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INFERNO! PRESENTS THE EMPEROR’S FINEST [40K]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue d’un nouveau format infernal!, consacré comme le nom l’indique aux meilleurs plus fins de l’Empereur. Les plus observateurs parmi vous auront reconnu que ce titre ressemble fortement à celui de la précédente publication infernale, dédiée aux saints ordos (critique ici), et cette comparaison est en effet appropriée. Les douze nouvelles qui composent cette anthologie sont liées par un thème commun, mais assez large il faut le reconnaître: elles sont consacrées en premier lieu aux forces d’élite1 de l’Imperium (donc – presque – pas d’Astra Militarum ici).
Là où ‘The Emperor’s Finest’ diffère de son prédécesseur inquisitorial est dans la (presque2) totale nouveauté de son contenu (alors que la Black Library avait refourgué les nouvelles de l’Inquisition Week dans le sommaire de ‘The Inquisition‘), ce qui fait du présent objet une bien meilleure affaire d’un point de vue purement financier. Les deux bouquins étant vendus au même prix (11.99€), il est logique de préférer douze nouvelles inédites à onze nouvelles ne l’étant pas toutes. J’ajoute que cette ligne éditoriale rapproche ‘The Emperor’s Finest’ de l’esprit des premiers Inferno!, dont le but était de permettre à de nouveaux talents de faire leurs débuts dans le monde impitoyable de la GW-Fiction. Même si nous sommes passés d’un bimensuel contenant des comics et du fluff en plus de quelques nouvelles à d’authentiques recueils de courts formats (et uniquement cela), publiés à un rythme irrégulier par la maison d’édition de Nottingham, il est réconfortant de constater que cette primauté à la nouveauté semble être de nouveau la philosophie dominante pour les Inferno!3.
Le même constat domine à la lecture du sommaire, où l’on retrouve une majorité de contributeurs peu ou pas connus à l’heure actuelle, dont quelques uns (Collyer, Bridgeman, Teintze, Modine) qui font, si je ne m’abuse, leurs premières armes dans cette anthologie. Cela étant dit, on retrouve aussi des pointures du calibre de Wraight, Stearns et Kelly, ce qui fait de ‘The Emperor’s Finest’ un bel échantillon de la large communauté des auteurs travaillant pour la BL. Maintenant que le décor est planté, allons voir si Pépé avait la qualité littéraire en tête lorsqu’il a établi la liste de ses meilleurs serviteurs…
1 : Comme Richard Garton-Wills, l’éditeur de la BL en charge de l’avant-propos du présent ouvrage, le souligne bien. Désolé pour les Gardes Impériaux.
2 : ‘The Last Word’ ayant éta publié dans l’anthologie ‘The Long Vigil’.
3 : Je vous que j’ai eu peur lorsque j’ai vu que la BL avait flaggé le mythique « Inferno ! » sur deux anthologies constituées à 100% de rééditions. Certes, ces nouvelles venaient de numéros d’Inferno !, mais come on dudes, respectez-vous.
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Blighted Sun – M. Collins :
INTRIGUE:
Le Frère d’Epée Adhemar emmène l’escouade de Black Templars qu’il a recueilli à la sortie de la cantine dans une mission pas loin d’être suicide à la surface de la planète Nyadus, située dans le système de Mytra. Orbitant inconfortablement près de son soleil, Nyadus est un désert hostile à toute vie, mais que l’Imperium a tout de même colonisé pour y miner du bitcoin des minéraux. Pendant que le reste de la croisade dont ils dépendent se bat ailleurs dans le système contre les forces du Chaos, Adhemar et les boyz cherchent à mettre la main sur la Némésis du premier, le sorcier Ilicus. On ne saura jamais vraiment ce que ce triste sire a fait de terrible pour mériter tant d’attention de la part de notre héros, mais Adhemar n’en démord pas : Delenda Ilicus illico presto.
Si le Frérot de la Rapière est hyper motivé à corriger du faquin, il est cependant un peu moins bon en lecture de carte. Il ordonne ainsi au pilote du Thunderhawk qui véhiculait sa fine équipe (Osgar, Alberic, Godric, Holdt et le novice Sigurd) de se poser en plein désert… parce qu’il a senti que ça chauffait. Si si, c’est vrai. Une bonne idée sur le papier – on sait que les Black Templars ont un instinct très développé – mais qui ne tarde pas à se retourner contre les hardis Space Marines, surpris à découvert par l’aube torride de Nyadus. A partir de là, la nouvelle se transforme en course d’arcade, notre haineuse bande de psychopathes étant obligée de foncer droit devant elle pour rester dans l’ombre et ne pas finir carbonisée par la lumière de ce môôôôdit soleil (d’où le titre, pour info), coûte que coûte. Le hic, c’est que le Warp est à l’œuvre à la surface de ce caillou minable, et Adhemar et Cie en sont quitte pour se coltiner un affrontement avec les démons des Quatre Affreux, en commençant par Khorne et en terminant par Tzeentch. Pas de quoi effrayer les templiers énergétiques cependant, qui ne perdent qu’un seul des leurs (Holdt) pendant les préliminaires.
Quelques pages et kilomètres plus loin, les survivants essoufflés tombent enfin sur Ilicus, occupé à compter des grains de sable entouré des cadavres torturés des mineurs de Nyadus. Il ne s’agissait cependant que de la cinématique de lancement au combat de boss, le fourbe sorcier disparaissant dans un éclat de rire machiavélique, et envoyant deux miniboss démoniaques (une sorte de bête de Nurgle avec des ailes de condor, et un Prince Démon ayant tiré le don « couinement porcin » sur le tableau d’apothéose) attendrir les loyalistes. Le combat qui s’en suit voit deux Black Templars rejoindre l’Empereur, ne laissant qu’Adhemar, Sigurd et Godric prêts à finalement affronter Ilicus. Malheureusement pour le Chaos, son champion préfère lancer un sort d’effacement littéraire sur Godric (qui disparaît purement et simplement de la nouvelle) que de renforcer son aura de paralysie. Il paiera cette grossière erreur de son bras, puis de sa tête, après que les deux Space Marines rescapés se soient mis suffisamment en colère pour retrouver le contrôle de leurs membres. Petite surprise : c’est le jeune Sigurd qui s’illustre particulièrement dans ce dernier combat, ce qui lui vaut une recommandation enthousiaste de la part d’Adhemar pour passer au grade d’initié. THE EEEEEEND (et c’est pas trop tôt).
AVIS:
Marc Collins a un faible pour les Black Templars1, mais malheureusement, c’est un point faible. Il n’y a pas grand-chose à sauver de cette nouvelle de bolt (et sword, soyons honnêtes) porn, très peu inspirée dans l’ensemble mais qui parvient tout de même à surprendre – en mal – au détour d’une péripétie fade et/ou téléphonée. Je reste convaincu que les paragraphes entiers consacrés par l’auteur à relater les émotions de son héros, ou à nous servir des dialogues fleurant bon la série B(lack Templars) auraient été mieux utilisé à contextualiser davantage la mission entreprise par Adhemar, et la haine tenace qu’il voue à Ilicus. Certes, il ne faut pas grand-chose à un descendant de Sigismund pour détester un sorcier du Chaos, mais il aurait été de bon ton de nous expliquer pourquoi cette traque méritait absolument d’être couchée par écrit. La lecture de ce ‘Blighted Sun’ m’a fait regretter l’époque où les auteurs de la BL cherchaient à proposer quelque chose à leur lectorat lorsqu’ils choisissaient de mettre en avant les zélés Templiers : le ‘Words of Blood’ de Ben Counter reste à ce jour la référence de ce point de vue.
1 : Il a déjà consacré une nouvelle avant ‘Blighted Sun’ à ce Chapitre, ‘Champions, All’.
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Fidelis Ad Mortem – J. Reid :
INTRIGUE:
Nouvellement promue Sœur Supérieure, Zillah de l’Ordre de la Rose de Sang1 emmène son escouade essuyer les plâtres dans une mission d’exploration d’un vaisseau pensé perdu dans le Warp, et redécouvert il y a quelques semaines à proximité d’un point de Mandeville. Le but de cette escapade sera de retrouver une précieuse relique, précédemment sous la garde de la mentor de Zillah, Hélène (avec les bons accents, c’est assez rare pour le noter), et qu’elle ramenait vers la forteresse de l’Ordre lorsque le Fidelis a disparu. Rendue nerveuse par ses nouvelles responsabilités, Zillah regrette de n’avoir pas eu le temps de faire un peu de team building avec ses hommes, euh, femmes, enfin on se comprend, avant ce premier déploiement. Elle peut toutefois compter sur la présence de son amie de noviciat, Adelphia, qui a sans doute raté son propre grand oral pour désormais se retrouver sous les ordres de sa camarade. Le casting est complété par la vétérane Medina (experte du lance-flammes), et les trois novices Amrit, Nicaea et Rosslyn.
Après avoir marché un bout de temps dans les coursives désertes et ténébreuses du Fidelis en direction de la cathédrale où la relique est, en toute logique, sensée se trouver, nos braves Jeannettes se retrouvent face à une intersection qui n’a pas lieu d’être, d’après les plans du vaisseau que Nicaea a téléchargé sur son auspex. Avant que qui que ce soit ait eu le temps de faire une blague sur la capacité de la gent féminine à lire une carte, l’attention de la petite troupe est attirée par les râles sonores d’un individu non identifié, à proximité du carrefour fatidique. Après inspection, il s’avère que le responsable de ce vacarme est le Navigateur du bord (Octavian Lunaro), qui confirme aux Sistas leurs craintes : le Fidelis a été victime d’une invasion démoniaque et tous ses passagers ont été emportés dans le Warp pour danser la macarena, sauf lui. En guise de lot de consolation, Elle lui a tout de même arraché tous les yeux (les trois), ce qui a l’air de lui faire plaisir, mais dégoûte suffisamment Zillah pour qu’elle euthanasie l’éclopé sans autre forme de procès.
Il était de toutes façons temps de passer aux choses sérieuses, et une première vague de démons, ici des Démonettes, s’abat sur l’escouade. Si cette dernière arrive à gérer sans trop de problème les escort girls du Prince du Chaos, l’arrivée d’une Bête de Slaanesh vient compliquer les choses. Bilan des courses : une blessée (Medina) et une morte (Nicaea), qui réussit tout de même à emporter avec elle l’abomination, en la nourrissant d’une grenade krak de sa blanche main.
Un petit tour à l’infirmerie pour poser des pansements et boire du mercurochrome (c’est comme ça qu’on s’en sert au 41ème millénaire), et les survivantes repartent en direction de la cathédrale. Arrivées devant les portes closes, le son lointain d’un cantique angélique met les Sœurs sur leur garde. Cela pourrait être une fourberie de l’ennemi… ou une playlist restée en mode repeat. Qui peut dire ? Dans le doute, Amrit parvient à convaincre sa supérieure d’emprunter les coursives qui passent en dessous de la nef pour arriver directement devant l’autel, et ainsi éviter d’éventuels ennemis. Tactique lâche et pas très héroïque (il faut s’imaginer l’escouade progresser à quatre pattes dans l’entresol), et qui ne sert au final à rien puisque personne ne les attendait, mais qui permet tout de même à la fine équipe d’arriver dans le saint des saints.
A première vue, il n’y a qu’un tas de cadavres impériaux ayant chèrement vendus leur vie contre des vagues de démons, mais ni relique, ni Hélène. Cette futée de Zillah a toutefois la bonne idée d’ouvrir la porte de la chapelle adjacente, où se trouve…
Début spoiler…Hélène en train d’utiliser la relique pour maintenir à distance une… Gardienne des Secrets (?), qui se présente comme étant la Dame des Vides (avec un -s, oui oui2), et profite de l’intervention généreuse mais mal avisée – Hélène arrivait très bien à gérer les choses jusqu’ici – de Zillah et de ses Sœurs pour faire du vilain. Au bout d’un combat littéralement assourdissant (la Dame hurle si fort que tout le monde perd 30% d’audition), et au cours duquel la belle vieille Hélène se fera perforer par une pince démoniaque, la Giga Démonette s’empale le bedon sur l’épée de la statue de l’Empereur qui veillait à l’arrière-plan, apportant la victoire à Son équipe. Zillah a juste le temps de dire adieu à sa chère tutrice, et se faire rabrouer deux fois de trois secondes pour sa peine, que le rideau tombe sur Hélène, et peu de temps après sur la nouvelle. Je ne sais pas si a star is born, mais Augusta Santorus a trouvé à qui parler chanter…Fin spoiler
1 : Eh oui, c’est une collègue de la renommée Augusta Santorus…
2 : Conceptuellement, c’est étrange : est-ce qu’il peut exister plusieurs vides différents ? Je suis sûr que Tzeentch a rigolé au nez de Slaanesh quand il lui a soumis l’idée.
AVIS:
A l’aune des standards fixés par Danie Ware, cette nouvelle de Sœurs de Bataille de l’Ordre de la Rose de Sang est plutôt qualitative, en cela qu’il ne s’y passe rien de susceptible de faire défaillir un lecteur un tant soit peut attaché au fluff et à la vraisemblance1. C’est tout de même un niveau d’exigence assez bas, quand on y pense. Malheureusement, Jude Reid ne parvient pas à faire beaucoup mieux que ça, son récit initiatico-exploratorio-démoniaque ne cassant pas trois pattes à une colombe (un volatile plus approprié à notre propos que le classique canard). Reste à voir si Zillah aura une carrière comparable à celle de sa (tristement) célèbre camarade…
1 : Si on veut chipoter, on peut se demander comment Hélène a réussi à tenir
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Knife’s Edge – B. Teintze :
INTRIGUE:
Equita Myles est une agente de l’Officio Assassinarum, avec une spécialisation plus originale que la moyenne1 : elle est rattachée à la clade Venenum, et accomplit donc ses missions en empoisonnant ses cibles. Envoyée sur le monde minable de Galu IV pour unsuscribe to life le meneur d’une faction sécessioniste seulement connu sous le nom du Recteur, elle se tient particulièrement sur ses gardes malgré la facilité avec laquelle elle infiltre la ville où est censée se trouver sa cible. En cause, le fait que le Temple Callidus a envoyé un de ses agents (Nirra) régler son compte au Recteur il y a cinq ans, et que sa collègue a disparu sans laisser de traces ni accomplir son forfait…
La petite cité de Kerheim n’est pas sans avoir ses particularités, comme elle le découvre bientôt. La principale est sa taxe d’eau potable, dont tous les citoyens doivent s’affranchir pour pouvoir puiser à la fontaine locale (sculptée pour représenter un Empereur2 en train de pleurer toutes les larmes de son corps, probablement après que Malcador l’ait battu au rami), la seule dispensant une eau propre à la consommation. Equita remarque tout de suite que le précieux liquide est infusé d’un puissant tranquillisant, utilisé par le Recteur et ses sbires pour garder la population sous contrôle. Son prochain arrêt est la cathédrale de Kerheim, où doit se tenir un festival présidé par le Recteur le soir même. Cherchant à approcher sa cible pour pouvoir glisser des roofies dans son eco cup, Equita a la surprise de voir sa mission lui être littéralement tendue sur un plateau, un vieil intendant lui ordonnant d’aller porter le thé de son excellence à l’étage. C’est un petit peu trop facile, tout de même…
Début spoiler 1…Et en effet, l’Alfred de Kerheim était en fait Nirra (sous polymorphine, évidemment), qui n’était pas au courant de l’arrivée d’une concurrente sur Galu IV, et essaie donc de régler son compte à Equita, ayant bien vu que la mystérieuse petite vieille dont elle avait pris l’apparence cachait quelque chose sous ses jupons. Au bout d’un combat engagé, le malentendu est levé et les deux agentes décident de coopérer pour mener à bien leur mission commune. C’est tout du moins ce qu’Equita veut faire croire à Nirra, le manque d’efficacité dont la Callidus a fait preuve la faisant apparaître comme suspecte aux yeux de l’intègre Venenum.
Pour sa défense, Nirra a bien supprimé le Recteur, mais elle s’est aperçue que sa mort n’allait pas être suffisante pour ramener Galu IV dans le droit chemin. Elle a donc endossé son identité, et cherche depuis lors un moyen pour assassiner tous les fidèles du défunt, afin de mettre fin à cette rébellion de bas étage. L’arrivée d’Equita est une aubaine pour elle, la maîtrise des poisons de sa nouvelle meilleure amie permettant d’opérer plus rapidement qu’un coup d’épée C’tan à la fois. Elle emmène donc la Venenum jusqu’à la citerne de la fontaine de Kerheim, l’endroit parfait pour planquer des pastilles de mort au Grox…
Début spoiler 2…Seulement, Equita n’est pas d’accord. A ses yeux, Nirra a outrepassé ses ordres et sa fonction en demeurant sur place au lieu de se contenter de tuer le Recteur. Un désaccord professionnel entre Assassins ne se terminant généralement pas par une engueulade devant la machine à café, mais bien par un duel à mort (possiblement devant la machine à café), on a le droit à un crêpage de chignon en règle entre Equita et Nirra. Bien qu’ayant initialement la main haute dans le combat grâce à ses talents d’acrobate, cette dernière oublie que les Venenum ont les dents longues et les canines creuses, et se fait mordre à la gorge alors qu’elle venait narguer sa compétitrice, après lui avoir broyé le bras dans une machine.
Le poison injecté par Equita paralyse Nirra, avant de la placer sous son contrôle, et notre héroïne profite de la situation pour faire d’une pierre deux coups : obligeant la Callidus à reprendre l’apparence du Recteur, elle l’envoie faire de la figuration à sa petite fête, puis lui injecte une deuxième dose dont les effets secondaires incluent une combustion spontanée et explosive, rasant la cathédrale de la carte, et tous ceux qui s’y trouvaient avec. Voilà qui vérifie une nouvelle fois l’adage : surtout ne jamais prendre d’initiative.Fin spoiler
1 : Et une attitude vraiment très cool vis-à-vis de son job. Elle affirme ainsi dans le plus grand des calmes qu’elle ne se souvient de pas grand-chose de son entraînement.
2 : Rebaptisé Seigneur Peacemaker par les habitants du cru. C’est John Cena qui doit être content.
AVIS:
On peut remercier Breanna Teintze pour avoir signé ce qui est, sauf erreur de ma part, la première nouvelle mettant en vedette un Assassin du culte Venenum. Et on en a ici pour notre argent, les modes opératoires et les gadgets propres à cette sous-faction étant mis au centre de l’histoire, ce qui est à mon sens ce à quoi doit ressembler une nouvelle centrée sur ce type de personnage. Ma seule doléance concerne le « pourquoi » plutôt que le « comment » de ‘Knife’s Edge’, les « explications » données par Nirra sur les raisons qui l’ont poussée à prolonger sa mission pendant cinq ans et le contre-argumentaire mobilisé par Equita pour faire cavalier seul ne me semblant pas d’une limpidité totale. Le solde reste toutefois positif pour Teintze.
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Suffer not a Human to Live – G. G. Smith :
INTRIGUE:
Le Navigateur Espern Locarno a manifestement fâché quelqu’un d’influent dans la petite affaire familiale. Catapulté commercial en chef (de lui-même) à Precipice, et chargé de trouver des nouveaux partenaires commerciaux pour exploiter la Forteresse Noire attenante, il doit affronter l’hostilité non déguisée, et carrément phlegmatique dans certains cas, des représentants de l’Ecclésiarchie locale, guère amicaux envers un mutant tel que lui.
Alors qu’il était parti se changer les idées en dégustant un thé au Starbucks du coin (il y a et il y aura toujours un Starbucks dans le centre-ville, c’est un choix de civilisation), il est abordé par la capitaine Lavitica et son garde du corps Lorkan, chargés par ce qui tient de conseil municipal à Precipice de faire la lumière sur une série de meurtres perpétrés dans la cité. Les victimes étant toutes des humains, la suspicion de nos fins limiers repose logiquement sur l’importante diaspora Xenos tolérée à Precipice, mais ils ne seraient pas contre une contre-expertise réalisée par un authentique Psyker pour creuser le dossier. Après avoir expliqué qu’il n’avait pas vraiment ce type de pouvoir (mais en fait un peu si quand même), Espern accepte d’accompagner L&L jusqu’au lieu de la dernière attaque, et de jeter un œil au cadavre mutilé qui s’y trouve encore. Lorsque Lavitica lui remet la griffe de guerre qui a été utilisée pour accomplir ce noir forfait, le Navigateur a la vision de l’assaillant au moment où le crime a été commis. Surprise : l’individu semble avoir des tentacules, ce qui devrait normalement innocenter les Kroots (qui utilisent les griffes de guerre). Autre signe distinctif : la haine absolue qui s’émane de l’assaillant, et qui manque de faire vomir notre héros dans son casque. Un sort pire que la mort si vous voulez mon avis.
S’étant piqué d’intérêt pour l’affaire, Espern décide d’aller visiter Krootown, ou quelque chose s’approchant, afin de rassembler de nouveaux indices. Sur le chemin, il est invectivé deux fois. La première par le prêcheur Matteus Seppault, qui malgré son aversion pour les mutants, cherche à avoir davantage d’informations sur les attaques ayant visé ce qu’il considère être sa congrégation. Fin de non recevoir polie mais ferme (comme son heaume) de la part d’Espern. La seconde, qui peut être considérée comme une authentique agression, par le traqueur Kroot Grekh, que quelqu’un a alerté qu’un sorcier allait venir faire du vilain dans son quartier. Après avoir calmé l’ardent palmipède, Espern lui donne à voir la griffe de guerre qui a servi pour tuer la troisième victime, et reçoit la confirmation qu’il s’agit d’une contrefaçon vendue aux (rares) touristes de Precipice, et pas une authentique arme kroot. Voilà qui devient intéressant…
Début spoiler…Alors que l’ambiance dans la ville se rapproche doucement mais sûrement du pogrom xenophobe, Espern décide d’aller rendre une visite de courtoisie à Seppault. Grâce à ses pouvoirs psychiques, il parvient à leurrer les gardes qui interdisent l’accès aux appartements du prêcheur, et profite de l’absence de ce dernier pour faire main basse sur ses tiroirs. Il ne lui faut pas longtemps avant de trouver d’autres griffes de guerre planquées sous ses caleçons, ce qui prouve de manière irréfutable, en tout cas pour notre héros, que c’est l’Ecclésiarchie qui est derrière cette série de crimes. Le motif en est simple : pouvoir utiliser ces meurtres pour justifier une purge de Precipice de sa population Xenos.
Bien évidemment, Seppault et sa bande de goons se pointent avant que le Navigateur ait pu s’éclipser, et le prêcheur décide de faire participer le fouineur à sa combine en le transformant en la quatrième victime du griffeur des bas-fonds. N’étant pas homme à se salir les mains avec la basse besogne, Seppault a eu recours aux services d’un arco-flagellant pour la partie opérationnelle de son plan (ce qui explique les « tentacules » et la HAINE ressentie par Espern dans sa vision), qu’il garde enfermé dans sa chambre d’amis, et qu’il invite à entrer pour faire plus ample connaissance avec son nouveau copain.
C’est à ce moment que Lavitica et Lorkan débarquent tous flingues dehors, et sauvent les miches du Navigateur en descendant l’arco-flagellant et l’escorte du prêcheur. Ce dernier aurait subi le même sort sans l’intervention d’Espern, qui convainc ses acolytes de ne pas faire du prêcheur un martyr. A la place, le Psyker utilise ses pouvoirs, décidément nombreux et variés, pour laver le cerveau du zélote et le convaincre de réorienter sa croisade moraliste : plutôt que les Xenos, ce sera désormais le Chaos l’ennemi à abattre, et nous quittons Seppault sur une touchante prêche pour aller purger la Forteresse Noire de sa corruption. Pas sûr qu’il arrive à recruter des bénévoles cette fois-ci… La nouvelle se termine avec Espern qui invite Grekh à boire un verre, en attendant d’être présenté à un Libre Marchand des connaissances de Lavitica, un certain Janus Draik. Ce nom vous est peut-être familier…Fin spoiler
AVIS:
Alors que tout le monde avait enterré Blackstone Fortress1, la Black Library publie ce qui semble être un fond de tiroir oublié lors de la mise en forme de l’anthologie ‘Vaults of Obsidian’, où ‘Suffer not a Human to Live’ aurait eu toute sa place. Pour la défense de Nottingham, on peut avancer que cette nouvelle ne ressemble pas au reste du corpus BF, puisqu’elle se passe à l’extérieur de ladite Forteresse Noire, et tient plus de l’enquête policière (Warhammer Crime, anyone ?) que de la quête pour les incommensurables richesses – défendus par de tout aussi incommensurables dangers – cachés dans Obsidienne Land.
Cette différence marquée ne rime cependant pas avec travail bâclé, Gavin G. Smith nous livrant une histoire tenant la route (même si l’identité du commanditaire, à défaut du coupable, qui est elle, un peu plus surprenante) pour sa longueur en pages, et ayant de plus le bon goût d’introduire un des personnages principaux de Blackstone Fortress dans le fluff romancé de ce micro-univers. Mon seul grief, ou interrogation, fut de constater que cette nouvelle n’a rien à voir avec ‘Suffer not the Unclean to Live’, écrite par un autre Gavin (Thorpe) il y a plus de vingt ans. Le clin d’œil aurait été sa-vou-reux.
1 : Cette chronique est écrite en Novembre 2022, et la dernière extension pour ce jeu est sortie en Septembre 2020.
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The Last Word – P. Kelly :
INTRIGUE:
Où l’on suit une kill team de la Deathwatch dans sa tentative de désorganiser les forces des T’au opérant dans le système d’Atazuga en assassinant l’Ethéré qui chapeaute les opérations du côté du Bien Suprême. Comme à chaque fois, les surhommes viennent de Chapitres différents, et comme à chaque fois, on a le droit à des petites frictions entre Astartes, causées par le choc des cultures. Rien de bien méchant ici, le Space Wolves de service (Braejac) se moquant gentiment de la dévotion du Novamarine Kolos (accessoirement, le personnage central de l’histoire) envers le saint Codex Astartes. On a aussi un Iron Hands très fort en pilotage et en mécanique, un Scar Lord (Caegros) qui en veut à mort au T’au d’avoir exterminé son Chapitre – ça se comprend –, un joyeux drille sans attache particulière (Diamendros), le tout placé sous le commandement d’un Obisdian Glaive (Orendu). Voilà pour le générique.
Le plan établi par nos héros consiste à rester planquer dans la soute d’un vaisseau humain affilié au Bien Suprême pour se rapprocher du vaisseau de leur cible, faire les derniers milliers de kilomètres (c’est grand l’espace) à bord de leur Corvus Blackstar, et de partir à l’abordage comme les pirates des temps jadis. Cette stratégie d’une rafraichissante simplicité est remise en question par le fait que le transporteur qui les a pris en stop n’a finalement pas les bons mots de passe, ce qui force la Deathwatch à sortir le bout de son museau plus tôt que prévu, et à devoir zigzaguer entre les tirs T’au, qui ont bien compris qu’on essayait de la leur faire à l’envers. Rien que Va’kaan (l’Iron Hand) n’est pas capable de gérer bien sûr. Le Blackstar se pose sur le Resplendent Dawn, et la fine équipe a tôt fait de se frayer un chemin jusqu’à l’intérieur du vaisseau, même si Kolos se fait une frayeur en partant en vol plané dans l’espace après s’être pris un tir de baby railgun dans le dos1.
La suite, et la fin (déjà), de la nouvelle n’est qu’une succession de combats très peu équilibrés entre les colosses en céramite et le service de sécurité de l’Ethéré. En désespoir de cause, ce dernier vient proposer un accord à ses agresseurs : s’ils lui laissent la vie sauve, il épargnera la population humaine de la planète Olovakia, récemment colonisée par le Bien Suprême, et jure de quitter le système d’Atazuga en prime. Cela afin de préparer la défense contre la prochaine vague de Tyranides qui menace les dernières acquisitions de l’empire T’au, et que l’Imperium a plutôt intérêt à voir triompher. Malgré les appels à la clémence de Kolos, qui est un natif d’Olovakia et est donc partial en la matière, la Deathwatch ne négocie pas avec les terroristes, et l’Ethéré finit avec une hache énergétique plantée dans le torse. Jeu, Sep’t et Match pour l’Imperium2.
1 : Il s’en sort grâce à un cheat code : il demande à l’Iron Hand de calculer le vecteur de tir de bolter qui lui permettra de repartir vers le vaisseau. Trop facile.
2 : On peut donc supposer que le dernier mot auquel le titre fait référence est « ouille ».
AVIS:
Petite nouvelle d’action sans beaucoup d’ambition, mais écrite convenablement (et surtout, raisonnablement courte) par un Phil Kelly qui en profite pour mettre ses T’au bien-aimés en vedette, ‘The Last Word’ mérite sans doute la lecture pour quiconque d’intéresse aux travaux que l’auteur a consacré aux petits hommes bleus de 40K. On retrouve ainsi quelques mentions à d’autres événements couverts dans le Kelly-verse (c’est peut-être un peu T’au pour lancer le concept, mais je vais lui laisser le bénéfice du doute) dans ces quelques pages, comme le Chapitre des Scar Lords dont Caegros fait partie, et dont on retrouve le Maître dans la nouvelle ‘Redemption on Dal’yth’. Pour les autres, et comme je doute que Phil Kelly consacre beaucoup de temps à relater la suite des trépidantes aventures d’Orendu et de ses Montres de la Mort, donc si ce genre de littérature vous intéresse, je ne saurais trop vous conseiller de vous diriger vers le vétéran Steve Parker, qui a, lui, démontré à maintes reprises qu’il s’agissait de sa faction de cœur.
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Reconsecration – A. Bridgeman :
INTRIGUE:
Astryd, une jeune Sœur de Bataille de l’Ordre du Cœur Valeureux, participe avec son escouade à une mission d’escorte d’un Inquisiteur de l’Ordo Hereticus (Tormun), envoyé sur la planète minière d’Hadrea pour enquêter sur les signes de rébellion manifeste de ses habitants. Après avoir refusé de payer la dîme impériale pendant quelques temps, ils ont en effet reçu la visite, pas vraiment amicale, d’un régiment de Gardes Impériaux, dont le Militarum est depuis sans nouvelles. Il n’en fallait pas plus pour que l’Imperium déroule le grand jeu et abatte sa carte maîtresse : un Inquisiteur (avec Servo-Crâne, tout de même) et 10 Sistas. Tremblez hérétiques, votre fin est proche.
On comprend rapidement que l’ambiance à la surface d’Hadrea est effectivement au libertarisme absolu, nos pugnaces héroïnes devant commencer la nouvelle en reprenant un temple impérial à une horde d’hostiles, composée en partie de mineurs et en partie de Gardes Impériaux renégats. Ayant perdu une des leurs dans l’accrochage, victime d’un kamikaze et de sa grenade krak, les Sœurettes ne sont pas d’humeur très charitable au moment d’interroger le prêcheur local (Ingor Previs), qui a miraculeusement réussi à échapper à la vindicte populaire alors que le reste de la planète sombrait dans l’hérésie.
La confession de Previs doit cependant être remise à plus tard, une nouvelle foule en colère menaçant de prendre d’assaut le temple où les Sœurs et l’Inquisiteur se sont barricadés. Bien qu’étant très largement surclassés en effectifs, la confiance règne du côté des zélotes, qui placent toute leur espérance dans le saint ratio, et parviennent effectivement à repousser sans mal ni perte les émeutiers. Il s’agissait toutefois d’une simple diversion de la part de ces derniers, qui profitent de la confusion pour kidnapper le prêcheur et l’Inquisiteur, que la Sœur Supérieure (Minnerva) avait relégué dans l’antichambre, le temps de gérer les impondérables. C’est la boulette.
Astryd et compagnie empruntent donc le tunnel utilisé par les hérétiques pour perpétrer leur forfait afin de leur reprendre la possession du ballon de l’Inquisiteur, ce qui les amènent dans les mines exploitées par les colons d’Hadrea. Alors qu’elles s’enfoncent profondément dans les galeries, des signes de combat et d’étranges marques sur les murs se présentent à leurs yeux…
Début spoiler…Quelques étages plus bas, elles surprennent le fourbe Previs et quelques copains très occupés à mener une cérémonie sacrificielle, dont Tormun est le récipiendaire. Une bonne rafale de bolter plus tard, tout est rentré de l’ordre, au grand désespoir de Previs, qui avoue, avant de rencontrer une fin bien méritée, que ce sacrifice avait pour but d’apaiser les « démons des mines », qui se trouvent être, je vous le donne en mille, des Necrons. Les détonations des bolt ayant visiblement perturbé leur sommeil, les Xenos envoient un Spectre Canoptek, puis deux, puis trois, puis des nuées de scarabées, puis une Mécarachnide, puis Frank (un unique Guerrier Necron) se plaindre auprès des bruyants locataires du dessus. D’abord bien décidés à tenir la ligne contre les abominations Xenos, Tormun and the girls décident, après plusieurs pertes et en voyant le niveau de leurs munitions baisser dangereusement, de battre en retraite.
En fin de compte, les Sistas parviennent à sortir de la mine avec une escouade pas encore tout à fait descendue à mi-force (ce vieux Frank réussissant tout de même à sniper Minnerva alors qu’elle s’apprêtait à embarquer dans le Rhino de fonction), et les survivantes jurent de purger tous les Necrons de la galaxie, en honneur de leurs camarades défuntes. Il faudra calculer ce ratio là, ça risque d’être marrant…Fin spoiler
AVIS:
Amanda Bridgeman marche dans les pas de Danie Ware en choisissant de consacrer sa première nouvelle de GW-Fiction aux exploits martiaux des Sœurs de Bataille. N’ayez crainte, braves gens, la newbie se sort de cette épreuve de manière beaucoup plus convaincante que son aînée, et cela fait plaisir de voir une escouade de Sistas combattre de manière Codex Approved, c’est-à-dire en utilisant en priorité ses bolters et armes lourdes, au lieu de foncer au corps à corps pour mettre des baffes à des ennemis qui devraient pouvoir les briser en deux d’une seule main. Alléluia. Cette satisfaction évacuée, il reste que ‘Reconsecration’ n’est absolument pas original dans son propos, et se trouve être une nouvelle d’action comme la BL nous en a prodigué des centaines depuis sa création. Mettons cependant ce classicisme sur le dos d’une volonté de Bridgeman de prouver aux éditeurs de la BL sa capacité à servir la soupe faire le job dès ses premiers pas dans la carrière, une inclinaison compréhensible de la part d’un nouveau contributeur cherchant à se faire une place au soleil.
Plus embêtant à mes yeux est le choix de l’antagoniste principal, qui ne s’accorde que très mal avec le comportement digne de cultistes chaotiques de la population d’Hadrea et des Gardes Impériaux, qui sont pourtant censés en avoir vus d’autres et bénéficier de l’endoctrinement nécessaire pour ne pas devenir xenophiles au premier rayon Gauss venu. Même si on peut mettre cette faute de fluff sur le compte de sa possible méconnaissance du lore, Bridgeman aurait pu mieux faire ici. Au chapitre des griefs, je rajouterai un style parfois lourd, comme la répétition de la prophétie macabre du premier goon tué par Astryd en début de nouvelle, pas moins de huit fois au cours des pages suivantes le dénote. Bref, c’est beaucoup mieux que ce à quoi Danie Ware nous avait habitué ces dernières années, mais ce n’est pas (encore) intrinsèquement bien.
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In the Name of Victory – J. S. Collyer :
INTRIGUE:
Alors qu’elle menait ses charges déblayer une tranchée en prévision d’un prochain assaut Xenos sur les lignes impériales, l’Arbitrator Pondaris fait la connaissance d’un des Légionnaires Pénaux ayant la chance et l’honneur de servir sous ses ordres, le serviable <inspire profondément> Kyinlyinham Arminia Nikifynabylin Nam, ou Niki pour les intimes. Très doué pour les réparations mécaniques, il remet en état la carabine laser de sa supérieure, et accepte de lui raconter son histoire peu commune.
Né sur le monde de Kyunia, placé sous la protection du Chapitre des Storm Lords, Niki a d’abord cherché à devenir un Space Marine, comme tous les jeunes garçons de sa planète. Toutefois, son potentiel comme artisan fut vite détecté pendant les phases de sélection, et il finit affecté à l’armurerie du Chapitre, où il gravit rapidement des échelons. Attaché aux services du Capitaine Justus, Niki (rebaptisé Gallio pour l’occasion) eut l’honneur de se voir confier l’entretien de l’armure énergétique de l’officier, une tâche cruciale dont il s’affranchit brillamment, allant jusqu’à sauver la vie de son boss grâce à quelques améliorations bien senties apportées à la cuirasse. Les responsabilités de Niki s’étendaient également jusqu’au tuning de l’armure de Justus, et il fut ainsi chargé d’inscrire la rare et honorifique Epée d’Argent sur l’épaulière du Capitaine, après que ce dernier eut fait preuve d’une bravoure insensée lors de la campagne d’Arkania.
Hélas, cette situation harmonieuse ne devait pas durer : l’attention des Storm Lords se fixa sur Kyunia après qu’une insurrection s’y soit déclarée, et Justus mena la brutale opération de pacification qui vit la planète revenir dans le giron de l’Imperium. Tous les hilotes et serviteurs du Chapitre issus de ce monde furent placés en détention et longuement interrogés pour déceler d’éventuelles traces de sédition, mais Niki bénéficia d’un traitement de faveur grâce à l’intercession de Justus. En échange d’un complet reniement de ses origines, ce qui supposait l’effacement de ses tatouages tribaux et l’oubli de son nom kyunian, il lui serait permis de reprendre ses fonctions au sein de l’armurerie. Prenant l’air buté de l’hilote pour oui, Justus le laissa partir de la cellule où il était enfermé, et reprendre les travaux de réparation de sa précieuse armure…
Début spoiler…Une décision qu’il ne tarda pas à regretter lorsqu’il se rendit compte que l’insolent Niki avait mis à profit le temps qui lui avait attribué pour restaurer la précieuse Vici Solis pour enlever tous les marquages, honneurs et autres free hands qui l’ornait. Et comme tout le monde était jusqu’ici cool avec le fait que Niki travaille uniquement de mémoire, et n’ait pas fait de photos de son travail pendant toutes ses années de service, Justus fut bon pour participer au défilé de la victoire de la campagne d’Arkania dans une armure aussi basique que celle du premier Frère de Bataille venu. LA HON-TEUH.
Ce crime de lèse-Astartes ne pouvant pas rester impuni, Niki fut envoyé finir ses jours dans la Légion Pénale la plus proche, ce qui explique sa présence sur le champ de bataille d’Envictus Prime. Jugeant que l’histoire était bonne (et drôle, sans doute), Pondaris honore l’esprit frondeur de son sous-fifre en lui donnant le droit d’ajouter une dernière syllabe à son nom, en reconnaissance de son sens de la justice chevillé au corps. La nouvelle s’achève sur le sourire de celui qui peut désormais se faire appeler <inspire profondément> Kyinlyinham Arminia Nikifynabylin Nam-Ran… mais Niki c’est bien aussi.Fin spoiler
AVIS:
Très intéressante soumission de la part de J. S. Collyer, qui donne la parole à un type de personnage très peu couvert dans la littérature 40K jusqu’alors : les hilotes attachés aux Space Marines, et sans qui les Anges de la Mort devraient faire la guerre en caleçon. L’exploration à laquelle elle se livre des relations complexes pouvant exister entre ces travailleurs de l’ombre, leurs puissants protecteurs, et les artefacts sacrés dont ils doivent s’occuper, est passionnante, et donne envie de lire plus de textes de GW-Fiction écrits depuis la perspective de cette classe laborieuse1. En plus de cela, Collyer se paie le luxe de créer une culture de manière très convaincante en l’espace de quelques pages, ce qui est la marque des grands raconteurs d’histoire. Un talent à suivre, sans nul doute.
1 : Aaron Dembski-Bowden a également exploré cette voie dans sa trilogie Night Lords, avec le personnage de Septimus.
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Wings of Faith – V. Hayward :
INTRIGUE:
Alors qu’elle rêvait de sa jeunesse de pilote d’ULM//réalisatrice de documentaires animaliers sur sa planète natale de Zephyris, la Lieutenant Bren Tonor est brutalement réveillée par le bruit des combats aériens au-dessus de la base impériale de Sannan II. Il lui faut quelques instants pour se souvenir que son Lightning a été inexplicablement abattu alors qu’elle ramenait son escadron au garage après une mission de routine, et ne peut assister impuissante au massacre de ses camarades, dégommés comme des pigeons par les systèmes de défense de la forteresse. Elle-même accrochée par son parachute à une spire quelconque, elle ne peut rien faire d’autre que jurer vengeance au nom de ses morts, et ramper péniblement à l’intérieur du complexe pour tenter de mettre les choses au clair.
S’il apparaît rapidement et indéniablement qu’une bonne partie des forces déployées par l’Aeronautica Imperialis est passée au Chaos (tendance Khorne, au vu des tendances sanguinaires des quelques bad guys qu’elle croise pendant sa progression), tant la raison que la vitesse de cette radicalisation restent un mystère pour Bren… et le resteront jusqu’à la fin de la nouvelle. Pour retourner le couteau dans la plaie, notre héroïne réalise que sa propre héroïne, la Vice-Maréchale Maiken Lennard, n’a pas été victime, mais instigatrice de cette rébellion, et est donc responsable du massacre de son escadron. C’est ce que lui gargouille à l’oreille un Techno-Prêtre mutilé (Kaiber Wrasse) avant qu’elle ne mette fin à ses souffrances. Ayant appris qu’un régiment de Gardes Impériaux était sur le point d’arriver dans la forteresse pour soutenir l’effort de guerre de Sannan II, Bren doit maintenant tout faire pour empêcher un nouvel Isstvan V.
Heureusement pour elle, elle peut compter sur une bonne étoile brillante comme une supernova, qui lui permet tout d’abord d’être sélectionnée par Lennard en personne pour faire partie de son escadron de la mort, alors qu’elle s’était rapprochée de la salle de briefing des traîtres avec le blouson qu’elle avait piqué à un des leurs dans son excursion commando. Elle coiffe sur le poteau une autre pilote d’élite (Saffyr – dont on entendra plus parler), et s’attire les foudres du ténébreux Krozman (qui devait sans doute être le +1 de Saffyr, vu comme il le prend personnellement). Lennard ayant envie de se dégourdir les ailes, surtout depuis qu’elle a remplacé son bête Lightning de fonction par un appareil chaotique custom (tellement hype qu’il n’existe pas en figurine à ce jour), les angry élus prennent le chemin du tarmac, et se lancent dans l’azur pour… attendre l’arrivée des Gardes Impériaux. Pas le meilleur plan quand voler nécessite du carburant, mais passons.
Pour Bren, c’est l’occasion d’aller détruire un système de relai de coordonnées positionné près de la base, et dont les traîtres auront besoin pour descendre les appareils loyalistes. Bien qu’ayant essayé de s’éclipser discrètement (en initiant un concours d’acrobaties aériennes, cela dit…), elle se fait griller par Krozman lors de la réalisation de son objectif. Heureusement, elle est beaucoup plus forte que lui avec un manche entre les mains, et grâce aux bonnes astuces de son vieux mentor (Dysheed, qui a fait coucou un peu plus tôt dans la nouvelle mais n’y reviendra plus jamais), elle a tôt fait de disperser le goujat aux quatre vents.
Ce n’était cependant que le début des emm*rdes pour Bren, qui est bientôt prise en chasse par Lennard et quelques-uns de ses as. Se lance alors une course-poursuite assez dure à suivre, qui mènera l’intrépide pilote à tenter de piéger ses poursuivants dans le système de canalisation de plasma de la forteresse, dans l’espoir qu’une surcharge du réacteur les consume. Pas de chance pour Bren, son timing n’est pas idéal et l’aéronef de Lennard est de toute façon ignifugé, ce qui la place dans la même situation qu’auparavant. Il n’est cependant plus temps de lambiner car le régiment de Gardes a fini par arriver, et ses transports approchent de la base sans se douter du sort qui les attend. Bren leur met la puce à l’oreille en ouvrant le feu sur l’un des Lightnings qui la prenait en chasse de toute façon, et au bout de quelques autres péripéties à haute vitesse, tous les affreux se font dégommer (Lennard y compris).
Ce qui aurait pu être un happy end à la Top Gun se mue toutefois en baroud d’honneur pour Brend, qui a trouvé malin d’éclater sa radio pendant son affrontement avec les pilotes de Lennard pour ne plus subir les mufleries envoyées par cette dernière, et est donc incapable de convaincre les good guys qu’elle est de leur côté, malgré le fait qu’elle vole dans un avion cHaOtIqUe. Elle décide donc de s’offrir un dernier kiff et s’élève tout droit dans le ciel, facilitant le travail de l’artilleur de Valkyrie qui lui envoie un missile dans la carlingue. RIP soldier…
AVIS:
Je ne suis pas franchement bon public des travaux consacrés à l’Aeronautica Imperialis, et des combats aériens en général, que je trouve assez compliqué à suivre lorsqu’ils sont relatés à l’écrit. Malheureusement, Victoria Hayward ne sera pas l’auteur qui me réconciliera avec ce type de littérature, la deuxième moitié de sa nouvelle enchaînant les péripéties aéroportées sans que l’on comprenne bien ce qu’il se passe (mention spéciale au passage dans les canalisations à plasma, très Star Wars dans l’idée, mais horriblement confus dans l’exécution), ce qui rend très difficile de s’investir dans la destinée de l’héroïne. De toute façon, elle réussit parfaitement tout ce qu’elle entreprend sans aucune aide, et n’a donc pas besoin de nous.
Ce constat négatif aurait pu être tempéré si la première moitié de la nouvelle avait été au niveau, mais là encore, c’est la déception qui l’emporte. La manière dont Hayward pose le cadre de son récit donne l’impression que Lennard s’est réveillée un matin et a décidé de devenir une cultiste de Khorne, comme une bonne partie des officiers et pilotes de Sannan II, et que cette joyeuse bande de psychopathes a réussi à éliminer tous les loyalistes (pourtant beaucoup plus posés et réfléchis qu’eux) en quelques heures. Oh, et n’oublions pas qu’elle a reçu son chasseur customisé dans ce très court délai, sans doute livré par un drone Amazon, ou fabriqué de toute pièce par un de ses admirateurs secrets. Bref, la crédibilité du récit est une des premières victimes de la nouvelle, et celle dont la perte est la plus dommageable. Je passe rapidement sur les personnages aussitôt présentés, aussitôt oubliés (Kaiber Wrasse, Dysheed, Saffyr, Krozman), et qui auraient donc gagné à ne pas être connus, comme dit le proverbe. Seule conclusion douce-amère de la nouvelle vient un peu relever le tableau, mais ce n’est pas assez pour considérer que ‘Wings of Faith’ mérite une lecture.
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Blood Legacy – J. C. Stearns :
INTRIGUE:
Notre histoire commence sur la planète Trehuarta Beta, convoitée par l’Imperium et défendue par les Eldars d’un Vaisseau Monde non identifié. La campagne n’a pas été dans le sens des Zoneilles, et nous arrivons à temps pour assister à la bataille finale du conflit, en compagnie de Solbert Rennard, pilote du Chevalier Verdance et dernier héritier de sa maisonnée, annihilée dans la défense de son monde natal contre les Nécrons. Devenu Errant par la force des choses, Solbert est un combattant aguerri et sa présence sur le front fait plier les Xenos en quelques minutes. La promenade de santé du Verdance est tout de même interrompue par la présence d’un Wraithknight du côté des Eldars, ce qui donne Solbert l’occasion de prouver sa valeur contre un adversaire de son gabarit. Au terme d’un combat épique, le Chevalier vient à bout de la construction eldar, scellant pour de bon le sort de Trehuarta Beta. Pour ne rien gâcher, le Wraithknight se révèle être après examen de l’épave le légendaire Vatinya, qui avait fait bien des misères aux forces de l’Imperium au cours des derniers siècles. Plus intéressé par la sauvegarde de la forêt vierge que par le pedigree de ses adversaires (qu’il respecte tout de même, paske c’est un gars bien), Solbert ne s’en était même pas aperçu.
Pendant les festivités de victoire, notre modeste héros est invité par ses compagnons de lutte, Emeric, Leold et Wylan Nighthowl, tous trois pilotes de Chevaliers pour le compte de la Maison Mortan, à les accompagner sur leur planète en reconnaissance de ses hauts faits d’arme. La visite étant accompagnée d’un droit d’utilisation du paddock Mortan, ce qui est une aubaine pour un Errant comme Solbert, ce dernier accepte l’offre et tout ce petit monde part en direction de Kimdaria, un monde célèbre dans le sous-secteur pour deux raisons principales : une visibilité très faible (la faute à une nébuleuse ayant infiltré la majeure partie du système) et la présence d’une mégafaune aussi pittoresque que dangereuse. Nous y reviendrons plus tard.
Le banquet célébrant le retour des enfants prodigues du Baron Nighthowl est l’occasion pour Solbert de faire la connaissance de leur père et chef de la dynastie, Shayn. Bien que s’attendant à ne pas être aussi bien reçu qu’un membre d’une Maison établie, du fait de son statut d’Errant, Solbert est cueilli à froid par les manières brutales de son hôte. Le Baron Shayn n’a en effet pas la langue dans sa poche, ni l’œil d’ailleurs : lorsque ses garnements présentent aux banqueteurs un pennon pris sur l’épave du Vatinya et s’approprient cette victoire, il a tôt fait de souligner que les Chevaliers qu’ils pilotent ne possèdent pas les armes thermiques qui ont visiblement été employées pour vaincre le Wraithknight. Ce n’est pas au vieil hibou qu’on apprend à ouvrir l’œil, tout de même.
Le banquet terminé, Solbert part se reposer dans la chambre d’amis qui lui a été attribuée, et est rejoint quelques minutes plus tard par Dame Lydi Nighthowl, épouse de Shayn et marâtre des enfants de ce dernier. Cette visite est d’abord mue par le besoin pour la gente dame d’excuser la rudesse de son époux, mais aussi par le désir de converser avec un « compatriote », elle et Solbert venant du même système1. Lydi explique à son hôte que le Baron est victime de sa pratique de la traque d’un des prédateurs les plus dangereux de Kimdaraia : la chauve-souris pasiphaénne. Bien que ne chassant pas l’être humain malgré sa taille colossale, cette chauve-souris présente un danger mortel à la population de la planète, car le cri qu’elle lance pendant la chasse affecte la psyché de ceux qui l’entendent, provoquant des accès de panique et de paranoïa. Afin de protéger son peuple, Shayn a pris sur lui de mener seul les campagnes annuelles de régulation de la population chiroptérienne de Kimdaria. Si les résultats sont probants, il en a payé le prix au fil des années, son état mental se dégradant de plus en plus de saison en saison.
À peine l’explication de texte fournie, Shayn en personne débarque en hurlant dans la piaule, persuadé que sa femme et le mercenaire ramené par ses enfants complotent en secret pour lui nuire. N’arrivant pas à faire comprendre à son hôte qu’il s’agit d’une méprise, et souhaitant éviter à Lydi de connaître le destin horrible qui attend les nobles reconnus coupables de traîtrise sur Kimdaria, le chevaleresque2 Solbert finit par défier le Baron à un duel d’honneur, dont le prix sera la vie de la gente dame. Tout content d’avoir l’occasion de sortir son Chevalier du garage, Shayn accepte et les deux champions se donnent rendez-vous dans l’arène locale pour en découdre…
Début spoiler 1…Si les règles fixées pour ce combat interdisent formellement l’utilisation des armes à distance principales, il est techniquement possible, mais très mal vu, de recourir aux armes de coque. Complètement surclassé par son adversaire, qui pour être totalement paranoïaque, est un pilote hors pair, Solbert finit par utiliser son fuseur de poche pour sauver son châssis, ce qui lui permet en fin de compte de remporter le combat. A son grand désespoir, Shayn refuse de reconnaître sa défaite, et périt dans l’explosion du réacteur de son Chevalier, endommagé dans l’affrontement. Une fin ignominieuse pour un loyal et expérimenté serviteur de l’Empereur…
Début spoiler 2…Et d’autant plus déplorable qu’elle a été manigancée par ses enfants, comme Solbert s’en rend compte lorsqu’Emeric, Leold et Wylan viennent lui remettre belle-maman Lydi et l’enjoindre de quitter sur le champ Kimdaria. Vivant dans l’ombre de leur illustre paternel depuis des décennies, les ambitieux rejetons ont exploité le caractère soupe au lait de feu Shayn et la noblesse de leur invité pour forcer les deux Chevaliers à se battre, combat qu’ils n’avaient aucune chance de remporter de leur côté. Solbert repart donc de Kimdaria écœuré de la nature humaine (c’est pas un sapin qui vous poignarderait comme ça dans le dos, c’est vrai), mais avec une nouvelle comparse et la certitude que les parricides ne s’en sortiront pas à bon compte : le cri des chauves-souris pasiphaénnes étant particulièrement dangereux pour les jeunes2, Lydi garantit à son sauveur qu’au moins un des trois chenapans finira la décennie en camisole de force. On a les satisfactions qu’on peut…Fin spoiler
1 : Ça doit être l’équivalent de venir du même quartier, à l’échelle de 40K.
2 : J’aime à penser que cela est dû à la perte de l’audition des fréquences élevées qui vient avec l’âge.
AVIS:
Il n’y a rien à jeter dans cette longue et chevaleresque nouvelle, signée par un J. C. Stearns très inspiré. Bien qu’il n’ait pas été le premier à faire le lien entre « nos » chevaliers et ceux du 41ème millénaire (faut dire que ce n’est pas très compliqué), Stearns réussit brillamment la fusion entre ces deux univers, et nous livre une sorte d’adaptation du roman arthurien sur une planète hostile, avec Solbert dans le rôle de Lancelot et Shayn dans celui d’Arthur. Sur ce canevas déjà plus intéressant que 90% des écrits de la BL, Stearns se paie le luxe de saupoudrer une bonne dose de grimdark et de broder du fluff à l’envi, faisant de ‘Blood Legacy’ une des nouvelles 40K « classique » (j’exclus de cette catégorie les travaux siglés Warahammer Horror et Warhammer Crime, qui ont leurs propres forces et faiblesses) les plus réussies que j’ai pu lire ces derniers temps.
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Song of the Mother – B. Modine :
INTRIGUE:
Les temps sont durs pour Barthol Tordai, Libre Marchand et capitaine de l’Indagator. L’ouverture de la Cicatrix Maledictum a emporté la meilleure partie de la flotte de sa maison, ne le laissant qu’en possession de son vaisseau (ainsi que d’un joli sabre hérité de son père, tout de même). Bien qu’ayant désespérément besoin de se refaire une santé financière, Barthol est trop fier pour accepter de servir de chauffeur routier ou de livreur Uber, au grand désespoir de sa contremaitre, Prasini. Aussi, lorsque la mystérieuse et imposante Dame Saori Orwan vient supplier le capitaine abandonné bien éméché de transporter sa cohorte de pèlerins en terre promise contre crédits impériaux sonnants et trébuchants, il ne faut pas longtemps aux deux complices pour accepter la mission.
Ce que ni Barthol, ni Prasini ne savent ni ne peuvent soupçonner (mais qui est connu du lecteur depuis les premières lignes de la nouvelle), c’est que Saori est la Magus d’un Culte Genestealers, cherchant désespérément à rejoindre « la Mère » dans les profondeurs de l’espace, après que leur insurrection sur Hypaeth ait été matée dans le sang. La « berceuse » de cette mystérieuse entité a guidé Saori et ses ouailles à travers l’Imperium, et permet également de calmer l’Immaterium sur le chemin de l’Indagator, au grand plaisir de sa Navigatrice (spoiler alert, elle finira par réaliser son erreur). A bord, la cohabitation entre l’équipage et les pèlerins ne se passe pas très bien, la nature suspicieuse et recluse des derniers empêchant le premier de contrôler que les parties du vaisseau dans lesquelles les civils ont été parqués sont en état. Un accident fâcheux prend même place lors d’une visite technique de routine organisée par un Techno-Adepte, se soldant en plusieurs morts de part et d’autre après qu’une des gardes de l’Indagator ait ouvert le feu de manière indiscriminée. Interrogée par Barthol avant qu’il ne l’exécute pour éviter que les pèlerins ne se révoltent, elle affirme avoir vu un monstre la regarder depuis les ténèbres… Bizarre autant qu’étrange.
Le voyage prend fin de manière très brutale alors que le vaisseau réalisait son dernier saut Warp jusqu’aux coordonnées fournies par Orwan à l’équipage, la Navigatrice de l’Indagator se faisant tout bonnement gober (psychiquement) par l’Ombre dans le Warp alors qu’elle batifolait dans l’Immaterium. Ce sont des choses qui arrivent. Le croiseur revient en catastrophe dans la dimension matérielle, et un spectacle glaçant se présente à Barthol et ses lieutenants…
Début spoiler 1…Au lieu de la planète idyllique que leur avait décrite Orwan, il n’y a qu’un monde sucé jusqu’au noyau par le vaisseau ruche qui orbite à proximité, et entouré par les épaves des autres vaisseaux que la Mère a attirés jusqu’à elle pour se refaire une santé. Rescapé d’une vrille ayant rencontré plus forte qu’elle, le bio-vaisseau a passé les dernières années à regagner des forces en consommant la biomasse passant à portée de tentacules, et l’Indagator est le petit digestif qui va lui permettre de finalement reprendre sa route vers le cœur de l’Imperium.
Réalisant qu’il a été dupé, Barthol décide de se racheter une conduite et une réputation en menant une action d’arrière-garde pleine de panache contre les hordes de cultistes, d’hybrides et de Xenos qui tentent de prendre d’assaut le Strategium pour guider le vaisseau jusque dans la gueule béante de la Madre. Au bout du compte, il parvient à 1) faire son affaire à Orwan, et 2) gagner suffisamment de temps pour permettre à une poignée de survivants, menés par Prasini, d’atteindre les navettes de sauvetage et de partir en direction de la planète (qui dispose toujours d’un chouilla d’atmosphère : c’est un peu quand on boit avec une paille, il en reste toujours un peu au fond, même en aspirant très fort). Dans ses derniers instants, le dernier des Tordai joue un coup tordu, mais prévisible, à l’Esprit de la Ruche en ordonnant la surchauffe du réacteur de l’Indigator, ce qui transforme le vaisseau en pili pili pour Xenos convalescent. BONNE FÊTE MAMAN !
Début spoiler 2…Cependant, tout n’est pas perdu pour feu la Mère, car Orwan et ses ouailles ont eu le temps de convertir certains membres d’équipage pendant le voyage, dont plusieurs ont accompagné Prasini à la surface de la planète. Une fois rentrés au bercail, il sera temps de trouver des Tantines…Fin spoiler
AVIS:
Pour sa première soumission, Boman Modine choisit de ne pas laisser planer de suspens sur son propos (la nouvelle commence avec Saori Orwan qui retrouve des hybrides dans une station spatiale), et de se concentrer à la place sur ses personnages – dont une bonne partie n’a pas été évoquée dans le résumé ci-dessus –, les relations qui les unissent (Prasini est ainsi mariée avec le pilote de l’Indagator), et la manière dont ils se comportent devant l’adversité. Cette histoire est d’abord celle de la rédemption de Barthol Tordai, qui passe de capitaine débauché et fantoche à parangon de la résistance humaine contre la menace Xenos. Si cette trajectoire n’a rien de neuf dans la GW-Fiction, la tentative de Modine est suffisamment bien construite et écrite pour ne pas lasser le lecteur, ce qui est évidemment positif.
Une autre caractéristique notable, et appréciable, de ‘Song of the Mother’ est de nous embarquer dans une véritable odyssée spatiale, en présentant de manière circonstanciée la vie à l’intérieur d’un vaisseau voyageant dans le Warp, et les risques pris par ce dernier en sortant des limites de l’Imperium pour aller explorer une partie « vierge » de la galaxie. Mine de rien, ce n’est pas une proposition si commune pour une publication de la Black Library. Enfin, la mise en perspective de l’objectif final poursuivi par les cultistes Genestealers (se faire dévorer par le premier vaisseau ruche venu) est un autre angle d’approche assez novateur, et particulièrement grimdark, à mettre au crédit de Boman Modine. A suivre par la suite, particulièrement s’il arrive à garder sa touche personnelle par rapport au BL-style ultra majoritaire à l’heure actuelle.
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Recriminant – R. S. Wilt :
INTRIGUE:
Alors que l’insurrection Recriminant bat son plein dans le sous-secteur, et a déjà coûté très cher à son Chapitre (les Flame Eagles), le Sergent Vétéran Kappadis mène une escouade d’Intercessors éliminer l’éminence grise à la tête de ce mouvement de grogne. Il s’agit du Sorcier Astrophon Zur de l’Alpha Legion, localisé sur une station de minage installée à la surface d’un astéroïde. Kappadis, qui souffre d’un traumatisme persistant mais pudiquement caché au lecteur, est accompagné par son copain de noviciat Safan, le jeunot Morovec, le vétéran taciturne Calahd et le vétéran-à-la-limite-de-tourner-berserker-de-Khorne1 Eltimur. Cette fine équipe s’introduit dans la station avec toute la subtilité qu’un impact de module d’abordage lancé à toute berzingue sur sa cible autorise, mais ne rencontre curieusement pas grande opposition sur sa route vers le centre de commandement ennemi. Seules quelques grappes de cultistes mal entraînés et coordonnés viennent se mettre dans leurs pattes énergétiques, au grand plaisir d’Eltimur qui les poursuit en rigolant dans les coursives. Fait étrange, en tout cas quand on n’est pas du côté de la team Chaos, les cultistes n’hésitent pas à se tirer dessus entre eux, ce qui plonge Kappadis dans la perplexité. Notre héros philosophe doit aussi composer avec un esprit de l’armure capricieux, qui persiste à afficher des cibles sur ses frères d’arme. Ah, et il a des visions pas très funky de gens qui mangent des cerveaux, aussi. Encore une fourberie des black hats d’Alpharius, sans nul doute.
Zur ayant eu l’idée, stupide du point de vue de Kappadis, de se terrer tout au fond de la mine, les Intercessors descendent en sautillant jusqu’au bunker de l’Alpha Legion. Bien conscient de la réputation d’amateurs de shenanigans de ses adversaires, Kap’ refuse de laisser ses hommes faire sauter la porte blindée qui barre la route aux Space Marines, se doutant que cette dernière a été piégée. Pendant que les Astartes cherchent une issue de secours, un velux ou une chatière pour faire leur entrée, une bande de cultistes arrive, et se met obligeamment à attaque la porte avec un fuseur. Triple bug pour Kappadis, qui 1) ne comprend pas pourquoi les amis de ses ennemis sont leurs ennemis, 2) se rend compte que le jaune poussin de son armure n’est pas très adapté à une mission d’infiltration, et 3) se fait griller par un cultiste, qui se contente de lui envoyer un gros clin d’œil de connivence au lieu de donner l’alerte. Avant qu’on ait eu le temps de lui désigner l’emplacement de la caméra cachée, les explosifs qui étaient bien en place derrière la porte (il avait raison, na) se déclenchent, annihilant une bonne partie des cultistes. Le reste charge dans le tas sans broncher, et se fait massacrer par les Space Marines du Chaos positionnés dans le bunker. Tout cela est bien confus mais au moins, la voie est libre.
Les Intercessors se ruent dans la brèche, et une fusillade acharnée s’engage avant que les présentations officielles2 n’aient pu se faire. La partie semble mal engagée pour les loyalistes, qui perdent rapidement Calahd et Eltimur, puis Morovec, qui se fait posséder par Zur. Cependant, le porteur de bolter lourd de l’Alpha Legion en décide autrement, et transforme méthodiquement ses camarades en gruyère. Curieux de comprendre les causes de ce revirement d’allégeance soudain, Kappadis laisse la vie sauve au renégat, qui s’approche et lui annonce qu’il a un message pour lui…
Début spoiler…Message qui était en fait une phrase code (d’une originalité foooooolle), et envoie Kap’ au tapis. Lorsqu’il se relève, il n’est plus le Sergent Vétéran des Flame Eagles qu’il pensait être depuis des années, mais l’Exodus, un Alpha Légionnaire ayant pris la place de Kappadis après que ce dernier ait été capturé par le Chaos. Ce retournement de veste plastron énergétique signe la fin des derniers loyalistes encore vivants, froidement exécuté par l’Exodus avant qu’ils aient pu comprendre ce qu’il se passait. Et c’est là qu’on passe en mode WTT (What The Traitor, le WTF de l’Alpha Legion)…
Le porteur de bolter lourd annonce alors à son camarade légionnaire qu’il a aussi un objet à lui remettre, qui se révèle être un bolter customisé, désigné sous le nom de l’Instrument (avec un -I majuscule). Il n’explique cependant pas pourquoi il a cru bon de flinguer les autres membres de l’Alpha Legion avant cette remise en mains propres, et comme Zur n’était en fait pas si mort que ça, il se relève pour se venger et réduit le friendly shooter en cendres… avant de se faire tuer pour de bon par l’Exodus. Là-dessus, un des cultistes survivants de son match contre la porte piégée arrive, fait le symbole de l’Aquila devant ExoKap (histoire de nous faire comprendre qu’il y avait des agents infiltrés chez les cultistes aussi) et repart en courant. Bigre. Ne pouvant plus trahir personne maintenant qu’il est tout seul, l’Exodus quitte les lieux après avoir pris connaissance des coordonnées de sa prochaine mission, le monde d’Enth, placé sous contrôle de l’Ecclesiarchie, et que son agent de liaison avait caché dans la crosse de l’Instrument. On ne saura pas pourquoi ses supérieurs ont choisi de mettre fin à son infiltration des Flame Eagles, mais nul doute que cette mission était plus importante…Fin spoiler
1 : Le gonze est tellement parti qu’il a été condamné à mort par son Chapitre pour avoir presque tué son Sergent lorsque ce dernier lui a donné l’ordre de se replier. Peine commuée par les Chapelains des Flame Eagles en service probatoire.
2 : Ça aurait dû forcément se passer comme ça, à mon avis.
