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SONS OF SANGUINIUS [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette revue critique de ‘Sons of Sanguinius’, une anthologie consacrée aux nombreux et sanguins descendants du Primarque ailé. Si vous avez l’impression d’avoir déjà vu sortir un recueil centré sur ce type d’Astartes, c’est que ‘Sons of Sanguinius‘ n’est effectivement pas la première tentative de la Black Library pour abreuver ses lecteurs de récits à haute teneur en fer. On peut ainsi penser à ‘The Book of Blood’ (2010), qui avait la particularité d’intégrer le roman graphique ‘Blood Quest’ en plus de nouvelles soigneusement choisies par nul autre que Christian Dunn. Plus proche de nous (2020), le personnage de Rafen eut le droit à sa propre anthologie (‘The Complete Rafen Omnibus‘), regroupant dans un copieux pavé toutes les péripéties du héros Blood Angels par excellence (…)1. ‘Sons of Sanguinius’ paraît et apparaît donc en terrain relativement connu, et devra bien sûr tenter de justifier son existence en se différenciant de ses prédécesseurs. Il faudra garder cela en tête au moment de juger de ses qualités. On peut toutefois déjà reconnaître à ‘SoS’ son rapport quantité-prix exemplaire : à 15.99€ en format numérique, il est 8 fois moins cher que la somme de ses parties, achetées individuellement. Tout le monde n’ayant pas le budget pour se permettre ce genre de frais somptuaires, ce regroupement est d’ores et déjà une bonne nouvelle pour les fans de Space Vampires n’ayant pas 130 Baal à mettre dans leur liste de lecture.

1 : Il n’y a que la micro-nouvelle ‘The Fury’ qui soit commune à ‘Rafen…’ et ‘Sons of Sanguinius’.

Un rapide regard au sommaire de cette véritable brique (plus de 1.000 pages au format mobi) permet de déceler quelques tendances intéressantes, avant même d’avoir commencé la lecture de l’ouvrage. On constate ainsi que, contrairement à ce qu’on aurait pu penser, ce n’est pas James Swallow (Rafen’s Dad) qui occupe la place de premier contributeur (en termes de pages) pour les Blood Angels, mais bien David Annandale, qui au cours de ces dernières années s’est imposé comme la plume de référence pour ce Chapitre. Le retrait de Swallow de la BL s’en trouve acté par écrit, comme une transmission du Graal Rouge entre deux générations d’auteurs. En plus de Haley, qui signe le seul roman2 du recueil, les autres plumes particulièrement mises à contribution ici appartiennent à Andy Smillie (M. Flesh Tearers) et Gav Thorpe (qui a vu de la lumière et était comme souvent dispo pour écrire une novella et une nouvelle), Wraight, Harrison et Abnett ne faisant guère plus qu’un cameo avec un « 1.000 caractères » chacun3. Cette diversité des formats, allant de 4 à 416 pages, est l’une des autres caractéristiques notables de ‘Sons of Sanguinius‘, promettant au lecteur une expérience variée, mais pas nécessairement intéressante pour autant. Nous verrons bien.

2 : Qui ne sera pas critiqué ici, je le précise d’emblée. D’une part à cause de la prédilection de l’auteur de ces lignes pour les courts et moyens formats, d’autre part pour tenter de publier cette chronique dans des délais raisonnables après la sortie du bouquin.
3 : On remercie au passage la BL d’avoir laissé tomber ce format bizarroïde, très en vogue à Nottingham au début des années 2010, mais nécessitant des auteurs de très haute volée pour obtenir un résultat intéressant en si peu d’espace. Le fait que ces micro-nouvelles aient été, et soient toujours, vendues au prix de 3,49€ est un scandale autrement plus honteux que le Failcast, si vous voulez mon avis.

Sons of Sanguinius

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Flesh of Cretacia – A. Smillie :

INTRIGUE:

Flesh of CretaciaNous sommes quelques années après la fin de l’Hérésie d’Horus, alors que ce planqué de Guilliman a réussi à mettre son plan de scission des Légions loyalistes à exécution. L’un des Chapitres successeurs des orphelins laissé par Sanguinius est les Flesh Tearers, mené par l’irascible et énervé Amit. Occupés à astropoutrer une flottille de vaisseaux Orks ayant eu le malheur de croiser leur route à proximité d’un système solaire inconnu, les Fleshy Boyz se retrouvent fort dépourvus quand la victoire fut viendue. L’affrontement n’ayant pris place que dans l’espace, sans le moindre petit corps à corps pour faire descendre le niveau de testostérone inhabituellement élevé de ces rageux devant l’éternel, nos héros restent sur leur faim et leur soif rouge. Une distraction salutaire leur est toutefois offerte lorsque la capitaine du vaisseau amiral des Flesh Tearers informe le bouillant Amit que quelques survivants Orks ont réussi à rejoindre une planète toute proche. Sautant sur cette excuse facile et dans son Thunderhawk de fonction, le Maître de Chapitre emmène sa Compagnie personnelle (phoque le Codex) en vadrouille à la surface de Cretacia1, démontrant au passage toute la virilité de son leadership (un gros front à front des familles lorsqu’un de ses Capitaines ose lui faire la réflexion que c’était pas une grande idée2). Prennent part à cette vadrouille improvisée tout un tas de francs Tearers plus ou moins intéressants pour notre histoire, dont le Scout Cassiel (Vincient de son prénom) et le Sergent d’Assaut Manakel. Je vous épargne la présentation des frères Bridel, Bonduel, Minitel, Pernohel et Komainavionsanzel, qui sont la même variation du colosse écumant de rage et d’hormones si commun parmi les effectifs du Chapitre. Notons tout de même la présence au casting du Chapelain Zophal, en charge de la Compagnie de la Mort qu’Amit embarque aussi avec lui, parce que voilà.

Ce que les Flesh Tearers ne savent pas, ou n’ont pas pris le temps de demander à leurs subalternes, c’est que Cretacia est un monde méchamment hostile, depuis son atmosphère très venteuse jusqu’à sa faune ultra-agressive, et composée en grande partie de… roulements de tambour… dinosaures. C’est le Thunderhawk transportant l’escouade de Manakel qui prend le plus cher dans la descente, une attaque de ptérodactylllles (ils ont quatre ailes) en rogne faisant tellement de dégâts que les Space Marines décident de sauter en vol. Vous allez me dire que ça peut le faire quand on est équipé d’un réacteur dorsal. Sauf que celui de Manucure connait une avarie technique au pire moment, envoyant notre personnage secondaire se crasher au sol avec la grâce d’un sac de sable largué d’un ballon. Il survivra à l’expérience, ne vous inquiétez pas. Les autres appareils de l’escadron parviennent eux à garder le cap et à se poser en formation resserrée, ce qui est un petit miracle en soit quand on juge du rapport très particulier qu’ont les Flesh Tearers avec la technologie. Après avoir dégagé une piste d’atterrissage dans la jungle en deforestant au bolter lourd, le contingent de Space Marines décide sagement d’établir un périmètre fortifié (un peu) et d’organiser un tournoi de MMA (surtout), pendant que les Scouts partent explorer les alentours à la recherche d’Orks auxquels vendre des boîtes de cookies.

Retour à Manakel, qui se sort de sa mauvaise chute avec seulement un bras démis et un casque fêlé. Abandonnant ce dernier d’un geste altier, et devenant du même coup un véritable Sergent Space Marines, l’officier se met ensuite à la recherche de ses hommes, éparpillés sur des kilomètres par leur largage sauvage. Malheureusement, les vélociraptors de Cretacia ne sont pas du genre commode et Manakel ne retrouve que des fragments mâchonnés de son escouade, ce qui le met d’humeur chagrine. Tellement chagrine d’ailleurs qu’il charge soudainement un arbre qui l’avait regardé de travers… et se fait remettre en place par cet adversaire trop coriace pour lui. Cette scène peu banale décide la horde de guerriers locaux, en chasse eux aussi des Orks qui par un gros coup de bol ont atterri à proximité d’un village d’indigènes et en ont massacré les femmes et enfants pendant que les hommes étaient partis escalader une falaise de 6.000 mètres sans corde pour ramener des œufs au logis, à se manifester auprès du colosse non identifié qui trouve malin de mettre des coups de boule à des troncs. Les natifs étant peu pacifiques par nature, c’est un combat singulier contre l’un des petits chefs tribaux qui attend Manakel, suivi d’une mêlée fermée contre la centaine de zoulous décomplexés de feu le grand sachem. Rien de bien difficile pour un Flesh Tearer ceci dit, et la vision du massacre (suivi d’une ingestion de quelques cadavres par le Space Marine affamé) convainc les autres nobles sauvages d’opter pour une approche plus consensuelle. Par un heureux hasard, il se trouve que Cretacia a été visitée dans un passé plus ou moins lointain par des envoyés de l’Imperium, qui ont laissé derrière eux un collier en forme d’aquila et un souvenir suffisamment positif3 pour que les natifs essaient de convaincre Manakel qu’ils sont dans le même camp en utilisant ce symbole commun. Malgré la barrière de la langue, une entente est rapidement scellée entre les Cretaciens et leur visiteur, qui joue de son statut de dieu vivant auprès de ses hôtes pour les enrôler comme auxiliaires et repartir avec eux en direction du camp avancé des Flesh Tearers.

Du côté d’Amit et de ses frérots, la situation a légèrement dégénéré quelques heures après leur arrivée à la surface. Attaqués sans qu’on sache vraiment pourquoi par tous les dinosaures à des lieues à la ronde (capables de coordonner leur attaque avec une précision digne de force spéciales), les Space Marines encaissent sans broncher la furia animale, prenant quelques pertes au passage mais amorçant franchement l’extinction de masse qui ne tardera pas à suivre. Amit se fait plaisir en fourrant un T-Rex un peu trop curieux à la bombe à fusion, et lorsque le calme finit par revenir, il décrète brutalement que cette planète est tellement cool qu’elle deviendra le monde chapitral des Flesh Tearers. Et les Orks, me direz vous ? Eh bien ils sont tous morts à ce stade, comme la reconnaissance douloureuse et semée d’embuches de l’escouade de Cassiel a permis de l’établir. Je vous épargne les détails de cette fade épopée (il y a quand même eu un duel triffides vs trouffions au menu), qui ne sert qu’à faire passer le Sergent Vétéran Asmodel et ses cinquante ans de service dans les rangs de la Compagnie de la Mort, et ainsi démontrer que nul n’est à l’abri d’une déprime passagère et d’une folie psychotique terminale. Ramené jusqu’au camp par les deux derniers Scouts de son escouade, Asmodel est remis aux bons soins du Chapelain Zophal, qui passe son armure au chalumeau pour acter de son intégration dans les rangs des condamnés… et c’est tout. Je dois aussi préciser que la Compagnie de la Mort est restée tranquillement dans l’habitacle de son Thunderhawk pendant toute l’attaque des dinosaures. C’est pas comme si les autres Flesh Tearers auraient eu besoin d’un coup de main de spécialistes du corps à corps pour repousser des mastodontes enragés. Mais gardez bien ça en tête car la suite n’en est que plus ridicule.

Tous nos personnages étant regroupés au même endroit, il est temps de passer à l’acte final de cette sinistre farce. Par un heureux hasard bis, le chef indigène qui a fait ami ami avec Manakel avait également sous la main une épée monstrueuse, fabriquée à partir de l’incisive d’un prédateur encore plus colossal que celui qu’Amit a fait sauter à grand peine (pour donner un ordre de grandeur, les dents de cette bestiole – un raktor – sont à peine assez grandes pour faire une dague, alors que celles du raktoryx sont plus grandes qu’un Space Marine en armure Terminator). Inspiré par cette réalisation, ou plus prosaïquement rendu malade de jalousie par la réalisation que quelqu’un s’est battu avec un dino encore plus gros que le sien, Amit décide naturellement qu’il faut exterminer le/un raktoryx. Ce qui est complètement con, lui fait remarquer le Capitaine Barakiel, car les Flesh Tearers ont déjà subi de lourdes pertes en participant au safari improvisé à la waneugaine par leur boss, et sont attendus par les Angel Vermillions pour filer un coup de main à la croisade de Sakkara. Ce à quoi l’éloquent Amit ne peut que répondre « MAIEUUUUUUUUUUUUUHHHH !!! », et lui latter sa face de type raisonnable (à travers son armure Terminator), pour lui apprendre à être intelligent4. Cette menue querelle ayant été vidée, il ne reste plus à nos héros qu’à s’organiser pour trouver le fameux raktoryx et lui faire la peau.

Par un heureux hasard ter, le dernier Thunderhawk en état de voler du contingent tombe sur un spécimen adulte qui faisait ses courses dans les environs, et par un heureux hasard quater, le Biocoop fréquenté par le reptile géant se trouve dans la vallée d’un volcan actif. Mother of all heureux hasards, la Compagnie de la Mort emmenée par Zophal en direction du raktoryx et du volcan, dont ils ne pouvaient pas connaître à l’avance la localisation, arrive à proximité du cratère au moment où Amit ordonne au Thunderhawk d’attaquer Godzilla (car oui, la bestiole crache du feu). Le plan des Flesh Tearers était de déclencher une éruption volcanique, seule capable de tuer un monstre de cette taille, en jetant quelques bombes à fusion dans le cratère, pendant que le Thunderhawk maintenait la bestiole sur place. Un peu concon (qu’est-ce qui empêche un dinosaure insensible à des tirs de canon laser de s’éloigner d’un volcan sur le point de péter s’il en a envie ?) mais pourquoi pas. Il faudra cependant m’expliquer pourquoi Zophal a trouvé malin de partir à pied vers un cratère situé à des jours de marche avec sa bande de psychopathes, alors qu’il pouvait faire le voyage en Thunderhawk avec Amit et se sacrifier héroïquement (apparemment, il faut se jeter en même temps que les charges explosives dans le cratère, sinon c’est pas du jeu) sans avoir besoin de trekker pendant une semaine avec les pires randonneurs de la galaxie. Mais ainsi l’a voulu Smillie, et ainsi disparaissent Zophal, qui promeut Manakel Chapelain avant de faire son saut de l’ange fatal, et le raktoryx qui n’avait rien demandé à personne. Mission accomplished ? Pas encore tout à fait, car avant de repartir vers d’autres cieux, en laissant les larbins du Mechanicum lui construire une forteresse chapitrale digne de ce nom, Amit fait un discours enfiévré aux guerriers tribaux de Cretacia, qui ne comprennent bien sûr rien, et fait exécuter leurs chefs devant leur yeux (y compris celui qui avait coopéré depuis le début et lui avait révélé l’existence du raktoryx), pour bien montrer que c’est lui le patron. Mais pourquoi est-il si méchant ?

1 : Qui s’appelait déjà Cretacia pour les natifs apparemment. Par un heureux hasard, les Flesh Tearers eurent la même idée un peu plus tard. Bravo Smillie.
2 : En même temps, qu’attendre de la part d’un type qui dit dans le plus grand des presque calmes : « Dans le doute, faut tout tuer » ?
3 : Il faut aussi noter que les indigènes ont deux cœurs. Non ça n’est pas justifié ni contextualisé par Smillie (c’est pas comme si c’était une caractéristique notable d’une des factions les plus iconiques de l’univers hein). Deal with it, comme pour le reste.
4 : Précisons ici que sans l’intervention du Sergent « CRS » de la Compagnie, Amit aurait battu Barakiel à mort. Et ça se dit civilisé ?

AVIS:

Andy Smillie fait très fort avec cette novella retraçant l’établissement du Chapitre des Flesh Tearers sur Cretacia. Très fort dans le n’importe nawak, malheureusement pour lui (et heureusement pour nous – mis à part les fans des Flesh Tearers, qui auront sans doute déchiqueté leur livre/liseuse avant d’arriver à la fin), mais très fort tout de même. On passera rapidement sur le trip « Space Marines vs Dinosaures », que l’on peut aimer ou non (moi c’est non) mais qui relève de la licence artistique de l’auteur et est donc assez peu critiquable dans l’absolu. La chasse est par contre ouverte sur le reste de ‘Flesh of Cretacia’, qui cumule personnages grotesques, intrigue décousue, obscure et illogique, bolt porn bas du front et pépites WTF dans un mélange détonnant dont Smillie avait le secret. Cette novella passe complètement à côté de son objectif (donner un passé digne de ce nom à un Chapitre de descendants de Sanguinius particulièrement affecté par la Soif Rouge et la Rage Noire), et, loin de faire d’Amit et de ses fidèles des parangons de noblesse torturés par des pulsions psychotiques qu’ils essaient à grand peine de contenir, elle les dépeint (et surtout lui d’ailleurs) comme des berserks butés, colériques, cruels et complètement stupides. Lorsque le rideau tombe enfin sur Cretacia, un génocide et écocide totalement gratuits plus tard, les Flesh Tearers n’ont pas évolué d’un iota par rapport au début de l’histoire, laissant le lecteur se forger sa propre explication de la survie, proprement miraculeuse à ce stade, du Chapitre pendant les dix millénaires qui ont suivi. Alors que c’était un peu la raison d’être de ce… truc à la base, non ? YOU HAD ONE JOB, SMILLIE ! Si on est vraiment d’humeur charitable, on pourra accorder quelques points à l’auteur pour les détails fluff qu’il apporte sur ses Angry Marines entre deux poussées frénétiques. Ceci dit, le désastre ambiant est tel qu’il fait considérer à deux fois le bien fondé de prendre les ajouts de Smillie au background au premier degré (coucou la céramite liquide). Bref, un disasterclass comme on n’en fait heureusement peu et plus pour la Black Library, et une preuve supplémentaire du mauvais karma des Flesh Tearers devant l’éternel.

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Sons of Wrath – A. Smillie :

INTRIGUE:

Sons of WrathLa novella commence avec le récemment nommé, et à son corps défendant, Maître de Chapitre des Flesh Tearers, Amit, contemplant d’un œil vitreux et torve une armure Terminator flottant dans un champ de stase. Cette armure, ce sera la sienne s’il accepte d’endosser le rôle qui lui a été confié après la scission de la Légion des Blood Angels, et de présider à la destinée de ses frères dans un Imperium encore ébranlé par l’Hérésie d’Horus. Amit est un légionnaire dans l’âme, et aurait bien aimé la Sangui Family ne soit pas dispersée aux quatre sangs, mais quand on a du mal à faire une phrase avec des mots de plus de trois syllabes, difficile de convaincre Roboute Guilliman que ses idées sont stupides. Alors Amit boude dans sa cellule gelée (on ne chauffe pas les locaux chez les Flesh Tearers), et aurait pu rester à fixer son nouveau jouet pendant quelques centaines d’années si le dévoué Capitaine Barakiel n’était pas venu lui secouer les puces et lui rappeler qu’il avait des missions à remplir, comme choisir à qui attribuer le dernier caisson de Dreadnought disponible dans l’armurerie du Chapitre. Entre le (petit) Sergent Grigori et le Chapelain Varel, Amit choisit le premier par pur népotisme. C’est son droit le plus strict, notez bien.

Un peu plus loin, toujours sur la barge de bataille Victus et vaisseau amiral du Chapitre, nous faisons la connaissance d’un autre personnage important de l’histoire : l’Archiviste Nuriel, qui a très mal à la tête. Cela est en partie dû au fait que le Victus et le reste de la flotte chapitrale sont dans le Warp et se dirigent vers le système de Zurcon, afin de… euh… crier dans le vide sans être dérangé (ils ont une prescription pour ça je suis sûr), et en partie dû à la grosse déception de ne pas avoir été choisi comme Chef Archiviste par Amit. Nuriel est en effet persuadé d’être ZEU BAIST, et après avoir échoué à calmer son mal de crâne en donnant des coups de tête dans les murs de sa cellule, il décide d’aller se passer les nerfs en descendant dans l’arène du vaisseau, et plongeant dans le coma le plus grand nombre de ses condisciples possibles. Nuriel est un chouilla caractériel, voyez vous. Il faudra l’intervention personnelle d’Amit, qui assoit sa dominance en montrant que celui qui met les meilleurs coups de casque, c’est lui, pour clore l’incident (et remplir l’infirmerie). La séquence se termine sur une visite du Maître de Chapitre dans le niveau ultra top secret du Victus (il y fait tellement noir que même un Space Marine n’y voit rien – et il y a des trous partout dans le sol), où Amit garde sa réserve personnelle d’Astartes renégats, qu’il massacre à main nue quand il a besoin de faire descendre la pression. Un Emperor’s Children et un World Eater plus tard, et ça repart1.

Après un voyage presque sans encombre d’un point de vue warpesque (seulement un petit saut des champs de Geller pendant quelques secondes dans un pont inférieur occupé par des serfs… rien de graaaaave), la flotte Flesh Tearers arrive dans le système de Zurcon. Elle y est attendue, sans que Smillie explique comment cela est possible, par la flotte locale, qui ne semble pas être animée d’intentions charitables envers les nouveaux venus. Le désamorçage de conflit n’étant pas le point fort de nos héros, ces derniers foncent dans le tas sans trop se poser de questions, contents de pouvoir enfin tuer quelque chose, même de loin, après toutes ces semaines de restreinte. La bataille ne se déroule cependant pas comme prévu, les vaisseaux ennemis se révélant impossibles à toucher par les canons impériaux. Incapables de réfléchir à une autre stratégie que de tirer au pif, les Flesh Tearers auraient sans doute été le premier Chapitre de la seconde fondation à être éradiqué sans la vision salutaire qui vient frapper Nuriel à l’improviste. Catapulté par cette dernière à la surface de Zurcon Primus, il se rend compte qu’une assemblée de Psykers est responsable des déboires de ses collègues, en camouflant la position des vaisseaux zurconiens et conjurant des illusions trompant les appareils impériaux. Attaqué par des manifestations psychiques branchées elles aussi sur réalité alternative, il est secouru par un mystérieux guerrier rouge, qui l’aide à vaincre les maléfices de ses ennemis. Grâce à cette révélation bien pratique, les Flesh Tearers parviennent à renverser le cours de la bataille en bombardant la tour servant d’antenne wifi aux défenseurs à la surface de Zurcon Primus, ce qui rend détectable la flotte des défenseurs, prestement exterminée par le Victus et les autres vaisseaux survivants de l’irrascible armada.

Ne voulant rien laisser au hasard, Amit déclare la saison du massacre ouverte et déploie son Chapitre de psychopathes à la surface de Zurcon Primus pour châtier du mécréant. Il charge également Nuriel d’inspecter les ruines de la tour bombardée afin de s’assurer que le travail a été bien fait (ce que la destruction de la flotte de Zurcon semblait déjà démontrer…). Ce sera la corvée de trop pour l’ambitieux Archiviste, qui pète une durite à son arrivée sur les lieux, se retourne contre l’escouade qui l’accompagnait (et le pauvre Capitaine Barakiel, dans tous les mauvais plans2), sous l’influence maléfique et passablement démoniaque du fameux guerrier rouge, qui se révèle être un démon de Khorne affilié à Kabanda. Possédé par le faquin, Nuriel commet ensuite un incident diplomatique en détruisant un Thunderhawk appartenant au Chapitre des Eagle Warriors, ainsi que ses occupants. Car oui, les Flesh Tearers ont été rejoints en cours de bataille par la Compagnie du Capitaine Nikon, qui croyait répondre à un appel à l’aide envoyé par les Zurconiens (depuis plusieurs mois, askip). Cette simultanéité des événements est tellement parfaite qu’elle en devient non euclidienne, moi je dis. Nous reviendrons sur les good guys Marines un peu plus loin : pour le moment, il faut juste noter qu’ils décident de se déployer également dans la capitale de Zurcon Primus, afin d’avoir une petite discussion avec Amit (mauvaise idée).

Sur le Victus, les choses évoluent également rapidement et brutalement. L’avarie des champs de Geller précédemment évoquée était en fait plus grave que prévue, puisqu’elle se termine par la possession de la Capitaine du vaisseau (une pâle copie de Lotara Sarrin jusqu’ici) par un démon de Khorne doté de pouvoirs psychiques. Ce qui n’est pas banal, vous me l’accorderez. Résultats des courses : le Victus atomise le vaisseau de ces pauvres Eagle Warriors à l’improviste, et les quelques Flesh Tearers étant restés à bord doivent se sortir les doigts du culte (il y a une majorité de Chapelains dans le lot) pour reprendre le contrôle de la barge à la barje. Comme si la situation n’était pas assez complexe, Smillie invite à table un nouveau personnage : le Thousand Sons Omari, gardé au frais par Amit dans son frigo à victimes expiatoires, et qui proteste depuis des années de sa fidélité à l’Empereur. Ayant besoin d’un Psyker pour bouter les démons et rebooter l’ordinateur de bord, Zophal promet au prisonnier de le remettre en liberté s’il accepte de filer un coup de main, ce qu’il fait, évidemment. Tout aussi évidemment, les gentils finissent par arriver à leurs fins malgré de lourdes pertes… et Zophal parvient à convaincre Omari qu’il est dans son meilleur intérêt de retourner dans sa cellule, démontrant ainsi à Amit qu’il est vraiment un loyaliste n’ayant rien à se reprocher. Un choix que je qualifierais de ballsy, quand on connaît les tendances psychotiques du personnage, mais en tous cas, Omari finit la novella en un seul morceau.

Sur le plancher des grox, on suit Amit se frayer un chemin jusqu’au parlement de la capitale afin de s’expliquer calmement avec les autorités locales, en commettant un tout petit peu de génocide au passage. Mais comme les élites de Zurcon Primus étaient au final des cultistes de Tzeentch, comme l’apparition de mutants aviformes dans l’hémicycle permet de l’attester, les Flesh Tearers ne massacrent pas, ils purgent. C’est très différent. De son côté, le Capitaine Nikon se voit contraint d’autoriser ses hommes à se défendre contre les assauts des Flesh Tearers les plus enragés3, ce qui ne facilite pas la discussion avec Amit lorsque les deux officiers finissent par se rencontrer. Avant que l’aigle énergétique ne se soit fait déplumer par son homologue, l’arrivée de Nuriel Robin permet au Maître de Chapitre de se concentrer sur le véritable ennemi, et d’en apprendre un peu plus sur les plans de Khorne au sujet des Flesh Tearers. Au terme d’un combat très meh, au cours duquel Amit invoque Grigori le Dreadnought dans le plus pur style d’un dresseur pokémon, Kabandinho est renvoyé dans le Warp après que son adversaire ait cassé sa jolie épée. Une faiblesse peu commune pour un démon, mais celui-ci devait sans doute beaucoup tenir à ses affaires.

L’histoire se termine sur la réalisation par Amit qu’il faudrait vraiment qu’il règle le problème des sautes d’humeur de ses hommes (et les siennes) s’il veut éviter aux Flesh Tearers de speedrun le chemin octuple. Aux insinuations du démon est en effet venue s’ajouter l’extermination « préventive »  des Eagles Warriors survivants, décidée par le pragmatique Zophal pendant qu’Amit se remettait de ses blessures, afin que les fistons de Guilliman n’aillent pas balancer les Flesh Tearers à Terra. Pas de témoin, pas de problème.

1 : Mais c’est tout de même au Chapelain Zophal de littéralement passer la serpillière après coup. Les avantages du leadership.
2 : Et les séquences étranges. Smillie fait ainsi rêver à Barakiel qu’il parvient à prévenir Amit du coup de sang de Nuriel avant de sombrer dans un coma sus-an des familles… sans que cette information finalement pas transmise soit d’une quelconque importance pour la suite.
3 : Et pourtant, il n’est pas du genre à prendre une décision aussi lourde de conséquences à la légère. Même la vue de son propre porte étendard, éventré par deux Flesh Tearers écumant de rage, pouvait à ses yeux s’expliquer par un simple malentendu. M’est avis que lui devait connaître un peu plus la peur que la moyenne des Space Marines.

AVIS:

Soumission un peu foutraque de la part d’Andy Smillie, mais présentant quelques idées valides sur le positionnement et les failles des Flesh Tearers juste après leur création, ‘Sons of Wrath’ positionne surtout ce nouveau Chapitre comme les héritiers de la face sombre et torturée de Sanguinius, comme leur bisbille avec la smala de Kabanda le laisse apparaître de façon transparente. Tel père, tels vices, comme dit le proverbe. Il me semble que le résultat final aurait pu être plus satisfaisant si l’auteur s’était contenté de concentrer son récit autour de quelques personnages vraiment importants (Amit, Nuriel, Nikon) au lieu de convoquer le ban, l’arrière-ban, la chaise et le tabouret des Flesh Tearers1 dans son histoire, et avait de même épuré son intrigue en se concentrant sur les péripéties les plus significatives (donc exit la bataille spatiale et les Psykers de Zurcon, qui sont juste une distraction) à la conclusion de la novella : les Flesh Tearers et Amit en particulier sont à deux doigts de passer à Khorne, et ont commis des actions méritant leur extermination par l’Imperium à peine quelques semaines après leur fondation. On peut penser ce qu’on veut des capacités de scénariste et de romancier de Smillie, mais ces idées étaient assez intéressantes dans l’absolu, et auraient mérité d’être davantage exploitées par la suite (ce qui ne semble pas avoir été le cas, comme ‘Flesh of Cretacia’ et son approche purement « safaresque » le montre). Que les amateurs cyniques du bonhomme se rassurent, cette novella est d’une teneur en WTF tout à fait satisfaisante, mais contrairement à d’autres travaux de Smillie, le fond n’est pas aussi biscornu et irrécupérable que la forme, et c’est un… progrès, j’imagine ?

1 : Un parti pris que je soupçonne Smillie d’avoir emprunté à Dan Abnett et à son ‘Know No Fear’ (pas le meilleur bouquin de ce dernier d’ailleurs).

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Trial by Blood – A. Smillie :

INTRIGUE:

Trial by BloodUn conclave de Maîtres de Chapitre descendants des Blood Angels s’est réuni sur Baal, pour juger l’un des leurs dans l’intimité cosy du Forum Judicium, sorte de Cour Suprême pour les petits enfants de Sanguinius. L’accusé est, ô surprise, Gabriel Seth des Flesh Tearers, dont la réputation de tueurs sanguinaires et incontrôlables n’est plus à faire. Appelé à répondre de ses actes devant ses pairs, Seth sait que la survie de son Chapitre est dans la balance, mais n’est pas du genre à tourner autour du pot de Mephiston Red, et refuse de faire acte de contrition pour les génocides erreurs passées des Fleshy Bois.

Comme dans tous les forums, la tension monte vite entre les participants, et les insultes et coups bas ne tardent pas à voler1. Entre deux invectives virulentes, Seth et ses juges se remémorent les actions des Flesh Tearers sous le commandement du premier, litanie de massacres et de bains de sang parfois perpétrés pour une bonne cause, mais le plus souvent causés par le mental fragile et le tempérament irascible des descendants d’Amit. Après que toutes les parties en présence aient eu l’opportunité de s’exprimer et de se faire menacer de mort par Seth, la séance est ajournée pour que les Maîtres de Chapitre puissent ruminer en paix2, et rendre leur jugement…

Début spoiler…Qui trouve, à une écrasante majorité, Dante compris, les Flesh Tearers coupables des crimes qui leur sont reprochés. La sentence prononcée est la dissolution du Chapitre, dont les Frères seront dispersés parmi les autres Chapitres descendants des Blood Angels, tandis que Seth restera emprisonné sur Baal jusqu’à sa mort. C’est toutefois à ce moment qu’un nouveau joueur (Astorath) entre dans la partie, et vient dans le plus grand des calmes casser le jugement de son supérieur hiérarchique, pour la simple et bonne raison qu’il a raison3… et qu’il a bien aimé se faire corriger par Seth lorsque leurs chemins se sont croisés par le passé, j’imagine. À chacun ses fétiches. Toujours est il que l’intervention autoritaire d’Astorath convainc l’auguste (comme le clown, pas l’empereur) assemblée de reconsidérer sa position, et de laisser les Flesh Tearers et leur Maître de Chapitre continuer leur œuvre destructrice, au prix d’une simple remontrance orale et d’une petite tape énergétique sur les fesses. Viendra un temps où la sauvagerie des tireurs de flèches sera une arme essentielle dans la lutte pour la survie de l’Imperium (source : vision toute chelou d’Astorath, qui tient mieux la hache que l’alcool), et il serait donc inopportun de les faire répondre de leurs crimes avant cette épreuve fatidique…Fin spoiler

1 : Gaby s’illustrant particulièrement en s’attaquant à la couleur de la livrée des Lamenters, qui pour leur malheur ont une armure jaune, preuve irréfutable de lâcheté d’après l’expert en psycho-héraldique qu’est notre ami Seth.
2 : C’est pas moi qui le dit, c’est Smillie. On le sait peut, mais Sanguinius adorait les vaches.
3 : On rigole mais Seth est littéralement émerveillé par les talents d’orateur du nouveau venu. Faut dire que lui passe plus de temps à grogner qu’à pratiquer la rhétorique.

