drift, présentés dans ce même ouvrage il y a quelques années. Narrativement parlant, l’intérêt principal de The Will of the Legion repose toutefois dans ses dernières pages, et la réalisation incrédule et dérangeante par Yonnad de son total endoctrinement à la cause de Dorn, dont il appliquera sans hésiter tous les ordres, même les plus immoraux. Nul doute que Clark voulait faire ressortir par cette réflexion intérieure toute l’ambivalence de l’Hérésie d’Horus, dont beaucoup des combattants se sont retrouvés dans un camp qu’ils n’avaient au final pas vraiment choisi, simplement parce qu’ils s’étaient contentés de suivre l’exemple, presque irrésistible, de leur Primarque. Il réussit bien son coup, et souligne donc de manière convaincante qu’entre « gentils » et « méchants », la ligne est souvent des plus fines.

Skjalds – N. Kyme :

INTRIGUE :

Un monstre rôde dans l’arrière-pays de Fenris, attaquant des villages isolés et massacrant tous leurs habitants, depuis le huskarl sans défense jusqu’au bébé sans peur. Un jeudi normal sur un monde hostile, en quelque sorte, sauf que le monstre en question came to the wrong neighborhood, à savoir celui de Baerelt, Torvur, Ulfvye et Laggenhuf. Ces quatre hardis chasseurs ayant chacun perdu un ou plusieurs êtres chers dans l’attaque de l’innommable et innommée bestiole, ils ont fait le serment de traquer cette dernière et de mettre fin à ses déprédations. Et tant pis pour la biodiversité terrestre fenrissienne, qui se porte parfaitement bien vous pouvez me croire. L’histoire commence alors que notre petite bande est en train d’essayer d’allumer des torches pour y voir quelque chose dans la tempête de neige nocturne qui s’est abattue sur eux. Ce qui est bien le cadet de leurs soucis, car des profondeurs de la toundra jaillit bientôt un mini boss, une draugr.

Cette dernière (car le cadavre desséché et tirant la langue qui fond sur les chasseurs pour leur rouler des gamelles est indubitablement féminin) donne du fil à retordre aux humains, qui finissent toutefois par en venir à bout d’un jet de torche bien placé, mais perdent une lance dans la bataille. Ce qui est presque aussi grave que la mort d’un guerrier, si on écoute le vieux ronchon de service (mais expert en lance, sans doute parce qu’il a le bras fort), Ulfvye. Malgré l’issue heureuse de cette bataille, il ne fait pas de doute pour Baerelt que la draugr n’était qu’une vamp opportuniste, et pas la bête responsable de tous les malheurs de sa communauté. La petite troupe reprend donc sa marche sous un léger crachin (humour), et finit par bivouaquer dans une caverne miraculeusement vide de tout prédateur alpha. Le temps gagné à ne pas avoir à faire la peau à un phacochère laineux ou à un gigagolin est utilement mis à profit pour échanger quelques récits épiques au coin d’un feu de brindilles. Transformés en skjalds pour l’occasion, les compères s’écharpent sur la véridique légende du Russ, l’incarnation de l’hiver fenrissien, considéré par l’un comme un géant à lance de gel, par l’autre comme une tempête de neige douée de raison, par le troisième comme un loup géant qui accompagne les âmes dans l’autre monde, et par le dernier comme un roi. Et comme le gage de cette veillée était manifestement le premier tour de garde pour l’histoire la plus pourrie, c’est Baerelt le barbant qui s’y colle.

Le lendemain, les chasseurs se remettent en route et parviennent à un village qui a reçu la visite du monstre il y a peu de temps, comme les cadavres massacrés et à moitié boulottés des habitants en témoignent. S’étant rendus compte que quelque chose ou quelqu’un était toujours présent sur place, nos héros convergent sur la salle commune de la bourgade, qu’ils trouvent en effet occupées par un animal gigantesque, recouvert d’une fourrure hirsute, munis de crocs acérés et dégageant une odeur abominable. Vous l’avez compris, c’est Leman Russ en personne (qui se fait appeler ici Jotun, pour préserver son anonymat sans doute) qui fait son apparition dans l’histoire, et après avoir indiqué aux traqueurs tétanisés par son aura primarquielle qu’il est également sur la piste du gros gibier, accepte que ces derniers le suivent dans son pistage. Il a pour cela une méthode infaillible : suivre les loups.

Sortis du village à la suite de leur nouveau copain, Baerelt et Cie ne tardent pas à se rendre compte que si les loups peuvent être suivis, ils peuvent également suivre. Aussi, lorsqu’une meute de six herravargr (des loups géants) encercle le club des cinq au sommet d’une falaise, l’ambiance retombe un peu. Le combat qui s’en suit se termine par une nouvelle victoire de l’équipe bipède, en grande partie grâce à l’intervention efficace de Jotun, mais Ulfvye est gravement mordillé dans la bagarre, ce qui ralentit la progression de ses camarades. Comme la veille au soir, les chasseurs passent le temps en devisant au coin du feu et c’est au tour de Jojo de donner sa version du mythe de Russ, qu’il connaît sans doute mieux que la moyenne. Et en toute modestie, il choisit de raconter son histoire (sans dire qu’il s’agit de lui, évidemment), celle de l’enfant sauvage élevé par les loups et adopté par un roi de Fenris, avant que l’Empereur ne vienne plomber l’ambiance d’un petit gueuleton entre copains, on connait la suite.

Le jour suivant, la traque reprend et amène les chasseurs jusque dans une forêt, où ils croisent un Wulfen bien amoché sur le bord du sentier. Il ne fait aucun doute que le lycanthrope a combattu la bête (et a perdu), mais plutôt que de venir en aide à son fiston poilu, Jotun continue sa route en laissant le wyrd du comateux faire son office. Un peu plus loin, c’est le grand ménage parmi les suiveurs du Primarque, Ulfvye décédant d’une hémorragie interne, et Torvur et Laggenhuf ratant leur test de commandement lorsqu’ils entendent le monstre faire sa balance en préparation du combat final. Ne reste donc plus que Baerelt pour sauver l’honneur des péquenauds de Fenris, ce qu’il fait en partant à la poursuite de Jotun, qui n’a pas attendu de voir qui lui collait au train pour régler ses comptes avec le monstre de la pampa…

Début spoiler…Ou plutôt, les monstres. Car c’était un bien un couple d’ours géants avec des bois de cerf, ou beer en langage scientifique, qui était responsable de tout ce tintouin. N’étant venu qu’avec une hache même pas énergétique pour mieux se fondre dans la masse, Leman se retrouve rapidement dans le mal. Et même si l’andouille parvient à saisir un de ses adversaires par les andouillers, dans le but de lui tordre le cou jusqu’à ce que mort s’en suive, cette manœuvre n’a de chances d’aboutir que si elle n’est pas interrompue. Il faut donc que quelqu’un distraie Maman Ours jusqu’à ce que Boucles d’Or ait fini le sale boulot. Et ce quelqu’un, ça ne peut être évidemment que Baerelt. Enfin, pendant à peu près trois secondes, car notre héros est ensuite rejoint par le Wulfen croisé un peu plus tôt, assez remis de ses émotions pour demander une revanche à ses vainqueurs. Bilan de cette deuxième manche : une nouvelle victoire de la grande ourse sur Mini Loup, qui finit la baston en deux morceaux, mais de très peu. La bête fauve s’écroule en effet quelques instants plus tard, cannellisée à titre posthume par le Space Wolves déchu1. En arrière-plan, Jotun avait réussi à décoller les cervicales à l’autre affreux, ce qui met fin aux déprédations de Baloo et Baloote. Notre histoire se termine sur l’arrivée d’un Thunderhawk, venu raccompagner le patron vers le Croc où une mission importante l’attend sans aucun doute. On ne peut pas passer sa vie à se ressourcer dans la nature quand on est un Primarque, et c’est bien dommage…Fin spoiler

1 : Ce qui est finalement un destin enviable pour un membre du rout, puisque cela fait ch*er les Dark Angels.

AVIS :

Nick Kyme revient à ses anciennes et velues amours (les Salamanders étant plutôt écailleux, comme chacun sait), avec ce récit fenrissien de facture classique. Fort heureusement pour nous, l’auteur a progressé, ou s’est davantage intéressé à son sujet, depuis l’époque héroïque de ‘Thunder from Fenris’ et ce ‘Skjalds‘ s’avère être une lecture plaisante… au premier degré1. Si l’intégration de cette histoire dans l’anthologie ‘Blood of the Emperor‘ retire évidemment tout suspens sur la véritable identité de Jotun, cette absence de surprise est compensée par d’autres éléments intéressants, à commencer par une intrigue plus surprenante (là encore, dans le bon sens du terme) qu’à l’accoutumée pour une nouvelle de Kyme: le premier accrochage avec le.a draugr, dont on ne sait pas s’iel est le monstre traqué par les chasseurs constitue ainsi une sorte de prélude sympathique au reste du récit. Le choix de l’auteur de narrer son récit avec une perspective « humaine » lui permet également de glisser quelques infos sur la manière dont Russ considère l’Empereur, ses frères, sa Légion et son rôle dans l’Impérium, à la manière de confidences échangées sans arrière-pensées, pour le seul bénéfice du lecteur. Enfin, cette nouvelle n’est pas avare en fluff (pas moins de quatre légendes différentes sur le Russ, tout de même) ni en fragments de lore Space Wolves: je pense particulièrement aux considérations du Primarque sur les Wulfens, qui sont à replacer dans la saga du rout2, mais également au rôle proprement héroïque (au sens grec antique du terme) que Leman Russ choisit d’occuper dans la culture de Fenris, en tant que guerrier solitaire accomplissant des exploits pour le compte d’un peuple qui ignore sa véritable identité. Bref, une nouvelle qui vaut tout à fait le détour pour qui s’intéresse aux mythes et légendes du Vlka Fenryka, et un pas accompli par le skjald Nick Kyme sur le chemin de sa rédemption littéraire.

1‘Thunder from Fenris’ valant également le détour, mais pas d’une façon dont son auteur serait fier.
2Avant ou après la campagne de Dulan, pendant laquelle les Space Wolves apprennent que leur père savait pour les Wulfens? Si l’absence de réaction des deux Astartes qui servent de Kaptains à leur Primarque devant le cadavre de l’homme loup à la fin de l’histoire n’est pas un bête oubli de Kyme, ce serait plutôt la deuxième option qui tient la corde.

Champion of Oaths – J. French :

INTRIGUE :

Il y a des entretiens d’embauche plus facile que d’autres. Alors que la majorité d’entre nous a juste à savoir nommer trois qualités et trois défauts pour convaincre le recruteur, Sigismund des Imperial Fists va vraiment devoir donner de sa personne pour obtenir son dream job, lui. Notre homme candidate pour devenir le Maître du Temple, fonction honorifique s’il en est au sein de la VIIème Légion puisque les Templiers en question gardent le… temple du Phalanx où les Frères de Bataille jurent fidélité à l’Empereur et à Rogal Dorn. Pour obtenir ce poste convoité, l’impétrant doit vaincre en combat singulier la totalité de ses camarades, soit 199 Astartes vétérans à se farcir les uns après les autres. Même pour un guerrier de la trempe de Ziggy Jaune d’Œuf, l’épreuve est difficile, et notre héros encaisse les coups et les bosses au fur et à mesure que les duels se succèdent.

Cet affrontement au long cours est entrecoupé de flashbacks nous renseignant sur la trajectoire de Sigismund, depuis son enfance malheureuse dans les camps de réfugiés de Turquie (rebaptisée plateau ionien en M31), où il vit sa protectrice se faire tabasser à mort par une bande de wesh sanguinaires, jusqu’à son entraînement sous la conduite du maître d’armes Appius, alors qu’il n’était encore qu’un jeune et prometteur jaunard. L’occasion pour nous d’en apprendre plus sur la motivation profonde de Sigismund, qui va toujours de l’avant parce qu’il sait que les Space Marines ont le devoir de se battre à la place de ceux qui ne le peuvent pas. C’est beau, c’est noble, c’est grand, c’est corporate. Ce petit gars aurait pu faire Miss France, s’il n’avait pas choisi une autre voie.

Retour au Temple, et au boss de fin de la série infernale du Zig. Après avoir fisté sans répit et écopé de quelques bleus au passage, ne reste plus que ce bon vieil Appius en personne à maraver. Le problème, c’est que le vétéran a assez mal vieilli, et s’est fait enfermer dans un Dreadnought depuis l’époque où il refaisait le portrait de son padawan à grands coups d’espadon. Le combat n’est pas des plus équitables, mais les Imperial Fists sont du genre exigeant. Malgré un coup de moins bien passager, et un revers de bouclier énergétique en pleine face, Sigismund vient à bout de cet ultime adversaire en lui coupant le câble (ce qui est cruel quand on est confiné à un réservoir de liquide amiotique, tout de même). Félicité par Rogal Dorn en personne, qui était là incognito pour suivre l’épreuve pratique de son fiston favori, Sigismund devient officiellement le Maître des Serments, et reçoit l’épée de fonction qui va bien en reconnaissance de son nouveau statut. Un petit passage à l’infirmerie pour mettre de l’arnica (eh, c’est jaune aussi) sera sans doute nécessaire après cela…

AVIS :

John French se fait plaisir en retraçant en quelques pages bien senties la trajectoire de l’un des personnages les plus marquants des Imperial Fists pendant la Grande Croisade et l’Hérésie d’Horus (et même après cela), depuis ses humbles débuts jusqu’à sa prise de fonction comme Enfant de Juron. On peut y voir un avant-goût et un condensé du roman qu’il écrira un peu plus tard sur le même personnage, car tout est déjà bien en place à la conclusion de ces douze pages. L’exemple-type de la petite nouvelle à vocation fluffique, sans ambition particulière en matière d’intrigue mais très satisfaisante tout de même pour les amoureux de background, et grâce à la maîtrise consommée que l’auteur a de son sujet. Bref, un incontournable si vous êtes fan des Imperial Fists et/ou des Black Templars, ou tout simplement de l’Hérésie d’Horus en tant que telle.

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Voilà qui termine cette revue de ‘Loyal Sons, une anthologie à l’image de la plupart des recueils de nouvelles de la Black Library, c’est à dire alternant le bon et le moins bon. La balance étant en faveur du qualitatif, pour autant que je puisse le dire, je ne déconseille pas l’acquisition de cet ouvrage, mais ne vous ruez pas dessus en pensant que les personnages mythiques qui y sont décrits sont la garantie d’histoires de meilleure facture que celles que l’on peut lire habituellement dans des pages siglées BL. Ce serait aller à l’encontre d’une grosse désillusion… A la prochaine pour de nouvelles chroniques irrévérencieuses au possible!

 

SONS OF THE EMPEROR [HH]

Bonjour et bienvenue dans cette revue de ‘Sons of the Emperor’, une anthologie de nouvelles centrées sur les fils prodigues et prodiges de l’Empereur : les Primarques. Les hasards de la vie et les vagabondages littéraires de l’auteur de ces lignes ont fait que cette chronique arrive après celles de ‘Scions of the Emperor’ (ici) et ‘Blood of the Emperor‘ (), deux recueils pourtant publiés aprèsSons…‘, et basés sur le même concept. L’ouvrage qui nous intéresse aujourd’hui doit donc être considéré comme le modèle sur lequel ‘Scions…’ et ‘Blood…‘ ont été reproduits et/ou comme le prototype que ces deux publications ultérieures sont venues perfectionner. Nous verrons bien quel qualificatif correspond le mieux à ‘Sons…

Sommaire Sons of the Emperor (HH)

Le casting d’auteurs réuni au sommaire de cet opus mérite quant à lui un respect rétrospectif : à l’époque de la sortie de ‘Sons…‘ (2018), nous ne savions pas encore que cette anthologie regroupait cinq des six Seigneurs de Terra (les auteurs chargés de l’écriture de l’arc ‘Siege of Terra‘, considérés par beaucoup d’observateurs comme la dream team de la BL), j’ai nommé Abnett, Dembski-Bowden, French, Haley et Thorpe. Vient s’ajouter à cette belle brochette d’hérétiques un power trio de contributeurs de la maison d’édition de Nottingham : les éditeurs vétérans Nick Kyme et Laurie Goulding, et le vénérable Graham McNeill, que l’on peut considérer comme l’un des pères rédacteurs de la franchise (10 romans, 4 novellas, 15 nouvelles, 5 audio dramas). On est donc en droit de s’attendre à de la qualité SCSienne à la lecture de cette anthologie, qui sur le papier (pun intended) en remontre très franchement à ses petites sœurs, aussi bien en termes de contributeurs que de consistance (8 nouvelles contre 6 pour ‘Blood…‘). Le favori sera-t-il à la hauteur de son statut, ou, tel un Horus littéraire, décevra-t-il les attentes placées en lui par une galaxie entière? Let’s find out, folks.

Sons of the Emperor

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The Passing of Angels – J. French :

INTRIGUE :

The Passing of ANgelsLa planète Harpic, intégrée à l’Imperium pendant la Grande Croisade, a décidé de faire sécession de l’empire de Pépé. Ce crime de lèse majesté ne pouvant évidemment pas rester impuni, l’Armée Impériale est envoyée sur place pour calmer les velléités indépendantistes du Gouverneur Planétaire… et est accueillie à coup de bombes nucléaires, résultant en des pertes colossales parmi les assaillants mais également la population locale, sacrifiée sur l’autel du « vous ne m’aurez jamaaaaaaaaaaais ». L’Empereur ayant clairement établi que l’atome, c’était le mâââl dans une célèbre interview donnée au Journal de Mickey en M30, la machine de guerre impériale passe en mode hardcore et envoie Sanguinius et ses Blood Angels « pacifier » pour de bon la planète mutine, renommée H_____ en signe de la gravité de ses crimes.

Nous suivons donc le Primarque ailé et les soixante Space Marines de l’Ost de la Destruction, armés de l’arsenal le plus sale à disposition de l’Astartes (armes à phospex, grenades à radiations, cocktails cacatov et tutti quanti), alors qu’ils font s’abattre le jugement de l’Empereur sur les dissidents de H_____. Sanguinius a donné des ordres stricts : il ne doit y avoir aucun survivant, et, conscient du lourd fardeau psychologique qu’un tel massacre pourrait avoir sur ses fragiles de fistons, il leur a ordonné de revêtir le masque d’argent des Destructeurs, permettant à son porteur de dissocier son identité des actes horribles commis en tant que membre de l’Ost1. Seul le Primarque se rend au combat tête nue, car sa nature surhumaine lui permet d’endosser sans faiblir la responsabilité de ce massacre (raison officielle) et que mettre un casque lui aplatit les cheveux de manière disgracieuse (raison officieuse). Bien évidemment, les soldats de H_____ ne font pas le poids face à la furie sanguin(ius)aire des Blood Angels, et leur insignifiante petite planète ne tarde pas à repasser du bon côté de l’histoire.

La nouvelle se termine par une réunion informelle entre Horus et Sanguinius sur le Vengeful Spirit, pendant laquelle les deux frangins se livrent à leur activité préférée : battre son frère à un jeu de plateau pour Horus, et faire de lourds sous-entendus sur l’avenir pour Sanguinius. C’était une époque plus simple…

1 : C’est dans l’esprit très semblable aux masques de guerre des Guerriers Aspects Eldars… sauf qu’ici, on ne nous dit pas s’il y a une véritable technologie permettant de brainwasher le porteur, ou bien s’il devra faire la dissociation tout seul comme un grand.

AVIS :

Je suis un peu déçu de l’approche choisie par French pour cette nouvelle estampillée Primarques, car elle ne nous apprend au final pas grand-chose sur le personnage que l’auteur a choisi de traiter (Sanguinius)1, et aurait donc pu être cataloguée comme nouvelle « classique » de l’Hérésie à la place. Certes, on voit le Primarque mener ses fils à la bataille, mais la noblesse tragique dont il fait preuve au cours de la purge de H_____ n’est pas une caractéristique inconnue de Sanguinius : quiconque est un tant soit peu familier du personnage sait qu’il s’agit au contraire de la base de son identité. Partant, le propos déroulé par French dans ‘The Passing of Angels’ n’apporte pas de nouvel éclairage sur l’Archange de Baal, ce qui est à mes yeux la raison d’être d’un récit Primarques. Le même argument peut être avancé pour la scène de dialogue entre Sanguinius et Horus, qui relève à mon sens plus du clin d’œil à des éléments de fluff déjà établis au cours de l’Hérésie que d’une quelconque avancée de l’arc des Pépé Bros.

Je suis également resté sur ma faim avec l’Ost de la Destruction, convoqué par French pour montrer que même la Légion de Space Marines la plus angélique ne rechignait pas à faire le sale boulot de temps à autre, mais avait développé une technique bien à elle pour ne pas laisser ces actes barbares affecter durablement ses membres. L’idée est intéressante, mais sa mise en pratique tellement lacunaire que l’on ne sait pas comment le processus en question fonctionne. Les masques mortuaires des Destructeurs ont-ils seulement une fonction symbolique, ou sont-ils capables d’effacer les souvenirs de ceux qui les portent ? Bref, ‘The Passing of Angels’ passe à mes yeux à côté de son sujet, et si French est suffisamment compétent en tant qu’auteur pour que la lecture de cette nouvelle ne soit en rien désagréable, j’attendais plus et mieux de sa part ici.

1 : La plus grande révélation de ‘The Passing of Angels’ a été pour ma part d’apprendre que Sangui avait une vision laser, qui pouvait détecter une rupture d’alignement de l’ordre d’un micron. Il aurait dû être coiffeur au lieu de chef de guerre avec ce don, moi je dis.

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The Abyssal Edge – A. Dembski-Bowden :

INTRIGUE :

Gravement blessé dans le crash de son appareil au cours d’une glorieuse victoire impériale, le chef d’escadron Orthos Ulatal a été réaffecté au service des archives de la Grande Croisade, son corps étant trop endommagé pour lui permettre de s’envoyer en l’air comme autrefois. La réception par notre héros cabossé et amer d’un rapport d’un genre particulier va l’arracher à la monotonie pré-dépressive qui constituait son nouvel ordinaire : un certain Khayon des Khenetai, légionnaire Thousand Sons, a en effet proféré de graves accusations à l’encontre des Night Lords de Konrad Curze, alors que les deux Légions « coopéraient » au cours de la campagne de pacification de Zoah, plus connue sous le nom de « Dévastation de Zoah ». Après avoir cherché conseil – un peu – et échangé quelques remarques acerbes – surtout – avec son ancienne camarade et désormais remplaçante, Perdita, Lulu décide qu’il est de son devoir de faire toute la lumière sur cette bisbille inédite entre deux Légiones Astartes. La révélation de conflits larvés entre les champions de l’humanité risquerait en effet d’avoir un effet désastreux sur le moral des troupes, gavées de propagande impériale où tout le monde il est bô, tout le monde il est jenti (sauf le fourbe et puant ENNEMI, bien sûr).

Après un voyage mouvementé et donc vomitif à travers l’espace impérial, Ulatal parvient jusqu’au Nightfall, vaisseau amiral des Night Lords, et demande à être reçu par un des archivistes (et pas Archivistes) de la Légion, afin d’entendre la version des natifs de Nostramo sur les événements de Zoah. À sa grande, et pas franchement heureuse, surprise, c’est le Premier Capitaine de la VIIIème Légion, ce farceur de Sevatar, qui vient finalement toquer à sa porte, pour lui proposer un deal aux conséquences potentiellement funestes : enterrer le rapport de ce couillon de Khayon comme n’importe quel fonctionnaire sensé l’aurait fait depuis belle lurette, ou apprendre ce qu’il s’est réellement passé entre Night Lords et Thousand Sons sur Zoah…

Début spoiler…Comme la nouvelle aurait été beaucoup moins intéressante si Ulatal avait choisi la première option, nous embrayons donc sur un flash back des familles familial, durant lequel nous suivons Sevatar et son bodycam assister aux délibérations houleuses du camp impérial à propos de la Tour de la Sérénité, monument servant de bibliothèque et d’archives à la civilisation de Zoah, prestement incorporée à l’Imperium après un petit massacre pédagogique dont Curze à le secret. Ce même Curze serait d’avis de réduire la tour en poussière, comme le demande le manuel du parfait petit légionnaire, afin que les dangereuses connaissances qu’elle renferme ne viennent pas risquer de contredire la Vérité Impériale. Magnus (également présent) est bien sûr opposé à ce projet d’autodafé, et implore son frère de lui laisser le temps de contacter l’Empereur afin que ce dernier puisse trancher la question. Mais Konrad reste intraitable, et finit par ordonner à Sevatar de commencer le bombardement de la tour, malgré le fait que les Thousand Sons soient positionnés autour de cette dernière et la protègent grâce à leurs pouvoirs psychiques. Après avoir fait son Captain America pendant à peu près 12 secondes, Maggie finit par lâcher l’affaire, mais promet à Curze qu’il en parlera au manager (i. e. Pépé). Bilan des courses : la Tour de la Sérénité finit en gravats, son incommensurable et incommensuré savoir avec elle.

Ayant été témoin de ce clash frontal entre deux des fils de l’Empereur, Ulatal n’est guère surpris lorsque Sevatar prend son élan pour lui refaire le portrait à coup de glaive tronçonneur, cette information hautement sensible ne pouvant être ébruitée en dehors de la grande famille des Astartes. Notre héros est toutefois sauvé, non pas par le gong, mais par le Shang (un autre Capitaine des Night Lords), qui annonce à Sevatar que sa future victime a été nommée officier sur un des vaisseaux de la Légion, le Voidmaw. La nouvelle se termine sur le choix laissé à Ulatal : accepter son nouveau poste ou emporter son secret dans la tombe…Fin spoiler

AVIS :

Aaron Dembski-Bowden opère une fois encore sa magie narrative avec ce ‘The Abyssal Edge’, qui replonge le lecteur dans les savoureux paradoxes des Night Lords pré-Hérésie (un sujet de prédilection de cet auteur). On y retrouve bien sûr l’incontournable Sevatar, égal à lui-même en matière de killer one-liners, je m’en foutisme insolent1 et droiture morale bien cachée, mais le clou du spectacle est évidemment la joute verbale entre Konrad Curze et Magnus le Rouge au sujet de la Tour de la Sérénité. Dembski-Bowden prend soin de dépeindre les deux protagonistes de façon équilibrée, chacun ayant ses qualités (l’esprit critique de Magnus, qui lui donne la perspective nécessaire pour aller à l’encontre d’un édit impérial qu’il trouve stupide ; la « magnanimité » de Curze, qui a déterminé que l’utilisation de tactiques de terreur était la manière la plus efficace et la moins meurtrière pour conquérir Zoah) et ses défauts (l’indignation sélective de Magnus, qui a laissé les Night Lords mener la campagne comme ils le souhaitaient et ne s’oppose à eux que lorsqu’ils décident de raser la Tour de la Sérénité ; et ai-je vraiment besoin de souligner les problèmes de Curze2 ?), ce qui laisse au lecteur le soin de déterminer pour qui il prend fait et cause à la fin de la nouvelle.

Reste la partie consacrée à Ulatal, qui me paraît être trop développée pour un personnage à usage unique, et qui se conclut avec une indication assez nette que la gueule cassée se trouve un nouveau job parmi les auxiliaires humains de la Légion. Comme ADB a mis sous les feux des projecteurs les pilotes des escadrons de chasseurs de la flotte des Night Lords3 dans d’autres textes, je m’attendais à ce qu’Ulatal reparaisse à un moment ou à un autre dans le corpus nostramien de cet auteur, mais mes recherches n’ont rien donné à ce jour. Cela n’empêche pas de savourer cette nouvelle à son plein potentiel, mais pose la question de ce que voulait faire l’auteur avec ce personnage. À suivre ?

1 : La scène où Curze et Magnus lui disent en même temps de la fermer vaut son pesant de viande de grox.
2 : Le fait que l’on en apprenne plus sur Magnus dans ‘The Abyssal Edge’ que sur Konrad Curze me mène à considérer que cette nouvelle devrait être liée au premier plutôt qu’au second dans une optique ‘Primarques’.
3 : Particulièrement la pilote Taye Karenna, commandante de l’escadron des Voilés et chauffeur privé de Sevatar dans ‘Prince of Crows’.

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Mercy of the Dragon – N. Kyme :

INTRIGUE :

Mercy of the DragonLes réunions de famille ne sont pas toujours une partie de plaisir, c’est bien connu. Toutefois, les retrouvailles entre Vulkan et l’Empereur sur Nocturne se passèrent de manière que l’on peut qualifier de cordiale, surtout si on les compare à d’autres épisodes d’affiliés au premier regard tournées plus tard au cours de la Grande Croisade. Bien sûr, le fils adoptif de N’bel le forgeron a une âme paisible sous ses abords farouches, et il faudra une longue discussion (et une salamandre encore plus longue, mais c’est une autre histoire…) pour le convaincre de laisser tomber sa planète pourrie et sa salopette rapiécée pour prendre sa place aux côtés de son créateur dans la conquête de la galaxie. C’était à l’époque où Pépé prenait encore le temps de discuter avec ses fistons avant de les bombarder à la tête de leur Légion1… Et croyez-le ou non, mais un des critères majeurs ayant guidé la décision du colosse aux yeux de braise fut de savoir si ses nouveaux camarades de jeu allaient être gentils avec lui pouvaient apprendre quelque chose de sa part, lui qui se voyait davantage chaudronnier que chef de guerre. « Mais bien sûr gros bêta », lui répondit son papounet. « Attends un peu de rencontrer ce joyeux drille de Ferrus… ».

Flash forward quelques temps plus tard, au cours de la campagne de mise en conformité de Ranknar. Les indigènes ne se sont montrés sensibles ni aux talents oratoires, ni aux sculptures en ballons de l’Empereur (on ne peut pas être bon partout hein), et la guerre fait rage à la surface de la planète. Les défenseurs vont de défaites en défaites, leurs forteresses imprenables se faisant mettre minables en un temps ridicule et un déluge de flammes par un guerrier terrifiant, surnommé le Dragon par ses adversaires malheureux. Nous suivons le soldat Sarda et le prêtre Veddus alors qu’ils se rendent jusqu’à l’ultime bastion de la résistance : la Citadelle Rouge de Romistad. Le dernier carré des ranknariens dans la cité de Venikov s’est en effet terminé de manière abrupte et infernale, après que le Dragon ait décidé d’y allumer le feu.

