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HAMMER AND BOLTER [N°6]

Salut à tous! Après avoir découvert quel était le sens de la vie au cours d’une retraite de quelques mois dans un monastère tibétain (ils cherchaient un type qui accepterait de faire la plonge avec une eau à température ambiante, c’est à dire un poil supérieure à √2*°C), terraformé quelques exoplanètes sur le chemin du retour et mis en terre le yak grabataire que les braves bonzes m’avaient donné en guise de salaire (la pauvre bête n’a pas bien supporté la chaleur de ces derniers jours), je peux enfin me consacrer de nouveau à des occupations plus saines et constructives, comme par exemple essayer de rattraper mon retard de chroniques de Hammer and Bolter. Soyez gentils, ne me dîtes pas de combien de numéros je suis en retard, je risquerai de me présenter à la présidentielle rien que pour me changer les idées.

Bref bref bref, il est maintenant grand temps de commencer la critique, constructiviste mais également fonctionnaliste, et même un peu structuraliste (d’après le supérieur du monastère, qui a absolument tenu à relire mon texte), de ce sixième numéro.

* : et on parle en degré Fahrenheit, hein.

Comme il est coutume, débutons par l’habituelle micro-interview, consacrée à l’époque au prometteur Rob Sanders (The Long Games at Carcharias, The Iron Within, publiés précédemment dans Hammer and Bolter, ainsi que les romans Redemption Corps et Atlas Infernal). Depuis le temps, j’espère sincèrement qu’il a confirmé son statut de petit nouveau à suivre de près (il aurait fallu que je vende un rein, la moitié de mon foie et mon dernier paquet de Ricola pour couvrir les frais de ports exigés par la BL entre la pluvieuse Albion et le Népal, ce qui explique pourquoi je suis assez peu au fait des dernières nouveautés), et que ses longs formats tiennent aussi bien la route que les deux nouvelles qu’il a soumises à Hammer and Bolter.

Des millénaires auparavant donc, Sanders était en train de mettre la dernière main à un autre roman, Legion of the Damned, qui sortira le mois prochain (je ne suis pas encore trop en retard). Encore une histoire de marounes me direz-vous. Étant donné qu’il fait partie des « happy fews » de la BL capable d’écrire sur ces joyeux psychopathes en innovant quelque peu par rapport aux annuaires de textes leur ayant déjà été consacré par bientôt deux générations de scribes besogneux*, on ne s’en plaindra pas trop fort. Sanders a même l’honnêteté d’admettre à mots couverts que les grosses brutes avec des gros flingues, lui trouve ça plutôt limité comme canvas pour un auteur, et avoue être intéressé par l’écriture où le héros serait un chaoteux (potentiellement intéressant, McNeill avait pas mal réussi son coup avec Tempête d’Acier), voire un Tau (potentiellement très intéressant). On apprend aussi que le gars enseigne la littérature (c’est plus classe que de dire qu’on est auteur à la BL, c’est sûr), ceci expliquant sûrement pourquoi il prend poliment ses distances avec le travail de ses collègues quand on lui demande quels sont ses livres et auteurs préférés. Une preuve de bon goût.

*: sans blague, on en sait plus sur les rites d’implantation de la neuroglotte au sein du chapitre des Stellar Bears (qui nécessite une paire d’écarteurs en plastacier, un point de superglue, un Apothicaire sobre – vachement rare -, la neuroglotte en question, et trois ans de chirurgie réparatrice après coup) que sur le cycle de vie de 95% des espèces animales et végétales de notre planète. Pensez-y.

Tower of Blood – T. Ballantyne [40K] :

Tower of BloodPremière publication pour cet auteur au nom charpenté et vieilli en fût de hêtre (j’espère que c’est un pseudonyme, les premières années ont du être difficile sinon). Ô surprise, encore une histoire de Marines (c’est à croire que Gilbert Collard a soudoyé les éditeurs de H&B), ça faisait longtemps.

À ma droite, on trouve donc Goedendag Mornigstar (Goedendag signifiant également Morningstar en Swahili, notre fringant héros se retrouve affublé d’un sobriquet aussi crédible que Tom Tom) sergent chauve d’une escouade de marsouins Iron Knights expressément chargés de la purge d’une spire d’une cité ruche récemment envahie par les démons (à ma gauche). Outre le fait qu’on puisse légitimement se demander ce qu’a dit Goendendag à l’officier en charge pour se voir affecter une mission aussi conséquente avec des effectifs aussi réduits* (à moins que l’Imperium n’ait lui aussi adopté une politique de rigueur afin de regagner son triple A**, en ne remplaçant qu’un Marine mort sur deux), on ne peut que s’extasier devant la formidable endurance de nos héros, qui, si on en juge par la suite de la nouvelle, ont du se taper 865 étages à pied pour parvenir en première ligne. Sans doute que le chapitre a été baptisé ainsi parce que tous ses guerriers ont effectivement des rotules en acier trempé, mais je m’égare.

On suit donc la difficile progression de Duran Duran et de ses hommes jusqu’à la faille Warp, périple évidemment semé d’embuches et de découvertes peu ragoutantes (Ballantyne est assez tordu pour se démarquer dans le catalogue pourtant bien fourni des descriptions gore de la BL). Contrairement à ce que le titre et les kilomètre-cubes d’hémoglobine que Goedendag se prendront sur le crâne (littéralement, Goedendag interdisant catégoriquement à ses hommes de mettre leur casque pendant la plus grande partie du récit, soi-disant pour éviter de mener par mégarde les civils survivants qu’ils pourraient retrouver dans des zones dépressurisées) avant de parvenir devant le boss de fin, il est intéressant de noter que les Iron Knights devront éparpiller de la démonette et non du sanguinaire, ce qui est assez contre-intuitif je dois dire. Bien sûr, massacrer les habitants d’une ruche est une activité foncièrement salissante, surtout quand on a des pinces à la place des mains***, mais l’emphase que l’auteur met sur le caractère sanglant de l’invasion démoniaque ne cadre pas vraiment avec le fait que cette dernière soit l’oeuvre de Slaaneshis.

On passera rapidement sur le dénouement final, d’une banalité consommée, seulement illuminé par l’amateurisme absolu du pseudo démon majeur, rapidement expédié par Goedendag et ses sous-fifres (pour un Gardien des Secrets, ne pas deviner qu’un mec qui s’appelle littéralement « je kiffe les masses d’armes » s’apprête à réduire en pulpe la tête de votre hôte avec la paire d’étoiles du matin qu’il trimballe partout avec lui, c’est pas vraiment pro). Le fait que le héros et le grand méchant échangent des vœux de fidélité éternelle avant que le second ne retourne squatter dans l’Immaterium (« on se retrouveraaaaaaaaaaaa… ») n’est pas non plus très original, en plus d’empiéter sur les prérogatives « fluffiques » des Chevaliers Gris, les seuls jusque là à entretenir des relations extra-professionnelles avec l’engeance du Warp. Pas sûr que la BL permette à Ballantine de continuer dans cette direction, et donc qu’on entende parler de nouveau de Goedendag.

Au final, une nouvelle plutôt moyenne, pénalisée par la somme des poncifs estampillés SM égrenés au fil des pages, au milieu desquels les quelques timides tentatives de Ballantyne de surprendre son lecteur tombent rapidement à plat. Peut mieux faire.

*: comme tous les Chevaliers Gris (Grey Knights en VO) du secteur étaient partis bannir la réincarnation de Susanne Boyle à ce moment, je suppose que les Iron Knights sont apparus comme le « second best choice ». Après tout, le fer, c’est gris aussi.

**: Annihilation Apocalyptique à l’Aveugle

***: la prochaine fois que vous mangerez des fruits de mer, essayez d’éventrer votre voisin avec une pince de tourteau pour vous rendre compte.

The First Duty – J. Reynolds [WFB] :

Dans la grande famille des Reynolds, on connaissait déjà Anthony (qui également contribué à ce numéro d’ailleurs, voir plus bas), et voici qu’arrive Joshua, dit Josh, auteur free-lance relativement nouveau dans l’écurie de la BL, bien qu’il ait déjà pondu un e-book pour la série Gotrek & Felix, Charnel Congres, un roman, Knight of the Blazing Sun, quatre nouvelles en plus de The First Duty, et soit actuellement en train de bosser sur le manuscrit de Nefarata (qui devrait sortir en janvier 2013). À côté de ça, le gars a derrière lui plus d’une centaine de nouvelles publiées par divers revues et webzines, on peut donc légitimement parler d’auteur vétéran*.

Le récit nous entraîne sur les traces de Hector Goetz, chevalier impérial ayant fraîchement gagné ses éperons, lancé avec ses hommes à la poursuite d’une bande d’hommes-bêtes, quelque part dans le Talabecland profond. Outre le fait que l’inexpérience de Goetz et les inévitables questionnements métaphysiques qui vont avec n’améliorent pas vraiment l’aura de leadership de ce dernier, il doit de plus composer avec les relations assez tendues qu’entretiennent les deux « régiments » de sa force, à savoir une bande de rednecks superstitieux vêtus de peaux de bêtes et une poignée de miliciens totalement convaincus de leur supériorité sur les bouseux susnommés. Comme les chefs de ces deux groupes (Lothar pour les ruraux, Hoffman pour les urbains) passent le plus clair de leur temps à s’accuser mutuellement d’être de mèche avec les chaoteux, l’air devient rapidement irrespirable dans les rangs impériaux, Goetz se contentant pour sa part d’essayer de recoller les morceaux entre péquenauds et bourgeois.

Comme pour beaucoup de nouvelles écrites par des auteurs free-lance pour le compte de la BL, l’intérêt de The First Duty ne réside pas tant dans son apport au fluff (que Reynolds semble par ailleurs bien maîtriser, ce qui n’est pas toujours le cas des contributeurs occasionnels à H&B), mais plutôt dans les rapports entre les personnages, plus fouillés qu’à l’ordinaire. La tension entre Lothar et Hoffman va ainsi crescendo, chacun essayant de persuader Goetz, et le lecteur avec lui, que l’autre est un traître en puissance. Étant donné le peu de pages mis à la disposition de Reynolds pour faire monter la sauce, je trouve que ce dernier s’en sort très honorablement.

Malheureusement, il ne parviendra pas à réitérer cette performance au moment de conclure sa nouvelle (car même s’ils se montrent très discrets, les hommes-bêtes devront bien être trucidés pour que tout se finisse à peu près bien), et on assiste d’un œil distrait à l’assaut téméraire de Goetz et de ses derniers hommes contre les affreux mutants. L’auteur a beau user de toutes les ficelles à sa disposition pour nous rendre un brin empathique au destin de ses héros (tout y passe, depuis les gentils se battant à un contre trois cent quatorze, jusqu’à l’entité absolument maléfique encore en gestation et qu’il s’agit de tuer avant qu’il ne soit trop tard, en passant par le sacrifice d’un personnage principal au nom du bien suprême), rien n’y fait. Dommage.

*: il a un blog (en anglais, œuf corse) sur lequel on peut trouver sa bibliographie complète, avec accès libre à certains de ses textes pour ceux qui veulent: cliquez ici.

Phalanx – ch. 7 – B. Counter [40K] :

Retour au TPI (Tribunal Pénal Intergalactique) du Phalanx. Dans la salle d’audience, rien ne va plus: non seulement N’Kalo a jeté un froid considérable sur les débats en osant prendre la défense des Soul Drinkers, mais le capitaine des Angels Sanguine (vous savez, le gars qui se balade avec sa collection perso de masques mortuaires assortis) a livré une information fracassante : le primarque dont le chapitre renégat tire son matériel génétique n’est pas Rogal Dorn, les prêtres sanguiniens et Horatio Kane sont formels (par contre, ne leur demandez pas quel primarque a donné de sa personne pour créer les Souls Drinkers : malgré leur expérience millénaire en la matière et la technologie de pointe à leur disposition, ils n’en savent absolument rien).

Stupeur et tremblements au sein de l’auguste assemblée, Sarpedon devenant tout vénère à la suite de cette révélation, ce qui n’empêche pas Pugh de le condamner à mort, et tous les Soul Drinkers survivants avec lui (Lysander risque d’exploser son compteur d’heures sup’). Exactement 8 secondes après que la sentence ait été prononcée, un vaisseau s’écrase sur le dôme du Phalanx dans lequel le procès se tient, donnant à Vladimir Pugh l’occasion de prouver que si les Space Marines ne connaissent pas la peur, ils ne faut pas non plus pousser pépé dans les orties*. Évidemment, Sarp’ en profite pour se faire la malle, donnant au passage l’occasion à Reiner de se plonger (littéralement) dans l’étude des cogitateurs qui équipent le vaisseau.

Au même moment, le pèlerin qui était venu prier pour le salut des âmes des Soul Drinkers devant les cellules de ces derniers sort sa guimbarde et commence à jouer la « Bombe humaine » (au 40ème millénaire, on peut apparemment remplacer son sang par de la nitroglycérine, sans autre effets qu’une légère fatigue et un tempérament explosif), à la plus grande joie de son public. Sa performance absolument renversante convainc les marines survivants de quitter leurs douillettes retraites pour aller acheter le CD, au grand désarroi des Imperial Fists de garde, tout aussi soufflés par le show.

Après six chapitres de préparation, Counter entre donc enfin dans le vif du sujet, laissant ses protégés ravager le Phalanx telle un nuée de gaunts en goguette dans une fabrique d’holocristaux. Ça nous pendait au nez, et Ben ne gagnera certainement pas le prix du meilleur scénario original aux prochains BL Awards, mais au moins, il va pouvoir se consacrer à ce qu’il sait le mieux faire : de l’action épique relevée à la testostérone, saupoudrée pour l’occasion de considérations sur la dialectique entre impératif catégorique et impératif hypothétique (si si). Vivement la suite donc.

*: « Enemies abound! Brothers, flee this place! »: pour le maître d’un chapitre dont l’obstination à poursuivre le combat même dans les situations les plus désespérées est légendaire, l’expression est malheureuse. C’est Dorn qui doit se retourner dans sa Cage de Fer.

Grail Knight – A. Reynolds [WFB] :

Grail KnightOn finit avec la très bonne surprise du numéro, Grail Knight d’Anthony Reynolds. La préquelle qui figurait en effet dans le premier Hammer & Bolter, Questing Knight, ne donnait en effet pas vraiment envie de retrouver « l’héroïque » Calard de Garamont, récompensé par la Dame pour ses loyaux efforts de la vertu de Prudente Retraite Quand Je Ne Suis Pas Absolument Sûr De Gagner. Mais comme Calard avait fini par se dégotter une nemesis potable en la personne de Merovech, duc vampire de Moussillon de son état*, il aurait été injuste de ne pas lui laisser sa chance de triompher de son arch-ennemi, sauver le roi, chopper de la meuf et avoir sa photo en une de Quenelles-Match. Retour en Bretonnie donc, à l’orée d’Athel Loren, le soir de l’équinoxe de printemps (je sais à quoi vous pensez en ce moment, et la réponse est oui).

