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Ayhrad von Delfkelheim, der Hexenhammer

La prospérité de l’Empire a toujours a toujours suscité l’admiration de ses alliés et l’avidité de ses ennemis. Plus d’une fois, ces derniers ont lancé leurs armées sur les terres de Sigmar pour s’emparer par la force de ce que leur génie limité ne leur permettait pas d’obtenir par eux-mêmes. Hardes de Fellmen, tribus de peux-vertes, raids de Druchiis ou levée de cadavres animés ne sont que quelques unes des menaces que les armées de l’Empereur ont du repousser au cours des siècles pour protéger les nombreuses richesses amassées par le dur labeur de leurs concitoyens. Toutes ces invasions furent défaites grâce au courage et au sacrifice des soldats impériaux, même si bien des victoires n’eurent de succès que le nom. Parmi ces épisodes tragiques, nul ne fut plus amer que la récente marche des tribus nordiques sur la cité du Loup Blanc, unies en une horde si nombreuse et si féroce que l’on douta longtemps de la survie même de l’Empire.

Sigmar et Ulric n’abandonnèrent pas leurs enfants en cette heure sombre, et Middenheim fut sauvée des armées d’Archaon. Combien d’horreurs furent endurées par les armées impériales et leurs alliées pour que les érudits puissent écrire ces simples mots? Combien de morts et de destructions irréparables? Combien de combats désespérés? Combien d’héroïsme jamais célébré?

Les réponses à ces questions seront données par nos descendants, mais nous autres, contemporains de cette tempête, ne pouvons que panser la blessure du mieux que nous pouvons, sans savoir exactement sa gravité. Beaucoup reste à faire pour guérir la terre et les âmes, et cette noble tâche motive de nombreux individus. Parmi eux se tient la figure sévère d’Ayhrad von Delfkelheim, templier d’Ulric.

Lorsque les armées chaotiques refluèrent vers l’enfer glacé d’où elles avaient émergé, elles laissèrent derrière elles un territoire immense jonché de cadavres et d’équipement abandonnés dans la hâte. Les dépouilles reçurent les attentions des prêtres de Morr ou celles des corbeaux et des vers, et vinrent enrichir la terre noire du nord de l’Empire. Les armes et les armures rouillèrent sous la pluie froide ou furent récupérés pour être fondues et réutilisées. Les étoffes moisirent et le bois pourrit. Cependant, bien des artefacts refusèrent de se plier à la loi de l’entropie, leur aura maléfique corrompant lentement mais sûrement leur entourage.

Quelques semaines après la victoire de la coalition, des rumeurs inquiétantes parvinrent aux oreilles de Boris Todbringer et d’Emil Valgeir. Des sources pures abritaient à présent des poissons monstrueux, des arbres gémissaient sous la cognée des bûcherons, des roches murmuraient avec des voix humaines. La source de tous ces maux insidieux fut bientôt percée à jour, lorsque le comte découvrit une amulette grotesque sous la souche d’un arbre qui s’effondra sur lui alors qu’il se rendait dans un village victime de ces manifestations chaotiques, manquant de le tuer. Todbringer comprit que cette menace encore dormante ne pouvait qu’affaiblir encore sa province si on lui laissait assez de temps pour se développer. En coopération avec Ar-Ulric, il chargea donc des Chevaliers du Loup Blanc de la recherche de ces reliques disséminées sur ses terres afin de permettre le rétablissement de ces dernières. Seuls les plus inflexibles parmi les templiers survivants furent choisis pour mener à bien cette mission ô combien périlleuse, et Valgeir dépêcha auprès de chacun de ces petits groupes un Prêtre d’Ulric afin de s’assurer de la non corruption des chevaliers.

Ayhrad est l’un d’entre eux, reconnu par ses frères pour sa foi absolue dans le dieu des loups et son inflexibilité envers la déviance et la perversion. Sous son regard impitoyable, sa brigade a parcouru le Middenland, l’Ostland et le Nordland, collectant tous les artefacts corrompus mis à jour par leurs efforts. Ayhrad garde ces objets maudits dans un coffre béni par Ar-Ulric lui-même et ne laisse personne s’approcher plus près que l’allonge de sa hache rituelle de cet écrin. Tous ceux qui ont tenté délester von Delfkelheim de son fardeau ont ainsi connu une fin rapide et prématurée.

Ayhrad von Delfkelheim, der Hexenhammer………. 200 pts.
Prêtre-Guerrier d’Ulric, compte comme un choix de héros.

CODE
                                    M CC CT  F  E PV  I A Cd
Ayhrad von Delfkelheim 4   5    5   4  4  2   5 3  8
Destrier                        8   3    3   3  3  1   3 1  6

Armes et Armures : Arme lourde et armure de plates complète

Monture: Destrier caparaçonné

Objets Magiques:

Reliques Maudites: Le coffre que porte Ayhrad est rempli des artefacts impies que lui et ses chevaliers ont collecté durant leur périple dans les provinces envahies par la horde d’Archaon. Grand est leur pouvoir, mais mortel est le danger qu’ils font peser pour les inconscients, et seule la volonté inflexible de l’Hexenhammer est capable de les empêcher de nuire.

Si Ayhrad est tué, il laisse tomber le coffre d’où s’échappent les trésors maudits collectés par ses chevaliers. Placez un pion à la place de la figurine d’Ayhrad. Toute unité dans les 6 pas de ce pion doit réussir un test d’initiative pendant la phase de magie sous peine de subir 1D6 touches de force 4, réparties comme des tirs : le terrain s’anime sous l’effet des reliques.

Règles Spéciales:

La Mission d’Ar-Ulric: La tâche que le maître du culte d’Ulric a confié à von Delfkelheim est aussi dangereuse qu’indispensable, et l’Hexenhammer a donc reçu le privilège de chevaucher en compagnie de la fine fleur des templiers du vieux dieu des loups et de l’hiver.

Si Ayhrad est dans votre armée, vous pouvez y inclure une unité de Chevaliers du Loup Blanc du Cercle Intérieur, qui ne prendra pas de choix d’unité spéciale. Ayhrad doit rejoindre cette unité et ne peut pas la quitter. Il est le seul personnage à pouvoir rejoindre cette unité.

Porteur du Coffre: Ayhrad est si concerné par sa mission qu’il empêchera quiconque d’approcher de son fardeau maudit tant qu’il lui restera un souffle de vie.

S’il relève un défi, il se bat avec tant de hargne qu’il bénéficie d’un bonus de +1 pour toucher et pour blesser. Notez qu’il ne lancera jamais de défi.

Richter Krivtin, le Berger au Marteau

La religion a toujours été une considération importante au sein de l’Empire, et ce depuis les premiers jours. Déjà du temps du héros Sigmar, les différentes tribus humaines que ce dernier réussit à unir adoraient une multitude de dieux, auxquels se sont ajoutés au fil des siècles de nombreuses nouvelles divinités, à commencer par le fondateur de l’Empire en personne. Cette diversité est aujourd’hui à peu près acceptée par tous les sujets impériaux, mais ce ne fut pas toujours le cas, et à bien des reprises, des différences de confession furent à l’origine d’amères et sanglantes luttes entre fidèles.

De part sa position géographique, le Nebelheim est particulièrement concerné par l’épineux problème de la cohabitation des cultes. Sigmar, Ulric et Manaan comptent en effet de nombreux fidèles dans la province, et cette situation aurait pu engendrer de cruels affrontements, comme ce fut le cas ailleurs dans l’Empire. Cependant, et très étonnamment, les chroniques du comté nous informent que ce ne fut pas le cas, et que ces trois religions cohabitèrent toujours de manière assez pacifique. Les raisons de cette exception sont sans doute à chercher dans l’environnement très austère, voire hostile de la province: la vie est en effet assez difficile pour ne pas la compliquer davantage en combattant ses voisins en plus du climat, des Fellmen et des Druchiis.

Toutefois, cette tolérance ne signifie en aucun cas une absence de sentiment religieux parmi les Nebelheimer. Au contraire, ces derniers trouvent dans la religion un réconfort plus que bienvenu, et les différentes Églises et Temples de la province sont des institutions puissantes, ne serait-ce que par le nombre de fidèles qu’ils regroupent. Premier parmi eux vient le culte de Sigmar, dont le siège provincial se situe à Grundwald. C’est ici que sont prises les décisions d’importance pour le culte, et c’est également là que sont formés les Prêtres de l’ordre avant d’être affectés à une paroisse. Ces dernières regroupent en général une demi-douzaine de hameaux dispersés autour d’une communauté de taille plus importance. Le manque de ressource ne permettant pas d’ordonner autant de novices qu’ailleurs dans l’Empire, les Prêtres du Nebelheim ont en charge des zones relativement étendues, et sont constamment en train de voyager d’un hameau à l’autre pour remplir leur office.

Il va sans dire que ces allées et venues constantes sont extrêmement périlleuses à cause de la forte présence des Hommes-Bêtes dans les étendues occidentales de la province, et nombreux sont les prêcheurs à avoir disparu sans laisser de trace. Il n’est donc guère étonnant que l’actuel Diacre de la paroisse de Greidorf, Richter Krivtin, soit, comme tous ses prédécesseurs avant lui, un guerrier endurci. L’orphelin des quais de Wartheim a en effet gardé de ses premières années un caractère farouche et ardent, ainsi qu’une détermination sans faille, handicaps considérables dans l’univers hautement politique et policé des villes, mais qualités inestimables à la survie dans les périlleuses forêts du Nebelheim. Sa nature renfermée et son mutisme naturel ne font pas pas de Krivtin un grand orateur, et ses sermons sont toujours brefs et directs, bien loin de l’éloquence habituelle des ecclésiastiques.

Cependant, ce dernier est aussi fervent que sa fonction le demande, et ce qui n’est pas exprimé par des mots l’est par des actes: son marteau rituel, symbole de sa charge, a ainsi scellé le sort de nombreux ennemis du peuple de Sigmar, et son armure cabossée est noircie du sang des impies.

Stern:

Le statut de Prêtre-Guerrier n’est pas aussi encadré que ceux des autres hommes d’Église, tels que les Diacres et Archidiacres, dont la position au sein de cette gigantesque institution a été codifié très précisément tout au long des quelques vingt-cinq siècles d’existence du culte. Toutefois, tous les Prêtres se plient à certains commandements tacites, comme celui du renoncement à la richesse matérielle. Ainsi, les Prêcheurs errants qui sillonnent les routes de l’Empire possède rarement plus que leur marteau, et le reste de leurs «possessions» appartiennent de fait à l’Église de Sigmar ou proviennent de dons de fidèles, qui les récupèreront lorsque les Prêtres n’en auront plus l’utilité (dans la plupart des cas, après une mort violente).

Krivtin ne fait pas exception à la règle, et son armure, son codex et son cheval lui ont été fourni par la cathédrale de Grundwald, afin qu’il puisse mener au mieux sa mission. Tout cet équipement, y compris la monture, a survécu à plusieurs porteurs. Cette dernière, qui répond au nom de Stern, a ainsi été chevauché par trois Prêtres avant d’échoir à Krivtin. Bien que ces derniers aient tous connu une fin brutale et prématurée au cours de leur mission, Stern s’en est toujours sorti miraculeusement, emportant ses cavaliers morts ou mourants hors de portée de leurs assaillants. Cette histoire est bien connue des paroissiens de Greidorf, qui considèrent que ce cheval a été touché par Sigmar en personne.

Richter Krivtin, le Berger au Marteau………. 120 pts.
Prêtre-Guerrier de Sigmar, compte comme un choix de héros.

CODE

                       M CC CT F  E PV I  A Cd
Richter Krivtin  4   4   4   4  4  2  4  2  8
Destrier           8   3   3   3  3  1  3  1  6

Armes et Armures : arme lourde, armure lourde

Monture: Stern (destrier caparaçonné)

Règles spéciales :
Stern: Ce cheval est considéré comme béni par les paroissiens de Krivtin, et sa capacité à s’échapper sain et sauf des plus furieuses mêlées a sauvé la vie de son cavalier à plus d’une reprise.

Si Krivtin, ainsi que l’unité qui l’accompagne éventuellement, perd un combat et rate son test de moral, vous pouvez jeter un dé de plus pour déterminer votre distance de fuite et écarter le plus bas (une unité de cavalier jettera ainsi 4 dés et choisira les 3 meilleurs, alors qu’une unité d’infanterie en jettera 3 et choisira les 2 meilleurs).

Kitril le Flamboyant (der Eisenmeister)

« Magie et Chaos sont liés de façon inextricable, de la même façon que le sel est mêlé aux eaux de la mer. Utiliser l’une, c’est courir le risque de voir l’autre s’emparer de son âme, un destin indiciblement pire que la mort et l’oubli. »

C’est en ces mots que débute le chapitre:«Des Sombres Pratiques et de leurs Adeptes» du Liber Sigmaris, saint ouvrage utilisé depuis plus longtemps que mémoire d’homme remonte pour l’enseignement des commandements de Sigmar. Ce n’est qu’après la Grande Guerre contre le Chaos que le tabou entourant la pratique de la magie fut levé, et seulement partiellement, lorsque le sauveur de l’Empire, Magnus le Pieux, obtint du grand mage Elfe Teclis qu’il enseigne son art à des humains. Celui-ci commença par refuser, et il ne fut pas le seul: au sein même de l’Empire, bien des voix s’élevèrent contre la volonté du nouvel Empereur, et ce n’est que grâce à son immense popularité au sein du peuple que Magnus réussit à mener à bien ce projet, dont la simple évocation lui aurait à coup sûr valu le bûcher quelques mois plus tôt.

Les sorciers de l’Empire ont depuis prouvé à maintes reprises leur utilité sur le champs de bataille, mais la suspicion à leur encontre est toujours forte, particulièrement dans les régions les plus reculées et les plus rurales de l’Empire, où la peur de Sigmar et de ses impitoyables Répurgateurs reste plus forte que n’importe quel décret de la lointaine Altdorf. Le Nebelheim est une de ces zones, et il n’y est guère étonnant que la province n’abrite que peu de sorciers, ces derniers résidant dans les deux plus grandes villes du comté, Wartheim et Grunwald, et n’en sortant que dans des circonstances exceptionnelles. Un seul magicien rompit cette tradition de réclusion et parcourut la province, offrant son aide aux nécessiteux et distribuant une mort spectaculaire à ses ennemis. Le souvenir du mage Kitril reste ainsi aussi flamboyant dans la mémoire des Nebelheimers que ce dernier l’était de son vivant.

Kitril était le fils d’un forgeron de Wartheim, homme pieux mais également pratique, qui utilisa le don manifeste de son rejeton avec le métal pour son travail au lieu de livrer son enfant à l’examen des autorités religieuses. Toutefois, ce secret fut rapidement éventé, dès lors que le redouté Wolter Lären, Répurgateur de son état, surprit le garçon en train de manipuler à main nue une barre d’acier chauffée à blanc. Kitril fut envoyé le lendemain même à Altdorf pour y suivre l’enseignement du Collège de Magie, pendant que ses parents étaient menés au bûcher pour avoir caché la différence de leur fils aux yeux de la toute puissante Inquisition.

À Altdorf, le fils de forgeron fut rapidement envoyé parmi les mages de Chamon, tuteurs idéaux pour le bouillant Kitril. Toutefois, à la différence de ses professeurs, ce dernier ne s’intéressait qu’aux métaux les plus communs et dédaignait la recherche alchimique, préférant le fracas des hauts fourneaux et des aciéries aux laboratoires enfumés de ses maîtres. À la fin de sa formation, il demanda à être attaché à sa ville natale de Wartheim, et repartit pour le Nebelheim une fois sa requête acceptée. Ce retour fut l’occasion pour lui de découvrir le sort de sa famille, qui lui avait été caché par Lären lors de son départ. Le lendemain de l’arrivée de Kitril à Wartheim, le vieux Répurgateur fut retrouvé mort dans son lit, le cœur brûlé par le marteau d’argent qu’il portait autour du coup. De cet épisode pénible, Kitril conserva jusqu’à la fin de ses jours un profond mépris pour les fanatiques religieux, et pour s’en éloigner le plus possible, il résolut d’exercer ses talents pour les petites gens plutôt que pour les grands de ce monde, trop souvent conseillés par quelque dévot écumant. Il refusa la pension que lui offrait le comte Berthold pour l’attacher à sa cour et quitta la cité le lendemain même.

Kitril passa le reste de sa vie sur les routes, mettant ses compétences de magicien au service de ceux qui croisaient sa route, à l’exception notable des hommes d’Eglise. Sa grande silhouette engoncée dans l’armure de bronze forgée et enchantée par ses soins devint une figure de légende parmi les Nebelheimers, tout comme ses tenues extravagantes et les effets spectaculaires de ses sorts, qui lui valurent le qualificatif de flamboyant. Il participa à bien des batailles aux côtés des milices villageoises et des troupes provinciales, déchaînant ses pouvoirs sur ses ennemis en une tempête multicolore et incandescente, et c’est au combat que la mort le trouva.

Engagé dans une escarmouche avec une bande de guerriers du Chaos en compagnie des hommes de Kieferfrost, il semait la mort parmi les pillards jusqu’à ce que ces derniers, réalisant que le moral des impériaux s’effondrerait s’il arrivait malheur au mage qui les dirigeait, se ruent à l’assaut du sorcier. Kitril, trop vieux pour se garder de tous les coups, fut grièvement blessé, mais réussit malgré la douleur à hurler une dernière incantation, si puissante qu’elle fit instantanément fondre tout le métal dans un rayon de dix toises. Les lourds harnois des guerriers du Chaos se changèrent en tombeaux brûlants, et devant ce revirement, leurs suivants se débandèrent. Kitril ne survécut malheureusement pas pour voir la victoire, son ultime sort n’ayant pas épargné sa propre armure. Après sa disparition, sa légende ne tarda pas à se répandre partout dans la province, donnant naissance à diverses célébrations. L’une des plus répandues parmi les communautés rurales du Nebelheim est de fondre une épée à partir des ustensiles de fer usagés à la date anniversaire de sa mort, comme Kitril aimait le faire pour équiper les cœurs vaillants mais démunis. Cette pratique est bien sûr combattue par l’Église de Sigmar, qui la considère comme beaucoup trop proche de la célébration d’un Saint consacré pour être inoffensive, surtout compte tenu du dédain affiché par le sorcier pour la religion de son vivant.

Kitril le Flamboyant………. 190 pts.
Sorcier de Bataille, compte comme un choix de héros.

CODE
                             M CC CT F  E PV I  A Cd
Kitril le Flamboyant  4   3   3  3  3  2  3 1  7

Armes et Armures : arme de base, Harnois de Bronze Sorcier, Bourdon du Voyageur

Objets magiques :
Harnois de Bronze Sorcier:Peu de sorciers sont à même de pratiquer leur art avec une armure, mais les talents de forgeron et de magicien de Kitril lui ont permis de créer cette cuirasse enchantée, capable de laisser passer les courants de Chamon tout en protégeant son porteur des coups.

Armure légère n’empêchant pas Kitril de lancer des sorts. Ce dernier dispose en outre d’une sauvegarde invulnérable de 5+.

Bourdon du Voyageur: Ce lourd bâton à la tête de fer est une arme à part entière entre les mains expertes de Kitril, en plus de l’aider à concentrer ses pouvoirs

Compte comme une hallebarde au corps à corps. Le porteur peut utiliser un dé de pouvoir de plus que permis pour lancer ses sorts (Kitril peut donc utiliser jusqu’à 4 dés lors de ses tentatives).

Règles spéciales :
Flamboyant: La fascination de l’Eisenmeister pour l’art de la forge l’a poussé à perfectionner certains des enseignements de ses tuteurs des Collèges de Magie… et à en oublier d’autres.

Kitril utilise le domaine du Métal, et connaît toujours les sorts Projection d’Argent en Fusion et Esprit de la Forge.

Le dernier sort de Kitril: La volonté de Kitril est si forte que s’il vient à périr, il emportera le plus d’ennemis possible avec lui.

Si Kitril est retiré comme perte au corps à corps, centrez le grand gabarit circulaire sur lui. Les figurines partiellement touchées le sont sur 4+. Toutes les figurines affectées le sont par le sort Règle du Fer Ardent. Ce sort ne peut pas être dissipé.

