Archives du blog

BLACKSTONE FORTRESS: THE OMNIBUS [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette revue de ‘Blackstone Fortress : The Omnibus’, compilation des nouvelles et romans publiés par la Black Library pour ce sous-sous-univers de 40K (on me pardonnera de placer Necromunda au-dessus des aventures d’une dizaine d’aventuriers dans un bunker flottant). Pour ceux qui n’étaient pas dans le coin au moment des faits, un petit briefing s’impose : à la fin de l’année 2018, Games Workshop lançait un nouveau stand alone game centré sur l’exploration par une bande d’aventuriers des mystères de l’une des Forteresses Noires que l’on avait déjà pu apercevoir dans le fluff officiel par le passé1. Se sentant pris d’une générosité aussi inédite que louable, Nottingham avait accompagné cette sortie de publications dédiées, à commencer par un roman, sobrement appelé ‘Blackstone Fortress’ (Darius Hinks), et un recueil de nouvelles (‘Vaults of Obsidian’, chroniqué ici).

Au cours des quelques mois qui suivirent, la sortie de plusieurs extensions pour le jeu donna prétexte à Games Workshop de proposer quelques nouveaux inédits, dont la novellaIsha’s Lament’ (Thomas Parrott), l’audio dramaAugur of Despair’ (Chris Dows) et le roman ‘Blackstone Fortress: Ascension’ (toujours signé du même Hinks). Ascension fut toutefois le dernier add on dont le jeu bénéficia avant que GW n’annonce officiellement sa remise au placard, en août 2020. Une période de support assez courte donc, mais plutôt riche et sans commune mesure avec les pratiques habituelles de la maison pour ce type de produit : les fans de Dread Fleet, The Silver Tower et Cursed City peuvent en témoigner…

1 : Et particulièrement au temps de la première 13ème Croisade Noire (dit comme ça, c’est un peu ridicule – et ça l’est), pendant lesquelles ces Forteresses s’étaient retrouvées au cœur de l’arsenal d’aBADdon.

Blackstone Fortress_The Anthology

L’ouvrage qui nous intéresse ici est donc la compilation « définitive » des histoires consacrées par la Black Library aux expéditions de Janus Draik, Amallyn Shadowguide, Dahyak Grekh et associés dans les ténèbres de « leur » Forteresse, afin de <insert random reason>. L’usage de guillemets dans la phrase précédente sert à souligner que le travail des éditeurs de la BL n’est pas aussi complet que le titre de l’ouvrage peut le laisser penser, car ni la novella de Parrott1, ni l’audio drama de Dows, ni la nouvelle ‘Suffer not a Human to Live’ de Gavin G. Smith, n’y ont été intégrés. On verra si ces oublis seront corrigés par la suite, mais j’en doute assez personnellement.

Parmi les contributeurs rassemblés par la Black Library pour donner souffle et vie à cette franchise de niche, on retrouve bien sûr Darius Hinks, qui avec deux romans et trois nouvelles au compteur peut légitimement se couronner landlord de la Forteresse Noire (charge à lui de faire dégager les squatteurs). Avec deux soumissions au compteur, c’est l’indéboulonnable Nick Kyme qui le suit d’assez loin, tandis qu’une ribambelle de plumes bien connues du grand public (Haley, Thorpe, Reynolds, Stearns…) a répondu à l’appel de la Forteresse du chèque de Nottingham, avec des résultats que nous allons passer en revue ci-dessous. Entrez donc avec moi, si vous l’osez, dans l’étonnant patchwork littéraire qu’est cette anthologie…

1 : Que l’on peut considérer comme toujours blacklisté par son ancien employeur après sa sortie fracassante en 2020… Mais notons tout de même que sa nouvelle ‘Fates and Fortunes’ figure elle au sommaire.

Blackstone Fortress_The Omnibus

.

Warsphere – D. Hinks :

INTRIGUE :

WarsphereL’Archonte Jean-Michel1 a emmené sa coterie de mauvais garçons et de femmes fatales (dont l’empoisonneuse Zhain) dans un rade paumé : une sphère de guerre Kroot s’étant écrasée à la surface d’une surface. Si le Drukhari s’est donné la peine de quitter son triplex de Commoragh, c’est parce que ses recherches lui ont permis d’identifier dans ce tas de rouille une information de tout premier ordre : les coordonnées d’une Enclume de Vaul, ou Forteresse Noire pour les mon-keigh. S’il parvient à faire l’occasion de cette relique millénaire, il pense pouvoir ravir à Asdrubael Vect la mainmise sur la cité pirate, ce qui est cool. Prévoyant autant qu’instruit, Jean-Michel a renforcé son expédition en recrutant des traqueurs Kroots, jugeant avec sagesse que l’appui de ces oiseaux de mauvais augure lui serait utile pour négocier l’intérieur de la sphère de guerre et mettre le gantelet éclateur sur les érudits qui détiennent le tuyau qu’il convoite.

Notre histoire commence par un petit massacre des sentinelles qui gardent la sphère contre les visiteurs importuns, les Kroots se faisant un plaisir et un devoir d’honorer leur double réputation de tueurs sans pitié et de gourmets sanguinolents en abattant puis dévorant les gardes. Bien entendu, ceci offense le raffinement exquis de Jean-Mich’ Mich’ et de Zhain, qui meublent ce buffet froid en échangeant des idées sur la meilleure façon de trahir et de torturer un Kroot, une fois que la mission sera accomplie. Souhaitant tout de même montrer qu’il est aux commandes de l’expédition, Jean-Michel va interrompre le casse-Kroot en appuyant là où ça fait mal : la fierté mal-placée des autruches de l’espace envers l(‘absence d)e goût artistique de leurs anciens. Si le chef de la troupe, l’impavide Grekh, ne tombe pas dans le panneau, son sous-fifre Khebab ne montre pas autant de self-control et tente de molester Jean-Mi après que celui-ci ait mis un coup de pied dans une statue aussi sainte que moche. Résultat des courses : Khebab se fait flinguer par son employeur, ce qui rend Grekh chafouin. Mais le rapport de force est trop déséquilibré pour que le placide palmipède ne fasse autre chose que jeter un regard froid à l’Archonte. Poursuivons.

Grâce aux talents de traqueur de Grekh et à l’étonnante technologie Kroot, qui semble consister en des petits tas de mégots, prospectus, vieux pneus et restes de junk food placés à des endroits stratégiques, nos héros parviennent à se rapprocher de la salle où sont sensés attendre les érudits, sans trop de casse. Ceci dit, l’abondance de piejakon que les dits érudits ont placé autour de leur planque rend le périple franchement aventureux, et lorsque les derniers survivants arrivent devant la salle des bosses des maths de fin (après une ultime rencontre avec des goons peu aimables, ici des goélands métalliques), il est clair que sans les bons services de Grekh, ce tombereau d’ordures deviendra leur tombeau…

Début spoiler…Ce qui rend la défection du Kroot problématique pour Jean-Michel, Zhain et Cie. Rusé comme pie, l’homme poulet a en effet fait charger son groupe dans une salle vide, et a profité de la confusion pour prendre son envol. Un départ en traître peu surprenant devant le peu de soin que l’Archonte a pris pour dissimuler ses intentions xenocides envers son sherpa jusqu’ici, mais qui pose toutefois la question du « pourquoi maintenant » ? C’est la vision d’une vieille video de surveillance de la sphère de guerre, restaurée grâce à la compétence native des Drukhari en hacking, qui permet d’y répondre. Contrairement à ce que Jean-Michel et ses caballeros pensaient, les sentinelles bestiales massacrées et boulotées par les Kroots ne gardaient pas les érudits, elles étaient les érudits2. Epiphanie finale pour nos héros : pendant qu’ils taillaient la bavette à l’arrière-plan, Grekh récupérait la localisation de la Forteresse Noire en… taillant la bavette aussi. Mais différemment. Coincés dans une situation qu’ils ne maîtrisent pas et en danger de mort, les Eldars Noirs font ce qu’ils savent faire de mieux : s’entretuer. C’est donc une fin de partie pour Jean-Michel, poignardé dans le dos par Zhain, qui ne risque cependant pas de faire de vieux os elle non plus. Moralité : ce n’est pas parce que ton grand-père était un dodo que tu ne peux pas pigeonner ceux qui te prennent pour un dindon.Fin spoiler

1 : L’histoire étant racontée depuis son point de vue et son statut social étant visiblement trop élevé pour qu’il daigne nous donner son petit nom, j’applique ici la loi de Lucy en l’affublant d’un sobriquet venant de la pop culture.
2 : Les Drukari s’en rendent compte en voyant l’un des gros lézards susnommés faire ses lacets tout seul. Si ça c’est pas une preuve d’intellect supérieur, je ne sais pas ce qu’il vous faut.

AVIS :

Darius Hinks n’en finit pas d’achever son cycle Blackstone Fortress, avec une nouvelle retraçant l’origin story de l’un des protagonistes du jeu et des romans/nouvelles associés à cette franchise : le traqueur Kroot Grekh. Si vous voulez savoir comment le gallinacé le plus badass du Segmentum est venu traîner ses quilles dans la Forteresse Noire, n’allez pas plus loin.

Pour les autres types de lecteurs, ce ‘Warsphere’ est également intéressant du fait du twist final assez bien pensé et exécuté que Hinks a incorporé à son intrigue. Cela ajoute une petite valeur ajoutée à une nouvelle autrement très classique dans le genre « exploration d’une ruine mystérieuse contenant un grand trésor mais recelant de dangers », dans lequel on retrouve 90% des vieilles histoires de Necrons… ainsi que 99% des histoires siglées Blackstone Fortress. Même à l’extérieur, on n’est donc pas dépaysé.

.

The Warp’s Curse – M. J. Hollows :

INTRIGUE :

The Warp's CurseLe moment est venu pour la Psyker Primaris Aradia Madellan de passer chez le coiffeur pénétrer dans la Forteresse Noire qui hante ses nuits (et ses jours aussi, merci les visions1) depuis quelques temps. Ayant accompagné son employeuse, la Libre Marchande Murad, jusqu’à Précipice pour l’aider dans ses tâches, Aradia a été mis sur un coup fumeux par sa boss, qui doit sans doute se remettre d’une nuit agitée à faire la fête avec Janus Draik et les jumeaux Raus et Rein dans les beaux quartiers de la cité au moment où notre propos débute. En tout cas, elle n’apparaîtra pas dans cette nouvelle, laissant le soin au Prêcheur Taddeus et à son acolyte Pious Vorne, ainsi qu’à la Ranger Eldar Amallyn Shadowguide, de compléter la feuille d’expédition.

Comme on peut s’en douter, la tension est palpable entre les membres de notre fine équipe, des zélotes écumants de rage et de foi s’accommodant assez mal de la présence de mutants et de Xenos (on les comprend). Aradia a cependant suffisamment de charisme pour empêcher sa petite troupe de s’étriper sur le parking devant l’entrée de la Forteresse, et nos quatre lascars prennent le premier maglev en direction du niveau que le maître du jeu voudra bien leur attribuer (on ne décide pas grand-chose, ici).

On ne s’attardera pas sur les motivations profondes ni sur les buts concrets de chacun à participer à cette virée, qui ne sont pas des plus clairs ou intéressants (à croire que même les personnages savent qu’ils vont juste farmer de l’XP), et on passe directement à la première vague d’ennemis, qui pointe le bout de ses pattes après que la fine équipe ait franchi avec succès un parcours d’accrobranche, ou quelque chose comme ça. Une nuée de drones apparait sans crier gare et commence à faire descendre les points de vie du groupe, forçant Aradia à utiliser ses pouvoirs… et à se faire rembarrer immédiatement pour cela par Taddeus. C’est rôle play, vous me direz, mais ce qui est étonnant est que la Psyker Primaris accepte humblement de mettre son esprit en veilleuse et de se contenter de mettre des coups de bâtons aux tripodes, au lieu d’envoyer le Prêcheur se faire un sandwich. Le manque d’assurance des nouveaux arrivés, sans doute.

Au bout des trois pages réglementaires, les machines décident d’aller faire une pause burette et s’en vont aussi rapidement qu’elles sont arrivées, soi-disant parce qu’une menace encore plus grande que notre groupe d’aventuriers (gasp !) rôde dans les parages. Mouais mouais mouais. La seule menace que je perçois à ce stade, c’est un grand méchant manque d’inspiration de la part de Hollows (en même temps, avec un nom pareil), mais on lui donnera le bénéfice du doute.

Le périple vers nulle part continue donc, et le quatuor arrive devant une arche plus décorée que la moyenne. Sans laisser le temps à Taddeus de se repérer dans son bottin des bonnes adresses de la Forteresse, Aradia franchit le pas et se retrouve dans une salle opulente, ou deux hôtes mélodiques (un peu comme Simon & Garfunkel) lui souhaitent la bienvenue et lui proposent très rapidement de laisser derrière elle la rigueur de l’Imperium pour enfin laisser libre court à son pouvoir et faire toutes les folies, comme par exemple se laisser pousser les cheveux. Le rêve ! Mais cela ne serait-ce pas un peu trop beau pour être vrai, tout ceci ? (Absence de suspense)

Et la réponse est « bien sûr que oui, banane ». Il faut cependant que les éructations haineuses de Vorne, qui vit un très mauvais bad trip sado maso à l’arrière-plan après avoir à son tour pénétré dans la pièce et s’être fait assaillir par des visions d’un autre genre, viennent tirer Aradia de sa stupeur béate pour qu’elle réalise qu’elle est en train de se faire bamboozler dans les grandes largeurs par deux Psykers chaotiques. Réalisant que leur victime n’est pas tombée dans le panneau, les affreux sifflent la fin des négociations et rameutent quelques escouades de Gardes Impériaux renégats, lançant le grand final de cette nouvelle. Comme on peut s’en douter, Aradia finit par revenir sur sa décision de régler tous ses problèmes à la mano au lieu de se servir de son cortex, et au terme d’un duel en partie psychique, règle leur compte aux Psykers ennemis pendant que ses comparses font le ménage aux alentours. Ceci fait, la petite bande décide prudemment de battre en retraite mais jure de revenir avec des renforts pour terminer la campagne purger la Forteresse. C’est beau d’avoir des rêves…

1 : Surtout de gens qui sont morts. J’espère que le médecin de bord lui a prescrit des antidépresseurs.

AVIS :

Sorti pour accompagne l’extension Escalation de Blackstone Fortress (dans laquelle on retrouve Aradia et sa boss, la Libre Marchande Neyam Shai Murad), ‘The Warp’s Curse’ s’avère être d’un classicisme ennuyeux dans sa construction – une bande d’aventuriers que tout oppose part explorer la Forteresse –, convenu dans son déroulé – des goons, des goons et encore des goons… –, et assez décevant dans sa conclusion – je reviendraaaaiiiiiii… –, ce qui ne laisse pas grand-chose de positif à dire sur cette soumission de Michael J. Hollows. Au moins, on peut enfin voir cette bonne vieille Pious jouer du lance-flamme aux côtés de son idole ventripotente (petit plaisir que Gav Thorpe nous avait refusé dans le pas terrible non plus ‘Purity Is a Lie’), et ainsi compléter le cercle des personnages de la boîte de base mis en scène dans des œuvres de la GW-Fiction, mais ça ne fait pas lourd.

.

Talisman of Vaul – D. Hinks :

INTRIGUE :

Lorsque Kurdrak (à ne pas confondre avec Kapok, qui est une fibre végétale) revient à lui, dans la cabine saccagée de son vaisseau et entouré des cadavres de ses gardes, il ne met pas longtemps à réaliser que quelque chose de terrible vient de lui arriver. Frère de l’Archonte de la Cabale du Cœur Mort, notre héros a cherché à prendre son indépendance et à quitter la petite affaire familiale sans s’attirer les représailles fraternelles… et s’est complètement planté. Son grand projet de visite de la Forteresse Noire investie par les mon-keigh, qu’il considère comme une sainte relique pré-datant la Chute, se termine donc de bien piteuse façon avant même qu’il ait pu mettre le pied dans le mobil-home de Vaul, sa propre survie n’étant due qu’à l’utilité que lui prête le véritable employeur de Xaloth, la Cabalite ayant prétendu être à son service, et responsable du massacre du reste de ses suivants. Kurdrak, pour sa part, découvre avoir hérité d’un piercing jugulaire, au contact très douloureux, ce qui ne l’empêche pas de se lancer à la poursuite de l’infâme traîtresse afin de lui faire payer sa duplicité. La course poursuite qui s’engage mène les deux Eldars Noirs en goguette à travers Precipice, jusqu’à un bar miteux (littéralement miteux, Kurdrak s’en prend même plein la tronche quand il pénètre à l’intérieur), où l’Ex-conte – à ne pas confondre avec l’escompte – a la désagréable surprise de se retrouver nez à nez avec son frangin Zokar. Les Drukhari ne sont pas très famille, c’est ainsi.

Les retrouvailles familiales se passant aussi bien que l’on peut le souhaiter (personne ne tue personne), Kurdrak accepte de mener son frère et ses sbires, dont la perfide Xaloth, jusqu’à l’emplacement de la légendaire Enclume de Sang de Vaul, dont il est le seul à connaître l’emplacement, grâce à la carte en peau de zom’ qu’il a dérobé à un sorcier du Chaos un peu trop fan de Prison Break. On peut même carrément dire qu’il lui a fait la peau. Mouahaha. Et si Kurdrak accepte de coopérer, malgré l’ardent désir de cristalliser son frérot jusqu’à ce que mort s’en suive, c’est que l’implant avec lequel il s’est réveillé se trouve être un prototype avancé de hand neck buzzer, ou de taser sans fil (selon les écoles), que Zokar contrôle en claquant des doigts, et qui se révèle donc être trop incapacitant pour que notre héros puisse se rebeller (d’autant plus que la mort de Zokar provoquerait une décharge fatale de pacemaker au transplanté). Bref, tout le monde part bientôt en balade dans le sadisme et la cruauté, ce qui correspond à la joie et la bonne humeur pour les Drukhari.

La suite de la nouvelle verra les Commorites s’aventurer dans les bas-fonds mal fréquentés de la Forteresse Noire, rencontrant peu d’opposition jusqu’à ce qu’une harde d’Ambulls affamés viennent sonner la fin de la récré pour les bad Spocks. Laissant ses nervis, dont la pauvre Xaloth, qui finit en compoth (comme c’est balloth), ralentir les indigènes, Zokar somme Kurdrak de le mener à bon port, ce que ce dernier accomplit, après une descente vertigineuse dans un escalier que seul un maître Twister tel que Kuku pouvait détecter. Enfin, les deux frangins arrivent devant la fameuse Enclume de Sang de Vaul, qui, de loin et pour un œil non averti, ressemble plutôt à la cabine de douche de Morai Heg. La légende veut que quiconque se plonge dans les flammes les flots (#FuckLaLogique) de l’Enclume s’attire la protection immortelle du Dieu Forgeron, ce que convoite bien entendu ce tocard de Zokar. Il ne faut donc pas longtemps avant que l’Archonte fasse son entrée dans le pédiluve divin…

Début spoiler…et réalise que son frère s’est joué de lui. Le liquide miraculeux le fige en effet sur place (c’était peut-être de l’azote liquide), laissant Kurdrak libre de repartir sans obtenir sa décharge. Mouahahahaha. Comme il l’explique à son bro avant de tourner les talons, l’Enclume est davantage siphon que fontaine, et si l’âme de Zokar a bien fusionné avec l’éclat de Vaul, c’est pour lui servir de batterie. Seule consolation pour l’Ar-concon-te, son immortalité est belle et bien garantie, mais au prix d’un LIS carabiné. Zokar n’a plus qu’à occuper les prochains millénaires à travailler sur le manuscrit de Le Grotesque et le Razorwing, qui sera peut-être adapté en film par Asdrubael Vect. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.Fin spoiler

AVIS :

Talisman of Vaul réussit l’exploit de se concentrer exclusivement sur les parties les moins intéressantes d’une intrigue servie par un Darius Hinks assez peu inspiré, avec cette histoire de trésor mythique et forcément maudit, convoité par des individus si peu recommandables et égocentriques que la trahison venant servir de twist final est attendue de pied ferme par le lecteur. Le contraire aurait été tellement étonnant que je pense que cela aurait mieux fonctionné, mais c’est beaucoup demander à Hinks, qui se contente d’empiler les clichés sur les Drukhari et les poncifs d’exploration de tombeaux légendaires, sans cherche outre mesure à développer ses personnages, leurs motivations, ou le background qu’il convoque pourtant de son propre chef. Les lacunes sont tellement apparentes qu’on évitera même de se demander pourquoi diable Kurdrak s’est rendu à Précipice pour commencer, puisqu’il savait que le trésor qu’il recherchait n’en était finalement pas un. À moins qu’il n’ait anticipé qu’il serait trahi par Xaloth, et prévu qu’il recevrait un implant neuro-toxique contrôlé par son frère, et que la seule manière qu’il aurait de se sortir de ce mauvais pas serait de l’emmener prendre un bain au hammam de Vaul. Je sais que les Eldars ont tendance à la prescience (et encore, pas les Eldars Noirs), mais là, c’est totalement tiré par les cheveux. Bref, à moins de vouloir lire une médiocre adaptation d’Indiana Jones et la Dernière Croisade, où les nazis seraient remplacés par des Drukhari (et Indiana Jones aussi, d’ailleurs), vous pouvez passer votre chemin.

.

Shapes Pent in Hell – J. Reynolds :

INTRIGUE :

Recruté comme garde du corps (au sien défendant) par l’informationniste Faroon Magritte (ceci n’est pas un clin d’œil), lui même enrôlé comme guide par une bande de durs à cuire aux motivations aussi mystérieuses que leur matos est de qualité, l’androïde UR-025, probable dernier spécimen des légendaires « hommes de fer » du Moyen-Âge technologique, profite de cette balade forcée dans les profondeurs de la Forteresse Noire pour mettre à l’épreuve quelques-unes des hypothèses qu’il nourrit sur cette dernière. Soucieux de préserver sa singularité et son autonomie secrètes, il s’applique à suivre les ordres que son employeur lui donne, tout en cherchant à percer à jour les objectifs de l’escouade menée par le vétéran Brill, qu’il suppute être des hommes de main de l’Inquisition, et donc une menace potentielle à son encontre. Alors que la troupe progresse dans les salles démentes de la Forteresse, en direction de l’objectif recherché par Brill et ses gros bras, l’ambiance se détériore graduellement entre les vadrouilleurs et leur sherpa, jusqu’à ce qu’UR-025 conclut à la nécessité de son intervention, par l’intermédiaire d’une mise en joue de son canon d’assaut Mark 1, pour calmer les velléités belliqueuses des touristes.

C’est le moment que choisit une bande de cultistes du Chaos pour embusquer les visiteurs, échauffourée se soldant par la mort de tous les organiques, comme UR-025 les appelle, y compris Magritte, qui s’était révélé être un agent double fricotant avec le Magos renégat Raxian Sul, réfugié politique et mécanique dans la Forteresse. Brill et ses hommes, de leur côté, étaient des éclaireurs envoyés par le Mechanicus localiser le repaire probable du traître, en vue du déclenchement d’un protocole d’obsolescence accéléré. Carbonisés par les chaleureuses attentions d’un Firebrand, les Skoutarii sont toutefois bons pour la décharge, et cela aurait pu également être le destin d’UR-025, sans l’intervention inespérée mais opportune d’un autre robot « éveillé », le bien nommé Abominatus. Conçu par le fameux Raxian Sul, cette machine démoniaque s’avère être enchantée par la découverte d’un congénérateur, et convie UR-025 à visiter ses quartiers. Peu sensible aux velléités de camaraderie de celui qu’il considère comme un rebut souillé (c’est moche le racisme – ou peut-être que modélisme serait plus approprié – chez les robots tout de même), dont l’existence et les machinations portent atteinte à la perfection de la Forteresse, 025 fait semblant de jouer l’intéressé, et complimente son hôte sur son choix de papier peint et les motifs des rideaux, comme il l’a appris dans un manuel de savoir-vivre de M2, avant de se retourner contre Abominatus lorsque celui-ci ne s’y attend pas.

Le combat qui s’en suit, s’il peut paraître déséquilibré du fait de l’avantage de taille et de fraîcheur de l’Abo’, voit notre héros de fer sortir vainqueur de la confrontation et désosser consciencieusement son double maléfique, dont les grands projets de colonisation mécanique de la Forteresse – commencée en secret après qu’Abominatus ait disséqué son créateur pendant sa crise d’adolescence – resteront donc lettre morte. Cette bonne action effectuée, UR-025 reprend le chemin de Precipice où il travaille à temps partiel comme Magimix à la cantina. Il faut bien joindre les deux bouts.

AVIS :

Nouvelle étrange de la part de Josh Reynolds, qui accole deux récits n’ayant pas grand-chose en commun (la virée tragique de Magritte, Brill et Cie d’un côté, et le remake 40K de la rencontre entre Eve et Wall-E de l’autre), en saupoudrant le tout de références littéraires, dont l’identification constitue l’intérêt premier de ce Shapes Pent in Hell (référence à la nouvelle The Black Stone – #ISeeWhatYouDidHere – de Robert Howard, l’auteur de Conan le Cimmérien, qui emprunte beaucoup au mythe de Cthulhu). On n’apprend pas grand-chose sur UR-025, dont le statut d’homme de fer plaçait pourtant en tête des protagonistes de Blackstone Fortress les plus intéressants d’un point de vue fluffique. Bref, si cette lecture donne l’impression que Reynolds s’est amusé à jouer au plus malin et au plus instruit (ce qui, pour être honnête, pourrait bien être vrai), on ne peut que regretter qu’il n’est pas pris cette soumissions plus au sérieux, et n’ai pas davantage soigné les fondamentaux.

.

Fates and Fortunes – T. Parrott :

INTRIGUE :

Une petite bande d’aventuriers brave les dangers de la Forteresse Noire pour s’emparer d’un mystérieux trésor. Que voilà une intrigue originale dans une anthologie consacrée à Blackstone Fortress. Laissons tout de même une chance aux personnages de Parrott de s’introduire avant de juger de leur performance, et de la sienne par la même occasion. Héros désigné de la nouvelle, Ilden est, de son propre aveu, un gentleman cambrioleur1, et sa carrière a grandement bénéficié de ses talents latents de psyker, qui l’ont mené à fuir les brûlantes attentions d’un Imperium obscurantiste depuis sa plus tendre enfance. Raedrus, le chef de la fine équipe, est également le guide de cette dernière, ayant repéré l’emplacement du trésor au cours d’une précédente descente, et récupéré au passage un thanoscope (qui n’est pas le nom d’un panoramascope où les paysages seraient remplacés par des photos de Thanos… même s’il se serait également agi d’une relique de premier plan), soit une sorte d’omophagea auxiliaire (en gros). Toujours pratique. Cascade, la geek de la bande, est une heretek ayant volé le look d’Angron (dreadlocks cablés powaaaaa). Ovtaugh est la minorité visible du récit, soit un Xenos en poncho, toujours prêt à donner un coup de main (qu’il a en grand nombre) et à faire le coup de feu. Reste la pilote Serafina, qui apparaît trop peu longtemps dans la nouvelle pour que je me donne la peine de la décrire.

Nos braves héros ont dérobé à nul autre que Janus Draik (le Rogue Trader moustachu de la boîte de base) l’amulette qui leur permettra d’ouvrir le coffre repéré par Raedrus lors de l’épisode précédent – comment le sait-il, maglev et tétraèdre – et si cet enlèvement s’est bien passé, grâce à la puissance des pressentiments d’Ilden (champion du Segmentum de pile ou face), le voyage jusqu’à la Forteresse s’est révélé plus mouvementé que prévu, Draik ayant trouvé un moyen (là encore, non explicité) d’identifier les sacripants ayant enfreint son immunité diplomatique, et s’étant mis à leur poursuite pour récupérer son bien. Short story short, Ilden et Cie se hâtent de pénétrer dans le vaisseau Xenos, en espérant distancer leurs poursuivants, et récupérer le butin promis par leur chef. Bien entendu, les choses ne vont pas se passer comme prévu, aux dangers inhérents de l’endroit (ici incarnés par des Onyx juvéniles et photophobes) venant s’ajouter la dégradation rapide et irrémédiable de la santé mentale des aventuriers. Particulièrement touché du fait de sa sensibilité psychique, Ilden est frappé par des rêves inquiétants et des sensations de déjà-vu apocalyptiques, ce qui ne peut rien présager de bon, pas vrai ?

Début spoiler…Tu l’as dit, bouffi. Au final, après qu’Ovtaugh se soit fait coloniser par les vers de pierre, et Cascade reconfigurer à coup de surin par un Raedrus devenu fou à lier, Ilden décide prudemment de mettre les bouts pendant que son dernier compagnon pique un roupillon, emportant avec lui l’amulette que son boss lui avait confié au début de l’aventure, confiant en sa capacité de buter le voleur pour reprendre son bien mal acquis si le besoin s’en faisait sentir2. Guidé par un sinistre pressentiment, le voleur arrive devant le fameux coffre, interrompant du même coup la cérémonie païenne à laquelle participaient la plupart des hostiles de la boîte de jeu. La vérité éclate alors : l’entité maléfique qui résidait dans la cassette, et y avait été confinée par un lointain ancêtre de notre héros, a guidé ce dernier jusqu’à elle afin de pouvoir échapper à sa prison. Bien entendu, les effets secondaires pour Ilden sont plutôt désagréables, incluant un aller simple pour ‘the sunken place’ et une démence terminale alors que son corps se fait posséder par un Spectrum revanchard.Fin spoiler

1 : La science de la numérologie nous apprend de façon certaine que le nom de famille de notre gredin est indubitablement Idb’gain. That’s a fact, folks.
2 : C’est également la raison, assez peu connue, pour laquelle la Compagnie de l’Anneau a accepté la décision de Frodon d’emporter ce dernier en Mordor.

AVIS :

Thomas Parrott retombe dans les travers constatés dans sa première nouvelle, Spiritus in Machina, avec cette soumission qui contient beaucoup d’éléments intéressants, mais trop peu développés (parce que trop nombreux) pour que le lecteur soit véritablement embarqué dans le propos qu’il développe. L’exemple le plus frappant de cet état de fait est l’inclusion de Janus Draik, qui au final n’apparaît pas de la nouvelle, et se contente d’être une vague présence menaçante à l’arrière-plan, alors que l’on était en droit d’attendre une utilisation un peu plus poussée d’un des personnages les plus connus de la franchise. Le même constat peut être dressé des visions mystiques d’Ilden, que Parrott intègre au petit bonheur la chance dans son récit, et qui n’apparaissent donc pas comme l’élément central de l’intrigue qu’elles auraient certainement mérité d’être (à tel point que la « révélation » finale1 tombe à peu près complètement à plat). Bref, too much of a good thing can be a bad thing comme disent les Anglais, et Fates & Fortunes est une bonne démonstration de la véracité de cette maxime.

1 : Début spoilerDans ses rêves, Ilden ne se voyait pas lui-même dans le futur, mais contemplait un de ses lointains ancêtres.Fin spoiler

.

Past in Flames – J. C. Stearns :

INTRIGUE :

Dans une galaxie divisée par l’intolérance et la xenophobie (qui est techniquement une forme d’intolérance), il est réconfortant de constater que certains endroits permettent au contraire aux différentes factions de 40K de collaborer dans la joie et la bonne humeur, afin de faire obstacle à un ennemi commun. Ou, plutôt, de convenir d’une trêve temporaire pour mener à bien une mission plus importante pour les parties engagées que leur annihilation mutuelle. Ce qui est techniquement la même chose. Ou en tout cas, la forme la plus élevée de tolérance que l’on peut attendre en ce riant 41ème millénaire. Past in Flames voit ainsi la Ranger de Biel Tan Amallyn Shadowguide faire équipe avec une Drukhari renégate du nom de Rayden Veth, dans le but de récupérer une relique Aeldari tombée aux mains des cultistes du Chaos qui se sont installés dans les tréfonds de la Forteresse Noire. La relique en question est une copie du Chorale Lilcartha, qui, comme son nom l’indique, contient bien des partitions de chants liturgiques1 et des petites cartes, en plus de tout un tas d’informations utiles et essentielles pour la gent Eldar.

Comme on peut aisément l’imaginer, la coopération n’est pas facile entre les deux partenaires2, Veth prenant un malin plaisir à n’en faire qu’à sa tête, malgré les appels d’Amallyn pour procéder de façon méthodique et rationnelle (c’est ce qui s’appelle get the book by the book, de l’autre côté de la Manche). Bien qu’étant intrinsèquement et matériellement supérieures aux Gardes renégats qui ont récupéré la Chorale, l’avantage numérique dont disposent les Mon-keigh équilibre en effet franchement les choses, et force nos héroïnes à se lancer dans une partie de Splinter Cell en mode hardcore, avec Veth dans le rôle du PNJ de support débile que le joueur s’efforce de maintenir en vie en récupérant comme il le peut toutes ses bourdes. Malheureusement pour nos fifilles, leur approche finit par être repérée, précipitant un affrontement final 100% féminin entre la team Aeldari et la team Slaanesh, composée d’une Commissaire sous speed et d’une humble Garde qui n’en demandait pas tant…

Début spoiler…Le combat en question, s’il est finalement remporté par les Zoneilles, non sans quelques hilarantes complications, comme la perte de la main gauche de Veth d’un bolt bien placé, ne met cependant pas fin aux mésaventures des chipies. Le Chorale Lilcartha part en effet en fumée à peine récupéré par les Eldars, la fourbe Commissaire ayant piégé son bureau – où l’objet était posé – avec des explosifs, sans doute reliés au biper astucieusement placé dans la couverture de l’opus. En fait, je n’en sais rien, Stearns ne s’appesantissant pas sur ce détail, mais on peut tout de même noter que pour une Ranger, Amallyn a légèrement chanté dans la moelle (une adaptation un peu plus élégante d’un proverbe humain bien connu). Toujours est-il que nos héroïnes doivent se contenter de quelques fragments de pages comme butin, avant de repartir vers Precipice avant que le reste des cultistes ne viennent investiguer les lieux. Est-ce la fin de la nouvelle ? Oui et non. Oui car il ne se passera pas grand-chose d’intéressant avant le point final de cette dernière. Non car Amallyn et Veth décident de se crêper le chignon à propos de leurs allégeances respectives, la première doutant fortement des motivations de la seconde. S’en suit un micro-cours de géopolitique Aeldari, pendant lequel Veth plaide sa cause avec une ferveur franchement étonnante pour le lecteur à ce moment de la nouvelle. On ne peut pas dire que l’idée de Stearns ait été mauvaise, mais sa réalisation est pour le moins surprenante. Toujours est-il qu’ainsi s’achève Past in Flames, à moins bien sûr que vous disposiez de 5 manas dont un Rouge3Fin spoiler

1 : Ainsi que les paroles du générique de Khaine le Survivant, qui sont tout bonnement collector. 
2 : Même si une certaine tension sexuelle semble se manifester entre les deux comparses. #BalanceTonDrukhari.
3 : Je me permets cette blague car Stearns est un joueur de MtG, et je pense sérieusement qu’il a choisi ce titre en hommage à a carte.

AVIS :

Nouvelle moyenne de la part de J. C. Stearns, qui fait le job sans frémir ni briller 80% du temps. Les 20% restants se décomposent entre l’ajout d’éléments fluff (10%), toujours bons à prendre, et la conclusion étrange (10%) qu’il donne à son récit. Cela dit, à l’aune des nouvelles incluses dans Vaults of Obsidian, on devrait s’avérer satisfait de finir la lecture de ce court format avec des réponses satisfaisantes à toutes les questions posées par l’intrigue. À recommander aux amateurs de coopération Eldar, un sujet de plus en plus couvert par la BL depuis l’éveil d’Ynnead, et aux fluffistes acharnés.

.

Negavolt – N. Wolf :

INTRIGUE :

Bien que les héros aient la fâcheuse tendance à les massacrer par octet (soit un paquet de huit), les goons donnant de leur personne pour pimenter les parties de jeu de plateau sont des personnages comme les autres, avec une histoire parfois aussi intéressante, si ce n’est plus, que celles de leurs Némésis. Vous l’aurez compris, c’est d’un des obscurs séides de la boîte de Blackstone Fortress dont il sera ici question, pour changer. Nous faisons donc la connaissance de Delta-28-4 Gamma 6, que nous appellerons désormais Dédé pour des raisons évidentes, Cultiste Negavolt de son état et protagoniste de la nouvelle du même nom.

Wolf propose au lecteur d’assister à deux moments cruciaux, ainsi qu’horriblement douloureux, de l’existence de Dédé : le premier concerne sa (presque) mort, alors qu’il occupait la glorieuse fonction de compteur Linky dans une centrale électrique quelconque sur un monde EDF paumé, et sous l’égide mécanique du Magos Vestus Artorus Rhynne. Un accident de caténaire ayant entraîné une surcharge critique du système, Dédé, comme l’ensemble de ses comparses serviles, eut la joie, l’honneur et l’avantage de faire office de fusible humain, ce qui le laissa confondu et fondu (combo). Outré par l’attitude désinvolte (un comble) de son patron, qui ne daigna pas bouger la mecadendrinette (l’équivalent du petit doigt pour un Magos) pour l’aider à échapper au tabouret électrique – manquerait plus qu’ils donnent des chaises aux grouillots, maintenant – et le condamna tout aussi froidement à la servitude à son réveil, jaugeant la chirurgie reconstructrice bien trop onéreuse pour un larbin de son espèce, Dédé eut toutefois la « chance » d’être recueilli par Thret, recycleur excentrique et plus qu’un peu chaotique. À l’insu de son supérieur, Thret s’est en effet attelé à la restauration et la reconfiguration des rebuts qui lui sont envoyés, donnant une seconde jeunesse ainsi qu’une perspective de vengeance aux victimes du management énergique du Magos. C’est ainsi que Dédé le révolté le devint doublement, Thret lui insérant une pile démoniaque dans le buffet, pour des résultats douloureux mais revigorants. L’heure de la revanche, à la faveur d’une invasion du monde forge par une force chaotique, ne tardera pas à sonner pour Dédé, qui aura le temps de présenter ses sentiments les meilleurs à son ancien boss avant de quitter la planète une fois pour toutes.

Le deuxième épisode, imbriqué dans la narration du premier, met notre héros aux prises (de courant, évidemment) avec une force du Mechanicus ayant eu la mauvaise idée de vouloir interrompre le rituel impie initié par les cultistes de la Forteresse Noire. Mobilisé avec le reste de son culte pour prêter main forte aux troufions du 82ème Grendish, Dédé se jette à l’assaut avec un bel enthousiasme, confiant que son Insensible à la Douleur 5+ et ses éclairs de génie suffiront à repousser les Martiens. Ce qui se révèle exact, même si la facture se révèle être salée pour les Negavolts, décimés par les gadgets technologiques de leurs frères ennemis. Seule la raaaaaaaaage inextinguible de Dédé lui permettra de venir à bout de ses adversaires, parmi lesquels un Electro-Prêtre Fulgurite mais pas fulgurant. Comme quoi, la confiance en soi, c’est important1.

1 : Précision importante car le démon électrique possédant notre héros s’avère être assez conservateur, et recommande vivement à ce dernier d’opérer une retraite stratégique une fois confronté à un ennemi manifestement trop fort pour lui. #CetEnnemiEstPlusFortQueVous.

AVIS :

Pour sa seconde contribution à la BL, Wolf s’applique et s’implique, mais ne fait pas vraiment d’étincelles (haha) avec cette nouvelle sérieuse mais sans plus. Même si l’on doit reconnaître que l’utilisation de protagonistes « hostiles » est une idée intéressante, et qui apporte un peu de variété dans une anthologie autrement unilatérale, le propos est trop classique pour marquer durablement le lecteur. Cela dit, les partis pris intéressants (comme le choix de faire de Thret un bourreau protecteur, à la fois tortionnaire corrompu jusqu’à l’os et père poule pour ses créations dégénérées) ne manquent pas dans cette soumission, et sont plutôt de bon augure pour la suite de la carrière de Wolf au sein de la Black Library. Mr Wolf sait mettre en scène des personnages complexes et (donc) intéressants, un talent appréciable et malheureusement pas aussi répandu qu’on le souhaiterait parmi les auteurs de GW-Fiction. Bref, si Negavolt n’est pas un chef d’œuvre, il faut pour autant se garder d’enterrer Nicholas Wolf, dont je ne doute pas un instant du potentiel.

.

The Three-Edged Blade – D. Flower :

INTRIGUE :

Quand elle s’est fait la malle de Commoragh en « empruntant » le vaisseau personnel d’Asdrubael Vect, Rayden Veth ne s’est pas faite que des amis. Déjà parce que les Drukhari ont du mal à saisir le concept d’amitié (« Est-ce que ça se mange ? » « Si on veut… »), et ensuite parce Baebel tenait fortement à son véhicule de fonction, et a donc envoyé un trio d’assassins d’élite de la Cabale du Coeur Noir, le/a Zhailtir, récupérer l’Eye of Vect et punir la coupable de cet impardonnable larcin. Notre triade n’a pas vraiment le droit à l’erreur, tout particulièrement Kali Xerus, l’empoisonneuse de la coterie, trempée jusqu’au cou – qu’elle a gracile – dans les manigances de Veth, qui l’a plaqué en même temps que son ancienne vie, et se trouve donc suspectée de complicité dans le spacecarjacking commis par la renégate. Accompagnée de Tanvile the Twisted, l’équivalent Eldar Noir d’un Eversor, le sens de l’humour (très noir) en plus et du Belluaire chamanique et narcoleptique Hekit, Kali arrive donc à Precipice, où, d’après les sanglantes confessions d’un malheureux Mon-keigh ayant eu la déveine d’être cueilli dans sa capsule de survie par les Rapetous de Commoragh, Veth s’est établie.

L’ambiance n’étant pas au beau fixe entre les collègues, dont les penchant sadiques n’ont pu être satisfaits que par les occasionnelles collisions entre le petit orteil des uns et des autres avec la table de la cuisine du vaisseau (ce qui fait peu), les Drukhari se séparent pour trouver la piste de leur proie. Pendant que Hekit décide d’aller faire une sieste en attendant que les réponses aux questions qu’ils se posent lui apparaissent (c’est une technique), Kali et Tanvile se rendent à la taverne locale, où, pendant que son comparse s’amuse à terroriser le barman, l’empoisonneuse fait la connaissance d’un mercenaire Kroot (probablement Grehk), qui lui apprend que Veth a pénétré seule dans la Forteresse Noire et n’en est jamais ressortie. Est-ce la fin de notre histoire ? Que nenni, car l’Eye of Vect ne va pas se rapatrier seul à Commoragh. Bien qu’habilement camouflé sous une bâche par sa nouvelle propriétaire, il ne faut pas longtemps pour les huissiers de la Muse Vivante pour mettre la main sur l’utilitaire de l’Archonissime, trucidant une bande de locaux trop vindicatifs pour leur intérêt sur le chemin du parking…

Début spoiler…Très étonnamment, Hekit n’est pas sitôt arriver qu’il insiste pour installer sa couverture râpée de mendigot dans un coin tranquille pour débuter une petite transe de victoire et essayer d’hacker le mot de passe que Veth a bien sûr reconfiguré. C’est alors que le drame se produit : Kali et Tanvile ont une nouvelle prise de bec, qui se termine cette fois par un duel à mort, le second ayant peu apprécié la tentative d’assassinat perpétrée par la première envers sa personne, à la faveur du déclenchement d’un piège laissé par Veth pour décourager les voleurs. Tout à leur affrontement, les assassins ne se rendent compte que trop tard qu’ils se sont fait rouler dans la moelle spectrale par Hekit, qui a été recruté par la Corsaire, et dont la transe avait pour but de convoquer une meute de Khymerae. Bien affaiblis par leur premier round, Kali et Tanvile ne peuvent pas rivaliser avec la férocité des toutous du Maître des Bêtes, et finissent donc en Khaenygou. Hekit repart ensuite vers Commoragh avec quelques échantillons intéressants d’espèces endémiques à la Forteresse, le paiement de Veth pour ses loyaux services, laissant l’Eye of Vect dans son garage de Precipice.Fin spoiler

AVIS :

Je n’ai guère été convaincu par cette proposition de Denny Flowers, qui semble avoir été écrite avec un twist final en tête, mais dont la préparation est par trop lacunaire, pour un résultat franchement décevant. La surprise concoctée par l’auteur nous est en effet servie ex nihilo, laissant le lecteur s’interroger sur les raisons ayant poussé Flowers à inclure à son récit des éléments finalement non utilisés dans son intrigue, comme le prisonnier torturé par les Eldars Noirs en chemin, la rencontre avec Grekh (à noter que Draik a également droit à une citation – pas plus – et que Raus & Rein croisent le chemin des Drukhari en goguette), et le massacre d’une maigre foule en colère (dont on aurait pu supposer que les raisons de ladite colère – le rapt d’un de leurs camarades par un autre Eldar Noir – aurait quelque chose à voir avec le schmilblik). Au chapitre des passages qui auraient mérité que l’auteur s’y attarde un peu plus, la crise de zizanie finale entre Kali et Tanvile est également un peu trop brute de décoffrage à mon goût, l’animosité et la paranoïa naturelle de Commorites ne pouvant pas expliquer à elle seule l’escalade de la rancœur entre les mandataires de Vect. Et ceci sans même souligner que cette nouvelle ne se passe même pas dans la Fortresse, ce qui n’est pas son plus gros problème, mais peut légitimement provoquer un froncement de sourcil de la part du lecteur. Bref, pas mal de défauts structurels dans ce The Three-Edged Blade, qui aurait paradoxalement mérité que Flowers affûte un peu plus sa plume.

.

Motherlode – N. Kyme :

INTRIGUE :

MotherlodeRaus & Rein Gaffar, jumeaux Ratlings, déserteurs de la Garde Impériale et duo comique doublement troupier, vivent une journée particulièrement agitée de leur vie d’explorateurs de la Forteresse Noire. Ayant échappés de peu au sadisme proactif d’un concurrent Drukhari alors qu’ils étaient en maraude sur leur terrain de chasse, les tireurs pointeurs (ça marche aussi bien pour la pétanque que pour le tir de précision) regagnent leur vaisseau avec une caisse mystérieuse contenant un butin mirobolant, sans réaliser que leur Némésis, Akrahel Drek, a survécu à la bastos expédiée par Rein, et prévoit logiquement de se venger de ces petites pestes, dans un éclat de rire ronronnement (si si) maléfique. * Purrr purrr purrrr puuuuuuuuurrrr *

Un peu plus tard, nous retrouvons nos abhumains, également traqués par un Commissaire amnésique et son escouade de vétérans couturés, sans doute pour quelques tours pendables et plaisanteries de mauvais goût, au bazar de Nadir, où ils ont rendez-vous avec une vieille et morbidement obèse connaissance, le receleur et trafiquant Ogryn Murlock, auquel ils souhaiteraient vendre leur dernière trouvaille. Petit problème, il n’y a pas que le Commissaire – Vudus Mettik de son petit nom – qui a des problèmes de mémoire, les twins ayant semble-t-il complètement oublié qu’ils ont tuyauté les Arbites sur le petit commerce de Murlock quelque temps auparavant, avec des conséquences logiques et néfastes pour sa modeste échoppe, et que Murlock est au courant de ce cafardage. Evidemment, cet historique compliqué ne facilite pas les négociations, et Raus & Rein doivent à nouveau se tirer d’un beau guêpier, ce qu’ils font en dégoupillant quelques grenades de la bandoulière de leur hôte, après que ce dernier ait tenté de les hacher encore plus menu qu’ils ne le sont.

Nullement découragés par cette déconvenue, les Ratlings utilisent le carnet d’adresses de leur dernière victime pour contacter directement un acheteur potentiel, qu’ils trouvent raide mort à son domicile, et pas de causes naturelles (à moins que les Kroots aient la jugulaire clipsable, ce qui doit arriver s’ils consomment trop de distributeurs de Pez). Poursuivis jusque dans les égouts par Mettik et ses hommes, responsables du krooticide et déterminés à capturer les déserteurs, les frérots sont contraints de se séparer, Raus choisissant la capture pendant que Rein se carapate… pour mieux revenir avec son fusil de sniper de rechange (toujours utile), et la fameuse boîte mystère, juste à temps pour secourir son bro’, que se disputent Mettik et Akrahel, qui a fini par retrouver la trace de ses tourmenteurs. L’impasse mexicaine qui se profile à l’horizon trouve toutefois une fin précipitée (c’est fluff) lorsque Rein lâche la précieuse caisse au milieu de la scène, qui se révèle contenir la tête d’une matriarche ur-ghul. Et alors, me demanderez-vous ? Et alors, la famille élargie de la défunte a trouvé les moyens de sortir de la Forteresse (en Ur-bher, sans doute) pour rapatrier la relique, et investit les lieux de la confrontation à ce moment précis, avec des résultats salissants. Encore une fois, les Ratlings sont les seuls à se sortir indemnes de cette péripétie, mais peuvent au moins terminer la journée en passant deux de leurs ennemis mortels en perte et profit. C’est déjà ça.

AVIS :

On (en tout cas, je) savait déjà que Kyme avait une fâcheuse tendance à pondre des histoires mal ficelées, sacrifiant avec une constance consternante la moindre prétention de crédibilité narrative pour se concentrer sur une agglutination de scènes « cinégéniques ». Rassurez-vous, c’est bien le cas ici, même si l’absence de Space Marines (et donc de Salamanders, les victimes préférées de l’auteur) et la brièveté de l’objet du délit ne permettent pas à ce dernier de rivaliser avec ses records personnels de WTF. On se contentera de souligner que beaucoup de choses arrivent au bon moment, et/ou sans mise en contexte, dans ce Motherlode (jeu de mots !1), ce qui est la marque des auteurs fainéants.

Là où Kyme innove et fait fort, c’est dans la veine scatologique qu’il choisit de pousser fortement d’un bout à l’autre de son récit. C’est simple, tout pue dans ces 20 pages : les héros, les méchants, les lieux, la nouvelle elle-même ; c’est le royal flush de l’infamie, et tant qu’à parler de flush, autant tirer la chasse. J’ai fini la lecture de ce… texte légèrement hébété par l’aplomb ou le jemenfoutisme complet revendiqué par son auteur, qui réussit le tour de force de faire passer 40K de grimdark à off-colour avec son inimitable (et j’espère inimitée) prose. Motherlode est à ranger parmi les rebuts honteux de la Black Library, et à oublier le plus vite possible.

1 : Motherlode se traduisant par filon (au sens premier ou figuré) en anglais, la relique récupérée par Alain et Alex Térieur étant à la fois une richesse et ayant une connotation maternelle.

.

Purity Is a Lie – G. Thorpe :

INTRIGUE :

Purity is a LieTaddeus le Purificateur, zélote du Ministorum, carafe Brita faite homme, Donald Trump du 41ème millénaire. Arrivé à Precipice en compagnie de sa fidèle Pious Vorne, à la suite de vision envoyée par l’Empereur (et d’une confidence déplacée d’un sous-officier de la Navy), notre Prêtre peine à se faire accepter par la faune bigarrée et profane peuplant la cité, et n’a donc pas réussi à rejoindre une expédition d’exploration de la Blackstone Fortress, en dépit de ses meilleurs efforts et ses plus sincères prières. Sa chance tourne toutefois lorsqu’il reçoit une invitation de la part de Janus Draik, qui a flashé sur son énorme mitre, à le rencontrer au Looter’s Den afin de discuter affaire. Après avoir détendu l’ambiance, qui s’était refroidie comme un Roboute Guilliman faisant de l’apnée dans l’espace à l’arrivée du prélat, le Rogue Trader annonce à son hôte qu’il a besoin d’un coup de main pour tenter une descente jusqu’au Labyrinthe de la Mort (Deathmaze), et que Taddeus est sur sa shortlist. Pourquoi ? Eh bien, parce qu’il a l’air honnête et courageux. That’s it. Comme quoi, on peut être un aventurier sans foi ni loi évoluant dans une cour des miracles traîtresse et meurtrière, et donner sa chance au premier venu, parce qu’on a un bon feeling. Merci qui ? Merci Gav Thorpe.

Après avoir un peu tergiversé, Taddeus accepte, et retrouve son nouveau collègue à l’entrée de la Forteresse, laissant Vorne dans le vaisseau (c’est un raid de 4 personnes, le maglev a une capacité limitée) avec un bol d’eau fraîche, la climatisation et l’autoradio allumée. L’exigeant ecclésiastique n’est guère enchanté de voir que Draik a recruté une Eldar (Amallyn Shadowguide) et un mutant (le Navigateur Espern Locarno) pour compléter son équipe, mais, nécessité faisant loi, à défaut de foi, il accepte tout de même de partir en vadrouille avec ces compagnons particuliers. La suite est, pour autant que je puisse le dire, le compte rendu romancé d’une partie de Blackstone Fortress, interrompue avant la fin par un quelconque événement (peut-être que Thorpe a dû partir plus tôt pour aller faire des courses ou passer au pressing). Ainsi, notre bande se coltine d’abord une escouade de Gardes renégats, puis quelques drones, avant de terminer par un quintette de cultistes Negavolts, et un psyker chaotique pour faire passer le tout. Entre deux coups de massue énergétique et blessures de guerre héroïquement glanée au combat, Taddeus réalise à quel point la coopération avec ses camarades est nécessaire, et perd donc un point en xénophobie (il est sauvé et sauve par la Ranger) et un demi-point en mutophobie (Locarno le prévient de l’arrivée du psyker). Kawaiiiii. On ne saura en revanche pas ce qui attend nos héros dans ce fameux « Labyrinthe de la Mort », que ces derniers n’atteindront même pas avant que Thorpe ne décide qu’il a bien assez bossé comme ça et mette un point final à sa nouvelle. Non. Si.

AVIS :

Gav Thorpe prouve avec Purity is a Lie qu’il maîtrise parfaitement l’art complexe et délicat de la courte nouvelle de 40K où rien d’intéressant ne se passe. Un peu comme le haïku suivant : Forty forty kay//Forty forty forty kay//Forty forty kay. Oui, c’est du sarcasme. Malgré toute la sympathie que j’éprouve pour ce collaborateur historique et figure mythique de GW, la plupart des nouvelles qu’il a soumis à la BL ces dernières années se sont avérées très décevantes, et celle-ci ne fait malheureusement pas exception. Ne disposant même pas d’une conclusion digne de ce nom, et développant de façon inimaginative au possible une idée absolument banale du background de Warhammer 40.000 (« il faut savoir mettre de côté ses principes pour atteindre ses objectifs »), le seul mérite de cette soumission est d’intégrer cinq personnages nommés de Blackstone Fortress (même si la plupart font papier peint) dans son casting, dont deux (Vorne et Locarno) dont ce sera la seule apparition dans le recueil Vaults of Obsidian. Ce n’est pas lourd, mais c’est vraiment tout le bien que je peux dire de ce texte, qui aurait mérité d’apparaître sous son titre complet : Purity is a Lie, Story is a Bore, Not Inspired at all, Send Help.

.

The Oath in Darkness – D. Annandale :

INTRIGUE :

The Oath in DarknessDans la famille Rekkendus, je voudrais la mère (Buria), le fils (Viktur) et la… tante (Lorn). Ajoutez le confesseur et psychothérapeute personnel (Harant Dalkan) de la lignée au tableau, et vous obtenez l’essentiel du casting de cette nouvelle. 80%, pour être précis, le dernier personnage d’importance convié par Annandale dans ce court format n’étant autre que le pisteur Kroot Dahyak Grekh, enrôlé par les touristes pour une excursion dans la Forteresse Noire. Pour quels motifs, me demanderez-vous ? Eh bien, les Rekkendus sont les membres d’une maison de Navigateurs, et leur matriarche (Buria) a reçu la vision d’un vaisseau très spécial que la Forteresse aurait absorbé, et dont la récupération aurait des retombées très bénéfiques pour sa dynastie. De manière plus prosaïque, les Rekkendus se tirent la bourre avec les Locarno, et comme ces derniers ont envoyé le 3ème Daft Punk explorer cette relique, il n’y avait pas de raison pour que leurs concurrents ne fassent pas de même. Non mais.

Guidé par leur honorable et cliquetant sherpa, les trois Navigateurs et leur aumônier pénètrent donc dans les ténèbres hostiles de la Forteresse, où les ennuis ne tardent pas à débuter. Malgré la précision des visions de Buria, qui permettent à Grekh de tracer la route avec son efficacité coutumière, le trekking de nos amis se retrouve brutalement interrompu par la conjuration d’une plus petite forteresse, dans une salle du parcours, séparant les aventuriers et alertant le Kroot de la menace représentée par Obsidus Mallex, qui semble fort être un Master Builder LegoTM, ce qui est encore plus terrifiant qu’être un Élu du Chaos quand on y réfléchit. Alors qu’il s’échine à retrouver son troupeau (le petit nom sympa qu’il donne à ses clients, sans doute parce qu’il y a de bonnes chances pour qu’il les mange à la fin de la balade), Grekh est surpris par les Dupont et Dupond de la Black Legion1, à qui cette traîtresse de Buria avait donné rencart2, et qui repartent avec les Rekkendus après une brève fusillade, laissant le Xenos enterré sous une masse de gravats d’obsidienne (que cette forteresse est fragile, tout de même !). Fort heureusement pour ce dernier, Dalkan, que tout le monde a oublié (y compris toi, lecteur, je parie), réussit son test d’empathie et exhume le cacatoès cannibale des décombres. Toujours lié par son serment envers Lorn et Viktur, qui, contrairement à leur parente, n’ont pas donné signe de traîtrise, Grekh se met en chasse de ses employeurs, bien décidé à ne pas les lâcher tant qu’ils ne lui auront pas mis 5 étoiles sur Trip Advisor.

La nouvelle passe alors sur un rythme plus soutenu, qui permet à Annandale de la conclure en quelques pages, alors qu’on pouvait plutôt considérer que les choses sérieuses ne venaient que de commencer. En résumé (quasiment pas en fait, et c’est triste), le Kroot refait son retard sur le groupe de tête, et découvre que les Rekkendus ont été cloîtrés dans des trônes de Navigateur. Là où Buria rêvait de prendre le contrôle de la Forteresse, en utilisant pour ce faire ses fils et sœur comme batterie externe de pouvoir psychique, la félonne réalise bientôt qu’elle a elle-même été dupée, et que Mallex ne souhaite pas partager le contrôle de son joujou avec quiconque. Tout cela aurait pu très mal finir sans l’intervention de Grekh, qui enchaîne trois headeyeshots dans le plus grand des calmes, ce qui met la machine en surtension et la fait exploser, permettant au Kroot et à son dernier protégé de repartir tranquillement vers Precipice, histoire de se faire un petit gueuleton, et au passage, prévenir la populace de l’ouverture de la nouvelle tour de Mallex. Comme on dit sur Pech, la faim justifie les moyens.

1 : Ces deux Space Marines du Chaos inclus dans la boîte Black Fortress en guise de garde d’honneur de Mallex, et que ce dernier fait crapahuter d’un bout à l’autre de la station – en tout cas dans les nouvelles de ‘Vaults of Obsidian’.
2 : Comment ? Mystère… Mettons ça sur le compte des pouvoirs chelou des Navigateurs et arrêtons de poser des questions scénaristiques à Annandale, ça vaudra mieux.

AVIS :

Si l’histoire proposée ici le casse pas trois pattes à un Kroothawk, elle aurait pu s’avérer passable n’eut été le singulier changement de braquet opéré par Annandale en cours de narration, dont le choix de passer plus de temps à décrire les mutations subies par l’intérieur de Forteresse Noire qu’à mettre en scène la trahison commise par Buria et le dénouement de son intrigue…intrigue. Et je reste poli. Au petit jeu des comparaisons avec des nouvelles similaires (c’est bien l’intérêt d’en avoir lu autant, si vous croyez que je vais me gêner…), Richard Williams avait fait beaucoup mieux avec son Orphans of the Kraken, qui combinait lui aussi des intérieurs mouvants (encore que, pour des raisons différentes) et des motivations secrètes. Je ne peux que recommander la lecture de cette nouvelle, aux dépends de celle-ci, qui n’a pour elle que le fait de ne pas comporter d’énorme défaut structurel. Pas le meilleur argument marketing, vous en conviendrez.

.

Man of Iron – G. Haley :

INTRIGUE :

Man of IronAlors qu’il se reposait rechargeait tranquillement dans la soute du vaisseau qu’il partage avec les jumeaux Ratlings Raus et Rein, UR-025 est réveillé mis en marche par l’intrusion d’un de ces petits parasites, lui annonçant l’arrivée de visiteurs souhaitant s’entretenir avec lui. Dont acte. Les individus en question se révèlent être un trio d’adeptes du Mechanicus de rang minable et d’intentions peu charitables, escortés par un vieux modèle de Kastelan pour faire bonne mesure. Ayant appris l’existence d’UR-025, et n’avalant qu’à moitié son histoire de contrôle à distance par un Magos surdoué (comme la plupart des gens à qui le robot a livré cette expédition, pour être honnête), les trois desperadeptes ne souhaitent rien de moins que kidnapper le mystérieux cyborg pour leur propre profit. Il ne faut pas longtemps à UR-025 et ses systèmes perfectionnés d’homme de fer pour comprendre de quoi il en retourne, mais problématiquement, il ne peut pas refuser de but en (métal) blanc d’accompagner ses visiteurs dans leur projet d’escapade dans la Forteresse Noire. Il est censé être après tout un robot dénué de libre arbitre, et les accords liant les mondes forges de Ryza (où vit le Magos imaginaire que notre héros s’est donné comme patron) et Metallica (planète d’origine des forbans) ne lui laissent pas d’autres choix que de s’exécuter.

Fort heureusement, UR-025 a plus d’un programme dans sa banque de données, et entraîne ses nouveaux amis dans une partie tranquille de la Forteresse, sous couvert de les mener sur un filon de xenotech, où une franche explication sera plus facile que dans l’agitation de Precipice. Les cris stridents annonçant l’arrivée prochaine d’une meute d’ur-ghuls affamés, et les effets que ces signes avant-coureurs ont sur les nerfs fragiles des renégats, signalent à l’androïde que la récré est terminée. Profitant de la confiance mal placée que ses kidnappeurs lui accordent, UR-025 descend froidement ses compagnons les uns après les autres, révélant sa véritable identité au dernier survivant de la bande avant de le terminer à son tour. Ceci fait, il ne reste plus à notre indéboulonnable homme de fer qu’à prendre le chemin du retour, afin de pouvoir continuer sa mise en charge bien méritée. Moralité : Metallica, ce n’est pas toujours plus fort que toi.

AVIS :

Petite nouvelle sans prétention de la part de Haley, ce Man of Iron n’en est pas moins sympathique, la maîtrise narrative de l’auteur se doublant d’une mise en scène intéressante de son protagoniste, qui peut sans doute prétendre au titre de « personnage de Blackstone Fortress au fluff le plus intéressant ». Diantre, ce n’est pas tous les jours que l’on a affaire à un authentique homme de fer, même si « l’aventure » à laquelle il participe tient plus de l’esquive de démarcheur de rue que de la fresque épique révélant les origines de cette relique ambulante (qui se vante d’avoir rencontré le véritable Omnimessie – c’est à dire pas l’Empereur – aux cours de ses pérégrinations). Guy Haley arrive à insuffler à UR-025 une personnalité de vieux ronchon désespéré par la tournure prise par les événements au cours des derniers millénaires, et forcé de jouer au robot stupide – ce qui est souvent assez drôle – pour éviter d’attirer les soupçons sur qui il est vraiment. Le résultat, à défaut d’être mémorable, est tout à fait correct, et on se prend à rêver d’une éventuelle rencontre entre UR-025 et Bellisarius Cawl, et du dialogue qui s’en suivrait…

.

The Beast Inside – D. Hinks :

INTRIGUE :

The Beast InsideJanus Draik, Roguerest Trader, duelliste émérite et trendsetter capillaire, s’est embarqué dans une expédition dans la Forteresse Noire d’un genre un peu particulier. Point de recherche de trésors technologiques, de cartographie de zones mal connues ou de localisation d’une paire d’ear buds oubliés au cours d’un précédent raid1 cette fois-ci. Notre homme, secondé par l’aimable et indispensable, même si parfois répugnant Dahayk Grekh, ainsi que par une bonne dizaine de grouillots qui n’émergeront jamais de l’arrière-fond narratif de la nouvelle, et dont je vous épargnerai donc les noms et occupations, est en effet en mission pour le bien commun2. Plus précisément, il cherche à empêcher d’autres aventuriers de Precipice de ramener dans la station un Ambull vivant, comme la récompense offerte par un Imperial Genetor excentrique pour cette capture les incite pourtant à le faire. Familier du potentiel de nuisance de ces petites bêtes, Draik se doute que ce projet risque de se terminer de manière aussi satisfaisante que le vieux film en noir et blanc avec un gorille géant et une proto-cité ruche qu’il garde dans sa datathèque privée. Mal. Pour prévenir ce scénario catastrophe, Draik a donc pris le parti d’aller dégommer l’Ambull lui-même, ce qui devrait apporter une élégante solution à ce fâcheux problème.

Bien entendu, ce qui semblait très simple sur le papier, ou en tout cas dans l’arrière-salle privée du Helmsman, prend une méchante tournure une fois nos exterminateurs rendus sur place. Bien que les capacités de traqueur de Grekh permettent à la troupe de pister le spécimen en question sans trop de difficultés, la découverte d’un essaim de larves voraces descendant sans aucun doute de ce même individu, vient compliquer la tâche des bons samaritains de Precipice. La progéniture d’Amanda Bull entretient en effet le même rapport avec l’obsidienne qu’une colonie de termites avec une stavkirke norvégienne (allez voir, c’est joli). Et si la vermine ne dédaigne pas varier sa diète classique en grignotant un tendre et juteux humain de temps à autre, ses déprédations structurelles ont tôt fait de fragmenter l’expédition, Draik passant à travers le plancher, forçant le diligent Grekh à descendre le chercher, pendant que le reste de la partie de chasse est laissée à son triste sort par Hinks.

Blessé au cou par un Borewyrm très entreprenant, Draik refuse toutefois de retourner sur son vaisseau se faire soigner, comme son Sherpa le propose pourtant de façon raisonnable, confiant en sa capacité de mener à bien son dessein grâce à la toute-puissance de son electrofusil de maître. Grekh, dont le rôle consisterait à distraire l’Ambull le temps que son employeur appuie sur la gâchette, est bien moins chaud, mais, lié par son serment de Kroot-Scoot, n’a d’autre choix que d’accompagner Draik dans sa traque. La route de Satanas et Diabolo croise bientôt celle d’Ava Victrix, Rogue Trader de son état, et d’un gros bras engagé par cette dernière, alors qu’ils sont assaillis par les larves voraces. Son garde du corps réduit en carpaccio en l’espace de quelques secondes, Victrix, qui était venue pour capturer l’Ambull, n’a d’autre choix que de rejoindre le duo, malgré l’aversion qu’elle voue à Draik (qui lui rend bien).