AVIS:

Il est compliqué de donner un avis sur ‘Trial by Blood’ car cette novella est en fait une anthologie à part entière, intégrant dix courts formats1 pondus par Andy Smillie sur son Chapitre de prédilection, reliés de façon très lâche entre eux par quatre séquences écrites pour l’occasion, et décrivant le déroulé du procès des Flesh Tearers. Si on se concentre sur ces dernières, on doit reconnaître que l’auteur se montre plutôt généreux en termes d’apports fluff, comme la description du Forum Judicium et l’inclusion de nombreux Maîtres de Chapitre l’attestent. C’est à mes yeux le principal point fort de cette pseudo-novella, dont le caractère artificiel se ressent rapidement, et vient cruellement souligner la vacuité des (més)aventures des Flesh Tearers telles qu’écrites par Smillie.

En effet, on a l’impression de lire dix fois de suite la même histoire de Space Marines trotro énervés2, cherchant à contrôler leurs pulsions pour faire leur devoir, mais échouant lamentablement et multipliant les gaffes et les bévues en conséquence. Cela est particulièrement évident lorsque l’auteur introduit ‘Beneath the Flesh’, ‘Torturer’s Thirst’ et ‘Death’s Shepherd’ comme le plaidoyer de Seth cherchant à démontrer les efforts accomplis par les Flesh Tearers pour lutter contre la Soif Rouge et la Rage Noire. Le seul problème est que ces histoires ne montrent rien de tel (se référer à leurs critiques respectives), et dépeignent les Flesh Tearers comme les mêmes psychopathes en armure énergétique que Smillie prend plaisir à stigmatiser depuis des lustres.

Au final, ‘Trial by Blood’, malgré sa construction particulière, s’avère être du même tonneau que le reste du corpus Flesh Tearers d’Andy Smillie : une Space Marinade assez insipide sur la forme, truffée de problèmes structurels majeurs3, sur lesquels on passe l’éponge par lassitude plus que par sympathie. Vu les contraintes de mise en forme avec lesquelles cette novella a dû composer, le résultat n’aurait sans doute pas pu être brillant, mais un auteur un peu plus doué/motivé aurait pu à mon sens obtenir un tout un peu plus cohérent que ce patchwork inabouti.

1 : ‘Know Thyself’, ‘Blood in the Machine’, ‘From the Blood’, ‘Beneath the Flesh’, ‘Torturer’s Thirst’, ‘Death’s Shepherd’, ‘Immortalis’, ‘The Quickening’, ‘Astorath: Redemeer of the Lost’ et ‘Gabriel Seth: The Flesh Tearer’.
2 : Ils devraient prendre un âne comme emblème, ce serait approprié à plus d’un titre.
3 : Ici, on a Astorath qui se donne le pouvoir de contredire un jugement prononcé par plusieurs Maîtres de Chapitre, dont le sien, sur un simple coup de tête…

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Know Thyself – A. Smillie :

INTRIGUE:

Know ThyselfLa nouvelle s’ouvre sur une description proprement marseillaise dans son exagération du vaisseau amiral des Flesh Tearers, ce bon vieux Victus, avec sa coque de céramite de plusieurs kilomètres d’épaisseur, et ses états de service l’ayant amené à effectuer un millier d’Exterminatus. Bien que très marrante pour tout le monde, sauf pour la crédibilité de l’auteur et de la nouvelle, cette introduction superlative n’a pas grand-chose à voir avec la suite de l’intrigue, et c’est donc à regret que nous continuons à l’intérieur de la mirifique barge de bataille, où nous retrouvons le Chapelain Appollus et le Champion de Compagnie Harahel. Les deux compères ont été envoyé par Gabriel Seth, le Maître des Flesh Tearers, accueillir un visiteur de marque : l’Inquisiteur Corvin Herrold. La mauvaise réputation et les agissements borderline des Flesh Tearers ont en effet fini par les rattraper, et à la suite d’un massacre sanglant et avec témoin commis sur une population civile pendant les Guerres de l’Eclipse, un signalement a été envoyé aux autorités compétentes par des lanceurs d’alerte bien intentionnés1.

Ne pouvant pas envoyer balader un Inquisiteur comme il fuit d’habitude ses responsabilités, Gaby consent à une entrevue, mais avec une mauvaise volonté oscillant entre le palpable et le quasi physique. Séparé de sa suite dès son débarquement sur le Victus, même pas autorisé à enregistrer la conversation avec Seth, et forcé à poireauter dans une salle sans chaise pendant que son hôte finit sa séance de pilates dans le Reclusiam, Corvin endure les mesquineries des Flesh Tearers avec flegme, jusqu’à ce que le Maître de Chapitre finisse enfin par passer la porte. N’étant pas en temps normal particulièrement empathique et conciliant, Seth se montre ici particulièrement abrupt, menaçant et péremptoire au cours de la conversation, déniant en bloc les accusations d’exactions pesant sur son Chapitre, molestant physiquement Corvin, puis lui donnant quinze minutes pour quitter le Victus, sous peine d’être renvoyé à ses chères études par macrocanon interposé…

Début spoiler…Cette confrontation n’était toutefois qu’une ruse destinée à permettre au véritable Corvin d’explorer le vaisseau des Flesh Tearers sans attirer l’attention. Déguisé en simple scribe de la suite inquisitoriale, Coco parvient à se glisser jusqu’au niveau où les Space Marines ayant succombé à la Rage Noire sont gardés en attendant une bataille digne de ce nom. Ayant dû en abattre un qui menaçait de lui sauter au cou après qu’il ait ouvert la porte de sa cellule pour documenter son investigation, l’Inquisiteur se prépare à repartir incognito vers la navette, mais est pris la main dans le sac par ce diable d’Appollus, qui avait vu clair dans son petit jeu. Assommé par le Chapelain à l’issue d’un duel très déséquilibré, Corvin se réveille attaché à une chaise, en compagnie de Seth, Appollus, de l’Archiviste Balthiel et d’un autre membre de la Compagnie de la Mort des Flesh Tearers, amené dans la salle d’interrogatoire à des fins pédagogiques. Voulant faire comprendre à son prisonnier à quel point la Rage Noire est dévorante, Seth ordonne à Balthiel de donner à l’Inquisiteur un aperçu de la psyché dévastée de Frère Gragraouh, une expérience douloureuse et débilitante pour ce fragile de Corvin, qui fait un burn out. Dans un accès de magnanimité aussi rare que stratégiquement stupide, Seth laisse toutefois repartir son visiteur, balancé sans ménagement dans sa navette avec les morceaux déchiquetés de ses serviteurs et gardes du corps. Il pensait peut-être donner une bonne leçon à l’Inquisition, mais s’il y a une constante dans l’univers de Warhammer 40.000, c’est que les Ordos ne sont pas de bons perdants…Fin spoiler

1 : Quand ce sont les Space Wolves, et leur rapport conflictuel avec les saints Ordos, qui te balancent à l’Inquisition, c’est que la boulette que tu as commise pourrait être qualifiée de planétoïde.

AVIS:

Nouvelle de pur remplissage, où l’on n’apprend strictement rien de nouveau sur les Flesh Tearers du 41ème millénaire qui n’ait été couvert précédemment1 (par Smillie ou par d’autres), ‘Know Thyself’ a pour elle le petit twist sympathique de la révélation de l’échange des rôles entre l’Inquisiteur et son grouillot, que je n’avais franchement pas vu venir. Je ne sais pas si c’est à mettre honnêtement au crédit d’Andy Smillie, car je pensais initialement que la couardise manifeste du pseudo Corvin devant les grognements de Seth se justifiait simplement par une nouvelle mauvaise interprétation du lore de 40K par l’auteur. C’est dire à quel point je rabaisse mes standards quand je lis sa prose. ‘Know Thyself’ peut à l’extrême limite être considérée comme un tournant majeur dans l’histoire contemporaine du Chapitre, car c’est là que commence le feud avec l’Inquisition (poursuivi dans ‘Blood in the Machine’), mais c’est faire beaucoup de cas de 13 pages très banales.

1 : Bon, si on veut vraiment chipoter, on (moi en tous cas) découvre que Manakel – un personnage Flesh Tearers ayant vécu au moment de la création du Chapitre – est devenu un Dreadnought. C’est peut-être couvert dans une autre nouvelle, mais je l’avais laissé en un seul morceau dans ‘Sons of Wrath’ et ‘Flesh of Cretacia’.

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Blood in the Machine – A. Smillie :

INTRIGUE:

Blood in the MachineEngagés dans la défense d’Armageddon contre les hordes d’Orks de Ghazgkull, les Flesh Tearers tentent de se racheter une réputation en faisant des trucs héroïques, comme venir au secours d’un bataillon de Gardes Impériaux sur le point d’être anéantis par les Xenos. Ces nobles desseins sont toutefois interrompus par l’arrivée d’une escouade de Gardes Sanguiniens, envoyée par le Capitaine ‘Double Face’ Tycho des Blood Angels afin d’inviter Gabriel Seth à une réunion des plus urgentes. Après avoir protesté un peu pour la forme (c’est ennuyeux, il venait de remettre des piles dans son Eviscerator), le Fleshest des Tireurs accepte de laisser la Légion d’Acier prendre la rouille et la dérouillée qui lui était promise avant l’arrivée providentielle de son escouade de commandement, et se fait hélitreuiller (sans rire) jusqu’au QG des Blood Angels.

Là, il rencontre l’Inquisitrice Nerissa, recommandée par Dante en personne, et la véritable raison pour laquelle il a été rappelé au bercail. Nerissa a en effet une hypothèse potentiellement lourde de conséquences pour la suite du conflit, qu’elle veut vérifier dans les plus prompts délais : selon elle, les Orks sont revenus sur Armageddon parce qu’ils ont été attirés à leur insu par l’esprit belliqueux d’un Titan chaotique ayant été enseveli lors de la première guerre mondiale ayant pris place sur la planète. Après lui avoir demandé si elle n’avait pas par hasard glissé le scénario de Dawn of War : Winter Assault dans son dossier de recherche, Seth accepte en grommelant très fort (et pour esquiver une perquisition de glandes progénoïdes) de servir de garde du corps à l’Inquisitrice lors de son voyage jusqu’à la mine où le Titan a été localisé. Il reste bien sûr accompagné de sa fidèle escouade de commandement, composé d’un nombre non nul de personnages précédemment inconnus au bataillon (il y a Harahel le Champion de Compagnie et l’Apothicaire Nisroc parmi les véritables VIP), qui se feront une joie et un devoir de mourir en cours de mission1, afin de montrer toute la dangerosité de cette dernière. Après quinze pages de progression sanglante et tout terrain (air, terre, mer, mine : c’est un véritable trail cette mission), nos héros pénètrent enfin dans la salle de contrôle du Titan oublié, et Seth réalise soudainement qu’il y a un petit problème…

Début spoiler…Tout est trop propre pour une machine supposément inféodée à Khorne. N’écoutant que son instinct, il flingue les derniers acolytes de Nerissa, qui étaient en train de poser des explosifs pour détruire le Titan, et somme cette dernière de s’expliquer. Ce qu’elle fait de façon tellement confuse que je ne sais pas vous dire si elle voulait vraiment détruire la machine, la capturer, et/ou se venger de Seth et des Flesh Tearers, qui ont plongé son mentor, l’Inquisiteur Corvin Herrold (‘Know Thyself’) dans une profonde dépression. Nerissa étant une Psyker, elle parvient à se tirer de ce mauvais pas en accentuant les pulsions violentes des Space Marines, qui s’attaquent mutuellement et s’entretuent avec entrain pendant qu’elle s’éclipse (et parvient à se frayer un chemin seule dans une mine infestée d’Orks, puis à retourner en territoire impérial par ses propres moyens -> la magie du hors champ). Il faudra l’intervention inespérée d’Harahel, laissé en dernier défenseur/dos d’âne sacrificiel par Seth quelques niveaux plus haut, et qui a réussi à contre toute attentes à sortir vainqueur de sa battle royale contre les Xenos, pour faire reprendre leurs esprits aux survivants.

La nouvelle se termine dans l’espace, avec un dilemme politico-moral se présentant à Seth. Il peut soit laisser Nerissa, qui a réquisitionné un vaisseau, lui filer entre les doigts, soit se venger de l’Inquisitrice en lui envoyant un petit cadeau d’adieu (une torpille d’abordage remplie jusqu’à la gueule de membres de la Compagnie de la Mort) avant qu’elle ne s’échappe dans le Warp, mais il lui faudra pour cela également détruire les deux navires hôpitaux accompagnant le transport de Nerissa pour ne pas laisser de témoins2. Après deux longues secondes – au moins – de réflexion, il opte pour la seconde option, et donne l’ordre au Chapelain Zophal3 de remettre une pièce dans la machine de la VENGEANCE !!!, enterrant définitivement toutes velléités (crédibles) de faire des Flesh Tearers des Space Marines un minimum sympathique. Et pourtant, l’Empereur en est témoin, il avait fait des efforts en ce sens en début de nouvelle !Fin spoiler

1 : Mention spécial au Frère Shemal (sans -e à la fin), qui disparaîtra pendant un saut depuis un Stormraven jusqu’au Titan-taxi réquisitionné par Nerissa pour traverser un bras de la mer bouillonnante à pied, et perpétue ainsi la longue et distinguée tradition des Flesh Tearers s’écrasant au sol comme des bouses.
2 : Notons au passage que l’exécution par Compagnie de la Mort interposée laisse en pratique suffisamment de temps à l’Inquisitrice pour envoyer un message alertant sa hiérarchie de la trahison des Flesh Tearers. C’est donc un nouveau super plan de la part de ce génie de Seth.
3 : Qui va sur ses dix mille ans à ce moment, à moins qu’il ne s’agisse d’un homonyme du compagnon du premier Maître de Chapitre des Flesh Tearers, bien sûr. Autre hypothèse : c’est un Dreadnought/Chapelain/Capitaine de croiseur d’attaque, ce qui fait beaucoup de spécialisation pour un même individu.

AVIS:

Je suppose qu’il faut voir cette nouvelle comme le récit de la descente aux enfers progressive des Flesh Tearers, entraînés « malgré eux » (mouarf) dans une spirale incontrôlable de vengeance et de trahison, dont la seule issue ne peut être que l’excommunication et la destruction du Chapitre. C’est en tout cas ce que Smillie voudrait nous vendre, et je ne suis que très moyennement convaincu. Si on passe outre tous les passages d’action pure, qui forment le gros de ‘Blood in the Machine’, il ne reste en effet que les actions mercurielles d’un Gabriel Seth dont l’empathie pour les simples humains fluctue entre héroïsme chevaleresque et sociopathie profonde en fonction des situations. Il aurait fallu un auteur un peu plus solide que Smillie pour faire apparaître une logique dans ces oscillations d’humeur, et au final dépeindre le Maître des Flesh Tearers comme un personnage torturé par sa conscience, et non comme un boucher colérique et inconstant. ‘Blood in the Machine’ n’a donc pas le moindre intérêt intrinsèque, que l’on se place du point de vue de la saga Flesh Tearers ou de celui du corpus de textes 40K de la Black Library. À archiver.

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From the Blood– A. Smillie :

INTRIGUE:

From the BloodLes Flesh Tearers de l’Archiviste Balthiel et du Chapelain Appollus (Gabriel Seth avait rage poney ce jour là) prennent part à la campagne de pacification du système de Stromark, déchiré par une guerre civile opposant les familles dirigeantes de ses deux planètes habitées, Prime et Secundus. Les armées de l’Empereur ayant grand besoin des armes et munitions produites par ces bastions industriels, les autorités du secteur ont envoyé une flotte balancer quelques glaçons dans le slip des Gouverneurs en bisbille, depuis l’orbite haute s’il le faut. L’expédition a également la « chance » de pouvoir compter sur non pas un, mais deux contingents de Space Marines en support, tous deux issus de Chapitres descendants des Blood Angels : les Flesh Tearers donc, et les Angels Encarmine, menés par le Maître de Chapitre Zargo en personne.

Nous suivons nos héros sanguinaires dans leur attaque de Stromark Prime, dont les défenses aériennes sont tellement formidables qu’elles forcent Balthiel à user d’un pouvoir psychique d’une manière pas franchement permise par les règles. Le brave Archiviste puise en effet dans ses réserves pour déployer un Bouclier de Sanguinius sur les drop pods de la Compagnie de la Mort alors qu’elle est déployée au sol, ce qui le fatigue fortement mais permet aux Flesh Tearers de s’emparer du palais de la Gouverneure Agrafena en un temps record. Fidèle à sa nature de psychopathe, le Chapelain Appollus laisse Agrafena, blessée à mort dans les affrontements, lancer par pure malice une frappe massive (300 milliards de morts, tout de même) sur Stromae Secundus dans ses derniers instants, officiellement pour accélérer la résolution du conflit, officieusement pour emm*rder les Angels Encarmine, chargés de la prise de la seconde planète du système. On apprend à la toute fin de la nouvelle qu’il ne faudra « que » sept générations pour que les capacités de production de Stromark reviennent à leur niveau d’avant la guerre civile, ce qui fait de cette campagne un succès total. Quelqu’un aurait-il l’obligeance de me rappeler pourquoi l’Imperium est intervenu, pour commencer ?

AVIS:

Encore une nouvelle où les Flesh Tearers démontrent à quel point ils sont peu fréquentables (enfin, surtout Appollus), avec Balthiel occupant la place du personnage principal en remplacement de l’incontournable Gabriel Seth. À défaut de donner plus de profondeur à son Chapitre fétiche, ou de nous servir des scènes d’action un tant soit peu originales/satisfaisantes, Andy Smillie atteint son quota de pages en intégrant une nouvelle bataille spatiale peu intéressante – son péché mignon, voir ‘Sons of Wrath’ – dans son propos, ce qui lui donne l’occasion d’ajouter un nouveau personnage secondaire au casting déjà bien fourni de son Chapitre : le Chapelain cul de jatte Zuphias, condamné à servir comme Capitaine du Death Cowl jusqu’à sa mort à cause du manque de fauteuil roulant dans les réserves du Chapitre1. Pas grand-chose à dire de plus sur ce ‘From the Blood’, dont l’intérêt m’échappe encore à ce jour.

1 : Smillie nous dit qu’il aurait dû être incarcéré dans un sarcophage de Dreadnought après avoir perdu ses jambes lors d’une bataille contre des Démons de Khorne, mais qu’il est maintenant trop tard pour le retirer du trône de commandement du vaisseau où il avait été placé pour sa survie. Mais le gus n’a « juste » plus de jambes, et il est encore revêtu de son armure (et pas placé dans un caisson de survie) : on a du mal à déterminer la gravité réelle de ses blessures.

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Beneath the Flesh – A. Smillie :

INTRIGUE:

Beneath the FleshRelatant la mission d’une escouade de Flesh Tearers envoyée récupérer des données sensibles dans une base avancée du chapitre sur la planète d’Aere, et ce alors que la garnison stationnée sur place ne répond plus et que les forces du Chaos menacent de fondre sur l’avant-poste à tout moment (avec un rapport de force de un pour à peu près mille dix-neuf en faveur des cultistes – ne riez pas, c’est écrit noir sur blanc dans la nouvelle – ), Beneath The Flesh n’impressionne pas par son originalité, mais contient tout de même suffisamment d’éléments intéressants distrayants pour que sa lecture ne constitue pas la purge qu’elle aurait pu être. Car c’est une qualité que l’on doit reconnaître aux travaux de Smillie : pour perfectibles qu’ils soient, leur imprévisibilité et/ou incongruité les rend assez fendards à parcourir. Du Counter 2.0 en quelque sorte.

Mis à part la poignée de soldats humains présentés comme renégats par Smillie, mais finalement tout à fait loyaux au Trône de Terra, et dûment massacrés par les Flesh Tearers pendant leur « investigation » de la base avancée, la première moitié de récit est assez calme, l’auteur se concentrant davantage sur la construction d’une atmosphère oppressante (bof) et la mise en relief de la tare génétique des descendants de Sanguinius (pas mal) que sur l’action pure. Et s’il aurait été intéressant, ou en tout cas original, de poursuivre sur cette voie de relative non-violence jusqu’au bout1, il ne fallait pas compter sur Andy pour se détourner de la voie royale de l’auteur BL qui se respecte, à savoir une franche explication de texte entre protagonistes et antagonistes.

Au contraire, ayant rongé son frein pendant les 25 premières pages, Smillie embarque ses lecteurs dans un carnage digne des heures les plus sombres de l’Hérésie d’Horus, bien aidé il faut le reconnaître par le pedigree des forces en présence. Car aux (ig)nobles Flesh Tearers de l’escouade Barbelo est opposée une cohorte de World Eaters écumants, opposition ne pouvant déboucher sur autre chose qu’un tsunami d’hémoglobine. Heureusement pour nos héros, les Khorneux leur faisant face ne brillent ni par leur sens tactique (soit), ni par leurs capacités martiales (heu…), permettant aux six Flesh Tearers de massacrer leurs adversaires avec une désinvolture scandaleuse. Berzerkers, Raptors, Dreadnought et Aspirant Champion : tous finiront réduits en tapenade par la vertueuse furie et les pièges à cons des loyalistes, qui, au prix de quelques péripéties très confuses, arriveront à se regrouper et à tirer leur révérence au nez et à la barbe des séides d’Angron2.

1 : Je pense qu’une grande partie du désamour que j’éprouve à l’heure actuelle pour les histoires de Space Marines vient du fait que ces derniers sont toujours mis en scène dans des récits guerriers. À croire que leur vie se résume à foutre sur la tronche des ennemis de l’Empereur H24. Il doit pourtant y avoir des temps morts dans leurs vies trépidantes de surhommes, faute de quoi la longévité moyenne ne dépasserait pas les trois mois. Je trouve dommage que ces zones d’ombres de la vie des meilleurs de Pépé n’aient pas été plus explorées par les auteurs de la BL (bon, Counter a bien essayé de mettre en scène un tribunal militaire dans Phalanx, avec les résultats que l’on sait, mais je suis sûr qu’un ADB ou un French seraient capables de traiter le sujet de manière intéressante).
2 : Leur Stormraven ayant été détruit dans la bagarre (il était de toute façon incertain que l’esprit de la machine ait suffisamment récupéré de l’immonde atterrissage voulu par ses passagers pour décoller), nos héros s’échappent en fusée. Si si. Le plus drôle est que la séquence, telle que narrée par Smillie, ressemble à s’y méprendre à la fin du générique d’Il Etait Une Fois l’Homme.

AVIS:

Commençons par distribuer le seul et unique bon point de la nouvelle, qui tient mieux la route que les deux précédentes publications du bon Andy dans Hammer & Bolter. L’auteur arrive à rendre assez bien l’état de tension permanente qui est le lot des Flesh Tearers quand ils sont en opération, leur penchant pathologique pour le prélèvement d’organes à mains nues et sans anesthésie devant être strictement contrôlé sous peine de céder définitivement à la Rage Noire. Et à ce petit jeu-là, les vétérans (comme le sergent Barbelo de l’escouade du personnage principal – Maion –) partent avec un gros désavantage, la tare génétique de Sanguinius les travaillant depuis plus longtemps que les Marines fraîchement intégrés. Le brave Barbelo fait donc (peut-être à dessein) bondir le compteur de conneries dès qu’il ouvre la bouche, mais j’anticipe sur la suite.

Car ‘Beneath The Flesh’, c’est d’abord un festival de passages what the fuck-esques, qui continue avec une constance admirable d’un bout à l’autre de cette première partie. Ça commence très fort avec une arrivée sur site de l’escouade de Maion dans un Stormraven qui vient sciemment s’écraser à proximité de la base1 pour des raisons qui continuent à m’échapper à l’heure actuelle, Smillie ne prenant pas la peine d’expliquer pourquoi ses Flesh Tearers ont préféré prendre le risque de tous périr dans l’accident et de bousiller leur seul moyen de quitter la zone avant l’arrivée de l’ennemi, alors qu’un simple atterrissage conventionnel aurait parfaitement fait l’affaire. Pour ma part, je le soupçonne de ne pas bien faire la différence entre un Stormraven et un Drop Pod, mais passons.

Passons également sur les fourreaux d’épée-tronçonneuse, l’identification d’un modèle de magasin d’autocanon (ainsi que sa capacité) à l’oreille, ou encore – et à regret cette fois-ci – sur le kill le plus saugrenu de l’histoire de la BL2 , pour nous concentrer sur le cas du sergent Barbelo. Comme dit plus haut, le loustic s’est spécialisé dans la stupidité crasse une fois sorti du Noviciat, ce qui lui a fort logiquement permis d’accéder à des fonctions de commandement. Refusant catégoriquement au Prêtre Sanguinien qui accompagne l’escouade l’autorisation de s’enquérir des glandes progénoïdes des Flesh Tearers qui étaient stationnés dans la base, sous prétexte que ce n’est pas l’objectif principal de la mission (c’est pas comme si le chapitre était en train de s’éteindre, hein), ne s’émouvant pas le moins du monde de l’absence de cadavres dans un bâtiment maculé de sang et d’organes (« c’est pas l’objectif principal de la mission ! » bis), coupant volontairement sa radio au moment où l’inévitable embuscade est lancée contre ses hommes (qui aurait besoin de coordonner son escouade dans une situation pareille, après tout ?), et adepte convaincu de la scission en groupes de un, Barbelo est une vraie tête de lard comme on n’en croise plus guère au fil des pages de la BL.

Dans un autre registre, force est de constater qu’Andy Smillie a encore du chemin à faire pour amener ses rebondissements de manière un tant soit peu crédible. Ayant – à mon grand soulagement – laissé tomber l’approche du « zapping narratif »3  pour un rythme un peu plus compréhensible, il pêche cette fois par naïveté, les indices égrenés au long de son récit (car un bon twist est un twist dont le lecteur se dit qu’il aurait dû se rendre compte s’il avait fait plus attention à certains détails) ayant la subtilité d’un Nob en méga-armure défoncé aux champignons.

La conclusion de ‘Beneath the Flesh’ est ainsi une compilation de révélations éventées depuis belle lurette et de zones d’ombres laissées sans explications. Comme prévu, Smillie confirme donc (enfin) que les malheureux Gardes Impériaux dépecés à l’apéritif par l’escouade Barbelo étaient de fidèles sujets de l’Empereur. Quel dommage que personne n’ait eu la riche idée de se servir de sa radio pour dissiper ce malentendu avant que la demi-douzaine de Space Marines en rut faisant figures de héros ne leur tombe sur leur râble ! À quoi tient la vie d’un bidasse (et la crédibilité d’un récit) parfois…

Du côté des mystères non résolus, Andy Smillie se garde bien de révéler pourquoi la garnison originelle de la base avancée s’est retournée contre ses alliés (même si le classique « c’est diablerie, monseigneur » est balancé en loucedé par un Capitaine SM qui passait dans le coin), ni qui était le gus qui a mis en scène les corps des huit Flesh Tearers dans la chapelle. Je suis sûr que l’on pourrait multiplier les exemples à l’envi en creusant un peu, tant l’intrigue développée par Smillie est friable, mais à quoi bon tirer sur l’ambulance ? Toujours est-il que c’est Gabriel Seth himself (le Maître de Chapitre des Flesh Tearers, pour ceux qui ne suivent pas) qui clôt les débats, en ordonnant l’Exterminatus d’Arare, là non plus sans grande justification de la part de l’auteur. Mais qu’importe : c’est kwioul.

Au final, ‘Beneath the Flesh’ n’est rien de plus qu’une nouvelle classique de Space Marines, dont seule la longueur justifiait qu’elle soit séparée en deux parties. Les possibilités narratives offertes par ce format n’ont malheureusement pas été exploitées par Andy Smillie, dont cette troisième contribution à Hammer & Bolter reste du même acabit que les précédentes, c’est-à-dire très dispensable.

1 : Le Techmarine de la fine équipe coupe les moteurs et les rallume juste avant l’impact, ce qui ne sert strictement à rien au final puisque le fier vaisseau termine sa course dans le même état qu’une compression de César. Cette scène mémorable a été fidèlement adaptée dans Madagascar 2.
2 : Etape 1 : Arracher le crâne du cadavre de votre dernière victime en date.
Etape 2 : Balancer le dit crâne sur le torse d’un nouvel adversaire.
Etape 3 : L’impact écrase quelques côtes : le cœur s’arrête de battre. Fatality
3 : cf la critique de ‘Mountain Eater‘.

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Torturer’s Thirst – A. Smillie :

INTRIGUE:

Les documentalistes du CDI d’Onuris Siti (très très réputé magheul) se sont mis en grève pour dénoncer leurs conditions de travail et ont fondé un syndicat d’obédience socialo-tzeenchienne, la Fraternité du Changement (c’est maintenant), pour porter leurs revendications en haut lieu. Envoyés à la table des négociations1 aux côtés de la Garde Impériale pour défendre les intérêts de Terra, les Flesh Tearers ont opté pour une approche agressive (pour changer), et nous suivons en particulier l’escouade de la Compagnie de la Mort du Chapelain Appollus, alors qu’elle part à l’assaut des cultistes avec une énergie débordante et un respect minimal pour les consignes du haut commandement. Appo’, dont la spécialité est d’ignorer les avertissements qui lui sont donnés (d’abord sur ses réserves de munitions, puis de carburant pour son jet pack, et pour finir sur le déclenchement d’un bombardement allié), se retrouve isolé de ses petits camarades et du soutien au porteur de crozius, et malgré toute sa vaillance et sa détermination, est fait prisonnier par l’ennemi après qu’un mystérieux Psyker en armure noire l’ai fait rebondir sur le sol plus de fois qu’une balle de service de Nadal. Ce sont des choses qui arrivent à la guerre.

Appollus revient à lui dans une cellule obscure et en mauvaise position, nu comme un ver et pendu par les pieds, à la merci des sinistres tortionnaire de la Fraternité du Changement, les Fratris Crucio. Convaincu que le Chapelain dispose de secrets qui pourraient être utiles à sa victoire finale contre l’Imperium, le chef suprême du culte, le Space Marine du Chaos et Psyker précédemment aperçu, Abasi Amun, déchaîne les douloureux talents des Crucio contre son invité de marque, qui finit très très marqué par leurs délicates attentions, mais refuse obstinément de cracher autre chose que des mollards acides à la face de ses bourreaux. Prenant acte de l’échec de la manière forte, Abasi rend visite au Flesh Tearer (qui n’a jamais aussi bien porté son nom), et pénètre son esprit à l’aide de ses pouvoirs psychiques afin de lui arracher le secret qu’il dissimule au plus profond de son être…

Début spoiler…Manque de pot pour Baba, ce secret n’était pas d’ordre stratégique, mais psychologique, et la RAAAAAAGE des fils de Sanguinius lui contamine fissa le cortex, transformant l’arrogant sorcier en bête de foire. Appollus, qui attendait patiemment le moment de briser ses liens (car il pouvait apparemment le faire sans problème), saisit cette opportunité pour regagner le plancher des vaches, et solote tranquillement son adversaire malgré son état d’affaiblissement et son absence d’armure énergétique. Il faut croire que l’on apprend aux Chapelains des Flesh Tearers à maîtriser leurs patients dans toutes les situations possibles au cours de leur formation pratique.

Ceci fait, Popol s’en va libérer les membres survivants de son escouade, gardés prisonniers dans des cellules toutes proches2, puis s’offre une scène d’action inutile pour la résolution de l’intrigue (il finira la nouvelle dans la base du grand méchant, dans l’attente de l’arrivée des renforts j’imagine), mais à haute valeur cinégénique, puisqu’elle combine à la fois l’explosion spectaculaire d’un vaisseau spatial, un aller retour du Chapelain (toujours en tenue d’Adam) dans l’espace pour échapper au souffle de ladite explosion – enfoncé Guilliman ! –, et l’arrivée à point nommé des Compagnons de la Mort pour envoi d’un petit one liner d’une kioulitude absolue. Morale de l’histoire : il vaut mieux laisser aux Flesh Tearers leurs petits secrets énervants, c’est un coup à perdre la tête.Fin spoiler

1 : Ni la table, ni les négociations, ne sont contractuelles.
2 : Avant cela, il se grave à l’acide mollardique le symbole de son Chapitre sur le torse. Parce que c’est COOL.