À Romistad, la situation des défenseurs semble un chouilla moins désespérée, car ils ont à leur disposition non pas une, mais deux armes top secrètes moumoutes. Ceci dit, les impériaux ont de leur côté non pas deux, mais trois membres des Ramones (nouvelle période) : Peypey, Féroce Manosque, et bien sûr le Dragon, qui est bien sûr le nom de code trop trop secret de Vulkan. Bref, les carottes ne sont pas cuites, elles sont sur le point d’être carbonisées pour les irréductibles gaulois.

La stratégie de l’Empereur, qui consiste à lancer un Vulkan fou de rage (sans qu’on sache trop bien pourquoi d’ailleurs) sur l’ennemi en mangeant des chips avec Ferrus Manus à bonne distance des combats, rencontre toutefois ses limites lorsque les défenseurs abattent leur premier joker : un trio de bogatyrs, c’est-à-dire des golems de la taille d’un Titan, menant une sortie désespérée sur les lignes impériales. Ne pouvant pas laisser Vuvu se faire exploser sans intervenir, Pépé intervient gracieusement pour rétablir le déséquilibre en faveur de ses troupes, ce qui permet à l’irrascible Hulk, mit encore plus en rogne par la découverte de la source d’énergie des bogatyrs (des enfants sous hémodialyse) de charger seul la porte de la Citadelle Rouge, afin d’apprendre à ses occupants de quel boa il se chauffe…. Et c’est là qu’arrive la boulette.

Malgré ses puissants pouvoirs de guidage de missiles, l’Empereur n’est en effet pas foutu d’empêcher le dernier tir d’une salve tardive d’exploser pile sur la position de Vulkan, alors qu’il attendait que la gardienne vienne lui ouvrir. Pour sa défense, il y avait péril en demeure pour les impériaux, l’ultime botte secrète des défenseurs étant de déclencher une bombe virale, ce qui n’aurait pas été fair play. Fort heureusement, ‘tis but a scratch pour Papamanders, qui étrenne certainement ainsi sa perpétualité (reste à voir comment il a regénéré aussi vite ceci dit), et convainc les Ranknariens de déposer les armes après que ces derniers aient constaté que le féroce Dragon a fait obstacle de son corps pour protéger un frêle enfançon qui jouait à la marelle sur le champ de bataille. Le pouvoir de la gentillesse ! Bon, on ne dira rien sur les centaines de milliers de morts avant ça parce que ça serait un peu mesquin…

1 : D’après la chronologie donnée par Laurie Goulding (et donc aussi officielle que possible), Vulkan a été le cinquième Primarque retrouvé. L’Empereur a commencé à s’en balec au douzième round (Mortarion).

AVIS :

Nick Kyme n’a pas écrit le roman Primarques de sa Légion de cœur (l’honneur en est revenu à David Annandale), mais il s’est tout de même payé le luxe de raconter en quelques pages comment la rencontre entre le père et le fils s’est déroulée… et je reste un peu dubitatif sur la valeur de cette offrande. Le problème tient en deux mots : character development. Mettre en scène des personnages aussi iconiques que l’Empereur et ses Primarques de fils nécessite en effet de connaître le riche background de ces figures majeures, mais également de les faire agir en gardant en tête leur stature d’êtres sur(sur)humains. Et si j’aborde ce sujet, c’est bien entendu que Nick Kyme s’est planté sur les deux tableaux. On a ainsi un Empereur qui minaude en faisant briller ses gantelets au soleil et balance des répliques dignes du Thesaurus, mais également un Vulkan utilisé à total contre-emploi avec son fluff établi (le Primarque qui se soucie des simples humains), puisqu’il passe la majorité de la campagne de Raknar à se comporter comme un proto-Angron, massacrant l’ennemi sans lui montrer aucune pitié1, et sans que Kyme ne justifie d’aucune façon cette soudaine agressivité. Que Vulkan ait pété une durite après avoir vu comment ses adversaires faisaient avancer leurs golems de combat, ok, mais avant cela ? Ce n’est pas comme si le même Vulkan avait failli refusé la proposition de l’Empereur de rejoindre la Grande Croisade parce qu’il ne se sentait pas l’âme d’un guerrier littéralement deux paragraphes avant, hein.

On peut toutefois reconnaître à Kyme les efforts sincères qu’il a fait pour donner une culture un peu fouillée à Raknar et ses habitants/fidèles (car oui, c’est à la fois une planète et un dieu), ce qu’il ne s’est pas toujours motivé à faire dans sa production pour la Black Library. Ce n’est toutefois pas suffisant pour équilibrer l’ardoise, et ‘Mercy of the Dragon’ reste à mes yeux globalement raté.

1 : En témoigne le dialogue entre Sarda et Veddus au début de la nouvelle, qui permet d’établir que plus de cent mille hommes ont péri dans la défense de Venikov (sans compter les civils), avec Vulkan en allumeur en chef.

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Shadow of the Past – G. Thorpe :

INTRIGUE :

Pendant que la galaxie part en sucette énergétique, sur Sicarus les grands travaux lancés par Lorgar afin de templaformer la planète avancent gentiment. Sous le patronage avisé et le commandement sévère mais brusque de l’Apôtre Noir/chef de chantier Kalta-Ar, des milliers d’esclaves suent sang et os (on est dans l’Œil de la Terreur, tout est possible) pour bâtir la Beneficta Diabola, basilique impie qui comportera deux piscines, un centre commercial et un boulodrome olympique. Soucieux du respect le plus strict des meilleurs standards de santé et sécurité, Kalta-Ar a pris soin de protéger le chantier d’incursions démoniaques, fréquentes en ces latitudes, par des pentacles et sceaux de protection du tout dernier cri1. Aussi est il fort mécontent d’apprendre de la part de ses acolytes qu’un nombre croissant de légionnaires disparaissent sans laisser de trace, au lieu de monter la garde en chantant des cantiques impies comme ils étaient sensés le faire.

Accompagné de son bras droit Arkula le Coryphaus et du Sergent Isaikash, K-A se rend sur les lieux de la dernière disparition, qui devient vite l’avant-dernière car un autre Word Bearer fait soudainement une mauvaise rencontre sur le chemin de ronde, et rend l’âme après cinq secondes de hurlements stridents sur le WhatsApp de groupe. Malaisant. Si quelques esclaves ont été témoins des derniers instants de frère Barbaque, les subtiles techniques d’interrogatoire de nos héros ne leur permettent pas d’apprendre grand-chose sur la nature du prédateur qui s’amuse à les faire tourner bourrique. Les mortels ont en effet seulement vus une ombre écarteler le malheureux Space Marine, ce qui n’est pas lourd pour faire avancer une enquête. Jugeant probable que ces déboires sont de nature démoniaque, et suspectant les serfs d’avoir réussi à appâter un gros Nurgling dans le Materium pour se venger des mauvais traitements infligés par leurs geôliers, Kalta-Ar est sur le point de diligenter une inspection surprise de ses propres opérations (aux grands porteurs du mot, les grands remèdes) lorsqu’une présence indistincte mais pas franchement amicale se matérialise soudain à proximité.

Les rapports alarmistes et disparitions brutales commençant à se multiplier, nos trois affreux décident finalement de prudemment de battre en retraite en direction du portail Warp reliant la Beneficta Diabola au QG de Lorgar, afin de respectueusement demander au boss de venir gérer un impondérable que ses incapables de larbins sont bien en peine de pondérer de leur côté. Cette retraite stratégique, qui se transforme sous peu en débâcle effrénée vers la chambre de papa, voit un nombre non négligeable de Word Bearers aux noms plus exotiques les uns que les autres2 se faire oblitérer par le terrible blurry man qui les poursuit, mais également ce fieffé coquin de Marduk, fier comme Ar-Thaban dans son armure Terminator, faire son apparition dans l’histoire. Fidèle à lui-même, il se montre odieux envers Kalta-Ar et ses survivants, et d’une piètre aide lorsque the thing se remet à faire des siennes. Pourquoi se donner du mal quand on a une armure en scenarium, pas vrai ?

Heureusement pour nos héros, Lorgar avait les oreilles qui traînait et, bien qu’il tique un peu sur le vocabulaire peu flatteur utilisé par ses fils pour parler de lui, l’adoré doré fait son apparition pour se confronter au démon qui tourmente sa marmaille…

Début spoiler…Sauf qu’il ne s’agit pas d’un démon, mais de ce lascar de Corax, qui a gagné quelques pouvoirs funky et emo en diable (comme se changer en brume ou en nuée de corbeaux, ou se faire pousser des bras et des lames surnuméraires) à trop traîner dans le Warp, mais est resté fidèle à sa nature profonde : se venger des méchants très méchants. On se souvient que les deux Primarques se sont déjà frittés sur Isstvan au début de l’Hérésie, et que sans l’intervention salutaire de Konrad Curze, Lolo aurait avalé son crozius. La revanche qui prend place sur Sicarus, alors que Lorgar a été élevé au rang de Prince Démon et que Corax se bat seul sur une planète baignée par le Warp… va rigoureusement dans le même sens, ce nullard d’Aurelian se faisant perforer la glotte par les griffes énergétiques de son frangin, et ne devant son salut qu’à l’intervention peu sportive de ses Word Bearers pour occuper le Seigneur Corbaffe le temps que son adversaire malheureux soit évacué à travers son propre portail. La lose totale.

Coincé sur Sicarus à cause de sa nature à demi-démoniaque, Corax jure à son frère qu’il y aura une belle et s’en va fracasser sa basilique pour se passer les nerfs. De son côté, Lorgar décide d’aller bouder dans sa chambre pour marquer sa désapprobation, et la légende raconte qu’il n’en est toujours pas sorti à ce jour…Fin spoiler

1 : …des victimes sacrificielles utilisées pour les tracer.
2 : Hesta-Pek, Takla-Gad, Apall-Af, Ghoa-Lok, Ukna-Tav…

AVIS :

Gav Thorpe se paie le luxe de conclure la saga hérétique (et la saga tout court pour Corax) de deux Primarques à travers ce sympathique ‘Shadow of the Past’, ce qui est un ratio fluffique tout bonnement exceptionnel pour une simple nouvelle. Si les prémisses de cette histoire ne sont pas très intéressantes, et qu’un lecteur un peu au fait du passif de cet auteur pendant l’Hérésie d’Horus aura tôt fait d’identifier le mystérieux persécuteur de cette cruche de Kalta-Ar, je trouve la deuxième partie du récit nettement supérieure, notamment grâce à l’idée de faire de Corax une sorte de démon non chaotique1, ce qui permet de justifier à la fois comment le Primarque a pu survivre à son départ dans le Warp, et à quoi il occupe ses journées. En plus de ça, un petit duel entre deux frangins légendaires, ça ne se refuse pas (surtout quand c’est la tête à claque qui perd). Il y a même le Marduk d’Anthony Reynolds qui vient faire coucou, ce qui est sympa de la part de Thorpe, et fera sans doute plaisir aux fans du personnage. Bref, un final vraiment sympathique qui fait plus que rattraper un début assez meh. Si Gav Thorpe pouvait toujours s’en tenir à ce standard, je serais un lecteur comblé.

1 : Ou carrément affilié à Malal/Malice, ce qui serait encore plus cool, et une hypothèse pas si farfelue que ça pour une soumission d’un auteur aussi au fait du fluff que Thorpe. Après tout, les motivations et le code couleur de Corax correspondent tout à fait à ceux du dieu banni…

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The Emperor’s Architect – G. Haley :

INTRIGUE :

Olivier et Marissa LeBon, associés à la ville comme à la scène, arrivent sur Olympia pour tenter d’exercer leur noble mais difficile profession au mieux de leur capacité. Le couple est en effet spécialisé dans l’écriture de biographie de Primarques, et malgré leur patronage par Malcador en personne, il n’est pas aisé de convaincre un demi-dieu boudeur (et ils le sont tous) de prendre quelques heures pour raconter sa vie à cœur ouvert. Il n’y a d’ailleurs que Vulkan qui a accepté de jouer le jeu, mais seulement pendant une petite heure, car cette galaxie ne va pas se conquérir toute seule, nom de Pépé ! Leurs trente années de collaboration et cohabitation ont également mis l’amour et la patience d’Olivier envers sa tendre moitié à rude épreuve, et on sent bien qu’il a lost that lovin’ feelin’ à la manière dont il passe son temps à souffler pendant que la navette approche du spatioport et que Marissa s’émerveille du paysage si pittoresque de la planète natale de Perturabo.

Malheureusement pour le couple, le moment est mal choisi pour débuter ce nouveau projet. Non seulement leur sujet d’étude est parti aux confins de la galaxie mener une campagne ingrate de déhrudisation sur les ordres de l’Empereur, mais le régent qu’il a laissé pour régler les affaires courantes, et qui n’était autre que son vieux père adoptif, Dammekos, vient de mourir. Saignée à blanc par les besoins de la Légion en recrues et en ressources, Olympia gronde sourdement, et les quelques Iron Warriors chargés du service d’ordre ont fort à faire pour réprimer les manifestations et les émeutes de la populace mécontente. Cela n’empêche toutefois pas nos héros d’hériter d’un factotum/guide touristique à neuroglotte, le stoïque et froncé Krashkalix, qui se fait un devoir de les amener visiter les sites les plus notables de la planète, afin de leur (enfin, surtout Marissa, Olivier n’en a plus grand-chose à faire) permettre de prendre la mesure de Perturabo.

En parallèle de cette excursion hagiographique, nous suivons les premiers pas du Primarque sur la planète, avant qu’il ne soit surpris en train de faire de l’escalade sur les falaises de Lochos. Sans surprise, Perturabo s’est révélé être un enfant précoce, chassant le monstre à coup de gourdin pour le bénéfice et la sécurité de pauvres bergers, et squattant la forge de villages isolés pour se faire son matos. C’est d’ailleurs dans la forge où il a ouvragé sa première épée que les LeBon font la rencontre d’une forte tête n’ayant pas la langue dans sa poche : Gerademos, petit-fils d’Andos, lui-même fils de Dammekos et donc frère adoptif de Perturabo. Gege n’hésite pas longtemps avant de balancer du gros dossier sur le Primarque, dont l’un des petits plaisirs coupables était de défier son frangin à des concours d’artisanat ou d’ingénierie, dont il sortait logiquement systématiquement vainqueur. Sauf UNE fois, ce qui mit Rabo tellement en rogne qu’il détruisit les statues réalisées pour l’occasion (en prenant soin de laisser de beaux restes à la sienne pour que les gens puissent tout de même voir à quel point il est doué). Olivier trouve ça génial, mais Marissa est horrifiée par cette anecdote, inexploitable pour le panégyrique qu’elle en a tête.

Les dissensions entre mari et femme vont alors croissants, jusqu’à ce que cette dernière finisse par avouer qu’elle considère l’Empereur comme un dieu, et est donc prête à sacrifier la vérité sur l’autel de la glorification de Pépé et de ses créations. C’est évidemment contraire à la Vérité Impériale instituée par le même Pépé, et Olivier considère l’infraction comme étant assez grave pour pouvoir demander un divorce en tort exclusif… ou en tout cas, abandonner Marissa à sa lecture du ‘Lectitio Divinitatus’ pendant que lui va faire le coup de feu avec les gilets jaunes d’Olympia, qui parviennent finalement à déclarer leur indépendance de l’Imperium, sous la tutelle de la sœur du Primarque absent, Calliphone. L’histoire se terminera mal, on le sait, mais il reste permis d’espérer que Marissa a réussi à compléter en solo la biographie de Perturabo avant le début de l’Hérésie. Elle a peut-être pu s’inspirer du travail d’un obscur écrivain de M3 du nom de Gaïallet pour ce faire…

AVIS :

Guy Haley se démarque de ses petits camarades de Library par sa capacité à surprendre son lecteur en s’aventurant, souvent avec succès, sur des chemins que la maison d’édition de Nottingham ne fréquente pas. ‘The Emperor’s Architect’ vient démontrer la versatilité de Haley en mettant au cœur de son propos les querelles mesquines d’un vieux couple marié1, à des années lumières de ce à quoi on pouvait s’attendre de la part d’une nouvelle estampillée Primarques. Si vous êtes comme moi à la recherche de fantaisie (et pas de fantasy) et de caractère dans vos lectures de GW-Fiction, cette simple idée, farfelue mais suffisamment bien intégrée à l’univers et à l’ambiance générale de 40K pour ne pas jurer avec ces derniers, vous convaincra de donner sa chance à cette petite histoire. Ce vent de fraîcheur m’a d’ailleurs tellement plu que j’ai regretté que Guy Haley finisse son propos en faisant reposer une bonne partie de l’opposition entre Olivier et Marissa sur la lecture du ‘Lectitio Divinitatus’ par cette dernière. Comme s’il avait senti le besoin de justifier son « audace » en dégainant une explication que le fanboy moyen ne pourrait pas lui contester. Il aurait pu passer outre à mon avis (c’est pas comme si les couples humains avaient attendu la prose de Lorgar pour s’engu*uler), mais ce n’est que mon ressenti.

En plus de cette caractéristique très sympathique, ‘The Emperor’s Architect’ a le bon goût d’être le parfait complément du roman que Haley a consacré au maître d’Olympia, dont je vous recommande la lecture. En plus de couvrir des périodes de la saga perturabienne précédemment passées sous silence (son arrivée sur la planète, la campagne contre les Juges Noirs, le soulèvement de la population), cette nouvelle continue de fouiller la personnalité, décidemment très complexe, de cet enferré de Primarque. On le voit ainsi faire preuve d’un altruisme d’une pureté immaculée envers les bergers des montagnes, mais également se comporter avec une mesquinerie incroyablement puérile avec son pauvre frère adoptif, qui n’avait rien fait pour mériter ça. Une force de l’écriture de Haley est de parvenir à réconcilier ces aspects pourtant opposés du caractère de Perturabo pour donner l’impression d’une psyché véritablement surhumaine (et donc incompréhensible), alors qu’un auteur moins doué aurait juste donné l’impression de se contredire par manque de sérieux. Pour terminer, ‘The Emperor’s Architect’ n’est pas avare en détails fluffiques allant du notable (pourquoi Perturabo ne souvient-il pas de ses premiers jours sur Olympia ?) au superficiel (ne pas faire de tartare de jalpidae si on est pas un Space marines ou mieux), ce qui est toujours sympathique. Une vraie réussite.

1 : Aux noms tout à fait banal qui plus est, ce qui renforce encore le décalage par rapport à l’exotisme patronymaire (?) auquel la BL nous a habitué. Je soupçonne Haley d’en avoir fait exprès, et il a eu raison.

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Prince of Blood – L. J. Goulding :

INTRIGUE :

Nous avions laissé la Légion des World Eaters dans une situation délicate à la fin des événements de ‘Betrayer’, leur bien-aimé Primarque ayant été élevé à la dignité de Prince Démon de Khorne contre sa volonté suite aux manigances de cette fouine de Lorgar. Rapatrié sur son vaisseau amiral, le Conqueror, et enfermé dans sa salle de jeux avec un trône en crânes pour seul mobilier, Angron beugle comme un beau diable – qu’il est devenu en grande partie – à travers les cloisons de plastacier, ce qui n’aide pas à remonter le moral, déjà très éprouvé, de ses fils et de leurs serviteurs mortels. Pour ne rien arranger, Khorne a décidé qu’il serait très amusant de transformer toutes les réserves d’eau du vaisseau en sang, ce qui est certes thématique mais pose rapidement des problèmes de pressing, vaisselle et déshydratation.

Sur le pont de commandement du Conqueror, nous retrouvons deux têtes connues : le Capitaine et Ecuyer du Primarque Khârn, ayant décidé de populariser le half sleeveless style que nous lui connaissons bien, et la… Capitaine (de vaisseau) Lotara Sarrin, à court de liquide potable pour avaler ses cachetons. Au petit jeu du « j’ai la plus grosse migraine », un Space Marines devant de facto gérer une Légion de tueurs psychopathes à la place de son Primarque changé en démon tout en luttant contre l’influence débilitante des crocs du boucher arrive logiquement loin devant la concurrence, aussi l’effrontée Lotara reste assez cordiale envers son homologue, même lorsque ce dernier se met à massacrer l’équipage humain après une sortie non prévue du Conqueror hors du Warp. Ce qui valait sans doute mieux au final car la Navigatrice du vaisseau, sentant sans doute les bad vibes monter en flèche, venait de poser sa lettre de démission/suicide. En M30, les emm*rdes volent toujours en escadrilles.

Laissant le soin à Lotara de recruter un nouveau Navigateur (Ramosz) et de l’installer dans ses quartiers, Khârn, une fois remis de ses émotions, s’en va accomplir une tâche autrement plus dangereuse et ingrate : essayer de comprendre pourquoi Angron s’est soudainement tu. Un silence de mauvais augure, pour sûr. En même temps, le moindre acte, ou absence d’acte, de la part d’Angron est de mauvais augure, alors… Usant de ses talents de diplomate/baby-sitter, déjà démontrés dans ‘After Desh’ea’ avant même le début de l’Hérésie, le fidèle Ecuyer parvient à avoir une discussion digne de ce nom avec son père génétique, qui ne voudrait rien de plus qu’aller jouer au pied du trône de Khorne au lieu de zoner dans le Materium avec une Légion dont il n’a plus rien à faire. Correction : dont il n’a jamais eu rien à faire. Le drame des World Eaters est toutefois qu’eux aiment trop leur papounet d’amour pour le laisser vivre sa non-vie, et sont prêts à génocider toutes les planètes entre le recoin d’Ultima Segmentum où Lorgar les a abandonnés à leur sort et Terra pour garder Angron (relativement) heureux et (en quelque sorte) bien nourri. Le premier monde sur leur bucket of blood list est Tekeli, deshumanisé en huit jours top chrono, mais il y en aura bien d’autres après lui, tout comme il y aura bien d’autres crânes collectés par Khârn (qui commence son fameux décompte à cette occasion) pour payer le leasing primarquiel réclamé par le dieu du sang…

AVIS :

Laurie Goulding reprend en main l’arc et les personnages World Eaters développés par Aaron Dembski-Bowden et parvient à maintenir le niveau (sacrement élevé) de ce dernier de façon correcte dans ce ‘Prince of Blood’. Même s’il s’agit clairement d’une nouvelle de transition, où rien de particulièrement important ne se passe, on a plaisir à retrouver nos trois rageux favoris sur ces quelques pages, tout comme on a plaisir à en apprendre plus sur la transition des World Eaters « pré-ascension » à la bande de joyeux berzerkers qui tuent, mutilent et brûlent nos tables de jeu au 41ème millénaire. Il est cependant intéressant de noter que ‘Prince of Blood’, malgré son marquage Primarques, est davantage centrée sur le personnage de Khârn que sur celui d’Angron : rien que de très logique quand on considère que ce dernier a achevé son arc et atteint sa forme finale, tant au sens propre qu’au sens figuré, après son apothéose sur Nuceria, alors que son Ecuyer n’est pas encore devenu la machine à tuer décérébrée que nous connaissons bien. Goulding fait ainsi progresser le futur Félon de quelques pas sur le chemin octuple, mais la route reste encore longue pour le Capitaine à crocs…

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The Ancient Awaits – G. McNeill :

INTRIGUE :

Un trio de sorciers Thousand Sons, Vistario le Corvidae (visions du futur), Murshid l’Athanean (télépathe) et Akhtar le Raptora (télékine), a été envoyé par Magnus le Rouge enquêter sur l’origine d’une vision subie par le premier. Ne pouvant pas désobéir à un ordre direct de leur borgne de boss, mais disposant de très peu d’indices pour localiser l’origine du message, une vague demande d’aide faite depuis les ruines d’une cité détruite, les compères ont passé les dernières années (ou l’équivalent en temps warpique) à voyager de monde mort en monde mort, sans succès. Leur chance a toutefois tourné lorsque le message s’est soudainement précisé, faisant état de l’identité de son émetteur, un certain « Ancien », qui patienterait donc à proximité. 

Guidé par une intuition de Murshid, les Thousand Sons prennent pied sur une nouvelle planète ravagée, sans savoir son nom ou ce qui lui est arrivé. Les indices troublants s’accumulent toutefois au fur et à mesure que nos héros s’approchent de leur destination : des douilles de bolts marquées du sceau des World Eaters sont retrouvées dans les décombres, et les ruines explorées par le trio portent la marque caractéristique d’un Exterminatus. Cependant, les niveaux inférieurs de la cité dans laquelle ils progressent ont résisté au terrible bombardement orbital déclenché par l’Imperium, ce qui indique que la civilisation qui a occupé cette planète était au fait des capacités destructrices des Legiones Astartes, et a pris des mesures pour résister à leur fureur. De façon tout aussi mystérieuse, mais beaucoup plus pressante, une tierce présence est détectée à proximité par les sens affutés de Murshid et Vistario : il semblerait que Magnus le Rouge ne soit pas le seul à s’intéresser à ce que cet énigmatique Ancien a à révéler.

Le fameux Ancien s’avère être un Dreadnought en très mauvais état, avachi à quelques mètres de la navette qu’il prévoyait sans doute d’utiliser pour quitter la planète au moment de son martyr. Il reste cependant suffisamment de batterie à la vénérable machine pour attraper Murshid alors qu’il passait à proximité, et pointer son canon d’assaut sur Vistario pour faire bonne mesure. Jugeant plus sage de négocier avec l’acariâtre vieillard énergétique plutôt que d’engager un combat qu’il n’est pas sûr de pouvoir remporter, Vistario opte pour une petite discussion avec l’Ancien, passablement confus après sa longue période d’isolation…

Début spoiler 1…Période qui se chiffre en millénaires plutôt qu’en années, car notre histoire prend place bien après la fin de l’Hérésie. Vistario finit par comprendre que la planète sur laquelle il se trouve n’est autre qu’Isstvan III, théâtre de la purge des éléments loyalistes des Légions renégates il y a dix mille ans. Son interlocuteur est une autre célébrité, l’Ancien Rylanor des Emperor’s Children, resté fidèle à l’Empereur malgré la trahison de son Primarque, mais rendu un peu barjo par cent siècles à fixer un mur effondré sans pouvoir se relever. Rylanor n’ayant pas appris que les Thounsand Sons ont également fait défection à Pépé, Vistario tente de détourner la conversation vers un sujet un peu moins polémique, échoue lamentablement, et aurait certainement fini en enduit organique sur ledit mur effondré sans l’arrivée opportune d’un nouveau personnage…

Début spoiler 2…Fulgrim en personne. Le Primarque démoniaque a en effet été attiré par la complainte de Rylanor au même titre que les Thousand Sons, et a décidé de corrompre le vénérable loyaliste pour son propre amusement pervers. Il tombe ce faisant dans le piège de Ryry, dont le châssis dissimulait une ogive contenant le virus mangeur de vie utilisé par feu Horus il y a fort longtemps pour régler son problème de dissensions internes. Cela était sans compter sur les manigances psychiques des Thousand Sons, qui parviennent à circonscrire l’explosion dans une bulle de force avant qu’elle n’ait pu engloutir les participants de cette petite réunion Copains d’Avant… pendant à peu près 27 secondes ½, soit le temps qu’il faut pour réaliser à Vistario qu’il préfère encore mourir et possiblement emporter Fulgrim avec lui (spoiler : ça ne marche pas) plutôt que de laisser le salace et serpentin Primarque faire des misères au pauvre Rylanor. Le sacrifice des Thousand Sons permet donc à la bombe d’exploser, faisant d’Isstvan III l’une des rares planètes à avoir subi un double Exterminatus (et sans doute la détentrice du record de l’Exterminatus le moins mortel de l’histoire, avec seulement quatre victimes confirmées). Fulgrim en est quitte pour aller se refaire une beauté dans l’Œil de la Terreur, mais surtout pour une éternité de séances auprès de son thérapeute attitré, car le refus catégorique de Rylanor de rejoindre le côté nervuré et lubrifié de la Force a profondément affecté le fragile ego du Pretty Primarque. Ce sont des choses qui arrivent.Fin spoiler

AVIS :

Graham McNeill n’en avait pas fini avec l’Ancien Rylanor (abandonné à son sort à la fin de ‘La Galaxie en Flammes’ et ‘Fulgrim’), et « détourne » une nouvelle Primarques pour donner à ce personnage secondaire du début de l’Hérésie la sortie de scène qu’il pensait lui devoir. Je suis moins convaincu que McNeill de la nécessité de terminer des arcs narratifs dont la plupart des lecteurs de la BL avaient dû oublier l’existence, mais c’est après tout la prérogative d’un auteur de raconter ce qui lui passe par la tête et le stylo.

Là où le bât blesse, en ce qui me concerne, est l’absence d’un travail de contextualisation/explication digne de ce nom de la part de McNeill. J’ai beau voir d’un œil permissif l’emploi « d’heureuses coïncidences » pour faire avancer et dénouer une intrigue, ‘The Ancient Awaits’ prend beaucoup trop de liberté à cet égard, et fait joyeusement exploser son compteur de WIJH. Comment Rylanor parvient-il à envoyer son RSVP à travers le Warp (ce personnage n’ayant aucune espèce de pouvoirs psychiques) ? Comment expliquer que le trio de Thousand Sons arrive pile au même moment que Fulgrim ? Et en bonus, pourquoi Magnus tenait tant à ce que ses fils se rendent sur place pour investiguer ce vague écho de l’Empyrean ? On peut supposer, au vu de ses pouvoirs, qu’il savait ce qu’ils allaient trouver, ce qui revient à poser la question de pourquoi le Cyclope voulait nuire à Fulgrim. Je laisse à chacun le soin d’apporter ses réponses à ces questions : pour ma part, je mets tout sur le compte d’un manque d’investissement de la part de Graham McNeill dans la construction de cette nouvelle, obnubilé qu’il était par son désir d’en terminer avec Rylanor sous couvert d’écrire une nouvelle Primarques1. Je sors donc déçu de cette lecture, qui ne mérite pas à mon sens son inclusion au sommaire de ‘Sons of the Emperor’.