Les trois comparses arrivent alors dans une salle immense coiffée par une impressionnante baie vitrée (tout peut arriver dans la Forteresse Noire), au milieu de laquelle se trouve une pyramide. Grekh étant certain que l’Ambull a visité le monument récemment (on peut-être un insecte géant et aimer les sorties culturelles), les chasseurs se dirigent vers la structure, mais sont rapidement assaillis par une forte nuisance sonore, comme si l’alarme du détecteur de fumée – que la Forteresse Noire est obligée d’avoir, comme chacun sait – du bâtiment s’était mis en marche. Pour ne rien arranger, les pisteurs commencent à geler sur pied, ce qui n’est jamais agréable, et les force à tenter le tout pour le tout et se ruer à l’intérieur de la pyramide, sur un vieux pressentiment. Une fois entrés, et débarrassés du megacouphène qui menaçait leur sens de l’audition ainsi que leur intégrité physique, nos héros reprennent la traque, mais sont à nouveau victimes des fourberies des Borewyrms, et passent encore à travers un plancher sapé comme jamais par les larves d’Ambull. Pour ne rien arranger, le bruit de leur chute attire les squatteurs de la pyramide, qui se trouvent être des Gardes impériaux renégats, ayant abandonné la vénération de l’Empereur pour celle de Nurgle, sans doute parce qu’ils ne voulaient pas être vaccinés contre la grippe comme le demandait leur officier supérieur. Capturés par les ruffians, Draik et Cie ne sont pas immédiatement noyés dans la morve ou dissous dans les glaires, comme ils s’y attendaient, mais harangués de manière assez civile par le chef du culte, le Capitaine Samos, qui semble à vrai dire plus intéressé par recruter de nouveaux adeptes et expliquer comment la bénédiction putride de Nurgle a permis à sa congrégation d’échapper à leur colocataire patibulaire, dont le sens de l’odorat a été neutralisé par la puanteur chaotique, que par le sacrifice de ses captifs. Sa proposition de prendre un verre de l’amitié est toutefois accueillie avec réserve par les aventuriers, même si Victrix, au grand déplaisir de Draik, parvient à convaincre les cultistes de l’intérêt qu’ils ont à la garder en vie, promettant de les mener jusqu’à Precipice où ils pourront poursuivre leur grande œuvre antivax à l’échelle supérieure. Outré par cette trahison pure et simple, Draik arrive à se libérer de ses liens et se jette sur sa fourbe collègue, avant d’être maîtrisé par les renégats…

Début spoiler…Ce qui semblait n’être qu’un mouvement d’humeur peu réfléchi se révèle toutefois être un tour pendable joué par Draik à Victrix et ses nouveaux copains. Le Rogue Trader a en effet profité de la confusion pour activer et glisser l’appât plasmique qu’il comptait utilisait pour attirer l’Ambull dans la poche de la traîtresse, ce qui permet au monstre de faire son arrivée sur les lieux en l’espace de quelques minutes. Le combat qui s’ensuit se termine rapidement par une prudente retraite de la part des Nurglites, entraînant Vitrix avec eux, l’Ambull aguiché toujours sur leurs talons. Laissés à leur sort, Draik et Grekh n’ont pas de mal à se libérer… et à se remettre en chasse (ou en tout cas, menacer de… dans le cas de Draik), car finir une nouvelle sur cliffhanger moisi alors qu’une autre solution parfaitement viable était à disposition est apparemment le nouveau chic là où Darius Hinks habite. Nous n’avons décidément pas les mêmes valeurs.Fin spoiler

1 : Au prix que coûtent ces écouteurs, on comprend tout à fait pourquoi.   
2 : Et je dirai qu’il a réussi à embarquer le Kroot dans l’aventure en jouant sur la proximité du terme avec « Bien Suprême », et la maîtrise toute relative qu’a le Xenos du haut gothique. Filou va.

AVIS :

Alors que The Beast Inside aurait dû être la pièce centrale du recueil Vaults of Obsidian de par sa longueur respectable (42 pages), nous nous retrouvons avec un objet littéraire très peu satisfaisant à au moins deux points de vue. Premièrement, et comme indiqué ci-dessus, Hinks ne prend pas la peine de donner à sa nouvelle une conclusion digne de ce nom, ce qui est particulièrement gênant pour une soumission de cette taille. Si l’on peut accepter qu’une nouvelle de 14 pages puisse se finir de manière brutale, il est difficile d’être aussi compréhensif pour une œuvre trois fois plus longue. Et ce n’est pas comme si toutes les péripéties convoquées par Hinks étaient si rigoureusement nécessaires à l’intrigue qu’il aurait été impensable de les tronquer pour faire de la place pour le reste. Au contraire, tout ce qu’il se passe avant la scène de l’intérieur de la pyramide est assez quelconque, et aurait pu être remplacé par tout autre chose sans problème. Deuxièmement, pour une nouvelle lourdement marketée Ambull, la quasi-absence de la bête en question, qui se contente de passer une mandibule dans la dernière scène avant de repartir faire le mur, pourrait être considéré comme de la publicité mensongère pure et simple. À vrai dire, les humbles Borewyrms sont plus présents dans le récit et jouent un plus grand rôle dans l’intrigue que leur génitrice. Ce qui laisse The Beast Inside consister principalement en une interminable joute verbale entre Draik et Vitrix : même si Hinks se montre capable de fulgurances occasionnelles à ce niveau3, ce n’est tout simplement pas ce que le lecteur pensait et voulait avoir. Bref, la combinaison d’une tromperie manifeste sur la marchandise et d’une exécution hasardeuse me fait donner à cette nouvelle un ‘Mouarf’ franc et massif. Et si l’Ambull a amplement mérité le qualificatif d’ « abominable » dans le fluff de 40K (The dreaded Ambull), je placerais la prose de Darius Hinks dans la même catégorie. Vous avez été prévenus…

1 : Mais également des répliques grand-guignolesques de temps à autre, Draik n’oubliant jamais très longtemps qu’il est un personnage d’audio drama, et qu’il est donc nécessaire (ou pas) de décrire précisément son environnement pour le bénéfice du lecteur.

.

The Last of the Longhorns – N. Kyme :

INTRIGUE :

Surpris en pleine expédition par une escouade de Gardes renégats, les jumeaux Ratlings Raus & Rein passent un après-midi compliqué. Bien qu’ayant échappé à une exécution sommaire, nos héros sont soumis à un interrogatoire serré et brutal de la part des cultistes, déterminés à mettre la main sur la moitié d’un médaillon que les abhumains ont en leur possession. Seul le médaillon complet permet en effet d’accéder à la crypte que les deux parties souhaitent piller. Devant le stoïque refus des Ratlings de coopérer, et l’avalanche de blagues graveleuses et réflexions mal placées déversées par les nabots en guise de mécanisme de défense (assez efficace, il faut bien le reconnaître), le Psyker de la bande décide d’employer la manière forte, et commence à sonder l’esprit de Raus à la recherche d’informations utiles, le plongeant, ainsi que le lecteur dans les souvenirs d’une journée très particulière pour le Ratling.

Une série de flashbacks nous fait en effet revivre la tragique disparition des Longhorns, ou le surnom que se donnait l’escouade de Snipers à laquelle les jumeaux appartenaient lorsqu’ils servaient dans la Garde Impériale. Menée par le charismatique fumeur de cigares Locke, la bande de petits gars incluait un échantillon de la plupart des stéréotypes attachés aux Hobbits, Halflings et autres Semi-Hommes dans la littérature contemporaine. Nous avons ainsi un benêt consanguin (Munk), un individu tellement porcin que cela a déteint sur son patronyme (Happig), et un incontinent (Fud). Le tableau de chasse est complété par un sourd (Strigg – dont l’idée a sans doute été empruntée à Abnett –) et un selfie guy barbu (Pugal), ne sortant jamais de son trou sans son polaroid. Participant à l’effort de guerre impérial pour reprendre la cité rebelle de Heldum, en compagnie du 69th Cadien et du 87th Vorpese, les Longhorns ont à peine le temps de prendre leur traditionnelle photo d’avant campagne qu’ils se font molester par un commandant de char proprement raciste, et auraient pu, de fil en aiguille et de remarques grivoises en coup de poing dans les parties, se retrouver embarquer dans une bagarre amicale, sans l’intervention décisive d’un Commissaire, qui remet tout le monde à sa place.

Un peu plus tard, et alors que l’escouade s’est scindée en deux afin de mieux apporter la vengeance de l’Empereur aux mécréants de Heldum, une tragédie s’abat sur les Longhorns sous la forme d’un bombardement diablement précis, qui oblitère le bâtiment dans lequel la moitié des Snipers avaient pris position. Ayant récupéré Strigg, seul survivant de la catastrophe, sur le chemin du camp retranché, et remis le blessé aux bons soins du Medicae, les derniers membres valides de l’escouade (Raus & Rein, Pugal et Munk) décident de mener leur enquête, jugeant impossible que la destruction de la planque de leurs camarades ait seulement été due au hasard. Ce qui est un raisonnement discutable quand on l’applique à un champ de bataille, mais passons. Quelle piste suivre, cependant ? Eh bien, comme la main de Strigg, qu’ils retrouvent mort sur son brancard quelques heures plus tard, s’est figée en forme de griffe, nos Hercule Poirot en culottes courtes décident d’aller explorer la station de train nommée Raptora, située en territoire ennemi. Oui oui. Si tous les Ratlings ont tendance à suivre des raisonnements aussi tirés par les cheveux, je m’explique mieux pourquoi la calvitie est si fréquente chez eux. Toujours est-il que nos héros se rendent sur place et découvrent l’épave d’un vaisseau du Mechanicum, à moitié enterré dans un cratère de sa propre création. Certes. Là-dessus se manifestent un peloton de Vorpesiens et une cohorte de Skitarii, eux aussi intéressés par la carcasse. C’est alors que le talent en matière d’intrigue de Kyme éclate au grand jour : par le plus grand des hasards, Rein réalise que le signe laissé par Strigg ne désignait pas du tout la station Raptora, mais la marque, en forme de griffe, que le Commissaire qui avait précédemment morigéné les Longhorns, et qui mène à présent les soldats vers le front, a sur la joue. C’est donc lui le méchant, et le fait que les Ratlings soient là précisément au moment où lui et ses hommes trahissent le Mechanicus, est donc un énorme coup de bol.

Fort heureusement, la suite de la nouvelle sera beaucoup moins compliquée, et donc un peu plus logique. Ayant été témoin de l’exécution des Skitarii par les traîtres Vorpesiens, les Longhorns, piégés entre les lignes ennemies et les renégats, décident de vendre chèrement leur vie. Finalement réduit à sa plus simple expression (Raus & Rein), l’escouade de Snipers parvient à revenir jusqu’au camp impérial, où Vorpesiens et Cadiens sont en train de se mettre sur le coin du museau, et à voler un vaisseau laissé à l’abandon pour quitter la planète, faisant ainsi la connaissance de UR-025, qui squattait dans la soute.

Se pose alors la question de savoir à quoi cette longue digression a servi, étant donné que la sonde psychique avait pour but de trouver la localisation d’une moitié de médaillon. Eh bien, le Psyker en charge de l’interrogatoire, jugeant la situation vraiment trop bizarre (et on le comprend), part en syncope, et se fait exécuter par le chef des cultistes, qui se trouve être… le Commissaire de Heldum. Encore une heureuse coïncidence. Tirant un nouveau deus ex machina de son clavier, Kyme décide qu’il existe une salle appelée Raptora dans la Forteresse Noire, et que c’est là que la relique a été cachée par les Ratlings. Ce qui est… bien le cas (rendu à ce point-là, je ne pense pas qu’il soit encore utile de poser des questions). Seulement, comme la salle en question est un capharnaüm de déchets technologiques, les recherches s’annoncent longue et ardues pour les renégats… jusqu’à ce qu’UR-025 émerge d’une pile de ferraille où il s’était caché, et crible de balles les méchants. « On est plus à ça près, mais il y a-t-il une raison logique à ce retournement de situation ? » vous entends-je hoqueter derrière votre écran. Pour le coup, oui : Raus avait consciencieusement appuyé sur l’émetteur caché dans un anneau qu’il portait au doigt au début de la nouvelle, ce qui était apparemment le signal qu’attendait l’homme de fer pour aller prendre position dans la salle en question, en attendant que les ravisseurs des jumeaux s’y rendent eux-mêmes1.

Terminons rapidement avant de sombrer dans la démence : une fois les bad guys refroidis, les Ratlings récupèrent les deux moitiés du médaillon (la leur ayant été confiée à UR-025), ouvrent le coffre (qui se trouvait être dans la même pièce, comme c’est pratique), et s’empare du sceptre géomantique qui y repose. Cette relique aurait le pouvoir de contrôler l’activité architecturale de la Forteresse, ce dont le Commissaire comptait tirer parti pour… arrêter de déménager aussi souvent. Chacun a ses raisons, que la raison ignore. Ce trésor entre leurs mains, Raus & Rein n’ont rien de plus presser que de le balancer dans une crevasse, insistant que cette mission particulière avait uniquement pour but de venger les Longhorns. Ce qui ne les empêche pas de finir la nouvelle en se mettant en chasse du même sceptre qu’ils viennent littéralement de jeter dans un trou ( !?!). Comme disent les chats qui marchent sur les claviers d’ordinateur : « è’ç_b « évt_crnuaxupéanuçèé(-« çé. Je ne vois pas de meilleure façon de clôturer ce résumé.

1 : En filigrane, cela voudrait aussi dire que Raus & Rein savaient que le Commissaire en question était dans la Forteresse Noire, et on tout manigancé depuis le départ pour lui faire payer un crime que Kyme ne prend même pas la peine d’expliquer. On ne saura en effet jamais pourquoi le Commissaire a orchestré le bombardement de la planque des Longhorns, ni pourquoi il a assassiné Strigg sur son lit d’hôpital. Guère surprenant, mais je ne pouvais pas laisser filer Kyme à aussi bon compte.  

AVIS :

Kyme se sursouspasse avec cette nouvelle, qui partait pourtant d’une bonne intention (explorer le background de personnages centraux de Blackstone Fortress) et aurait pu s’en sortir de façon bien plus convaincante si son auteur n’avait pas accouché d’une intrigue bien trop complexe pour ses capacités en la matière. Une simple série de flashbacks aurait pu faire l’affaire, et éclairer le lecteur sur les origines des frangins Ratlings, ainsi que sur leur rencontre avec UR-025, mais il a fallu que Nick Kyme opte pour un deuxième axe narratif, raccordé avec les pieds au premier, et ruine ainsi toute crédibilité de sa soumission, et avec elle, tout le plaisir qu’aurait pu avoir le lecteur à prendre connaissance de cette dernière. Car même en admettant que le fan de la BL moyen ne place pas de grandes attentes en termes de construction narrative dans ce qu’il/elle lit, la multiplication des WIJH (Well, It Just Happened) finira très probablement par le/la sortir totalement de l’histoire. Pourquoi en effet faire l’effort de suivre une intrigue qui n’est pas régie pas les bases les plus élémentaires de la logique ? Bref, un nouvel accident industriel pour Kyme, que ses supérieurs à la BL feraient bien d’inscrire à une formation writing skills dans le cadre de son évolution professionnelle.

.

***

Et voilà qui conclut cette revue de ‘Blackstone Fortress: The Omnibus’, ouvrage copieux mais un peu trop « plat » pour être placé au panthéon des publications de la Black Library. Bien sûr, il faut garder en tête que toutes les histoires rassemblées dans ces pages n’avaient que vocation de donner du relief à un jeu stand alone, et pas de résoudre une intrigue majeure du lore de 40K, mais le côté décousu et gratuit des nouvelles passées en revue est assez évident, et pas vraiment gratifiant pour le lecteur. On pourrait me répondre que les romans de Hinks sont peut-être plus satisfaisants de ce point de vue-là, mais il faudrait me payer pour que je daigne passer le temps nécessaire à leur lecture et critique. Si cela vous intéresse, vous pouvez laisser un commentaire : après tout, je ne suis qu’un mercenaire comme un autre…

DIRECHASM [AOS]

Bonjour et bienvenue dans cette revue de Direchasm, recueil de 11 nouvelles consacré à l’exploration et l’enrichissement du background de la franchise GW la moins « réceptive » à ce genre d’attention : Warhammer Underworld. Qualifiez-moi de vieux reac si vous le souhaitez, mais j’ai en effet tendance à considérer que les adjectifs « compétitif » et « fluffique » comme étant antonymiques. De ce fait, voir la Black Library sortir une anthologie de courts formats centrés sur le jeu de figurines compétitif ultime (si on en croit la pub qui en est faite), m’a de prime abord semblé très contrintuitif, pour ne pas dire absolument bizarre. La suspicion ayant fini par tourner à la curiosité, renforcée par la présence au sommaire d’un certain nombre d’auteurs peu ou pas familiers d’Age of Sigmar (Danie Ware, Thomas Parrott, Nicholas Wolf, Gary Kloster et Denny Flowers), ainsi que le contenu totalement inédit de cet ouvrage, j’ai donc sauté le pas et pénétré à la suite d’innombrables bandes d’aventuriers dans les ténèbres du sous-sol des Royaumes Mortels. Attention à la marche.

Sommaire Direchasm (AoS)

Je préfère préciser ici que je me suis attelé à cette lecture avec une connaissance très rudimentaire de Warhammer Underworld et de ses extensions, aussi bien en termes de jeu (jamais pratiqué) que de place au sein du background d’Age of Sigmar. Mon seul point de référence récent étant Warcry (qui a également bénéficié d’une couverture narrative), je m’attendais à ce que chaque nouvelle soit centrée sur une bande en particulier, et que l’intrigue tourne en général autour d’un affrontement avec un ou plusieurs rivaux, afin d’illustrer le gameplay de Warhammer Underworld1. Rien de particulièrement novateur, ni de prime abord passionnant, mais ce cahier des charges strict permettrait au moins de juger tous les auteurs convoqués sur un pied d’égalité, afin de faire émerger le ou la champion.ne de Direchasm après cette joute littéraire sans merci. C’est donc en « touriste expérimenté » que j’ai ouvert ce bouquin, prêt à découvrir les us et coutumes d’un monde inconnu, mais également à souligner sans pitié les errements de construction, de style et de fluff, comme pour tout autre publication de la BL. Dans le doute, toujours revenir aux fondamentaux.

1 : J’espérais aussi que les références à des cartes d’action ne soient ni trop nombreuses, ni trop cryptiques, même si je suis le premier à apprécier les références cryptiques quand je lis de la fiction.

Direchasm

.

The Mountain’s Call – G. Lyon :

INTRIGUE :

À la lueur des lunes de Ghur, une chasseresse humaine – qui n’a pas de nom et que nous appellerons donc Chantal – arrive dans les ruines d’une ancienne cité sigmarite, détruite depuis longtemps. Elle a à peine le temps de s’émerveiller devant les bas reliefs décorant la tour centrale de la ville abandonnée, et qui racontent le glorieux ragequit de Sigmar à la fin de l’Âge des Mythes, qu’un portail des Royaumes s’ouvre devant elle. N’écoutant que sa prudence, elle se cache derrière une pierre pour éviter de se faire repérer par les quatre (cinq si on compte le hibou) individus qui pénètrent en Ghur par cette ouverthur. Il s’agit des (presque) célèbres Purificateurs de Myari, venus dans le Royaume de la Bête pour tenter de calmer la Beastgrave. Les rêves du mage à catogan qui dirige la petite bande l’ont en effet averti que l’esprit de cette montagne risquait de s’éveiller, avec des conséquences aussi floues que terrible pour Hyish. Ces songes troublés ont apparemment convaincu Teclis de laisser partir son sous-fifre avec quelques copains (le Stoneguard Bahannar, la Sentinelle Senaela et la Je-N-Ai-Pas-D-Entrée-Dans-Le-Battletome-Mais-Je-Ressemble-Fortement-A-Un-Maître-D-Epee Ailenn), pour aller…heu, purifier le massif. On leur souhaite bonne chance.

Chantal, qui a révélé sa présence d’un sonore « c’est diablerie ! » lorsqu’elle a vu que Myari se déplaçait en flottant au dessus du sol1, croit sa dernière heure arrivée. Cette bête bête ne fait en effet pas la différence entre un Idoneth et un Lumineth, qui sont pourtant deux sous espeth différentes, comme le fait remarquer Bahannar2. Les nouveaux venus ne veulent aucun mal à la pauvrette, et acceptent même de lui filer un coup de main pour traquer la bête qui a massacré son village3, et dont elle a suivi la trace jusqu’ici, en échange d’une excursion guidée jusqu’à la Beastgrave. Tope là c’est entendu. En bon leader incompétent, Myari envoie ses guerriers chercher des empreintes de la bestiole dans les ruines, pendant qu’il reste à tailler le bout de gras avec Chantal. Bien évidemment, le monstre (une sorte d’araignée géante avec des aiguilles à tricoter à la place des pattes) profite de l’éloignement relatif – une heure à l’aller, cinq minutes au retour – des Aelves pour passer à l’attaque. Et bien évidemment, Myari se révèle trop coriace pour le nuisible, et tient la baraque assez longtemps pour permettre à ses gardes du corps de revenir terrasser le mob. Ceci fait, il est grand temps de partir pour Beastgrave.

Pendant que les cinq pèlerins cheminent jusqu’au piedmont, nous faisons la connaissance de leur contrepartie maléfique : l’Effroyable Parade (Dread Pageant) du Champion de Slaanesh Vasillac le Doué. Il y a là le Slangor Slakeslash, l’archer Hadzu et la vougière Glissete, qui s’amusent comme des petits fous dans les tunnels de la Beastgrave. Sur place depuis longtemps, ils ont vite réalisé que les énergies magiques de la montagne ramenaient à la vie tous ceux qui mourraient sur place, ce qui est une véritable aubaine pour des sadomasochistes comme nos amis. On apprend aussi (un peu plus loin mais je condense), que Vasillac a un grand plan pour réveiller pour de bon Beastgrave, en lui sacrifiant 216 (6x6x6) victimes d’un coup. Ca fait beaucoup de bandes d’Underworlds à neutraliser, même en prenant en compte la Garde Sépulcrale, mais les pervers ont de la ressource, c’est connu.

Retour sur Myari et Cie, qui finissent par arriver à bon port, entrent dans les galeries et… se perdent. Car notre bande de fiers Lumineth (+ Chantal) n’avait pas de plan précis pour mener à bien sa mission. Ca fait un peu tache, si je peux me permettre. Heureusement, l’endroit est animé et les Aelves ne tardent pas à faire leur première rencontre : la Grymwatch du Duc Crakmarrow. Entre les chauves souris par paquets de douze et les Goules véhémente, nos combattants d’élite se trouvent en mauvaise posture, jusqu’à ce que Vasillac et ses punks débarquent. Crakmarrow finit écrasé sous un rocher, et ses séides mis en déroute, mais l’aide des Slaaneshi a un prix élevé pour les Hyishiens : Chantal finit étripée par Slakeslash, et Bahannar se fait capturer après s’être fait assommer par Hadzu. Je répète : un Stoneguard aguerri en armure lourde s’est fait surprendre et assommer par un archer en tutu. Je ne sais pas s’il revient aussi à la vie ici, mais le respect est bel et bien mort.

Pendant que Bahannar se fait torturer pour expier sa nullité crasse, ce qui ne l’émeut pas plus que ça, Chantal revient « miraculeusement » à la vie quelques heures plus tard, ce qui surprend ses compagnons d’infortune4 mais leur fait comprendre que le terrain est vraiment spécial. Ils partent alors à la recherche du Stoneguard, qui se lance Force Tectonique sur lui-même, beacause why not, se libère de ses liens, fracasse Hadzu qui essayait de le faire réagir à ses tortures en lui jouant les sketches du spectacle d’Arthur, et s’en va en petite foulée vers… loin d’ici (toujours pas de plan, ça fait plaisir). En chemin, il croise un golem de roche, décide de faire demi-tour pour le guider vers le QG de Vasillac, sur lequel il tombe littéralement au détour d’un couloir. Pendant que les Slaaneshi sont occupés à concasser de la caillasse, Bahannar trouve le journal intime de Cadillac, le lit (eh oui), vomit, escalade une paroi, et décide de faire de la slackline sur une chaîne incrustée de squelettes. Si vous avez l’impression de suivre le compte rendu d’une partie de D&D dirigée par un MJ très peu concerné, c’est normal. Ces péripéties confusantes laissent au moins le temps à Miyari et ses copains d’arriver dans la salle en question, et l’Effroyable Parade leur tape dans la main comme au catch pour les laisser gérer le golem pendant qu’eux se cassent. Ou quelque chose comme ça. Le salut, ou en tout cas la diversion, viendra du mage au hibou, qui claquera tous ses points de mana pour invoquer un élémental de pierre, permettant aux Aelves et à Chantal de partir discrètement à leur tour pendant que Jean-Pierre et Jean-Roc s’expliquent.

Tout est prêt pour le grand final de la nouvelle, puisque sa malsaine lecture a permis à Bahannar de percer à jour le plan et la planque des chaoteux. Les Purificateurs tentent donc d’interrompre le rituel de Vasillac, en engagent enfin la bande adverse (Hadzu a ressuscité pour l’occasion). Bilan des courses : Bahannar tue (à nouveau) Hadzu, Ailenn tue Slakelash mais se fait tuer par Glissete. Chantal décoche un magnifique throatshot enflammé à Vasillac, mais se fait brûler au troisième degré par la flèche elfique qu’elle avait emprunté à Senaela (qui ne sert absolument à rien – qui a dit que les Sentinelles Lumineth étaient pétées ? –), puis étriper par Vasillac en représailles, avant que Myari ne décapite sa Némésis d’un revers de son bâton à anneaux. C’est dire s’il a tapé fort. Cette victoire indéniable calme un peu la montagne, mais les Aelves ont compris qu’ils ne peuvent pas quitter les lieux (Chantal semble définitivement morte, elle), et prennent le parti de rester sur place pour empêcher Vasillac (qui ressuscite lui aussi à la toute fin de la nouvelle) de recommencer à faire des sournoiseries. 

1 : Un pouvoir bien cool, qu’il n’utilisera plus du tout par la suite. Allez savoir pourquoi.
2 : Qui ferait mieux de ne pas la ramener car son pouvoir spécial de sentinelle endormie n’envoie pas du rêve.
3 : Les Lumineth croient que cette rencontre n’est pas le fruit du hasard, mais une conjuration de Teclis. Ce qui voudrait dire que le noble et lumineux mage suprême a planifié la destruction d’un village humain pour obtenir un sherpa pour ses acolytes. Pas très Charlyish ça.
4 : Qui en profitent pour lui demander son nom (ils n’avaient pas pensé à le faire avant sa mort…). Elle ne répond pas mais ça en dit long sur le degré de compassion et d’altruisme des Lumineth.

AVIS :

Mes attentes étaient modérées pour une nouvelle de commande mettant aux prises les deux bandes de la boîte Direchasm, mais Graeme Lyon n’a pas rempli sa (faible) part du contrat avec ce ‘The Mountain’s Call’. Il n’y a pas grand-chose d’intéressant, ni sur le fond, ni sur la forme, dans ces péripéties mal rythmées et erratiques, commises par des personnages auxquels on a bien du mal à s’attacher (particulièrement les Aelves, qui ne sortent jamais de leur stéréotype de nobles-mais-distants-êtres-de-lumière). Le dernier tiers du récit m’a paru particulièrement peu maîtrisé, l’intrigue se résolvant d’elle-même grâce à la toute puissante magie des coïncidences (en même temps, ça a l’air d’être la spécialité de Teclis, donc on peut considérer que c’est fluff), perdant petit à petit toute crédibilité et tout intérêt pour un lecteur de plus en plus blasé. Je dois ici reconnaître que je n’étais pas au courant des pouvoirs de régénération apportés par Beastgrave, qui sont certes pratiques pour justifier la présence récurrente de bandes nommées dans le jeu de figurine, mais un « tue l’intrigue » absolu pour la mise en scène d’œuvres de fiction. Quand personne ne peut vraiment mourir, à quoi bon s’intéresser au devenir des personnages, qui seront libres de « retenter leur chance » jusqu’à parvenir à leur fin ? Sans même un peu de fluff à se mettre sous la dent, la récolte est maigre pour cette nouvelle.  

.

Last Rite of the Hag Queen – D. Lucas :

INTRIGUE :

La sortie entre filles/femelles (comment qualifier une Melusai ?) organisée par la Hag Queen Morgwaeth la Sanglante jusqu’à Beastgrave est en train de virer en jus de boudin. Et pas au sens propre, notez bien (normal que le sang coule à flot quand les fifilles de Khaine entrent dans la danse), mais au sens figuré. La raison de l’ambiance délétère qui menace de diviser un groupe jusque là uni est assez simple : l’incapacité notoire et démontrée de Mo’ d’emmener son équipe jusqu’au Fragment de Khaine que Morathi les a envoyés chercher dans la montagne de Ghur. Le dernier accrochage en date avec une bande d’Hédonites plus démonstratifs que dangereux a en effet ouvert la voie vers une tombe prometteuse… mais qui s’est révélée être totalement vide. Pour ne rien arranger, une trentaine de Slaaneshi en rut s’est manifestée pour menacer les arrières des Furies, ce qui est une perspective terrifiante (et interdite au moins de 18 ans) quand on y réfléchit deux secondes. Fort heureusement, les pouvoirs conférés à Morgwaeth par son statut de Mémère Mégère Vénère (la seule traduction française acceptable de Hag Queen, si on me demande mon avis) lui permettent de faire s’effondrer le tunnel par où arrivait les importuns, laissant le Clan de la Lame (Blade-Coven) vaquer à ses occupations.

Ce n’est qu’un pis aller pour Morgwaeth, qui sent et voit bien que son autorité naturelle est en train de s’effriter. Si le niveau de bitcherie de ses deux Witches, Lethyr et Kryssa, ainsi que celui de sa Sœur du Massacre Kamyss, sont encore à un niveau raisonnable, on ne peut pas en dire autant de celui de la Melusai Blood Stalker de la coterie, la (naturellement) fourbe Kyrae. Ainsi, lorsque leur chef leur donne l’ordre de se séparer pour explorer les différentes intersections d’un carrefour, Kyrae pousse un grand soupir sifflant en levant les yeux au ciel, en mode « nan mé halo kwa1 » assumé. Isolée de ses subalternes par la force des choses, Morgwaeth a tout le temps de débattre avec elle-même de sa situation peu enviable, des imprudences passées qui ont probablement conduit à son exil (elle a eu l’audace de critiquer publiquement Morathi, et pas qu’une fois), et des solutions qui s’offrent à elle pour regagner son statut écorné par l’échec. Mais cette voix froide et cassante qui résonne et raisonne dans son crâne, est-ce bien sa conscience (professionnelle), comme elle le pense, ou un tour pendable que lui joue Beastgrave ? Qui peut dire de quelles fourberies la Montagne qui Dort est capable…

Mo’ a toutefois de la chance dans son malheur car son boyau finit par l’amener jusqu’à une corniche surplombant une salle où quatre Orruks et trois Ogors s’affairent à déblayer un éboulis. Enfin, les Orruks travaillent pendant que les Ogors regardent, ce qui est dans l’ordre naturel des choses, et si les Peaux Vertes ne sont pas d’accord, c’est même tarif (avec une baffe en plus). Tout cela est rendu plus intéressant pour la Matriarche lorsqu’un coup de pelle enthousiaste libère l’accès de la salle suivante, qui exhale un subtil fumet de tripoux avarié. L’odeur caractéristique de l’aftershard de Khaine, pour sûr, et une nouvelle occasion inespérée pour Morgwaerth de remonter le moral des troupes.

Le retour au bercail, s’il se fait en courant de la part de notre héroïne, est toutefois accueilli froidement par ses plus si fidèles que ça harpies. Profitant de l’absence prolongée de sa suzeraine, Kirae s’est en effet mis à siffler dans les oreilles de ses camarades, et a réussi à convaincre Lethyr de rejoindre sa cause. Ces dissensions ne pouvant plus être ignorées, Morgwaerth accepte d’affronter la Melusai en duel rituel pour mettre une fois pour toutes les choses au clair et prouver à son monde que c’est elle qui porte la culotte le string clouté. Dans la plus grande tradition des affrontements décisifs, la protagoniste commence par avoir le dessous, et se retrouve en fâcheuse posture, à un doigt de se faire poinçonner la brioche par une dague chargée à bloc d’énergie mystique. Qu’à cela ne tienne, la Sanglante utilise un life hack littéral pour siphonner en douce la force vitale emmagasinée par Kirae dans son coupe chou de fonction, et qu’elle réservait plutôt à Morathi en honnête Stalker qu’elle est. L’overdose de sangria qui manque de lui liquéfier le cerveau permet cependant à la Hag Queen de remporter son combat en balançant la couleuvrine sur le mur de la caverne, ce qui met tout le monde d’accord… au moins pour le moment. Il est donc temps pour le Clan des Chipies de reprendre sa quête : je connais des Ogors qui vont se faire méchament crêper le chignon2.

1 : Une antique imprécation khainite, peu facilement traduisible dans notre langue grossière.

2 : Je n’inclus pas les Orruks, qui sont chauves comme chacun sait.

AVIS :

Nouvelle sympathique de Dale Lucas, qui présente de façon romancée et assez prenante le background du Clan de la Lame de Morgwaerth, en n’hésitant pas à prendre un peu de distance et en convoquant Morathi pour un petit cameo (deux bonnes idées) pour ce faire. On peut savoir gré à l’auteur d’être parvenu à instiller un peu de suspense dans son récit, en faisant sourdre la mutinerie des grognardes de Hagg Nar contre leur supérieure hiérarchique, et d’avoir utilisé de façon bien sentie les effets délétères de Beastgrave sur la psyché de ceux qui y pénètrent. La montagne est elle vraiment capable d’influencer l’esprit de ses hôtes, où est-ce seulement la paranoïa naturelle des Aelves qui parle ? Le mystère reste entier et c’est très bien comme ça. En conclusion, une belle entrée en matière pour Morgwaerth et ses filles, qu’on aurait presque envie de suivre plus amont dans leur quête du Khlou du spectacle.

.

The Gnawblade – D. Flowers :

INTRIGUE :

Skritch Spiteclaw est un chef de meute Skaven avec un talent très spécial : la détection d’artefacts imprégnés de malepierre. Cette aptitude enviable l’a par exemple mené à acculer un Homme-Bête portant une amulette que notre pusillanime héros lui enviait, et qu’il finit par récupérer sur le cadavre de son adversaire après que ses trois derniers Guerriers des Clans valides soient vaillamment morts au combat pour leur boss. Fort heureusement, nous sommes à Beastgrave, où le turn over est rapidement compensé, comme Skritch le sait bien. Tout ce qu’il a à faire pour s’assurer de sa main mise sur ses hordes rongeuses fraîchement ressuscitées est de leur fournir un buffet d’accueil pour qu’ils évacuent leur fringale passagère, et de demander à son garde du corps attitré, Krrk le Presque-Confident de tailler des croupières aux plus belliqueux des revenants pour asseoir son emprise sur la meute. Une cérémonie d’accueil que notre héros maîtrise sur le bout des griffes.

On découvre bientôt que la babiole luisante récupérée par Skritch n’a pas une simple valeur esthétique, mais est également imbue de la présence d’un authentique Verminlord Warpseer, qui invite le chineur à moustaches à une petite visite onirique/cauchemardesque du champ de ruines qui lui sert de permanence. Le rencard est intéressé, comme toujours avec les Skavens, car le démon souhaite mettre Skritch sur la piste d’un authentique incunable : la Rongelame de Vile-Mort (Gnawblade of Fell-Death), forgée à l’origine pour occire Sigmar en personne, dans la plus grande tradition théocidaire des hommes rats1. Une arme tellement toxique qu’elle a fait un trou dans la réalité pour finir sa course dans une caverne de Beastgrave, et attend depuis qu’un porteur assez ignoble s’en saisisse. Et ce porteur, ce sera Skritch, bien évidemment.

Les jours passent, les tunnels se creusent, et la horde vermineuse finit enfin par toucher au but, guidée par l’instinct infaillible de son commandant et le renforcement progressif des radiations débilitantes de la Rongelame. Comme rien n’est jamais facile dans les Royaumes Mortels, les ratons devront négocier non pas une, mais deux autres bandes rivales (Orruks et Stormcast Eternals), fort heureusement déjà occupées à se claquer le beignet à leur arrivée, pour accéder au butin. Ou plutôt, Skritch laisse ses sbires ralentir l’adversaire le temps qu’il puisse se saisir de la relique… qui lui donne aussi sec un debuff de Force et d’Endurance. Une grosse arnaque ? Pas tout à fait, car le contact avec la magie fulgurante des armes de sigmarite des Stormcast « met en marche » la Rongelame, qui se met à siphonner les batterie arcaniques aux alentours au profit exclusif de son porteur. Résultat des courses, Skritch devient proprement invulnérable, inarrêtable, insécable et injouable pour l’adversaire, ce qui est tout aussi bien car toute sa clique a rencontré une mort violente à l’arrière plan (même KrrK a rendu son tablier). Cependant, dans la grande tradition Skaven, le triomphe final du héros est contrecarré au dernier moment par un détail trivial, ici un Aetherwing kamikaze qui distrait suffisamment longtemps le maniaque pour permettre aux envoyés de Sigmar de mettre au point une nouvelle stratégie. Ramassant les armes pourraves de leurs adversaires défunts pour éviter de recharger la Rongelame, les colosses en sigmarite parviennent à désarmer le champion du Rat Cornu, qui voit avec désespoir son couteau à fromage maudit tomber dans une faille de Royaume, en mode Athame automatique (automathame ? Athamatique ? le mystère demeure). Un tel événement n’est pas sans s’accompagner de répercussions géologiques notables, et l’effondrement de la caverne permet à Skritch de tirer sa révérence… mais pas d’échapper au courroux de son commanditaire. Car à Beastgrave, les morts ne le restent jamais longtemps, et sans buffet froid pour calmer la faim de ses séides revenus d’entre les morts, c’est notre héros qui va devoir donner de sa personne…

1 : Flashback pédagogique sur l’exemple de Nagash dans le Monde Qui Fut à l’appui. Pas sûr que Skritch ait compris la référence, mais sympa pour le lecteur.

AVIS :

Avec seulement deux personnages nommés à se mettre sous l’incisive (une caractéristique de la bande de Skritch), Denny Flowers rend une copie honnête mais pas transcendante avec cette histoire de quête d’artefact de pouvoir typiquement Skaven (l’artefact et la quête). Le petit clin d’œil au Monde Qui Fut est appréciable, comme l’ajout au background que représente la Rongelame ayant donné son nom à la nouvelle, mais l’ensemble s’avère correct plus qu’enthousiasmant. On est encore assez loin de la maestria murine développée par C. L. Werner ou Robert Earl, même si les bases sont là : à retenter un peu plus tard, et avec une soumission un peu plus ambitieuse, pour voir ce que ça donne.

.

Claws of Famine – M. A. Drake :

INTRIGUE :

Assiégée pendant un hiver par une harde d’Hommes Bêtes en maraude, la garnison de Gryphon Watch a connu des heures sombres et affamées avant que le noble roi Ghorphang ne vienne mettre en déroute les viles créatures à la tête de son armée. Et pendant que le monarque donne la chasse aux mutants, il revient au Duc Crakmarrow et à ses chasseurs expérimentés de ramener la tête de l’instigateur de l’attaque, un Chamane bestial (despoiler alert : it’s Grashrak) s’étant enfui en direction de Beastgrave lorsque la siège a été levé. Nous suivons particulièrement la traqueuse Valreek, dont le sommeil reste perturbé par des cauchemars récurrents des terribles mois de lutte et de famine qu’elle a vécu avant le retour du roi™. Ces songes agités ne remettent cependant en rien en cause sa détermination à rendre justice aux nombreux compatriotes qu’elle a perdus dans cette épreuve, et elle guide donc ses compagnons (le Duc et son garde du corps Gristlewel, l’Emissaire de la Nuit, le Boucher Royal et Maître Serre et ses oiseaux de proie) sans trembler dans le dédale souterrain où leurs proies se sont réfugiées.

Si la chance commence par sourire à la Grymwatch (le nom trop kioul qu’ils se sont donnés), qui rattrape rapidement les traînards de la bande adverse, occupés à repêcher un cadavre pas trop abîmé d’une des nombreuses flaques d’ambre qui parsèment les cavernes de Beastgrave, les choses se compliquent méchamment par la suite. L’arrivée du Chamane et d’un Gor particulièrement costaud sur les lieux de l’affrontement contraint Valreek à battre prudemment en retraite lorsque l’Homme Bête la prend pour cible, ce qui l’isole du reste de ses compagnons. Bien qu’elle parvienne à se débarrasser de son agresseur en le faisant tomber dans un gouffre d’un jet de coutelas bien placé, la fatigue, la faim et le stress accumulés au cours des derniers jours la plongent bientôt dans un sommeil agité, où elle revit à nouveau la fin du siège de Gryphon Watch, juste avant que les renforts ne viennent renverser le cours de la bataille. Et, surprise, ce ne sont plus des Hommes Bêtes qui massacrent les prisonniers humains dans la grande salle de la citadelle, mais une horde de cannibales dégénérés…

Début spoiler…Sous l’emprise de Beastgrave, Valreek va passer une semaine à errer dans les tunnels de la montagne, cherchant à retrouver ses compagnons mais se sentant également traquée par une bande de Goules, qu’elle essaie déspéremment de distancer. Elle est sur le point de mourir de faim lorsque la Grymwatch la localise enfin, et que le noble Krakmarrow lui fait boire un peu de son sang pour la remettre sur pied. Requinquée par ce bon coup de rouge, Valreek peut prendre place sur la feuille de match du grand final de la nouvelle, qui voit les traqueurs se faire embusquer par les Hommes Bêtes dans une salle recouverte de miroirs d’ambre. Dans la confusion de la bataille, notre héroïne se mange le bâton du Chamane en pleine poire, ce qui lui fait voir 36 chandelles… et lève temporairement le voile de folie qui lui obscurcissait les sens. Elle voit alors ses compagnons pour ce qu’ils sont vraiment, c’est-à-dire un ramassis de Goules pas vraiment recommandables, se rend compte qu’elle ne vaut pas mieux qu’eux, et se souvient du véritable déroulé du siège de Gryphon Watch, qui s’est terminé en orgie sanguinaire lorsque les nécrophages de Ghorphang ont submergé les défenseurs. Tenaillée par la faim, Valreek a accepté l’offrande de viande que le Vampire a présenté aux prisonniers humains, scellant ainsi son sort et la transformant à son tour en monstre.

Cette triple révélation étant aussi dure à avaler qu’un bout de cadavre en putréfaction, Valreek accueille avec soulagement la flèche d’Ungor qui met fin à sa vie alors que la bataille est sur le point d’être remportée par la Grymwatch. Toutefois, comme rien ne meurt vraiment à Beastgrave (air connu), elle a la surprise de se réveiller un peu plus tard, ses camarades à son chevet. Heureusement pour elle, son trouble de la personnalité semble s’être totalement dissipé, et elle est à nouveau convaincue d’être une honorable (et pas du tout à poil) chasseresse, au service du grand et beau et noble (et chauve) Duc Krakmarrow. Ce dernier lui apprend d’ailleurs que son auguste majesté Ghorphang a donné, par pigeon interposé, de nouveaux ordres à ses loyaux serviteurs : s’assurer que le cadavre du monstre que le Chamane voulait réveiller dans les profondeurs de Beastgrave ne vienne pas menacer les paisibles sujets de son royaume. Une nouvelle mission pour la Grymwatch, qui saura se décarcasser pour l’amour de son suzerain…Fin spoiler

AVIS :

On commence à voir émerger un sous-type de nouvelles mettant en vedette les Flesh Eater Courts, et jouant sur les illusions dont se bercent les membres de cette faction, dans lequel on peut parfaitement ranger ce ‘Claws of Famine’ (je pense également à ‘He Feasts Forever’ de Lora Gray). Pour un lecteur un peu au fait de l’historique de cette faction, ou simplement du visuel de la Grymawtch, la révélation apportée par Drake au cours de l’histoire ne sera pas absolue, mais l’auteur parvient cependant à mettre en scène de façon prenante la réalisation, graduelle, délirante et douloureuse, de son héroïne qu’il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark, ce qui rend cette nouvelle assez intéressante à lire (plus que la moyenne des soumissions de ‘Direchasm’ en tout cas). Il s’agit d’une bonne illustration romancée de la lubie persistante qui frappe les cannibales naturistes d’Age of Sigmar (une des meilleures trouvailles de Games Workshop en termes de lore à mon humble avis), venant s’appuyer sur les éléments saillants du fluff de Beastgrave (les effets délétères de la montagne, l’ambre qui suinte de la moindre fissure, l’immortalité de fait des combattants), mais n’hésitant pas à avancer d’autres idées pour enrichir l’intrigue et le développement de cette dernière. Une offrande solide de la part de Miles A. Drake.

.

The Chains of Fate – N. Wolf :

INTRIGUE :

Après des centaines d’années, et autant d’échecs patentés et de morts honteuses, à tenter de relier Shadespire aux Tours d’Argent de leurs patrons Gaunt Summoners, les Yeux des Neuf se retrouvent catapultés dans Beastgrave à l’insu de leur plein gré. Pendant que son maître, le Magister Vortemis, fait style qu’il avait prévu ce changement de décor pour maintenir son image de profond devin auprès des acolytes Narvia et Turosh, le Tzangor K’Charik, à travers les yeux duquel cette histoire nous est racontée, se met à rêver d’une liberté retrouvée. En effet, si l’immortalité apportée par Shadespire l’avait condamné à une éternité de servitude auprès de Vortemis, dont la mort seule peut libérer l’Homme Bête de sa condition de garde du corps récalcitrant, Beastgrave devrait permettre à notre héros à bec de reprendre son indépendance, une fois que le boss aura mordu la poussière, pas vrai ? PAS VRAI ? C’est en tout cas l’avenir radieux que K’Charik a entrevu dans les entrailles du Kurnothi capturé et sacrifié par les Yeux des Neuf peu après leur arrivée en Ghur.

Les semaines qui suivent voient les serviteurs de Tzeentch errer piteusement dans les boyaux de la montagne, sans évidemment pouvoir reconnaître publiquement qu’ils sont perdus (ce qui serait une faute lourde pour un arcanite). La situation devient tellement critique que Narvia, puis Turosh, font défection à leur patron, croyant pouvoir rejoindre leur ancien terrain de jeu de Shadespire par leurs propres moyens au lieu de poursuivre l’atelier spéléologie avec pépé Vortemis. Mais cela, le Magister l’avait évidemment prévu, comme il avait prévu l’attaque de la Chasse Sauvage de Skaeth1, qui est déclenchée alors que les deux rescapés se trouvent dos à, devinez-quoi, un gouffre sans fond. C’est décidemment le décor favori de ‘Direchasm’.

Ayant bêtement claqué son premier bolt sur le Malkyn de la bande, dans un remake high fantasy de la rivalité entre Titi et Grominet, Vortemis se retrouve rapidement dans de sales draps, et oblige son obligé à s’exposer dangereusement pour venir à son secours. Ne pouvant désobéir aux injonctions de son maître, ni au collier enrouleur magique qui lui enserre la gorge depuis qu’il est entré au service du Magister, K’Charik se débrouille pour venir à bout de ses adversaires, encaisser une volée de flèches, et se placer entre Vortemis et Skaeth, en bon garde du corps qu’il est. Mais en bon garde du corps qui hait (son patron), K’Charik voit surtout les planètes s’aligner et le temps se ralentir alors que sa vision de la mort de Vortemis est sur le point de se concrétiser. Il attaque alors son maître, dans l’exact enchaînement travaillé à l’entraînement… mais ce fieffé coquin de Magister décide de tourner à gauche plutôt qu’à droite, ce qui lui vaut d’être quasi décapité par le Tzangor plutôt que par le Maître de la Chasse. Cette petite improvisation à part, le résultat convient tout à fait à K’Charik, qui ne bénéficie cependant que de cinq secondes de liberté avant que Skaeth ne lui règle son compte à lui aussi. Au moins, cette mort mettra fin à son intreminable service, pas vrai ? PAS VRAI ?

Eh bien, non. Car, comme le chantent les poètes, RiEn Ne MeUrT vRaImEnT à BeAsTgRaVe, et K’Charik émerge bientôt de son coma profond pour découvrir que Vortemis n’a pas eu l’amabilité de décéder. Les deux loustics ont quelques mots durs en salle de réveil, mais peuvent repartir d’un bon pied/sabot une fois leur sac vidé et leur déception bue (pendant que Narvia et Turosh sont condamnés à respawner dans un bloc d’ambre et à étouffer dans leur prison gluante pour expier leur désertion un peu plus loin). Vortemis est en effet convaincu que Tzeentch l’a guidé jusqu’à cet endroit et à cet instant, et reste persuadé de sa capacité à faire basculer Ghur dans le Labyrinthe de Cristal pour la plus grande gloire du Chaos. Un projet comme un autre pour meubler une nouvelle éternité.

1 : Bien aidée dans sa traque des cultistes par les traces de sang laissées à dessein par K’Charik derrière lui, comme un petit poucet suicidaire et hémophile.

AVIS :

The Chains of Fate’ se distingue des nouvelles Warhammer Underworlds sur deux points essentiels : l’emploi d’une narration à la première personne (choix intéressant de Wolf de prendre un Tzangor comme protagoniste), et la bonne dose de second degré qui imprègne le récit. K’Charik voit en effet son boss comme un parfait incapable, et ses collègues de bureau (Narvia et Turosh) comme deux sycophantes aussi carriéristes qu’immatures, ce qui tranche agréablement avec la révérence aveugle habituellement réservée par les cultistes du Chaos à leurs supérieurs. On appréciera également la bonne exploitation que fait l’auteur de l’ancienneté supérieure des Yeux des Neufs par rapport à d’autres bandes de Warhammer Underworlds pour justifier le complot de K’Charik, qui croyait laisser l’immortalité subie de Shadespire derrière lui à son arrivée à Beastgrave. Tout cela donne un certain charme à ‘The Chains of Fate’, qui, s’il se finit comme la majorité des histoires de ‘Direchasm’ sur une résurrection attendue qui remet les compteurs d’intrigue à zéro, a fait preuve avant cela d’une originalité bienvenue.

.

The Rage of the Mountain – D. Ware :

INTRIGUE :

Gitmob exilé, Rippa Narkbad est arrivé à Beastgrave avec ses deux compagnons d’infortune Stabbit (lancier) et Mean-Eye (archer), trois Snarlfangs très malins (ils comprennent vraiment tout ce qu’on leur dit), et des rêves de revanche plein la tête. Son objectif dans la vie est de trouver le plus loppest de tous loppas, ce qui passe dans son cas par de multiples, et souvent infructueuses, tentatives de racket à destination des autres bandes qui zonent dans le périmètre. Ce qui suit est son histoire.

La première partie de la nouvelle est consacrée à la préparation de l’embuscade que Rippa souhaite tendre à un trio de Fyreslayers transportant (peut-être1) un loppa digne de lui. Peu aidé par sa sale tendance à psychoter sur le moindre détail de son environnement dès qu’il y pose les yeux plus de cinq secondes consécutives, et par le caractère Looney tunesque de ses sous fifres, qui font foirer consécutivement deux pièges soigneusement préparés2, le grot en chef finit par se rabattre sur le plan C : une prise en tenaille sur un pont étroit surplombant un gouffre hanté (peut-être le même que celui traversé par Morgok dans ‘The Jabberslythe’s Grin’). Laissant la troupe prendre position, il prend la lourde responsabilité d’aller harceler les nabots.

S’approchant à pas de loup de ses cibles, qui chantent ‘Fyre Jacques’ avec une insistance proprement migraineuse, Rippa a la déception de constater que les avortons se sont déjà faits embusqués par une bande de fantômes aussi importuns qu’inefficaces, puisqu’ils se font bannir (ou en tout cas disparaissent) sans blesser le moindre Duardin. La voie étant libre, notre héros commence à arroser les rouquins de flèches, ce qui attire leur attention et attise leur colère de manière certaine. Il est à noter ici que Rippa est un tireur d’élite au talent rare, capable d’atteindre sa cible même juché sur un Snarlfang lancé au galop. Quel gâchis qu’il ne soit équipé que de flèches en mousse, qui se plantent dans la peau épaisse des Fyreslayers sans grand effet sur leur endurance et leur détermination.

La deuxième et dernière partie de l’histoire traite de l’interminable 3 vs 3 qui se déroule sur le pont d’Avignon, étiré sur des pages et des pages par Danie Ware. Je vous fais grâce des péripéties intermédiaires, à l’exception du double bull’s dwarf’s eye obtenu par un Rippa qui a appris à Legolas à bander (UN ARC, EVIDEMMENT), pour vous donner les résultats des courses : victoire 3 à 1 pour les peaux vertes, la chute malheureuse de Stabbit et du mirifique loppa dans l’abysse dans les derniers moments de l’accrochage venant ternir cette autrement belle performance des gobbos. Ceci dit, comme le fait remarquer Mean-Eye à son boss, nous sommes à Beastgrave et une autre chance de récupérer le grisbi ne tardera pas à se présenter, une fois que les PNJs auront eu l’amabilité de ressusciter. Qui sait, cela laissera peut-être le temps de préparer un piège cette fois-ci…

1 : Notre héros bave dessus pendant des pages, mais il n’apparaît pas une seule fois à l’écran (de la liseuse). Si ça se trouve, les nabots revenaient bêtement de la boulangerie avec des baguettes dans leur cabas.
2 : La première plantade est la responsabilité de Rippa, qui fait creuser une fosse de belle taille (trois mètres de profondeur tout de même) à Stabbit et Mean-Eye dans une cuvette qui se remplit d’ambre – on est en Ghur – à vitesse grand V. Le trou se transforme donc rapidement en bassin… et on passe à autre chose.

AVIS :

Je ne me cache pas d’être un sceptique irrepenti de la prose GWesque de Danie Ware, réservée jusqu’à ce ‘The Rage of the Mountain’ aux ténèbres du quarante-et-unième millénaires. Pour être tout à fait franc, je m’attendais à pire que cela (on ne ressort pas indemne des aventures de la Sœur Supérieure Augusta ‘Hold my Faith’ Santorus… surtout si on est un Boss Ork), et doit donc reconnaître que cette nouvelle est une des meilleures de cette auteure qu’il m’ait été donné de lire. Ce qui reste assez peu de chose, finalement. Le propos est en effet assez quelconque, les personnages peu attachants, le déroulé décousu ou « dilué » jusqu’à l’ennui, et le titre sans grand rapport avec l’intrigue. Ce qui fait soit beaucoup, soit peu, pour un texte de moins de vingt pages, selon la perspective que l’on adopte. Histoire de finir sur une note positive, soulignons tout de même que Danie Ware tente, contrairement à la plupart de ses condisciples, de créer une continuité dans l’univers Warhammer Underworlds en mentionnant le nom d’une bande rivale (les Morgok Krushas), ce qui est une attention louable. Mais cela reste tout de même très insuffisant.

.

The Jabberslythe’s Grin – B. Counter :

INTRIGUE :

Morgok est un Boss Ironjawz et un Orruk avec des goûts simples, tels que prouver qu’il est le plus fort (pour le plus beau on repassera), tuer des trucs, et prouver qu’il est le plus fort en tuant des trucs. Cette saine philosophie le conduit assez logiquement jusqu’à Beastgrave, attraction incontournable et haut lieu de l’inculture Ghuresque, où il espère bien mettre le kikoup’ sur un trophée digne de lui. Comme sied à un nabab de sa trempe, il s’est fait accompagner dans sa quête meurtrière par toute sa bande de Boyz, dont le ruzé Thugg et le brutal Ardskull. Et la nouvelle commence bien pour Morgok, puisqu’il arrive à abattre un Jabberslythe particulièrement vicieux, dont la tête fera un très pittoresque presse papier. Il faut maintenant aux survivants se frayer un chemin jusqu’à l’air libre, ce qui est, on s’en doutait un peu, une autre paire de manches.

Car Beastgrave est une montagne possessive, qui accueille tout le monde mais dont peu arrivent à revenir. Galeries mouvantes, précipices à pic, monstres en maraude, illusions plus vraies que nature, mais également bandes rivales : tous les moyens sont bons pour assurer un taux de remplissage optimal, et les Krushas de Morgok sont rapidement mis à rude épreuve. Seul parmi les verts à garder la tête froide, le Boss a fort à faire pour garder ses guerriers dans le rang (façon de parler, bien sûr), et s’il parvient à calmer les visions fiévreuses de Thugg en lui aplatissant le pif d’un fraternel coup de boule, il n’aura d’autres choix que de tuer Ardskull en duel après que ce dernier ait défié son leadership.

Enfin, un doux mais musqué vent de liberté vient souffler sur les crânes chauves des derniers Ironjawz alors qu’ils arrivent à proximité d’une sortie. Cependant, Beastgrave n’a pas dit son dernier mot (ni son premier, si on y réfléchit : les montagnes ça ne parle pas) et a placé une grosse bande de Skavens sur la route des peaux vertes. Dans la bagarre qui s’en suit, Thugg se fait carboniser par une malefoudre peu réglementaire, car jouer un Prophète Gris à Warhammer Underworlds semble un chouilla déséquilibré. La charge chevalorkesque de Morgok pour régler son compte au rat bou gris qui vient de carboniser son second se heurte toutefois à un problème de taille, ou plutôt d’épaule. Démise lors du combat avec Ardskull, cette dernière constitue un point faible que le Skaven exploite brillamment, sa transformation temporaire en Rat Ogre (aucune idée que les Prophètes Gris maîtrisaient ce sort) lui permettant de sonner son adversaire, qui se fait achever par un Assassin sorti des ombres. Cette bande était véritablement cheatée, c’est moi qui vous le dit.

Fort heureusement, rien ne meurt jamais vraiment à Beastgrave, et Morgok, Thugg et Ardskull respawnent naturellement sur leur dernier point de sauvegarde, sans les trophées collectés jusqu’ici cependant. Philosork, le Boss conclut qu’il s’agissait d’un test de brutalité auquel il a échoué, mais qu’il est tout prêt à repasser encore et encore, jusqu’à ce qu’il batte la montagne à son petit jeu. Les Orruks sont bornés, tout le monde sait ça.

AVIS :

Ben Counter trousse en quelques pages une origin story convaincante pour les Morgok Krushas, dont la chasse au gros gibier n’est pas près de s’arrêter. On retrouve bien la philosophie Orruk, un équilibre subtil entre violence débridée, stoïcisme assumé et humour morbide, sous la plume de l’auteur vétéran, avec le Jabberslythe titulaire et grimaçant dans le rôle de la marque de la faaaataaaaaliiiitéééé, à laquelle nul ne peut se dérober. Sans être la nouvelle la plus inspirée ni plus dépaysante de Counter, cette soumission tient bien son rang parmi le corpus de Warhammer Underworlds, et est un bon exemple d’un travail de commande de bon standing.

.

Heart of the Beast – G. Kloster :

INTRIGUE :

Le Chasseur Ogor Hrothgorn s’est aventuré dans le dédale de Beastgrave avec armes et bagages larbins (les Gnoblars Luggit & Thwak, Bushwakka et Quiv), sans oublier sa fidèle Frost Sabre Thrafnir, afin de ramener la pelisse d’une bête fantastique qu’il a surprise au sortir de son bain, et qui s’est enfuie dans les boyaux de la montagne pour échapper au traqueur. C’est le début des ennuis pour l’amateur de gros gibier, qui ne tarde pas à découvrir que Beastgrave n’est pas un terrain de chasse comme les autres, et qu’il est lui-même devenu la proie du massif bestial, ce qui ne lui fait pas du tout plaisir. En plus d’errer depuis des jours/semaines dans les traîtres tunnels de Ghur, Hroth crève la dalle de façon inquiétante (surtout pour ses Gnoblars d’ailleurs), car les seuls adversaires qui croisent sa route sont des squelettes animés qui jaillissent des mares d’ambre parsemant les cavernes et les galeries de Beastgrave, et donc assez peu nutritifs. Voilà qui est fort mesquin.

Fort heureusement, une rencontre fortuite avec les Pillards de Garrek, qui avaient certainement décidé de passer le week-end à la campagne, loin de l’agitation frénétique de Shadespire, donne l’occasion à notre Ogor de se requinquer un chouilla. La crevasse qui sépare les deux bandes joue en effet en faveur de celle qui possède la meilleure puissance de feu, et les carreaux à tête chercheuse et piégeuse de Hrothgorn ont tôt fait de ramener un Khorneux écumant du bon côté de l’abysse. Après avoir cassé la khroute, les belluaires se remettent en chasse, et finissent enfin par rattraper leur proie. S’en suit un combat en trois actes, assez répétitif je dois dire. À chaque fois, le monstre se jette sur la petite bande depuis un trou dans le plafond, Hrothgorn essaie de lui décocher un carreau mais rate (sauf une fois), la bête essaie de lui rouler une galoche avec la langue mais se la fait couper (elle repousse en x+1 exemplaires dix minutes après), et s’enfuit pour aller lécher – façon de parler – ses plaies pendant un quart d’heure.

Ce cycle vicieux finit par s’interrompre lorsque la bête parvient à entraîner Hrothgorn et Cie jusqu’au campement des survivants de Garrek, qui se font ignominieusement défoncer par la team Destruction, sans même réussir à coucher un Gnoblar. C’est Khorne qui doit être fier de ses petits gars1. Cette brève algarade est cependant assez longue pour permettre à la galinette cendrée de Ghur de semer ses poursuivants, ce qui enrage le Chasseur mais lui fait réaliser que son destin est désormais de chasser éternellement sa proie dans les ténèbres de Beastgrave, ou de devenir celle de la montagne. Tant qu’il trouve à grignoter de temps à autres, notre Ogor philosophe ne demande pas mieux.

1 : Mention spéciale à Thrafnir, qui fait un croche patte à Garrek alors qu’il tentait de charger Hrothgorn. Le chef maraudeur finit écrasé comme un cafard sous la semelle de l’Ogor.

AVIS :

Gary Kloster fait le strict minimum avec ce ‘Heart of the Beast’, qui met en scène les Piégeurs d’Hommes de Hrothgorn dans une traque sans surprise ni grand intérêt. Si l’action ne faiblit pas d’un bout à l’autre de la nouvelle, le peu de suspense ménagé par l’auteur dans le déroulé de l’intrigue rend rapidement la lecture rébarbative, tant il apparaît certain que Hrothgorn, en tant que leader incontournable et irremplaçable1 de la bande, est protégé par une armure en scenarium massif (qui s’étend d’ailleurs à ses larbins). Ce sont Garrek et ses pillards qui font les frais de l’invincibilité littéraire et littérale de leurs adversaires, et se transforment en bêtes faire valoir, ce qui est dommage en soi et particulièrement insultant pour des guerriers de Khorne confrontés à des Gnoblars. L’affrontement avec la bête traquée par le Chasseur est pareillement insatisfaisant : non pas parce que la nouvelle s’achève sans que l’Ogor ait pu lui tailler des croupières (ce qui était attendu), mais bien parce que rien de bien intéressant ne s’est passé entre les deux protagonistes, comme leurs trois rounds en mode Ctrl+C/Ctrl+V dans l’octogone le démontrent par l’absurde. Bref, une soumission absolument dispensable, à ranger avec ‘Mountain Eater’ (Andy Smillie) dans les déceptions ogresques de la BL.

1 : Et plutôt culturé, comme ses lignes de dialogue le laissent apercevoir. Ça ne « sonne » pas très Ogor, si je puis me permettre.

.

Halls of Gold – T. Parrott :

INTRIGUE :

Bjorgen Thundrik et ses profiteurs (de guerre) n’ont pas tardé à se rendre compte qu’aller piller Shadespire n’était pas une idée brillante. Echoués dans la cité miroir comme une baleine immortelle sur un banc de sable fragmentaire, les Kharadron ont fait l’horrible expérience de la malédiction katophrane, et sont tous morts et ressuscités plusieurs fois (huit, enfin peut-être, pour Thundrik) depuis leur entrée dans les faubourgs de la ville nagashisée. Alors que la folie qui les guette s’apprête à leur sauter dessus une bonne fois pour toute, et surtout sur Thundrik qui éprouve de grandes difficultés à garder son calme devant les pop up constants des anciens habitants de Shadespire dans le moindre tesson de verre, et leurs demandes incessantes d’éclats de shadeglass. Il n’y a pas écrit La Poste Carglass, non plus, ho.

Aussi, quand un portail vers un ailleurs certes inconnu et potentiellement dangereux, mais qui présente l’immense avantage d’être potentiellement loin d’ici, se met sur leur chemin, nos cinq Duardin (Thundrik, Drakkskewer, Ironhail, Alensen et Lund) n’hésitent pas longtemps avant de tenter leur chance. Il ne surprendra personne que la destination des nabots se trouve être Beastgrave, dont l’ambiance tamisée et nerveuse les change agréablement de la mornitude consommée de Shadespire. Ne sachant pas où ils ont atterri, les profiteurs partent explorer les souterrains, et, ô miracle, trouvent un tunnel qui les conduit à l’extérieur de la montagne. UNBELIEVABLE. Ce qui aurait pu être une série parfaite pour les Kharadron est toutefois interrompue par la mauvaise idée de Thundrik de revenir en arrière pour tenter de dégotter un trésor digne d’être ramené à Barak Narr, un équipage digne de ce nom ne pouvant pas rentrer bredouille au port. Son infaillible sixième sens d’aether chimiste ayant détecté de l’aether or dans l’atmosphère de Beastgrave, et confiant dans la capacité des Duardin de retrouver leur chemin vers la sortie dès que nécessaire, le capitaine convainc son équipage de ne pas l’abandonner, pour l’amour de Gold l’or.

L’intuition de Thundrik commence par payer lorsque la bande découvre dans une caverne un véritable magot laissé à l’abandon. Louche autant que suspect me direz-vous, et vous avez raison. Les Gitz de Zarbag (de vieilles connaissances de Shadespire) zonaient dans le coin et sont tout aussi attirés par le loot repéré par les profiteurs que ces derniers. La négociation à l’amiable que lui impose son adhésion au code des cieux n’ayant rien donné, Thundrik se voit contraint d’employer la manière forte pour défendre ses vues sur le magot, et lorsque la poussière et l’ambre finissent par retomber, il est le seul humanoïde debout. Pire que cela, le trésor que lui avait fait miroiter Beastgrave a disparu à 99% (il reste un petit lingot d’aether or en guise de lot de consolation), tout comme le tunnel menant à la sortie qu’il avait emprunté pour venir. Cela sent l’arnaque à plein nez, mon petit, non ? La nouvelle se termine toutefois avec la réincarnation réglementaire de son équipage, confirmant aux Duardin que comme dans le bouquin de Lampedusa qu’aucun d’eux n’a lu, il fallait bien que quelque chose change pour que tout reste pareil. Ici, le décor. Bienvenue à Beastgrave, moussaillons !

AVIS :

Thomas Parrott traite son sujet avec sérieux et compétence dans ce ‘Halls of Gold’ qui se positionne parmi les meilleures soumissions siglées Warhammer Underworlds que j’ai pu lire à ce jour. Les raisons de cette réussite sont simples et peuvent être résumées par l’expression « contexte & continu ». Parrott prend en effet le temps d’expliquer d’où viennent les profiteurs avant d’arriver à Beastgrave, et comment ils s’y sont pris pour changer d’air, ce que tous les auteurs de la franchise n’ont pas pris le soin de faire, ou pas de façon très détaillée. On a également droit à une mise en scène plus inspirée que la moyenne du « piège » de Beastgrave, c’est-à-dire la réalisation par le héros qu’il est prisonnier de la montagne, sans espoir d’en sortir. Le fait que les profiteurs soient passés à un poil de barbe d’une rédemption miraculeuse, et aient été condamnés par leur avidité naturelle de Duardin, est tellement in character que l’on se doit d’attribuer quelques points de style à Parrott, qui réussit une fusion assez inspirée entre nouvelle d’action med-fan (mention honorable également à l’affrontement entre les deux bandes, qui est nerveux, sanglant, équilibré et plus prenant que beaucoup des échauffourées relatées dans le reste de ‘Direchasm’) et la fable philosophico-fluffique. 15 pages de bonne facture.

.

The Root of Death – C. L. Werner :

INTRIGUE :

Les Wurmspat sont dans la place et prêts à encrasser des bouches. Vomis par le Wyrmaggot que Papy Nurgle a réquisitionné pour leur servir d’Uber Pool jusqu’à Beastgrave, Fecula Flyblown, Sepsimus Plaguesworn et Ghulgoch le Boucher (sans oublier le glaviche – mélange entre un glaviot et un caniche – de compagnie de Fecula) sont en mission sacrée pour le Grand Père, qui s’inquiète de l’immortalité de fait qui frappe les visiteurs de la montagne de Ghur. Si ce mal venait à s’étendre à travers le Royaume de la Bête, le merveilleux cycle de déchéance et renaissance du Dieu de la pestilence, de l’économie circulaire et du maroilles serait mis en péril, et ce n’est certes pas notre projet. Nurgle a donc envoyé sa Very Impotente Prêtresse et ses deux Rotguards d’élite remettre de l’ordre et/ou du Chaos, dans ce pierrier. Une quête d’intérêt général, en quelque sorte.

Comme chacun sait, Beastgrave est envahie par des dizaines de bandes rivales, ce qui rend la progression de nos héros difficile. Le baptême du feu s’opère lorsque les Wurmspat contre-embusquent une patrouille de miliciens des cités libres de Sigmar, menée par un Prêtre Guerrier d’icelui1. Malgré l’avantage du nombre, la tentative de prendre à revers les pestiférés, et les éclairs balancés par leur chef, la soldatesque citadine ne tarde pas à mordre la poussière, vaincue par la résistance écœurante (à plus d’un titre) de leurs adversaires, et l’arsenal de sorts de Fecula. Cette dernière demande toutefois à ce qu’on lui amène un prisonnier vivant, ce que Ghulgoch se fait une joie de lui fournir, en réalisant un cataplasme de morve sur le moignon d’un épéiste en état de choc. Le survivant ne fera toutefois pas long feu, étant « proprement » éventré par la sorcière pour servir de Mappy arcanique aux prouteux. Direction donc les niveaux inférieurs, où réside la source du malaise.