AVIS:

Andy Smillie avait l’occasion de nous en dire un peu plus sur le rapport que les Flesh Tearers entretiennent avec la Rage Noire dans cette nouvelle centrée sur le Chapelain Appollus et ses charges, mais on devra se contenter de l’approche très premier degré que l’auteur a choisi de mettre en pratique pour ce ‘Torturer’s Thirst’. Il y avait pourtant du potentiel à exploiter, le caractère quasi viral de l’affliction frappant le Chapitre (déjà souligné par Smillie dans ‘Know Thyself’) en faisant une arme qu’il est possible d’utiliser contre l’ennemi de plus d’une manière, comme l’inquisiteur Abasi Amun l’apprend à ses dépends. De la même manière, j’aurais bien aimé que Smillie explique pourquoi les membres de la Compagnie de la Mort n’attaquent pas Appollus quand il vient les libérer, alors qu’ils ne devraient être que des bêtes de guerre décérébrées à ce stade. Il y avait là aussi de la place pour donner quelques éléments de fluff sympathiques aux Flesh Tearers, mais tel n’a pas été le choix de l’auteur, qui a préféré miser sur l’action à outrance (et même pas tellement sur le gore porn que le titre laissait pourtant présager), comme dans tous ses autres travaux consacrés à ce Chapitre. Et qui comme pour tous ses autres travaux consacrés à ce Chapitre, livre au final une nouvelle très moyenne. La persévérance, c’est la clé.

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Death’s Shepherd – A. Smillie :

INTRIGUE:

De retour sur le monde à problème de Zurcon Primus (déjà « pacifié » par leurs grands anciens il y a dix mille ans1), les Flesh Tearers sont à pied d’œuvre pour mater une nouvelle rébellion des autorités locales contre le pouvoir impérial. Le conflit ayant déjà fait 300 millions de morts au moment où la nouvelle commence, on ne peut pas parler de frappe chirurgicale de la part des meilleurs de l’Empereur, mais comme le protagoniste de l’histoire est (probablement, il n’est pas formellement identifié) le Chapelain Appollus, à qui le concept de victimes collatérales est étranger2, ce bain de sang préliminaire n’est pas vraiment une surprise.

Appollus a pris la tête d’une bande de soldats zurconiens fidèles à l’Empereur, compensant leur manque d’équipement et de munitions par un fanatisme chevillé au corps et des baïonnettes attachées aux crosses de leurs fusils (ce qui n’est pas comment qu’on utilise une baïonnette, j’en suis presque certain). Le Chapelain et ses brebis galeuses doivent attaquer une position tenue par un régiment fidèle au Gouverneur local, et comme il est contractuellement tenu de faire un discours inspirant avant de mener ses hommes au carnage, Popol prononce royalement 37 mots qu’il estime motivants, avant de charger à toutes berzingues vers les lignes ennemies, confiant dans la protection que lui apporte son armure énergétique contre les tirs sporadiques des hérétiques.

Au terme d’un combat à sens unique, le Chapelain se retrouve à court d’ennemis à massacrer, ce qui semble mettre fin à la guerre de Zurcon (sans rire, c’étaient vraiment les derniers rebelles de toute la planète : ça pourrait expliquer pourquoi Appollus est le seul Flesh Tearers de la nouvelle, Gabriel Seth ayant rappelé ses forces pour les déployer sur d’autres campagnes, et laissé le Chapelain faire mumuse en arrière garde). Mais avant de partir, Appollus tient à rappeler au lecteur qu’il est toujours le roi des sales types, et exécute donc gratuitement les trois survivants de son unité, afin de les châtier d’avoir laissé Zurcon se rebeller à nouveau contre l’Empereur. Comme si Jojo, Bébert et Steeve étaient responsables de cette crise. Mais comme dit le proverbe : l’innocence ne prouve rien sans casser des œufs. Ou quelque chose comme ça.

1 : Voir ‘Sons of Wrath’.
2 : Voir ‘From the Blood’.

AVIS:

Quatre pages d’action bourrine et convenue et un clin d’œil pas vraiment inspiré à ‘Sons of Wrath’, c’est à peu près tout ce que l’on peut tirer de ‘Death’s Shepherd’. De façon contrintuitive, il se pourrait que cette histoire soit plus intéressante pour qui n’est pas familier du reste des travaux Flesh Tearers d’Andy Smillie, car ce nouveau lecteur aura plus de chances d’être surpris par la conclusion goredumb (c’est pas du grimdark pour moi) de cette micro nouvelle que l’habitué des pulsions homicidaires de ce bon Chapelain Appollus. Mais à 3,49€ les mille mots, l’addition est salée et le risque couru d’être déçu par cette plongée dans le monde vermeilleux des Flesh Tearers à la sauce Smillie non négligeable. Bienvenue au club.

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Immortalis – A. Smillie :

INTRIGUE:

Alors qu’il agonise sur le champ de bataille, un Space Marine des Flesh Tearers se rappelle ses deux morts précédentes. La première a été symbolique, et a pris place lorsque la Rage Noire s’est emparée de lui après qu’il soit tombé à court d’Orks à tuer, et ait compensé ce manque en faisant mumuse avec les Gardes Impériaux qui accompagnaient le Chapitre au combat. Cette incartade lui a valu d’être transféré au sein de la Compagnie de la Mort, et c’est au cours d’une mêlée furieuse contre ces pleureuses d’Eldars que notre héros a connu sa deuxième mort, le cœur primaire empalé par une lame Xenos. Il faut toutefois croire que FT Man était doué dans ce qu’il faisait, puisqu’au lieu de le laisser mourir en paix, le Maître du Chapitre le fit incarcérer dans un Dreadnought. Ce troisième service, et cette courte nouvelle, se terminent avec la troisième mort de notre gus, victime d’un « coucou qui c’est » pas franchement amical de la part d’un Genestealer Alpha en maraude.

AVIS:

La trajectoire classique et tragique d’un Flesh Tearer, relatée en 1.000 mots par Andy Smillie, n’apprend pas grand-chose de neuf sur le Chapitre, et sa lecture est donc tout à fait dispensable. On notera au passage que contrairement aux Blood Angels, les Flesh Tearers atteints de la Rage Noire ne revivent pas les derniers instants de Sanguinius pendant le Siège de Terra (ce qui est totalement la classe, tout de même) : ils sont juste très très énervés. Symptôme propre au Chapitre ou gaffe fluffique de la part d’un auteur qui n’est décidément pas à l’abri de ce genre de bévue ? Je laisse à chacun le soin de se faire une opinion.

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The Quickening – A. Smillie :

INTRIGUE:

L’Archiviste Balthiel des Flesh Tearers a choisi d’opérer seul derrière les lignes ennemies pour mener à bien l’assassinat du Gouverneur hérétique de Spheris, et nous le voyons faire usage de ses pouvoirs psychiques, dont son signature move : the quickening (une sorte de bullet time qui lui permet de ralentir l’écoulement du temps autour de lui), pour se débarrasser de la garde personnelle du félon. Bien que très efficace, l’abus du Warp est dangereux pour la santé mentale, et Balthiel finit la novelinette (3 pages !) en PLS, sa mission accomplie mais sa messagerie mentale submergée de spam de Démons cherchant à lui vendre des analgésiques miraculeux et/ou à lui faire rencontre des hot single spawns dans son voisinage. Bref, un jeudi ordinaire pour notre ami Flesh Pseaker.

AVIS:

Andy Smillie continue sa série consacrée à la mise en scène des pouvoirs psychiques des Blood Angels (et descendants) dans ses nouvelles Flesh Tearers avec cet insignifiant à tout point de vue ‘The Quickening’. Les amateurs de ce genre très particulier peuvent se tourner vers ‘From the Blood’ pour voir l’incroyable Balthiel utiliser le Bouclier de Sanguinius d’une manière fort peu orthodoxe (et tomber à nouveau dans les pommes, comme le gros bébé fragile qu’il est). Les autres économiseront les 3.49€ demandés pour ces quelques lignes peu mémorables1 et iront dépenser leur capital chèrement acquis ailleurs.

1 : Qui bénéficient malgré tout d’une recommandation de nul autre que James Swallow (« So visceral, you can taste the blood in your teeth »). Si ça ne vous donne pas une bonne raison supplémentaire de ne pas acheter ‘The Quickening’, vous allez vite apprendre…

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Astorath the Grim: Redemeer of the Lost – A. Smillie :

INTRIGUE:

Nous suivons Astorath dans son quotidien de Haut Chapelain des Blood Angels et voiture balai hache des descendants de Sanguinius, alors qu’il piste un groupe de Flesh Tearers de la Compagnie de la Mort ayant eu la mauvaise idée de survivre à la campagne d’Hamenlina. Le croirez-vous, mais même à un contre cinq, Astorath le bath parvient à apporter la paix des braves à ses brebis égarées. À peine le temps de prendre un petit café crémation, et voilà le Rédempteur reparti pour de nouvelles aventures sans queue (un peu) ni tête (surtout).

AVIS:

Aucune surprise dans ces quatre pages, qui dépeignent un Astorath en tout point conforme à la présentation qui en est faite dans le Codex Blood Angels. Allez, si on veut être charitable, on peut dire que l’identité de ses victimes est une micro surprise pour qui ne connaît pas le passif d’Andy Smillie avec les Flesh Tearers (chanceux que vous êtes). Cela ne sert absolument à rien dans l’histoire, mais c’est une surprise (je vous avais dit que c’était de la charité hein). Encore une micro-nouvelle vendue beaucoup trop chère pour ce qu’elle apporte en termes de plaisir de lecture et d’éléments de fluff, et donc à éviter comme la Rage Noire1.

1 : Si le personnage d’Astorath vous intéresse, je vous conseille d’aller lire ‘Redeemer’ de Guy Haley, qui est d’un rapport qualité prix sans aucune mesure avec la soumission de Smillie. Et les deux sont vendues au même tarif par la BL !

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Gabriel Seth: The Flesh Tearer – A. Smillie :

INTRIGUE:

Gabriel Seth en a gros sur la patate (énergétique). Ayant appris qu’Astorath avait exécuté des Flesh Tearers sans demander la permission auparavant1, le Maître de Chapitre lésé voyage jusqu’à Baal incognito (il a mis une capuche) afin de s’expliquer franchement avec le Haut Chapelain.

Par un heureux hasard, Astorath est présent dans le Reclusiam de Baal lorsque Gaby y fait irruption2, et les deux surhommes peuvent enfin se dire leurs quatre vérités… et se mettre des bourre pifs. On ne va pas se mentir, je n’en attendais/espérais pas moins de la part Gabriel « coup de boule » Seth, toujours aussi doué en matière de diplomatie. Seulement voilà, notre héros fait moins le malin lorsque son adversaire est un personnage nommé en armure d’artificier renforcé au scénarium, et le crétin de Cretacia crache rapidement quelques dents (même s’il parvient à abimer le jet pack de son adversaire dans la bagarre). Ayant compris qu’il ne sortirait pas vainqueur de ce combat, Seth abandonne sa stratégie initiale (occuper Astorath pour l’empêcher d’aller chercher des noises à d’autres Flesh Tearers), d’une stupidité aussi redoutable que lui-même, et s’en va se faire poser des implants en céramite en jurant à son adversaire qu’il n’a pas intérêt à revenir prendre la tête à d’autres Flesh Tearers. Sinon… Sinon.

1 : Voir ‘Astorath the Grim: Redeemer of the Lost’ du même auteur.
2 : Astorath passant son temps à voyager à travers la galaxie pour décoiffer les descendants les plus indisciplinés de la Légion de Sanguinius (ce qui fait un paquet de Chapitres à couvrir), on peut raisonnablement penser qu’il n’est pas souvent sur Baal. La nouvelle est d’ailleurs encore plus drôle si on considère que Seth est déjà venu vingt fois sur la planète, et est tombé à chaque fois sur une pancarte « sorry, we’re closed » lorsqu’il s’est présenté devant le Reclusiam.

AVIS:

De toutes les micro-histoires tournant autour des Flesh Tearers qu’Andy Smillie a écrit pour son Chapitre de prédilection, ‘Gabriel Seth : The Flesh Tearer’ est de loin celle que j’ai trouvée la plus intéressante. Voir le patron des Flesh Tearers aller régler ses comptes avec Astorath sur Baal pour protéger ses frères, même si ces derniers méritent dans l’absolu l’exécution que le Haut Chapelain des Blood Angels leur délivre, donne en effet plus de profondeur et de sympathie à Seth que toutes ses précédentes apparitions dans le corpus de Smillie. Cela n’est pas suffisant pour justifier le prix de vente de ces quelques pages, mais j’aurais apprécié que cette intrigue soit développée sur un format plus classique, afin de permettre une plus grande immersion dans les relations compliquées entre Gabriel Seth et ses « tuteurs » au sein des Blood Angels (Dante et Astorath), dont Smillie ne livre que des bribes au détour de ses dernières soumissions (voir ‘Trial by Blood’ et ‘A Son’s Burden’). Il reste un peu d’espoir…

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A Son’s Burden – A. Smillie :

INTRIGUE:

A Son's BurdenLa planète Nekkaris est assiégée par les forces chaotiques de Da’ka Jumoke, Space Marine renégat et impotent (il passera toute la nouvelle juché sur son trône, pépouze dans son Thunderhawk), mais peut compter sur l’aide des féroces Flesh Tearers de Gabriel Seth pour faire face à ce coup du sort. Venu avec l’intégralité de son Chapitre, Gab’ a toutefois commis l’erreur de renvoyer ses propres Thunderhawks passer leur contrôle technique une fois les Space Marines déployés au sol, réduisant drastiquement leur mobilité, et donc leur efficacité. Au moment où la nouvelle commence, on comprend que les fils bourrins de Sanguinius sont piégés avec leurs alliés dans les ruines de la capitale planétaire, et ne peuvent monter à l’assaut sans être réduits en pulpe d’Orangina Rouge par l’artillerie chaotique, qui pilonne la ville avec insistance. Résultat des courses : la galerie de personnages secondaires Flesh Tearers développée par Smillie au cours des précédents épisodes (le Chapelain Appollus, le Champion Harahel, l’Apothicaire Nisroc, l’Archiviste Balthiel) s’occupe comme elle peut en balançant des remarques désobligeantes sur le potentiel intellectuel des Nekkarites, qui n’ont pas encore maîtrisé l’art subtil du baissage de tête pour éviter les obus, comme les meilleurs de l’Empereur savent si bien le faire. What the duck, quoi. Un moyen comme un autre de canaliser la rââââââge qui menace de les faire dégoupiller à tout moment, comme c’est le lot des Sangui’ Bois de Cretacia.

Plus intéressant, nous suivons en parallèle la mission d’infiltration de la Compagnie des Scouts1 du Capitaine Temel, chargée de neutraliser les batteries adverses afin de permettre au gros des troupes de charger, éviscerateur au clair. Dans ces conditions difficiles, les novices font du mieux qu’ils peuvent, mais la présence de patrouille de Space Marines du Chaos dans le cordon défensif d’une part, et les gros problèmes de self-control qui sont le lot des Tireurs de Flèches d’autre part, prélèvent un lourd tribut chez les loyalistes. Déterminé à mener sa mission à bien dans les délais qui lui ont été impartis, Temel fait fi des pertes catastrophiques et parvient à faire exploser les obusiers adverses, mais se fait gravement grenailler le bedon dans l’opération. Il peut toutefois contacter Gabriel Seth avec le sentiment du devoir accompli, et la certitude que ses Scouts ne vont pas tarder à être secourus par leurs gros copains…

Début spoiler…Enfin, ça, c’était le plan A. Le plan B, comme Baal-Est-En-Danger-Il-Faut-Venir-Nous-Aider-Tout-De-Suite-Bisous-Dante, ne laisse pas l’ombre d’une chance aux infiltrés, car Seth annonce à son subalterne que tout le Chapitre est déjà sur le chemin de l’orbite2, et qu’il n’est pas possible d’attendre ni d’aider les survivants de Temel. La tuile. En effet, le message de détresse envoyé par les Blood Angels, constatant que les Tyranides se rapprochaient dangereusement de leur planète chapitrale, à leurs successeurs, a eu un effet bœuf chez le patriote Gaby 7, qui considère qu’il est du devoir des Flesh Tearers de répondre à l’appel de leurs Primogenitors, même si ces derniers n’ont pas été très tendres avec les débordements des fistons d’Amit au cours des derniers siècles. La famille, c’est sacré. Beau joueur, Temel souhaite bon vent à son supérieur démissionnaire, et se prépare à mourir dignement après s’être tranché la langue, dans la plus pure tradition cretacienne (il a raccroché avant, bien sûr).

La nouvelle se termine avec un petit passage dans la salle du trône de Da’ka, qui était venu pour casser du Flesh Tearers plutôt que pour conquérir la planète, et décide donc de partir à son tour de Nekkaris lorsque ses subalternes locaux viennent lui annoncer la bonne nouvelle. À suivre, donc…Fin spoiler

1 : Qui devrait être la 10ème Compagnie, mais comme certaines sources établissent que le Chapitre n’en compte plus que quatre, je préfère ne pas m’avancer sur les nombres.
2 : C’est à se demander qui gère les Thunderhawks des Flesh Tearers.

AVIS:

Andy Smillie livre avec ‘A Son’s Burden’ une introduction satisfaisante aux événements relatés dans ‘The Devastation of Baal’, du point de vue de ses chouchous Flesh Tearers. Si la mission commando de Temel occupe le plus gros de la nouvelle, et nous donne à voir toute l’abnégation du Capitaine, prêt à sacrifier ses hommes (et pour certains d’entre eux, à les abattre de ses mains lorsque la Soif Rouge se fait un peu trop pressante) et à laisser massacrer des civils pour parvenir à son objectif, la description de la décision de Seth d’abandonner des frères d’armes pour voler au secours de Blood Angels pourtant peu sensibles à la difficile situation de leur Chapitre successeur, donne une dimension noble et tragique à des Flesh Tearers que l’on avait jusqu’ici dépeint en brutes sanguinaires. Cet enrichissement du background des natifs de Cretacia est à mettre à l’actif d’un Smillie que j’ai trouvé plus mature et à l’aise dans son propos qu’il ne l’était dans ses premiers textes pour la Black Library. Deux défauts significatifs empêchent toutefois ‘A Son’s Burden’ d’être une réussite totale. Le premier est son traitement très « épisodique », en cela qu’on a l’impression tenace, et sans doute fondée1, que les événements relatés ici ne sont qu’un fragment d’un arc narratif beaucoup plus large : un tel procédé n’est pas interdit, mais je considère tout de même qu’une histoire vendue comme une nouvelle indépendante devrait pouvoir être lue de manière indépendante, sans avoir l’impression de passer à côté d’une partie du propos. Le second est l’usage inconstant des Thunderhawks des Flesh Tearers fait par Smillie : ce n’est certes qu’un détail, mais cela démontre un manque de connaissances et de réflexion sur le mode de fonctionnement d’un Chapitre Space Marines assez problématique. Bref, des progrès mais pas encore un sans faute.

1 : Même si Da’Ka Jumoke semble avoir tout à fait disparu de la surface de l’univers après cette nouvelle.

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The Rite of Holos – G. Haley :

INTRIGUE:

The Rite of HolosNotre histoire débute dans l’astroport du monde de Catria, planète de 43ème ordre en proie depuis quelques mois à un schisme profond. Détail mineur du récit, mais source potentiellement inépuisable de blagues lamentables (dont les écrits de votre serviteur font une consommation invétérée) que je ne peux donc (in)décemment passer sous silence, la population de Catria a pour particularité d’être à majorité féminine, les individus mâles étant chétifs et n’atteignant généralement pas l’âge adulte. L’immense majorité des protagonistes et antagonistes locaux de The Rite of Holos sont donc des représentants du beau sexe, dont la confrontation avec ce parangon d’uber virilité patriarcale qu’est le Space Marine impérial ne peut logiquement que faire des étincelles. Fin de la parenthèse et début de la beauferie.

Dépassée par les évènements, la garnison locale a donc fini par contacter le SAC (Service Après Colonisation) impérial, demandant l’envoi de renforts pour mater la rébellion initiée par une certaine Hesta, sainte vivante autoproclamée ayant le goût des choses simples. Par chance pour les loyalistes, le chapitre des Blood Drinkers passait dans le coin au moment des faits, lancé qu’il était dans la traque de l’origine d’une infection Genestealers dans ce même sous-secteur1. Jamais un à laisser être bafouées saintes prérogatives de Pépé, le Maître de Chapitre des Buveurs (Caedis) accepte la requête des Catrians et se téléporte sur place en compagnie de sa garde rapprochée.

Rapidement briefé sur la situation par la Colonel Indrana au cours d’une visite des abords du Reliquary Sanctum, place forte des rebelles s’étant révélée jusqu’ici inexpugnable, Caedis rejoint ensuite ses potes à la morgue pour procéder à l’étude d’un spécimen de mutant abattu à grand peine par les Gardes de Catria alors qu’il procédait à une distribution de (pâtes à) tartes sur les positions loyalistes. Trahie par de subtils détails, invisibles pour le tout-venant mais évidents pour les yeux entraînés des Blood Drinkers (absence de manucure, jean boyfriend sans talons, carapace chitineuse, troisième bras…), l’appartenance du mutant à un culte Genestealers apparaît au grand jour, au grand plaisir de Caedis et de ses lieutenants, le Réclusiarque Mazrael et le Maître Sanguinien Teale (qu’à partir de maintenant, j’appellerai frère Canardo). Ayant gentiment mais fermement envoyé la Colonel Indara lui préparer un sandwich pour pouvoir discuter de manière privée, Caedis expose son plan de bataille à ses sous-fifres pendant que Canardo eviscère le cadavre de Gennie avec un entrain déplacé : afin de pouvoir localiser l’origine de l’infection Xenos, il sera nécessaire pour les meilleurs de l’Empereur d’accéder au cœur du culte, là où la Matriarche et les jeunes ont trouvé refuge. Ce n’est en effet qu’en tirant parti de l’écho Warp des appels vers la Grande Dévoreuse de ces derniers que l’Archiviste de service (Guinian) pourra remonter à la source du problème. Il faudra donc faire le sale boulot soi-même au lieu de régler le problème d’une petite frappe orbitale bien placée, ce qui convient tout à fait à la philosophie martiale des Blood Drinkers. En guise d’ultime mais nécessaire préparation à cet assaut, Caedis autorise Ma et Canardo à réaliser le fameux rite d’Holos afin de préparer les frères de bataille à la confrontation avec l’ennemi et « aiguiser » leur Soif Rouge. Si les détails de l’opération ne sont pas donnés par Haley, on comprend assez facilement qu’une quantité significative de sang sera nécessaire à cette dernière, et que les brave Blood Drinkers ne seraient pas contre une participation active de la populace locale. Voilà qui est bien suspect.

La suite de la nouvelle est consacrée à l’attaque sur Reliquary Sanctum, menée de main de maître par des Blood Drinkers ayant bien compris que cribler une femme de bolts est la plus belle preuve de respect qu’on puisse lui donner au 41ème millénaire. À la pointe de l’assaut, Caedis, Canardo, Guinian et une escouade de Terminators se fraient un chemin dans les niveaux inférieurs de la cathédrale de Sainte Catria, devant à la foi se garder des embuscades des genestealers et des pulsions meurtrières induites par la Soif Rouge, qui les incite à foncer tête baissée dans la mêlée et les place donc à la merci de leurs perfides adversaires. Malgré toute l’expérience et la discipline qui caractérisent les vétérans Blood Drinkers, frère Metrion est le premier à péter une durite, la vue des cheveux ternes (et probablement gras) des cultistes ayant outragé l’esthète qui sommeille au cœur de chaque descendant de Sanguinius. C’en est fini de la progression méthodique des Buveurs, qui tourne à la fuite en avant matinée de battle royale, les frères de bataille les plus posey tentant tant bien que mal de venir au secours des mâles en rut qui leur servent de compagnons d’armes, avec des résultats plus ou moins concluants.

Ayant malgré tout atteint le cœur des positions ennemies (la cuisine de la cathédrale), les Blood Drinkers survivants se retrouvent face à face avec la magos Hesta, dont les pouvoirs psychiques et les lâches insinuations à propos de la virilité de nos héros les maintiennent un temps en respect. Heureusement pour les meilleurs de l’Empereur, le statu quo fini par être pulvérisé, en même temps qu’un des murs de la cathédrale, par l’intervention salutaire du Dreadnought Endarmiel. Ayant astucieusement fait le tour de la zone de combat grâce à sa capacité à lire des cartes, il effectue ensuite un parfait créneau qui met le canon de son fulgurant à hauteur du sternum de cette mégère d’Hesta, et transforme cette dernière en dés de poitrine fumé. La suite n’est plus qu’une formalité pour les Blood Drinkers survivants, qui peuvent repartir de Catria avec la satisfaction du travail bien fait et l’information cruciale qu’ils recherchaient depuis plusieurs mois, et laissant à leurs obligées le soin de faire le ménage de leurs sanglants exploits (cadavres de Gardes saignées comme des cochettes pour les besoins de leur potion magique secrète inclus). Voilà ce qui s’appelle une juste répartition des tâches.

1 : Arc narratif qui se conclura dans ‘Death of Integrity’, commis par the same Guy.

AVIS:

The Rite of Holos s’avère être une nouvelle assez sympathique à lire, même si la vacuité de son propos n’en fait pas une expérience mémorable. À ce titre, c’est bien la première partie du récit, pendant laquelle Haley réussit à peindre de manière assez convaincante la dangereuse dualité des Blood Drinkers, dont l’apparence angélique et la bienveillance manifeste dont ils font preuve envers leurs compagnons d’armes humains dissimulent un besoin viscéral et impérieux de satisfaire (de manière littérale et figurée) leur soif de sang, à n’importe quel prix, qui constitue le principal intérêt du récit. À titre personnel, j’aurais apprécié qu’Haley passe plus de temps sur ce fameux rite d’Holos, dont les modalités ne laissent que peu de doutes mais dont l’intérêt pour les Blood Drinkers est loin d’être évident, si on en juge par la facilité avec laquelle ils succombent à la Soif Rouge. Boire ou occire, il faudrait donc choisir.

Au crédit de Haley, on peut également mettre son souci d’intégrer à son récit des éléments de fluff que la plupart des auteurs de la BL auraient tout bonnement ignorés (ici le souci de l’esthétisme chez un chapitre héritier des Blood Angels, dont le Maître de Chapitre préfère attaquer une position ennemie que la bombarder afin de préserver autant que possible les reliques architecturales du site), ainsi que sa capacité à soumettre des idées pertinentes et originales (comme une planète peuplée seulement de femmes, ce qui doit exister dans un Impérium d’un million de mondes2).

Les scènes de combat sont, elles, d’une platitude consommée, l’auteur ne parvenant pas à faire ressortir du lot cette nème confrontation entre Space Marines et ennemis de l’Imperium des dizaines, voire centaines de passages similaires produits par la BL au cours des dernières décennies. Bien sûr, la Soif Rouge vient pimenter un peu les choses, mais on reste là encore sur le territoire très connu du « ouhlala-ça-n’a-jamais-été-aussi-dur-mais-je-dois-absolument-résister », sur lequel Swallow (saga Rafen) et Smillie (Beneath the Flesh) ont déjà bâti des arcs narratifs entiers3.

Dernier point d’insatisfaction, une « individualité » de la nouvelle pas assez marquée de la part de Haley. Si cela n’est pas rédhibitoire à la lecture, il est en revanche très clair que The Rite of Holos n’est qu’une bouture d’une œuvre plus conséquente (dans ce cas précis, Death of Integrity), et dont la raison d’être consiste à apporter quelques détails supplémentaires à cette dernière. Cela se perçoit particulièrement à travers le nombre important de personnages BD que Haley convoque (Caedis, Ma, Canardo, Guinian, Endarmiel), sans que ces derniers ne jouent un rôle vraiment important dans le récit. Un casting un peu plus réduit aurait sans doute permis à l’auteur de s’investir plus fortement sur ses protagonistes, et les rendre ainsi plus intéressant pour le lecteur.

Ceci dit, la balance reste tout de même positive pour The Rite of Holos, et on peut qualifier les débuts de Guy Haley dans Hammer & Bolter de succès, certes pas éclatant, mais pas bradé non plus.

1 : Peu d’auteurs de la BL ont pris la liberté d’explorer toutes les possibilités ouvertes par un cadre proprement galactique, les mondes impériaux en particulier étant en particulier touchés par une standardisation qui n’a pas lieu d’être. Guy Haley reprend le flambeau de Barrington J. Bayley, qui n’avait pas hésité à s’amuser franchement avec les planètes et cultures convoquées dans ses soumissions BL.
2 : La référence en la matière d’utilisation « optimisée » de la tare génétique des descendants de Sanguinius reste Aaron Dembski-Bowden et son ‘At Gaius Point’.

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Lemartes: Guardian of the Lost – D. Annandale :

INTRIGUE:

Lemartes_Guardian of the LostUne catastrophe minière s’étant produite dans la ceinture d’astéroïdes entourant la planète de Phlegethon a des conséquences tragiques pour les habitants de ce monde ruche, et démontre de façon irréfutable que les Blood Angels sont des planqués. Qui ? Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Tout fera bientôt sens pour vous, lecteurs.

Le prélude de notre histoire suit la trajectoire misérable et ténébreuse de Baldwin Morrov, l’un des mineurs piégés dans une galerie creusée dans l’une des nombreuses petites lunes orbitant autour de Phlegethon. Notre homme possède la capacité, totalement inutile pour lui et pour l’intrigue, de percevoir les prières qui sont adressées pour son salut. Au fur et à mesure que ces dernières se font moins nombreuses, les habitants de Phlegethon renonçant à envisager que la catastrophe a laissé des survivants, Morrov commence à déprimer, et, comme la plupart de ses camarades d’infortune, sombre dans la folie et le cannibalisme. Lui aura pourtant la chance de taper dans l’œil et le trône de Khorne, qui décide de jouer un tour pendable à ses voisins du Matérium en faisant de Morrov son prophète. Ayant trouvé par miracle un chemin jusqu’à la surface de la lune, Mo’ est récupéré par une équipe de secours qui passait dans le coin, et ramené en toute hâte sur Phlegethon afin d’y recevoir les meilleurs soins possibles, en sa qualité de héros et martyr. L’opération de com’ du Gouverneur local, qui a poussé le dévouement jusqu’à porter lui-même le brancard de Morrov, tourne toutefois au vinaigre lorsque ce dernier se réveille brutalement en salle d’opération, et balance un gros « BOOOOOOOOOOOOOR*EEEEEEEEEEEL DE M*RDDDDDE » à la cantonade, plongeant immédiatement ses soignants, puis par le jeu d’une contagion très rapide, toute la population de la ruche Profundis, dans une frénésie sanguinaire. Le début des ennuis pour Phlegethon.

À l’autre bout du Segmentum, nous faisons la connaissance de nos véritables protagonistes et antagonistes. À ma droite, le Chapelain Lemartes, dont la Rage Noire s’exprime littéralement et littérairement par son utilisation de phrases très courtes. Pas plus de quatre mots. Parfois cinq. Mais c’est rare. Concentré il doit rester. Tout le temps. Faire la part des choses. Respirer profondément. Boire de l’eau. Beaucoup d’eau. À ses côtés, son thérapiste personnel, le brave et haut Prêtre Sanguinien Corbulo, qui passera beaucoup de temps dans la novella à demander à Lemartes où il est, afin de s’assurer qu’il n’est pas enfermé dans une lubie terrestre dangereuse1. Enfin, un mot sur le Capitaine de la 4ème Compagnie des Blood Angels, Castigon, à la tête de la force envoyée par Dante sur Phlegethon pour remettre un peu d’ordre sur la planète après que les déboires du monde ruche ait fuité. Du côté des méchants, ce sont les Blood Disciples de Khevrak, une bande de Space Marines renégats et affiliés à Khorne, qui tiennent le haut de l’affiche. Leur connexion divine leur a permis de détecter la venue du prophète rageux sur Phlegethon, et comme ils s’en veulent encore d’avoir tué sa dernière incarnation du temps où ils étaient encore loyaux et formaient la 8ème Compagnie des Emperor’s Wolves, il se rendent également sur place pour… euh… faire des excuses à qui de droit, et se racheter aux yeux de Khorne.