« Je suis Zur. »
« Enchanté. »
« Evidemment. »
AVIS:
Les nouvelles où l’Alpha Legion apparaît sont l’occasion de contrôler les talents scénaristiques des auteurs de la Black Library, étant entendu que cette faction ne peut pas être mise en scène sans que l’intrigue parte en mode fractal (des rebondissements dans des rebondissements dans des rebondissements). C’était malheureusement trop tôt pour R. S. Wilt, qui livre avec ‘Recriminant’ une histoire simplement confuse, où tout le monde trahit tout le monde (ou pas), pour des raisons trotro mystérieuses et gardées secrètes. Comme c’est pratique. Même s’il y a une chance qu’une suite de la saga de l’Exodus1 donne a posteriori plus d’explications sur les activités de cet agent quintuple – au bas mot – j’estime qu’une nouvelle devrait toujours pouvoir être lue et appréciée pleinement de manière indépendante, et ne peut donc pas me satisfaire de ce travail. Les amateurs de fourberies énergétiques sont donc invités à se référer à ‘The Long Games at Carcharias’ (Rob Sanders), qui reste à mes yeux l’exercice le plus abouti en la matière.
1 : Qui n’est pas une invention de R. S. Wilt, mais une figure (assez obscure) du fluff de l’Hérésie d’Horus, présentée dans le livre Extermination (Forge World).
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Cargo – C. Wraight :
INTRIGUE:
Alors que la guerre embrase Cadia, nous suivons la dangereuse et pénible remontée d’un mystérieux colis, blindé et réfrigéré, depuis la ligne de front jusqu’à l’orbite de la planète. Passant de main en main à mesure que ses précédents détenteurs tombent sous le feu de l’ennemi, le caisson semble avoir une importance majeure pour les rares soldats informés de son contenu. Après trois passages de relai (camion -> aéronef -> piétons, c’est le triathlon du 41ème millénaire) et des dizaines de morts, les Space Marines de la Cerulean Guard interviennent pour prendre en charge le colis pour la logistique du dernier kilomètre, la plus délicate de toutes comme chacun sait…
Début spoiler…Au final, c’était la dépouille mortelle du Frère Jorundur, de la Grande Compagnie de ce vieux Ragnar Crinière Noire, qui était contenue dans le Kinder surprise cadien, et qui est remise contre signature au Prêtre Loup Aj Olved, stationné dans le Greyblade, en orbite de Cadia. Alors que la planète est sur le point de tomber, et après les terribles pertes subies par les loyalistes sur le front, récupérer des glandes progénoïdes intactes valait bien le sacrifice de quelques grunts locaux, pas vrai ? Ne pas rompre la chaîne du froid, c’est important (surtout pour des Space Wolves j’imagine).Fin spoiler
AVIS:
Très bonne soumission de la part de Chris Wraight, qui met en scène une nouvelle chorale (et relai) à suspens de manière aussi prenante qu’efficace. Si on comprend après la mort brutale de la première volée de personnages que ce sort attend probablement tout ceux qui prendront leur place, ce qui limite la surprise sur les pages suivantes, Wraight arrive à nous immerger dans la guerre pour Cadia à son niveau le plus bas, en compagnie des auxiliaires et manutentionnaires se trouvant plongés dans un conflit d’une intensité terrible, et dont on devine rapidement qu’ils n’ont aucune chance de sortir vivants.
Début spoiler…Merci aussi à l’auteur de replacer en perspective dans cette nouvelle l’importance capitale qu’ont les glande progénoïdes pour les Chapitres Space Marines1, et de montrer jusqu’où l’Imperium est prêt à aller pour s’assurer qu’elles soient remises à leurs propriétaires légitimes.Fin spoiler
1 : Dans la même veine du « totalement indispensable mais rarement évoqué », je conseille la nouvelle ‘Sacrifice’ de Ben Counter.
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Voilà qui termine cette revue de ‘The Emperor’s Finest’, une anthologie finalement plus variée que son titre le laissait paraître, et qui contient plus d’une nouvelle valant franchement le détour. A titre personnel, je garderai un oeil sur les recrues Collyer, Teintze et Modine, qui ont l’étoffe pour rejoindre les meilleurs, si ce n’est de l’Empereur, au moins de la Black Library, ce qui n’est déjà pas mal. J’espère pour finir que le prochain numéro d’Inferno! (eh oui, je me projette déjà dans le futur) intégrera d’autres franchises que Warhammer 40,000, histoire de satisfaire le plus large public possible. Wait and see…
INFERNO! PRESENTS THE INQUISITION [40K]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue d’une anthologie infernale un peu spéciale, à commencer par son titre: Inferno! presents the Inquisition. Pour ceux qui ne sont pas familiers de l’institution BLesque qu’est Inferno!, un petit crash course s’impose: initialement lancé à la fin des années 90 comme un bimensuel consacré à la publication de nouvelles, comics et autres joyeusetés 100% fluff et 0% jeu, Inferno! a connu une longue traversée du désert Warp avant d’être ressuscité de ses cendres par Nottingham à la fin des années 2010, près de 15 ans après la fin de la publication de sa première incarnation. Désormais plus proche du recueil de nouvelles que du magazine, cette nouvelle mouture a (au moment de l’écriture) six numéros au compteur, et une ligne éditoriale finalement assez proche de son illustre et illustré ancêtre, à savoir permettre à de nouveaux contributeurs de faire leurs premières armes avant que les meilleurs ou plus chanceux d’entre eux soient affectés à d’autres travaux.
Inferno! mise donc sur la diversité plus que sur la spécialisation, ce qui fait de ce numéro spécial, uniquement consacré à une franchise et une faction, une curiosité. Ou annonce un changement radical de stratégie de publication de la part de la Black Library (ce qui ne serait pas plus surprenant que ça). On peut également noter, pour terminer ce briefing pré-chronique, que la moitié des 11 nouvelles regroupées ici ont connu une première sortie: cinq pendant l’Inquisition Week de 2021, et celle de Dan Abnett (la star du sommaire, qui a lui-même commencé sa glorieuse carrière pour la BL avec des piges infernales au millénaire précédent) dans l’édition limitée de ‘Penitent’. Restent donc cinq purs inédits, signés par des plumes (re)connues comme Robert Rath et Denny Flowers, mais également par d’honnêtes bizuths (Rich McCormick, Rob Young, Tom Toner). Voilà de l’Inferno! comme on – ou en tout cas, je – l’aime! Ce motley crew d’auteurs chevronnés et débutants sera-t-il à la hauteur de la délicate mission d’écrire au sujet de l’Inquisition, l’un des piliers du lore de Warhammer 40.000 ? Eh bien, c’est le moment de s’en assurer.
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue d’une anthologie infernale un peu spéciale, à commencer par son titre: Inferno! presents the Inquisition. Pour ceux qui ne sont pas familiers de l’institution BLesque qu’est Inferno!, un petit crash course s’impose: initialement lancé à la fin des années 90 comme un bimensuel consacré à la publication de nouvelles, comics et autres joyeusetés 100% fluff et 0% jeu, Inferno! a connu une longue traversée du désert Warp avant d’être ressuscité de ses cendres par Nottingham à la fin des années 2010, près de 15 ans après la fin de la publication de sa première incarnation. Désormais plus proche du recueil de nouvelles que du magazine, cette nouvelle mouture a (au moment de l’écriture) six numéros au compteur, et une ligne éditoriale finalement assez proche de son illustre et illustré ancêtre, à savoir permettre à de nouveaux contributeurs de faire leurs premières armes avant que les meilleurs ou plus chanceux d’entre eux soient affectés à d’autres travaux.
Inferno! mise donc sur la diversité plus que sur la spécialisation, ce qui fait de ce numéro spécial, uniquement consacré à une franchise et une faction, une curiosité. Ou annonce un changement radical de stratégie de publication de la part de la Black Library (ce qui ne serait pas plus surprenant que ça). On peut également noter, pour terminer ce briefing pré-chronique, que la moitié des 11 nouvelles regroupées ici ont connu une première sortie: cinq pendant l’Inquisition Week de 2021, et celle de Dan Abnett (la star du sommaire, qui a lui-même commencé sa glorieuse carrière pour la BL avec des piges infernales au millénaire précédent) dans l’édition limitée de ‘Penitent’. Restent donc cinq purs inédits, signés par des plumes (re)connues comme Robert Rath et Denny Flowers, mais également par d’honnêtes bizuths (Rich McCormick, Rob Young, Tom Toner). Voilà de l’Inferno! comme on – ou en tout cas, je – l’aime! Ce motley crew d’auteurs chevronnés et débutants sera-t-il à la hauteur de la délicate mission d’écrire au sujet de l’Inquisition, l’un des piliers du lore de Warhammer 40.000 ? Eh bien, c’est le moment de s’en assurer.
BLACK LIBRARY 2020 ADVENT CALENDAR
Bonjour à tous et bienvenue dans la traditionnelle chronique calendaire du mois de Décembre, consacrée au Black Library Advent Calendar. Le cru 2020 se distingue par rapport à ses prédécesseurs : aéré (une sortie tous les 2 jours, soit 12 au total contre les 24 habituelles), trilingue (le français et l’allemand s’invitent dans la veillée1) et totalement visuel (pas d’audio drama cette année), cet arrivage de nouvelles nouvelles (pour la VO tout du moins) est à l’image de l’année 2020 : très particulière. Souhaitons-lui et souhaitons nous cependant que cela soit dans un sens plus positif que ce à quoi les 11 derniers mois nous ont habitué.
Le sommaire du BLAC 2020 met particulièrement à l’honneur Warhammer 40.000, à qui revient la moitié des publications. Si en termes de personnages convoqués, et à première vue – des titres et des couvertures uniquement – , seul l’inusable Ciaphas Cain s’impose comme une valeur sûre, les auteurs mis à contribution sont quant à eux largement connus de la part des habitués de la Black Library. En plus de Sandy Mitchell, on retrouve ainsi les Seigneurs de Terra Guy Haley et John French, les confirmés Robert Rath et Danie Ware, et le « faux débutant » Marc Collins.
Les 6 autres nouvelles se répartissent également entre Age of Sigmar (la tête d’affiche étant ici tenue par le positivement immortel car intuable Gotrek Gurnison) et Hérésie d’Horus. Un certain mystère est ici laissé par la BL, en tout cas en matière picturale, puisque la couverture de la soumission du grand ancien sur le retour Graham McNeil n’a pas été révélée à l’heure où ses lignes sont écrites. On sait toutefois que l’histoire s’intitule ‘The Lightning Hall’, et je parie un petit crédit impérial qu’elle prendra place pendant le Siège de Terra et mettra en scène des Thousand Sons. Une intuition, comme ça. Notons également que pas moins de deux auteurs feront leurs premiers pas hérétiques à l’occasion du BLAC 2020: Mike Brooks et le bizut Brandon Easton, qui se paiera le luxe de signer ses débuts dans la Black Library par une publication dans la franchise la plus select de Nottingham.
1 : Avec comme d’habitude un contenu légèrement différent d’une langue à l’autre. J’ai toujours du mal à comprendre cette logique, étant donné que le nombre de lecteurs français de la Black Library capables de faire de l’achat d’impulsion en allemand pour compléter leur collection, et inversement, doit être marginal. Cette fois-ci, je pense que la team Croissant l’emporte sur la team Choucroute, car nous bénéficions d’un Fehervari alors que nos voisins écopent d’un Ware.
Un mot sur le programme francophone pour terminer : il n’y a bien sûr pas d’inédits à attendre de ce côté-là, mais on peut saluer l’inclusion de pas moins de 8 nouvelles assez récentes dans les 12 proposées, et une variété notable en matière de contenu. En plus des incontournables Warhammer 40.000, Age of Sigmar et Hérésie d’Horus, le programme français inclue ainsi une nouvelle de Warhammer Horror et une autre de Warhammer Crime.
Comme la BL n’est pas la seule à innover, je conclue finalement cette introduction en indiquant que ce post sera mis à jour en cours de mois, idéalement quotidiennement mais à coup sûr plusieurs fois par semaine, au lieu d’être envoyé finalisé en fin de mois. Après Noël, c’est plus Noël.
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Last Night at the Resplendent – S. Mitchell :
INTRIGUE :
Où on apprend que le point commun caché entre Ciaphas Cain et Michel Sardou n’est pas d’avoir une mère qui a tourné dans un nanar de Philippe Clair, mais bien de ne pas aimer se souvenir dans l’ordre1. Derrière cette entrée en matière un peu tarabiscotée, je le reconnais, se cache un constat implacable: l’histoire qui nous occupe ici, pour récente qu’elle soit dans la production de Sandy Mitchell, remonte assez loin dans la geste épicomique de son héros d’opérette. Et pour cause, elle prend place juste après les événements narrés dans la nouvelle ‘Sector 13′, publiée en l’an de grâce 2003. Pour les béotiens et les oublieux, Cain et Cie avaient alors purgé, à la suite d’un malheureux concours de circonstances -comme toujours avec ce loustic-, un culte Genestealers planqué sur la planète agricole de Keffia. Nous retrouvons donc quelques têtes connues des habitués de la saga, en plus des incontournables et irrespirables figures que sont respectivement le Commissaire Cain et son aide de camp Jurgen, à commencer par le Lieutenant Toren Divas et, en arrière plan, le Colonel Mostrue2.
Notre propos débute par la proposition faite par Divas à son collègue de régiment, qui le considérerait presque comme un ami n’eut été sa détestable manie de l’appeler « ma caille » (ou Cai, en VO3), d’aller passer la soirée au théâtre. Cain, qui se sent un peu responsable de la frustration sexu…timentale de son comparse, car la fille avec laquelle ce dernier voulait à l’origine et véritablement passer un bon moment s’est révélée être un hybride Genestealer et a donc fini sur un bûcher, accepte l’offre et les deux soldats partent s’encanailler dans une salle de music-hall répondant au nom de Resplendent. Nous l’appellerons donc ici le Splendid, pour des raisons évidentes qui seront je l’espère reprises par le traducteur officiel de cette nouvelle, si un jour elle a cette chance. Arrivés sur place, les killer quilleurs sont rapidement reconnus par la plèbe locale comme l’illustre Commissaire Ken et son presque aussi illustre acolyte Bharbee, ce qui leur permet de récupérer, en plus de deux sachets de pralines gratuits à la caisse (ce qui représente déjà 800€ de gagné), un accès aux loges d’honneur de l’établissement en reconnaissance de leurs héroïques exploits. Accompagnés à leurs sièges par le propriétaire en personne, l’onctueux Erasmus Denovra (dont la calvitie naissante ne manquera pas de faire tiquer le lecteur attentif), Cain et Divas déclarent le mini bar objectif stratégique, et passent la soirée à boire des coups, tout en essayant de comprendre les vannes du Kev Adams de Keffia.
Tout cela aurait pu se finir très normalement, et donc ennuyeusement, si à la fin du spectacle Denovra n’était pas venu sur scène pour faire applaudir le sauveur de Keffia par la foule en délire, attention que le cabotin mais peu patient Cain n’apprécie pas le moins du monde. Se retrouver coincé par une horde de fanboys du tiers monde secteur, très peu pour lui, merci. Pour se tirer de ce mauvais pas, une seule solution: demander au brave Jurgen de rappliquer dare dare pour une évacuation par Salamandre interposée, et trouver un chemin jusqu’à l’entrée de service en passant par les sous-sols du Splendid, où entre un Père Noël en kloug massif et une bouteille d’amasec contenant un crapaud hurleur de Catachan, les fuyards tombent sur l’ouvreur du théâtre, Orris, venu refaire ses stocks de churros. Ayant fort besoin d’un guide pour naviguer le dédale, Cain et Divas acceptent le coup de main du factotum, mais ce dernier semble les mener toujours plus profond plutôt que vers la sortie…
Début spoiler…Et en effet, lorsqu’ils rencontrent par le plus grand des hasards Denovra au détour d’un couloir, le sagace Commissaire finit par comprendre devant l’air étonné de ce dernier qu’il y a baleine, ou plutôt Kraken, sous gravillon. Le placide Orris était lui aussi un hybride, qui cherchait à faire tomber le bourreau (involontaire) du culte dans les griffes de ses gros copains. Ni Denovra, ni Orris ne survivent longtemps à cette révélation, et la situation aurait pu très mal tourner pour nos deux héros, qui se retrouvent rapidement confrontés au Patriarche insaisissable de l’infestation, sans l’arrivée providentielle de Jurgen. Ce dernier n’hésite pas à fracasser un mur (il n’y avait pas de place pour se garer) pour cueillir son supérieur, et la combinaison du bolter lourd et du lance-flamme de coque du véhicule impérial a bientôt raison du gros cafard. Sur un malentendu, ça aurait pu dévorer. Seul petit problème, le Splendid devient la proie des flammes, mais comme c’était un nid de Xenos4, on ne va pas pleurer non plus. Tout est donc bien qui finit pas trop mal pour notre troupe d’impondérables, prête à repartir servir l’Empereur sur un autre… théâtre. M.O.U.A.H.A.H.A. Ce sera Perlia, et c’est couvert dans ‘Death or Glory’.Fin spoiler
1: Remember Olympia 95. Les vrais savent.
2: Il est également fait mention d’une Sergent vétéran Wynetha Puh, pour laquelle Cain semble avoir une tendre concupiscence, mais j’avoue qu’elle ne me dit trop rien (et de toutes façons, elle n’intervient pas ici).
3: Ca fait beaucoup de renvois mais celui-ci vous sera peut-être utile (les autres non, on est d’accord). Ce surnom fait sens pour un lecteur anglophone car Ciaphas se prononce Kaïaphas en glaouiche. Si vous voulez un jour demander un autographe à Sandy Mitchell, ça vous évitera un moment de solitude.
4: Il faudrait penser à faire enquêter l’Ordo Xenos sur Michel Blanc pendant que j’y pense.
AVIS :
Les chroniques se suivent et se ressemblent pour Ciaphas Cain et Sandy Mitchell, qui ont fait leurs les principes de continuité et de persévérance. On a donc toujours droit aux mêmes ficelles, avec un Cain irrévérencieux qui se retrouve entraîné à son corps défendant dans des embrouilles mortelles, et ne doit son salut qu’à un heureux concours de circonstances, l’intervention énergique de son fidèle Jurgen, et ses compétences non nulles au pistolet bolter et à l’épée tronçonneuse. À la longue, je conçois que cela peut lasser, mais par petites doses, c’est tout à fait gouleyant. ‘Last Night at the Resplendent’ a également comme point fort, par rapport à d’autres nouvelles du même ordre commises par Mitchell, de mettre vraiment au premier plan sa figure de proue (pas comme ‘A Mug of Recaff’ et ‘The Smallest Detail’, qui propulsent Jurgen en vedette Valhallienne), et de venir compléter ou refermer des arcs narratifs existants, ce qui fera davantage plaisir aux fidèles du Commissaire Friseur que des pures et gratuites créations. En plus de ça, l’auteur nous réserve une petite surprise, ou un léger suspense, sur l’identité du fourbe traître de l’histoire, ce qui est toujours appréciable. Bref, pour les standards de la maison Mitchell, c’est plutôt de la qualité supérieure, et une façon agréable de (re)découvrir une des figures les plus excentriques, et donc attachantes, de la Black Library.
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L’Enfant du Chaos // Child of Chaos – C. Wraight :
INTRIGUE :
Le Siège de Terra approche méchamment et quelque part en orbite du Monde Trône, un Astartes en arrêt maladie contemple la planète de Pépé avec un œil torve et un visage couvert de biafine. Notre protagoniste est, vous l’aurez deviné, Erebus. Sauf que en fait, non, mais nous y viendrons un peu plus tard. Passé à la râpe à fromage par Horus et slam dunk-é dans le bac à ordures dangereuses par Lorgar, le surhomme par qui le scandale éclata n’a pas vraiment d’épaule sur laquelle suinter, mais il s’en fout royalement car son auguste compagnie lui suffit. Et comme dit son deuxième proverbe favori (on parlera de son premier un peu plus loin): « plus on est de fous, plus on rit, moi je suis tout seul parce que personne ne m’aime alors je compense en étant complétement ravagé du bulbe et pouvoir rigoler un bon coup ». Quel dommage que seule la version abrégée de cette maxime si profonde nous soit parvenue. Toujours est-il qu’Erebus est décidé à se parler à lui-même pour passer le temps, et il embarque donc le lecteur dans le récit de son origin story, qu’il considère comme étant édifiante. Voyons cela.
Première confession: Bubus a toujours été mauvais. Et surtout en dictée. Il ne s’en cache ni ne s’en excuse, et il n’y a pas d’élément déclencheur à chercher pour explique sa chute, à part peut-être le fait qu’il ne supporte pas la chaleur. Mais bon, se dire que l’Hérésie aurait été évitée par un malheureux climatiseur, ce n’est pas très glamour, donc restons sur l’hypothèse de la malignité incarnée. Déjà tout môme, son passetemps favori était d’arracher les pattes de scorpion de Colchis, ce qui n’est guère charitable. Issu d’une famille miséreuse, il se mit à lorgner du côté des khôl gris du Covenant après avoir constaté que les prêtres menaient une vie de patachon. Après quelques mois à apprendre par cœur des cantiques et à apprendre à lire sur des bouquins piqués en douce dans le temple local, notre zéro accomplit ses premières armes en garrotant de sang froid un jeune dévôt de son quartier, auquel sa mufle de mère le comparait à longueur de journée pour le rabaisser. L’individu en question témoignait de sa foi envers les Puissances en se peignant des mots sacrés sur le visage, habitude que son assassin reprit, tout comme il lui emprunta son nom: Erebus. MIND BLOWN. On est passé à ça d’avoir l’Hérésie manigancée par un gonze appelé Post Malone ou Tekashi69, ça fait froid dans le dos tout de même. Heureusement que Môman Bubus n’aimait pas le rap.
Ce premier assassinat permit toutefois à l’usurpateur d’entrer dans les ordres sans coup férir, et de commencer à tailler son chemin vers le pire, soit le Pouvoir, l’Influence, la Richesse et l’Efferalgan. Car Erebus n’est pas vraiment croyant à la base, et avoue volontiers s’être piqué d’intérêt pour la chose religieuse de la même manière que tu as pris goût aux endives au jambon: à l’usure. BLIND MOWN. Pendant qu’il faisait ses classes, un certain Prophète commençait à faire parler de lui dans l’arrière pays colchitique, et il ne fallut pas longtemps avant qu’Erebus ne pose les yeux sur celui qui allait devenir son père adoptif (Lorgar), accompagné par sa future marâtre (Kor Phaeron). Ce ne fut pas le coup de foudre mais le jeunot comprit qu’il fallait qu’il se rapproche de Mr Tête d’Œuf pour son propre bien, ce qu’il fit.
Une arrivée impériale et une transformation en Space Marine plus tard, notre désormais fringant héros part sillonner la galaxie à la recherche des Dieux du Chaos, envers qui il sent une attirance particulière. Rien de très intéressant ne se produit jusqu’à l’arrivée sur Davin, et la visite qu’Erebus rend à un temple décati que lui ont révélé ses visions. Sur place, il rencontra un vieux prêtre ridé et impoli, ce qui n’est pas très malin quand on s’adresse à un type qui fait deux fois sa taille et trois fois son poids. Parmi les tags effacés et les inscriptions désobligeantes, les sens de sorceleur du surhomme firent clignoter en rouge un dessin de l’Anathame (qui ne se trouvait pas sur place, ce serait trop simple) ce qui fut apparemment suffisant pour son bonheur immédiat. Il repartit donc avec une envie folle de farmer du Wither squelette1, en ordonnant au vioque de faction de retaper un peu la bicoque, et en donnant rendez-vous dans quelques décennies à une très jeune Akshub (qui ironie de l’histoire, lui donnera des cours en chaotique appliqué lorsqu’il reviendra… quel fumiste tu fais Bubus alors). La suite de l’histoire, sans être parfaitement connue, l’est toutefois suffisamment pour pouvoir laisser Erebus à ses divagations fiévreuses et purulentes. Mais tel est le destin de ceux qui manquent de peau.
1: Mais sans accès au Nether, il dut se contenter de piller les collections permanentes du musée de la vie rurale de l’Interex, comme chacun sait.
AVIS :
Chris Wraight lève le voile sur l’origine d’un des personnages les plus importants de l’Hérésie n’étant pas Pépé ou un Primarque : bonne idée dans l’absolu, et assez bien réalisée même si ‘Child of Chaos’ tient plus de la lecture complémentaire intéressante que du must read définitif. Il y a certes quelques révélations bien senties de la part d’un auteur qui a trop de métier pour ne pas jeter quelques bouts de fluff anecdotiques (au sens littéral) en pâture à son public de fanboys dans une nouvelle telle que celle-ci, mais rien qui changera la face du lore. On apprend par exemple que c’est à Erebus que l’on doit la maxime « béni soit l’esprit trop étroit pour le doute », ce qui est utile à savoir pour briller dans un centre GW mais relève de la trivia hérétique au final. Notons également que Wraight se retrouve piégé par cet ennemi acharné de l’auteur de l’Hérésie d’Horus qu’est la continuité temporelle (à égalité avec la bonne vieille logique cartésienne): si Erebus a pu devenir un Word Bearers, c’est qu’il était très jeune à l’arrivée de l’Empereur. Or on sait (‘Lorgar: Bearer of the Word’) que Kor Phaeron avait déjà mis des pensées non euclidiennes dans la tête de son pupille bien avant que Bubus soit en mesure de susurrer des salaceries à l’oreille de son Primarque : l’image d’Epinal d’instigateur de l’Hérésie qui accompagne le Chapel-Un depuis quelques années en prend donc un sacré coup dans les ratiches.
Bref, on tient ici une lecture sympathique et qui permet à Wraight de mettre un peu d’ordre1 dans, et de faire quelques clins d’œil à la suite de, l’histoire d’Erebus, ce qui peut, ou non, justifier les 3,49€ demandés par la Black Library pour tuyauter le lecteur/fluffiste sur ce VIP chaotique.
1: J’ai bien aimé le fait qu’il cherche à couvrir les traces de Thorpe en indiquant au détour d’une phrase que, oui, les Dieux du Chaos avaient bien un œil (mais juste un œil) sur Colchis et le Covenant, respectivement élus « Planète chaotique la plus calme du Materium » et « Secte chaotique hégémonique la moins efficace de la galaxie » 10.000 ans de suite. Il ne pouvait guère faire plus que cela sans réécrire l’histoire.
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The Serpent’s Dance – M. Brooks :
INTRIGUE :
Désormais rattachée au service exclusif du Régent rageux de Terra, Malcador le Sigilite, l’ex Sœur du Silence Amendera Kendel participe à l’effort de guerre en menant à bien des missions de contre-espionnage pour identifier les traîtres à l’œuvre dans le système solaire. Une vraie mission de l’inspection générale comme on les aime. Son devoir la mène jusqu’à Jupiter, où elle infiltre incognito un événement mondain organisé pour l’élite locale, à la recherche de… n’importe quoi en fait, car on ne dirait pas qu’elle tient une piste très sérieuse au moment de faire son entrée sur le dancefloor jovien. Cette approche au pur talent verse de maigres dividendes, malgré les conseils avisés que lui glisse son associé, chaperon mondain et consultant en jet set Ruvier Dall, et la soirée progresse sans que sa patronne n’arrive à coincer le moindre petit hérétique. Kendel a beau dissimuler son aquila frontale sous un masque, son physique de tueuse sous des froufrous1 et son aura de Paria avec un torque de suppression, on ne s’improvise pas femme du monde. La spécialité de la maison serait plutôt de les détruire, d’ailleurs (remember Proxima Majoris).
Après une heure à échanger des platitudes avec le gratin jupitérien en pure perte, Kendel en a ras la queue de cheval et opte pour une tactique différente. Rencardée en douce sur les agissements suspects d’un convive, qui est le seul à se balader librement de groupes en groupes sans gardes du corps, notre héroïne fonce sur sa cible comme un missile à tête chercheuse (et à la grande horreur de Dall, offusqué par ce manque flagrant de savoir vivre), avec la ferme attention de… l’inviter à danser. Si si. Ma foi, pourquoi pas: peut-être que le DJ local avait eu la mauvaise idée de mettre ‘Cotton Eye Joe‘ pile à ce moment. Quoiqu’il en soit, la tentative de Kendel se heurte, non pas à un mur, mais au refus poli de l’assistante du nobliau en roue libre (Durian Jarandille), une jeunette timide du nom de Kristanna Moristat, qui fait remarquer à cette virago d’Amendera qu’on ne peut pas macarener les gens sans sommation et sans leur demander leur avis d’abord. Ne pouvant pas décemment lui mettre une manchette sans créer un scandale, la sista improvise et entraîne l’impétrante dans une carioca fougueuse. Faute de merles… Cette proximité lui permet de détecter que Kristanna est elle-même une Paria, constat dont va découler tout un tas de déductions qui, pour la faire courte, mène à la neutralisation de Jurandille, un affreux Psyker sous couverture dont les discussions avec l’élite jovienne ne pouvaient qu’avoir pour but de préparer subrepticement l’arrivée d’Horus dans le système solaire.
Alors qu’elle s’apprêtait à se mettre une claque dans le dos pour se féliciter d’une mission rondement menée (difficile de compter sur des marques de franche camaraderie de ce genre de la part d’autrui quand on donne la nausée aux gens à 10 mètres à la ronde), on souffle dans l’oreillette de Kendel que le deuxième compagnon de Jurandille, Jorud Gevaz, a filé à l’anglaise pendant qu’elle remportait sa battle de tektonik contre le Psyker infiltré. Comme l’homme en question est parti dans la direction générale des appartements du Haut Thane de Jupiter et qu’il laisse des cadavres de gardes derrière lui, il s’agit de le rattraper en vitesse afin d’éviter une gueulante de Sire Gilles l’Huître. Beaucoup plus à l’aise maintenant qu’elle a le droit de mettre des gros taquets dans les nougats, Kendel finit par confronter sa proie avant qu’elle ne pose ses sales pattes sur le nabab local, et parvient à la retarder suffisamment longtemps pour que l’indispensable Helig Gallor (Death Guard en disponibilité) arrive disperser l’importun d’une rafale de bolter bien placée. Pas assez vite cependant pour empêcher Gevaz, un agent de l’Alpha Legion, d’appuyer sur le détonateur caché dans la boucle de sa ceinture avant de passer de vice à trépas. Être lent et méthodique est parfois handicapant. Bilan des courses: deux tiers des invités du bal (ainsi que Ruvier Dall) finissent en carpaccio, victimes des bombinettes cachées par les cultistes dans les automates de service, ce qui n’est pas un superbe résultat pour notre espionne en herbe. Elle fera sans doute mieux la prochaine fois, si prochaine fois il y a.
1: Notons au passage qu’elle a réussi à convaincre ce vieux pingre de Malcador de lui adjoindre les services de deux couturier.e.s. Deux fois le nombre de Space Marines de son équipe: on voit où vont ses priorités.
AVIS :
Dans la série des « Que sont-ils devenus? » de l’Hérésie d’Horus, le cas d’Amendera Kendel méritait-il qu’on s’y attarde? Personnage récurrent de James Swallow, ses apparitions dans la série se sont logiquement espacées au fur et à mesure que celles de son auteur faisaient de même. À titre personnel, je vivais et lisais très bien sans mademoiselle Kendel, et je m’interroge sur les raisons qui ont poussées Mike Brooks à la choisir pour ses débuts dans l’Hérésie. Amendera ne m’apparaît en effet pas comme une figure brooksienne classique, n’étant ni trop sarcastique pour son propre bien, ni le détournement d’un archétype de 40K, ni particulièrement originale au niveau de ses pronoms1, ni un Ork. L’intrigue et la mise en scène, sans être indigentes, ne sont pas non plus mémorables, et, à moins d’un fantastique coup de théâtre, l’intégralité des événements narrés dans The Serpent’ Dance aura autant d’impact sur le reste de l’Hérésie d’Horus que la couleur des papiers peints du boudoir d’Eidolon, voire qu’Eidolon lui-même (c’est dire). Bref, c’est un double gâchis à mes yeux: des compétences et de l’originalité de l’auteur en premier lieu, et des possibilités scénaristiques (que ce soit en termes de développement ou de conclusion d’arcs narratifs) offertes par une saga aussi étoffée en second lieu. On appréciera tout de même le sérieux dont Brooks a fait preuve dans sa préparation, qui transparaît dans les références aux travaux de ses prédécesseurs (battlemark et thoughtmark, Lucifer Black…), mais également dans des clins d’œil un peu plus subtils, comme le choix de Kendel de prétendre être une aristocrate d’une certaine planète Mollita pour accéder au bal. En conclusion, je ne voue pas cette nouvelle aux gémonies mais j’affirme sans détour qu’il y a beaucoup mieux à lire de la part de Mike Brooks et de l »Hérésie d’Horus que cette danse serpentine.
1: La danse entre Kendel et Kristanna est toutefois une péripétie que l’on n’aurait à mon avis pas pu trouver ailleurs que chez Brooks parmi les auteurs de la Black Library. Et on a bien un personnage non-genré dans l’histoire, mais c’est un garde tué hors champ dont Krendel récupère le fusil, donc ça ne compte pas vraiment.
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Sauvage // Savage – G. Haley :
INTRIGUE :
Notre histoire s’ouvre sur un concert de ronflements remplissant une tente à l’atmosphère étouffante, alors que le soleil est sur le point de se lever sur Omdurman. Allongé sur son lit de camp, notre héros, Gollph, après avoir courageusement mais vainement tenté de faire abstraction du bruit et de l’odeur la chaleur, décide d’aller se dégourdir les jambes pendant que la température est encore supportable. Gollph, comme ses camarades de la 7ème Companie Motorisée Super-Lourde de Paragonian (ou quelque chose comme ça), est un tankiste, et fier de l’être. Rattaché au Baneblade Cortein’s Honour, où il exerce la noble profession de senior chargeur – ce qui est mieux que serial killer, même si, au fond, cela revient au même –, Gollph espère un jour devenir artilleur. Bien que disposant des aptitudes nécessaires pour occuper cette fonction, notre héros est toutefois handicapé par ses origines : il vient en effet du monde sauvage de Bosovar, qui rime trop avec Kosovar pour que ses ressortissants soient pris au sérieux par les impériaux venant de mondes civilisés. En plus de ça, les Bosovarois ont la peau rose, ce qui, dans le régiment de Paragon dans lequel les hasards de la vie et de la guerre l’ont fait atterrir, est une source de discrimination et de brimades. Que fait donc la HALDE ?
Pour l’heure, Gollph profite du calme ambiant pour aller saluer son char, qui n’a pas vu le moindre combat depuis le début de la campagne, et aller contempler le lever du soleil en marchant pieds nus dans les hautes herbes, comme le petit sauvageon qu’il est resté au fond de lui-même (il n’enlève pas sa chemise tout de même, car le Commissaire n’aimerait pas ça). C’est l’occasion pour lui de se remémorer son parcours depuis les plaines de Bosovar jusqu’aux collines d’Omdurman, en passant par son recrutement dans la Garde, où il a appris à vaincre sa peur des portes. On n’en parle pas assez, mais c’est une technologie des plus dangereuses. Après tout, personne ne s’est jamais coincé les doigt dans un rideau de perles. De retour au camp, et occupé à lustrer des obus pour passer le temps en compagnie de son supérieur ronfleur, le 1er Artilleur Meggen, Gollph est surpris dans son ouvrage par l’arrivée silencieuse, mais pas inodore, de Shoam, le pilote du Cortein’s Honour. Ce dernier a obtenu des nouvelles fraîches faisant état d’un redéploiement imminent de la Compagnie, et de son départ d’Omdurman. Il vient donc rappeler à Gollph et à Meggen le pacte secret que les trois hommes avaient conclu des mois plus tôt, et qu’il leur faut mettre à exécution avant qu’il ne soit trop tard. Si Meggen se montre très enthousiaste à cette idée, Gollph l’est beaucoup moins, s’étant engagé dans l’aventure sous l’emprise de la boisson. Toutefois, une promesse est une promesse, et nos trois conspirateurs se retrouvent donc le soir venu derrière un buisson odoriférant1 pour accomplir leur sinistre dessein…
Début spoiler 1…Si Gollph avait traîné des pieds pour marcher dans la combine, c’est d’abord parce qu’il doit se taper le sale boulot, c’est-à-dire distraire les sentinelles placées devant la tente contenant les réserves de la Compagnie, pendant que ses comparses se glisseront à l’intérieur pour dérober ce dont ils ont besoin pour l’étape suivante de leur machination. En plus d’être dangereuse, cette tâche est humiliante pour le fier Bosovarien, car elle l’oblige à jouer au sauvage pour parvenir à ses fins, alors qu’il se considère comme étant parfaitement intégré au sein de la Garde Impériale. On voit donc Gollph se présenter devant les plantons de service, affublé d’un plastron fait de roseaux tressés (ça fait exotique, dixit Meggen), avec un formulaire mal rempli en main et un affreux dialecte petit nègre à la bouche, et tenter de se faire remettre farine pour dîner Lieutenant, oui oui, s’il te plait Monsieur présentement là dis donc. Pendant que l’héroïque peau rose occupe les gardes, et se fait dérouiller par le plus mal embouché des deux, Meggen et Shoam dévalisent les stocks du régiment, le premier intervenant une fois le forfait commis pour interrompre la bastonnade à laquelle le pauvre Gollph avait droit, et repartir avec lui vers leurs quartiers. La mission a été accomplie, reste à savoir quelle en était le but…
Début spoiler 2…Eh bien, et je n’invente rien, il s’agissait simplement d’organiser une petite fête d’anniversaire pour le Capitaine Bannick, avant que le camp soit levé. Ce dernier est donc pris au dépourvu lorsque son équipage et quelques amis le surprennent à la cantine avec un buffet de pâtisseries paragoniennes et quelques bonnes bouteilles. Parce que ce n’est pas parce que la galaxie est sur le point de s’effondrer qu’il ne faut pas profiter des petits plaisirs de la vie et prendre un pot entre collègues de temps à autres. L’enthousiasme collectif peine toutefois à déteindre sur Gollph, encore un peu marqué par son implication dans le complot pâtissier auquel il a participé, et surtout honteux que trois de ses compatriotes de Bosovar aient été sévèrement punis par les autorités régimentaires pour la disparition des victuailles dérobées par Meggen et Shoam. Il n’y a pas à dire, le racisme anti-rose reste un des fléaux cachés du 41ème millénaire…Fin spoiler
1 : Il a certainement été utilisé par un tankiste pressé comme petit coin, comme Gollph a le plaisir de le découvrir.
AVIS :
Attention, OVNI. Guy Haley signe avec Savage ce qui restera sans doute comme l’une des nouvelles de Gardes Impériaux les plus surprenantes du corpus de la Black Library. Pas de Xenos, pas de mutants et pas d’hérétiques ici, et à peine un peu de combat à proprement parler (même si la mâchoire de Gollph pourrait contester ce constat), mais la description de la vie d’un camp impérial dans toute sa singulière normalité. Si le « complot » fomenté par nos héros a une dimension comique assumée, et permet à Haley de démontrer qu’il est capable de jouer sur le registre humoristique de façon convaincante, c’est la description que l’auteur fait de la réalité sociologique de ce microcosme, où les préjugés et les discriminations1 entre Gardes de différentes origines demeurent aussi vivaces qu’aujourd’hui malgré les milliers d’années écoulées et la découverte d’autres espèces intelligentes, qui donne tout son sel à cette histoire. Le cosmopolitisme de l’Imperium est une de ses caractéristiques les plus intéressantes, mais rarement mise en valeur par la BL autrement qu’à travers l’exemple extrême des abhumains, du fait de sa ligne éditoriale résolument militariste. Haley démontre ici que la GW-Fiction peut encore totalement surprendre, et en bien, le lecteur, et que si la guerre est éternelle au 41ème millénaire, les à côté de cette dernière valent également la peine d’être racontés.
1 : Autre exemple, Shoam est traité comme un paria par ses camarades car il vient de Savlar, réputée pour être peuplé de criminels.
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Da Big Mouf – D. Ware :
INTRIGUE :
Dans les entrailles du Space Hulk Big Mouf, colonisé par les Deathskulls du Big Boss Zoldag Legmangla, nous suivons notre héros, le Nob Grimdak, alors qu’il s’adonne innocemment (ou aussi innocemment que sa nature de Xenos ultra violent le permet) à ses activités favorites: chercher du matos à récupérer pour kustomiser son équipement, tirer à droite et à gauche pour se convaincre de la mieutitude de son fling’, et se pavaner devant un public imaginaire comme s’il était un mannequin à la Fashion Week. L’arrivée d’une petite force de Sœurs de Bataille dans les coursives du Big Mouf, annoncée sans doute possible par le double bruit des bottes énergétiques et des cantiques consacrés1, est cependant suffisante pour renvoyer Grimdak, courageux mais pas téméraire (ou peut-être sujet aux acouphènes) jusqu’à la salle du trône de Legmangla.
Ce dernier, une montagne de muscles et de membres bioniques tout à fait conforme à l’image d’Epinal que l’on se fait du meneur peau-verte, allie la carrure d’un Ogryn avec la culture générale d’un Inquisiteur, puisqu’il a tôt fait de souligner que les harpies impériale sont forcément à la recherche d’une relique, puisque la recherche de ces objets constitue leur unique leitmotiv. Il l’a lu dans un vieux Codex Approved de Space McQuirk (le bien le plus précieux de son tas de loot), c’est donc que c’est vrai. Par un concours de circonstances tellement heureux qu’il a fallu à Tzeentch 999 ans pour le mettre en place, la relique en question est présente dans les alentours immédiats, puisqu’il s’agit d’une lance dont le bout du manche est un fémur humain, et dont un Nob quelconque se servait à l’instant comme d’un cure-croc2. Après avoir morigéné (je vous avais dit que c’était un érudit) son sous-fifre en lui faisant avaler son ustensile, Legmangla sonne la Waaagh! et emmène sa tribu à la rencontre des envahisseurs, guidé par le radar de recul que Grimdak a monté sur sa pétoire.
La confrontation initiale et finale (14 pages, c’est court), a lieu dans la salle du vortex, occupée par une sorte de trou noir anémique attirant mollement tout ce qui s’approche un peu trop près. C’est de là que le Space Hulk tire son nom de Big Mouf, et ça nous fait une belle jambe. Juste au moment où son chant de guerre se termine3, la vague verte tombe dans l’embuscade tendue par les filles de l’Empereur, qui avaient eu la lumineuse idée de la fermer pour surprendre l’adversaire. Vue par les yeux de Grimdak, l’attaque est d’une violence insoutenable et cause des ravages inouïs parmi les Xenos. Alors que le lecteur tente fébrilement de calculer combien d’Ordres Militants ont été rassemblés pour mener à bien cette mission périlleuse, et se prépare déjà à voir arriver Ste Celestine en personne pour un duel avec Legmangla, Ware balance un pain tellement brutal dans la mâchoire de l’Epique qu’elle en assomme du même coup le Réalisme, qui le suivait prudemment, comme à son habitude. Car le massacre des Deathskulls a été orchestré par une pauvre escouade de Sœurs de Bataille, soit 6 gougnafières en armure énergétique. Dans le chaos de la mêlée, les Orks parviennent tout de même à blesser gravement une Sista, grâce à l’intervention énergique de Legmangla en personne, mais c’est à peu près tout.
Après quelques pages confuses, Big Mouf se met en rogne et avale proprement tout ce qui n’a pas une coupe à frange (et Grimdak, qui parvient à s’échapper mais tout le monde s’en fout), permettant à Danie Ware de terminer son propos en révélant à son public que la miraculeuse escouade était menée par, mais en doutait-on encore à ce stade, l’injouable Augusta Santorus, qui avait très envie d’ajouter le fémur de Saint Finiang à son ossuaire personnel. Et il n’est pas permis de douter qu’elle a échoué dans cette tâche, bien que localiser l’emplacement de la relique dans un Space Hulk regorgeant d’Orks en ayant seulement une vague idée de la direction dans laquelle aller constitue un défi littéralement herculéen. Comme on dit, the Emperor provides.
1: Oui, nos braves Sistas abordent un vaisseau qui selon toute logique est infesté d’ennemis mortels en scandant les Parapluies de Cherbourg à plein volume. À moins qu’elles ne chantent horriblement mal, et comptent là-dessus pour faire fuir l’adversaire (une tactique tout droit piquée aux Emperor’s Children), on peine à comprendre l’intérêt de la manœuvre.
2: Ce n’est pas comme si 1) un Space Hulk était un agglomérat de vaisseaux spatiaux d’une taille colossale, dont la cartographie et l’inventaire occuperait même le plus diligent des experts pendant des décennies; 2) les Orks étaient connus pour leur goût de l’exploration minutieuse et 3) une lance terminée par un bout d’os avait une quelconque valeur aux yeux d’un Ork, et avait donc une chance d’être présentée au Big Boss.
3: Et Ware s’est donnée à fond sur le livret, car le lecteur bénéficie de plusieurs couplets de pop-rork.
AVIS :
Danie Ware enrichit moins sa gamme qu’elle étend ses déprédations en s’essayant à la littérature Ork, avec des résultats dans la droite ligne de ses premiers travaux. Si la première partie de la nouvelle, centrée sur Grimdak et Legmangla, pourrait à la rigueur faire illusion malgré son lot d’incongruités, la seconde en revanche reprend tous les codes de la SoB-erie1 dont Ware s’est faite la grande (et heureusement, seule) spécialiste au sein de la Black Library. C’est confus, incohérent et cela va à l’encontre des principes et des préceptes les plus basiques du lore1 : ayant déjà passé quelques chroniques à exposer mes griefs sur le sujet, je me contenterai ici de noter que le lecteur familier de ‘Mercy’, ‘Forsaken’ et ‘The Crystal Cathedral’ évoluera à nouveau en territoire connu. Le titre orkifié et la narration centrée sur un peau verte ne doivent pas faire illusion: il s’agit bien de la suite des aventures massacres d’Augusta Santorus, et les amateurs de POV Ork seraient mieux inspirés de se tourner vers les travaux de Mike Brooks et de Guy Haley. Contrairement aux balises laissées par l’Interex à proximité de Murder, j’espère que ces avertissements ne seront pas compris trop tard par ceux qui pourraient en avoir besoin…
1: Dédicace spéciale aux Blood Angels, pas foutu de purger un Space Hulk sans perdre 90% de leurs effectifs alors que Santorus et ses copines plient l’affaire en une demi-journée et une cheville foulée.
2: Heureux, ou en tout cas fatidique, hasard, « sob » veut dire sangloter en anglais. C’est approprié.
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Morts sur la Route de Svardheim // Death on the Road to Svardheim – D. Hinks :
En route vers la cité de Svardheim pour une raison sans doute logique mais inconnue de l’auteur de ces lignes au moment de l’écriture de cette chronique, le duo le plus mal assorti des Royaumes Mortels1 passe le temps et les kilomètres sur la route 88 (c’est tout plat, désertique et décoré avec des monceaux de crânes) en discutant théologie, comme à leur habitude. Bien évidemment, la situation finit par gentiment dégénérer, l’anticléricalisme blasphématoire d’un Gotrek toujours chafouin de s’être fait rouler dans la farine par les Dieux du Monde Qui Fut mettant sur les dents, qu’elle a éclatante, la dévote Maleneth. À force d’enquiller les bornes, elle finit même par les dépasser, allant jusqu’à accuser son rusé et runé camarade de servir le Chaos, à l’aide de l’argument, bien connu de George W. Bush, du « si tu n’es pas avec moi (et Ziggie) tu es contre moi ». Avant que la situation ne dégénère trop franchement, et que le Tueur vétéran ne doive se trouver encore un nouveau sidekick, les comparses tombent sur le théâtre d’une embuscade ayant été fatale à une bande de prêtres sigmarites, dont les corps décapités jonchent les alentours d’une carriole incendiée.
Après une rapide enquête, il s’avère que les assaillants n’ont pas réussi le perfect en matière d’élimination de témoins, une pauvre nonne répondant au nom de Carmina se présentant à nos héros et leur expliquant que sa congrégation s’est fait dérober une relique irremplaçable, le Poing Incorruptible, dont elle avait la charge et promenait de ville en ville pour ranimer la foi des locaux. Avant que Gotrek n’ait pu marquer de nouveaux points d’athéisme hardcore en demandant à Carmina en quoi un poing pouvait être corrompu, pour commencer (il en serait capable le bougre), Maleneth se fait embringuer dans une mission de récupération du saint gantelet, qu’il s’agit simplement de reprendre des mains malpropres d’une petite vingtaine de bandits, retranchés dans une forteresse abandonnée à quelque distance de la route. Rien que de très banal pour notre Tueur, qui accepte toutefois de mettre les formes et de suivre un plan un minimum intelligent (attendre que Maleneth se soit mise en position derrière le bastion pour intercepter d’éventuels fuyards) avant d’aller toquer à la porte le plus naturellement du monde.
La prévoyance de l’Aelf paie rapidement car il se fait bientôt jour (enfin, nuit, mais je me comprends) que les brigands sont un peu plus qu’une bande de maraudeurs sanguinaires, mais bien une authentique secte de Khorne, en train d’invoquer un démon de fort belle taille à l’aide de leur collection bien mal acquise de grigris et talismans. Maleneth n’a pas le temps de signaler qu’il y a une courge dans le potage que Gotrek est cependant déjà en train de défoncer la porte et de se tailler un chemin à travers les mobs de bas niveau, jusqu’à poser l’œil sur une Némésis digne de lui, qu’il engage évidemment en combat singulier dans la plus pure tradition du genre. Etant un VIP incontournable du multivers, Gogo est reconnu par son adversaire, qui a la mauvaise idée d’insinuer que le Tueur a fui son monde au moment de la Fin des Temps au lieu de rester et de se battre pour le défendre. Cela met notre nabot en rogne, et les deux adversaires se balancent quelques baffes amicales, sans trop d’effet de part et d’autre, jusqu’à ce que Meleneth ait l’idée géniale de confisquer les reliques ayant été mise à profit pour invoquer le démon, et dont ce dernier a encore besoin pour maintenir sa présence dans les Royaumes Mortels. Au fur et à mesure que les héros shootent dans les breloques, leur adversaire perd en taille et en carrure, jusqu’à finir rachitique et malingre, et se faire décapiter sans cérémonie par un Gotrek enfin à la bonne taille pour jouer de la hache.
Ceci fait, le duo infernal n’a plus qu’à remettre le Poing Incorruptible à la brave (en fait pas trop) et reconnaissante Carmina, qui s’en va à cheval remettre le précieux héritage en sécurité, pendant que nos héros continuent à pied leur périple. Poing/t final de notre histoire ?
Début spoiler…Eh bien non (comme la balise spoiler ne le laissait pas du tout envisager), car lorsque nos voyageurs, fourbus (surtout pour Maleneth) et assoiffés (surtout pour Gotrek) tentent d’obtenir le gîte et le couvert d’un monastère sigmarite croisé un peu plus loin sur la route, se disant à juste titre que tous les culs bénis à la ronde leur sont redevables de leurs récents exploits, c’est pour entendre un son de cloche bien différent. Carmina était en fait une voleuse ayant mené sa bande, déguisée en prêtres, dérober le fameux Poing Incorruptible (mais pas Inatteignable) de la garde des vrais fidèles de Sigmar, en tuant quelques uns au passage. L’abbé outré qui fait ce récit aux voyageurs est persuadé que l’iconoclaste va briser la relique en mille morceaux pour revendre la Pierre de Royaume dont elle est faite au plus offrant, au mépris de tous les commandements de Sigmar. C’est donc une grosse boulette, sur laquelle Maleneth manque de s’étouffer, mais qui ne déclenche chez ce philosophe de Gotrek qu’un rire tonitruant. Il en a certes vu d’autres…Fin spoiler
1 : Gotrek est un Nain (et pas un Duardin) roux exhibitionniste, et Maleneth est une Aelf brune gothique.
AVIS :
Eh bien ça y est : après avoir laissé Gotrek (et le regretté Felix) à leurs aventures dans le Monde Qui Fut, je renoue enfin avec ce héros mythique sous sa nouvelle incarnation, à travers ce court format signé du père adoptif #3 du Tueur de… trucs, Darius Hinks. Ce qui m’intéressait particulièrement dans ces retrouvailles était de voir ce qui avait changé, et ce qui était resté, des précédentes aventures de M. Gurnisson, qui constituaient un sous-genre de la littérature BL à elles seules. L’équilibre n’était pas facile à trouver entre respect servile du cahier des charges, forcément un peu obsolète, établi par King et Long en la matière, et innovations radicales, qui auraient enlevé tout le sel de ce come-back improbable. Et je dois dire que Darius Hinks s’en est plutôt bien sorti, tant sur le fond que sur la forme. On est bien en présence d’une aventure de Gotrek & Cie, avec notre petit rouquin teigneux, grincheux et pince sans rire s’embarquant dans un combat à haut risque contre un adversaire très balèze (sur le papier en tout cas), au grand désespoir de son partenaire attitré. Ce qui change ici est que Gotrek est devenu un mécréant militant, gardant sa dernière dent contre tout le panthéon divin (à commencer par Sigmar, qui s’en prend plein les tresses), alors que Maleneth est, sous ses abords de tueuse froide, une zélote du grand barbu, ce qui est à la fois surprenant (c’est le type qui la voyait comme une pseudo Assassin druchii qui parle) et intéressant. Notons également que Hinks ne se gêne pas pour glisser quelques références au passé proprement légendaire de son héros et donc à feu Warhammer Fantasy Battle, ce qui devrait faire plaisir autant qu’intriguer le lecteur historique de la saga. Bref, le contrat est bien rempli dans ce ‘Death on the Road to Svardheim’, qui tient son rang parmi les cohortes de nouvelles Gotrekesques publiées par la BL depuis des temps immémoriaux. Reste à savoir ce que cette dernière compte faire de son increvable héros sur le long terme, maintenant qu’il ne peut absolument plus mourir (ce serait un énorme fail), mais ceci est une autre histoire.
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Buyer Beware – G. Thorpe :
INTRIGUE :
Notre histoire commence par une descente de boardercross Kharadron, qui, comme chacun sait, se court en combinaison intégrale de laine de goret à poils longs de Chamon. Partis à cinq de la ligne de départ, située dans le nid d’une Maw-Crusha en attente d’un heureux événement, seuls quatre Duardin parviennent à boucler la course dans les temps impartis et en un seul morceau. On portera longtemps le deuil de Rogoth (casaque, culotte et barbe jaune poussin), dont les tendances gauchistes lui ont été fatales. Les Nains sont un peuple de (virage à) droite, c’est bien connu.
Parvenus jusqu’à la sécurité – toute relative – de leur vaisseau (Night’s Daughter), le capitaine Karazi ‘Fairgold’ Zaynson et ses acolytes n’ont pas besoin de signaler au reste de l’équipage qu’il serait de bon ton de souquer les aethertibuses, comme on dit à Barak-Mhornar : les rugissements tonitruants et les attaques en piqué de la mère poule dérangée dans sa retraite étant une motivation suffisante. Un tir de mitraille bien senti plus tard, l’affaire est réglée aux torts partagés : une gueule et une épaule chevrotinée pour le Maw-Crusha, ce qui l’oblige à rejoindre le plancher des Squigs, et une méchante estafilade de coque pour la Night’s Daughter. Pas assez pour amener le fier vaisseau par le sol, mais assez pour occuper l’endrineer de bord et son assistant pendant une bonne partie du voyage jusqu’à la destination fixée par Fairgold : un avant poste Orruk où l’attend le deal de sa vie. Car oui, à Age of Sigmar, les Nains et les Orques ne sont pas irrémédiablement et définitivement fâchés, et peuvent (apparemment) faire affaire quand la situation l’exige. En l’état, Fairgold a besoin de renflouer les caisses en exploitant un filon d’aether-or localisé par la tribu peau-verte avec laquelle il a rendez-vous, afin de financer une nouvelle expédition pour localiser l’épave d’un navire familial, le Night’s Gift. Une raison qui en vaut une autre, et se révèle donc assez impérieuse pour justifier les tractations contre nature dans lesquelles le capitaine entraîne ses matelots.
Arrivés à bon port après ne s’être que légèrement écrasés dans la forêt proche du village Orruk (équipage secoué + immobilisation), les Kharadron envoient une délégation réduite négocier l’accord avec la partie adverse, tandis que le reste de l’équipage s’emploie à remettre le châssis en état, sous les ordres de Verna (l’endrineer susnommée). À terre, Fairgold et ses compagnons rencontrent finalement le massif Orgaggarok, chef de la tribu du Poing qui Tombe, qui possède ce qu’ils désirent : une carte localisant l’emplacement précis du gisement d’aether-or convoité, flairé par les pouvoirs surnaturels du Wardancer local1. Mais en échange, Orgaggarok veut les trois œufs de Maw Crusha que ses invités ont apportés avec eux, ce qu’un négociateur vétéran comme Fairgold ne peut laisser passer sans froncer de la moustache. Après un marchandage vindicatif et énergique, l’accord est sur le point de sans conclure sans le moindre sang versé sur la base de deux filons contre trois œufs, lorsque l’expert en ruralité profonde que le chef Orruk a amené à la table au tronc de négociation, lui hurle dans l’oreille qu’il est en train de se faire avoir comme un bleu. Les taches caractéristiques qui ornent la coquille des œufs montrent en effet de façon formelle que ces derniers viennent des Pics de Fer… qui sont sur le domaine des Poings qui Tombent. Oupsie.
Vendre un bien que l’acheteur possédait déjà étant une pratique universellement condamnée, le dialogue tourne court et les lames sortent des fourreaux (pour ceux qui en ont). Bien que tenus en respect par l’arsenal de leurs visiteurs, les Orruks sont tout prêts à foncer dans le tas pour apprendre les bonnes manières leurs visiteurs, mais l’arrivée de deux catastrophes aériennes coup sur coup va donner à Fairgold et ses matelots la distraction nécessaire pour se sortir de ce guêpier. D’abord, Mama-Crushaw débarque au village, guidé par son instinct maternel infaillible, ou la puce de géolocalisation qu’elle avait placé sur ses œufs (allez savoir, c’est de la high fantasy, je ne serais même pas surpris). Puis, c’est la Night’s Daughter, enfin réparée, qui arrive à son tour, abat pour de bon le lézard volant en rut, défonce la palissade Orruk, et maintient les sauvages en respect assez longtemps pour permettre aux VRP de remonter à bord. Bien entendu, Fairgold a trouvé le moyen de chiper la carte d’Orgaggarok au passage, et tout est bien qui finit donc bien pour nos petits gars et filles. Même mieux que bien, car ils ont gardé le dernier œuf de Maw Crusha pour eux, et que ce dernier vient d’éclore. Et une mascotte pour la Night’s Daughter, une !
1 : Spécialisé dans les souffles (ou pets, si on demande à ce diplomate né de Fairgold) de Mork, nom donné par les Orruks à ce type de filon.
AVIS :
Après des débuts discrets à Age of Sigmar (comparé à sa production soutenue pour Warhammer Fantasy Battle ; 40.000 et l’Hérésie d’Horus), Gav Thorpe signe une petite nouvelle posant tous les jalons d’une suite plus ambitieuse avec ce ‘Buyer Beware’. J’en vux pour preuves la galerie conséquente de personnages qu’il prend le temps de nous présenter, ainsi que les relations particulières qui unissent certains d’entre eux (Fairgold et Verna semblent très proches), mais également la mise en perspective de la quête inlassable de Fairgold pour le Night’s Gift, qui justifie tous les événements narrés dans ce court format. Il est encore trop tôt (au moment où cette chronique est écrite) pour acter de la véracité de cette intuition, d’autant plus que Thorpe a déjà une série de romans sur le feu – ça se passe à Aqshy après tout – pour AoS, avec ‘The Red Feast’ (et sa.es suite.s), mais il y a des signes qui ne trompent pas. Pour le reste, ‘Buyer Beware’ tient assez bien la route, sans originalité folle ni style flamboyant, mais avec un dosage correct d’action et d’humour, et surtout sans les incongruités regrettables dont Gav Thorpe parsème parfois ses soumissions à écrire sans se poser de questions. Qualité naine, dirons-nous.
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La Mort d’Uriel Ventris // The Death of Uriel Ventris – G. McNeill :
INTRIGUE :
Ce qui ne devait être qu’un contrôle dentaire de routine est sur le point de prendre un vilain tour pour le Capitaine Uriel Ventris, de la 4ème Compagnie des Ultramarines. Allongé dans le fauteuil du praticien, le patricien écoute avec angoisse le servocrâne de service lui demander de prendre une grande respiration et de la bloquer, afin que l’anesthésie puisse être effectuée. Cela risque de piquer un peu. En repensant à toutes ses sucreries englouties avec Pasanius pendant la Guerre de la Peste, notre héros se dit que s’il s’en sort, il investira pour sûr dans une brosse à dents énergétique, qu’il usera énergétiquement1. Mais pour l’heure, il est temps pour le vaillant mais douillet Capitaine de tomber dans les pommes pour échapper au supplice de la fraise.
Se réveillant dans une espèce de caverne qui ressemble fort à sa Calth natale, Ventris comprend rapidement qu’il expérimente une vision lorsque sa sortie de la grotte se fait sous un grand soleil et devant un paysage bucolique, loin des plaines radioactives dont la véritable planète peut s’enorgueillir depuis 10.000 ans. Comme pour confirmer son délire, il se fait héler par un quidam assis sur un rocher, qui se révèle être ce bon vieux Idaeus, Capitaine de la 4ème Compagnie avant lui, et auquel il a succédé après le sacrifice héroïque du briscard sur Thracia. À peine le temps de détailler les nombreuses cicatrices qui parsèment le corps de l’auguste héros pour s’assurer de son identité que les deux surhommes se mettent à dévaler la pente en direction de la caserne Asigelus (qui n’est pas sur Calth mais sur Macragge, mais bon on s’en fout c’est un rêve), où les hallucinations de Ventris l’entraînent. En chemin, ils croisent la route d’un groupe de jeunes coureurs engagés dans une compétition acharnée pour être le premier à utiliser la douche au retour de leur session d’entraînement, et Uriel reconnaît sans mal Learchus, Cleander, Pasanius et lui-même, tels qu’ils étaient à l’adolescence. Il ne peut qu’assister à nouveau à la tentative malheureuse de dépassement de ce snob de Learchus que son jeune lui avait tenté il y a toutes ces années, et sentir, très douloureusement, le vicieux coup de coude que son rival devenu rival devenu balance devenu Capitaine par intérim devenu Sergent Vétéran lui avait balancé dans le pif pour calmer ces ardeurs. Cela fait toujours aussi mal, et même beaucoup plus mal que cela devrait, mais cette soudaine vulnérabilité attendra un peu, car voici nos deux vétérans rendus devant les portes de la caserne, qui sont, comme de juste, fermées.
Peu disposé à laisser quelques quintaux de fer et d’adamantium se mettre en travers de la route de son flashback, et constatant qu’Idaeus se dégrade à vue d’œil, Ventris pousse de toutes ses forces sur les lourds battants pour pouvoir entrer, là aussi déclenchant des douleurs sans doute excessives par rapport à l’effort consenti par un Space Marines en bonne santé. Enfin parvenu à ses fins, il finit par rentrer dans les baraquements, un Idaeus positivement cacochyme sur les talons. Là, il est témoin du rassemblement de la 4ème Compagnie dans son ensemble, spectacle grandiose même si esthétiquement critiquable2, qui fait battre très fort ses petits cœurs. Après avoir identifié pour le lecteur qui n’en demandait pas temps la moitié des guerriers assemblés en silence sur la place, il est pris à partie par cette vieille baderne de Learchus, qui vient lui reprocher de les avoir abandonnés. « Oui mais bon c’est un rêve buddy et t’étais pas obligé de me foutre la honte devant Idaeus en mentionnant que j’avais prêté un serment de mort petit galapiat » répond Uriel, un peu embarrassé. Qu’importe, Learchus répète à nouveau que Ventris est en train de les abandonner à l’instant même, et lui tourne le dos comme un prince, suivi par l’intégralité de la Compagnie. C’est moche de bouder les enfants. Lorsque le Capitaine abandonné cherche à raisonner le Sergent, ce dernier a de plus la mesquinerie de tomber en poussière, suivi par 99% des Ultra Schtroumpfs. Seul reste ce bon vieux Pasanius, qui en guise d’adieu lui applique une petite imposition des mains sur le torse, mais seulement après avoir passé son membre augmétique au micro-ondes. Bref, ça brûle très fort pour notre pauvre Uriel, qui commence sérieusement à regretter sa consommation irraisonnée de Chupa Chups.
Lorsqu’il reprend ses esprits, le voilà sur Medrengard, et Idaeus a laissé la place à ce fieffé filou de Honsou. Réagissant comme un vrai serviteur de l’Empereur, notre héros commence par corriger bellement cette canaille à mains nues, qui se laisse faire sans protester. Sur le point de commettre l’irréparable avec la propre hache démoniaque de sa Némésis, Ventris réalise au dernier moment que ça pourrait être une mauvaise idée, et suspend son geste. S’engage alors un dialogue Batman vs Joker like entre Force Bleue et Force Jaune avec Rayures Noires, les deux adversaires se balançant des amabilités pendant quelques minutes jusqu’à ce qu’un nuage de poussière ne se profile à l’horizon, annonçant l’arrivée prochaine des War Boys d’Immortan Joe (sans doute le dernier film visionné par Ventris avant son opération), ce qui ne présage rien de bon pour notre héros. Qu’importe, ce dernier se tient prêt à faire face à son destin, et à mourir bravement au combat si nécessaire. Après un dernier « Witness meeeeeee ! » envoyé à Honsou, Uriel se fait pulvériser par l’artillerie montée sur les machines hurlantes qui convergent sur sa position. Fin de l’histoire.
Début spoiler…Ou en tout cas fin du rêve. De retour dans le cabinet du dentiste, nous assistons à un court dialogue entre l’Apothicaire Selenus et le Chapelain Clausel, alors que l’enveloppe corporelle de Ventris décède sur la table d’opération. Bien que le premier se félicite de la réussite de l’opération3, il prévient son interlocuteur que le plus délicat reste à venir, le Capitaine devant maintenant trouver la force de traverser ce fameux Rubicon4…Fin spoiler
1 : Pour sa défense, l’Empereur lui-même n’avait rien prévu de spécial dans ce département pour ses Space Marines. Et pourtant, avec une salive acide, ils auraient eu grand besoin d’un émail renforcé à l’adamantium.
