Archives du blog

WHAT PRICE VICTORY [40K]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette critique de ‘What Price Victory’, anthologie de nouvelles se déroulant dans les ténèbres d’un lointain futur, et publiée dans celles d’un lointain passé (2004, c’est dire). Ayant terminé peu de temps auparavant la revue de ‘Bringers of Death’, que l’on peut considérer à bien des égards comme le jumeau du présent opus, je me suis dit qu’il serait opportun de passer son prédécesseur immédiat sur le grill de la critique, afin de permettre une comparaison entre les deux derniers ouvrages de courts formats 40K de la première époque infernale! de la Black Library. On peut déjà reconnaître à ‘What Price Victory’ une couverture plus réussie que celle de son successeur, ce qui, compte tenu de la posture discutable du Space Marines du Chaos mis au premier plan, dit quelque chose du niveau de la compétition. Je vous laisse seuls juges.

Comme dit plus haut, c’est Inferno! qui fournit l’essentiel des nouvelles placées au sommaire de ce court recueil (250 pages), cinq des histoires publiées ici l’ayant déjà été entre Mars 2003 et Mars 2004 dans le bimensuel de la BL. Il revient à Dan Abnett et à Simon Spurrier d’apporter un peu de nouveauté à la tambouille, le premier avec une aventure inédite de l’Inquisiteur Ravenor (& Friends), le second avec un novella tout aussi inquisitrice. Pour le reste, on retrouve au casting bon nombre de noms familiers de l’habitué de la GW-Fiction, même si certains (Swallow, Hinks) faisaient ici leurs débuts dans la carrière. ‘What Price Victory’ est-il un classique oublié du catalogue de la Black Library, ou une brique dans le mur des lamentations d’icelle? Voyons cela de plus près…

.

Thorn Wishes Talon – D. Abnett :

INTRIGUE :

Thorn Wishes TalonPar une sombre nuit d’orage, un petit groupe de mystérieux individus débarque sur la planète Malinter, et prend la direction d’une tour en ruines où un rendez-vous a été fixé avec une tierce partie anonyme. Voilà qui est bien brumeux, voire fumeux, vous en conviendrez. Sur le chemin, les marcheurs sont attaqués par 6/7 hostiles, donnant l’occasion à Abnett de présenter ses protagonistes de façon convenable. À tout seigneur container, tout honneur, commençons par le meneur de la bande, l’Inquisiteur Gideon Ravenor, puissant Psyker réduit à l’état de loque humaine lors d’un attentat chaotique il y a bien longtemps, et confiné dans un fauteuil flottant énergétique depuis lors. Il a amené avec lui quelques copains pour lui servir de garde de la carrosserie : l’Interrogateur Carl Thonius, incarnation parfaite du hacker nerd passant la moitié de son temps à se plaindre, et l’autre à balancer des vannes caustiques, les hommes et femmes de main Harlon Nayl, Kara Swole et Zeph Mathuin, et la télékine Patience Kys. Seul Gigi sait ce qui les attend sur Malinter, et il refuse obstinément de s’en ouvrir à ses collaborateurs, même après que cette première embuscade, prélude à de nombreuses autres, se soit terminée en faveur des visiteurs (grâce à la combo mortellement efficace lévitation forcée + canon d’assaut rotatif).

La progression de nos héros devient de plus en plus difficile au fur et à mesure qu’ils s’approchent du sommet de la tour, des hordes des cultistes chaotiques se mettant en travers de leur route dans le but d’empêcher la rencontre de haut niveau (à tout point de vue) de se produire. Laissant Thonius, Nayl et Mathuin retenir la plèbe et échanger des blagounettes, ce Dom Juan de Ravenor entraîne Kys et Swole à sa suite jusqu’au rooftop du gratte ciel, où les attend ce bon vieux Gregor Eisenhorn, mentor de Gideon et ex-employeur de Kara. Disparu de la circulation depuis des lustres, et présumé mort ou radical par l’Imperium (voir la trilogie ‘Eisenhorn’ d’Abnett à ce sujet), Greg le Grabataire est toujours actif dans le game et déterminé à s’opposer au Chaos par tous les moyens nécessaires, y compris en retournant ses armes et méthodes contre lui. Le seul équipier conservé par Eisenhorn dans sa lutte contre l’anarchie galactique est ainsi le possédé Cherubael, qui lui sert de gros bras mais également d’auxiliaire de vie (dur de monter en haut d’une tour de 500 mètres – sans ascenseur – quand on est invalide à 93%1). Ces retrouvailles émouvantes entre les deux invalides tournent rapidement à la réunion professionnelle, Eisenhorn ayant voulu prévenir son disciple de l’intérêt que lui portent les membres de la Divine Fraternité, un culte chaotique spécialisé dans les catastrophes à venir. D’après leurs dernières (pré)visions, Ravenor, ou quelqu’un de son entourage, jouera un rôle décisif dans l’incarnation du démon Sliite dans notre dimension, ce qui aura évidemment des conséquences néfastes pour l’Imperium. Une barquette avertie en valant deux, Eisenhorn tenait à faire passer le message à son ancien Interrogateur, qui décide naturellement de… continuer ses investigations sur Eustis Majoris, précisément là où le démon fera son entrée dans le Matérium. Mais attention, en faisant attention.

Un peu plus bas, le Supreme NTM (Nayl, Thonius & Mathuin) a bien du mal à gérer le Dreadnought que les cultistes ont fait venir en renfort. Ils parviennent cependant à le retenir suffisamment longtemps avec leurs grenades krak (un peu) et chamailleries (surtout) pour que les Inquisiteurs se traînent enfin à leur niveau, leur conciliabule achevé, et règlent son compte à la menaçante machine. Le reste n’est qu’une formalité, et après un joyeux massacre de chaoteux et un salut au club des anciens (Nayl et Swole ayant commencé par servir Gregor avant de rejoindre Gideon), Ravenor et Eisenhorn se séparent à nouveau, peut-être pour la dernière fois. La suite sera racontée dans ‘Ravenor Returned’, le deuxième tome de la trilogie consacrée par Abnett au Stephen Hawkins du 41ème millénaire.

1 : Ce qui pose la question : pourquoi Eisenhorn a-t-il donné rendez-vous à son pupille, à la mobilité également réduite, dans un endroit aussi difficile à atteindre ? Autrement que pour le côté grandiose, s’entend ?

AVIS :

Abnett trouve un prétexte assez quelconque pour réunifier le temps d’une nouvelle la team GG de l’Inquisition, et on peut lui en être gré. Il est clair à la lecture de ‘Thorn Wishes Talon’ que l’équilibre des forces penche en faveur de Ravenor (dont la saga était en cours d’écriture au moment de la première publication de cette nouvelle), Eisenhorn en étant réduit à faire un cameo plutôt qu’à participer réellement à l’intrigue. En ce sens, cette nouvelle donnera sans doute plus envie au lecteur de se pencher sur les aventures de Gideon le gai luron plutôt que sur celles de Gregor Trompe-la-Mort, même si les deux séries méritent définitivement la lecture. On prend plaisir à voir opérer une équipe d’agents de l’Inquisition, constituée d’individus au caractère bien trempé et aux compétences uniques, ce qui donne un cocktail savamment mixé d’action et de punchlines, saupoudré par quelques éléments de fluff dignes d’intérêt, dans le plus pur style d’Abnett. Je place ‘Thorn Wishes Talon’ en dessous des histoires policières/roman noir (‘Missing in Action’‘Backcloth for a Coin Additional’) et détaillant l’origine/la destinée de personnages secondaires importants des travaux inquisitoriaux de Dan Abnett (‘Playing Patience’‘The Strange Demise of Titus Endor’), mais vous pouvez tout de même y aller les yeux fermés (ou pas, c’est tout de même plus pratique pour lire un texte).

.

Forever Loyal – M. Scanlon :

INTRIGUE :

Arvus Drel, (clerc de) notaire de bas étage dans l’administration planétaire de l’illustrement inconnue Bajoris IV, a trouvé un plan infaillible pour sortir de la misère et de l’anonymat auxquels sa basse extraction et son absence d’entregent l’ont jusqu’ici condamné. Ayant déterré dans les archives dans lesquelles il officie un antique parchemin écrit de la main du sage Terodotus (en personne), il a redécouvert la civilisation des Neand, qui était tombé dans elle-même (à un -d/-t près) depuis des siècles et est aujourd’hui complètement ignorée des placides et incultes Bajorisiens. Pour la défense de ces derniers, les Neand ne résidaient pas sur la planète même, mais sur la lune de cette dernière, la bien nommée Hell’s Marsh (en rapport avec sa pittoresque et complète couverture marécageuse), sur laquelle ils ont régné pendant un demi-millénaire depuis leur prodigieuse cité-temple, avant qu’un grand malheur ne le frappe et que leur civilisation s’éteigne en l’espace d’une funeste nuit, dixit le mélodramatique Terreau d’Otus. Disposant d’indications lui permettant de retrouver les ruines de la cité, et persuadé que cette dernière regorge d’archeotech qui lui permettront de mener sa meilleure vie une fois pillés récupérés et vendus au plus offrant, Arvus piaffe d’impatience à l’idée de partir en lune inconnue, mais a tout de même l’intelligence de recruter une escorte auprès des Forces de Défense Planétaire avant de décoller, en falsifiant un tout petit peu les documents officiels pour convaincre un officier peu regardant de lui accorder des gardes du corps. Notre escroc de héros se rend compte un peu tard que son interlocuteur est un peu trop heureux d’accéder à sa requête, et comprend pourquoi lorsqu’il réalise que ses protecteurs seront des frustes Volgars, enrôlés de force dans l’armée planétaire en remboursement des dettes que ces arriérés ont omis de payer au Gouverneur. Mené par l’énorme et teigneux Sergent Jarl, le peloton qui accompagne Arvus faire trempette dans le bayou ne paie pas de mine, mais c’est toujours mieux que rien.

Les espoirs de l’ambitieux notaire de faire main basse sans coup férir sur les trésors perdus des Neand sont rapidement douchés lorsque les randonneurs des marécages tombent dans une embuscade tendue par des humanoïdes de métal, aussi appelés Necrons par les sachants. Ayant perdu 15 hommes pour venir à bout d’à peine six Terminators, Jarl exige d’en savoir un peu plus sur la mission sous peine de déserter, et Arvus est obligé de lui révéler que la légende parle bien de gardiens métalliques patrouillant le territoire des anciens Neand. Cette légère omission étant compensée par la promesse de couvrir d’or ses protecteurs, et, plus importants aux yeux de ces derniers, leur redonner leur liberté, Arvus parvint après quelques minutes de flottement à remotiver ses troupes et à leur faire reprendre la route.

On s’en doute, cet optimisme béat/cupidité aveugle ne pèsent pas lourd face à la détermination butée des Necrons à garder leur marais carré. La programmation des matons de métal a beau être digne d’un jeu Atari 2600 (chacun patrouille sa section des remparts, et se contrefout bien de ce qui arrive aux copains), et les pillards disposer d’assez de grenades pour réaliser un attentat à la brouette piégée digne de ce nom, les vagues de Guerriers Necrons finissent par réduire notre fine équipe à sa portion congrue et ses personnages nommés, puis juste à Arvus, après qu’il ait composé par un gros coup de bol le code donnant accès à la salle du coffre de la cité temple, laissant Jarl à la porte s’expliquer avec les concierges.

Avant de mourir de soif et de faim dans sa panic room d’emprunt, Arvus a le temps de percer à jour les mystères de la chute des Neand, grâce aux inscriptions gravées sur les murs de la salle. Il s’avère que la cité-temple n’a pas été bâtie par la tribu, mais trouvée par cette dernière au milieu des marais, et rapidement colonisée par les opportunistes. À l’origine, elle était peuplée par une race d’hommes-lézards ayant eu la mauvaise idée d’accepter la proposition du Deceiver (représenté en statue dans la pièce, avec son fameux sourire ultra bright) de le vénérer en échange d’un accès aux technologies C’tan. La seule exigence de Dédé était que son peuple d’adoption « montre de la force en toute chose », aussi fut il très déçu (façon de parler) lorsque ses protégés utilisèrent au moment de leur décadence le bouton magique « appuyer ici en cas de gros problème » qu’il avait innocemment laissé derrière lui. Contrairement à ce qu’espéraient les batraciens démunis, aucune aide ne leur fut apportée, car seuls les Necrons répondirent à l’appel et les exterminèrent rapidement. Quelques millénaires plus tard, ce furent les Neand qui goutèrent au remède de cheval de ce fourbe de D6 Veur, suite à quoi les hommes de métal décidèrent de continuer à squatter les lieux, et d’exterminer tous les pillards en puissance jusqu’à ce qu’une nouvelle race vienne tenter sa chance à « qui perd perd », le jeu favori de Mephet’ran. La nouvelle se termine avec le déverrouillage de la porte de la salle où le cadavre d’Arvus pourrit tranquillement (quand on fait des siestes de 65 millions d’années, obtenir un rdv avec un serrurier compétent peut prendre un peu de temps), et le largage de ce dernier dans le tout à l’égout de la cité. Il faut bien faire les poussières de temps en temps.

AVIS :

Mitchel Scanlon nous sert une histoire très classique d’exploration de nécropole Necron par une petite bande d’impériaux totalement dépassée par le cours des événements, et prévisiblement massacrée par les locaux une fois ces derniers réveillés. La seule variation que ‘Forever Loyal’ apporte au tableau est le décor marécageux dans lequel la nouvelle se déroule, ce qui ne gagnera pas à Scanlon le prix de l’originalité, je gage. Cette soumission aurait pu valoir la peine si l’auteur avait un peu plus creusé la veine background, exploitée de façon assez obscure (ce sont des Slanns qui vénéraient le Deceiver à la base ?) et limitée en fin de récit, mais comme Scanlon a préféré mettre ses œufs dans le panier de l’action insipide et convenue, on peut sans regret reléguer ‘Forever Loyal’ dans le tas des nouvelles bof de la BL, pour au moins quelques millions d’années.

.

Elucidium – S. Spurrier :

INTRIGUE :

Sur le monde ruche de Garial-Fall, le Culte Genestealers de la Matrice Céleste végète gentiment sous le dôme de la Ruche Primus et grâce/à cause du leadership prudent de ses Magii. La succursale de la secte implantée dans la Ruche Secundus de la planète ayant été purgée par l’Inquisition il y a quelques années, l’aversion au risque des pontifes du Culte est compréhensible, mais ne fait pas l’unanimité parmi les fidèles. Allant à l’encontre de la vision long termiste de l’Archimagus Jezahael, le Magus Primacii Kreista, seul survivant de la cellule Secundus, a contacté l’Elucidium, une mystérieuse organisation au service de la Grande Mère (le petit nom donné par les locaux aux Tyranides) et envoyant ses agents assister les Cultes dans l’accomplissement de leurs funestes desseins et ainsi accélérer la venue des funestes essaims. À la surprise générale, à commencer par celle du maelignaci (hybride) G’hait, assistant personnel de Kreista et dépêché par ce dernier pour accueillir son invité de marque à sa sortie du spatioport, Ebrehem Arkannis, envoyé spécial de l’Elucidium, se révèle être un Cardinal de l’Ecclésiarchie…

AVIS :

Si le résumé proposé ci-dessus de la novella de Simon Spurrier (94 pages tout de même) est si court et se termine si tôt dans l’exposition de l’intrigue, c’est tout simplement que j’ai jugé qu’il ne serait pas acceptable de gâcher cette expérience de lecture à l’amateur de GW-Fiction en éventant le suspens que Spurrier réussit à insuffler à son récit. Pour les mêmes raisons de « préservation » de l’objet littéraire dont il est ici question, je ne pourrai pas longuement détailler les forces (et elles sont nombreuses) de cet ‘Elucidium’, et me contenterai donc de dire que ce dernier occupe confortablement une place dans mon Top 3 des meilleurs courts formats de 40K (et Top 10 de la GW-Fiction). Spurrier donne ses lettres de noblesse au grimdark avec un récit poignant, brutal, complexe et peu avare en fluff et en lore1, que je conseille évidemment aux fidèles de la Grande Dévoreuse, mais également à tous les amateurs de littérature 40K en général. L’Empereur sait que vous avez assez souffert dans vos pérégrinations BLesques, et dans son infinie mansuétude, a envoyé Simon Spurrier signer une masterclass et rappeler à l’humanité que dans les ténèbres du 41ème millénaire, il y a tout ce qu’il faut pour écrire des sacrés bonnes histoires…

1 : Je fais la distinction entre le fluff, qui couvre les petits détails de background dignes d’être relevés dans les publications de la BL, et le lore, souvent plus diffus et moins « isolable » que ce dernier, et à la vocation plus globale et universelle. Ca vaut ce que ça vaut et je ne prétends pas que mon interprétation soit canon, mais je trouve qu’elle permet de différencier deux types d’information de background assez particulières.

.

Calculus Logi – D. Hinks :

INTRIGUE :

40K_Calculus LogiDepuis que leur vaisseau s’est écrasé à la surface de Belisarius IV, planète désertique à la température peu clémente, les journées du Calculus Logi Regulus et de ses compagnons d’infortune (Amaryllis, Hasan, Rabanus et Valens), sont d’une périlleuse monotonie. Lorsque le soleil est à son zénith, la température au sol est en effet tellement élevée que les gigantesques prédateurs tunneliers qui chassent sous la surface de la planète (pensez aux vers des sable de ‘Dune’, mais en plus moche) se retrouvent cantonnés aux profondeurs, laissant quelques minutes (7’42’’ exactement, comme le très précis Regulus l’a établi) aux survivants pour faire l’aller-retour entre la caverne où ils se sont réfugiés et les débris les plus proches de leur embarcation, qui contiennent de précieuses réserves d’eau. Les jambes à piston de Reg’ lui permettent de survoler cet exercice avec aisance, mais ce n’est pas le cas de ses lourdauds et organiques camarades, et à chaque nouvelle course poursuite, un naufragé finit dans la/les gueule(s) du monstre qui a pris la petite troupe en grippe.

Si Regulus vit plutôt bien ces éliminatoires quotidiens, certain qu’il est d’être le plus rapide de la bande et de toujours pouvoir rentrer à temps au bercail, le reste de sa fine équipe (tout les autres sauf Rabanus, dévoré pendant que vous lisiez les phrases précédentes1), n’est pas aussi chill que l’adepte du Mechanicus, à commencer par la vivace – elle finit toujours seconde – Amaryllis, qui souhaiterait convaincre les boyz de pousser jusqu’au gros de l’épave, situé plus loin que le morceau qu’ils visitent quotidiennement, qui leur offrirait un abri ainsi que des chances de survies plus élevées. Cependant, les simulations de Regulus sont formelles : les performances athlétiques de ses running partners ne sont pas suffisantes pour leur permettre de rallier cet objectif, et ils finiraient tous (sauf lui, évidemment) croqués par le monstre dans la tentative, comme Hasan et Valens il y a quinze secondes de cela (quelle idée aussi de se taper dessus pour une histoire de croche-patte quand on se trouve à découvert…). Il ne reste donc plus à ce stade que notre cyborg buté et sa première dauphine, bien décidée à lui crier dessus jusqu’à ce qu’il révise sa position et accepte de rallonger le parcours.

Il faut croire qu’Amaryllis peut être vraiment ch*ante quand elle s’y met, car après une journée de franche prise de tête, Regulus finit par jeter l’éponge, et consentir à trotter jusqu’à la deuxième base, même s’il prévient à nouveau sa camarade qu’il est mathématiquement impossible qu’elle parvienne à bon port, d’après ses infaillibles projections…

Début spoiler…Mais l’erreur de l’intègre Regulus aura été de ne pas considérer qu’Amaryllis pouvait tricher pour arriver à ses fins. Aussi est-il très surpris lorsque sa fourbe poursuivante lui balance un silex aiguisé dans ses guiboles à ressort, ruinant ses jantes alu mais surtout endommageant gravement cette mécanique de précision, et le laissant donc en rade au milieu de nulle part pendant qu’Amaryllis est libre de poursuivre son sprint. Comme cette dernière l’a bien compris, l’essentiel ne pas de courir plus vite que le monstre, mais plus vite que Regulus, dont le gobage par la taupe géante de Belisarius IV lui donnera suffisamment de temps pour arriver à bon port. Rien ne sert de courir… enfin si un peu quand même, mais vous voyez l’idée.Fin spoiler

1 : Il fallait être plus rapide (et ça s’applique aussi à lui).

AVIS :

Petite nouvelle ma foi fort sympathique de la part de Darius Hinks, autant par l’hommage qu’elle rend, au moins en termes de décor, à une œuvre majeure de la science-fiction moderne, que par la complexité du personnage de Regulus (à la fois protecteur et dévoué mais également froid et arrogant), ou encore son twist final bien senti (et d’autant plus efficace que la narration à la première personne rend la mort de Regulus moins prévisible que si l’histoire avait racontée depuis un point de vue externe). Travail propre et efficace de la part de celui qui, en Mars 2004, n’était encore qu’un nouveau contributeur de la Black Library, et qui démontre ainsi de quoi il est capable lorsqu’il s’en donne les moyens. Dommage que sa motivation se soit révélée fluctuante dans les années qui suivirent…

.

Crimson Night – J. Swallow :

INTRIGUE :

Crimson NightDéployé sur le monde désertique de Merron avec le reste de la 3ème Compagnie des Doom Eagles, le Sergent Tarikus se retrouve au cœur d’un imbroglio diplomatique entre les nouveaux arrivants et ceux dont ils viennent prendre la place : la 4ème Compagnie des tristement célèbres Flesh Tearers du Capitaine Gorn. En plus des vieilles rancœurs opposant les deux Chapitres, qui ont servi ensemble sur un théâtre d’opérations où la sauvagerie des Flesh Tearers attira l’attention de l’Inquisition, le comportement suspect de la population locale en présence des Astartes, relevant davantage de la terreur abjecte que de la déférence habituelle, fait bientôt suspecter au sagace Tarikus que Merron dissimule un lourd secret. Chargé par son supérieur, le Capitaine Consultus, de tirer discrètement les choses au clair avant que les descendants de Sanguinius ne quittent les lieux, notre héros ne met pas longtemps à trouver un cadavre exsangue, et portant un éclat de céramite pourpre dans la blessure causée par la paille en fer qui l’a vidé de son sang (c’est pas moi qui le dit, c’est Swallow). Voilà qui fait deux solides indices incriminant les Flesh Tearers, dont la sanguinaire réputation n’est plus à faire, même chez les pragmatiques et formels (ils adorent faire des rapports) Doom Eagles. Ce n’est toutefois pas assez pour convaincre le consensuel Consultus de déclencher un incident diplomatique, et Tarikus et ses hommes en sont quitte pour se remettre en chasse de preuves indubitables de la responsabilité de leurs collègues dans les disparitions qui frappent les Merrons depuis plusieurs mois.

Leurs investigations les mènent dans les égouts de la capitale, où après un accrochage avec des rats laissant deux de ses hommes gravement blessés (dont un par un tir de bolter d’un de ses camarades… c’est pas moi qui le dit, C’EST SWALLOW), Tarikus doit continuer la mission seul et sans armure, le conduit menant jusqu’à la zone ayant affolé l’auspex de l’escouade étant trop étroit pour ses épaulières surdimensionnées. Ce n’est toutefois pas ça qui arrête notre farouche héros1, qui finit par arriver dans une salle remplie de cages où les prisonniers du croquemitaine local sont parqués, comme autant de packs de bière dans un frigo. Le Raide (le nom donné par les Merrons à leur Némésis) ne l’entend cependant pas de cette oreille, et se rue sur le Sergent naturiste dès que ce dernier pose l’orteil dans son repaire. Si les suspicions de Tarikus se révèlent exactes, ce n’est pas son slip de céramite qui va lui permettre de sortir victorieux de ce combat…

Début spoiler 1…Mais heureusement pour Tarik, il ne fait pas face à un Flesh Tearers consumé par la Rage Noire, mais à un cosplayeur chaotique, dont la fausse armure énergétique se fait rapidement enfoncer par les mandales sur vitaminées du meilleur de l’Empereur (ce qui ne l’empêche pas de se faire désarmer en deux secondes au début du combat, pour garder un peu de suspens je gage). Il s’agissait d’une manigance d’Axel Raide pour faire porter le chapeau aux Flesh Tearers, parce que… voilà2, et une fois le faquin mis hors d’état de nuire, l’ordre peut à nouveau régner sur Merron, et les Fleshy Bois partir en paix, lavés de tout soupçon.

Début spoiler 2…Ou pas tout à fait en fait, car quelques cadavres retrouvés après leur départ arborent des plaies incompatibles avec le mode opératoire du Raide, faisant repasser les Flesh Tearers sur la liste des suspects. Mais après tout, qu’est-ce qui nous prouve qu’un Chapitre s’appellant les déchireurs de chair soit d’une quelconque façon impliqué dans des meurtres où les victimes ont été déchiquetées par des mâchoires humaines, hein? Absolument rien, bien sûr.Fin spoiler

1 : Qui s’étale tout de même de tout son long dans la m*rde au passage. Une péripétie peu glorieuse, mais que Swallow a décidé non seulement d’inclure dans son récit, mais également de placer au tout début de la nouvelle, en guise d’introduction au personnage héroïque qu’est le Sergent Tarikus. En guise de consolation pour ce dernier, Swallow semble prendre un malin plaisir à envoyer au sol les Doom Eagles qu’il met en scène, comme ‘Relics’ le montre.
2 : Sans rire, Swallow n’explique ni comment un seul psychopathe épais comme une bicyclette est arrivé à faire des dizaines de victimes dans une ville gardée par des Space Marines, ni d’où il vient, ni à quoi lui servait d’incriminer les Flesh Tearers.

AVIS :

James Swallow commence (je crois) sa période Doom Eagles avec ce ‘Crimson Night’, qui lui donne l’occasion de mettre à nouveau en scène des descendants de Sanguinius, après s’être fait les canines sur les Blood Angels (‘Deus Encarmine’ étant sorti en 2004). Fidèle à sa réputation de jaggernaut littéraire, cherchant à dérouler son intrigue sans guère de considération pour des détails tels que la cohérence, la vraisemblance ou le ridicule patenté dans lequel son approche bourrine fait sombrer ses personnages à intervalles réguliers, Swallow accouche au forceps d’une nouvelle concluant sUbTiLeMeNt que les Flesh Tearers ne sont pas forcément les coupables de tous les meurtres sordides s’étant déroulés à proximité de leurs baraquements. L’idée a beau être intéressante, sa mise en pratique est si balourde que seule la publication de ‘Crimson Night’ dans un recueil officiel de la Black Library empêche de considérer ce court format comme une parodie du genre.

Swallow s’illustre particulièrement en ne prenant même pas la peine de rester cohérent avec ce qu’il a écrit passé les trois lignes précédentes, ce qui révèle soit sa grande audace, soit sa grande fainéantise (je penche pour la seconde option). En plus de l’absence de contextualisation de l’identité du tueur, décrite plus haut, on a également le droit à un échange lunaire entre Consultus et Gorn. Le premier demande au second de lui faire un rapport sur les crimes rapportés par la population locale avant de partir. Gorn accepte, et charge le Sergent Noxx (qui est aussi dans la pièce) de faire le sale boulot à sa place… et les deux s’en vont, sans plus d’explication1. Vous l’aurez compris, ‘Crimson Night’ ne dépeint pas les Doom Eagles et les Flesh Tearers sous leur meilleur jour, et je conseille aux lecteurs qui voudraient explorer le riche background de ces Chapitres de façon moins risible de se tourner vers d’autres auteurs.

1 : Et Swallow ne revient à aucun moment sur cet échange, pour faire comprendre au lecteur que le briefing a bien eu lieu, mais « hors champ ». C’est comme si le dialogue n’avait pas eu lieu.

.

Hunter/Prey – A. Hoare :

INTRIGUE :

La préparation de la <insert random number here> 13ème Croisade Noire bat son plein, et les mondes impériaux entourant la Porte Cadienne reçoivent la visite, pas franchement amicale, de légionnaires noirs de livrée et d’humeur afin d’organiser la venue prochaine de Papadon. Ormantep, planète désertique parsemée de colonies minières de l’Adeptus Mechanicus, ne fait pas exception à la règle, mais peut au moins compter sur une forte garnison de Cadiens pour préserver son intégrité, ou mourir bravement dans la tentative, comme la Garde sait si bien le faire. Nous suivons en particulier les pérégrinations mystico-impertinentes de la Lieutenant Neme Fortuna, Psyker assermentée et objectrice de conscience patentée1, rattachée au Capitaine Vrorst et ses Kasrkins. Tout ce petit monde soldate gentiment dans le bunker qui lui a été alloué par le haut commandement, en gardant en œil sur la Chambre des Etoiles et sa garniture d’Astropathes, lorsque la routine est interrompue par l’arrivée inattendue d’objets tombant non identifiés à proximité de la base impériale. N’étant pas né de la dernière pluie, Vrorst envoie quelques hommes patrouiller à proximité, et lorsque ces derniers se font copieusement bolteriser par les nouveaux arrivants, dissimulés dans une tempête de sable de mauvais aloi, peu de doute subsiste sur les intentions ou l’identité des visiteurs. Comme on dit sur Terra : « Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir ».

La suite des événements voit les Cadiens monter une défense désespérée mais en définitive futile contre leurs assaillants, qui ont pris soin d’inviter un sorcier top moumoute pour geler (littéralement) les communications astropathiques enter Ormantep et le reste du secteur. Retranchés dans la Chambre des Etoiles, les survivants impériaux se préparent à vendre chèrement leur armure carapace, lorsqu’un nouveau joueur entre dans la partie sans crier gare…

Début spoiler…Ou plutôt à pas de loup, car ce sont bien les Space Wolves qui s’invitent dans l’explication de texte entre groupies abaddonesques et bidasses impériaux. Et pas n’importe quels loulous, mais, 13ème Croisade Noire oblige, des membres de la 13ème Grande Compagnie, venus jeter un œil hors de l’Œil après quelques millénaires d’absence. À la tête de la meute, un Prêtre des Runes à peu près civilisé engage le sorcier chaotique en combat singulier au moment où il allait enrubanner Fortuna et Cie dans une gaze infernale, avec les conséquences fatales que l’on sait2. Cette distraction bienvenue permet à notre Lieutenant de retarder la mort glorieuse qui a fauché la plupart de ses camarades, Capitaine Vrorst compris, et la Psyker renvoie l’ascenseur à son sauveteur, sur le point d’être transformé en descente de lit par le Chaoteux, en balançant à ce dernier une grosse (s)mite en pleine face. Cette victoire inespérée des fidèles de l’Empereur manque toutefois d’être endeuillée par un Wulfen très joueur, qui saute que Fortuna pour lui faire des papouilles alors que le Prêtre des Runes reprend ses esprits. Fort heureusement, le chef de meute siffle son clebs avant que l’irréparable ait été commis et une euthanasie (de la Psyker) nécessaire. Après avoir balancé une phrase badass de circonstance, du style « le facteur sonne toujours deux fois » ou « to win the yes needs the no to win against the no », le treiziste vétéran repart comme un royal canin, laissant notre héroïne sauve mais perplexe.Fin spoiler

1 : Le nombre de fois où elle manque de respect et/ou remet en question son supérieur au cours de la nouvelle mérite une mention. Et la cour martiale.
2 : Si on serre très fort, le sujet peut en mourir hein. Faut pas rigoler avec ça.

AVIS :

Il y a des nouvelles dont la date de sortie explique beaucoup de choses, et ‘Hunter/Prey’ fait partie de cette catégorie. Publiée originellement dans le numéro #37 d’Inferno !, sorti en Juillet 2003, soit au moment de la campagne mondiale Œil de la Terreur organisée par Games Workshop pour décider du sort de la 13ème Croisade Noire, ce court-format sert d’illustration romancée au contenu du Codex éponyme, dont Andy Hoare se trouve être, surprise surprise, un des co-auteurs. Les Wulfens de la 13ème Grande Compagnie faisant partie des factions stars de ce supplément de jeu, il n’est guère étonnant de les voir mis en avant dans une nouvelle de la Black Library à ce moment précis, encore que Hoare ne les mette pas à mes yeux tellement en valeur pour le lecteur. Certes, ils sont dépeints comme pouvant massacrer des Space Marines du Chaos comme qui rigole, mais leur intervention dans le récit est trop tardive et limitée (ils restent majoritairement hors champ, et seul le Prêtre des Runes qui leur sert de nounou prend un peu la lumière) pour faire forte impression. La vedette est au contraire occupée par les vaillants mais peu efficaces Kasrkins Cadiens, qui meurent avec application d’un bout à l’autre de l’histoire. Le plus gros problème de ce ‘Hunter/Prey’ demeure toutefois son manque consommé d’inventivité et de surprise en matière de déroulé, faisant ces 24 pages une version deluxe d’un encart de background romancé dans le Codex ‘Œil de la Terreur’ davantage qu’une œuvre de fiction digne ce nom. Au moins, l’illustration est sympa.

.

The Beguiling – S. Mitchell :

INTRIGUE :

The BeguilingNous retrouvons le Commissaire préféré de ton Garde Impérial préféré peu de temps après la campagne de Keffia (‘Sector 13’), sur la planète de Slawkenberg et engagé, aux côtés du 12ème Régiment d’artillerie de campagne de Valhalla (Jurgen, Divas et Mostrue sont de la partie), dans la purge du culte chaotique ayant déclenché une insurrection sur ce monde autrement paisible. Ou plutôt, des cultes chaotiques, comme nous allons le voir. Après quelques mois de routine agréable, passés à bombarder les positions ennemies à 71,99 pouces de la ligne de front le matin, déjeuner dans des petits bistrots sympathiques, et déguster de l’amasec vintage en charmante compagnie l’après-midi, notre fringant mais prudent héros se rend compte qu’il s’ennuie quelque peu, et décide de suivre une patrouille d’observateurs avancés de son régiment, accompagné de son fidèle Jurgen, pour voir du paysage et soigner sa réputation d’officier héroïque et proche de ses hommes.

Ce qui ne devait être qu’une simple balade en Salamander va bien sûr mal tourner, d’abord en raison d’une météo capricieuse et de l’absence de capote (livrée en option sur ce type de véhicule), puis à cause d’une embuscade maladroitement commise par un groupe de Prouteux en vadrouille, forçant les Valhallans à s’enfoncer dans une forêt profonde sur un petit chemin au lieu de rester sur la route (détruite par leur botte secrète : l’appel à un ami qui a une batterie de Basilisks sous ses ordres). Au bout de quatre heures de rallye pluvieux, Cain et ses charges retournent enfin à la civilisation, représentée par un manoir isolé mais apparemment occupé, comme son illumination l’atteste.

Ayant garé leur Salamander à quelque distance de la bâtisse afin de pouvoir la reconnaître discrètement, les Gardes sont surpris par l’arrivée désespérée d’une jeune fille affolée et fort peu vêtue, poursuivie par un petit groupe de cultistes de Nurgle. Si les maraudeurs pestiférés sont rapidement mis hors d’état de nuire, à défaut de puire, par les bidasses en goguette, et que la demoiselle en détresse, rapidement rejointe par quelques accortes amies, tombe dans les bras de ses sauveurs, Cain éprouve un vague mal-être (et une démangeaison palmaire de mauvais augure) devant la tournure prise par les événements. Quelque chose ne sent pas bon dans cette affaire, et ce n’est pas Jurgen (pas que, en tous cas)…

Début spoiler…Et en effet, la petite soirée que nos quatre militaires passent à l’Académie pour jeunes filles du monde de St Trynia, si elle s’avère mémorable, ne l’est pas pour les bonnes raisons, et se révèle aussi être la dernière pour deux des camarades de Cain. Alors que ce dernier se retrouve dans les quartiers privés de la directrice pour une séance de tantrisme extra-curriculum, l’ambiance retombe brutalement lorsque la voluptueuse Mademoiselle Duboir confie à son coup d’un soir qu’elle l’a tout de suite identifié comme un fidèle de Slaanesh. Ce que Cain ne pense pas qu’il est (encore1), merci pour lui. Il prend d’ailleurs la mouche au point d’abattre sans sommation son hôte après cette petite confidence. Et à propos de mouche, voici les Nurgleux qui reviennent à la charge, et prennent d’assaut le manoir et ses habitantes, offrant à Cain et à Jurgen (mis très mal à l’aise par le rentre dedans qu’il a subi toute la soirée de la part des prêtresses du plaisir sous camouflage) la couverture parfaite pour s’éclipser discrètement, laissant les dépouilles de leurs camarades malheureux au milieu du champ de bataille. Un petit coup de fil au Colonel Mostrue et un bombardement de la Chaos Star Academy plus tard, tout est bien qui finit bien pour le Héros de l’Imperium, qui décide suite à cette aventure de reprendre en main son hygiène de vie afin de ne plus être pris pour sex addict par la première cultiste venue. Non mais.Fin spoiler

1 : D’ailleurs à l’époque, Cain ne sait même pas trop qui sont les Dieux du Chaos (il l’apprendra plus tard en traînant avec l’Inquisitrice Vail). Mais comme Mitchell est partisan de la théorie des signes chaotiques (les noms et symboles des Dieux du Chaos sont tellement horribles que les entendre ou les voir provoque une réaction épidermique même chez les profanes), la confidence sur l’oreiller de Miss Duboir suffit à convaincre notre héros qu’il y a slaanguille sous resh.

AVIS :

Mitchell livre une nouvelle Cainesque tout ce qu’il y a de plus classique avec ce ‘The Beguiling’, qui mélange action, humour, grimdark et second degré avec un goût certain. Si l’expérience de lecture est assez plaisante, comme souvent avec les aventures du Commissaire le plus cool1 et coulant de tout le Segmentum, je regrette toutefois que Sandy Mitchell n’ait fait aucun effort pour ménager un peu de suspens sur l’opposition entre les deux factions antagonistes (Prout vs Meuh), qui nous est annoncée dès la première page, puis est mise en scène de façon très directe dès l’arrivée de Cain et ses hommes dans le manoir de Duboir. Etant certain de la capacité de Mitchell, en tant que scénariste et narrateur, à obtenir un résultat plus palpitant que ce très et trop convenu ‘The Beguiling’ (comme il a pu le montrer dans ‘Last Night at the Resplendent’ par exemple) s’il avait voulu s’en donner la peine, je reste un peu sur ma faim avec cette nouvelle, et ne la place donc pas parmi les tout meilleurs épisodes de la saga de Ciaphas Cain. Peut mieux faire et a mieux fait.

1 : Logique pour un officier rattaché à un régime de Valhalla, vous me direz.

.

***

Et voici qui conclut cette revue de ‘What Price Victory’, recueil qui surclasse facilement et largement ‘Bringers of Death’ en termes de qualité, tant dans l’absolu (merci Spurrier) qu’en moyenne (merci Abnett, Hinks et Mitchell). Il y a même débat dans la catégorie « tellement nul que c’est drôle », dans laquelle Swallow rend coup pour coup à Goto. Un duel épique pour la lanterne rouge, dont je vous laisse déterminer le « vainqueur ». ‘Elucidium’ n’ayant à ma connaissance jamais été republié, ‘What Price Victory’ est un passage/achat obligé pour l’amateur de bonnes feuilles de littérature 40K, mais reste sinon un ouvrage dispensable parmi les dizaines de recueils de courts formats mettant à l’honneur le lointain futur.

LORDS OF VALOUR [WFB]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette critique d’un nouveau recueil de nouvelles vintage : ‘Lords of Valour’. Publié en 2001, cet ouvrage, comme la plupart des anthologies sorties à cette époque par la Black Library, regroupe des histoires d’abord présentées au lectorat de la BL via les bimensuels Inferno ! On retrouve ainsi ici des nouvelles provenant des numéros #15 à #25, soit la période courant de novembre 1999 à juillet 2001. Si le titre et le quatrième de couverture nous annoncent une ligne éditoriale claire, et un recueil faisant la part belle aux chevaleresques défenseurs de la veuve et de l’orphelin (comme le magnifique spécimen en couverture, qui va bientôt découvrir qu’il ne fait pas bon prendre la pose/pause en pleine bataille lorsqu’on tourne le dos à ses ennemis), je peux ici vous annoncer qu’il n’en est rien. Il y aura certes pas mal de Bretonnie au menu, mais nous resterons sur une teneur en grimdark convenable, n’ayez crainte.

Sommaire Lords of Valour (WFB)

Les douze nouvelles rassemblées dans ces pages nous proviennent d’un aéropage d’auteurs distingués, dont les noms seront sans doute familiers au plus anciens/fidèles d’entre vous. Robert Earl et Gav Thorpe mènent la danse avec deux soumissions à leur actif, suivis par des vieux briscards (qui ne l’étaient pas vraiment à l’époque) du calibre de C. L. Werner, Gordon Rennie, Jonathan Green et William King. L’ouvrage qui nous intéresse aujourd’hui bénéficie également du concours de noms s’étant faits plus rares par la suite, comme Brian Craig, Ian Winterton, Ben Chessell, Neil Jones et Neil Rutledge. Bref, comme souvent dans les recueils de la BL, il y en aura pour tous les goûts, et si la valour n’attend pas le nombre des années, on peut cependant espérer que les 20 ans qui nous séparent de la sortie de cet opuscule lui ont permis de vieillir avec distinction. On verra bien.

. Lire la suite

HAMMERHAL & OTHER STORIES [AOS]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette revue critique de ‘Hammerhal & Other Stories‘, le premier recueil de nouvelles à visée pédagogique publié par la Black Library pour Age of Sigmar, en l’an de grâce 2017. À cette époque reculée, où l’on pouvait circuler sans masque ni attestation, le remplaçant de Warhammer Fantasy Battle allait sur ses deux ans, et son lore tenait encore beaucoup de la terra nullius (dans l’une ou l’autre des acceptations du terme, selon à qui vous demandiez). Car aux côtés des omnipotents, omniscients et surtout omniprésents Stormcast Eternals, il n’y avait que peu de factions suffisamment développées pour venir taper le carton dans une histoire de la BL, et le sommaire de cet opus reflète assez bien cette domination sans partage des montagnes de muscles en sigmarite.

Sommaire Hammerhal &amp; Other Stories

Au niveau des contributeurs, c’est le regretté Josh Reynolds qui met tout le monde d’accord avec trois soumissions à son actif, dont la novella titre. Et encore, c’est sans compter les extraits de deux de ses romans, ‘Skavens Pestilens‘ et ‘Spear of Shadows‘, ajoutés par les éditeurs de la BL dans la marmite pour faire bonne mesure. David Guymer, pas encore papa d’Hamilcar Beareater, se positionne en bon second, avec deux nouvelles au compteur. Matt Westbrook, Robbie MacNiven et David Annandale complètent le line up, très représentatif de la première vague de fiction AoSesque. Quatre années se sont écoulées depuis la sortie de cette anthologie, qui a été complétée/concurrencée depuis par ‘Sacrosanct & Other Stories‘, V2 très correcte mise sur le marché l’année suivante : en attendant que de vraies nouveautés nous arrivent, il est temps de passer sur le grill ce « vénérable » (à l’échelle d’Age of Sigmar en tout cas) recueil, et de juger s’il a passé l’épreuve des années aussi bien que le panthéon des Royaumes Mortels.

Hammerhal &amp; Autres Récits

.

Hammerhal – J. Reynolds :

INTRIGUE :

Hammerhal &amp; Autres RécitsNotre histoire commence par un caméo à la fois céleste et divin, puisque c’est Sigmar Gabriel en personne qui profite d’une accalmie dans les affaires courantes du SPD pour aller s’encanailler dans un autre Royaume que le sien. Le grand barbu se manifeste en effet en Ghyran, où sa vue perçante a décelé une manigance de l’ennemi1. Il y a bien là une tribu de Tzaangors qui fait une rave party en consommant du collagène de poulet et d’autres substances illicites, mais c’est plutôt le cairn cristallin qui trône au centre de la clairière du Hexwood où ce rassemblement a pris place qui attire l’attention de la divinité. À la base de cette construction, un tas de soul pods Sylvaneth a été pris dans la gangue magique, et appelle pitoyablement à l’aide, ce qui est tout de même fort pour des bulbes et des glands. Ziggie, qui a fait vœu de non-violence et de non-interférence dans les affaires mortelles depuis qu’il s’est fait plumer au bonneteau en Ulgu, aurait bien envie d’aider, mais il n’arrive pas à convaincre Alarielle, qui l’a rejoint sur place, alertée par son intrusion, d’accepter son offre d’assistance. Madame est en effet convaincue que ses propres enfants sont tout à fait capables de régler le problème. Enfin, elle en est convaincue jusqu’au moment où la petite force de Sylvaneth qu’elle a envoyé mettre fin aux ébats des Hommes Bêtes se fait piteusement repousser par les mutants (le Chamane en charge des opérations menaçant d’égorger un des marrons qu’il retient en otage si les esprits de la forêt ne quittent pas les lieux – une scène horrible). Après avoir lancé un regard de merlan frit à Sigmar, qui prend ça pour une autorisation d’accomplir sa BA de la journée, Riri repart tenter d’arracher son Royaume des grosses patounes graisseuses de Nurgle, et notre prologue se termine sur le rire grinçant de Tzeentch, qui regardait sûrement Demain Nous Appartient en arrière-plan et trouvait ça irrésistiblement drôle (il en a de la chance). Lire la suite

THE HAMMER AND THE EAGLE [40K/AoS]

Bonjour et bienvenue dans cette critique du nouvel ouvrage introductif publié par la Black Library, un beau pavé de 621 pages sobrement nommé ‘The Hammer & the Eagle‘ (ou ‘L’Aigle & le Marteau‘ en version française, que Nottingham a eu l’amabilité de sortir en même temps que la VO). Cette large couverture est due en partie au fait que les nouvelles qui sont proposées au lecteur sont presque toutes des rééditions, pour certaines de textes assez anciens. Comme l’indique Nick Kyme dans sa préface, ce type de publication « universelle(s) » est assez rare pour la BL, qui a pour habitude de séparer les serviettes des torchons, et les bolters et des arquebuses (voir ‘Sacrosaint & Autres Récits et ‘Croisade & Autres Récits pour s’en convaincre). Cette fois-ci cependant, la ligne éditoriale choisie par la maison d’édition était assez large pour permettre aux deux franchises majeures de Games Workshop d’être représentées dans un même opus, et pour cause: il n’y a pas grand-chose de plus commun à une histoire que la présence de personnages.

Sommaire The Hammer &amp; the Eagle (MIS)

Pour être tout à fait exact, ce sont bien les icônes de Warhammer 40.000 et d’Age of Sigmar qui sont ici mises en avant et célébrées, catégorie plus restrictive (encore que) que celle regroupant les myriades de héros et anti-héros peuplant les pages des romans et nouvelles de la Black Library. On devine sans mal que la sélection a dû être drastique1 pour déterminer qui méritait cette reconnaissance suprême, en particulier du côté des Royaumes Mortels, dont la relative jeunesse met ses protagonistes sur un pied d’égalité (les grands anciens Gotrek et Nefarata trichant un peu à ce titre). Si certains noms (Ibram Gaunt, Uriel Ventris, Gregor Eisenhorn, Abaddon2…) sonnent comme une évidence, d’autres seront sans doute moins familiers au lecteur, même chevronné. L’occasion de se familiariser avec de futures têtes d’affiche comme Severina Raine, Navradaran, Hamicar-Bear Eater et Callis & Toll. C’est en tout cas tout le mal qu’on leur souhaite.

Partons donc à la découverte de cette galerie de people haute en couleurs, et tentons de voir si la Black Library a réussi à son travail de sélection avec ces 27 nouvelles (pour 18 auteurs) et accouché d’un ouvrage digne d’intérêt. Sur le plan financier, c’est quasiment certain, mais sur le plan littéraire, cela reste à établir…

1 : Encore que je soupçonne Nick Kyme d’avoir pistonné les personnages dont il avait la charge, comme Cato Sicarius et Adrax Agatone. C’est en particulier vrai pour le second, dont le nom n’est pas (encore) universellement connu, et ne bénéficie que d’une couverture minime dans cette anthologie (nouvelle de 5 pages). Les ravages du népotisme…
2 : Bizarrement classé comme Space Marine, aux côtés de Mephiston et Astorath. Je penche pour une étourderie du maquettiste plutôt que pour une révélation sur la véritable allégeance du bonhomme. Mais ça pourrait expliquer pourquoi il lui a fallu 13 tentatives pour péter deux pylônes. 

The Hammer and the Eagle

.

Endurance – C. Wraight [40K] :

EnduranceICÔNE : DRAGAN, POTENCIER DE LA DEATH GUARD

INTRIGUE :

Sur le monde ruche de Lystra, l’escouade du frère Sarrien des Imperial Talons livre un combat d’arrière-garde aussi noble que vain contre les hordes innombrables des Zombies de la Peste ayant plus ou moins remplacées la population locale. Envoyés au casse-pipe pour permettre à un fonctionnaire de l’Adeptus Administratum obèse et tire au flanc (du moins, c’est comme ça que Sarrien se le représente) de maintenir son quota de dîme mensuel, ou autre raison purement technocratique, les braves Space Marines tiennent la ligne du mieux qu’ils peuvent, mais même leur constitution suprahumaine commence à donner d’inquiétants signes de fatigue. Pour ne rien arranger, les lignes de ravitaillement avec le reste de l’Imperium sont totalement coupées, ne laissant à nos fiers héros que la bonne vieille énergie cinétique pour défendre le domaine de l’immortel Empereur contre la corruption galopante titubante représentée par les Stumblers. Isolé de ses frères pour maximiser l’efficacité du soutien martial et moral que les Astartes représentent pour leurs alliés de la Garde, Sarrien débute la soirée comme toutes les autres auparavant : il chante chante chante ce rythme qui lui plaît (Endure ! For the Emperor ! Stand Fast ! Chihuahua !) et il tape tape tape (c’est sa façon d’aimer). On comprend cependant assez clairement que notre héros en a gros, et qu’il n’y a que son exemplaire éthique qui le pousse à suivre des ordres qui lui semblent totalement débiles.

À quelques encablures de cette planète condamnée, nous faisons la connaissance de notre deuxième protagoniste, le réfléchi (il ne court jamais) et hédoniste Dragan, Death Guard appartenant à la faction des Lords of Silence. Bénéficiant d’un quartier libre entre deux opérations de grande ampleur, Dragan a embarqué sa coterie sur son vaisseau personnel, l’Incaligant, et vogue là où le Warp le mène, massacrant tous les Impériaux qui lui tombent sous le moignon au passage. Les petits plaisirs de la vie, il n’y a que ça de vrai. Ayant fondu (dans tous les sens du terme) sur un transporteur de troupes de la Garde Impériale dépêché sans escorte en renforts de Lystra, Dragan décide sur un coup de tête, une fois le carnage expédié, d’emmener ses ouailles sur le monde en question, où il suppute (en même temps qu’il supure) qu’une distraction peut être trouvée.

Nous retrouvons ensuite Sarrien, toujours plus amer et toujours plus crevé, qui décide d’aller rôder derrière les lignes ennemies pour… le fun ? (étant donné que les défenseurs sont au bout du rouleau et s’attendent tous à crever, et que l’adversaire n’a aucune chaîne de commandement à décapiter ni de cibles stratégiques à prendre, l’utilité de la manœuvre me semble obscure). Bien que durement éprouvé par des semaines de combat sans répit, notre surhomme se révèle malgré tout capable de faire mordre la poussière à son poids en Stumblers, voire plus, jusqu’à ce qu’il tombe sur un Fatty dont l’odeur corporelle, ou l’aura de zenitude, c’est selon, est telle qu’il a bien du mal à lever la main sur lui. Malgré l’attitude résolument peace man du gros lard, Sarrien parvient à le décoller proprement, non sans que sa victime n’ait eu le temps de le prévenir 1) des dangers physiques et mentaux du surmenage (il devait être élu au CHSCT dans sa première vie), 2) de l’arrivée prochaine du Potencier (Gallowsman). Bien en peine de faire quelque chose de cette information, et sappé comme jamais, l’Imperial Talon décide de se rentrer, avec l’espoir futile de trouver un McDo encore ouvert sur le chemin pour s’envoyer un bon Coca bien frais.

De son côté, Dragan a fini par arriver en orbite autour de Lystra, et emmène sa bande sur les lieux du dernier conflit agitant encore la planète, dans l’espoir de trouver un adversaire de valeur. Escortés par quelques cohortes de die hard fans, les Lords of Silence progressent pondéreusement vers la ligne de front, où les attendent…

Spoiler Des Iron Warriors. Eh oui. Car en fait, Sarrien et Dragan ont visité Lystra à deux moments distincts, petite surprise savamment préparée par Wraight. Il est d’ailleurs fortement suggéré que Sarrien est devenu Glask (le second de Dragan, qui passe son temps à l’appeler Potencier – au grand ennui de son boss – et dont la jambe torse pourrait être la conséquence de la blessure subie par Sarrien au même endroit à la fin de la campagne) peu de temps après sa rencontre avec le gros plein de pus, lorsque, finalement submergé par le nombre de ses ennemis et l’amertume envers l’Imperium, il a décidé que sa survie était plus importante que son devoir. Ceci dit, le récit se termine sur un flou artistique et un amoncellement de Zombies affamés sur Sarrien, dont le salut final n’est pas garanti, ralliement à papa Nurgle bien acté par ce dernier ou pas. Quelques dizaines/centaines/milliers d’années plus tard, Dragan est quant à lui saisi d’une impression de déjà vu alors qu’il corrode les armures chromées de ces frimeurs de la IVème, ce qui ne fait que renforcer l’hypothèse de la défection de Mr Talon. Fin du spoiler

AVIS :

Mis à part le manque de clarté de sa conclusion (voir la partie spoiler ci-dessus), Endurance est une soumission solide de la part de l’ami Wraight, sans doute rédigée en accompagnement de son roman The Lords of Silence pour un galop d’essai littéraire. En quelques pages, Chris arrive ainsi à donner une véritable profondeur à ses répugnants héros, dont l’attitude chill, thrill & kill les distingue clairement des autres factions d’Astartes chaotiques et renégats de notre sombre galaxie, en plus de s’accorder parfaitement avec la philosophie débonnaire de Papa Nurgle, ce qui ne gâche rien. Sans rien galvauder de leur nature éminemment mauvaise, Wraight réussit également à rendre attachant (sans mauvais jeu de mots) le personnage de Dragan, dont le caractère égal et l’approche désinvolte de sa pestilentielle vocation le font apparaître comme éminemment plus sympathique que le Seigneur du Chaos lambda de la BL. De l’autre côté du ring, Sarrien s’avère moins mémorable, mais le récit que fait l’auteur de la lutte désespérée du loyaliste pour retarder l’inévitable, de part son caractère assez original (il combat en solo, et pas avec le reste de son escouade) et la bonne prise en compte des effets débilitants de la fatigue et des blessures sur la constitution d’un Space Marine – qui reste une machine de guerre insurpassable, mais peut se mettre dans le rouge s’il tire trop sur la corde – s’avère prenant et plaisant, sur les quelques pages qu’il dure. Une nouvelle SM comme je les aime donc : courte dans son propos, précise dans son dessein, efficace dans sa réalisation et à twist dans sa conclusion. Prenez-en de la graine, les rookies.

Gardant une nouvelle en fois en tête le but premier d’un recueil tel que celui dans lequel elle a été incluse, j’ajouterai pour conclure qu’Endurance fait un beau boulot de présentation d’une faction amenée à jouer un rôle important dans l’univers 40K (la Death Guard), en plus de donner assez envie de lire le long format mettant en vedette les Lords of Silence. Que l’exploration d’un concept central du fluff, le ralliement d’un Space Marine loyaliste au Chaos, soit également présente pour l’instruction des lecteurs novices ajoute encore a l’intérêt du propos, qui mérite donc largement sa place dans le Black Library Celebration 2019.

.

Execution – R. Harrison [40K] :

ExecutionICÔNE : SEVERINA RAINE, COMMISSAIRE

INTRIGUE :

Sur la morne plaine de Morne, surplombée par la forteresse du même nom, la Commissaire Severina Raine est confrontée à des problèmes d’autorité. Les gros flingues employés par les rebelles défendant le bastion convoité par le haut commandement impérial ont transformé les Fenwalkers du Sergent Keld en Bloodsplatters, ce qui a sérieusement entamé le moral de l’officier supérieur du 11ème Fusilier d’Antari, le Capitaine Tevar Lun. Pas de chance pour ce dernier, ses désirs de reconsidérer l’attaque sur les murs ennemis sont balayés d’un revers de main par Raine, qui n’a d’autre choix lorsque Lun persiste dans sa couardise que de lui coller un bolt entre les deux yeux devant le reste de ses troupes. Propulsée commandante de l’opération par la force (et l’impact) des choses, la première tâche de Raine sera de tourner la colère – légitime – de ses soldats vers les hérétiques Drastiens plutôt que son humble personne. Heureusement, les Antari sont des sujets pieux et disciplinés de l’Imperium, et la carrière de la Commissaire peut se poursuivre plus loin que la troisième page de sa première nouvelle, ce qui est un stade important pour cette classe de personnages. À propos de personnages, profitons-en pour faire un petit tour de table des VIP de la nouvelle, qui sont, histoire de Gardes Impériaux oblige, assez nombreux. Dans le désordre, nous faisons ainsi la connaissance du Capitaine Stormtrooper Andren Fel et ses Duskhounds, du Sergent Daven Wyck et ses Wyldfolk, de la Psyker sanctionnée Lydia Zane et de l’ingénieure militaire Yulia Crys, qui joueront tous un rôle dans la nouvelle.

Cette session de remotivation achevée, il faut maintenant négocier la prise des tranchées adverses pour arriver jusqu’au bouclier cinétique qui protège la forteresse du bombardement impérial, en exploitant les quelques minutes offertes par le rechargement des mitrailleuses lourdes ennemies. Inutile de dire que les Antari se sortent haut la main de cette épreuve, rencontrant quelques bidasses chaotiques en chemin, et perdant au passage une poignée de PNJ, comme le veut la tradition. Au contact de la muraille, Crys parvient à faire un beau trou dans la cloison des hérétiques, permettant aux Antari de pénétrer dans la place sans difficultés. Cette progression rondement menée est entrecoupée de passages en flashback remontant à la nuit précédant l’assaut, pendant laquelle Raine et Fel se sont livrés à leur rituel habituel de dégustation de thé et échange d’anecdotes. On en apprend ainsi plus sur le folklore d’Antari, très représenté dans les noms des escouades du régiment, et sur l’enfance, forcément difficile, de l’héroïne dans le Scholam de Gloam. Plus précisément, la fois où elle a mené deux de ses camarades dans une campagne de dératisation officieuse, s’étant soldée par un succès relatif (extermination du nid de vermine, mais début d’incendie du bâtiment et mort violente de ses comparses dans l’opération). L’occasion pour elle d’apprendre à assumer les conséquences de ses actes, comme elle continue à le faire à ce jour.

Retour à Morne, où les Antari doivent maintenant trouver un moyen de dissiper le bouclier cinétique qui protège toujours la forteresse pour permettre au reste des forces impériales de leur venir en aide. Pas grand-chose à dire sur cette section de combat urbain des plus classiques, qui verra nos personnages s’illustrer contre les hordes de cultistes (très semblables au Pacte du Sang, le masque en moins) et les renforts Ogryns de l’ennemi. L’indispensable Zane est au four et au moulin, protégeant ses camarades avec un bouclier psychique de son cru, et balançant des mandales mentales monumentales à quiconque a le malheur de la regarder de travers. Notons également le caractère sadique de Wyck, et son addiction aux drogues de combat, qui le placent à mi-chemin entre Rawne et Cuuh en matière d’équivalence Tanithienne. Il est déjà entendu que Raine aura à s’occuper de cet élément utile mais incontrôlable, et qui ne peut pas la blairer parce qu’elle n’est pas d’Antari, dans la suite de ses aventures.

Arrivés à l’étage où les rebelles ont stocké leurs munitions, les survivants de l’infiltration retiennent la contre-offensive adverse assez longtemps pour permettre à Crys d’installer un dispositif explosif qui devrait permettre la pacification expresse de ce théâtre, si employé correctement. Zane, dont les pouvoirs incluent la précognition, flaire le coup fourré de Raine, qui place le devoir avant des choses aussi triviales que le bien-être au travail ou la survie des troupes qu’elle a sous ses ordres, mais accepte tout de même de jouer le jeu, bien qu’elle révèle en aparté à la Commissaire que ses visions s’arrêtent après l’explosion de la poudrière de Morne. Raine ordonne alors la retraite jusqu’aux murs du bastion, avant que la situation des impériaux ne deviennent trop intenable, et les force à appuyer sur le bouton un peu plus tôt que prévu…

Début spoiler…S’en suit une explosion catastrophique, à la létalité exacerbée par l’effet couvercle du bouclier de Morne, qui empêche l’énergie dégagée de se diffuser aux alentours, et revient donc dans les dents et les tissus mous des troupes présentes dans la forteresse, qui n’ont d’autres choix que de tomber raides mortes. Cette fin renversante est toutefois épargnée au groupe de Raine, protégé par la MVP Zane, qui prend difficilement sur elle pour abriter ses collègues derrière son fameux bouclier psychique. L’effort consenti ruine toutefois irrémédiablement son rimmel et ses globes oculaires, qui lui coulent sur les joues dans la plus grande tradition des comédies romantiques hollywoodiennes. Voilà pourquoi elle ne voyait plus rien après cette détonation. Prix de la camaraderie pour Lydia Zane, vraiment. C’est toutefois une victoire indéniable pour l’Imperium qui se profile, accomplie grâce à la vaillance et au dévouement (en partie involontaire, Raine ayant menti à ses soldats en leur indiquant que les renforts étaient en chemin) du 11ème Fusilier d’Antari, qui n’a perdu que très peu de personnages nommés, et donc importants, dans la bagarre. C’est ce vieux Tevar Lun qui peut être fier de ses hommes (et femmes) depuis l’au-delà.Fin spoiler   

AVIS :

Si vous êtes familiers de la Black Library, il y a de bonnes chances que la lecture de cet ‘Execution’ vous fasse penser aux tribulations martiales du Premier et Unique de Tanith, ce qui n’est guère étonnant quand on compare les castings et les styles de Rachel Harrison et de Dan Abnett1. Etant donné le gouffre qui sépare ces deux séries en termes de publications, il faudra attendre un peu pour s’amuser à une analyse croisée de ces dernières, mais je dois dire que cette nouvelle introduit très proprement, et de façon satisfaisante, les personnages importants du 11ème Fusilier d’Antari, et constitue donc un point de départ tout indiqué pour qui souhaite suivre de plus près la trajectoire de ce nouveau régiment nommé de la GW-Fiction. Harrison présente bien sa galerie de protagonistes, souligne leurs affinités et inimitiés respectives, et ébauche quelques points saillants de leur histoire personnelle, qui sera sans doute au cœur de la suite de leurs aventures. On a également droit à une bone dose de fluff made in Antari, ce qui n’est certes pas essentiel pour la compréhension de Warhammer 40.000, mais dénote toutefois d’un sérieux travail de « caractérisation » de la part de l’auteur, et favorise l’immersion dans l’histoire et l’intérêt pour les personnages mis en scène dans cette dernière. Tant qu’on parle du background, je dois également souligner que cela fait plaisir de voir un.e Commissaire héroïque enfin faire son devoir, c’est-à-dire exécuter un officier refusant ses ordres, sans bénéficier de circonstances atténuantes. La disparition prématurée du Capitaine Lun, présenté comme un type bien et un bon soldat, est donc à savourer2 à sa juste valeur. Enfin, d’un point de vue purement narratif, Harrison rend une copie satisfaisante avec cette nouvelle de Gardes Impériaux de films d’action, nerveuse et sans temps morts. Rien d’exceptionnel ici, mais rien à jeter non plus. Pour boucler la boucle, je dirai que Rachel Harrison signe avec ‘Execution’ une nouvelle d’un meilleur niveau que ce que Dan Abnett avait publié au tout début des ‘Fantômes de Gaunt’. Reste à voir si la suite sera à la hauteur…

1 : Vu la manière dont le second remercie la première dans ses derniers bouquins, il y a de fortes chances que les deux aient l’habitude de travailler ensemble, et que Harrison ait voulu émuler le « maître » dans ses écrits. 
2 : Quelle belle remarque de psychopathe tout de même. Mais c’est vrai, toi-même tu le sais.

.

The Battle for Markgraaf Hive – J. Hill [40K] :

The Battle of Markgraaf HiveICÔNE : MINKA LESK, GARDE DU 101EME CADIEN

INTRIGUE :

Comme les plus sagaces des lecteurs de cette chronique l’auront certainement deviné, la nouvelle du sieur Hill traite donc de la bataille pour la ruche Markgraaf1, opération de reconquête et pacification à laquelle l’unité de Minka Lensk, héroïne récurrente de l’auteur, à le plaisir et l’avantage de participer, en compagnie du \[|{™#{ème Cadien (comprendre qu’entre les pertes au combat non remplacées et les fusions régimentaires qui s’en suivent, les numéros défilent plus rapidement que lors d’une soirée bingo à l’Ehpad de Bois-Robert-sur-Veule).

Au menu de ce qui peut sans doute être considéré comme un séminaire annuel pour les derniers des Targaryen – cette manie de coller des yeux violets aux protagonistes pour les distinguer de la masse… –, une activité de team building dans les ténèbres des niveaux inférieurs de la ruche en question, avec les habituels cultistes hargneux-mais-bon-ça-va-on-a-vu-pire en lieu et place des assiettes en céramique à décorer, qui étaient à la mode en ce genre d’occasions quelques millénaires plus tôt. Une fois la séance initiale de laser game terminée, on enchaîne avec une découverte de la faune locale, qui consiste en des rats de la taille d’un rat et des asticots de la taille d’un chien (appelons-les maxticots), suivie par une session d’aqua-relax dans un bassin naturel, sous les ordres d’un Commissaire-Nageur un brin autoritaire.

À peine le temps de réaliser que les maxticots ne font pas de bons candidats au fish pédicure, à moins d’être un Ogryn peu chatouilleux, qu’il faut enchaîner avec une initiation à l’escrime médiévale/escape game sous la houlette de Philippe Chaos-therine (il coupe sa hache… et il rallume sa hache…), Space Marine renégat reconverti en coach de vie. Cette journée intense se termine par quelques longueurs de brasse coulée, un temps calme de 10 minutes devant une œuvre d’art moderne convenablement moche, et un ultime passage au hammam (mais habillé, ce qui est concept). Ce n’est pas tout le monde qui a la chance de vivre des séminaires aussi riches. Merci qui ? Merci Abby !

À ne pas confondre avec la ruche Steffigraaf, qui malgré quelques revers, est toujours au service de l’Empereur.

AVIS :

Propulsé directement dans le feu de l’action dès les premières lignes de The Battle… (au moins, le titre n’est pas mensonger), le lecteur aura sans doute quelques difficultés à comprendre les tenants et les aboutissants de cette successions de péripéties aussi guerrières que brouillonnes, expédiées sans tact, ni finesse, ni connecteurs logiques (ce qui surprend au début, irrite au milieu, et fait marrer à la fin) par un Justin Hill aussi maître de son propos qu’un élève de CM1 couchant par écrit le récit de ses vacances de printemps.

Si le début de la nouvelle fait illusion, tout se corse à l’arrivée sur la mare aux maxticots, théâtre d’une empoignade confuse, suivi de l’arrivée d’un groupe de survivants – dont un Valhallan, qui passait dans le coin – mené par un Commissaire, suivi de l’exécution d’un Garde qui trouvait l’eau trop froide, suivi de l’arrivée du random Chaotic Space Marine de base, suivi d’une ré-empoignade confuse, suivie d’une fuite éperdue de l’héroïne jusqu’au fond du bassin, suivi d’un questionnement philosophique sur la destinée des Cadiens survivants, suivi d’un séchage express, inexpliqué et interprété comme miraculeux par une Minka à laquelle il ne faut pas grand chose, des vêtements de nos héros, suivi de la fin du récit, qui s’achève donc davantage comme un chapitre de roman qu’un court format digne de ce nom, faute d’un dénouement digne de ce nom (sauf si être coincé à deux sans matos dans une caverne inondée peuplée de vers carnivores géants et squattée par des hordes d’hérétiques peu aimables et un Space Marine du Chaos altéré de sang constitue un explicit satisfaisant, bien sûr1).

Pauvre en termes de fluff, d’informations sur le passif de Mina Lensk, et d’une assez grande banalité dans son propos, The Battle… lorgnait peut-être du côté de la saga Gaunt’s Ghosts, et notamment du siège de Vervunhive couvert dans Necropolis, pour son inspiration, mais le fruit (plein d’asticots, donc) est tombé trèèèès loin de l’arbre. Pour laisser le mot de la fin, en même temps que du début, car j’aime bien boucler des boucles sur mon temps libre, à Hill en personne : « What the hell is happening ? »

1 : Si c’est le cas, vous êtes bizarre.

.

The Smallest Detail – S. Mitchell [40K] :

The Smallest DetailICÔNE : CIAPHAS CAIN, COMMISSAIRE & HÉROS DE L’IMPERIUM

INTRIGUE :

À la recherche de petits extras pour égayer l’ordinaire de son cher Commissaire Cain, le brave Jurgen a pris sur lui de visiter les entrepôts de la milice de Helengon, monde banal sur lequel la Garde a été déployée pour écraser une insurrection l’étant tout autant. Usant de la considérable influence de son supérieur pour impressionner le responsable de l’entrepôt, un certain Sergent Merser, l’homme à tout faire du Héros de l’Imperium déambule longuement entre les travées et les étagères, emplissant sa musette des spécialités culinaires locales les plus appétissantes, à commencer par un saucisson d’anguille de sable tout simplement comestible, ce qui est déjà plus que ce que la majorité des rations du Ministorum peuvent revendiquer. Ces emplettes complétées, Jurgen se dirige tranquillement vers la sortie du site, mais remarque rapidement qu’il a été pris en filature par des amateurs, ce qui ne le trouble pas outre mesure1. Et en effet, l’embuscade dans laquelle il prend soin de tomber, et qu’il déjoue grâce à son entraînement et équipement supérieur, n’aurait pas cassé trois pattes à une Sentinelle. Seul petit problème, l’échange de tirs entre notre héros et son dernier adversaire a eu pour effet de déclencher un incendie (c’est ça que de s’abriter derrière des fûts de prométhéum), rendant l’identification des assaillants de Jurgen difficile.

Rejoint par la Prévôte Liana, qui se trouve en charge de l’enquête de cette tentative d’assassinat caractérisé, et par le Sergent Merser, qui accepte de jeter un œil sur les inventaires des autres entrepôts de la milice pour tenter de comprendre comment les tueurs en (im)puissance ont réussi à trouver uniformes et fusil laser2, Jurgen accepte de coopérer à l’investigation, mais seulement jusqu’au moment où il devra rentrer au camp pour préparer le jambon-purée de Cain. Très étrangement, l’étude des documents officiels ne donne rien, les inventaires inspectés par Merser étant trop mal tenus pour détecter des absences ou surplus de matériel (contrairement aux siens, d’une impeccable et implacable précision). Le dossier menaçant de piétiner, Jurgen prend congé, indiquant à ses comparses son intention de rentrer au bercail à pied, comme il est venu…

Début spoiler…Sauf qu’il était en fait venu en moto (une Salamander n’étant pas pratique dans une ville pas encore en ruines, et donc pleine de feux rouges, de livreurs Deliveroo et de petites mamies en déambulateur), et qu’il a fait exprès de mettre Merser sur une fausse piste, car il se doutait de la participation du Sergent dans la conspiration le visant. Aussi, lorsqu’il le voit sortir en courant de l’entrepôt quelques minutes après lui et sauter dans une camionnette qui part à fond de train pour rattraper le piéton qui n’en était pas un, Jurgen prévient Liana et se met en filature de la taupe, qu’il rattrape et immobilise au premier carrefour venu. Finalement, il s’avère que toute cette affaire n’a été qu’un énorme et regrettable (pour Merser, et plus encore pour ses complices) malentendu, le Sergent faisant partie d’un gang détournant de la nourriture pour la revendre à prix d’or sur le marché noir. Persuadé que Jurgen allait le dénoncer auprès de Cain (ce que l’aide de camp n’avait pas du tout l’intention de faire, car comme il le reconnaît lui-même, tout le monde fait ça), Merser a tenté de réduire le Valhallan odoriférant au silence, avec des résultats médiocres. Ironie de l’histoire, ce sont ses inventaires trop parfaits qui ont mis la puce à l’oreille de Jurgen, qui, en tant que Garde vétéran, sait bien que ce genre de documents sont par nature inexacts. Encore une fois, le mieux a été l’ennemi du bien !Fin spoiler

1 : Quand on est un vétéran ayant combattu les Tyranides et les Necrons à plusieurs reprises, plus grand-chose ne vous excite.
2 : L’absence de -s est volontaire, car sur les trois assaillants, un seul était convenablement armé.

AVIS :

Si cette petite nouvelle mettant à l’honneur le fidèle sidekick de Ciaphas Cain plutôt que ce dernier1 se laisse lire sans problème, et permet au lecteur non familier de l’approche particulière que Sandy Mitchell a du grimdark de découvrir cette dernière, je m’interroge sur la pertinence de l’intégrer dans un recueil dédié aux icônes de la GW-Fiction, dont Jurgen ne fait définitivement pas partie. Ce ne sont pourtant pas les courts formats où Cain tient la vedette qui manquent, et qui auraient à mes yeux bien mieux fait l’affaire ici. Je suis également un peu déçu que le titre équivoque de l’histoire n’ait au final débouché sur rien dans le dénouement de l’intrigue. Mitchell nous montre en effet Jurgen prendre en note mentale le nom d’un parfait inconnu, parce qu’on ne sait jamais, ça peut servir… sauf que ça n’a servi à rien ici. Le fusil de laser de Tchekov, ça te dit quelque chose ? Bref, ‘The Smallest Detail’ est loin d’être la meilleure, ni la plus adaptée, des nouvelles de Ciaphas Cain que l’on puisse parcourir, et je recommanderai donc au lecteur de retenter sa chance avec une autre soumission pour prendre la véritable mesure du Héros de l’Imperium.

1 : Ce n’est pas le premier texte de ce type, l’hyper court format ‘A Mug of Recaff’ étant également centré sur Jurgen.

.

Of Their Lives in the Ruins of Their Cities – D. Abnett [40K] :

Of Their Lives...ICÔNE : IBRAM GAUNT, COMMISSAIRE GÉNÉRAL DU PREMIER & UNIQUE DE TANITH

INTRIGUE :

Nous suivons le premier et unique Commissaire-Colonel Ibram Gaunt, en charge du régiment du même statut, dans les premiers temps – assez difficiles – de son affectation à la tête des Tanith. Encore inexpérimentés, bien qu’ayant déjà soufflé dans les naseaux des Sang Bleu de Volpone en prenant la ville de Voltis à leur place, les futurs de Fantômes ont subi la vengeance mesquine de Noches Sturm et ont été chargés de mener une mission de reconnaissance dans les ruines de la seconde cité de Voltemand, Kosdorf, pendant que le gros de la croisade partait vers d’autres théâtres d’opération. L’équivalent de « va voir là bas si j’y suis » en termes militaires, ce qui n’aide pas vraiment à motiver la troupe. Cette dernière, toujours traumatisée par la perte de son monde natal, en veut méchamment à Gaunt, et le Commissaire a bien du mal à briser la glace avec ses nouvelles troupes, dont il ne pense pas grand-chose de positif pour le moment. Il songe même sérieusement à accepter l’offre que lui avait faite son vieux copain Blenner, un petit piston bien placé pour remettre sa carrière sur les rails, et laisser ces tree huggers de Tanith derrière lui. Il conserve à cet effet la lettre que son camarade lui a écrite dans la poche de son uniforme, comme un joker à abattre en cas de besoin.

La nouvelle décrit l’opération de reconnaissance montée par Gaunt et Corbec pour explorer Kosdorf avant que le gros du contingent impérial soit prêt à avancer, et qui, ô surprise, se passe très mal. Il s’avère rapidement que l’Archennemi a conservé des amis séides dans la ville, des cohortes de forces de défense planétaire rendues folles par les maléfices du Chaos et le manque de nourriture. Voulant gérer la situation comme un grand, Gaunt opte pour une retraite combattante, afin de laisser le temps à Caffran, son adjudant intérimaire depuis la mort de Sym sur Tanith (et avant que Gaunt n’embauche Milo pour ne plus avoir à entendre les « steuplé msieur steuplééééééééééééééé » du gamin), de prévenir le reste du régiment du problème rencontré (comme d’habitude, la radio ne marche pas, sinon c’est pas drôle). Cette situation stressante (les Doskorfers étant adeptes de la guerre psychologique et se faisant passer pour les véritables fantômes de Tanith pour saper le moral de l’adversaire) lui permettra de prendre la mesure des hommes qui le servent, depuis le cordial Corbec jusqu’à l’instable Larkin, en passant par l’imprécis (mais pas cette fois) Bragg, le clairvoyant Domor ou l’insaisissable Mkoll. Lorsque les renforts finissent enfin par arriver, menés par l’au fond pas si méchant que ça Major Rawne et sa bande de vauriens1, tout est bien qui finit bien pour les Tanith, qui sortent un peu plus unis de cette escarmouche. Symbole de l’enterrement de la hache en nalwood de guerre entre Gaunt et ses bidasses, le premier brûle la lettre de Blenner2 à son retour au campement, liant ainsi son destin avec celui de ses Fantômes. La suite fait partie de l’histoire de la GW-Fiction…

1 : Qui s’étaient amusés à faire les poches de leur officier et lui avait soutiré la lettre de Blenner, au grand désarroi de Gaunt. Ils lui ont toutefois rendu à la fin de la nouvelle.
2 : On peut supposer que la missive contenait l’adresse mail et le numéro de téléphone de Blenner, que Gaunt n’avait pas enregistrés ailleurs. Sinon je ne vois pas en quoi ce geste incendiaire empêcherait notre héros de saisir sa chance de mutation.

AVIS :

Longue nouvelle (50 pages tout de même) se taillant la part du lion dans tous les recueils dans lesquels elle a été incluse (dont ‘The Hammer & the Eagle’), ‘Of Their Lives…’ est le récit d’introduction ultime aux Fantômes de Gaunt, écrit par Dan Abnett avec ce but particulier en tête, au moment où la saga avait déjà atteint son statut légendaire parmi la communauté. Il est intéressant à ce titre de la comparer à des travaux plus anciens, mais sensiblement similaires car relatant l’apprivoisement mutuel entre le Commissaire-Colonel et ses nouvelles recrues. Les contributions d’Abnett à la première mouture d’Inferno ! (‘Ghostmaker’ – la nouvelle – , ‘A Blooding’, ‘The Hollows of Hell’) traitent ainsi de ce sujet de manière fort logique, à fins de présentation et d’établissement de cette nouvelle (à l’époque) série. Un peu plus tard, Abnett se fendit d’un ‘In Remembrance’ prenant place après ‘Necropolis’, et donnant à nouveau au lecteur novice un échantillon représentatif en même temps qu’un tour de table des personnalités importantes, du Premier et Unique de Tanith. ‘Of Their Lives…’ est la version revue, corrigée et probablement définitive de ce didacticiel narratif, présentant une fois encore les personnages « initiaux1 » de la série, leurs personnalités, leurs motivations et leurs rapports les uns par rapport aux autres. Ce côté social est particulièrement exploré ici, et justifie bien plus les 50 pages de la nouvelle que l’intrigue, relativement simple, qui sous-tend cette dernière.

Si ‘Of Their Lives…’ est d’abord destinée à un public non familier avec les Fantômes de Gaunt, Abnett n’oublie pas ses vétérans et s’amuse à glisser de nombreux clins d’œil à la suite des événements, que seuls les connaisseurs pourront détecter. La destinée de certains Tanith est esquissée de façon prophétique (Caffran, Feygor, Beltayn…) parfois jusqu’à un stade avancé de la saga (dialogue « bon pied bon œil » entre Larkin et Gaunt), tout comme celle de Noches Sturm, à qui Milo promet un retour de bâton karmique que le Volpone recevra bien quelques années plus tard. Notons également la référence croisée aux travaux inquisitoriaux d’Abnett, nouvelle passerelle/easter egg à recenser dans le « Daniverse ». Au final, cette nouvelle accomplit parfaitement son objectif, de façon peut-être un peu transparente pour le lecteur avisé, mais Dan Abnett, égal à lui-même, signe un texte suffisamment solide pour que tout le monde y trouve son compte. Si vous voulez découvrir un des mythes fondateurs et structurants de la Black Library, ‘Of Their Lives…’ est donc le point de départ idéal pour se familiariser avec une saga aussi colossale que celle des Fantômes de Gaunt.

1 : Note à l’attention des lecteurs ne connaissant par les Fantômes de Gaunt : Abnett a pris un malin plaisir à rajouter des personnages non Tanith à son casting au fur et à mesure des campagnes du régiment. Si vous pensez qu’il y a une foule de noms à retenir ici, attendez un peu de lire ‘The Lost’ ou ‘The Victory’.

.