Première bonne surprise, Reynolds a laissé tomber le side-kick habituel de tout chevalier bretonnien qui se respecte, le ruffian pleutre et contrefait. Calard en avait bien un la dernière fois, répondant à l’harmonieux nom de Chlod, et on apprendra plus loin que notre noble noble a envoyé son fidèle gueux prévenir le reste du royaume qu’un ost mort-vivant était sur le point de marcher sur les riantes terres de Louen depuis Moussillon la maudite. On se gardera bien de faire remarquer que les chances de Chlod, péquenaud bossu à l’hygiène corporelle des plus douteuses, de parvenir à convaincre ne serait-ce qu’un sous-sous-baron de l’imminence de la catastrophe, doivent être à peu près égales à celle de voir la Dame du Lac lui rouler une galoche : les chevaliers de la quête ont en effet leur propre version du TGCM, le TGLDLV (Ta gueule, la Dame le veut), et honni soit qui mal y pense. En plus, Chlod est accompagné dans sa mission par un chevalier errant, ex-bandit de grand chemin en quête de rédemption. Comment douter des chances de ce duo de choc?

C’est donc seul (enfin, pas tout à fait, il a tout de même son destrier) que Calard s’enfonce dans Athel Loren, toujours guidé par les visions que lui envoie la déesse. Bien évidemment, les habitant du coin l’ont bien prévenu que c’était pas franchement une bonne idée de partir camper chez les Sylvains pile à la fin de l’hiver, mais un chevalier de la quête met les sabots de sa monture où il veut, et c’est souvent dans la gueule du loup**.

Et là, ô merveille, Reynolds se découvre soudain des talents de conteurs insoupçonnés, et embarque le lecteur dans une aventure de haute volée, retranscrivant fidèlement l’ambiance particulière de la mère de toutes les forêts, à la fois sauvage, dérangeante, dangereuse et magnifique. Mi-perdu, mi-guidé par sa destinée, Calard va rencontrer le mystérieux peuple fée, tout aussi fascinant et ombrageux que les bois dans lesquels il vit, et mêler sa petite histoire à la grande, en aidant les Asrai à réveiller le roi et la reine de la forêt malgré l’offensive de grande ampleur menée par Drycha pour perturber ce rituel capital. On se laisse volontiers embarquer dans les péripéties oniriques de Calard, qui s’achèveront d’ailleurs par un combat de volonté « rêvé » entre l’humain et l’hamadryade (ce qui permettra au passage à Reynolds d’en dire un peu plus sur le passé de son héros), en plein cœur du Chêne des Âges s’il vous plaît. Vraiment très peu à jeter dans toute la partie forestière de la quête de Calard, ce qui, au vu de la pauvre copie que Reynolds avait rendu pour Questing Knight, ne fait que rendre le tour de force plus impressionnant.

Avec tout ça, on en oublierait presque que la Bretonnie court un terrible danger, et que si la Dame a fait faire à Calard un tour en forêt, ce n’est pas pour les beaux yeux d’Ariel, mais pour que son champion amène ses nouveaux potes avec lui à la rescousse du vieux Coeur de Lion et de son ost, piégés dans Couronne par Merovech et ses hordes de cadavres. Comme pour la nouvelle de l’autre Reynolds, on pourrait craindre qu’Anthony perde son élan dans cet ultime péripétie, mais quand Joshua doit se débrouiller pour captiver son lecteur avec une vingtaine de soldats impériaux attaquant le double d’Hommes-Bêtes au milieu de nulle part, son homonyme a le luxe de pouvoir mettre en scène une bataille aux proportions monstrueuses, avec Louen, Orion et Drycha (pas rancunière la vieille branche) en guest stars, se déroulant aux pieds de la « capitale » bretonnienne.

Vous avez aimé lire le récit fait par Tolkien de la bataille des champs du Pelennor? L’illustration de la couverture du livre de règles Warmaster vous arrache toujours un frisson? Alors vous aimerez la dernière partie de Grail Knight, qui va tellement loin dans la démesure épique qu’on ne peut que sourire bêtement à chaque nouvelle déferlante de too-much chevaleresque.

Bien évidemment, à événement cataclysmique, climax cosmique : Calard et Merovech finiront par croiser le fer au milieu du carnage, avec les résultats que l’on peut attendre de ce genre confrontation. Si vous voulez vous réconcilier avec les chevaliers bretonniens (qui, il faut bien l’avouer, n’ont souvent rien à envier aux Spaces Marines en terme d’aventures bourrines et mono-neuronales), c’est la nouvelle que vous devez lire.

*: la précédente, un marcassin flatulent qui avait provoqué l’emballement de son destrier, s’étant au final révélée trop coriace pour le preux Calard

**: vous écouteriez les conseils des habitants d’un bled qui s’appelle Toucon, vous? Bon.

Au final, un numéro qui va en s’améliorant au fil des pages, depuis les honnêtes mais peu enthousiasmants travaux de Ballantine et Reynolds (Joshua) jusqu’à la spectaculaire rédemption de Reynolds (Anthony), en passant par un chapitre de Phalanx globalement maîtrisé de la part de Counter. Est-ce que l’absence de plantade monumentale suffit pour pouvoir qualifier ce Hammer & Bolter de réussite? Je vous laisse voir.

HAMMER AND BOLTER [N°5]

Allez hop, je commence la revue d’un nouveau numéro de la série, tâche trop longtemps repoussée (il paraitrait même que certaines personnes lisent les choses crétines que j’écris, et comme aurais pu dire l’autre si son imbécile de neveu n’avait pas eu la riche idée de visiter l’insectarium de Fukushima et s’était à la place consacré à sa carrière de journaliste : « un public (même restreint) entraîne de grandes responsabilités »*). Pour ma défense, l’illustration choisie pour faire la couverture de ce cinquième numéro était et reste particulièrement moche à mes yeux, le bon capitaine Sick à Rio réalisant l’exploit de sur jouer sa pose de leader inspiré menant ses hommes vers la gloire de la bataille malgré le fait qu’il s’agisse d’une illustration et qu’il porte un casque. On le sent fatigué d’être l’Action Man de tous les gamins du Segmentum, mais la communication de masse et le sens du merchandising, papi Calgar a ça dans les gènes (ça se vérifie facilement, Gulliman lui-même avait fondé une petite affaire prospère de vente de vêtements par correspondance et sur catalogue avant que son père vienne lui rappeler que c’était pas pour ça qu’il l’avait créé… La Roboute que ça s’appelait). Et puis, la chute de Damnos, c’était au numéro d’avant, les astropathes ont encore déconné sévère… Bon, on y va?
* blague à part, un grand merci à tous ceux qui sont passés par ici depuis le lancement du thread, et à tous ceux qui ont laissé un chtit mot entre mes élucubrations. Ça motive un max! N’hésitez surtout pas à poster vos propres critiques, c’était le but premier de ce sujet.

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The Iron Within – R. Sanders [HH] :

The Iron WithinNouvelle signant le retour du prometteur Rob Sanders dans les pages virtuelles de cette auguste publication, The Iron Within concerne, comme de juste, la légion tirant une grande partie de son patrimoine génétique de Ty Pennington*. Récit se déroulant pendant l’Hérésie d’Horace, cette nouvelle permet à Sanders de mettre sous les feux de la rampe un Iron Warrior ayant choisi de se battre dans le sens de l’histoire, le Warsmith Barabas Dantioch. Fidèle au portrait en clair obscur qu’il avait dressé de son dernier héros Marine (Elias « le Codex Astartes est formel sur ce point » Astregall, Maître du Chapitre des Crimson Counsuls), préférant s’attarder sur les faiblesses de son personnage pour le caractériser plutôt que sur ses forces, logique tout à fait défendable quand on parle de surhommes génétiquement supérieurs en tous points au reste de l’humanité.

La tare de Barabas, qui lui attache la sympathie du lecteur, n’est cette fois pas d’ordre psychologique, mais physique, puisque le Warsmith est le premier Marine atteint de mucoviscidose (et pas qu’un peu) de l’histoire de la Black Library. Évidemment, cette affliction découle d’une glorieuse campagne contre les Hruds, apparemment capable de réduire en grabataires même les meilleurs de l’Empereur par le seul poids du nombre (me demandez pas pourquoi). Prématurément usé par cette ultime bataille dont il fut quasiment le seul rescapé (l’autre survivant ayant fini dans un Dreadnought, et encore, un Dreadnought avec déambulateur), Barabas s’est trouvé affecté à la garde d’une planète de huitième ordre, poste honorifique mais véritable mise au placard déguisée, Perturabo n’ayant semble toute guère apprécié que sa légion soit la première à devoir verser une pension vieillesse à un de ses combattants.

Isolé dans son trou ferreux, Barabas s’est occupé comme il a pu pour tuer le temps, ce qui pour un Iron Warrior, consiste surtout à construire des miradors derrière la haie et à installer des multi-lasers dans les bacs à géraniums. Malheureusement pour le pré-retraité qu’il est devenu, l’arrivée de l’arrogant et hérétique Warsmith Krendl va le forcer à prouver au reste de la galaxie que le vioque touche toujours sa bille en matière de conduite de siège.

Si ni le thème, ni la conclusion de l’histoire ne sont très originales, Sanders parvient bien à retranscrire l’effroyable guerre de positions qui oppose loyalistes et chaotiques, dans une sorte de préquelle clin d’oeil à la bataille de Terra, au cours de laquelle les Iron Warriors affronteront cette fois leurs rivaux de toujours au lieu de leurs propres frères. S’il fallait retenir une morale de tout ceci, c’est que l’abus de Chaos est mauvais pour le sens stratégique, le méchant Krendl conduisant son offensive comme une savate, malgré les avantages quantitatif et qualitatif dont il dispose pour mener la réduction de la place-forte ennemie.

Certes, on peut se dire que Barabas est un Warsmith vétéran, défendant son chef d’oeuvre en compagnie de troupes sur motivées, mais son adversaire étant lui aussi un Iron Warrior de haut rang, et de ce fait un expert de la prise de fortifications, la correction que papi gaga lui inflige apparaît légèrement too much. On n’a pas vraiment l’impression de voir deux grands stratèges s’affronter à distance en se rendant coup pour coup, mais plutôt le sentiment d’assister à une partie de tower defense, les assaillants tombant comme des mouches pour gagner le moindre mètre.

Cette petite déception écartée, il faut bien avouer que Sanders maîtrise tout à fait les codes du dernier carré super héroïque, le rythme s’accélérant progressivement au fur et à mesure que le nombre des gentils diminue et que ces derniers doivent sans cesse reculer devant l’avance inexorable des vagues ennemies. Il y a bien quelques sujets à froncement de sourcils, comme le personnage de Vastopol, « Guerrier-Poète » à l’importance dans le récit aussi grande que son utilité à ce dernier apparaît comme contestable, mais Sanders ne relâche jamais le rythme, et toutes les incohérences sont vite laissées de côté. En conclusion, une autre nouvelle de Marines de bonne facture à mettre au crédit du petit Rob, dont j’attends personnellement de voir s’il peut faire aussi bien en long format et avec d’autres protagonistes.

*: mais si vous connaissez, c’est le présentateur hyper méga cool des Maçons du Coeur, capable de détruire une maison américaine en 22 minutes et d’en construire une mieux en deux jours et demi, exploitant pour ce faire tous les péons dans un rayon de trois blocs.

Feast of Horrors – C. Wraight [WFB] :

Ah, mais ça ne va pas du tout ça! Comment voulez-vous que je livre une critique objective d’une nouvelle qui part avec autant de circonstances atténuantes que celle-ci?
Primo, l’histoire se déroule dans l’univers de Fantasy (et je suis un joueur de Battle, je sais, c’est subjectif comme critère).
Secondo, le héros de cette historiette n’est autre que l’inénarrable Ludwig Schwarzhelm (et je suis un joueur de l’Empire, je sais, c’est subjectif comme critère).
Tertio, la nouvelle lève le voile sur un passage bien connu de tous les possesseurs du Livre d’Armée, à savoir la purge du manoir des Von Rauken par Lulu le gai luron, de la même manière que Ben McCallum a livré sa vision de la fin de Charandis des mains de Korhil dans le troisième numéro de Hammer and Bolter (et je pense que c’est une des missions primordiales de la Black Library de lever le voile sur ces passages connus de tous les hobbyistes mais décrits en trois lignes dans les Livres d’Armée et Codex, faute de place -oui, je sais, c’est…etc -).
Avec tout ça, j’ai lu Feast of Horrors avec un fort a priori positif, qui m’a duré jusqu’au point final de la nouvelle, mais n’aurait sans doute pas survécu beaucoup plus longtemps.

Pourquoi? Non pas que la nouvelle soit mauvaise ou ennuyeuse (les auteurs de la BL peuvent, et ont, déjà fait bien pire), mais elle manque définitivement d’inventivité, que ce soit dans le style utilisé par Chris Wraight, tout à fait « Black Library »-like avec ses personnages se résumant à la limite de la caricature ou de l’archétype (selon l’humeur dans laquelle se trouvera le lecteur), ses descriptions des mêmes détails trotrokwioul pour le fan de base (Oh! la belle armure… Brrr! la forêt sinistre! Beeeh! le triple menton flasque de ce noble obséquieux!*), ses dialogues lourds de sens parsemés de ci de là de la petite « brittish joke » de rigueur, histoire de montrer que même les vétérans couturés savent rigoler de temps en temps, ses scènes d’action hyper rythmées et hyper interchangeables; ou dans le scénario, qui ne recèle d’aucune surprise pour le lecteur connaissant déjà l’histoire des Von Raukov, mis à part l’identité du Grand Méchant Dieu vénéré en secret par cette bande de nobles dévoyés.

Le hic, c’est que « l’histoire » en question, telle qu’elle est racontée dans le Livre d’Armée, fait deux lignes à tout casser, ce qui laissait beaucoup de place à l’auteur pour rajouter de la plus-value sympathique de son propre cru. J’aurais été sa place, je n’aurais pas laissé passer cette chance de laisser mon empreinte (même minime) dans le Fluff avec un grand F du monde de Warhammer, mais il faut croire que Chris Wraight ne s’est pas jugé digne de cet honneur, et s’est contenté à la place d’ajouts et de précisions qu’on qualifiera poliment de cosmétiques (on apprend par exemple que Ludwig adore les panses de bœufs farcies, au point d’en ramener dans sa chambre pour faire des surprises à ses visiteurs**).

Pour le reste, c’est du Schwartzhelm dans ses œuvres, donc de l’efficacité brutale et aussi souriante qu’un prêtre de Morr un lendemain de cuite, coupant des têtes et tranchant des membres avec une aisance consommée. À petites doses, pourquoi pas, surtout si on a un faible pour l’Empire (ce qui est mon cas), mais j’ai bien peur que ça ne suffise pas pour tenir la distance au long des 300+ pages que compte un roman classique de la BL (ce qui ne me donne pas vraiment envie d’acheter Sword of Justice, qui est précisément un bouquin dont ce boute en train de Ludwig est le principal protagoniste). Bref, une nouvelle sans originalité et qui sera vite oubliée du lecteur, ce qui est quand même dommage compte tenu de son socle fluffique.