2 : Vert + bleu + jaune, franchement, c’est moche.
3 : « Ça a marché ? »
« Oui, il est mort. »
« GG. »
4 : Qui doit maintenant être encombré de Space Marines de toutes origines, au grand déplaisir de la faune locale et des touristes.
AVIS :
Ayant laissé tomber la saga d’Uriel Ventris il y a bien des années et après avoir seulement lu la première trilogie consacrée par McNeill à sa figure tutélaire dans le futur grimdark, j’avoue que la lecture de The Death of Uriel Ventris ne m’a pas touché plus que ça, mais peut aisément comprendre qu’un fan plus impliqué que votre serviteur ait une toute autre opinion du texte en question. Si l’auteur ne prend pas grand soin pour dissimuler la véritable nature de l’épreuve que le Capitaine traverse en filigrane de cette nouvelle (toutes les douleurs ressenties par ce dernier au fil des pages étant la conséquence de sa Primarisation douloureuse), enlevant donc un peu de suspense à cette dernière, il a au moins l’amabilité de terminer son propos sur un cliffhanger convenable, justifiant le titre donné à l’histoire. Même si je ne doute pas une seconde que notre héros finira par émerger du Rubicon – il doit y avoir un service de ferry pour les personnalités Space Marines, car elles sont vraiment peu nombreuses à s’y être noyées – comme les lois du marketing le demandent expressément, on peut au moins accorder à McNeill une utilisation appropriée de la formule « mort d’Uriel Ventris », ce dernier finissant la nouvelle dans un état minéral (c’est plus grave que le végétatif). À titre personnel, j’aurais apprécié que McNeill précise ou rappelle pourquoi le fier Capitaine a choisi/subi cette opération « risquée », à part pour suivre la dernière mode chez l’Astartes, bien entendu.
Pour le reste, le passage en revue de la carrière et des connaissances les plus marquantes de notre personnage, s’il est cinématiquement mis en scène par l’auteur, risque fort de diviser le lectorat entre ceux qui comprennent qui est qui et a fait quoi, et les autres. En d’autres termes, si vous découvrez Uriel Ventris par l’intermédiaire de cette nouvelle, je ne suis pas convaincu que l’expérience vous semble très intéressante (mais ce n’est que mon avis). En tous les cas, sachez que le personnage dispose d’ores et déjà d’une abondante biographie signée de la main de Graham McNeill, et que ce dernier ne l’ayant certes pas fait « mourir » pour rien, il est à parier que d’autres ouvrages ou nouvelles suivront. Dans le second cas, rendez-vous ici dans quelques temps pour un retour positivement objectif sur la suite des aventures de ce vieux Vent Triste.
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The Shapers of Scars – M. Collins :
INTRIGUE :
Dans l’infirmerie du Wyrmslayer Queen, la Reine Guerrière de Fenris (surtout) et Capitaine Libre Marchand (un peu) Katla Helvintr passe un sale moment. Ayant fait l’erreur de tendre l’autre joue dans un concours de crachat d’acide, notre héroïne donne du fil à retordre et des points de suture à poser à son équipe médicale, qui s’affaire pour sauver ce qui peut l’être de sa carnation délicate et de sa chevelure luxuriante. La situation est tellement grave que la vieille Bodil (à ne pas confondre avec sa sœur, Bursul), gothi fenrissienne tout ce qu’il y a de moins scientifique, a été appelée à la rescousse. Entre deux jets de runes en os (non désinfectées, j’en suis sûr) et prophéties mystiques sur le destin de Katla, qui finira soit dévorée par les Tyranides, soit étranglée par un ver de terre – c’est écrit –, Bodil trouve le temps de sortir son matériel de tatouage et commence à gribouiller sur le visage de sa Jarl, soit disant pour lui donner la force de vaincre le mal qui la hante, mais plus sûrement pour se venger de la dernière demande d’augmentation refusée par cette pingre de Katla. On se console comme on peut.
Pendant que la Tin-Tin du 41ème millénaire dessine des élans sur le front de sa patiente, nous remontons le temps pour comprendre comment cette dernière s’est retrouvée dans cette position peu enviable. La série de flashbacks que Marc Collins intègre dans son récit nous permet de suivre Katla dans ses œuvres, qui consistent principalement à sillonner le vide à la recherche d’adversaires de valeur à combattre. Drôle d’activité pour un Libre Marchand, mais après tout, certains tiennent visiblement à jouir de leur liberté plus que de leurs marchandises, et comme ils ont un mot d’excuse signé par Pépé en personne, nous ne sommes pas en droit de leur demander des comptes sur l’usage qu’ils font des ressources de l’Imperium. La cible du Wyrmslayer Queen se trouve être un vaisseau tyranide esseulé par la dispersion de sa flotte ruche, mais que sa soudaine solitude ne dissuade pas le moins du monde d’attaquer son traqueur bil(l)e en tête. Bien aidée par le désir manifeste et palpable de la Jarl de Fenris de régler l’affaire au corps à corps plutôt que par salves de missiles interposées, la bioconstruction Xenos arrive à portée de tentacules, et envoie quelques nuées de cafards enragés à l’abordage de son tourmenteur. Voilà une situation bien engagée et tout à fait optimale pour les impériaux, comme chacun peut en juger.
Short story shorter, Katla emmène sa bande joyeux huscarls à la rencontre de l’infestation tyranide qui s’oublie sur la moquette du troisième pont, et finit par croiser le fer avec un Prince particulièrement caustique et affligé d’un gros problème d’acné. À trop faire la maline avec ses hachettes viking, elle finit par percer le bouton de trop, et se fait asperger d’un acide autrement plus corsé que celui qu’elle a pris avant de se ruer à la bataille. Cela ne l’empêche pas de finir l’impudente bestiole proprement avant de faire une petite pause coma bien méritée, et la suite nous est connue. L’histoire se termine par le réveil de Katla, qui trouve le tatouage tribal que la fidèle Bodil lui a fait sur la moitié de la tronche méchamment bath. C’est ce qui s’appelle faire contre mauvais profil bon cœur.
AVIS :
Petite histoire très simple (j’aurais pu résumer le propos en trois phrases sans omettre grand-chose d’important) au nom très compliqué, ce ‘The Shapers of Scars’ intrigue et déçoit à égales mesures. Pour commencer par les reproches, je me désespère de lire encore des affrontements spatiaux complètement stupides car physiquement abscons après 30 ans de publications 40K. Ici, nous rencontrons le cas d’école de l’auteur n’ayant pas intégré qu’une bataille spatiale se déroule à une échelle de centaines de milliers de kilomètres, et pas à portée de jet de chaussure (ou ici, de tentacules pour les Tyranides et de harpons pour les impériaux1), ce qui est à mon avis un héritage néfaste des derniers Star Wars. Reconnaissons au moins à Collins d’avoir de la suite dans les idées, car mettre en scène une héroïne tellement obnubilée par le pugilat qu’elle abandonne son rôle de commandante en pleine bataille pour aller jeter des javelots à la gu*ule de pauvres Gaunts dans les coursives de son propre navire, accompagnés d’hommes de main équipés comme des Burgondes du haut Moyen Âge, est d’une originalité rafraichissante par rapport au reste du corpus de la Black Library. Il faut de tout pour faire un Imperium, même des Fenrissiens bas du front et des auteurs en roue libre.
Si on est d’humeur plus charitable, on peut s’interroger sur les raisons qui ont poussées Collins à être si spécifique dans le choix de ses protagonistes, la rencontre entre « cultures » Rogue Trader et Space Wolves dans une nouvelle de quelques pages ne se justifiant à mes yeux que si ‘The Shapers of Scars’ est le prélude à une œuvre plus conséquente. Certains auteurs de la BL, Dan Abnett et Aaron Dembski Bowden en tête, ont déjà prouvé qu’il était possible de réaliser des fusions plus improbables que celle-là de façon convaincante, et au final à donner plus de substance et de saveur au gigantesque patchwork socio-culturo-politique qu’est l’Imperium. Il se pourrait donc que nous recroisions Katla Helvintr et la bonne Bodil dans un futur proche, hypothèse d’autant plus plausible que Marc Collins est toujours dans l’attente d’un premier roman pour la BL, et que les créneaux Rogue Trader et Space Wolves ne sont pris par personne en ce moment. Faîtes vos jeux.
1 : Imaginez un peu la longueur, donc la place et le poids, de la chaîne nécessaire pour qu’une telle arme puisse « ferrer » une cible et la ramener à bon port. Déjà que sur un Titan, c’est limite, mais sur une frégate…
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À Vos Ordres // By Your Command – G. Thorpe :
INTRIGUE :
<surlaplanetenicomedua> + <ledatasmithundrasactivea> + <reveillerungroupederobotskastelan>… … … <reparamétrage_enclenché>. Ahem. Je disais donc que sur la planète Nicomedua, le Datasmith Undra s’active à réveiller un groupe de robots Kastelan. Plus lisible, clair et agréable ? Je m’en doutais. Mais il va pourtant falloir vous endurcir, amis lecteurs, car cette synthaxe aglutinée reviendra à plusieurs reprises dans notre nouvelle, trouvaille suicidaire1 de Gav Thorpe pour faire comprendre à son public qU’iL y A dEs RoBoTs DaNs SoN hIsToIrE. Mais revenons-en à nos moutons électriques. Nous faisons la connaissance d’Alpha 6-Terror, Kastelan en chef de l’escouade de six qu’Undra a sorti de sa torpeur pour aider l’équipage du Titan Casus Belli à repousser les assauts d’une bande de Space Marines du Chaos, dont les semelles boueuses et les goûts musicaux déplorables (ce sont des Emperor’s Children) menacent la sainteté de leur machine de guerre géante. Ayant reçu ses instructions (Détruire. Sécuriser. Protéger.) de la part du Datasmith, assorties d’une mise en garde formelle contre la puissance destructrice des armes soniques de ses ennemis, Alpha part au combat à la tête de ses hommes machines, le zélé Undra sur ses talons.
Bien que l’épaisseur de leur carapace protectrice et le prodigieux armement qu’ils trimbalent permettent à nos marcheurs de combat de repousser sans ménagement les quatre Astartes emperruqués qu’ils finissent par débusquer en train de faire des cochonneries dans un coin de l’akropoliz titanesque, l’échauffourée en question ne réussit pas le moins du monde à Undra, proprement tronçonné par un Space Marine revanchard avant que ce dernier ne se trouve contraint à la retraite. Dans son dernier souffle, l’adepte parvient toutefois à insérer sa clé USB personnelle dans un port du brave Alpha, transférant son esprit dans la machine. Bien que la perte de son enveloppe corporelle, et l’impossibilité pour le robot porteur de manipuler la délicate tablette de données de son garde chiourme avec ses gros doigts énergétiques, empêche notre duo de garder le contrôle du reste de l’escouade, qui s’en va pesamment DPS-er un peu plus loin, Undra réussit à ordonner à sa nouvelle monture de se rendre à la metempsykoza, où l’animus du défunt pourra être définitivement sauvegardé. Contraint par les trois lois de la robotique, c’est donc le chemin que prend cette terreur d’Alpha.
Evidemment, le parcours se révélera semé d’embûches, mais notre vaillant androïde, bien aidé par son copilote à certains moments, et par d’heureuses coïncidences à d’autres, parvient finalement à proximité de son objectif… pour se prendre un méchant riff de gratte bien saturé en plein cortex de la part d’un Noise Marine embusqué au deuxième balcon, incapacitant notre héros de façon terminale. Et pourtant, on lui avait dit que l’écoute prolongée à haut volume pouvait provoquer des lésions irréversibles ! Alors que ses systèmes se ferment les uns après les autres, présageant sa « mort » prochaine, Alpha a le temps d’échanger quelques questions métaphysiques avec son passager, condamné comme lui, sur la vie, la mort, l’âme et les pizzas hawaïennes avant que son système interne ne plante définitivement. Notre histoire se termine-t-elle sur ce constat d’échec ? Non ! Car Alpha 6-Terror finit par se réveiller, mais réalise qu’il n’est plus en possession de ses membres. Et pour cause, cette sangsue d’Undra, aussi intransférable que Lionel Messi, a échappé au trépas en parasitant son hôte et prenant le contrôle de ses fonctions motrices. Le 31ème millénaire a vu l’invention des Kastelans, le 41ème millénaire celui des Kastelans schizophrènes. Et on dit que l’Imperium ne sait plus innover…
1 : Je veux dire que jusqu’à présent, la seule chose qu’on ne pouvait pas retirer à Thorpe était que son style était lisible. Et voilà qu’il se met lui-même un bâton dans les roues. Quelle légende.
AVIS :
Même en lui faisant grâce de ses vaillants mais peu inspirés efforts calligraphiques, sensés représenter les communications de la sainte trinité du Mechanicus (l’homme, [lamachine] et {l’animus}), Gav Thorpe signe avec ce By Your Command une autre soumission des moins mémorables, car se concentrant quasi-exclusivement sur la mise en scène d’un affrontement insipide entre deux factions dont les particularités ne sont pas bien mises en valeur. Ainsi, la cohorte robotique d’Alpha 6-Terror, bientôt réduite à sa plus simple expression à cause d’un bête oubli de mot de passe (ou l’équivalent au 41ème millénaire), se contente d’errer de salles en salles en tentant de neutraliser quelques Emperor’s Children en maraude, tandis que ces derniers restent cantonnés au rôle de goons en armure à paillettes.
Ce manque d’inventivité de la part de Thorpe dans la nature des péripéties qu’il met sur la route du mâle robot Alpha est d’autant plus triste qu’il semblait avoir préparé le terrain à plusieurs endroits pour introduire un peu de variété à son propos. Undra met en garde son roomba blindé contre le potentiel dévastateur des armes soniques des Noise Marines ? Alpha se prend un tir, certes dévastateur, mais sans grande valeur ajoutée d’un point de vue narratif, d’éclateur sonique, point. Les membres de l’escouade Terror se « rebellent » contre l’autorité de leur chef ? Il les laisse partir sans rechigner1. L’über super duper Magos Dominus Exasas arrive avec ses troupes pour flinguer du traître ? Il repart tout de suite après, et on ne le reverra plus de la nouvelle. Bref, Thorpe a vraiment opté pour la ligne droite en termes d’intrigue et de déroulement de son histoire, ce qui lui permet certes de la boucler en quelques pages, mais n’incite pas vraiment le lecteur à l’enthousiasme délirant à propos de cette dernière.
On pourrait arguer que l’intérêt de ce By Your Command repose davantage dans les réflexions sur ce que la mort (et à travers elle, la conscience de son individualité) représente pour un adepte du Mechanicus (qui peut donc se « réincarner » dans un appareil électroménager à proximité de sa dépouille) et pour un robot conscient comme les modèles Kastelan, mais là encore, ça ne casse pas trois méchadendrites à un Servo-Crâne. Si le sujet peut être intéressant, et a donné à la Science-Fiction des chefs d’œuvre tels que Le Cycle des Robots (Asimov), ce ne sont pas les deux pages que Thorpe consacre à ce thème en conclusion de sa nouvelle qui viendront bouleverser la perception du lecteur sur cette thématique2. La somme de péripéties banales et d’une conclusion embryonnaire ne se révélant pas supérieure à ses parties constitutives, on sera donc pardonné de ranger cette nouvelle dans le dossier meh de la BL.
1 : Moi qui commençait à me hyper pour un duel de robots, j’ai dû prendre sur moi.
2 : Si vous voulez lire une adaptation plus réussie de cette dernière dans l’univers de 40K, je vous recommande ‘The Kaban Project’ de Graham McNeill.
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The Offering – A. Clark :
C’est la belle sombre nuit de Noël Nost’rnight, ce qui signifie une chose pour les habitants de Breaker’s Vale, avant-poste minier de Chamon : leur offrande doit être livrée au pied de l’arbre du don sans tarder, sous peine de terribles représailles. Guidée par leur Aîné, une petite délégation de péquenauds chemine donc péniblement jusqu’au point de drop ‘n collect le plus proche, chargée des maigres richesses que les locaux ont mis de côté à cette fin au cours de l’année écoulée. Au moment de repartir se calfeutrer dans les chaumines, le jeune Narry choisit cependant d’initier sa crise d’adolescence en questionnant tout haut le choix de ses concitoyens de détourner une partie de la production de Breaker’s Vale pour payer un tribut à ce qu’il considère n’être que de vulgaires brigands. Le moment a beau être très mal choisi, l’Aîné prend sur lui de remettre le petit rebelle à sa place, en lui racontant ce qui s’est passé l’année où l’offrande n’a pas été faite…
À l’époque, Breaker’s Vale venait d’accueillir son nouveau maire, Gustav Thatcher, fils exilé pour détournement de fonds d’une grande famille azyrite. Ce châtiment n’avait cependant pas suffi pour guérir Gus de sa sale manie de truquer les registres et s’en mettre plein les poches (ou dans le cas précis, le coffre), l’édile malgré lui de Breaker’s Vale ne comptant pas rester toute sa vie à moisir rouiller dans l’arrière-pays chamoniard, et ayant besoin d’accumuler un petit pécule pour pouvoir faire son retour dans le game. Un amoureux des livres (de compte) comme lui ne pouvait donc pas manquer de rapidement remarquer les discrètes mais visibles modifications apportées par un quidam tout aussi filou que lui à son propre registre, preuve indiscutable que le PIB de Breaker’s Vale se faisait siphonner par de multiples fripouilles. On pourrait presque parler de république bananière si Sigmar n’était pas un despote (et plutôt foudroyant qu’éclairé, si vous voulez mon avis).
Guère soucieux de partager, et encore moins ravi d’avoir été pris par une andouille par ses administrés, Gustav remonta rapidement à l’origine du problème, et fit main basse sur le butin collecté par les locaux, malgré les supplications de son majordome (Saul) de laisser les habitants déposer leur offrande annuelle aux Grobbi Blackencap, sous peine de représailles. Croyant avoir affaire à une vulgaire superstition paysanne, Gustav refusa tout net, ce qui mena Breaker’s Vale à connaître une nuit très agitée, comme vous pouvez vous en douter. Mécontents de n’avoir pas reçu leur dû, les Gits locaux organisèrent une soirée à thème « Spores sur la ville », résultant en de multiples vomissements et purulences fatales parmi la population. Sauvé par le dévouement de ses gardes et le bon cœur de Saul, Gustav parvint à s’enfermer dans son coffre alors que les séides de la Mauvais Lune prenaient d’assaut son manoir, laissant son majordome s’expliquer avec les intrus. Ce fut toutefois la fourberie de trop pour l’arnaqueur de la métropole, qui se rendit compte un peu trop tard que Saul connaissait lui aussi le code de la chambre forte, et n’avait plus aucun scrupule à laisser son employeur s’expliquer en tête à tête avec la mafia gobelinoïde chamoniarde (et le Troggoth du parrain à capuche local).
Son récit terminé, l’Aîné (un Saul un peu décrépit par le poids des années) constate avec satisfaction que cette grande gueule de Norry n’a plus rien à redire au versement de la dîme, et enjoint son monde à regagner ses pénates métalliques en attendant que le soleil se lève. Comme on dit dans le coin, entre la caverne et le fungus, mieux vaut ne pas mettre le doigt.
AVIS :
Andy Clark retourne aux champignons avec ‘The Offering’, nouvelle mettant à nouveau en lumière (de la Mauvaise Lune) les déprédations micellaires des Gloomspite Gitz, quelques mois après la sortie de son roman ‘Gloomspite’. Ce court format se suffit à lui même1, et nous sert une variante AoSesque du récit classique du tribut versé par une communauté démunie à une force maléfique pour éviter les ennuis. Le déroulement de cette petite fable sera donc familier à la majorité des lecteurs, l’originalité et la valeur ajoutée de ‘The Offering’ résidant (un peu) dans les quelques descriptions graphiques des maléfices dont sont capables ces farceurs de Gitz, et (un peu aussi) dans la révélation de l’identité « secrète » de l’Aîné, qui aurait pu être aussi bien un Thatcher assagi par son accrochage avec la ruralité profonde de Chamon que le très évident Saul. À titre personnel, et ayant lu à de nombreuses reprises que Clark avait produit pour ‘Gloomspite’ des passages proprement nauséeux (ce qui est une bonne chose pour de la littérature gobeline, j’imagine), je suis resté sur ma faim : mis à part la classique mouche dans le potage – ici livrée sous sa variante d’asticot dans le pudding – et quelques inhalations de spores aux effets dermatologiques regrettables, rien n’est vraiment dégoutant. Un peu trop insipide à mon goût donc, même si l’ensemble reste très correct.
1 : On notera tout de même la présence d’un personnage nommé Saul dans les deux histoires. Comme quoi, en cas d’infestation gobeline, better call Saul.
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Prologue à Nikaea // Prologue to Nikaea – D. Annandale :
INTRIGUE :
Enfermé dans sa chambre comme un ado rebelle, Malcador s’adonne à une de ses activités favorites : fouiller le Warp à la recherche de potins croustillants. Malgré les prodigieux pouvoirs psychiques dont dispose le Sigilite, et le fauteuil ergonomique premier cri que lui a offert son boss pour ménager ses lombaires et sa santé mentale (la qualité de vie au travail, c’est important), la tâche n’est pas sans danger pour Malcador1, qui finit cependant par ferrer un nom après avoir mis son bras dans l’œil d’une tempête Warp particulièrement vindicative : Thawra. Il semble que quelque chose de vilain soit en train de se passer sur cette planète impériale, et il est du devoir du Ma(l)c’ d’aller enquêter sur place.
Quelques temps plus tard, le noble vieillard fait son arrivée en orbite autour de la planète en question, escorté par une compagnie de Custodes menée par le Capitaine Bouclier Collatinus. Il semble bien que Thawra a connu des avanies récentes, comme les débris de sa flotte marchande et le remplacement soudain de la Gouverneur Vasra par sa conseillère Arkanasia en attestent. Rendus à la surface, les enquêteurs impériaux se font briefer par leur hôte : une faction de Psykers séditieux a lancé une attaque surprise sur le gouvernement planétaire, causant un beau bordel (et la mort de Vasra) avant que la contre attaque loyaliste ne les force à battre en retraite. Arkanasia attribue une bonne partie de cette remontada à l’emploi d’une force de Psykers fidèles à l’Empereur, qu’elle a personnellement entraîné pour combattre les félons. Etant elle-même une Psyker, elle est convaincue de tenir là une arme décisive pour la suite de la Grande Croisade, et meurt d’envie d’aller pitcher son idée sur Terra pour la prochaine saison de La Galaxie A Un Incroyable Talent. Malcador, en vieux reac’ qu’il est, nourrit de profonds doutes sur cette idée, qu’il garde cependant pour lui. Il faut avant toute chose s’assurer que l’insurrection de Thawra est définitivement matée, ce qui n’est pas encore chose faite. En effet, les derniers rebelles se sont retranchés dans des cavernes au Sud de la capitale, et on est sans nouvelles des forces envoyées par Arkanasia, dont sa brigade de X-Men, pour leur faire rendre gorge.
Lorsque Malcador, Arkanasia, Collatinus et ses Custodes arrivent sur le théâtre d’opérations, ils sont accueillis par une tempête psychique petite par la taille mais vicieuse de tempérament2. Sa cause ne fait pas de doutes pour un expert aussi calé en warperie que le Sigilite : l’affrontement entre Psykers indisciplinés a dégénéré en un mindfuck littéral (merci Slaanesh), et il est urgent d’agir pour refermer la brèche avec l’Immaterium avant que la tempête n’engouffre tout Thawra. Fort heureusement, Malcador est venu avec les outils appropriés pour cette tâche : sa mauvaise humeur légendaire et sa capacité à faire plusieurs choses en même temps (indispensable lorsqu’on doit gérer une bande de Primarques mal élevés), ici balancer des décharges de taser aux Psykers survivants tout en évitant de laisser traîner sa toge dans la boue warpienne. Et pour ceux qui se demandent, non, les Custodes ne servent pas à grand-chose, à part balancer des rafales de bolter au jugé au niveau des genoux avec un angle de tir de 45°C. Pour des raisons inexplicables, Arkanasia décide soudainement de partir en courant vers la tempête avant que le Régent n’ait fini de réger le problème. Les derniers Psykers en état décident alors de converger sur elle, ce qui aurait pu très mal se finir pour Malcador n’eut été la foi chevillée au corps d’Arkanasia pour l’Empereur. Au lieu de vaporiser le petit vieux pénible qui tchipait sans merci ses condisciples, la Gouverneur par intérim choisit noblement de gueuler un grand « POUR PEPE !!! » en direction du ciel, avant de se prendre une rafale de bolts dans le buffet (qui n’arrivent même pas à la tuer sur le coup, c’est dire si les Custodes sont surfaits).
Tout est bien qui finit quand même pour Malcador et Collatinus, qui, en gentlemen qu’ils sont, viennent assister aux dernières paroles d’Arkanasia. Cette aventure provoque un certain malaise chez le Sigilite, qui n’a dû son salut qu’à la foi de la Psyker, c’est-à-dire au concept que lui et son boss se sont jurés d’éradiquer. Se pose également la question du positionnement de l’Imperium envers les pouvoirs psychiques : sont-ils trop dangereux pour être utilisés, ou bien un juste milieu est-il atteignable ? Rendez-vous sur Nikaea dans quelques années pour reprendre cette discussion…
1 : On en déduit qu’en M30, il n’existe plus de bouton « j’ai de la chance » sur la barre de recherche Google. Cela aurait été plus confortable pour tout le monde.
2 : Il semble à Malcador que la tempête sait qu’il se trouve sur Thawra, et qu’elle cherche à l’humilier, comme les inscriptions insultantes sur sa mère qui apparaissent à la surface du maelstrom semblent l’indiquer.
AVIS :
David Annandale attire l’attention du lecteur sur une question intéressante de l’Imperium naissant : la formation et le contrôle des Psykers par les autorités impériales (in)compétentes. À l’époque, l’Empereur avait d’autres chats à fouetter que de mettre des œillères aux cohortes de mutants acheminés par les Vaisseaux Noirs jusqu’à Terra, tâche peu gratifiante mais indispensable à la survie de son empire galactique. Pendant la Grande Croisade, il y a fort à parier que le sujet était traité au cas par cas, avec des risques de débordement, parfois causé par un enthousiasme sincère mais dangereux, comme cela a été le cas sur Thawra. Si une des missions de Malcador consistait bien à gérer les crises de ce genre pendant que son patron localisait sa marmaille, on comprend mieux pourquoi il tenait temps à renforcer son équipe : à son âge, arpenter la galaxie pour mettre des glaçons psychiques dans le slip du moindre Psyker en rut n’est pas une activité conseillée.
Sur cette base intéressante, Annandale ne développe cependant pas grand-chose, à commencer par des connexions avec Nikaea, ce que le titre laissait pourtant envisager. Il aurait été approprié, à mon sens, de jouer des rapports compliqués que le Warp entretient avec notre continuum spatio-temporel pour faire voir à Malcador des indices du procès en sorcellerie intenté à Magnus et aux Librarius des Légions de l’Astartes, voire de la déchéance de l’humanité telle qu’annoncée par l’Hérésie d’Horus. Rien de tout ceci ici, seulement une nouvelle très « premier degré », saupoudrée d’une pincée de fluff et terminée par quelques remarques d’ordre général sur le rapport qualité-prix de l’Immaterium. Il y avait moyen de mieux faire, mais on sauvera ‘Prologue to Nikaea’ du pilori compte tenu de son absence de défauts majeurs, ce qui place cette œuvre hérétique parmi les plus abouties de son auteur.
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A Coin for the Carrion Thieves – J. French :
INTRIGUE :
Le mauvais côté de l’éternité, c’est que l’on devient vite désabusé. Demandez à Ctesias par exemple : autrefois un fringant Thousand Sons passionné par la recherche de la vérité suprême et l’exploration de la nature de l’univers, quelques milliers d’années d’hérésie l’ont changé en vieux ronchon réactionnaire, passant le plus clair de son temps à marcher dans des coups foireux et le reste à regretter de l’avoir fait. C’est ainsi que notre ami s’est retrouvé en rade sur les Mondes Déchus, après que la tentative d’Ahriman de RE-lancer la Rubrique – ça avait tellement bien marché la première fois – se soit soldée, ô surprise, par un nouvel échec retentissant. Voilà ce qui arrive lorsque l’on suit les conseils d’un Duc du Changement qui se révèle être le Professeur Shadoko1 ! Encore 999.998 tentatives à rater et les résultats suivront, c’est certain.
Exilé avec quelques disciples dans la rase campagne de l’Œil de la Terreur, Ahri (un ami qui vous veut du bien) a besoin de se replumer. Par chance, les locaux sont assez conciliants : répondant aux noms divers et variés de Discordia, Fidèles Suivants de la Fausse Concordance Universelle, ou plus simplement, Voleurs de Charognes, cette bande de ferrailleurs de l’espace est prête à fournir des transports de seconde main (mais ayant passé le contrôle technique) aux Thousand Sons égarés… mais pas gratuitement. Comme le fait remarquer finement leur meneur, l’aptement nommé Premier Amasseur, dans l’Œil de la Terreur, le concret est une valeur refuge. Ce qui ne fait pas tellement les affaires d’Ahriman et de sa cabale, dont le fond de commerce réside plutôt dans les discours grandiloquents, les fausses promesses et les tours de passe passe. Fort heureusement, l’indispensable Ctesios pourra utiliser de sa spécialisation démoniaque (Monsieur est invocateur-lieur, ce qui est presque aussi bien que plombier-zingueur) pour tuner méchamment un vaisseau des Charognards, et ainsi fournir une monnaie d’échange acceptable par l’Amasseur.
Aussitôt dit, aussitôt fait : Ctesios se met à l’œuvre et repeint l’intérieur du vaisseau en question avec des litres de fluides pas vraiment ragoutants, tandis que son assistant Lycomedes saupoudre le sol de dents de lait, comme le veut la coutume. Déjà pas très jouasse de servir de bonniche au démonologue, Lycomedes devient carrément furax lorsque ce roué de Ctesios se sert de lui comme appât à démon pour son invocation, bien évidemment sans lui avoir demandé la permission avant. À la décharge de Ctesios, le lecteur un brin au fait des choses du Chaos avait compris que c’était le destin probable qui attendait ce sous fifre, ce qui est suffisant pour qualifier le manque de prescience du Thousand Sons de faute grourde (grave + lourde), passible de la damnation éternelle…
Début spoiler…Ceci dit, ce destin peu enviable sera épargné à Lyco’, Ctesios rabattant le capot sur le groin du démon juste avant que ce dernier ne passe à table. Piégé dans le véhicule consacré, qui pourrait très bien être une Fiat Panda pour ce que l’on en sait, l’habitant du Warp est condamné à servir d’ordinateur de bord et de mécanicien embarqué à la machine jusqu’à la fin des temps, pour le plus grand avantage de son nouveau et heureux propriétaire, Ah ma sœur (et la tienne ?). En échange, Ahriman récupère une petite armada de 14 navires, beaucoup plus qu’il n’en faut pour embarquer les reliquats de sa bande de guerre. Comme on peut s’en douter, le grand cornu a un plan à l’arrière du casque et ne compte pas passer les prochains siècles à se tourner les pouces. La suite au (peut-être) prochain épisode…Fin spoiler
AVIS :
John French pourrait ne pas en avoir tout à fait fini avec un de ses personnages fétiches, et donne avec ce ‘A Coin for the Carrion Thieves’ une suite aussi inattendue qu’intrigante à la trilogie consacrée au sorcier le plus talentueux et le moins efficace de la galaxie. Cette petite histoire permettra aux familiers de la série de retrouver, j’en gage, quelques vieilles connaissances – Ctesios et Lycomedes – qui tiennent les premiers rôles de ce récit de troc chaotique. Les nouveaux venus apprécieront quant à eux les efforts faits par French pour leur permettre d’apprécier pleinement cette nouvelle, dont ni l’intrigue ni le déroulement ne reposent sur des éléments inconnus du profane (ce que d’autres auteurs de la BL n’hésitent pas à faire). Au final, c’est assez sympathique, à l’image de ce bon vieux Ctesios, qui se contente de faire une sale blague à Lycomedes au lieu de le faire posséder par un démon majeur, comme on s’y attendait pourtant, et lui fait même la fleur de le prendre comme apprenti (comme quoi, l’allégeance « chaotique bon » existe bel et bien à 40K), et cela donne plutôt envie de découvrir cette série, ou de le voir se poursuivre.
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Secteur 13 // Sector 13 – S. Mitchell :
INTRIGUE :
Après les événements de Desolatia (‘Fight or Flight’), le Commissaire Cain profite enfin de la vie et d’un théâtre d’opérations beaucoup plus calme sur l’agrimonde de Keffia, où une coalition de régiments impériaux est à pied d’œuvre pour purger une infestation de Genestealers. Son rattachement à une compagnie d’artilleurs et sa popularité naissante donnent en effet à notre héros beaucoup d’occasions de faire son devoir de façon plaisante : à des kilomètres de la ligne de front et/ou à proximité des hors d’œuvre du Gouverneur local. Une vraie sinécure en quelque sorte, que le talent de Cain pour se mettre tout seul dans de sales draps va bien sûr interrompre de la plus brutale des façons.
Au début de la nouvelle, le Commissaire pensait pourtant avoir finement joué en trouvant un prétexte en plasbéton de décliner l’invitation du Colonel Mostrue de participer à un briefing de haut niveau, honneur lui ayant certainement valu de finir en première ligne sur une quelconque offensive décisive. Très peu pour Cain, qui a donc fait remarquer à l’officier qu’il était de son devoir d’aller superviser le rapatriement d’une poignée de Gardes des Glaces mis au trou par l’Arbites local, à la suite de troubles du voisinage dans la ville de Pagus Parva. Une tâche ingrate, mais qu’il faut bien faire, surtout quand cela permet de passer du temps avec la plastique Sergent Wynetha Phu. L’Empereur le veut, toussa toussa.
Rendu sur place avec son fidèle Jurgen, Cain badine un peu avec l’accorte Arbites, tout en sortant son numéro de Commissaire c’est juste mais vert (et inversement) aux cinq pochtrons bagarreurs qui ont causé du grabuge la nuit dernière. Bien que peu intéressé par les accusations de ses charges envers les locaux, qui auraient mis des roofies dans leurs verres pour leur faire les poches en douce, Cain accepte d’aller faire une enquête de voisinage (avec Wynetha bien sûr) pour tirer les choses au clair. Ses pas le conduisent alors jusqu’au bar du Crescent Moon, où travaille la sculpturale Kamella, escort girl rurale et ultime souvenir que gardent les Gardes de leur dernière soirée. Confrontés à la méfiance du propriétaire, qui ne consent à ouvrir la porte que devant le risque élevé de se la faire enfoncer par les enforcers – un comble –, Cain, Wynetha et le planton qu’elle a amené avec elle pour faire le nombre et grimper le bodycount à peu de frais1 sont forcés de prendre leur grosse voix impériale pour convaincre l’habitant de les laisser accéder à la chambre de Kamella. Et c’est là que les choses se corsent pour nos héros, car les paumes de Cain se mettent à le chatouiller, super pouvoir indiquant de façon indubitable que quelque diablerie est à l’œuvre…
Début spoiler…Et en effet, Kamella se trahit en demandant au Commissaire s’il aime ce qu’il voit (elle était nue sous ses vêtements à ce moment là) en utilisant son patronyme, qu’elle n’avait aucun moyen de connaître. La seule explication logique (mises à part celles basées sur la relative célébrité de Cain ou une ouïe un peu plus fine que la moyenne) est que la donzelle est capable de communiquer par télépathie avec le barman, comme deux hybrides Genestealers peuvent le faire. C’est le début des ennuis pour nos héros, qui se retrouvent vite assaillis par un essaim entier de cultistes plus ou moins présentables. Laissant l’Arbites inconnu mourir au champ d’horreur, comme convenu, Cain et Wynetha parviennent à s’échapper de ce guêpier et à rejoindre le commissariat (pas le sien, le nôtre, enfin je me comprends), où les attendent Jurgen et les cinq Gardes biturés. Bien que la bâtisse soit solidement construite et capable de soutenir un siège, la situation des impériaux ne va pas en s’améliorant car il s’avère bientôt que deux des bidasses ont chopés une MST tyrannique à trop fricoter avec l’habitant.e, et sont tombés sous la coupe de l’essaim. Contraints de se replier sur le toit du bâtiment après que leurs collègues aient fait défection et ouverts la porte aux hordes baveuses et chitineuses de Pagus Parva, Cain et Cie ne doivent leur salut qu’à l’arrivée propice et totalement inespérée d’un régiment de Cadiens, qui venait sans doute prendre un peu de bon temps après une campagne éprouvante sur le front, le vrai, le dur, le velu. Pas de chance pour les troupes de choc, il faudra passer sur le corps des filles de joie locales avant de leur passer… C’est peu conseillé de toute façon.
L’histoire se termine triplement bien pour Cain, qui écope d’une médaille, d’une réputation héroïque encore grandie (alors qu’il a simplement et bêtement pété les plombs en plein combat), et d’un regard lascif de Wynetha lors de la soirée de remise des honneurs. Vu comme ça, on aurait presque envie de s’engager.Fin spoiler
1 : Mitchell ne se donne même pas la peine de le baptiser, c’est dire s’il était mal barré le garçon.
AVIS :
Comme l’illustration d’époque qui accompagne cette chronique le fait subtilement remarquer, ‘Sector Thirteen’ (le nom de la zone autour de Pagus Parva) est une nouvelle collector, remontant aux tout premiers chapitres de la longue, troublée et caustique histoire de Ciaphas Cain. 2003, pour être précis. La recette est la même que pour toutes les autres soumissions de Sandy Mitchell pour cette série : une approche décomplexée (les Anglais ont la jolie formule de tongue-in-cheek) du background de Warhammer 40.000 avec un gros B, permettant au personnage de sitcom qu’est Cain de vivre des aventures palpitantes à son corps défendant. Après avoir enquillé de nombreuses itérations de cette formule consacrée, qui a offert une carrière respectable à Mitchell au sein de la Black Library, je dois reconnaître que certains épisodes sont plus réussis que d’autres, et ‘Sector Thirteen’ fait partie du haut du panier. Il m’est difficile de quantifier précisément ce qui fait de cette nouvelle un succès, mais il me semble que le rythme est plus enjoué, et les blagues plus efficaces que pour d’autres courts formats de Sandy Mitchell. Bref, c’est une des (més)aventures les plus satisfaisantes de l’incorrigible et incorrigé Ciaphas Cain que nous tenons là, et un point d’entrée idéal pour tout novice cherchant à se frotter à cette légende de la Black Library.
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Embers of Extinction – B. Easton :
INTRIGUE :
Souvenez-vous de la bataille de Phall. En toute objectivité, Perturabo s’y était fait botter le joint de culasse par un Alexis Polux héroïque en défense, et qui aurait même pu remporter l’affrontement si son pôpa ne lui avait pas hurlé de rentrer tout de suite à la maison depuis la fenêtre du Palais Impérial au pire moment (‘The Crimson Fist’). Ce qui s’est passé immédiatement après cet épisode honteux pour les Iron Warriors, Brandon Easton propose au lecteur de le découvrir ici.
Notre récit commence sur les pondérations mathématiques et paléolithiques du Primarque de Fer alors que le Capitaine Vort de l’Iron Blood passe en revue les pertes subies par la Légion durant le tragique épisode phallique. Il ne faudra pas s’étonner si les Légionnaires développent des complexes à ce niveau et commencent à surcompenser. Bien loin de remettre en question le bien fondé de sa stratégie, dont l’implacable logique se contrefiche bien de quelques dizaines de milliers de morts et centaines de vaisseaux détruits ou endommagés, Perturabo cherche au contraire à maximiser les pertes chez les Imperial Fists, et ordonne donc la poursuite de trois croiseurs loyalistes jusque dans le système de Tarkovsky Epsilon. Une tâche bien triviale pour un vaisseau de type Gloriana, mais si on ne peut plus exercer ses penchants sadiques rigoler de temps en temps, où va la galaxie ma bonne dame ? Comme on peut s’y attendre, le Pylades, le Ramses et la Dévastation ne font pas de vieux os face à la fureur mathématiquement appliquée de l’Iron Blood. Avec un torpillage en règle, un écrasement provoqué sur une géante gazeuse et un éperonnage en bonne et due forme, Pervers Peper’ se paie même le luxe de marquer des points de style en offrant à chacune de ses victimes une fin personnalisée. S’il avait eu un nombre suffisant de victimes, on peut imaginer que l’un des vaisseaux de Dorn aurait été intégralement mastiqué, avalé, digéré et déféqué par son intraitable frangin afin de varier les plaisirs d’un côté et les insultes de l’autre. Et on ose dire que Perturabo n’a pas l’âme d’un artiste !
Cette sidequest rondement menée, le bourreau d’Olympia consent enfin à reprendre des activités normales, comme par exemple se rendre sur Hydra Cordatus, où l’attendent Fulgrim et ses Emperor’s Children, ainsi qu’un nouveau camp retranché romain Imperial Fists à raser de fond en comble, afin de prouver à l’Empereur qu’il est le plus brave de tous les peuples de la Gaule, ou quelque chose comme ça. Tout cela a été couvert dans ‘Angel Exterminatus’ et nous intéresse donc pas ici. En revanche, Easton se permet de meubler un autre « blanc » du parcours hérétique de son héros, précisément le moment qui suivit la remise de Forgebreaker à Perturabo par Horus en gage d’une bro-itude éternelle. L’épisode ayant eu lieu quelques semaines après la purge de sa planète d’adoption, il est somme toute logique que le Primarque se soit retrouvé avec un peu de temps à tuer, après avoir épuisé tout son stock d’Olympiens (à tuer également, pour ce qui ne suivent pas). Malgré la perfection manifeste de son cadeau, forgé par Fulgrim en personne, Perturabo ne put s’empêcher d’apporter de nombreuses modifications à l’arme, dont un changement de son centre d’équilibre afin d’en maximiser les dégâts1. Cette longue session de forge fut également l’occasion d’échanger quelques aphorismes impatients et acérés avec un de ses fistons, le pâle autant que curieux Arhalin, dont les questions lancinantes ne s’avèrèrent pas assez stupides pour que son père juge bon de l’utiliser comme sac de frappe pour tester son nouveau jouet. Cela ne s’est pas joué à grand-chose, ceci dit…
1 : Et également (et surtout) pour déconcerter et handicaper un éventuel adversaire qui tenterait de retourner Forgebreaker contre lui. Easton a tapé dans le mille avec ce mélange de paranoïa absurde et de rationalité implacable, tout à fait « perturabien » dans l’esprit.
AVIS :
Débuts solides et sérieux pour Brandon Easton, qui n’a pourtant pas choisi la facilité en documentant deux épisodes de la vie de Perturabo prenant place entre plusieurs périodes et événements déjà traités par d’autres auteurs avant lui (French, McNeill et Haley, pour n’en citer que trois). Le risque de faux raccord s’en trouvait logiquement accru, mais le rookie s’est fort bien acquitté de sa tâche, en inscrivant sa prose dans la droite ligne de celles de ses prédécesseurs. Au passage, il confirme et souligne le portrait psycho-rigide et surhumainement intransigeant de l’Homme de Fer à l’aide d’exemples et d’illustrations de son cru, ce qui permet d’envisager Perturabo sur un jour à la fois un peu différent et totalement cohérent avec le reste du corpus hérétique (que j’ai lu). Tous les Primarques et personnages de l’Hérésie n’ayant pas eu cette chance, pour diverses raisons (au rang desquelles le manque de recul et de préparation de nouveaux auteurs), je me devais de saluer le sans-faute d’Easton à cet endroit.
J’ai également bien aimé les raisons convoquées par l’auteur pour expliquer pourquoi un être aussi rationnel et résilient que le fils d’Olympia a fini par commettre l’inexplicable : trahir son Père et l’Imperium pour le Chaos. Selon Easton, ce serait – en partie – à cause de la trop grande tolérance de Pépé envers le mysticisme et les chicaneries en tout genre dans lesquelles le genre humain à tendance à se vautrer naturellement. Pour un progressiste hard boiled comme Perturabo, il aurait fallu guider l’humanité au forceps vers un idéal de perfection scientifique et technique, en extirpant au passage tous les corps et concepts « mous » venant freiner la transition. Ce à quoi on pourrait répondre que c’est justement ce à quoi l’Empereur tendait, comme sa tentative malheureuse d’excommunier le fait religieux l’a laissé apparaître. Sans doute était-ce trop peu et trop tard pour son intraitable fiston, dont la patience a fini par craquer à la suite de sa campagne cauchemardesque contre les Hruds et l’annonce de la trahison d’Olympia. Cette nouvelle nuance de gris sur la palette de la trahison de l’Iron Man vient enrichir le camaïeu de sa psyché (si si), sans jurer avec les touches déjà apportées par les biographes précédents de notre homme. Pas mal du tout. J’ai donc hâte de lire la suite des travaux de Mr Easton pour la BL, en espérant qu’il reste dans cette veine.
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Le Poing d’un Dieu Courroucé // The Fist of an Angry God – W. King :
INTRIGUE :
Assignés à la conquête de la forteresse d’Azumbard, dans le Royaume d’Aqshy, le Liberator-Prime Balthus1 et ses Knights Excelsior sont à la peine. Non seulement la décoration psychédélique et les relents d’encens bon marché de leurs adversaires Tzeentchiens sont un affront à leurs sur-sens de surhommes, mais, nombre sacré du Dieu Poulet oblige, ils ont passé des plombes à sécuriser les neuf tours du bastion adverse, ce qui pèsera lourdement sur leur rémunération variable de l’année, alors que les Hammers of Sigmar affectés au front Slaaneshi ont une charge de travail un tiers moindre. Saleté de numérologie cosmique. Faisant contre mauvaise fortune feu de tout bois, Balthus mène ses ouailles à l’assaut de l’ultime donjon adverse, sans réussir à se défaire d’une étrange sensation de déjà-vu, qui ne lui dit rien qui vaille. L’absence de résistance des disciples de Tzeentch lui semble en effet de mauvais augure, et cette sinistre prémonition se trouve vérifiée lorsque la petite force de Stormcast qu’il commande se retrouve embusquée et submergée par une horde d’emplumés vindicatifs. Ayant pris deux méchants coups sur l’occiput, notre héros tombe dans les bras de morphine, et se réveille enchaîné dans un laboratoire arcanique, où il fait la connaissance de la sorcière Aesha, qui à son grand étonnement, semble le connaître2.
Après quelques instants consacrés à tenter de se défaire de ses liens enchantés, sans grand succès (ces derniers se resserrant de plus en plus à chaque fois que Balthus force dessus, conséquence d’un puissant enchantement… ou de l’utilisation d’un simple demi-nœud), le Liberator prisonnier – ironie – accepte d’ouvrir le dialogue avec Aesha, qui, cornes et sabot mis à part, se révèle être une hôte plutôt décente, et se montre plus intéressée par la poursuite des examens initiés sur son sujet d’étude que sur le sacrifice de ce dernier. L’échange permet de comprendre que les motivations de la magus sont, en toute simplicité, de percer à jour les secrets ayant permis à Sigmar de créer les Stormcast Eternals, qu’Aesha considère comme la clé de la transcendance divine. Ayant appris, sans doute à la lecture des tomes de la Fin des Temps (trouvés en occasion sur e-bay), que beaucoup des membres du panthéon de l’Ordre et de la Mort ont commencé leur carrière comme de simples mortels dans le Monde qui Fut, notre ambitieuse sorcière ne voit pas de raison de ne pas tenter le coup à son tour. Horrifié par ce projet blasphématoire, et peut-être également par le résultat de l’IRM complet qu’Aesha lui a fait passé grâce à ses miroirs ensorcelés, Balthus décide de contrecarrer les plans de sa Némésis en… rage-quittant. Ou plutôt, en essayant de rage-quitter. Car sa tentative héroïque de se suicider en tirant à mort (littéralement) sur ses chaînes se fait contrecarrer par Aesha, qui le met en pause avant qu’il ne perde son dernier PV, et profite de son coma réparateur pour infiltrer ce rêve, étrange pénétrant, de la fin inconnue de Balthus.
En des temps très anciens, Balthus était en effet Leoric, prince héritier du royaume d’Asqualon. Son règne fut toutefois aussi court (3 minutes et 26 secondes) que sanglant, puisqu’il hérita de la couronne après la mort de son père pendant la défense du Temple de l’Orage, dernier bastion de l’Ordre face aux assauts du démon Arkatryx et de ses disciples indisciplinés. Garrotté par son adversaire, Leoric invoqua Sigmar pour venger son paternel, et fut exaucé lorsque le Dieu lui envoya un éclair salvateur, non pas directement sur le démon, ce qui aurait été trop simple, mais sur l’épée que notre héros brandissait toujours. Chargé à bloc, Leoric trouva la force d’électrocuter son adversaire d’un ultime horion, avant de partir en direction de la forge divine. Par un hasard qui n’en était sans doute pas un, Aesha était également présente ce jour là (après tout, c’est elle qui a coup fatalisé le roi Aldred), ce qui donne un nouveau sujet de discussion tout trouvé à nos deux personnages une fois Balthus émergé de sa torpeur. S’en suit une joute verbale digne d’un débat de la primaire démocrate, avec Aesha se posant en Bernie Sanders chaotique, en lutte contre le 1% asqualique ayant exploité le petit peuple et fait exécuter son père parce qu’il avait volé une miche de pain. Face à ce déferlement de progressisme, Balthus ne peut que se référer aux bullet points qui lui ont été inculqués pendant sa formation: « l’Ordre, c’est cool » et « Yes, Sig’ Can ».
Ce passionnant échange est toutefois écourté par la notification que reçoit Aesha sur son portable professionnel, l’informant de l’intrusion d’une meute de militants en sigmarite dans son QG, avanie qu’il lui faut gérer sans attendre. « Pas si vite poulette » lui répond Balthus, qui dégaine son special move et gueule « Par le pouvoir du <insert random stuff here> ancestral, je détiens la force toute puissante! », et parvient enfin à se défaire de ses chaînes par l’intervention du saint sigmarite esprit. La fin de la nouvelle voit nos deux protagonistes jouer au chat et à la souris dans le dédale du donjon d’Aesha, jusqu’à ce qu’ils arrivent dans la salle de téléportation aménagée par cette dernière, et qui se révèle être le Temple de l’Orage où ils se sont rencontrés pour la première fois il y a des millénaires. S’il ne parvient pas à stopper la bougresse avant qu’elle ne s’éclipse, Balthus a au moins la satisfaction de mettre la main sur son ancienne épée, qu’il était le seul à pouvoir retirer de la pierre dans laquelle il l’avait plantée en transperçant le démon (ça me dit vaguement quelque chose…). Un milliard de Tzaangors occis plus tard, notre héros est récupéré par ses frères d’armes, esquinté mais en vie, et ayant inscrit sur sa to do liste de caler un nouveau tête à tête avec Aesha pour discuter du bon vieux temps dès qu’elle se montrera disponible.
1 : À ne pas confondre (je l’écris car je l’ai fait moi-même) avec Balthas Arum, la réincarnation de Balthazar Gelt dans les Royaumes Mortels.
2 : Le plus étonnant pour le lecteur est surtout la question que pose Balthus à sa geôlière juste après qu’elle l’ait identifié. OSEF quoi mon grand.
AVIS :
King fait ses premiers pas dans les Royaumes Mortels de manière assez discrète avec The Fist of an Angry God. Comme on pouvait l’attendre, et peut-être l’espérer, son passif d’auteur historique pour Warhammer Fantasy Battle apparaît clairement dans cette nouvelle à travers le personnage d’Aesha, dont la connaissance du Monde Qui Fut apparaît comme un clin d’œil (je le vois comme ça en tout cas) au parcours de King. Ce dernier prend en marche le train du « Sigmar-bashing » qui sous-tend beaucoup des dernières publications mettant en scène des Stormcast Eternals, et dépeint les méthodes de recrutement du Dieu Roi sous un jour contrasté, tout en justifiant en partie le passage au Chaos d’Aesha. Pas de manichéisme ici donc, et c’est bien le moins qu’on attendait de la part d’un contributeur aussi expérimenté que Bill King, dont les écrits ont toujours mis en avant la « grisaille » ambiante des univers de GW.
À titre personnel, je suis toutefois déçu de l’articulation de la nouvelle, dont le début est finalement insignifiant (je m’attendais à ce que King fasse une révélation sur un stratagème spatio-temporel utilisé par les disciples de Tzeentch, ce qui aurait justifié la sensation de « déjà-combattu » de Balthus) et la fin hurle littéralement « À SUIVRE… » à la tête du lecteur1. Le fond étant, comme dit plus haut, assez intéressant à défaut d’être captivant (cela montre au moins que King a digéré le background de cette nouvelle franchise), je trouve dommage que la forme n’ait pas été plus pensée et soignée par l’auteur. Ceci dit, King ne s’est jamais montré très doué sur les très courts formats, ses meilleures nouvelles se situant sur la marque des 40/50 pages. Quoiqu’il en soit, il convient de suivre la suite des événements avec attention, et espérer que le King finisse par remettre la plume sur le fils spirituel ayant lui aussi réussi son passage de Warhammer Fantasy Battle à Age of Sigmar, un certain Mr G. Gurnisson…
1 : En plus de passer vraiment vite sur des éléments pas anodins du tout pour l’intrigue, comme la libération miraculeuse de Balthus.
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The Dead Hours – D. Guymer :
INTRIGUE :
Ereintés après une rude journée de tuerie en Shyish, Gotrek et Maneleth ont fait halte dans la petite ville de Skeltmorr pour se requinquer en attendant l’aube. Lorsque commence notre histoire, le Duardin a sombré dans le sommeil du juste après avoir vidé un tonneau de de bière et s’être fait un masque de beauté à base de jeune d’œuf et de bacon (c’est ça où il fait la vaisselle avec la langue et sans les mains). Maneleth s’est elle éclipsée pour prendre l’air, et, d’après la discussion entre les deux occupants de l’auberge investie par le vieux couple, aurait fait une mauvaise rencontre sur le chemin. Skeltmorr doit en effet un bon paquet d’os à Nagash, et les rares visiteurs sont donc invités à faire des donations en nature à l’œuvre de salut public municipale. Un tel destin attend également Gotrek, dont l’état comateux n’inspire pourtant pas confiance à Nieder Pedsen, le malabar chargé de l’amener, mort de préférence, jusqu’au repaire du redouté Tithekeeper.
La méfiance du reître était justifiée car le nabot émerge du coltard au moment où Pedsen s’apprête à lui faire tâter de son gourdin, et parvient à massacrer l’aubergiste (qui pour sa défense, venait de lui tirer dessus à la chevrotine) et à traîner son complice dans la rue malgré une gueule de bois carabinée. Sous ses abords bougons, Gotrek ne peut en effet laisser Maneleth dans les griffes des locaux, et demande donc à être conduit jusqu’à ce fameux Tithekeeper afin de plaider sa cause (un peu) et de planter sa hache (surtout). Sans doute nommé Lagardère sous sa cagoule de fonction, c’est le fonctionnaire tortionnaire qui vient toutefois à lui, en même temps que la moitié de la ville, réveillée par les beuglements imbibés du Duardin. Trop musclé/runé/ravagé pour être incapacité par les faibles attaques des Skeltmorriens, Gotrek massacre sans distinction tous ceux qui ont le malheur de croiser le chemin de sa hache, à commencer par le Tithekeeper. Le « boss final » de la nouvelle a donc mordu la poussière alors que nous n’en sommes qu’à la moitié du récit : comment Guymer va-t-il meubler la fin de ce dernier ?
La réponse est : avec des étagères Ikea et une petite visite dans la crypte du temple de Sigmar local, reconverti il y a quelques millénaires en entrepôt de stockage par les autorités de Skeltmorr. C’est en effet là qu’attend cette princesse de Maneleth que son chevalier servant vienne la secourir, ou plus précisément qu’un gentleman vienne lui rendre le couteau qu’elle a laissé planté dans la dépouille de son agresseur (ce sera Pedsen qui lui rendra ce service). Au passage, Gotrek réduira en cendres une meute de chiens issus de la filière de recyclage des déchets organiques de la ville, et que le Tithekeeper gardait pour lui tenir compagnie. Jamais à court de bonnes idées et toujours prêts à rendre service, les deux compagnons finissent la nouvelle en saccageant les stocks de cendres, d’os et d’âmes accumulés par leurs hôtes, actant par là leur « libération » de la tutelle de Nagash, mais signant plus certainement l’arrêt de mort des derniers habitants de Skeltmorr lorsque l’heure de la dîme aura sonné. Mais après tout, ils l’ont bien cherché.
AVIS :
Péripétie très mineure de la nième saison des aventures de Gotrek, ‘The Dead Hours’ est plus intéressant par les détails fournis sur la vie en Shyish que par ses péripéties combattantes, ni Gotrek ni Maneleth ne rencontrant ici un adversaire digne de ce nom1. Cela sent vraiment la panne d’inspiration devant un travail de commande pur et dur pour David Guymer, dont la tentative de s’écarter un peu du schéma classique de la nouvelle gotrekienne (embrouille, fessage de goons, gros monstre final) s’avère aussi peu concluante ici qu’elle l’avait été bien des années plus tôt avec ‘The Tilean Talisman’, son tout premier travail publié par Nottingham. Je sais bien qu’il est dur de faire des variations sur un thème usé jusqu’à la corde, mais une soumission classique mais sérieuse aurait été plus appréciable que cette improvisation assez peu concluante. Le mieux est l’ennemi du bien, du rien, et du Nain.
1 : Cela aurait été le cas si le Tithekeeper avait été la vieille qui se met à flécher Gotrek depuis sa fenêtre, avant de se faire fracasser les côtes d’un grand coup de boule. Sans doute le combat le plus mémorable de notre Nain depuis la Fin des Temps.
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La Forteresse de Vorago // The Vorago Fastness – D. Annandale :
INTRIGUE :
C’est habité par un fort syndrome de l’imposteur que le Black Dragon et homme licorne Teiras fait son entrée dans la Deathwatch, sous le regard bleu cobalt d’un nième Capitaine Ultramarines1/portier de service. Et pour cause, il est logique qu’un frère de bataille d’un Chapitre au pedigree plus que borderline ne se sente pas très légitime à servir l’Inquisition. Cependant, notre héros ne tarde pas à découvrir que son nouveau maître, l’Inquisiteur Otto Dagover (une sorte de Mitch McConnell grimdark, d’après la description qu’en fait Annandale) a un goût prononcé pour les mauvais (sur)garçons. Ses camarades de jeu seront en effet le Son of Antaeus (Chapitre de la 21ème Fondation, maudite comme chacun sait2) Jern, le Flesh Tearer Utor, le Relictor Kyral et le trotro mystérieux Gherak, tous issus comme lui de confréries pas vraiment Charlie. Si Dagover les a réunis, c’est pour qu’ils l’aident à mettre la pince sur une arme cyranax, récemment excavée d’un site de fouilles par un collègue avec lequel il s’entend mal, un certain Salmenau. Ce n’est toutefois pour gérer cette rivalité professionnelle que la Deathwatch est requise, mais pour repousser l’assaut Nécron sur la planète où la découverte a été faite, Discidia. Cette dernière a deux particularités : un sous-sol riche en précieuse benthamite, et un centre pénitentiaire de la taille de l’Australie (la forteresse de Vorago), dont les détenus sont mis à contribution pour exploiter la pierre tant convoitée. Un système gagnant-gagnant donc, que les Xenos sont venus perturber avec leurs gros sabots métalliques.
Briefés sur leur mission avec un luxe de détails à faire l’envie de l’escouade Talon, Teiras et ses comparses se mettent à pied d’œuvre après avoir été téléportés à l’intérieur de la prison grâce une relique d’une précision incroyable… mais d’une portée limitée apparemment. Il leur faudra en effet se taper quelques heures de train depuis leur point de chute pour arriver jusqu’à la chambre où Salmenau et son équipe sont assiégés, ce qui leur permettra au moins d’apprendre à mieux se connaître, et au Flesh Tearer à faire de gros progrès en maîtrise de son humeur. Je vous épargne les combats à base de boum-boum et de pif-paf qui égayent le trajet de nos surhommes, il y a des déplacements sur la ligne 13 qui sont plus mouvementés que ça. Rendus sur place, les Deathwatch ont à peine le temps de constater que l’arme convoitée par Dagover n’est littéralement qu’un gros pistolet laser3, et à menacer légèrement Salmenau de les laisser jouer avec (Môssieur a des principes car Môssieur est un Amalathien) que les Nécrons repassent à l’attaque, menés par un Seigneur très très fâ(u)ché.
D’humeur inhabituellement magnanime pour un auteur de la BL, Annadale fait survivre tous les Astartes (même Utor ne succombe pas à la Rage Noire, c’est dire), se contenant de révéler que l’énigmatique Gherak était en fait un Flame Falcon, soit le Chapitre le plus maudit de la 21ème Fondation sensé avoir été Exterminatus-isé par l’Inquisition pour défaut majeur de fabrication il y a quelques siècles. Comme on pouvait s’y attendre, Teiras a finalement l’honneur de tirer son coup, ce qui a pour effet a) d’annihiler tous les Nécrons de la planète4 qui avaient eu la mauvaise idée de monter au combat en faisant la chenille derrière leur boss, b) de faire un gros trou dans le mur de la prison par lequel les prisonniers s’échappent, et c) de provoquer l’explosion de la centrale énergétique de la capitale planétaire, réduisant le gouvernement local en confettis. Teiras, qui sous ses airs de narval énergétique est un intellectuel, comprend à son retour sur le vaisseau de Dagover que ce dernier avait un objectif autre que celui de récupérer une grosse pétoire (plus vraiment fonctionnelle d’ailleurs). Et en effet, l’Inquisiteur avoue être un Recongrégateur, ce qui est peu commun – et consiste apparemment à désastibiliser les régimes d’obédience loyaliste mauvaise de l’Imperium… PARCE QUE C’EST NOTRE PROJEEEEEET !!! ou quelque chose comme ça – mais également un Schumpeterien, ce qui est proprement rarissime.
La nouvelle se termine sur le flou artistique des motivations et agenda de Dagover, rejoint discretos par une vieille amie dont le trait de Seigneur de Guerre est de se déguiser en statue pour espionner les conversations : la Chanoinesse Setheno. C’est elle qui a apparemment conseillé à Dagobert de recruter le Black Dragon, et elle part aussi mystérieusement qu’elle est arrivée pour la planète d’Anthagonis, où une Compagnie de ces braves guerriers est sur le point de recevoir la visite surprise de l’Inquisiteur Lettinger. Je suppose que l’on peut conclure avec une petite mention #BlackLivesMatter, à défaut d’une compréhension pleine et entière de l’intrigue d’Annandale.
1 : Ils se reproduisent tellement vite que Calgar les écoule en douce à l’Inquisition… Rusé.
2 : Même si les effets secondaires ne sont pas aussi graves pour tout le monde. Les Sons of Antaeus sont simplement plus grands que la moyenne des Space Marines. Pas pratique pour faire les boutiques, mais pas mortel non plus.
3 : Imaginez vous un canon de quinze mètres de long et une gachette à l’échelle, si bien qu’il faut à un Space Marine ses deux bras pour la presser.
4 : En tous cas, on n’entendra plus parler d’eux après ce moment. Tout comme Salmenau d’ailleurs.
AVIS :
Curieuse nouvelle que ce ‘The Vorago Fastness’, qui ne porte la patte distinctive du « maître », ni ne convoque ses factions favorites. Mis à part les quelques et légères bizarreries et omissions de l’intrigue, l’ensemble se laisse lire sans trop de problèmes, et se révèle être insipidement potable, ce qui serait presque un compliment. Point d’Annandalerie spectaculaire venant faire s’écraser la suspension d’incrédulité du lecteur avec perte et fracas (comme cela a été souvent le cas), seulement une histoire pas très passionnante, et que l’on comprend sans mal s’inscrire dans un arc narratif plus large1. C’est assez dommage au final car l’auteur avait ébauché des idées assez intéressantes, comme le regroupement de Space Marines peu fréquentables comme agents de l’Inquisition, ou une cité prison laissée en auto-gestion, sans que cela ne débouche sur quelque chose de concret ou de pertinent pour l’intrigue. À lire si vous voulez découvrir une autre facette de la prose de David Annandale, être absolument calé sur sa petite galerie de personnages récurrents, et/ou miner les quelques indications fluff que contient cette nouvelle, mais à laisser de côté sans regret sinon.
1 : On retrouvera les Black Dragons et Setheno dans ‘The Death of Anthagonis’, et la Chanoinesse croisera également la route de Yarrick.
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Live Wire – R. Rath :
INTRIGUE :
Faite prisonnière avec le reste de l’équipage du Theorem of Castillus, vaisseau de ligne de l’Adeptus Mechanicus, la maîtresse motoriste Jezette Vaal est amenée en classe de neige par ses ravisseurs, dont les plans machiavéliques incluent la corruption des cortex de leurs victimes par un malware particulièrement salace (il est plein de bits et d’octets, c’est dire), le heart_wyrm. Sur le point de se prendre un câble USB de fort belle taille à l’arrière du crâne sans son consentement1, ce qui est reconnu comme agression sexuelle caractérisée d’après le Code Pénal Impérial, Vaal est toutefois sauvée par l’intervention directe de Makov Quavarian, Magos renégat, hacker chaotique et cerveau de l’opération, venu s’enquérir de la chute impardonnable de la productivité de la station de mise à jour où notre héroïne était sur le point de passer à table. Car l’opérateur Slavigor, en charge de la manœuvre, n’a pas sa langue noire dans la poche et s’était permis d’échanger quelques banalités avec sa future victime, plus rebelle que le serf de base. Remis à sa place par le big boss, Slavi’ confie son plug occipital à un sous fifre et entraîne Vaal dans une salle à l’écart, pour aller s’expliquer au calme.