Mercy – D. Ware [40K] :

MercyICÔNE : AUGUSTA, SŒUR SUPÉRIEURE DE L’ORDRE DE LA ROSE DE SANG

INTRIGUE :

Sur le monde de Lautis, isolé dans l’arrière-pays de l’Ultima Segmentus, une escouade de Sœurs de Bataille de l’Ordre de la Rose de Sang menée par la Sœur Supérieure Augusta Santorus explore les ruines d’une cathédrale impériale, peut-être dédiée à Sainte Mina, et peut-être dédiée à Saint Maclou (qui peut dire ?), à la recherche de… quelque chose. Escortées par un missionnaire de l’Ecclésiarchie (Lysimachus Tanichus), ayant pris sur lui de ranimer la flame de la foi en l’Empereur parmi la plèbe locale après des siècles d’isolement et d’obscurantisme, l’Adeptus Sororita s’est en effet lancé dans une quête aussi pressante que floue pour une statue pouvant être liée aux origines de l’Ordre. On ne saura jamais pourquoi l’identification du patrimoine sacré constitue une priorité telle pour les membres de la Rose de Sang, mais toujours est-il que nos intrépides sistas se retrouvent fort dépourvues quand la Waaagh ! locale fut venue.

Coincées dans les ruines de la maison de Pépé (Question : peut-on considérer les temples impériaux comme des Ehpads, de ce fait ?), Santorus et ses sous-fifres optent alors pour un dernier carré héroïque et commencent à arroser les peaux vertes de bolts et d’imprécations en Haut Gothique, avec des effets spectaculaires, tant sur les effectifs de la horde ork que sur la culture générale du lecteur. Las, cela ne suffit pas à décourager les belliqueux Xenos de forcer l’entrée du lieu saint sous le seul poids du nombre, forçant les fifilles survivantes à, je vous le donne en mille, engager les brutes au corps à corps. Et pas n’importe comment, qui plus est : à mains nues. Oui, vous avez bien lu, ô incrédules lecteurs : c’est bien à coup de poing et de pied (pas de crépage de chignon possible avec les Orks malheureusement) que Santorus et consœurs tombent sur le râble, plutôt costaud, des aliens mécréants. Et le meilleur dans tout ça, c’est qu’elles leur mettent une énorme race, à l’image d’une Sœur Supérieure déchainée et tenant facilement tête à un Warboss Blood Axe, avec et sans arme. Pourquoi avoir des progénoïdes quand on peut avoir des stéroïdes ?

Les Orks finalement mis en déroute, et leur chef exécuté d’un bolt en pleine tête après un sommaire interrogatoire ayant permis de mettre à jour la duplicité de ce traître de Tanichus (c’est un nom de fourbe, je l’ai toujours dit), il est temps pour Augusta de (se) rendre justice afin des réparer les torts subis (une Soeur décédée d’allergie à la grenade, et quatre permanentes totalement ruinées). Guidée par une inspiration soudaine, et sans doute divine, elle décrète donc la mort du félon, ignorant ses piteuses justifications pseudo humanitaires, et l’annexion de Lautis au sein du protectorat de l’Ordre. Pourquoi ? Parce que. The end.

AVIS :

Que garder de Mercy, première soumission de la newbie Dannie Ware pour la Black Library ? Pas grand-chose, malheureusement. Sur le fond, l’intrigue proposée tient en une demi-ligne (attention, vous êtes prêts ? “Sistas versus Orks dans une cathédrale”. Ta-daaaaa!), et le “twist” final gardé en réserve par l’auteur tombe tellement à plat qu’on aurait même du mal à le considérer comme tel. Que Tanichus ait mené son escorte dans un piège, soit. Mais apprendre que la motivation profonde des Orks, et la raison pour laquelle ils ont accepté la proposition du missionnaire, est la récupération des armes d’une pauvre escouade de cinq Sororitas, no way. L’histoire a beau se dérouler dans l’Ultima profond, plus cheap que ça, c’est fouiller les poubelles des colons locaux pour récupérer les bouteilles d’amasec consignées au Simply Market du coin. Respectez-vous tout de même, Messieurs les peaux vertes.

Sur la forme, on aura bien du mal à pardonner à Ware les libertés qu’elle prend avec quelques principes fondateurs et porteurs du fluff de GW, au premier du rang duquel on trouve l’axiome : “Les Orks sont des forces de la nature”. Faire triompher une escouade de Space Marines d’Assaut vétérans d’une empoignade contre ce type d’adversaires, pourquoi pas (et encore). Mais une poignée de Sœurs de Bataille qui tatane comme qui rigole dix fois leur nombre et cent fois leur poids en géants verts, sans subir une seule perte dans le feu de l’action, et en recourant à des prises de catch histoire de faire kwioul, non merci. Ajoutez à cela un character development aux abonnés absents et quelques incongruités (comme une statue disposée de telle façon à ce qu’elle soit tournée vers Sainte Terra… donc vers l’Ouest-Sud-Ouest, c’est bien connu) sans conséquences pour le récit mais pas pour la crédibilité de ce dernier, et vous obtenez une nouvelle à remiser dans le fond des cartons du second choix de la BL. Mercy ? Sans façons.

.

Thorn Wishes Talon – D. Abnett [40K] :

Thorn Wishes TalonICÔNE : GREGOR EISENHORN & GIDEON RAVENOR, INQUISITEURS DE L’ORDO XENOS

INTRIGUE :

Par une sombre nuit d’orage, un petit groupe de mystérieux individus débarque sur la planète Malinter, et prend la direction d’une tour en ruines où un rendez-vous a été fixé avec une tierce partie anonyme. Voilà qui est bien brumeux, voire fumeux, vous en conviendrez. Sur le chemin, les marcheurs sont attaqués par 6/7 hostiles, donnant l’occasion à Abnett de présenter ses protagonistes de façon convenable. À tout seigneur container, tout honneur, commençons par le meneur de la bande, l’Inquisiteur Gideon Ravenor, puissant Psyker réduit à l’état de loque humaine lors d’un attentat chaotique il y a bien longtemps, et confiné dans un fauteuil flottant énergétique depuis lors. Il a amené avec lui quelques copains pour lui servir de garde de la carrosserie : l’Interrogateur Carl Thonius, incarnation parfaite du hacker nerd passant la moitié de son temps à se plaindre, et l’autre à balancer des vannes caustiques, les hommes et femmes de main Harlon Nayl, Kara Swole et Zeph Mathuin, et la télékine Patience Kys. Seul Gigi sait ce qui les attend sur Malinter, et il refuse obstinément de s’en ouvrir à ses collaborateurs, même après que cette première embuscade, prélude à de nombreuses autres, se soit terminée en faveur des visiteurs (grâce à la combo mortellement efficace lévitation forcée + canon d’assaut rotatif).

La progression de nos héros devient de plus en plus difficile au fur et à mesure qu’ils s’approchent du sommet de la tour, des hordes des cultistes chaotiques se mettant en travers de leur route dans le but d’empêcher la rencontre de haut niveau (à tout point de vue) de se produire. Laissant Thonius, Nayl et Mathuin retenir la plèbe et échanger des blagounettes, ce Dom Juan de Ravenor entraîne Kys et Swole à sa suite jusqu’au rooftop du gratte ciel, où les attend ce bon vieux Gregor Eisenhorn, mentor de Gideon et ex-employeur de Kara. Disparu de la circulation depuis des lustres, et présumé mort ou radical par l’Imperium (voir la trilogie ‘Eisenhorn’ d’Abnett à ce sujet), Greg le Grabataire est toujours actif dans le game et déterminé à s’opposer au Chaos par tous les moyens nécessaires, y compris en retournant ses armes et méthodes contre lui. Le seul équipier conservé par Eisenhorn dans sa lutte contre l’anarchie galactique est ainsi le possédé Cherubael, qui lui sert de gros bras mais également d’auxiliaire de vie (dur de monter en haut d’une tour de 500 mètres – sans ascenseur – quand on est invalide à 93%1). Ces retrouvailles émouvantes entre les deux invalides tournent rapidement à la réunion professionnelle, Eisenhorn ayant voulu prévenir son disciple de l’intérêt que lui portent les membres de la Divine Fraternité, un culte chaotique spécialisé dans les catastrophes à venir. D’après leurs dernières (pré)visions, Ravenor, ou quelqu’un de son entourage, jouera un rôle décisif dans l’incarnation du démon Sliite dans notre dimension, ce qui aura évidemment des conséquences néfastes pour l’Imperium. Une barquette avertie en valant deux, Eisenhorn tenait à faire passer le message à son ancien Interrogateur, qui décide naturellement de… continuer ses investigations sur Eustis Majoris, précisément là où le démon fera son entrée dans le Matérium. Mais attention, en faisant attention.

Un peu plus bas, le Supreme NTM (Nayl, Thonius & Mathuin) a bien du mal à gérer le Dreadnought que les cultistes ont fait venir en renfort. Ils parviennent cependant à le retenir suffisamment longtemps avec leurs grenades krak (un peu) et chamailleries (surtout) pour que les Inquisiteurs se traînent enfin à leur niveau, leur conciliabule achevé, et règlent son compte à la menaçante machine. Le reste n’est qu’une formalité, et après un joyeux massacre de chaoteux et un salut au club des anciens (Nayl et Swole ayant commencé par servir Gregor avant de rejoindre Gideon), Ravenor et Eisenhorn se séparent à nouveau, peut-être pour la dernière fois. La suite sera racontée dans ‘Ravenor Returned’, le deuxième tome de la trilogie consacrée par Abnett au Stephen Hawkins du 41ème millénaire.

1 : Ce qui pose la question : pourquoi Eisenhorn a-t-il donné rendez-vous à son pupille, à la mobilité également réduite, dans un endroit aussi difficile à atteindre ? Autrement que pour le côté grandiose, s’entend ?

AVIS :

Abnett trouve un prétexte assez quelconque pour réunifier le temps d’une nouvelle la team GG de l’Inquisition, et on peut lui en être gré. Il est clair à la lecture de ‘Thorn Wishes Talon’ que l’équilibre des forces penche en faveur de Ravenor (dont la saga était en cours d’écriture au moment de la première publication de cette nouvelle), Eisenhorn en étant réduit à faire un cameo plutôt qu’à participer réellement à l’intrigue. En ce sens, cette nouvelle donnera sans doute plus envie au lecteur de se pencher sur les aventures de Gideon le gai luron plutôt que sur celles de Gregor Trompe-la-Mort, même si les deux séries méritent définitivement la lecture. On prend plaisir à voir opérer une équipe d’agents de l’Inquisition, constituée d’individus au caractère bien trempé et aux compétences uniques, ce qui donne un cocktail savamment mixé d’action et de punchlines, saupoudré par quelques éléments de fluff dignes d’intérêt, dans le plus pur style d’Abnett. Je place ‘Thorn Wishes Talon’ en dessous des histoires policières/roman noir (‘Missing in Action’, ‘Backcloth for a Coin Additional’) et détaillant l’origine/la destinée de personnages secondaires importants des travaux inquisitoriaux de Dan Abnett (‘Playing Patience’, ‘The Strange Demise of Titus Endor’), mais vous pouvez tout de même y aller les yeux fermés (ou pas, c’est tout de même plus pratique pour lire un texte).

.

The Wreckage – D. Annandale [40K] :

The WreckageICÔNE : SEBASTIAN YARRICK, COMMISSAIRE

INTRIGUE :

Où il sera question des premières années de service de Sebastian Yarrick, avant qu’il ne devienne la légende acariâtre que l’Imperium connaît et adore redoute. Déjà engagé aux côtés de la Légion d’Acier d’Armaggedon, notre héros se retrouve en mauvaise posture lors de la traque d’une bande de pirates hérétiques ayant fait du vilain dans le secteur de Statheros, et qui semble avoir un coup d’avance sur ses adversaires impériaux. Débarqué à la surface d’Aionos, une lune servant de décharge à vaisseaux spatiaux en fin de vie, le 252ème Régiment de la Légion d’Acier tombe dans une embuscade qui le force à s’abriter derrière une épave (d’où le titre. Ça, c’est fait.), en attendant des jours meilleurs, ou un coup de génie militaire de la part du Capitaine Jeren Marsec, leader charismatique mais tête brûlée de l’expédition. Yarrick, bien moins dominateur que dans ses dernières années, se contente d’observer avec circonspection la tournure que prennent les événements, échangeant quelques remarques acerbes avec son pote Otto Hanoszek, Sergent expérimenté du 252ème, avec lequel il partage quelques doutes sur la qualité du Capitaine Marsec. Ce dernier, qui a vraiment la confiance, se permet de faire des blagues au sujet de son Commissaire, et propose en toute simplicité de charger en masse les lignes ennemies (situées en hauteur et mieux fortifiées que celles des impériaux) afin de forcer les hérétiques à se concentrer au même endroit pour repousser l’attaque, les transformant en cible facile pour la frégate d’Armaggedon (Castellan Belasco) qui stationne en orbite. Moyennement emballé par ce plan à 80% suicidaire, Yarrick accepte tout de même de marcher dans la combine, mais le coup de bluff de Marsec ne donne rien. Il semble en effet que le fourbe ennemi se soit fait la malle au lieu de tenir sa position, comme il était convenu qu’il le fasse.

Dépité autant que déboussolé par ce coup du sort, Marsec contacte la frégate pour annuler la frappe orbitale, mais réalise un peu tard qu’il vient de re-re-retomber dans un piège, les hérétiques ayant capturé le vaisseau et n’attendant que la confirmation du Capitaine que ses troupes forment un gros tas bien compact au sol pour donner du macrocanon. Le subtil accent nazillard de l’opérateur radio auquel Marsec s’adresse met toutefois la puce à l’oreille de Yarrick, qui parvient à sauver quelques meubles en ordonnant une dispersion stratégique quelques instants avant que la catastrophe ne frappe. La situation du 252ème est toutefois des plus précaires, réduit à quelques escouades éparses, mené par un officier totalement hébété par la tournure qu’on prit les événements, et confronté, en plus des pirates de l’espace, à une escouade de Space Marines du Chaos des tristement célèbres Harkanor’s Reavers (la Légion des Damnés, goût Hérésie).

Prenant en charge les opérations le temps que Marsec sorte de sa torpeur, Yarrick entraîne ses survivants dans un complexe de pyramides enfoui sous le sol de Aionos, et découvert par le bombardement spatial. Je ne vous ferai pas l’insulte de laisser planer l’ombre d’un suspens sur la présence de Necrons dans cette nécropole, car c’est évidement le cas. Pris entre le marteau du Chaos et l’enclume des Xenos, Yarrick parvient à feinter son monde en passant en mode furtif, laissant les hérétiques menés par leurs gros copains énergétiques se ruer sur les robots tueurs, avec des résultats concluants. Un bonheur n’arrivant jamais seul, nos héros apprennent que l’équipage du Castellan Belasco a réussi à se libérer et est sur le point de reprendre le contrôle du vaisseau, ce qui permettrait au 252ème de tirer sa révérence sur cette victoire mineure. Problème, le bombardement a séparé les Gardes Impériaux en deux, et le groupe mené par le Sergent Hanoszek est confronté à la même situation que celui de Yarrick (hérétiques, Space Marines du Chaos, pyramide…), sans bénéficier de la présence scénaristiquement salvatrice de ce dernier.

Conscient que la situation de ses camarades est sans espoir1, Yarrick essaie de convaincre Marsec, qui a enfin repris ses esprits, de ne pas jouer au héros en essayant de monter une opération de secours vouée à l’échec. En vain. Seb la Frite passe alors en mode Commissaire et colle un bolt dans la tête de l’officier, qui n’attendait que ça en fait, histoire de mourir en martyre au lieu de devoir justifier son incompétence auprès du haut commandement à son retour. Grand prince, Yarrick annonce lui-même à Hanoszek qu’il a été désigné volontaire pour mourir au nom de l’Empereur, ce que ce dernier accepte avec stoïcisme, et laisse sa radio ouverte jusqu’au bout pour recueillir les derniers râles des héroïques bidasses. Kelôm.

1 : Ils sont confrontés à 3 Astartes du Chaos. 3 ! C’est Gaunt qui doit doucement rigoler dans son coin.

AVIS :

Une nouvelle sur Yarrick où aucun Ork ne vient pointer le bout de son (absence de) nez, cela fait bizarre, tant cette race de Xenos est centrale dans la saga du vieux Commissaire. Le récit que fait Annandale du début de la carrière du héros d’Armaggedon, que l’on découvre déjà animé de puissantes convictions quant à la manière d’accomplir son devoir, même s’il se laisse ici marcher sur les pieds par cette fantoche de Marsec, ne s’avère pas vraiment mémorable, et je pense que le nombre très important de factions convoquées dans cette courte nouvelle joue un rôle important dans ce constat de bofitude. Était-il vraiment nécessaire de faire intervenir les Necrons (qui n’apparaissent même pas directement dans le récit d’ailleurs) dans cette péripétie mineure de la carrière de Yarrick ? Cela renforce en tout cas le running gag de la nécropole enfouie sous trois centimètres de sable, et qui se réveille dès que le chien du héros la déterre par inadvertance en creusant un trou pour son os. À vouloir jouer à la fois sur le tableau de la psychologie (Yarrick se retrouve confronté à un dilemme moral qui aura des conséquences sur la suite de sa vie) et de l’action (Yarrick doit mener ses hommes à la victoire en dépit des circonstances) en aussi peu de pages, Annandale score moyennement sur les deux dimensions, et ce faisant, ne rend pas vraiment service au héros qu’il est sensé glorifier.

.

Rite of Pain – N. Kyme [40K] :

Rite of PainICÔNE : ADRAX AGATONE, CAPITAINE DE LA TROISIÈME COMPAGNIE DES SALAMANDERS

INTRIGUE :

Malgré leur réputation de gros nounours, les Salamanders ne sont pas exempts de pratiques douteuses. La scène qui se déroule en ouverture de ‘Rite of Pain’ (une nouvelle qui ne traite pas de la manière de faire une Tradition à la mie moelleuse et à la croûte ferme, ce qui est, de l’avis général, très dommage) le démontre bien. Un trio de tortionnaires s’amuse en effet à pyrograver le torse d’un prisonnier enchaîné à une table d’opération, en lui recommandant de « sentir le moment » et « accueillir la souffrance », préceptes admirables en théorie mais dont l’individu se trouvant du mauvais côté du fer rouge a du mal à faire usage. Nos trois larrons sont le Capitaine Adrax Agatone, le Chapelain manchot Elysius, et Jean-Alphonse Diplodocus, prêtre tisonnier. Ils semblent avoir des difficultés à convaincre leur invité des vertus de leur philosophie masochiste, pour des raisons qui seront gardées sous silence par Nick Kyme. On apprendra juste que le gonze qui joue le rôle du steak sur le grill de la cafétéria des Salamanders est sauvage et dangereux, et a déjà occis sept collègues de Jean-Alphonse avant d’être appréhendé.

Aux grands maux les grands remèdes, Elysius demande et obtient un tête à tête avec le prisonnier pour lui apprendre une bonne leçon. Pendant qu’Adrax et Jean-Alphonse prennent une pause clope à l’extérieur, le Chapelain libère sa victime… et lui refait le portrait d’une main experte, tout en continuant à le poker avec son tisonnier, jusqu’à ce que le malappris demande grâce et récite son catéchisme comme il faut. Avant que le rideau ne tombe, nous faisons donc la connaissance de frère Zartath, qui semble avoir été confirmé comme Salamander après ce bizutage en règle, et malgré le fait qu’il soit capable de faire pousser des griffes d’os depuis ses avant-bras. Ils prennent des mutants maintenant sur Nocturne ?

AVIS :

J’avoue avoir un peu triché en préparant la critique de cette nouvellinette (5 pages) de Kyme, que son auteur a gardé volontairement obscure pour qui n’est pas familier des travaux nocturnes de l’auteur-éditeur de la BL. Il s’avère que ‘Rite of Pain’ se situe à la croisée des événements relatés dans ‘Nocturne’ et ‘Rebirth’, et a certainement été sélectionnée pour l’inclusion dans ‘The Hammer & the Eagle’ sur la base de la participation du Capitaine Adrax Agatone à cet épisode très mineur du ‘Tome du Feu’, nom de l’anthologie consacrée par Kyme à ses chers lézards. Nouvelle figure de proue du Chapitre depuis la sortie de sa figurine et de son profil dans le Codex Space Marines, Agatone n’est cependant qu’un second rôle lointain dans la saga vulcanisée de Nick Kyme, par rapport au duo Dak’ir et Tsu’Gan sur lequel l’essentiel de la série repose. Faut-il voir un nouveau départ pour les Salamanders au sein de la BL ? Sans doute, mais on leur souhaite des écrits plus intéressants et détaillés que ce min…uscule ‘Rite of Pain’, qui ne présente ni ne suscite guère d’intérêt pour le lecteur.

.

Chains of Command – G. McNeill [40K] :

Chains of CommandICÔNE : URIEL VENTRIS, CAPITAINE DE LA QUATRIÈME COMPAGNIE DES ULTRAMARINES

INTRIGUE :

Engagé dans la campagne de pacification de Thracia avec un contingent d’Ultramarines placé sous le commandement du Capitaine Idaeus, le Sergent Uriel Ventris a été chargé de mener l’assaut sur le pont 2-4, tenu par les rebelles ayant eu l’audace de se soulever contre le bienveillant Empereur, et qu’il convient de faire sauter pour éviter que la contre-attaque de la Garde Impériale en direction de la capitale planétaire ne soit prise de flanc. Après quelques paragraphes de « mes sens sont vraiment trop développés lolilol » #ImTheBest #YouCantWriteAstartesWithoutStar, qui expliquent en grande partie pourquoi personne n’aime les Ultramarines, Ventris accomplit sa mission, déclenchant un assaut en règle de ses petits copains bleu pervenche et vert sapin sur la position adverse. Désespérément surclassés, les défenseurs se font hacher menu, et les meilleurs de l’Empereur s’organisent pour tenir le pont assez longtemps pour permettre au vénérable Techmarine Tomasin de placer les explosifs qui permettront de faire écrouler l’ouvrage d’art dans la gorge en contrebas.

Nous faisons la connaissance du Capitaine Idaeus, un officier vétéran et proche de ses hommes, connu pour son approche distanciée du saint Codex Astartes, ce qui n’en finit pas de sidérer le rigoriste Ventris. Ce même Idaeus a d’ailleurs fait montre de ses tendances libertaires en menant la charge contre un nid de bolters lourds, au lieu d’attendre le soutien du reste de ses hommes, comme ce planqué de Guilliman l’avait pourtant préconisé dans ses écrits. Depuis cinquante ans qu’ils combattent ensemble, Idaeus n’a pas réussi à convaincre son bras droit de l’avantage de s’écarter de temps en temps du manuel d’utilisation de la guerre écrit par le Primarque, et ce n’est pas aujourd’hui que ça va ch… Ah, on me dit dans l’oreillette que c’est précisément l’objet de cette nouvelle. Bigre.

Comme tous les vétérans dignes de leurs médailles, Idaeus fait confiance à son instinct, et ce dernier lui hurle (il est un peu sourd) que quelque chose en tourne pas rond, malgré le fait que la mission se déroule jusqu’ici parfaitement comme prévu. Ce malaise le conduit à mener une mission d’inspection de l’autre côté du pont, Ventris à ses côtés, pour juger du boulot effectué par les Scouts déployés par les Ultramarines en territoire ennemi. Et, évidemment, il s’avère qu’une importante colonne blindée progressait discrètement (c’est possible si on met des patins sur les chenilles) en direction du pont, ce qui va devoir forcer le vénérable Tomasin à se bouger les vénérables miches, ce qui n’est pas facile quand on est plus refait qu’un Iron Hands en fin de carrière (souvenir d’une rencontre torride avec un Carnifex entreprenant sur Ichar IV). Tout aussi évidemment, rien ne se passe comme prévu à partir de ce moment, les Scouts, le Thunderhawk qui devait évacuer les Ultramarines, et le vénérable Tomasin tombant tous sous le feu de l’ennemi, ce qui force Idaeus et ses compagnons à monter une défense désespérée du pont, le temps que 1) un autre transport arrive, et 2) quelqu’un trouve une idée brillante pour faire péter la passerelle, ce qui reste tout de même l’objet principal de la mission de nos marsouins énergétiques.

Je vous passe les longues scènes de baston dont nous gratifie McNeill, et qui permettent à Ventris de montrer qu’il en a dans le slibard, pour aller directement au moment où notre futur héros réalise qu’il suffit de déclencher une charge de démolition à proximité des explosifs posés par l’irrécupérable Tomasin pour déclencher une réaction en chaîne qui devrait provoquer les résultats escomptés. Petit problème, l’escouade de Space Marines d’Assaut envoyés réaliser cette mission se fait pincer en chemin par les Night Lords qui coordonnent la rébellion chaotique, et les incapables finissent crucifiés sur le pare chocs des Rhinos des fils de Curze pour leur apprendre la vie. Devant ce spectacle insoutenable, Idaeus et Ventris sont très colère, et cette rage leur permet de repousser l’assaut des renégats au prix de lourdes pertes. Alors que le deuxième Thunderhawk approche de la position intenable des Ultramarines, l’heure des choix arrive pour la bleusaille…

Début spoiler…Le noble Idaeus décide de partir faire exploser le pont à la mano, malgré ses chances de réussite quasi nulles, et ordonne à Ventris de mener les quatre rescapés de cette folle nuit, ainsi que son épée énergétique de maître, jusqu’au point d’extraction. Les cœurs gros, le Sergent s’exécute, et est témoin de l’héroïque sacrifice de son mentor dans les poutrelles et les travées du pont 2-4, la bande de Raptors laissée en garnison par les Night Lords ne parvenant pas à lui régler son compte avant que le Capitaine fasse feu avec un pistolet plasma dérobé à l’ennemi sur une charge de démolition laissée négligemment sur place1. C’est donc une victoire indéniable pour l’Imperium, et le début de la saga d’Uriel Ventris, qui héritera du commandement de la 4ème Compagnie à la suite de la campagne de Thracia.Fin spoiler

1 : On pourrait aussi se demander pourquoi les Night Lords n’ont pas détaché les explosifs laissés par le vénérable Tomasin sur les piliers du pont quand ils en avaient l’occasion. Encore une preuve que l’abus de Chaos est mauvais pour le cerveau.

AVIS :

Si l’idée de lire une nouvelle d’action dont le héros est un Ultramarines peut sembler intrinsèquement barbante à un lecteur de 2020, qui a sans doute pu pratiquer l’exercice à de nombreuses reprises grâce/à cause de l’obsession de la Black Library pour ce genre de productions, il faut être juste avec Graham McNeill et Uriel Ventris, et rappeler que ‘Chains of Command’ a été à sa sortie (2001) une des premières et plus abouties Space Marinades (saveur vanille) qui soient. Les innombrables ersatz et proxys publiés depuis ne l’ont pas aidé à bien vieillir, ni le style de l’auteur, ni les personnages mis en scènes, ni l’intrigue exposée n’étant particulièrement dignes d’éloges, mais le résultat n’est pas indigne pour autant. À l’époque où il est attendu d’un héros Space Marines un peu plus qu’un grade de Capitaine et une vague tendance à se poser des questions existentielles (ce qui était suffisant il y a 15-20 ans), je laisse le soin au lecteur de décider si une figure comme Uriel Ventris est toujours pertinente, ou bien s’il est temps d’accorder une retraite bien méritée à l’aïeul de tous les héros d’action énergétique de la Black Library.

.

Eclipse of Hope – D. Hinks [40K] :

Eclipse of HopeICÔNE : MEPHISTON, CHEF ARCHIVISTE DES BLOOD ANGELS

INTRIGUE :

Appelés à l’aide par la Garde de Fer de Mordia, elle-même sollicitée par les habitants de Supplicium Secundus en leur heure de besoin, les Blood Angels ont répondu en envoyant Mephiston et quelques potes dans le système en question. Les vampires énergétiques arrivent toutefois trop tard à la surface de la planète, et ne peuvent que constater que la totalité de sa population, ainsi que les braves Mordian débarqués pour faire le service d’ordre, se sont entre tués dans une orgie de massacre à faire se pâmer un héraut de Khorne. Mephiston trouve le spectacle de la plaine jonchée de cadavres jusqu’à l’horizon plutôt poétique, mais se garde bien de partager cette réflexion pas très Charlie avec ses sous fifres. Les questions que les Astartes et le lecteur se posent sont en partie résolues par l’arrivée de l’ultime survivant de cette battle royale planétaire, un Colonel Mordian complètement ravagé du bulbe, qui agresse violemment le brave Sergent Gamigin en grognant comme une bête enragée. Courtois mais un peu rude, le surhomme dans la pampa finit par tordre le cou au minus qui lui salit ses plates avec ses grosses mains pleines de doigts, mais semble récupérer le mal qui tourmentait son assaillant au passage, et commence à montrer des signes d’énervement qui n’augurent rien de bon venant d’un colosse génétiquement modifié et armé jusqu’aux canines. Heureusement, Mephiston est là pour faire un peu d’hypnose suggestive, ce qui permet à Gamigin de décompresser sans avoir tué personne (à part le Mordian bien sûr, mais il ne compte pas vraiment).

De retour sur leur vaisseau, les Blood Angels découvrent la flotte de secours des Mordians, complètement désertée et remplie de cadavres. Les puissantes capacités déductives de Mephiston ne mettent pas longtemps à soupçonner que les transports de troupe ont été victimes de la même rage irrépressible que celle qui a décimé Supplicium Secundus, et la réception d’un nouvel appel à l’aide, celui-là venant de Supplicum Tertius, située un peu plus loin dans le système, vient confirmer les craintes de Seigneur de la Mort. Le virus du VENER-40.000 circule encore dans la zone, et il est du devoir des Blood Angels d’en trouver la cause et la cure.

Parti dare dare vers la planète souffrante, dont les masses laborieuses commencent à s’entre-tuer avec méthode et enthousiasme, le croiseur d’attaque Crimson Exhortation manque d’être percuté en chemin par un vaisseau non identifié, ce qui ne peut pas être une coïncidence dans un milieu aussi espacé que… l’espace. Et en effet, le nouveau venu se révèle être l’Eclipse of Hope, ou plutôt son portrait robot dessiné par un enfant de 6 ans (comprendre que les proportions ne sont pas très bien respectées), une barge de bataille perdue par le Chapitre pendant la 5ème Croisade Noire. L’étude de la trajectoire du vaisseau fantôme ne laisse aucun doute à Mephiston : c’est bien la cause de la folie meurtrière qui a infecté Supplicum Secundus et Tertius, et il doit être détruit en conséquence. Plus facile à dire qu’à faire cependant, l’Eclipse encaissant sans problème et sans dégâts apparents un tir direct de canon nova. Comprenant que le Warp est à l’œuvre, Mephiston décide d’aller régler le problème à l’ancienne, B.A. style, c’est-à-dire en envoyant une poignée de vétérans purger l’épave de l’intérieur, comme cela a si bien réussi au Chapitre par le passé (remember Secoris ?). En plus de notre souriant héros et du Sergent Gamigin, résolu à prouver à l’univers combien il est cool, on retrouve un Chapelain, un Techmarine, un Prêtre Sanguinien et un Épistolier dans l’équipe des rouges. Tout ce petit monde aborde l’Eclipse, qui est une sorte de fantasme semi-solide, se nourrissant des souvenirs de ses hôtes pour prendre une forme concrète, et se dirige vers la salle de commandement du vaisseau, où se situe probablement le nœud du problème.

En chemin, la rage instillée par l’épave est gardée sous contrôle par les Blood Angels, qui ont tous pris un Lexomil dans leur lait fraise avant de partir en mission, mais la manifestation d’un petit groupe de Sanguinaires à proximité de l’objectif des Astartes force ces derniers à passer en mode agressif, avec des résultats mitigés, la sainte colère des meilleurs de l’Empereur provoquant le spawnage de plus en plus rapide de leurs adversaires. Il revient à Mephiston, comme le héros qu’il est, de prendre les choses en main et de remettre ses compagnons sur la bonne route. Ses pouvoirs psychiques lui ayant permis de déterminer que la source du problème se trouvait dans le Librarium, et non sur le pont, il convoque un bouclier d’apathie, ou quelque chose comme ça, permettant à ses gardes du corps de s’extirper de la mêlée et de progresser jusqu’à la bibliothèque de l’Eclipse, où la messe devra être dite…

Début spoiler…Laissant les normies monter la garde devant la porte, Mephiston et l’Epistolier Stolas pénètrent dans le saint des saints, où se trouvent des bouquins démoniaques de fort belle taille, une carte du système de Pallevon, ainsi qu’une statue de Mephiston zieutant un des grimoires de façon insistante. Le signal est clair, et bien que le Seigneur de la Mort ait la discipline nécessaire pour s’arracher de la contemplation de l’ouvrage maudit, une fois les premières pages parcourues, Stolas se fait corrompre comme un bleu entre le sommaire et la préface. Il brûlera donc avec le reste du Librarium, purifié de manière définitive par un Mephiston qui ne transige pas avec ses principes. L’Eclipse dûment désinfecté de sa peste warpique, et la situation revenue sous contrôle sur Supplicium Tertius, Mephiston est libre de poursuivre sa quête de réponses en direction de Pallevon, où l’attend un autre revenant du Chapitre…Fin spoiler

AVIS :

Avant que Darius Hinks ne reprenne en main la carrière littéraire de Mephiston, c’était David Annandale qui avait la charge du Seigneur de la Mort, auquel il a consacré cette nouvelle et le roman ‘Lord of Death’. Ces deux histoires s’inscrivent dans le même arc narratif, ‘Eclipse of Hope’ faisant office de prologue à ‘Lord of Death’, et accomplissant bien cette fonction, donnant envie au lecteur de connaître la suite des aventures du grand blond avec une humeur noire. Je dois également reconnaître avoir été agréablement surpris par le style déployé par Annandale dans sa narration, d’un niveau nettement supérieur à sa propre moyenne. Cela contribue grandement au caractère digeste d’une nouvelle qui ne serait sans cela rien d’autre qu’une énième Space Marinade. Une des soumissions les plus abouties d’Annandale hors de son créneau horrifique de prédilection, et donc à lire de préférence aux (nombreux) autres textes moins convaincants signés par cet auteur.

.

Redeemer – G. Haley [40K] :

RedeemerICÔNE : ASTORATH, HAUT CHAPELAIN DES BLOOD ANGELS

INTRIGUE :

On a tous déjà été confronté à ce moment, plus ou moins long, pendant lequel une chanson – souvent débile, comme La Danse des Canards, T’Es Si Mignon ou Despacito – nous restait collée dans la tête malgré tous nos efforts pour forcer notre cerveau de passer à autre chose. Eh bien cette expérience abominable, c’est le quotidien d’Astorath l’Inflexible, Grand Chapelain des Blood Angels et Rédempteur des Égarés, dont il entend les fredaines pathétiques lui rabâcher les oreilles dès que l’un d’entre eux sombre totalement dans la Rage Noire. Il est alors de son devoir de rappliquer dare dare pour abréger les souffrances (les leurs et les siennes) à grands coups de hache, ce qui le conduit à passer sa vie dans l’espace, voyageant de zones de guerres en théâtres d’opérations dans son véhicule de fonction (l’Eminence Sanguis), accompagné de quelques fidèles acolytes. Aujourd’hui, direction Asque, d’où proviennent les échos lointains de Djadja joués à la flûte à bec par un Snotling asthmatique, ce qui est passablement désagréable, vous en conviendrez.

Laissant le fidèle Sergent Dolomen garder le vaisseau, comme il en a l’habitude1, Astorath part à la rencontre de l’escouade de Blood Angels affectés par le mâââl, escorté par le Prêtre Sanguinien Artemos et guidé par un trio de locaux, fortement impressionnés par la panoplie macabre de leur visiteur (qui fait moins le malin lorsque les ailes factices de son jet pack se prennent dans les branches sur le chemin, ceci dit). En chemin, les bouseux apprennent au Grand Chapelain que leur monde est victime depuis plusieurs décennies des attaques d’une race de Xenos peu sympathiques, baptisés les Silencieux par les pragmatiques Asquiens, et qui ont forcé ces derniers à abandonner leur cité ensoleillée pour se réfugier dans les forêts de champignons insalubres et humides recouvrant la majeure partie de la planète. Leurs appels à l’aide étant resté lettre morte pendant des décennies, l’ouverture de la Cicatrix n’aidant certainement pas, il leur a fallu prendre leur mal en patience et apprendre à vivre comme Yoda sur Dagobah, la Force en moins, le temps qu’une demi-escouade de Blood Angels soit dépêchée sur place pour botter le train aux Silencieux. Tout se passait très bien jusqu’à ce qu’un des Astartes ne pique une colère noire pour un motif indéterminé, et fausse compagnie à ses camarades pour aller baguenauder dans les sous-bois d’Asque.

Cette version est confirmée par le trio de Primaris qu’Astorath et Artemos rencontrent à leur retour de patrouille, et encore traumatisés par le pétage de plomb de leur mentor, le Sergent Erasmus, après que leurs hôtes leur aient apportés un steak d’ordes bien cuit au lieu de saignant. Détail important, Erasmus était un Space Marine de la vieille école, et pas un Primaris, dont la résistance à la Soif Rouge et à la Rage Noire relève encore de la théorie et des boniments de Belisarius Cawl. Ayant recueilli assez d’indices pour procéder à la traque et à la rédemption d’Erasmus, dont le séjour sur Asque sera le dernier échange culturel, Astorath se prépare à apporter la paix à la brebis énergétique égarée, siphonant un peu de rouge à la veine d’Artemos pour se donner du cœur à l’ouvrage, mais refusant catégoriquement que son acolyte vienne lui porter main forte dans sa mission sacrée. La confidentialité de la relation patient-thérapeute/confesseur/bourreau doit être respectée, que diable.

Après une petite partie de beat ‘em all sur le chemin de la ville abandonnée par les Asquais (les Silencieux trouvant malin de s’attaquer à Astorath à son passage, malgré leur corps de lâche et leur équipement rudimentaire), notre héros parvient enfin à localiser Erasmus, complètement enragé et donc persuadé de purger le Vengeful Spirit en lieu et place de son Primarque, alors qu’il massacre en fait la colonie de Silencieux ayant investi les habitations des colons après le départ de ces derniers. L’arrivée du Grand Chapelain fait définitivement pencher la balance en faveur de l’Imperium, et après que les derniers mobs aient été farmés, il est temps pour l’ultime séance de psychiatrie du Sergent Erasmus, administrée de main et de hache énergétique de maître par Astorath. Guidé par son amour fraternel et sa miséricorde absolue, le Rédempteur rédemptionne avec retenue, se contentant de saigner son patient pour saper sa force plutôt que de le décapiter sans sommation. Ah, il lui coupe une jambe aussi, mais seulement pour qu’Erasmus se tienne enfin tranquille, et qu’il puisse lui adresser une imposition des mains salutaire, permettant à l’égaré d’enfin refaire surface, et de mourir dans la lumière de Sanguinius et de l’Empereur. C’est presque une happy end, en fait. Ce problème résolu, et les glandes d’Erasmus récoltées, il est temps pour Astorath et Artemos de repartir sur les routes, la version de Bella exécutée au mirliton et à la scie musicale venant lui trotter dans la tête lui indiquant qu’un autre frère a besoin de ses bons offices…

1 : La planque ultime pour un Blood Angels tout de même. M’est avis que Dolomen a dû faire une remarque désobligeante lors du dernier vernissage de Dante pour avoir été affecté à une mission aussi chiante.

AVIS :

Guy Haley s’empare du personnage d’Astorath l’Inflexible (possiblement le Blood Angels doté du background au plus fort potentiel narratif) et nous sert une petite mise en situation dont il a le secret, soulignant à la fois les caractéristiques saillantes de son héros et levant le voile sur des aspects de sa personnalité et de son passé non abordés par les quelques paragraphes qui lui sont dédiés dans le Codex Blood Angels. Sur cette base éprouvée, Haley trouve également le moyen de faire le lien avec le lore avec un grand L (ce qui est approprié pour un personnage avec des grande ailes), en mentionnant l’ouverture de la Cicatrix et la dévastation de Baal, ainsi qu’en abordant la question fondamentale de la vulnérabilité potentielle des Primaris Blood Angels aux tares du matériel génétique de leur Primarque. Le résultat est très solide, à défaut d’être particulièrement original, et on se prend à espérer que la BL commissionne Haley pour d’autres travaux mettant l’Inspection Générale faite (sur)homme en vedette.

.

Extinction – A. Dembski-Bowden [40K] :

ExtinctionICÔNE : EZEKYLE ABADDON, MAÎTRE DE GUERRE DE LA BLACK LEGION

INTRIGUE :

On ne le sait que trop, les lendemains de cuite sont difficiles. Quand la tournée des bars en question a duré sept ans, impliqué des centaines de milliards de participants sur des milliers de planètes, dont quelques dizaines ont brûlé au passage, et s’est terminée par un projet X débridé dans la maison familiale avec le capitaine de soirée qui s’étouffe dans son vomi sur la banquette arrière de sa Kangoo défoncée, il est somme toute logique d’avoir, très, mais alors trèèèèèèèèèèèèèèès mal aux cheveux pendant quelques temps. Surtout quand on s’appelle Ezekyle Abaddon, et qu’on a un goût immodéré pour les manbuns en palmier1. Nous reviendrons sur le cas de ce mauvais sujet un peu plus tard.

Extinction place donc son propos dans la période trouble qui succède à l’Hérésie d’Horus, qui, si elle n’a pas été une partie de plaisir pour l’Imperium, n’a pas été de tout repos non plus pour les Astartes rebelles, réfugiés dans l’Œil de la Terreur et en proie à de bien compréhensibles dissensions internes en l’absence d’un grand chauve costaud pour claquer le beignet aux éléments perturbateurs. Mais, comme l’éructe Borge Grassens, Prince Démon poète à la moustache remplie de Nurglings : « Or sous les cieux sous vergogne//C’est un usage bien établi//Dès qu’il s’agit de rosser des Sons of Horus//Tout le monde se réconcilie2 ». Tel le chouchou de la maîtresse ayant rappelé à cette dernière qu’elle avait oublié de ramasser les expressions écrites de la classe deux minutes avant la sonnerie, les guerriers de feu le Maître de Guerre se retrouvent en butte à l’hostilité non dissimulée de leurs petits camarades de jeu, qui leur reprochent, non sans raison, d’être responsables de la galère dans laquelle ils se trouvent désormais.

Nous faisons donc la rencontre, pour beaucoup d’entre eux juste avant une capture infamante, un décès prématuré, ou pire, de quelques fistons d’importance, alors qu’ils se retrouvent entraînés dans des explications de texte sans fin avec leurs cousins issus de germain. Le Sergent Kallen Garax peine à trouver les mots justes (pas facile quand on parle Chtonien et le gonze d’en face Nostraman) pour apaiser un gang de bikers Night Lords. Le Techmarine Sovan Khayral insiste impuissant à l’incendie de son véhicule de fonction des mains huileuses d’une bande de Death Guard désœuvrés. Le Capitaine Nebuchar Desh finit par rendre l’âme après une séance un peu trop soutenue avec son/sa Dominatrice Emperor’s Children, qui devra se trouver d’autres chats à fouetter. L’humble frère Zarien Sharak, coursé par une meute de World Eaters souhaitant lui voler son goûter (quand on n’a pas de monde à manger, il faut bien compenser), signe un bail de sous-location mal avisé avec un Démon mal élevé qui le met fissa à la porte de son âme à son corps défendant (ou le contraire). Erekan Juric, Capitaine Reaver, se fait incendier par la bande à Kahotep sur le chemin de la maison. Même la fameuse Kangoo d’Horus traîne son mal-être depuis la disparition du patron, remisée qu’elle a été dans un quelconque parking sous-terrain de l’Œil par ce galopin d’Abaddon.

C’est par un aparté dévolu à ce diable d’Ezekyle que se termine Extinction. Ayant tout bonnement pris un congé proprement sabbatique pour se ressourcer et faire le point sur sa vie, et voyageant de planète en planète pour visiter les attractions touristiques qu’elles ont à proposer (une pyramide ici, un mausolée là, un temple plus loin… c’est une sortie culturelle), Abby regarde de loin ses anciens frères se faire mettre la tête dans la cuvette des toilettes chimiques de leurs Rhinos, guère intéressé par les déboires de sa Légion. Quelque chose me dit toutefois que cela ne durera pas éternellement…

1 : Ca irrite le cuir chevelu comme pas possible et c’est très mauvais pour le bulbe.
2 : La rime est pauvre mais l’argent ne fait pas le bonheur.

AVIS :

Prologue à sa saga consacrée aux origines de la Black Legion, cette Extinction permet à Dembski-Bowden d’afficher sa maîtrise de la nouvelle d’ambiance. Il ne se passe en effet pas grand-chose dans ce court format, la succession de vignettes illustrant les déboires de la marmaille horusienne permettant seulement de prendre la mesure de la mauvaise passe que cette dernière traverse, orpheline de Primarque, traumatisée par sa défaite sur Terra, n’ayant plus d’objectif autre que la survie et ciblée à outrance par ses partenaires de crime. Pour autant, Extinction reste l’une des lectures les plus agréables de Croisade & Autres Récits, la patte d’ADB rendant chaque passage intéressant, chaque personnage attachant, et préparant parfaitement le terrain pour le début de la geste Abaddonienne, que le lecteur aura envie d’approfondir après en avoir terminé avec cet amuse-gueule, je gage. Il est fort l’animal, il est fort.

.

Prodigal – J. Reynolds [40K] :

ProdigalICÔNE : FABIUS BILE, APOTHICAIRE DES EMPEROR’S CHILDREN

INTRIGUE :

Alors qu’il couve, quasi littéralement, sa nouvelle génération d’enfants-cobayes, spécimens de la nouvelle humanité qu’il appelle de ses vœux et crée de ses recherches, Fabius Bile reçoit la visite d’une présence démoniaque furtive et rigolarde, envoyée par l’un de ses nombreux ennemis pour mettre fin à ses expérimentations. Pas de chance pour le rejeton du Warp, Fab en a vu d’autres, et ordonne posément à l’esprit de la machine du Vesalius, son vaisseau amiral, de sceller son laboratorium pour lui permettre de localiser l’agent contaminateur importun et lui passer l’animus à l’eau de javel, comme la procédure le demande. Si la baston qui s’en suit ne fait de victimes que parmi la collection d’occulobes et de glandes de Betcher gardés par l’Apothicaire fou, les choses manquent de mal tourner pour ce dernier après que le premier démon assassin soit rejoint par un second. L’arrivée opportune de Melusine, la « fille » aînée de Bile, permet toutefois de mettre fin aux débats avant que le laboratoire ne soit complètement ravagé. Si Mel a pu intervenir en ce moment décisif, c’est parce qu’elle est elle-même plus qu’à moitié démoniaque, une orientation qui déçoit beaucoup son géniteur, mais qu’il accepte, en père modèle moderne et philosophe. S’en suit un dialogue entre les deux générations de Bile, qui génère plus de questions qu’il n’apporte de réponses, à commencer par les motivations ayant poussé Melusine à venir à la rescousse de son vieux, et à lui transmettre des avertissements à la demande de… Fantomas ? Jack l’Eventreur ? the masked singer ? Le suspens restera entier, en partie à cause de la folie manifeste de Fabienne (son vrai nom), qui a du mal à se situer entre le passé, le présent et le futur, et le choix de Fabius de ne pas poser la question qui pourtant le travaille autant que le lecteur. L’entrevue se termine sur le départ précipité de Melusine, qui « n’aime pas parler aux fantômes » (sic), et laisse donc son vieux pôpa méditer sur l’ingratitude de la jeunesse et sur l’inexorable passage des années, ou, dans son cas, des millénaires. Bile reste toutefois convaincu de l’intérêt et du caractère fondamental de ses recherches, qu’il continuera à mener en dépit de l’opposition d’une galaxie obscurantiste. C’est cela que d’être en avance sur son temps…

AVIS :

‘Prodigal’ apprend beaucoup de choses sur la vie et l’œuvre de Fabius Bile (et à travers lui sur les Emperor’s Children et les Légions renégates), ce qui en fait un bon point de départ pour quiconque souhaite se plonger dans le corpus que la Black Library a dédié à son charismatique et échevelé savant fou, écrit en bonne partie par le même Josh Reynolds. Je ne suis en revanche pas certain que les lecteurs familiers du personnage et de sa saga y trouvent de grandes sources de satisfaction, le retour de Melusine (la fille prodigue annoncée par le titre) ne faisant finalement pas progresser les relations entre les deux personnages d’un iota. Une bonne petite nouvelle d’ambiance/d’acclimatation donc, mais en rien essentielle à la bonne compréhension des chroniques bilieuses et billesques de Reynolds.

.

Veil of Darkness – N. Kyme [40K] :

Veil of DarknessICÔNE : CATO SICARIUS, CAPITAINE DE LA SECONDE COMPAGNIE DES ULTRAMARINES

INTRIGUE :

Vous souvenez vous de Damnos et de sa chute, amis lecteurs ? Si l’épisode fut malheureux pour l’Imperium, il eut au moins l’avantage de mettre l’insupportable Cato Sicarius, Capitaine de la Seconde Compagnie des Ultramarines, en face de sa nullité crasse et d’un adversaire qui lui apprit bellement la vie, le Seigneur Necron « Immortel » (Undying), qui lui planta sa faux dans le bidon au terme d’un duel épique (selon Sicarius)/de cinq secondes (selon les observateurs présents). Un souvenir à chérir en ce millénaire hostile…

Notre histoire commence quelques temps après cet affrontement fatidique, Cato revenant à lui dans une cuve de bacta et, fidèle à lui-même, commençant le premier jour du reste de sa vie1 en rabrouant le fidèle Apothicaire Venatio, qui a pourtant passé les derniers jours à le remettre en forme. Apprenant la défaite des Ultramarines et la perte du vénérable Agrippen, Sicarius pique sa crise et fracasse d’un coup de poing la vitre de sa cuve amniotique pour se passer les nerfs (et il aurait fait pire s’il avait eu son épée). Et dire que les World Eaters sont accusés d’être psychopathes. Avant qu’il n’ait pu détruire de fond en comble l’Apothicarion, l’arrivée soudaine de son rival devant l’éternel, Severus Agemman, contraint notre turbulent zéro à retrouver son calme. Le Capitaine de la Première Compagnie est venu informer son collègue et inférieur qu’il est convoqué devant Marneus Calgar dans six heures pour expliquer pourquoi et comment il a cru bon de déféquer dans la super glu lors de la campagne de Damnos. Sicarius, qui n’est pas passé en conseil de discipline depuis la fin de ses études, prend évidemment très mal la nouvelle, et fidèle à la légendaire équanimité de Guilliman, balance quelques réflexions désagréables à Agemman pour extérioriser sa frustration, manquant de peu de se ramasser une baffe énergétique pour sa peine.

Avec si peu de temps pour préparer son dossier, Sicarius n’a bien sûr rien de plus pressé que d’aller récupérer ses armes et armures à l’Armourium, où il a la désagréable surprise de constater que des bouts de Guerriers Necrons décomposés ont été stockés pour étude par les Techmarines du Chapitre. Flairant une combine de la part de l’ennemi, maître incontesté du leave no trace2, Sicarius ne peut cependant convaincre Vantor, le techos en faction, de mettre à la benne ces déchets dangereux. Il expérimente à cette occasion une vision plutôt inquiétante de sa Némésis métallique, le laissant littéralement sur les genoux (pendant que Vantor, qui n’a absolument pas trouvé anormal que son interlocuteur s’effondre au sol en suffoquant comme un poisson hors de l’eau, est retourné vaquer à ses occupations). De nouveau maître de lui-même, Sicarius repart donc rédiger son rapp- taper le carton en salle d’entraînement avec le Sergent Daceus, qui mérite une statue au sein du Temple de la Correction pour supporter un supérieur aussi imbuvable que lui. On apprend à l’occasion du duel amical entre les deux Ultramarines qu’en plus d’être prétentieux au possible, Sicarius est également mauvais perdant et vicieusement mesquin, puisqu’il enfreint volontairement les règles du combat pour pouvoir scorer une touche contre Daceus, qui était sur le point de le vaincre. Une nouvelle vision ténébreuse s’abat alors sur le Capitaine, qui manque de tuer le Sergent en pensant revivre son duel contre le Roi Necron (mais ne s’excuse pas le moins du monde lorsque l’illusion se dissipe, évidemment). Tout à sa paranoïa, Cat’ éventre un pauvre Serviteur de combat qui ne lui avait rien fait, juste pour être sûr que le soulèvement des machines n’était pas d’actualité, avant de se rappeler qu’il ne lui reste que 10 minutes avant de comparaître devant Calgar, et qu’il n’a rien préparé pour sa défense. Accompagné par le bien brave Daceus, Sicarius se présente à son audience, certain que sa belle gueule et ses états de service lui éviteront le blâme qu’il mérite pourtant de toute évidence…

Début spoiler 1La correctionnelle lui est  évitée par la tentative d’assassinat dont est victime le pauvre Marneus, décidément dans tous les mauvais coups, de la part d’un Deathmark Necron sorti de nulle part, comme cela est son droit le plus strict. Ce n’est que le prélude à une invasion en règle de la Forteresse de Hera par les fourbes Xenos, qui profitent du goût des Ultramarines pour les souvenirs de campagne pour pénétrer en masse dans l’Armourium, faisant sa fête à Vantor au passage, avant de se diriger vers l’Apothecarion pour en terminer avec le Grand Schtroumpf. Isolés de leurs frères de bataille par les artifices Necrons, Sicarius, Daceus, Agemman et les gardes d’honneur de Calgar tentent de renverser la situation en déphasant le Vizir porteur du Voile de Ténèbres, ce qu’ils parviennent à faire, mais cela n’empêche pas le Roi Necron de faire son entrée sur le champ de bataille, et de porter le coup de grâce au Maître de Chapitre, après que tous ses défenseurs aient été passés au fil du khopesh. À moins que…

Début spoiler 2…À moins qu’il ne s’agisse que d’un rêve, évidemment. Ou plutôt, d’une vision du futur. Retour donc à la cuve de biactol du début de la nouvelle, d’où Sicarius réémerge, sa légendaire mauvaise humeur remplacée par un sentiment de déjà vu irrépressible. Et en effet, il a connaissance de tout ce que ses interlocuteurs cherchent à lui dire, ainsi que du stockage des pièces détachés Necron dans l’arrière boutique de l’Armourium, qu’il se dépêche d’aller valoriser énergétiquement (pour une fois, c’est approprié) malgré les protestations de Vantor. Ceci fait, il est libre d’aller répondre de ses actes devant Marneus Calgar sans craindre pour la vie de ce dernier, qui souhaitait simplement le voir pour lui annoncer qu’il a lui aussi eu ce rêve étrange et pénétrant, dans lequel le Roi Necron se paie sa tête. Ce crime de lèse majesté ne pouvant rester impuni, Calgar autorise son Capitaine à jouer la belle, lorsque l’occasion se présentera. Comme on disait à l’époque, Delenda Necrono.Fin spoiler

1 : C’était la première fois qu’un adversaire le blessait gravement lors d’un duel. Lui, Cato Sicarius, Maître du Guet, Chevalier Champion de Macragge, GrAnD dUc De TaLaSsAr et HaUt SuZeRaIn D’uLtRaMaR !!! Il se serait plaint au directeur, s’il avait pu.
2 : On peut reprocher beaucoup de choses aux Necrons, mais au moins, ils ne polluent pas.

AVIS :

Je suis face à un paradoxe au moment de donner mon avis sur ce ‘Veil of Darkness’. Je ne saurai dire en effet si le dégoût profond que m’inspire Cato Sicarius, aussi connu sous le nom de « Everything Wrong with the Ultramarines », est à considérer comme une réussite ou comme un échec de la part de Nick Kyme. Il ne fait aucun doute que ce dernier a volontairement accentué le trait pour donner à son protagoniste une personnalité marquée, pour ne pas dire autre chose, comme il l’avait déjà fait avec le personnage de Tsu’Gan dans sa série sur les Salamanders. Cependant, à faire de Sicarius une tête à claque absolue, il prend le risque de dégoûter le lecteur de ce héros infect, ce qui n’est pas conseillé lorsque l’on souhaite vendre des bouquins. En tout cas, il ne faudra pas compter sur moi pour suivre avec intérêt les péripéties de la Mimi Geignarde de l’Ultima Segmentum, qui pâtit sans doute du grand nombre d’icônes du Chapitre ayant également eu les honneurs de la BL (Ventris, Calgar, Chronus, Tellion, Kastor & Polixis… et maintenant Guilliman, sans compter la ménagerie hérétique de la Légion), et dont il lui faut bien se démarquer. La stratégie du sale gosse de Kyme, pour efficace qu’elle soit, est donc à double tranchant.

Si on fait abstraction du caractère difficile de son héros, ‘Veil of Darkness’ est une honnête nouvelle d’action, bénéficiant d’un twist final convenable, à défaut d’être particulièrement efficace (évidemment que Calgar et Agemman ne peuvent pas finir leur carrière au détour d’un paragraphe d’une obscure nouvelle consacrée à Sicarius), et présentant de façon convenable le passif et les motivations de son héros. L’un dans l’autre, c’est donc une bonne introduction aux aventures de Cato Sicarius, si tant est que vous ayez l’envie de les suivre, ce dont je vous laisse décider en votre âme et conscience…

.

Fireheart – G. Thorpe [40K] :

FireheartICÔNE : YVRAINE, ÉMISSAIRE D’YNNEAD

INTRIGUE :

Envoyée par Yvraine comme émissaire auprès des Eldars du Saim Hann afin d’obtenir de l’aide dans la quête des mondes de Morai-Heg, la Céraste Druthkala Shadowspite (Drudru pour les intimes) a bien du mal à convaincre ses hôtes de prêter une oreille pointue attentive à ses doléances. Car étonnamment, les Zoneilles sont égoïstes et mesquins. Qui l’eut pensé, vraiment ? Alors que les Clans réunis en assemblés dans le bois de Vincennes du Vaisseau Monde n’en finissent plus de se crêper le chignon, et que Druthkala tue le temps, faute de mieux, en imaginant les sévices qu’elle pourrait infliger à ses lointains cousins, Nuadhu du Clan Fireheart fait son apparition, en retard comme à son habitude. Bien que seulement héritier putatif du Clan, l’état végétatif de son père lui donne le pouvoir de décider à sa place, et un seul regard sur les courbes généreuses et l’armure minimaliste de la diplomate Ynnari convainquent notre dalleux de héros qu’il doit lui venir en aide pour s’en faire bien voir, et plus si affinités. Le choix d’Yvraine d’envoyer une bombasse plutôt qu’un érudit fait tout d’un coup plus de sens…

La mission de Shadowspite et de ses nouveaux amis est assez simple : mener une reconnaissance sur le monde vierge d’Agarimethea, où un vaisseau Exodite patiente en double file orbitale depuis quelques semaines, ce qui indique que quelque chose ne tourne pas rond à la surface. Après un petit go fast dans la Toile, dans la plus pure tradition des Wild Riders, les bikers au serpent arrive sur place, où ils ne mettent pas longtemps à repérer un complexe Necron défigurant le paysage champêtre, comme un magasin Bricodépôt construit au milieu d’un parc naturel. La présence de l’ennemi primordial des Eldars sur une planète qui devrait pourtant être exempte de toute souillure provoque des réactions mitigées dans la compagnie. Ceux qui réfléchissent avec le cerveau (Caelledhin, la demi-sœur du héros) sont pour une retraite prudente, ceux qui réfléchissent avec un autre organe (Nuadhu, qui n’en finit plus de baver sur les jambes de Shadowspite) insistent pour aller jeter un œil sur site, afin de peut-être trouver une arme qui pourrait aider les Eldars dans leur lutte contre les Necrontyr. Nuadhu étant techniquement aux commandes (même si cet incapable a laissé le pilotage de sa Vyper à son chauffeur de fonction), l’expédition fait fi de toute prudence et va se garer devant la pyramide principale. Bien évidemment, le calme qui baigne les lieux n’est qu’apparent, et lorsque Nuadhu pose la main sur la surface inerte du monument aux des morts, une alarme se déclenche et le ciel se remplit bientôt de tirs de désintégrateurs et d’aéronefs Necrons.

La fuite éperdue qui s’en suit voit la disparition tragique d’un certain nombre de cousins Fireheart, victimes des tirs ennemis, du relief ou du troupeau de dinosaures local (obligatoire sur un monde vierge). J’imagine qu’il en reste encore plein de là où ils viennent, et on ne pleurera donc pas trop sur leur sort. Les Eldars, bien diminués par la tournure qu’ont pris les événements, et la stupidité crasse de leur chef, jurent toutefois de revenir pour rendre aux Necrons la monnaie de leur pièce, ce qui sera fait dans ‘Wild Rider’/’Le Cavalier Rebelle’, le deuxième bouquin consacré aux suivants d’Ynnead par Gav Thorpe.

AVIS :

Je dois avouer tout de suite que je n’ai pour le moment pas réussi à m’intéresser aux Ynnari, ce qui est un handicap pour qui veut effectuer une chronique impartiale d’une nouvelle consacrée à cette nouvelle faction de 40K. Toutefois, même si les cultistes d’Ynnead avaient bénéficié de ma légendaire bienveillante neutralité, je pense que mon jugement de ce ‘Fireheart’ serait resté sévère. Il n’y en a en effet pas grand-chose à tirer de cette histoire, mis à part quelques fragments de fluff sur l’organisation et la culture de Saim Hann, et le nom du canasson de Khaine, ce qui n’est pas lourd. Pour le reste, on assiste à un festival de gaffes, puis de baffes, provoqué par l’incompétence notoire de Nuadhu, dont la concupiscence irréfléchie mettra Saim Hann en danger, et, surtout, donnera à peu de frais à Thorpe le pitch d’un de ses bouquins. C’est à une nouvelle purement et crânement utilitaire que nous avons affaire ici, qu’il convient de lire à l’extrême limite en prologue de ‘Wild Rider’ et c’est bien tout.

.

Blood Guilt – C. Wraight [40K] :

ICÔNE : NAVRADARAN, EPHOROI DE L’ADEPTUS CUSTODES

INTRIGUE :

Notre nouvelle débute avec une petite mise en contexte de la fonction de Custodiens, qui a connu bien des évolutions depuis les jours dorés de la Grande Croisade. On apprend ainsi que les Über Super Dupper de l’Empereur vivent dans une maison sans balcon sans toiture, où il n’y a même pas d’abeilles sur les pots de confiture1, même pas d’oiseaux, même pas la nature, et c’est même pas une maison. Ce qui est logique, puisque c’est la tour de l’Hégémon. Tour avalée par l’urbanisation galopante qu’a connu le Monde Trône au cours des derniers dix millénaires, mais tour tout de même. Parmi les 10.000 hauts fonctionnaires que compte cette noble institution, une majorité est affectée à la recherche fondamentale ou à la garde du Trône d’Or, et seuls quelques rares individus, les Ephoroi, ont l’occasion de se dégourdir les spalières en traquant les suspects désignés par leurs collègues du bureau des légendes. C’est à l’une de ces opérations très spéciales que nous convie Chris Wraight, aux côtés de Navradaran, enquêteur très spécial au service exclusif de sa Majesté.

C’est toutefois sur la proie de Nanar, le Seigneur Sleox, que la caméra se braque, alors que le noble se hâte vers le garage de son manoir en compagnie de son assistante Ysica. On devine sans mal que Sleox a des choses à se reprocher, et souhaite de toute urgence quitter Terra pour des cieux plus cléments plutôt que de devoir répondre de ses actes. Les éternels embouteillages du périphérique terran manquent toutefois de permettre au notable en fuite de se faire pincer avant d’arriver jusqu’au spatioport, un aéronef à l’allure menaçante ayant pris en chasse la limousine de Sleox sur le chemin du terminal. Au prix d’un sprint échevelé dans les coursives du bâtiment jusqu’à sa navette privée, le grand ponte et la petite main parviennent toutefois à rejoindre leur objectif avant d’être appréhendé par les forces de l’ordre. Une fois le vaisseau décollé et en route vers l’orbite, Sleox commence à se détendre, et se dirige vers le minibar pour s’en jeter un petit bien mérité…

Début spoiler…Mais découvre avec stupéfaction qu’un colosse en auramite a déjà fait main basse sur ses réserves, et sirote un jus de tomate (pas d’alcool en service) accoudé au comptoir. Un bolt non explosif (donc, une balle, j’imagine) dans le caisson plus tard, Sleox passe de vie à trépas dans l’incompréhension la plus totale. Et pour cause, la vraie cible de Navradaran n’était pas ce pantouflard de Seigneur, mais bien son assistante personnelle, qui cache sous une apparence banale un pouvoir de nuisance considérable, aiguisé par des millénaires de planque dans la haute société terrane. Le temps que la navette ne vienne se poser dans le QG des Arbites le plus proche, le Custodien et l’intrigante chaotique discutent de tout et de rien, le premier cherchant à percer à jour les motivations de sa captive, et la seconde à endormir sa vigilance pour pouvoir se suicider avant d’être soumise à l’interrogatoire, ce qu’elle ne parviendra pas à faire, malheureusement pour elle. On apprendra tout de même qu’elle considère que les Custodiens ne sont pas prêts du tout à s’opposer à la prochaine attaque d’Abaddon le Fléau, toujours partant pour aller pousser Pépé dans les orties.

La nouvelle se termine avec le compte rendu de Navradaran à Valoris, ce qui nous vaut un nouvel échange de graves platitudes sur l’état de l’Imperium et le devoir des Custodiens, ainsi qu’un petit aperçu de ce que le futur réserve au Sombre Imperium : un retour des filles de l’Empereur, qui devra être favorisé et encouragé par les 10.000 dans la mesure de leurs capacités, qui ne sont tout de même pas minables.Fin spoiler

1 : Mais qui est toujours éclairée avec des bougies en cire d’abeille, ce qui est un luxe indécent au 41ème millénaire.

AVIS :

Comme beaucoup de ses camarades de jeu, Chris Wraight écrit des nouvelles de liaison entre les romans de ses séries de long cours, et ‘Blood Guilt’ se place dans cette catégorie de publications charnières (‘The Emperor’s Legion’ et ‘The Regent’s Shadow’). Comme peu de ses camarades de jeu, Chris Wraight, parvient souvent (mais pas toujours, cf ‘Argent’) à donner à ce type de courts formats un intérêt pour le lecteur opportuniste. Ici, on a le droit à un petit cours d’histoire sur la Tour de l’Hegemon au fin des millénaires, puis à une révélation savamment mise en scène à propos de l’identité de la cible de Navradaran, et pour finir, à quelques considérations stratégico-politiques (la spécialité de Wraight) entre deux personnages très au fait de la situation de l’Imperium, ce qui donne trois bonnes raisons de s’atteler à la lecture de cette petite histoire, et donne plutôt envie d’en apprendre en plus sur la vie trépidante de Nanar et Valoche, gardiens émérites de Papy Mougeot.

.

Argent – C. Wraight [40K] :

ArgentICÔNE : LUCE SPINOZA, INTERROGATRICE DE L’ORDO HERETICUS

INTRIGUE :

Je m’appelle Luce Spinoza, je suis Interrogatrice au service de l’Inquisiteur Joffen Tur, et ceci est mon histoire. Au moment où nous faisons connaissance, je gésis telle une loque sur le sommier de ma cellule, les deux bras dans le plâtre et la tête dans le Culexus. J’entends le pas lourd de mon tout aussi lourd (vous allez rapidement comprendre pourquoi) patron approcher dans le couloir, et je n’ai que le temps de me remémorer les événements qui m’ont conduit à l’état de grabataire que le voilà à mon chevet. Comme vous, il cherche à savoir comment diable Horus j’ai réussi à me mettre dans un tel état. Pour cela, un petit flashback s’impose. Je m’appelle Luce Spinoza, et ces dernières heures n’ont pas été de tout repos.

Tout avait pourtant commencé de manière très classique. Nous étions arrivés en orbite du monde ruche de Forfoda pour enquêter sur les raisons de la rébellion ayant mené la planète à entrer en sécession ouverte contre le règne éclairé et éclairant de notre bien-aimé Empereur. Tur avait insisté pour prendre son utilitaire de fonction plutôt que sa limousine, soi-disant pour faire passer le message auprès des autres forces impériales que ce théâtre d’opération l’intéressait à peine. Mouarf. Il était tout de même venu, et la seule conséquence pratique de cette démonstration de morgue cryptique fut que les copains et moi dûmes nous serrer sur les sièges arrière de sa Kangoo au lieu de chiller tranquille à côté du minibar, comme à notre habitude.

Lors du briefing de la mission, Tur nous avait fait part de son plan. Afin d’éviter que nos alliés Imperial Fists ne dessoudent les meneurs de la rébellion avant que nous n’ayons pu les cuisiner, il était impératif de leur griller la politesse là où c’était possible, ou de réfréner leurs ardeurs homicidaires lorsqu’ils étaient déjà à pied d’œuvre. Je m’attendais à être affectée à l’équipe du boss, comme c’est habituellement le cas, mais mes quinze minutes de retard au point équipe hebdomadaire du lundi précédent n’avaient de toute évidence été ni oublié, ni pardonné, car Tur m’a au contraire chargé de la supervision d’une opération annexe, en solo avec les Astartes. Ca m’apprendra à aller en boîte le dimanche soir.

Un peu plus tard, je fis connaissance avec la bande de surhommes que j’avais pour mission d’encadrer, afin d’assurer la capture de l’assistante de direction du gouverneur rebelle, une certaine Servia, localisée en haut d’une spire annexe de Forfoda (c’était sans doute son jour de télétravail – chanceuse –). Dès mon arrivée au Strategium, j’ai compris que la partie allait être tendue. Je n’ai en effet pas senti une grande sympathie envers ma personne de la part de mes collègues de bourreau (Jaune, Jaune d’Œuf, Jaune Trois, Jaune Quatre, Jaune Cinq, et un Chapelain, Erastus), confirmant les rumeurs insistantes dépeignant les Imperial Fists comme une bande de suprématistes meninistes. C’était bien ma veine. Heureusement que j’avais passé mon BAFA pour encadrer les pupilles de la Scholam lors des colonies pénales de vacances lorsque j’étais jeune fille au pair sur Dimmamar. J’ai donc remis en place ces butors dans le plus grand des calmes, et leur ai bien fait comprendre que c’était moi la boss. Non mais.

À partir de là, tout s’est enchaîné très rapidement. Notre taxi nous a déposé quelques étages en dessous du F3 de Servia, et mes gros copains souffrés faisant souffrir le service d’ordre des traîtres avec une brutalité consommée. J’aurais peut-être pu les aider à rentrer plus facilement (c’est comme en boîte, il vaut mieux laisser passer les filles devant quand on est une bande de mecs), mais ils étaient déterminés à finir la mission à temps pour ne pas rater le début de Dorna l’Exterminatrice, et je n’avançais visiblement pas assez vite pour eux. J’ai toutefois pu rattraper le groupe maillot jaune une fois l’appartement de Super Nanny investi, car cette dernière, ainsi que les amis qu’elle recevait à notre arrivée, étaient en pleine réunion Tupperware, avec des mutations pas vraiment ragoutantes à la place des contenants en plastique (de toutes façons, il vaut mieux utiliser du verre, c’est bien plus sain). La sain(t)e fureur des Mrs Propres, goût Paic Citron, eut beau s’abattre comme un ouragan de fraîcheur sur le taudis de Servia, l’issue du match restait incertaine, d’autant plus que le brave Erestus était franchement à la peine contre la maîtresse de maison, qui lui avait arraché sa mop énergétique des mains au moment où je suis arrivée sur place (rapide pause make up sur le pallier, pour ne pas rater ma première impression).

N’écoutant que mon courage, j’ai bondi entre le canapé et la table basse afin de récupérer l’instrument de travail de l’immaculé Chapelain. Par le pacemaker de l’Empereur, ce truc pesait le poids d’un grox mort ! Pas étonnant qu’ils soient aussi baraqués chez les Fists, s’ils n’utilisent que de la fonte pour réaliser leurs objets du quotidien. Voyant qu’Erestus était trop occupé à repousser les poisseuses avances de son hôte pour récupérer son hochet, j’ai pris le problème à bras le corps et ai assené à la maraude un horion digne de Jaune Henry en personne. Je me sentais trop fraîche… jusqu’à ce que je réalise que le champ disrupteur du bouzin était poussé au max, et que je n’avais ni l’armure, ni la musculature nécessaires pour encaisser le contrecoup de mon revers à deux mains. Résultat : un vol plané de trois mètres à travers le salon, une paire de radius concassée, une manucure ruinée, mais une victoire assurée pour l’Imperium, la résistance de Servia et Cie ayant été brisée en même temps que la colonne vertébrale de cette dernière. À peine le temps de m’assurer que les nettoyeurs de choc ne réglaient pas son compte à la grosse tache de gras (parce qu’en plus d’être misogynes, les Imperial Fists sont grossophobes : c’est la Ligue du Lol en fait) dans un excès de zèle, ce que j’aurais eu du mal à expliquer au boss, et j’ai sombré dans une salutaire et bien méritée inconscience, avec la satisfaction du devoir accompli. Vous savez tout.

Fondu au noir et lancement du générique, précédé du texte suivant :

L’Interrogratice Luce Spinoza poursuivit sa carrière au sein de l’Ordo Hereticus avec distinction, où elle sert désormais l’Inquisiteur Crawl sur Terra. Pendant sa convalescence, le Chapelain Erestus vint lui rendre visite afin de lui offrir le Crozius Arcanum avec lequel elle avait éreinté la vile Servia. Relique millénaire des Imperial Fists, cette arme nommée Argent ne pouvait être maniée que par des guerriers du Chapitre… jusqu’à ce que Spinoza ne vienne la looter en loucedé apparemment. Raccourci et allégé pour permettre à sa nouvelle porteuse de le manier sans risquer la PLS à chaque attaque, Argent continue à apporter le courroux de l’Empereur à Ses ennemis, et incarne la précieuse et indispensable collaboration entre les serviteurs du Maître de l’Humanité.

De son côté, Erestus fit une demande auprès des services généraux du Chapitre pour obtenir un modèle plus récent de Crozius, ce qui lui avait été précédemment refusé. Mis devant le fait accompli, le DRH du Phalanx n’eut d’autre choix que de s’exécuter. Tout le monde est gagnant.

AVIS :

Les habitués de ces chroniques savent quelle importance j’attache à la présence de twist final dans les nouvelles que je dissèque. Cet élément est en effet à mes yeux indissociable du genre en question, et c’est sur la présence et la pertinence de ce dernier que l’on peut souvent juger de la qualité d’un auteur et d’une soumission. La Black Library n’étant pas reconnue comme une maison d’édition aux standards très élevés (ce qui est logique au vu de sa mission première : fournir du fluff à foison pour faire rentrer des biffetons plutôt que de chercher à décrocher le Man Booker Prize), l’amateur de nouvelles devra souvent se résigner à des conclusions « plates », voire absconses s’il n’a vraiment pas de chance.

Le cas de cet Argent de Chris Wraight est un peu particulier, en ce que le twist final du récit s’avère être proprement méta, cas de figure que je n’avais rencontré jusqu’à présent. Tant la construction du récit à base de flashback que le pedigree respectable de l’auteur en matière de narration laissaient en effet entrevoir un dénouement un tant soit peu spectaculaire à cette nouvelle abordant le thème ma foi assez intéressant de la difficile coopération entre agents de l’Inquisition et guerriers de l’Adeptus Astartes. Le cadre posé, et l’incontournable séquence de Space Marines de films d’action évacuée, on se prépare à recevoir une conclusion édifiante de la part de Wraight, à même d’expliquer tant le titre que la finalité de la nouvelle… pour au final réaliser que nous sommes en présence d’une vulgaire digression n’ayant pour but que d’expliquer au lecteur comment Luce Spinoza, personnage récurrent de la série Vaults of Terra a reçu sa matraque de fonction (que l’on voit en couverture de The Hollow Mountain).

Pour une surprise, c’est une surprise, reconnaissons cela à Mr Wraight, qui nous avait cependant habitués à des soumissions un peu plus ambitieuses en termes de contenu. Drôle d’idée des éditeurs de la Black Library que d’avoir choisi de faire débuter le recueil Lords & Tyrants finalement très quelconque, et qui aurait eu davantage sa place en filler entre les tomes 1 et 2 de Vaults of Terra dans le futur omnibus de la série. Chris Wraight a beau avoir suffisamment de métier pour rendre l’expérience tout à fait supportable, on sort de cette dernière un rien blasé1, ce qui n’augure rien de bon pour les quinze nouvelles suivantes. Si plaie d’argent n’est pas mortelle (la preuve, Servia a survécu !), sa lecture, elle aussi, n’a rien de mortel. Et c’est bien le problème.

1 : Au risque de me répéter, tournons-nous une fois de plus vers l’étalon Abnett pour définir ce qu’une bonne nouvelle filler peut être. La comparaison la plus évidente à mes yeux est à faire avec Missing in Action (comment Eisenhorn a perdu la main, littéralement) et Playing Patience (comment Ravenor a recruté Miss Kys). Ces publications n’ont rien d’essentiel dans les arcs narratifs développé par Abnett pour ses personnages, mais sont suffisamment bien tournés pour pouvoir être lu par le tout venant, et non pas destinés uniquement aux plus dévots serviteurs des saints Ordos.

.

The Absolution of Swords – J. French [40K] :

The Absolution of SwordsICÔNE : COVENANT, INQUISITEUR DE L’ORDO MALLEUS

INTRIGUE :

Par une nuit frisquette dont Dominicus Prime a le secret, un trio de figures enrobées se dirige vers la forme imposante de la Haute Chapelle, dont l’accès a pourtant été interdit par le Prefectus Prior Gul. Lorsqu’une patrouille de gardes a la mauvaise idée de leur barrer la route, les marcheurs jettent à bas leurs masques (et chasubles), et forcent leur chemin jusqu’au bâtiment où les attendent – sans le savoir encore – Aristas Gul et son bedaud Lumn, qui se croient avoir été convoqués par leur contact au sein de la 10ème Voie pour un point d’avancement surprise. Nos trois compères sont l’Inquisiteur Covenant, la Sœur Repentia Severita (qui ajoute pieusement le KO des deux gardes qu’elle a molestés dans l’exercice de leurs fonctions à son ardoise de péchés), et le Prieur Josef, et s’ils ont fait le voyage dans ce trou perdu de la galaxie alors qu’un Conclave est sur le point de débuter sur Ero, c’est qu’ils ont de bonnes raisons.

Un peu plus loin, sur la même planète, deux autres agents de l’homme au catogan tentent d’obtenir leurs entrées dans le night club le plus privé de Dominicus Prime : la salle de pause de la 10ème Voie. Ils ont dû pour cela négocier leur passage à travers des kilomètres de couloirs, fumoirs et dortoirs, graissant les pattes des pèlerins de faction tout du long, jusqu’à faire la connaissance d’un gros malabar peu aimable, qui accepte toutefois de les mener à confesse après avoir vu les (faux) tatouages et entendu les (bonnes) réponses de ces visiteurs impromptus. Pour continuer les présentations, il s’agit du blasé Cleander Von Castellan, marchand libre-mais-pas-vraiment-en-fait, et de l’imperturbable Koleg, ex-soldat aussi mortel que morne. Seul petit problème, la brute fait du zèle dans son interrogatoire, et pose une dernière question à laquelle Cleander n’a pas la réponse. Son improvisation ne donnant rien, le rogue trader est contraint d’écourter l’entrevue en dégainant ses fidèles pistolets à aiguilles, ce qui règle le problème de façon élégante (plus qu’un bolter, en tout cas). Ceci fait, les deux agents sont libres de s’engager dans l’escalier qui les mènera jusqu’à leur destination, peut-être finale.

Retour dans la Haute Chapelle, où de foie jaune de Gul en est quitte pour une petite leçon de catéchisme. Car le bon Prior couvre depuis trois ans les agissements démoniaques de la 10ème Voie, depuis qu’il a reçu la visite d’un Inquisiteur radical ayant confirmé ses doutes athéistes sur la non-divinité de l’Empereur. Bon prince, Covenant est venu offrir une chance d’absolution au grox égaré, en échange de quelques tuyaux sur son commanditaire, ce que Gul est plutôt prêt à faire, mais ce que Lumn, moins moinillon muet que démon déguisé, n’est pas très chaud pour autoriser. L’inévitable baston qui fait suite à ce léger différend est remportée de haute lutte par l’Inquisition, mais creuse un gros trou dans la réserve de points de vie (et la couche de graisse protectrice) de Josef, en plus de mettre Severita sur les rotules. Heureusement que le boss et sa grande épée énergétique sont là, tout de même.

Sous terre, c’est à peu près le même topo pour Cleander et Koleg, après qu’ils soient parvenus à une crypte contenant un pédiluve, un Psyker enchaîné, une foule de cultistes enragés, et un démon d’intérieur qui n’a pas été nourri depuis longtemps. Pendant que Koleg maintient les hostiles à distance à grand renfort de gomme cogne et grenades de désencerclement, Cleander, qui a eu une bonne éducation et se charge donc de réfléchir pour deux, réalise que la situation se simplifierait sans doute beaucoup si le Psyker captif était sorti de l’équation, ce qu’il fait d’une petite torsion des cervicales, avec la bénédiction de l’intéressé. Et en effet, cette déconnexion warpique brutale renvoie le démon dans les limbes, ce qui est suffisant pour permettre à Koleg de terminer les hostiles tout seul comme un grand. Leur mission accomplie, et peu emballés à l’idée de faire le ménage, les deux hommes reprennent le chemin de la surface pour prendre un Champomy.