Et c’est à présent qu’il me faut passer à la vitesse supérieure, tel un Rhino bénéficiant de la règle Moteurs Gonflés, car les 100 pages suivantes de ‘Lemartes: Guardian of the Lost’ sont d’une longueur et d’une lenteur absolue. Pour aller au fond des choses, nous suivons les Blood Angels alors qu’ils attaquent la ruche de Profundis, qui n’est plus peuplée que par des centaines de millions de Zombies de la Peste Raaaaage, afin de faire la peau au prophète susmentionné. Ce dernier les attend aux portes de la cité en faisant de la breakdance et du beat box très énervant, protégé par les Blood Disciples qui se répandent en excuses et en tirs de bolter. Les impériaux (il y a en plus des Blood Angels un régiment motorisé de Gardes de Fer de Mordian qui traînait dans le coin et cherche à se rendre utile) doivent à la fois repousser en permanence les assauts des citoyens enragés de Phlegethon, et composer avec les conditions climato-cataclysmiques difficiles que le prophète déchaîne sur eux toutes les vingt pages. Cela commence par un pilier de sang, qui aiguise la Soif Rouge des Blood Angels (dont Castigon, qui revient dans le droit chemin après que Corps de Bulot lui ait renversé le Graal Rouge sur la tête pour lui faire reprendre ses esprits) qui s’approchent trop à un niveau problématique. Puis on passe à une pluie de météorites. Puis à une vague de sang. Puis à un déluge de sang. Et pour terminer, un déluge de sang enflammé. Si ces intempéries rougeâtres n’affectent pas tellement Lemartes et ses petits copains de la Compagnie de la Mort, qui ont d’autres problèmes plus graves à gérer de leur côté, les Blood Angels « normaux », eux, dégustent méchamment, au point que Castigon, qui a sombré dans l’alcoolisme sanguinaire une deuxième fois au cours de l’histoire, et a été sevré une deuxième fois par Corbulo (qui lui a juste donné un grand coup de Graal sur le crâne), décide héroïquement de donner le commandement au Chapelain, et de rester tranquillement à l’abri dans son Rhino jusqu’à la fin de la bataille (avec Coco, évidemment). C’est d’autant plus drôle que les Mordians du Colonel Reinecker, eux, réussissent à maintenir leur discipline malgré tout ce qu’ils prennent dans les dents, depuis les hordes de rageux de Profundis jusqu’aux manifestations démoniaques de force 88 sur l’échelle de Magnus, en passant par les assauts des Blood Disciples et ceux de la Compagnie de la Mort de Lemartes (un malentendu2). Comme quoi, la taille et le nombre d’organes surnuméraires ne fait pas tout…

Début spoiler…La surprise du chef et l’invité de marque de la fin de la novella sera ce bon vieux Skarbrand, qui se matérialise finalement (seul) dans le money time, et provoque la mutation des Blood Disciples survivants. Annandale nous tresse un parallèle entre le rachat impossible du démon majeur et celui des Space Marines du Chaos aux yeux de Khorne, dont la bouderie est éternelle, mais who cares à ce stade franchement. Les derniers Mordians donnent leur vie pour distraire le Buveur de Sang, ce qui permet à Lemartes et aux Blood Angels ne s’étant pas fait porter paal de monter une charge décisive sur les positions ennemies. Après un dernier round de corps à corps meurtrier, Skarbrand est renvoyé à ses chères études, les Blood Disciples massacrés ou mis en fuite, et le calme peut enfin revenir sur Phlegethon (il reste encore quelques millions de Zombies enragés à euthanasier, mais la femme de ménage peut s’en charger). De son côté, l’inflexible Lemartes regagne sans faire d’histoire sa camisole énergétique, son impeccable self control lui permettant de repousser encore un peu l’exécution sommaire qui lui pend au bout du sellion. Une tisane à l’aubépine, et ça repart.Fin spoiler

1 : Lemartes lui répètera au moins aussi souvent que sa méthode ne sert à rien car il n’y a que lui qui peut se faire revenir à la réalité. Mais ça ne décourage pas Corbulo.
2 : Après coup, Lemartes vient engueuler le Colonel Reinecker dans l’hôpital de campagne (il s’est fait à moitié arracher le bras par le Chapelain), car ce dernier a osé voulu faire son devoir en progressant vers l’objectif. On peut être très zélé et de très mauvaise foi.

AVIS:

Je dois à David Annandale d’avoir écrit le premier texte publié par la Black Library qui m’a semblé tellement long, et disons le tout net, chiant, que j’ai douté de ma capacité à en venir à bout. Ce ‘Lemartes: Guardian of the Lost’ manque en effet tellement d’idées pour meubler ses 125 pages que l’auteur étiiiiiiiiire/répète jusqu’à la nausée les trois péripéties auquel il a pensé pour l’animation de cette campagne d’une banalité confondante. Je pense sincèrement que cette novella pourrait être moitié moins longue, garder la même structure et les mêmes événements, et s’avérer plus lisible que cet extended cut qui pourrait être sous-titré « Voyage jusqu’au bout de l’ennui ».

Si ce défaut structurel, sans doute causé par le besoin d’Annandale de donner à son éditeur un moyen format sur un sujet qui ne l’intéressait pas vraiment, est pour moi le plus gros point noir de ce texte, ce n’est pas le seul (comme souvent avec cet auteur). Je dois également souligner quelques passages incongrus, comme Lemartes qui bugge pendant cinq pages à rentrer dans son Rhino en essayant de se rappeler s’il a laissé ses clefs sur Terra en M31 ou sur Phlegethon en M41, qui durent également bien trop longtemps pour la crédibilité de cette novella. Lemartes lui-même, ou plutôt le traitement qui en est fait par l’auteur, est d’ailleurs une autre source de crispation, l’abus de phrases courtes pour représenter la folie contenue du personnage s’avérant rapidement lassant, car peu clair pour le lecteur. Citons également la tendance d’Annandale à intégrer à sa narration des détails potentiellement important pour la suite de l’histoire, mais qui ne serviront finalement à rien (comme le fait que le mineur Morrov perçoive les prières sans être un Psyker, ou que les Blood Angels reviennent sur Phlegethon après plusieurs millénaires). Enfin, et c’est peut-être la critique la plus subjective que j’adresserai à ce ‘Lemartes…’, j’ai trouvé la distinction qu’Annandale fait entre Rage Noire et Soif Rouge artificiellement nette. Le fait que les membres de la Compagnie de la Mort soit immunisés aux effets du pilier de sang « grâce » à leur affliction enlève à mes yeux le côté mystique de cette malédiction centrale à l’identité des Blood Angels, et la rapproche plutôt d’une pathologie classique (comme une grippe qui empêcherait d’attraper un rhume). Bref, il n’y a à mes yeux absolument aucune raison, sincère ou déviante, de s’infliger la lecture de la véritable purge littéraire qu’est cette novella, et c’est pour moi une désagréable nouveauté : jusqu’ici, Annandale avait au moins eu l’amabilité d’être distrayant dans sa bofitude.

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Sin of Damnation – G. Thorpe :

INTRIGUE:

Sin of DamnationPlus de six siècles après s’être fait botter les fesses, qu’ils ont pourtant comme le nez, aquilines, par la colonie Genestealers créchant dans le Space Hulk Sin of Damnation, les Blood Angels repartent à l’assaut de ce môôôôôdit vaisseau fait de vaisseaux, afin de venger leur honneur (beaucoup) et de peut-être récupérer quelques gadgets de valeur dans l’épave (un peu). Guidés1 plutôt que menés par le Capitaine Raphael, la 1ère Compagnie des Anges de la Mort s’est déployée en force sur le Sin, et nous suivons en particulier les escouades des Sergents Lorenzo et Gideon, qui se trouvent être les protagonistes de la quatrième version du jeu Space Hulk. Le hasard fait tout de même bien les choses. Ces dix farouches vétérans seront rejoints à l’occasion par le Terminator d’Assaut Claudio et l’Archiviste Calistarius, et vivront de nombreuses et passionnantes aventures dans un environnement hostile et plein de blips.

Au cours des 60 pages de ce ‘Sin of Damnation’, nous les verrons ainsi détruire les navettes de sauvetage du Space Hulk (au cas où le Genestealer à Lunettes trouverait comment les faire fonctionner, j’imagine), avoir des problèmes d’armure, aller secourir un chat – pardon un C.A.T.2 – perdu, lancer une diversion, empoisonner l’atmosphère de l’épave pour rétablir un peu le rapport de force (80 contre 40.000, c’est un peu déséquilibré même pour du jeu narratif3), se faire hypnotiser endormir par le Genestealer Alpha d’en face puis réveiller par quelques claques amicales de Calistarius, avoir des problèmes d’armure, retrouver l’éprouvette soumise par Sanguinius pour sa visite médicale d’embauche auprès de l’Empereur, battre en retraite et se perdre (saleté de mémoire eidétique discount), tomber dans des trous et mourir hors champ3, tomber dans la dépression et revenir au top, tenir la ligne pour permettre l’évacuation des camarades, AVOIR DES PROBLEMES D’ARMURE, repartir à l’assaut pour réaliser une biopsie d’un Genestealer Alpha, et finalement quitter le Sin of Damnation avec la satisfaction du devoir accompli et d’une campagne rondement menée. Le mot de la fin alternative revient tout de même au Frère Noctis, le seul à s’émouvoir de la stupidité de contester le Space Hulk à des nuées de Genestealers ayant réduit le Chapitre à 5% de ses effectifs quelques siècles plus tôt, alors qu’il serait facile de détruire cette menace depuis la sécurité d’une barge de bataille. Il faut savoir ravaler son panache parfois : c’est aussi à ça que sert le preomnor, que diable.

1 : Il passe toute la novella à (littéralement) mille kilomètres des combats, à donner ses instructions et délivrer des proverbes baalites depuis son studio de (drop)podcast.
2 : Cyber-Altered Task (unit), soit un Roomba avec une webcam scotchée sur le capot, et qui sert aux Techmarines Blood Angels à reconnaître les couloirs du Space Hulk. Déjà que c’est pas gagné contre de vrais chats, je ne pense pas qu’un vaisseau abandonné rempli de Xenos mals en groin soit le meilleur endroit pour déployer ce bidule.
3 : Ce tyran de Raphael ne voit pas de problème à envoyer nos dix héros contenir deux mille Genestealers à eux tous seuls. The bravery of being out of ra(n)ge.
4 : C’est le cas du Frère Omnio, que Thorpe fait simplement disparaître de la novella après qu’il soit passé à travers une cloison (sans dommage), et ait donné rendez-vous au reste de son escouade à l’escalier le plus proche.

AVIS:

Gav Thorpe était tout autant en mission que ses héros lorsqu’il a écrit cette novella, ou plutôt les morceaux de cette dernière accompagnant chacun des scénarios jouables de la boîte de jeu Space Hulk, et qui ont été assemblés pour former un tout certes cohérent, mais pas franchement intéressant, dans un deuxième temps. Il m’est donc difficile de reprocher à l’auteur sa responsabilité dans ces longuettes et répétitives péripéties, pendant lesquelles personne ne peut contractuellement mourir pendant la majeure partie du récit, et ne laissant guère de place au développement d’une véritable tension narrative, malgré les passages écrits depuis le point de vue d’un Genestealer Alpha. Thorpe étant Thorpe, il reste des passages/idées/détails pour lesquels il aurait pu faire un meilleur boulot s’il y avait réfléchi deux secondes (à commencer par une quasi absence de Soif Rouge/Rage Noire dans l’histoire, ce qui est contre-intuitif pour une novella dont les protagonistes sont tous des vétérans Blood Angels1), mais le véritable coupable de cette purge littérale et figurée reste la Black Library, qui n’a pas résisté à la tentation de se faire quelques crédits impériaux en proposant de la novella reconstituée à un public non averti2. Amis lecteurs, soyez un peu plus malins que les personnages de cette triste histoire, et ne tombez pas dans le piège grossier tendu par un adversaire retors mais pas très finot : si vous lisez ceci à temps pour suspendre votre potentiel achat de ‘Sin of Damnation’, cease and desist et trouvez quelque chose d’autre à consommer.

1 : Et avec un Archiviste du nom de Calistarius (i. e. Baby Mephiston) au casting…
2 : 13.99€ le packageSin of Damnation’ + ‘Sanguis Irae’ (88 pages seulement), et pas une seule mention sur le site de la BL de l’origine du « produit ». J’appelle ça de la tromperie sur marchandise.

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Sanguis Irae – G. Thorpe :

INTRIGUE:

Sanguis IraeLes maraudes galactiques de la 1ère Compagnie des Blood Angels, aussi appelée Eboueurs de l’Espace, se poursuivent tranquillement. Déployée en reconnaissance sur le Space Hulk SA-BA-325, l’escouade du Sergent Dioneas a fait une découverte peu banale alors qu’elle explorait les décombres du vaisseau : enfermé dans une salle isolée, un Terminator anonyme à l’armure trop endommagée pour permettre son identification s’accroche comme un forcené à son dernier point de vie. Seule certitude, le comateux anonyme est également un Blood Angel, ce qui motive le perspicace Dioneas à demander l’appui d’un A…rchiviste. Pourquoi essayer de réanimer un frère de bataille gravement blessé faisant tourner à plein régime sa membrane cataleptique quand on peut se contenter de sonder son esprit pour en percer les secrets, hein ? Toujours est il que ce raisonnement particulier convainc l’imperturbable Capitaine Raphael d’envoyer le brave Calistarius, déjà croisé dans ‘Sin of Damnation’, prêter assistance aux éclaireurs. Les ordres sont les ordres.

Après une transition paisible pendant laquelle notre héros se souvient avec émotions de sa classe d’initiation musicale au conservatoire de Baal, et de ses tentatives peu concluantes de maîtriser l’hélicon énergétique, Calistarius se met à pied d’œuvre et se plonge dans la psyché du survivant miraculé, qui se révèle 1) être le frère Vespesario, ce qui permet d’identifier SA-BA-325 comme étant le Space Hulk Omen of Despair, disparu dans le Warp pendant que l’escouade de V pour Vespa était en train de l’explorer, il y a de cela deux siècles, et 2) complètement ravagé par la Rage Noire, ce qui ne facilite pas le travail de recherche et d’analyse de Calistarius. Par contre, le lecteur a le droit au récit circonstancié de l’abordage du Vengeful Spirit par Sanguinius et sa Garde d’Honneur, ce qui est tout de même sympathique je dois dire.

Sur ces entrefaites, les inévitables Genestealers commencent à bliper à l’horizon de l’auspex de la fine équipe, ce qui motive Dioneas à demander un repli stratégique jusqu’au point d’entrée des Blood Angels, afin de leur permettre de tenir la ligne jusqu’à l’arrivée des renforts. Cela laisserait toutefois Vespesario à la merci des Xenos, ce qui n’est pas acceptable pour Calistarius. Ce dernier est en effet persuadé que le vétéran s’est enfermé dans sa chambre – malgré la Rage Noire – pour une bonne raison, et demande qu’on lui laisse quelques minutes supplémentaires pour identifier cette dernière. Après avoir court-circuité Dioneas pour plaider sa cause directement auprès de Raphael, qui accepte de retarder l’envoi de la deuxième vague de cinq minutes pour faire plaisir à son sous-fifre et mal au crâne au lecteur1, Calistarius poursuit ses explorations métaphysiques, et entre deux flashbacks hérétiques, en apprend de bien belles sur les occupants de l’Omen of Despair

Début spoiler…Le Culte Genestealers qui occupe le Space Hulk est en effet très particulier, car son Patriarche a réussi à assimiler des gènes de Navigateur, ce qui lui permet de faire entrer et sortir son vaisseau du Warp à volonté, et donc de piéger les explorateurs qui y prennent pied. C’est ce qui est arrivé à Vespesario et ses compagnons lors de leur reconnaissance il y a deux cents ans, et ce qui risque d’arriver au reste de la 1ère Compagnie des Blood Angels si elle aborde l’Omen of Despair. Plutôt que de demander à Raphael d’annuler les renforts, ce qui pourrait convaincre Pépé Stiller de repasser dans l’Immaterium avec ses nouveaux copains, l’intrépide mais égoïste Calistarius préfère foncer dans le tas pour neutraliser l’aberration psychique aux commandes de l’épave (et dont le rêve est de retourner sur Terra pour rendre visite au gardien de phare impérial) sans rien dire à Raphael. Grâce aux souvenirs de Vespesario, dont la Rage Noire a transformé sa dernière mission en redite de l’abordage du Vengeful Spirit2, les Blood Angels parviennent à se rendre dans l’antre du Patriarche en deux temps, trois mouvements, et Calistarius déverse la rââââââge de son désormais défunt camarade dans le cortex du Xenos, plongeant par ricochet tout son essaim dans une frénésie auto destructrice, et permettant aux Terminators de lui régler son compte sans trop de problèmes. Cette victoire nette et sans bavure n’est toutefois pas sans séquelle pour the great Cali, dont l’usage sans modération d’ire sombre, même par procuration, lui a planté une vision inquiétante au fond du cortex. Il s’est en effet vu, piégé sous des tonnes de décombres, submergé à son tour par les affres de la malédiction de Sanguinius. La suite ne vous étonnera que si vous ne connaissez pas votre fluff Blood Angels…Fin spoiler

1 : Pourquoi ne pouvait-il pas envoyer les renforts dans les meilleurs délais et permettre à Calistarius de rester dans la salle où se trouve Vespesario pendant quelques minutes supplémentaires ? La science n’a pas encore la réponse à cette question.
2 : Ce qui conduit à prendre le fluff hérétique intégré par Thorpe à son histoire avec des pincettes (notamment le fait qu’Horus était un Psyker et que Sanguinius s’est laissé tuer par son frère pour sauver sa Légion).

AVIS:

Pour son retour dans la littérature hulkesque, après le très dispensable ‘Sin of Damnation’, Thorpe fait beaucoup mieux que cette passable novella et répond présent sur tous les tableaux avec ‘Sanguis Irae’. Cette nouvelle ne se contente en effet pas de mettre aux prises quelques Terminators avec beaucoup plus de Genestealers, mais ménage également un peu de suspens dans son déroulé et sa conclusion, nous fait la surprise d’un pseudo-caméo à haute valeur ajoutée (Sanguinius qui visite la chambre de son frérot, rien que ça), et contextualise le background de l’une des figures centrales des Blood Angels, l’irrascible et totalement emo Mephiston. En plus de se terminer avec un clin d’œil appuyé sur le futur qui attend Calistarius sur Armageddon, ‘Sanguis Irae’ avance quelques pistes permettant de comprendre le rapport particulier que l’Archiviste entretient avec la Rage Noire, dont il est devenu familier et a utilisé comme une arme psychique longtemps avant d’en ressentir lui-même les effets grâce à ses capacités mentales, ce qui autorise à développer des hypothèses pour expliquer le parcours sans commune mesure du Seigneur de la Mort. Bref, il est assez plaisant de constater que Thorpe a pris la peine de corriger dans cette nouvelle la plupart des défauts relevés dans ‘Sin of Damnation’, et je ne peux que conseiller à ceux qui voudraient prendre la mesure de la contribution de ce pilier de la BL au corpus Blood Angels de se détourner de la novella et de privilégier le court format. Vous ne le regretterez pas (ou au moins, moins).

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Mephiston: Lord of Death – D. Annandale :

INTRIGUE:

Mephiston_Lord of DeathMis sur une affaire pas claire à la suite de son exploration métaphysique d’une barge de bataille Blood Angels portée disparue depuis cinq millénaires (‘Eclipse of Hope’), Mephiston a réussi à convaincre le Capitaine Castigon et sa 4ème Compagnie de l’accompagner jusque dans le système de Pallevon, dont les coordonnées étaient inscrites dans la salle du boss final de la nouvelle précédemment citée. C’est pas lourd, et ça sent le piège à plein nez, mais cela reste une piste à exploiter. Pendant que les rouges voyagent dans le Warp, Mémé médite dans ses quartiers privés, et on apprend que notre homme a maîtrisé la dimension du « sombre », qui est distincte de l’Immaterium mais influencée par ce dernier. Tout cela est bien mystérieux.

À peine revenu dans l’espace réel, les Blood Angels sont confrontés à une vision d’urgence : la frégate Harrowing Faith, portée elle aussi perdue dans le Warp, mais il y a bien moins longtemps (troisième guerre d’Armageddon), est en train de se faire aborder sans son consentement par une force de Sanctifiés, une bande de Space Marines deux fois renégats (ils ont trahi Pépé puis les Word Bearers). N’écoutant que son devoir et son statut de personnage principal, Mephiston emmène une escouade sur place remettre les pendules à l’heure, et apprendre aux chaoteux à aller squatter en terre sanguinienne. Au bout d’un affrontement à sens unique, les Sanctifiés sont envoyés ad patres, et l’unique occupant de l’Harrowing Faith secouru. Il s’agit du Réclusiarque Quirinus, présumé mort depuis sa disparition dans le Warp au retour d’Armageddon, et dont la foi est tellement forte qu’elle a empêché la frégate de tomber en morceaux pendant ses quelques années/décennies/siècles à dériver dans la mare des khanards. Quirinus était également un ami de Calistarius, l’Archiviste Blood Angels étant devenu/ayant été remplacé par Mephiston après avoir succombé à la Rage Noire sur Armageddon, et s’être pris une spire dans le buffet. Le Chapelain rescapé accueille donc la nouvelle identité de son ancien camarade avec méfiance, malgré les assurances répétées que « ce n’est pas une phase » des officiers présents.

Cette petite querelle devra cependant attendre car il reste un mystère à percer. Et ça tombe bien, Mephiston et Quirinus ont le même objectif : se rendre à la surface de Pallevon, dans la cité de Vekaira, où… ship will happen1. L’approche est compliquée par ces fripons de Sanctifiés, qui se sont apparemment rendus sur place pour la même raison que tout le monde, et s’amusent à tendre des embuscades, que Mephiston s’amuse à faire échouer, parfois en usant de ses pouvoirs de façon très limite (Quirinus en fronce des sourcils sous son casque, c’est dire). De toute façon, Vekaira est une ville désertée depuis des siècles, ce qui réduit d’autant le risque de pertes civiles – comme si les Blood Angels en avaient quelque chose à carrer, ceci dit. Les choses deviennent cependant plus sérieuses et plus complexes lorsque la 4ème Compagnie arrive au bord d’un amphithéâtre géant, doté de quelques caractéristiques intéressantes. Primo, il est vraiment très grand. Secundo, les niveaux supérieurs sont occupés par le campement de fortune de la population de la cité, qui semble n’être constituée que de parfaits demeurés. Tertio, au centre de l’amphithéâtre se dresse une tour qui semble avoir été construite par une autre civilisation que celle qui a bâti Vekaira. Quatro, la place qui entoure la tour est recouverte de Space Marines figés dans une battle royale de grande ampleur. Quinto (?), les Sanctifiés ont pris la tour et attendent de pied énergétique ferme les loyalistes.

Guidés par leur ferveur et leur QG imprenable au corps à corps, les Blood Angels ne mettent pas longtemps à bouter les faquins hors du périmètre convoité. La tour se révèle être faite d’armes agglomérées, ce qui est pas banal et presque certainement inspiré de Game of Thrones, et, plus intéressant, en son sein se dresse une statue époustofibolmiracubandayable de Sanguinius, représenté au moment où il a glissé sur une peau de banane chaotique sur le pont du Vengeful Spirit, pendant qu’Horus riait grassement en se tenant la bedaine. L’effet sur les Blood Angels est immédiat : ils se prosternent tous devant le chef d’œuvre et se répandent en prières, guidés par la voix de stentor de Quirinus, qui vit sa meilleure vie. Tous ? Non ! Ce pisse vinaigre de Mephiston se montre peu enthousiasmé par la statue, ce qui convainc le Chapelain que le Maître Archiviste n’est plus réellement un Blood Angel. Avant que les choses ne s’enveniment, Mephiston décide d’aller prendre l’air pour ne pas faire avaler son épée de force au cureton en furie. La marque des grands.

Sa petite balade lui permet de s’apercevoir que les Vekairans sont vraiment au-delà de toute rédemption (ils survivent depuis des siècles en se mangeant les uns les autres), et de se calmer les nerfs en en massacrant une bonne poignée. Cette dégénération terminale le conforte également dans sa suspicion envers la tour et la statue, dont la présence sur une planète corrompue jusqu’au trognon semble être trop belle pour être vraie. Ces savantes supputations sont cependant interrompues par l’attaque finale des Sanctifiés, dont le désavantage numérique et l’absence de blindés n’empêchent pas de foncer dans le tas avec une belle énergie. Suspectant un nouveau coup fourré, Mephiston déploie ses ailes pour aller inspecter les lignes arrières de l’ennemi, et débusque trois sorciers occupés à ritualiser quelque chose de pas très ecclésiastique. Malgré tous ses pouvoirs et sa bogossitude consommée, Mémé n’arrive pas à stopper l’incantation à temps, et cette dernière fait revenir à la vie les Space Marines en stase massés aux portes de la tour. Ces derniers étant tous des berzerkers écumants de rage, le rapport de force bascule tout d’un coup en défaveur des Blood Angels, et Mephiston tente alors le tout pour le tout : détruire la statue miraculeuse, en espérant que cela dissipera les énergies chaotiques à l’œuvre.

Bien évidemment, Quirinus n’est pas de cet avis, et après être passé à deux doigts de convaincre le Chapelain de voir la vérité en face, Mephiston opte pour la méthode mi-forte (il paralyse Quirinus sans le tuer/le faire exploser/lui faire bouillir le sang), et fracasse enfin l’offensante sculpture. Ce qui fait basculer Quirinus dans la Rage Noire, comme le véritable esthète qu’il est. Fin de la partie ? Non, arrivée du boss de fin…

Début spoiler…Qui n’est autre que ce (très très très) vieux Doombreed, envoyé par Khorne comme chasseur de tête pour enrôler le Seigneur de la Mort au service du Dieu du Sang. Pendant que Castigon et la 4ème Compagnie repoussent les nuées de Sanguinaires qui servent d’accompagnateurs au Prince Démon, l’Archiviste et son prétendant échangent des amabilités et des grosses tatanes au dessus du champ de bataille. Le combat est serré pendant les 10 pages réglementaires, puis Mephiston balance un Hadouken sanglant dans la tête de Doodoo, qui retourne prêcher la paix et l’amour dans l’Immaterium en conséquence. Bravo, phiston.

La bataille est enfin remportée pour de bon par les Blood Angels, réduits à peau de chagrin par les affrontements violents qui ont secoué Vekaira. La planète sera soumise à l’Exterminatus en punition de ses péchés, et on apprend en conclusion que ce rageux (haha) de Quirinus a décidé de ne pas lutter contre sa démence, alors qu’il avait la possibilité de devenir un Lemartes bis, car cela entrerait en conflit avec sa doctrine personnelle (la Rage Noire est ce qui fait un Blood Angels)2. À quand un organe qui supprimerait la mesquinerie en même temps que la peur chez les Space Marines ?Fin spoiler

1 : Plus exactement, les visions de Quirinus lui ont révélé l’existence d’une relique de Sanguinius, qu’il faut absolument récupérer. À peine plus original que la proposition de votre serviteur.
: Quirinus appairaitra brièvement dans ‘Lemartes : Guardian of the Lost’ du même Annandale, et connaîtra la fin d’un crapaud traversant une quatre voies.

AVIS:

Annadale conclut son cycle Mephistonesque commencé avec ‘Eclipse of Hope’ avec cette novella, que l’on ne peut que comparer à celle qu’il a consacré à une autre figure des colériques anonymes des Blood Angels, Lemartes. Et pour être honnête, je dois dire que ‘Mephiston : Lord of Death’ est bien plus abouti et plaisant à lire que sa contrepartie. Certes, il aurait été difficile de faire pire, mais Annandale semble avoir été inspiré par son personnage principal et cela se ressent clairement dans l’intrigue et dans le développement donné à Mephiston, qui derrière ses abords froids et sûrs de lui, est le premier à douter de sa véritable identité et de sa nature profonde. Cela change agréablement de « Je. Dois. Me. CONTRÔLEEEEEER. » Lemartes, que l’auteur n’a pas pris la peine de rendre intéressant ni (un minimum) profond. Il faut également reconnaître que Mephiston est beaucoup plus permissif en termes de potentiel narratif, puisqu’il peut utiliser ses pouvoirs psychiques pour régler tous ses problèmes, et qu’on attend de lui qu’il ne soit pas mesuré et circonspect quand il fait chauffer la coiffe. Je dois également donner à Annandale un bon point pour l’intégration du Chapelain Quirinus à son propos, car la philosophie fataliste de ce dernier (voir ci-dessus) donne un contrepoint intéressant au discours officiel des Blood Angels sur leur tare, que ce soit dans le fluff de leur Codex ou dans celui de la Black Library. Le choix de Quirinus de sombrer corps et âme dans la Rage Noire à la fin de la novella est une autre bonne trouvaille à mes yeux, car elle donne à l’histoire une conclusion un chouilla mélancolique que l’on trouve assez rarement dans les Space Marinades, et quasiment jamais chez David Annandale. Sans être un must read absolu, l’enchaînement ‘Eclipse of Hope’ et ‘Mephiston : Lord of Death’ se positionne comme l’une des toutes meilleures soumissions d’Annandale pour la BL, et mérite donc le détour si vous voulez juger du niveau maximum de notre homme (pour autant que je puisse en attester).

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Eclipse of Hope – D. Annandale :

INTRIGUE:

Eclipse of HopeAppelés à l’aide par la Garde de Fer de Mordia, elle-même sollicitée par les habitants de Supplicium Secundus en leur heure de besoin, les Blood Angels ont répondu en envoyant Mephiston et quelques potes dans le système en question. Les vampires énergétiques arrivent toutefois trop tard à la surface de la planète, et ne peuvent que constater que la totalité de sa population, ainsi que les braves Mordian débarqués pour faire le service d’ordre, se sont entre tués dans une orgie de massacre à faire se pâmer un héraut de Khorne. Mephiston trouve le spectacle de la plaine jonchée de cadavres jusqu’à l’horizon plutôt poétique, mais se garde bien de partager cette réflexion pas très Charlie avec ses sous fifres. Les questions que les Astartes et le lecteur se posent sont en partie résolues par l’arrivée de l’ultime survivant de cette battle royale planétaire, un Colonel Mordian complètement ravagé du bulbe, qui agresse violemment le brave Sergent Gamigin en grognant comme une bête enragée. Courtois mais un peu rude, le surhomme dans la pampa finit par tordre le cou au minus qui lui salit ses plates avec ses grosses mains pleines de doigts, mais semble récupérer le mal qui tourmentait son assaillant au passage, et commence à montrer des signes d’énervement qui n’augurent rien de bon venant d’un colosse génétiquement modifié et armé jusqu’aux canines. Heureusement, Mephiston est là pour faire un peu d’hypnose suggestive, ce qui permet à Gamigin de décompresser sans avoir tué personne (à part le Mordian bien sûr, mais il ne compte pas vraiment).

De retour sur leur vaisseau, les Blood Angels découvrent la flotte de secours des Mordians, complètement désertée et remplie de cadavres. Les puissantes capacités déductives de Mephiston ne mettent pas longtemps à soupçonner que les transports de troupe ont été victimes de la même rage irrépressible que celle qui a décimé Supplicium Secundus, et la réception d’un nouvel appel à l’aide, celui-là venant de Supplicum Tertius, située un peu plus loin dans le système, vient confirmer les craintes de Seigneur de la Mort. Le virus du VENER-40.000 circule encore dans la zone, et il est du devoir des Blood Angels d’en trouver la cause et la cure.

Parti dare dare vers la planète souffrante, dont les masses laborieuses commencent à s’entre-tuer avec méthode et enthousiasme, le croiseur d’attaque Crimson Exhortation manque d’être percuté en chemin par un vaisseau non identifié, ce qui ne peut pas être une coïncidence dans un milieu aussi espacé que… l’espace. Et en effet, le nouveau venu se révèle être l’Eclipse of Hope, ou plutôt son portrait robot dessiné par un enfant de 6 ans (comprendre que les proportions ne sont pas très bien respectées), une barge de bataille perdue par le Chapitre pendant la 5ème Croisade Noire. L’étude de la trajectoire du vaisseau fantôme ne laisse aucun doute à Mephiston : c’est bien la cause de la folie meurtrière qui a infecté Supplicum Secundus et Tertius, et il doit être détruit en conséquence. Plus facile à dire qu’à faire cependant, l’Eclipse encaissant sans problème et sans dégâts apparents un tir direct de canon nova. Comprenant que le Warp est à l’œuvre, Mephiston décide d’aller régler le problème à l’ancienne, B.A. style, c’est-à-dire en envoyant une poignée de vétérans purger l’épave de l’intérieur, comme cela a si bien réussi au Chapitre par le passé (remember Secoris ?). En plus de notre souriant héros et du Sergent Gamigin, résolu à prouver à l’univers combien il est cool, on retrouve un Chapelain, un Techmarine, un Prêtre Sanguinien et un Épistolier dans l’équipe des rouges. Tout ce petit monde aborde l’Eclipse, qui est une sorte de fantasme semi-solide, se nourrissant des souvenirs de ses hôtes pour prendre une forme concrète, et se dirige vers la salle de commandement du vaisseau, où se situe probablement le nœud du problème.