Johan Krull l’Errant

Le Vieux Monde est un endroit dangereux, où tourmentes et cataclysmes toujours menacent d’annihiler en un instant le labeur de nombreuses années. Cette dure réalité a été inculqué à tous les habitants de l’Empire depuis leur plus jeune âge, endurcissant leurs âmes et leurs cœurs et leur permettant de résister depuis plus de 2500 ans à des épreuves et des revers qui auraient jeté à bas un État plus faible. Toutefois, il est des temps trop désespérés, des ennemis trop terribles, pour que seules la résolution et la force de caractère puissent en triompher. En ces occasions, le besoin d’un meneur d’exception se fait sentir, et bien des batailles ont été perdu ou gagné par l’absence ou la présence d’un tel individu. Toutes les régions de l’Empire, jusqu’au plus reculées, célèbrent la mémoire de tels héros avec orgueil, et parlent avec fierté de ceux qui marchent parmi eux, et le Nebelheim ne fait pas exception. En effet, à l’aube de cette ère troublée, un homme s’est dressé face aux ennemis du genre humain, ralliant à sa cause ceux qui veulent lutter contre l’adversité sans savoir qui, ni comment, combattre. Son nom est murmuré lors des circonstances les plus désespérées, comme un anathème contre les forces des ténèbres. Cet homme est le Capitaine Johan Krull, l’Errant du Nebelheim.

On sait peu de l’enfance et de l’adolescence de Krull, car il est de nature discrète quand à ses origines, et nul n’a encore trouvé sa trace parmi les registrariats des Églises et Temples de Sigmar de la province. Cependant, au su du grand nombre de communautés détruites dont les archives ont été détruites, ce manque d’information n’est en rien incompatible avec le fait qu’il se désigne comme un natif du Nebelheim. Il est fait pour la première fois fait mention de lui dans les annales de Wartheim en ces termes:

« Le comte Berthold von Nebelheim partit donc au Sud à la tête de son armée punir les assauts répétés des Fellmen à l’encontre des hameaux du diocèse de Drangwald. Un cruel destin aurait sans doute frappé le seigneur et ses troupes, progressant sur une sente de cette noir et humide forêt, si un jeune homme, sans doute issu de l’une des communautés détruites par les grotesques mutants du Chaos, n’avait prévenu son suzerain du traquenard dans lequel il était sur le point de se jeter. Grâce aux informations du dit survivant, qui se présenta sous le nom de Johan Krull, la vile ruse des Fellmen se retourna contre eux, et pas un ne survécut à la juste ire du comte. »

Par gratitude envers son guide, Berthold ramena Krull avec lui à Wartheim, et lui offrit un poste à son service. S’ensuivit une période d’une dizaine d’années pendant laquelle Krull gravit progressivement les échelons de la hiérarchie militaire à force de conseils avisés et de hauts faits sur le champ de bataille, jusqu’à être appointé Capitaine. C’est également durant cette période que Berthold perdit son épouse chérie et commença à sombrer dans une mélancolie de plus en plus profonde, alors que ses fils grandissaient en âge et en talent.

Puis Krull disparut des chroniques de la province pendant une durée de quinze ans. Les raisons de cette disparition ne sont pas connues avec certitude, et seule cette mystérieuse note, rédigée par le comte lui-même, évoque le départ du nouveau Capitaine:

« Ai donné à Johan toute latitude pour sa mission. Il n’est pas certain que je revoie un jour ce serviteur dévoué, ce compagnon loyal, cet ami. »

Le but de cette «mission» n’est connue que de Krull et du comte, aussi ne peut-on qu’émettre des hypothèses sur les raisons qui poussèrent l’un à quitter son avantageuse position pour une quête à l’issue plus qu’hasardeuse, et l’autre à se résigner à la perte d’un Capitaine capable en des temps où le besoin de tels individus se faisait de plus en plus grand. On pense toutefois que Krull n’avait jamais oublié la destruction de son village par les Fellmen, et nourrissait l’espoir de les chasser définitivement de la province. Ce projet, que beaucoup auraient qualifiés d’insensé, le mena naturellement à l’étude des manifestations et des effets de cette force mystérieuse que les hommes nomment Chaos.

Combien en apprit-il? Nul ne sait, mais ceux qui le connaissaient intimement constatèrent que sa haine implacable pour les serviteurs des Dieux Sombres se teintait progressivement de la certitude que ce mal pouvait être combattu et banni avant qu’il ne corrompe les êtres mortels. Cette seule théorie aurait certainement mené Krull au bûcher si les Répurgateurs en avaient eu vent, mais le comte von Nebelheim usa de son influence pour protéger les recherches de son Capitaine, bien que les raisons de cet acte demeurassent un mystère même pour ce dernier.

Si ce raisonnement s’avère exact, on peut alors expliquer le départ de Krull par sa volonté d’aller chercher hors du Nebelheim de nouvelles réponses à d’anciennes questions. Où ses pas le portèrent et ce qu’il apprit restent sujet à spéculation, mais il advint que le Capitaine retourna finalement au Nebelheim au cours de la dernière année du règne de Berthold, réduit à l’ombre de ce qu’il fut par l’âge, la maladie et le poids des souvenirs. Les deux hommes ne se virent qu’une seule fois avant la disparition du comte, mais il faut croire que les années n’avaient pas affaibli le lien de confiance qui les unissaient, car Krull partit dès le lendemain vers l’Ouest avec un régiment entier d’épéistes sous son commandement, malgré le cruel manque de soldats causé par le départ de l’aîné du comte pour la croisade de Volkmar.

Depuis lors, les exploits de Krull et de son régiment se sont répandus comme une traînée de poudre à travers la province, et le nouveau comte semble accorder à son lieutenant la même confiance que le fit son père. Toutefois, les importantes zones d’ombre que Krull laisse subsister, pour certaines sciemment, quant à son passé et les raisons qui l’ont ramené vers le Nebelheim après tant d’années, en ont mené beaucoup à s’interroger sur sa loyauté et sa dévotion à la province. L’histoire impériale est en effet suffisamment riche d’exemples où le sauveur providentiel se révèle être au final un danger encore plus terrible que celui qu’il a terrassé, pour que certains en viennent à questionner sous des mots à peine couverts les motivations qui animent à présent Johan Krull. Des personnages aussi importants que Karl Andersen, premier Capitaine du Nebelheim, ou Markus Deusmeister, ministre de Sigmar à Grunwald, ont ainsi à maintes reprises exprimé une hostilité à peine dissimulée au sujet des actions de ce «revenant».

En dépit de cette froideur, Krull semble être peu enclin à répondre à ses détracteurs, et se contente de laisser ses actes parler pour lui. Pour le moment, ce mutisme n’a pas eu de conséquences notables, mais qui sait ce qu’il en sera dans le futur?

Johann Krull l’Errant………. 160 pts.
Capitaine de l’Empire, compte comme un choix de héros.

CODE
                   M   CC  CT  F  E  PV  I  A  Cd
Johann Krull  4    5     5   4  4   2   5  3   8
Destrier        8    3     3   3  3   1   3  1   6

Armes et Armures : arme de base, pistolet, armure de plates complète, Grimaz et Ar’Hain, Cœur de Nuit

Monture : Johann Krull peut chevaucher un destrier pour +10 points, qui peut être caparaçonné pour +4 points

Objets magiques :

Grimaz:Cette hache, sans doute forgée par un artisan nain au vu de la rune qui orne son fer, donne aux coups de son porteur une force étonnante.

Grimaz est une hache portant une Rune Tranchante (+1 en Force)
Ar’Hain: La lame de cette longue épée, peut-être de fabrication elfique, émane une lueur bleutée lorsqu’elle réclame la vie d’un ennemi.

Tous les 6 obtenus par Krull pour blesser l’ennemi ignorent les sauvegardes d’armure

Cœur de Nuit: Cette gemme ornant la cuirasse du capitaine errant semble accorder à ce dernier une protection mystique.

Johann Krull bénéficie d’une Résistance à la magie (1) et d’une sauvegarde invulnérable de 6+.

Règles spéciales :
Quelque chose de changé… Le Johan Krull qui est revenu au Nebelheim après une absence de quinze ans n’est pas le même que celui qui a quitté la province des années plus tôt. Distant et secret en temps normal, la ferveur dont fait toutefois preuve le capitaine errant quand il combat les serviteurs des Dieux Noirs en a surpris plus d’un.

Krull hait toutes les figurines des armées suivantes: Guerriers du Chaos, Démons du Chaos et Hommes-Bêtes, et doit toujours lancer ou relever un défi contre ces ennemis si possible. Sa fureur en ces occasions est telle qu’il peut de plus relancer ses jets pour blesser ratés (seulement en duel).

HAMMER AND BOLTER [N°9]

Salut à tous, et bienvenue dans cette nouvelle critique de Hammer & Bolter! Au menu de ce neuvième numéro (juillet 2011), la première offrande du grand méchant joueur (ça rappellera des souvenirs aux anciens) pour le webzine officiel de la Black Library, ce pèlerin de Jonathan Green, des nouvelles du Phalanx, définitivement « the place to kill » en cette fin de quarante-et-unième millénaire, et en conclusion, rien de moins que la meilleure nouvelle publiée par la BL depuis bien longtemps, toutes catégories confondues. Si si.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, j’ai le triste devoir de vous annoncer le retour de la pseudo interview dans Hammer & Bolter*. Sad but true. Un malheur n’arrivant jamais seul, c’est au tour de Sarah Cawkwell de s’épancher sur sa condition d’écrivain de personne chargé de l’écriture de nouvelles de textes en lien avec les franchises détenues par Games Workshop. Mais les premiers à plaindre sont bien sûr les pauvres Space Marines du chapitre des Silver Skulls (qui doivent constituer une fondation maudite à eux tous seuls) qui continuent à bénéficier des soins attentionnés de miss Cawkwell, avec les conséquences que l’on sait. Outre les assommantes tribulations du bon sergent Gil’eas, qui deviendra peut-être un jour capitaine de la 8ème compagnie, les Silver Skulls se sont donc frottés aux Red Corsairs dans le premier roman de Cawkwell, The Gildar Rift, avec des résultats incertains**.

Mais le supplice des meilleurs de l’Empereur ne s’arrête pas là, puisque deux autres confréries de marsouins de l’espace (les Blood Swords et les Star Dragons) ont également eu le douteux privilège d’apparaître dans une nouvelle de Sarah C., Accursed Eternity. Si on part du principe que les paroles volent et les écrits restent, alors cette histoire porte très bien son nom pour les pauvres Marines, dont le background restera irrémédiablement souillé pour les millénaires à venir. Mais que les aficionados de 40K se rassurent, ils ne seront pas les seuls à souffrir, puisque sortira en juillet prochain Valkia the Bloody, réponse au Sigvald de Darius Hinks (encore une grande plume de la BL), édité l’année dernière. On peut penser ce qu’on veut, mais personnellement, j’y vois la vengeance des Dieux du Chaos après la raclée que s’est pris Archaon devant Middenheim.
Quoi d’autre? Pas grand chose mis à part que Sarah Cawkwell voit grand, très grand. Elle aurait bien voulu participer au lancement de l’Hérésie d’Horus, et aimerait bien écrire quelque chose au sujet des « big boy Chapters » comme elle les appelle. Il ne reste plus qu’à prier l’Empereur pour que ça n’arrive jamais. Ah, et son livre préféré est Les Trois Mousquetaires. Il y a des hommages qui valent tous les enterrements.

*: s’il faut qu’Abnett fasse une preview pour que cette dernière saute, je propose de l’attacher à son poste de travail et d’exiger un nouveau roman par semaine, au nom de l’intérêt collectif. Peut-être même que ça l’aidera à terminer la série des Gaunt’s Ghosts avant qu’il ne choppe Alzheimer.

**: comprendre que je n’ai pas lu ce bouquin. Comme d’habitude, tous les commentaires de lecteurs sur le site de la BL sont dithyrambiques (ce qui n’est pas étonnant étant donné la tendance très prononcée des responsables du site de ne publier que les critiques élogieuses… et croyez bien que j’ai pourtant essayé à plusieurs reprises de changer cet état de fait). Même le critique officieux de la BL, le bloggeur « Angels of Retribution » le dit: ‘The Gildar Rift is an amazing novel’ (il lui a attribué la note de 8,5/10). En même temps, on parle d’un type capable de mettre 9/10 à un roman de James Swallow sans sourciller, et qui n’a jamais mis moins de 7,5 à aucun des romans de la BL qu’il a « critiqué ».

The Arkunasha War – A. Chambers [40K] :

The Arkunasha WarPour tous ceux qui baignent dans le milieu du zhobby depuis un certain temps, le nom d’Andy Chambers n’est pas étranger. Le « grand méchant joueur », comme il était appelé dans les pages du White Dwarf à l’époque où la proportion de publicités était encore inférieure à 75%, a en effet hanté l’histoire de GW pendant près de quinze ans, à la fois comme rédacteur, concepteur de jeu et bourreau régulier du vénérable Jervis Johnson (du temps où ce dernier avait encore des cheveux et écrivait autre chose que des éditoriaux dégoulinant de bon sentiments dans le WD).

Ayant quitté le navire en 2004 pour se consacrer à d’autres projets (Red Star Games en particulier), et travaillant depuis pour Blizzard, l’icône déglingos* que représente toujours Andy Chambers aux yeux de bon nombre de hobbyistes de la génération X n’a toutefois pas complètement pas coupé les ponts avec son ancienne maison, puisqu’il continue à soumettre de temps en temps des textes à la BL, sans que cette dernière fasse de grands efforts pour les promouvoir il faut dire. La plupart des publications du sieur Chambers étant consacrée aux Druchiis de l’espace (Midnight on the Street of Knives, Path of the Renegade, Bellathonis and the Shadow King), ce fut une petite surprise de constater que l’intrigue de cette première nouvelle écrite pour Hammer & Bolter se situe aussi loin que possible des sombres spires de Commorragh, dans les déserts brûlants de la planète Arkanusha.

Si pour les fidèles les plus convaincus du Bien Suprême, le nom de cette planète évoquera instantanément un nom, le reste des lecteurs, moins bien informé**, devra attendre quelques lignes (ou quelques pages pour les plus lents d’entre eux, dont je fais partie) avant de réaliser que le héros de l’histoire n’est autre que le commandeur O’Shovah, alias Farsight, avant qu’il ne décide de se la jouer perso. Arkanusha est en effet le théâtre de la campagne au cours de laquelle celui qui n’était encore que le Shas’O Vior’la Kais Mont’yr (tu parles d’un nom) gagnera sa réputation de stratège magistral, sa défense inspirée contre les hordes de peaux vertes assiégeant les colons Tau permettant l’évacuation de ces derniers avec des pertes minimes et accélérant la défaite finale des envahisseurs une fois les renforts arrivés.

Après le Commander Shadow de Branden Campbell dans le numéro précédent, la nouvelle de Chambers présente-t-elle les plus altruistes des xenos sous un angle plus intéressant que celui adopté la nouvelle recrue de la BL? En toute honnêteté, la réponse est non, la tentative du grand méchant joueur souffrant de plusieurs défauts significatifs.

Le premier d’entre eux consiste sans aucun doute à avoir voulu, comme le titre le suggère, raconter la totalité de la guerre pour Arkanusha, depuis l’arrivée d’O’Shovah dans la colonie de l’empire Tau (bien avant que les Orks ne viennent dire bonjour) jusqu’à l’annihilation en bonne et due forme des derniers boys du malavisé Big Boss Gorbag Gitbiter par les renforts envoyés à la rescousse de la planète assiégée.
N’ayant qu’un nombre limité de pages à consacrer à chaque événement un tant soit peu marquant de cette campagne, Chambers est forcé de faire un usage immodéré de l’ellipse, procédé littéraire généralement employé avec parcimonie par les autres auteurs de la BL (qui préfèrent plutôt recourir au bon vieux flashback des familles). On a donc l’impression d’assister à un récit « filmé » en accéléré, l’auteur zappant allègrement des semaines entières entre chaque passage un peu développé.  Le choc est moins violent à la deuxième lecture, mais l’effet global est tout de même si peu « BL-like » qu’on a bien du mal à accrocher.

La deuxième lacune majeure de The Arkanusha War, qui découle de la première, est le peu de suivi que Chambers accorde à ses personnages, à l’exception d’O’Shovah. Aux côtés de Schtroumpf grognon gravitent en effet une petite galerie de seconds rôles, qui disparaissent tous du radar avec une telle brutalité qu’on a peine à croire que leur sortie de scène   ait été causée par autre chose qu’un nombre insuffisant de pages. Premier concerné par cet « écrémage narratif » poussé, Gorbag en personne, qui n’aura même pas l’honneur d’être nommément dégommé au champ d’honneur, par O’Shovah ou par qui que ce soit. Malgré deux interventions pavant le chemin pour la traditionnelle confrontation finale entre le héros et sa nemesis, notre fringant despote vert ne réapparaîtra plus de la nouvelle. Dommage.

Enfin, comme beaucoup de ses prédécesseurs avant lui, Chambers se casse les dents sur le caractère doublement alien de la race Tau (non seulement ce sont des xenos, mais leur philosophie résolument progressiste les isole encore davantage dans un univers décadent comme celui de 40K): donnez un faux nez et du fond de teint à O’Shovah et sa clique, et vous obtiendrez des gardes impériaux tout à fait convaincants, alors que des différences importantes devraient tout de même subsister. L’aura de commandement qui entoure les Éthérés est à ce titre bien mal décrite par Chambers, dont le héros, loin de ressentir la dévotion absolue (apparemment provoquée chimiquement, et c’est bien ça qui est intéressant) que les autres castes éprouvent pour les Aun, a plutôt tendance à considérer ces derniers comme des incompétents finis en matière militaire, qu’il convient certes de protéger, mais surtout d’éloigner de l’action pour avoir les mains libres.

Bref, malgré toute la sympathie que j’éprouve pour Andy Chambers, je dois dire que j’ai été plutôt déçu par son Arkanusha War, qui se laisse lire (et relire donc) mais dont le propos aurait sans doute gagné à être développé dans un roman plutôt que dans une nouvelle. Prochain défi d’Andy: raconter l’Âge de l’Apostasie en un tweet.

*: c’est à ma connaissance le seul concepteur de jeu qui aurait pu passer pour un Space Wolf sans trop de problèmes, l’immense majorité de ses collègues ressemblant plutôt à des pèlerins du Graal (atteints de scorbut pour les moins photogéniques d’entre eux). Bon, il y avait Space McQuirk aussi, c’est vrai.

**: ou qui s’en fout, c’est possible aussi.

 

Sir Dagobert’s Last Battle – J. Green [40K] :

Mettons d’emblée les choses au clair: Jonathan Green ne fait pas partie de mes auteurs préférés, et pourtant, ce n’est pas faute de l’avoir pratiqué ou de lui avoir laissé sa chance. Prolixe auteur de nouvelles, à la fois pour Warhammer Fantasy (la série des Badenov*, dont au moins une aventure figure dans tout recueil publié par la BL, et dont l’omnibus se nomme The Dead and the Damned) et pour 40K, univers dans lequel se déroule la plupart de ses romans (un Iron Hands pas passé dans les annales, puisque c’est maintenant Chris Wraight qui écrit pour ce chapitre, et un diptyque consacré à la seconde guerre d’Armageddon**), notre homme est un ardent défenseur du « style BL » dans tout ce que ce dernier à de pesant et d’ampoulé. Il lui a toujours manqué ce petit zeste de folie et d’originalité qui permettrait au lecteur de s’immerger totalement dans ce qu’il raconte sans avoir peur de perforer l’univers en carton-pâte qui lui sert de décor à chaque fois qu’il tourne une page. Le seul moyen de passer un bon moment (ou au moins, un pas trop mauvais) avec une de ses productions est de lire le plus vite possible, en espérant ne pas voir les énormes ficelles qui parsèment le récit. Un peu comme un tour de train-fantôme effectué à deux à l’heure avec la lumière allumée, les travaux de Green ne gagnent pas vraiment à être examinés de trop près trop longtemps.

C’est donc avec le même état d’esprit que Usaïn Bolt avant un 100 mètres*** que je m’étais préparé à lire Sir Dagobert’s Last Battle, desservi avant même la première ligne par un titre, comment dire, assez peu adapté à un public francophone. Ce choix a-t-il été délibéré (ce qui aurait été courageux), ou a-t-il effectué en méconnaissance totale de la culture enfantine française (hypothèse plus probable)? Avant que votre imagination vous laisse entrevoir ce qu’aurait pu être la dernière bataille du brave Dagobert contre sa culotte possédée par un buveur de sang (moi ça m’a fait rigoler pendant 5 minutes), rendons hommage à la culture de Mr Green, qui a sans doute baptisé son personnage du nom du véritable roi Dagobert 1er, qui régna au début du VIIème siècle.

