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INFERNO! PRESENTS THE EMPEROR’S FINEST [40K]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue d’un nouveau format infernal!, consacré comme le nom l’indique aux meilleurs plus fins de l’Empereur. Les plus observateurs parmi vous auront reconnu que ce titre ressemble fortement à celui de la précédente publication infernale, dédiée aux saints ordos (critique ici), et cette comparaison est en effet appropriée. Les douze nouvelles qui composent cette anthologie sont liées par un thème commun, mais assez large il faut le reconnaître: elles sont consacrées en premier lieu aux forces d’élite1 de l’Imperium (donc – presque – pas d’Astra Militarum ici).
Là où ‘The Emperor’s Finest’ diffère de son prédécesseur inquisitorial est dans la (presque2) totale nouveauté de son contenu (alors que la Black Library avait refourgué les nouvelles de l’Inquisition Week dans le sommaire de ‘The Inquisition‘), ce qui fait du présent objet une bien meilleure affaire d’un point de vue purement financier. Les deux bouquins étant vendus au même prix (11.99€), il est logique de préférer douze nouvelles inédites à onze nouvelles ne l’étant pas toutes. J’ajoute que cette ligne éditoriale rapproche ‘The Emperor’s Finest’ de l’esprit des premiers Inferno!, dont le but était de permettre à de nouveaux talents de faire leurs débuts dans le monde impitoyable de la GW-Fiction. Même si nous sommes passés d’un bimensuel contenant des comics et du fluff en plus de quelques nouvelles à d’authentiques recueils de courts formats (et uniquement cela), publiés à un rythme irrégulier par la maison d’édition de Nottingham, il est réconfortant de constater que cette primauté à la nouveauté semble être de nouveau la philosophie dominante pour les Inferno!3.
Le même constat domine à la lecture du sommaire, où l’on retrouve une majorité de contributeurs peu ou pas connus à l’heure actuelle, dont quelques uns (Collyer, Bridgeman, Teintze, Modine) qui font, si je ne m’abuse, leurs premières armes dans cette anthologie. Cela étant dit, on retrouve aussi des pointures du calibre de Wraight, Stearns et Kelly, ce qui fait de ‘The Emperor’s Finest’ un bel échantillon de la large communauté des auteurs travaillant pour la BL. Maintenant que le décor est planté, allons voir si Pépé avait la qualité littéraire en tête lorsqu’il a établi la liste de ses meilleurs serviteurs…
1 : Comme Richard Garton-Wills, l’éditeur de la BL en charge de l’avant-propos du présent ouvrage, le souligne bien. Désolé pour les Gardes Impériaux.
2 : ‘The Last Word’ ayant éta publié dans l’anthologie ‘The Long Vigil’.
3 : Je vous que j’ai eu peur lorsque j’ai vu que la BL avait flaggé le mythique « Inferno ! » sur deux anthologies constituées à 100% de rééditions. Certes, ces nouvelles venaient de numéros d’Inferno !, mais come on dudes, respectez-vous.
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Blighted Sun – M. Collins :
INTRIGUE:
Le Frère d’Epée Adhemar emmène l’escouade de Black Templars qu’il a recueilli à la sortie de la cantine dans une mission pas loin d’être suicide à la surface de la planète Nyadus, située dans le système de Mytra. Orbitant inconfortablement près de son soleil, Nyadus est un désert hostile à toute vie, mais que l’Imperium a tout de même colonisé pour y miner du bitcoin des minéraux. Pendant que le reste de la croisade dont ils dépendent se bat ailleurs dans le système contre les forces du Chaos, Adhemar et les boyz cherchent à mettre la main sur la Némésis du premier, le sorcier Ilicus. On ne saura jamais vraiment ce que ce triste sire a fait de terrible pour mériter tant d’attention de la part de notre héros, mais Adhemar n’en démord pas : Delenda Ilicus illico presto.
Si le Frérot de la Rapière est hyper motivé à corriger du faquin, il est cependant un peu moins bon en lecture de carte. Il ordonne ainsi au pilote du Thunderhawk qui véhiculait sa fine équipe (Osgar, Alberic, Godric, Holdt et le novice Sigurd) de se poser en plein désert… parce qu’il a senti que ça chauffait. Si si, c’est vrai. Une bonne idée sur le papier – on sait que les Black Templars ont un instinct très développé – mais qui ne tarde pas à se retourner contre les hardis Space Marines, surpris à découvert par l’aube torride de Nyadus. A partir de là, la nouvelle se transforme en course d’arcade, notre haineuse bande de psychopathes étant obligée de foncer droit devant elle pour rester dans l’ombre et ne pas finir carbonisée par la lumière de ce môôôôdit soleil (d’où le titre, pour info), coûte que coûte. Le hic, c’est que le Warp est à l’œuvre à la surface de ce caillou minable, et Adhemar et Cie en sont quitte pour se coltiner un affrontement avec les démons des Quatre Affreux, en commençant par Khorne et en terminant par Tzeentch. Pas de quoi effrayer les templiers énergétiques cependant, qui ne perdent qu’un seul des leurs (Holdt) pendant les préliminaires.
Quelques pages et kilomètres plus loin, les survivants essoufflés tombent enfin sur Ilicus, occupé à compter des grains de sable entouré des cadavres torturés des mineurs de Nyadus. Il ne s’agissait cependant que de la cinématique de lancement au combat de boss, le fourbe sorcier disparaissant dans un éclat de rire machiavélique, et envoyant deux miniboss démoniaques (une sorte de bête de Nurgle avec des ailes de condor, et un Prince Démon ayant tiré le don « couinement porcin » sur le tableau d’apothéose) attendrir les loyalistes. Le combat qui s’en suit voit deux Black Templars rejoindre l’Empereur, ne laissant qu’Adhemar, Sigurd et Godric prêts à finalement affronter Ilicus. Malheureusement pour le Chaos, son champion préfère lancer un sort d’effacement littéraire sur Godric (qui disparaît purement et simplement de la nouvelle) que de renforcer son aura de paralysie. Il paiera cette grossière erreur de son bras, puis de sa tête, après que les deux Space Marines rescapés se soient mis suffisamment en colère pour retrouver le contrôle de leurs membres. Petite surprise : c’est le jeune Sigurd qui s’illustre particulièrement dans ce dernier combat, ce qui lui vaut une recommandation enthousiaste de la part d’Adhemar pour passer au grade d’initié. THE EEEEEEND (et c’est pas trop tôt).
AVIS:
Marc Collins a un faible pour les Black Templars1, mais malheureusement, c’est un point faible. Il n’y a pas grand-chose à sauver de cette nouvelle de bolt (et sword, soyons honnêtes) porn, très peu inspirée dans l’ensemble mais qui parvient tout de même à surprendre – en mal – au détour d’une péripétie fade et/ou téléphonée. Je reste convaincu que les paragraphes entiers consacrés par l’auteur à relater les émotions de son héros, ou à nous servir des dialogues fleurant bon la série B(lack Templars) auraient été mieux utilisé à contextualiser davantage la mission entreprise par Adhemar, et la haine tenace qu’il voue à Ilicus. Certes, il ne faut pas grand-chose à un descendant de Sigismund pour détester un sorcier du Chaos, mais il aurait été de bon ton de nous expliquer pourquoi cette traque méritait absolument d’être couchée par écrit. La lecture de ce ‘Blighted Sun’ m’a fait regretter l’époque où les auteurs de la BL cherchaient à proposer quelque chose à leur lectorat lorsqu’ils choisissaient de mettre en avant les zélés Templiers : le ‘Words of Blood’ de Ben Counter reste à ce jour la référence de ce point de vue.
1 : Il a déjà consacré une nouvelle avant ‘Blighted Sun’ à ce Chapitre, ‘Champions, All’.
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Fidelis Ad Mortem – J. Reid :
INTRIGUE:
Nouvellement promue Sœur Supérieure, Zillah de l’Ordre de la Rose de Sang1 emmène son escouade essuyer les plâtres dans une mission d’exploration d’un vaisseau pensé perdu dans le Warp, et redécouvert il y a quelques semaines à proximité d’un point de Mandeville. Le but de cette escapade sera de retrouver une précieuse relique, précédemment sous la garde de la mentor de Zillah, Hélène (avec les bons accents, c’est assez rare pour le noter), et qu’elle ramenait vers la forteresse de l’Ordre lorsque le Fidelis a disparu. Rendue nerveuse par ses nouvelles responsabilités, Zillah regrette de n’avoir pas eu le temps de faire un peu de team building avec ses hommes, euh, femmes, enfin on se comprend, avant ce premier déploiement. Elle peut toutefois compter sur la présence de son amie de noviciat, Adelphia, qui a sans doute raté son propre grand oral pour désormais se retrouver sous les ordres de sa camarade. Le casting est complété par la vétérane Medina (experte du lance-flammes), et les trois novices Amrit, Nicaea et Rosslyn.
Après avoir marché un bout de temps dans les coursives désertes et ténébreuses du Fidelis en direction de la cathédrale où la relique est, en toute logique, sensée se trouver, nos braves Jeannettes se retrouvent face à une intersection qui n’a pas lieu d’être, d’après les plans du vaisseau que Nicaea a téléchargé sur son auspex. Avant que qui que ce soit ait eu le temps de faire une blague sur la capacité de la gent féminine à lire une carte, l’attention de la petite troupe est attirée par les râles sonores d’un individu non identifié, à proximité du carrefour fatidique. Après inspection, il s’avère que le responsable de ce vacarme est le Navigateur du bord (Octavian Lunaro), qui confirme aux Sistas leurs craintes : le Fidelis a été victime d’une invasion démoniaque et tous ses passagers ont été emportés dans le Warp pour danser la macarena, sauf lui. En guise de lot de consolation, Elle lui a tout de même arraché tous les yeux (les trois), ce qui a l’air de lui faire plaisir, mais dégoûte suffisamment Zillah pour qu’elle euthanasie l’éclopé sans autre forme de procès.
Il était de toutes façons temps de passer aux choses sérieuses, et une première vague de démons, ici des Démonettes, s’abat sur l’escouade. Si cette dernière arrive à gérer sans trop de problème les escort girls du Prince du Chaos, l’arrivée d’une Bête de Slaanesh vient compliquer les choses. Bilan des courses : une blessée (Medina) et une morte (Nicaea), qui réussit tout de même à emporter avec elle l’abomination, en la nourrissant d’une grenade krak de sa blanche main.
Un petit tour à l’infirmerie pour poser des pansements et boire du mercurochrome (c’est comme ça qu’on s’en sert au 41ème millénaire), et les survivantes repartent en direction de la cathédrale. Arrivées devant les portes closes, le son lointain d’un cantique angélique met les Sœurs sur leur garde. Cela pourrait être une fourberie de l’ennemi… ou une playlist restée en mode repeat. Qui peut dire ? Dans le doute, Amrit parvient à convaincre sa supérieure d’emprunter les coursives qui passent en dessous de la nef pour arriver directement devant l’autel, et ainsi éviter d’éventuels ennemis. Tactique lâche et pas très héroïque (il faut s’imaginer l’escouade progresser à quatre pattes dans l’entresol), et qui ne sert au final à rien puisque personne ne les attendait, mais qui permet tout de même à la fine équipe d’arriver dans le saint des saints.
A première vue, il n’y a qu’un tas de cadavres impériaux ayant chèrement vendus leur vie contre des vagues de démons, mais ni relique, ni Hélène. Cette futée de Zillah a toutefois la bonne idée d’ouvrir la porte de la chapelle adjacente, où se trouve…
Début spoiler…Hélène en train d’utiliser la relique pour maintenir à distance une… Gardienne des Secrets (?), qui se présente comme étant la Dame des Vides (avec un -s, oui oui2), et profite de l’intervention généreuse mais mal avisée – Hélène arrivait très bien à gérer les choses jusqu’ici – de Zillah et de ses Sœurs pour faire du vilain. Au bout d’un combat littéralement assourdissant (la Dame hurle si fort que tout le monde perd 30% d’audition), et au cours duquel la belle vieille Hélène se fera perforer par une pince démoniaque, la Giga Démonette s’empale le bedon sur l’épée de la statue de l’Empereur qui veillait à l’arrière-plan, apportant la victoire à Son équipe. Zillah a juste le temps de dire adieu à sa chère tutrice, et se faire rabrouer deux fois de trois secondes pour sa peine, que le rideau tombe sur Hélène, et peu de temps après sur la nouvelle. Je ne sais pas si a star is born, mais Augusta Santorus a trouvé à qui parler chanter…Fin spoiler
1 : Eh oui, c’est une collègue de la renommée Augusta Santorus…
2 : Conceptuellement, c’est étrange : est-ce qu’il peut exister plusieurs vides différents ? Je suis sûr que Tzeentch a rigolé au nez de Slaanesh quand il lui a soumis l’idée.
AVIS:
A l’aune des standards fixés par Danie Ware, cette nouvelle de Sœurs de Bataille de l’Ordre de la Rose de Sang est plutôt qualitative, en cela qu’il ne s’y passe rien de susceptible de faire défaillir un lecteur un tant soit peut attaché au fluff et à la vraisemblance1. C’est tout de même un niveau d’exigence assez bas, quand on y pense. Malheureusement, Jude Reid ne parvient pas à faire beaucoup mieux que ça, son récit initiatico-exploratorio-démoniaque ne cassant pas trois pattes à une colombe (un volatile plus approprié à notre propos que le classique canard). Reste à voir si Zillah aura une carrière comparable à celle de sa (tristement) célèbre camarade…
1 : Si on veut chipoter, on peut se demander comment Hélène a réussi à tenir
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Knife’s Edge – B. Teintze :
INTRIGUE:
Equita Myles est une agente de l’Officio Assassinarum, avec une spécialisation plus originale que la moyenne1 : elle est rattachée à la clade Venenum, et accomplit donc ses missions en empoisonnant ses cibles. Envoyée sur le monde minable de Galu IV pour unsuscribe to life le meneur d’une faction sécessioniste seulement connu sous le nom du Recteur, elle se tient particulièrement sur ses gardes malgré la facilité avec laquelle elle infiltre la ville où est censée se trouver sa cible. En cause, le fait que le Temple Callidus a envoyé un de ses agents (Nirra) régler son compte au Recteur il y a cinq ans, et que sa collègue a disparu sans laisser de traces ni accomplir son forfait…
La petite cité de Kerheim n’est pas sans avoir ses particularités, comme elle le découvre bientôt. La principale est sa taxe d’eau potable, dont tous les citoyens doivent s’affranchir pour pouvoir puiser à la fontaine locale (sculptée pour représenter un Empereur2 en train de pleurer toutes les larmes de son corps, probablement après que Malcador l’ait battu au rami), la seule dispensant une eau propre à la consommation. Equita remarque tout de suite que le précieux liquide est infusé d’un puissant tranquillisant, utilisé par le Recteur et ses sbires pour garder la population sous contrôle. Son prochain arrêt est la cathédrale de Kerheim, où doit se tenir un festival présidé par le Recteur le soir même. Cherchant à approcher sa cible pour pouvoir glisser des roofies dans son eco cup, Equita a la surprise de voir sa mission lui être littéralement tendue sur un plateau, un vieil intendant lui ordonnant d’aller porter le thé de son excellence à l’étage. C’est un petit peu trop facile, tout de même…
Début spoiler 1…Et en effet, l’Alfred de Kerheim était en fait Nirra (sous polymorphine, évidemment), qui n’était pas au courant de l’arrivée d’une concurrente sur Galu IV, et essaie donc de régler son compte à Equita, ayant bien vu que la mystérieuse petite vieille dont elle avait pris l’apparence cachait quelque chose sous ses jupons. Au bout d’un combat engagé, le malentendu est levé et les deux agentes décident de coopérer pour mener à bien leur mission commune. C’est tout du moins ce qu’Equita veut faire croire à Nirra, le manque d’efficacité dont la Callidus a fait preuve la faisant apparaître comme suspecte aux yeux de l’intègre Venenum.
Pour sa défense, Nirra a bien supprimé le Recteur, mais elle s’est aperçue que sa mort n’allait pas être suffisante pour ramener Galu IV dans le droit chemin. Elle a donc endossé son identité, et cherche depuis lors un moyen pour assassiner tous les fidèles du défunt, afin de mettre fin à cette rébellion de bas étage. L’arrivée d’Equita est une aubaine pour elle, la maîtrise des poisons de sa nouvelle meilleure amie permettant d’opérer plus rapidement qu’un coup d’épée C’tan à la fois. Elle emmène donc la Venenum jusqu’à la citerne de la fontaine de Kerheim, l’endroit parfait pour planquer des pastilles de mort au Grox…
Début spoiler 2…Seulement, Equita n’est pas d’accord. A ses yeux, Nirra a outrepassé ses ordres et sa fonction en demeurant sur place au lieu de se contenter de tuer le Recteur. Un désaccord professionnel entre Assassins ne se terminant généralement pas par une engueulade devant la machine à café, mais bien par un duel à mort (possiblement devant la machine à café), on a le droit à un crêpage de chignon en règle entre Equita et Nirra. Bien qu’ayant initialement la main haute dans le combat grâce à ses talents d’acrobate, cette dernière oublie que les Venenum ont les dents longues et les canines creuses, et se fait mordre à la gorge alors qu’elle venait narguer sa compétitrice, après lui avoir broyé le bras dans une machine.
Le poison injecté par Equita paralyse Nirra, avant de la placer sous son contrôle, et notre héroïne profite de la situation pour faire d’une pierre deux coups : obligeant la Callidus à reprendre l’apparence du Recteur, elle l’envoie faire de la figuration à sa petite fête, puis lui injecte une deuxième dose dont les effets secondaires incluent une combustion spontanée et explosive, rasant la cathédrale de la carte, et tous ceux qui s’y trouvaient avec. Voilà qui vérifie une nouvelle fois l’adage : surtout ne jamais prendre d’initiative.Fin spoiler
1 : Et une attitude vraiment très cool vis-à-vis de son job. Elle affirme ainsi dans le plus grand des calmes qu’elle ne se souvient de pas grand-chose de son entraînement.
2 : Rebaptisé Seigneur Peacemaker par les habitants du cru. C’est John Cena qui doit être content.
AVIS:
On peut remercier Breanna Teintze pour avoir signé ce qui est, sauf erreur de ma part, la première nouvelle mettant en vedette un Assassin du culte Venenum. Et on en a ici pour notre argent, les modes opératoires et les gadgets propres à cette sous-faction étant mis au centre de l’histoire, ce qui est à mon sens ce à quoi doit ressembler une nouvelle centrée sur ce type de personnage. Ma seule doléance concerne le « pourquoi » plutôt que le « comment » de ‘Knife’s Edge’, les « explications » données par Nirra sur les raisons qui l’ont poussée à prolonger sa mission pendant cinq ans et le contre-argumentaire mobilisé par Equita pour faire cavalier seul ne me semblant pas d’une limpidité totale. Le solde reste toutefois positif pour Teintze.
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Suffer not a Human to Live – G. G. Smith :
INTRIGUE:
Le Navigateur Espern Locarno a manifestement fâché quelqu’un d’influent dans la petite affaire familiale. Catapulté commercial en chef (de lui-même) à Precipice, et chargé de trouver des nouveaux partenaires commerciaux pour exploiter la Forteresse Noire attenante, il doit affronter l’hostilité non déguisée, et carrément phlegmatique dans certains cas, des représentants de l’Ecclésiarchie locale, guère amicaux envers un mutant tel que lui.
Alors qu’il était parti se changer les idées en dégustant un thé au Starbucks du coin (il y a et il y aura toujours un Starbucks dans le centre-ville, c’est un choix de civilisation), il est abordé par la capitaine Lavitica et son garde du corps Lorkan, chargés par ce qui tient de conseil municipal à Precipice de faire la lumière sur une série de meurtres perpétrés dans la cité. Les victimes étant toutes des humains, la suspicion de nos fins limiers repose logiquement sur l’importante diaspora Xenos tolérée à Precipice, mais ils ne seraient pas contre une contre-expertise réalisée par un authentique Psyker pour creuser le dossier. Après avoir expliqué qu’il n’avait pas vraiment ce type de pouvoir (mais en fait un peu si quand même), Espern accepte d’accompagner L&L jusqu’au lieu de la dernière attaque, et de jeter un œil au cadavre mutilé qui s’y trouve encore. Lorsque Lavitica lui remet la griffe de guerre qui a été utilisée pour accomplir ce noir forfait, le Navigateur a la vision de l’assaillant au moment où le crime a été commis. Surprise : l’individu semble avoir des tentacules, ce qui devrait normalement innocenter les Kroots (qui utilisent les griffes de guerre). Autre signe distinctif : la haine absolue qui s’émane de l’assaillant, et qui manque de faire vomir notre héros dans son casque. Un sort pire que la mort si vous voulez mon avis.