En chemin, la rage instillée par l’épave est gardée sous contrôle par les Blood Angels, qui ont tous pris un Lexomil dans leur lait fraise avant de partir en mission, mais la manifestation d’un petit groupe de Sanguinaires à proximité de l’objectif des Astartes force ces derniers à passer en mode agressif, avec des résultats mitigés, la sainte colère des meilleurs de l’Empereur provoquant le spawnage de plus en plus rapide de leurs adversaires. Il revient à Mephiston, comme le héros qu’il est, de prendre les choses en main et de remettre ses compagnons sur la bonne route. Ses pouvoirs psychiques lui ayant permis de déterminer que la source du problème se trouvait dans le Librarium, et non sur le pont, il convoque un bouclier d’apathie, ou quelque chose comme ça, permettant à ses gardes du corps de s’extirper de la mêlée et de progresser jusqu’à la bibliothèque de l’Eclipse, où la messe devra être dite…

Début spoiler…Laissant les normies monter la garde devant la porte, Mephiston et l’Epistolier Stolas pénètrent dans le saint des saints, où se trouvent des bouquins démoniaques de fort belle taille, une carte du système de Pallevon, ainsi qu’une statue de Mephiston zieutant un des grimoires de façon insistante. Le signal est clair, et bien que le Seigneur de la Mort ait la discipline nécessaire pour s’arracher de la contemplation de l’ouvrage maudit, une fois les premières pages parcourues, Stolas se fait corrompre comme un bleu entre le sommaire et la préface. Il brûlera donc avec le reste du Librarium, purifié de manière définitive par un Mephiston qui ne transige pas avec ses principes. L’Eclipse dûment désinfecté de sa peste warpique, et la situation revenue sous contrôle sur Supplicium Tertius, Mephiston est libre de poursuivre sa quête de réponses en direction de Pallevon, où l’attend un autre revenant du Chapitre…Fin spoiler

AVIS :

Avant que Darius Hinks ne reprenne en main la carrière littéraire de Mephiston, c’était David Annandale qui avait la charge du Seigneur de la Mort, auquel il a consacré cette nouvelle et le roman ‘Lord of Death’. Ces deux histoires s’inscrivent dans le même arc narratif, ‘Eclipse of Hope’ faisant office de prologue à ‘Lord of Death’, et accomplissant bien cette fonction, donnant envie au lecteur de connaître la suite des aventures du grand blond avec une humeur noire. Je dois également reconnaître avoir été agréablement surpris par le style déployé par Annandale dans sa narration, d’un niveau nettement supérieur à sa propre moyenne. Cela contribue grandement au caractère digeste d’une nouvelle qui ne serait sans cela rien d’autre qu’une énième Space Marinade. Une des soumissions les plus abouties d’Annandale hors de son créneau horrifique de prédilection, et donc à lire de préférence aux (nombreux) autres textes moins convaincants signés par cet auteur.

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Heart of Rage – J. Swallow :

INTRIGUE:

Heart of RageMis au service d’un Magos de l’Adeptus Mechanicus (Epja Xeren) aussi aimable qu’une porte de prison par cet animal politique de Dante, le Codicier Garas Nord et ses camarades Blood Angels (le Sergent Kale et les frères Dane, Corae et Serun) découvrent avec stupeur et tremblements que le plan de leur patron par procuration est d’aborder un vaisseau ruche tyranide plongé en hibernation. La fine équipe devra retrouver la trace, ou la dépouille mortelle, d’un larbin de Xeren, l’Adepte Indus, qui était en charge de la précédente tentative d’exploration du bio vaisseau. Le croirez-vous, mais cette dernière s’est terminée par une disparition pure et simple des vaillants et imprudents scientifiques, ce qui ne présage rien de bon pour les Space Marines qui passeront après eux. Les ordres sont toutefois les ordres, et même si ce briefing pourri est encore assombri par la sensation diffuse de Nord qu’une présence psychique indistincte flotte autour de l’épave Xenos, les Blood Angels se mettent à pied d’œuvre sans rechigner.

Une fois sur place, et passé le premier accrochage réglementaire avec les formes de vie les plus caféinées du vaisseau (un trio de Lictors rapidement expédiés par les meilleurs de l’Empereur), nos héros ont la gentillesse de se séparer en deux groupes « pour couvrir plus de terrain », selon les conseils avisés de Xeren, qui se fait sans doute facturer à la minute les services de ses gros copains rageux. Dans le premier groupe, le Sergent Kale et Nord. Dans le second, les trois grouillots de service. Saurez vous deviner qui rencontre une mort rapide et horrible (piétinés à mort par une horde de Termagaunts déchaînés) à peu près 38 secondes après cette séparation ? Un indice ? L’indice de masse corporelle. Voilà voilà. Swallow s’étant débarrassé de la moitié de son casting en un paragraphe, il peut se concentrer sur ses vrais protagonistes, qui progressent lentement dans le dédale du bio vaisseau, mais ne rencontrent pas grand-chose de menaçant mis à part les attaques psychiques répétées dont est victime Nord. Au danger vient se mêler le mystère car l’Archiviste en souffrance est convaincu que ce qui le tourmente n’est qu’en partie tyranide. Décidé à tirer cette sombre affaire au clair, le duo magique laisse tomber la recherche d’Indus et part en direction du cœur de la structure Xenos, où Nord a détecté l’origine de ses tourments…

Début spoiler…Cette side quest impromptue permet toutefois à nos héros de faire d’une bière deux clous, car le Prince tyranide qui les attend dans sa suite… euh… princière a fusionné tentaculairement/a tiré un câble bio-jack avec Indus. Qui était un Psyker1. BAMBOOZLED AGAIN. Le récent hybride explique à ses hôtes qu’il a choisi de se brancher sur l’esprit de la ruche pour puiser dans les connaissances illimitées de cette dernière, ce que ce jaloux de Xeren (qui était là aussi) n’a pas supporté. D’où l’envoi d’une escouade de Space Marines pour neutraliser le hacker de bugs (tout un symbole), et reprendre possession du bio-vaisseau une fois l’incident résolu. L’espèce marine en question n’est pas très jouasse des cachotteries de son commanditaire, mais cela passe après l’extermination en règle de l’assemblage psycho-mécanico-xeno-humanoïde qui lui/leur fait face. Indus a beau proposer à Nord une place douillette au sein de l’essaim, l’Archiviste refuse avec noblesse de trahir ses vœux. En conséquence, le renégat balance un hurlement de seum tellement violent qu’il fait basculer Kage dans la Rage Noire, et force Nord à planter sa lame de combat dans le cœur principal du Sergent pour le calmer un peu. Comprenant que la situation le dépasse, le dernier Blood Angel vaillant utilise une bombe à fumée mentale pour dissimuler sa fuite, et repart avec Kage sur le dos en direction de la navette des impériaux.

Il ne s’agit toutefois que d’une retraite stratégique : après avoir renvoyé son officier (qui se réveille un peu confus mais tout à fait calme) se faire soigner à l’infirmerie, et surtout bourrer le mou à Xerox pour lui apprendre faire de la rétention d’informations, Nord repart bravement à l’attaque, et malgré un rapport de force très défavorable, parvient à se rapprocher suffisamment d’Indus pour lui sortir le grand classique de l’attaque suicide à la bombe, ici un détonateur à fusion (si Swallow l’écrit, c’est que ça existe qu’il trouvait ça cool) qu’il avait pioché dans la boîte à gant à un moment quelconque plus tôt dans la nouvelle. Bilan des courses : une menace tyranide écartée, un Magos indélicat mis à la casse, et un Blood Angel mort avant de sombrer dans la Rage Noire. Victoire totale pour l’Imperium.Fin spoiler

1 : Je ne suis pas particulièrement au fait du background de cette faction, mais est-ce possible qu’un membre de l’Adeptus Mechanicus soit doté de pouvoirs psychiques ?  

AVIS:

James Swallow nous livre avec ‘Heart of Rage’ sa version de ‘In the Belly of the Beast’ (William King), « classique » de la Black Library et première nouvelle à avoir mis en scène une escouade de Space Marines explorant un bio-vaisseau tyranide au sommeil (très) léger. Si on peut reconnaître au reboot une meilleure contextualisation des raisons qui ont poussé les Blood Angels à entreprendre une mission qui puait à des années lumières à la ronde sur le papier, au lieu de faire exploser le vaisseau de loin comme tout être intelligent l’aurait fait, et savoir gré à Swallow d’avoir voulu (plutôt que réussi) offrir au lecteur un peu de surprise dans le dernier tiers de son récit par la révélation de la destinée d’Indus, l’original reste à mes yeux supérieur sur le plan de la tension narrative et de l’atmosphère proprement grimdark qui s’en exsude. La manière dont Swallow évacue trois personnages en une seule péripétie alors que King a pris le soin de les faire disparaître un par un en dit ainsi long sur les différences d’approche de ces deux auteurs. Chacun est libre de choisir lequel et laquelle il préfère, et dans mon cas, c’est encore une fois James Swallow qui se fait griller la politesse. Un autre grand classique de la BL, ça.

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Crimson Night – J. Swallow :

INTRIGUE:

Crimson NightDéployé sur le monde désertique de Merron avec le reste de la 3ème Compagnie des Doom Eagles, le Sergent Tarikus se retrouve au cœur d’un imbroglio diplomatique entre les nouveaux arrivants et ceux dont ils viennent prendre la place : la 4ème Compagnie des tristement célèbres Flesh Tearers du Capitaine Gorn. En plus des vieilles rancœurs opposant les deux Chapitres, qui ont servi ensemble sur un théâtre d’opérations où la sauvagerie des Flesh Tearers attira l’attention de l’Inquisition, le comportement suspect de la population locale en présence des Astartes, relevant davantage de la terreur abjecte que de la déférence habituelle, fait bientôt suspecter au sagace Tarikus que Merron dissimule un lourd secret. Chargé par son supérieur, le Capitaine Consultus, de tirer discrètement les choses au clair avant que les descendants de Sanguinius ne quittent les lieux, notre héros ne met pas longtemps à trouver un cadavre exsangue, et portant un éclat de céramite pourpre dans la blessure causée par la paille en fer qui l’a vidé de son sang (c’est pas moi qui le dit, c’est Swallow). Voilà qui fait deux solides indices incriminant les Flesh Tearers, dont la sanguinaire réputation n’est plus à faire, même chez les pragmatiques et formels (ils adorent faire des rapports) Doom Eagles. Ce n’est toutefois pas assez pour convaincre le consensuel Consultus de déclencher un incident diplomatique, et Tarikus et ses hommes en sont quitte pour se remettre en chasse de preuves indubitables de la responsabilité de leurs collègues dans les disparitions qui frappent les Merrons depuis plusieurs mois.

Leurs investigations les mènent dans les égouts de la capitale, où après un accrochage avec des rats laissant deux de ses hommes gravement blessés (dont un par un tir de bolter d’un de ses camarades… c’est pas moi qui le dit, C’EST SWALLOW), Tarikus doit continuer la mission seul et sans armure, le conduit menant jusqu’à la zone ayant affolé l’auspex de l’escouade étant trop étroit pour ses épaulières surdimensionnées. Ce n’est toutefois pas ça qui arrête notre farouche héros1, qui finit par arriver dans une salle remplie de cages où les prisonniers du croquemitaine local sont parqués, comme autant de packs de bière dans un frigo. Le Raide (le nom donné par les Merrons à leur Némésis) ne l’entend cependant pas de cette oreille, et se rue sur le Sergent naturiste dès que ce dernier pose l’orteil dans son repaire. Si les suspicions de Tarikus se révèlent exactes, ce n’est pas son slip de céramite qui va lui permettre de sortir victorieux de ce combat…

Début spoiler 1…Mais heureusement pour Tarik, il ne fait pas face à un Flesh Tearers consumé par la Rage Noire, mais à un cosplayeur chaotique, dont la fausse armure énergétique se fait rapidement enfoncer par les mandales sur vitaminées du meilleur de l’Empereur (ce qui ne l’empêche pas de se faire désarmer en deux secondes au début du combat, pour garder un peu de suspens je gage). Il s’agissait d’une manigance d’Axel Raide pour faire porter le chapeau aux Flesh Tearers, parce que… voilà2, et une fois le faquin mis hors d’état de nuire, l’ordre peut à nouveau régner sur Merron, et les Fleshy Bois partir en paix, lavés de tout soupçon.

Début spoiler 2…Ou pas tout à fait en fait, car quelques cadavres retrouvés après leur départ arborent des plaies incompatibles avec le mode opératoire du Raide, faisant repasser les Flesh Tearers sur la liste des suspects. Mais après tout, qu’est-ce qui nous prouve qu’un Chapitre s’appellant les déchireurs de chair soit d’une quelconque façon impliqué dans des meurtres où les victimes ont été déchiquetées par des mâchoires humaines, hein? Absolument rien, bien sûr.Fin spoiler

1 : Qui s’étale tout de même de tout son long dans la m*rde au passage. Une péripétie peu glorieuse, mais que Swallow a décidé non seulement d’inclure dans son récit, mais également de placer au tout début de la nouvelle, en guise d’introduction au personnage héroïque qu’est le Sergent Tarikus. En guise de consolation pour ce dernier, Swallow semble prendre un malin plaisir à envoyer au sol les Doom Eagles qu’il met en scène, comme ‘Relics’ le montre.
2 : Sans rire, Swallow n’explique ni comment un seul psychopathe épais comme une bicyclette est arrivé à faire des dizaines de victimes dans une ville gardée par des Space Marines, ni d’où il vient, ni à quoi lui servait d’incriminer les Flesh Tearers.

AVIS :

James Swallow commence (je crois) sa période Doom Eagles avec ce ‘Crimson Night’, qui lui donne l’occasion de mettre à nouveau en scène des descendants de Sanguinius, après s’être fait les canines sur les Blood Angels (‘Deus Encarmine’ étant sorti en 2004). Fidèle à sa réputation de jaggernaut littéraire, cherchant à dérouler son intrigue sans guère de considération pour des détails tels que la cohérence, la vraisemblance ou le ridicule patenté dans lequel son approche bourrine fait sombrer ses personnages à intervalles réguliers, Swallow accouche au forceps d’une nouvelle concluant sUbTiLeMeNt que les Flesh Tearers ne sont pas forcément les coupables de tous les meurtres sordides s’étant déroulés à proximité de leurs baraquements. L’idée a beau être intéressante, sa mise en pratique est si balourde que seule la publication de ‘Crimson Night’ dans un recueil officiel de la Black Library empêche de considérer ce court format comme une parodie du genre.

Swallow s’illustre particulièrement en ne prenant même pas la peine de rester cohérent avec ce qu’il a écrit passé les trois lignes précédentes, ce qui révèle soit sa grande audace, soit sa grande fainéantise (je penche pour la seconde option). En plus de l’absence de contextualisation de l’identité du tueur, décrite plus haut, on a également le droit à un échange lunaire entre Consultus et Gorn. Le premier demande au second de lui faire un rapport sur les crimes rapportés par la population locale avant de partir. Gorn accepte, et charge le Sergent Noxx (qui est aussi dans la pièce) de faire le sale boulot à sa place… et les deux s’en vont, sans plus d’explication1. Vous l’aurez compris, ‘Crimson Night’ ne dépeint pas les Doom Eagles et les Flesh Tearers sous leur meilleur jour, et je conseille aux lecteurs qui voudraient explorer le riche background de ces Chapitres de façon moins risible de se tourner vers d’autres auteurs.

1 : Et Swallow ne revient à aucun moment sur cet échange, pour faire comprendre au lecteur que le briefing a bien eu lieu, mais « hors champ ». C’est comme si le dialogue n’avait pas eu lieu.

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The Fury – J. Swallow :

INTRIGUE:

The FuryUne bataille comme les Blood Angels en ont mené des millions d’autres, à fracasser du cultiste du Chaos mal équipé, mal formé et malformé, dans la joie et la bonne humeur. Le personnage principal (Pépé) à une épée qui fait « Waaaaaah » et « Nieeeeeeeeuuuuuuh » (en tout cas, elle hurle). Il a aussi un frérot répondant au nom de Celcinan, qui a très visiblement perdu son combat personnel contre la Soif Rouge et/ou la Rage Noire, comme son absence de casque « pour des raisons logiques » l’indique très clairement.

Celcinan s’amuse comme un fou, et c’est normal car il est, jusqu’au moment où un tir de canon laser lui applique un piercing thoracique d’un diamètre incompatible avec la continuation de son existence. Il tombe au ralenti, et sa dernière action est de jeter un regard rangouleux à Pépé… ce qui lui inocule la HAINE. La vache, que ce truc est contagieux. Pépé se rue donc sur le fâcheux qui a osé se défendre contre un Blood Angel en rut, et le met en pièce d’une manière pas très Codex Approved. La nouvelle le texte se termine sur ce suspens insoutenable et insoutenu (hommage à Daniel Baal Avoine, un Maître de Chapitre de M33) : la bataille extérieure – contre les cultistes – sera remportée sans doute possible, mais qu’en sera-t-il de la bataille intérieure – contre cette coquine d’adrénaline – hein ? Je vous le demande. Ne dîtez rien ceci dit : je me fous de la réponse.

AVIS:

À ce stade de ma lecture de l’anthologie ‘Sons of Sanguinius’, dans laquelle ‘The Fury’ figure dans les toutes dernières pages, lire quatre pages sur les dangers du Fléau qui affecte les Blood Angels pendant les combats m’a semblé totalement superflu. Ca aurait été aussi le cas si cet échantillon littéraire avait été mis en ouverture du tome ceci dit. Bref, aucune espèce d’intérêt à moins que ce ne soit votre toute première rencontre avec ce Chapitre, auquel cas je peux vous dire sans trembler ni rougir que vous n’êtes pas vraiment chanceux. J’espère au moins que vous n’avez pas payé cet amuse-gueule au prix fort (3,49€) : si c’est le cas, celui qui devrait lutter pour réfréner sa colère, c’est plutôt vous.

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Honours – J. Swallow :

INTRIGUE:

HonoursLe Capitaine de la 1ère Compagnie des Blood Angels nous fait l’honneur d’expliquer comment il a gagné ses cicatrices, armes et emblèmes au cours de sa longue carrière. Il perdit un œil dans sa jeunesse, après avoir cru pouvoir se débarrasser en solo d’un Psyker finalement plus coriace que prévu. Son Maître de Chapitre lui remit l’épée énergétique Challenger après qu’il eut gagné un tournoi de tennis, et il l’utilisa pour bannir le Prince Démon de Tzeentch Sethselameth. Après être venu au secours d’une poignée d’Imperial Fists piégés pendant deux cents ans dans le siège d’une station spatiale (le rêve absolu pour eux), les fils de Dorn lui firent cadeau d’un bolter jaune poussin. Enfin, la gemme bleue ornant l’aquila de son plastron lui est revenue après des années de bons et loyaux services1.

On apprend pour terminer que le Capichef est en fait mort au combat, tout son stuff légendaire n’ayant pas fait le poids face à une horde de peaux vertes motivés à faire du vilain sur le monde ruche de Levion Gamma. Ce sont les risques du métier.

1 : Swallow ne devait plus avoir d’idées à ce moment là de l’écriture.

AVIS:

Swallow tire le maximum du format compliqué du 1.000 mots en troussant en décrivant par ses faits d’armes notables (avec un peu de fluff dedans, c’est appréciable) d’un héros méconnu du Chapitre des Blood Angels, ce qui est tout de même plus sympa à lire qu’une micro-baston entre deux tondus et trois pelés. Il y a même un micro-twist à la fin, attention appréciable de la part de l’auteur. Toujours trop cher pour ce que c’est, mais il y a bien pire que cet ‘Honours’, soyez-en certains.

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The Chalice – C. Wraight :

INTRIGUE:

The ChaliceOù l’on suit en parallèle le travail d’orfèvre d’un Prêtre Sanguinien restaurant un Calice de Sang micromètre par micromètre afin de lui rendre son éclat originel, et l’attaque désespérée du Capitaine de la 8ème Compagnie des Blood Angels, Laurentis, et de son escouade de Space Marines d’Assaut, sur une tour de la planète d’Arantia, gardée par un ost de Démons n’acceptant plus les visiteurs.

Après de durs combats, au cours desquels tous ses hommes sont tués et lui-même gravement blessé, Laurentis parvient à récupérer le rubis qui ornait la face du Graal sur lequel le Prêtre Sanguinien travaille, et à le ramener sur Baal. Tout ça pour ça vous me direz (et Laurentis avec vous) ? Eh bien oui réponds-je, et le Prêtre Sanguinien avec moi, car c’est dans la nature des Blood Angels de mettre la beauté et sa recherche (parfois suicidaire) parmi leurs vertus cardinales. « L’art pour l’art, bande de gros lards », comme l’a dit lui-même Sanguinius (à Guilliman et Perturabo) pendant la Grande Croisade.

AVIS:

Chris Wraight choisit de mettre en avant un aspect central de la culture des Blood Angels, mais assez peu représenté dans les œuvres de la Black Library1 : leur amour immodéré pour l’art, l’artisanat et l’esthétique en général, et de montrer jusqu’à quel point les fils de Sanguinius sont prêts à aller pour assouvir leur soif de beauté et d’harmonie (très, très loin). Ces prémisses sont intéressantes, et l’exécution de Wraight sur un format aussi court est satisfaisante, ce qui fait de ‘The Chalice’ une lecture honnête pour les trois minutes qu’elle prend – beaucoup moins pour les 3,49€ qu’elle coûte.

1 : Je pense à ‘Better Angels’ d’Ian St. Martin, et c’est à peu près tout.

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The Blooding – R. Harrison :

INTRIGUE:

The BloodingLe Blood Angel Helias a été chargé par son Capitaine, Aphael1, de faire la peau à un Space Marine du Chaos qui faisait des dingueries dans une cathédrale profanée. Ce travail simple dans l’esprit, mais difficile dans l’exécution, met notre héros à rude épreuve, car il bascule tête la première, dents en avant et menton pointé dans la râââââge pendant son combat contre le renégat.

L’expérience le plonge dans une série de visions illustrant tout ce qu’il risque d’arriver de pas glop à sa précieuse personne (comme sombrer métaphoriquement dans des sables mouvants pendant qu’Aphael fait des pâtés en arrière-plan), aux péquins moyens qui auraient le malheur de croiser sa route et, plus grave, au Chapitre, s’il ne parvient pas à se maîtriser. Ce micro-coma se termine avec un entretien avec super vampire (Sanguinius en personne), qui se montre dubitatif de la technique développée par ses fistons pour combattre le Fléau. Baptisée l’initiation2, cette pratique consiste à boire le sang de l’ennemi en un acte de catharsis, et ainsi pouvoir me se contrôler en bonne société. Sangui’ n’est pas convaincu, mais après dix millénaires de traitements infructueux, il est prêt à tenter des thérapies expérimentales, et donne donc son pseudo feu vert à Helias pour picoler un bon coup.

Lorsque ce dernier revient enfin à lui, il se rend compte qu’il a saigné comme un goret son adversaire chaotique (ce qui ne doit pas être très bon en termes d’apports nutritifs), et bien qu’il soit maître des ses actions lorsqu’Aphael vient s’enquérir de la situation, il commence à douter de l’efficacité du remède de grand-père qu’on lui a prescrit jusqu’ici. Mais il vaut mieux un buvard qu’une bavure, comme on dit sur Baal.

1 : Head-cannon : les Capitaines des Blood Angels s’appellent tous Raphael, mais leur nom est raccourci d’une lettre au fur et à mesure que le numéro de la Compagnie augmente.
2 : Blooding en V.O., il y a évidemment un jeu de mot avec blood dans le terme employé, mais il est difficile de lui rendre justice.

AVIS:

Rachel Harrisson, qui signait à l’époque Ray, a fait ses débuts au sein de la Black Library avec cette petite histoire très classique de Blood Angels pas aussi maître de leurs pulsions qu’ils semblaient le penser. Le sujet est éculé, mais l’exécution, sous forme de petites vignettes assez cinégéniques dans leur mise en scène, convenable. Elle a fait beaucoup plus ambitieux, original et intéressant depuis, mais n’a pas à rougir de cette œuvre de jeunesse, qui reste tout à fait lisible aujourd’hui (même si, encore une fois, beaucoup trop chère pour ses quatre pages).

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Honour & Wrath – D. Annandale :

INTRIGUE:

Par une belle nuit étoilée, un grand père (Kelaus Uhle) et son petit-fils (Harn) devisent à l’extérieur de la cathédrale de Laudamus. Papy a un peu froid, mais tient à partager avec son descendant ses souvenirs de l’invasion de la planète par le Flawless Host, quand il était tout gamin. S’étant rendus rapidement maîtres de Laudamus, les Space Marines renégats corrompirent la population locale et persécutèrent ceux qui choisirent de rester fidèles au culte impérial, forçant le jeune Kelaus Uhle et ses parents à se réfugier dans les égouts et la clandestinité pour survivre aux purges incessantes.

La situation se renversa brutalement lorsque les Blood Angels débarquèrent et sifflèrent la fin de la partie : peu soucieux d’épargner la population civile dans leur campagne punitive, les fils de Sanguinius rasèrent une bonne partie de la cité dans laquelle se déroula la bataille finale contre les chaotiques, faisant des centaines de milliers de morts parmi les Laudamusiens. Caché dans les décombres, Kelaus Uhle vit ce bon vieux Sergent Gamigin (un second couteau/épée tronçonneuse habitués des récits de David Annandale) faire la peau à deux Astartes félons, d’une manière pas tellement PEGI 16, lui inspirant un respect mâtiné de terreur envers les libérateurs de sa planète. C’est le message qu’il souhaite faire passer à son petit-fils, qui l’écoute religieusement : nul ne défie impunément les Blood Angels…

Début spoiler…Et c’est une leçon que Harn, qui est en fait un cultiste (plutôt chill il faut reconnaître, même s’il a planté un couteau dans le bedon de son pépé juste avant que l’histoire ne commence) rallié au Flawless Ost (revenus faire du vilain), ferait bien de méditer. Car les Blood Angels sont également à nouveau de retour sur Laudamus, prêts à refaire le match contre leurs adversaires hérétiques. La facture risque à nouveau d’être salée…Fin spoiler

AVIS:

Un format aussi réduit que le 1.000 mots force logiquement à faire des choix, et celui d’Annandale a été de privilégier la mise en scène d’un twist final, ma foi fort correct (il y a même un frisson de Tchekhov en introduction) à sa petite histoire familiale. Zéro fluff, deux personnages à peine ébauchés, un chouilla d’action : le reste de ‘Honour and Wrath’ ne paie pas de mine, mais je peux respecter l’approche de David Annandale sur ce micro-récit, vendu comme tout le reste de la gamme trois fois et demi trop cher.

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Eternal – D. Abnett :

INTRIGUE:

Le Capitaine Froer du 16ème Régiment de Betal est bloqué dans son avance par une créature aux grognements et au caractère de cochon, et qui prend un malin plaisir à boulotter ses hommes lorsqu’ils s’approchent un peu trop près de la mare où elle a élu domicile. Rejoint par Gammarael, un Blood Angel élève de Mkoll (il est capable de marcher sans piétiner les petites fleurs sur le chemin, et déteste faire la conversation), l’officier est témoin d’une lutte sans merci entre le demi-dieu de Baal et… une guenaude aquatique ? Bien évidemment, ce sont les gentils impériaux qui gagnent à la fin et prennent possession du pédiluve pour la plus grande gloire de l’Empereur, mais cet accrochage a donné soif au farouche Gammarel. Plutôt que de se décapsuler un petit Garde pour la route, ou sucer un caillou pour faire passer l’envie, Gam’ rouge pique une tête au fond du bassin, laissant le brave Froer perplexe, mais vivant. Il ne connaît pas sa chance…

AVIS:

Du Abnett correct sur la forme, mais très paresseux/peu inspiré sur le fond : j’attendais de voir ce que l’une des meilleures plumes de la BL serait capable de produire sous le format 1.000 mots, et la déception est grande. Quand même Annandale et Swallow te passent devant au classement, c’est qu’il y avait moyen de faire mieux. Ou alors le sens caché de cet ‘Eternal’ (pourquoi ce titre d’ailleurs) m’est passé totalement au dessus la tête, du fait de ma méconnaissance approfondie du Daniverse. En tous cas, l’un de nous (la nouvelle ou moi) is not worthy de l’autre…

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The Sanguinor: Exemplar of the Host – J. Swallow :

INTRIGUE:

Sur la planète de Skylos, un petit groupe de Blood Angels livre une guerre d’attrition perdue d’avance contre une horde de Tyranides. Alors que la fin/faim (ça dépend de quel bord on est) approche, une dispute d’ordre théologique éclate entre les survivants. En cause, la croyance du Scout Endemor en la véracité du mythe du Sanguinor, alors que le Sergent Vétéran Ganon considère qu’il s’agit d’un conte pour novices influençables. Sentant grâce à ses pouvoirs mystiques que l’on dit de la m*rde sur lui, Mr Bling Bling apparaît comme par magie pour inspirer ses frères/fils (ça dépend de quelle version on considère), juste au moment où les Tyranides se lancent à l’attaque de l’irréductible cratère gaulois. Galvanisés, même ce vieux reac’ de Ganon1, par l’exemplaire Exemplar qui leur a fait l’honneur de sa venue, les Blood Angels massacrent les Xenos malgré un rapport de force très défavorable, et remportent la bataille qui fait basculer le cours de la guerre pour Skylos. La morale de l’histoire est sans doute qu’il ne faut jamais cesser de croire au Père Noël : après tout avec un nom comme le sien, il y a de grandes chances qu’il soit lui aussi un descendant de Sanguinius…

1 : Qui sera toutefois le seul Space Marine à ne pas survivre à la bataille. Coïncidence ? I think not. Faut pas bitcher sur le Sanguinor.

AVIS:

1.000 mots avec un Sanguinor faisant exactement ce qu’on attend de lui dedans. Aucune sorte d’intérêt je dois dire, à moins d’être un amateur acharné du personnage (le Sanguinor ou Swallow, les deux fonctionnent), et avoir 3,49€ à claquer pour ce contenu ni décevant (je ne m’attendais à rien je dois dire) ni surprenant. Vous voilà prévenus.

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Dante: Lord of the Host – J. Swallow :

INTRIGUE:

Skylos à nouveau1, mais cette fois vue d’orbite. Les perturbations atmosphériques ayant piégé les Blood Angels et les Tyranides à la surface de la planète étaient en fait causées par les machinations d’une cabale de chronomanciens de Tzeentch, pour des raisons n’appartenant qu’à eux. Pas de chance pour les horlogers chaotiques, Dante passait par là et décide de partir à l’assaut de l’œuf de Fabergé géant qui leur sert d’atelier, boutique et repaire.

Après s’être frayé un chemin dans les allées cryptiques et peuplées de démonstres (dur de dire, franchement), le vénérable Maître de Chapitre parvient enfin à parler à un manager, sorcier du Chaos ne ressemblant positivement à rien, et un peu trop sûr de lui pour un antagoniste lambda confronté à un personnage nommé. Grâce à ses pouvoirs impies, le maître des horloges plonge Old D (but goldy) dans une confusion sénile, certes débilitante, mais toutefois passagère. Dante a en effet trop de bouteille et de foi pour se laisser abuser par les faux souvenirs démoralisants que son adversaire souhaite lui faire revivre, et, prenant sa hache Mortalis bien en main, il décapite l’impudent jeunot, non sans lui avoir avant, chose suffisamment rare pour être soulignée, montré ses face. Et pour couronner le tout, il termine la nouvelle sur un one liner digne des Experts Miami. Tout simplement lé-gen-daire.

1 : Planète déjà visitée en speed par les Blood Angels dans ‘The Sanguinor: Exemplar of the Host’, du même auteur.

AVIS:

Micro-nouvelle assez divertissante par son n’importe nawakisme (je ne sais pas qui était le prof de physique du jeune Swallow, mais iel a fait du sale boulot), ‘Dante : Lord of the Host’ aurait pu être intéressant (un peu plus en tout cas) si l’auteur avait pris soin de relier cette histoire à sa micro-jumelle1, et/ou de développer un peu les passages de la loooooooongue vie de son héros qui défilent pendant quelques secondes devant ses yeux et ceux du lecteur2. Au lieu de ça, Swallow clichetonne et nanarde comme un beau diable, ce qui n’est pas le pire des aspects, il faut bien le reconnaître. Comme toujours beaucoup trop cher, même en prenant en compte le capital sympathie de ces quelques pages.