*: qui a 99% de chances de se révéler être un cultiste du Chaos, de Nurgle s’il a des boutons et une mouche qui lui tourne autour de la tête, de Slaanesh s’il porte des fringues fashion, de Tzeentch dans tous les autres cas (curieusement, les auteurs de la BL ont du mal à transformer les petits gros insupportablement onctueux en champions de Khorne ruisselants de muscles et de rage…)

**: aucun rapport avec DSK ceci dit

Interview de C.L. Werner :

Où on apprend qu’à l’époque (oui, je sais, je suis encore -et même de plus en plus- en retard), Herr Werner était en train de mettre la dernière main au troisième roman de la trilogie des Thanquol et Boneripper. Opus dans lequel, apparemment, le prophète gris le plus bankable du monde de Warhammer essaie de piquer une invention naine pour permettre à ce vieil Ikit de s’amuser un peu, pour le plus grand déplaisir du clan Mors.

Bref, une histoire skaven dont le scénario peut être qualifié sans arrières pensées de classique, eu égard au lourd passif de manigances et autres tromperies dont sont capables les ratons entre eux dès lors que le voisin est perçu comme une menace (souvent quoi). J’ai pas lu, mais C.L. Étant dans le peloton de tête des auteurs de la BL, et les skavens étant sa race de prédilection (puisque présents dans la série des Brunner, Bounty Hunter -un peu-, Mathias Thulmann -beaucoup- et même dans le petit bouquin nommé Vermintide* -énormément-), je peux au moins laisser à l’homme au chapeau le bénéfice du doute (même si j’ai du mal à voir en quoi Thanquol gagne à passer au premier plan).

On apprend aussi qu’il bossait également sur un projet top secret à l’époque, mais que l’on sait être aujourd’hui le roman consacré au Duc Rouge (ce qui permet de boucler la boucle, chaque lignée ayant maintenant au moins un bouquin dédié).

Enfin, on apprend que Werner aimerait bien écrire un livre dont le héros serait un Orque ou un Ork (ouais, ça change beaucoup de choses), ce qui n’est jamais arrivé pour le moment, et pourrait ma foi se révéler très intéressant, si C.L. arrive à résister à la tentation de faire de son protagoniste l’habituel bouffon hyper violent et bas du crâne que constituent 95% des Orques/Orks de la BL.

*: que Werner a écrit sous le pseudonyme de Bruno Lee (j’ai mis 5 ans à le découvrir et depuis cette découverte, ma vie n’a pas changé).

Phalanx – Ch.6 – B. Counter [40K] :

PhalanxRetour à ma série souffre-douleur, qui s’en prend plein les dents à chaque fois, mais que j’ai fini par bien aimer. Le malheur de Counter et des Soul Drinkers a été d’accepter le format de roman feuilleton, qui expose bien plus les petites erreurs et approximations aux yeux du lecteur que peut le faire un roman d’un seul tenant. Pas de chance Ben, t’es un héros et un martyr de la cause.

Nous voilà donc de retour au pénible procès de Spideman Sarpedon et de ses potes rebelles et mutants, qui pour le moment s’est révélé assez calme (interventions tonitruantes de Reinez mises à part, j’adore ce type). N’ayez crainte, ça ne va pas tarder à s’emballer comme de juste, mais pour l’heure, les apothicaires Imperial Fists ont réussi à tirer le pauvre capitaine N’Kalo du coma profond dans lequel son duel d’honneur avec l’autre excité l’avait laissé, et l’on écoute ce dernier (façon de parler hein, il n’arrive plus à communiquer qu’en gravant des lettres sur le plancher avec sa salive acide de Space Marine) raconter sa rencontre avec des Soul Drinkers encore en cavale. Témoignage à décharge, qui permet à Counter de présenter ses anti-héros sous un meilleur jour, même si l’on devine que le gars Sarpedon a mis les pattes dans l’engrenage idéologique de l’Imperium, et que commencer à questionner le droit de ce dernier à pourrir la vie des trillions de ses loyaux sujets sous prétexte de les protéger des néfastes influences des méchants xenos et hérétiques, c’est mauvais signe quand on est censé adhérer au moins un peu à cette logique.

N’Kalo raconte donc sa fringante jeunesse (quand il n’était encore invalide qu’à 75% et qu’il pouvait encore croiser un Blood Angel sans que ce dernier tombe dans les pommes), lorsque, officier en charge d’une pacification/génocide sur le monde de Molikor, il était tombé nez à nez (façon de parler) avec les Soul Drinkers, qui avaient pris faits et actes pour les rebelles Eshkeens (encore une bande de hippies du 41ème millénaire, prêchant le respect de notre mère la Terre, le respect des ancêtres et la paix dans la galaxie, donc des individus éminemment méprisables*) contre le conseil parlementaire qui régissait la planète.

Et là, Sarpedon lui ouvrit les yeux (façon de parler) sur la vérité inique de l’Imperium. Choc pour le pauvre N’Kalo, qui découvre alors que les méchants et les gentils ne sont pas forcément ceux qu’il croyait, de la même manière que Pocahantas fit découvrir les merveilles de l’Amérique sauvage à cette brute de John Smith**. On a donc droit à un chapitre-conte philosophique sur le thème « la vérité est ailleurs/on nous dit rien, on nous cache tout/le respect, ça change l’Imperium ». Je passe rapidement sur les péripéties amenant à cette édifiante conclusion, pour laisser la surprise aux éventuels lecteurs, mais soyez rassurés, Counter reste égal à lui même et à force d’enchaîner les actions trokwioul, ses personnages explosent leur forfait de TGCM dès lors qu’on cherche à comprendre comment et pourquoi il font tout ça. Mais bon, dans l’ensemble, ce chapitre est assez plaisant et permet de faire une pause salutaire loin du Phalanx et de son tribunal des flagrants délires, donc ne crachons pas dans la soupe. Adjugez, c’est pesé.

* Là où ils méritent le respect, c’est que selon Counter, ils étaient déjà présents sur Molikor quand les premiers colons impérieux sont arrivés. Terra ne serait donc pas le seul berceau de l’humanité. Dommage que l’auteur n’ait même pas pris conscience lui-même de la portée de ce qu’il a écrit.

** Si tous les indiens avaient été des psykers space marines mutants, les colons européens auraient eu l’air malin.

Action and Consequence – S. Cawkwell [40K] :

Action & ConsequenceOn termine avec un grand retour, celui de la plus prolixe des « hot new talents » de la BL, Sarah Kawkell. Yeepee yeah.

Sa première histoire, publiée dans le premier numéro de Hammer and Bolter, ne m’avait vraiment pas fait forte impression, sa mise en scène pataude et ultra conventionnelle des tribulations d’une bande de Space Marines du chapitre des Silver Skulls ayant tout droit atterri dans mon dépotoir de nouvelles médiocres. Mais bon, tout le monde a le droit à une deuxième chance il paraît, donc retente le coup ma petite Sarah, on verra bien ce que ça donnera.

On retrouve donc à nouveau celui qui a la chance (ou pas) d’être le personnage principal de Cawkwell dès qu’on parle de Silver Skulls, j’ai nommé le sergent Gileas Ur’ten, tellement mémorable dans la catégorie grosse brutasse héroïque qu’à la première lecture d’Action and Consequence, j’avoue avoir complètement zappé son retour. Il semble en tout cas être revenu sans mal de ses péripéties dans la jungle, la tête toujours pleine des questions pseudo existentielles que tout Space Marine digne de ce nom se doit apparemment de se poser en son for intérieur dès lors qu’un auteur de la BL décide de se pencher sur son cas.
Ayant gagné le droit de porter au combat la bannière de compagnie depuis cinq ans, il se prépare au début de la nouvelle à brandir haut les couleurs des Silver Skulls contre une autre bande des ennemis de Pépé. Honneur suprême, son capitaine l’invite à participer au debriefing tactique d’avant match pour la première fois*, malgré le fait qu’il soit le plus jeune sergent de sa compagnie, et que les autres Marines ne peuvent pas le blairer tellement il est awesome (les jaloux). Manquerait plus qu’il soit roux.

Bref, Cawkwell transpose Rémi sans famille dans un corps de 2m10 capable de survivre au vide spatial et de creuser un tunnel dans le plasbéton avec les dents**, avec les résultats que l’on peut supposer. Ajoutons à l’addition le fait que le gars Gileas n’est pas vraiment une bleusaille impressionnable (si tant est que les recrues Space Marine impressionnables existent vraiment) du haut de ses 120 ans de service, et on obtient un résultat assez indigeste et surtout très ennuyeux pour le lecteur, qui comprend cependant assez vite que si miss Cawkwell s’attarde autant sur ces moments, c’est pour pouvoir faire crever tranquillement le capitaine de la 8ème compagnie pendant la mission, afin que Gileas, éploré, reprenne le flambeau du commandements des doigts raidis par la mort de son prédécesseur (penser à mettre une bande-son à base de violons larmoyants à ce moment***). C’est tellement cousu de fil blanc qu’on peut légitiment parler de câbles à ce stade.

La fin connue d’avance et l’introduction péniblement ingérée, place au plat de résistance traditionnel des nouvelles de Space Marines, la classique baston qui-commence-bien-puis-tourne-mal-mais-est-finalement-remportée-grâce-à-l-héroïque-sacrifice-du-frère-Padbol. C’est fade, c’est lisse, c’est convenu. Il y a des modes d’emploi pour aspirateurs rédigés en cyrillique qui laissent plus de souvenirs à leur lecteur que la triste littérature de Sarah Cawkwell, qui devrait se remettre autant en question que Gileas (et les éditeurs de la BL avec elle), pour le bien collectif. C’est jamais facile de livrer une histoire un tant soit peu originale quand le principal protagoniste de cette dernière est un Space Marine (d’un chapitre inconnu et codex en plus), mais ça n’excuse rien non plus.

* il apparaîtrait que Gileas, en plus de ses nombreuses autres qualités, est un dieu de la guerre urbaine (ce qui expliquerait au passage pourquoi il a autant déconné dans l’épisode « tropical » précédent… ça devait pas être son truc).

** progression moyenne de 8,63m par heure.

*** avec des photos de bébés phoques en arrière plan.

Au final, un numéro qui commence très bien et finit très mal, avec du moyen plus au milieu. Et surtout, 3 histoires de Space Marines (tous loyalistes…) sur les 4 nouvelles. Vous avez dit overdose?

HAMMER AND BOLTER [N°4]

Yop! C’est la rentrée, c’est la rentrée!L’occasion de prendre quelques nouvelles bonnes résolutions, ou, à défaut, essayer tant bien que mal d’honorer des anciennes. Pour ma part, je me suis promis de chroniquer tous les numéros de Hammer and Bolter, si possible dans un délai d’un an maximum après la sortie de chacun d’entre eux. Et alors que le 11ème opus vient de sortir, je m’attaque donc au… 4ème. 7 mois de retard, c’est pas la mort non plus!Pas d’interviews dans ce numéro (les auteurs de la BL ayant sans doute menacé de se mettre en grève si les questions n’étaient pas, ne serait-ce que, légèrement modifiées), ce qui ne me donne aucune excuse de digression (bonne nouvelle). On entre donc directement dans le vif du sujet.

Waiting Death – S. Lyons [40K] :

Waiting DeathJ’ai pu râler à quelques reprises sur le mauvais rapport qualité-prix proposé par cette publication par le passé (c’est vrai que payer 4 euros pour lire les aventures mono-neuronales de Pompon le Space Marine, c’est pas franchement ce qu’on peut appeler une bonne affaire). Peut-être que les huiles de la BL ont reçu des messages de la même teneur d’un nombre suffisant de lecteurs anglophones (par ce que je ne pense pas qu’ils en aient grand chose à carrer de l’avis des anglophobes, Black Library France ou pas), car inclure la nouvelle Waiting Death dans un numéro de Hammer and Bolter est à mon sens révélateur d’une volonté d’en offrir aux lecteurs pour leur argent.

Pourquoi? Et bien parce que la nouvelle en question est également un « audio drama », c’est à dire un texte lu par un narrateur au lieu d’être classiquement proposé sous forme écrite. Et un audio drama, ça vaut entre 4 et 15 euros sur le site de la BL (dans le cas présent, 12 euros). Bref, même s’il faudra vous esquinter les yeux sur l’écran de votre PC (et ne me parlez pas d’impressions : il serait scandaleux de couper des arbres à cette fin*) au lieu d’écouter la chaude et virile voix d’un certain Toby Longworth vous bercer pendant 1h15, dîtes-vous que vous avez fait une super affaire, et que les dixièmes que vous être en train de perdre seront en (très légère) partie soignés par la coquette économie que vous venez de réaliser, roublards que vous êtes.

De quoi parle donc Waiting Death? Encore une nouvelle avec un titre tristement nerdy (bah oui, il y a Death dedans), ce qui généralement n’augure pas grand chose de bon (voir Virtue’s Reward, The Dark Path ou encore Primary Instinct pour s’en convaincre). Les premières lignes de la nouvelle ne viennent pas démentir le lecteur blasé (« campagne mal engagée…blabla… jungle étouffante…blabla… faune et flore hostile…blabla… culte chaotique… ») jusqu’à ce que tout d’un coup, le nom du narrateur nous soit révélé: Colonel ‘Iron Hand’ Starken, Catachan du bandana jusqu’aux semelles (éclaboussés de sang xénos) de ses rangers. Aha. Quelle surprise.

Et pourtant, Starken fait sans aucun doute partie des personnages nommés les plus sympathiques de tout l’univers 40K. Un dur à cuire (à ce niveau là, il serait peut-être plus juste de parler d’ignifugé) avec un bras bionique, un fusil à pompe, un gros cigare et un réservoir de vannes velues à faire pâlir le sergent instructeur Hartman, ça fait forcément chaud au coeur des petits geeks que nous sommes tous (un peu). Certes, le gars Starken est un cliché, ou plutôt une collection de clichés, sur pattes, mais il présente au moins l’avantage de présenter des poncifs moins exploités par GW que ceux qui caractérisent les Space Marines (Starken, en fait, c’est un Marsouin de l’espace, l’armure énergétique en moins et le sens de l’humour en plus).

Le lecteur suit donc les tribulations de Starken et de ses hommes sur la planète de Boréalis IV, planète hostile et affligée d’un culte chaotique (ça commence à faire beaucoup pour un seul monde). L’intrigue en elle-même n’a rien d’ébouriffante, Lyons utilisant la bonne vieille trame du dernier carré héroïque, avec les Catachans dans le rôle des gentils… et des méchants. Je vous entend d’ici hurler « rha, mais il aurait pu mettre une balise spolier ce con, maintenant tout le suspens est parti en sucette ». Sauf que. Sauf que Lyons lui-même prend le parti de révéler le pot aux roses à ses lecteurs dès la 3ème page de sa nouvelle, cash. Donc, à moins que vous ayez décidé de lire les deux premières pages de l’histoire avant de passer à la suivante, je ne gâche pas grand chose en vérité. De la part d’un auteur, une telle décision narrative peut surprendre, et je pense qu’elle a beaucoup à voir avec le format « audio drama » : la nouvelle prenant la forme d’un récit de vétéran, il n’est en définitive pas plus étonnant que ce dernier choisisse de mettre rapidement ses interlocuteurs au parfum.