1 : Dont le cahier des charges est tout autre. Si vous voulez lire un court format très instructif sur la personnalité et le destin de Fulgrim écrit par le même McNeill, je vous conseille chaudement ‘The Reflection Crack’d’.   

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Misbegotten – D. Abnett :

INTRIGUE :

Alors que les préparations pour la campagne d’Ullanor se terminent, la 63ème flotte d’expédition, commandée par nul autre qu’Horus Lupercal, se regroupe dans le système d’Issinium après vingt mois d’intenses mises en conformité. À la grande satisfaction du Primarque, pas moins de six civilisations humaines isolées au cours de la longue nuit ont accepté de rejoindre l’Imperium, et ce sans que le moindre bolt ne soit tiré ni aucune vie perdue. Ce tableau idyllique est toutefois compromis par les difficultés rencontrées par Hastur Sejanus à convaincre les habitants de Velich Tarn de give Pépé a chance. La planète a beau être insignifiante, tant en terme stratégique que démographique (400 habitants d’après les scans orbitaux), il n’est pas dans la nature des Luna Wolves de quitter un niveau sans l’avoir fini à 100%, et, comme il n’a plus rien d’autre à faire pour le moment, Horus décide d’aller pranker/soutenir son vieux poto Sejanus en se rendant incognito sur Velich Tarn.

Sur place, il se fait briefer en détail par le Capitaine dans son bunker de commandement, et réalise que la situation est plus compliquée que ce que le briefing initial le laissait à penser. Le maître de Velich Tarn est en effet un biogénéticien de sinistre réputation, Basilio Fo, ayant fuit Terra il y a plus de cinq mille ans après que ses voisins aient dénoncé ses expérimentations pas très ragoutantes aux autorités. N’ayant rien perdu de son génie morbide, Fo a passé le temps en transformant la population de sa planète d’adoption en abominations biologiques (pensez à The Human Centipede version 40K), plus que capables de dévorer/découper/éventrer/bouillir/écorcher un Space Marine qui leur tomberait sous la main/griffe/sabot/tentacule/trompe/nageoire. De plus, si les scanners n’ont détecté que 400 formes de vie humaine à la surface de la planète, c’est sans tenir compte des milliers de clones de chacune d’entre elles : les combats opposant la 4ème Compagnie des Luna Wolves aux hordes bioadaptées de Fo, surnommés « les bâtards » (misbegotten en VO) par les toujours inventifs transhumains, ont donc été beaucoup plus sanglants et accrochés que prévus (16 morts du côté des Legiones Astartes, tout de même).

L’arrivée d’Horus et de son massif buff de zone a toutefois accéléré le dénouement de cette campagne, et Sejanus apprend de son avant-garde que ce fieffé fripon de Fo a été capturé. Un peu trop facilement d’ailleurs. Horus a à peine le temps de froncer ses sourcils primarquiels que le bunker est éventré par l’arrivée du méga-monstre gardé en réserve par Fo, dans le but avoué d’abattre le meneur adverse dans un dernier acte de défiance. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que cela ne fonctionne pas, et bien qu’Horus sorte de l’affrontement recouvert de sang, de bile et d’autres liquides encore moins identifiables, le coup fourré du bio-généticien dément échoue lamentablement.

D’une humeur magnanime, le Primarque tient à interroger son prisonnier plutôt que de l’exécuter sommairement, comme n’importe qui d’autre l’aurait fait. La conversation qu’il a avec Fo vient donner un éclairage particulier au projet de l’Empereur de réunir l’humanité sous sa bannière : on apprend ainsi que notre bad guy du jour a quitté Terra car même lui jugeait les desseins de Pépé comme étant trop démesurés et intrinsèquement condamnables pour tremper de près ou de loin dans cette future combine. Se voyant comme un simple scientifique s’amusant avec le potentiel infini du génome humain, Fo est sincèrement horrifié par Horus, qu’il considère comme une monstruosité bien plus repoussante et dangereuse que la plus mortelle de ses propres créations. Après tout, même son lombric géant n’avait pas le potentiel nécessaire pour mettre à feu et à sang la galaxie… On est toujours le Misbegot de quelqu’un d’autre, Fo croire. Interloqué par cette discussion, et toujours dans sa phase touleumondilégenty, Horus se résout à envoyer Fo à son cher Pôpa pour que le dissident puisse recevoir la vérité impériale de la bouche (ou de tout autre orifice qu’Il choisirait d’utiliser pour l’occasion) de Son créateur. Il est désormais temps pour les Luna Wolves de préparer la prochaine campagne de la Grande Croisade, car comme dit le proverbe : « quand y en a plus, y a Ullanor ».

AVIS :

Pour ce qui a toutes les chances d’être sa dernière nouvelle écrite pour le compte de l’Hérésie d’Horus (hélas), Dan Abnett retourne aux origines et nous livre une sorte de prologue au roman ‘Horus Rising’, mettant enfin en scène la relation fratermicale entre Horus et Hastur Sejanus, seulement esquissée dans le précédent roman. On a plaisir à retrouver ce monstre de charisme, d’empathie et de badasserie qu’était le demi-divin chauve au moment de la Grande Croisade, et Abnett démontre en quelques pages qu’il est toujours capable de signer des nouvelles de remplissage1 de très grande qualité. C’est bien simple, il n’y a que du contenu appréciable dans ‘Misbegotten’, qui choisit de limiter les combats à leur portion congrue pour se concentrer sur des descriptions de l’avancement de la Grande Croisade, des interactions sympathiques entre les (nombreuses) têtes connues de son casting, et des réflexions intéressantes/clins d’œil prophétiques sur le lore de 30K. Il n’y a rien à jeter ici, et si la BL avait la bonne idée de commander à Abnett un bouquin consacré uniquement aux aventures d’Horus et de sa Légion avant que le premier devienne Maître de Guerre, je le pré-commanderais dès son annonce (c’est dire à quel point j’apprécie ce qu’Abnett parvient à faire ici). Bien entendu, les chances que cela se produisent sont infinitésimales, aussi me contenterai-je de recommander chaudement ‘Misbegotten’ à tous ceux qui aiment Dan Abnett, l’Hérésie d’Horus, et Dan Abnett écrivant l’Hérésie d’Horus.

1 : J’utilise ce terme sans arrières-pensées péjoratives. Il faut reconnaître que ‘Misbegotten’ n’apporte rien à l’Hérésie en termes d’intrigue ou de révélation, mais cela ne veut pas dire que sa lecture est superflue.

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Et voilà qui termine cette revue de ‘Sons of the Emperor’, et très probablement celle du cycle complet de recueils Primarques, à moins que la BL ne sorte de son chapeau quelques inédits et une nouvelle façon de dénoter un lien de filiation (sachant que sons, scions et blood sont déjà pris, children trop connoté et runts franchement péjoratifs). Etant en position de comparer ces anthologies les unes aux autres, je ne vois pas pourquoi je me priverai de ce petit plaisir, et peux donc vous révéler que ‘Sons…’ arrive à mes yeux légèrement devant ‘Scions…’, et largement devant ‘Blood…’. Ces deux premiers recueils ont en effet le même rapport qualité/prix (5 nouvelles que je considère comme étant réussies sur 8), mais ‘Sons…’ m’a paru être plus un peu plus inventif et distrayant dans son propos1. La marge est cependant assez fine, en plus d’être totalement subjective, pour que je recommande à qui serait intéressé par une découverte du monde merveilleux et fou des Primarques de récupérer les deux volumes en question pour se faire une opinion en son âme et conscience. Après tout, ‘Sons…’ et ‘Scions…’ sont deux solides ouvrages (au regard des standards habituels de la Black Library), et méritent donc d’être lus si vous vous intéressez à l’histoire des people de l’Hérésie.

Je profite également de cette fin de cycle pour vous faire une petite liste récapitulative des nouvelles et recueils à lire en fonction de vos préférence primarquielles. Je suis sympa, je sais :

  • Lion El’Jonson :First Legion’ (C. Wraight) in ‘Scions of the Emperor’
  • Fulgrim : ‘The Ancien Awaits’ (G. McNeill) in ‘Sons of the Emperor’
  • Perturabo :The Emperor’s Architect’ (G. Haley) in ‘Sons of the Emperor’
  • Jaghatai Khan : ‘A Game of Opposites’ (G. Haley) in ‘Scions of the Emperor’
  • Leman Russ :Skjalds’ (N. Kyme) in ‘Blood of the Emperor’
  • Rogal Dorn :The Chamber at the End of Memory’ (J. Swallow) in ‘Scions of the Emperor’ & ‘The Will of a Legion’ (A. Clark) in ‘Blood of the Emperor’
  • Konrad Curze : ‘The Abyssal Edge’ (A. Dembski-Bowden) in ‘Sons of the Emperor’ & ‘The Conqueror’s Truth’ (G. Thorpe) in ‘Scions of the Emperor’
  • Sanguinius :The Passing of Angels’ (J. French) in ‘Sons of the Emperor’ & ‘Better Angels’ (I. St Martin) in ‘Scions of the Emperor’
  • Ferrus Manus :Mercy of the Dragon’ (N. Kyme) in ‘Sons of the Emperor’ & ‘Canticle’ (D. Guymer) in ‘Scions of the Emperor’
  • Angron :Prince of Blood’ (L. Goulding) in ‘Sons of the Emperor’
  • Roboute Guilliman :The Sinew of War’ (D. Hinks) in ‘Scions of the Emperor’
  • Mortarion :The Verdict of the Scythe’ (D. Annandale) in ‘Scions of the Emperor’ & ‘Terminus’ (C. Wraight) in ‘Blood of the Emperor’
  • Magnus le Rouge :The Abyssal Edge’ (A. Dembski-Bowen) in ‘Sons of the Emperor’ & ‘The Sixth Cult of the Denied’ (D. Guymer) in ‘Blood of the Emperor’
  • Horus : The Passing of Angels’ (J. French) et ‘Misbegotten’ (D. Abnett) in ‘Sons of the Emperor’, ‘Lupus Daemonis’ (G. McNeill) in ‘Blood of the Emperor’2
  • Lorgar :Shadow of the Past’ (G. Thorpe) in ‘Sons of the Emperor’
  • Vulkan :Mercy of the Dragon’ (N. Kyme) in ‘Sons of the Emperor’
  • Corax :Shadow of the Past’ (G. Thorpe) in ‘Sons of the Emperor’
  • Alpharius (et/ou Omegon !) :First Legion’ (C. Wraight) in ‘Scions of the Emperor’ & ‘Council of Truth’ (M. Brooks) in ‘Blood of the Emperor’

Pour ma part, après avoir couvert le début et la fin des recueils de nouvelles de l’Hérésie d’Horus, il est temps de me remettre dans le droit chemin et de payer mes hommages à cette bonne vieille progression chronologique (en plus, il paraît que cela aide à mieux comprendre ce dont il en retourne : incroyable non ?). Le prochain arrêt de votre dévoué serviteur dans la belle contrée d’Airaisy sera donc ‘Legacies of Betrayal’ et ses 19 nouvelles. Une bonne rasade de traîtrise, ça passe tout seul.

1 : Et pour conforter ce choix, la réalisation que ‘The Conqueror’s Truth’ de Gav Thorpe est en fait totalement repompé sur ‘The Abyssal Edge’ d’Aaron Dembski-Bowden m’a un peu refroidi sur cette nouvelle, que je considérais comme un simple clin d’œil amical d’un auteur à un autre auparavant.
2 : À tout seigneur maître de guerre tout honneur, Horus est donc le seul de la fratrie à apparaître (de façon un peu marquante, sinon Magnus vient lui contester la couronne) dans trois nouvelles sur les 22 que constituent ce corpus primarquiel.

SONS OF SANGUINIUS [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette revue critique de ‘Sons of Sanguinius’, une anthologie consacrée aux nombreux et sanguins descendants du Primarque ailé. Si vous avez l’impression d’avoir déjà vu sortir un recueil centré sur ce type d’Astartes, c’est que ‘Sons of Sanguinius‘ n’est effectivement pas la première tentative de la Black Library pour abreuver ses lecteurs de récits à haute teneur en fer. On peut ainsi penser à ‘The Book of Blood’ (2010), qui avait la particularité d’intégrer le roman graphique ‘Blood Quest’ en plus de nouvelles soigneusement choisies par nul autre que Christian Dunn. Plus proche de nous (2020), le personnage de Rafen eut le droit à sa propre anthologie (‘The Complete Rafen Omnibus‘), regroupant dans un copieux pavé toutes les péripéties du héros Blood Angels par excellence (…)1. ‘Sons of Sanguinius’ paraît et apparaît donc en terrain relativement connu, et devra bien sûr tenter de justifier son existence en se différenciant de ses prédécesseurs. Il faudra garder cela en tête au moment de juger de ses qualités. On peut toutefois déjà reconnaître à ‘SoS’ son rapport quantité-prix exemplaire : à 15.99€ en format numérique, il est 8 fois moins cher que la somme de ses parties, achetées individuellement. Tout le monde n’ayant pas le budget pour se permettre ce genre de frais somptuaires, ce regroupement est d’ores et déjà une bonne nouvelle pour les fans de Space Vampires n’ayant pas 130 Baal à mettre dans leur liste de lecture.

1 : Il n’y a que la micro-nouvelle ‘The Fury’ qui soit commune à ‘Rafen…’ et ‘Sons of Sanguinius’.

Un rapide regard au sommaire de cette véritable brique (plus de 1.000 pages au format mobi) permet de déceler quelques tendances intéressantes, avant même d’avoir commencé la lecture de l’ouvrage. On constate ainsi que, contrairement à ce qu’on aurait pu penser, ce n’est pas James Swallow (Rafen’s Dad) qui occupe la place de premier contributeur (en termes de pages) pour les Blood Angels, mais bien David Annandale, qui au cours de ces dernières années s’est imposé comme la plume de référence pour ce Chapitre. Le retrait de Swallow de la BL s’en trouve acté par écrit, comme une transmission du Graal Rouge entre deux générations d’auteurs. En plus de Haley, qui signe le seul roman2 du recueil, les autres plumes particulièrement mises à contribution ici appartiennent à Andy Smillie (M. Flesh Tearers) et Gav Thorpe (qui a vu de la lumière et était comme souvent dispo pour écrire une novella et une nouvelle), Wraight, Harrison et Abnett ne faisant guère plus qu’un cameo avec un « 1.000 caractères » chacun3. Cette diversité des formats, allant de 4 à 416 pages, est l’une des autres caractéristiques notables de ‘Sons of Sanguinius‘, promettant au lecteur une expérience variée, mais pas nécessairement intéressante pour autant. Nous verrons bien.

2 : Qui ne sera pas critiqué ici, je le précise d’emblée. D’une part à cause de la prédilection de l’auteur de ces lignes pour les courts et moyens formats, d’autre part pour tenter de publier cette chronique dans des délais raisonnables après la sortie du bouquin.
3 : On remercie au passage la BL d’avoir laissé tomber ce format bizarroïde, très en vogue à Nottingham au début des années 2010, mais nécessitant des auteurs de très haute volée pour obtenir un résultat intéressant en si peu d’espace. Le fait que ces micro-nouvelles aient été, et soient toujours, vendues au prix de 3,49€ est un scandale autrement plus honteux que le Failcast, si vous voulez mon avis.

Sons of Sanguinius

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Flesh of Cretacia – A. Smillie :

INTRIGUE:

Flesh of CretaciaNous sommes quelques années après la fin de l’Hérésie d’Horus, alors que ce planqué de Guilliman a réussi à mettre son plan de scission des Légions loyalistes à exécution. L’un des Chapitres successeurs des orphelins laissé par Sanguinius est les Flesh Tearers, mené par l’irascible et énervé Amit. Occupés à astropoutrer une flottille de vaisseaux Orks ayant eu le malheur de croiser leur route à proximité d’un système solaire inconnu, les Fleshy Boyz se retrouvent fort dépourvus quand la victoire fut viendue. L’affrontement n’ayant pris place que dans l’espace, sans le moindre petit corps à corps pour faire descendre le niveau de testostérone inhabituellement élevé de ces rageux devant l’éternel, nos héros restent sur leur faim et leur soif rouge. Une distraction salutaire leur est toutefois offerte lorsque la capitaine du vaisseau amiral des Flesh Tearers informe le bouillant Amit que quelques survivants Orks ont réussi à rejoindre une planète toute proche. Sautant sur cette excuse facile et dans son Thunderhawk de fonction, le Maître de Chapitre emmène sa Compagnie personnelle (phoque le Codex) en vadrouille à la surface de Cretacia1, démontrant au passage toute la virilité de son leadership (un gros front à front des familles lorsqu’un de ses Capitaines ose lui faire la réflexion que c’était pas une grande idée2). Prennent part à cette vadrouille improvisée tout un tas de francs Tearers plus ou moins intéressants pour notre histoire, dont le Scout Cassiel (Vincient de son prénom) et le Sergent d’Assaut Manakel. Je vous épargne la présentation des frères Bridel, Bonduel, Minitel, Pernohel et Komainavionsanzel, qui sont la même variation du colosse écumant de rage et d’hormones si commun parmi les effectifs du Chapitre. Notons tout de même la présence au casting du Chapelain Zophal, en charge de la Compagnie de la Mort qu’Amit embarque aussi avec lui, parce que voilà.

Ce que les Flesh Tearers ne savent pas, ou n’ont pas pris le temps de demander à leurs subalternes, c’est que Cretacia est un monde méchamment hostile, depuis son atmosphère très venteuse jusqu’à sa faune ultra-agressive, et composée en grande partie de… roulements de tambour… dinosaures. C’est le Thunderhawk transportant l’escouade de Manakel qui prend le plus cher dans la descente, une attaque de ptérodactylllles (ils ont quatre ailes) en rogne faisant tellement de dégâts que les Space Marines décident de sauter en vol. Vous allez me dire que ça peut le faire quand on est équipé d’un réacteur dorsal. Sauf que celui de Manucure connait une avarie technique au pire moment, envoyant notre personnage secondaire se crasher au sol avec la grâce d’un sac de sable largué d’un ballon. Il survivra à l’expérience, ne vous inquiétez pas. Les autres appareils de l’escadron parviennent eux à garder le cap et à se poser en formation resserrée, ce qui est un petit miracle en soit quand on juge du rapport très particulier qu’ont les Flesh Tearers avec la technologie. Après avoir dégagé une piste d’atterrissage dans la jungle en deforestant au bolter lourd, le contingent de Space Marines décide sagement d’établir un périmètre fortifié (un peu) et d’organiser un tournoi de MMA (surtout), pendant que les Scouts partent explorer les alentours à la recherche d’Orks auxquels vendre des boîtes de cookies.

Retour à Manakel, qui se sort de sa mauvaise chute avec seulement un bras démis et un casque fêlé. Abandonnant ce dernier d’un geste altier, et devenant du même coup un véritable Sergent Space Marines, l’officier se met ensuite à la recherche de ses hommes, éparpillés sur des kilomètres par leur largage sauvage. Malheureusement, les vélociraptors de Cretacia ne sont pas du genre commode et Manakel ne retrouve que des fragments mâchonnés de son escouade, ce qui le met d’humeur chagrine. Tellement chagrine d’ailleurs qu’il charge soudainement un arbre qui l’avait regardé de travers… et se fait remettre en place par cet adversaire trop coriace pour lui. Cette scène peu banale décide la horde de guerriers locaux, en chasse eux aussi des Orks qui par un gros coup de bol ont atterri à proximité d’un village d’indigènes et en ont massacré les femmes et enfants pendant que les hommes étaient partis escalader une falaise de 6.000 mètres sans corde pour ramener des œufs au logis, à se manifester auprès du colosse non identifié qui trouve malin de mettre des coups de boule à des troncs. Les natifs étant peu pacifiques par nature, c’est un combat singulier contre l’un des petits chefs tribaux qui attend Manakel, suivi d’une mêlée fermée contre la centaine de zoulous décomplexés de feu le grand sachem. Rien de bien difficile pour un Flesh Tearer ceci dit, et la vision du massacre (suivi d’une ingestion de quelques cadavres par le Space Marine affamé) convainc les autres nobles sauvages d’opter pour une approche plus consensuelle. Par un heureux hasard, il se trouve que Cretacia a été visitée dans un passé plus ou moins lointain par des envoyés de l’Imperium, qui ont laissé derrière eux un collier en forme d’aquila et un souvenir suffisamment positif3 pour que les natifs essaient de convaincre Manakel qu’ils sont dans le même camp en utilisant ce symbole commun. Malgré la barrière de la langue, une entente est rapidement scellée entre les Cretaciens et leur visiteur, qui joue de son statut de dieu vivant auprès de ses hôtes pour les enrôler comme auxiliaires et repartir avec eux en direction du camp avancé des Flesh Tearers.

Du côté d’Amit et de ses frérots, la situation a légèrement dégénéré quelques heures après leur arrivée à la surface. Attaqués sans qu’on sache vraiment pourquoi par tous les dinosaures à des lieues à la ronde (capables de coordonner leur attaque avec une précision digne de force spéciales), les Space Marines encaissent sans broncher la furia animale, prenant quelques pertes au passage mais amorçant franchement l’extinction de masse qui ne tardera pas à suivre. Amit se fait plaisir en fourrant un T-Rex un peu trop curieux à la bombe à fusion, et lorsque le calme finit par revenir, il décrète brutalement que cette planète est tellement cool qu’elle deviendra le monde chapitral des Flesh Tearers. Et les Orks, me direz vous ? Eh bien ils sont tous morts à ce stade, comme la reconnaissance douloureuse et semée d’embuches de l’escouade de Cassiel a permis de l’établir. Je vous épargne les détails de cette fade épopée (il y a quand même eu un duel triffides vs trouffions au menu), qui ne sert qu’à faire passer le Sergent Vétéran Asmodel et ses cinquante ans de service dans les rangs de la Compagnie de la Mort, et ainsi démontrer que nul n’est à l’abri d’une déprime passagère et d’une folie psychotique terminale. Ramené jusqu’au camp par les deux derniers Scouts de son escouade, Asmodel est remis aux bons soins du Chapelain Zophal, qui passe son armure au chalumeau pour acter de son intégration dans les rangs des condamnés… et c’est tout. Je dois aussi préciser que la Compagnie de la Mort est restée tranquillement dans l’habitacle de son Thunderhawk pendant toute l’attaque des dinosaures. C’est pas comme si les autres Flesh Tearers auraient eu besoin d’un coup de main de spécialistes du corps à corps pour repousser des mastodontes enragés. Mais gardez bien ça en tête car la suite n’en est que plus ridicule.

Tous nos personnages étant regroupés au même endroit, il est temps de passer à l’acte final de cette sinistre farce. Par un heureux hasard bis, le chef indigène qui a fait ami ami avec Manakel avait également sous la main une épée monstrueuse, fabriquée à partir de l’incisive d’un prédateur encore plus colossal que celui qu’Amit a fait sauter à grand peine (pour donner un ordre de grandeur, les dents de cette bestiole – un raktor – sont à peine assez grandes pour faire une dague, alors que celles du raktoryx sont plus grandes qu’un Space Marine en armure Terminator). Inspiré par cette réalisation, ou plus prosaïquement rendu malade de jalousie par la réalisation que quelqu’un s’est battu avec un dino encore plus gros que le sien, Amit décide naturellement qu’il faut exterminer le/un raktoryx. Ce qui est complètement con, lui fait remarquer le Capitaine Barakiel, car les Flesh Tearers ont déjà subi de lourdes pertes en participant au safari improvisé à la waneugaine par leur boss, et sont attendus par les Angel Vermillions pour filer un coup de main à la croisade de Sakkara. Ce à quoi l’éloquent Amit ne peut que répondre « MAIEUUUUUUUUUUUUUHHHH !!! », et lui latter sa face de type raisonnable (à travers son armure Terminator), pour lui apprendre à être intelligent4. Cette menue querelle ayant été vidée, il ne reste plus à nos héros qu’à s’organiser pour trouver le fameux raktoryx et lui faire la peau.

Par un heureux hasard ter, le dernier Thunderhawk en état de voler du contingent tombe sur un spécimen adulte qui faisait ses courses dans les environs, et par un heureux hasard quater, le Biocoop fréquenté par le reptile géant se trouve dans la vallée d’un volcan actif. Mother of all heureux hasards, la Compagnie de la Mort emmenée par Zophal en direction du raktoryx et du volcan, dont ils ne pouvaient pas connaître à l’avance la localisation, arrive à proximité du cratère au moment où Amit ordonne au Thunderhawk d’attaquer Godzilla (car oui, la bestiole crache du feu). Le plan des Flesh Tearers était de déclencher une éruption volcanique, seule capable de tuer un monstre de cette taille, en jetant quelques bombes à fusion dans le cratère, pendant que le Thunderhawk maintenait la bestiole sur place. Un peu concon (qu’est-ce qui empêche un dinosaure insensible à des tirs de canon laser de s’éloigner d’un volcan sur le point de péter s’il en a envie ?) mais pourquoi pas. Il faudra cependant m’expliquer pourquoi Zophal a trouvé malin de partir à pied vers un cratère situé à des jours de marche avec sa bande de psychopathes, alors qu’il pouvait faire le voyage en Thunderhawk avec Amit et se sacrifier héroïquement (apparemment, il faut se jeter en même temps que les charges explosives dans le cratère, sinon c’est pas du jeu) sans avoir besoin de trekker pendant une semaine avec les pires randonneurs de la galaxie. Mais ainsi l’a voulu Smillie, et ainsi disparaissent Zophal, qui promeut Manakel Chapelain avant de faire son saut de l’ange fatal, et le raktoryx qui n’avait rien demandé à personne. Mission accomplished ? Pas encore tout à fait, car avant de repartir vers d’autres cieux, en laissant les larbins du Mechanicum lui construire une forteresse chapitrale digne de ce nom, Amit fait un discours enfiévré aux guerriers tribaux de Cretacia, qui ne comprennent bien sûr rien, et fait exécuter leurs chefs devant leur yeux (y compris celui qui avait coopéré depuis le début et lui avait révélé l’existence du raktoryx), pour bien montrer que c’est lui le patron. Mais pourquoi est-il si méchant ?

1 : Qui s’appelait déjà Cretacia pour les natifs apparemment. Par un heureux hasard, les Flesh Tearers eurent la même idée un peu plus tard. Bravo Smillie.
2 : En même temps, qu’attendre de la part d’un type qui dit dans le plus grand des presque calmes : « Dans le doute, faut tout tuer » ?
3 : Il faut aussi noter que les indigènes ont deux cœurs. Non ça n’est pas justifié ni contextualisé par Smillie (c’est pas comme si c’était une caractéristique notable d’une des factions les plus iconiques de l’univers hein). Deal with it, comme pour le reste.
4 : Précisons ici que sans l’intervention du Sergent « CRS » de la Compagnie, Amit aurait battu Barakiel à mort. Et ça se dit civilisé ?

AVIS:

Andy Smillie fait très fort avec cette novella retraçant l’établissement du Chapitre des Flesh Tearers sur Cretacia. Très fort dans le n’importe nawak, malheureusement pour lui (et heureusement pour nous – mis à part les fans des Flesh Tearers, qui auront sans doute déchiqueté leur livre/liseuse avant d’arriver à la fin), mais très fort tout de même. On passera rapidement sur le trip « Space Marines vs Dinosaures », que l’on peut aimer ou non (moi c’est non) mais qui relève de la licence artistique de l’auteur et est donc assez peu critiquable dans l’absolu. La chasse est par contre ouverte sur le reste de ‘Flesh of Cretacia’, qui cumule personnages grotesques, intrigue décousue, obscure et illogique, bolt porn bas du front et pépites WTF dans un mélange détonnant dont Smillie avait le secret. Cette novella passe complètement à côté de son objectif (donner un passé digne de ce nom à un Chapitre de descendants de Sanguinius particulièrement affecté par la Soif Rouge et la Rage Noire), et, loin de faire d’Amit et de ses fidèles des parangons de noblesse torturés par des pulsions psychotiques qu’ils essaient à grand peine de contenir, elle les dépeint (et surtout lui d’ailleurs) comme des berserks butés, colériques, cruels et complètement stupides. Lorsque le rideau tombe enfin sur Cretacia, un génocide et écocide totalement gratuits plus tard, les Flesh Tearers n’ont pas évolué d’un iota par rapport au début de l’histoire, laissant le lecteur se forger sa propre explication de la survie, proprement miraculeuse à ce stade, du Chapitre pendant les dix millénaires qui ont suivi. Alors que c’était un peu la raison d’être de ce… truc à la base, non ? YOU HAD ONE JOB, SMILLIE ! Si on est vraiment d’humeur charitable, on pourra accorder quelques points à l’auteur pour les détails fluff qu’il apporte sur ses Angry Marines entre deux poussées frénétiques. Ceci dit, le désastre ambiant est tel qu’il fait considérer à deux fois le bien fondé de prendre les ajouts de Smillie au background au premier degré (coucou la céramite liquide). Bref, un disasterclass comme on n’en fait heureusement peu et plus pour la Black Library, et une preuve supplémentaire du mauvais karma des Flesh Tearers devant l’éternel.

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Sons of Wrath – A. Smillie :

INTRIGUE:

Sons of WrathLa novella commence avec le récemment nommé, et à son corps défendant, Maître de Chapitre des Flesh Tearers, Amit, contemplant d’un œil vitreux et torve une armure Terminator flottant dans un champ de stase. Cette armure, ce sera la sienne s’il accepte d’endosser le rôle qui lui a été confié après la scission de la Légion des Blood Angels, et de présider à la destinée de ses frères dans un Imperium encore ébranlé par l’Hérésie d’Horus. Amit est un légionnaire dans l’âme, et aurait bien aimé la Sangui Family ne soit pas dispersée aux quatre sangs, mais quand on a du mal à faire une phrase avec des mots de plus de trois syllabes, difficile de convaincre Roboute Guilliman que ses idées sont stupides. Alors Amit boude dans sa cellule gelée (on ne chauffe pas les locaux chez les Flesh Tearers), et aurait pu rester à fixer son nouveau jouet pendant quelques centaines d’années si le dévoué Capitaine Barakiel n’était pas venu lui secouer les puces et lui rappeler qu’il avait des missions à remplir, comme choisir à qui attribuer le dernier caisson de Dreadnought disponible dans l’armurerie du Chapitre. Entre le (petit) Sergent Grigori et le Chapelain Varel, Amit choisit le premier par pur népotisme. C’est son droit le plus strict, notez bien.