Notre nouvelle se termine avec la fin de l’interrogatoire psychique de Gul, mené d’esprit de maître par Mylasa, la Psyker de fonction de Covenant. Cette dernière offre à son sujet un départ apaisé, après quelques semaines de franches tortures dont elle a effacé la trace de sa mémoire, en reconnaissance du manque de bol colossal de Gul, coupable d’avoir obéi à un Inquisiteur soupçonné d’être tombé du mauvais côté de la barrière. Les souvenirs du Prior seront utiles à Covenant pour exposer la duplicité de son collègue lors du Conclave de guerre qui prendra place dans quelques semaines à Ero, et auquel les deux hommes participeront. Cela n’est cependant plus l’affaire de Gul, qui finit sa vie un verre à la main et sur le bord de mer, de façon purement psychique certes, mais plus agréablement que la grande majorité des citoyens de l’Imperium. C’est l’Inquisition qui régale.

AVIS :

John French signe une très bonne introduction à sa saga inquisitoriale avec ‘The Absolution of Swords’, qui se déroule juste avant les événements de ‘Resurrection’ et permet de se familiariser en douceur avec la galerie de personnages gravitant autour de Covenant, et découvrir la rivalité professionnelle qu’il entretient avec Talicto. Considérant que les duels fratricides au sein de l’Inquisition donnaient les intrigues les plus intéressantes de ce sous-genre de la GW-Fiction, ‘The Absolution…’ a piqué mon intérêt et donné sérieusement envie d’en savoir plus sur l’héritier présomptif d’Eisenhorn1 (qui a aussi eu affaire à un collègue radical en son jeune temps). Pour ne rien gâcher, le récit en lui-même est tout à fait digeste, mélangeant scènes d’action efficaces et atmosphère poisseusement grimdark, comme on est en droit de l’attendre de la part d’une soumission de ce type. Bref, si vous débutez avec Coco, voici la nouvelle qu’il vous faut, loin devant les « introspections » que French a dédié à chacun des serviteurs de Catogan-man (‘The Purity of Ignorance’, ‘The Spirit of Cogs’), qui sont à réserver aux lecteurs déjà familiers du bon Inquisiteur.

1 : Ou plutôt contemporain, car les deux personnages ont été créés pour le jeu Inquisitor, il y a fort longtemps.

.

Shadow Knight – A. Dembski-Bowden [40K] :

Shadow KnightICÔNE : TALOS VALCORAN, DIXIEME COMPAGNIE DES NIGHT LORDS

INTRIGUE :

À la recherche de matériel récupérable dans un Space Hulk, Talos et la première griffe de la dixième compagnie (Cyrion, Uzas, Xarl) tombent nez à nez avec une petite force de Blood Angels, bien décidés à reprendre l’épée que Talos a dérobée à un de leurs champions (cette obsession des Blood Angels pour Aurum – le nom de l’épée en question – constitue l’un des running gags de la saga, chaque tentative se soldant par un échec coûteux en vies d’Anges de la mort). Après avoir rapidement expédiés les pauvres scouts en combinaisons spatiales qui constituent la première vague des loyalistes, les quatre affreux se réunissent pour décider de la marche à suivre… et Talos est frappé par une vision, ce qui réduit drastiquement ses capacités de leader, et force ses acolytes à se débrouiller tout seuls. La narration restant malgré tout braquée sur le chef de la griffe, en dépit de son état comateux, la suite de l’accrochage entre Night Lords et Blood Angels est couverte en quelques lignes lapidaires, par le biais du compte rendu fait par Uzas et Xarl à Cyrion après les faits. Pareillement, la mini bataille spatiale entre les vaisseaux respectifs des deux forces est résumée en un paragraphe, ce qui est un peu court jeune homme.

AVIS :

Étrange nouvelle que ce Shadow Knight, commis par un Aaron Dembski-Bowden visiblement peu convaincu par son propos. Pour être honnête, ce texte semble être la réponse du berger à la bergère, cette dernière répondant au nom de Sarah Cawkwell et s’étant à de multiples reprises illustrée par la platitude navrante de ses écrits. Reprenant dans les grandes lignes le schéma narratif de Cause And Effect (à savoir, une sous-péripétie impliquant Gileas Ur’Ten, Space Marine du chapitre des Silver Skulls et héros récurrent de Miss Cawkwell – intérêt : nul – ), ADB livre ainsi un compte-rendu peu inspiré d’un épisode mineur de la vie de Talos, principal protagoniste de la (sinon) très bonne série des Night Lords.

Il va sans dire que la connaissance des personnages principaux de la série Night Lords ainsi que des événements relatés dans cette dernière constitue un prérequis appréciable (mais pas obligatoire) à la lecture de Shadow Knight, dont l’action se déroule peu avant l’attaque de la treizième croisade noire sur le système de Crythe, et constitue de fait une sorte d’avant-propos à la trilogie d’Aaron Dembski-Bowden. Au final, je pense que cette nouvelle aurait davantage eu sa place en introduction du (futur) omnibus Night Lords qu’en conclusion de ce onzième numéro de Hammer & Bolter, même si la lecture de ces quelques pages n’a absolument pas relevé du chemin de croix littéraire, le « pire » d’ADB surpassant allègrement le « meilleur » d’autres auteurs de la BL, il n’en demeure pas moins que Shadow Knight constitue à mes yeux la production la plus faible d’ADB à ce jour.

.

Ghosts of Demesnus – J. Reynolds [AoS] :

Ghosts of DemesnusICÔNE : GARDUS STEELSOUL, LORD-CASTELLANT DES HALLOWED KNIGHTS

INTRIGUE :

Profitant d’une permission bien méritée, le Lord-Celestant Gardus Steel Soul, tourmenté par des rêves le ramenant sans cesse à son passé de mortel, s’embarque pour une croisière bucolique jusqu’à la cité où il a vécu sa première existence, dans l’espoir de pouvoir mettre des mots sur sa soudaine mélancolie. Débarqué incognito (enfin, aussi incognito qu’une taille et une stature de Stormcast Eternal peuvent conférer) dans la riante Demesnus, port fluvial d’importance du royaume de Ghyran, Gardus, autrefois Garradan, baguenaude pensivement de ruelles en parcs, à la recherche des bribes d’un passé déjà lointain. À peine a-t-il le temps de rosser un trio de faquins cherchant des noises à une accorte damoiselle en représailles de la lépreuse compagnie qu’elle entretient, et d’échanger quelques platitudes avec son professeur de philosophie de terminale, que les voix qui le hantent l’amènent droit dans les ruines de son ancien hospice. Dans une autre vie, Gardus était en effet ostéopathe guérisseur, et avait dédié sa vie et ses économies à accueillir les nécessiteux des alentours, avec un dévouement ayant fini par attirer l’œil de Sigmar en personne, qui, à la faveur d’une attaque de Skineaters1, drafta le malheureux praticien dans sa team de surhommes. Sûrement qu’il avait besoin d’un massage, aussi. Malgré l’aspect décrépit du lieu, laissé à l’abandon depuis belle lurette, Gardus a la surprise de tomber sur une communauté de squatteurs, pas vraiment présentables et majoritairement scrofuleux, pestiférés, voire pire, mais persuadés que Saint Garradan les a appelés en ce lieu pour qu’hommage lui soit rendu.

Un peu gêné par la situation, qu’il n’a en aucune mesure orchestrée, le probe Gardus accepte l’hospitalité de ses nouveaux amis, dont fait partie la pauvresse qu’il a secourue sur les docks quelques heures plus tôt. Cette dernière, et le Prêtre Guerrier de Sigmar invalide à 134% qui sert d’autorité morale à la croûteuse congrégation, attendent le prochain signe de Gare du Nord avec un zèle admirable, totalement oublieux aux réalités les plus basiques, comme le droit de propriété. D’où la visite de courtoisie que vient leur rendre le possesseur du terrain en question, un maquignon à la retraite du nom de Sargo Wale, bien décidé à lancer les travaux de réhabilitation de l’ancien hospice dans les meilleurs délais, et par la force s’il le faut. Il faut reconnaître qu’il a la loi de son côté, la trêve hivernale ayant expiré et le conseil municipal lui ayant délégué tout pouvoir pour faire triompher l’intérêt commun. Entre l’alignement légaliste bon de Wale et celui chaotique (un comble pour un Stormcast Eternal) bon de Gardus, aucun compromis ne peut être trouvé, mais, confiant dans son bon droit à défaut de l’être dans les chances de sa bande de ruffians face à l’opposition ferme et polie (comme son épée runique de deux mètres) du colosse servant de videur aux éclopés de l’hospice, le diplomate propriétaire laisse une journée entière de réflexion à la partie adverse, et s’en va comme un prince.

Ce délai supplémentaire sera mis à fort bon usage par Gardus, qui n’a pas toute l’éternité pour régler le problème qui le tourmente, tout comme Reynolds n’a pas 300 pages pour conclure son propos. La nuit suivante verra donc un esprit Kaonashi geignard s’extirper du sol pour aller se repaître des humeurs (de manière littérale et figurée) des malades endormis. Surpris par le Gardus de garde et son sixième sens de preux paladin, la mystérieuse entité se fait rapidement la malle, mais reparaît quelques heures plus tard, trop affamée pour prêter beaucoup d’attention au demi-Primarque qui patiente dans sa zone de spawn, des questions plein la bouche et une épée enchantée à la main. Manque de bol pour notre héros, l’amalgame pleurnichard qui lui fait face est plus intéressée par la boustifaille que par la discussion, et l’attaque sans sommation, sous le regard bienveillant de Wale, qui se révèle être un cultiste de Nurgle. Après avoir constaté que ses gros muscles ne sont d’aucune utilité face aux assauts de suçons de son adversaire, Gardus dégaine son special move, c’est à dire son énorme… empathie, et sert donc le démon dans ses bras puissants en lui susurrant des mots de réconfort aux oreilles. Et ça marche. Touché par tant de compassion, et sans doute un peu par la pure lumière céleste que Gardus est capable d’exsuder sur commande, telle une luciole d’Azyrheim (séquelle plutôt kioul de sa seconde reforge), la vilaine bête fond comme un lépreux dans un pédiluve, libérant une à une les âmes des malheureux qui lui servaient d’ancrage. Ceci fait, Gardus n’a plus qu’à régler son compte au traître Wale, qui malgré sa force démoniaque et son épée rouillée, ne fait pas le poids face au double quintal de JUSTICE du Stormcast Eternal. Convaincu d’avoir accompli sa mission, et débarassé Demesnus d’un détestable faux jeton, Steel Soul peut reprendre le ferry de 06:39 pour regagner sa caserne et l’éternelle lutte contre les ennemis de Sigmar. Voilà un week-end productif.

1 : Le nom peut faire peur, c’est vrai, mais si on y réfléchit deux secondes, il inclut également les Garra Rufa (poissons docteurs), d’excellents auxiliaires de pédicure. Du coup, la légende du Garra Dan en prend un coup.

AVIS :

Les turpitudes psychologiques de Gardus Steel Soul, pour lequel la conciliation du moi, surmoi et ça ne relève pas de la sinécure, ne m’ont que moyennement intéressées, comme la plupart des soumissions mettant au premier plan des Stormcast Eternals je dois le reconnaître. Reynolds m’ayant habitué à des nouvelles bien plus travaillées en termes d’intrigue et de progression narrative, la grande simplicité avec laquelle notre Action Man blanchi sous le harnais résout le problème auquel il est confronté, m’a laissé un goût d’inachevé. Toutefois, je dois reconnaître que l’inclusion de The Ghosts of Demesnus dans cette anthologie introductive est un choix des plus pertinents de la part des éditeurs de la BL, puisqu’il permet aux nouveaux lecteurs de découvrir une facette intéressante de la faction reine de l’univers (la difficile conciliation entre leur passif de mortels et leur mission de soldats de Sigmar par les Stormcast Eternals), tout en les immergeant dans le quotidien d’une cité libre de Ghyran, loin des batailles contre les forces du Chaos déjà abondamment couvertes dans le jeu de figurines et les suppléments s’y rattachant.

Ajoutez à cela des personnages un brin complexes (en particulier Sargo Wale, qui est loin d’être un chef de culte à tendance mégalo-anarchique, comme c’est souvent le cas) et l’habituel nappage de fluff que Josh Reynolds se fait un point d’honneur à servir, et vous obtenez un récit d’une honnêteté insoupçonnable. On peut cependant reprocher à Ghosts…, même si dans une moindre mesure que pour God’s Gift, son manque de singularité, évidemment causé par le fait que Gardus est, comme Hamilcar, un héros récurrent de la BL, dont les aventures passées rejaillissent fatalement sur les évènements narrés dans la nouvelle. Ici, c’est l’inclusion du vieux sensei Yare, compagnon d’aventure d’une précédente épopée, qui fait figure de passage obligé à la valeur ajoutée assez limitée. Rien d’horripilant là non plus, mais pas l’idéal pour accrocher le lecteur novice ou indifférent. Bref, une première incursion honorable, à défaut d’être mémorable, dans le monde métallisé des meilleurs de Sigmar.

.

One, Untended – D. Guymer [AoS] :

One, UntendedICÔNE : GOTREK GURNISSON, TUEUR

INTRIGUE :

Une fois n’est pas rancune, nous retrouvons le Tueur préféré de ton Tueur préféré, Gotrek Gurnisson, dans le mal le plus complet au début de cette nouvelle aventure, qui sera sans aucun doute trépidante, mais qui commence par être vomissante. Notre héros est en effet pris d’un mal de ventre carabiné, ce qui, de son aveu même à son acolyte Maleneth, ne lui était jamais arrivé avant. Et si l’Aelfe sigmarite, en bonne compagnonne qu’elle est, prend soin de tenir la crête de Gotrek pour éviter que cette dernière ne prenne une couleur et une texture encore plus dégoûtantes qu’à l’accoutumée, elle n’est pas étrangère à cette gueule de bois subite. Bien au contraire, c’est elle-même qui en est la cause, ses tentatives d’empoisonner le Nain afin de lui dérober la rune majeure de Krag Marteau Noir pour la ramener à Azyrheim n’ayant eu pas d’autres effets qu’un émétique avarié sur la robuste constitution du Tueur1. Ses vaillants efforts de se débarrasser de Gotrek devront cependant attendre un peu, car les éructations du transfuge du Monde qui Fut sont dérangés par une scène de ménage entre plusieurs individus aussi louches qu’imbibés. La raison de ce tapage nocturne se fait bientôt jour : un jeune bambin du nom de Tambrin a échappé à la vigilance légère de ses parents (Junas et Magda), et s’est semble-t-il enfoncé dans les catacombes d’Hammerhal Ghyra, que l’on dit hantées par le spectre vengeur d’Hanberra (à ne pas confondre avec celui d’Harambe, même si ça lui donnerait une bonne raison de persécuter les garçonnets), un ancien héros local ayant renoncé à servir Sigmar sous la forme d’un Stormcast Eternal à sa mort, et à la recherche des enfants qu’il n’avait pas pu sauver de son vivant depuis lors. La perspective de se frotter à un spectre légendaire pique bien évidemment l’intérêt professionnel de Gotrek, qui insiste pour prendre la tête de l’expédition de secours mise sur pied par les habitués de la taverne où les deux compères ont passé la nuit. En plus de Junas, qui sert de videur à l’auguste établissement, on retrouve la Ranger retraitée Halik et le Prêtre d’Alarielle Alanaer, qui serviront donc de meatshields aux véritables héros de l’histoire. Dommage que personne ne les ait prévenus.

La descente s’engage donc, et après quelques heures de progression dans les boyaux insalubres de la cité, un premier ennemi pointe le bout de ses moustaches. Il ne s’agit pas de Philippe Martinez, mais d’une bande de Moines de la Peste, peut-être syndiqués, squattant le bas de la cage d’escalier comme un gang de trafiquants de la cité Péri. Et à propos de périr, laissez moi vous dire que les ratons ne font pas long feu face à la colère incandescente de Gotrek, qui peut désormais passer en mode super saiyan lorsqu’il est très énervé, et élever la température autour de lui à des niveaux insupportables. Sa nouvelle hache de fonction, si elle est sans doute un peu moins cheatée que l’ancienne (dur de battre une arme forgée par Grugni pour Grimnir, tout de même), s’avère également très efficace, et la menace murine est donc prestement éliminée par les aventuriers, qui peuvent poursuivre leur route sans autre dommage qu’un pif écrasé par un coup de matraque pour Junas.

Le moment tant attendu de la confrontation avec Hanberra finit enfin par arriver, l’esprit ayant bien dérobé/envoûté Tanbrin (qui dort comme un bienheureux) car il l’avait pris pour son propre fils, Hangharth. Némésis de Gotrek oblige, le combat est bien plus serré que précédemment, la pauvre Halik rendant les armes et l’âme au premier cri poussé par le poltergeist kidnappeur, qui prouve au monde entier qu’il existe des Banshees masculines. Non mais. L’évanescence intermittente du fantôme n’est pas sans poser quelque problème au Tueur, ce qui ferait plutôt les affaires de Maleneth, toujours déterminée à récupérer la rune majeure tant convoitée de sa dépouille, mais il lui faut pour cela donner une raison à Hanberra de se battre à fond, ce que sa main mise sur Tambrin l’empêche de faire. La cultiste de Khaine repentie puise donc au fond de sa sacoche un clou de ci-gît Rolf2, souverain contre les ectoplasmes tenaces (et les Mortarques collants), et le frotte vigoureusement sur le bras porteur d’Hanberra pour lui subtiliser son précieux. N’ayant plus rien à perdre, le spectre va certainement réduire Gotrek en bouillie…

Début spoiler…Eh bien non (quelle surprise). Mais le plus étonnant n’est pas tant le résultat final que le dénouement, non violent, de cet affrontement. Le Tueur parvient en effet à faire entendre raison à son adversaire par le dialogue au lieu de lui faire manger sa hache, et ce dernier se dissipe donc de lui-même, comme le malentendu qui l’avait mené à dérober les enfants des autres depuis quelques siècles. Tout est donc bien qui finit bien (sauf pour Halik et la bière que Gotrek avait laissé sur le comptoir3), mais Maleneth la malhonnête devra trouver une autre combine pour récupérer la précieuse broquille incrustée dans le plastron de son compagnon.Fin spoiler

1 : Maleneth ne sait pas que la glotte de sa cible est marquée de la rune majeure de Cubi, le dieu Nain de l’alcoolisme.
2 : Vous me pardonnerez le calembour, mais traduire ‘wightclove’ en français n’est pas facile.
3 : À ce propos, il est probable que ce soit elle qui ait donné son nom à la nouvelle (que l’on pourrait traduire par ‘Laissé(e) sans surveillance’) et non pas Tanbrin.

AVIS :

David Guymer, qui avait écrit les dernières aventures de Gotrek (et Felix) dans le Vieux Monde, signe avec ‘One, Untended’ un parfait récit de transition et d’acclimatation pour les lecteurs familiers du personnage mais pas des Royaumes Mortels. Au-delà du déroulé précis de cette quête, tout à fait classique sauf dans son dénouement, ce sont les informations que l’auteur donne sur ce nouvel univers, les changements subis par son héros (nouvelle arme, nouvelle rune, nouveau sidekick) depuis qu’il y a fait son entrée, et les motivations, pas vraiment charitables, de Maleneth, qui rendent cette lecture intéressante, et même indispensable pour qui voudrait reprendre la suite de la geste de Gotrek sans passer par la case romanesque (‘Realmslayer’). L’auteur parvient également à aborder des éléments de fluff relevant de la sociopolitique, comme l’acculturation progressive des habitants de Ghyran aux mœurs d’Azyr, qui donnent une profondeur et un réalisme très appréciables à une franchise qui en manquait (et en manque toujours) cruellement par rapport à Warhammer Fantasy Battle. Bref, c’est une transition très réussie que Gotrek Gurnisson doit à David Guymer, bien que le flambeau des rancunes soit passé peu de temps après à Darius Hinks.

.

Gods’ Gift – D. Guymer [AoS] :

Gods' GiftICÔNE : HAMILCAR BEAR-EATER, LORD-CASTELLANT DES ASTRAL TEMPLARS

INTRIGUE :

Prenant place après les évènements narrés dans Great Red et The Beasts of Cartha, pour ne citer que deux des précédentes aventures de notre fougueux héros, Gods’ Gift voit Hamilcar et quelques uns de ses potes des Astral Templars accomplir une mission d’intérêt général, sans doute pour avoir commis quelque tour pendable à une chambre rivale lors d’une permission à Hammerhall. Il s’agit en l’état de punir et faire stopper les exactions d’une bête monstrueuse s’amusant à disposer des hardis bûcherons d’un camp de colons récemment implanté dans les terres farouches de Ghur, tâche récréative pour des Stormcast Eternals de la trempe de nos gais lurons. Guidés par un local – Fage – qui malgré son âge vénérable semble tout émoustillé par la seule présence des Elus de Sigmar, Hamilcar & Cie s’embarquent donc dans une épopée aussi directe et rapide qu’une quête de zone de didacticiel de World of Warcraft.

Depuis le relevé de empreintes jusqu’à la constatation de l’heure du décès, ou plutôt, de l’abattage, il ne se passera ainsi qu’une petite journée, soit une vingtaine de pages pour le lecteur, juste le temps pour Ham’ de piquer un roupillon qui lui apportera un rêve plus ou moins prophétique, dans lequel un chêne vient lui chanter Je suis malade (ce qui est ‘achement dur pour un végétal, et mérite le respect), ce qui lui permettra de prendre une décision des plus inspirées quelques heures plus tard. La nouvelle se terminant pour un petit cliffhanger pas vraiment haletant, mais sans doute important pour la suite de la saga d’Hamilcar (Mark de son prénom), le lecteur en est quitte pour embrayer sur directement sur la première, ou plutôt le premier roman dédié à Guymer à sa coqueluche hirsute (Champion of the Gods), dans lequel il est presque certain que des réponses seront apportées aux questions laissées en suspens à la fin de Gods’ Gift.

: L’Homme Arbre qui s’était chargé de la besogne de déshumanisation – c’est comme la désinsectisation, mais avec des primates – servant de pied à terre racine à humus à une sylvaneth passablement enrhumée.

AVIS :

Malgré les dizaines de titres que compte sa bibliographie BL à l’heure actuelle, ce n’était que la deuxième soumission de Mr Guymer m’étant tombée sous la main depuis l’inaugural The Tilean Talisman, initialement publié en 2011. Et je dois dire que mon appréciation de l’œuvre du bonhomme est resté scrupuleusement identique, huit ans plus tard : des aptitudes certaines en terme de narration, avec des personnages au minimum distrayants, à défaut d’être immédiatement attachants (mention spéciale à Brouddican, l’Hillarion Lefuneste personnel de cette grande gueule d’Hamilcar), relevé par quelques notes boisées – c’est le cas de le dire – de fluff, plombées par une vacuité de l’intrigue assez rédhibitoire. C’est bien simple, celle de Gods’ Gift (d’ailleurs, on ne comprend pas vraiment quel est le don auquel Guymer fait référence dans le titre de sa nouvelle1) s’articule en deux temps trois mouvements, sans qu’on ait l’impression d’une quelconque progression entre le début et la fin de la nouvelle. Hamilcar traque un monstre. Hamilcar rêve d’un chêne. Hamilcar tombe dans une embuscade d’Hommes Bêtes (il faut bien qu’il montre qu’il est un cador du corps à corps). Hamilcar débouche sur un bosquet de chênes sacrés, gardé par… le monstre qu’il traquait. Coup de bol. Baston. Victoire. Fin.

Bref, rien de bien challengeant pour l’intellect du lecteur, qui aurait pu s’attendre à quelques liens de causalité entre les différents éléments constitutifs du propos de Guymer. Rien de tel ici, ou de manière tellement évidente et peu fine que les relever n’a pas grand intérêt. Comme dit plus haut, cela peut sans doute se justifier par le fait que Gods’ Gift est un rehaut littéraire à un travail plus conséquent, avec lequel l’auteur prend bien soin de faire la liaison. Telle la rondelle de tomate venant décorer une entrecôte frites, cette nouvelle peut être consommée si on a vraiment faim, mais ne remplira pas l’estomac pour autant. Et comme dit plus tôt (Décembre 2014, pour être précis), c’est plutôt cher payé pour ce que c’est. On me souffle dans l’oreillette que c’est fois ci, c’est gratuit. Bon. Mais avant cela, cela ne valait certes pas les 2,99€ demandés. Rem-bour-sez nos in-vi-tat-tions !

1 : Soit ce sont les visions vagues envoyées par Sigmar, soit c’est le photophore magique remis par icelui, et qui permettra à notre fier héros de venir à bout de Marylise Lebranchu. Au lecteur de décider s’il prend le messie ou la lanterne.

.

The Dance of the Skulls – D. Annandale [AoS] :

The Dance of the SkullsICÔNE : NEFERATA, MORTARQUE DU SANG

INTRIGUE :

Invitée à honorer de sa présence un bal donné par la reine Ahalaset et le seigneur Nagen dans la cité de Mortannis, Nefarata se doute bien que cet évènement mondain n’est qu’un prétexte commode pour permettre à ces deux grandes lignées d’agir à ses dépends, ce qui ne l’empêche pas d’accepter gracieusement de se rendre sur place, n’ayant de toute façon rien d’autre de prévu ce soir là. Voyant d’un mauvais oeil le rapprochement s’étant récemment opéré entre Ahalaset et Nagen, la Mortarque de Sang suppute avec raison qu’un piège va lui être tendu, et se réjouit d’avance de cette (més)aventure, le quotidien de Nulahmia devant apparemment être assez terne.

Après avoir été accueillie avec tout le faste et la pompe liés à son r/sang (et infligé rateau sur rateau à ce pauvre Nagen, auquel elle promet toutefois une danse plus tard dans la soirée1), Neffie se voit proposer par son hôte une dégustation privée de crus tirés de l’hématothèque personnelle d’Ahalaset, ce qui ne se refuse pas. Guidée jusqu’à un salon lounge où l’attendent une dizaine d’esclaves qui s’appellent tous Mathusalem ou Réhoboam, notre rusée vampire à tôt fait d’identifier l’aiguille d’argent se terrant sous la roche, en l’occurrence un assassin assermenté doté d’une fourchette à escargot à la place du bras (c’est la mode à Hammerhal). Ayant raté son test d’Initiative, le faquin est toutefois aisément neutralisé par sa victime supposée, qui l’attache à son service d’un langoureux battement de cils. Satisfaite de la tournure prise par les évènements, et comme toute quinqua-millénaire de la bonne société après une dure journée de labeur, Neferata s’accorde un petit verre (et fracasse au passage toutes les « bouteilles », qui espéraient peut-être qu’on les laisse tranquille le temps qu’elles refassent le plein) aux frais de ses hôtes avant de revenir se joindre à la fête.

Là, il est temps pour la Lahmiane de porter l’estocade aux traîtres débusqués, et en musique s’il vous plaît, la danse des crânes consentie à ce benêt de Nagen donnant amplement le temps à notre héroïne de cimenter sa victoire en enchantant légèrement son cavalier, qui ne trouvera rien de plus malin lorsque l’assassin d’Ahalaset viendra sonner les douze coups de minuit à son ancienne patronne à l’aide de son argenterie intégrée, de lancer sa devise dans le silence de mort (héhé) qui s’ensuit. Cette dernière tombera à plat comme la totalité de ses blagues, et, mal comprise par la garde de la reine défunte, aura des conséquences tragiques pour notre pauvre Nagen. Un verre ça va, trois verres…

1 : En même temps, cette coquetterie de laisser dépasser une canine par dessus sa lèvre inférieure ne doit pas aider à lui donner un air très intelligent.

AVIS :

C’est peu de chose de dire que la prose de Herr Annandale n’était pas tenue en haute estime de ce côté du clavier, depuis la chronique de ses débuts pour la BL (The Carrion AnthemHammer & Bolter #11) jusqu’à aujourd’hui. Les choses ont légèrement évolué avec cette Danse des Crânes, qui s’affirme facilement comme la meilleure soumission de notre homme que j’ai pu lire à ce jour. Certes, on parle ici en progrès relatif plutôt qu’en performance absolue, cette courte nouvelle ne se comparant guère aux travaux d’auteurs que je considère être plus méritants que David Annandale, Abnett, Dembski-Bowden, Farrer et Fehervari en tête, pour n’en citer que quelques uns (la liste serait assez longue sinon), mais j’aurais trop beau jeu de ne pointer que les trous dans la cuirasse ou les défauts dans la raquette des travaux de ce régulier de la BL, si je ne soulignais pas également les sources de satisfaction à la lecture de ces derniers. L’Empereur sait qu’ils sont encore rares à cette heure.

Alors, quels sont les éléments positifs de La Danse des Crânes ? Pour commencer, une absence de ce que l’on peut presque appeler une « annandalerie », terme forgé par votre serviteur et désignant une mauvaise, grossière ou grotesque exploitation d’une idée de départ pourtant assez sympathique, pour des résultats évidemment décevants. Le huis-clos victorien qui nous est proposé ici ne pêche ainsi pas par excès de zèle ou manque de structuration, les péripéties s’enchaînant de façon tout à fait convenable et crédible, ce qui pourrait sembler aller de soi mais n’était pas gagné d’avance au vu du pedigree de l’auteur. On sent que ce dernier a réfléchi à la manière dont il devait dérouler son récit pour que le plan alambiqué de Nefarata puisse se dérouler sans (trop) d’accroc, et même si l’usage d’un petit TGCM en fin de nouvelle pour parfaire le triomphe de Mama Lahmia peut être noté, c’est finalement peu de chose comparé aux problèmes structurels émaillant quelques unes des précédentes soumissions de David Annandale.

Autre source de contentement, la description intéressante qui nous est faite de la haute société mort-vivante, nid de vipères aux crocs acérés et n’hésitant pas un instant à comploter pour précipiter la chute de leurs prochains, alors même que les ennemis extérieurs se comptent par milliers, et qu’un brin de solidarité entre macchabées ne serait pas de trop pour défendre le pré carré de Nagash. Le fait que cette société, mêlant vampires et humains à tous les échelons, apparaisse comme fonctionnelle et pérenne (en même temps, c’est bien le minimum quand on est immortel) est une autre réussite d’Annandale, qui parvient à donner un volume fort bienvenu à une faction qui jusque là se réduisait à des légions de squelettes traînant leur mélancolie dans des déserts violacés. On peut s’amuser aussi en Shyish, telle est la morale de cette petite histoire.

.

The Old Ways – N. Horth [AoS] :

Callis and Toll_The Old WaysICÔNES : ARMAND CALLIS & HANNIVER TOLL, ORDRE DE SIGMAR

INTRIGUE :

Affecté à la surveillance de la cité d’Excelsis, dans le royaume de Ghur, le répurgateur de l’Ordre d’Azyr Halliver Toll, escorté de son sidekick Armand Callis, est envoyé par ses supérieurs tirer au clair une sombre histoire de disparition à Marshpoint, une ville agricole située en périphérie de la Cité des Secrets. Le fils aîné de la puissante famille Junica n’a en effet plus donné signe de vie après avoir eu maille à partir avec quelques soldats de l’autre grande famille locale, les Dezraed, qui l’ont poursuivi jusque dans les profondeurs de la forêt d’Ulwhyr. L’entente entre Junica et Dezraed n’ayant jamais été cordiale, c’est une vendetta en bonne et due forme qui menace d’éclater entre les Capulet et les Montaigu de Ghur, gueguerre qui mettrait en péril l’approvisionnement des régiments d’Excelsis en précieuse soie d’acier, ressource collectée depuis les fermes arachnides de Marshpoint. Il va donc de l’interêt général que cette triste affaire soit réglée dans les meilleurs délais, et qui de plus qualifié qu’un répurgateur pour traiter ce problème ?

Nous suivons donc Thalys et Colle au cours de l’enquête à laquelle ils se livrent à leur arrivée dans le bourg miteux et boueux de Marshpoint. Après un interrogatoire croisé des patriciens des deux familles, l’énorme et suintant Fenrol var Dezraed, autoproclamé Gardien de Marshpoint du fait de sa capacité de bloquer à lui seul l’entrée de la ville s’il lui prenait l’envie de s’asseoir en travers du portail, et le sec et irritable Kiervaan Junica, nos experts se rendent sur les lieux de la disparition à proprement parler, escortés par l’homme de confiance du patricien Junica, un natif du nom de Ghedren, et par un trio de gardes Dezraed. Et s’il se pourrait bien que la rivalité larvée entre familles nobles ait bien fait couler le sang, les enquêteurs feraient bien de prendre au sérieux les rumeurs entourant la Sorcière Blanche d’Ulwyhr. Après tout, ils ont pénétré sur son domaine…

AVIS:

C’est avec enthousiasme que j’avais vu revenir la figure iconique du chasseur de sorcières/répurgateur dans le lore d’Age of Sigmar, que son inclinaison high fantasy aurait pu « immuniser » à l’introduction de ce type de personnage, très grimdark par nature. La lutte contre les cultes chaotiques gangrénant le nouvel ordre rutilant de Sigmar constitue en effet à mes yeux un axe de développement des plus intéressants, et une prise de recul bienvenue sur le manichéisme caractéristique des premières années d’AoS. Encore fallait-il que l’image d’Epinal Hammerhal de l’inquisiteur traquant le vice et la trahison parmi les sujets obéissants de l’autorité centrale (préférablement divine, c’est plus classe) soit convenablement adaptée dans cette nouvelle franchise, la profession en question exigeant une rigueur morale confinant à la psychose, ce qui n’est pas franchement la norme parmi la soldatesque sigmarite (ces martel-sans-rire de Celestial Vindicators mis à part), dépeinte à de nombreuses reprises comme adepte du compromis et de la tempérance. Qu’en est-il avec la paire Callis & Toll, promise à un bel avenir au sein de la BL à en juger de la façon dont leurs noms ressortent dans tous les ouvrages auxquels ils ont été inclus ? Eh bien, c’est plutôt pas mal, encore que pas spécialement pour les raisons détaillées ci-dessus. Je m’explique.

Si le fanatisme (dans le bon sens du terme, car, si si, dans la littérature med-fan, cela existe) de nos héros laisse à désirer, la retenue dont fait preuve Toll, sensé être le vrai bad guy du duo, dans le jugement qu’il délivre au coupable, le plaçant à un petit 2 sur l’échelle de Mathias Thulmann (le référentiel absolu de la maison à cet égard), Horth se rattrape néanmoins en glissant quelques remarques de bon aloi à propos d’un certain White Reaper (Cerrus Sentanus sur son état civil), Stormcast Eternal pas vraiment Charlie, à tel point que son nom est utilisé pour effrayer les enfants d’Excelsis. Voilà un type qui mérite que l’on suive, et j’espère bien que ça sera le cas dans un futur pas trop lointain. Celà étant dit, The Old Ways a d’autres qualités, la première étant de proposer une petite enquête policière pas trop mal troussée au vu du nombre de pages limité avec lequel elle doit composer1, l’atmosphère horrifique du passage « sylvestre » du récit étant une autre source de satisfaction. D’autre part, cette nouvelle présente également l’intérêt de creuser le background de la cité libre d’Excelsis, qui devrait normalement ne pas disparaître corps et bien dans les annales du fluff, au vu du nombre d’apparitions qu’elle a faite dans divers écrits depuis son introduction dans le background. En apprendre plus sur cette bourgade présente donc un intérêt pour le fluffiste, tellement bombardé d’informations géographiques par ailleurs qu’on ne peut lui reprocher de ne pas prendre note de tout ce qu’on lui soumet.

Enfin, de façon plus large, elle fait ressortir un concept intéressant : le fossé existant entre natifs d’Azyr et populations locales au sein des cités libres, les seconds étant généralement mal considérés, voire méprisés par les premiers, qui les qualifient « d’Amendés » (traduction personnelle de Reclaimed, qui peut aussi s’entendre comme « Récupéré ») ou de « Sang Maudit » (curseblood), ce qui n’est pas très sympathique, mais ajoute de la profondeur à la société sigmarite. Quand on lit que même un personnage « égalitariste » comme Toll n’aurait pas de problème à raser toutes les forêts de Ghur pour pouvoir accélérer la colonisation de ce Royaume, au grand désarroi des locaux qui ont appris à vivre dans les étendues sauvages et à les respecter, on se dit que la possibilité d’un soulèvement des indigènes contre la métropole et ses représentants est une possibilité réelle… et c’est tant mieux en termes de potentiel narratif ! Bref, une plongée satisfaisante dans l’arrière-pays d’Excelsis, et une nouvelle qui vaut le coup d’être lue pour qui s’intéresse au fluff des cités libres.

On saluera également le twist proprement « meta » de Horth, qui fait dire à Toll qu’il avait identifié le coupable depuis belle lurette et attendait juste de voir combien de temps il faudrait à Callis (et donc au lecteur) pour faire de même. On ne me l’avait jamais faite celle-là.

.

Hunting Shadows – A. Clark [AoS] :

Hunting ShadowsICÔNE : NEAVE BLACKTALON, KNIGHT-ZEPHYROS

INTRIGUE :

Neave Blacktalon, Knight-Zephyros des Hammers of Sigmar et chasseuse de têtes personnelle du grand barbu, opère traditionnellement seule. La mission sur laquelle son divin boss l’a mise, et qui l’a conduite sur les terres désolées d’Ashy, s’avère cependant tellement délicate que les autorités compétentes ont jugé bon de lui adjoindre du renfort, sous la forme du Knight-Venator Tarion Arl (et son aigle étoilé Krien) et d’une unité de Vanguard-Palladors, menée par une vieille connaissance avec laquelle elle a déjà coopéré pour disperser une bande de hippies ayant monté une opération escargot1 dans les Royaumes Mortels, Kalparius Foerunner. Je sais, je sais, cela fait beaucoup de jargon sigmarite en peu de lignes, mais rassurez-vous, savoir qui fait quoi est moins important que de se souvenir de la hiérarchie héroïque à l’œuvre dans cette nouvelle, qui décidera qui devra mourir et à quel moment.

Blacktalon les traîne un peu à l’idée de devoir faire équipe avec des collègues, mais un ordre est un ordre, et si l’on en juge par les charniers calcinés que sa proie (qu’elle peut traquer avec l’espèce de GPS sensoriel peu précis dont Sigmar lui a fait don) a laissé derrière elle, un peu d’aide sera en effet utile. Passée les formalités d’usage, la petite bande part donc en courant/volant/transmutant dans la direction indiquée par la chasseresse, qui ressent de façon diffuse que sa cible possède un moyen de brouiller sa ΣG embarquée. En gros, si elle est toujours capable de savoir vers où se diriger, elle ne peut pas jauger de la distance qui la sépare de son gibier, ce qui aura son importance plus tard. Pour l’heure, la fine équipe, en retard sur l’abomination qu’elle pourchasse, doit faire un choix potentiellement lourd de conséquences à proximité de la ville de Sigenvale, qui a reçu la visite du monstre et a été réduite en miettes/cendres par ce dernier. Neave est plutôt partante pour se remettre en route sans tarder, mais Tarion parvient à la convaincre de faire un crochet rapide par les ruines, histoire de secourir d’éventuels survivants. Malheureusement pour l’altruiste voltigeur, la Marque ténébreuse n’en a laissé aucun, et bien que les chasseurs puissent se passer les nerfs sur un pauvre corpsejaw ne faisant que ce que la nature l’a équipé pour faire (c’est-à-dire bouffer les cadavres croisant sa route), il se fait vite jour que le mystérieux prédateur/incendiaire/décapiteur est déjà loin des lieux du crime. Il faut donc à nos héros repartir sans tarder, d’autant plus que le cogfort sensé participer à la traque semble être avoir fait une mauvaise rencontre quelques kilomètres plus loin, comme le bruit de ses canons l’atteste sans doute possible.

Bien évidemment, les traqueurs arrivent trop tard sur place pour secourir la machine de guerre (représentez vous le fruit des amours incestueux entre une Forteresse de la Rédemption et une Arachnarok), qui s’est faite éventrer et toute sa garnison massacrée par l’insaissable bestiole. Blacktalon est colère devant ce carnage dont elle impute en partie la responsabilité à ce gros sensible de Tarion, mais avant qu’elle puisse reprendre les choses en main et relancer la poursuite, une forme colossale émerge soudainement du lac de montagne à côté duquel reposait la carcasse du cogfort…

Début spoiler…Les pouvoirs de brouillage arcanique dont dispose la cible des chasseurs lui a en effet permis de tendre un piège à ces derniers, qui se retrouvent confronter à… pour faire simple, représentez vous Clifford le grand chien rouge, mais dont la maîtresse ne serait pas la gentille et aimante Emily, mais Valkhia la Sanglante. C’est donc à un pitbull mécanique de Khorne de fort belle taille (et crachant le feu) que les Stormcast Eternals doivent faire face, avec des résultats au début peu concluants, comme on peut s’en douter. Très étrangement, ce sont d’abord les Palladors qui sont envoyés pallader par le juggernaut, rapidement suivis par le brave Foerunner, ne laissant que Blacktalon et Tarion, tous les deux sévèrement blessés, pour tenter de renverser la situation. Ce n’est cependant pas chose facile car leur ennemi est très grand, très fort, très rapide, très costaud, et sans faiblesse apparente, mis à part l’écoutille chaînée qui lui sert de nombril.

Après quelques moments difficiles dans les décombres du cogfort où les deux héros ont trouvé un refuge précaire, le temps de décapsuler quelques potions de vie, le traditionnel plan de la dernière chance est conçu et immédiatement mis à exécution, permettant aux gardes chasses de Sigmar de remporter la victoire. Pour information, le haut fait en question nécessitera que Neave se déchaîne, et que son comparse loge un tir de l’aigle dans un cratère volcanique chatouilleux, ce qui aura pour effet final de noyer l’habitacle de la machine démon dans la lave. Statistiquement improbable je vous l’accorde, mais la high fantasy et les nouvelles d’action de la BL ne s’embarrassent pas de détails de ce genre. Ceci fait, les deux Knights-…, devenus bons copains dans l’adversité, peuvent reprendre le chemin d’Azyr, où ils pourront passer une convalescence bien méritée, ou se suicider pour être reforgés et ainsi redevenir opérationnels plus rapidement. Les politiques sociales sigmarites sont un peu particulières…Fin spoiler

1 : Organisée par l’incontournable Horticulous Slimux bien sûr.

AVIS :

Introduction au personnage de Neave Blacktalon (et à celui de son sidekick, Tarion Arl), ‘Hunting Shadows’ met particulièrement l’accent sur les caractéristiques de super héros des Stormcast Eternals (Blacktalon bénéficie en effet de sens ultra développés, et est capable de courir grotesquement vite – pensez Bip Bip et Vil Coyote), faisant de cette traque monstrueuse une sorte d’adaptation de comics Marvel dans les Royaumes Mortels. Je ne dis pas que c’est foncièrement désagréable, mais ça surprend tout de même un peu. Autre point saillant de cette nouvelle, son côté technique en matière de bestiaire et de hiérarchie Stormcast Eternals. C’est bien simple, on dirait qu’Andy Clark a fait exprès d’aller piocher dans les entrées les plus baroques du Battletome pour trouver ses protagonistes, ce qui peut aisément dérouter/saoûler le lecteur non averti. En cela, ‘Hunting Shadows’ n’est pas très newbie-friendly, même si l’intrigue reste relativement facile à suivre, du fait du schéma narratif très simple utilisé par l’auteur. En fait, le seul suspense de l’histoire repose dans l’identité de la proie traquée par Blacktalon et ses sous fifres, qui, manque de pot, se trouve être une création inédite de la part de Clark (à moins que la gamme chaotique d’Age of Sigmar comporte un modèle de chien de métal géant). Manque de pot car le lecteur ne peut même pas au final tenter de deviner qui est derrière ces exactions sanglantes et fumantes en se basant sur sa connaissance du fluff. Petite frustration, mais frustration quand même. Pour conclure, j’ai été très moyennement convaincue par cette démonstration de force de la Wonder Woman d’Azyrheim, héroïne certes très balaise mais assez peu attachante. Peut-être que cela est corrigé dans le roman qu’Andy Clark lui a consacré ?

.

Shiprats – C. L. Werner [AoS] :

ShipratsICÔNE : BROKRIN ULLISSONN, CAPITAINE KHARADRON

INTRIGUE :

La malchance légendaire qui colle à la carène du Dragon de Fer et la peau de son capitaine, le Kharadron Brokrin Ullisson s’abat une nouvelle fois sur le fier navire et son équipage. N’ayant pas trouvé de filon d’aether-or au cours de sa dernière campagne, le navire Duardin s’est résigné à se faire cargo de grain pour au moins rentrer dans ses frais, et a chargé une cargaison de blé dans la ville de Greypeak, qu’il espère vendre à bon prix de retour à Barak-Zilfin. Ce beau projet est toutefois menacé par la présence de passagers clandestins dans la cale du Dragon, une colonie de rats bien décidée à faire bombance sur les stocks des Arkanautes. Entre les petits barbus et les encore plus petits moustachus, il ne saurait y avoir de terrain d’entente, mais que faire pour débarrasser le vaisseau de l’infestation de vermine sans endommager ce dernier ? Alors que Brokrin et ses hommes se trouvent réduits à chasser les importuns à coups de pelle, avec des résultats peu concluants, comme on peut se l’imaginer, une bonne et potentiellement riche idée est soumise : pourquoi ne pas faire un détour par la Lamaserie de Kheitar, dont les moines ont par le passé rendu un fier service aux Kharadrons en débarassant le Dragon de la nuée de crapauds célestes (car apparemment, c’est un aléa climatique assez courant dans les Royaumes Mortels) qui avait élu domicile sur le navire à l’aide d’une fumigation un peu spéciale ? Aussi dit, aussitôt acté, la possibilité de soutirer aux bonzes une de leurs fameuses tapisseries pouvant même permettre d’espérer un profit au trésorier de la petite bande, passablement dépité par le tour pris par les évènements. Après tout, quoi de mieux qu’un lama pour venir à bout d’un rat1 ?

Arrivé sur place, Brokrin emmène une poignée de ses gars à la rencontre des paisibles habitants de Kheitar, dont les ancêtres étaient tellement zens qu’ils ont réussi à apprendre à un démon les bienfaits de la méditation. Brokrin, qui connaît personnellement le grand Lama (Serge), est bien étonné de voir apparaître à la place de son vieux pote un nouveau père supérieur (Bernard), qui a la peine de lui apprendre que Serge n’est pas simplement malade (comme on pouvait s’y attendre), mais a carrément atteint l’illumination en commettant le suicide rituel du tulku, un lent empoisonnement débouchant sur une momification graduelle de l’ascète. Malgré cette triste nouvelle, Bernard se montre particulièrement conciliant avec ses hôtes, acceptant non seulement de procéder à la dératisation demandée (sous réserve que les Duardins permettent aux rats de quitter le navire, car telle est le niveau d’antispécisme des bonzes), mais offrant même à leurs hôtes non pas une, mais cinq de leurs précieuses tapisseries, pour une contribution laissée à la discrétion des bénéficiaires. En celà, Bernard fait une grave erreur car cette générosité excessive ne manque de déclencher l’alerte piège à khon que tous les Kharadrons possèdent dans un coin de leur esprit. Suspectant une entourloupe, Brokrin charge donc un de ses matelots d’escorter les moines tapissiers jusqu’à bon port, tandis que lui et le reste de son khrew acceptent l’offre de Bernard de rendre visite à Serge, qui serait, contre toute évidence, encore vivant. Bernard commet alors sa deuxième boulette (pas aussi grave que celle du Bordeaux – Paris de 93, mais pas loin) : soucieux de faire respecter les traditions non-violentes de Kheitar (où même les démons fument du chichon), il somme ses visiteurs de déposer leurs lames avant d’entrer dans le saint des saints. Toujours un à lire les petites lignes du contrat et à trouver les failles dans les termes et conditions qui lui sont proposés, Brokrin fait remarquer à ses hommes que l’injonction du grand Lama ne couvre pas les armes à feu, et emboîte donc le pas à Bernard toujours armé de sa pétoire.

Un peu plus loin, les mirrifiques carpettes de Kheitar sont entreposées sans heurts dans la cale du Dragon de Fer, sous l’oeil attentif et circonspect d’un rattophobe déclaré, le sergent arquebusier Drumark, dont le paternel a été fauché dans la fleur de l’âge lors d’une bataille contre les Skavens. Souhaitant s’assurer que la vermine qui grignote son grain ne s’attaque pas aux précieux tapis, il laisse remonter ses comparses et attend dans la pénombre de voir comment les choses vont évoluer. Quelle n’est pas sa surprise de voir s’extraire des rouleaux apportés par les bonzes une demi-douzaine d’hommes-rats, qui comptaient sans doute s’infiltrer discrètement dans le navire en attendant de jouer un tour pendable à ses occupants légitimes ! Les plaisanteries les plus courtes étant les moins longues, Drumark a tôt fait de sonner la fin de la rat-cré, l’arsenal Kharadron ayant rapidement raison des manigances skavens. Tout celà n’augure toutefois rien de bon pour Brokrin et ses suivants, qui ne tardent pas non plus à découvrir le pot au rat, à la suite d’une performance misérable du Jeff Panacluc Skaven, un dénommé Kilvolt ayant « jeanmarquisé » le cadavre de Serge. Sommé de révéler au véritable maître de Kheitar les secrets de l’ingénierie Kharadron, Brokrin refuse avec noblesse, et met à profit la bévue de Bernard pour arroser les hommes rats venus à la rescousse de Kilvolt avec du Kharaplomb. L’algarade ne dure cependant pas longtemps, l’arrivée de Drumark et de ses arquebusiers convainquant définitivement les Skavens de la futilité de leur approche. Profitant de l’accalmie, Brokrin et Cie repartent ventre à terre sur le Dragon, non sans avoir pris soin de looter quelques tapisseries supplémentaires en guise de dédommagement. De voleur à vendeur de tapis, il n’y a que peu de choses au fond.

1 : Si vous répondez : un chat, sachez que le félin apporté à bord par les Duardins a fait acte de mutinerie peu de temps après sa prise de fonction. C’est ce qu s’appelle avoir un poil dans la patte.

AVIS:

Accompagnement au roman qu’il a consacré aux plus blindés des Duardins (Corsaires du Dragon de Fer//Overlords of the Iron Dragon), ce Rats de Cale de Werner s’avère être d’une lecture globalement satisfaisante. Notre homme retrouve avec bonheur ses victimes favorites (les Skavens), qu’il gratifie comme à son habitude d’une inventivité et d’une ambition proportionnellement inverse à leur compétence, pour un résultat aussi spectaculaire que dérangeant1. S’il y a un contributeur de la BL qui sait s’y prendre pour donner aux hommes rats leurs lettres de bassesse, c’est bien l’homme au chapeau, et on ne peut que souhaiter que Nottingham lui confie davantage de commandes portant sur les funestes et fumistes machinations des rejetons du Rat Cornu. On appréciera également l’exotisme du propos, la visite guidée de la Lamaserie de Kheitar permettant au lecteur de se remémorer l’immensité des Royaumes Mortels, où la présence d’une communauté de bonzes vénérant un démon du Chaos ayant trouvé la paix intérieure en téléchargeant Petit Bambou sur son portable est tout à fait possible. On peut regretter que l’accent ne soit pas davantage mis sur la culture des protagonistes, abordée assez succinctement à travers la mention des différentes fonctions des membres de l’équipage de l’Ang Drak et du fameux Code des Kharadron (qui sanctuarise les partenaires de commerce équitable, ce qui doit indiquer que les bananes et le chocolat sont tenus en haute estime par le Geldraad), mais que voulez-vous, on ne peut pas tout avoir dans une nouvelle de 25 pages. Le casting très développé des Arkanautes, conséquence logique de leur inclusion dans le roman cité plus haut, est un autre facteur pouvant diminuer (légèrement) le plaisir de lecture, mais, rassurez-vous, savoir qui est qui n’a que peu d’intérêt au final. Le plus important restant bien sûr de souquer les artimuses.

1 : Sérieusement, imaginer la transformation d’un cadavre de bonze en marionnette animée, c’est un coup à faire des cauchemars.

.

***

Vous êtes encore là ? Félicitations pour être venus à bout de cette copieuse chronique, qui vous a je l’espère préparé à la lecture de l’omnibus en question, si le cœur vous en dit. Essayons de rassembler nos pensées pour terminer sur une impression d’ensemble de ‘The Hammer & the Eagle’, après avoir passé tant de temps à disséquer chacune des nouvelles constituant ce pavé. La question qu’il convient de trancher est la suivante : cet ouvrage remplit il la mission que la Black Library lui a donnée, à savoir initier les nouveaux lecteurs aux icônes de Warhammer 40.000 et Age of Sigmar à travers une sélection de courts formats ? Comme vous pouvez vous en douter, si vous êtes familiers de ces critiques, la réponse est oui et non.

La force et l’attrait principal de ‘The Hammer & the Eagle’ est de proposer, clé en main et livre en poche (si vous arrivez à trouver une poche assez grande, ou avez opté pour un format digital), la couverture la plus complète qui soit de la GW-Fiction à l’heure actuelle. On peut reprocher à la BL de ne pas avoir inclus de textes pour Warhammer Fantasy Battle, qui compte également son lot de personnalités marquantes (Gotrek & Felix, Malus Darkblade, Tyrion & Teclis, Zavant Konniger, les Black Hearts…) et disposant de leurs propres séries de livres, ou, de façon plus pragmatique, d’avoir fait l’impasse sur l’Hérésie d’Horus, Necromunda et Blood Bowl, univers et sous univers riches en héros et vilains hauts en couleurs. On peut également s’interroger sur l’absence de certaines figures et auteurs de 40K au sommaire de ce recueil (Roboute Guiliman version Sombre Imperium, Ragnar Crinière Noire, Lukas, Ahriman, Khârn, Lucius, Honsou, Farsight, Peter Fehervari et son Dark Coil, Steve Parker et ses Deathwatch…), et sur la présence d’icônes mineures – à ce jour – dans ce qui semble être le catalogue des VIP de la Black Library. Mais si on passe outre ces considérations, on doit reconnaître que la base fournie ici est solide et, si ce n’est exhaustive, au moins très étoffée, le tout pour un prix très modeste au vu des tarifs habituels de la maison (on est proche des 50% de réduction par rapport à une anthologie classique).

Autre paramètre à considérer, la pertinence du choix des nouvelles collectées dans ‘The Hammer & the Eagle’, qui devraient dans l’idéal introduire le nouveau lecteur à un personnage marquant de 40K ou d’Age of Sigmar, et lui donner envie de poursuivre l’aventure en achetant le roman venant après le court format qu’il a pu lire ici. Sur ce point, c’est carrément le grand écart entre les textes qui ont été écrits avec cet objectif en tête par des auteurs de bon niveau (‘Of Their Lives…’, ‘Execution’, ‘The Absolution of Swords’, ‘One, Untended’…), et les courts formats mis au sommaire par pur pragmatisme, qui peuvent être obscurs pour qui n’est pas déjà familier de la série à laquelle ils se raccrochent (‘Rite of Pain’, ‘Prodigal’, ‘Shadow Knight’, ‘Gods’ Gift’), ne pas directement traiter des icônes qu’ils sont sensés introduire (‘The Smallest Detail’, ‘Fireheart’), ne pas aborder de façon satisfaisante le parcours, la personnalité et/ou les motivations de l’icône en question (‘The Wreckage’, ‘Argent’), ou être tout simplement mal écrits (‘The Battle for Markgraaf Hive’, ‘Mercy’). Pour faire court, si on m’avait demandé de soumettre une liste de nouvelles pour les icônes sélectionnées par la BL, la moitié des histoires rassemblées ici auraient été remplacées, pour une raison ou pour une autre. Il est in fine dommage que certains lecteurs décident d’ignorer des séries de qualité sur la base d’une erreur de casting de Nottingham, ce qui arrivera fatalement ici. J’invite donc à donner une deuxième chance à toutes les icônes ne sortant pas grandies de cet omnibus, pour s’assurer que la première impression a bien été la bonne. La tendance des auteurs de la BL à écrire des nouvelles semi-indépendantes (c’est-à-dire compréhensibles, mais pas vraiment autonomes) de leurs romans ne doit en effet pas être sous-estimée.

C’est sur ces mots de sagesse (?), ou en tout cas d’expérience, que se termine cette revue de ‘The Hammer & the Eagle’, ouvrage imparfait mais qui a tout pour devenir un incontournable de l’offre de la Black Library dans les mois et années à venir, et qui, j’en suis sûr, initiera bon nombre de lecteurs aux joies de la GW-Fiction.

DEATHWING [40K]

Bonjour à tous et bienvenue dans cette chronique des ‘Deathwing’, recueils de nouvelles se déroulant dans l’univers baroque, grotesque et (à l’époque tout du moins) coloré de Warhammer 40.000. Et, comme vous avez certainement pu le détecter à la lecture de cette première phrase, les objets de notre étude du jour sont loin d’être banaux. La première raison de cette singularité, et dont découle en partie la seconde, est qu’il s’agit tout bonnement du premier recueil de courts formats se déroulant sous les auspices sanglants mais rigolards du 41ème millénaire1. On peut même aller plus loin et faire de ‘Deathwing‘ la toute première oeuvre de GW-Fiction liée à cette franchise, qui n’était pas vieille à l’époque héroïque (1990) où ce petit tome a été publié… pour la première fois. Transition toute trouvée et parfaite (bravo moi) vers le second signe distinctif de cette anthologie : elle a bénéficié d’une réédition en 2001, V2 à laquelle sont venues se greffer trois nouvelles supplémentaires2, ainsi qu’une longue, très longue paire de pincettes.

Sommaire Deathwing (40K)

Car l’univers de 40K avait bien changé en l’espace d’une décennie, laissant derrière lui l’aspect parodique ouvertement assumé de ses débuts, et mettant un peu d’ordre dans son fluff, jusqu’ici développé au petit bonheur la chance par des auteurs (quelques fois) et des rédacteurs de suppléments (la plupart du temps) laissés assez libres de leurs mouvements. Conséquence du passage à l’âge adulte de cet univers, certaines des nouvelles que nous nous apprêtons à découvrir accusaient un sérieux coup de vieux, pour une raison ou pour une autre. D’ailleurs, une bonne partie des auteurs ayant contribué au premier jet de cet opus avaient depuis quitté la barge, certains avec un panache grandiose (Ian Watson, à qui l’on doit l’immortel ‘Space Marine‘ et la trilogie ‘Inquisition War‘, ou Bryan Ansell, rien de moins que le patron de GW entre 1985 et 1991), d’autres (Storm Constantine, Charles Stross, ou encore le premier éditeur de la GW-Fiction, David Pringle) de façon plus discrète. Il ne faut donc pas s’étonner de la présence d’une mention « attention, gros délire » juste avant la première nouvelle (éponyme) du recueil. À l’inverse, les trois nouveautés de l’édition de 2001, signées par des auteurs établis et au fait des standards de la maison – étant devenue la Black Library, la première publication ayant été faite par GW Books3 – que sont Dan Abnett, Gav Thorpe et Graham McNeill, ne devraient pas trop nous dépayser. Encore que. 2001, ça fait tout de même loin….

1 : Après tout, la phrase la plus connue de toute la franchise indique bien que les 4 Affreux se fendent la poire. Nous sommes donc en situation d’optimum de Paretto, et tout va pour le mieux dans le meilleur plus dystopique des univers.
2On pourrait se demander quelles sont les raisons qui ont poussé la BL a rajouté ces trois textes, et pas d’autres, au sommaire original de ‘Deathwing’. La raison est, comme souvent avec Nottingham, des plus prosaïques: ces trois nouvelles étaient incluses dans le numéro 22 d’Inferno!, sorti en Janvier 2001, et étaient donc les premières « disponibles » pour cet usage.
3Et la seconde (copie conforme de l’initiale, c’est pourquoi je n’en ai pas parlé) par Boxtree en 1993.

Deathwing

.

Deathwing – B. Ansell & W. King :

INTRIGUE:

DeathwingLe Fall Camp/casting/retour au bercail prévu de longue date par la Compagnie de Vétérans Dark Angels du Capitaine Ezekiel, anciennement connu sous le nom de Coureur de Nuage (Cloud Runner), et que nous appellerons Claude à partir de maintenant pour gagner un peu de place, ne s’est pas passé comme prévu. Débarqués dans leur Thunderhawk Deathwing sur leur planète natale, qu’on qualifiera poliment de très influencée par la culture des premières nations amérindiennes, les Space Marines ne trouvent que des campements déserts et jonchés de cadavre comme comités d’accueil, ce qui laisse à penser que quelque chose de pas jojo s’est produit pendant leur siècle d’absence. Ayant fait le tour de leurs anciens villages à la recherche de survivants, en vain, et découverts avec horreur qu’une ville industrielle avait poussé au milieu des steppes où s’ébattaient auparavant bisons (probablement) et belettes (c’est dans l’histoire), nos vieux guerriers ont logiquement le moral dans les chaussettes énergétiques. Car, en ces temps très anciens, les fiers Dark Angels ne recrutent que sur cette planète/réserve, et la destruction du mode de vie et de la culture de leurs congénères ne peut que condamner le Chapitre à l’extinction à court terme.

Les soupçons de Claude et de ses Sergents Marius (Belette Féroce) et… Paulo1 (Lune Sanglante) se sont portés sur un ennemi que les Terminators ne connaissent que trop bien : les cultes Genestealers. Indice parlant: les dessins d’humanoïdes grimaçants à quatre bras2 trouvés sur les parois du dernier village troglodyte visité par les touristes. Confrontés à cette menace des plus sérieuses, contre laquelle même la puissance des meilleurs de l’Empereur mis sur leur 31 pourrait peut-être ne pas suffire, Claude et ses grands-pères doivent prendre une décision difficile : se la jouer safe et balancer un petit Exterminatus pépère depuis l’orbite, comme le préconise le Codex Astartes3, ou attaquer directement la cité champignon défigurant le paysage, afin de faire rendre gorge aux colons et libérer les éventuels rescapés de la conquête de l’Ouest par les grands méchants Xenos. La situation est tellement grave que Claude, en bon grand manitou, convoque un pow wow de ses guerriers, où chacun pourra exprimer son opinion sur la marche à suivre. Pendant ce temps là, l’Archiviste/Chamane de garde, Lucian a.k.a. Deux Têtes Qui Parlent, est autorisé à faire une virée dans la cité sensible pour récolter quelques informations utiles à la suite des opérations. Dissimulant sa carrure de Terminator derrières des allures plus banales grâce à ses super pouvoirs, il parvient à entrer sans problème dans la bourgade.

Sur place, il constate avec horreur que son peuple a bien été réduit en esclavage par une caste dominante, constituée du Magos du culte et de ses fidèles serviteurs. Manque de bol pour notre éclaireur, il se fait gauler par le premier malgré son déguisement ingénieux à la sortie d’un combat de belettes, et se retrouve donc pisté à travers la ville sur le chemin du retour. Témoin du bastonnage en règle d’un vieux chaman alcoolique ayant osé annoncer le retour des Dark Angels à une population incrédule et abrutie, Lulu intervient en faveur de son collègue, parvenant sans mal à calmer les ardeurs des cultistes s’acharnant sur le pauvre hère d’une bonne paire de claques. Cet acte charitable, s’il permet à l’Archiviste de tirer au clair les sources du problème rencontré par la planète en demandant à Etoile du Matin (c’est le nom du pochtron) de lui refaire toute l’histoire, scelle cependant le destin de Lucian, pris à parti quelques minutes plus tard par le Magos et sa garde de Genestealers. Si le Space Marine parvient à se défaire de ses assaillants, la mort du Psyker alerte le reste du culte que quelque chose ne tourne par rond spirale, et l’Archiviste finit par succomber sous le nombre au pied des portes de la ville, malgré quelques dingueries peu communes pour un porteur d’armure Terminator, comme un sprint et une roulade. Dommage.

Pendant ce temps là, Claude et ses hommes discutent le bout de gras en se goinfrant de pemmican, comme c’est l’usage. Soucieux de donner l’exemple, Claude raconte l’histoire de son recrutement, qui l’a vu laisser tomber sa promise Running Deer4 après un pari débile avec un gars qu’il ne pouvait pas blairer, consistant à escalader la montagne des esprits où les Dark Angels installent leur barnum lorsqu’ils viennent recruter des locaux. Comme vous pouvez l’imaginer, les deux crétins arrivèrent sur place en même temps que les Space Marines, provoquant la fuite éperdue du rival (qui finira avec la pauvre Running Deer lâchement larguée par son fiancé, Etoile du Matin étant leur descendant), mais conduisant Claude à rencontrer son grand-père, Serre de Faucon, et à tenter sa chance aux épreuves de passage pour devenir Dark Angel, avec le succès que l’on sait. Pendant son initiation, Claude eut la chance de voir lui apparaître l’Empereur, juché sur une autruche (ok, un oiseau tonnerre), qui le briefa sur absolument tout ce qu’il y avait à savoir sur le 41ème millénaire (même le Chaos !). Moralité de l’histoire : il faut respecter Pépé et ne pas se la jouer solitaire. Cette position est également soutenue par Paulo, qui raconte à son tour sa rencontre avec des Space Marines du Chaos sur un Space Hulk quelconque. Après la bataille, le Vétéran réalisa que les renégats n’avaient pas basculé d’un coup du mauvais côté de l’histoire, mais avaient été corrompus progressivement par une série de choix sous-optimaux : c’est ce qui attend les Dark Angels s’ils prennent leur mission trop à cœur.

Cet avis n’est cependant pas partagé par tout le monde, Ours Boîteux (dont le nom ne sera pas révélé, et que je baptise donc Brandon) et Marius plaidant pour une opération punitive afin de venger l’honneur des tribus décimées. Et au bout du bout, c’est l’option vindicative qui l’emporte, faisant techniquement de nos Dark Angels des renégats (et donc presque des Déchus… mais chut). Après avoir repeint leur armure en blanc pour signifier leur vœu de mort (et lancer ainsi la mode Deathwing telle qu’on la connaît encore), les Space Marines prennent le chemin de la ville, non sans avoir reçu une dernière vision de Lucian, qui a réussi à emporter le Patriarche Genestealer – trop curieux pour son propre bien – avec lui dans la tombe grâce à une guerre mentale bien négociée, provoquant la confusion la plus totale chez les cultistes. Ce trou d’air managérial est mis à profit par les Dark Angels pour enfoncer les défenses ennemies, jusqu’à ce que les Xenos retrouvent un semblant d’organisation et commencent à coordonner leurs attaques, provoquant des pertes chez les surhommes en céramite. Lorsque la poussière retombe, les Space Marines sont toutefois vainqueurs, même si la Compagnie de Claude ne compte plus que six clampins. C’est toutefois suffisant pour notre héros, dont la dernière décision en tant que Capitaine sera de diviser les survivants autochtones entre lui et ses frères, chacun partant de son côté recréer sa propre tribu, comme au bon vieux temps d’Age of Empires.

La nouvelle se termine, bien des années plus tard, par l’arrivée d’une nouvelle force de Dark Angels sur la planète, menée par le Capitaine Gabriel Couteau Cassé. L’absence de Claude et de ses Vétérans a en effet fini par inquiéter les autorités du Chapitre, qui ont envoyé des enquêteurs spéciaux tirer les choses au clair. Claude, ultime survivant de sa Compagnie, explique à son ancien collègue les raisons de son geste et… est laissé tranquille dans son coin, après qu’il ait rendu les armures Terminator, tout de même. Il y a bien l’increvable Serre de Faucon, devenu Dreadnought depuis le temps, qui propose à son petit fillot de devenir à son tour une boîte de conserve énergétique, mais Claude refuse poliment. Et on le comprend. En ces temps très anciens, les Dark Angels savaient donc passer l’éponge sur les comportements déviants et enterrer la hache de guerre. On n’en est plus là aujourd’hui, malheureusement.

1 : Je sens que l’on ne me croit pas et ça me chagrine. Une preuve est donc de rigueur.
2 : Alors que ça pouvait aussi bien indiquer aux joueurs de Pokémon Go que la zone était riche en Mackogneurs. Mais les Dark Angels sont toujours prompts aux conclusions hâtives.
3 : En ces temps très anciens, les Dark Angels n’avaient pas encore développé de rapport conflictuel avec l’autorité et un sentiment de supériorité sur les autres Chapitres.
4 : Ou peut-être était-ce son promis, « deer » étant un cerf et « doe » une biche.

AVIS:

On pourrait je pense passer des pages et des heures à discuter de ce ‘Deathwing’, ce qui est à mon sens approprié et légitime pour la toute première nouvelle Warhammer 40.000 de l’histoire. Je vais toutefois tenter de garder mon propos dans un format raisonnable, afin de ne pas dégoûter mon public de cet objet tellement particulier du corpus de la GW-Fiction.

Commençons par enfoncer des portes ouvertes, tel un Terminator éméché poursuivant un blip de Genestealers dans un Space Hulk : oui, le fluff qui est développé ici a été totalement, impitoyablement et irrémédiablement retconn-é depuis quelques décennies, transformant les braves Braves Dark Angels de notre nouvelle en templiers aussi pointilleux que cachotiers. On peut se prendre à rêver d’une réalité parallèle où ce Chapitre iconique serait resté attaché aux racines que lui ont données Ansell et King (ou regretter que cette obédience amérindienne n’ait pas été reprise par Games Workshop pour une autre confrérie célèbre de Space Marines1 après cela), mais ce qui est fait est fait, et cette page obscure de l’histoire des enfants du Roc est tournée pour de bon. Il reste cependant possible, si vous êtes un hipster acharné, d’arguer que le fait que la BL a republié cette histoire au début des années 2000, donc bien après que le changement de lore des Dark Angels ait été acté, vaut acceptation des origines ethniques du Chapitre par la maison mère (même si cette dernière a mis un gros « TROLOLOLOL » en ouverture de la nouvelle). On peut également mettre en avant que c’est Bryan Ansell lui-même (le boss de GW entre 1985 et 1991, soit au moment de la création de Warhammer 40.000) qui a voulu donner aux Anges de la Mort ce background, et qu’aller contre sa volonté serait comme bafouer les commandements de l’Empereur en personne. Empereur à coupe mulet, certes, mais Empereur tout de même. Et, pour finir sur cet aspect fluffica non grata, remarquons enfin que tout n’a pas été jeté de ce passé héroïque pour les Dark Angels : les noms en -iel sont toujours présents, ainsi que la couleur blanche de la Deathwing, et les symboles « plumiers » du Chapitre. Bref, la ligne tracée par Games Workshop est loin d’être droite, ce qui fait de ‘Deathwing’ une lecture intéressante et instructive, sans même se pencher sur l’histoire qu’elle raconte.

Et en cela, on aurait tort, car cette nouvelle de Space Marines est, et je le dis tel que je le pense, très satisfaisante. En plus de ses inévitables scènes d’action, qui sont déroulées sans excès par notre duo, on a le droit à une intrigue assez solide, avec du suspens, des rebondissements et une vraie incertitude sur le devenir final de nos héros, grâce au choix de ne pas arrêter le magnéto après leur victoire sur les Xenos, mais à la visite de « courtoisie » de leurs anciens frères d’armes. J’ai bien aimé également les variations apportées à la narration par l’intégration des souvenirs de nos vétérans au milieu du récit, qui a permis à Ansell et à King de donner quelques coups de projecteurs bien sentis sur d’autres sujets que la préparation de Little Big Horn. L’utilisation d’ellipses et de flashbacks a également pour effet de surprendre le lecteur, et de piquer son intérêt, particulièrement à la fin du récit, où le règlement de compte à OK Corral ne fait plus de doute. Enfin, je dois avouer que les petits liens internes intégrés au récit, comme Etoile du Matin qui est le descendant de Running Deer et Silver Elk, que l’on avait croisé quelques pages plus tôt dans un autre contexte, les caméos de Serre de Faucon (de plus en plus fatigué), ou la révélation que le culte de Genestealers vient de Thranx, la planète purgée par les Dark Angels des décennies plus tôt, ajoutent un charme à l’histoire. Ce n’est pas dur ou technique à faire, mais c’est bien trouvé et bien effectué, donc à saluer.

Ajoutons à cela que ‘Deathwing’ a très bien vieilli comparée à beaucoup de soumissions de la même époque, qui accusent aujourd’hui terriblement leur âge. Ansell et King ont ainsi parfaitement représentés la mentalité des meilleurs de l’Empereur face à un dilemme tout à fait fortykayien si on me passe l’expression, à savoir un arbitrage à faire entre la fidélité à l’Empereur et au Chapitre d’un côté, et l’accomplissement d’une vengeance juste mais futile d’un point de vue stratégique de l’autre. Les auteurs ont bien fait de convoquer le parallèle avec les Astartes renégats dévoyés par Horus pour illustrer leur propos, car c’est exactement de ça dont il s’agit : l’indépendance et la capacité de réflexion des super soldats de l’Humanité, qu’on leur a appris à mettre de côté mais qui reste leur dernière défense contre la corruption et, de manière ironique, l’aliénation. Autre satisfaction, qui est cette fois-ci à réserver aux lecteurs habitués au caractère nihiliste et paradoxal de Warhammer 40.000 : la douce ironie que constitue l’arrivée de la « civilisation » sur la planète natale des Dark Angels. Car si on y réfléchit deux secondes, le sort de la population de fiers chasseurs cueilleurs glandeurs n’aurait pas été très différent si l’Imperium, à la place du culte Genestealers, s’était véritablement installé sur ce monde. Il y a fort à parier que nos oisifs et improductifs apaches auraient tout aussi bien fini en camps de travail et sombré dans l’alcool et la misère si un « gentil » Magos du Mechanicum avait décidé de prendre la planète en main, à la place d’un « méchant » Magos Genestealer2. C’est ce genre de contradictions qui fait tout l’absurde sel du 41ème millénaire, et le fait que cette nouvelle ne soit pas « bêtement » manichéenne ajoute à son intérêt. Il n’y a guère que la conclusion « we good bro » de ‘Deathwing’ qui n’a pas/plus sa place dans le futur totalement grim et complètement dark de 40K, mais pour le reste, c’est une bonne exploration de la psyché et de la psychose propres à cet univers.

Vous l’aurez compris, je recommande donc chaudement la lecture de cette histoire à tous ceux qui s’intéressent à la GW-Fiction. Il n’est pas dit qu’elle convienne à tout le monde3, mais elle mérite d’être découverte et mise en perspective de tout ce qui est venu après, afin de pouvoir réaliser pleinement tout ce qui changé, et tout ce qui n’a pas changé, depuis cette époque héroïque.

1 : Ce qui va tout de même dans le sens de ceux qui reprochent à Games Workshop de n’avoir commencé à être plus inclusif envers sa communauté que récemment. Et les Dark Angels en sont les parfaits exemples : qu’il s’agisse du gonze en couverture de ‘Deathwing’ ou de ceux sur celle de ‘Let the Galaxy Burn’, on ne pourrait reprocher au quidam de considérer les fils d’El’Jonson (ou Canard Vexé, comme on l’appelait en des temps très anciens), comme de vrais bons aryens.
2 : À noter le passage très drôle où il est dit que les cultistes ont commencé par prêcher l’amour et la tolérance aux natifs, qui les ont envoyés paître. Comme quoi, les torts sont peut-être partagés dans cette histoire.
3 : Conseil : si la fracture fluffique à l’œuvre ici vous chagrine, dîtes vous que c’est une nouvelle consacrée aux Dork Angels, et tout se passera bien.

.

Devil’s Marauders – W. King :

INTRIGUE:

Devil's MaraudersLa situation du 5ème Régiment de Thranx1, les célèbres (?) Maraudeurs du Diable, n’est pas loin d’être désespérée. Engagés dans la campagne de reconquête de la planète jungle H’thra, dont la population locale s’est rebellée contre l’Empereur après avoir été corrompue par le Chaos – à ce qu’il semble –, les Gardes Impériaux n’ont pas vraiment la main haute dans les combats sporadiques se déroulant dans cet enfer vert. Les Maraudeurs ont payé un lourd prix dans ces affrontements, et sont réduits à quelques dizaines d’hommes (et un Ogryn, Truk), menés par l’inflexible Commissaire Borski, dont le super pouvoir de blanchisserie2 est une preuve irréfutable de la divinité de l’Empereur. Notre héros, le soldat Nipper, commence assez logiquement à nourrir quelques sombres pensées quant à ses perspectives d’évolutions professionnelles, d’autant plus que la petite bande a reçu pour ordre de se replier dans la zone Ambre du théâtre d’opération, située à 50 kilomètres de là, dans un délai de 24 heures. Faute de quoi, ils seront pulvérisés depuis l’orbite par la flotte impériale, qui n’hésitera pas à recourir à de la déforestation massive pour accélérer la fin du conflit.

Après une petite escarmouche contre quelques éclaireurs adverses, dont la caractéristique la plus notable est d’inclure un robot tueur dans leur rang, Nipper, Borski et les autres (dont le Sergent Krask et la Psyker sanctionnée Sal) commencent dont leur trail de l’extrême, course d’obstacles contre la montre mettant les corps et les esprits à rude épreuve. Heureusement, la fameuse solidarité des Maraudeurs, dont la devise n’est de laisser personne derrière, permet aux Gardes de tenir le coup jusqu’à ce que la ligne d’arrivée soit toute proche. C’est cependant le moment où le fourbe ennemi décide de lancer une offensive sur les loyalistes éprouvés, qui décident de vendre chèrement leurs vies dans un dernier carré héroïque. Dans la fusillade qui s’ensuit, Nipper est victime d’une soudaine et profonde dépression, qui manque de lui valoir une exécution sommaire de la part de Borski pour lâcheté et mollesse au combat. Fort heureusement, le Commissaire arrive à trouver les mots qu’il faut pour convaincre notre héros de reprendre ses esprits et d’honorer son serment à l’Empereur, ce qui pousse Nipper à devenir berserk et massacrer une bonne partie des assaillants à lui tout seul, permettant aux ultimes rescapés de l’affrontement de passer en zone Ambre, quelques minutes avant qu’il ne se mette à pleuvoir du prométheum sur ce coin de la carte. Ouf.

Début spoiler…Il faudra cependant aux Maraudeurs profiter pleinement de leurs 3 minutes de repos avant de se remettre en chemin, la sentinelle les ayant accueillis dans le poste avancé ne manquant pas de les informer que le haut commandement a donné l’ordre à toutes les forces présentes dans la zone Ambre de se replier dans la zone Grise dans les meilleurs délais (24 heures), avant que le bombardement orbital ne se décale un chouilla à gauche/droite. La maraude n’est pas terminée…Fin spoiler 

1Thranx apparaît déjà dans ‘Deathwing’, autre nouvelle co-écrite par William King pour l’anthologie éponyme. Cela n’a débouché sur rien à ma connaissance, mais on peut constater que les auteurs de GW-Fiction ont cherché dès l’origine à lier leurs histoires entre elles.
2 : Il est capable de garder un uniforme immaculé dans des conditions que nous qualifierons poliment d’éprouvantes, ce qui impressionne et terrifie à égales mesures ses charges, bien plus crasseuses.  

AVIS:

Nouvelle classique de Gardes Impériaux confrontés à une galaxie méchante et hostile, ‘The Devil’s Marauders’ permet à William King de donner un aperçu de la vie ingrate, dangereuse et, dans bien des cas, insensée, des soldats envoyés combattre au nom de l’Empereur. Grâce à la richesse de son casting, intégrant aussi bien des bidasses tout ce qu’il y a de plus standard, mais également des Commissaires convenablement zélés, des Psykers aux migraines persistantes et des Ogryns amateurs de thé, cette histoire dépeint de façon intéressante les réalités et la mentalité propres de la guerre au 41ème millénaire, et constitue donc une bonne introduction au background romancé de cette faction. Si le lecteur contemporain pourra froncer les sourcils à quelques reprises pour cause d’évolutions fluffiques depuis les temps antédiluviens de l’écriture de cette nouvelle1, ou à cause du caractère hétéroclite de la guérilla convoquée par King pour faire obstacle aux Maraudeurs (qui mélange joyeusement inspirations amérindiennes, corruption du Chaos, T-800s faisant de l’accrobranche et catapultes shuriken rachetées à des Rangers Eldars sur le Bon Coin), il faut reconnaître que King réussit le plus important, c’est-à-dire donner l’image d’un univers brutal et inhumain, où des armées se battent jusqu’au dernier homme pour des causes échappant souvent aux belligérants, et où la bravoure et l’héroïsme ne mènent souvent qu’à une mort sans gloire. Bref, du bon grimdark comme on l’aime, et qui se laisse assez bien lire trente ans après son écriture, ce qui est une marque de qualité.

1 : On peut par exemple noter qu’il est très bizarre que Sal, en tant que Psyker, ait été recrutée avec ses camarades de Thranx pour rejoindre la Garde Impériale, au lieu d’être envoyée sur Terra pendant sa prime enfance pour une rencontre avec Pépé. D’ailleurs, elle a conservé l’usage de ses yeux, ce qui est très rare pour une Psyker assermentée.

.