L’intrigue étant usée jusqu’à la corde et le suspense tué dès le départ, qu’est-ce qui sauve Waiting Death du pilori? Principalement la gouaille inspirée de Starken, qui passe une bonne partie de la nouvelle à abreuver ses hommes des qualificatifs les moins flatteurs pour les motiver. Si vous avez aimé la première partie de Full Metal Jacket, il y a des chances pour que vous aimiez Walking Death, même si Lyons n’est pas au niveau de Lee Ermey (ne pas oublier que la BL, étant destiné en grande partie à un public adolescent, ne s’aventure quasi jamais dans le registre de l’humour grivois, voire carrément scabreux) et à tendance à recycler ses vannes au fil de l’histoire.

À côté de celà, rien de bien nouveau sous le soleil dans tous les épisodes de baston, l’auteur dépeignant avec application les Catachans comme les demi Spaces Marines que le fluff dépeint, des super soldats à qui rien de moins coriace qu’un Primarque en armure terminator ne résiste longtemps. Une subtilité dans l’intrigue permettra malgré tout à Lyons d’éviter la boucherie lors de l’affrontement fratricide qui occupe la majeure partie de la nouvelle, maintenant le body count à un niveau plus digne d’une bataille d’oreillers dans un dortoir de novices de la Scholia Progenia que de celui d’un siège désespéré mettant aux prises Rambo et ses frères. Il faut également noter la manière particulièrement stupide de Starken de briser le statu quo (que je vous laisse découvrir, mais ça donne pas envie d’être protégé par un régiment de Catachan), que l’on peut, si on a l’âme charitable, mettre sur le dos de la nature très instinctive des catcheurs de la jungle, toujours prompts à suivre leurs pressentiments, même les plus étranges.

Dans la veine du « j’ai laissé mon sens tactique dans un Mange-Visage sur Catachan », « l’épilogue » de la nouvelle n’est pas mal non plus, Steve Lyons ayant manifestement oublié que son personnage n’était pas cette tête brûlée de Harken « Dent de Pierre », mais un officier supérieur de la Garde Impériale, et en temps que tel, (un peu) moins impulsif qu’un Ork ayant pris du speed. Encore une fois, je pense que la nécessité d’offrir à l’auditeur (à qui la nouvelle était en premier lieu destiné) des rebondissements incessants a joué un rôle dans le comportement erratique de Starken.

*: parenthèse Asrai

The Barbed Wire Cat – R. Earl [WFB] :

On quitte la canopée moite de Borealis IV et le 41ème millénaire pour les profondeurs glauques d’une tanière skaven. Robert Earl (l’auteur) a en effet le chic pour placer ses récits dans des cadres plus exotiques que la norme, ayant par exemple fait explorer la Lustrie et les Royaumes Ogres à ses deux principaux personnages, Florin d’Artaud et son pote (plutôt que serviteur, vu la manière dont leurs rapports s’articulent) Lorenzo*. En mettant en scène une nouvelle dans un repaire d’hommes-rats, Earl n’évolue cette fois pas tout à fait en terrain inconnu, cette race ayant donné quelques méchants à l’univers de la BL, sous la plume de Bill King et de C.L. Werner pour ne citer que les deux auteurs les plus connus du public. Ce qui distingue toutefois The Barbed Wire Cat des autres histoires anthropomurines (oui, j’aime aussi créer des néologismes d’au moins cinq syllabes), c’est le parti pris d’Earl de se concentrer exclusivement sur les côtés les plus noirs et détestables de la société skaven, en faisant d’une esclave humaine, Adora, l’héroïne de son histoire.

Là encore, il est possible de trouver des précédents (quelques passages de The Broken Lance de Nathan Long, ou de Vermintide de Bruno Lee aka C.L. Werner), mais il s’agit à chaque fois de brèves incursions dans le monde absolument cauchemardesque des tunnels skavens, histoire de montrer à quel point donner des croquettes de malepierre à Minus et Cortex, c’est pas une bonne idée. Bref, pour un univers se réclamant à cors et à cris comme trotrodark, il va s’en dire qu’un antre skaven constitue un terrain de jeu idéal, et peut facilement s’avérer parfaitement flippant sous la plume d’un auteur compétent.

Comme dit plus haut, nous suivons ici les péripéties d’Adora, jeune esclave n’ayant pour ainsi dire connu que le club Mickey depuis sa tendre enfance, et résolue à tout pour enfin refaire surface (littéralement). Et quand je dis tout, c’est vraiment tout, et c’est ce qui fait de la nouvelle de Robert Earl la pépite de ce numéro. En effet, bien loin du fond de bonté et d’humanisme que ses confrères de la BL ont la fâcheuse tendance de coller à tous leurs héros (Dan « mon commissaire n’a jamais flingué un de ses soldats en 14 tomes » Abnett en tête), même (surtout?) si ces derniers sont justement censés évoluer dans la zone grise qui sépare les anges des salauds, la môme Adora n’a absolument aucun scrupules à sacrifier ses compagnons d’infortune si cela s’avère nécessaire. De la même manière, elle fait ce qu’elle a à faire pour rester dans les bonnes grâces de son maître skaven, qui heureusement pour vous, prudes lecteurs, la considère comme un animal de compagnie plutôt que comme une escorteuse (il y a encore des limites dans le glauque de la BL).

Saupoudrez le tout de quelques descriptions de tortures et autres sévices suffisamment imaginatifs et bien écrits pour susciter émouvoir même le plus blasé des lecteurs de ce genre de littérature, et vous vous retrouvez avec une petite perle bien plus noire que la moyenne, à mille lieues de l’horreur convenu et souvent grand guignolesque employé par beaucoup d’autres auteurs de la BL (« Oh mon Dieu, un Seigneur du Chaos/Chef de Guerre Orque/Dynaste Elfe Noir/Cuisinier Halfling portant à la ceinture les têtes coupées de ses ennemis! Mais c’est tout bonnement insoutenable! »).

Une très bonne histoire au final, qui aurait pu être encore meilleure si Earl avait fait totalement l’impasse sur le côté « trouillard/marrant » des skavens (même s’il réussit tout de même très bien à montrer que l’on peut être un gros froussard et une ordure sadique du plus bel acabit).

*: The Burning Shore et Wild Kingdoms

Fall Of Damnos – N. Kyme (extrait) [40K] :

Fall of DamnosNouvel extrait d’un roman de la BL, après le premier chapitre de Prospero Burns d’Abnett dans le premier numéro. Que dire sinon que cette comparaison fait très mal au petit Nick, dont le récit de la « fameuse » Chute de Damnos se révèle être d’une platitude absolue? N’étant pas familier du travail de Mr Kyme, je ne peux dire s’il se révèle égal à lui-même dans cette production, ou bien s’il s’agit d’un tragique incident de parcours, à moins que les éditeurs de la BL aient trouvé malin de soumettre le pire passage du roman aux lecteurs de Hammer and Bolter.

Pour les chanceux à qui Damnos n’évoque rien à part peut-être une tentative peu concluante de lier la fatalité (faut l’écrire en italiques, sinon ça ne marche pas) au nom d’une planète parmi les centaines de milliers que compte l’Imperium (bah oui, on a « Damn » qui veut dire « damner » en glaouiche* et « -os », brave suffixe à consonance exotique faisant vaguement mystérieux, parfait pour un nom de planète au background franchement insipide), le caillou qui sert de cadre à l’histoire est donc un monde qui, à la suite d’épisodes sismiques de grande ampleur, se retrouve envahi par les Nécrons qui pionçaient jusque là paisiblement au sous-sol. Et dire qu’on s’est plaint après Fukushima. Enfin.

Bref, les Terminators déboulent avec une gueule de bois carabinée, et se mettent à désintégrer tout ce qui passe à portée de rayon à fission, au grand désarroi des forces armées locales, qui se prennent branlée sur branlée jusqu’à ce que tout espoir semble perdu (on peut donc dire que les Nécrons décalquent les PDF… ok, c’est nul). C’est le moment que choisissent les héroïques Schtroumpfs pour intervenir, parvenant à endiguer la menace assez longtemps pour permettre une évacuation optimale des Damnosiens.

Pour être tout à fait franc, je ne sais pas ce qui a poussé les directeurs de la BL à demander au pôvre Kyme de pondre un roman sur ce passage absolument sans intérêt du fluff, qui ne peut en outre prétendre à aucune légitimité « historique », la chute de Damnos ayant été inventé de toute pièce pour faire joli dans la section background du dernier GBN. Je veux dire, il n’y a absolument rien digne d’intérêt dans cette histoire, depuis les protagonistes (les deux factions les plus plates de l’univers de 40k, encore que pour des raisons différentes) jusqu’à la conclusion, en passant par le déroulement. Même l’illustration du GBN est moche, c’est dire.

À ce titre, l’extrait proposé se montre d’une fidélité exemplaire à tout le matériel pré-existant, c’est à dire ennuyeux, lourd et convenu. Le chapitre livré en pâture aux lecteurs est ainsi celui dans lequel le petit Nick fait entrer en scène les croncrons, et s’attache à montrer à quel point ces derniers sont implacables, inarrêtables et très très méchants. Depuis la mine où commence le massacre jusqu’au bunker de commandement du gouverneur planétaire, les clichés se succèdent avec une telle constance qu’on se croirait à une soirée diapos de retour de vacances. Pour ne rien améliorer, Kyme se met également en tête de nous présenter le plus d’entrées différentes du Codex en un minimum de pages, évidemment sans pouvoir les qualifier de leurs « noms d’usage », point de vue d’humain lambda terrorisé oblige (logique, on voit mal un mineur de fond dire à ses potes « Attention les gars, ils ont des Dépeceurs, des Mécarachnides et quelques Destroyers Lourds! »).

Du coup, on a le droit à des descriptions pas finaudes des troupes nécrons, qui feront peut-être le délice des très (très très) jeunes lecteurs, tout contents qu’ils seront de deviner grâce aux suggestions à peine appuyées de tonton Nick qui est qui. Les autres attendront patiemment (ou pas, la vie est courte et le futur incertain après tout) qu’un des pieds nickelés servant de héros à ce dernier ait l’éclair de génie d’appeler « scarabées » les nuées de petits robots ressemblant à des… scarabées, ou encore « dépeceurs » les nécrons se baladant avec des morceaux de barbaque collés sur le squelette. Ou que les Ultramarines, forcément plus au fait de ces questions, débarquent enfin pour faire un peu d’identification.

Bref, la véritable chute de Damnos n’est pas tant due au réveil des nécrons qu’au traitement subi par son background, d’abord dans le GBN, puis dans le roman de Nick Kyme. Ceci dit, on peut trouver dans cet extrait la phrase la plus drôle de toute la production littéraire de la BL, dans la catégorie « Réplique à la Con »:

We are the necrontyr. We are legion. We claim dominion of this world… Surrender and die.

*: ça veut aussi dire « putain de », ce qui, au vu de l’extrait proposé, s’avère peut-être être une piste de traduction plus intéressante.

Phalanx – Ch.4 – B. Counter [40K] :

PhalanxRetour dans la Kangou custom des fils de Dorn, après un chapitre passé à zoner dans un cimetière ruche à traquer de l’hérétique. La bonne nouvelle est que Counter ne remet pas le couvert avec un nouveau passage judiciaire. La mauvaise est qu’il n’a même plus besoin de ce prétexte pour accumuler les pépites (à moins que je n’aie, consciemment ou non, décidé de relever tous les passages plus ou moins litigieux de l’œuvre du grand homme*, ce qui serait ma foi tout à fait possible).

On a donc affaire à un chapitre de transition, où plusieurs scènes se déroulant à divers endroits du Phalanx** sont relatées, comme par exemple le tragique accident de la cellule Sofitex, dans laquelle le frère capitaine Deheskus se fait surprendre sans son armure par un serviteur d’entretien (épisode douloureux, surtout pour Deheskus, qui finit incarcéré dans un dreadnought après l’incident, stoppant du même coup d’arrêt définitif à sa carrière prometteuse), mais je m’égare…

Bref, il y a boire et à manger dans ces quelques pages, Ben nous servant à la fois de la vision prophético-mystique en entrée (Rhana Dandra d’un point de vue impérial, rien que ça), un entretien pseudo philosophique entre Sarpedon le radical et une sista puritaine en plat de résistance, et un bon vieux duel d’honneur entre deux capitaines marounes s’étant trouvé un léger contentieux (pas sûr qu’il y ait beaucoup de constats à l’amiable dans la boîte à gants des Land Raiders).
Et si la joute oratoire sur les attraits et l’utilité du Chaos entre le prisonnier et sa geôlière ne casse pas trois pattes à un Diable de Catachan (Abnett fait ça beaucoup mieux dans Eisenhorn et Ravenor), les deux autres passages sont assez plaisants, Counter se faisant manifestement plaisir dans sa description de l’affrontement final entre les bons et les mauvais fils de l’Empereur (et on parle bien des primarques ici, avec Pépé et les 4 fantastiques en superviseurs directs des opérations… manque plus que Michael Jackson et Jean Paul II pour que l’aiguille du compteur d’awesomeness fasse péter le cadran), ainsi que dans le combat entre Reinez (le procureur Crimson Fists SDF et ravagé du bulbe) et N’Kalo, capitaine pelé de l’illustre chapitre des Iron Knights, qui trouve malin de vouloir témoigner à décharge des Soul Drinkers au cours de ce procès parfaitement équitable.

Au final, on a l’impression que l’auteur cherche à remettre de l’ordre dans son roman, en faisant suffisamment avancer les intrigues parallèles pour que tout se mette bien en place par la suite. On sent bien que la véritable baston approche, et on ne peut que s’en réjouir, au vu du nombre effarant de Marines qui pour l’instant se tournent les pouces dans le Phalanx (jeu de mot).

Pour terminer en beauté, un petit florilège des « Coun(t)eries » du bon Ben au cours du chapitre:

– Tous les primarques loyalistes évoqués lors de la vision apocalyptique du début… sauf le bon Corrax, totalement oublié (en même temps, il a juré qu’on ne l’y reprendrait « jamais plus »). In-croâ-yable.

– Sarpedon le latin lover, qui donne dans « Les Spaces Marines viennent de Mars, les Sœurs de Bataille viennent de Vénus ». Dans un univers aussi asexué que celui de 40K, ça fait tout drôle.

– Counter en grand nostalgique du Moyen-Âge (le nôtre) décrit Vladimir Pugh en train de recevoir les demandes de ses vassaux invités sous un chêne (!), avant d’ordonner un Jugement de Dieu l’Empereur pour résoudre un conflit. De la part d’un mec qui préfère organiser un procès pour juger un chapitre hérétique commandé par un mutant plutôt que de purger à la verveine et au prométhéum, c’est un peu expéditif comme moyen de trancher la question. Et Reinez d’accueillir la décision avec un très anachronique « Amen ».

– Sarpedon le comique, qui se fout ouvertement du côté rigoriste et pointilleux des Imperial Fists, alors qu’il s’agit du chapitre Primogenitor des Souls Drinkers. Le respect se perd dans les dernières fondations.

– Le Capitaine Angel Sanguine qui change exprès de masque pour assister au duel entre Reinez et N’Kalo (en mode angry cette fois)

– Le duel en lui même, qui permet de se rendre compte que les armures énergétiques, ça se déforme comme du beurre. En témoigne l’inénarrable Reinez, qui réussit à bousiller le casque de son adversaire en lui filant un coup de boule, alors même que lui même est tête nue… Dans le même style, qui a dit que les armures terminator gênaient les mouvements? Lysander arrive bien à foutre à un high kick au même Reinez (certes à genoux au moment des faits, mais toujours sans casque au passage) pour lui faire entendre raison.