S’étant piqué d’intérêt pour l’affaire, Espern décide d’aller visiter Krootown, ou quelque chose s’approchant, afin de rassembler de nouveaux indices. Sur le chemin, il est invectivé deux fois. La première par le prêcheur Matteus Seppault, qui malgré son aversion pour les mutants, cherche à avoir davantage d’informations sur les attaques ayant visé ce qu’il considère être sa congrégation. Fin de non recevoir polie mais ferme (comme son heaume) de la part d’Espern. La seconde, qui peut être considérée comme une authentique agression, par le traqueur Kroot Grekh, que quelqu’un a alerté qu’un sorcier allait venir faire du vilain dans son quartier. Après avoir calmé l’ardent palmipède, Espern lui donne à voir la griffe de guerre qui a servi pour tuer la troisième victime, et reçoit la confirmation qu’il s’agit d’une contrefaçon vendue aux (rares) touristes de Precipice, et pas une authentique arme kroot. Voilà qui devient intéressant…
Début spoiler…Alors que l’ambiance dans la ville se rapproche doucement mais sûrement du pogrom xenophobe, Espern décide d’aller rendre une visite de courtoisie à Seppault. Grâce à ses pouvoirs psychiques, il parvient à leurrer les gardes qui interdisent l’accès aux appartements du prêcheur, et profite de l’absence de ce dernier pour faire main basse sur ses tiroirs. Il ne lui faut pas longtemps avant de trouver d’autres griffes de guerre planquées sous ses caleçons, ce qui prouve de manière irréfutable, en tout cas pour notre héros, que c’est l’Ecclésiarchie qui est derrière cette série de crimes. Le motif en est simple : pouvoir utiliser ces meurtres pour justifier une purge de Precipice de sa population Xenos.
Bien évidemment, Seppault et sa bande de goons se pointent avant que le Navigateur ait pu s’éclipser, et le prêcheur décide de faire participer le fouineur à sa combine en le transformant en la quatrième victime du griffeur des bas-fonds. N’étant pas homme à se salir les mains avec la basse besogne, Seppault a eu recours aux services d’un arco-flagellant pour la partie opérationnelle de son plan (ce qui explique les « tentacules » et la HAINE ressentie par Espern dans sa vision), qu’il garde enfermé dans sa chambre d’amis, et qu’il invite à entrer pour faire plus ample connaissance avec son nouveau copain.
C’est à ce moment que Lavitica et Lorkan débarquent tous flingues dehors, et sauvent les miches du Navigateur en descendant l’arco-flagellant et l’escorte du prêcheur. Ce dernier aurait subi le même sort sans l’intervention d’Espern, qui convainc ses acolytes de ne pas faire du prêcheur un martyr. A la place, le Psyker utilise ses pouvoirs, décidément nombreux et variés, pour laver le cerveau du zélote et le convaincre de réorienter sa croisade moraliste : plutôt que les Xenos, ce sera désormais le Chaos l’ennemi à abattre, et nous quittons Seppault sur une touchante prêche pour aller purger la Forteresse Noire de sa corruption. Pas sûr qu’il arrive à recruter des bénévoles cette fois-ci… La nouvelle se termine avec Espern qui invite Grekh à boire un verre, en attendant d’être présenté à un Libre Marchand des connaissances de Lavitica, un certain Janus Draik. Ce nom vous est peut-être familier…Fin spoiler
AVIS:
Alors que tout le monde avait enterré Blackstone Fortress1, la Black Library publie ce qui semble être un fond de tiroir oublié lors de la mise en forme de l’anthologie ‘Vaults of Obsidian’, où ‘Suffer not a Human to Live’ aurait eu toute sa place. Pour la défense de Nottingham, on peut avancer que cette nouvelle ne ressemble pas au reste du corpus BF, puisqu’elle se passe à l’extérieur de ladite Forteresse Noire, et tient plus de l’enquête policière (Warhammer Crime, anyone ?) que de la quête pour les incommensurables richesses – défendus par de tout aussi incommensurables dangers – cachés dans Obsidienne Land.
Cette différence marquée ne rime cependant pas avec travail bâclé, Gavin G. Smith nous livrant une histoire tenant la route (même si l’identité du commanditaire, à défaut du coupable, qui est elle, un peu plus surprenante) pour sa longueur en pages, et ayant de plus le bon goût d’introduire un des personnages principaux de Blackstone Fortress dans le fluff romancé de ce micro-univers. Mon seul grief, ou interrogation, fut de constater que cette nouvelle n’a rien à voir avec ‘Suffer not the Unclean to Live’, écrite par un autre Gavin (Thorpe) il y a plus de vingt ans. Le clin d’œil aurait été sa-vou-reux.
1 : Cette chronique est écrite en Novembre 2022, et la dernière extension pour ce jeu est sortie en Septembre 2020.
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The Last Word – P. Kelly :
INTRIGUE:
Où l’on suit une kill team de la Deathwatch dans sa tentative de désorganiser les forces des T’au opérant dans le système d’Atazuga en assassinant l’Ethéré qui chapeaute les opérations du côté du Bien Suprême. Comme à chaque fois, les surhommes viennent de Chapitres différents, et comme à chaque fois, on a le droit à des petites frictions entre Astartes, causées par le choc des cultures. Rien de bien méchant ici, le Space Wolves de service (Braejac) se moquant gentiment de la dévotion du Novamarine Kolos (accessoirement, le personnage central de l’histoire) envers le saint Codex Astartes. On a aussi un Iron Hands très fort en pilotage et en mécanique, un Scar Lord (Caegros) qui en veut à mort au T’au d’avoir exterminé son Chapitre – ça se comprend –, un joyeux drille sans attache particulière (Diamendros), le tout placé sous le commandement d’un Obisdian Glaive (Orendu). Voilà pour le générique.
Le plan établi par nos héros consiste à rester planquer dans la soute d’un vaisseau humain affilié au Bien Suprême pour se rapprocher du vaisseau de leur cible, faire les derniers milliers de kilomètres (c’est grand l’espace) à bord de leur Corvus Blackstar, et de partir à l’abordage comme les pirates des temps jadis. Cette stratégie d’une rafraichissante simplicité est remise en question par le fait que le transporteur qui les a pris en stop n’a finalement pas les bons mots de passe, ce qui force la Deathwatch à sortir le bout de son museau plus tôt que prévu, et à devoir zigzaguer entre les tirs T’au, qui ont bien compris qu’on essayait de la leur faire à l’envers. Rien que Va’kaan (l’Iron Hand) n’est pas capable de gérer bien sûr. Le Blackstar se pose sur le Resplendent Dawn, et la fine équipe a tôt fait de se frayer un chemin jusqu’à l’intérieur du vaisseau, même si Kolos se fait une frayeur en partant en vol plané dans l’espace après s’être pris un tir de baby railgun dans le dos1.
La suite, et la fin (déjà), de la nouvelle n’est qu’une succession de combats très peu équilibrés entre les colosses en céramite et le service de sécurité de l’Ethéré. En désespoir de cause, ce dernier vient proposer un accord à ses agresseurs : s’ils lui laissent la vie sauve, il épargnera la population humaine de la planète Olovakia, récemment colonisée par le Bien Suprême, et jure de quitter le système d’Atazuga en prime. Cela afin de préparer la défense contre la prochaine vague de Tyranides qui menace les dernières acquisitions de l’empire T’au, et que l’Imperium a plutôt intérêt à voir triompher. Malgré les appels à la clémence de Kolos, qui est un natif d’Olovakia et est donc partial en la matière, la Deathwatch ne négocie pas avec les terroristes, et l’Ethéré finit avec une hache énergétique plantée dans le torse. Jeu, Sep’t et Match pour l’Imperium2.
1 : Il s’en sort grâce à un cheat code : il demande à l’Iron Hand de calculer le vecteur de tir de bolter qui lui permettra de repartir vers le vaisseau. Trop facile.
2 : On peut donc supposer que le dernier mot auquel le titre fait référence est « ouille ».
AVIS:
Petite nouvelle d’action sans beaucoup d’ambition, mais écrite convenablement (et surtout, raisonnablement courte) par un Phil Kelly qui en profite pour mettre ses T’au bien-aimés en vedette, ‘The Last Word’ mérite sans doute la lecture pour quiconque d’intéresse aux travaux que l’auteur a consacré aux petits hommes bleus de 40K. On retrouve ainsi quelques mentions à d’autres événements couverts dans le Kelly-verse (c’est peut-être un peu T’au pour lancer le concept, mais je vais lui laisser le bénéfice du doute) dans ces quelques pages, comme le Chapitre des Scar Lords dont Caegros fait partie, et dont on retrouve le Maître dans la nouvelle ‘Redemption on Dal’yth’. Pour les autres, et comme je doute que Phil Kelly consacre beaucoup de temps à relater la suite des trépidantes aventures d’Orendu et de ses Montres de la Mort, donc si ce genre de littérature vous intéresse, je ne saurais trop vous conseiller de vous diriger vers le vétéran Steve Parker, qui a, lui, démontré à maintes reprises qu’il s’agissait de sa faction de cœur.
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Reconsecration – A. Bridgeman :
INTRIGUE:
Astryd, une jeune Sœur de Bataille de l’Ordre du Cœur Valeureux, participe avec son escouade à une mission d’escorte d’un Inquisiteur de l’Ordo Hereticus (Tormun), envoyé sur la planète minière d’Hadrea pour enquêter sur les signes de rébellion manifeste de ses habitants. Après avoir refusé de payer la dîme impériale pendant quelques temps, ils ont en effet reçu la visite, pas vraiment amicale, d’un régiment de Gardes Impériaux, dont le Militarum est depuis sans nouvelles. Il n’en fallait pas plus pour que l’Imperium déroule le grand jeu et abatte sa carte maîtresse : un Inquisiteur (avec Servo-Crâne, tout de même) et 10 Sistas. Tremblez hérétiques, votre fin est proche.
On comprend rapidement que l’ambiance à la surface d’Hadrea est effectivement au libertarisme absolu, nos pugnaces héroïnes devant commencer la nouvelle en reprenant un temple impérial à une horde d’hostiles, composée en partie de mineurs et en partie de Gardes Impériaux renégats. Ayant perdu une des leurs dans l’accrochage, victime d’un kamikaze et de sa grenade krak, les Sœurettes ne sont pas d’humeur très charitable au moment d’interroger le prêcheur local (Ingor Previs), qui a miraculeusement réussi à échapper à la vindicte populaire alors que le reste de la planète sombrait dans l’hérésie.
La confession de Previs doit cependant être remise à plus tard, une nouvelle foule en colère menaçant de prendre d’assaut le temple où les Sœurs et l’Inquisiteur se sont barricadés. Bien qu’étant très largement surclassés en effectifs, la confiance règne du côté des zélotes, qui placent toute leur espérance dans le saint ratio, et parviennent effectivement à repousser sans mal ni perte les émeutiers. Il s’agissait toutefois d’une simple diversion de la part de ces derniers, qui profitent de la confusion pour kidnapper le prêcheur et l’Inquisiteur, que la Sœur Supérieure (Minnerva) avait relégué dans l’antichambre, le temps de gérer les impondérables. C’est la boulette.
Astryd et compagnie empruntent donc le tunnel utilisé par les hérétiques pour perpétrer leur forfait afin de leur reprendre la possession du ballon de l’Inquisiteur, ce qui les amènent dans les mines exploitées par les colons d’Hadrea. Alors qu’elles s’enfoncent profondément dans les galeries, des signes de combat et d’étranges marques sur les murs se présentent à leurs yeux…
Début spoiler…Quelques étages plus bas, elles surprennent le fourbe Previs et quelques copains très occupés à mener une cérémonie sacrificielle, dont Tormun est le récipiendaire. Une bonne rafale de bolter plus tard, tout est rentré de l’ordre, au grand désespoir de Previs, qui avoue, avant de rencontrer une fin bien méritée, que ce sacrifice avait pour but d’apaiser les « démons des mines », qui se trouvent être, je vous le donne en mille, des Necrons. Les détonations des bolt ayant visiblement perturbé leur sommeil, les Xenos envoient un Spectre Canoptek, puis deux, puis trois, puis des nuées de scarabées, puis une Mécarachnide, puis Frank (un unique Guerrier Necron) se plaindre auprès des bruyants locataires du dessus. D’abord bien décidés à tenir la ligne contre les abominations Xenos, Tormun and the girls décident, après plusieurs pertes et en voyant le niveau de leurs munitions baisser dangereusement, de battre en retraite.
En fin de compte, les Sistas parviennent à sortir de la mine avec une escouade pas encore tout à fait descendue à mi-force (ce vieux Frank réussissant tout de même à sniper Minnerva alors qu’elle s’apprêtait à embarquer dans le Rhino de fonction), et les survivantes jurent de purger tous les Necrons de la galaxie, en honneur de leurs camarades défuntes. Il faudra calculer ce ratio là, ça risque d’être marrant…Fin spoiler
AVIS:
Amanda Bridgeman marche dans les pas de Danie Ware en choisissant de consacrer sa première nouvelle de GW-Fiction aux exploits martiaux des Sœurs de Bataille. N’ayez crainte, braves gens, la newbie se sort de cette épreuve de manière beaucoup plus convaincante que son aînée, et cela fait plaisir de voir une escouade de Sistas combattre de manière Codex Approved, c’est-à-dire en utilisant en priorité ses bolters et armes lourdes, au lieu de foncer au corps à corps pour mettre des baffes à des ennemis qui devraient pouvoir les briser en deux d’une seule main. Alléluia. Cette satisfaction évacuée, il reste que ‘Reconsecration’ n’est absolument pas original dans son propos, et se trouve être une nouvelle d’action comme la BL nous en a prodigué des centaines depuis sa création. Mettons cependant ce classicisme sur le dos d’une volonté de Bridgeman de prouver aux éditeurs de la BL sa capacité à servir la soupe faire le job dès ses premiers pas dans la carrière, une inclinaison compréhensible de la part d’un nouveau contributeur cherchant à se faire une place au soleil.
Plus embêtant à mes yeux est le choix de l’antagoniste principal, qui ne s’accorde que très mal avec le comportement digne de cultistes chaotiques de la population d’Hadrea et des Gardes Impériaux, qui sont pourtant censés en avoir vus d’autres et bénéficier de l’endoctrinement nécessaire pour ne pas devenir xenophiles au premier rayon Gauss venu. Même si on peut mettre cette faute de fluff sur le compte de sa possible méconnaissance du lore, Bridgeman aurait pu mieux faire ici. Au chapitre des griefs, je rajouterai un style parfois lourd, comme la répétition de la prophétie macabre du premier goon tué par Astryd en début de nouvelle, pas moins de huit fois au cours des pages suivantes le dénote. Bref, c’est beaucoup mieux que ce à quoi Danie Ware nous avait habitué ces dernières années, mais ce n’est pas (encore) intrinsèquement bien.
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In the Name of Victory – J. S. Collyer :
INTRIGUE:
Alors qu’elle menait ses charges déblayer une tranchée en prévision d’un prochain assaut Xenos sur les lignes impériales, l’Arbitrator Pondaris fait la connaissance d’un des Légionnaires Pénaux ayant la chance et l’honneur de servir sous ses ordres, le serviable <inspire profondément> Kyinlyinham Arminia Nikifynabylin Nam, ou Niki pour les intimes. Très doué pour les réparations mécaniques, il remet en état la carabine laser de sa supérieure, et accepte de lui raconter son histoire peu commune.
Né sur le monde de Kyunia, placé sous la protection du Chapitre des Storm Lords, Niki a d’abord cherché à devenir un Space Marine, comme tous les jeunes garçons de sa planète. Toutefois, son potentiel comme artisan fut vite détecté pendant les phases de sélection, et il finit affecté à l’armurerie du Chapitre, où il gravit rapidement des échelons. Attaché aux services du Capitaine Justus, Niki (rebaptisé Gallio pour l’occasion) eut l’honneur de se voir confier l’entretien de l’armure énergétique de l’officier, une tâche cruciale dont il s’affranchit brillamment, allant jusqu’à sauver la vie de son boss grâce à quelques améliorations bien senties apportées à la cuirasse. Les responsabilités de Niki s’étendaient également jusqu’au tuning de l’armure de Justus, et il fut ainsi chargé d’inscrire la rare et honorifique Epée d’Argent sur l’épaulière du Capitaine, après que ce dernier eut fait preuve d’une bravoure insensée lors de la campagne d’Arkania.
Hélas, cette situation harmonieuse ne devait pas durer : l’attention des Storm Lords se fixa sur Kyunia après qu’une insurrection s’y soit déclarée, et Justus mena la brutale opération de pacification qui vit la planète revenir dans le giron de l’Imperium. Tous les hilotes et serviteurs du Chapitre issus de ce monde furent placés en détention et longuement interrogés pour déceler d’éventuelles traces de sédition, mais Niki bénéficia d’un traitement de faveur grâce à l’intercession de Justus. En échange d’un complet reniement de ses origines, ce qui supposait l’effacement de ses tatouages tribaux et l’oubli de son nom kyunian, il lui serait permis de reprendre ses fonctions au sein de l’armurerie. Prenant l’air buté de l’hilote pour oui, Justus le laissa partir de la cellule où il était enfermé, et reprendre les travaux de réparation de sa précieuse armure…
Début spoiler…Une décision qu’il ne tarda pas à regretter lorsqu’il se rendit compte que l’insolent Niki avait mis à profit le temps qui lui avait attribué pour restaurer la précieuse Vici Solis pour enlever tous les marquages, honneurs et autres free hands qui l’ornait. Et comme tout le monde était jusqu’ici cool avec le fait que Niki travaille uniquement de mémoire, et n’ait pas fait de photos de son travail pendant toutes ses années de service, Justus fut bon pour participer au défilé de la victoire de la campagne d’Arkania dans une armure aussi basique que celle du premier Frère de Bataille venu. LA HON-TEUH.
Ce crime de lèse-Astartes ne pouvant pas rester impuni, Niki fut envoyé finir ses jours dans la Légion Pénale la plus proche, ce qui explique sa présence sur le champ de bataille d’Envictus Prime. Jugeant que l’histoire était bonne (et drôle, sans doute), Pondaris honore l’esprit frondeur de son sous-fifre en lui donnant le droit d’ajouter une dernière syllabe à son nom, en reconnaissance de son sens de la justice chevillé au corps. La nouvelle s’achève sur le sourire de celui qui peut désormais se faire appeler <inspire profondément> Kyinlyinham Arminia Nikifynabylin Nam-Ran… mais Niki c’est bien aussi.Fin spoiler
AVIS:
Très intéressante soumission de la part de J. S. Collyer, qui donne la parole à un type de personnage très peu couvert dans la littérature 40K jusqu’alors : les hilotes attachés aux Space Marines, et sans qui les Anges de la Mort devraient faire la guerre en caleçon. L’exploration à laquelle elle se livre des relations complexes pouvant exister entre ces travailleurs de l’ombre, leurs puissants protecteurs, et les artefacts sacrés dont ils doivent s’occuper, est passionnante, et donne envie de lire plus de textes de GW-Fiction écrits depuis la perspective de cette classe laborieuse1. En plus de cela, Collyer se paie le luxe de créer une culture de manière très convaincante en l’espace de quelques pages, ce qui est la marque des grands raconteurs d’histoire. Un talent à suivre, sans nul doute.
1 : Aaron Dembski-Bowden a également exploré cette voie dans sa trilogie Night Lords, avec le personnage de Septimus.
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Wings of Faith – V. Hayward :
INTRIGUE:
Alors qu’elle rêvait de sa jeunesse de pilote d’ULM//réalisatrice de documentaires animaliers sur sa planète natale de Zephyris, la Lieutenant Bren Tonor est brutalement réveillée par le bruit des combats aériens au-dessus de la base impériale de Sannan II. Il lui faut quelques instants pour se souvenir que son Lightning a été inexplicablement abattu alors qu’elle ramenait son escadron au garage après une mission de routine, et ne peut assister impuissante au massacre de ses camarades, dégommés comme des pigeons par les systèmes de défense de la forteresse. Elle-même accrochée par son parachute à une spire quelconque, elle ne peut rien faire d’autre que jurer vengeance au nom de ses morts, et ramper péniblement à l’intérieur du complexe pour tenter de mettre les choses au clair.
S’il apparaît rapidement et indéniablement qu’une bonne partie des forces déployées par l’Aeronautica Imperialis est passée au Chaos (tendance Khorne, au vu des tendances sanguinaires des quelques bad guys qu’elle croise pendant sa progression), tant la raison que la vitesse de cette radicalisation restent un mystère pour Bren… et le resteront jusqu’à la fin de la nouvelle. Pour retourner le couteau dans la plaie, notre héroïne réalise que sa propre héroïne, la Vice-Maréchale Maiken Lennard, n’a pas été victime, mais instigatrice de cette rébellion, et est donc responsable du massacre de son escadron. C’est ce que lui gargouille à l’oreille un Techno-Prêtre mutilé (Kaiber Wrasse) avant qu’elle ne mette fin à ses souffrances. Ayant appris qu’un régiment de Gardes Impériaux était sur le point d’arriver dans la forteresse pour soutenir l’effort de guerre de Sannan II, Bren doit maintenant tout faire pour empêcher un nouvel Isstvan V.
Heureusement pour elle, elle peut compter sur une bonne étoile brillante comme une supernova, qui lui permet tout d’abord d’être sélectionnée par Lennard en personne pour faire partie de son escadron de la mort, alors qu’elle s’était rapprochée de la salle de briefing des traîtres avec le blouson qu’elle avait piqué à un des leurs dans son excursion commando. Elle coiffe sur le poteau une autre pilote d’élite (Saffyr – dont on entendra plus parler), et s’attire les foudres du ténébreux Krozman (qui devait sans doute être le +1 de Saffyr, vu comme il le prend personnellement). Lennard ayant envie de se dégourdir les ailes, surtout depuis qu’elle a remplacé son bête Lightning de fonction par un appareil chaotique custom (tellement hype qu’il n’existe pas en figurine à ce jour), les angry élus prennent le chemin du tarmac, et se lancent dans l’azur pour… attendre l’arrivée des Gardes Impériaux. Pas le meilleur plan quand voler nécessite du carburant, mais passons.