Pestilence – D. Abnett :

INTRIGUE:

PestilenceLorsque les forces impériales lancées à la conquête de Genovingia commencent à tomber comme des mouches sous les coups et les miasmes de la Peste d’Uhlren, les autorités compétentes agissent sans tarder. Et, une fois n’est pas coutume, leur réaction n’est ni brutale, ni sanglante, ni stupide, ou en tout cas pas tout de suite. Car c’est bien à Lemual Sark et à ses collègues érudits que le Maître de Guerre Rhyngold s’adresse, chargeant notre héros et ses homologues de fouiller les archives à la recherche de toute information qui pourrait s’avérer utile à l’endiguement du fléau.

Sark est, pour résumer grossièrement, un archiviste épidémiologique, double spécialisation très rare proposée uniquement par le centre universitaire Du Guesclin de Béziers. Il passe donc ses journées à enquêter sur les épidémies du passé, dans le but d’aider ses contemporains à se prémunir contre les joyeusetés concoctées à tour de chaudron par papy Nurgle. Après une harassante recherche Doctossimo durant laquelle il a appris à vingt-huit reprises qu’il avait contracté un cancer généralisé des cuticules, Sark finit par trouver une piste digne d’intérêt, qui l’emmène sur Symbal Iota, planète marine où tout le monde se déplace en catamaran et où Kevin Costner a été élevé au statut de saint impérial. C’est en effet là le dernier domicile connu de Fege Ebhoe, Général émérite du 23ème Régiment de Lanciers de Lammark, et survivant de la vague de varicelle carabinée qui a décimé ses hommes sur Pirody, il y a de cela bien des années. Avec un peu de chance, Sark pourra tirer au vétéran quelques confessions utiles pour les victimes de la Peste d’Uhlren, pour lesquelles ni l’homéopathie, ni l’hydroxychloroquine, ni l’ingestion d’eau de javel n’ont été efficaces.

Arrivé sur place avec son Serviteur Kalibane et un chapeau tellement ridicule qu’il manque de le faire interner d’office, Sark expose son cas au très relax frère Baptrice, qui s’occupe de l’administration de l’Hospice Saint Bastian, spécialisé dans l’accueil et le traitement de vétérans de la Garde Impériale complètement traumatisés par leur expérience du front. C’est en effet dans cette maison de repos d’un genre un peu spécial que Ebhoe a passé les trente-quatre dernières années, plongé dans le noir le plus total (une séquelle neurologique de son expérience sur Pirody). Après s’être un peu fait désirer, le patient finit par accepter de répondre aux questions de son visiteur, bien que cela semble manifestement beaucoup l’éprouver. Et pour cause, Pirody n’a pas vraiment été une partie de plaisir.

Envoyé au front contre des hordes de cultistes du Chaos, en plein été polaire et sans masques de sommeil (ce qui n’a pas dû aider), le 23ème Lanciers de Lammark s’est vite retrouvé débordé par la situation et assiégé sans espoir de secours par l’ennemi. Fort heureusement, une Compagnie de Space Marines des Doom Eagles (toujours dans les bons coups) était également présente pour leur prêter main forte, et empêcher la cité de tomber aux mains purulentes et malpropres des séides de Nurgle. Les Astartes ne purent en revanche pas faire grand-chose pour empêcher un mal aussi mortel que contagieux, sobrement baptisé le Tourment, de s’abattre sur la garnison et les civils, faisant des centaines puis des milliers de morts du côté loyaliste. Malgré tous les efforts de l’Apothicaire Subjunctus Valis, la situation continua de dégénérer jusqu’à… la coupure pub, déclenchée par la prononciation par Ebhoe d’un mot tellement sââââle que son voisin de cellule passe en mode berzerk et fait mine de sauter sur Sark, sauvé par l’intervention altruiste mais inefficace de son Serviteur, et surtout par les matraques énergétiques du personnel soignant de Saint Bastian. L’incident clos, Sark apprend qu’il lui sera demandé de quitter les lieux au matin pour éviter de perturber plus encore la vie jusqu’ici tranquille de l’hospice. Cela ne fait évidemment pas les affaires de notre détective, qui profite de la nuit pour rendre la visite de la dernière chance à Ebhoe…

Début spoiler…Déterminé à obtenir le fin mot de l’histoire, quitte à menacer son interlocuteur avec une lampe torche1, Lark apprend que la situation désespérée de Pirody a été sauvée au dernier moment par la découverte par Ebhoe que le vertueux et altruiste Valis était lui aussi totalement Tourmenté, et avait œuvré en sous-main pour propager le virus parmi les défenseurs (Space Marines compris) à l’aide de « vaccins » pas vraiment homologués par l’OGS. Trahi par un bubon disgracieux juste en dessous de son oreille, Valis fut promptement incinéré par le lance-flamme d’Ebhoe, qui paya chèrement son acte héroïque, l’incendie du laboratoire de l’Apothicaire corrompu lui ravageant le corps. Les hurlements du vétéran ont également comme effets secondaires pas très Charlie de plonger à nouveau l’asile dans la folie, menant à quelques morts parmi le personnel et les pensionnaires de Saint Bastian. Tout est cependant bien qui finit (presque) bien pour Sark, qui peut rentrer au bercail avec sa précieuse info, dont le Haut Commandement de la campagne de Genovingia se servira pour faire exécuter quelques dizaines de médecins, juste au cas où. Ebhoe, de son côté, est parti rejoindre l’Empereur, sa dernière crise d’hystérie ayant fait lâcher son cœur fragile. On pourra dire de lui qu’il a donné son corps à la science, au moins.Fin spoiler  

1 : « Nous affons les moyens de fous faire parler, Herr Ebhoe… »

AVIS:

Dan Abnett a plutôt réussi son coup avec ‘Pestilence’, courte nouvelle d’ambiance et de suspens à haute teneur en grimdark. On peut rapprocher ce one-shot des travaux inquisitoriaux de notre homme, ainsi que de la mini-série des aventures animalières de Valentin Drusher, où Abnett se fait un malin plaisir de plonger dans la vie quotidienne de l’Imperium, loin derrière les lignes de front et les combats sanguinaires illustrés dans le jeu de figurines, mais qui comporte son lot de caractéristiques allant du dérangeant à l’insoutenable. L’enquête de notre héros à la recherche d’une cure pour un mal surnaturel dans un asile pour aliénés est naturellement riche en glauquerie, ce qui permet à Abnett de jouer avec les préjugés de son lecteur : finalement, les bons samaritains de l’hospice ne sont pas une secte de cultistes chaotiques sous couverture, mais bien d’authentiques philanthropes cherchant véritablement à soulager la détresse de leurs patients (de manière très 40Kesque, certes). Il s’agit à mes yeux de la réussite la plus franche de ‘Pestilence’, sa révélation sur l’identité du patient 0 du Tourment n’étant pas vraiment renversante (dur de maintenir le suspens quand on a qu’un seul suspect aussi). Bref, une petite histoire assez sympathique mais pas mémorable, comme Dan Abnett en a écrit beaucoup au début de sa carrière au sein de la BL.

.

Lacrymata – S. Constantine :

INTRIGUE:

LacrymataLes journées se suivent et se ressemblent pour Solonaetz Di Cavagni (Solon), Navigateur rangé des croiseurs depuis qu’un dramatique accident de campagne l’a mené à se diriger vers une carrière civile au service de la famille des Fiddeus. Bien que regrettant secrètement l’excitation de sa vie précédente, Solon est bien content de guider la Dea Brava, cargo personnel du fils du patriarche Fiddeus (Graian) à sauts de puce autour de Terra. Un petit job peinard et bien payé, surtout pour la mission qui mène le fier vaisseau jusqu’à la planète cosmopolite et interlope de Salome Nigra, où l’attend une cargaison un peu spéciale.

Invité par Graian, qui cherche désespérément à se faire des amis avant de s’aventurer dans l’une des maisons de passe faisant la réputation de la capitale planétaire (Assyrion), Solon se laisse convaincre de servir de chaperon au fils de son boss, en compagnie de la nouvelle Astropathe de la Dea Brava, la jeune, douée, mignonne et acerbe Shivania. Si Graian ne semble pas spécialement apprécier sa nouvelle recrue, en gros beauf qu’il est, il accepte toutefois cette invitée surprise après que Solon ait galamment proposé à la jouvencelle de la tenir à l’œil (double jeu de mots). La visite commence par un rendez-vous d’affaires chez Guido Palama, le partenaire commercial des Fiddeus, qui insiste pour offrir à ses hôtes un tour guidé de sa serre personnelle. Car ce que la Dea Brava est venue chercher sur Salome Nigra, c’est une cargaison de Lacrymata, une fleur très rare dont le parfum1 fait office de drogue, et l’ingestion d’huile essentielle conduit tout droit à l’overdose. Tout cela est très joli et mystérieux, pour sûr, mais Graian, qui ne tient plus en place, finit par fausser compagnie à Solon et Shivania pour se rendre dans le quartier rouge de la ville, laissant les deux mutants sympathiser autour d’un kebab frites, et concrétiser quelques heures plus tard à leur retour en orbite.

Solon ne tarde cependant pas à s’apercevoir que sa conquête a des opinions politiques un peu trop indépendantistes et anarchistes (pour en pas dire chaotiques) à son goût, ce qui jette un froid dans leur relation. Quand vient l’heure de repartir vers Terra, la cargaison de Lacrymata soigneusement enfermée dans la soute, le Navigateur a la mauvaise surprise de découvrir que cette farceuse de Shivania a aromatisé son caisson de pilotage avec la fleur hallucinogène en question, ce qui le fait partir dans un trip doublement cosmique pendant que sa bonne amie tambourine comme une harpie à la vitre de l’habitacle, afin d’initier notre héros aux plaisirs périlleux des orgies warpiennes. Fort heureusement, la foi de Solon est plus forte que son amour des créatures, et, bien aidé par nul autre que Pépé2, il parvient à garder le cap le temps que la descente arrive. Le danger écarté et la Dea Brava reconduite dans le Materium, Solon fait son devoir et rapporte le comportement honteux de sa collègue à Graian. Sachant pertinemment qu’un sort funeste attend la hippie libertaire à son retour sur Terra, le noble Navigateur parvient toutefois à convaincre son patron de lui remettre une fiole de Lacrymata (sans doute retenue sur sa paie), qu’il offre à son amante en guise d’adieu. Et Juliette de boire l’extatique poison pour s’offrir une sortie en beauté de ce monde décidément trop cruel pour les Psykers philosophes. C’est bien triste tout ça.

La nouvelle se termine avec l’ultime confrontation entre Graian et Solon, le second demandant au premier qui est l’acquéreur de la précieuse et mortelle cargaison de Lacrymata…

Début spoiler…Et c’est l’Inquisition. No one expected this, I’m sure. Bref, Solon est tout prêt à retomber dans la mélancolie tenace dans laquelle il se débattait mollement avant son aventure lacrymale après cette amère révélation, mais on ne peut pas dire qu’il soit vraiment surpris de ce coup de théâtre qui au fond n’en est pas un. Grimdark as usualFin spoiler

1 : Très précisément qualifié par Constantine, qui a dû être nez dans la parfumerie avant de devenir auteur de science-fiction.
2 : Qui fait ici sa première apparition directe dans la GW-Fiction, si je ne m’abuse.

AVIS:

Bien des années avant que la BL décide de s’intéresser à la vie quotidienne des populations civiles de l’Imperium (Warhammer Horror, Warhammer Adventure et Warhammer Crimes), Storm Constantine prit sur elle de mettre en scène une nouvelle résolument « pacifique », à mi-chemin entre la session de jeu de rôle et la sitcom romantique. Si le résultat peut surprendre1, et n’a définitivement pas fait école, il faut toutefois reconnaître que l’auteur ne s’est pas contentée d’adresser un simple pied de nez aux conventions en relatant le dernier match Tinder de Solonaetz Di Cavigni, Bachelor Navigateur, plutôt que l’extermination d’une Waaagh ! ork par le frère Brüthal du Chapitre des Imperial Fanboys. Constantine a manifestement intégré les grands principes et paradoxes de Warhammer 40.000, comme le dernier échange entre Solon et Shivania sur le sort des mutants « utiles » de l’Imperium le montre bien, mais a préféré donner à son propos une orientation plus tranquille et personnelle que ce qui était, et est toujours, la norme pour cet univers. En cela, et parce que cette ‘Lacrymata’ est aussi rare que la fleur dont elle tire son nom, je conseille au lecteur de prendre cette nouvelle incongrue, mais pas désagréable, comme un petit à côté des océans de grimdark militarisé qui constituent son habituel. Cela ne se reproduira pas souvent.

1Surtout quand on voit l’illustration que la BL a choisi d’attribuer à cette nouvelle. J’espère que personne n’a acheté ‘Lacrymata’ en pensant lire une histoire de Dark Angels corrigeant du Déchu, car je pense qu’il/elle a dû l’être…

.

The Alien Beast Within – I. Watson :

INTRIGUE:

The Alien Beast Within« J’espère que la routourne va finir par tourner ». Telles sont les pensées de Meh’Lindi, Assassin Callidus, alors qu’elle court à toute berzingue dans l’un des agrès les plus originaux du gymnase de son temple, une roue de hamster géante. Avouez que c’est original, et que cet aphorisme emprunté au légendaire philosophe Boulonnais et boulonné Frankkree Bher’ry fait parfaitement l’affaire. À croire que j’en ai fait exprès. Si Meli a le moral dans les chaussettes, et a besoin d’un footing particulièrement costaud pour se calmer les nerfs, c’est qu’elle a été mise sur une mission très Meh (ce qui tombe plutôt bien) par son supérieur, le Directeur Secundus Tarik Ziz. Rien de moins que l’infiltration d’un Culte de Genestealers repéré sur la planète Sabulorb, tâche impossible même pour la plus douée des Callidus… n’eut été l’idée de génie de Ziz de tester un protocole expérimental sur son irréprochable agente, à savoir la faire passer sur le billard et lui implanter suffisamment de chitine et de carapace subdermique pour la faire passer pour une hybride assez convaincante après un petit shot de polymorphine. Seul problème, cette manipulation est si intrusive qu’elle condamnera Meh’Lindi à ne plus pouvoir se transformer en autre chose que Casigrim, le cousin grimdark de Casimir, pour le reste de ses jours. Et ça, c’est pas sympa, surtout quand on est le parfait mélange de Kim Kardashian, Amélie Mauresmo et Jeannie Longo (nom de code : Jimmy Lee Kauresmian) et qu’on a eu la chance de tenir le rôle de Galadriel dans la série d’Amazon Prime1. Cependant, un ordre est un ordre, et Tarik, bien qu’il ait le physique de Sim, est plus mortel qu’un conseil médical de Donald Trump, en plus d’être un membre du Comex du temple : pas question donc de se défiler. Adieu donc les parties fines, et bonjour la bestialité.

Arrivée sans encombres sur Sabulorb, et dans la ville sainte de Shandabar, où des pèlerins venus de toute cette partie de la galaxie se pressent pour visiter les temples locaux et admirer les miraculeuses rognures d’ongle de l’Empereur, qui continuent à pousser plus de dix millénaires après leur coupe (ce qui est pratique pour vendre des reliques, avouons-le), Meh’Lindi se fait passer pour la fille d’un Gouverneur planétaire en quête de mysticisme, et commence à enquêter sur les agissements de ses cibles. Après avoir constaté que le clergé local a en effet tendance à avoir les yeux et le crâne qui brillent, et assisté à une représentation théâtrale inspirante, dans laquelle un Empereur à quatre bras et aux ongles longs terrasse un démon-grenouille coincé sur le trône, notre héroïne décide de suivre le conseil prodigué par son aubergiste et s’aventure dans les tunnels sous la cité, où elle tombe bientôt sur le squat des Genestealers. Fort heureusement, elle avait pris soin de se faire une laideur avant de toquer à leur porte, et si le cosplay est vraiment immonde, il est suffisamment convaincant pour que Meh’Lindi se fasse accepter par ses « cousins » de Sabulorb, après un entretien d’embauche assez léger réalisé par un Patriarche complètement ti-par à ce moment là. Malgré la méfiance du Magos, dont les questions retorses lui donnent un peu de fil à retordre, Linda passe donc la nuit chez sa belle-famille, prend un solide petit déjeuner, traîne un peu à droite et à gauche et… va aux toilettes. Si si. Et le pire, c’est que c’est important pour l’histoire.

Cette passionnante virée intestine, à plus d’un titre, est cependant interrompue par l’arrivée de l’aubergiste, qui faisait lui aussi parti de la famille étendue de Papa Triarche, et s’étonne de ne plus avoir de nouvelles de sa dernière hôte, tout comme il trouve étrange d’avoir trouvé sur le chemin du QG le sac à main que Meh’Lindi avait « camouflé » avant de commencer son opération. Arrêtée sur le champ par le fourbe Magos, et traînée devant pépé pour s’expliquer sur ces bien étranges coïncidences, Meh’Lindi est sauvée d’un funeste destin par la détestation mutuelle que se vouent l’aubergiste et le Magos, qui commencent à s’engueuler dans la salle du trône à son sujet, et par la seringue de polymorphine que le premier a rapportée, sans comprendre la fonction de cet objet, après avoir fait main basse sur le matos de l’Assassin. Un tour de passe-passe plus tard, le Patriarche s’est pris une petite piqûre de botox dans la cornée, ce qui ne le dérange pas outre mesure pendant à peu près cinq secondes. Après cela, la drogue dure mais molle (je me comprends) commence à faire effet, transformant le pauvre Xenos en bloc de polystyrène passé au micro-ondes, avec des effets catastrophiques pour sa petite smala.

Profitant de la confusion, Meh’Lindi brise les reins du Magos2, prend l’aubergiste en otage et se barre dans les souterrains, parvenant à échapper sans mal aux poursuites grâce à son entraînement superlatif. Et, bien que le fourbe tavernier ait pu se rincer l’œil lorsque l’Assassin décide de reprendre forme humaine, et aille jusqu’à la menacer avec son propre digilaser (qu’il lui avait également piqué) pour tenter de se faire respecter, ce gros beauf n’est pas de taille à survivre longtemps au huis clos naturiste auquel il s’est trouvé embarqué contre son gré. Après tout, si les seins de Meh’Lindi ne sont pas létaux (à son grand regret), le reste de son anatomie l’est. Cette première mission est donc réussie pour la désormais spécialiste galactique de l’infiltration des sectes tyran(n)iques. Que cela lui plaise ou non, ce ne sera pas le boulot qui manquera…

1 : Comprendre que Meh’Lindi a réussi à se faire passer pour une Eldar au cours d’une de ses missions.
2 : Ce qui n’est que justice, car il lui avait bien cassé les cou*lles jusque là.

AVIS:

Ian Watson a beau être plus connu (quand il l’est, et il gagne à l’être) pour son approche très second degré de l’univers de Warhammer 40.000 que son respect chevillé au corps du fluff et de son esprit, il faut reconnaître que ce ‘The Alien Beast Within’ n’a rien d’une franche galéjade. Certes, cette histoire a des éclairs sarcastiques, notamment lorsque l’auteur s’attarde sur le côté absurde du culte impérial de Sabulorb, mais on y retrouve également une réflexion assez intéressante sur l’opposition entre les aspirations individuelles et la tyrannie du système, un thème central de 40K, et une mise en perspective bien trouvée entre l’inhumanité de l’Imperium, qui sacrifie sans remords ses meilleurs sujets pour mener des expériences sadiques et souvent inutiles (Meh’Lindi réalise rapidement que le culte de Sabulorb aurait pu être exterminé par des moyens conventionnels, et que c’est l’ambition de Tarik Ziz qui l’a menée sur cette planète), et la fraternité, l’entraide et « l’amour » qui caractérisent les Genestealers et leurs descendants. Bref, Watson a bien saisi que c’était ce genre de paradoxes qui faisait l’intérêt de cet univers, et démontre ici qu’il est tout à fait capable de jouer cette partition, ce qui le place naturellement dans le peloton de tête des auteurs de GW-Fiction. En plus de cela, il se montre très à l’aise pour développer un peu de fluff sûrement retcon depuis, mais loin de détonner par rapport aux canons de l’époque, ce qui prouve qu’il s’est donné la peine de potasser un peu ses fondamentaux avant de prendre la plume1. Pas mal du tout pour un auteur qui a dû prendre ses piges pour Games Workshop comme un moyen d’arrondir ses fins de mois, et rien de plus. Bref, une bonne introduction à l’œuvre iconoclaste mais pas caricaturale d’Ian Watson dans sa période grimdark.

1 : Et en plus il trouve le moyen de parler des lacrymoles dans son récit. Nick Kyme (‘Forgotten Sons’/’Les Fils Oubliés’) lui doit une fière chandelle.

.

Seed of Doubt – N. McIntosh :

INTRIGUE:

Seed of DoubtSa mission de ramassage s(c)olaire des Psykers du sous-secteur ayant été contrariée par un grain Warp pas prévu par le Louis Bodin du Segmentum, l’Inquisiteur Mendor Valdez se retrouve contraint par la disparition de son vaisseau, sa cargaison et une bonne partie de son équipage, à improviser pour mener sa noble tâche d’épuration à bien. Naufragé sur la planète Cabellas, monde agricole où tout le monde s’appelle Rémy, en compagnie d’une Psyker apprivoisée dont il se méfie grandement mais indispensable pour traquer ses proies (Danielle) et d’un duo de Techno-Prêtres (Tchaq et Golun) qu’il laisse derrière lui tenter de réparer ce qui peut l’être de sa navette, Valdez se fait escorter par la milice locale jusqu’au village le plus proche.

Guidé par le psy-dar de Danielle, l’Inquisiteur sait en effet qu’un individu aux pouvoirs incontrôlés réside dans l’humble hameau, et qu’il est de son devoir d’intervenir pour éviter tout débordement fâcheux. Bien que le contremaître local, un dénommé Sharney, assure à ses visiteurs que la situation est parfaitement sous contrôle, la cible mystérieuse de Valdez ayant attrapé une grosse bronchite et étant à l’article de la mort, l’agent des Ordos ne veut rien laisser au hasard, et apprend que le frère de la malheureuse, un certain Gestartes1, qui l’a veillée jusqu’à récemment, est parti il y a quelques heures en direction de Mordessa, un village abandonné depuis qu’une épidémie de peste a décimé sa population il y a plus d’un siècle. Valdez, qui n’est pas né de la dernière pluie et a révisé son fluff, en conclut logiquement qu’il y a de grandes chances pour que Gege soit porteur de l’affliction nurglesque qui vient d’emporter sa sœur (qu’il faudra penser à consumer sur place), et donne donc rendez-vous à ses hommes disponibles (Tchaq et les quelques Gardes Impériaux ayant réussi à prendre l’autre navette du vaisseau, posée à quelques dizaines de kilomètres) à Mordessa pour circonscrire l’épidémie.

Rendu sur place avec Danielle, Tchaq et une poignée de Cabellans peu motivés, Valdoche a la surprise de croiser le Sergent Van Meer à l’entrée du village maudit. Ce dernier apprend à son boss que lui et ses camarades, menés par le Commandant Grunland, sont tombés sur Gestartes alors qu’ils se dirigeaient vers le point de rendez-vous, et ont réglé son compte au vecteur infectieux. Tout est donc bien qui finit b… sauf que Danielle est prise d’un mauvais pressentiment soudain, et devine (comme c’est pratique) que la navette des Gardes s’est écrasée dans les ruines de Mordessa, et que ces derniers sont par conséquent contaminés. Le pouvoir de l’intuition féminine. Elle a évidemment raison, mais les égarés devenus damnés ne se laissent pas flinguer pacifiquement, et la fusillade qui s’en suit a raison de Tchaq et des nerfs des PNN (personnages non nommés), laissant Valdez et sa voyante affronter seul l’énigmatique Grunland.

N’étant pas auteur à laisser son histoire se terminer classiquement, McIntosh organise son truel (?) dans un théâtre très particulier : une sorte de mare où des pierres plates affleurent à la surface, permettant à Valdez et à sa Némésis de se foutre des pains en sautillant de caillou en caillou. Encore mieux que Ninja Warrior. À la question, logique et légitime, de savoir pourquoi ils tiennent tant à rester au sec, la réponse est Stoi Yn Ra, ou Styrus en Bas Gothique. Pour la faire courte, les légendes locales racontent que la mare abrite une entité maléfique qu’il ne vaut mieux pas déranger… et qui le sera, évidemment. CHINON CHEST PAS DRÔLLEUH. Surclassé par la puissance démoniaque de Grunland, Valdez parvient tout de même à pousser son ennemi à la flotte, ce qui lui attire la haine sans partage du Slann fantômatique qui hante le site (c’est ça ou un possédé de Nurgle se fait mettre minable par un crapaud buffle). Pour-coâââ pas après tout. Le fâcheux est donc entraîné sous les eaux saumâtres de Mordessa pour y mater les feux de l’anoure jusqu’à la fin des temps. Bon débarras.

Ce n’est toutefois pas tout à fait la fin de notre histoire, car Danielle décide de ne pas prendre de chance avec la maladie, et descend froidement son boss avec son propre pistolet bolter, sa proximité physique avec Grunland pendant leur empoignade ayant planté la graine du doute (D’OÙ LE TITRE) dans son petit cœur de Psyker. Valdez aurait dû être fier de la radicalité de sa disciple, mais était trop attaché à son intégrité physique pour cela. Pas que ça change beaucoup de choses, notez, car comme le dit le proverbe : « dans la vie, il y a ceux qui un pistolet (bolter) chargé, et ceux qui creusent (leur tombe) ».

1 : Voilà qui se passe quand Madame veut appeler le petit Gerard en l’honneur de son père, mais que Monsieur est un fan absolu des Space Marines.

AVIS:

Passons l’éponge sur le caractère très classique et souvent bâclé, ou en tout cas peu inspiré, de l’intrigue et du déroulé de ce ‘Seed of Doubt’, dont le seul mérite scénaristique est de mettre le personnage, assez antipathique, de Valdez, face au caractère inhumain de sa propre doctrine (il indique clairement à Danielle au début de la nouvelle qu’il n’hésitera pas à la tuer s’il n’a ne serait-ce qu’un doute sur sa pureté et sa loyauté). J’aurais certes préféré que l’auteur termine son récit avec un Inquisiteur reconnaissant le bien fondé de la logique de sa future tueuse, et acceptant avec noblesse et fatalité son destin de dommage collatéral au service de Pépé, mais on ne va pas refaire le match 30 ans après.

En revanche, ce que je ne peux pas pardonner à McIntosh et/ou à la Black Library, c’est d’avoir réécrit une partie de l’histoire pour transformer Tchaq et Golun en Techno-Prêtres. Car, à la base (en 1990), il s’agissait de Squats. Et, je ne sais pas pour vous, mais je trouve la version originale beaucoup plus sympa que la reprise. Non seulement parce que, soyons honnêtes, les Squats sont beaucoup plus intéressants et attachants que les Martiens à tentacules (c’est un fait), mais aussi parce que cela change beaucoup la dynamique du récit et la vision que le lecteur a de Valdez. Ce dernier est en effet plus complexe en Inquisiteur méprisant les Psykers mais protégeant les abhumains, qu’en simple fanatique traitant tous ses subalternes comme du fumier de grox. C’est en tout cas mon avis. Je m’interroge aussi sur les raisons qui ont poussé à cette réécriture honteuse de l’histoire, mis à part qu’il était dans l’air du temps au moment de la republication de Deathwing (2001) de ne plus parler des Squats1. Ce qui est assez stupide de la part de la BL, car son lectorat sait, je pense, faire la part des choses entre le présent et le passé de Warhammer 40.000, comme une certaine Hérésie d’Horus tend à le prouver. Et puis, c’est rigolo de voir le mal que s’est donné Nottingham pour effacer de l’histoire deux pauvres Squats dans une anthologie dont la première nouvelle dépeint les Dark Angels en Apaches de l’espace. Ne changez rien surtout les gars. Ah si en fait… WE WANT SQUATS !

1 : La rumeur de leur disparition sous les griffes et dans les estomacs des Tyranides ayant commencé à se répandre depuis 1998.

.

Suffer Not the Unclean to Live – G. Thorpe :

INTRIGUE:

Suffer not the Unclean to LiveC’est sur la planète de Karis Cephalon que les ambitions carriéristes du prêcheur Yakov ont été brutalement stoppées. Il faut dire que l’amour du bling-bling (Yakov est un Armormant) de notre héros lui ont attiré la morgue et la défiance du Cardinal Kodaczka, d’obédience Lucide, et donc bien moins porté sur la pompe et le clinquant que son subalterne. Ceci explique probablement que Yakov ait reçu la charge d’une paroisse située en territoire mutant, classe laborieuse et opprimée de Karis Cephalon, qui doit sûrement se spécialiser dans l’élevage de crevettes, la fabrication de briques et le tissage de tapis. Dans cette épreuve, tant pour son amour propre que pour son odorat, Yakov peut toutefois compter sur sa foi sincère en l’Empereur, et sur la dévotion véritable de ses ouailles, qui acceptent leur condition servile avec une constance admirable. Ou plutôt, acceptaient.

Car, comme le prêcheur ne tarde pas à le découvrir lors de son retour dans le bidonville qui lui sert de QG, une fois son cours de yoga du mercredi soir achevé, une épidémie s’est déclarée parmi les mutants, et ces derniers montrent des signes aisément compréhensibles d’énervement devant le manque à peu près total de réaction des autorités compétentes. Sachant qu’aller gueuler « On en a gros » devant la préfecture n’aura que des effets limités, et probablement déplaisants, Yakov convainc ses fidèles de prendre leur mal en patience, mais accepte tout de même, à la demande insistante de Lathesia, une jeune hors-la-loi altruiste dont la mutation consiste à être gothique, de faire doléance d’aspirine et de gel hydroalcoolique auprès de Kodaczka… qui refuse bien évidemment de consacrer le moindre kopeck à ce problème de santé publique. Et puis quoi encore. Laissant le prélat sur une maigre promesse de prière en faveur des nécessiteux, Yakov retourne dans sa banlieue, calme une nouvelle émeute naissante, et va se coucher. Il est toutefois réveillé en plein milieu de la nuit par Lathesia et son complice Byzanthus, qui ont remis une pièce dans la machine et réussi à générer une foule en colère digne de ce nom, après que le fossoyeur de la communauté ait été retrouvé égorgé. Malgré ses meilleurs efforts et son implication physique sans faille, Yakov ne parvient pas à dissiper la manif sauvage avant qu’elle se fasse disperser à coups de chevrotine laser par les forces de l’ordre. Et pas la peine d’attendre une contre-enquête de l’IGS.

La situation commence alors à échapper à notre héros, qui tente le lendemain de l’émeute matée dans le sang de convaincre Lathesia et sa bande d’arrêter leurs bêtises avant qu’il ne soit trop tard, mais ne parvient qu’à les intéresser à enquêter sur le meurtre du fossoyeur. Une visite au cimetière municipal plus tard, la bande fait l’acquisition d’un cercueil en métal, dont la particularité est d’être couvert de chaînes, comme pour empêcher son occupant d’en sortir. Pas le temps toutefois de percer ce mystère, car la planque des mutants est attaquée par les Enforcers. Byzanthus et les autres figurants vendent alors chèrement leur vie pour permettre à leur meneuse et au prêcheur de s’enfuir. Vous trouvez que ça va vite ? Accrochez-vous car Thorpe lâche les freins.

Toujours déterminés à tirer les choses au clair, Yakov et Lathesia décident de retourner dans le squat de cette dernière le jour suivant, pour enfin déterminer ce qui se cache dans le cercueil verrouillé qu’ils ont abandonné sur place. Ils font alors la connaissance d’un type louche qui se présente comme un free lance inquisitorial (il bosse pour l’Inquisition… sans en faire partie), lui aussi intéressé par ce mystérieux sarcophage. Et comme jamais deux sans trois est resté un proverbe très populaire au 41ème millénaire, les deux complices acceptent d’intégrer le nouveau-venu dans leur raid, sans lui demander plus de précisions sur ses motivations. À l’intérieur, la petite bande a la surprise de tomber en plein milieu d’un rituel manifestement chaotique, auquel participe rien de moins que le Gouverneur de Karis Cephalon. Parce qu’on peut être l’individu le plus puissant d’une planète et ne pas trouver un livreur pour amener un colis un peu encombrant jusqu’à son palais depuis une ZUS toute proche. Le problème des no go zones s’est manifestement perpétué dans le lointain futur. Bref, la fainéantise des uns (le Gouverneur et Thorpe) faisant le bonheur des autres (Yakov, Lathesia et leur invité mystère), la petite cérémonie païenne est interrompue par le mitraillage en règle des libertins, laissant le cercueil (et le Gouverneur) en possession du trio. Il reste alors une page et demie à Thorpe pour conclure, ce qui n’est pas suffisant pour trouver et utiliser une pince monseigneur, ni faire des présentations dignes de ce nom, mais assez pour que la tierce partie de confiance de notre histoire explique à ses compagnons que Keris Cephalon est sur le point de vivre cinq années très difficiles, que le Gouverneur a organisé la révolte de mutants pour pouvoir les sacrifier aux Dieux du Chaos, et qu’il pourrait tirer quelques ficelles pour permettre à Yakov d’être muté sur une planète plus tranquille. Noblement, notre héros décline cette offre, prétextant que ses chers mutants auront besoin de son aide dans l’épreuve à venir, mais quelque chose me dit qu’il n’en a pas fini avec l’Inquisition1

1 : Cette illustration vient du livre de règles Inquisitor et représente Yakov (le grand type) et l’investigateur Malovich (le hippie renfrogné), surplombant quelques Gilets Jaunes très colère.

AVIS:

Ça partait bien pour Thorpe avec cette plongée atmosphérique dans les bas fonds de Keris Cephalon, ‘Suffer…’ bénéficiant, une fois n’est pas coutume, d’un personnage principal et d’un contexte étonnement complexes et fouillés (aux vues des standards de l’auteur). Malheureusement, ce dernier a vu trop grand, ou plutôt trop long (ou pas assez, ça dépend du point de vue) avec son intrigue, qui se retrouve bâclée, estropiée et finalement catapultée à un prochain et hypothétique épisode au lieu de s’achever avec un peu de tenue et de dignité. La raison, comme dit ci-dessus, tient sans doute à la volonté de GW et de la BL de soutenir le lancement d’Inquisitor avec un peu de background romancé, comme d’autres auteurs (McNeill et ‘Payback’, par exemple) le firent également à la même époque. Mais si le motif est tout à fait compréhensible, l’exécution laisse franchement à désirer, et transforme ‘Suffer…’ en objet littéraire finalement aussi contrefait et difforme que les mutants dont le héros s’occupe. Vous parlez d’une mise en abyme ! J’espère franchement que Thorpe a fini son cycle Yakovien ailleurs, ne serait-ce que dans un rapport de bataille ou une nouvelle du White Dwarf, mais je n’en suis pas absolument convaincu…

.

Warped Stars – I. Watson :

INTRIGUE:

Warped StarsAu moment de son 17ème anniversaire, Jomi Jabal, adolescent très ordinaire de la lune de Delta Khomeini V, commence à entendre une voix lui parler dans sa tête, ce qui n’est pas banal. Cette intrusion psychique, si elle permet à notre héros de parfaire une éducation jusque là négligée au profit de tâches plus utiles à la communauté, comme le pelletage de bouses et la manutention de carcasses de grox, n’est pas sans danger pour Jomi, qui vit dans un milieu très hostile aux mutants et Psykers, régulièrement exécutés sur la place publique de la ville de Groxgelt sous le patronage du prêcheur local, Henrik Farb. Jomi doit donc taire son secret et éviter de se faire prendre la main dans le sac, ou plutôt la bouche dans le cerveau, jusqu’à ce que son mystérieux correspondant finisse par le localiser et arrive pour le sauver de sa médiocre existence. Pour cela, tout ce que notre adolescent brillant mais rustre a à faire est de conjurer un cercle dans son esprit, sans doute pour aider la Google Map de son ami presque imaginaire à le localiser à l’échelle galactique. Cela laisse le temps à Jomi de soupirer sur les formes de la charmante fille de ses employeurs, Gretchi, et d’éviter soigneusement l’imposante mère de cette dernière, Galandra, qu’il sait avoir des vues gourmandes sur son anatomie. Entre les groxs et les cougars, le quotidien de notre héros est donc trépidant.

Le potentiel de Jomi est cependant tel qu’un autre individu, l’Inquisiteur libre penseur1 et Psyker Torq Serpilian, le détecte et se met en quête du prodige, qu’il présente comme rien de moins qu’un « petit Empereur » au Commandant Space Marine Hachard dont les hommes ont été réquisitionnés pour l’assister dans sa dernière mission. La course est lancée entre Serpilian et Anon pour mettre la main le premier sur Jomi, qui attend toujours sur sa lune dans l’ignorance la plus complète du danger dans lequel il se trouve. Du côté impérial, nous faisons la connaissance des suivants de Serpilian, des dévoués mais racistes Grief Bringers de Hachard jusqu’aux sympathiques mais puants Ogryns du BONEhead  Thunderjug Aggrox, en passant par Grimm, biker Squat en rade de trike. Tout ce petit monde cohabite plus ou moins pacifiquement jusqu’à l’arrivée en orbite de Delta Khomeini V, où, après une enquête de voisinage rapidement bouclée2, Serpilian et ses sbires localisent Jomi. Il n’y a pas une seconde à perdre cependant, car la Voix est également toute proche, et l’Inquisiteur ne peut que constater l’ouverture d’un portail Warp (rouillé, car dans le Warp, tout est possible) devant l’adolescent au moment où il arrive enfin. Et de ce portail émerge alors…

Début spoilerMegatron. Ou en tout cas, son cousin germain, soit un robot géant (qui n’est pas un Titan corrompu, Serpilian est formel). Jomi comprend alors, bien après le lecteur, que la Voix qu’il entend est celle d’un Psyker désincarné, et probablement possédé par un démon, qui cherche un nouvel hôte pour s’incarner… Ou simplement un camarade pour jouer à cache cache dans son Space Hulk. C’est pas très clair. En tout cas, le sort qui attend Jomi s’il accepte de grimper dans l’habitacle du Gundam chaotique ne semble pas très funky. Pendant que les Space Marines canardent le robot, qui le leur rend bien, et que les Ogryns de Thunderjug mènent la charge pour récupérer le colis au corps à corps, Jomi hésite quelques secondes sur la marche à suivre, avant d’accepter la virée galactique que lui propose la Voix. Notre héros se retrouve alors enfermé dans la soute en compagnie d’un Psyker fantomatique complètement fou et de son démon de compagnie, pendant que Serpilian finit sa carrière gelé dans l’espace, après avoir décidé de suivre le robot à travers le portail Warp pour tenter de récupérer Jomi…

Début spoiler 2…Ou plutôt, tel aurait été le destin de Jomi s’il avait choisi de rejoindre la Twingo de la Voix. Mais comme notre ado prodige a manifestement la capacité de voir l’avenir, il ne tombe pas dans le panneau et décline poliment l’offre, avant de conjurer un bouclier psychique top moumoute pour repousser les mains baladeuses du robot. Contraint à la retraite par la puissance de feu impériale, ce dernier retourne donc dans les limbes, laissant Serpilian et ses survivants (tout le monde sauf Thunderjug, ce qui tire une larme à Grimm) emmener Jomi dans les étoiles, où une grande destinée lui est promise…Fin spoiler

1 : Il se demande sérieusement s’il ne faudrait pas mieux que l’Empereur se laisse mourir pour permettre au potentiel psychique de l’humanité de se développer, au lieu de laisser Pépé bouffer la majorité des Psykers humains de la galaxie à son goûter.
2 : Et qui voit la tentative de Hachard de mettre à l’aise son interlocuteur échouer de façon aussi spectaculaire que douloureuse pour l’amour propre du Commandant.

AVIS:

Après avoir démontré qu’il était tout à fait capable d’écrire du grimdark premier degré de façon satisfaisante (‘The Alien Beast Within’), Ian Watson se lâche beaucoup plus dans ce ‘Warped Stars’, qui de façon peut-être prophétique, peut être considérée comme l’ancêtre ironique et dévergondé de Warped Galaxies, la série de romans pour enfants de la BL présentant le 41ème millénaire. Premières cibles de la plume impertinente de Watson, les inflexibles Space Marines en prennent pour leur grade, et sont dépeints comme des machines de guerre psychorigides, intolérantes et pas très futées, allant au combat dans des armures criardes (vert petit pois foncé et violet migraineux pour les Grief Bringers). On est bien loin de l’image d’Epinal soigneusement construite par GW pour ses têtes de gondole énergétique au cours des décennies, et bien proche du ‘Space Marine’ que Watson a consacré à ses têtes de turc favorites. De son côté, Torq Serpilian, aka l’Inquisiteur jouisseur, n’est pas en reste dans le WTF, et hérite des « meilleures » répliques de la nouvelle. Bref, le ton est très léger, et l’apport fluffique conséquemment très limité1, mais cela vaut définitivement la lecture, ne serait-ce que pour découvrir un pan méconnu de la GW-Fiction, du temps où cette dernière hésitait vraiment à se prendre au sérieux.

Je me dois cependant de souligner qu’il est absolument nécessaire de lire ‘Warped Stars’ dans sa version originale, c’est-à-dire dans les éditions papier de ‘Deathwing’ (GW Books ou Boxtree), car, une fois encore, le puritanisme anti-Squat de la BL a frappé de son sceau infâme la réédition de cette anthologie en 2001. Exit donc le sympathique Squat Grimm2, et bonjour à l’insipide Techno-Prêtre Grill (médaille de l’inspiration pour le stagiaire de la BL), pour un résultat encore plus nullissime que dans ‘Seed of Doubt’. Car contrairement à la nouvelle de Neil McIntosh, celle d’Ian Watson met vraiment le personnage Squat sur le devant de la scène, et ses interactions avec les autres protagonistes, notamment avec Thunderjug et l’intolérant Hachard sont importantes pour l’équilibre du récit. La version 2001 n’essaie cependant même pas de compenser ces manques, et se contente de faire disparaître toutes les mentions « squattesques » du texte, ce qui donne à certains dialogues un caractère à la fois artificiel et non-sensique. Si vous avez eu la malchance de découvrir ‘Warped Stars’ à travers cette version caviardée, je vous le dis tout net : la VO est significativement meilleure que l’ersatz bricolé par la BL. Dommage que le texte original de Watson ne soit disponible que dans des recueils papier, pas forcément difficiles à trouver et chers à l’achat, mais moins pratiques qu’un ebook c’est certain.

1 : Même si cela n’empêche pas Watson de faire quelques remarques intéressantes sur 40K, notamment sur le paradoxe de l’Empereur guide et obstacle à la transition psychique de l’humanité.
2 : Qui est présent dans la trilogie inquisitoriale d’Ian Watson, et méritait donc d’autant plus de rester au casting de cette nouvelle.

.

Monastery of Death – C. Stross :

INTRIGUE:

Monastery of DeathLa vie à peu près calme et relativement paisible de Hito, planète coupée du reste de la galaxie et de l’Imperium depuis quelques millénaires par des tempêtes Warp persistantes, est sur le point de devenir nettement plus funky. Pépé is back, suckers, et il – ou plutôt, ses envoyés – a des vues sur la bibliothèque conservée par l’ordre monastique des Vertus Célestes, gardien spirituel et fournisseur technologique principal de la planète. Face à la puissance dont disposent les visiteurs cosmiques, il ne peut y avoir de victoire pour nos braves bonzes, à moins qu’ils ne réussissent à la jouer très fine. Et, justement, l’abbé de l’ordre, conseillé par son Maître des Arts Secrets (un vieux ninja) et assisté par le disciple le plus prometteur de ce dernier, Tenzig, a une petite idée derrière la mitre…

Sur le vaisseau spatial qui stationne au-dessus de Hito, on réfléchit également. L’Inquisiteur Rathman, chargé de ramener ce système dans l’ample giron de l’Imperium, ne semble pas très chaud pour interrompre son binge watching de Feux de l’Amour, et accepte donc de grand cœur que l’Assassin Judit Bjarnesdottir et l’Arbites Joachim Ahriman1, qui ne peuvent pas se blairer à cause de leurs différents d’ordre philosophique, aillent faire le sale boulot à sa place sur le plancher des <insert random grazing mamal name here>. Ils auront trente jours pour mener à bien cette délicate mission, avec toute l’autorité qu’une rosette et un macro-canon peuvent apporter à leur possesseur.

Nous suivons donc la Team Roquette impériale se poser sur Hito à proximité du monastère de l’ordre, et être escortée sous bonne garde jusqu’au bureau de l’abbé pour l’ouverture des pourparlers. C’est Tenzig qui reçoit les plénipotentiaires de Rathman, prétendant être le chef de l’ordre pour éviter que ce dernier ne se mange un bolt mal placé. On ne sait jamais. À ses côtés, son vieux maître est tendu comme un ressort, près à intervenir à la moindre suspicion de fourberie. La discussion s’engage sans faux semblants, Judit exposant clairement ses demandes à son hôte : accéder à la bibliothèque de l’ordre pour pouvoir y chercher les traces d’éventuels SCS, en échange d’une domination planétaire garantie par les gros flingues impériaux pour les Vertus Célestes. Le marché a beau être tentant, et un refus compliqué à faire entendre aux émissaires de Pépé pour Tenzing, il renâcle un peu à partager la connaissance préservée depuis des millénaires par ses prédécesseurs, ce qui se comprend. Après tout, l’Empereur est connu pour avoir oublié de rendre ‘Comment traumatiser votre enfant pour en faire un être inadapté mais génial’ à la bibliothèque municipale de Vesoul pendant 25 millénaires. Cette tiédeur chagrine beaucoup Joachim, dont le complexe de supériorité sur les bouseux d’Hito n’attendait qu’un prétexte pour se manifester. Sortant sa plus belle réplique JFKienne, l’Arbites envenime la situation jusqu’à ce que l’inévitable et l’irréparable arrivent de concert…

Début spoiler 1…Le Maître des Arts Secrets balance un shuriken bien placé dans la carotide du présomptueux, qui tombe raide mort, mais se fait venger aussi sec par le digilaser de sa comparse. Un mort partout, balle au centre. Fort heureusement pour Tenzig, Judit ne tient pas vraiment à devenir une martyre impériale, et accepte de reprendre la conversation de manière posée. Il ne faut pas longtemps pour qu’un accord soit conclu entre les deux parties, et l’Assassin repart sur son vaisseau après avoir jeté un œil aux archives bien tenues mais très vieillottes du monastère…

Début spoiler 2…Enfin, à une partie de ses archives, l’autre, la plus moderne et riche en SCS, restant le secret bien caché des moines. Il paraît même qu’ils ont une copie PDF de La Poétique d’Aristote là dedans…Fin spoiler

1 : LE TOUT PREMIER AHRIMAN DE LA GW-FICTION !!! L’Egyptien cornu peut aller se re-bandeleter.

AVIS:

Il me paraît assez certain que Charles Stross avait envie de transposer Fondation d’Asimov dans l’univers de 40K au moment où il a écrit ce qui reste à ce jour son unique contribution à cet univers de la GW-Fiction. Et il a plutôt réussi à mes yeux, au moins dans l’esprit : l’Imperium faisant une très bonne Première Fondation, et l’ordre des Vertus Célestes une Seconde Fondation toute trouvée. Mis à part cette bonne idée de pastiche grimdark et son exécution sympathique, il n’y a pas grand-chose à dire de ‘Monastery of Death’. Fluffiquement, c’est très léger (en témoigne ce passage où Stross invente une rivalité entre Assassins et Arbites, les seconds voulant prendre la place des premiers), et narrativement, ce n’est pas irréprochable (j’en veux pour preuve que l’auteur nous annonce en avant-première la mort du Maître des Arts Secrets pendant l’entrevue, alors qu’il aurait été plus efficace de laisser planer le suspens à ce sujet). Bref, un exercice de style et d’érudition appréciable mais pas sans défaut.

.

Unforgiven – G. McNeill :

INTRIGUE:

UnforgivenMission classique pour le Sergent Dark Angels Kaelen et son escouade de marsouins vert bouteille. Largués sur leur cible, une cathédrale quelconque1, par Thunderhawk furtif, les angles eud’la muerta se posent sans encombre sur une place grouillante d’ennemis, qui ne tardent pas à goûter à la colère des meilleurs de l’Empereur. Chargés d’accompagner le Chapelain Interrogateur2 Bareus jusqu’au mystérieux prophète ayant fait basculer la jusque là paisible Valedor dans l’hérésie la plus totale, Kaelen et ses hommes sont surpris d’entendre l’officier leur annoncer, après avoir regardé sous les jupes des filles cultistes comme un gros père vert (ce qu’il est), que le QG ennemi doit être capturé, et non pas exécuté, comme c’était jusqu’ici le plan. En privé, ce grand meneur d’homme de Bareus avoue sans détour à son sous-fifre qu’il s’attend à ce que tous les bidasses de l’escouade rejoignent la droite de l’Empereur au cours des prochaines minutes, ce qui énerve un peu notre Sergent, qui aurait bien aimé qu’on lui annonce sa participation à une mission suicide en temps et en heure. Histoire d’avoir pu demander à un camarade de dortoir de supprimer son historique de navigation avant de partir, sans doute. Quoi qu’il en soit, la prédiction funeste du Chapelain ne met pas longtemps avant de commencer à se réaliser, le pauvre frère Lucius payant de sa vie son ultime double screwgie de grenade à travers les vitraux de la cathédrale, mais permettant tout de même au reste de l’escouade de pénétrer à l’intérieur du bâtiment sans trop de casse3.

À l’intérieur, la résistance va croissante au fur et à mesure que nos braves héros se rapprochent de la dernière position connue de leur cible. Cette dernière profite que quelques apartés dans l’action frénétique de cette nouvelle endiablée pour commencer à se faire connaître, et, ô surprise, c’est très probablement peut-être certainement sans doute un Déchu. Mais on n’est pas sûr. En tout cas, si Bareus a des grands projets pour sa verdâtre Némésis, cette dernière n’est pas en reste, puisqu’elle instruit spécifiquement son second, Casta, de lui laisser s’occuper du Chapelain. Le reste des Space Marines peut cependant être massacré sans arrière-pensée, quelque chose que le mystérieux Ange des Lames, que le prophète charge son side kick de réveiller, devrait être capable de faire sans problème.

Un peu plus loin, Kaelan commence à se douter qu’il y a Luther sous Roc et qu’on ne lui a pas tout dit, lorsqu’il constate que la décoration d’intérieur de l’église a été refaite à base d’anges en feu, de planète qui explosent et de têtes de lion empaillées. En plus de cela, les vagues de cultistes qui s’abattent sur lui et ses frères, de moins en moins nombreux au fur et à mesure que McNeill les zigouille, sont habillés comme des cosplayers d’Impardonnés, ce qui est impardonnable. Malgré cela, Bareus ne consent pas à lui donner plus d’infos sur la nature véritable de sa mission, bien que notre balourd de Chapelain soit très fort pour mettre les pieds dans le plat. Devant tant de cachotteries, le Sergent Garcia se rabat sur les fondamentaux pour tenter d’atteindre un objectif qui paraît de plus en plus inatteignable, au fur et à mesure que les Astartes mordent la poussière. Heureusement pour lui, sa foi en l’Empereur et sa haine de l’onanisme l’aident à venir à bout de ses adversaires, jusqu’à ce que les survivants parviennent dans la salle du mini-boss de fin. C’est en effet là qu’il se trouvent confrontés à rien de moins que le premier Metabrutus de l’histoire, soit un Dreadnought muté monté sur crampons et exhibant fièrement son grillz et ses tablettes de chocolat aux alentours. Le pire dans tout ça, c’est que le fameux Ange des Lames est également un ex-Dark Angels, comme le symbole de son caisson le montre bien. Pas le temps de tergiverser pour nos héros cependant, il faut décarcasser le Père Ducroc.

Dans la bagarre qui s’ensuit, la plupart des survivants loyalistes se font écharper par Lââm, ne laissant en vie que Bas Rhésus, Koala et le pauvre frère Persus, qui commence à se douter qu’il ne finira pas la nouvelle en un seul morceau. À raison. Car c’est au tour du grand méchant de faire son entrée, qui se révèle être…

Début spoiler…Un Déchu. Et si. Incroyable. Je suis siégé de ma tombe. Le sinistre individu en question s’appelle Cephesus, et il a trouvé un hobby passionnant pour s’occuper depuis 10.000 ans : collectionner les Lames de la Raison des Chapelains Dark Angels qui cherchent à le capturer. La quincaillerie de Bareus lui permettra d’arriver à douze goodies, ce qui est score respectable sachant que même Molochia n’avait que dix perles sur son Rosarius. Le combat s’engage, et le Déchu parvient sans mal à trucider Persus, qui meurt en gueulant « Je le savaiiiiiiiis !!! », et à égorger Bareus avec son trousseau de clés énergétiques. La suffisance dont il fait preuve lui sera cependant fatale, car elle permettra à Kaelan, blessé mais pas vaincu, de lui arracher son Rosarius et sa précieuse sauvegarde invulnérable, avant de lui décocher un direct au foie et à la foi ravageur avec sa moufle. Traversé par un mal-être profond et le bras armé de son adversaire, Cephesus tombe raide mort au sol, et avec lui la rébellion de Valedor. Kaelan reçoit ensuite les clés du camion de la part du Chapelain mourant, qui lui vomit le mot « Deathwing » au visage dans un dernier souffle. C’est une nouvelle carrière qui s’ouvre pour notre Sergent, comme il l’annonce fièrement au Terminator de la Deathwing qui arrive peinard devant la cathédrale quelques minutes plus tard. À croire qu’on n’avait pas besoin de lui plus tôt. La relève est assurée.Fin spoiler

1 : Car nous sommes sur un monde cathédrale. Donc pour l’originalité, on repassera.
2 : Ca m’est venu comme ça mais… C’est tout de même ballot que les Dark Angels aient donné un titre spécial aux types chargés d’une mission top secrète que personne ne doit connaître. Parce que moi, si on me dit que Gérard Duchmol n’est pas comptable, mais « Comptable-Investigateur », je vais fatalement me demander ce qu’il cherche à investiguer. Et probablement me prendre un bolt dans la tête. Ou un contrôle fiscal.
3 : Le frère Marius se fracturant toutefois la hanche en glissant sur une peau de banane traîtreusement jetée par les hérétiques. Pas de quoi l’arrêter ceci dit.  

AVIS:

McNeill, qui ne devait pas être vieux à l’époque, signe une nouvelle Dark Angels des plus classiques avec ce ‘Unforgiven’, mettant évidemment en scène la traque d’un ennemi mystérieux se révélant au final être un Déchu. À croire que les lionceaux ne font que ça de leurs journées. À défaut de surprise et de suspens, il y a au moins de l’action dans cette histoire, mais pas grand-chose en termes de fluff, ce qui est dommage pour un Chapitre au passé aussi riche. On passera généreusement sur les quelques approximations et incongruités du récit, comme la disparition mystérieuse des jet-packs de l’escouade une fois rendue sur place (ça aurait pourtant pratique pour avancer jusqu’à la cible), ou le Chapelain le moins tenu au secret professionnel de l’univers, à mettre sur le compte d’une volonté manifeste de divertir le fanboy plutôt que de satisfaire le lecteur. Si vous voulez mon avis, ‘The Falls of Marakross’ de Steve Parker est en tous points supérieurs à cet ‘Unforgiven’, qui à défaut d’être pardonné, peut être oublié.

.

***

Et voilà qui termine cette revue de ‘Deathwing’, première anthologie de nouvelles pour Warhammer 40.000, à travers les âges et les éditions. Au petit jeu des comparaisons avec les recueils publiés à la même époque (‘Ignorant Armies’, ‘Wolf Riders’ et ‘Red Thirst’ pour Warhammer Fantasy Battle), je dois dire que ‘Deathwing’ a plutôt mieux vieilli que ses contemporains, si ce n’est en termes de respect du background actuel, au moins au niveau du style caractéristique de la GW-Fiction (abstraction faite de ‘Lacrymata’, et encore).

Cela est bien sûr particulièrement vrai de l’édition de 2001, dont les trois ajouts par rapport au sommaire original permettent un intéressant panachage des contributions, et permettent au lecteur de varier les plaisirs/découvertes. Tout cela aurait été parfait si la BL n’avait pas décidé de faire disparaître les Squats de ses registres, et amendé de façon grossière ‘Seed of Doubt’ et ‘Warped Stars‘ : en l’état, la meilleure version de ‘Deathwing’ est donc à mes yeux un mélange entre la publication originale et la réédition de 2001, et n’existe donc pas (encore). Dommage car on tient sinon un des recueils les plus sympathiques de Warhammer 40.000, bien loin devant les compilations sans saveur ni intérêt du tournant des année 2010. Un incontournable sur la liste de lecture des amateurs excentriques de la GW-Fiction!

INFERNABULUM! #3

Ça faisait longtemps que nous n’avions pas eu un petit Infernabulum!, et comme toutes les occasions sont bonnes pour célébrer et commémorer le riche héritage du premier magazine de la GW-Fiction, nous voilà donc repartis à la découverte de courts formats publiés dans la première incarnation d’Inferno!… et nulle part ailleurs (à ce jour). Cette fois-ci, nous explorerons les pépites de la première moitié de 2004 (numéros 40 à 42), dont bon nombre de nouvelles sont tombées dans l’oubli.

Si cela peut s’expliquer dans certains cas par la brièveté de la collaboration de leur auteur avec la Black Library (Jim Alexander, David Griffiths, James Peaty), ce qui n’a sans doute pas motivé cette dernière à remettre au goût du jour leurs écrits, cette explication ne tient pas pour les figures bien connues de l’habitué(e) des lieux que sont Rob Sanders (première publication pour la BL) et Nick Kyme1. Comme toujours, il sera laissé au soin du lecteur de décider si cette relégation dans les limbes du corpus de la GW-Fiction est regrettable, ou compréhensible…

1 : Qui est devenu depuis éditeur senior au sein de la Black Library. S’il y a bien quelqu’un qui peut faire quelque chose pour lui, c’est donc lui.  

Infernabulum!_#3.

Cold Light of Day (Inferno! #40) – R. Sanders [WFB] :

INTRIGUE:

WFB_Cold Light of DayCapitaine baleinier au long cours et à la santé mentale défaillante, Bale Charnoslav a le déplaisir de voir son navire investi par son employeuse, Bel’Kovo, représentante de la Compagnie de Commerce Paluga-Bel’Kovo, et un de ses domestiques, Nikolai Mendelstamm. Ayant récemment succédé à son défunt paternel à la tête de l’entreprise familiale, et peu satisfaite de la façon dont les affaires sont menées, Miss Bel’Kovo insiste donc pour participer à une campagne de chasse dans les eaux arctiques du Vieux Monde, malgré l’accueil peu sympathique qu’elle reçoit de la part du maître du Blagovashchenko. Ce dernier est en effet engagé dans une quête vengeresse, et traque un chaochalot proprement monstrueux (une baleine rétroéclairée et qui crache du feu, rendez-vous compte), responsable de la mort de sa sœur à la suite du naufrage provoquée par le monstre marin. Consumé par son désir de revanche, Charnoslav est prêt à naviguer jusque sous les latitudes chaotiques pour dresser, à coups de harpon, le constat à l’amiable faisant défaut au dossier d’assurance.

Après des mois de mer pendant lesquels il parvient tant bien que mal à maintenir son autorité sur les voleurs et meurtriers qui constituent son équipage (« recruté » en grande majorité parmi les pensionnaires des nombreux pontons qui jonchent l’estuaire du Lynsk), Charnoslav parvient enfin à sécuriser un tête-à-rostre avec sa proie, qui se termine de manière piteuse pour l’Achab d’Erengrad. Le cuir épais et (apparemment) enflammé du rorqual peu commun le protège en effet des piqûres d’aiguille de sa Némésis, qui peut s’estimer chanceux de s’en tirer avec la perte de seulement quelques hommes d’équipage et chaloupes. Abattu mais nullement résigné, Charnoslav poursuit sa croisière, qui n’amuse plus grand monde à part lui, dans le cercle polaire du Monde qui Fut, et repère un navire désemparé dans cette zone inhospitalière et interdite. Convaincu par ses employeurs et seconds d’aller au secours de la pinasse (car c’en était une, merci Sanders d’enrichir notre vocabulaire maritime), Charnobyl se rend sur place en compagnie de ces derniers, et aborde un navire absolument vide d’équipage et de cargaison. Il n’a pas le temps de creuser le mystère plus avant que le Blagovashchenko est emporté par une mutinerie, le laissant seul maître à bord d’un navire fantôme.

Nullement découragé, ou alors pas très longtemps, par ce léger aléa, Charnoslav se met en chasse des mutins avec son nouveau vaisseau, et les aurait sans doute rattrapés si une deuxième mutinerie n’avait pas éclatée à son bord (décidément, il les collectionne). Cette fois-ci, c’est au tour du jusqu’ici inoffensif Mendelstamm de révéler sa rouerie, le gratte-papier de Bel’Kovo étant en fait l’agent de l’autre associé de la CCPB (Mr Paluga, donc), ayant décidé de diversifier son portefeuille d’actifs en se lançant dans l’import-export de malepierre, minerai présent en grande quantité dans le Nord du Vieux Monde, mais soumis à un embargo logique de la part des autorités compétentes. C’est ce même Mendelstamm qui a facilité la mutinerie de l’équipage du Blagova… bon vous avez compris, en leur donnant les clés du coffre des armes du bord, afin que l’arrivée au port du Demetrius (le véhicule de courtoisie de Charnoslav et Cie) passe inaperçue1. Et si le Demetrius semble vide, il ne l’est en fait pas du tout, le ballast du navire étant en fait constitué de malepierre. Tout fourbe qu’il est, Mendelstamm est toutefois bien bête de révéler sa trahison en plein milieu d’une traversée périlleuse nécessitant la coopération de tous ses camarades d’infortune, si vous voulez mon avis. Ce mauvais timing ne portera toutefois pas directement préjudice à notre félon, qui succombe prestement aux assauts des rats géants peuplant le bord, et ayant généreusement profité de la cargaison un peu spéciale du Demetrius pour gagner en carrure et en appétit. Dans la confusion qui s’ensuit, l’équipage restant est promptement boulotté à son tour, laissant Charnoslav et Bel’Kovo seuls survivants du naufrage qui se produit lorsque le navire percute un iceberg qui passait par là. Notre histoire se termine sur le début de la dérive des naufragés sur leur gros glaçon, Charnoslav ayant au moins la satisfaction de constater que les premiers mutins ne l’ont pas emporté au paradis, à la vision d’une planche portant le nom du Blago… bref, rejetée elle aussi sur son iceberg privatisé. Victoire morale, I guess ?

1 : Comment, mystère. Ce n’est pas le seul point obscur de l’intrigue d’ailleurs.

AVIS:

Débuts de Rob Sanders comme contributeur pour la Black Library, ce ‘Cold Light of Day’ part sur des bases très sympathiques avec son parti pris de pastiche Moby Dickesque, mais se termine malheureusement en queue de poisson. La faute à mon sens au manque de « concentration » de l’auteur, qui multiplie les péripéties et les retournements de situation sans prendre le soin de terminer proprement son propos. Par exemple, la Némésis marine de Charnoslav disparaît corps et bien de la nouvelle une fois passé l’affrontement (et encore, on peut plus légitimement parler d’effleurement, Monstro se contentant de donner un léger coup de klaxon melon dans la carène du B.) initial, l’intrigue évoluant vers un pastiche des Révoltés du Bounty, puis vers celui de Prometheus (avec quelques années d’avance), avant de se terminer par une redite de Titanic, où cette fois, Rose laisse un peu de place à Jack sur sa coquille de noix. Bilan des courses, on se retrouve avec des manquements scénaristiques assez embêtants, et une sensation globale d’inachevé, alors qu’un duel homérique entre le capitaine fou et la bête chaotique aurait suffi à notre bonheur. D’un point de vue personnel d’anglophone non-natif, je dois également dire que l’usage soutenu que fait Sanders de termes spécialisés rend parfois son propos assez obscur, ce qui est suffisamment rare de la part d’une nouvelle de la BL pour que je le signale. Si vous ne saviez pas que fo’c’sle était un vrai mot anglais, c’est maintenant le cas. Ahoï, mates !

.

Plague Ship (Inferno! #40) – J. Alexander [40K] :

INTRIGUE:

40K_Plague ShipEnvoyés purger un vaisseau transportant un régiment de Gardes Impériaux vers le système Cadien après  qu’une épidémie de Fléau de l’Incroyance se soit déclarée à bord, les hommes du Capitaine Torrus commencent bien mal leur mission, le bien nommé frère Formica1 se téléportant directement dans une cloison avec un KLONG ! aussi bruyant que mortel2. Zut. Pour ne rien arranger, notre escouade de dix s’est trouvée scindée en deux dans la manœuvre, forçant le Techmarine Callinca (Rochard de son prénom) à prendre le commandement des brebis aigles égarés, et à les mener vers le pont du transporteur, objectif de notre taskforce d’élite. Nous suivons la progression des deux groupes à travers les coursives délabrées de l’épave, ainsi que leurs premières rencontres, riches en émotions, avec l’équipage du Deliverance, donnant aux Doom Eagles l’occasion de s’illustrer, et aux Zombies de la Peste celle de dégobiller leur haine et leur contenu stomacal sur les plates de céramite rutilante des meilleurs de l’Empereur. Car, oui, les morts-vivants d’Alexander ont cette arme à leur disposition, et comptent bien en faire usage.

Tandis que le groupe mené par Torrus fait la rencontre de l’Aumônier Shota Klos, seul survivant de l’épidémie de gastro carabinée ayant sévi à bord, et gardé attentivement à l’œil par ses sauveurs alors qu’il leur fait prendre un raccourci de son cru vers leur objectif, l’équipe de Callinca se divise en plusieurs groupes au gré de sa montée via un ascenseur capricieux et peu spacieux, avec des résultats peu probants puisque le Technmarine laissé en arrière-garde devra utiliser les précieux explosifs qu’il destinait au sabotage des commandes du vaisseau pour prendre ses distances avec des fans un peu trop collants (dans tous les sens du terme). Même si cette perte n’aura au final aucune conséquence fâcheuse, un simple arrachage de circuit imprimé faisant tout aussi bien l’affaire, le commandement peu inspiré de Callinca aurait pu à terme s’avérer dommageable pour ses hommes, si la jonction avec le groupe de Torrus ne s’était pas finalement opérée, après que le brave Ulcaca ait suffisamment merdé se retrouver submerger par les Zombies. Oui, je tenais à faire cette blague, ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de pouvoir exploiter des noms de Space Marines à si haut potentiel.

Leur mission accomplie, les Doom Eagles accompagnés de Santa Claus, dont la moindre quinte de toux suscite une mise en joue immédiate de la part de ses petits camarades de jeu, doivent à présent trouver un moyen de regagner leurs pénates, le recours à la téléportation n’étant pas une option disponible. La petite troupe prend donc le chemin de la soute du Deliverance, où un Thunderhawk envoyé par le  Mournful Passage pourra venir les cueillir. Ce plan infaillible est toutefois contrarié par la présence de l’entièreté du Régiment pestiféré à cet endroit précis, soit des milliers de Gardes tous prêts à faire des papouilles aux Space Marines en vadrouille. S’en suit une baston horriblement confuse qui voit la moitié de la fine équipe réussir à s’échapper en Blablacar, tandis que l’autre parvient à se barricader dans le hangar à fusils laser de la soute, avec assez de munitions pour soutenir un siège en attendant que la cavalerie revienne… ce qu’elle fait deux semaines plus tard. Il ne fallait pas être pressé. S’attendant à ne trouver que les cadavres de ses compagnons d’armes, cet incompétent de Callinca, en charge des opérations de purge du Deliverance, a l’heureuse surprise de constater que trois de ses frères (Torrus, Makindlus et Balbolca – qui avait pourtant accompagné Callinca dans le Thunderhawk, et est donc revenu sur place par ses propres moyens ou suite à un oubli d’Alexander – ) ont survécu à cette rude quinzaine, en grande partie grâce à l’aide dévouée et au sacrifice désintéressé de Klos, qui a donné sa vie quelques heures plus tôt (comme quoi, ça s’est joué à rien : si Callinca n’avait insisté pour assister à son cours de Pilates le matin même, l’Aumônier aurait pu s’en sortir) pour sauver celle de ses compagnons d’infortune. Comme quoi, si l’incroyance est un fléau, la procrastination peut l’être tout autant.

1 : En fait on ne connaît pas le nom de notre cher disparupersé, mais en se référant aux patronymes de ses collègues, on peut supposer qu’il se terminait soit en –ca (Balbolca, Althuca, Callinca, et mon préféré, Ulcaca), soit en –us (Torrus, Vidus, Stellus, Makindlus). J’ai donc toutes mes chances.
: En même temps, quand ton vaisseau s’appelle le ‘Mournful Passage’, soit littéralement le ‘Passage Funèbre’, il ne faut pas s’étonner que l’esprit de la machine ne prenne les choses au pied de la lettre.

AVIS:

Unique et poussive contribution de Jim Alexander au corpus de nouvelles de la Black Library, ‘Plague Ship’ est une histoire de Space Marines combinant une intrigue aussi fine qu’un Serment de l’Instant avec des énormités fluffiques telles qu’on se demande comment les éditeurs de la BL ont pu en autoriser la publication (et on comprend aisément pourquoi la nouvelle n’a pas connu d’autres tirages depuis). Même en évacuant la simple logique de notre approche (pourquoi envoyer des Space Marines saboter un vaisseau que l’on sait déjà corrompu sans espoir de rédemption, alors qu’on a un croiseur d’attaque sous la main ?), on se retrouve en effet avec une quête tenant plus d’une mauvaise partie de Space Hulk (ou Zombicide), où l’objectif est d’aller d’un point A à un point B, puis C, en zigouillant tous les mobs passant dans le viseur, ce qui n’est guère passionnant sous la plume d’un auteur compétent… ce que Jim Alexander ne m’a pas semblé être à la lecture de sa soumission. Le message qu’il semble vouloir faire passer (même les plus humbles serviteurs de l’Empereur peuvent se révéler l’égal des divins Space Marines1) est de plus d’une banalité consommée, en tout cas pour le lecteur « contemporain » de la Black Library, à qui on a servi cette rengaine larmoyante sur des pages et des pages (amen).

Ceci dit, le plus troublant (et fendard) reste le manque de culture SM (en tout bien tout honneur) d’Alexander, qui nous fait le coup des grades imaginaires (Techmarine Sergent) et de l’armement non-conventionnel (pistolet laser à gogo et grenade glaçante non homologuée). Passe encore. Le summum de l’infamie est atteint lorsque la psychologie même des inflexibles moines guerriers se retrouve compromise, les réflexions pseudo-humoristiques et les gros coups de flippe s’enchaînant avec une constance remarquable. Ils ne connaîtront pas la peur, qu’il disait Roboute ? Eh bien c’est loin d’être aussi évident dans le livre de Jim Alexander, qui n’est certes pas le Codex Astartes. Bref, une plantade quasi-totale, dans la droite lignée d’un ‘Salvation’ de Jonathan Green, de laquelle on hésite même à sauver les quelques bouts de fluff qui surnagent. Je conseillerais donc de placer ce ‘Plague Ship’ en quarantaine.

1 : Ce qui s’avère finalement assez facile quand on prend cette buse de Callinca pour référence, ceci dit.

.

Vespertine (Inferno! #41) – David Griffiths [WHB] :

INTRIGUE:

VespertineLa routine quotidienne de Falko Rummenach, officier (sans doute commissaire, avec un nom pareil) au sein de la milice civile de Nuln, est perturbée par les agissements philistins d’un zélote particulièrement peu sensibles aux choses artistiques, et organisant régulièrement des sitting véhéments devant la galerie comtale en appelant les bonnes gens à mettre le feu au bâtiment. La raison de l’ire du Frère Alberich est à trouver dans le récent et inexplicable suicide d’un de ses camarades de culte (et peut-être de cuite), Daelius, qui s’est ôté la vie peu de temps après avoir développé une étrange obsession pour la plus récente des acquisitions de la galerie, le dernier tableau de Vicci Sabero, Soleil de Minuit, qui ressemble très mais alors très fort à l’affiche de The Ring1. Malgré les dénégations véhémentes du conservateur adjoint (le conservateur ayant lui aussi mis fin à ses jours peu de temps auparavant) quant à la parfaite innocuité des œuvres exposées, Falko se décide à mener l’enquête, motivé en cela par la menace d’Alberich de déposer plainte auprès de la permanence locale des Chasseurs de Sorcières, ce que les autorités séculières souhaitent légitimement éviter.

Notre fin limier commence par se rendre dans l’infâme taudis où vit l’artiste en question, qui, malgré le patronage dont il bénéficie de la part de la comtesse en personne (toujours dans les bons coups celle-là, décidément), a choisi de s’installer dans un quartier mal famé de Nuln, soit disant pour pouvoir donner plus librement cours à son art. Faisant remarquer à plusieurs reprises à son interlocuteur qu’il devrait prendre un peu de repos et penser à allumer le chauffage s’il ne veut pas attraper la mort, l’altruiste Falko note avec un intérêt tout professionnel la présence d’une poudre noire à l’aspect assez particulier sur le chevalet (et autour du nez) de Sabero. Ses premières suspicions trouvent leur confirmation lorsqu’il est appelé en urgence à la galerie pour constater le décès du garde laissé en permanence devant Soleil de Minuit afin d’éviter tout acte de vandalisme2.

Reliant rapidement les faits entre eux, Falko organise une descente de milice chez le génie tiléen, qu’il trouve passablement changé depuis leur dernière rencontre. La faute en incombe à l’importante quantité de malepierre que l’artiste maudit s’est mis dans le pif afin de nourrir sa muse (qui doit ressembler à Régine au saut du lit un lendemain de fête, à ce stade), malepierre qu’il utilise également avec prodigalité dans les pigments de ses œuvres. Après avoir expédié les formalités d’usage et lui avoir lu ses droits, comme celui de conserver le silence à jamais, Falko sonne la fin de la récré et fait carreler le mutant par ses camarades miliciens. La victoire morale et artistique remportée par l’Empire est toutefois endeuillée par la disparition prématurée de l’homme par qui est arrivé le scandale, le frère Alberich ayant lui aussi sombré dans la déprime après une trop longue contemplation de Soleil de Minuit, et opté pour un magnifique saut de l’ancre depuis le pont de Nuln pour mettre fin à son mal-être. L’art tue, mes amis.

1 : Comme Vespertine a été publié un an et demi après la sortie du film de Gore Verbinski, j’y vois un gros clin d’œil à ce classique du genre.
2 : Le plus étonnant restant tout de même le fait que le suicidé savait écrire, et a laissé une lettre d’adieu derrière lui. L’instruction populaire progresse dans l’Empire.

AVIS:

Le thème de l’œuvre d’art maléfique a été souvent exploité par les contributeurs de la Black Library, ce ‘Vespertine’ (adjectif qualifiant ce qui a trait au crépuscule – donc sans vrai rapport avec le contenu du texte, mais je dois bien avouer que ça claque comme titre –) étant la troisième nouvelle publiée dans les pages d’Inferno ! à exploiter cette idée, après ‘The Blessed Ones’ de Rani Kellock et ‘Portrait of my Undying Lady’ de Gordon Rennie. Au petit jeu des comparaisons et filiations, on peut aussi souligner que la BL compte son lot de pastiches de films, comme ‘The Curiosity’ (Le Pacte des Loups) ou ‘The Tilean Rat’ (Le Faucon Maltais). Bref, David Griffiths évoluait en terrain plutôt connu, à tel point que son ouvrage (le seul qu’on lui connaisse pour la BL) peut légitiment être regardé comme un gros clin d’œil en direction du lectorat habitué, dont le thème lui a possiblement été soufflé par l’actualité cinématographique de l’époque.

Enquête policière sommaire et rapidement menée (en même temps, avec un seul suspect, on évite les fausses pistes), la soumission de Griffiths est une variation un peu originale du trope bien connu du Chaos corrupteur, menaçant l’ordre établi sous la forme d’une toile de maître plutôt que sous celle d’un grimoire impie (‘A Good Thief’) ou d’une arme maudite (‘The Faithful Servant’). Convenablement exécuté à défaut d’être follement original ou bigrement bien écrit, ‘Vespertine’ se révèle être un court format made in WFB des plus honnêtes.

.

A Storm Rising (Inferno! #42) – N. Kyme [WFB] :

INTRIGUE:

WFB_A Storm RisingFuyant les ruines fumantes de la ville de Svedska, mise à sac par une horde de Kurgans mal-élevés, une colonne de réfugiés menée par le capitaine disgracié Staniche et le chevalier Griffon Kreggar tente tant bien que mal de rallier la sécurité de Praag. L’entreprise tourne rapidement au chemin de croix, aux assauts réguliers des pillards1 venant se conjuguer un manque de nourriture, d’équipement et de leadership de la part de notre duo de meneurs, ainsi que des vols réguliers de vivres et des meurtres inexplicables de civils. Cela fait beaucoup, vous en conviendrez. Là-dessus, et alors que la menace d’une attaque décisive des poursuivants Kurgans pèse sur les fuyards, ces derniers croisent la route de deux ambassadeurs impériaux, fortement égarés par Google Maps, et acceptant avec gratitude l’offre de Staniche de se joindre à leur petite troupe après qu’ils aient été sauvés des haches des maraudeurs les ayant pris en embuscade.

Alors que Stan’ the Man se découvre des sentiments tendres pour la belle Adrianna Halstein (la moitié avenante de la délégation de l’Empire, l’autre étant le taciturne Kurn), et commence à la baratiner autour du feu de camp en lui faisant le récit de sa disgrâce, causée par le meurtre de son supérieur hiérarchique à la suite de paroles malheureuses, les choses qui allaient déjà assez vite comme ça s’accélèrent encore davantage. Une sentinelle vient en effet avertir notre Dom Juan de la découverte d’une trentaine de cadavres Kurgans à proximité du camp, tous égorgés en bonne et due forme. Il apprend à son retour au camp que les voleurs de vivres ont été identifiés, mais sont également à passer en pertes et profits, victimes eux aussi de la brigade canine (oh celle-là elle est bonne2) qui s’acharne. Cinq secondes plus tard, le camp est attaqué par un cavalier solitaire, qui se révèle être un Dragon de Sang. Pas le temps de souffler que Staniche, inquiet pour le sort de son crush, doit défendre sa vie contre les assauts de Kurn après avoir découvert que sa dulcinée était une Lahmiane. Bref, baston à tous les étages, mort violente de la plupart du casting, et clap de fin pour Staniche Barracheon, qui refuse crânement de devenir le nouveau gigolo d’Adrianna, cette dernière ayant réglé son petit conflit familial hors champ entre temps. Laissons à notre femme fatale le mot de la fin : c’était vraiment une histoire très bait.

1 : Dont l’usage immodéré de chiens d’attaque nous vaudra un affrontement d’anthologie : Staniche contre les caniches.
2 : Si si, je vous assure. Staniche et Kreggar sont persuadés que ce sont des mastiffs errants qui déciment leurs charges, alors que depuis le début, c’était un vampire Dragon de Sang qui venait se servir au bar. Ou peut-être Adrianna. C’est confus.

AVIS:

Qui trop embrasse, mal étreint. Ce proverbe bien connu pourrait s’appliquer à ce ‘A Storm is Rising’ de Nick Kyme, qui, à trop multiplier les intrigues et les sous-intrigues, s’achève sur un sentiment d’inachevé assez total, en plus de laisser planer un certain nombre de zones d’ombres dans son intrigue. C’était assez prévisible au final, 12 pages étant généralement suffisantes pour développer une intrigue simple, l’ajout de « complications », pour emprunter un terme d’horlogerie qui me paraît approprié, nécessitant un talent certain (les anglais ont le mot de wordsmith qui couvre bien ce type de compétences) afin d’obtenir un résultat probant. Comme pour une montre de luxe, tout l’enjeu consiste à faire un usage optimal d’un espace limité, afin que l’ensemble soit à la fois fonctionnel et équilibré. Kyme donne ici dans le bling bling, ses accroches racoleuses (une histoire avec de l’action ! des meurtres mystérieux ! des vols tout aussi mystérieux ! des alliés louches ! un héros au passé trouble ! qui tombe amoureux ! des hordes chaotiques ! un vampire ! non, deux vampires ! ) n’étant pour la plupart que des trompe l’œil. C’est d’autant plus dommage qu’avec cinq à dix pages de plus, afin de laisser son histoire respirer et l’ambiance s’installer, le résultat aurait pu être assez sympathique. Se concentrer sur les fondamentaux, Nick : c’est la clé.

.

Blood Cries for Blood (Inferno! #42) – J. Peaty [40K] :

INTRIGUE:

Nous suivons l’Enforcer vétéran Klimt, toujours hanté, dix après les faits, par la disparition brutale de son coéquipier de l’époque, l’idéaliste Yedas, alors que le passé refait surface en pleine insurrection populaire sur la planète de Persana. Le Gouverneur Schaar, aux vues notoirement anti-Imperium et anti-Enforcers (tout le monde déteste toujours la police au 41ème millénaire, apparemment), ce qui lui a acquis les faveurs de ses administrés, vient en effet de se faire assassiner, déclenchant des émeutes généralisées. Dans ce contexte troublé, Klimt reçoit un paquet contenant une adresse et le dog-tag de Yedas, qui a fait une chute mortelle dans un réacteur nucléaire laissé sans protection au cours d’une opération de routine il y a de cela une décennie, et a été logiquement présumé mort depuis. Animé par un sombre pressentiment, Klimt, accompagné par le rookie (Sacris) enthousiaste et émerveillé par la badassitude consommée de son collègue, qui l’a libéré d’une prise d’otage en passant prendre son café à la machine le matin même; se rend sur place et découvre le cadavre de celui que tout indique comme étant l’assassin du Gouverneur.