En chemin, les Wurmspat croisent quelques Skavens passifs, mais surtout la Chasse Sauvage de Skaeth, qui se voit obligée d’attaquer les suivants du Dieu qui a voulu refiler ses MST à leur précieuse Alarielle durant l’Âge des Mythes. Entre les cervidés et les Covidés, le combat fait rage et les coups pleuvent, jusqu’à ce que Ghulgoch cisaille Karthaen et son hélicon, et que Fecula vomisse un nuage de mouches qui permet aux agents à doubles mentons de Nurgle de filer à l’anglaise. Cette diversion insectile, doublée d’un effondrement de galerie pour faire bonne mesure, laisse une avance confortable à nos héros, qui finissent par déboucher dans une caverne traversée de part en part par une racine titanesque… et corrompue par la grande baie vitrée donnant ce qui semble être Shadespire, qui occupe le fond de la salle.

Les préparatifs de purification putride de Fecula, bien décider à (se) faire les carreaux, sont toutefois interrompus par le début du deuxième round contre Skaeth et ses échassiers, qui ont semble-t-il trouvé un raccourci bien pratique. Sans doute une intervention de Beastgrave, qui se sentait menacée. Ce nouvel affrontement est tout aussi serré que le précédent, jusqu’à ce que l’esprit de la racine (Jean ?) décide de s’en mêler, et vienne attaquer sans distinction les représentants du règne animal qui se chicanent sur ses rhizomes. Face à cet assaut de type hentai, Fecula riposte par l’entaille, et c’est super efficace !  Pendant que ses gardes du corps se font molester par les Kurnothi, Mlle Flyblown s’épanche de manière sanguine et bilieuse sur le végétal malfaisant, qui a l’amabilité de se décomposer à vue d’œil. C’est dire si elle a de mauvaises humeurs. Ce don de sa personne n’est toutefois pas gratuit en termes de points de vie, et Fecula sent que la vie la quitte en même temps qu’elle empoisonne la racine. C’est un prix qu’elle est prête à payer, mais le sol se dérobe sous ses pieds avant que la vidange ne soit complète, et lorsque notre héroïne revient à elle, quelques minutes plus tard… elle se rend compte que le problème n’est pas résolu. En effet, Ghulgoch est plus ou moins frais et dispos lui aussi, alors qu’il s’était fait tuer par Skaeth d’un jet de javeline rageur lors de la mêlée générale. C’est la preuve irréfutable que l’influence néfaste de Shyish pèse encore sur Beastgrave, et que les Wurmspat doivent poursuivre leur œuvre mortificatrice pour la plus grande gloire de Nurgle. Avec un tel comité de salut public, on peut s’attendre au triomphe des bonnes morts, à défaut de mœurs…

1 : On sait maintenant pourquoi il n’y a pas de Prêtres Guerriers dans le Battletome : ils sont tous partis en même temps purger Beastgrave, et ne reviendront jamais.

AVIS :

C. L. Werner revient à Beastgrave, qu’il avait défriché avec son roman du même nom avant la parution de ‘Direchasm’ où cette nouvelle a été publiée. Foin d’Hommes Bêtes en rut et de Dryades à montée de sève ici, mais c’est sans doute pour le mieux car les Wurmspat forment un groupe de protagonistes hauts en couleurs, le mélange de compassion dévoyée, humour gras et caustique, et morbidité répugnante propre aux fidèles de Papy Nurgle étant au rendez-vous. Autre réussite notable de l’auteur, on n’a pas l’impression de lire une histoire à l’intrigue aussi figée qu’un aventurier malchanceux dans un bloc d’ambre, comme c’est parfois le cas pour les nouvelles de Warhammer Underworlds. Certes, Fecula et ses boys ne parviennent pas à traiter à fond la racine maléfique qui donne son titre à ce court format, mais ils s’approchent concrètement de leur objectif (et le lecteur en est quitte pour un peu de lore sur les liens entre Shadespire et Beastgrave) au lieu de se contenter d’errer dans les boyaux de la montagne en faisant des mauvaises rencontres/se disputant, comme beaucoup d’autres bandes. On peut souvent compter sur Werner pour soumettre des nouvelles de bon niveau, et c’est ici à nouveau le cas, même si on sent nettement que le sujet ne l’a pas inspiré outre mesure. C’est ça aussi, être un auteur professionnel.

.

Ghastlight – A. Stephens :

INTRIGUE :

Le Dread Pageant s’est semble-t-il lassé de torturer Beastgrave en laissant toutes ses victimes à 0.1 PV pour empêcher la montagne consciente de se nourrir de la mort, même temporaire, de ses squatteurs1. Désormais guidés par les visions géniales de leur leader suprême Vasillac et les lumières spectroscopiques (ghastlights) émises par Uhl-Gysh, où se trouve la légendaire cité de Shadespire, les quêquêtteurs de Slaanesh cherchent à accéder à la ville maudite en empruntant une fissure de Royaume, par manque de qualificatif plus probant. C’est en effet là que Vasillac pense trouver le légendaire Livre de Slaanesh, réputé contenir tous les sales secrets de la divinité AWOL, à commencer par sa géolocalisation exacte. Une motivation comme une autre.

Ayant rapidement expédiés ad patres une bande de Skavens de bas niveau, et fait un prisonnier (Ytash, et son stash) que Vasillac veut utiliser comme monnaie de passage au péage interdimensionnel, les DP passent beaucoup de temps à s’engueuler, un peu moins à se rabibocher (cruelle galoche entre Glissete et son harceleur de boss à l’appui), et des lustres à faire de la randonnée jusqu’à l’origine du monde Royaume, emplacement de la faille magique qui leur permettra de changer de niveau. Pendant qu’elle marche vers sa destinée, Glissete a le temps de réfléchir sur sa situation personnelle, professionnelle et spirituelle, qui ont toutes trois beaucoup progressé depuis son arrivée à Beastgrave, à son pas du tout humble avis. Certes, elle ne peut pas blairer le Slaangor Slakeslash, qu’elle trouve de plus en plus incontrôlable, ne s’est jamais entendu avec l’archer Hadzu, et a mal vécu sa rupture avec Vasillac, mais comme on dit chez les Hédonites : qu’importe l’émotion tant qu’il y a l’excès. Et à ce compte là, son expérience troglodyte s’est montrée particulièrement riche.

Ces puissantes ruminations finissent par être salutairement interrompues par la rencontre fortuite avec une vingtaine d’Ironjaws, poussant les Slaaneshi à une retraite prudente. Bien que poursuivis par une meute d’Orruks plus costauds et plus nombreux qu’eux, nos héros trouvent tout de même le temps de faire des pauses méditations au milieu des couloirs, et même de se battre à mort entre eux. En effet, Glissete a surpris Slakeslash à faire une danse de la victoire de Fortnite au dessus de la forme avachie de Vasillac, et a logiquement conclu à une nouvelle crise de la vache folle. L’euthanasie du cheptel n’a cependant pas été du goût du Seignuer de Slaanesh, qui était simplement en train de faire une projection astrale pour trouver son chemin, et a failli mourir lorsque son garde du corps s’est mis à lui meugler dans les oreilles après avoir pris un coup de glaive dans les faux filets. Une bête méprise.

Punie de sa prise d’initiative désatreuse, Glissete est envoyée récupérer Hadzu et Ytash en queue de peloton. Après quelques péripéties mineures, toute la bande finit enfin par arriver devant la faille tant recherchée, et qui se trouve gardée par des morts vivants peu conciliants. À Age of Sigmar comme dans le monde réel, les migrants ne sont jamais bien accueillis par les locaux. La situation précaire tourne au totalement bordelique lorsque les Ironjaws finissent par faire leur retard et se jeter dans la mêlée : en même temps, Warhammer Underworlds n’est pas pensé pour des affrontements à trois joueurs, what did you expect. Profitant de la confusion, Vasillac sacrifie en 2-2 Ytash, se lave les mains dans le sang du Skaven et passe de l’autre côté du miroir, rapidement suivi par le reste de sa bande. Il aura fallu attendre la dernière page de la dernière nouvelle de ‘Direchasm’, mais il s’est enfin produit quelque chose de non-scripté dans ce recueil ! Le champagne attendra ceci dit, car comme dit le proverbe, il en restait encore plein de là où il en venait, c’est-à-dire des morts vivants patibulaires et Shadespire. L’intégration des nouveaux venus ne va pas être une partie de plaisir…

1 : Se référer à ‘The Mountain’s Call’ (Graeme Lyon).

AVIS :

Je suis partagé sur ce ‘Ghastlight’, que j’ai trouvé être assez vide pour une nouvelle de 23 pages, les déambulations et ressentiments de Glissete, personnage principal de l’histoire, formant la majeure partie de cette dernière. Autre déception : l’absence manifeste de continu entre la nouvelle de Lyon et celle-ci, alors qu’il aurait été très sympa et relativement simple pour la BL de lier, même à la marge, ces deux histoires. D’un autre côté, Anna Stephens réussit bien à retranscrire la philosophie particulière des Hédonites, qui font feu de tout bois pour nourrir leur excessivité naturelle, et (d)ébauche des relations intéressantes entre les différents membres de la bande, en particulier Vasillac et sa sous-fifre/ex. Le portrait d’Ytash, le Skaven otage, est à mon sens bien moins réussi, car le raton fait vraiment trop humain dès qu’il ouvre la bouche (on notera qu’il respawn immédiatement dans Shadespire à la fin de la nouvelle, malgré avoir été sacrifié à Beastgrave : phénomène physique intéressant que des générations de fluffistes ne manqueront pas d’analyser). Deux point positifs additionnels pour terminer : un détail fluff qui mérite la mention à défaut du détour (le Livre de Slaanesh), et une fin à suspens qui donne envie de connaître la suite de la saga des Dread Pageant. J’ai peu d’espoir à ce sujet, mais qui vivra verra (et qui mourra renaîtra, ce qui revient au même finalement).

.

***

Alors, que retenir de ce ‘Direchasm’ maintenant que la messe est, si ce n’est dite, au moins lue ? Eh bien, c’est une sensation de gâchis qui me vient immédiatement à l’esprit quand je considère ce recueil. Le mot est fort, mais il reflète bien ma déception devant un tout qui ne parvient pas exploiter le potentiel démontré par ses parties, et qui est donc loin de sublimer la somme de ces dernières. Car, et il faut le souligner d’office, il y a (à mes yeux) davantage de bonnes que de moyennes/mauvaises nouvelles dans cet opus, ce qui est déjà respectable pour un titre de la Black Library. Autre point positif: le nombre de bandes différentes abordées dans ces 11 nouvelles (15 en tout, soit la moitié du nombre total sorties jusqu’à ce jour).

Cependant, la répétition ad nauseam des mêmes intrigues (« on dirait bien que je ne peux pas mourir en fait ! »), mêmes décors (coucou les gouffres) et mises en avant d’éléments de (littéralement) background (ooooooh, de l’ambre mâââââléfique, what a surprise), finit par venir à bout de la plus farouche volonté, et des meilleures dispositions. Lire ‘Direchasm’ d’une traite et rapidement peut être décrit comme l’équivalent d’un footing d’une heure dans un stade : on a beau aimer l’activité – pour les plus chanceux d’entre nous – le temps passe beaucoup plus lentement et l’effort semble bien plus pénible que la même distance courue sur un parcours varié.

Et le premier responsable de cette lassitude, c’est bien sûr l’éditeur de la BL, qui aurait pu et dû coordonner davantage ses contributeurs, afin d’éviter qu’ils écrivent « en silo » et rendent quasiment tous la même copie. Il y avait pourtant de quoi faire, et assez facilement je gage, en pairant les auteurs autour d’un même événement vu par deux bandes différentes, ou en décrétant un fil rouge auquel faire des rappels de nouvelles en nouvelles (même la mention d’un simple mot clé, comme Mhurghast à Warhammer Horror, est bigrement efficace). La BL l’a déjà fait, en plus. Malheureusement, cela n’a pas été le cas ici, et, un peu comme ‘No Good Men’ pour Warhammer Crime, la routine s’installe vite à la lecture. Déjà que Warhammer Underwolds partait avec un désavantage de poids par rapport à d’autres franchises de GW Fiction en termes d’intérêt littéraire (cette fameuse étiquette de « compétitivité über alles » qui lui a été collée dans le dos), ce je m’en foutisme éditorial achève de faire de ‘Direchasm’ la lecture la plus dispensable du catalogue d’Age of Sigmar à mon avis. Les recueils généralistes récents sont bien plus complets et versatiles (en plus d’être pour certains moins chers), et si vous voulez un peu plus d’exotisme et/ou de cohérence, ‘Warcry’ est une réussite notable. Ne restent donc que les hard readers de la BL pour trouver un intérêt sensible à cette acquisition, ce qui est encore une fois dommage car prise individuellement, beaucoup des nouvelles critiquées plus haut tiennent la route. Mais que voulez-vous, ce n’est pas parce qu’on dispose de bons ingrédients que le plat sera forcément réussi…   

NEXUS & OTHER STORIES [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette chronique de ‘Nexus & Other Stories’, la dernière anthologie de nouvelles se déroulant dans les ténèbres d’un lointain futur où war reigns supreme, pour la faire en glaouiche, sortie par la Black Library. Le timing de cette publication peut surprendre, le méga-über-all inclusive omnibus ‘The Eagle & the Hammer’ étant paru à l’été 2020, et les deux bouquins jouant visiblement dans la même cour et visant le même public. Abondance de biens ne nuisant presque jamais, laissons cependant de côté les absconses considérations marketing de Nottingham pour nous réjouir de cette actualité chargée pour les amateurs de courts formats de la BL, ainsi que la sortie simultanée de l’ouvrage en français, ce qui ne doit jamais être considéré comme acquis. Pourvu que ça dure.

Sommaire Nexus &amp; Other Stories (40K)

Beau pavé de plus de 400 pages (en format numérique), ‘Nexus & Other Stories’ reprend le format bien établi de ses prédécesseurs : une novella d’une centaine de pages, mettant en vedette les armées poster de GW (Ultramarines Primaris vs la galaxie hostile1 pour 40K), et une douzaine de nouvelles, généralement sorties précédemment, s’efforçant de couvrir le plus de factions/d’auteurs différents pour faire découvrir la richesse de cet univers au lecteur… et lui donner envie d’acheter des bouquins, évidemment. C’est Thomas Parrott, le futur ex-contributeur de la Black Library au moment de la sortie de ce recueil, qui prend le lead ici avec le moyen format éponyme, complété par une chtite nouvelle pour faire bonne mesure. Parmi ses compagnons de route et de plume, une majorité de noms connus, des vénérables Dan Abnett (et une nouvelle vintage de 2002), Chris Wraight et Guy Haley, au plus récents Rachel Harrison, Mike Brooks et Marc Collins. Chaque histoire commence par un paragraphe de mise en contexte, petite innovation qui fait sens pour un omnibus destiné à des lecteurs pas forcément familiers de l’univers, et que la BL serait inspirée de conserver pour la suite. And without further ado, pour finir cette introduction comme elle a commencé, rentrons dans le vif du sujet.

1 : C’est presque aussi c*n que Les Marseillais vs le monde quand on y réfléchit. Et à peine plus intelligent en général. 

Nexus &amp; Other Stories

.

Nexus – T. Parrott :

NexusINTRIGUE :

Sur l’un des multiples fronts de la Croisade Indomitus, qu’elle a aussi larges et espacés qu’Alain Juppé, une Compagnie de Primaris Ultramarines rend service à la collectivité en détruisant un fort de pirates de l’espace, qui faisaient des misères à la planète de Cassothea. L’affrontement s’étant produit hors champ, nous faisons la connaissance de notre héros, le Sergent Intercessor Allectius, alors qu’il patiente dans la soute du Thunderhawk qui le ramène vers le croiseur d’attaque In Nomine Imperator. Rien ne le distingue vraiment de la myriade de Schtroumpfs énergétiques mis en exergue auparavant par la BL, mais Allectius est un meneur d’escouade chevronné et efficace, très content de laisser à ses supérieurs le soin de réfléchir sur le long terme. Le surhomme sage connaît ses limites, comme dit le proverbe. Invité par ses supérieurs, les Lieutenants Triarius et Falerius, à donner son ressenti sur la mission que les Ultras viennent juste d’accomplir, Allectius a le malheur d’avouer qu’il considère le job comme indigne de guerriers de la trempe des fils de Guilliman, et que la Flotte Impériale aurait pu très bien se charger de purger bébé1. Cette innocente déclaration met en rogne l’Empereur, qui avait jusqu’alors pris soin de ne mettre que des adversaires faciles sur le chemin de Ses guerriers, afin de leur permettre de level up sans trop de pertes. « Ah, c’est ainsi ? On prend la confiance, chacal ? », éructe MoM, « bah prépare toi à manger tes morts, sale race ». Ou quelque chose comme ça.

Bref, on apprend deux pages plus tard que Cassothea tombe de Charybde en silos de missiles Hammerfall, car les Nécrons ont commencé à faire du vilain à proximité de la capitale planétaire. N’écoutant que son devoir, Triarius donne l’ordre d’un déploiement immédiat et…(fast forward huit mois plus tard) on apprend qu’il s’est fait buter comme un bleu (héhé) au début de la campagne par les Xenos. En fait, les choses ne sont pas allées dans le sens de l’Imperium, puisqu’au dernier décompte, seule la capitale était encore à peu près tenue, un champ mortifère appelé Nexus Paria (et d’où la nouvelle tire son nom) est en train de saper la vitalité et le moral des derniers défenseurs, les munitions viennent à manquer, et la Compagnie d’Allectius est passée de 93 à 39 représentants. Moins un pour le frère Landrian de sa propre escouade, découpé par un Skorpekh Destroyer très en jambe lors d’une patrouille de routine2. Et moins deux pour le Lieutenant Falerius, snipé par des Deathmarks lors de la sortie héroïque de trop. Privée de ses officiers supérieurs, la Compagnie se tourne alors vers le Saint Codex Astartes pour désigner son commandant de facto… ou plutôt aurait agi ainsi si Falerius n’avait pas laissé sur le frigo un post it faisant d’Allectius son successeur désigné. Et tant pis pour le Sergent Vétéran Fulgentius. Voici comment notre tête brûlée se retrouve en charge de la gestion d’une campagne plus que pourrie à ce stade, ce qu’il ne souhaitait pas le moins du monde. You can’t always get what you want…

Laissons le temps à Allectius d’accuser ce dur coup (en guise de lot de consolation, il hérite tout de même d’un bouclier et d’une lame relique très corrects) en présentant l’autre personnage important de l’histoire, un Serf humain des Ultramarines du nom de Gnaeus. Spécialisé dans la réparation de l’armement de ses seigneurs et maîtres, son rôle principal sera de nous faire ressentir de façon vivace les effets délétères du Nexus Necron. Apathie, pensées suicidaires, faiblesse généralisée, et coma irrémédiable dans les cas les plus sévères : les effets kill cool de cette bulle sont nombreux. Cela n’empêche pas le brave Gnaeus de (tenter de) faire son devoir du mieux qu’il le peut, à la faveur d’un accrochage presque fatal avec un groupe de Dépéceurs dans un premier temps, puis en filant un coup de main à l’emménagement des civils ayant convergé vers le dernier bastion impérial de Cassothea dans l’espoir d’être évacués par les Ultramarines. Ce pont orbital humanitaire a cependant dû s’arrêter lorsque les Necrons ont pris l’avantage au sol, leur technologie baroque empêchant les aéronefs impériaux d’opérer. Réaliste sur ses chances de remporter la victoire, surtout après que l’In Nomine Imperator lui ait appris que des milliers de Xenos étaient en train de converger sur sa position, Allectius décide d’organiser une mission suicide/baroud d’honneur avec l’essentiel de ses survivants, pour aller péter le pylône 5G soupçonné de relayer le Nexus Paria à la surface de la planète. Ne laissant qu’une escouade de Space Marines pour coordonner les défenses, le Lieutenant malgré lui met les gaz vers le QG ennemi, espérant que la mobilité légendaire de l’Astartes lui permette de passer entre les mailles du filet.

Ce qui ne sera pas le cas, évidemment. Un affrontement mécanisé ayant mené à la perte d’un tiers de ses hommes (dont un Archiviste dont le plus haut fait d’armes aura été d’avoir eu mal à la tête) plus tard, Allectius se dit qu’il n’est vraiment pas doué pour le commandement… et décide de mener une petite quête secondaire pour appuyer ce constat, perdant une précieuse 1H30 au passage, mais ramassant un Judiciar Doom Eagles, seul survivant du vaisseau s’étant crashé sur la planète il y a quelques semaines, au passage. Le nouveau-venu, un dénommé Bittrien, se montrera utile et quasiment inarrêtable lorsque que commencera la baston finale, comme attendu de la part d’un nouveau personnage de corps à corps dont la figurine est incluse dans une boîte d’initiation (non mais).

Je vous donne les grandes lignes de cet affrontement homér(d)ique, dans lequel viennent s’intercaler des passages du siège de la capitale de Cassothea vu par les yeux de Gnaeus (qui préfère déserter son poste pour tenter d’aller sauver des civils que faire face aux Necrons) : au prix de combats acharnés et de quelques morts de personnages nommés, les Ultramarines parviennent jusqu’au pylône en question… qui se révèle trop résistant pour leurs explosifs. Gag. Fort heureusement, la capitaine de l’In Nomine Imperator vient à la rescousse de cette buse d’Allectius en lui indiquant que le pouvoir des Xenos semble provenir d’un unique individu, qui ne peut être que le Plasmancer en robe de soirée qui insulte les meilleurs de l’Empereur à distance, en bonne petit.e vie.ux.lle qu’iel est. Sacrifiant le reste de son effectif dans une charge de la dernière chance (de ne pas repartir broucou*lle), Allectius fait manger à l’ancêtre son bouclier relique, ce qui désactive le réseau Xenos assez longtemps pour permettre au croiseur d’attaque de bombarder la zone, rasant le pylône, les Necrons et les derniers Ultramarines en vie. Ca compte comme une victoire morale ?

De son côté, Gnaeus parvient lui aussi à ses fins, en amenant un groupe de réfugiés jusqu’au spatioport, et en leur gagnent un temps précieux en défiant l’Overlord Necron à un concours de baffes. J’ai la tristesse de vous dire ici que le brave auxiliaire a légèrement perdu la/es main/s à cette noble occupation, mais réchappe tout de même à l’extermination lorsque le Sergent Ultramarine laissé en réserve par Allectius décide de mourir lui aussi en héros, et engage le QG adverse (et sa garde rapprochée) au corps à corps. Rapatrié sur l’In Nomine Imperator, Gnaeus peut songer au dévouement de ses maîtres depuis la sécurité de l’orbite haute, en attendant que ses prothèses lui soient posées et qu’il puisse reprendre du service.

1 : À ne pas confondre avec l’expression « purger Pépé », qui est l’apanage exclusif des Custodiens, comme chacun sait. 
2 : Pendant que son Sergent, qui ne connaît pas la peur mais pas la témérité non plus, s’est héroïquement chargé de courir après le petit Plasmacyte. Et a failli y passer. 

AVIS :

Thomas Parrott se plie à l’exercice, jamais simple, de la novella d’illustration du contenu de boîte d’initiation à travers ce ‘Nexus’, comme Andy Clark avait pu le faire avant lui (‘Crusade’, qui contextualisait l’affrontement entre Ultramarines et Death Guard). Si le résultat n’est dans l’absolu pas très intéressant pour un lecteur n’étant pas un novice impressionnable, on doit tout de même reconnaître à l’auteur un certain sérieux dans le récit des aventures funestes du Lieutenant Allectius. L’ensemble reste très lisible, même si tout à fait convenu et très peu surprenant (cahier des charges de « revue des unités » oblige), et les passages racontés du point de vue Gnaeus ajoutent un contrepoint « humain » bienvenu à l’impassible stoïcisme des Space Marines, auquel le Nexus Paria en touche une sans faire bouger l’autre (je parle de leurs progénoïdes, évidemment). Il n’est en effet pas inutile de rappeler que les Necrons ne sont pas que des robots inflexibles fans de Terminator, mais également les représentants d’une espèce animée par une motivation bien précise et dont la technologie peut prendre des formes insoupçonnées, mais toujours avec des effets horriblement efficaces pour qui se trouve du mauvais côté du rayon de Gauss. À titre personnel, j’ai également trouvé que l’héroïsme désintéressé des Ultramarines était plutôt bien représenté dans la novella, notamment à travers l’intervention salvatrice du Sergent envers Gnaeus à la toute fin du récit. Finalement, le seul véritable reproche que je pourrais faire à Parrott sur ce ‘Nexus’ est le manque de caractérisation des Necrons avant l’arrivée du Plasmancer, seul Xenos de l’histoire doté de la parole. Cela aurait été compréhensible du temps où les Necrontyrs n’étaient encore que des robots tueurs dans le fluff, mais depuis que ce dernier a été recton pour laisser place à des personnages doués de personnalité et d’émotion (au moins au niveau des hauts gradés), c’est une possibilité narrative qu’il aurait fallu exploiter mieux que ça à mon sens. Restons-en là pour cette œuvre de pure commande, dont il serait mesquin d’attendre plus que du bolter porn enrobé de fluff de type Foundation. Il s’agit de la taxe littéraire du recueil, et elle n’est pas si terrible que ça !

.

Kraken – C. Wraight :

KrakenINTRIGUE :

La planète aquatique de Lyses, habituellement si paisible, est confrontée à un mystère inquiétant. Les stations de collecte d’algues parcourant la surface de son océan disparaissent les unes après les autres, éparpillées façon puzzle par une force mystérieuse. Les investigations menées par les enquêteurs locaux (Morren Oen et Preja Eim) ne donnant rien, un appel à l’aide a été envoyé par les Astropathes de Lyses, et l’Empereur, fidèle à sa réputation de générosité, a provaïdé. Un pu(iss)ant guerrier de l’Astartes est en effet arrivé depuis le vide intersidéral, dans sa Twingo1 grise cabossée : Kvara des Space Wolves. Incarnation testotéronée et cradingue de la figure du loup solitaire, le nouveau venu traîne son mal-être et sa lassitude de zone de guerre en zone de guerre depuis vingt ans, cherchant à se confronter à un monstre suffisamment coriace pour apaiser l’esprit des huit guerriers de sa meute qu’il a perdus au combat sur Deneth Teros. Préférant opérer seul, Kvara demande qu’on lui prête un pédalo (énergétique, bien sûr) et qu’on lui indique la direction de la dernière catastrophe, et il se chargera du reste. Intimidé par la carrure et par l’odeur de l’étranger, Oen accède à ses requêtes, mais prend soin de placer une balise GPS sous la coque du véhicule de courtoisie pour pouvoir suivre les faits et gestes du Space Marine.

Kvara, qui avant de boire au Canis Helix était chasseur de calmar-l’ermite colossal sur Fenris (le terme vernaculaire est hvaluri), et avant ça, apprenti sorceleur à Kaer Morhen, n’a aucun mal à traquer les mouvements de sa proie en fermant les yeux et humant la brise une fois arrivé sur les lieux du naufrage, ce qui est illogiq… bien pratique pour faire avancer le scénario. On va dire qu’il a pris la spécialisation « vieux loup de mer » lors de sa dernière formation professionnelle obligatoire. Pendant qu’il pédale à toute berzingue dans la direction que lui pointe son instinct infaillible, on a le temps pour un petit flashback, qui raconte comment, tout gamin, il s’était illustré en trépanant en solo un hvaluri lors d’une sortie en mer. Il avait pris un méchant coup sur la tête et s’était cassé le bras en glissant sur une bernacle mal fixée, mais cela en valait tout de même la peine, puisque ce haut fait avait attiré l’attention des Space Wolves, sans doute à la recherche d’ingrédients frais pour monter un buffet froid dans le Croc. La qualité des ingrédients, c’est important.

Retour à notre histoire : Kvara finit par arriver sur une autre plateforme, cette fois-ci intacte, mais suspicieusement calme. Comprenant que ça va commencer à barder, l’homme loup s’équipe de pied en cap, pendant que ses surveillants réalisent un peu tard qu’une station qui n’émet pas depuis dix jours, c’est assez suspect. Surtout quand un compte rendu quotidien est demandé. Comme l’explique le préposé aux commandes : « il y a trop à faire, je suis complètement sous l’eau ». Expression malheureuse puisque Preja Eim le prend au mot et le balance par-dessus bord2. Malgré tous leurs efforts, les vaillantes forces de l’ordre lysesiennes n’arriveront qu’après la bataille, laissant Kvara affronter seul, dans les ténèbres claustrophobiques de la station désertée…

Début spoiler…des Hormagaunts. Ce qui est difficilement concevable quand on y réfléchit plus d’une seconde et demie, car la planète n’a connu aucun problème particulier pendant les cinq derniers siècles, ce qui ne colle pas tellement avec la possibilité d’une invasion tyranide. C’est pour cela qu’il est grand temps pour un nouveau flashback, qui explique cette fois-ci comment Kvara a perdu sa meute, occise par les forces du Chaos (dont un Terminator de Slaanesh assez peu commode) sur Deneth Teros. Traumatisé par l’expérience, le Chasseur Gris se fit Loup Solitaire, faisant graver les noms de ses frères disparus sur son armure pour ne jamais oublier son devoir envers eux. Tout cela est fort triste, mais n’explique pas comment les plateformes dérivantes de Lyses ont été détruites, sabotage hors de portée même des plus motivés des Hormagaunts. Il est donc temps pour le boss de fin de faire son apparition, et, ô surprise, il s’agit d’un Kraken.

Le combat qui s’engage, après que Popol le Poulpe ait ouvert une voie d’eau dans les niveaux sous marins de la plateforme, pile à l’endroit où se trouvait Kvara (c’est pas de chance, hein), voit le chasseur ultime se confronter à la proie suprême, affrontement aussi titanesque que foutraque dont le Space Wolf finit par sortir d’un vainqueur, grâce à une paire de grenades krak astucieusement camouflée au bout d’un appât irrésistible (son bras). Amputé d’un membre, blessé à de multiples reprises, gisant sur le plancher océanique et avec son casque qui se remplit rapidement d’eau, on se dit que Kvara est bon pour le Valhalla, mais ce serait faire fi du dévouement des Lysesiens, qui parviennent à le sortir de là et de l’eau pour le mettre sur un lit d’hopital (par contre après ils ne font plus rien car ils ont trop peur qu’il se réveille et leur foute des baffes). Après deux mois de coma réparateur, Kvara finit par émerger, et décide que son honneur, comme son enveloppe corporelle, est enfin lavé. Il est temps pour lui de reprendre sa place parmi le Vlka Fenryka… à supposer qu’il puisse conduire sa Twingo avec une seule main.Fin spoiler

1 : Le descriptif qui est donné de l’engin laisse en effet à penser que ce dernier est trop petit pour accueillir d’autres passagers que son pilote et quelques Serviteurs. Donc pas de Navigateur. Ce qui est embêtant pour voyager dans le Warp.
2 : C’est pure invention de ma part, mais reconnaissez que ça aurait pu être approprié. Un peu d’humour dans une galaxie en guerre, ça ne peut pas faire de mal.

AVIS :

Drôle d’histoire que celle-ci, qui parvient être à la fois très satisfaisante d’un point de vue narratif, et beaucoup moins aboutie sur le plan de l’intrigue et du respect du fluff. Le principal reproche que je ferai à Wraight sera son utilisation complètement contrintuitive des Tyranides comme antagonistes de Kvara. Et là où cela est particulièrement dommage, c’est que son histoire aurait pu tenir debout s’il avait utilisé des Genestealers à la place de bêtes et « impossibles » Hormagaunts. Quant à la Némésis de notre Space Wolf, rien n’indique qu’elle soit un rejeton de la grande dévoreuse (ou alors j’ai raté un truc dans la description du combat), ce qui pose les questions, logiques, du « pourquoi ? » et « pourquoi maintenant ? ». Moins flagrants, mais tout aussi embêtants, les problèmes posés par le vaisseau spatial du héros et sa capacité miraculeuse à suivre les monstres marins (qui nagent donc profondément sous la mer, et ne laissent pas d’empreintes ou d’odeur à suivre…), empêchent de prendre trop au sérieux cette soumission d’un – à l’époque – jeune Chris Wraight, déjà conteur fort habile, mais scénariste maladroit. Il s’est amélioré depuis, mais ce ‘Kraken’ aurait mérité d’être rejeté à la mer par la BL le temps qu’il murisse un peu plus.

.

Redeemer – G. Haley :

RedeemerINTRIGUE :

On a tous déjà été confronté à ce moment, plus ou moins long, pendant lequel une chanson – souvent débile, comme La Danse des CanardsT’Es Si Mignon ou Despacito – nous restait collée dans la tête malgré tous nos efforts pour forcer notre cerveau de passer à autre chose. Eh bien cette expérience abominable, c’est le quotidien d’Astorath l’Inflexible, Grand Chapelain des Blood Angels et Rédempteur des Égarés, dont il entend les fredaines pathétiques lui rabâcher les oreilles dès que l’un d’entre eux sombre totalement dans la Rage Noire. Il est alors de son devoir de rappliquer dare dare pour abréger les souffrances (les leurs et les siennes) à grands coups de hache, ce qui le conduit à passer sa vie dans l’espace, voyageant de zones de guerres en théâtres d’opérations dans son véhicule de fonction (l’Eminence Sanguis), accompagné de quelques fidèles acolytes. Aujourd’hui, direction Asque, d’où proviennent les échos lointains de Djadja joués à la flûte à bec par un Snotling asthmatique, ce qui est passablement désagréable, vous en conviendrez.

Laissant le fidèle Sergent Dolomen garder le vaisseau, comme il en a l’habitude1, Astorath part à la rencontre de l’escouade de Blood Angels affectés par le mâââl, escorté par le Prêtre Sanguinien Artemos et guidé par un trio de locaux, fortement impressionnés par la panoplie macabre de leur visiteur (qui fait moins le malin lorsque les ailes factices de son jet pack se prennent dans les branches sur le chemin, ceci dit). En chemin, les bouseux apprennent au Grand Chapelain que leur monde est victime depuis plusieurs décennies des attaques d’une race de Xenos peu sympathiques, baptisés les Silencieux par les pragmatiques Asquiens, et qui ont forcé ces derniers à abandonner leur cité ensoleillée pour se réfugier dans les forêts de champignons insalubres et humides recouvrant la majeure partie de la planète. Leurs appels à l’aide étant resté lettre morte pendant des décennies, l’ouverture de la Cicatrix n’aidant certainement pas, il leur a fallu prendre leur mal en patience et apprendre à vivre comme Yoda sur Dagobah, la Force en moins, le temps qu’une demi-escouade de Blood Angels soit dépêchée sur place pour botter le train aux Silencieux. Tout se passait très bien jusqu’à ce qu’un des Astartes ne pique une colère noire pour un motif indéterminé, et fausse compagnie à ses camarades pour aller baguenauder dans les sous-bois d’Asque.

Cette version est confirmée par le trio de Primaris qu’Astorath et Artemos rencontrent à leur retour de patrouille, et encore traumatisés par le pétage de plomb de leur mentor, le Sergent Erasmus, après que leurs hôtes leur aient apportés un steak d’ordes bien cuit au lieu de saignant. Détail important, Erasmus était un Space Marine de la vieille école, et pas un Primaris, dont la résistance à la Soif Rouge et à la Rage Noire relève encore de la théorie et des boniments de Belisarius Cawl. Ayant recueilli assez d’indices pour procéder à la traque et à la rédemption d’Erasmus, dont le séjour sur Asque sera le dernier échange culturel, Astorath se prépare à apporter la paix à la brebis énergétique égarée, siphonant un peu de rouge à la veine d’Artemos pour se donner du cœur à l’ouvrage, mais refusant catégoriquement que son acolyte vienne lui porter main forte dans sa mission sacrée. La confidentialité de la relation patient-thérapeute/confesseur/bourreau doit être respectée, que diable.

Après une petite partie de beat ‘em all sur le chemin de la ville abandonnée par les Asquais (les Silencieux trouvant malin de s’attaquer à Astorath à son passage, malgré leur corps de lâche et leur équipement rudimentaire), notre héros parvient enfin à localiser Erasmus, complètement enragé et donc persuadé de purger le Vengeful Spirit en lieu et place de son Primarque, alors qu’il massacre en fait la colonie de Silencieux ayant investi les habitations des colons après le départ de ces derniers. L’arrivée du Grand Chapelain fait définitivement pencher la balance en faveur de l’Imperium, et après que les derniers mobs aient été farmés, il est temps pour l’ultime séance de psychiatrie du Sergent Erasmus, administrée de main et de hache énergétique de maître par Astorath. Guidé par son amour fraternel et sa miséricorde absolue, le Rédempteur rédemptionne avec retenue, se contentant de saigner son patient pour saper sa force plutôt que de le décapiter sans sommation. Ah, il lui coupe une jambe aussi, mais seulement pour qu’Erasmus se tienne enfin tranquille, et qu’il puisse lui adresser une imposition des mains salutaire, permettant à l’égaré d’enfin refaire surface, et de mourir dans la lumière de Sanguinius et de l’Empereur. C’est presque une happy end, en fait. Ce problème résolu, et les glandes d’Erasmus récoltées, il est temps pour Astorath et Artemos de repartir sur les routes, la version de Bella exécutée au mirliton et à la scie musicale venant lui trotter dans la tête lui indiquant qu’un autre frère a besoin de ses bons offices…

1 : La planque ultime pour un Blood Angels tout de même. M’est avis que Dolomen a dû faire une remarque désobligeante lors du dernier vernissage de Dante pour avoir été affecté à une mission aussi chiante.

AVIS :

Guy Haley s’empare du personnage d’Astorath l’Inflexible (possiblement le Blood Angels doté du background au plus fort potentiel narratif) et nous sert une petite mise en situation dont il a le secret, soulignant à la fois les caractéristiques saillantes de son héros et levant le voile sur des aspects de sa personnalité et de son passé non abordés par les quelques paragraphes qui lui sont dédiés dans le Codex Blood Angels. Sur cette base éprouvée, Haley trouve également le moyen de faire le lien avec le lore avec un grand L (ce qui est approprié pour un personnage avec des grande ailes), en mentionnant l’ouverture de la Cicatrix et la dévastation de Baal, ainsi qu’en abordant la question fondamentale de la vulnérabilité potentielle des Primaris Blood Angels aux tares du matériel génétique de leur Primarque. Le résultat est très solide, à défaut d’être particulièrement original, et on se prend à espérer que la BL commissionne Haley pour d’autres travaux mettant l’Inspection Générale faite (sur)homme en vedette.

.

The Test of Faith – T. Parrott :

The Test of FaithINTRIGUE :

Déployée à la surface du monde de Muz, dont les stations de collecte de prometheum mouvantes (à la Mortal Engines) sont suspectées d’abriter une forme de corruption encore mal définie, une petite force de Dark Angels part à l’assaut d’une de ces forteresses roulantes, le Meridian Secundus. Quittant l’abri confiné1 de leur Repulsor, les Intercessors du Sergent Raum, escortés par non pas un, mais deux Chapelains (l’Interrogateur Raguel et l’Interrogé Hadariel, qui est également un Primaris), se fraient un rapide et sanglant chemin à travers la première ligne de défense ennemie, dont le courage suicidaire et les EPI mal entretenus ne font pas le poids face à l’arsenal meurtrier et la détermination absolue des assaillants. Ces premiers moments sont l’occasion pour nous de faire la connaissance de Chapi et Chapo, dont la relation apparaît comme un peu trouble. Non pas que l’honorable Raguel donne des signes d’avoir abusé la confiance placée en lui par son pupille, mais plutôt que ce dernier apparaisse comme bizarrement mutique et renfermé auprès de ses camarades, ce qui est assez rédhibitoire pour un officier sensé insuffler un zèle sans failles dans le(s) cœur(s) des meilleurs de l’Empereur. D’ailleurs, la froideur d’Haradiel ne manque pas d’interroger l’un des vieux copains de Croisade Indomitus, le jovial Gnaeus, qui ne vivra pas assez longtemps pour investiguer le sujet en profondeur (ce qui est généralement une mauvaise idée quand on est un Dark Angels lambda).

Ce dont Gnaeus est mort, mis à part l’expulsion de ses deux cœurs et trois poumons hors de sa cage thoracique, est un assaut en bonne et due forme d’un essaim de Genestealers, révélant du même coup la nature de l’ennemi ainsi que les raisons de la bravoure inhabituelle des techniciens de forage massacrés quelques minutes plus tôt. Les Dark survivants prennent donc la direction de la salle de commandement du Meridian, où la jonction avec les autres escouades léonines est sensée s’opérer. Premiers sur les lieux, la team chapelure en prend plein la capuche de bure (ça rime), les lieux étant occupés par des représentants de la moitié des entrées du Codex Culte Genestealers (sauf les Jackals, évidemment), dont un Magos adepte du harcèlement psychologique. Il faudra l’intervention désintéressée d’Haradiel pour que son mentor parvienne à joindre les deux bouts (celui de son Crozius et celle de la colonne vertébrale du psyker mutant), permettant aux Space Marines de se rendre mettre des lieux, et aux renforts d’arriver sur place pour achever les survivants…

Début spoiler…Ayant décidé de rester aux côtés de son disciple le temps que l’Apothicaire de garde vienne prendre le relais, Raguel autorise le reste de la force d’intervention à poursuivre sa purge. Le Chapelain Interrogateur a alors la désagréable surprise d’entendre le blessé lui raconter ses vacances sur Malmar, dont il vient juste de se souvenir, sans doute une conséquence de l’attaque psychique dont il a récemment fait les frais. Bien qu’il ne soit jamais facile d’endurer stoïquement ce genre d’exposé, que l’on soit un Space Marines ou un employé de bureau, le récit incohérent de vagues et de noirceur d’Haradiel a un effet absolument dramatique sur Raguel, qui ramasse un couteau de combat tombé au sol dans la bagarre et met fin aux élucubrations (ainsi qu’aux souffrances) de son camarade de façon définitive. La raison de cet acte radical nous est donnée en conclusion de la nouvelle, à l’occasion d’un petit débriefing dans les profondeurs carcérales du Roc, entre Raguel et son boss, Asmodai.

Élément brillant des recrues Primaris intégrées au Chapitre sur ordre de Guilliman, Haradiel était le premier Chapelain de la nextgen à avoir été considéré pour une élévation au sein du Cercle Intérieur de la Légion. Sponsorisé par Raguel auprès des instances compétentes, l’impétrant fut envoyé sur Malmar à la pêche aux perles (avant d’obtenir le droit d’en enfiler, le rêve de tout Chapelain Dark Angels). Quelque chose se passa mal sur place cependant2, décidant ces mêmes instances à laver le cerveau du candidat avant de le renvoyer au front. La remontée des souvenirs d’Haradiel mettant les secrets des Dark Angels en danger, Raguel n’eut d’autres choix que de faire taire son stagiaire pour de bon. Pas de grand oral de rattrapage pour Haradriel donc, qui s’est révélé être un peu trop droit dans ses bottes énergétiques pour les vieux grincheux de la 1ère. Vivement le retour de Lionel pour dépoussiérer l’institution, moi je vous le dis…Fin spoiler

1 : Bien que le nombre précis des Anges de la Mort ne soit pas précisé, on sait qu’ils étaient plus nombreux que les six places réglementaires offertes par le transport. Et bien que l’un des participants au raid soit plus fluet qu’un Primaris, le compartiment du véhicule ne devait rien avoir à envier à une rame de métro de la ligne 13 en heure de pointe.
2 : Au hasard, le fait que notre idéaliste Primaris n’ait pas accueilli la révélation de l’histoire trouble de son Chapitre avec l’enthousiasme, ou au moins, l’impavidité, souhaités par le Cercle Intérieur ?

AVIS :

Les nouvelles sur les Dark Angels se suivent et se ressemblent, la question des Déchus occupant toujours une place centrale dans l’intrigue proposée par l’auteur, qui qu’il fût. Partant de ce constat, on ne peut pas dire que la tentative de Thomas Parrott soit particulièrement indigente, l’intégration du nouveau fluff apporté par les Primaris, et la difficile intégration de ces derniers au sein du Chapitre qui a sans doute été le moins content de voir arriver ces renforts inopinés, se révélant assez bien faite. Une plus grande place laissée à la préparation du retournement (ou plutôt, de la légère inflexion, l’effet de surprise étant proche du néant pour quiconque est familier du genre) de situation finale aurait été appréciable, le récit des combats contre le Culte Genestealer n’apportant en fin de compte rien d’autre à l’histoire que la toile de fond martiale que la BL semble considérer comme étant indispensable à une nouvelle de Space Marines. Au final, la valeur ajoutée de ce The Test of Faith repose quasi-exclusivement dans le petit bout de fluff qu’il délivre au lecteur, et le constat que la guéguerre entre les anciens et les modernes fait encore rage sur le Roc. Il ne fallait sans doute pas s’attendre à autre chose, pour être honnête.

.

The Darkling Hours – R. Harrison :

The Darkling HoursINTRIGUE :

À peine remis de leur escapade ghollienne (‘A Company of Shadows’), la Commissaire Severina Raine et le Capitaine Storm Trooper Andren Fel, que l’on devine être au bord de la liaison amoureuse assumée (ils discutent en buvant du thé sur leur temps libre, ce qui est le niveau de tension érotique maximal pour une nouvelle de Gardes Impériaux), sont convoqués par le haut commandement du 11ème Fusilier d’Antari. La Générale Juna Keene a en effet besoin que quelqu’un débloque la situation dans la mine Iota, que les forces du Chaos refusent obstinément d’abandonner à l’Imperium. Les efforts de la Garde se sont jusqu’ici soldés par des échecs cuisants, en raison de la présence d’un Psyker renégat capable de provoquer une peur panique à des kilomètres à la ronde. Là où une attaque en masse a échoué, une frappe chirurgicale menée par une poignée de vétérans endurcis et chaperonnés par une Commissaire inflexible aura peut-être plus de chances de réussir, et c’est ainsi que Raine part en Valkyrie avec les Duskhounds de Fel, sauter en grav-chute au dessus de l’inexpugnable cratère. Ce brave Andren se fait un peu de mouron pour son love interest, car la lecture des marcs de thé de sa tasse la nuit précédente (encore une métaphore torride, pour qui sait lire entre les lignes) lui a révélé la figure de mauvais augure du Duskhound, symbole de mort sur Antar. Mais le devoir est le devoir.

Le vol d’approche est l’occasion de faire la connaissance de l’escouade d’élite escortée par Raine, dont les quatre membres ont des noms aussi courts (Tyl, Rol, Jeth, Myre) que leur intérêt est limité. Après avoir donné le conseil-bullshit-qui-sauvera-tout-de-même-les-héros (« faire confiance à son instinct ») à ses troupes, la Commissaire fait le grand saut… et manque de s’éclater sur la paroi de la mine. C’est bien sûr l’influence du Psyker chaotique qu’il faut blâmer, et pas du tout sa mauvaise lecture de l’altimètre. Evidemment. S’en suit une rapide progression dans les boyaux souterrains, entrecoupée de quelques meurtres de cultistes, qui malgré leur statut de Vus (Sighted), se montrent incapables de détecter les Duskhounds avant qu’il ne soit trop tard. Cette promenade de presque santé permet également de comprendre pourquoi les forces du Chaos n’ont pas cédé de terrain malgré l’avance de l’Imperium : c’est en effet dans les galeries d’Iota que sont récoltées les pierres de vue dont les… Vus raffolent (en porte-clés, boucles d’oreille et remplacement de leurs globes oculaires). Remontant le courant de leur pétoche grandissante, preuve indéniable qu’ils sont sur la bonne piste, les commandos finissent par débusquer le sorcier dans son antre.

Le combat final/duel de volonté peut alors commencer, la verroterie du Psyker et les miroirs à facettes installées dans son pied à terre compliquant la vie et troublant la raison des Duskhounds et de leur garde chiourme. La caméra se braque en alternance sur Fel et sur Raine, qui doivent chacun livrer leur propre bataille : l’Antari voit ses camarades et, pire, sa chère Severina, se faire déchiqueter par des molosses spectraux, tandis que cette dernière est confrontée au fantôme de sa sœur (sans doute jumelle) Lucia, morte dans des circonstances troubles auxquelles l’inflexible officier pourrait bien ne pas être étrangère. Nos deux têtes de lard refusent toutefois de capituler devant les effets de manche du mentaliste, qui finit par se manger trois bolts dans le caisson (ce qui le déplume littéralement) pour sa peine. Bilan des courses : une cible abattue, une offensive qui peut reprendre, et aucune perte pour l’élite impériale, qui peut repartir en direction du barraquement pour se prendre une tisane bien méritée.

AVIS :

Petite nouvelle d’accompagnement de l’arc narratif de Severina Raine, ‘The Darkling Hours’ permet d’en apprendre plus sur le passé trouble de l’héroïne de Rachel Harrison, d’étoffer le background propre au 11ème Fusilier d’Antari, et d’approfondir la relation particulière entre le Capitaine Storm Trooper et la Commissaire. Bien que cette histoire soit dans l’absolu beaucoup plus dispensable que ‘A Company of Shadows’ et ‘Execution’, elle suffisamment bien racontée pour mériter la lecture, surtout si on apprécie les récits de Gardes Impériaux « à la Gaunt ».

.

Lightning Run – P. McLean :

Lightning RoadINTRIGUE :

Sur la planète d’Elijan III, les forces du glorieux Empereur de l’Humanité sont en train de se faire mettre minable par le culte chaotique local, menaçant de priver l’Imperium des précieuses ressources de prométheum de cette colonie. Affectée au transport d’un général de la Flotte, la pilote Salvatoria Grant patiente dans le cockpit de sa bien-aimée Valkyrieen attendant l’arrivée du colis, et tue le temps en murmurant à l’oreille du tableau de bord de son oiseau de fer, s’attirant des remarques acerbes de son co-pilote, le fumiste et fumeur Herrion. Avant que Grant n’ait eu le loisir de mettre sa menace de flinguer l’irrespectueux à bout portant (grosse ambiance), le général Gobrecht arrive avec son escorte, et enjoint son chauffeur Uber de l’amener à la base Patroclus en moins de huit heures, ce qui ferait la différence entre la victoire et la défaite pour cette campagne. Si un raccourci est techniquement faisable pour tenir ces délais serrés, ce dernier force toutefois la Valkyrie à chevaucher au dessus du territoire ennemi, ce qui, je vous le donne en mille, ne se termine pas super bien pour le fringant appareil. Heureusement pour nous d’ailleurs, sinon la nouvelle aurait fait cinq pages. Bref, le coucou se prend un missile en pleine queue, Sal’ fait du sale, et crashe son appareil dans un bout de forêt bien loin derrière la ligne de front, avant de sombrer dans l’inconscience avec la satisfaction du devoir presque bien accompli1.

À son réveil, elle a tôt fait de réaliser qu’elle est la seule survivante de son atterrissage sauvage, le général Gobrecht s’accrochant à son ultime point de vie juste assez longtemps pour lui remettre un anneau de pouvoir qu’elle devra aller jeter au cœur de la Montagne du Destin, et… euh, pardon, erreur d’univers. L’anneau que le gradé blessé à mort lui remet est un décodeur de niveau vermillon, dont le haut commandement de la base Patroclus aura besoin pour décrypter les plans de bataille de l’ennemi, envoyés par mail sécurisé quelques heures plus tôt. À cela s’ajoute un mot de passe en haut gothique, parce que ça fait classe, qui permettra à la coursière commise d’office d’accéder jusqu’à la base en question sans se faire abattre en cours de route. Ceci fait, il ne reste plus qu’à notre héroïne qu’à troquer sa licence de Kaptain pour celle de Deliveroo, ce qui ne fait pas grande différence, il faut bien le reconnaître. Un rapide coup d’œil sur le temps qui lui reste et sa position sur la carte l’amène toutefois à une conclusion logique : il lui faudra piquer un avion aux hérétiques pour tenir les délais. Coup de chance, une base aérienne chaotique ne se trouve qu’à quelques kilomètres du lieu du crash, permettant à la débrouillarde Grant de hijacker un Lightning laissé à l’abandon sur le tarmac. Quelques tirs de pistolet laser plus tard, et grâce à la magie de la standardisation de la technologie impériale, notre pilote est donc de retour dans les nuages, dans un cockpit détrempé de sang certes, mais nécessité fait loi.

Ce n’est cependant pas la fin des problèmes pour Grant, qui doit maintenant trouver un moyen de se poser sans se faire dégommer par un tir ami, l’aspect proto-punk de son avion incitant les forces impériales de tirer à vue. Ces petits rigolos de cultistes ayant piraté la radio de bord, elle a ainsi toutes les difficultés du monde à se faire comprendre de la part de la tour de contrôle locale, et ne réussit à négocier une autorisation d’atterrir qu’après avoir été forcée d’abattre quelques missiles et détruire quelques Hydres en dessinant l’aquila dans le ciel. Ce léger malentendu, ayant toutefois fait 29 morts du côté loyaliste et réduit l’épaule de notre héroïne en steak haché, dissipé, Grant peut enfin remettre sa précieuse bagouze à la colonel Shrake (baptisée en hommage à l’Ogryn philosophe, avec lequel elle partage une certaine ressemblance physique), et recevoir quelques soins. S’attendant à finir devant le peloton d’exécution à cause du carnage – certes involontaire – qu’elle a provoqué sur la base à son arrivée, elle est cependant la première surprise de se retrouver catapultée héroïne de l’Impérium pour son action décisive dans la campagne d’Elijan III, prestement remportée par le camp des gentils une fois leur décodeur installé.

Ce n’est cependant pas tout à fait la fin pour Grant, dont l’élévation au statut d’outil de propagande ne fait pas grand-chose pour combattre la profonde dépression dans laquelle ses actes désespérés l’ont fait sombrer. Devenue alcoolique, et utilisée sans vergogne par le haut commandement comme motivation speaker, ou quelque chose comme ça, à destination des bidasses des Flotte et Garde impériaux, Grant réalise amèrement qu’il n’est décidément pas facile de faire son devoir pour l’Impérium, que l’on soit simple pilote ou tête de gondole. Espérons qu’elle puisse bénéficier des sages conseils de Ciaphas Cain sur le sujet avant de commettre l’irréparable…

1 : Il y a une leçon à tirer de cet accident. Si tu es un personnage de McLean et que l’on te propose de faire un tour de Valkyrie, run (‘No Hero’).

AVIS :

McLean livre avec Lightning Run une nouvelle d’action pure, qui n’aurait pas dépareillée au sommaire de l’anthologie Wings of Blood, se terminant avec un twist final d’un genre un peu particulier et faisant à mes yeux tout l’intérêt d’une soumission autrement très classique (mais efficacement mise en scène et déroulée quoi qu’il en soit). En effet, en suivant Grant pendant les quelques semaines venant après son sauvetage de la campagne d’Elijan III, l’auteur montre à quel point le statut d’héros de l’Imperium peut être dur à porter malgré les apparences, et comment l’appareil de propagande impérial a tôt fait de mettre à profit les individus méritants, sans grande considération pour leur bien-être ou leur santé mentale. Cet aspect de l’effort de guerre, peu abordé jusqu’ici dans la GW-Fiction, permet de conclure la nouvelle sur une touche un peu plus originale, même si bien sombre1, que ce que le déroulement des événements ne nous le laissait pressentir. La marque d’un auteur qui ne se contente pas de servir la soupe, mais cherche à faire sortir ses écrits du lot, ce qui n’est jamais un mal dès lors que les idées sont intéressantes et l’exécution convenable.

1 : Et encore, je pense que McLean aurait pu faire bien pire dans ce registre. Après tout, Grant finit l’histoire vivante, non ?

.

Missing In Action – D. Abnett :

40K_Missing in ActionINTRIGUE :

À peu près remis de son aventureuse traque du Necroteuch (‘Xenos’), au cours de laquelle il a débloqué le skin exclusif Buster Keaton, Gregor Eisenhorn a été remis en service actif par les Saints Ordos, qui lui ont donné une mission bidon sur Sameter pour lui remettre le pied à l’étrier en douceur. Comme quoi, on peut ordonner des Exterminatus sans sourciller et gérer ses subalternes avec une profonde humanité. L’affaire n’ayant rien donné, les enquêteurs s’apprêtent à plier bagage lorsqu’un ministre du gouverneur sollicite une audience pour avoir l’avis d’un expert reconnu sur une série de meurtres qui ont tout l’air d’être l’œuvre d’un culte chaotique. Les quatre victimes identifiées à ce jour ont en effet toutes eu les mains, les yeux et la langue enlevés (voire plus si affinités). Flairant un défi digne de ses talents, Greg’ accepte de reprendre le dossier, et commence sa petite enquête de voisinage en compagnie de ses associés (la Paria fashion victim Bequin, l’ex-Arbites Fischig, le pilote Betancore et le Savant Aemos).

Les interrogatoires des voisins, l’examen des cadavres des victimes et d’un suspect trop lent, les informations déterrées par Aemos et le flair éprouvé d’Eisenhorn ne mettent que quelques heures/pages à identifier une piste prometteuse, qui mène nos héros sur les traces d’un régiment de Sameter ayant combattu sur Surealis il y a une vingtaine d’années. Marqués autant par les horreurs du Chaos que par les rayons UV des soleils de ce système, les vétérans qui ont regagné leurs pénates lorsque le régiment a été débandé auraient basculé dans la psychose et se seraient mis à fliquer en douce leurs compatriotes, en faisant disparaître les individus suspectés d’hérésie. C’est l’hypothèse qui reçoit les faveurs grimaçantes d’Eisenhorn en tout cas, et qui le mène jusqu’au lieu de conscription du régiment en question, laissé depuis longtemps à l’abandon…

Début spoiler…Et où une trentaine de vétérans, se sachant traqués à titre préventif par les Arbites locaux après que l’Inquisiteur se soit ouvert de ses soupçons, se sont regroupés pour se rappeler le bon vieux temps. Le petit cœur sensible de Greg saigne devant le spectacle des délaissés de Sameter, abandonnés comme des vieilles chaussettes par l’Imperium à la fin de leur service, sans même une réserve de biaffine suffisante pour traiter leur peau carbonisée. Beau joueur, notre héros décide donc de raisonner ces brebis égarées et trop bronzées, mais fait un jet critique sur son jet de persuasion et l’affaire tourne rapidement au méchoui. Trop coriace pour être mis en difficulté par une bande de mobs de bas étage, Eisenhorn perd tout de même sa main gauche dans la bagarre, victime d’un tir de sniper à gros doigts malhabiles. L’affaire est toutefois résolue, et l’Inquisiteur peut retourner sur Gudrun avec la satisfaction du devoir accompli, et un sale goût de grimdark au fond du gosier.Fin spoiler

AVIS :

Petit interlude inquisitorial comme Abnett en a signé quelques uns au cours de l’écriture des trilogies ‘Eisenhorn’ et ‘Ravenor’, ‘Missing In Action’ voit Greg le missionnaire mener une enquête en deux temps trois mouvements en compagnie d’une bonne partie de sa clique (il manque Harlon Nayl et Kara Swolle, sans compter la barquette Ravenor), dans une ambiance empruntant plus au film noir qu’à la SF « spectaculaire » (pouvoirs psychiques et Xenos en folie). C’est simple, on pourrait assez facilement adapter cette histoire à notre époque, pour en faire un récit policier tel que Grange, Vargas ou Cohen pourraient en écrire. Tout cela est plus sympathique qu’essentiel, et permet de constater, si besoin était, que Dan Abnett est un auteur plus accompli que la plupart des auteurs de la BL, et est tout à fait capable de signer une nouvelle à la fois sans prétention et de très bon standing. À savourer sans modération pour les lecteurs familiers de la série, et à découvrir sans réserve par ceux qui ne le sont pas (encore).

.

The Crystal Cathedral – D. Ware :

INTRIGUE :

Nous retrouvons la Sœur Augusta Santorus de l’Ordre de la Rose Sanglante, peu de temps après les événements couverts dans Forsaken. Toujours placée sous le patronage sévère mais juste de la Sœur Supérieure Veradis, l’escouade à laquelle notre héroïne appartient a reçu une nouvelle mission : assister à la reconsécration de la cathédrale de Clermont-Ferrand Caro, un ouvrage de cristal noir unique en son genre que la populace reconnaissante a élevé en souvenir de la victoire remportée il y a un millénaire par la Sœur Farus, elle aussi de la Rose Sanglante, sur l’infestation Xenos qui avait gagné cette petite lune1. Cette cérémonie est le point d’orgue des festivités organisées par les locaux pour célébrer le retour à la normale, et notamment la réouverture des fameuses mines de pierres précieuses dont Caro se targue. Et à ceux qui trouveraient que 1.000 ans, ça fait long pour passer le balai, je répondrai qu’obtenir un permis de détruire, puis un permis de construire, depuis le centre administratif du sous-Segementum, ça prend un certain temps, et que les travaux, on sait quand ça commence mais pas quand ça finit. Non mais. Toujours est il que nos pieuses Sœurs arrivent sur place, déposent leurs armes à l’entrée du lieu saint – car apparemment, il est blasphématoire d’entrer armé dans la maison de l’Empereur, comme tout Custodes vous ne le dira certainement pas2 – et pénètrent à l’intérieur de la nef, où une foule considérable s’est rassemblée pour assister à l’office.

Les Roses Sanglantes ont cependant à peine le temps de profiter du son et lumière grandiose qui s’offre à elle, et qui culmine en une conjonction astrale rarissime permettant à la rosace du chœur central de s’illuminer pour la première fois en mille ans (depuis le début de la construction de l’édifice, donc), qu’une tragédie s’abat sur la congrégation, sous la forme d’un Xenomorphe3 tyranide qui dégringole du plafond dans une cascade de verre brisé. 7 millénaires de malheur. Alors que la foule fuit piteusement les assauts meurtriers de la bestiole (sauf le Diacre en charge de l’office, tellement vénère d’être interrompu qu’il se met à injurier le maraud sans discontinuer : ça ne sert à rien mais c’est marrant), les Sœurs de Bataille réagissent avec leur efficacité coutumière, en opérant une retraite stratégique vers l’entrée de la cathédrale afin de récupérer leurs bolters et ainsi équilibrer les… Ah non. Sainte Barbie m’envoie une vision me prévenant que Verandis préfère envoyer la porteuse de bolter lourd repartir seule rechercher son arme, tandis que les autres membres de l’escouade engagent Tyty au corps à corps. J’avais oublié que nous étions dans une nouvelle de Danie Ware, où tout le monde est grand-maître de Krav Maga (sauf Verandis elle-même, qui préfère le judo et envoie donc son adversaire au tapis d’un Koshi Guruma bien senti).

Le combat qui s’ensuit, pour violent et sanglant qu’il soit, ne s’avère guère concluant. D’un côté, le Xenos bouge à la vitesse du son et est doté d’une force prodigieuse, ainsi que d’une chitine impénétrable pour les petites dagues que les Sororitas s’obstinent à utiliser contre lui, de l’autre, l’armure énergétique des meilleures de l’Empereur absorbent les horions de Tyty avec une facilité déconcertante (peut-être que les jets de sauvegarde se font sur un D66, ce qui rend le 3+ beaucoup plus favorable). Toujours est-il qu’il ne se passe pas grand-chose pendant quelques pages (un peu comme lors d’un corps à corps de la V3), jusqu’à ce que l’artilleuse de la sororité, une dénommée Leona, arrive avec son petit ami (Scarface like). Et là, c’est le drame. Doublement même. D’une part car l’une des Sœurs de Bataille, Pia, se retrouve dans la ligne de mire de sa comparse, et finit sa carrière en victime collatérale. C’est moche. Mais surtout, surtout, car Ware ose sortir un special move tellement débile et cartoonesque de la part de la même Pia, que l’Empereur a dû en faire des saltos dans le Trône d’Or. Jugez plutôt4. Hérésie ! HÉRÉSIE !! HÉRÉSIE !!! Toujours est-il que la douche de pruneaux explosifs finit par avoir raison de Tyty, qui mord enfin la poussière après avoir fait bien des dégâts (mais échoué à tuer la moindre Sœur).

L’orage étant passé, le temps du deuil et de l’exploration minutieuse des souterrains environnants afin de s’assurer que la grosse blatte était toute seule, arrive. Pour la petite histoire, il semblerait que c’est la lumière qui ait réveillé la bête au bois dormant, qui pionçait jusque là tranquillement… dans la voûte d’une cathédrale érigée il y a mille ans ? Et les ouvriers n’ont rien vu ? Quoi qu’il arrive, je pense que les habitants du coin peuvent faire jouer l’assurance, car il y a clairement eu malfaçon. En tout état de cause, le triste destin, ou martyr glorieux, de Soeur Pia fournit de quoi méditer à Augusta, qui n’oubliera plus de toujours garder avec elle son bolter. On n’est jamais trop prudente.

1 : La suite de la nouvelle nous apprend que les Xenos en question étaient des Tyranides. Comme une seule escouade de Soeurs de Bataille a suffi à les exterminer, on en déduit qu’ils sont venus en Kaptein plutôt qu’en vaisseau ruche.
2 : Et comme la même Santorus ne le fera certainement pas non plus lors de son exploration de la cathédrale de Mercy. En même temps, la leçon qu’elle s’apprête à recevoir l’a sans doute marquée.
3 : J’utilise cette dénomination peu précise car Ware n’identifie jamais clairement la bestiole. Ça pourrait tout aussi bien être un Carnifex qu’un gros Hormagaunt.
4 : Jugez aussi de la manière parfaitement naturelle dont la Sœur Supérieure donne l’ordre d’agir à sa Novice. À croire que c’était répété à l’entraînement.

AVIS :

Danie Ware persiste et signe avec ce nouvel épisode de la saga full contact d’Augusta Santorus, poussant encore un peu plus loin le concept du « jeu de main, jeu de vilain ». En clair, ses héroïnes sont tellement imprenables au corps à corps qu’elles pourraient sans problème mettre à Abbadon la tête dans le slip (malgré le fait qu’il soit en armure Terminator et qu’il ait un énorme catogan), si jamais ce dernier avait le malheur de croiser leur chemin. Donnez ne serait-ce qu’une épée tronçonneuse rouillée à ces viragos, et je vous garantis que la Cicatrix est fermée dans les 20 minutes qui suivent. On aime ou on déteste (je pense que mon choix a été fait de façon sans équivoque), mais c’est définitivement une caractéristique propre au style de Ware qui est ici à l’oeuvre. D’une certaine manière, j’ai hâte de lire la suite, comme le cinéphile déviant a hâte de voir Sharknado 7.

Si on veut aller plus loin dans la critique, on peut également noter que, slapstick mis à part, l’intrigue même de la nouvelle est friable. Qu’il s’agisse des mille ans de stase de la cathédrale, de l’exploit inaugural de Sœur Farus (et de sa sidekick Neva, citée une fois et passée à la trappe), de l’approche tactique du combat des Sororitas, ou du réveil opportun du petit ranide, rien ne semble pouvoir résister à un examen soutenu dans cette histoire. Heureusement que la sortie des Sœurs de Bataille en plastique est venue rendre euphorique tous les fans : « gagner » une Danie Ware comme auteur assermentée de faction aurait mis un coup fatal au moral de cette communauté qui a connu plus que son lot d’injustices (et James Swallow en faisait partie, encore que pas à ce niveau). Il ne reste plus qu’à espérer que Rachel Harrison a, elle, fait le job.

.

To Speak As One – G. Haley :

INTRIGUE :

Alors qu’il attend l’arrivée prochaine d’un collègue de l’Ordo Xenos sur une station prison inquisitoriale abandonnée orbitant autour de la planète Otranti, l’Inquisiteur Cehen-qui reçoit une missive émanant de Belisarius Cawl en personne, lui intimant l’ordre de remettre le Xenos retenu prisonnier dans la station de correction investie par lui et son équipe. Peu habitué à recevoir des ordres, quand bien même ils proviendraient d’une sommité galactique telle que l’Archimagos Dominus, et aient été contresignés par Guilliman en personne, Cehen-qui informe sa fine équipe d’acolytes (l’être à tout faire Callow, le porte-flingues livre1 Valeneez, le Magos hipster – Frenk – Gamma et la serpentiforme et mal réveillée psyker ShoShonai) qu’il n’a aucune intention de coopérer, et qu’il défendra son bien jusqu’à la mort… de tous ses suivants, et même la sienne si on en arrive jusque là. L’arrivée soudaine d’un vaisseau de l’Adeptus Mechanicus va lui donner l’occasion de mettre à l’épreuve sa résolution farouche.