L’histoire se déroule donc dans le village de Layon, soudainement attaqué par une nuée de gobelins des forêts. En l’absence de chevaliers dans les environs immédiats, c’est aux locaux de repousser l’assaut, ce qu’ils font avec un succès raisonnable étant donné la rusticité de leur équipement  (fourche, faucille, tisonnier, poêle à frire – il connaît ses classiques, le bougre -) et l’évidente supériorité numérique dont jouissent les peaux-vertes.

Les Layonais sont toutefois bien aidés par deux choses dans leur lutte désespérée pour leur village: premièrement, les gobelins de Green tiennent plus du snotling hémiplégique que du vicieux zigouillard capable de se faire Archaon sur un malentendu. Si on devait se hasarder à traduire leurs piteuses aptitudes martiales en statistiques, la somme de leur CC, F et E frôlerait probablement 1,5, pour vous donner une petite idée du degré de menace qu’ils représentent. Le plus méchant de la bande à tout de même réussi à se faire une petite fille de quatre ans (mais elle était désarmée et lui tournait le dos).
Deuxièmement, les villageois bénéficient du précieux soutien dudit seigneur Dagobert, chevalier du Graal de son état****, et de sa bande d’enthousiastes suivants, menés par l’extatique Arnaud, porte parole auto-désigné du noble paladin. Car il faut bien reconnaître que ce dernier, bien qu’ayant goûté au Saint Calice, est tout ce qu’il y a de plus mort, et donc de fait, assez peu loquace.

Et c’est là qu’un fol espoir commence à naître, car si Jonathan Green n’est manifestement pas à son aise quand il s’agit d’insuffler à son récit la petite touche baroque qui permettrait à ce dernier de se démarquer de la concurrence, on se dit qu’il a quand même largement les moyens d’exploiter le côté macabrement grinçant du Reliquaire du Graal pour faire décoller son histoire. Et le plus beau est qu’il y arrive au delà de toutes les espérances (les miennes au moins, qui étaient assez basses pour commencer je dois reconnaître), et dresse un portrait au vitriol des plus plaisants de la société de castes bretonienne, tellement imprégnée de religion qu’elle en devient souvent absurde. Le principal mérite de Green est de dépeindre de manière réaliste et assez fine l’état d’esprit des pèlerins du Graal, qui oscille entre fanatisme indiscutable et exploitation éhontée de la crédulité et de la superstition des paysans à des fins bassement terre à terre.

Quant à sire Dagobert, sa dernière bataille est intégrée au récit sous forme de flashback, et se révèle également plaisante à suivre car l’auteur va jusqu’au bout de sa logique et ne fait littéralement pas de prisonnier. On découvre également que de son vivant, Dagobert était certes vertueux, mais avait également tendance à prendre à la lettre son serment de défendre la chapelle du Graal dont il était le protecteur attitré (ce qui lui fournissait une bonne excuse pour lui éviter de voler au secours du village d’en face). Sachez enfin que cette nouvelle est la première dans laquelle une Arachnarok (un peu amochée, et ça ne va pas aller en s’améliorant, les clins d’oeil à Samsagace Gamegie ne s’arrêtant pas au coup du gobelin expédié à coup de poêle de frire): on peut penser ce qu’on veut de Jon le Vert, mais au moins il se tient au courant des évolutions du fluff.

En conclusion, une bonne nouvelle de Jonathan Green, ce qui était plutôt inespéré. Il lui reste beaucoup à se faire pardonner, mais au moins, on sait qu’il en est capable, s’il se donne la peine.

*: pour faire simple, le principe est le même que celui des Gotrek et Felix, sans Gotrek.

**: qui n’a semble-t-il pas fait école non plus, puisque c’est à Aaron Dembski-Bowden qu’est revenu l’a charge d’écrire Helsreach.

***: ou DSK devant Nafissatou Diallo

****: je ne sais pas si c’est l’effet de l’aura que la Dame du Lac accorde à ses paladins ou bien le fait que Dagobert se balade avec un costume d’homme-sandwich vantant son pedigree, mais les villageois l’identifient comme chevalier du Graal d’un seul coup d’œil, quand bien même il se trouve perché sur une colline surplombant Layon à son arrivée dans l’histoire.

Phalanx – ch.10 – B. Counter |40K] :

PhalanxRésumons: amenés sur le Phalanx pour être jugés après s’être rebellés contre l’Impérium, Sarpedon et ses Soul Drinkers ont été libérés par une bande de pèlerins adorateurs de Tzeentch et sont à présent séparés en deux factions distinctes. D’un côté, le maître de chapitre mutant et le gros des survivants, bien décidés à vendre chèrement leur peau face aux assauts vengeurs des Imperial Fists, Howling Griffons, Angel Sanguine et consorts, de l’autre le chapelain Iktinos et ses fidèles, assistés du dreadnought Daenyathos, déterminé à foutre une merde noire dans la place, ce qui passe accessoirement par invoquer dans le Phalanx un prince démon (et ses potes) précédemment banni par Sarpedon. Ajoutez à ce tableau quelques rivalités personnelles de bon aloi*, un artefact aussi mystérieux que puissant (le Soulspear), l’Inquisition et l’Adeptus Mechanicus, secouez et servez frais. Attention, ça tâche.

Bref, Ben ayant enfin réussi à convier tous les invités à la fête, il ne lui reste plus qu’à mener chacune des intrigues patiemment tricotée à son dénouement. Plus facile à dire qu’à faire dans un Phalanx où les bolts pleuvent drus et où on ne peut pas faire trois pas sans se retrouver engagé dans un duel à mort contre un vieil ennemi. Et à ce petit jeu, les Space Marines partent évidemment avec plusieurs têtes d’avance.

C’est ainsi que l’Archimagos Voar, qui avait semble-t-il trahi pas mal de monde avant de comparaître comme témoin à charge, qui fait le premier les frais de la volonté de Counter de régler les vieilles dettes une fois pour toutes. Sommé par Iktinos de lui rendre le Soulspear, le brave magos se met en quatre (et même plus) pour satisfaire aux attentes du chapelain, avec de lourdes conséquences pour son intégrité physique.

Un peu plus loin, Daenyathos essaye de convaincre Abraxes de lui acheter le Phalanx, qui maintenant qu’il est équipé d’un portail Warp flambant neuf, constitue à ses yeux (augmétiques plutôt) l’arme la plus puissante de l’univers, capable d’aller souffler dans les bronches de Pépé en deux temps trois mouvements. Faut aller dire ça à Abaddon, je suis sûr qu’il sera ravi de l’entendre (parce que des vaisseaux avec des portails Warp, il doit en avoir une tripotée, lui).
Enfin, Sarpedon et Reinez entament leur 67ème duel à mort du roman alors que ce dernier était parti à la chasse des scalps d’Iktinos et de Daenyathos (mais si, on peut scalper un dreadnought si on est vraiment très en colère).

De leur côté, Pugh et le reste des loyalistes essayent de comprendre ce qu’il se passe, et, plus important, si une incursion démoniaque peut être considérée comme une menace morale. Même si on se doute qu’Abraxès et ses sbires ne vont pas tarder à être refoulés dans le Warp manu militari, on ne peut qu’admirer l’imperturbable détachement dont fait preuve Vladimir face à la tournure plutôt déplaisante qu’ont pris les évènements depuis quelques chapitres**. Humour.

Au final, un chapitre 100% action, dans lequel l’histoire avance peu en définitive. Ça ne vole pas très haut mais ça reste diablement efficace, Counter maîtrisant sans problème l’art subtil de la narration dynamique du cassage de crânes. À ce stade du roman, on a déjà une petite idée de comment tout cela va se terminer, mais laissons à Ben ses quatre derniers chapitres avant de juger de la qualité de son Phalanx

*: ce qui signifie qu’une bonne moitié des personnages loyalistes, ce bon vieux Reinez en tête, veut tuer Sarpedon de ses mains pour venger une offense personnelle.

**: peut-être que c’est également son troisième mandat, ce qui expliquerait son sang froid exemplaire

Survivor – S. Parker [40K] :

SurvivorOn finit par la merveille de Steve Parker, qui confirme par là que sa prometteuse première livraison pour Hammer & BolterExhumed, n’était pas un coup de chance. Longue nouvelle s’étalant sur un bon tiers du numéro, Survivor est un concentré explosif de tout ce qu’il y a de bien dans les productions de la BL.

On commence à distribuer les bons points dès le début, l’angle d’attaque choisi par Parker, la (sur)vie quotidienne et solitaire d’un garçon de neuf ans dans une ville envahie par les Orks, tranchant agréablement avec l’approche classique « ma vie de marine » adoptée par la plupart des autres auteurs. Ça rappelle assez le Barbed Cat Wire de Robert Earl (Hammer & Bolter n°4), dans lequel on suivait les manigances d’Adora, esclave humaine dans l’empire souterrain pour se faire la malle (également une très bonne nouvelle par ailleurs). Bas, le héros de Parker, ayant eu la chance d’échapper à la capture, son quotidien est un peu moins désespéré que celui de la protagoniste d’Earl, mais beaucoup plus agité, éviter de se faire pincer par les peaux vertes en maraude occupant évidemment l’essentiel de son temps. Pour d’autres auteurs, cette partie de cache de cache n’aurait pu constituer qu’une toile de fond, mais Parker, qui a bien compris que le diable se cache dans les détails, se fait un plaisir de couvrir tous les aspects de cette vie usante, injectant à son récit un niveau de réalisme rarement constaté ailleurs que chez Abnett.

Courses-poursuites, rationnement, prudence élevée à des niveaux paranoïaques, planification extrême et calcul coût/avantage de chaque décision… autant de thèmes que Parker aborde et développe assez pour faire comprendre à ses lecteurs qu’il a vraiment réfléchi à son histoire et s’est mis à la place de son héros. Si certains ont pu se demander si Abnett avait été soldat avant de se mettre à écrire pour réussir à retranscrire si fidèlement l’atmosphère, la réalité et les dangers d’un champ de bataille, on pourrait supposer que Parker a passé quelques semaines à Sarajevo ou à Misrata pour s’imprégner des contraintes inhérentes à la vie dans une ville en guerre.

Si Bas réussit si bien à passer entre les mailles du filet vert, c’est qu’il a reçu un entraînement complet en matière de survie et de combat, sous la tutelle de sa peau de vache de grand père, ancien soldat de la garde impériale. Intercalés entre les passages se déroulant dans l’environnement hostile que constitue la ville envahie par les Orks, des flashbacks successifs éclairent les lecteurs sur la vie de Bas bien avant que les xenos ne posent le pied sur la planète.
Cette fois-ci, Parker ne mise pas sur la surenchère de « détails qui tuent » pour embarquer ses lecteurs, mais choisit de prendre ces derniers par les sentiments. Pas d’histoire d’amour à deux balles évidemment (on est dans un univers trotro dark destiné à un public mâle et adolescent, ne l’oublions pas), mais plutôt le récit de la misérable vie de Bas, qui passe brutalement de l’opulence assurée par la position avantageuse de ses parents à la violence des bas-fonds après la mort de ses derniers. Méprisé par tous, même par son grand-père, humilié et régulièrement roué de coups, difficile de ne pas compatir un minimum aux déboires du pauvre Bas, qui prouve ligne après ligne qu’il est toujours possible de tomber plus bas, jusqu’à ce qu’il décide de rendre les coups.

Mais le plus gros de la nouvelle est consacré à la quête de Bas pour faire évader une bande de prisonniers, entreprise hautement périlleuse et que l’on pourrait trouver bien altruiste de la part d’un survivant vétéran comme lui, qui devrait pourtant être conscient des problèmes insolubles que la vie en groupe pose dans un environnement aussi hostile que celui-ci. Sauf que Parker a encore une fois prévu le coup, et prend le temps de justifier tous les choix de son héros, même les plus contre-intuitifs (comme celui-là), de telle manière qu’ils apparaissent, si ce n’est convaincants, au moins à peu près crédibles.

Le dénouement, enfin, offre une ultime et éclatante preuve de la maîtrise que Parker a de son sujet, puisque ce dernier se paie le luxe de terminer son propos avec un énorme twist final, amené avec un tranquille aplomb qui ne peut que forcer le respect. On ressort de Survivor  avec l’envie de le relire sur le champ, avec le regard neuf que l’ultime rebondissement apporte sur les précédentes péripéties. Bravo l’artiste.

En conclusion, un numéro porté à bout de bras par le talent de Steve Parker, qu’il s’agit à présent de suivre avec attention. Avec un Green qui surprend plaisamment et un Counter qui ne plombe pas l’ensemble, c’est presque un sans faute, la déception que représente la nouvelle peu aboutie de Chambers constituant la seule ombre au tableau. Ce n’est peut-être pas le numéro à la qualité moyenne la plus élevée (le n°4 faisant pour l’instant la course en tête, si on met de côté la contribution de Nick Kyme), mais c’est indéniablement celui contenant la meilleure nouvelle pour le moment.

HAMMER AND BOLTER [N°8]

Salut à tous, et bienvenue dans cette huitième revue de Hammer & Bolter! Au programme de ce numéro de juin 2011 (aaah, les souvenirs remontent…), de la nouvelle et rien que de la nouvelle, l’insipide interview de 4 pages d’un auteur de la BL, sorte de très mauvais running gag qui ne permettait même pas d’aller faire le plein de chips et de soda (c’est ça le problème avec les livres, c’est tellement égocentrique comme support que ça refuse catégoriquement de continuer à jouer si le lecteur décide de faire autre chose), laissant cette fois sa place au premier chapitre d’un livre de la BL, et pas des moindres, puisqu’il s’agit de Salvation’s Reach, le dernier tome en date de la saga des Gaunt’s Ghosts de Dan Abnett. C’est pas moi qui va regretter ce changement. Et juste pour se marrer, c’était quoi déjà la précédente « preview » de Hammer & Bolter? Ah, oui, The Fall of Damnos de Nick Kyme. Mémorable. Je ne sais pas pour vous, mais ce numéro, je le sens plutôt bien…

Cause and Effect – S. Cawkwell [40K] :

Cause & EffectOn peut penser ce qu’on veut des rapports pas toujours sereins et apaisés que la BL entretient avec ses auteurs (voir le cas Steven Savile, détaillé à la suite de la revue du -mauvais- Curse of the Necrarch de ce dernier*), mais on ne peut pas lui reprocher de ne pas soutenir de toutes ses forces

Sarah Cawkwell, la « hot new talent » la plus sollicitée par Hammer & Bolter, puisque Cause And Effect constitue la troisième livraison de la demoiselle pour le webzine. On peut par contre s’interroger sur les raisons de cette préférence manifeste pour les écrits de Cawkwell, qui se sont pour l’instant révélés d’une constante banalité confinant parfois à la nullité la plus crasse, dans la catégorie reine du genre, l’histoire de Maroune bête et méchante pour newbies facilement impressionnables.

Passés les stade de l’indulgence pour Primary Instinct (c’est sa première nouvelle, c’est pas évident, c’est une histoire de Marines, c’est pas facile d’innover, elle fera mieux la prochaine fois!) et de la désillusion pour Action And Consequence** (euh, l’intrigue est toujours aussi creuse et le personnage principal inconsistant… Tu aurais pu faire un effort Sarah! Non, c’est pas une bonne id… Oh, bon, comme tu veux), on entre donc dans une sorte de zone grise de cynisme, qui amène à lire tous les textes de l’auteur concerné à l’affut de la moindre petite négligence, incohérence ou maladresse, au lieu de leur laisser le bénéfice du doute et l’opportunité de développer leur propos.

Malheur aux auteurs relégués dans cette catégorie peu enviable, car s’il leur est possible de regagner leur place parmi leurs confrères plus inspirés (Anthony Reynolds en a été capable, et Ben Counter fait régulièrement l’aller-retour), la route est longue et semée d’embuches.

C’est donc sans trop d’espoir que je me suis enquillé la nouvelle non-aventure du non-héros Gileas Ur’Ten, sergent d’une escouade d’assaut au sein du chapitre des Silver Skulls. Pour ceux qui ont eu la chance de vivre jusqu’ici dans la douillette ignorance de qui est ce zigue, un bref récapitulatif (vous me maudirez plus tard): issu d’une tribu de sauvages guerriers, même au vu des critères généralement assez coulants des Space Marines (ceux là ne devaient même pas avoir inventé le pagne et le papier toilette), Gileas est le prototype même du héros marsouin en devenir. Brave, efficace et respecté par ses frères d’armes, il a su toutefois resté humble et est comme de juste régulièrement victime de poussées métaphysiques, l’amenant à se poser toutes sortes de question plus ou moins existentielles. Sur ce gabarit usé jusqu’à la trame (duquel dérivent déjà Uriel Ventris, Alaric, Rafen, Loken… pour n’en citer que quelques uns parmi les moins ratés), Cawkwell essaie tant bien que mal de broder deux trois détails qui permettraient au lecteur de remarquer son gros bébé parmi la masse de ses concurrents. On est ainsi ravi d’apprendre que Gileas a la peau sombre et des tatouages. Super.

Après la mort ô combien prévisible du capitaine de la 8ème compagnie face aux vils Eldars Noirs dans Action And Consequence, Gileas se retrouve propulsé au poste de commandant de facto, et la moitié de la nouvelle est consacrée au récit de ses premières armes en temps qu’officier supérieur. Faisant preuve d’une audace inouïe, Sarah ose en effet se frotter au dédoublement des intrigues pour la première fois, ce qui lui permet de se distancier de son petit protégé et de balancer quelques infos sur le background des Silver Skulls. Ces derniers ne figurant pas dans le top 10 des chapitres Space Marines les plus suivis sur Twitter, on accueillera la nouvelle avec un certain détachement, d’autant plus que les révélations faites par Cawkwell ne cassent pas des briques (ni même des briquettes, ou des briquounettes***).

Chapitre dont l’origine remonte à la deuxième fondation (mais dont le primarque est, encore une fois, manque de bol, inconnu), dirigé par un Lord Argentius secondé d’une sorte de conseil chamanique nommé le Conseil d’Élucidation, les Silver Skulls prennent leur mission de défense du domaine de Pépé tellement à cœur qu’ils ont bien du mal à remplacer leurs pertes. Cela cause bien du tracas au Lord Argentius en place, qui craint que les Hauts Seigneurs ne démantèlent le chapitre (pour quel motif? Gestion inefficace des ressources humaines? Ça doit bien faire rigoler Pedro Kantor) quand ils s’apercevront que la dîme génétique envoyée par le chapitre est plutôt maigrelette.

Autre sujet de prise de tête pour le Maître du Chapitre, la promotion de Gileas au rang de Capitaine de la 8ème compagnie ne fait pas l’affaire de tout le monde, prouvant au passage que le racisme et la xénophobie existent toujours au 41ème millénaire. Comme en plus, le chef Archiviste des Silver Skulls passe ses nuits à rêver de crânes argentés tombant en morceau, l’affaire est aussi discutée qu’un amendement du Vatican au conseil de sécurité de l’ONU. Et pendant que Gileas et ses potes concassent du Druchii de l’espace, les huiles du chapitre se tirent la bourre pour savoir si l’avancement de ce dernier menace de provoquer la fin des Silver Skulls. Malheureusement pour les lecteurs qui trouveraient ce suspense insoutenable, Sarah Cawkwell décide de terminer sa nouvelle par un cliff-hanger tellement hors de propos qu’on en vient à se demander si elle a bien compris que ce n’était pas à elle d’écrire le roman-feuilleton de Hammer & Bolter.

Pour résumer, on se retrouve donc avec ce que l’on peut en tout état de cause considérer comme un chapitre de transition dans le récit de la folle épopée de Gileas Ur’Ten, Silver Skulls, c’est à dire les moins bonnes pages d’une saga en devenir dont personne n’a rien à carrer. Un choix audacieux? Certainement! Un choix judicieux? Euh…

*: j’autorise le premier modo qui lira ceci à me coller 20% pour cause d’autopub effrénée. Mais juste le premier hein, pas de blagues.

**: Dont on remarquera l’étonnante similitude avec le titre de la nouvelle qui nous intéresse aujourd’hui. Je prévois que la prochaine nouvelle de Sarah s’appellera Before and After, Up and Down, Bread and Butter ou I Love Pangolins (aucun rapport, mais ça serait vraiment cool).