À la grande surprise de Vaal, Igor le Slave se révèle être un allié, qui lui remet un pistolet à fléchettes dernier cri, quelques conseils d’utilisation et une mission simple mais jouissive : foutre un boxon monstre dans la base de Quavarian. Si la motoriste s’exécute sans poser davantage de questions, et finit probablement par rejoindre l’Omnimessie après quelques minutes de fusillade intense (comprendre qu’elle sort de notre histoire en même temps que du local à balais dans lequel s’est déroulé son dernier entretien d’embauche), le lecteur averti comprend rapidement que Slavigor était en fait Sycorax, Assassin Callidus chargé.e de la neutralisation de Quavarian et de la destruction de ses recherches hérétiques. La sécurité renforcée mise en place par le Magos, et le contrôle poussé dont il bénéficie sur tous ses subalternes grâce à l’injection de son méchavirus, ont forcé l’agent de Terra a se faire implanter un spambot à l’intérieur du crâne pour donner le change de façon convaincante, et à progresser de façon très précautionneuse une fois arrivé.e sur place2. L’indépendance et la loyauté de Vaal lui ont donné une occasion inespérée de passer à l’étape suivante de son plan, la confusion provoquée par la dernière chevauchée de la motoriste lui permettant de se glisser jusqu’au centre de la base sans se faire repérer… Ou presque.
Car on ne saurait attendre d’une nouvelle mettant en scène l’Adeptus Assassinorum que tout se déroule sans accroc, ce qui ne serait pas très intéressant. Sycorax devra donc se prendre le bec avec une volée de Pteraxii télécommandés par Quavarian, se glisser comme un serpent (merci la polymorphine) jusqu’au lieu de stockage des banques de données du Magos, puis dégommer la garde rapprochée de ce dernier, avant de pouvoir se confronter à sa Némésis. Conformément à l’image d’Epinal du hacker, Quavarian se révèle être un petit gros complexé à l’hygiène douteuse, se croyant plus malin que tout le monde mais incapable de se douter que Sycorax avait anticipé sa potentielle capture, et avait donc paramétré son spambot avec des contre mesures. Dans une redite C++ de l’arroseur arrosé, Quavarian se mange ainsi à son tour un malware carabiné dans la carte-mère, ce qui lui est fatal. Même une tentative éteignage/rallumage ne pourra rien faire pour lui, c’est dire.
La nouvelle se termine, trois mois après les faits relatés plus haut3, par la visite d’un individu anonyme (merci NordVPN !) dans les ruines de l’installation de Quavarian. Guidé par le doigt obligeamment tendu par le cadavre du Magos, l’inconnu trekke jusqu’à une caverne où était conservée une version récente du Conqueror_Wyrm, démontrant une fois encore de l’intérêt de faire des sauvegardes régulières de son travail. L’Imperium n’est donc pas sauvé de la menace cyber, mais ceci est une autre histoire…
1 : Et au moins deux fois de suite, car comme on le sait bien, on n’insère jamais de cable USB dans le bon sens du premier coup.
2 : Fun fact, on apprend que Quavarian a dû interrompre ses premières recherches à cause des effets délétères du réchauffement climatique (très mauvais pour la surchauffe des banques de données). Le risque physique dans toute sa splendeur.
3 : On ne sait pas comment Sycorax termine la nouvelle, même si on peut supposer qu’iel s’en sort. Avec un nom pareil, j’espère qu’elle a rejoint sa navette en ski. Sur un malentendu…
AVIS :
Robert Rath poursuit sur sa lancée assassine en donnant des nouvelles de la Callidus Sycorax, que l’on avait déjà croisé dans ‘Divine Sanction’. Comme dans ce précédent court format, le lecteur a la nette impression d’un arc narratif beaucoup plus large (souligné ici par la conclusion très ouverte du récit), et je suis prêt à parier que la BL a passé commande d’un roman centré sur cette faction et ce personnage (mais peut-être également celui d’Absolom Raithe, le Vindicare de ‘Iron Sight’) à Rath. Dans l’attente de cette (probable) sortie, nous devrons nous contenter d’une nouvelle encore une fois bien maîtrisée par son auteur, tant sur les aspects narratif que fluffique. On peut ainsi apprécier le changement de perspective qui est opéré par Rath au premier tiers du récit, la caméra passant de Vaal à Slavigor/Sycorax de manière fluide et intéressante, tout comme l’utilisation pertinente et inventive par Rath des particularités de l’école Callidus dans le déroulé des péripéties (la partie de Snake de Sycorax à travers les canalisations de la base est particulièrement bien trouvée). Il se pourrait même que la description de l’opération subie par l’Assassin en préparation de sa mission soit un discret clin d’œil au texte de fiction de référence en matière de calliduseries (‘The Alien Beast Within’ d’Ian Watson), ce qui ne serait pas étonnant de la part d’un contributeur aussi féru de fluff que Rath, et ferait office de fan service de très haut niveau de la part de ce dernier. Quoi qu’il en soit, ‘Live Wire’ est un nouveau succès à mettre au crédit de M. Rath, que les Seigneurs de Terra devraient suivre de près
Les Réprouvés // Nightbleed – P. Fehervari :
INTRIGUE :
Les journées de Chel Jarrow, medicae disgraciée et névrosée de Sarastus, sont hantées par un cauchemar récurrent dans lequel elle se revoit faire l’erreur qui lui a coûté sa carrière, ainsi que la vie d’une de ses patientes. Epuisée par un enchaînement de gardes, elle a en effet confondu un Death Guard « XIV » avec un Son of Horus « XVI » et injecté de l’eau de javel à une malade du COVID-19K, ou une joyeuseté de cet ordre, ce qui ne pouvait pas bien se terminer. Renvoyée par son employeur, elle enchaîne depuis les petits boulots minables, le dernier en date consistant à servir de technicienne de laboratoire dans une usine agroalimentaire. Affectée à des cycles nocturnes pour ne pas entraver la production, Chel passe ses journées à dormir et ses soirées à éviter son mari Lyle, dont elle ne supporte plus la petitesse et la servilité1. Une bonne crise de la quarantaine comme on les aime, en somme.
Alors qu’elle prend le chemin du turbin, elle remarque en attendant que l’ascenseur monte (131ème étage, tout de même) que de nouveaux tags ont fait leur apparition sur les murs de son couloir. L’un d’eux représente l’homme aiguille (Needleman), une sorte de croquemitaine local vivant dans les ténèbres et cherchant sans relâche à saboter les dômes abritant les cités ruches de Sarastus pour permettre à la Nuit Véritable de régner sans partage sur la planète. Le trouillomètre commence à s’affoler lorsque Chel entend des bruits suspects dans l’obscurité du couloir, hors de portée de sa fidèle lampe torche. Ou plutôt, aurait dû s’affoler car notre héroïne n’éprouve pas le moindre émoi à la pensée qu’un prédateur la guette peut-être depuis les ténèbres. C’est l’avantage d’avoir une vie vraiment pourrie : on voit toujours le bon côté des choses. Ceci dit, il ne se passera rien de bien méchant avant que l’ascenseur ne finisse enfin par arriver, et emmène Chel jusqu’au rez de chaussée de la tour Barka.
Il est temps pour nous de faire la connaissance de notre second personnage principal, un jeune à problème s’étant rebaptisé Screech (cri perçant en français) après avoir entendu sa mère pousser un hurlement inhumain lorsqu’il lui a crevé les yeux à l’aide d’une fourchette. Il venait de tuer son père de la même façon, et avait 14 ans à l’époque des faits. Voilà voilà. Obsédé par le mythe de l’homme aiguille, qui l’a fait basculer dans la folie homicidaire, Screech est devenu un grapheur marginal, laissant des messages aussi inquiétants que mal orthographiés2 sur les murs de la cité. En plus de cela, il lui arrive d’enfiler son cosplay de Needleman pour aller trucider du prolo au gré de ses envies. Cette nuit lui semble d’ailleurs propice à un nouveau crime, et alors qu’il erre dans la cité à la recherche de la bonne cible, son chemin finit par croiser celui de Chel, qui a pris place dans son TER habituel pour aller bosser. Pas de doute possible pour Screech, c’est elle que le destin a choisi pour rapprocher Sarastus de la Nuit Véritable, un meurtre sanguinaire à la fois.
De son côté, Chel, qui en a vu d’autres et se balade avec un taser dans la poche, sent bien que l’ado tatoué et crasseux qui s’est assis par terre en tête de wagon et l’épie sans en avoir l’air n’est pas animé d’intentions charitables envers sa personne. Une poussée de mauvaise humeur manque de la faire aller au clash contre son stalker (pas vraiment discret) à la sortie du train, mais ce dernier est trop perdu dans ses pensées (il a dû sniffer le reste de sa bombe de rose pour passer le temps) pour prendre la mouche. Laissant à sa victime un peu d’avance, il finit par la suivre jusqu’à l’usine où elle travaille, après avoir enfilé son habit de non-lumière : un masque de métal et les griffes de Freddie. Ainsi paré, il se sent possédé par l’esprit de Noël du Needleman, que l’on devine être un peu plus qu’un simple fantasme d’achluophobe. Et en effet, lorsque Screech se retrouve attaqué par un cyber molosse après être entré par effraction dans le périmètre de l’usine de Potton Vitapax, il ne doit son salut qu’à sa possession temporaire par son esprit totem, dont l’un des pouvoirs consiste à pouvoir tordre ses bras dans tous les sens, ce qui est pratique pour venir à bout d’un mastiff énergétique qui vous cloué au sol après vous avoir déchiqueté la cuisse. Mal en point mais toujours opérationnel, notre héraut reprend sa traque en traînant la jambe.
De son côté, Chel s’est remise à travailler sur le dernier échantillon qui lui a été remis, et dont elle suspecte la nature maléfique, ou en tout cas néfaste, sans pouvoir le prouver. Les tests du VLG-01 n’ont en effet rien détecté de suspect, mais la consistance de goudron pervers de la substance rend son utilisation dans des produits cuisinés, même pour des travailleurs de la caste Delta, impensable. En désespoir de cause, et prise d’une inspiration subite, Chel a résolu la veille d’ingérer un peu de cette mixture, ce qui a semble-t-il renforcé ses cauchemars. N’y tenant plus, et sans doute en manque, la technicienne décide d’aller visiter le lieu de stockage du VLG-01, convainquant pour ce faire un des gardes de nuit de la conduire jusqu’à l’entrepôt (forcément abandonné jusqu’il y a peu car il avait mauvaise réputation). Là, deux choses horribles se produisent coup sur coup. Premièrement, Chel sombre dans la folie et se sert une grande rasade d’élixir de noirceur à même la cuve (pochtronne !), ce qui ne lui fait pas du bien comme on peut s’en douter. Deuxièmement, Screech finit par la rattraper, après avoir égorgé le garde au passage, et s’apprête à lui jouer son grand classique : le concerto d’Edouard aux Mains d’Argent en Scie Mineure…
Début spoiler…Seulement voilà, le Needleman s’est trouvé un avatar plus méritant que ce petit péteux de taggeur, et Chel se fait un plaisir de corriger son agresseur d’un grand coup de taser dans la glotte, ce qui lui fait fondre la mâchoire et couler les yeux sur les joues, entre autres effets secondaires sympathiques. Ayant récupéré le masque de fonction de Screech sur son presque cadavre, Chel retourne à son laboratoire pour valider définitivement l’échantillon de VLG-01, qui pourra donc être distribué largement à la populace de Sarastus, avant d’embrasser définitivement son nouveau statut de femme de l’ombre. Première étape : son appartement de la tour Barka, où elle aura une petite discussion avec ce butor de Lyle à propos des radiateurs…Fin spoiler
1 : Et également sa froideur coupable, car monsieur refuse obstinément de monter le chauffage, quand bien même la température de leur HLM se rapproche sensiblement de zéro.
2 : Dernier chef d’œuvre en date de notre Banksy sociopathe « C 1 MENSSONJE » au Hello Kitty Pink. Sans point d’exclamation à la fin, car ce n’était pas nécessaire.
AVIS :
Comme on pouvait s’en doute, Peter Fehervari réussit sans problème son entrée dans la gamme Warhammer Horror avec ‘Nightbleed’, un petit concentré de noirceur (haha) à la sauce Dark Coil. Notons à ce propos que les références aux autres textes et arcs narratifs du Fehervariverse ne sont pas légions dans cette nouvelle (à moins qu’elles soient trop subtiles pour votre serviteur, ce qui est tout à fait possible), ce qui facilite sa compréhension pour le lecteur non familier de l’approche de l’auteur. Ceci dit, il n’est guère besoin de pousser loin l’analyse pour comprendre que ‘Nightbleed’ n’est pas un stand-alone, mais contient des éléments qui s(er)ont explicités ailleurs, à commencer par le sens des lettres « VLG », sur lequel Fehervari fait plancher son lecteur de façon très explicite1. Parmi les autres réussites indéniables de cette soumission, on peut citer la facilité déconcertante avec laquelle l’auteur arrive à « planter » son décor en quelques phrases, et à faire de Sarastus un monde impérial plus tangible et réel que bien des planètes auxquelles GW et la BL ont consacré des dizaines de pages (Necromunda ? Armaggedon ? Cadia ?), ce qui est la marque des vrais conteurs. De la même manière, Fehervari instille à son récit un véritable malaise (angoisse serait un peu fort), amplifié par les bribes de comptines qu’il met dans la bouche et dans l’esprit de Screech. Will you won’t you meet the Needleman ?
1 : À titre personnel, je penche pour un acronyme en haut gothique (latin donc) glorifiant les ténèbres/le Chaos, mais cela peut être chose. Je suis simplement à peu près sûr qu’il est possible pour un lecteur attentif de percer ce mystère à jour avec les indices que Fehervari a laissé ici et là…
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His Will – G. Haley :
INTRIGUE :
Descente en rappel de l’épisode précédent, pour ceux qui avaient aqua-zumba ce jour là. Le Macragge’s Honour, vaisseau amiral des Ultramarines et véhicule de fonction de Roboute Guilliman a été capturé par les infâmes Red Corsairs alors qu’il ne faisait que vaquer à ses paisibles occupations. Parmi les membres de l’équipage passé au Chaos à l’insu de son plein gré, on trouve le Frater Mathieu, confident du Primarque et membre du saint ordre des Clochards Acronites. N’étant guère dans sa nature de se tourner les pouces en attendant qu’un stratagème salvateur se déclenche, Mathieu a résolu d’occuper sa clandestinité en célébrant des offices pour les matelots des ponts inférieurs, aidé en cela par le Frère Clydeus (porteur peureux) et le guide estropié Hiven. Malgré l’interdit qui frappe le culte de l’Empereur depuis que les Red Corsairs sont dans la place, et les patrouilles de gardes hérétiques qui sillonnent le Macragge’s Honour, le trio est parvenu à faire son office et à apporter un peu de réconfort moral et spirituel à ses paroissiens.
Alors qu’ils terminaient une messe donnée sous le regard bienveillant mais rendu torve par des lignes de moulage mal placée d’une statue en failcast de l’Empereur, Mathieu et Clydeus sont accostés par une jeune mère (Lyasona), très inquiète par l’état de son fils (Grent). Abandonnant le servo-crâne de Victor Hugo, Hubert Vedrine et/ou Horace Vernet dans sa mallette de transport, les deux hommes accompagnent la malheureuse jusqu’à sa coquette studette, transformée en chambre froide par les facéties du Warp. Comme on peut se l’imaginer, Grent s’est fait un nouvel ami imaginaire lorsque les fusibles de champs de Geller ont sauté, et le démon qui a pris possession du corps du garçonnet n’est pas disposé à vider les lieux. Saleté de squatteurs, décidément. Confiant dans sa capacité à réaliser un exorcisme en bonne et due forme, Mathieu demande à être conduit jusqu’à la chapelle impériale la plus proche, malgré le fait qu’elle ait été vandalisée par les renégats et reste surveillée par ces derniers.
N’écoutant que son courage et son statut de personnage apparaissant plus tard dans la série ‘Dark Imperium’, ce qui lui donne d’excellentes chances de survivre à l’aventure, Mathieu fait fi des conseils de prudence de son acolyte, et commence donc à invoquer son Grand Dieu pour chasser l’entité warpienne de son dernier lieu de villégiature. L’exorcisme suit à peu près le déroulé de la scène iconique du filme du même nom, jusqu’à ce que le démon décide qu’il en a assez entendu, se libère de ses liens et laisse libre cours à son imagination en termes de chirurgie plastique. On se dit alors que la procédure a échoué, et que Grent a passé l’â(r)me à gauche, mais que nenni : l’expérience de sa mort prochaine donne au froussard Clydeus un regain de piété, qui lui permet de couper la chique au démon assez longtemps pour que Mathieu et lui parviennent à le bannir une bonne fois pour toutes après une grande série de bourre-pifs karmiques.
Cerise sur le gâteau récompensant un enchaînement ayant été parfaitement exécuté, l’Empereur en personne apparaît pour s’en battre à l’arrière plan, et poser une main orgasmique sur l’épaule de son fidèle servant, qui tombe logiquement en pamoison. À Clydeus revient le lot de consolation, un peu pourri certes, de devenir martyr impérial en restant dans la chapelle pour permettre à Mathieu et à Grent de s’échapper. Mais il faut croire que Pépé a envoyé un clin d’œil langoureux au séminariste, car ce dernier accepte son sort avec un aplomb impressionnant et un entrain suspect. Notre histoire peut donc se terminer avec la remise du petit patient à sa mère éplorée, cependant que Mathieu devra désormais transporter tout seul son stuff dans les coursives du Macragge’s Honour, ou trouver une b/conne âme pour le faire à sa place. Le service de l’Empereur est sa propre récompense…
AVIS :
Guy Haley joue les prolongations du ‘Dark Imperium’ avec cette petite nouvelle venant s’intercaler entre les deux premiers romans de son arc (si j’ai bien tout suivi). Il va sans dire qu’avoir lu les œuvres en question permet de mieux comprendre, et donc apprécier ce ‘His Will’, mais le propos est suffisamment clair pour que même un novice puisse saisir de ce dont il retourne ici. Parmi les éléments intéressants de cette histoire, on peut retenir la destinée manifeste que Haley donne ou confirme à Frater Mathieu, qui a le privilège peu commun d’être approché par l’Empereur en personne. Le rapide panorama de la situation (presque) normale d’un équipage impérial de bas étage est également appréciable, et permet de réaliser que même sur le vaisseau amiral de Roboute Guilliman, les conditions de vie du serf moyen ne sont pas très Charlie. Le passage sur l’exorcisme permet à Haley de varier un peu le rythme de son récit en introduisant quelques paragraphes d’action, ce qui est une attention louable de sa part. Je nourris seulement quelques doutes sur la « réversibilité » physique d’une possession démoniaque, telle qu’elle nous est présentée ici. Grent se transforme en effet en Grishka Bogdanov l’espace d’un instant, avant de retourner à son état normal comme si de rien n’était. Ce point de détail mis à part, ‘His Will’ est donc une soumission égale à ce que l’on peut attendre de la part de Guy Haley (même si la touche humoristique de l’arc Cawl manque un peu) : solide et plaisante à lire.
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Repas de Famille // Family – D. Abnett :
INTRIGUE :
La bataille de Salvation’s Reach a été remportée, et les Fantômes de Gaunt sont de retour dans leur transport de troupes, en transit pour le prochain théâtre d’opérations. À la faveur d’une cantine blindée et d’un échange de regards, le Major Gol Kolea se retrouve à déjeuner en face de son fils, le Garde Dalin (surnommé Dal, en hommage au plat de lentilles) Criid.
Il faut évidemment préciser ici, si besoin était, que les deux hommes ont une histoire commune aussi fragmentaire que compliquée. Croyant que toute sa famille avait été tuée lors du siège de Vervunhive (‘Necropolis’), Kolea avait découvert fortuitement quelques temps après avoir rejoint les Tanith que ses enfants avaient été recueillis par la ganger Tona Criid (également engagée dans la Garde) et son partenaire Caffran. Ne voulant pas ruiner le bonheur de cette famille recomposée en faisant valoir son droit à la Garde, Kolea avait vu ses enfants grandir de loin, avant qu’une blessure de guerre ne le rende amnésique pendant quelques temps, puis qu’il guérisse grâce à ce que l’on peut appeler un miracle sabbatique. Au final, et pour autant que je puisse le dire, Dal a fini par découvrir le pot aux roses après avoir embrassé la carrière militaire, comme les trois quarts de ses parents. Sa petite sœur Yoncy n’a elle pas été mise dans la confidence, et considère toujours Kolea comme « Tonton Gol ». Cette mise au point effectuée, reprenons le cours de notre récit et de notre repas.
Après avoir échangé quelques banalités de circonstance sur le caractère détestable de la nourriture servie, Gol et Dal essaient de (re)trouver un peu de leur complicité père-fils, le premier acceptant l’invitation du second de venir dîner dans le studio familial, après avoir un peu rechigné. La soirée se passe bien, jusqu’à ce que Yoncy, dont l’âge est obtenu en faisant la somme de 2D6 à chaque round de joueur1, demande à Gol entre la poire et le fromage s’il est son père, comme elle a entendu beaucoup de Gardes le dire autour d’elle. Kolea sort alors sa meilleure poker face pour lui répondre qu’ils n’ont aucun lien de parenté, et la gamine enchaine en allant lui chercher le bôdéssain qu’elle lui a fait avec ses craies colorées. Conclusion : c’est très moche, passablement confus et empeste le pouvoir psychique latent, car les « ombres méchantes » qui sont dessinées fortuitement, ça vaut tous les jours un bolt dans la tête si un Inquisiteur passe dans le coin.
Ce mystère restera cependant entier, tout comme celui entourant le fils (caché ?) de Gaunt, un certain Felyx Meritous Chass, auquel Dal a été affecté comme escorte, brièvement évoqué autour de la table. Gol repart le ventre plein, le cœur gonflé et les yeux humides, ce qui n’est jamais bon signe quand on est un personnage d’Abnett. Mais pas de spoil.
1 : Sans rigoler, Criid soutient que dans six mois, elle fera tourner la tête à tous les Gardes, alors qu’elle parle comme une enfant de sept ans et dessine comme une de trois. À moins que les Tanith ait des canons de beauté franchement dérangeants, je m’explique assez mal cette « incohérence ».
AVIS :
Au moment où j’écris cette chronique, ma connaissance de la série des Fantômes de Gaunt se termine à la fin de l’arc ‘The Lost’, ce qui laisse un vide conséquent entre la fin de cet arc et les événements relatés dans ce ‘Family’. Abnett étant à la baguette, le briefing ou la mise à niveau des lecteurs n’étant pas totalement au fait de l’intrigue se fait de façon efficace et sans accroc, même si j’éprouve quelques doutes sur la valeur ajoutée de cette nouvelle si on ne s’intéresse pas aux relations compliquées de la famille Kolea-Criid, et en particulier au personnage de Yoncy, dont l’étrangeté se trouve au cœur de ce qui tient à la fois du fan service (enfin une réunion entre Gol et ses marmots, après des centaines pages de rendez-vous manqués) et de la scène coupée. Il faut également souligner que si l’auteur se veut pédagogue, il n’est pas non plus totalement newbie-friendly, puisque certains événements et personnages sont évoqués de façon cryptique pour le non initié, et la mort de deux personnages secondaires importants de la série (trois si on compte C.) est rappelée au détour d’un paragraphe. Comme la plupart des nouvelles des Fantômes de Gaunt, il est donc conseillé de lire ‘Family’ dans la suite logique de la série, c’est-à-dire après ‘Salvation’s Reach’, et pas avant.
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The Lightning Hall – G. McNeill :
INTRIGUE :
Rescapés de la Maison Taranis, dont l’indéfectible loyauté à l’Empereur a scellé le destin lorsque Mars a eu sa poussée indépendantiste, les chevaliers Raf Maven et Leopold Cronus ont passé les années suivant le schisme martien à trekker dans le désert de la planète rouge, rendant de menus services aux loyalistes et mettant de menus bâtons dans les rouages de Kelbor Hal lorsque l’occasion se présentait. Persuadés d’être les seuls survivants de leur chapitre, et habités par la honte de n’avoir pas été présents aux côtés de leurs frères et sœurs d’armes pour défendre leur forteresse, Raf et Leopold ont le moral dans les chaussettes1 et leur condition de fugitifs limite de façon drastique l’entretien de leur monture (et leur réserve d’antiseptiques), ce qui commence à être problématique. Lorsque l’esprit de la machine décide de partir chasser le dahut à la moindre perturbation du champ electromagnétique, les journées sont longues et les maux de crânes fréquents. Ceci dit, l’espoir demeure pour nos personnages, puisqu’ils ont capté une transmission radio leur donnant rendez-vous dans les ruines de leur ancien bastion. Presque totalement convaincus qu’il ne s’agit pas d’un piège, Rohff et Leo se rendent sur place, et posent enfin les senseurs sur le théâtre du dernier carré de leur chapitre.
Profitant de la hauteur sous plafond de la forteresse, nos héros n’ont pas besoin de laisser leur monture au parking et peuvent progresser sans problème jusqu’au hall de la foudre (Lightning Hall), lieu de rassemblement et de beuverie des Taranis depuis des temps immémoriaux. C’est notamment ici que le vieux seigneur Verticorda se plaisait à raconter sa rencontre avec l’Empereur, pendant le temps de l’Unification2, un souvenir qui ne va pas sans arracher une larme d’huile à ce gros fragile de Raf. Guidé par l’intuition et/ou le GPS embarqué de son Chevalier, le rétif et imprévisible Equitos Bellum, les deux rescapés sont confrontés à une scène d’horreur, le seul étant constellé de rebuts de machineries et de cadavres entremelés. C’est là la marque de l’infâmie réservée par Kerbor Hal à ceux qui ont osé lui résister, mais également un piège pas du tout évident dans lequel Raf et Leopold viennent de tomber…
Début spoiler…Car le Mechanicum Noir avait laissé des gardiens sur les lieux du crime. D’abord une horde de quelques centaines de Serviteurs corrompus et corrodés, représentant à peu près autant de danger pour les Chevaliers qu’une vague de hamsters pour un Space Marine. La suite est un peu plus relevée, sous la forme de six machines de tourment (Woe Machine) insectoïdes, qui tombent sur le châssis des Gundams loyalistes comme la vérole sur le bas clergé de Slaanesh. Poussés dans ses derniers retranchements, Raf est contraint à l’ultime sacrifice : faire surcharger son réacteur utiliser un cheat code, qui permet à l’esprit de la machine d’Equitos Bellum de prendre les commandes du Chevalier, et de poutrer la gu*ule des nuisibles en l’espace de 3 secondes. McNeill nous glisse dans l’oreillette que c’est une pratique proscrite par les gens comme il faut, et Raf douille salement lors du passage en pilote automatique, mais c’est tout de même con que personne ne se soit rendu compte qu’il était beaucoup plus efficace de combattre de cette façon que de laisser un clampin avec un permis poids lourd faire mumuse dans le cockpit. On en apprend tous les jours.
La partie n’est toutefois pas encore gagnée pour les Chevaliers, puisque la dernière machine de tourment est en train d’enlacer la carlingue de Leopold, et que Raf tire maintenant trop la jambe pour lui être d’une quelconque utilité. Heureusement, avant que l’infâme bestiole puisse mettre la langue, les portes de Fort le Cor s’ouvrent et un eored de Rohirrims menés par Aragorn tombe sur les arrières de l’ennemi. Ou quelque chose comme ça. Il s’agit en fait des survivants de la Maison Taranis, retranchés dans l’arrière-salle du Hall de la Foudre depuis des lustres, et qui sont venus secourir leurs visiteurs. Ce sont évidemment eux qui ont envoyé le message que Raf et Leopold ont reçu, à la demand expresse du Seigneur Caturix, laissé invalide à 93% lors du siège de la forteresse, et à la recherche d’un successeur digne de lui avant que la mort ne vienne. Avec l’arrivée des deux gusses susnommés, c’est maintenant chose faite : il leur reviendra de mener les reliquats de la Maison Taranis vers une grandeur retrouvée. Spoiler alert : ils y arriveront.Fin spoiler
1 : Soit à 3 mètres au dessus du planche des servovaches pour un Chevalier impérial, donc tout de même assez haut.
2 : Une fois l’anecdote racontée, Verticorda passait ensuite à un strip tease intégral pendant que l’assistance chantait le générique de Bioman, mais McNeill a bizarrement choisi de couper le flashback avant ce point d’orgue.
AVIS :
McNeill boucle la boucle d’un arc mineur de ‘Mechanicus’ avec ‘The Lightning Hall’, qui permet de retrouver Raf Maven et Leopold Cronus dans leurs œuvres. S’il est tout à fait possible de lire cette nouvelle sans être familier du roman dont elle sert de chapitre supplémentaire, il est évidemment préférable de connaître les grandes lignes du bouquin en question et de ses personnages principaux (dont Dalia Cythera et ses yeux dorés), qui seront évoqués par l’auteur sans véritable mise en contexte. L’histoire en elle-même n’est guère compliquée ou complexe, puisqu’elle se décompose en une phase de randonnée, et une phase de MMA, durant lesquelles les deux Chevaliers se contentent de faire leur devoir, sans plus.
J’ai simplement tiqué sur le « super pouvoir » utilisé par Raf pour se défaire de ses adversaires, dont le potentiel fluffique me semble un peu trop énorme pour être intégré de la sorte par McNeill dans son histoire. Il se peut que ce soit ma méconnaissance du fluff Chevaliers qui me joue des tours, cette faction ne m’ayant jamais beaucoup intéressé, mais savoir qu’il est possible de décupler l’efficacité de ces machines en leur laissant prendre le contrôle de leurs actions, sans autre effets secondaires qu’un peu (beaucoup) de douleur pour leur pilote1, pose logiquement la question du non-recours systématique à cette pratique. Quoi qu’il en soit, c’est une soumission potable, mais pas mémorable, que nous propose Graham McNeill ici, avec ce qui sera peut-être sa dernière nouvelle pour l’Hérésie d’Horus…
1 : Je m’attendais à ce que ce dernier ne puisse plus reprendre le dessus sur l’Esprit de la Machine, ce qui aurait justifié la non-utilisation de ce trick, mais ce n’est même pas le cas.
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Aberrations // Aberrant – C. Wraight :
INTRIGUE :
Agusto Zidarov, Probator gras du bide, marié, un enfant, est mis sur un sale coup par un prêtre aussi influent qu’extrémiste, Yvgen Asparev. L’Ecclésiaste a en effet eut vent par son réseau de fidèles de la présence d’individus peu amènes, et probablement un peu mutés sur les bords, dans une zone industrielle d’Urgeyena. Bien que moins chaud que son indic’, qui lui brûle littéralement d’impatience, d’aller à la chasse aux mutants dans les bas-fonds de Varangantua, Zidarov se rend sur place pour faire sa contre-enquête, obtenant la confirmation de la part des témoins identifiés par Asparev que quelque chose de pas très impérial se trame dans l’entrepôt proche de la gare locale. À la nuit tombée, notre héros se glisse discrètement à l’intérieur du bâtiment en question, et ne met pas longtemps à tomber sur le « dortoir » de travailleurs détachés d’un genre un peu particulier. Très grands, très costauds, avec une peau diaphane, des yeux noirs et trois slips à se partager pour deux cents individus, les humanoïdes enchaînés dans le sous sol du site industriel répondent parfaitement au cahier des charges de l’abhumain de contrebande, venant voler les emplois et le slab des honnêtes Alectiens.
Cette découverte ethnologique majeure ne peut toutefois être reportée aux autorités compétentes et/ou incandescentes, car Zidarov se fait surprendre par une bande de gorilles bourrés de stimms, qui se montrent assez peu impressionnés par son badge d’office. Il faut l’intervention salvatrice de la directrice de l’usine, Alissya Gordova, pour empêcher que le Probator n’aille rejoindre le panier à salade de l’Empereur. Cette dernière explique posément à son « invité » que les opérations du site sont placées sous la protection et la direction du vladar Aista Fyodor Meleta, qui, en sa qualité de sous-gouverneur planétaire, se contrefiche royalement de l’avis et des principes d’un flicaillon comme Zidarov. Reconduit sans ménagement à l’entrée, avec ordre de ne pas revenir de sitôt, notre héros s’exécute de bonne grâce, et parvient à poser un mouchard sur un véhicule de transport qu’il devine justement servir à l’acheminement de la main d’œuvre spécialisée qui trime dans les profondeurs.
Cette intuition le mène jusque dans la juridiction voisine de Korsk, sur les traces du semi-remorque en question, qui se gare au milieu de la pampa pour réceptionner une cargaison livrée par une navette spatiale banalisée. Le doute n’est à ce stade plus permis, mais Zidarov fait du zèle en rendant une visite de courtoisie au gros lard ayant supervisé l’opération dans la cabane minable qu’il occupe à proximité du site d’atterrissage clandestin, une fois le convoi reparti. Ayant menotté et bâillonné son hôte pour pouvoir explorer sa piaule en paix, Zidarov a la surprise et l’horreur de découvrir une femelle de la race des abhumains entraperçus dans l’usine d’Urgeyena attachée sur un lit. Gras double est en effet un petit pervers, qui aime jouer du fouet pour se sentir puissant (ce qui est somme toute moins dégoûtant que d’autres explications à cette situation particulière). Dilemme profond pour notre héros, qui ne sait pas trop s’il doit tuer la mutante de sang-froid, ou la libérer de son tortionnaire. Pris de doute, il commence à dialoguer avec la grande godiche, et se rend vite compte qu’elle est plutôt à plaindre qu’à exterminer. En définitive, il décide de la remettre en liberté, scellant du même coup le sort de l’Indiana Jones en surpoids qui se dandine sur la moquette de la pièce d’à côté, et donnant à la rescapée les informations nécessaires pour qu’elle puisse tenter d’aller libérer ses congénères de leur camp de travail.
La nouvelle se termine par la confrontation entre Zidarov et Asparev, durant laquelle on apprend qu’un regrettable accident s’est déclaré récemment dans l’usine du vladar, la réduisant en cendres et provoquant la mort d’une bonne partie de ses ouvriers. On n’a par contre pas trouvé trace du moindre mutant sur les lieux du drame, et d’ailleurs les Probators n’ont même pas été mandatés pour enquêter sur l’origine du sinistre, ce qui est assez bizarre quand on y réfléchit… Voire même aberrant.
AVIS :
Chris Wraight nous sert une nouvelle bien pensée (et mettant en scène son héros de Warhammer Crime, Agusto Zidarov, également au sommaire de ‘Bloodlines’), explorant le thème du rapport à la mutation – et donc à la différence – d’un Imperium dont la diversité intrinsèque devrait pousser à la tolérance sur le sujet, mais qui se complaît au contraire dans son obscurantisme. Dans les ténèbres d’un lointain futur, on n’est pas à un paradoxe près. S’il n’a pas été le premier à exploiter cette ficelle (je pense en particulier à Barrington J. Bayley et à son ‘Children of the Emperor’ et à Gav Thorpe avec ‘Suffer Not the Unclean to Live’), Wraight est un des rares auteurs contemporains de la BL à remettre l’idée au goût du jour, y ajoutant de façon (à mon avis) délibérée et pertinente des similitudes avec la situation des migrants fuyant la misère et la guerre de leurs pays pour finir exploités en Europe ou aux Etats-Unis. La réalisation de Zidarov que les êtres qu’il considère comme des animaux sont en fait des humains, au même titre, voire davantage, que lui et ses concitoyens de Varangantua, pourrait amener le lecteur à réfléchir à son tour sur la gestion actuelle de la crise migratoire, si le cœur lui en dit. C’est en tout cas l’un des textes les plus actuels et « réalistes » publiés par la Black Library depuis un bout de temps, et il mérite à ce titre largement la lecture.
Autre point fort de cet ‘Aberrant’, la réussite de Wraight au moment de dépeindre son héros comme un individu moralement ambigu, et loin d’être exemplaire. Les protagonistes de l’anthologie ‘No Good Men’ ont en effet tendance à avoir plutôt un bon fond, malgré leurs tendances auto-destructrices/associales, alors que Zidarov est, lui, objectivement compromis. La difficile décision qu’il prend de libérer celle qui est, selon toute évidence, une victime d’une exploitation sans vergogne de la part de Varangantua au sens strict, et de l’Imperium au sens large, fait de ce personnage une véritable incarnation des « types pas bien » que nous promet le titre du recueil. À côté de cela, le fait que Zidarov ne soit pas le flic/détective privé solitaire et alcoolique qui revient avec d’infimes variantes dans les autres nouvelles de l’ouvrage, mais un citoyen assez normal, intégré, rationnel et avec une famille, renforce encore la ligne de faille entre ce qu’il apparaît être et ce qu’il faillit devenir. Bref, si le suspens n’est ici pas au rendez-vous, cette nouvelle a bien d’autres qualités à mettre en avant, et est sans doute l’un des premiers classiques de Warhammer Crime.
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Et voilà qui termine cette double revue du Calendrier de l’Avent 2020 de la Black Library. À titre personnel, j’aurais préféré n’avoir que des nouvelles inédites pendant 24 jours, mais l’ajout d’une VF cette année fait de cette itération l’une des plus réussies de la BL depuis le début de l’exercice. Comme pour tous les recueils, les histoires proposées ne sont pas d’un niveau uniforme (cela doit sans doute se percevoir à la lecture des chroniques), mais (re)découvrir un court format chaque jour donne à ce calendrier une fraîcheur indéniable, et rend le tout plus ludique et digeste qu’il ne l’aurait été lu d’un bloc.
Si ne nous recroisons pas ici avant 2021, ce qui est franchement probable, je profite de cette conclusion pour vous souhaiter une excellente nouvelle année, que j’espère être un peu moins favorable à la lecture que 2020. Cela ne devrait pas nous empêcher de continuer à parcourir les mondes merveilleux de la GW Fiction ceci dit! See ya, punks.
DEATHWING [40K]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette chronique des ‘Deathwing’, recueils de nouvelles se déroulant dans l’univers baroque, grotesque et (à l’époque tout du moins) coloré de Warhammer 40.000. Et, comme vous avez certainement pu le détecter à la lecture de cette première phrase, les objets de notre étude du jour sont loin d’être banaux. La première raison de cette singularité, et dont découle en partie la seconde, est qu’il s’agit tout bonnement du premier recueil de courts formats se déroulant sous les auspices sanglants mais rigolards du 41ème millénaire1. On peut même aller plus loin et faire de ‘Deathwing‘ la toute première oeuvre de GW-Fiction liée à cette franchise, qui n’était pas vieille à l’époque héroïque (1990) où ce petit tome a été publié… pour la première fois. Transition toute trouvée et parfaite (bravo moi) vers le second signe distinctif de cette anthologie : elle a bénéficié d’une réédition en 2001, V2 à laquelle sont venues se greffer trois nouvelles supplémentaires2, ainsi qu’une longue, très longue paire de pincettes.
Car l’univers de 40K avait bien changé en l’espace d’une décennie, laissant derrière lui l’aspect parodique ouvertement assumé de ses débuts, et mettant un peu d’ordre dans son fluff, jusqu’ici développé au petit bonheur la chance par des auteurs (quelques fois) et des rédacteurs de suppléments (la plupart du temps) laissés assez libres de leurs mouvements. Conséquence du passage à l’âge adulte de cet univers, certaines des nouvelles que nous nous apprêtons à découvrir accusaient un sérieux coup de vieux, pour une raison ou pour une autre. D’ailleurs, une bonne partie des auteurs ayant contribué au premier jet de cet opus avaient depuis quitté la barge, certains avec un panache grandiose (Ian Watson, à qui l’on doit l’immortel ‘Space Marine‘ et la trilogie ‘Inquisition War‘, ou Bryan Ansell, rien de moins que le patron de GW entre 1985 et 1991), d’autres (Storm Constantine, Charles Stross, ou encore le premier éditeur de la GW-Fiction, David Pringle) de façon plus discrète. Il ne faut donc pas s’étonner de la présence d’une mention « attention, gros délire » juste avant la première nouvelle (éponyme) du recueil. À l’inverse, les trois nouveautés de l’édition de 2001, signées par des auteurs établis et au fait des standards de la maison – étant devenue la Black Library, la première publication ayant été faite par GW Books3 – que sont Dan Abnett, Gav Thorpe et Graham McNeill, ne devraient pas trop nous dépayser. Encore que. 2001, ça fait tout de même loin….
1 : Après tout, la phrase la plus connue de toute la franchise indique bien que les 4 Affreux se fendent la poire. Nous sommes donc en situation d’optimum de Paretto, et tout va pour le mieux dans le meilleur plus dystopique des univers.
2 : On pourrait se demander quelles sont les raisons qui ont poussé la BL a rajouté ces trois textes, et pas d’autres, au sommaire original de ‘Deathwing’. La raison est, comme souvent avec Nottingham, des plus prosaïques: ces trois nouvelles étaient incluses dans le numéro 22 d’Inferno!, sorti en Janvier 2001, et étaient donc les premières « disponibles » pour cet usage.
3 : Et la seconde (copie conforme de l’initiale, c’est pourquoi je n’en ai pas parlé) par Boxtree en 1993.
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Deathwing – B. Ansell & W. King :
INTRIGUE:
Le Fall Camp/casting/retour au bercail prévu de longue date par la Compagnie de Vétérans Dark Angels du Capitaine Ezekiel, anciennement connu sous le nom de Coureur de Nuage (Cloud Runner), et que nous appellerons Claude à partir de maintenant pour gagner un peu de place, ne s’est pas passé comme prévu. Débarqués dans leur Thunderhawk Deathwing sur leur planète natale, qu’on qualifiera poliment de très influencée par la culture des premières nations amérindiennes, les Space Marines ne trouvent que des campements déserts et jonchés de cadavre comme comités d’accueil, ce qui laisse à penser que quelque chose de pas jojo s’est produit pendant leur siècle d’absence. Ayant fait le tour de leurs anciens villages à la recherche de survivants, en vain, et découverts avec horreur qu’une ville industrielle avait poussé au milieu des steppes où s’ébattaient auparavant bisons (probablement) et belettes (c’est dans l’histoire), nos vieux guerriers ont logiquement le moral dans les chaussettes énergétiques. Car, en ces temps très anciens, les fiers Dark Angels ne recrutent que sur cette planète/réserve, et la destruction du mode de vie et de la culture de leurs congénères ne peut que condamner le Chapitre à l’extinction à court terme.
Les soupçons de Claude et de ses Sergents Marius (Belette Féroce) et… Paulo1 (Lune Sanglante) se sont portés sur un ennemi que les Terminators ne connaissent que trop bien : les cultes Genestealers. Indice parlant: les dessins d’humanoïdes grimaçants à quatre bras2 trouvés sur les parois du dernier village troglodyte visité par les touristes. Confrontés à cette menace des plus sérieuses, contre laquelle même la puissance des meilleurs de l’Empereur mis sur leur 31 pourrait peut-être ne pas suffire, Claude et ses grands-pères doivent prendre une décision difficile : se la jouer safe et balancer un petit Exterminatus pépère depuis l’orbite, comme le préconise le Codex Astartes3, ou attaquer directement la cité champignon défigurant le paysage, afin de faire rendre gorge aux colons et libérer les éventuels rescapés de la conquête de l’Ouest par les grands méchants Xenos. La situation est tellement grave que Claude, en bon grand manitou, convoque un pow wow de ses guerriers, où chacun pourra exprimer son opinion sur la marche à suivre. Pendant ce temps là, l’Archiviste/Chamane de garde, Lucian a.k.a. Deux Têtes Qui Parlent, est autorisé à faire une virée dans la cité sensible pour récolter quelques informations utiles à la suite des opérations. Dissimulant sa carrure de Terminator derrières des allures plus banales grâce à ses super pouvoirs, il parvient à entrer sans problème dans la bourgade.
Sur place, il constate avec horreur que son peuple a bien été réduit en esclavage par une caste dominante, constituée du Magos du culte et de ses fidèles serviteurs. Manque de bol pour notre éclaireur, il se fait gauler par le premier malgré son déguisement ingénieux à la sortie d’un combat de belettes, et se retrouve donc pisté à travers la ville sur le chemin du retour. Témoin du bastonnage en règle d’un vieux chaman alcoolique ayant osé annoncer le retour des Dark Angels à une population incrédule et abrutie, Lulu intervient en faveur de son collègue, parvenant sans mal à calmer les ardeurs des cultistes s’acharnant sur le pauvre hère d’une bonne paire de claques. Cet acte charitable, s’il permet à l’Archiviste de tirer au clair les sources du problème rencontré par la planète en demandant à Etoile du Matin (c’est le nom du pochtron) de lui refaire toute l’histoire, scelle cependant le destin de Lucian, pris à parti quelques minutes plus tard par le Magos et sa garde de Genestealers. Si le Space Marine parvient à se défaire de ses assaillants, la mort du Psyker alerte le reste du culte que quelque chose ne tourne par rond spirale, et l’Archiviste finit par succomber sous le nombre au pied des portes de la ville, malgré quelques dingueries peu communes pour un porteur d’armure Terminator, comme un sprint et une roulade. Dommage.
Pendant ce temps là, Claude et ses hommes discutent le bout de gras en se goinfrant de pemmican, comme c’est l’usage. Soucieux de donner l’exemple, Claude raconte l’histoire de son recrutement, qui l’a vu laisser tomber sa promise Running Deer4 après un pari débile avec un gars qu’il ne pouvait pas blairer, consistant à escalader la montagne des esprits où les Dark Angels installent leur barnum lorsqu’ils viennent recruter des locaux. Comme vous pouvez l’imaginer, les deux crétins arrivèrent sur place en même temps que les Space Marines, provoquant la fuite éperdue du rival (qui finira avec la pauvre Running Deer lâchement larguée par son fiancé, Etoile du Matin étant leur descendant), mais conduisant Claude à rencontrer son grand-père, Serre de Faucon, et à tenter sa chance aux épreuves de passage pour devenir Dark Angel, avec le succès que l’on sait. Pendant son initiation, Claude eut la chance de voir lui apparaître l’Empereur, juché sur une autruche (ok, un oiseau tonnerre), qui le briefa sur absolument tout ce qu’il y avait à savoir sur le 41ème millénaire (même le Chaos !). Moralité de l’histoire : il faut respecter Pépé et ne pas se la jouer solitaire. Cette position est également soutenue par Paulo, qui raconte à son tour sa rencontre avec des Space Marines du Chaos sur un Space Hulk quelconque. Après la bataille, le Vétéran réalisa que les renégats n’avaient pas basculé d’un coup du mauvais côté de l’histoire, mais avaient été corrompus progressivement par une série de choix sous-optimaux : c’est ce qui attend les Dark Angels s’ils prennent leur mission trop à cœur.
Cet avis n’est cependant pas partagé par tout le monde, Ours Boîteux (dont le nom ne sera pas révélé, et que je baptise donc Brandon) et Marius plaidant pour une opération punitive afin de venger l’honneur des tribus décimées. Et au bout du bout, c’est l’option vindicative qui l’emporte, faisant techniquement de nos Dark Angels des renégats (et donc presque des Déchus… mais chut). Après avoir repeint leur armure en blanc pour signifier leur vœu de mort (et lancer ainsi la mode Deathwing telle qu’on la connaît encore), les Space Marines prennent le chemin de la ville, non sans avoir reçu une dernière vision de Lucian, qui a réussi à emporter le Patriarche Genestealer – trop curieux pour son propre bien – avec lui dans la tombe grâce à une guerre mentale bien négociée, provoquant la confusion la plus totale chez les cultistes. Ce trou d’air managérial est mis à profit par les Dark Angels pour enfoncer les défenses ennemies, jusqu’à ce que les Xenos retrouvent un semblant d’organisation et commencent à coordonner leurs attaques, provoquant des pertes chez les surhommes en céramite. Lorsque la poussière retombe, les Space Marines sont toutefois vainqueurs, même si la Compagnie de Claude ne compte plus que six clampins. C’est toutefois suffisant pour notre héros, dont la dernière décision en tant que Capitaine sera de diviser les survivants autochtones entre lui et ses frères, chacun partant de son côté recréer sa propre tribu, comme au bon vieux temps d’Age of Empires.
La nouvelle se termine, bien des années plus tard, par l’arrivée d’une nouvelle force de Dark Angels sur la planète, menée par le Capitaine Gabriel Couteau Cassé. L’absence de Claude et de ses Vétérans a en effet fini par inquiéter les autorités du Chapitre, qui ont envoyé des enquêteurs spéciaux tirer les choses au clair. Claude, ultime survivant de sa Compagnie, explique à son ancien collègue les raisons de son geste et… est laissé tranquille dans son coin, après qu’il ait rendu les armures Terminator, tout de même. Il y a bien l’increvable Serre de Faucon, devenu Dreadnought depuis le temps, qui propose à son petit fillot de devenir à son tour une boîte de conserve énergétique, mais Claude refuse poliment. Et on le comprend. En ces temps très anciens, les Dark Angels savaient donc passer l’éponge sur les comportements déviants et enterrer la hache de guerre. On n’en est plus là aujourd’hui, malheureusement.
1 : Je sens que l’on ne me croit pas et ça me chagrine. Une preuve est donc de rigueur.
2 : Alors que ça pouvait aussi bien indiquer aux joueurs de Pokémon Go que la zone était riche en Mackogneurs. Mais les Dark Angels sont toujours prompts aux conclusions hâtives.
3 : En ces temps très anciens, les Dark Angels n’avaient pas encore développé de rapport conflictuel avec l’autorité et un sentiment de supériorité sur les autres Chapitres.
4 : Ou peut-être était-ce son promis, « deer » étant un cerf et « doe » une biche.
AVIS:
On pourrait je pense passer des pages et des heures à discuter de ce ‘Deathwing’, ce qui est à mon sens approprié et légitime pour la toute première nouvelle Warhammer 40.000 de l’histoire. Je vais toutefois tenter de garder mon propos dans un format raisonnable, afin de ne pas dégoûter mon public de cet objet tellement particulier du corpus de la GW-Fiction.
Commençons par enfoncer des portes ouvertes, tel un Terminator éméché poursuivant un blip de Genestealers dans un Space Hulk : oui, le fluff qui est développé ici a été totalement, impitoyablement et irrémédiablement retconn-é depuis quelques décennies, transformant les braves Braves Dark Angels de notre nouvelle en templiers aussi pointilleux que cachotiers. On peut se prendre à rêver d’une réalité parallèle où ce Chapitre iconique serait resté attaché aux racines que lui ont données Ansell et King (ou regretter que cette obédience amérindienne n’ait pas été reprise par Games Workshop pour une autre confrérie célèbre de Space Marines1 après cela), mais ce qui est fait est fait, et cette page obscure de l’histoire des enfants du Roc est tournée pour de bon. Il reste cependant possible, si vous êtes un hipster acharné, d’arguer que le fait que la BL a republié cette histoire au début des années 2000, donc bien après que le changement de lore des Dark Angels ait été acté, vaut acceptation des origines ethniques du Chapitre par la maison mère (même si cette dernière a mis un gros « TROLOLOLOL » en ouverture de la nouvelle). On peut également mettre en avant que c’est Bryan Ansell lui-même (le boss de GW entre 1985 et 1991, soit au moment de la création de Warhammer 40.000) qui a voulu donner aux Anges de la Mort ce background, et qu’aller contre sa volonté serait comme bafouer les commandements de l’Empereur en personne. Empereur à coupe mulet, certes, mais Empereur tout de même. Et, pour finir sur cet aspect fluffica non grata, remarquons enfin que tout n’a pas été jeté de ce passé héroïque pour les Dark Angels : les noms en -iel sont toujours présents, ainsi que la couleur blanche de la Deathwing, et les symboles « plumiers » du Chapitre. Bref, la ligne tracée par Games Workshop est loin d’être droite, ce qui fait de ‘Deathwing’ une lecture intéressante et instructive, sans même se pencher sur l’histoire qu’elle raconte.
Et en cela, on aurait tort, car cette nouvelle de Space Marines est, et je le dis tel que je le pense, très satisfaisante. En plus de ses inévitables scènes d’action, qui sont déroulées sans excès par notre duo, on a le droit à une intrigue assez solide, avec du suspens, des rebondissements et une vraie incertitude sur le devenir final de nos héros, grâce au choix de ne pas arrêter le magnéto après leur victoire sur les Xenos, mais à la visite de « courtoisie » de leurs anciens frères d’armes. J’ai bien aimé également les variations apportées à la narration par l’intégration des souvenirs de nos vétérans au milieu du récit, qui a permis à Ansell et à King de donner quelques coups de projecteurs bien sentis sur d’autres sujets que la préparation de Little Big Horn. L’utilisation d’ellipses et de flashbacks a également pour effet de surprendre le lecteur, et de piquer son intérêt, particulièrement à la fin du récit, où le règlement de compte à OK Corral ne fait plus de doute. Enfin, je dois avouer que les petits liens internes intégrés au récit, comme Etoile du Matin qui est le descendant de Running Deer et Silver Elk, que l’on avait croisé quelques pages plus tôt dans un autre contexte, les caméos de Serre de Faucon (de plus en plus fatigué), ou la révélation que le culte de Genestealers vient de Thranx, la planète purgée par les Dark Angels des décennies plus tôt, ajoutent un charme à l’histoire. Ce n’est pas dur ou technique à faire, mais c’est bien trouvé et bien effectué, donc à saluer.
Ajoutons à cela que ‘Deathwing’ a très bien vieilli comparée à beaucoup de soumissions de la même époque, qui accusent aujourd’hui terriblement leur âge. Ansell et King ont ainsi parfaitement représentés la mentalité des meilleurs de l’Empereur face à un dilemme tout à fait fortykayien si on me passe l’expression, à savoir un arbitrage à faire entre la fidélité à l’Empereur et au Chapitre d’un côté, et l’accomplissement d’une vengeance juste mais futile d’un point de vue stratégique de l’autre. Les auteurs ont bien fait de convoquer le parallèle avec les Astartes renégats dévoyés par Horus pour illustrer leur propos, car c’est exactement de ça dont il s’agit : l’indépendance et la capacité de réflexion des super soldats de l’Humanité, qu’on leur a appris à mettre de côté mais qui reste leur dernière défense contre la corruption et, de manière ironique, l’aliénation. Autre satisfaction, qui est cette fois-ci à réserver aux lecteurs habitués au caractère nihiliste et paradoxal de Warhammer 40.000 : la douce ironie que constitue l’arrivée de la « civilisation » sur la planète natale des Dark Angels. Car si on y réfléchit deux secondes, le sort de la population de fiers chasseurs cueilleurs glandeurs n’aurait pas été très différent si l’Imperium, à la place du culte Genestealers, s’était véritablement installé sur ce monde. Il y a fort à parier que nos oisifs et improductifs apaches auraient tout aussi bien fini en camps de travail et sombré dans l’alcool et la misère si un « gentil » Magos du Mechanicum avait décidé de prendre la planète en main, à la place d’un « méchant » Magos Genestealer2. C’est ce genre de contradictions qui fait tout l’absurde sel du 41ème millénaire, et le fait que cette nouvelle ne soit pas « bêtement » manichéenne ajoute à son intérêt. Il n’y a guère que la conclusion « we good bro » de ‘Deathwing’ qui n’a pas/plus sa place dans le futur totalement grim et complètement dark de 40K, mais pour le reste, c’est une bonne exploration de la psyché et de la psychose propres à cet univers.
Vous l’aurez compris, je recommande donc chaudement la lecture de cette histoire à tous ceux qui s’intéressent à la GW-Fiction. Il n’est pas dit qu’elle convienne à tout le monde3, mais elle mérite d’être découverte et mise en perspective de tout ce qui est venu après, afin de pouvoir réaliser pleinement tout ce qui changé, et tout ce qui n’a pas changé, depuis cette époque héroïque.
1 : Ce qui va tout de même dans le sens de ceux qui reprochent à Games Workshop de n’avoir commencé à être plus inclusif envers sa communauté que récemment. Et les Dark Angels en sont les parfaits exemples : qu’il s’agisse du gonze en couverture de ‘Deathwing’ ou de ceux sur celle de ‘Let the Galaxy Burn’, on ne pourrait reprocher au quidam de considérer les fils d’El’Jonson (ou Canard Vexé, comme on l’appelait en des temps très anciens), comme de vrais bons aryens.
2 : À noter le passage très drôle où il est dit que les cultistes ont commencé par prêcher l’amour et la tolérance aux natifs, qui les ont envoyés paître. Comme quoi, les torts sont peut-être partagés dans cette histoire.
3 : Conseil : si la fracture fluffique à l’œuvre ici vous chagrine, dîtes vous que c’est une nouvelle consacrée aux Dork Angels, et tout se passera bien.
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Devil’s Marauders – W. King :
INTRIGUE:
La situation du 5ème Régiment de Thranx1, les célèbres (?) Maraudeurs du Diable, n’est pas loin d’être désespérée. Engagés dans la campagne de reconquête de la planète jungle H’thra, dont la population locale s’est rebellée contre l’Empereur après avoir été corrompue par le Chaos – à ce qu’il semble –, les Gardes Impériaux n’ont pas vraiment la main haute dans les combats sporadiques se déroulant dans cet enfer vert. Les Maraudeurs ont payé un lourd prix dans ces affrontements, et sont réduits à quelques dizaines d’hommes (et un Ogryn, Truk), menés par l’inflexible Commissaire Borski, dont le super pouvoir de blanchisserie2 est une preuve irréfutable de la divinité de l’Empereur. Notre héros, le soldat Nipper, commence assez logiquement à nourrir quelques sombres pensées quant à ses perspectives d’évolutions professionnelles, d’autant plus que la petite bande a reçu pour ordre de se replier dans la zone Ambre du théâtre d’opération, située à 50 kilomètres de là, dans un délai de 24 heures. Faute de quoi, ils seront pulvérisés depuis l’orbite par la flotte impériale, qui n’hésitera pas à recourir à de la déforestation massive pour accélérer la fin du conflit.
Après une petite escarmouche contre quelques éclaireurs adverses, dont la caractéristique la plus notable est d’inclure un robot tueur dans leur rang, Nipper, Borski et les autres (dont le Sergent Krask et la Psyker sanctionnée Sal) commencent dont leur trail de l’extrême, course d’obstacles contre la montre mettant les corps et les esprits à rude épreuve. Heureusement, la fameuse solidarité des Maraudeurs, dont la devise n’est de laisser personne derrière, permet aux Gardes de tenir le coup jusqu’à ce que la ligne d’arrivée soit toute proche. C’est cependant le moment où le fourbe ennemi décide de lancer une offensive sur les loyalistes éprouvés, qui décident de vendre chèrement leurs vies dans un dernier carré héroïque. Dans la fusillade qui s’ensuit, Nipper est victime d’une soudaine et profonde dépression, qui manque de lui valoir une exécution sommaire de la part de Borski pour lâcheté et mollesse au combat. Fort heureusement, le Commissaire arrive à trouver les mots qu’il faut pour convaincre notre héros de reprendre ses esprits et d’honorer son serment à l’Empereur, ce qui pousse Nipper à devenir berserk et massacrer une bonne partie des assaillants à lui tout seul, permettant aux ultimes rescapés de l’affrontement de passer en zone Ambre, quelques minutes avant qu’il ne se mette à pleuvoir du prométheum sur ce coin de la carte. Ouf.
Début spoiler…Il faudra cependant aux Maraudeurs profiter pleinement de leurs 3 minutes de repos avant de se remettre en chemin, la sentinelle les ayant accueillis dans le poste avancé ne manquant pas de les informer que le haut commandement a donné l’ordre à toutes les forces présentes dans la zone Ambre de se replier dans la zone Grise dans les meilleurs délais (24 heures), avant que le bombardement orbital ne se décale un chouilla à gauche/droite. La maraude n’est pas terminée…Fin spoiler
1 : Thranx apparaît déjà dans ‘Deathwing’, autre nouvelle co-écrite par William King pour l’anthologie éponyme. Cela n’a débouché sur rien à ma connaissance, mais on peut constater que les auteurs de GW-Fiction ont cherché dès l’origine à lier leurs histoires entre elles.
2 : Il est capable de garder un uniforme immaculé dans des conditions que nous qualifierons poliment d’éprouvantes, ce qui impressionne et terrifie à égales mesures ses charges, bien plus crasseuses.
AVIS:
Nouvelle classique de Gardes Impériaux confrontés à une galaxie méchante et hostile, ‘The Devil’s Marauders’ permet à William King de donner un aperçu de la vie ingrate, dangereuse et, dans bien des cas, insensée, des soldats envoyés combattre au nom de l’Empereur. Grâce à la richesse de son casting, intégrant aussi bien des bidasses tout ce qu’il y a de plus standard, mais également des Commissaires convenablement zélés, des Psykers aux migraines persistantes et des Ogryns amateurs de thé, cette histoire dépeint de façon intéressante les réalités et la mentalité propres de la guerre au 41ème millénaire, et constitue donc une bonne introduction au background romancé de cette faction. Si le lecteur contemporain pourra froncer les sourcils à quelques reprises pour cause d’évolutions fluffiques depuis les temps antédiluviens de l’écriture de cette nouvelle1, ou à cause du caractère hétéroclite de la guérilla convoquée par King pour faire obstacle aux Maraudeurs (qui mélange joyeusement inspirations amérindiennes, corruption du Chaos, T-800s faisant de l’accrobranche et catapultes shuriken rachetées à des Rangers Eldars sur le Bon Coin), il faut reconnaître que King réussit le plus important, c’est-à-dire donner l’image d’un univers brutal et inhumain, où des armées se battent jusqu’au dernier homme pour des causes échappant souvent aux belligérants, et où la bravoure et l’héroïsme ne mènent souvent qu’à une mort sans gloire. Bref, du bon grimdark comme on l’aime, et qui se laisse assez bien lire trente ans après son écriture, ce qui est une marque de qualité.
1 : On peut par exemple noter qu’il est très bizarre que Sal, en tant que Psyker, ait été recrutée avec ses camarades de Thranx pour rejoindre la Garde Impériale, au lieu d’être envoyée sur Terra pendant sa prime enfance pour une rencontre avec Pépé. D’ailleurs, elle a conservé l’usage de ses yeux, ce qui est très rare pour une Psyker assermentée.
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Pestilence – D. Abnett :
INTRIGUE:
Lorsque les forces impériales lancées à la conquête de Genovingia commencent à tomber comme des mouches sous les coups et les miasmes de la Peste d’Uhlren, les autorités compétentes agissent sans tarder. Et, une fois n’est pas coutume, leur réaction n’est ni brutale, ni sanglante, ni stupide, ou en tout cas pas tout de suite. Car c’est bien à Lemual Sark et à ses collègues érudits que le Maître de Guerre Rhyngold s’adresse, chargeant notre héros et ses homologues de fouiller les archives à la recherche de toute information qui pourrait s’avérer utile à l’endiguement du fléau.
Sark est, pour résumer grossièrement, un archiviste épidémiologique, double spécialisation très rare proposée uniquement par le centre universitaire Du Guesclin de Béziers. Il passe donc ses journées à enquêter sur les épidémies du passé, dans le but d’aider ses contemporains à se prémunir contre les joyeusetés concoctées à tour de chaudron par papy Nurgle. Après une harassante recherche Doctossimo durant laquelle il a appris à vingt-huit reprises qu’il avait contracté un cancer généralisé des cuticules, Sark finit par trouver une piste digne d’intérêt, qui l’emmène sur Symbal Iota, planète marine où tout le monde se déplace en catamaran et où Kevin Costner a été élevé au statut de saint impérial. C’est en effet là le dernier domicile connu de Fege Ebhoe, Général émérite du 23ème Régiment de Lanciers de Lammark, et survivant de la vague de varicelle carabinée qui a décimé ses hommes sur Pirody, il y a de cela bien des années. Avec un peu de chance, Sark pourra tirer au vétéran quelques confessions utiles pour les victimes de la Peste d’Uhlren, pour lesquelles ni l’homéopathie, ni l’hydroxychloroquine, ni l’ingestion d’eau de javel n’ont été efficaces.
Arrivé sur place avec son Serviteur Kalibane et un chapeau tellement ridicule qu’il manque de le faire interner d’office, Sark expose son cas au très relax frère Baptrice, qui s’occupe de l’administration de l’Hospice Saint Bastian, spécialisé dans l’accueil et le traitement de vétérans de la Garde Impériale complètement traumatisés par leur expérience du front. C’est en effet dans cette maison de repos d’un genre un peu spécial que Ebhoe a passé les trente-quatre dernières années, plongé dans le noir le plus total (une séquelle neurologique de son expérience sur Pirody). Après s’être un peu fait désirer, le patient finit par accepter de répondre aux questions de son visiteur, bien que cela semble manifestement beaucoup l’éprouver. Et pour cause, Pirody n’a pas vraiment été une partie de plaisir.