À bord du croiseur de l’Omnimessie, élégamment nommé 0-101-0, nous faisons la connaissance du reste du casting de la nouvelle, constitué de l’Archiviste Primaris Alpha Primus, qui déteste tout et tout le monde (mais a un faible pour la confiture d’albaricoque) et d’un clone de Cawl, Qvo-87. Chargés par leur patron de lui ramener le sujet de ses désirs afin qu’il puisse continuer ses expériences, les deux larrons cohabitent difficilement du fait de leur différence de caractère. Si Primus est gai comme une porte de prison qui viendrait de perdre sa famille dans un accident de voiture, Qvo-87 est gai comme un pinson (Cawl a dû intégrer le coffret collector des Grosses Têtes dans sa banque de données internes), et même si ses boutades tombent systématiquement à plat, il ne se départit jamais de sa bonne humeur, qui énerve Primus au plus haut point. Comme tout le reste d’ailleurs. Confiant dans la capacité de son vaisseau à sortir vainqueur d’un échange de tirs avec la station où est retranchée la suite inquisitoriale, mais souhaitant laisser un chance à son interlocuteur de régler l’affaire à l’amiable avant de passer aux choses sérieuses, Qvo opte pour une approche diplomatique, mais envoie tout de même son stoïque collègue aborder discrètement le complexe, ce qu’il fait à la Roboute (comprendre qu’il se jette dans le vide depuis son vaisseau et rejoint sa cible à la nage). Grand bien lui en fait car les négociations avec Cehen-qui se révèlent rapidement infructueuses, et l’inévitable bataille spatiale s’engage après que les deux camps aient conclu à un accord sur leur désaccord…

Début spoilerL’affrontement tourne, comme prévu par ce dernier, rapidement en faveur de Qvo, qui décide de pimenter les choses en percutant la station afin d’accélérer sa chute vers la surface d’Otranti. Surpris et condamné par cette manœuvre, Cehen-qui n’a d’autres choix que d’ordonner l’évacuation de sa planque, non sans avoir récupérer le psyker Aeldari qu’il pense être la cible du Mechanicus… Sauf qu’il y a eu un malentendu fâcheux au niveau du communiqué envoyé par Cawl: l’Archmagos n’est pas le moins du monde intéressé par les capacités cognitives des Zoneilles, mais convoite la crête d’un Cryptek, oublié dans une des cellules du complexe inquisitorial au moment de sa première évacuation. Cela n’empêche évidemment pas Primus de faire le coup de feu au bénéfice des malheureuses troupes de choc qui croisent sa route, mais facilite grandement le travail de collecte de l’inflexible Archiviste, jusqu’à ce qu’il se retrouve nez à nez avec ShoShonai, la psyker de compagnie de Cehen-qui. Alors que le Primaris se prépare à une partie sans pitié de Mastermind, il a la surprise d’entendre son vis à vis solliciter son aide, qui consisterait en une euthanasie rapide. Et pour cause, sous son grand chapeau, Tata Shosho ne cache pas un grelot, mais un symbiote tentaculaire fermement accroché à son occiput. Et là où ça devient intéressant, même pour le suprêmement blasé Primus, c’est que c’est le Xenos qui demande à ce que l’on mette fin à ses services (probablement de disque dur externe), car c’est lui qui a été réduit en esclavage par ce radical de Cehen-qui, malgré des apparences trompeuses. Toujours prêt à rendre service à son prochain, surtout si cela implique un peu de xenocide, Primus met à profit son Magnificat et ses tendons d’acier pour broyer à main nue le parasite exploité, avant de finir le travail d’une rafale de bolts lorsque ShoShonai fait mine de lui chercher des noises. Ceci fait, il se téléporte sur 0-101-0, et repart avec son crispant sidekick pour de nouvelles aventures, laissant Cehen-qui et ses sbires réaliser avec effroi et outrage qu’ils se sont faits balader comme des cadets par les envoyés spéciaux de Cawl. Y a plus de respect, que voulez-vous.Fin spoiler

J’en aurais bien dit plus à son sujet, mais il ne fait littéralement que ça d’utile au cours de la nouvelle.

AVIS :

Nouvelle intéressante de la part du vétéran Haley, non pas par son intrigue, mais bien par son ton, qui, à ma grande surprise, s’est révélé flirter sans complexe du côté de la pastiche. Qu’il s’agisse de l’Inquisiteur Cehen-qui, éminence grise foncée aussi hautaine que précieuse, et qui n’aurait pas détonné comme méchant dans un sous James Bond philippin, ou du binôme de choc Alpha Primus (Bourriquet dans un corps de psyker Primaris) et Qvo-87 (Kev Adams dans un corps d’Archimagos), les personnages de To Speak as One manient la petite blague aussi facilement que le bolter, ce qui place cette nouvelle à part de l’écrasante majorité du corpus de la Black Library. Le résultat final, s’il est assez plaisant, n’est donc pas à mettre entre toutes les mains. Passée cette remarque introductive, cette soumission de Guy Haley gagnerait peut-être à être mise en relation avec les autres écrits que notre homme a consacré au Dark Imperium, afin de pouvoir établir si les personnages présentés ici se retrouvent ailleurs. Si c’est le cas, cela pourrait expliquer pourquoi l’auteur ne se donne pas la peine d’introduire convenablement Primus et Qvo, que le lecteur ne pourra identifier comme mari et femme Primaris et Replicae qu’au bout de quelques paragraphes. Primus reste malgré tout assez mystérieux, ni son Chapitre d’appartenance, ni les raisons qui expliquent son rattachement au service de Cawl, n’étant abordés au cours du récit. Enfin, on peut (en tout cas, je le fais) reprocher à Haley la légèreté avec laquelle il met en scène son twist final « principal », qui est à mes yeux celui d’après lequel la nouvelle a été baptisée, ou en tout cas qui aurait dû l’être compte tenu de ce choix. Quand le lecteur apprendra le fin mot de l’histoire à propos de cette double parole (To speak as one: parler d’une seule voix), il sera en droit d’être un peu déçu par la micro révélation apportée par ce développement, le « vrai » retournement de situation étant tout autre. Pinaillage peut-être, mais on ne bâcle pas un choix de titre, Mr Haley.

.

Where Dere’s Da Warp Dere’s A Way – M. Brooks :

INTRIGUE :

Assistant de direction d’une bande de Pistol Boyz Bad Moon rattachée à la Waaagh ! de Da Meklord, Ufthak Blackhawk vit à fond le rêve américain Ork, fait de bagarres, d’abordages et de compétitions pour devenir le boss à la place du boss. Le o+1 de notre héros est Badgit Snazzhammer, charismatique, à défaut d’être cérébral, Nob et tirant son nom de son arme de prédilection, un combi marteau énergétique/lime à ongles, qu’il ne dédaigne pas utiliser pour motiver les troupes lorsque le besoin s’en fait sentir. Chargés par Da Meklord en personne de sécuriser la salle du réacteur Warp d’un vaisseau de l’Adeptus Mechanicus afin de permettre à un Mek inventif de jouer avec la tek’ des zoms, Ufthak, Badgit et consorks prennent le premier ‘Ullbreaker pour aller apporter leurs sentiments et bourre-pifs les meilleurs aux fidèles de l’Omnimessie.

Une fois sur place, et après avoir dérouillé une malheureuse patrouille qui tentait de faire son devoir, nos Orks se mettent à errer dans les coursives du croiseur martien, les indications du Mek à roulette1 leur servant de GPS manquant en précisions. Au petit jeu du porte/monstre/trésor, les peaux-vertes finissent par tomber sur plus fort et plus dur qu’eux, comme le malheureux Badgit en fait l’expérience lorsque lui prend la mauvaise idée de charger un Kastelan opérant comme physionomiste à l’entrée de la boite de Warp. Comme quoi, foncer tête baissée est le meilleur moyen pour la perdre. À toute chose malheur est bon, car le décès de son chef permet à Ufthak de s’improviser leader de la bande de Pistol Boyz, malgré les protestations de Mogrot Redtoof, l’autre bras droit de feu Snazzhammer. Ruzé mais brutal, Ufthak accouche d’une tactique de diversion qui lui permet d’arriver au contact de l’angry robot, récupérer l’arme de fonction de son boss, et terrasser l’ennuyeux androïde au cours d’un corps à corps épique et piquant, et même détonnant, l’usage malavisé d’une arme à contondante à champ de force sur le réacteur du Kastelan dispersant Ufthawk façon puzzle2.

Ce n’est toute fois pas la fin pour notre héros, les Orks étant, comme chacun sait, plutôt coriaces. Se réveillant très diminué, mais se réveillant tout de même (ce qui est déjà pas mal quand on n’est plus qu’une tête sur un demi-tronc), Ufthak se voit proposer par le Dok Drozfang, qui accompagnait la bande, un marché qu’il ne peut décemment pas refuser. En un tour de scie circulaire et quelques agrafes, voilà la tête du Boy greffée sur le corps de Badgit, sans trop d’effets secondaires. Ça c’est ce qu’on peut appeler de la chirurgie reconstructrice. Remis de ses émotions, bien qu’ayant – et c’est compréhensible – un peu mal aux cheveux qu’il n’a pas, Ufgit (Badthak ?) refait son retard sur le reste des Boyz, calme les ardeurs de ce parvenu de Mogrot et lui reprend le bâton marteau de parole, et invite le Mek à appuyer sur le gros bouton rouge qu’il a branché sur le moteur Warp du croiseur. Selon les savants calculs de l’ingéniork, cette machine devrait permettre au vaisseau de rebrousser chemin jusqu’à sa planète d’origine, monde forge plein de tek’ à piller…

Début spoilerMalheureusement, le buzzer magique a surtout pour effet de remplir le croiseur de démons, ce qui ne refroidit pas le légendaire enthousiasme peau-verte, bien au contraire. Ils commençaient justement à s’ennuyer…Fin spoiler

1 : Car oui, il n’y en a qu’une dans son cas, on peut parler de monorkwheel.
2 : Après l’Interrogatrice Spinoza dans ‘Argent’, c’est la deuxième nouvelle de la BL qui souligne les dangers des masses énergétiques pour leur porteur. Faut-il voir une ligne éditoriale de Nottingham ?

AVIS :

Nouvelle rigolork (c’est le dernier mot-valise à base d’Ork, je le jure) de Mike Brooks, et à laquelle je décerne la palme d’argent du titre le plus inventif (catégorie 5 mots et plus), derrière l’indétrônable Badlands Skelter’s Downhive Monster Show de Matthew Farrer, Were Dere’s… n’a pas grand-chose à offrir au lecteur à part une plongée humoristique dans le quotidien, forcément agité, d’un Boy. Les péripéties grand-guinorkesque (j’ai menti) s’enchaînent de manière plaisante, mais ne vous attendez pas à une conclusion édifiante, ou même intéressante, à cette nouvelle. C’est dommage, car Brooks avait prouvé dans Dead Drop qu’il savait terminer un court format comme il se doit. Nous tenons donc ici la pastille comique de l’Inferno! #4 (où cette nouvelle a été initialement publiée), et il ne faudra pas lui demander davantage.

.

Redemption On Dal’yth – P. Kelly :

INTRIGUE :

Les cadets de la caste du Feu en visite culturelle du musée de la conquête de Dal’yth, en ce Jeudi 18 Octobre 000.078.M41 (ou quelque chose comme ça) ne le savent pas encore, mais quelque chose de très spécial est sur le point de se produire durant leur découverte de la campagne menée par leurs héroïques ancêtres, bien des années auparavant. Menés par un conférencier de la caste de l’Eau grabataire et alcoolique1, qui déblatère son discours pré-mâché avec la fougue professionnelle que tous les sujets du Bien Suprême se doivent de posséder sous peine de mort, nos pioupious arrivent dans la pièce maîtresse de l’exposition: une représentation grandeur nature de l’affrontement entre Sha’kanthas, une figure illustre de la Seconde Sphère d’Expansion, et accessoirement mentor de ce traître de Farsight, et un Space Marine physiquement ravagé du bulbe. Comme le Stéphane B(l)e(u)rn dal’ythien ne leur manque pas de faire remarquer, il ne s’agit pas d’une banale reconstitution de cet affrontement mythique, mais bien du véritable duel entre les deux héros capturés sur le vif, certes, mais surtout par un champ de stase déclenché par l’Astartes en désespoir de cause, et qui a figé la scène à jamais… Ou presque. Car, après quelques siècles de bons et loyaux et services, la pile plate alimentant le gadget impérial finit par rejoindre la droite de l’Omnimessie, ramenant brutalement nos combattants dans la quatrième dimension.

S’engage, ou plutôt se poursuit, un duel homérique entre Sha’kanthas, bien handicapé par les problèmes techniques rencontrés par son exo-armure XV8, l’empêchant tout bonnement de tirer son coup (de plasma), et le Maître de Chapitre Durian2, dont l’amour pour des technologies bien plus fiables (Paf…épée! Clong… bouclier!) se révèle d’abord gagnant. Désarmé par les moulinets de son adversaire, ainsi que par son obstination à vouloir continuer le combat alors que le rapport de force est de quelques millions pour un, Shak’ opte pour la technique du chasseur prudent, sort de son opercule de fonction (désormais inutilisable) et entraîne le Space Marine à sa suite dans le dédale du complexe commémoratif, tout en tentant tant bien que mal de réduire les pertes civiles. Fort heureusement pour lui, notre héros peut compter sur l’aide enthousiaste et la connaissance des lieux des Fire cadets précédemment évoqués, qui le guident jusqu’à une salle où est stockée une autre exo-armure XV8, relique technologique des temps anciens de l’empire. Cela tombe bien car c’est le seul modèle que notre Pa’pi résistant sait manœuvrer, la disparition du levier de vitesse et de l’embrayage à pédale sur les versions plus récentes constituant un mystère insoluble pour le valeureux ancêtre.

Un bonheur n’arrivant jamais seul, il se trouve que l’auto-radio de sa nouvelle bécane est également opérationnel, ce qui permet à Sha’kanthas d’être contacté par son ancien élève Farsight, dont le sentimentalisme l’avait poussé à sanctuariser la fréquence d’émission utilisée par son vieux maître avant sa cryogénisation subite. Les élucubrations de Shak’ pendant les premières minutes de la seconde mi-temps (vous parlez d’une coupure pub) ne sont donc pas tombées dans l’oreille d’un kroot, mais bien dans celles d’ O’shovah, qui se fait un plaisir de distiller de sages conseils à son tuteur. Ce dernier, bien que rendu chafouin par la réalisation brutale de la défection de son élève, accepte de jouer le jeu, et occupe cet écorché vif de Durian assez longtemps pour qu’une humble cadette au nom plus insignifiant qu’imprononçable3 ne place un neck shot bien senti dans le gorgerin du Space Marine, ce qui le distrait assez longtemps pour que Sha’kanthas lui règle définitivement son compte de sa botte secrète: le coup du chass’taupes (ça ne marche qu’avec des adversaire qui ne portent pas de casques). La nouvelle se termine par le remplacement de la vitrine perdue du musée par une dissection de toute beauté du cadavre de Durian, et un Sha’kanthas ayant pris un rendez-vous avec son conseiller Apec pour réaliser le bilan de compétences qui devrait lui permettre de donner un nouvel élan à sa carrière. Ces trimestres ne vont pas se cotiser tous seuls!

1 : Les experts sont formels, le ‘dzincta’ tape à 45°C.
2 : Qui a choisi ce nom en hommage au fruit de Terra, dont il partageait le distinct fumet.
3 : Kha’lithra, si vous insistez. Voilà un scroll de souris que vous ne pourrez jamais regagner.

AVIS :

L’avenir nous dira si la création/exhumation par Phil Kelly d’une nouvelle figure notable de l’entourage du Commandeur Farsight servira à autre chose que mettre ce dernier en valeur, et lui permettre d’avoir des dialogues profonds. Sha’kanthas ne marque en effet pas le lecteur par son charisme débridé, et son empoignade avec le malheureux Durian ne lui donne pas l’occasion de s’illustrer outre mesure. De son côté, le Maître de Chapitre éprouve les pires difficultés à faire une phrase sujet verbe complément (même quand son adversaire a la gentillesse de lui traduire ses répliques), et se contente de courser T’auT’au en rugissant comme un possédé. On s’interrogera enfin sur la plausibilité qu’un simple champ de stase impérial ait mis en échec la technologie avancée du Bien Suprême, qui n’a pas déployé de grands efforts pour récupérer l’un de ses héros les plus célèbres. À noter que les ingénieurs de la caste de la Terre ont trouvé un moyen pour déplacer une bulle de stase, ce qui me semble conceptuellement difficile (ça ne tient pas sur un monte charge classique tout de même?). Bref, une nouvelle dont la fin, et surtout, la poursuite, semble justifier les moyens et le peu d’intérêt narratif pour Phil Kelly. Il a intérêt à faire le taf’, ce Sha’kanthas…

.

Void Crossed – J.C. Stearns :

INTRIGUE :

Void CrossedSur la planète disputée (Eldars -> Imperium -> Orks -> Eldars) de Dunwiddian, l’Archonte Melandyr de la Serre d’Emeraude livre un combat aussi équilibré que sans merci aux forces du Vaisseau Monde de Tir-Val. Féru de marche à pied et de vol d’âme à la tire, Melandyr a surtout une grande passion dans la vie : Ciorstah. Ce nom est celui de son ancienne amante, du temps où tous deux servaient parmi les Corsaires du Prince Eidear (déjà entr-aperçu dans ‘Wraithbound’, du même auteur), avant que des dissensions sur leur choix de carrière (loyaliste bonne pour Madame, hédoniste mauvais pour Monsieur) ne les fâche et les éloigne pour de bon. Ayant appris que Tir-Val, dont les armées sont maintenant menées par l’Autarque Ciorstah, avait pour projet de conquérir Dunwiddian après le départ des envahisseurs Orks, Melandyr a sauté sur l’occasion et le portail Warp le plus proche pour reprendre (full) contact avec son ex.

Pendant que leurs forces respectives s’amenuisent avec une constance et une réciprocité admirable (la bataille se termine par un duel après que tout le monde ait fui et que Melandyr ait tué la Banshee qui venait d’occire son dernier Incube), et que les premiers temps de leur relation sont racontés par quelques épisodes en flashback, les deux tourteraux se rentrent dans le lard avec une fougue intacte et des résultats prévisibles : une agonie partout, Baal au centre. Alors que Melandyr et Ciorstah poussent le vice et l’amour vache jusqu’au concours de celui qui mourra en dernier, qui voit on arriver à l’horizon ? Les Ynnari, toujours là quand il s’agit de manger des morts (notamment la cabale du Lotus Acéré, déjà vue dans ‘The Turn of the Adder’). On ne saura pas ici si les fidèles d’Ynead parviennent à recruter ou reformater l’un ou l’autre ou les deux rivaux, mais on peut tous reprendre en cœur avec les Rita Mitsouko : « les histoires d’amour finissent mal…eeeeeeennnnn….géeeeneeeéraaaaal ! ».

AVIS :

On devine dès les premières pages de la nouvelle où J.C. Stearns veut nous conduire, mais il le fait avec une efficacité sobre et assez plaisante à lire, qui compense à mes yeux l’absence de suspense de ce ‘Void Crossed’. Stearns confirme un peu plus son statut d’auteur Eldar tout terrain, position que l’inconstance chronique de Gav Thorpe a franchement ouverte. Mine de rien, notre homme prend soin de faire des passerelles entre ses différentes histoires à oreilles pointues, et pourrait donc prétendre à la création d’un Stearniverse placé sous le double signe de l’amûûûûr (‘Wraithbound’ présentait également une histoire d’amants contrariés) et d’Ynnead, deux spécialisations sur lesquelles il y a pour le moment peu de risques qu’on vienne le concurrencer au sein de la BL. On verra bien si cela débouche sur quelque chose de plus conséquent, mais en tout cas J.C. Stearns a prouvé qu’il savait écrire du 40K de façon convenable.

.

Light Of A Crystal Sun – J. Reynolds :

Light of a Crystal SunINTRIGUE :

De retour de sa petite virée shopping & smashing dans le Vaisseau Monde Lugganath (Primogenitor), Fabius Bile se retrouve confronté à un problème aussi insoluble qu’acéré. Le cristal qu’il a dérobé dans le bosquet psychique des Zoneilles, et qu’il compte utiliser pour découvrir la manière dont ces derniers arrivent à stocker l’intellect et la personnalité de leurs Prophètes dans de la matière inerte, refuse obstinément de livrer ses secrets. Pire que ça, il se permet de gueuler comme un putois en rut dans son laboratoire, ce qui apparaît à notre rationnel savant fou (car l’un n’exclut pas l’autre) comme hautement improbable. Après tout, si les morts peuvent danser, ils ne devraient pas pouvoir hurler. Fascinant. Ab-so-lu-ment fa-sci-nant.

Si Bile tient tant que cela à craquer les mots de passe des Eldars, c’est qu’il aimerait bien pouvoir disposer d’une copie externe de sa précieuse personne, qui consomme corpus sur corpus à un rythme soutenu depuis plusieurs millénaires. Et si la maîtrise du clonage dont il dispose lui permet de continuer son grand œuvre sans trop perdre de temps, chaque transfert dans un nouvel organisme s’avère plus risqué que le précédent. Voilà pourquoi notre Apothicaire touche à tout bricole dans son laboratoire depuis plusieurs jours, faisant grande consommation de Psykers maison pour tenter de débloquer ce contenu caché. Ses tâtonnements ayant conduit un grand nombre de ses serviteurs à l’état de légumes décérébrés, Fabio décide de prendre les choses en main, ou plutôt, en tête, se prépare un petit cocktail psychotrope carabiné, et prend place dans le cercle des mutants en voie de disparition, malgré les conseils de prudence proférés par son fidèle Narthecium1, Arrian Zorzi. Après un petit cul sec, c’est donc parti pour une session d’oculus rift d’un genre particulier.

Et si le début de partie se passe sans problème pour notre cyber grand-père, qui, coquet, se choisit même un avatar reflétant sa plastique au moment du siège de Terra, le soleil cristallin au cœur du Vaisseau Monde, habité par les âmes et esprits des Eldars défunts de Lugganath, ne tarde pas à darder des rayons hostiles en direction de l’intrus. S’en suit une bataille digne d’un boss fight de Dark Souls, Fabius cassant du cristal de droite et de gauche – et assommant sans doute quelques Psykers au passage avec ses grands moulinets – sans obtenir de résultats probants jusqu’à l’expiration du timer, marqué par la combustion spontanée des batteries psychiques survivantes. Jugeant cette manifestation comme un signe que la partie était mal engagée, Arrian coupe la connexion à la borne, sauvant probablement la vie de son chef, mais ne décourageant pas ce dernier de retenter sa chance dès que ses laborantins lui auront installé une nouvelle LAN. Press Start… Press Start…

1 : L’équivalent d’un bras droit chez les Apothicaires.

AVIS :

Quand une nouvelle se termine sans avoir fait avancer la situation dans laquelle le protagoniste se trouve au départ, on peut légitimement se poser la question de son intérêt. Et, bien que mon attachement pour Josh Reynolds reste aussi sincère que profond, nous nous trouvons malheureusement dans ce cas de figure avec Light of a Crystal Sun. L’Apothicaire cancéreux arrivera-t-il à hacker le disque dur cristal externe de Lugganath, ou les pare-feux psychiques installés par les Guerriers Aspects du Temple de Dent Bleue1 se révéleront-ils trop coriaces pour le papy gâteux ? Eh bien, on ne le saura pas, ou en tout cas pas ici. Si l’auteur démontre une fois encore qu’il est parfaitement à l’aise dans la mise en scène du 41ème millénaire et l’utilisation de personnages nommés aussi iconiques que Fabius Bile, la copie qu’il rend cette fois-ci est tristement quelconque, et même assez confuse lorsque Georges Cloné se frite avec l’avatar vitreux et vitré du Vaisseau-Monde pillé. Retenons simplement que Fabius a un beef en cours avec ce poseur d’Ahriman – l’information la plus importante de la nouvelle, en toute objectivité – et restons-en là.

1 : Peu connu mais très utile, surtout quand l’âge moyen de votre population dépasse allègrement les 500 ans.

.

War In The Museum – R. Rath :

War in the MuseumINTRIGUE :

S‘il y a bien une chose d’infinie chez Trazyn, c’est sa capacité à se mettre dans l’embarras tout seul comme un grand, bien souvent en tentant le diable C’Tan pour embellir sa collection de Chibis. Nous retrouvons notre esthète millionnaire (aussi bien en ressources qu’en années) alors qu’il finalise la restauration d’un spécimen de Prince Tyranide, collecté en même temps qu’un essaim entier de ses congénères de la flotte ruche de Kronos sur le monde de Vuros un quart de siècle plus tôt. Cet attrait pour les cafards de l’espace ne lui a pas valu que des commentaires élogieux dans le Telerama Necron, beaucoup parmi ses congénères voyant d’un mauvais œil les derniers ajouts opérés par l’excentrique Overlord à ses galeries personnelles. Même Orikan le Devin s’est fendu d’une petite prophétie à ce sujet, pressentant que la Grande Dévoreuse finirait par engloutir Trazyn et son musée… sans succès jusqu’ici.

Tandis que son équipe s’active à réhydrater le Prince endormi, afin qu’il puisse prendre dignement sa place dans l’aile tyranique récemment aménagée par notre héros, ce dernier reçoit une alerte l’avertissant d’une présence inconnue à proximité. Ayant placé l’opération Blanche-Neige (il connaît ses classiques, le bougre) sous très haute surveillance, Trazyn décide d’aller enquêter lui-même sur la cause de ce désagrément, et remonte la piste des signaux jusqu’au cœur de sa soigneuse reconstitution de la défense héroïque d’un avant poste impérial par les hordes chitineuses de Kronos… et se fait massacrer par un Lictor en pleine possession de ses moyens. Les risques du métier. Ce n’est évidemment  pas la fin pour Trazyn, rassurez-vous, qui a sagement stocké ses fichiers de sauvegarde sur le Cloud, et peut donc se matérialiser dans l’un de ses suivants pour mener à bien l’opération de chasse au gros qui s’impose. Laissant son Cryptek terminer le repulpage de sa pièce maîtresse, il entraîne donc ses Lychguards pour une partie de « Où est Charlictor? », dont il ne doute pas un instant du résultat. Il a donc la désagréable surprise de voir son escorte se faire fracasser avec une aisance déplorable par le Xenos en goguette, qui prend de plus un malin plaisir à cibler particulièrement le noble Necron, forçant ce dernier à transférer ses données d’hôte en hôte jusqu’à se retrouver seul, l’insatiable bestiole toujours sur les talons.

Aux grands maux, les grands remèdes: se souvenant sans doute des vidéos de Qui veut gagner des millions? qu’il a découvert après avoir pillé les quartiers privés de Malcador au lendemain de l’Hérésie d’Horus, Trazyn décide de faire appel à un ami, ou, à défaut, un Magos spécialiste dans la lutte contre les Tyranides. Et ça tombe bien, il a justement en stock Mr. V1, qu’il sort de stase en cette heure de besoin. V accepte de filer un coup de méchadendrite à son hôte et geôlier, sous réserve qu’il lui permette de rester en veille prolongée au lieu de l’éteindre systématiquement, ce qui lui permettra de rester productif tout en prenant la pose de façon convenable pour les visiteurs de Trazyn. Marché conclu. La recommandation du senior consultant est de réveiller deux autres spécimens du musée ayant l’expérience de la lutte contre les xenomorphes: les sœurs et Sœurs de Bataille Clara et Setine Fontaine, « prélevées » lors de la défense d’Okassis contre la flotte ruche Kraken. Ayant pris soin de leur poser des scarabées firewall pour éviter tout excès de zèle fâcheux, Trazyn s’exécute, et convainc les Sistas de lui prêter main forte, en échange d’une libération de l’exposition où elle figurait jusque là. N’ayant pas beaucoup d’autres alternatives de toute façon, les filles de l’Empereur acceptent le deal.

Je me dois de faire un petit aparté ici pour souligner une trouvaille scénaristique drôlatique de Rath. Il s’avère en effet que, si Clara est bien Clara, Setine, elle, s’est trouvée trop endommagée pour être mise en scène de façon photogénique par ce perfectionniste de Trazyn. Ce dernier a donc opté par un remplacement pur et simple, même s’il a réutilisé les parties valides de Setine pour réparer Clara (une pratique courante dans les musées, comme il le fait remarquer à cette dernière, horrifiée d’apprendre qu’elle a hérité de la main droite, la cornée et des organes internes de sa sœur). Setine est en fait Magdalena, et n’a jamais combattu les Tyranides, ce qui est logique car elle a servi au 36ème millénaire, sous les ordres de… Goge Vandire, auquel elle reste totalement dévouée. La reconstitution historique mène à des résultats parfois étranges…

Notre fine équipe sort affronter le Lictor, qui finit par mordre la poussière après quelques échanges de bolts, lasers et rayons de fuseur nourris. Ce n’est toutefois pas la fin des e**erdes pour Trazyn et ses alliés de circonstance, puisque tous les champs de stase dans lesquels ses spécimens sont conservés tombent en panne les uns après les autres. Se retrouver au milieu de 20.000 Tyranides, certes un peu groggy, mais définitivement affamés, et menés par leur Prince, qui arrive tel un lui-même après avoir disposé du Cryptek de garde, n’étant pas porteur de grandes perspectives pour nos héros, ils décident sagement de battre en retraite, pendant que le musée se transforme en champ de bataille apocalyptique. Comprenant que quelqu’un tire les ficelles et appuie sur les boutons dans l’ombre, Trazyn fait grand train jusqu’au Nexus Mundi, la salle de contrôle de son centre d’exposition…

Début spoilerOù il tombe nez à nez (façon de parler pour des Necrons) avec Orikan, qui n’a pas digéré (façon de parler aussi) que Solemnace et son maître ne se soient pas faits assimiler par la floche ruche Behemoth, comme il l’avait pourtant prédit. Sa réputation étant en jeu, Orikan complote depuis lors à la chute de son rival, des griffes, tentacules et proboscis des Tyranides, afin de maintenir son aura d’infaillibilité. Bien aidé par ses pouvoirs temporels, cela fait plusieurs fois qu’il essaie de provoquer l’accident que le musée vit en ce moment, ce qui explique comment un simple Lictor a pu donner tant de fil à retordre à un Overlord et sa garde personnelle (ce mauvais perdant d’Orikan appuyant sur Start à chaque nouvel échec).

Les deux immortels se mettent à se crêper la crête (pour le chignon, on repassera), d’abord sous forme de paquets de bits, puis par hôtes interposés, Clara et Magdalena ayant la malchance d’être chacune pén- investie par un Necron en goguette (voire par les deux, dans le cas de Magdalena, qui prend ce threesome mental de façon très posée). L’arrivée du Prince Tyranide sur les lieux de l’empoignade provoque toutefois la fin du match, lorsqu’Orikan tente de hacker super cafard… et se fait jeter comme une bouse, précipitant sa retraite hors de Solemnace. Son rival vaincu, Trazyn n’a aucun mal (en tout cas, c’est ellipsé) à remettre de l’ordre dans son arrière boutique, et le temple de l’Empereur au milieu de la cité  ruche. Fidèle à sa parole, il laisse le Magos V compter tranquillement jusqu’à lui-même dans un coin, et change de place Clara et Magdalena (il n’avait pas promis autre chose!), permettant notamment à cette dernière de contempler la reconstitution de la décapitation de son cher Goge Vandire. Qui a dit que les conservateurs de musée étaient de tristes sires?Fin spoiler

1Quasi-certainement le Magos Varnak, qui commandait la garnison impériale du monde de Tyran, au moment où vous savez qui ont débarqué. Une célébrité donc.

AVIS :

J‘ai été très favorablement impressionné par cette nouvelle de Rath, qui se place plusieurs crans au-dessus de son inaugural Divine Sanction à mes yeux. En plus de parvenir à faire gagner à son propos en intensité dramatique et scénaristique au fil des pages (ça commence comme Predator, et ça finit comme Independence Day), Rath explore de façon jubilatoire le côté excentrique et pince sans rire de Trazyn, et met à profit les possibilités offertes par les prouesses technologiques Necron pour concocter quelques situations savoureuses. Il se paie même le luxe de poser un teaser fluff en fin de récit, Trazyn comprenant que si Orikan s’est contenté de monter une opération de faible envergure contre lui au lieu de revenir dans le passé pour s’assurer que la flotte ruche Behemoth ne rate pas Solemnace, comme la première fois, c’est parce qu’il a découvert la présence dans les collections de son ennemi d’une pièce de choix, abîmée mais toujours capable d’après lui de permettre l’apothéose Necron. Quelle est elle? Mystère (pour moi en tout cas), mais ça donne vraiment envie d’en savoir plus. Réservez votre pass coupe-file dès maintenant pour la prochaine exposition!

.

Headhunter – S. Parker :

INTRIGUE :

HeadhuntedDans les ténèbres obscures et sombres du sous-secteur Charybdis, à proximité du monde d’Arronax II… une baleine cosmique est venue se nourrir de krill stellaire. Quittons maintenant la chaîne National Geographic pour rejoindre Grimdark TV, et rendons-nous compte que la baleine était en fait un vaisseau Ork, venu récupérer les débris flottants d’un champ de bataille délaissé depuis longtemps1. La caméra se braque alors sur Gorgrot, un Mek plus chétif mais plus intelligent que la moyenne de ses congénères, et qui tombe sur une épave de navette spatiale dont l’habitacle contient un bouton clignotant lorsque les peaux vertes se réunissent pour examiner leur butin. Qui dit lumière dit énergie, et notre bricoleur de l’extrême se voit déjà inventer un fling’ kustom’ pas piqué des vers grâce à cette trouvaille inespérée… que cette dernière lui est confisquée par un de ses collègues de bureau, plus costaud et donc plus gradé que lui. C’est alors que l’habitacle de la navette s’ouvre, et que les vrais héros de notre histoire font leur apparition, pour la plus grande ruine des Xenos. Les cinq membres de l’escouade Talon fondent en effet sur les Meks et leurs assistants Grots comme le Miserere sur Mozart (ou l’inverse), et sécurisent les docks du vaisseau avec le professionnalisme qu’on est en droit d’attendre de la part de membres de la Deathwatch.

Avant d’aller plus loin, présentons un peu plus en détail nos Astartes de choc ainsi que leurs raisons d’investir un bâtiment ork. Menée par l’Archiviste Karras (a.k.a. Scholar) des Death Spectres, l’escouade Talon sert un Inquisiteur acariâtre et tête voix à claque simplement nommé Sigma, et qui passera la nouvelle à critiquer ses grouilots et à augmenter le niveau de difficulté, déjà très relevé, de leur mission en improvisant des objectifs secondaires on the fly. En plus de Karras, Talon compte un Ultramarine scout, formé par Tellion en personne et ayant toujours un plan pour tout (Solarion a.k.a. Prophet), un Imperial Fists spécialiste en mécanique, véhicules et explosions (Maximmion Voss a.k.a. Omni), un Raven Guard berserker et grand maître en griffure éclair (Zeed a.k.a. Ghost), et un Exorcist renfrogné et asocial (Rauth a.k.a. Watcher), dont le plus grand plaisir dans la vie semble être d’épier les moindres faits et gestes de Karras2. Cette fine équipe a été envoyée sur le vaisseau du Big Boss Balthazog Bludwrekk (a.k.a. B4) pour, littéralement, lui prendre la tête, et Karras se trimballe donc une mallette de transport dernier cri (mais pesant vingt kilos) pour pouvoir ramener le trophée à Sigma en bon état. Pourquoi ? Mystère…

Comme il sied à une mission de la Deathwatch écrite par Steve Parker, les probabilités de succès se trouvent quelques zéros derrière la virgule, ce qui n’empêche pas nos surhommes de se balancer des blagounettes (ou des remarques hautaines dans le cas de Solarion) alors qu’ils progressent vers leur cible. Pendant que les bons potes Ghost et Omni partent saboter les réacteurs du vaisseau, Scholar, Prophet et Watcher se fraient un chemin, par monte charge abandonné et escaliers délabrés interposés, jusqu’à la salle du trône de Bludwrekk. Tout le monde n’étant pas aussi discret que Solarion, l’alarme finit par être donnée, et Sigma donne l’ordre à l’Ultramarine d’aller faire péter quelque chose à l’arrière plan pour faire diversion, ne laissant que Karras et Rauth pour régler son compte au Big Boss. Ce dernier, en plus d’être protégé par deux gardes du corps de fort belle taille, est un Psyker expérimental, dont la puissance est augmentée par les centaines de Bizarboyz qu’il a trépané et installé sur une sorte de machine à dialyse psychique. Confronté à une telle puissance, les petits mantras inspirationnels de Karras et son épée de force très aiguisée ne font pas vraiment le poids, forçant l’Archiviste à tenter le diable et surtout le Warp pour l’emporter (bien aidé par Rauth, il faut dire). La décapitation de Bludwrekk manque de peu d’être suivie par l’exécution préventive de Karras par son garde chiourme, qui en bon Exorcist, déteste les Psykers et n’attendait donc que ça. Fort heureusement, Scholar retrouve ses esprits avant que Rauth ne finisse de réciter le Notre Père, et parvient à convaincre l’impitoyable Watcher de lui laisser une chance de réaliser un test de personnalité de retour au bercail, plutôt que de lui coller un bolt dans le crâne. C’était moins une.

De là, il ne reste plus à notre petite bande qu’à retourner jusqu’à leur navette malgré les milliers d’Orks déchaînés se trouvant entre eux et le salut, et cela en un temps record car le vaisseau est sur le point d’exploser et leur évacuation hors du système doit se faire à une heure très précise. La routine pour la Deathwatch, qui n’a besoin que de quelques pages pour mener cette tâche à bien, et apporter à Sigma son nouveau jouet. Notre propos se termine avec la remise de la tête de Bludwrekk à un Magos du Mechanicus d’obédience plutôt radicale, qui tente de percer les mystères de l’énergie Waaagh !!!. C’est l’occasion pour Sigma de se fendre enfin d’un compliment envers l’escouade Talon, qui n’est bien sûr pas là pour l’entendre. Le devoir est sa propre récompense, comme on dit.

1 : Il faut noter que Parker est un défenseur convaincu et militant de la cause animale (cela se voit sur son compte Twitter), ce qui explique sans doute ce début « naturaliste ».
2 : Tous les surnoms ont été trouvés par Zeed, dont le rôle d’expert du combat en corps à corps se double de celui de boute en train de la bande. Il faut noter que Solarion et Rauth détestent être appelés autrement que par leur nom officiel, ce qui ne décourage absolument pas Zeed d’en faire à sa tête.

AVIS :

Nouvelle d’action à la sauce Space Marines comme la BL en a pondu des centaines, ‘Headhunter’1 bénéficie fortement du talent de Steve Parker pour se placer d’une bonne tête (héhé) au-dessus de la concurrence. Il n’y a pas grand-chose à jeter ici, depuis l’aisance et l’inventivité narrative de l’auteur, qui nous gratifie d’un magnifique McGuffin en ouverture, puis enchaîne sur un récit nerveux, bien structuré et sans faux raccords évidents, en passant par le développement impeccable des personnages, « singularisés » de manière efficace, chacun attachant à sa manière – même cette mijaurée de Sigma –, et dont les relations évoluent entre le début et la fin de la nouvelle (c’est particulièrement vrai quand on a lu les romans de Parker), jusqu’aux petites touches de fluff intégrées à l’histoire. Ca paraît simple et facile à la lecture, mais, croyez moi sur parole, 95% des Space Marinades que vous lirez seront très en dessous de ce ‘Headhunter’. Raison de plus pour savourer cette réussite rare à sa juste valeur, et se féliciter que la Black Library l’ait mise à la disposition du plus grand nombre en la traduisant en français.

1 : Qui s’est d’abord appelée ‘Headhunted’. Le changement est difficile à rendre de façon élégante en français, mais on peut dire que le titre est passé de ‘Chassé dans la Tête’ à ‘Chasseur de Têtes’.

Duty Unto Death – M. Collins :

INTRIGUE :

Le monde mort et loqueteux de Loque II reçoit du beau monde aujourd’hui. Une série d’événements fortuits et regrettables ayant amené leur vaisseau à rentrer en collision avec une vrille de flotte ruche tyranide, le Capitaine Bouclier Tamerlain et ses frères Custodes n’ont eu d’autres choix que de se téléporter à la surface du planétoïde, avant que les Xenos ne commencent à grignoter la carlingue. Ils ont pris avec un eux un container d’auramite, dont ils tiennent absolument à préserver l’étanchéité, y compris de la curiosité du lecteur, qui se demande bien ce que le tupperware doré renferme comme trésor.

Confrontés à rien de moins qu’une invasion planétaire en bonne et due forme, les tout meilleurs de l’Empereur ne se dégonflent pas le moins du monde, et font ce qu’ont leur a appris en BTS Custoderie : tenir les fortifications (ils se construisent un petit fort en basalte pour l’occasion, c’est trop choupinet). Les hordes chitineuses ont beau s’abattre sur l’humble redoute, nos héros ne cèdent pas un pouce de terrain, et punissent grièvement tous les assauts tyranides, depuis le classique et toujours (in)efficace Gaunt rush, jusqu’au plus exotiques Lictor sneak, Warrior strike et autre Zoanthrope probe. Bien évidemment, les compagnons de Tamerlain tombent un à un au champ d’honneur, histoire de ménager un brin de suspense, laissant le Capitaine Bouclier combattre seul le Prince tyranide qui finit par arriver comme un lui-même après plusieurs jours/semaines de combats sans merci. La lutte est un peu plus accrochée qu’au cours des quinze pages précédentes, mais Tamerlain finit tout de même par planter sa petite dague dans l’œil du monstre, qui a l’obligeance d’en décéder.

Une ellipse bienvenue nous permet d’obtenir le fin mot de l’histoire, lorsqu’une barge de bataille d’un jaune pisseux finit par arriver en orbite de Loque II, et n’a aucun mal à défaire les flottes ruches (il y en avait plusieurs) en orbite autour du monde. Il faut croire que ce Prince était vraiment très populaire parmi ses sujets1, pour que sa disparition ait à tel point sapé leur moral. Si les Astartes se sont déplacés, c’est qu’ils ont capté un appel à l’aide de très haute priorité, évidemment envoyé par le mystérieux caisson de Tamerlain. Ce dernier, après avoir passé un enduit de chitine sur les fondations de son fortin pour s’occuper, s’était mis en mode économie d’énergie jusqu’à l’arrivée des renforts, qu’il accueille avec l’imperturbable calme de celui qui sait qu’il le vaut bien. Et si les introductions avec le Capitaine Ignus Vurl sont un peu fraîches, nul doute que l’atmosphère va se réchauffer lorsque Tata Merlain sortira son matos de primarisation de sa mallette. Car c’était bien pour ça que les Custodiens étaient partis en tournée galactique. Plaisir d’offrir…

1 : Sans doute une vrille britannique.

AVIS :

Il y a des nouvelles dont le cahier des charges apparaît clairement à la lecture, ce qui est en général plutôt mauvais signe. ‘Duty Unto Death’ (la maxime que les Custodiens passent leur temps libre à se répéter) ne fait pas exception : la BL avait besoin d’illustrer l’exceptionnelle qualité/résistance/compétence des Gardiens de Pépé, à travers un engagement tellement déséquilibré qu’il en devient comique, ainsi que de mettre un peu à jour le fluff des über casaniers de Terra (maintenant que leur confinement de dix millénaires a pris fin), et Collins a écrit en fonction. Si on ne devait juger cette nouvelle que sur cette base, le résultat serait loin d’être honteux, même si les hauts faits martiaux de la bande à Tamerlain arracheront davantage un baillement qu’une larme au lecteur un tant soit peu habitué aux standards de la maison. Là où le bât blesse, c’est dans l’absence d’efforts faits par l’auteur pour justifier et valoriser un tant soit peu cette base narrative.

Par justification, j’entends l’explication logique d’un affrontement qui n’aurait pas dû avoir lieu : je veux bien que les Tyranides ne réfléchissent pas beaucoup et pas souvent, mais une flotte ruche qui déballe le grand jeu1 en débarquant à la surface d’un monde mort et proprement immangeable toute la grande familia (too soon ?) pour tuer six malheureux Custodiens, c’est vraiment très bath. Tout comme chercher systématiquement le close en exposant ses créatures synapses, alors qu’une dizaine de Biovores à longue portée aurait plié la chose en trente minutes, c’est vraiment trop congre. On me dira que c’est la seule configuration qui permettait de rendre le combat cinégénique, ce à quoi je répondrai qu’un véritable auteur évite de prendre ses lecteurs pour des truffes et se creuse un peu la cervelle. Par valorisation en revanche, je regrette que Collins n’ait pas joué sur le terrible danger qu’aurait représenté la perte du kit de primarisation transporté par les Custodiens au profit des Tyranides. S’il y a bien une espèce de Xenos qui peut exploiter le potentiel génétique de super Space Marines, ce sont les cafards de l’espace, et le mentionner quelque part aurait ajouté un peu d’enjeu à la nouvelle. Bref, il y avait à mes yeux moyens de faire beaucoup mieux ici, même si le résultat est loin d’être aussi terrible que certaines soumissions de collègues de M. Collins.

1 : Au point où la masse de vaisseaux en orbite autour de Loque II influe sur la gravité de la planète. J’ai oublié beaucoup de chose de mes années de physique-chimie de collège/lycée, mais je suis raisonnablement certain que c’est très improbable..

***

Et voilà qui termine cette revue de ‘Nexus & Other Stories’, le produit d’initiation au fluff du 41ème millénaire de la BL en ce début de V9, comme la boîte Indomitus a (été) celui de découverte du jeu à proprement parler. La comparaison qui vient immédiatement à l’esprit est celle avec le recueil précédent sorti par la Black Library (‘Crusade & Other Stories’), dont ‘Nexus…’ ne constitue au fond qu’une simple mise à jour… incomplète sur certains points.

Je veux par là revenir sur l’introduction au background actuel (le retour de Guilliman, la Croisade Indomitus, le Sombre Imperium…) que l’on est en droit d’attendre de la part d’un bouquin de ce type. Comme cela avait été le cas pour ‘Crusade…’, cette dimension n’a pas été franchement explorée, comme la présence de nouvelles assez anciennes (‘Missing in Action’ date de 2002, ‘Headhunter’ de 2009) le dénote. Etant de tendance assez conservatrice en matière de lore, ce n’est pas moi qui viendra me plaindre de la présence de ces vieilleries (qui comptent d’ailleurs parmi les meilleures entrées du recueil), mais il me fallait souligner cet état de fait pour les nouveaux venus dans le Zhobby.

Pour le reste (présence des factions de 40K, variété des styles, caméos de personnages connus, auteurs convoqués), ‘Nexus’ m’a semblé être aussi bon, voire parfois meilleur, que son prédécesseur. Mention spéciale pour la veine humoristique notable qui parcourt le bouquin (‘Where Dere’s Da Warp…’, ‘To Speak as One’, ‘The War in the Museum’…), qui était absente de ‘Crusade…’ et qui manquait, avec le recul, à ce type d’ouvrage introductif. Car 40K ne serait pas 40K s’il était totalement et irrémédiablement grimdark au premier degré, une leçon que tout noobie se doit d’apprendre rapidement s’il veut aller loin et lire beaucoup sur la voie de la BL. Petite préférence pour la dernière version donc, même si ‘Crusade…’ reste très honnête pour son prix.

BLACK LIBRARY ADVENT CALENDAR 2019 [40K – AoS]

Bonjour à tous et bienvenue dans ce qui se trouve être le résultat final d’une session de live reviewing (à suivre « en direct » sur le Warfo), sur la base de ce que j’avais initié pour le Summer of Reading 2019. Cette fois-ci, et comme le titre et/ou l’illustration de ce billet vous l’auront certainement déjà indiqués, je me suis lancé dans la revue critique des nouvelles (et pas des audio drama, ce qui a divisé la charge de travail par deux et m’a permis de faire autre chose de mes soirées de Décembre que du commentaire composé) proposées par la BL dans son traditionnel Calendrier de l’Avent, soit 12 courts formats publiés entre le 1er et le 24 Décembre (le 25 et le 26 étant consacrés à des romans, dont le grand et inespéré retour des Last Chancers de Gav Thorpe).

Au programme de ces réjouissances littéraires, des histoires diverses et variées, prenant place aussi bien dans le 41ème millénaire que dans les Royaumes Mortels, en passant par l’enfer urbain de Necromunda. On signalera également l’intégration de deux nouvelles siglées Warhammer Horror dans cette anthologie de fait, pour un tour d’horizon assez large des franchises de la GW-Fiction. À titre personnel, je regrette que ni Warcry, ni Blood Bowl n’aient été inclus au menu, et que les soumissions Blackstone Fortress et Hérésie d’Horus aient été cantonnées au format audio drama, que je goûte moins que le bon vieux format écrit.

Digital Advent Calendar 2019

.

En termes de contributeurs, nous avons eu droit à une sélection plutôt orientée « nouvelle vague », C. L. Werner faisant office de vétéran, tandis que pas moins de la moitié du casting était constituée de rookies de la BL, ayant commencé à collaborer avec la maison d’édition de Nottingham en 2018 ou 2019. L’occasion de se familiariser avec les plumes les plus récentes de la Black Library, certaines faisant même leurs débuts dans la carrière et les univers fictionnels impitoyables de Games Workshop.

Alors, qu’est-ce que ce cru 2019, le dernier de la décennie (ce qui ne veut rien dire en soit mais fait tout de même cool), a donné? Le lecteur en a-t-il eu pour son argent – ce qui serait heureux, si il/elle a opté pour la formule globale à 88€ – ? Les réponses, les miennes en tout cas, ci-dessous…

.

The Crystal Cathedral – D. Ware:

.

The Crystal CathedralINTRIGUE:

Nous retrouvons la Sœur Augusta Santorus de l’Ordre de la Rose Sanglante, peu de temps après les événements couverts dans Forsaken. Toujours placée sous le patronage sévère mais juste de la Sœur Supérieure Veradis, l’escouade à laquelle notre héroïne appartient a reçu une nouvelle mission : assister à la reconsécration de la cathédrale de Clermont-Ferrand Caro, un ouvrage de cristal noir unique en son genre que la populace reconnaissante a élevé en souvenir de la victoire remportée il y a un millénaire par la Sœur Farus, elle aussi de la Rose Sanglante, sur l’infestation Xenos qui avait gagné cette petite lune1. Cette cérémonie est le point d’orgue des festivités organisées par les locaux pour célébrer le retour à la normale, et notamment la réouverture des fameuses mines de pierres précieuses dont Caro se targue. Et à ceux qui trouveraient que 1.000 ans, ça fait long pour passer le balai, je répondrai qu’obtenir un permis de détruire, puis un permis de construire, depuis le centre administratif du sous-Segementum, ça prend un certain temps, et que les travaux, on sait quand ça commence mais pas quand ça finit. Non mais. Toujours est il que nos pieuses Sœurs arrivent sur place, déposent leurs armes à l’entrée du lieu saint – car apparemment, il est blasphématoire d’entrer armé dans la maison de l’Empereur, comme tout Custodes vous ne le dira certainement pas2 – et pénètrent à l’intérieur de la nef, où une foule considérable s’est rassemblée pour assister à l’office.

Les Roses Sanglantes ont cependant à peine le temps de profiter du son et lumière grandiose qui s’offre à elle, et qui culmine en une conjonction astrale rarissime permettant à la rosace du chœur central de s’illuminer pour la première fois en mille ans (depuis le début de la construction de l’édifice, donc), qu’une tragédie s’abat sur la congrégation, sous la forme d’un Xenomorphe3 tyranide qui dégringole du plafond dans une cascade de verre brisé. 7 millénaires de malheur. Alors que la foule fuit piteusement les assauts meurtriers de la bestiole (sauf le Diacre en charge de l’office, tellement vénère d’être interrompu qu’il se met à injurier le maraud sans discontinuer : ça ne sert à rien mais c’est marrant), les Sœurs de Bataille réagissent avec leur efficacité coutumière, en opérant une retraite stratégique vers l’entrée de la cathédrale afin de récupérer leurs bolters et ainsi équilibrer les… Ah non. Sainte Barbie m’envoie une vision me prévenant que Verandis préfère envoyer la porteuse de bolter lourd repartir seule rechercher son arme, tandis que les autres membres de l’escouade engagent Tyty au corps à corps. J’avais oublié que nous étions dans une nouvelle de Danie Ware, où tout le monde est grand-maître de Krav Maga (sauf Verandis elle-même, qui préfère le judo et envoie donc son adversaire au tapis d’un Koshi Guruma bien senti).

Le combat qui s’ensuit, pour violent et sanglant qu’il soit, ne s’avère guère concluant. D’un côté, le Xenos bouge à la vitesse du son et est doté d’une force prodigieuse, ainsi que d’une chitine impénétrable pour les petites dagues que les Sororitas s’obstinent à utiliser contre lui, de l’autre, l’armure énergétique des meilleures de l’Empereur absorbent les horions de Tyty avec une facilité déconcertante (peut-être que les jets de sauvegarde se font sur un D66, ce qui rend le 3+ beaucoup plus favorable). Toujours est-il qu’il ne se passe pas grand-chose pendant quelques pages (un peu comme lors d’un corps à corps de la V3), jusqu’à ce que l’artilleuse de la sororité, une dénommée Leona, arrive avec son petit ami (Scarface like). Et là, c’est le drame. Doublement même. D’une part car l’une des Sœurs de Bataille, Pia, se retrouve dans la ligne de mire de sa comparse, et finit sa carrière en victime collatérale. C’est moche. Mais surtout, surtout, car Ware ose sortir un special move tellement débile et cartoonesque de la part de la même Pia, que l’Empereur a dû en faire des saltos dans le Trône d’Or. Jugez plutôt4. Hérésie ! HÉRÉSIE !! HÉRÉSIE !!! Toujours est-il que la douche de pruneaux explosifs finit par avoir raison de Tyty, qui mord enfin la poussière après avoir fait bien des dégâts (mais échoué à tuer la moindre Sœur).

L’orage étant passé, le temps du deuil et de l’exploration minutieuse des souterrains environnants afin de s’assurer que la grosse blatte était toute seule, arrive. Pour la petite histoire, il semblerait que c’est la lumière qui ait réveillé la bête au bois dormant, qui pionçait jusque là tranquillement… dans la voûte d’une cathédrale érigée il y a mille ans ? Et les ouvriers n’ont rien vu ? Quoi qu’il arrive, je pense que les habitants du coin peuvent faire jouer l’assurance, car il y a clairement eu malfaçon. En tout état de cause, le triste destin, ou martyr glorieux, de Soeur Pia fournit de quoi méditer à Augusta, qui n’oubliera plus de toujours garder avec elle son bolter. On n’est jamais trop prudente.

1 : La suite de la nouvelle nous apprend que les Xenos en question étaient des Tyranides. Comme une seule escouade de Soeurs de Bataille a suffi à les exterminer, on en déduit qu’ils sont venus en Kaptein plutôt qu’en vaisseau ruche.
2 : Et comme la même Santorus ne le fera certainement pas non plus lors de son exploration de la cathédrale de Mercy. En même temps, la leçon qu’elle s’apprête à recevoir l’a sans doute marquée.
3 : J’utilise cette dénomination peu précise car Ware n’identifie jamais clairement la bestiole. Ça pourrait tout aussi bien être un Carnifex qu’un gros Hormagaunt.
4 : Jugez aussi de la manière parfaitement naturelle dont la Sœur Supérieure donne l’ordre d’agir à sa Novice. À croire que c’était répété à l’entraînement.

AVIS:

Danie Ware persiste et signe avec ce nouvel épisode de la saga full contact d’Augusta Santorus, poussant encore un peu plus loin le concept du « jeu de main, jeu de vilain ». En clair, ses héroïnes sont tellement imprenables au corps à corps qu’elles pourraient sans problème mettre à Abbadon la tête dans le slip (malgré le fait qu’il soit en armure Terminator et qu’il ait un énorme catogan), si jamais ce dernier avait le malheur de croiser leur chemin. Donnez ne serait-ce qu’une épée tronçonneuse rouillée à ces viragos, et je vous garantis que la Cicatrix est fermée dans les 20 minutes qui suivent. On aime ou on déteste (je pense que mon choix a été fait de façon sans équivoque), mais c’est définitivement une caractéristique propre au style de Ware qui est ici à l’oeuvre. D’une certaine manière, j’ai hâte de lire la suite, comme le cinéphile déviant a hâte de voir Sharknado 7.

Si on veut aller plus loin dans la critique, on peut également noter que, slapstick mis à part, l’intrigue même de la nouvelle est friable. Qu’il s’agisse des mille ans de stase de la cathédrale, de l’exploit inaugural de Sœur Farus (et de sa sidekick Neva, citée une fois et passée à la trappe), de l’approche tactique du combat des Sororitas, ou du réveil opportun du petit ranide, rien ne semble pouvoir résister à un examen soutenu dans cette histoire. Heureusement que la sortie des Sœurs de Bataille en plastique est venue rendre euphorique tous les fans : « gagner » une Danie Ware comme auteur assermentée de faction aurait mis un coup fatal au moral de cette communauté qui a connu plus que son lot d’injustices (et James Swallow en faisait partie, encore que pas à ce niveau). Il ne reste plus qu’à espérer que Rachel Harrison a, elle, fait le job.

.

Reflections in Steel – C. L. Werner:

.

Reflections in Steel.pngINTRIGUE:

Le village de Kyoshima, attaqué par la bande du chef barbare Gharm, brûle bellement tandis que ses habitants sont passés au fil de l’épée par les pillards1. Tous ? Non ! Le jeune Kenji, qui revenait sans doute du casting de The Voice, est épargné in extremis par le boss en question, qui n’hésite pas à châtier un de ses sbires de son épée enchantée2 lorsque le rustre fait mine de hacher menu notre menu. La discipline, c’est sacré. La situation de Kenji ne s’améliore toutefois que marginalement suite à ce sauvetage, le coup de buzzer et d’espadon de Gharm ne débouchant que sur une douloureuse servitude aux mains du maître esclavagiste Sazaal, dont le sadisme et l’amour des châtiments corporels font honneur à cette belle profession. Placé tout en bas de la pyramide sociale de l’armée du chef de guerre Kravoth, Kenji tue le temps en tuant ses compagnons d’infortune pour nourrir les fringantes et carnassières cavales de l’ost chaotique, et en se jurant de vivre assez longtemps pour se venger de son infâme tortionnaire.

C’est à l’occasion d’un raid mené contre un nouveau village qu’une occasion se présente pour l’esclave de mener ses plans à exécution, et Sazaal également par la même occasion. Réquisitionné par les maraudeurs – qui apprécient sans nul doute sa jolie voix, même s’il est quasiment impossible de jouer de la guitare avec les mains enchaînées – Kenji se retrouve pris dans une embuscade montée par des Skavens en quête de loot, et qui s’abattent sur l’arrière garde piétonne de la bande pillarde alors que les cavaliers ont le dos tourné. Quand on vous disait que ces hautes herbes étaient dangereuses (saleté de Ratatas). Un coup de chance et une épée récupérée sur un cadavre plus tard, Kenji peut enfin laisser libre cours à sa revanche, et réduit Sazaal en purée une fois la vermine mise en déroute. Loin de s’offusquer de ce petit meurtre entre amis, Gharm, revenu sur ses pas constater pourquoi ses péons n’arrivaient pas, libère Kenji de ses chaînes et lui offre un CDI (carnage à durée indéterminée) dans son équipe, ce que Jiji accepte sans broncher.

Nous retrouvons notre héros quelques temps plus tard, à l’occasion d’une véritable bataille entre la horde de Kravoth et un ost de Fyreslayers probablement doublement discriminés du fait de leur peau noire et de leur poil roux (combo). L’affrontement donne l’occasion à Kenji de s’illustrer auprès de son n+1, en l’aidant à venir à bout d’une Salamandre souffrant d’un léger problème de coordination motrice, en s’acharnant comme le sadique qu’il est devenu sur le petit orteil de la bestiole. Ce qui est atrocement douloureux, comme quiconque a une table basse chez lui peut en témoigner. De hauts-(mé)faits en triomphes, la côte de Kenji continue de croître en même temps que son stuff se bonifie, ses chakrams de fer passant à l’or, au platine, puis au diamant, jusqu’à ce jour fatal où Gharm emmène ses ouailles piller un hameau absolument mi-na-bleuh, ce que notre self made man trouve très humiliant, en grande partie car cela lui rappelle douloureusement ses propres débuts. D’ailleurs, c’est lorsqu’il refuse d’épargner un jeune garçon qui se cachait dans les décombres de sa cahute que Gharm se retourne contre son suivant dissipé, et lui fait goûter à la même médecine métallique et auto-nettoyante qu’au faquin qui avait fait mine de lui porter le coup de grâce toutes ses années auparavant. La boucle est bouclée pour Kenji, qui ne peut constater la disparition de sa bonne étoile, tandis que son menton repart avec sa nouvelle trouvaille, Lilian Renau (sans doute).

1 : Ce qui permet de vérifier encore une fois que les noms se terminant en -shima semblent attirer les catastrophes (voir Hiroshima et Fukushima).
2 : Elle se nettoie toute seule en un clin d’œil… Voilà ce qui arrive quand on laisse ce farceur de Zuvassin s’occuper des dotations aux aspirants.

AVIS:

Après The Last of the Blood (Maledictions), C. L. Werner poursuit ses explorations japonisantes des Royaumes Mortels, avec cette nouvelle de belle facture, remettant au goût du jour deux classiques de la littérature « chaotique » : le cheminement (ou la déchéance) du héros, qui progresse insensiblement vers la damnation jusqu’à devenir ce qu’il avait toujours combattu d’une part (Les Cavaliers de la Mort, et plus récemment, The Path to Glory), et la saga épique se terminant de façon ignomieuse et prématurée, rappelant à quel point les Dieux du Chaos sont des maîtres cruels et inconstants (The Ignorant Armies, The Laughter of the Dark Gods, The Talon of Khorne). Si ce récit n’apprendra rien de nouveau aux vétérans de la BL, qui pourront tout de même bénéficier de la maîtrise de Werner en matière de conduite d’intrigue et de construction d’atmosphère – on regrettera seulement que les Skavens de l’histoire ne soient que des goons, alors que l’homme au chapeau s’est souvent illustré par son utilisation inspirée de cette noble race dans ses écrits – , les plus jeunes (ou en tout cas les plus neufs) des lecteurs en seront quitte pour un apprentissage des choses du lore, en compagnie d’un des professeurs les plus qualifiés et compétents qui soient. À mettre en toutes les mains/pattes/tentacules.

.

A Question of Taste – D. Flowers:

.

A Question of TasteINTRIGUE:

Invité par des amis nantis à venir dîner, le Guilder Tempes Sol de la Mercator Lux, spécialisée dans l’installation de panneaux solaires (sur Necromunda… comme quoi, il n’est jamais trop tard) se retrouve en retard à la suite d’un échange houleux avec le représentant borné et pro-carbone de son dernier client. Ayant fini par faire comprendre à son interlocuteur que le soleil ne risquait que très faiblement d’arrêter de briller, Tempes se rend en toute hâte à la Trump Tower locale, où l’attendent Credence Sorrow de la Mercator Pallidus, et Auroras Drift de la Mercator Temperium. Ce qui semble être une réunion informelle de jeunes cadres dynamiques Necromundans pourrait cependant être considéré comme un mini salon Produrable, Temperium étant spécialisée dans la purification atmosphérique, et Pallidus dans le recyclage de matière organique, ce qui dans une cité ruche va un peu plus loin que les épluchures de patates et les marcs de café. Disons simplement que l’amour de Sorrow pour les chandeliers en vertèbres de Goliath n’augure rien de réjouissant en ce qui concerne les ingrédients entrant dans la composition du repas qu’il a concocté pour ses convives. Rien ne se perd…

Alors que la soirée se passait agréablement, Tempes Sol, ayant un peu trop forcé sur la bouteille, commence à énoncer des menaces à peine voilées en direction de ses comparses, ayant tous deux bénéficié d’un « coup de chance » significatif il y a quelques semaines, lorsque les équipes de nettoyeurs de l’un se sont retrouvés à proximité d’une usine sinistrée par une fuite de nitrogène, à la suite d’un défaut du régulateur installé par l’autre. Cherchant à utiliser ce petit arrangement en sa faveur afin d’obtenir un nouveau contrat, Sol paye toutefois le prix de son approche brutale lorsque Drift, se sentant – assez justement – attaquée, attente à la vie de ses camarades, en ordonnant à son Zeph de compagnie de faire le vide dans la pièce, condamnant Sol et Sorrow à l’asphyxie (comme toute purificatrice digne de ce nom, Drift ne sort jamais sans son masque à gaz, qui, s’il l’empêche de siroter des cocktails avec distinction, s’avère pratique lorsque l’oxygène se raréfie). Trouvant que la représentante de Temperium ne manque pas d’air, et que sa vessie de porc domestique est carrément gonflée, ces messieurs pallient à la situation en électrocutant la faquine d’une ferme poignée de main, et perçant la baudruche d’un tir de digilaser bien placé (ce qui est tout de même plus classe qu’une vulgaire épingle). Ceci fait, les survivants partent prendre… l’air sur le balcon, en même temps qu’un café bien mérité, tandis que les serviteurs de Sorrow débarassent la table et les cadavres, en direction de la poubelle verte.

La tension étant retombée après que la pression soit remontée (c’est de la physique), Sol et Sorrow finissent de parler affaire, le second mettant le premier sur la piste de l’ultime survivant de l’incendie des plaines de Salvation, manigancé par les rivaux de la Mercator Lux, l’infâme et probablement charbonneuse et hydrocarburante Mercator Pyros. Le témoignage de cette malheureuse victime, brûlée au 17ème degré (même ses cloques ont pris des coups de soleil), serait précieux pour faire condamner les coupables, si seulement Sol arrive à localiser l’endroit où Drift l’a placée, après que Sorrow lui ait remise… La nouvelle se termine sur un aperçu de ce que le Burning Man a vu lors de la conflagration, c’est à dire une silhouette quasi humaine épargnée par les flammes. Rendez-vous au prochain épisode pour savoir si le gang des Carapuces a fait le coup.

AVIS:

Intéressante nouvelle que ce A Question of Taste, d’une car on n’a pas tous les jours l’occasion de lire une histoire de Neromunda n’étant pas centrée sur la guerre des gangs pour laquelle cette rieuse planète est bien connue, et de deux car Flowers démontre un vrai talent dans sa mise en scène de ce huis clos industriel, mêlant dialogues ciselés, considérations politiques, détails « culturels », et gadgets technologiques. La fin ouverte donnée par l’auteur à ce court format laisse penser (et espérer) que ce dernier sera suivi d’autres épisodes1 racontant la suite de la quête de vérité (et d’installation de centrales photovoltaïques) de Tempes Sol, qui sera peut-être l’écojusticier que la Ruche Primus mérite…

1 : Il est possible que la nouvelle ‘Salvation’s Crucible’ (le creuset de Salvation), incluse dans la ‘Black Library Events Anthology 2019/2020’ distribuée au dernier Black Library Weekender couvre également cette intrigue. Le titre le suggère en tout cas.

.

Strong Bones – M. Fletcher:

.

Strong BonesINTRIGUE:

Jeunes Ogors idéalistes (un peu) et affamés (beaucoup), Stugkor – Stug pour les intimes et les moins dégourdis, ce qui va assez souvent ensemble chez les ogres – , Chidder et Algok décident de fuguer de leur tribu. Le but de cette manifestation, somme toute assez classique du mal-être adolescent et de la remise en cause de l’autorité établie qui va avec, est simple : trouver un campement humain dans lequel se servir directement, la consommation des restes rapportés par les vrais chasseurs du clan ne suffisant plus à nos rebelles. Aussitôt dit, aussitôt fait : le trio enfourche ses scooters débridés Ferox et part à travers la taïga hivernale, à la recherche d’une proie digne de lui. Las, les vastes étendues et la faible densité démographique de cette partie de Ghur ont tôt fait d’épuiser l’enthousiasme juvénile des teen-agers, qui peinent dans la neige et le froid pendant quelques jours avant de tomber sur le village qu’ils appelaient de leurs vœux (et de leur estomac).