– Pugh pour finir, qui invente le concept (révolutionnaire) de victoire par KO inversé: le premier inconscient a gagné.

Allez, vivement la suite!

*: il n’avait pas qu’à autant déconner dans son chapitre II. Comme quoi, l’impunité 0, ça existe au 41ème millénaire

**: si les Imperial Fists n’ont qu’un seul gros vaisseau au lieu d’en avoir plusieurs plus petit, c’est qu’ils ont eu l’intelligence de comprendre qu’une barge de bataille nommée le Metacarpx, le Trapex ou encore le Scaphoïx, ce n’était pas forcément le top pour la crédibilté.

Hunted – J. French [40K] :

HuntedOn finit la revue avec une nouvelle de John French (qui écrit en anglais nevertheless, such a shame), qui nous plonge tout droit dans une autre de ces zones de guerre interminable dont l’Imperium de l’Humanité est tellement riche. Rien que du très classique à première vue, les braves bidasses du MCLXVIITDème* régiment de Perpetlaizoah luttant bravement pour nettoyer un monde ruche passablement dévasté de la souillure du Kao. On suit plus particulièrement les déambulations d’un dénommé Thaddeus, qui, tel Liam Neeson dans Sans Identité ou Jason Bourne un lendemain de cuite, cherche désespérément à savoir ce qu’il fout dans le merdier innommable dans lequel il barbote jusqu’aux augmétiques.

Et là, il est temps pour moi de me livrer à mon premier véritable coup de gueule en tant que lecteur de Hammer and Bolter. En effet, je ne peux comprendre les raisons qui ont pu pousser les éditeur de cette auguste publication à considérer comme intelligent de faire se suivre deux nouvelles dont l’un des personnages se nomme Thaddeus (en l’occurence, Sarpedon et la sista évoquent le bon souvenir d’un certain Inquisiteur Thaddeus pendant leur brin de causette du chapitre 4 de Phalanx). Vous pouvez imaginer ma confusion à la lecture du texte de French, confusion entretenue par le fait que son Thaddeus est également engagé dans une carrière inquisitoriale (on comprend qu’il est interrogateur, ce qui m’a d’abord laissé penser que la nouvelle de Jean Français se déroulait avant les évènements de Phalanx, et que le Thad’ avait été promus entre temps). Je reconnais que ça aurait pu être génial comme concept de demander à plusieurs auteurs de la BL de faire vivre (et mourir, sûrement) un personnage commun dans un même numéro. Mais déception des déceptions, l’intuition se révèle fausse, l’homonymie n’étant due qu’à une relecture assez inattentive des manuscrits des deux auteurs concernés**. Bref, c’est pas top.

Ceci dit, cette petite maladresse mise à part, le travail de French se révèle plutôt sympathique, en grande partie grâce à la volonté de l’auteur de se détacher de l’univers 40K, qui sert de toile de fond aux péripéties de Thaddeus mais ne s’immisce pas trop dans l’action en tant que tel. Hunted est d’abord l’histoire d’un type qui cherche qui il est et ce qu’il fout là, et pourrait donc être transposé avec des modifications mineures à notre époque ou à n’importe quelle autre (alors que je souhaite bien du courage à celui ou celle qui voudrait acclimater Gotrek, Malus Darkblade ou Uriel Ventris à notre somme toute assez terne XXIème siècle).

Le côté background volontairement mis de côté, on se concentre logiquement davantage sur l’histoire en elle même, que French a voulu à switch final, pour respecter les canons du genre. Pour être honnête, l’ultime rebondissement de Hunted n’est pas transcendantal pour qui a déjà lu des romans de la BL, une collection particulièrement riche en retournement de situations tout bonnement hénaurmes***, ayant vite fait de développer les tendances soupçonneuses du lecteur. Malgré tout, l’ensemble reste agréable, la liberté prise par John French par rapport à ses petits camarades de jeu rendant plutôt bien à la lecture, et n’étant pas sans rappeler A Place of Quiet Assembly de John Brunner (Hammer and Bolter n°1), dans sa distance avec le fluff.

*: c’est un régiment recomposé

**: ceci dit, il semblerait que le problème ne soit pas isolé, Abnett et Mitchell ayant tous deux donnés vie à un « Pontius » dans leurs romans.

***:  »Horus… Je suis ton père… »

En conclusion, un numéro tenant bien la route et qui frôle même le sans faute, les errements de Nick Kyme à Damnos venant faire plonger l’assez bon niveau d’ensemble. La prochaine fois peut-être…

HAMMER AND BOLTER [N°3]

All right guys,on passe au n°3 de la série (à ce rythme là, j’aurais peut-être rattrapé mon retard avant la sortie du livre d’armées Fimirs). L’illustration badass et sans-aucun-rapport-avec-le-contenu de rigueur (car Kurt a autre chose à faire que raconter sa vie aux grouillots de la BL, non mais):

Je profite de ce message pour vous informer que la BL va très prochainement sortir une anthologie des meilleurs nouvelles publiées dans les 10 premiers numéros de Hammer and Bolter. En fait, les gars sont en retard sur leur planning, puisque la date de sortie annoncée était Juillet 2011 (mais tout le monde à le droit à des vacances). Je n’en sais pas plus, mis à part que le prix de ce « best of » devrait frôler les 16 euros (donc autant que 4 numéros). Étant donné que je ne les vois pas inclure le roman de Counter (Phalanx, pour les nouveaux et ceux qui ne veulent même plus suivre) et tous les autres extraits de bouquins mis exprès pour appâter le chaland dans ce qui se veut être un recueil de nouvelles, j’ai des gros doutes sur la qualité de l’ouvrage. Sur les 3 numéros lus pour le moment par votre très humble et très inconsistant serviteur, il doit en effet y avoir 4 textes valant leur poids en papier, pas plus. Ma bon, nous verrons (comptez pas sur moi pour acheter le truc et faire une revue though).

Deuxième point de ce propos préliminaire, l’interview du mois est (était…) consacrée à ‘ti jeune prometteur au nom impossible à correctement orthographier sans faire un tour sur le site de la BI (ce qui en soit, est déjà une raison suffisante à embaucher à mec à écrire des romans pour vous): Aaron Dembski-Bowden (ouais, un perfect!).

Je n’ai rien lu de lui pour le moment, mais rien qu’à la manière qu’il a de répondre aux interviews de la BL (qui sont tellement formatées qu’il est suggéré de les archiver dans le dossier « tentative de lavage de cerveau de l’interviewé et des éventuels lecteurs de ce truc infâme » que dans celui, pourtant assez vaste et inégal en qualité, du journalisme), je sais que le gars a du talent. Je conseille d’ailleurs à tous les anglophones qui liront ceci de faire un détour par l’entretien en 2 parties entre ADB et Dan Abnett, sans conteste la meilleure publication de la BL de l’année 2010.

Pour résumer, ABD est (était…) en train de bosser sur sa trilogie Night Lords, avant d’en commencer une autre, qui traitera des Chevaliers Gris. Reprendra-t-il le bon vieux Alaric là où Counter l’a laissé, c’est à dire dans un état de stase confortable (en terme de narration hein), ou bien préféra-t-il commencer une saga rien qu’à lui? Mystère et bâton de négation. À noter également qu’il aimerait bien s’occuper d’un des 4 gros (selon ses propres termes) que sont les Ultramarines, Space Wolves, Blood Angels et Dark Angels à un moment ou à un autre. Pas sûr qu’il y arrive tout de suite, chacun de ces chapitres étant la chasse gardée d’un auteur senior de la BL (McNeill, King, Swallow et Thorpe), mais je suis confiant sur le fait que Dembski-Bowden devienne à terme le nouveau Abnett de la maison, avec les libertés qui vont avec, donc ça reste une possibilité tout à fait envisageable amha.

The Long Games at Carcharias – R. Sanders [40K] :

The Long Games at CarchariasDéjà, j’aime bien le titre de la nouvelle, qui change agréablement des poncifs tellement évidents et med-fan approved qu’ils semblent automatiquement générés par un logiciel (du style « sélectionnez trois mots clés dans la liste suivante et obtenez un titre vaguement évocateur pour votre nouvelle vaguement lisible »). Comme j’ai décidé de décerner un prix au meilleur texte de chaque numéro dans mes deux précédentes revues, je vais continuer dans celle-ci en octroyant le précieux sésame à la nouvelle du petit Rob Sanders (que je confonds toujours avec Sandy Mitchell, va savoir pourquoi). Pourquoi me demanderez-vous? Eh bien tout d’abord que la concurrence n’est pas féroce féroce dans le dit numéro, mais aussi parce que Sanders réussit à faire d’une histoire de marounes quelque chose d’assez intéressant à lire. Et je précise qu’il s’agit d’une histoire de marounes engagés dans une lutte impitoyable sans merci contre un ennemi très méchant. Bref, pour les néophytes, je précise qu’il s’agit du niveau zéro d’une intrigue de la BL, tenant plus du SCS à bout de souffle tant il a été utilisé au fil des ans que du schéma narratif un (tout petit) peu original, ce qui ne fait que rendre la performance de Sanders plus admirable. Comment s’y prend-t-il donc

Premièrement, pour classique qu’elle soit, sa trame présente tout de même les héroïques marines sous un angle qui n’a pas été souvent exploré par les auteurs de la BL. Tiens, à ma connaissance, il n’y a qu’Abnett qui s’y est essayé, et encore, de manière détournée. On va dire que je suis pas objectif du tout, et c’est sans doute vrai, mais Dan a toujours eu le chic pour aborder les sujets les plus rabâchés de manière originale et intéressante pour le lecteur, aussi faire comme lui ne peut pas faire trop de mal à première vue.

Deuxièmement, Sanders réussit à garder le lecteur sous pression pendant la majeure partie de la nouvelle, ce dernier sachant pertinemment que quelque chose de pas jojo est en train de se dérouler, mais sans trop savoir quoi, ni à cause de qui.

Troisièmement, Rob va jusqu’au bout de son concept avec une froide efficacité et une absence de remords déplacés qui le mettent sur ce point au dessus d’Abnett (et oui encore lui). Ce que je veux dire, c’est que la chose que je trouve particulièrement horripilante chez papa Gaunt, c’est sa tendance à vouloir conserver ses héros envers et contre tout, les faisant souvent revenir d’entre les morts par le biais de justifications pas toujours fameuses. C’est particulièrement vrai pour les séries Gaunt, Eisenhorn et Ravenor, où les personnages principaux passent de plus en plus de temps à « mourir », pour revenir en force deux chapitres plus tard, ce qui à la longue, a exactement l’effet inverse de celui souhaité par l’auteur (c’est à dire renforcer la tension narrative et montrer au lecteur qu’il est prêt à sacrifier d’un coup des personnages qu’il a développé pendant des centaines de pages). Mais je digresse.

Pour en revenir au point que je voulais développer, Sanders ne fait pas de prisonnier, jamais. Avec lui, on ne meurt qu’une fois, n’en déplaise à Jambon, et la save-invu-à-2+-relançable-parce-que-je-suis-le-héros, tu peux te la carrer où je pense ma pauvre Lucette. Évidemment, on me dira que c’est bien plus facile d’être aussi intransigeant dans une nouvelle « one-shot » de cinquante pages qu’au douzième tome d’une série qui en compte des milliers, mais je suis persuadé que si c’était Abnett qui avait écrit la nouvelle, les divergences sur ce point auraient été importantes.

Quatrièmement, parce que Rob Sanders profite de sa nouvelle pour tacler sévèrement l’aura d’invincibilité des Space Marines, que la plupart des auteurs de la BL présentent des surhommes avec des surarmes et des surarmures, dotés d’une vision stratégique et tactique infiniment supérieure à celle des pauvres grouillots de la Garde Impériale, incapables de finir en dix ans et avec 95% de pertes une guerre qu’une seule escouade de marounes pourrait remporter entre le café et l’addition. Et pourquoi une telle supériorité? Entre toutes autres choses (ouais, il y a de Palmas à la radio), parce que les marsouins ont lu et compris le Codex Astartes, eux, et que comme Roboute était inspiré pendant la rédaction, il suffit de consulter le sommaire, trouver la bonne entrées et appliquer les conseils pour mettre une branlée à ceux d’en face. Simple en fait.

Ici, Sanders se fait un malin plaisir de remettre le saint bouquin à sa place, c’est à dire dans la bibliothèque personnelle des officiers Space Marines, bien en évidence histoire de faire intellectuel quand un inquisiteur se pointe, et c’est à peu près tout (quoique, je suis sûr que le truc doit être assez volumineux pour pouvoir caler un Dreadnought bancal). Dans la nouvelle en effet, le maître de Chapitre des Crimson Consuls (un certain Artegall) n’est semble-t-il pas foutu de prendre une seule décision stratégique sans se plonger dans son Codex, ce qui tranche assez nettement avec l’image d’autorité et d’expérience que Games Workshop a acollé à ce type de personnage. Là où ça se gâte, c’est que chaque choix d’Artegall mène à une nouvelle catastrophe… Alors soit Artie est une tanche (ce qui est possible), soit le Codex Astartes n’est pas la solution miracle à toutes les énigmes stratégiques (ce qui est encore plus possible, après tout, il ne suffit pas d’avoir lu Sun Tzu et von Clausewitz pour devenir un maître de guerre, ou d’avoir lu Jeff Leong pour gagner l’ETC).

Que les joueurs marounes rengainent leurs épées tronçonneuses (si tant est qu’une arme aussi subtile puisse être rengainée), Sanders tape également sur les ennemis de l’Imperium, en particulier les Red Corsairs (même si la critique est plus subtile cette fois-ci).

Bon, tout n’est pas rose non plus dans la prose de Mr Sanders. La principale chose que je lui reproche est l’aplomb tranquille et la facilité déconcertante avec lesquels le grand méchant déroule ses plans machiavéliques. Je ne veux pas spolier, mais dans le genre génie du mal, il se pose là le pépère. Passe qu’il soit suprêmement retors et intelligent, faire ce qu’il a réussi à faire tout seul dans son coin (en tout cas, c’est comme ça que Sanders présente la chose), ce n’est tout simplement pas possible, même dans un futur trotrodark.

Ce petit excès « too much » mis à part, Rob Sanders signe par The Long Games at Carcharias un travail de bonne qualité, qui donne envie de se pencher sur ses autres publications (Redemption Corps et Atlas Infernal, qui traitent respectivement de la Garde Impériale et de l’Inquisition).

Virtue’s Reward – D. Hinks [WFB] :

Pour faire simple, j’ai trouvé cette histoire affligeante, à égalité avec The Rat Catcher’s Tail (numéro 2). Darius Hinks est une nouvelle recrue de la BL, à la production déjà assez étoffée (Island of Blood, Warrior Priest, Razumov’s Tomb et Sigvald). Deux des bouquins cités ci-dessus étant toutefois de purs produits publicitaires (Island et Razumov’s, publiés pour accompagner respectivement la sortie de la boîte d’initiation du même nom et Tempête de Magie), je soupçonne que le bon Darius a été recruté plus en tant que yes man, capable de pondre une série Z en un temps record, plutôt que pour son talent d’écrivain.