Pas dupe devant cette mise en scène évidente, Klimt remonte la piste jusqu’à la centrale énergétique où Yedas a perdu la vie… et se retrouve face à face avec ce dernier, qui a dû se raccrocher au traditionnel buisson pendant sa chute, et a profité que tout le monde le croit mort pour se consacrer pleinement à son hobby favori : l’activisme anti-Schaar, qu’il considère comme responsable de tous les malheurs de Persana. C’est donc lui le véritable assassin du Gouverneur (qu’il aurait pu zigouiller avec des explosifs pour un flavor win : tout le monde aime les grenades anti-Schaar), et s’il a voulu renouer les liens avec son ancien partenaire une fois son forfait accompli, c’est évidemment pour le recr- buter. \_(Ô_ô)_/ En tout cas, il n’essaie pas longtemps de la rallier à sa cause, la rebuffade à laquelle il se heurte de la part d’un Klimt toujours attaché à ses principes le mettant suffisamment en pétard pour qu’il dégaine le sien. Sans l’intervention opportune de Sacris, qui met en joue le revenant, s’en était fait de notre héros, qui rend la pareille à son sauveur, une nouvelle fois pris en otage pour sa peine (décidément, ce n’est pas sa journée), en lui flinguant les deux jambes, seul moyen à sa disposition pour atteindre Yedas à travers son bouclier humain. Laissant le bleu baigner dans son sang, les deux anciens collègues poursuivent leurs effusions jusqu’au cœur de la centrale, où, je vous le donne en mille, Yedas finit une nouvelle fois par tomber dans le réacteur, cette fois-ci de façon définitive je gage.

La nouvelle se termine avec un passage de relais entre Klimt, qui a enfin obtenu sa mutation vers une planète moins craignos, et Sacris, dont les derniers événements ont fait un homme, un dur, un vrai, un velu. Avec la Garde Impériale qui s’apprête à descendre sur Persana pour remettre de l’ordre chez tous ces anarchistes pouilleux de prolos, le concept de police de proximité risque de prendre un tout autre sens…

AVIS:

Blood Cries for Blood est la première contribution de James Peaty à la Black Library, mais on jurerait en lisant cette dernière avoir affaire à un vétéran de la maison. Outre le fait que son choix de protagonistes n’est pas banal, et révèle une vraie culture 40K, l’ambiance de film noir (mêlée à un zeste de buddy movie) qu’il donne à son propos place ce dernier dans les environs immédiats des travaux inquisitoriaux d’Abnett, qui lui non plus n’hésite pas à plonger son lecteur dans le vif du sujet et le « détail » d’une planète (en témoigne ce chiffre de 65% de chômeurs sur Persana, que je doute que l’on connaisse pour Macragge). L’intrigue en elle-même est plutôt correcte, le peu de pages dont Peaty dispose pour articuler son récit venant évidemment gâcher un peu le suspens de l’identité du tueur de Schaar, mais rien de rédhibitoire. Quelques paragraphes ou pages de plus n’auraient pas été de trop pour permettre de mieux faire ressortir la backstory de Yedas, dont l’affaire Josted, discrètement évoquée au début et à la fin de la nouvelle. La vraie valeur ajouté de Blood Cries for Blood réside toutefois dans l’immersion qu’elle offre dans le quotidien d’une brigade d’Enforcers, figures récurrentes du fluff de Warhammer 40.000, mais plus souvent utilisés comme éléments de décors que comme protagonistes de plein droit, ce qui est dommage car qui est mieux placé qu’eux pour saisir le caractère inhumain, cynique et bureaucratique de l’Imperium, tel qu’il apparaît à ses loyaux sujets ? Bref, si vous avez aimé la série des Shira Calpurnia de Matthew Farrer, Blood… peut être le petit extra appréciable que vous n’attendiez plus. C’est la maison qui régale.

.

***

Et voilà qui termine ce troisième Infernabulum! Ne vous inquiétez pas, il en reste encore plein de là où ces nouvelles viennent. Soucions nous plutôt de l’avenir d’Inferno! dont on n’a à ce jour aucune nouvelle, et ce depuis la publication de la cinquième anthologie il y a déjà quelques semaines. Comme cette dernière contenait une histoire en (au moins) deux parties, j’ose espérer que la BL donnera suite, mais on n’est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise, comme ne le dit pas le proverbe. Allumons donc un cierge à St Barrington et prions pour que l’histoire se poursuive encore un peu…

OATHS & CONQUESTS [AoS]

Bonjour et bienvenue dans cette revue critique de Oaths & Conquests, la dernière anthologie de nouvelles d’Age of Sigmar publiée par la Black Library (à ce jour). Après avoir longtemps traîné des pieds et rechigné à traiter de ce genre d’ouvrage (après tout, entre les sorties 40K, les nouveaux numéros d’Inferno! et mon stock de vieilleries, j’ai largement de quoi m’occuper), je me jette dans le grand bain avec ce recueil, qui regroupe de nombreux (10 sur 13, pour être précis) courts formats déjà sortis par la BL, en tant que nouvelles individuelles et/ou dans d’autres publications. 

Sommaire Oaths & Conquests (AoS)

.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, remarquons la présence au sommaire de ce recueil de quelques nouveaux-venus, pour certains (Hollows, Stephens, Lucas) dans la GW-Fiction, et d’autres (Rath, et le grand ancien Bill King) dans les Royaumes Mortels. Pour le reste, notre casting est assez classique, bien que l’on puisse s’alarmer de l’absence de Josh Reynolds parmi les plumes convoquées ici. Le père nourricier d’Age of Sigmar serait il passé à autre chose, tel Sigmar décidant de se retirer des Royaumes après les avoir créés? Seul l’avenir nous le dira… Pour l’heure, contentons nous de partir à la découverte de ce copieux volume, et de ce qu’il peut nous apprendre du fluff d’Age of Sigmar en ce début troublé de 2020. Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine, pas vrai? 

Oaths & Conquests

The Fist of an Angry God – W. King :

INTRIGUE:

Assignés à la conquête de la forteresse d’Azumbard, dans le Royaume d’Aqshy, le Liberator-Prime Balthus1 et ses Knights Excelsior sont à la peine. Non seulement la décoration psychédélique et les relents d’encens bon marché de leurs adversaires Tzeentchiens sont un affront à leurs sur-sens de surhommes, mais, nombre sacré du Dieu Poulet oblige, ils ont passé des plombes à sécuriser les neuf tours du bastion adverse, ce qui pèsera lourdement sur leur rémunération variable de l’année, alors que les Hammers of Sigmar affectés au front Slaaneshi ont une charge de travail un tiers moindre. Saleté de numérologie cosmique. Faisant contre mauvaise fortune feu de tout bois, Balthus mène ses ouailles à l’assaut de l’ultime donjon adverse, sans réussir à se défaire d’une étrange sensation de déjà-vu, qui ne lui dit rien qui vaille. L’absence de résistance des disciples de Tzeentch lui semble en effet de mauvais augure, et cette sinistre prémonition se trouve vérifiée lorsque la petite force de Stormcast qu’il commande se retrouve embusquée et submergée par une horde d’emplumés vindicatifs. Ayant pris deux méchants coups sur l’occiput, notre héros tombe dans les bras de morphine, et se réveille enchaîné dans un laboratoire arcanique, où il fait la connaissance de la sorcière Aesha, qui à son grand étonnement, semble le connaître2.

Après quelques instants consacrés à tenter de se défaire de ses liens enchantés, sans grand succès (ces derniers se resserrant de plus en plus à chaque fois que Balthus force dessus, conséquence d’un puissant enchantement… ou de l’utilisation d’un simple demi-nœud), le Liberator prisonnier – ironie – accepte d’ouvrir le dialogue avec Aesha, qui, cornes et sabot mis à part, se révèle être une hôte plutôt décente, et se montre plus intéressée par la poursuite des examens initiés sur son sujet d’étude que sur le sacrifice de ce dernier. L’échange permet de comprendre que les motivations de la magus sont, en toute simplicité, de percer à jour les secrets ayant permis à Sigmar de créer les Stormcast Eternals, qu’Aesha considère comme la clé de la transcendance divine. Ayant appris, sans doute à la lecture des tomes de la Fin des Temps (trouvés en occasion sur e-bay), que beaucoup des membres du panthéon de l’Ordre et de la Mort ont commencé leur carrière comme de simples mortels dans le Monde qui Fut, notre ambitieuse sorcière ne voit pas de raison de ne pas tenter le coup à son tour. Horrifié par ce projet blasphématoire, et peut-être également par le résultat de l’IRM complet qu’Aesha lui a fait passé grâce à ses miroirs ensorcelés, Balthus décide de contrecarrer les plans de sa Némésis en… rage-quittant. Ou plutôt, en essayant de rage-quitter. Car sa tentative héroïque de se suicider en tirant à mort (littéralement) sur ses chaînes se fait contrecarrer par Aesha, qui le met en pause avant qu’il ne perde son dernier PV, et profite de son coma réparateur pour infiltrer ce rêve, étrange pénétrant, de la fin inconnue de Balthus.

En des temps très anciens, Balthus était en effet Leoric, prince héritier du royaume d’Asqualon. Son règne fut toutefois aussi court (3 minutes et 26 secondes) que sanglant, puisqu’il hérita de la couronne après la mort de son père pendant la défense du Temple de l’Orage, dernier bastion de l’Ordre face aux assauts du démon Arkatryx et de ses disciples indisciplinés. Garrotté par son adversaire, Leoric invoqua Sigmar pour venger son paternel, et fut exaucé lorsque le Dieu lui envoya un éclair salvateur, non pas directement sur le démon, ce qui aurait été trop simple, mais sur l’épée que notre héros brandissait toujours. Chargé à bloc, Leoric trouva la force d’électrocuter son adversaire d’un ultime horion, avant de partir en direction de la forge divine. Par un hasard qui n’en était sans doute pas un, Aesha était également présente ce jour là (après tout, c’est elle qui a coup fatalisé le roi Aldred), ce qui donne un nouveau sujet de discussion tout trouvé à nos deux personnages une fois Balthus émergé de sa torpeur. S’en suit une joute verbale digne d’un débat de la primaire démocrate, avec Aesha se posant en Bernie Sanders chaotique, en lutte contre le 1% asqualique ayant exploité le petit peuple et fait exécuter son père parce qu’il avait volé une miche de pain. Face à ce déferlement de progressisme, Balthus ne peut que se référer aux bullet points qui lui ont été inculqués pendant sa formation: « l’Ordre, c’est cool » et « Yes, Sig’ Can ».

Ce passionnant échange est toutefois écourté par la notification que reçoit Aesha sur son portable professionnel, l’informant de l’intrusion d’une meute de militants en sigmarite dans son QG, avanie qu’il lui faut gérer sans attendre. « Pas si vite poulette » lui répond Balthus, qui dégaine son special move et gueule « Par le pouvoir du <insert random stuff here> ancestral, je détiens la force toute puissante! », et parvient enfin à se défaire de ses chaînes par l’intervention du saint sigmarite esprit. La fin de la nouvelle voit nos deux protagonistes jouer au chat et à la souris dans le dédale du donjon d’Aesha, jusqu’à ce qu’ils arrivent dans la salle de téléportation aménagée par cette dernière, et qui se révèle être le Temple de l’Orage où ils se sont rencontrés pour la première fois il y a des millénaires. S’il ne parvient pas à stopper la bougresse avant qu’elle ne s’éclipse, Balthus a au moins la satisfaction de mettre la main sur son ancienne épée, qu’il était le seul à pouvoir retirer de la pierre dans laquelle il l’avait plantée en transperçant le démon (ça me dit vaguement quelque chose…). Un milliard de Tzaangors occis plus tard, notre héros est récupéré par ses frères d’armes, esquinté mais en vie, et ayant inscrit sur sa to do liste de caler un nouveau tête à tête avec Aesha pour discuter du bon vieux temps dès qu’elle se montrera disponible.

À ne pas confondre (je l’écris car je l’ai fait moi-même) avec Balthas Arum, la réincarnation de Balthazar Gelt dans les Royaumes Mortels. 
2 : Le plus étonnant pour le lecteur est surtout la question que pose Balthus à sa geôlière juste après qu’elle l’ait identifié. OSEF quoi mon grand.

AVIS:

King fait ses premiers pas dans les Royaumes Mortels de manière assez discrète avec The Fist of an Angry God. Comme on pouvait l’attendre, et peut-être l’espérer, son passif d’auteur historique pour Warhammer Fantasy Battle apparaît clairement dans cette nouvelle à travers le personnage d’Aesha, dont la connaissance du Monde Qui Fut apparaît comme un clin d’œil (je le vois comme ça en tout cas) au parcours de King. Ce dernier prend en marche le train du « Sigmar-bashing » qui sous-tend beaucoup des dernières publications mettant en scène des Stormcast Eternals, et dépeint les méthodes de recrutement du Dieu Roi sous un jour contrasté, tout en justifiant en partie le passage au Chaos d’Aesha. Pas de manichéisme ici donc, et c’est bien le moins qu’on attendait de la part d’un contributeur aussi expérimenté que Bill King, dont les écrits ont toujours mis en avant la « grisaille » ambiante des univers de GW.

À titre personnel, je suis toutefois déçu de l’articulation de la nouvelle, dont le début est finalement insignifiant (je m’attendais à ce que King fasse une révélation sur un stratagème spatio-temporel utilisé par les disciples de Tzeentch, ce qui aurait justifié la sensation de « déjà-combattu » de Balthus) et la fin hurle littéralement « À SUIVRE… » à la tête du lecteur1. Le fond étant, comme dit plus haut, assez intéressant à défaut d’être captivant (cela montre au moins que King a digéré le background de cette nouvelle franchise), je trouve dommage que la forme n’ait pas été plus pensée et soignée par l’auteur. Ceci dit, King ne s’est jamais montré très doué sur les très courts formats, ses meilleures nouvelles se situant sur la marque des 40/50 pages. Quoiqu’il en soit, il convient de suivre la suite des événements avec attention, et espérer que le King finisse par remettre la plume sur le fils spirituel ayant lui aussi réussi son passage de Warhammer Fantasy Battle à Age of Sigmar, un certain Mr G. Gurnisson…

1 : En plus de passer vraiment vite sur des éléments pas anodins du tout pour l’intrigue, comme la libération miraculeuse de Balthus.

.

The Garden of Mortal Delights – R. Rath :

INTRIGUE:

Notre histoire prend place sur une île de Ghyran, où le seigneur slaaneshi Revish l’Epicurien tient cour et jardin. Contrairement à la majorité de ses collègues cultistes, Revish s’intéresse davantage aux plaisirs de la chère qu’à ceux de la chair, et occupe donc une bonne partie de son temps à se délecter des mets les plus recherchés et exotiques, comme le foie gras d’un homme de foi, ou encore les gariguettes bio dynamiques et permacultivées produites ultra-localement par bouturage sur des Dryades préalablement décapitées. Comme il fallait une petite main verte à notre gourmet pour s’assurer du bon approvisionnement de son garde-manger, et qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même un esclave hautement qualifié, notre Hannibal Lecter med-fan s’est assuré les services, pas vraiment librement consentis, d’une sorcebranche du nom de Wilde Kurdwen, capturée avec ses sœurs étêtées lors d’un raid sur un bosquet mal gardé. Bien qu’il lui en coûte, et qu’écouter les greffons décérébrés de ses congénères réciter en boucle leur jingle de bataille1 lui file un bourdon pas possible, Kurdwen a accepté le CDI gracieusement offert par son geôlier, et lui fourni légumes, fruits et baies de première qualité.

À l’occasion de la punition d’un larbin qui avait eu la mauvaise idée de grignoter quelques mûres ne lui étant pas destinées, Revish accompagne sa jardinière dans un petit tour du propriétaire, qui leur donne l’occasion de discuter des différences philosophiques entre hédonistes et botanistes. Kurdwen en profite également pour présenter à son boss son nouveau projet : la culture de graines âmes, qu’elle voit comme la première étape d’une future alliance entre Slaaneshi et Sylvaneth contre les armées de Nurgle qui ravagent Ghyran. Jouant sur la fibre paternaliste de Revish, elle use de tous ses charmes végétaux pour plaider sa cause auprès de l’Epicurien, qui se montre finalement assez intéressé par cette joint-venture bouture. Cependant, le projet est accueilli avec une froideur palpable par sa girlfiend Sybbolith2, plus intéressée par la quête de Slaanesh que par le reboisement à impact social. Suspectant que l’apathie gloutonne de Revish est le fruit (mouahaha) des minauderies de Kurdwen, Syb’ convainc ce dernier de placer la sorcebranche devant un choix qui lui permettra de juger de sa véritable allégeance : lorsque Revish revient le lendemain, accompagné par quelques guerriers de sa garde personnelle, il demande à la dryade de lui remettre la graine âme expérimentale qu’elle a fait pousser dans son coin, afin qu’il puisse la déguster. Un refus de sa part signifierait que la loyauté de Kurdwen n’est pas aussi absolue qu’elle voulait lui faire croire. Et devant le peu d’enthousiasme manifesté par la semencière à la demande cannibale de Revish, il semble bien que les carottes soient cuites pour la préposée aux espaces verts…

Début spoilerN’ayant guère le choix, Kurdwen remet finalement la précieuse cosse à Revish afin que ce dernier puisse y prendre un croc… qui lui est retourné, à sa grande surprise, par l’occupant de la gousse. Fort mécontente de cette mise au monde prématurée, l’âprelarve qui sommeillait dans la graine âme roule en effet un gros patin mandibulé à Revish, ce qui a pour effet de lui arracher un sourire, et la moitié du visage par la même occasion. Comprenant qu’il a été roulé dans la farine de châtaigne, le nabab navré s’élance à la poursuite de la sorcebranche, qui peut cependant compter sur le soutien d’une petite armée de Dryades, soigneusement cultivées depuis les étrons de Revish (on fait avec ce qu’on a).

Dans la bagarre qui s’en suit, Revish a l’occasion de se dérouiller un peu les haches en abattant les végétaux hostiles ayant envahi son île, perdant au passage la totalité des guerriers (dont Sybbolith, qui fait prudemment retraite sur le continent après avoir croisé le chemin d’un Homme Arbre nouveau-né à l’écorce trop épaisse pour son fouet de dominatrice), avant de se retrouver en face à face avec Kurdwen. Sans doute un peu fatigué par sa session de bûcheronnage intensive, l’hédoniste se fait hameçonner par sa prisonnière sans coup férir, et se retrouve ligoté sur son trône jusqu’à ce que mort s’en suive. Des décennies plus tard, les (sans doute rares) visiteurs de l’île peuvent en effet admirer une armure et un crâne à moitié absorbé par un chêne gigantesque. D’engraisseur à engrais, finalement, il n’y a que quelques lettres…Fin spoiler

1 : La légende raconte qu’il s’agit de la musique d’attente du standard téléphonique d’Alarielle.
2 : Que la traduction française a criminellement choisi de ne pas baptiser Ciboulette. C’était l’occasion pourtant.

AVIS:

Robert Rath réussit son coup, et son entrée dans Age of Sigmar, avec The Garden of Mortal Delights, qui offre au lecteur une exploration intéressante à plus d’un titre des particularités du lore de cette franchise. Mariant à la fois concepts intrigants mais tout à fait dans l’esprit du fluff (les Dryades servant de substrat aux plantations personnelles d’un slaaneshi gourmet) et mise en relief d’aspects développés dans les Battle Tomes mais pas encore trop dans la GW-Fiction (les différents courants de pensée à l’œuvre chez les hédonistes ; Revish étant un Invader – assez casanier sur ses vieux jours – alors que Sybbolith est une Godseeker pur jus), cette nouvelle est une vraie bonne surprise, qui illustre bien le potentiel dont dispose le background des Royaumes Mortels, dès lors qu’il est confié à un auteur inventif et concerné. Prometteur pour Robert Rath, qu’il faudra suivre à l’avenir.

.

Shriekstone – E. Dicken :

INTRIGUE:

ShriekstoneRatgob, High Creeper – et donc nabab en chef – de la forteresse Gloomspite Gitz de Shriekstone est confronté à un problème littéralement existentiel. Alors qu’il avait mené quelques uns de ses gars massacrer l’habituelle expédition de Duardins malavisés ayant décidé d’explorer les ruines de leur ancienne demeure (Shriekstone étant auparavant connue sous le nom de Lachad, loge et logis de Fyreslayers), il recueille la confession rigolarde d’un des nabots, qui l’avertit que sa mort sera bientôt vengée par l’arrivée d’une armée de rouquins à hache, mobilisée par le Père des Runes Thunas-Grimnir l’inflexible1 pour reconquérir les lieux. Cette funeste prédiction se réalisant sous quelques jours, Ratgob est d’abord tenté de prendre la poudre d’escampette, mais réalise en chemin qu’il ne peut tout simplement pas laisser les avortons barbus lui arracher ce que ses ancêtres ont dérobé aux leurs sans se battre. Question de principe. En plus de ça, sa statue personnelle dans le Hall of Fame2 de Shriekstone n’est pas encore terminée, et ne le sera jamais s’il ne prend pas en charge la défense du bastion. 

Première étape pour notre verdâtre héros: convaincre sa myriade de sous-fifres de ne pas déserter leur poste, ce qui est loin d’être gagné à la vue de l’ost mobilisé par Thunas. Heureusement, Ratgob n’est pas devenu High Creeper par hasard, et parvient à rallier tout son monde à sa bannière rapiécée, en affirmant haut et fort qu’il a reçu une vision de la Mauvaise Lune en personne, qui lui a révélé les ruz’ nécessaires pour vaincre les Duardin. Devant un tel argument d’autorité, les autres Gobs ne peuvent qu’obtempérer, certains de plus mauvaise grâce que d’autres, comme le shaman et sceptique devant l’éternel Vishuz Spookfinger.

Si le siège tourne d’abord plutôt en faveur des défenseurs, qui, guidés par le génie tactique la fourberie mesquine de leur boss, jouent quelques mauvais tours aux Fyreslayers, à base d’attaques sur leur base arrière, de fosses à squigs affamés, de gaz hallucinogène, de lâchers de fanatiques, ou, encore plus mesquin, d’empoisonnement de leur réserve de bière3 (tous les coups sont permis); la férocité, discipline et haine ancestrale qui animent les attaquants contraignent les peaux-vertes à sans cesse reculer. Ayant joué son va tout en provoquant une attaque inconsidérée des Fyreslayers dans l’enclos des Troggoths locaux en poussant ses derniers esclaves dans ce dernier afin de pincer la corde honorable des Duardin, Ratgob n’a plus qu’à vendre chèrement sa vie et celles de ses derniers gars au cours d’un dernier carré davantage provoqué par les événements que choisi par les défenseurs. Notre héros s’est auparavant débarrassé de ce faux-jeton de Spookfinger, qui avait, de façon prévisible, tenté de lui faire la peau (et de façon même pas originale en plus, ce que Ratgob fait remarquer au traître avant de le laisser en pâture aux trolls). 

Encerclés par les survivants, bien éprouvés il est vrai, de l’armée du Père des Runes, les Gobelins vendent chèrement leur peau (verte), à l’image de Ratgob qui parvient, au terme d’un duel accroché au cours duquel il finit unijambiste, à refiler une souche ultra virulente du COVID 19 à Thunas-Grimnir. Le virus étant, comme chacun sait, plus mortel chez les personnes âgées, les 267 ans bien tassés de l’Inflexible vieillard le condamnent donc à une suffocation expresse, permettant au High Creeper d’arracher une victoire morale. Et alors que tout semble perdu pour notre héros, à la merci des derniers Fyreslayers, il a la satisfaction d’entendre approcher une horde de ses congénères dans les niveaux inférieurs de Shriekstone, qui se remet à geindre de plus belle après quelques minutes d’aphonie4. Comme dit le proverbe: pierre qui hurle n’amasse pas barbe. 

1Nommé ainsi à cause de son absence de souplesse légendaire: il n’arrive même pas à toucher ses genoux en se baissant.  
2 : Ou, comme on dit chez les Gitz, la Grotte of Grots.
3: On découvre à cette occasion que les Duardin des Royaumes Mortels ont « hérité » de leurs ancêtres Dawi du Vieux Monde l’habitude de baptiser leur binouze avec des X. Par respect pour la XXXXXX de Bugman, celle de l’armée de Thunas ne s’appelle que XXXX.
4En fait, la forteresse a été nommée Shriekstone (la pierre hurlante en VO) après que les Fyreslayers en aient été chassés, car la roche s’est mise à produire des sons similaires à des hurlements. On peut penser à de la magie runique ou de l’animisme, mais moi je pense simplement que les Duardin ont volontairement déclenché l’alarme du détecteur de fumée pour faire chier les Gobs. 

AVIS:

Très sympathique nouvelle de la part d’Evan Dicken, dont la construction minutieuse dénote d’une maîtrise appréciable des codes du genre et de l’univers d’Age of Sigmar. On peut ainsi mettre au crédit de l’auteur tant son choix de renverser les rôles classiquement attribués dans l’affrontement iconique entre Nains et Gobelins (en faisant des seconds les protagonistes et les défenseurs, ce qui est plutôt rare), que sa réussite à faire de Ratgob et de ses sbires des personnages plutôt attachants, en grande partie grâce à leur fibre comique, qui contraste agréablement avec la fureur vertueuse du malheureux Thunas. Au final, le lecteur a bien du mal à prendre un parti entre la cause, fondamentalement noble et justifiée, des Duardin, et celle du charismatique High Creeper, ce qui donne au duel final de la nouvelle une tension narrative très bienvenue. Autre preuve manifeste du soin apporté par Dicken à la construction de son propos, la symétrie parfaite de l’ouverture et de la conclusion de son propos, qui mettent tous deux en scène un personnage mourant annonçant à son vainqueur qu’il va être vengé par ses congénères. C’est net et précis, et ça fait du bien de la part de la Black Library, qui se contente souvent de publier des histoires à l’intrigue et au déroulement approximatifs. Et en plus, on a le droit à un peu de fluff intéressant sur Ghur. Pas grand chose à jeter dans ce Shriekstone, et un parcours de plus en plus intéressant pour Dicken, qui se positionne comme l’une des nouvelles plumes les plus intéressantes des Royaumes Mortels.

.

The Serpent’s Bargain – J. Crisalli :

INTRIGUE:

The Serpent's BargainVictime des déprédations classées S (pour salaces) d’une bande de Maraudeurs de Slaanesh, le village de Varna ne doit son salut qu’à l’exploitation raisonnée décrétée par l’économe Seigneur Zertalian. Les pillards partis, pour mieux revenir quelques temps plus tard, les survivants sortent de leur trou (littéralement dans le cas de notre héroïne, la précautionneuse mais pas téméraire Laila) et tiennent conseil sur la marche à suivre. Malgré la position stoïque prônée par les anciens du village, qui préfèrent rester chiller au coin du feu dans l’espoir que les Slaaneshii trouvent une autre cible plus juteuse d’ici à leur prochaine crise d’ennui homicidaire, Laila, qui a déjà perdu son mari sous la lame des psychopathes princiers, est, elle, partisane d’une approche un peu plus proactive. Et pourquoi pas aller demander de l’aide aux Blonds1, ces mystérieux reclus qui vivent dans la vallée d’en face et que les légendes locales décrivent comme des adversaires acharnés du Chaos, et en particulier de ces margoulins dépravés d’Hédonistes ? Il paraîtrait même que ces gais lurons volent à la rescousse de ceux qui luttent contre de tels ennemis, ce qui est précisément le cas de nos Varnites.

Devant la réaction mitigée que sa proposition suscite auprès du conseil gériatrique du village, Laila décide de faire profil bas, mais n’en résout pas moins d’aller tenter sa chance auprès des Blonds, entraînant avec elle un vieux pote chasseur de niveau 3 (Stefen) et un lancier mercenaire gras du bide mais au pied léger (Ano). Le trio trace la route vers la blonde vallée, bravant pour ce faire le décret de confinement édicté par les anciens, et finit par arriver à bon port, n’ayant perdu qu’un seul de leur membre (Ano le stalker) en chemin. Faisant face à un temple décoré de moultes statues de donzelles en string et en rogne, les deux survivants commencent à douter du caractère véridique de leurs légendes, mais il est trop tard pour faire demi-tour,  et l’entrée du temple étant gratuit pour les filles et interdite pour les mecs, c’est seule que Laila pénètre à l’intérieur. Laissant prudemment le chaudron rempli de serpents à bonne distance, elle marche jusqu’à un petit jardin intérieur, où elle fait la connaissance de Cesse, jardinière manifestement elfique qui consent à écouter la doléance de son invitée. S’en suit une petite négociation, à l’issue de laquelle Cesse accepte d’aller combattre les Slaaneshii, qu’elle et le reste de ses Blondes détestent véritablement, en échange d’un paiement en sang de la part des humains. C’est alors que Laila révéle sa propre blonditude, croyant bêtement que la petite coupure qu’elle hérite pour sceller le pacte consiste en sa part du paiement en totalité. Aha. La cruche. Elle aurait ouvert un Battle Tome Daughters of Khaine, ou même eu la moindre notion en elfenoirologie qu’elle aurait compris qu’elle venait de se faire carroter dans les grandes largeurs. Les dangers de l’ignorance. Bref.

Ressortant du temple, Laila découvre avec effroi une flèche brisée et une flaque de sang là où elle avait laissé son chasseur de compagnie, et en conclut que ce dernier n’a pas fait de vieux os. Parvenant malgré tout à revenir jusqu’à Varna, elle relate son périple à ses concitoyens, s’attirant un regard lourd de reproches de la part des vieux de la vieille, qui se doutent bien que le marché passé avec les Blondes a de grandes chances de ne pas se résoudre en faveur des péquenauds. Avec raison. En effet, lorsque les scions de Zertalian décident de refaire une virée pillarde et paillarde en ville, ils ont beau se faire promptement méduser par Cesse et ses groupies, cette dernière demande ensuite que le tribut de sang leur soit remis. Incompréhension, puis mauvaise foi de la part de Laila, qui ne trouve pas ça très charlie. Qu’importe, un marché est un marché, et les Varnites ne sont de toute façon pas en mesure d’empêcher les Fifilles de Kékhaine de prendre leur dû, soit les faibles du village. Comme l’explique doctement Cesse à une Laila qu’elle précipité du haut du mur d’enceinte pour lui apprendre à mal lui parler, il n’y a qu’en supprimant les faibles que les forts pourront survivre, et il s’agit d’une mission de service public, vraiment. Cela ne convainc pas vraiment Laila, qui finit la nouvelle en pleurant comme une madeleine sur sa propre stupidité. Moralité : si les hommes préfèrent les blondes, la réciproque n’est pas toujours vraie.

1 : Fair Ones en VO. Ce qui peut se traduire par les Beaux, également. Voyez-y un hommage à Gad Elmaleh, ou à son inspirateur.

AVIS:

Retour mi-figue mi-raisin pour Jamie Crisalli, qui ne retrouve pas avec ce The Serpent’s Bargain la recette du succès de sa première soumission pour Inferno!. La faute à une intrigue cousue de fil blanc (le marché léonin conclu par un héros ignorant avec des « alliés » pas si sympathiques que cela), exploitée par d’innombrables auteurs dans autant d’ouvrages avant que Crisalli ne revisite à nouveau ce classique des classiques. Si son choix de ne pas faire de la révélation de la fourberie des Blondes le twist final de sa nouvelle est compréhensible, l’absence d’éléments venant enrichir l’intrigue et le déroulé du récit l’est moins. À titre personnel, j’aurais bien aimé que l’auteur passe plus de temps à justifier le positionnement des Filles de Khaine, et pourquoi leur mission d’épuration des faibles leur tient tellement à cœur (ce que Crisalli fait en quelques lignes en fin de nouvelle), ce qui aurait apporté un contrepoint bienvenu à la vision « gentillesque » autant qu’horrifiée de Laila. Je n’ai pas non plus compris ce que Crisalli voulait accomplir avec les personnages de Stefen et Ano, dont la relative importance dans le récit ne débouche sur pas grand-chose. Coup de moins bien, donc. Espérons qu’il ne soit que temporaire.

.

A Tithe of Bone – M. Fletcher :

INTRIGUE:

A Tithe of BoneMarkash, champion de Tzeentch de son état et philosophe bavard à ses heures perdues (il commence la nouvelle en dictant ses pensées sur la destinée à son scribe Palfuss1) a été envoyé par ses patrons conquérir la ville de Knazziir, en Shyish, histoire d’apprendre à ce vieux chnoque de Nagash que le changement, c’est maintenant. Persuadé d’avoir hérité d’une destinée grandiose, il ne doute pas un instant de réussir là où son ancien mentor, le légendaire Ammerhan, a failli. Cet autre Élu de Tzeentch a en effet cessé de poster sur Instagram peu de temps après avoir commencé sa campagne necrophobe, ce qui laisse à penser que les indigènes ont eu sa peau, ou plutôt, ses os. Ayant réussi à enlever Knazziir en un après-midi de glorieux combat, Markash a passé les dernières semaines à la défendre contre les attaques, à vrai dire mollassonnes, des âmes damnées du grand Nécromancien, qui poppent au petit bonheur la chance de façon régulière. Cela lui laisse donc beaucoup de temps pour enrichir son corpus philosophique, même si son humeur reste, comme son épée démoniaque Ktchaynik2, massacrante (en témoignent les volutes de fumée noire exhalées par les joints de son armure). Alors qu’il était sur le point de revisiter ‘I Had a Dream‘ à la sauce samouraï architecte (du changement), il est interrompu dans son exposé par l’arrivée de son bras droit, le chevalier Stayn Lishik, qui lui annonce que des « morts bizarres » se sont présentés à la porte de Knazziir. Remisant ses souvenirs d’enfance dans sa psyché éclatée, Markash sort de son isolement pour voir de quoi il en retourne.

Effectivement, un petit groupe ossu patiente obligeamment devant les murs de la cité. Menés par un Mortisan Soulreaper très poli, les collecteurs de Nagash demandent que la dîme d’os leur soit remise. « Des os neufs » précise Morty, après que Markash lui ait fait remarquer que les alentours de la ville étaient tapissés de cadavres en plus en moins bon état. Le Nag’ ne fait pas dans la seconde main (ni pied, ni jambe, ni cage thoracique) pour son élite combattante, c’est bien connu. Peu impressionné par les envoyé mortifères, Markash décide d’aller se dérouiller les solerets et entraîne quelques uns de ses suivants avec lui – laissant la cité aux mains avides de Stayn Lishik en son absence – pour débiter de l’os à moelle. La bataille qui s’en suit se révèle cependant bien plus accrochée que ce à quoi s’attendait le champion de Tzeentch, qui voit ses guerriers se faire abattre, dépecer et recyclerpar les sac d’os, tandis que lui se trouve fort occupé à repousser les assauts d’un Necropolis Stalker en furie, dont l’un des aspects et des crânes se révèle être occupé par feu (rose de Tzeentch) Ammerhan. Après avoir mis son ancien professeur K.O./Chaos, Markash doit recommencer avec un duelliste Aelfe, un Stormcast Eternal, et une maîtresse bâtonnière bien vénère, qui prélèvent chacun un peu de son endurance et quelques éléments de son anatomie au passage. Finalement vainqueur de ce 1 vs 4 imprévu, et seul survivant de l’équipe anarchiste (je ne compte pas Palfuss, qui se contente de prendre des notes dans un coin), Markash exulte un court instant… avant de se faire prendre la tête d’un coup de faux par le Mortisan Soulreaper de garde. Pas très fair play, ça.

Par un étrange revirement de situation, peut-être dû à l’endroit où se déroule le récit, ce n’est pas la fin pour notre champion déchu, qui contemple d’un air (et d’un crâne) détaché son corps être collecté par les Ossiarchs, et sa tête incorporée au Stalker qu’il venait de vaincre, en remplacement de ce bon à rien d’Ammerhan. Sonné par l’expérience, il se « réveille » un peu plus tard dans son nouveau corps, totalement rallié à la cause du Nag’ grâce aux bons soins des Mortisans Soulmasons, qui ont remplacé toutes les mentions de Tzeentch dans son code interne par Nagash. Voilà un bel exemple d’économie circulaire appliquée. Les Soulmasons ne l’ont toutefois pas débarrassé de sa croyance en la destinée, et Markash se fixe donc le but de grimper dans la hiérarchie des Ossiarch Bonereapers jusqu’à devenir Katakros à la place du Katakros4. Il faut bien avoir des rêves dans la (non) vie. L’histoire se termine avec le retour de notre héros devant Knazziir, où il a le plaisir de défier en duel son ancien assistant de direction, qui n’a pas fait grand-chose pour venir à son secours lorsqu’il en avait eu besoin. Le combat entre un Markash calcifié et un Stayn Lishik sur-stuffé (il a récupéré l’épée de son patron) est rapidement expédié, et le vaincu mis à profit pour construire un petit Kavalos (triste destin pour un chevalier du Chaos). Comme quoi, il n’est jamais trop tard pour opérer une réorientation professionnelle dans le monde merveilleux d’Age of Sigmar.

1: Vu de loin, on aurait dit Hitler dictant ses pensées à Rudolf Hess, sauf que le livre se serait appelé ‘My Change’ au lieu de ‘Mein Kampf’.
2: D’où dérive ce cri de guerre bien connu: « Ktchaynik, Ktchaynik,Ktchaynik… Aïe Aïe Aïe ».
3: Les Ossiarch Reapers ont bien des défauts, mais ce sont les champions incontestés du tri sélectif des Royaumes Mortels.
4: Ce même sentiment le pousse à bolosser ses camarades de crâne, sur lesquels il a prouvé sa supériorité. Il existe donc dans les armées de Nagash un Necropolis Stalker qui n’utilise qu’un seul Aspect – l’aspect de Bogosserie – pour tataner ses adversaires. C’est ce qui s’appelle avoir une nuque roide. 

AVIS:

Soumission sympathique de la part de Michael Fletcher, A Tithe of Bone permet au lecteur d’en apprendre un peu plus sur la nouvelle faction des Ossiarch Bonereapers, et plus particulièrement, sur les mortels Necropolis Stalkers que notre héros finit par rejoindre, d’abord à sa tête défendante. Si le titre et la structure de la nouvelle permettent au lecteur d’anticiper le triste destin de Markash, que l’auteur arrive bien à « caractériser » dans les quelques pages qui précèdent sa dernière sortie en ville, le choix de Fletcher de poursuivre la narration après la décapitation de son héros, pour surprenante (dans le bon sens) qu’elle soit, lui permet d’explorer plus en profondeur les arcanes et le fonctionnement de troupes de choc de Nagash. On sort de cette nouvelle avec une meilleure idée du potentiel et de la dangerosité des Ossiarch Bonereapers, qui ne sont définitivement pas venus dans les Royaumes Mortels pour faire de la figuration. Do fear the reapers… ​​​​

.

Beneath the Rust – G. Lyon :

INTRIGUE:

Beneath the RustJusqu’où faut-il aller pour conquérir un prospect? Pour Borri Kraglan, Endrinrigger (euse?) de son état, et rattachée par ses supérieurs de Barak-Nar à l’accompagnement de l’expédition de la Fraternité Sigmarite en Chamon, la réponse est assez simple: les Stormcast Eternals qu’elle et ses comparses Kharadron over-chapeautent ayant découvert un réseau de tunnels s’étendant en dessous du lieu qu’ils ont choisi pour bâtir un avant-poste, il faudra accompagner les surhumains azyrites dans leurs aventures cataphiles (contre monnaie sonnante et trébuchante après établissement d’un avenant au contrat, bien sûr). Pour être complet dans notre introduction, précisons en outre que le bout de terrain sélectionné par la Fraternité était auparavant squatté par une horde de disciples de Khorne mal léchés, dispersés à grands coups de marteau dans les gencives pour leur apprendre à respecter le droit de propriété. Sans blague. 

En plus de Borri Kraglan, les spéléologues en herbe et armures de plates complètes comptent Mr et Mme Steelfist, respectivement Capitaine Arkanaute et Endrinrigger (et meilleure amie – et bien plus encore – de Borri), accompagnés d’une bande de farouches corsaires Kharadron, et un petit groupe de Stormcast voltigeants (super choix pour explorer des tunnels), menés par le très zen Venator Ferram Drakesbane. Si tout se passe assez normalement pendant les premiers temps de la descente, les choses se compliquent cependant assez rapidement, les visiteurs se trouvant confrontés à une nouvelle vague de Khorneux assez chafouins que l’on vienne à nouveau violer leur intimité (un vrai truc de Slaaneshi!). Après une escarmouche rapidement remportée par les forces de l’Ordre, la tension a bien du mal à retomber entre les Kharadron, qui sont même à deux doigts de commencer à se mettre sur le masque. Grâce à ses super pouvoirs de Reforgé et sa pratique intensive de la méditation, Ferram met toutefois rapidement le doigt sur le problème: une influence maléfique rend les Duardin très irritables (lui-même et les autres Stormcast étant immunisés à ces effets délétères). Rendue consciente du problème, mais ayant bien du mal à ne pas claquer le beignet de Harek Steelfist, auquel elle n’a jamais vraiment pardonnée de lui avoir « volé » sa BFF Mala, Borri fait de son mieux pour ne pas piquer sa crise, d’autant plus que sa chère et tendre n’est pas revenue avec les Prosecutors de Ferram de la poursuite engagée des fuyards chaotiques.

Les recherches de nos héros finissent par les amener dans un cul de sac, ce qui énerve (logiquement) suffisamment Harek pour qu’il balance un coup de poing dans le mur… ce qui permet d’ouvrir une porte cachée, apparemment équipée d’un rage-o-mètre intégré1. Derrière cette paroi, l’expédition retrouve enfin Mala, allongée sur autel maculé de sang et entouré d’une douzaine de Bloodreavers, qui ne résiste pas longtemps à la mauvaise humeur ni aux munitions perforantes des Kharadron. Alors que les choses semblent s’améliorer, une remarque malheureuse de Borri à Harek fait déborder le vase à éther-or de ce dernier, qui se met en tête d’apprendre à cette mégère non apprivoisée à se mêler de ses affaires, à coup de hache si nécessaire. Dans la confusion qui s’ensuit, Borri met un coup de scie éthermatique mal placé dans l’autel, qui se fend en deux dans un déferlement de visions sanguinaires. Lorsque notre héroïne revient à elle, le boss de fin de la nouvelle a fait son entrée comme le prince démon de Khorne qu’il est, et s’active à massacrer tout ce qui a le malheur de croiser le chemin de sa hache. 

Le petit laïus explicatif de rigueur rapidement expédié par le toujours aussi chi​​​​​​​ll Ferram, il faut maintenant à nos héros trouver un moyen de bannir leur Némésis. Ceci sera fait grâce au détournement des enveloppes porteuses (mon dieu que ce terme est moche) de Borri et Mala, transformées en bombes artisanales en deux tours de clé à molette par les ingénieux Duardin. Il faudra tout de même que Ferram se sacrifie noblement pour aller faire détonner le deuxième drone piégé au contact du démon pour arracher la victoire, qui se soldera en outre par la mort de Mala, qui poussera cet empoté de Harek hors de la trajectoire de la hache de Dédé mais encaissera à sa place l’ultime horion du Khorneux. C’est ça aussi d’avoir une Initiative de 2. Unis dans leur chagrin, mais également dans leur détestation mutuelle, Borri et Harek remontent à la surface, et la nouvelle se termine avec la décision de la première d’aller explorer les Royaumes pour se changer les idées. Après tout, pourquoi pas. 

1: C’est un peu comme lorsqu’on arrive  faire fonctionner un appareil ménager en tapant dessus. Cette bonne vieille énergie cinétique a accompli bien des miracles que la science peine à expliquer.  

AVIS:

Pas grand-chose à se mettre sous la dent avec ce Beneath the Rust, tant au niveau de l’intrigue, d’une simplicité consommée, que des éléments fluff apportés par Lyon. C’est d’autant plus dommage que l’auteur aurait pu rendre son propos plus intéressant sans apporter de grands changements à son récit, par exemple en gardant la cause de l’énervement suspect des Kharadron pour la conclusion de la nouvelle, au lieu de l’éventer après la première escarmouche: la tension narrative en aurait été préservée. Je note également que Lyon s’inscrit à contre-courant de la tendance actuelle des auteurs d’Age of Sigmar de faire de la Reforge des Stormcast Eternals un événement traumatique et redouté par ceux qui y sont soumis: ce brave Ferram Drakesbane n’hésite en effet pas une seconde à se changer en kamikaze pour remporter la victoire, en justifiant sa décision par son immortalité. Il revient d’ailleurs en fin de nouvelle partager le deuil de ses camarades, sans apparaître avoir changé d’un iota: vu comme ça, c’est vraiment cool d’être un Stormcast. Finalement, l’élément le plus mémorable de Beneath the Rust restera sans doute le triangle amoureux entre Borri, Mala et Harek, inédit à bien des aspects. Ce n’est pas vraiment ce à quoi de m’attendais en commençant la lecture d’une histoire de Nains steampunk se déroulant dans un univers med-fan, mais (à nouveau) pourquoi pas.

.

The Unlamented Archpustulent of Clan Morbidus – D. Guymer :

INTRIGUE:

The Unlamented Archpustulent of Clan MorbidusC’est un jour spécial qui se lève commence (le soleil brille-t-il ici ?) à Vile Ville pour Rattagan Borkris, l’honorable Malfaisant Supérieur de l’Eglise de la Ruine Rongeuse. À la suite du décès brutal, mais pas totalement imprévu de l’Archipustulent Heerak Gungespittle, la charge occupée par ce dernier est vacante, et notre héros compte bien la faire sienne. S’il parvient à ses fins, il occupera une position de choix au sein du clan Morbidus, et pourra rêver à siéger un jour au sein du Conseil des Treize, si le représentant actuel de sa faction devait lui aussi avoir un accident malheureux. Pour cela, il lui faut remporter l’élection du Lycée des Lecteurs, dont les vingt-et-un membres doivent se réunir sous peu pour désigner le nouveau chef spirituel du clan. Pouvant compter sur le soutien de huit des cardinaux, Borkris est pleinement confiant dans la suite des événements, n’ayant besoin que de convaincre deux autres votants de la qualité de sa candidature pour accéder à la fonction à laquelle il aspire.

Cependant, l’ambitieux Supérieur doit compter avec deux rivaux, tout aussi déterminés que lui à prendre en patte la destinée du clan. Hascrible, un simple moine de la Peste, compensant sa cécité et ses origines serviles par un zèle implacable et une dévotion exubérante envers le Grand Corrupteur, a l’oreille des masses laborieuses et du bas clergé Morbidus, et constitue donc une force avec laquelle il faut compter. Le Verminable Dengue Cruor, 500 ans bien tassés et de fait doyen de l’assemblée, est un autre prétendant valide à l’élévation, et le seul disposant d’une influence à même de rivaliser avec celle de Borkris. Coup de chance pour ce dernier cependant, Nicodemus a eu une panne de rat-veil ce matin, et avec l’absence simultanée d’un autre Lecteur, Drassik, il n’a besoin que d’un vote supplémentaire pour devenir rat-life à la place du rat-life.

À quelque distance du Temple Fendillé, où se tiennent les débats, nous retrouvons les deux absents, occupés à d’importants préparatifs. Cruor, en sa qualité de Sage Bilieux de la Voie Extirpée et maître des potions, s’active à une concoction un peu spéciale en vue de faciliter sa future élection. Drassik, de son côté, le seconde de son mieux, en lui fournissant une moustache, puis son dernier rât-le, deux ingrédients nécessaires à la réussite du gaspacho mitonné avec application, plutôt qu’avec amour, par l’ancien maître. N’ayant pas vu passer l’heure, il se hâte ensuite vers le concile, où les choses ont avancé plus vite qu’il ne l’avait prévu. Le premier tour de vote n’a en effet rien donné, Borkris ratant l’élection à une voix près, secondé de plus loin par Hascrible, qui demande de manière véhémente un recomptage des voix (ce n’est pas parce qu’il est aveugle qu’on peut la lui faire à l’envers), et, à la surprise générale, y compris la sienne, par un troisième larron, Salvik Rakititch, joueur du FC Rat-rcelone, plénipotentiaire du clan sur Aqshy. Les débats ayant été levés pour la journée, Borkris s’empresse d’aller à la rencontre de Rakititch afin de lui proposer une offre qu’il ne pourra pas refuser, et cimenter ainsi son prochain succès.

Alors que nos deux larrons étaient sur le point de conclure un accord, l’intrusion soudaine de Hascrible et de ses zélotes, animés de mauvaises intentions (ce qui est mal) et armés de fléau à malepierre (ce qui est pire), vient sonner la fin des pourparlers, et force les intrigants à chercher la protection de leurs escortes respectives. Il faudra l’intervention musclée autant que solidaire des septons du Temple Fendillé pour stopper l’alga-rat-de, au cours de laquelle Rakititch essaiera de zigouiller Borisk, sans succès (c’est résistant, un rat de Nurgle), qui lui rendra la pareille de façon plus efficace. Un de moins.

Le deuxième tour de vote débute donc sous des auspices très différents du premier, avec un Borisk un peu amoché et en situation de faiblesse, un Harscrible renforcé par son coup de force et l’attribution – certes imméritée, mais les voies du Rat Cornu sont tortueuses – de la mort de Rakititch, et un Cruor gardant sa botte secrète en réserve. Profitant de son droit d’adresse avant que le vote ne débute, le Verminable enjoint fortement ses collègues à le choisir, pour la bonne et simple raison qu’ils ont tous été contaminés à leur insu par le splintergut, une infection aussi mortelle qu’horriblement douloureuse, dont seul Cruor possède l’antidote. Consternation dans l’auguste assemblée, sauf de la part de Hascrible, tellement certain de la bénédiction dont il bénéficie de la part de sa divinité tutélaire qu’il n’hésite pas à envoyer grignoter le vieux croûton croûteux. Interprétant mal la défiance de son rival, et suspectant une entente secrète de ses adversaires, Borkris a alors la mauvaise idée de décapiter Cruor, certain que ce dernier se contente de bluffer. Sauf queue (de rat) non. La nouvelle se termine donc sur le renouvellement complet du haut clergé du clan Morbidus, l’ignoble Lycée des Lecteurs ayant pris un aller simple pour la bedaine du Rat Cornu suite à la gaffe de Borkris. Place aux jeunes !

AVIS:

Carton plein pour Guymer, depuis le titre savamment sophistiqué de sa nouvelle jusqu’à la conclusion, convenablement tragi-comique (ce terme a été inventé pour les Skavens) de cette dernière. Ayant pu lire beaucoup de bien à propos des ouvrages de notre homme pour la Black Library, sans avoir été personnellement emballé par rien de ce que j’avais pu lire de sa prose jusqu’à présent, que ce soit dans le Monde qui Fut (The Tilean Talisman) ou les Royaumes Mortels (God’s Gift), j’étais plus qu’un peu dubitatif sur la hype entourant le sieur Guymer. The Unlamented… est la soumission qui a mis tout le monde (c’est à dire votre serviteur et le reste de l’univers) d’accord sur le sujet, et plutôt à l’avantage de notre auteur, ce qui est le meilleur scénario possible (croyez-le ou pas, mais je préfère lire des textes qualitatifs, même si, je l’avoue, chroniquer des scories littéraires est généralement une entreprise assez rigolote).

Pour aller un peu plus loin dans l’exposition de mes louanges, je distinguerai trois sources principales de satisfaction : le fond, la forme, et le parti pris de narration. Par ce dernier terme, j’entends le choix fait par Guymer de plonger directement dans le lecteur dans le cœur du lore d’Age of Sigmar, sans prendre le temps de lui présenter/prémâcher le background de base des factions mises en scène (ici les nobles Skavens). Je n’ai aucun problème à reconnaître que les premières pages, et la première lecture en général, de The Unlamented… ont été un peu ardues pour moi, même si je me considère comme raisonnablement calé en matière antropomurine. Mon bagage de connaissances, hérité quasi-exclusivement de mes lectures WFB, s’est en effet avéré insuffisant pour couvrir l’organisation ecclésiastique du clan Morbidus1, autour de laquelle Guymer construit l’intrigue de la nouvelle. Entre les noms, les titres et les relations de pouvoirs des membres du Lycée des Lecteurs du Clan, il est assez facile de s’emmêler les moustaches au sujet de qui veut faire quoi et tuer qui. Personnellement, cette approche « rentre dedans » me plaît davantage que la tendance inverse, consistant à tout expliquer, souvent de façon très scolaire – et donc assez ennuyeuse – pour être sûr de ne pas perdre le lecteur, surtout si ce dernier a des chances d’être neuf dans le Zhobby. Inferno! étant un produit plutôt destiné aux vétérans de la BL, le choix de Guymer m’apparaît tout à fait valide, et assez valorisant pour le public, qui appréciera sans doute qu’on ne le prenne pas pour le dernier des noobs (même si nous sommes tous passés par là).

Deuxièmement, la forme est donc également une source de satisfaction. On se trouve en présence d’une vraie nouvelle, dont l’intrigue se développe et mature au fur et à mesure que les motivations et les projets des trois personnages principaux sont présentés. Les péripéties s’enchaînent de façon convaincante, alternant entre intrigues et confrontations, parfois violentes, de nos cardinaux scrofuleux. Enfin, la conclusion vient illustrer de façon adéquate pourquoi les Skavens, malgré tous les avantages à leur disposition par rapport aux autres factions d’Age of Sigmar, n’ont pas réussi à conquérir les Royaumes Mortels (et n’y arriveront sans doute jamais). Cette tendance à l’auto-destruction, de manière spectaculaire, douloureuse et distrayante (vue de l’extérieur) est en effet une marque de fabrique de cette noble race, et il aurait été déplacé de ne pas y faire référence.

Enfin, le fond est lui aussi à l’honneur dans The Unlamented…, Guymer parvenant à retranscrire de belle manière le fonctionnement et les luttes intestines du Clan Morbidus, tout en nourrissant généreusement son lectorat d’éléments fluff sur l’organisation de ce dernier, sa place dans la société skaven et son territoire au sein de Vile Ville. Même si la nouvelle ne contient pas de révélations majeures sur le background raton, elle est suffisamment bien écrite pour satisfaire l’amateur, qui en retirera des éléments intéressants, et une meilleure compréhension de l’organisation (ou de son manque) des suivants du Rat Cornu. Bref, un très bon cru que The Unlamented Archpustulent of Clan Morbidus, et un mètre étalon raton à garder en tête pour les prochaines soumissions de David Guymer.

Et pourtant, j’ai une copie des Uniformes et Héraldiques Skavens, dans lequel le Clan a été introduit

.

The Siege of Greenspire – A. Stephens :

INTRIGUE:

The Siege of GreenspireAmbiance tendue dans la tour de guet de Greenspire, dirigée par la Capitaine vétéran Brida Devholm. Éprouvée par des accrochages de plus en plus fréquents avec les mutants et les Tzaangors hantant le Hexwood, sa garnison est en sous-effectif, et les nouvelles recrues qui lui ont affectée en renfort ne se montrent guère à la hauteur des espérances de l’officier. En témoignent les maladresses de Kende, un paysan fraîchement reconverti dans les choses militaires, et qui commence la nouvelle en fracassant un tonneau de poudre noire sur le sol, avant d’être pris en train de roupiller à son poste quelques heures plus tard en compagnie d’une autre novice, Raella. Fort heureusement, Brida peut également compter sur la compétence et le dévouement de ses frères d’armes, à commencer par ceux de son second, le Lieutenant Duardin Drigg, et du Sergent Brock, tout juste revenu d’une mission d’approvisionnement l’ayant mené à Fort Gardus. Chargeant chacun de la supervision d’un des pioupious mal dégourdis, elle organise avec une anxiété croissance la préparation de Greenspire à une nouvelle attaque chaotique, qui ne saurait malheureusement tarder.

Les choses prennent un tour encore plus sombre lorsque Drigg découvre à la faveur d’un contrôle de routine que l’un des canons de la tour a été saboté. Un peu plus tard dans la même journée, ce sont les cas de gastro-entérite aiguë qui se multiplient, reléguant une bonne partie de la garnison aux toilettes de l’infirmerie. La nature suspicieuse de Brida ne met pas longtemps à la convaincre qu’un traître est à l’oeuvre à l’intérieur de la tour, mais le temps lui manque pour effectuer une enquête poussée: la vigie signale en effet l’arrivée d’une horde d’emplumés, qu’il s’agit de repousser bellement avant que justice ne puisse être rendue. Malheureusement pour la milice de la Justice de la Dame, l’agent double n’a pas chômé, et ils découvrent bientôt que la totalité de leur stock de poudre est impropre à l’utilisation, tandis que le feu d’alerte au sommet de Greenspire refuse obstinément de passer au rouge (c’est bien la première fois que quelqu’un s’en plaint), et ainsi de signaler aux tours voisines la situation périlleuse dans laquelle Brida et ses hommes se trouvent. Les soupçons de cette dernière se portant sur ce bon à rien de Kende, ainsi que sur la préposée aux canons Orla, dont les agissements au cours des dernières heures lui apparaissent comme hautement suspects, la Capitaine ordonne à Brock de les placer en détention le temps que l’attaque soit repoussée, si elle peut encore l’être…

Début spoilerPrivés de la puissance de feu de leurs canons et arquebuses, les défenseurs ont toutefois les pires difficultés à calmer les ardeurs homicidaires de la ménagerie de Tzeentch, qui commence à escalader les murs avec abandon. Cette situation précaire est irrémédiablement compromise lorsque Brock, qui se révèle être le traître (son petit aller retour en solo sur les routes de campagne de Ghyran ne lui ayant pas porté chance), ouvre les portes de la tour aux assaillants, avant de se faire empaler par un magnifique jet de lance de sa boss. Bien que le mal soit fait, ce javelot cathartique permet au moins au feu alchimique de la tour de passer au rouge, le sort de greenwashing lancé par Brock sur la flamme s’interrompant avec sa mort. Comprenant sa méprise, Brida rallie les survivants pour un confinement héroïque au premier étage de Greenspire, et profite d’une bévue stratégique de la part des Hommes Bêtes pour leur clouer le bec d’une façon définitive, en concoctant une bombe artisanale coupée à la farine avec ses stocks de poudre impropres à la consommation. L’explosion fait un carnage chez les Tzaangors et leurs animaux de compagnie, qui battent en retraite de façon chaotique (c’est fluff), permettant à Brida et ses troupes de reprendre possession de leurs pénates.

Lorsque la cavalerie l’infanterie finit par arriver, la bataille est déjà remportée, laissant un goût amer à Brida du fait de la trahison d’un frère d’armes de vingt ans, dont la dernière infamie a été d’exécuter Kende et Orla au lieu de les emprisonner au moment de l’attaque. Moralité: ne jamais se séparer en groupes de un (depuis le temps qu’on vous le dit!), c’est vraiment contre-productif. Les états d’âme de la Capitaine sont toutefois rapidement remisés au second plan, car, une à une, toutes les tours voisines de Greenspire déclenchent leurs feux de warning, signe d’une attaque massive et coordonnée sur la Ligne Émeraude. Le Gondor appelle à l’aide! Ou quelque chose comme ça…Fin spoiler

AVIS:

Début satisfaisant de la part d’Anna Stephens, qui choisit pour l’occasion de disserter autour de thèmes classiques de ce genre de littérature: le dernier carré épique d’un petit groupe de héros et la présence d’un traître parmi ce même groupe de gens de bonnes mœurs. Mission remplie sur les deux tableaux, même si la brièveté de la nouvelle se ressent sur l’une et l’autre des dimensions narratives choisies: la bombe F (comme farine) concocté par Brida et Cie s’avère d’une efficacité redoutable, tout comme la culpabilité de Brock crèvera les yeux du lecteur familier des romans policiers. En 17 pages, difficile de faire mieux (c’est à dire plus complexe), et quand on compare The Siege of Greenspire à From the Deep, autre récit inaugural d’une auteur bien établie mettant en scène la défense par l’Ordre de ses terres (ou mers) devant l’attaque d’armées chaotiques, on se dit que l’on a définitivement gagné au change. On notera également la fin à suspens dont Stephens gratifie son récit, qui débouchera peut-être sur d’autres textes détaillant ce qui semble être un assaut de grande ampleur des Bêtes du Chaos sur Hammerhal-Ghyra. C’est osé pour une première soumission, mais après tout, les éditeurs de la BL ont laissé faire, donc pourquoi pas…

.

Ghosts of Khapthar – M. A. Drake :

INTRIGUE:

Ghosts of KhaptharLa Mer de Khapthar, en Shyish, est tarie. Si on peut remercier les plombiers Skavens pour ce haut fait d’ingénierie appliquée (qui a tout de même provoqué de légers dégâts des eaux et des os dans Vile Ville), ce drainage sauvage n’a pas fait que des heureux, en particulier les habitants de l’enclave Idoneth de Khapthar, que cet assèchement subit autant que subi a placé sous le regard furibard de Nagash (qui n’apprécie guère qu’on lui pique des âmes quand il a le dos tourné). S’étant absentée avec sa partie de chasse pour faire du spiritisme sur les côtes avoisinantes au moment des faits, la Soulrender Akhlys ne peut que constater l’étendue (boueuse et salée) du désastre, et se détourner de sa patrie, désormais perdue, pour entreprendre le périlleux voyage jusqu’à l’enclave la plus proche, Mor’phann. En plus de devoir passer par des territoires tenus par les suivants du Grand Nécromancien, les Idoneth doivent également composer avec la rarification  des courants éthériques qu’ils mettent à profit pour se déplacer,  condamnant leurs poissons de guerre à une asphyxie rapide, et – plus grave – notre héroïne à se débarrasser de son casque cérémoniel, bien trop lourd et encombrant pour être porté à l’air libre. Bref, c’est la lose.

Escortée d’un Tidecaster traditionaliste (Tethyssian), d’un trio d’Akhelians démontés et d’un groupe de Namarti rendus encore plus obtus qu’à l’accoutumée par cette crise inédite de liquidité, Akhlys choisit de privilégier une approche furtive lors de la traversée de l’Isthme Blanchi, qui relie la nouvelle Mer Morte de Shyish – c’est dans l’esprit me direz-vous – au Quagmire qui abrite Mor’phann. Cependant, les survivants auraient grand besoin de récupérer des âmes en route, d’abord pour remettre sur pieds les blessés qu’ils transportent avec eux, mais également redonner du pep’s et des yeux runes brillantes à leur contingent de Namarti, et, pourquoi pas, avoir de quoi monnayer leur passage jusqu’à Mor’drechi auprès des autochtones1. Cela tombe bien, un village fortifié se trouve sur leur route, et nos Idoneth mettent à contribution les malheureuses sentinelles qui croisent leur route pour se requinquer, l’altruiste Akhlys décidant de claquer ses âmes mal acquises au bénéfice de la classe laborieuse des Idoneth, plutôt que les garder de côté pour plus tard.

La progression de la cinquième colonne finit toutefois par être repérée par les natifs, qui se mettent à donner la chasse aux militants de Sea Shepherd, juchés sur leurs échasses et tromblons à la main (un beau mélange). Ils peuvent également compter sur le support de la milice locale, constituée des cadavres animés de leurs anciens, et sur l’appui aérien prodigué par Batgirl, une vampire ailée à faux cils et faucille, ne se déplaçant jamais sans ses nuées de chauve-souris de compagnie. La nouvelle change alors de rythme, et se mue en retraite stratégique/course éperdue vers l’océan, qui n’est bien entendue pas sans prélever un lourd tribut parmi les Deepkin. Lorsque ces derniers parviennent, après avoir remporté de haute lutte cette course à la mer, à se mettre enfin à l’eau, ils ne sont plus qu’une poignée, dont l’increvable mais bien crevée Akhlys, dont la trépanation sauvage de la suceuse de sang a plongé le reste des poursuivants dans la confusion. Il sera temps plus tard de se soucier de l’accueil réservé par les Mor’phann à leurs cousins mergains, pour l’heure, notre héroïne profite d’une thalassothérapie bien méritée, même si les vagues de la Quagmire ont une qualité huileuse assez particulière. Comme quoi, l’herbe peut être plus verte chez le voisin, mais l’eau n’est pas forcément plus propre.

1C’est bien connu, les Mor’phann sont des morfales (d’âmes).

AVIS:

Cette nouvelle soumission consacrée par Drake aux Idoneth Deepkin s’inscrit dans la droite lignée de The Harrowing Deep, publié quelques jours avant la sortie de Oaths & Conquests. On y retrouve le parti pris de l’auteur de plonger sans ménagement son lecteur dans les arcanes du fluff de la faction des Aelfs nautiques, en abreuvant largement ce dernier de références (en particulier géographique) dont il devra se dépatouiller comme un(e) grand(e). Subtilité/complexité supplémentaire, Miles Drake intègre à son intrigue des éléments de background tirés de Malign Portents, où il est pour la première fois (à ma connaissance) fait mention de l’enclave de Khapthar, et des conséquences de ce relativement nouvel arc narratif, comme le drainage de la Mer de Khapthar. Au final, si vous n’êtes pas un minimum familier avec la civilisation des Idoneth (en particulier leur dépendance aux courants éthériques) et avec le néo-fluff des Royaumes Mortels, il se peut que vous ayez un peu de mal à vous repérer dans cette histoire, qui est sinon assez simple dans sa construction (une petite bande de survivants doit aller d’un point A à un point B sans se faire repérer). J’ai d’ailleurs trouvé The Harrowing Deep plus intéressant à lire, car Drake y livrait une double intrigue (la chasse au gros d’un côté et la rivalité entre les héros de l’autre), alors que Ghosts of Khapthar se rapproche de la nouvelle d’action made in BL, dont le but premier est de romancer une bataille pour permettre à une partie du bestiaire de la faction mise en avant de s’illustrer au combat. Dommage que l’auteur ait terminé son propos avant qu’Akhlys et ses derniers suivants n’aient fait leur jonction avec leurs cousins Mor’phann: assister à la rencontre des ressortissants de deux enclaves Idoneth aurait été intéressant, car les relations ne semblent pas au beau fixe (ou au Grand Bleu) entre les habitants de Bikini Bottom.

Au titre des satisfactions, relevons la touche d’exotisme que Drake insuffle à son récit avec sa description des pêcheurs de Shyish, qui avec leurs échasses, leurs arquebuses et leurs accessoires de bois flotté et plumes de mouettes, s’avèrent être hauts en couleurs. En comparaison, la vampire qui sert d’antagoniste principale apparaît comme assez quelconque, et pas vraiment mémorable. Une nouvelle plus compliquée que complexe au final, et s’adressant davantage aux fluffistes acharnés d’Age of Sigmar qu’aux lecteurs casu’ de la BL, même si la marche n’est pas inatteignable pour les seconds.   

.

Bossgrot – E. Gregory :

INTRIGUE:

BossgrotGribblak, boss du Gobbolog Skrap, rencontre un problème de leadership des plus sévères, qui pourrait bien remettre sa place dans la hiérarchie, ainsi que son intégrité physique, en question. Après une nouvelle bataille catastrophique contre un ramassis de cultistes de Khorne ayant eu la mauvaise idée de faire du camping sauvage dans le parc privé du Loonking, s’étant soldée par une débâcle inqualifiable et la perte de nombreux bons Gits (et d’un Gargant nommé Hurg), Gribblak réunit son Gobex et lui soumet son projet de conquête du jusqu’ici inexpugnable Mont Pizmahr, sur lequel toutes les armées envoyées par Skargrott se sont jusqu’ici cassé le nez (qu’elles ont pointu). Rien de tel qu’une randonnée sous les boulets de canon pour booster le moral des troupes, pas vrai? À sa grande surprise, ses fidèles conseillers, par la voix du chamane Oghlott, expriment un avis contraire de façon très marquée, et enfoncent le clou en révélant au bienheureux Gribblak1 que sa côte de popularité auprès de l’homme de la rue, ou dans notre cas, du Gob’ du tunnel, est abyssalement basse, et qu’il ferait mieux de se faire oublier quelques temps s’il ne tient pas à finir en croquettes de squig. 

« Basses menteries et piteuses billevesées! » s’exclame Gribblak2, qui décide d’aller prendre le pouls de l’amour que ses troupes lui portent en se rendant incognito (une capuche noire suffit, c’est l’avantage avec les Gobelins de la Nuit) dans les baraquements du Skrap. Et là, surprise et désappointement, il se révèle bien que tous ceux auxquels il parle nourrissent de bien sombres desseins à son égard, et ne rêvent que de le voir périr de la façon la plus divertissante possible. Comprenant qu’il n’est plus le bienvenu parmi les siens, et proprement renversé par le putsch tramé par ce traître d’Oghlott pendant qu’il faisait du micro-trottoir, Gribblak décide de montrer au monde de quel bois il est fait et de prouver à tous que le peuple le plus brave de la Gaule, c’est lui! Ou quelque chose comme ça. En tout état de cause, il profite du tumulte pour aller chercher son véhicule de fonction (un beau duo de Manglers) au sous-sous-sol, et partir en catimini et en laissant ouvert l’enclos à squigs, car sinon c’est pas drôle.

Les problèmes se succédant les uns aux autres, il se rend rapidement compte qu’il n’a jamais passé le permis S, et s’il parvient à diriger sa deux chevaux squigs dans la bonne direction, il bute en revanche sur l’usage du levier de vitesse. Repéré par les gardiens du Mont Pizmahr, l’audacieux Git se fait canarder de toute part, crève un pneu, puis l’autre, pour finir catapulté sur le toit d’une des bâtisses du camp retranché maintenu par les cités de Sigmar sur cette montagne. N’ayant heureusement pas été repéré par les zoms qui ont bassement plombé ses montures, notre héros réalise qu’il s’est attaqué à un trop gros morceau, et qu’il sera déjà chanceux de faire ce que la Mauvaise Lune sait faire de mieux: s’éclipser. Trahi par la ferraille mal entretenue qu’il trimbale sur lui, Gribblak attire l’attention de la garnison, mais parvient à subtiliser une arquebuse à l’un de ses poursuivants avant de s’élancer dans un zig-zag éperdu qui finit par l’amener devant un Celestial Huricanum expérimental, en pleine opération de divination…

Début spoiler…Se souvenant sans doute qu’il appartenait à la Grande Alliance de la Destruction, et peu favorablement impressionné par la luminosité de l’engin, qui lui rappelle celle de son pire ennemi (le soleil), Gribblak commet l’inévitable et l’irréparable en déchargeant sa pétoire volée sur l’instrument arcanique, prestement imité en cela par une bande d’arquebusiers peu finauds cherchant à le mettre hors d’état de nuire. Bien évidemment, ces échanges de tir ont des conséquences catastrophiques, et le fort de Pizmahr finit par être réduit en poussière suite à l’explosion de la machine infernale, mais pas avant que Gribblak ait trouvé le moyen de se carapater. 

Ayant retrouvé par hasard le chemin de son Skrap, devenu SGF pour cause de dégâts des squigs majeurs, notre héros est tout prêt à se laisser abattre et manger (et pas nécessairement dans cet ordre) par ses congénères, lorsque ces derniers, rendus conciliants par l’ingestion de vastes quantités de space cake, sont témoins de la fin enflammée de Pizmahr, et comprennent que leur boss a tenu parole et conquis à lui tout seul cette place forte imprenable. Devant un tel exploit, il serait mesquin de leur part de lui tenir rigueur de ses erreurs passées, et voici Gribblak renommé séance tenante Boss du Gobbolog Skrap, sous les yeux dépités mais résignés d’Oghlott. A Star Moon is born.Fin spoiler

1: En même temps, ce serait déplacé que de lui reprocher d’avoir la tête dans la lune: il a tout fait pour et en est très fier, merci pour lui.
2Enfin, il aurait certainement dit ça s’il avait le vocabulaire nécessaire. En l’occurrence, il s’est contenté d’un « céfô ».

AVIS:

Eric Gregory signe une petite nouvelle très rigolote1, et presque émouvante par endroit (ce pauvre gobbo que personne n’aime alors qu’il se croyait populaire… c’est d’un triste!), qui ferait presque figure de fable dans le monde cruel et sanglant d’Age of Sigmar. Oubliez La Petite Poule Rousse (The Little Red Hen en VO, d’où vient l’expression « the little hen that could« ), place au Vaillant Petit Gobelin, qui a réussi – sur une succession de gros coups de bol, il faut le reconnaître – à regagner l’estime de sa tribu et enlever une forteresse qui résistait aux armées de Loonking. Bon, il a probablement causé la mort de quelques dizaines de braves soldats et mages humains, qui étaient sans doute de bons bougres, mais on n’est pas à quelques victimes collatérales près. Il est rassurant de voir que la Black Library n’a pas complément fermé les vannes du second degré en matière de GW-Fiction, et autorise de temps à autre un de ses auteurs à soumettre ce genre de nouvelles. Après le positivement répugnant Gloomspite d’Andy Clark, dépeignant la faction sous son (absence de) jour le plus détestable et sadique, une alternance plus légère complète bien le « spectre » gobelinoïde dans la littérature BL. Il en faut pour tous les goûts.

1: Ma punchline préférée étant « ‘You boys remember,’ Vork interrupted, ‘when we lost a lair to those trees? Trees in a cave. I never.’ »

.

Ashes of Grimnir – M. Hollows :

INTRIGUE:

Ashes of GrimnirLa Loge d’Ealrung traverse une bien mauvaise passe. Située dans un petit volcan de Shyish, elle est assiégée ad vitam aeternam par les hordes désincarnées de Nagash, décidément guère partageur. Sentant la fin arriver sous peu, le Runemaster local, Orrag-Un, en est réduit aux mesures désespérées et se déverse un kilo de coke1 sur le pif, pendant que ses coreligionnaires chantent « pin-pon » (le chant secret des Fireslayers, qui leur permet de résister à la chaleur du magma) autour de lui. Inspiré par l’expérience, il subit plusieurs visions, à commencer par un petit teaser de la chute prochaine de la forteresse, mais parvient tout de même au bout de plusieurs tentatives à visionner le tuto « comment éviter l’annihilation (quand on est petit et roux) » sur la chaîne YouTube personnelle de Grimnir. La réponse divine, qu’il s’empresse de rapporter au Père des Rune Ealgrum-Grimnir et à sa cour (après avoir terminé son bad trip), est d’une simplicité enfantine : il faut que les Fireslayers aillent récupérer l’ur-or qui les attend dans la montagne de chez Smith d’en face. Problème, Ealgrum est moyen-chaud (un comble pour un Fireslayer) pour envoyer des guerriers dans une quête annexe, alors que la survie de la PME familiale est sévèrement menacée. Qu’à cela ne tienne, son unique fille, Varga (Agnès de son premier prénom), est prête à rendre son vieux pôpa fier en allant chercher le bling avec quelques volontaires pendant que ses douze frères se contentent de faire des nœuds dans leur barbe d’un air gêné. Girl powaaa.

Accompagnée par Groggni, Oncle des Runes par la force des choses, le fyrd de ce dernier, un apprenti Runesmither raté (Ongrad) et un Berzerker à l’épiderme plus brillant que sa conversation (Ardvig), Varga part en direction de la montagne que lui a indiqué Orrag-Un, qui se trouve être la même vers laquelle son 13ème frère Grumgran s’est dirigé il y a des années, lorsqu’il a tenté (sans succès notable) d’ouvrir une franchise indépendante. Bien évidemment, les morts sans repos ne comptent pas laisser passer les Duardin sans leur jouer de vilains tours, comme leur souffler froidement dans le cou au passage, ce qui est très désagréable. La première embuscade, coordonnée par une Gardienne des Âmes mal-aimable, permet à notre petite troupe de gagner des points de style en fourrageant des spectres de bas niveau (comprendre qu’aucun personnage nommé plus de deux lignes avant ne meurt). Varga fait sa part du travail et mène par l’exemple en (tentant de) piquer à re-mort les assaillants avec vigueur, mais des résultats aléatoires. Saleté de règle spéciale « Éthéré ». Heureusement, Advig le fan de runing2 est là pour dissoudre les ectoplasmes entreprenants, et la petite troupe peut bientôt repartir.

Arrivés à destination, les quêteux se rendent rapidement compte que cette dernière a été aménagée par la main de l’homme/du nain. Jonchées de cadavres plus ou moins décomposés, les galeries souterraines s’avèrent être désertes, mais alors qu’ils se rapprochent du cœur de la montagne, les morts se mettent soudainement à se réveiller…

Début spoiler…Je suis sûr que vous ne vous y attendiez pas. Tout comme vous ne vous doutiez pas qu’à leur tête se trouve Grumgran, un peu moisi mais toujours vaillant. Que de surprises. Bref, c’est de nouveau la baston, et c’est cette fois plus dur pour les Fyreslayers, qui perdent même leur meilleur combattant lorsqu’Ardvig se fait faire une cravate colombienne par ce farceur de Grumgran en combat singulier. Croyez-le ou non, l’expérience se révèle être fatale pour le Berzerker3. Pas de quoi décourager Varga, cependant, qui loote le cadavre en récupérant non seulement la hache runique de son comparse, mais également sa rune de gonflette (qu’Ongrad lui cloue sur le biceps en pleine bataille) pour pouvoir manier l’engin avec plus de facilité. Il n’en faut pas plus pour que notre héroïne calme les ardeurs sororicides de son bro’ en quelques moulinets. Trop facile.

Cette bataille remportée, les survivants sont libres d’aller piller la salle du trésor, qui contient une quantité faramineuse d’ur-or. Ayant rempli leurs coffres, ils prennent le chemin du retour le cœur léger… et arrivent trop tard pour sauver leur forteresse. Gag. Ils sont cependant aux premières loges (mouahaha) pour assister à la chute de cette dernière, et entendre le dernier cri d’Ealgrum-Grimnir (« Nagash, viens ici que j’te bute sale enc- ») avant que la poussière retombe sur les ruines de leur foyer. Jurant de revenir relever l’Ealfort et venger sa famille, Vagra est contrainte d’aller se chercher un autre QG ailleurs dans les Royaumes. C’est pas la mort après tout.Fin spoiler

1 : Hollows a beau dire qu’il s’agit des cendres des ancêtres de la Loge, je ne pense pas qu’une substance aussi banale aurait des effets aussi puissants.
2 :  À ne pas confondre avec le running. Le runing c’est comme le tuning, mais avec des runes.
3 : Je le souligne car l’auteur prend le soin de préciser qu’Ardvig était déjà mort lorsque Varga parvient à le rejoindre après qu’il ait été presque décapité par son frangin. Logique. Il aurait dû investir dans une Rune de Préservation.

AVIS:

Michael J. Hollows signe avec Ashes of Grimnir une honnête nouvelle filler, et fait donc ses débuts au sein de la Black Library sans se faire remarquer, ni en bien ni en mal1. En choisissant de mettre en scène une faction (les Fyreslayers) dans une de leurs occupations iconiques (le scrap-booking la recherche d’ur-or perdu), l’auteur fait œuvre de vulgarisation fluffique, ce qui est l’une des lignes éditoriales de Nottingham, ne l’oublions pas. Petit twist dans un tableau sinon très (trop) classique, l’utilisation par Hollows d’un personnage principal féminin, Varga, en lieu et place du héros velu2 que nous étions en droit d’attendre ici, pourra être perçu soit comme une addition bienvenue, soit comme un quota « diversité » requis par l’époque, selon le point de vue depuis lequel on se place.

La randonnée mortelle de la Sharon Stone de Shyish (vu son amour pour le meurtre au pic – peut-être à glace – ) et de ses ouailles, s’il elle se révèle aussi mémorable qu’un sommaire de Battle Tome, permet au moins à l’auteur de glisser quelques références culturelles et arcaniques bienvenues, comme ce « clouage de runes » improvisé pendant le combat final, que je ne m’imaginais pas vraiment comme ça, mais maintenant c’est canon. Reste à évoquer la conclusion du récit, et les conséquences aussi tragiques que surprenantes (en termes de déroulé de l’intrigue) du retour tardif de Varga jusqu’à son camp de base. Illustration que la prophétie n’est pas une science exacte, ou perche (magmatique) auto tendue par Michael J. Hollows pour convaincre la BL de le refaire bosser sur la suite de la saga de sa Fifi Brin d’Acier personnelle ? À vous de voir. À noter les points communs entre Ashes of Grimnir et La Route de Volturung (le Berzerker abruti, le Maître des Runes paria), même si la longue nouvelle de Haley est bien supérieure à celle de Hollows.

1Je m’attendais à bien pire après avoir lu sur le blog Track of Words (qui chronique de façon semi-officielle les sorties de la BL) que son auteur se refusait à faire une revue de ‘Ashes of Grimnir’, car il n’avait pas été emballé par la nouvelle et ne souhaitait pas écrire de critique négative (ce qu’il ne fait effectivement jamais, même lorsque votre humble serviteur considérerait qu’un peu de vitriol ne ferait pas de mal). À ma connaissance, le malheureux Hollows a été le seul contributeure de la BL à recevoir un tel traitement, j’étais donc aussi curieux qu’inquiet de lire de quoi il en retournait.
2Je ne me prononcerai pas sur la présence de barbe ici, le débat faisant encore rage parmi les experts.