Manque de chance, Stug et Cie ont été devancé par une armée de constructions squelettiques, affairées à dépecer les cadavres de leurs victimes, dans le but de récupérer les os de ces dernières. Un comportement à la limite du sacrilège pour nos Ogors affamés, qui ne comprennent pas pourquoi les morts-vivants jettent de la viande de premier choix pour se concentrer sur les parties dures des cadavres. Il y a certes de la savoureuse moelle à l’intérieur, mais tout de même ! Leurs savantes supputations sont toutefois interrompues lorsque le Soulreaper en charge de l’opération de tri et de collecte, pose son regard perçant sur les badauds bedonnants, et envoie l’un de ses Deathriders kavaler aux alentours. Confiants dans leur capacité de règler son compte au scout ossu, les Ogors piquent des deux et contre-chargent, pour des résultats assez dramatiques. Le Kavalos n’a en effet aucun mal à coup-fataler les Ferox de la fine équipe, ne laissant que Stug en état de se battre après que ses comparses aient raté le test de terrain dangereux consécutif à leur désarçonnage. Et, si l’intraitable squelette finit en esquilles, ce n’est pas sans avoir gravement blessé notre héros, et l’avoir complimenté sur sa solide ossature (ce qui revient sans doute à une déclaration d’amour lorsqu’on est soit même constitué uniquement de cela).

En rade au milieu de nulle part et confrontés à une horde de fémurs pas vraiment amicale, les trois petits ogrons décident de mettre les bouts pour avertir leur tribu de l’arrivée de ces nouveaux voisins. La course de fond étant, comme chacun sait, une spécialité des morts-vivants, et voyant la partie mal engagée, les Ogors se séparent, espérant qu’au moins un d’entre eux parviennent à bon port. La fin de la nouvelle est ainsi centrée sur Stug, qui après un vaillant effort, finit par cesser sa course pour faire face à l’inévitable. Les Bonereapers prenant les choses de la guerre très au sérieux, notre vaillant gros lard a l’occasion de prouver sa valeur en concassant un certain nombre de champions ennemis, jusqu’à ce qu’un Stalker vienne finir le job. À l’agonie, Stug ne peut même pas tirer un peu de fierté de la réussite de son plan de contingence, Chidder et Algok ayant déjà été calcifiés par les sbires de Nagash, comme notre héros vaincu ne peut que le constater alors qu’il gît dans la neige. Et quant au sort de sa tribu, il est également scellé, comme lui apprend l’aimable Soulreaper de faction : ses sortilèges lui permettront de prendre possession des souvenirs de sa prochaine victime en même temps que de sa dépouille mortelle. Moralité : ventre affamé n’a pas d’oreilles, mais attention à ne pas tomber sur un os.

AVIS:

Fletcher signe une nouvelle aussi solide que les os de ses malheureux personnages, dont l’un des attraits est la mise en avant de deux factions encore assez peu couvertes par la Black Library à ce jour : les Ogors et les Ossiarch Bonereapers. Si le propos de ce Strong Bones est avant tout de permettre aux petits derniers de Nagash (décidément un family man) de faire leur entrée dans le monde (ou plutôt, dans les Royaumes), Fletcher se révèle également assez habile dans l’utilisation de Stugkor, Chidder et Algok, et parvient à donner une bonne image de la mentalité et du quotidien des Ogors. Au final, on ressort de cette lecture avec une meilleure image du danger que représentent les Ossiarch pour les autres factions d’Age of Sigmar, ainsi qu’avec une description crédible d’une des plus discrètes de ces dernières. Que du bonus.

.

Serpents of Ardemis – M. Brooks:

.

Serpents of ArdemisINTRIGUE:

Conviés sur la planète Ardemis par le Baron Zellanin à participer à son bal annuel, qui attire le gratin de la spacejet-set locale, Azariel et Chetta Brobantis arrivent sur Ardemis avec des objectifs bien plus élevés que se goinfrer de petits fours et vider la cave de leur hôte (quant à s’éclater sur le dance floor, la mauvaise hanche de Chetta s’avère tout à fait contre). Les roués Navigateurs ont en effet l’œil (haha) rivé sur les nombreuses richesses naturelles du système en question, et comptent bien conclure quelques juteux contrats avec leur hôte durant les réjouissances, même s’il leur faut pour cela faire échec aux offres des autres convives (facile) et collaborer étroitement (plus dur1).

Guère enchantée par les mondanités frivoles dans lesquelles Zellanin se complaît, Chetta tue le temps en se rencardant en douce sur les agendas des autres convives, et en volant au secours d’un malheureux serviteur ayant eu la mauvaise idée de passer avec son mousseux au moment où l’un des nobliaux invités au bal est pris d’une crise aiguë d’ennui mondain, et décide de martyriser un inférieur pour se distraire. Mal lui en prend, car Chetta, dont la lignée remonte certainement au mythique Brisdenis, se fait un plaisir de le fracasser d’une remarque assassine, tout comme elle fusille les autres nantis ayant eu l’indélicatesse de se ranger du côté du rustre. Oubliez Ciaphas Cain, Talos ou Horus-du-temps-où-il-avait-confiance-en-lui : le titre de personnage le plus sympathique de la Black Library vient d’être attribué à une petite mamie acariâtre, sans contestation aucune.

Cette bonne action porte rapidement ses fruits, les époux Brobantis trouvant un parchemin contenant de fortes utiles informations dans leurs quartiers à la fin de la journée. Plus fine que son balourd de mari, Chetta a tôt fait d’identifier son mystérieux bienfaiteur, dont les tuyaux permettent aux Brobantis de mettre leurs rivaux hors-jeu en un clin de troisième œil. Intriguée par ce coup de pouce salutaire, notre héroïne s’en va confronter sa nouvelle alliée, qui se trouve être la chamberlaine du Baron Zellanin, dotée comme la Navigatrice d’un sens de la justice développé, ainsi que d’un ardent désir de faire autre chose de sa vie que d’organiser les petites sauteries de son employeur (l’événementiel, ça lasse au bout d’un moment). Sentant un certain potentiel chez la donzelle DeShelle, Chetta lui propose de rejoindre son service, ce que cette dernière accepte.

C’est le moment que choisit Serranay KeWitt, Novator de la Maison du même nom et rival malheureux des Brobantis pour une concession accordée par le Baron Zellanin, pour faire une entrée flamboyante et colérique. Se jugeant atteint dans son honneur par la victoire bassement acquise par sa collègue ophtalmique, Serranay se pique de défier cette dernière en duel de regard – une pratique pas aussi bénigne que ça quand les participants sont des Navigateurs – mais un bluff heureux de l’impayable Chetta convainc le Kiwi courroucé de tourner son ire vers une cible moins dangereuse : la pauvre DeShelle, qui a pris bien soin de fermer les yeux sur le conseil de sa nouvelle patronne lorsque le Navigo s’en est venu.

Souhaitant seulement faire redescendre la pression avant que l’irréparable ne se produise, Chetta active la matraque électrique intégrée dans sa fidèle canne orthopédique et fauche le faquin sans penser à mal. Malheureusement, le maraud s’étale de tout son long et trouve le moyen de s’enfoncer le crâne sur une marche. 150.000 ans d’évolution pour ça, tout de même. Jugeant qu’il vaudrait mieux déguerpir avant que des questions inconfortables ne soient posées, Chetta et DeShelle repartent à toute hâte (enfin, aussi rapidement que possible) vers le vaisseau de la première, après que la seconde ait fait disparaître le cadavre du Novator navré, jeté en pâture aux serpents de mer géants endémiques de la planète. Comme quoi, dans la jungle des affaires, les grands prédateurs ne sont pas forcément ceux auxquels on pense…

1 : Pour la petite histoire (‘A Common Ground’, pour être précis), Chetta finira par faire assassiner son cher et tendre époux par un Goliath revanchard.

AVIS:

À force de croiser Mike Brooks dans mes lectures (et donc mes chroniques), j’ai l’impression que Chetta Brobantis est devenue une figure incontournable de la Black Library. Ce n’est certes pas encore le cas, mais, pour être tout à fait honnête, cela ne me déplairait absolument pas. Bien au contraire. Brook démontre avec cette pré-préquelle à son Rites of Passage qu’il maîtrise parfaitement son héroïne, dont la grande gueule, le grand cœur et les tares congénitales rendent particulièrement sympathiques. C’est bien simple, Chetta est l’opposée parfaite du Space Marine lambda qui sert de protagoniste à une proportion importante de romans de la BL, et cette opposition ne peut que la rendre intéressante aux yeux du lecteur blasé que nous sommes tous un peu, avouons-le. À moitié Whoopi Goldberg et à moitié Tatie Danielle, Chetta Brobantis est sans doute l’héroïne dont le 41ème millénaire a besoin (et pas celle qu’il mérite, il y a Sainte Celestine pour cela), histoire de faire un break de tout ce grimdark, tirer les oreilles des Aeldars et aplatir le nez des Carnifex à coups de canne (ou, plus réalistement, leur faire le gros œil).

.

The Child Foretold – N. Kaufmann:

.

The Child ForetoldINTRIGUE:

Fermier alcoolique, misanthrope et passablement instable, du fait de la méchante prothèse remplaçant sa jambe droite perdue à la guerre, Kavel Trake survit péniblement de ses récoltes de nafar, occupant ses journées à trimer dans les champs et à parler à son épouvantail de compagnie, et ses nuits à picoler et à espérer ne pas se réveiller le lendemain. Bref, l’archétype du joyeux drille. À ses malheurs habituels est venu s’ajouter une invasion de warrior weed, sorte de chiendent Xenos qu’une politique de contrôle laxiste a permis de prendre pied, ou plutôt racine, sur la planète de Ballard’s Run. Cet excès de biodiversité n’occupe cependant pas longtemps notre héros, qui reçoit le soir même la visite d’une voyageuse passablement esquintée et mortellement poignardée, tenant dans ses bras un poupon qu’elle supplie Kavel de protéger de la vindicte populaire, avant de fatalement décéder. Notre péquenot, qui a servi dans la milice locale avant que son amputation ne le force à lever le pied (le gauche, évidemment), n’est pas un péquenot totalement rustre, et comprend assez vite que sa petite protégée, Oshi, a quelque chose de différent. Ou plusieurs choses, pour être exact : quelques petites bosses sur le front pour commencer1, et la capacité assez intrigante d’attirer des feuilles de nafar dans sa menotte pour s’auto-chatouiller lorsqu’elle en a envie, ce qui est pratique mais suspect.

La journée de bonheur paternel qu’il expérimente avec le poupon se termine toutefois brutalement avec l’arrivée d’un quintette hostile, menée par le capitaine de la milice et souhaitant ardemment que le bébé leur soit remis. La défense, assez minable, il faut le reconnaître2, convoquée par Kavel ne convaincant pas les ruffians de faire demi-tour, notre fermier n’a d’autre choix que de prendre les armes contre les intrus, qui, heureusement pour lui, s’avèrent avoir claqué tous leurs points de profil en impavidité, laissant peu de place à l’intelligence et à la compétence (comprendre qu’ils n’ont aucun problème à se laisser consumer par les flammes du cocktail molotov improvisé par Kavel, sans même pousser un cri, ni chercher à éteindre le brasier). Vainqueur de l’affrontement, José Bovin décide de tenter sa chance jusqu’à l’astroport tout proche, afin d’emmener Oshi dans la sécurité – toute relative – de l’espace. Malheureusement pour cette âme bien intentionnée, un comité d’accueil aussi déterminé et silencieux que les sbires qu’il a enflammés un peu plus tôt, l’intercepte sur la route, et lui enlève sa précieuse charge, non sans qu’il ait eu le temps de presque – son fusil lui étant mystérieusement arraché des mains par une force inconnue – vider son chargeur sur les marauds…

Début spoiler…À sa grande surprise et son soulagement non feint, les villageois, menés par un certain Drameon exhibant, lui aussi, une construction cranienne particulière, ne se montrent pas menaçants envers Oshi, et semblent au contraire l’accueillir comme unes des leurs. Préférant emmener leur prisonnier avec eux dans la caverne où ils se sont installés, les membres du culte Genestealer de Ballard’s Run (car j’espère que vous aviez compris de quoi il en retournait à ce stade) récompensent les bons et loyaux services de babysitting de Kavel en l’introduisant dans la famille, grand papa Mordephus roulant une galoche de bienvenue à sa nouvelle ouaille, sous les gazouillis approbateurs d’Oshi, dont la destinée est de devenir la Magus et porte-parole du clan. Tout est donc bien qui finit bien, ou en tout cas, mieux, pour notre héros déprimé, qui pourra jouir d’une vie sociale beaucoup plus riche jusqu’à la fin de ses jours, dans l’environnement préservé d’un agrimonde impérial. Pas loin d’être la meilleure chose qui puisse arriver à un citoyen impérial, quand on y réfléchit.Fin spoiler

1 : La réponse est oui. Ne dîtes rien aux autres.
2 : Jugez plutôt. Comme argument, c’est aussi convaincant que « cet hérétique n’a pas tout à fait tort », ou « cet Ork n’a encore rien fait de mal ».

AVIS:

Pour ses débuts au sein de la Black Library, Kaufmann choisit de livrer sa version d’un classique de la maison, pour un résultat assez honnête. On peut d’ailleurs saluer la bonne maîtrise générale que l’auteur démontre du background de 40K, ce dont d’autres contributeurs « extérieurs » recrutés par la BL pour Warhammer Horror ne peuvent pas se targuer. L’appropriation n’est toutefois pas totale, comme le montre la réaction très meh de Kavel devant la mutation apparente de sa protégée (qui peut à la limite s’expliquer par les pouvoirs psychiques de cette dernière), mais surtout, et c’est plus embêtant, l’absence de justification apportée à l’élément de déclencheur de la nouvelle, c’est à dire la remise du bébé à Kavel par une inconnue blessée… par qui ? Le fluff indique en effet que les membres vulnérables/trop moches des cultes Genestealers, comme les mères porteuses, les jeunes et papi/mamie Mougeot, sont gardés à l’abri des regards par le reste des membres. Partant, on voit mal comment la mère et la tante d’Oshi ont pu se faire embusquer par des villageois lambda de façon réaliste. De plus, le fait que Kaufmann décrive les cinq miliciens venus menacer Kavel comme faisant également partie du culte ne permet pas d’identifier une quelconque faction « hostile » dans la nouvelle (à moins que Ballard’s Run compte deux cultes Genestealers ennemis, ce qui serait vraiment pas de bol pour une planète aussi peuplée que Figeac). Pour terminer, on peut aussi s’interroger sur le choix de la BL d’incorporer cette nouvelle dans son segment horrifique, l’histoire présentée ici étant finalement assez gentillette et convenue pour un lecteur familier des « joyeusetés » de 40K.

.

Champions, All – M. Collins:

.

INTRIGUE:Champions, All

Alors que la Croisade d’Edioch approche gentiment de son cinquantenaire, nous faisons la connaissance de l’un des vertueux guerriers combattant en Son Nom depuis 47 ans : le Champion de l’Empereur Cenric. Déployé avec ses frères de bataille à la surface du monde de Daronch, récemment tombé aux mains des Orks, par le Maréchal Adelbert1, Cenric mène les forces impériales à l’assaut d’une cathédrale investie par les Xenos. Fort heureusement pour les infatigables, mais pas innombrables Space Marines, durement éprouvés par les dernières décennies de croisade, l’Ordre du Cœur Valeureux de la Chanoinesse Aurea est également de la partie, et son contingent de Soeurs Repentia se montre très utile dans la persécution des infâmes squatteurs de Sa Maison. Pendant que Cenrich peaufine ses stats, en utilisant le pouvoir divin d’identification des meneurs adverses que l’Empereur lui a accordé après son élévation, les Orks jouent un mauvais tour aux croisés, et font s’écrouler le champ de bataille dans les niveaux inférieurs des souterrains creusés en dessous de la cathédrale, séparant le Champ’ de ses bros.

Revenant à lui dans un obscur tunnel, Cenric résout de se laisser guider par la volonté de Big E (on suppose que son système de liaison radio n’était plus opérationnel), et part droit devant lui. Il ne lui faut pas longtemps avant de faire la connaissance d’une autre survivante, la Repentia Penance, qu’il aide à se défaire d’un trio de peaux vertes ayant du mal à considérer « non » comme une réponse #BalanceTonPork. Pour nos deux dévôts, c’est le début d’une ascension – littérale autant que spirituelle – vers le destin que leur a réservé l’Empereur, les signes identifiant Penance comme l’ange vengeur de sa dernière vision redoublant le zèle de son frère d’arme. Leur chemin a beau se révéler semé d’embûches, de Squigs difformes2 et de berger Ork (Bergork ? Bergeork ? Borkger ?) quasi-invulnérable, Cenric et Penance finissent par arriver – avec beaucoup de chance, mais les conseils de navigation GPS de l’Empereur sont infaillibles autant qu’impénétrables – dans le Strategium ennemi, où les attend se trouve le Big Boss Grashbakh…

Début spoiler…L’affrontement qui s’en suit permettra à Penance de se racheter une vertu, son sacrifice altruiste à la grenade permettant à Cenric de venir à bout du monstrueux Xenos, qui l’avait littéralement déchaîné au début du combat (un sacrilège impardonnable pour les Black Templars, qui ont la fâcheuse tendance à perdre toutes leurs affaires sinon). Ayant décapité la chaîne de commandement adverse, le Champion se met ensuite à pied d’oeuvre pour exterminer le reste des Orks, jusqu’à ce que fasse la jonction avec les autres survivants de l’assaut impérial. La victoire acquise, et apprenant la mort héroïque d’Adelbert au cours de la bataille, Cenric s’autoproclame Maréchal à la place du Maréchal, et jure de parachever l’oeuvre des morts victorieux en boutant les peaux vertes de Daronch une fois pour toutes… avant d’aller demander l’asile politique et la réintégration tactique au sein de la Croisade Helicos. L’homme sage connaît ses limites.Fin spoiler

1 : À ne pas confondre avec Aldebert un barde Franc de M2. Il n’aurait pas été convenable qu’un Black Templar ait peur du noir, après tout.
2 : Les bestioles de Collins ont des cous et des bras, ce qui n’est pas courant pour cette espèce.

AVIS:

Soumission assez classique de la part de Collins, ce Champions, All n’a pas grand-chose de plus à proposer au lecteur que le récit des prouesses martiales et de la foi inébranlable d’une paire de servants de l’Empereur, réunis par les aléas de la guerre et, peut-être, sa volonté omnipotente. Marc Collins fait le job sans faillir ni briller, et si ses héros font honneur à leurs entrées Codex respectives, ils s’avèrent aussi attachants et intéressants que les personnages créés à l’occasion des rapports de bataille du White Dwarf : il n’y a guère que leur nom qui les singularise des masses anonymes de leurs confrères (et sœurs), le reste de leur personnalité étant pour ainsi dire inexistante. Il va donc sans dire que votre degré d’appréciation de cette nouvelle risque de dépendre à un très haut point du nombre de travaux similaires que vous aurez lu avant celle-ci. Si ce nombre est supérieur à 1, je ne pourrai pas vous blâmer si vous choisissez de faire l’impasse sur les insipides exploits de frère Cenric.

.

The Age of Enlightment – D. Guymer:

.

The Age of EnlightmentINTRIGUE:

Nous retrouvons Hamilcar Bear-Eater après les événements narrés dans Champion of the Gods, et si vous n’avez pas lu ce bouquin, c’est bien dommage car Guymer ne s’embarrasse guère d’un compte rendu des aventures vécues par son héros. Juché sur une princesse aetar (une sorte d’aigle géant, de ce que j’en ai compris) et accompagné de son écuyer/garde du corps/conscience Nassam, le Mangeur de nounours en guimauve arrive dans les Terres Déchaînées (Unchained Lands), où une force des cités libres défend une forteresse isolée contre une armée de Nighthaunts. Jugeant certainement qu’il est de son devoir d’intervenir en faveur des assiégés, qui ont le bon goût de connaître son nom et de l’acclamer alors qu’il fait des loopings dans le ciel porcin1, Hamilcar atterrit avec la classe et le panache qu’on lui connaît, et n’a que le temps de se farcir un petit Morghast qui passait par là qu’un Liberator vient le chercher pour le mener jusqu’au commandant en chef des sigmarites.

Malheureusement pour notre grande gueule, l’officier en question se révèle être une connaissance, plus professionnelle qu’amicale : le sépulcral et très corporate Lord-Celestant Settrus. Qui est également une connaissance de tous les anciens de Warhammer Fantasy Battle, comme le démontre amplement le nom de la chambre militante qu’il dirige d’une main de fer : les Impérissables. Ça, et la décoration très nehekarienne dans l’esprit de son armure. Wink wink2. Plongé dans la contemplation d’une carte dessinée à l’encre antipathique (c’est à dire qu’elle se révèle petit à petit) de la forteresse qu’il défend, Settrus n’a que peu de temps à accorder à son franc tireur de collègue, qu’il considère être venu aider sur ordre du patron. Ce n’est pas vraiment le cas, Guymer révélant à mi-mot qu’Hamilcar est au contraire recherché pour déformation spirituelle, ou quelque chose comme ça, mais notre héros est trop heureux de donner le change pour éviter d’être âme-çonné par la patrouille. Bear-Eater apprend ainsi que les Anvils of the Heldenhammer sont chargés de défendre l’une des Stormvaults récemment révélée par le Necroséisme, le trésor qu’elle contient ou le monstre qu’elle enferme étant convoité par les scions de Nagash. Cela explique aussi pourquoi la carte du bastion reste relativement cryptique, la magie du Penumbral Engine de fonction jouant des tours à la mémoire, tant vive que réelle, des êtres et choses des alentours.

Alors que Settrus, tout à ses ordres, est absolument ininterressé par le contenu de la Stormvault, Hamilcar ne peut résister à la tentation d’aller y jeter un coup d’œil, et parvient sans aucun mal à trouver l’entrer du lieu (alors que les autres défenseurs évitent inconsciemment l’endroit, ce que Guymer ne justifie pas le moins du monde), toujours accompagné de son coffee boy Nassam. À l’intérieur, le duo trouve évidemment un neuralyzer arcanique construit par Grugni selon les plans de Teclis, mais également sa batterie intégrée, qui se trouve être la haute prêtresse Ansira, une vieille femme enfermée dans la crypte depuis des millénaires et dont la foi en Sigmar a alimenté la machine pendant tout ce temps. Seul petit problème dans cette parfaite symbiose, Ansira en a gros. Très gros. Peut-être du aux douloureux escarres que des éons passés sur un fauteuil, même rembourré, ont certainement causés, ou bien au fait que ce goujat de Sigmar ne lui a même pas installé le cable et la wifi avant de partir jouer à la guerre, la brave dame en a ras la carafe et est bien décidée à prendre sa retraite, l’âge pivot étant depuis longtemps dépassé. Malgré les arguments – assez médiocres, il faut le reconnaître – avancés par Hamilcar et Nassam, mamie supernova (ses yeux brillent très forts) ne veut plus rempiler pour servir de pile à la machine. D’ailleurs, sa foi en Sigmar s’est trouvée tellement ébranlée après tout ce temps qu’elle ne pourrait plus officier, même si elle le voulait. Na.

Cette joute oratoire est interrompue par la percée réalisée par les forces mortes vivantes, forçant les survivants sigmarites à un dernier carré (ou un dernier rhomboïde, la faute à ces damnés socles ronds) dans la crypte, tandis que Mannfred von Carstein, qui était le général en charge de l’assaut, emmène ses boys au pillage…

Début spoiler.Ayant déjà perdu la au moins une vie sous les coups du Mortarque, Hamilcar charge ce dernier pour obtenir sa revanche, décapiter l’armée adverse et se couvrir de gloire (dans l’ordre que vous voulez), tandis que Settrus et ses bien mal nommés Impérissables tentent de repousser les chevaliers vampiriques et Morghasts personnels du lieutenant de Nagash. Dans la fureur des combats, nos trois têtes d’affiche finissent par converger, au grand plaisir de Mannfred qui finit par se rendre compte qu’il connaît le sinistre Stormcast qui s’échine à lui faire bosseler la grève (sans grand succès). À moins qu’il ne s’agisse d’une vieille blague de Sigmar dont seuls les quelques transfuges du Monde qui Fut auraient le secret, ce que soupçonne le Manf’ devant la faiblesse de son adversaire. La rigolade s’arrête toutefois pour le vampire lorsque Settrus, totalement surclassé mais loyal jusqu’au bout à son patron, trouve le moyen de se connecter en dérivation au Penumbral Engine délaissé par Ansira, entrant en surcharge mystique et finissant sa carrière en fusible arcanique, non sans avoir illuminé/purifié/désinfecté (triple effet kiss cool) la crypte, avec des effets dévastateurs sur les morts vivants. Il n’y a guère que Mannfred qui s’en sorte à peu près, et trouve le moyen de ramper hors champ pour aller s’acheter un tube de biafine, profitant de l’amnésie commode d’Hamilcar au moment de porter le coup de gâce à sa Nemesis. Car, inspirée par le sacrifice altruiste de Settrus (qui pour le coup, est bel et bien mort, et ne pourra pas repasser à la case reforge), Ansira décide de reprendre ses fonctions de génératrice à communion nucléaire, permettant au Penumbral Engine de se remettre en marche de façon optimale. Comme disait Sigmaurice Thorez : « Il faut savoir terminer une grève ». À bon entendeur…Fin spoiler

1 : Sans rire, l’air de Ghur sent apparemment le sanglier.
2 : Ironiquement, Settra/us est lui incapable de faire des clins d’œil, le masque intégral couvrant son visage ne laissant apercevoir que des puits insondables à la place des yeux. Il paraîtrait que ce regard sévère aurait, par contre, fait ciller un Slann.

AVIS:

Je suis assez partagé par ce The Age of Enlightment, qui comporte à mon sens autant de points forts que de faiblesses. Du côté de la coupe à moitié pleine, le personnage d’Hamilcar est toujours aussi distrayant à voir évoluer, son second degré assumé, parfois teinté d’un zeste d’amertume, le rendant très sympathique auprès du lecteur, surtout lorsqu’il est mis en contraste avec des Stormcast Eternals plus « classiques ». Et à ce titre, on ne pouvait pas trouver meilleur contrepoint à notre exubérant héros que le primesautier et gouleyant Settrus, dont le statut de demi-personnage nommé (si je puis dire) est un autre argument à mettre au crédit de cette nouvelle. D’ailleurs, le fait que notre very imperishable person rencontre ce qui semble être son destin dans The Age… ne fait que renforcer l’importance de cette lecture. Fans des Rois des Tombes, voici un incontournable absolu.

D’un autre côté, je reproche à Guymer d’avoir pensé cette nouvelle comme une sorte d’épilogue de Champion of the Gods, et n’avoir pas (ou en tout cas peu) pensé aux lecteurs qui aborderaient cette nouvelle sans connaissance particulière des événements relatés dans ce livre. Il faut donc s’accrocher pour replacer les personnages, leurs relations mutuelles et leurs motivations respectives, alors que quelques lignes de contextualisation auraient permis de reprendre le fil de façon satisfaisante. Peut-être en lien avec ce constat d’ignorance, j’ai trouvé que l’intrigue péchait par manque de vraisemblance sur certains points : comment les défenseurs Sigmarites ont-ils pu localiser une forteresse protégée par un appareil dissimulant magiquement sa présence, et toujours fonctionnel comme le montre la carte inutile de Settrus ? Comment se fait-ce qu’Hamilcar ne soit pas tout le temps affecté par cette magie, et beaucoup moins que les autres sigmarites, puisqu’il arrive à trouver la porte de la crypte en deux minutes montre en main ? Comment expliquer que le Penumbral Engine fonctionne tout court, puisqu’Ansira a perdu la foi quand Hamilcar la trouve ? Et comment arrive-t-elle à le remettre en marche, alors qu’elle semble plus résolue que convaincue à la fin de la nouvelle ? Peut-être que la réponse – logique, s’entend – à ces questions se trouve ailleurs dans les écrits de Guymer, mais sans éléments convaincants à exploiter de mon côté, mon impression finale est assez contrastée. Il faudra faire lumière sur tout cela.

.

The Sanguinalia Day Massacre – J. Hill:

.

The Sanguinalia Day MassacreINTRIGUE:

Fils d’un esclave Orlock affranchi par ses maîtres, plus par souci d’économiser de la nourriture que par grandeur d’âme, le jeune Thrax commet le crime impardonnable de parricide (et celui, moins sévèrement puni mais pas sympa également, de matricide) après une enfance difficile et la découverte d’un couteau rouillé. Une crise d’adolescence dans toute sa splendeur. Ayant commis la bêtise de pavaner devant les autorités avec la tête de son paternel à la ceinture après voir commis cette bavure sanglante, notre rebelle est rapidement appréhendé par la maréchaussée, battu jusqu’aux portes de la mort et condamné à cette dernière, comme de juste. Alors qu’il était destiné à finir en croquettes pour sumpkrocs (mode d’exécution pittoresque en diable, il faut bien le reconnaître), son port de tête hautain et sa hargne manifeste attirent l’œil du maître esclave Barras, toujours à la recherche de nouvelles recrues pour faire tourner sa chaîne d’arènes gladiatoriales. Commence alors pour Thrax une carrière couronnée de succès et détrempée de sang, qui le verra brûler les planches (s’il y en a sur Necromunda, ce dont je doute) et se faire un nom parmi les aficionados. Malheureusement pour beaucoup de monde (dont son patron), cette carrière sera cependant courte.

Opposés à un trio de Goliaths en armure de céraminable, et posant en tant que Space Marines du pauvre, Thrax et son gang de mauvais sujets pas repentis du tout commettent en effet l’erreur de massacrer les malheureux spectateurs ayant eu la mauvaise idée de tomber dans l’arène à force de se presser sur les grilles pour mieux voir se dérouler ce combat tant attendu. Punis par Barras pour avoir littéralement mordu (voire plus) les mains qui les nourrissaient, Thrax et ses gars doivent livrer bataille à de gangs de faible niveau avant que la revanche contre les Adeptus Ersatztartes ne soit organisée. C’est au cours d’une de ces batailles sans véritable enjeu que Thrax a la douleur de perdre son bras droit (au sens figuré, je précise), Unami1, dont Barras fait don du corps à la science de son vivant, ce qui rend notre héros très chafouin. À tel point qu’il décide de, tenez-vous bien, se mettre en grève (décidément, c’est la mode). Le monstre. Malgré les carottes narcotiques et les bâtons énergétiques utilisés par Barras pour convaincre son champion de reprendre le travail, rien n’y fait, et ce dernier finit par s’échapper de l’arène, entraînant avec lui Slab, un Goliath faisant office de Space Doublure, juste avant le festival de Sanguinalia, où les deux hommes étaient sensés se remettre sur le coin du nez.

Bien embêté par cette double défection, Barras doit concocter en urgence un spectacle de remplacement, qui tourne au massacre lorsque ses artistes démissionnaires s’invitent à la fête et se fraient un chemin sanglant jusqu’à l’impresario esclavagiste, qu’ils étripent bellement avec toute sa famille. Ceci fait, les mutins reprennent le large à la tête d’autres gladiateurs, et commencent à rallier à leur cause de nombreux parias, esclaves et fugitifs du sous-monde, dans une redite ruchère de Spartacus. Poursuivis par de nombreuses forces (dont certaines de l’ordre), soucieuses d’écraser celui que les autorités locales dépeignent comme un ennemi public > 0 – ce qui est vrai – et l’hérétique qui a assassiné le récemment béatifié Barras – ce qui est à moitié faux – , Thrax et ses cohortes arrivent à se sortir de la nasse dans laquelle leurs ennemis voulaient les enfermer, en massacrant quelques milliers au passage, et à parvenir jusque dans le sous-monde profond, où ils ont tout loisir de monter leur petite utopie privée, aussi bonne et sage et sévère que l’homme qui règne sur cette dernière. Le brutal-mais-juste Thrax, premier du nom, est ainsi libre de déposer les armes (métaphoriquement seulement, faut pas déconner), et de devenir le leader communautaire que ses origines d’esclave meurtrier et cannibale ne le destinait que moyennement à devenir. Les miracles de l’intégration. Il se trouve même un fils adoptif (Bran), dans lequel il se reconnaît sans doute, et auquel il offre le couteau…avec lequel il a tué son propre père, en conclusion de la nouvelle. C’est sans doute pas très malin ça, Thrax.

1 : Peut-être que Hill est suffisamment familier avec le français pour que l’hypothèse du jeu de mot « Unami » = « Un ami » soit considérée.

AVIS:

Le retour de Justin Hill sur (ou sous) Necromunda, après son roman Terminal Overkill, se fait de façon assez singulière, par le biais d’une nouvelle brossant les grandes étapes de la vie de l’esclave rebelle Thrax, depuis sa pas si tendre que ça enfance, jusqu’à son apothéose en tant que roi de sa propre cour des miracles. À travers une dizaine de vignettes, certaines de moins d’une page, Hill donne sa version de la légende Spartacus – où, pour la GW-Fiction, d’Angron – qui se termine étonnamment assez bien pour son héros. Comme quoi, le futur lointain n’est pas si sombre que ça, même s’il y a fort à parier que Thrax ne mourra dans son lit autrement que s’il y est poignardé par un de ses hommes. Cela ferait tout de même figure de happy end pour Necromunda, notez.

Pour appréciable que soit le choix de mise en scène un peu plus poussé qu’à l’ordinaire qu’a fait Hill, et prenant le récit du parcours initiatique sanglant de son héros, j’ai trouvé que l’auteur avait parfois tendance à redonner dans un défaut constaté à la lecture de The Battle for Markgraaf Hive, à savoir un usage très modéré de connecteurs logiques dans sa narration. La conséquence pour le lecteur est aussi frappante que désorientante : une espèce de fastforward littéraire, ou ellipse sauvage, qui l’amène à réaliser que l’action est passé d’un point A à un point B sans crier gare. The Sanguinalia… n’est pas aussi extrême que The Battle… de ce point de vue là, mais le retour de cette fâcheuse manie démontre que notre homme semble être coutumier du fait. À surveiller pour la suite, donc. Ceci dit, l’expérience reste assez plaisante (plus que la nouvelle précédente en tout cas), et les nombreux détails fluff que Hill intègre à son histoire achèvent d’emporter la décision de mon côté. Pollice alto.

.

Skull Throne – J. Ozga:

.

Skull ThroneINTRIGUE:

Présence discrète dans le Royaume de Shyish, la narratrice de notre histoire, que nous appellerons Ninon faute de mieux (Ozga ne lui donnant pas de nom) évolue dans un univers cotonneux et incertain, où les choses ne semblent pas être ce qu’elles sont vraiment. Troublée par des rêves persistants dans lesquels elle se voit et se revoit être faite prisonnière, puis décapitée, par un trio de maraudeurs chaotiques adeptes de la prise de tête, Ninon ne sait plus très bien si elle est vivante ou morte, et consomme des quantités importantes de thé psychotrope pour tenter de chasser son mal-être existentiel. Cette routine macabre prend fin lorsque débarque un nouvel arrivant, se révélant être également un barbare assoiffé de sang, et tout aussi intéressé par le crâne de Ninon que les trois affreux précédemment évoqués. Son sinistre dessein, qu’il souhaitait mettre à exécution en chantant et dans la maison en ruines de notre héroïne – trop shootée pour prendre soin de son chez-elle – est toutefois contrarié par une traversée de plancher inopinée, permettant à Ninon d’échapper à une décollation sommaire. Prouvant qu’elle a bien gardé la tête sur les épaules, cette dernière ébouillante le rustre en lui déversant le contenu d’un chaudron d’eau bouillante sur le râble, avant de décider de partir en mission spéciale avec la tête du malotru sous le bras. Il s’avère en effet que le barbare était l’un des trois gredins l’ayant peut-être (it’s complicated) décapitée il y a quelque temps, et Ninon souhaite récupérer ce qui lui appartient de plein droit. On suppose à ce stade qu’elle considère un échange de caboches avec les envahisseurs de Shyish.

Après avoir un peu marché, et atteint une plage évoquant fortement le front de mer dunkerquois, Ninon finit par localiser les pillards, qui font bombance à côté du cadavre d’un léviathan à moitié dévoré par un banc d’anguilles1. Saisissant sa chance, elle se glisse jusqu’à la marmite dans laquelle les joyeux cannibales préparent leur rata, et y déverse ses réserves de racines de mhurghast. Le résultat ne se fait pas attendre, les maraudeurs sombrant dans ou succombant à la paralysie apportée par ce charmant condiment, ce qui permet à Ninon de chiller tranquillement dans le camp à son réveil. Identifiant son pseudo tueur parmi les cataleptiques à la hache monstrueuse qu’il porte à son côté, Ninon est frappée par l’inspiration : si elle veut récupérer la tête qu’on lui a prise, il lui faudra offrir un sacrifice digne de ce nom à la divinité compétente en la matière, cet entrôné de Khorne…

Début spoiler…Profitant du lag persistant de ses hôtes, qui ne peuvent que contempler leur fin arriver lorsqu’elle se présente avec la hache empruntée à leur champion pour leur offrir une coupe gratuite, Ninon passe sa journée à la plage à faire un château de crânes, n’oubliant pas au passage d’embrocher le meneur des maraudeurs avant que les effets débilitants de la racine de mhurghast ne s’estompent pour de bon. Ceci fait, elle propose un deal au Dieu du Sang, offrant le fruit de sa récolte en échange… de la tête de sa sœur jumelle. Ce qui explique pourquoi et comment Ninon a pu se voir se faire tuer en début de nouvelle. Seulement, Khorne est dur en affaires, et bien qu’il ne prononce pas un mot, la négociation finit par déboucher sur l’accord du Dieu pour que les sœurs se retrouvent dans l’au-delà, conduisant Ninon au suicide. Tout le monde n’a pas l’étoffe d’une Valkia.Fin spoiler

1 : Qui ne jouent aucun rôle dans l’intrigue à part ajouter un peu plus de glauque à une histoire qui n’en manquait pas. Un clin d’oeil à A Cure for Wellness, peut-être ?

AVIS:

Soumission très atmosphérique de la part de Jake Ozga, ce Skull Throne joue habilement des caractéristiques uniques de Shyish pour dérouter le lecteur sur la condition de son héroïne, jusqu’à ce que sonne l’heure du dénouement, qui, s’il se révèle plus triste1 qu’horrifique, s’avère néanmoins réussi. Le choix de l’auteur de faire du Royaume de la Mort un endroit à la fois onirique, apaisé et sinistre, frappe l’imagination du lecteur, tout comme les zones d’ombre laissée à dessein par Ozga sur ce qu’il s’est vraiment passé lors de la rencontre entre blanche neige et les trois balourds. Ce manque orchestré de certitudes donne à Skull Throne un cachet particulier, très différent du standard habituel de la Black Library, mais aussi appréciable qu’intrigant. La première moitié de la nouvelle m’a ainsi faite penser à A Ghost Story, film dans lequel le personnage principal revient hanter (de manière plutôt passive) la maison qu’il habitait après son décès dans un accident de voiture. Ce film a reçu un accueil polarisé, et je pense que cette nouvelle pourra également dérouter le lecteur, mais pour ma part, je salue la prise de risque et l’exécution de Jake Ozga dans ce Skull Throne, qui se révèle au final bien moins sanglant que ce que son titre laissait envisager.

1 : C’est un peu la petite fille aux allumettes à la sauce Age of Sigmar.

.

The Test of Faith – T. Parrott :

.

The Test of FaithINTRIGUE:

Déployée à la surface du monde de Muz, dont les stations de collecte de prometheum mouvantes (à la Mortal Engines) sont suspectées d’abriter une forme de corruption encore mal définie, une petite force de Dark Angels part à l’assaut d’une de ces forteresses roulantes, le Meridian Secundus. Quittant l’abri confiné1 de leur Repulsor, les Intercessors du Sergent Raum, escortés par non pas un, mais deux Chapelains (l’Interrogateur Raguel et l’Interrogé Hadariel, qui est également un Primaris), se fraient un rapide et sanglant chemin à travers la première ligne de défense ennemie, dont le courage suicidaire et les EPI mal entretenus ne font pas le poids face à l’arsenal meurtrier et la détermination absolue des assaillants. Ces premiers moments sont l’occasion pour nous de faire la connaissance de Chapi et Chapo, dont la relation apparaît comme un peu trouble. Non pas que l’honorable Raguel donne des signes d’avoir abusé la confiance placée en lui par son pupille, mais plutôt que ce dernier apparaisse comme bizarrement mutique et renfermé auprès de ses camarades, ce qui est assez rédhibitoire pour un officier sensé insuffler un zèle sans failles dans le(s) cœur(s) des meilleurs de l’Empereur. D’ailleurs, la froideur d’Haradiel ne manque pas d’interroger l’un des vieux copains de Croisade Indomitus, le jovial Gnaeus, qui ne vivra pas assez longtemps pour investiguer le sujet en profondeur (ce qui est généralement une mauvaise idée quand on est un Dark Angels lambda).

Ce dont Gnaeus est mort, mis à part l’expulsion de ses deux cœurs et trois poumons hors de sa cage thoracique, est un assaut en bonne et due forme d’un essaim de Genestealers, révélant du même coup la nature de l’ennemi ainsi que les raisons de la bravoure inhabituelle des techniciens de forage massacrés quelques minutes plus tôt. Les Dark survivants prennent donc la direction de la salle de commandement du Meridian, où la jonction avec les autres escouades léonines est sensée s’opérer. Premiers sur les lieux, la team chapelure en prend plein la capuche de bure (ça rime), les lieux étant occupés par des représentants de la moitié des entrées du Codex Culte Genestealers (sauf les Jackals, évidemment), dont un Magos adepte du harcèlement psychologique. Il faudra l’intervention désintéressée d’Haradiel pour que son mentor parvienne à joindre les deux bouts (celui de son Crozius et celle de la colonne vertébrale du psyker mutant), permettant aux Space Marines de se rendre mettre des lieux, et aux renforts d’arriver sur place pour achever les survivants…

Début spoiler…Ayant décidé de rester aux côtés de son disciple le temps que l’Apothicaire de garde vienne prendre le relais, Raguel autorise le reste de la force d’intervention à poursuivre sa purge. Le Chapelain Interrogateur a alors la désagréable surprise d’entendre le blessé lui raconter ses vacances sur Malmar, dont il vient juste de se souvenir, sans doute une conséquence de l’attaque psychique dont il a récemment fait les frais. Bien qu’il ne soit jamais facile d’endurer stoïquement ce genre d’exposé, que l’on soit un Space Marines ou un employé de bureau, le récit incohérent de vagues et de noirceur d’Haradiel a un effet absolument dramatique sur Raguel, qui ramasse un couteau de combat tombé au sol dans la bagarre et met fin aux élucubrations (ainsi qu’aux souffrances) de son camarade de façon définitive. La raison de cet acte radical nous est donnée en conclusion de la nouvelle, à l’occasion d’un petit débriefing dans les profondeurs carcérales du Roc, entre Raguel et son boss, Asmodai.

Élément brillant des recrues Primaris intégrées au Chapitre sur ordre de Guilliman, Haradiel était le premier Chapelain de la nextgen à avoir été considéré pour une élévation au sein du Cercle Intérieur de la Légion. Sponsorisé par Raguel auprès des instances compétentes, l’impétrant fut envoyé sur Malmar à la pêche aux perles (avant d’obtenir le droit d’en enfiler, le rêve de tout Chapelain Dark Angels). Quelque chose se passa mal sur place cependant2, décidant ces mêmes instances à laver le cerveau du candidat avant de le renvoyer au front. La remontée des souvenirs d’Haradiel mettant les secrets des Dark Angels en danger, Raguel n’eut d’autres choix que de faire taire son stagiaire pour de bon. Pas de grand oral de rattrapage pour Haradriel donc, qui s’est révélé être un peu trop droit dans ses bottes énergétiques pour les vieux grincheux de la 1ère. Vivement le retour de Lionel pour dépoussiérer l’institution, moi je vous le dis…Fin spoiler

1 : Bien que le nombre précis des Anges de la Mort ne soit pas précisé, on sait qu’ils étaient plus nombreux que les six places réglementaires offertes par le transport. Et bien que l’un des participants au raid soit plus fluet qu’un Primaris, le compartiment du véhicule ne devait rien avoir à envier à une rame de métro de la ligne 13 en heure de pointe.
2 : Au hasard, le fait que notre idéaliste Primaris n’ait pas accueilli la révélation de l’histoire trouble de son Chapitre avec l’enthousiasme, ou au moins, l’impavidité, souhaités par le Cercle Intérieur ?

AVIS:

Les nouvelles sur les Dark Angels se suivent et se ressemblent, la question des Déchus occupant toujours une place centrale dans l’intrigue proposée par l’auteur, qui qu’il fût. Partant de ce constat, on ne peut pas dire que la tentative de Thomas Parrott soit particulièrement indigente, l’intégration du nouveau fluff apporté par les Primaris, et la difficile intégration de ces derniers au sein du Chapitre qui a sans doute été le moins content de voir arriver ces renforts inopinés, se révélant assez bien faite. Une plus grande place laissée à la préparation du retournement (ou plutôt, de la légère inflexion, l’effet de surprise étant proche du néant pour quiconque est familier du genre) de situation finale aurait été appréciable, le récit des combats contre le Culte Genestealer n’apportant en fin de compte rien d’autre à l’histoire que la toile de fond martiale que la BL semble considérer comme étant indispensable à une nouvelle de Space Marines. Au final, la valeur ajoutée de ce The Test of Faith repose quasi-exclusivement dans le petit bout de fluff qu’il délivre au lecteur, et le constat que la guéguerre entre les anciens et les modernes fait encore rage sur le Roc. Il ne fallait sans doute pas s’attendre à autre chose, pour être honnête.

.

Divine Sanction – R. Rath :

.

Divine SanctionINTRIGUE:

Thacceus Velso est un homme comblé. Plume de l’influent Confesseur Ilsandor, il écrit les sermons que son patron délivre aux foules béates de Viridian1 (et se plaît à les rejouer en live-karaoké, chacun ses délires). Certes, Ilsandor fricote avec les T’aus, et s’est fait l’agent propagateur de la dangereuse doctrine communiste suprêmiste portée par les Xenos, en échange d’un poste de Gouverneur et d’une liberté de prêche sans commune mesure avec ce que lui permet le dogme de l’Ecclésiarchie, mais Velso n’est pas homme à s’en offusquer. D’abord car, très prosaïquement, il n’est pas vraiment un homme (+30 en compétences de surinage de Roi Sorcier d’Angmar, -45 en égalité salariale). Ensuite car il n’est pas vraiment Thacceus Velso, mais l’Assassin Callidus Sycorax, dépêché(e ?) sur place pour supprimer et remplacer discrètement Ilsandor, afin de permettre à l’Imperium de châtier comme il se doit les rebelles en puissance.

Tout va pour le mieux pour Syssy l’usurpatrice, qui après des mois d’approche prudente, a réussi à infiltrer le premier cercle de sa cible, et se prépare à évincer cette dernière à la sortie de son dernier speech. Il ne lui fallait plus soutirer à l’honnête Ilsandor que quelques informations capitales afin de donner le change aux émissaires T’aus lorsque le Confesseur a la mauvaise idée de forcer la main de la Callidus, en décédant de mort violente avant qu’elle ait pu elle même l’occir. Et la vaporisation sanglante de la tête du prélat, ainsi que l’angle et la distance impossibles du tir ayant mené à la dite vaporisation (qui a ruiné quelques inestimables tapisseries au passage, ce qui est d’autant plus triste), ne laissent que peu de doutes sur l’identité du l’exécuteur précoce : un Vindicare vindicatif. N’ayant pas le temps de se pencher posément sur les raisons expliquant ce court-circuitage fâcheux, Sycorax se retrouve contraint(e ?) d’improviser. Surprise en pleine séance de polymorphination par la capitaine de la garde apostolique (Mascelle Rask) du défunt, l’Assassin a toutefois de la chance dans son malheur, ses traits rendus informes par l’opération menant la mercenaire sur une fausse piste, celle de la délégation T’au2. Donnant le change avec brio (les cours d’impro sont une part importante de la formation des Callidus), Sycorax a toutefois fort à faire lorsque les Machines de Pénitence de compagnie de feu Ilsandor, Leonine et Taurus, font leur apparition. Rien qu’une adepte hautement entraîné(e ?) comme Syco n’est capable de gérer, surtout à l’aide de son matos top moumoute, mais assez pour équilibrer la confrontation qui s’en suit entre le Métamorph impérial et la demi-sœur de bataille.

Cette dernière, toujours à ses illusions xénophobes, croit malin de proposer à Sycorax de prendre la place d’Ilsandor dans la Suprême combine, en échange du poste qui était promis au Confesseur félon. L’Assassin décide cependant de déciller la vénale Rask, et révèle la raison de sa venue avant de se débarrasser de l’intrigante d’une planchette japonaise bien envoyée, qui propulse la femme (presque) fatale des mauvais côtés – car il y en avait trois superposés, comme sur un rasoir Gillette – des champs de force protégeant le palais apostolique. Le temps que le reste de la garde arrive sur les lieux, Sycorax s’est fait la malle, laissant derrière elle quelques cadavres profanés au plus haut degré, ainsi qu’une moquette définitivement irrécupérable. La fin de de la nouvelle voit la Callidus se rendre dans la tour de St Goneril, où elle a calculé que son concurrent s’était positionné pour ruiner sa journée et son opération. Malgré la stabilité toute jenga-esque du lieu, et le grand nombre de pièges à cons laissés par Wesley Snipe, Coco parvient sur le lieu du crime, où elle trouve la chambre de la cartouche fatidique posée bien en évidence, et une micro-puce contenant le message Operation Vendetta. Affaire à suivre…

1 : À ne pas confondre avec Veridian, qui est un monde primitif que l’Ultima Segmentum. Et sans rapport connu avec les Viridian Consuls, un Chapitre de Space Marines ayant viré chaotique et s’étant rebaptisé The Broken. Soyons précis.
2 : Oui, c’est du racisme de base. Comme si une simple absence de nez était systématiquement synonyme de Bien Suprême. Ça aurait pu être Krilin qui a fait le coup.

AVIS:

Difficile de se prononcer définitivement sur le cas de ce Divine Sanction, qui est manifestement le premier acte d’une série de nouvelles, ou l’introduction d’un roman. Si l’on peut trouver étrange que la Black Library ait choisi de faire figurer cette soumission à la fin de son Calendrier de l’Avent 2019, indiquant clairement qu’aucune suite n’est à attendre dans un futur proche (ce qui est d’autant plus étrange que la BL a inclus trois audio dramas en trois actes cette même année), gardons nous de faire rejaillir la faute de ce timing abscons sur Rath, qui signe une nouvelle teaser plutôt honnête, en ce qu’elle donne envie de savoir ce qui attend Sycorax et son mystérieux comparse par la suite. Autre point fort de ce chapitre introductif, la bonne utilisation que fait l’auteur des Assassins qu’il convoque, et dont il illustre avec application et à propos les compétences spécifiques. On comprend ainsi mieux quel est l’intérêt pour l’Imperium d’envoyer une Callidus quand un autre temple pourrait parvenir à neutraliser la même cible de façon tout aussi définitive, et on a droit en prime à une démonstration assez bluffante d’une utilisation « urgente » de polymorphine. Quant au Vindicare, s’il n’y a que son ombre qui plane sur ce Divine Sanction, la simple description de son headshot est suffisante pour démontrer l’étendue des talents balistiques du franc tireur. Bref, un avant-goût convaincant, qui donnera je l’espère lieu à une suite avant l’Hérésie d’Horus (ça va, c’est large).

***

Au final, ces 12 nouvelles se sont révélées être assez correctes, et, bien que le choix de les acheter à l’unité se soit avéré être ruineux (près de 42€ au total, alors qu’un recueil en format e-book coûte trois fois moins cher pour le même contenu), je ne regrette pas de m’être lancé dans cette aventure.

S’il faut mettre en avant les soumissions les plus marquantes (en bien) de ce Calendrier de l’Avent 2019, j’attribuerais la palme au nouveau venu Jake Ozga, qui, chose rare pour la BL, réussit à faire ressortir son style propre sans que ce dernier entre en dissonance avec les canons littéraires de son employeur. L’étoffe d’un Brian Craig, ou plus proche de nous d’un Matthew Farrer ou d’un Peter Fehervari? Nous verrons bien, mais suivez cet auteur, je pense qu’il en vaut la peine. Les mentions honorables sont attribuées (dans le désordre), au toujours solide C. L. Werner, à l’audacieux Denny Flowers, au divertissant Mike Brooks et à l’intrigant Robert Rath. À l’autre extrémité du spectre, il n’y a guère que la copie de Danie Ware que j’ai trouvé vraiment indigente, encore que sa chronique s’en est trouvée des plus distrayantes pour cette raison!

Il y a de bonnes chances pour que ce post soit le dernier de ce blog pour l’année 2019, et en tout cas il est certain qu’il s’agit du bon moment pour vous souhaiter un joyeux Noël, et, si l’on se croise pas d’ici là, une excellente année 2020! Pourvu qu’elle soit généreuse en publications de nouvelles de la BL, si possible de bonne qualité!

 

VAULTS OF OBSIDIAN [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette revue critique de Vaults of Obsidian, le recueil de nouvelles consacré par la Black Library à Blackstone Fortress, jeu de plateau coopératif permettant de partir à la conquête des périlleux trésors que renferme l’une des fameuses Forteresses Noires de Warhammer 40.000. Sur la lancée de ce qui avait été fait pour Warcry (Warcry : the Anthology) il y a quelques mois, et, avant cela, pour Blood Bowl (Blood on the Pitch) et Necromunda (Status : Dead Zone, série Kal Jerico et plus récemment Underhive) on constate que GW a pris le parti de soutenir même ses plus petites franchises via sa filiale littéraire, ce qui est évidemment une bonne nouvelle pour tous les fans de GW-Fiction. Ouvrage conséquent (12 nouvelles, lorsque Warcry : the Anthology en comptait 8), Vaults of Obsidian bénéficie en outre d’un casting assez qualitatif au vu du rooster de la BL, qui a mis sur le coup quelques-unes de ses plumes les plus établies (Josh Reynolds, Guy Haley, Nick Kyme…), accompagnées de petits nouveaux à potentiel (J. C. Stearns, Nicholas Wolf, Thomas Parrott et Deny Flowers).

Sommaire Vaults of Obsidian (40K)

.

À titre personnel, n’ayant jamais joué à Blackstone Fortress et suivi d’assez loin la sortie et l’évolution de ce jeu, j’aborde ce recueil avec mon seul bagage d’aficionado de 40K, sans connaissances développées sur le background du jeu, ni sur le parcours des personnages que les joueurs peuvent incarner au cours de leurs descentes dans les entrailles mal famées de ce mystérieux bastion. Pour tout dire, j’en sais plus sur les Ambulls (merci Taran !) que sur le CV de Rein et Raus ou la carte grise d’UR-025, sans parler des motivations obstinément mâââââléfiques d’Obsidius Mallex, le boss final de BF, dans tous les sens du terme. Je n’ai pas davantage lu le roman « initiatique » et éponyme consacré par Darius Hinks (qui contribue également à cette anthologie) au jeu, et ne pourrai donc pas juger de la qualité de Vaults of Obsidian en termes de character development. Ceci dit, mon a priori sur cet ouvrage est plutôt positif, comme cela avait été le cas pour Warcry : the Anthology. Votre humble serviteur étant un vétéran ronchon de la GW-fiction, je reconnais avoir un faible pour les produits sortant de l’ordinaire et libres de s’écarter de l’approche newbie-friendly de certaines publications davantage grand public. Il en faut, certes, mais ce genre de titre est une preuve manifeste que la BL ne néglige pas non plus ses grognards grognons, ce dont je lui en sais gré.

En piste et en combinaison de survie intégrale, donc, et rendez-vous au Helmsman dans douze heures pour les survivants…

Vaults of Obsidian.

Talisman of Vaul – D. Hinks :

INTRIGUE :

Lorsque Kurdrak (à ne pas confondre avec Kapok, qui est une fibre végétale) revient à lui, dans la cabine saccagée de son vaisseau et entouré des cadavres de ses gardes, il ne met pas longtemps à réaliser que quelque chose de terrible vient de lui arriver. Frère de l’Archonte de la Cabale du Cœur Mort, notre héros a cherché à prendre son indépendance et à quitter la petite affaire familiale sans s’attirer les représailles fraternelles… et s’est complètement planté. Son grand projet de visite de la Forteresse Noire investie par les mon-keigh, qu’il considère comme une sainte relique pré-datant la Chute, se termine donc de bien piteuse façon avant même qu’il ait pu mettre le pied dans le mobil-home de Vaul, sa propre survie n’étant due qu’à l’utilité que lui prête le véritable employeur de Xaloth, la Cabalite ayant prétendu être à son service, et responsable du massacre du reste de ses suivants. Kurdrak, pour sa part, découvre avoir hérité d’un piercing jugulaire, au contact très douloureux, ce qui ne l’empêche pas de se lancer à la poursuite de l’infâme traîtresse afin de lui faire payer sa duplicité. La course poursuite qui s’engage mène les deux Eldars Noirs en goguette à travers Precipice, jusqu’à un bar miteux (littéralement miteux, Kurdrak s’en prend même plein la tronche quand il pénètre à l’intérieur), où l’Ex-conte – à ne pas confondre avec l’escompte – a la désagréable surprise de se retrouver nez à nez avec son frangin Zokar. Les Drukhari ne sont pas très famille, c’est ainsi.

Les retrouvailles familiales se passant aussi bien que l’on peut le souhaiter (personne ne tue personne), Kurdrak accepte de mener son frère et ses sbires, dont la perfide Xaloth, jusqu’à l’emplacement de la légendaire Enclume de Sang de Vaul, dont il est le seul à connaître l’emplacement, grâce à la carte en peau de zom’ qu’il a dérobé à un sorcier du Chaos un peu trop fan de Prison Break. On peut même carrément dire qu’il lui a fait la peau. Mouahaha. Et si Kurdrak accepte de coopérer, malgré l’ardent désir de cristalliser son frérot jusqu’à ce que mort s’en suive, c’est que l’implant avec lequel il s’est réveillé se trouve être un prototype avancé de hand neck buzzer, ou de taser sans fil (selon les écoles), que Zokar contrôle en claquant des doigts, et qui se révèle donc être trop incapacitant pour que notre héros puisse se rebeller (d’autant plus que la mort de Zokar provoquerait une décharge fatale de pacemaker au transplanté). Bref, tout le monde part bientôt en balade dans le sadisme et la cruauté, ce qui correspond à la joie et la bonne humeur pour les Drukhari.

La suite de la nouvelle verra les Commorites s’aventurer dans les bas-fonds mal fréquentés de la Forteresse Noire, rencontrant peu d’opposition jusqu’à ce qu’une harde d’Ambulls affamés viennent sonner la fin de la récré pour les bad Spocks. Laissant ses nervis, dont la pauvre Xaloth, qui finit en compoth (comme c’est balloth), ralentir les indigènes, Zokar somme Kurdrak de le mener à bon port, ce que ce dernier accomplit, après une descente vertigineuse dans un escalier que seul un maître Twister tel que Kuku pouvait détecter. Enfin, les deux frangins arrivent devant la fameuse Enclume de Sang de Vaul, qui, de loin et pour un œil non averti, ressemble plutôt à la cabine de douche de Morai Heg. La légende veut que quiconque se plonge dans les flammes les flots (#FuckLaLogique) de l’Enclume s’attire la protection immortelle du Dieu Forgeron, ce que convoite bien entendu ce tocard de Zokar. Il ne faut donc pas longtemps avant que l’Archonte fasse son entrée dans le pédiluve divin…

Début spoiler…et réalise que son frère s’est joué de lui. Le liquide miraculeux le fige en effet sur place (c’était peut-être de l’azote liquide), laissant Kurdrak libre de repartir sans obtenir sa décharge. Mouahahahaha. Comme il l’explique à son bro avant de tourner les talons, l’Enclume est davantage siphon que fontaine, et si l’âme de Zokar a bien fusionné avec l’éclat de Vaul, c’est pour lui servir de batterie. Seule consolation pour l’Ar-concon-te, son immortalité est belle et bien garantie, mais au prix d’un LIS carabiné. Zokar n’a plus qu’à occuper les prochains millénaires à travailler sur le manuscrit de Le Grotesque et le Razorwing, qui sera peut-être adapté en film par Asdrubael Vect. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.Fin spoiler

AVIS :

Talisman of Vaul réussit l’exploit de se concentrer exclusivement sur les parties les moins intéressantes d’une intrigue servie par un Darius Hinks assez peu inspiré, avec cette histoire de trésor mythique et forcément maudit, convoité par des individus si peu recommandables et égocentriques que la trahison venant servir de twist final est attendue de pied ferme par le lecteur. Le contraire aurait été tellement étonnant que je pense que cela aurait mieux fonctionné, mais c’est beaucoup demander à Hinks, qui se contente d’empiler les clichés sur les Drukhari et les poncifs d’exploration de tombeaux légendaires, sans cherche outre mesure à développer ses personnages, leurs motivations, ou le background qu’il convoque pourtant de son propre chef. Les lacunes sont tellement apparentes qu’on évitera même de se demander pourquoi diable Kurdrak s’est rendu à Précipice pour commencer, puisqu’il savait que le trésor qu’il recherchait n’en était finalement pas un. À moins qu’il n’ait anticipé qu’il serait trahi par Xaloth, et prévu qu’il recevrait un implant neuro-toxique contrôlé par son frère, et que la seule manière qu’il aurait de se sortir de ce mauvais pas serait de l’emmener prendre un bain au hammam de Vaul. Je sais que les Eldars ont tendance à la prescience (et encore, pas les Eldars Noirs), mais là, c’est totalement tiré par les cheveux. Bref, à moins de vouloir lire une médiocre adaptation d’Indiana Jones et la Dernière Croisade, où les nazis seraient remplacés par des Drukhari (et Indiana Jones aussi, d’ailleurs), vous pouvez passer votre chemin.

.

Shapes Pent in Hell – J. Reynolds :

INTRIGUE :

Recruté comme garde du corps (au sien défendant) par l’informationniste Faroon Magritte (ceci n’est pas un clin d’œil), lui même enrôlé comme guide par une bande de durs à cuire aux motivations aussi mystérieuses que leur matos est de qualité, l’androïde UR-025, probable dernier spécimen des légendaires « hommes de fer » du Moyen-Âge technologique, profite de cette balade forcée dans les profondeurs de la Forteresse Noire pour mettre à l’épreuve quelques-unes des hypothèses qu’il nourrit sur cette dernière. Soucieux de préserver sa singularité et son autonomie secrètes, il s’applique à suivre les ordres que son employeur lui donne, tout en cherchant à percer à jour les objectifs de l’escouade menée par le vétéran Brill, qu’il suppute être des hommes de main de l’Inquisition, et donc une menace potentielle à son encontre. Alors que la troupe progresse dans les salles démentes de la Forteresse, en direction de l’objectif recherché par Brill et ses gros bras, l’ambiance se détériore graduellement entre les vadrouilleurs et leur sherpa, jusqu’à ce qu’UR-025 conclut à la nécessité de son intervention, par l’intermédiaire d’une mise en joue de son canon d’assaut Mark 1, pour calmer les velléités belliqueuses des touristes.

C’est le moment que choisit une bande de cultistes du Chaos pour embusquer les visiteurs, échauffourée se soldant par la mort de tous les organiques, comme UR-025 les appelle, y compris Magritte, qui s’était révélé être un agent double fricotant avec le Magos renégat Raxian Sul, réfugié politique et mécanique dans la Forteresse. Brill et ses hommes, de leur côté, étaient des éclaireurs envoyés par le Mechanicus localiser le repaire probable du traître, en vue du déclenchement d’un protocole d’obsolescence accéléré. Carbonisés par les chaleureuses attentions d’un Firebrand, les Skoutarii sont toutefois bons pour la décharge, et cela aurait pu également être le destin d’UR-025, sans l’intervention inespérée mais opportune d’un autre robot « éveillé », le bien nommé Abominatus. Conçu par le fameux Raxian Sul, cette machine démoniaque s’avère être enchantée par la découverte d’un congénérateur, et convie UR-025 à visiter ses quartiers. Peu sensible aux velléités de camaraderie de celui qu’il considère comme un rebut souillé (c’est moche le racisme – ou peut-être que modélisme serait plus approprié – chez les robots tout de même), dont l’existence et les machinations portent atteinte à la perfection de la Forteresse, 025 fait semblant de jouer l’intéressé, et complimente son hôte sur son choix de papier peint et les motifs des rideaux, comme il l’a appris dans un manuel de savoir-vivre de M2, avant de se retourner contre Abominatus lorsque celui-ci ne s’y attend pas.

Le combat qui s’en suit, s’il peut paraître déséquilibré du fait de l’avantage de taille et de fraîcheur de l’Abo’, voit notre héros de fer sortir vainqueur de la confrontation et désosser consciencieusement son double maléfique, dont les grands projets de colonisation mécanique de la Forteresse – commencée en secret après qu’Abominatus ait disséqué son créateur pendant sa crise d’adolescence – resteront donc lettre morte. Cette bonne action effectuée, UR-025 reprend le chemin de Precipice où il travaille à temps partiel comme Magimix à la cantina. Il faut bien joindre les deux bouts.

AVIS :

Nouvelle étrange de la part de Josh Reynolds, qui accole deux récits n’ayant pas grand-chose en commun (la virée tragique de Magritte, Brill et Cie d’un côté, et le remake 40K de la rencontre entre Eve et Wall-E de l’autre), en saupoudrant le tout de références littéraires, dont l’identification constitue l’intérêt premier de ce Shapes Pent in Hell (référence à la nouvelle The Black Stone – #ISeeWhatYouDidHere – de Robert Howard, l’auteur de Conan le Cimmérien, qui emprunte beaucoup au mythe de Cthulhu). On n’apprend pas grand-chose sur UR-025, dont le statut d’homme de fer plaçait pourtant en tête des protagonistes de Blackstone Fortress les plus intéressants d’un point de vue fluffique. Bref, si cette lecture donne l’impression que Reynolds s’est amusé à jouer au plus malin et au plus instruit (ce qui, pour être honnête, pourrait bien être vrai), on ne peut que regretter qu’il n’est pas pris cette soumissions plus au sérieux, et n’ai pas davantage soigné les fondamentaux.

.

Fates and Fortunes – T. Parrott :

INTRIGUE :

Une petite bande d’aventuriers brave les dangers de la Forteresse Noire pour s’emparer d’un mystérieux trésor. Que voilà une intrigue originale dans une anthologie consacrée à Blackstone Fortress. Laissons tout de même une chance aux personnages de Parrott de s’introduire avant de juger de leur performance, et de la sienne par la même occasion. Héros désigné de la nouvelle, Ilden est, de son propre aveu, un gentleman cambrioleur1, et sa carrière a grandement bénéficié de ses talents latents de psyker, qui l’ont mené à fuir les brûlantes attentions d’un Imperium obscurantiste depuis sa plus tendre enfance. Raedrus, le chef de la fine équipe, est également le guide de cette dernière, ayant repéré l’emplacement du trésor au cours d’une précédente descente, et récupéré au passage un thanoscope (qui n’est pas le nom d’un panoramascope où les paysages seraient remplacés par des photos de Thanos… même s’il se serait également agi d’une relique de premier plan), soit une sorte d’omophagea auxiliaire (en gros). Toujours pratique. Cascade, la geek de la bande, est une heretek ayant volé le look d’Angron (dreadlocks cablés powaaaaa). Ovtaugh est la minorité visible du récit, soit un Xenos en poncho, toujours prêt à donner un coup de main (qu’il a en grand nombre) et à faire le coup de feu. Reste la pilote Serafina, qui apparaît trop peu longtemps dans la nouvelle pour que je me donne la peine de la décrire.

Nos braves héros ont dérobé à nul autre que Janus Draik (le Rogue Trader moustachu de la boîte de base) l’amulette qui leur permettra d’ouvrir le coffre repéré par Raedrus lors de l’épisode précédent – comment le sait-il, maglev et tétraèdre – et si cet enlèvement s’est bien passé, grâce à la puissance des pressentiments d’Ilden (champion du Segmentum de pile ou face), le voyage jusqu’à la Forteresse s’est révélé plus mouvementé que prévu, Draik ayant trouvé un moyen (là encore, non explicité) d’identifier les sacripants ayant enfreint son immunité diplomatique, et s’étant mis à leur poursuite pour récupérer son bien. Short story short, Ilden et Cie se hâtent de pénétrer dans le vaisseau Xenos, en espérant distancer leurs poursuivants, et récupérer le butin promis par leur chef. Bien entendu, les choses ne vont pas se passer comme prévu, aux dangers inhérents de l’endroit (ici incarnés par des Onyx juvéniles et photophobes) venant s’ajouter la dégradation rapide et irrémédiable de la santé mentale des aventuriers. Particulièrement touché du fait de sa sensibilité psychique, Ilden est frappé par des rêves inquiétants et des sensations de déjà-vu apocalyptiques, ce qui ne peut rien présager de bon, pas vrai ?