Un peu plus loin, toujours sur la barge de bataille Victus et vaisseau amiral du Chapitre, nous faisons la connaissance d’un autre personnage important de l’histoire : l’Archiviste Nuriel, qui a très mal à la tête. Cela est en partie dû au fait que le Victus et le reste de la flotte chapitrale sont dans le Warp et se dirigent vers le système de Zurcon, afin de… euh… crier dans le vide sans être dérangé (ils ont une prescription pour ça je suis sûr), et en partie dû à la grosse déception de ne pas avoir été choisi comme Chef Archiviste par Amit. Nuriel est en effet persuadé d’être ZEU BAIST, et après avoir échoué à calmer son mal de crâne en donnant des coups de tête dans les murs de sa cellule, il décide d’aller se passer les nerfs en descendant dans l’arène du vaisseau, et plongeant dans le coma le plus grand nombre de ses condisciples possibles. Nuriel est un chouilla caractériel, voyez vous. Il faudra l’intervention personnelle d’Amit, qui assoit sa dominance en montrant que celui qui met les meilleurs coups de casque, c’est lui, pour clore l’incident (et remplir l’infirmerie). La séquence se termine sur une visite du Maître de Chapitre dans le niveau ultra top secret du Victus (il y fait tellement noir que même un Space Marine n’y voit rien – et il y a des trous partout dans le sol), où Amit garde sa réserve personnelle d’Astartes renégats, qu’il massacre à main nue quand il a besoin de faire descendre la pression. Un Emperor’s Children et un World Eater plus tard, et ça repart1.

Après un voyage presque sans encombre d’un point de vue warpesque (seulement un petit saut des champs de Geller pendant quelques secondes dans un pont inférieur occupé par des serfs… rien de graaaaave), la flotte Flesh Tearers arrive dans le système de Zurcon. Elle y est attendue, sans que Smillie explique comment cela est possible, par la flotte locale, qui ne semble pas être animée d’intentions charitables envers les nouveaux venus. Le désamorçage de conflit n’étant pas le point fort de nos héros, ces derniers foncent dans le tas sans trop se poser de questions, contents de pouvoir enfin tuer quelque chose, même de loin, après toutes ces semaines de restreinte. La bataille ne se déroule cependant pas comme prévu, les vaisseaux ennemis se révélant impossibles à toucher par les canons impériaux. Incapables de réfléchir à une autre stratégie que de tirer au pif, les Flesh Tearers auraient sans doute été le premier Chapitre de la seconde fondation à être éradiqué sans la vision salutaire qui vient frapper Nuriel à l’improviste. Catapulté par cette dernière à la surface de Zurcon Primus, il se rend compte qu’une assemblée de Psykers est responsable des déboires de ses collègues, en camouflant la position des vaisseaux zurconiens et conjurant des illusions trompant les appareils impériaux. Attaqué par des manifestations psychiques branchées elles aussi sur réalité alternative, il est secouru par un mystérieux guerrier rouge, qui l’aide à vaincre les maléfices de ses ennemis. Grâce à cette révélation bien pratique, les Flesh Tearers parviennent à renverser le cours de la bataille en bombardant la tour servant d’antenne wifi aux défenseurs à la surface de Zurcon Primus, ce qui rend détectable la flotte des défenseurs, prestement exterminée par le Victus et les autres vaisseaux survivants de l’irrascible armada.

Ne voulant rien laisser au hasard, Amit déclare la saison du massacre ouverte et déploie son Chapitre de psychopathes à la surface de Zurcon Primus pour châtier du mécréant. Il charge également Nuriel d’inspecter les ruines de la tour bombardée afin de s’assurer que le travail a été bien fait (ce que la destruction de la flotte de Zurcon semblait déjà démontrer…). Ce sera la corvée de trop pour l’ambitieux Archiviste, qui pète une durite à son arrivée sur les lieux, se retourne contre l’escouade qui l’accompagnait (et le pauvre Capitaine Barakiel, dans tous les mauvais plans2), sous l’influence maléfique et passablement démoniaque du fameux guerrier rouge, qui se révèle être un démon de Khorne affilié à Kabanda. Possédé par le faquin, Nuriel commet ensuite un incident diplomatique en détruisant un Thunderhawk appartenant au Chapitre des Eagle Warriors, ainsi que ses occupants. Car oui, les Flesh Tearers ont été rejoints en cours de bataille par la Compagnie du Capitaine Nikon, qui croyait répondre à un appel à l’aide envoyé par les Zurconiens (depuis plusieurs mois, askip). Cette simultanéité des événements est tellement parfaite qu’elle en devient non euclidienne, moi je dis. Nous reviendrons sur les good guys Marines un peu plus loin : pour le moment, il faut juste noter qu’ils décident de se déployer également dans la capitale de Zurcon Primus, afin d’avoir une petite discussion avec Amit (mauvaise idée).

Sur le Victus, les choses évoluent également rapidement et brutalement. L’avarie des champs de Geller précédemment évoquée était en fait plus grave que prévue, puisqu’elle se termine par la possession de la Capitaine du vaisseau (une pâle copie de Lotara Sarrin jusqu’ici) par un démon de Khorne doté de pouvoirs psychiques. Ce qui n’est pas banal, vous me l’accorderez. Résultats des courses : le Victus atomise le vaisseau de ces pauvres Eagle Warriors à l’improviste, et les quelques Flesh Tearers étant restés à bord doivent se sortir les doigts du culte (il y a une majorité de Chapelains dans le lot) pour reprendre le contrôle de la barge à la barje. Comme si la situation n’était pas assez complexe, Smillie invite à table un nouveau personnage : le Thousand Sons Omari, gardé au frais par Amit dans son frigo à victimes expiatoires, et qui proteste depuis des années de sa fidélité à l’Empereur. Ayant besoin d’un Psyker pour bouter les démons et rebooter l’ordinateur de bord, Zophal promet au prisonnier de le remettre en liberté s’il accepte de filer un coup de main, ce qu’il fait, évidemment. Tout aussi évidemment, les gentils finissent par arriver à leurs fins malgré de lourdes pertes… et Zophal parvient à convaincre Omari qu’il est dans son meilleur intérêt de retourner dans sa cellule, démontrant ainsi à Amit qu’il est vraiment un loyaliste n’ayant rien à se reprocher. Un choix que je qualifierais de ballsy, quand on connaît les tendances psychotiques du personnage, mais en tous cas, Omari finit la novella en un seul morceau.

Sur le plancher des grox, on suit Amit se frayer un chemin jusqu’au parlement de la capitale afin de s’expliquer calmement avec les autorités locales, en commettant un tout petit peu de génocide au passage. Mais comme les élites de Zurcon Primus étaient au final des cultistes de Tzeentch, comme l’apparition de mutants aviformes dans l’hémicycle permet de l’attester, les Flesh Tearers ne massacrent pas, ils purgent. C’est très différent. De son côté, le Capitaine Nikon se voit contraint d’autoriser ses hommes à se défendre contre les assauts des Flesh Tearers les plus enragés3, ce qui ne facilite pas la discussion avec Amit lorsque les deux officiers finissent par se rencontrer. Avant que l’aigle énergétique ne se soit fait déplumer par son homologue, l’arrivée de Nuriel Robin permet au Maître de Chapitre de se concentrer sur le véritable ennemi, et d’en apprendre un peu plus sur les plans de Khorne au sujet des Flesh Tearers. Au terme d’un combat très meh, au cours duquel Amit invoque Grigori le Dreadnought dans le plus pur style d’un dresseur pokémon, Kabandinho est renvoyé dans le Warp après que son adversaire ait cassé sa jolie épée. Une faiblesse peu commune pour un démon, mais celui-ci devait sans doute beaucoup tenir à ses affaires.

L’histoire se termine sur la réalisation par Amit qu’il faudrait vraiment qu’il règle le problème des sautes d’humeur de ses hommes (et les siennes) s’il veut éviter aux Flesh Tearers de speedrun le chemin octuple. Aux insinuations du démon est en effet venue s’ajouter l’extermination « préventive »  des Eagles Warriors survivants, décidée par le pragmatique Zophal pendant qu’Amit se remettait de ses blessures, afin que les fistons de Guilliman n’aillent pas balancer les Flesh Tearers à Terra. Pas de témoin, pas de problème.

1 : Mais c’est tout de même au Chapelain Zophal de littéralement passer la serpillière après coup. Les avantages du leadership.
2 : Et les séquences étranges. Smillie fait ainsi rêver à Barakiel qu’il parvient à prévenir Amit du coup de sang de Nuriel avant de sombrer dans un coma sus-an des familles… sans que cette information finalement pas transmise soit d’une quelconque importance pour la suite.
3 : Et pourtant, il n’est pas du genre à prendre une décision aussi lourde de conséquences à la légère. Même la vue de son propre porte étendard, éventré par deux Flesh Tearers écumant de rage, pouvait à ses yeux s’expliquer par un simple malentendu. M’est avis que lui devait connaître un peu plus la peur que la moyenne des Space Marines.

AVIS:

Soumission un peu foutraque de la part d’Andy Smillie, mais présentant quelques idées valides sur le positionnement et les failles des Flesh Tearers juste après leur création, ‘Sons of Wrath’ positionne surtout ce nouveau Chapitre comme les héritiers de la face sombre et torturée de Sanguinius, comme leur bisbille avec la smala de Kabanda le laisse apparaître de façon transparente. Tel père, tels vices, comme dit le proverbe. Il me semble que le résultat final aurait pu être plus satisfaisant si l’auteur s’était contenté de concentrer son récit autour de quelques personnages vraiment importants (Amit, Nuriel, Nikon) au lieu de convoquer le ban, l’arrière-ban, la chaise et le tabouret des Flesh Tearers1 dans son histoire, et avait de même épuré son intrigue en se concentrant sur les péripéties les plus significatives (donc exit la bataille spatiale et les Psykers de Zurcon, qui sont juste une distraction) à la conclusion de la novella : les Flesh Tearers et Amit en particulier sont à deux doigts de passer à Khorne, et ont commis des actions méritant leur extermination par l’Imperium à peine quelques semaines après leur fondation. On peut penser ce qu’on veut des capacités de scénariste et de romancier de Smillie, mais ces idées étaient assez intéressantes dans l’absolu, et auraient mérité d’être davantage exploitées par la suite (ce qui ne semble pas avoir été le cas, comme ‘Flesh of Cretacia’ et son approche purement « safaresque » le montre). Que les amateurs cyniques du bonhomme se rassurent, cette novella est d’une teneur en WTF tout à fait satisfaisante, mais contrairement à d’autres travaux de Smillie, le fond n’est pas aussi biscornu et irrécupérable que la forme, et c’est un… progrès, j’imagine ?

1 : Un parti pris que je soupçonne Smillie d’avoir emprunté à Dan Abnett et à son ‘Know No Fear’ (pas le meilleur bouquin de ce dernier d’ailleurs).

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Trial by Blood – A. Smillie :

INTRIGUE:

Trial by BloodUn conclave de Maîtres de Chapitre descendants des Blood Angels s’est réuni sur Baal, pour juger l’un des leurs dans l’intimité cosy du Forum Judicium, sorte de Cour Suprême pour les petits enfants de Sanguinius. L’accusé est, ô surprise, Gabriel Seth des Flesh Tearers, dont la réputation de tueurs sanguinaires et incontrôlables n’est plus à faire. Appelé à répondre de ses actes devant ses pairs, Seth sait que la survie de son Chapitre est dans la balance, mais n’est pas du genre à tourner autour du pot de Mephiston Red, et refuse de faire acte de contrition pour les génocides erreurs passées des Fleshy Bois.

Comme dans tous les forums, la tension monte vite entre les participants, et les insultes et coups bas ne tardent pas à voler1. Entre deux invectives virulentes, Seth et ses juges se remémorent les actions des Flesh Tearers sous le commandement du premier, litanie de massacres et de bains de sang parfois perpétrés pour une bonne cause, mais le plus souvent causés par le mental fragile et le tempérament irascible des descendants d’Amit. Après que toutes les parties en présence aient eu l’opportunité de s’exprimer et de se faire menacer de mort par Seth, la séance est ajournée pour que les Maîtres de Chapitre puissent ruminer en paix2, et rendre leur jugement…

Début spoiler…Qui trouve, à une écrasante majorité, Dante compris, les Flesh Tearers coupables des crimes qui leur sont reprochés. La sentence prononcée est la dissolution du Chapitre, dont les Frères seront dispersés parmi les autres Chapitres descendants des Blood Angels, tandis que Seth restera emprisonné sur Baal jusqu’à sa mort. C’est toutefois à ce moment qu’un nouveau joueur (Astorath) entre dans la partie, et vient dans le plus grand des calmes casser le jugement de son supérieur hiérarchique, pour la simple et bonne raison qu’il a raison3… et qu’il a bien aimé se faire corriger par Seth lorsque leurs chemins se sont croisés par le passé, j’imagine. À chacun ses fétiches. Toujours est il que l’intervention autoritaire d’Astorath convainc l’auguste (comme le clown, pas l’empereur) assemblée de reconsidérer sa position, et de laisser les Flesh Tearers et leur Maître de Chapitre continuer leur œuvre destructrice, au prix d’une simple remontrance orale et d’une petite tape énergétique sur les fesses. Viendra un temps où la sauvagerie des tireurs de flèches sera une arme essentielle dans la lutte pour la survie de l’Imperium (source : vision toute chelou d’Astorath, qui tient mieux la hache que l’alcool), et il serait donc inopportun de les faire répondre de leurs crimes avant cette épreuve fatidique…Fin spoiler

1 : Gaby s’illustrant particulièrement en s’attaquant à la couleur de la livrée des Lamenters, qui pour leur malheur ont une armure jaune, preuve irréfutable de lâcheté d’après l’expert en psycho-héraldique qu’est notre ami Seth.
2 : C’est pas moi qui le dit, c’est Smillie. On le sait peut, mais Sanguinius adorait les vaches.
3 : On rigole mais Seth est littéralement émerveillé par les talents d’orateur du nouveau venu. Faut dire que lui passe plus de temps à grogner qu’à pratiquer la rhétorique.

AVIS:

Il est compliqué de donner un avis sur ‘Trial by Blood’ car cette novella est en fait une anthologie à part entière, intégrant dix courts formats1 pondus par Andy Smillie sur son Chapitre de prédilection, reliés de façon très lâche entre eux par quatre séquences écrites pour l’occasion, et décrivant le déroulé du procès des Flesh Tearers. Si on se concentre sur ces dernières, on doit reconnaître que l’auteur se montre plutôt généreux en termes d’apports fluff, comme la description du Forum Judicium et l’inclusion de nombreux Maîtres de Chapitre l’attestent. C’est à mes yeux le principal point fort de cette pseudo-novella, dont le caractère artificiel se ressent rapidement, et vient cruellement souligner la vacuité des (més)aventures des Flesh Tearers telles qu’écrites par Smillie.

En effet, on a l’impression de lire dix fois de suite la même histoire de Space Marines trotro énervés2, cherchant à contrôler leurs pulsions pour faire leur devoir, mais échouant lamentablement et multipliant les gaffes et les bévues en conséquence. Cela est particulièrement évident lorsque l’auteur introduit ‘Beneath the Flesh’, ‘Torturer’s Thirst’ et ‘Death’s Shepherd’ comme le plaidoyer de Seth cherchant à démontrer les efforts accomplis par les Flesh Tearers pour lutter contre la Soif Rouge et la Rage Noire. Le seul problème est que ces histoires ne montrent rien de tel (se référer à leurs critiques respectives), et dépeignent les Flesh Tearers comme les mêmes psychopathes en armure énergétique que Smillie prend plaisir à stigmatiser depuis des lustres.

Au final, ‘Trial by Blood’, malgré sa construction particulière, s’avère être du même tonneau que le reste du corpus Flesh Tearers d’Andy Smillie : une Space Marinade assez insipide sur la forme, truffée de problèmes structurels majeurs3, sur lesquels on passe l’éponge par lassitude plus que par sympathie. Vu les contraintes de mise en forme avec lesquelles cette novella a dû composer, le résultat n’aurait sans doute pas pu être brillant, mais un auteur un peu plus doué/motivé aurait pu à mon sens obtenir un tout un peu plus cohérent que ce patchwork inabouti.

1 : ‘Know Thyself’, ‘Blood in the Machine’, ‘From the Blood’, ‘Beneath the Flesh’, ‘Torturer’s Thirst’, ‘Death’s Shepherd’, ‘Immortalis’, ‘The Quickening’, ‘Astorath: Redemeer of the Lost’ et ‘Gabriel Seth: The Flesh Tearer’.
2 : Ils devraient prendre un âne comme emblème, ce serait approprié à plus d’un titre.
3 : Ici, on a Astorath qui se donne le pouvoir de contredire un jugement prononcé par plusieurs Maîtres de Chapitre, dont le sien, sur un simple coup de tête…

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Know Thyself – A. Smillie :

INTRIGUE:

Know ThyselfLa nouvelle s’ouvre sur une description proprement marseillaise dans son exagération du vaisseau amiral des Flesh Tearers, ce bon vieux Victus, avec sa coque de céramite de plusieurs kilomètres d’épaisseur, et ses états de service l’ayant amené à effectuer un millier d’Exterminatus. Bien que très marrante pour tout le monde, sauf pour la crédibilité de l’auteur et de la nouvelle, cette introduction superlative n’a pas grand-chose à voir avec la suite de l’intrigue, et c’est donc à regret que nous continuons à l’intérieur de la mirifique barge de bataille, où nous retrouvons le Chapelain Appollus et le Champion de Compagnie Harahel. Les deux compères ont été envoyé par Gabriel Seth, le Maître des Flesh Tearers, accueillir un visiteur de marque : l’Inquisiteur Corvin Herrold. La mauvaise réputation et les agissements borderline des Flesh Tearers ont en effet fini par les rattraper, et à la suite d’un massacre sanglant et avec témoin commis sur une population civile pendant les Guerres de l’Eclipse, un signalement a été envoyé aux autorités compétentes par des lanceurs d’alerte bien intentionnés1.

Ne pouvant pas envoyer balader un Inquisiteur comme il fuit d’habitude ses responsabilités, Gaby consent à une entrevue, mais avec une mauvaise volonté oscillant entre le palpable et le quasi physique. Séparé de sa suite dès son débarquement sur le Victus, même pas autorisé à enregistrer la conversation avec Seth, et forcé à poireauter dans une salle sans chaise pendant que son hôte finit sa séance de pilates dans le Reclusiam, Corvin endure les mesquineries des Flesh Tearers avec flegme, jusqu’à ce que le Maître de Chapitre finisse enfin par passer la porte. N’étant pas en temps normal particulièrement empathique et conciliant, Seth se montre ici particulièrement abrupt, menaçant et péremptoire au cours de la conversation, déniant en bloc les accusations d’exactions pesant sur son Chapitre, molestant physiquement Corvin, puis lui donnant quinze minutes pour quitter le Victus, sous peine d’être renvoyé à ses chères études par macrocanon interposé…

Début spoiler…Cette confrontation n’était toutefois qu’une ruse destinée à permettre au véritable Corvin d’explorer le vaisseau des Flesh Tearers sans attirer l’attention. Déguisé en simple scribe de la suite inquisitoriale, Coco parvient à se glisser jusqu’au niveau où les Space Marines ayant succombé à la Rage Noire sont gardés en attendant une bataille digne de ce nom. Ayant dû en abattre un qui menaçait de lui sauter au cou après qu’il ait ouvert la porte de sa cellule pour documenter son investigation, l’Inquisiteur se prépare à repartir incognito vers la navette, mais est pris la main dans le sac par ce diable d’Appollus, qui avait vu clair dans son petit jeu. Assommé par le Chapelain à l’issue d’un duel très déséquilibré, Corvin se réveille attaché à une chaise, en compagnie de Seth, Appollus, de l’Archiviste Balthiel et d’un autre membre de la Compagnie de la Mort des Flesh Tearers, amené dans la salle d’interrogatoire à des fins pédagogiques. Voulant faire comprendre à son prisonnier à quel point la Rage Noire est dévorante, Seth ordonne à Balthiel de donner à l’Inquisiteur un aperçu de la psyché dévastée de Frère Gragraouh, une expérience douloureuse et débilitante pour ce fragile de Corvin, qui fait un burn out. Dans un accès de magnanimité aussi rare que stratégiquement stupide, Seth laisse toutefois repartir son visiteur, balancé sans ménagement dans sa navette avec les morceaux déchiquetés de ses serviteurs et gardes du corps. Il pensait peut-être donner une bonne leçon à l’Inquisition, mais s’il y a une constante dans l’univers de Warhammer 40.000, c’est que les Ordos ne sont pas de bons perdants…Fin spoiler

1 : Quand ce sont les Space Wolves, et leur rapport conflictuel avec les saints Ordos, qui te balancent à l’Inquisition, c’est que la boulette que tu as commise pourrait être qualifiée de planétoïde.

AVIS:

Nouvelle de pur remplissage, où l’on n’apprend strictement rien de nouveau sur les Flesh Tearers du 41ème millénaire qui n’ait été couvert précédemment1 (par Smillie ou par d’autres), ‘Know Thyself’ a pour elle le petit twist sympathique de la révélation de l’échange des rôles entre l’Inquisiteur et son grouillot, que je n’avais franchement pas vu venir. Je ne sais pas si c’est à mettre honnêtement au crédit d’Andy Smillie, car je pensais initialement que la couardise manifeste du pseudo Corvin devant les grognements de Seth se justifiait simplement par une nouvelle mauvaise interprétation du lore de 40K par l’auteur. C’est dire à quel point je rabaisse mes standards quand je lis sa prose. ‘Know Thyself’ peut à l’extrême limite être considérée comme un tournant majeur dans l’histoire contemporaine du Chapitre, car c’est là que commence le feud avec l’Inquisition (poursuivi dans ‘Blood in the Machine’), mais c’est faire beaucoup de cas de 13 pages très banales.

1 : Bon, si on veut vraiment chipoter, on (moi en tous cas) découvre que Manakel – un personnage Flesh Tearers ayant vécu au moment de la création du Chapitre – est devenu un Dreadnought. C’est peut-être couvert dans une autre nouvelle, mais je l’avais laissé en un seul morceau dans ‘Sons of Wrath’ et ‘Flesh of Cretacia’.

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Blood in the Machine – A. Smillie :

INTRIGUE:

Blood in the MachineEngagés dans la défense d’Armageddon contre les hordes d’Orks de Ghazgkull, les Flesh Tearers tentent de se racheter une réputation en faisant des trucs héroïques, comme venir au secours d’un bataillon de Gardes Impériaux sur le point d’être anéantis par les Xenos. Ces nobles desseins sont toutefois interrompus par l’arrivée d’une escouade de Gardes Sanguiniens, envoyée par le Capitaine ‘Double Face’ Tycho des Blood Angels afin d’inviter Gabriel Seth à une réunion des plus urgentes. Après avoir protesté un peu pour la forme (c’est ennuyeux, il venait de remettre des piles dans son Eviscerator), le Fleshest des Tireurs accepte de laisser la Légion d’Acier prendre la rouille et la dérouillée qui lui était promise avant l’arrivée providentielle de son escouade de commandement, et se fait hélitreuiller (sans rire) jusqu’au QG des Blood Angels.

Là, il rencontre l’Inquisitrice Nerissa, recommandée par Dante en personne, et la véritable raison pour laquelle il a été rappelé au bercail. Nerissa a en effet une hypothèse potentiellement lourde de conséquences pour la suite du conflit, qu’elle veut vérifier dans les plus prompts délais : selon elle, les Orks sont revenus sur Armageddon parce qu’ils ont été attirés à leur insu par l’esprit belliqueux d’un Titan chaotique ayant été enseveli lors de la première guerre mondiale ayant pris place sur la planète. Après lui avoir demandé si elle n’avait pas par hasard glissé le scénario de Dawn of War : Winter Assault dans son dossier de recherche, Seth accepte en grommelant très fort (et pour esquiver une perquisition de glandes progénoïdes) de servir de garde du corps à l’Inquisitrice lors de son voyage jusqu’à la mine où le Titan a été localisé. Il reste bien sûr accompagné de sa fidèle escouade de commandement, composé d’un nombre non nul de personnages précédemment inconnus au bataillon (il y a Harahel le Champion de Compagnie et l’Apothicaire Nisroc parmi les véritables VIP), qui se feront une joie et un devoir de mourir en cours de mission1, afin de montrer toute la dangerosité de cette dernière. Après quinze pages de progression sanglante et tout terrain (air, terre, mer, mine : c’est un véritable trail cette mission), nos héros pénètrent enfin dans la salle de contrôle du Titan oublié, et Seth réalise soudainement qu’il y a un petit problème…

Début spoiler…Tout est trop propre pour une machine supposément inféodée à Khorne. N’écoutant que son instinct, il flingue les derniers acolytes de Nerissa, qui étaient en train de poser des explosifs pour détruire le Titan, et somme cette dernière de s’expliquer. Ce qu’elle fait de façon tellement confuse que je ne sais pas vous dire si elle voulait vraiment détruire la machine, la capturer, et/ou se venger de Seth et des Flesh Tearers, qui ont plongé son mentor, l’Inquisiteur Corvin Herrold (‘Know Thyself’) dans une profonde dépression. Nerissa étant une Psyker, elle parvient à se tirer de ce mauvais pas en accentuant les pulsions violentes des Space Marines, qui s’attaquent mutuellement et s’entretuent avec entrain pendant qu’elle s’éclipse (et parvient à se frayer un chemin seule dans une mine infestée d’Orks, puis à retourner en territoire impérial par ses propres moyens -> la magie du hors champ). Il faudra l’intervention inespérée d’Harahel, laissé en dernier défenseur/dos d’âne sacrificiel par Seth quelques niveaux plus haut, et qui a réussi à contre toute attentes à sortir vainqueur de sa battle royale contre les Xenos, pour faire reprendre leurs esprits aux survivants.

La nouvelle se termine dans l’espace, avec un dilemme politico-moral se présentant à Seth. Il peut soit laisser Nerissa, qui a réquisitionné un vaisseau, lui filer entre les doigts, soit se venger de l’Inquisitrice en lui envoyant un petit cadeau d’adieu (une torpille d’abordage remplie jusqu’à la gueule de membres de la Compagnie de la Mort) avant qu’elle ne s’échappe dans le Warp, mais il lui faudra pour cela également détruire les deux navires hôpitaux accompagnant le transport de Nerissa pour ne pas laisser de témoins2. Après deux longues secondes – au moins – de réflexion, il opte pour la seconde option, et donne l’ordre au Chapelain Zophal3 de remettre une pièce dans la machine de la VENGEANCE !!!, enterrant définitivement toutes velléités (crédibles) de faire des Flesh Tearers des Space Marines un minimum sympathique. Et pourtant, l’Empereur en est témoin, il avait fait des efforts en ce sens en début de nouvelle !Fin spoiler

1 : Mention spécial au Frère Shemal (sans -e à la fin), qui disparaîtra pendant un saut depuis un Stormraven jusqu’au Titan-taxi réquisitionné par Nerissa pour traverser un bras de la mer bouillonnante à pied, et perpétue ainsi la longue et distinguée tradition des Flesh Tearers s’écrasant au sol comme des bouses.
2 : Notons au passage que l’exécution par Compagnie de la Mort interposée laisse en pratique suffisamment de temps à l’Inquisitrice pour envoyer un message alertant sa hiérarchie de la trahison des Flesh Tearers. C’est donc un nouveau super plan de la part de ce génie de Seth.
3 : Qui va sur ses dix mille ans à ce moment, à moins qu’il ne s’agisse d’un homonyme du compagnon du premier Maître de Chapitre des Flesh Tearers, bien sûr. Autre hypothèse : c’est un Dreadnought/Chapelain/Capitaine de croiseur d’attaque, ce qui fait beaucoup de spécialisation pour un même individu.

AVIS:

Je suppose qu’il faut voir cette nouvelle comme le récit de la descente aux enfers progressive des Flesh Tearers, entraînés « malgré eux » (mouarf) dans une spirale incontrôlable de vengeance et de trahison, dont la seule issue ne peut être que l’excommunication et la destruction du Chapitre. C’est en tout cas ce que Smillie voudrait nous vendre, et je ne suis que très moyennement convaincu. Si on passe outre tous les passages d’action pure, qui forment le gros de ‘Blood in the Machine’, il ne reste en effet que les actions mercurielles d’un Gabriel Seth dont l’empathie pour les simples humains fluctue entre héroïsme chevaleresque et sociopathie profonde en fonction des situations. Il aurait fallu un auteur un peu plus solide que Smillie pour faire apparaître une logique dans ces oscillations d’humeur, et au final dépeindre le Maître des Flesh Tearers comme un personnage torturé par sa conscience, et non comme un boucher colérique et inconstant. ‘Blood in the Machine’ n’a donc pas le moindre intérêt intrinsèque, que l’on se place du point de vue de la saga Flesh Tearers ou de celui du corpus de textes 40K de la Black Library. À archiver.

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From the Blood– A. Smillie :

INTRIGUE:

From the BloodLes Flesh Tearers de l’Archiviste Balthiel et du Chapelain Appollus (Gabriel Seth avait rage poney ce jour là) prennent part à la campagne de pacification du système de Stromark, déchiré par une guerre civile opposant les familles dirigeantes de ses deux planètes habitées, Prime et Secundus. Les armées de l’Empereur ayant grand besoin des armes et munitions produites par ces bastions industriels, les autorités du secteur ont envoyé une flotte balancer quelques glaçons dans le slip des Gouverneurs en bisbille, depuis l’orbite haute s’il le faut. L’expédition a également la « chance » de pouvoir compter sur non pas un, mais deux contingents de Space Marines en support, tous deux issus de Chapitres descendants des Blood Angels : les Flesh Tearers donc, et les Angels Encarmine, menés par le Maître de Chapitre Zargo en personne.