Le lecteur suit donc les aventures de Virtue von Stahl, sans doute appelée de la sorte pour que Darius puisse se fendre du jeu de mots qui sert de titre à la nouvelle (hohoho), une novice de l’ordre des Sœurs de Sigmar. Comme on peut s’en douter, c’est donc Mordheim qui sert de décor à cette histoire, Virtue et ses deux acolytes étant chargées de ramener chacune un morceau de malepierre au couvent afin de devenir des membres à part entière de cette secte apocalyptique (et dire que la noblesse impériale se battait pour y envoyer ses filles…).

À ce stade, on se dit que même si Darius n’a pas une once d’originalité dans sa manière de narrer les péripéties de ses héroïnes, la cité des damnés suffira à elle seule à relever le goût insipide de la soupe qu’il nous sert, en ajoutant un peu de sa folie latente au bouillon de clichés que le chef Hinks nous a concocté. C’est vrai quoi, même sans jouer une partie pour se mettre dans l’ambiance, il suffit de survoler les illustrations magnifiquement dérangeantes de John Blanche émaillant le livre de règles pour que les idées jaillissent. Malheureusement, la seule chose que Darius semble avoir retenu du background de Mordheim, et encore de manière inconsciente, est qu’il est vain d’espérer que les choses s’améliorent dans cette ville maudite. Pour le lecteur, cela signifie que le niveau restera d’une stabilité remarquablement basse de la première à la dernière ligne, et donc qu’il s’ennuiera ferme en suivant Virtue et ses copines dans leur soirée d’enterrement de vie de jeunes filles (ou ce qui s’en rapproche le plus, étant donné le contexte). J’attends encore l’auteur qui me décrira la Mordheim baroque, glauque et flamboyante que je m’imagine, et je peux d’ores et déjà dire que cet auteur, ce ne sera pas Darius Hinks.
Voilà pour la touche Warhammer.

Si on se concentre à présent sur le schéma narratif et les relations entre personnages, les choses se corsent un peu plus: le premier est d’un simplisme primaire qui me fait suggérer que Darius Hinks n’avait en tout et pour tout qu’une idée à développer lors de sa nouvelle (elle servira de switch final pathétique), et qu’il a bien pataugé pour meubler les 30 pages entre le titre et cette apothéose douteuse. Les relations entre personnages (la nouvelle en compte trois principaux) sont tout aussi basiques, Darius ne trouvant rien de mieux que de nous resservir le triangle « héroïne trop bonne trop conne- amie option meatshield – rivale pouffiasse et fourbe ». Les personnages secondaires restent dans la même veine ultra conformiste, puisqu’on pourra également croiser un duo de ruffians convenablement couards, un chevalier bretonnien arrogant et son dévoué serviteur contrefait, ainsi qu’une mère supérieure à qui on ne la fait pas (Dumbledore like dans la relation avec l’héroïne).

Bref, une nouvelle fade et creuse, ce qui, compte tenu du background choisi (ou peut-être imposé de force, ça expliquerait des choses) par l’auteur, tient de la contreperformance la plus grandiose.

Phalanx – Ch.4 – B. Counter [40K] :

PhalanxAyant sans doute réalisé qu’il fallait mieux pour lui qu’il limite au maximum les passages « tribunal » de son roman, Counter consacre tout le chapitre à une longue digression se terminant comme il se doit par le cliffhanger de rigueur (pour relier à l’intrigue principale). On suit donc l’Archiviste Varnica et son escorte dans la cité de Berenika Altis, qui d’après les descriptions, était une cité ruche pour classes supérieures (tout est beau, propre et bien rangé). Était, car les 8 millions d’habitants de la ville se sont un jour réveillés avec des pulsions homicidaires apparemment extrêmement fortes, puisqu’ils ont réussi à tous s’entretuer en l’espace de quelques heures. Évidemment, ça fait pas très bien dans les rapports planétaires, et du coup les Doom Eagles sont dépêchés sur place pour mener l’enquête. Pourquoi des marines et pas un bon vieil inquisiteur me demanderez-vous? Eh bien parce que les Doom Eagles sont, dixit Counter « attirés par les catastrophes ». On comprend aussi qu’ils aiment se confronter à des mystères et résoudre des énigmes. C’est leur droit, cependant, vu la manière dont ils s’y prennent pour mener l’enquête, on se dit que le suspect a plutôt intérêt à porter une armure Terminator s’il veut ne serait-ce qu’espérer sortir vivant de son interpellation, puisque les Eagles ont une forte tendance à tirer d’abord et à poser les questions ensuite (un peu comme si l’Inspecteur Gadget avait des digilasers).

Autant le dire clairement, l’investigation selon Counter ressemble plus à Resident Evil qu’à L.A. Noire. D’abord parce qu’il n’y a aucun témoin à interroger (ils se sont vraiment tous entretués) -tant mieux ça ralentit pas l’action- , ensuite parce que les marines n’ont pas vraiment à chercher pour trouver où le grand méchant se cache -tant mieux ça ralentit pas l’action- , enfin parce que ce dernier n’est pas vraiment du genre à appeler son avocat (remarque, il aurait du mal à en trouver un de vivant dans le périmètre) et à plaider les circonstances atténuantes en espérant qu’un vice de forme lui permette d’obtenir un non-lieu. Pas que ça soit une brute épaisse le gars, d’ailleurs son truc à lui c’est plutôt l’écriture, mais on sent bien que Counter avait besoin de se calmer les nerfs après un chapitre entier à essayer de convertir des tueurs psychopathes de 2m50 en cour d’assises, et donc que de toute manière, il fallait que les bolts volent à un moment ou à un autre. Même si le style se fait plus fluide grâce à ce retour au fondamental, on n’échappe cependant pas à quelques détails saugrenus de ci de là (pas de spolier pour ceux qui voudraient lire le chapitre, mais que ces derniers se demandent après coup si autant d’encre était nécessaire).

Tout ça se termine, un peu abruptement il faut le reconnaître, par la réalisation de Varnica que les Soul Drinkers ont été manipulé par un puissant démon, qui s’est arrangé pour leur faire faire ses quatre volontés, alors que les braves Drinkers croyaient qu’ils accomplissaient la volonté de Pépé. C’est con hein? Pas sûr que l’excuse soit jugée acceptable par la bande de rigolos chargée du dossier, mais ça conforte un peu plus l’image de héros maudits des marines accusés.

Au final, un chapitre pas extraordinaire mais qui permet de remettre le roman sur les rails. J’avoue être assez curieux de lire la suite, même si je redoute que Counter alterne directement avec un nouveau passage « tribunal » (ou plutôt un passage « Ça se discute », vu la forte tendance des intervenants à vouloir s’étriper)… Mais bon, il faut bien rire de temps en temps.

Charandis – B. McCallum [WFB] :

On termine avec un concept que je trouve personnellement intéressant, et dont j’espère qu’il sera repris par la suite par d’autres auteurs de la BL, à savoir utiliser le format de la nouvelle pour apporter des éclaircissements sur certains passages du fluff survolés dans les Livres d’Armée, et qui pourtant mériteraient d’être narrés avec un peu plus de précision. Ici, comme les joueurs Hauts-Elfes l’auront compris, Ben McCallum a choisi de nous faire revivre les dernières heures de Charandis, qui n’est autre (pour les non-joueurs Hauts Elfes) que le gigantesque Lion Blanc de Chrace tué par Korhil (et dont la fourrure est toujours portée par ce dernier).

Je trouve l’idée générale assez fantastique, puisqu’elle permet aux auteurs de faire ce qu’ils rêvent tous de faire, c’est à dire laisser leur patte sur l’historique de Warhammer et de 40K, en rajoutant deux trois éléments à l’histoire officielle; et qu’elle permet aux lecteurs d’évoluer en territoire connu et de « côtoyer » les pointures de ces deux univers. L’aspect volontairement court de la nouvelle permet en outre de se concentrer sur des points de détail historiques, qui n’auraient pas tenu la longueur dans le cadre d’un roman: pour reprendre l’exemple de Charandis et de Korhil, je suis convaincu que les 50 pages sur lesquelles s’étendent le récit suffisent largement à vider le sujet de sa substance. En faire plus aurait nécessité de diluer les informations données dans l’historique, ou de rajouter des péripéties non couvertes par ce dernier, ce qui n’aurait à mon sens pas apporté grand chose.

L’histoire en elle-même me laisse plus partagé. Je ne connaissais pas Ben McCallum auparavant, et il s’agit a priori de sa première publication pour la BL. Comparé aux autres « hot new talents », comme le premier numéro présentait les nouveaux poulains de l’écurie, je le place en tête de classe, devant Cawkwell, Ford et Hinks. Même s’il sombre à deux reprises dans la facilité et l’archiconformisme (Charandis met en pièces un groupe de nobliaux elfiques bien évidemment totalement convaincus de leur supériorité sur ce qu’ils considèrent comme un simple animal… et pourtant les « péquenots » du coin les avaient bien prévenus… j’ai envie de barrer tout le passage et d’écrire en gros « CLICHÉÉÉÉ! » à côté*), McCallum ose le schéma narratif binaire (on suit la moitié de l’histoire avec les yeux de Charandis et l’autre avec ceux de Korhil), bien qu’il se prenne les pieds dans le tapis à un endroit, ce qui a pour effet de « créer » une sorte de personnage fantomatique aux côtés de Korhil (à moins que ce dernier ne trouve malin de parler de lui à la troisième personne… c’est un Haut Elfe après tout).

Tous les passages « léonins » se révèlent ainsi très agréables à lire, l’auteur parvenant bien à retranscrire l’agonie vécue par son personnage alors que le Chaos le contamine de plus en plus profondément. Autre point fort: la personnalité de Korhil, qui, loin d’être dépeint comme un modèle de vertu et de bravoure désintéressée, est plutôt décrit comme dévoré par l’ambition et pas vraiment altruiste. S’il veut tuer Charandis, ce n’est pas tant pour mettre fin à ses souffrances ou pour venger la mort des elfes tués par ce dernier, mais avant tout pour rejoindre les Lions Blancs et montrer à ces derniers que c’est lui qui a la plus grosse queue… de lion. Bref, le Korhil de McCallum n’est pas un héros immaculé, et c’est plutôt une bonne surprise.

À côté de ça, Ben a encore à apprendre comment réduire au minimum syndical toutes les formalités narratives (c’est à dire les passages que l’auteur se doit de détailler un minimum pour ne pas perdre le lecteur, mais dans lesquels il ne se passe absolument rien d’intéressant), la traque de Korhil jusqu’au repère de Charandis étant symptomatique de ce travers. Ah, et la manière dont le chasseur arrive à se débarrasser de sa proie est également assez singulière et pas franchement réaliste (ou alors le gars Korhil a 27 de CT, auquel cas il a raté sa vocation). Ces points litigieux mis de côté, Ben fait convenablement son job en remplissant le blanc de la carte avec sérieux et précision, les petites touches de fluff personnelles qu’il distille apportant en outre un peu plus de profondeur au personnage jusque là assez plat de Korhil. Vous l’aurez compris, j’ai globalement aimé cette nouvelle, à la fois à cause de son concept et du style de Ben McCallum, qui sans casser trois pattes à un canard (du Chaos), se laisse tout à fait lire.

*: je vous laisse trouver quel est le deuxième passage incriminé (un indice, il met en scène une forêt trop trop sombre et mystérieuse et effrayante, une gourdasse d’elfe citadine partie en balade sans son GPS, son fils « très-très-mature-pour-son âge-c’est-tout-à-fait-le-portrait-de-son-père », et un lion affamé)

En conclusion, on a donc là un numéro nettement meilleur que le précédent, porté par le bon travail de Sanders et, dans une moindre mesure, de McCallum. Counter réussit à réhausser son niveau (pas très dur au vu du chapitre 3) mais reste en mode écriture automatique, on verra bien ce que ça donne par la suite. Reste Hinks, dont la nouvelle insipide vient quelque peu gâcher la bonne impression globale. Dommage.

HAMMER AND BOLTER [N°2]

C’est parti pour une petite revue du numéro 2 de Hammer and Bolter(l’avantage avec ce genre de lecture, c’est que ça ne prend pas des plombes à finir).
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Première chose à relever (et pas en bien): la réduction drastique du contenu. Je veux bien que le numéro ouno soit un peu à part par rapport à la suite pour allécher le chaland, mais là c’est vraiment brutal. On passe ainsi de 7 nouvelles/extraits (6 si on comptabilise ensemble les deux chapitres de Phalanx) à… 4. Évidemment, le prix est resté le même. Au final, on ne peut s’empêcher de penser à tous les magazines proposant d’apprendre le macramé, de collectionner les véhicules de combat de 12ème guerre mondiale ou de construire une maquette de plateau à fromage à l’échelle 1/72ème, même si au lieu de multiplier le prix par deux entre le premier et le second numéro, les éditeurs de la BL aient préféré diviser le contenu par deux. Pas franchement top.

Tant qu’on est dans la partie « remarque annexe », autant mentionner tout de suite la nouvelle nano interview (enfin nouvelle…) de cette édition. Cette fois, c’est James Swallow qui s’y colle (c’est vraiment un numéro pourri!). La(es) mauvaise(s) nouvelle(s), c’est qu’il est officiellement devenu le Mr Blood Angels de la BL (comprendre que c’est lui qui écrira les romans BA de l’Hérésie d’Horus… tout d’un coup, on comprend mieux pourquoi ils ont tendance à devenir psychotiques) et qu’il est également sur le point de devenir le Mr Soeurs de Bataille (il bosse sur Hammer and Anvil, qui sortira en décembre). La bonne nouvelle, c’est qu’il a des projets en cours pour d’autres maisons d’édition (et donc qu’il ne pourrira pas le background de 40K à temps plein). On se console comme on peut.

The Dark Path – G. Thorpe [WFB] :

C’est officiel, Gavin est maintenant devenu un elfidolâtre (ce qui constitue une déchéance totale pour lui, qui ne jurait que par les nains quand il était encore « le mec contre qui sont testées les nouvelles armées pour prouver à quel point elles retournent ta grand-mère » du White Dwarf). C’est bizarre d’ailleurs, puisque lors de sa période Dawi, il était glabre, mince et avec des cheveux longs (nom de code à Karaz A Karak : Thorgav Tarlouzesson) et que maintenant qu’il préfère jouer de la harpe dans la forêt que se dialyser à la bière, il s’est coupé les cheveux, fortement empâté et porte la barbe (nom de code à Lothern : Gahorvin Ami des Sangliers)… Mais bref, passons à l’histoire proprement dite.

Pour faire court (on restera dans l’esprit du numéro) sans spolier outre que nécessaire, des fois que certain(e)s aient envie de lire la nouvelle, cette dernière suit les relations difficiles qu’entretiennent un grand-père et son petit fils, sur fond de guerre civile avec les Elfes Noirs (ça se passe sous le règne de Caledor Zefeurst).