Début spoiler…Tu l’as dit, bouffi. Au final, après qu’Ovtaugh se soit fait coloniser par les vers de pierre, et Cascade reconfigurer à coup de surin par un Raedrus devenu fou à lier, Ilden décide prudemment de mettre les bouts pendant que son dernier compagnon pique un roupillon, emportant avec lui l’amulette que son boss lui avait confié au début de l’aventure, confiant en sa capacité de buter le voleur pour reprendre son bien mal acquis si le besoin s’en faisait sentir2. Guidé par un sinistre pressentiment, le voleur arrive devant le fameux coffre, interrompant du même coup la cérémonie païenne à laquelle participaient la plupart des hostiles de la boîte de jeu. La vérité éclate alors : l’entité maléfique qui résidait dans la cassette, et y avait été confinée par un lointain ancêtre de notre héros, a guidé ce dernier jusqu’à elle afin de pouvoir échapper à sa prison. Bien entendu, les effets secondaires pour Ilden sont plutôt désagréables, incluant un aller simple pour ‘the sunken place’ et une démence terminale alors que son corps se fait posséder par un Spectrum revanchard.Fin spoiler

1 : La science de la numérologie nous apprend de façon certaine que le nom de famille de notre gredin est indubitablement Idb’gain. That’s a fact, folks.

2 : C’est également la raison, assez peu connue, pour laquelle la Compagnie de l’Anneau a accepté la décision de Frodon d’emporter ce dernier en Mordor.

AVIS :

Thomas Parrott retombe dans les travers constatés dans sa première nouvelle, Spiritus in Machina, avec cette soumission qui contient beaucoup d’éléments intéressants, mais trop peu développés (parce que trop nombreux) pour que le lecteur soit véritablement embarqué dans le propos qu’il développe. L’exemple le plus frappant de cet état de fait est l’inclusion de Janus Draik, qui au final n’apparaît pas de la nouvelle, et se contente d’être une vague présence menaçante à l’arrière-plan, alors que l’on était en droit d’attendre une utilisation un peu plus poussée d’un des personnages les plus connus de la franchise. Le même constat peut être dressé des visions mystiques d’Ilden, que Parrott intègre au petit bonheur la chance dans son récit, et qui n’apparaissent donc pas comme l’élément central de l’intrigue qu’elles auraient certainement mérité d’être (à tel point que la « révélation » finale1 tombe à peu près complètement à plat). Bref, too much of a good thing can be a bad thing comme disent les Anglais, et Fates & Fortunes est une bonne démonstration de la véracité de cette maxime.

1: Début spoilerDans ses rêves, Ilden ne se voyait pas lui-même dans le futur, mais contemplait un de ses lointains ancêtres.Fin spoiler

.

Past in Flames – J. C. Stearns :

INTRIGUE :

Dans une galaxie divisée par l’intolérance et la xenophobie (qui est techniquement une forme d’intolérance), il est réconfortant de constater que certains endroits permettent au contraire aux différentes factions de 40K de collaborer dans la joie et la bonne humeur, afin de faire obstacle à un ennemi commun. Ou, plutôt, de convenir d’une trêve temporaire pour mener à bien une mission plus importante pour les parties engagées que leur annihilation mutuelle. Ce qui est techniquement la même chose. Ou en tout cas, la forme la plus élevée de tolérance que l’on peut attendre en ce riant 41ème millénaire. Past in Flames voit ainsi la Ranger de Biel Tan Amallyn Shadowguide faire équipe avec une Drukhari renégate du nom de Rayden Veth, dans le but de récupérer une relique Aeldari tombée aux mains des cultistes du Chaos qui se sont installés dans les tréfonds de la Forteresse Noire. La relique en question est une copie du Chorale Lilcartha, qui, comme son nom l’indique, contient bien des partitions de chants liturgiques1 et des petites cartes, en plus de tout un tas d’informations utiles et essentielles pour la gent Eldar.

Comme on peut aisément l’imaginer, la coopération n’est pas facile entre les deux partenaires2, Veth prenant un malin plaisir à n’en faire qu’à sa tête, malgré les appels d’Amallyn pour procéder de façon méthodique et rationnelle (c’est ce qui s’appelle get the book by the book, de l’autre côté de la Manche). Bien qu’étant intrinsèquement et matériellement supérieures aux Gardes renégats qui ont récupéré la Chorale, l’avantage numérique dont disposent les Mon-keigh équilibre en effet franchement les choses, et force nos héroïnes à se lancer dans une partie de Splinter Cell en mode hardcore, avec Veth dans le rôle du PNJ de support débile que le joueur s’efforce de maintenir en vie en récupérant comme il le peut toutes ses bourdes. Malheureusement pour nos fifilles, leur approche finit par être repérée, précipitant un affrontement final 100% féminin entre la team Aeldari et la team Slaanesh, composée d’une Commissaire sous speed et d’une humble Garde qui n’en demandait pas tant…

Début spoiler…Le combat en question, s’il est finalement remporté par les Zoneilles, non sans quelques hilarantes complications, comme la perte de la main gauche de Veth d’un bolt bien placé, ne met cependant pas fin aux mésaventures des chipies. Le Chorale Lilcartha part en effet en fumée à peine récupéré par les Eldars, la fourbe Commissaire ayant piégé son bureau – où l’objet était posé – avec des explosifs, sans doute reliés au biper astucieusement placé dans la couverture de l’opus. En fait, je n’en sais rien, Stearns ne s’appesantissant pas sur ce détail, mais on peut tout de même noter que pour une Ranger, Amallyn a légèrement chanté dans la moelle (une adaptation un peu plus élégante d’un proverbe humain bien connu). Toujours est-il que nos héroïnes doivent se contenter de quelques fragments de pages comme butin, avant de repartir vers Precipice avant que le reste des cultistes ne viennent investiguer les lieux. Est-ce la fin de la nouvelle ? Oui et non. Oui car il ne se passera pas grand-chose d’intéressant avant le point final de cette dernière. Non car Amallyn et Veth décident de se crêper le chignon à propos de leurs allégeances respectives, la première doutant fortement des motivations de la seconde. S’en suit un micro-cours de géopolitique Aeldari, pendant lequel Veth plaide sa cause avec une ferveur franchement étonnante pour le lecteur à ce moment de la nouvelle. On ne peut pas dire que l’idée de Stearns ait été mauvaise, mais sa réalisation est pour le moins surprenante. Toujours est-il qu’ainsi s’achève Past in Flames, à moins bien sûr que vous disposiez de 5 manas dont un Rouge3Fin spoiler

1 : Ainsi que les paroles du générique de Khaine le Survivant, qui sont tout bonnement collector. 

2 : Même si une certaine tension sexuelle semble se manifester entre les deux comparses. #BalanceTonDrukhari.

3 : Je me permets cette blague car Stearns est un joueur de MtG, et je pense sérieusement qu’il a choisi ce titre en hommage à a carte.

AVIS :

Nouvelle moyenne de la part de J. C. Stearns, qui fait le job sans frémir ni briller 80% du temps. Les 20% restants se décomposent entre l’ajout d’éléments fluff (10%), toujours bons à prendre, et la conclusion étrange (10%) qu’il donne à son récit. Cela dit, à l’aune des nouvelles incluses dans Vaults of Obsidian, on devrait s’avérer satisfait de finir la lecture de ce court format avec des réponses satisfaisantes à toutes les questions posées par l’intrigue. À recommander aux amateurs de coopération Eldar, un sujet de plus en plus couvert par la BL depuis l’éveil d’Ynnead, et aux fluffistes acharnés.

.

Negavolt – N. Wolf :

INTRIGUE :

Bien que les héros aient la fâcheuse tendance à les massacrer par octet (soit un paquet de huit), les goons donnant de leur personne pour pimenter les parties de jeu de plateau sont des personnages comme les autres, avec une histoire parfois aussi intéressante, si ce n’est plus, que celles de leurs Némésis. Vous l’aurez compris, c’est d’un des obscurs séides de la boîte de Blackstone Fortress dont il sera ici question, pour changer. Nous faisons donc la connaissance de Delta-28-4 Gamma 6, que nous appellerons désormais Dédé pour des raisons évidentes, Cultiste Negavolt de son état et protagoniste de la nouvelle du même nom.

Wolf propose au lecteur d’assister à deux moments cruciaux, ainsi qu’horriblement douloureux, de l’existence de Dédé : le premier concerne sa (presque) mort, alors qu’il occupait la glorieuse fonction de compteur Linky dans une centrale électrique quelconque sur un monde EDF paumé, et sous l’égide mécanique du Magos Vestus Artorus Rhynne. Un accident de caténaire ayant entraîné une surcharge critique du système, Dédé, comme l’ensemble de ses comparses serviles, eut la joie, l’honneur et l’avantage de faire office de fusible humain, ce qui le laissa confondu et fondu (combo). Outré par l’attitude désinvolte (un comble) de son patron, qui ne daigna pas bouger la mecadendrinette (l’équivalent du petit doigt pour un Magos) pour l’aider à échapper au tabouret électrique – manquerait plus qu’ils donnent des chaises aux grouillots, maintenant – et le condamna tout aussi froidement à la servitude à son réveil, jaugeant la chirurgie reconstructrice bien trop onéreuse pour un larbin de son espèce, Dédé eut toutefois la « chance » d’être recueilli par Thret, recycleur excentrique et plus qu’un peu chaotique. À l’insu de son supérieur, Thret s’est en effet attelé à la restauration et la reconfiguration des rebuts qui lui sont envoyés, donnant une seconde jeunesse ainsi qu’une perspective de vengeance aux victimes du management énergique du Magos. C’est ainsi que Dédé le révolté le devint doublement, Thret lui insérant une pile démoniaque dans le buffet, pour des résultats douloureux mais revigorants. L’heure de la revanche, à la faveur d’une invasion du monde forge par une force chaotique, ne tardera pas à sonner pour Dédé, qui aura le temps de présenter ses sentiments les meilleurs à son ancien boss avant de quitter la planète une fois pour toutes.

Le deuxième épisode, imbriqué dans la narration du premier, met notre héros aux prises (de courant, évidemment) avec une force du Mechanicus ayant eu la mauvaise idée de vouloir interrompre le rituel impie initié par les cultistes de la Forteresse Noire. Mobilisé avec le reste de son culte pour prêter main forte aux troufions du 82ème Grendish, Dédé se jette à l’assaut avec un bel enthousiasme, confiant que son Insensible à la Douleur 5+ et ses éclairs de génie suffiront à repousser les Martiens. Ce qui se révèle exact, même si la facture se révèle être salée pour les Negavolts, décimés par les gadgets technologiques de leurs frères ennemis. Seule la raaaaaaaaage inextinguible de Dédé lui permettra de venir à bout de ses adversaires, parmi lesquels un Electro-Prêtre Fulgurite mais pas fulgurant. Comme quoi, la confiance en soi, c’est important1.

1 : Précision importante car le démon électrique possédant notre héros s’avère être assez conservateur, et recommande vivement à ce dernier d’opérer une retraite stratégique une fois confronté à un ennemi manifestement trop fort pour lui. #CetEnnemiEstPlusFortQueVous.

AVIS :

Pour sa seconde contribution à la BL, Wolf s’applique et s’implique, mais ne fait pas vraiment d’étincelles (haha) avec cette nouvelle sérieuse mais sans plus. Même si l’on doit reconnaître que l’utilisation de protagonistes « hostiles » est une idée intéressante, et qui apporte un peu de variété dans une anthologie autrement unilatérale, le propos est trop classique pour marquer durablement le lecteur. Cela dit, les partis pris intéressants (comme le choix de faire de Thret un bourreau protecteur, à la fois tortionnaire corrompu jusqu’à l’os et père poule pour ses créations dégénérées) ne manquent pas dans cette soumission, et sont plutôt de bon augure pour la suite de la carrière de Wolf au sein de la Black Library. Mr Wolf sait mettre en scène des personnages complexes et (donc) intéressants, un talent appréciable et malheureusement pas aussi répandu qu’on le souhaiterait parmi les auteurs de GW-Fiction. Bref, si Negavolt n’est pas un chef d’œuvre, il faut pour autant se garder d’enterrer Nicholas Wolf, dont je ne doute pas un instant du potentiel.

.

The Three-Edged Blade – D. Flowers :

INTRIGUE :

Quand elle s’est fait la malle de Commoragh en « empruntant » le vaisseau personnel d’Asdrubael Vect, Rayden Veth ne s’est pas faite que des amis. Déjà parce que les Drukhari ont du mal à saisir le concept d’amitié (« Est-ce que ça se mange ? » « Si on veut… »), et ensuite parce Baebel tenait fortement à son véhicule de fonction, et a donc envoyé un trio d’assassins d’élite de la Cabale du Coeur Noir, le/a Zhailtir, récupérer l’Eye of Vect et punir la coupable de cet impardonnable larcin. Notre triade n’a pas vraiment le droit à l’erreur, tout particulièrement Kali Xerus, l’empoisonneuse de la coterie, trempée jusqu’au cou – qu’elle a gracile – dans les manigances de Veth, qui l’a plaqué en même temps que son ancienne vie, et se trouve donc suspectée de complicité dans le spacecarjacking commis par la renégate. Accompagnée de Tanvile the Twisted, l’équivalent Eldar Noir d’un Eversor, le sens de l’humour (très noir) en plus et du Belluaire chamanique et narcoleptique Hekit, Kali arrive donc à Precipice, où, d’après les sanglantes confessions d’un malheureux Mon-keigh ayant eu la déveine d’être cueilli dans sa capsule de survie par les Rapetous de Commoragh, Veth s’est établie.

L’ambiance n’étant pas au beau fixe entre les collègues, dont les penchant sadiques n’ont pu être satisfaits que par les occasionnelles collisions entre le petit orteil des uns et des autres avec la table de la cuisine du vaisseau (ce qui fait peu), les Drukhari se séparent pour trouver la piste de leur proie. Pendant que Hekit décide d’aller faire une sieste en attendant que les réponses aux questions qu’ils se posent lui apparaissent (c’est une technique), Kali et Tanvile se rendent à la taverne locale, où, pendant que son comparse s’amuse à terroriser le barman, l’empoisonneuse fait la connaissance d’un mercenaire Kroot (probablement Grehk), qui lui apprend que Veth a pénétré seule dans la Forteresse Noire et n’en est jamais ressortie. Est-ce la fin de notre histoire ? Que nenni, car l’Eye of Vect ne va pas se rapatrier seul à Commoragh. Bien qu’habilement camouflé sous une bâche par sa nouvelle propriétaire, il ne faut pas longtemps pour les huissiers de la Muse Vivante pour mettre la main sur l’utilitaire de l’Archonissime, trucidant une bande de locaux trop vindicatifs pour leur intérêt sur le chemin du parking…

Début spoiler…Très étonnamment, Hekit n’est pas sitôt arriver qu’il insiste pour installer sa couverture râpée de mendigot dans un coin tranquille pour débuter une petite transe de victoire et essayer d’hacker le mot de passe que Veth a bien sûr reconfiguré. C’est alors que le drame se produit : Kali et Tanvile ont une nouvelle prise de bec, qui se termine cette fois par un duel à mort, le second ayant peu apprécié la tentative d’assassinat perpétrée par la première envers sa personne, à la faveur du déclenchement d’un piège laissé par Veth pour décourager les voleurs. Tout à leur affrontement, les assassins ne se rendent compte que trop tard qu’ils se sont fait rouler dans la moelle spectrale par Hekit, qui a été recruté par la Corsaire, et dont la transe avait pour but de convoquer une meute de Khymerae. Bien affaiblis par leur premier round, Kali et Tanvile ne peuvent pas rivaliser avec la férocité des toutous du Maître des Bêtes, et finissent donc en Khaenygou. Hekit repart ensuite vers Commoragh avec quelques échantillons intéressants d’espèces endémiques à la Forteresse, le paiement de Veth pour ses loyaux services, laissant l’Eye of Vect dans son garage de Precipice.Fin spoiler

AVIS :

Je n’ai guère été convaincu par cette proposition de Denny Flowers, qui semble avoir été écrite avec un twist final en tête, mais dont la préparation est par trop lacunaire, pour un résultat franchement décevant. La surprise concoctée par l’auteur nous est en effet servie ex nihilo, laissant le lecteur s’interroger sur les raisons ayant poussé Flowers à inclure à son récit des éléments finalement non utilisés dans son intrigue, comme le prisonnier torturé par les Eldars Noirs en chemin, la rencontre avec Grekh (à noter que Draik a également droit à une citation – pas plus – et que Raus & Rein croisent le chemin des Drukhari en goguette), et le massacre d’une maigre foule en colère (dont on aurait pu supposer que les raisons de ladite colère – le rapt d’un de leurs camarades par un autre Eldar Noir – aurait quelque chose à voir avec le schmilblik). Au chapitre des passages qui auraient mérité que l’auteur s’y attarde un peu plus, la crise de zizanie finale entre Kali et Tanvile est également un peu trop brute de décoffrage à mon goût, l’animosité et la paranoïa naturelle de Commorites ne pouvant pas expliquer à elle seule l’escalade de la rancœur entre les mandataires de Vect. Et ceci sans même souligner que cette nouvelle ne se passe même pas dans la Fortresse, ce qui n’est pas son plus gros problème, mais peut légitimement provoquer un froncement de sourcil de la part du lecteur. Bref, pas mal de défauts structurels dans ce The Three-Edged Blade, qui aurait paradoxalement mérité que Flowers affûte un peu plus sa plume.

.

Motherlode – N. Kyme :

MotherlodeINTRIGUE :

Raus & Rein Gaffar, jumeaux Ratlings, déserteurs de la Garde Impériale et duo comique doublement troupier, vivent une journée particulièrement agitée de leur vie d’explorateurs de la Forteresse Noire. Ayant échappés de peu au sadisme proactif d’un concurrent Drukhari alors qu’ils étaient en maraude sur leur terrain de chasse, les tireurs pointeurs (ça marche aussi bien pour la pétanque que pour le tir de précision) regagnent leur vaisseau avec une caisse mystérieuse contenant un butin mirobolant, sans réaliser que leur Némésis, Akrahel Drek, a survécu à la bastos expédiée par Rein, et prévoit logiquement de se venger de ces petites pestes, dans un éclat de rire ronronnement (si si) maléfique. * Purrr purrr purrrr puuuuuuuuurrrr *

Un peu plus tard, nous retrouvons nos abhumains, également traqués par un Commissaire amnésique et son escouade de vétérans couturés, sans doute pour quelques tours pendables et plaisanteries de mauvais goût, au bazar de Nadir, où ils ont rendez-vous avec une vieille et morbidement obèse connaissance, le receleur et trafiquant Ogryn Murlock, auquel ils souhaiteraient vendre leur dernière trouvaille. Petit problème, il n’y a pas que le Commissaire – Vudus Mettik de son petit nom – qui a des problèmes de mémoire, les twins ayant semble-t-il complètement oublié qu’ils ont tuyauté les Arbites sur le petit commerce de Murlock quelque temps auparavant, avec des conséquences logiques et néfastes pour sa modeste échoppe, et que Murlock est au courant de ce cafardage. Evidemment, cet historique compliqué ne facilite pas les négociations, et Raus & Rein doivent à nouveau se tirer d’un beau guêpier, ce qu’ils font en dégoupillant quelques grenades de la bandoulière de leur hôte, après que ce dernier ait tenté de les hacher encore plus menu qu’ils ne le sont.

Nullement découragés par cette déconvenue, les Ratlings utilisent le carnet d’adresses de leur dernière victime pour contacter directement un acheteur potentiel, qu’ils trouvent raide mort à son domicile, et pas de causes naturelles (à moins que les Kroots aient la jugulaire clipsable, ce qui doit arriver s’ils consomment trop de distributeurs de Pez). Poursuivis jusque dans les égouts par Mettik et ses hommes, responsables du krooticide et déterminés à capturer les déserteurs, les frérots sont contraints de se séparer, Raus choisissant la capture pendant que Rein se carapate… pour mieux revenir avec son fusil de sniper de rechange (toujours utile), et la fameuse boîte mystère, juste à temps pour secourir son bro’, que se disputent Mettik et Akrahel, qui a fini par retrouver la trace de ses tourmenteurs. L’impasse mexicaine qui se profile à l’horizon trouve toutefois une fin précipitée (c’est fluff) lorsque Rein lâche la précieuse caisse au milieu de la scène, qui se révèle contenir la tête d’une matriarche ur-ghul. Et alors, me demanderez-vous ? Et alors, la famille élargie de la défunte a trouvé les moyens de sortir de la Forteresse (en Ur-bher, sans doute) pour rapatrier la relique, et investit les lieux de la confrontation à ce moment précis, avec des résultats salissants. Encore une fois, les Ratlings sont les seuls à se sortir indemnes de cette péripétie, mais peuvent au moins terminer la journée en passant deux de leurs ennemis mortels en perte et profit. C’est déjà ça.

AVIS :

On (en tout cas, je) savait déjà que Kyme avait une fâcheuse tendance à pondre des histoires mal ficelées, sacrifiant avec une constance consternante la moindre prétention de crédibilité narrative pour se concentrer sur une agglutination de scènes « cinégéniques ». Rassurez-vous, c’est bien le cas ici, même si l’absence de Space Marines (et donc de Salamanders, les victimes préférées de l’auteur) et la brièveté de l’objet du délit ne permettent pas à ce dernier de rivaliser avec ses records personnels de WTF. On se contentera de souligner que beaucoup de choses arrivent au bon moment, et/ou sans mise en contexte, dans ce Motherlode (jeu de mots !1), ce qui est la marque des auteurs fainéants.

Là où Kyme innove et fait fort, c’est dans la veine scatologique qu’il choisit de pousser fortement d’un bout à l’autre de son récit. C’est simple, tout pue dans ces 20 pages : les héros, les méchants, les lieux, la nouvelle elle-même ; c’est le royal flush de l’infamie, et tant qu’à parler de flush, autant tirer la chasse. J’ai fini la lecture de ce… texte légèrement hébété par l’aplomb ou le jemenfoutisme complet revendiqué par son auteur, qui réussit le tour de force de faire passer 40K de grimdark à off-colour avec son inimitable (et j’espère inimitée) prose. Motherlode est à ranger parmi les rebuts honteux de la Black Library, et à oublier le plus vite possible.

1 : Motherlode se traduisant par filon (au sens premier ou figuré) en anglais, la relique récupérée par Alain et Alex Térieur étant à la fois une richesse et ayant une connotation maternelle.

.

Purity is a Lie – G. Thorpe :

Purity is a LieINTRIGUE :

Taddeus le Purificateur, zélote du Ministorum, carafe Brita faite homme, Donald Trump du 41ème millénaire. Arrivé à Precipice en compagnie de sa fidèle Pious Vorne, à la suite de vision envoyée par l’Empereur (et d’une confidence déplacée d’un sous-officier de la Navy), notre Prêtre peine à se faire accepter par la faune bigarrée et profane peuplant la cité, et n’a donc pas réussi à rejoindre une expédition d’exploration de la Blackstone Fortress, en dépit de ses meilleurs efforts et ses plus sincères prières. Sa chance tourne toutefois lorsqu’il reçoit une invitation de la part de Janus Draik, qui a flashé sur son énorme mitre, à le rencontrer au Looter’s Den afin de discuter affaire. Après avoir détendu l’ambiance, qui s’était refroidie comme un Roboute Guilliman faisant de l’apnée dans l’espace à l’arrivée du prélat, le Rogue Trader annonce à son hôte qu’il a besoin d’un coup de main pour tenter une descente jusqu’au Labyrinthe de la Mort (Deathmaze), et que Taddeus est sur sa shortlist. Pourquoi ? Eh bien, parce qu’il a l’air honnête et courageux. That’s it. Comme quoi, on peut être un aventurier sans foi ni loi évoluant dans une cour des miracles traîtresse et meurtrière, et donner sa chance au premier venu, parce qu’on a un bon feeling. Merci qui ? Merci Gav Thorpe.

Après avoir un peu tergiversé, Taddeus accepte, et retrouve son nouveau collègue à l’entrée de la Forteresse, laissant Vorne dans le vaisseau (c’est un raid de 4 personnes, le maglev a une capacité limitée) avec un bol d’eau fraîche, la climatisation et l’autoradio allumée. L’exigeant ecclésiastique n’est guère enchanté de voir que Draik a recruté une Eldar (Amallyn Shadowguide) et un mutant (le Navigateur Espern Locarno) pour compléter son équipe, mais, nécessité faisant loi, à défaut de foi, il accepte tout de même de partir en vadrouille avec ces compagnons particuliers. La suite est, pour autant que je puisse le dire, le compte rendu romancé d’une partie de Blackstone Fortress, interrompue avant la fin par un quelconque événement (peut-être que Thorpe a dû partir plus tôt pour aller faire des courses ou passer au pressing). Ainsi, notre bande se coltine d’abord une escouade de Gardes renégats, puis quelques drones, avant de terminer par un quintette de cultistes Negavolts, et un psyker chaotique pour faire passer le tout. Entre deux coups de massue énergétique et blessures de guerre héroïquement glanée au combat, Taddeus réalise à quel point la coopération avec ses camarades est nécessaire, et perd donc un point en xénophobie (il est sauvé et sauve par la Ranger) et un demi-point en mutophobie (Locarno le prévient de l’arrivée du psyker). Kawaiiiii. On ne saura en revanche pas ce qui attend nos héros dans ce fameux « Labyrinthe de la Mort », que ces derniers n’atteindront même pas avant que Thorpe ne décide qu’il a bien assez bossé comme ça et mette un point final à sa nouvelle. Non. Si.

AVIS :

Gav Thorpe prouve avec Purity is a Lie qu’il maîtrise parfaitement l’art complexe et délicat de la courte nouvelle de 40K où rien d’intéressant ne se passe. Un peu comme le haïku suivant : Forty forty kay//Forty forty forty kay//Forty forty kay. Oui, c’est du sarcasme. Malgré toute la sympathie que j’éprouve pour ce collaborateur historique et figure mythique de GW, la plupart des nouvelles qu’il a soumis à la BL ces dernières années se sont avérées très décevantes, et celle-ci ne fait malheureusement pas exception. Ne disposant même pas d’une conclusion digne de ce nom, et développant de façon inimaginative au possible une idée absolument banale du background de Warhammer 40.000 (« il faut savoir mettre de côté ses principes pour atteindre ses objectifs »), le seul mérite de cette soumission est d’intégrer cinq personnages nommés de Blackstone Fortress (même si la plupart font papier peint) dans son casting, dont deux (Vorne et Locarno) dont ce sera la seule apparition dans le recueil Vaults of Obsidian. Ce n’est pas lourd, mais c’est vraiment tout le bien que je peux dire de ce texte, qui aurait mérité d’apparaître sous son titre complet : Purity is a Lie, Story is a Bore, Not Inspired at all, Send Help.

.

The Oath in Darkness – D. Annandale :

The Oath in DarknessINTRIGUE :

Dans la famille Rekkendus, je voudrais la mère (Buria), le fils (Viktur) et la… tante (Lorn). Ajoutez le confesseur et psychothérapeute personnel (Harant Dalkan) de la lignée au tableau, et vous obtenez l’essentiel du casting de cette nouvelle. 80%, pour être précis, le dernier personnage d’importance convié par Annandale dans ce court format n’étant autre que le pisteur Kroot Dahyak Grekh, enrôlé par les touristes pour une excursion dans la Forteresse Noire. Pour quels motifs, me demanderez-vous ? Eh bien, les Rekkendus sont les membres d’une maison de Navigateurs, et leur matriarche (Buria) a reçu la vision d’un vaisseau très spécial que la Forteresse aurait absorbé, et dont la récupération aurait des retombées très bénéfiques pour sa dynastie. De manière plus prosaïque, les Rekkendus se tirent la bourre avec les Locarno, et comme ces derniers ont envoyé le 3ème Daft Punk explorer cette relique, il n’y avait pas de raison pour que leurs concurrents ne fassent pas de même. Non mais.

Guidé par leur honorable et cliquetant sherpa, les trois Navigateurs et leur aumônier pénètrent donc dans les ténèbres hostiles de la Forteresse, où les ennuis ne tardent pas à débuter. Malgré la précision des visions de Buria, qui permettent à Grekh de tracer la route avec son efficacité coutumière, le trekking de nos amis se retrouve brutalement interrompu par la conjuration d’une plus petite forteresse, dans une salle du parcours, séparant les aventuriers et alertant le Kroot de la menace représentée par Obsidus Mallex, qui semble fort être un Master Builder LegoTM, ce qui est encore plus terrifiant qu’être un Élu du Chaos quand on y réfléchit. Alors qu’il s’échine à retrouver son troupeau (le petit nom sympa qu’il donne à ses clients, sans doute parce qu’il y a de bonnes chances pour qu’il les mange à la fin de la balade), Grekh est surpris par les Dupont et Dupond de la Black Legion1, à qui cette traîtresse de Buria avait donné rencart2, et qui repartent avec les Rekkendus après une brève fusillade, laissant le Xenos enterré sous une masse de gravats d’obsidienne (que cette forteresse est fragile, tout de même !). Fort heureusement pour ce dernier, Dalkan, que tout le monde a oublié (y compris toi, lecteur, je parie), réussit son test d’empathie et exhume le cacatoès cannibale des décombres. Toujours lié par son serment envers Lorn et Viktur, qui, contrairement à leur parente, n’ont pas donné signe de traîtrise, Grekh se met en chasse de ses employeurs, bien décidé à ne pas les lâcher tant qu’ils ne lui auront pas mis 5 étoiles sur Trip Advisor.

La nouvelle passe alors sur un rythme plus soutenu, qui permet à Annandale de la conclure en quelques pages, alors qu’on pouvait plutôt considérer que les choses sérieuses ne venaient que de commencer. En résumé (quasiment pas en fait, et c’est triste), le Kroot refait son retard sur le groupe de tête, et découvre que les Rekkendus ont été cloîtrés dans des trônes de Navigateur. Là où Buria rêvait de prendre le contrôle de la Forteresse, en utilisant pour ce faire ses fils et sœur comme batterie externe de pouvoir psychique, la félonne réalise bientôt qu’elle a elle-même été dupée, et que Mallex ne souhaite pas partager le contrôle de son joujou avec quiconque. Tout cela aurait pu très mal finir sans l’intervention de Grekh, qui enchaîne trois headeyeshots dans le plus grand des calmes, ce qui met la machine en surtension et la fait exploser, permettant au Kroot et à son dernier protégé de repartir tranquillement vers Precipice, histoire de se faire un petit gueuleton, et au passage, prévenir la populace de l’ouverture de la nouvelle tour de Mallex. Comme on dit sur Pech, la faim justifie les moyens.

1 : Ces deux Space Marines du Chaos inclus dans la boîte Black Fortress en guise de garde d’honneur de Mallex, et que ce dernier fait crapahuter d’un bout à l’autre de la station – en tout cas dans les nouvelles de ‘Vaults of Obsidian’.

2 : Comment ? Mystère… Mettons ça sur le compte des pouvoirs chelou des Navigateurs et arrêtons de poser des questions scénaristiques à Annandale, ça vaudra mieux.

AVIS :

Si l’histoire proposée ici le casse pas trois pattes à un Kroothawk, elle aurait pu s’avérer passable n’eut été le singulier changement de braquet opéré par Annandale en cours de narration, dont le choix de passer plus de temps à décrire les mutations subies par l’intérieur de Forteresse Noire qu’à mettre en scène la trahison commise par Buria et le dénouement de son intrigue…intrigue. Et je reste poli. Au petit jeu des comparaisons avec des nouvelles similaires (c’est bien l’intérêt d’en avoir lu autant, si vous croyez que je vais me gêner…), Richard Williams avait fait beaucoup mieux avec son Orphans of the Kraken, qui combinait lui aussi des intérieurs mouvants (encore que, pour des raisons différentes) et des motivations secrètes. Je ne peux que recommander la lecture de cette nouvelle, aux dépends de celle-ci, qui n’a pour elle que le fait de ne pas comporter d’énorme défaut structurel. Pas le meilleur argument marketing, vous en conviendrez.

.

Man of Iron – G. Haley :

Man of IronINTRIGUE :

Alors qu’il se reposait rechargeait tranquillement dans la soute du vaisseau qu’il partage avec les jumeaux Ratlings Raus et Rein, UR-025 est réveillé mis en marche par l’intrusion d’un de ces petits parasites, lui annonçant l’arrivée de visiteurs souhaitant s’entretenir avec lui. Dont acte. Les individus en question se révèlent être un trio d’adeptes du Mechanicus de rang minable et d’intentions peu charitables, escortés par un vieux modèle de Kastelan pour faire bonne mesure. Ayant appris l’existence d’UR-025, et n’avalant qu’à moitié son histoire de contrôle à distance par un Magos surdoué (comme la plupart des gens à qui le robot a livré cette expédition, pour être honnête), les trois desperadeptes ne souhaitent rien de moins que kidnapper le mystérieux cyborg pour leur propre profit. Il ne faut pas longtemps à UR-025 et ses systèmes perfectionnés d’homme de fer pour comprendre de quoi il en retourne, mais problématiquement, il ne peut pas refuser de but en (métal) blanc d’accompagner ses visiteurs dans leur projet d’escapade dans la Forteresse Noire. Il est censé être après tout un robot dénué de libre arbitre, et les accords liant les mondes forges de Ryza (où vit le Magos imaginaire que notre héros s’est donné comme patron) et Metallica (planète d’origine des forbans) ne lui laissent pas d’autres choix que de s’exécuter.

Fort heureusement, UR-025 a plus d’un programme dans sa banque de données, et entraîne ses nouveaux amis dans une partie tranquille de la Forteresse, sous couvert de les mener sur un filon de xenotech, où une franche explication sera plus facile que dans l’agitation de Precipice. Les cris stridents annonçant l’arrivée prochaine d’une meute d’ur-ghuls affamés, et les effets que ces signes avant-coureurs ont sur les nerfs fragiles des renégats, signalent à l’androïde que la récré est terminée. Profitant de la confiance mal placée que ses kidnappeurs lui accordent, UR-025 descend froidement ses compagnons les uns après les autres, révélant sa véritable identité au dernier survivant de la bande avant de le terminer à son tour. Ceci fait, il ne reste plus à notre indéboulonnable homme de fer qu’à prendre le chemin du retour, afin de pouvoir continuer sa mise en charge bien méritée. Moralité : Metallica, ce n’est pas toujours plus fort que toi.

AVIS :

Petite nouvelle sans prétention de la part de Haley, ce Man of Iron n’en est pas moins sympathique, la maîtrise narrative de l’auteur se doublant d’une mise en scène intéressante de son protagoniste, qui peut sans doute prétendre au titre de « personnage de Blackstone Fortress au fluff le plus intéressant ». Diantre, ce n’est pas tous les jours que l’on a affaire à un authentique homme de fer, même si « l’aventure » à laquelle il participe tient plus de l’esquive de démarcheur de rue que de la fresque épique révélant les origines de cette relique ambulante (qui se vante d’avoir rencontré le véritable Omnimessie – c’est à dire pas l’Empereur – aux cours de ses pérégrinations). Guy Haley arrive à insuffler à UR-025 une personnalité de vieux ronchon désespéré par la tournure prise par les événements au cours des derniers millénaires, et forcé de jouer au robot stupide – ce qui est souvent assez drôle – pour éviter d’attirer les soupçons sur qui il est vraiment. Le résultat, à défaut d’être mémorable, est tout à fait correct, et on se prend à rêver d’une éventuelle rencontre entre UR-025 et Bellisarius Cawl, et du dialogue qui s’en suivrait…

.

The Beast Inside – D. Hinks :

The Beast InsideINTRIGUE :

Janus Draik, Roguerest Trader, duelliste émérite et trendsetter capillaire, s’est embarqué dans une expédition dans la Forteresse Noire d’un genre un peu particulier. Point de recherche de trésors technologiques, de cartographie de zones mal connues ou de localisation d’une paire d’ear buds oubliés au cours d’un précédent raid1 cette fois-ci. Notre homme, secondé par l’aimable et indispensable, même si parfois répugnant Dahayk Grekh, ainsi que par une bonne dizaine de grouillots qui n’émergeront jamais de l’arrière-fond narratif de la nouvelle, et dont je vous épargnerai donc les noms et occupations, est en effet en mission pour le bien commun2. Plus précisément, il cherche à empêcher d’autres aventuriers de Precipice de ramener dans la station un Ambull vivant, comme la récompense offerte par un Imperial Genetor excentrique pour cette capture les incite pourtant à le faire. Familier du potentiel de nuisance de ces petites bêtes, Draik se doute que ce projet risque de se terminer de manière aussi satisfaisante que le vieux film en noir et blanc avec un gorille géant et une proto-cité ruche qu’il garde dans sa datathèque privée. Mal. Pour prévenir ce scénario catastrophe, Draik a donc pris le parti d’aller dégommer l’Ambull lui-même, ce qui devrait apporter une élégante solution à ce fâcheux problème.

Bien entendu, ce qui semblait très simple sur le papier, ou en tout cas dans l’arrière-salle privée du Helmsman, prend une méchante tournure une fois nos exterminateurs rendus sur place. Bien que les capacités de traqueur de Grekh permettent à la troupe de pister le spécimen en question sans trop de difficultés, la découverte d’un essaim de larves voraces descendant sans aucun doute de ce même individu, vient compliquer la tâche des bons samaritains de Precipice. La progéniture d’Amanda Bull entretient en effet le même rapport avec l’obsidienne qu’une colonie de termites avec une stavkirke norvégienne (allez voir, c’est joli). Et si la vermine ne dédaigne pas varier sa diète classique en grignotant un tendre et juteux humain de temps à autre, ses déprédations structurelles ont tôt fait de fragmenter l’expédition, Draik passant à travers le plancher, forçant le diligent Grekh à descendre le chercher, pendant que le reste de la partie de chasse est laissée à son triste sort par Hinks.

Blessé au cou par un Borewyrm très entreprenant, Draik refuse toutefois de retourner sur son vaisseau se faire soigner, comme son Sherpa le propose pourtant de façon raisonnable, confiant en sa capacité de mener à bien son dessein grâce à la toute-puissance de son electrofusil de maître. Grekh, dont le rôle consisterait à distraire l’Ambull le temps que son employeur appuie sur la gâchette, est bien moins chaud, mais, lié par son serment de Kroot-Scoot, n’a d’autre choix que d’accompagner Draik dans sa traque. La route de Satanas et Diabolo croise bientôt celle d’Ava Victrix, Rogue Trader de son état, et d’un gros bras engagé par cette dernière, alors qu’ils sont assaillis par les larves voraces. Son garde du corps réduit en carpaccio en l’espace de quelques secondes, Victrix, qui était venue pour capturer l’Ambull, n’a d’autre choix que de rejoindre le duo, malgré l’aversion qu’elle voue à Draik (qui lui rend bien).

Les trois comparses arrivent alors dans une salle immense coiffée par une impressionnante baie vitrée (tout peut arriver dans la Forteresse Noire), au milieu de laquelle se trouve une pyramide. Grekh étant certain que l’Ambull a visité le monument récemment (on peut-être un insecte géant et aimer les sorties culturelles), les chasseurs se dirigent vers la structure, mais sont rapidement assaillis par une forte nuisance sonore, comme si l’alarme du détecteur de fumée – que la Forteresse Noire est obligée d’avoir, comme chacun sait – du bâtiment s’était mis en marche. Pour ne rien arranger, les pisteurs commencent à geler sur pied, ce qui n’est jamais agréable, et les force à tenter le tout pour le tout et se ruer à l’intérieur de la pyramide, sur un vieux pressentiment. Une fois entrés, et débarrassés du megacouphène qui menaçait leur sens de l’audition ainsi que leur intégrité physique, nos héros reprennent la traque, mais sont à nouveau victimes des fourberies des Borewyrms, et passent encore à travers un plancher sapé comme jamais par les larves d’Ambull. Pour ne rien arranger, le bruit de leur chute attire les squatteurs de la pyramide, qui se trouvent être des Gardes impériaux renégats, ayant abandonné la vénération de l’Empereur pour celle de Nurgle, sans doute parce qu’ils ne voulaient pas être vaccinés contre la grippe comme le demandait leur officier supérieur. Capturés par les ruffians, Draik et Cie ne sont pas immédiatement noyés dans la morve ou dissous dans les glaires, comme ils s’y attendaient, mais harangués de manière assez civile par le chef du culte, le Capitaine Samos, qui semble à vrai dire plus intéressé par recruter de nouveaux adeptes et expliquer comment la bénédiction putride de Nurgle a permis à sa congrégation d’échapper à leur colocataire patibulaire, dont le sens de l’odorat a été neutralisé par la puanteur chaotique, que par le sacrifice de ses captifs. Sa proposition de prendre un verre de l’amitié est toutefois accueillie avec réserve par les aventuriers, même si Victrix, au grand déplaisir de Draik, parvient à convaincre les cultistes de l’intérêt qu’ils ont à la garder en vie, promettant de les mener jusqu’à Precipice où ils pourront poursuivre leur grande œuvre antivax à l’échelle supérieure. Outré par cette trahison pure et simple, Draik arrive à se libérer de ses liens et se jette sur sa fourbe collègue, avant d’être maîtrisé par les renégats…

Début spoiler…Ce qui semblait n’être qu’un mouvement d’humeur peu réfléchi se révèle toutefois être un tour pendable joué par Draik à Victrix et ses nouveaux copains. Le Rogue Trader a en effet profité de la confusion pour activer et glisser l’appât plasmique qu’il comptait utilisait pour attirer l’Ambull dans la poche de la traîtresse, ce qui permet au monstre de faire son arrivée sur les lieux en l’espace de quelques minutes. Le combat qui s’ensuit se termine rapidement par une prudente retraite de la part des Nurglites, entraînant Vitrix avec eux, l’Ambull aguiché toujours sur leurs talons. Laissés à leur sort, Draik et Grekh n’ont pas de mal à se libérer… et à se remettre en chasse (ou en tout cas, menacer de… dans le cas de Draik), car finir une nouvelle sur cliffhanger moisi alors qu’une autre solution parfaitement viable était à disposition est apparemment le nouveau chic là où Darius Hinks habite. Nous n’avons décidément pas les mêmes valeurs.Fin spoiler

1 : Au prix que coûtent ces écouteurs, on comprend tout à fait pourquoi.   

2 : Et je dirai qu’il a réussi à embarquer le Kroot dans l’aventure en jouant sur la proximité du terme avec « Bien Suprême », et la maîtrise toute relative qu’a le Xenos du haut gothique. Filou va.

AVIS :

Alors que The Beast Inside aurait dû être la pièce centrale du recueil Vaults of Obsidian de par sa longueur respectable (42 pages), nous nous retrouvons avec un objet littéraire très peu satisfaisant à au moins deux points de vue. Premièrement, et comme indiqué ci-dessus, Hinks ne prend pas la peine de donner à sa nouvelle une conclusion digne de ce nom, ce qui est particulièrement gênant pour une soumission de cette taille. Si l’on peut accepter qu’une nouvelle de 14 pages puisse se finir de manière brutale, il est difficile d’être aussi compréhensif pour une œuvre trois fois plus longue. Et ce n’est pas comme si toutes les péripéties convoquées par Hinks étaient si rigoureusement nécessaires à l’intrigue qu’il aurait été impensable de les tronquer pour faire de la place pour le reste. Au contraire, tout ce qu’il se passe avant la scène de l’intérieur de la pyramide est assez quelconque, et aurait pu être remplacé par tout autre chose sans problème. Deuxièmement, pour une nouvelle lourdement marketée Ambull, la quasi-absence de la bête en question, qui se contente de passer une mandibule dans la dernière scène avant de repartir faire le mur, pourrait être considéré comme de la publicité mensongère pure et simple. À vrai dire, les humbles Borewyrms sont plus présents dans le récit et jouent un plus grand rôle dans l’intrigue que leur génitrice. Ce qui laisse The Beast Inside consister principalement en une interminable joute verbale entre Draik et Vitrix : même si Hinks se montre capable de fulgurances occasionnelles à ce niveau3, ce n’est tout simplement pas ce que le lecteur pensait et voulait avoir. Bref, la combinaison d’une tromperie manifeste sur la marchandise et d’une exécution hasardeuse me fait donner à cette nouvelle un ‘Mouarf’ franc et massif. Et si l’Ambull a amplement mérité le qualificatif d’ « abominable » dans le fluff de 40K (The dreaded Ambull), je placerais la prose de Darius Hinks dans la même catégorie. Vous avez été prévenus…

1 : Mais également des répliques grand-guignolesques de temps à autre, Draik n’oubliant jamais très longtemps qu’il est un personnage d’audio drama, et qu’il est donc nécessaire (ou pas) de décrire précisément son environnement pour le bénéfice du lecteur.

The Last of the Longhorns – N. Kyme :

INTRIGUE :

Surpris en pleine expédition par une escouade de Gardes renégats, les jumeaux Ratlings Raus & Rein passent un après-midi compliqué. Bien qu’ayant échappé à une exécution sommaire, nos héros sont soumis à un interrogatoire serré et brutal de la part des cultistes, déterminés à mettre la main sur la moitié d’un médaillon que les abhumains ont en leur possession. Seul le médaillon complet permet en effet d’accéder à la crypte que les deux parties souhaitent piller. Devant le stoïque refus des Ratlings de coopérer, et l’avalanche de blagues graveleuses et réflexions mal placées déversées par les nabots en guise de mécanisme de défense (assez efficace, il faut bien le reconnaître), le Psyker de la bande décide d’employer la manière forte, et commence à sonder l’esprit de Raus à la recherche d’informations utiles, le plongeant, ainsi que le lecteur dans les souvenirs d’une journée très particulière pour le Ratling.

Une série de flashbacks nous fait en effet revivre la tragique disparition des Longhorns, ou le surnom que se donnait l’escouade de Snipers à laquelle les jumeaux appartenaient lorsqu’ils servaient dans la Garde Impériale. Menée par le charismatique fumeur de cigares Locke, la bande de petits gars incluait un échantillon de la plupart des stéréotypes attachés aux Hobbits, Halflings et autres Semi-Hommes dans la littérature contemporaine. Nous avons ainsi un benêt consanguin (Munk), un individu tellement porcin que cela a déteint sur son patronyme (Happig), et un incontinent (Fud). Le tableau de chasse est complété par un sourd (Strigg – dont l’idée a sans doute été empruntée à Abnett –) et un selfie guy barbu (Pugal), ne sortant jamais de son trou sans son polaroid. Participant à l’effort de guerre impérial pour reprendre la cité rebelle de Heldum, en compagnie du 69th Cadien et du 87th Vorpese, les Longhorns ont à peine le temps de prendre leur traditionnelle photo d’avant campagne qu’ils se font molester par un commandant de char proprement raciste, et auraient pu, de fil en aiguille et de remarques grivoises en coup de poing dans les parties, se retrouver embarquer dans une bagarre amicale, sans l’intervention décisive d’un Commissaire, qui remet tout le monde à sa place.

Un peu plus tard, et alors que l’escouade s’est scindée en deux afin de mieux apporter la vengeance de l’Empereur aux mécréants de Heldum, une tragédie s’abat sur les Longhorns sous la forme d’un bombardement diablement précis, qui oblitère le bâtiment dans lequel la moitié des Snipers avaient pris position. Ayant récupéré Strigg, seul survivant de la catastrophe, sur le chemin du camp retranché, et remis le blessé aux bons soins du Medicae, les derniers membres valides de l’escouade (Raus & Rein, Pugal et Munk) décident de mener leur enquête, jugeant impossible que la destruction de la planque de leurs camarades ait seulement été due au hasard. Ce qui est un raisonnement discutable quand on l’applique à un champ de bataille, mais passons. Quelle piste suivre, cependant ? Eh bien, comme la main de Strigg, qu’ils retrouvent mort sur son brancard quelques heures plus tard, s’est figée en forme de griffe, nos Hercule Poirot en culottes courtes décident d’aller explorer la station de train nommée Raptora, située en territoire ennemi. Oui oui. Si tous les Ratlings ont tendance à suivre des raisonnements aussi tirés par les cheveux, je m’explique mieux pourquoi la calvitie est si fréquente chez eux. Toujours est-il que nos héros se rendent sur place et découvrent l’épave d’un vaisseau du Mechanicum, à moitié enterré dans un cratère de sa propre création. Certes. Là-dessus se manifestent un peloton de Vorpesiens et une cohorte de Skitarii, eux aussi intéressés par la carcasse. C’est alors que le talent en matière d’intrigue de Kyme éclate au grand jour : par le plus grand des hasards, Rein réalise que le signe laissé par Strigg ne désignait pas du tout la station Raptora, mais la marque, en forme de griffe, que le Commissaire qui avait précédemment morigéné les Longhorns, et qui mène à présent les soldats vers le front, a sur la joue. C’est donc lui le méchant, et le fait que les Ratlings soient là précisément au moment où lui et ses hommes trahissent le Mechanicus, est donc un énorme coup de bol.

Fort heureusement, la suite de la nouvelle sera beaucoup moins compliquée, et donc un peu plus logique. Ayant été témoin de l’exécution des Skitarii par les traîtres Vorpesiens, les Longhorns, piégés entre les lignes ennemies et les renégats, décident de vendre chèrement leur vie. Finalement réduit à sa plus simple expression (Raus & Rein), l’escouade de Snipers parvient à revenir jusqu’au camp impérial, où Vorpesiens et Cadiens sont en train de se mettre sur le coin du museau, et à voler un vaisseau laissé à l’abandon pour quitter la planète, faisant ainsi la connaissance de UR-025, qui squattait dans la soute.

Se pose alors la question de savoir à quoi cette longue digression a servi, étant donné que la sonde psychique avait pour but de trouver la localisation d’une moitié de médaillon. Eh bien, le Psyker en charge de l’interrogatoire, jugeant la situation vraiment trop bizarre (et on le comprend), part en syncope, et se fait exécuter par le chef des cultistes, qui se trouve être… le Commissaire de Heldum. Encore une heureuse coïncidence. Tirant un nouveau deus ex machina de son clavier, Kyme décide qu’il existe une salle appelée Raptora dans la Forteresse Noire, et que c’est là que la relique a été cachée par les Ratlings. Ce qui est… bien le cas (rendu à ce point-là, je ne pense pas qu’il soit encore utile de poser des questions). Seulement, comme la salle en question est un capharnaüm de déchets technologiques, les recherches s’annoncent longue et ardues pour les renégats… jusqu’à ce qu’UR-025 émerge d’une pile de ferraille où il s’était caché, et crible de balles les méchants. « On est plus à ça près, mais il y a-t-il une raison logique à ce retournement de situation ? » vous entends-je hoqueter derrière votre écran. Pour le coup, oui : Raus avait consciencieusement appuyé sur l’émetteur caché dans un anneau qu’il portait au doigt au début de la nouvelle, ce qui était apparemment le signal qu’attendait l’homme de fer pour aller prendre position dans la salle en question, en attendant que les ravisseurs des jumeaux s’y rendent eux-mêmes1.

Terminons rapidement avant de sombrer dans la démence : une fois les bad guys refroidis, les Ratlings récupèrent les deux moitiés du médaillon (la leur ayant été confiée à UR-025), ouvrent le coffre (qui se trouvait être dans la même pièce, comme c’est pratique), et s’empare du sceptre géomantique qui y repose. Cette relique aurait le pouvoir de contrôler l’activité architecturale de la Forteresse, ce dont le Commissaire comptait tirer parti pour… arrêter de déménager aussi souvent. Chacun a ses raisons, que la raison ignore. Ce trésor entre leurs mains, Raus & Rein n’ont rien de plus presser que de le balancer dans une crevasse, insistant que cette mission particulière avait uniquement pour but de venger les Longhorns. Ce qui ne les empêche pas de finir la nouvelle en se mettant en chasse du même sceptre qu’ils viennent littéralement de jeter dans un trou ( !?!). Comme disent les chats qui marchent sur les claviers d’ordinateur : « è’ç_b « évt_crnuaxupéanuçèé(-« çé. Je ne vois pas de meilleure façon de clôturer ce résumé.

1 : En filigrane, cela voudrait aussi dire que Raus & Rein savaient que le Commissaire en question était dans la Forteresse Noire, et on tout manigancé depuis le départ pour lui faire payer un crime que Kyme ne prend même pas la peine d’expliquer. On ne saura en effet jamais pourquoi le Commissaire a orchestré le bombardement de la planque des Longhorns, ni pourquoi il a assassiné Strigg sur son lit d’hôpital. Guère surprenant, mais je ne pouvais pas laisser filer Kyme à aussi bon compte.  

AVIS :

Kyme se sursouspasse avec cette nouvelle, qui partait pourtant d’une bonne intention (explorer le background de personnages centraux de Blackstone Fortress) et aurait pu s’en sortir de façon bien plus convaincante si son auteur n’avait pas accouché d’une intrigue bien trop complexe pour ses capacités en la matière. Une simple série de flashbacks aurait pu faire l’affaire, et éclairer le lecteur sur les origines des frangins Ratlings, ainsi que sur leur rencontre avec UR-025, mais il a fallu que Nick Kyme opte pour un deuxième axe narratif, raccordé avec les pieds au premier, et ruine ainsi toute crédibilité de sa soumission, et avec elle, tout le plaisir qu’aurait pu avoir le lecteur à prendre connaissance de cette dernière. Car même en admettant que le fan de la BL moyen ne place pas de grandes attentes en termes de construction narrative dans ce qu’il/elle lit, la multiplication des WIJH (Well, It Just Happened) finira très probablement par le/la sortir totalement de l’histoire. Pourquoi en effet faire l’effort de suivre une intrigue qui n’est pas régie pas les bases les plus élémentaires de la logique ? Bref, un nouvel accident industriel pour Kyme, que ses supérieurs à la BL feraient bien d’inscrire à une formation writing skills dans le cadre de son évolution professionnelle.

.

***

Au final, je dois reconnaître, et c’est assez rare, avoir été très franchement déçu par cette anthologie. Outre la qualité moyenne des nouvelles la composant, que j’ai trouvée assez basse, ce Vaults of Obsidian ne bénéfice pas non plus de la présence d’une excellente histoire, ce qui suffit souvent à quelque peu sauver l’impression générale que le quidam moyen (votre serviteur) peut avoir sur un recueil. Quand le podium est occupé par un Haley sans idées, un Reynolds en mode troll et un Wolf solide mais assez quelconque, il ne faut pas attendre de miracles.

Si l’on considère l’ouvrage dans son ensemble, d’autres défauts ou imperfections se font également jour, le plus flagrant étant le manque de cohérence entre les différentes pièces collectées par la Black Library, et cela à tous niveaux : citons la conclusion de The Oath in Darkness d’Annandale, qui semblait paver la voie pour une confrontation à grande échelle entre les habitants de Precipice et les serviteurs d’Obsidius Mallex… et qu’aucun autre auteur n’a jugé bon de reprendre, ou encore la manière dont Grekh s’exprime d’une nouvelle à l’autre (parfaitement bilingue en bas gothique dans The Beast Inside, beaucoup moins à l’aise dans The Oath in Darkness). Tout porte à croire que la Black Library s’est contentée de collecter un nombre suffisant de courts formats portant sur le même sujet, sans donner d’instructions précises à ses auteurs sur ce qui était attendu d’eux, et sans même s’assurer que tous les personnages importants du jeu sur lequel le livre est basé apparaissent de façon satisfaisante dans ce dernier ! Pour faire le lien avec un recueil similaire récemment publié, c’est comme si Warcry the Anthology ne contenait aucune nouvelle mettant la Cabale Corvus et les Unmade à l’honneur, autrement que par une vague mention de temps à autre. Un autre facteur venant accréditer la thèse d’une simple compilation de textes, sans réflexion précise de la part de l’éditeur (dont le nom n’apparaît nulle part, ce qui est mauvais signe), est le nombre disproportionné de nouvelles mettant en scène des personnages tirés de l’extension Traitor Command (celle introduisant un Commissaire félon et son Ogryn de compagnie) : Past in FlamesNegavoltThe Three Edged-Blade et The Last of the Longhorns font tous clairement référence au contenu de cette sortie, ce qui explique l’importante proportion de Commissaires passés au Chaos que l’on retrouve dans ces pages.

J’aimerais pouvoir dire que la lecture de Vaults of Obsidian présente un intérêt marginal, mais malheureusement, cet ouvrage est à destiner uniquement aux amateurs inconditionnels de nouvelles 40K, qui pourraient avoir également du mal à en venir à bout. Si vous êtes un fan de Blackstone Fortress et que vous souhaitez poursuivre l’expérience avec de la GW-Fiction, je pense que vous exposez à un risque non nul de déception intense en achetant ce livre, et qu’investir dans une boite d’extension serait bien plus intéressant en termes d’amusement. Bref, si Blackstone Fortress est la Moria de Warhammer 40.000, alors je dois être le vieux bonhomme acariâtre qui vous enjoint à fuir, pauvres fous que vous êtes, plutôt que de réveiller le Balrog (Darius, de son prénom… à moins que cela soit Nick). Choisissez littéralement n’importe quel autre recueil de nouvelles 40K à la place de celui-ci, et je peux vous assurer que vous en tirerez à bon compte. Triste à dire (et long à écrire de mon côté), mais cela fait partie des risques du métier !

 

INFERNO! [N°4]

Bonjour et bienvenue dans la critique du quatrième numéro d’Inferno! nouvelle mouture ! Nous voilà, à peu de choses près, un an après le retour du mythique bi-mensuel de GW-fiction, transformé en anthologies de nouvelles à sortie trimestrielle. Un an, soit quatre numéros, c’est certes court pour tirer des conclusions définitives sur la pérennité de cette réincarnation, mais suffisant pour faire quelques retours sur cette nouvelle expérimentation de la BL, qui n’avait pas été convaincue par le format Hammer & Bolter (2011 – 2013), puisque ce webzine avait été stoppé après un peu plus de deux ans de publications. Quel sera le destin de ce nouvel Inferno !, il est encore trop tôt pour le dire, même si l’on sait déjà qu’un numéro 5 est sur les rails. Sachez également que, de l’aveu même des éditeurs de la BL, ce quatrième tome est le plus conséquent de tous, ce qui est un signe plutôt positif à mon avis.

Sommaire Inferno!#4'

.

Le cap des un an permet également de jauger de la progression de quelques-uns des contributeurs de la Black Library ayant commencé leur service pour la maison d’édition de Nottingham dans ces mêmes pages. Nous assistons en effet au retour de certains de ces rookies, et pourrons déterminer de façon éminemment juste, fiable et objective (vous me connaissez), s’ils se sont maintenus/mis sur la bonne voie, ou bien s’il leur reste des efforts à consentir pour aboutir à des résultats intéressants. Ici, ce seront donc Filip Wiltgren, Thomas Parrott et Jamie Crisalli qui passeront sur le grill, nos trois auteurs signant tous leurs deuxièmes publications pour la BL dans les pages de ce numéro 4. Un peu plus familiers du lecteur, mais encore relativement neufs dans l’écurie, on pourra également s’intéresser à la suite du parcours d’Edoardo Albert, Eric Gregory et J. C. Stearns, et assister aux débuts de Denny Flowers, contributeurs n’ayant pas encore atteint le grade de « romancier » pour le compte de la Black Library. Mike Brooks, qui a lui passé ce stade assez récemment, aura l’honneur d’une double participation, avec la nouvelle au titre le plus inventif de toute l’histoire d’Inferno ! pour commencer, et un extrait du roman en question (Rites of Passage) dans un second temps. La position de Nick Horth est assez similaire, même si notre homme ne pourra se flatter que d’une seule nouvelle dans ce numéro. Enfin, que serait un Inferno ! sans la contribution de quelques vétérans blanchis sous le harnais ? Ici, ce seront le discret George Mann, l’incontournable Guy Haley, et le positivement ancien (il était au sommaire de l’Inferno! #0) Jonathan Green qui joueront le rôle des vieux de la vieille. In varietate concordia, ou en tout cas, infernia, comme dit le proverbe.

Inferno! #4

.

The Karsharat Abomination – G. Mann [40K] :

INTRIGUE:

The Karsharat AbominationSur la lune de Karsharat, il pleut du sang. Ce n’est certes pas banal, mais cela n’empêchera pas l’Inquisitrice Sabbathiel et sa suite (Bledheim l’Interrogateur aussi seringuée qu’une tarte au mitron, la femme de main upcyclée Mercy, Brondel le Squat grenadier et le servo-crâne Fitch) d’aller faire leur devoir, qui consiste à stopper les machinations et la cavale d’un renégat martien du nom de Restak, quand bien même ça leur coûterait très cher en pressing après. Malheureusement pour le lecteur anxieux d’en savoir plus sur ce qui l’attend au détour des pages, le protagoniste de notre histoire, Bledheim, n’a de son propre aveu pas été très attentif pendant le briefing, et les motivations des Saints Ordos resteront des plus floues.

Avisant une entrée dans les ruines ecclésiarchiques squattées par le maroufle (et non pas marouflées par le Squat, ce qui arrive pendant les scènes coupées de la nouvelle), Sab’ et Cie décident de tenter leur chance et l’Inquisitrice, engoncée dans son armure Terminator sur mesure… toque à la porte. Ce choix des plus bizarres ayant résulté en un double échec à son test de furtivité (un corbeau espion s’envole en croassant) et d’infiltration (des méchadendrites peu amènes sortent du montant de la porte et commencent à ceinturer l’Inquisitrice), il est grand temps pour la petite bande de livrer sa première bataille de la nouvelle, qui est rapidement expédiée et évite à notre propos de virer au hentaï dès la troisième page, ce qui est toujours appréciable. Une fois rentrée, la fine équipe emprunte quelques couloirs à l’atmosphère convenablement angoissante, et Bledheim développe une tendinite palmaire aussi soudaine qu’handicapante. Cette arthrite fulgurante est le prélude à une crise d’angoisse carabinée, qui voit notre Interrogateur faire un very bad trip, tomber dans les pommes et se réveiller une fois la baston #2 remportée par la team Pépé. Ça fait toujours moins de boulot pour l’auteur. On apprend tout de même que le grand vilain utilise la peur comme arme, ce qui explique la terreur diurne de Bledheim. Nous voilà prévenus.

L’ambiance n’a pas vraiment le temps de monter plus que ça que Sabbathiel et sa clique arrive dans la salle du boss de fin, qui se révèle être (*jette un dé sur le tableau de génération des monstres) un savant fou bio-mécanique, accompagné de (*jette un D3) deux de ses créations bodybuildées, et défendant un (*jette un dé sur le tableau de génération de trésor) psyker apeurant. OK tout le monde, vous pouvez commencer à vous batter. L’empoignade qui s’en suit ne rentrera guère dans les annales des combats les plus épiques ni les plus prenants de l’histoire de la Black Library, Sabbathiel s’illustrant une nouvelle fois par la non-maîtrise manifeste de son matos (elle se fait arracher sa lance par un goon à la première passe d’armes, et manque de partir à la renverse lorsqu’elle tire au fulgurant à bout portant), alors que Brondel, lui, démontre une adresse folle au lancer-franc, et parvient à loger une grenade dans le trou laissé par un impact de bolt dans la carapace d’un robot tueur. Sentant la partie mal engagée, Restak appuie sur le bouton on de son joujou, et les vagues de terreur crachées par le mutant viennent calmer les ardeurs de l’Ordo Hereticus… sauf pour Bledheim, qui s’est découvert une résistance aux attaques Psy (peut-être que son père était un Tarinorme), et arrive à se rapprocher assez près pour anesthésier le faquin en tour de main (littéralement, notre homme a des canules à chaque doigt). Le charme rompu, Sabbathiel se fait forte de décapsuler Restak d’une légère torsion du poignet, et nos héros sont libres de repartir vers leur vaisseau avec leur butin léthargique, qui finira bien par servir à quelque chose, tenez-le-vous pour dit.

AVIS:

N’étant familier ni de George Mann, ni de l’Inquisitrice Sabbathiel1, deux figures discrètes mais établies de la GW-Fiction, je dois reconnaître que ma découverte de l’un comme avec l’autre m’a laissé dubitatif. Si l’héroïne de The Abomination… se révèle assez peu mémorable, autrement que par son look de kit-bashing raté (ou comment pousser le syndrome de la petite tête dans ses derniers retranchements) et ses maladresses martiales récurrentes, on ne peut toutefois pas lui en vouloir, la faute en incombant principalement à son metteur en scène. Ne se donnant pas la peine de contextualiser son récit ni de développer son intrigue au delà du « héros chasser méchant », Mann déroule sa nouvelle avec un manque consternant d’imagination et d’originalité, la traque de Restak se révélant être un Porte/Monstre/Trésor à la sauce 40K, plus terne et chiant que bête et méchant. Je dois remonter au tout aussi insipide Lesser Evils de Tom Foster (Hammer & Bolter #13) pour trouver trace d’une nouvelle inquisitoriale aussi meh… que The Kasharat Abomination, ce qui n’est guère flatteur pour Mr Mann. Passez votre chemin.

: Qui a été mise à l’honneur des comics Will of Iron, Revelations et Fallen, où elle cherche des noises à ces pauvres innocents de Dark Angels.

.

The Hand of Harrow – D. Flowers [NDA] :

INTRIGUE:

The Hand of Harrow9ème homme le plus dangereux du sous-monde (voilà un classement qu’il est précis), Caleb Cursebound est mis sur un coup juteux par un indic’ Delaque disgracié du nom de Mr Kreep. D’après les informations dont dispose ce dernier, le légendaire artefact que possède la lignée des Harrow – une dynastie de la haute ruche – serait conservée dans un musée à la sécurité effrayamment létale mais étonnamment piratable. Cette relique, qui serait capable de faire des trucs de fou, pour reprendre la sagesse populaire (faire s’effondrer la spire, procurer la vie éternelle à son porteur, guérir toutes les maladies, réussir des soufflés au fromage…), a en effet le petit défaut d’être assez mal connue, et si Cursebound accepte la mission sans rechigner, il part à l’aventure, accompagne de sa comparse Ratskin Iktomi, sans savoir à quoi ressemble le grisbi.

Le plan de notre paire de cambrioleurs est d’une élégante simplicité : pendant qu’Iktomi grimpe jusqu’au niveau du musée par l’extérieur de la ruche, Caleb doit dérober l’anneau faisant office de passe-partout que le patriarche des Harrow a au doigt, et qui lui permettra d’accéder au cabinet des curiosités familiales sans se faire débiter en tranches et flamber au calva au passage. Se faisant passer pour un serviteur de la haute, Cursebound se fraie un chemin jusqu’à la loge privée de Papy Harrow, très occupé à regarder sa petite fille chérie faire ses débuts de la société mondaine de Necromunda en mimant un massacre de prolos sur un air de menuet (chacun ses rituels), et subtilise la bagouze à l’ancêtre d’un habile tour de passe passe. Ceci fait, il n’a plus qu’à se rendre dans l’aile culturelle du manoir des Harrow, et à retrouver une Iktomi un peu éprouvée par sa rencontre avec une colonie d’araignées géantes pendant son solo intégral.

Début spoilerLe temps presse pour les deux monte en l’air, et si Cursebound remarque que son acolyte manifeste quelques signes de méfiance assez inquiétants, il reste déterminé à mettre la main sur… la main (suivez un peu). Son exploration expresse et sans audio guide des collections privées des Harrow lui permet toutefois de se rendre compte que les sangs bleus sont également des tueurs de sang froid, ayant un goût immodéré pour la chasse et la prise de trophées de leurs concitoyens moins bien nés, avec un faible affirmé pour les Ratskins. Il fait d’ailleurs peu de doutes que les Harrow sont responsables du massacre de la Rivière Sanglante, épisode tragique au cours duquel la tribu d’Iktomi a été décimée par un assaillant mystérieux, ce qui a précipité sa rencontre avec Cursebound, qui devait sans doute passer dans le coin sur le chemin de la boulangerie. Bref, c’est un vrai petit musée des horreurs dans lequel Caleb et sa femme de main réalisent une nocturne (on était un jeudi, comme de juste).