Envoyé au front contre des hordes de cultistes du Chaos, en plein été polaire et sans masques de sommeil (ce qui n’a pas dû aider), le 23ème Lanciers de Lammark s’est vite retrouvé débordé par la situation et assiégé sans espoir de secours par l’ennemi. Fort heureusement, une Compagnie de Space Marines des Doom Eagles (toujours dans les bons coups) était également présente pour leur prêter main forte, et empêcher la cité de tomber aux mains purulentes et malpropres des séides de Nurgle. Les Astartes ne purent en revanche pas faire grand-chose pour empêcher un mal aussi mortel que contagieux, sobrement baptisé le Tourment, de s’abattre sur la garnison et les civils, faisant des centaines puis des milliers de morts du côté loyaliste. Malgré tous les efforts de l’Apothicaire Subjunctus Valis, la situation continua de dégénérer jusqu’à… la coupure pub, déclenchée par la prononciation par Ebhoe d’un mot tellement sââââle que son voisin de cellule passe en mode berzerk et fait mine de sauter sur Sark, sauvé par l’intervention altruiste mais inefficace de son Serviteur, et surtout par les matraques énergétiques du personnel soignant de Saint Bastian. L’incident clos, Sark apprend qu’il lui sera demandé de quitter les lieux au matin pour éviter de perturber plus encore la vie jusqu’ici tranquille de l’hospice. Cela ne fait évidemment pas les affaires de notre détective, qui profite de la nuit pour rendre la visite de la dernière chance à Ebhoe…
Début spoiler…Déterminé à obtenir le fin mot de l’histoire, quitte à menacer son interlocuteur avec une lampe torche1, Lark apprend que la situation désespérée de Pirody a été sauvée au dernier moment par la découverte par Ebhoe que le vertueux et altruiste Valis était lui aussi totalement Tourmenté, et avait œuvré en sous-main pour propager le virus parmi les défenseurs (Space Marines compris) à l’aide de « vaccins » pas vraiment homologués par l’OGS. Trahi par un bubon disgracieux juste en dessous de son oreille, Valis fut promptement incinéré par le lance-flamme d’Ebhoe, qui paya chèrement son acte héroïque, l’incendie du laboratoire de l’Apothicaire corrompu lui ravageant le corps. Les hurlements du vétéran ont également comme effets secondaires pas très Charlie de plonger à nouveau l’asile dans la folie, menant à quelques morts parmi le personnel et les pensionnaires de Saint Bastian. Tout est cependant bien qui finit (presque) bien pour Sark, qui peut rentrer au bercail avec sa précieuse info, dont le Haut Commandement de la campagne de Genovingia se servira pour faire exécuter quelques dizaines de médecins, juste au cas où. Ebhoe, de son côté, est parti rejoindre l’Empereur, sa dernière crise d’hystérie ayant fait lâcher son cœur fragile. On pourra dire de lui qu’il a donné son corps à la science, au moins.Fin spoiler
1 : « Nous affons les moyens de fous faire parler, Herr Ebhoe… »
AVIS:
Dan Abnett a plutôt réussi son coup avec ‘Pestilence’, courte nouvelle d’ambiance et de suspens à haute teneur en grimdark. On peut rapprocher ce one-shot des travaux inquisitoriaux de notre homme, ainsi que de la mini-série des aventures animalières de Valentin Drusher, où Abnett se fait un malin plaisir de plonger dans la vie quotidienne de l’Imperium, loin derrière les lignes de front et les combats sanguinaires illustrés dans le jeu de figurines, mais qui comporte son lot de caractéristiques allant du dérangeant à l’insoutenable. L’enquête de notre héros à la recherche d’une cure pour un mal surnaturel dans un asile pour aliénés est naturellement riche en glauquerie, ce qui permet à Abnett de jouer avec les préjugés de son lecteur : finalement, les bons samaritains de l’hospice ne sont pas une secte de cultistes chaotiques sous couverture, mais bien d’authentiques philanthropes cherchant véritablement à soulager la détresse de leurs patients (de manière très 40Kesque, certes). Il s’agit à mes yeux de la réussite la plus franche de ‘Pestilence’, sa révélation sur l’identité du patient 0 du Tourment n’étant pas vraiment renversante (dur de maintenir le suspens quand on a qu’un seul suspect aussi). Bref, une petite histoire assez sympathique mais pas mémorable, comme Dan Abnett en a écrit beaucoup au début de sa carrière au sein de la BL.
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Lacrymata – S. Constantine :
INTRIGUE:
Les journées se suivent et se ressemblent pour Solonaetz Di Cavagni (Solon), Navigateur rangé des croiseurs depuis qu’un dramatique accident de campagne l’a mené à se diriger vers une carrière civile au service de la famille des Fiddeus. Bien que regrettant secrètement l’excitation de sa vie précédente, Solon est bien content de guider la Dea Brava, cargo personnel du fils du patriarche Fiddeus (Graian) à sauts de puce autour de Terra. Un petit job peinard et bien payé, surtout pour la mission qui mène le fier vaisseau jusqu’à la planète cosmopolite et interlope de Salome Nigra, où l’attend une cargaison un peu spéciale.
Invité par Graian, qui cherche désespérément à se faire des amis avant de s’aventurer dans l’une des maisons de passe faisant la réputation de la capitale planétaire (Assyrion), Solon se laisse convaincre de servir de chaperon au fils de son boss, en compagnie de la nouvelle Astropathe de la Dea Brava, la jeune, douée, mignonne et acerbe Shivania. Si Graian ne semble pas spécialement apprécier sa nouvelle recrue, en gros beauf qu’il est, il accepte toutefois cette invitée surprise après que Solon ait galamment proposé à la jouvencelle de la tenir à l’œil (double jeu de mots). La visite commence par un rendez-vous d’affaires chez Guido Palama, le partenaire commercial des Fiddeus, qui insiste pour offrir à ses hôtes un tour guidé de sa serre personnelle. Car ce que la Dea Brava est venue chercher sur Salome Nigra, c’est une cargaison de Lacrymata, une fleur très rare dont le parfum1 fait office de drogue, et l’ingestion d’huile essentielle conduit tout droit à l’overdose. Tout cela est très joli et mystérieux, pour sûr, mais Graian, qui ne tient plus en place, finit par fausser compagnie à Solon et Shivania pour se rendre dans le quartier rouge de la ville, laissant les deux mutants sympathiser autour d’un kebab frites, et concrétiser quelques heures plus tard à leur retour en orbite.
Solon ne tarde cependant pas à s’apercevoir que sa conquête a des opinions politiques un peu trop indépendantistes et anarchistes (pour en pas dire chaotiques) à son goût, ce qui jette un froid dans leur relation. Quand vient l’heure de repartir vers Terra, la cargaison de Lacrymata soigneusement enfermée dans la soute, le Navigateur a la mauvaise surprise de découvrir que cette farceuse de Shivania a aromatisé son caisson de pilotage avec la fleur hallucinogène en question, ce qui le fait partir dans un trip doublement cosmique pendant que sa bonne amie tambourine comme une harpie à la vitre de l’habitacle, afin d’initier notre héros aux plaisirs périlleux des orgies warpiennes. Fort heureusement, la foi de Solon est plus forte que son amour des créatures, et, bien aidé par nul autre que Pépé2, il parvient à garder le cap le temps que la descente arrive. Le danger écarté et la Dea Brava reconduite dans le Materium, Solon fait son devoir et rapporte le comportement honteux de sa collègue à Graian. Sachant pertinemment qu’un sort funeste attend la hippie libertaire à son retour sur Terra, le noble Navigateur parvient toutefois à convaincre son patron de lui remettre une fiole de Lacrymata (sans doute retenue sur sa paie), qu’il offre à son amante en guise d’adieu. Et Juliette de boire l’extatique poison pour s’offrir une sortie en beauté de ce monde décidément trop cruel pour les Psykers philosophes. C’est bien triste tout ça.
La nouvelle se termine avec l’ultime confrontation entre Graian et Solon, le second demandant au premier qui est l’acquéreur de la précieuse et mortelle cargaison de Lacrymata…
Début spoiler…Et c’est l’Inquisition. No one expected this, I’m sure. Bref, Solon est tout prêt à retomber dans la mélancolie tenace dans laquelle il se débattait mollement avant son aventure lacrymale après cette amère révélation, mais on ne peut pas dire qu’il soit vraiment surpris de ce coup de théâtre qui au fond n’en est pas un. Grimdark as usual…Fin spoiler
1 : Très précisément qualifié par Constantine, qui a dû être nez dans la parfumerie avant de devenir auteur de science-fiction.
2 : Qui fait ici sa première apparition directe dans la GW-Fiction, si je ne m’abuse.
AVIS:
Bien des années avant que la BL décide de s’intéresser à la vie quotidienne des populations civiles de l’Imperium (Warhammer Horror, Warhammer Adventure et Warhammer Crimes), Storm Constantine prit sur elle de mettre en scène une nouvelle résolument « pacifique », à mi-chemin entre la session de jeu de rôle et la sitcom romantique. Si le résultat peut surprendre1, et n’a définitivement pas fait école, il faut toutefois reconnaître que l’auteur ne s’est pas contentée d’adresser un simple pied de nez aux conventions en relatant le dernier match Tinder de Solonaetz Di Cavigni, Bachelor Navigateur, plutôt que l’extermination d’une Waaagh ! ork par le frère Brüthal du Chapitre des Imperial Fanboys. Constantine a manifestement intégré les grands principes et paradoxes de Warhammer 40.000, comme le dernier échange entre Solon et Shivania sur le sort des mutants « utiles » de l’Imperium le montre bien, mais a préféré donner à son propos une orientation plus tranquille et personnelle que ce qui était, et est toujours, la norme pour cet univers. En cela, et parce que cette ‘Lacrymata’ est aussi rare que la fleur dont elle tire son nom, je conseille au lecteur de prendre cette nouvelle incongrue, mais pas désagréable, comme un petit à côté des océans de grimdark militarisé qui constituent son habituel. Cela ne se reproduira pas souvent.
1 : Surtout quand on voit l’illustration que la BL a choisi d’attribuer à cette nouvelle. J’espère que personne n’a acheté ‘Lacrymata’ en pensant lire une histoire de Dark Angels corrigeant du Déchu, car je pense qu’il/elle a dû l’être…
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The Alien Beast Within – I. Watson :
INTRIGUE:
« J’espère que la routourne va finir par tourner ». Telles sont les pensées de Meh’Lindi, Assassin Callidus, alors qu’elle court à toute berzingue dans l’un des agrès les plus originaux du gymnase de son temple, une roue de hamster géante. Avouez que c’est original, et que cet aphorisme emprunté au légendaire philosophe Boulonnais et boulonné Frankkree Bher’ry fait parfaitement l’affaire. À croire que j’en ai fait exprès. Si Meli a le moral dans les chaussettes, et a besoin d’un footing particulièrement costaud pour se calmer les nerfs, c’est qu’elle a été mise sur une mission très Meh (ce qui tombe plutôt bien) par son supérieur, le Directeur Secundus Tarik Ziz. Rien de moins que l’infiltration d’un Culte de Genestealers repéré sur la planète Sabulorb, tâche impossible même pour la plus douée des Callidus… n’eut été l’idée de génie de Ziz de tester un protocole expérimental sur son irréprochable agente, à savoir la faire passer sur le billard et lui implanter suffisamment de chitine et de carapace subdermique pour la faire passer pour une hybride assez convaincante après un petit shot de polymorphine. Seul problème, cette manipulation est si intrusive qu’elle condamnera Meh’Lindi à ne plus pouvoir se transformer en autre chose que Casigrim, le cousin grimdark de Casimir, pour le reste de ses jours. Et ça, c’est pas sympa, surtout quand on est le parfait mélange de Kim Kardashian, Amélie Mauresmo et Jeannie Longo (nom de code : Jimmy Lee Kauresmian) et qu’on a eu la chance de tenir le rôle de Galadriel dans la série d’Amazon Prime1. Cependant, un ordre est un ordre, et Tarik, bien qu’il ait le physique de Sim, est plus mortel qu’un conseil médical de Donald Trump, en plus d’être un membre du Comex du temple : pas question donc de se défiler. Adieu donc les parties fines, et bonjour la bestialité.
Arrivée sans encombres sur Sabulorb, et dans la ville sainte de Shandabar, où des pèlerins venus de toute cette partie de la galaxie se pressent pour visiter les temples locaux et admirer les miraculeuses rognures d’ongle de l’Empereur, qui continuent à pousser plus de dix millénaires après leur coupe (ce qui est pratique pour vendre des reliques, avouons-le), Meh’Lindi se fait passer pour la fille d’un Gouverneur planétaire en quête de mysticisme, et commence à enquêter sur les agissements de ses cibles. Après avoir constaté que le clergé local a en effet tendance à avoir les yeux et le crâne qui brillent, et assisté à une représentation théâtrale inspirante, dans laquelle un Empereur à quatre bras et aux ongles longs terrasse un démon-grenouille coincé sur le trône, notre héroïne décide de suivre le conseil prodigué par son aubergiste et s’aventure dans les tunnels sous la cité, où elle tombe bientôt sur le squat des Genestealers. Fort heureusement, elle avait pris soin de se faire une laideur avant de toquer à leur porte, et si le cosplay est vraiment immonde, il est suffisamment convaincant pour que Meh’Lindi se fasse accepter par ses « cousins » de Sabulorb, après un entretien d’embauche assez léger réalisé par un Patriarche complètement ti-par à ce moment là. Malgré la méfiance du Magos, dont les questions retorses lui donnent un peu de fil à retordre, Linda passe donc la nuit chez sa belle-famille, prend un solide petit déjeuner, traîne un peu à droite et à gauche et… va aux toilettes. Si si. Et le pire, c’est que c’est important pour l’histoire.
Cette passionnante virée intestine, à plus d’un titre, est cependant interrompue par l’arrivée de l’aubergiste, qui faisait lui aussi parti de la famille étendue de Papa Triarche, et s’étonne de ne plus avoir de nouvelles de sa dernière hôte, tout comme il trouve étrange d’avoir trouvé sur le chemin du QG le sac à main que Meh’Lindi avait « camouflé » avant de commencer son opération. Arrêtée sur le champ par le fourbe Magos, et traînée devant pépé pour s’expliquer sur ces bien étranges coïncidences, Meh’Lindi est sauvée d’un funeste destin par la détestation mutuelle que se vouent l’aubergiste et le Magos, qui commencent à s’engueuler dans la salle du trône à son sujet, et par la seringue de polymorphine que le premier a rapportée, sans comprendre la fonction de cet objet, après avoir fait main basse sur le matos de l’Assassin. Un tour de passe-passe plus tard, le Patriarche s’est pris une petite piqûre de botox dans la cornée, ce qui ne le dérange pas outre mesure pendant à peu près cinq secondes. Après cela, la drogue dure mais molle (je me comprends) commence à faire effet, transformant le pauvre Xenos en bloc de polystyrène passé au micro-ondes, avec des effets catastrophiques pour sa petite smala.
Profitant de la confusion, Meh’Lindi brise les reins du Magos2, prend l’aubergiste en otage et se barre dans les souterrains, parvenant à échapper sans mal aux poursuites grâce à son entraînement superlatif. Et, bien que le fourbe tavernier ait pu se rincer l’œil lorsque l’Assassin décide de reprendre forme humaine, et aille jusqu’à la menacer avec son propre digilaser (qu’il lui avait également piqué) pour tenter de se faire respecter, ce gros beauf n’est pas de taille à survivre longtemps au huis clos naturiste auquel il s’est trouvé embarqué contre son gré. Après tout, si les seins de Meh’Lindi ne sont pas létaux (à son grand regret), le reste de son anatomie l’est. Cette première mission est donc réussie pour la désormais spécialiste galactique de l’infiltration des sectes tyran(n)iques. Que cela lui plaise ou non, ce ne sera pas le boulot qui manquera…
1 : Comprendre que Meh’Lindi a réussi à se faire passer pour une Eldar au cours d’une de ses missions.
2 : Ce qui n’est que justice, car il lui avait bien cassé les cou*lles jusque là.
AVIS:
Ian Watson a beau être plus connu (quand il l’est, et il gagne à l’être) pour son approche très second degré de l’univers de Warhammer 40.000 que son respect chevillé au corps du fluff et de son esprit, il faut reconnaître que ce ‘The Alien Beast Within’ n’a rien d’une franche galéjade. Certes, cette histoire a des éclairs sarcastiques, notamment lorsque l’auteur s’attarde sur le côté absurde du culte impérial de Sabulorb, mais on y retrouve également une réflexion assez intéressante sur l’opposition entre les aspirations individuelles et la tyrannie du système, un thème central de 40K, et une mise en perspective bien trouvée entre l’inhumanité de l’Imperium, qui sacrifie sans remords ses meilleurs sujets pour mener des expériences sadiques et souvent inutiles (Meh’Lindi réalise rapidement que le culte de Sabulorb aurait pu être exterminé par des moyens conventionnels, et que c’est l’ambition de Tarik Ziz qui l’a menée sur cette planète), et la fraternité, l’entraide et « l’amour » qui caractérisent les Genestealers et leurs descendants. Bref, Watson a bien saisi que c’était ce genre de paradoxes qui faisait l’intérêt de cet univers, et démontre ici qu’il est tout à fait capable de jouer cette partition, ce qui le place naturellement dans le peloton de tête des auteurs de GW-Fiction. En plus de cela, il se montre très à l’aise pour développer un peu de fluff sûrement retcon depuis, mais loin de détonner par rapport aux canons de l’époque, ce qui prouve qu’il s’est donné la peine de potasser un peu ses fondamentaux avant de prendre la plume1. Pas mal du tout pour un auteur qui a dû prendre ses piges pour Games Workshop comme un moyen d’arrondir ses fins de mois, et rien de plus. Bref, une bonne introduction à l’œuvre iconoclaste mais pas caricaturale d’Ian Watson dans sa période grimdark.
1 : Et en plus il trouve le moyen de parler des lacrymoles dans son récit. Nick Kyme (‘Forgotten Sons’/’Les Fils Oubliés’) lui doit une fière chandelle.
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Seed of Doubt – N. McIntosh :
INTRIGUE:
Sa mission de ramassage s(c)olaire des Psykers du sous-secteur ayant été contrariée par un grain Warp pas prévu par le Louis Bodin du Segmentum, l’Inquisiteur Mendor Valdez se retrouve contraint par la disparition de son vaisseau, sa cargaison et une bonne partie de son équipage, à improviser pour mener sa noble tâche d’épuration à bien. Naufragé sur la planète Cabellas, monde agricole où tout le monde s’appelle Rémy, en compagnie d’une Psyker apprivoisée dont il se méfie grandement mais indispensable pour traquer ses proies (Danielle) et d’un duo de Techno-Prêtres (Tchaq et Golun) qu’il laisse derrière lui tenter de réparer ce qui peut l’être de sa navette, Valdez se fait escorter par la milice locale jusqu’au village le plus proche.
Guidé par le psy-dar de Danielle, l’Inquisiteur sait en effet qu’un individu aux pouvoirs incontrôlés réside dans l’humble hameau, et qu’il est de son devoir d’intervenir pour éviter tout débordement fâcheux. Bien que le contremaître local, un dénommé Sharney, assure à ses visiteurs que la situation est parfaitement sous contrôle, la cible mystérieuse de Valdez ayant attrapé une grosse bronchite et étant à l’article de la mort, l’agent des Ordos ne veut rien laisser au hasard, et apprend que le frère de la malheureuse, un certain Gestartes1, qui l’a veillée jusqu’à récemment, est parti il y a quelques heures en direction de Mordessa, un village abandonné depuis qu’une épidémie de peste a décimé sa population il y a plus d’un siècle. Valdez, qui n’est pas né de la dernière pluie et a révisé son fluff, en conclut logiquement qu’il y a de grandes chances pour que Gege soit porteur de l’affliction nurglesque qui vient d’emporter sa sœur (qu’il faudra penser à consumer sur place), et donne donc rendez-vous à ses hommes disponibles (Tchaq et les quelques Gardes Impériaux ayant réussi à prendre l’autre navette du vaisseau, posée à quelques dizaines de kilomètres) à Mordessa pour circonscrire l’épidémie.
Rendu sur place avec Danielle, Tchaq et une poignée de Cabellans peu motivés, Valdoche a la surprise de croiser le Sergent Van Meer à l’entrée du village maudit. Ce dernier apprend à son boss que lui et ses camarades, menés par le Commandant Grunland, sont tombés sur Gestartes alors qu’ils se dirigeaient vers le point de rendez-vous, et ont réglé son compte au vecteur infectieux. Tout est donc bien qui finit b… sauf que Danielle est prise d’un mauvais pressentiment soudain, et devine (comme c’est pratique) que la navette des Gardes s’est écrasée dans les ruines de Mordessa, et que ces derniers sont par conséquent contaminés. Le pouvoir de l’intuition féminine. Elle a évidemment raison, mais les égarés devenus damnés ne se laissent pas flinguer pacifiquement, et la fusillade qui s’en suit a raison de Tchaq et des nerfs des PNN (personnages non nommés), laissant Valdez et sa voyante affronter seul l’énigmatique Grunland.
N’étant pas auteur à laisser son histoire se terminer classiquement, McIntosh organise son truel (?) dans un théâtre très particulier : une sorte de mare où des pierres plates affleurent à la surface, permettant à Valdez et à sa Némésis de se foutre des pains en sautillant de caillou en caillou. Encore mieux que Ninja Warrior. À la question, logique et légitime, de savoir pourquoi ils tiennent tant à rester au sec, la réponse est Stoi Yn Ra, ou Styrus en Bas Gothique. Pour la faire courte, les légendes locales racontent que la mare abrite une entité maléfique qu’il ne vaut mieux pas déranger… et qui le sera, évidemment. CHINON CHEST PAS DRÔLLEUH. Surclassé par la puissance démoniaque de Grunland, Valdez parvient tout de même à pousser son ennemi à la flotte, ce qui lui attire la haine sans partage du Slann fantômatique qui hante le site (c’est ça ou un possédé de Nurgle se fait mettre minable par un crapaud buffle). Pour-coâââ pas après tout. Le fâcheux est donc entraîné sous les eaux saumâtres de Mordessa pour y mater les feux de l’anoure jusqu’à la fin des temps. Bon débarras.
Ce n’est toutefois pas tout à fait la fin de notre histoire, car Danielle décide de ne pas prendre de chance avec la maladie, et descend froidement son boss avec son propre pistolet bolter, sa proximité physique avec Grunland pendant leur empoignade ayant planté la graine du doute (D’OÙ LE TITRE) dans son petit cœur de Psyker. Valdez aurait dû être fier de la radicalité de sa disciple, mais était trop attaché à son intégrité physique pour cela. Pas que ça change beaucoup de choses, notez, car comme le dit le proverbe : « dans la vie, il y a ceux qui un pistolet (bolter) chargé, et ceux qui creusent (leur tombe) ».
1 : Voilà qui se passe quand Madame veut appeler le petit Gerard en l’honneur de son père, mais que Monsieur est un fan absolu des Space Marines.
AVIS:
Passons l’éponge sur le caractère très classique et souvent bâclé, ou en tout cas peu inspiré, de l’intrigue et du déroulé de ce ‘Seed of Doubt’, dont le seul mérite scénaristique est de mettre le personnage, assez antipathique, de Valdez, face au caractère inhumain de sa propre doctrine (il indique clairement à Danielle au début de la nouvelle qu’il n’hésitera pas à la tuer s’il n’a ne serait-ce qu’un doute sur sa pureté et sa loyauté). J’aurais certes préféré que l’auteur termine son récit avec un Inquisiteur reconnaissant le bien fondé de la logique de sa future tueuse, et acceptant avec noblesse et fatalité son destin de dommage collatéral au service de Pépé, mais on ne va pas refaire le match 30 ans après.
En revanche, ce que je ne peux pas pardonner à McIntosh et/ou à la Black Library, c’est d’avoir réécrit une partie de l’histoire pour transformer Tchaq et Golun en Techno-Prêtres. Car, à la base (en 1990), il s’agissait de Squats. Et, je ne sais pas pour vous, mais je trouve la version originale beaucoup plus sympa que la reprise. Non seulement parce que, soyons honnêtes, les Squats sont beaucoup plus intéressants et attachants que les Martiens à tentacules (c’est un fait), mais aussi parce que cela change beaucoup la dynamique du récit et la vision que le lecteur a de Valdez. Ce dernier est en effet plus complexe en Inquisiteur méprisant les Psykers mais protégeant les abhumains, qu’en simple fanatique traitant tous ses subalternes comme du fumier de grox. C’est en tout cas mon avis. Je m’interroge aussi sur les raisons qui ont poussé à cette réécriture honteuse de l’histoire, mis à part qu’il était dans l’air du temps au moment de la republication de Deathwing (2001) de ne plus parler des Squats1. Ce qui est assez stupide de la part de la BL, car son lectorat sait, je pense, faire la part des choses entre le présent et le passé de Warhammer 40.000, comme une certaine Hérésie d’Horus tend à le prouver. Et puis, c’est rigolo de voir le mal que s’est donné Nottingham pour effacer de l’histoire deux pauvres Squats dans une anthologie dont la première nouvelle dépeint les Dark Angels en Apaches de l’espace. Ne changez rien surtout les gars. Ah si en fait… WE WANT SQUATS !
1 : La rumeur de leur disparition sous les griffes et dans les estomacs des Tyranides ayant commencé à se répandre depuis 1998.
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Suffer Not the Unclean to Live – G. Thorpe :
INTRIGUE:
C’est sur la planète de Karis Cephalon que les ambitions carriéristes du prêcheur Yakov ont été brutalement stoppées. Il faut dire que l’amour du bling-bling (Yakov est un Armormant) de notre héros lui ont attiré la morgue et la défiance du Cardinal Kodaczka, d’obédience Lucide, et donc bien moins porté sur la pompe et le clinquant que son subalterne. Ceci explique probablement que Yakov ait reçu la charge d’une paroisse située en territoire mutant, classe laborieuse et opprimée de Karis Cephalon, qui doit sûrement se spécialiser dans l’élevage de crevettes, la fabrication de briques et le tissage de tapis. Dans cette épreuve, tant pour son amour propre que pour son odorat, Yakov peut toutefois compter sur sa foi sincère en l’Empereur, et sur la dévotion véritable de ses ouailles, qui acceptent leur condition servile avec une constance admirable. Ou plutôt, acceptaient.
Car, comme le prêcheur ne tarde pas à le découvrir lors de son retour dans le bidonville qui lui sert de QG, une fois son cours de yoga du mercredi soir achevé, une épidémie s’est déclarée parmi les mutants, et ces derniers montrent des signes aisément compréhensibles d’énervement devant le manque à peu près total de réaction des autorités compétentes. Sachant qu’aller gueuler « On en a gros » devant la préfecture n’aura que des effets limités, et probablement déplaisants, Yakov convainc ses fidèles de prendre leur mal en patience, mais accepte tout de même, à la demande insistante de Lathesia, une jeune hors-la-loi altruiste dont la mutation consiste à être gothique, de faire doléance d’aspirine et de gel hydroalcoolique auprès de Kodaczka… qui refuse bien évidemment de consacrer le moindre kopeck à ce problème de santé publique. Et puis quoi encore. Laissant le prélat sur une maigre promesse de prière en faveur des nécessiteux, Yakov retourne dans sa banlieue, calme une nouvelle émeute naissante, et va se coucher. Il est toutefois réveillé en plein milieu de la nuit par Lathesia et son complice Byzanthus, qui ont remis une pièce dans la machine et réussi à générer une foule en colère digne de ce nom, après que le fossoyeur de la communauté ait été retrouvé égorgé. Malgré ses meilleurs efforts et son implication physique sans faille, Yakov ne parvient pas à dissiper la manif sauvage avant qu’elle se fasse disperser à coups de chevrotine laser par les forces de l’ordre. Et pas la peine d’attendre une contre-enquête de l’IGS.
La situation commence alors à échapper à notre héros, qui tente le lendemain de l’émeute matée dans le sang de convaincre Lathesia et sa bande d’arrêter leurs bêtises avant qu’il ne soit trop tard, mais ne parvient qu’à les intéresser à enquêter sur le meurtre du fossoyeur. Une visite au cimetière municipal plus tard, la bande fait l’acquisition d’un cercueil en métal, dont la particularité est d’être couvert de chaînes, comme pour empêcher son occupant d’en sortir. Pas le temps toutefois de percer ce mystère, car la planque des mutants est attaquée par les Enforcers. Byzanthus et les autres figurants vendent alors chèrement leur vie pour permettre à leur meneuse et au prêcheur de s’enfuir. Vous trouvez que ça va vite ? Accrochez-vous car Thorpe lâche les freins.
Toujours déterminés à tirer les choses au clair, Yakov et Lathesia décident de retourner dans le squat de cette dernière le jour suivant, pour enfin déterminer ce qui se cache dans le cercueil verrouillé qu’ils ont abandonné sur place. Ils font alors la connaissance d’un type louche qui se présente comme un free lance inquisitorial (il bosse pour l’Inquisition… sans en faire partie), lui aussi intéressé par ce mystérieux sarcophage. Et comme jamais deux sans trois est resté un proverbe très populaire au 41ème millénaire, les deux complices acceptent d’intégrer le nouveau-venu dans leur raid, sans lui demander plus de précisions sur ses motivations. À l’intérieur, la petite bande a la surprise de tomber en plein milieu d’un rituel manifestement chaotique, auquel participe rien de moins que le Gouverneur de Karis Cephalon. Parce qu’on peut être l’individu le plus puissant d’une planète et ne pas trouver un livreur pour amener un colis un peu encombrant jusqu’à son palais depuis une ZUS toute proche. Le problème des no go zones s’est manifestement perpétué dans le lointain futur. Bref, la fainéantise des uns (le Gouverneur et Thorpe) faisant le bonheur des autres (Yakov, Lathesia et leur invité mystère), la petite cérémonie païenne est interrompue par le mitraillage en règle des libertins, laissant le cercueil (et le Gouverneur) en possession du trio. Il reste alors une page et demie à Thorpe pour conclure, ce qui n’est pas suffisant pour trouver et utiliser une pince monseigneur, ni faire des présentations dignes de ce nom, mais assez pour que la tierce partie de confiance de notre histoire explique à ses compagnons que Keris Cephalon est sur le point de vivre cinq années très difficiles, que le Gouverneur a organisé la révolte de mutants pour pouvoir les sacrifier aux Dieux du Chaos, et qu’il pourrait tirer quelques ficelles pour permettre à Yakov d’être muté sur une planète plus tranquille. Noblement, notre héros décline cette offre, prétextant que ses chers mutants auront besoin de son aide dans l’épreuve à venir, mais quelque chose me dit qu’il n’en a pas fini avec l’Inquisition1…
1 : Cette illustration vient du livre de règles Inquisitor et représente Yakov (le grand type) et l’investigateur Malovich (le hippie renfrogné), surplombant quelques Gilets Jaunes très colère.
AVIS:
Ça partait bien pour Thorpe avec cette plongée atmosphérique dans les bas fonds de Keris Cephalon, ‘Suffer…’ bénéficiant, une fois n’est pas coutume, d’un personnage principal et d’un contexte étonnement complexes et fouillés (aux vues des standards de l’auteur). Malheureusement, ce dernier a vu trop grand, ou plutôt trop long (ou pas assez, ça dépend du point de vue) avec son intrigue, qui se retrouve bâclée, estropiée et finalement catapultée à un prochain et hypothétique épisode au lieu de s’achever avec un peu de tenue et de dignité. La raison, comme dit ci-dessus, tient sans doute à la volonté de GW et de la BL de soutenir le lancement d’Inquisitor avec un peu de background romancé, comme d’autres auteurs (McNeill et ‘Payback’, par exemple) le firent également à la même époque. Mais si le motif est tout à fait compréhensible, l’exécution laisse franchement à désirer, et transforme ‘Suffer…’ en objet littéraire finalement aussi contrefait et difforme que les mutants dont le héros s’occupe. Vous parlez d’une mise en abyme ! J’espère franchement que Thorpe a fini son cycle Yakovien ailleurs, ne serait-ce que dans un rapport de bataille ou une nouvelle du White Dwarf, mais je n’en suis pas absolument convaincu…
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Warped Stars – I. Watson :
INTRIGUE:
Au moment de son 17ème anniversaire, Jomi Jabal, adolescent très ordinaire de la lune de Delta Khomeini V, commence à entendre une voix lui parler dans sa tête, ce qui n’est pas banal. Cette intrusion psychique, si elle permet à notre héros de parfaire une éducation jusque là négligée au profit de tâches plus utiles à la communauté, comme le pelletage de bouses et la manutention de carcasses de grox, n’est pas sans danger pour Jomi, qui vit dans un milieu très hostile aux mutants et Psykers, régulièrement exécutés sur la place publique de la ville de Groxgelt sous le patronage du prêcheur local, Henrik Farb. Jomi doit donc taire son secret et éviter de se faire prendre la main dans le sac, ou plutôt la bouche dans le cerveau, jusqu’à ce que son mystérieux correspondant finisse par le localiser et arrive pour le sauver de sa médiocre existence. Pour cela, tout ce que notre adolescent brillant mais rustre a à faire est de conjurer un cercle dans son esprit, sans doute pour aider la Google Map de son ami presque imaginaire à le localiser à l’échelle galactique. Cela laisse le temps à Jomi de soupirer sur les formes de la charmante fille de ses employeurs, Gretchi, et d’éviter soigneusement l’imposante mère de cette dernière, Galandra, qu’il sait avoir des vues gourmandes sur son anatomie. Entre les groxs et les cougars, le quotidien de notre héros est donc trépidant.
Le potentiel de Jomi est cependant tel qu’un autre individu, l’Inquisiteur libre penseur1 et Psyker Torq Serpilian, le détecte et se met en quête du prodige, qu’il présente comme rien de moins qu’un « petit Empereur » au Commandant Space Marine Hachard dont les hommes ont été réquisitionnés pour l’assister dans sa dernière mission. La course est lancée entre Serpilian et Anon pour mettre la main le premier sur Jomi, qui attend toujours sur sa lune dans l’ignorance la plus complète du danger dans lequel il se trouve. Du côté impérial, nous faisons la connaissance des suivants de Serpilian, des dévoués mais racistes Grief Bringers de Hachard jusqu’aux sympathiques mais puants Ogryns du BONEhead Thunderjug Aggrox, en passant par Grimm, biker Squat en rade de trike. Tout ce petit monde cohabite plus ou moins pacifiquement jusqu’à l’arrivée en orbite de Delta Khomeini V, où, après une enquête de voisinage rapidement bouclée2, Serpilian et ses sbires localisent Jomi. Il n’y a pas une seconde à perdre cependant, car la Voix est également toute proche, et l’Inquisiteur ne peut que constater l’ouverture d’un portail Warp (rouillé, car dans le Warp, tout est possible) devant l’adolescent au moment où il arrive enfin. Et de ce portail émerge alors…
Début spoiler…Megatron. Ou en tout cas, son cousin germain, soit un robot géant (qui n’est pas un Titan corrompu, Serpilian est formel). Jomi comprend alors, bien après le lecteur, que la Voix qu’il entend est celle d’un Psyker désincarné, et probablement possédé par un démon, qui cherche un nouvel hôte pour s’incarner… Ou simplement un camarade pour jouer à cache cache dans son Space Hulk. C’est pas très clair. En tout cas, le sort qui attend Jomi s’il accepte de grimper dans l’habitacle du Gundam chaotique ne semble pas très funky. Pendant que les Space Marines canardent le robot, qui le leur rend bien, et que les Ogryns de Thunderjug mènent la charge pour récupérer le colis au corps à corps, Jomi hésite quelques secondes sur la marche à suivre, avant d’accepter la virée galactique que lui propose la Voix. Notre héros se retrouve alors enfermé dans la soute en compagnie d’un Psyker fantomatique complètement fou et de son démon de compagnie, pendant que Serpilian finit sa carrière gelé dans l’espace, après avoir décidé de suivre le robot à travers le portail Warp pour tenter de récupérer Jomi…
Début spoiler 2…Ou plutôt, tel aurait été le destin de Jomi s’il avait choisi de rejoindre la Twingo de la Voix. Mais comme notre ado prodige a manifestement la capacité de voir l’avenir, il ne tombe pas dans le panneau et décline poliment l’offre, avant de conjurer un bouclier psychique top moumoute pour repousser les mains baladeuses du robot. Contraint à la retraite par la puissance de feu impériale, ce dernier retourne donc dans les limbes, laissant Serpilian et ses survivants (tout le monde sauf Thunderjug, ce qui tire une larme à Grimm) emmener Jomi dans les étoiles, où une grande destinée lui est promise…Fin spoiler
1 : Il se demande sérieusement s’il ne faudrait pas mieux que l’Empereur se laisse mourir pour permettre au potentiel psychique de l’humanité de se développer, au lieu de laisser Pépé bouffer la majorité des Psykers humains de la galaxie à son goûter.
2 : Et qui voit la tentative de Hachard de mettre à l’aise son interlocuteur échouer de façon aussi spectaculaire que douloureuse pour l’amour propre du Commandant.
AVIS:
Après avoir démontré qu’il était tout à fait capable d’écrire du grimdark premier degré de façon satisfaisante (‘The Alien Beast Within’), Ian Watson se lâche beaucoup plus dans ce ‘Warped Stars’, qui de façon peut-être prophétique, peut être considérée comme l’ancêtre ironique et dévergondé de Warped Galaxies, la série de romans pour enfants de la BL présentant le 41ème millénaire. Premières cibles de la plume impertinente de Watson, les inflexibles Space Marines en prennent pour leur grade, et sont dépeints comme des machines de guerre psychorigides, intolérantes et pas très futées, allant au combat dans des armures criardes (vert petit pois foncé et violet migraineux pour les Grief Bringers). On est bien loin de l’image d’Epinal soigneusement construite par GW pour ses têtes de gondole énergétique au cours des décennies, et bien proche du ‘Space Marine’ que Watson a consacré à ses têtes de turc favorites. De son côté, Torq Serpilian, aka l’Inquisiteur jouisseur, n’est pas en reste dans le WTF, et hérite des « meilleures » répliques de la nouvelle. Bref, le ton est très léger, et l’apport fluffique conséquemment très limité1, mais cela vaut définitivement la lecture, ne serait-ce que pour découvrir un pan méconnu de la GW-Fiction, du temps où cette dernière hésitait vraiment à se prendre au sérieux.
Je me dois cependant de souligner qu’il est absolument nécessaire de lire ‘Warped Stars’ dans sa version originale, c’est-à-dire dans les éditions papier de ‘Deathwing’ (GW Books ou Boxtree), car, une fois encore, le puritanisme anti-Squat de la BL a frappé de son sceau infâme la réédition de cette anthologie en 2001. Exit donc le sympathique Squat Grimm2, et bonjour à l’insipide Techno-Prêtre Grill (médaille de l’inspiration pour le stagiaire de la BL), pour un résultat encore plus nullissime que dans ‘Seed of Doubt’. Car contrairement à la nouvelle de Neil McIntosh, celle d’Ian Watson met vraiment le personnage Squat sur le devant de la scène, et ses interactions avec les autres protagonistes, notamment avec Thunderjug et l’intolérant Hachard sont importantes pour l’équilibre du récit. La version 2001 n’essaie cependant même pas de compenser ces manques, et se contente de faire disparaître toutes les mentions « squattesques » du texte, ce qui donne à certains dialogues un caractère à la fois artificiel et non-sensique. Si vous avez eu la malchance de découvrir ‘Warped Stars’ à travers cette version caviardée, je vous le dis tout net : la VO est significativement meilleure que l’ersatz bricolé par la BL. Dommage que le texte original de Watson ne soit disponible que dans des recueils papier, pas forcément difficiles à trouver et chers à l’achat, mais moins pratiques qu’un ebook c’est certain.
1 : Même si cela n’empêche pas Watson de faire quelques remarques intéressantes sur 40K, notamment sur le paradoxe de l’Empereur guide et obstacle à la transition psychique de l’humanité.
2 : Qui est présent dans la trilogie inquisitoriale d’Ian Watson, et méritait donc d’autant plus de rester au casting de cette nouvelle.
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Monastery of Death – C. Stross :
INTRIGUE:
La vie à peu près calme et relativement paisible de Hito, planète coupée du reste de la galaxie et de l’Imperium depuis quelques millénaires par des tempêtes Warp persistantes, est sur le point de devenir nettement plus funky. Pépé is back, suckers, et il – ou plutôt, ses envoyés – a des vues sur la bibliothèque conservée par l’ordre monastique des Vertus Célestes, gardien spirituel et fournisseur technologique principal de la planète. Face à la puissance dont disposent les visiteurs cosmiques, il ne peut y avoir de victoire pour nos braves bonzes, à moins qu’ils ne réussissent à la jouer très fine. Et, justement, l’abbé de l’ordre, conseillé par son Maître des Arts Secrets (un vieux ninja) et assisté par le disciple le plus prometteur de ce dernier, Tenzig, a une petite idée derrière la mitre…
Sur le vaisseau spatial qui stationne au-dessus de Hito, on réfléchit également. L’Inquisiteur Rathman, chargé de ramener ce système dans l’ample giron de l’Imperium, ne semble pas très chaud pour interrompre son binge watching de Feux de l’Amour, et accepte donc de grand cœur que l’Assassin Judit Bjarnesdottir et l’Arbites Joachim Ahriman1, qui ne peuvent pas se blairer à cause de leurs différents d’ordre philosophique, aillent faire le sale boulot à sa place sur le plancher des <insert random grazing mamal name here>. Ils auront trente jours pour mener à bien cette délicate mission, avec toute l’autorité qu’une rosette et un macro-canon peuvent apporter à leur possesseur.
Nous suivons donc la Team Roquette impériale se poser sur Hito à proximité du monastère de l’ordre, et être escortée sous bonne garde jusqu’au bureau de l’abbé pour l’ouverture des pourparlers. C’est Tenzig qui reçoit les plénipotentiaires de Rathman, prétendant être le chef de l’ordre pour éviter que ce dernier ne se mange un bolt mal placé. On ne sait jamais. À ses côtés, son vieux maître est tendu comme un ressort, près à intervenir à la moindre suspicion de fourberie. La discussion s’engage sans faux semblants, Judit exposant clairement ses demandes à son hôte : accéder à la bibliothèque de l’ordre pour pouvoir y chercher les traces d’éventuels SCS, en échange d’une domination planétaire garantie par les gros flingues impériaux pour les Vertus Célestes. Le marché a beau être tentant, et un refus compliqué à faire entendre aux émissaires de Pépé pour Tenzing, il renâcle un peu à partager la connaissance préservée depuis des millénaires par ses prédécesseurs, ce qui se comprend. Après tout, l’Empereur est connu pour avoir oublié de rendre ‘Comment traumatiser votre enfant pour en faire un être inadapté mais génial’ à la bibliothèque municipale de Vesoul pendant 25 millénaires. Cette tiédeur chagrine beaucoup Joachim, dont le complexe de supériorité sur les bouseux d’Hito n’attendait qu’un prétexte pour se manifester. Sortant sa plus belle réplique JFKienne, l’Arbites envenime la situation jusqu’à ce que l’inévitable et l’irréparable arrivent de concert…
Début spoiler 1…Le Maître des Arts Secrets balance un shuriken bien placé dans la carotide du présomptueux, qui tombe raide mort, mais se fait venger aussi sec par le digilaser de sa comparse. Un mort partout, balle au centre. Fort heureusement pour Tenzig, Judit ne tient pas vraiment à devenir une martyre impériale, et accepte de reprendre la conversation de manière posée. Il ne faut pas longtemps pour qu’un accord soit conclu entre les deux parties, et l’Assassin repart sur son vaisseau après avoir jeté un œil aux archives bien tenues mais très vieillottes du monastère…
Début spoiler 2…Enfin, à une partie de ses archives, l’autre, la plus moderne et riche en SCS, restant le secret bien caché des moines. Il paraît même qu’ils ont une copie PDF de La Poétique d’Aristote là dedans…Fin spoiler
1 : LE TOUT PREMIER AHRIMAN DE LA GW-FICTION !!! L’Egyptien cornu peut aller se re-bandeleter.
AVIS:
Il me paraît assez certain que Charles Stross avait envie de transposer Fondation d’Asimov dans l’univers de 40K au moment où il a écrit ce qui reste à ce jour son unique contribution à cet univers de la GW-Fiction. Et il a plutôt réussi à mes yeux, au moins dans l’esprit : l’Imperium faisant une très bonne Première Fondation, et l’ordre des Vertus Célestes une Seconde Fondation toute trouvée. Mis à part cette bonne idée de pastiche grimdark et son exécution sympathique, il n’y a pas grand-chose à dire de ‘Monastery of Death’. Fluffiquement, c’est très léger (en témoigne ce passage où Stross invente une rivalité entre Assassins et Arbites, les seconds voulant prendre la place des premiers), et narrativement, ce n’est pas irréprochable (j’en veux pour preuve que l’auteur nous annonce en avant-première la mort du Maître des Arts Secrets pendant l’entrevue, alors qu’il aurait été plus efficace de laisser planer le suspens à ce sujet). Bref, un exercice de style et d’érudition appréciable mais pas sans défaut.
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Unforgiven – G. McNeill :
INTRIGUE:
Mission classique pour le Sergent Dark Angels Kaelen et son escouade de marsouins vert bouteille. Largués sur leur cible, une cathédrale quelconque1, par Thunderhawk furtif, les angles eud’la muerta se posent sans encombre sur une place grouillante d’ennemis, qui ne tardent pas à goûter à la colère des meilleurs de l’Empereur. Chargés d’accompagner le Chapelain Interrogateur2 Bareus jusqu’au mystérieux prophète ayant fait basculer la jusque là paisible Valedor dans l’hérésie la plus totale, Kaelen et ses hommes sont surpris d’entendre l’officier leur annoncer, après avoir regardé sous les jupes des filles cultistes comme un gros père vert (ce qu’il est), que le QG ennemi doit être capturé, et non pas exécuté, comme c’était jusqu’ici le plan. En privé, ce grand meneur d’homme de Bareus avoue sans détour à son sous-fifre qu’il s’attend à ce que tous les bidasses de l’escouade rejoignent la droite de l’Empereur au cours des prochaines minutes, ce qui énerve un peu notre Sergent, qui aurait bien aimé qu’on lui annonce sa participation à une mission suicide en temps et en heure. Histoire d’avoir pu demander à un camarade de dortoir de supprimer son historique de navigation avant de partir, sans doute. Quoi qu’il en soit, la prédiction funeste du Chapelain ne met pas longtemps avant de commencer à se réaliser, le pauvre frère Lucius payant de sa vie son ultime double screwgie de grenade à travers les vitraux de la cathédrale, mais permettant tout de même au reste de l’escouade de pénétrer à l’intérieur du bâtiment sans trop de casse3.
À l’intérieur, la résistance va croissante au fur et à mesure que nos braves héros se rapprochent de la dernière position connue de leur cible. Cette dernière profite que quelques apartés dans l’action frénétique de cette nouvelle endiablée pour commencer à se faire connaître, et, ô surprise, c’est très probablement peut-être certainement sans doute un Déchu. Mais on n’est pas sûr. En tout cas, si Bareus a des grands projets pour sa verdâtre Némésis, cette dernière n’est pas en reste, puisqu’elle instruit spécifiquement son second, Casta, de lui laisser s’occuper du Chapelain. Le reste des Space Marines peut cependant être massacré sans arrière-pensée, quelque chose que le mystérieux Ange des Lames, que le prophète charge son side kick de réveiller, devrait être capable de faire sans problème.
Un peu plus loin, Kaelan commence à se douter qu’il y a Luther sous Roc et qu’on ne lui a pas tout dit, lorsqu’il constate que la décoration d’intérieur de l’église a été refaite à base d’anges en feu, de planète qui explosent et de têtes de lion empaillées. En plus de cela, les vagues de cultistes qui s’abattent sur lui et ses frères, de moins en moins nombreux au fur et à mesure que McNeill les zigouille, sont habillés comme des cosplayers d’Impardonnés, ce qui est impardonnable. Malgré cela, Bareus ne consent pas à lui donner plus d’infos sur la nature véritable de sa mission, bien que notre balourd de Chapelain soit très fort pour mettre les pieds dans le plat. Devant tant de cachotteries, le Sergent Garcia se rabat sur les fondamentaux pour tenter d’atteindre un objectif qui paraît de plus en plus inatteignable, au fur et à mesure que les Astartes mordent la poussière. Heureusement pour lui, sa foi en l’Empereur et sa haine de l’onanisme l’aident à venir à bout de ses adversaires, jusqu’à ce que les survivants parviennent dans la salle du mini-boss de fin. C’est en effet là qu’il se trouvent confrontés à rien de moins que le premier Metabrutus de l’histoire, soit un Dreadnought muté monté sur crampons et exhibant fièrement son grillz et ses tablettes de chocolat aux alentours. Le pire dans tout ça, c’est que le fameux Ange des Lames est également un ex-Dark Angels, comme le symbole de son caisson le montre bien. Pas le temps de tergiverser pour nos héros cependant, il faut décarcasser le Père Ducroc.
Dans la bagarre qui s’ensuit, la plupart des survivants loyalistes se font écharper par Lââm, ne laissant en vie que Bas Rhésus, Koala et le pauvre frère Persus, qui commence à se douter qu’il ne finira pas la nouvelle en un seul morceau. À raison. Car c’est au tour du grand méchant de faire son entrée, qui se révèle être…
Début spoiler…Un Déchu. Et si. Incroyable. Je suis siégé de ma tombe. Le sinistre individu en question s’appelle Cephesus, et il a trouvé un hobby passionnant pour s’occuper depuis 10.000 ans : collectionner les Lames de la Raison des Chapelains Dark Angels qui cherchent à le capturer. La quincaillerie de Bareus lui permettra d’arriver à douze goodies, ce qui est score respectable sachant que même Molochia n’avait que dix perles sur son Rosarius. Le combat s’engage, et le Déchu parvient sans mal à trucider Persus, qui meurt en gueulant « Je le savaiiiiiiiis !!! », et à égorger Bareus avec son trousseau de clés énergétiques. La suffisance dont il fait preuve lui sera cependant fatale, car elle permettra à Kaelan, blessé mais pas vaincu, de lui arracher son Rosarius et sa précieuse sauvegarde invulnérable, avant de lui décocher un direct au foie et à la foi ravageur avec sa moufle. Traversé par un mal-être profond et le bras armé de son adversaire, Cephesus tombe raide mort au sol, et avec lui la rébellion de Valedor. Kaelan reçoit ensuite les clés du camion de la part du Chapelain mourant, qui lui vomit le mot « Deathwing » au visage dans un dernier souffle. C’est une nouvelle carrière qui s’ouvre pour notre Sergent, comme il l’annonce fièrement au Terminator de la Deathwing qui arrive peinard devant la cathédrale quelques minutes plus tard. À croire qu’on n’avait pas besoin de lui plus tôt. La relève est assurée.Fin spoiler
1 : Car nous sommes sur un monde cathédrale. Donc pour l’originalité, on repassera.
2 : Ca m’est venu comme ça mais… C’est tout de même ballot que les Dark Angels aient donné un titre spécial aux types chargés d’une mission top secrète que personne ne doit connaître. Parce que moi, si on me dit que Gérard Duchmol n’est pas comptable, mais « Comptable-Investigateur », je vais fatalement me demander ce qu’il cherche à investiguer. Et probablement me prendre un bolt dans la tête. Ou un contrôle fiscal.
3 : Le frère Marius se fracturant toutefois la hanche en glissant sur une peau de banane traîtreusement jetée par les hérétiques. Pas de quoi l’arrêter ceci dit.
AVIS:
McNeill, qui ne devait pas être vieux à l’époque, signe une nouvelle Dark Angels des plus classiques avec ce ‘Unforgiven’, mettant évidemment en scène la traque d’un ennemi mystérieux se révélant au final être un Déchu. À croire que les lionceaux ne font que ça de leurs journées. À défaut de surprise et de suspens, il y a au moins de l’action dans cette histoire, mais pas grand-chose en termes de fluff, ce qui est dommage pour un Chapitre au passé aussi riche. On passera généreusement sur les quelques approximations et incongruités du récit, comme la disparition mystérieuse des jet-packs de l’escouade une fois rendue sur place (ça aurait pourtant pratique pour avancer jusqu’à la cible), ou le Chapelain le moins tenu au secret professionnel de l’univers, à mettre sur le compte d’une volonté manifeste de divertir le fanboy plutôt que de satisfaire le lecteur. Si vous voulez mon avis, ‘The Falls of Marakross’ de Steve Parker est en tous points supérieurs à cet ‘Unforgiven’, qui à défaut d’être pardonné, peut être oublié.
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Et voilà qui termine cette revue de ‘Deathwing’, première anthologie de nouvelles pour Warhammer 40.000, à travers les âges et les éditions. Au petit jeu des comparaisons avec les recueils publiés à la même époque (‘Ignorant Armies’, ‘Wolf Riders’ et ‘Red Thirst’ pour Warhammer Fantasy Battle), je dois dire que ‘Deathwing’ a plutôt mieux vieilli que ses contemporains, si ce n’est en termes de respect du background actuel, au moins au niveau du style caractéristique de la GW-Fiction (abstraction faite de ‘Lacrymata’, et encore).
Cela est bien sûr particulièrement vrai de l’édition de 2001, dont les trois ajouts par rapport au sommaire original permettent un intéressant panachage des contributions, et permettent au lecteur de varier les plaisirs/découvertes. Tout cela aurait été parfait si la BL n’avait pas décidé de faire disparaître les Squats de ses registres, et amendé de façon grossière ‘Seed of Doubt’ et ‘Warped Stars‘ : en l’état, la meilleure version de ‘Deathwing’ est donc à mes yeux un mélange entre la publication originale et la réédition de 2001, et n’existe donc pas (encore). Dommage car on tient sinon un des recueils les plus sympathiques de Warhammer 40.000, bien loin devant les compilations sans saveur ni intérêt du tournant des année 2010. Un incontournable sur la liste de lecture des amateurs excentriques de la GW-Fiction!
BLACK LIBRARY ADVENT CALENDAR 2019 [40K – AoS]
Bonjour à tous et bienvenue dans ce qui se trouve être le résultat final d’une session de live reviewing (à suivre « en direct » sur le Warfo), sur la base de ce que j’avais initié pour le Summer of Reading 2019. Cette fois-ci, et comme le titre et/ou l’illustration de ce billet vous l’auront certainement déjà indiqués, je me suis lancé dans la revue critique des nouvelles (et pas des audio drama, ce qui a divisé la charge de travail par deux et m’a permis de faire autre chose de mes soirées de Décembre que du commentaire composé) proposées par la BL dans son traditionnel Calendrier de l’Avent, soit 12 courts formats publiés entre le 1er et le 24 Décembre (le 25 et le 26 étant consacrés à des romans, dont le grand et inespéré retour des Last Chancers de Gav Thorpe).
Au programme de ces réjouissances littéraires, des histoires diverses et variées, prenant place aussi bien dans le 41ème millénaire que dans les Royaumes Mortels, en passant par l’enfer urbain de Necromunda. On signalera également l’intégration de deux nouvelles siglées Warhammer Horror dans cette anthologie de fait, pour un tour d’horizon assez large des franchises de la GW-Fiction. À titre personnel, je regrette que ni Warcry, ni Blood Bowl n’aient été inclus au menu, et que les soumissions Blackstone Fortress et Hérésie d’Horus aient été cantonnées au format audio drama, que je goûte moins que le bon vieux format écrit.
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En termes de contributeurs, nous avons eu droit à une sélection plutôt orientée « nouvelle vague », C. L. Werner faisant office de vétéran, tandis que pas moins de la moitié du casting était constituée de rookies de la BL, ayant commencé à collaborer avec la maison d’édition de Nottingham en 2018 ou 2019. L’occasion de se familiariser avec les plumes les plus récentes de la Black Library, certaines faisant même leurs débuts dans la carrière et les univers fictionnels impitoyables de Games Workshop.
Alors, qu’est-ce que ce cru 2019, le dernier de la décennie (ce qui ne veut rien dire en soit mais fait tout de même cool), a donné? Le lecteur en a-t-il eu pour son argent – ce qui serait heureux, si il/elle a opté pour la formule globale à 88€ – ? Les réponses, les miennes en tout cas, ci-dessous…
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The Crystal Cathedral – D. Ware:
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Nous retrouvons la Sœur Augusta Santorus de l’Ordre de la Rose Sanglante, peu de temps après les événements couverts dans Forsaken. Toujours placée sous le patronage sévère mais juste de la Sœur Supérieure Veradis, l’escouade à laquelle notre héroïne appartient a reçu une nouvelle mission : assister à la reconsécration de la cathédrale de Clermont-Ferrand Caro, un ouvrage de cristal noir unique en son genre que la populace reconnaissante a élevé en souvenir de la victoire remportée il y a un millénaire par la Sœur Farus, elle aussi de la Rose Sanglante, sur l’infestation Xenos qui avait gagné cette petite lune1. Cette cérémonie est le point d’orgue des festivités organisées par les locaux pour célébrer le retour à la normale, et notamment la réouverture des fameuses mines de pierres précieuses dont Caro se targue. Et à ceux qui trouveraient que 1.000 ans, ça fait long pour passer le balai, je répondrai qu’obtenir un permis de détruire, puis un permis de construire, depuis le centre administratif du sous-Segementum, ça prend un certain temps, et que les travaux, on sait quand ça commence mais pas quand ça finit. Non mais. Toujours est il que nos pieuses Sœurs arrivent sur place, déposent leurs armes à l’entrée du lieu saint – car apparemment, il est blasphématoire d’entrer armé dans la maison de l’Empereur, comme tout Custodes vous ne le dira certainement pas2 – et pénètrent à l’intérieur de la nef, où une foule considérable s’est rassemblée pour assister à l’office.
Les Roses Sanglantes ont cependant à peine le temps de profiter du son et lumière grandiose qui s’offre à elle, et qui culmine en une conjonction astrale rarissime permettant à la rosace du chœur central de s’illuminer pour la première fois en mille ans (depuis le début de la construction de l’édifice, donc), qu’une tragédie s’abat sur la congrégation, sous la forme d’un Xenomorphe3 tyranide qui dégringole du plafond dans une cascade de verre brisé. 7 millénaires de malheur. Alors que la foule fuit piteusement les assauts meurtriers de la bestiole (sauf le Diacre en charge de l’office, tellement vénère d’être interrompu qu’il se met à injurier le maraud sans discontinuer : ça ne sert à rien mais c’est marrant), les Sœurs de Bataille réagissent avec leur efficacité coutumière, en opérant une retraite stratégique vers l’entrée de la cathédrale afin de récupérer leurs bolters et ainsi équilibrer les… Ah non. Sainte Barbie m’envoie une vision me prévenant que Verandis préfère envoyer la porteuse de bolter lourd repartir seule rechercher son arme, tandis que les autres membres de l’escouade engagent Tyty au corps à corps. J’avais oublié que nous étions dans une nouvelle de Danie Ware, où tout le monde est grand-maître de Krav Maga (sauf Verandis elle-même, qui préfère le judo et envoie donc son adversaire au tapis d’un Koshi Guruma bien senti).
Le combat qui s’ensuit, pour violent et sanglant qu’il soit, ne s’avère guère concluant. D’un côté, le Xenos bouge à la vitesse du son et est doté d’une force prodigieuse, ainsi que d’une chitine impénétrable pour les petites dagues que les Sororitas s’obstinent à utiliser contre lui, de l’autre, l’armure énergétique des meilleures de l’Empereur absorbent les horions de Tyty avec une facilité déconcertante (peut-être que les jets de sauvegarde se font sur un D66, ce qui rend le 3+ beaucoup plus favorable). Toujours est-il qu’il ne se passe pas grand-chose pendant quelques pages (un peu comme lors d’un corps à corps de la V3), jusqu’à ce que l’artilleuse de la sororité, une dénommée Leona, arrive avec son petit ami (Scarface like). Et là, c’est le drame. Doublement même. D’une part car l’une des Sœurs de Bataille, Pia, se retrouve dans la ligne de mire de sa comparse, et finit sa carrière en victime collatérale. C’est moche. Mais surtout, surtout, car Ware ose sortir un special move tellement débile et cartoonesque de la part de la même Pia, que l’Empereur a dû en faire des saltos dans le Trône d’Or. Jugez plutôt4. Hérésie ! HÉRÉSIE !! HÉRÉSIE !!! Toujours est-il que la douche de pruneaux explosifs finit par avoir raison de Tyty, qui mord enfin la poussière après avoir fait bien des dégâts (mais échoué à tuer la moindre Sœur).
L’orage étant passé, le temps du deuil et de l’exploration minutieuse des souterrains environnants afin de s’assurer que la grosse blatte était toute seule, arrive. Pour la petite histoire, il semblerait que c’est la lumière qui ait réveillé la bête au bois dormant, qui pionçait jusque là tranquillement… dans la voûte d’une cathédrale érigée il y a mille ans ? Et les ouvriers n’ont rien vu ? Quoi qu’il arrive, je pense que les habitants du coin peuvent faire jouer l’assurance, car il y a clairement eu malfaçon. En tout état de cause, le triste destin, ou martyr glorieux, de Soeur Pia fournit de quoi méditer à Augusta, qui n’oubliera plus de toujours garder avec elle son bolter. On n’est jamais trop prudente.
1 : La suite de la nouvelle nous apprend que les Xenos en question étaient des Tyranides. Comme une seule escouade de Soeurs de Bataille a suffi à les exterminer, on en déduit qu’ils sont venus en Kaptein plutôt qu’en vaisseau ruche.
2 : Et comme la même Santorus ne le fera certainement pas non plus lors de son exploration de la cathédrale de Mercy. En même temps, la leçon qu’elle s’apprête à recevoir l’a sans doute marquée.
3 : J’utilise cette dénomination peu précise car Ware n’identifie jamais clairement la bestiole. Ça pourrait tout aussi bien être un Carnifex qu’un gros Hormagaunt.
4 : Jugez aussi de la manière parfaitement naturelle dont la Sœur Supérieure donne l’ordre d’agir à sa Novice. À croire que c’était répété à l’entraînement.
AVIS:
Danie Ware persiste et signe avec ce nouvel épisode de la saga full contact d’Augusta Santorus, poussant encore un peu plus loin le concept du « jeu de main, jeu de vilain ». En clair, ses héroïnes sont tellement imprenables au corps à corps qu’elles pourraient sans problème mettre à Abbadon la tête dans le slip (malgré le fait qu’il soit en armure Terminator et qu’il ait un énorme catogan), si jamais ce dernier avait le malheur de croiser leur chemin. Donnez ne serait-ce qu’une épée tronçonneuse rouillée à ces viragos, et je vous garantis que la Cicatrix est fermée dans les 20 minutes qui suivent. On aime ou on déteste (je pense que mon choix a été fait de façon sans équivoque), mais c’est définitivement une caractéristique propre au style de Ware qui est ici à l’oeuvre. D’une certaine manière, j’ai hâte de lire la suite, comme le cinéphile déviant a hâte de voir Sharknado 7.
Si on veut aller plus loin dans la critique, on peut également noter que, slapstick mis à part, l’intrigue même de la nouvelle est friable. Qu’il s’agisse des mille ans de stase de la cathédrale, de l’exploit inaugural de Sœur Farus (et de sa sidekick Neva, citée une fois et passée à la trappe), de l’approche tactique du combat des Sororitas, ou du réveil opportun du petit ranide, rien ne semble pouvoir résister à un examen soutenu dans cette histoire. Heureusement que la sortie des Sœurs de Bataille en plastique est venue rendre euphorique tous les fans : « gagner » une Danie Ware comme auteur assermentée de faction aurait mis un coup fatal au moral de cette communauté qui a connu plus que son lot d’injustices (et James Swallow en faisait partie, encore que pas à ce niveau). Il ne reste plus qu’à espérer que Rachel Harrison a, elle, fait le job.
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Reflections in Steel – C. L. Werner:
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Le village de Kyoshima, attaqué par la bande du chef barbare Gharm, brûle bellement tandis que ses habitants sont passés au fil de l’épée par les pillards1. Tous ? Non ! Le jeune Kenji, qui revenait sans doute du casting de The Voice, est épargné in extremis par le boss en question, qui n’hésite pas à châtier un de ses sbires de son épée enchantée2 lorsque le rustre fait mine de hacher menu notre menu. La discipline, c’est sacré. La situation de Kenji ne s’améliore toutefois que marginalement suite à ce sauvetage, le coup de buzzer et d’espadon de Gharm ne débouchant que sur une douloureuse servitude aux mains du maître esclavagiste Sazaal, dont le sadisme et l’amour des châtiments corporels font honneur à cette belle profession. Placé tout en bas de la pyramide sociale de l’armée du chef de guerre Kravoth, Kenji tue le temps en tuant ses compagnons d’infortune pour nourrir les fringantes et carnassières cavales de l’ost chaotique, et en se jurant de vivre assez longtemps pour se venger de son infâme tortionnaire.
C’est à l’occasion d’un raid mené contre un nouveau village qu’une occasion se présente pour l’esclave de mener ses plans à exécution, et Sazaal également par la même occasion. Réquisitionné par les maraudeurs – qui apprécient sans nul doute sa jolie voix, même s’il est quasiment impossible de jouer de la guitare avec les mains enchaînées – Kenji se retrouve pris dans une embuscade montée par des Skavens en quête de loot, et qui s’abattent sur l’arrière garde piétonne de la bande pillarde alors que les cavaliers ont le dos tourné. Quand on vous disait que ces hautes herbes étaient dangereuses (saleté de Ratatas). Un coup de chance et une épée récupérée sur un cadavre plus tard, Kenji peut enfin laisser libre cours à sa revanche, et réduit Sazaal en purée une fois la vermine mise en déroute. Loin de s’offusquer de ce petit meurtre entre amis, Gharm, revenu sur ses pas constater pourquoi ses péons n’arrivaient pas, libère Kenji de ses chaînes et lui offre un CDI (carnage à durée indéterminée) dans son équipe, ce que Jiji accepte sans broncher.
Nous retrouvons notre héros quelques temps plus tard, à l’occasion d’une véritable bataille entre la horde de Kravoth et un ost de Fyreslayers probablement doublement discriminés du fait de leur peau noire et de leur poil roux (combo). L’affrontement donne l’occasion à Kenji de s’illustrer auprès de son n+1, en l’aidant à venir à bout d’une Salamandre souffrant d’un léger problème de coordination motrice, en s’acharnant comme le sadique qu’il est devenu sur le petit orteil de la bestiole. Ce qui est atrocement douloureux, comme quiconque a une table basse chez lui peut en témoigner. De hauts-(mé)faits en triomphes, la côte de Kenji continue de croître en même temps que son stuff se bonifie, ses chakrams de fer passant à l’or, au platine, puis au diamant, jusqu’à ce jour fatal où Gharm emmène ses ouailles piller un hameau absolument mi-na-bleuh, ce que notre self made man trouve très humiliant, en grande partie car cela lui rappelle douloureusement ses propres débuts. D’ailleurs, c’est lorsqu’il refuse d’épargner un jeune garçon qui se cachait dans les décombres de sa cahute que Gharm se retourne contre son suivant dissipé, et lui fait goûter à la même médecine métallique et auto-nettoyante qu’au faquin qui avait fait mine de lui porter le coup de grâce toutes ses années auparavant. La boucle est bouclée pour Kenji, qui ne peut constater la disparition de sa bonne étoile, tandis que son menton repart avec sa nouvelle trouvaille, Lilian Renau (sans doute).
1 : Ce qui permet de vérifier encore une fois que les noms se terminant en -shima semblent attirer les catastrophes (voir Hiroshima et Fukushima).
2 : Elle se nettoie toute seule en un clin d’œil… Voilà ce qui arrive quand on laisse ce farceur de Zuvassin s’occuper des dotations aux aspirants.