Présenté sous cet angle, ça en devient presque intéressant non? On en vient à espérer une exploration subtile de la psyché elfique, une réflexion un brin articulée sur le paradoxe d’être quasi immortel mais de voir la nouvelle génération pousser derrière pour prendre la place, une tentative de décrire autre chose que les « actions-tellement-importantes-qu’elles-changeront-la-face-du-monde-pour-les-millénaires-à-venir » d’êtres « tellement-nobles-mais-tellement-torturés-par-le-poids-de-leurs-responsabilités-que-choisir-entre des-pâtes-ou-du-riz-à-midi-risque-de-provoquer-la-fin-de-la-civilisation-elfique »… Oui mais non, parce que c’est Gawin qui raconte, et que les histoires où la survie de l’univers n’est pas en jeu, ça l’intéresse pas Gawin (en même temps, quand on écrit des romans sur Aenarion et Malekith, alias Roxortarace & Fils, c’est dur de rester simple).

Bref, la nouvelle suit les relations difficiles qu’entretiennent un grand-père et son petit fils, sur fond de guerre civile avec les Elfes Noirs, sauf que le grand-père en question est le plus puissant mage de Saphery (donc d’Ulthuan, donc du monde) et que le petit-fils est son élève le plus prometteur. À partir de là, il suffit de dire que le petit-fils en question a tendance à flirter avec le côté obscur de la magie plutôt qu’à demander un pégase pour ses 80 ans (comme les jeunes de son âge quoi), et tout s’enchaîne avec une sérénité pachydermique, que Gav essaie tant bien que mal de nous refourguer sous l’étiquette du TGCDE (« ta gueule, c’est des elfes », sous entendu : c’est normal qu’ils en fassent des caisses). Voilà pour le fond.

La forme, par contre, est agréable. On peut penser ce qu’on veut des talents de scénariste de Thorpe, mais le bonhomme n’en est pas à sa première histoire et il connaît bien son sujet (il a été « Maître du Background » après tout… ouais, je sais, il faut bien trouver des raisons de continuer à payer des types qu’on ne veut pas voir débarquer aux Prud’hommes). De plus, les hauts elfes avec leur lourd passif de « grandeur, noblesse et fatalité », correspondent bien au style rococo de Gawin, ce qui aide à faire passer la pilule. On continue donc à lire jusqu’au bout sans céder totalement à l’ennui, en attendant patiemment la conclusion inévitable de la nouvelle. Il est à noter que même le (minuscule) switch final est annoncé à grands coups de clairons par Mr Thorpe au cours du récit (pour être plus explicite que ça, il aurait fallu qu’il souligne), ce qui enlève la moindre petite surprise, non seulement au dénouement de « l’intrigue » (on sait qui va gagner) mais également à l’ultime péripétie (on sait comment le gagnant va gagner).

Au final, une nouvelle fast food : c’est bon au goût mais dépêche toi de manger avant que ça refroidisse et ne pose pas de questions sur la composition.

Exhumed – S. Parker [40K] :

ExhumedParker, c’est le gars qui a écrit Rynn’s World (Le Monde de Rynn en VF), qui a été critiqué ici. Je n’ai pas lu le roman en question, mais je fais confiance au gars Fiasco, qui avait bien aimé (et il n’avait pas été le seul). Je dois dire que ma première expérience avec Mr Parker va dans le sens du courant, car il s’agit (pour moi) de la meilleure nouvelle du numéro.

De quoi ça parle? Au début, on ne sait pas trop, puisque Parker, en plus de copier le look Abnett (crâne rasé, moustache et bouc… d’ailleurs il n’est pas le seul : Mike Lee et Aaron Dembski-Bowden font également partie de la secte -le pire c’est qu’ils sont loin d’être les pires auteurs de la BL-), copie aussi sa manière de raconter des histoires. À savoir, usage éhonté de mini Mac Guffins narratifs pour installer l’ambiance et présenter l’intrigue avant de passer aux choses sérieuses. Pour le coup, on se coltine les états d’âme d’un docker de spatioport, qui voit débarquer un Thunderhawk de la Deathwatch dans sa routine quotidienne. Une fois les marins débarqués (hoho), on apprend que la fine équipe a été appelée pour superviser l’exhumation d’un mystérieux artefact (comment ça, pléonasme?), enterré des millénaires plus tôt par une colonie d’Exodites…

Bon, marounes + artefact mystérieux = baston, tout le monde sait ça (en même temps, marounes + balai à chiottes = baston aussi, à tel point que l’équation peut se simplifier en marounes = baston), donc pas de surprise là-dessus. Comme il s’agit de la meilleure nouvelle du lot, je ne dirais pas contre qui la Deathwatch se bat, ça vous fera la surprise.

L’habileté de Parker, et ce qui permet à son travail de susciter l’attention du lecteur (qui après s’être coltiné la barbapapa de Gawin, aimerait bien quelque chose de moins sucré et de plus consistant), est de donner au public ce qu’il cherche, c’est à dire des infos sur ce qui distingue la Deathwatch des autres Astartes. Car si on s’attarde un quart de micro-seconde sur le fluff de la chambre militante de l’Ordo Xenos, on s’aperçoit qu’il s’agit du « chapitre » ayant le plus gros potentiel au niveau du story-telling. En effet, qui n’a jamais rêvé de voir un Loulou débraillé, un BA narcissique, un Ultra formaté par son Codex, un BT complètement fanatique et un DA jovial comme une porte de prison combattre côte à côte les ennemis de l’Imperium (ailleurs que lors d’évènements cataclysmiquement grotesques, du style les Guerres d’Armaggedon ou la campagne de Medusa V)? Là c’est possible, et même mieux que ça, c’est plausible, donc c’est glop.

Évidemment, ce qu’on attend de ce genre d’alliance pas vraiment contractée de plein gré, c’est de voir les héros utiliser les techniques particulières à leur chapitre pour foutre la pâtée aux nonos, et ça Parker l’a bien compris : le combat qui occupe un bon tiers de la nouvelle est en conséquence très peu « Codex Approved » (ce qui fait bien ch*** l’Ultramarine de la bande, c’est drôle), tout le monde fonçant dans le tas avec son arme favorite pour montrer aux extraterrestres qui c’est qui a la plus grosse. En d’autres terme, Parker répond à la question « comment des Marines venant de chapitres différents font-ils pour combattre comme une escouade cohérente? » par un net et brutal « qui a dit qu’ils le devraient? ». D’ailleurs, même le terme d’escouade ne convient pas tout à fait, au vu de l’équipement d’un des membres de la Deathwatch. On aime ou pas, mais ça permet de réfléchir au problème, et c’est déjà pas mal.

L’auteur répond ainsi à quelques questions que l’on ne se pose jamais au sujet de la Deathwatch (en même temps, c’est pas le chapitre le plus populaire de la galaxie), mais qui sont assez intéressantes pour que le fluffiste qui veille en chacun de nous se rende que le gars Parker, il a pas mal de bonnes idées.

Forcément, tout n’est pas à garder non plus dans Exhumed (c’est une histoire de marounes après tout). Principaux points d’achoppement: une grosse « fausse surprise » tout à fait dispensable, qui aurait plus sa place dans Rox et Rouky que dans l’univers trotrodark de 40K; Parker n’a pas le style d’Abnett quand il s’agit de tourner de manière intéressante des passages sans aucune surprise pour le lecteur, mais qui doivent quand même être incorporés au récit; et la sorte d’épilogue final est tellement honteux dans le style « comment terminer une série B » que même Tarantino hésiterait à l’adapter sur grand écran. Et surtout, surtout, le petit Steve commet une erreur chronologique tout à fait monumentale (à côté de ça, Napoléon qui écrase Ramsès II à Azincourt, c’est une légère approximation)… ou alors ouvre toute grande une nouvelle porte fluffique, ce qui, compte tenu de son peu d’ancienneté et du format de publication, me paraît peu probable. C’est vrai quoi, on ne bat pas en brèche des années de background dans une nouvelle de 80 pages (non?).

Phalanx – Ch. 3 – B. Counter [40K] :

PhalanxDans la revue du premier numéro de Hammer and Bolter, j’avais dit qu’il était intéressant de voir des Marines faire autre chose que génocider leur prochain. J’avais horriblement tort. Je suis maintenant convaincu qu’un Marine, c’est une arme, une arme hyper efficace certes, mais rien d’autre qu’une arme, et que quiconque essaie de les faire interagir de manière autrement que superficielle dans n’importe quel autre domaine que celui du massacre de masse (ou l’organisation de massacres de masse, pour les Marines les plus intellos), est un dangereux malade. Merci Ben pour cette révélation.

Autant les deux premiers chapitres de Phalanx laissaient envisager un petit roman sympa, avec certes du fracassage à tous les étages, mais quelques bribes de fluff autour pour rehausser un peu le goût, autant le troisième donne envie que le vaisseau des Fists se fasse aborder par des World Eaters en goguette, histoire que le niveau remonte un peu. Car si Counter sait mettre en scène des combats de Marines, il ne sait mais alors absolument pas mettre en scène des Marines faisant autre chose. Le problème est que les Marines en question sont censés se constituer en tribunal, afin de juger les survivants d’un chapitre plus que borderline. Et là, c’est le festival de conneries, sans un moment de répit. En vrac:

– Les geôliers Imperial Fists, qui ne trouvent rien de plus malin pour faire revenir le calme parmi leurs prisonniers que de tirer des rafales de bolter dans le plafond de leur inestimable relique

– Counter nous informe que 300 (!) Marines sont réunis pour assister au jugement des Souls Drinkers… Sérieux, ils ont rien d’autre à f***** que de participer à un procès dont ils connaissent déjà tous le verdict? Et Ben d’enfoncer le clou en ajoutant à la phrase d’après que « la plupart des zones de guerre de l’Imperium n’avaient jamais accueilli un rassemblement si important de Space Marines, mais ces Astartes n’étaient pas là pour se battre. Ils étaient là pour que justice soit rendue »… Comme justification bidon, ça se pose là. J’espère que la XIVème Croisade Noire ne tombera au même moment que le procès en appel des Relictors, sinon Pépé est cuit.

– Les descriptions de certains des marines présents à bord du Phalanx tournent au grotesque tellement Counter souhaite mettre en exergue les spécificités de chaque chapitre par rapport aux autres. La médaille d’or va au capitaine Angels Sanguine, qui emporte partout avec lui sa collection de masques mortuaires, chacun arborant une expression différente pour qu’il puisse choisir le bon en fonction des évènements… Il aurait mieux fait d’imprimer des smileys en grand format, de mettre une ficelle derrière et de découper des trous pour les yeux (c’est comme ça que je me le représente maintenant en tout cas). Donc pour l’occasion, il doit ressembler à peu près à ça : 😦

– Et pour finir, le début du procès en lui-même est ridicule, mais pouvait-il en être autrement? Demander à des surhommes totalement endoctrinés à haïr le Chaos de faire preuve de compréhension envers un marine à moitié arachnoïde, il n’y a que les Fists et leur penchant avéré pour le masochisme qui pouvaient faire ça. Pas besoin de dire que ça part en sucette dès l’ouverture, la moitié des intervenants terminant leur réquisitoire par « je vais me le faire tout de suite cet enfoiré », obligeant Lysander (le service d’ordre à lui tout seul) à courir dans tous les sens pour calmer les plus excités. Il faut dire que Pugh (le maître de chapitre des Fists, et donc le juge du procès) a trouvé intelligent de confier le rôle de procureur à un Crimson Fists clodo complètement berserk…

Au final, on en vient à souhaiter que l’évasion des Souls Drinkers (car évasion il y aura, même Lion El Jonson pourrait s’en douter) arrive au plus tôt, afin que Counter puisse se consacrer à ce qu’il sait faire de mieux : les récits de combat. Mais bon, il faut bien rigoler de temps en temps.

The Rat Catcher’s Tail – R. Ford [WFB] :

Dernière nouvelle du lot, l’histoire que nous propose Richard Ford (un illustre inconnu… ou un pseudonyme) est tout simplement pénible.

Pénible car absolument creuse et écrite dans un style « Black Library Author » médiocre.
Pénible car sans aucune idée intéressante ou novatrice.
Pénible car respectant peu ou pas le fluff existant (et pas l’archéo fluff ni même celui développé dans d’autres bouquins de la BL, le fluff basique que l’on trouve dans les livres d’armées).
Pénible car Richard Ford à un humour de merde, au sens littéral.
Pénible car on a l’impression que l’auteur ne fait que meubler, même quand il s’agit de scènes d’action.
Pénible parce qu’affligée d’un schéma narratif si simpliste qu’on a l’impression de regarder un épisode de Scoubidou, avec des décors dessinés à la va vite qui ne font que défiler, défiler, défiler, sans rien apporter à l’histoire.
Pénible parce qu’on a l’impression que Ford nous prend pour les derniers des newbies, tous frais débarqués dans le hobby et ne se doutant absolument de rien (pas vraiment le public cible de ce genre de publication).
Pénible parce qu’on se rend compte après avoir fini la nouvelle que lire seulement le titre et faire quelques déductions de niveau grande section de maternelle aurait suffi à plier l’affaire, et qu’on a gaspillé un peu de notre précieux temps à espérer (en vain) que Ford fasse preuve d’un minimum de talent.

Bref, c’est nul-euh.

Pour les Imperial Fists parmi vous, voici quand même une petite introduction : Hugo-Kressler-est-un-marchand-de-Talabheim-qui-n’arrive-pas-à-dormir-à-cause-des-rats-qu’il-entend-courir-la-nuit-dans-sa-maison. S’en suit une aventure à la Looney Toons, le pôvre Hugo essayant de se débarrasser de son problème en utilisant des méthodes de plus en plus radicales, jusqu’à ce que, ô, retournement de situation aussi téléphoné qu’une boutique France Télécom, le véritable ennemi pointe le bout de ses moustaches (nan, à ce niveau là, c’est plus du spoiler). Le genre de lecture à conseiller à tous les écrivains de la section, afin qu’ils se rassurent sur leur propre niveau (si Richard Ford s’est fait publier, il est permis de rêver).

Terminons ici pour ce numéro, qui se révèle être de bien plus mauvaise facture que son prédecesseur, seule la nouvelle de Steve Parker venant quelque peu relever le niveau. Pour 4 euros, il y a beaucoup mieux à faire.

HAMMER AND BOLTER [N°1]

Petite revue du bouzin après une première lecture. 6 travaux différents dans ce premier numéro, 4 en rapport avec 40K et 2 avec Warhammer. On a également droit à une micro-interview de Nick Kyme, actuellement en train de bosser sur le troisième tome de sa trilogie consacrée aux Salamanders, Nocturne. Apparemment, il aimerait bien écrire un bouquin sur Vulkan dans le cadre de l’Hérésie d’Horus, mais ce ne se serait pas pour tout de suite.


The Strange Demise of Titus Endor – D. Abnett [40K] :

The Strange Demise of Titus EndorLe nom de Titus Endor ne sera pas étranger aux lecteurs de la série des Eisenhorn. N’ayant pas lu les romans en question, une bonne partie des références distillées dans la nouvelle m’est passée au dessus de la tête, mais de ce que j’ai pu comprendre, Titus Endor est un Inquisiteur passablement désabusé, ancien ami d’Eisenhorn du temps où les deux étaient Interrogateurs. Bien que le plus prometteur des deux, la carrière d’Endor n’a jamais décollé, si on peut dire, et il traîne son ennui de monde minable en monde minable, à la recherche du même criminel depuis des années.