Pour Bren, c’est l’occasion d’aller détruire un système de relai de coordonnées positionné près de la base, et dont les traîtres auront besoin pour descendre les appareils loyalistes. Bien qu’ayant essayé de s’éclipser discrètement (en initiant un concours d’acrobaties aériennes, cela dit…), elle se fait griller par Krozman lors de la réalisation de son objectif. Heureusement, elle est beaucoup plus forte que lui avec un manche entre les mains, et grâce aux bonnes astuces de son vieux mentor (Dysheed, qui a fait coucou un peu plus tôt dans la nouvelle mais n’y reviendra plus jamais), elle a tôt fait de disperser le goujat aux quatre vents.
Ce n’était cependant que le début des emm*rdes pour Bren, qui est bientôt prise en chasse par Lennard et quelques-uns de ses as. Se lance alors une course-poursuite assez dure à suivre, qui mènera l’intrépide pilote à tenter de piéger ses poursuivants dans le système de canalisation de plasma de la forteresse, dans l’espoir qu’une surcharge du réacteur les consume. Pas de chance pour Bren, son timing n’est pas idéal et l’aéronef de Lennard est de toute façon ignifugé, ce qui la place dans la même situation qu’auparavant. Il n’est cependant plus temps de lambiner car le régiment de Gardes a fini par arriver, et ses transports approchent de la base sans se douter du sort qui les attend. Bren leur met la puce à l’oreille en ouvrant le feu sur l’un des Lightnings qui la prenait en chasse de toute façon, et au bout de quelques autres péripéties à haute vitesse, tous les affreux se font dégommer (Lennard y compris).
Ce qui aurait pu être un happy end à la Top Gun se mue toutefois en baroud d’honneur pour Brend, qui a trouvé malin d’éclater sa radio pendant son affrontement avec les pilotes de Lennard pour ne plus subir les mufleries envoyées par cette dernière, et est donc incapable de convaincre les good guys qu’elle est de leur côté, malgré le fait qu’elle vole dans un avion cHaOtIqUe. Elle décide donc de s’offrir un dernier kiff et s’élève tout droit dans le ciel, facilitant le travail de l’artilleur de Valkyrie qui lui envoie un missile dans la carlingue. RIP soldier…
AVIS:
Je ne suis pas franchement bon public des travaux consacrés à l’Aeronautica Imperialis, et des combats aériens en général, que je trouve assez compliqué à suivre lorsqu’ils sont relatés à l’écrit. Malheureusement, Victoria Hayward ne sera pas l’auteur qui me réconciliera avec ce type de littérature, la deuxième moitié de sa nouvelle enchaînant les péripéties aéroportées sans que l’on comprenne bien ce qu’il se passe (mention spéciale au passage dans les canalisations à plasma, très Star Wars dans l’idée, mais horriblement confus dans l’exécution), ce qui rend très difficile de s’investir dans la destinée de l’héroïne. De toute façon, elle réussit parfaitement tout ce qu’elle entreprend sans aucune aide, et n’a donc pas besoin de nous.
Ce constat négatif aurait pu être tempéré si la première moitié de la nouvelle avait été au niveau, mais là encore, c’est la déception qui l’emporte. La manière dont Hayward pose le cadre de son récit donne l’impression que Lennard s’est réveillée un matin et a décidé de devenir une cultiste de Khorne, comme une bonne partie des officiers et pilotes de Sannan II, et que cette joyeuse bande de psychopathes a réussi à éliminer tous les loyalistes (pourtant beaucoup plus posés et réfléchis qu’eux) en quelques heures. Oh, et n’oublions pas qu’elle a reçu son chasseur customisé dans ce très court délai, sans doute livré par un drone Amazon, ou fabriqué de toute pièce par un de ses admirateurs secrets. Bref, la crédibilité du récit est une des premières victimes de la nouvelle, et celle dont la perte est la plus dommageable. Je passe rapidement sur les personnages aussitôt présentés, aussitôt oubliés (Kaiber Wrasse, Dysheed, Saffyr, Krozman), et qui auraient donc gagné à ne pas être connus, comme dit le proverbe. Seule conclusion douce-amère de la nouvelle vient un peu relever le tableau, mais ce n’est pas assez pour considérer que ‘Wings of Faith’ mérite une lecture.
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Blood Legacy – J. C. Stearns :
INTRIGUE:
Notre histoire commence sur la planète Trehuarta Beta, convoitée par l’Imperium et défendue par les Eldars d’un Vaisseau Monde non identifié. La campagne n’a pas été dans le sens des Zoneilles, et nous arrivons à temps pour assister à la bataille finale du conflit, en compagnie de Solbert Rennard, pilote du Chevalier Verdance et dernier héritier de sa maisonnée, annihilée dans la défense de son monde natal contre les Nécrons. Devenu Errant par la force des choses, Solbert est un combattant aguerri et sa présence sur le front fait plier les Xenos en quelques minutes. La promenade de santé du Verdance est tout de même interrompue par la présence d’un Wraithknight du côté des Eldars, ce qui donne Solbert l’occasion de prouver sa valeur contre un adversaire de son gabarit. Au terme d’un combat épique, le Chevalier vient à bout de la construction eldar, scellant pour de bon le sort de Trehuarta Beta. Pour ne rien gâcher, le Wraithknight se révèle être après examen de l’épave le légendaire Vatinya, qui avait fait bien des misères aux forces de l’Imperium au cours des derniers siècles. Plus intéressé par la sauvegarde de la forêt vierge que par le pedigree de ses adversaires (qu’il respecte tout de même, paske c’est un gars bien), Solbert ne s’en était même pas aperçu.
Pendant les festivités de victoire, notre modeste héros est invité par ses compagnons de lutte, Emeric, Leold et Wylan Nighthowl, tous trois pilotes de Chevaliers pour le compte de la Maison Mortan, à les accompagner sur leur planète en reconnaissance de ses hauts faits d’arme. La visite étant accompagnée d’un droit d’utilisation du paddock Mortan, ce qui est une aubaine pour un Errant comme Solbert, ce dernier accepte l’offre et tout ce petit monde part en direction de Kimdaria, un monde célèbre dans le sous-secteur pour deux raisons principales : une visibilité très faible (la faute à une nébuleuse ayant infiltré la majeure partie du système) et la présence d’une mégafaune aussi pittoresque que dangereuse. Nous y reviendrons plus tard.
Le banquet célébrant le retour des enfants prodigues du Baron Nighthowl est l’occasion pour Solbert de faire la connaissance de leur père et chef de la dynastie, Shayn. Bien que s’attendant à ne pas être aussi bien reçu qu’un membre d’une Maison établie, du fait de son statut d’Errant, Solbert est cueilli à froid par les manières brutales de son hôte. Le Baron Shayn n’a en effet pas la langue dans sa poche, ni l’œil d’ailleurs : lorsque ses garnements présentent aux banqueteurs un pennon pris sur l’épave du Vatinya et s’approprient cette victoire, il a tôt fait de souligner que les Chevaliers qu’ils pilotent ne possèdent pas les armes thermiques qui ont visiblement été employées pour vaincre le Wraithknight. Ce n’est pas au vieil hibou qu’on apprend à ouvrir l’œil, tout de même.
Le banquet terminé, Solbert part se reposer dans la chambre d’amis qui lui a été attribuée, et est rejoint quelques minutes plus tard par Dame Lydi Nighthowl, épouse de Shayn et marâtre des enfants de ce dernier. Cette visite est d’abord mue par le besoin pour la gente dame d’excuser la rudesse de son époux, mais aussi par le désir de converser avec un « compatriote », elle et Solbert venant du même système1. Lydi explique à son hôte que le Baron est victime de sa pratique de la traque d’un des prédateurs les plus dangereux de Kimdaraia : la chauve-souris pasiphaénne. Bien que ne chassant pas l’être humain malgré sa taille colossale, cette chauve-souris présente un danger mortel à la population de la planète, car le cri qu’elle lance pendant la chasse affecte la psyché de ceux qui l’entendent, provoquant des accès de panique et de paranoïa. Afin de protéger son peuple, Shayn a pris sur lui de mener seul les campagnes annuelles de régulation de la population chiroptérienne de Kimdaria. Si les résultats sont probants, il en a payé le prix au fil des années, son état mental se dégradant de plus en plus de saison en saison.
À peine l’explication de texte fournie, Shayn en personne débarque en hurlant dans la piaule, persuadé que sa femme et le mercenaire ramené par ses enfants complotent en secret pour lui nuire. N’arrivant pas à faire comprendre à son hôte qu’il s’agit d’une méprise, et souhaitant éviter à Lydi de connaître le destin horrible qui attend les nobles reconnus coupables de traîtrise sur Kimdaria, le chevaleresque2 Solbert finit par défier le Baron à un duel d’honneur, dont le prix sera la vie de la gente dame. Tout content d’avoir l’occasion de sortir son Chevalier du garage, Shayn accepte et les deux champions se donnent rendez-vous dans l’arène locale pour en découdre…
Début spoiler 1…Si les règles fixées pour ce combat interdisent formellement l’utilisation des armes à distance principales, il est techniquement possible, mais très mal vu, de recourir aux armes de coque. Complètement surclassé par son adversaire, qui pour être totalement paranoïaque, est un pilote hors pair, Solbert finit par utiliser son fuseur de poche pour sauver son châssis, ce qui lui permet en fin de compte de remporter le combat. A son grand désespoir, Shayn refuse de reconnaître sa défaite, et périt dans l’explosion du réacteur de son Chevalier, endommagé dans l’affrontement. Une fin ignominieuse pour un loyal et expérimenté serviteur de l’Empereur…
Début spoiler 2…Et d’autant plus déplorable qu’elle a été manigancée par ses enfants, comme Solbert s’en rend compte lorsqu’Emeric, Leold et Wylan viennent lui remettre belle-maman Lydi et l’enjoindre de quitter sur le champ Kimdaria. Vivant dans l’ombre de leur illustre paternel depuis des décennies, les ambitieux rejetons ont exploité le caractère soupe au lait de feu Shayn et la noblesse de leur invité pour forcer les deux Chevaliers à se battre, combat qu’ils n’avaient aucune chance de remporter de leur côté. Solbert repart donc de Kimdaria écœuré de la nature humaine (c’est pas un sapin qui vous poignarderait comme ça dans le dos, c’est vrai), mais avec une nouvelle comparse et la certitude que les parricides ne s’en sortiront pas à bon compte : le cri des chauves-souris pasiphaénnes étant particulièrement dangereux pour les jeunes2, Lydi garantit à son sauveur qu’au moins un des trois chenapans finira la décennie en camisole de force. On a les satisfactions qu’on peut…Fin spoiler
1 : Ça doit être l’équivalent de venir du même quartier, à l’échelle de 40K.
2 : J’aime à penser que cela est dû à la perte de l’audition des fréquences élevées qui vient avec l’âge.
AVIS:
Il n’y a rien à jeter dans cette longue et chevaleresque nouvelle, signée par un J. C. Stearns très inspiré. Bien qu’il n’ait pas été le premier à faire le lien entre « nos » chevaliers et ceux du 41ème millénaire (faut dire que ce n’est pas très compliqué), Stearns réussit brillamment la fusion entre ces deux univers, et nous livre une sorte d’adaptation du roman arthurien sur une planète hostile, avec Solbert dans le rôle de Lancelot et Shayn dans celui d’Arthur. Sur ce canevas déjà plus intéressant que 90% des écrits de la BL, Stearns se paie le luxe de saupoudrer une bonne dose de grimdark et de broder du fluff à l’envi, faisant de ‘Blood Legacy’ une des nouvelles 40K « classique » (j’exclus de cette catégorie les travaux siglés Warahammer Horror et Warhammer Crime, qui ont leurs propres forces et faiblesses) les plus réussies que j’ai pu lire ces derniers temps.
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Song of the Mother – B. Modine :
INTRIGUE:
Les temps sont durs pour Barthol Tordai, Libre Marchand et capitaine de l’Indagator. L’ouverture de la Cicatrix Maledictum a emporté la meilleure partie de la flotte de sa maison, ne le laissant qu’en possession de son vaisseau (ainsi que d’un joli sabre hérité de son père, tout de même). Bien qu’ayant désespérément besoin de se refaire une santé financière, Barthol est trop fier pour accepter de servir de chauffeur routier ou de livreur Uber, au grand désespoir de sa contremaitre, Prasini. Aussi, lorsque la mystérieuse et imposante Dame Saori Orwan vient supplier le capitaine abandonné bien éméché de transporter sa cohorte de pèlerins en terre promise contre crédits impériaux sonnants et trébuchants, il ne faut pas longtemps aux deux complices pour accepter la mission.
Ce que ni Barthol, ni Prasini ne savent ni ne peuvent soupçonner (mais qui est connu du lecteur depuis les premières lignes de la nouvelle), c’est que Saori est la Magus d’un Culte Genestealers, cherchant désespérément à rejoindre « la Mère » dans les profondeurs de l’espace, après que leur insurrection sur Hypaeth ait été matée dans le sang. La « berceuse » de cette mystérieuse entité a guidé Saori et ses ouailles à travers l’Imperium, et permet également de calmer l’Immaterium sur le chemin de l’Indagator, au grand plaisir de sa Navigatrice (spoiler alert, elle finira par réaliser son erreur). A bord, la cohabitation entre l’équipage et les pèlerins ne se passe pas très bien, la nature suspicieuse et recluse des derniers empêchant le premier de contrôler que les parties du vaisseau dans lesquelles les civils ont été parqués sont en état. Un accident fâcheux prend même place lors d’une visite technique de routine organisée par un Techno-Adepte, se soldant en plusieurs morts de part et d’autre après qu’une des gardes de l’Indagator ait ouvert le feu de manière indiscriminée. Interrogée par Barthol avant qu’il ne l’exécute pour éviter que les pèlerins ne se révoltent, elle affirme avoir vu un monstre la regarder depuis les ténèbres… Bizarre autant qu’étrange.
Le voyage prend fin de manière très brutale alors que le vaisseau réalisait son dernier saut Warp jusqu’aux coordonnées fournies par Orwan à l’équipage, la Navigatrice de l’Indagator se faisant tout bonnement gober (psychiquement) par l’Ombre dans le Warp alors qu’elle batifolait dans l’Immaterium. Ce sont des choses qui arrivent. Le croiseur revient en catastrophe dans la dimension matérielle, et un spectacle glaçant se présente à Barthol et ses lieutenants…
Début spoiler 1…Au lieu de la planète idyllique que leur avait décrite Orwan, il n’y a qu’un monde sucé jusqu’au noyau par le vaisseau ruche qui orbite à proximité, et entouré par les épaves des autres vaisseaux que la Mère a attirés jusqu’à elle pour se refaire une santé. Rescapé d’une vrille ayant rencontré plus forte qu’elle, le bio-vaisseau a passé les dernières années à regagner des forces en consommant la biomasse passant à portée de tentacules, et l’Indagator est le petit digestif qui va lui permettre de finalement reprendre sa route vers le cœur de l’Imperium.
Réalisant qu’il a été dupé, Barthol décide de se racheter une conduite et une réputation en menant une action d’arrière-garde pleine de panache contre les hordes de cultistes, d’hybrides et de Xenos qui tentent de prendre d’assaut le Strategium pour guider le vaisseau jusque dans la gueule béante de la Madre. Au bout du compte, il parvient à 1) faire son affaire à Orwan, et 2) gagner suffisamment de temps pour permettre à une poignée de survivants, menés par Prasini, d’atteindre les navettes de sauvetage et de partir en direction de la planète (qui dispose toujours d’un chouilla d’atmosphère : c’est un peu quand on boit avec une paille, il en reste toujours un peu au fond, même en aspirant très fort). Dans ses derniers instants, le dernier des Tordai joue un coup tordu, mais prévisible, à l’Esprit de la Ruche en ordonnant la surchauffe du réacteur de l’Indigator, ce qui transforme le vaisseau en pili pili pour Xenos convalescent. BONNE FÊTE MAMAN !
Début spoiler 2…Cependant, tout n’est pas perdu pour feu la Mère, car Orwan et ses ouailles ont eu le temps de convertir certains membres d’équipage pendant le voyage, dont plusieurs ont accompagné Prasini à la surface de la planète. Une fois rentrés au bercail, il sera temps de trouver des Tantines…Fin spoiler
AVIS:
Pour sa première soumission, Boman Modine choisit de ne pas laisser planer de suspens sur son propos (la nouvelle commence avec Saori Orwan qui retrouve des hybrides dans une station spatiale), et de se concentrer à la place sur ses personnages – dont une bonne partie n’a pas été évoquée dans le résumé ci-dessus –, les relations qui les unissent (Prasini est ainsi mariée avec le pilote de l’Indagator), et la manière dont ils se comportent devant l’adversité. Cette histoire est d’abord celle de la rédemption de Barthol Tordai, qui passe de capitaine débauché et fantoche à parangon de la résistance humaine contre la menace Xenos. Si cette trajectoire n’a rien de neuf dans la GW-Fiction, la tentative de Modine est suffisamment bien construite et écrite pour ne pas lasser le lecteur, ce qui est évidemment positif.
Une autre caractéristique notable, et appréciable, de ‘Song of the Mother’ est de nous embarquer dans une véritable odyssée spatiale, en présentant de manière circonstanciée la vie à l’intérieur d’un vaisseau voyageant dans le Warp, et les risques pris par ce dernier en sortant des limites de l’Imperium pour aller explorer une partie « vierge » de la galaxie. Mine de rien, ce n’est pas une proposition si commune pour une publication de la Black Library. Enfin, la mise en perspective de l’objectif final poursuivi par les cultistes Genestealers (se faire dévorer par le premier vaisseau ruche venu) est un autre angle d’approche assez novateur, et particulièrement grimdark, à mettre au crédit de Boman Modine. A suivre par la suite, particulièrement s’il arrive à garder sa touche personnelle par rapport au BL-style ultra majoritaire à l’heure actuelle.
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Recriminant – R. S. Wilt :
INTRIGUE:
Alors que l’insurrection Recriminant bat son plein dans le sous-secteur, et a déjà coûté très cher à son Chapitre (les Flame Eagles), le Sergent Vétéran Kappadis mène une escouade d’Intercessors éliminer l’éminence grise à la tête de ce mouvement de grogne. Il s’agit du Sorcier Astrophon Zur de l’Alpha Legion, localisé sur une station de minage installée à la surface d’un astéroïde. Kappadis, qui souffre d’un traumatisme persistant mais pudiquement caché au lecteur, est accompagné par son copain de noviciat Safan, le jeunot Morovec, le vétéran taciturne Calahd et le vétéran-à-la-limite-de-tourner-berserker-de-Khorne1 Eltimur. Cette fine équipe s’introduit dans la station avec toute la subtilité qu’un impact de module d’abordage lancé à toute berzingue sur sa cible autorise, mais ne rencontre curieusement pas grande opposition sur sa route vers le centre de commandement ennemi. Seules quelques grappes de cultistes mal entraînés et coordonnés viennent se mettre dans leurs pattes énergétiques, au grand plaisir d’Eltimur qui les poursuit en rigolant dans les coursives. Fait étrange, en tout cas quand on n’est pas du côté de la team Chaos, les cultistes n’hésitent pas à se tirer dessus entre eux, ce qui plonge Kappadis dans la perplexité. Notre héros philosophe doit aussi composer avec un esprit de l’armure capricieux, qui persiste à afficher des cibles sur ses frères d’arme. Ah, et il a des visions pas très funky de gens qui mangent des cerveaux, aussi. Encore une fourberie des black hats d’Alpharius, sans nul doute.
Zur ayant eu l’idée, stupide du point de vue de Kappadis, de se terrer tout au fond de la mine, les Intercessors descendent en sautillant jusqu’au bunker de l’Alpha Legion. Bien conscient de la réputation d’amateurs de shenanigans de ses adversaires, Kap’ refuse de laisser ses hommes faire sauter la porte blindée qui barre la route aux Space Marines, se doutant que cette dernière a été piégée. Pendant que les Astartes cherchent une issue de secours, un velux ou une chatière pour faire leur entrée, une bande de cultistes arrive, et se met obligeamment à attaque la porte avec un fuseur. Triple bug pour Kappadis, qui 1) ne comprend pas pourquoi les amis de ses ennemis sont leurs ennemis, 2) se rend compte que le jaune poussin de son armure n’est pas très adapté à une mission d’infiltration, et 3) se fait griller par un cultiste, qui se contente de lui envoyer un gros clin d’œil de connivence au lieu de donner l’alerte. Avant qu’on ait eu le temps de lui désigner l’emplacement de la caméra cachée, les explosifs qui étaient bien en place derrière la porte (il avait raison, na) se déclenchent, annihilant une bonne partie des cultistes. Le reste charge dans le tas sans broncher, et se fait massacrer par les Space Marines du Chaos positionnés dans le bunker. Tout cela est bien confus mais au moins, la voie est libre.