C’est ce moment de révélation macabre que choisit Harrow l’ancien (qui devait sans doute s’appeller Rhaymow) pour faire son apparition, harnaché dans une combinaison de guerre que n’aurait pas renié Black Panther. Ayant mis KO la brave Brave d’une piqûre venimeuse, il prend un peu plus de temps pour discuter avec Cursebound, regrettant la fuite des années l’empêchant de descendre dans le sous monde traquer les pouilleux comme à la grande époque, ce qui l’a forcé à faire courir la rumeur de la Main des Harrow pour faire venir à lui quelques voleurs mal avisés. C’est du Deliveroo homicidaire, en quelque sorte. À force de parler et de remettre à deux minutes ce qu’il pourrait faire à l’instant, Pépé Harrow permet toutefois à son adversaire d’échafauder un plan de contingence, qui consiste à priver l’aristo génocidaire de son masque intégral, puis de sa bouteille d’oxygène, juste à temps pour qu’Iktomi, enfin réveillée de son coma vénéneux grâce à la résistance qu’elle a développé aux toxines arachnéennes employées par le chasseur, vienne venger les siens d’un coup de surin dans l’orbite du faquin. Bon sang ne saurait désormais plus occire. L’histoire ne dit pas si Caleb réussit à se faire payer la main tranchée de Harrow qu’il rapporte à Mr Kreeb comme souvenir de la haute ruche, mais cette visite au musée fut au moins des plus instructives et mémorables pour nos protagonistes.Fin spoiler

AVIS:

Débuts sympathiques sur la forme, et classiques sur le fond, pour Denny Flowers, qui fait faire à son personnage de Caleb Cursebound son galop d’essai avant la publication de la novella Low Lives’ en Novembre 2019. Grande gueule pleine de ressources, CC semble être le petit frère de Kal Jericho, ressemblance qui s’étend même jusqu’à la généalogie de leurs sidekicks respectifs (Scabbs étant lui aussi d’ascendance Ratskin). Y avait-il besoin de « rebooter » le personnage, qui venait de bénéficier d’un nouveau roman (‘Sinner’s Bounty’ de Josh Reynolds) quelques mois avant la publication de cette nouvelle ? Seul l’avenir nous le dira. Cette sensation de déjà-v/lu évacuée, nous nous retrouvons en présence d’un court-format assez bien construit, plutôt distrayant et doté d’un twist final qui, sans être renversant, ne tombe pas lamentablement à plat, et a le mérite de faire honneur au vieux fluff de Necromunda, en ressucitant les Spyriens pour la nostalgie des anciens et l’éducation des novices. Mine de rien, c’est un début tout à fait correct pour l’impétrant Flowers, qui fait mieux que beaucoup de ses petits camarades de plume. On n’a jamais qu’une seule fois l’occasion de faire une première bonne impression, et c’est ici chose faite. J’attends la suite avec une curiosité bienveillante, à défaut d’une impatience dévorante.

.

A Firstborn Exile – F. Wiltgren [40K] :

INTRIGUE:

Nous retrouvons le 86ème Vostroyan First Born quelques jours après la conclusion de The First Daughter (Inferno! #1), et suivons nos héros éprouvés dans la suite de la campagne de Tovoga, monde gris et aigri ayant rejeté l’autorité bienveillante de l’Empereur par pur égoïsme. Toujours dirigés par la Lieutenant Ekaterina Idra, les Vostroyens sont appelés en renfort du Groupe de Commandement Gurlov, commandé par le Colonel du même nom, et actuellement engagé dans une opération de reconquête de la ville de Salomar, dont le Factorum (usine gigantesque produisant des blindés) est convoité par les deux camps. Une fois rendus sur place, Katie et sa centaine de survivants (The First Daughter n’a pas été clément avec les effectifs du 86ème) font la connaissance de Ramrod Gurlov, l’incarnation même de l’officier inflexible ne jurant que par le Tactica Imperium, le Treatis Elatii et/ou les ordres du Haut Commandement. Entre le Colonel vétéran et la dynamique Lieutenant, le courant passe évidemment très mal, mais cela ne les empêchera pas de collaborer pour chasser les infâmes Tovogans du Factorum de Salomar, ou de mourir en essayant1

AVIS:

Comme vous pouvez le constater à la lecture du paragraphe ci-dessous, Firstborn Exile est une nouvelle assez particulière en ceci qu’il ne s’y passe pas grand-chose de saillant. Certes, les péripéties militaires ne manquent pas (et on doit reconnaître à Wiltgren une bonne maîtrise de son sujet, même si sa tendance à l’ellipse peut parfois surprendre), mais l’intrigue en elle-même tient en quelques phrases, et je dois avouer qu’à la lecture, cette deuxième soumission de Wiltgren m’a davantage fait l’effet d’un chapitre de roman que d’une nouvelle indépendante. Un exemple concret de cet état de fait est le titre même de ce court format, que l’auteur révèle en cours de récit comme étant lié à l’histoire personnelle du Colonel Gurlov. Ce dernier a en effet participé à la bataille de Pulveron, durant laquelle les Vostroyens auraient apparemment fait preuve d’initiative et désobéi à leurs ordres (les monstres !), ce qui se serait soldé par une raclée magistrale pour la team Pépé, et aurait poussé Gurly à partir en exil, accompagné de ses fidèles. Nous n’en saurons pas plus sur cette anecdote, que Wiltgren a pourtant jugé comme assez importante pour qu’elle donne son titre à la nouvelle2. Pour ma part, je pense que l’auteur a pris le parti de sérialiser ses contributions à la Black Library, et que nous pouvons nous attendre à de nouvelles aventures et révélations de la geste Idrique au cours d’un prochain numéro d’Inferno !, ou d’un recueil de nouvelles 40K. Il ne reste plus qu’à espérer que ces dernières seront plus palpitantes que la trentaine de pages de filler auxquelles nous avons eu droit ici.

: Meilleure scène de la nouvelle : Idra qui charge les lignes ennemies avec Gurlov sur le dos, le vieux Colonel ayant perdu l’usage de sa jambe bionique dans la bagarre.

2 : On note également que Firstborn Exile se termine sur le teaser de ce fameux exil, un des compagnons survivants de Gurlov proposant à Idra de lui narrer ce dernier par le menu… La suite au prochain épisode ?

.

At the Sign of the Brazen Claw – The Sorcerer’s Tale – G. Haley [AoS] :

INTRIGUE:

Nous retrouvons nos compagnons de boisson alors que la tempête s’abattant sur l’auberge de la Serre Effrontée (ou quelque chose comme ça) faiblit quelque peu. Ayant écouté le récit de l’alcoolique androgyne, les soiffards pressent désormais le dernier membre1 de la compagnie de leur régaler les esgourdes avec un racontar de son cru. Pludu Quasque, le bien-nommé, finit par s’exécuter et commence donc son histoire.

Né d’une noble famille de sorciers dans le Royaume d’Hysh, Pludu reconnaît ne pas avoir été très brillant (un comble) pendant sa jeunesse, tant en matière de relations familiales que d’études arcaniques. Ayant finalement obtenu son bac, ou l’équivalent local de ce précieux sésame, il partit étudier la magie à Poudlard  au Lyceum de Radiance, sans écouter les précieux conseils prodigués par son tendre pôpa au moment de son départ. Sur place, son manque d’humilité et de discipline lui joua un mauvais tour, l’empêchant de progresser aussi vite et aussi loin qu’il l’escomptait dans la rigide et codifiée hiérarchie hiérophantique. Comme tous les étudiants, Pludu n’était jamais le dernier à se rendre en soirée (si ce concept existe dans un Royaume où tout brille, tout le temps), ce qui finit par précipiter sa chute. Au cours d’un de ces événements mondains, et alors que les convives prêtaient de mignons petits serments de progrès et de réussite devant la statue du demi-dieu Adembi, greffier en mi-temps thérapeutique2 du panthéon Hyshien, Pludu eut la mauvaise idée de jurer de retrouver la fameuse larme divine volée par les Skavens, afin d’impressionner ses camarades de beuverie. Il ne s’attendait certes pas à ce que le Dieu en personne lui envoie un accusé de réception, condamnant l’impudent à quitter Hysh pour mener à bien cette quête.

S’en suivirent quelques années, voire décennies, difficiles, pendant lesquelles notre grande gueule de mage parcourut les différents Royaumes en quête de savoir et d’informations sur l’emplacement de cette larme. Ayant réussi à déterminer qu’elle se trouvait dans la dimension Skaven, aussi connue sous le nom de Ruine, à proximité du Royaume de Shyish, Pludu emprunta un portail de son cru jusqu’à cet espace de non droit, et se rendit dans la tour du Verminarque ayant commandité le vol de la babiole des siècles plus tôt. L’édifice en question se trouvant dans une zone contestée par Nagash, le sorcier enquêteur put admirer les légions des uns et des autres se mettre sur le coin, qui du museau, qui du cartilage septal, avant de procéder à son larcin. Ayant potassé l’intégralité des manuels D&D pendant ses études, et bien aidé par le fait que le boss de fin du donjon avait été précédemment occis par un héros malchanceux au cours d’éons passés, Pludu n’eut pas de grandes difficultés à mettre la main sur la larme, sans la déclencher (l’alarme – suivez un peu). Cela n’empêcha toutefois pas les scions de Nagash de fondre sur lui en toute hâte, le dieu des Morts s’étant lui aussi piqué d’intérêt pour la babiole d’Adembi.

Ayant réussi à leur fausser compagnie d’un nouveau coup de poignard subtil, Pludu finit son récit en s’excusant platement auprès de ses compagnons de beuverie pour le triste destin qu’il a attiré sur leurs têtes, le fracas tout proche que l’on entend désormais étant causé par la brigade des Stups Spectres de Naguy, toujours déterminée à mettre le scaphoïde sur la larme. Nos héros la passeront elles à gauche ? La suite au prochain épisode…

AVIS:

Meilleur épisode signé par Haley dans sa série Brazen Claw pour le moment, ce Sorcerer’s Tale bénéficie d’une dimension plus épique que les précédents récits, beaucoup plus terre à terre dans leur propos. En plaçant son intrigue dans deux lieux encore très mystérieux, et donc intéressants pour le lecteur, des Royaumes Mortels (le Royaume d’Hysh et Ruine), l’auteur remplit d’ores et déjà son contrat par les seules infos de background qu’il est possible de retirer de cette nouvelle. La quête de Pludu Quasque s’avère également être captivante, l’imagination et le style distinctif de Haley lui donnant une patine de Sword & Sorcery assez proche dans l’esprit des aventures de Conan le Cimmérien, récits très contextualisés et atmosphériques, mettant davantage l’accent sur le ressenti des personnages que sur la description hyper détaillée des scènes de combats (le pêché mignon et patte distinctive de la Black Library). Cerise sur le gâteau, le cliff-hanger final de ce quatrième épisode donne vraiment envie de savoir comment nos héros vont réussir à se tirer de la session de tear or trick qui se profile à l’horizon, ce qui donnera normalement l’occasion à Guy Haley de mettre en scène un peu de baston après ces débuts plutôt apaisés. Vivement la suite (et probablement la fin), donc.

1 : En tout cas, le dernier membre considéré comme important de la compagnie. Peut-être que la femme de Horrin et son fils adoptif auraient eu des choses intéressantes à raconter, mais Shyish semble être une patriarchie des plus rigides.

2 : Adembi est le Dieu devant lequel les résidents de Hysh prêtent serment. Incarné dans sa statue après s’être fait tailler les shakras en pointe au cours d’une bataille divine des temps jadis, Adembi s’est de plus fait voler une des précieuses larmes en pierre de royaume incrustées dans sa statue par un rôdeur Skaven. Choqué par ce larcin, il est devenu distant et n’enregistre plus que les serments portant sur la restitution de son précieux.

.

Journey of the Magi – J. Green [40K] :

INTRIGUE:

Journey of the MagiLe Godstar1, monde machine Necrontyr et possession éteinte de la dynastie Nephrekh, dérive tranquillement dans le Halo, lorsqu’un portail démoniaque s’ouvre sans crier gare à sa surface, et en émergent bientôt trois superbes spécimens de Space Marines du Chaos. Mon premier est Prototokos (si si) le Clairvoyant, sorcier Thousand Sons de niveau 1. Il est à pinces mais peut tout de même se flatter de posséder une très jolie cape rouge sang. Mon second est le Sorcier-Magister Opados, Thousand Sons également, et justifiant d’un bon niveau 35, comme le prouve sa swagesque armure Terminator, ainsi que sa cape écarlate et ses deux cornes d’or, de platine et de lapis-lazuli. Mon troisième est l’honorable Arch-Magister Tritos, Thousand Sons toujours, monté sur un disque de Tzeentch et, surtout, arborant un jeu d’épaulières hololithiques2, comme preuve manifeste de son niveau 105. Si nos trois larrons se sont rendus sur le Godstar, ce n’est pas pour participer à la Fashion Week, non non, mais pour libérer un prisonnier retenu au cœur du complexe Nécron.

Comme on peut s’en douter, le trajet n’est pas de tout repos, et la suffisance des sorciers est assez rapidement battue en brèches par l’insistance du service d’ordre à leur mettre des pâtons dans les trous (ce qui est assez inconvenant). L’Affaire Louis’ Tri-os a beau multiplier les tours de cartes, les baguettes molles et les lapins tirés du chapeau, les Nécrons ne se montrent guère impressionnés, et l’inévitable finit par se produire : l’impotent Tritos se retrouve compromis, et, beau joueur, jette un sort de stase3 qui fait lagger tous les automates à dix mètres à la ronde, ce qui laisse le temps à ses compagnons de s’échapper. Ils ne sont cependant pas tirés d’affaire, car ce sont des Spectres immatériels par intermittence qui leur fondent bientôt dessus, forçant Opados à se lancer dans un pas de deux endiablé avec les rôdeurs pendant que Prototokos se hâte vers la salle du trésor.

Une fois à l’intérieur, le dernier survivant fait face à celui qu’il est venu chercher au péril de ses vies. Car Prototokos, en plus d’avoir un nom tout bonnement hilarant4, est également un membre du Culte du Temps, et maîtrise donc le voyage temporel. Il s’est donc rendu sur le Godstar en compagnie de ses futures incarnations – qui ont changé de nom pour marquer leur progression hiérarchique, suppose-t-on – pour libérer son lui du futur, qui se trouve être un Metabrutus du nom de Demis Roussos Thanatos. Enfin, libérer… Plutôt écarter un futur qui ne lui plaît pas, ce qui passe par le meurtre de Metabrutos, coupable de s’être fait capturer par le Dynaste Nephrekh après que la trahison d’un confrère légionnaire l’ait laissé en piteux état. Ne réfléchissez pas trop sur comment cela est sensé marcher, les boucles temporelles et les auteurs de SF font généralement mauvais ménage. Toujours est-il que Thanatos ne se montre pas très coopératif, et profite d’une erreur de jugement de… lui-même, pouvons-nous dire, qui est après tout jeune et con, pour libérer une de ses tentacules des entraves Necrons et garrotter le faquin de façon terminale. C’est donc un échec pour nos trois boloss, mais, comme vous pouvez vous en douter, la nouvelle se termine bien évidemment sur l’arrivée des Daltos sur le Godstar, prêts à retenter le coup pour la nième fois. Tant qu’il y a de la vie mana, il y a de l’espoir.

AVIS:

Pour ses retours à la Black Library, et qui plus est dans une franchise dans laquelle il ne s’était jamais montré très adroit (remember Salvation ?), Jonathan Green limite la casse. C’est triste à dire, mais je m’attendais à un plantage dans les grandes longueurs (et les grandes largeurs aussi, tant qu’à faire), et si le début de sa nouvelle lorgnait dangereusement avec l’exploration bête et méchante et fade et convenue et inimaginative d’un tombeau Nécron, intrigue tellement utilisée (et mal, qui plus est) par les auteurs de la BL qu’elle devrait être interdite d’emploi jusqu’à la reconstitution des stocks (de patience des lecteurs), son idée d’injecter un twist temporel à son récit est, ma foi, fort honorable. L’exécution est certes loin d’être parfaite, tant sur le fond que sur la forme5, mais on est très loin des calamiteuses soumissions commises par notre homme il y a une quinzaine d’années, lorsque les pontes de la BL s’échinaient, pour des raisons encore mystérieuses aujourd’hui, à le faire bosser sur du 40K. Coup de chance ou véritables progrès ? Il faudrait d’autres soumissions pour pouvoir se prononcer. Est-on sûrs de vouloir celà ? Eh bien, oui, pourquoi pas. Bring it on, Jon.

1 : À ne pas confondre avec le Go Sport, qui est encore plus rare en ce 41ème millénaire qu’un monde artefact Nécron.

2 : Comme à WOW, ce sont les épaulières qui établissent les rapports de pouvoir entre les PJ. Plus elles sont grosses, criardes et kitsch, mieux c’est.

3 : Je me plais à m’imaginer qu’il s’est contenté de proposer une formule à référence circulaire sur Excel, ce qui a fait planter les logiciels des Nécrons.

4 : Peut-être choisi à dessein par les Magisters Thousand Sons pour les apprentis sorciers, afin de leur donner une raison supplémentaire de progresser dans la hiérarchie pour pouvoir en changer.

5 : On remarquera le penchant certain de Green pour les descriptions vestimentaires, puis architecturales, au détriment du développement de ses personnages ou de la description de leurs actions. C’est un choix.

The Serpent’s Bargain – J. Crisalli [AoS] :

INTRIGUE:

The Serpent's BargainVictime des déprédations classées S (pour salaces) d’une bande de Maraudeurs de Slaanesh, le village de Varna ne doit son salut qu’à l’exploitation raisonnée décrétée par l’économe Seigneur Zertalian. Les pillards partis, pour mieux revenir quelques temps plus tard, les survivants sortent de leur trou (littéralement dans le cas de notre héroïne, la précautionneuse mais pas téméraire Laila) et tiennent conseil sur la marche à suivre. Malgré la position stoïque prônée par les anciens du village, qui préfèrent rester chiller au coin du feu dans l’espoir que les Slaaneshii trouvent une autre cible plus juteuse d’ici à leur prochaine crise d’ennui homicidaire, Laila, qui a déjà perdu son mari sous la lame des psychopathes princiers, est, elle, partisane d’une approche un peu plus proactive. Et pourquoi pas aller demander de l’aide aux Blonds1, ces mystérieux reclus qui vivent dans la vallée d’en face et que les légendes locales décrivent comme des adversaires acharnés du Chaos, et en particulier de ces margoulins dépravés d’Hédonistes ? Il paraîtrait même que ces gais lurons volent à la rescousse de ceux qui luttent contre de tels ennemis, ce qui est précisément le cas de nos Varnites.

Devant la réaction mitigée que sa proposition suscite auprès du conseil gériatrique du village, Laila décide de faire profil bas, mais n’en résout pas moins d’aller tenter sa chance auprès des Blonds, entraînant avec elle un vieux pote chasseur de niveau 3 (Stefen) et un lancier mercenaire gras du bide mais au pied léger (Ano). Le trio trace la route vers la blonde vallée, bravant pour ce faire le décret de confinement édicté par les anciens, et finit par arriver à bon port, n’ayant perdu qu’un seul de leur membre (Ano le stalker) en chemin. Faisant face à un temple décoré de moultes statues de donzelles en string et en rogne, les deux survivants commencent à douter du caractère véridique de leurs légendes, mais il est trop tard pour faire demi-tour,  et l’entrée du temple étant gratuit pour les filles et interdite pour les mecs, c’est seule que Laila pénètre à l’intérieur. Laissant prudemment le chaudron rempli de serpents à bonne distance, elle marche jusqu’à un petit jardin intérieur, où elle fait la connaissance de Cesse, jardinière manifestement elfique qui consent à écouter la doléance de son invitée. S’en suit une petite négociation, à l’issue de laquelle Cesse accepte d’aller combattre les Slaaneshii, qu’elle et le reste de ses Blondes détestent véritablement, en échange d’un paiement en sang de la part des humains. C’est alors que Laila révéle sa propre blonditude, croyant bêtement que la petite coupure qu’elle hérite pour sceller le pacte consiste en sa part du paiement en totalité. Aha. La cruche. Elle aurait ouvert un Battle Tome Daughters of Khaine, ou même eu la moindre notion en elfenoirologie qu’elle aurait compris qu’elle venait de se faire carroter dans les grandes largeurs. Les dangers de l’ignorance. Bref.

Ressortant du temple, Laila découvre avec effroi une flèche brisée et une flaque de sang là où elle avait laissé son chasseur de compagnie, et en conclut que ce dernier n’a pas fait de vieux os. Parvenant malgré tout à revenir jusqu’à Varna, elle relate son périple à ses concitoyens, s’attirant un regard lourd de reproches de la part des vieux de la vieille, qui se doutent bien que le marché passé avec les Blondes a de grandes chances de ne pas se résoudre en faveur des péquenauds. Avec raison. En effet, lorsque les scions de Zertalian décident de refaire une virée pillarde et paillarde en ville, ils ont beau se faire promptement méduser par Cesse et ses groupies, cette dernière demande ensuite que le tribut de sang leur soit remis. Incompréhension, puis mauvaise foi de la part de Laila, qui ne trouve pas ça très charlie. Qu’importe, un marché est un marché, et les Varnites ne sont de toute façon pas en mesure d’empêcher les Fifilles de Kékhaine de prendre leur dû, soit les faibles du village. Comme l’explique doctement Cesse à une Laila qu’elle précipité du haut du mur d’enceinte pour lui apprendre à mal lui parler, il n’y a qu’en supprimant les faibles que les forts pourront survivre, et il s’agit d’une mission de service public, vraiment. Cela ne convainc pas vraiment Laila, qui finit la nouvelle en pleurant comme une madeleine sur sa propre stupidité. Moralité : si les hommes préfèrent les blondes, la réciproque n’est pas toujours vraie.

AVIS:

Retour mi-figue mi-raisin pour Jamie Crisalli, qui ne retrouve pas avec ce The Serpent’s Bargain la recette du succès de sa première soumission pour Inferno!. La faute à une intrigue cousue de fil blanc (le marché léonin conclu par un héros ignorant avec des « alliés » pas si sympathiques que cela), exploitée par d’innombrables auteurs dans autant d’ouvrages avant que Crisalli ne revisite à nouveau ce classique des classiques. Si son choix de ne pas faire de la révélation de la fourberie des Blondes le twist final de sa nouvelle est compréhensible, l’absence d’éléments venant enrichir l’intrigue et le déroulé du récit l’est moins. À titre personnel, j’aurais bien aimé que l’auteur passe plus de temps à justifier le positionnement des Filles de Khaine, et pourquoi leur mission d’épuration des faibles leur tient tellement à cœur (ce que Crisalli fait en quelques lignes en fin de nouvelle), ce qui aurait apporté un contrepoint bienvenu à la vision « gentillesque » autant qu’horrifiée de Laila. Je n’ai pas non plus compris ce que Crisalli voulait accomplir avec les personnages de Stefen et Ano, dont la relative importance dans le récit ne débouche sur pas grand-chose. Coup de moins bien, donc. Espérons qu’il ne soit que temporaire.

1 : Fair Ones en VO. Ce qui peut se traduire par les Beaux, également. Voyez-y un hommage à Gad Elmaleh, ou à son inspirateur.

.

Salvage Rites – T. Parrott [40K] :

INTRIGUE:

C’est le jour de chance de Ved Tregan, éboueur de l’espace, et de l’équipage de son vaisseau-benne, chargé par les autorités compétentes d’Effandor, monde ruche à l’orbite polluée, de collecter les milliards de déchets flottant autour de la planète, et compliquant grandement la logistique spatiale. Nos braves chiffoniers particuliers ont en effet décelé un débris d’un type très particulier, puisque c’est un authentique vaisseau capable de voyages Warp qui les attend dans le champ des possibles et des épaves effandorien. Avant de les suivre à bord de cette trouvaille miraculeuse, faisons la connaissance de notre fine équipe : en plus du bonhomme et capable capitaine Ved Tregan, cette dernière compte la pilote flemmarde Petin Hite, l’ex-ganger au grand cœur Adric Cale, la mais-non-ce-n-est-pas-une-psyker-elle-a-juste-une-sacrée-intuition Eusalia Zand, et la gestionnaire d’actifs Celia Vanar, chargée par la Maison Orend, généreuse sponsor de la petite PME de Tregan, de s’assurer de la bonne conduite des opérations et du paiement des traites du crédit contracté par le capitaine désargenté.

Nos intrépides explorateurs optent pour la fameuse tactique de la séparation en groupes de un pour optimiser l’exploration du mystérieux vaisseau, ne faisant que peu de cas du très mauvais pressentiment doublé d’une crise d’épilepsy qui saisit Zand alors que le sabot de Tregan termine son approche vers sa proie. Cette dernière est en effet trop tentante pour que le capitaine se montre compréhensif aux doléances geignardes de sa sous-fifre, ce qui aura bien entendu des conséquences fâcheuses. Comme de juste, l’un des groupes de un, celui mené par Cale (et secondé par lui-même) se fait promptement embusquer, et, bien que l’aventure ne se solde que par une coupure sans grande gravité pour le solide ruchier, la description qu’il fait de son assaillant, un humanoïde à la peau noire et aux yeux rouges, jette un froid sur l’assemblée qui s’est ruée à son secours. Se pourrait-il qu’ils aient abordé sans le savoir le yacht personnel de Vulkan, parti caboter dans la galaxie depuis quelques millénaires ? Ou plus sérieusement, que l’épave soit infestée par des tanglemouths, le nom que les locaux donnent aux Genestealers d’Ymgarl ? Mystère et narthécium.

Les savantes supputations de l’équipage sont écourtées par la dégradation rapide de la santé de Cale, qui se met à nécroser et baver de façon inquiétante. Et lorsque Hite annonce aux explorateurs que leur vaisseau a été saboté et ne peut plus repartir, un vieux froid tombe sur l’assemblée. Après avoir escorté l’impotent écumant jusqu’à l’infirmerie, les quatre rescapés décident de repartir dans l’épave à la recherche de pièces de rechange qui leur permettront de revenir sur Effandor…

Début spoiler…Bien évidemment, ce plan ne se déroulera pas sans accroc, la décision de Tregan de s’obstiner à faire du solo facilitant grandement la tâche de l’assaillant mystérieux des chineurs de l’espace. Hite disparaît en plein milieu d’une phrase, et la situation s’envenime encore davantage lorsque Vanar accuse Zand d’avoir attaqué la pilote sous ses yeux. Réussissant à grand peine à convaincre ses deux équipières de ne pas entre-tuer sur un malentendu, Tregan ordonne une retraite générale après avoir récupéré les précieux câbles que Hite avait identifié juste avant de tourner AWOL. Il est malheureusement trop tard pour Cale, qui a bavé sa dernière bulle pendant leur absence, et lorsque Vanar lui demande les mots de passe du coffre contenant les cartes spatiales d’Effandor, permettant au vaisseau de retourner sur la planète en sécurité, Tregan réalise un peu tard que cette question est des plus incongrues. Il arrive toutefois à mieux se maîtriser que Zand, qu’une crise d’angoisse terminale pousse au suicide sous le regard ébahi de son boss. Et pour cause, lorsque Vanar revient, le capitaine abandonné réalise qu’il s’est fait posséder. Sa comparse se révèle être… probablement une Callidus, qui émerge de son vaisseau d’emprunt sous les traits de feu son commandant quelques heures plus tard pour mener à bien sa sinistre mission. Décidément, l’économie circulaire n’est pas une sinécure. Fin spoiler

AVIS:

Thomas Parrott rectifie le tir d’une première soumission (Spiritus in Machina) assez quelconque avec ce Salvage Rites bénéficiant d’une atmosphère angoissante efficacement instillée, même si la mise en scène de l’exploration d’une mystérieuse épave se révélant peuplée de monstres est un sous-genre à part entière de la littérature 40Kesque (appelons ça le « space hulkisme » ) et donc guère original en tant que tel. Pour tirer un parallèle avec une nouvelle récente à peu près similaire à celle-ci, je trouve que Parrott a rendu une copie plus satisfaisante que Cassandra Khaw et son Nepenthe. Cela est dû en bonne partie au fait que l’on comprend sans trop de mal dans le premier cas ce que l’auteur a voulu faire, ainsi que l’identité et les motivations de l’antagoniste (encore que la révélation finale ne soit pas aussi claire que l’on aurait pu le souhaiter, à moins que je sois plus lent que le lecteur moyen de Parrott), ce qui n’était pas le cas chez Khaw. Retenons au final que notre homme a progressé depuis ses débuts pour la Black Library, et souhaitons lui de continuer sur cette voie pour la suite.  

.

Green & Grey – E. Albert [40K] :

INTRIGUE:

Green &amp; GreyPris en flagrant de roupillon pendant le service, le tankiste de première classe Lucius Stilo se réveille doucement dans l’habitacle confiné du Leman Russ où il opère en temps que rechargeur d’obusier. Pour sa défense, cette brave bête de Sancta Fide (le petit nom de la monture mécanique de Lucius) s’est pris un barrage d’artillerie en pleine poire il y a quelques minutes, avec des conséquences catastrophiques pour son équipage, décimé jusqu’à son dernier homme, qui se trouve donc être Lulu. Vous parlez d’une première mission. Notre héros, déjà légèrement traumatisé par le choc et par la vision des cadavres de ses camarades, doit de plus composer avec la réalisation qu’il se trouve dangereusement exposé, son escadron ayant été envoyé par le haut commandement ralentir l’avancée des peaux vertes assaillant la planète de Calleva, le temps que les grosses têtes du génie fassent sauter le pont reliant les basses plaines au reste du continent. Dans son malheur, Lucius a toutefois la chance de pouvoir compter sur une écoutille fermement cadenassée et une radio en état de marche ; la première tenant la patrouille Ork venue inspecter les épaves à distance, la seconde permettant d’établir le contact avec le QG de la Garde Impériale, d’où le Colonel du 5ème Régiment Mécanisé d’Alphard le prend en direct.

Bien qu’ayant embrassé la carrière militaire pour suivre l’exemple de son paternel, Lucius sent son courage vaciller à l’idée de finir bientôt en punching ball pour peaux vertes, et il faut des trésors de patience et de fermeté paternaliste à son interlocuteur pour motiver son dernier homme à agir comme l’Empereur attend qu’il le fasse. Ayant quelque peu repris ses esprits et retrouvé son sang-froid, Lucius prend bonne note (normal pour un Stilo, vous allez me dire) des directives transmises par son chef, et apprend à ce dernier après avoir réussi à rétablir l’auspex du Sancta Fide que le pont est toujours debout, et que les Orks s’apprêtent à le traverser. La tuile. En attendant que les Valkyries envoyées dare dare sur place pour finir le job et récupérer Lucius arrivent, ce dernier est donc sommé de ralentir le plus possible la migration Xenos, ce qui passe nécessairement par l’ouverture du feu sur la Waaagh!, et n’enchante pas vraiment notre héros, plutôt partisan du ‘live and let leave’. Saleté de hippie, va.

Informé en termes non incertains par son Colonel que sa coopération n’était pas optionnelle, Lucius se résout enfin à faire son devoir, et commence donc à obuser les Orks, ce qui attire inévitablement l’attention et l’intérêt de ces derniers. Ayant annihilé l’avant-garde peau-verte d’un strike chanceux, Lulu poursuit ses bonnes œuvres en étrillant et artillant les Xenos, puis en les bolterisant une fois ces derniers trop près pour continuer son approche 120 millimétrée. Las, comme on peut se l’imaginer, les Orks finissent par déborder le vaillant petit tankiste, et c’est le Big Boss en personne qui s’approche pour rosser le Russ…

Début spoiler…Comprenant en définitive qu’il ne bénéficiera pas d’un sauvetage à la Ryan, ce que lui confirme le Colonel avec une tristesse non feinte, Lucius décide de vendre chèrement sa vie, et réussit à planter l’épée énergétique prise sur le cadavre de son Capitaine dans le crâne de sa Némésis après qu’elle ait réussi à décapsuler l’habitacle du Santa Fide. Surprise, cela n’est pas suffisant pour venir à bout de l’Ork (sûrement hydrocéphale), qui revient la charge après s’être délesté de l’encombrant bout de ferraille. Surprise (bis), Lucius a mis à profit ce court répit pour se saisir d’un pistolet de détresse, qu’il décharge dans l’intérieur inondé de prométhéum du tank, avec des résultats spectaculaires, mais malheureusement définitifs. À l’autre bout du fil, le Colonel Markus Stilo ne peut que constater que son fils a fait son devoir jusqu’au bout, et bien qu’éprouvé par la tournure prise par les événements, prend sur lui de continuer à coordonner la riposte impériale. Comme il l’a appris à feu Lucius, ‘the Emperor protects (parfois) but the Emperor expects (toujours)’.Fin spoiler

AVIS:

Très sympathique et efficace soumission que ce Green and Grey, qui permet au nouveau-venu Edoardo Albert de rafler à David Annandale le titre de meilleur metteur en scène de nouvelle se déroulant dans un Leman Russ, catégorie certes très spécifique, mais qui compte donc (au moins) deux récits à ce jour. Là où le Sarcophagus d’Annandale pêchait par son manque d’action et son propos incertain, l’offrande d’Albert se révèle à la fois rythmé, crédible et bien pensé. Si la triste, mais héroïque – et en définitive, pas si surprenante que ça – fin de Lucius Stilo creuse un peu plus le sillon du fondamentaliste grimdark de 40K, le talent de l’auteur aura consisté à nous ménager un très bon twist final, à la fois efficacement préparé (relisez Green and Grey et vous verrez quelques fusils laser de Tchekhov), parfaitement délivré et tout à fait there-is-only-war compatible. Albert (pas en Somme), un nom à suivre, en somme.

.

The Fourfold Wound – E. Gregory [AoS] :

INTRIGUE:

Shinua Gan, cartographe freelance des Royaumes Mortels, poursuit un dessein bien particulier. Hantée par la mort de toute sa famille lors d’une attaque de brigands alors qu’elle s’était absentée de sa ferme natale, elle poursuit d’une haine tenace et implacable le milicien qui était censé monter la garde dans la tour de guet voisine, et dont le penchant pour la dive bouteille a permis aux marauds maraudeurs de fondre sur la PME familiale dans l’impunité la plus totale. Elle traque depuis la sentinelle alcoolisée, du nom de Halas, à travers les Royaumes, bien décidée à lui planter sa dague entre les omoplates pour lui apprendre à développer une éthique professionnelle. Classique, vous allez me dire. Là où cela devient intéressant, c’est que le Halas en question est mort. Et là où ça devient passionnant, c’est qu’il s’est attiré les bonnes grâces de Ziggie en expirant en combattant un Champion du Chaos, ce qui lui a permis de bénéficier d’une reforge gratuite et de devenir un Stormcast Eternal. Pas que cela décourage le moins du monde Shinua, notez : au contraire, dégoûtée par le choix divin, elle s’est rangée du côté des mémés (le mécontents mécréants), une société secrète dont les membres ne tiennent ni le Grand Barbu, ni ses sbires métallisés, en haute estime. En plus de se retrouver à intervalles réguliers pour baver sur les rouleaux en sigmarite de Charles Martel, les Sentinelles (Watchers en VO) collectent également des informations sur le déploiement et la composition des osts Eternals, qu’ils sont prêts à mettre à disposition des ennemis d’Azyrheim.

Nous arrivons ainsi à Ark’non, un village de pêcheurs de baleines et d’éleveurs de marmuts (pas besoin que je vous décrive à quoi ressemble cette petite grosse bête je pense), en compagnie de Shinua, qui cherche à tirer au clair un rapport mystérieux faisant état du déploiement des Marteaux de Sigmar, ost auquel Halas a été reversé après son recrutement manu divinii sur place, mais dans un futur proche au moment où elle prend connaissance. Ayant contacté la cellule de Sentinelles locales, elle est emmenée par la jeune Nor jusqu’au phare de fonction qu’occupe son frère Sgon, surnommé le Lordbreaker depuis qu’il a mené une révolte contre les Seigneurs qui exploitaient la population locale. Pas de bol, Sgon, qui avait pu prédire l’arrivée des Stormcasts en utilisant les visions conférées par la magie de sang des anciennes familles d’Ark’non, est irrémédiablement exsangue à l’arrivée de sa visiteuse, qui constate bientôt que ses prédictions météorologiques sont tout ce qu’il y a de plus fiables, de gros hommes de métal tombant des cieux pour purger Ark’non au nom de Sigmar, qui comptait sans doute les anciens Seigneurs parmi ses amis. It’s raining men, halle shit shit shit.

Entraînant la pauvre Nor1, qui après avoir perdu ses parents quelques semaines plus tôt, doit composer avec le suicide de son frère et la combustion de sa grand-mère, avec elle jusqu’au port d’Ark’non, Shinua croise sur son chemin un Liberator qui semble la reconnaître. Et pour cause, il s’agit bien sûr de Halas, très désolé de sa bévue pre-mortem, et qui se confond en excuses, puis en éclair, après que Shinua, très rancunière, lui ai planté une défense de morse dans le cortex. Il ne s’agit toutefois qu’une mise en bouche pour notre héroïne et sa pupille – tout aussi remontée contre le service d’Ordre, à raison – bien décidées à se venger de toutes les morts dont elles tiennent responsables l’impardonnable, et donc impardonné, Halas (hélas pour lui)…

AVIS:

Je ne connaissais pas Eric Gregory avant de donner sa chance à son The Fourfold Wound, mais oh boy, je vais désormais suivre de très près sa production pour la Black Library. C’est bien simple, cette nouvelle est, de très loin, le meilleur texte de fiction estampillé Age of Sigmar qu’il m’ait été donné de lire. Et pourtant, il y a des Stormcast Eternals dedans (ce qui est d’habitude un facteur aggravant). Eh bien, Gregory a réussi à me réconcilier avec les Maschinenmensch de GW, et avec l’univers de cette franchise en général, ce qui était loin d’être évident. L’angle d’attaque choisi par l’auteur, faisant des Stormcast les antagonistes, s’il n’est pas absolument novateur (Josh Reynolds fit de même dans The Iron Promise), est encore assez peu usité à l’heure où ces lignes sont écrites pour piquer l’intérêt du lecteur. La description d’une société secrète de ressortissants des Cités Libres, et donc théoriquement loyaux à Sigmar, la divinité tutélaire et protectrice de la civilisation et de l’Ordre dans des Royaumes Mortels en proie au Chaos, nourrissant une défiance forte pouvant aller jusqu’à la haine pure et simple, pour le « bon » dieu et ses super soldats, est une superbe trouvaille de la part de Gregory, faisant naturellement passer son récit dans la Twilight Zone, cet espace narratif délicieusement non-manichéen, où le lecteur est libre de choisir qui est son protagoniste. Serez-vous plutôt team Shinua, dont la quête vengeresse, pour justifiée qu’elle soit, va l’entraîner sur une pente de plus en plus glissante, et vers des alliances de circonstances de moins en moins moralement justifiables ? Ou préférerez vous prendre le parti de ce brave Halas, qui malgré son erreur de jeunesse, n’en demeure pas moins un authentique héros et un être qu’il est difficile de haïr, tant son désir de repentance est sincère ? Shinua, qui prend le parti des petites gens opprimées par la dictature militariste – car il faut bien appeler un gryphound un gryphound – de Sigmar, un dieu tellement bienveillant qu’il n’hésite pas à envoyer ses immortels raser un village de pêcheurs dont le tort aura été de se révolter de façon un peu trop sanglante ? Ou Halas, qui a chaque reforge, perd toujours plus de son humanité2, et ne peut pourtant pas se résoudre à faire du mal à sa meurtrière à chaque fois que leurs chemins se croisent ? À vous de voir.

Autre réussite notable à mettre au crédit de Gregory, sa description des Royaumes Mortels, qui se détache véritablement de l’influence de Warhammer Fantasy Battle. Ainsi, s’il peut sembler aux premiers abords de voir Shinua aller proposer un marché à l’armée de Rotbringers contre laquelle les Marteaux de Sigmar sont engagés, il faut bien reconnaître que cette réaction immédiate n’est en fait qu’une réminiscence de WFB, univers dans lequel il était inconcevable qu’un ressortissant d’un royaume « civilisé » du Vieux Monde et non engagé sur la voie du Chaos puisse espérer sortir vivant d’une telle rencontre. Autres temps, autres lieux et autres mœurs : bien que les disciples de Nurgle ne soient pas au-delà d’un peu de prosélytisme de bon aloi, et que le marché que Shinua conclut avec ces derniers pèsera sans doute lourd dans la balance au moment de rendre l’âme, la transaction se passera de façon tout à fait honnête, et chacun poursuivra sa route sans anicroches (enfin, peut-être le nez qui coule pour Shinua). À titre personnel, je suis assez favorable à cette rupture avec l’héritage de WFB, qui sera nécessaire pour qu’Age of Sigmar puisse se sortir de l’ombre de son glorieux aîné et gagner en singularité. Quitte à jouer la carte de la high fantasy, autant « dépassionner » les relations entre les différentes factions quand cela est possible, et Gregory réussit à faire cela de façon assez convaincante et naturelle.

Bref, une vraie et franche réussite pour cette première nouvelle, qui se révèle être la soumission la plus intéressante de cet Inferno! #4 et fait d’Eric Gregory un nom à suivre dans les prochaines publications de la Black Library.

1 : C’est un usage bien établi, il ne faut jamais perdre la Nor.

: Il finit d’ailleurs sa carrière comme sauveteur en mer sur une plage au fin fond d’Aqshy, ses trop nombreux décès l’ayant transformé en Hodor en plates complètes, aux capacités intellectuelles très limitées.

.

Where Dere’s Da Warp Dere’s A Way – M. Brooks [40K] :

INTRIGUE:

Where dere's da warp dere's a wayAssistant de direction d’une bande de Pistol Boyz Bad Moon rattachée à la Waaagh ! de Da Meklord, Ufthak Blackhawk vit à fond le rêve américain Ork, fait de bagarres, d’abordages et de compétitions pour devenir le boss à la place du boss. Le o+1 de notre héros est Badgit Snazzhammer, charismatique, à défaut d’être cérébral, Nob et tirant son nom de son arme de prédilection, un combi marteau énergétique/lime à ongles, qu’il ne dédaigne pas utiliser pour motiver les troupes lorsque le besoin s’en fait sentir. Chargés par Da Meklord en personne de sécuriser la salle du réacteur Warp d’un vaisseau de l’Adeptus Mechanicus afin de permettre à un Mek inventif de jouer avec la tek’ des zoms, Ufthak, Badgit et consorks prennent le premier ‘Ullbreaker pour aller apporter leurs sentiments et bourre-pifs les meilleurs aux fidèles de l’Omnimessie.

Une fois sur place, et après avoir dérouillé une malheureuse patrouille qui tentait de faire son devoir, nos Orks se mettent à errer dans les coursives du croiseur martien, les indications du Mek à roulette1 leur servant de GPS manquant en précisions. Au petit jeu du porte/monstre/trésor, les peaux-vertes finissent par tomber sur plus fort et plus dur qu’eux, comme le malheureux Badgit en fait l’expérience lorsque lui prend la mauvaise idée de charger un Kastelan opérant comme physionomiste à l’entrée de la boite de Warp. Comme quoi, foncer tête baissée est le meilleur moyen pour la perdre. À toute chose malheur est bon, car le décès de son chef permet à Ufthak de s’improviser leader de la bande de Pistol Boyz, malgré les protestations de Mogrot Redtoof, l’autre bras droit de feu Snazzhammer. Ruzé mais brutal, Ufthak accouche d’une tactique de diversion qui lui permet d’arriver au contact de l’angry robot, récupérer l’arme de fonction de son boss, et terrasser l’ennuyeux androïde au cours d’un corps à corps épique et piquant, et même détonnant, l’usage malavisé d’une arme à contondante à champ de force sur le réacteur du Kastelan dispersant Ufthawk façon puzzle2.

Ce n’est toute fois pas la fin pour notre héros, les Orks étant, comme chacun sait, plutôt coriaces. Se réveillant très diminué, mais se réveillant tout de même (ce qui est déjà pas mal quand on n’est plus qu’une tête sur un demi-tronc), Ufthak se voit proposer par le Dok Drozfang, qui accompagnait la bande, un marché qu’il ne peut décemment pas refuser. En un tour de scie circulaire et quelques agrafes, voilà la tête du Boy greffée sur le corps de Badgit, sans trop d’effets secondaires. Ça c’est ce qu’on peut appeler de la chirurgie reconstructrice. Remis de ses émotions, bien qu’ayant – et c’est compréhensible – un peu mal aux cheveux qu’il n’a pas, Ufgit (Badthak ?) refait son retard sur le reste des Boyz, calme les ardeurs de ce parvenu de Mogrot et lui reprend le bâton marteau de parole, et invite le Mek à appuyer sur le gros bouton rouge qu’il a branché sur le moteur Warp du croiseur. Selon les savants calculs de l’ingéniork, cette machine devrait permettre au vaisseau de rebrousser chemin jusqu’à sa planète d’origine, monde forge plein de tek’ à piller…

Début spoilerMalheureusement, le buzzer magique a surtout pour effet de remplir le croiseur de démons, ce qui ne refroidit pas le légendaire enthousiasme peau-verte, bien au contraire. Ils commençaient justement à s’ennuyer…Fin spoiler

AVIS:

Nouvelle rigolork (c’est le dernier mot-valise à base d’Ork, je le jure) de Mike Brooks, et à laquelle je décerne la palme d’argent du titre le plus inventif (catégorie 5 mots et plus), derrière l’indétrônable Badlands Skelter’s Downhive Monster Show de Matthew Farrer, Were Dere’s… n’a pas grand-chose à offrir au lecteur à part une plongée humoristique dans le quotidien, forcément agité, d’un Boy. Les péripéties grand-guinorkesque (j’ai menti) s’enchaînent de manière plaisante, mais ne vous attendez pas à une conclusion édifiante, ou même intéressante, à cette nouvelle. C’est dommage, car Brooks avait prouvé dans Dead Drop qu’il savait terminer un court format comme il se doit. Nous tenons donc ici la pastille comique de l’Inferno! #4, et il ne faudra pas lui demander davantage.

1 : Car oui, il n’y en a qu’une dans son cas, on peut parler de monorkwheel.

2 : Après l’Interrogatrice Spinoza dans ‘Argent’, c’est la deuxième nouvelle de la BL qui souligne les dangers des masses énergétiques pour leur porteur. Faut-il voir une ligne éditoriale de Nottingham ?

.

The Manse of Mirrors – N. Horth [AoS] :

INTRIGUE:

The Manse of MirrorsRecrutée par un influent marchand de la cité libre de Lethis pour « visiter » le manoir d’un des plus célèbres résidents de cette dernière, feu (ou plutôt, cendres) Phylebius Crade, Thaumaturge Suprême de Lethis que nul n’a revu depuis cinquante ans, l’archéologue militante Shevanya Arclis se retrouve à la tête d’une petite équipe de spécialistes pour mener à bien ce repérage d‘Un Trésor dans votre Château’. Son employeur a beau considérer comme acquis le décès du propriétaire, le home-jacking du (six) pied(s) à/sous terre d’un mage d’Améthyste de niveau 153 reste une expérience périlleuse pour l’aventurier moyen, comme Arclis et ses compagnons ne tardent pas à le découvrir.

Ayant bien négocié les premières salles de ce donjon un peu particulier, Arclis et Cie se retrouvent dans le mal dans la galerie des glaces du manoir, qui ont la particularité d’être des portails donnant sur Shadespire les Vignes, petite bourgade typique de Shyish au centre-ville décrépit mais aux chargés de tourisme très motivés, comme le maître-voleur Goolan ne tarde pas à en faire l’expérience. Tiré au sort pour passer une nuit/vie dans un Air B&B local, le monte en l’air se mue en passe à travers, et file de l’autre côté du miroir découvrir les merveilles architecturales de Shadespire. Quelques secondes plus tard, c’est au tour de la noble aventurière Nazira El-malia de se faire mettre la griffe dessus, ou plutôt à travers, par un Spectre très entreprenant. Il faut toute la science arcanique du dernier membre de la compagnie, le mage stagiaire Dhowner, pour permettre aux survivants de regagner leur intimité, à grands renforts de porte blindée et de poudre de perlimpinipin.

La pièce où Arclis et Dhowner ont trouvé refuge se révèle être le laboratoire et cabinet privé de Crade, et regorge de moultes reliques des plus dispendieuses, ainsi que d’un gigantesque miroir expérimental, dans lequel les intrus peuvent contempler tout ce qu’il reste de leur hôte. Ce dernier, peu rancunier, s’avère assez content d’avoir de la compagnie, et explique que cela fait cinquante ans qu’il est piégé dans la cité de Shadespire, sujet d’étude l’ayant littéralement absorbé, à son grand désespoir. Avertissant ses visiteurs que l’influence néfaste de la ville-miroir risque de s’étendre à Lethis à travers son prototype de catalyseur, et que seuls ses vaillants efforts ont préservé la cité corbeau d’un sort pire que la mort, Crade implore les gentlemen cambrioleurs de l’aider à clore une fois pour toute la ligne M du TER de Shyish. À Dhowner de refermer le passage malencontreusement ouvert par Crade – qui accepte noblement son sort de citoyen d’honneur et d’horreur de Shadespire – , et à Arclis de défendre son camarade le temps que le rituel soit accompli. Au grand énervement du maître des lieux, qui lui conseillait de se servir d’un espadon mythique dans sa collection personnelle pour tenir les morts sans repos en respect, notre aventurière choisit de s’équiper d’une dague de pierre sur la seule fois d’une inscription disant ‘feuklémor’ gravée sur la lame. Il n’y a plus de respect ma bonne dame.

Début spoilerLa suite de la nouvelle voit toutes les suppositions que le lecteur était en droit d’entretenir à propos de la conclusion de l’intrigue développée par Horth se réaliser. Comme de juste, Crade se révèle être un fieffé chenapan, dont l’altruisme cachait en fait des velléités de possession du malheureux Dhowner.  Comme de juste, l’arme sélectionnée plus ou moins au pif par Arclis se révèle être un athame pour personnes en situation de non-vie. Comme de juste, notre héroïne parvient in extremis à empêcher Crade de faire du crade, en bousillant son miroir juste avant que le thaumaturge ait pu prendre entièrement possession de son padawan. Une monumentale explosion plus tard, les deux malfrats, catapultés dans le jardin du manoir, se font cueillir par la Morréchaussée, sans doute pour tapage nocturne. Mais la saga d’Arclis est loin d’être terminée…Fin spoiler

AVIS:

Après une quinzaine de pages prometteuses, dans lesquelles Horth parvient à instiller une ambiance macabre tout à fait satisfaisante, son The Manse of Mirrors débouche sur une conclusion assez tristounette, n’exploitant pas vraiment le potentiel horrifique et mystérieux de Shadespire, et résolue de façon très peu imaginative. Comme d’autres courts-formats de la BL, je crains que nous ne nous trouvions en face d’un texte pensé dès le départ par son auteur comme une part intégrale d’une oeuvre plus conséquente, ici la novella Thieves’ Paradise mettant en vedette notre Indiana Jones à oreilles pointues1, ce qui se solde malheureusement par des lacunes en termes de « singularité » de l’histoire développée. Bref, The Manse of Mirrors pourrait bien être le chapitre 0 de Thieves’ Paradise, et ce de façon très (trop) visible pour que le lecteur puisse réellement apprécier cette nouvelle de façon indépendante. Tout le monde n’a pas le talent d’un Dan Abnett, d’un C. L. Werner ou d’un Nathan Long pour réussir à jouer la partition du e pluribus unum de façon satisfaisante, et c’est encore une fois bien dommage. On mettra tout de même au crédit de Nick Horth les quelques ajouts de fluff qui parsèment sa soumission, qui achèvent de placer cette dernière dans la tranche haute du convenable. Cela aurait pu et dû être mieux, pourtant…

1 : Je me suis d’ailleurs aperçu qu’Arclis semblait avoir en main la dague piquée à Crade sur l’illustration de couverture de la novella.

.

Blackout – J. C. Stearns [40K] :

INTRIGUE:

Lorsqu’une panne de courant massive vient plonger Seidon City dans les ténèbres, les kids Chib, Zaylin, Bugeye et le reste des 77, gang de loubards vivotant dans un quartier défavorisé de cette cité-ruche, en sont réduits à échafauder des hypothèses plus ou moins farfelues pouvant expliquer cette nième interruption de l’alimentation électrique du voisinage. L’arrivée sanglante de deux comparses, Soter et Jerrick, vient toutefois mettre un point final à la joute oratoire entre polémistes sous acide, juste avant qu’ils ne se commencent à se mettre sur la gu*ule, comme souvent lorsqu’un consensus peine à être trouvé entre gangers. Les nouveaux-venus expliquent être tombés dans une embuscade alors qu’ils attendaient innocemment de régler leur compte à quelques membres d’un gang rival, et avoir fait les frais d’un arsenal très peu commun à ces niveaux de la ruche, comme peut en témoigner l’épaule du pauvre Jerrick, réduite à quelques filaments de barbaque après sa rencontre malheureuse avec une balle perdue.

Outrés par ce déchaînement de violence qu’ils sont presque certains de n’avoir pas mérités, les 77 optent pour la mise sur pied d’un raid punitif contre leurs mystérieux assaillants, mais n’ont même pas à sortir de leur planque que cette dernière se retrouve sous un feu nourri. Dans la confusion qui s’en suit, Chib, Zaylin et Bugeye, comprenant rapidement que leurs collègues n’ont pas la main haute dans cet affrontement, optent pour une prudente retraite tactique dans les profondeurs de la ruche, confiants dans leur capacité de distancer les bourreaux des 77.

Malheureusement pour nos stagiaires, leurs poursuivants s’avèrent être aussi rapides et tenaces que bien armés, et Chib se retrouve bientôt seul dans les égouts de la cité, après que ses deux acolytes soient tombés dans les griffes de l’anti-gang. Jouant le tout pour le tout, notre héros tend un piège à ses traqueurs en utilisant le cadavre d’un autre ruchier ayant eu la malchance de se trouver sur le passage de ces derniers, et arrive ainsi à poser les yeux, juste avant de tirer, sur sa mystérieuse Némésis…

Début spoiler…qui s’avère être un Space Marine, et accueille donc avec un haussement d’épaule blasé la fléchette que le kid lui loge dans l’aisselle. S’attendant à rencontrer une fin aussi violente et prématurée que ses camarades, dont l’équipement et les compétences n’ont pas servi à grand-chose face aux bolts et épées tronçonneuses des meilleurs de l’Empereur, Chib a la surprise de se faire manutentionner par son ennemi jusqu’à un entrepôt désert, où, vous l’avez deviné, sagace lecteur, les Space Marines ont reçu ordre de ramener leurs trouvailles, qui sont toutes de jeunes gangers terrorisés. La nouvelle se termine sur l’annonce par l’Apothicaire de service, un certain Herodytes du Chapitre des Crimson Shades, que le casting tenu sur Stratigardin avec la bénédiction du Gouverneur Galliarnos est maintenant terminé. Décidément, la télé-réalité du 41ème millénaire est un peu plus hardcore que la nôtre…Fin spoiler

AVIS:

Je pense que l’on peut porter deux jugements sur ce Blackout de Stearns, qui seront fonction de la « maturité » (parce que la « vétéranitude » n’existe pas en français, et c’est bien dommage) du lecteur. Pour le nouveau-venu dans l’univers de 40K et de la Black Library, et qui aura donc une chance d’être authentiquement surpris par la révélation finale de cette nouvelle, cette dernière devrait être tout à fait satisfaisante. Pour les hobbyistes un peu plus expérimentés, qui auront éventé l’identité des persécuteurs des 77 dès la description de la blessure de Jerrick, la lecture de Blackout se révélera bien moins passionnante, d’autant plus que Stearns ne glisse aucun easter eggs1 ou référence à du fluff « avancé » dans son récit, pour une conclusion tristement banale. On m’excusera (ou pas, en fait je m’en fiche) à nouveau de mettre en avant Peter Fehervari, qui, sur une trame très similaire, avait réussi à soigner sa sortie dans son Nightfall. Si j’osais, je dirais que Blackout est un épisode de Dora l’Exploratrice, et Nightfall un court-métrage de Pixar : là où le premier ne s’adresse qu’à un « jeune » public, le second est suffisamment bien construit pour intéresser toutes les générations de spectateurs. Bref, une nouvelle à ne pas mettre entre toutes les mains, mais pas pour les raisons habituelles.

1 : On pourrait toutefois argumenter que les Crimson Shades se livrent eux-mêmes à une chasse aux œufs (à la sauce 40K, certes), ce qui constituerait une habile mise en abyme.

.

***

Comme souvent avec des recueils de nouvelles, ce 4ème numéro d’Inferno! est assez hétérogène dans sa composition. Si les débuts d’Eric Gregory constituent à mes yeux la plus grande réussite de cet opus, d’autres soumissions (Flowers, Haley, Albert) s’avèrent également être intéressantes, ou convenables (Wiltgren, Green, Crisalli, Parrott, Brooks, Horth, Stearns). Finalement, il n’y a guère que la pièce-titre (en termes d’illustration de couverture tout du moins) qui m’est apparue comme insatisfaisante, ce qui est un ratio tout à fait respectable.

Hasard du calendrier, la tenue du Black Library Weekender 2019 nous a permis de prendre connaissance de la couverture et du line-up du prochain numéro, qui sortira au cours du premier trimestre 2020. Je suis particulièrement ravi de voir que sur les douze contributeurs mis à l’honneur de ce 5ème opus, 10 sont des nouveaux-venus, ce qui confirme une nouvelle fois le rôle d’Inferno! comme tremplin des nouveaux talents de la Black Library. Un an après sa résurrection, on peut donc considérer que la nouvelle incarnation d’Inferno! porte haut les couleurs de son glorieux aîné de ce point de vue (on attend toujours les comics et les articles fluff, ceci dit), et je ne m’en plaindrai sûrement pas. En attendant la publication d’un petit best-of personnel de l’année écoulée, et probablement un nouvel Infernabulum! avant la fin de l’année, je vous salue bien bas et vous souhaite d’infernales, aventureuses et satisfaisantes lectures d’ici à 2020!

INFERNO! [N°2]

Bonjour à tous et bienvenue dans la chronique illustrée (eh oui) de ce deuxième numéro d’Inferno! nouvelle mouture ! Au programme, pas moins de 10 nouvelles et un extrait de roman, auxquels ont contribué tant des vétérans assaisonnés (comme le dit si bien Google Traduction), tels que C. L. Werner et Guy Haley, que des seconds rôles discrets (Fehervari, Lyons), suppléés par l’habituel contingent d’auteurs novices, en tout cas en ce qui concerne leurs publications avec la Black Library.

Des relations toujours compliquées entre Nains Duardin et Elfes Aelf, même une fin du monde plus tard, au conflit générationnel agitant les Eldars conséquemment au réveil brutal d’Ynnead, en passant par les bienfaits de l’inculture et de l’option latin au 41ème millénaire, l’importance de la spiritualité et de la famille au 41ème millénaire aussi1, ou encore les beautés sous-marines de Ghyran et les splendeurs mécaniques de Thirsis 41-Alpha, entre autres sujets passionnants, il y en aura pour tous les goûts. À table(tte) donc, et ce sans traîner s’il vous plaît.

1 : C’est de l’AoS, donc qui peut dire où nous en sommes depuis que Sigmar a jeté sa Quechua 2 secondes au milieu du néant pour rebooter sa story Insta?

#2 - Cover

.

At the Sign of the Brazen Claw : The Merchant Tale  –  Haley [AoS] :

Retour à l’Auberge de la Griffe Effrontée (ou quelque chose comme ça), après que le maître des lieux ait fini de raconter son histoire. Le propos en question mettant en avant des principes dégoulinants de compassion et de charité, il revient au marchand Duardin Idenkor Stonbrak de calmer les ardeurs hippiesques de l’assistance, en narrant à ses compagnons d’infortune un récit de son cru, illustrant au contraire les souverains bienfaits de la méfiance envers son prochain.

Résident de la forteresse côtière de Barak Gorn, une des rares enclaves naines du royaume d’Ulgu, Stonbrak commence son récit par un précis géopolitique assez fouillé, brossant en quelques minutes l’histoire du bastion, déserté pendant l’Âge du Chaos et ré-investi par des colons d’Azyr dans les traces de la reconquista lancée par les soldats en fer blanc de Ziggy. Cette reprise de bail permit aux Duardin de se rendre compte de deux choses très importantes : 1) contrairement aux racontards publics, sans doute colportés par les agences de voyages de Hyish, il fait souvent beau en Ulgu, plusieurs fois par an même, et 2) leurs anciens voisins Aelves squattent toujours la montagne d’à côté, où ils s’étaient tenus reclus pendant que les hordes chaotiques zonaient dans la cage d’escalier. Bien que naturellement assez méfiants envers ces skuru elgi, ou elfes gris, qui travaillent tous comme contrôleurs à la SNCF (comprendre qu’ils ne portent que du gris, peuvent apparaître et disparaître en un clin d’oeil, et ne sourient jamais), nos nabots relocalisés entretiennent des relations apaisées avec leurs longilignes colocataires, le commerce entre les deux peuples leur bénéficiant mutuellement.

Le cadre étant planté, Idenkor enquille sur le récit à proprement parler, qui met aux prises un honnête artisan de son propre clan, joaillier réputé à des lieues à la ronde, à un mystérieux client Aelf, lui ayant commandé une parure de gemmes d’eau, pierres aussi rares que dispendieuses, qu’il compte offrir comme cadeau de mariage à sa dulcinée. Alf (appelons le comme ça) lui ayant remis les pierres en question, mais pas la moitié du paiement de la prestation, que notre honnête artisan lui demandait d’avance, ce dernier prend tout de même le risque d’honorer la commande, appâté par la commission promise par son client en cas de livraison rapide. Dudu (appelons l’autre comme ça) se met donc à l’ouvrage sans tarder, et ne ménage ni les efforts, ni les dépenses pour mener sa tâche à bien dans les délais impartis, allant jusqu’à emprunter aux usuriers de la Confrérie du Granit pour financer l’entreprise.

Malheureusement pour Dudu, sa ponctualité n’est pas récompensée à sa juste mesure, son commanditaire ne se présentant pas pour règlement et enlèvement le jour convenu (arguant sans doute d’une rupture de caténaire sur la ligne U, comme c’est pratique). Les journées passant sans qu’ Alf ne donne signe de vie (et ce malgré le rétablissement du jour de carence dans la fonction elfique), la situation de Dudu va en s’agravant, ses prêteurs insistant lourdement pour qu’il rembourse sa dette, dont les intérêts vont croissant, menaçant notre pauvre nain d’une faillite rapide s’il ne parvient pas à se faire payer incessamment sous peu. Aussi, lorsqu’une missive d’excuse trouve mystérieusement le chemin de sa table de nuit, l’enjoignant d’apporter la parure dans une crique dérobée à proximité de la cité Aelf à la nuit tombée le lendemain en échange du paiement promis, Dudu n’a guère d’autre choix que s’exécuter. Flairant néanmoins une entourloupe, il prend soin d’emporter sa pétoire de service, et de se faire suivre à distance par sa vendeuse, pareillement armée, pour couper court à toute traîtrise elfique.

Rendu sur le lieu de l’échange pétrole pactole contre nourriture belle parrure, Dudu n’a pas à attendre longtemps avant qu’Alf ne rapplique, et ne tente de lui extorquer son bien sans bourse délier, promettant que le paiement sera laissé par sa promise sur la plage une fois la qualité de l’ouvrage contrôlé par cette dernière, et enjoignant notre artisan à faire retraite dans l’intervalle. Pas né de la dernière pluie, Dudu refuse tout net, et signifie à son client indélicat la rupture de leur contrat de confiance, au grand désespoir de l’escroc. Alors qu’il se prépare à repartir pour Barak Gorn, la fiancée d’Alf sort de l’onde amère telle la Venus de Boticelli, et, en bonne Idoneth Deepkin qu’elle est, fait main basse sur les diams et sur l’âme de Dudu, dont le tir de semonce ne fera pas le poids face à la fourberie elfique. Laissé pour mort sur la plage abandonnée, légume parmi les coquillages et crustacés, Dudu est ramassé par sa vendeuse, et comate quelque temps avant que le conseil de déontologie local ne décide l’arrêt des soins. Pas du genre à se laisser émouvoir, la confrérie du Granit insiste malgré tout pour que l’emprunt souscrit par le macchabée soit honoré, et saisit donc toutes les possessions matérielles de feu Dudu, en plus du sac d’or laissé par Mr et Mme Alf en dédommagement du travail fourni.

C’est sur ces entrefaites qu’Idenkor retourne à Barak Gorn, et apprend le tragique trépas de Dudu, qui se trouvait être son frère. Décidé à obtenir vengeance, il passe la décennie suivante à intenter des actions en justice aux Aelves pour tromperie agravée et nanicide volontaire, jusqu’à ce que l’affaire soit réglée une fois pour toute aux Prudhumanoïdes, et que le conseil des Anciens l’enjoigne de passer à autre chose, ce qu’il fait, contraint et forcé. Reste que notre stoïque Duardin garde en son coeur une rancoeur tenace envers les Aelves, dont Maesa et Shattercap ont fait les frais depuis leur arrivée à la Serre Impudente (ou quelque chose comme ça). C’est d’ailleurs à ces derniers qu’Idonrak intime de prendre la parole après lui, afin d’apprendre à la compagnie comment cette paire mal assortie s’est retrouvée constituée, ce que Maesa, beau prince (c’est triplement le cas de le dire), accepte de faire. La chuite au prossain épisode !

Haley sert à nouveau la soupe bière dans ce second récit, dont les apports en termes de background (qui aura cependant toutes les chances de ne trouver d’écho dans aucune autre publication – c’est l’inconvénient de placer son récit dans un univers virtuellement « infini » : chacun peut faire ce qu’il veut de son côté –) et la narration maîtrisée compensent, en partie, la platitude de l’intrigue. Bien qu’il ne soit jamais vain d’instruire le lecteur de la perfidie des oreilles pointues, qui ne manqueront pas une occasion de rouler leur prochain dans la farine de lembas, et que l’inclusion des Deepkin à l’intrigue permet d’en apprendre (un tout petit peu) plus sur la faction SS1 d’AoS, l’intérêt de cette soumission s’avère au final très limité. Son positionnement en ouverture de ce deuxième numéro d’Inferno! en fait un amuse-bouche convenable, et pas désagréable, mais guère plus. Si on me permet une prédiction, je n’ai pas de grands espoirs pour les deux prochains épisodes non plus, qui verront, sauf retournement de situation et téléportation de Stormcast Eternals dans l’auberge, Maesa et Pludu Quasque (ce nom !) narrer leur propre histoire. J’espère tout de même que Guy Haley réussira à donner à son feuilleton une conclusion satisfaisante, qui devrait emprunter de chacun des récits des voyageurs et assembler ces éléments disparates en une proposition cohérente, si la pastiche se veut être fidèle au modèle original. Les paris sont ouverts.

1 : Comme Sea Shepherds, hein. À quoi vous pensiez ?

The Thirteenth Psalm – Fehervari [40K] :

The Thirteenth PsalmFehervari entraîne le lecteur dans les pas du Chapelain Castigant Bjargo Rathana, du Chapitre des Angels Penitent, alors que ce dernier médite gravement devant une rédaction des plus compliquées. Non pas que le brave Bjargo passe son bac blanc de français et ait fait l’impasse sur le commentaire composé et la dissertation : il s’agit pour lui de trouver la bonne approche pour mettre hors d’état de nuire une relique impie, le miroir d’Athazanius, qui, à sa grande honte, a été façonné par ses prédécesseurs, au temps où les Angels Penitent s’appelaient encore Angels Resplendent.

Narré sous forme de flashbacks « centripètes » (se rapprochant de plus en plus de l’instant présent, qui voit Rathana rire de se voir si beau en ce miroir), The Thirteenth Psalm nous embarque dans une expédition de la Compagnie de l’Absolution, bande de joyeux drilles ayant fait voeu d’écumer la galaxie à la recherche des oeuvres d’art dispersées par le Chapitre à l’époque où l’option Craftbooking/Macramé/Flûte à Bec était obligatoire dans le cursus des aspirants, et cherchant ainsi à racheter les moeurs dissolues de leur confrérie, tant aux yeux de l’Empereur qu’à ceux du mystérieux Martyr Immortel, sorte de Calvin puissance 40.000, ayant récemment réalisé une OPA hostile sur Malpertuis (le monde chapitral des Angels), et convaincu les Astartes que l’art, c’était mal1. Incarnation vivante, et odoriférante (serment de sainte craditude oblige2) du nouveau converti zélé, Bjargo Rathana était un des artisans les plus doués des Angels Resplendent avant la Purge, ayant depuis laissé son passé de sculpteur de pierre derrière lui, pour devenir Chapelain Castigant, membre de la Couronne d’Epines, instance dirigeante des Angels Penitent, et patron de la Compagnie de l’Absolution.