1 : Ce qui n’est pas le cas mis à part la mention lapidaire des Blood Angels coincés sur Skylos. Cette planète ne semble d’ailleurs apparaître nulle part ailleurs dans le corpus de la Black Library.
2 : À la place, on a seulement du déjà connu ou du pas intéressant car pas assez détaillé.

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Et nous voilà enfin au bout de cette critique de ‘Sons of Sanguinius‘, the graal that kept bleeding content comme on dit sur Baal (peut-être). Pour ceux qui n’ont pas eu la patience de lire le détail des retours sur les 29 (!) histoires distinctes qui forment cette anthologie et/ou qui voudraient avoir un avis final sur le bouzin, voici quatre points majeurs retenus par votre serviteur – qui a ce stade peut aussi être qualifié de Serviteur – à propos de ce recueil.

Premièrement, et en dépit de son rapport quantité-prix impeccable (comme établi en introduction), ‘Sons of Sanguinius‘ a une qualité intrinsèque assez faible, beaucoup de histoires mises au sommaire de l’anthologie variant du médiocre au moyen. Mention spéciale ici au ‘Lemartes: Guardian of the Lost‘ de David Annandale, qui est littéralement pire que tout. L’habitué de la BL ne sera pas surpris de ce jugement sévère, vu les noms des auteurs ayant contribué à cette anthologie, qui ne font pas partie des tous meilleurs éléments de la maison d’édition de Nottingham. Mises à part quelques fulgurances de la part de Thorpe et du même Annandale, le contenu de ‘Sons…‘ s’avère aussi peu inspiré que prévu, et pour un bouquin de près de 1.000 pages, c’est rédhibitoire.

Deuxièmement, je dois dire que j’ai apprécié l’idée des éditeurs de varier les formats et les longueurs (et cela sans avoir lu le roman, qui plus est), ce qui n’arrive que rarement dans les recueils de la BL. Cela aurait été encore plus appréciable si cette variété avait été utilisée à plein potentiel, pour offrir une expérience de lecture réellement inédite en alternant micro-récits et nouvelles et novellas plus posées, par exemple. Au lieu de ça, on a l’impression que les 1.000 mots ont été rajoutés pour booster le nombre de contributeurs et d’histoires à mettre au sommaire… et c’est tout. Pour être honnête, c’est sans doute le cas, mais même si ce format m’a toujours semblé une arnaque dans la manière dont il est traité par la Black Library, je considère qu’il n’est pas intrinsèquement mauvais et aurait pu apporter quelque chose de plus qu’une poignée de pages et de noms supplémentaires à cette anthologie. À la place, ils sont relégués en fin de volume, et sont donc parcourus par le lecteur au moment où la bienveillance de ce dernier pour l’ouvrage est à son niveau le plus bas. Pas les meilleures conditions pour briller.

Troisièmement, et je dois le souligner de manière explicite, très stupidement, le sommaire de ‘Sons…‘ a été construit de manière absolument terrible. Passe encore de mettre les 1.000 mots en vrac à la fin, alors que certains sont centrés sur des personnages qui apparaissent bien plus tôt dans l’anthologie (Dante par exemple) : c’est à mon sens peu malin mais cela reste du nice to have (ou nice to be had). Par contre, il faut un certain niveau de génie pervers ou d’incompétence primaire pour mélanger l’ordre logique d’histoire prenant place les unes après les autres. On a ainsi ‘Flesh of Cretacia‘ qui aurait du suivre ‘Sons of Wrath‘, ‘Eclipse of Hope‘ qui aurait du précéder ‘Mephiston: Lord of Death‘, et en bonus, ‘Lemartes: Guardian of the Lost’ qui aurait dû être placé derrière le diptyque consacré à Mephiston. Pour moi, il s’agit d’une des tâches premières d’un éditeur digne de ce nom, et il a été glorieusement sabordé par quiconque a tenu ce rôle dans la réalisation de cette anthologie. Son nom n’apparaît d’ailleurs pas dans le livre : il reste possible que ‘Sons…‘ ait été mis en forme de manière automatique, sans prise en compte de son contenu. Ca ne m’étonnerait même pas de la part de la BL.

Quatrièmement et pour terminer, je regrette que cette anthologie ne couvre pas les événements notables du background les plus récents, depuis la défense de Baal contre les Tyranides (brièvement évoquée dans ‘A Son’s Burden‘, mais point de ‘The Devastation of Baal’, qui est la suite logique) jusqu’à l’arrivée des Space Marines Primaris. Je sais que ce genre de recueil est par nature limité par le matériel disponible au moment de sa création, et peut-être que Nottingham a décidé qu’il n’y en avait pas assez pour couvrir l’époque contemporaine du fluff (‘Shield of Baal’, anyone?), mais même une poignée de nouvelles auraient fait l’affaire, et montré de façon claire que la BL ne fermait pas volontairement les yeux sur ces derniers développements. J’aurais aussi apprécié et compris de voir des nouvelles récentes comme ‘Blood Rite‘ (Rachel Harrison) ou ‘Redeemer’ (Guy Haley) être incorporés dans cette anthologie : elles y auraient eu tout à fait leur place.

J’en ai enfin, cette fois, fini avec ‘Sons of Sanguinius‘. Vous voilà briefés dans le détail sur ce tome qui fera date dans la couverture littéraire des exploits et tragédies des descendants de Sanguinius : lisez maintenant à vos propres risques…

CRUSADE & OTHER STORIES [40K-HH]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue critique de Croisade & Autres Récits, l’anthologie de nouvelles dédiée par la Black Library aux nouveaux arrivants dans le 41ème millénaire (mais pas que, comme nous le verrons plus tard). Comme cela avait été le cas pour Sacrosaint & Autres Récits, le pendant AoSesque du présent ouvrage, je tâcherai dans cette chronique de vous éclairer sur la valeur et l’intérêt que la lecture de Croisade… présente pour le hobbyiste, fut-il au début de son noviciat ou vétéran couturé de cicatrices et bardé d’augmétiques1.

À première vue, nous avons droit à un bien beau pavé de plus de 400 pages, disposant lui aussi d’une traduction française et allemande, et proposé à un tarif très concurrentiel (7 €). Derrière le cliché héroïque du frère Lieutenant Cassian, du temps où il tenait encore debout et pouvait passer les portes (no spoil), nous apprenons que ce ne sont pas moins de 12 contributeurs qui auront le plaisir et l’avantage autant que la délicate mission de nous faire découvrir les profondeurs sauvages de la galaxie telle qu’elle sera dans notre lointain futur. Si certains noms apparaîtront comme familiers à l’habitué de la BL (ou le deviendront bientôt pour celui qui persistera sur la voie du fanboy), tels que les Thorpe, Dembski-Bowden, Swallow ou encore Abnett, d’autres ont davantage de chance de n’évoquer qu’un froncement d’épaule ou un haussement de sourcil (ou l’inverse) chez l’impétrant. Clark, Fehervari, Parker et Goulding font souvent cet effet, mais cela ne doit pas nous empêcher d’aborder leurs soumissions avec un esprit ouvert et une plume acerbe, comme pour leurs petits camarades d’écritoire.

Sommaire Crusade & Other Stories (40K)

Depuis la liquidation (encore qu’émiettement serait sans doute un terme plus adapté, au vu de ce qui s’est passé) de la franchise Warhammer Fantasy Battle, Warhammer 40.000 est la doyenne de Games Workshop, et peut convoquer une trentaine d’années de fluff et à peine moins en termes d’œuvres de fiction pour l’instruction et la distraction du lecteur. Si vous lisez ces lignes, vous faîtes sans doute partie des convaincus/convertis du Hobby, et je n’aurais donc que peu de mal à vous persuader de l’intérêt de ce dernier. Mais si vous étiez un honnête et enthousiaste newbie, à la foi (et la dépendance au plastique) pas encore solidement ancrée, Croisade… serait-il l’ouvrage adéquat pour vous faire basculer pour de bon dans l’étreinte chaleureuse et amicale du grimdark ? La réponse dans 3… 2… π… 1…

1 : Pas de chance si vous êtes un Dreadnought par contre, la maison ne fait pas encore de podcast.

Croisade & Autres Récits

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Crusade – A. Clark :

INTRIGUE :

Alors que la Croisade Indomitus bat son plein, nous partons à la rencontre d’une force de Primaris Ultramarines, que les aléas de la guerre et les caprices du Warp a détourné de sa destination initiale. Ayant récemment ramené Knassos dans le rang (impérial), le Lieutenant Cassian et ses hommes émergent de l’Immaterium1 dans le système de Kalides, contraints et forcés d’y faire étape à la suite des avaries provoquées par la tempête Warp essuyée par le Primarch’s Sword, leur croiseur d’attaque de fonction. Leur propulseur Warp étant pour le moment hors service, les Ultramarines espèrent trouver sur le monde de Kalides Prime, coupé de l’Imperium depuis l’ouverture de la Cicatrix Maledictum, de quoi réparer leur joint de culasse (c’est toujours le joint de culasse), ou au moins envoyer un SMS d’excuse à Guilliman en utilisant le relai astropathique local. Par manque d’informations fraîches sur la situation de la planète, Cassian et ses lieutenants adjoints, l’Archiviste Keritraeus et le Chapelain Dematris optent pour une approche gardée, qui se révèlera sage car Kalides est assiégé par une bande de guerre de la Death Guard, ayant réduit la capitale planétaire, Dustrious, en ruines, et mis le siège à l’ultime forteresse de la cité, où se terre le collège des Astropathes. Bien que surclassés en nombre, les Primaris n’hésitent pas une seconde à voler, ou plutôt tomber, au secours des locaux, et engagent les troupes purulentes du Seigneur de la Peste Gurloch.

La campagne qui s’en suit verra les derniers nés de la famille Astartes exhiber leurs spécificités et matériel flambant neuf (mention spéciale aux Inceptors, qui partiront faire du flyboard au-dessus de Dustrious en préparation de l’arrivée du gros des troupes), épaulés quand le besoin s’en fait sentir par les restes d’un régiment de Cadiens bien éprouvés et totalement grippés, et une petite bande d’Eldars des Vaisseaux Mondes, dont la Prophétesse a vu en Cassian un futur allié d’importance pour la survie d’Yme’Loc, et n’hésite donc pas à crâmer une relique millionnaire2 pour tirer ce dernier et ses séides d’un bien mauvais pas. De l’autre côté du ring, les prouteux de Gurloch, un brave type très jovial mais tellement sale que même sa voix dégouline de sueur (ce qui n’est pas donné à tout le monde) encaissent et rendent les coups avec toute la fortitude caractéristique des fils de Mortarion, et continuent à préparer l’apothéose pesteuse que leur Seigneur fomente pour s’attirer les bonnes grâces du Grand-Père. Et comme toutes les bonnes choses dans la vie, ce bouquet (de germes) final doit mijoter un certain temps pour révéler toute sa saveur et son onctuosité. L’intervention des Guilliboys doit donc être supportée et contenue assez longtemps pour permettre au chef d’œuvre de Gurloch d’arriver à maturité, mais les loyalistes ont bien évidemment un tout autre avis sur la question…

AVIS :

Ayant été un brin échaudé par ma première expérience de novella « d’initiation » aux franchises de Games Workshop à la suite de la lecture du décevant Sacrosaint // Sacrosanct de C. L. Werner, j’abordai cette Croisade avec un sombre pressentiment. Après tout, si un auteur confirmé comme l’homme au chapeau n’était pas capable de rendre une copie intéressante en mettant en scène des Stormcast Eternals, quel espoir y avait-il qu’un petit nouveau comme Andy Clark fasse mieux avec des Ultramarines Primaris, sans doute la faction la plus lisse de tout Warhammer 40.000 ? Eh bien, qu’il soit écrit ici que j’avais tort de douter de Mr Clark, qui s’est sorti haut la main de cet exercice imposé des plus périlleux.

Croisade étant d’abord un récit destiné à faire vivre les figurines d’une boîte de jeu 40K (Dark Imperium) et d’introduire le background de cet univers aux nouveaux hobbyistes, la première satisfaction que l’on peut tirer de cette novella tient au fait qu’elle réalise cette mission de façon sérieuse mais non ennuyeuse, ce qui était ma crainte principale. Certes, Clark passe en revue avec un détail qui pourrait sembler excessif dans une soumission classique de la BL toutes les escouades et personnages de son casting, précisant à chaque fois son rôle et ses missions au sein de sa faction. Mais il réussit le tour de force de le faire sans trop forcer le trait, ce qui rend la lecture de sa prose supportable pour le vétéran. L’intrigue de son récit, pour simple qu’elle est, offre un cadre robuste à l’empoignade entre Ultramarines et Death Guard, et, si le déroulé de Croisade se concentre majoritairement sur des scènes de combat (ce qui est, encore une fois, logique au vu du cahier des charges de cette publication), Clark parvient à aller au-delà de l’escarmouche bête et méchante, en faisant le lien avec le « macro-fluff » que constitue la Croisade Indomitus, et au travers de cette dernière, le retour de Guilliman et l’avènement des Space Marines Primaris. Enfin, la conclusion de la novella réussit à équilibrer de façon intéressante les côtés grimdark (Cassian, grièvement blessé lors de son combat contre Gulroch, atterri dans un caisson de Dreadnought) et épique (caméo de Guilliman, qui félicite son fils3 de ses actions sur Kalides et rebooste roboute le moral de toute l’équipe en leur promettant une belle bagarre à ses côtés dans quelques jours) de 40K, ce qui donne au newbie une bonne idée de la tonalité des franchises de GW en général.

Au-delà de ces premières considérations, j’ai également apprécié le souci apporté par l’auteur à mettre en avant de façon positive toutes les forces en présence, y compris les antagonistes, ce que Werner n’avait pu ou voulu faire dans Sacrosaint. S’il n’y avait guère à s’employer pour les Primaris, dont la totalité du background hurle « onélégenti », les Cadiens et les Eldars ne sont pas en reste, les premiers étant dépeints comme des parangons de bravoure et de dévotion, se sachant surclassés et condamnés mais accomplissant leur devoir sans faillir jusqu’au bout4, les seconds comme les gardiens du destin de la galaxie et des psykers incomparables. La Death Guard n’est pas desservie non plus, et ne se contente pas de jouer les faire valoir pour la bleusaille de Guilliman. Dotés par Clark de qualités littéralement appréciables, dont une bonne humeur généralisée mais également une solidarité entre Légionnaires (ce qui nous change des méchants sociopathes qui détestent tout le monde), ainsi que d’une stratégie compréhensible et valable5, Gurloch et ses affreux font jeu égal avec Cassian et ses vertueux en termes d’investissement du lecteur, ce qui est suffisamment rare pour être souligné.

Enfin, je dois reconnaître à Andy Clark une réelle capacité à intégrer à son propos des éléments clairement calibrés pour le lecteur BL confirmé, ce qui révèle une maîtrise et un intérêt pour le fluff qui sont évidemment des éléments positifs. Parmi les bonnes idées ou Easter Eggs parsemant Croisade, citons la joie incrédule du Capitaine Dzansk lorsque Cassian lui apprend que Guilliman a ressuscité (on a tendance à oublier que l’information ne circule pas aisément à l’échelle galactique, surtout avec le brouilleur géant que représente la Cicatrix), le petit clin d’œil théorique/pratique tiré du Codex Astartes, ou encore la vision comateuse de Cassian après sa victoire contre Gulroch, qui laisse sous-entendre que c’est Sanguinius en personne qui vient proposer au héros meurtri de déposer les armes. Au final, ce que j’aurais pensé n’être qu’une introduction passable au recueil de nouvelles Croisade et Autres Récits s’est révélé comme une des bonnes surprises de cet ouvrage, et l’un des textes les plus intéressants de ce dernier. Bravo Mr Clark, bravo.

1 : La scène est assez drôle car on la suit depuis les yeux (?) d’une sonde de détection située à proximité du point de Mandeville du système, qui finit tel un moucheron sur le parechoc du fier vaisseau de l’Astartes. Il faudra rembourser messieurs.

2 : C’est encore plus vieux que millénaire, ce qui pour un Eldar, n’a pas grande valeur. Cependant, comme Cassian le fait justement remarquer, ce n’est pas parce qu’on lui balance un bout de bois carbonisé dans les bottes en prétendant qu’iI s’agit de la Canne du Rêveur (jamais entendu parler) qu’il va se mettre à genoux devant le premier Zoneille venu.

3 : Il aurait bien séché ses larmes aussi, mais sur un Dreadnought, c’est compliqué.

4 : À l’image du Capitaine Dzansk, dont le sacrifice altruiste et explosif ne fut pas pour rien dans l’issue heureuse du combat entre Cassian et Gurloch.

5 : La lecture de la novella permet ainsi de comprendre pourquoi Gurloch, qui en avait pourtant la capacité, n’a pas envahi la forteresse de Dustrious avant l’arrivée des Ultramarines. La raison donnée par Clark est à la fois crédible et fluff, ce qui à mettre à son crédit.

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The Lost King – R. McNiven :

INTRIGUE :

The Lost KingSur Fenris et sa grande banlieue, les choses vont plutôt mal pour les farouches fils de Russ. Bien que les manigances démoniaques d’une quelconque entité warpienne1 visant à détruire la street credibility des Space Wolves en diffusant sur les fréquences AM/FM du Segmentum un montage frauduleux et malhonnête (dîtes non aux fake news) mettant en scène une bande de loulous défouraillant du civil impérial sans retenue aient été contrecarrés, l’invasion du système par les résidents de l’Immaterium bat toujours son plein, forçant ses légitimes propriétaires à une purge systémique autant que systématique des planètes, lunes et stations spatiales touchées par le fléau. C’est l’occasion pour nous de faire la connaissance avec quelques sommités chapitrales, dont les Seigneurs Loups Sven Bloodhowl, Egil Ironwolf et Krom Dragongaze, chacun engagé avec sa Grande Compagnie sur un théâtre différent.

Ainsi, tandis que Sven fait trempette avec ses Firehowlers sur le littoral de Svellgard, dont les bancs de méduses ont pris des teintes, formes et intentions sinistres, Dragongaze se relève (il était à genoux, je n’invente rien) péniblement de son combat sur la station astropathique de Longhowl contre ce qu’on suppose être le cerveau de l’invasion démoniaque, vaincu et banni à grand mal et grands frais par les Drakeslayers, épaulés par une petite force de Chevaliers Gris (comme quoi, ils se sont rabibochés) menés par le Capitaine Stern. Mais le plus à plaindre est sans nul doute Ironwolf, qui rouille sur patte dans l’enfer putride qu’est devenu Midgardia, et se fait un sang d’encre pour son Maître de Chapitre, que tous les démons du système proclament comme étant mort. Bien sûr, on ne peut pas faire confiance à un être du Warp, mais l’absence de communication de la part des Champions de Fenris depuis qu’ils sont descendus dans les niveaux souterrains de la planète à la recherche du cœur de l’infection est troublante, pour ne pas dire inquiétante. Soucieux de ne pas laisser les sièges en cuir de grox de sa flotte de véhicules prendre l’humidité plus que de raison, Ironwolf renvoie tout son petit monde en orbite et part seul à la quête de son patron. Enfin, sur Frostheim, c’est ce bon vieux Canis Wolfborn qui prend le micro (sans doute pour le manger, étant donné qu’il ne sait pas parler) pour les Deathwolves2, occupés à nettoyer la Forteresse de Morkai des dernières poches chaotiques qui squattent les couloirs. Bien que l’ennemi soit repoussé, il n’en reste pas moins dangereux, comme les cadavres de Space Wolves que Canis trouve sur sa route en témoigne.

Tout celà serait bel et bien bon, si une Croisade impériale, menée par nul autre qu’Azrael et ses Dark Angels depuis le Roc, ne venait de se matérialiser dans le système de Fenris, pour enquêter sur la cause des récentes agitations et turbulences émanant du territoire des fils de Russ. On le sait, la Première Légion et la Vlka Fenryka ne s’entendent guère, et les fils proprets de Lion El’Jonson se réjouissent d’avance de mettre leur nez aquilin dans le panier à linge sale de la marmaille de Russ. Ce qui est assez hypocrite quand on y pense de la part de types qui s’appellent les Impardonnés et ont passé les 10 derniers millénaires à protéger leurs propres petits secrets honteux. Mais bon, comme toujours avec les Dark Angels, la mauvaise foi n’est jamais loin. Réunis pour un premier conseil de guerre sur le pont du Roc, les officiers supérieurs de la Croisade écoutent le jeune et prometteur Chapelain Elezar, pupille préférée d’Asmodai, les briefer sur la conjoncture géopolitique de Fenris, qui peut se résumer en trois mots : « c’est la m*rde ».

Aux grands mots et maux les grands remèdes, l’intraitable Chapelure propose tout naturellement un Exterminatus de Midgardia, bien qu’il sache pertinemment que le Loup Suprême est toujours en train d’y patauger. Ça lui ferait même plaisir, au fond. Malgré les réticences, rapidement écrasées, des autres commandants Space Marines présents, tout semble parti pour un lavage à grandes eaux de la pollution démoniaque de la planète, mais le triomphe annoncé d’Azrael se voit menacé par l’arrivée, non pas du Grand Schtroumpf, mais d’un Inquisiteur particulièrement collant et suspicieux, et pas le moins du monde impressionné par l’hostilité latente et les menaces à peine voilées que le Grand Maître Suprême émet à son égard. Après une entrevue aussi courte que glaciale, l’importun est raccompagné manu militari à son vaisseau, sans se douter un instant qu’il est épié du coin de l’œil par un doppelganger démoniaque ayant usurpé l’identité d’un officier Dark Angels. Par chance pour l’impavide Inquisiteur, the thing se montre plus intéressé par un tête à tête avec Elezar qu’avec lui, mais ce n’est sans doute que partie remise…

AVIS :

Il y a sans doute erreur sur le produit si l’on considère The Lost King comme une nouvelle, ainsi que cette soumission est présentée dans l’anthologie Crusade & Other Tales. De par sa structure même, il est plus judicieux de qualifier ce texte de chapitre introductif d’un roman, ce qui est en effet le cas si on considère Warzone Fenris comme tel. Cela n’aurait en soi pas été un problème, la BL ayant l’habitude d’inclure de tels extraits dans ses publications, mais cette méprise au niveau de la nomenclature est regrettable, surtout dans un ouvrage destiné aux nouveaux lecteurs, pas forcément au fait des errements réguliers de la maison d’édition en matière de communication. Ce premier constat évacué, nous nous retrouvons avec un court format présentant l’intérêt de passer en revue une bonne partie des cadres du Chapitre emblématique des Space Wolves, ainsi que leurs grands rivaux Dark Angels, tous deux dans une position délicate vis à vis de l’Inquisition, ce qui constitue une bonne introduction au lore de 40K. L’intrigue, pour autant qu’on puisse en juger, promet des choses intéressantes, la disparition (évidemment momentanée) d’un personnage connu du background de 40K et la promesse d’une confrontation (évidemment évitée) entre deux des Chapitres Space Marines les plus illustres, le tout sur fond d’invasion démoniaque, promettant quelques péripéties distrayantes. Pour peu que l’on soit familier avec les noms des personnages convoqués ici, dont la majorité sont assez célèbres pour disposer de leur propre page sur le Lexicanum, on aura droit à l’équivalent d’Avengers Endgame dans les ténèbres d’un lointain futur, et sans doute une des plus grosses productions en termes de casting de la BL de ces dernières années, juste derrière la 13ème Croisade Noire d’Abaddon pour le nombre de people qu’elle convoque. Ceci dit, le choix de McNiven de se coller au train d’Annandale et son Curse of the Wulfen, sans fournir au lecteur une introduction à son propos, ce qui n’aurait pas été du luxe à mon avis, vient compliquer l’immersion dans cette saga épique, dont le suivi en multiplexe se fait aux dépends de l’intensité narrative. Certes, nous n’en sommes qu’au début, mais qu’importe si ce dernier paraît petit, comme l’a dit Sebastien Thoreau. À vouloir offrir à son lectorat une super production littéraire dès les premières pages, l’auteur prend le risque de ne pas accrocher sa cible, qui aurait peut-être préféré un commencement plus fouillé et plus intime. Menfin, c’est mon avis.

1 : Comprendre que la transition avec l’ouvrage dont The Lost King prend la suite n’est pas clairement faite, et que le lecteur aurait pu bénéficier d’un ‘Previously, in the Fang’ pour savoir de quoi il en retourne.

2 : Harald étant occupé à donner ses croquettes à Icetooth.

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Honour of the Third G. Thorpe :

INTRIGUE :

Honour of the ThirdAlors qu’il n’était encore qu’un humble (et relativement) jeune à capuche traînant son spleen et sa calvitie naissante à la cantina du (Hard) Roc(k) (Café), Belial participa à la campagne de Durga Principe en qualité de Sergent Vétéran au sein de la 3ème Compagnie des Dark Angels. Menée par le Maître Nadael1, cette dernière se fit forte de mettre un point d’arrêt aux déprédations sanglantes des Skull-scythes du champion du Chaos Furion. Mais voilà, Furion était un furieux, et il eut tôt fait de plumer l’ange sombre à leur première entrevue, laissant les fils de Lion El’Jonson dans l’embarras et la galère. Désigné chef par interim malgré l’absence de désinence en -el de son nom, ce qui permet de juger à quel point notre homme était un cador, Belial ordonna à ses frères de se replier sur les pentes du mont Dawon, pendant que lui et une escouade de meatshields se chargeraient de leur gagner assez de temps pour permettre leur retraite.

Après avoir taillé des croupières à l’avant-garde antifa’, Belial et Cie se retrouvèrent toutefois confrontés à la mauvaise humeur massacrante et aux haches tronçonneuses du meneur adverse, qui eurent tôt fait de transformer une poignée d’Impardonnés en petit salé. Ceci n’arrangea certes pas le profil du Frère Lederon, qui était déjà peu gâté par la nature pour commencer, comme son nom l’indique. Brutalisé à son tour, mais mettant à profit sa science du combat et son épée tronçonneuse pour survivre au premier round, Belial était sur le point de manger sa chasuble lorsqu’il se souvint brutalement qu’il était également l’heureux possesseur d’un magnifique pistolet bolter, et colla donc un headshot des plus propres à ce pauvre Furion, qui en perdit littéralement la tête. Il aurait fallu claquer des points dans un gorgerin digne de ce nom mon petit père, au lieu de mettre toute sa faveur divine dans des hachoirs à gigot. Ahlala, ces jeunes alors. La décollation de son adversaire lui assurant un retour sans encombre jusqu’à ses frères, nous refermons ici le livre, ou plutôt, le fascicule, de la passionnante histoire de ce bure à cuir de Belial.

AVIS :

Cinq petites pages et puis s’en va : cet Honour of the Third fait partie des ultra-courts formats que la Black Library commandite de temps à autres, pour des raisons qui m’apparaissent encore comme bien mystérieuses à l’heure actuelle. On connaissait l’amour de Gav Thorpe pour les Impardonnés, qu’il a assaisonné à toutes les sauces au cours de la dernière décennie, et le voir s’emparer de la figure relativement connue de Belial pour lui donner un peu d’épaisseur fluffique n’est donc pas une surprise de taille. Reste que cette micro-péripétie n’apporte pas grand éclairage sur le caractère de notre héros cagoulé, mis à part qu’il arrive à s’épater lui-même de son talent au tir à 10 mètres. Pour le reste, ces cinq pages auraient pu tenir en un paragraphe dans une frise chronologique de Codex, pour toute la « valeur utile » qu’elles apportent au fluffiste. Bref, un format 1.000 mots qui ne vaut certes pas les 3.49 € que la BL en demande sur son site, si j’en suis seul juge, et qui ne mérite guère mieux qu’un statut de bouche-trou dans une anthologie ou un omnibus un peu maigrichon.

1 : Craint dans tout l’Imperium pour son rendement au bolter, d’où son surnom de Nadael ‘Rafale’.

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The Word of the Silent King – L. Goulding :

INTRIGUE :

The Word of the Silent KingSur le monde de Gehenna, le conflit opposant locataires impériaux et propriétaires Nécrons suit son petit bonhomme de chemin. Ayant reçu le précieux soutien de la 3ème Compagnie des Blood Angels, menée par le grimaçant Capitaine Tycho, et chaperonnée pour l’occasion par nul autre que Papy Dante, qui avait sans doute envie de se dérouiller les guiboles entre deux ateliers de sculpture sur glaise et dessin au fusain, les loyaux sujets de l’Empereur se montrent relativement confiants dans l’issue heureuse de cette algarade, malgré les légions de robots homicidaires que le sous-sol de Gehenna dégorge avec une belle constance. Le début de la nouvelle voit d’ailleurs le Sergent Vétéran Machiavi (c’est toujours mieux que Machiatto) mener son escouade de Marines à l’assaut des cohortes métalliques qui gambadent dans la pampa, pour des résultats d’une frustrante inutilité et des pertes sans cesse plus importantes pour les surhommes en rouge1. Il en faut toutefois plus pour calmer les ardeurs luddites de Mach’, qui se dirige tout droit vers une honorable noyade sous la masse en hurlant des obscénités, jusqu’à ce que, dans le plus grand des calmes, ses assaillants tournent leurs talons chromés et s’en aillent rejoindre leurs pénates, en répétant en boucle…recalcul…recalcul… En vertu de sa règle spéciale « et ils ne connaîtront pas la courtoisie », notre héros s’autorise la satisfaction de flinguer une poignée supplémentaire de cyborgs pendant leur pénible retraite, mais doit se rendre à l’évidence : quelque chose ne tourne pas rond.

Alors qu’il débriefe de cet étrange revirement de situation avec ses supérieurs dans le Strategium autour d’un petit pichet de rouge, Machiavi apprend que le conflit immobilier sur lequel il est engagé est sur le point de se doubler d’un léger problème de dévermination, une flotte ruche Tyranide ayant été détectée à proximité de Gehenna, qui n’aura décidément pas volé son nom. Pour ne rien arranger, la base avancée des Blood Angels se fait hacker par un certain Judicator-Prime, QUI NE SAIT PAS PARLER SANS GUE*LER, se présente comme le porte-parole du Roi Silencieux en personne, et vient interrompre le Baal masqué2. L’émissaire propose à ses valeureux adversaires de convenir de pourparlers pour établir une stratégie commune contre les cafards de l’espace. Malgré la grossièreté de l’intrusion, les fils de Sanguinius décident d’accepter l’invitation, et Dante, Tycho et Machiavi se rendent fissa au Devil’s Crag rencontrer leur homologue…

Début spoiler…Seulement, bien conscients de la chance unique qu’ils ont de pouvoir approcher de l’idole des petites bielles, ils ne font pas le déplacement sans prendre avec eux leur matos de fanboy, autrement dit une torpille cyclonique (eh oui, on est grimdark ou on ne l’est pas). Planquée dans la boîte à gants de leur Rhino de fonction, nos trois larrons n’ont qu’à fermer le poing pour réduire en cendres l’hémisphère où ils se trouvent. Fort heureusement pour eux, Szarekh, venu en toute simplicité, seulement accompagné de quelques milliers des Prétoriens, n’insiste pas pour serrer la main des ambassadeurs impériaux, sans quoi la notion d’incident diplomatique aurait trouvé son exemple le plus lamentable ever. Le Roi Silencieux a lui aussi préparé une surprise à ses invités, et ces derniers ont la désagréable surprise de constater que le Necron en chef porte un masque à l’effigie de Sanguinius. Affront. Et que ce masque de Sanguinius est plus réussi que celui de Dante. Affront mortel. Le vénérable Maître de Chapitre est tellement chafouin que son Parkinson manque d’avoir raison de lui. Il réussit toutefois à ne pas serrer le poing de colère, ce qui aurait eu des conséquences fâcheuses, et parvient à engager la discussion sans susciter la suspicion des Nécrons, qui cherchaient juste à faire plaisir à leurs hôtes (et mettre sur la table une proposition d’alliance qui traînait depuis 10.000 ans dans les cartons, soit une petite semaine pour les métalleux). Mais l’appropriation culturelle, c’est moche.