AVIS:
Après The Last of the Blood (Maledictions), C. L. Werner poursuit ses explorations japonisantes des Royaumes Mortels, avec cette nouvelle de belle facture, remettant au goût du jour deux classiques de la littérature « chaotique » : le cheminement (ou la déchéance) du héros, qui progresse insensiblement vers la damnation jusqu’à devenir ce qu’il avait toujours combattu d’une part (Les Cavaliers de la Mort, et plus récemment, The Path to Glory), et la saga épique se terminant de façon ignomieuse et prématurée, rappelant à quel point les Dieux du Chaos sont des maîtres cruels et inconstants (The Ignorant Armies, The Laughter of the Dark Gods, The Talon of Khorne). Si ce récit n’apprendra rien de nouveau aux vétérans de la BL, qui pourront tout de même bénéficier de la maîtrise de Werner en matière de conduite d’intrigue et de construction d’atmosphère – on regrettera seulement que les Skavens de l’histoire ne soient que des goons, alors que l’homme au chapeau s’est souvent illustré par son utilisation inspirée de cette noble race dans ses écrits – , les plus jeunes (ou en tout cas les plus neufs) des lecteurs en seront quitte pour un apprentissage des choses du lore, en compagnie d’un des professeurs les plus qualifiés et compétents qui soient. À mettre en toutes les mains/pattes/tentacules.
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A Question of Taste – D. Flowers:
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Invité par des amis nantis à venir dîner, le Guilder Tempes Sol de la Mercator Lux, spécialisée dans l’installation de panneaux solaires (sur Necromunda… comme quoi, il n’est jamais trop tard) se retrouve en retard à la suite d’un échange houleux avec le représentant borné et pro-carbone de son dernier client. Ayant fini par faire comprendre à son interlocuteur que le soleil ne risquait que très faiblement d’arrêter de briller, Tempes se rend en toute hâte à la Trump Tower locale, où l’attendent Credence Sorrow de la Mercator Pallidus, et Auroras Drift de la Mercator Temperium. Ce qui semble être une réunion informelle de jeunes cadres dynamiques Necromundans pourrait cependant être considéré comme un mini salon Produrable, Temperium étant spécialisée dans la purification atmosphérique, et Pallidus dans le recyclage de matière organique, ce qui dans une cité ruche va un peu plus loin que les épluchures de patates et les marcs de café. Disons simplement que l’amour de Sorrow pour les chandeliers en vertèbres de Goliath n’augure rien de réjouissant en ce qui concerne les ingrédients entrant dans la composition du repas qu’il a concocté pour ses convives. Rien ne se perd…
Alors que la soirée se passait agréablement, Tempes Sol, ayant un peu trop forcé sur la bouteille, commence à énoncer des menaces à peine voilées en direction de ses comparses, ayant tous deux bénéficié d’un « coup de chance » significatif il y a quelques semaines, lorsque les équipes de nettoyeurs de l’un se sont retrouvés à proximité d’une usine sinistrée par une fuite de nitrogène, à la suite d’un défaut du régulateur installé par l’autre. Cherchant à utiliser ce petit arrangement en sa faveur afin d’obtenir un nouveau contrat, Sol paye toutefois le prix de son approche brutale lorsque Drift, se sentant – assez justement – attaquée, attente à la vie de ses camarades, en ordonnant à son Zeph de compagnie de faire le vide dans la pièce, condamnant Sol et Sorrow à l’asphyxie (comme toute purificatrice digne de ce nom, Drift ne sort jamais sans son masque à gaz, qui, s’il l’empêche de siroter des cocktails avec distinction, s’avère pratique lorsque l’oxygène se raréfie). Trouvant que la représentante de Temperium ne manque pas d’air, et que sa vessie de porc domestique est carrément gonflée, ces messieurs pallient à la situation en électrocutant la faquine d’une ferme poignée de main, et perçant la baudruche d’un tir de digilaser bien placé (ce qui est tout de même plus classe qu’une vulgaire épingle). Ceci fait, les survivants partent prendre… l’air sur le balcon, en même temps qu’un café bien mérité, tandis que les serviteurs de Sorrow débarassent la table et les cadavres, en direction de la poubelle verte.
La tension étant retombée après que la pression soit remontée (c’est de la physique), Sol et Sorrow finissent de parler affaire, le second mettant le premier sur la piste de l’ultime survivant de l’incendie des plaines de Salvation, manigancé par les rivaux de la Mercator Lux, l’infâme et probablement charbonneuse et hydrocarburante Mercator Pyros. Le témoignage de cette malheureuse victime, brûlée au 17ème degré (même ses cloques ont pris des coups de soleil), serait précieux pour faire condamner les coupables, si seulement Sol arrive à localiser l’endroit où Drift l’a placée, après que Sorrow lui ait remise… La nouvelle se termine sur un aperçu de ce que le Burning Man a vu lors de la conflagration, c’est à dire une silhouette quasi humaine épargnée par les flammes. Rendez-vous au prochain épisode pour savoir si le gang des Carapuces a fait le coup.
AVIS:
Intéressante nouvelle que ce A Question of Taste, d’une car on n’a pas tous les jours l’occasion de lire une histoire de Neromunda n’étant pas centrée sur la guerre des gangs pour laquelle cette rieuse planète est bien connue, et de deux car Flowers démontre un vrai talent dans sa mise en scène de ce huis clos industriel, mêlant dialogues ciselés, considérations politiques, détails « culturels », et gadgets technologiques. La fin ouverte donnée par l’auteur à ce court format laisse penser (et espérer) que ce dernier sera suivi d’autres épisodes1 racontant la suite de la quête de vérité (et d’installation de centrales photovoltaïques) de Tempes Sol, qui sera peut-être l’écojusticier que la Ruche Primus mérite…
1 : Il est possible que la nouvelle ‘Salvation’s Crucible’ (le creuset de Salvation), incluse dans la ‘Black Library Events Anthology 2019/2020’ distribuée au dernier Black Library Weekender couvre également cette intrigue. Le titre le suggère en tout cas.
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Strong Bones – M. Fletcher:
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Jeunes Ogors idéalistes (un peu) et affamés (beaucoup), Stugkor – Stug pour les intimes et les moins dégourdis, ce qui va assez souvent ensemble chez les ogres – , Chidder et Algok décident de fuguer de leur tribu. Le but de cette manifestation, somme toute assez classique du mal-être adolescent et de la remise en cause de l’autorité établie qui va avec, est simple : trouver un campement humain dans lequel se servir directement, la consommation des restes rapportés par les vrais chasseurs du clan ne suffisant plus à nos rebelles. Aussitôt dit, aussitôt fait : le trio enfourche ses scooters débridés Ferox et part à travers la taïga hivernale, à la recherche d’une proie digne de lui. Las, les vastes étendues et la faible densité démographique de cette partie de Ghur ont tôt fait d’épuiser l’enthousiasme juvénile des teen-agers, qui peinent dans la neige et le froid pendant quelques jours avant de tomber sur le village qu’ils appelaient de leurs vœux (et de leur estomac).
Manque de chance, Stug et Cie ont été devancé par une armée de constructions squelettiques, affairées à dépecer les cadavres de leurs victimes, dans le but de récupérer les os de ces dernières. Un comportement à la limite du sacrilège pour nos Ogors affamés, qui ne comprennent pas pourquoi les morts-vivants jettent de la viande de premier choix pour se concentrer sur les parties dures des cadavres. Il y a certes de la savoureuse moelle à l’intérieur, mais tout de même ! Leurs savantes supputations sont toutefois interrompues lorsque le Soulreaper en charge de l’opération de tri et de collecte, pose son regard perçant sur les badauds bedonnants, et envoie l’un de ses Deathriders kavaler aux alentours. Confiants dans leur capacité de règler son compte au scout ossu, les Ogors piquent des deux et contre-chargent, pour des résultats assez dramatiques. Le Kavalos n’a en effet aucun mal à coup-fataler les Ferox de la fine équipe, ne laissant que Stug en état de se battre après que ses comparses aient raté le test de terrain dangereux consécutif à leur désarçonnage. Et, si l’intraitable squelette finit en esquilles, ce n’est pas sans avoir gravement blessé notre héros, et l’avoir complimenté sur sa solide ossature (ce qui revient sans doute à une déclaration d’amour lorsqu’on est soit même constitué uniquement de cela).
En rade au milieu de nulle part et confrontés à une horde de fémurs pas vraiment amicale, les trois petits ogrons décident de mettre les bouts pour avertir leur tribu de l’arrivée de ces nouveaux voisins. La course de fond étant, comme chacun sait, une spécialité des morts-vivants, et voyant la partie mal engagée, les Ogors se séparent, espérant qu’au moins un d’entre eux parviennent à bon port. La fin de la nouvelle est ainsi centrée sur Stug, qui après un vaillant effort, finit par cesser sa course pour faire face à l’inévitable. Les Bonereapers prenant les choses de la guerre très au sérieux, notre vaillant gros lard a l’occasion de prouver sa valeur en concassant un certain nombre de champions ennemis, jusqu’à ce qu’un Stalker vienne finir le job. À l’agonie, Stug ne peut même pas tirer un peu de fierté de la réussite de son plan de contingence, Chidder et Algok ayant déjà été calcifiés par les sbires de Nagash, comme notre héros vaincu ne peut que le constater alors qu’il gît dans la neige. Et quant au sort de sa tribu, il est également scellé, comme lui apprend l’aimable Soulreaper de faction : ses sortilèges lui permettront de prendre possession des souvenirs de sa prochaine victime en même temps que de sa dépouille mortelle. Moralité : ventre affamé n’a pas d’oreilles, mais attention à ne pas tomber sur un os.
AVIS:
Fletcher signe une nouvelle aussi solide que les os de ses malheureux personnages, dont l’un des attraits est la mise en avant de deux factions encore assez peu couvertes par la Black Library à ce jour : les Ogors et les Ossiarch Bonereapers. Si le propos de ce Strong Bones est avant tout de permettre aux petits derniers de Nagash (décidément un family man) de faire leur entrée dans le monde (ou plutôt, dans les Royaumes), Fletcher se révèle également assez habile dans l’utilisation de Stugkor, Chidder et Algok, et parvient à donner une bonne image de la mentalité et du quotidien des Ogors. Au final, on ressort de cette lecture avec une meilleure image du danger que représentent les Ossiarch pour les autres factions d’Age of Sigmar, ainsi qu’avec une description crédible d’une des plus discrètes de ces dernières. Que du bonus.
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Serpents of Ardemis – M. Brooks:
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Conviés sur la planète Ardemis par le Baron Zellanin à participer à son bal annuel, qui attire le gratin de la spacejet-set locale, Azariel et Chetta Brobantis arrivent sur Ardemis avec des objectifs bien plus élevés que se goinfrer de petits fours et vider la cave de leur hôte (quant à s’éclater sur le dance floor, la mauvaise hanche de Chetta s’avère tout à fait contre). Les roués Navigateurs ont en effet l’œil (haha) rivé sur les nombreuses richesses naturelles du système en question, et comptent bien conclure quelques juteux contrats avec leur hôte durant les réjouissances, même s’il leur faut pour cela faire échec aux offres des autres convives (facile) et collaborer étroitement (plus dur1).
Guère enchantée par les mondanités frivoles dans lesquelles Zellanin se complaît, Chetta tue le temps en se rencardant en douce sur les agendas des autres convives, et en volant au secours d’un malheureux serviteur ayant eu la mauvaise idée de passer avec son mousseux au moment où l’un des nobliaux invités au bal est pris d’une crise aiguë d’ennui mondain, et décide de martyriser un inférieur pour se distraire. Mal lui en prend, car Chetta, dont la lignée remonte certainement au mythique Brisdenis, se fait un plaisir de le fracasser d’une remarque assassine, tout comme elle fusille les autres nantis ayant eu l’indélicatesse de se ranger du côté du rustre. Oubliez Ciaphas Cain, Talos ou Horus-du-temps-où-il-avait-confiance-en-lui : le titre de personnage le plus sympathique de la Black Library vient d’être attribué à une petite mamie acariâtre, sans contestation aucune.
Cette bonne action porte rapidement ses fruits, les époux Brobantis trouvant un parchemin contenant de fortes utiles informations dans leurs quartiers à la fin de la journée. Plus fine que son balourd de mari, Chetta a tôt fait d’identifier son mystérieux bienfaiteur, dont les tuyaux permettent aux Brobantis de mettre leurs rivaux hors-jeu en un clin de troisième œil. Intriguée par ce coup de pouce salutaire, notre héroïne s’en va confronter sa nouvelle alliée, qui se trouve être la chamberlaine du Baron Zellanin, dotée comme la Navigatrice d’un sens de la justice développé, ainsi que d’un ardent désir de faire autre chose de sa vie que d’organiser les petites sauteries de son employeur (l’événementiel, ça lasse au bout d’un moment). Sentant un certain potentiel chez la donzelle DeShelle, Chetta lui propose de rejoindre son service, ce que cette dernière accepte.
C’est le moment que choisit Serranay KeWitt, Novator de la Maison du même nom et rival malheureux des Brobantis pour une concession accordée par le Baron Zellanin, pour faire une entrée flamboyante et colérique. Se jugeant atteint dans son honneur par la victoire bassement acquise par sa collègue ophtalmique, Serranay se pique de défier cette dernière en duel de regard – une pratique pas aussi bénigne que ça quand les participants sont des Navigateurs – mais un bluff heureux de l’impayable Chetta convainc le Kiwi courroucé de tourner son ire vers une cible moins dangereuse : la pauvre DeShelle, qui a pris bien soin de fermer les yeux sur le conseil de sa nouvelle patronne lorsque le Navigo s’en est venu.
Souhaitant seulement faire redescendre la pression avant que l’irréparable ne se produise, Chetta active la matraque électrique intégrée dans sa fidèle canne orthopédique et fauche le faquin sans penser à mal. Malheureusement, le maraud s’étale de tout son long et trouve le moyen de s’enfoncer le crâne sur une marche. 150.000 ans d’évolution pour ça, tout de même. Jugeant qu’il vaudrait mieux déguerpir avant que des questions inconfortables ne soient posées, Chetta et DeShelle repartent à toute hâte (enfin, aussi rapidement que possible) vers le vaisseau de la première, après que la seconde ait fait disparaître le cadavre du Novator navré, jeté en pâture aux serpents de mer géants endémiques de la planète. Comme quoi, dans la jungle des affaires, les grands prédateurs ne sont pas forcément ceux auxquels on pense…
1 : Pour la petite histoire (‘A Common Ground’, pour être précis), Chetta finira par faire assassiner son cher et tendre époux par un Goliath revanchard.
AVIS:
À force de croiser Mike Brooks dans mes lectures (et donc mes chroniques), j’ai l’impression que Chetta Brobantis est devenue une figure incontournable de la Black Library. Ce n’est certes pas encore le cas, mais, pour être tout à fait honnête, cela ne me déplairait absolument pas. Bien au contraire. Brook démontre avec cette pré-préquelle à son Rites of Passage qu’il maîtrise parfaitement son héroïne, dont la grande gueule, le grand cœur et les tares congénitales rendent particulièrement sympathiques. C’est bien simple, Chetta est l’opposée parfaite du Space Marine lambda qui sert de protagoniste à une proportion importante de romans de la BL, et cette opposition ne peut que la rendre intéressante aux yeux du lecteur blasé que nous sommes tous un peu, avouons-le. À moitié Whoopi Goldberg et à moitié Tatie Danielle, Chetta Brobantis est sans doute l’héroïne dont le 41ème millénaire a besoin (et pas celle qu’il mérite, il y a Sainte Celestine pour cela), histoire de faire un break de tout ce grimdark, tirer les oreilles des Aeldars et aplatir le nez des Carnifex à coups de canne (ou, plus réalistement, leur faire le gros œil).
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The Child Foretold – N. Kaufmann:
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Fermier alcoolique, misanthrope et passablement instable, du fait de la méchante prothèse remplaçant sa jambe droite perdue à la guerre, Kavel Trake survit péniblement de ses récoltes de nafar, occupant ses journées à trimer dans les champs et à parler à son épouvantail de compagnie, et ses nuits à picoler et à espérer ne pas se réveiller le lendemain. Bref, l’archétype du joyeux drille. À ses malheurs habituels est venu s’ajouter une invasion de warrior weed, sorte de chiendent Xenos qu’une politique de contrôle laxiste a permis de prendre pied, ou plutôt racine, sur la planète de Ballard’s Run. Cet excès de biodiversité n’occupe cependant pas longtemps notre héros, qui reçoit le soir même la visite d’une voyageuse passablement esquintée et mortellement poignardée, tenant dans ses bras un poupon qu’elle supplie Kavel de protéger de la vindicte populaire, avant de fatalement décéder. Notre péquenot, qui a servi dans la milice locale avant que son amputation ne le force à lever le pied (le gauche, évidemment), n’est pas un péquenot totalement rustre, et comprend assez vite que sa petite protégée, Oshi, a quelque chose de différent. Ou plusieurs choses, pour être exact : quelques petites bosses sur le front pour commencer1, et la capacité assez intrigante d’attirer des feuilles de nafar dans sa menotte pour s’auto-chatouiller lorsqu’elle en a envie, ce qui est pratique mais suspect.
La journée de bonheur paternel qu’il expérimente avec le poupon se termine toutefois brutalement avec l’arrivée d’un quintette hostile, menée par le capitaine de la milice et souhaitant ardemment que le bébé leur soit remis. La défense, assez minable, il faut le reconnaître2, convoquée par Kavel ne convaincant pas les ruffians de faire demi-tour, notre fermier n’a d’autre choix que de prendre les armes contre les intrus, qui, heureusement pour lui, s’avèrent avoir claqué tous leurs points de profil en impavidité, laissant peu de place à l’intelligence et à la compétence (comprendre qu’ils n’ont aucun problème à se laisser consumer par les flammes du cocktail molotov improvisé par Kavel, sans même pousser un cri, ni chercher à éteindre le brasier). Vainqueur de l’affrontement, José Bovin décide de tenter sa chance jusqu’à l’astroport tout proche, afin d’emmener Oshi dans la sécurité – toute relative – de l’espace. Malheureusement pour cette âme bien intentionnée, un comité d’accueil aussi déterminé et silencieux que les sbires qu’il a enflammés un peu plus tôt, l’intercepte sur la route, et lui enlève sa précieuse charge, non sans qu’il ait eu le temps de presque – son fusil lui étant mystérieusement arraché des mains par une force inconnue – vider son chargeur sur les marauds…
Début spoiler…À sa grande surprise et son soulagement non feint, les villageois, menés par un certain Drameon exhibant, lui aussi, une construction cranienne particulière, ne se montrent pas menaçants envers Oshi, et semblent au contraire l’accueillir comme unes des leurs. Préférant emmener leur prisonnier avec eux dans la caverne où ils se sont installés, les membres du culte Genestealer de Ballard’s Run (car j’espère que vous aviez compris de quoi il en retournait à ce stade) récompensent les bons et loyaux services de babysitting de Kavel en l’introduisant dans la famille, grand papa Mordephus roulant une galoche de bienvenue à sa nouvelle ouaille, sous les gazouillis approbateurs d’Oshi, dont la destinée est de devenir la Magus et porte-parole du clan. Tout est donc bien qui finit bien, ou en tout cas, mieux, pour notre héros déprimé, qui pourra jouir d’une vie sociale beaucoup plus riche jusqu’à la fin de ses jours, dans l’environnement préservé d’un agrimonde impérial. Pas loin d’être la meilleure chose qui puisse arriver à un citoyen impérial, quand on y réfléchit.Fin spoiler
1 : La réponse est oui. Ne dîtes rien aux autres.
2 : Jugez plutôt. Comme argument, c’est aussi convaincant que « cet hérétique n’a pas tout à fait tort », ou « cet Ork n’a encore rien fait de mal ».
AVIS:
Pour ses débuts au sein de la Black Library, Kaufmann choisit de livrer sa version d’un classique de la maison, pour un résultat assez honnête. On peut d’ailleurs saluer la bonne maîtrise générale que l’auteur démontre du background de 40K, ce dont d’autres contributeurs « extérieurs » recrutés par la BL pour Warhammer Horror ne peuvent pas se targuer. L’appropriation n’est toutefois pas totale, comme le montre la réaction très meh de Kavel devant la mutation apparente de sa protégée (qui peut à la limite s’expliquer par les pouvoirs psychiques de cette dernière), mais surtout, et c’est plus embêtant, l’absence de justification apportée à l’élément de déclencheur de la nouvelle, c’est à dire la remise du bébé à Kavel par une inconnue blessée… par qui ? Le fluff indique en effet que les membres vulnérables/trop moches des cultes Genestealers, comme les mères porteuses, les jeunes et papi/mamie Mougeot, sont gardés à l’abri des regards par le reste des membres. Partant, on voit mal comment la mère et la tante d’Oshi ont pu se faire embusquer par des villageois lambda de façon réaliste. De plus, le fait que Kaufmann décrive les cinq miliciens venus menacer Kavel comme faisant également partie du culte ne permet pas d’identifier une quelconque faction « hostile » dans la nouvelle (à moins que Ballard’s Run compte deux cultes Genestealers ennemis, ce qui serait vraiment pas de bol pour une planète aussi peuplée que Figeac). Pour terminer, on peut aussi s’interroger sur le choix de la BL d’incorporer cette nouvelle dans son segment horrifique, l’histoire présentée ici étant finalement assez gentillette et convenue pour un lecteur familier des « joyeusetés » de 40K.
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Champions, All – M. Collins:
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Alors que la Croisade d’Edioch approche gentiment de son cinquantenaire, nous faisons la connaissance de l’un des vertueux guerriers combattant en Son Nom depuis 47 ans : le Champion de l’Empereur Cenric. Déployé avec ses frères de bataille à la surface du monde de Daronch, récemment tombé aux mains des Orks, par le Maréchal Adelbert1, Cenric mène les forces impériales à l’assaut d’une cathédrale investie par les Xenos. Fort heureusement pour les infatigables, mais pas innombrables Space Marines, durement éprouvés par les dernières décennies de croisade, l’Ordre du Cœur Valeureux de la Chanoinesse Aurea est également de la partie, et son contingent de Soeurs Repentia se montre très utile dans la persécution des infâmes squatteurs de Sa Maison. Pendant que Cenrich peaufine ses stats, en utilisant le pouvoir divin d’identification des meneurs adverses que l’Empereur lui a accordé après son élévation, les Orks jouent un mauvais tour aux croisés, et font s’écrouler le champ de bataille dans les niveaux inférieurs des souterrains creusés en dessous de la cathédrale, séparant le Champ’ de ses bros.
Revenant à lui dans un obscur tunnel, Cenric résout de se laisser guider par la volonté de Big E (on suppose que son système de liaison radio n’était plus opérationnel), et part droit devant lui. Il ne lui faut pas longtemps avant de faire la connaissance d’une autre survivante, la Repentia Penance, qu’il aide à se défaire d’un trio de peaux vertes ayant du mal à considérer « non » comme une réponse #BalanceTonPork. Pour nos deux dévôts, c’est le début d’une ascension – littérale autant que spirituelle – vers le destin que leur a réservé l’Empereur, les signes identifiant Penance comme l’ange vengeur de sa dernière vision redoublant le zèle de son frère d’arme. Leur chemin a beau se révéler semé d’embûches, de Squigs difformes2 et de berger Ork (Bergork ? Bergeork ? Borkger ?) quasi-invulnérable, Cenric et Penance finissent par arriver – avec beaucoup de chance, mais les conseils de navigation GPS de l’Empereur sont infaillibles autant qu’impénétrables – dans le Strategium ennemi, où les attend se trouve le Big Boss Grashbakh…
Début spoiler…L’affrontement qui s’en suit permettra à Penance de se racheter une vertu, son sacrifice altruiste à la grenade permettant à Cenric de venir à bout du monstrueux Xenos, qui l’avait littéralement déchaîné au début du combat (un sacrilège impardonnable pour les Black Templars, qui ont la fâcheuse tendance à perdre toutes leurs affaires sinon). Ayant décapité la chaîne de commandement adverse, le Champion se met ensuite à pied d’oeuvre pour exterminer le reste des Orks, jusqu’à ce que fasse la jonction avec les autres survivants de l’assaut impérial. La victoire acquise, et apprenant la mort héroïque d’Adelbert au cours de la bataille, Cenric s’autoproclame Maréchal à la place du Maréchal, et jure de parachever l’oeuvre des morts victorieux en boutant les peaux vertes de Daronch une fois pour toutes… avant d’aller demander l’asile politique et la réintégration tactique au sein de la Croisade Helicos. L’homme sage connaît ses limites.Fin spoiler
1 : À ne pas confondre avec Aldebert un barde Franc de M2. Il n’aurait pas été convenable qu’un Black Templar ait peur du noir, après tout.
2 : Les bestioles de Collins ont des cous et des bras, ce qui n’est pas courant pour cette espèce.
AVIS:
Soumission assez classique de la part de Collins, ce Champions, All n’a pas grand-chose de plus à proposer au lecteur que le récit des prouesses martiales et de la foi inébranlable d’une paire de servants de l’Empereur, réunis par les aléas de la guerre et, peut-être, sa volonté omnipotente. Marc Collins fait le job sans faillir ni briller, et si ses héros font honneur à leurs entrées Codex respectives, ils s’avèrent aussi attachants et intéressants que les personnages créés à l’occasion des rapports de bataille du White Dwarf : il n’y a guère que leur nom qui les singularise des masses anonymes de leurs confrères (et sœurs), le reste de leur personnalité étant pour ainsi dire inexistante. Il va donc sans dire que votre degré d’appréciation de cette nouvelle risque de dépendre à un très haut point du nombre de travaux similaires que vous aurez lu avant celle-ci. Si ce nombre est supérieur à 1, je ne pourrai pas vous blâmer si vous choisissez de faire l’impasse sur les insipides exploits de frère Cenric.
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The Age of Enlightment – D. Guymer:
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Nous retrouvons Hamilcar Bear-Eater après les événements narrés dans Champion of the Gods, et si vous n’avez pas lu ce bouquin, c’est bien dommage car Guymer ne s’embarrasse guère d’un compte rendu des aventures vécues par son héros. Juché sur une princesse aetar (une sorte d’aigle géant, de ce que j’en ai compris) et accompagné de son écuyer/garde du corps/conscience Nassam, le Mangeur de nounours en guimauve arrive dans les Terres Déchaînées (Unchained Lands), où une force des cités libres défend une forteresse isolée contre une armée de Nighthaunts. Jugeant certainement qu’il est de son devoir d’intervenir en faveur des assiégés, qui ont le bon goût de connaître son nom et de l’acclamer alors qu’il fait des loopings dans le ciel porcin1, Hamilcar atterrit avec la classe et le panache qu’on lui connaît, et n’a que le temps de se farcir un petit Morghast qui passait par là qu’un Liberator vient le chercher pour le mener jusqu’au commandant en chef des sigmarites.
Malheureusement pour notre grande gueule, l’officier en question se révèle être une connaissance, plus professionnelle qu’amicale : le sépulcral et très corporate Lord-Celestant Settrus. Qui est également une connaissance de tous les anciens de Warhammer Fantasy Battle, comme le démontre amplement le nom de la chambre militante qu’il dirige d’une main de fer : les Impérissables. Ça, et la décoration très nehekarienne dans l’esprit de son armure. Wink wink2. Plongé dans la contemplation d’une carte dessinée à l’encre antipathique (c’est à dire qu’elle se révèle petit à petit) de la forteresse qu’il défend, Settrus n’a que peu de temps à accorder à son franc tireur de collègue, qu’il considère être venu aider sur ordre du patron. Ce n’est pas vraiment le cas, Guymer révélant à mi-mot qu’Hamilcar est au contraire recherché pour déformation spirituelle, ou quelque chose comme ça, mais notre héros est trop heureux de donner le change pour éviter d’être âme-çonné par la patrouille. Bear-Eater apprend ainsi que les Anvils of the Heldenhammer sont chargés de défendre l’une des Stormvaults récemment révélée par le Necroséisme, le trésor qu’elle contient ou le monstre qu’elle enferme étant convoité par les scions de Nagash. Cela explique aussi pourquoi la carte du bastion reste relativement cryptique, la magie du Penumbral Engine de fonction jouant des tours à la mémoire, tant vive que réelle, des êtres et choses des alentours.
Alors que Settrus, tout à ses ordres, est absolument ininterressé par le contenu de la Stormvault, Hamilcar ne peut résister à la tentation d’aller y jeter un coup d’œil, et parvient sans aucun mal à trouver l’entrer du lieu (alors que les autres défenseurs évitent inconsciemment l’endroit, ce que Guymer ne justifie pas le moins du monde), toujours accompagné de son coffee boy Nassam. À l’intérieur, le duo trouve évidemment un neuralyzer arcanique construit par Grugni selon les plans de Teclis, mais également sa batterie intégrée, qui se trouve être la haute prêtresse Ansira, une vieille femme enfermée dans la crypte depuis des millénaires et dont la foi en Sigmar a alimenté la machine pendant tout ce temps. Seul petit problème dans cette parfaite symbiose, Ansira en a gros. Très gros. Peut-être du aux douloureux escarres que des éons passés sur un fauteuil, même rembourré, ont certainement causés, ou bien au fait que ce goujat de Sigmar ne lui a même pas installé le cable et la wifi avant de partir jouer à la guerre, la brave dame en a ras la carafe et est bien décidée à prendre sa retraite, l’âge pivot étant depuis longtemps dépassé. Malgré les arguments – assez médiocres, il faut le reconnaître – avancés par Hamilcar et Nassam, mamie supernova (ses yeux brillent très forts) ne veut plus rempiler pour servir de pile à la machine. D’ailleurs, sa foi en Sigmar s’est trouvée tellement ébranlée après tout ce temps qu’elle ne pourrait plus officier, même si elle le voulait. Na.
Cette joute oratoire est interrompue par la percée réalisée par les forces mortes vivantes, forçant les survivants sigmarites à un dernier carré (ou un dernier rhomboïde, la faute à ces damnés socles ronds) dans la crypte, tandis que Mannfred von Carstein, qui était le général en charge de l’assaut, emmène ses boys au pillage…
Début spoiler.Ayant déjà perdu la au moins une vie sous les coups du Mortarque, Hamilcar charge ce dernier pour obtenir sa revanche, décapiter l’armée adverse et se couvrir de gloire (dans l’ordre que vous voulez), tandis que Settrus et ses bien mal nommés Impérissables tentent de repousser les chevaliers vampiriques et Morghasts personnels du lieutenant de Nagash. Dans la fureur des combats, nos trois têtes d’affiche finissent par converger, au grand plaisir de Mannfred qui finit par se rendre compte qu’il connaît le sinistre Stormcast qui s’échine à lui faire bosseler la grève (sans grand succès). À moins qu’il ne s’agisse d’une vieille blague de Sigmar dont seuls les quelques transfuges du Monde qui Fut auraient le secret, ce que soupçonne le Manf’ devant la faiblesse de son adversaire. La rigolade s’arrête toutefois pour le vampire lorsque Settrus, totalement surclassé mais loyal jusqu’au bout à son patron, trouve le moyen de se connecter en dérivation au Penumbral Engine délaissé par Ansira, entrant en surcharge mystique et finissant sa carrière en fusible arcanique, non sans avoir illuminé/purifié/désinfecté (triple effet kiss cool) la crypte, avec des effets dévastateurs sur les morts vivants. Il n’y a guère que Mannfred qui s’en sorte à peu près, et trouve le moyen de ramper hors champ pour aller s’acheter un tube de biafine, profitant de l’amnésie commode d’Hamilcar au moment de porter le coup de gâce à sa Nemesis. Car, inspirée par le sacrifice altruiste de Settrus (qui pour le coup, est bel et bien mort, et ne pourra pas repasser à la case reforge), Ansira décide de reprendre ses fonctions de génératrice à communion nucléaire, permettant au Penumbral Engine de se remettre en marche de façon optimale. Comme disait Sigmaurice Thorez : « Il faut savoir terminer une grève ». À bon entendeur…Fin spoiler
1 : Sans rire, l’air de Ghur sent apparemment le sanglier.
2 : Ironiquement, Settra/us est lui incapable de faire des clins d’œil, le masque intégral couvrant son visage ne laissant apercevoir que des puits insondables à la place des yeux. Il paraîtrait que ce regard sévère aurait, par contre, fait ciller un Slann.
AVIS:
Je suis assez partagé par ce The Age of Enlightment, qui comporte à mon sens autant de points forts que de faiblesses. Du côté de la coupe à moitié pleine, le personnage d’Hamilcar est toujours aussi distrayant à voir évoluer, son second degré assumé, parfois teinté d’un zeste d’amertume, le rendant très sympathique auprès du lecteur, surtout lorsqu’il est mis en contraste avec des Stormcast Eternals plus « classiques ». Et à ce titre, on ne pouvait pas trouver meilleur contrepoint à notre exubérant héros que le primesautier et gouleyant Settrus, dont le statut de demi-personnage nommé (si je puis dire) est un autre argument à mettre au crédit de cette nouvelle. D’ailleurs, le fait que notre very imperishable person rencontre ce qui semble être son destin dans The Age… ne fait que renforcer l’importance de cette lecture. Fans des Rois des Tombes, voici un incontournable absolu.
D’un autre côté, je reproche à Guymer d’avoir pensé cette nouvelle comme une sorte d’épilogue de Champion of the Gods, et n’avoir pas (ou en tout cas peu) pensé aux lecteurs qui aborderaient cette nouvelle sans connaissance particulière des événements relatés dans ce livre. Il faut donc s’accrocher pour replacer les personnages, leurs relations mutuelles et leurs motivations respectives, alors que quelques lignes de contextualisation auraient permis de reprendre le fil de façon satisfaisante. Peut-être en lien avec ce constat d’ignorance, j’ai trouvé que l’intrigue péchait par manque de vraisemblance sur certains points : comment les défenseurs Sigmarites ont-ils pu localiser une forteresse protégée par un appareil dissimulant magiquement sa présence, et toujours fonctionnel comme le montre la carte inutile de Settrus ? Comment se fait-ce qu’Hamilcar ne soit pas tout le temps affecté par cette magie, et beaucoup moins que les autres sigmarites, puisqu’il arrive à trouver la porte de la crypte en deux minutes montre en main ? Comment expliquer que le Penumbral Engine fonctionne tout court, puisqu’Ansira a perdu la foi quand Hamilcar la trouve ? Et comment arrive-t-elle à le remettre en marche, alors qu’elle semble plus résolue que convaincue à la fin de la nouvelle ? Peut-être que la réponse – logique, s’entend – à ces questions se trouve ailleurs dans les écrits de Guymer, mais sans éléments convaincants à exploiter de mon côté, mon impression finale est assez contrastée. Il faudra faire lumière sur tout cela.
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The Sanguinalia Day Massacre – J. Hill:
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Fils d’un esclave Orlock affranchi par ses maîtres, plus par souci d’économiser de la nourriture que par grandeur d’âme, le jeune Thrax commet le crime impardonnable de parricide (et celui, moins sévèrement puni mais pas sympa également, de matricide) après une enfance difficile et la découverte d’un couteau rouillé. Une crise d’adolescence dans toute sa splendeur. Ayant commis la bêtise de pavaner devant les autorités avec la tête de son paternel à la ceinture après voir commis cette bavure sanglante, notre rebelle est rapidement appréhendé par la maréchaussée, battu jusqu’aux portes de la mort et condamné à cette dernière, comme de juste. Alors qu’il était destiné à finir en croquettes pour sumpkrocs (mode d’exécution pittoresque en diable, il faut bien le reconnaître), son port de tête hautain et sa hargne manifeste attirent l’œil du maître esclave Barras, toujours à la recherche de nouvelles recrues pour faire tourner sa chaîne d’arènes gladiatoriales. Commence alors pour Thrax une carrière couronnée de succès et détrempée de sang, qui le verra brûler les planches (s’il y en a sur Necromunda, ce dont je doute) et se faire un nom parmi les aficionados. Malheureusement pour beaucoup de monde (dont son patron), cette carrière sera cependant courte.
Opposés à un trio de Goliaths en armure de céraminable, et posant en tant que Space Marines du pauvre, Thrax et son gang de mauvais sujets pas repentis du tout commettent en effet l’erreur de massacrer les malheureux spectateurs ayant eu la mauvaise idée de tomber dans l’arène à force de se presser sur les grilles pour mieux voir se dérouler ce combat tant attendu. Punis par Barras pour avoir littéralement mordu (voire plus) les mains qui les nourrissaient, Thrax et ses gars doivent livrer bataille à de gangs de faible niveau avant que la revanche contre les Adeptus Ersatztartes ne soit organisée. C’est au cours d’une de ces batailles sans véritable enjeu que Thrax a la douleur de perdre son bras droit (au sens figuré, je précise), Unami1, dont Barras fait don du corps à la science de son vivant, ce qui rend notre héros très chafouin. À tel point qu’il décide de, tenez-vous bien, se mettre en grève (décidément, c’est la mode). Le monstre. Malgré les carottes narcotiques et les bâtons énergétiques utilisés par Barras pour convaincre son champion de reprendre le travail, rien n’y fait, et ce dernier finit par s’échapper de l’arène, entraînant avec lui Slab, un Goliath faisant office de Space Doublure, juste avant le festival de Sanguinalia, où les deux hommes étaient sensés se remettre sur le coin du nez.
Bien embêté par cette double défection, Barras doit concocter en urgence un spectacle de remplacement, qui tourne au massacre lorsque ses artistes démissionnaires s’invitent à la fête et se fraient un chemin sanglant jusqu’à l’impresario esclavagiste, qu’ils étripent bellement avec toute sa famille. Ceci fait, les mutins reprennent le large à la tête d’autres gladiateurs, et commencent à rallier à leur cause de nombreux parias, esclaves et fugitifs du sous-monde, dans une redite ruchère de Spartacus. Poursuivis par de nombreuses forces (dont certaines de l’ordre), soucieuses d’écraser celui que les autorités locales dépeignent comme un ennemi public > 0 – ce qui est vrai – et l’hérétique qui a assassiné le récemment béatifié Barras – ce qui est à moitié faux – , Thrax et ses cohortes arrivent à se sortir de la nasse dans laquelle leurs ennemis voulaient les enfermer, en massacrant quelques milliers au passage, et à parvenir jusque dans le sous-monde profond, où ils ont tout loisir de monter leur petite utopie privée, aussi bonne et sage et sévère que l’homme qui règne sur cette dernière. Le brutal-mais-juste Thrax, premier du nom, est ainsi libre de déposer les armes (métaphoriquement seulement, faut pas déconner), et de devenir le leader communautaire que ses origines d’esclave meurtrier et cannibale ne le destinait que moyennement à devenir. Les miracles de l’intégration. Il se trouve même un fils adoptif (Bran), dans lequel il se reconnaît sans doute, et auquel il offre le couteau…avec lequel il a tué son propre père, en conclusion de la nouvelle. C’est sans doute pas très malin ça, Thrax.
1 : Peut-être que Hill est suffisamment familier avec le français pour que l’hypothèse du jeu de mot « Unami » = « Un ami » soit considérée.
AVIS:
Le retour de Justin Hill sur (ou sous) Necromunda, après son roman Terminal Overkill, se fait de façon assez singulière, par le biais d’une nouvelle brossant les grandes étapes de la vie de l’esclave rebelle Thrax, depuis sa pas si tendre que ça enfance, jusqu’à son apothéose en tant que roi de sa propre cour des miracles. À travers une dizaine de vignettes, certaines de moins d’une page, Hill donne sa version de la légende Spartacus – où, pour la GW-Fiction, d’Angron – qui se termine étonnamment assez bien pour son héros. Comme quoi, le futur lointain n’est pas si sombre que ça, même s’il y a fort à parier que Thrax ne mourra dans son lit autrement que s’il y est poignardé par un de ses hommes. Cela ferait tout de même figure de happy end pour Necromunda, notez.
Pour appréciable que soit le choix de mise en scène un peu plus poussé qu’à l’ordinaire qu’a fait Hill, et prenant le récit du parcours initiatique sanglant de son héros, j’ai trouvé que l’auteur avait parfois tendance à redonner dans un défaut constaté à la lecture de The Battle for Markgraaf Hive, à savoir un usage très modéré de connecteurs logiques dans sa narration. La conséquence pour le lecteur est aussi frappante que désorientante : une espèce de fastforward littéraire, ou ellipse sauvage, qui l’amène à réaliser que l’action est passé d’un point A à un point B sans crier gare. The Sanguinalia… n’est pas aussi extrême que The Battle… de ce point de vue là, mais le retour de cette fâcheuse manie démontre que notre homme semble être coutumier du fait. À surveiller pour la suite, donc. Ceci dit, l’expérience reste assez plaisante (plus que la nouvelle précédente en tout cas), et les nombreux détails fluff que Hill intègre à son histoire achèvent d’emporter la décision de mon côté. Pollice alto.
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Skull Throne – J. Ozga:
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Présence discrète dans le Royaume de Shyish, la narratrice de notre histoire, que nous appellerons Ninon faute de mieux (Ozga ne lui donnant pas de nom) évolue dans un univers cotonneux et incertain, où les choses ne semblent pas être ce qu’elles sont vraiment. Troublée par des rêves persistants dans lesquels elle se voit et se revoit être faite prisonnière, puis décapitée, par un trio de maraudeurs chaotiques adeptes de la prise de tête, Ninon ne sait plus très bien si elle est vivante ou morte, et consomme des quantités importantes de thé psychotrope pour tenter de chasser son mal-être existentiel. Cette routine macabre prend fin lorsque débarque un nouvel arrivant, se révélant être également un barbare assoiffé de sang, et tout aussi intéressé par le crâne de Ninon que les trois affreux précédemment évoqués. Son sinistre dessein, qu’il souhaitait mettre à exécution en chantant et dans la maison en ruines de notre héroïne – trop shootée pour prendre soin de son chez-elle – est toutefois contrarié par une traversée de plancher inopinée, permettant à Ninon d’échapper à une décollation sommaire. Prouvant qu’elle a bien gardé la tête sur les épaules, cette dernière ébouillante le rustre en lui déversant le contenu d’un chaudron d’eau bouillante sur le râble, avant de décider de partir en mission spéciale avec la tête du malotru sous le bras. Il s’avère en effet que le barbare était l’un des trois gredins l’ayant peut-être (it’s complicated) décapitée il y a quelque temps, et Ninon souhaite récupérer ce qui lui appartient de plein droit. On suppose à ce stade qu’elle considère un échange de caboches avec les envahisseurs de Shyish.
Après avoir un peu marché, et atteint une plage évoquant fortement le front de mer dunkerquois, Ninon finit par localiser les pillards, qui font bombance à côté du cadavre d’un léviathan à moitié dévoré par un banc d’anguilles1. Saisissant sa chance, elle se glisse jusqu’à la marmite dans laquelle les joyeux cannibales préparent leur rata, et y déverse ses réserves de racines de mhurghast. Le résultat ne se fait pas attendre, les maraudeurs sombrant dans ou succombant à la paralysie apportée par ce charmant condiment, ce qui permet à Ninon de chiller tranquillement dans le camp à son réveil. Identifiant son pseudo tueur parmi les cataleptiques à la hache monstrueuse qu’il porte à son côté, Ninon est frappée par l’inspiration : si elle veut récupérer la tête qu’on lui a prise, il lui faudra offrir un sacrifice digne de ce nom à la divinité compétente en la matière, cet entrôné de Khorne…
Début spoiler…Profitant du lag persistant de ses hôtes, qui ne peuvent que contempler leur fin arriver lorsqu’elle se présente avec la hache empruntée à leur champion pour leur offrir une coupe gratuite, Ninon passe sa journée à la plage à faire un château de crânes, n’oubliant pas au passage d’embrocher le meneur des maraudeurs avant que les effets débilitants de la racine de mhurghast ne s’estompent pour de bon. Ceci fait, elle propose un deal au Dieu du Sang, offrant le fruit de sa récolte en échange… de la tête de sa sœur jumelle. Ce qui explique pourquoi et comment Ninon a pu se voir se faire tuer en début de nouvelle. Seulement, Khorne est dur en affaires, et bien qu’il ne prononce pas un mot, la négociation finit par déboucher sur l’accord du Dieu pour que les sœurs se retrouvent dans l’au-delà, conduisant Ninon au suicide. Tout le monde n’a pas l’étoffe d’une Valkia.Fin spoiler
1 : Qui ne jouent aucun rôle dans l’intrigue à part ajouter un peu plus de glauque à une histoire qui n’en manquait pas. Un clin d’oeil à A Cure for Wellness, peut-être ?
AVIS:
Soumission très atmosphérique de la part de Jake Ozga, ce Skull Throne joue habilement des caractéristiques uniques de Shyish pour dérouter le lecteur sur la condition de son héroïne, jusqu’à ce que sonne l’heure du dénouement, qui, s’il se révèle plus triste1 qu’horrifique, s’avère néanmoins réussi. Le choix de l’auteur de faire du Royaume de la Mort un endroit à la fois onirique, apaisé et sinistre, frappe l’imagination du lecteur, tout comme les zones d’ombre laissée à dessein par Ozga sur ce qu’il s’est vraiment passé lors de la rencontre entre blanche neige et les trois balourds. Ce manque orchestré de certitudes donne à Skull Throne un cachet particulier, très différent du standard habituel de la Black Library, mais aussi appréciable qu’intrigant. La première moitié de la nouvelle m’a ainsi faite penser à A Ghost Story, film dans lequel le personnage principal revient hanter (de manière plutôt passive) la maison qu’il habitait après son décès dans un accident de voiture. Ce film a reçu un accueil polarisé, et je pense que cette nouvelle pourra également dérouter le lecteur, mais pour ma part, je salue la prise de risque et l’exécution de Jake Ozga dans ce Skull Throne, qui se révèle au final bien moins sanglant que ce que son titre laissait envisager.
1 : C’est un peu la petite fille aux allumettes à la sauce Age of Sigmar.
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The Test of Faith – T. Parrott :
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Déployée à la surface du monde de Muz, dont les stations de collecte de prometheum mouvantes (à la Mortal Engines) sont suspectées d’abriter une forme de corruption encore mal définie, une petite force de Dark Angels part à l’assaut d’une de ces forteresses roulantes, le Meridian Secundus. Quittant l’abri confiné1 de leur Repulsor, les Intercessors du Sergent Raum, escortés par non pas un, mais deux Chapelains (l’Interrogateur Raguel et l’Interrogé Hadariel, qui est également un Primaris), se fraient un rapide et sanglant chemin à travers la première ligne de défense ennemie, dont le courage suicidaire et les EPI mal entretenus ne font pas le poids face à l’arsenal meurtrier et la détermination absolue des assaillants. Ces premiers moments sont l’occasion pour nous de faire la connaissance de Chapi et Chapo, dont la relation apparaît comme un peu trouble. Non pas que l’honorable Raguel donne des signes d’avoir abusé la confiance placée en lui par son pupille, mais plutôt que ce dernier apparaisse comme bizarrement mutique et renfermé auprès de ses camarades, ce qui est assez rédhibitoire pour un officier sensé insuffler un zèle sans failles dans le(s) cœur(s) des meilleurs de l’Empereur. D’ailleurs, la froideur d’Haradiel ne manque pas d’interroger l’un des vieux copains de Croisade Indomitus, le jovial Gnaeus, qui ne vivra pas assez longtemps pour investiguer le sujet en profondeur (ce qui est généralement une mauvaise idée quand on est un Dark Angels lambda).
Ce dont Gnaeus est mort, mis à part l’expulsion de ses deux cœurs et trois poumons hors de sa cage thoracique, est un assaut en bonne et due forme d’un essaim de Genestealers, révélant du même coup la nature de l’ennemi ainsi que les raisons de la bravoure inhabituelle des techniciens de forage massacrés quelques minutes plus tôt. Les Dark survivants prennent donc la direction de la salle de commandement du Meridian, où la jonction avec les autres escouades léonines est sensée s’opérer. Premiers sur les lieux, la team chapelure en prend plein la capuche de bure (ça rime), les lieux étant occupés par des représentants de la moitié des entrées du Codex Culte Genestealers (sauf les Jackals, évidemment), dont un Magos adepte du harcèlement psychologique. Il faudra l’intervention désintéressée d’Haradiel pour que son mentor parvienne à joindre les deux bouts (celui de son Crozius et celle de la colonne vertébrale du psyker mutant), permettant aux Space Marines de se rendre mettre des lieux, et aux renforts d’arriver sur place pour achever les survivants…
Début spoiler…Ayant décidé de rester aux côtés de son disciple le temps que l’Apothicaire de garde vienne prendre le relais, Raguel autorise le reste de la force d’intervention à poursuivre sa purge. Le Chapelain Interrogateur a alors la désagréable surprise d’entendre le blessé lui raconter ses vacances sur Malmar, dont il vient juste de se souvenir, sans doute une conséquence de l’attaque psychique dont il a récemment fait les frais. Bien qu’il ne soit jamais facile d’endurer stoïquement ce genre d’exposé, que l’on soit un Space Marines ou un employé de bureau, le récit incohérent de vagues et de noirceur d’Haradiel a un effet absolument dramatique sur Raguel, qui ramasse un couteau de combat tombé au sol dans la bagarre et met fin aux élucubrations (ainsi qu’aux souffrances) de son camarade de façon définitive. La raison de cet acte radical nous est donnée en conclusion de la nouvelle, à l’occasion d’un petit débriefing dans les profondeurs carcérales du Roc, entre Raguel et son boss, Asmodai.
Élément brillant des recrues Primaris intégrées au Chapitre sur ordre de Guilliman, Haradiel était le premier Chapelain de la nextgen à avoir été considéré pour une élévation au sein du Cercle Intérieur de la Légion. Sponsorisé par Raguel auprès des instances compétentes, l’impétrant fut envoyé sur Malmar à la pêche aux perles (avant d’obtenir le droit d’en enfiler, le rêve de tout Chapelain Dark Angels). Quelque chose se passa mal sur place cependant2, décidant ces mêmes instances à laver le cerveau du candidat avant de le renvoyer au front. La remontée des souvenirs d’Haradiel mettant les secrets des Dark Angels en danger, Raguel n’eut d’autres choix que de faire taire son stagiaire pour de bon. Pas de grand oral de rattrapage pour Haradriel donc, qui s’est révélé être un peu trop droit dans ses bottes énergétiques pour les vieux grincheux de la 1ère. Vivement le retour de Lionel pour dépoussiérer l’institution, moi je vous le dis…Fin spoiler
1 : Bien que le nombre précis des Anges de la Mort ne soit pas précisé, on sait qu’ils étaient plus nombreux que les six places réglementaires offertes par le transport. Et bien que l’un des participants au raid soit plus fluet qu’un Primaris, le compartiment du véhicule ne devait rien avoir à envier à une rame de métro de la ligne 13 en heure de pointe.
2 : Au hasard, le fait que notre idéaliste Primaris n’ait pas accueilli la révélation de l’histoire trouble de son Chapitre avec l’enthousiasme, ou au moins, l’impavidité, souhaités par le Cercle Intérieur ?
AVIS:
Les nouvelles sur les Dark Angels se suivent et se ressemblent, la question des Déchus occupant toujours une place centrale dans l’intrigue proposée par l’auteur, qui qu’il fût. Partant de ce constat, on ne peut pas dire que la tentative de Thomas Parrott soit particulièrement indigente, l’intégration du nouveau fluff apporté par les Primaris, et la difficile intégration de ces derniers au sein du Chapitre qui a sans doute été le moins content de voir arriver ces renforts inopinés, se révélant assez bien faite. Une plus grande place laissée à la préparation du retournement (ou plutôt, de la légère inflexion, l’effet de surprise étant proche du néant pour quiconque est familier du genre) de situation finale aurait été appréciable, le récit des combats contre le Culte Genestealer n’apportant en fin de compte rien d’autre à l’histoire que la toile de fond martiale que la BL semble considérer comme étant indispensable à une nouvelle de Space Marines. Au final, la valeur ajoutée de ce The Test of Faith repose quasi-exclusivement dans le petit bout de fluff qu’il délivre au lecteur, et le constat que la guéguerre entre les anciens et les modernes fait encore rage sur le Roc. Il ne fallait sans doute pas s’attendre à autre chose, pour être honnête.
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Divine Sanction – R. Rath :
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Thacceus Velso est un homme comblé. Plume de l’influent Confesseur Ilsandor, il écrit les sermons que son patron délivre aux foules béates de Viridian1 (et se plaît à les rejouer en live-karaoké, chacun ses délires). Certes, Ilsandor fricote avec les T’aus, et s’est fait l’agent propagateur de la dangereuse doctrine communiste suprêmiste portée par les Xenos, en échange d’un poste de Gouverneur et d’une liberté de prêche sans commune mesure avec ce que lui permet le dogme de l’Ecclésiarchie, mais Velso n’est pas homme à s’en offusquer. D’abord car, très prosaïquement, il n’est pas vraiment un homme (+30 en compétences de surinage de Roi Sorcier d’Angmar, -45 en égalité salariale). Ensuite car il n’est pas vraiment Thacceus Velso, mais l’Assassin Callidus Sycorax, dépêché(e ?) sur place pour supprimer et remplacer discrètement Ilsandor, afin de permettre à l’Imperium de châtier comme il se doit les rebelles en puissance.
Tout va pour le mieux pour Syssy l’usurpatrice, qui après des mois d’approche prudente, a réussi à infiltrer le premier cercle de sa cible, et se prépare à évincer cette dernière à la sortie de son dernier speech. Il ne lui fallait plus soutirer à l’honnête Ilsandor que quelques informations capitales afin de donner le change aux émissaires T’aus lorsque le Confesseur a la mauvaise idée de forcer la main de la Callidus, en décédant de mort violente avant qu’elle ait pu elle même l’occir. Et la vaporisation sanglante de la tête du prélat, ainsi que l’angle et la distance impossibles du tir ayant mené à la dite vaporisation (qui a ruiné quelques inestimables tapisseries au passage, ce qui est d’autant plus triste), ne laissent que peu de doutes sur l’identité du l’exécuteur précoce : un Vindicare vindicatif. N’ayant pas le temps de se pencher posément sur les raisons expliquant ce court-circuitage fâcheux, Sycorax se retrouve contraint(e ?) d’improviser. Surprise en pleine séance de polymorphination par la capitaine de la garde apostolique (Mascelle Rask) du défunt, l’Assassin a toutefois de la chance dans son malheur, ses traits rendus informes par l’opération menant la mercenaire sur une fausse piste, celle de la délégation T’au2. Donnant le change avec brio (les cours d’impro sont une part importante de la formation des Callidus), Sycorax a toutefois fort à faire lorsque les Machines de Pénitence de compagnie de feu Ilsandor, Leonine et Taurus, font leur apparition. Rien qu’une adepte hautement entraîné(e ?) comme Syco n’est capable de gérer, surtout à l’aide de son matos top moumoute, mais assez pour équilibrer la confrontation qui s’en suit entre le Métamorph impérial et la demi-sœur de bataille.
Cette dernière, toujours à ses illusions xénophobes, croit malin de proposer à Sycorax de prendre la place d’Ilsandor dans la Suprême combine, en échange du poste qui était promis au Confesseur félon. L’Assassin décide cependant de déciller la vénale Rask, et révèle la raison de sa venue avant de se débarrasser de l’intrigante d’une planchette japonaise bien envoyée, qui propulse la femme (presque) fatale des mauvais côtés – car il y en avait trois superposés, comme sur un rasoir Gillette – des champs de force protégeant le palais apostolique. Le temps que le reste de la garde arrive sur les lieux, Sycorax s’est fait la malle, laissant derrière elle quelques cadavres profanés au plus haut degré, ainsi qu’une moquette définitivement irrécupérable. La fin de de la nouvelle voit la Callidus se rendre dans la tour de St Goneril, où elle a calculé que son concurrent s’était positionné pour ruiner sa journée et son opération. Malgré la stabilité toute jenga-esque du lieu, et le grand nombre de pièges à cons laissés par Wesley Snipe, Coco parvient sur le lieu du crime, où elle trouve la chambre de la cartouche fatidique posée bien en évidence, et une micro-puce contenant le message Operation Vendetta. Affaire à suivre…
1 : À ne pas confondre avec Veridian, qui est un monde primitif que l’Ultima Segmentum. Et sans rapport connu avec les Viridian Consuls, un Chapitre de Space Marines ayant viré chaotique et s’étant rebaptisé The Broken. Soyons précis.
2 : Oui, c’est du racisme de base. Comme si une simple absence de nez était systématiquement synonyme de Bien Suprême. Ça aurait pu être Krilin qui a fait le coup.
AVIS:
Difficile de se prononcer définitivement sur le cas de ce Divine Sanction, qui est manifestement le premier acte d’une série de nouvelles, ou l’introduction d’un roman. Si l’on peut trouver étrange que la Black Library ait choisi de faire figurer cette soumission à la fin de son Calendrier de l’Avent 2019, indiquant clairement qu’aucune suite n’est à attendre dans un futur proche (ce qui est d’autant plus étrange que la BL a inclus trois audio dramas en trois actes cette même année), gardons nous de faire rejaillir la faute de ce timing abscons sur Rath, qui signe une nouvelle teaser plutôt honnête, en ce qu’elle donne envie de savoir ce qui attend Sycorax et son mystérieux comparse par la suite. Autre point fort de ce chapitre introductif, la bonne utilisation que fait l’auteur des Assassins qu’il convoque, et dont il illustre avec application et à propos les compétences spécifiques. On comprend ainsi mieux quel est l’intérêt pour l’Imperium d’envoyer une Callidus quand un autre temple pourrait parvenir à neutraliser la même cible de façon tout aussi définitive, et on a droit en prime à une démonstration assez bluffante d’une utilisation « urgente » de polymorphine. Quant au Vindicare, s’il n’y a que son ombre qui plane sur ce Divine Sanction, la simple description de son headshot est suffisante pour démontrer l’étendue des talents balistiques du franc tireur. Bref, un avant-goût convaincant, qui donnera je l’espère lieu à une suite avant l’Hérésie d’Horus (ça va, c’est large).
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Au final, ces 12 nouvelles se sont révélées être assez correctes, et, bien que le choix de les acheter à l’unité se soit avéré être ruineux (près de 42€ au total, alors qu’un recueil en format e-book coûte trois fois moins cher pour le même contenu), je ne regrette pas de m’être lancé dans cette aventure.
S’il faut mettre en avant les soumissions les plus marquantes (en bien) de ce Calendrier de l’Avent 2019, j’attribuerais la palme au nouveau venu Jake Ozga, qui, chose rare pour la BL, réussit à faire ressortir son style propre sans que ce dernier entre en dissonance avec les canons littéraires de son employeur. L’étoffe d’un Brian Craig, ou plus proche de nous d’un Matthew Farrer ou d’un Peter Fehervari? Nous verrons bien, mais suivez cet auteur, je pense qu’il en vaut la peine. Les mentions honorables sont attribuées (dans le désordre), au toujours solide C. L. Werner, à l’audacieux Denny Flowers, au divertissant Mike Brooks et à l’intrigant Robert Rath. À l’autre extrémité du spectre, il n’y a guère que la copie de Danie Ware que j’ai trouvé vraiment indigente, encore que sa chronique s’en est trouvée des plus distrayantes pour cette raison!
Il y a de bonnes chances pour que ce post soit le dernier de ce blog pour l’année 2019, et en tout cas il est certain qu’il s’agit du bon moment pour vous souhaiter un joyeux Noël, et, si l’on se croise pas d’ici là, une excellente année 2020! Pourvu qu’elle soit généreuse en publications de nouvelles de la BL, si possible de bonne qualité!
INFERNO! [N°4]
Bonjour et bienvenue dans la critique du quatrième numéro d’Inferno! nouvelle mouture ! Nous voilà, à peu de choses près, un an après le retour du mythique bi-mensuel de GW-fiction, transformé en anthologies de nouvelles à sortie trimestrielle. Un an, soit quatre numéros, c’est certes court pour tirer des conclusions définitives sur la pérennité de cette réincarnation, mais suffisant pour faire quelques retours sur cette nouvelle expérimentation de la BL, qui n’avait pas été convaincue par le format Hammer & Bolter (2011 – 2013), puisque ce webzine avait été stoppé après un peu plus de deux ans de publications. Quel sera le destin de ce nouvel Inferno !, il est encore trop tôt pour le dire, même si l’on sait déjà qu’un numéro 5 est sur les rails. Sachez également que, de l’aveu même des éditeurs de la BL, ce quatrième tome est le plus conséquent de tous, ce qui est un signe plutôt positif à mon avis.
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Le cap des un an permet également de jauger de la progression de quelques-uns des contributeurs de la Black Library ayant commencé leur service pour la maison d’édition de Nottingham dans ces mêmes pages. Nous assistons en effet au retour de certains de ces rookies, et pourrons déterminer de façon éminemment juste, fiable et objective (vous me connaissez), s’ils se sont maintenus/mis sur la bonne voie, ou bien s’il leur reste des efforts à consentir pour aboutir à des résultats intéressants. Ici, ce seront donc Filip Wiltgren, Thomas Parrott et Jamie Crisalli qui passeront sur le grill, nos trois auteurs signant tous leurs deuxièmes publications pour la BL dans les pages de ce numéro 4. Un peu plus familiers du lecteur, mais encore relativement neufs dans l’écurie, on pourra également s’intéresser à la suite du parcours d’Edoardo Albert, Eric Gregory et J. C. Stearns, et assister aux débuts de Denny Flowers, contributeurs n’ayant pas encore atteint le grade de « romancier » pour le compte de la Black Library. Mike Brooks, qui a lui passé ce stade assez récemment, aura l’honneur d’une double participation, avec la nouvelle au titre le plus inventif de toute l’histoire d’Inferno ! pour commencer, et un extrait du roman en question (Rites of Passage) dans un second temps. La position de Nick Horth est assez similaire, même si notre homme ne pourra se flatter que d’une seule nouvelle dans ce numéro. Enfin, que serait un Inferno ! sans la contribution de quelques vétérans blanchis sous le harnais ? Ici, ce seront le discret George Mann, l’incontournable Guy Haley, et le positivement ancien (il était au sommaire de l’Inferno! #0) Jonathan Green qui joueront le rôle des vieux de la vieille. In varietate concordia, ou en tout cas, infernia, comme dit le proverbe.
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The Karsharat Abomination – G. Mann [40K] :
INTRIGUE:
Sur la lune de Karsharat, il pleut du sang. Ce n’est certes pas banal, mais cela n’empêchera pas l’Inquisitrice Sabbathiel et sa suite (Bledheim l’Interrogateur aussi seringuée qu’une tarte au mitron, la femme de main upcyclée Mercy, Brondel le Squat grenadier et le servo-crâne Fitch) d’aller faire leur devoir, qui consiste à stopper les machinations et la cavale d’un renégat martien du nom de Restak, quand bien même ça leur coûterait très cher en pressing après. Malheureusement pour le lecteur anxieux d’en savoir plus sur ce qui l’attend au détour des pages, le protagoniste de notre histoire, Bledheim, n’a de son propre aveu pas été très attentif pendant le briefing, et les motivations des Saints Ordos resteront des plus floues.
Avisant une entrée dans les ruines ecclésiarchiques squattées par le maroufle (et non pas marouflées par le Squat, ce qui arrive pendant les scènes coupées de la nouvelle), Sab’ et Cie décident de tenter leur chance et l’Inquisitrice, engoncée dans son armure Terminator sur mesure… toque à la porte. Ce choix des plus bizarres ayant résulté en un double échec à son test de furtivité (un corbeau espion s’envole en croassant) et d’infiltration (des méchadendrites peu amènes sortent du montant de la porte et commencent à ceinturer l’Inquisitrice), il est grand temps pour la petite bande de livrer sa première bataille de la nouvelle, qui est rapidement expédiée et évite à notre propos de virer au hentaï dès la troisième page, ce qui est toujours appréciable. Une fois rentrée, la fine équipe emprunte quelques couloirs à l’atmosphère convenablement angoissante, et Bledheim développe une tendinite palmaire aussi soudaine qu’handicapante. Cette arthrite fulgurante est le prélude à une crise d’angoisse carabinée, qui voit notre Interrogateur faire un very bad trip, tomber dans les pommes et se réveiller une fois la baston #2 remportée par la team Pépé. Ça fait toujours moins de boulot pour l’auteur. On apprend tout de même que le grand vilain utilise la peur comme arme, ce qui explique la terreur diurne de Bledheim. Nous voilà prévenus.
L’ambiance n’a pas vraiment le temps de monter plus que ça que Sabbathiel et sa clique arrive dans la salle du boss de fin, qui se révèle être (*jette un dé sur le tableau de génération des monstres) un savant fou bio-mécanique, accompagné de (*jette un D3) deux de ses créations bodybuildées, et défendant un (*jette un dé sur le tableau de génération de trésor) psyker apeurant. OK tout le monde, vous pouvez commencer à vous batter. L’empoignade qui s’en suit ne rentrera guère dans les annales des combats les plus épiques ni les plus prenants de l’histoire de la Black Library, Sabbathiel s’illustrant une nouvelle fois par la non-maîtrise manifeste de son matos (elle se fait arracher sa lance par un goon à la première passe d’armes, et manque de partir à la renverse lorsqu’elle tire au fulgurant à bout portant), alors que Brondel, lui, démontre une adresse folle au lancer-franc, et parvient à loger une grenade dans le trou laissé par un impact de bolt dans la carapace d’un robot tueur. Sentant la partie mal engagée, Restak appuie sur le bouton on de son joujou, et les vagues de terreur crachées par le mutant viennent calmer les ardeurs de l’Ordo Hereticus… sauf pour Bledheim, qui s’est découvert une résistance aux attaques Psy (peut-être que son père était un Tarinorme), et arrive à se rapprocher assez près pour anesthésier le faquin en tour de main (littéralement, notre homme a des canules à chaque doigt). Le charme rompu, Sabbathiel se fait forte de décapsuler Restak d’une légère torsion du poignet, et nos héros sont libres de repartir vers leur vaisseau avec leur butin léthargique, qui finira bien par servir à quelque chose, tenez-le-vous pour dit.