***: Ce sont des petites briquettes.

Marshlight – C. L. Werner [WFB] :

Contributeur régulier de la BL, et auteur de quelques séries de bonne facture (Mathias Thulmann, Witch Hunter, Brunner The Bounty Hunter), C.L. Werner, alias l’homme au chapeau, alias Mr Skaven (une bonne partie de ses bouquins se déroulant dans le monde de Warhammer ayant parmi leurs protagonistes un ou plusieurs représentants de cette très noble race*) reste toutefois une figure assez mystérieuse parmi les auteurs de cette auguste maison. Et ce n’est pas la pauvre interview qui lui a été consacré dans le cinquième numéro de Hammer & Bolter qui a fait beaucoup pour le rendre plus familier du lecteur lambda (sachez toutefois que l’homme a créé un forum sur lequel les âmes perdues en quête de réponse peuvent lui soumettre leurs questions**).

Tout ça pour dire j’ai été plaisamment surpris de voir son nom apparaître sur la « couverture » de ce numéro, ne réalisant qu’après coup qu’il avait fallu attendre huit mois pour que le sieur Werner fasse sa première réelle apparition dans le webzine (alors qu’il avait été un des contributeurs les plus prolixes pour feu Inferno! -humour-). Ayant mieux saisi que la plupart de ses collègues le caractère sombre et non manichéen des univers de Warhammer et de 40K, les nouvelles de Werner sont généralement des petits bijoux glauques, réhaussés par une bonne dose de bon vieux fluff. J’étais donc impatient de m’y mettre, surtout après l’amère mise en bouche gracieusement offerte par miss Cawkwell.

Bienvenue donc à Marienburg, où les autorités sont confrontées à la disparition d’une proportion non négligeable des navires remontant le Reik jusqu’à la cité-état. Après qu’un survivant, rendu complétement fou par ce qu’il a vécu (faut dire que l’eau est froide à cette époque de l’année), ait raconté à ses sauveurs que ce sont les fameux démons des marécages qui ont fait le coup, les bourgmestres décident d’envoyer deux de leurs meilleurs agents tirer l’affaire au clair. Direction donc les bucoliques marais du Wasteland, pour une partie de pêche un peu particulière.

Disons le tout de suite, j’attendais beaucoup de cette nouvelle, et n’ai pas été déçu, Werner capitalisant sur chacun de ses points forts: le rythme, l’humour noir et surtout, surtout, le fluff. Car si CL (prononcer « ciel », ça lui fera plaisir) a choisi d’explorer cette zone du monde de Warhammer, c’est d’abord et avant tout pour rendre à la légende vieillissante qui rôde dans ces eaux saumâtres depuis les premiers temps du jeu un peu de son lustre d’antan. Devinette: qu’est-ce qui peut invoquer la plus épaisse des purées des poids, n’a qu’un seul œil et vit dans les marais? Werner aurait pu s’arrêter là, la simple présence de Fimirs dans une nouvelle de la BL publiée au XXIème siècle justifiant amplement la lecture de ladite nouvelle, mais il choisit d’aller un peu plus loin en rajoutant à l’équation la légendaire ingéniosité destroy des skavens, qui confirment à cette occasion avec panache leur amour immodéré pour les déguisements grands guignolesques. Mais, qu’on se rassure, il y a bien des vrais Fimirs dans Marshlight, qui feront une apparition brève mais remarquée*** au moment opportun.

Si le fluff est donc particulièrement mis à l’honneur dans cette nouvelle, on retrouve également la patte de Werner dans le rythme enlevé de l’action, qui après un début planplan, accélère brutalement à un tiers du récit pour ne plus ralentir (la nouvelle commençant réellement au moment où d’autres auteurs moins doués de la BL l’aurait terminée). Ciel réussit également là où tous ses prédécesseurs avaient échoué, en balançant dans les dents du lecteur un twist final vicieux et non prévu dix pages à l’avance (en ce qui me concerne en tout cas). Il était temps, et pour ceci comme pour tout le reste, chapeau Mr Werner.

*: Il a aussi écrit la trilogie Thaquol & Boneripper, qu’il faudrait que quelqu’un critique à un moment ou à un autre.

**: lien qui va bien

***: genre « qui c’est papa, bande de hamsters dégénérés? »

Phalanx – ch.9 – B. Counter [40K] :

PhalanxÇa lui a pris huit mois, mais Ben nous a enfin amenés là où il le voulait. Et par là, il faut comprendre au beau milieu d’une lutte sans merci entre les derniers Soul Drinkers et les Space Marines loyalistes venus assister à leur procès sur le Phalanx. Fini de rire bande de moules, c’est le moment de montrer à l’univers comment un marsouin meurt pour ses convictions. On bande ses muscles, on empoigne son bolter, on allume son épée-tronçonneuse et on saute dans le tas, non mais oh! Mais mais mais, avant d’entrer dans le vif sujet, le gars Counter tient à ce que nous comprenions bien que rien n’arrive par hasard dans cet univers pourri.

Le chapitre commence donc par un petit détour du côté de l’Hérésie d’Horus, ou plutôt, de la période qui a immédiatement suivi cette période légèrement agitée. Après que Pépé et les Quatre Affreux aient accepté la garde alternée pour les Légions Traîtresses (droit de visite pour le premier tous les 800 ans environs… c’est toujours le père qui morfle), ce fut sur les frêles épaules des Primarques loyaux survivants que reposa la tâche de nettoyer tout ce qui avait été salopé durant la surboom sauvage organisée par Horus.

Anecdote intéressante, on apprend ainsi que ce fut à Rogal Dorn d’aller fermer le portail de l’Oeil du Prédateur (sic), tâche éprouvante qui nécessita pas moins de trois jours et le sacrifice de nombreux Space Marines, et qui ne fut qu’une demi réussite, car si Dorn parvint à aveugler l’Oeil à force de coups de poing (sic encore), il comprit que ce n’était qu’un pis-aller, et jura de revenir plus tard finir le boulot une fois pour toutes, quand il aurait le temps. Malheureusement, il se fit renverser par une twingo avant d’avoir eu le temps de se repencher sur la question, et comme il avait pris le soin de ne dire à personne où se trouvait l’Oeil ni comment faire pour le crever une fois pour toutes (super comme stratégie), la mission « fermer ce foutu portail » figure toujours sur la to-do liste impériale dix millénaires plus tard.

Vous l’aurez compris, si Ben nous raconte tout ça, c’est parce que le Phalanx ne se trouve pas n’importe où dans la galaxie, mais pile dans le système solaire de l’Oeil du Prédateur, toujours dormant au début des festivités, mais pour plus très longtemps, soyez-en sûr. Car pendant que Soul Drinkers, Imperial Fists, Angel Encarmine et Howling Griffons achèvent de détruire par le fer et le feu les archives de la VIIème légion (avec quelques pertes notables de part et d’autres, sortez les mouchoirs), Iktinos et quelques copains sont très occupés à faire que la prophétie alambiquée promettant la réouverture du portail* se réalise. Secondé par un héros du chapitre que l’on pensait mort depuis des lustres (un dénommé Daenyathos, dreadnought philosophe de son état et chirurgien cardiaque à ses heures perdues) et par le toujours aussi peu chanceux N’Kalos (qui pour l’occasion donne de sa personne à sang pour cent), le chapelain renégat parvient en effet à ouvrir l’Oeil, précipitant le retour d’Abraxes! Pardon, qui est Abraxes? Mais si, vous savez bien! Le Prince Démon qui a manipulé les Soul Drinkers pendant des siècles, précipitant ainsi leur déchéance, jusqu’à que Sarpedon le renvoie compter fleurette à Tzeentch**!

Il y a fort à parier que ce come-back méticuleusement organisé ne force les Space Marines du Phalanx à mettre de côté leurs différents pour régler son compte à l’importun, ce qui devrait permettre à la poignée de Soul Drinkers qui survivra à cette épique bataille de filer à l’anglaise à la fin du combat***… Autant pour le dernier carré héroïque qu’on nous promettait depuis le début du bouquin. Il ne reste plus qu’à parier sur l’identité du Space Marine qui essaiera quand même de se farcir Sarpedon mais se fera buter par Abraxes ou un de ses sous-fifres dans l’opération… Tapis sur Reinez!

*: qui n’implique toutefois pas de gnome unijambiste ni de jambon, et pour la pleine lune, comme on est dans l’espace, c’est difficile à dire.

**: pouce vert si toi aussi tu n’as pas lu les trois premiers romans consacrés aux Soul Drinkers, et que du coup le retour d’Abraxes te passe légèrement au dessus de la tête.

***: de toute façon, ça a l’air tellement facile de feinter les Imperial Fists qu’on finit par se demander si l’évasion des Soul Drinkers n’était pas en fait qu’une opération de ravitaillement « chips et bière » qui a mal tourné.

Salvation’s Reach – ch.1 – D. Abnett [40K] :

Salvation's ReachLe grand retour de Steely Dan après sept mois d’absence (il avait offert deux textes au premier numéro de Hammer & Bolter). Je ne sais pas pour vous, mais il y a certains mots qui me mettent de bonne humeur quand je les lis. « Pheguth », « etogaur », « Blood Pact », ou encore « feth » en font partie. Et pour cause, puisqu’ils sont intimement liés à ce qui est peut-être (sans doute?) la meilleure série de la BL, celle qui permet à cette dernière de se démarquer de toutes les maisons d’édition liées à une franchise med-fan/sci-fi, Les Fantômes de Gaunt. On peut légitimement penser que les Space Marines sont les figures emblématiques de Warhammer 40.000, mais les petits gars de Tanith sont des sérieux challengers à la suprématie des colosses en céramite.

Comme il est impossible de résumer convenablement cette saga de centaines de pages en quelques lignes, je ne m’y essaierai pas, d’autant plus que comme dans toute bonne série, l’intérêt des Fantômes réside principalement dans les relations entre les personnages, auxquels le lecteur s’attache très vite (ah, Mkvenner, pourquoi es-tu resté sur Gereon?). Reste qu’encore une fois, la magie Abnett opère. Comme d’habitude, Dan fait développe son propos en prenant bien soin de laisser son lecteur dans le flou (ici, on croît que Rawne essaie d’assassiner celui qu’il qualifie de « monstre » malgré l’important dispositif de sécurité dont celui-ci bénéficie… ), injectant avec son brio habituel des passages de combats réalistes et hyper nerveux. Rien à faire, le bougre est toujours aussi fort, et la fin de la preview arrive bien trop vite. On quitte le premier chapitre de Salvation’s Reach avec l’envie d’en lire plus, et c’est bien ce que veut la BL (tout le monde est content donc). Allez Dan, dépêche toi d’en écrire un de plus, que l’on puisse chopper le quatrième omnibus (c’est la crise coco!)

Commander Shadow – B. Campbell [40K] :

Il flotte un parfum très actuel dans cette nouvelle de Braden Campbell, petit nouveau dans l’écurie BL, dont le premier texte n’est, surprise, pas consacré aux Space Marines (ça doit être une sorte de bizutage), mais à la difficile campagne de pacification d’un monde récemment tombé aux blanches mains (un peu bleues tout de même) du Bien Suprême.

Adoptant le point de vue du Commandeur Tau (deuxième -agréable- surprise) en charge du sale boulot, Campbell replace dans le cadre futuriste du 41ème millénaire une problématique des plus contemporaine, à savoir comment mettre vraiment fin à un conflit après que la guerre « classique » ait été gagnée? Car les Taus sur Cytheria (nom de la planète enlevée à l’Imperium par les guerriers de la caste du feu), c’est un peu comme la coalition en Afghanistan: une campagne remportée en quelques jours grâce à une supériorité technologique et logistique incontestable, une sincère envie de gagner la confiance et la sympathie de la population locale, que l’on fait bénéficier avec largesse des infrastructures modernes développées par les ingénieurs du Bien Suprême, sauf que, sauf que, une poignée de survivants revanchards retranchée dans une zone inaccessible fait tout son possible pour ruiner cette idylle naissante entre colonisateurs et colonisés en lançant des attaques « terroristes » sur des cibles emblématiques du nouveau pouvoir.

Dans le rôle des empêcheurs d’assimiler en rond, on retrouve donc Ezra Mihalik et sa bande de diables de Catachan* , reconvertis par la force des choses en moudjaïdins de l’Imperium, adeptes de la bombe sale (mais bio, faut pas déconner non plus) et du chantage à l’attentat. Face à cette bande de fous furieux pas vraiment adeptes du compromis et de la diplomatie, notre brave Commandeur, tout frais sorti de son école militaire, se retrouve bien dépourvu, jusqu’à ce qu’il décide à la jouer comme Beckham**, et se résolve à louer les services d’auxiliaires aussi bad ass que les Catachans.

Sur cette trame plutôt innovante et intéressante, Cambell se contente malheureusement de mettre l’accent sur l’assaut des Kroots contre les derniers loyalistes de Cytheria, passage obligé certes, mais qui aurait sans doute gagné à être mis en retrait par rapport à d’autres idées que l’auteur ne développe que pas ou peu.

Par exemple, Mihalik donne une semaine aux Taus pour quitter la planète, faute de quoi il utilisera ses bombes bactériologiques faites maison contre les métropoles où sont stationnés les soldats du Bien Suprême, sans la moindre considération pour les dommages collatéraux qu’une telle action pourrait entraîner parmi la population civile, prétextant que tous ceux n’ont pas pris les armes contre l’envahisseur ne sont que des traîtres en puissance. À titre personnel, j’aurais bien aimé voir les Catachans se livrer à quelques exactions envers les « collabos » de Cytheria, histoire de sortir de la finalement très manichéenne guerre inter-espèce.

Car même si le Commandeur Shas’o Rra (le surnom que lui a donné Mihalik, qui signifie « Commandeur Fantôme ») est indubitablement le héros de la nouvelle, on peine à ressentir une quelconque empathie pour lui, les résistants de Papy apparaissant toujours bien plus sympathiques que lui aux yeux du lecteur***. Le dénouement de la nouvelle, au cours duquel Shas’o Rra pète un câble et se transforme en tueur sadique (Ezrah finira un peu comme le Kevin de Sin City, pour ceux qui connaissent), ainsi que les toutes dernières lignes de l’histoire, qui laissent entrevoir la victoire « morale » des diables de Catachan, ne font que renforcer ce sentiment de distanciation. Non que ce dernier soit vraiment dérangeant en lui-même, certains des héros de la BL n’étant pas vraiment des enfants de chœur (le petit Malus en tête), mais le manque de maîtrise de l’auteur amène à penser que lui même considère son personnage comme un être vertueux, auquel le lecteur devrait pouvoir s’identifier, ce qui n’est malheureusement pas le cas.

Reste que Campbell réussit assez bien son premier test, en rendant une copie un brin plus exotique que la norme, dans laquelle le paradoxe que représente une guerre menée au nom du Bien Suprême est, sinon exploré, au moins évoqué avec une certaine justesse.

*: Ka’Tashun en Tau… Moi qui croyait que ça se prononçait « Katakan », me voilà fort marri.

**: Brutos Boucher Beckham, ou BBB, champion exalté de Khorne de la légion des World Eaters

***: Et c’est bien normal: Rambo est bien plus cool que le général Akbar. Fact.

Au final, un numéro qui bénéficie des contributions d’auteurs de classe comme Abnett et Werner pour se placer dans le peloton de tête des meilleurs crus de Hammer & Bolter. Counter met en place les conditions nécessaires à son grand final avec un enthousiasme communicatif, même pour les non-inités, et la nouvelle de Campbell rachète par son point de vue original une qualité d’écriture peu enthousiasmante (il faut dire que passer après Abnett n’est jamais facile). Seule ombre au tableau, les errements narratifs estampillés Silver Skulls que Sarah Cawkwell voudrait faire passer pour une histoire potable de Space Marines viennent ternir le bilan sinon fort honorable de cette huitième livraison.

HAMMER AND BOLTER [N°7]

Salut à tous! Au menu de cette critique, le numéro 7 de Hammer & Bolter, le mensuel virtuel préféré de Benoît XVI (en tout cas, il n’a jamais officiellement démenti l’info). Et attention mes petits amis, car ce numéro est très spécial. Pourquoi? Pour qui? Comment se fait-ce? Suis-je? Pense-je? Divague-je? La réponse à toutes ces questions (et surtout la première) plus bas!

Comme l’usage le veut, on commence avec l’insoutenable interrogatoire d’un des auteurs de la BL par un implacable questionnaire à réponses courtes (sans blague, le plus gros du travail des éditeurs est de trouver trois phrases d’accroche du style « Cher seigneur Inquisiteur, on a enfin choppé cette enflure de -insérer le nom de l’auteur-, vindieu que ça a été dur. On l’a cuisiné et voilà ce qu’il raconte. Gros poutous. »). Cette fois-ci, c’est l’insipide Darius Hinks qui s’y colle. J’use de ce qualificatif peu flatteur car la première livraison du bonhomme dans cet auguste journal s’était révélé assez terriblement creux. Ça s’appellait Virtue’s Reward (et ça doit toujours s’appeler comme ça d’ailleurs), et c’est chroniqué un peu plus bas pour ceux qui veulent.

Or donc, qu’apprenons-nous de palpitant en diable sur la vie professionnelle du bon sieur Hinks? Comme d’habitude, qu’il a des projets en cours (une nouvelle sur le chapitre des Relictors, pour les inconditionnels des chapitres Space Marines un peu borderline*, histoire de prolonger la magie des Soul Drinkers) et des rêves pieux (dans son cas, écrire quelque chose mettant en scène Orion comme principal protagoniste… why not?). Plus intéressant, encore que, Darius confirme à mots couverts qu’il est bien le yes man de la BL, puisque Christian Dunn lui a demandé de pondre une nouvelle spécialement pour le Games Day 2011. Cet événement étant avant tout la vitrine du hobby, et ses organisateurs ayant bien compris qu’il valait mieux niveler par le bas pour ne pas se couper des hordes braillardes, décérébrées et décérébrantes, qui constituent une bonne part des visiteurs, il est à craindre que toute production littéraire estampillée « Games Day » se révèle être absolument dispensable. Pour mémoire, c’était déjà Hinks qui avait fourni une des trois nouvelles publiées à l’occasion de la sortie du supplément « Tempête de Magie », Razumov’s Tomb. Un jour, Darius, un jour tu pourras choisir sur quoi tu veux travailler…

* si l’expression consacrée énonce qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des oeufs, les Relictors poussent le vice jusqu’à balancer des charges de démolition dans le poulailler.

Manbane – A. Hoare [WFB] :

On commence fort avec une nouvelle d’un des grands noms de Games Workshop, période 2000’s, j’ai nommé Andy Hoare. Responsable de l’écriture de plusieurs Codex, collaborateur régulier du White Dwarf, et continuellement affublé de coiffure aussi improbables tant dans leur volume que dans leur couleur, voilà un homme qu’on oublie pas facilement. Suivant l’exemple de nombre de ses petits copains (McNeill, Thorpe, Kyme…), Andy a donc choisi d’emprunter la voie périlleuse de l’écrivain, délaissant le douillet statut de concepteur de jeu pour se lancer dans le grand bain de la littérature med-fan (c’est ce qu’aurait voulu faire Archaon s’il avait pu). Principaux faits d’armes du blondinet, les deux dyptiques consacré aux bikers du 40ème millénaire (born to be Whiiiiiiiiiiite Scars!): The Hunt for Voldorius et Savage Scars, et auparavant, aux tribulations d’un Rogue Trader dans l’Ultima Segmentum, Rogue Star et Star of Damocles. Cependant, point d’Hell’s Angels en armure énergétique ni de voyages jusqu’aux tréfonds de l’espace connu dans cette nouvelle, puisqu’ Hoare choisit de mettre en scène Benedikt Duerr, apprenti sorcier impérial au sein du Collège Améthyste.