Après quelques échanges de banalités, les deux camps finissent par tomber d’accord sur la nécessité de coopérer pour se débarrasser des punaises galactiques, au grand contentement de Szarekh, qui glisse au passage un petit mot sympa à l’oreille de son nouveau pote, au mépris de l’étiquette. La coopération interraciale, voilà un concept qu’il est beau. Bien entendu, cette belle alliance n’est pas aussi bien intentionnée qu’il n’y paraît, chaque camp comptant bien exploiter ce qu’il prend pour de la bêtise crasse de la part de son vis à vis. Et à ce petit jeu, ce sont les Necrons qui sortent gagnants, laissant leurs frères d’armes encaisser le gros de l’assaut Tyranide et exfiltrant discrètement leur souverain aphone en plein cœur des combats, mettant par là même un point final aux rêves pieux de reformatage sauvage à l’encontre de ce dernier entretenus par les Blood Angels. 38.000 ans après Deep Blue et Kasparov, la machine s’est donc à nouveau jouée de l’humain. Rien d’étonnant celà dit : les seniors et l’informatique, ça fait deux, c’est connu.Fin Spoiler

AVIS :

Il est une règle informelle et malheureuse au sein de la BL voulant que les écrits mettant en scène des Necrons soient généralement assez peu qualitatifs. Outre le fait que le mutisme généralisé et les motivations minimalistes de cette faction la rendent assez ennuyeuse pour le lecteur, la tendance des contributeurs de la Black Library à utiliser l’exploration du tombeau mystérieux comme intrigue est assez assommante, la « chute » de ce genre de récit étant connue des pages à l’avance. On n’est cependant jamais à l’abri d’une bonne surprise, et The Word of the Silent King fait définitivement partie de ce type de soumission. Goulding fait en effet bon usage du fluff remanié des Croncrons, dont la parole s’est libérée et les ambitions pour la galaxie complexifiées un chouilla, ce qui n’est pas plus mal (d’un point de vue purement littéraire). Le parti pris de raconter son histoire en intercalant les interventions et points de vue d’un cyborg et d’un androïde permet de se familiariser avec chaque faction, et de dérouler le récit de façon somme toute assez neutre, même si les Necrons apparaissent à la lecture comme bien plus civilisés, intelligents et rusés que les brutasses psychotiques, ombrageuses et malhonnêtes qui leur font face… ce qui est d’autant plus savoureux compte tenu du pedigree des Blood Angels et leur réputation d’honorables esthètes.

Si on peut à la rigueur regretter le « sous-emploi » de l’imposant casting de célébrités rameutées par Goulding pour tenir les premiers et seconds rôles de sa nouvelle, en particulier du futur défunt Tycho, qui, fidèle à son titre de Maître du Sacrifice, passera le gros de l’histoire à tenir la chandelle à Dante, sans que sa propre légende funeste ne gagne en profondeur au passage, il faut aussi reconnaître à Goulding l’inclusion d’éléments fluff, pas forcément très impactants en termes d’implications, mais qui ne manqueront pas d’intérêt pour l’amateur, comme tout détail touchant à la Grande Croisade et aux Primarques d’ailleurs. Bref, une offrande des plus solides de la part de notre homme, qui prouve ainsi qu’il sait faire autre chose que manier la faux lorsqu’il tient le stylo. Mais si, c’est possible.

1 : Qui peuvent pourtant compter sur le script buggé des automates d’en face pour éviter l’écorchage. Le fonctionnaire Necron doit en effet viser avant de tirer, apparemment. Overwatch, vous dîtes ? 

2 : Avec Tycho et Dante dans la même pièce, il ne manque plus que le Sanguinator, Vanus Hammerhand et Wurzzag Ud Ura Zahubu pour que le carnaval débute.

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Extinction – A. Dembski-Bowden:

INTRIGUE :

ExtinctionOn ne le sait que trop, les lendemains de cuite sont difficiles. Quand la tournée des bars en question a duré sept ans, impliqué des centaines de milliards de participants sur des milliers de planètes, dont quelques dizaines ont brûlé au passage, et s’est terminée par un projet X débridé dans la maison familiale avec le capitaine de soirée qui s’étouffe dans son vomi sur la banquette arrière de sa Kangoo défoncée, il est somme toute logique d’avoir, très, mais alors trèèèèèèèèèèèèèèès mal aux cheveux pendant quelques temps. Surtout quand on s’appelle Ezekyle Abaddon, et qu’on a un goût immodéré pour les manbuns en palmier1. Nous reviendrons sur le cas de ce mauvais sujet un peu plus tard.

Extinction place donc son propos dans la période trouble qui succède à l’Hérésie d’Horus, qui, si elle n’a pas été une partie de plaisir pour l’Imperium, n’a pas été de tout repos non plus pour les Astartes rebelles, réfugiés dans l’Œil de la Terreur et en proie à de bien compréhensibles dissensions internes en l’absence d’un grand chauve costaud pour claquer le beignet aux éléments perturbateurs. Mais, comme l’éructe Borge Grassens, Prince Démon poète à la moustache remplie de Nurglings : « Or sous les cieux sous vergogne//C’est un usage bien établi//Dès qu’il s’agit de rosser des Sons of Horus//Tout le monde se réconcilie2 ». Tel le chouchou de la maîtresse ayant rappelé à cette dernière qu’elle avait oublié de ramasser les expressions écrites de la classe deux minutes avant la sonnerie, les guerriers de feu le Maître de Guerre se retrouvent en butte à l’hostilité non dissimulée de leurs petits camarades de jeu, qui leur reprochent, non sans raison, d’être responsables de la galère dans laquelle ils se trouvent désormais.

Nous faisons donc la rencontre, pour beaucoup d’entre eux juste avant une capture infamante, un décès prématuré, ou pire, de quelques fistons d’importance, alors qu’ils se retrouvent entraînés dans des explications de texte sans fin avec leurs cousins issus de germain. Le Sergent Kallen Garax peine à trouver les mots justes (pas facile quand on parle Chtonien et le gonze d’en face Nostraman) pour apaiser un gang de bikers Night Lords. Le Techmarine Sovan Khayral insiste impuissant à l’incendie de son véhicule de fonction des mains huileuses d’une bande de Death Guard désœuvrés. Le Capitaine Nebuchar Desh finit par rendre l’âme après une séance un peu trop soutenue avec son/sa Dominatrice Emperor’s Children, qui devra se trouver d’autres chats à fouetter. L’humble frère Zarien Sharak, coursé par une meute de World Eaters souhaitant lui voler son goûter (quand on n’a pas de monde à manger, il faut bien compenser), signe un bail de sous-location mal avisé avec un Démon mal élevé qui le met fissa à la porte de son âme à son corps défendant (ou le contraire). Erekan Juric, Capitaine Reaver, se fait incendier par la bande à Kahotep sur le chemin de la maison. Même la fameuse Kangoo d’Horus traîne son mal-être depuis la disparition du patron, remisée qu’elle a été dans un quelconque parking sous-terrain de l’Œil par ce galopin d’Abaddon.

C’est par un aparté dévolu à ce diable d’Ezekyle que se termine Extinction. Ayant tout bonnement pris un congé proprement sabbatique pour se ressourcer et faire le point sur sa vie, et voyageant de planète en planète pour visiter les attractions touristiques qu’elles ont à proposer (une pyramide ici, un mausolée là, un temple plus loin… c’est une sortie culturelle), Abby regarde de loin ses anciens frères se faire mettre la tête dans la cuvette des toilettes chimiques de leurs Rhinos, guère intéressé par les déboires de sa Légion. Quelque chose me dit toutefois que cela ne durera pas éternellement…

AVIS :

Prologue à sa saga consacrée aux origines de la Black Legion, cette Extinction permet à Dembski-Bowden d’afficher sa maîtrise de la nouvelle d’ambiance. Il ne se passe en effet pas grand-chose dans ce court format, la succession de vignettes illustrant les déboires de la marmaille horusienne permettant seulement de prendre la mesure de la mauvaise passe que cette dernière traverse, orpheline de Primarque, traumatisée par sa défaite sur Terra, n’ayant plus d’objectif autre que la survie et ciblée à outrance par ses partenaires de crime. Pour autant, Extinction reste l’une des lectures les plus agréables de Croisade & Autres Récits, la patte d’ADB rendant chaque passage intéressant, chaque personnage attachant, et préparant parfaitement le terrain pour le début de la geste Abaddonienne, que le lecteur aura envie d’approfondir après en avoir terminé avec cet amuse-gueule, je gage. Il est fort l’animal, il est fort.

1 : Ca irrite le cuir chevelu comme pas possible et c’est très mauvais pour le bulbe.

2 : La rime est pauvre mais l’argent ne fait pas le bonheur.

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Sarcophagus – D. Annandale :

INTRIGUE :

SarcophagusDu temps où Armageddon était encore la priorité de l’Imperium en termes de conflit, et bien avant que cette feignasse de Guilliman se tire enfin de dessous sa couette après sa grasse matinée plurimillénaire, nous retrouvons un héros impérial, un vrai, en la personne de cette vieille baderne de Commissaire Yarrick. Guéri de sa lubie offensive après la péripétie de Golgotha, Seb la Pince est tiré de sa pré-retraite par le retour de son vieux copain Ghazghkull, déterminé à fêter comme il se doit ses noces d’azalée avec Armageddon, qui débarque en forme et en force sur la planète, 57 ans plus tard. Notre propos traite d’une anecdote mineure ayant pris place durant la 3ème guerre planétaire (les guerres mondiales, c’est connoté), alors que Yarrick s’était octroyé un week-end de repos1 dans l’arrière rucher Armageddonesque.

Ayant pris un AirBnB dans la petite bourgade d’Anaon (3 milliards d’habitants à peine), notre stoïque senior accepte de jouer le jeu de la propagande en passant en revue les troupes, serrant quelques paluches et pinçant les joues des bébés (avec sa bonne main j’espère, sinon les parents risquent d’être un peu surpris), afin de soutenir le moral des assiégés. Ces formalités effectuées, il faut penser à retourner au front, le vrai, mais cela ne pourra pas se faire par voie aérienne pour cause de bataille entre Marauders impériaux et chassa-bombas orks dans la zone. Qu’à cela ne tienne, Yarrick use de son charme légendaire, de son regard de braise et de son haleine parfumée pour convaincre un convoi blindé en partance pour Tartarus de le prendre à son bord. C’est avec grand plaisir que le Capitaine Veit Morena de la Légion d’Acier accepte de prendre sous son aile et blindage renforcé le héros de tout un peuple, même si je me demande bien comment Yarrick arrive à rentrer son énorme engin dans un habitacle de tank fort exigu. Les voies de l’Empereur sont décidément impénétrables (mais les écoutilles de Leman Russ, non).

Malheureusement pour nos easy riders, la route n’est pas de tout repos. L’arrivée d’une paire de Gargants sur la ligne d’horizon force la colonne blindée à faire un large détour pour éviter cette fâcheuse rencontre, ce qui, en plus de mettre Yarrick en retard pour son épisode d’Inspecteur Morse du dimanche soir, met son escorte sur le chemin d’une escadrille Ork. Pris à découvert par un ennemi tout aussi mortel et invulnérable que les gundams peaux-vertes, les impériaux prennent une drache des plus sévères, qui retourne le tank du Commissaire priseur (plus facile que de fumer la pipe avec une seule main) comme une crêpe, et met ce dernier KO pendant un petit moment.

À son réveil, et constatant rapidement qu’il est probablement le seul survivant du véhicule grâce à son statut de personnage nommé et renommé, Yarrick se retrouve confronté à des problèmes pratiques d’un genre un peu spécial. Plongé dans le noir, sans possibilité de s’orienter et piégé par l’épaisseur même du blindage après que ce dernier lui ait probablement sauvé la vie, Seb se résout finalement, après une longue discussion avec lui-même (c’est moche la vieillesse tout de même) à pianoter la carlingue de son petit studio avec sa pince métallique, dans l’espoir d’attirer l’attention de quelque bon samaritain.  Après de longues heures de We Will Rok You qui durent sans aucun doute donner à notre héros une migraine carabinée, la délivrance pointe enfin le bout de son nez… qu’elle a court et camus, puisque c’est une bande d’Orks en maraude qui décide d’investiguer ce cas de tapage diurne/nocturne.

Dans son malheur, Yarrick a toutefois de la chance car les peaux vertes qui assaillent son bunker sont à peu près aussi bien équipés qu’un élève de Segpa à la fin du deuxième trimestre. Venus avec leurs fling’, leur kikoup’ et leur irrépressible bonne humeur, les Orks tombent comme des mouches devant l’intraitable grand-père, dont le regard sévère, le pistolet bolter et le direct du droit de super welter repoussent leurs assauts désordonnés. La situation reste toutefois précaire pour notre ami manchot, conscient que le poids du nombre, ou même une simple grenade bien placée, finiront fatalement par venir à bout de sa volonté farouche. C’est donc avec un soulagement non feint qu’il accueille l’arrivée à propos d’un Thunderhawk des Black Dragons, dont les occupants ont tôt fait de mettre la vermine verte en déroute. Sauvé par le (dra)gong, Yarrick est libre de retourner à ses pénates, mais réalise avec stupeur qu’il doit très probablement son sauvetage à son admirateur secret, qui a pris soin d’envoyer une bande de tire au flanc équipés de pistolets à bouchons sur la zone du raid aérien, plus pour attirer l’attention des impériaux que pour régler son compte au Commissaire. Quand on aime, on ne compte pas (la vie de ses boyz), c’est bien connu.

AVIS :

Première nouvelle consacrée par Annandale à sa figure fétiche lue par votre serviteur, Sarcophagus  ne m’a pas vraiment impressionnée. Si ni l’intrigue, ni le déroulé de cette histoire ne se sont révélés être objectivement mauvais, je ne peux m’empêcher de penser, après avoir terminé la lecture de cette dernière, que l’idée que l’auteur souhaitait exploiter ici (la relation d’amour-haine nouée entre Yarrick et Ghazghkull au fil des années et des affrontements) aurait pu être développée d’une façon plus convaincante. L’internement forcé du Commissaire donne certes l’occasion à Annandale d’explorer un registre assez peu usité en règle générale par la Black Library (le survivalisme), mais comme on sait pertinemment que le héros s’en sortira sans trop de casse, la tension narrative reste assez lâche. Autre déception, la pauvreté des apports fluff de ce Sarcophagus, qui jouait pourtant sur du velours en mettant en scène un des personnages les plus connus, au cours d’une des batailles les plus connues, sur une des planètes les plus connues, du background de Warhammer 40.000. Eh bien, malgré ces circonstances très favorables, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, tant sur Yarrick que sur Armageddon. Bref, une assez grosse impression de gâchis pour ma part, et un cachetonnage sans gloire pour der Kommissar. Schaden.

1 : Et encore, ce n’est pas dit. De son propre aveu, la dernière fois qu’il s’est autorisé un break remonte à sa croisière sur le Space Hulk de Ghazghkull, et plus précisément aux quelques secondes de chute libre qui ont suivi sa projection dans une dorade par ce farceur de Big Boss. Depuis, plus rien. Ça c’est de l’économie d’énergie.

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The Purity of Ignorance – J. French :

INTRIGUE :

The Purity of ignoranceNotre nouvelle commence par l’interrogatoire serré mais décousu subi par le Lieutenant Ianthe du Régiment des Agathian Sky Sharks. En face de l’officier, un prêcheur impérial s’étant introduit comme Josef, se montre très intéressé par les états de service de son interlocutrice, qui peine à comprendre pourquoi il tient tant à ce qu’elle les passe en revue en boucle1. Il s’agit toutefois de la première fois qu’Ianthe collabore avec l’Inquisition à laquelle Josef appartient, et notre héroïne se dit que cela doit faire partie de la procédure de recrutement classique des saints Ordos, et se plie donc sans broncher au petit jeu du déroulé de CV. Il n’y a de toutes façons pas grand-chose à gagner à mettre un rogne un représentant d’une institution qui peut vitrifier votre monde natal sans avoir à se justifier, n’est-ce pas ?

Ailleurs, sur le monde de Tularlen, la Gouverneure Sul Nereid s’éveille dans le luxe de ses quartiers privés. La pauvresse a fait un horrible cauchemar, mais rien qui ne puisse être oublié par un bon petit déjeuner et une représentation privée du dernier ballet donné à l’opéra de la spire. En cela, Nereid a la chance de pouvoir compter sur la dévotion et le professionnalisme de son majordome Saliktris, qui semble toujours deviner ce qui lui ferait plaisir et se met en quatre pour satisfaire les envies et appétits de sa maîtresse. Et cette dernière a bien besoin de se détendre de temps à autres, les soucis posés par la gestion d’un monde impérial étant bien lourds à supporter.

Le premier acte du Lac des Razorwings est toutefois brutalement interrompu par l’arrivée de l’Inquisiteur Covenant et de sa suite, qui plutôt que de se faire annoncer au rez-de-chaussée de la ruche, ont opté pour une entrée fracassante par la baie vitrée, vérifiant une nouvelle fois le dicton que personne ne s’attend à ce que l’Inquisition passe par les velux. Coco et Cie sont confrontés à une vision d’horreur de 4.3 sur l’échelle du Nighthaunter2, musiciens et danseurs se révélant être des cultistes lourdement pimpés selon les goûts pointus, acérés même, du Prince du Chaos. Saliktris, quant à lui, est un authentique Héraut de Slaanesh, trop heureux d’obtempérer lorsque sa maîtresse lui ordonne de chasser les importuns, et par la force s’il le faut. Dans la bagarre qui s’en suit, Ianthe bénéficie d’une introduction approfondie aux us et coutumes chaotiques, la mélée confuse mais colorée qui engloutit les quartiers gouverneuriaux prélevant un lourd tribut sur les membres de son escouade ainsi que sur sa santé mentale.  À ses côtés, Covenant et ses sidekicks réguliers (Josef et Severita), plus aguerris que leur nouvelle recrue, s’illustrent de sanglante façon, jusqu’à ce que Salikris soit banni dans le Warp, et que cette fieffée profiteuse de Nereid écope d’un blâme, pardon d’un blam !, lorsque Ianthe parvient à la mettre face à ses responsabilités et au canon de sa carabine laser.

Début spoilerLe cœur de l’infection ayant été purgé, il ne reste plus au représentant de l’Ordo Malleus de donner quelques directives à son personnel pour que les quelques milliers de personnes ayant eu le malheur de fréquenter la défunte au cours des dernières années soient rapidement mises hors service. Dura lex sed lex. Se pose également la question du devenir d’Ianthe, qui, au cours de l’opération, a retrouvé la mémoire, et compris qu’elle servait en fait Covenant depuis de nombreuses années, mais avait été consciencieusement reformatée à la suite de chaque mission pendant laquelle elle avait été exposée au Chaos (ce qui doit arriver assez souvent dans ce type de profession), pour le salut de son âme et la sécurité de tous. Il lui appartient donc de faire le choix auquel elle est soumise à chaque réunion retex : un lavage de cerveau ou un bolt dans la tête. Présenté comme ça, c’est assez facile de trancher. Mais cette fois, à la surprise générale, Covenant adouci un peu le deal proposé à son sous-fifre, en lui proposant de continuer à le servir avec toute sa tête, jugeant, pour des raisons qui ne seront pas partagées avec l’humble lecteur, qu’elle est prête à vivre avec le poids de la connaissance de la réalité fondamentale de l’univers3. La conclusion de la nouvelle nous apprend qu’Ianthe a choisi de renoncer à la fameuse pureté de l’ignorance, et donc progressé au sein du cénacle d’acolytes de son boss, puisque c’est désormais elle qui remplace Josef pour les entretiens préliminaires. Si cela ne fait pas d’elle une interrogatrice, je ne sais plus à quel saint me vouer.Fin spoiler

AVIS :

Connaissant les capacités de French, je m’attendais à ce que son The Purity of Ignorance soit d’un niveau un peu supérieur à ce qui a été présenté ici. Reposant sur une série de révélations, sa nouvelle souffre à mes yeux de ne pas suffisamment « préparer le terrain » à ces dernières, qui arrivent donc sans jouer à plein. Si la corruption de la Gouverneure est cousue de fil blanc, bien que les passages introductifs narrés de son point de vue laissent à penser que tout va parfaitement bien sur Tularlen, c’est l’amnésie induite de son héroïne qui aurait vraiment gagné à être davantage exploitée. Point de flashbacks fugaces, de sensations de déjà vu inexplicables ou de réminiscences troublantes pour Ianthe en effet, qui est confrontée, et le lecteur avec elle, au constat de ses nombreux brainwashing de façon brutale, alors que la suture psychique qui lui avait été faite tenait jusqu’à ce moment parfaitement bien. Au lieu d’une nouvelle à twist final, nous nous retrouvons donc « seulement » avec une illustration romancée d’une dure réalité (encore une) de l’Inquisition, qui n’hésitera pas à se débarrasser des éléments ou des individus pouvant poser un problème à l’accomplissement de sa mission sacrée. Cela est certes éducateur (n’oublions pas que la nouvelle a été incluse dans l’anthologie Croisade et Autres Récits), mais cela aurait pu être intéressant d’un point de vue littéraire en sus. Petite déception donc.

1 : N’oublions pas que le bon Josef est sourd comme un pot. Il avait peut-être seulement oublié de brancher son sonotone aujourd’hui.

2 : Un des héritages peu connus mais essentiels que ce brave Curze a laissé à l’Imperium.

3 : Ou peut-être qu’il en avait marre de lui expliquer comment fonctionnait l’imprimante tous les quatre matins.

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Red & Black – J. Swallow :

INTRIGUE :

Red and BlackLa vie dans l’Adepta Sororitas n’est pas un long fleuve tranquille, contrairement à ce que les rapports officiels et le journal de 13h peuvent faire croire. Bien que le gros de l’activité consiste bien à aller purger des infidèles par le feu et la fureur d’un bout à l’autre de la galaxie, certaines missions un peu particulières peuvent échoir aux représentantes du Ministorum. Prenez la Céleste Mirya par exemple : convoquée par sa manager, la Prieure Lydia, alors qu’elle vaquait à ses occupations sur la station orbitale de Zhodon, la bonne Sœur apprend qu’elle et ses filles sont dépéchées sur la planète de Hollos, avec laquelle des contacts viennent d’être repris après une isolation plurimillénaire causée par des tempêtes Warp impénétrables. Si Lydia insiste lourdement pour que le bras ganté et armé de l’Ecclésiarchie soit du voyage, c’est parce que l’émissaire envoyée par Hollos pour poker l’Imperium se trouve être un clone, ou Replicae en anglatin du 41ème millénaire, ce qui est rigoureusement interdit par le culte impérial, comme les chaussettes sandales et les pizzas hawaïennes. Ce qui a sauvé l’ingénue diplomate hollosienne d’une mort rapide après sa prise de contact est justement la dévotion dont elle fait preuve envers l’Empereur, ce qui lui a gagné le bénéfice du doute auprès des autorités compétentes. Bref, Lydia instruit sa grouillotte de mener son enquête sur la situation de Hollos, et d’agir en conséquence si la planète se révèle particulièrement « inculte ». Mirya ne se fait pas prier (c’est le job de Lydia), et part sans tarder vers le monde prodigue, accompagnée de son escouade, d’un Magos Questor nommé Genus Nohlan, et de la fameuse Replicae, Rho.

Une fois arrivés sur place, les envoyés impériaux découvrent une planète prospère, pacifiée et pacifiste, mais, et c’est fâcheux, peuplée d’une forte minorité de Replicae, ce qui fait grincer les dents des fifilles de l’Empereur. Pire, les clones bénéficient d’un statut égal à celui des « vrais » gens, et forment même la classe dirigeante de Hollos, comme le prouve la composition du Conseil Suprême planétaire, dont six des huit membres (dont Rho, qui devait être la Jeanne Lassalle locale, pour partir en pèlerinage malgré son mandat électif) sont des Replicae. Bien que Rho fasse tout son possible pour arrondir les angles, Mirya ne se montre guère encline à la conciliation avec les sans nombrils, et sa méfiance instinctive se retrouve rapidement confirmée par l’attentat impromptu déclenché par de Rep’ sanguinaires (simplement appelés « les Rouges » par les citoyens respectables de Hollos, comme quoi, la lutte des classes ne s’est pas pacifiée dans le lointain futur). Ces derniers sont, repoussés à grand peine par les rafales disciplinées, puis, en dernier recours, les jets de prometheum embrasé, des Sororitas, guère aidées par la non-violence militante de leurs hôtes. Alors que Mirya fait mine de retourner à son vaisseau après avoir exprimé en termes non incertains à Rho et autres onomatopées qu’ils n’ont pas fini d’entendre parler d’elle, elle tombe dans l’embuscade montée par une des conseillères humaines d’Hollos (Ahven), dont les compétences relationnelles sont tellement limitées qu’elle trouve plus pratique d’envoyer de seringues hypodermiques que des mails d’invitation à son interlocutrice pour obtenir un rendez-vous discret.

Se réveillant péniblement dans les quartiers d’Ahven, Mirya est sur le point de donner à Hollos ses premiers martyrs lorsque son hôte parvient à apaiser sa furie vengeresse en révélant que beaucoup des humains de la planète ne supportent plus le joug des Replicae, qui ont pris les rênes du pouvoir il y a des siècles à la suite d’une guerre civile pendant laquelle ils avaient été utilisés comme soldats privés de volonté. Ayant réussi à évoluer et à développer leur libre arbitre, les Replicae, supérieurs à leurs maîtres sur tous les plans, ont fini par devenir la classe dirigeant de Hollos, et bien que leur règne soit assez bienveillant, les humains leur en veulent de leur avoir piqué leur place. Ahven implore donc Mirya d’aider les vrais sujets de l’Empereur à prendre en main leur destin, ce que Mirya semble plutôt disposée à faire, bien qu’elle reparte (pour de bon cette fois) sans avoir pris d’engagement ferme sur le sujet.

Le lendemain, les négociations sont définitivement interrompues par un nouveau coup de force des Rouges, qui sont utilisés comme armes de terreur par les humains rebelles contre les Replicae « Roses ». Le nombre des assaillant est tel que les Sororitas n’ont aucun espoir d’avoir gain de cause, d’autant plus que les cerveaux de l’insurrection, Ahven et sa clique, se sont révélés être des cultistes de Tzeentch, et ont écopé de quelques bolts correctifs pour leur peine lorsqu’ils ont tenté (sans succès) de rallier les filles de l’Empereur à leur petite révolution. Face à l’inaction défaitiste des Replicae, Mirya décide de prendre les choses en main, et ordonne à Nohlan, qui fricotait de son côté depuis le début de la mission, de libérer le virus egophage qu’il a mis au point en autopsiant un cadavre de Rouge la veille. Ce dernier réactivera le mode no brain des Replicae tel qu’il existait à la base chez les premiers modèles produits, avant que les clones ne développent une personnalité. Evidemment, Rho et consorts ne sont pas emballés par le projet, mais quand on est non violent à 40K, on n’a pas son mot au chapitre, et le reformatage massif de la population de Hollos est initié sans délai, permettant de repousser les assauts des Rouges grâce à la lobotomisation des Roses, envoyés au front comme de bons petits soldats.

La situation rétablie et l’ordre naturel restauré, Mirya et consœurs sont libres de retourner vaquer à leurs tâches usuelles dans le reste de l’Imperium, alors que les fonctionnaires des différentes institutions impériales débarquent par croiseurs entiers pour mettre la planète sous coupe réglée. Moralité : mieux vaut être seul (dans l’espace) que mal accompagné (d’osier).

AVIS :

Swallow et les Space Dévotes, c’est une affaire au moins aussi débattue que Swallow et les Space Vampires, et le consensus ne semble pas, là encore, pencher en faveur de notre amie l’hirondelle. Pour ma part, Red & Black m’a fait l’effet d’une soumission correcte sur sa forme, pas spécialement mémorable ni divertissante à lire, mais très loin d’être horrible. Pour qui n’a jamais pratiqué l’Adepta Sororitas (de façon littéraire, hein, bande de petits Slaaneshi dévergondés), cette nouvelle, qui est en fait l’adaptation d’un audio book, peut servir d’introduction convenable aux meilleuses de l’Empereur, même si on peut reprocher à Swallow de n’avoir fait ressortir que les caractéristiques les plus caricaturales de la faction (la coupe au bol, le mauvais caractère et les tendances pyromanes). Il aurait été à mon avis plus intéressant d’explorer les attributs les plus singuliers des ordres militants de l’Ecclésiarchie, surtout par rapport aux autres forces armées de l’Imperium que sont la Garde Impériale et les Space Marines. Pour moi, cela aurait pu se faire par une mise en avant du fanatisme des sœurettes (assez mal illustré par l’approche plutôt conciliante de Mirya, malgré ses bougonnements) et du lien particulier qu’elles entretiennent avec l’Empereur, miracles à l’appui. Au lieu de ça, la Céleste et ses tourterelles de combat se contentent de jouer aux gros bras, d’une façon tout à fait « classique », ce qui est dommage pour une nouvelle faisant partie d’un recueil introductif.

L’autre idée intéressante de Red & Black, les Replicae et la manière dont ils sont considérés par l’Imperium, aurait pu prendre une toute autre ampleur si Swallow avait poussé un peu plus le curseur de sa nouvelle vers la réflexion philosophique engendrée par cette cohabitation entre humains et clones. McNeill avait choisi cette approche dans The Last Church, sur un autre sujet certes, ce qui avait permis un échange abouti d’arguments entre les tenants de deux points de vue tranchés et inconciliables, mais raisonnables l’un comme l’autre. Ici, le lecteur n’a pas vraiment d’alternative à la synthesophobie ancrée des héroïnes (qui n’est guère explicitée d’ailleurs, l’Empereur ayant interdit les intelligences artificielles mais pas les expériences biologiques1 poussées, à ma connaissance), la non belligérance de Rho lui interdisant visiblement d’aller au clash avec ses invitées sur le sujet. Bon, c’est vrai que fâcher quelqu’un qui transporte des torpilles cycloniques, c’est pas franchement une bonne idée, mais tout de même, le débat d’idées aurait été intéressant, même si, au final, il était couru d’avance que l’histoire se terminerait mal pour les Replicae. S’il y a une constante dans l’Imperium de Pépé, c’est que l’Homo Normalis doit régner en maître…

: Il est d’ailleurs drôle de lire que les Soeurs considèrent un être n’étant pas né d’une matrice naturelle comme dépourvu d’âme… Ce sont les Primarques qui seraient ravis de l’apprendre.

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The Zheng Cipher – J. Reynolds :

INTRIGUE :

The Zheng CipherEnvoyée à la rescousse des habitants du monde minier Kotir-8, convoité par une flotte ruche souhaitant remédier à sa carence en fer sans manger d’épinards (on la comprend), l’escouade de Skitarii d’Alpha 6-Friest, vétérane dure à cuire et édentée de l’Omnimessie, se fraie un chemin à travers les hordes chitineuses jusqu’à l’ultime bastion impérial de la planète. Si les cafards de l’espace ne font pas long feu face aux carabines à radium de la soldatesque martienne, cette dernière n’est pas venue pour faire de l’humanitaire. Son seul objectif est de récupérer le testament du Magos Explorer Arcturus Zheng, porté disparu dans les Astres Fantômes et canonisé depuis par l’Omnimessie. La découverte fortuite sur Kotir-8 de ce qui serait l’ultime billet d’humeur de Zheng avant sa sortie des radars a fait de cette insignifiante planète une cible prioritaire pour les supérieurs d’Alpha, et cette dernière compte bien mener la mission qui lui a été confiée à son terme. Mais alors que les derniers défenseurs de Kotir se réjouissent à l’idée d’être évacués de leur monde condamné, il faudra bien que quelqu’un informe ces pauvres âmes que seule la mort met fin au devoir…

AVIS :

On a connu Josh Reynolds plus inspiré dans ses soumissions pour la BL. Le récit de la mission de sauvetage (ou plutôt de sauvegarde, vu que la cible est un paquet de bits) menée à fond l’irradiation par Alpha Blondie et ses Becquerel Boys se révèle être un shoot ‘em all des plus basiques, à peine relevé d’un fond de grimdark par le sacrifice, consenti de plus ou moins bon gré, des défenseurs impériaux afin de permettre aux dernières volontés de Zheng1 d’être récupérées par le notaire patientant en orbite. Si voir des Skitarii maniant des armes vraiment sales en action est plutôt sympathique, le manque d’originalité de ce Zheng Cipher s’avère rédhibitoire, et font de sa lecture une opération dispensable, pour le nouveau venu comme pour le vétéran. Circulez, il n’y a pas grand-chose à lire…

1 : Qui ne seront même pas communiquées au lecteur, qui attendait pourtant une petite révélation fluff pour sa peine… quelle cruauté, Mr Reynolds.