Je dirais que l’intérêt de cette nouvelle réside plus dans l’atmosphère lourde, très typée « film noir », qu’Abnett réussit à instiller dans son récit, que dans l’intrigue proprement dite, très peu originale (voire simpliste) et insuffisamment étayée par l’auteur et qui laisse le lecteur avec des questions non résolues après le point final. On peut considérer que ces mystères persistants sont une part du style développé par Abnett, mais ce dernier a prouvé à de nombreuses reprises qu’il était capable de bien mieux, aussi je pense que le bon Dan, à qui on a demandé un petite contribution originale pour aider à lancer le nouveau magazine, a pondu son texte à la va-vite. Mais la patte du « maître » est là, et on suit avec plaisir les déambulations d’Endor, entre flashbacks et investigations, jusqu’à la conclusion attendue de sa lente déchéance.

Prospero Burns – Ch. 1 – D. Abnett [HH] :

Un autre texte du big fish de la BL, tiré de son roman sur le différend ayant opposé les Loulous aux Égyptiens pendant l’Hérésie d’Horus. N’ayant pas lu ce livre non plus, j’ai pu profiter pleinement de cette preview (parce que payer pour quelque chose que l’on connaît déjà…). Là encore, c’est de l’Abnett, et de l’Abnett plus solide que lors la première nouvelle, donc la fin du chapitre vient frustrer le lecteur (en même temps, c’est le jeu). Le problème, et les lecteurs assidus d’Abnett en conviendront avec moi, est que le penchant de Danny pour les schémas narratifs complexes et volontairement confus dans les premières pages, amène ce dernier à mélanger allégrement narration en temps réel (ici, un raid surprise d’une tribu de Fenris sur une autre, en réaction à ce qui a été pris pour un mauvais présage par leur chamane) et flashbacks en tout genre de la vie de celui qu’on devine être le héros. Pour qui a loisir de terminer le bouquin, tout finit par se mettre en place, mais quand on n’a qu’un chapitre à se mettre sous la dent, l’intrigue reste bien embrouillée.

Je pense particulièrement au long passage sur les mystérieuses statues que l’équipe du héros (archéologue de son état) découvre sur Terra (et qui auront à n’en pas douter un rôle important à jouer dans le comportement futur des protagonistes), dans lequel l’auteur bombarde son lecteur avec des détails et des anecdotes dont ce dernier n’a pas l’usage immédiat. En gros, c’est assez déroutant pour qui n’est pas familier avec le style d’Abnett, et assez frustrant (si on aime le sujet abordé dans le bouquin) pour qui l’est.

Dernier point, j’ai trouvé la description de la vie des farouches tribus de Fenris très intéressante, notamment en ce qui concerne leur rapport avec l’environnement hostile, qu’Abnett prend bien en considération au moment des combats (combattre en chemise par -15°C, c’est pas la même chose que par 15°C, tout comme manœuvrer un drakkar sur de la glace au milieu de bourrasques glaciales, ce n’est pas la même chose que faire de l’optimiste en baie de Somme au milieu du mois de juillet).

A Place of Quiet Assembly – J. Brunner [WFB] :

A Place of Quiet AssemblyDans l’introduction du magazine, Christian Dunn est apparemment très fier d’annoncer que l’une des nouvelles a été écrite par John Brunner. Personnellement, je n’avais jamais entendu parler du bonhomme avant que Dunn ne le présente comme une légende du genre, auteur notamment de Tous à Zanzibar, un classique du steam-punk récompensé par le prix Hugo (merci wikipédia), et c’est donc en parfait novice que j’ai pu juger de son travail. Là où ça devient franchement intéressant, c’est que John ne se contente (ou ne s’est pas contenté plutôt, étant donné qu’il est mort en 1995) pas de développer ses propres personnages et d’ajouter sa petite pierre au fluff du monde de Warhammer, mais qu’il s’approprie carrément deux icônes et les fait évoluer dans une aventure de son cru. Et ces icônes, ce sont Gotrek et Felix.

Autant dire que le style de Brunner détonne totalement avec les canons de la BL, et donc avec celui de King et Long, les deux autres auteurs impliqués dans la série. On a beau y être préparé, cela surprend forcément un peu. Exit donc le med-fan glauque tendance hack’n’slash que l’on était en droit d’attendre pour une aventure du fameux tueur nain, et bonjour le fantastique, dans le sens premier du mot (donc la progressive intrusion de l’inexplicable et du dérangeant dans la vie du héros). Étonnant donc, mais rafraîchissant (enfin, je trouve).

On se rend très rapidement compte que Brunner est un vrai bon auteur de SF, que le background pré-établi de Warhammer ennuie plutôt qu’autre chose (il n’utilise ainsi que très peu le personnage de Felix, et encore moins celui de Gotrek, préférant baser sa nouvelle autour d’un héros de son cru ; à ce titre, il serait plus juste de parler d’une histoire avec Gotrek et Félix qu’une histoire de Gotrek et Félix), et qu’il utilise de manière assez convenue et peu finaude (on a du le briefer rapidement avant qu’il ne commence à écrire). En plus de cela, les « conventions » sur le fluff ayant beaucoup changé entre le moment de la rédaction de la nouvelle (début des années 90) et aujourd’hui, la chute peut sembler un peu bizarre pour un lecteur n’ayant pas baigné dans le fluff canonique (ce que je suis). Cependant, il est vraiment intéressant de voir ce qu’un auteur extérieur à la BL peut tirer de l’univers qui nous est bien familier, et la nouvelle de Brunner constitue à ce titre la lecture la plus intéressante de tout le magazine (à mes yeux).

Primary Instinct – S. Cawkwell [40K] :

Primary InstinctL’un des principal intérêt de ce genre de publication (immatérielle maintenant ^^) étant de permettre à de nouveaux auteurs de débuter, c’est donc logiquement que la première nouvelle de Sarah Cawkwell s’est retrouvée dans les pages virtuelles d’Hammer & Bolter. Présentée comme un « hot new talent » par Christian Dunn, la donzelle ne m’a toutefois pas convaincu.

Premièrement, le sujet qu’elle traite est ennuyeusement commun: un groupe de Space Marines est engagé dans la traque d’une bande de pirates Eldars sur un monde sauvage. Plus classique que ça, c’est le background de la boîte d’initiation. Le pire est que si l’on remplace « Space Marines », « pirates Eldars » et « monde sauvage » par « vétérans des forces spéciales », « trafiquants de drogue », « jungle », on se retrouve avec un pitch classique de film hollywoodien bourrin et crétin. Bref, bonjour l’originalité.

Deuxièmement, Cawkwell a du mal à faire émerger une quelconque personnalité des marounes qu’elle décrit, et, plus grave, à détacher le chapitre des Silver Skulls du douillet anonymat qui était le sien jusqu’alors. En gros, à la fin de la nouvelle, on ne sait toujours pas ce que c’est d’être un Silver Skull, mis à part le fait d’être recouvert de tatouages des pieds à la tête. De ce que j’ai pu comprendre, leur mentalité semble se situer à mi-chemin entre les Space Wolves (côté sauvage et superstitieux) et les White Scars (ils font une fixation sur la tête de leurs ennemis morts), mais à part ça, on n’apprend rien, et c’est bien dommage.

Troisièmement, le rythme n’est pas au rendez-vous, les marines passant les ¾ de la nouvelle à tourner autour de l’épave qu’ils découvrent au cœur de la jungle, leur chef demandant à l’Archiviste qui accompagne son escouade de consulter ses runes toutes les cinq minutes. Évidemment, il finit par y avoir du combat, marounes oblige, mais je n’ai pas accroché non plus (Cawkwell n’arrive pas à bien rendre la brutalité et l’obstination propre aux Astartes, principalement à cause de la nature de leurs adversaires il faut dire, mais c’est elle qui a choisi ces derniers, hein…) .

Quatrièmement, le fluff, sans être victime d’un gangbang brutal, est bizarrement traité. Un Archiviste accompagnant une pauvre escouade de 5 marines d’Assaut dans une quête qui tient plus de la vengeance que de l’absolue nécessité? Des marines incapables de reconnaître leurs adversaires dans un premier temps, puis qui les identifient sans coup férir parce qu’ils se souviennent de les avoir sur leurs cassettes d’endoctrinement? Mais ce sont surtout ces fameux ennemis qui me restent dans la gorge. À la fin de la nouvelle, ils sont présentés comme une terrible nouvelle menace pour l’Imperium, alors que ce dernier les combat depuis belle lurette. La description qu’en fait Cawkwell ne permet également pas de se faire une bonne image de ces derniers, ce que je trouve assez frustrant.

Bref, de la BL passable, que je suis maintenant trop blasé pour apprécier.

Phalanx – Ch. 1 et 2 – B. Counter [40K] :

PhalanxConcept sympa proposé par la BL, le roman de Counter devrait normalement être le roman-feuilleton du magazine. Pour ceux qui l’ont oublié (moi en premier), le Phalanx est le principal vaisseau des Imperial Fists, une barge de bataille incroyablement vieille, et donc incomparablement supérieure à tous les autres vaisseaux de l’Imperium de l’univers du monde du cosmos (ah, Ben, je t’aime pour ça ^^). Pour ceux qui ne l’ont jamais su (moi en premier), ce roman prend place dans la série des Soul Drinkers, un chapitre successeur des Fists frappé par le fléau de la mutation (pour plus d’info, voir là). Après de multiples péripéties, les Soul Drinkers sont décimés par une coalition de chapitres loyalistes, et les survivants traînés dans la barge des Imperial Fists pour être jugés. Oui, je sais, on ne voit pas pourquoi les marounes s’embêteraient à organiser un procès quand un bolt en pleine tête suffirait à régler le problème une fois pour toute, et d’ailleurs la majorité des personnages est de mon avis, mais Vladimir Pugh (le maître des Fists) est un légaliste forcené, qui tient absolument à tout faire dans les règles, car les Soul Drinkers se considèrent comme encore loyaux envers l’Empereur, et donc ont théoriquement le droit de s’expliquer. On suit donc les jours précédents l’ouverture du procès, avec les séances d’interrogation musclées de vigueur (haaa, le « Gant de Douleur »… de grands malades, ces Fists) et les arrivées des délégations des autres Chapitres (ça fait un peu réunion du G8). Pendant ce temps, une équipe de scouts est envoyée sur un monde nécron à la recherche d’on ne sait pas trop quoi…

Bon, c’est du Counter, donc on aime ou on aime pas, mais j’ai pas trouvé ça dégueu à lire, bien que je n’ai lu aucun bouquin de la série des Soul Drinkers (pour changer). On retrouve la figure bien connue de Lysander, et le personnage de Sarpedon, le maître muté des Drinkers, est attachant malgré sa tendance à donner dans les réflexions métaphysiques. Même si on devine que les accusés ne vont pas rester tranquillement dans leur box jusqu’à la lecture du verdict (et Counter, comme beaucoup de ses copains, à la mauvaise idée de recourir à la facile « vision mystique » pour prévenir le lecteur que ça va chier), voir des Astartes faire autre chose que purger de l’hérétique ou du xenos est assez sympa. À côté de ça, les passages où les scouts apparaissent sont bien rythmés, même si pas originaux pour deux sous (il faudrait vraiment un gars talentueux pour innover -en bien- de ce côté là ceci-dit). Si Counter résiste à son penchant prononcé pour l’escalade pyrotechnique et s’empêche de faire de son histoire l’évènement le plus important depuis l’Hérésie Do, ça devrait même être agréable à suivre.

Questing Knight – A. Reynolds [WFB] :

Questing KnightDernière nouvelle du numéro, Questing Knight raconte très originalement les aventures d’un chevalier de la quête, le preux (quoique…) Calard de Garamont, de retour sur ses terres après une absence de six ans. Il n’a pas bu au Graal, non non, la Dame lui a envoyé une vision (encore!), l’enjoignant de rejoindre son fief sur le champ, et Calard, suivi par un larbin hideux et froussard, comme le veut la tradition, s’exécute. Pas de chance pour lui, son beau château a tout brûlé pendant son absence, son petit cousin a disparu, et il découvre que la belle qu’il aimait en secret est la mère des enfants de son rival… S’ensuit une aventure que j’ai trouvé pénible à lire et inintéressante au possible, mais je n’attendais pas grand chose d’autre de la part de Reynolds.

Outre le fait que tous les rebondissements sont absolument prévisibles (« Quoi, 2 chevaliers ont réussi à massacrer tous mes vassaux et hommes d’armes? Se pourrait-il qu’il s’agisse de …? » Un indice, la réponse est oui) et que les scènes de combats ont tendance à être incroyablement foutraques (le héros et ses potes se battent à un moment dans une auberge fortifiée, et je défie quiconque de comprendre ce qui se passe), c’est surtout la transparence confondante de ses personnages qui pénalise l’auteur. Le héros est héroïque, résolu, vertueux, fidèle, légèrement-méprisant-envers-la-roture-mais-pas-trop…, tandis que son serviteur est lâche, contrefait, mesquin, grossier, terre à terre, etc… Si seulement Anthony Reynolds avait donné un des traits de caractère du noble chevalier au vil paysan, et vice-versa, il aurait même pu frôler le passable, mais non: les méchants sont soit des éminences grises machiavéliques, soit des gros bourrins cruels, alors que le rival du héros est exactement basé sur celui de Pokémon (mais si, vous savez, le gosse de riche arrogant et énervant).

Cette ennuyeuse orthodoxie rend les maladroites tentatives d’explication de Reynolds au sujet des « déviances » de comportement de ses personnages encore plus grossières et risibles: par exemple, le très héroïque Calard passe son temps à fuir le combat, sous prétexte que la Dame ne voudrait pas qu’il se fasse poutrer la gueule par des adversaires indignes de lui (quand il se bat contre de la horde) ou bien qu’il meure en vain face à des adversaires trop puissants (quand il se bat contre le boss de fin).

Enfin, Reynolds ne réussit pas à tirer parti de son seul point fort, c’est à dire sa très bonne connaissance du fluff actuel (étant un hobbyiste et ayant bossé pour GW avant de devenir un auteur de la BL) pour faire passer sa salade en ajoutant des détails de fluff un minimum sympa. Tout est plat, convenu et attendu, et pourtant, il y avait de quoi faire dans le bizarre et le surprenant (l’histoire se termine à Moussillon tout de même).

En conclusion, il y a plus de bonnes que de mauvaises choses dans ce numéro, mais alors que ce qui est bon l’est plutôt moyennement (Abnett un peu en dessous ou dans un format pas adapté, Brunner qui aurait été meilleur s’il n’avait fait que du Brunner, Counter égal à lui-même), ce qui est mauvais (ou plutôt insipide, ne soyons pas trop dur) l’est beaucoup plus franchement (Cawkwell et Reynolds inoriginaux au possible et parfois confus). Pour 4 euros, j’estime en avoir eu pour mon argent (en plus, c’est beaucoup plus discret de lire un e-book en cours que de sortir un White Dwarf de son sac devant le prof), mais j’attendais un peu mieux de ce genre de publication (un premier texte vraiment prometteur, un nouveau personnage intéressant, des nouvelles sérieusement construites…). À vous de voir!

Real TiredYou_don't_say-