Tout commence plutôt mal pour le pauvre Ben, puisqu’on s’aperçoit rapidement qu’il se ballade seul (première erreur) et de nuit (deuxième erreur) au milieu de la Drakwald (troisième erreur). Comme si ça ne suffisait pas, la bande d’Hommes Bêtes du coin a définitivement décidé de le bizuter, à coups de flèches dans le ventre et de hache dans la tête. Mais qu’allait-il faire dans cette galère, vous entend-je demander? Et bien, à ce que j’en ai compris, les mages formés dans ce Collège doivent apparemment rapporter le fameux « Fléau des Hommes » (Manbane en VO, ça me rappelle un poison Elfe Noir), qui ne pousse que dans ces bois lugubres, afin de prouver qu’ils sont bien dignes de poursuivre leurs études. Mouais. C’est un peu comme si les Maîtres du Collège d’Ambre demandaient à leurs élèves de leur rapporter une dent de Ghorgon, ou que les internes du Collège Céleste devaient se balader avec un paratonnerre sur le dos un jour d’orage: l’écrémage doit être vachement sévère.*

Mais coup de chance, la fuite éperdue de Benedikt le mène au pied d’une tour trotro dark et mystérieuse, que même les méchants hommes-bêtes n’osent pas le suivre jusque là. Et à partir de là, Hoare se fait plaisir avec tous les clichés qu’on est en droit d’attendre: voix sépulcrale qui invite le jeunot à venir le rejoindre au sommet de la tour, intérieur décrépit, épaisse couche de poussière, reliques immémoriales et tomes légendaires, et, bien sûr, le petit vieux qui squatte les lieux, et qui se révèle être un mage de la mort de niveau 87, comme de juste. On apprendra qu’il a toujours été là, et qu’il n’est rien de moins que le plus puissant mage améthyste de l’Empire… Sauf que comme son truc à lui, c’est de rester enfermé dans sa tour pour compter jusqu’à l’infini (deux fois), on se rapidement compte qu’il ne sert absolument à rien. Hoare n’explique en outre pas comment il a fait pour se procurer tous ses incunables, étant donné que le pépé de Shalott n’a pas quitté sa tour depuis l’origine du monde (le pervers)… Et avec tous les hommes-bêtes en maraude dans le coin, pas sûr que les coursiers de Chronopost acceptent de venir livrer dans le coin.

Toujours est-il que Ben, sans doute allergique à la poussière, décide rapidement de se faire la malle, et réussit à extorquer au vioque le sort qu’il lui faut pour cela. Je m’arrêterai là pour le résumé, pour que ceux qui veulent lire aient la surprise du dénouement, mais pour les autres, sachez que ce dernier implique une bande de squelettes affectés par l’animosité (et peut-être la stupidité aussi, c’est à débattre) et, ô miracle, ô jour béni, la première golden shower de l’histoire de la BL. Si si.

Au final, une gentille petite nouvelle qui ne casse pas le tibia d’un garde des cryptes, mais qui se laisse lire avec bonhommie. Comme amuse-bouche, et si on est de bonne humeur, ça passe assez facilement. Reste à voir si la suite s’avère plus consistante. #HabileTransition

*: à moins que les gus de la Purple Academy ne considèrent qu’on ne sert jamais mieux Morr que quand on l’est soit même complètement (mort, pour ceux qui ne suivent pas).

The Last Remembrancer – J. French [HH] :

The Last RemembrancerAprès une première livraison, Hunted, dans le quatrième numéro de Hammer&Bolter, John French (sûrement un discret hommage à Johnny English) nous revient avec une nouvelle traitant de l’Hérésie d’Horus, comme le titre de l’œuvre en question vous l’a sans doute déjà révélé. Cerise sur le gâteau, en plus de la version « papier » de l’histoire, la BL fournit gracieusement aux lecteurs la version audio, telle que narrée par l’inimitable voix de stentor de Gareth Armstrong*. C’est le moment de sortir la calculette et de voir combien cet acte généreux nous fait économiser: en l’occurrence, pas moins de 6 euros (le prix de l’audio-book correspondant tel qu’affiché sur le site de la BL), soit 150% du prix du numéro de H&B. Pas mal, pas mal du tout. Après la première « transgression » que constituait le Waiting Death de Steve Lyons (mais si, les vacances du Colonel « Iron Hand » Starken de Catachan sur un quelconque monde hostile, en compagnie du Colonel Reyel de Harayneby**), il était somme toute logique que la prochaine étape soit celle-ci, mais comme ce n’était annoncé nulle part au moment de l’achat (où alors j’ai mal regardé, ce qui est aussi possible), la surprise n’en est que plus agréable. Je tire donc mon chapeau au grands princes de la BL pour ce petit extra appréciable. Bon après, il faut aimer les audio-books en anglais, mais avec le texte livré avec, c’est vraiment royal.

De quoi ça parle? French place l’action à quelques encablures à peine de la sainte Terra, dans les geôles d’une prison secrète dissimulée sur Titan (pas sûr que McArius y ait déjà envoyé ses premières super recrues faire du camping et, accessoirement, s’entraîner à poutrer du démon à l’abri des regards à ce moment là, mais il n’en reste pas moins que cette lune a l’air d’être ze place to be quand il s’agit de cacher des trucs top secrets). On y suit la confrontation entre « un fidèle primarque*** », assisté de Iacton Qruze, avec le premier et dernier des Commémorateurs, Solomon Voss. Dûment renvoyé à l’expéditeur par Chaossimo (c’était le temps béni de l’hérésie où les gars ne regardaient pas à la dépense: sacrifier un gros vaisseau – un kilomètre de long, des milliers de membres d’équipage et de soldats – juste pour faire une blague pourrie à un frère qu’on ne peut pas blairer, c’est bling bling) après avoir bénéficié d’une visite thématique de la galaxie offerte par Horus himself, Voss est assez logiquement soupçonné par Dorn et Qruze de jouer maintenant dans le camp adverse. Cependant, French déplace rapidement le débat du classique loyaliste/hérétique vers une nouvelle problématique, à savoir: la fin justifie toujours les moyens, ou bien la défense de ses valeurs peut-elle justifier qu’on renonce à ces dernières, même temporairement? Le souci de transparence et de propagande qui a mené l’Empereur à créer les Commémorateurs lui retombe à présent sur le coin du nez (qu’Il avait aquilin), car il va sans dire qu’autoriser celui que le texte présente comme étant le plus grand écrivain de son temps à raconter tout ce qu’Horus lui a fait voir durant son trip cosmique n’est pas vraiment une grande idée pour le moral des troupes. Écartelé entre l’idée qu’il se fait de l’Imperium et les décisions borderline qu’il va lui falloir prendre pour le préserver de l’anéantissement, Dorn va finir par trancher dans le vif (littéralement), perdant du même coup un peu plus de ses illusions vis à vis du monstre qu’il a contribué à créer.

Clairement une bonne petite nouvelle, qui si elle n’apporte pas grand chose en terme de fluff à la grande fresque que constitue les résilles d’Aude Russe, permet de reprendre contact avec quelques seconds rôles attachants de cette dernière, en plus de délivrer le questionnement moral qui constitue sa raison d’être de manière assez fine. On aurait étudié ça en philo au lycée, j’aurais sans doute été plus attentif.

*: vous admettrez avec moi que c’est vachement dur d’imiter la voix d’un mec que personne ne connaît.

**: le deuxième s’étant révélé être celui qui fait une très bonne descente de lit pour le premier avant le début de la nouvelle, on n’en entend malheureusement pas parler au cours de cette dernière, et croyez-bien que je le regrette.

***: Je ne vois pas bien l’intérêt de faire planer un faux suspens en ne révélant pas tout de suite que le primarque en question se trouve être Rogal « this yellow bastard » Dorn, étant donné que tout lecteur connaissant un tant soit peu son fluff sait très bien qu’il est le seul à monter la garde auprès de Pépé à ce stade de la crise d’adolescence d’Horus. En revanche, ne pas mentionner tout de suite Qruze aurait peut-être apporté un peu plus de piment à sa « réapparition ».

Phalanx – ch. 8 – B. Counter [40K] :

PhalanxRetour sur le Phalanx, où les choses commencent à chauffer sérieusement. Avec la grande majorité des Soul Drinkers en fuite dans le vaisseau, le temps de l’état de droit et des principes généreux semble soudainement passé de mode, même la patience de Vladimir « en trois exemplaires datés et signés » Pugh ayant ses limites. On remarquera juste que c’est la deuxième fois au cours d’un même numéro que les Imperial Fists doivent s’asseoir sur leurs grandes idéaux pour recourir à la bonne vieille approche frontale pour laquelle les Space Marines sont bien connus. L’univers n’était (toujours) pas prêt.

Pour autant, Counter, qui connaît son affaire, se contente de faire monter la sauce en choisissant de dépeindre les préparatifs des deux camps juste avant que la boucherie ne commence. Il n’y a guère que le pauvre capitaine N’Kalo (encore lui, ça doit être une affaire de karma) pour avoir un avant-goût du carnage innommable qui s’apprête à déferler dans le yellow submarine, puisqu’il arrive à gagner quelques points d’invalidité supplémentaire (rafale de bolts dans le torse, crâne enfoncé, oeil explosé… le dreadnought n’est plus très loin) des mains du chapelain Iktinos, qui le prend en otage pour faire bonne mesure, malgré le regard courroucé que lui adresse Sarpedon.

De leur côté, Pugh & friends s’organisent une petite offensive de derrière les fagots, insensible à l’ironie d’avoir à assiéger une bande de rebelles à l’intérieur même de leur vaisseau amiral. C’est Perturabo qui doit être content. Pas grand chose d’autre à dire sur ce chapitre, que Counter maîtrise bien, sans faire preuve d’une grande originalité. Les counteries font en revanche un retour en force, à tel point qu’on peut se demander s’il n’a pas écrit cette partie en mode pilote économique, tout à son empressement de passer aux choses sérieuses. Petit florilège (parce que ça fait longtemps et parce que je suis un être mesquin):

– le coup de bol monstrueux des Soul Drinkers on the run, qui s’enferment dans la première salle à peu près défendable qu’ils trouvent (une bibliothèque), et qui se révèle être… le lieu où les Imperial Fists ont stocké toutes les pièces à charge pour le procès, c’est à dire toutes les armures et les armes (chargées hein) confisquées aux Soul Drinkers lors de leur « arrestation ». La salle sur demande de Poudlard c’est de la petite bière à côté de ça*.

– le chef des pèlerins responsables de l’évasion des Soul Drinkers qui les attend tranquillement dans la même salle, et qui commence à taper la discute avec le capitaine Luko. Pour rappeler au lecteur que c’est toujours lui le patron, et que dans ses livres, le fluff avance plus vite qu’un orque bourré aux commandes d’un land speeder custom’, Ben trouve malin de mettre la phrase suivante dans la bouche du pelos: « All human history hinges on this point, captain! ». Enfoncée, l’Hérésie d’Horus!

– le capitaine Luko, sans doute ému par la déclaration du vioque sous LSD, qui choisit ce moment de calme avant la tempête pour déclarer qu’en fait, la violence et le sang, il déteste ça. Bon, une autre carrière brisée par une reconversion forcée. Il ne devait pas avoir des parents cool le Luko. N’empêche qu’il est vachement fort avec son matos le gars, puisqu’il arrive à enfiler son armure avec une seule main (l’autre étant ceinte d’une griffe éclair, je ne pense pas qu’il puisse vraiment s’en servir).

– Reinez, clochard transformiste, puisqu’après avoir été présenté comme appartenant au chapitre des Crimson Fists au début du roman, arbore maintenant l’héraldique des Howling Griffons. Ben, tu te relis des fois?

– N’Kalo, qui avant de perdre un oeil, avait quand même la vue bien basse pour un Space Marine. À la recherche d’une arme quand il entend Iktinos approcher, il regarde partout avant de s’emparer d’un kikoup’ ork (il était dans la galerie des trophées des Imperial Fists). Après le combat, Sarpedon se pointe et ramasse une épée énergétique qui traînait par terre parmi les cadavres.

– Gethsemar, alias the Mask, qui sort le grand jeu avant de monter à l’assaut en exhibant la pièce la plus rare de sa collection (et sans doute de l’Imperium), puisque, tenez-vous bien, il s’agit d’une pièce moulée sur le visage de Sanguinius mourant. Sans blague, il y avait un artisan-mouleur qui se baladait sur la barge d’Horus à ce moment là?

– Toujours le même Gethsemar, qui en plus d’être un esthète, est également un philosophe (il a tous les vices), et tue le temps avant l’assaut en livrant au pauvre Archiviste Varnica, qui n’en demandait sans doute pas temps, ses considérations sur ce qu’est un Space Marine mon bon monsieur.

– L’inquisiteur Kolgo, qui vient jeter un coup d’oeil aux préparatifs des Imperial Fists, engoncé dans une armure terminator. Counter précise qu’il a plus l’air d’un observateur que d’un guerrier même dans cette tenue, ce qui se comprend facilement étant donné qu’il doit légèrement flotter dans son costume.

– Et, last but not least, Sarpedon qui arrive tranquillement dans la salle dans laquelle ses sous-fifres se sont retranchés, les mains dans les poches et la fleur au fusil. Alors, deux possibilités: soit les Imperial Fists ne connaissent même pas toutes les entrées possibles de leur bibliothèque, ce qui paraît tout de même peu plausible, étant donné qu’ils squattent le Phalanx depuis plus de 10.000 ans, soit Counter n’a pas pensé à ce léger détail au moment de l’écriture de ce chapitre.

*: bah oui, il faut chercher ce qu’on veut trouver dans tout le bordel, alors que là, non, c’est tout bien rangé.

Flesh – C. Wraight [40K] :

FleshOn finit avec la petite pépite de ce numéro, plus par manque de concurrence que par une qualité intrinsèque absolument renversante. Chris Wraight, déjà papa d’un Feast of Horrors assez potable (Hammer & Bolter n° 5) et sur le point de devenir le Mr Empire de la BL (la série des Sword of , Iron Company, Luthor Huss, Dark Storm Gathering…), nous revient donc avec une nouvelle* de Space Marines. Mais attention, pas n’importe quel chapitre, mais bel et bien la confrérie loyaliste la plus bad ass de tout l’Imperium, j’ai nommé les Iron Hands.

Légion au background assez peu exploré par les auteurs de la BL, les fils de Ferrus Manus sont décrits dans les fragments de fluff leur étant consacrés comme des Marines réglant leurs problèmes avec une brutale efficacité, dont leurs alliés non génétiquement modifiés ont souvent à souffrir. Pendant que les Salamanders s’amusent à construire des hôpitaux pour les victimes des conflits dans lesquels ils sont engagés et voient d’un mauvais œil qu’on bombarde les camps de réfugiés, les Iron Hands seraient plutôt du genre à raser la cité-ruche qu’ils viennent juste de sauver, rien que pour punir les défenseurs de leur inefficacité. Une bande de joyeux drilles donc.

Envoyée à la rescousse d’une ruche aux niveaux inférieurs envahis par ce qui semble être des zombies de la peste, la (demi) escouade du sergent Morvox réussit évidemment là où ses couillons de PDF ont échoué, et reprend niveau après niveau de la spire sans même transpirer (ou, dans ce cas particulier, surchauffer**). En parallèle, Wraight cherche à faire du Abnett, en insérant régulièrement des passages « flashback » racontant la lente ascension de Morvox depuis le stade peu enviable d’aspirant*** jusqu’à celui d’ « Iron Father » cherchant à rembourser sa dette auprès de l’Adeptus Mechanicus (parce que oui, venir étudier sur Mars coûte bonbon). On comprendra dans le grand final de la nouvelle pourquoi ces deux histoires sont liées, au grand désespoir des défenseurs humains de la cité-ruche attaquée. Ce n’est pas encore cette fois que les Iron Hands amélioreront leur image auprès du public, mais étant donné qu’ils s’en tamponnent les augmétiques, on en vient presque à les apprécier pour leur approche résolument directe. Si vous aussi, vous en avez marre des Space Marines bienveillants et attentionnés (ou qui essayent de l’être), c’est la nouvelle qu’il vous faut.

Wraight trousse là une bonne petite nouvelle jonglant efficacement entre passages musclés (marounes oblige) et exploration de la psyché des Iron Hands. À travers les trajectoires de Morvox et Ralegh (un des Space Marines de l’escouade, le plus « humain » du lot), on commence à comprendre comment la perception des fils de Ferrus Manus envers leur propre corps se modifie progressivement, depuis l’incompréhension initiale des traditions du chapitre (pourquoi charcuter un corps rendu parfait par la modification génétique?) jusqu’à la vision purement esthétique de la chose. Si les Space Marines sont souvent décrits comme ayant sacrifié leur humanité pour mieux défendre cette dernière, alors les Iron Hands sont les parangons des Anges de la Mort, et un rappel constant du prix à payer pour que l’Imperium soit préservé. Wraight réussit donc à nous rendre un brin empathique envers ces hommes-machines, un petit tour de force compte tenu du lourd passif du chapitre. On verra s’il parviendra à faire aussi bien dans son roman Iron Wrath (qui sort en juillet).

*: Nouvelle disponible individuellement à l’achat, pour le prix de 3 euros. Quand je vous disais que ce numéro était rentable!

**: mais le plus impressionnant reste le pouvoir « munitions illimitées » que les Iron Hands semblent posséder. Si Wraight n’oublie pas de préciser qu’ils s’arrêtent pour recharger de temps en temps, l’escouade de Morvox purge tout de même une centaine de niveaux d’un seul élan, sans avoir besoin d’être ravitaillés en munitions une seule fois.

***: où on comprend mieux pourquoi les Iron Hands ont si mauvais caractère… Tu reviens à moitié mort d’un trek dans les landes bucoliques de Medusa, juste pour t’entendre dire que tu n’es qu’une grosse merde et te faire à moitié couper le bras par ton sergent instructeur… Fun!

Au final, un numéro d’assez bonne tenue, sans nouvelle véritablement mauvaise. Tout n’est pas enthousiasmant non plus, mais étant donné le rapport qualité-prix extraordinaire de l’ensemble, on ne fera pas trop la fine bouche.

HAMMER AND BOLTER [N°6]

Salut à tous! Après avoir découvert quel était le sens de la vie au cours d’une retraite de quelques mois dans un monastère tibétain (ils cherchaient un type qui accepterait de faire la plonge avec une eau à température ambiante, c’est à dire un poil supérieure à √2*°C), terraformé quelques exoplanètes sur le chemin du retour et mis en terre le yak grabataire que les braves bonzes m’avaient donné en guise de salaire (la pauvre bête n’a pas bien supporté la chaleur de ces derniers jours), je peux enfin me consacrer de nouveau à des occupations plus saines et constructives, comme par exemple essayer de rattraper mon retard de chroniques de Hammer and Bolter. Soyez gentils, ne me dîtes pas de combien de numéros je suis en retard, je risquerai de me présenter à la présidentielle rien que pour me changer les idées.

Bref bref bref, il est maintenant grand temps de commencer la critique, constructiviste mais également fonctionnaliste, et même un peu structuraliste (d’après le supérieur du monastère, qui a absolument tenu à relire mon texte), de ce sixième numéro.

* : et on parle en degré Fahrenheit, hein.

Comme il est coutume, débutons par l’habituelle micro-interview, consacrée à l’époque au prometteur Rob Sanders (The Long Games at Carcharias, The Iron Within, publiés précédemment dans Hammer and Bolter, ainsi que les romans Redemption Corps et Atlas Infernal). Depuis le temps, j’espère sincèrement qu’il a confirmé son statut de petit nouveau à suivre de près (il aurait fallu que je vende un rein, la moitié de mon foie et mon dernier paquet de Ricola pour couvrir les frais de ports exigés par la BL entre la pluvieuse Albion et le Népal, ce qui explique pourquoi je suis assez peu au fait des dernières nouveautés), et que ses longs formats tiennent aussi bien la route que les deux nouvelles qu’il a soumises à Hammer and Bolter.

Des millénaires auparavant donc, Sanders était en train de mettre la dernière main à un autre roman, Legion of the Damned, qui sortira le mois prochain (je ne suis pas encore trop en retard). Encore une histoire de marounes me direz-vous. Étant donné qu’il fait partie des « happy fews » de la BL capable d’écrire sur ces joyeux psychopathes en innovant quelque peu par rapport aux annuaires de textes leur ayant déjà été consacré par bientôt deux générations de scribes besogneux*, on ne s’en plaindra pas trop fort. Sanders a même l’honnêteté d’admettre à mots couverts que les grosses brutes avec des gros flingues, lui trouve ça plutôt limité comme canvas pour un auteur, et avoue être intéressé par l’écriture où le héros serait un chaoteux (potentiellement intéressant, McNeill avait pas mal réussi son coup avec Tempête d’Acier), voire un Tau (potentiellement très intéressant). On apprend aussi que le gars enseigne la littérature (c’est plus classe que de dire qu’on est auteur à la BL, c’est sûr), ceci expliquant sûrement pourquoi il prend poliment ses distances avec le travail de ses collègues quand on lui demande quels sont ses livres et auteurs préférés. Une preuve de bon goût.

*: sans blague, on en sait plus sur les rites d’implantation de la neuroglotte au sein du chapitre des Stellar Bears (qui nécessite une paire d’écarteurs en plastacier, un point de superglue, un Apothicaire sobre – vachement rare -, la neuroglotte en question, et trois ans de chirurgie réparatrice après coup) que sur le cycle de vie de 95% des espèces animales et végétales de notre planète. Pensez-y.