.

Blessed Oblivion – D. Lucas :

Blessed OblivionINTRIGUE:

S’il y a bien une constante dans le monde professionnel, ce sont les effets débilitants et démoralisants que la routine peut avoir sur les travailleurs. Dans le cas, certes assez extrême, de notre héros, le Liberator Klytos de l’ost des Celestial Vindicators, cette routine est littéralement mortelle. Comprendre que le (quasi) quotidien de notre armoire à glace turquoise est de se faire déboîter, éventrer, décapiter, piétiner, empaler, et j’en passe, ce qui le contraint à de fréquents passages sur l’Enclume de l’Apothéose, où il perd à chaque fois des souvenirs de sa vie passée. Et ça, Klytos le vit très mal1. Alors, avant chaque bataille, il passe en revue les éléments – de moins en moins concrets – qu’il lui reste de son existence de mortel : le visage de sa femme et de son bébé, les mains de son père (ou d’un vieux type, il ne sait plus trop). Déployé avec sa cohorte sur une mission humanitaire en Shyish, Klytos n’a pas à attendre longtemps avant d’être à nouveau renvoyé à la case l’enclume départ, après s’être fait ouvrir en deux comme une huître par un Exalted Deathbringer amateur de poésie (et de hache à deux mains).

Etant arrivé devant les Six Forgerons juste au retour de leur pause pipe (je les vois mal fumer autre chose), notre héros bénéficie d’une remise en état expresse, et est renvoyé sur le terrain très rapidement, où il retrouve ses camarades éprouvés mais victorieux. Ayant à nouveau perdu un peu de sa mémoire, il sombre dans une rêverie morose tandis les autres Liberators de son unité se livrent chacun à leurs propres rituels post-traumatiques (grosse ambiance chez les Stormcast Eternals). C’est dans cet état contemplatif que son supérieur, le Liberator-Prime Gracchus le trouve. Après avoir proféré quelques politesses mensongères mais motivantes2, Primo décide que le mieux pour Klytos est d’aller voir là-bas s’il y est, ou « mission de supervision de la sécurisation du périmètre allié », comme on dit à Azyrheim. Envoyé se dérouiller les solerets dans les collines avoisinantes, Kly’ tombe par hasard sur une scène de combat opposant un couple de hipsters à un groupe de beaufs. Classique. Sauf qu’à la place des hipsters, il s’agit en fait d’un bretteur et d’une sorcière Aelfe, le premier n’hésitant pas un instant à donner sa vie pour que la seconde puisse jeter un sort mortel aux importuns, en couchant la plupart. Les survivants, un duo de Skullreapers chaperonné par un Slaughterpriest faucheur, n’ont cependant pas de mal à capturer la donzelle pendant la recharge de son blast, et l’histoire se serait sans doute mal finie pour elle sans l’intervention héroïque de Klytos, qui parvient à occire les deux goons. Malmené par le maxi mini-boss, le Liberator se voit déjà repartir à la reforge, mais est à son tour sauvé par l’intervention de la sorcière, qui fait dévorer le prêtre par des lombrics de lumière. Awesome.

L’ennemi vaincu, les deux vainqueurs socialisent un peu. L’enchanteresse révèle s’appeler Lichis Evermourn, et être en mission secrète pour récupérer une pierre de royaume cachée dans une maison de campagne abandonnée par son couvent dans l’arrière-pays de Shyish. D’abord peu intéressé par la quête de celle qu’il considère avec méfiance après l’avoir vu égorger son malheureux compagnon (malgré le volontariat de ce dernier), Klytos se fait finalement convaincre par Litchi de lui servir de garde du corps, en échange d’une mémoire restaurée grâce à la magie de la pierre en question. Adieu, veau, Vindicators, cochon, couvée, notre héros déserte et s’embarque pour un trek en pays ennemi avec sa nouvelle patronne. Au bout de quelques jours de marche, les deux lascars arrivent en vue d’une bâtisse qui semble abandonnée… mais ne l’est pas tout à fait. Deux honnêtes cambrioleurs sont en effet à pied d’œuvre lorsque Klytos et Lichis arrivent, ce qui ne plait pas du tout à cette dernière, qui les bouledefeu-ise sur le champ afin de s’assurer qu’ils n’ont pas récupérer la précieuse pierre sur un malentendu. Evidemment, cela ne plaît pas vraiment à Klytos, qui, de rage… se débarrasse de son casque. Chacun ses méthodes de gestion de la colère.

Rassurée que le grisbi est toujours à sa place, Lichis entraîne son preux mais plus très motivé chevalier servant en sous-sol, où se trouve une crypte. Klytos réalise, un peu tard, que la sorcière n’est qu’une voleuse de tombes de bas étage, ce qui le rend chafouin, mais ses états d’âme sont remis à plus tard lorsque le gardien des lieux se matérialise après que Lichis ait commencé à incanter pour briser le sceau protégeant la pierre. Confronté au cousin germain de Kedrek, Klytos a bien du mal à se faire respecter du Knight of Shrouds en furie et en voix qui se met à le tataner sévère. Entre deux formules ésotériques, Lichis parvient toutefois à balancer un hack à son palouf de compagnie : « Utilise la Force Foi, andouille ! ». Et le pire dans tout ça, c’est que ça marche. Puisant dans des ressources insoupçonnées, Klytos parvient à aligner suffisamment de 6 sur ses jets de dés pour envoyer Shroudie au tapis. Bien joué gamin. Le gardien vaincu et la pierre du royaume récupérée, tout s’annonce pour le mieux pour notre héros, qui insiste pour que mémoire lui soit rendue, malgré la réticence de Lichis…

Début spoiler…Et pour cause, Klytos ne tarde pas à réaliser qu’il a, en fait, vécu une bonne vie de m*rde. Sa femme s’est fait tuer par un pillard, qui a enlevé sa fille alors qu’elle était bébé. Son père a fait une overdose de chloroquine avariée, et a fini comme un légume sans qu’il ne trouve la force de mettre fin à ses souffrances. Sa mère est morte quand il était jeune, frappé à la tête par le sabot d’une mule grincheuse. Les gens du village d’à côté se sont entre-dévorés lorsque la famine s’est déclarée un hiver. Il a eu plusieurs fois la gastro et s’est souvent cogné le petit orteil sur le coin de son armoire. Ça fait beaucoup. L’épilogue de notre histoire voit Klytos, que cette épiphanie malvenue a plongé dans la folie, ressortir de la crypte et tomber sur une nouvelle bande de brocanteurs opportunistes (ça commence à faire beaucoup), auxquels il demande gentiment de le tuer, sous peine de mort. Confus par cette requête aussi extrême que contradictoire, les pillards décident de battre en retraite, mais pas avant que Klytos le dingue en ait découpé deux pour leur peine. Si seule la mort met fin au devoir, il n’y a plus qu’à espérer qu’elle mette aussi fin à la mémoire, mais rien n’est moins sûr…Fin spoiler

1 : On pourrait arguer qu’il n’avait qu’à être meilleur à son taf’ au lieu de claquer aussi souvent, comme un noob. Ce serait vrai, mais peu charitable.
2 : Gracchus complimente Klytos en lui disant qu’il s’est bien battu ce jour. À moins qu’il ait aussi des problèmes de mémoire, il ne lui aura pas échappé que son protégé s’est fait sortir dans les deux premières minutes de la bataille…

AVIS:

Surfant sur la vague du Stormcast Blues, cette nouvelle introductive de Dale Lucas dépeint avec justesse l’autre côté du masque de bataille des colosses en sigmarite, qui malgré leurs abords stoïques, restent sujets à des doutes et peurs bien humains. Le personnage de Klytos, tenaillé par son devoir envers Sigmar, qu’il vénère par-dessus tout, et son désir – assez légitime – de ne pas perdre tout souvenir de sa vie précédente, offre un mélange complexe de sentiments tourmentés au lecteur, en plus de poser quelques questions intéressantes en matière de fluff (et si l’amnésie progressive des Stormcast Eternals était finalement une bonne chose pour eux ?). À ce rythme là, nous n’aurons guère à attendre avant que la BL ne nous propose des histoires de Stormcast renégats, ou en tout cas émancipés de leur curatelle divine, ce que je suis tout prêt à lire !

Plus sombre et psychologique que la nouvelle Stormcast Eternals classique, Blessed Oblivion a également la bonne idée de mettre en avant une sous-faction assez peu représentée jusqu’ici, les Darkling Covens, et leur rapport pour le moins particulier au concept d’Ordre. Les frictions entre Klytos et Lichis se font ainsi l’écho de l’hétérogénéité des philosophies des différentes cultures que Sigmar et son panthéon ont rallié sous leur bannière, thématique riche de potentiel encore peu explorée par les auteurs de la Black Library, qui ont pour le moment privilégié les coopérations « faciles » dans leurs ouvrages (ceux que j’ai lu en tout cas). Avec autant d’idées pertinentes, et plutôt bien développées, à son actif pour une première soumission, Dale Lucas se positionne naturellement parmi les rookies à suivre de la BL, en espérant que cette dernière poursuive sa collaboration avec cet auteur déjà établi.

.

Blood of the Flayer – R. Strachan :

Blood of the FlayerINTRIGUE:

Dans la vie, il y a des gens qui ne sont jamais contents: Alain Souchon, la mère de l’artiste précédemment connu sous le nom de Prince, ou encore le Seigneur Huthor. Au hasard. Comme vous pouvez vous en douter, notre histoire porte sur le dernier de ces trois individus1, chef d’une bande de Maraudeurs chaotiques tout ce qu’il y a de plus vanille sévissant dans le Royaume de Chamon. Connu sous le nom d’Écorcheur, à cause de sa tendance à mal prononcer le nom de ses interlocuteurs, mais aussi son penchant pour le dépeçage, Huthor voue aux Kharadron Overlords une admiration mêlée de profonde détestation, et aimerait bien aller dépiauter les Duardin volants qui sillonnent les cieux du Royaume, vœu pieux pour le moment. Gardez bien ça en tête, on en aura besoin plus tard.

Approché par la sensuelle et aguicheuse Dysileesh, godseeker à plus d’un titre, au sortir d’un petit pillage de village, Huthor accepte de souscrire à une offre de découverte des plaisirs Slaaneshi, sans obligation d’achat. Car s’il y a bien une chose qui vénère notre ombrageux héros, c’est qu’on lui dise – justement – qui vénérer. En attendant, c’est la belle vie pour l’Écorcheur et ses disciples, qui se vautrent dans le stupre et la fornication avec abandon. À tel point que Dysileesh finit par accoucher d’un garçon, Vhorrun, dont la paternité reste sujette à débat entre les Maraudeurs. Ah, c’est ça aussi d’avoir des mœurs libres. Établis dans les ruines de la Forteresse Dorée, les affreux déprèdent aux alentours dans la joie et la bonne humeur, jusqu’à ce qu’il prenne à Huthor l’idée farfelue d’aller chercher des noises aux Rotbringers barbotant au Nord de son domaine, dans les marais d’Onoglop. L’expédition tourne au fiasco, et notre héros se prend une hache rouillée en plein torse en prime, le condamnant à une longue et douloureuse agonie… jusqu’à ce qu’il se réveille guéri (avec un petit coup de croûte de Nurgle, tout de même). Manque de pot, ses gais compagnons étaient tellement convaincus de son trépas imminent qu’ils ont, pour la plupart d’entre eux (y compris cette insatiable Dysileesh), baffré jusqu’à s’en faire littéralement péter la panse. Ralliant à lui ses derniers fidèles, dont Vhorrun et Vhoss, son plus vieux pote et fidèle bras droit, Huthor décide d’aller se mettre au vert pour un temps, abandonnant son train de vie de bobo dispendieux et vain pour aller au contact de la terre (pourrie). 

Accueillis à tentacules ouverts par les ploucs d’Onoglop, l’Ecorcheur et sa bande coulent des jours heureux pendant quelques semaines/mois/années2, mais un nouveau venu, le Magos Tyx’evor’eth, arrive un beau matin sur son disque à jantes alu pour tenter de rallier Huthor, décidément très demandé par les Pouvoirs, à la cause de Tzeentch. S’étant pris huit râteaux d’affilée, mais sentant que la neuvième tentative serait la bonne, Tyx’ repart une dernière fois à la charge, et parvient à piquer l’intérêt du bouseux en lui faisant remarquer qu’il est en train de gâcher ses plus belles années à faire du camping dans un marais. Vu comme ça, c’est plus la même, et Huthor se laisse enfin convaincre de s’habiller décemment et de perdre un peu de poids pour rejoindre les armées de l’Architecte du Changement (le Magos se chargeant de faire disparaître toutes les mutations disgracieuses affligeant notre héros et ses fidèles au passage). Comme vous devez vous en douter, ce ne sera à nouveau qu’une parenthèse dans l’existence de Huthor, qui finit par rejoindre Khorne après une bonne pige à se balader en toge et à (tenter d’) apprendre des sorts, et une rencontre décisive avec un Champion Bloodreaver malchanceux mais guère rancunier. 

La boucle est bouclée, l’Ecorcheur ayant fait le tour du Panthéon chaotique. Désormais accompagné seulement par son peut-être fils Vhorrun (il a buté Vhoss pendant sa période psychédélique, après que ce dernier ait tenté de l’assassiner) parmi ses compagnons initiaux, Huthor n’a plus qu’une chose à faire : aller casser du Kharadron. Je vous avais dit que c’était important. Et comme il a laissé sa collection de disques à Tyx’evor’eth lorsqu’il se sont séparés à l’amiable, il doit utiliser une technique un peu plus rudimentaire : l’assaut aéroporté à base de bestioles chaotiques. Ayant chargé ses suivants de domestiquer toutes les chimères, manticores et autres bêtes de guerre ailées des alentours, il mène son flying circus à l’assaut de la première flotte Duardin ayant eu la mauvaise idée de croiser dans le coin…

Début spoilerCependant, face à la puissance de feu des nains-génieurs, la rage sanguinaire des Khorneux ne fait pas le poids. Ou en tout cas pas assez. Qu’importe, Huthor is living the dream. Alors que ses troupes se font descendre comme des pigeons, il parvient à écraser sa monture sur le pont d’un vaisseau Kharadron, et à enfin massacrer quelques nabots. C’est le moment que choisit Vhorrun pour exprimer son complexe d’œdipe longtemps refoulé, et de tomber sur le râble de son père (c’est finalement confirmé), qu’il a toujours détesté, notamment à cause de son inconstance. À cela, Huthor n’a pas grand-chose à répondre, ayant lui-même tué son paternel à l’âge de sept ans, après que ce dernier l’ait abandonné en forêt pour se débarrasser de cet enfant turbulent. Le combat qui s’ensuit voit le vieux chef de guerre se faire botter les fesses par son fiston, qui le précipite par-dessus le bastingage par pure malice quand les Kharadron finissent par donner la charge et envoyer les voltigeurs mettre fin à la fête, afin de priver Huthor d’une mort honorable au combat. Alors qu’il voit Vhorrun se faire abattre par les forces de l’Ordre (encore une bavure !), et en attendant de toucher terre, Huthor a le temps de se remémorer de la prophétie qu’il lui avait été faite, et qui lui avait promis qu’il recouvrirait les plaines de Chamon de sang. Ce qui se révélera exact, mais pas de la façon dont il le pensait. Impact dans 3…2…1…Fin spoiler

1 : Ce que je trouve personnellement dommage, car j’aurais bien aimé voir Souchon tenter d’aller voir sous les jupes des Gloomspite Gitz. On avance. 
2 : M’est avis qu’ils ont du abuser de champignons et de lichens pour avoir ainsi perdu la notion du temps.

AVIS:

La troisième fois aura été la bonne, ou en tout cas la meilleure à ce jour, pour Richard Strachan. Après des débuts en demi-teinte dans la gamme horrifique de la Black Library (The Widow Tide et The Growing Seasons), il signe en effet avec Blood of the Flayer sa contribution la plus aboutie au corpus des Royaumes Mortels avec Blood of the Flayer, variation intéressante sur le thème bien connu de la destinée attendant les adorateurs du Chaos, et des répercussions, tant physiques et psychologiques, que leur allégeance envers l’unes des quatre Puissances auront sur eux et leurs suivants. Avec Huthor, véritable mercenaire de la dévotion, Strachan se paie le luxe de passer en revue toute l’anarchique fratrie au fur et à mesure des réorientations professionnelles de Mr I Can’t Get No Satisfaction​​​​. On notera, pour les plus anciens des lecteurs, la différence majeure entre la « rétractabilité » tolérée dans les Royaumes Mortels, et le caractère irrémédiable du ralliement à tel ou tel Dieu, qui était la norme (sauf exceptions vraiment rarissimes, comme Bel’akor et Archaon) dans le Monde qui Fut. Vous vous souvenez de l’époque où on choisissait son allégeance une fois pour toute, et on la conservait jusqu’à la mort (et plus si affinité)? Pepperidge Farm remembers.

Si on peut discuter de la validité fluffique de l’approche de Strachan (avant tout nécessaire à l’intrigue, et peut-être pas à graver dans la guimauve séance tenante), il faut lui reconnaître une belle maîtrise narrative, donnant à son récit un équilibre et une symétrie peu communs dans le corpus de la BL. À partir du moment où Huthor rallie les redgreen-necks des marais d’Onoglop, le lecteur est en mesure de comprendre où l’auteur veut en venir, ce qui ne gâche pas le plaisir de lecture pour autant, notamment grâce à l’inclusion de la rivalité latente entre le seigneur indécis et son héritier putatif, qui permet de garder un peu de suspens. On peut également saluer le petit twist final et sanguin de Strachan, plus sympathique que renversant (sauf pour Huthor, bien sûr), mais qui vient terminer son propos de façon opportune, tant sur le plan stylistique que fluffique. Après tout, une histoire où le protagoniste est un suivant des Dieux Sombres ne peut pas bien se terminer, c’est contractuel. Bref, une nouvelle bien sympathique, à conseiller à tous les amateurs des Fab 4 (et aux autres), de l’humble Nurgling au vénérable Prince Démon.

.

***

À l’heure des comptes, je dois reconnaître que je suis plutôt satisfait de la qualité et de la consistance de cette anthologie (dont la couverture chromée et Stormcastée me faisait honnêtement craindre le pire). Comportant une majorité de nouvelles intéressantes, bien construites et/ou distrayantes, Oaths & Conquests a également pour lui de brasser large en matière de factions couvertes, y compris certaines jusqu’ici discrètes dans les pages de la Black Library. On attendra encore un peu pour les Seraphons, mais pour le reste, c’est un sans faute. Bien que ne bénéficiant pas d’un grand nombre de contributeurs établis parmi son casting (pas de Reynolds, Haley, Werner, Annandale ici), la jeune garde qui a suppléé ces derniers à la plume levée ne démérite dans l’ensemble pas, et donne envie d’être suivie dans les mois et années à venir. Moi qui m’était emparé de cet ouvrage plus par conscience « professionnelle » que par enthousiasme pur, me voici un peu plus rassuré dans la qualité des recueils de nouvelles siglés Age of Sigmar, et c’est avec curiosité et plaisir que je retenterai l’expérience à la prochaine sortie de ce type. D’ici là, il reste bien d’autres courts formats à chroniquer…

INVOCATIONS [Recueil]

Bonjour et bienvenue dans cette revue critique d’Invocations, le second1 recueil de nouvelles publié par la Black Library pour le compte de Warhammer Horror, segment horrifique de la GW-Fiction. Comme cela avait été le cas pour le premier ouvrage de ce genre (Maledictions), Invocations regroupe une douzaine de courts formats prenant aussi bien place dans les ténèbres du lointain futur que dans celles, tout aussi noires, des Royaumes Mortels. À titre personnel, j’espère bien voir l’Hérésie d’Horus et Blood Bowl faire leur entrée sur ce nouveau terrain de jeu dans les mois à venir, ces franchises n’étant après tout pas moins dérangeantes, glauques et effrayantes que les autres (surtout Blood Bowl, si vous voulez mon avis).

Sommaire Invocations

Un rapide coup d’œil à la liste des contributeurs de cette anthologie permet d’identifier un autre trait commun entre ce volume et le précédent, à savoir la participation d’habitués de la BL (Annandale – qui s’impose d’ailleurs comme le chef de file d’Invocations, avec pas moins de trois nouvelles à son actif – , Kyme et Werner), de représentants de la nouvelle vague de Nottingham (Hill et McLean), et d’un certain nombre de spécialistes du genre, dont les travaux pour la Black Library se sont pour le moment confinés à ce segment de la GW-Fiction (Gray, Strachan – qui ont tous deux eu une nouvelle publiée dans Maledictions – Sheil, Ozga et Cluley). Il est à noter que quatre des nouvelles incluses dans ce recueil ont été initialement publiées pendant la Warhammer Horror Week, le dernier événement DNC (daily new content) récurrent lancé par la BL, dans le cas présent sur la première semaine de Mai. On peut donc s’attendre à la sortie de nouveaux ouvrages similaires à celui-ci dans les années à venir si Nottingham maintient cette horrible semaine sur son calendrier.

Comme cela avait été le cas pour Maledictions, le but de cette revue sera d’identifier les soumissions les plus intéressantes et les plus réussies de ce second volume, en utilisant pour cela le cahier des charges, particulier et exigeant, de l’horreur en littérature. L’enthousiasme d’Annandale pour le genre est-il (enfin) récompensé à sa juste mesure ? McLean réussit-il à faire aussi malsain que son Predation of the Eagle ? Strachan a-t-il rectifié le tir de son trop gentillet The Widow Tide ? Sheil et Cluley ont ils une meilleure connaissance du lore de 40K et Age of Sigmar que Kane ? Autant de questions dont la réponse se trouve dans les pages d’Invocations. Lisez-donc, si vous l’osez…

1 : Troisième si on prend en compte la réédition du Silver Nails de Jack Yeovil.

Invocations

.

The Hunt – D. Annandale [AoS]:

.

The HuntINTRIGUE:

Il y a des réalisations qui peuvent déprimer même le plus optimiste et enthousiaste des individus. Dans notre morne quotidien grimdull, cela peut être le changement climatique, la corruption politique ou la 16ème place du DFCO1. Pour les hardis habitants des Royaumes Mortels, les raisons peuvent s’avérer un peu plus exotiques, comme c’est le cas pour notre héros, le Chasseur de Sorcières Bered Ravan. La déprime de notre fier Répurgateur est en effet causée par le constat implacable qu’une véritable marée de Spectres renfrognés, qu’il est le seul à voir et à entendre, se rapproche insensiblement de lui chaque nuit. À la tête de cet ost sépulcral, une Banshee fort en voix n’en finit plus de roucouler, empêchant Bered de jouir du sommeil réparateur auquel chaque honnête citoyen sigmarite a droit. Bien que notre homme ignore la raison pour laquelle Casper et sa famille élargie en ont après lui, il se doute qu’il a peu de chances de pouvoir plaider sa cause une fois que les ectoplasmes lui auront mis la main dessus, ou plutôt, au travers. Vivant sur du temps emprunté, et ne pouvant que constater à chaque crépuscule l’approche inexorable de ces hordes diaphanes, Bered tire logiquement une tête de six pieds de long, ce qui ne l’empêche pas de répondre à l’appel du devoir lorsque nécessaire.

C’est donc avec empressement que l’inquisiteur répond à la sollicitation de la marchande Thevana Pasala, une ancienne connaissance avec laquelle il a rompu toutes relations il y a de cela bien des années, et pour une excellente raison : alors que tous deux servaient dans la milice locale de leur cité natale, Everyth, soumise aux déprédations régulières des bandes chaotiques de la région avant que Sigmar ne lance sa fameuse royaumetada, Bered fit le choix de déserter son poste de défenseur de la forteresse de Grenholm, assiégée par les séides de Nurgle, pour aller rejoindre les Stormcast Eternals fraîchement matérialisés. Thevana, elle, fit honneur à son serment et combattit jusqu’à la chute du bastion, dont elle fut l’une des rares survivantes. Rongé par la honte et le remords, Bered s’est tenu à distance de son ancienne amie pendant des lustres, mais accepte volontiers d’aller lui rendre une visite professionnelle, découvrant avec un soulagement non feint par la même occasion que la belle ne lui tient pas rigueur de son parjure. Voila qui fait la journée de notre homme, la nuit étant, comme dit plus haut, une toute autre affaire.

Si Thevana l’a fait venir, toutefois, c’est avant tout parce qu’elle a des preuves de l’existence d’un culte chaotique local, comme l’illustrent les gravures profanes retrouvées au flanc des tonneaux de vivres qu’elle comptait expédier à Mhurghast pour soutenir l’effort de guerre. Comme on peut l’imaginer, ces dégradations païennes ont eu un effet délétère sur la nourriture contenue dans les fûts, et la catastrophe n’a été évitée que de justesse (on suppose que les procédures de rappel de marchandises sont aussi efficaces dans les Royaumes Mortels que dans notre bas monde). Sans piste sérieuse à exploiter, Bered décide de rendre une petite visite au tonnelier fournisseur de sa comparse, qui a la mauvaise idée de ne pas faire de discrimination à l’embauche, suscitant de fortes suspicions de la part de notre intolérant zélote. Ayant fait sortir tout le monde pour mieux pouvoir inspecter l’atelier, Bered se fait surprendre dans ses recherches par un cultiste empressé mais maladroit, que notre héros occit d’un bon coup de torche en pleine tête (le danger d’avoir des cheveux gras…). La fouille du corps révélant un double marquage de cultiste Slaaneshi et de milicien de la forteresse de Grenholm, c’est assez logiquement2 que le Répurgateur opte pour se rendre sur place, afin de se confronter à ce mystère en même temps qu’à son passé…

Début spoiler…Ayant convaincu Thevana de l’accompagner (ce qui l’arrange bien car il se sent un peu pétochard sur le coup), ou en tout cas, n’ayant pas fait grand-chose pour la persuader de rester en ville, Bered arrive dans les ruines de la forteresse à la tombée du jour, et réalise que le grand soir est arrivé : les Spectres ne sont plus qu’à quelques kilomètres de sa position, et l’auront rattrapé avant la levée du jour. Déterminé à clore cette enquête avant de partir conter fleurette à tonton Nag’, notre héros pénètre dans la forteresse, Thevana à ses côtés. Sentant l’écurie approcher, les fantômes rattrapent toutefois les aventuriers en quelques minutes, et Bered a au moins la satisfaction de constater que sa collègue peut elle aussi les voir, ce qui le fait se sentir moins seul. Toujours en danger de mort, mais moins seul. Thevana, qui connaît bien les lieux pour y avoir été enterrée vive lorsque la forteresse a été envahie par les Maggotkins, entraîne alors Bered vers une cachette de sa connaissance, qui se révèle être un trou à la base d’un mur. Hésitant à faire le grand saut, Bered est pris totalement au dépourvu lorsque Thevana lui tranche les jarrets et le précipite dans la fosse en question, la marchande se révélant être elle aussi une membre du culte Hédoniste… qui aura décidément attendu bien longtemps pour prendre sa revanche sur celui qui l’a trahi il y a toutes ses années, la poussant de ce fait dans les bras aimants et protecteurs du Prince des Excès, le seul qui ait répondu à ses prières lorsque les sbires de Nurgle ont commencé à déféquer dans tous les couloirs de la forteresse condamnée. Sans doute l’application du principe bien connu du « plus on attend, meilleur c’est ». Enfin, ce que j’en dis… Le triomphe de la cultiste est toutefois de courte durée, la Banshee qui pistait Bered depuis tout ce temps lui tombant sur le râble dans les secondes qui suivent, sans doute dégoûtée de s’être faite coiffée sur le poteau. On apprend par là même que la légion des morts n’en voulait pas à Bered, mais cherchait simplement à le prévenir du triste destin qui l’attendait. Doublement raté donc. Quant à notre héros, littéralement au fond du trou, il ne tardera pas à faire la connaissance du narrateur de l’histoire, qui se trouve être un Gardien des Secrets cataphile, et meurt d’envie de prendre en main son nouveau joujou…Fin spoiler

1 : Au moment de l’écriture de cette chronique.
2 : Je suis assez généreux avec Annandale ici. Bered saute quelques étapes à mon goût en décidant de délocaliser son enquête sur la foi d’une coïncidence somme toute assez facilement explicable.

AVIS:

Connaissez-vous Le K, amis lecteurs ? Cette nouvelle du grand Dino Buzzati met en scène un héros passant toute sa vie à fuir l’approche menaçante d’un gigantesque requin (le fameux K), pensant à tort que le squale cherche à le gober, mais réalisant dans ses derniers instants que ce dernier voulait juste lui remettre une perle de bonheur, dont il meurt avant de pouvoir faire usage. Un classique des classiques, que je ne peux trop vous recommander. Il ne vous aura donc pas échappé que The Hunt est la version aos-ée de ce texte fondateur, qu’Annadale adapte à sa sauce et avec malheureusement plus de bonnes intentions que de réussite.

Si l’idée de la marée de fantômes pourchassant le héros est ainsi excellente dans le cadre d’une nouvelle Warhammer Horror, car elle apporte une dimension indéniablement angoissante à l’histoire, le twist final est trop rapidement expédié pour que la révélation qui l’accompagne fasse vraiment effet. La faute à mes yeux au choix d’Annandale de rajouter un deuxième coup de théâtre, qui tient plus du coup d’épée dans l’eau, avec la trahison de Thevana, qui, elle faisait beaucoup moins mystère (mais avait été « préparée » de façon assez bancale également). Comme cela arrive parfois avec les auteurs de la BL, l’excès de bonnes choses, ou en tout cas d’idées intéressantes, est parfois un mal, et je pense sincèrement que The Hunt aurait été d’un tout autre calibre si Annadale avait simplifié sa copie. On retiendra également de cette nouvelle l’usage, assez rare mais très sympathique je trouve, de la seconde personne du singulier par le narrateur, qui décrit donc en direct toutes les actions du héros jusqu’à ce que ce dernier fasse sa connaissance. En définitive, et malgré les réserves exprimées plus haut, je crois que nous tenons le texte le plus marquant et abouti d’Annadale à ce jour, ce qui est somme toute logique au vu de l’attrait que notre homme a pour le genre horrifique. Il n’y a plus qu’à attendre le prochain recueil pour voir si les progrès se poursuivent…

.

The Confession of Convict Kline – J. Hill [40K]:

.

INTRIGUE:

Confesseur pénitentiaire rattaché à une prison de haute sécurité du monde ruche de Telken’s Rest, Thanaton passe ses journées à tenter d’extorquer des repentirs sincères de la part des condamnés les plus dépravés de la planète. Cette main tendue vers l’âme des misérables qu’il visite n’a beau pas être systématiquement saisie par ces derniers (en même temps, c’est ‘achement dur de saisir une main avec son âme, à moins d’être un psyker), et la pénibilité de sa fonction être chichement prise en compte par son régime de cotisation retraite, Thanaton sait que sa tâche est aussi noble qu’indispensable, la rédemption qu’il arrive (parfois/rarement) à offrir à ses charges faisant reculer d’autant le risque qu’un accident Warp ne se déclenche, la concentration de sociopathes meurtriers et de cultistes convaincus ayant tendance à fragiliser la frontière avec l’Immaterium. Accompagné de son Servo-Crâne Cithaeron et d’une paire de matons aussi amènes qu’une porte de leur lieu de travail, Thany enchaîne donc les visites privées, supervisant l’exécution sommaire des indécrottables païens et permettant aux pénitents convaincus d’embrasser l’utile et musicale carrière d’Arcoflagellants. Qu’il est beau de voir le monte-charge social à l’oeuvre.

Alors que nous suivons notre héros faire vaillamment son devoir au cours d’une journée classique, et traiter une cinquantaine de cas désespérés avec humanité et efficacité, nous arrivons à la dernière cellule du bloc Alpha, où attend un prisonnier particulier à deux égards. Premièrement, le condamné en question, Helleb Kline, est indubitablement et totalement rongé par le remords de ses crimes, et considère son châtiment comme totalement justifié – y compris l’amputation de ses mains et pieds et la fixation de ses moignons par des vis traversantes à sa chaise d’interrogatoire, c’est dire s’il l’a mauvaise. Deuxièmement, Kline, qui a terrorisé le quartier Ecclesiarchique de Telken’s Rest sous le nom du Nightkiller avant d’être appréhendé, servait sous les ordres, comme Thanaton, dont il désire ardemment recevoir le pardon.

Le confesseur, peu habitué à un tel accueil, se montre quelque peu soupçonneux envers le grox galeux qui lui fait face, et se livre à un interrogatoire serré du prisonnier afin de s’assurer de la sincérité du repenti. Ses demandes de précisions sur les meurtres commis par Kline, prêtre dévot ayant soudainement développé une hyperacousie psychotique qui l’a mené à massacrer ses bruyant voisins du dessous dans un accès de rage, puis, de portes qui claquent en acouphènes persistants, à devenir le roi de silence le plus tyrannique et sanguinaire jamais couronné ; mènent Thanaton à identifier des anomalies significatives dans le récit du prétendu Nightkiller. La preuve d’une monumentale erreur judiciaire, conduisant à la libération du malheureux mutilé ? Haha, bien sûr que non voyons. Simplement une nouvelle séance de torture pour Kline, qui se fait matraquer électriquement et consciencieusement par les argousins de Thanaton, afin de l’aider à mettre un peu d’ordre dans ses souvenirs. Cette méthode, pour douce qu’elle soit, ne donne pas les résultats escomptés, Kline s’obstinant à s’emmêler les pinceaux et à s’accuser de crimes plus vieux que lui. Son confesseur finit par perdre patience et menace l’hypocrite et/ou amnésique d’une euthanasie sommaire et damnatoire…

Début spoilerChangeant son fusil d’épaule, mais gardant son bolter à air comprimé braqué sur la tempe du Nightkiller, Thanaton pose la question de savoir qui est le Valgaast que Kline a cité plusieurs fois dans ses précédents interrogatoires, pour des résultats spectaculairement embarrassants. Le gardé à vue // vissé à chaise part en effet en syncope et trouve le moyen de se mordre la langue… alors que toutes ses dents ont été arrachées. Son empathie ayant atteint ses limites, Thany met fin au débat d’une pression sur la gâchette, envoyant l’âme tourmentée du prisonnier nourrir les démons. Bien fait. Ceci fait, le confesseur libère ses acolytes, s’en va pointer et rentre chez lui pour une nuit de sommeil bien méritée. Malheureusement pour lui, le raffut causé par les autres habitants de l’immeuble où se trouve son appartement de fonction viennent perturber le repos de l’aumônier, et lorsqu’il parvient enfin à s’endormir, de terribles rêves viennent le visiter. Ces cauchemars se révèlent toutefois être le cadet des soucis de Thanaton lorsqu’à son réveil il se découvre maculé de sang, le visage tuméfié, et expressément demandé par l’escouade d’Arbites tambourinant à sa porte. Il semblerait que le Silence des Agnostiques ait reçu une suite…Fin spoiler

AVIS:

Hill propose avec The Confession of Convict Kline une nouvelle plus inspirée et mieux réalisée que son seul autre travail précédemment lu par votre serviteur (The Battle for Markgraaf Hive), ce qui n’était, en soit, pas très difficile, mais démontre tout de même une dynamique positive. L’idée « horrifique » déclinée par l’auteur se révèle tout à fait valable et suffisamment clairement intégrée à la narration pour que le lecteur sorte de The Confession… avec une vision claire du but poursuivi par Hill. Comme tout le monde n’y arrive pas au sein de la BL, j’ai pensé qu’il était fair-play de ma part de le souligner ici. On pourrait à la limite regretter la manière un chouilla artificielle avec laquelle l’auteur prépare sa chute1, mais l’ambiance dérangeante propre au genre est bien au rendez-vous, et Hill fait étalage (à quelques reprises) d’une solide technique narrative – comme lors de la scène d’introduction, où la prisonnière que Thanaton finit par faire exécuter par ses gardes se révèle ne pas être Kline, malgré ce que le titre pouvait laisser penser au lecteur. Bref, je ressors de cette confession un peu plus rassuré par le potentiel de la recrue Justin Hill, à laquelle je pense pouvoir accorder, si ce n’est mon absolution, au moins une neutralité bienveillante pour ses prochaines soumissions. Use it well, dude.

1 : « Bon, sans transition aucune, qui est ce mystérieux Valgaast qui apparaît dans votre dossier, Mr Kline ? Vous fracasser la tête sur les montants de votre chaise en baragouinant en flamand n’est pas une réponse convenable, vous savez… ». À noter que le seul Valgaast qui apparaît dans la GW-Fiction à ce jour et à ma connaissance est la ville dans laquelle se trouve ‘The House of Night and Chain’ de David Annandale. Je penchais davantage pour une entité démoniaque, mais peut-être que tout est lié…

.

He Feasts Forever – L. Gray [AoS]:

.

He Feasts ForeverINTRIGUE:

Cuisinier employé à la cour du roi, Dedric mène une vie affairée mais heureuse dans le tumulte et la chaleur de sa brigade d’adoption. La seule ombre au tableau de son existence bien réglée est la relation tendue qu’il entretient avec son frère aîné, une sombre brute du nom de Hodge, qui sert sa majesté en qualité de chasseur. Alors que le roi et son armée, de retour d’une longue campagne, se préparent à faire bombance dans leur château, Hodge se présente avec une nouvelle prise, un jeune cerf que Dedric n’a d’autre choix que de caser tant bien que mal dans un garde-manger déjà plein à craquer, son frangin n’étant pas connu pour sa patience ou son empathie. Plus tard, alors qu’il prépare la carcasse (sur son temps libre), il est interrompu dans sa tâche par un garçonnet apparemment captivé par l’art de la marinade de jarret et de la préparation du bouillon à l’os. Les ravages de Top Chef. Intrigué par cet invité mystère, qu’il ne se souvient pas d’avoir croisé auparavant, Dedric s’entend dire par ce dernier qu’ils se sont pourtant déjà rencontrés sur la Route Orientale, ce qui dit vaguement quelque chose à notre héros. Cette conversion a au moins le mérite de faire réaliser au marmiton qu’il n’a bizarrement que peu de souvenirs de sa vie avant son arrivée dans le château. Les ravages d’Alzheimer.

Décidant d’en avoir le cœur net, Dedric s’ouvre à Hodge à ce sujet, récoltant une fraternelle clé de bras et une menace de mort pour sa peine (ce qui était à prévoir), mais également la confirmation tacite que ce dernier a également la mémoire qui flanche à propos de son origin story. Cette confrontation fait remonter d’autres souvenirs, assez déplaisants, à Dedric, qui revit des bribes d’une orgie de protéines crues, ingérées de manière contrainte en compagnie d’individus répugnants. Et, non, ce n’est pas d’une session de all you can eat dans un sushi shop miteux du 13ème arrondissement dont il est question ici… De retour dans sa cuisine, Dédé croise à nouveau le mystérieux garçon, qui se montre cette fois un peu plus prolixe dans sa conversation, et finit par cracher le morceau (ce qui est particulièrement dégoûtant dans un endroit où la nourriture est stockée) à son interlocuteur…

Début spoiler…Ils se sont bien croisés, et très récemment qui plus est. Le jeunot voyageait avec sa famille sur une route près du château, lorsqu’ils ont été embusqués par une bande de goules, qui ont massacré et dévoré (et pas forcément dans cet ordre) les voyageurs. Son cadavre a alors été ramené par Hodge jusqu’aux cuisines royales, où Dedric – qui a dû courir très vite reprendre son poste pour arriver avant son frère, et se prendre un sévère coup de louche de la part du chef pour avoir oublié cet événement aussi sec – l’a pris en charge, pensant avoir affaire à un cerf. Ce qui explique mieux l’intérêt du fantôme pour les petits plats de notre héros, qui sort totalement de la matrix et réalise qu’il n’est qu’un rat in a cage une goule dans une ruine. Ainsi décillé, et assez normalement horrifié par le tour grotesque qu’a pris sa vie depuis que sa propre famille se soit fait boulotter quelques années plus tôt, son frère et lui étant changés en mordants après avoir été gavés de barbaque humaine par leurs assaillants, Dedric s’enfuit de la cour cannibale qu’il fréquentait à son insu, jusqu’à croiser une charrette se rendant jusqu’à Mhurghast. Désireux de refaire sa vie, il demande aux occupants de cette dernière de le prendre à bord, proposant, en dédommagement pour son passage, de les faire bénéficier de ses extraordinaires talents de cuisinier…Fin spoiler

AVIS:

Lora Gray poursuit l’exploration des côtés sombres des factions d’Age of Sigmar avec une nouvelle bien pensée et tournée, tirant le meilleur parti de la cruelle et terrifiante illusion collective qui frappe les Flesh-Eaters Courts. Comme dans Crimson Snow, Gray ne se montre pas avare en détails macabres et gores, ce qui est ce que l’on attend d’une nouvelle de Warhammer Horror, et donc tout à fait approprié (mais bien dégueu tout de même…). On pourra seulement reprocher à cette solide soumission que sa révélation centrale, le soit justement de façon littérale. La mindblowing révélation qui frappe Dedric arrive en effet aux deux tiers du récit, débouchant sur une longue « conclusion » qui à mon sens n’apporte pas grand-chose à ce dernier. Je fais ma fine bouche, mais s’il y a bien une nouvelle où cela est approprié, c’est sans doute He Feasts Forever (superbe titre, au passage).

.

Stitches – N. Kyme [40K]:

.

StitchesINTRIGUE:

Bucher est un médecin militaire rattaché au 66ème Valgaast, et, de son propre aveu, plutôt mauvais dans l’exercice de ses fonctions. Confronté à un afflux constant de blessés et de mourants, le Doc’ fait de son mieux pour sauver les patients placés sous sa charge, mais les résultats sont loin d’être à la hauteur. En plus des déficiences professionnelles et de l’alcoolisme patent de notre héros, le fait que les braves Gardes Impériaux de Valgaast soient confrontés à des cultistes de Nurgle n’augmente évidemment par leurs chances de survie, en plus de nécessiter des désinfections régulières à coup de lance-flammes. Ayant été témoin d’un cas désespéré de parasitisme infectieux, Bucher reprend ses fonctions quelques jours plus tard, toujours marqué par cette expérience traumatisante, mais également anxieux d’arriver à améliorer ses statistiques de mortalité, qui sont, justement, un peu trop mortelles (ce qui est plutôt une mauvaise chose, convenons-en). Le médecin redoute en effet que son incapacité chronique à sauver la vie des ses camarades de régiment ne pousse sa hiérarchie à le muter en première ligne et à donner son poste à l’un de ses sous-fifres, ce qui constituerait une évolution professionnelle regrettable.

Malheureusement pour lui, et en dépit de ses meilleurs efforts, l’incompétent Bucher (ou le très compétent boucher) termine sa garde sur un 0/7 peu probant, aucun des blessés transférés dans son bloc n’ayant survécu. Ce terrible constat d’échec est interrompu par un bruit particulier, semblable à un poisson échoué se débattant sur le sol. Une brève inspection des locaux permet au Dr Mamort d’identifier la source du problème : un poumon égaré derrière un brancard, qui, extraordinairement, semble respirer. Pris d’une inspiration subite, et allant à l’encontre de toutes les règles d’hygiène les plus élémentaires ainsi (et c’est beaucoup plus grave au 41ème millénaire) que de tous les enseignements du culte impérial, Bucher ramasse l’organe, et décide de le greffer sur le cadavre de son dernier patient, dont le décès a justement été causée par une insuffisance respiratoire. Bien évidemment, l’opération est un succès, et le soldat Gruemann revient d’entre les morts quelques minutes après la fin de l’opération, et est renvoyé au front par un Bucher incrédule mais ravi.

Persuadé d’avoir été béni par l’Empereur, et bénéficiant d’une réserve conséquente d’organes dans laquelle piocher grâce aux nombreux Valgaastiens tombés au champ d’honneur depuis le début de la campagne, Bucher se mue en Dr Strange du Militarum, réussissant à remettre sur pied tous les cas, mêmes les plus désespérés, qui lui sont envoyés, grâce l’animation miraculeuse des pièces détachées organiques qu’il conserve dans son cabinet. Ces brillants états de service attirent l’attention du Colonel Rake, qui remercie Bucher en affectant à son service un aide soignant du nom de Renhaus… ce qui est bien la dernière chose que notre héros souhaitait. Sans doute conscient au fond de lui même que ses nouveaux talents sont un chouilla suspect, Bucher jalouse également Renhaus, qui, lui, est véritablement compétent. La cohabitation entre Jekyll et Hyde ne dure cependant pas longtemps, Bucher assassinant, puis découpant, Renhaus alors que ce dernier cherchait la source d’un bruit particulier, que le bon Docteur ne voulait absolument pas qu’il trouve.

Cet équarrissage frénétique et psychotique terminé, Bucher réalise que la base est devenue très calme, les canons du poste de commandement s’étant tus pour la première fois depuis le début des opérations. Cherchant à comprendre la cause de cet armistice, il sort de son bloc et monte à la surface, où il ne peut que constater que le régiment n’est plus constitué que de Zombies de la Peste, Colonel Rake compris. Réalisant que ses opérations miraculeuses ont permis la propagation de l’infection que le patient 0 – celui colonisé par un immonde ver solitaire, et incinéré par ses camarades en début de nouvelle – portait, Bucher finit sa carrière et sa vie entre les mains de ses anciens patients, décidés à se faire une petite partie de Dr Maboul pour passer le temps. Comme quoi, l’acharnement thérapeutique peut avoir des conséquences vraiment négatives…

AVIS:

That’s it folks ! Après des années et des dizaines de nouvelles variant du moyen au comiquement mauvais, je pense que nous tenons avec Stitches le meilleur court format de Nick Kyme à ce jour, et, chose appréciable, il est plutôt bon en plus d’être supérieur à ses autres soumissions (ce qui n’était pas un gage de qualité intrinsèque, comme exposé ci-dessus). Cet huis-clos macabre et sanglant bénéficie en effet d’une atmosphère glauque particulièrement efficace, faisant la part belle aux illusions de grandeur d’un héros minable mais de bonne foi, auquel on peut simplement reprocher d’avoir fait passer son intérêt personnel avant le bien commun. Sans défaut manifeste tant sur le fond que sur la forme, et beaucoup plus inspiré que la moyenne Kymesque, Stitches est sans aucun doute la nouvelle de cet auteur que je conseillerais à tous ceux qui voudraient découvrir ce dernier (avant de leur recommander de ne pas aller plus loin, sauf peut-être pour Blueblood). Qu’il soit donc solennellement acté que je n’aurais pas dit que du mal de la prose de Nick Kyme dans mes critiques, ce qui démontre bien que la persévérance (et la résilience) est toujours récompensée. J’espère bien que je n’aurais pas à attendre 2024 pour tresser d’autres lauriers à notre homme, même si je me garderai bien de le considérer comme tiré d’affaire d’un point de vue littéraire. Pour rester dans la continuité de cette nouvelle, le patient Kyme est sorti des soins intensifs et a été placé en observation, dans un état grave mais stable.

.

The Healer – S. Shiel [AoS]:

.

INTRIGUE:

Guérrisseuse itinérante, Mère Zinka traverse le Great Parch dans sa petite roulotte, prodiguant des soins aux nécessiteux des villages et hameaux isolés qui parsèment sa route. Lorsque son aide est demandée par la jeune Adirene, dont le père a contracté une méchante bubonite, Zinka n’hésite pas une seconde à faire halte chez les affligés, où elle parvient à chasser le mal tourmentant le brave homme d’une imposition des mains parfaitement exécutée. Tout à leur joie de constater la rémission inespérée du moribond, les villageois ne remarquent pas que la guérisseuse repart d’un pas las se reposer dans son mobil home après s’être dissimulé le visage sous un châle1.

Témoins de l’efficacité de l’infirmière libérale, les Aqshyiens n’hésitent pas à la solliciter pour qu’elle les guérisse de leurs propres maux, ce que Zinka ne peut refuser de faire. Seul le forgeron Konrath fait figure d’oiseau de mauvais augure, questionnant tout haut la source des pouvoirs de leur hôte, et prévenant ses concitoyens qu’ils auront à payer le prix de ces soi-disant miracles.  Le séjour de la bonne Mère s’éternise donc, chaque session de thaumaturgie laissant la praticienne affaiblie, et nécessitant une nuit de repos complet dans sa caravane, d’où elle ressort fraîche et dispose le lendemain matin, prête à soulager la misère du monde. Cet échange de bons procédés trouve toutefois une conclusion tragique lorsqu’une famille provenant d’un village voisin arrive sans crier gare pour exposer son cas à la Mère Zinka. Profitant de l’absence de cette dernière, Adirene, fascinée par le personnage et convaincue que sa vocation est de devenir l’apprentie de Zinka, se glisse jusque dans la roulotte de la voyageuse, où elle est persuadée de trouver le secret de ses pouvoirs…

Début spoiler…Et si c’est bien le cas, la vérité n’est toutefois pas très reluisante. Réveillée par l’intrusion d’Adirene, une créature cauchemardesque se lève pesamment et se dirige vers la fillette, dont le cri d’effroi attire tous les villageois des alentours, ainsi que Mère Zinka, qui avait sagement préféré se déclarer incompétente pour le dernier cas qui lui avait été présenté, une tourista Mhurghastienne de stade terminal2. Comprenant que son secret a été éventé, Zinka cherche à retenir Adirene, mais la fillette parvient à se dégager, avant d’aller se fracasser le crâne sur la borne kilométrique devant laquelle la guérisseuse avait garé son véhicule. La mort tragique d’Adirene passe cependant rapidement au second plan lorsque le fiston de Zinka émerge de la roulotte maternelle, provoquant une réaction extrême dans l’assistance.

Réceptacle de tous les maux que sa mère a extirpé de ses patients au fil des années, qu’elle prenait littéralement sur elle avant de les lui repasser, Zinko est l’incarnation même d’un centre de traitement de déchets nucléaires, et n’a donc vraiment pas une gueule de porte bonheur. Dans la confusion qui s’en suit, Zinka se fait poignarder à mort par le père d’Adirene – plutôt ingrat pour le coup – qui se fait lui-même ouvrir en deux par le mutant quelques secondes plus tard, comme la plupart des villageois ayant eu la mauvaise idée de se confronter à Zinko. Au cours de ses derniers instants, la guérisseuse mal inspirée (elle était persuadée que Sigmar les élèverait, elle et son fils, en Stormcast Eternals en récompense des services rendus) ne peut qu’assister au départ de son fils et de Konrath, qui se révèle être un cultiste de Nurgle (ce qui explique pourquoi il était si chafouin de l’arrivée de Zinka) dans la forêt toute proche, où le jeunot trouvera sans aucun doute une famille d’adoption un peu plus aimante. C’est tout le mal qu’on lui souhaite, en tout cas.Fin spoiler

: Cela aurait été gonflé de la part d’anti-vaxx de faire un procès en laïcité à leur sauveuse. Tous coupables aux yeux de la République vous êtes, mauvais citoyens.
: Le sujet commence à se dévorer lui-même, en commençant par les morceaux les plus tendres, tels que les yeux.

AVIS:

Débuts réussis de la part de Steven Shiel avec cette histoire de pacte méphistophélique à la sauce Age of Sigmar, suffisamment bien exécuté pour que la non-surprise de sa conclusion (il est rapidement évident que Mère Zinka dissimule un lourd secret) ne vienne pas ternir le plaisir de lecture. En particulier, j’ai trouvé l’idée de la foi dévoyée en Sigmar de la protagoniste être une très bonne inclusion de la part de Shiel : il est somme toute logique que des Sigmarites cherchent à gagner les bonnes grâces de leur divinité tutélaire pour devenir des Stormcast Eternals, qui ne sont rien de moins que des demi-dieux immortels (ce qui est un statut intrinsèquement supérieur à celui du péquenot moyen), et que certains prennent des décisions un peu trop extrêmes dans leur quête de reconnaissance. La figure de Mère Zinka, guérisseuse totalement dévouée à sa cause et objectivement bonne, sauf à l’encontre du fils qu’elle a choisi de sacrifier pour le bien commun1… mais pas seulement, est particulièrement réussie, et met parfaitement en lumière l’impossible manichéisme du culte de Sigmar.

1 : Le syndrome de Münchhausen par procuration peut prendre des proportions invraisemblables dans les Royaumes Mortels.

.

Blood Sacrifice – P. McLean [40K]:

.

Blood SacrificeINTRIGUE:

Après les événements traumatiques de Baphomet (Baphomet by Night, que votre serviteur n’a pas encore lu au moment où cette chronique est écrite), le Caporal Cully et le 45ème Reslian, respectivement héros et régiment préféré de McLean (No Hero, Predation of the Eagle) servent maintenant sur le monde ruche de Voltoth, où ils se préparent à défendre la ruche Lemegeton contre les assauts d’une Waaagh !. Pour le moment, et en attendant Godork, les braves bidasses s’occupent à creuser des latrines et autres activités réglementaires mais pas très fun, sous les ordres du Sergent Kallin, remplaçant (f)rigide du défunt Rachain. Au hasard d’une innocente discussion avec ce bon vieux Lopata, dans tous les bons plans (et pas uniquement parce qu’il est le trafiquant du régiment), et promu lui aussi au rang de Caporal, Cully se laisse embarquer dans une expédition clandestine à l’arrière des lignes impériales, où un contact de Loppy est prêt à mettre le prix pour obtenir la livraison à domicile d’un colis mystérieux. Notre héros endeuillé accepte donc de partir en balade après la fin de son service, en compagnie de quelques vétérans triés sur le volet, dont les têtes connues Varus (la scout la moins efficace du monde, aperçue dans No Hero) et Steeleye (la sniper défigurée et morveuse – mais ce n’est pas vraiment sa faute – de Predation of the Eagle).

Après une marche d’approche rapidement expédiée et sans grand intérêt, notre mauvaise troupe parvient sur les lieux du deal, qui se trouve être une sorte de clinique abandonnée, et donc absolument pas creepy pour commencer. Pas du tout. J’insiste. Prudence étant mère de sûreté, les livreurs Deliveroo approchent en formation de combat, et se font accueillir par un duo de Serviteurs aides soignants très possessifs de leur territoire. La rencontre se passe aussi mal que l’on peut l’espérer, et notre escouade subit ses premières pertes (dont le soldat Tarran, ce qui illustre bien le fait que le fluff est toujours la première perte à 40K), même si les coriaces Reslian parviennent à se débarrasser de leurs assaillants après une période de flottement initiale. Les choses ne se passant certes pas comme elles étaient sensées le faire, et avec déjà deux morts violentes à justifier auprès de l’état-major à leur retour, nos héros décident malgré tout de pousser leur chance un peu plus loin, et fouillent les ruines à la recherche du contact de Lopata. En chemin, alertés par des cris de souffrance déchirants, ils découvrent un malheureux citoyen de Legemeton en plein processus de transformation en Serviteur, sans lobotomie ni anesthésie préalables. Ayant mis fin au calvaire du quidam, les vertueux Gardes Impériaux décident de tirer cette sombre et sanglante affaire au clair, et de démanteler cette sinistre entreprise avant de repartir vers leur caserne. Des intentions louables, qui ne seront pas récompensées à leur juste valeur…

Début spoiler…La suite de la nouvelle voit la petite bande poursuivre sa plongée dans l’horreur médicale, perdant d’autres membres à chaque nouvelle rencontre avec les « infirmiers1 », jusqu’à rencontrer les véritables responsables de ce cauchemar hospitalier, et comprendre leurs motivations. Associée au ganger Dareus Vorn, la Magos Genetor Babette Vitzkowski a lancé son entreprise de fabrication de Serviteurs de combat à destination des riches ruchiers terrifiés par l’arrivée prochaine des Orks, et s’est mise à recruter des sujets de chair et de sang pour servir de base à ses créations sans se soucier de recueillir leur accord préalable. Se sentant, à juste titre, menacé par son imposante et implacable partenaire, Vorn s’est arrangé pour faire venir sur place Lopata et ses collègues sous prétexte d’une opération de contrebande, espérant que les Gardes Impériaux parviendront à régler son compte à la Genetor dans la foulée. Notre brave Babette, femme de science avant tout, s’est elle montrée intéressée par la possibilité d’expérimenter sur des sujets entraînés aux choses de la guerre, ce qu’elle avait déjà fait sur deux soldats Reslian (Sharrik et Ells), portés disparus quelque temps auparavant.

La rencontre finale entre les Pro-Life et les Pro-Choice se passe en trois temps, la première voyant Vorn lâcher les restes de Sharrik et Ells sur leurs anciens camarades, sans trop d’effet sur ces derniers, déjà réduits à un quartet de personnages nommés, et dont l’armure de scenarium s’avère trop épaisse pour les cyborgs expérimentaux. Cette armure ne sauvera cependant pas Steeleye d’un headshot fatal expédié par le fourbe Vorn, qui n’aura guère le temps de savourer ce tir avant que les trois derniers Reslian ne lui tombent dessus et le tabassent à mort. Le projet de Cully, Varus et Lopata de faire passer Babette à la casserole se heurteront toutefois à une fin de non recevoir ferme et définitive, la Genetor liquidant froidement chaudement (plasma oblige) l’homme qui murmurait à l’oreille des Orks, avant de lobotomiser la scout d’un piercing frontal express. Isolé et confronté à un adversaire beaucoup trop balèze pour lui, l’héroïque Cully fera son devoir de la manière la plus appropriée et naturelle pour un soldat de la Garde Impériale… C’est à dire qu’il se fera bolosser pendant la phase de corps à corps qui suivra, après avoir lamentablement raté son tir en état d’alerte. Comme le dit bien Babette avant de sceller le destin corporel du malheureux Caporal : « L’Empereur n’a pas de pitié ».Fin spoiler

: Dans ce contexte, comprendre qu’ils transforment leurs patients en infirmes.

AVIS:

Grimdark, vous avez dit grimdark ? Comme c’est put*in de grimdark ! McLean offre à ses personnages du 45ème Reslian une sortie de piste aussi brutale que sinistre, et donc tout à fait appropriée pour une soumission Warhammer Horror. On ne peut que compatir avec nos braves bidasses, dont la transition des aventures vers le nouveau segment horrifique de la BL, alors qu’elles avaient commencé classiquement par du 40K lambda, les a condamnés à un sort peu enviable. Leur auteur et bourreau met avec ce Blood Sacrifice un point final sanglant à ce petit arc narratif (sauf si Cully fait une apparition à la Agun Soric dans une prochaine soumission, ce que je ne lui souhaite pas), qui se sera révélé de bonne qualité et aura donné un contrepoint d’une noirceur et d’un nihilisme conséquents aux aventures, autrement plus héroïques, des Fantômes de Gaunt. Si on peut reprocher à Abnett de ne pas savoir tuer ses héros (une règle de base dans l’écriture romanesque), cette réprimande ne peut pas être adressé à McLean, preuve à l’appui. Je plains les futurs protagonistes de notre homme, en même temps qu’il me tarde de les connaître, car leurs vies ne risquent pas d’être de tout repos…

.

The Growing Seasons – R. Strachan [AoS]:

.

INTRIGUE:

Dans un coin perdu de Ghyran, au fond d’une vallée isolée du reste du Royaume, une petite communauté humaine vit dans une simplicité heureuse et le respect des commandements vitaux (et pas des commandements de Vitoo, qui sont un peu différents, mais restent dans l’esprit1). Nous faisons la connaissance de la famille du chef spirituel de nos braves péquenauds, Fletch, alors que ce dernier se prépare pour aller prendre sa place dans ce qui peut être décrit comme le carnaval local : la Procession Féconde. Déguisé en Grand Chasseur Vert, qui semble être un cosplay très poussé d’Orion, Fletch mène ainsi les fidèles dans une balade autour de la vallée, jusqu’à arriver devant l’Arbre des Libations, qui doit être dûment arrosé2 afin d’honorer les traditions centenaires assurant à la Vallée Cachée sa prospérité. La cérémonie est toutefois interrompue avant son terme par l’arrivée d’un individu titubant et nauséeux, qui se trouve être Eilert, le fils fugueur de Fletch, ayant précédemment quitté la maison familiale et son village natale pour explorer le vaste monde, à la grande honte de ses parents. Le voici donc revenu en ce moment décisif, et si certaines voix s’élèvent pour que le déserteur soit chassé séance tenante (on a la rancune tenace dans les campagnes), Fletch et Hedda (femme d’icelui) se laissent convaincre d’héberger le fils prodigue, au moins le temps qu’il se refasse une santé. Dans la confusion, les ruraux s’en retournent à leurs masures sans avoir uriné sur arrosé l’Arbre des Libations, ce que Fletch prend plutôt à la rigolade. Evidemment, cet oubli aura des conséquences fâcheuses, et notre héros s’en voudra longtemps de ne pas avoir pris les cinq minutes nécessaires au respect de la tradition (je parie que sa vessie était pleine à ce moment, en plus).

Quelques mois plus tard, et alors que les récoltes sont prêtes à être lancées, Fletch est appelé à conduire un nouveau rituel pour débuter la saison de la Ferveur : le sacrifice d’une chèvre au milieu des champs en grains de la vallée. Préoccupé par la réintégration, pourtant assez réussie, d’Eilert dans la communauté, notre héros doit également composer avec, oh comme c’est étonnant, quelques cas d’une nouvelle maladie dont ni l’origine, ni l’antidote, ne sont connues. La cérémonie se passe cependant très mal, et pas que pour la chèvre, qui déverse un torrent d’asticots au lieu du sang attendu lorsque Fletch lui fait rendre gorge. Ce très mauvais présage, confirmé quelques jours plus tard par la perte de l’intégralité de la récolte, qui pourrit sur pied et se fait dévorer par des nuées d’insectes, n’est pas sans provoquer des remous parmi les villageois, d’autant plus que les cas de maladies se déclarent de plus en plus rapidement. Dépassés et effrayés par la situation, les bouseux souhaitent s’en remettre aux bonnes vieilles méthodes, comme l’incinération de sorcières (ils sont moyen chauds pour s’en remettre à un bouc émissaire, après le foin causé par le dernier), ou à défaut, le lynchage d’étrangers, Eilert dans le cas présent. Ayant réussi à calmer, au moins pour un temps, les velléités sanguinaires de ses concitoyens, et convaincu ces derniers que la meilleure solution à leur problème était de se mettre en quarantaine et d’éviter de prendre des douches (ce qui est à la fois merveilleusement altruiste et parfaitement suicidaire), Fletch n’a plus qu’à espérer que la situation va s’améliorer.

Spoiler alert. La situation ne s’améliore pas. Au contraire, la riante petite vallée se transforme petit à petit en Zombieland, forçant les rescapés, de moins en moins nombreux et de plus en plus paranoïaques, à prendre des mesures drastiques, comme enfermer chez eux les villageois trop atteints par le mal en attendant qu’ils crament leurs derniers PV. Dans ce cauchemar permanent, Fletch a au moins le réconfort de pouvoir compter sur une famille unie, jusqu’à ce que son deuxième fils, Peer, fasse une poussée de Nurglisme aiguë, annoncée par une thelaziasis de mauvais augure. Pour ne rien arranger, un groupe de péquenauds désespérés décide de purger l’infection en bastonnant les individus suspectés d’avoir provoqué cette dernière, ce qui n’exclut pas grand monde au final. Flecht parvient tout juste à épargner le gourdin à Eilert, mais doit se résoudre à s’appliquer sa propre médecine et à s’enfermer avec ses proches dans leur maison…

Début spoiler…La fin n’est pas longue à venir à partir de ce moment. La santé des claquemurés se détériore rapidement, jusqu’à forcer le pater familias à confiner ses femmes et enfants à l’étage. Lui-même mal en point, il prend la décision de partir en beauté et met le feu à sa maison, en se gardant bien d’en sortir. Dans ses derniers moments, alors qu’il contemple la ruine qu’est devenue sa vallée bien-aimée, il a l’ultime douleur de voir Eilert, clairement marqué comme un Elu de Nurgle, repartir de la vallée avec son baluchon sur l’épaule. Comme quoi, on a bien tort de ne pas faire confiance au bon sens paysan.Fin spoiler

1 : Comme tromper son mari/sa femme avec 16 personnes différentes. Très bon pour le brassage génétique.
2 : Comme Strachan décrit le tronc comme marqué par des centaines d’années d’offrandes et que la procession s’arrête tous les cent mètres pour que ses participants boivent un coup, on ne m’ôtera pas l’esprit que la consécration de l’arbre passe simplement par un coup de goupillon (procédé tellement peu naturel).

AVIS:

Pour sa deuxième soumission pour le compte de la Black Library, cette fois dans un format un peu plus conséquent que son initial The Widow Tide, Richard Strachan livre une version pestiférée des Quatre Saisons, qui, si elle s’avère plus aboutie que son travail précédent, n’est pas non plus, à l’instar du mystérieux Eilert, exempt de tous soupçons. En sa faveur, retenons une narration maîtrisée, la descente dans l’horreur de la Vallée Cachée, vue à travers les yeux de Fletch, se déroulant avec une implacable logique, depuis les discrets signes avant coureurs négligés par les personnages jusqu’à l’annexion totale et définitive de ce coin de Ghyran par les promoteurs de Papy Nurgle. D’un autre côté, on peut se demander si tout cet espace était nécessaire – autrement que pour instiller au récit une ambiance désespérée, s’entend – à l’aune de l’intrigue simpliste qui sous-tend ce récit. Car, oui, celui que tout indique comme le coupable est coupable, et comme notre héros est trop borné pour remonter sa piste, cette pourriture d’Eilert aura la partie facile du début à la fin de la nouvelle. Cela aurait pu se comprendre si Strachan avait donné au lecteur autre chose d’intéressant, comme une explication sur la manière dont le cultiste s’y est pris pour contaminer toute la vallée, mais rien de tel ne sera explicité1. Bref, plus de forme certes, mais pour la substance, nous n’y sommes toujours pas.

1 : La relecture de la nouvelle m’a de plus fait noter que des fleurs aux formes suspectes étaient présentes dans l’écosystème local (et connues des villageois, puisque leur guérisseur recommande de les suspendre à la porte des maisons pour combattre l’infection) avant le retour d’Eilert. Du coup, une explication sur qui a fait quoi et comment n’aurait pas été de trop.

.

Supplication – J. Ozga [AoS]:

.

INTRIGUE:

Meet your hero, Jondo1 : esprit libre au sein d’une tribu de libres penseurs, il a rompu tous liens avec sa famille et ses amis pour aller vivre avec son crush dans une petite maison construite de leurs mains dans les profondeurs sauvages de Ghur. Protégés par les pouvoirs de dissimulation de la donzelle (Jando, du coup), le couple a vécu heureux pendant des décennies, jusqu’à ce que la maladie, puis la mort de sa femme entraîne chez Jon une crise existentielle bien compréhensible. Témoin des changements affectant la région, et de la progression d’une sorte de pourriture incurable, dont sa femme, plus sensible que lui à cette malédiction, n’est qu’une des victimes, notre héros décide d’aller rendre une visite de courtoisie à ses proches – qui ne le sont plus vraiment –, après avoir donné des funérailles dignes de ce nom à son aimée (il fout le feu à leur maison, égorge tous leurs animaux, et part avec le crâne de Jan à la ceinture : pretty brutal). Signe d’une démence déjà bien prononcée, ou des pouvoirs persistants de la défunte enchanteresse, Jon entend la voix de sa femme dans sa tête, et les deux peuvent dialoguer de temps à autre, comme au bon vieux temps.

Après quelques journées, et autant de pages, de trek bucolique dans un paysage de plus en plus marqué par ce que l’on ne peut qualifier que d’influence chaotique, Jon finit par rencontrer les premiers habitants de la vallée où le reste de sa tribu s’est installée, il y a de cela fort longtemps. Et, horreur et consternation, la procession qu’il voit déambuler sur la route est constituée de junkies Slaaneshi de la pire espèce, ce que notre hardi et vieux bûcheron ne peut supporter. Il faudra toute la diplomatie post-mortem de Jan pour le convaincre de ne pas foncer dans le tas avec sa cognée, combat qu’il aurait eu du mal à remporter malgré toute sa vaillance. Un peu plus tard, après avoir échappé à des arbres carnivores, Jon tombe sur une Démonette donnant une représentation du Lac des Cygnes au bord d’une rivière. Destiné à devenir le f*ckboy du démon et/ou à rejoindre son orchestre de choristes coralliens, il n’est sauvé que par l’intervention décisive (du crâne) de sa femme faisant comprendre à la petite débauchée démoniaque que Jon est déjà pris. La tentatrice laisse donc partir notre héros à regret et reprend ses entrechats, non sans lui avoir promis qu’un destin de toute beauté l’attendait. Mauvais cygne pour mauvais signe, si vous voulez mon avis…

Début spoiler…Finalement, Jon arrive au bled et le trouve déserté, ce qui n’est guère étonnant au vu des traces de la bataille ayant pris place à cet endroit entre les suppôts de Slaanesh et les habitants de la ville. Au centre de cette dernière se trouve un autel construit à partir des squelettes de la biodiversité locale, mais la visite touristique de Jon est rapidement interrompue par la survenue d’une foule de cultistes, qui l’amènent manu slaneshii jusqu’à la structure osseuse, après qu’il ait corrigé quelques uns de ces galapiats pour leur peine. De l’autel se matérialise un Prince Démon, avec lequel la perfide Jan a passé un marché en échange des soins palliatifs que son mari lui a refusé pendant les derniers mois de sa vie (ou quelque chose comme ça). Réalisant la trahison dont il a fait l’objet, Jon tente de mobiliser ses racines de Khorneux repenti, mais ne parvient à rien de concluant avant que le PD ne le balance dans le slime mutant qu’il a préparé avec les survivants de sa tribu, ce qui revient à un game over dans les Royaumes Mortels. Pas de morale à cette histoire, si ce n’est que l’euthanasie a parfois du bon… I guess ?Fin spoiler

1 : Par convention, Ozga ne révélant pas les patronymes de ses personnages.

AVIS:

Pour ses débuts au sein de la Black Library, Jake Ozga choisit de s’écarter des chemins battus stylistiques de la maison, et de livrer une copie un peu moins « terre à terre » que la moyenne. Depuis les personnages non nommés jusqu’à la large part dédiée aux descriptions par rapport à l’action, en passant par le rythme contemplatif de la narration, Supplication est à mon avis assez proche de ce que pourrait produire Brian Craig s’il débutait dans la GW-Fiction de nos jours. Ayant un faible pour les mises en scènes intrigantes des Royaumes du Chaos, j’ai été plutôt gâté avec cette nouvelle, qui n’est pas avare en manifestations démoniaques et dérangeantes, bien qu’elle se déroule en théorie en Ghur. Seule la conclusion, que j’ai trouvé un peu faible, de cette histoire est venue ternir une performance autrement très solide de la part du nouveau venu Ozga, qui semble bien parti pour apporter un peu de variété aux récits autrement assez standardisés de la BL.

.

From the Halls, the Silence – D. Annandale [40K]:

.

INTRIGUE:

Appelée au chevet du Prêcheur Tabin Garanthias, qui sent la mort arriver et souhaite faire une dernière confession avant rejoindre la droite de l’Empereur, l’Inquistrice Evenya Kaelstrop de l’Ordo Malleus parvient, après quelques difficultés1, à trouver la piaule du mourant. Cela est plutôt gentil de sa part, car, comme elle le fait remarquer à son hôte après être arrivée, ce n’est pas vraiment le boulot de la Sainte Inquisition d’écouter les auto-critiques des sujets impériaux, fussent-ils, comme pour notre ami Tabin, des saints en puissance. Mais Garanthias, après être passé par une phase de désorientation sévère relevant la gravité de son état2, a le bon goût de préciser que la confession qu’il a à faire est de celles qui intéressent les Ordos. Et notre homme sait de quoi il parle, ayant lui même servi comme acolyte inquisitorial au début de sa carrière.

Attaché à l’Inquisiteur Herod Nestyr de l’Ordo Malleus, dont toute trace a disparu de Winquipedia (le wiki spécialisé et ultra confidentiel de l’Inquisition), le Prêcheur accompagna son maître – dont il était le seul suivant, à croire que les restrictions budgétaires touchent aussi les hauts fonctionnaires impériaux – sur la planète de Solus afin d’investiguer sur des allégations anonymes de corruption de la famille régnante, les Strock. Une fois n’est pas coutume, Nestyr laissa son acolyte prendre connaissance du dossier afin qu’il se forge une opinion personnelle, donnant à Tabin une idée précise de l’affaire. À peine arrivés, les enquêteurs eurent la désagréable surprise d’être invités à dîner par une autre lignée locale influente, les Montfor, illustrant par là même que leur venue sur Solus n’avait pas été aussi discrète qu’ils souhaitaient qu’elle fût. Peu enclins à passer une soirée à discuter le bout de gras – qui est justement le plat typique de la planète, et une autre raison d’éviter les réceptions officielles de Solus – avec des hôtes à la réputation aussi sulfureuse que celle des Strock était immaculée, Nestyr et Tabin posèrent un lapin aux Montfor, et optèrent à la place pour un premier repérage de la demeure de leur suspect, la Gouverneur planétaire Garwinn Strock. Quand on sait que la bicoque en question s’appellait Malveil, et se situait dans la ville de Valgaast, on comprend rapidement que les choses vont mal se passer pour nos intrépides enquêteurs…

Les choses commencèrent en effet à tourner au vinaigre lorsque Nestyr, plus sensible, ou plus psychiquement affûté, que son sous-fifre, fût pris d’une crise d’angoisse au niveau du portail de la bâtisse. Revenu dans sa planque, il prit le parti de retourner seul à Malveil pour tenter d’y voir plus clair sur la nature du mal demeurant dans ces vieilles pierres, soupçonnant fortement une présence démoniaque de hanter la demeure. Et il ne parlait pas de Stéphane Plaza. Laissé seul comme un chihuahua dans le triplex de Paris Hilton, ou un enfant McCallister le lendemain d’un départ en vacances, Tab’ a attendu, attendu, mais Nestyr n’est jamais venu (il a pourtant sifflé tant qu’il a pu). Pour ne rien arranger, les affaires de son maître disparaissent subitement alors qu’il avait à son tour pris le chemin de Malveil (avant de réaliser que c’était complètement con de le faire à un moment où il ne pourrait pas dissimuler sa présence), et personne ne semble se souvenir que Nestyr ait été présent pour commencer…

Déterminé à retrouver la trace de son patron, Tabin finit par se rendre pour de bon à Malveil, où il réussit trois tests de Commandement successifs (un pour chaque signe flippant laissé par le démon domestique à son attention : un portail qui s’ouvre tout seul, la rosette, puis le manteau de Nestyr laissés en évidence sur son chemin) avant de craquer lamentablement et de s’enfuir en courant3. Cette fuite emmènera notre héros à quitter la planète, puis l’Ordo Malleus, sans tarder, et débuter une carrière dans le Ministorum à l’autre bout de la galaxie, sans jamais avoir la certitude que la présence maléfique de Malveil avait lâché sa piste pour de bon. D’ailleurs, la confession de Tabin n’est pas plutôt terminée que la porte du presbythère claque très fort, distrayant Kaelstrom juste assez longtemps pour que le vieil homme disparaisse corps et bien (il n’en avait qu’un : la rosette de Nestyr) à son tour dans un abominable hurlement d’effroi. À son retour dans la chambre du prêtre, plongée dans un silence de mort, l’Inquisitrice ne peut que constater la volatilisation de Tabin et de son badge de dresseur Pokémon, sans doute happés par un Fantominus made in Warp. Hello silence my old fiend…

1 : Il est probable que le monde de Caligo, où se déroule notre histoire, n’est pas encore passé à la 5G. En même temps, attendre une connexion rapide dans une ville qui se nomme Stagnum, c’est peut-être faire preuve d’un trop grand optimisme.
2 : Comment expliquer sinon qu’il s’inquiète que l’Inquisitrice ait des doutes à son égard… Alors qu’il est la personne qui l’a faite venir. Les ravages de la vieillesse
3 : En même temps, au vu de la tournure prise par les événements, les seules choses qui pouvaient attendre Tabin à l’intérieur étaient soit un démon sadique et assoiffé de sang, soit un Inquisiteur ayant terminé un strip tease intégral. Aucune option n’était tentante.

AVIS:

Annandale s’exerce à un nouveau type d’horreur avec ce From the Halls, the Silence (très bon titre d’ailleurs), et met en scène une présence démoniaque dont on ne saura finalement pas grand-chose, et que l’on ne verra jamais à l’oeuvre, dans une nouvelle empruntant à des classiques tels que Le Horla (l’antagoniste invisible et omnipotent). Et bien que le premier réflexe du lecteur habitué de la BL (le mien en tout cas) soit de regretter que la nature du persécuteur de Tabin ne soit pas explicitée, ce qui aurait été logique pour un récit prenant place dans un univers où les démons sont aussi précisément connus que Warhammer 40.000 (alors que les écrivains du 19ème siècle pouvaient s’en tirer avec une vague mention du diable), j’en suis venu à considérer avec un peu de recul que ce mystère sert le propos d’Annandale plus qu’il ne l’affaiblit. En tout état de cause, il donne envie de lire The House of Night and Chain, auquel From the Halls… est intimement lié, afin de savoir si le destin, sans aucun doute funeste, de l’Inquisiteur Nestyr est révélé, et d’en apprendre plus sur le mal qui rôde dans Malveil. Bref, une soumission solide de la part de David Annandale, et d’autant plus si on l’aborde avec des yeux « neufs ». À bas les augmétiques, pour une fois.

.

A Sending from the Grave – C. L. Werner [AoS]:

.

INTRIGUE:

La petite ville de Sigmarograd vit dans la terreur d’un tueur mystérieux, laissant derrière lui les cadavres de ses victimes complètement carbonisés. Isolée dans un marais fétide dont les eaux saumâtres attirent (de façon assez peu intuitive je dois dire) les comètes d’Azyr, ce qui a fait la prospérité de la cité, Sigmarograd se retrouve fort dépourvue maintenant que le light gheist s’en est (re)venu. Après avoir branché un honnête chercheur de fer pour se faire la main, le disjonctueur s’est mis à hanter les rues de la ville, avec un attrait particulier pour les membres de la famille Petrovovich. Nous suivons les événements se dérouler aux côtés d’Ivana, la testeuse de métal (assayer) municipale, dont l’affection, réciproque mais contrariée par des parents peu amènes, pour l’un des Petrovovich (Vassili), va placer malgré elle au cœur de l’intrigue. Espérant toujours le retour de son promis, engagé dans les armées de Sigmar depuis maintenant dix ans, Ivana semble être protégée des déprédations électriques de l’esprit vengeur, que ni la milice locale, ni les arquebusiers Duardin envoyés par la Guilde Ironweld protéger ses fournisseurs (et ses intérêts, par la même occasion), ne parviennent à mettre hors d’état de nuire.

Quand le Knight-Incantor Arnhault (déjà aperçu dans Sacrosaint, et donc reforgé de frais) arrive à son tour à Sigmarograd pour poursuivre son enquête sur les effets débilitants de la Reforge sur les Stormcast Eternals, les pièces du puzzle ne tardent pas à se mettre en place. Le sagace Arnhault parviendra-t-il à mettre fin aux ravages de son « ancien collègue », sans que ce dernier ne fasse de nouvelles victimes civiles, et en apprenant un peu plus sur la déperdition d’énergie et de mémoire qui frappe les Elus de Sigmar à chaque passage à la case l’enclume départ ? Pas évident… Pas évident du tout…

AVIS:

A Sending from the Grave m’a laissé avec un sentiment mitigé. Si Werner – à présent lancé dans une parenthèse russophone, après ses péripéties japonisantes – sait toujours comment embarquer le lecteur dans ses récits, cette nouvelle aurait à mon sens gagné à être plus courte et plus directe dans son approche. En premier lieu, la présence d’Arnault au casting ne tombait pas sous le sens, et tient plus du caméo raté1 que de l’arrivée du chevalier blanc. D’autre part, cela aurait donné une chance à la révélation finale sur laquelle Werner a bâti son récit de surprendre le lecteur. Au lieu de ça, le suspens est grandement éventé au fil des pages, et des révélations et supputations que les personnages émettent au fur et à mesure que le bodycount progresse. Si on ajoute à cela le fait que l’auteur n’apporte aucun nouvel élément fluff sur la malédiction de la Reforge, qui constituait, ou aurait dû constituer, si nous sommes honnêtes, la partie la plus intéressante de la nouvelle, la déception l’emporte largement.

1 : Peut-être encore marqué par sa propre Reforge, le Knight-Incantor se plante dans les grandes largeurs, le piège qu’il conçoit pour attirer le light gheist à lui ne fonctionnant pas des masses, et conduisant son « appât » à une mort peu enviable, juste avant que le Stormcast déformé – plutôt que réformé – n’aille se suicider sur un tas de caillou.

.

Flesh and Blood – R. Cluley [AoS]:

.