Nous suivons nos héros sanguinaires dans leur attaque de Stromark Prime, dont les défenses aériennes sont tellement formidables qu’elles forcent Balthiel à user d’un pouvoir psychique d’une manière pas franchement permise par les règles. Le brave Archiviste puise en effet dans ses réserves pour déployer un Bouclier de Sanguinius sur les drop pods de la Compagnie de la Mort alors qu’elle est déployée au sol, ce qui le fatigue fortement mais permet aux Flesh Tearers de s’emparer du palais de la Gouverneure Agrafena en un temps record. Fidèle à sa nature de psychopathe, le Chapelain Appollus laisse Agrafena, blessée à mort dans les affrontements, lancer par pure malice une frappe massive (300 milliards de morts, tout de même) sur Stromae Secundus dans ses derniers instants, officiellement pour accélérer la résolution du conflit, officieusement pour emm*rder les Angels Encarmine, chargés de la prise de la seconde planète du système. On apprend à la toute fin de la nouvelle qu’il ne faudra « que » sept générations pour que les capacités de production de Stromark reviennent à leur niveau d’avant la guerre civile, ce qui fait de cette campagne un succès total. Quelqu’un aurait-il l’obligeance de me rappeler pourquoi l’Imperium est intervenu, pour commencer ?

AVIS:

Encore une nouvelle où les Flesh Tearers démontrent à quel point ils sont peu fréquentables (enfin, surtout Appollus), avec Balthiel occupant la place du personnage principal en remplacement de l’incontournable Gabriel Seth. À défaut de donner plus de profondeur à son Chapitre fétiche, ou de nous servir des scènes d’action un tant soit peu originales/satisfaisantes, Andy Smillie atteint son quota de pages en intégrant une nouvelle bataille spatiale peu intéressante – son péché mignon, voir ‘Sons of Wrath’ – dans son propos, ce qui lui donne l’occasion d’ajouter un nouveau personnage secondaire au casting déjà bien fourni de son Chapitre : le Chapelain cul de jatte Zuphias, condamné à servir comme Capitaine du Death Cowl jusqu’à sa mort à cause du manque de fauteuil roulant dans les réserves du Chapitre1. Pas grand-chose à dire de plus sur ce ‘From the Blood’, dont l’intérêt m’échappe encore à ce jour.

1 : Smillie nous dit qu’il aurait dû être incarcéré dans un sarcophage de Dreadnought après avoir perdu ses jambes lors d’une bataille contre des Démons de Khorne, mais qu’il est maintenant trop tard pour le retirer du trône de commandement du vaisseau où il avait été placé pour sa survie. Mais le gus n’a « juste » plus de jambes, et il est encore revêtu de son armure (et pas placé dans un caisson de survie) : on a du mal à déterminer la gravité réelle de ses blessures.

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Beneath the Flesh – A. Smillie :

INTRIGUE:

Beneath the FleshRelatant la mission d’une escouade de Flesh Tearers envoyée récupérer des données sensibles dans une base avancée du chapitre sur la planète d’Aere, et ce alors que la garnison stationnée sur place ne répond plus et que les forces du Chaos menacent de fondre sur l’avant-poste à tout moment (avec un rapport de force de un pour à peu près mille dix-neuf en faveur des cultistes – ne riez pas, c’est écrit noir sur blanc dans la nouvelle – ), Beneath The Flesh n’impressionne pas par son originalité, mais contient tout de même suffisamment d’éléments intéressants distrayants pour que sa lecture ne constitue pas la purge qu’elle aurait pu être. Car c’est une qualité que l’on doit reconnaître aux travaux de Smillie : pour perfectibles qu’ils soient, leur imprévisibilité et/ou incongruité les rend assez fendards à parcourir. Du Counter 2.0 en quelque sorte.

Mis à part la poignée de soldats humains présentés comme renégats par Smillie, mais finalement tout à fait loyaux au Trône de Terra, et dûment massacrés par les Flesh Tearers pendant leur « investigation » de la base avancée, la première moitié de récit est assez calme, l’auteur se concentrant davantage sur la construction d’une atmosphère oppressante (bof) et la mise en relief de la tare génétique des descendants de Sanguinius (pas mal) que sur l’action pure. Et s’il aurait été intéressant, ou en tout cas original, de poursuivre sur cette voie de relative non-violence jusqu’au bout1, il ne fallait pas compter sur Andy pour se détourner de la voie royale de l’auteur BL qui se respecte, à savoir une franche explication de texte entre protagonistes et antagonistes.

Au contraire, ayant rongé son frein pendant les 25 premières pages, Smillie embarque ses lecteurs dans un carnage digne des heures les plus sombres de l’Hérésie d’Horus, bien aidé il faut le reconnaître par le pedigree des forces en présence. Car aux (ig)nobles Flesh Tearers de l’escouade Barbelo est opposée une cohorte de World Eaters écumants, opposition ne pouvant déboucher sur autre chose qu’un tsunami d’hémoglobine. Heureusement pour nos héros, les Khorneux leur faisant face ne brillent ni par leur sens tactique (soit), ni par leurs capacités martiales (heu…), permettant aux six Flesh Tearers de massacrer leurs adversaires avec une désinvolture scandaleuse. Berzerkers, Raptors, Dreadnought et Aspirant Champion : tous finiront réduits en tapenade par la vertueuse furie et les pièges à cons des loyalistes, qui, au prix de quelques péripéties très confuses, arriveront à se regrouper et à tirer leur révérence au nez et à la barbe des séides d’Angron2.

1 : Je pense qu’une grande partie du désamour que j’éprouve à l’heure actuelle pour les histoires de Space Marines vient du fait que ces derniers sont toujours mis en scène dans des récits guerriers. À croire que leur vie se résume à foutre sur la tronche des ennemis de l’Empereur H24. Il doit pourtant y avoir des temps morts dans leurs vies trépidantes de surhommes, faute de quoi la longévité moyenne ne dépasserait pas les trois mois. Je trouve dommage que ces zones d’ombres de la vie des meilleurs de Pépé n’aient pas été plus explorées par les auteurs de la BL (bon, Counter a bien essayé de mettre en scène un tribunal militaire dans Phalanx, avec les résultats que l’on sait, mais je suis sûr qu’un ADB ou un French seraient capables de traiter le sujet de manière intéressante).
2 : Leur Stormraven ayant été détruit dans la bagarre (il était de toute façon incertain que l’esprit de la machine ait suffisamment récupéré de l’immonde atterrissage voulu par ses passagers pour décoller), nos héros s’échappent en fusée. Si si. Le plus drôle est que la séquence, telle que narrée par Smillie, ressemble à s’y méprendre à la fin du générique d’Il Etait Une Fois l’Homme.

AVIS:

Commençons par distribuer le seul et unique bon point de la nouvelle, qui tient mieux la route que les deux précédentes publications du bon Andy dans Hammer & Bolter. L’auteur arrive à rendre assez bien l’état de tension permanente qui est le lot des Flesh Tearers quand ils sont en opération, leur penchant pathologique pour le prélèvement d’organes à mains nues et sans anesthésie devant être strictement contrôlé sous peine de céder définitivement à la Rage Noire. Et à ce petit jeu-là, les vétérans (comme le sergent Barbelo de l’escouade du personnage principal – Maion –) partent avec un gros désavantage, la tare génétique de Sanguinius les travaillant depuis plus longtemps que les Marines fraîchement intégrés. Le brave Barbelo fait donc (peut-être à dessein) bondir le compteur de conneries dès qu’il ouvre la bouche, mais j’anticipe sur la suite.

Car ‘Beneath The Flesh’, c’est d’abord un festival de passages what the fuck-esques, qui continue avec une constance admirable d’un bout à l’autre de cette première partie. Ça commence très fort avec une arrivée sur site de l’escouade de Maion dans un Stormraven qui vient sciemment s’écraser à proximité de la base1 pour des raisons qui continuent à m’échapper à l’heure actuelle, Smillie ne prenant pas la peine d’expliquer pourquoi ses Flesh Tearers ont préféré prendre le risque de tous périr dans l’accident et de bousiller leur seul moyen de quitter la zone avant l’arrivée de l’ennemi, alors qu’un simple atterrissage conventionnel aurait parfaitement fait l’affaire. Pour ma part, je le soupçonne de ne pas bien faire la différence entre un Stormraven et un Drop Pod, mais passons.

Passons également sur les fourreaux d’épée-tronçonneuse, l’identification d’un modèle de magasin d’autocanon (ainsi que sa capacité) à l’oreille, ou encore – et à regret cette fois-ci – sur le kill le plus saugrenu de l’histoire de la BL2 , pour nous concentrer sur le cas du sergent Barbelo. Comme dit plus haut, le loustic s’est spécialisé dans la stupidité crasse une fois sorti du Noviciat, ce qui lui a fort logiquement permis d’accéder à des fonctions de commandement. Refusant catégoriquement au Prêtre Sanguinien qui accompagne l’escouade l’autorisation de s’enquérir des glandes progénoïdes des Flesh Tearers qui étaient stationnés dans la base, sous prétexte que ce n’est pas l’objectif principal de la mission (c’est pas comme si le chapitre était en train de s’éteindre, hein), ne s’émouvant pas le moins du monde de l’absence de cadavres dans un bâtiment maculé de sang et d’organes (« c’est pas l’objectif principal de la mission ! » bis), coupant volontairement sa radio au moment où l’inévitable embuscade est lancée contre ses hommes (qui aurait besoin de coordonner son escouade dans une situation pareille, après tout ?), et adepte convaincu de la scission en groupes de un, Barbelo est une vraie tête de lard comme on n’en croise plus guère au fil des pages de la BL.

Dans un autre registre, force est de constater qu’Andy Smillie a encore du chemin à faire pour amener ses rebondissements de manière un tant soit peu crédible. Ayant – à mon grand soulagement – laissé tomber l’approche du « zapping narratif »3  pour un rythme un peu plus compréhensible, il pêche cette fois par naïveté, les indices égrenés au long de son récit (car un bon twist est un twist dont le lecteur se dit qu’il aurait dû se rendre compte s’il avait fait plus attention à certains détails) ayant la subtilité d’un Nob en méga-armure défoncé aux champignons.

La conclusion de ‘Beneath the Flesh’ est ainsi une compilation de révélations éventées depuis belle lurette et de zones d’ombres laissées sans explications. Comme prévu, Smillie confirme donc (enfin) que les malheureux Gardes Impériaux dépecés à l’apéritif par l’escouade Barbelo étaient de fidèles sujets de l’Empereur. Quel dommage que personne n’ait eu la riche idée de se servir de sa radio pour dissiper ce malentendu avant que la demi-douzaine de Space Marines en rut faisant figures de héros ne leur tombe sur leur râble ! À quoi tient la vie d’un bidasse (et la crédibilité d’un récit) parfois…

Du côté des mystères non résolus, Andy Smillie se garde bien de révéler pourquoi la garnison originelle de la base avancée s’est retournée contre ses alliés (même si le classique « c’est diablerie, monseigneur » est balancé en loucedé par un Capitaine SM qui passait dans le coin), ni qui était le gus qui a mis en scène les corps des huit Flesh Tearers dans la chapelle. Je suis sûr que l’on pourrait multiplier les exemples à l’envi en creusant un peu, tant l’intrigue développée par Smillie est friable, mais à quoi bon tirer sur l’ambulance ? Toujours est-il que c’est Gabriel Seth himself (le Maître de Chapitre des Flesh Tearers, pour ceux qui ne suivent pas) qui clôt les débats, en ordonnant l’Exterminatus d’Arare, là non plus sans grande justification de la part de l’auteur. Mais qu’importe : c’est kwioul.

Au final, ‘Beneath the Flesh’ n’est rien de plus qu’une nouvelle classique de Space Marines, dont seule la longueur justifiait qu’elle soit séparée en deux parties. Les possibilités narratives offertes par ce format n’ont malheureusement pas été exploitées par Andy Smillie, dont cette troisième contribution à Hammer & Bolter reste du même acabit que les précédentes, c’est-à-dire très dispensable.

1 : Le Techmarine de la fine équipe coupe les moteurs et les rallume juste avant l’impact, ce qui ne sert strictement à rien au final puisque le fier vaisseau termine sa course dans le même état qu’une compression de César. Cette scène mémorable a été fidèlement adaptée dans Madagascar 2.
2 : Etape 1 : Arracher le crâne du cadavre de votre dernière victime en date.
Etape 2 : Balancer le dit crâne sur le torse d’un nouvel adversaire.
Etape 3 : L’impact écrase quelques côtes : le cœur s’arrête de battre. Fatality
3 : cf la critique de ‘Mountain Eater‘.

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Torturer’s Thirst – A. Smillie :

INTRIGUE:

Les documentalistes du CDI d’Onuris Siti (très très réputé magheul) se sont mis en grève pour dénoncer leurs conditions de travail et ont fondé un syndicat d’obédience socialo-tzeenchienne, la Fraternité du Changement (c’est maintenant), pour porter leurs revendications en haut lieu. Envoyés à la table des négociations1 aux côtés de la Garde Impériale pour défendre les intérêts de Terra, les Flesh Tearers ont opté pour une approche agressive (pour changer), et nous suivons en particulier l’escouade de la Compagnie de la Mort du Chapelain Appollus, alors qu’elle part à l’assaut des cultistes avec une énergie débordante et un respect minimal pour les consignes du haut commandement. Appo’, dont la spécialité est d’ignorer les avertissements qui lui sont donnés (d’abord sur ses réserves de munitions, puis de carburant pour son jet pack, et pour finir sur le déclenchement d’un bombardement allié), se retrouve isolé de ses petits camarades et du soutien au porteur de crozius, et malgré toute sa vaillance et sa détermination, est fait prisonnier par l’ennemi après qu’un mystérieux Psyker en armure noire l’ai fait rebondir sur le sol plus de fois qu’une balle de service de Nadal. Ce sont des choses qui arrivent à la guerre.

Appollus revient à lui dans une cellule obscure et en mauvaise position, nu comme un ver et pendu par les pieds, à la merci des sinistres tortionnaire de la Fraternité du Changement, les Fratris Crucio. Convaincu que le Chapelain dispose de secrets qui pourraient être utiles à sa victoire finale contre l’Imperium, le chef suprême du culte, le Space Marine du Chaos et Psyker précédemment aperçu, Abasi Amun, déchaîne les douloureux talents des Crucio contre son invité de marque, qui finit très très marqué par leurs délicates attentions, mais refuse obstinément de cracher autre chose que des mollards acides à la face de ses bourreaux. Prenant acte de l’échec de la manière forte, Abasi rend visite au Flesh Tearer (qui n’a jamais aussi bien porté son nom), et pénètre son esprit à l’aide de ses pouvoirs psychiques afin de lui arracher le secret qu’il dissimule au plus profond de son être…

Début spoiler…Manque de pot pour Baba, ce secret n’était pas d’ordre stratégique, mais psychologique, et la RAAAAAAGE des fils de Sanguinius lui contamine fissa le cortex, transformant l’arrogant sorcier en bête de foire. Appollus, qui attendait patiemment le moment de briser ses liens (car il pouvait apparemment le faire sans problème), saisit cette opportunité pour regagner le plancher des vaches, et solote tranquillement son adversaire malgré son état d’affaiblissement et son absence d’armure énergétique. Il faut croire que l’on apprend aux Chapelains des Flesh Tearers à maîtriser leurs patients dans toutes les situations possibles au cours de leur formation pratique.

Ceci fait, Popol s’en va libérer les membres survivants de son escouade, gardés prisonniers dans des cellules toutes proches2, puis s’offre une scène d’action inutile pour la résolution de l’intrigue (il finira la nouvelle dans la base du grand méchant, dans l’attente de l’arrivée des renforts j’imagine), mais à haute valeur cinégénique, puisqu’elle combine à la fois l’explosion spectaculaire d’un vaisseau spatial, un aller retour du Chapelain (toujours en tenue d’Adam) dans l’espace pour échapper au souffle de ladite explosion – enfoncé Guilliman ! –, et l’arrivée à point nommé des Compagnons de la Mort pour envoi d’un petit one liner d’une kioulitude absolue. Morale de l’histoire : il vaut mieux laisser aux Flesh Tearers leurs petits secrets énervants, c’est un coup à perdre la tête.Fin spoiler

1 : Ni la table, ni les négociations, ne sont contractuelles.
2 : Avant cela, il se grave à l’acide mollardique le symbole de son Chapitre sur le torse. Parce que c’est COOL.

AVIS:

Andy Smillie avait l’occasion de nous en dire un peu plus sur le rapport que les Flesh Tearers entretiennent avec la Rage Noire dans cette nouvelle centrée sur le Chapelain Appollus et ses charges, mais on devra se contenter de l’approche très premier degré que l’auteur a choisi de mettre en pratique pour ce ‘Torturer’s Thirst’. Il y avait pourtant du potentiel à exploiter, le caractère quasi viral de l’affliction frappant le Chapitre (déjà souligné par Smillie dans ‘Know Thyself’) en faisant une arme qu’il est possible d’utiliser contre l’ennemi de plus d’une manière, comme l’inquisiteur Abasi Amun l’apprend à ses dépends. De la même manière, j’aurais bien aimé que Smillie explique pourquoi les membres de la Compagnie de la Mort n’attaquent pas Appollus quand il vient les libérer, alors qu’ils ne devraient être que des bêtes de guerre décérébrées à ce stade. Il y avait là aussi de la place pour donner quelques éléments de fluff sympathiques aux Flesh Tearers, mais tel n’a pas été le choix de l’auteur, qui a préféré miser sur l’action à outrance (et même pas tellement sur le gore porn que le titre laissait pourtant présager), comme dans tous ses autres travaux consacrés à ce Chapitre. Et qui comme pour tous ses autres travaux consacrés à ce Chapitre, livre au final une nouvelle très moyenne. La persévérance, c’est la clé.

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Death’s Shepherd – A. Smillie :

INTRIGUE:

De retour sur le monde à problème de Zurcon Primus (déjà « pacifié » par leurs grands anciens il y a dix mille ans1), les Flesh Tearers sont à pied d’œuvre pour mater une nouvelle rébellion des autorités locales contre le pouvoir impérial. Le conflit ayant déjà fait 300 millions de morts au moment où la nouvelle commence, on ne peut pas parler de frappe chirurgicale de la part des meilleurs de l’Empereur, mais comme le protagoniste de l’histoire est (probablement, il n’est pas formellement identifié) le Chapelain Appollus, à qui le concept de victimes collatérales est étranger2, ce bain de sang préliminaire n’est pas vraiment une surprise.

Appollus a pris la tête d’une bande de soldats zurconiens fidèles à l’Empereur, compensant leur manque d’équipement et de munitions par un fanatisme chevillé au corps et des baïonnettes attachées aux crosses de leurs fusils (ce qui n’est pas comment qu’on utilise une baïonnette, j’en suis presque certain). Le Chapelain et ses brebis galeuses doivent attaquer une position tenue par un régiment fidèle au Gouverneur local, et comme il est contractuellement tenu de faire un discours inspirant avant de mener ses hommes au carnage, Popol prononce royalement 37 mots qu’il estime motivants, avant de charger à toutes berzingues vers les lignes ennemies, confiant dans la protection que lui apporte son armure énergétique contre les tirs sporadiques des hérétiques.

Au terme d’un combat à sens unique, le Chapelain se retrouve à court d’ennemis à massacrer, ce qui semble mettre fin à la guerre de Zurcon (sans rire, c’étaient vraiment les derniers rebelles de toute la planète : ça pourrait expliquer pourquoi Appollus est le seul Flesh Tearers de la nouvelle, Gabriel Seth ayant rappelé ses forces pour les déployer sur d’autres campagnes, et laissé le Chapelain faire mumuse en arrière garde). Mais avant de partir, Appollus tient à rappeler au lecteur qu’il est toujours le roi des sales types, et exécute donc gratuitement les trois survivants de son unité, afin de les châtier d’avoir laissé Zurcon se rebeller à nouveau contre l’Empereur. Comme si Jojo, Bébert et Steeve étaient responsables de cette crise. Mais comme dit le proverbe : l’innocence ne prouve rien sans casser des œufs. Ou quelque chose comme ça.

1 : Voir ‘Sons of Wrath’.
2 : Voir ‘From the Blood’.

AVIS:

Quatre pages d’action bourrine et convenue et un clin d’œil pas vraiment inspiré à ‘Sons of Wrath’, c’est à peu près tout ce que l’on peut tirer de ‘Death’s Shepherd’. De façon contrintuitive, il se pourrait que cette histoire soit plus intéressante pour qui n’est pas familier du reste des travaux Flesh Tearers d’Andy Smillie, car ce nouveau lecteur aura plus de chances d’être surpris par la conclusion goredumb (c’est pas du grimdark pour moi) de cette micro nouvelle que l’habitué des pulsions homicidaires de ce bon Chapelain Appollus. Mais à 3,49€ les mille mots, l’addition est salée et le risque couru d’être déçu par cette plongée dans le monde vermeilleux des Flesh Tearers à la sauce Smillie non négligeable. Bienvenue au club.

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Immortalis – A. Smillie :

INTRIGUE:

Alors qu’il agonise sur le champ de bataille, un Space Marine des Flesh Tearers se rappelle ses deux morts précédentes. La première a été symbolique, et a pris place lorsque la Rage Noire s’est emparée de lui après qu’il soit tombé à court d’Orks à tuer, et ait compensé ce manque en faisant mumuse avec les Gardes Impériaux qui accompagnaient le Chapitre au combat. Cette incartade lui a valu d’être transféré au sein de la Compagnie de la Mort, et c’est au cours d’une mêlée furieuse contre ces pleureuses d’Eldars que notre héros a connu sa deuxième mort, le cœur primaire empalé par une lame Xenos. Il faut toutefois croire que FT Man était doué dans ce qu’il faisait, puisqu’au lieu de le laisser mourir en paix, le Maître du Chapitre le fit incarcérer dans un Dreadnought. Ce troisième service, et cette courte nouvelle, se terminent avec la troisième mort de notre gus, victime d’un « coucou qui c’est » pas franchement amical de la part d’un Genestealer Alpha en maraude.

AVIS:

La trajectoire classique et tragique d’un Flesh Tearer, relatée en 1.000 mots par Andy Smillie, n’apprend pas grand-chose de neuf sur le Chapitre, et sa lecture est donc tout à fait dispensable. On notera au passage que contrairement aux Blood Angels, les Flesh Tearers atteints de la Rage Noire ne revivent pas les derniers instants de Sanguinius pendant le Siège de Terra (ce qui est totalement la classe, tout de même) : ils sont juste très très énervés. Symptôme propre au Chapitre ou gaffe fluffique de la part d’un auteur qui n’est décidément pas à l’abri de ce genre de bévue ? Je laisse à chacun le soin de se faire une opinion.

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The Quickening – A. Smillie :

INTRIGUE:

L’Archiviste Balthiel des Flesh Tearers a choisi d’opérer seul derrière les lignes ennemies pour mener à bien l’assassinat du Gouverneur hérétique de Spheris, et nous le voyons faire usage de ses pouvoirs psychiques, dont son signature move : the quickening (une sorte de bullet time qui lui permet de ralentir l’écoulement du temps autour de lui), pour se débarrasser de la garde personnelle du félon. Bien que très efficace, l’abus du Warp est dangereux pour la santé mentale, et Balthiel finit la novelinette (3 pages !) en PLS, sa mission accomplie mais sa messagerie mentale submergée de spam de Démons cherchant à lui vendre des analgésiques miraculeux et/ou à lui faire rencontre des hot single spawns dans son voisinage. Bref, un jeudi ordinaire pour notre ami Flesh Pseaker.

AVIS:

Andy Smillie continue sa série consacrée à la mise en scène des pouvoirs psychiques des Blood Angels (et descendants) dans ses nouvelles Flesh Tearers avec cet insignifiant à tout point de vue ‘The Quickening’. Les amateurs de ce genre très particulier peuvent se tourner vers ‘From the Blood’ pour voir l’incroyable Balthiel utiliser le Bouclier de Sanguinius d’une manière fort peu orthodoxe (et tomber à nouveau dans les pommes, comme le gros bébé fragile qu’il est). Les autres économiseront les 3.49€ demandés pour ces quelques lignes peu mémorables1 et iront dépenser leur capital chèrement acquis ailleurs.

1 : Qui bénéficient malgré tout d’une recommandation de nul autre que James Swallow (« So visceral, you can taste the blood in your teeth »). Si ça ne vous donne pas une bonne raison supplémentaire de ne pas acheter ‘The Quickening’, vous allez vite apprendre…

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Astorath the Grim: Redemeer of the Lost – A. Smillie :

INTRIGUE:

Nous suivons Astorath dans son quotidien de Haut Chapelain des Blood Angels et voiture balai hache des descendants de Sanguinius, alors qu’il piste un groupe de Flesh Tearers de la Compagnie de la Mort ayant eu la mauvaise idée de survivre à la campagne d’Hamenlina. Le croirez-vous, mais même à un contre cinq, Astorath le bath parvient à apporter la paix des braves à ses brebis égarées. À peine le temps de prendre un petit café crémation, et voilà le Rédempteur reparti pour de nouvelles aventures sans queue (un peu) ni tête (surtout).

AVIS:

Aucune surprise dans ces quatre pages, qui dépeignent un Astorath en tout point conforme à la présentation qui en est faite dans le Codex Blood Angels. Allez, si on veut être charitable, on peut dire que l’identité de ses victimes est une micro surprise pour qui ne connaît pas le passif d’Andy Smillie avec les Flesh Tearers (chanceux que vous êtes). Cela ne sert absolument à rien dans l’histoire, mais c’est une surprise (je vous avais dit que c’était de la charité hein). Encore une micro-nouvelle vendue beaucoup trop chère pour ce qu’elle apporte en termes de plaisir de lecture et d’éléments de fluff, et donc à éviter comme la Rage Noire1.

1 : Si le personnage d’Astorath vous intéresse, je vous conseille d’aller lire ‘Redeemer’ de Guy Haley, qui est d’un rapport qualité prix sans aucune mesure avec la soumission de Smillie. Et les deux sont vendues au même tarif par la BL !

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Gabriel Seth: The Flesh Tearer – A. Smillie :

INTRIGUE:

Gabriel Seth en a gros sur la patate (énergétique). Ayant appris qu’Astorath avait exécuté des Flesh Tearers sans demander la permission auparavant1, le Maître de Chapitre lésé voyage jusqu’à Baal incognito (il a mis une capuche) afin de s’expliquer franchement avec le Haut Chapelain.

Par un heureux hasard, Astorath est présent dans le Reclusiam de Baal lorsque Gaby y fait irruption2, et les deux surhommes peuvent enfin se dire leurs quatre vérités… et se mettre des bourre pifs. On ne va pas se mentir, je n’en attendais/espérais pas moins de la part Gabriel « coup de boule » Seth, toujours aussi doué en matière de diplomatie. Seulement voilà, notre héros fait moins le malin lorsque son adversaire est un personnage nommé en armure d’artificier renforcé au scénarium, et le crétin de Cretacia crache rapidement quelques dents (même s’il parvient à abimer le jet pack de son adversaire dans la bagarre). Ayant compris qu’il ne sortirait pas vainqueur de ce combat, Seth abandonne sa stratégie initiale (occuper Astorath pour l’empêcher d’aller chercher des noises à d’autres Flesh Tearers), d’une stupidité aussi redoutable que lui-même, et s’en va se faire poser des implants en céramite en jurant à son adversaire qu’il n’a pas intérêt à revenir prendre la tête à d’autres Flesh Tearers. Sinon… Sinon.

1 : Voir ‘Astorath the Grim: Redeemer of the Lost’ du même auteur.
2 : Astorath passant son temps à voyager à travers la galaxie pour décoiffer les descendants les plus indisciplinés de la Légion de Sanguinius (ce qui fait un paquet de Chapitres à couvrir), on peut raisonnablement penser qu’il n’est pas souvent sur Baal. La nouvelle est d’ailleurs encore plus drôle si on considère que Seth est déjà venu vingt fois sur la planète, et est tombé à chaque fois sur une pancarte « sorry, we’re closed » lorsqu’il s’est présenté devant le Reclusiam.

AVIS:

De toutes les micro-histoires tournant autour des Flesh Tearers qu’Andy Smillie a écrit pour son Chapitre de prédilection, ‘Gabriel Seth : The Flesh Tearer’ est de loin celle que j’ai trouvée la plus intéressante. Voir le patron des Flesh Tearers aller régler ses comptes avec Astorath sur Baal pour protéger ses frères, même si ces derniers méritent dans l’absolu l’exécution que le Haut Chapelain des Blood Angels leur délivre, donne en effet plus de profondeur et de sympathie à Seth que toutes ses précédentes apparitions dans le corpus de Smillie. Cela n’est pas suffisant pour justifier le prix de vente de ces quelques pages, mais j’aurais apprécié que cette intrigue soit développée sur un format plus classique, afin de permettre une plus grande immersion dans les relations compliquées entre Gabriel Seth et ses « tuteurs » au sein des Blood Angels (Dante et Astorath), dont Smillie ne livre que des bribes au détour de ses dernières soumissions (voir ‘Trial by Blood’ et ‘A Son’s Burden’). Il reste un peu d’espoir…

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A Son’s Burden – A. Smillie :

INTRIGUE:

A Son's BurdenLa planète Nekkaris est assiégée par les forces chaotiques de Da’ka Jumoke, Space Marine renégat et impotent (il passera toute la nouvelle juché sur son trône, pépouze dans son Thunderhawk), mais peut compter sur l’aide des féroces Flesh Tearers de Gabriel Seth pour faire face à ce coup du sort. Venu avec l’intégralité de son Chapitre, Gab’ a toutefois commis l’erreur de renvoyer ses propres Thunderhawks passer leur contrôle technique une fois les Space Marines déployés au sol, réduisant drastiquement leur mobilité, et donc leur efficacité. Au moment où la nouvelle commence, on comprend que les fils bourrins de Sanguinius sont piégés avec leurs alliés dans les ruines de la capitale planétaire, et ne peuvent monter à l’assaut sans être réduits en pulpe d’Orangina Rouge par l’artillerie chaotique, qui pilonne la ville avec insistance. Résultat des courses : la galerie de personnages secondaires Flesh Tearers développée par Smillie au cours des précédents épisodes (le Chapelain Appollus, le Champion Harahel, l’Apothicaire Nisroc, l’Archiviste Balthiel) s’occupe comme elle peut en balançant des remarques désobligeantes sur le potentiel intellectuel des Nekkarites, qui n’ont pas encore maîtrisé l’art subtil du baissage de tête pour éviter les obus, comme les meilleurs de l’Empereur savent si bien le faire. What the duck, quoi. Un moyen comme un autre de canaliser la rââââââge qui menace de les faire dégoupiller à tout moment, comme c’est le lot des Sangui’ Bois de Cretacia.