Tower of Blood – T. Ballantyne [40K] :

Tower of BloodPremière publication pour cet auteur au nom charpenté et vieilli en fût de hêtre (j’espère que c’est un pseudonyme, les premières années ont du être difficile sinon). Ô surprise, encore une histoire de Marines (c’est à croire que Gilbert Collard a soudoyé les éditeurs de H&B), ça faisait longtemps.

À ma droite, on trouve donc Goedendag Mornigstar (Goedendag signifiant également Morningstar en Swahili, notre fringant héros se retrouve affublé d’un sobriquet aussi crédible que Tom Tom) sergent chauve d’une escouade de marsouins Iron Knights expressément chargés de la purge d’une spire d’une cité ruche récemment envahie par les démons (à ma gauche). Outre le fait qu’on puisse légitimement se demander ce qu’a dit Goendendag à l’officier en charge pour se voir affecter une mission aussi conséquente avec des effectifs aussi réduits* (à moins que l’Imperium n’ait lui aussi adopté une politique de rigueur afin de regagner son triple A**, en ne remplaçant qu’un Marine mort sur deux), on ne peut que s’extasier devant la formidable endurance de nos héros, qui, si on en juge par la suite de la nouvelle, ont du se taper 865 étages à pied pour parvenir en première ligne. Sans doute que le chapitre a été baptisé ainsi parce que tous ses guerriers ont effectivement des rotules en acier trempé, mais je m’égare.

On suit donc la difficile progression de Duran Duran et de ses hommes jusqu’à la faille Warp, périple évidemment semé d’embuches et de découvertes peu ragoutantes (Ballantyne est assez tordu pour se démarquer dans le catalogue pourtant bien fourni des descriptions gore de la BL). Contrairement à ce que le titre et les kilomètre-cubes d’hémoglobine que Goedendag se prendront sur le crâne (littéralement, Goedendag interdisant catégoriquement à ses hommes de mettre leur casque pendant la plus grande partie du récit, soi-disant pour éviter de mener par mégarde les civils survivants qu’ils pourraient retrouver dans des zones dépressurisées) avant de parvenir devant le boss de fin, il est intéressant de noter que les Iron Knights devront éparpiller de la démonette et non du sanguinaire, ce qui est assez contre-intuitif je dois dire. Bien sûr, massacrer les habitants d’une ruche est une activité foncièrement salissante, surtout quand on a des pinces à la place des mains***, mais l’emphase que l’auteur met sur le caractère sanglant de l’invasion démoniaque ne cadre pas vraiment avec le fait que cette dernière soit l’oeuvre de Slaaneshis.

On passera rapidement sur le dénouement final, d’une banalité consommée, seulement illuminé par l’amateurisme absolu du pseudo démon majeur, rapidement expédié par Goedendag et ses sous-fifres (pour un Gardien des Secrets, ne pas deviner qu’un mec qui s’appelle littéralement « je kiffe les masses d’armes » s’apprête à réduire en pulpe la tête de votre hôte avec la paire d’étoiles du matin qu’il trimballe partout avec lui, c’est pas vraiment pro). Le fait que le héros et le grand méchant échangent des vœux de fidélité éternelle avant que le second ne retourne squatter dans l’Immaterium (« on se retrouveraaaaaaaaaaaa… ») n’est pas non plus très original, en plus d’empiéter sur les prérogatives « fluffiques » des Chevaliers Gris, les seuls jusque là à entretenir des relations extra-professionnelles avec l’engeance du Warp. Pas sûr que la BL permette à Ballantine de continuer dans cette direction, et donc qu’on entende parler de nouveau de Goedendag.

Au final, une nouvelle plutôt moyenne, pénalisée par la somme des poncifs estampillés SM égrenés au fil des pages, au milieu desquels les quelques timides tentatives de Ballantyne de surprendre son lecteur tombent rapidement à plat. Peut mieux faire.

*: comme tous les Chevaliers Gris (Grey Knights en VO) du secteur étaient partis bannir la réincarnation de Susanne Boyle à ce moment, je suppose que les Iron Knights sont apparus comme le « second best choice ». Après tout, le fer, c’est gris aussi.

**: Annihilation Apocalyptique à l’Aveugle

***: la prochaine fois que vous mangerez des fruits de mer, essayez d’éventrer votre voisin avec une pince de tourteau pour vous rendre compte.

The First Duty – J. Reynolds [WFB] :

Dans la grande famille des Reynolds, on connaissait déjà Anthony (qui également contribué à ce numéro d’ailleurs, voir plus bas), et voici qu’arrive Joshua, dit Josh, auteur free-lance relativement nouveau dans l’écurie de la BL, bien qu’il ait déjà pondu un e-book pour la série Gotrek & Felix, Charnel Congres, un roman, Knight of the Blazing Sun, quatre nouvelles en plus de The First Duty, et soit actuellement en train de bosser sur le manuscrit de Nefarata (qui devrait sortir en janvier 2013). À côté de ça, le gars a derrière lui plus d’une centaine de nouvelles publiées par divers revues et webzines, on peut donc légitimement parler d’auteur vétéran*.

Le récit nous entraîne sur les traces de Hector Goetz, chevalier impérial ayant fraîchement gagné ses éperons, lancé avec ses hommes à la poursuite d’une bande d’hommes-bêtes, quelque part dans le Talabecland profond. Outre le fait que l’inexpérience de Goetz et les inévitables questionnements métaphysiques qui vont avec n’améliorent pas vraiment l’aura de leadership de ce dernier, il doit de plus composer avec les relations assez tendues qu’entretiennent les deux « régiments » de sa force, à savoir une bande de rednecks superstitieux vêtus de peaux de bêtes et une poignée de miliciens totalement convaincus de leur supériorité sur les bouseux susnommés. Comme les chefs de ces deux groupes (Lothar pour les ruraux, Hoffman pour les urbains) passent le plus clair de leur temps à s’accuser mutuellement d’être de mèche avec les chaoteux, l’air devient rapidement irrespirable dans les rangs impériaux, Goetz se contentant pour sa part d’essayer de recoller les morceaux entre péquenauds et bourgeois.

Comme pour beaucoup de nouvelles écrites par des auteurs free-lance pour le compte de la BL, l’intérêt de The First Duty ne réside pas tant dans son apport au fluff (que Reynolds semble par ailleurs bien maîtriser, ce qui n’est pas toujours le cas des contributeurs occasionnels à H&B), mais plutôt dans les rapports entre les personnages, plus fouillés qu’à l’ordinaire. La tension entre Lothar et Hoffman va ainsi crescendo, chacun essayant de persuader Goetz, et le lecteur avec lui, que l’autre est un traître en puissance. Étant donné le peu de pages mis à la disposition de Reynolds pour faire monter la sauce, je trouve que ce dernier s’en sort très honorablement.

Malheureusement, il ne parviendra pas à réitérer cette performance au moment de conclure sa nouvelle (car même s’ils se montrent très discrets, les hommes-bêtes devront bien être trucidés pour que tout se finisse à peu près bien), et on assiste d’un œil distrait à l’assaut téméraire de Goetz et de ses derniers hommes contre les affreux mutants. L’auteur a beau user de toutes les ficelles à sa disposition pour nous rendre un brin empathique au destin de ses héros (tout y passe, depuis les gentils se battant à un contre trois cent quatorze, jusqu’à l’entité absolument maléfique encore en gestation et qu’il s’agit de tuer avant qu’il ne soit trop tard, en passant par le sacrifice d’un personnage principal au nom du bien suprême), rien n’y fait. Dommage.

*: il a un blog (en anglais, œuf corse) sur lequel on peut trouver sa bibliographie complète, avec accès libre à certains de ses textes pour ceux qui veulent: cliquez ici.

Phalanx – ch. 7 – B. Counter [40K] :

Retour au TPI (Tribunal Pénal Intergalactique) du Phalanx. Dans la salle d’audience, rien ne va plus: non seulement N’Kalo a jeté un froid considérable sur les débats en osant prendre la défense des Soul Drinkers, mais le capitaine des Angels Sanguine (vous savez, le gars qui se balade avec sa collection perso de masques mortuaires assortis) a livré une information fracassante : le primarque dont le chapitre renégat tire son matériel génétique n’est pas Rogal Dorn, les prêtres sanguiniens et Horatio Kane sont formels (par contre, ne leur demandez pas quel primarque a donné de sa personne pour créer les Souls Drinkers : malgré leur expérience millénaire en la matière et la technologie de pointe à leur disposition, ils n’en savent absolument rien).

Stupeur et tremblements au sein de l’auguste assemblée, Sarpedon devenant tout vénère à la suite de cette révélation, ce qui n’empêche pas Pugh de le condamner à mort, et tous les Soul Drinkers survivants avec lui (Lysander risque d’exploser son compteur d’heures sup’). Exactement 8 secondes après que la sentence ait été prononcée, un vaisseau s’écrase sur le dôme du Phalanx dans lequel le procès se tient, donnant à Vladimir Pugh l’occasion de prouver que si les Space Marines ne connaissent pas la peur, ils ne faut pas non plus pousser pépé dans les orties*. Évidemment, Sarp’ en profite pour se faire la malle, donnant au passage l’occasion à Reiner de se plonger (littéralement) dans l’étude des cogitateurs qui équipent le vaisseau.

Au même moment, le pèlerin qui était venu prier pour le salut des âmes des Soul Drinkers devant les cellules de ces derniers sort sa guimbarde et commence à jouer la « Bombe humaine » (au 40ème millénaire, on peut apparemment remplacer son sang par de la nitroglycérine, sans autre effets qu’une légère fatigue et un tempérament explosif), à la plus grande joie de son public. Sa performance absolument renversante convainc les marines survivants de quitter leurs douillettes retraites pour aller acheter le CD, au grand désarroi des Imperial Fists de garde, tout aussi soufflés par le show.

Après six chapitres de préparation, Counter entre donc enfin dans le vif du sujet, laissant ses protégés ravager le Phalanx telle un nuée de gaunts en goguette dans une fabrique d’holocristaux. Ça nous pendait au nez, et Ben ne gagnera certainement pas le prix du meilleur scénario original aux prochains BL Awards, mais au moins, il va pouvoir se consacrer à ce qu’il sait le mieux faire : de l’action épique relevée à la testostérone, saupoudrée pour l’occasion de considérations sur la dialectique entre impératif catégorique et impératif hypothétique (si si). Vivement la suite donc.

*: « Enemies abound! Brothers, flee this place! »: pour le maître d’un chapitre dont l’obstination à poursuivre le combat même dans les situations les plus désespérées est légendaire, l’expression est malheureuse. C’est Dorn qui doit se retourner dans sa Cage de Fer.

Grail Knight – A. Reynolds [WFB] :

Grail KnightOn finit avec la très bonne surprise du numéro, Grail Knight d’Anthony Reynolds. La préquelle qui figurait en effet dans le premier Hammer & Bolter, Questing Knight, ne donnait en effet pas vraiment envie de retrouver « l’héroïque » Calard de Garamont, récompensé par la Dame pour ses loyaux efforts de la vertu de Prudente Retraite Quand Je Ne Suis Pas Absolument Sûr De Gagner. Mais comme Calard avait fini par se dégotter une nemesis potable en la personne de Merovech, duc vampire de Moussillon de son état*, il aurait été injuste de ne pas lui laisser sa chance de triompher de son arch-ennemi, sauver le roi, chopper de la meuf et avoir sa photo en une de Quenelles-Match. Retour en Bretonnie donc, à l’orée d’Athel Loren, le soir de l’équinoxe de printemps (je sais à quoi vous pensez en ce moment, et la réponse est oui).

Première bonne surprise, Reynolds a laissé tomber le side-kick habituel de tout chevalier bretonnien qui se respecte, le ruffian pleutre et contrefait. Calard en avait bien un la dernière fois, répondant à l’harmonieux nom de Chlod, et on apprendra plus loin que notre noble noble a envoyé son fidèle gueux prévenir le reste du royaume qu’un ost mort-vivant était sur le point de marcher sur les riantes terres de Louen depuis Moussillon la maudite. On se gardera bien de faire remarquer que les chances de Chlod, péquenaud bossu à l’hygiène corporelle des plus douteuses, de parvenir à convaincre ne serait-ce qu’un sous-sous-baron de l’imminence de la catastrophe, doivent être à peu près égales à celle de voir la Dame du Lac lui rouler une galoche : les chevaliers de la quête ont en effet leur propre version du TGCM, le TGLDLV (Ta gueule, la Dame le veut), et honni soit qui mal y pense. En plus, Chlod est accompagné dans sa mission par un chevalier errant, ex-bandit de grand chemin en quête de rédemption. Comment douter des chances de ce duo de choc?

C’est donc seul (enfin, pas tout à fait, il a tout de même son destrier) que Calard s’enfonce dans Athel Loren, toujours guidé par les visions que lui envoie la déesse. Bien évidemment, les habitant du coin l’ont bien prévenu que c’était pas franchement une bonne idée de partir camper chez les Sylvains pile à la fin de l’hiver, mais un chevalier de la quête met les sabots de sa monture où il veut, et c’est souvent dans la gueule du loup**.

Et là, ô merveille, Reynolds se découvre soudain des talents de conteurs insoupçonnés, et embarque le lecteur dans une aventure de haute volée, retranscrivant fidèlement l’ambiance particulière de la mère de toutes les forêts, à la fois sauvage, dérangeante, dangereuse et magnifique. Mi-perdu, mi-guidé par sa destinée, Calard va rencontrer le mystérieux peuple fée, tout aussi fascinant et ombrageux que les bois dans lesquels il vit, et mêler sa petite histoire à la grande, en aidant les Asrai à réveiller le roi et la reine de la forêt malgré l’offensive de grande ampleur menée par Drycha pour perturber ce rituel capital. On se laisse volontiers embarquer dans les péripéties oniriques de Calard, qui s’achèveront d’ailleurs par un combat de volonté « rêvé » entre l’humain et l’hamadryade (ce qui permettra au passage à Reynolds d’en dire un peu plus sur le passé de son héros), en plein cœur du Chêne des Âges s’il vous plaît. Vraiment très peu à jeter dans toute la partie forestière de la quête de Calard, ce qui, au vu de la pauvre copie que Reynolds avait rendu pour Questing Knight, ne fait que rendre le tour de force plus impressionnant.

Avec tout ça, on en oublierait presque que la Bretonnie court un terrible danger, et que si la Dame a fait faire à Calard un tour en forêt, ce n’est pas pour les beaux yeux d’Ariel, mais pour que son champion amène ses nouveaux potes avec lui à la rescousse du vieux Coeur de Lion et de son ost, piégés dans Couronne par Merovech et ses hordes de cadavres. Comme pour la nouvelle de l’autre Reynolds, on pourrait craindre qu’Anthony perde son élan dans cet ultime péripétie, mais quand Joshua doit se débrouiller pour captiver son lecteur avec une vingtaine de soldats impériaux attaquant le double d’Hommes-Bêtes au milieu de nulle part, son homonyme a le luxe de pouvoir mettre en scène une bataille aux proportions monstrueuses, avec Louen, Orion et Drycha (pas rancunière la vieille branche) en guest stars, se déroulant aux pieds de la « capitale » bretonnienne.

Vous avez aimé lire le récit fait par Tolkien de la bataille des champs du Pelennor? L’illustration de la couverture du livre de règles Warmaster vous arrache toujours un frisson? Alors vous aimerez la dernière partie de Grail Knight, qui va tellement loin dans la démesure épique qu’on ne peut que sourire bêtement à chaque nouvelle déferlante de too-much chevaleresque.

Bien évidemment, à événement cataclysmique, climax cosmique : Calard et Merovech finiront par croiser le fer au milieu du carnage, avec les résultats que l’on peut attendre de ce genre confrontation. Si vous voulez vous réconcilier avec les chevaliers bretonniens (qui, il faut bien l’avouer, n’ont souvent rien à envier aux Spaces Marines en terme d’aventures bourrines et mono-neuronales), c’est la nouvelle que vous devez lire.

*: la précédente, un marcassin flatulent qui avait provoqué l’emballement de son destrier, s’étant au final révélée trop coriace pour le preux Calard

**: vous écouteriez les conseils des habitants d’un bled qui s’appelle Toucon, vous? Bon.

Au final, un numéro qui va en s’améliorant au fil des pages, depuis les honnêtes mais peu enthousiasmants travaux de Ballantine et Reynolds (Joshua) jusqu’à la spectaculaire rédemption de Reynolds (Anthony), en passant par un chapitre de Phalanx globalement maîtrisé de la part de Counter. Est-ce que l’absence de plantade monumentale suffit pour pouvoir qualifier ce Hammer & Bolter de réussite? Je vous laisse voir.

HAMMER AND BOLTER [N°5]

Allez hop, je commence la revue d’un nouveau numéro de la série, tâche trop longtemps repoussée (il paraitrait même que certaines personnes lisent les choses crétines que j’écris, et comme aurais pu dire l’autre si son imbécile de neveu n’avait pas eu la riche idée de visiter l’insectarium de Fukushima et s’était à la place consacré à sa carrière de journaliste : « un public (même restreint) entraîne de grandes responsabilités »*). Pour ma défense, l’illustration choisie pour faire la couverture de ce cinquième numéro était et reste particulièrement moche à mes yeux, le bon capitaine Sick à Rio réalisant l’exploit de sur jouer sa pose de leader inspiré menant ses hommes vers la gloire de la bataille malgré le fait qu’il s’agisse d’une illustration et qu’il porte un casque. On le sent fatigué d’être l’Action Man de tous les gamins du Segmentum, mais la communication de masse et le sens du merchandising, papi Calgar a ça dans les gènes (ça se vérifie facilement, Gulliman lui-même avait fondé une petite affaire prospère de vente de vêtements par correspondance et sur catalogue avant que son père vienne lui rappeler que c’était pas pour ça qu’il l’avait créé… La Roboute que ça s’appelait). Et puis, la chute de Damnos, c’était au numéro d’avant, les astropathes ont encore déconné sévère… Bon, on y va?
* blague à part, un grand merci à tous ceux qui sont passés par ici depuis le lancement du thread, et à tous ceux qui ont laissé un chtit mot entre mes élucubrations. Ça motive un max! N’hésitez surtout pas à poster vos propres critiques, c’était le but premier de ce sujet.

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The Iron Within – R. Sanders [HH] :

The Iron WithinNouvelle signant le retour du prometteur Rob Sanders dans les pages virtuelles de cette auguste publication, The Iron Within concerne, comme de juste, la légion tirant une grande partie de son patrimoine génétique de Ty Pennington*. Récit se déroulant pendant l’Hérésie d’Horace, cette nouvelle permet à Sanders de mettre sous les feux de la rampe un Iron Warrior ayant choisi de se battre dans le sens de l’histoire, le Warsmith Barabas Dantioch. Fidèle au portrait en clair obscur qu’il avait dressé de son dernier héros Marine (Elias « le Codex Astartes est formel sur ce point » Astregall, Maître du Chapitre des Crimson Counsuls), préférant s’attarder sur les faiblesses de son personnage pour le caractériser plutôt que sur ses forces, logique tout à fait défendable quand on parle de surhommes génétiquement supérieurs en tous points au reste de l’humanité.

La tare de Barabas, qui lui attache la sympathie du lecteur, n’est cette fois pas d’ordre psychologique, mais physique, puisque le Warsmith est le premier Marine atteint de mucoviscidose (et pas qu’un peu) de l’histoire de la Black Library. Évidemment, cette affliction découle d’une glorieuse campagne contre les Hruds, apparemment capable de réduire en grabataires même les meilleurs de l’Empereur par le seul poids du nombre (me demandez pas pourquoi). Prématurément usé par cette ultime bataille dont il fut quasiment le seul rescapé (l’autre survivant ayant fini dans un Dreadnought, et encore, un Dreadnought avec déambulateur), Barabas s’est trouvé affecté à la garde d’une planète de huitième ordre, poste honorifique mais véritable mise au placard déguisée, Perturabo n’ayant semble toute guère apprécié que sa légion soit la première à devoir verser une pension vieillesse à un de ses combattants.

Isolé dans son trou ferreux, Barabas s’est occupé comme il a pu pour tuer le temps, ce qui pour un Iron Warrior, consiste surtout à construire des miradors derrière la haie et à installer des multi-lasers dans les bacs à géraniums. Malheureusement pour le pré-retraité qu’il est devenu, l’arrivée de l’arrogant et hérétique Warsmith Krendl va le forcer à prouver au reste de la galaxie que le vioque touche toujours sa bille en matière de conduite de siège.