Les Intercessors se ruent dans la brèche, et une fusillade acharnée s’engage avant que les présentations officielles2 n’aient pu se faire. La partie semble mal engagée pour les loyalistes, qui perdent rapidement Calahd et Eltimur, puis Morovec, qui se fait posséder par Zur. Cependant, le porteur de bolter lourd de l’Alpha Legion en décide autrement, et transforme méthodiquement ses camarades en gruyère. Curieux de comprendre les causes de ce revirement d’allégeance soudain, Kappadis laisse la vie sauve au renégat, qui s’approche et lui annonce qu’il a un message pour lui…
Début spoiler…Message qui était en fait une phrase code (d’une originalité foooooolle), et envoie Kap’ au tapis. Lorsqu’il se relève, il n’est plus le Sergent Vétéran des Flame Eagles qu’il pensait être depuis des années, mais l’Exodus, un Alpha Légionnaire ayant pris la place de Kappadis après que ce dernier ait été capturé par le Chaos. Ce retournement de veste plastron énergétique signe la fin des derniers loyalistes encore vivants, froidement exécuté par l’Exodus avant qu’ils aient pu comprendre ce qu’il se passait. Et c’est là qu’on passe en mode WTT (What The Traitor, le WTF de l’Alpha Legion)…
Le porteur de bolter lourd annonce alors à son camarade légionnaire qu’il a aussi un objet à lui remettre, qui se révèle être un bolter customisé, désigné sous le nom de l’Instrument (avec un -I majuscule). Il n’explique cependant pas pourquoi il a cru bon de flinguer les autres membres de l’Alpha Legion avant cette remise en mains propres, et comme Zur n’était en fait pas si mort que ça, il se relève pour se venger et réduit le friendly shooter en cendres… avant de se faire tuer pour de bon par l’Exodus. Là-dessus, un des cultistes survivants de son match contre la porte piégée arrive, fait le symbole de l’Aquila devant ExoKap (histoire de nous faire comprendre qu’il y avait des agents infiltrés chez les cultistes aussi) et repart en courant. Bigre. Ne pouvant plus trahir personne maintenant qu’il est tout seul, l’Exodus quitte les lieux après avoir pris connaissance des coordonnées de sa prochaine mission, le monde d’Enth, placé sous contrôle de l’Ecclesiarchie, et que son agent de liaison avait caché dans la crosse de l’Instrument. On ne saura pas pourquoi ses supérieurs ont choisi de mettre fin à son infiltration des Flame Eagles, mais nul doute que cette mission était plus importante…Fin spoiler
1 : Le gonze est tellement parti qu’il a été condamné à mort par son Chapitre pour avoir presque tué son Sergent lorsque ce dernier lui a donné l’ordre de se replier. Peine commuée par les Chapelains des Flame Eagles en service probatoire.
2 : Ça aurait dû forcément se passer comme ça, à mon avis.
« Je suis Zur. »
« Enchanté. »
« Evidemment. »
AVIS:
Les nouvelles où l’Alpha Legion apparaît sont l’occasion de contrôler les talents scénaristiques des auteurs de la Black Library, étant entendu que cette faction ne peut pas être mise en scène sans que l’intrigue parte en mode fractal (des rebondissements dans des rebondissements dans des rebondissements). C’était malheureusement trop tôt pour R. S. Wilt, qui livre avec ‘Recriminant’ une histoire simplement confuse, où tout le monde trahit tout le monde (ou pas), pour des raisons trotro mystérieuses et gardées secrètes. Comme c’est pratique. Même s’il y a une chance qu’une suite de la saga de l’Exodus1 donne a posteriori plus d’explications sur les activités de cet agent quintuple – au bas mot – j’estime qu’une nouvelle devrait toujours pouvoir être lue et appréciée pleinement de manière indépendante, et ne peut donc pas me satisfaire de ce travail. Les amateurs de fourberies énergétiques sont donc invités à se référer à ‘The Long Games at Carcharias’ (Rob Sanders), qui reste à mes yeux l’exercice le plus abouti en la matière.
1 : Qui n’est pas une invention de R. S. Wilt, mais une figure (assez obscure) du fluff de l’Hérésie d’Horus, présentée dans le livre Extermination (Forge World).
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Cargo – C. Wraight :
INTRIGUE:
Alors que la guerre embrase Cadia, nous suivons la dangereuse et pénible remontée d’un mystérieux colis, blindé et réfrigéré, depuis la ligne de front jusqu’à l’orbite de la planète. Passant de main en main à mesure que ses précédents détenteurs tombent sous le feu de l’ennemi, le caisson semble avoir une importance majeure pour les rares soldats informés de son contenu. Après trois passages de relai (camion -> aéronef -> piétons, c’est le triathlon du 41ème millénaire) et des dizaines de morts, les Space Marines de la Cerulean Guard interviennent pour prendre en charge le colis pour la logistique du dernier kilomètre, la plus délicate de toutes comme chacun sait…
Début spoiler…Au final, c’était la dépouille mortelle du Frère Jorundur, de la Grande Compagnie de ce vieux Ragnar Crinière Noire, qui était contenue dans le Kinder surprise cadien, et qui est remise contre signature au Prêtre Loup Aj Olved, stationné dans le Greyblade, en orbite de Cadia. Alors que la planète est sur le point de tomber, et après les terribles pertes subies par les loyalistes sur le front, récupérer des glandes progénoïdes intactes valait bien le sacrifice de quelques grunts locaux, pas vrai ? Ne pas rompre la chaîne du froid, c’est important (surtout pour des Space Wolves j’imagine).Fin spoiler
AVIS:
Très bonne soumission de la part de Chris Wraight, qui met en scène une nouvelle chorale (et relai) à suspens de manière aussi prenante qu’efficace. Si on comprend après la mort brutale de la première volée de personnages que ce sort attend probablement tout ceux qui prendront leur place, ce qui limite la surprise sur les pages suivantes, Wraight arrive à nous immerger dans la guerre pour Cadia à son niveau le plus bas, en compagnie des auxiliaires et manutentionnaires se trouvant plongés dans un conflit d’une intensité terrible, et dont on devine rapidement qu’ils n’ont aucune chance de sortir vivants.
Début spoiler…Merci aussi à l’auteur de replacer en perspective dans cette nouvelle l’importance capitale qu’ont les glande progénoïdes pour les Chapitres Space Marines1, et de montrer jusqu’où l’Imperium est prêt à aller pour s’assurer qu’elles soient remises à leurs propriétaires légitimes.Fin spoiler
1 : Dans la même veine du « totalement indispensable mais rarement évoqué », je conseille la nouvelle ‘Sacrifice’ de Ben Counter.
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Voilà qui termine cette revue de ‘The Emperor’s Finest’, une anthologie finalement plus variée que son titre le laissait paraître, et qui contient plus d’une nouvelle valant franchement le détour. A titre personnel, je garderai un oeil sur les recrues Collyer, Teintze et Modine, qui ont l’étoffe pour rejoindre les meilleurs, si ce n’est de l’Empereur, au moins de la Black Library, ce qui n’est déjà pas mal. J’espère pour finir que le prochain numéro d’Inferno! (eh oui, je me projette déjà dans le futur) intégrera d’autres franchises que Warhammer 40,000, histoire de satisfaire le plus large public possible. Wait and see…
INFERNO! – ANNEE 1
Bonjour à tous et bienvenue dans cette chronique dédiée à la première année du magazine Inferno!, bimensuel lancé par la Black Library au temps de ses débuts, en l’an de grâce 1997. Il s’agit donc, et il faut le préciser d’emblée, de publications distinctes des recueils Inferno! que la même BL a commencé à éditer, à intervalles irréguliers et de plus en plus distants, à l’automne 2018. On peut d’ailleurs plus facilement comparer ces premières publications infernales au défunt et regretté Hammer & Bolter (2010-2012), qui a repris une grande partie du cahier des charges d’Inferno! en se concentrant sur les nouvelles et avec un rythme de sortie plus soutenu (mensuel). Voilà pour la contextualisation1.
1: Si la genèse d’Inferno! vous intéresse, rendez-vous ici.
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Les six numéros, pour 24 nouvelles, présentés par le menu ci-dessous forment un pan historique important de la Black Library, et plus largement, de la GW-Fiction. C’est en effet dans ces pages que certains auteurs aujourd’hui incontournables de la maison d’édition de Nottingham ont commencé leur collaboration avec cette dernière. Gavin Thorpe et l’aptemment nommé ‘Birth of a Legend‘ (‘Inferno! #2’), Dan Abnett avec ‘Gilead’s Wake‘ (‘Inferno! #3‘) et ‘Ghostmaker’ (‘Inferno! #4), ou encore Jonathan Green – même s’il est moins connu du chaland moyen qu’au début des années 2000 -, qui signe le triplé des franchises avec ‘Salvation’ (‘Inferno!’ #1‘), ‘Bad Spirits’ (‘Inferno! #2′) et ‘Dark Heart’ (‘Inferno! #5′). Mais ce premier millésime est également marqué du sceau des disparus glorieux (à voir) de la BL, qui contribuèrent lors de son premier âge et partirent vers d’autres cieux peu de temps après. Citons ici Alex Hammond et Chris Pramas (3 soumissions chacun), mais également le cas d’Andy Jones et de ses Maraudeurs de Grunsson, qui occupa le rôle de rédacteur en chef d’Inferno! et d’éditeur des premiers recueils de nouvelles de la Black Library (‘Realm of Chaos‘ pour Warhammer Fantasy Battle, ‘Into the Maelstrom‘ pour 40K et ‘Status : Deadzone‘ pour Necromunda), dont le sommaire empruntait en bonne partie à celui du bimensuel. Enfin, soulignons aussi le retour de celui qui était déjà un grand ancien de la GW-Fiction à l’époque, l’inoxydable William King, dont ‘The Mutant Master‘ occupe la place symbolique et méritée de première nouvelle publiée dans un numéro d’Inferno!
Bienvenue donc dans cette plongée historico-littéraire et littéralement historique (on peut sans exagérer dire que l’on parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître) du court format made in GW, à l’époque où le Vieux Monde avait la vie devant lui, où Necromunda était le tout nouveau jeu du moment, et où les gens s’abonnaient à des magazines de fluff romancé en format papier. Incroyable je sais.
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The Mutant Master – W. King [WFB] – #1 :
INTRIGUE :
Après Bogenhafen, Blutdorf1. Nous retrouvons notre paire fétiche dans une situation similaire à celle de l’initial ‘Geheimnisnacht’, c’est-à-dire à pinces dans une forêt impériale assez mal famée, avec un Gotrek d’une humeur aussi massacrante que sa profession de foi et un Felix tout aussi geignard et craintif que l’on est en droit de s’y attendre. Coup de chance pour l’acariâtre à crête, ses gesticulations et beuglements impudiques finissent par attirer l’attention d’une petite troupe de mutants, à la verticalité tout aussi contrariée que celle de notre héros. Un peu déçu de sa trouvaille, Gogo massacre tout de même la cohorte en quelques moulinets de sa hache runique, histoire de se dégourdir un peu la rancune, aidé par Felix à la hauteur de ses moyens.
Une fois arrivés dans le village en question, qui s’avère être tout aussi riant que la périphérie semi-rurale de Niort ravagée par une coulée de boue toxique et survolée par des essaims de criquets cannibales écoutant du Jul à fond un jeudi soir pluvieux de Février (ambiance), nos comparses fondent sur le bar tabac local, où ils ont tôt fait d’apprendre qu’un sorcier maléfique a placé la paisible communauté sous sa coupe, et kidnappé tous les enfants de cette dernière pour s’assurer de la docilité de leurs parents. Il n’en faut pas plus pour attirer l’intérêt morbide mais professionnel du Tueur, que la perspective de se confronter à un magicien chaotique et son monstre de compagnie enchante plus qu’autre chose. Las, le boui-boui était tenu par un lointain cousin de Bill Cosby, et nos héros ne tardent pas à sombrer dans l’inconscience après avoir éclusé quelques pintes de Jupiler éventée…
Se réveillant enchaînés aux parois d’un cachot souterrain, les vigilante du Vieux Monde ne tardent pas à faire la connaissance de leur hôte, un dénommé Albericht Kruger, que Felix a la surprise de reconnaître. Les deux hommes ont en effet fait leurs classes universitaires ensemble, avant que le militantisme alter-mondialiste pour l’un et le vol de manuscrits interdits pour l’autre ne les sépare. Poursuivant des rêves mégalomaniaques d’omnipotence arcanique, Kruger s’est depuis lancé à corps (de lâche) perdu dans la recherche fondamentale, troquant son âme et sa raison pour la maîtrise revendiquée de la transmutation magique. Soit. Sa prestance de bigorneau diphtérique est toutefois renforcée par la présence de son mutant de main, une montagne de muscles décérébrée répondant au nom d’Oleg. Pendant que Gotrek fait des pieds et des mains pour desceller les anneaux le retenant au mur, Felix arrive à attirer l’attention de son copain d’avant suffisamment longtemps pour permettre au nabot de se déchaîner, d’abord au sens propre, puis au sens figuré. La bataille qui s’en suit est évidemment à sens unique, l’avorton en rut ne daignant même pas ramasser son coupe-chou pour terrasser le gorille de Kruger, qui s’enfuit piteusement dans ses quartiers…
Début spoiler…Soucieux de soigner leur réputation auprès des Blutdorfers, qui ont sans doute du stuff pas dégueu en stock pour les aventuriers amis, Felix et Gotrek décident de finir le donjon proprement avant de repartir péter la gueule à ce fourbe d’aubergiste, en occissant l’infâme Albericht et libérant ses otages. Il leur faudra pour cela se frayer un chemin à travers les groupes (hordes serait un peu trop généreux) de mutants que le mage dément met sur leur route, avec des résultats mitigés, comme vous pouvez vous en douter. Blessé à mort par une dague de jet décochée par Felix (encore un point commun avec Geheimnisnacht), Kruger peut toutefois savourer une revanche post mortem, puisqu’il apprend aux héros, juste avant de gagner un stage de solo base jump (donc sans équipement, comme par exemple un parachute), que les goons qu’ils viennent de massacrer – et avant eux, la petite bande exterminée sur le chemin du village – n’étaient autres que les enfants de Blutdorf, sur lequel le sombre individu avait mené d’indicibles expériences. Comprenant que l’accueil à la salle des fêtes de Blutforf ne sera pas aussi triomphant que prévu, notre paire fait une croix sur le rang d’Exalté auprès de la populace locale, et repart vers de nouvelles aventures après avoir mis le feu à la barraque pour maquiller ses crimes.Fin spoiler
1 : Le village sanglant en bon reikspiel, tout un programme…
AVIS :
Clairement un filler dans la longue et sanglante carrière de nos compères, ‘The Mutant Master’ présente Gotrek et Felix sous un jour plutôt ennuyeux. Enfermés dans leurs rôles respectifs, et lancés sur une quête des plus simplistes, tant en termes de motivation que de déroulement, les héros de King apparaissent vidés de toute substance et intérêt dans cette péripétie des plus mineures de leur interminable saga. Peut-être faut-il y voir un début de lassitude de la part de King, qui traînait déjà ses iconiques rejetons derrière lui depuis huit ans au moment de la première publication de cette nouvelle. Seule qualité rédemptrice à mes yeux, le petit twist grimdark final, contrastant assez fortemment (et même grossièrement) avec le ridicule consommé de l’antagoniste, permet d’ancrer ce récit dans l’atmosphère particulière de Warhammer. Mais, franchement, ‘Geheimnisnacht’ faisait cela (le grimdark et le comique) beaucoup mieux que ‘The Mutant Master’. Demandez l’original !
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Salvation – J. Green [40K] – #1 :
Salvation suit la laborieuse épopée de frère Rius (André de son prénom), Terminator de son état au sein de la première compagnie des Ultramarines. Envoyés défendre le monde de Jaroth contre un car de tyranides s’étant perdu sur la route d’Ichar IV, Rius et ses petits camarades tombent dans une embuscade tendue par des Genestealers, au cours de laquelle notre héros prend un vilain coup sur le crâne, et se réveille en conséquence totalement amnésique. Recueilli par la population indigène, Rius fera-t-il triompher son village d’adoption aux Intervilles locales, ou renouera-t-il avec son passé de meilleur de l’Empereur ?
AVIS :
Comme dit en introduction, se frotter aux descendants de Guiliman s’apparente plus un à exercice de haute voltige qu’à une promenade de santé, l’abondante littérature leur ayant été consacrée au fil du temps obligeant l’auteur chargé de cette délicate mission à se livrer à un véritable travail de recherche afin de respecter le background établi par ses prédécesseurs. Certes, le fluff des Schtroumpfs énergétiques n’était pas aussi fouillé à l’époque de l’écriture de Salvation qu’il ne l’est aujourd’hui (où l’on connaît jusqu’au nom du cousin de la belle-sœur du professeur de piano d’Uriel Ventris), mais cela n’a pas empêché Green de pêcher, par nonchalance ou ignorance crasse, comme un bleu.
C’est en effet à un festival d’approximations, de contre-sens et absurdités en tous genres que Jonathan Green se livre dans Salvation, témoignage douloureux (pour les zygomatiques et les fluffistes acharnés) de ses lacunes en matière de 41ème millénaire. Cela commence très fort dès la deuxième ligne du récit, avec la mention de « vétérans de la Première Compagnie d’Ultramar », illustres guerriers n’existant que dans la représentation confuse que se fait l’auteur du Chapitre des Ultramarines. Quelques pages plus loin, Green fait mention de « cette vieille Terre » (Old Earth), ignorant sans doute que les gens respectables parlent plutôt de Terra. L’inclusion de la nouvelle dans la chronologie de Warhammer 40.000 ne m’a également pas semblé au-dessus de tous soupçons, Rius étant présenté comme un vétéran d’Ichar IV alors que les tyranides qu’il affronte semblent plutôt appartenir à la flotte ruche Béhémoth (corps rouges/violets), annihilée 200 ans avant l’arrivée de Léviathan dans l’espace impérial. On lui laissera cependant le bénéfice du doute, d’autres critiques plus franches, et celles-là indiscutables, pouvant lui être adressées.
Car la plus grande atteinte au fluff commise par Green très peu documenté ne vient pas tant du manque de connaissances de ce dernier sur les Ultramarines, mais bien de son manque de connaissances sur les Space Marines en général, décrits par l’auteur comme de vulgaires super-soldats disposant d’un équipement de pointe, tableau ultra (haha) réducteur et sensiblement erroné de la condition d’Ange de la Mort. Par exemple, Green affirme sans broncher que la présence des Ultramarines sur le monde de Jaroth s’explique par la présence du Gauntlet of Macragge (présenté comme rien de moins que le vaisseau amiral de la flotte Ultra – inutile de préciser que c’est la seule fois où il est fait mention de ce nom dans un texte de la BL1– ) à proximité de la planète suite à une « visite de routine dans l’Est de l’Ultima Segmentum ». Et les Space Marines, bien braves, de voler à la rescousse d’un monde tribal ne faisant même pas partie de l’Imperium, et d’envoyer la crème de leurs vétérans (qui n’avaient rien d’autre à faire que de participer à cette patrouille, sans doute) castagner la Grande Dévoreuse pour sauver trois poules et deux cochons, au lieu de lui balancer un petit Exterminatus sur le coin du museau depuis la sécurité de l’orbite haute. Bref, les Ultramarines de Jonathan Green tiennent plus des casques bleus galactiques (c’est la couleur qui l’a induit en erreur je pense) que des moines-soldats cherchant avant tout à sauvegarder leur empire personnel d’une galaxie hostile et méchante.
Beaucoup plus grave, Green fait reposer son intrigue sur une aberration, que dis-je, une hérésie pure et simple, qui ne manquera pas d’arracher un sanglot de rage à tous ceux n’ayant ne serait-ce que feuilletés distraitement un Codex Space Marines au cours de leur vie. Au moment de l’embuscade qui laisse Rius amnésique, son escouade était en effet engagée dans une opération de nettoyage des dernières poches de résistance tyranides de la planète (oui, de la planète, ils avaient visiblement un peu de temps devant eux), mission perturbée comme dit plus haut par une bande de Genestealers adeptes du « coucou qui c’est ? ». Résultats des courses : l’épave de Thunderhawk qui servait de décor à l’embuscade en question explose suite à une utilisation peu finaude du lance-flammes par frère Hastus, projetant notre héros contre un arbre à l’écorce visiblement plus dure que son crâne, vus les résultats désastreux sur ses facultés mnémoniques. Le paragraphe suivant nous apprend que Rius se réveille, seul, dans la maison du couple qui l’a recueilli2 suite à sa funeste rencontre avec un tronc (Georges de son prénom), ce qui signifie (accrochez-vous) que les Ultramarines sont repartis de Jaroth sans chercher à s’enquérir du destin d’une entière escouade de Terminators, faute de quoi ils auraient fatalement retrouvés Rius, qui n’a pas dû atterrir bien loin du lieu de l’explosion.