Plus intéressant, nous suivons en parallèle la mission d’infiltration de la Compagnie des Scouts1 du Capitaine Temel, chargée de neutraliser les batteries adverses afin de permettre au gros des troupes de charger, éviscerateur au clair. Dans ces conditions difficiles, les novices font du mieux qu’ils peuvent, mais la présence de patrouille de Space Marines du Chaos dans le cordon défensif d’une part, et les gros problèmes de self-control qui sont le lot des Tireurs de Flèches d’autre part, prélèvent un lourd tribut chez les loyalistes. Déterminé à mener sa mission à bien dans les délais qui lui ont été impartis, Temel fait fi des pertes catastrophiques et parvient à faire exploser les obusiers adverses, mais se fait gravement grenailler le bedon dans l’opération. Il peut toutefois contacter Gabriel Seth avec le sentiment du devoir accompli, et la certitude que ses Scouts ne vont pas tarder à être secourus par leurs gros copains…

Début spoiler…Enfin, ça, c’était le plan A. Le plan B, comme Baal-Est-En-Danger-Il-Faut-Venir-Nous-Aider-Tout-De-Suite-Bisous-Dante, ne laisse pas l’ombre d’une chance aux infiltrés, car Seth annonce à son subalterne que tout le Chapitre est déjà sur le chemin de l’orbite2, et qu’il n’est pas possible d’attendre ni d’aider les survivants de Temel. La tuile. En effet, le message de détresse envoyé par les Blood Angels, constatant que les Tyranides se rapprochaient dangereusement de leur planète chapitrale, à leurs successeurs, a eu un effet bœuf chez le patriote Gaby 7, qui considère qu’il est du devoir des Flesh Tearers de répondre à l’appel de leurs Primogenitors, même si ces derniers n’ont pas été très tendres avec les débordements des fistons d’Amit au cours des derniers siècles. La famille, c’est sacré. Beau joueur, Temel souhaite bon vent à son supérieur démissionnaire, et se prépare à mourir dignement après s’être tranché la langue, dans la plus pure tradition cretacienne (il a raccroché avant, bien sûr).

La nouvelle se termine avec un petit passage dans la salle du trône de Da’ka, qui était venu pour casser du Flesh Tearers plutôt que pour conquérir la planète, et décide donc de partir à son tour de Nekkaris lorsque ses subalternes locaux viennent lui annoncer la bonne nouvelle. À suivre, donc…Fin spoiler

1 : Qui devrait être la 10ème Compagnie, mais comme certaines sources établissent que le Chapitre n’en compte plus que quatre, je préfère ne pas m’avancer sur les nombres.
2 : C’est à se demander qui gère les Thunderhawks des Flesh Tearers.

AVIS:

Andy Smillie livre avec ‘A Son’s Burden’ une introduction satisfaisante aux événements relatés dans ‘The Devastation of Baal’, du point de vue de ses chouchous Flesh Tearers. Si la mission commando de Temel occupe le plus gros de la nouvelle, et nous donne à voir toute l’abnégation du Capitaine, prêt à sacrifier ses hommes (et pour certains d’entre eux, à les abattre de ses mains lorsque la Soif Rouge se fait un peu trop pressante) et à laisser massacrer des civils pour parvenir à son objectif, la description de la décision de Seth d’abandonner des frères d’armes pour voler au secours de Blood Angels pourtant peu sensibles à la difficile situation de leur Chapitre successeur, donne une dimension noble et tragique à des Flesh Tearers que l’on avait jusqu’ici dépeint en brutes sanguinaires. Cet enrichissement du background des natifs de Cretacia est à mettre à l’actif d’un Smillie que j’ai trouvé plus mature et à l’aise dans son propos qu’il ne l’était dans ses premiers textes pour la Black Library. Deux défauts significatifs empêchent toutefois ‘A Son’s Burden’ d’être une réussite totale. Le premier est son traitement très « épisodique », en cela qu’on a l’impression tenace, et sans doute fondée1, que les événements relatés ici ne sont qu’un fragment d’un arc narratif beaucoup plus large : un tel procédé n’est pas interdit, mais je considère tout de même qu’une histoire vendue comme une nouvelle indépendante devrait pouvoir être lue de manière indépendante, sans avoir l’impression de passer à côté d’une partie du propos. Le second est l’usage inconstant des Thunderhawks des Flesh Tearers fait par Smillie : ce n’est certes qu’un détail, mais cela démontre un manque de connaissances et de réflexion sur le mode de fonctionnement d’un Chapitre Space Marines assez problématique. Bref, des progrès mais pas encore un sans faute.

1 : Même si Da’Ka Jumoke semble avoir tout à fait disparu de la surface de l’univers après cette nouvelle.

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The Rite of Holos – G. Haley :

INTRIGUE:

The Rite of HolosNotre histoire débute dans l’astroport du monde de Catria, planète de 43ème ordre en proie depuis quelques mois à un schisme profond. Détail mineur du récit, mais source potentiellement inépuisable de blagues lamentables (dont les écrits de votre serviteur font une consommation invétérée) que je ne peux donc (in)décemment passer sous silence, la population de Catria a pour particularité d’être à majorité féminine, les individus mâles étant chétifs et n’atteignant généralement pas l’âge adulte. L’immense majorité des protagonistes et antagonistes locaux de The Rite of Holos sont donc des représentants du beau sexe, dont la confrontation avec ce parangon d’uber virilité patriarcale qu’est le Space Marine impérial ne peut logiquement que faire des étincelles. Fin de la parenthèse et début de la beauferie.

Dépassée par les évènements, la garnison locale a donc fini par contacter le SAC (Service Après Colonisation) impérial, demandant l’envoi de renforts pour mater la rébellion initiée par une certaine Hesta, sainte vivante autoproclamée ayant le goût des choses simples. Par chance pour les loyalistes, le chapitre des Blood Drinkers passait dans le coin au moment des faits, lancé qu’il était dans la traque de l’origine d’une infection Genestealers dans ce même sous-secteur1. Jamais un à laisser être bafouées saintes prérogatives de Pépé, le Maître de Chapitre des Buveurs (Caedis) accepte la requête des Catrians et se téléporte sur place en compagnie de sa garde rapprochée.

Rapidement briefé sur la situation par la Colonel Indrana au cours d’une visite des abords du Reliquary Sanctum, place forte des rebelles s’étant révélée jusqu’ici inexpugnable, Caedis rejoint ensuite ses potes à la morgue pour procéder à l’étude d’un spécimen de mutant abattu à grand peine par les Gardes de Catria alors qu’il procédait à une distribution de (pâtes à) tartes sur les positions loyalistes. Trahie par de subtils détails, invisibles pour le tout-venant mais évidents pour les yeux entraînés des Blood Drinkers (absence de manucure, jean boyfriend sans talons, carapace chitineuse, troisième bras…), l’appartenance du mutant à un culte Genestealers apparaît au grand jour, au grand plaisir de Caedis et de ses lieutenants, le Réclusiarque Mazrael et le Maître Sanguinien Teale (qu’à partir de maintenant, j’appellerai frère Canardo). Ayant gentiment mais fermement envoyé la Colonel Indara lui préparer un sandwich pour pouvoir discuter de manière privée, Caedis expose son plan de bataille à ses sous-fifres pendant que Canardo eviscère le cadavre de Gennie avec un entrain déplacé : afin de pouvoir localiser l’origine de l’infection Xenos, il sera nécessaire pour les meilleurs de l’Empereur d’accéder au cœur du culte, là où la Matriarche et les jeunes ont trouvé refuge. Ce n’est en effet qu’en tirant parti de l’écho Warp des appels vers la Grande Dévoreuse de ces derniers que l’Archiviste de service (Guinian) pourra remonter à la source du problème. Il faudra donc faire le sale boulot soi-même au lieu de régler le problème d’une petite frappe orbitale bien placée, ce qui convient tout à fait à la philosophie martiale des Blood Drinkers. En guise d’ultime mais nécessaire préparation à cet assaut, Caedis autorise Ma et Canardo à réaliser le fameux rite d’Holos afin de préparer les frères de bataille à la confrontation avec l’ennemi et « aiguiser » leur Soif Rouge. Si les détails de l’opération ne sont pas donnés par Haley, on comprend assez facilement qu’une quantité significative de sang sera nécessaire à cette dernière, et que les brave Blood Drinkers ne seraient pas contre une participation active de la populace locale. Voilà qui est bien suspect.

La suite de la nouvelle est consacrée à l’attaque sur Reliquary Sanctum, menée de main de maître par des Blood Drinkers ayant bien compris que cribler une femme de bolts est la plus belle preuve de respect qu’on puisse lui donner au 41ème millénaire. À la pointe de l’assaut, Caedis, Canardo, Guinian et une escouade de Terminators se fraient un chemin dans les niveaux inférieurs de la cathédrale de Sainte Catria, devant à la foi se garder des embuscades des genestealers et des pulsions meurtrières induites par la Soif Rouge, qui les incite à foncer tête baissée dans la mêlée et les place donc à la merci de leurs perfides adversaires. Malgré toute l’expérience et la discipline qui caractérisent les vétérans Blood Drinkers, frère Metrion est le premier à péter une durite, la vue des cheveux ternes (et probablement gras) des cultistes ayant outragé l’esthète qui sommeille au cœur de chaque descendant de Sanguinius. C’en est fini de la progression méthodique des Buveurs, qui tourne à la fuite en avant matinée de battle royale, les frères de bataille les plus posey tentant tant bien que mal de venir au secours des mâles en rut qui leur servent de compagnons d’armes, avec des résultats plus ou moins concluants.

Ayant malgré tout atteint le cœur des positions ennemies (la cuisine de la cathédrale), les Blood Drinkers survivants se retrouvent face à face avec la magos Hesta, dont les pouvoirs psychiques et les lâches insinuations à propos de la virilité de nos héros les maintiennent un temps en respect. Heureusement pour les meilleurs de l’Empereur, le statu quo fini par être pulvérisé, en même temps qu’un des murs de la cathédrale, par l’intervention salutaire du Dreadnought Endarmiel. Ayant astucieusement fait le tour de la zone de combat grâce à sa capacité à lire des cartes, il effectue ensuite un parfait créneau qui met le canon de son fulgurant à hauteur du sternum de cette mégère d’Hesta, et transforme cette dernière en dés de poitrine fumé. La suite n’est plus qu’une formalité pour les Blood Drinkers survivants, qui peuvent repartir de Catria avec la satisfaction du travail bien fait et l’information cruciale qu’ils recherchaient depuis plusieurs mois, et laissant à leurs obligées le soin de faire le ménage de leurs sanglants exploits (cadavres de Gardes saignées comme des cochettes pour les besoins de leur potion magique secrète inclus). Voilà ce qui s’appelle une juste répartition des tâches.

1 : Arc narratif qui se conclura dans ‘Death of Integrity’, commis par the same Guy.

AVIS:

The Rite of Holos s’avère être une nouvelle assez sympathique à lire, même si la vacuité de son propos n’en fait pas une expérience mémorable. À ce titre, c’est bien la première partie du récit, pendant laquelle Haley réussit à peindre de manière assez convaincante la dangereuse dualité des Blood Drinkers, dont l’apparence angélique et la bienveillance manifeste dont ils font preuve envers leurs compagnons d’armes humains dissimulent un besoin viscéral et impérieux de satisfaire (de manière littérale et figurée) leur soif de sang, à n’importe quel prix, qui constitue le principal intérêt du récit. À titre personnel, j’aurais apprécié qu’Haley passe plus de temps sur ce fameux rite d’Holos, dont les modalités ne laissent que peu de doutes mais dont l’intérêt pour les Blood Drinkers est loin d’être évident, si on en juge par la facilité avec laquelle ils succombent à la Soif Rouge. Boire ou occire, il faudrait donc choisir.

Au crédit de Haley, on peut également mettre son souci d’intégrer à son récit des éléments de fluff que la plupart des auteurs de la BL auraient tout bonnement ignorés (ici le souci de l’esthétisme chez un chapitre héritier des Blood Angels, dont le Maître de Chapitre préfère attaquer une position ennemie que la bombarder afin de préserver autant que possible les reliques architecturales du site), ainsi que sa capacité à soumettre des idées pertinentes et originales (comme une planète peuplée seulement de femmes, ce qui doit exister dans un Impérium d’un million de mondes2).

Les scènes de combat sont, elles, d’une platitude consommée, l’auteur ne parvenant pas à faire ressortir du lot cette nème confrontation entre Space Marines et ennemis de l’Imperium des dizaines, voire centaines de passages similaires produits par la BL au cours des dernières décennies. Bien sûr, la Soif Rouge vient pimenter un peu les choses, mais on reste là encore sur le territoire très connu du « ouhlala-ça-n’a-jamais-été-aussi-dur-mais-je-dois-absolument-résister », sur lequel Swallow (saga Rafen) et Smillie (Beneath the Flesh) ont déjà bâti des arcs narratifs entiers3.

Dernier point d’insatisfaction, une « individualité » de la nouvelle pas assez marquée de la part de Haley. Si cela n’est pas rédhibitoire à la lecture, il est en revanche très clair que The Rite of Holos n’est qu’une bouture d’une œuvre plus conséquente (dans ce cas précis, Death of Integrity), et dont la raison d’être consiste à apporter quelques détails supplémentaires à cette dernière. Cela se perçoit particulièrement à travers le nombre important de personnages BD que Haley convoque (Caedis, Ma, Canardo, Guinian, Endarmiel), sans que ces derniers ne jouent un rôle vraiment important dans le récit. Un casting un peu plus réduit aurait sans doute permis à l’auteur de s’investir plus fortement sur ses protagonistes, et les rendre ainsi plus intéressant pour le lecteur.

Ceci dit, la balance reste tout de même positive pour The Rite of Holos, et on peut qualifier les débuts de Guy Haley dans Hammer & Bolter de succès, certes pas éclatant, mais pas bradé non plus.

1 : Peu d’auteurs de la BL ont pris la liberté d’explorer toutes les possibilités ouvertes par un cadre proprement galactique, les mondes impériaux en particulier étant en particulier touchés par une standardisation qui n’a pas lieu d’être. Guy Haley reprend le flambeau de Barrington J. Bayley, qui n’avait pas hésité à s’amuser franchement avec les planètes et cultures convoquées dans ses soumissions BL.
2 : La référence en la matière d’utilisation « optimisée » de la tare génétique des descendants de Sanguinius reste Aaron Dembski-Bowden et son ‘At Gaius Point’.

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Lemartes: Guardian of the Lost – D. Annandale :

INTRIGUE:

Lemartes_Guardian of the LostUne catastrophe minière s’étant produite dans la ceinture d’astéroïdes entourant la planète de Phlegethon a des conséquences tragiques pour les habitants de ce monde ruche, et démontre de façon irréfutable que les Blood Angels sont des planqués. Qui ? Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Tout fera bientôt sens pour vous, lecteurs.

Le prélude de notre histoire suit la trajectoire misérable et ténébreuse de Baldwin Morrov, l’un des mineurs piégés dans une galerie creusée dans l’une des nombreuses petites lunes orbitant autour de Phlegethon. Notre homme possède la capacité, totalement inutile pour lui et pour l’intrigue, de percevoir les prières qui sont adressées pour son salut. Au fur et à mesure que ces dernières se font moins nombreuses, les habitants de Phlegethon renonçant à envisager que la catastrophe a laissé des survivants, Morrov commence à déprimer, et, comme la plupart de ses camarades d’infortune, sombre dans la folie et le cannibalisme. Lui aura pourtant la chance de taper dans l’œil et le trône de Khorne, qui décide de jouer un tour pendable à ses voisins du Matérium en faisant de Morrov son prophète. Ayant trouvé par miracle un chemin jusqu’à la surface de la lune, Mo’ est récupéré par une équipe de secours qui passait dans le coin, et ramené en toute hâte sur Phlegethon afin d’y recevoir les meilleurs soins possibles, en sa qualité de héros et martyr. L’opération de com’ du Gouverneur local, qui a poussé le dévouement jusqu’à porter lui-même le brancard de Morrov, tourne toutefois au vinaigre lorsque ce dernier se réveille brutalement en salle d’opération, et balance un gros « BOOOOOOOOOOOOOR*EEEEEEEEEEEL DE M*RDDDDDE » à la cantonade, plongeant immédiatement ses soignants, puis par le jeu d’une contagion très rapide, toute la population de la ruche Profundis, dans une frénésie sanguinaire. Le début des ennuis pour Phlegethon.

À l’autre bout du Segmentum, nous faisons la connaissance de nos véritables protagonistes et antagonistes. À ma droite, le Chapelain Lemartes, dont la Rage Noire s’exprime littéralement et littérairement par son utilisation de phrases très courtes. Pas plus de quatre mots. Parfois cinq. Mais c’est rare. Concentré il doit rester. Tout le temps. Faire la part des choses. Respirer profondément. Boire de l’eau. Beaucoup d’eau. À ses côtés, son thérapiste personnel, le brave et haut Prêtre Sanguinien Corbulo, qui passera beaucoup de temps dans la novella à demander à Lemartes où il est, afin de s’assurer qu’il n’est pas enfermé dans une lubie terrestre dangereuse1. Enfin, un mot sur le Capitaine de la 4ème Compagnie des Blood Angels, Castigon, à la tête de la force envoyée par Dante sur Phlegethon pour remettre un peu d’ordre sur la planète après que les déboires du monde ruche ait fuité. Du côté des méchants, ce sont les Blood Disciples de Khevrak, une bande de Space Marines renégats et affiliés à Khorne, qui tiennent le haut de l’affiche. Leur connexion divine leur a permis de détecter la venue du prophète rageux sur Phlegethon, et comme ils s’en veulent encore d’avoir tué sa dernière incarnation du temps où ils étaient encore loyaux et formaient la 8ème Compagnie des Emperor’s Wolves, il se rendent également sur place pour… euh… faire des excuses à qui de droit, et se racheter aux yeux de Khorne.

Et c’est à présent qu’il me faut passer à la vitesse supérieure, tel un Rhino bénéficiant de la règle Moteurs Gonflés, car les 100 pages suivantes de ‘Lemartes: Guardian of the Lost’ sont d’une longueur et d’une lenteur absolue. Pour aller au fond des choses, nous suivons les Blood Angels alors qu’ils attaquent la ruche de Profundis, qui n’est plus peuplée que par des centaines de millions de Zombies de la Peste Raaaaage, afin de faire la peau au prophète susmentionné. Ce dernier les attend aux portes de la cité en faisant de la breakdance et du beat box très énervant, protégé par les Blood Disciples qui se répandent en excuses et en tirs de bolter. Les impériaux (il y a en plus des Blood Angels un régiment motorisé de Gardes de Fer de Mordian qui traînait dans le coin et cherche à se rendre utile) doivent à la fois repousser en permanence les assauts des citoyens enragés de Phlegethon, et composer avec les conditions climato-cataclysmiques difficiles que le prophète déchaîne sur eux toutes les vingt pages. Cela commence par un pilier de sang, qui aiguise la Soif Rouge des Blood Angels (dont Castigon, qui revient dans le droit chemin après que Corps de Bulot lui ait renversé le Graal Rouge sur la tête pour lui faire reprendre ses esprits) qui s’approchent trop à un niveau problématique. Puis on passe à une pluie de météorites. Puis à une vague de sang. Puis à un déluge de sang. Et pour terminer, un déluge de sang enflammé. Si ces intempéries rougeâtres n’affectent pas tellement Lemartes et ses petits copains de la Compagnie de la Mort, qui ont d’autres problèmes plus graves à gérer de leur côté, les Blood Angels « normaux », eux, dégustent méchamment, au point que Castigon, qui a sombré dans l’alcoolisme sanguinaire une deuxième fois au cours de l’histoire, et a été sevré une deuxième fois par Corbulo (qui lui a juste donné un grand coup de Graal sur le crâne), décide héroïquement de donner le commandement au Chapelain, et de rester tranquillement à l’abri dans son Rhino jusqu’à la fin de la bataille (avec Coco, évidemment). C’est d’autant plus drôle que les Mordians du Colonel Reinecker, eux, réussissent à maintenir leur discipline malgré tout ce qu’ils prennent dans les dents, depuis les hordes de rageux de Profundis jusqu’aux manifestations démoniaques de force 88 sur l’échelle de Magnus, en passant par les assauts des Blood Disciples et ceux de la Compagnie de la Mort de Lemartes (un malentendu2). Comme quoi, la taille et le nombre d’organes surnuméraires ne fait pas tout…

Début spoiler…La surprise du chef et l’invité de marque de la fin de la novella sera ce bon vieux Skarbrand, qui se matérialise finalement (seul) dans le money time, et provoque la mutation des Blood Disciples survivants. Annandale nous tresse un parallèle entre le rachat impossible du démon majeur et celui des Space Marines du Chaos aux yeux de Khorne, dont la bouderie est éternelle, mais who cares à ce stade franchement. Les derniers Mordians donnent leur vie pour distraire le Buveur de Sang, ce qui permet à Lemartes et aux Blood Angels ne s’étant pas fait porter paal de monter une charge décisive sur les positions ennemies. Après un dernier round de corps à corps meurtrier, Skarbrand est renvoyé à ses chères études, les Blood Disciples massacrés ou mis en fuite, et le calme peut enfin revenir sur Phlegethon (il reste encore quelques millions de Zombies enragés à euthanasier, mais la femme de ménage peut s’en charger). De son côté, l’inflexible Lemartes regagne sans faire d’histoire sa camisole énergétique, son impeccable self control lui permettant de repousser encore un peu l’exécution sommaire qui lui pend au bout du sellion. Une tisane à l’aubépine, et ça repart.Fin spoiler

1 : Lemartes lui répètera au moins aussi souvent que sa méthode ne sert à rien car il n’y a que lui qui peut se faire revenir à la réalité. Mais ça ne décourage pas Corbulo.
2 : Après coup, Lemartes vient engueuler le Colonel Reinecker dans l’hôpital de campagne (il s’est fait à moitié arracher le bras par le Chapelain), car ce dernier a osé voulu faire son devoir en progressant vers l’objectif. On peut être très zélé et de très mauvaise foi.

AVIS:

Je dois à David Annandale d’avoir écrit le premier texte publié par la Black Library qui m’a semblé tellement long, et disons le tout net, chiant, que j’ai douté de ma capacité à en venir à bout. Ce ‘Lemartes: Guardian of the Lost’ manque en effet tellement d’idées pour meubler ses 125 pages que l’auteur étiiiiiiiiire/répète jusqu’à la nausée les trois péripéties auquel il a pensé pour l’animation de cette campagne d’une banalité confondante. Je pense sincèrement que cette novella pourrait être moitié moins longue, garder la même structure et les mêmes événements, et s’avérer plus lisible que cet extended cut qui pourrait être sous-titré « Voyage jusqu’au bout de l’ennui ».

Si ce défaut structurel, sans doute causé par le besoin d’Annandale de donner à son éditeur un moyen format sur un sujet qui ne l’intéressait pas vraiment, est pour moi le plus gros point noir de ce texte, ce n’est pas le seul (comme souvent avec cet auteur). Je dois également souligner quelques passages incongrus, comme Lemartes qui bugge pendant cinq pages à rentrer dans son Rhino en essayant de se rappeler s’il a laissé ses clefs sur Terra en M31 ou sur Phlegethon en M41, qui durent également bien trop longtemps pour la crédibilité de cette novella. Lemartes lui-même, ou plutôt le traitement qui en est fait par l’auteur, est d’ailleurs une autre source de crispation, l’abus de phrases courtes pour représenter la folie contenue du personnage s’avérant rapidement lassant, car peu clair pour le lecteur. Citons également la tendance d’Annandale à intégrer à sa narration des détails potentiellement important pour la suite de l’histoire, mais qui ne serviront finalement à rien (comme le fait que le mineur Morrov perçoive les prières sans être un Psyker, ou que les Blood Angels reviennent sur Phlegethon après plusieurs millénaires). Enfin, et c’est peut-être la critique la plus subjective que j’adresserai à ce ‘Lemartes…’, j’ai trouvé la distinction qu’Annandale fait entre Rage Noire et Soif Rouge artificiellement nette. Le fait que les membres de la Compagnie de la Mort soit immunisés aux effets du pilier de sang « grâce » à leur affliction enlève à mes yeux le côté mystique de cette malédiction centrale à l’identité des Blood Angels, et la rapproche plutôt d’une pathologie classique (comme une grippe qui empêcherait d’attraper un rhume). Bref, il n’y a à mes yeux absolument aucune raison, sincère ou déviante, de s’infliger la lecture de la véritable purge littéraire qu’est cette novella, et c’est pour moi une désagréable nouveauté : jusqu’ici, Annandale avait au moins eu l’amabilité d’être distrayant dans sa bofitude.

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Sin of Damnation – G. Thorpe :

INTRIGUE:

Sin of DamnationPlus de six siècles après s’être fait botter les fesses, qu’ils ont pourtant comme le nez, aquilines, par la colonie Genestealers créchant dans le Space Hulk Sin of Damnation, les Blood Angels repartent à l’assaut de ce môôôôôdit vaisseau fait de vaisseaux, afin de venger leur honneur (beaucoup) et de peut-être récupérer quelques gadgets de valeur dans l’épave (un peu). Guidés1 plutôt que menés par le Capitaine Raphael, la 1ère Compagnie des Anges de la Mort s’est déployée en force sur le Sin, et nous suivons en particulier les escouades des Sergents Lorenzo et Gideon, qui se trouvent être les protagonistes de la quatrième version du jeu Space Hulk. Le hasard fait tout de même bien les choses. Ces dix farouches vétérans seront rejoints à l’occasion par le Terminator d’Assaut Claudio et l’Archiviste Calistarius, et vivront de nombreuses et passionnantes aventures dans un environnement hostile et plein de blips.

Au cours des 60 pages de ce ‘Sin of Damnation’, nous les verrons ainsi détruire les navettes de sauvetage du Space Hulk (au cas où le Genestealer à Lunettes trouverait comment les faire fonctionner, j’imagine), avoir des problèmes d’armure, aller secourir un chat – pardon un C.A.T.2 – perdu, lancer une diversion, empoisonner l’atmosphère de l’épave pour rétablir un peu le rapport de force (80 contre 40.000, c’est un peu déséquilibré même pour du jeu narratif3), se faire hypnotiser endormir par le Genestealer Alpha d’en face puis réveiller par quelques claques amicales de Calistarius, avoir des problèmes d’armure, retrouver l’éprouvette soumise par Sanguinius pour sa visite médicale d’embauche auprès de l’Empereur, battre en retraite et se perdre (saleté de mémoire eidétique discount), tomber dans des trous et mourir hors champ3, tomber dans la dépression et revenir au top, tenir la ligne pour permettre l’évacuation des camarades, AVOIR DES PROBLEMES D’ARMURE, repartir à l’assaut pour réaliser une biopsie d’un Genestealer Alpha, et finalement quitter le Sin of Damnation avec la satisfaction du devoir accompli et d’une campagne rondement menée. Le mot de la fin alternative revient tout de même au Frère Noctis, le seul à s’émouvoir de la stupidité de contester le Space Hulk à des nuées de Genestealers ayant réduit le Chapitre à 5% de ses effectifs quelques siècles plus tôt, alors qu’il serait facile de détruire cette menace depuis la sécurité d’une barge de bataille. Il faut savoir ravaler son panache parfois : c’est aussi à ça que sert le preomnor, que diable.

1 : Il passe toute la novella à (littéralement) mille kilomètres des combats, à donner ses instructions et délivrer des proverbes baalites depuis son studio de (drop)podcast.
2 : Cyber-Altered Task (unit), soit un Roomba avec une webcam scotchée sur le capot, et qui sert aux Techmarines Blood Angels à reconnaître les couloirs du Space Hulk. Déjà que c’est pas gagné contre de vrais chats, je ne pense pas qu’un vaisseau abandonné rempli de Xenos mals en groin soit le meilleur endroit pour déployer ce bidule.
3 : Ce tyran de Raphael ne voit pas de problème à envoyer nos dix héros contenir deux mille Genestealers à eux tous seuls. The bravery of being out of ra(n)ge.
4 : C’est le cas du Frère Omnio, que Thorpe fait simplement disparaître de la novella après qu’il soit passé à travers une cloison (sans dommage), et ait donné rendez-vous au reste de son escouade à l’escalier le plus proche.