Si ni le thème, ni la conclusion de l’histoire ne sont très originales, Sanders parvient bien à retranscrire l’effroyable guerre de positions qui oppose loyalistes et chaotiques, dans une sorte de préquelle clin d’oeil à la bataille de Terra, au cours de laquelle les Iron Warriors affronteront cette fois leurs rivaux de toujours au lieu de leurs propres frères. S’il fallait retenir une morale de tout ceci, c’est que l’abus de Chaos est mauvais pour le sens stratégique, le méchant Krendl conduisant son offensive comme une savate, malgré les avantages quantitatif et qualitatif dont il dispose pour mener la réduction de la place-forte ennemie.

Certes, on peut se dire que Barabas est un Warsmith vétéran, défendant son chef d’oeuvre en compagnie de troupes sur motivées, mais son adversaire étant lui aussi un Iron Warrior de haut rang, et de ce fait un expert de la prise de fortifications, la correction que papi gaga lui inflige apparaît légèrement too much. On n’a pas vraiment l’impression de voir deux grands stratèges s’affronter à distance en se rendant coup pour coup, mais plutôt le sentiment d’assister à une partie de tower defense, les assaillants tombant comme des mouches pour gagner le moindre mètre.

Cette petite déception écartée, il faut bien avouer que Sanders maîtrise tout à fait les codes du dernier carré super héroïque, le rythme s’accélérant progressivement au fur et à mesure que le nombre des gentils diminue et que ces derniers doivent sans cesse reculer devant l’avance inexorable des vagues ennemies. Il y a bien quelques sujets à froncement de sourcils, comme le personnage de Vastopol, « Guerrier-Poète » à l’importance dans le récit aussi grande que son utilité à ce dernier apparaît comme contestable, mais Sanders ne relâche jamais le rythme, et toutes les incohérences sont vite laissées de côté. En conclusion, une autre nouvelle de Marines de bonne facture à mettre au crédit du petit Rob, dont j’attends personnellement de voir s’il peut faire aussi bien en long format et avec d’autres protagonistes.

*: mais si vous connaissez, c’est le présentateur hyper méga cool des Maçons du Coeur, capable de détruire une maison américaine en 22 minutes et d’en construire une mieux en deux jours et demi, exploitant pour ce faire tous les péons dans un rayon de trois blocs.

Feast of Horrors – C. Wraight [WFB] :

Ah, mais ça ne va pas du tout ça! Comment voulez-vous que je livre une critique objective d’une nouvelle qui part avec autant de circonstances atténuantes que celle-ci?
Primo, l’histoire se déroule dans l’univers de Fantasy (et je suis un joueur de Battle, je sais, c’est subjectif comme critère).
Secondo, le héros de cette historiette n’est autre que l’inénarrable Ludwig Schwarzhelm (et je suis un joueur de l’Empire, je sais, c’est subjectif comme critère).
Tertio, la nouvelle lève le voile sur un passage bien connu de tous les possesseurs du Livre d’Armée, à savoir la purge du manoir des Von Rauken par Lulu le gai luron, de la même manière que Ben McCallum a livré sa vision de la fin de Charandis des mains de Korhil dans le troisième numéro de Hammer and Bolter (et je pense que c’est une des missions primordiales de la Black Library de lever le voile sur ces passages connus de tous les hobbyistes mais décrits en trois lignes dans les Livres d’Armée et Codex, faute de place -oui, je sais, c’est…etc -).
Avec tout ça, j’ai lu Feast of Horrors avec un fort a priori positif, qui m’a duré jusqu’au point final de la nouvelle, mais n’aurait sans doute pas survécu beaucoup plus longtemps.

Pourquoi? Non pas que la nouvelle soit mauvaise ou ennuyeuse (les auteurs de la BL peuvent, et ont, déjà fait bien pire), mais elle manque définitivement d’inventivité, que ce soit dans le style utilisé par Chris Wraight, tout à fait « Black Library »-like avec ses personnages se résumant à la limite de la caricature ou de l’archétype (selon l’humeur dans laquelle se trouvera le lecteur), ses descriptions des mêmes détails trotrokwioul pour le fan de base (Oh! la belle armure… Brrr! la forêt sinistre! Beeeh! le triple menton flasque de ce noble obséquieux!*), ses dialogues lourds de sens parsemés de ci de là de la petite « brittish joke » de rigueur, histoire de montrer que même les vétérans couturés savent rigoler de temps en temps, ses scènes d’action hyper rythmées et hyper interchangeables; ou dans le scénario, qui ne recèle d’aucune surprise pour le lecteur connaissant déjà l’histoire des Von Raukov, mis à part l’identité du Grand Méchant Dieu vénéré en secret par cette bande de nobles dévoyés.

Le hic, c’est que « l’histoire » en question, telle qu’elle est racontée dans le Livre d’Armée, fait deux lignes à tout casser, ce qui laissait beaucoup de place à l’auteur pour rajouter de la plus-value sympathique de son propre cru. J’aurais été sa place, je n’aurais pas laissé passer cette chance de laisser mon empreinte (même minime) dans le Fluff avec un grand F du monde de Warhammer, mais il faut croire que Chris Wraight ne s’est pas jugé digne de cet honneur, et s’est contenté à la place d’ajouts et de précisions qu’on qualifiera poliment de cosmétiques (on apprend par exemple que Ludwig adore les panses de bœufs farcies, au point d’en ramener dans sa chambre pour faire des surprises à ses visiteurs**).

Pour le reste, c’est du Schwartzhelm dans ses œuvres, donc de l’efficacité brutale et aussi souriante qu’un prêtre de Morr un lendemain de cuite, coupant des têtes et tranchant des membres avec une aisance consommée. À petites doses, pourquoi pas, surtout si on a un faible pour l’Empire (ce qui est mon cas), mais j’ai bien peur que ça ne suffise pas pour tenir la distance au long des 300+ pages que compte un roman classique de la BL (ce qui ne me donne pas vraiment envie d’acheter Sword of Justice, qui est précisément un bouquin dont ce boute en train de Ludwig est le principal protagoniste). Bref, une nouvelle sans originalité et qui sera vite oubliée du lecteur, ce qui est quand même dommage compte tenu de son socle fluffique.

*: qui a 99% de chances de se révéler être un cultiste du Chaos, de Nurgle s’il a des boutons et une mouche qui lui tourne autour de la tête, de Slaanesh s’il porte des fringues fashion, de Tzeentch dans tous les autres cas (curieusement, les auteurs de la BL ont du mal à transformer les petits gros insupportablement onctueux en champions de Khorne ruisselants de muscles et de rage…)

**: aucun rapport avec DSK ceci dit

Interview de C.L. Werner :

Où on apprend qu’à l’époque (oui, je sais, je suis encore -et même de plus en plus- en retard), Herr Werner était en train de mettre la dernière main au troisième roman de la trilogie des Thanquol et Boneripper. Opus dans lequel, apparemment, le prophète gris le plus bankable du monde de Warhammer essaie de piquer une invention naine pour permettre à ce vieil Ikit de s’amuser un peu, pour le plus grand déplaisir du clan Mors.

Bref, une histoire skaven dont le scénario peut être qualifié sans arrières pensées de classique, eu égard au lourd passif de manigances et autres tromperies dont sont capables les ratons entre eux dès lors que le voisin est perçu comme une menace (souvent quoi). J’ai pas lu, mais C.L. Étant dans le peloton de tête des auteurs de la BL, et les skavens étant sa race de prédilection (puisque présents dans la série des Brunner, Bounty Hunter -un peu-, Mathias Thulmann -beaucoup- et même dans le petit bouquin nommé Vermintide* -énormément-), je peux au moins laisser à l’homme au chapeau le bénéfice du doute (même si j’ai du mal à voir en quoi Thanquol gagne à passer au premier plan).

On apprend aussi qu’il bossait également sur un projet top secret à l’époque, mais que l’on sait être aujourd’hui le roman consacré au Duc Rouge (ce qui permet de boucler la boucle, chaque lignée ayant maintenant au moins un bouquin dédié).

Enfin, on apprend que Werner aimerait bien écrire un livre dont le héros serait un Orque ou un Ork (ouais, ça change beaucoup de choses), ce qui n’est jamais arrivé pour le moment, et pourrait ma foi se révéler très intéressant, si C.L. arrive à résister à la tentation de faire de son protagoniste l’habituel bouffon hyper violent et bas du crâne que constituent 95% des Orques/Orks de la BL.

*: que Werner a écrit sous le pseudonyme de Bruno Lee (j’ai mis 5 ans à le découvrir et depuis cette découverte, ma vie n’a pas changé).

Phalanx – Ch.6 – B. Counter [40K] :

PhalanxRetour à ma série souffre-douleur, qui s’en prend plein les dents à chaque fois, mais que j’ai fini par bien aimer. Le malheur de Counter et des Soul Drinkers a été d’accepter le format de roman feuilleton, qui expose bien plus les petites erreurs et approximations aux yeux du lecteur que peut le faire un roman d’un seul tenant. Pas de chance Ben, t’es un héros et un martyr de la cause.

Nous voilà donc de retour au pénible procès de Spideman Sarpedon et de ses potes rebelles et mutants, qui pour le moment s’est révélé assez calme (interventions tonitruantes de Reinez mises à part, j’adore ce type). N’ayez crainte, ça ne va pas tarder à s’emballer comme de juste, mais pour l’heure, les apothicaires Imperial Fists ont réussi à tirer le pauvre capitaine N’Kalo du coma profond dans lequel son duel d’honneur avec l’autre excité l’avait laissé, et l’on écoute ce dernier (façon de parler hein, il n’arrive plus à communiquer qu’en gravant des lettres sur le plancher avec sa salive acide de Space Marine) raconter sa rencontre avec des Soul Drinkers encore en cavale. Témoignage à décharge, qui permet à Counter de présenter ses anti-héros sous un meilleur jour, même si l’on devine que le gars Sarpedon a mis les pattes dans l’engrenage idéologique de l’Imperium, et que commencer à questionner le droit de ce dernier à pourrir la vie des trillions de ses loyaux sujets sous prétexte de les protéger des néfastes influences des méchants xenos et hérétiques, c’est mauvais signe quand on est censé adhérer au moins un peu à cette logique.

N’Kalo raconte donc sa fringante jeunesse (quand il n’était encore invalide qu’à 75% et qu’il pouvait encore croiser un Blood Angel sans que ce dernier tombe dans les pommes), lorsque, officier en charge d’une pacification/génocide sur le monde de Molikor, il était tombé nez à nez (façon de parler) avec les Soul Drinkers, qui avaient pris faits et actes pour les rebelles Eshkeens (encore une bande de hippies du 41ème millénaire, prêchant le respect de notre mère la Terre, le respect des ancêtres et la paix dans la galaxie, donc des individus éminemment méprisables*) contre le conseil parlementaire qui régissait la planète.

Et là, Sarpedon lui ouvrit les yeux (façon de parler) sur la vérité inique de l’Imperium. Choc pour le pauvre N’Kalo, qui découvre alors que les méchants et les gentils ne sont pas forcément ceux qu’il croyait, de la même manière que Pocahantas fit découvrir les merveilles de l’Amérique sauvage à cette brute de John Smith**. On a donc droit à un chapitre-conte philosophique sur le thème « la vérité est ailleurs/on nous dit rien, on nous cache tout/le respect, ça change l’Imperium ». Je passe rapidement sur les péripéties amenant à cette édifiante conclusion, pour laisser la surprise aux éventuels lecteurs, mais soyez rassurés, Counter reste égal à lui même et à force d’enchaîner les actions trokwioul, ses personnages explosent leur forfait de TGCM dès lors qu’on cherche à comprendre comment et pourquoi il font tout ça. Mais bon, dans l’ensemble, ce chapitre est assez plaisant et permet de faire une pause salutaire loin du Phalanx et de son tribunal des flagrants délires, donc ne crachons pas dans la soupe. Adjugez, c’est pesé.

* Là où ils méritent le respect, c’est que selon Counter, ils étaient déjà présents sur Molikor quand les premiers colons impérieux sont arrivés. Terra ne serait donc pas le seul berceau de l’humanité. Dommage que l’auteur n’ait même pas pris conscience lui-même de la portée de ce qu’il a écrit.

** Si tous les indiens avaient été des psykers space marines mutants, les colons européens auraient eu l’air malin.

Action and Consequence – S. Cawkwell [40K] :

Action & ConsequenceOn termine avec un grand retour, celui de la plus prolixe des « hot new talents » de la BL, Sarah Kawkell. Yeepee yeah.

Sa première histoire, publiée dans le premier numéro de Hammer and Bolter, ne m’avait vraiment pas fait forte impression, sa mise en scène pataude et ultra conventionnelle des tribulations d’une bande de Space Marines du chapitre des Silver Skulls ayant tout droit atterri dans mon dépotoir de nouvelles médiocres. Mais bon, tout le monde a le droit à une deuxième chance il paraît, donc retente le coup ma petite Sarah, on verra bien ce que ça donnera.

On retrouve donc à nouveau celui qui a la chance (ou pas) d’être le personnage principal de Cawkwell dès qu’on parle de Silver Skulls, j’ai nommé le sergent Gileas Ur’ten, tellement mémorable dans la catégorie grosse brutasse héroïque qu’à la première lecture d’Action and Consequence, j’avoue avoir complètement zappé son retour. Il semble en tout cas être revenu sans mal de ses péripéties dans la jungle, la tête toujours pleine des questions pseudo existentielles que tout Space Marine digne de ce nom se doit apparemment de se poser en son for intérieur dès lors qu’un auteur de la BL décide de se pencher sur son cas.
Ayant gagné le droit de porter au combat la bannière de compagnie depuis cinq ans, il se prépare au début de la nouvelle à brandir haut les couleurs des Silver Skulls contre une autre bande des ennemis de Pépé. Honneur suprême, son capitaine l’invite à participer au debriefing tactique d’avant match pour la première fois*, malgré le fait qu’il soit le plus jeune sergent de sa compagnie, et que les autres Marines ne peuvent pas le blairer tellement il est awesome (les jaloux). Manquerait plus qu’il soit roux.

Bref, Cawkwell transpose Rémi sans famille dans un corps de 2m10 capable de survivre au vide spatial et de creuser un tunnel dans le plasbéton avec les dents**, avec les résultats que l’on peut supposer. Ajoutons à l’addition le fait que le gars Gileas n’est pas vraiment une bleusaille impressionnable (si tant est que les recrues Space Marine impressionnables existent vraiment) du haut de ses 120 ans de service, et on obtient un résultat assez indigeste et surtout très ennuyeux pour le lecteur, qui comprend cependant assez vite que si miss Cawkwell s’attarde autant sur ces moments, c’est pour pouvoir faire crever tranquillement le capitaine de la 8ème compagnie pendant la mission, afin que Gileas, éploré, reprenne le flambeau du commandements des doigts raidis par la mort de son prédécesseur (penser à mettre une bande-son à base de violons larmoyants à ce moment***). C’est tellement cousu de fil blanc qu’on peut légitiment parler de câbles à ce stade.

La fin connue d’avance et l’introduction péniblement ingérée, place au plat de résistance traditionnel des nouvelles de Space Marines, la classique baston qui-commence-bien-puis-tourne-mal-mais-est-finalement-remportée-grâce-à-l-héroïque-sacrifice-du-frère-Padbol. C’est fade, c’est lisse, c’est convenu. Il y a des modes d’emploi pour aspirateurs rédigés en cyrillique qui laissent plus de souvenirs à leur lecteur que la triste littérature de Sarah Cawkwell, qui devrait se remettre autant en question que Gileas (et les éditeurs de la BL avec elle), pour le bien collectif. C’est jamais facile de livrer une histoire un tant soit peu originale quand le principal protagoniste de cette dernière est un Space Marine (d’un chapitre inconnu et codex en plus), mais ça n’excuse rien non plus.

* il apparaîtrait que Gileas, en plus de ses nombreuses autres qualités, est un dieu de la guerre urbaine (ce qui expliquerait au passage pourquoi il a autant déconné dans l’épisode « tropical » précédent… ça devait pas être son truc).

** progression moyenne de 8,63m par heure.

*** avec des photos de bébés phoques en arrière plan.

Au final, un numéro qui commence très bien et finit très mal, avec du moyen plus au milieu. Et surtout, 3 histoires de Space Marines (tous loyalistes…) sur les 4 nouvelles. Vous avez dit overdose?

HAMMER AND BOLTER [N°4]

Yop! C’est la rentrée, c’est la rentrée!L’occasion de prendre quelques nouvelles bonnes résolutions, ou, à défaut, essayer tant bien que mal d’honorer des anciennes. Pour ma part, je me suis promis de chroniquer tous les numéros de Hammer and Bolter, si possible dans un délai d’un an maximum après la sortie de chacun d’entre eux. Et alors que le 11ème opus vient de sortir, je m’attaque donc au… 4ème. 7 mois de retard, c’est pas la mort non plus!Pas d’interviews dans ce numéro (les auteurs de la BL ayant sans doute menacé de se mettre en grève si les questions n’étaient pas, ne serait-ce que, légèrement modifiées), ce qui ne me donne aucune excuse de digression (bonne nouvelle). On entre donc directement dans le vif du sujet.

Waiting Death – S. Lyons [40K] :

Waiting DeathJ’ai pu râler à quelques reprises sur le mauvais rapport qualité-prix proposé par cette publication par le passé (c’est vrai que payer 4 euros pour lire les aventures mono-neuronales de Pompon le Space Marine, c’est pas franchement ce qu’on peut appeler une bonne affaire). Peut-être que les huiles de la BL ont reçu des messages de la même teneur d’un nombre suffisant de lecteurs anglophones (par ce que je ne pense pas qu’ils en aient grand chose à carrer de l’avis des anglophobes, Black Library France ou pas), car inclure la nouvelle Waiting Death dans un numéro de Hammer and Bolter est à mon sens révélateur d’une volonté d’en offrir aux lecteurs pour leur argent.

Pourquoi? Et bien parce que la nouvelle en question est également un « audio drama », c’est à dire un texte lu par un narrateur au lieu d’être classiquement proposé sous forme écrite. Et un audio drama, ça vaut entre 4 et 15 euros sur le site de la BL (dans le cas présent, 12 euros). Bref, même s’il faudra vous esquinter les yeux sur l’écran de votre PC (et ne me parlez pas d’impressions : il serait scandaleux de couper des arbres à cette fin*) au lieu d’écouter la chaude et virile voix d’un certain Toby Longworth vous bercer pendant 1h15, dîtes-vous que vous avez fait une super affaire, et que les dixièmes que vous être en train de perdre seront en (très légère) partie soignés par la coquette économie que vous venez de réaliser, roublards que vous êtes.

De quoi parle donc Waiting Death? Encore une nouvelle avec un titre tristement nerdy (bah oui, il y a Death dedans), ce qui généralement n’augure pas grand chose de bon (voir Virtue’s Reward, The Dark Path ou encore Primary Instinct pour s’en convaincre). Les premières lignes de la nouvelle ne viennent pas démentir le lecteur blasé (« campagne mal engagée…blabla… jungle étouffante…blabla… faune et flore hostile…blabla… culte chaotique… ») jusqu’à ce que tout d’un coup, le nom du narrateur nous soit révélé: Colonel ‘Iron Hand’ Starken, Catachan du bandana jusqu’aux semelles (éclaboussés de sang xénos) de ses rangers. Aha. Quelle surprise.

Et pourtant, Starken fait sans aucun doute partie des personnages nommés les plus sympathiques de tout l’univers 40K. Un dur à cuire (à ce niveau là, il serait peut-être plus juste de parler d’ignifugé) avec un bras bionique, un fusil à pompe, un gros cigare et un réservoir de vannes velues à faire pâlir le sergent instructeur Hartman, ça fait forcément chaud au coeur des petits geeks que nous sommes tous (un peu). Certes, le gars Starken est un cliché, ou plutôt une collection de clichés, sur pattes, mais il présente au moins l’avantage de présenter des poncifs moins exploités par GW que ceux qui caractérisent les Space Marines (Starken, en fait, c’est un Marsouin de l’espace, l’armure énergétique en moins et le sens de l’humour en plus).