Je veux bien que les Ultra soient un Chapitre pétés de thunes, mais de là à « oublier » cinq armures Terminators sur une planète de huitième ordre (sans parler de la valeur intrinsèque des bonhommes occupant lesdites armures : ce n’est pas comme si la Première Compagnie des Ultramarines s’était faite massacrée jusqu’au dernier pignouf quelques années plus tôt, hein), il y a une sacrée marge tout de même. Dans la catégorie relique à la valeur incommensurable, une Crux Terminatus (avec un vrai morceau de l’armure de l’Empereur dedans !) ça se pose là tout de même, alors cinq… Malheureusement pour tout le monde, et surtout pour lui, Green ne voit cependant aucun problème à faire disparaître totalement le reste des Marines de Salvation passé ce moment, ce qui donne au lecteur la furieuse envie d’emboîter le pas de ces derniers, et de tourner la page (dans tous les sens du terme) de cette piètre nouvelle.
Avec tout ça, on en oublierait presque que Green n’est pas, même lorsqu’il maîtrise un tant soit peu son sujet, un écrivain des plus intéressants, son absence de style le rendant parfait pour pondre des encadrés d’ambiance génériques dans les Codices GW, mais beaucoup moins convaincant dès qu’il s’agit de garder le lecteur en haleine plus de trois paragraphes d’affilée. Seul personnage un tant soit peu développé de Salvation, Rius (du latin rius, ce qui veut dire rillettes) pâtit particulièrement du manque d’inspiration de son créateur, et justifie à lui seul l’image de fadeur bleuâtre ayant poursuivi les Ultramarines depuis la création de Warhammer 40.000. Pour être honnête, le personnage le plus charismatique de la nouvelle reste à mes yeux, et de loin, le brave Carnifex faisant office de boss de fin, talonné de près par le Prince tyranide nain3 dézingué hors champ quelques pages plus tôt par la bleusaille en colère.
Imparfait sur le fond comme sur la forme, Salvation est la preuve irréfutable que la BL publiait vraiment n’importe quoi à ses débuts, sale habitude dont elle n’est malheureusement toujours pas guérie à l’heure actuelle. On notera pour finir que Salvation a réussi à se faire rééditer dans l’anthologie Let the Galaxy Burn (2006), présentée au moment de sa sortie comme la somme des nouvelles les plus remarquables jamais écrites pour 40K. Remarquable, oui, c’est le mot.
1 : On notera tout de même le fétichisme des Ultramarines (ou de leurs auteurs) en matière de « gantelets » quand on en vient au baptême de leurs vaisseaux. À l’hypothétique Gauntlet of Macragge viennent ainsi s’ajouter le Gauntlet of Victory et le Gauntlet of Glory, ce qui nous fait trois moufles et ouvre des perspectives intéressantes quant à un hypothétique « troisième bras » de Roboute Guilliman. Moi je dis que si Fulgrim s’est enquiquiné à venir égorger son frangin bien après la fin de l’Hérésie d’Horus, c’est qu’il avait ses raisons.
2 : « Chérie, j’ai une surprise pour toi ! »
« Tu m’as ramené des fleurs ? C’est trop ge- »
« Euh, non, pas exactement des fleurs. »
3 : « The hive tyrant was a truly terrifying figure to behold. The monster stood over two metres tall […] »
Sachant qu’un Space Marine normal taille dans les deux mètres cinquante, et qu’engoncé dans une armure Terminator, il frôle les trois mètres, je ne vois pas pourquoi il souillerait son slip à la vue d’un gros criquet.
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The Demon Bottle – A. Hammond [NDA] – #1 :
INTRIGUE :
Dure journée pour Sarak le (demi) Ratskin. Réveillé de bon matin (07:00) par une tentative de meurtre raciste intentée par un prêcheur Cawdor au tempérament plus incandescent que son lance-flamme – et heureusement pour notre héros –, notre ivrogne désoeuvré échappe de justesse au lynchage et s’en va se remettre de ses émotions en assouvissant son penchant coupable pour la dive bouteille. Son statut d’homme à tout faire de la colonie du sous monde où il occupe la position exaltée de marginal alcoolique lui vaut cependant de risquer à nouveau sa vie dans la même matinée, sa mission de nettoyage du conduit d’aération de son lieu de villégiature habituel passant à un cheveu du drame. C’est que la faune locale de Necromunda est autrement plus agressive et mortelle que nos bêtes grenouilles et hérissons. Cela ne fait que renforcer sa motivation d’émigrer vers le haut de la ruche, qu’il s’imagine être une sorte de Disneyland peuplé de pole dancers parfumées. Son désir d’une vie meilleure est toutefois contrarié par une rencontre pas vraiment fortuite avec les sbires d’Otto Gunta, un gros bonnet du crime local, qui souhaite instamment lui parler et n’a pas pour coutume d’attendre le bon vouloir de ses débiteurs.
Une injection de tranquilisants et un réveil difficile plus tard, Sarak se retrouve dans une position qui l’est tout autant. Gunta demande à être remboursé séance tenante, mais la valeur des possessions physiques du (demi) Ratskin ne couvre pas la moitié de son encours, même en prenant en compte la vente de son cadavre à l’usine Findus la plus proche. Qu’à cela ne tienne, les talents d’exterminateur de nuisibles de Sarak donnent une idée au parrain, dont le territoire a été envahi par une bande de mutants cannibales difficile à déloger (saleté de trève hivernale). Le poivrot n’a qu’à s’arranger pour régler son compte au chef des squatteurs, par exemple en glissant un peu d’eau de javel dans son hydroxychloroquine, et son ardoise sera effacée. Plus facile qu’à dire qu’à faire, mais sous le regard vigilant et la menace implicite du gros bras de Gunta, un (demi) cyborg nommé Lugtekk, Sarak n’a d’autres choix qu’obtempérer. Il peut heureusement compter sur les largesses de son employeur, qui lui fournit un déguisement convaincant de Scavvy ainsi qu’un cadavre frais pour la soupe de ses futurs meilleurs copains, avant de partir en mission.
Cette journée déjà riche en événements va alors prendre un tour encore plus frénétique, puisqu’après avoir réussi à gagner la confiance de ses hôtes, Sarak parvient à glisser les pilules empoisonnées de Gunta dans la bouteille de WildSnake de sa cible (Hoegas), mais est témoin du meurtre de cette dernière par un rival mécontent (Blotta). Devenu calife à la place du calife, cet infâme communiste de Blotta insiste pour que tous les membres de la tribu prennent une rasade à sa boutanche – son coup d’état n’a été causé que par l’égoïsme de Hoegas, c’est dire s’il avait soif – à commencer par Sarak. Notre héros s’exécute, espérant survivre assez longtemps pour recevoir un éventuel antidote de la part de Gunta, mais doit avant cela suivre les Scavvies dans l’attaque d’une caravane de Guilders. Le cadavre apporté par le (demi) Ratskin avait en effet une carte sur lui, assez détaillée pour donner envie à une bande de goules basses du front de fomenter une embuscade. Il s’agissait évidemment d’un piège de Gunta, dont les hommes occupent les lieux et commencent à flinguer à tout va les mutants en goguette. Comme si la situation n’était pas assez critique, Sarak finit par se rendre compte que les pilules magiques qu’il a glissé dans le pinard sont du spook, une substance psychoactive provoquant au mieux des hallucinations, au pire des possessions démoniaques. Notre héros n’étant pas dans un bon jour, c’est le deuxième cas de figure qui se produit, et le (demi) Ratskin se retrouve contraint de partager son corps avec le démon le plus chill du Warp1, ce qui est tout de même pratique pour encaisser une fusillade à bout portant sans effets secondaires désagréables, comme la mort par exemple. Sarak n’a cependant pas dit son dernier mot, et abat sa dernière carte pour faire la nique à ses bullies avant de tirer sa révérence : atteindre le Nirvana sans crier gare, ce qui met fin à la possession, et faire un gros calin au mafieux alors qu’il a été transformé en torche humaine par son infection chaotique, pour entraîner Gunta dans la tombe. Je ne sais pas si on peut lier ce décès aux dangers de l’alcoolisme, mais il y a définitivement une morale à cette histoire, si on cherche bien.
1 : Vous en connaissez beaucoup des neverborn qui appellent leur hôte « boyo » ?
AVIS :
Difficile de dire si c’était l’effet recherché par Alex Hammond lorsqu’il a écrit ‘The Demon Bottle’, mais on ressort de cette courte (9 pages) nouvelle avec un début de mal de crâne similaire à celui que pourrait causer une gueule de bois. En cause, la deuxième moitié hystérique de cette histoire, qui fait s’enchaîner les péripéties avec une frénésie digne d’un Héraut Exalté de Khorne. Ce grand final foutraque vient très largement masquer les points positifs que l’on pouvait mettre au crédit de Hammond, comme sa réflexion sur les illusions que les habitants du sous monde se font de la réalité des étages mieux famés de la ruche Prime1, ou les petites touches humoristiques que l’auteur a intégré à sa narration. Un éditeur critique aurait demandé à ce que la fin de ‘The Demon Bottle’ soit plus cohérente, ou accordé cinq pages de plus pour laisser l’intrigue respirer un peu plus, mais à l’époque farouche à laquelle ce texte a été écrit et publié, je doute que la BL disposait des ressources et de l’envie nécessaires pour soigner la qualité de ses sorties. On peut d’ailleurs toujours se poser la question aujourd’hui d’ailleurs. Dommage donc pour ‘The Demon Bottle’, que l’on peut remiser sans regret sur la pile des nouvelles médiocres de la Black Library.
1 : Sujet en partie récupéré par l’auteur pour ‘Rat in the Walls’ ceci dit.
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Grunsonn’s Marauders – A. Jones [WFB] – #1 :
INTRIGUE :
Les maraudeurs de Grunsonn (un nain crado, un elfe libidineux, un barbare chermanik et un impérial benêt) sont engagés par un sorcier pour retrouver une relique enchantée, le « mythique » Doigt de Vie (Finger of Life), qui repose sous bonne garde dans une caverne oubliée des Montagnes Grises.
AVIS :
Attention, OVNI. S’il n’est pas rare pour le lecteur de la BL de rire un bon coup en parcourant les textes des contributeurs les moins doués de cette auguste maison d’édition, il est en revanche bien moins courant que cette hilarité ait été sciemment recherchée par l’auteur au moment de l’écriture de son texte.
C’est toutefois indéniablement le cas avec ce ‘Grunsonn’s Marauders’, première des deux nouvelles consacrées par Andy Jones (également co-éditeur du recueil ‘Realm of Chaos’ dans laquelle ce texte a été publié pour la première fois) au plus improbable quatuor de héros de l’histoire de la Black Library. Faisant feu de tout bois, Andy enchaîne dialogues absurdes, comportements parodiques, péripéties grotesques et calembours de comptoir (mention spéciale au barbare de la bande, le bien nommé Keanu the Reaver), pour un résultat dans la droite ligne de bouquins tels que ‘Lord of the Ringards’, ‘Bilbo the Postit’ ou encore ‘La Der des Etoiles’. Etant donnée la brièveté de l’opus et son caractère résolument novateur par rapport au med-fan premier degré qui caractérise la BL, la sauce prend toutefois mieux que pour les « chefs d’œuvre » précédemment cités, ce qui n’est pas plus mal.
Bref, ‘Grunsonn’s Marauders’ est une lecture indispensable pour tous les acharnés de la Black Library, une curiosité tout autant qu’une relique d’une époque où Games Workshop ne se prenait pas encore (trop) au sérieux. Un vrai collector1.
1: Pour la petite histoire, les maraudeurs de Grunsonn étaient les personnages de la bande Heroquest d’Andy Jones et de son cercle d’amis. Ce qui explique beaucoup de choses.
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Birth of a Legend – G. Thorpe [WFB] – #2 :
INTRIGUE :
‘Birth of a Legend’ relate un épisode central du background de Warhammer, à savoir le sauvetage du Haut Roi Kurgan par une cohorte d’Unberogens en vadrouille.
Capturé par le Big Boss Vagraz Head Stomper alors qu’il se rendait dans les Montagnes Grises pour un tournoi de belote, notre pauvre nain est sur le point de finir dans la marmite des peaux vertes lorsque ses ravisseurs se font soudainement attaquer par une bande d’humains hirsutes menés par un adolescent très énervé. Ce dernier, bien aidé par le marteau que lui prête obligeamment son nouveau pote barbu, renverse le cours de la bataille en concassant le crâne de Vagraz d’un revers à une main (long de ligne)1. La nouvelle se termine par une présentation en règle des nouveaux BFF, le sauveur providentiel n’étant nul autre que…
Début spoiler…Laurent Delahousse2.Fin spoiler
1 : Punk jusqu’au bout, le Big Boss envoie un bon gros fuck des familles à Sigmar juste avant que ce dernier ne l’achève. That’s the spirit.
2 : Bon, ok, en fait c’était ΣR. Il n’y a que Gav pour ménager de telles « surprises » à ses lecteurs.
AVIS :
Dix ans avant le lancement de la collection Time of Legends, Gavin Thorpe se paie donc le luxe de mettre en scène un évènement qui n’était jusqu’alors couvert que dans la partie fluff des livres d’armées de Warhammer. Et force est de reconnaître qu’il s’en tire plutôt honorablement (bien mieux en tout cas que pour Aenarion, methinks), sa version de ce passage marquant de la geste Sigmarienne s’inscrivant dans la droite ligne de ce qu’on savait déjà du personnage, et permettant au fluffiste sommeillant dans chaque lecteur de la BL de grappiller quelques détails supplémentaires sur la vie du Musclor de GW. Je ne suis pas loin de penser que Gav n’est jamais aussi bon que lorsqu’il donne dans le background romancé (surtout quand il y a du nain dedans) plutôt que dans la pure fiction. En fait, je le pense vraiment.
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The Black Pearl – C. Pramas [40K] – #2 :
Fraîchement nommé Chapelain Interrogateur, Uzziel des Dark Angels emmène ses frères sur le monde exodite de Lughnasa, afin de vérifier une information obtenue du premier Déchu qu’il a capturé. Selon la confession du traître, la mythique épée du Lion, maniée par le Primarque de la première Légion au cours de la Grande Croisade, et perdue au cours de la destruction de Caliban, reposerait en effet dans un temple de cette planète.
AVIS :
Une nouvelle rythmée et assez bien construite, dans la droite lignée d’Into the Maelstrom. Comme cette dernière histoire, The Black Pearl se termine par un petit twist1 qui, sans être transcendant, conclut le récit de manière opportune et démontre que Pramas a bien intégré les codes de 40K (Praaaaa-maaaaaaaaas…ton univers impitoyaaaa-aaa-bleuh).
Reste qu’utiliser les Dark Angels comme protagonistes est un exercice périlleux, les multiples couches de secrets et de rumeurs entourant les Impardonnés obligeant l’auteur à procéder avec prudence. Malgré sa maîtrise du background (mention est faite de Moloc(h)ia, Chapelain Interrogateur détenteur du highest score en matière de confessions de Déchus), Pramas se prend les pieds dans le tapis pelucheux du fluff des Anges de la Mort à quelques reprises. Rien de très grave, je vous rassure, mais il fallait tout de même que le signale. Paradoxalement cependant, ce sont les (petites) révélations sur le passé des Dark Angels glissées par Pramas dans The Black Pearl2 qui constituent l’intérêt principal de la nouvelle. Les vieux de la vieille apprécieront aussi la présence de chevaliers dragons Exodites en tant qu’antagonistes, même si l’auteur se contente de les balancer sur les Space Marines dans une reconstitution futuriste de la charge de la brigade légère (si tant est qu’un chevaucheur de megadon puisse être considéré comme un cavalier léger) à la bataille de la Balaklava, et ne s’attarde donc guère sur la culture de ces fiers guerriers tribaux.
Honnête mais finalement assez terne, en ce qu’elle n’explore pas assez à mon goût la psyché si particulière des Dark Angels (une joyeuse bande de zélotes psychorigides et intolérants au plus haut point, à la fois arrogants à l’extrême et terrifiés à l’idée que le reste de l’Imperium apprenne leur honteux petit secret), The Black Pearl constitue une lecture assez dispensable, sauf si vous êtes un amateur inconditionnel de Lionel et de ses fistons.
1: L’épée du Lion se révèle au final être l’épée de Luther.
2: Référence à la perle noire que les Chapelains Interrogateurs des chapitres Impardonnés ajoutent à leur Rosarius pour chaque Déchu qu’ils « convainquent » de se confesser.
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Hatred – B. Chessell [WHB] – #2 :
INTRIGUE :
La vie tranquille de Kurtbad, un village en déréliction situé en plein cœur de l’Averland, est bouleversée par le meurtre de l’un de ses habitants, puis par l’arrivée soudaine d’un chasseur de sorcières mal en point. Alors que la traque du tueur s’organise, la destinée de quatre Kurtbader (-iens? -ois? -ais?) va être changée à jamais.
AVIS :
‘Hatred’ s’avère être un huis-clos à l’ambiance particulière et la construction soignée, deux caractéristiques faisant l’originalité et l’intérêt de cette nouvelle de Ben Chessell.
Le style purement factuel déployé par l’auteur pour raconter le drame se jouant à Kurtbad, les vérités énoncées à demi-mot et ne faisant sens que bien plus tard dans le récit, l’inclusion de passages écrits à la première personne depuis le point de vue de l’antagoniste (dont on ignore l’identité jusqu’aux dernières pages) entre le récit des péripéties, ou encore l’approche résolument anticonformiste qu’à Chessell du Chaos et de son effet sur les êtres vivants qu’il touche et transforme, sont autant de raisons de lire et d’apprécier ‘Hatred’, qui est assurément l’un des meilleurs « très courts formats » (15 pages) de la Black Library.
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Tenebrae – M. Brendan [40K] – #2 :
INTRIGUE :
‘Tenebrae’ relate les derniers moments du gouverneur planétaire Dane Cortez, alors qu’il contemple les forces du Chaos prendre d’assaut la capitale de son monde. Seul dans sa chambre de commandement, Cortez se remémore les évènements ayant conduits à la débâcle actuelle, et assiste à l’arrivée du général des hordes chaotiques, Lord Vog des Word Bearers, sur la place centrale de la capitale. Le réquisitoire sans concession qu’il dresse de ses errements et erreurs en tant que régent de Tenebrae (le nom de la planète qu’il dirige), et la colère qu’il éprouve envers l’Imperium pour avoir abandonné cette dernière dans son heure de besoin finissent par ouvrir un portail Warp dans son sanctuaire, duquel s’extirpent une poignée de Sanguinaires en goguette. Cortez aura alors un ultime choix à faire : au nom de qui, ou de quoi, donner sa vie ?
AVIS :
Mark Brendan (dont c’est la seule contribution connue à la Black Library) signe avec Tenebrae un texte assez étrange. L’approche adoptée à beau être originale, privilégiant l’examen de conscience de Cortez à une banale scène de guerre urbaine, on ne peut s’empêcher de se demander « et alors ? » à la fin de la lecture de cette courte nouvelle (15 pages). Il ne se passe en effet pas grand-chose dans Tenebrae, si l’on met de côté les atermoiements et imprécations de notre héros, entrecoupés de quelques flashbacks explicatifs (où l’on comprend comment Cortez est arrivé à la tête de la planète, en récompense de ses bons services dans la Garde Impériale) et rapports sur l’avancée des troupes adverses dans Wormwood (la capitale de Tenebrae, tu parles d’un nom). Malgré sa bonne volonté, Brendan n’a pas le talent de Brian Craig pour tenir son lecteur en haleine de manière non-violente, ni le souci du détail d’un Abnett ou d’un Dembski-Bowden, lacunes faisant de Tenebrae une curiosité assez fade au final. Rideau.
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Gilead’s Wake – D. Abnett [WFB] – #3 :
INTRIGUE :
Kidnappé tout bébé (27 ans : les Elfes portent encore des couches à cet âge) par une bande d’infâmes truands s’étant établie à proximité de la ville de Munzing, et par conséquent du domaine familial, Gilead fait l’objet d’une demande de rançon que ses proches font mine d’accepter, mais résultant en une opération commando menée par le frère jumeau du héros, Galeth, afin de libérer l’otage. Intimement lié à son frangin (quand l’un des deux mange un tacos, l’autre massacre les toilettes), Gilead vit très mal – on peut même dire qu’il meurt un petit peu – le décès tragique de son sauveur, qui se fait carreler comme une vulgaire salle de bains par un maraud revanchard sur le chemin du retour.