AVIS:

Gav Thorpe était tout autant en mission que ses héros lorsqu’il a écrit cette novella, ou plutôt les morceaux de cette dernière accompagnant chacun des scénarios jouables de la boîte de jeu Space Hulk, et qui ont été assemblés pour former un tout certes cohérent, mais pas franchement intéressant, dans un deuxième temps. Il m’est donc difficile de reprocher à l’auteur sa responsabilité dans ces longuettes et répétitives péripéties, pendant lesquelles personne ne peut contractuellement mourir pendant la majeure partie du récit, et ne laissant guère de place au développement d’une véritable tension narrative, malgré les passages écrits depuis le point de vue d’un Genestealer Alpha. Thorpe étant Thorpe, il reste des passages/idées/détails pour lesquels il aurait pu faire un meilleur boulot s’il y avait réfléchi deux secondes (à commencer par une quasi absence de Soif Rouge/Rage Noire dans l’histoire, ce qui est contre-intuitif pour une novella dont les protagonistes sont tous des vétérans Blood Angels1), mais le véritable coupable de cette purge littérale et figurée reste la Black Library, qui n’a pas résisté à la tentation de se faire quelques crédits impériaux en proposant de la novella reconstituée à un public non averti2. Amis lecteurs, soyez un peu plus malins que les personnages de cette triste histoire, et ne tombez pas dans le piège grossier tendu par un adversaire retors mais pas très finot : si vous lisez ceci à temps pour suspendre votre potentiel achat de ‘Sin of Damnation’, cease and desist et trouvez quelque chose d’autre à consommer.

1 : Et avec un Archiviste du nom de Calistarius (i. e. Baby Mephiston) au casting…
2 : 13.99€ le packageSin of Damnation’ + ‘Sanguis Irae’ (88 pages seulement), et pas une seule mention sur le site de la BL de l’origine du « produit ». J’appelle ça de la tromperie sur marchandise.

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Sanguis Irae – G. Thorpe :

INTRIGUE:

Sanguis IraeLes maraudes galactiques de la 1ère Compagnie des Blood Angels, aussi appelée Eboueurs de l’Espace, se poursuivent tranquillement. Déployée en reconnaissance sur le Space Hulk SA-BA-325, l’escouade du Sergent Dioneas a fait une découverte peu banale alors qu’elle explorait les décombres du vaisseau : enfermé dans une salle isolée, un Terminator anonyme à l’armure trop endommagée pour permettre son identification s’accroche comme un forcené à son dernier point de vie. Seule certitude, le comateux anonyme est également un Blood Angel, ce qui motive le perspicace Dioneas à demander l’appui d’un A…rchiviste. Pourquoi essayer de réanimer un frère de bataille gravement blessé faisant tourner à plein régime sa membrane cataleptique quand on peut se contenter de sonder son esprit pour en percer les secrets, hein ? Toujours est il que ce raisonnement particulier convainc l’imperturbable Capitaine Raphael d’envoyer le brave Calistarius, déjà croisé dans ‘Sin of Damnation’, prêter assistance aux éclaireurs. Les ordres sont les ordres.

Après une transition paisible pendant laquelle notre héros se souvient avec émotions de sa classe d’initiation musicale au conservatoire de Baal, et de ses tentatives peu concluantes de maîtriser l’hélicon énergétique, Calistarius se met à pied d’œuvre et se plonge dans la psyché du survivant miraculé, qui se révèle 1) être le frère Vespesario, ce qui permet d’identifier SA-BA-325 comme étant le Space Hulk Omen of Despair, disparu dans le Warp pendant que l’escouade de V pour Vespa était en train de l’explorer, il y a de cela deux siècles, et 2) complètement ravagé par la Rage Noire, ce qui ne facilite pas le travail de recherche et d’analyse de Calistarius. Par contre, le lecteur a le droit au récit circonstancié de l’abordage du Vengeful Spirit par Sanguinius et sa Garde d’Honneur, ce qui est tout de même sympathique je dois dire.

Sur ces entrefaites, les inévitables Genestealers commencent à bliper à l’horizon de l’auspex de la fine équipe, ce qui motive Dioneas à demander un repli stratégique jusqu’au point d’entrée des Blood Angels, afin de leur permettre de tenir la ligne jusqu’à l’arrivée des renforts. Cela laisserait toutefois Vespesario à la merci des Xenos, ce qui n’est pas acceptable pour Calistarius. Ce dernier est en effet persuadé que le vétéran s’est enfermé dans sa chambre – malgré la Rage Noire – pour une bonne raison, et demande qu’on lui laisse quelques minutes supplémentaires pour identifier cette dernière. Après avoir court-circuité Dioneas pour plaider sa cause directement auprès de Raphael, qui accepte de retarder l’envoi de la deuxième vague de cinq minutes pour faire plaisir à son sous-fifre et mal au crâne au lecteur1, Calistarius poursuit ses explorations métaphysiques, et entre deux flashbacks hérétiques, en apprend de bien belles sur les occupants de l’Omen of Despair

Début spoiler…Le Culte Genestealers qui occupe le Space Hulk est en effet très particulier, car son Patriarche a réussi à assimiler des gènes de Navigateur, ce qui lui permet de faire entrer et sortir son vaisseau du Warp à volonté, et donc de piéger les explorateurs qui y prennent pied. C’est ce qui est arrivé à Vespesario et ses compagnons lors de leur reconnaissance il y a deux cents ans, et ce qui risque d’arriver au reste de la 1ère Compagnie des Blood Angels si elle aborde l’Omen of Despair. Plutôt que de demander à Raphael d’annuler les renforts, ce qui pourrait convaincre Pépé Stiller de repasser dans l’Immaterium avec ses nouveaux copains, l’intrépide mais égoïste Calistarius préfère foncer dans le tas pour neutraliser l’aberration psychique aux commandes de l’épave (et dont le rêve est de retourner sur Terra pour rendre visite au gardien de phare impérial) sans rien dire à Raphael. Grâce aux souvenirs de Vespesario, dont la Rage Noire a transformé sa dernière mission en redite de l’abordage du Vengeful Spirit2, les Blood Angels parviennent à se rendre dans l’antre du Patriarche en deux temps, trois mouvements, et Calistarius déverse la rââââââge de son désormais défunt camarade dans le cortex du Xenos, plongeant par ricochet tout son essaim dans une frénésie auto destructrice, et permettant aux Terminators de lui régler son compte sans trop de problèmes. Cette victoire nette et sans bavure n’est toutefois pas sans séquelle pour the great Cali, dont l’usage sans modération d’ire sombre, même par procuration, lui a planté une vision inquiétante au fond du cortex. Il s’est en effet vu, piégé sous des tonnes de décombres, submergé à son tour par les affres de la malédiction de Sanguinius. La suite ne vous étonnera que si vous ne connaissez pas votre fluff Blood Angels…Fin spoiler

1 : Pourquoi ne pouvait-il pas envoyer les renforts dans les meilleurs délais et permettre à Calistarius de rester dans la salle où se trouve Vespesario pendant quelques minutes supplémentaires ? La science n’a pas encore la réponse à cette question.
2 : Ce qui conduit à prendre le fluff hérétique intégré par Thorpe à son histoire avec des pincettes (notamment le fait qu’Horus était un Psyker et que Sanguinius s’est laissé tuer par son frère pour sauver sa Légion).

AVIS:

Pour son retour dans la littérature hulkesque, après le très dispensable ‘Sin of Damnation’, Thorpe fait beaucoup mieux que cette passable novella et répond présent sur tous les tableaux avec ‘Sanguis Irae’. Cette nouvelle ne se contente en effet pas de mettre aux prises quelques Terminators avec beaucoup plus de Genestealers, mais ménage également un peu de suspens dans son déroulé et sa conclusion, nous fait la surprise d’un pseudo-caméo à haute valeur ajoutée (Sanguinius qui visite la chambre de son frérot, rien que ça), et contextualise le background de l’une des figures centrales des Blood Angels, l’irrascible et totalement emo Mephiston. En plus de se terminer avec un clin d’œil appuyé sur le futur qui attend Calistarius sur Armageddon, ‘Sanguis Irae’ avance quelques pistes permettant de comprendre le rapport particulier que l’Archiviste entretient avec la Rage Noire, dont il est devenu familier et a utilisé comme une arme psychique longtemps avant d’en ressentir lui-même les effets grâce à ses capacités mentales, ce qui autorise à développer des hypothèses pour expliquer le parcours sans commune mesure du Seigneur de la Mort. Bref, il est assez plaisant de constater que Thorpe a pris la peine de corriger dans cette nouvelle la plupart des défauts relevés dans ‘Sin of Damnation’, et je ne peux que conseiller à ceux qui voudraient prendre la mesure de la contribution de ce pilier de la BL au corpus Blood Angels de se détourner de la novella et de privilégier le court format. Vous ne le regretterez pas (ou au moins, moins).

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Mephiston: Lord of Death – D. Annandale :

INTRIGUE:

Mephiston_Lord of DeathMis sur une affaire pas claire à la suite de son exploration métaphysique d’une barge de bataille Blood Angels portée disparue depuis cinq millénaires (‘Eclipse of Hope’), Mephiston a réussi à convaincre le Capitaine Castigon et sa 4ème Compagnie de l’accompagner jusque dans le système de Pallevon, dont les coordonnées étaient inscrites dans la salle du boss final de la nouvelle précédemment citée. C’est pas lourd, et ça sent le piège à plein nez, mais cela reste une piste à exploiter. Pendant que les rouges voyagent dans le Warp, Mémé médite dans ses quartiers privés, et on apprend que notre homme a maîtrisé la dimension du « sombre », qui est distincte de l’Immaterium mais influencée par ce dernier. Tout cela est bien mystérieux.

À peine revenu dans l’espace réel, les Blood Angels sont confrontés à une vision d’urgence : la frégate Harrowing Faith, portée elle aussi perdue dans le Warp, mais il y a bien moins longtemps (troisième guerre d’Armageddon), est en train de se faire aborder sans son consentement par une force de Sanctifiés, une bande de Space Marines deux fois renégats (ils ont trahi Pépé puis les Word Bearers). N’écoutant que son devoir et son statut de personnage principal, Mephiston emmène une escouade sur place remettre les pendules à l’heure, et apprendre aux chaoteux à aller squatter en terre sanguinienne. Au bout d’un affrontement à sens unique, les Sanctifiés sont envoyés ad patres, et l’unique occupant de l’Harrowing Faith secouru. Il s’agit du Réclusiarque Quirinus, présumé mort depuis sa disparition dans le Warp au retour d’Armageddon, et dont la foi est tellement forte qu’elle a empêché la frégate de tomber en morceaux pendant ses quelques années/décennies/siècles à dériver dans la mare des khanards. Quirinus était également un ami de Calistarius, l’Archiviste Blood Angels étant devenu/ayant été remplacé par Mephiston après avoir succombé à la Rage Noire sur Armageddon, et s’être pris une spire dans le buffet. Le Chapelain rescapé accueille donc la nouvelle identité de son ancien camarade avec méfiance, malgré les assurances répétées que « ce n’est pas une phase » des officiers présents.

Cette petite querelle devra cependant attendre car il reste un mystère à percer. Et ça tombe bien, Mephiston et Quirinus ont le même objectif : se rendre à la surface de Pallevon, dans la cité de Vekaira, où… ship will happen1. L’approche est compliquée par ces fripons de Sanctifiés, qui se sont apparemment rendus sur place pour la même raison que tout le monde, et s’amusent à tendre des embuscades, que Mephiston s’amuse à faire échouer, parfois en usant de ses pouvoirs de façon très limite (Quirinus en fronce des sourcils sous son casque, c’est dire). De toute façon, Vekaira est une ville désertée depuis des siècles, ce qui réduit d’autant le risque de pertes civiles – comme si les Blood Angels en avaient quelque chose à carrer, ceci dit. Les choses deviennent cependant plus sérieuses et plus complexes lorsque la 4ème Compagnie arrive au bord d’un amphithéâtre géant, doté de quelques caractéristiques intéressantes. Primo, il est vraiment très grand. Secundo, les niveaux supérieurs sont occupés par le campement de fortune de la population de la cité, qui semble n’être constituée que de parfaits demeurés. Tertio, au centre de l’amphithéâtre se dresse une tour qui semble avoir été construite par une autre civilisation que celle qui a bâti Vekaira. Quatro, la place qui entoure la tour est recouverte de Space Marines figés dans une battle royale de grande ampleur. Quinto (?), les Sanctifiés ont pris la tour et attendent de pied énergétique ferme les loyalistes.

Guidés par leur ferveur et leur QG imprenable au corps à corps, les Blood Angels ne mettent pas longtemps à bouter les faquins hors du périmètre convoité. La tour se révèle être faite d’armes agglomérées, ce qui est pas banal et presque certainement inspiré de Game of Thrones, et, plus intéressant, en son sein se dresse une statue époustofibolmiracubandayable de Sanguinius, représenté au moment où il a glissé sur une peau de banane chaotique sur le pont du Vengeful Spirit, pendant qu’Horus riait grassement en se tenant la bedaine. L’effet sur les Blood Angels est immédiat : ils se prosternent tous devant le chef d’œuvre et se répandent en prières, guidés par la voix de stentor de Quirinus, qui vit sa meilleure vie. Tous ? Non ! Ce pisse vinaigre de Mephiston se montre peu enthousiasmé par la statue, ce qui convainc le Chapelain que le Maître Archiviste n’est plus réellement un Blood Angel. Avant que les choses ne s’enveniment, Mephiston décide d’aller prendre l’air pour ne pas faire avaler son épée de force au cureton en furie. La marque des grands.

Sa petite balade lui permet de s’apercevoir que les Vekairans sont vraiment au-delà de toute rédemption (ils survivent depuis des siècles en se mangeant les uns les autres), et de se calmer les nerfs en en massacrant une bonne poignée. Cette dégénération terminale le conforte également dans sa suspicion envers la tour et la statue, dont la présence sur une planète corrompue jusqu’au trognon semble être trop belle pour être vraie. Ces savantes supputations sont cependant interrompues par l’attaque finale des Sanctifiés, dont le désavantage numérique et l’absence de blindés n’empêchent pas de foncer dans le tas avec une belle énergie. Suspectant un nouveau coup fourré, Mephiston déploie ses ailes pour aller inspecter les lignes arrières de l’ennemi, et débusque trois sorciers occupés à ritualiser quelque chose de pas très ecclésiastique. Malgré tous ses pouvoirs et sa bogossitude consommée, Mémé n’arrive pas à stopper l’incantation à temps, et cette dernière fait revenir à la vie les Space Marines en stase massés aux portes de la tour. Ces derniers étant tous des berzerkers écumants de rage, le rapport de force bascule tout d’un coup en défaveur des Blood Angels, et Mephiston tente alors le tout pour le tout : détruire la statue miraculeuse, en espérant que cela dissipera les énergies chaotiques à l’œuvre.

Bien évidemment, Quirinus n’est pas de cet avis, et après être passé à deux doigts de convaincre le Chapelain de voir la vérité en face, Mephiston opte pour la méthode mi-forte (il paralyse Quirinus sans le tuer/le faire exploser/lui faire bouillir le sang), et fracasse enfin l’offensante sculpture. Ce qui fait basculer Quirinus dans la Rage Noire, comme le véritable esthète qu’il est. Fin de la partie ? Non, arrivée du boss de fin…

Début spoiler…Qui n’est autre que ce (très très très) vieux Doombreed, envoyé par Khorne comme chasseur de tête pour enrôler le Seigneur de la Mort au service du Dieu du Sang. Pendant que Castigon et la 4ème Compagnie repoussent les nuées de Sanguinaires qui servent d’accompagnateurs au Prince Démon, l’Archiviste et son prétendant échangent des amabilités et des grosses tatanes au dessus du champ de bataille. Le combat est serré pendant les 10 pages réglementaires, puis Mephiston balance un Hadouken sanglant dans la tête de Doodoo, qui retourne prêcher la paix et l’amour dans l’Immaterium en conséquence. Bravo, phiston.

La bataille est enfin remportée pour de bon par les Blood Angels, réduits à peau de chagrin par les affrontements violents qui ont secoué Vekaira. La planète sera soumise à l’Exterminatus en punition de ses péchés, et on apprend en conclusion que ce rageux (haha) de Quirinus a décidé de ne pas lutter contre sa démence, alors qu’il avait la possibilité de devenir un Lemartes bis, car cela entrerait en conflit avec sa doctrine personnelle (la Rage Noire est ce qui fait un Blood Angels)2. À quand un organe qui supprimerait la mesquinerie en même temps que la peur chez les Space Marines ?Fin spoiler

1 : Plus exactement, les visions de Quirinus lui ont révélé l’existence d’une relique de Sanguinius, qu’il faut absolument récupérer. À peine plus original que la proposition de votre serviteur.
: Quirinus appairaitra brièvement dans ‘Lemartes : Guardian of the Lost’ du même Annandale, et connaîtra la fin d’un crapaud traversant une quatre voies.

AVIS:

Annadale conclut son cycle Mephistonesque commencé avec ‘Eclipse of Hope’ avec cette novella, que l’on ne peut que comparer à celle qu’il a consacré à une autre figure des colériques anonymes des Blood Angels, Lemartes. Et pour être honnête, je dois dire que ‘Mephiston : Lord of Death’ est bien plus abouti et plaisant à lire que sa contrepartie. Certes, il aurait été difficile de faire pire, mais Annandale semble avoir été inspiré par son personnage principal et cela se ressent clairement dans l’intrigue et dans le développement donné à Mephiston, qui derrière ses abords froids et sûrs de lui, est le premier à douter de sa véritable identité et de sa nature profonde. Cela change agréablement de « Je. Dois. Me. CONTRÔLEEEEEER. » Lemartes, que l’auteur n’a pas pris la peine de rendre intéressant ni (un minimum) profond. Il faut également reconnaître que Mephiston est beaucoup plus permissif en termes de potentiel narratif, puisqu’il peut utiliser ses pouvoirs psychiques pour régler tous ses problèmes, et qu’on attend de lui qu’il ne soit pas mesuré et circonspect quand il fait chauffer la coiffe. Je dois également donner à Annandale un bon point pour l’intégration du Chapelain Quirinus à son propos, car la philosophie fataliste de ce dernier (voir ci-dessus) donne un contrepoint intéressant au discours officiel des Blood Angels sur leur tare, que ce soit dans le fluff de leur Codex ou dans celui de la Black Library. Le choix de Quirinus de sombrer corps et âme dans la Rage Noire à la fin de la novella est une autre bonne trouvaille à mes yeux, car elle donne à l’histoire une conclusion un chouilla mélancolique que l’on trouve assez rarement dans les Space Marinades, et quasiment jamais chez David Annandale. Sans être un must read absolu, l’enchaînement ‘Eclipse of Hope’ et ‘Mephiston : Lord of Death’ se positionne comme l’une des toutes meilleures soumissions d’Annandale pour la BL, et mérite donc le détour si vous voulez juger du niveau maximum de notre homme (pour autant que je puisse en attester).

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Eclipse of Hope – D. Annandale :

INTRIGUE:

Eclipse of HopeAppelés à l’aide par la Garde de Fer de Mordia, elle-même sollicitée par les habitants de Supplicium Secundus en leur heure de besoin, les Blood Angels ont répondu en envoyant Mephiston et quelques potes dans le système en question. Les vampires énergétiques arrivent toutefois trop tard à la surface de la planète, et ne peuvent que constater que la totalité de sa population, ainsi que les braves Mordian débarqués pour faire le service d’ordre, se sont entre tués dans une orgie de massacre à faire se pâmer un héraut de Khorne. Mephiston trouve le spectacle de la plaine jonchée de cadavres jusqu’à l’horizon plutôt poétique, mais se garde bien de partager cette réflexion pas très Charlie avec ses sous fifres. Les questions que les Astartes et le lecteur se posent sont en partie résolues par l’arrivée de l’ultime survivant de cette battle royale planétaire, un Colonel Mordian complètement ravagé du bulbe, qui agresse violemment le brave Sergent Gamigin en grognant comme une bête enragée. Courtois mais un peu rude, le surhomme dans la pampa finit par tordre le cou au minus qui lui salit ses plates avec ses grosses mains pleines de doigts, mais semble récupérer le mal qui tourmentait son assaillant au passage, et commence à montrer des signes d’énervement qui n’augurent rien de bon venant d’un colosse génétiquement modifié et armé jusqu’aux canines. Heureusement, Mephiston est là pour faire un peu d’hypnose suggestive, ce qui permet à Gamigin de décompresser sans avoir tué personne (à part le Mordian bien sûr, mais il ne compte pas vraiment).

De retour sur leur vaisseau, les Blood Angels découvrent la flotte de secours des Mordians, complètement désertée et remplie de cadavres. Les puissantes capacités déductives de Mephiston ne mettent pas longtemps à soupçonner que les transports de troupe ont été victimes de la même rage irrépressible que celle qui a décimé Supplicium Secundus, et la réception d’un nouvel appel à l’aide, celui-là venant de Supplicum Tertius, située un peu plus loin dans le système, vient confirmer les craintes de Seigneur de la Mort. Le virus du VENER-40.000 circule encore dans la zone, et il est du devoir des Blood Angels d’en trouver la cause et la cure.

Parti dare dare vers la planète souffrante, dont les masses laborieuses commencent à s’entre-tuer avec méthode et enthousiasme, le croiseur d’attaque Crimson Exhortation manque d’être percuté en chemin par un vaisseau non identifié, ce qui ne peut pas être une coïncidence dans un milieu aussi espacé que… l’espace. Et en effet, le nouveau venu se révèle être l’Eclipse of Hope, ou plutôt son portrait robot dessiné par un enfant de 6 ans (comprendre que les proportions ne sont pas très bien respectées), une barge de bataille perdue par le Chapitre pendant la 5ème Croisade Noire. L’étude de la trajectoire du vaisseau fantôme ne laisse aucun doute à Mephiston : c’est bien la cause de la folie meurtrière qui a infecté Supplicum Secundus et Tertius, et il doit être détruit en conséquence. Plus facile à dire qu’à faire cependant, l’Eclipse encaissant sans problème et sans dégâts apparents un tir direct de canon nova. Comprenant que le Warp est à l’œuvre, Mephiston décide d’aller régler le problème à l’ancienne, B.A. style, c’est-à-dire en envoyant une poignée de vétérans purger l’épave de l’intérieur, comme cela a si bien réussi au Chapitre par le passé (remember Secoris ?). En plus de notre souriant héros et du Sergent Gamigin, résolu à prouver à l’univers combien il est cool, on retrouve un Chapelain, un Techmarine, un Prêtre Sanguinien et un Épistolier dans l’équipe des rouges. Tout ce petit monde aborde l’Eclipse, qui est une sorte de fantasme semi-solide, se nourrissant des souvenirs de ses hôtes pour prendre une forme concrète, et se dirige vers la salle de commandement du vaisseau, où se situe probablement le nœud du problème.

En chemin, la rage instillée par l’épave est gardée sous contrôle par les Blood Angels, qui ont tous pris un Lexomil dans leur lait fraise avant de partir en mission, mais la manifestation d’un petit groupe de Sanguinaires à proximité de l’objectif des Astartes force ces derniers à passer en mode agressif, avec des résultats mitigés, la sainte colère des meilleurs de l’Empereur provoquant le spawnage de plus en plus rapide de leurs adversaires. Il revient à Mephiston, comme le héros qu’il est, de prendre les choses en main et de remettre ses compagnons sur la bonne route. Ses pouvoirs psychiques lui ayant permis de déterminer que la source du problème se trouvait dans le Librarium, et non sur le pont, il convoque un bouclier d’apathie, ou quelque chose comme ça, permettant à ses gardes du corps de s’extirper de la mêlée et de progresser jusqu’à la bibliothèque de l’Eclipse, où la messe devra être dite…

Début spoiler…Laissant les normies monter la garde devant la porte, Mephiston et l’Epistolier Stolas pénètrent dans le saint des saints, où se trouvent des bouquins démoniaques de fort belle taille, une carte du système de Pallevon, ainsi qu’une statue de Mephiston zieutant un des grimoires de façon insistante. Le signal est clair, et bien que le Seigneur de la Mort ait la discipline nécessaire pour s’arracher de la contemplation de l’ouvrage maudit, une fois les premières pages parcourues, Stolas se fait corrompre comme un bleu entre le sommaire et la préface. Il brûlera donc avec le reste du Librarium, purifié de manière définitive par un Mephiston qui ne transige pas avec ses principes. L’Eclipse dûment désinfecté de sa peste warpique, et la situation revenue sous contrôle sur Supplicium Tertius, Mephiston est libre de poursuivre sa quête de réponses en direction de Pallevon, où l’attend un autre revenant du Chapitre…Fin spoiler

AVIS :

Avant que Darius Hinks ne reprenne en main la carrière littéraire de Mephiston, c’était David Annandale qui avait la charge du Seigneur de la Mort, auquel il a consacré cette nouvelle et le roman ‘Lord of Death’. Ces deux histoires s’inscrivent dans le même arc narratif, ‘Eclipse of Hope’ faisant office de prologue à ‘Lord of Death’, et accomplissant bien cette fonction, donnant envie au lecteur de connaître la suite des aventures du grand blond avec une humeur noire. Je dois également reconnaître avoir été agréablement surpris par le style déployé par Annandale dans sa narration, d’un niveau nettement supérieur à sa propre moyenne. Cela contribue grandement au caractère digeste d’une nouvelle qui ne serait sans cela rien d’autre qu’une énième Space Marinade. Une des soumissions les plus abouties d’Annandale hors de son créneau horrifique de prédilection, et donc à lire de préférence aux (nombreux) autres textes moins convaincants signés par cet auteur.

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Heart of Rage – J. Swallow :

INTRIGUE:

Heart of RageMis au service d’un Magos de l’Adeptus Mechanicus (Epja Xeren) aussi aimable qu’une porte de prison par cet animal politique de Dante, le Codicier Garas Nord et ses camarades Blood Angels (le Sergent Kale et les frères Dane, Corae et Serun) découvrent avec stupeur et tremblements que le plan de leur patron par procuration est d’aborder un vaisseau ruche tyranide plongé en hibernation. La fine équipe devra retrouver la trace, ou la dépouille mortelle, d’un larbin de Xeren, l’Adepte Indus, qui était en charge de la précédente tentative d’exploration du bio vaisseau. Le croirez-vous, mais cette dernière s’est terminée par une disparition pure et simple des vaillants et imprudents scientifiques, ce qui ne présage rien de bon pour les Space Marines qui passeront après eux. Les ordres sont toutefois les ordres, et même si ce briefing pourri est encore assombri par la sensation diffuse de Nord qu’une présence psychique indistincte flotte autour de l’épave Xenos, les Blood Angels se mettent à pied d’œuvre sans rechigner.

Une fois sur place, et passé le premier accrochage réglementaire avec les formes de vie les plus caféinées du vaisseau (un trio de Lictors rapidement expédiés par les meilleurs de l’Empereur), nos héros ont la gentillesse de se séparer en deux groupes « pour couvrir plus de terrain », selon les conseils avisés de Xeren, qui se fait sans doute facturer à la minute les services de ses gros copains rageux. Dans le premier groupe, le Sergent Kale et Nord. Dans le second, les trois grouillots de service. Saurez vous deviner qui rencontre une mort rapide et horrible (piétinés à mort par une horde de Termagaunts déchaînés) à peu près 38 secondes après cette séparation ? Un indice ? L’indice de masse corporelle. Voilà voilà. Swallow s’étant débarrassé de la moitié de son casting en un paragraphe, il peut se concentrer sur ses vrais protagonistes, qui progressent lentement dans le dédale du bio vaisseau, mais ne rencontrent pas grand-chose de menaçant mis à part les attaques psychiques répétées dont est victime Nord. Au danger vient se mêler le mystère car l’Archiviste en souffrance est convaincu que ce qui le tourmente n’est qu’en partie tyranide. Décidé à tirer cette sombre affaire au clair, le duo magique laisse tomber la recherche d’Indus et part en direction du cœur de la structure Xenos, où Nord a détecté l’origine de ses tourments…

Début spoiler…Cette side quest impromptue permet toutefois à nos héros de faire d’une bière deux clous, car le Prince tyranide qui les attend dans sa suite… euh… princière a fusionné tentaculairement/a tiré un câble bio-jack avec Indus. Qui était un Psyker1. BAMBOOZLED AGAIN. Le récent hybride explique à ses hôtes qu’il a choisi de se brancher sur l’esprit de la ruche pour puiser dans les connaissances illimitées de cette dernière, ce que ce jaloux de Xeren (qui était là aussi) n’a pas supporté. D’où l’envoi d’une escouade de Space Marines pour neutraliser le hacker de bugs (tout un symbole), et reprendre possession du bio-vaisseau une fois l’incident résolu. L’espèce marine en question n’est pas très jouasse des cachotteries de son commanditaire, mais cela passe après l’extermination en règle de l’assemblage psycho-mécanico-xeno-humanoïde qui lui/leur fait face. Indus a beau proposer à Nord une place douillette au sein de l’essaim, l’Archiviste refuse avec noblesse de trahir ses vœux. En conséquence, le renégat balance un hurlement de seum tellement violent qu’il fait basculer Kage dans la Rage Noire, et force Nord à planter sa lame de combat dans le cœur principal du Sergent pour le calmer un peu. Comprenant que la situation le dépasse, le dernier Blood Angel vaillant utilise une bombe à fumée mentale pour dissimuler sa fuite, et repart avec Kage sur le dos en direction de la navette des impériaux.

Il ne s’agit toutefois que d’une retraite stratégique : après avoir renvoyé son officier (qui se réveille un peu confus mais tout à fait calme) se faire soigner à l’infirmerie, et surtout bourrer le mou à Xerox pour lui apprendre faire de la rétention d’informations, Nord repart bravement à l’attaque, et malgré un rapport de force très défavorable, parvient à se rapprocher suffisamment d’Indus pour lui sortir le grand classique de l’attaque suicide à la bombe, ici un détonateur à fusion (si Swallow l’écrit, c’est que ça existe qu’il trouvait ça cool) qu’il avait pioché dans la boîte à gant à un moment quelconque plus tôt dans la nouvelle. Bilan des courses : une menace tyranide écartée, un Magos indélicat mis à la casse, et un Blood Angel mort avant de sombrer dans la Rage Noire. Victoire totale pour l’Imperium.Fin spoiler

1 : Je ne suis pas particulièrement au fait du background de cette faction, mais est-ce possible qu’un membre de l’Adeptus Mechanicus soit doté de pouvoirs psychiques ?  