Ayant localisé ce fameux miroir sur le monde glacé d’Oblazt, dont la proximité avec le Golfe de Damocles et l’empire bleuâtre qui s’y love (nan, je ne parle pas d’Ultramar) a généré une insurrection en bonne et due forme contre l’Imperium, Bjargo emmène une poignée de ses hommes à la surface de la planète pour une mission de déménagement un peu spéciale. La glace en question étant devenu la propriété de la Konteza Esseker, sorte d’Elisabeth Bathory du 41ème millénaire, et jamais la dernière pour organiser une orgie décadente dans son petit F666 de Zakhalin, sobrement nommé le Foyer de la Concupiscence (la Villa Sam’Suffit étant déjà prise par les voisins de gauche), Bjar Bjar Inks et ses potes optent pour le porte-à-porte, et sont rapidement plongés dans un dédale chaotique… à tout niveau. Malgré l’absence de la maîtresse de maison et l’état de décomposition avancée de tous les invités de la dernière petite sauterie organisée par Mam’ Esseker (plus adepte de la cryogénisation et de l’éviscération de crémaillère que de sa banale pendaison), les Anges trouvent malgré tout à qui parler, c’est à dire à eux mêmes, l’ambiance délétère, les motifs psychédéliques du lino de la salle de bain, et peut être la maléfique influence du fantôme de la Konteza, ayant rapidement raison de la raison du frère Veland, dont l’écart de conduite coûte la vie à deux de ses compères (Laurent3, prude puceau, et Salvatore, brosseur à sec impénitent) avant que Bjargho unchained ne se déchaîne, puis enchaîne sur la rédaction (nom du rituel de fracassage d’une œuvre d’art) en elle même.

Ebranlé dans sa foi par la corruption expresse d’une de ses charges, ainsi que par la duplicité de certains de ses frères d’armes, ayant poursuivi leurs activités artistiques extra-scolaires malgré l’interdiction formelle du conseil de classe (fourberie en partie démasquée par le miroir d’Athazanius, qui a le pouvoir de révéler la vérité profonde à celui qui le regarde) Rathana vacille dans ses certitudes. Si la Compagnie de l’Absolution, et jusqu’à l’élite du Chapitre, la Garde des Epines elle-même, comptaient des brebis galeuses, n’est-ce pas la preuve de l’échec patent des Chapelains Castigant à purger le passé des Angels Resplendent ? Ne devrait-il pas épargner, au moins temporairement, cette relique pour sonder la pureté de Angels Penitent, et exposer les tartuffes et les hypocrites au grand jour ? Mais s’il endosse l’habit du juge des consciences de ses frères, ne doit-il pas d’abord s’assurer que lui-même, autrefois pécheur parmi les pécheurs, est désormais exempt de toute tache ? C’est sur cette question lourde de conséquences que se termine The Thirteenth Psalm, alors que Rathana déclipse arrache le masque de fer rituel qui lui couvrait le visage et lève les yeux vers le miroir d’Athazanius afin de prendre la mesure de qui il est vraiment.

N’étant pas familier des travaux de Peter Fehervari, malgré une bibliographie BL déjà conséquente, cette nouvelle m’a très agréablement surpris. Rare en effet sont les auteurs à réussir à rendre intéressant leurs « histoires de Space Marines », pour mettre un nom – certes simpliste – sur cette catégorie de soumission typique du catalogue de la maison d’édition de Nottingham. La faute a une tendance aussi lourde que répandue à tout miser sur des scènes d’action généralement peu inspirées, sans chercher à donner un peu de contexte et de profondeur aux actions des surhommmes en armures énergétiques obligeamment convoqués par l’auteur, et dont le nom, le Chapitre et les motivations sont trop souvent aussi interchangeables que les charnières du XV de France sous le mandat de Jacques Brunel (il y a de fortes chances que cette comparaison vieillisse mal – comme Jacques Brunel – mais puisque cette chronique a été écrite pendant un tournoi des VI Nations calamiteux, autant que les avanies bleues servent à quelque chose). Dans l’histoire récente de la BL, ce fut ainsi la pénible saga Silver Skulls de Sarah Cawkwell (Hammer & Bolter) qui eut le douteux privilège de faire vivre ce genre ô combien casse-gueule, sans grand succès d’ailleurs. Loin de sombrer dans les mêmes poncifs éculés, Fehervari signe un travail des plus intéressants, qui pourrait bien réconcilier les lecteurs les plus blasés de la BL (dont votre humble serviteur fait partie) avec le protagoniste Adeptus Astartes. Comment s’y est-il pris ?

Tout d’abord, en prenant soin de doter sa confrérie génétiquement modifiée d’un background aussi riche qu’intrigant. Je ne connaissais pas les Angels Resplendent/Penitent avant de commencer The Thirteenth Psalm, et je ne sais pas s’il s’agit d’une création originale de Fehervari, ou d’une remise à jour d’un obscur bout de fluff, mais force est de constater que ces petits gars ont un historique des plus intéressants. Un Chapitre Space Marines qui préfère se dédier à la création artistique plutôt qu’à la destruction aveugle ? Ma foi, pourquoi pas ? Ce sont des descendants de Sanguinius après tout, Primarque esthète et progressiste s’il en était (le contraire eut été étonnant de la part d’un psyker mutant, ceci dit). Une purge initiée par un mystérieux prophète, dont on ne sait pas bien pour le moment s’il s’agit d’un véritable saint ou d’un suppôt des Dieux Sombres en mission d’infiltration (et c’est ça qui est bon !), et qui a transformé les préraphaélites en philistins obtus et intolérants ? En voilà une riche idée ! J’ajoute que le concept de la Compagnie de l’Absolution, Monuments (Uber)Men d’un genre un peu particulier, est une jolie trouvaille, qui fait écho aux honteuses tribulations des Dark Angels à la recherche de leurs sales secrets de famille. Un schisme quasi certain, mais tenu secret, entre les Penitent pur jus et Resplendent reformés (d’autant plus que le Maître du Chapitre n’était pas sur Malpertuis au moment de l’arrivée du Martyr Immortel, et qu’il risque de ne pas aimer du tout le virage pris par ses ouailles si/quand il reviendra au bercail), chacun étant persuadé de la justesse de sa cause et de l’hérésie de ses adversaires ? Je signe des deux mains. Ajoutez à cela un nappage considérable de détails fluff sur l’histoire des Angels avant et après leur épiphanie forcée, et vous obtenez du Space Marine de littérature sur-choix. Je n’hésiterai même pas à dire qu’il y a des Chapitres au pedigree bien plus impressionnant que les Angels Resplendent/Penitent qui s’avèrent être au final bien plus fades à voir évoluer que ces petits nouveaux, c’est dire.

En plus de cela, on peut reconnaître au gars Peter une maîtrise consommée de l’écriture de nouvelle, ce qui ne gâche rien. Certes, ce n’est pas du Lovecraft ou du Maupassant, mais force est de constater que le type mène sa barque avec autorité et distinction. On comprend sans équivalence possible que Fehervari a choisi de livrer sa version de la maison hantée (ce qui est déjà un accomplissement quand on connaît la tendance du contributeur moyen de la BL à balancer des idées sans se donner la peine de les déployer de manière sérieuse), et il se tient à son cahier des charges de manière appliquée, mais pas scolaire, pour un résultat convaincant. L’utilisation de la narration en flashback, la bonne exploitation « cinégénique » (lirez et vous comprendrez) des caractéristiques du miroir de l’Etirév, et la conclusion sur un cliffhanger bien posé, sont autant de « complications littéraires » venant enrichir l’expérience de lecture, pour un résultat que j’ai trouvé captivant d’un bout à l’autre. J’espère donc que cet arc narratif se poursuivra dans les années à venir, par nouvelles, novellas ou romans interposés, afin que nous puissions avoir le fin mot de l’histoire tragique des Angels Penisplendent.

1 : Et pourtant, on ne peut écrire Astartes sans « art ».

2 : Il a fait voeu de ne jamais laver ou entretenir son matériel jusqu’à la fin de sa pénitence (ce qui le rapproche de ce bon vieux Reinez des Crimson Fists, tel que décrit par Ben Counter dans sa série Soul Drinkers)… because of reasons. L’odeur doit être suffisante pour faire fuire les vaisseaux mondes Eldars à des années lumières à la ronde.

3 : Oui, il s’appelle vraiment comme ça. Et sur un million de Marines, il y a fort à parier qu’on puisse aussi trouver des frères Norbert, Polycarpe et Jean-Kevin.

Spiritus in Machina – Parrott [40K] :

Alors qu’il stasait douillettement sur sa borne de recharge chromée, et se repassait pour la 679ème fois l’intégrale d’Algorythme, Code et HTTP (le reboot d’Amour, Gloire et Beauté en C++), le skitarius Alpha Primus Seven-Cyclae est brutalement remis en fonction et reprend connaissance au milieu d’un fouillis innommable, au milieu duquel flotte un servo-crâne didacticiel. Cyclae – qui, étant fort probablement constitué d’une base organique masculine, a amplement mérité le surnom de Cycla-men – a à peine le temps de processer le briefing sommaire que l’obligeant drône osseux lui débite quant à la situation dans laquelle l’Arche du Magos Explorator Aionios se trouve actuellement, qu’il lui faut accompagner l’enceinte Bose qui lui sert de chaperon jusqu’au cœur du vaisseau, où son intervention expresse est demandée.

Sa mémoire interne ayant été largement corrompue pendant son hibernation (c’est ça aussi de ne pas renouveler son abonnement Mcafee Mcaldor et de passer sur Avast pour économiser trois bouts de chandelle !), Cyclamen en est réduit à emboîter docilement le pas à son nouveau meilleur ami, constatant sur le chemin le menant vers sa nouvelle affectation les dégâts importants subis par l’Arche. Son sens du devoir chevillé au corps imprimé dans ses systèmes le pousse à ne pas s’éterniser sur les signes, pourtant visibles et de plus en plus nombreux, que Nonosse, au bout duquel se trouve Aionios en personne, ne lui raconte pas toute la vérité1, et Petunia, en bon petit soldat de titanium qu’il est, se fraie bon an mal an un chemin jusqu’à sa destination finale, malgré une gravité capricieuse, une rencontre avec The Mechanical Centipede et des pourparlers infructueux avec une bande de techno barbares superstitieux.

Arrivé sur place avec quelques voyants au rouge et moins de 2% de batterie, Rhododendron reçoit un ultime briefing de la part de son boss, qui consiste à rebooter le réacteur plasma primaire2, rebrancher un câble intranet sur le PC d’Aionos, et aller se jeter dans la borne de collecte D3E la plus proche une fois la session de travail ré-ouverte. Malheureusement pour l’Admin’, les indices d’une forfaiture probable envers le dogme de l’Omnimessie se font trop visibles, et les sous-entendus satisfaits trop récurrents, pour que Géranium continue à se masquer la webcam, et il finit par découvrir le pot aux roses, ou la carte mère : Aionos a fricoté avec une technologie Xenos pour devenir transcendant, tel Johnny Depp dans le film de Wally Pfister. Blasphème ! Hérésie ! Erreur Système Critique ! Pétunia ne veut pas tremper dans la magouille du Magos, et décide sagement de reformater toute l’installation avant que l’obsolescence programmée ne le rattrape, au grand déplaisir d’Aionos, qui ne peut cependant pas faire grand chose pour l’en empêcher, du fait des maigres capacités coercives du servo-crâne moyen. Cette tâche menée à bien, Chrysanthème envoie le rapport de plantage de rigueur à Firefox afin de prévenir Mars des errances de son boss, et se met en veille avec le sentiment du devoir bien accompli. 01010100 01101000 01100101 00100000 01100101 01101110 01100100 00101110.

Exemple typique de la nouvelle à twist final pauvrement exécutée, Spiritus in Machina est grandement desservie par une intrigue totalement cousue de fil blanc. En soit, cela aurait pu être un moindre mal si Parrott avait cherché, et réussi, à exploiter d’autres éléments narratifs incorporés dans sa nouvelle, plutôt que de mettre tous ses bits dans le même paquet. Entre la dangerosité intrinsèque du vaisseau déglingué dans lequel Cyclae doit évoluer, la présence d’amalgames mécanico-chaotiques à bord (sans que Parrott ne se donne la peine de justifier comment ils sont arrivés là, ce qui est loin d’être évident car Aionos est davantage un Xenarite qu’un membre du Mechanicum Noir), ou la régression culturelle et technologique des descendants des rebelles (Cyclae étant éveillé après plus de deux siècles d’affrontement entre Aionos et ses opposants), ce n’étaient pas les pistes qui manquaient. Las, Parrott ne consacre que quelques lignes à chacune, préférant se concentrer sur la laborieuse réalisation par notre skitarius qu’il y a des fichiers corrompus dans le royaume du Danemark, ce que tout lecteur normalement constitué aura deviné à la troisième page du récit. Au final, ce mash up 40Kesque de Passengers et 2001, L’Odyssée de l’Espace, avec Cyclae dans le rôle de Laurence Fishburn et Aionos dans celui de Hal 9000, ne s’avère donc que d’un intérêt très limité.

1 : À commencer par cette inscription à l’extérieur de l’armurerie, écrite par un serviteur agonisant avec son sang (ou son huile de vidange), et indiquant Aio’ m’a débrancher Cave spiritus in machina, soit « attention à l’esprit de la machine ». Binaire, vous avez dit binaire ? Comme c’est binaire.

2 : Comme quoi, même dans les ténèbres d’un lointain futur, c’est toujours la question « Avez-vous essayé de rallumer votre PC ? » qui résout 80% des problèmes.

From the Deep –  Fenn [AoS] :

From the DeepUne chose que l’on ne peut pas retirer à l’univers d’Age of Sigmar par rapport à Warhammer Fantasy Battle, c’est l’étendue bien plus vaste qu’il couvre en termes strictement géographiques. Avec ses huit royaumes mortels, les portails et la dimension du Chaos en sus, et jusqu’aux Séraphons qui squattent le cosmos, il n’y a pas de risque d’empiéter sur les plates bandes du voisin, pour peu qu’on veuille s’en donner la peine. Si on ajoute la dimension temporelle à l’équation, les possibilités, déjà vastes, se trouvent encore démultipliées jusqu’au vertige, ce qui devrait permettre à chacun de trouver encrier à sa plume, même (ou surtout) aux petits nouveaux de la BL, dont la maîtrise de l’historique de la franchise n’est peut-être pas optimale (tout le monde ne s’appelle pas Josh Reynolds). C’est sans doute pourquoi que Jaine Fenn a décidé de nous entraîner dans le lagon de la Mer des Serpents du royaume de Ghyran pour son galop d’essai en terre sigmarite, à la rencontre du mystérieux peuple des algues que l’on nomme les Néréïdes.

Notre héroïne, Kelara, occupe la noble fonction de maraîchère des forêts de kelp et gardienne des bancs de nektons qui s’y ébattent joyeusement, et tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes royaumes si les hordes du Chaos, encore elles, n’avaient pas décidé de poursuivre leur campagne d’extinction de masse dans un nouveau milieu, après avoir consciencieusement ravagé le littoral. Notre candide Néréïde a ainsi la désagréable surprise de découvrir un VRP vérolé à sa porte un beau matin, tenant mordicus à lui vendre une séance d’acupuncture à base de lance rouillée, ce à quoi Kelara est plutôt opposée. Déconfit par ce refus, le scion de Nurgle se répand en invectives, puis en nuage de corruption, après que Kelara, à qui il ne faut pas baver longtemps sur les branchies, lui ai fait goûter à sa propre médecine. À son grand ennui, ces épanchements ont pour effet immédiat de faire crever une partie non négligeable de ses plantes vertes, et elle s’empresse de prêter secours à ses ouailles, toutes également importunées par des Blightkins trop insistants pour leur propre bien. Cette première vague gérée, Kelara réalise qu’elle se retrouve en première ligne de la guerre de la Vie, et se mue alors en général aussi enthousiaste qu’inepte1.

Gardant un œil attentif sur les activités ennemies à la surface, Kel’ tente également de convaincre ses cousins des profondeurs, spécialistes de l’élevage de serpents marins d’un fort beau gabarit, de rejoindre le combat, avec de très maigres résultats. Surprise en pleins pourparlers avec les voisins du dessous par le cri de douleur déchirant d’Alarielle, qui s’était alors cognée le petit orteil dans une racine qui dépassait du sol (comprendre que ça a dû lui faire très mal sur le coup, mais qu’il ne s’est strictement rien passé de grave dans les minutes, heures et jours qui ont suivi pour la gent Sylvaneth), Kelara remonte en catastrophe dans les eaux du lagon et décrète la mobilisation générale… et pas grand chose d’autre. Ou comment perdre une journée. Un peu plus tard, elle doit gérer une crise d’un genre particulier, lorsque la surface de la Mer des Serpents se met soudainement à geler sur plusieurs mètres, emprisonnant et broyant les malheureuses Néréïdes ayant eu la mauvaise idée de traîner dans le coin à ce moment. Persuadée d’une manigance de l’ennemi2, Kelara envoie des patrouilles se renseigner sur les actions de ce dernier, et découvre que les Blightkins ont tiré parti de ce soudain âge polaire pour confectionner des Nurglaçons, qu’ils larguent dans les eaux internationales pour poursuivre leur travail de sape. Avec succès, car, comme Fenn le note, Kelara n’a aucun moyen de lutter contre ces cacatovs d’un genre particulier. Sale guerre que celle-ci.

Un peu plus tard, et bien décidée à reprendre l’offensive, Kelara dévoile une nouvelle facette de son caractère : une couardise pathologique. Cherchant désespérément à se rendre utile, notre héroïne voit en effet son heure de gloire poindre à l’horizon, sous la forme d’une petite bande d’Hommes-Bêtes occupée à faire une bataille de boules de neige sur la banquise. Confiante dans le fait que ses forces sont quatre fois plus nombreuses que l’adversaire, que celui-ci ne les a pas vu arriver, et qu’elles disposent d’armes de jet pour débuter les hostilités sur la bonne nageoire, Kelara se retrouve tout de même prise en flagrant délit de fuite éperdue, après que le Gor désarmé qu’elle attaquait par surprise ait réussi à lui arracher sa lance des mains. On ne peut pas gagner à tous les coups.

Cette escarmouche malgré tout remportée par les forces de l’Ordre, Kelara emmène ensuite ses sœurs à la rescousse d’une petite force de leurs cousins Sylvaneth branchus (à défaut d’être branchés), livrant bataille à une horde chaotique non loin de là. D’abord chaude comme la braise à l’idée de se joindre au combat, Kelara voit son trouillomètre monter dans les tours à la vue de l’ost ennemi, et ne réussit à sauver la face que grâce à la rencontre fortuite avec un des Stormcast Eternals combattant aux côtés des militants de CPNT, qui l’informe obligeamment que lui et ses camarades effectuent une action d’arrière garde pour permettre à la Lady of Vines (Dame des Rameaux ?) de porter le cuir dans l’en-but adverse Alarielle sous sa forme de cosse jusqu’au portail des royaumes le plus proche. Toujours une à fuir le combat dès qu’une occasion se présente, Kelara s’empresse de fausser compagnie aux braves Stormcasts, dans le but avoué d’aider la suite divine à parvenir à bon port.

La promenade de santé tourne toutefois au parcours du combattant lorsqu’un trio de serpents de mer corrompus par le Chaos décide de littéralement briser la glace avec les défenseurs d’Alarielle, confondant certainement cette dernière avec une cacahouète. L’occasion pour Kelara, capitaine Albacore, de prouver sa valeur ; ce qu’elle fait avec zèle, à défaut d’efficacité. En même temps, personne n’a jamais stoppé un cachalot berserk en lui lançant des cure-dents (ce qui est la stratégie choisie par notre général-nul-issime), tenez-le-vous pour dit. Malgré tout, notre héroïne parvient à triompher de l’adversité en transperçant le cerveau de la bête furieuse avec sa lance… qui se trouve être faite d’une dent de serpent de mer. Anatomiquement parlant, cela m’a semblé tiré par les écailles, à moins que le serpent de mer moyen tienne autant du smilodon (pour la longueur des dents) que du brontosaure (pour la taille du cerveau), mais passons.

Durement éprouvée par cette bataille des plus épiques, Kelara se réveille entourée de ses sœurs survivantes, qui lui demandent des nouvelles d’Alagraine, perdue de vue au cours de l’esclandre. Tirant parti de sa connexion 4G (comme Ghyran), Kelara arrive à localiser le précieux chargement, qui continue sa route vers la terre (haha) promise. Et c’est sur cette consultation de traqueur GP que From the Deep se termine. Non ? Si.

Vous l’aurez compris au ton adopté pour cette chronique, cette nouvelle ne m’a guère convaincu. N’ayant rien lu de Mme Fenn jusqu’à présent, que quelques recherches m’ont permis de considérer comme un écrivain SF établi, et donc normalement capable de raconter une histoire de façon satisfaisante, je n’ai pas trouvé mon compte dans From the Deep. Outre le fait que l’héroïne de l’histoire passe son temps à nager en rond en faisant soit des conneries, soit preuve d’une pleutrerie assez étrange au vu de la faction à laquelle elle appartient, on n’apprend finalement pas grand chose d’intéressant sur l’historique d’Age of Sigmar à la lecture de cet opus, ce qui est tout de même rédhibitoire pour un univers aussi jeune et en besoin de cadrage que celui-ci. La « création » d’une sous faction Sylvaneth (je n’ai pas trouvé trace de Néréïdes ailleurs dans le fluff), qui plus est assez proche dans l’esprit de la nouvelle race, cette fois-ci officielle, des Idoneth Deepkin ne m’a pas semblé des plus opportunes, car potentiellement porteuse de confusion à un moment où les mots d’ordre devraient plutôt être la clarification et concentration. Je vois d’ailleurs l’actuelle prédominance des Stormcast Eternals dans le corpus Age of Sigmar comme l’expression de cette logique, qui fait sens même si elle peut s’avérer pénible pour le lecteur. Bref, à ne briller ni par son approche, ni par son exécution, From the Deep ne peut logiquement revendiquer, et recevoir, qu’une appréciation des plus moyennes. Try again, Jaine.

: Reconversion ratée qui se devinait d’ores et déjà dans la décision pleine de bon sens qu’elle avait prise d’armer ses Néréïdes en prévision d’une attaque… mais de stocker toutes les armes dans une caverne éloignée des forêts de kelp, laissant ses soeurs totalement dépourvues quand les pesteux furent venus. Astounding move.

: Alors que pas du tout, il s’agissait d’une manoeuvre des suivants d’Alarielle pour faciliter et accélérer son extraction vers le Portail le plus proche. Après le feu ennemi, on est donc en présence du concept de « glace amie », la chute brutale du thermostat ayant coûté la vie à quelques ondines.

Faith in Thunder – Charles [AoS] :

Pour ses débuts au sein de la Black Library, Robert Charles choisit d’emmener le lecteur à la rencontre d’un Royaume (Ghur) et d’une faction (les Ogors) guère pratiqués par ses petits camarades de plume jusqu’ici, ce dont on peut lui en savoir gré.

Prisonnière d’une bande de brutes nourrissant une passion dévorante pour les jeux du cirque, notre héroïne, le sergent Niara Sydona de la garde de Concordia (une des cités des gens libres du royaume de Ghur), commence la nouvelle en vis à vis d’un croc de sabre malingre et grincheux, et animé d’intentions peu amicales envers sa personne. Un lundi habituel en somme pour Niara, dont l’occupation des derniers jours à consister à divertir ses geôliers en combattant contre quelques specimens choisis de leur ménagerie. Une fois Gros Minet transformé en croquettes, Niara est autorisée à passer au self et à rejoindre ses quartiers, où l’attendent le reste du casting de Faith in Thunder : son comparse Lothran Horst, ultime survivant de la patrouille dirigée par la donzelle au moment de l’embuscade Ogor, une mercenaire Kharadron délestée de sa ferraille, et une armoire glasse à la zénitude consommée (maître yogi 13ème Bambou), ce qui ne l’empêche pas de tataner sans sourciller tout ce qui a le malheur de lui tomber sous la masse, comme le troll qui était décidé à en faire son dîner ne tarde pas à le découvrir à ses dépends1. Notre colosse, Valruss de son prénom, n’a qu’un défaut : son individualisme forcené, qui le conduit à refuser de coopérer avec le plan d’évasion fomenté par ses compagnons d’infortune, à la raison qu’il considère avoir mérité son sort de gladiateur, et doit expier le déshonneur d’avoir survécu alors que tous ses compagnons ont péri lors d’une précédente bataille contre les forces du Chaos.

À ce stade de l’histoire, il ne fait guère de doute que Valruss est, non pas l’Egg Man (pas plus que les Ogors ne sont les Egg Men), mais badum tss goo goo g’joob, un Stormcast Eternal disgracié, comme il le reconnaît à demi-mot à une Niara qui tentait malgré tout de convaincre le meilleur guerrier de leur petite bande de rejoindre leur projet de mutinerie, en vain. Cette fin de non recevoir polie mais ferme adressée, Valruss ouvre grand ses chakras et enchaîne sur un Parivrttaikapada Shirshasana boudeur, signifiant à sa groupie que l’entretien est terminé, et renvoyant Niara, non pas à ses chères études, mais au limage des barreaux de sa cage en vue de la mise en exécution prochaine de son plan. À nouveau désignée par les Ogors pour descendre dans l’arène le lendemain, notre héroïne trouve cette fois à qui parler en la personne d’un Yéti très tactile, et, si elle parvint finalement à s’en défaire au prix de quelques ecchymoses et fractures, doit composer avec la boulette de Horst, dont les efforts peu discrets pour se désincarcérer finissent par attirer l’attention du maton. Malgré l’intervention généreuse de la naine de garde, qui se fait feminicider à coup de trique pour sa peine, nos deux loustics voient leurs rêves de grands espaces se réduire à peau de chagrin, et sont convoqués par le Tyran en personne pour s’expliquer de ce comportement inadmissible.

Alors que Horst finit collé (au mur de l’arène par un revers de merlin Ogor ayant fait perdre une dimension à sa cage thoracique) pour sa peine et que Niara s’attend au même traitement dans les meilleurs délais, un éclair très vénère s’abat sur l’arène, que les Gnoblars de la tribu avaient semble-t-il construits à partir de cagettes et de futs d’essence, car il prend immédiatement, totalement et irrémédiablement feu. Sursis bienvenu pour M’zelle Sydona, mais véritable épiphanie pour Valruss, qui décide que c’est Sigmar en personne qui a zappé le campement Ogor, et interrompt sa méditation pour accélérer la réincarnation du Tyran en esquirgot (un progrès !), d’une estocade bien sentie. Notre propos se termine dans le campement sommaire que Valruss a installé à quelques distances des ruines du bivouac de feu les suppôts de la Gueule, où il promet à Niara de l’accompagner jusqu’à Concordia afin qu’elle puisse accomplir le grand destin qu’il lui pressent, tandis que lui retournera à Azyrheim pour reprendre du service après son congé sabbatique. Il faut bien cotiser pour sa retraite.

Petite nouvelle sans prétentions, Faith in Thunder aurait pu être franchement sympathique si Charles avait davantage exploité les pistes qu’il ne fait qu’esquisser dans son propos. Qu’il s’agisse du fluff des cités libres, de celui des Kharadron, ou de la culture Ogor dans l’univers d’Age of Sigmar, le lecteur pourra en retrouver quelques bribes parsemées au détour des lignes, mais guère plus que cela. Même le sujet qui semble être le centre de l’intrigue, à savoir la déchéance morale d’un Stormcast Eternal, ce qui constitue une forme de rébellion de sa part contre la volonté de Sigmar, même sous couvert d’une pénitence volontairement recherchée, est traité de manière superficielle par Robert Charles, qui fait de son Valrrus un exégète kéraunique au raisonnement des plus nébuleux. Ne reste donc que quelques scènes de baston peu mémorables à se mettre sous la dent, ce qui n’est pas lourd, ni vraiment gratifiant pour le lecteur. Tu peux mieux faire, Robert.

1 : Et ce n’est que justice, car comme le dit l’immortel adage : don’t feed the troll.

What Wakes in the Dark – Drake [40K] :

Affecté à la surveillance de la zone tampon séparant l’Imperium des sinistres Etoiles Fantômes, le sergent Achairas du Chapitre des Death Spectres est sujet à un rêve humide1, qui le pousse à rejoindre la station de recherche de Thirsis 41-Alpha, afin d’investiguer sur les raisons du silence de mauvais augure qui frappe le lieu depuis quelques semaines. Faisant équipe avec l’Inquisiteur Senerbus Astolyev de l’Ordo Xenos et le Magos Explorator Vemek, dont la coopération a permis la mise en place de la station, Achairas a tôt fait de se rendre sur place en compagnie de son escouade et des VIP susnommés, afin de tenter de tirer les choses au clair.

Accueillie par les cadavres mutilés d’une bonne partie du personnel de la station, la fine équipe se perd en conjonctures explicatives et suppositions érudites à même de justifier ce massacre, jusqu’à ce qu’elle tombe dans une embuscade de techno-adeptes un peu trop fans d’Edward au Mains d’Argent au goût de notre taskforce, qui administre aux faquins la paix de l’Empereur avec une brutale efficacité. Cette péripétie permet en tout cas de lever un peu le voile de mystère entourant Thirsis 41-Alpha, les scions corrompus du Mechanicus ayant tous le nom de Llandu Gor aux lèvres (ou aux enceintes, pour les plus tunés d’entre eux). Si on ajoute à cela que la joint venture Mechanisitoriale avait pour mission de percer à jour les secrets d’une construction Xenos vieille de plusieurs millions d’années et constituée d’un métal disposant de capacités auto-régénératrices d’un grand intérêt technologique, il ne fait plus guère de doute pour le lecteur avisé que vous êtes qu’Achairas et Cie ne vont pas tarder à goûter à la proverbiale hospitalité necrontyr, reconnue à sa juste valeur à travers toute la galaxie.

Malheureusement pour nos héros, la mauvaise couverture wifi du secteur de Tharsis les empêche de checker le Lexicanum en temps et en heure, et c’est sans plus d’informations qu’ils pénètrent à l’intérieur de la structure Xenos, cherchant à comprendre la cause de l’activité électromagnétique croissante qui est reportée sur leurs auspex. Accueillis par des ténèbres stygiennes, des dimensions non-euclidiennes, une décoration d’intérieure très clivante, et une gardienne Canoptek aussi insaisissable que tranchante dans ses interventions, les Impériaux doivent de plus composer avec des tensions de plus en plus fortes entre Astolyev et Vemek, le premier soupçonnant le second d’avoir trempé dans l’usurpation de son compte admin, utilisé de manière frauduleuse pour autoriser l’entrée des équipes de recherche dans la structure nécron. Bien que jurant sur le processeur du Fabricateur Général (le serment le plus grave qu’un suivant de l’Omnimessie puisse faire) qu’il n’y est pour rien, Vemek a tout de même trouvé plus prudent de suivre l’expédition par servo-crâne interposé, et ses remarques admiratives à propos du potentiel technologique Xenos, tout autant que son insistance à capturer des spécimens de Roomba V3-Kρον qui semblent servir de service d’entretien2, contribuent à jeter le trouble sur les véritables allégeances du Magos renégat.

Au terme d’une descente éprouvante, les survivants débouchent sur ce qui ne peut être décrit que comme la salle du réacteur, et doivent se rendre à l’évidence : l’édifice était une tombe, la tombe était un vaisseau spatial, et le vaisseau spatial est sur le point de décoller. Résolu à empêcher ce qu’il considère – à raison – comme une nouvelle menace pour l’Imperium de partir folâtrer dans les plates-bandes de Pépé, Achairas convainc l’Inquisiteur de lui prêter la grenade vortex que ce dernier avait intelligemment emmené avec lui (dans le pire des cas, ça peut servir à déboucher les chiottes de l’appart’ d’un pote, et s’éviter ainsi une conversation gênante) et de remonter à la surface pour organiser la riposte de l’Imperium contre ce menaçant OVNI, pendant que lui et ce qu’il reste de son escouade mèneront un baroud d’honneur pour tenter de casser le joint de culasse, saboter la courroie de transmission, sucrer le réservoir, ou tout autre moyen menant à l’immobilisation du véhicule suspect. Cette juste répartition des tâches est toutefois compliquée par l’arrivée impromptue de Vemek et ses skitarii, fervents adeptes de la méthode douce en dépit du peu de succès qu’elle a rencontré jusqu’ici. Ce qui doit arriver arrive, et notre triumvirat impérial implose dans la joie et la bonne humeur, sous le regard inexpressif mais certainement interloqué des Nécrons qui se rassemblent non loin pour mettre fin à la fête.

Laissant Astorlyev et Vemek régler leur querelle de couple de leur côté, Achairas tente une relance depuis ses 22 pour apporter sa sainte grenade en terre promise, bien que les trombes d’eau lui faisant office de bande son indiquent clairement que sa tentative a peu de chance de réussir3. Stoppé dans son élan par un raffut brutal assené par le Seigneur Nécron de garde, le Death Spectre a le chagrin de périr son devoir non accompli, sa grenade s’avérant au final n’être qu’un vulgaire litchi. De son côté, Astorlyev réussit à émerger du tombeau en compagnie de la dernière de ses goons, ayant eu la satisfaction de carbiner au passage Vemek le vil. Profitant de la relative léthargie du croiseur Xenos, qui s’extrait pesamment de sa gangue de roche, l’Inquisiteur parvient à regagner le vaisseau qui l’attend en orbite de Tharsis 41-Alpha, et s’éclipse sans tarder afin d’apporter la mauvaise nouvelle au Segmentum Ultima : they are back.

Soumission plus qu’honorable pour l’ami Drake, qui n’avait pourtant pas choisi la facilité en combinant deux des partis pris les plus tartes à la crème de la littérature 40K : l’utilisation de Space Marines (qui plus est, d’un Chapitre relativement peu connu) comme protagonistes d’une part, et l’exploration d’une Nécropole Nécron d’autre part. Bien que What Wakes In The Dark ne soit pas une expérience littéraire marquante, ce n’est pas non plus le fiasco que tout lecteur familier du catalogue de la BL était en droit de redouter, au vu des nombreuses nouvelles d’un niveau médiocre ayant tenté de capitaliser sur l’un ou l’autre de ces hypothèses au fil des ans. Bien que l’on n’échappe ni aux scènes de baston « Astartes Approved » (efficacité brutale : check ; supériorité par rapport aux humains normaux : check ; capacité à endurer des blessures mortelles : check ; perte occasionnelle pour montrer que l’ennemi est très dangereux : check ; bravoure suicidaire du héros : check), ni au schéma classique d’une excursion dans un sépulcre necrontyr (Phase 1 : « On va se faire un fric dingue avec ces reliques ! » ; Phase 2 : « C’est quoi cette lumière verte qui s’allume tout d’un coup ? » ; Phase 3 : « Macragge, nous avons un prob- »), l’inclusion par Drake d’éléments annexes venant enrichir son propos permettent à ce dernier de sombrer dans l’océan de platitudes bourrino-grimdark dans lequel tant de contributions précédentes ont coulé corps et bien. Citons par exemple la large place dédiée au fluff des Death Spectres, Chapitre de la Fondation Maudite dont le système de gouvernance et la philosophie morbide sont autant d’aspects distinctifs, et donc intéressants, par rapport aux hordes de confréries vanilles bénéficiant de temps à autre d’un coup de projecteur de la part de la Black Library. Autre bon point : la fragile alliance entre un Inquisiteur radical et un Magos renégat, qui permet d’ajouter une dimension thriller au récit lorsqu’il devient évident que l’intérêt des deux parties n’était pas aussi partagé qu’il n’y paraissait. Enfin, l’utilisation du virus Dépeceur du côté des Terminators comateux vient donner une (légère, mais bienvenue) profondeur supplémentaire à ces derniers, dont la sempiternelle perfection mécanique se trouve battue en brèche par les effets débilitants du cadeau d’adieu de ce mauvais joueur de Llandu’Gor. Bref, une nouvelle très correcte pour notre rookie, qui devrait servir à l’instruction des prochaines promotions des bébés BL, histoire de leur montrer comment réussir une « figure imposée » se déroulant dans les ténèbres d’un lointain futur, où il n’y a que la guerre des histoires de Space Marines.

1 : La culture des Death Spectres, confrérie de surhommes passablement pessimistes, voire nihilistes, est profondément marquée par la Rivière Noire d’Occludus (leur monde chapitral), qui sépare les vivants des morts. Le fait que le bureau du Maître du Chapitre se trouve du « mauvais » côté du fleuve est révélateur du rapport très sain que les Spectres entretiennent avec le concept de mortalité. Lorsque leur fin approche, ou lorsqu’une situation potentiellement mortelle se présente, les membres du Chapitres entendent distinctement couler la Rivière Noire au fond de leur esprit.

: Avec autant d’efficacité que leurs contreparties humaines, à savoir qu’ils passent leur temps à tourner en rond en se percutant, et à déplacer la poussière matière d’un point A à un point B au lieu de l’aspirer proprement. Il y a des problèmes si complexes que même les C’Tan ne peuvent les résoudre.

3 : Fun fact : Depuis qu’un problème de fuite d’une chasse d’eau du dortoir des Néophytes Death Spectres a conduit au suicide d’une promotion entière d’aspirants, ayant cru à tort que leur dernière heure était arrivée, le Menrahir a fait installer des toilettes sèches dans la forteresse chapitrale.

Solace – Lyons [40K] :

Séparés du reste de leur régiment et coupés de la civilisation après un accrochage avec des Exodites Eldars refusant obstinément d’évacuer leur ZAD, le Garde de Fer Maximillian Stürm et les survivants de son escouade errent dans la jungle de Silva Proxima, à la recherche d’un endroit sûr pour passer la nuit. Coup de chance pour nos bidasses bien éprouvées, elles tombent au détour d’un bosquet sur un cadavre de Zoneille pendu à une branche (ce qui fait chaud au cœur), signe irréfutable que des gens de bonnes et saines mœurs ne sont pas loin. Et en effet, c’est le petit village de Solace qui se dresse dans une clairière toute proche, bastion d’irréductibles colons résistant encore et toujours à l’envahis… à non, c’est vrai, ce sont eux les envahisseurs. En tout cas, les Solaçois ont semble-t-il trouvé un moyen de tenir en respect leurs acariâtres voisins, ce qui intrigue nos Mordians, mais ne les décourage pas d’accepter l’hospitalité gracieusement offerte par le Magister Gideon Lymax, shérif en titre de la communauté.

Amenés au saloon local pour se remettre de leurs émotions, nos héros font la rencontre de deux autres figures d’importance, le Vieux Jerebeus, qui donnait sa fête d’adieu au même moment, et la jeune Alyce, candide et blonde fillette adoptée par Solace après le décès prématuré de ses géniteurs. Quelque peu fatigués par la dure journée qu’ils viennent de vivre, et ne pouvant de plus pas boire pendant leur service, les Mordians décident d’aller se pieuter sans tarder, et se séparent en deux groupes : les valides avec Stürm, tandis que le Sergent Kramer, blessé par un tir de boule de pétanque « shurikenée », est accompagné à l’office du médecin de Solace par le garde Zolansky (Stürm, Kramer, Zolansky… Mordian, c’est le Märkisch-Oderland en fait). Malgré la fatigue, Max n’arrive pas à trouver le sommeil et décide d’aller rôder en ville pour tenter de percer le secret de la potion magique ayant permis aux habitants de Solace de tenir en respect les Eldars.

Peu habitué aux missions d’infiltration, il se fait toutefois gauler en quelques minutes par une Alyce elle aussi en vadrouille (le couvre-feu est un concept assez vague pour les bonnes gens de Solace), et fermement renvoyé repasser sa capote et cirer ses godillots par un Lymax pas dupe des motivations de son remuant invité. Nullement découragé par ce premier échec, Stürm réussit à localiser l’infirmerie pour faire part à ses camarades de ses suspicions, mais ne peut que constater la disparition de son sergent et le décès de Zolansky (dans les films allemands, c’est toujours les Polonais qui meurent en premier, c’est connu), avant de devoir défendre sa vie contre une bande de Solaciens résolus à garder leurs secrets intacts. Capturé après une brève algarade et placé en cellule de dégrisement, notre héros apprend de la bouche de Lymax que les Mordians vont être utilisés par les locaux dans le cadre d’un pacte mystérieux, expliquant la subsistance du village dans une jungle grouillante d’Eldars. À l’aide d’un chantage au suicide savamment orchestré (vous ne pouvez pas me tuer si je suis déjà mort, na !) et d’un nœud de galère réalisé avec art, Stürm parvient à tromper la vigilance de l’adjoint, et sort de sa geôle à temps pour assister au rituel des Solaçais, avec Kramer dans le rôle du dindon de la farce. À chaque nouvelle lune, un sacrifice doit en effet être réalisé pour renouveler la protection dont bénéficie Solace, et l’arrivée des hommes en bleu de GDF a offert un sursis bienvenu aux candidats au suicide altruiste, le Vieux Jerebeus en tête.

Réalisant qu’il n’a aucune chance de réussir à libérer son supérieur des intentions homicidaires d’une centaine de villageois avec un chargeur de seulement 6 balles (on ne plaisante pas avec l’option maths sur Mordian), il se résout à offrir une mort digne à Kramer… mais le rate. Pas le temps de recharger qu’Alyce, décidément insomniaque, lui tombe sur le râble. Entre le Garde de Fer et la fluette fillette, le combat est bien sûr inégal, l’un des deux se révélant être un psyker de haut niveau. Avant qu’Alyce ne puisse lui sortir le coup du lapin (blanc), Stürm réussit toutefois à ajuster un tir fatal, avec des conséquences aussi définitives pour la mutante, qui passe de l’autre côté du miroir l’arme à gauche aussi sec, que pour le reste des habitants de Solace, soudainement à la merci des intentions monkeighcides des Eldars, qui n’attendaient que ça pour payer à leurs chers voisins une visite de courtoisie. Dans le chaos qui s’ensuit, Stürm arrive trop tard pour sauver son sergent du couteau de Jerebeus, qui voulait voir si l’opération avait une chance de réussir sur un malentendu (avec le Warp, on ne sait jamais), et se prend un pruneau dans le buffet pour la peine. Mis en joue à son tour par un Lymax peiné par la tournure prise par les évènements (on le serait à moins), Max ne doit son salut qu’à l’intervention fortuite d’un surineur Exodite1, laissant notre héros libre de se frayer un chemin jusqu’à ses camarades survivants, et laisser Solace à son triste destin. Il faut choisir ses combats.

Soumission 40K mâtinée de western et de rednecksploitation2, Solace est une variation intéressante proposée par Lyon au format classique de la nouvelle BL, comme The Shadow in the Glass (Hammer & Bolter #16) l’avait été quelques années plus tôt, sur un autre registre (le fantastique pur). Plus que son intrigue (facilement résolue par le lecteur un tant soit peu averti), ses personnages (tous plus ou moins stéréotypés, y compris Alyce, la triplette Apex perdue) ou ses apports en termes de fluff (assez limités), c’est donc son atmosphère particulière qui fait le charme et l’intérêt de cette petite mignardise littéraire, dont Lyons s’avère être un pourvoyeur régulier.

1 : Sous la plume de Lyons, les Zoneilles bénéficient d’une animation à 40K FPS, les rendant quasi indétectables à l’œil nu pour de simples humains. De l’initiative 4 de film d’action !

2 : Le nom de Solace – réconfort – est d’ailleurs sans doute un clin d’œil à Deliverance ­­– …vous allez trouver, je vous fais confiance – , film culte de John Boorman sorti en 1972, dans lequel un quatuor de citadins doivent composer avec une nature et des natifs hostiles lors d’une expédition en canöe.

Ties of Blood – Crisalli [AoS] :

Ties of BloodSavrian, Seigneur du Chaos inféodé à Slaanesh, emmène une petite bande de ses plus fidèles lieutenants dans une opération d’infiltration à haut risque, dont le but n’est autre que la libération de son fils Verigon, kidnappé alors qu’il n’était qu’un bambin joufflu, par un chef Maraudeur servant le Dieu du Sang (Chogorath). Localisé bien des années plus tard par le réseau d’espions de son père, qui entre autres choses règne sur le royaume de Sarn, nommé d’après un mythique ancêtre ayant très bien connu la déesse disparue, Verigon languit dans une cellule du Bastion de la Poussière Rouge, état de fait intolérable pour notre flamboyant héros, qui malgré des défauts certains, possède une véritable fibre familiale. Escorté de sa concubine plus qu’à moitié démoniaque (Cirine), son bras droit (Issaya) et sa moucharde en chef (Yeneya), Savrian pénètre donc dans les ténèbres de la forteresse de sa Nemesis, dont la petite entreprise de pillage à domicile a fructifié au fil des ans, et fait de Chagorath un propriétaire foncier au dessus de tout soupçon (en même temps, les soupçons de trois mètres, il n’y en a pas des masses).

Cette petite virée dans le quotidien de ses ennemis tutélaires donne à Savrian, esthète sûr de sa force mais laissé amoindri par une tentative d’empoisonnement fomentée par un rival, l’occasion de constater le fossé qui sépare l’homme de l’animal, tant il est vrai que les bipèdes bestiaux et malodorants qui servent de suivants au Chag’ ne peuvent être considérés comme des individus à part entière. Ce jugement fât est toutefois relativisé lorsqu’après la promenade de santé qu’a constitué la pénétration (hmmmmm) des niveaux inférieurs du bastion, Savrian and Cie finissent par libérer le fils prodigue, qui, au lieu de tomber dans les bras de son paternel avec reconnaissance, préfère lui tomber sur le râble avec un hachoir rouillé. L’ingrat. La crise d’adolescence, sans doute. Dérouté par cet accueil des plus froids, Savrian – qui a potassé son Dolto avant de venir – tente de raisonner son fiston et réussit presque à lui faire lâcher son coupe-chou, quand les retrouvailles familiales sont interrompues par l’arrivée importune de Chogorath et de ses sbires. Père beau et beau-père (moche) ne pouvant s’accorder sur un régime de garde partagée, le maître des lieux insiste pour que l’affaire soit tranchée de la seule manière qu’un disciple de Khorne puisse le concevoir : un combat à mort dans une arène gorgée de sang.

Guère impressionné par les hordes de berserkers que Chogorath lui sert en apéritif, qui d’écervelés passent à décervelés sous la caresse de Malicette, son sabre enchanté (pas du nom qui lui a été donné, si vous voulez mon avis), Savrian réalise rapidement que la plus sûre façon de pouvoir prendre congés du cloaque visqueux dans lequel il est en train de ruiner ses mocassins à pampilles en cuir de Cocatrix, son fiston sous le bras, et sans devoir percer la rate (ce qui est plus fun que de graisser la patte) de tous les Khorneux de la place pour ce faire, est de triompher du Choggoth en combat singulier. Quelques piques savamment envoyées suffisent heureusement à convaincre la brute que son honneur ne peut être lavé que par le sang, sans doute parfumé, du monarque de Sarn, et nos deux Elus débutent donc leur duel au milieu de la gigantesque mêlée ouverte qui s’est emparée de l’arène. Après quelques réglages de bon aloi, et malgré la « descente » subie à la dissipation des effets fortifiants de l’infusion verveine réglisse consommée au début de sa mission, Savrian finit par venir à bout de son butor d’ennemi, et entraîne femme et enfant à la plage, où l’attend le navire qui l’a amené sur place.

Satisfait de la tournure prise par les évènements, et planifiant déjà une prochaine offensive sur le Bastion du regrettable Chogorath, promettant une prochaine extension de son royaume, aux dépends de cette brutasse de Khorne qui plus est, ce qui ne gâche rien, Savrian est tiré de ses douces rêveries par une série d’évènements incommodants. Tout d’abord, sa chère Cirine lui sert une crise de jalousie fort déplacée, arguant que le ralliement de Verigon à sa cause ne serait qu’un calcul de la part du cher bambin. La mijaurée. Puis c’est au tour de Verigon de s’y mettre, en égarant sa hache dans le torse de sa belle mère alors que Savrian avait le dos tourné. Le garnement. Enfin, et pour ne rien arranger, notre père aimant finit la nouvelle avec un rein et trois litres de sang en moins, lui aussi victime des espiègleries d’un Verigon décidément très taquin, et peu enclin à attendre plus longtemps que nécessaire pour hériter du royaume familial (surtout que l’on a tendance à être immortel du côté paternel), pour lequel il a de grands et sanglants projets. Le rejeton était un faux jeton ! Tout d’un coup très fatigué, et blâmant les effets de ces saletés de perturbateurs endocriniens, nous disons adieu à Savrian alors qu’il s’apprête à tirer sa révérence avec l’élégance d’un Seigneur de Slaanesh, à peine attristé par l’absence persistante de sa chère divinité, qu’il aurait pourtant tant aimé revoir avant de redevenir glitter (car la poussière, c’est pour les ploucs, darling). Que voulez-vous, les divas savent se faire désirer, c’est ainsi.

Cette première soumission de Jamie Crisalli est une des nouvelles les plus abouties se déroulant dans l’univers d’Age of Sigmar qu’il m’ait été donné de lire, ce qui ne représente à l’heure actuelle qu’une douzaine de travaux, mais se doit malgré tout d’être souligné. Mieux que la majorité de ses condisciples, Jamie a en effet su tirer parti des caractéristiques les plus intéressantes de ce nouvel univers, pour proposer un récit fortement ancré dans ce dernier, sans avoir, pour une fois et c’est heureux, recours à la sempiternelle figure du Stormcast Eternal pour estampiller sa soumission AoS. Ici, c’est tout « simplement » l’utilisation d’un Seigneur du Chaos civilisé, opposé à d’autres suivants des Dieux Sombres bien moins éduqués et cultivés que lui-même, qui place d’emblée le lecteur dans un cadre bien différent de celui du Monde qui Fut. Tout à son opposition entre Chaos et civilisation, Warhammer Fantasy Battle n’avait ainsi que très rarement fait dévier son archétype du Seigneur chaotique du mono-maniaque de la destruction, ne rêvant à rien d’autre qu’à l’annihilation du Vieux Monde. Les motifs pouvaient à la limite légèrement différer d’un affreux Jojo à l’autre, mais tous les Elus des Fab Four, période Vieux Monde, étaient des adeptes convaincus de la tabula rasa. À l’inverse, le Savrian de Crisalli est lui un gouverneur et un gestionnaire, ce qui ne l’empêche pas d’être totalement dévoué à Madame S. Rien que ce changement, que l’on pourrait regarder comme mineur mais qui est pourtant fondamental, suffit à faire de Ties of Blood une lecture intéressante.

À côté de celà, Crisalli met en scène plutôt habilement quelques oppositions d’ordre philosophique, s’appuyant pour l’occasion sur les différences entre Slaanesh et Khorne. Civilisation contre sauvagerie, donc, mais également famille contre individualisme, ou aristocratie contre mérite personnel, sont autant de thèmes questionnés par l’auteur sur fond de nouvelle d’heroic fantasy, ce qui reflète un certain niveau de réflexion au moment de l’écriture. Ajoutons enfin que les personnages de Jamie Crisalli se révèlent beaucoup complexes, et donc intéressants que les suivants des Dieux Sombres lambdas, et vous aurez encore une raison de parcourir Ties of Blood1 avec un a priori positif. En sa qualité de protagoniste, c’est bien entendu Savrian qui retient le plus l’attention, l’investissement émotionnel envers ses proches dont il semble véritablement capable, jusqu’à la jalousie la plus puérile dans certains cas, contrastant fortement avec les trésors de sadisme et de cruauté gratuite que l’on est en droit d’attendre de la part d’un Elu de Slaanesh. On pourrait d’ailleurs se demander si le libre arbitre dont semblent disposer les disciples de cette dernière, par rapport aux autres Dieux du Chaos, Khorne en tête, ne pourrait pas être lié à sa disparition actuelle. À creuser, à débattre, à argumenter. En tout cas, c’est toujours intéressant de voir des personnages prendre un peu d’épaisseur par rapport au stéréotype leur servant de « moule », ce que Crisalli a plutôt réussi avec son flamboyant Sevrian.

Bref, un premier jet plus que digne d’intérêt, qui donne envie d’en lire plus dans les mois à venir, et peut-être de découvrir si le mioche Verigon a réussi à son entrée dans la haute société de Sarn.

1 : Ce titre est d’ailleurs à double sens. Parle-t-on des liens du sang d’un point de vue figuré ou littéral ?

The Turn of the Adder – Stearns [40K] :

Turn of the AdderStupeur et tremblements au sein de la Cabale du Lotus Acéré (Bladed Lotus1). Leurs alliées Cérastes du Labyrinthe de Jade ont soudainement fait défection pour rejoindre les rangs des disciples du nouveau Dieu des Morts Eldar, les privant des bénéfices promis par la vente des prises de leurs derniers raids (laisser les femmes marchander pour obtenir les meilleurs prix, ça marche aussi chez les Drukaris) en plus de les faire passer pour des abrutis auprès du tout Commoragh. Le ridicule étant une arme de destruction massive dans la société Eldar Noir, le patriarche de la CLA, K’Shaic, n’a d’autre choix que de déclarer une vendetta expresse et définitive contre les nouvelles converties afin de laver dans le sang l’impardonnable affront. Il peut compter pour celà sur le soutien aussi inconditionnel qu’intéressé – les deux n’étant pas incompatibles – de ses deux fils, Qeine et Naeddre, dont la pas si saine que ça rivalité pour obtenir ses faveurs et se placer en pôle position pour lui planter un klaive dans le dos est une source d’éternel amusement pour le vieil Archonte. Chargeant les deux garnements de libérer le chemin de la place forte ennemie en prenant les deux garnisons défendant l’accès à cette dernière, K’Shaic embarque sur son trimaran de combat et donne rendez-vous aux frangins sur le champ de bataille.

Optant pour le benjamin (Naeddre), Stearns entraîne le lecteur à la suite de ce dernier et de ses troupes alors qu’ils partent à l’assaut des positions Ynnari. Ne pouvant rivaliser avec la richesse, l’influence et le prestige de ses père et frère, Naed’ a choisi de se démarquer en devenant un caïd de banlieue, chevauchant un surf custom à la guerre et recrutant ses suivants parmi la mauvaise société (mais y en a t-il une bonne ?) Drukhari, Hellions en tête. Ces fréquentations plus que limite ne l’empêchent pas de prendre assez facilement pied dans le périmètre ennemi, où il a la surprise de rencontrer des cousins BCBG d’un Vaisseau Monde voisin, venus apporter leur aide aux Cérastes en leur heure de besoin. Ayant proprement trucidé une petite escouade de Rangers dont l’erreur aura été d’amener un fusil de sniper à un combat au couteau, Naeddre constate bientôt, non pas une perturbation dans la force, mais une fadeur suspecte de l’âme de ses victimes, en partie siphonée par une source inconnue avant qu’il n’ait pu en tirer la substantifique moelle. Bizarre autant qu’étrange.

Un peu plus loin, notre punk à Khymeræ, rejoint tant bien que mal par un trio d’Incubes agissant comme ses chaperons sur ordre de son père aimant méfiant, se fait embusquer par un Scorpion Foudroyant prêté lors du mercato d’été par le FC Karandras, dont le prosélytisme manifeste épargne à Naeddre de commencer sa partie d’1 2 3 Slaanesh de manière prématurée. Visiblement plus intéressé par le recrutement d’un jeune cadre dynamique comme notre héros au bénéfice de sa cause que par des préoccupations bassement matérielles telles que la victoire ou la survie, l’affable Scorpion pousse même la gentillesse jusqu’à s’empaler sur sa propre épée tronçonneuse pour démontrer par l’exemple et l’absurde qu’Ynnead est bien capable de capter les âmes de ses suivants avant que la Goulue ne puisse y planter les crocs. Fort aimable de sa part, n’est-ce pas ? Convaincu par cette démonstration imparable, Naeddre, qui entendait lui aussi des voix depuis quelques temps, décide qu’il est temps pour lui de faire son com(moragh)ing out et décrète la fin des hostilités contre les Ynnari, exécutant au passage le dernier Incube financé par son paternel, estimant avec raison que ce dernier n’allait certainement pas approuver son choix2.

La suite et fin de The Turn of the Adder voit Naeddre et ses gangers prendre les forces caballites à revers, ce qu’elles apprécient moyennement, n’en déplaise à la culture populaire et aux blagues potaches des Primaris, au cri de « L’avenir appartient aux Aeldari ». Fureur et balbutiements de la part de K’Shaic, qui n’avait pas vu le coup venir et dégaine sa sandale (électrique) pour corriger le galapiat. Les choses manquent de mal se passer pour notre héros, violemment tasé pendant la passe d’armes et laissé plus tremblant qu’un oscillographe parkisonien par l’expérience, mais son éloquence enfiévrée et son attitude badass ont heureusement convaincu l’une des sous fifres de l’Archonte de rejoindre sa cause, avec des conséquences fâcheuses pour l’intégrité physique de ce dernier. À K’Shaic, à K’Shaic, à K’Shaic ? Aïe aïe aïe. Vainqueur par KO, mais n’ayant pas réussi à empêcher son frère de lui piquer la moitié de la cabale dans l’opération, Naeddre devra désormais trouver les meilleurs moyens de servir sa nouvelle cause, mais ceci est une autre histoire…

Ayant abandonné depuis longtemps le suivi régulier des évolutions du fluff via l’ingestion des parties background des suppléments de jeu publiés par GW, je suis personnellement reconnaissant à Stearns de contribuer à me maintenir un tant soit peu aux prises avec les bouleversements frappant le Sombre Imperium depuis quelques décennies. L’ascension des Ynnari, entre autres choses, m’était ainsi passée au dessus de la pierre esprit, ce qui, avec le recul apporté par la lecture cette nouvelle et de quelques articles du Lexicanum, était plutôt dommage en raison du potentiel fluffique et narratif de cette faction de Zoneilles « unifiés ».

Le principal mérite de The Turn of the Adder est ainsi selon moi de poser et de répondre à deux questions cruciales pour tous ceux s’intéressant un tant soit peu à la condition Eldar au 41ème millénaire, à savoir : « tous les Aeldari ont-ils entendu l’appel d’Ynnead ? », et « est-on sûr que ce nouveau Dieu n’est pas un bon gros clickbait de Slaanesh pour se goinfrer d’âmes candides ? ». Même si le statut de rookie de Stearns doit inciter le lecteur à ne pas graver dans le marbre la vision qu’a JC de ces problèmes, force est de constater que sa démonstration est plutôt convaincante, ce qui est suffisant pour justifier une lecture « académique » de cette nouvelle. À côté de ça, les quelques détails fluff Eldars Noirs à grappilller dans le texte ne gâchent rien non plus, tout comme le potentiel héroïque de Naeddre, qui vaut largement celui d’Yvraine, la nouvelle tête de gondole des personnages nommés Eldars. Affaire à suivre…

1 : Fun fact : Cette cabale tire son nom et sa réputation de cruauté de l’idée de son premier Archonte de dissimuler des lames de rasoir dans les feuilles du papier toilette utilisé par ses ennemis.

2 : Et il fait bien de tirer avant de discuter, au vu du faible niveau rhétorique du gorille en question, adepte décomplexé du « c’est celui qui dit qui y est ». Pathétique.

No Honour Among Vermin – Werner [AoS] :

No Honour AMong VerminMembre d’un commando d’élite missionné par le Prophète Gris Nezslik pour lui rapporter une cloche démoniaque1, dont les actuels propriétaires, une petite congrégation de cultistes de Khorne, n’étaient pas disposés à se séparer, même contre tout le cheddar de Vile Ville, le rat à tout faire Fylch Tattertail doit composer avec un certain nombre d’aléas venant compliquer une mission pourtant pensée dans ses moindres détails. Ayant pris soin de repérer les lieux en prévision de leur casse, les skavens ont beau connaître sur le bout des griffes les horaires et le déroulé des offices, au cours desquels un bien heureux fidèle a le privilège de servir de snack au démon clochard (formule adaptée, autant en profiter), et bénéficier de l’avantage de la surprise, de la préparation et de la puissance de feu, le proverbial grain de sable qui semble poursuivre la noble race des hommes rats dans toutes leurs entreprises ne manque pas de se matérialiser avec volupté dans l’engrenage bien huilé des manigances de Fylch & Cie. Crotte-zut.

Pour notre héros, cette poisse persistante s’exprimera par un corps à corps mal négocié avec les gardes du corps de Cloclo, permettant au prêtre suppléant (le titulaire ayant du s’excuser suite à une balle de jezzail prise en pleine poire un peu plus tôt) de mettre le précieux carillon en sécurité dans un sarcophage enchanté avant d’être victime d’une combustion spontanée, ce qui obligera Fylch a un crochetage express et en mode contre la montre dudit caisson, sous le regard sévère et sanguin du technomage en charge de l’opération (Skowl Scorchpaw). Il lui faudra ensuite transporter la future cloche à fromage de Nezslik jusqu’au point de collecte le plus proche, en évitant soigneusement de la faire vibrer, le pope Khorne officiant dans icelle étant un glouton patenté, ne sachant pas dire non à un petit gueuleton sur le pouce, dès lors qu’on le sonne.

Pour les camarades de Tattertail, tous des experts dans leurs disciplines respectives, les conséquences seront malheureusement bien plus graves et définitives : incident de tir explosif pour le tireur d’élite, masque à gaz défaillant pour le globadier, rat incendiaire trop collant pour le dresseur, trahison bête et méchante pour le gros bras de service et le géo trouve-tout de la bande, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que Fylch et son patron pour se partager le butin promis par leur puissant commanditaire. Ayant trempé de près ou de loin dans tous les regrettables « accidents » ayant fauché ses braves camarades dans la fleur de l’âge (pour un skaven, c’est 5 mois et 20 jours), à la demande expresse d’un Scorchpaw guère partageur, Fylch ne nourrit guère de doute sur le destin qui l’attend s’il laisse le technomage aux commandes de l’opération. Fort heureusement, notre héros est un rat plein de ressources, et comme on dit au Conseil des Treize, « passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe rira bien le rat qui rira le dernier ».

Werner et les skavens, c’est une affaire qui roule depuis maintenant des années, et ce sympathique No Honour Among Vermin ne vient pas déroger à la règle. Peu d’auteurs de la BL ont en effet pris la mesure des particularités de nos chers hommes rats comme C. L. l’a fait, ce qu’il démontre de manière magistrale dans cette nouvelle au rythme enlevé, et – c’est à signaler – absolument pas connotée Age of Sigmar (jugez un peu : ni Stormcast, ni Royaumes, ni portails… rien que des Khorneux bas du front contre des skavens astucieux), au point que j’en viens à soupçonner la récupération d’un travail écrit avant la disparition de WFB, et « habillé » aux couleurs de la nouvelle franchise med-fan de GW. Quoi qu’il en soit, le plaisir de lecture n’en est pas affecté, et c’est bien le principal.

La réussite première de Werner pour cette soumission aura ainsi de mettre en scène de manière probante, à travers l’exemple de l’ingénieux Fylch Tattertail et de ses comparses de l’agence Tooreesk, le quotidien mouvementé de nos ratons favoris, dont on ne sait jamais trop s’ils vivent la pire journée de leur vie (les premiers deux tiers de la nouvelle) ou s’ils sont en maîtrise totale des évènements (la conclusion). La réponse se situe sans doute entre ces deux extrêmes, les sujets médiocres ou malchanceux ne vivant pas assez longtemps pour apprendre de leurs erreurs, tandis que les individus suffisamment retors et intelligents arrivent (presque) toujours à se sortir de situations que le commun des mortels considèrerait comme inextricables. La société skaven, une impitoyable méritocratie ? Vous avez 10 minutes (le temps de lire la nouvelle).

1 : Les skavens et les cloches, c’est décidément une histoire d’amour, quelle que soit la franchise.

Wulfrik (extract) – Werner [WFB] :

On termine ce deuxième numéro avec un rab’ de Werner, dû à la publication récente d’un omnibus rassemblant trois romans écrits par l’homme au chapeau, et dont le point de commun est de mettre en vedette un champion des Dieux Sombres (du temps où Slaanesh n’avait pas été déclaré AWOL et vu sa place du canapé piquée par le hamster de la coloc’). Sobrement nommé Warriors of the Chaos Wastes, l’ouvrage aligne les « spécialisés » Palace of the Plague Lord (2007) et Blood for the Blood God (2008) et le « généraliste » Wulfrik (2010), dont est tiré l’extrait qui est proposé dans ce numéro d’Inferno!

Cet amuse-bouche propose au lecteur de suivre le Nelson Monfort de Norsca dans son quotidien de chasseur de têtes personnel des Dieux du Chaos, mission exigeante à laquelle Wulfrik emploie sa science éprouvée du relationnel pour obtenir des entrevues privées avec les plus select des prospects shortlistés par ses clients (j’écris comme un RH si je veux). Au programme de l’après-midi de ce Jeudi 14 Mars (25)19, un tête à tête avec prise de tête (si tout va bien, c’est Khorne qui recrute) entre notre champion polyglotte et un DG (Directeur Général Dos Gris) Yéti, en plein coeur des Montagnes des Larmes.

Ayant amené avec lui une foule de RRH juniors pour leur apprendre le métier, leur faire porter les dossiers et lui commander des cafés, Wulfrik doit patienter un temps incalculable dans la salle d’attente de son hôte, et endurer sans broncher la climatisation glaciale de cette dernière. Après avoir habilement esquivé une avalanche (de dossiers) et s’être frayé un chemin manu militari à travers un Comex assez agressif, notre super consultant parvient enfin jusqu’à sa target, et parvient, au bout d’un échange (de coups) passionné et engagé, à la convaincre de signer un CDI chez TKNS Corp. À peine le temps de fêter ce nouveau coup d’éclat avec les rookies tenant encore debout (les négos ont vraiment fait rage) lors de l’afterwork de rigueur, qu’il faut déjà partir sur une nouvelle mission, quasi-impossible comme d’habitude (cette fois-ci, on me souffle que c’est Nurgle qui recherche un coach de vie pour perdre ses kilos disgracieux). Il a beau avoir les dents très longues1 et une trop grande gueule pour son propre bien, ce n’est pas un hasard si notre fier Sarl est booké jusqu’à la Fin des Temps. D’ailleurs, ne l’appelle-t-on pas Bond, Vaga Bond, dans le milieu ?

Comme souvent lorsque Werner tient le clavier, le texte proposé en conclusion de ce numéro se parcourt sans problème. Wulfrik fait ce qu’il a à faire, de manière plus fouillée que ce que le dernier Livre d’Armée Guerriers du Chaos décrit, ce qui est bien la moindre des choses (mention spéciale aux insultes en Yéti, du grunt vomi si on suit les didascalies). Le choix de mettre aux prises le capitaine du Seafang avec un adversaire assez exotique, dans un cadre qui l’est tout autant, sont autant d’idées sympathiques à mettre au crédit de Werner. Autre bon point : la galerie de seconds couteaux (ou haches, épées ou arcs, c’est selon) qui accompagne notre baroudeur à mohawk est définitivement haute en couleurs, et devrait s’avérer être intéressante à suivre. Reste que cet extrait présente tout de même un défaut structurel assez génant : il n’expose pas du tout quelle sera l’intrigue du roman qu’il est sensé convaincre le lecteur d’acquérir. Une fois terminé, il n’y a donc pas grand-chose qui donne l’irrépressible envie de claquer la vingtaine (dizaine pour Wulfrik seul) d’euros pour en savoir plus sur les turbulentes tribulations des champions de Werner. Peut-être que les pontes de la BL auraient dû porter leur dévolu sur un autre passage de la geste chaotique du C. L. , mais ce n’est que mon avis.

1 : Littéralement. C’est la seule mutation visible dont il bénéficie, qui renforce encore l’impact de son sourire ultra-bright.

En conclusion, ce fut donc un numéro plutôt qualitatif que celui-ci. La vraie bonne surprise/révélation/confirmation de mon côté reste Peter Fehervari, que je suivrai de près dans le futur, mais la plupart des autres contributeurs ont également su tirer leur épingle du jeu, et notamment, pour les newbies, Jamie Crisalli, Miles A. Drake et J. C. Stearns, pour les raisons assez diverses détaillées ci-dessus. La seule petite déception demeure la soumission de Jaine Fenn, assez indigne au vu de son pedigree et expérience en tant qu’auteur SF, mais tout le monde n’arrive pas à prendre facilement le pli et les codes de la BL, créneau littéraire de niche s’il en est.

Quant à moi, je vous donne rendez-vous au mois de Mai prochain, si tout va bien, pour la poursuite de nos infernales explorations, à l’occasion de la sortie du troisième numéro du magasine. À bientôt !