10 ans plus tard, le sombre héros de l’amer est sur le point de mener au terme la vengeance dont il poursuit l’insaisissable Gibbetath depuis une décennie. Ayant découvert que ce Skaven était derrière les opérations crapuleuses de la bande de malfrats l’ayant capturé et occis son bien-aimé frangin, Gilead a écumé le Vieux Monde avec quelques compagnons (dont il ne reste plus que l’increvable Fithvael) sur les traces de cette éminence grise, démantelant son empire et massacrant ses sbires au cours d’une inexorable vendetta. Finalement, Gilead et Fithvael mettent le siège à l’ultime cabane en rondins du malfaisant rongeur, dézinguent les quelques hommes et ogres de main engagés par ce dernier pour sa protection, et notre héros peut enfin faire face au responsable de son blues persistant…
Début spoiler…qui se révèle être un petit bonhomme famélique et bien malade, et non pas un Skaven. Gag. Gibbetath explique à son futur bourreau que ce n’était qu’un alias qui lui a permis d’opérer de façon discrète et de terrifier ses opposants, ce qui ne le décharge en rien de sa responsabilité dans le meurtre de Galeth et le règne de terreur qui a été le sien au cours des dernières décennies. Ayant claqué jusqu’à son dernier centime pour tenter de se débarrasser de sa Némésis, Gibbetath attend la mort avec fatalité, et se retrouve donc bien dépité lorsque Gilead s’en va sans lui porter l’estocade. Pas par excès de magnanimité, non, mais pour faire durer le malheur d’un adversaire ayant, de son propre aveu, absolument tout perdu, ce que Gilead considère être également son cas (ce qui n’est pas sympa pour Fithvael, ni pour sa petite sœur). C’est sur cette fin batmanesque que s’achève le premier volet de la saga de Gilead, héros totalement woke. Fin spoiler
AVIS :
Gilead Lothain. Aux plus jeunes d’entre vous, ce nom ne dira rien. Les anciens lecteurs risquent au contraire de ressentir une bouffée de nostalgie à cette mention, qui les replongera un millénaire en arrière (eh si, techniquement c’est correct), à l’époque où 1) Warhammer Fantasy Battle était le jeu principal de Games Workshop, 2) Inferno! était un nouveau projet excitant de la toute jeune Black Library, et 3) Dan Abnett était un parfait inconnu. Ce qui ne nous rajeunit pas, c’est certain. À mes yeux, il n’y a pas de personnage plus iconique de cette période précise de la GW-Fiction, car Gilead, contrairement à d’autres figures de cette dernière, n’a pas connu un développement suivi au fil des années, et est resté cantonné à la période 1997 – 2001 (jusqu’au regrettable come-back de l’année 2012). Bref, ‘Gilead’s Wake’, comme les autres nouvelles consacrées par Abnett à son mince et morne héros ayant été publiées dans Inferno!, est un texte collector, et celui-ci l’est même doublement puisque c’est par lui que tout a commencé (pour Gilou comme pour Abnett).
À travers ce court récit de traque et de vengeance, l’auteur arrive à brosser de façon convaincante le spleen persistant du dernier héritier de Tor Anrok (même si ce dernier a une petite sœur), et justifie parfaitement la mélancolie incurable qui accompagne notre héros, et qui a pu donner lieu à d’innombrables blagues par la suite1. Je le sais car j’en ai fait moi-même. Le regrette-je ? Non. Comprends-je mieux pourquoi Gilead tire en permanence une tête de six pieds de long ? Oui. La symbiose jumellaire entre les fistons Lothain est soulignée avec tellement de soin par Abnett au cours de ces quelques pages que le traumatisme vécu par Gilead à la mort de son twin ne fait aucun doute. Comme ce cafard persistant ne quittera jamais notre héros, mais que les causes de ce dernier ne seront pas aussi clairement explicitées par la suite, la lecture de ‘Gilead’s Wake’ est donc, pas indispensable, mais plus qu’utile, de ce point de vue.
Autre caractéristique de la nouvelle, sa complète autonomie, voire finitude, qui ne présageait absolument pas d’une poursuite de la saga de Gilead (même si le titre envoyait un tout autre message). Abnett aurait pu arrêter les frais et le Prozac à la fin de ces huit pages, sans que cela cause du mécontentement de la part du lectorat d’Inferno!. Heureusement, ou pas (quand on voit la fin de carrière de notre héros, la question se pose), nous n’étions qu’au début de l’histoire de Gilead, auquel une carrière de vigilante du Vieux Monde était sur le point de tendre les bras. Notons tout de même que ces débuts troubles en matière de Skavens préfiguraient peut-être l’ahurissante et abrutissante apparition du Roi des Rats, quinze ans plus tard…
1 : Sérieusement, ceci est sa figurine officielle. Joie de vivre…
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The Emperor’s Grace – A. Hammond [40K] – #3 :
INTRIGUE :
Hammond propose au lecteur de suivre la lutte pour la possession de la planète d’Olstar Prime entre Impériaux et Eldars par les yeux de deux personnages aux vues radicalement divergentes sur la question. Au zèle fanatique du Commissaire Streck s’oppose en effet le pragmatisme du Lieutenant Catachan Lownes, et alors que le premier se tient prêt à sacrifier jusqu’au dernier soldat pour repousser les Xenos, le second serait plutôt du genre à filer à l’anglaise avec les survivants de son unité avant que les zoneilles ne massacrent tout le monde. Pressé par le temps et surveillé de près par un Streck ayant mal digéré le retrait stratégique ordonné par Lownes, notre Lieutenant tire au flanc arrivera-t-il à mener son projet de désertion à bien ?
AVIS :
À y regarder de plus près, ‘The Emperor’s Grace’ n’est pas tant une nouvelle que le développement sur une vingtaine de pages par Hammond du dilemme classique du Garde Impérial : est-il vraiment condamnable de chercher à sauver sa peau plutôt que de voir sa vie sacrifiée par des officiers indifférents pour la défense d’une planète insignifiante ? Ce parti pris aurait pu être payant si l’auteur avait réussi à répondre à cette question, somme toute centrale dans l’univers violent et totalitaire de Warhammer 40.000, de manière convaincante et/ou originale. Au lieu de ça, Hammond termine son propos avec un piteux WIJH1, laissant un fort goût d’inachevé au lecteur à la fin de ‘The Emperor’s Grace’ (dans la même veine, mais pour Warhammer Battle, on retrouve ‘The Last Charge’ d’Andy Hoare). À oublier.
1: Well, It Just Happened que la personne qui devait permettre à Lownes et ses hommes de quitter la planète s’est pris un missile Eldar dans le buffet, ce qui condamne les Catachans à se battre aux côtés des défenseurs d’Olstar Prime.
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The Faithful Servant – G. Thorpe [WFB] – #3 :
Au sortir d’une bataille perdue par l’Empire contre une armée chaotique dans le nord du Kislev, le prêtre guerrier Markus revient à lui dans un champ de cadavres. Piégé sous la dépouille de sa monture, il ne peut se dérober lorsqu’un guerrier des puissances noires se présente devant lui. À sa grande surprise, son ennemi ne semble pas tant être intéressé par sa vie que son âme, ses sombres maîtres lui ayant promis l’immortalité en échange de la corruption d’un certain nombre d’individus vertueux. Markus pourrait être la dernière victime d’Estebar, le maître du massacre, dont l’ost se débanderait après l’élévation de son général au rang de Prince Démon, épargnant ainsi les vies de milliers d’innocents. Mais notre héros est-il prêt à consentir au sacrifice ultime pour préserver ses compatriotes des ravages des hordes du Chaos ?
AVIS :
La damnation et les chemins, souvent détournés et pavés de bonnes intentions, qui y mènent, font partie des thèmes de prédilection de Gav Thorpe, qui a consacré au sujet sa première trilogie en tant qu’auteur de la Black Library (‘Slaves to Darkness’). ‘The Faithful Servant’, publié quelques années avant ces romans, peut donc être considéré comme un galop d’essai de la part du Gav. On retrouve ainsi dans cette nouvelle un héros placé face à un choix cornélien, dont les répercussions ne manqueront pas d’ébranler le Vieux Monde (c’est du Thorpe après tout).
Construit exclusivement comme « écrin narratif » à sa question centrale, ‘The Faithful Servant’ tient davantage du conte philosophique (même si une telle appellation est un peu galvaudée par son enrobage med-fan) que de la nouvelle de sword and sorcery classique, et ce n’est pas plus mal. Sans s’avérer particulièrement mémorable ni éloquent, le débat opposant Markus à Estebar se révèle être assez plaisant à lire. En choisissant de conclure son propos avant que le prêtre guerrier n’ait fait son choix, Thorpe gratifie de plus sa nouvelle d’une conclusion, que dis-je, d’une ouverture, d’une élégante sobriété (pour changer).
Si elle s’adresse en premier chef aux lecteurs récemment initiés au background de Warhammer (les vétérans n’y trouvant rien que de déjà très connu d’eux), ‘The Faithful Servant’ est sans doute l’une des meilleures soumissions de Gavin Thorpe.
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Bad Spirits – J. Green [NDA] – #3 :
INTRIGUE :
Dans l’univers impitoyable du Far West Down, il est un nom qui inspire la crainte même plus endurci des gangers et au plus sanguinaire des mutants : Nathan Creed. Chasseur de Primes de profession et de titre1, Nath’ est le résultat que l’on aurait obtenu si Clint Eastwood avait tourné dans un film post-apocalyptique italien dans la foulée des ses Western spaghetti. Promenant son charisme minéral, ses mégots de cigarillos et ses deux pétoires de gros calibre d’un bout à l’autre du sous monde, Nathan Creed règle les problèmes des uns et des autres contre crédits sonnants et trébuchants, et de manière définitive.
Chargé par un vieux chef Ratskin (Thunderslag) dont la moitié de la tribu a été massacrée par une bête mystérieuse, et l’autre moitié a décidé de lui faire faux bond pour aller se venger sur les habitants « civilisés » de l’avant poste le plus proche (because why not), de faire lumière sur ces événements tragiques, Creed débarque dans le riant bourg de Toxic Sump pour mener sa petite enquête. Son passage obligatoire dans le saloon local lui permet de prendre le pouls de l’opinion publique, tout aussi stupide, raciste et prompte au lynchage que l’on peut se l’imaginer. Il fait également la connaissance d’un certain Cyrus Beckerman, qui lui conseille vivement de quitter la ville au plus vite, afin de ne pas connaître le même sort que les colons sommairement scalpés par les Peaux Rouges en furie. Il en faut évidemment bien plus pour décourager un professionnel comme Creed, dont l’intérêt est piqué par le décès brutal et suspect de Quinn (l’Eskimo), un prospecteur local venu s’en jeter un petit pour se remonter le moral après avoir échappé de très peu à la hache de guerre des Ratskins renégats. Comme le malheureux s’est étouffé après avoir descendu d’un trait un verre de WildSnake que lui avait tendu l’affable Beckerman, c’est naturellement vers ce dernier que les soupçons de notre héros se portent.
Ayant décidé d’inspecter les fouilles du défunt, Creed se fait surprendre dans son étude des empreintes parsemant la grotte mise à jour par Quinn par l’inévitable Beckerman, qui se révèle être un ganger Van Saar en maraude. Plus stalker que killer, Beckie ne parvient pas à régler son compte au chasseur de primes, qui blesse son adversaire et profite de l’effondrement d’une partie de la galerie souterraine, causée par la chute de son adversaire sur un détonateur enclenché qui traînait négligemment au sol (comme quoi, ça n’arrive pas que dans les cartoons), pour fausser compagnie au faux jeton. Ne pouvant plus ressortir, Creed est contraint de se frayer un chemin dans les profondeurs du sous monde, négociant avec brio un attroupement de Zombies de la Peste peu farouches, dans ce qui ressemble au parcours de FPS le plus bullet timé de l’univers. Le hasard (et le manque de pages) faisant bien les choses, Nath’ finit par déboucher dans une caverne remplie d’archeotech où Ratskins et Van Saar sont à deux doigts de se mettre sur le nez. On comprend que les seconds achètent aux premiers les artefacts qu’ils remontent des couches inférieures de la ruche, et que l’embrouille a été causée par la prime de risque demandées par les locaux, inquiets des déprédations causées par le mystérieux monstre sur lequel Creed enquête.
Comme s’il avait deviné que la progression de l’intrigue passait par lui, le monstre en question finit par arriver sur les lieux, sauvant au passage les miches de Nathan Creed dont le manteau flottant avait malencontreusement fait tomber une bouteille au sol, lui attirant un feu nourri de la part des conspirateurs. Un prix acceptable à payer pour être fashion en toutes circonstances (et que l’on a une armure en scénarium enrichi). Laissant les goons se faire massacrer par l’élément perturbateur, rien de plus qu’un vieux cyborg de garde réveillé par les fouilles explosives des colons, Creed cherche à s’éclipser en catimini, mais croise à nouveau la route de Beckermann. Toujours aussi empoté, le Van Saar ne parvient ni à déclencher l’explosion qui aurait enfoui la caverne et ses occupants sous des tonnes de roche, ni à régler une bonne foi pour toutes son compte au gun slinger, avant que le monstre ne vienne l’empaler sur sa griffe et lui arracher la tête pour faire bonne mesure. Fort heureusement, Creed réussira là où son adversaire avait lamentablement échoué, réglant définitivement le problème du chef Thunderslag et apaisant l’esprit des morts par la même occasion. Ne pouvant pas partir vers le lointain sur son cheval et dans le soleil couchant pour des raisons évidentes, notre héros s’en va dignement à pinces sous la lueur vacillante de néons en fin de vie. Ce qui est presque aussi bien.
1 : Green passe un temps inconfortablement long à appeler son personnage « The Bounty Hunter » en début de nouvelle, avant de passer aux familiarités.
AVIS :
Première nouvelle de Nathan Creed, le second pistolero le plus connu de Necromunda (après Kal Jerico), ce qui est tout de même malheureux pour Green compte tenu de la compétition limitée sur ce créneau, ‘Bad Spirits’ est un pastiche de western tout à fait quelconque et à l’intrigue aussi friable que les cavernes dans lesquelles se déroule notre propos. Entre le monstre qui émerge sur un gros coup de déveine (alors que tout auteur digne de ce nom aurait pu imaginer une raison un minimum intéressante/inventive/connectée au reste de l’histoire à sa venue), les coups de chance successifs de Creed pour parvenir à ses fins, et le manque d’intérêt absolu du méchant de l’histoire, il n’y a pas grand-chose à sauver et à retenir des débuts de Creed dans le sous monde. Une entrée en matière finalement à l’image de la série en elle-même, à laquelle Green ne donna jamais les moyens de s’élever au-dessus de son pitch de base (Mon Curé chez les NudistesLee Van Cleef à Necromunda). Il faut vraiment être un archéoBListe acharné pour convoquer le souvenir de Nathan Creed aujourd’hui… et c’était déjà valable à l’époque.
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Ghostmaker – D. Abnett [40K] – #4 :
INTRIGUE :
Le Commissaire Ibram Gaunt, officier capable et favori de feu le Seigneur de Guerre Slaydo, est envoyé par le Haut Commandement de la Croisade des mondes de Sabbat superviser la levée de nouveaux régiments sur le monde forestier de Tanith. Déprimé par la mort de son mentor, tué pendant la bataille de Balhaut, Gaunt n’est guère impressionné par les recrues de Tanith, dont le look de hippies (cheveux longs, tatouages, piercings et boucles d’oreille) et l’accent chantant (c’est canon), sans parler de la cornemuse incessante en bande-son, ne font pas un grand effet à notre inflexible héros. Résolu à expédier les formalités le plus rapidement possible, possiblement à cause d’un mal de cheveux (qu’il a pourtant courts) persistant, Gaunt insiste lourdement pour que ses futures troupes commencent à embarquer dans leurs transports dès la fin de la parade protocolaire. Croyez-le ou non, mais de la gueule de bois de ce vieil Ibram dépendra beaucoup de choses, car la malheureuse Tanith ne tarde pas à recevoir la visite non-désirée d’une flotte chaotique, ayant profité du laxisme de Macaroth après sa prise de fonction pour aller faire du terrotourisme dans l’espace impérial. Aussi vulnérable qu’un monde Squat face à la démotivation du studio GW une flotte ruche tyrannide, la planète ne peut être sauvée, et Gaunt donne l’ordre d’une cruelle mais logique évacuation des régiments tout juste assemblés, laissant le reste de Tanith partir en fumée comme une briquette d’allume barbecue. Donnant de sa personne en bon héros de série d’action, Ibram sauve le jeune piper qui lui vrillait les tympans depuis son arrivée sur le plancher des vaches (où l’équivalent local de ce placide ruminant), mais perd au passage son fidèle assistant, Sym (you cannot unsee it), et avec lui, tout espoir de retrouver un jour sa chemise grise. Malgré de lourdes pertes – 6 zeta tonnes, tout de même – l’équivalent d’un régiment parvient tout de même à quitter la planète condamnée, sans se douter un instant du glorieux destin qui l’attend dans les années à venir.
La suite de la nouvelle voit Gaunt et ses hommes commencer à s’apprivoiser mutuellement, et donne l’occasion à Abnett de présenter quelques unes des figures les plus connues du Premier et Unique de Tanith, telles que Corbec, Rawne (dont la promotion au rang de Colonel et Major est due à leur présence dans la délégation de soldats venue exprimer son mal-être auprès de leur officier quelques heures après leur départ précipité), Larkin et Bragg. Les Fantômes de Gaunt, nom trouvé par Larkin sur une inspiration géniale, font leurs premières armes sur Blackshard, leurs talents d’infiltrateurs sans pareil leur permettant de frapper au cœur du dispositif ennemi, et de faire sauter la box internet de leurs adversaires chaotiques, provoquant un suicide de masse de ces derniers, sans doute déspérés de ne plus pouvoir organiser des soirées Netflix & Kill pour tuer le temps (Blackshard, ce n’est pas une destination très sympa). Ce premier fait d’armes voit aussi la première tentative d’homicide de Rawne sur Gaunt, nonchalamment éventée par le colossal Commissaire1, qui, peu rancunier, repart vers les lignes impériales avec son BFF sur l’épaule après l’avoir mis hors d’état de nuire. La base quoi. La base.
1 : Abnett indique que son héros fait « bien plus que deux mètres ». Quand on apprend que Corbec est plus grand que Gaunt, et que lui-même est chétif par rapport à Bragg, on comprend mieux comment les Tanith réussissent à claquer le beignet d’Astartes félons en deux temps trois mouvements.
AVIS :
Comme beaucoup de lecteurs de la BL, j’ai découvert les Fantômes de Gaunt à travers le premier roman de la série, ‘Premier & Unique’, qui raconte les exploits guerriers des scouts les plus fumés de la Garde Impériale sur le théâtre de Menazoid Epsilon. Cependant, les véritables débuts de la saga la plus mythique de la GW-Fiction sont à dater du 4ème numéro d’Inferno! et du ‘Ghostmaker’ signé par un tout jeune Dan Abnett, qui avait fait ses débuts au sein de la Black Library deux mois plus tôt avec une autre figure mythique du panthéon Warhammerstique, l’inconsolable Gilead (‘Gilead’s Wake’). Cette nouvelle, incluse dans le 2ème roman de la saga des Fantômes, nommé également ‘Ghostmaker’, pose les fondations de la série avec une efficacité redoutable, le talent littéraire d’Abnett permettant au lecteur de se familiariser avec les principaux fantômes1, d’apprendre les conditions tragiques dans lesquelles le Premier et Unique a été formé, et de suivre ce dernier (et à travers lui, Dan Abnett) lors de son baptème du feu. Plus de vingt ans plus tard, l’alchimie fonctionne toujours, et il n’est guère difficile de comprendre pourquoi les petits gars de Tanith ont connu la carrière qu’on leur sait à la lecture de ces premiers exploits. La patte magique d’Abnett opère parfaitement, et entraîne le lecteur dans une aventure rythmée et violente, tout en prenant le temps de donner une appréciable profondeur à ses personnages. Un fething masterclass en somme, dont la lecture (et la relecture) reste rigoureusement conseillée à tous les amoureux de la BL.
1 : Et d’autres moins fameux, mais dont la connaissance vous permettra de briller à la prochaine convention 40K à laquelle vous participerez. Citons le Colonel Torth et le Major Garth, qui auraient dû seconder Gaunt à la place de Corbec et Rawne, s’ils n’avaient pas raté leur navette d’évacuation, et le soldat Forgal, qui a eu l’insigne (mais douloureux) honneur d’être le premier Fantôme à mourir en opération de la série.
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Paradise Lost – A. Jones [WFB] – #4 :
INTRIGUE :
Nous retrouvons les maraudeurs de Grunsonn dans une bien mauvaise passe : à la dérive au milieu de l’océan sur une coquille de noix, sans eau ni nourriture, et délestés de la cargaison d’or qu’ils avaient soutirée de la cale d’un galion abandonné par un pirate indélicat. Heureusement pour notre quatuor de choc, le salut finit par poindre à l’horizon, sous la forme d’une île où accoster afin de se refaire une santé. Et lorsque les indigènes (une colonie de skinks) se mettent en tête que les maraudeurs ne sont autres que Losteriksson et ses guerriers, revenus après des siècles d’absence régner sur leurs adorateurs à sang froid, il ne fait plus de doute que le temps des vacances a sonné pour nos quatre aventuriers.
AVIS :
Deuxième et dernier épisode de la (courte) saga consacrée par Andy Jones à Grimcrag Grunsonn et ses maraudeurs, ‘Paradise Lost’ est une soumission sensiblement supérieure à ‘Grunsonn’s Marauders’, et ce sur tous les plans. Fidèle à son approche décomplexée du monde de Warhammer, Jones continue en effet sur sa lancée de med-fan parodique, tout en dotant son récit d’une intrigue bien plus charpentée (appréciable attention), et en s’arrangeant pour combler – à sa manière – les blancs laissés dans le background officiel au lieu de chercher à réécrire ce dernier à sa sauce. Autre point positif, l’inclusion de véritables personnages secondaires (shout out à Froggo, le skink de compagnie de Johan Anstein, qui se rêvait méchant de James Bond), permettant à l’auteur de confronter ses héros à des antagonistes à leur hauteur, c’est-à-dire complètement barrés.
Au final, ‘Paradise Lost’ n’est rien de moins que la tentative la plus aboutie de la part d’un auteur de la Black Library de tourner en dérision l’univers de Battle, et rien que pour ça, cette nouvelle vaut le détour.