INTRIGUE:

La vie est dure pour les habitants de Broken Cove, ville portuaire des Iles Trois Fois Maudites (Thrice Cursed Islands) du Royaume de Shyish. En plus des émanations délétères qui recouvrent fréquemment la cité, et apportent la pourriture pulmonaire (lung-rot) aux malheureux qui les respirent, le voisinage est également un problème, les goules de l’Île Muette (Mute Island) toute proche considérant les dodus et juteux citoyens de Broken Cove avec un sinistre intérêt. C’est pour cela que les autorités municipales ont institué un système de redevance charnelle, à travers lequel les malades, infirmes et vieillards de Broken Cove sont envoyés en pension sur l’Île Muette afin d’apaiser les appétits carnassiers des Mordants qui y résident. Ce système, dont notre héros, Loukas, est une des chevilles ouvrières, du fait de son rôle de takerman, a fonctionné pour un temps, jusqu’à ce qu’un beau matin, les goules décident de partir en virée au supermarché d’en face (il y a de grandes chances qu’elles le voient de cette manière en tout cas), et débarquent au port de Broken Cove depuis le navire qui était censé leur apporter le dernier chargement d’invalides.

Surpris, comme tous ses concitoyens, de la tournure prise par les événements, Loukas n’a d’autre choix que de prendre ses jambes à son cou, s’il veut garder les unes comme l’autre intacts. Dans une reprise post-apocalyptique de « Oh ! J’cours tout seul » (William Sheller1), notre maton à mi-temps se battra (un peu, et autant avec des goules qu’avec une milicienne dont il a eu la mauvaise idée de « recruter » le paternel quelques semaines plus tôt) et se cachera (beaucoup), en essayant vaguement de trouver les deux seules personnes qui comptent à ses yeux : la vendeuse de fleurs Amberyn à laquelle il faisait du bringue, puis, par défaut, sa vieille môman malade, dont il a dissimulé l’état pour ne pas qu’elle soit elle aussi envoyée en cure sur l’Île Muette. Malheureusement pour eux, Loukas s’avère être plus doué en phrases de dragueur beauf qu’en maniement des armes, et l’arrivée d’un groupe de goules passablement affamées jusqu’à son appartement du second étage2 viendra mettre un terme à ces touchantes retrouvailles de façon définitive. They only hit until you die. // After that you don’t ask why… (cos u ded)

1 : S’il avait choisi « Je marche seul » (Jean-Jacques Goldman), la nouvelle aurait duré 3 pages.
2 : C’est forcément le second étage. La chanson est formelle.

AVIS:

Bizarre et inaboutie nouvelle que ce Flesh and Blood, avec lequel Ray Cluley signe des débuts contrastés pour la Black Library. Si le propos est indéniablement horrifique, dans la frange gore du concept, le lecteur se retrouve face à de nombreuses questions sans réponses après avoir fini cette soumission, qui tient plus de la course poursuite (perdue par le héros) dans The Walking Dead que du récit d’aventures dans les Royaumes Mortels. Ainsi, on ne saura pas pourquoi ni, surtout, comment (les cartes montrant bien la distance entre les Îles Trois Fois Maudite et l’Île Muette1) les goules se sont rendues à Broken Cove, qui est la Matriarche qui mène ses troupes, et pourquoi elle tient tant à allaiter un enfant humain (ce qui ne se passe pas très bien, comme on peut l’imaginer), ou plus généralement, quels sont les tenants et les aboutissants de l’intrigue. Mis à part Loukas, les autres personnages convoqués par Cluley apparaissent et disparaissent sans avoir d’impact sur l’histoire, à l’image de l’évanescente Amberyn, que l’on ne verra jamais vraiment de la nouvelle, ou la milicienne (non nommée) qui se fritte avec et contre le héros pendant un tiers du récit, avant de se faire boulotter hors champ par la random ghoul. Bref, et à moins que Cluley ne se décide à approfondir un peu plus son sujet avec ses prochaines soumissions – ce qui risque d’être difficile, tous ses personnages finissant Flesh and Blood littéralement estomaqués – je reste franchement sur ma faim. Un comble.

1 : À moins que Cluley ait confondu les cannibales dégénérés d’Age of Sigmar et les piratesses de Requiem.

.

The Summons of Shadows – D. Annandale [40K]:

.

INTRIGUE:

Hakob Maltenus est un adepte de bas niveau sur le monde ruche en déréliction de Fumus, vivant seul depuis vingt ans et le « recrutement » de sa femme (Velya) et de ses fils jumeaux (Ballan & Ulys) dans les rangs de… la Garde Impériale, je suppose – même si l’intérêt de cette dernière d’intégrer des gamins de 10 ans dans ses rangs reste à prouver – alors que lui a bénéficié d’une exemption en raison de son corps de lâche et sa santé fragile. Quand on vous disait que c’est tous des planqués à la fonction publique territoriale. Quoi qu’il en soit, 20 ans c’est long, et il ne se passe pas un jour pendant lequel Hakob ne pense à sa famille disparue (surtout à Velya pour être honnête, il n’arrive plus trop à différencier les jumeaux), entre deux compilations de rapports aussi inutiles qu’obsolètes. The Imperium Dream en quelque sorte.

Cette monotone mélancolie est interrompue de la pire des façons lorsque Hakob se met à ressentir la présence de ses êtres chers, et plutôt en mode Resident Evil que Casper. Distrait dans son travail par ces sinistres épiphanies à répétition, notre scribe asthmatique finit par mettre la main sur un document faisant état de la destruction du vaisseau dans lequel sa smala a embarqué il y a bien longtemps, victime d’une grossière erreur administrative ayant conduit à l’explosion de ses réacteurs plasma. Sans doute un travail bâclé par un vacataire peu concerné, moi je dis. En tout cas, cette réalisation laisse notre héros tout chose, puisqu’elle signifie que non seulement il ne reverra plus jamais ses femme et enfants (il continuait à espérer, le faible), mais en plus, que ces derniers sont morts de la façon la plus stupide et inutile possible, et pas en servant l’Immortel Empereur sur le champ de bataille, comme il se le représentait. Bref, grosse ambiance sur Fumus.

Alors qu’il rentre chez lui après avoir terminé son service, Hakob continue de voir apparaître ses chers disparus à l’angle des rues ou au détour d’un virage, toujours de manière vaguement menaçante et totalement angoissante. Les préliminaires s’arrêtent lorsqu’une présence indistincte mais indubitablement hostile commence à se rapprocher en grognant de notre héros, qui tape alors son meilleur sprint (ce qui ne doit pas être fameux) pour aller s’enfermer dans la chambre vide de sa maison vide, pas pour écouter une symphonie ou regarder passer les oiseaux servo-crânes, non, mais pour échapper à un destin qui finira pourtant par le rattraper… et le manger. Vous vous en doutez, le poursuivant de Hakob n’était autre que l’esprit vengeur de ses proches, fusionnés dans une triplette mutante assez grotesque, et assez peu satisfaite du pater familias. Les repas de famille alors, quelle corvée parfois…

AVIS:

Publiée à l’origine dans le White Dwarf de Mai 2019 (et traduite en français sous le nom de L’Appel des Ombres), The Summon of Shadows est un très court format (7 pages) où la forme prend assez logiquement le pas sur le fond. Pour une histoire d’horreur, cela veut surtout dire qu’Annandale a intégré à son texte le plus d’éléments creepy possibles, avec une thématique spectrale fortement mise en avant. Si on ajoute à cela l’auto-clin d’œil qu’il fait à The House of Night and Chain avec une mention de Valgaast, où se déroule l’intrigue de ce roman, il ne reste guère de place pour traiter des questions aussi importantes que : « Pourquoi/comment les esprits de la famille de Hakob lui apparaissent-ils subitement ? », « Pourquoi lui en veulent-ils, alors qu’il ne semble être responsable ni de leur conscription, ni de la destruction de leur vaisseau ? », ou encore « Si la « matérialisation » des esprits dans un corps matériel fait suite au souhait formulé par Hakob, cela veut-il dire qu’il est un psyker, ou bien y a-t-il une tierce partie maléfique (et un peu troll) à l’oeuvre ? ». En définitive, on peut sans doute affirmer qu’Annandale aurait mieux réussi son coup s’il avait disposé d’un peu plus d’espace pour cadrer son récit, le choix de la vague présente menaçante (From the Halls, the Silence) ayant ses limites. Petite consolation pour les anglophones, j’ai trouvé le texte un poil meilleur en VO, comparé à la VF proposée dans le White Dwarf en question, qui sonnait trop artificielle pour que l’ambiance dérangeante esquissée par l’auteur prenne vraiment. L’horreur est un genre délicat…

***

En guise de conclusion, reconnaissons à Invocations, et à travers lui, à la gamme Warhammer Horror, une progression nette par rapport au recueil initial (Maledictions). La qualité globale de cet opus m’a ainsi semblé sensiblement supérieure, et, si je dois confesser que J. C. Stearns détient toujours la palme de la nouvelle horrifique la plus réussie de la GW-Fiction avec The Maraudeur LivesInvocations contient de bien solides soumissions (He Feasts Forever, Stitches, Blood Sacrifice, The Healer, Supplication). Une autre qualité de ce second volet est l’absence de travaux « décevants », état de grâce dont son prédécesseur n’avait pas bénéficié. Ainsi, et contrairement à ce que le line up proposé me faisait craindre, Invocations n’inclut que des nouvelles variant du « respectable » au « réussi », et constitue de ce fait le choix le plus judicieux pour qui souhaite donner sa chance à la littérature d’horreur made in Black Library. Attendons de voir si le dernier tome de cette trilogie fondatrice (Anathemas, Mars 2020) relève encore davantage le niveau…

Autre signe d’une plus grande maturité, ou en tout cas, d’une plus grande ambition de la BL par rapport à son nouveau terrain de jeu, les liens, plus ou moins évidents, établis entre les histoires se déroulant dans l’univers de Warhammer 40.000 (les mentions faites à Vargaast, où se trouve The House of Dark and Chain de David Annandale) et celles prenant place dans les Royaumes Mortels (Mhurghast, le Castle of Blood de C. L. Werner). Il est trop tôt pour établir si nous en resterons au stade du simple clin d’œil, ou si un effort éditorial plus conséquent sera entrepris par la Black Library pour créer une sorte de « meta-univers » horrifique dans chacune de ses franchises majeures, mais nous sommes quoi qu’il en soit en présence d’une initiative que je trouve louable.

Plus solide sur le fond et doté d’une (pour le moment positivement) intrigante unicité, Invocations marque donc une progression nette par rapport à son prédécesseur. On ne peut qu’espérer que l’ouvrage fera lui aussi l’objet d’une traduction française dans les mois à venir, comme cela a été acté pour Maledictions, afin que le public francophone puisse poursuivre son immersion dans les eaux troubles et glauques de Warhammer Horror.

 

VAULTS OF OBSIDIAN [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette revue critique de Vaults of Obsidian, le recueil de nouvelles consacré par la Black Library à Blackstone Fortress, jeu de plateau coopératif permettant de partir à la conquête des périlleux trésors que renferme l’une des fameuses Forteresses Noires de Warhammer 40.000. Sur la lancée de ce qui avait été fait pour Warcry (Warcry : the Anthology) il y a quelques mois, et, avant cela, pour Blood Bowl (Blood on the Pitch) et Necromunda (Status : Dead Zone, série Kal Jerico et plus récemment Underhive) on constate que GW a pris le parti de soutenir même ses plus petites franchises via sa filiale littéraire, ce qui est évidemment une bonne nouvelle pour tous les fans de GW-Fiction. Ouvrage conséquent (12 nouvelles, lorsque Warcry : the Anthology en comptait 8), Vaults of Obsidian bénéficie en outre d’un casting assez qualitatif au vu du rooster de la BL, qui a mis sur le coup quelques-unes de ses plumes les plus établies (Josh Reynolds, Guy Haley, Nick Kyme…), accompagnées de petits nouveaux à potentiel (J. C. Stearns, Nicholas Wolf, Thomas Parrott et Deny Flowers).

Sommaire Vaults of Obsidian (40K)

.

À titre personnel, n’ayant jamais joué à Blackstone Fortress et suivi d’assez loin la sortie et l’évolution de ce jeu, j’aborde ce recueil avec mon seul bagage d’aficionado de 40K, sans connaissances développées sur le background du jeu, ni sur le parcours des personnages que les joueurs peuvent incarner au cours de leurs descentes dans les entrailles mal famées de ce mystérieux bastion. Pour tout dire, j’en sais plus sur les Ambulls (merci Taran !) que sur le CV de Rein et Raus ou la carte grise d’UR-025, sans parler des motivations obstinément mâââââléfiques d’Obsidius Mallex, le boss final de BF, dans tous les sens du terme. Je n’ai pas davantage lu le roman « initiatique » et éponyme consacré par Darius Hinks (qui contribue également à cette anthologie) au jeu, et ne pourrai donc pas juger de la qualité de Vaults of Obsidian en termes de character development. Ceci dit, mon a priori sur cet ouvrage est plutôt positif, comme cela avait été le cas pour Warcry : the Anthology. Votre humble serviteur étant un vétéran ronchon de la GW-fiction, je reconnais avoir un faible pour les produits sortant de l’ordinaire et libres de s’écarter de l’approche newbie-friendly de certaines publications davantage grand public. Il en faut, certes, mais ce genre de titre est une preuve manifeste que la BL ne néglige pas non plus ses grognards grognons, ce dont je lui en sais gré.

En piste et en combinaison de survie intégrale, donc, et rendez-vous au Helmsman dans douze heures pour les survivants…

Vaults of Obsidian.

Talisman of Vaul – D. Hinks :

INTRIGUE :

Lorsque Kurdrak (à ne pas confondre avec Kapok, qui est une fibre végétale) revient à lui, dans la cabine saccagée de son vaisseau et entouré des cadavres de ses gardes, il ne met pas longtemps à réaliser que quelque chose de terrible vient de lui arriver. Frère de l’Archonte de la Cabale du Cœur Mort, notre héros a cherché à prendre son indépendance et à quitter la petite affaire familiale sans s’attirer les représailles fraternelles… et s’est complètement planté. Son grand projet de visite de la Forteresse Noire investie par les mon-keigh, qu’il considère comme une sainte relique pré-datant la Chute, se termine donc de bien piteuse façon avant même qu’il ait pu mettre le pied dans le mobil-home de Vaul, sa propre survie n’étant due qu’à l’utilité que lui prête le véritable employeur de Xaloth, la Cabalite ayant prétendu être à son service, et responsable du massacre du reste de ses suivants. Kurdrak, pour sa part, découvre avoir hérité d’un piercing jugulaire, au contact très douloureux, ce qui ne l’empêche pas de se lancer à la poursuite de l’infâme traîtresse afin de lui faire payer sa duplicité. La course poursuite qui s’engage mène les deux Eldars Noirs en goguette à travers Precipice, jusqu’à un bar miteux (littéralement miteux, Kurdrak s’en prend même plein la tronche quand il pénètre à l’intérieur), où l’Ex-conte – à ne pas confondre avec l’escompte – a la désagréable surprise de se retrouver nez à nez avec son frangin Zokar. Les Drukhari ne sont pas très famille, c’est ainsi.

Les retrouvailles familiales se passant aussi bien que l’on peut le souhaiter (personne ne tue personne), Kurdrak accepte de mener son frère et ses sbires, dont la perfide Xaloth, jusqu’à l’emplacement de la légendaire Enclume de Sang de Vaul, dont il est le seul à connaître l’emplacement, grâce à la carte en peau de zom’ qu’il a dérobé à un sorcier du Chaos un peu trop fan de Prison Break. On peut même carrément dire qu’il lui a fait la peau. Mouahaha. Et si Kurdrak accepte de coopérer, malgré l’ardent désir de cristalliser son frérot jusqu’à ce que mort s’en suive, c’est que l’implant avec lequel il s’est réveillé se trouve être un prototype avancé de hand neck buzzer, ou de taser sans fil (selon les écoles), que Zokar contrôle en claquant des doigts, et qui se révèle donc être trop incapacitant pour que notre héros puisse se rebeller (d’autant plus que la mort de Zokar provoquerait une décharge fatale de pacemaker au transplanté). Bref, tout le monde part bientôt en balade dans le sadisme et la cruauté, ce qui correspond à la joie et la bonne humeur pour les Drukhari.

La suite de la nouvelle verra les Commorites s’aventurer dans les bas-fonds mal fréquentés de la Forteresse Noire, rencontrant peu d’opposition jusqu’à ce qu’une harde d’Ambulls affamés viennent sonner la fin de la récré pour les bad Spocks. Laissant ses nervis, dont la pauvre Xaloth, qui finit en compoth (comme c’est balloth), ralentir les indigènes, Zokar somme Kurdrak de le mener à bon port, ce que ce dernier accomplit, après une descente vertigineuse dans un escalier que seul un maître Twister tel que Kuku pouvait détecter. Enfin, les deux frangins arrivent devant la fameuse Enclume de Sang de Vaul, qui, de loin et pour un œil non averti, ressemble plutôt à la cabine de douche de Morai Heg. La légende veut que quiconque se plonge dans les flammes les flots (#FuckLaLogique) de l’Enclume s’attire la protection immortelle du Dieu Forgeron, ce que convoite bien entendu ce tocard de Zokar. Il ne faut donc pas longtemps avant que l’Archonte fasse son entrée dans le pédiluve divin…

Début spoiler…et réalise que son frère s’est joué de lui. Le liquide miraculeux le fige en effet sur place (c’était peut-être de l’azote liquide), laissant Kurdrak libre de repartir sans obtenir sa décharge. Mouahahahaha. Comme il l’explique à son bro avant de tourner les talons, l’Enclume est davantage siphon que fontaine, et si l’âme de Zokar a bien fusionné avec l’éclat de Vaul, c’est pour lui servir de batterie. Seule consolation pour l’Ar-concon-te, son immortalité est belle et bien garantie, mais au prix d’un LIS carabiné. Zokar n’a plus qu’à occuper les prochains millénaires à travailler sur le manuscrit de Le Grotesque et le Razorwing, qui sera peut-être adapté en film par Asdrubael Vect. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.Fin spoiler

AVIS :

Talisman of Vaul réussit l’exploit de se concentrer exclusivement sur les parties les moins intéressantes d’une intrigue servie par un Darius Hinks assez peu inspiré, avec cette histoire de trésor mythique et forcément maudit, convoité par des individus si peu recommandables et égocentriques que la trahison venant servir de twist final est attendue de pied ferme par le lecteur. Le contraire aurait été tellement étonnant que je pense que cela aurait mieux fonctionné, mais c’est beaucoup demander à Hinks, qui se contente d’empiler les clichés sur les Drukhari et les poncifs d’exploration de tombeaux légendaires, sans cherche outre mesure à développer ses personnages, leurs motivations, ou le background qu’il convoque pourtant de son propre chef. Les lacunes sont tellement apparentes qu’on évitera même de se demander pourquoi diable Kurdrak s’est rendu à Précipice pour commencer, puisqu’il savait que le trésor qu’il recherchait n’en était finalement pas un. À moins qu’il n’ait anticipé qu’il serait trahi par Xaloth, et prévu qu’il recevrait un implant neuro-toxique contrôlé par son frère, et que la seule manière qu’il aurait de se sortir de ce mauvais pas serait de l’emmener prendre un bain au hammam de Vaul. Je sais que les Eldars ont tendance à la prescience (et encore, pas les Eldars Noirs), mais là, c’est totalement tiré par les cheveux. Bref, à moins de vouloir lire une médiocre adaptation d’Indiana Jones et la Dernière Croisade, où les nazis seraient remplacés par des Drukhari (et Indiana Jones aussi, d’ailleurs), vous pouvez passer votre chemin.

.

Shapes Pent in Hell – J. Reynolds :

INTRIGUE :

Recruté comme garde du corps (au sien défendant) par l’informationniste Faroon Magritte (ceci n’est pas un clin d’œil), lui même enrôlé comme guide par une bande de durs à cuire aux motivations aussi mystérieuses que leur matos est de qualité, l’androïde UR-025, probable dernier spécimen des légendaires « hommes de fer » du Moyen-Âge technologique, profite de cette balade forcée dans les profondeurs de la Forteresse Noire pour mettre à l’épreuve quelques-unes des hypothèses qu’il nourrit sur cette dernière. Soucieux de préserver sa singularité et son autonomie secrètes, il s’applique à suivre les ordres que son employeur lui donne, tout en cherchant à percer à jour les objectifs de l’escouade menée par le vétéran Brill, qu’il suppute être des hommes de main de l’Inquisition, et donc une menace potentielle à son encontre. Alors que la troupe progresse dans les salles démentes de la Forteresse, en direction de l’objectif recherché par Brill et ses gros bras, l’ambiance se détériore graduellement entre les vadrouilleurs et leur sherpa, jusqu’à ce qu’UR-025 conclut à la nécessité de son intervention, par l’intermédiaire d’une mise en joue de son canon d’assaut Mark 1, pour calmer les velléités belliqueuses des touristes.

C’est le moment que choisit une bande de cultistes du Chaos pour embusquer les visiteurs, échauffourée se soldant par la mort de tous les organiques, comme UR-025 les appelle, y compris Magritte, qui s’était révélé être un agent double fricotant avec le Magos renégat Raxian Sul, réfugié politique et mécanique dans la Forteresse. Brill et ses hommes, de leur côté, étaient des éclaireurs envoyés par le Mechanicus localiser le repaire probable du traître, en vue du déclenchement d’un protocole d’obsolescence accéléré. Carbonisés par les chaleureuses attentions d’un Firebrand, les Skoutarii sont toutefois bons pour la décharge, et cela aurait pu également être le destin d’UR-025, sans l’intervention inespérée mais opportune d’un autre robot « éveillé », le bien nommé Abominatus. Conçu par le fameux Raxian Sul, cette machine démoniaque s’avère être enchantée par la découverte d’un congénérateur, et convie UR-025 à visiter ses quartiers. Peu sensible aux velléités de camaraderie de celui qu’il considère comme un rebut souillé (c’est moche le racisme – ou peut-être que modélisme serait plus approprié – chez les robots tout de même), dont l’existence et les machinations portent atteinte à la perfection de la Forteresse, 025 fait semblant de jouer l’intéressé, et complimente son hôte sur son choix de papier peint et les motifs des rideaux, comme il l’a appris dans un manuel de savoir-vivre de M2, avant de se retourner contre Abominatus lorsque celui-ci ne s’y attend pas.

Le combat qui s’en suit, s’il peut paraître déséquilibré du fait de l’avantage de taille et de fraîcheur de l’Abo’, voit notre héros de fer sortir vainqueur de la confrontation et désosser consciencieusement son double maléfique, dont les grands projets de colonisation mécanique de la Forteresse – commencée en secret après qu’Abominatus ait disséqué son créateur pendant sa crise d’adolescence – resteront donc lettre morte. Cette bonne action effectuée, UR-025 reprend le chemin de Precipice où il travaille à temps partiel comme Magimix à la cantina. Il faut bien joindre les deux bouts.

AVIS :

Nouvelle étrange de la part de Josh Reynolds, qui accole deux récits n’ayant pas grand-chose en commun (la virée tragique de Magritte, Brill et Cie d’un côté, et le remake 40K de la rencontre entre Eve et Wall-E de l’autre), en saupoudrant le tout de références littéraires, dont l’identification constitue l’intérêt premier de ce Shapes Pent in Hell (référence à la nouvelle The Black Stone – #ISeeWhatYouDidHere – de Robert Howard, l’auteur de Conan le Cimmérien, qui emprunte beaucoup au mythe de Cthulhu). On n’apprend pas grand-chose sur UR-025, dont le statut d’homme de fer plaçait pourtant en tête des protagonistes de Blackstone Fortress les plus intéressants d’un point de vue fluffique. Bref, si cette lecture donne l’impression que Reynolds s’est amusé à jouer au plus malin et au plus instruit (ce qui, pour être honnête, pourrait bien être vrai), on ne peut que regretter qu’il n’est pas pris cette soumissions plus au sérieux, et n’ai pas davantage soigné les fondamentaux.

.

Fates and Fortunes – T. Parrott :

INTRIGUE :

Une petite bande d’aventuriers brave les dangers de la Forteresse Noire pour s’emparer d’un mystérieux trésor. Que voilà une intrigue originale dans une anthologie consacrée à Blackstone Fortress. Laissons tout de même une chance aux personnages de Parrott de s’introduire avant de juger de leur performance, et de la sienne par la même occasion. Héros désigné de la nouvelle, Ilden est, de son propre aveu, un gentleman cambrioleur1, et sa carrière a grandement bénéficié de ses talents latents de psyker, qui l’ont mené à fuir les brûlantes attentions d’un Imperium obscurantiste depuis sa plus tendre enfance. Raedrus, le chef de la fine équipe, est également le guide de cette dernière, ayant repéré l’emplacement du trésor au cours d’une précédente descente, et récupéré au passage un thanoscope (qui n’est pas le nom d’un panoramascope où les paysages seraient remplacés par des photos de Thanos… même s’il se serait également agi d’une relique de premier plan), soit une sorte d’omophagea auxiliaire (en gros). Toujours pratique. Cascade, la geek de la bande, est une heretek ayant volé le look d’Angron (dreadlocks cablés powaaaaa). Ovtaugh est la minorité visible du récit, soit un Xenos en poncho, toujours prêt à donner un coup de main (qu’il a en grand nombre) et à faire le coup de feu. Reste la pilote Serafina, qui apparaît trop peu longtemps dans la nouvelle pour que je me donne la peine de la décrire.

Nos braves héros ont dérobé à nul autre que Janus Draik (le Rogue Trader moustachu de la boîte de base) l’amulette qui leur permettra d’ouvrir le coffre repéré par Raedrus lors de l’épisode précédent – comment le sait-il, maglev et tétraèdre – et si cet enlèvement s’est bien passé, grâce à la puissance des pressentiments d’Ilden (champion du Segmentum de pile ou face), le voyage jusqu’à la Forteresse s’est révélé plus mouvementé que prévu, Draik ayant trouvé un moyen (là encore, non explicité) d’identifier les sacripants ayant enfreint son immunité diplomatique, et s’étant mis à leur poursuite pour récupérer son bien. Short story short, Ilden et Cie se hâtent de pénétrer dans le vaisseau Xenos, en espérant distancer leurs poursuivants, et récupérer le butin promis par leur chef. Bien entendu, les choses ne vont pas se passer comme prévu, aux dangers inhérents de l’endroit (ici incarnés par des Onyx juvéniles et photophobes) venant s’ajouter la dégradation rapide et irrémédiable de la santé mentale des aventuriers. Particulièrement touché du fait de sa sensibilité psychique, Ilden est frappé par des rêves inquiétants et des sensations de déjà-vu apocalyptiques, ce qui ne peut rien présager de bon, pas vrai ?

Début spoiler…Tu l’as dit, bouffi. Au final, après qu’Ovtaugh se soit fait coloniser par les vers de pierre, et Cascade reconfigurer à coup de surin par un Raedrus devenu fou à lier, Ilden décide prudemment de mettre les bouts pendant que son dernier compagnon pique un roupillon, emportant avec lui l’amulette que son boss lui avait confié au début de l’aventure, confiant en sa capacité de buter le voleur pour reprendre son bien mal acquis si le besoin s’en faisait sentir2. Guidé par un sinistre pressentiment, le voleur arrive devant le fameux coffre, interrompant du même coup la cérémonie païenne à laquelle participaient la plupart des hostiles de la boîte de jeu. La vérité éclate alors : l’entité maléfique qui résidait dans la cassette, et y avait été confinée par un lointain ancêtre de notre héros, a guidé ce dernier jusqu’à elle afin de pouvoir échapper à sa prison. Bien entendu, les effets secondaires pour Ilden sont plutôt désagréables, incluant un aller simple pour ‘the sunken place’ et une démence terminale alors que son corps se fait posséder par un Spectrum revanchard.Fin spoiler

1 : La science de la numérologie nous apprend de façon certaine que le nom de famille de notre gredin est indubitablement Idb’gain. That’s a fact, folks.

2 : C’est également la raison, assez peu connue, pour laquelle la Compagnie de l’Anneau a accepté la décision de Frodon d’emporter ce dernier en Mordor.

AVIS :

Thomas Parrott retombe dans les travers constatés dans sa première nouvelle, Spiritus in Machina, avec cette soumission qui contient beaucoup d’éléments intéressants, mais trop peu développés (parce que trop nombreux) pour que le lecteur soit véritablement embarqué dans le propos qu’il développe. L’exemple le plus frappant de cet état de fait est l’inclusion de Janus Draik, qui au final n’apparaît pas de la nouvelle, et se contente d’être une vague présence menaçante à l’arrière-plan, alors que l’on était en droit d’attendre une utilisation un peu plus poussée d’un des personnages les plus connus de la franchise. Le même constat peut être dressé des visions mystiques d’Ilden, que Parrott intègre au petit bonheur la chance dans son récit, et qui n’apparaissent donc pas comme l’élément central de l’intrigue qu’elles auraient certainement mérité d’être (à tel point que la « révélation » finale1 tombe à peu près complètement à plat). Bref, too much of a good thing can be a bad thing comme disent les Anglais, et Fates & Fortunes est une bonne démonstration de la véracité de cette maxime.

1: Début spoilerDans ses rêves, Ilden ne se voyait pas lui-même dans le futur, mais contemplait un de ses lointains ancêtres.Fin spoiler

.

Past in Flames – J. C. Stearns :

INTRIGUE :

Dans une galaxie divisée par l’intolérance et la xenophobie (qui est techniquement une forme d’intolérance), il est réconfortant de constater que certains endroits permettent au contraire aux différentes factions de 40K de collaborer dans la joie et la bonne humeur, afin de faire obstacle à un ennemi commun. Ou, plutôt, de convenir d’une trêve temporaire pour mener à bien une mission plus importante pour les parties engagées que leur annihilation mutuelle. Ce qui est techniquement la même chose. Ou en tout cas, la forme la plus élevée de tolérance que l’on peut attendre en ce riant 41ème millénaire. Past in Flames voit ainsi la Ranger de Biel Tan Amallyn Shadowguide faire équipe avec une Drukhari renégate du nom de Rayden Veth, dans le but de récupérer une relique Aeldari tombée aux mains des cultistes du Chaos qui se sont installés dans les tréfonds de la Forteresse Noire. La relique en question est une copie du Chorale Lilcartha, qui, comme son nom l’indique, contient bien des partitions de chants liturgiques1 et des petites cartes, en plus de tout un tas d’informations utiles et essentielles pour la gent Eldar.

Comme on peut aisément l’imaginer, la coopération n’est pas facile entre les deux partenaires2, Veth prenant un malin plaisir à n’en faire qu’à sa tête, malgré les appels d’Amallyn pour procéder de façon méthodique et rationnelle (c’est ce qui s’appelle get the book by the book, de l’autre côté de la Manche). Bien qu’étant intrinsèquement et matériellement supérieures aux Gardes renégats qui ont récupéré la Chorale, l’avantage numérique dont disposent les Mon-keigh équilibre en effet franchement les choses, et force nos héroïnes à se lancer dans une partie de Splinter Cell en mode hardcore, avec Veth dans le rôle du PNJ de support débile que le joueur s’efforce de maintenir en vie en récupérant comme il le peut toutes ses bourdes. Malheureusement pour nos fifilles, leur approche finit par être repérée, précipitant un affrontement final 100% féminin entre la team Aeldari et la team Slaanesh, composée d’une Commissaire sous speed et d’une humble Garde qui n’en demandait pas tant…

Début spoiler…Le combat en question, s’il est finalement remporté par les Zoneilles, non sans quelques hilarantes complications, comme la perte de la main gauche de Veth d’un bolt bien placé, ne met cependant pas fin aux mésaventures des chipies. Le Chorale Lilcartha part en effet en fumée à peine récupéré par les Eldars, la fourbe Commissaire ayant piégé son bureau – où l’objet était posé – avec des explosifs, sans doute reliés au biper astucieusement placé dans la couverture de l’opus. En fait, je n’en sais rien, Stearns ne s’appesantissant pas sur ce détail, mais on peut tout de même noter que pour une Ranger, Amallyn a légèrement chanté dans la moelle (une adaptation un peu plus élégante d’un proverbe humain bien connu). Toujours est-il que nos héroïnes doivent se contenter de quelques fragments de pages comme butin, avant de repartir vers Precipice avant que le reste des cultistes ne viennent investiguer les lieux. Est-ce la fin de la nouvelle ? Oui et non. Oui car il ne se passera pas grand-chose d’intéressant avant le point final de cette dernière. Non car Amallyn et Veth décident de se crêper le chignon à propos de leurs allégeances respectives, la première doutant fortement des motivations de la seconde. S’en suit un micro-cours de géopolitique Aeldari, pendant lequel Veth plaide sa cause avec une ferveur franchement étonnante pour le lecteur à ce moment de la nouvelle. On ne peut pas dire que l’idée de Stearns ait été mauvaise, mais sa réalisation est pour le moins surprenante. Toujours est-il qu’ainsi s’achève Past in Flames, à moins bien sûr que vous disposiez de 5 manas dont un Rouge3Fin spoiler

1 : Ainsi que les paroles du générique de Khaine le Survivant, qui sont tout bonnement collector. 

2 : Même si une certaine tension sexuelle semble se manifester entre les deux comparses. #BalanceTonDrukhari.

3 : Je me permets cette blague car Stearns est un joueur de MtG, et je pense sérieusement qu’il a choisi ce titre en hommage à a carte.

AVIS :

Nouvelle moyenne de la part de J. C. Stearns, qui fait le job sans frémir ni briller 80% du temps. Les 20% restants se décomposent entre l’ajout d’éléments fluff (10%), toujours bons à prendre, et la conclusion étrange (10%) qu’il donne à son récit. Cela dit, à l’aune des nouvelles incluses dans Vaults of Obsidian, on devrait s’avérer satisfait de finir la lecture de ce court format avec des réponses satisfaisantes à toutes les questions posées par l’intrigue. À recommander aux amateurs de coopération Eldar, un sujet de plus en plus couvert par la BL depuis l’éveil d’Ynnead, et aux fluffistes acharnés.

.

Negavolt – N. Wolf :

INTRIGUE :

Bien que les héros aient la fâcheuse tendance à les massacrer par octet (soit un paquet de huit), les goons donnant de leur personne pour pimenter les parties de jeu de plateau sont des personnages comme les autres, avec une histoire parfois aussi intéressante, si ce n’est plus, que celles de leurs Némésis. Vous l’aurez compris, c’est d’un des obscurs séides de la boîte de Blackstone Fortress dont il sera ici question, pour changer. Nous faisons donc la connaissance de Delta-28-4 Gamma 6, que nous appellerons désormais Dédé pour des raisons évidentes, Cultiste Negavolt de son état et protagoniste de la nouvelle du même nom.

Wolf propose au lecteur d’assister à deux moments cruciaux, ainsi qu’horriblement douloureux, de l’existence de Dédé : le premier concerne sa (presque) mort, alors qu’il occupait la glorieuse fonction de compteur Linky dans une centrale électrique quelconque sur un monde EDF paumé, et sous l’égide mécanique du Magos Vestus Artorus Rhynne. Un accident de caténaire ayant entraîné une surcharge critique du système, Dédé, comme l’ensemble de ses comparses serviles, eut la joie, l’honneur et l’avantage de faire office de fusible humain, ce qui le laissa confondu et fondu (combo). Outré par l’attitude désinvolte (un comble) de son patron, qui ne daigna pas bouger la mecadendrinette (l’équivalent du petit doigt pour un Magos) pour l’aider à échapper au tabouret électrique – manquerait plus qu’ils donnent des chaises aux grouillots, maintenant – et le condamna tout aussi froidement à la servitude à son réveil, jaugeant la chirurgie reconstructrice bien trop onéreuse pour un larbin de son espèce, Dédé eut toutefois la « chance » d’être recueilli par Thret, recycleur excentrique et plus qu’un peu chaotique. À l’insu de son supérieur, Thret s’est en effet attelé à la restauration et la reconfiguration des rebuts qui lui sont envoyés, donnant une seconde jeunesse ainsi qu’une perspective de vengeance aux victimes du management énergique du Magos. C’est ainsi que Dédé le révolté le devint doublement, Thret lui insérant une pile démoniaque dans le buffet, pour des résultats douloureux mais revigorants. L’heure de la revanche, à la faveur d’une invasion du monde forge par une force chaotique, ne tardera pas à sonner pour Dédé, qui aura le temps de présenter ses sentiments les meilleurs à son ancien boss avant de quitter la planète une fois pour toutes.

Le deuxième épisode, imbriqué dans la narration du premier, met notre héros aux prises (de courant, évidemment) avec une force du Mechanicus ayant eu la mauvaise idée de vouloir interrompre le rituel impie initié par les cultistes de la Forteresse Noire. Mobilisé avec le reste de son culte pour prêter main forte aux troufions du 82ème Grendish, Dédé se jette à l’assaut avec un bel enthousiasme, confiant que son Insensible à la Douleur 5+ et ses éclairs de génie suffiront à repousser les Martiens. Ce qui se révèle exact, même si la facture se révèle être salée pour les Negavolts, décimés par les gadgets technologiques de leurs frères ennemis. Seule la raaaaaaaaage inextinguible de Dédé lui permettra de venir à bout de ses adversaires, parmi lesquels un Electro-Prêtre Fulgurite mais pas fulgurant. Comme quoi, la confiance en soi, c’est important1.

1 : Précision importante car le démon électrique possédant notre héros s’avère être assez conservateur, et recommande vivement à ce dernier d’opérer une retraite stratégique une fois confronté à un ennemi manifestement trop fort pour lui. #CetEnnemiEstPlusFortQueVous.

AVIS :

Pour sa seconde contribution à la BL, Wolf s’applique et s’implique, mais ne fait pas vraiment d’étincelles (haha) avec cette nouvelle sérieuse mais sans plus. Même si l’on doit reconnaître que l’utilisation de protagonistes « hostiles » est une idée intéressante, et qui apporte un peu de variété dans une anthologie autrement unilatérale, le propos est trop classique pour marquer durablement le lecteur. Cela dit, les partis pris intéressants (comme le choix de faire de Thret un bourreau protecteur, à la fois tortionnaire corrompu jusqu’à l’os et père poule pour ses créations dégénérées) ne manquent pas dans cette soumission, et sont plutôt de bon augure pour la suite de la carrière de Wolf au sein de la Black Library. Mr Wolf sait mettre en scène des personnages complexes et (donc) intéressants, un talent appréciable et malheureusement pas aussi répandu qu’on le souhaiterait parmi les auteurs de GW-Fiction. Bref, si Negavolt n’est pas un chef d’œuvre, il faut pour autant se garder d’enterrer Nicholas Wolf, dont je ne doute pas un instant du potentiel.

.

The Three-Edged Blade – D. Flowers :

INTRIGUE :

Quand elle s’est fait la malle de Commoragh en « empruntant » le vaisseau personnel d’Asdrubael Vect, Rayden Veth ne s’est pas faite que des amis. Déjà parce que les Drukhari ont du mal à saisir le concept d’amitié (« Est-ce que ça se mange ? » « Si on veut… »), et ensuite parce Baebel tenait fortement à son véhicule de fonction, et a donc envoyé un trio d’assassins d’élite de la Cabale du Coeur Noir, le/a Zhailtir, récupérer l’Eye of Vect et punir la coupable de cet impardonnable larcin. Notre triade n’a pas vraiment le droit à l’erreur, tout particulièrement Kali Xerus, l’empoisonneuse de la coterie, trempée jusqu’au cou – qu’elle a gracile – dans les manigances de Veth, qui l’a plaqué en même temps que son ancienne vie, et se trouve donc suspectée de complicité dans le spacecarjacking commis par la renégate. Accompagnée de Tanvile the Twisted, l’équivalent Eldar Noir d’un Eversor, le sens de l’humour (très noir) en plus et du Belluaire chamanique et narcoleptique Hekit, Kali arrive donc à Precipice, où, d’après les sanglantes confessions d’un malheureux Mon-keigh ayant eu la déveine d’être cueilli dans sa capsule de survie par les Rapetous de Commoragh, Veth s’est établie.

L’ambiance n’étant pas au beau fixe entre les collègues, dont les penchant sadiques n’ont pu être satisfaits que par les occasionnelles collisions entre le petit orteil des uns et des autres avec la table de la cuisine du vaisseau (ce qui fait peu), les Drukhari se séparent pour trouver la piste de leur proie. Pendant que Hekit décide d’aller faire une sieste en attendant que les réponses aux questions qu’ils se posent lui apparaissent (c’est une technique), Kali et Tanvile se rendent à la taverne locale, où, pendant que son comparse s’amuse à terroriser le barman, l’empoisonneuse fait la connaissance d’un mercenaire Kroot (probablement Grehk), qui lui apprend que Veth a pénétré seule dans la Forteresse Noire et n’en est jamais ressortie. Est-ce la fin de notre histoire ? Que nenni, car l’Eye of Vect ne va pas se rapatrier seul à Commoragh. Bien qu’habilement camouflé sous une bâche par sa nouvelle propriétaire, il ne faut pas longtemps pour les huissiers de la Muse Vivante pour mettre la main sur l’utilitaire de l’Archonissime, trucidant une bande de locaux trop vindicatifs pour leur intérêt sur le chemin du parking…

Début spoiler…Très étonnamment, Hekit n’est pas sitôt arriver qu’il insiste pour installer sa couverture râpée de mendigot dans un coin tranquille pour débuter une petite transe de victoire et essayer d’hacker le mot de passe que Veth a bien sûr reconfiguré. C’est alors que le drame se produit : Kali et Tanvile ont une nouvelle prise de bec, qui se termine cette fois par un duel à mort, le second ayant peu apprécié la tentative d’assassinat perpétrée par la première envers sa personne, à la faveur du déclenchement d’un piège laissé par Veth pour décourager les voleurs. Tout à leur affrontement, les assassins ne se rendent compte que trop tard qu’ils se sont fait rouler dans la moelle spectrale par Hekit, qui a été recruté par la Corsaire, et dont la transe avait pour but de convoquer une meute de Khymerae. Bien affaiblis par leur premier round, Kali et Tanvile ne peuvent pas rivaliser avec la férocité des toutous du Maître des Bêtes, et finissent donc en Khaenygou. Hekit repart ensuite vers Commoragh avec quelques échantillons intéressants d’espèces endémiques à la Forteresse, le paiement de Veth pour ses loyaux services, laissant l’Eye of Vect dans son garage de Precipice.Fin spoiler

AVIS :

Je n’ai guère été convaincu par cette proposition de Denny Flowers, qui semble avoir été écrite avec un twist final en tête, mais dont la préparation est par trop lacunaire, pour un résultat franchement décevant. La surprise concoctée par l’auteur nous est en effet servie ex nihilo, laissant le lecteur s’interroger sur les raisons ayant poussé Flowers à inclure à son récit des éléments finalement non utilisés dans son intrigue, comme le prisonnier torturé par les Eldars Noirs en chemin, la rencontre avec Grekh (à noter que Draik a également droit à une citation – pas plus – et que Raus & Rein croisent le chemin des Drukhari en goguette), et le massacre d’une maigre foule en colère (dont on aurait pu supposer que les raisons de ladite colère – le rapt d’un de leurs camarades par un autre Eldar Noir – aurait quelque chose à voir avec le schmilblik). Au chapitre des passages qui auraient mérité que l’auteur s’y attarde un peu plus, la crise de zizanie finale entre Kali et Tanvile est également un peu trop brute de décoffrage à mon goût, l’animosité et la paranoïa naturelle de Commorites ne pouvant pas expliquer à elle seule l’escalade de la rancœur entre les mandataires de Vect. Et ceci sans même souligner que cette nouvelle ne se passe même pas dans la Fortresse, ce qui n’est pas son plus gros problème, mais peut légitimement provoquer un froncement de sourcil de la part du lecteur. Bref, pas mal de défauts structurels dans ce The Three-Edged Blade, qui aurait paradoxalement mérité que Flowers affûte un peu plus sa plume.

.

Motherlode – N. Kyme :

MotherlodeINTRIGUE :

Raus & Rein Gaffar, jumeaux Ratlings, déserteurs de la Garde Impériale et duo comique doublement troupier, vivent une journée particulièrement agitée de leur vie d’explorateurs de la Forteresse Noire. Ayant échappés de peu au sadisme proactif d’un concurrent Drukhari alors qu’ils étaient en maraude sur leur terrain de chasse, les tireurs pointeurs (ça marche aussi bien pour la pétanque que pour le tir de précision) regagnent leur vaisseau avec une caisse mystérieuse contenant un butin mirobolant, sans réaliser que leur Némésis, Akrahel Drek, a survécu à la bastos expédiée par Rein, et prévoit logiquement de se venger de ces petites pestes, dans un éclat de rire ronronnement (si si) maléfique. * Purrr purrr purrrr puuuuuuuuurrrr *

Un peu plus tard, nous retrouvons nos abhumains, également traqués par un Commissaire amnésique et son escouade de vétérans couturés, sans doute pour quelques tours pendables et plaisanteries de mauvais goût, au bazar de Nadir, où ils ont rendez-vous avec une vieille et morbidement obèse connaissance, le receleur et trafiquant Ogryn Murlock, auquel ils souhaiteraient vendre leur dernière trouvaille. Petit problème, il n’y a pas que le Commissaire – Vudus Mettik de son petit nom – qui a des problèmes de mémoire, les twins ayant semble-t-il complètement oublié qu’ils ont tuyauté les Arbites sur le petit commerce de Murlock quelque temps auparavant, avec des conséquences logiques et néfastes pour sa modeste échoppe, et que Murlock est au courant de ce cafardage. Evidemment, cet historique compliqué ne facilite pas les négociations, et Raus & Rein doivent à nouveau se tirer d’un beau guêpier, ce qu’ils font en dégoupillant quelques grenades de la bandoulière de leur hôte, après que ce dernier ait tenté de les hacher encore plus menu qu’ils ne le sont.

Nullement découragés par cette déconvenue, les Ratlings utilisent le carnet d’adresses de leur dernière victime pour contacter directement un acheteur potentiel, qu’ils trouvent raide mort à son domicile, et pas de causes naturelles (à moins que les Kroots aient la jugulaire clipsable, ce qui doit arriver s’ils consomment trop de distributeurs de Pez). Poursuivis jusque dans les égouts par Mettik et ses hommes, responsables du krooticide et déterminés à capturer les déserteurs, les frérots sont contraints de se séparer, Raus choisissant la capture pendant que Rein se carapate… pour mieux revenir avec son fusil de sniper de rechange (toujours utile), et la fameuse boîte mystère, juste à temps pour secourir son bro’, que se disputent Mettik et Akrahel, qui a fini par retrouver la trace de ses tourmenteurs. L’impasse mexicaine qui se profile à l’horizon trouve toutefois une fin précipitée (c’est fluff) lorsque Rein lâche la précieuse caisse au milieu de la scène, qui se révèle contenir la tête d’une matriarche ur-ghul. Et alors, me demanderez-vous ? Et alors, la famille élargie de la défunte a trouvé les moyens de sortir de la Forteresse (en Ur-bher, sans doute) pour rapatrier la relique, et investit les lieux de la confrontation à ce moment précis, avec des résultats salissants. Encore une fois, les Ratlings sont les seuls à se sortir indemnes de cette péripétie, mais peuvent au moins terminer la journée en passant deux de leurs ennemis mortels en perte et profit. C’est déjà ça.

AVIS :

On (en tout cas, je) savait déjà que Kyme avait une fâcheuse tendance à pondre des histoires mal ficelées, sacrifiant avec une constance consternante la moindre prétention de crédibilité narrative pour se concentrer sur une agglutination de scènes « cinégéniques ». Rassurez-vous, c’est bien le cas ici, même si l’absence de Space Marines (et donc de Salamanders, les victimes préférées de l’auteur) et la brièveté de l’objet du délit ne permettent pas à ce dernier de rivaliser avec ses records personnels de WTF. On se contentera de souligner que beaucoup de choses arrivent au bon moment, et/ou sans mise en contexte, dans ce Motherlode (jeu de mots !1), ce qui est la marque des auteurs fainéants.

Là où Kyme innove et fait fort, c’est dans la veine scatologique qu’il choisit de pousser fortement d’un bout à l’autre de son récit. C’est simple, tout pue dans ces 20 pages : les héros, les méchants, les lieux, la nouvelle elle-même ; c’est le royal flush de l’infamie, et tant qu’à parler de flush, autant tirer la chasse. J’ai fini la lecture de ce… texte légèrement hébété par l’aplomb ou le jemenfoutisme complet revendiqué par son auteur, qui réussit le tour de force de faire passer 40K de grimdark à off-colour avec son inimitable (et j’espère inimitée) prose. Motherlode est à ranger parmi les rebuts honteux de la Black Library, et à oublier le plus vite possible.

1 : Motherlode se traduisant par filon (au sens premier ou figuré) en anglais, la relique récupérée par Alain et Alex Térieur étant à la fois une richesse et ayant une connotation maternelle.

.

Purity is a Lie – G. Thorpe :

Purity is a LieINTRIGUE :

Taddeus le Purificateur, zélote du Ministorum, carafe Brita faite homme, Donald Trump du 41ème millénaire. Arrivé à Precipice en compagnie de sa fidèle Pious Vorne, à la suite de vision envoyée par l’Empereur (et d’une confidence déplacée d’un sous-officier de la Navy), notre Prêtre peine à se faire accepter par la faune bigarrée et profane peuplant la cité, et n’a donc pas réussi à rejoindre une expédition d’exploration de la Blackstone Fortress, en dépit de ses meilleurs efforts et ses plus sincères prières. Sa chance tourne toutefois lorsqu’il reçoit une invitation de la part de Janus Draik, qui a flashé sur son énorme mitre, à le rencontrer au Looter’s Den afin de discuter affaire. Après avoir détendu l’ambiance, qui s’était refroidie comme un Roboute Guilliman faisant de l’apnée dans l’espace à l’arrivée du prélat, le Rogue Trader annonce à son hôte qu’il a besoin d’un coup de main pour tenter une descente jusqu’au Labyrinthe de la Mort (Deathmaze), et que Taddeus est sur sa shortlist. Pourquoi ? Eh bien, parce qu’il a l’air honnête et courageux. That’s it. Comme quoi, on peut être un aventurier sans foi ni loi évoluant dans une cour des miracles traîtresse et meurtrière, et donner sa chance au premier venu, parce qu’on a un bon feeling. Merci qui ? Merci Gav Thorpe.

Après avoir un peu tergiversé, Taddeus accepte, et retrouve son nouveau collègue à l’entrée de la Forteresse, laissant Vorne dans le vaisseau (c’est un raid de 4 personnes, le maglev a une capacité limitée) avec un bol d’eau fraîche, la climatisation et l’autoradio allumée. L’exigeant ecclésiastique n’est guère enchanté de voir que Draik a recruté une Eldar (Amallyn Shadowguide) et un mutant (le Navigateur Espern Locarno) pour compléter son équipe, mais, nécessité faisant loi, à défaut de foi, il accepte tout de même de partir en vadrouille avec ces compagnons particuliers. La suite est, pour autant que je puisse le dire, le compte rendu romancé d’une partie de Blackstone Fortress, interrompue avant la fin par un quelconque événement (peut-être que Thorpe a dû partir plus tôt pour aller faire des courses ou passer au pressing). Ainsi, notre bande se coltine d’abord une escouade de Gardes renégats, puis quelques drones, avant de terminer par un quintette de cultistes Negavolts, et un psyker chaotique pour faire passer le tout. Entre deux coups de massue énergétique et blessures de guerre héroïquement glanée au combat, Taddeus réalise à quel point la coopération avec ses camarades est nécessaire, et perd donc un point en xénophobie (il est sauvé et sauve par la Ranger) et un demi-point en mutophobie (Locarno le prévient de l’arrivée du psyker). Kawaiiiii. On ne saura en revanche pas ce qui attend nos héros dans ce fameux « Labyrinthe de la Mort », que ces derniers n’atteindront même pas avant que Thorpe ne décide qu’il a bien assez bossé comme ça et mette un point final à sa nouvelle. Non. Si.

AVIS :

Gav Thorpe prouve avec Purity is a Lie qu’il maîtrise parfaitement l’art complexe et délicat de la courte nouvelle de 40K où rien d’intéressant ne se passe. Un peu comme le haïku suivant : Forty forty kay//Forty forty forty kay//Forty forty kay. Oui, c’est du sarcasme. Malgré toute la sympathie que j’éprouve pour ce collaborateur historique et figure mythique de GW, la plupart des nouvelles qu’il a soumis à la BL ces dernières années se sont avérées très décevantes, et celle-ci ne fait malheureusement pas exception. Ne disposant même pas d’une conclusion digne de ce nom, et développant de façon inimaginative au possible une idée absolument banale du background de Warhammer 40.000 (« il faut savoir mettre de côté ses principes pour atteindre ses objectifs »), le seul mérite de cette soumission est d’intégrer cinq personnages nommés de Blackstone Fortress (même si la plupart font papier peint) dans son casting, dont deux (Vorne et Locarno) dont ce sera la seule apparition dans le recueil Vaults of Obsidian. Ce n’est pas lourd, mais c’est vraiment tout le bien que je peux dire de ce texte, qui aurait mérité d’apparaître sous son titre complet : Purity is a Lie, Story is a Bore, Not Inspired at all, Send Help.

.

The Oath in Darkness – D. Annandale :

The Oath in DarknessINTRIGUE :

Dans la famille Rekkendus, je voudrais la mère (Buria), le fils (Viktur) et la… tante (Lorn). Ajoutez le confesseur et psychothérapeute personnel (Harant Dalkan) de la lignée au tableau, et vous obtenez l’essentiel du casting de cette nouvelle. 80%, pour être précis, le dernier personnage d’importance convié par Annandale dans ce court format n’étant autre que le pisteur Kroot Dahyak Grekh, enrôlé par les touristes pour une excursion dans la Forteresse Noire. Pour quels motifs, me demanderez-vous ? Eh bien, les Rekkendus sont les membres d’une maison de Navigateurs, et leur matriarche (Buria) a reçu la vision d’un vaisseau très spécial que la Forteresse aurait absorbé, et dont la récupération aurait des retombées très bénéfiques pour sa dynastie. De manière plus prosaïque, les Rekkendus se tirent la bourre avec les Locarno, et comme ces derniers ont envoyé le 3ème Daft Punk explorer cette relique, il n’y avait pas de raison pour que leurs concurrents ne fassent pas de même. Non mais.

Guidé par leur honorable et cliquetant sherpa, les trois Navigateurs et leur aumônier pénètrent donc dans les ténèbres hostiles de la Forteresse, où les ennuis ne tardent pas à débuter. Malgré la précision des visions de Buria, qui permettent à Grekh de tracer la route avec son efficacité coutumière, le trekking de nos amis se retrouve brutalement interrompu par la conjuration d’une plus petite forteresse, dans une salle du parcours, séparant les aventuriers et alertant le Kroot de la menace représentée par Obsidus Mallex, qui semble fort être un Master Builder LegoTM, ce qui est encore plus terrifiant qu’être un Élu du Chaos quand on y réfléchit. Alors qu’il s’échine à retrouver son troupeau (le petit nom sympa qu’il donne à ses clients, sans doute parce qu’il y a de bonnes chances pour qu’il les mange à la fin de la balade), Grekh est surpris par les Dupont et Dupond de la Black Legion1, à qui cette traîtresse de Buria avait donné rencart2, et qui repartent avec les Rekkendus après une brève fusillade, laissant le Xenos enterré sous une masse de gravats d’obsidienne (que cette forteresse est fragile, tout de même !). Fort heureusement pour ce dernier, Dalkan, que tout le monde a oublié (y compris toi, lecteur, je parie), réussit son test d’empathie et exhume le cacatoès cannibale des décombres. Toujours lié par son serment envers Lorn et Viktur, qui, contrairement à leur parente, n’ont pas donné signe de traîtrise, Grekh se met en chasse de ses employeurs, bien décidé à ne pas les lâcher tant qu’ils ne lui auront pas mis 5 étoiles sur Trip Advisor.

La nouvelle passe alors sur un rythme plus soutenu, qui permet à Annandale de la conclure en quelques pages, alors qu’on pouvait plutôt considérer que les choses sérieuses ne venaient que de commencer. En résumé (quasiment pas en fait, et c’est triste), le Kroot refait son retard sur le groupe de tête, et découvre que les Rekkendus ont été cloîtrés dans des trônes de Navigateur. Là où Buria rêvait de prendre le contrôle de la Forteresse, en utilisant pour ce faire ses fils et sœur comme batterie externe de pouvoir psychique, la félonne réalise bientôt qu’elle a elle-même été dupée, et que Mallex ne souhaite pas partager le contrôle de son joujou avec quiconque. Tout cela aurait pu très mal finir sans l’intervention de Grekh, qui enchaîne trois headeyeshots dans le plus grand des calmes, ce qui met la machine en surtension et la fait exploser, permettant au Kroot et à son dernier protégé de repartir tranquillement vers Precipice, histoire de se faire un petit gueuleton, et au passage, prévenir la populace de l’ouverture de la nouvelle tour de Mallex. Comme on dit sur Pech, la faim justifie les moyens.

1 : Ces deux Space Marines du Chaos inclus dans la boîte Black Fortress en guise de garde d’honneur de Mallex, et que ce dernier fait crapahuter d’un bout à l’autre de la station – en tout cas dans les nouvelles de ‘Vaults of Obsidian’.

2 : Comment ? Mystère… Mettons ça sur le compte des pouvoirs chelou des Navigateurs et arrêtons de poser des questions scénaristiques à Annandale, ça vaudra mieux.

AVIS :

Si l’histoire proposée ici le casse pas trois pattes à un Kroothawk, elle aurait pu s’avérer passable n’eut été le singulier changement de braquet opéré par Annandale en cours de narration, dont le choix de passer plus de temps à décrire les mutations subies par l’intérieur de Forteresse Noire qu’à mettre en scène la trahison commise par Buria et le dénouement de son intrigue…intrigue. Et je reste poli. Au petit jeu des comparaisons avec des nouvelles similaires (c’est bien l’intérêt d’en avoir lu autant, si vous croyez que je vais me gêner…), Richard Williams avait fait beaucoup mieux avec son Orphans of the Kraken, qui combinait lui aussi des intérieurs mouvants (encore que, pour des raisons différentes) et des motivations secrètes. Je ne peux que recommander la lecture de cette nouvelle, aux dépends de celle-ci, qui n’a pour elle que le fait de ne pas comporter d’énorme défaut structurel. Pas le meilleur argument marketing, vous en conviendrez.

.

Man of Iron – G. Haley :

Man of IronINTRIGUE :

Alors qu’il se reposait rechargeait tranquillement dans la soute du vaisseau qu’il partage avec les jumeaux Ratlings Raus et Rein, UR-025 est réveillé mis en marche par l’intrusion d’un de ces petits parasites, lui annonçant l’arrivée de visiteurs souhaitant s’entretenir avec lui. Dont acte. Les individus en question se révèlent être un trio d’adeptes du Mechanicus de rang minable et d’intentions peu charitables, escortés par un vieux modèle de Kastelan pour faire bonne mesure. Ayant appris l’existence d’UR-025, et n’avalant qu’à moitié son histoire de contrôle à distance par un Magos surdoué (comme la plupart des gens à qui le robot a livré cette expédition, pour être honnête), les trois desperadeptes ne souhaitent rien de moins que kidnapper le mystérieux cyborg pour leur propre profit. Il ne faut pas longtemps à UR-025 et ses systèmes perfectionnés d’homme de fer pour comprendre de quoi il en retourne, mais problématiquement, il ne peut pas refuser de but en (métal) blanc d’accompagner ses visiteurs dans leur projet d’escapade dans la Forteresse Noire. Il est censé être après tout un robot dénué de libre arbitre, et les accords liant les mondes forges de Ryza (où vit le Magos imaginaire que notre héros s’est donné comme patron) et Metallica (planète d’origine des forbans) ne lui laissent pas d’autres choix que de s’exécuter.

Fort heureusement, UR-025 a plus d’un programme dans sa banque de données, et entraîne ses nouveaux amis dans une partie tranquille de la Forteresse, sous couvert de les mener sur un filon de xenotech, où une franche explication sera plus facile que dans l’agitation de Precipice. Les cris stridents annonçant l’arrivée prochaine d’une meute d’ur-ghuls affamés, et les effets que ces signes avant-coureurs ont sur les nerfs fragiles des renégats, signalent à l’androïde que la récré est terminée. Profitant de la confiance mal placée que ses kidnappeurs lui accordent, UR-025 descend froidement ses compagnons les uns après les autres, révélant sa véritable identité au dernier survivant de la bande avant de le terminer à son tour. Ceci fait, il ne reste plus à notre indéboulonnable homme de fer qu’à prendre le chemin du retour, afin de pouvoir continuer sa mise en charge bien méritée. Moralité : Metallica, ce n’est pas toujours plus fort que toi.

AVIS :

Petite nouvelle sans prétention de la part de Haley, ce Man of Iron n’en est pas moins sympathique, la maîtrise narrative de l’auteur se doublant d’une mise en scène intéressante de son protagoniste, qui peut sans doute prétendre au titre de « personnage de Blackstone Fortress au fluff le plus intéressant ». Diantre, ce n’est pas tous les jours que l’on a affaire à un authentique homme de fer, même si « l’aventure » à laquelle il participe tient plus de l’esquive de démarcheur de rue que de la fresque épique révélant les origines de cette relique ambulante (qui se vante d’avoir rencontré le véritable Omnimessie – c’est à dire pas l’Empereur – aux cours de ses pérégrinations). Guy Haley arrive à insuffler à UR-025 une personnalité de vieux ronchon désespéré par la tournure prise par les événements au cours des derniers millénaires, et forcé de jouer au robot stupide – ce qui est souvent assez drôle – pour éviter d’attirer les soupçons sur qui il est vraiment. Le résultat, à défaut d’être mémorable, est tout à fait correct, et on se prend à rêver d’une éventuelle rencontre entre UR-025 et Bellisarius Cawl, et du dialogue qui s’en suivrait…

.

The Beast Inside – D. Hinks :

The Beast InsideINTRIGUE :

Janus Draik, Roguerest Trader, duelliste émérite et trendsetter capillaire, s’est embarqué dans une expédition dans la Forteresse Noire d’un genre un peu particulier. Point de recherche de trésors technologiques, de cartographie de zones mal connues ou de localisation d’une paire d’ear buds oubliés au cours d’un précédent raid1 cette fois-ci. Notre homme, secondé par l’aimable et indispensable, même si parfois répugnant Dahayk Grekh, ainsi que par une bonne dizaine de grouillots qui n’émergeront jamais de l’arrière-fond narratif de la nouvelle, et dont je vous épargnerai donc les noms et occupations, est en effet en mission pour le bien commun2. Plus précisément, il cherche à empêcher d’autres aventuriers de Precipice de ramener dans la station un Ambull vivant, comme la récompense offerte par un Imperial Genetor excentrique pour cette capture les incite pourtant à le faire. Familier du potentiel de nuisance de ces petites bêtes, Draik se doute que ce projet risque de se terminer de manière aussi satisfaisante que le vieux film en noir et blanc avec un gorille géant et une proto-cité ruche qu’il garde dans sa datathèque privée. Mal. Pour prévenir ce scénario catastrophe, Draik a donc pris le parti d’aller dégommer l’Ambull lui-même, ce qui devrait apporter une élégante solution à ce fâcheux problème.

Bien entendu, ce qui semblait très simple sur le papier, ou en tout cas dans l’arrière-salle privée du Helmsman, prend une méchante tournure une fois nos exterminateurs rendus sur place. Bien que les capacités de traqueur de Grekh permettent à la troupe de pister le spécimen en question sans trop de difficultés, la découverte d’un essaim de larves voraces descendant sans aucun doute de ce même individu, vient compliquer la tâche des bons samaritains de Precipice. La progéniture d’Amanda Bull entretient en effet le même rapport avec l’obsidienne qu’une colonie de termites avec une stavkirke norvégienne (allez voir, c’est joli). Et si la vermine ne dédaigne pas varier sa diète classique en grignotant un tendre et juteux humain de temps à autre, ses déprédations structurelles ont tôt fait de fragmenter l’expédition, Draik passant à travers le plancher, forçant le diligent Grekh à descendre le chercher, pendant que le reste de la partie de chasse est laissée à son triste sort par Hinks.

Blessé au cou par un Borewyrm très entreprenant, Draik refuse toutefois de retourner sur son vaisseau se faire soigner, comme son Sherpa le propose pourtant de façon raisonnable, confiant en sa capacité de mener à bien son dessein grâce à la toute-puissance de son electrofusil de maître. Grekh, dont le rôle consisterait à distraire l’Ambull le temps que son employeur appuie sur la gâchette, est bien moins chaud, mais, lié par son serment de Kroot-Scoot, n’a d’autre choix que d’accompagner Draik dans sa traque. La route de Satanas et Diabolo croise bientôt celle d’Ava Victrix, Rogue Trader de son état, et d’un gros bras engagé par cette dernière, alors qu’ils sont assaillis par les larves voraces. Son garde du corps réduit en carpaccio en l’espace de quelques secondes, Victrix, qui était venue pour capturer l’Ambull, n’a d’autre choix que de rejoindre le duo, malgré l’aversion qu’elle voue à Draik (qui lui rend bien).

Les trois comparses arrivent alors dans une salle immense coiffée par une impressionnante baie vitrée (tout peut arriver dans la Forteresse Noire), au milieu de laquelle se trouve une pyramide. Grekh étant certain que l’Ambull a visité le monument récemment (on peut-être un insecte géant et aimer les sorties culturelles), les chasseurs se dirigent vers la structure, mais sont rapidement assaillis par une forte nuisance sonore, comme si l’alarme du détecteur de fumée – que la Forteresse Noire est obligée d’avoir, comme chacun sait – du bâtiment s’était mis en marche. Pour ne rien arranger, les pisteurs commencent à geler sur pied, ce qui n’est jamais agréable, et les force à tenter le tout pour le tout et se ruer à l’intérieur de la pyramide, sur un vieux pressentiment. Une fois entrés, et débarrassés du megacouphène qui menaçait leur sens de l’audition ainsi que leur intégrité physique, nos héros reprennent la traque, mais sont à nouveau victimes des fourberies des Borewyrms, et passent encore à travers un plancher sapé comme jamais par les larves d’Ambull. Pour ne rien arranger, le bruit de leur chute attire les squatteurs de la pyramide, qui se trouvent être des Gardes impériaux renégats, ayant abandonné la vénération de l’Empereur pour celle de Nurgle, sans doute parce qu’ils ne voulaient pas être vaccinés contre la grippe comme le demandait leur officier supérieur. Capturés par les ruffians, Draik et Cie ne sont pas immédiatement noyés dans la morve ou dissous dans les glaires, comme ils s’y attendaient, mais harangués de manière assez civile par le chef du culte, le Capitaine Samos, qui semble à vrai dire plus intéressé par recruter de nouveaux adeptes et expliquer comment la bénédiction putride de Nurgle a permis à sa congrégation d’échapper à leur colocataire patibulaire, dont le sens de l’odorat a été neutralisé par la puanteur chaotique, que par le sacrifice de ses captifs. Sa proposition de prendre un verre de l’amitié est toutefois accueillie avec réserve par les aventuriers, même si Victrix, au grand déplaisir de Draik, parvient à convaincre les cultistes de l’intérêt qu’ils ont à la garder en vie, promettant de les mener jusqu’à Precipice où ils pourront poursuivre leur grande œuvre antivax à l’échelle supérieure. Outré par cette trahison pure et simple, Draik arrive à se libérer de ses liens et se jette sur sa fourbe collègue, avant d’être maîtrisé par les renégats…

Début spoiler…Ce qui semblait n’être qu’un mouvement d’humeur peu réfléchi se révèle toutefois être un tour pendable joué par Draik à Victrix et ses nouveaux copains. Le Rogue Trader a en effet profité de la confusion pour activer et glisser l’appât plasmique qu’il comptait utilisait pour attirer l’Ambull dans la poche de la traîtresse, ce qui permet au monstre de faire son arrivée sur les lieux en l’espace de quelques minutes. Le combat qui s’ensuit se termine rapidement par une prudente retraite de la part des Nurglites, entraînant Vitrix avec eux, l’Ambull aguiché toujours sur leurs talons. Laissés à leur sort, Draik et Grekh n’ont pas de mal à se libérer… et à se remettre en chasse (ou en tout cas, menacer de… dans le cas de Draik), car finir une nouvelle sur cliffhanger moisi alors qu’une autre solution parfaitement viable était à disposition est apparemment le nouveau chic là où Darius Hinks habite. Nous n’avons décidément pas les mêmes valeurs.Fin spoiler

1 : Au prix que coûtent ces écouteurs, on comprend tout à fait pourquoi.   

2 : Et je dirai qu’il a réussi à embarquer le Kroot dans l’aventure en jouant sur la proximité du terme avec « Bien Suprême », et la maîtrise toute relative qu’a le Xenos du haut gothique. Filou va.

AVIS :

Alors que The Beast Inside aurait dû être la pièce centrale du recueil Vaults of Obsidian de par sa longueur respectable (42 pages), nous nous retrouvons avec un objet littéraire très peu satisfaisant à au moins deux points de vue. Premièrement, et comme indiqué ci-dessus, Hinks ne prend pas la peine de donner à sa nouvelle une conclusion digne de ce nom, ce qui est particulièrement gênant pour une soumission de cette taille. Si l’on peut accepter qu’une nouvelle de 14 pages puisse se finir de manière brutale, il est difficile d’être aussi compréhensif pour une œuvre trois fois plus longue. Et ce n’est pas comme si toutes les péripéties convoquées par Hinks étaient si rigoureusement nécessaires à l’intrigue qu’il aurait été impensable de les tronquer pour faire de la place pour le reste. Au contraire, tout ce qu’il se passe avant la scène de l’intérieur de la pyramide est assez quelconque, et aurait pu être remplacé par tout autre chose sans problème. Deuxièmement, pour une nouvelle lourdement marketée Ambull, la quasi-absence de la bête en question, qui se contente de passer une mandibule dans la dernière scène avant de repartir faire le mur, pourrait être considéré comme de la publicité mensongère pure et simple. À vrai dire, les humbles Borewyrms sont plus présents dans le récit et jouent un plus grand rôle dans l’intrigue que leur génitrice. Ce qui laisse The Beast Inside consister principalement en une interminable joute verbale entre Draik et Vitrix : même si Hinks se montre capable de fulgurances occasionnelles à ce niveau3, ce n’est tout simplement pas ce que le lecteur pensait et voulait avoir. Bref, la combinaison d’une tromperie manifeste sur la marchandise et d’une exécution hasardeuse me fait donner à cette nouvelle un ‘Mouarf’ franc et massif. Et si l’Ambull a amplement mérité le qualificatif d’ « abominable » dans le fluff de 40K (The dreaded Ambull), je placerais la prose de Darius Hinks dans la même catégorie. Vous avez été prévenus…

1 : Mais également des répliques grand-guignolesques de temps à autre, Draik n’oubliant jamais très longtemps qu’il est un personnage d’audio drama, et qu’il est donc nécessaire (ou pas) de décrire précisément son environnement pour le bénéfice du lecteur.

The Last of the Longhorns – N. Kyme :

INTRIGUE :

Surpris en pleine expédition par une escouade de Gardes renégats, les jumeaux Ratlings Raus & Rein passent un après-midi compliqué. Bien qu’ayant échappé à une exécution sommaire, nos héros sont soumis à un interrogatoire serré et brutal de la part des cultistes, déterminés à mettre la main sur la moitié d’un médaillon que les abhumains ont en leur possession. Seul le médaillon complet permet en effet d’accéder à la crypte que les deux parties souhaitent piller. Devant le stoïque refus des Ratlings de coopérer, et l’avalanche de blagues graveleuses et réflexions mal placées déversées par les nabots en guise de mécanisme de défense (assez efficace, il faut bien le reconnaître), le Psyker de la bande décide d’employer la manière forte, et commence à sonder l’esprit de Raus à la recherche d’informations utiles, le plongeant, ainsi que le lecteur dans les souvenirs d’une journée très particulière pour le Ratling.

Une série de flashbacks nous fait en effet revivre la tragique disparition des Longhorns, ou le surnom que se donnait l’escouade de Snipers à laquelle les jumeaux appartenaient lorsqu’ils servaient dans la Garde Impériale. Menée par le charismatique fumeur de cigares Locke, la bande de petits gars incluait un échantillon de la plupart des stéréotypes attachés aux Hobbits, Halflings et autres Semi-Hommes dans la littérature contemporaine. Nous avons ainsi un benêt consanguin (Munk), un individu tellement porcin que cela a déteint sur son patronyme (Happig), et un incontinent (Fud). Le tableau de chasse est complété par un sourd (Strigg – dont l’idée a sans doute été empruntée à Abnett –) et un selfie guy barbu (Pugal), ne sortant jamais de son trou sans son polaroid. Participant à l’effort de guerre impérial pour reprendre la cité rebelle de Heldum, en compagnie du 69th Cadien et du 87th Vorpese, les Longhorns ont à peine le temps de prendre leur traditionnelle photo d’avant campagne qu’ils se font molester par un commandant de char proprement raciste, et auraient pu, de fil en aiguille et de remarques grivoises en coup de poing dans les parties, se retrouver embarquer dans une bagarre amicale, sans l’intervention décisive d’un Commissaire, qui remet tout le monde à sa place.

Un peu plus tard, et alors que l’escouade s’est scindée en deux afin de mieux apporter la vengeance de l’Empereur aux mécréants de Heldum, une tragédie s’abat sur les Longhorns sous la forme d’un bombardement diablement précis, qui oblitère le bâtiment dans lequel la moitié des Snipers avaient pris position. Ayant récupéré Strigg, seul survivant de la catastrophe, sur le chemin du camp retranché, et remis le blessé aux bons soins du Medicae, les derniers membres valides de l’escouade (Raus & Rein, Pugal et Munk) décident de mener leur enquête, jugeant impossible que la destruction de la planque de leurs camarades ait seulement été due au hasard. Ce qui est un raisonnement discutable quand on l’applique à un champ de bataille, mais passons. Quelle piste suivre, cependant ? Eh bien, comme la main de Strigg, qu’ils retrouvent mort sur son brancard quelques heures plus tard, s’est figée en forme de griffe, nos Hercule Poirot en culottes courtes décident d’aller explorer la station de train nommée Raptora, située en territoire ennemi. Oui oui. Si tous les Ratlings ont tendance à suivre des raisonnements aussi tirés par les cheveux, je m’explique mieux pourquoi la calvitie est si fréquente chez eux. Toujours est-il que nos héros se rendent sur place et découvrent l’épave d’un vaisseau du Mechanicum, à moitié enterré dans un cratère de sa propre création. Certes. Là-dessus se manifestent un peloton de Vorpesiens et une cohorte de Skitarii, eux aussi intéressés par la carcasse. C’est alors que le talent en matière d’intrigue de Kyme éclate au grand jour : par le plus grand des hasards, Rein réalise que le signe laissé par Strigg ne désignait pas du tout la station Raptora, mais la marque, en forme de griffe, que le Commissaire qui avait précédemment morigéné les Longhorns, et qui mène à présent les soldats vers le front, a sur la joue. C’est donc lui le méchant, et le fait que les Ratlings soient là précisément au moment où lui et ses hommes trahissent le Mechanicus, est donc un énorme coup de bol.

Fort heureusement, la suite de la nouvelle sera beaucoup moins compliquée, et donc un peu plus logique. Ayant été témoin de l’exécution des Skitarii par les traîtres Vorpesiens, les Longhorns, piégés entre les lignes ennemies et les renégats, décident de vendre chèrement leur vie. Finalement réduit à sa plus simple expression (Raus & Rein), l’escouade de Snipers parvient à revenir jusqu’au camp impérial, où Vorpesiens et Cadiens sont en train de se mettre sur le coin du museau, et à voler un vaisseau laissé à l’abandon pour quitter la planète, faisant ainsi la connaissance de UR-025, qui squattait dans la soute.

Se pose alors la question de savoir à quoi cette longue digression a servi, étant donné que la sonde psychique avait pour but de trouver la localisation d’une moitié de médaillon. Eh bien, le Psyker en charge de l’interrogatoire, jugeant la situation vraiment trop bizarre (et on le comprend), part en syncope, et se fait exécuter par le chef des cultistes, qui se trouve être… le Commissaire de Heldum. Encore une heureuse coïncidence. Tirant un nouveau deus ex machina de son clavier, Kyme décide qu’il existe une salle appelée Raptora dans la Forteresse Noire, et que c’est là que la relique a été cachée par les Ratlings. Ce qui est… bien le cas (rendu à ce point-là, je ne pense pas qu’il soit encore utile de poser des questions). Seulement, comme la salle en question est un capharnaüm de déchets technologiques, les recherches s’annoncent longue et ardues pour les renégats… jusqu’à ce qu’UR-025 émerge d’une pile de ferraille où il s’était caché, et crible de balles les méchants. « On est plus à ça près, mais il y a-t-il une raison logique à ce retournement de situation ? » vous entends-je hoqueter derrière votre écran. Pour le coup, oui : Raus avait consciencieusement appuyé sur l’émetteur caché dans un anneau qu’il portait au doigt au début de la nouvelle, ce qui était apparemment le signal qu’attendait l’homme de fer pour aller prendre position dans la salle en question, en attendant que les ravisseurs des jumeaux s’y rendent eux-mêmes1.

Terminons rapidement avant de sombrer dans la démence : une fois les bad guys refroidis, les Ratlings récupèrent les deux moitiés du médaillon (la leur ayant été confiée à UR-025), ouvrent le coffre (qui se trouvait être dans la même pièce, comme c’est pratique), et s’empare du sceptre géomantique qui y repose. Cette relique aurait le pouvoir de contrôler l’activité architecturale de la Forteresse, ce dont le Commissaire comptait tirer parti pour… arrêter de déménager aussi souvent. Chacun a ses raisons, que la raison ignore. Ce trésor entre leurs mains, Raus & Rein n’ont rien de plus presser que de le balancer dans une crevasse, insistant que cette mission particulière avait uniquement pour but de venger les Longhorns. Ce qui ne les empêche pas de finir la nouvelle en se mettant en chasse du même sceptre qu’ils viennent littéralement de jeter dans un trou ( !?!). Comme disent les chats qui marchent sur les claviers d’ordinateur : « è’ç_b « évt_crnuaxupéanuçèé(-« çé. Je ne vois pas de meilleure façon de clôturer ce résumé.

1 : En filigrane, cela voudrait aussi dire que Raus & Rein savaient que le Commissaire en question était dans la Forteresse Noire, et on tout manigancé depuis le départ pour lui faire payer un crime que Kyme ne prend même pas la peine d’expliquer. On ne saura en effet jamais pourquoi le Commissaire a orchestré le bombardement de la planque des Longhorns, ni pourquoi il a assassiné Strigg sur son lit d’hôpital. Guère surprenant, mais je ne pouvais pas laisser filer Kyme à aussi bon compte.  

AVIS :

Kyme se sursouspasse avec cette nouvelle, qui partait pourtant d’une bonne intention (explorer le background de personnages centraux de Blackstone Fortress) et aurait pu s’en sortir de façon bien plus convaincante si son auteur n’avait pas accouché d’une intrigue bien trop complexe pour ses capacités en la matière. Une simple série de flashbacks aurait pu faire l’affaire, et éclairer le lecteur sur les origines des frangins Ratlings, ainsi que sur leur rencontre avec UR-025, mais il a fallu que Nick Kyme opte pour un deuxième axe narratif, raccordé avec les pieds au premier, et ruine ainsi toute crédibilité de sa soumission, et avec elle, tout le plaisir qu’aurait pu avoir le lecteur à prendre connaissance de cette dernière. Car même en admettant que le fan de la BL moyen ne place pas de grandes attentes en termes de construction narrative dans ce qu’il/elle lit, la multiplication des WIJH (Well, It Just Happened) finira très probablement par le/la sortir totalement de l’histoire. Pourquoi en effet faire l’effort de suivre une intrigue qui n’est pas régie pas les bases les plus élémentaires de la logique ? Bref, un nouvel accident industriel pour Kyme, que ses supérieurs à la BL feraient bien d’inscrire à une formation writing skills dans le cadre de son évolution professionnelle.

.

***

Au final, je dois reconnaître, et c’est assez rare, avoir été très franchement déçu par cette anthologie. Outre la qualité moyenne des nouvelles la composant, que j’ai trouvée assez basse, ce Vaults of Obsidian ne bénéfice pas non plus de la présence d’une excellente histoire, ce qui suffit souvent à quelque peu sauver l’impression générale que le quidam moyen (votre serviteur) peut avoir sur un recueil. Quand le podium est occupé par un Haley sans idées, un Reynolds en mode troll et un Wolf solide mais assez quelconque, il ne faut pas attendre de miracles.