AVIS:
N’étant familier ni de George Mann, ni de l’Inquisitrice Sabbathiel1, deux figures discrètes mais établies de la GW-Fiction, je dois reconnaître que ma découverte de l’un comme avec l’autre m’a laissé dubitatif. Si l’héroïne de The Abomination… se révèle assez peu mémorable, autrement que par son look de kit-bashing raté (ou comment pousser le syndrome de la petite tête dans ses derniers retranchements) et ses maladresses martiales récurrentes, on ne peut toutefois pas lui en vouloir, la faute en incombant principalement à son metteur en scène. Ne se donnant pas la peine de contextualiser son récit ni de développer son intrigue au delà du « héros chasser méchant », Mann déroule sa nouvelle avec un manque consternant d’imagination et d’originalité, la traque de Restak se révélant être un Porte/Monstre/Trésor à la sauce 40K, plus terne et chiant que bête et méchant. Je dois remonter au tout aussi insipide Lesser Evils de Tom Foster (Hammer & Bolter #13) pour trouver trace d’une nouvelle inquisitoriale aussi meh… que The Kasharat Abomination, ce qui n’est guère flatteur pour Mr Mann. Passez votre chemin.
1 : Qui a été mise à l’honneur des comics Will of Iron, Revelations et Fallen, où elle cherche des noises à ces pauvres innocents de Dark Angels.
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The Hand of Harrow – D. Flowers [NDA] :
INTRIGUE:
9ème homme le plus dangereux du sous-monde (voilà un classement qu’il est précis), Caleb Cursebound est mis sur un coup juteux par un indic’ Delaque disgracié du nom de Mr Kreep. D’après les informations dont dispose ce dernier, le légendaire artefact que possède la lignée des Harrow – une dynastie de la haute ruche – serait conservée dans un musée à la sécurité effrayamment létale mais étonnamment piratable. Cette relique, qui serait capable de faire des trucs de fou, pour reprendre la sagesse populaire (faire s’effondrer la spire, procurer la vie éternelle à son porteur, guérir toutes les maladies, réussir des soufflés au fromage…), a en effet le petit défaut d’être assez mal connue, et si Cursebound accepte la mission sans rechigner, il part à l’aventure, accompagne de sa comparse Ratskin Iktomi, sans savoir à quoi ressemble le grisbi.
Le plan de notre paire de cambrioleurs est d’une élégante simplicité : pendant qu’Iktomi grimpe jusqu’au niveau du musée par l’extérieur de la ruche, Caleb doit dérober l’anneau faisant office de passe-partout que le patriarche des Harrow a au doigt, et qui lui permettra d’accéder au cabinet des curiosités familiales sans se faire débiter en tranches et flamber au calva au passage. Se faisant passer pour un serviteur de la haute, Cursebound se fraie un chemin jusqu’à la loge privée de Papy Harrow, très occupé à regarder sa petite fille chérie faire ses débuts de la société mondaine de Necromunda en mimant un massacre de prolos sur un air de menuet (chacun ses rituels), et subtilise la bagouze à l’ancêtre d’un habile tour de passe passe. Ceci fait, il n’a plus qu’à se rendre dans l’aile culturelle du manoir des Harrow, et à retrouver une Iktomi un peu éprouvée par sa rencontre avec une colonie d’araignées géantes pendant son solo intégral.
Début spoilerLe temps presse pour les deux monte en l’air, et si Cursebound remarque que son acolyte manifeste quelques signes de méfiance assez inquiétants, il reste déterminé à mettre la main sur… la main (suivez un peu). Son exploration expresse et sans audio guide des collections privées des Harrow lui permet toutefois de se rendre compte que les sangs bleus sont également des tueurs de sang froid, ayant un goût immodéré pour la chasse et la prise de trophées de leurs concitoyens moins bien nés, avec un faible affirmé pour les Ratskins. Il fait d’ailleurs peu de doutes que les Harrow sont responsables du massacre de la Rivière Sanglante, épisode tragique au cours duquel la tribu d’Iktomi a été décimée par un assaillant mystérieux, ce qui a précipité sa rencontre avec Cursebound, qui devait sans doute passer dans le coin sur le chemin de la boulangerie. Bref, c’est un vrai petit musée des horreurs dans lequel Caleb et sa femme de main réalisent une nocturne (on était un jeudi, comme de juste).
C’est ce moment de révélation macabre que choisit Harrow l’ancien (qui devait sans doute s’appeller Rhaymow) pour faire son apparition, harnaché dans une combinaison de guerre que n’aurait pas renié Black Panther. Ayant mis KO la brave Brave d’une piqûre venimeuse, il prend un peu plus de temps pour discuter avec Cursebound, regrettant la fuite des années l’empêchant de descendre dans le sous monde traquer les pouilleux comme à la grande époque, ce qui l’a forcé à faire courir la rumeur de la Main des Harrow pour faire venir à lui quelques voleurs mal avisés. C’est du Deliveroo homicidaire, en quelque sorte. À force de parler et de remettre à deux minutes ce qu’il pourrait faire à l’instant, Pépé Harrow permet toutefois à son adversaire d’échafauder un plan de contingence, qui consiste à priver l’aristo génocidaire de son masque intégral, puis de sa bouteille d’oxygène, juste à temps pour qu’Iktomi, enfin réveillée de son coma vénéneux grâce à la résistance qu’elle a développé aux toxines arachnéennes employées par le chasseur, vienne venger les siens d’un coup de surin dans l’orbite du faquin. Bon sang ne saurait désormais plus occire. L’histoire ne dit pas si Caleb réussit à se faire payer la main tranchée de Harrow qu’il rapporte à Mr Kreeb comme souvenir de la haute ruche, mais cette visite au musée fut au moins des plus instructives et mémorables pour nos protagonistes.Fin spoiler
AVIS:
Débuts sympathiques sur la forme, et classiques sur le fond, pour Denny Flowers, qui fait faire à son personnage de Caleb Cursebound son galop d’essai avant la publication de la novella ‘Low Lives’ en Novembre 2019. Grande gueule pleine de ressources, CC semble être le petit frère de Kal Jericho, ressemblance qui s’étend même jusqu’à la généalogie de leurs sidekicks respectifs (Scabbs étant lui aussi d’ascendance Ratskin). Y avait-il besoin de « rebooter » le personnage, qui venait de bénéficier d’un nouveau roman (‘Sinner’s Bounty’ de Josh Reynolds) quelques mois avant la publication de cette nouvelle ? Seul l’avenir nous le dira. Cette sensation de déjà-v/lu évacuée, nous nous retrouvons en présence d’un court-format assez bien construit, plutôt distrayant et doté d’un twist final qui, sans être renversant, ne tombe pas lamentablement à plat, et a le mérite de faire honneur au vieux fluff de Necromunda, en ressucitant les Spyriens pour la nostalgie des anciens et l’éducation des novices. Mine de rien, c’est un début tout à fait correct pour l’impétrant Flowers, qui fait mieux que beaucoup de ses petits camarades de plume. On n’a jamais qu’une seule fois l’occasion de faire une première bonne impression, et c’est ici chose faite. J’attends la suite avec une curiosité bienveillante, à défaut d’une impatience dévorante.
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A Firstborn Exile – F. Wiltgren [40K] :
INTRIGUE:
Nous retrouvons le 86ème Vostroyan First Born quelques jours après la conclusion de The First Daughter (Inferno! #1), et suivons nos héros éprouvés dans la suite de la campagne de Tovoga, monde gris et aigri ayant rejeté l’autorité bienveillante de l’Empereur par pur égoïsme. Toujours dirigés par la Lieutenant Ekaterina Idra, les Vostroyens sont appelés en renfort du Groupe de Commandement Gurlov, commandé par le Colonel du même nom, et actuellement engagé dans une opération de reconquête de la ville de Salomar, dont le Factorum (usine gigantesque produisant des blindés) est convoité par les deux camps. Une fois rendus sur place, Katie et sa centaine de survivants (The First Daughter n’a pas été clément avec les effectifs du 86ème) font la connaissance de Ramrod Gurlov, l’incarnation même de l’officier inflexible ne jurant que par le Tactica Imperium, le Treatis Elatii et/ou les ordres du Haut Commandement. Entre le Colonel vétéran et la dynamique Lieutenant, le courant passe évidemment très mal, mais cela ne les empêchera pas de collaborer pour chasser les infâmes Tovogans du Factorum de Salomar, ou de mourir en essayant1…
AVIS:
Comme vous pouvez le constater à la lecture du paragraphe ci-dessous, Firstborn Exile est une nouvelle assez particulière en ceci qu’il ne s’y passe pas grand-chose de saillant. Certes, les péripéties militaires ne manquent pas (et on doit reconnaître à Wiltgren une bonne maîtrise de son sujet, même si sa tendance à l’ellipse peut parfois surprendre), mais l’intrigue en elle-même tient en quelques phrases, et je dois avouer qu’à la lecture, cette deuxième soumission de Wiltgren m’a davantage fait l’effet d’un chapitre de roman que d’une nouvelle indépendante. Un exemple concret de cet état de fait est le titre même de ce court format, que l’auteur révèle en cours de récit comme étant lié à l’histoire personnelle du Colonel Gurlov. Ce dernier a en effet participé à la bataille de Pulveron, durant laquelle les Vostroyens auraient apparemment fait preuve d’initiative et désobéi à leurs ordres (les monstres !), ce qui se serait soldé par une raclée magistrale pour la team Pépé, et aurait poussé Gurly à partir en exil, accompagné de ses fidèles. Nous n’en saurons pas plus sur cette anecdote, que Wiltgren a pourtant jugé comme assez importante pour qu’elle donne son titre à la nouvelle2. Pour ma part, je pense que l’auteur a pris le parti de sérialiser ses contributions à la Black Library, et que nous pouvons nous attendre à de nouvelles aventures et révélations de la geste Idrique au cours d’un prochain numéro d’Inferno !, ou d’un recueil de nouvelles 40K. Il ne reste plus qu’à espérer que ces dernières seront plus palpitantes que la trentaine de pages de filler auxquelles nous avons eu droit ici.
1 : Meilleure scène de la nouvelle : Idra qui charge les lignes ennemies avec Gurlov sur le dos, le vieux Colonel ayant perdu l’usage de sa jambe bionique dans la bagarre.
2 : On note également que Firstborn Exile se termine sur le teaser de ce fameux exil, un des compagnons survivants de Gurlov proposant à Idra de lui narrer ce dernier par le menu… La suite au prochain épisode ?
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At the Sign of the Brazen Claw – The Sorcerer’s Tale – G. Haley [AoS] :
INTRIGUE:
Nous retrouvons nos compagnons de boisson alors que la tempête s’abattant sur l’auberge de la Serre Effrontée (ou quelque chose comme ça) faiblit quelque peu. Ayant écouté le récit de l’alcoolique androgyne, les soiffards pressent désormais le dernier membre1 de la compagnie de leur régaler les esgourdes avec un racontar de son cru. Pludu Quasque, le bien-nommé, finit par s’exécuter et commence donc son histoire.
Né d’une noble famille de sorciers dans le Royaume d’Hysh, Pludu reconnaît ne pas avoir été très brillant (un comble) pendant sa jeunesse, tant en matière de relations familiales que d’études arcaniques. Ayant finalement obtenu son bac, ou l’équivalent local de ce précieux sésame, il partit étudier la magie à Poudlard au Lyceum de Radiance, sans écouter les précieux conseils prodigués par son tendre pôpa au moment de son départ. Sur place, son manque d’humilité et de discipline lui joua un mauvais tour, l’empêchant de progresser aussi vite et aussi loin qu’il l’escomptait dans la rigide et codifiée hiérarchie hiérophantique. Comme tous les étudiants, Pludu n’était jamais le dernier à se rendre en soirée (si ce concept existe dans un Royaume où tout brille, tout le temps), ce qui finit par précipiter sa chute. Au cours d’un de ces événements mondains, et alors que les convives prêtaient de mignons petits serments de progrès et de réussite devant la statue du demi-dieu Adembi, greffier en mi-temps thérapeutique2 du panthéon Hyshien, Pludu eut la mauvaise idée de jurer de retrouver la fameuse larme divine volée par les Skavens, afin d’impressionner ses camarades de beuverie. Il ne s’attendait certes pas à ce que le Dieu en personne lui envoie un accusé de réception, condamnant l’impudent à quitter Hysh pour mener à bien cette quête.
S’en suivirent quelques années, voire décennies, difficiles, pendant lesquelles notre grande gueule de mage parcourut les différents Royaumes en quête de savoir et d’informations sur l’emplacement de cette larme. Ayant réussi à déterminer qu’elle se trouvait dans la dimension Skaven, aussi connue sous le nom de Ruine, à proximité du Royaume de Shyish, Pludu emprunta un portail de son cru jusqu’à cet espace de non droit, et se rendit dans la tour du Verminarque ayant commandité le vol de la babiole des siècles plus tôt. L’édifice en question se trouvant dans une zone contestée par Nagash, le sorcier enquêteur put admirer les légions des uns et des autres se mettre sur le coin, qui du museau, qui du cartilage septal, avant de procéder à son larcin. Ayant potassé l’intégralité des manuels D&D pendant ses études, et bien aidé par le fait que le boss de fin du donjon avait été précédemment occis par un héros malchanceux au cours d’éons passés, Pludu n’eut pas de grandes difficultés à mettre la main sur la larme, sans la déclencher (l’alarme – suivez un peu). Cela n’empêcha toutefois pas les scions de Nagash de fondre sur lui en toute hâte, le dieu des Morts s’étant lui aussi piqué d’intérêt pour la babiole d’Adembi.
Ayant réussi à leur fausser compagnie d’un nouveau coup de poignard subtil, Pludu finit son récit en s’excusant platement auprès de ses compagnons de beuverie pour le triste destin qu’il a attiré sur leurs têtes, le fracas tout proche que l’on entend désormais étant causé par la brigade des Stups Spectres de Naguy, toujours déterminée à mettre le scaphoïde sur la larme. Nos héros la passeront elles à gauche ? La suite au prochain épisode…
AVIS:
Meilleur épisode signé par Haley dans sa série Brazen Claw pour le moment, ce Sorcerer’s Tale bénéficie d’une dimension plus épique que les précédents récits, beaucoup plus terre à terre dans leur propos. En plaçant son intrigue dans deux lieux encore très mystérieux, et donc intéressants pour le lecteur, des Royaumes Mortels (le Royaume d’Hysh et Ruine), l’auteur remplit d’ores et déjà son contrat par les seules infos de background qu’il est possible de retirer de cette nouvelle. La quête de Pludu Quasque s’avère également être captivante, l’imagination et le style distinctif de Haley lui donnant une patine de Sword & Sorcery assez proche dans l’esprit des aventures de Conan le Cimmérien, récits très contextualisés et atmosphériques, mettant davantage l’accent sur le ressenti des personnages que sur la description hyper détaillée des scènes de combats (le pêché mignon et patte distinctive de la Black Library). Cerise sur le gâteau, le cliff-hanger final de ce quatrième épisode donne vraiment envie de savoir comment nos héros vont réussir à se tirer de la session de tear or trick qui se profile à l’horizon, ce qui donnera normalement l’occasion à Guy Haley de mettre en scène un peu de baston après ces débuts plutôt apaisés. Vivement la suite (et probablement la fin), donc.
1 : En tout cas, le dernier membre considéré comme important de la compagnie. Peut-être que la femme de Horrin et son fils adoptif auraient eu des choses intéressantes à raconter, mais Shyish semble être une patriarchie des plus rigides.
2 : Adembi est le Dieu devant lequel les résidents de Hysh prêtent serment. Incarné dans sa statue après s’être fait tailler les shakras en pointe au cours d’une bataille divine des temps jadis, Adembi s’est de plus fait voler une des précieuses larmes en pierre de royaume incrustées dans sa statue par un rôdeur Skaven. Choqué par ce larcin, il est devenu distant et n’enregistre plus que les serments portant sur la restitution de son précieux.
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Journey of the Magi – J. Green [40K] :
INTRIGUE:
Le Godstar1, monde machine Necrontyr et possession éteinte de la dynastie Nephrekh, dérive tranquillement dans le Halo, lorsqu’un portail démoniaque s’ouvre sans crier gare à sa surface, et en émergent bientôt trois superbes spécimens de Space Marines du Chaos. Mon premier est Prototokos (si si) le Clairvoyant, sorcier Thousand Sons de niveau 1. Il est à pinces mais peut tout de même se flatter de posséder une très jolie cape rouge sang. Mon second est le Sorcier-Magister Opados, Thousand Sons également, et justifiant d’un bon niveau 35, comme le prouve sa swagesque armure Terminator, ainsi que sa cape écarlate et ses deux cornes d’or, de platine et de lapis-lazuli. Mon troisième est l’honorable Arch-Magister Tritos, Thousand Sons toujours, monté sur un disque de Tzeentch et, surtout, arborant un jeu d’épaulières hololithiques2, comme preuve manifeste de son niveau 105. Si nos trois larrons se sont rendus sur le Godstar, ce n’est pas pour participer à la Fashion Week, non non, mais pour libérer un prisonnier retenu au cœur du complexe Nécron.
Comme on peut s’en douter, le trajet n’est pas de tout repos, et la suffisance des sorciers est assez rapidement battue en brèches par l’insistance du service d’ordre à leur mettre des pâtons dans les trous (ce qui est assez inconvenant). L’Affaire Louis’ Tri-os a beau multiplier les tours de cartes, les baguettes molles et les lapins tirés du chapeau, les Nécrons ne se montrent guère impressionnés, et l’inévitable finit par se produire : l’impotent Tritos se retrouve compromis, et, beau joueur, jette un sort de stase3 qui fait lagger tous les automates à dix mètres à la ronde, ce qui laisse le temps à ses compagnons de s’échapper. Ils ne sont cependant pas tirés d’affaire, car ce sont des Spectres immatériels par intermittence qui leur fondent bientôt dessus, forçant Opados à se lancer dans un pas de deux endiablé avec les rôdeurs pendant que Prototokos se hâte vers la salle du trésor.
Une fois à l’intérieur, le dernier survivant fait face à celui qu’il est venu chercher au péril de ses vies. Car Prototokos, en plus d’avoir un nom tout bonnement hilarant4, est également un membre du Culte du Temps, et maîtrise donc le voyage temporel. Il s’est donc rendu sur le Godstar en compagnie de ses futures incarnations – qui ont changé de nom pour marquer leur progression hiérarchique, suppose-t-on – pour libérer son lui du futur, qui se trouve être un Metabrutus du nom de Demis Roussos Thanatos. Enfin, libérer… Plutôt écarter un futur qui ne lui plaît pas, ce qui passe par le meurtre de Metabrutos, coupable de s’être fait capturer par le Dynaste Nephrekh après que la trahison d’un confrère légionnaire l’ait laissé en piteux état. Ne réfléchissez pas trop sur comment cela est sensé marcher, les boucles temporelles et les auteurs de SF font généralement mauvais ménage. Toujours est-il que Thanatos ne se montre pas très coopératif, et profite d’une erreur de jugement de… lui-même, pouvons-nous dire, qui est après tout jeune et con, pour libérer une de ses tentacules des entraves Necrons et garrotter le faquin de façon terminale. C’est donc un échec pour nos trois boloss, mais, comme vous pouvez vous en douter, la nouvelle se termine bien évidemment sur l’arrivée des Daltos sur le Godstar, prêts à retenter le coup pour la nième fois. Tant qu’il y a de la vie mana, il y a de l’espoir.
AVIS:
Pour ses retours à la Black Library, et qui plus est dans une franchise dans laquelle il ne s’était jamais montré très adroit (remember Salvation ?), Jonathan Green limite la casse. C’est triste à dire, mais je m’attendais à un plantage dans les grandes longueurs (et les grandes largeurs aussi, tant qu’à faire), et si le début de sa nouvelle lorgnait dangereusement avec l’exploration bête et méchante et fade et convenue et inimaginative d’un tombeau Nécron, intrigue tellement utilisée (et mal, qui plus est) par les auteurs de la BL qu’elle devrait être interdite d’emploi jusqu’à la reconstitution des stocks (de patience des lecteurs), son idée d’injecter un twist temporel à son récit est, ma foi, fort honorable. L’exécution est certes loin d’être parfaite, tant sur le fond que sur la forme5, mais on est très loin des calamiteuses soumissions commises par notre homme il y a une quinzaine d’années, lorsque les pontes de la BL s’échinaient, pour des raisons encore mystérieuses aujourd’hui, à le faire bosser sur du 40K. Coup de chance ou véritables progrès ? Il faudrait d’autres soumissions pour pouvoir se prononcer. Est-on sûrs de vouloir celà ? Eh bien, oui, pourquoi pas. Bring it on, Jon.
1 : À ne pas confondre avec le Go Sport, qui est encore plus rare en ce 41ème millénaire qu’un monde artefact Nécron.
2 : Comme à WOW, ce sont les épaulières qui établissent les rapports de pouvoir entre les PJ. Plus elles sont grosses, criardes et kitsch, mieux c’est.
3 : Je me plais à m’imaginer qu’il s’est contenté de proposer une formule à référence circulaire sur Excel, ce qui a fait planter les logiciels des Nécrons.
4 : Peut-être choisi à dessein par les Magisters Thousand Sons pour les apprentis sorciers, afin de leur donner une raison supplémentaire de progresser dans la hiérarchie pour pouvoir en changer.
5 : On remarquera le penchant certain de Green pour les descriptions vestimentaires, puis architecturales, au détriment du développement de ses personnages ou de la description de leurs actions. C’est un choix.
The Serpent’s Bargain – J. Crisalli [AoS] :
INTRIGUE:
Victime des déprédations classées S (pour salaces) d’une bande de Maraudeurs de Slaanesh, le village de Varna ne doit son salut qu’à l’exploitation raisonnée décrétée par l’économe Seigneur Zertalian. Les pillards partis, pour mieux revenir quelques temps plus tard, les survivants sortent de leur trou (littéralement dans le cas de notre héroïne, la précautionneuse mais pas téméraire Laila) et tiennent conseil sur la marche à suivre. Malgré la position stoïque prônée par les anciens du village, qui préfèrent rester chiller au coin du feu dans l’espoir que les Slaaneshii trouvent une autre cible plus juteuse d’ici à leur prochaine crise d’ennui homicidaire, Laila, qui a déjà perdu son mari sous la lame des psychopathes princiers, est, elle, partisane d’une approche un peu plus proactive. Et pourquoi pas aller demander de l’aide aux Blonds1, ces mystérieux reclus qui vivent dans la vallée d’en face et que les légendes locales décrivent comme des adversaires acharnés du Chaos, et en particulier de ces margoulins dépravés d’Hédonistes ? Il paraîtrait même que ces gais lurons volent à la rescousse de ceux qui luttent contre de tels ennemis, ce qui est précisément le cas de nos Varnites.
Devant la réaction mitigée que sa proposition suscite auprès du conseil gériatrique du village, Laila décide de faire profil bas, mais n’en résout pas moins d’aller tenter sa chance auprès des Blonds, entraînant avec elle un vieux pote chasseur de niveau 3 (Stefen) et un lancier mercenaire gras du bide mais au pied léger (Ano). Le trio trace la route vers la blonde vallée, bravant pour ce faire le décret de confinement édicté par les anciens, et finit par arriver à bon port, n’ayant perdu qu’un seul de leur membre (Ano le stalker) en chemin. Faisant face à un temple décoré de moultes statues de donzelles en string et en rogne, les deux survivants commencent à douter du caractère véridique de leurs légendes, mais il est trop tard pour faire demi-tour, et l’entrée du temple étant gratuit pour les filles et interdite pour les mecs, c’est seule que Laila pénètre à l’intérieur. Laissant prudemment le chaudron rempli de serpents à bonne distance, elle marche jusqu’à un petit jardin intérieur, où elle fait la connaissance de Cesse, jardinière manifestement elfique qui consent à écouter la doléance de son invitée. S’en suit une petite négociation, à l’issue de laquelle Cesse accepte d’aller combattre les Slaaneshii, qu’elle et le reste de ses Blondes détestent véritablement, en échange d’un paiement en sang de la part des humains. C’est alors que Laila révéle sa propre blonditude, croyant bêtement que la petite coupure qu’elle hérite pour sceller le pacte consiste en sa part du paiement en totalité. Aha. La cruche. Elle aurait ouvert un Battle Tome Daughters of Khaine, ou même eu la moindre notion en elfenoirologie qu’elle aurait compris qu’elle venait de se faire carroter dans les grandes largeurs. Les dangers de l’ignorance. Bref.
Ressortant du temple, Laila découvre avec effroi une flèche brisée et une flaque de sang là où elle avait laissé son chasseur de compagnie, et en conclut que ce dernier n’a pas fait de vieux os. Parvenant malgré tout à revenir jusqu’à Varna, elle relate son périple à ses concitoyens, s’attirant un regard lourd de reproches de la part des vieux de la vieille, qui se doutent bien que le marché passé avec les Blondes a de grandes chances de ne pas se résoudre en faveur des péquenauds. Avec raison. En effet, lorsque les scions de Zertalian décident de refaire une virée pillarde et paillarde en ville, ils ont beau se faire promptement méduser par Cesse et ses groupies, cette dernière demande ensuite que le tribut de sang leur soit remis. Incompréhension, puis mauvaise foi de la part de Laila, qui ne trouve pas ça très charlie. Qu’importe, un marché est un marché, et les Varnites ne sont de toute façon pas en mesure d’empêcher les Fifilles de Kékhaine de prendre leur dû, soit les faibles du village. Comme l’explique doctement Cesse à une Laila qu’elle précipité du haut du mur d’enceinte pour lui apprendre à mal lui parler, il n’y a qu’en supprimant les faibles que les forts pourront survivre, et il s’agit d’une mission de service public, vraiment. Cela ne convainc pas vraiment Laila, qui finit la nouvelle en pleurant comme une madeleine sur sa propre stupidité. Moralité : si les hommes préfèrent les blondes, la réciproque n’est pas toujours vraie.
AVIS:
Retour mi-figue mi-raisin pour Jamie Crisalli, qui ne retrouve pas avec ce The Serpent’s Bargain la recette du succès de sa première soumission pour Inferno!. La faute à une intrigue cousue de fil blanc (le marché léonin conclu par un héros ignorant avec des « alliés » pas si sympathiques que cela), exploitée par d’innombrables auteurs dans autant d’ouvrages avant que Crisalli ne revisite à nouveau ce classique des classiques. Si son choix de ne pas faire de la révélation de la fourberie des Blondes le twist final de sa nouvelle est compréhensible, l’absence d’éléments venant enrichir l’intrigue et le déroulé du récit l’est moins. À titre personnel, j’aurais bien aimé que l’auteur passe plus de temps à justifier le positionnement des Filles de Khaine, et pourquoi leur mission d’épuration des faibles leur tient tellement à cœur (ce que Crisalli fait en quelques lignes en fin de nouvelle), ce qui aurait apporté un contrepoint bienvenu à la vision « gentillesque » autant qu’horrifiée de Laila. Je n’ai pas non plus compris ce que Crisalli voulait accomplir avec les personnages de Stefen et Ano, dont la relative importance dans le récit ne débouche sur pas grand-chose. Coup de moins bien, donc. Espérons qu’il ne soit que temporaire.
1 : Fair Ones en VO. Ce qui peut se traduire par les Beaux, également. Voyez-y un hommage à Gad Elmaleh, ou à son inspirateur.
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Salvage Rites – T. Parrott [40K] :
INTRIGUE:
C’est le jour de chance de Ved Tregan, éboueur de l’espace, et de l’équipage de son vaisseau-benne, chargé par les autorités compétentes d’Effandor, monde ruche à l’orbite polluée, de collecter les milliards de déchets flottant autour de la planète, et compliquant grandement la logistique spatiale. Nos braves chiffoniers particuliers ont en effet décelé un débris d’un type très particulier, puisque c’est un authentique vaisseau capable de voyages Warp qui les attend dans le champ des possibles et des épaves effandorien. Avant de les suivre à bord de cette trouvaille miraculeuse, faisons la connaissance de notre fine équipe : en plus du bonhomme et capable capitaine Ved Tregan, cette dernière compte la pilote flemmarde Petin Hite, l’ex-ganger au grand cœur Adric Cale, la mais-non-ce-n-est-pas-une-psyker-elle-a-juste-une-sacrée-intuition Eusalia Zand, et la gestionnaire d’actifs Celia Vanar, chargée par la Maison Orend, généreuse sponsor de la petite PME de Tregan, de s’assurer de la bonne conduite des opérations et du paiement des traites du crédit contracté par le capitaine désargenté.
Nos intrépides explorateurs optent pour la fameuse tactique de la séparation en groupes de un pour optimiser l’exploration du mystérieux vaisseau, ne faisant que peu de cas du très mauvais pressentiment doublé d’une crise d’épilepsy qui saisit Zand alors que le sabot de Tregan termine son approche vers sa proie. Cette dernière est en effet trop tentante pour que le capitaine se montre compréhensif aux doléances geignardes de sa sous-fifre, ce qui aura bien entendu des conséquences fâcheuses. Comme de juste, l’un des groupes de un, celui mené par Cale (et secondé par lui-même) se fait promptement embusquer, et, bien que l’aventure ne se solde que par une coupure sans grande gravité pour le solide ruchier, la description qu’il fait de son assaillant, un humanoïde à la peau noire et aux yeux rouges, jette un froid sur l’assemblée qui s’est ruée à son secours. Se pourrait-il qu’ils aient abordé sans le savoir le yacht personnel de Vulkan, parti caboter dans la galaxie depuis quelques millénaires ? Ou plus sérieusement, que l’épave soit infestée par des tanglemouths, le nom que les locaux donnent aux Genestealers d’Ymgarl ? Mystère et narthécium.
Les savantes supputations de l’équipage sont écourtées par la dégradation rapide de la santé de Cale, qui se met à nécroser et baver de façon inquiétante. Et lorsque Hite annonce aux explorateurs que leur vaisseau a été saboté et ne peut plus repartir, un vieux froid tombe sur l’assemblée. Après avoir escorté l’impotent écumant jusqu’à l’infirmerie, les quatre rescapés décident de repartir dans l’épave à la recherche de pièces de rechange qui leur permettront de revenir sur Effandor…
Début spoiler…Bien évidemment, ce plan ne se déroulera pas sans accroc, la décision de Tregan de s’obstiner à faire du solo facilitant grandement la tâche de l’assaillant mystérieux des chineurs de l’espace. Hite disparaît en plein milieu d’une phrase, et la situation s’envenime encore davantage lorsque Vanar accuse Zand d’avoir attaqué la pilote sous ses yeux. Réussissant à grand peine à convaincre ses deux équipières de ne pas entre-tuer sur un malentendu, Tregan ordonne une retraite générale après avoir récupéré les précieux câbles que Hite avait identifié juste avant de tourner AWOL. Il est malheureusement trop tard pour Cale, qui a bavé sa dernière bulle pendant leur absence, et lorsque Vanar lui demande les mots de passe du coffre contenant les cartes spatiales d’Effandor, permettant au vaisseau de retourner sur la planète en sécurité, Tregan réalise un peu tard que cette question est des plus incongrues. Il arrive toutefois à mieux se maîtriser que Zand, qu’une crise d’angoisse terminale pousse au suicide sous le regard ébahi de son boss. Et pour cause, lorsque Vanar revient, le capitaine abandonné réalise qu’il s’est fait posséder. Sa comparse se révèle être… probablement une Callidus, qui émerge de son vaisseau d’emprunt sous les traits de feu son commandant quelques heures plus tard pour mener à bien sa sinistre mission. Décidément, l’économie circulaire n’est pas une sinécure. Fin spoiler
AVIS:
Thomas Parrott rectifie le tir d’une première soumission (Spiritus in Machina) assez quelconque avec ce Salvage Rites bénéficiant d’une atmosphère angoissante efficacement instillée, même si la mise en scène de l’exploration d’une mystérieuse épave se révélant peuplée de monstres est un sous-genre à part entière de la littérature 40Kesque (appelons ça le « space hulkisme » ) et donc guère original en tant que tel. Pour tirer un parallèle avec une nouvelle récente à peu près similaire à celle-ci, je trouve que Parrott a rendu une copie plus satisfaisante que Cassandra Khaw et son Nepenthe. Cela est dû en bonne partie au fait que l’on comprend sans trop de mal dans le premier cas ce que l’auteur a voulu faire, ainsi que l’identité et les motivations de l’antagoniste (encore que la révélation finale ne soit pas aussi claire que l’on aurait pu le souhaiter, à moins que je sois plus lent que le lecteur moyen de Parrott), ce qui n’était pas le cas chez Khaw. Retenons au final que notre homme a progressé depuis ses débuts pour la Black Library, et souhaitons lui de continuer sur cette voie pour la suite.
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Green & Grey – E. Albert [40K] :
INTRIGUE:
Pris en flagrant de roupillon pendant le service, le tankiste de première classe Lucius Stilo se réveille doucement dans l’habitacle confiné du Leman Russ où il opère en temps que rechargeur d’obusier. Pour sa défense, cette brave bête de Sancta Fide (le petit nom de la monture mécanique de Lucius) s’est pris un barrage d’artillerie en pleine poire il y a quelques minutes, avec des conséquences catastrophiques pour son équipage, décimé jusqu’à son dernier homme, qui se trouve donc être Lulu. Vous parlez d’une première mission. Notre héros, déjà légèrement traumatisé par le choc et par la vision des cadavres de ses camarades, doit de plus composer avec la réalisation qu’il se trouve dangereusement exposé, son escadron ayant été envoyé par le haut commandement ralentir l’avancée des peaux vertes assaillant la planète de Calleva, le temps que les grosses têtes du génie fassent sauter le pont reliant les basses plaines au reste du continent. Dans son malheur, Lucius a toutefois la chance de pouvoir compter sur une écoutille fermement cadenassée et une radio en état de marche ; la première tenant la patrouille Ork venue inspecter les épaves à distance, la seconde permettant d’établir le contact avec le QG de la Garde Impériale, d’où le Colonel du 5ème Régiment Mécanisé d’Alphard le prend en direct.
Bien qu’ayant embrassé la carrière militaire pour suivre l’exemple de son paternel, Lucius sent son courage vaciller à l’idée de finir bientôt en punching ball pour peaux vertes, et il faut des trésors de patience et de fermeté paternaliste à son interlocuteur pour motiver son dernier homme à agir comme l’Empereur attend qu’il le fasse. Ayant quelque peu repris ses esprits et retrouvé son sang-froid, Lucius prend bonne note (normal pour un Stilo, vous allez me dire) des directives transmises par son chef, et apprend à ce dernier après avoir réussi à rétablir l’auspex du Sancta Fide que le pont est toujours debout, et que les Orks s’apprêtent à le traverser. La tuile. En attendant que les Valkyries envoyées dare dare sur place pour finir le job et récupérer Lucius arrivent, ce dernier est donc sommé de ralentir le plus possible la migration Xenos, ce qui passe nécessairement par l’ouverture du feu sur la Waaagh!, et n’enchante pas vraiment notre héros, plutôt partisan du ‘live and let leave’. Saleté de hippie, va.
Informé en termes non incertains par son Colonel que sa coopération n’était pas optionnelle, Lucius se résout enfin à faire son devoir, et commence donc à obuser les Orks, ce qui attire inévitablement l’attention et l’intérêt de ces derniers. Ayant annihilé l’avant-garde peau-verte d’un strike chanceux, Lulu poursuit ses bonnes œuvres en étrillant et artillant les Xenos, puis en les bolterisant une fois ces derniers trop près pour continuer son approche 120 millimétrée. Las, comme on peut se l’imaginer, les Orks finissent par déborder le vaillant petit tankiste, et c’est le Big Boss en personne qui s’approche pour rosser le Russ…
Début spoiler…Comprenant en définitive qu’il ne bénéficiera pas d’un sauvetage à la Ryan, ce que lui confirme le Colonel avec une tristesse non feinte, Lucius décide de vendre chèrement sa vie, et réussit à planter l’épée énergétique prise sur le cadavre de son Capitaine dans le crâne de sa Némésis après qu’elle ait réussi à décapsuler l’habitacle du Santa Fide. Surprise, cela n’est pas suffisant pour venir à bout de l’Ork (sûrement hydrocéphale), qui revient la charge après s’être délesté de l’encombrant bout de ferraille. Surprise (bis), Lucius a mis à profit ce court répit pour se saisir d’un pistolet de détresse, qu’il décharge dans l’intérieur inondé de prométhéum du tank, avec des résultats spectaculaires, mais malheureusement définitifs. À l’autre bout du fil, le Colonel Markus Stilo ne peut que constater que son fils a fait son devoir jusqu’au bout, et bien qu’éprouvé par la tournure prise par les événements, prend sur lui de continuer à coordonner la riposte impériale. Comme il l’a appris à feu Lucius, ‘the Emperor protects (parfois) but the Emperor expects (toujours)’.Fin spoiler
AVIS:
Très sympathique et efficace soumission que ce Green and Grey, qui permet au nouveau-venu Edoardo Albert de rafler à David Annandale le titre de meilleur metteur en scène de nouvelle se déroulant dans un Leman Russ, catégorie certes très spécifique, mais qui compte donc (au moins) deux récits à ce jour. Là où le Sarcophagus d’Annandale pêchait par son manque d’action et son propos incertain, l’offrande d’Albert se révèle à la fois rythmé, crédible et bien pensé. Si la triste, mais héroïque – et en définitive, pas si surprenante que ça – fin de Lucius Stilo creuse un peu plus le sillon du fondamentaliste grimdark de 40K, le talent de l’auteur aura consisté à nous ménager un très bon twist final, à la fois efficacement préparé (relisez Green and Grey et vous verrez quelques fusils laser de Tchekhov), parfaitement délivré et tout à fait there-is-only-war compatible. Albert (pas en Somme), un nom à suivre, en somme.
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The Fourfold Wound – E. Gregory [AoS] :
INTRIGUE:
Shinua Gan, cartographe freelance des Royaumes Mortels, poursuit un dessein bien particulier. Hantée par la mort de toute sa famille lors d’une attaque de brigands alors qu’elle s’était absentée de sa ferme natale, elle poursuit d’une haine tenace et implacable le milicien qui était censé monter la garde dans la tour de guet voisine, et dont le penchant pour la dive bouteille a permis aux marauds maraudeurs de fondre sur la PME familiale dans l’impunité la plus totale. Elle traque depuis la sentinelle alcoolisée, du nom de Halas, à travers les Royaumes, bien décidée à lui planter sa dague entre les omoplates pour lui apprendre à développer une éthique professionnelle. Classique, vous allez me dire. Là où cela devient intéressant, c’est que le Halas en question est mort. Et là où ça devient passionnant, c’est qu’il s’est attiré les bonnes grâces de Ziggie en expirant en combattant un Champion du Chaos, ce qui lui a permis de bénéficier d’une reforge gratuite et de devenir un Stormcast Eternal. Pas que cela décourage le moins du monde Shinua, notez : au contraire, dégoûtée par le choix divin, elle s’est rangée du côté des mémés (le mécontents mécréants), une société secrète dont les membres ne tiennent ni le Grand Barbu, ni ses sbires métallisés, en haute estime. En plus de se retrouver à intervalles réguliers pour baver sur les rouleaux en sigmarite de Charles Martel, les Sentinelles (Watchers en VO) collectent également des informations sur le déploiement et la composition des osts Eternals, qu’ils sont prêts à mettre à disposition des ennemis d’Azyrheim.
Nous arrivons ainsi à Ark’non, un village de pêcheurs de baleines et d’éleveurs de marmuts (pas besoin que je vous décrive à quoi ressemble cette petite grosse bête je pense), en compagnie de Shinua, qui cherche à tirer au clair un rapport mystérieux faisant état du déploiement des Marteaux de Sigmar, ost auquel Halas a été reversé après son recrutement manu divinii sur place, mais dans un futur proche au moment où elle prend connaissance. Ayant contacté la cellule de Sentinelles locales, elle est emmenée par la jeune Nor jusqu’au phare de fonction qu’occupe son frère Sgon, surnommé le Lordbreaker depuis qu’il a mené une révolte contre les Seigneurs qui exploitaient la population locale. Pas de bol, Sgon, qui avait pu prédire l’arrivée des Stormcasts en utilisant les visions conférées par la magie de sang des anciennes familles d’Ark’non, est irrémédiablement exsangue à l’arrivée de sa visiteuse, qui constate bientôt que ses prédictions météorologiques sont tout ce qu’il y a de plus fiables, de gros hommes de métal tombant des cieux pour purger Ark’non au nom de Sigmar, qui comptait sans doute les anciens Seigneurs parmi ses amis. It’s raining men, halle shit shit shit.
Entraînant la pauvre Nor1, qui après avoir perdu ses parents quelques semaines plus tôt, doit composer avec le suicide de son frère et la combustion de sa grand-mère, avec elle jusqu’au port d’Ark’non, Shinua croise sur son chemin un Liberator qui semble la reconnaître. Et pour cause, il s’agit bien sûr de Halas, très désolé de sa bévue pre-mortem, et qui se confond en excuses, puis en éclair, après que Shinua, très rancunière, lui ai planté une défense de morse dans le cortex. Il ne s’agit toutefois qu’une mise en bouche pour notre héroïne et sa pupille – tout aussi remontée contre le service d’Ordre, à raison – bien décidées à se venger de toutes les morts dont elles tiennent responsables l’impardonnable, et donc impardonné, Halas (hélas pour lui)…
AVIS:
Je ne connaissais pas Eric Gregory avant de donner sa chance à son The Fourfold Wound, mais oh boy, je vais désormais suivre de très près sa production pour la Black Library. C’est bien simple, cette nouvelle est, de très loin, le meilleur texte de fiction estampillé Age of Sigmar qu’il m’ait été donné de lire. Et pourtant, il y a des Stormcast Eternals dedans (ce qui est d’habitude un facteur aggravant). Eh bien, Gregory a réussi à me réconcilier avec les Maschinenmensch de GW, et avec l’univers de cette franchise en général, ce qui était loin d’être évident. L’angle d’attaque choisi par l’auteur, faisant des Stormcast les antagonistes, s’il n’est pas absolument novateur (Josh Reynolds fit de même dans The Iron Promise), est encore assez peu usité à l’heure où ces lignes sont écrites pour piquer l’intérêt du lecteur. La description d’une société secrète de ressortissants des Cités Libres, et donc théoriquement loyaux à Sigmar, la divinité tutélaire et protectrice de la civilisation et de l’Ordre dans des Royaumes Mortels en proie au Chaos, nourrissant une défiance forte pouvant aller jusqu’à la haine pure et simple, pour le « bon » dieu et ses super soldats, est une superbe trouvaille de la part de Gregory, faisant naturellement passer son récit dans la Twilight Zone, cet espace narratif délicieusement non-manichéen, où le lecteur est libre de choisir qui est son protagoniste. Serez-vous plutôt team Shinua, dont la quête vengeresse, pour justifiée qu’elle soit, va l’entraîner sur une pente de plus en plus glissante, et vers des alliances de circonstances de moins en moins moralement justifiables ? Ou préférerez vous prendre le parti de ce brave Halas, qui malgré son erreur de jeunesse, n’en demeure pas moins un authentique héros et un être qu’il est difficile de haïr, tant son désir de repentance est sincère ? Shinua, qui prend le parti des petites gens opprimées par la dictature militariste – car il faut bien appeler un gryphound un gryphound – de Sigmar, un dieu tellement bienveillant qu’il n’hésite pas à envoyer ses immortels raser un village de pêcheurs dont le tort aura été de se révolter de façon un peu trop sanglante ? Ou Halas, qui a chaque reforge, perd toujours plus de son humanité2, et ne peut pourtant pas se résoudre à faire du mal à sa meurtrière à chaque fois que leurs chemins se croisent ? À vous de voir.
Autre réussite notable à mettre au crédit de Gregory, sa description des Royaumes Mortels, qui se détache véritablement de l’influence de Warhammer Fantasy Battle. Ainsi, s’il peut sembler aux premiers abords de voir Shinua aller proposer un marché à l’armée de Rotbringers contre laquelle les Marteaux de Sigmar sont engagés, il faut bien reconnaître que cette réaction immédiate n’est en fait qu’une réminiscence de WFB, univers dans lequel il était inconcevable qu’un ressortissant d’un royaume « civilisé » du Vieux Monde et non engagé sur la voie du Chaos puisse espérer sortir vivant d’une telle rencontre. Autres temps, autres lieux et autres mœurs : bien que les disciples de Nurgle ne soient pas au-delà d’un peu de prosélytisme de bon aloi, et que le marché que Shinua conclut avec ces derniers pèsera sans doute lourd dans la balance au moment de rendre l’âme, la transaction se passera de façon tout à fait honnête, et chacun poursuivra sa route sans anicroches (enfin, peut-être le nez qui coule pour Shinua). À titre personnel, je suis assez favorable à cette rupture avec l’héritage de WFB, qui sera nécessaire pour qu’Age of Sigmar puisse se sortir de l’ombre de son glorieux aîné et gagner en singularité. Quitte à jouer la carte de la high fantasy, autant « dépassionner » les relations entre les différentes factions quand cela est possible, et Gregory réussit à faire cela de façon assez convaincante et naturelle.
Bref, une vraie et franche réussite pour cette première nouvelle, qui se révèle être la soumission la plus intéressante de cet Inferno! #4 et fait d’Eric Gregory un nom à suivre dans les prochaines publications de la Black Library.
1 : C’est un usage bien établi, il ne faut jamais perdre la Nor.
2 : Il finit d’ailleurs sa carrière comme sauveteur en mer sur une plage au fin fond d’Aqshy, ses trop nombreux décès l’ayant transformé en Hodor en plates complètes, aux capacités intellectuelles très limitées.
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Where Dere’s Da Warp Dere’s A Way – M. Brooks [40K] :
INTRIGUE:
Assistant de direction d’une bande de Pistol Boyz Bad Moon rattachée à la Waaagh ! de Da Meklord, Ufthak Blackhawk vit à fond le rêve américain Ork, fait de bagarres, d’abordages et de compétitions pour devenir le boss à la place du boss. Le o+1 de notre héros est Badgit Snazzhammer, charismatique, à défaut d’être cérébral, Nob et tirant son nom de son arme de prédilection, un combi marteau énergétique/lime à ongles, qu’il ne dédaigne pas utiliser pour motiver les troupes lorsque le besoin s’en fait sentir. Chargés par Da Meklord en personne de sécuriser la salle du réacteur Warp d’un vaisseau de l’Adeptus Mechanicus afin de permettre à un Mek inventif de jouer avec la tek’ des zoms, Ufthak, Badgit et consorks prennent le premier ‘Ullbreaker pour aller apporter leurs sentiments et bourre-pifs les meilleurs aux fidèles de l’Omnimessie.
Une fois sur place, et après avoir dérouillé une malheureuse patrouille qui tentait de faire son devoir, nos Orks se mettent à errer dans les coursives du croiseur martien, les indications du Mek à roulette1 leur servant de GPS manquant en précisions. Au petit jeu du porte/monstre/trésor, les peaux-vertes finissent par tomber sur plus fort et plus dur qu’eux, comme le malheureux Badgit en fait l’expérience lorsque lui prend la mauvaise idée de charger un Kastelan opérant comme physionomiste à l’entrée de la boite de Warp. Comme quoi, foncer tête baissée est le meilleur moyen pour la perdre. À toute chose malheur est bon, car le décès de son chef permet à Ufthak de s’improviser leader de la bande de Pistol Boyz, malgré les protestations de Mogrot Redtoof, l’autre bras droit de feu Snazzhammer. Ruzé mais brutal, Ufthak accouche d’une tactique de diversion qui lui permet d’arriver au contact de l’angry robot, récupérer l’arme de fonction de son boss, et terrasser l’ennuyeux androïde au cours d’un corps à corps épique et piquant, et même détonnant, l’usage malavisé d’une arme à contondante à champ de force sur le réacteur du Kastelan dispersant Ufthawk façon puzzle2.
Ce n’est toute fois pas la fin pour notre héros, les Orks étant, comme chacun sait, plutôt coriaces. Se réveillant très diminué, mais se réveillant tout de même (ce qui est déjà pas mal quand on n’est plus qu’une tête sur un demi-tronc), Ufthak se voit proposer par le Dok Drozfang, qui accompagnait la bande, un marché qu’il ne peut décemment pas refuser. En un tour de scie circulaire et quelques agrafes, voilà la tête du Boy greffée sur le corps de Badgit, sans trop d’effets secondaires. Ça c’est ce qu’on peut appeler de la chirurgie reconstructrice. Remis de ses émotions, bien qu’ayant – et c’est compréhensible – un peu mal aux cheveux qu’il n’a pas, Ufgit (Badthak ?) refait son retard sur le reste des Boyz, calme les ardeurs de ce parvenu de Mogrot et lui reprend le bâton marteau de parole, et invite le Mek à appuyer sur le gros bouton rouge qu’il a branché sur le moteur Warp du croiseur. Selon les savants calculs de l’ingéniork, cette machine devrait permettre au vaisseau de rebrousser chemin jusqu’à sa planète d’origine, monde forge plein de tek’ à piller…
Début spoilerMalheureusement, le buzzer magique a surtout pour effet de remplir le croiseur de démons, ce qui ne refroidit pas le légendaire enthousiasme peau-verte, bien au contraire. Ils commençaient justement à s’ennuyer…Fin spoiler
AVIS:
Nouvelle rigolork (c’est le dernier mot-valise à base d’Ork, je le jure) de Mike Brooks, et à laquelle je décerne la palme d’argent du titre le plus inventif (catégorie 5 mots et plus), derrière l’indétrônable Badlands Skelter’s Downhive Monster Show de Matthew Farrer, Were Dere’s… n’a pas grand-chose à offrir au lecteur à part une plongée humoristique dans le quotidien, forcément agité, d’un Boy. Les péripéties grand-guinorkesque (j’ai menti) s’enchaînent de manière plaisante, mais ne vous attendez pas à une conclusion édifiante, ou même intéressante, à cette nouvelle. C’est dommage, car Brooks avait prouvé dans Dead Drop qu’il savait terminer un court format comme il se doit. Nous tenons donc ici la pastille comique de l’Inferno! #4, et il ne faudra pas lui demander davantage.
1 : Car oui, il n’y en a qu’une dans son cas, on peut parler de monorkwheel.
2 : Après l’Interrogatrice Spinoza dans ‘Argent’, c’est la deuxième nouvelle de la BL qui souligne les dangers des masses énergétiques pour leur porteur. Faut-il voir une ligne éditoriale de Nottingham ?
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The Manse of Mirrors – N. Horth [AoS] :
INTRIGUE:
Recrutée par un influent marchand de la cité libre de Lethis pour « visiter » le manoir d’un des plus célèbres résidents de cette dernière, feu (ou plutôt, cendres) Phylebius Crade, Thaumaturge Suprême de Lethis que nul n’a revu depuis cinquante ans, l’archéologue militante Shevanya Arclis se retrouve à la tête d’une petite équipe de spécialistes pour mener à bien ce repérage d‘Un Trésor dans votre Château’. Son employeur a beau considérer comme acquis le décès du propriétaire, le home-jacking du (six) pied(s) à/sous terre d’un mage d’Améthyste de niveau 153 reste une expérience périlleuse pour l’aventurier moyen, comme Arclis et ses compagnons ne tardent pas à le découvrir.
Ayant bien négocié les premières salles de ce donjon un peu particulier, Arclis et Cie se retrouvent dans le mal dans la galerie des glaces du manoir, qui ont la particularité d’être des portails donnant sur Shadespire les Vignes, petite bourgade typique de Shyish au centre-ville décrépit mais aux chargés de tourisme très motivés, comme le maître-voleur Goolan ne tarde pas à en faire l’expérience. Tiré au sort pour passer une nuit/vie dans un Air B&B local, le monte en l’air se mue en passe à travers, et file de l’autre côté du miroir découvrir les merveilles architecturales de Shadespire. Quelques secondes plus tard, c’est au tour de la noble aventurière Nazira El-malia de se faire mettre la griffe dessus, ou plutôt à travers, par un Spectre très entreprenant. Il faut toute la science arcanique du dernier membre de la compagnie, le mage stagiaire Dhowner, pour permettre aux survivants de regagner leur intimité, à grands renforts de porte blindée et de poudre de perlimpinipin.
La pièce où Arclis et Dhowner ont trouvé refuge se révèle être le laboratoire et cabinet privé de Crade, et regorge de moultes reliques des plus dispendieuses, ainsi que d’un gigantesque miroir expérimental, dans lequel les intrus peuvent contempler tout ce qu’il reste de leur hôte. Ce dernier, peu rancunier, s’avère assez content d’avoir de la compagnie, et explique que cela fait cinquante ans qu’il est piégé dans la cité de Shadespire, sujet d’étude l’ayant littéralement absorbé, à son grand désespoir. Avertissant ses visiteurs que l’influence néfaste de la ville-miroir risque de s’étendre à Lethis à travers son prototype de catalyseur, et que seuls ses vaillants efforts ont préservé la cité corbeau d’un sort pire que la mort, Crade implore les gentlemen cambrioleurs de l’aider à clore une fois pour toute la ligne M du TER de Shyish. À Dhowner de refermer le passage malencontreusement ouvert par Crade – qui accepte noblement son sort de citoyen d’honneur et d’horreur de Shadespire – , et à Arclis de défendre son camarade le temps que le rituel soit accompli. Au grand énervement du maître des lieux, qui lui conseillait de se servir d’un espadon mythique dans sa collection personnelle pour tenir les morts sans repos en respect, notre aventurière choisit de s’équiper d’une dague de pierre sur la seule fois d’une inscription disant ‘feuklémor’ gravée sur la lame. Il n’y a plus de respect ma bonne dame.
Début spoilerLa suite de la nouvelle voit toutes les suppositions que le lecteur était en droit d’entretenir à propos de la conclusion de l’intrigue développée par Horth se réaliser. Comme de juste, Crade se révèle être un fieffé chenapan, dont l’altruisme cachait en fait des velléités de possession du malheureux Dhowner. Comme de juste, l’arme sélectionnée plus ou moins au pif par Arclis se révèle être un athame pour personnes en situation de non-vie. Comme de juste, notre héroïne parvient in extremis à empêcher Crade de faire du crade, en bousillant son miroir juste avant que le thaumaturge ait pu prendre entièrement possession de son padawan. Une monumentale explosion plus tard, les deux malfrats, catapultés dans le jardin du manoir, se font cueillir par la Morréchaussée, sans doute pour tapage nocturne. Mais la saga d’Arclis est loin d’être terminée…Fin spoiler
AVIS:
Après une quinzaine de pages prometteuses, dans lesquelles Horth parvient à instiller une ambiance macabre tout à fait satisfaisante, son The Manse of Mirrors débouche sur une conclusion assez tristounette, n’exploitant pas vraiment le potentiel horrifique et mystérieux de Shadespire, et résolue de façon très peu imaginative. Comme d’autres courts-formats de la BL, je crains que nous ne nous trouvions en face d’un texte pensé dès le départ par son auteur comme une part intégrale d’une oeuvre plus conséquente, ici la novella Thieves’ Paradise mettant en vedette notre Indiana Jones à oreilles pointues1, ce qui se solde malheureusement par des lacunes en termes de « singularité » de l’histoire développée. Bref, The Manse of Mirrors pourrait bien être le chapitre 0 de Thieves’ Paradise, et ce de façon très (trop) visible pour que le lecteur puisse réellement apprécier cette nouvelle de façon indépendante. Tout le monde n’a pas le talent d’un Dan Abnett, d’un C. L. Werner ou d’un Nathan Long pour réussir à jouer la partition du e pluribus unum de façon satisfaisante, et c’est encore une fois bien dommage. On mettra tout de même au crédit de Nick Horth les quelques ajouts de fluff qui parsèment sa soumission, qui achèvent de placer cette dernière dans la tranche haute du convenable. Cela aurait pu et dû être mieux, pourtant…
1 : Je me suis d’ailleurs aperçu qu’Arclis semblait avoir en main la dague piquée à Crade sur l’illustration de couverture de la novella.
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Blackout – J. C. Stearns [40K] :
INTRIGUE:
Lorsqu’une panne de courant massive vient plonger Seidon City dans les ténèbres, les kids Chib, Zaylin, Bugeye et le reste des 77, gang de loubards vivotant dans un quartier défavorisé de cette cité-ruche, en sont réduits à échafauder des hypothèses plus ou moins farfelues pouvant expliquer cette nième interruption de l’alimentation électrique du voisinage. L’arrivée sanglante de deux comparses, Soter et Jerrick, vient toutefois mettre un point final à la joute oratoire entre polémistes sous acide, juste avant qu’ils ne se commencent à se mettre sur la gu*ule, comme souvent lorsqu’un consensus peine à être trouvé entre gangers. Les nouveaux-venus expliquent être tombés dans une embuscade alors qu’ils attendaient innocemment de régler leur compte à quelques membres d’un gang rival, et avoir fait les frais d’un arsenal très peu commun à ces niveaux de la ruche, comme peut en témoigner l’épaule du pauvre Jerrick, réduite à quelques filaments de barbaque après sa rencontre malheureuse avec une balle perdue.
Outrés par ce déchaînement de violence qu’ils sont presque certains de n’avoir pas mérités, les 77 optent pour la mise sur pied d’un raid punitif contre leurs mystérieux assaillants, mais n’ont même pas à sortir de leur planque que cette dernière se retrouve sous un feu nourri. Dans la confusion qui s’en suit, Chib, Zaylin et Bugeye, comprenant rapidement que leurs collègues n’ont pas la main haute dans cet affrontement, optent pour une prudente retraite tactique dans les profondeurs de la ruche, confiants dans leur capacité de distancer les bourreaux des 77.
Malheureusement pour nos stagiaires, leurs poursuivants s’avèrent être aussi rapides et tenaces que bien armés, et Chib se retrouve bientôt seul dans les égouts de la cité, après que ses deux acolytes soient tombés dans les griffes de l’anti-gang. Jouant le tout pour le tout, notre héros tend un piège à ses traqueurs en utilisant le cadavre d’un autre ruchier ayant eu la malchance de se trouver sur le passage de ces derniers, et arrive ainsi à poser les yeux, juste avant de tirer, sur sa mystérieuse Némésis…
Début spoiler…qui s’avère être un Space Marine, et accueille donc avec un haussement d’épaule blasé la fléchette que le kid lui loge dans l’aisselle. S’attendant à rencontrer une fin aussi violente et prématurée que ses camarades, dont l’équipement et les compétences n’ont pas servi à grand-chose face aux bolts et épées tronçonneuses des meilleurs de l’Empereur, Chib a la surprise de se faire manutentionner par son ennemi jusqu’à un entrepôt désert, où, vous l’avez deviné, sagace lecteur, les Space Marines ont reçu ordre de ramener leurs trouvailles, qui sont toutes de jeunes gangers terrorisés. La nouvelle se termine sur l’annonce par l’Apothicaire de service, un certain Herodytes du Chapitre des Crimson Shades, que le casting tenu sur Stratigardin avec la bénédiction du Gouverneur Galliarnos est maintenant terminé. Décidément, la télé-réalité du 41ème millénaire est un peu plus hardcore que la nôtre…Fin spoiler
AVIS:
Je pense que l’on peut porter deux jugements sur ce Blackout de Stearns, qui seront fonction de la « maturité » (parce que la « vétéranitude » n’existe pas en français, et c’est bien dommage) du lecteur. Pour le nouveau-venu dans l’univers de 40K et de la Black Library, et qui aura donc une chance d’être authentiquement surpris par la révélation finale de cette nouvelle, cette dernière devrait être tout à fait satisfaisante. Pour les hobbyistes un peu plus expérimentés, qui auront éventé l’identité des persécuteurs des 77 dès la description de la blessure de Jerrick, la lecture de Blackout se révélera bien moins passionnante, d’autant plus que Stearns ne glisse aucun easter eggs1 ou référence à du fluff « avancé » dans son récit, pour une conclusion tristement banale. On m’excusera (ou pas, en fait je m’en fiche) à nouveau de mettre en avant Peter Fehervari, qui, sur une trame très similaire, avait réussi à soigner sa sortie dans son Nightfall. Si j’osais, je dirais que Blackout est un épisode de Dora l’Exploratrice, et Nightfall un court-métrage de Pixar : là où le premier ne s’adresse qu’à un « jeune » public, le second est suffisamment bien construit pour intéresser toutes les générations de spectateurs. Bref, une nouvelle à ne pas mettre entre toutes les mains, mais pas pour les raisons habituelles.
1 : On pourrait toutefois argumenter que les Crimson Shades se livrent eux-mêmes à une chasse aux œufs (à la sauce 40K, certes), ce qui constituerait une habile mise en abyme.
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Comme souvent avec des recueils de nouvelles, ce 4ème numéro d’Inferno! est assez hétérogène dans sa composition. Si les débuts d’Eric Gregory constituent à mes yeux la plus grande réussite de cet opus, d’autres soumissions (Flowers, Haley, Albert) s’avèrent également être intéressantes, ou convenables (Wiltgren, Green, Crisalli, Parrott, Brooks, Horth, Stearns). Finalement, il n’y a guère que la pièce-titre (en termes d’illustration de couverture tout du moins) qui m’est apparue comme insatisfaisante, ce qui est un ratio tout à fait respectable.
Hasard du calendrier, la tenue du Black Library Weekender 2019 nous a permis de prendre connaissance de la couverture et du line-up du prochain numéro, qui sortira au cours du premier trimestre 2020. Je suis particulièrement ravi de voir que sur les douze contributeurs mis à l’honneur de ce 5ème opus, 10 sont des nouveaux-venus, ce qui confirme une nouvelle fois le rôle d’Inferno! comme tremplin des nouveaux talents de la Black Library. Un an après sa résurrection, on peut donc considérer que la nouvelle incarnation d’Inferno! porte haut les couleurs de son glorieux aîné de ce point de vue (on attend toujours les comics et les articles fluff, ceci dit), et je ne m’en plaindrai sûrement pas. En attendant la publication d’un petit best-of personnel de l’année écoulée, et probablement un nouvel Infernabulum! avant la fin de l’année, je vous salue bien bas et vous souhaite d’infernales, aventureuses et satisfaisantes lectures d’ici à 2020!
MALEDICTIONS [Recueil]
Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue critique du recueil Maledictions ! Cette anthologie de nouvelles de la Black Library présentant plusieurs caractéristiques la différenciant clairement des ouvrages de ce type précédemment publiés par la maison d’édition de Nottingham, l’occasion de chroniquer – pour une fois – une sortie récente, était trop belle pour être manquée.
La première de ces caractéristiques, et probablement la plus intéressante, est qu’il s’agit d’un des tomes fondateurs de la section nouvelle-née Warhammer Horror, dédiée comme son nom l’indique à ce genre littéraire dans les univers de Games Workshop. Les franchises en question n’étant naturellement ni étrangères, ni avares, en situations « cherchant à susciter chez le lecteur l’angoisse et l’effroi, ou à tout le moins à le mettre mal à l’aise » (définition de l’Horreur en littérature de Wikipedia), j’étais curieux de voir si, et comment, les contributeurs de ce recueil allaient réussir à se démarquer des textes de leurs prédécesseurs. L’horreur étant un genre régi par ses propres codes, topoïs et stéréotypes, j’étais également curieux de voir si la BL choisissait de leur rendre hommage ou bien de s’écarter des sentiers battus.
Deuxièmement, Maledictions présente la particularité de mélanger nouvelles prenant place dans les ténèbres d’un lointain futur et celles se déroulant dans l’obscurité des Royaumes Mortels (voire parfois dans la zone grise entre les deux, au moins jusqu’à ce que l’auteur décide de trancher, comme on le verra par la suite). Du 40K et de l’Age of Sigmar réunis dans un seul ouvrage thématique, cela ne s’était – à ma connaissance – jamais fait auparavant, et cela a donc piqué mon intérêt de lecteur.
Enfin, la Black Library ayant pour l’occasion sollicitée un contingent de nouveaux auteurs, dont beaucoup présentés comme des spécialistes du genre (Khaw, Gray, Kane…), je voulais prendre la mesure de la jeune garde de l’horreur, moi qui n’avais jusqu’ici pratiqué que des grands maîtres anciens (Lovecraft) ou contemporains (King).
Alors, cette compilation de Maledictions le serait-elle davantage pour les personnages mis en scène dans cette dernière ou pour les lecteurs ayant pris le risque de placer un billet sur cette curiosité littéraire. Lisez, si vous l’osez…
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Nepenthe – C. Khaw [40K]:
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INTRIGUE:
Le sommeil de Cornelius et Marcus, deux frères au service du Mechanicus et du Magos Explorator Veles Corvinus, a été troublé au cours des dernières semaines par les échos d’un chant qu’ils semblent être les seuls à entendre. Usant de la connexion 40G et de l’accès à Mechapedia dont ils disposent en tant que loyaux servants de l’Omnimessie, les frangins ont cependant réussi à localiser l’origine de leur émoi, qui se trouve être un Space Hulk répondant au nom de Nepenthe1, et dont la course l’amène hors du Warp pour une courte période de temps une fois tous les millénaires. Déterminés à percer à jour les secrets de ce mystérieux vaisseau, et celui de l’énigmatique cantatrice (sans doute chauve) qui leur roucoule dans le cortex depuis quelque temps, Coco et Markie réussissent à manipuler leur boss de manière qu’il décide d’envoyer une expédition aborder l’épave du Wild Wild Warp pendant sa brève transition de l’autre côté du périph’, vainquant au passage les protestations protocolaires de leur collègue de console, le procédurier Lupus.
Tout à leur excitation de rencontrer enfin leur Marsa Béranger personnelle, les Cog Brothers ferment les bioniques sur tout un tas de signes variant de l’étrange (le dock d’atterrissage qui a exactement la taille de leur vaisseau), au suspect (l’hologramme d’accueil qui leur conseille de décamper fissa), en passant par l’improbable (l’état de propreté clinique du Nepenthe, comme s’il avait été investi par les démons de Sheev’ha, la déesse du ménage à domicile – dans le Warp, tout est possible – ). L’arrivée soudaine d’une meute de Genestealers d’Ymgarl, astucieusement dissimulée aux yeux et senseurs des explorateurs par une technique de metachrosis diablement avancée, sonne toutefois le glas des espérances de Jules et Jim d’un premier rencard romantique, et c’est un sauve qui peut général qui est sonné après que les calculs de nos loustics aient établis de façon formelle que leur escorte de serviteurs et de skitarii n’auraient pas la méchadendrite haute dans l’algarade qui s’est engagée entre visiteurs et locaux.