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Rites of Passage – G. Rennie [NDA] – #4 :
INTRIGUE :
Une nouvelle fournée de jeunes Orlocks se préparent à passer l’épreuve pratique du bac necromundesque, à savoir partir se fritter avec les affreux d’en face (ces c*nnards de Cawdor) dans une arène désolée située au beau milieu du sous monde. Il y a là le gros costaud Dorn, probablement baptisé ainsi car ses parents étaient fans du Trône de Fer, ses lieutenants putatifs Mikhal et Lan, et les frangins Mallin (qui l’est) et Jaal (qui ne l’est pas car ça ne veut rien dire : faîtes un effort tout de même). Ce dernier a été adopté par la famille de Mallin après que la sienne ait été assassinée par des gangers rivaux, et occupe le poste ingrat mais indispensable dans tout groupe de souffre-douleur attitré. Après avoir reçu un discours inspirant de leur instructeur, les djeun’s partent à l’aventure dans la pampa, certains de revenir d’ici deux jours avec les preuves de leur victoire contre la canaille estrangère et bigote.
Ce que le club des cinq ne peut pas savoir, c’est que rôde dans les parages un Spyrien solitaire, tellement accro au meurtre sauvage de prolo’ qu’il n’est jamais remonté à la surface depuis sa dernière virée. Engoncé dans son armure dernier cri (à plusieurs titres, comme nous le verrons plus tard), le Chasseur, car c’est ainsi qu’il se nomme1, ne dit pas non à un petit massacre d’adolescents attardés, après avoir fait des sashimis de leurs rivaux Cawdors quelques heures plus tôt. Le premier à y passer sera le malchanceux Mallin, qui se fait emporter dans les airs (moins une main) par le traqueur des ombres, malgré l’avertissement de dernière minute seconde que lui avait lancé son frère. Que l’on découvre être un Psyker latent, ce qui n’est pas un statut beaucoup plus enviable que punching ball à bully, si vous voulez mon avis. D’ailleurs, ce balourd de Dorn, aussi épais et dense mentalement qu’une fortification érigée par son saint patron, manque de se passer les nerfs en flinguant son sous-fifre, dont la prescience lui semble être la preuve d’une connivence entre Jaal et le Spyrien. Cependant, l’appel à l’aide de Mallin qui s’élève d’un tas de décombres à quelque distance du lieu de l’embuscade suspend le procès en trahison que Dorn était en train de conduire sur le pouce (ou le poing ? avec un nom pareil), et les quatre survivants partent en direction des cris pour tenter de secourir leur comparse…
Début spoiler…Qui bien évidemment, était mort depuis longtemps à leur arrivée, comme son cadavre crucifié et décapité l’atteste formellement. C’était une ruse du Chasseur, qui avait enregistré les derniers instants de sa proie, pour attirer le reste du gang dans un nouveau piège. Cette fois-ci, c’est l’hécatombe, et Dorn, Mikhal et Lan décèdent violemment, ne laissant que Jaal debout, mais en fuite, pour la team Orlock. Le rapport de force est déséquilibré, mais le Spyrien s’amuse trop pour sonner rapidement l’hallali, et il ne se doute évidemment pas que le teenager maigrelet qu’il finit par coincer sur une passerelle a plus d’un tour dans son cortex. Le stress de sa mort prochaine provoque une poussée télékinésique chez Jaal, ce qui fait un gros trou dans la plateforme, forcément branlante et rouillée, où le tête à tête avait lieu. Normalement pas un problème pour le Chasseur, dont l’armure a une fonction bat grappin, mais figurez vous que Jaal est un prodige psychique, comptant parmi ses nouvelles compétences celle de « l’auto-tune balistique ». Un nom compliqué et sans doute inventé de toutes pièces, qui veut dire qu’en se concentrant très fort, il est capable de réaliser des tirs proprement improbables grâce un correcteur de trajectoire venu tout droit du Warp (comme Jul, ce qui fait un autre point commun avec l’auto-tune). Vous devinez la suite : un hotshot improbable sur le filin du Spyrien, précipité dans l’abysse avec son armure dernier cri. Et même pas le sien en plus. Il n’avait pas reset les réglages, ce chien.
La nouvelle se termine, non pas sur des retrouvailles joyeuses à Orlock city, mais sur le constat par le reste du gang de la disparition de leurs ados. Jaal assiste de loin à la fermeture des portes du campement, ayant compris qu’en tant que Psyker, il n’avait plus sa place auprès de sa famille adoptive. Le début d’une existence de paria solitaire dans le sous-monde, sans doute courte et violente mais certainement riche en émotions, qui ne sera cependant pas narrée ici. ENDS.Fin spoiler
1 : Et son pronom est ‘it’, si vous voulez tout savoir. Be an ally.
AVIS :
Nouvelle histoire sur le passage à l’âge adulte dans l’univers pas tendre de Necromunda (il y a aussi ‘Mark of a Warrior’, pour ceux qui demandent), ‘Rites of Passage’ démontre que Gordon Rennie sait mettre en scène une nouvelle d’action de manière potable, ce qui n’est guère étonnant au vu de son passif d’auteur de comics. Rien n’est particulièrement mémorable dans ces quelques pages, mais tout tient de debout et s’enchaîne sans heurt ni incohérence, ce qui est déjà un niveau appréciable pour de la GW-Fiction. Si c’est une de vos premières lectures necromundesques, vous auriez pu tomber sur bien pire. Si vous êtes déjà familier avec cette riante planète, à la fois trop et absolument pas urbaine, vous auriez pu tomber sur bien mieux. Tout est affaire d’équilibrage, j’imagine.
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Into the Maelstrom – C. Pramas [40K] – #4 :
Capturé après l’abordage malheureux d’un croiseur White Scars par ses camarades Red Corsairs, l’archiviste Sartak doit prouver sa loyauté retrouvée envers l’Empereur (car la vue d’une dizaine de bolters braqués sur sa tête l’a aisément convaincu de retourner sa veste énergétique, étonnant non ?) en informant ses nouveaux copains de la destination du prochain raid de Huron Sombrecoeur hors du Maelstrom. Notre héros repentant arrivera-t-il à abuser le paranoïaque ex Tyran de Badab assez longtemps pour accomplir sa périlleuse mission ?
AVIS :
Si on met de côté les zones d’ombre1 de l’argument d’Into the Maelstrom, que l’on peut imputer à la plus grande permissivité qui régnait à cette époque (voir Hell in a Bottle de Simon Jowett pour s’en convaincre), cette nouvelle se révèle être très convenable. La force de l’écriture de Pramas est d’arriver à retranscrire la course contre la montre dans laquelle est engagée son héros, et l’étau qui se resserre de plus en plus autour de lui au fur et à mesure des pages. Into the Maelstrom peut également se targuer de bénéficier d’un final réussi, autant du point de vue de la construction narrative que du respect de l’ambiance nihiliste de Warhammer 40.000, et de la participation du Huron Sombrecœur convaincant en psychopathe retors et flamboyant.
1: « Seigneur Subotai Khan, le Red Corsair que nous avons fait prisonnier après l’attaque de notre barge de bataille (au lieu de lui coller un bolt dans le crâne, comme il aurait été normal) est réveillé et attend votre bon plaisir. »
« Faîtes le entrer. »
…
« Qui a été un vilain garnement, hum ? »
« Je dois reconnaître que j’ai commis quelques erreurs ces dernières années votre honneur, mais depuis que vous m’avez capturé et me tenez à votre merci, j’ai très envie que nous devenions copains. Vive l’Imperium donc. »
« Merveilleux. Maintenant que tu as miraculeusement retrouvé foi en l’Empereur, tu es libre de retourner chez les Red Corsairs. Essaie juste de nous dire où Huron dirigera sa prochaine attaque, de manière à nous permettre de le prendre en embuscade. »
« Vous ne préférez pas plutôt que je vous mène directement jusqu’à la flotte des Red Corsairs, chose dont je suis capable selon l’auteur de la nouvelle ? »
« Nan. »
« Euh, d’accord, c’est comme vous voulez… Mais imaginons – je dis bien imaginons – que mon repentir ne soit pas sincère, et qu’une fois de retour dans le Maelstrom, je vous fasse parvenir des informations erronées, permettant à Huron d’attaquer une planète sans défense, ou pire, de retourner l’embuscade des White Scars contre eux. Vous avez prévu quelque chose pour ce cas de figure ? »
« Bien sûr ! Le fidèle Arghun ici présent t’accompagnera dans ta mission, et s’assurera que tu mènes à bien cette dernière. »
« Vous êtes bien conscient que Huron risque de le faire tuer à la minute où il posera les yeux sur lui, hein ? Et que même dans le cas où il survivrait à son bizutage, il n’aurait aucun moyen de vous avertir de mon hypothétique trahison, étant donné que je serai celui qui vous transmettra les coordonnées du prochain objectif de Huron grâce à mes pouvoirs psychiques ? »
« Tu as raison Sartak, mon plan repose entièrement sur ta pleine et entière coopération. Mais j’ai tout à fait confiance en toi, car nos trente secondes d’entretien m’ont convaincu qu’en dépit des actes monstrueux que tu as commis en tant que Red Corsairs, tu es quelqu’un de bien. Pars avec ma bénédiction. »
« Merci Subotai Con, heu Khan. »
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The Dead Among Us – J. Wallis [WFB] – #5 :
INTRIGUE :
Prêtre de Morr s’étant découvert une passion pour l’au-delà sur le tard, après la disparition non élucidée de sa femme et de son fils, Dieter Brossmann, celui-qui-n’aime-pas-que-son-nom-soit-prononcé, officie dans la Cité du Loup Blanc en compagnie de coreligionnaires variant du balourd (Frère Gilbertus) à l’affairiste (Albrecht Zimmerman, le Sett Blater du dieu des morts). Ancien marchand un peu plus fin que le Middenheimer moyen – qui, comme chacun sait, a tendance à résoudre ses problèmes à coups de marteau – Brossman collabore régulièrement avec la Garde Urbaine sur des affaires complexes, et c’est à ce sujet qu’il est fait mander par le Capitaine Schtutt en pleine consécration funèbre. Laissant l’inutile Gilbertus prendre le relai, notre héros se hâte jusqu’à la scène du crime, où l’attend le cadavre d’une fille de joie Norse, dont le bras amputé se trouve être un tentacule. C’est en tout cas la conclusion sur laquelle Captain Obvious Schutt s’empresse de bondir, tel le glouton peu dégourdi qui est son animal totem. Il en faut toutefois plus pour convaincre Brossman, qui tient à réaliser une autopsie en bonne et due forme au temple, avant de faire parvenir son rapport circonstancié au Graf, comme le veut la procédure lorsqu’un cas de souillure chaotique est suspecté.
De retour à la Morr-gue, Brossman tente de faire parler la macchabée (c’est pratique tout de même, la foi), mais se heurte à une espèce de firewall post-mortem sur lequel ses meilleurs efforts ne peuvent prévaloir. Suspectant qu’il y a anguille sous roche, ou dans ce cas, asticot sous escarre, notre héros tente d’intéresser son supérieur à ce cas complexe, sans succès. Zimmerman a en effet mieux à faire que sauver l’âme d’une prostipoulpe, et le fait savoir en termes non incertains à son subalterne. Mal lui en prend au final, car la nuit même, la morte reprend ses esprits et se livre à un sanglant massacre sur le personnel de garde du temple, envoyant quelques bedauds et diacres de seconde classe, ainsi que le pauvre Zimmerman, dont la diction mal assurée ne lui permet pas d’achever son incantation purificatrice avant de l’être lui-même (achevé), rencontrer leur divinité tutélaire. Si Brossman arrive à mettre fin aux déprédations de la Zombie à l’aide du combo bien connu huile sacrée + allumette, le culte de Morr local s’en trouve très affaibli, ce qui provoque une intense réflexion chez notre enquêteur…
Début spoiler…Pris d’une intuition subite, il se rend dans une taverne mal famée de l’Altquartier (le Pigalle de Middenheim) pour rencontrer une ancienne connaissance, le trafficant et informateur Alfric Half-nose, auquel il a rendu service il y a quelques temps. Alfric étant un Nain, Brossman en appelle au sens de l’honneur de son hôte, et demande des informations sur la présence d’éventuels Nécromants à Middenheim, ce que son interlocuteur au demi-nez confirme à demi-mots. Il semblerait en effet que le Frère Gilbertus ne soit pas très orthodoxe dans la conduite de ses rites funéraires, résultant en des cadavres vulnérables à une possession par un esprit malin, ce qui est justement ce qu’un prêtre de Morr est censé empêcher. Convaincu de tenir son coupable, Brossmann se rend directement jusqu’à la Falaise des Soupirs, d’où sont précipités les morts sans le sou de la cité, voir son suspect opérer. Et force est de constater que Gigi rajoute des couplets très lourds au cantique officiel, ce qui confirme les soupçons de Brossman. Une fois la foule dispersée, notre héros confronte donc son collègue retors, qui avoue assez facilement être un Nécromancien, dont le plan machiavélique consistait à introduire un cadavre suspect (le tentacule n’était en fait qu’un montage grossier pour obliger les autorités à rapatrier le corps au temple) chez les Morrticiens, le réanimer en douce et l’envoyer trucider Zimmie, afin que Gilbertus puisse reprendre sa place. Quelle meilleure position pour un Nécromancien que Haut Prêtre de Morr, en effet ? Malheureusement pour Gilbertus, l’absence d’Insensible à la Douleur sur son profil le pénalise fortement lorsque Brossman parvient à le couper (doublement) dans l’énonciation de son sortilège meurtrier. Une pathétique empoignade plus tard, et l’apprenti Nagash bascule à son tour de la falaise, avec des conséquences tout ce qu’il y a de plus fatales. Middenheim est sauve, pour cette fois, mais Brossman va devoir faire un certain nombre d’heures sup’ dans les jours à venir…Fin spoiler
AVIS :
Nouvelle policière sympathique (plus que sa série ‘Marks of Chaos’ à mon avis) de la part de James Wallis, qui plonge le lecteur dans deux institutions temporelle et spirituelle du Vieux Monde : la Cité du Loup Blanc d’une part et le culte de Morr d’autre part. Plus que la conduite de l’enquête par Brossman, qui s’avère très correcte mais pêche logiquement par sa brieveté1, c’est l’immersion dans une atmosphère tout ce qu’il y a de plus WFB qui fait l’intérêt de cette nouvelle, où se croisent mutants, prêtres, nains et nécromanciens dans le charme pittoresque de Middenheim, que Wallis fait parcourir en long et en large à son lecteur. Bref, un court format très satisfaisant pour qui souhaite découvrir l’Empire dans toute sa trouble normalité (c’est-à-dire autrement que pendant une invasion massive mettant la survie de la civilisation dans la balance).
1 : Dans une nouvelle de 14 pages, on se doute bien que le coupable sera forcément l’un des 2 ou 3 personnages tiers que l’auteur met sur le chemin du héros, et un chouilla de bon sens permet de percer à jour l’identité du coupable bien à l’avance.
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Unthinking Justice – A. Millward [40K] – #5 :
Une force de Black Consuls est envoyée sur la planète Suracto, en rébellion ouverte contre l’Imperium. Au fur et à mesure du déroulement de la mission, il apparaît toutefois que les traîtres ne sont pas forcément ceux auxquels on pense.
AVIS :
Une petite nouvelle sympatoche, qui commence comme une histoire de marounes classique, puis se corse salutairement grâce à la mise en scène d’un (léger1) doute quant à la nature de l’ennemi véritable des Black Consuls. On est très loin de l’Elucidium’ de Simon Spurrier et du ‘We Are One’ de John French, mais on ne peut que saluer l’intention d’Andras Millward de donner au lecteur davantage qu’une Cawkwell-erie lambda. La conclusion de l’histoire est toutefois assez nébuleuse, ce qui affaiblit un peu le twist final concocté par l’auteur.
1: « Alors vermine, pourquoi t’es-tu rebellé contre l’Empereur ?»
« Monseigneur Marine, il y a malentendu. Les copains et moi nous sommes soulevés contre l’administration planétaire parce qu’elle cherche à faire tomber la planète aux mains du Chaos. Nous avons des preuves solides de son implication dans un compl- »
« BAM BAM BAM »
« Administrateur ! C’est le cinquième prisonnier que vous exécutez en plein interrogatoire, juste au moment où il allait vous mettre en cause dans cette triste histoire. Je commence à croire que vous nous cachez quelque chose… »
« Veuillez me pardonner, ça n’arrivera plus. J’ai tendance à sur réagir quand ma fidélité envers l’Imperium est mise en doute. Héhé. »
« Bon, d’accord. Mais que je ne vous y reprenne pas une sixième fois, hein ! »
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Dark Heart – J. Green [WFB] – #5 :
Ayant décidé d’abandonner le Kislev pour tenter leur chance sous des cieux plus cléments, Badenov et sa bande de mercenaires se retrouvent entraînés dans une sombre histoire sur la route de Bechafen. Il semblerait en effet qu’un ancien mal soit en passe de se réveiller dans le petit village d’Ostenwald, forçant notre fine équipe à unir ses forces avec celles d’un jeune noble dont la fiancée vient de succomber à une crise d’anémie aigüe. Vampire, vous avez dit vampire ?
AVIS :
Dans la série des aventures de Torben Badenov et de sa fine équipe de bras cassés, ‘Dark Heart’ fait figure d’épisode central, car il permet à Green d’introduire le personnage de Pieter Valburg, qui rejoindra la bande à la fin de la nouvelle. J’ai une affection toute particulière pour Pieter, car il n’aura de cesse de miner l’autorité de Badenov auprès de ses comparses, en faisant éclater au grand jour la stupidité crasse et l’amateurisme décomplexé qui caractérisent le « héros » de la série ‘The Lost and the Damned’. S’il n’est encore qu’un personnage de second plan dans ‘Dark Heart’, Herr Valburg y fait néanmoins des débuts remarqués, et s’affirme d’ores et déjà comme le membre le plus important de la bande, après Badenov bien sûr.
‘Dark Heart’ donne également l’occasion à Jonathan Green de dérouler le grand jeu, en gratifiant ses lecteurs d’une narration à double point de vue (celui des mercenaires de Badenov, et celui du vampire comateux traqué par ces derniers), ainsi que d’un petit twist final, deux extras que l’on prendra soin d’apprécier à leur juste valeur (relative hein, parce que dans l’absolu, on est loin du chef d’œuvre).
Malheureusement, ces éléments positifs sont largement marginalisés par le monceau d’approximations, d’incongruités et de carabistouilles que nous sert un Green résolument hermétique à toute tentative de livrer un récit un tant soit peu cohérent à son public. Des villageois courant aussi vite que des chevaux lancés au galop à la décision d’aller affronter un vampire de nuit dans son antre, en passant par l’incroyable capacité de l’auteur à livrer deux versions totalement différentes du même évènement à quelques pages d’intervalle1, ou encore la brillante idée qu’à Badenov d’aller enquêter dans un village dont lui et ses potes viennent de massacrer tous les hommes valides sur un gros malentendu, c’est à un festival d’inepties auquel lecteur a droit. Et dire que ça aurait presque pu être correct…
1 : Le vampire d’Ostenwald a-t-il été originellement vaincu par 1) une troupe de paysans enragés, ou 2) une bande d’aventuriers menés par un prêtre de Sigmar ? Le mystère est encore entier.
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Last Chance – G. Thorpe [40K] – #5 :
INTRIGUE :
La tranchée tenue par les Gardes de Fer (sur le point de se transformer en Gardes de Rouille du fait de conditions climatiques peu favorables) du Lieutenant Martinez reçoit la visite d’un hôte de marque, en la personne de cette tête brûlée de Kage, tout juste revenu de sa balade quotidienne dans le no man’s land entourant la cité rebelle de Coritanorum. Esquivant balles, lasers, grenades, obus et quolibets avec la grâce qu’on lui connaît, notre héros se crashe comme une bouse aux pieds de l’officier, et s’en fait immédiatement un ennemi en aspergeant ses bottes de boue dans la foulée. Plus doué pour survivre à une purge de Space Hulk armé seulement d’une fourchette en plastique et d’un caleçon troué que pour se faire passer pour un Mordian discipliné et méticuleux (et peu aidé par le fait qu’il n’a même pas pris le temps de mémoriser le nom du soldat mort auquel il a dérobé son uniforme), Kage se fait immédiatement gauler par le Commissaire régimentaire qui passait dans le coin, mais arrive à gagner un sursis en révélant qu’il est membre d’une force d’infiltration impériale en mission top secrète derrière les lignes ennemies. Ce qui est précisément ce que dirait un soldat rebelle cherchant à infiltrer les lignes impériales s’il était fait prisonnier. Peut-être convaincu par le charisme naturel exsudé par le Last Chancer (ou conscient que l’armure de scénarium de ce dernier est trop épaisse pour leurs armes), les officiers Mordian se contentent de faire garder à vue notre héros par une poignée de Boucliers Blancs, qui tombent immédiatement sous le charme viril du vétéran balafré.