Le lecteur suit donc les tribulations de Starken et de ses hommes sur la planète de Boréalis IV, planète hostile et affligée d’un culte chaotique (ça commence à faire beaucoup pour un seul monde). L’intrigue en elle-même n’a rien d’ébouriffante, Lyons utilisant la bonne vieille trame du dernier carré héroïque, avec les Catachans dans le rôle des gentils… et des méchants. Je vous entend d’ici hurler « rha, mais il aurait pu mettre une balise spolier ce con, maintenant tout le suspens est parti en sucette ». Sauf que. Sauf que Lyons lui-même prend le parti de révéler le pot aux roses à ses lecteurs dès la 3ème page de sa nouvelle, cash. Donc, à moins que vous ayez décidé de lire les deux premières pages de l’histoire avant de passer à la suivante, je ne gâche pas grand chose en vérité. De la part d’un auteur, une telle décision narrative peut surprendre, et je pense qu’elle a beaucoup à voir avec le format « audio drama » : la nouvelle prenant la forme d’un récit de vétéran, il n’est en définitive pas plus étonnant que ce dernier choisisse de mettre rapidement ses interlocuteurs au parfum.

L’intrigue étant usée jusqu’à la corde et le suspense tué dès le départ, qu’est-ce qui sauve Waiting Death du pilori? Principalement la gouaille inspirée de Starken, qui passe une bonne partie de la nouvelle à abreuver ses hommes des qualificatifs les moins flatteurs pour les motiver. Si vous avez aimé la première partie de Full Metal Jacket, il y a des chances pour que vous aimiez Walking Death, même si Lyons n’est pas au niveau de Lee Ermey (ne pas oublier que la BL, étant destiné en grande partie à un public adolescent, ne s’aventure quasi jamais dans le registre de l’humour grivois, voire carrément scabreux) et à tendance à recycler ses vannes au fil de l’histoire.

À côté de celà, rien de bien nouveau sous le soleil dans tous les épisodes de baston, l’auteur dépeignant avec application les Catachans comme les demi Spaces Marines que le fluff dépeint, des super soldats à qui rien de moins coriace qu’un Primarque en armure terminator ne résiste longtemps. Une subtilité dans l’intrigue permettra malgré tout à Lyons d’éviter la boucherie lors de l’affrontement fratricide qui occupe la majeure partie de la nouvelle, maintenant le body count à un niveau plus digne d’une bataille d’oreillers dans un dortoir de novices de la Scholia Progenia que de celui d’un siège désespéré mettant aux prises Rambo et ses frères. Il faut également noter la manière particulièrement stupide de Starken de briser le statu quo (que je vous laisse découvrir, mais ça donne pas envie d’être protégé par un régiment de Catachan), que l’on peut, si on a l’âme charitable, mettre sur le dos de la nature très instinctive des catcheurs de la jungle, toujours prompts à suivre leurs pressentiments, même les plus étranges.

Dans la veine du « j’ai laissé mon sens tactique dans un Mange-Visage sur Catachan », « l’épilogue » de la nouvelle n’est pas mal non plus, Steve Lyons ayant manifestement oublié que son personnage n’était pas cette tête brûlée de Harken « Dent de Pierre », mais un officier supérieur de la Garde Impériale, et en temps que tel, (un peu) moins impulsif qu’un Ork ayant pris du speed. Encore une fois, je pense que la nécessité d’offrir à l’auditeur (à qui la nouvelle était en premier lieu destiné) des rebondissements incessants a joué un rôle dans le comportement erratique de Starken.

*: parenthèse Asrai

The Barbed Wire Cat – R. Earl [WFB] :

On quitte la canopée moite de Borealis IV et le 41ème millénaire pour les profondeurs glauques d’une tanière skaven. Robert Earl (l’auteur) a en effet le chic pour placer ses récits dans des cadres plus exotiques que la norme, ayant par exemple fait explorer la Lustrie et les Royaumes Ogres à ses deux principaux personnages, Florin d’Artaud et son pote (plutôt que serviteur, vu la manière dont leurs rapports s’articulent) Lorenzo*. En mettant en scène une nouvelle dans un repaire d’hommes-rats, Earl n’évolue cette fois pas tout à fait en terrain inconnu, cette race ayant donné quelques méchants à l’univers de la BL, sous la plume de Bill King et de C.L. Werner pour ne citer que les deux auteurs les plus connus du public. Ce qui distingue toutefois The Barbed Wire Cat des autres histoires anthropomurines (oui, j’aime aussi créer des néologismes d’au moins cinq syllabes), c’est le parti pris d’Earl de se concentrer exclusivement sur les côtés les plus noirs et détestables de la société skaven, en faisant d’une esclave humaine, Adora, l’héroïne de son histoire.

Là encore, il est possible de trouver des précédents (quelques passages de The Broken Lance de Nathan Long, ou de Vermintide de Bruno Lee aka C.L. Werner), mais il s’agit à chaque fois de brèves incursions dans le monde absolument cauchemardesque des tunnels skavens, histoire de montrer à quel point donner des croquettes de malepierre à Minus et Cortex, c’est pas une bonne idée. Bref, pour un univers se réclamant à cors et à cris comme trotrodark, il va s’en dire qu’un antre skaven constitue un terrain de jeu idéal, et peut facilement s’avérer parfaitement flippant sous la plume d’un auteur compétent.

Comme dit plus haut, nous suivons ici les péripéties d’Adora, jeune esclave n’ayant pour ainsi dire connu que le club Mickey depuis sa tendre enfance, et résolue à tout pour enfin refaire surface (littéralement). Et quand je dis tout, c’est vraiment tout, et c’est ce qui fait de la nouvelle de Robert Earl la pépite de ce numéro. En effet, bien loin du fond de bonté et d’humanisme que ses confrères de la BL ont la fâcheuse tendance de coller à tous leurs héros (Dan « mon commissaire n’a jamais flingué un de ses soldats en 14 tomes » Abnett en tête), même (surtout?) si ces derniers sont justement censés évoluer dans la zone grise qui sépare les anges des salauds, la môme Adora n’a absolument aucun scrupules à sacrifier ses compagnons d’infortune si cela s’avère nécessaire. De la même manière, elle fait ce qu’elle a à faire pour rester dans les bonnes grâces de son maître skaven, qui heureusement pour vous, prudes lecteurs, la considère comme un animal de compagnie plutôt que comme une escorteuse (il y a encore des limites dans le glauque de la BL).

Saupoudrez le tout de quelques descriptions de tortures et autres sévices suffisamment imaginatifs et bien écrits pour susciter émouvoir même le plus blasé des lecteurs de ce genre de littérature, et vous vous retrouvez avec une petite perle bien plus noire que la moyenne, à mille lieues de l’horreur convenu et souvent grand guignolesque employé par beaucoup d’autres auteurs de la BL (« Oh mon Dieu, un Seigneur du Chaos/Chef de Guerre Orque/Dynaste Elfe Noir/Cuisinier Halfling portant à la ceinture les têtes coupées de ses ennemis! Mais c’est tout bonnement insoutenable! »).

Une très bonne histoire au final, qui aurait pu être encore meilleure si Earl avait fait totalement l’impasse sur le côté « trouillard/marrant » des skavens (même s’il réussit tout de même très bien à montrer que l’on peut être un gros froussard et une ordure sadique du plus bel acabit).

*: The Burning Shore et Wild Kingdoms

Fall Of Damnos – N. Kyme (extrait) [40K] :

Fall of DamnosNouvel extrait d’un roman de la BL, après le premier chapitre de Prospero Burns d’Abnett dans le premier numéro. Que dire sinon que cette comparaison fait très mal au petit Nick, dont le récit de la « fameuse » Chute de Damnos se révèle être d’une platitude absolue? N’étant pas familier du travail de Mr Kyme, je ne peux dire s’il se révèle égal à lui-même dans cette production, ou bien s’il s’agit d’un tragique incident de parcours, à moins que les éditeurs de la BL aient trouvé malin de soumettre le pire passage du roman aux lecteurs de Hammer and Bolter.

Pour les chanceux à qui Damnos n’évoque rien à part peut-être une tentative peu concluante de lier la fatalité (faut l’écrire en italiques, sinon ça ne marche pas) au nom d’une planète parmi les centaines de milliers que compte l’Imperium (bah oui, on a « Damn » qui veut dire « damner » en glaouiche* et « -os », brave suffixe à consonance exotique faisant vaguement mystérieux, parfait pour un nom de planète au background franchement insipide), le caillou qui sert de cadre à l’histoire est donc un monde qui, à la suite d’épisodes sismiques de grande ampleur, se retrouve envahi par les Nécrons qui pionçaient jusque là paisiblement au sous-sol. Et dire qu’on s’est plaint après Fukushima. Enfin.

Bref, les Terminators déboulent avec une gueule de bois carabinée, et se mettent à désintégrer tout ce qui passe à portée de rayon à fission, au grand désarroi des forces armées locales, qui se prennent branlée sur branlée jusqu’à ce que tout espoir semble perdu (on peut donc dire que les Nécrons décalquent les PDF… ok, c’est nul). C’est le moment que choisissent les héroïques Schtroumpfs pour intervenir, parvenant à endiguer la menace assez longtemps pour permettre une évacuation optimale des Damnosiens.

Pour être tout à fait franc, je ne sais pas ce qui a poussé les directeurs de la BL à demander au pôvre Kyme de pondre un roman sur ce passage absolument sans intérêt du fluff, qui ne peut en outre prétendre à aucune légitimité « historique », la chute de Damnos ayant été inventé de toute pièce pour faire joli dans la section background du dernier GBN. Je veux dire, il n’y a absolument rien digne d’intérêt dans cette histoire, depuis les protagonistes (les deux factions les plus plates de l’univers de 40k, encore que pour des raisons différentes) jusqu’à la conclusion, en passant par le déroulement. Même l’illustration du GBN est moche, c’est dire.

À ce titre, l’extrait proposé se montre d’une fidélité exemplaire à tout le matériel pré-existant, c’est à dire ennuyeux, lourd et convenu. Le chapitre livré en pâture aux lecteurs est ainsi celui dans lequel le petit Nick fait entrer en scène les croncrons, et s’attache à montrer à quel point ces derniers sont implacables, inarrêtables et très très méchants. Depuis la mine où commence le massacre jusqu’au bunker de commandement du gouverneur planétaire, les clichés se succèdent avec une telle constance qu’on se croirait à une soirée diapos de retour de vacances. Pour ne rien améliorer, Kyme se met également en tête de nous présenter le plus d’entrées différentes du Codex en un minimum de pages, évidemment sans pouvoir les qualifier de leurs « noms d’usage », point de vue d’humain lambda terrorisé oblige (logique, on voit mal un mineur de fond dire à ses potes « Attention les gars, ils ont des Dépeceurs, des Mécarachnides et quelques Destroyers Lourds! »).

Du coup, on a le droit à des descriptions pas finaudes des troupes nécrons, qui feront peut-être le délice des très (très très) jeunes lecteurs, tout contents qu’ils seront de deviner grâce aux suggestions à peine appuyées de tonton Nick qui est qui. Les autres attendront patiemment (ou pas, la vie est courte et le futur incertain après tout) qu’un des pieds nickelés servant de héros à ce dernier ait l’éclair de génie d’appeler « scarabées » les nuées de petits robots ressemblant à des… scarabées, ou encore « dépeceurs » les nécrons se baladant avec des morceaux de barbaque collés sur le squelette. Ou que les Ultramarines, forcément plus au fait de ces questions, débarquent enfin pour faire un peu d’identification.

Bref, la véritable chute de Damnos n’est pas tant due au réveil des nécrons qu’au traitement subi par son background, d’abord dans le GBN, puis dans le roman de Nick Kyme. Ceci dit, on peut trouver dans cet extrait la phrase la plus drôle de toute la production littéraire de la BL, dans la catégorie « Réplique à la Con »:

We are the necrontyr. We are legion. We claim dominion of this world… Surrender and die.

*: ça veut aussi dire « putain de », ce qui, au vu de l’extrait proposé, s’avère peut-être être une piste de traduction plus intéressante.

Phalanx – Ch.4 – B. Counter [40K] :

PhalanxRetour dans la Kangou custom des fils de Dorn, après un chapitre passé à zoner dans un cimetière ruche à traquer de l’hérétique. La bonne nouvelle est que Counter ne remet pas le couvert avec un nouveau passage judiciaire. La mauvaise est qu’il n’a même plus besoin de ce prétexte pour accumuler les pépites (à moins que je n’aie, consciemment ou non, décidé de relever tous les passages plus ou moins litigieux de l’œuvre du grand homme*, ce qui serait ma foi tout à fait possible).

On a donc affaire à un chapitre de transition, où plusieurs scènes se déroulant à divers endroits du Phalanx** sont relatées, comme par exemple le tragique accident de la cellule Sofitex, dans laquelle le frère capitaine Deheskus se fait surprendre sans son armure par un serviteur d’entretien (épisode douloureux, surtout pour Deheskus, qui finit incarcéré dans un dreadnought après l’incident, stoppant du même coup d’arrêt définitif à sa carrière prometteuse), mais je m’égare…

Bref, il y a boire et à manger dans ces quelques pages, Ben nous servant à la fois de la vision prophético-mystique en entrée (Rhana Dandra d’un point de vue impérial, rien que ça), un entretien pseudo philosophique entre Sarpedon le radical et une sista puritaine en plat de résistance, et un bon vieux duel d’honneur entre deux capitaines marounes s’étant trouvé un léger contentieux (pas sûr qu’il y ait beaucoup de constats à l’amiable dans la boîte à gants des Land Raiders).
Et si la joute oratoire sur les attraits et l’utilité du Chaos entre le prisonnier et sa geôlière ne casse pas trois pattes à un Diable de Catachan (Abnett fait ça beaucoup mieux dans Eisenhorn et Ravenor), les deux autres passages sont assez plaisants, Counter se faisant manifestement plaisir dans sa description de l’affrontement final entre les bons et les mauvais fils de l’Empereur (et on parle bien des primarques ici, avec Pépé et les 4 fantastiques en superviseurs directs des opérations… manque plus que Michael Jackson et Jean Paul II pour que l’aiguille du compteur d’awesomeness fasse péter le cadran), ainsi que dans le combat entre Reinez (le procureur Crimson Fists SDF et ravagé du bulbe) et N’Kalo, capitaine pelé de l’illustre chapitre des Iron Knights, qui trouve malin de vouloir témoigner à décharge des Soul Drinkers au cours de ce procès parfaitement équitable.

Au final, on a l’impression que l’auteur cherche à remettre de l’ordre dans son roman, en faisant suffisamment avancer les intrigues parallèles pour que tout se mette bien en place par la suite. On sent bien que la véritable baston approche, et on ne peut que s’en réjouir, au vu du nombre effarant de Marines qui pour l’instant se tournent les pouces dans le Phalanx (jeu de mot).

Pour terminer en beauté, un petit florilège des « Coun(t)eries » du bon Ben au cours du chapitre:

– Tous les primarques loyalistes évoqués lors de la vision apocalyptique du début… sauf le bon Corrax, totalement oublié (en même temps, il a juré qu’on ne l’y reprendrait « jamais plus »). In-croâ-yable.

– Sarpedon le latin lover, qui donne dans « Les Spaces Marines viennent de Mars, les Sœurs de Bataille viennent de Vénus ». Dans un univers aussi asexué que celui de 40K, ça fait tout drôle.

– Counter en grand nostalgique du Moyen-Âge (le nôtre) décrit Vladimir Pugh en train de recevoir les demandes de ses vassaux invités sous un chêne (!), avant d’ordonner un Jugement de Dieu l’Empereur pour résoudre un conflit. De la part d’un mec qui préfère organiser un procès pour juger un chapitre hérétique commandé par un mutant plutôt que de purger à la verveine et au prométhéum, c’est un peu expéditif comme moyen de trancher la question. Et Reinez d’accueillir la décision avec un très anachronique « Amen ».

– Sarpedon le comique, qui se fout ouvertement du côté rigoriste et pointilleux des Imperial Fists, alors qu’il s’agit du chapitre Primogenitor des Souls Drinkers. Le respect se perd dans les dernières fondations.

– Le Capitaine Angel Sanguine qui change exprès de masque pour assister au duel entre Reinez et N’Kalo (en mode angry cette fois)

– Le duel en lui même, qui permet de se rendre compte que les armures énergétiques, ça se déforme comme du beurre. En témoigne l’inénarrable Reinez, qui réussit à bousiller le casque de son adversaire en lui filant un coup de boule, alors même que lui même est tête nue… Dans le même style, qui a dit que les armures terminator gênaient les mouvements? Lysander arrive bien à foutre à un high kick au même Reinez (certes à genoux au moment des faits, mais toujours sans casque au passage) pour lui faire entendre raison.

– Pugh pour finir, qui invente le concept (révolutionnaire) de victoire par KO inversé: le premier inconscient a gagné.

Allez, vivement la suite!

*: il n’avait pas qu’à autant déconner dans son chapitre II. Comme quoi, l’impunité 0, ça existe au 41ème millénaire

**: si les Imperial Fists n’ont qu’un seul gros vaisseau au lieu d’en avoir plusieurs plus petit, c’est qu’ils ont eu l’intelligence de comprendre qu’une barge de bataille nommée le Metacarpx, le Trapex ou encore le Scaphoïx, ce n’était pas forcément le top pour la crédibilté.

Hunted – J. French [40K] :

HuntedOn finit la revue avec une nouvelle de John French (qui écrit en anglais nevertheless, such a shame), qui nous plonge tout droit dans une autre de ces zones de guerre interminable dont l’Imperium de l’Humanité est tellement riche. Rien que du très classique à première vue, les braves bidasses du MCLXVIITDème* régiment de Perpetlaizoah luttant bravement pour nettoyer un monde ruche passablement dévasté de la souillure du Kao. On suit plus particulièrement les déambulations d’un dénommé Thaddeus, qui, tel Liam Neeson dans Sans Identité ou Jason Bourne un lendemain de cuite, cherche désespérément à savoir ce qu’il fout dans le merdier innommable dans lequel il barbote jusqu’aux augmétiques.

Et là, il est temps pour moi de me livrer à mon premier véritable coup de gueule en tant que lecteur de Hammer and Bolter. En effet, je ne peux comprendre les raisons qui ont pu pousser les éditeur de cette auguste publication à considérer comme intelligent de faire se suivre deux nouvelles dont l’un des personnages se nomme Thaddeus (en l’occurence, Sarpedon et la sista évoquent le bon souvenir d’un certain Inquisiteur Thaddeus pendant leur brin de causette du chapitre 4 de Phalanx). Vous pouvez imaginer ma confusion à la lecture du texte de French, confusion entretenue par le fait que son Thaddeus est également engagé dans une carrière inquisitoriale (on comprend qu’il est interrogateur, ce qui m’a d’abord laissé penser que la nouvelle de Jean Français se déroulait avant les évènements de Phalanx, et que le Thad’ avait été promus entre temps). Je reconnais que ça aurait pu être génial comme concept de demander à plusieurs auteurs de la BL de faire vivre (et mourir, sûrement) un personnage commun dans un même numéro. Mais déception des déceptions, l’intuition se révèle fausse, l’homonymie n’étant due qu’à une relecture assez inattentive des manuscrits des deux auteurs concernés**. Bref, c’est pas top.

Ceci dit, cette petite maladresse mise à part, le travail de French se révèle plutôt sympathique, en grande partie grâce à la volonté de l’auteur de se détacher de l’univers 40K, qui sert de toile de fond aux péripéties de Thaddeus mais ne s’immisce pas trop dans l’action en tant que tel. Hunted est d’abord l’histoire d’un type qui cherche qui il est et ce qu’il fout là, et pourrait donc être transposé avec des modifications mineures à notre époque ou à n’importe quelle autre (alors que je souhaite bien du courage à celui ou celle qui voudrait acclimater Gotrek, Malus Darkblade ou Uriel Ventris à notre somme toute assez terne XXIème siècle).

Le côté background volontairement mis de côté, on se concentre logiquement davantage sur l’histoire en elle même, que French a voulu à switch final, pour respecter les canons du genre. Pour être honnête, l’ultime rebondissement de Hunted n’est pas transcendantal pour qui a déjà lu des romans de la BL, une collection particulièrement riche en retournement de situations tout bonnement hénaurmes***, ayant vite fait de développer les tendances soupçonneuses du lecteur. Malgré tout, l’ensemble reste agréable, la liberté prise par John French par rapport à ses petits camarades de jeu rendant plutôt bien à la lecture, et n’étant pas sans rappeler A Place of Quiet Assembly de John Brunner (Hammer and Bolter n°1), dans sa distance avec le fluff.

*: c’est un régiment recomposé

**: ceci dit, il semblerait que le problème ne soit pas isolé, Abnett et Mitchell ayant tous deux donnés vie à un « Pontius » dans leurs romans.

***:  »Horus… Je suis ton père… »

En conclusion, un numéro tenant bien la route et qui frôle même le sans faute, les errements de Nick Kyme à Damnos venant faire plonger l’assez bon niveau d’ensemble. La prochaine fois peut-être…