Ayant choisi la fuite en avant au lieu de la fuite en arrière, nos héros parviennent néanmoins jusqu’au cœur du vaisseau, escortés par l’imperturbable hologramme de service, dont ils apprennent le nom au passage (MAUS), ainsi que celui de leur probable dulcinée (CAT). Et là, triple déception. Non seulement la DLC de la donzelle a expiré, tout comme elle, depuis des éons, en témoigne le squelette nécrosé qui barbote dans la cuve amniotique qui trône au milieu du pont, mais il se fait rapidement jour que leur speakerine fantasmée n’était qu’une intelligence artificielle un poil plus sophistiquée que la Siri de base2. Comble de l’infamie, les Magos Bros se font finalement éconduire par la b(i)elle, qui leur annonce brutalement qu’elle ne les a jamais appelés ici, et que tout ceci est un regrettable malentendu. Se prendre un rateau par un sex bot de première génération, il fallait le faire, et ils l’ont fait. La Fédération Martienne de la Loose (FML, un nom approprié à plus d’un titre) serait fière. En désespoir de cause, Marcus et Cornelius ravalent le peu de dignité qui leur reste, et se mettent humblement et totalement au service de cette garce de CAT, qui, pressentant qu’elle aura sans doute besoin d’un coup de main pour remettre en état le Nepenthe après le projet X initié par ses tentaculaires protégés, finit par accepter l’offre des adeptes. La nouvelle se termine par l’envoi d’une cordiale invitation au Magos Explorator Veles, prudemment resté à bord de son vaisseau, à visiter les merveilles du Space Hulk, décrit par les frangins comme parfaitement sûr. Il faut croire que CAT voulait finalement un peu de compagnie. Comme dit le proverbe « Souvent IA varie, bien fol qui s’y fie ».
1 : Un genre de plante carnivore dit « passif », qui piège les insectes en les attirant dans sa corolle avec un nectar aussi odorant que gluant. Pour vous épargner une recherche Google, disons que ça ressemble à un Empiflor. De rien. On peut remarquer que pour un expert en biologie comme Cornelius, ce nom aurait dû constituer une première alerte…
2 : Le truc est d’intégrer un psyker disséqué dans la carte mère. Le résultat est à la fois plus naturel et plus performant qu’une IA purement mécanique. Google est déjà sur le coup.
AVIS:
Cette première soumission de Cassandra Khaw m’a laissé un goût d’inachevé assez marqué, tant au niveau des potentialités du récit laissés au stade d’ébauches (ce qui est dommage), qu’à celui du déroulé et de la conclusion apportée à la nouvelle, que j’ai trouvé confus au point de devenir imbittable (ce qui est grave). Pour commencer par le problème le plus critique, il m’a semblé que Khaw partait en roue libre narrative à partir de l’attaque des Genestealers, les péripéties s’enchaînant alors sans faire grand sens pour culminer sur une confrontation lunaire entre Marcus et Cornelius et CAT et MAUS, les premiers soutenant mordicus avoir été appelés sur place par la seconde, qui réfute catégoriquement leur version des faits. Pendant ce temps, Genestealers et skitarii font du charleston en arrière-plan, et Veles s’échine à tenter de rétablir la connexion avec ses sous-fifres. Plus que le fait que nos deux héros soient tombés dans un piège (ce que le nom du vaisseau laissait entendre de manière assez transparente), c’est le caractère fortuit de leur fin probable qui m’a laissé pantois.
Khaw ne donne en effet au lecteur aucune piste ou sous-entendu expliquant le dessein de CAT, qui se mure simplement dans le déni (« nan j’vous ai pas appelé j’vous dit, bande de gros mythos ! »), alors qu’il lui aurait suffi d’indiquer par exemple que l’IA a été corrompue par le Warp et considère les Ymgarls comme le véritable équipage du Nepenthe (ce qui est ébauché quelques lignes plus haut), et attire donc les vaisseaux aux alentours pour assurer la subsistance de ses protégés, pour que tout rentre dans l’ordre. Rien de tout ceci ici, et les revirements finaux de TOM et JERRY, qui acceptent de laisser leurs fans transis squatter à bord, sans encore une fois qu’aucune raison ne soit avancée à cela, puis coopèrent au, ou en tout cas acceptent tacitement le, piégeage de Veles alors qu’ils ont clamé haut et fort deux minutes plus tôt que la maison était fermée, brouillent un peu plus le message. Bref, ce n’est pas une conclusion à twist, mais à bits, qui achève Nepenthe – comprendre que le lecteur est laissé libre de se forger sa propre opinion sur les tenants et les aboutissants de la nouvelle, en piochant dans les éléments narratifs laissés à sa disposition par l’auteur –.
À cela vient s’ajouter un certain nombre de questions sans réponses, qui auraient pourtant pu apporter à la nouvelle un cachet ou un intérêt supplémentaire si elles avaient été creusées par l’auteur. Par exemple, pourquoi Cornelius semble-t-il avoir un visage rituellement écorché ? Pourquoi les héros sont-ils les seuls à entendre la chanson de CAT ? Et qu’a-t-elle de si irrésistible ? À quoi « sert » le fait que le vaisseau soit décrit comme étant plus vieux que l’Imperium ? Comment le vaisseau arrive-t-il à s’adapter parfaitement à la taille de la navette et à se maintenir « propre » ? Pourquoi avoir « utilisé » spécifiquement des Genestealers d’Ymgarl ? À quoi sert MAUS ? On n’en saura malheureusement pas plus, et c’est assez dommage, d’autant plus que Cassandra Khaw, malgré les problèmes exposés ci-dessus, m’est apparue comme une auteur assez « stylée » (même si sa tendance à recourir à un champ lexical très technique peut s’avérer lassant à la longue), et ayant manifestement pris sur elle d’intégrer une bonne partie du fluff de 40K en préparation de cette première soumission, ce dont je lui en sais gré. Il faudra soigner le fond autant que la forme pour la suite, Miss Khaw.
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The Widow Tide – R. Strachan [AoS]:
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INTRIGUE:
Veuve éplorée et inconsolable d’un pêcheur de la côte de Shyish, Katalina éprouve les plus grandes difficultés à faire le deuil de son homme, peu aidée il est vrai par le fait que le corps de ce dernier n’a jamais été retrouvé. Alors qu’elle veille sombrement parmi les pierres tombales du cimetière local à la tombée du crépuscule (une activité des plus saines et naturelles), au grand désespoir du chef de village – et Chief Happiness Officer – (G)Radomir, son attention est attirée par une étrange lumière bleutée émanant de la plage toute proche, qui finit par l’amener jusqu’à une pierre brillante et un matelot mal en point, tous deux rejetés par la marée sur le littoral, après que le navire qui les transportait ait fait naufrage. Faisant fi de l’inhumanité manifeste du rescapé, ainsi que de son odeur de poisson pourri, Katalina empoche le diam’s et embarque le gonze jusqu’à son petit pied à terre, où elle essaie tant bien que mal de soigner son nouveau meilleur ami.
Réalisant de manière inconsciente que son acte de charité pourrait fort bien ne pas être perçu de façon favorable par les autres membres de la communauté, dont les réactions face aux débris du bateau retrouvés sur la plage le lendemain de cette nuit extraordinaire varient de la méfiance à l’effroi, Kat prend bien soin de cacher l’homme qui occupe désormais son lit des yeux inquisiteurs de ses voisins, à commencer par ceux de la vieille Agata, veuve comme elle et manifestement peu au fait des notions d’espace personnel et de respect de la vie privée. Ses soupçons ne sont que confirmés lorsque Radomir fait instaurer des rondes de la milice locale dans les dunes qui ceinturent le village, pour des motifs aussi vaseux que les crabes qui constituent le cœur de son régime alimentaire. Cela n’empêche pas notre Aelf-sitter de persévérer dans son œuvre, malgré les quelques tentatives faites par son hôte de lui fausser compagnie en dépit de son état lamentable1.
Malheureusement pour notre infirmière sans préjugés, il est impossible de garder des secrets dans un village de pêcheurs subsistant de ragots autant que de turbots. Quelques jours après le sauvetage, c’est donc la traditionnelle foule en colère qui vient délicatement taper à ses carreaux, demandant à ce que le naufragé lui soit remis, et sans doute pas pour l’emmener à l’office de tourisme local, si vous voulez mon avis. S’engage alors une course poursuite aussi poign(ard)ante que sanglante entre péquenots outrés et colocs outés, le nombre et la colère des humains ne faisant pas le poids face à la détermination et les talents meurtriers du Zoneille, assez rétabli pour envoyer une paire de vigilantes aller compter fleurette au Nag’. Pour Katalina, c’est également une page qui se tourne lorsque son protégé décide d’emporter un souvenir de ce long week-end de cure, et lui subtilise son âme à l’aide du caillou bleu qu’elle lui avait obligeamment rendu à son réveil. Moralité de l’histoire : ne jamais accepter les demandes de location d’Air BnB de la part d’Idoneth Deepkin, ça finit toujours mal.
1 : Il avait sans doute lu Misery de Stephen King.
AVIS:
Courte nouvelle à l’intrigue cousue de fil blanc, The Widow Tide aurait gagné à bénéficier d’un synopsis un peu plus fouillé. Par exemple en faisant revenir le mari disparu comme entité maléfique, mais néanmoins aimée et protégée par Katalina ; ou en incorporant quelques exactions inexpliquées mais imputables à l’Aelf convalescent recueillie par notre villageoise au grand cœur, et dont on aurait au final découvert qu’elles avaient été commises par un autre Deepkin ayant survécu au naufrage. Cela aurait permis à Strachan d’exploiter plus facilement les codes du récit d’horreur1, au lieu de se retrouver avec un récit trop rapidement expédié pour que puisse s’y développer de manière satisfaisante l’atmosphère angoissante et dérangeante propre à ce type de littérature. La conclusion de The Widow Tide – le « meurtre » gratuit de Katalina par le Deepkin, qui n’avait aucune raison de s’en prendre à elle et dont l’éventuelle (et attendue, après tout les fils spirituels des Elfes Noirs ne sont pas des enfants de chœur) ambivalence vis à vis de sa protectrice n’a été préparée nulle part au cours des pages précédentes – exemplifie encore davantage la réalisation pataude de Strachan de son dessein. Si la nouvelle est un genre codifié, la nouvelle d’horreur l’est encore plus, et malheureusement pour le lecteur, The Widow Tide s’affranchit de trop nombreux éléments inhérents à ce dernier pour que l’expérience soit concluante.
1 : La possession d’un être aimé à la Simetierre pour la première piste, le « jumeau maléfique » à la L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde pour la seconde.
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No Good Deed – G. McNeill [40K]:
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INTRIGUE:
Alors que lui et sa bande de djeuns zonaient tranquillement dans les terrains vagues qui entourent la Scholia Progenium Sainte Karesine classée ZUS qui leur sert de foyer, Cor & friends tombent sur un spectacle peu commun pour la périurbanité morne d’Osleon : un vieil homme gisant inanimé à côté d’une mare d’acide, salement amoché par ce qui a tout l’air de relever d’une chute de quelques centaines de mètres depuis les spires de la ruche toute proche, mais néanmoins vivant. Après avoir décidé de porter secours au malheureux plutôt que de mettre fin à ses souffrances, Cor & Cie transportent le patient X jusqu’à leur internat, où il bénéficie des bons soins de la dévouée sœur Caitriona, ange gardien des déshérités de ce trou perdu. Une bonne action ne pouvant être laissée sans châtiment dans l’univers anti-karmique de 40K, c’est la même Caitriona qui a la difficile mission d’annoncer à Cor la mort prématurée de son frère Nicodemus, emporté à l’âge déçu de onze ans par une poussée d’über-culose1. Il y a des jours comme ça.
De son côté rapidement remis sur pied, malgré une amnésie persistante causée par le méchant coup pris sur le crâne au cours de sa dégringolade échevelée (et pour cause, il est chauve comme un grox), Lancelot du Lac Marcel de la Mare, rebaptisé Oskyr par Cor, insiste pour rendre la pareil à ses bienfaiteurs, dont un grand nombre sont affectés par les conséquences délétères du recours massif au glyphosate et du taux anormalement élevé de particules fines qui sont le lot de toutes les agri-ruches de l’Imperium. Car Oskyr, bientôt affectueusement Papa Oskyr par les garnements de la Scholia, semble avoir des connaissances assez poussées en médecine, et se montre tout prêt à les mettre au service d’une cause aussi noble que la santé publique des nécessiteux de Gandor’s Providence.
Après quelques semaines de soins intensifs, les résultats sont bels et bien là : les pupilles de Sainte Karesine pètent tous la forme, augurant de lendemains qui chantent pour Osleon. Malheureusement, la success story de la Scholia trouve une fin aussi brutale que prématurée lorsque…
Spoiler…le bon papa Oskyr décide de mettre à profit la vigueur de ses petits protégés pour accélérer la fin de sa propre convalescence. Plus résistant que ses camarades aux effets du sédatif utilisé par le fourbe AVS, Cor échappe de justesse à la tentative de meurtre dont il est victime de la part d’un condisciple vraiment dans le mal d’une descente carabinée, mais ne peut rien faire lorsqu’Oskyr, attiré par le bruit, vient gentiment le remettre au lit. Et pour cause, Oskyr est en fait Scaeva, Apothicaire des Emperor’s Children, laissé blessé et amnésique à la suite de l’accrochage avec les Imperial Fists sur Gandor’s Providence. Sachant apparemment comment retrouver la mémoire en distillant les meilleurs morceaux de jeunes et vigoureux éphèbes, Scaeva ne s’attarde pas sur les lieux de son crime une fois ses données sources récupérées, et trace sa route vers la gare inter-systémique la plus proche afin de reprendre le cours de sa paisible existence. C’est Fabio qui va être content. Fin du spoiler
1 : C’est comme la tuberculose, sauf que les yeux du patient se remplissent de goudron et qu’il crache des cendres et du sang.
AVIS:
Nouvelle soumission peu inspirée pour le gars McNeill, dont le pedigree laissait espérer un résultat un peu plus concluant que ce tristounet, mais aptemment nommé, No Good Deed. Les reproches peuvent même commencer par ce choix de titre (que l’on peut traduire par Mauvaise Action), qui tue magnifiquement tout le suspense qui aurait pu/dû caractériser cette nouvelle. Certes, il n’aura pas échappé au lecteur un minimum attentif que quelque chose ne tournait pas rond dans cette histoire, la tonalité globalement positive et optimiste de cette dernière l’inscrivant totalement en faux avec le grimdark caractéristique de la BL (Warhammer Adventures mis à part – pour le moment – ), mais il aurait été élégant de la part du Mac de préserver les apparences sur ce point.
Le principal grief que je nourris à l’égard de cette nouvelle est toutefois autre. Que McNeill choisisse d’employer le topos, même plus éculé, mais carrément informe, du héros (prétendant être) amnésique au terrible passé1, soit. Mais qu’il ne se donne pas la peine de s’assurer qu’il ne commet pas d’impair fluffique dans la mise en place de son propos, c’est vraiment décevant de la part d’un auteur qui maîtrise à fond le background de la franchise2. Cela aurait pu, à la rigueur, être pardonné si la plume avait été tenue par l’un des rookies qui ont également participé au recueil Maledictions, mais la désinvolture confinant au je-m’en-foutisme pur et simple de Graham McNeill ne peut être passée sous silence. À côté de ça, le fait que sa soumission ne puisse être qualifiée d’horrifique qu’avec une extrême bienveillance de la part du lecteur (il a fait bien plus creepy par le passé, par exemple avec Three Knights) n’apparaît que comme un défaut mineur. Bref, beaucoup trop de complaisance pour cette fois, dommage.
1 : Les vieux de la vieille ne manqueront pas de faire le lien avec The Small Ones de C. L. Werner, au synopsis très similaire (un groupe d’enfants recueille un mystérieux inconnu trouvé dans la forêt qui borde leur village), et publiée en 2001 dans la première version d’Inferno !
2 : Spoiler Oskyr est trouvé nu comme un ver par les enfants, ce qui supposerait que les Imperial Fists qui l’ont balancé du balcon de la ruche ont pris le soin et le temps de lui enlever son armure avant de lui apprendre à voler. Et quand bien même, celà ne justifie pas la mystérieuse disparition de sa carapace noire, qui aurait dû alerter la Soeur Caitronia. Cette dernière semble enfin être affligée d’une myopie terminale et d’une inculture flagrante pour ne tiquer ni devant le gaabrit monstrueux d’Oskyr, ni devant l’Aquila Palatine tatouée sur l’épaule du gonze. Fin du spoiler
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Crimson Snow – L. Gray [AoS]:
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INTRIGUE:
Alors que les osts du bosquet de guerre de Feuillehiver (Winterleaf) affrontent une armée chaotique lors du traditionnel match du dimanche après-midi, les jeunes Dryades Kalyth et Idrielle, assignées à la buvette et à l’infirmerie, attendent patiemment que l’empoignade se termine dans la sécurité de la lisière. Le service sèvique de nos deux tendres boutures manque toutefois de connaître une fin aussi tragique que prématurée lorsqu’une paire de combattants, aussi altérés de sang l’un que l’autre, titube jusqu’à leur position, avec des intentions pas vraiment amicales. Fort heureusement pour les jeunottes, c’est la liste EELV qui finit par l’emporter sur celle de la Frange Insoumise1, mais la situation reste toutefois assez tendue, car le vainqueur du duel n’est autre qu’un Paria au self-control des plus ténus. Tout finit pourtant par rentrer dans l’ordre, l’esprit enragé reprenant de lui-même la direction du champ de bataille sans trucider ses camarades de classe.
Quelques heures plus tard, alors que la troisième mi-temps bat son plein sous les frondaisons, Kalyth se rend sur le pré pour porter secours à ses confrères et sœurs pouvant encore être sauvés repiqués. Elle tombe par hasard sur le même Paria, toujours aussi écumant, mais dont la transformation avancée en pâte à papier rend l’approche plus facile que précédemment, et, reconnaissante des services rendus, l’assiste dans ses derniers instants, ignorant au passage les recommandations de ses aînés à propos de la quarantaine à laquelle il convient de soumettre les sujets chancrés.
Cette bonne action pourrait cependant avoir de graves conséquences, car dès le lendemain, notre bonne âme se trouve inexplicablement attirée vers le refuge de Parias le plus proche lors de la mission de reconnaissance à laquelle est assignée, et acquiert rapidement la certitude qu’un Lumineux (Bright One) et sa colonie de parasites a élu domicile sous son écorce. Alors que son emprise sur la réalité se fait de plus en plus ténue, et que les voix demandant que la sève soit versée deviennent chaque jour plus insistantes, Kalyth arrivera-t-elle à mettre la branche sur de la bouillie bordelaise pour traiter son affliction avant de commettre l’irréparable l’imbouturable ?
1 : Les suivants du Chaos éprouvent des difficultés notoires à se coiffer. Pas évident de maintenir un brushing entre les casques intégraux et les mutations aléatoires.
AVIS:
Soumission sérieuse et appliquée de la part de Lora Gray pour ses débuts au sein de la Black Library. Reprenant les codes de l’horreur psychologique (la présence maléfique que le héros est le seul à ressentir, et qui finit par le rendre fou), relevés d’une touche de gore assez graphique (automutilation notamment, le truc qui marche toujours avec moi), Crimson Snow explore avec réussite un des aspects les plus sombres de la faction Sylvaneth, les mystérieux Parias, dont les causes de la folie sanguinaire sont encore mal connues. N’étant pas vraiment familiers avec les subtilités du background de cette armée, j’ai eu un peu de mal à assimiler le rôle joué par les Lumineux (un terme qui n’apparaît pas, ou peu, dans les textes canons) dans la propagation du mal, d’autant plus que la « matérialisation » du parasite de Kalyth s’opère dans gélatineux (?) un flou artistique ne facilitant pas la compréhension. Reste que la progression de l’intrigue vers sa funeste conclusion est suffisamment claire pour que tout le monde puisse s’y retrouver, néophytes comme vétérans. Pouce vert pour Gray, donc.
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Last of the Blood – C. L. Werner [AoS]:
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INTRIGUE:
La cousinade à laquelle le Baron Eiji Nagashiro a convié les membres de sa famille, et se tenant dans le faste de la forteresse du clan, commence sous de bien sinistres auspices. Comme tous les cent ans, en effet, cette noble lignée se retrouve la victime de l’antique malédiction qui la frappe depuis l’Âge des Cinq Princes, époque où le roi Ashikaga trouva malin d’asseoir son pouvoir en envoyant son bourreau personnel, Yorozuya, raser gratis les dissidents et toute leur famille, jusqu’au dernier beau-frère issu de germain par alliance. Ayant trouvé un moyen d’échapper à l’aristocide, les Nagashiro doivent cependant composer avec le retour régulier du fantôme de l’émissaire royal, qui traque les descendants du Baron Jubei, à raison d’une tête par mois, jusqu’à disparaître mystérieusement une fois sa rage immortelle assouvie (ou le coffre de sa Twingo rempli à ras bord, c’est selon). La saison de la prise de tête ayant commencé depuis maintenant quelques lunes, les cousins survivants se réunissent donc pour écouter la proposition du rusé Eiji, qui pourrait avoir trouvé le moyen de mettre en échec l’intraitable revenant.
Ayant fricoté plus qu’à son tour avec les secrets occultes de la non-vie1, Eiji convainc rapidement son auditoire, composé, entre autres parents, de sa mère, sa belle-sœur, une ribambelle de cousins et un petit cousin par alliance, de coopérer avec son plan, prétendument infaillible, qui permettrait à l’assemblée de feindre sa disparition aux yeux de leur bourreau, renvoyant ce dernier pourrir tranquillement dans quelque recoin humide du sous-monde. Malheureusement, si le décor mis en place par Eiji ne manque pas de cachet, l’efficacité de son rituel laisse toutefois sérieusement à désirer, et laisse notre apprenti nécromancien partagé quant à la suite à donner à son idée pas si géniale que ça. De leur côté, les Sacquet de Besace et autres Soucolline, considérablement refroidis d’avoir vu leur hôte perdre si soudainement la tête, s’égaient dans la demeure comme une volée de moineaux effarouchés, et constatent avec chagrin que feu le Baron a donné des ordres stricts à ses suivants pour que le couvre-feu soit appliqué. Il faudra donc, et c’est assez peu fréquent, éviter les flèches plutôt que de les suivre pour atteindre la sécurité – toute relative – de l’extérieur, ce fripon de Yorozuya ayant prouvé à maintes reprises sa capacité à rattraper les fuyards.
Coincés entre le marteau et l’enclume, ou entre le katana et les makiwaraya dans le cas présent, les invités optent pour différentes stratégies, plus ou moins couronnées de succès. Constatant que résignation, confrontation, tractation et invocation se sont toutes soldées par une décollation, le spirituel Toshimichi décide de tenter sa chance avec la réflexion, et passe en revue les éléments et évènements ayant pris place depuis son arrivée au château…
Spoiler …Bien lui en prend car il découvre rapidement que leur hôte est loin d’être aussi mort qu’il n’y paraissait, ayant mis en scène son propre trépas et piégé sa smala dans le seul but de devenir le dernier des Nagashiro. Il est en effet établi que l’ultime survivant de la lignée maudite bénéficie d’une protection impénétrable contre les assauts du spectre, qui disparaît alors prendre un siècle de vacances bien méritées. Bien à l’abri derrière son pentacle de craie noire, seule protection ayant été d’une quelconque utilité face aux ravages de Tonton Yoyo, Eiji se délecte à l’avance du succès de ses manigances, lorsqu’un brasero en fonte vient lui friser les moustaches et lui aplatir l’occiput, signe on ne peut plus clair du mécontentement de sa belle sœur devant sa bassesse éhontée. Ce deuxième décès étant définitif, Toshimichi ne tarde pas à découvrir qu’il est, de facto, l’ultime représentant de sa race, les horions du pauvre Yorozuya ne faisant plus que l’effleurer. Il peut en cela remercier l’homosexualité, désormais irréfutable, de son cousin Mikawa, dont le mariage avec la douce Otami n’a pas été consommé. Encore une fois mis en échec par sa malédiction, le spectre vengeur n’a pas d’autre choix que de prendre congé, et de ronger son frein pendant un nouveau siècle avant de pouvoir retenter sa chance. C’est plus qu’il n’en faut à Tosh’ et sa belle doche, qui comptent bien vivre et mourir de leur belle mort d’ici là. (Meta)carpe diem, comme on dit chez les Mortarques… Fin du spoiler
1 : Après tout, de Nagash à Nagashiro, la nuance est tenue.
AVIS:
À la lecture de cette nouvelle, comme d’autres avant elle, on peut soit décider que C. L. Werner ne se soucie guère du fluff d’Age of Sigmar, soit au contraire décréter qu’il est l’auteur ayant le mieux intégré toutes les libertés offertes par la nouvelle franchise de Games Workshop en termes de background. Les partisans de la première école mettront en avant l’absence quasi-totale d’éléments caractéristiques des Royaumes Mortels dans ce Last of the Blood, quelques mentions rapides à Nagash, Sigmar et Dracothion mises à part. Ceux de la seconde feront remarquer qu’avec huit Royaumes-Plans distincts à exploiter, et des milliers d’années à couvrir, il serait dommage de ne raconter que des histoires de Stormcast Eternals.
Chaque approche peut être défendue, et pour ma part, je préfère saluer la fantaisie de Werner plutôt que de m’outrer de son hétérodoxie manifeste. Son trip japonisant a beau détonner fortement avec les péripéties métalliques d’Hamilcar, Gardus et consorts, il serait dommage de bouder son plaisir, d’autant plus que notre homme trousse ici une petite nouvelle d’horreur ma foi assez réussie, et proposant au lecteur un double twist final pour sa peine, ce qui est toujours agréable. Certes, le fluffiste acharné ne trouvera pas grand chose à se mettre sous la quenotte, la culture particulière présentée par Werner n’étant vraisemblablement pas destinée à apparaître dans d’autres publications, mais l’amateur de nouvelles fantastiques sortira assez satisfait de cet exercice de style, qui démontre une fois encore la versatilité narrative de l’homme au chapeau. Je vous tire donc le mien, Herr W.
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Predation of the Eagle – P. McLean [40K]:
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INTRIGUE:
Retour sur Vardan IV en compagnie des braves bidasses du 45ème Reslian, déjà croisées dans le No Hero du même auteur (Inferno ! #1), où nous suivons cette fois les déboires d’une Compagnie entière alors qu’elle tente de mener à bien une mission d’infiltration et de reconnaissance derrière les lignes ennemies1. Notre héros, le Caporal Cully, un vieux de la vieille à qui on ne la fait pas, se retrouve en effet confronté à une situation des moins banales. Les hommes (et femmes, car Reslian est un monde paritaire) de son unité sont victimes des attentions homicidaires d’un mystérieux traqueur, dont la conception du fun semble inclure l’éventration de soldats impériaux, et la mise en scène de leurs cadavres selon un rituel bien particulier, incluant la réalisation de l’aquila impériale par leurs doigts raidis par la mort (et tenus en place par des bouts de lianes tressées, parce qu’il faut pas déconner non plus, ça bouge sinon). Ah, et notre énigmatique chasseur n’est pas non plus contre se tailler un petit steak dans le gras de la barbaque de ses proies, pour peu qu’elles soient bien en chair.
Malgré la mise en place de précautions élémentaires, et le fait que la moitié de la Compagnie soit constituée de vétérans de la guerre de jungle, et donc plus que capables de veiller à leur intégrité physique même sous le fin crachin et la légère boue caractéristiques de Vardan IV, le décompte des victimes continue son inexorable progression, au grand désarroi et déplaisir de Cully et de sa vieille garde (Rachain, Gesht, Steeleye), qui, au fil des jours, doivent se rendre à l’évidence : leur bourreau n’est pas un Ork super discret et super instruit (la version officielle), mais quelque chose d’autre. Ou quelqu’un d’autre…
Spoiler …Car, de manière cocasse et fortuite, il se trouve que le meilleur scout de la Compagnie, un dénommé Drachan, a été porté disparu dans la jungle trois mois auparavant. Drukhari en goguette mis à part, il n’y a que ce fameux Drachan, sans doute plus qu’un peu traumatisé par ces quelques semaines de camp de vacances en compagnie de GO (Gentils Orks) imaginatifs en termes d’activités, qui soit capable de tailler des croupières et des côtelettes à/dans ses anciens camarades. Entre deux accrochages avec les locaux, Cully et Cie décident donc de régler l’histoire le plus discrètement et définitivement possible, une fois que chacun a fait son deuil de l’ami ou l’amant que Drachan était pour lui avant que la fièvre verte ne le prenne. On ne piège cependant pas aussi facilement que ça un castor senior en plein Bois de Boulogne, et Drak the Ripper pratiquera encore quelques laparotomies au débotté (dont une sur l’officier en charge – théorique – de la mission, un jeune incapable tout frais sorti de l’école, et nommé Makkron… McLean serait-il un Gilet Jaune ?) avant de ne devoir rendre ses comptes devant Pépé… ou Gork et Mork, peut-être… Fin du spoiler
1 : À supposer que les Orks soient capables de tracer des lignes. Même juste un tout petit peu droites. Pas gagné.
AVIS:
Voilà une bien belle et glauque soumission pour l’ami McLean, qui confirme avec PotE (pour une fois que j’ai un acronyme pot-able sous la touche, autant l’utiliser) le pote-ntiel pressenti et espéré avec son initial No Hero1. Comme dans cette dernière/première nouvelle, l’atmosphère de combat de jungle, étouffante, humide, dangereuse et plus adaptée à l’Ork qu’à l’homme, est très bien rendue, avec toujours ce petit côté guerre du Vietnam, sans doute inévitable pour ce genre de parti pris littéraire, mais en rien désagréable. À celà vient s’ajouter le triple bonus d’une galerie de personnages beaucoup plus singuliers et intéressants que les survivants du peloton Beta (mention spéciale à la sniper Steeleye, authentique gueule cassée ayant eu le douteux privilège de se faire rouler une galoche par un Peau-Verte trop entreprenant, et dont la seule lecture des séquelles vous mettra mal à l’aise) ; une utilisation adroite des codes de l’horreur/gore par meurtres rituels interposés ; et l’inclusion d’une dimension thriller, certes rapidement évacuée par un McLean qui aurait pu continuer à laisser planer un peu de suspens sur l’identité de son boogeyman, lorsque le lecteur est invité à enquêter avec Cully sur les meurtres de son unité. Bref, un sans faute tant sur le fond que sur la forme, et dont l’inclusion dans un recueil de nouvelles d’horreur est tout à fait légitime, ce qui n’était pas évident pour une histoire de Gardes Impériaux. Qu’on se le dise, si elle ne se rend toujours pas, la Garde meurt en tout cas avec panache.
1 : D’ailleurs cet impayable Lopata, alias Ogryn, fait un petit cameo en début de nouvelle. Le clin d’oeil, c’est toléré, tant que ça ne sombre pas dans l’auto-like.
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The Last Ascension of Dominic Seroff – D. Annandale [40K]:
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INTRIGUE:
Eremus. Une planète poubelle (littéralement) comme l’Imperium en compte quelques centaines, un monde ruche en déréliction avancée n’accueillant que la lie des serviteurs de l’Empereur. Parmi ces derniers, nous faisons la connaissance d’un couple de vieilles canailles, le Seigneur Commissaire Dominic Seroff et l’Inquisitrice Ingrid Schenk, unis par une détestation commune et sincère envers l’irréprochable Yarrick, responsable de la disgrâce de nos deux larrons. Dom’ a en effet eu la mauvaise idée de ne pas sentir le vent tourner autour du gouverneur Herman von Strab lorsque Ghazghkull, tel le facteur (X) qu’il est au fond de lui même, est venu sonner pour la deuxième fois à la porte d’Armageddon, et a gagné le droit de superviser le recrutement des forces armées d’Eremus (dont la valeur et le mérite approche celles de notre Burkina Faso) pour sa peine. Schenk a quant à elle été prise la main dans le sac à expérimenter avec une souche de la Peste de l’Incroyance dans la banlieue de Molossus et des conditions pas vraiment cliniques, par l’intraitable Commissaire, qui s’est découvert des prérogatives policières sur ce coup1, et a bouté la Ressuscitationniste hors de son laboratoire à ciel ouvert (façon de parler pour un monde ruche), direction Eremus également.
Alors que nos crapules portent un toast à la mauvaise santé de leur Némésis, en regardant les épaves recrachées par le point de Mandeville le plus proche s’écraser sur les spires décaties de leur planète d’adoption, ce qui passe pour un dîner aux chandelles sur Eremus j’imagine, une explosion particulièrement féroce vient rompre leur train train habituel. Désabusés mais toujours prêts à faire leur devoir, Seroff et Schenk ne sont pas longs à prendre la direction de l’impact, qu’ils trouvent sujet à un émoi compréhensible mais très exagéré de la part des voisins, qui ont mis le feu au quartier dans leur panique et se comportent de manière très étrange. Ayant fait prisonnier un citoyen qui passait dans le coin, le Commissaire et l’Inquisitrice ont la surprise de le voir se changer en fleur de manière peu ragoûtante, puis en cendres de manière spontanée, sous leurs yeux incrédules. « Ce n’est certes pas un rhume des foins » étant le seul diagnostic que la docte Schenk est capable de poser suite à ce cas de biodégradation subit, décision est prise de retourner sur les lieux du crash, et d’installer le cordon sanitaire qui semble s’imposer à proximité de ce dernier.
Protégée par son scaphandre inquisitorial, Schenk arrive à approcher l’épicentre du problème d’assez près pour se rendre que ce n’est pas non plus la rhinite allergique qui est à blâmer sur ce théâtre, les diverses mutations affectant les quidams n’ayant pas eu l’intelligence d’aller voir ailleurs si l’Empereur y était ayant rapidement raison des nerfs de son escorte de Gardes Impériaux, tout comme de ses velléités d’étudier de plus près cette étrange épidémie, dans le but initial et avoué de regagner la faveur de sa hiérarchie. Optant pour une application stratégique et immédiate du principe de précaution, Schenk se dirige donc aussi vite que sa chaudronnerie lui permet vers le piquet tenu par son compère, ce qui lui laisse largement assez de temps pour constater que la maladie, en plus d’être une zoonose indéniable, semble également avoir des propriétés naonoses, ce qui est à la fois tout à fait remarquable et terrifiant. En effet, ce sont bientôt des quartiers entiers d’Eremus qui commencent à muter, rendant la tenue d’un cordon sanitaire efficace aussi vaine qu’illusoire. Ayant opté pour la sécurité toute relative de leur HLM de fonction, Seroff et Schenke croient leur dernière heure arrivée lorsque leur loft décide d’embrasser une carrière de sauteur en hauteur, guère concluante il faut le reconnaître (en même temps, la coordination musculaire est complexe quand on est une tour de plastacier de 50 étages), et rapidement interrompue. Miraculeusement épargnés par l’effondrement consécutif à cette monumentale crise d’épilepsie, nos héros se réveillent dans la soute d’un vaisseau, où les attendait, avec la bonhommie légendaire qu’on lui connaît…
iSpoiler…Typhus en personne. Le patron du Terminus Est n’a en effet pas digéré, et sans doute donc vomi, puis ré-ingéré, l’utilisation déloyale que Schenk a fait de sa peste de l’incroyance, soumise à copyright opera galaxii, comme toutes ses autres créations, et est venu sur Eremus pour régler l’affaire à l’amiante (c’est mieux qu’à l’amiable). Voulant faire les choses bien, il s’est fendu d’une nouvelle infestation, dont Schenk et Seroff ont pu constater l’efficacité et l’inventivité au cours des dernières heures, dans le seul but de prouver à la malotrue qu’il est toujours la bosse du game. Ayant amplement démontré le bien-fondé de sa cause, il termine en ôtant à ses hôtes la gracieuse et graisseuse immunité dont il les avait fait bénéficier jusqu’ici, avec des effets rapides et indésirables pour la pauvre Ingrid. Et Dominic, me direz-vous ? Comment se termine sa dernière ascension (c’est son histoire après tout) ? Eh bien, tout aussi mal, mais pour des raisons bien différentes, notre Seigneur Commissaire décédant d’une hypertrophie astragalaire (la maladie des chevilles gonflées) subite en réalisant qu’il n’était que le side-kick de la nouvelle. Vanité, tout n’est que vanité.Fin du spoiler
1 : J’ai un peu de mal à comprendre comment un Commissaire, fut-il aussi célèbre et influent que Seb la Pince, a pu avoir gain de cause contre un Inquisiteur chevronné rosetté, dont la mission suppose qu’il soit au-dessus de toute autorité, Pépé mis à part. Comme Annandale a consacré une abondante littérature à Yarrick, laissons-lui le bénéfice d’une explication crédible mais non décrite dans The Last Ascension…
AVIS:
Située en plein cœur de l’Annandal-ivers, The Last Ascension… permet à son auteur de convoquer deux des figures du fluff avec lesquelles les pontes de la BL l’ont autorisé à jouer, dans un cross-over par antagonistes interposés (je me comprends, peut-être que vous aussi), qui s’avère être davantage un délire personnel d’Annandale qu’une soumission intéressante à un recueil de nouvelles d’horreur. On peut ainsi reprocher à David son approche finalement très basique et peu inspirée des codes de l’épouvante, dont l’intégration à l’intrigue est aussi naturelle et appropriée que celle de navets dans une tarte aux fraises, pour tirer une comparaison culinaire. En faisant de l’horreur le vecteur de la peste qui frappe Eremus, Annandale répond certes au cahier des charges qui lui a été soumis, mais aux dépends de la cohérence et de la dynamique de son intrigue, qui était pourtant assez bien partie jusqu’ici.
Comme souvent avec la prose de notre ami canadien, une bonne et généreuse idée de base finit par s’effondrer sous le poids de sa propre kioulitude, fragilisée qu’elle est par l’incapacité de l’auteur à apporter des réponses satisfaisantes aux questions qu’un développement incontrôlé ne manque pas de générer. Ici, c’est donc la manière dont la peste se répand d’un hôte à l’autre qui fait débat, Annandale théorisant que c’est l’horreur générée par la vision des mutations qui propage l’infection. OK. Mais comment le patient zéro a-t-il attrapé cette vilaine grippe, si tout ce qu’il y avait à voir initialement était les ruines d’un crash aérien (un spectacle très commun sur Eremus) ? Et comment diable expliquer de manière un tant soit peu robuste que l’infestation puisse se propager à des bâtiments1 ? Bref, une soumission encore trop limitée pour prétendre à autre chose qu’à l’habituelle mention passable pour le sieur Annandale. De mauvaise augure quand on sait que la BL lui a demandé de participer à l’écriture du récit collectif The Wicked and the Damned en ouverture de la gamme Warhammer Horror.
1 : Vous l’attendiez tous, par un magnifique TGCMLC (It’s the Chaos, stupid). Ça faisait longtemps tiens.
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Triggers – P. Kane [40K]:
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INTRIGUE:
Le gouverneur du monde minier d’Aranium (ça ne s’invente pas), Tobias Grail, traverse une mauvaise passe. Alors qu’il jouissait paisiblement et profitablement des avantages conférés par son affectation à la tête de cette productive planète, en récompense d’une carrière distinguée au sein de la Garde Impériale, Grail est devenu la proie de rêves inquiétants, dans lesquels il a le pressentiment que quelqu’un cherche à lui dérober sa fortune. Une position telle que la sienne ne lui laissant pas le loisir de prendre quelques jours de RTT pour s’aérer la tête, notre héros prend donc sur lui et s’emploie à donner le change comme si de rien n’était, même si ses plus proches collaborateurs – à commencer par son bras droit/garde du corps/homme à tout faire/baby-sitter/ancien camarade de guerre Russart – commencent à remarquer et à s’inquiéter des sautes d’humeur et discours incohérents de leur supérieur.
Malheureusement pour Tobbie, la situation ne va pas en s’améliorant, aux cauchemars venant s’ajouter des hallucinations de plus en plus fréquentes et éprouvantes, dans lesquelles il assiste à des groupes de parole pour mutants et démons (comprendre que ces derniers se contentent de se réunir en cercle autour de lui pour l’encourager à continuer son bon travail, ce qui gonflerait sans doute son estime de lui, s’il n’était pas occupé à souiller son slip). Qu’il s’agisse de visiter un camp de travail une coopérative minière modèle, de superviser sa petite activité de contrebande de biens illicites d’import-export personnelle, ou d’aller aux p- de se détendre après une dure journée de travail au service de l’Imperium, Grail doit faire face à des crises dont l’intensité et la violence vont crescendo. Naturellement rendu un peu chafouin par ces épisodes psychotiques, le gouverneur finit par s’enfermer dans un isolement presque complet, dont seuls la tenue d’un grand bal masqué pour les notables d’Aranium, et l’épisode de paranoïa aigüe dans lequel il sombre après une remarque malheureuse de Russart, le convainquent de rompre. Mais si l’évènement commence sous des auspices favorables et tout à fait normaux, il ne faut pas longtemps avant que Grail n’expérimente le biggest and baddest trip ever, qui l’envoie baguenauder au cœur des Royaumes du Chaos, comme un Marius Hollseher du 41ème millénaire. Fou de terreur, notre héros sonne la fin des festivités, de manière très cavalière et peu protocolaire, il faut le reconnaître, et s’enfuit vers ses quartiers…
Spoiler…où il est rapidement rejoint par le fidèle Russart, qui lui apporte la solution à ses problèmes : une tablette de LARGACTIL 100 mg un tir de laser en pleine poitrine. Grail n’a que le temps de contempler une dernière fois le contenu de son coffre fort personnel, parmi lequel se trouve le médaillon qui lui a été remis en récompense de sa bravoure au combat lors d’une ancienne bataille contre les Orks, et sur lequel il arrive à distinguer la mention Made in PRC (Parasympathomimetic Realms of Chaos) avant que le rideau ne tombe. Exigez la qualité martienne, loyaux sujets de l’Empereur ! De son côté, Russart se révèle être une Callidus en mission, dont l’intervention était nécessaire pour empêcher Grail de livrer, sans doute involontairement, son fief aux Puissances Noires. Just another day in Pépé-dise…Fin du spoiler
AVIS:
Franche déception que ce Triggers (dont le choix de titre continue de m’échapper à ce jour), au vu de l’expérience de son auteur dans l’écriture horrifique. Nul doute que Kane doit être capable d’écrire des textes d’épouvante tout à fait respectables, mais son incursion dans les ténèbres de notre lointain futur s’avère être un acte manqué, la faute à une maîtrise limitée du background et une utilisation pataude de ce dernier. On ne peut pas reprocher à l’auteur d’avoir souhaité terminer sa nouvelle sur un twist final, élément indissociable tant du genre que de la littérature horrifique, mais il aurait été plus inspiré de ne pas se frotter à un concept aussi complexe que le Chaos pour ce galop d’essai, dont l’utilisation satisfaisante requiert un niveau de connaissance du fluff sensiblement supérieur à celui de Mr Kane au moment de l’écriture de Triggers. Non qu’il se vautre dans des contre-sens grossiers, mais son exploitation du thème de la corruption s’avère tellement insipide et contre-intuitive qu’elle dessert in fine son propos. Dans un Imperium d’un million de mondes, une intrigue tout à fait « classique » aurait l’affaire, et sans doute permis à Paul Kane de survivre à l’enfer de 40K de manière plus convaincante. Où sont les éditeurs de la BL quand on a besoin d’eux ?
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A Darksome Place – J. Reynolds [AoS]:
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INTRIGUE:
S’il est toujours compliqué de discuter des couleurs (surtout quand on parle à des figurinistes), l’égout peut-il, lui, être abordé de manière satisfaisante ? C’est en tout cas le postulat de Josh Reynolds, qui entraîne ses lecteurs dans les galeries souterraines de Greywater Fastness, métropole Ghyranite qu’il avait déjà explorée dans Auction of Blood. Une équipe d’égoutiers (underjacks1) sous le commandement du vétéran Tooms, est à la recherche de collègues portés disparus depuis quelques jours, ce qui n’augure rien de bon pour sûr. Alors qu’ils progressent vers la zone où leurs confrères se trouvaient lorsqu’ils ont cessé de donner signe de vie, les agents territoriaux de GF sont confrontés aux aléas classiques du métier, qu’il s’agisse de Troggoth en maraude, d’une infestation de champignons, ou de cadavres de catacombistes amateurs.
Il semble cependant certain que quelque chose de pas très sigmarite se trame dans les profondeurs des canaux, comme l’insinue la multitude de signaux que les Tooms Raiders ne manque pas de remarquer : d’où vient cette odeur de propre ? Pourquoi n’y a-t-il pas de rats ? Comment expliquer la prolifération de cet étrange fungus ? Qui diffuse le mystère des voix bog-lares dans le dédale des canaux ? Ajoutez à cela la disparition régulière et soudaine des membres de la fine équipe, jusqu’à ce que seul l’inébranlable Toto demeure, et vous obtenez un point d’alerte à remonter à la direction dans le rapport circonstancié de mission, pour sûr. Ce ne sont toutefois pas ces menues péripéties qui décourageront notre zélé héros d’aller au fond des choses, dans l’espoir, de plus en plus incertain, de retrouver son mentor – Agert – qui l’attend quelque part dans les profondeurs de Ghyran…
Spoiler…Et pour cause, Tooms finit par tomber sur le pot aux coulemelles – il n’y a pas de roses qui poussent dans les caves, voyons –, une rave party géante où la consommation de champignons est aussi massive qu’inversée (ce sont les fungi qui mangent les humains), sous le haut patronage d’une entité faite entièrement de spores, et sujette à l’adoration béate de ses proies alors même qu’elles succombent à la mycose (ce qui est toujours mieux que de succomber à la sinistrose, avouons-le). Introduit à cette dernière, une certaine Mme A. Larielle, dont nous respecterons les demandes d’anonymat, par son pote Agert, désormais totalement ravagé du bulbe, Mister T parvient à se défaire de la peer pressure et obtient la fermeture temporaire de la salle de spores en l’embrasant d’un jet de lanterne bien placé, avant de partir en rafting vers la civilisation. Cependant, alors qu’il tente désespérément de retrouver le chemin de sa cité bétonnée, il réalise que lui aussi entend désormais Lucy in the Sky lui retourner la tête avec ses délires de tangerine trees et cellophane flowers. Et le pire dans tout ça, c’est qu’il y prend (é)goût…Fin du spoiler
1 : On peut noter la fidélité de Reynolds envers cette noble profession, qu’il avait déjà mise à l’honneur dans une de ses nouvelles dédiées au très saint et très brutal ordre de Manann, Dead Calm.
AVIS:
Beaucoup d’atmosphère, mais finalement peu de contenu de la part de Reynolds dans cet A Darksome Place, son parti-pris de suspens autour des causes de la disparition des égoutiers, et de l’identité et motivations du responsable d’icelle, restant assez nébuleux d’un bout à l’autre du récit. Pour ma part, il a fallu que je me renseigne un peu sur Greywater Fastness pour comprendre les tenants et les aboutissants de la nouvelle, qui contient pour le lecteur averti une mini-révélation fluff assez intéressante. Il est dommage que les efforts consentis par l’auteur pour permettre une révélation spectaculaire à la fin de son récit (lieux oppressants, narration en flashbacks, catchphrase faussement bénigne – it’s a kindness // c’est une faveur – martelée à l’envie) n’accouche que d’une réalité que le lecteur avait sans doute percée à jour de lui-même quelques pages plus tôt, et d’une « bête » confrontation entre le héros et son antagoniste. Même le renoncement du premier, synonyme de victoire du second, à la toute fin de la nouvelle, se trouve affaibli par le peu de doute subsistant quant à l’issue finale de cette dernière. Bref, je m’attendais à mieux, et à « pire » de la part de Reynolds, qui une fois n’est pas coutume, ne tire pas le niveau général de l’anthologie vers le haut. Ca arrive Josh, ça arrive.
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The Marauder Lives – J. C. Stearns [40K]:
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INTRIGUE:
L’interrogatrice Monika a bien mérité de l’Imperium. Capturée et torturée pendant une décennie par l’Archonte Eldar Noir Kelaene Abrahak, aka la Maraudeuse1, après qu’elle ait réussi à attirer les forces de cette dernière sur une position tenue par une petite force inquisitoriale, et non occupée par une foule de réfugiés prêts à la cueillette, comme la Zoneille le pensait, elle a enduré les sévices physiques et psychologiques dispensés par sa cruelle maîtresse jusqu’à regagner enfin sa liberté, précipitant la fin de la Maraudeuse dans l’opération. Souffrant de nombreuses séquelles, dont des troubles de stress post-traumatique aussi compréhensibles qu’handicapants, elle a été placée en rééducation dans la maison de repos St Solangia, tenue par les Ordos sur une île située en plein milieu de la mer cressidienne. Recevant à intervalles réguliers la visite de sa mentor et amie, l’Inquisitrice Deidara, elle fournit à cette dernière de précieuses informations sur la société et la culture des ses anciens bourreaux, en tentant tant bien que mal de retrouver un comportement que le quidam moyen pourrait qualifier de normal.
Il est toutefois difficile pour une rescapée comme Monika de baisser sa garde, ses années de servitude lui ayant appris la valeur d’une méfiance absolue, confinant à de la paranoïa pure et simple pour un observateur extérieur, mais indispensable à la survie d’un résident de Commoragh. D’autant plus que sa maîtresse avait l’habitude de mettre en scène de fausses tentatives d’évasion au « bénéfice » de son animal de compagnie, pendant lesquelles Monika pouvait nourrir l’espoir d’avoir échappé à sa captivité, pour invariablement se rendre compte que cette farceuse de Maraudeuse avait tout organisé, et s’était jouée de ses efforts depuis le début. On comprendra aisément que cet innocent passe-temps ne favorise pas non plus la reprise d’une vie insouciante, car, au fond, qui pourra convaincre Monika que sa « liberté » retrouvée n’est pas la dernière manigance en date de sa tortionnaire, qui serait allée jusqu’à feinter sa propre mort pour convaincre son esclave de la réalité de la chose (après tout, quand on est une immortelle aussi sadique que friquée, on peut se permettre de réaliser ses lubies) ?
Alors qu’un ouragan s’apprête à s’abattre sur St Solangia, coupant l’institut du reste du monde pendant quelques heures, et que les signes d’une activité suspecte et maligne s’accumulent, Monika se retrouve confrontée à une question aux conséquences potentiellement pires que la mort : et si la Maraudeuse était encore à ses trousses ?
1 : Surnom donné à Kelaene par les autorités impériales après qu’elles aient remarqué la tendance de l’Archonte à effectuer des tournées de bienfaisance régulières sur les planètes humaines, où elle se fait un devoir d’offrir aux populations démunies tout le confort physique et spirituel pour lequel les Drukhari sont justement réputés. Des milliers de citoyens impériaux ont ainsi bénéficié d’un placement en centre d’accueil sur Commoragh. Bravo madame.
AVIS:
Quelle plus grande horreur peut-il exister que celle de ne pouvoir faire confiance à son propre jugement ? Vous avez deux heures, le temps de – peut-être – regarder un des classiques1 exploitant le filon de la subjectivité narrative pour faire douter le héros, et avec lui, le spectateur, de ce qu’il v(o)it. Pour ma part, je considère cette approche de l’horreur, pour peu qu’elle soit réussie, comme la plus intéressante et, il faut bien l’avouer, flippante qui soit. Tout l’art du narrateur consiste à ménager les interprétations possibles, de façon à laisser planer un doute sur ce qu’est, au final, la vérité. Et, comme dans toute bonne théorie du complot, c’est encore meilleur si rien n’est laissé formellement tranché à la fin du récit !
Vous l’aurez sans doute compris à ce stade, j’ai adoré The Maraudeur Lives, qui a selon moi parfaitement réussi à se positionner sur le créneau horrifique précédemment décrit. L’absence de balise spoiler dans la partie résumant l’intrigue est une preuve supplémentaire de la maîtrise par Stearns de son propos : il n’y a pour ainsi dire pas de twist final à préserver, car c’est au lecteur de décider en son âme et conscience si Monika a sombré dans une crise de paranoïa aigüe, dont il est impossible de la tirer de manière rationnelle, ou bien si elle est effectivement pourchassée par l’élusive Maraudeuse, et a absolument raison de ne faire confiance à personne. Il est tellement rare d’arriver à des résultats aussi « satisfaisants » à la lecture d’une nouvelle de la Black Library que je me devais de souligner cette performance de l’ami Stearns, et irai même plus loin, en justifiant l’achat du recueil Maledictions (en attendant que The Maraudeur Lives soit disponible à l’unité) sur la seule présence de ce texte au sommaire. Voilà une construction narrative qui mérite d’être étudiée dans les cours d’écriture, et qui viendra récompenser l’opiniâtreté et l’abnégation du lecteur BL, prêt à s’enquiller platitudes sur bof-erie (à ne pas confondre avec la beauferie, c’est très différent) à la recherche d’une des rares pépites que la maison reste capable de publier, de temps à autres. Profitez, profitez donc.
À ce déroulé impeccable vient en outre s’ajouter une « caractérisation » de Monika des plus fouillées et intéressantes, faisant bien comprendre au lecteur la profondeur du traumatisme subi, et en filigrane, les trésors de perversité dont sont capables les Eldars Noirs envers leur prochain. Si vous aviez besoin d’une nouvelle pour comprendre à quel point cette fin de race est infréquentable, c’est également votre jour de chance. Il n’y a qu’à suivre le déroulé d’une journée classique de Monika, depuis son réveil sous son lit (trop dangereux de dormir dedans), jusqu’à ses promenades aux aguets dans le parc de St Solangia, en passant par le contrôle régulier de l’absence d’injections intraveineuses, les caches d’armes improvisées et de nourriture à divers endroits de sa cellule, les repas qui prennent littéralement des heures à force de tests successifs d’innocuité, et l’entraînement rigoureux auquel elle s’astreint pour se maintenir au pic de sa forme, pour se rendre compte que Stearns a vraiment bossé son sujet, et s’avère tout à fait capable d’exploiter les bonnes idées qu’il a. Bref, une nouvelle à déguster et un nom à suivre au cours des mois à venir, si j’en suis seul juge.
1 : Psycho, Shining, Sixième Sens, Les Autres, Funny Games, Shutter Island… La liste est longue.
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The Nothings – Alec Worley [40K]:
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INTRIGUE:
La tranquillité monotone mais heureuse du Berceau, une vallée isolée abritant un village l’étant tout autant, est sur le point de voler en éclats, condamnant les ouailles du Roi Cornu à un destin des plus incertains. Responsables involontaires de cette rupture du statu quo qui perdurait depuis des générations, le jeune chasseur Cade et la scribe rebelle Abigael ont en effet déclenché la colère des Riens (The Nothings), ces mystérieux croquemitaines qui sont réputés hanter les étendues sauvages au delà du Berceau. Pour leur défense, nos tourtereaux n’avaient que peu d’options à leur disposition, l’impertinence et les questions incessantes d’Abigael ayant fini par creuser un fossé infranchissable entre la forte tête et le reste de sa communauté, qui ne se montre guère surprise lorsque l’objectrice de conscience demeure introuvable alors que tous se préparent à la fête de la moisson. Problème, cela ne peut signifier qu’une chose : Abi a pour projet de partir à la découverte du vaste monde, ce qui va à l’encontre des lois les plus sacrées du Roi Cornu, qui retirera sa protection aux habitants du Berceau et les laissera vulnérables aux maléfices des Riens, si un seul de ses fidèles passe les pierres gardiennes délimitant son domaine. Dans le plus grand des calmes, les Bercelais décident donc de partir à la chasse à la gueuse, préférant de loin perdre une brebis galeuse que de risquer l’ire de leur dieu caprin.
Refusant de se rendre coupable du crime que fomentent ses concitoyens, Cade parvient à leur fausser compagnie à son tour, et, tirant profit de ses talents de traqueur, se lance à la poursuite de sa dulcinée. S’il arrive trop tard à la frontière pour dissuader cette dernière de commettre l’irréparable, il a toutefois la joie de la voir réapparaître peu de temps après, brushing défait et toilette dérangée, visiblement poursuivie par un chasseur dissimulé par les hautes herbes marquant le début des terres extérieures (Lands Beyond), et ne pouvant être qu’un Rien ! Ayant pu constater que ses fidèles hachettes de jet ne connaissaient pas leur succès habituel sur ce type de proie, klong métallique à l’appui, Cade cesse rapidement de faire le kéké et se laisse convaincre par Abigael de rejoindre la sécurité du Berceau. Malheureusement pour nos tourtereaux, la malédiction du Roi Cornu est bel et bien sur eux, comme l’explosion soudaine des pierres gardiennes le démontre bientôt. Seule consolation pour les gaffeurs, leur perception du monde extérieur semble se clarifier jusqu’à des niveaux inédits, montée de version certes utile quand on veut gagner des followers Instagram, mais de peu de secours lorsque les monstres des légendes locales viennent prendre de vos nouvelles.
S’en suit un long épisode de fuite éperdue, Cade et Abigael parvenant à trouver une galerie à travers les montagnes, débouchant sur un portail scellé qu’ils arriveront toutefois à ouvrir, sans trop savoir comment, pour au final parvenir une nouvelle fois dans les terres extérieures. N’ayant plus guère le choix que de pousser toujours plus avant, les Riens n’étant jamais très loin derrière eux, les amants maudits poursuivent leur course folle à travers champ (de maïs pour le coup), sans parvenir à distancer leurs poursuivants. En désespoir de cause, Cade se met à prier le Roi Cornu, l’implorant de protéger sa bien-aimée du péril qui les guette… et a la surprise de voir son souhait s’exaucer, par l’intermédiaire de la matérialisation de l’avatar de la divinité, le fameux Faune Follet (Faun Light) – en vrai c’est une grosse biquette verte, mais c’est moins la classe –. Juste le temps de remettre la donzelle aux bons soins de cet Uber bêlant, et Cade, en bon chevalier bouvier servant qu’il est, dégaine sa dernière francisque, Cabrelle1, et se tient prêt à vendre chèrement sa peau alors que les Riens convergent sur sa position…
Spoiler…et se révèlent être, comme le lecteur l’aura certainement deviné, des Sœurs du Silence. Tout s’explique donc à peu près normalement, sauf pour Cade qui, tout à son zèle et à sa terreur – et son mal de crâne persistant, comme vous pouvez l’imaginer – a besoin d’être calmé manu militari par une grande chauve à la chaussure noire2, rendue un peu chafouine par la perte d’une oreille par un Cade nerveux de la hachette. Fort heureusement, l’escouade de Sistas dispose d’une porte-parole toute désignée, sous la forme de leur stagiaire Maia, qui peut brosser au jeune psyker un tableau rapide de la situation.
Ayant réussi à lui faire comprendre qu’il était dans son intérêt, et dans celui de sa chè(v)re et tendre, de coopérer, Maia et ses comparses se lancent à la poursuite de la chèvre de Mr Zuvassin, guidées par un Cade toujours méfiant, mais commençant à réaliser qu’il était le héros d’une nouvelle se passant dans un univers grimdark, et non dans un monde de high fantasy propret et bien famé, où les apparitions miraculeuses de patronus sont à prendre au premier degré. La suite des évènements donne évidemment raison à cette approche pessimiste des choses, l’innocente Blanquette s’étant muée en Ghorgon dans le court laps de temps s’étant écoulé entre la fuite d’Abigael et ses retrouvailles avec son aimé. Se nourrissant de la force psychique de sa protégée, la bestiole se révèle être très dure au mal, et sa capacité à regénérer de ses blessures de manière quasi instantanée, avant de disparaître sans laisser de traces, n’est pas sans poser quelques problèmes aux braves Sistas.
Pressentant que c’est à lui de mettre un point final à cette tragique histoire, Cade s’éclipse discrètement et, guidé par son goat sense, parvient à trouver le pied à terre où Abi et Djali se reposent. Incapable de convaincre la première de la duplicité de la seconde, il décide de prendre le chevreau par les cornes et balance littéralement tout ce qu’il a à la tête de l’imposteur. Son manque d’expérience et de maîtrise lui coûte cependant très cher, même s’il parvient à méchamment méchouiser le démon, qui se fait prestement bannir par une Abigael que le danger couru par Cade a finalement sorti de sa torpeur. Il est malheureusement trop tard pour notre héros, totalement grillé par son coup d’éclat. Ironie terminale pour pâtre sur le point de passer ad patres, il n’est même pas capable de prévenir Abigael du sinistre destin qui l’attend, ainsi que tous les psykers du Berceau, si elle suit les Soeurs du Silence qui viennent d’arriver sur les lieux. Son free ride dans le Warp lui a en effet révélé la manière dont l’Imperium met à profit ce type particulier de mutant, ce qui n’a rien de très sexy, reconnaissons-le. Moralité : (black) ships go to heaven, goats go to hell. Fin du spoiler
1 : Ça veut dire chevreau en occitan. Je marque des points de style.
2 : Je n’invente rien en plus. C’est tout ce qu’il y a de plus canon.
AVIS:
Cette longue nouvelle d’Alec Worley est intéressante à plus d’un titre. On pourra d’abord noter le soin que l’auteur prend de laisser hors de son récit tout élément pouvant le raccrocher de manière formelle et définitive à l’une ou l’autre des franchises de Games Workshop, jusqu’à la révélation qui prend place à la moitié de la nouvelle. Le suspens a ici fait long feu, du fait des balises placées en début de chronique, mais pour un lecteur découvrant The Nothings via Maledictions, la situation n’est clarifiée que tardivement dans l’histoire, ce qui est un parti pris digne d’éloges de mon point de vue. Cela permet en effet de rappeler que l’Imperium de Pépé est inconcevablement vaste, et que sur un nombre significatif de mondes, les connaissances que le Zhobbyisite moyen considère comme tout à fait triviales sur la situation du 41ème millénaire feraient tomber en syncope Mr et Mme Toulemonde. Worley s’amuse également à dépeindre les conséquences, souvent minimes mais parfois rédhibitoires, de l’éloignement et de l’isolement pour des planètes de second ordre, bien souvent laissées pour compte par l’Administratum une fois leur dîme payée. Ici, c’est l’Empereur lui-même qui en fait les frais, une couronne de lauriers mal dessinée et estompée par le temps ayant transformé le Maître de l’Humanité en Bestigor aux yeux des dévots Bercelais, sans que ces derniers soient conscients du terrible blasphème qu’ils commettent à leur insu.
La deuxième partie du récit, plus classique, permet toutefois à l’auteur de traiter quelques thèmes centraux du lore de 40K1, là encore avec une liberté et une fraîcheur de ton qui changent agréablement de l’ordinaire du lecteur de la BL. Même l’inclusion de factions bien connues de ce dernier prend une tournure assez particulière lorsque vu sous le prisme d’un couple de bergers naïfs, et pas d’une escouade de Space Marines ayant potassé leur Codex. À titre personnel, et pour faire le lien avec le thème du recueil dans lequel la nouvelle figure, j’ai apprécié le parti pris grinçant, mais fondé, de Worley sur ce qu’est l’horreur absolue pour le héros de sa soumission. Cade aura en effet de nombreuses opportunités de réévaluer sa position sur le sujet au cours de la nouvelle, et son ultime opinion risquerait fort de faire tiquer les Hauts Seigneurs de Terra, alors que notre chasseur stagiaire avait été un modèle de dévotion (un peu dévoyée il est vrai, mais pas de manière volontaire) à l’Empereur jusqu’à ce point. Que voulez-vous, toutes les vérités ne sont pas bonnes à connaître…
On pourra à la rigueur reprocher à The Nothings sa très (trop) longue séquence de course poursuite centrale, qui aurait gagné à être expédiée plus rapidement, ainsi que quelques WITJH2 commodes d’un point de vue scénaristique, mais assez délicats à justifier dès lors qu’on se penche sur la question. Sans doute un détournement professionnel, sans grande conséquence il faut le reconnaître, de la part de Worley, qui est auteur de comics à la base et connaît donc l’importance d’une narration rythmée. Reste que cette nouvelle demeure une lecture des plus satisfaisantes, qui changera agréablement le briscard de la BL de son ordinaire SF. C’est toujours mieux que… rien (pun intended).
1 : Spoiler Par exemple, pourquoi est-ce une mauvaise idée de laisse ses psykers sans surveillance ? Fin du spoiler
2 : Spoiler Well, It Just Happened qu’un Vaisseau Noir passait à proximité du Berceau au moment où Abigael décidait de se faire jeune fille au pair dans les terres extérieures. Comment expliquer sinon que les Riens se soient abattus sur le Berceau avec une telle rapidité ? Fin du spoiler
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En conclusion, et comme souvent dès que l’on se penche sur un ouvrage collectif, on trouve du bon et du moins bon dans ce Maledictions. Moi qui était de curieux de voir des « spécialistes » du genre opérer, j’ai dû me rendre à l’évidence que les meilleures soumissions provenaient de l’opposé du spectre, c’est à dire des auteurs récurrents et « généralistes » de la BL, ayant pour certains démontrés un talent indéniable à l’usage des codes horrifiques (Stears, McLean, Worley, Werner). À ce premier constat, il convient d’ajouter que c’est plutôt la « jeune garde » de la Black Library qui tire le mieux son épingle du jeu, les nouvelles de McNeill, Annandale et Reynolds n’étant pas les plus réussies du lot, pour autant que je puisse en juger.
Quoiqu’il en soit, et à quelques exceptions près (The Predation of the Eagle et The Maraudeur Lives, si j’en suis seul juge), le lecteur qui souhaite donner sa chance à la collection Warhammer Horror serait bien inspiré de ne pas s’attendre à des textes véritablement dérangeants, ni très différents d’une anthologie de courts formats Black Library non thématique. Comme dit en introduction, la nature intrinsèquement sombre et gothique des univers de Games Workshop (40K plus qu’AoS ceci dit, ce qui explique peut-être pourquoi le rapport de force est de 7 pour 4 en faveur des soumissions futuriste dans ce recueil) a toujours autorisé les auteurs qui le souhaitaient à flirter avec l’horreur, et certaines nouvelles publiées au cours des quelques trois décennies précédant la sortie de cet opus – eh oui, le temps file – s’avèrent être bien plus angoissantes que la présente collection. À titre personnel, je salue néanmoins la prise de risque de la Black Library, et suivrai avec attention les développements apportés à cette gamme nouvelle née, en espérant que Nottingham se donne (pour changer) les moyens de ses ambitions. À la prochaine !