AVIS:

James Swallow nous livre avec ‘Heart of Rage’ sa version de ‘In the Belly of the Beast’ (William King), « classique » de la Black Library et première nouvelle à avoir mis en scène une escouade de Space Marines explorant un bio-vaisseau tyranide au sommeil (très) léger. Si on peut reconnaître au reboot une meilleure contextualisation des raisons qui ont poussé les Blood Angels à entreprendre une mission qui puait à des années lumières à la ronde sur le papier, au lieu de faire exploser le vaisseau de loin comme tout être intelligent l’aurait fait, et savoir gré à Swallow d’avoir voulu (plutôt que réussi) offrir au lecteur un peu de surprise dans le dernier tiers de son récit par la révélation de la destinée d’Indus, l’original reste à mes yeux supérieur sur le plan de la tension narrative et de l’atmosphère proprement grimdark qui s’en exsude. La manière dont Swallow évacue trois personnages en une seule péripétie alors que King a pris le soin de les faire disparaître un par un en dit ainsi long sur les différences d’approche de ces deux auteurs. Chacun est libre de choisir lequel et laquelle il préfère, et dans mon cas, c’est encore une fois James Swallow qui se fait griller la politesse. Un autre grand classique de la BL, ça.

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Crimson Night – J. Swallow :

INTRIGUE:

Crimson NightDéployé sur le monde désertique de Merron avec le reste de la 3ème Compagnie des Doom Eagles, le Sergent Tarikus se retrouve au cœur d’un imbroglio diplomatique entre les nouveaux arrivants et ceux dont ils viennent prendre la place : la 4ème Compagnie des tristement célèbres Flesh Tearers du Capitaine Gorn. En plus des vieilles rancœurs opposant les deux Chapitres, qui ont servi ensemble sur un théâtre d’opérations où la sauvagerie des Flesh Tearers attira l’attention de l’Inquisition, le comportement suspect de la population locale en présence des Astartes, relevant davantage de la terreur abjecte que de la déférence habituelle, fait bientôt suspecter au sagace Tarikus que Merron dissimule un lourd secret. Chargé par son supérieur, le Capitaine Consultus, de tirer discrètement les choses au clair avant que les descendants de Sanguinius ne quittent les lieux, notre héros ne met pas longtemps à trouver un cadavre exsangue, et portant un éclat de céramite pourpre dans la blessure causée par la paille en fer qui l’a vidé de son sang (c’est pas moi qui le dit, c’est Swallow). Voilà qui fait deux solides indices incriminant les Flesh Tearers, dont la sanguinaire réputation n’est plus à faire, même chez les pragmatiques et formels (ils adorent faire des rapports) Doom Eagles. Ce n’est toutefois pas assez pour convaincre le consensuel Consultus de déclencher un incident diplomatique, et Tarikus et ses hommes en sont quitte pour se remettre en chasse de preuves indubitables de la responsabilité de leurs collègues dans les disparitions qui frappent les Merrons depuis plusieurs mois.

Leurs investigations les mènent dans les égouts de la capitale, où après un accrochage avec des rats laissant deux de ses hommes gravement blessés (dont un par un tir de bolter d’un de ses camarades… c’est pas moi qui le dit, C’EST SWALLOW), Tarikus doit continuer la mission seul et sans armure, le conduit menant jusqu’à la zone ayant affolé l’auspex de l’escouade étant trop étroit pour ses épaulières surdimensionnées. Ce n’est toutefois pas ça qui arrête notre farouche héros1, qui finit par arriver dans une salle remplie de cages où les prisonniers du croquemitaine local sont parqués, comme autant de packs de bière dans un frigo. Le Raide (le nom donné par les Merrons à leur Némésis) ne l’entend cependant pas de cette oreille, et se rue sur le Sergent naturiste dès que ce dernier pose l’orteil dans son repaire. Si les suspicions de Tarikus se révèlent exactes, ce n’est pas son slip de céramite qui va lui permettre de sortir victorieux de ce combat…

Début spoiler 1…Mais heureusement pour Tarik, il ne fait pas face à un Flesh Tearers consumé par la Rage Noire, mais à un cosplayeur chaotique, dont la fausse armure énergétique se fait rapidement enfoncer par les mandales sur vitaminées du meilleur de l’Empereur (ce qui ne l’empêche pas de se faire désarmer en deux secondes au début du combat, pour garder un peu de suspens je gage). Il s’agissait d’une manigance d’Axel Raide pour faire porter le chapeau aux Flesh Tearers, parce que… voilà2, et une fois le faquin mis hors d’état de nuire, l’ordre peut à nouveau régner sur Merron, et les Fleshy Bois partir en paix, lavés de tout soupçon.

Début spoiler 2…Ou pas tout à fait en fait, car quelques cadavres retrouvés après leur départ arborent des plaies incompatibles avec le mode opératoire du Raide, faisant repasser les Flesh Tearers sur la liste des suspects. Mais après tout, qu’est-ce qui nous prouve qu’un Chapitre s’appellant les déchireurs de chair soit d’une quelconque façon impliqué dans des meurtres où les victimes ont été déchiquetées par des mâchoires humaines, hein? Absolument rien, bien sûr.Fin spoiler

1 : Qui s’étale tout de même de tout son long dans la m*rde au passage. Une péripétie peu glorieuse, mais que Swallow a décidé non seulement d’inclure dans son récit, mais également de placer au tout début de la nouvelle, en guise d’introduction au personnage héroïque qu’est le Sergent Tarikus. En guise de consolation pour ce dernier, Swallow semble prendre un malin plaisir à envoyer au sol les Doom Eagles qu’il met en scène, comme ‘Relics’ le montre.
2 : Sans rire, Swallow n’explique ni comment un seul psychopathe épais comme une bicyclette est arrivé à faire des dizaines de victimes dans une ville gardée par des Space Marines, ni d’où il vient, ni à quoi lui servait d’incriminer les Flesh Tearers.

AVIS :

James Swallow commence (je crois) sa période Doom Eagles avec ce ‘Crimson Night’, qui lui donne l’occasion de mettre à nouveau en scène des descendants de Sanguinius, après s’être fait les canines sur les Blood Angels (‘Deus Encarmine’ étant sorti en 2004). Fidèle à sa réputation de jaggernaut littéraire, cherchant à dérouler son intrigue sans guère de considération pour des détails tels que la cohérence, la vraisemblance ou le ridicule patenté dans lequel son approche bourrine fait sombrer ses personnages à intervalles réguliers, Swallow accouche au forceps d’une nouvelle concluant sUbTiLeMeNt que les Flesh Tearers ne sont pas forcément les coupables de tous les meurtres sordides s’étant déroulés à proximité de leurs baraquements. L’idée a beau être intéressante, sa mise en pratique est si balourde que seule la publication de ‘Crimson Night’ dans un recueil officiel de la Black Library empêche de considérer ce court format comme une parodie du genre.

Swallow s’illustre particulièrement en ne prenant même pas la peine de rester cohérent avec ce qu’il a écrit passé les trois lignes précédentes, ce qui révèle soit sa grande audace, soit sa grande fainéantise (je penche pour la seconde option). En plus de l’absence de contextualisation de l’identité du tueur, décrite plus haut, on a également le droit à un échange lunaire entre Consultus et Gorn. Le premier demande au second de lui faire un rapport sur les crimes rapportés par la population locale avant de partir. Gorn accepte, et charge le Sergent Noxx (qui est aussi dans la pièce) de faire le sale boulot à sa place… et les deux s’en vont, sans plus d’explication1. Vous l’aurez compris, ‘Crimson Night’ ne dépeint pas les Doom Eagles et les Flesh Tearers sous leur meilleur jour, et je conseille aux lecteurs qui voudraient explorer le riche background de ces Chapitres de façon moins risible de se tourner vers d’autres auteurs.

1 : Et Swallow ne revient à aucun moment sur cet échange, pour faire comprendre au lecteur que le briefing a bien eu lieu, mais « hors champ ». C’est comme si le dialogue n’avait pas eu lieu.

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The Fury – J. Swallow :

INTRIGUE:

The FuryUne bataille comme les Blood Angels en ont mené des millions d’autres, à fracasser du cultiste du Chaos mal équipé, mal formé et malformé, dans la joie et la bonne humeur. Le personnage principal (Pépé) à une épée qui fait « Waaaaaah » et « Nieeeeeeeeuuuuuuh » (en tout cas, elle hurle). Il a aussi un frérot répondant au nom de Celcinan, qui a très visiblement perdu son combat personnel contre la Soif Rouge et/ou la Rage Noire, comme son absence de casque « pour des raisons logiques » l’indique très clairement.

Celcinan s’amuse comme un fou, et c’est normal car il est, jusqu’au moment où un tir de canon laser lui applique un piercing thoracique d’un diamètre incompatible avec la continuation de son existence. Il tombe au ralenti, et sa dernière action est de jeter un regard rangouleux à Pépé… ce qui lui inocule la HAINE. La vache, que ce truc est contagieux. Pépé se rue donc sur le fâcheux qui a osé se défendre contre un Blood Angel en rut, et le met en pièce d’une manière pas très Codex Approved. La nouvelle le texte se termine sur ce suspens insoutenable et insoutenu (hommage à Daniel Baal Avoine, un Maître de Chapitre de M33) : la bataille extérieure – contre les cultistes – sera remportée sans doute possible, mais qu’en sera-t-il de la bataille intérieure – contre cette coquine d’adrénaline – hein ? Je vous le demande. Ne dîtez rien ceci dit : je me fous de la réponse.

AVIS:

À ce stade de ma lecture de l’anthologie ‘Sons of Sanguinius’, dans laquelle ‘The Fury’ figure dans les toutes dernières pages, lire quatre pages sur les dangers du Fléau qui affecte les Blood Angels pendant les combats m’a semblé totalement superflu. Ca aurait été aussi le cas si cet échantillon littéraire avait été mis en ouverture du tome ceci dit. Bref, aucune espèce d’intérêt à moins que ce ne soit votre toute première rencontre avec ce Chapitre, auquel cas je peux vous dire sans trembler ni rougir que vous n’êtes pas vraiment chanceux. J’espère au moins que vous n’avez pas payé cet amuse-gueule au prix fort (3,49€) : si c’est le cas, celui qui devrait lutter pour réfréner sa colère, c’est plutôt vous.

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Honours – J. Swallow :

INTRIGUE:

HonoursLe Capitaine de la 1ère Compagnie des Blood Angels nous fait l’honneur d’expliquer comment il a gagné ses cicatrices, armes et emblèmes au cours de sa longue carrière. Il perdit un œil dans sa jeunesse, après avoir cru pouvoir se débarrasser en solo d’un Psyker finalement plus coriace que prévu. Son Maître de Chapitre lui remit l’épée énergétique Challenger après qu’il eut gagné un tournoi de tennis, et il l’utilisa pour bannir le Prince Démon de Tzeentch Sethselameth. Après être venu au secours d’une poignée d’Imperial Fists piégés pendant deux cents ans dans le siège d’une station spatiale (le rêve absolu pour eux), les fils de Dorn lui firent cadeau d’un bolter jaune poussin. Enfin, la gemme bleue ornant l’aquila de son plastron lui est revenue après des années de bons et loyaux services1.

On apprend pour terminer que le Capichef est en fait mort au combat, tout son stuff légendaire n’ayant pas fait le poids face à une horde de peaux vertes motivés à faire du vilain sur le monde ruche de Levion Gamma. Ce sont les risques du métier.

1 : Swallow ne devait plus avoir d’idées à ce moment là de l’écriture.

AVIS:

Swallow tire le maximum du format compliqué du 1.000 mots en troussant en décrivant par ses faits d’armes notables (avec un peu de fluff dedans, c’est appréciable) d’un héros méconnu du Chapitre des Blood Angels, ce qui est tout de même plus sympa à lire qu’une micro-baston entre deux tondus et trois pelés. Il y a même un micro-twist à la fin, attention appréciable de la part de l’auteur. Toujours trop cher pour ce que c’est, mais il y a bien pire que cet ‘Honours’, soyez-en certains.

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The Chalice – C. Wraight :

INTRIGUE:

The ChaliceOù l’on suit en parallèle le travail d’orfèvre d’un Prêtre Sanguinien restaurant un Calice de Sang micromètre par micromètre afin de lui rendre son éclat originel, et l’attaque désespérée du Capitaine de la 8ème Compagnie des Blood Angels, Laurentis, et de son escouade de Space Marines d’Assaut, sur une tour de la planète d’Arantia, gardée par un ost de Démons n’acceptant plus les visiteurs.

Après de durs combats, au cours desquels tous ses hommes sont tués et lui-même gravement blessé, Laurentis parvient à récupérer le rubis qui ornait la face du Graal sur lequel le Prêtre Sanguinien travaille, et à le ramener sur Baal. Tout ça pour ça vous me direz (et Laurentis avec vous) ? Eh bien oui réponds-je, et le Prêtre Sanguinien avec moi, car c’est dans la nature des Blood Angels de mettre la beauté et sa recherche (parfois suicidaire) parmi leurs vertus cardinales. « L’art pour l’art, bande de gros lards », comme l’a dit lui-même Sanguinius (à Guilliman et Perturabo) pendant la Grande Croisade.

AVIS:

Chris Wraight choisit de mettre en avant un aspect central de la culture des Blood Angels, mais assez peu représenté dans les œuvres de la Black Library1 : leur amour immodéré pour l’art, l’artisanat et l’esthétique en général, et de montrer jusqu’à quel point les fils de Sanguinius sont prêts à aller pour assouvir leur soif de beauté et d’harmonie (très, très loin). Ces prémisses sont intéressantes, et l’exécution de Wraight sur un format aussi court est satisfaisante, ce qui fait de ‘The Chalice’ une lecture honnête pour les trois minutes qu’elle prend – beaucoup moins pour les 3,49€ qu’elle coûte.

1 : Je pense à ‘Better Angels’ d’Ian St. Martin, et c’est à peu près tout.

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The Blooding – R. Harrison :

INTRIGUE:

The BloodingLe Blood Angel Helias a été chargé par son Capitaine, Aphael1, de faire la peau à un Space Marine du Chaos qui faisait des dingueries dans une cathédrale profanée. Ce travail simple dans l’esprit, mais difficile dans l’exécution, met notre héros à rude épreuve, car il bascule tête la première, dents en avant et menton pointé dans la râââââge pendant son combat contre le renégat.

L’expérience le plonge dans une série de visions illustrant tout ce qu’il risque d’arriver de pas glop à sa précieuse personne (comme sombrer métaphoriquement dans des sables mouvants pendant qu’Aphael fait des pâtés en arrière-plan), aux péquins moyens qui auraient le malheur de croiser sa route et, plus grave, au Chapitre, s’il ne parvient pas à se maîtriser. Ce micro-coma se termine avec un entretien avec super vampire (Sanguinius en personne), qui se montre dubitatif de la technique développée par ses fistons pour combattre le Fléau. Baptisée l’initiation2, cette pratique consiste à boire le sang de l’ennemi en un acte de catharsis, et ainsi pouvoir me se contrôler en bonne société. Sangui’ n’est pas convaincu, mais après dix millénaires de traitements infructueux, il est prêt à tenter des thérapies expérimentales, et donne donc son pseudo feu vert à Helias pour picoler un bon coup.

Lorsque ce dernier revient enfin à lui, il se rend compte qu’il a saigné comme un goret son adversaire chaotique (ce qui ne doit pas être très bon en termes d’apports nutritifs), et bien qu’il soit maître des ses actions lorsqu’Aphael vient s’enquérir de la situation, il commence à douter de l’efficacité du remède de grand-père qu’on lui a prescrit jusqu’ici. Mais il vaut mieux un buvard qu’une bavure, comme on dit sur Baal.

1 : Head-cannon : les Capitaines des Blood Angels s’appellent tous Raphael, mais leur nom est raccourci d’une lettre au fur et à mesure que le numéro de la Compagnie augmente.
2 : Blooding en V.O., il y a évidemment un jeu de mot avec blood dans le terme employé, mais il est difficile de lui rendre justice.

AVIS:

Rachel Harrisson, qui signait à l’époque Ray, a fait ses débuts au sein de la Black Library avec cette petite histoire très classique de Blood Angels pas aussi maître de leurs pulsions qu’ils semblaient le penser. Le sujet est éculé, mais l’exécution, sous forme de petites vignettes assez cinégéniques dans leur mise en scène, convenable. Elle a fait beaucoup plus ambitieux, original et intéressant depuis, mais n’a pas à rougir de cette œuvre de jeunesse, qui reste tout à fait lisible aujourd’hui (même si, encore une fois, beaucoup trop chère pour ses quatre pages).

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Honour & Wrath – D. Annandale :

INTRIGUE:

Par une belle nuit étoilée, un grand père (Kelaus Uhle) et son petit-fils (Harn) devisent à l’extérieur de la cathédrale de Laudamus. Papy a un peu froid, mais tient à partager avec son descendant ses souvenirs de l’invasion de la planète par le Flawless Host, quand il était tout gamin. S’étant rendus rapidement maîtres de Laudamus, les Space Marines renégats corrompirent la population locale et persécutèrent ceux qui choisirent de rester fidèles au culte impérial, forçant le jeune Kelaus Uhle et ses parents à se réfugier dans les égouts et la clandestinité pour survivre aux purges incessantes.

La situation se renversa brutalement lorsque les Blood Angels débarquèrent et sifflèrent la fin de la partie : peu soucieux d’épargner la population civile dans leur campagne punitive, les fils de Sanguinius rasèrent une bonne partie de la cité dans laquelle se déroula la bataille finale contre les chaotiques, faisant des centaines de milliers de morts parmi les Laudamusiens. Caché dans les décombres, Kelaus Uhle vit ce bon vieux Sergent Gamigin (un second couteau/épée tronçonneuse habitués des récits de David Annandale) faire la peau à deux Astartes félons, d’une manière pas tellement PEGI 16, lui inspirant un respect mâtiné de terreur envers les libérateurs de sa planète. C’est le message qu’il souhaite faire passer à son petit-fils, qui l’écoute religieusement : nul ne défie impunément les Blood Angels…

Début spoiler…Et c’est une leçon que Harn, qui est en fait un cultiste (plutôt chill il faut reconnaître, même s’il a planté un couteau dans le bedon de son pépé juste avant que l’histoire ne commence) rallié au Flawless Ost (revenus faire du vilain), ferait bien de méditer. Car les Blood Angels sont également à nouveau de retour sur Laudamus, prêts à refaire le match contre leurs adversaires hérétiques. La facture risque à nouveau d’être salée…Fin spoiler

AVIS:

Un format aussi réduit que le 1.000 mots force logiquement à faire des choix, et celui d’Annandale a été de privilégier la mise en scène d’un twist final, ma foi fort correct (il y a même un frisson de Tchekhov en introduction) à sa petite histoire familiale. Zéro fluff, deux personnages à peine ébauchés, un chouilla d’action : le reste de ‘Honour and Wrath’ ne paie pas de mine, mais je peux respecter l’approche de David Annandale sur ce micro-récit, vendu comme tout le reste de la gamme trois fois et demi trop cher.

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Eternal – D. Abnett :

INTRIGUE:

Le Capitaine Froer du 16ème Régiment de Betal est bloqué dans son avance par une créature aux grognements et au caractère de cochon, et qui prend un malin plaisir à boulotter ses hommes lorsqu’ils s’approchent un peu trop près de la mare où elle a élu domicile. Rejoint par Gammarael, un Blood Angel élève de Mkoll (il est capable de marcher sans piétiner les petites fleurs sur le chemin, et déteste faire la conversation), l’officier est témoin d’une lutte sans merci entre le demi-dieu de Baal et… une guenaude aquatique ? Bien évidemment, ce sont les gentils impériaux qui gagnent à la fin et prennent possession du pédiluve pour la plus grande gloire de l’Empereur, mais cet accrochage a donné soif au farouche Gammarel. Plutôt que de se décapsuler un petit Garde pour la route, ou sucer un caillou pour faire passer l’envie, Gam’ rouge pique une tête au fond du bassin, laissant le brave Froer perplexe, mais vivant. Il ne connaît pas sa chance…

AVIS:

Du Abnett correct sur la forme, mais très paresseux/peu inspiré sur le fond : j’attendais de voir ce que l’une des meilleures plumes de la BL serait capable de produire sous le format 1.000 mots, et la déception est grande. Quand même Annandale et Swallow te passent devant au classement, c’est qu’il y avait moyen de faire mieux. Ou alors le sens caché de cet ‘Eternal’ (pourquoi ce titre d’ailleurs) m’est passé totalement au dessus la tête, du fait de ma méconnaissance approfondie du Daniverse. En tous cas, l’un de nous (la nouvelle ou moi) is not worthy de l’autre…

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The Sanguinor: Exemplar of the Host – J. Swallow :

INTRIGUE:

Sur la planète de Skylos, un petit groupe de Blood Angels livre une guerre d’attrition perdue d’avance contre une horde de Tyranides. Alors que la fin/faim (ça dépend de quel bord on est) approche, une dispute d’ordre théologique éclate entre les survivants. En cause, la croyance du Scout Endemor en la véracité du mythe du Sanguinor, alors que le Sergent Vétéran Ganon considère qu’il s’agit d’un conte pour novices influençables. Sentant grâce à ses pouvoirs mystiques que l’on dit de la m*rde sur lui, Mr Bling Bling apparaît comme par magie pour inspirer ses frères/fils (ça dépend de quelle version on considère), juste au moment où les Tyranides se lancent à l’attaque de l’irréductible cratère gaulois. Galvanisés, même ce vieux reac’ de Ganon1, par l’exemplaire Exemplar qui leur a fait l’honneur de sa venue, les Blood Angels massacrent les Xenos malgré un rapport de force très défavorable, et remportent la bataille qui fait basculer le cours de la guerre pour Skylos. La morale de l’histoire est sans doute qu’il ne faut jamais cesser de croire au Père Noël : après tout avec un nom comme le sien, il y a de grandes chances qu’il soit lui aussi un descendant de Sanguinius…

1 : Qui sera toutefois le seul Space Marine à ne pas survivre à la bataille. Coïncidence ? I think not. Faut pas bitcher sur le Sanguinor.

AVIS:

1.000 mots avec un Sanguinor faisant exactement ce qu’on attend de lui dedans. Aucune sorte d’intérêt je dois dire, à moins d’être un amateur acharné du personnage (le Sanguinor ou Swallow, les deux fonctionnent), et avoir 3,49€ à claquer pour ce contenu ni décevant (je ne m’attendais à rien je dois dire) ni surprenant. Vous voilà prévenus.

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Dante: Lord of the Host – J. Swallow :

INTRIGUE:

Skylos à nouveau1, mais cette fois vue d’orbite. Les perturbations atmosphériques ayant piégé les Blood Angels et les Tyranides à la surface de la planète étaient en fait causées par les machinations d’une cabale de chronomanciens de Tzeentch, pour des raisons n’appartenant qu’à eux. Pas de chance pour les horlogers chaotiques, Dante passait par là et décide de partir à l’assaut de l’œuf de Fabergé géant qui leur sert d’atelier, boutique et repaire.

Après s’être frayé un chemin dans les allées cryptiques et peuplées de démonstres (dur de dire, franchement), le vénérable Maître de Chapitre parvient enfin à parler à un manager, sorcier du Chaos ne ressemblant positivement à rien, et un peu trop sûr de lui pour un antagoniste lambda confronté à un personnage nommé. Grâce à ses pouvoirs impies, le maître des horloges plonge Old D (but goldy) dans une confusion sénile, certes débilitante, mais toutefois passagère. Dante a en effet trop de bouteille et de foi pour se laisser abuser par les faux souvenirs démoralisants que son adversaire souhaite lui faire revivre, et, prenant sa hache Mortalis bien en main, il décapite l’impudent jeunot, non sans lui avoir avant, chose suffisamment rare pour être soulignée, montré ses face. Et pour couronner le tout, il termine la nouvelle sur un one liner digne des Experts Miami. Tout simplement lé-gen-daire.

1 : Planète déjà visitée en speed par les Blood Angels dans ‘The Sanguinor: Exemplar of the Host’, du même auteur.

AVIS:

Micro-nouvelle assez divertissante par son n’importe nawakisme (je ne sais pas qui était le prof de physique du jeune Swallow, mais iel a fait du sale boulot), ‘Dante : Lord of the Host’ aurait pu être intéressant (un peu plus en tout cas) si l’auteur avait pris soin de relier cette histoire à sa micro-jumelle1, et/ou de développer un peu les passages de la loooooooongue vie de son héros qui défilent pendant quelques secondes devant ses yeux et ceux du lecteur2. Au lieu de ça, Swallow clichetonne et nanarde comme un beau diable, ce qui n’est pas le pire des aspects, il faut bien le reconnaître. Comme toujours beaucoup trop cher, même en prenant en compte le capital sympathie de ces quelques pages.

1 : Ce qui n’est pas le cas mis à part la mention lapidaire des Blood Angels coincés sur Skylos. Cette planète ne semble d’ailleurs apparaître nulle part ailleurs dans le corpus de la Black Library.
2 : À la place, on a seulement du déjà connu ou du pas intéressant car pas assez détaillé.

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Et nous voilà enfin au bout de cette critique de ‘Sons of Sanguinius‘, the graal that kept bleeding content comme on dit sur Baal (peut-être). Pour ceux qui n’ont pas eu la patience de lire le détail des retours sur les 29 (!) histoires distinctes qui forment cette anthologie et/ou qui voudraient avoir un avis final sur le bouzin, voici quatre points majeurs retenus par votre serviteur – qui a ce stade peut aussi être qualifié de Serviteur – à propos de ce recueil.

Premièrement, et en dépit de son rapport quantité-prix impeccable (comme établi en introduction), ‘Sons of Sanguinius‘ a une qualité intrinsèque assez faible, beaucoup de histoires mises au sommaire de l’anthologie variant du médiocre au moyen. Mention spéciale ici au ‘Lemartes: Guardian of the Lost‘ de David Annandale, qui est littéralement pire que tout. L’habitué de la BL ne sera pas surpris de ce jugement sévère, vu les noms des auteurs ayant contribué à cette anthologie, qui ne font pas partie des tous meilleurs éléments de la maison d’édition de Nottingham. Mises à part quelques fulgurances de la part de Thorpe et du même Annandale, le contenu de ‘Sons…‘ s’avère aussi peu inspiré que prévu, et pour un bouquin de près de 1.000 pages, c’est rédhibitoire.

Deuxièmement, je dois dire que j’ai apprécié l’idée des éditeurs de varier les formats et les longueurs (et cela sans avoir lu le roman, qui plus est), ce qui n’arrive que rarement dans les recueils de la BL. Cela aurait été encore plus appréciable si cette variété avait été utilisée à plein potentiel, pour offrir une expérience de lecture réellement inédite en alternant micro-récits et nouvelles et novellas plus posées, par exemple. Au lieu de ça, on a l’impression que les 1.000 mots ont été rajoutés pour booster le nombre de contributeurs et d’histoires à mettre au sommaire… et c’est tout. Pour être honnête, c’est sans doute le cas, mais même si ce format m’a toujours semblé une arnaque dans la manière dont il est traité par la Black Library, je considère qu’il n’est pas intrinsèquement mauvais et aurait pu apporter quelque chose de plus qu’une poignée de pages et de noms supplémentaires à cette anthologie. À la place, ils sont relégués en fin de volume, et sont donc parcourus par le lecteur au moment où la bienveillance de ce dernier pour l’ouvrage est à son niveau le plus bas. Pas les meilleures conditions pour briller.

Troisièmement, et je dois le souligner de manière explicite, très stupidement, le sommaire de ‘Sons…‘ a été construit de manière absolument terrible. Passe encore de mettre les 1.000 mots en vrac à la fin, alors que certains sont centrés sur des personnages qui apparaissent bien plus tôt dans l’anthologie (Dante par exemple) : c’est à mon sens peu malin mais cela reste du nice to have (ou nice to be had). Par contre, il faut un certain niveau de génie pervers ou d’incompétence primaire pour mélanger l’ordre logique d’histoire prenant place les unes après les autres. On a ainsi ‘Flesh of Cretacia‘ qui aurait du suivre ‘Sons of Wrath‘, ‘Eclipse of Hope‘ qui aurait du précéder ‘Mephiston: Lord of Death‘, et en bonus, ‘Lemartes: Guardian of the Lost’ qui aurait dû être placé derrière le diptyque consacré à Mephiston. Pour moi, il s’agit d’une des tâches premières d’un éditeur digne de ce nom, et il a été glorieusement sabordé par quiconque a tenu ce rôle dans la réalisation de cette anthologie. Son nom n’apparaît d’ailleurs pas dans le livre : il reste possible que ‘Sons…‘ ait été mis en forme de manière automatique, sans prise en compte de son contenu. Ca ne m’étonnerait même pas de la part de la BL.

Quatrièmement et pour terminer, je regrette que cette anthologie ne couvre pas les événements notables du background les plus récents, depuis la défense de Baal contre les Tyranides (brièvement évoquée dans ‘A Son’s Burden‘, mais point de ‘The Devastation of Baal’, qui est la suite logique) jusqu’à l’arrivée des Space Marines Primaris. Je sais que ce genre de recueil est par nature limité par le matériel disponible au moment de sa création, et peut-être que Nottingham a décidé qu’il n’y en avait pas assez pour couvrir l’époque contemporaine du fluff (‘Shield of Baal’, anyone?), mais même une poignée de nouvelles auraient fait l’affaire, et montré de façon claire que la BL ne fermait pas volontairement les yeux sur ces derniers développements. J’aurais aussi apprécié et compris de voir des nouvelles récentes comme ‘Blood Rite‘ (Rachel Harrison) ou ‘Redeemer’ (Guy Haley) être incorporés dans cette anthologie : elles y auraient eu tout à fait leur place.

J’en ai enfin, cette fois, fini avec ‘Sons of Sanguinius‘. Vous voilà briefés dans le détail sur ce tome qui fera date dans la couverture littéraire des exploits et tragédies des descendants de Sanguinius : lisez maintenant à vos propres risques…