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A Sanctuary of Wyrms – P. Fehervari :

INTRIGUE :

A Sanctuary of WyrmsSortie minor, pour ne pas dire minable, de la promotion Pierre Bellemare de l’IEP (Institut des Etudes Potables) de T’au, la jeune Por’ui Vior’la Asharil de la Caste de l’Eau écope fort logiquement d’une première affectation loin d’être glamour au sein de l’empire. La voilà donc rendue sur Fi’draah (dont les trois premières lettres sont silencieuses), monde aussi attirant et salubre qu’une vieille éponge moisie à moitié immergée dans de l’eau croupie. Prétendant à qui veut l’entendre que c’était tout à fait ce qu’elle voulait faire, et qu’elle est très reconnaissante envers l’administration éthérée de ce poste valorisant (ce qui ne manque pas de susciter l’incompréhension, puis la défiance du sous-préfet placardisé – encore que pour la Caste de l’Eau, on pourrait dire bidetisé – auquel elle vient se présenter à son arrivée), Asharil peut toutefois maudire intérieurement sa mauvaise fortune lorsque son parcours d’intégration la mène à accompagner une expédition scientifique au cour des jungles impénétrables qui recouvrent le continent le plus sauvage de la planète, toujours contestée au Bien Suprême par les troupes de l’Imperium.

En compagnie de notre enthousiaste pipoteuse, nous retrouvons le cartographe Mutekh et son alternant Xanti, tous deux Terrestres jusqu’au bout des sabots, et la Shas’ui Jhi’Kaara, guerrière de feu intraitable et balafrée, escortée de sa fidèle bande de gue’las. Tout ce petit monde embarque pour une croisière au long cours dans les méandres marécageux du Coil, la zone de Fi’draah que Mutekh tient à reconnaître, malgré la très mauvaise réputation qu’elle a aux yeux des tribus d’humains dégénérés qui y vivent. Après quelques semaines à regarder la dengue et la dysenterie dans les yeux, nos intrépides explorateurs ont vent d’un lieudit pittoresque de la bouche des farouches Nirrhoda, les Sentinelles (les nôtres, pas les leurs, hein) locales, qui l’ont baptisé le Sanctuaire des Vers, en partie à cause des nombreux arbrémones (à la piqûre mortelle, sinon c’est pas drôle) qui ont colonisé l’île sur laquelle ce qui semble à nos héros être un complexe impérial abandonné a été construit. Mutekh tenant bien évidemment à investiguer cette trouvaille, la petite troupe débarque donc, essuie son premier mort (un humain ayant raté un test d’Initiative), et se retrouve victime de la nullité crasse d’Asharil, qui n’est pas foutue d’identifier le gros « I » barré de trois lignes horizontales embossé sur la porte d’entrée, ce qui me semble pourtant être le B.A.BA pour une diplomate diplômée. Il y a vraiment des Masters qui ne valent pas tripette.

Les aventuriers progressent dans les ténèbres moites du lieu, rencontrant sur leur passage des indices inquiétants sur la nature de la catastrophe qui a poussé les occupants de la station à prendre la poudre d’escampette, depuis les verrous placés à l’extérieur des portes pour empêcher quelque chose de sortir, jusqu’au cadavre isolé d’un techadepte qui a avalé son pistolet laser plutôt que de se laisser prendre par quelque chose. Evidemment, ça n’empêche pas le Tryphon Tournesol de l’expédition de pousser toujours plus en avant et profondément dans les ruines, et nos héros finissent par déboucher dans les niveaux inférieurs du complexe, où les choses prennent un tour beaucoup plus précis et sinistre…

Début spoiler…En effet, les T’aus directeurs exhument un charnier de cultistes Genestealers à l’humanité des plus douteuses, tandis qu’un peu plus loin, c’est le cadavre d’un Marine de la Deathwatch qui les attend (bien que personne dans le groupe ne soit foutu d’identifier l’allégeance du défunt1). Il en faut toutefois plus pour décourager Mutekh, qui entraîne ses baby-sitters jusqu’au cœur du réacteur, en croisant ça et là les restes du reste de l’escouade de la Chambre Militante de l’Ordo Xenos. Le malaise est à son comble lorsque les touristes débarquent dans le laboratoire central de la station, où un cadavre d’Iron Fist Deathwatch les attend, ainsi qu’une sorte de trompette de la mort géante. Ayant plus ou moins compris que l’endroit avait servi de base de recherche à l’Imperium sur les Genestealers, avant que quelque chose ne se passe, les détectives en herbe sont tirés de leur savante supputation par la bourde de Mutekh, qui fait exploser le champignon en essayant d’en prélever un morceau, avec des conséquences tragiques.

Les spores libérées par ce coup de scalpel mal avisé induisent en effet des changements rapides et douloureux chez les malheureux qui ont la malchance de les inhaler, les transformant en hybrides Genestealers en quelques secondes. Qui a dit que les trips aux champignons étaient sans danger ? Dans la bagarre qui s’en suit, la plupart des imprudents finissent en omelette, à l’exception de la coriace Jhi’Kaara et d’Asharil, piquée par un assaillant mais sauvée par le réveil inopiné de l’Iron Hand, qui puise dans ses derniers 1% de batterie pour pistonner un hybride un peu trop insistant, avant de se remettre en stase non sans avoir demandé le pouvoir un chargeur i-Phone à son obligée.

La suite et la fin de la fin de la nouvelle verra les trois rescapés décider de la marche à suivre, Jhi’Kaara remontant à la surface pour passer le message aux autorités locales, tandis que le cyborg, une fois dûment rechargé, et l’ondine, se sachant condamnée par le venin du Genestealer, décident d’aller purger le reste de la station, pour le Trône Suprême et le Bien de Terra, ou quelque chose comme ça. Sortez le fongicide, ça va charcler dans les chaumières.Fin spoiler

AVIS :

Peter Fehervari livre une adaptation à sa sauce du classique scénario de l’exploration d’un lieu qu’il aurait mieux valu laisser en paix, et parvient à sublimer son sujet en l’estampillant fortement 40K et « Dark Coil » (son coin de galaxie personnel), pour un résultat des plus dépaysants (T’au obligent), atmosphériques (intrigue oblige) et intéressants (une constante chez notre homme). On savait Fehervari très à l’aise avec les serviteurs du Bien Suprême, qui trouvent sous sa plume une profondeur et une complexité rare parmi les contributeurs de la BL, mais il ne démérite pas non plus avec la Deathwatch, qui, bien qu’elle soit ici représentée par un individu peu loquace (mais qui a de bonnes raisons pour cela), est utilisée tout à fait à propos. Par ailleurs, l’auteur fait progresser un peu le fluff des cultes Genestealers en démontrant que les prodigieuses capacités d’adaptation de l’espèce rend très dangereux le développement d’armes bactériologiques contre cette dernière, qui a toutes les chances de vaincre, puis de mettre à profit les toxines à laquelle elle est confrontée pour évoluer en une variante encore plus mortelle. De là à se retrouver confronter à des Genestealers solubles qui infecteraient les cours d’eau à la Prometheus, il n’y a qu’une ou deux expériences ratées de la part d’un Inquisiteur de l’Ordo Xenos un peu trop zélé. Bref, le danger que représente la Grande Dévoreuse pour la galaxie en ressort grandi, et c’est précisément ce qu’on aime lire sur les Tyranides, non ? Mention Bien (Suprême) pour Peter Fehervari, comme d’habitude j’ai envie de dire.

1 : Asharil prouvant son inutilité en faisant juste remarquer que le sens esthétique de l’Astartes laissait franchement à désirer (il faut dire qu’un Imperial Fists avec un bras argenté, c’est moche).

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Howl of the Banshee – G. Thorpe :

INTRIGUE :

Howl of the BansheeDans un Temple Aspect de Biel-Tan, un groupe de thérapie primale très porté sur la vocalisation du ça se réunit sous la houlette de l’Exarque Clyona. Les sœurs Banshees ont entendu l’appel de ce bâtard de Khaine (c’est elles qui le disent, pas moi), qui déteste utiliser des SMS, et se préparent à revêtir leurs masques de guerre et aller accomplir la volonté divine. Après un petit rituel d’auto-motivation à base de positive thinking shouting et de quelques gouttes de sang, les crieuses partent en effet sur le Vaisseau Monde abandonné de Lanimayesh, que la Christine Haas locale a vu entrer dans le deuxième décan de Jupiter, avec des conséquences funestes pour les verts et blancs.

Une fois sur place, et chargées de la protection rapprochée du Prophète de garde en compagnie de quelques Dragons de Feu et Gardiens, les pitchouns sont rapidement confrontées aux démons qui squattent les lieux depuis le départ des anciens proprios. Très motivées et vindicatives, mais pas disciplinées pour un caillou esprit, les Banshees foncent dans le tas avec abandon, ce qui finit par se payer cash lorsque la petite dernière de la bande, une nerveuse dénommée Kailleach, décide de se payer un Héraut de Khorne en solo, ce qui dépasse légèrement ses capacités et probabilités statistiques. Si la jeunette s’en sort avec quelques bleus, sa témérité coûte cher à ses collègues, l’Exarque et une autre pleureuse professionnelle finissant chargées sur leur pierre externe pour leur peine.

Confrontées au même problème qu’un Apothicaire Space Marines devant récupérer les glandes d’un frère de bataille tombé du mauvais côté de la barrière, les survivantes se retrouvent face à un dilemme éthico-logistique : que faire de la dépouille de Clyona, dont l’âme a rejoint celles de ses prédécesseurs dans la douzaine de pierres esprits que compte l’armure de l’Exarque ? Comme toutes les Eldars, les frangines sont bien trop fashion pour avoir des vraies poches (et les sacs à main sont restés au QG), ce qui rend la récupération problématique. Pressées par le temps, la sororité décide de finir la mission et de revenir looter le cadavre sur le chemin du retour, ce qui semble être une solution convenable.

Ayant permis au Prophète d’éteindre l’ordinateur de bord, resté en veille depuis des millénaires, en toute sécurité, les Banshees tournent les talons aiguilles pour aller chercher les restes mortels de leur infortunée patronne. C’est évidemment le moment que choisissent les démons pour lancer une attaque en force, ce qui complique considérablement l’opération, d’autant plus qu’un Prince Démon a décidé de se joindre aux réjouissances. Quelques chassés fouettés et triples axels plus tard, le colis est pourtant sécurisé par les survivantes, qui peuvent s’extraire de Lanimayesh à la faveur d’un portail conjuré par leur sherpa. C’était moins une. De retour dans le temple, nos héroïnes font ce qu’elles font le mieux, c’est à dire causer et se chamailler, et rendent un hommage assez tiède à l’impavide Clyona, dont la dévotion à Khaine avait pris le pas sur sa cordialité et sa sociabilité. Elle ne sera donc pas tellement regrettée (quelles pestes tout de même ces Zoneilles). La perte est d’autant moins grande que lors du pot de départ donné en l’honneur de la défunte, on comprend aisément que sa place va être briguée par Fiyanna (même si Fiygertrude et Fiyalberte étaient sur les rangs également). The showl must go on, comme on dit chez les Mon’keigh.

AVIS :

Pour pourvoyeur régulier de contenus Eldar qu’il soit pour le compte de la Black Library, Gav Thorpe a bien du mal à faire transparaître son enthousiasme pour cette ignoble race dans ses écrits. Howl of the Banshee est ainsi d’une triste banalité, qui s’avère d’autant plus décevante qu’il semble que l’auteur voulait traiter d’aspects « avancés » de la culture des Banshees, rituel de préparation à la bataille, nombreux échanges entre les guerrières masquées et retour d’expérience de ces dernières après la fin de la mission à l’appui. Mais au final, je suis au regret de vous apprendre que l’on n’apprend pas grand-chose de concret, ni ne ressortons avec une meilleure compréhension de la mentalité de cette secte de mégères vociférantes, de cette nouvelle. L’auteur dégaine son shuriken porn pour meubler les pages, et les babannes bannissent leur content de démons à grands coups d’espadons et de remarques mesquines, mais cela ne s’avère guère passionnant. Si vous ne saviez pas que les voies Eldars sont comme des toboggans aquatiques débouchant sur une piscine remplie de piranhas (comprendre que la pente est glissante mais qu’il y a tout intérêt à sortir de piste avant qu’il soit trop tard), maintenant c’est le cas. Sinon, vous venez sans doute de perdre 10 minutes de votre vie.

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Culling the Horde – S. Parker :

INTRIGUE :

Culling the HordeBien que la Waaagh ! Snagrod se soit retirée du monde de Rynn le squig entre les jambes à la suite de l’héroïque défense des Crimson Fists de leur fief (comme quoi, it’s not over until the fat astropath screech), la situation n’est pas encore revenue à la normale sur la planète. Des bandes de pillards Orks rôdent toujours dans l’arrière-pays rynnois, abandonnées par leurs congénères lors du reflux de la marée verte, et il revient aux Space Marines de Pedro Kantor de remettre un peu d’ordre dans la ruralité profonde du domaine du patron, des fois qu’il voudrait aller passer un petit week-end tranquille en province. Cette tâche ardue et ingrate occupe l’escouade de Fists qui nous sert de protagonistes, pas très codicielle dans sa composition du fait de la présence d’un Scout (Riallo) dans le lot, les compagnons d’armes (Mandell, Corella, Veristan et le Sergent Grimm) du Néophyte étant tous des frères de bataille confirmés.

Nos Marines de proximité sont sur la piste d’une bande de nuisibles, que son errance a conduit dans une ferme isolée, avec des résultats tragiques pour les habitants du patelin, retrouvés massacrés, ainsi que leurs animaux, par les peaux vertes en maraude. Alors que ses aînés fouillent les bâtiments à la recherche d’éventuels survivants ou d’ennemis en discutant le bout de gras, Riallo, en bon Scout, fait le guet dans le jardin. Cette sage précaution se retrouve soudainement justifiée lorsque les Orks, pas aussi épais que les Crimson Fists les considèrent, lancent une embuscade sur leurs poursuivants. Cachés sous les cadavres des aurochs qu’ils avaient abattus pour le feune, les Xenos peuvent attaquer les Astartes avec l’effet de surprise de leur côté, même si Riallo a le temps d’en reformer et déformer trois avant qu’ils n’envahissent (à nouveau) la ferme, laissant ses grands copains gérer le reste de la troupe.

L’émoi des mouflets pourpres retombant rapidement, Grimm et ses vétérans se mettent à pied d’œuvre avec le zèle et l’efficacité caractéristiques de leur Chapitre, et corrigent les faquins verdâtres sans guère tarder ni trop transpirer, bien aidés en cela par leur assistance balistique intégrée, qui permet de renvoyer les grenades à l’envoyeur avec une efficacité diabolique. Un petit gadget bien utile. L’assaut repoussé et les proies de l’escouade définitivement mises hors d’état de nuire, il ne reste plus qu’à la patrouille de mettre le feu aux ruines pour empêcher le développement de sporques. Le feu de joie manque toutefois de prendre un tour malheureux lorsqu’un cri perçant vient couvrir les craquements du brasier, révélateur de la présence de civils non identifiés dans les décombres1. Premier à réagir, l’indispensable Riallo, qui aura bien mérité la distinction de combattif de l’étape, se rue à l’intérieur, et parvient à extraire deux fillettes de l’incendie. C’est sur cette image d’espoir, et la promesse d’une promotion rapide pour le Scout, que s’achève la nouvelle. Et ils vécurent heureux servirent l’Empereur jusqu’à la fin de leurs jours…

AVIS :

Que voici une petite nouvelle sympathique de la part de Parker, qui met avec ce Culling the Horde un point final (à ce jour) à ses travaux Crimson Fists, après le roman consacré par notre homme au récit de la bataille pour le monde de Rynn. Bien que l’intrigue proposée ne soit guère originale, l’auteur parvient à intéresser le lecteur aux tribulations, somme toute assez routinières, de sa bande de Space Marines. Un zeste de character development, une pincée de fluff, une once d’optimisme (un vrai happy end dans une soumission de la BL, ça n’arrive pas tous les jours) pour relever un cœur de baston, et ça passe ma foi sans forcer. À le lire, écrire une histoire de Space Marines potable semblerait presque facile. Presque. La marque d’un talent certain.

: Et pourtant, les Space Marines sont censés avoir une ouïe très fine, non ? À croire que les Crimson Fists ont une oreille de Lyman enkystée.

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The Lightning Tower – D. Abnett :

INTRIGUE :

The Lightning TowerSur la Terra impériale du 31ème millénaire, la trahison d’Horus, Primarque, Maître de Guerre et fils favori de l’Empereur, est encore fraîche que ce dernier, jamais à repousser à la décennie suivante ce qui peut être fait cette année, ordonne à son manœuvre portugais inwittien de fiston de fortifier son Palais, en préparation d’un siège qu’il voit déjà se profiler à l’horizon, bien que ce qui deviendra l’Hérésie d’Horus n’en soit encore qu’à ses prémisses. S’exécutant sans broncher, Rogal Dorn, car c’était lui (quelle surprise), se met au travail avec ardeur, bien qu’il lui en coûte de devoir construire des casemates et des miradors sur un site classé au patrimoine galactique de l’humanité. Les considérations esthétiques du Primaçon, habituellement aveugle à toute beauté, ne manquent pas de surprendre ses collègues de truelle (Vadok Singh, le Contremaître de Guerre) et proches collaborateurs (Sigismund, pas encore disgracié, et Archamus, pas encore empalé) parmi lesquels on compte heureusement un psychiatre homologué en la personne de Malcador le Sigilite.

Ayant surpris Rogal traîner sur les remparts du Palais dans le pyjama en pilou qu’il tient de son grand-père1 (un signe manifeste de déprime), le Premier Seigneur de Terra comprend qu’il est de son devoir d’intervenir, et invite donc le rejeton de son boss à une consultation privée dans ses appartements. Ne pouvant décemment pas partir sur le complexe d’Oedipe avec la moitié des Primarques déjà décidés à tuer le père, Malcador opte pour une approche un peu différente, et demande à son interlocuteur ce qui l’effraie, afin de comprendre d’où vient le spleen persistant du Prétorien. Fort à propos, la question avait déjà été soumise à Dorn quelque temps auparavant, lui laissant le temps de considérer le sujet. Ayant décrété qu’il ne craignait personne, le Primarque tente de se donner l’air profond en répondant qu’il avait peur de ce qu’il ne comprenait pas, comme les règles de la belote, la communication de la Black Library ou encore les causes ayant poussé la moitié des Légions impériales à rejoindre la cause d’Horus. Malheureusement pour lui, il en faut plus pour berner le Sigilite, qui sort de ses tiroirs un jeu de cartes ayant appartenu à Konrad Curze, frère ennemi ayant failli tuer Dorn sur Cheraut après une dispute. Voyant son patient tourner au flave2, Malcador enchaîne sur une thérapie accélérée et tire les cartes à ce dernier, avec des résultats plutôt inquiétants. Mais évidemment, ce n’est qu’un jeu, haha. Ça fera 83 €.

La nouvelle se termine sur un Rogal Dorn un peu plus gaillard depuis sa discussion cathartique avec son prof principal, qui se prépare à repousser les assauts des traîtres avec un petit jeu de tower defence. Surpris par son Père en train de niaiser au lieu de faire ses devoirs, le Primarque dissipé jure toutefois qu’il ne laissera pas tomber son Pôpa, qui repart donc sur le Trône l’esprit tranquille mais le colon obstrué (la constipation, quel fléau). Rendez-vous dans sept ans pour que ça commence à vraiment chier sur Terra.

AVIS :

À l’heure où cette chronique est écrite, The Lightning Tower affiche plus d’une décennie au compteur, faisant partie des premiers textes écrits pour l’Hérésie d’Horus lorsque le projet fut initié par la Black Library en 2007, ce qui ne nous rajeunit pas. Pour ceux qui ont vécu l’épopée littéraire que constitue cette saga, cette nouvelle occupe sans doute une place particulière, le témoin d’une époque où le lecteur, probablement enthousiaste, mais peut-être dubitatif, devant cet OLNI, se demandait à quelle sauce il allait être mangé. Ayant sans doute voulu assurer le coup, la BL avait fait le sage choix de confier le début de la série à des contributeurs expérimentés, l’incontournable Dan Abnett en tête. Et force est de constater que, comme son Horus Rising pour les romans de l’Hérésie, The Lightning Tower a parfaitement accompli sa mission, c’est à dire fournir des fondations solides et inspirantes aux publications qui suivirent (qui se comptent aujourd’hui en centaines pour les nouvelles). Bénéficiant de la maîtrise narrative et de la patte littéraire du Wordmaster, cette soumission demeure à mes yeux l’une des meilleures introductions disponibles à cette franchise dans la franchise qu’est l’Hérésie d’Horus. En une vingtaine de pages, elle parvient ainsi à poser les bases de l’intrigue (une trahison monumentale mettant en péril le règne du bon Roy Empereur), présenter quelques personnages cruciaux, donner un aperçu satisfaisant de l’univers et de l’atmosphère de cette fin de 31ème millénaire, et esquisser la perte d’innocence que se révèlera être ce conflit galactique. Si, en plus, le lecteur connaît ses classiques, il aura droit en sus à quelques détails fluff assez sympathiques, variant du cool-à-savoir-mais-pas-vraiment-important (la barboteuse de Rogal) au cryptique-mais-probablement-lourd-de-sens (le tirage de Malcador). Bref, véritablement la pierre sur laquelle la Black Library a construit sa cathédrale, et une « relique » de l’Hérésie à laquelle il convient de rendre hommage.

1 : Qui devait s’appeler Hodor pour que sa robe de chambre aille à son petit fils naturel. Je ne veux pas penser à l’alternative.

2 : C’est un jaune pâle. Non, je ne connaissais pas ce terme avant d’écrire cette chronique. Oui, je vais dès à présent tenter de le placer discrètement dans autant de conversations que possible.

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Alors, que retenir au final de Croisade & Autres Récits ? Et comment cet ouvrage se compare-t-il à son cousin d’Age of Sigmar ? Comme pour la critique de ce dernier bouquin, commençons par nous mettre dans la peau d’un nouveau venu au sein du hobby, pour qui Croisade… a des chances d’être le premier livre de la Black Library qu’il consulte.

Premièrement, en termes d’introduction pure et dure au background du 41ème millénaire, avec le contenu fluff du livre de règles en maître étalon des sujets incontournables à couvrir, notre anthologie fait un travail plutôt correct. Toutes les factions de la franchise sont ainsi abordées, de plus ou moins près, à travers l’une ou l’autre des nouvelles, les Space Marines se taillant, comme de juste, la part du lion (6 apparitions). Quoi, qu’entends-je de ta part le nouveau ? Tu trouves ça « déséquilibré » et « injuste pour les autres armées » ? Ha ! Bienvenue dans les ténèbres du lointain futur, bleu-bite, une époque merveilleuse où une seule chose est sûre : ton nom sera oublié l’Adeptus Astartes est omniprésent. Les autres factions n’ont pas vraiment lieu de se plaindre, note bien, voire peuvent être carrément reconnaissantes aux éditeurs de la Black Library de leur inclusion sur la feuille de match, leur statut de second couteau (Adeptus Mechanicus, Deathwatch, Cultes Genestealers) aurait pu en effet les priver de sortie sans qu’on n’eût de raison de crier au scandale. Il n’y a que les malheureux Eldars Noirs qui peuvent s’estimer lésés par la composition du recueil, aucun Drukhari ne venant traîner son cafard, son sadisme et son sens particulier de la fête dans les pages de Croisade… Comme les Filles de Khaine avaient également été privées de participation à Sacrosaint & Autres Récits, on peut commencer à murmurer que quelqu’un à Nottingham a une dent contre les elfidés de couleur. Encore un coup comme ça et je saisis le CRAN, sans blague. Enfin, on notera que l’inclusion en fin d’ouvrage d’une nouvelle traitant de l’Hérésie d’Horus (écrite par Abnett, qui plus est) est un ajout des plus pertinents de la part de la BL, et s’avère tout à fait légitime pour un ouvrage introductif tel que Croisade… Faire la même chose pour Necromunda, voire Blackstone Fortress, n’aurait pas été déplacé non plus, même si la place aurait sans doute commencé à manquer.

Deuxièmement, et peut-être de façon plus importante, le lecteur est également quitte pour une plongée dans les eaux troubles du grimdark, ce qui est d’une importance cruciale pour celui qui s’intéresse à 40K. Ce qui est d’autant plus appréciable, c’est que le concept est décliné en plusieurs « saveurs » au fil des différentes nouvelles : entre le nihilisme désespéré/ant de la conclusion de Rouge & Noir et du Testament de Zheng et la touche de sacrifice héroïque de Croisade et du Sanctuaire des Vers, on a droit à une palette variée d’histoires se finissant généralement mal, mais, de temps en temps, en permettant tout de même au protagoniste de sortir la tête haute de son (més)aventure1. Chose assez rare pour le souligner, nous sommes même en présence d’un authentique happy ending dans un des cas, le sauvetage d’une paire de frêles enfançons2 par les Crimson Fists de Décimer la Horde relevant presque de la mièvrerie guimauvesque selon les standards rugueux de la BL (je ne prends pas en compte Warhammer Adventures pour le moment). Quoi, que dis-tu le newbie ? « Elles ont tout de même perdu toute leur famille, torturée à mort par les Orks ? » Pfff, c’est le quotidien de tout un chacun ici petit. Ca forge le caractère, ce genre de péripétie. Bref, tiens-le-toi pour dit : le vrai malheur est de mourir sans avoir accompli son devoir.

Troisièmement, on était également en droit d’attendre quelques éléments de néo-fluff (post Cicatrix Malleficum pour simplifier) de la part de Croisade… Etrangement, ce n’est pas vraiment le cas, novella titre mise à part. Les désormais incontournables Primaris se sont faits relativement discrets dans cette anthologie passée l’empoignade de Kalides Prime, Guilliman ne fait qu’un petit caméo, Abaddon apparaît avant même d’avoir lancé sa première Croisade Noire, sans parler de la 13ème (il devait penser que l’affaire serait pliée en deux temps, trois mouvements à l’époque), les Blood Angels reçoivent un petit teaser de la dévastation de Baal, et Ynnead est aussi endormi que Biel’Tan est en pleine forme. Il n’y a que les Necrons et les Space Wolves qui bénéficient d’une approche « contemporaine », évènements de Croisade mis à part. Bref, si vous êtes un fan de fluff frais, ne cherchez pas longtemps de fontaine à la source de ce recueil et allez remplir votre seau au Lexicanum.

Quatrièmement, et pour faire le lien avec le point ci-dessus, le casting convoqué est par contre assez riche, avec une tripotée de têtes connues (surtout impériales il est vrai) présentes dans ces pages. Depuis les presque célèbres Capitaines Krom Dragongaze et Egil Iron Wolf des Space Wolves jusqu’aux quasi-frères ennemis Guilliman et Abaddon, c’est le (Gol)gotha du 41ème millénaire qui nous fait l’honneur de sa présence. Utile pour commencer à cerner les noms qui comptent à l’échelle de la galaxie.

Cinquièmement, le panel de contributeurs rassemblé pour cette anthologie est des plus intéressants, puisqu’il mélange, comme dit en introduction de cette chronique, noms établis, membres de la « nouvelle vague » (ou Waaagh! ?) de la BL et nouveaux venus. Ayant mon avis, plus ou moins tranché et favorable, sur chacun des auteurs qui ont participé à la mise sur pied de Croisade…, j’invite le lecteur intéressé par ce dernier à se reporter à mes autres chroniques pour connaître le fond de ma pensée sur cette cohorte. Je dirai simplement que les différences de niveau – somme toute subjective, car à chacun son sale goût – qui ont de grandes chances de sauter aux yeux de notre brave newbie sont tout à fait normales, et représentatives de la prose publiée par la Black Library. Eh oui, mon pôv’ Timmy, il va falloir t’y faire : la BL peut publier des OLNI, objets littéraires non identifiés, et parfois, non comestibles. Apprendre chez qui s’approvisionner pour éviter les mauvaises surprises – après tout, l’argent ne pousse pas sur les arbres3 – fait partie du parcours initiatique du bibliothécaire stagiaire, et c’est tant mieux que Croisade… ne soit ni outrageusement bon, ni honteusement nul, dans son contenu. Et au cas où tu te le demandes, candide impétrant, oui, la Black Library pourra chercher à te refourguer des nouvelles de moins de 10 pages au prix fort sur son site internet. Honour of the Third n’est donc pas un accident de parcours, mais un appel à la vigilance.

En complément du point ci-dessus, je regrette en revanche que la BL n’ait pas jugé bon d’initier les nouveaux lecteurs à ses « classiques », tels que les séries Les Fantômes de Gaunt, les trilogies Eisenhorn et Ravenor, ou encore les sagas Uriel Ventris, Ciaphas Cain ou Night Lords, pour n’en citer que quelques-unes. Toutes disposent en effet d’un corpus de nouvelles pouvant servir de bonnes introductions aux romans les constituant, et sont suffisamment qualitatives pour mériter le coup de pub. Je comprends que la Black Library ait souhaité mettre en avant ses nouvelles publications, mais parfois les « next reads » proposés sont loin d’être intuitifs4, en plus de proposer des ouvrages d’une qualité incertaine.

Cette revue « newbie-friendly » effectuée, regagnons nos pénates et jetons sur l’objet du délit un regard de lecteur confirmé. Comme cela a été le cas pour son siamois med-fan Sacrosaint & Autres Récits, Croisade… a pour lui un prix (macro)canon et une traduction française5, qui en font un incontournable pour les amateurs de nouvelles 40K anglophobes et les quidams intéressés par ce format et cette franchise ne souhaitant pas investir plus que de raison dans leur initiation. Le contenu en lui-même est assez satisfaisant, même si je n’ai pas eu de coup de cœur aussi marqué pour l’une des nouvelles au sommaire de Croisade… que cela avait été le cas pour Sacrosaint… De manière générale, tous les contributeurs se sont révélés égaux à eux-mêmes, en bien (Dembski-Bowden, Fehervari, Parker, Abnett) comme en moins bien/kind-of-ok/passable (le reste). Une différence majeure par rapport à l’ouvrage consacré à Age of Sigmar réside cependant dans la qualité de la novella introductive et éponyme de ces deux bouquins. Là où C. L. Werner (m’)avait franchement déçu avec ses tribulations stormcastées, Andy Clark livre un travail très robuste et plaisant à lire, parvenant à sublimer une bête boîte de base en affrontement bien mis en scène et contextualisé, utile pour le newbie, intéressant pour le vétéran, digeste pour les deux. Une vraie bonne surprise pour ma part donc, et la preuve que les Primaris peuvent choisir la filière L s’ils sont bien encadrés. Bref, un recueil assez honnête par rapport aux standards de la maison, et qui vaut largement Lords & Tyrants (l’autre anthologie 40K récente), tant en rapport quantité que qualité prix.

Eh bien, je crois que nous en sommes venus à bout, amis lecteurs ! Voici qui termine cette chronique de Croisade & Autres Récits, et le dyptique consacré aux recueils de nouvelles introductifs publiés récemment par la Black Library. J’espère que ces revues critiques vous auront été utiles et/ou agréables, et vous donne rendez-vous prochainement pour de nouveaux retours brutalement honnêtes (ou honnêtement brutaux, en fonction de mon humeur) sur les ouvrages de la BL. Pour la série « didactique » en cours, ce sera sûrement à Warhammer Adventures de passer à la moulinette. Après tout, on ne peut pas mettre n’importe quoi entre les mains de nos chères têtes blondes. À bientôt !

1 : Quand il est capable de lever cette dernière, pas vrai Cassian ?

2 : C’est d’autant plus gentillet que les fillettes ne pourront pas devenir des aspirants Crimson Fists pour une bête histoire de chromosome Y manquant. C’est une vie de patachon qui les attend à la Schola Progeniam, oui.  

3 : Sauf sur Beta-Küyllnh’Thet, mais depuis son invasion par la Death Guard à la suite de l’ouverture de la Cicatrix, elle ne produit plus que des liquidités.

4 : Si vous avez aimé Yarrick qui tape sur des peaux-vertes (et c’est numéro 1), vous aimerez sans doute le récit des dernières heures de Cadia, pas vrai ? Un peu rude pour notre pauvre Annandale, qui a consacré les plus belles années de sa vie à étoffer la biographie du vieux schnock le plus acariâtre du Segmentum.

5 : Sauf ‘The Word of the Silent King’, remplacée en VF par ‘Les Seigneurs de Borsis’, et ‘Honour of the Third’, purement et simplement retirée du line-up français. Et pourtant, ce n’était pas la plus longue à traduire.