N’ayant rien d’autre à faire pour le moment, Kage commence à leur raconter sa vie, et notamment la manière dont il a atterri dans la Légion Pénale, suite à une rivalité amoureuse s’étant réglée dans le sang et les tripes entre lui et son Sergent de l’époque. Le récit du Père Kagetor est toutefois écourté par le déclenchement d’un bombardement orbital de Coritanorum, accompagné par un assaut généralisé sur les positions ennemies, juste pour être sûr de la mortitude définitive des défenseurs I guess, ou parce que ça coûtait trop cher en prométheum de rapatrier en orbite tous les régiments participants au siège. Après tout, et comme le dit le proverbe, la Garde meurt. L’occasion rêvée pour Kage de fausser compagnie à sa couvée de pioupious et mettre en exécution son projet d’évasion… si les choses s’étaient passées comme prévues. Malheureusement pour notre pénaliste expert, son fan club s’avérera trop fourni et trop collant pour lui permettre de filer à la Tanith, la perte de toute la chaîne de commandement Mordian au cours des premières minutes de l’assaut conduisant les Cadets à se tourner vers le torse velu et les mâles accents de Kage pour les guider vers une hypothétique survie. À toute chose, malheur est bon car les enfants-soldats de Mordian sauveront notre héros d’une mort prématurée lorsqu’il retombera, comme à la fin de chaque épisode, sur cette vieille baderne de Schaeffer. Tout prêt à exécuter son sous-fifre pris en flagrant délit de fuite, l’imperturbable Colonel est finalement convaincu de faire preuve de clémence par la dizaine de fusils laser braqués dans sa direction par la Kage Army. Ce n’est toutefois qu’un pis-aller pour Last Chance (qui mérite encore une fois son surnom) car Schaeffer a réservé une table pour deux dans un petit resto sympathique de Coritanorum, et il ne serait pas correct de faire attendre leurs hôtes…
AVIS :
Figures emblématiques du Thorpiverse, les Légionnaires Pénaux du Colonel Schaeffer, aussi connus sous le nom de Last Chancers, ont bénéficié d’une trilogie (chroniquée ici) et de quelques nouvelles de la part de Gav Thorpe entre la fin des années 90 et le milieu des années 2000. Ce ‘Last Chance’ est probablement le coup d’essai de notre homme avec ces anti-héros hauts en couleurs, et sert d’introduction au duo central de la 13ème Légion Pénale, l’increvable Schaeffer et sa (tout aussi increvable) âme damnée Kage. Nouvelle de guerre de tranchée typique du style BL dans sa deuxième partie, c’est le début de la soumission qui présente le plus d’intérêt à mes yeux, puisqu’y est détaillé le parcours de Kage jusqu’à sa rencontre fatidique avec celui qui deviendra son bien-aimé supérieur pour les années à venir, éléments intéressants pour les fans des Last Chancers ne se retrouvant pas dans les autres écrits consacrés par Thorpe à son équipe de bras cassés casseurs de bras. On appréciera également la narration gouailleuse de Kage lors des passages racontés depuis son point de vue, qui s’avère être vraiment réussie. Les puristes noteront que les événements couverts par la nouvelle ne sont pas cohérents avec la conclusion de 13th Legion, le premier roman de la trilogie Last Chancers, qui voit les derniers survivants de la première levée de Schaeffer infiltrer Coritanorum pour surcharger les réacteurs de la cité rebelle. Mais y a-t-il vraiment des puristes Last Chancers?
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A Blooding – D. Abnett [40K] – #6 :
INTRIGUE :
Après avoir fait leur connaissance dans ‘Ghostmaker’ (Inferno! #4), nous retrouvons les recrues de Tanith à l’occasion de leur première campagne d’envergure, deux mois après leurs débuts laborieux et la perte de leur planète natale. Ayant eu vent de leur action décisive dans la prise de Blackshard, le haut commandement du théâtre de Voltemand, incarné en la personne du Général Sturm du 50ème Volpone, réquisitionne les insaisissables Fantômes en support du siège de la capitale planétaire, Voltis City, mené par son régiment d’élite. Ce que Gaunt et ses hommes ne savent pas, c’est que l’infâme Sturm compte bien faire d’une pierre deux coups, ou d’un obus deux victimes, en veillant à ce que les hardis éclaireurs rencontrent un funeste destin au cours de l’opération, des mains de l’ennemi ou de celles de leurs alliés. Une occasion rêvée pour l’ambitieux Volpone de se faire bien voir de la part de Macaroth, qui ne porte pas les favoris de son prédécesseur dans son cœur.
Ignorants des manigances des Sangs Bleus (le surnom du 50ème), les Fantômes se dirigent vers la cité assiégée, secourant une colonne blindée que la venue d’une escouade de World Eaters beuglant avait laissée fort dépourvue (les servants de Basilisk font moins les malins lorsque l’ennemi est à 35.99 pas, c’est connu). Une fois rendus sur place, les Tanith se faufilent discrètement jusqu’au pied des murailles ennemies, avec pour objectif de faire sauter la buse par laquelle la rivière locale sort de la cité1, ou à défaut, de réaliser la même manœuvre à l’endroit où se déversent les égoûts de Voltis. Malheureusement pour nos infiltrateurs, l’effet de surprise ne dure pas assez longtemps pour leur permettre de s’emparer de leurs objectifs, les cultistes ayant le temps d’initier un largage sauvage venant éteindre l’enthousiasme des impériaux sous des mètres cubes d’eau saumâtre. Prêt à sonner la retraite pour minimiser les pertes, Gaunt est toutefois surpris par la détonation de la station d’épuration municipale, preuve que les sous-fifres qu’il avait envoyés au petit coin ont, eux, réussi leur coup. Ce succès inespéré permet au reste des forces impériales de se mettre en branle dans la joie et la bonne humeur, et d’écrabouiller la résistance chaotique avec l’efficacité pour laquelle le marteau de l’Empereur est célèbre.
Cette victoire, un peu chanceuse, il faut bien le reconnaître, n’est cependant pas la fin de l’histoire pour nos Fantômes – lessivés pour certains, emmer*és pour d’autres. Ayant reçu la nouvelle de la prise de Voltis, le méphistophélique Sturm ordonne à l’artillerie de campagne de bombarder la position des Tanith alors qu’ils se replient vers leurs lignes, provoquant un grand carnage chez ces derniers. Protégés par leur armure de scenarium, Gaunt et ses VIG (Very Important Ghosts) émergent cependant de l’enfer avec un fort sentiment d’incompréhension et une envie bien légitime de casser de l’artilleur, comme la pommette gauche du Colonel Ortiz du 17ème Kotzek – le même régiment secouru par le Premier et Unique en début de nouvelle – l’apprend à ses dépends. Il ne faut cependant pas longtemps au Commissaire-Colonel pour identifier le véritable coupable de cette malheureuse bévue, qu’il confronte dans son QG quelques heures plus tard. Tentant de justifier sa très saine colère, comme Ségolène Royal avant lui, Gaunt aurait été bon pour la cour martiale n’eut-été la correction opportune par Ortiz du compte-rendu de l’incident au haut-commandement (un bouchon de champagne à la trajectoire hasardeuse pendant le pot de victoire). C’était moins une pour notre héros, qui peut retourner auprès de ses hommes avec la satisfaction du devoir accompli et la connaissance de ses meilleurs ennemis, qu’il sera amené à croiser de nombreuses fois au cours des années à venir…
1 : Une manœuvre inspirée par la lecture de Jihair Ertolk’ Yen, fameux général de M2 ayant repoussé les Orks s’étant aventuré sur Terra en cette période lointaine. Le fait que les Aeldars aient pu assister les humains dans cette campagne, qui vit le Big Boss Evil Sunz Gortor battre en retraite après que le héros Ratling Fordo lui ait crevé l’œil à l’aide d’un digilaser, est encore sujet à controverse parmi les érudits impériaux.
AVIS :
Retour concluant pour les Fantômes de Gaunt, qui s’illustrent à nouveau dans une mission à haut risque venant asseoir leur statut de meilleurs infiltrateurs de la Garde Impériale. Cette nouvelle permet entre autres choses de faire la connaissance de trois seconds couteaux bien connus des amateurs de la série (Caffran, Varl et Meryn), ainsi que des rivaux jurés de nos héros tatoués, les imbittables Blueblood de Volpone, représentés ici par le sans-cœur Général Sturm et le sans-gène Major Gilbear. Abnett démontre à nouveau une belle aptitude à mettre en scène des affrontements nerveux et prenants, bien que c’est également de ce ‘A Blooding’ que l’on peut faire remonter sa tendance à idéaliser les performances d’un garde impérial moyen, comme le révèle l’accrochage introduisant son propos et la facilité déconcertante avec laquelle les jeunes et inexpérimentés Fantômes parviennent à massacrer une escouade de Berzerkers World Eaters en moins de temps qu’il en faut au Major Gilbear pour décliner son état civil complet1. On peut d’ailleurs noter que le Major en question, qu’Abnett voulait sans doute plus imposant que Gaunt pour lui faire adopter la posture de sombre brute, émarge à la taille confortable de 2m50, ce qui le met au niveau de l’Astartes classique. Essentiel à la construction de l’historique des Fantômes, ce court format n’est cependant pas exempt de tout reproche, en particulier le recours par l’auteur à un petit Deus ex Machina – indigne de son standing habituel – lors de l’assaut sur les murs et les caniveaux de Voltis City2. Rien de rédhibitoire cependant.
1 : Soit Gizhaum Danver De Banzi Haight Gilbear de Solenhofen, ou Gigi pour les intimes.
2 : On passe en effet de ça à ça, sans explications. À part une intervention miraculeuse de Canard WC ou des Tortues Ninja, le retournement de situation opéré par les Fantômes reste mystérieux.
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A World Above – A. Hammond [NDA] – #6 :
INTRIGUE :
Aldus Harkon occupe la noble profession d’organisateur de voyages pour CSP+, et nous le suivons jusqu’au lieu de prise en charge de ses derniers clients en date, une petite bande de gosses de riches surexcités à l’idée de s’encanailler dans les favelas d’un pays du tiers monde. Comme notre histoire se passe sur la ruche Primus de Necromunda, il faut toutefois apporter quelques nuances à ce tableau jusqu’ici fort banal. Le service que propose Harkon tient en effet plus du safari que de l’escapade touristique boboïsante, avec les résidents du sous-monde dans le rôle de la faune sauvage et des Spyriens sur-équipés dans celui des dentistes américains1. Ayant manqué de se faire écraser par le vaisseau des fils et filles de Guilders lors de son atterrissage sur le tarmac, alors qu’il tuait le temps en glaviotant d’un air pénétré sur le rebord de la ruche, notre flegmatique et phlegmatique G.O. rassure ses Ran’Lo de clients sur la qualité de la prestation qu’il leur a vendue : il y aura de l’action et du fun à gogo pour les gogos, ce n’est pas la première excursion en terre inconnue qu’il organise, que diable !
Un peu plus tard et beaucoup plus bas, nous faisons la connaissance de Knife-Edge Liz, chef d’un gang d’Eschers dont la grande majorité des membres vient de connaître une fin brutale. Elle-même un peu esquintée par un combat d’une violence telle qu’elle a du mal à s’en souvenir, elle ne peut que constater que ses filles se sont faites féminicider de manière contondante, tranchante et pénétrante, ce qui en dit long sur les standards de gender equality à Necromunda. Quelques flashbacks épars et pas vraiment linéaires permettent au lecteur de recoller les morceaux de cet après-midi décidément très agité : mises sur un mauvais coup par Harkon, Liz et son gang ont vu leur projet d’embuscade d’une cargaison de matos Orlock échouer de façon spectaculairement sanglante, les chasseuses tombant dans le piège tendu par les Ran’Lo présentés plus haut. Dans l’affrontement qui s’en suivit, Liz vit périr ses BFF Bekka (Corinne Masiero avec un bolter lourd) et Kat (la Princesse Peach, mais en plus empotée) sous les coups des assaillants, ce qui la mit suffisamment en rogne pour lui permettre d’exterminer à elle seule la totalité de l’équipe adverse. Performance aussi impressionnante que statistiquement improbable, pour qui est familier du système de jeu, mais toujours est-il que Liz termine la partie comme Last Woman Limping, ce qui est toujours ça de pris.
Attirée par les gémissements de l’une de ses victimes/bourreaux, rendue aveugle par un coup pris à la tête, Liz fait preuve d’un peu de compassion en accompagnant la future macchabée dans ses derniers instants. Cela lui permet de réaliser qu’en dépit des différences de culture, statut et richesse qui les séparent, la Spyrienne et elle sont très similaire… ce qui est une raison de plus de la laisser crever comme un rat sur un tas d’ordures. Personne n’est gentil ni altruiste dans le sous monde, et chaque mort douloureuse est amplement méritée.
La nouvelle se termine avec une nouvelle rencontre entre Harkon et ses clients, réduits à leur portion congrue du fait de la disparition tragique de tous les Spyriens dans l’échauffourée précédemment exposée. Et de fait, c’est Liz qui a pris la place de sa dernière victime en date dans l’exo-squelette de celle-ci pour donner le change à l’onctueux intermédiaire. Comme elle l’annonce à un Harkon qui risque de passer un sale quart d’heure, la traque ne fait que commencer…
1 : Un jour cette référence sera complètement obscure pour le lecteur, mais j’ai bon espoir qu’en 2021, elle soit encore compréhensible.
AVIS :
On ne va pas se le cacher, les Spyriens font partie des factions de Necromunda au fluff le plus intéressant, et toute nouvelle les intégrant à son casting jouit donc d’un a priori favorable de la part de votre serviteur. Le capital sympathie de ‘A World Above’ est toutefois grandement dilapidé par Alex Hammond dans la série de flashbacks assez obscurs qui constitue le cœur de son propos, et à travers laquelle le lecteur finit par comprendre pourquoi et comment Liz et une Spyrienne aveugle sympathisent (presque) après que la poudre ait fini de parler. Cette intrigue a beau être intéressante dans l’absolu, et se terminer de façon convenablement grimdark en sus, l’exécution n’est pas aussi propre qu’il aurait été souhaitable pour un plaisir de lecture optimal. On n’est pas passé loin de la pépite Necromundienne, et la suite des aventures vengeresses de Knife Edge Liz (‘Rat in the Walls’) pourrait être franchement sympathique si Hammond règle un peu sa mire, mais ‘A World Above’ a laissé un goût marqué et rédhibitoire d’inachevé à votre serviteur.
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Mormacar’s Lament – C. Pramas [WFB] – #6 :
Fait prisonnier par les Elfes Noirs au cours d’une mission d’infiltration à Naggaroth, le Guerrier Fantôme Mormacar profite de l’effondrement d’une galerie dans la mine où il était retenu comme esclave pour se faire la malle, accompagné d’un barbare de Norsca. Leur but est de rallier Arnheim, tête de pont des Hauts Elfes en territoire Druchii, en empruntant le dédale de souterrains s’étendant sous les fondations de Hag Graef. Il leur faudra pour cela se frayer un chemin dans les profondeurs glacées et hostiles de la terre du grand froid, en évitant les patrouilles elfes noires, les expéditions hommes-lézards (eh oui, ils ont dû prendre la mauvaise sortie sur l’autoroute) et les formes de vie les plus agressives de l’écosystème local. Bref, une véritable promenade de santé.
AVIS :
Chris Pramas nous sert un honnête récit d’évasion et d’aventure, dont l’intérêt vient autant du cadre exotique dans lequel il situe son propos que de la vision très sombre qu’à l’auteur du monde de Warhammer1, dans la droite ligne du background officiel. Sans être particulièrement mémorable le duo Mormacar – Einar (le nordique) fonctionne assez correctement, le « choc des cultures » des premières pages se transformant comme de juste en collaboration sincère, puis en amitié réelle.
On peut par contre regretter que les antagonistes, et en particulier le personnage de Lady Bela, sorcière ayant un gros faible pour le cuir et les cravaches, n’aient pas été plus développés, Pramas assurant le service minimum en matière de cruauté et de sadisme druchii. Il y avait sans doute moyen de faire mieux, et de relever du même coup le niveau général de la nouvelle, qui de sympathique aurait pu passer à remarquable.
En résumé, ‘Mormacar’s Lament’ est une soumission sérieuse et d’assez bonne facture, mais dont les « finitions » auraient gagné à être davantage travaillées par l’auteur.
1 : C’est une constante chez Pramas : les héros de ses nouvelles finissent toujours très mal.
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The Day of Thirst – T. R. Summers [NDA] – #6 :
INTRIGUE :
Vous, fringant et amène lecteur, incarnez une recrue Goliath sur le point d’intégrer le gang de la Main Noire, et parti s’en jeter un petit au bar du coin pour marquer l’occasion. Votre interlocuteur est le taulier du rade en question, un individu ouvert aux ragots et aux confidences, qui va se faire un malin plaisir de vous expliquer pourquoi ce recrutement par Krug Face-Mauler, le chef de la Main Noire, n’est peut-être pas une aussi bonne nouvelle que ça…
Quelques jours plus tôt, l’auguste établissement de Furet (le surnom du barman) et QG officieux de la Main Noire avait reçu la visite de courtoise de l’imposante Mother Dark et de ses Eschers, venus rappeler à Krug qu’il leur devait un sacrifice dans le cadre de leur pacte de non agression, et que la livraison était attendue dans quatre heures précises au lieu dit des Pierre Soiffardes (Drinking Stones), sans quoi ça allait chauffer. N’ayant pas jugé bon d’informer ses hommes du petit arrangement passé avec les Eschers, et blessé dans son honneur de mâle alpha qu’une bonne femme vienne lui foutre la honte devant sa bande, Krug se souvint que la meilleure attaque était l’offensive, et monta sur le tas une opération punitive en mobilisant les quelques gangers qu’il avait sous la main (qu’il a noire), ainsi que Furet pour faire le nombre. Manque de pot, le remontage du bolter lourd manié par le balèze de l’équipe (Dramuck) prit tellement de temps que le petit groupe ne rattrapa pas Mother Dark et ses soubrettes en territoire Goliath, comme cela était initialement prévu.
Le règlement de comptes se passa donc à proximité des Pierres Soiffardes, et finit par tourner en faveur de la team XX, dont la prise à revers de la bande de Krug sonna le glas des velléités machistes des crétins à crête. Laissant Dramuck empalé sur le mobilier urbain après que son bolter lourd eut explosé (maudite surchauffe) et Furet enfoui sous un tas de gravats pour sa peine, Krug décida que la meilleure défense était la fuite et détala sans demander son reste. De son côté Furet parvint à faire son trou et à filer à son tour quelques heures plus tard, non sans avoir été témoin contre sa volonté de la fin douloureuse et sanglante de Dramuck, épilé à la cire chaude, liposucé sans anesthésie et surtout écorché à vif par ses tortionnaires pour nourrir le corgi de Mother Dark, enfermé sous les Pierres Soiffardes et impatient d’aller marquer son territoire dans le sous monde quand sa mémère décidera de l’emmener en balade.
Fin du flashback et retour au bar, où Furet s’interroge tout haut sur la vraie motivation de Krug de remplacer le défunt Dramuck par votre honorable personne. Est-ce vraiment pour renforcer son gang, ou simplement pour pouvoir fournir à Mother Dark une nouvelle victime sacrifiable lorsqu’elle en fera la demande ? Mal en a pris à notre pipelette car vous décidez de filer sans demander votre reste, et surtout sans payer votre verre de WildSnake. Petit chenapan que vous êtes.
AVIS :
Résultats mitigés pour Tully R. Summers avec ce ‘The Day of Thirst’, très correct sur la forme mais moins intéressant sur le fond. L’aisance narrative dont l’auteur fait preuve pour brosser en quelques pages le compte rendu d’un accrochage classique entre Goliaths et Eschers se retrouve en effet battue en brèche par l’inclusion d’éléments trop sommairement couverts pour ne pas paraître étranges. Un chef de gang Goliath qui manigance en secret avec des Eschers pour éviter la confrontation ? Une sororité chaotique qui invoque des démons sous les fontaines ? Tout cela n’est pas incompatible avec le background de Necromunda dans l’absolu1, mais balancer ces idées sans les contextualiser ni les étayer de quelque façon que ce soit dans une nouvelle de cinq pages donne logiquement l’impression d’une mécompréhension de l’historique et de l’ambiance du sous monde, tels que décrits dans les sources officielles du jeu. Il faut savoir se contenter de peu et apporter modestement son gravillon à l’édifice, plutôt que de chercher à mettre des coups de pied dans la fourmilière (rarement une bonne idée quand on parle de cités ruches…).
1 : D’ailleurs une des règles fondamentales du fluff est que tout peut se justifier si l’on s’en donne les moyens.
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Il est difficile de conclure cette revue de façon profonde et subtile (comme à mon habitude), tant cette dernière porte sur un corpus indiscriminé. Si on peut leur reprocher beaucoup de choses, les recueils de nouvelles de la Black Library ont au moins l’avantage de ne porter généralement que sur une franchise, et ont (parfois) une ligne éditoriale dont on peut commenter la netteté du suivi. Rien de tout ça ici, seulement un beau pêle-mêle de nouvelles surannées et collector, et donc collectées ici pour your reading pleasure. J’espère donc seulement que cela vous a plu, car il nous reste six ans de publications infernales à couvrir. Ce ne se fera sans doute pas tout de suite, mais j’ai bon espoir d’en venir à bout. Je vous laisse juger si ce futur haut fait fera de moi l’équivalent de Lucifer, et vous dit à bientôt pour de nouvelles critiques sanglantes.