Si l’on considère l’ouvrage dans son ensemble, d’autres défauts ou imperfections se font également jour, le plus flagrant étant le manque de cohérence entre les différentes pièces collectées par la Black Library, et cela à tous niveaux : citons la conclusion de The Oath in Darkness d’Annandale, qui semblait paver la voie pour une confrontation à grande échelle entre les habitants de Precipice et les serviteurs d’Obsidius Mallex… et qu’aucun autre auteur n’a jugé bon de reprendre, ou encore la manière dont Grekh s’exprime d’une nouvelle à l’autre (parfaitement bilingue en bas gothique dans The Beast Inside, beaucoup moins à l’aise dans The Oath in Darkness). Tout porte à croire que la Black Library s’est contentée de collecter un nombre suffisant de courts formats portant sur le même sujet, sans donner d’instructions précises à ses auteurs sur ce qui était attendu d’eux, et sans même s’assurer que tous les personnages importants du jeu sur lequel le livre est basé apparaissent de façon satisfaisante dans ce dernier ! Pour faire le lien avec un recueil similaire récemment publié, c’est comme si Warcry the Anthology ne contenait aucune nouvelle mettant la Cabale Corvus et les Unmade à l’honneur, autrement que par une vague mention de temps à autre. Un autre facteur venant accréditer la thèse d’une simple compilation de textes, sans réflexion précise de la part de l’éditeur (dont le nom n’apparaît nulle part, ce qui est mauvais signe), est le nombre disproportionné de nouvelles mettant en scène des personnages tirés de l’extension Traitor Command (celle introduisant un Commissaire félon et son Ogryn de compagnie) : Past in FlamesNegavoltThe Three Edged-Blade et The Last of the Longhorns font tous clairement référence au contenu de cette sortie, ce qui explique l’importante proportion de Commissaires passés au Chaos que l’on retrouve dans ces pages.

J’aimerais pouvoir dire que la lecture de Vaults of Obsidian présente un intérêt marginal, mais malheureusement, cet ouvrage est à destiner uniquement aux amateurs inconditionnels de nouvelles 40K, qui pourraient avoir également du mal à en venir à bout. Si vous êtes un fan de Blackstone Fortress et que vous souhaitez poursuivre l’expérience avec de la GW-Fiction, je pense que vous exposez à un risque non nul de déception intense en achetant ce livre, et qu’investir dans une boite d’extension serait bien plus intéressant en termes d’amusement. Bref, si Blackstone Fortress est la Moria de Warhammer 40.000, alors je dois être le vieux bonhomme acariâtre qui vous enjoint à fuir, pauvres fous que vous êtes, plutôt que de réveiller le Balrog (Darius, de son prénom… à moins que cela soit Nick). Choisissez littéralement n’importe quel autre recueil de nouvelles 40K à la place de celui-ci, et je peux vous assurer que vous en tirerez à bon compte. Triste à dire (et long à écrire de mon côté), mais cela fait partie des risques du métier !

 

ON WINGS OF BLOOD [40K]

Bonjour et bienvenue dans cette chronique du recueil de nouvelles On Wings of Blood, consacré à l’exploration et à la description d’une facette des guerres cauchemardesques du lointain futur que Games Workshop a particulièrement développé ces dernières années : le combat aérien. Si la date de publication de cet opus a été pensée pour accompagner la sortie d’Aronautica Imperialis, le nouveau stand alone de la maison permettant aux joueurs de s’initier aux joies de la chasse atmosphérique, l’introduction de véhicules aéroportés dans les règles de Warhammer 40.000 a également permis à ces derniers de gagner en visibilité auprès de la communauté, alors que les précédentes décennies les avaient vu plutôt relégués à l’arrière-plan du Hobby1, et cantonnés à de brèves mentions dans les textes de background et quelques modèles résineux et ruineux sortis par Forge World de temps à autres (remember le tout premier Thunderhawk ? ). Aujourd’hui incontournables, ou en tout cas bien établis, sur les tables de jeu, il n’était pas illogique que la BL participe à l’effort de guerre propagande en faveur de ces machines volantes, nous laissant avec ce pesant opus (400 pages tout de même) que nous allons tenter de désosser avec rigueur, méthode et bonne humeur.

Sommaire On Wings of Blood (40K)

.

Pour être honnête, de tous les recueils de nouvelles publiés par la BL au cours des derniers mois, ce On Wings of Blood était celui qui m’intéressait le moins. Le thème choisi faisait en effet planer (haha) le risque d’une succession insipide de dogfights entre les différentes factions de 40K, niche ultra pointue nécessitant un certain talent littéraire, et même un talent littéraire certain pour se révéler intéressante pour le lecteur après les premières itérations. Pour sa défense, cet opus présentait le triple avantage d’un rapport qualité prix vraiment intéressant2, d’un casting varié incluant quelques auteurs faisant leurs premiers pas pour la Black Library (E. J. Davies, Nicholas Alexander3, J. C. Stearns, Cavan Scott), et de la republication de certaines nouvelles accusant une bonne quinzaine, voire vingtaine, d’années au compteur (Acceptable Losses, Raptor Down, Ancient History et Wings of Bone), menant à un intéressant panaché de soumissions classiques et modernes. Voilà pour la check-list de contrôle. Les moteurs étant chaud et le tarmac libre, il est plus que temps que prendre notre envol et de nous attaquer à cet OLNI. Tally-ho !

1 : Par souci d’exhaustivité, on signalera que la sortie de Battlefleet Galactica en 1999 avait indirectement permis une mise en avant des Maraudeurs impériaux, capables de vols spatiaux. Les deux nouvelles de Gav Thorpe datent directement de cette époque héroïque.

2 : La simple inclusion de la novella ‘Medusan Wings’ de Matt Westbrook, vendue 13,99€ sur le site de la Black Library, rend l’achat de cette anthologie (11,99€ en format e-book) rentable.

3 : En fait, non. Notre homme a écrit The Trophy avant ça, mais comme la BL a le privilège d’avoir une barre de recherche très particulière, cette nouvelle n’apparaît pas lorsqu’on cherche ‘Nicholas Alexander’ sur le site. Well done guys.

On Wings of Blood

.

Medusan Wings – M. Westbrook :

INTRIGUE:

Revenu sur Medusa après avoir complété sa formation de Techmarine (trente ans d’études, tout de même1), l’Iron Hands Atraxii a à peine le temps de reprendre contact avec ses anciens camarades que l’arrivée d’un vaisseau du Mechanicus en orbite de la planète de la Gorgone entraîne le revenant dans sa première campagne en tant que Frater Astrotechnicus. L’Adepte Wyn du monde forge Halitus IV sollicite en effet l’aide de ses anciens alliés contre les déprédations d’une Waaagh ! Ork, ayant jeté son verdâtre dévolu sur la planète de l’Omnimessie. Bien que le gentleironmen’s agreement établi entre les Clans de Medusa oblige le clan Kaargul à assurer une permanence planétaire pendant encore quelque mois2 avant que la relève n’arrive, et que le Capitaine Rumann ait déjà promis le soutien de ses hommes à la Garde Impériale dans le Voile de Yandi, la requête du Mechanicus ne peut être ignorée, et Rumann permet donc à l’Iron Father Oblexus, le mentor d’Atraxii, d’emmener une petite force d’Astartes régler le problème d’infestation d’Halitus IV en attendant la quille.

Une fois arrivés sur place, et convenablement briefés grâce à une présentation PowerPoint en réalité augmentée qui n’aurait pas déplu à Morpheus dans Matrix, les Iron Hands commencent les choses sérieuses, et se déploient dans la capitale assiégée par Drop Pod et Stormraven, permettant à Atraxii de commencer sa noble carrière de chauffeur Kaptein au service de ses frères. Trois décennies de bachotage pour ça, l’inflation des diplômes est vraiment hors de contrôle en ce 41ème millénaire. Joignant leurs forces avec les défenseurs impériaux, un régiment recomposé et customisé de Vostroyens mené par le Colonel Dialina Dionaki, les Space Marines se mettent à pied d’œuvre avec leur efficacité caractéristique, lorsque le désastre les frappe brutalement. L’as des as Oblexus, pilote de chasse extraordinaire et maître du légendaire Stormtalon Stormhawk, s’est fait descendre comme un bleu par un random Dakkajet. Bien que l’Iron Father comme sa monture puissent encore être retapés, ce coup du sort force le reste de la force Iron Hands à mener une opération de dépannage en terrain hostile, qui n’est pas sans prélever la vie et la carte mère de quelques-uns de ces impavides guerriers.

La suite de la nouvelle verra Atraxii progresser dans la hiérarchie de l’Aile de Medusa à laquelle il a été rattaché, puisqu’Oblexus lui passera les clés de Stormhawk, se jugeant indigne de reprendre le volant (?) du mythique appareil après l’avoir crashé contre le mobilier urbain d’Halitus IV. La promotion n’est cependant pas facile pour notre Techmarine, qui découvrira avec stupeur que l’Esprit de la Machine du Stormraven n’est autre que Taz, soit une intelligence rudimentaire, belliqueuse et indisciplinée, à qui il devra imposer sa marque pour ne serait-ce que voler droit (ce qui est attendu de la part d’un pilote d’escadrille). Alors que les Orks se massent pour l’ultime offensive, que les valeureux efforts de la team augmétiques n’ont fait que retarder, il faudra également aux Iron Hands percer le mystère tapi au cœur d’Halitus IV, expliquant le manque total de coopération et d’assistance apporté par les Skitarii de l’Adepte Wyn à l’effort de guerre. Comme toutes les sidequests, cette mission d’assistance périphérique se verra toutefois récompensée par une relique des plus sympathiques, ici rien de moins que la braguette de guerre de Ferrus Manus, où la légendaire Carapace de Medusa, armure portée par le Primarque au moment de son tragique décès3. On peut donc dire que le jeu en valait la bougie (d’allumage, bien sûr).

AVIS:

Novella intéressante, principalement du fait de sa haute teneur en fluff Iron Hands, ce Medusan Wings permet à Matt Westbrook de réussir ses débuts dans le 41ème millénaire. Au-delà des nombreux éléments de background apportés par l’auteur aux farouches et impavides fils de Medusa, ce récit présente l’intérêt de décrire de manière plausible et efficace une campagne « limitée » menée par l’Adeptus Astartes, ce qui, à l’époque du déploiement de demi-Compagnies et autres forces de frappe Gladius, fait tout à fait sens. Largués sur une zone de guerre mettant aux prises des dizaines de milliers d’Orks (au bas mot) et de Gardes Impériaux, Oblexus, Atraxii et (quart de) Cie sont trop peu nombreux pour engager l’ennemi de manière conventionnelle, et doivent donc s’en remettre à des tactiques de frappes éclair et redéploiements rapides dans lesquelles ils excellent, mais qui ne sont pas sans danger pour autant. La campagne d’Halitus IV permet donc de remettre le Space Marines (pas forcément Primaris d’ailleurs) sur son piédestal de super soldat du lointain futur, ce qui est toujours utile au vu de la tendance à l’hyperbole des auteurs de la Black Library.

Si on veut aller plus loin dans l’analyse en matière de combats aériens, qui constituent la raison principale de l’inclusion de cette nouvelle dans le recueil On Wings of Blood, on peut reconnaître à Westbrook une capacité certaine à mettre en scène ces affrontements brutaux, létaux et ultra-rapides, les difficultés de cohabitation entre Atraxii et Stormhawk dans la deuxième moitié de l’histoire ajoutant un peu de sel à des séquences qui auraient sans cela été assez répétitives. Je regrette simplement que l’auteur n’ait pas choisi de creuser davantage la personnalité de l’as Ork prenant un malin plaisir à mettre du plomb dans l’Aile de Medusa, ce qui aurait permis d’ajouter un peu de tension narrative aux combats livrés par les Iron Hands à l’incommensurable armada Xenos. Bref, un bon début pour qui lit On Wings of Blood, et un solide stand alone pour les autres. Pouce de fer vert (de gris, du coup).

1 : C’est peut-être dû aux troubles de l’attention dont souffre manifestement notre héros, qui a du mal à rester concentré sur de longues périodes de temps, et ressent toujours des émotions telles que la fierté ou la joie. Honteux.

2 : Ce qui consiste principalement à tenir le guichet d’un musée de Ferrus Manus (qui abrite notamment le crâne du Primarque) et à envoyer un représentant siéger au Conseil de Fer, où il tient compagnie au trio de Techno-Prêtres placardisés par leur hiérarchie, qui représentent l’Omnimessie auprès des descendants de la Xème Légion depuis la création de l’institution. Bref, c’est pépouze.

: Je ne dis pas que Ferrus Manus ne portait qu’une braguette d’adamantium au moment de son duel avec Fulgrim, je fais simplement remarquer qu’une armure qui ne protège pas son porteur de la décapitation a sans doute quelques problèmes de design…2 : Appelons ça le syndrome de l’Etoile de la Mort.

.

Acceptable Losses – G. Thorpe :

40K_Acceptable LossesINTRIGUE:

Nommé à la tête du tristement célèbre escadron de Maraudeurs Raptor, le commandant Jaeger a l’occasion de prouver la valeur de ses hommes au cours d’une mission aussi vitale que périlleuse : la destruction des réacteurs d’un Space Hulk grouillant d’orks. Livrés à eux-mêmes dans l’immensité hostile de l’espace, les Raptors se rendront rapidement compte qu’il n’y a pas d’ennemi plus mortel que l’ami dans lequel on a placé (à tort) sa confiance.

AVIS:

Après les Nains et les Hauts Elfes, Battlefleet Gothic est l’une des lubies du bon Gav Thorpe, qui ne manque jamais une occasion de mettre en scène une petite bataille spatiale dans ses écrits futuristes. Sachant qu’Into the Maelstrom (et donc Acceptable Losses, par la même occasion) a été publié en 1999, soit l’année de sortie du livre de règles BFG, il était inévitable que cette nouvelle fasse la part belle à des héros maîtrisant l’art subtil de la guerre dans l’espace.

Cette nouvelle conséquente (33 pages, ce qui en fait la plus longue du recueil) se divise ainsi en deux parties distinctes. La première (un tiers) voit Jaeger et ses hommes faire connaissance, les premières impressions mitigées faisant rapidement place à une véritable camaraderie entre un commandant sévère-mais-humain et des équipages indisciplinés-mais-courageux-et-loyaux (et l’Oscar du meilleur scénario original est attribué à…). Thorpe sait qu’il doit en passer par là pour que la suite de son récit tienne la route et s’exécute de bonne grâce, son style passe-partout lui permettant d’expédier cette introduction sans trop lasser le lecteur (en partie grâce à la partie « contes et légendes de l’Imperium »).

La deuxième partie (deux tiers) est une description minutieuse de la mission plus ou moins suicide de l’escadron Raptor, sur lequel s’acharne bien entendu un sort contraire : escorte de Thunderbolts retirée au dernier moment, Rok en maraude à négocier en solo, rencontre inopinée avec une escadrille de chassa-bombas, cible protégée par une hénôrme batterie de lance-plasma… autant de petits riens qui font que la vie d’un pilote de Maraudeur vaut d’être vécue (et se termine de manière prématurée). Fort de son expertise dans le sujet, Thorpe réussit à faire de ce compte rendu une expérience plaisante, tant par son originalité que par son enthousiasme perceptible pour cette forme de combat, dont les règles diffèrent considérablement de la classique bataille rangée de fantassins et de véhicules à laquelle l’amateur de 40K a droit d’habitude.

Bon, ça reste du Thorpe, et du Thorpe « primitif » qui plus est, ce qui signifie que l’histoire en elle-même ne vole pas beaucoup plus haut qu’un plongeur de la mort ayant fait un six sur son jet d’incident de tir (ouais, j’ai pas peur des mélanges). En même temps, difficile de révolutionner l’art de la nouvelle de science-fiction avec un pitch aussi ingrat qu’une bataille spatiale vue depuis l’intérieur d’un cockpit de Maraudeur. On a donc le droit à une triple dose d’héroïsme désintéressé et de sacrifice pour la bonne cause, généreusement saupoudrés de « bon sang, c’était moins une »1 et de « mais où est notre écran de chasseurs ? » : une fois de temps en temps, pourquoi pas.

Bref, Thorpe réussit assez bien son coup avec Acceptable Losses, un de ses meilleurs courts formats pour la BL à date, et fait mieux que tenir la comparaison avec beaucoup des nouvelles plus récentes intégrées à On Wings of Blood.

1 : Appelons ça le syndrome de l’Etoile de la Mort.

.

Sturmhex – E. J. Davies :

SturmhexINTRIGUE:

Sur le monde pas franchement riant de Sturmhex Prime, le Seigneur de la Peste Rugo organise un projet W (comme Warp) sans avoir pris soin d’alerter les voisins en postant des affichettes dans le hall d’entrée et les ascenseurs. Rude. Excédés par la nuisance sonore (7 jours ininterrompus de – Plague – drone music, ça vient à bout des meilleures intentions) et sans doute olfactive causée par ces kékés de Lords of Decay, les braves Sturmhexois ont fini par appeler la police, qui leur a envoyé rien de moins que la brigade montée, dont les membres se nomment les Chevals Aigris. Oui, on dit Chevaux, je sais. Rencardés par un indic’ bien irrigué, les psykers démonifuges ont opté pour un déploiement en force, et dépêchés la 1ère Confrérie, menée par le Frère-Capitaine Pelenas dans son ensemble mettre fin aux festivités. Affecté au transport du peloton d’intervention, le Techmarine Aegir pilote un Stormraven chargé jusqu’au bec de paladins en palladium jusqu’à la ZAP (Zone À Purger), profitant de l’égrégore – sorte de Messenger psychique reliant tous les Chevaliers Gris entre eux – pour tailler le bout de gras avec ses collègues chauffeurs sur la route.

Une fois sur place, après avoir expertement évité les poubelles renversées par ces punks de Plague Marines, les Grey Knights doivent toutefois se rendre à l’évidence : ils sont arrivés trop tard pour empêcher Rugo et ses groupies d’invoquer… Germaine de Monstres et Cie. Bon, ok, c’est en fait un Prince Démon du nom d’Anahk’hir qui a fait son apparition dans la surboom des Lords of Decay, et il a une grosse dent (sûrement une molaire) envers le Grand Maître Vardan Kai (appelez Loup Solitaire !), qui l’a envoyé dans le Warp voir s’il y était il y a de cela quelques temps1. Manque de pot, et sûrement de peau, pour notre limace de choc, Vardan n’a pas daigné se joindre aux réjouissances, et c’est Pelenas qui emmène ses frères castagner du cultiste, de l’Astartraître et du démon dans l’ordre et la discipline. Ayant déchargé sa cargaison chromée, Aegir met les warnings et volète de droite et de gauche dans la caverne squattée par les chaotiques en dégommant de la grosse mouche et du piéton hérétique, jusqu’à ce qu’une nichée de Helldrakes vienne lui voler dans les plumes et lui souffler dans les bronches. Traumatisé par la disparition soudaine de quelques-uns de ses comparses (réellement traumatisé hein, il n’arrive même plus à bouger le petit doigt), Aegir se retrouve en bien mauvaise posture, mais son… passage vers le côté obscur de la Force lui donnera la motivation nécessaire pour sortir de son apathie (assez dangereuse quand on pilote un aéronef), et une idée géniale(ment cartoonesque) pour venir à bout des dragons métalliques.

Sur le plancher des bêtes de Nurgle, la mêlée générale tourne lentement mais sûrement en faveur des séides du Grand-Père, malgré l’énergie avec laquelle les Maurice Chevaliers Gris enchaînent leurs tubes et récitent leurs cantiques. Déçu par le lapin que lui a posé Kai, Anahk’hir se console comme il peut en défouraillant les Grey Knights, se rapprochant assez près pour que le Grand Maître, qui s’était déguisé en planton de base pour… des raisons qui continuent à m’échapper (puisque lui et le démon voulaient tous deux en venir aux mains depuis le début), tombe le masque et engage le gastéropode démoniaque au corps à corps. D’abord confiant dans l’issue du combat du fait de la connaissance du nom véritable de son adversaire, aimablement transmis par l’Inquisiteur Quixos, Vardan Kai doit rapidement déchanter (un comble), le tuyau s’avérant passablement percé2. Sa tentative de Spirit Hate Bomb ne donnant rien non plus, le Gland Maître doit se résoudre à utiliser le pokécube que Quiqui lui a remis au cas où, avec des résultats plus probants (il faut dire qu’Anahk’hir venait de se prendre le Stormraven d’Aegir dans le coin du pneumostone, le laissant à pile 1PV), même s’il en coûte à notre intègre Astartes d’emprisonner le démon au lieu de le bannir. Cela ne l’empêche pas d’aller apporter sa prise à son commanditaire une fois la bataille terminée (et dans le confort de ses tongs et peignoir), tandis qu’Aegir, rescapé de sa collision avec la faune sauvage, commence sa convalescence à l’infirmerie quelques étages plus bas. On apprendra en conclusion de la nouvelle que l’Inquisiteur Quixos fut excommunié pour errements radicaux quelques années plus tard, laissant planer un vieux doute et une sale odeur sur toute l’opération. Ça nous fait une belle jambe me direz-vous. Je suis bien d’accord avec vous, amis lecteurs.

AVIS:

Cette première soumission d’E. J. Davies, pour distrayante qu’elle soit, s’avère l’être majoritairement à l’insu de son plein gré, ce qui n’est pas un début que je souhaite aux nouveaux contributeurs de la Black Library. Présentant des lacunes, ou à tout le moins, des zones d’ombres, à tout niveau, depuis la simple péripétie mal négociée jusqu’à la révélation à fort impact sur l’intrigue qui tombe à plat par manque de clarté, Sturmhex ne s’avère même pas particulièrement intéressant en matière de combats aériens, l’affrontement entre Stormravens et Helldrakes n’étant pas spécialement détaillé (en tout cas, pas plus que la baston au sol qui se déroule au même moment), et sa conclusion clownesque venant faire partir les ambitions littéraires de Davies en piqué. Dommage pour l’un des inédits d’On Wings of Blood, dont on aurait pu attendre une forte valeur ajoutée à ce titre. Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

1 : Ce qui sous-entend soit une longévité exceptionnelle de la part du Grand Maître, soit l’existence de coupe-files pour les démons envoyés au coin, soit une mauvaise relecture de la part de l’auteur.

2 : Il aurait dû se méfier aussi. Un démon qui s’appelle Anahk’hir Terrigassimal Yarnick (Jadot), ça ne fait pas très sérieux.

.

Wraithbound – J. C. Stearns :

INTRIGUE:

Mobilisé avec la levée de Lugganath, complétée pour l’occasion par les troupes des seigneurs Corsaires Eidaear et Isbeil, le Crimson Hunter Seoci patiente en double file sur le périph’ de la Toile, l’Autarque menant l’armée Eldar ayant sans doute égaré sa carte bleue au moment de payer le péage. Accompagné de ses collègues de Temple, le novice Padruic – ayant récemment abandonné ses activités de proctologue1 pour devenir pilote de Mirage – et l’Exarque Lioda, notre héros n’a heureusement pas à se tourner les pouces très longtemps, et le portail menant sur – insert random planet name – s’ouvre, permettant aux Chasseurs sachant chasser sans chiens de débarquer à toute berzingue dans une cité ruche récemment envahie par les hordes du Big Mek Gorkog Chrometeef. Alors que les Eldars commencent un prompt carnage des peaux vertes très surpris de cette intrusion à l’improviste de leur espace de vie, nous apprenons que l’assaut du Vaisseau Monde constitue une frappe préemptive contre le par trop prometteur Chrometeef, qui finirait par s’attirer les foudres xénophobes indiscriminées de l’Imperium à force de sanglants massacres, scénario dans lequel Lugganath ne pourrait échapper à la destruction. Violence étant mère de sûreté, les Zoneilles se la jouent donc Terminator (d’assaut) et se lancent à la recherche de Sarah Connork pour s’assurer de lendemains qui chantent. Logique implacable.

Alors que les Crimson Hunters assurent les arrières dessus de leurs petits copains, Seoci a la surprise de croiser son ex, Ailios, dans les cieux de – 404 : planet name not found – ce qui lui provoque une montée de mélancol-èr-ie (masque tout vénère de Khaine oblige), et lui fait se souvenir du temps de leur rencontre, lorsqu’il était encore un poète anarcho-communiste et Ailios femme de chambre à l’Ibis Budget de Lugganath2. Aaah, folle jeunesse… Séparés par les hasards de la vie et les caprices des tout puissants conseillers d’orientation professionnelle Aeldari, nos tourtereaux se retrouvent donc quelques siècles plus tard, ce qui permet à Seoci de réaliser que sa dulcinée est devenue medium en EHPAD, ou quelque chose comme ça. Chargée d’encadrer les âmes des pilotes des Hemlock lors de leurs excursions culturelles, Ailios ne semble pas être contre prendre une tisane à la fin de la bataille, mais le flux des combats sépare rapidement les anciens amants. Assaillis par une nuée de Dakkajets, les Hunters perdent rapidement l’un des leurs (ce bon à rien de Padruic), ce qui rend Lioda d’humeur massacrante. Pour ne rien arranger, Chrometeef choisit ce moment pour mettre en marche les milliers de moteurs anti-gravitiques (ou les millions de ventilateurs, ce serait marrant) qu’il a fait installer sous la cité envahie, qui commence à s’élever dans les airs dans le plus grands des calmes, et se révèle être un terror ship bourré de chasseurs Orks.

Seul survivant de son escadre après que sa sanguine Exarque soit tombé dans le piège tendu par des Orks brutaux mais rusés, Seoci mène la charge jusqu’au cœur du château dans le ciel, et parvient à faire suffisamment de dégâts aux centrales énergétiques qui alimentent la répulsion urbaine pour que la ZUS de Chrometeef regagne le plancher des squigs, et plutôt plus rapidement que ce que son constructeur ne le souhaiterait. Tragiquement, Seoci ne vivra pas pour raconter l’histoire, comme on le dit chez les glaouiches, son biplan étant pris dans une explosion plasmique alors qu’il se frayait un chemin vers le bercail. Ayant oublié de boucler sa ceinture de sécurité, le pré-retraité (il s’était juré de tomber le masque pour de bon après ce dernier tour de piste) finit polytraumatisé dans son cockpit, et se console en songeant que son concassage fatal lui permettra sans doute de passer plus de temps avec sa sorrowrose. Un crash pour un crush, c’est pas si pire au final.

AVIS:

Débuts sérieux, même si un peu trop scolaires, de la part de J. C. Stearns, dont l’amour pour les Eldars ne s’est pas démenti à ce jour. En prenant soin de dépeindre une opération Eldar typique, tant dans sa forme (attaque soudaine par une force aussi mortelle que mobile) que dans son objectif (supprimer une cible de façon préventive, afin d’empêcher la réalisation d’une funeste prophétie), l’auteur démontre sa bonne compréhension des fondements du background de 40K. Même constat sur le plan purement narratif, sur lequel Stearns boucle la boucle en condamnant son héros, que le destin des co-pilotes des Hemlock Wraithfighters horrifie au plus haut point, à devenir l’un d’eux après son accident. Cette conclusion cruelle, mais attendue, s’inscrit tout à fait dans l’ambiance générale de la littérature BL, où, comme le disait Chirac (hommage !), les emmerdes volent en escadrilles, même – surtout ? – pour les pilotes de chasse. Si ces éléments positifs préfigurent un potentiel certain, on pourra regretter l’intrusion mal négociée du passif amoureux entre Seoci et Ailios dans l’intrigue, que Stearns traite à demi-mots et qui ne fait donc pas vraiment pas sens pour le lecteur, jusqu’aux dernières lignes de la nouvelle, où l’intérêt scénaristique de cette idylle est enfin révélé. Bref, une œuvre de jeunesse, prometteuse et perfectible, et en tout cas parfaitement lisible.

1 : La nouvelle dit qu’il suivait jusque-là la Voie du Soigneur, so why not. 

: La nouvelle dit qu’elle suivait la Voie du Service, donc vous ne pouvez pas me prouver que j’ai tort.

..

In Service Eternal – M. Smith :

INTRIGUE:

Sur la planète minière autant que gazeuse d’Antropia, la vie suit son train-train quotidien. Il serait cependant plus juste de parler d’avion-avion, ce monde industriel contribuant à l’effort de guerre de l’Imperium en produisant des aéroplanes de combat pour la Garde Impériale, en particulier des Valkyries et des Vendettas, qui sont testés dans l’atmosphère chargée d’Antropia par un régiment de vétérans rangés des hélicoptères, avant d’être expédiés sur le front. Tout pourrait aller aussi raisonnablement que possible dans la dystopie fachisante et bigote dans laquelle il eu l’heur de naître, pour notre héros, le Commandant Arden Graves, en mission de routine en compagnie de quelques uns de ses hommes, lorsque leurs exercices de dégommage de cibles sont interrompus par le Magos Dominus Omicron-231, que son statut de dirigeant de la plus grande cité flottante de la planète, Gamma One, désigne comme le gouverneur de facto d’Antropia. Bref, pas question de le mettre sur répondeur.

MagDo vient de s’apercevoir de la disparition SMS (soudaine, massive et surprise) d’une cohorte de serviteurs miniers, chargés d’exploiter le riche sous-sol de la planète, et envoie donc les pioupious de Graves sur zone pour tenter de tirer les choses au clair1. Rendus sur place, les pilotes du 41ème AATD ne constatent rien de suspect, et s’apprêtent à faire demi-tour, quant une pluie de membres et d’organes s’abat brutalement sur leurs cockpits. Chose étrange, ces précipitations d’un genre particulier, qui s’avèrent être constituées des pièces détachées arrachées des serviteurs disparus, « tombent vers le haut », comme le fait remarquer l’observateur Caporal Ryker Ness, co-pilote de Graves, dont les savantes supputations sont interrompues par l’arrivée d’une escadrille de chasseurs au bellicisme aussi croissant que la forme. Pris au dépourvu et dans un feu croisé meurtrier, les appareils impériaux doivent bientôt battre en retraite, malgré les savantes formations que Graves leur fait prendre (Gryphonne Aquila Two, Gryphonne Omega Five, Sky Wolf, Alpha Two… j’en passe et des pas piqués des vers). Poursuivis par leurs mystérieux assaillants, Graves et ses survivants ont toutefois la joie d’être rejoints par l’intégralité de la flotte de Gamma One2, gracieusement mise à disposition par Omicron pour contrer la menace croissante que représente l’armada Necrontyr qui vient de décoller de son tombeau, sans doute réveillée par le tapage des foreuses impériales.

La bataille qui s’engage, si elle fera date par la taille des forces en présence, s’avère toutefois assez déséquilibrée, les impériaux se faisant dégommer avec une déprimante constante par les agiles chasseurs Xenos, la technologie Necron s’avérant par trop avancée pour que la bravoure indéniable des humains fasse une grande différence. Même l’emploi de mesures aussi radicales que le tir d’un barrage de missiles Deathstrike sur le vaisseau amiral des hommes de fer, une monstruosité aussi grande que Gamma One au cœur de laquelle brille un cristal vert de 14367I834 carats, ne donne que de piteux résultats. Graves, réalisant que l’heure l’était, tente de son côté le tout pour le tout avec les formations Pied de Poule au Pot et Corgi Alcoolique Zoulou, sans guère plus de succès. Bien que les autres cités flottantes d’Antropia soient en approche pour secourir Gamma One, la vitesse à laquelle cette dernière perd ses défenseurs laisse à penser qu’une fin tragique attend la capitale planétaire dans les plus courts délais, et sa perforation soudaine par un tir giga-laser du vaisseau mère Necron ne vient qu’appuyer cette prédiction pessimiste. Les Xenos ont cependant sous-estimé la mesquinerie morbide de leurs adversaires, qui parviennent à envoyer une deuxième salve de Deathstrikes, cette fois-ci en direction de la macro-émeraude ennemie, qu’Omicron-231 suppute être la source énergétique des assaillants. Seul petit problème, son système de visée a été endommagé par le coup fourré des Necrons, et il ne peut que verrouiller les missiles sur le vaisseau de ce brave Graves, qui accepte de mener une mission suicide avec les derniers pilotes impériaux de Gamma One pour guider les obus jusqu’à bon port. La suite et la fin de la nouvelle sont une adaptation assez fidèle du grand finale de Russell Casse dans Independence Day, soit un grand bol d’héroïsme désintéressé et suicidaire, permettant aux gentils organiques d’arracher une égalité, les deux porte-avions finissant à la casse à quelques minutes d’intervalle. Pas de chance pour Antropia, on apprend finalement que les Orks sont sur le point de débarquer. À quoi cela sert-il dans l’intrigue, me demanderez-vous ? Eh bien, je n’en ai aucune espèce d’idée. N’allez juste pas en vacances sur Antropia les enfants, cette planète a l’air bien mal fréquentée…

AVIS:

Après des débuts assez prometteurs, In Service Eternal sombre malheureusement dans le conformisme BLesque le plus navrant, ce qui traduit fatalement, au vu des standards de la maison, par une bonne grosse bataille bien bourrine. La seule surprise qui attend le lecteur, dont on pourra excuser les quelques bâillements étouffés à partir de ce moment, consistera dans le rapport de force déséquilibré décrit par Smith, qui fait tomber ses impériaux comme des mouches. Si ce parti pris peut se comprendre d’un point de vue littéraire, il s’agit d’un contre-pied tellement marqué par rapport aux autres nouvelles du recueil On Wings of Blood, où les protagonistes (et leurs appareils, que GW a bien envie de vous faire acheter de façon subliminale) s’en sortent généralement très bien face à leurs ennemis, que je ne pouvais pas ne pas le mentionner. Si vous êtes un joueur de la Garde Impériale, pas sûr que la lecture de In Service Eternal vous convainque de commander un trio de Valkyries (ou même un lanceur de missile Deathstrike, si on y réfléchit), que Smith présente comme étant tout juste bon à servir de poisson pilote pour une fusée à tête chercheuse passablement myope. Voilà, c’est à peu près tout ce que j’ai à dire sur cette nouvelle, ce qui vous donnera une bonne idée de l’appréciation que j’en ai. Attention, éditeurs de la Black Library : si l’abus de désabusement (?) n’est certes pas dangereux pour la santé, il peut conduire même les natures les plus enthousiastes à se lasser de la soupe littéraire qu’on leur sert.

: Ou au moins au marron dessaturé, si l’atmosphère d’Antropia sert de base.

2 : C’est l’avantage d’être affecté sur un monde qui produit des avions de chasse. Ca aurait été des ventouses à toilette, ils n’auraient pas fait les malins longtemps.

.

Stormseeker – A. Worley :

INTRIGUE:

Rattaché à une expédition punitive menée par les Deathwolves envers une cabale de pillards Drukhari, le Prêtre de Fer Anvarr Rustmane se retrouve contraint et forcé de participer à une frappe éclair contre les insaisissables Xenos à la surface du monde désolé et désolant de Vityris, où ces derniers ont capturé les résidents d’une station de recherche. Piégés sur place par les manigances d’une faction rivale, les Drukhari constituent une cible rêvée pour les Space Wolves avides de revanche, à condition que ces derniers ne traînent pas en route. Cette fenêtre de tir réduite ne fait cependant pas le bonheur de Rustmane, dont la récente communion avec l’Esprit de la Machine de son Stormwolf lui a appris que ce dernier ne se contenterait plus de la pelisse puante et pleine de vermine qui lui servait jusqu’à présent de pare-givre. N’ayant pas pu trouver de relique convenable pour apaiser ce caprice imprévu, le Prêtre de Fer doit donc braver le déplaisir de sa monture et emmener sa cargaison de Griffes Sanglantes chanteurs jusqu’à la surface de Vityris, quoi qu’il en coûte.

La mission de notre héros se voit davantage compliquée par l’arrivée soudaine sur les lieux de l’empoignade d’un trio de Razorwings, mené par la sœur de l’Archonte en rade, forçant Rustmane à mener sa propre escadrille de Stormwolfs et Stormfangs à l’assaut des invités surprises. Jongler entre le déplaisir de son vaisseau, les appels en absence du Garde Loup Skaldr Frostbiter, en charge de la mission1, et les intentions meurtrières des Tom-Tom et Nana Drukhari ne sera pas une partie de plaisir, mais Rustie a suffisamment de bouteille et de bouteilles (boire ou conduire, pourquoi choisir ?) pour mener à bien cette mission…

AVIS:

Drôle de soumission de la part d’Alec Worley, qui prend avec Stormseeker le contrepied d’un certain nombre d’éléments établis du fluff, pour un résultat qui, s’il ne peut pas être qualifié de désagréable, et se révèle même être assez distrayant par son parti pris assez léger, ne s’inscrit pas vraiment dans l’atmosphère générale du 41ème millénaire. Personnage haut en couleurs, Anvarr Rustmane n’est pas le moindre des éléments perturbateurs de cette histoire, sa tendance à l’alcoolisme et à l’accumulation compulsive de reliques plus ou moins ragoutantes, tranchant fortement avec l’image classique du Techmarine tel que le lecteur se le représente. Accompagné de son loup mécanique Cogfang (disposant de l’option « tonnelet de mjod intégré », en bon Saint Bernard grimdark), Rustmane ne se départit jamais de sa bonne humeur, mis à part lorsque les Griffes Sanglantes qu’il transporte dans son Stormclaw se mettent à chanter un peu trop fort, ce qui ne doit pas arranger sa gueule de bois fer persistante. Cette approche décomplexée de la guerre est émulée par Frostbite, jamais avare en petites blagues alors même qu’il emmène ses guerriers au front2, tandis que de l’autre côté du champ de bataille, le véritable amour fraternel qui semble unir Iruthyr et Izabella Xynariis est assez surprenant de la part de ressortissants de Commoragh.

Difficile d’en vouloir à Worley cela dit, quand on considère ce que la Black Library lui a demandé, c’est à dire une nouvelle dithyrambique sur les Stormwolf et Stormfang, probablement les aéronefs 1) les moins aérodynamiques de la gamme 40K, et 2) équipés de l’arme la plus cartoonesque de l’arsenal impérial (je veux bien sûr parler du mirifique canon Helfrost, tout droit tiré du Batman & Robin de 1997). C’est dans ce genre de situation que l’on comprend mieux pourquoi on parle de l’humour comme la politesse du désespoir…

1 : Harald a dû emmener Icetooth chez le vétérinaire pour lui tailler les griffes.

2 : D’ailleurs, sa harangue héroïque se trouvera brutalement interrompue par une fléchette empoisonnée Drukhari en pleine gorge, sans autre effet indésirable qu’une sévère crise d’épilepsie et une blessure mortelle de son amour-propre. Pour citer le sage Tuco : « When you have to shoot, shoot. Don’t talk ».

.

The Emperor’s Grace – N. Alexander :

INTRIGUE:

First day on the job pour les jeunes diplômés du 1167ème régiment de Vordrost, chargé par le haut commandement impérial de mener un raid audacieux contre une position capturée par les Orks sur la planète de Balle Prime. Menés par leur irascible et acnéique commandant Mikal, l’équipage du Maraudeur EMGR2243, plus élégamment appelé Emperor’s Grace, termine ses préparatifs de mission dans une ambiance studieuse. Leur objectif consister à bombarder la capitale planétaire, tombée entre les griffes des peaux vertes de la Waaagh ! Ugskraga, et d’abattre en sus une tour, aux proportions aussi gigantesques que sa fonction est mal définie, dans l’espoir de gagner la bouteille d’amasec millésimée mise en jeu par le commandant d’escadre Aaron Ryll. Les new kids on the tarmac se nomment Bernd Hawlek (bombardier affable), Aleksander Jeronim (navigateur rachitique), Artur Dudak (canonnier laser), Maciej Krol (beau gosse de tourelle) et Fyodor Jaworski (bolteriste lourdingue), et ils ont à cœur de prouver qu’ils méritent leur place dans les glorieuses armées de l’Empereur.

Bien évidemment, la mission ne se passera pas tout à fait comme prévue (encore que, l’arrivée d’une horde de Dakkajets Orks à mi-chemin de l’objectif ne constitue pas vraiment une surprise), et les aléas de la guerre mettront à rude épreuve l’Emperor’s Grace et son crew, qui, bien qu’il puisse légitimement revendiquer l’honneur d’avoir retiré le jenga ayant fait s’écrouler la tour Xenos, paiera assez chèrement son exploit retentissant, tant au niveau physique (Krol perd la tête et Bernd est écœuré), que mental (Aleksander fait une crise de panique et Dudak tombe en syncope d’avoir frôlé la tour Ork de si près) et mécanique (l’Emperor’s Grace finit la nouvelle comme un avion -presque – sans aile, sans doute en hommage à Charlélie Couture). Malgré ces multiples coups du sort, l’imperturbable Mikal parvient à ramener son coucou au nid, ce qui… n’est déjà pas mal j’imagine. Car oui, la conclusion de The Emperor’s Grace est assez particulière dans son genre, platitude paroxysmique (et un oxymore, un !) qui laissera sans doute le lecteur songeur quant au but recherché par Alexander1 d’un point de vue littéraire. Mais je vous laisse seuls juges.

AVIS:

Hommage à l’antique Acceptable Losses (et de l’ancien Wings of Bone, tous deux inclus dans le recueil On Wings of Blood) avec lequel il partage 90% de son intrigue, The Emperor’s Grace s’avère être un succédané assez fade de la nouvelle de Thorpe, qui avait bénéficié de la maîtrise du Gav en matière de « logistique aéronautique » et de son inspiration assez sympathique en matière de contes et légendes impériaux. Sans vraiment démériter, Alexander peine à convaincre avec son raid de Maraudeurs, se voulant sans doute être une exploration de la psyché humaine lors d’un huis clos stressant et mortifère, mais ne s’avérant être qu’un enchaînement de péripéties aériennes assez peu prenantes. Ne parvenant ni à intéresser au sort de ses héros, ni à surprendre le lecteur par un retournement de situation bien pensé, et pêchant par manque de clarté tant au début (à quoi sert cette tour ?) qu’à la fin (que faut-il comprendre de cette conclusion ?) de son propos, l’auteur nous sert l’archétype de la nouvelle BL « industrielle », porridge littéraire dans lequel flottent quelques morceaux de grimdark atrophiés. En cela, il s’agit presque d’une mise en abyme intéressante du 41ème millénaire, ère aussi morbide que désincarnée, et nul doute que si les geeks du lointain futur lisent de la pulp fiction agréée par l’Adeptus Terra, elle doit ressembler à ça. Pas sûr que ça suffise à réhabiliter The Emperor’s Grace, ceci dit.

: Qui s’est peut-être amusé à se mettre en scène dans sa propre nouvelle, au vu de la quasi-homonymie entre son patronyme et celui du navigateur de l’Emperor’s Grace. Au moins, et comme dans la chanson de Jean-Pierre François, il s’est survécu (même s’il est dans un sale état).

.

Wraithflight – G. Haley :

INTRIGUE:

Heureuse et avancée race que celle des Eldars, qui a perfectionné le concept de télétravail jusqu’à aller à la guerre depuis le confort de son lit. Prenons l’exemple de la spiritseer Iyanna Arienal, du Vaisseau Monde d’Iyanden. Eh bien, notre héroïne s’en va décimer des essaims de Tyranides les pieds devant et les yeux fermés, ce qu’on appelle chasser le (Grand) Dragon dans la terminologie eldar. Engagés à leur corps défendant dans la campagne de Cryptus aux côtés des grossiers Mon’keigh de l’Imperium, les Iyandeni participent à l’effort de guerre xenocide à leur manière, et mettent à profit leur maîtrise de la nécromoellie pour s’opposer à l’insatiable appétit de la flotte ruche Leviathan. À bord de l’Ynnead’s Herald, Iyanna et ses collègues de canapé dirigent mentalement les escadrilles de Hemlocks du Vaisseau Monde alors que le reste de la flotte se tient prudemment hors de portée de l’ombre dans le Warp. Leur but est de désemparer l’assaut massif, mais indiscriminé du Dragon Affamé (le petit nom Eldar de Leviathan) en mettant hors de combat les vaisseaux synapses de la vrille, tactique bien plus ingénieuse que la simple défense de zone mise en place par l’armada impériale du Commandant Hortense, chargé de la sauvegarde de la planète Krokengard, que l’Esprit de la Ruche convoite (c’est normal, ça commence comme « croquette »).

Ayant accepté l’offre d’alliance désespérée soumise par son vis à vis humain, malgré le dégoût que ce dernier lui inspire, l’Angèle dit-Hiandenne entame son masterclass de micro-gestion, dirigeant ses chasseurs et bombardiers lobotomisés avec toute la maîtrise d’un joueur professionnel de Starcraft coréen, pour des résultats probants. Cerise sur le gâteau, ses pouvoirs de prescience psychique lui permettent d’admirer la vue peu banale que présente la conscience collective de la race Tyranide, qui ressemble réellement à un Dragon, mais d’une taille proprement monstrueuse (la galaxie a littéralement la taille d’une assiette par rapport à son gabarit, ce qui doit être un peu flippant tout de même). Tout va donc pour le mieux dans le meilleur seul des univers, et la team Zoneille se prépare déjà à fêter la victoire, et l’inévitable trahison de ses « alliés » – Iyanden ayant envoyé un Fireheart en recommandé à la surface de Krokengard en application rigoureuse et littérale de la tactique de la Terre brûlée1 – en faisant des faisant des folies comme, au hasard, commander des pizzas à domicile (l’important étant de ne surtout pas se lever) lorsque soudain, la catastrophe frappe. Peu satisfait de la tournure prise par les évènements, le Grand Dragon en personne adresse un regard louuuuuuurd de reproches à Iyanna et ses sous-fifres, ce qui a des effets délétères sur cette bande de fragiles. L’expérience n’est toutefois pas létale pour les couch potatoes du 41ème millénaire (enfin, par pour tous en tout cas), et lorsqu’Angèle sort de son coma spirituel, elle prend la décision de reprendre le combat au côté de ce brave Hortense, qu’elle comptait auparavant laisser tomber comme une vieille chaussette. Bien sûr, cela ne changera rien au fait qu’elle ait carbonisé sa planète pour des raisons nébuleuses, mais je suis sûr qu’un beau mail d’excuses règlera le problème de façon satisfaisante. 1 de perdue, 999.999 de préservées… pour le moment.

AVIS:

On l’aurait presque oublié avec l’avènement du Dark Imperium, mais avant le retour de Guilliman, il se passait déjà des choses au niveau du fluff du 41ème millénaire, et les publications centrées sur la campagne Shield of Baal valent leur pesant de cacahouètes à ce niveau. Le Wraithflight de Guy Haley nous livre le récit de l’affrontement spatial en orbite de Krokengard, qui, s’il n’a pas eu l’envergure ni l’enjeu de la bataille de Dûriel, reste toutefois intéressant pour l’amateur. L’auteur livre une copie sérieuse et inspirée, qui permet de mettre en regard les approches de la guerre spatiale de trois factions majeures de Warhammer 40.000 : tandis que l’Imperium (pas vraiment à la fête dans cette nouvelle il faut le reconnaître) cherche à tenir la ligne grâce à sa discipline et sa puissance de feu phénoménale, les Eldars la jouent plus fine et frappent depuis les ombres les vaisseaux cruciaux de l’ennemi dans le but de désorganiser sa chaîne de commandement. En face, les Tyranides font jouer leur écrasante supériorité numérique, mais sans pour autant agir comme des organismes décérébrés. On peut d’ailleurs mettre au crédit de Haley la vision « draconique » qu’il fait de l’Esprit de la Ruche, incarnation intéressante et terrifiante d’un ennemi jusque-là trop désincarné pour que le lecteur le prenne en compte. Imaginez-vous l’œil de Sauron élevé à la puissance yotta et vous aurez une petite idée de ce qui attend sur le palier galactique, et comprendrez sans mal qu’attirer son attention n’est certes pas conseillé. Si l’intrigue de Wraithflight ne brille pas par sa complexité, ni ses personnages par leur intérêt, la lecture de ce petit bout de Shield of Baal n’est pas désagréable, et ce même sans avoir lu ce qui vient avant ni compter lire ce qui vient après. Un teaser (se) satisfaisant (à lui-même) donc.

1 : Comme le dit l’Esprit de la Ruche : « Je me suis encore fait braiser ! »

.

Doom Flight – C. Scott :

INTRIGUE:

Sur la planète industrielle de Quadcana, les dieux de la guerre ne favorisent pas les défenseurs impériaux, bien malmenés par les assauts de la Waaagh ! Ork qui a décidé de faire sienne les vastes complexes de production d’armes locaux. Envoyés à la rescousse des forces de défense planétaires, le Sergent Kerikus et ses confrères de la 7ème Compagnie des Doom Eagles ne peuvent pas revendiquer d’avoir fait une grosse différence dans le déroulement de la campagne, leur tentative d’assaut aérien sur la capitale locale, très originalement nommée Quadcana Prime, s’étant soldée par une déroute à peu près complète, ne laissant que notre inflexible héros représenter l’Astartes auprès des peaux vertes. Nullement découragé par ce tour du destin, Kerikus, qui, s’il n’est pas grand, est vaillant, grappille des points faciles à prendre çà et là, son Stormtalon répandant la mort parmi les véhicules et piétons Orks, au prix d’acrobaties que l’on pourrait poliment qualifier de suicidaires. Kerikus sait cependant très bien ce qu’il fait, et utilise avec à-propos son super pouvoir de Doom Eagle, le « même-pas-peur-isme », qui lui permet de réaliser les acrobaties les plus osées sans se départi de son calme olympien airien. Las, toutes les bonnes choses ont une fin, et à force de tenter le diable, notre Space Marine finit par se retrouver en fâcheuse posture. Poursuivi par un duo de dakkajets particulièrement collants, et ayant trouvé le moyen de pirater sa fréquence de transmission (ce qui l’énerve au point qu’il fracasse à main nue son récepteur pour… pouvoir mieux s’écouter parler je suppose), les doom carottes semblent cuites pour l’impavide pilote. Fort heureusement, c’est le moment que choisissent deux de ses collègues, Malika (qui est bien un individu de sexe masculin, je précise) et le Techmarine Tyrus, pour faire leur apparition, équilibrant prestement le rapport de forces et permettant à Kerikus de s’en tirer à bon compte.

Ragaillardi par ces renforts inespérés, le Sergent commence à élaborer des plans sur la planète, et propose à ses camarades de tenter un baroud d’honneur en direction de la centrale à plasma de Quadcana Prime. Nos chasseurs reprennent les cieux après que Tyrus ait réparé les dégâts subis par le vaisseau de Kerikus1 (dont une bonne partie ont été infligés par ce dernier, c’est l’Esprit de la Machine qui doit être chafouin) et se rapprochent de leur cible lorsque, semblant crever le ciel et venant de nulle part, surgit, non pas un aigle noir, mais le Death Deela, un chasseur Ork plus gros, plus armé et plus méchant que la moyenne. Si nos vaillants pilotes se montrent tout à fait capables de repousser les assauts de l’escorte de Dédé, ce dernier se révèle être trop coriace pour les Space Marines, et descend successivement Tyrus, Malika, et pour finir Kerikus, qui a tout de même le temps de s’éjecter avant impact. Malheureusement, tout à ses acrobaties nihilistes, Lefuneste n’a pas réalisé que son cockpit pointait vers le sol au moment de son évacuation, ce qui rend cette dernière passablement douloureuse. Il en faut toutefois plus pour abattre notre coriace héros, qui se sent pousser des ailes (mouahaha) à la vue de son objectif, qu’il espère faire sauter afin de réduire une bonne partie de la capitale en cendres et priver ainsi les Xenos des manufactures d’armes de Quadcana. Serrant les dents le bec, Kerikus réussit son jet d’insensible à la douleur et part en petites foulées en direction de l’EPR tout proche, qu’il parvient à atteindre malgré les tentatives enthousiastes d’une poignée de grunts de lui barrer la route2. Une fois sur place, il n’a besoin que de quelques tirs bien placés en direction du Death Deela, qui rôdait toujours dans le coin, pour convaincre le pilote de ce dernier de… faire une attaque kamikaze sur sa position, déclenchant la réaction en chaîne catastrophique synonyme de victoire mineure pour l’Imperium. Un peu extrême comme parti pris de la part du pilote Ork, qui n’avait qu’à faire quelques passages en rase motte pour régler son compte à l’oiseau de malheur. Mais après tout, quand on aime, on dakka.

AVIS:

Après Simon Spurrier, James Alexander, James Swallow et Ben Counter c’est au tour de Cavan Scott de prendre les commandes des Doom Eagles, sans doute l’un des Chapitres les moins connus les plus utilisés (je me comprends) du lore de 40K. Dans ce qui est probablement l’un de ses premiers travaux pour la Black Library (cette nouvelle a été initialement publiée en 2013), l’auteur met en scène une mission à hauts risques entre une poignée de Stormtalons et une nuée de dakkajets, la supériorité intrinsèque des Space Marines et de leurs appareils sur leurs adversaires leur permettant de compenser l’avantage numérique dont disposent les Orks… jusqu’à un certain point. Prise à part, Doom Flight ne pourrait guère prétendre à la palme de l’originalité, et sa position en milieu d’un recueil consacré aux combats aériens au 41ème millénaire ne fait que renforcer le sentiment de déjà lu, relu et re-relu de l’objet3. Si la prose de Scott ne s’avère pas particulièrement désagréable à lire, même si certains de ses choix pourraient être discutés (les monologues du Sergent Kerikus en premier lieu, qui aime un peu trop le son de sa propre voix pour un moine soldat endoctriné et surentraîné), elle se révèle par contre être d’une platitude assez totale, le – fin – vernis de fatalisme apporté par la culture chapitrale des Doom Eagles ne teintant que de façon très légère le récit, voire étant carrément passé en perte et profit par l’auteur (lorsque Kerikus décide de dissimuler à ses compagnons qu’il les mène sur une mission suicide), alors qu’il s’agissait probablement de la piste la plus évidente et intéressante à exploiter pour singulariser ce récit. De l’autre côté du ciel, les Orks se contentent, comme à leur habitude, de vrombir de droite et de gauche, compensant par leur enthousiasme effréné (et parfois passablement crétin) la qualité toute relative de leurs aéroplanes. Bref, rien de nouveau sous le soleil, et pas grand-chose à retenir de cette nouvelle, pour peu que vous soyez déjà familier du genre (ce qui sera le cas si vous avez lu On Wings of Blood dans l’ordre).

1 : Qui aura cette phrase immortelle. Cocasse, de la part d’un Chapitre dont l’animal totemique en est rigoureusement dépourvu.

2 : Et la perte de son bras gauche, dont il ne se rend compte que lorsqu’il essaie de grimper à l’échelle et réalise qu’il a – littéralement – perdu la main. That’s pretty brutal.

3 : À ce stade, le lecteur en sera en effet à sa 4ème nouvelle mettant aux prises des escadrons impériaux à des Orks, et sa 4ème nouvelle où le héros pilote un Stormtalon, Stormraven ou Stormwolf. Comme un petit goût de reviens-y.

.

Ancient History – A. Chambers :

40K_Ancient HistoryINTRIGUE:

Recruté contre son gré comme équipier polyvalent du Retribution, fier vaisseau de la flotte impériale à rade de personnel, à l’issue d’une opération porte fermée (traduction : une fois qu’on est rentré, on ne peut plus sortir), Nathan, notre héros, découvre progressivement les joies et les peines de la vie de canonnier de marine, noble et utile occupation qu’il projette toutefois d’abandonner dès qu’une occasion de déserter se présentera à lui. Cette frilosité à s’engager sur le long terme dans une institution impériale pourtant aussi respectable que la Navy1 s’explique en partie par la présence d’un nuisible connu de Nathan, Kendrikson, dans l’équipage de Balthasar (le nom du macrocanon auquel notre homme a été affecté). Les deux forçats se sont quittés fâchés au cours d’une précédente collaboration, et bien que Nath’ ne serait pas contre une petite vendetta pour régler ses comptes avec son ex-nouveau collègue, il préférerait à tout prendre mettre quelques années lumières entre eux, un « accident » du travail étant si vite arrivé… En plus de ces problèmes relationnels, le Warp ne s’avère pas être un long fleuve tranquille, et sa traversée pèse lourdement sur l’estomac et la psyché des rats de cale. En témoigne le coup de sang passager d’un passager, Fetchin, qui succombe à une crise de claustrophobie démoniaque, puis à une décharge de fusil à pompe à bout portant, non sans avoir envoyé quelques badauds à l’hôpital et à la morgue auparavant.

Nathan a toutefois la chance de pouvoir compter sur le patronage bienveillant de Kron, canonnier vétéran dont l’accent chantant, les histoires passionnantes, les relations privilégiées avec le management et la connaissance intime des coursives du Retribution permettent au bizut d’acquérir des connaissances et compétences précieuses, monter dans la hiérarchie balthasaresque et, accessoirement, échapper à la tentative d’assassinat dont il fait les frais de la part de ce mauvais sujet de Kendrikson, qui se révèle être un Luminen2 infiltré.

Cette prise de fonction mouvementée culmine avec la toute première bataille spatiale à laquelle Nathan participe, baptême du feu à plus d’un titre au cours duquel il aura l’occasion de se frotter à l’ennemi de plus près que prévu sur sa fiche de poste, le crash d’une torpille d’abordage à proximité de son espace de co-working le forçant à prendre les armes pour défendre la vertu et l’intégrité de Balthasar contre les assauts païens de vils cultistes chaotiques, dont l’encadrant se trouve être un Space Marine renégat. Il faudra une nouvelle fois l’intervention décisive de Kron, qui sous ses abords décatis, se révèle être un individu décidément plein de ressources et d’énergie (il se relève d’un tir de pistolet bolter à bout portant et tase l’Astartes à mains nues), pour permettre à notre héros de se sortir de ce coup de Trafalgar. Les mystères de l’origine et des motivations du mentor de Nathan ne seront pas levés par Chambers avant la conclusion de cet Ancient History3, mais une chose est sûre, quand on est Kron, on est Kron.

AVIS:

Nouvelle protéiforme et un peu foutraque, Ancient History est une soumission plutôt hétérodoxe, mais loin d’être inintéressante de la part d’Andy Chambers. En multipliant les partis pris narratifs (cela commence comme un récit d’évasion, avant d’intégrer un passage « mythes et légendes », puis d’embrayer sur une révélation plutôt étrange sur un des personnages principaux, et de tourner à l’action pure et dure, pour se terminer sur un mystère vraiment mystérieux) et les péripéties, le grand méchant joueur n’a pas choisi la facilité, et son propos en paraît en conséquence décousu et incertain dans sa finalité. Pour autant, le simple fait de mettre sur le devant de la scène des personnages très peu abordés par la BL mais au moins aussi caractéristiques du grimdark de 40K que les Space Marines ou l’Inquisition (les « marins » de la Flotte Impériale) ne manquera pas d’attirer la curiosité bienveillante des lecteurs avides d’en apprendre plus sur la vie des travailleurs de la mer l’espace, ce en quoi Chambers se montre plutôt généreux. En outre, l’inclusion de la Complainte du Vieux Marin à la sauce 40K dans le récit s’avère être un interlude des plus intéressants entre deux scènes d’action, et ne manquera pas de susciter les hypothèses les plus radicales de la part des exégètes de tout poil qui constituent une part non négligeable du lectorat de la Black Library. La balance est donc plus que positive pour Ancient History dont les apports fluff et l’originalité compensent largement les tâtonnements et… l’originalité (aussi).

1 : Sécurité de l’emploi, gîte et couvert offerts, destinations variées, activités physiques régulières… Ça c’est un job de rêve.

2 : Plus de quinze ans avant la sortie du Codex Adeptus Mechanicus, Chambers convoquait déjà des électro-prêtres dans ses nouvelles.

3 : Qui a peut-être été suivi d’une autre nouvelle, et aurait dû l’être ? Je suis sur le coup les aminches.

.

Raptor Down – G. Thorpe :

40K_Raptor DownINTRIGUE:

Nous retrouvons le Commandant Jacques Jaeger de l’escadron Raptor, après les évènements couverts dans Acceptable Losses, et la prise de fonction compliquée et sanglante de notre héros à l’occasion d’une bataille spatiale contre un Rok Ork. 18 mois plus tard, le Divine Justice, croiseur impérial auquel les Raptors sont rattachés, est passé à autre chose, et fait partie de la flotte d’invasion du système de Mearopyis, que l’Imperium cherche à reprendre aux Noctal après quelques millénaires d’atermoiements (saleté de bureaucratie). Ayant eu largement le temps de se familiariser avec son nouveau poste, de se faire accepter par ses hommes et de terroriser les nouvelles recrues venues remplacer les pertes subies au cours de  la campagne précédente, Jacques le Fataliste1 supervise les opérations de soutien du déploiement de la Garde Impériale au sol, qui consistent surtout à aller bombarder les cibles les plus juteuses à la surface de la planète capitale du système, tâche grandement facilitée par l’absence de chasseurs à capacité de projection spatiale dans le camp d’en face, ce qui permet aux Maraudeurs de frapper avec une impunité assez totale.

Chargés d’une nouvelle mission de démolition de l’infrastructure militaire locale, les escadrons Raptor et Storm, accompagnés  de leurs écrans de chasseurs (pour une fois qu’ils sont là, ces vole au flanc) quittent leur vaisseau mère pour ce qui ne semble être qu’une formalité pour ces pilotes aguerris. Malgré la tentative malheureuse d’interception de la part des Noctal, prestement contrecarrée par le professionnalisme et les gros flingues impériaux, tout semble baigner dans l’huile de moteur pour Jaeger et ses hommes, jusqu’à ce que ce dernier ait la malheureuse et déplorable idée de… prendre une initiative. Ahlàlà. Pour sa défense, son projet d’attaque d’une colonne blindée Noctal, repérée par l’esprit de la machine d’un missile2, et dont l’utilisation fourbe de la géographie locale avait permis d’échapper aux scanners de la flotte jusqu’ici, partait d’une bonne intention : protéger l’avance des bidasses de la Garde et les empêcher d’être pris en tenaille par les défenseurs. Malheureusement, les grands projets de canyoning de Jaeger, pour prometteurs qu’ils aient semblé sur le papier (en voilà une activité de team building qu’elle est bonne !), se trouvent rapidement et violemment contrariés par la puissance de feu des assaillis. Et même si Thorpe ne se donne pas vraiment la peine de décrire la manière dont les Noctal parviennent à dégommer l’invincible armada de manière aussi brutale, le résultat de l’accrochage n’est pas franchement en faveur des Impériaux. Bien que ces derniers aient pu larguer quelques missiles sur zone, le bilan est très lourd, et même Jaeger ne s’en sort pas indemne, son appareil étant lui aussi abattu en plein vol, forçant l’impulsif et inconstant Commandant3 à évacuer la carlingue en compagnie de ses hommes. Se réveillant avec une jambe cassée dans le désert de Mearopyis, Jacquou le Croqueur de feuille de match doit maintenant digérer les conséquences humaines et matérielles de son coup de sang : avec deux tiers de ses Maraudeurs et la moitié des Thunderhawks passés en perte et profit, le bilan est lourd pour Herr Jaeger. Cela en valait-il la peine ? C’est sur cette question lourde de sens que nous quittons notre héros, qui pourra attendre d’être secouru en dessinant des faucons. C’est ça d’être une buse.

AVIS:

Suite de l’acceptable Acceptable Losses, Raptor Down donne l’occasion à Gav Thorpe de nous tenir au courant de l’évolution de carrière ce bon vieux commandant Jaeger, et met l’escadron de ce dernier aux prises avec un nouvel ennemi et sur un nouveau théâtre d’opérations. Après l’espace froid et mortel qui a vu les Raptors aller au casse-pipe contre un Rok, nous sommes donc témoins d’une excursion atmosphérique dans les déserts de Mearopyis, ce qui illustre bien la versatilité des Maraudeurs impériaux. Sur la forme, la nouvelle de Thorpe se révèle être d’un niveau sensiblement égal à ses œuvres « spatiales » précédentes, c’est-à-dire très correct. Si on peut critiquer la prose de notre homme à bien des égards, il faut lui reconnaître une capacité à dépeindre un engagement aéronautique/spatial de manière convaincante et intéressante, beaucoup mieux que la plupart de ses collègues en tout cas. Sa maîtrise des unités (tant spatiales4 que temporelles5) et des facteurs propres à ce type de combat, comme la vitesse et la direction du vent, ou le niveau de carburant et des munitions embarqués rendent la lecture des péripéties aériennes de l’escadron Raptor plutôt prenante. Thorpe fait même du zèle en intégrant en début de récit une retransmission d’un affrontement spatial entre la flotte impériale et son homologue Noctal, que le supérieur de Jaeger se  repasse en boucle comme d’autres matent un top 10 NBA. Petit plaisir coupable, que nous lui pardonnons sans mal puisque le résultat est là aussi assez qualitatif.

L’intrigue et la construction de Raptor Down, en revanche, s’avèrent être moins satisfaisantes. La première est une variation sans originalité du scenario d’Acceptable Losses (un escadron de Maraudeurs chargé d’une mission où rien ne se passe comme prévu), ce qui n’est en soit pas un gros problème puisque la possibilité de Thorpe d’innover sur le sujet est passablement limitée (un Maraudeur, ça maraude, poingue). Ce qui est moins acceptable à mes yeux est la manière dont l’auteur fait passer Jaeger de Mr Baillezeubouque à Dr Folamour en l’espace de deux paragraphes, le chef d’escadre précautionneux se muant en tête brûlée sans qu’aucun élément préalablement établi par Thorpe sur le caractère de son personnage ne puisse laisser augurer ce changement radical de tempérament. Autre point plutôt mal géré par le Gav, le raid des Maraudeurs sur la colonne blindée, torché en même pas une page, et qui tient plus du tir au pigeon que de l’attaque en rase-motte. Le fait qu’on ne voit même pas à qui les impériaux sont confrontés, ce qui ne permet pas de comprendre pourquoi ils se font ainsi décimer par un adversaire totalement à leur merci sur le papier (à moins que les Raptors aient eu la malchance de tomber sur un convoi DCA Noctal), annihile toute tension narrative, les (bol)os des as se faisant canarder (un comble pour des raptors6) en l’espace de quelques secondes. Finalement, la conclusion même de la nouvelle ne m’est pas apparue comme particulièrement maîtrisée, les états d’âme douloureux de Jaeger alors qu’il se retrouve isolé avec ses hommes en territoire ennemi, ne suscitant qu’un distrait « so what ? » chez votre serviteur. À titre personnel, je pense que Thorpe a laissé ainsi la porte ouverte à un nouvel épisode (à ma connaissance jamais écrit), et que cette fin n’en était en fait pas vraiment une. Pas de chance, cela n’a débouché sur rien, et la dernière image que le lecteur emportera du commandant Jaeger sera celle du matelot du radeau de la Méduse fixant l’horizon d’un œil torve, le menton dans la main. Ce qui n’est pas commun, avouons-le.

1 : Il reconnaît lui-même qu’il n’est jamais heureux. Sauf quand il vole. Et encore, il stresse tellement que j’ai du mal à voir quel plaisir il tire de l’expérience. Pauvre bonhomme.

2 : On peut remercier le Techno-Adepte Ferrix, l’homme qui murmurait à l’oreille des (AGM-119) Pingouins.

3 : Pour un gars qui avait passé la nouvelle à ressasser son amour des plans qui se déroulent sans accrocs et la nécessité de se conformer aux règles établies, surtout quand elles touchent à la Santé & Sécurité, décider de se la jouer berzerk à la première colonne blindée, c’est assez surprenant.

4 : Quand on est un pilote de Maraudeur, 150 kilomètres, c’est proche.

5 : Quand on est un pilote de Maraudeur, 3 minutes, c’est long.

6 :Rapace’ en anglais. Rien à voir avec les dinosaures donc.

.

Wings of Bone – J. Swallow :

40K_Wings of BoneINTRIGUE:

Technicien de surface au sein du 404ème (error : origin of the regiment not found), la recrue de 3ème classe Aves vit sa passion pour les avions de guerre par procuration en astiquant le manche (et les autres parties charnues) du Maraudeur Griffon, malgré les railleries, mauvais traitements et passages à tabac réguliers dont il est victime de la part de l’équipage de ce dernier. Assigné au support aérien de la Garde Impériale sur le théâtre de Rocene, planète en proie à une insurrection chaotique de grande ampleur, le Griffon mène des actions d’arrière-garde pour couvrir l’héroïque retraite stratégique actée par le haut commandement depuis quelques semaines. Sur l’aérodrome du Point Novembre1, Aves termine de faire briller les cadrans et cirer les sièges en cuir en chuchotant des mots tendres à la carlingue de son gros ami de fer lorsqu’il est témoin de l’arrivée furtive d’un chasseur ennemi, volant en rase mottes en direction de l’installation impériale avec la probable intention d’aller se kamikazer dans les hangars loyalistes. Réagissant avec promptitude et sang-froid, notre héros saisit les joysticks du poste de tir du Maraudeur, et cartonne l’impudent en plein ciel avant qu’il n’ait pu commettre l’irréparable. Malheureusement, si son intervention salutaire a certainement permis de sauver des vies (mouais…) et du matériel (mieux !), elle n’est que moyennement appréciée par la team Gryffondor, et en particulier par cette brute épaisse de Nilner, qui refait le portrait du héros, coupable d’avoir osé prendre sa place dans le cockpit pour accomplir sa BA. Comme quoi, il vaut mieux ne jamais prendre d’initiative.

Parti chercher un Ibuprofen à l’infirmerie sur sa pause-café, Aves revient à temps pour surprendre la discussion entre le Capitaine Vought et son bras droit, le Bombardier Sorda, seul à prendre la défense du larbin méritant, à la grande surprise de ce dernier. Marqué par des poings mais ayant tout de même marqué des points, Aves commence à nourrir des ambitions aériennes, que les aléas de la guerre ne vont pas tarder à favoriser. La suite de la nouvelle permet en effet de suivre une opération conjointe entre le Griffon et le Basilisk à l’encontre du QG mobile des renégats, une monstruosité sur chenilles au blindage tellement épais que les honnêtes bombes classiques larguées par les Maraudeurs (200 kilos d’explosifs par ogive, tout de même) ricochent avec un klong grotesque sur l’épiderme ferreux du béhémoth. Pour ne rien arranger, le commandant de ce dernier, sans doute grand fan du Commissaire Yarrick, a fait monter un mauvais œil d’une taille titanesque sur la coque de son Panzer, qui a tôt fait de rôtir le Basilisk2. La sortie tourne définitivement au vinaigre lorsqu’un trio quatuor de chasseurs ennemis prend chasse le Griffon sur le chemin du retour, perforant l’opérateur de tourelle au passage et amputant Nilner de sa jambe gauche d’une rafale bien placée. Bien que Vought parvienne à ramener son coucou au nid, ce dernier est en piteux état à son arrivée, et il revient à Aves d’emmener Nilner en toute hâte jusqu’à l’infirmerie avant que le gâchettier ne se vide de son sang. Dilemme éthique de la part de notre héros, qui a la possibilité de rendre la monnaie de sa pièce à son tortionnaire simplement en levant le pied de l’accélérateur et en regardant à droite, à gauche, puis à droite, puis à gauche, à chaque intersection. Que va-t-il décider ?

Ayant réussi son test de compassion désintéressée, Aves livre son colis aux urgences avant que sa date de péremption n’expire, ce qui lui attire l’incrédulité respectueuse de Sorda. Cette bonne action se retrouve récompensée lorsque, quelques jours plus tard, et le Griffon remis en état, Aves réussit à convaincre3 Vought de prendre les manettes des flingues du Maraudeur afin de permettre à ce dernier de finir le boulot en larguant un Little Boy sur le nez du Baneblade ennemi. Cette mission à hauts risques, la dernière que le Griffon mènera avant que la Garde passe la main aux Space Marines des Doom Eagles, permettra-t-elle à notre fanboy enthousiaste de prouver sa valeur et de mériter le fameux pin’s à ailes d’os sur lequel il bave depuis si longtemps ?

AVIS:

Soumission assez honnête de la part de James Swallow, Wings of Bone a la bonne idée de ne pas se passer exclusivement dans une carlingue de Maraudeur en mission, théâtre de drames assez répétitifs dans l’absolu. Bien que l’auteur remplisse son quota de scènes d’engagements aériens (exercice dans lequel, sans véritablement exceller4, il fait le job de façon correcte pour la BL), c’est ce qui se passe sur le tarmac qui fait le sel de cette nouvelle, les désirs de promotion et de gloire martiale d’Aves, héros larmoyant mais exemplaire (des caractéristiques rares à 40K), constituant une respiration bienvenue entre deux séquences d’action. Rien n’est bien original, ni très développé (Aves le vaillant petit tailleur souffre-douleur, Nilner la grosse brute, Sorda le vétéran protecteur, Vought le commandant hautain mais qui a un bon fond…), dans ce que raconte Swallow, mais son texte ne comporte pas non plus de défauts rédhibitoires. Une nouvelle véritablement et littéralement passable, donc.

1 : Si la campagne a commencé avec Janvier, ça donne une idée du terrain perdu par les troupes de Pépé depuis le début des combats.

2 : Ce qui est normal après tout, un coq vole moins bien et moins haut qu’un griffon.

3 : Vought : « Je suis désolé messieurs mais le haut commandement est formel. Nous ne serons autorisés à mener cette mission suicide consistant à larguer une bombe nucléaire sur le Baneblade ennemi que si l’équipage dispose d’un opérateur qualifié pour nos bolters lourds de coque. Avec la blessure de Nilner, ce n’est pas le cas, et nous allons donc malheureusement devoir nous contenter de faire le taxi brousse en attendant l’évacuation de la base. Ne me remerciez p- »

Aves : « Eh M’sieur ! Moi je peux remplacer Nilner M’sieur ! »

Vought : « Et qu’est-ce qui te fait penser que tu as l’étoffe d’un équipier du Griffon, moustique ? Je suis tombé sur tes fan-fictions aéroticonautiques, et j’ai connu des cultistes de Slaanesh qui avaient plus de décence. Il va en falloir plus que ça pour me convaincre de te laisser nous rejoindre ! »

Tous : « DUEL ! DUEL ! DUEL ! »

Aves : « Euh, c’est quoi cette histoire de duel là les gars ? J’avais préparé une lettre de motivation et j’ai amené une recommandation de la part de Riton de la cantine (si ça vous intéresse), mais je ne pensais pas qu’on en arriv- »

Vought : « Regarde-moi dans les yeux, petite fiotte ! Le premier qui cille a perdu ! »

Aves : « Ah. Ok. C’est dans mes cordes je pense. » – souffle dans le nez de Vought –

Vought : « Aaaaargh, il est fort l’animal ! C’est limite mais c’est réglo. Bien venu à bord, petit gars. »

4 : En témoigne la dernière mission du Griffon, qui verra la totalité de l’équipage à l’exception d’Aves, mourir ou être gravement blessé hors champ et en mode silence, ce qui n’aide pas à construire et maintenir une tension narrative digne de ce nom. Consacrer quelques page de plus au grand final de l’Hindenburg n’aurait pas été une mauvaise idée.

.

***

Au final, que conclure de cette anthologie thématique obligeamment concoctée par la Black Library ? Comme toujours, il y a du bon et du moins bon à faire remonter, mais il me semble malheureusement que le négatif l’emporte sur le positif cette fois-ci.

Pour commencer par les aspects les plus intéressants d’On Wings of Blood, on commencera par souligner (à nouveau, et c’est un bon marqueur du peu de choses que je trouve à dire à décharge de ce recueil) que son rapport quantité/prix est plutôt intéressant. Ainsi, si j’avais voulu acquérir les quatre seules nouvelles qui m’ont vraiment intéressé à la lecture de cet opus, Medusan Wings, Acceptable Losses, Wraithflight et Ancient History, il m’en aurait coûté largement plus cher que l’achat de ce bundle1, et ce sans prendre en considération le fait que deux de ces quatre textes ne sont pas/plus disponibles à l’unité. Cela me permet de faire le lien avec une autre caractéristique positive d’On Wings of Blood, la republication de nouvelles datant de la fin du dernier millénaire (cela ne nous rajeunit pas), que l’amateur contemporain aurait eu du mal à dénicher sans cela, même si the internet provides, comme dit le proverbe. Passés ces deux constats, je n’ai pas grand-chose d’autre à ajouter au crédit de ce bouquin, qui s’avère être l’un des recueils les moins inspirés de la BL, à mon humble avis.

Le premier défaut manifeste dont souffre On Wings of Blood est malheureusement structurel. Le choix de la Black Library de se focaliser sur un thème aussi précis, et à franchement parler, pauvre, que les batailles aéronautiques du 41ème millénaire, conduit fort logiquement à lire des soumissions qui se ressemblent toutes, à quelques exceptions près. Là où des ouvrages comme Fear the Alien, Planetkill, ou Sabbat World permettaient à leurs contributeurs d’exploiter une multitude d’angles d’approche tout en inscrivant leur récit dans une trame commune, le cahier des charges très spécifique d’On Wings of Blood a bridé l’imagination des auteurs sollicités, les menant à répéter les mêmes schémas narratifs et péripéties, à leur insu certes, mais de façon rapidement lassante pour le lecteur. Si ce dernier s’avère être d’une humeur mutine, il pourrait même de façon réaliste envisager de se lancer dans un bingo « aéroplanes de guerre de 40K », et cocher des cases à chaque fois que le wingman du héros se fait descendre par surprise ou que ce dernier se retrouve écrasé par une force-G menaçant de le plonger dans l’inconscience. Outre cela, les protagonistes (et donc les appareils) mis en scène dans l’anthologie ne sont pas des plus variés, les Stormtalons et Stormravens Space Marines bénéficiant d’une couverture très fournie, suivis par les Maraudeurs de la Garde et Flotte Impériales, et dans une moindre mesure par les Dakkajets Orks2. Si les Eldars ont une paire de nouvelles à se mettre sous la dent, le Chaos, les Tyranides et les Necrons ne font qu’un discret cameo, ce qui est déjà mieux que les T’au, grands absents de cette anthologie inégale. C’est d’autant plus dommage que le Bien Suprême avait de sérieux arguments à faire valoir en la matière, et aurait amplement mérité de croiser le fer avec les autres factions du lointain futur pour la maîtrise des cieux et des pages d’On Wings of Blood.

Deuxième problème constaté et déploré par votre serviteur, la faible qualité intrinsèque qui caractérise la plupart des travaux inclus dans ce recueil. S’il est assez évident que la majorité de ces derniers sont des bouts de fluff romancés commandités par la Black Library pour accompagner la sortie de kits plastiques, le caractère basique et insipide de ces travaux de commande n’aurait en revanche pas dû aller de soi (call me a dreamer). Un auteur inspiré aurait pu sublimer les spécifications imposées par son éditeur3 pour obtenir un résultat potable, voire prenant. Certains ont d’ailleurs réussi ces figures imposées (Westbrook, Haley, Thorpe), livrant des textes à même d’embarquer le lecteur quel que soit son niveau d’amour « natif » pour les avions qui tirent/canons qui volent, soit en développant les aspects techniques (et donc intéressants, c’est le nerd qui écrit) de ce type de bataille, soit en développant largement d’autres aspects (souvent d’un intérêt fluffique un peu plus évident pour le fan de 40K) de leur récit n’ayant rien à voir avec la guerre aéronautique. Pour le reste, préparez-vous à de la publicité romancée détaillant l’infinie coolitude du dernier aéroplane mis sur le marché par la maison mère, du même niveau que les dessins animés américains des années 80 qui n’étaient qu’un prétexte pour faire vendre du jouet. Certes, si on y réfléchit, c’est à ça que sert la Black Library. Mais un peu de talent littéraire aurait aidé à faire passer la pilule.

L’ajout d’un extrait du Double Eagle de Dan Abnett, réédité lui aussi en guise d’accompagnement du nouveau jeu de GW, vient à ce titre apporter un salutaire, mais cruel, contrepoint aux Blackburn Botha de papier qui constituent le gros de l’escadron d’On Wings of Blood. En l’espace de quelques pages, l’auteur parvient à donner de la profondeur et de l’intérêt au casting, déjà bien étoffé, de son roman, et à intéresser le lecteur à la nature du conflit opposant l’Imperium au Chaos sur le monde d’Enothis (ce que ses petits camarades de jeu ne prennent souvent pas la peine de faire). Nous avons également droit à un accrochage entre une patrouille de Cadets de la Flotte Impériale et le sinistre  Khrel Kas Obarkon, l’as des as des forces chaotiques, qui, parce qu’il s’attarde sur le ressenti des deux pilotes qu’il oppose, s’avère plus prenant que l’intégralité des dogfights du reste de l’anthologie. Bref, si vous voulez vous hyper sur la guerre aéronautique, prenez plutôt un billet sur l’Air Abnett plutôt que de passer par l’OWOB (vous allez trouver).

Vous l’aurez compris, je ne recommande pas vraiment cet opus, à part aux passionnés du sous-sous-sous-sous-genre qu’il couvre, et aux amateurs de vieilleries cherchant à enrichir leur collection et leurs connaissances à peu de frais. Il y a de meilleurs recueils de nouvelles 40K sur le marché à des prix similaires, et vous serez bien mieux servis avec ces derniers si vous ne cherchez « qu’à » vous détendre en lisant l’incomparable prose de la BL.

1 : Pour les amateurs de maths et d’exactitude, nous arrivons à un total cumulé de 17,48€.

2 : Ceci dit, l’utilisation des peaux vertes uniquement en tant qu’antagonistes m’a surpris. La boîte de base d’Aeronautica Imperialis mettant aux prises la Flotte Impériale aux Orks, il aurait été logique qu’au moins quelques unes des nouvelles soient narrées depuis le point de vue, sans doute très particulier, d’un pilote de Dakkajet. Et puisque l’escadron Raptor a été convoqué, il aurait été de bon temps d’inviter également le Def Skwadron.

3 : « Coco, j’ai besoin de 20 pages promotionnelles sur le Stormwolf qui vient de sortir. Et n’oublie pas de parler des canons Hellfrost qui sont trop cool ! »